l'AC 3 $ FFE ; no ANA Ce AN an DICTIONNAIRE RAISONNÉ ES DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR M° *** | Tantèm féries junélaraque polle; Tonium de medio Jfémptis actedir honoris ! HORÀT: TOMÉ ONZIEME (#45? À NÉUFCHASTEL, Curz SAMUEL FAUL CHE & Compagnie, Libraires & Împrimeurs, M DCCLX Y. _w : CAEN tue USE jan CRT SL MALE 5 03 .E5& 17$ | Rare BeoKs al RS fubit. f. felon l’ancienne épel- Blue | lation ere ; fubft. m. felon de SHREK | lépellation moderne re. C’eft ei N ‘4 à la quatorzieme lettre, & la RARES 3 onzieme confonne de notre al- dim 1 phabet : le figne de la même rois D articulation étoit nommé 74, Matte ae tue Mae a Ÿ vo, par les Grecs, &C zu7 où 7 noun, par les Hébreux. L’articulation repréfentée par la lettre N, eft Zi. guale, dentale & nafale: linguale, parce qu’elle dépend d’un mouvement déterminé de la langue, le même précifement que pour l'articulation D ; den- tale, parce que pour opérer ce mouvement parti- culier, la langue doit s’appuyer contre les dents {u- périeures, comme pour D & T : & enfin nafale, parce qu’une pofñtion particuliere de la langue , pen- dant ce mouvement , fait refluer par le nez une par- tie de l’air fonore que l'articulation modiñe, comme on le remarque dans les perfonnes enchifrenées qui prononcent d pour z, parce q'ie lé canal du nez étant alors embarraflé, l’émiflion du fon articulé eft entierement orale. | Comine nafalé , cette articulation fe change aïfé- ment én #% dans les générations des mots, voyez M: comme dentale; elle eft auf commuable avec les autres de même efpece, & principalement avec cel- les qui exigent que la pointe de la langue {e porte vers les dents fupérieures, favoir d êc 2: & comme linguale, elle a encore un degré de commutabilité avec les autres linguales, proportionné au degré d'a nalogie qu’elles peuvent avoir dans leur formation; Nife change plus aifémennt & plus communément avec les liquides Z & À, qu'avec les autres lingua- les, parce que le mouvement de la langue eft à-peu- près le même dans la produétion des liquides , que dans celle de N, Yoyez L & LINGUATE. Dans la langne françoife la lettre N a quatre ufa- ges différens, qu'il faut remarquer. 1°. N, eff le figne de l’articulation ze, dans tou- tes-les occañons où cette lettre commence la fylla- be, comme dans zous , none, nonagènaire ; Ninus, Ninive, &cc. 2°, N, à la fin de la fyllabe, eft le figne ortho- graphique de la nafalité de la voyelle précédente, comme dans 42, en, ban, bon, bien, lien, indice, onde, fondu ,contendanr,&c. voyez M.ilfaut feulement excepter les trois mots examen, hymen,aimen où cet- te lettre finale conferve fa figmfcation naturelle, & repréfente l'articulation re. Il faut obferver néanmoins que dans plufienrs mots terminés par la lettre 7, comme figne de nafalité, il arrive fouvent que l’on fait entendre l'articulation ne , file mot fuivant commence par une voyelle ou par un 2 muet. Premierement fi un adjef, phyfique ou méta- phyfque , terminé parun 7 natal, fe trouve immé- diatement {uivi du nom auquel il a rapport , &t que ce nom commence par une voyelle, ou par un 4 muet, on prononce entre deux l'articulation 7e: bon ouvrage, antien ami, certain auteur, vilain hom- me, vain appareil, un an, mon ame, ton honnèur, [on hifloire, &c. On prononce encore de même les ad- je@tifs. métaphyfques ur, mon, ton, Jon, s'ils ne font éparés du nom que par d’autres adjectifs qui y ont rapport: 47 excellent ouvrage, mon intime Ê fe= dele ami, ton unique efpérance, fon entiere & totale PERRET . < le Are = ee défaire, &. Hors de ces occurrences, on ne fait Tome XI, ei point entendie l'articulation ze, quoique le mot fui- vant commence par une voyelle ou par un À mueti ce projet eff vain G bl&mable, ancien & refpeëtable, ur point de vie certain ävec des moyens Jèrs, &C. Le nom bien en toute occafion fe prononce avec le fon nafal , fans faire entendre l'articulation ze: ce bien eff précieux , comme ce bien mreff précieux ; un bien honnère, comme wn bien confiderable, Mais il y à des cas où l’on fait entendre l'articulation ze après l’adverbe hier; c’eft lorfqu'il eft fuivi immédiate- ment de l’adje@if, ou de l’adverbe , ou du verbe qu'il modifie , 8 que cet adjeéhf, cet adverbe, où ce verbe commence par une voyelle » OÙ par un k muet: bier aife, bien honorable, bien utilement, bien écrire, bien entendre, &tc. Si l'adverbe bien eft fivi de tout autre mot que de l’adje&tif, de l’âdverbe ou du verbe qu'il modifie, la leitre # n’y eft plus qu'un figne de nafalité : 7 parloit bien € a-propos. | Le mot er, foit prépoñition foit adverbe, fait auff entendre l'articulation ze dans certains cas, & ne la fait pas entendre dans dans d’autres. Si la prépofi- tion ez eft fuivie d'un complément qui commence par un # muet ou par une voyelle, on prononce l'articulation : e7 homme, en lialie, en un moment, en arrivant, &c. Si le complément commence par une confonne , ezeft nafal :ez citoyen, en France , en trois heures ,en partant , &c, Si l’adverbe ex eft avant le verbe , & que ce verbe commence par une voyel- le ou par un À muet ; on prononce l'articulation ze: vous er êtes afféré, en a ton parlë? pour en honorer les dieux | nous en avons des nouvelles, &c. Mais fi l’'adverbe er eft après le verbe, 1l demeure purement nafal maloré la voyelle fuivante : parlez-en au mi- niflre, allez-vous-en au jardin, faites er habilement re vivre le Jouverir, &c. On avant le verbe , dans les propoñitions poñti- vés}, fait entendre l'articulation ; 07 asme , on hono: réa, on à dit, on eñt penje, on y travaille, onen re- visne, on y a réfléchi, quand on en auroit eu repris lé projer, &c. Dans ies phrafes interrogatives, o7 étant après le verbe, où du moins après l’auxiliaire , eft purement nafal malgré les voyelles fuivantes : 4-1-0% eu foin ? eff on ici pour long tems ? en auroït-on été af> Jéré ? en avoit-on imaginé la moindre chofe ? &c. Eft-ce le 7 final qui fe prononce dans les occas fions que l’on vient de voir , où bien eft-ce un z eu- phonique que la prononciation infere entre deux à Je fuis d'avis que c’eit un z euphonique, différent du zorthographique ; parce que fi l’on avoit intro: duit dans lalphabet une lettre, ou dans l’orthogra- phe un figne quelconque, pour en repréfenter le fon nafal, leuphonie n’auroit pas moins amené le # en- tre-deux, & on ne l’auroit aflurement pas pris dans la voyelle nafale ; or on n’efft pas plus antorifé à P prendre , quoique par accident la lettre z foit le f- gne de la nafalité, parce que la différence du figne n’en met aucune dans le fon repréfenté. x On peut demander encore pourquoi larticulation inferée ici eff ze, plütôr que #, comme dans a-r-il reçu ? c'eft que l’arriculation ze eft nafale , que par- là elle eft plus analogue au fon nafal qui précéde., & conféquemment plus propre à le lier avec le fon fnivant que touré autre articulation, qui par la rai fon contraire feroit moins euphonique. Âu contrai- re, dans a-r-il reçu, & dans les phrafes femblables ; il paroît que Pufage a inferé le +, parce qu'il ef le figne ordinaite de la troifieme perfonne, & que tous tes ces phrafes y fontrelarives. À- À N . Enfin on péut demander pourquoi l’on à inferé un # euphonique dans les cas mentionnés, quoiqu’on ne l'ait pas inferé dans les autres où l’on rencontre le même hiatus. C’eft que l’hiatus amene une in- terrogation réelle eñtre les deux fons confécunfs, ce qui femble indiquer une divifion entre les deux idées : or dans les cas où l’ufage infere un 7 eupho- nique , les deux idées exprimées par les deux mots font fi intimement liées qu’elles ne font qu’une idée totale ; tels font l’adje@if & le nom, le fujet & le verbe, par le principe d'identité ; c’eft la même chofe de la prépofñition & de fon complément, qui équivalent en effet à un feul adverbe ; & l’adverbe qui exprime un mode de la fignification objeétive du verbe, devient auf par-là une partie de cette figni- fication. Mais dans les cas où lufage laifle fubffter Phiatus, 1i n'y a aucune lixifon femblable entre les deux idées qu'il fépare. On peut par les mêmes principes , rendre raïfon de la maniere dont on prononce rez, l’euphonie fait entendre l'articulation ze dans les phrafes fuivantes: Je n'airien appris , il n'y a rien à dire, rien effil plus étrange ? Je crois qu'il feroit mieux de laïfler l’hia- tus dans celle-ci, rez, abfolument rien, n’a pu le dé- terminer. 3°. Le troifieme ufage de la lettre z, eft d’être un caractere auxiliaire dans la repréfentation de l'articulation mouillée que nous figurons par gz, & _les Efpagnols par ;: comme dans digne, magnifique, rene, trogne,&tc. Il faut en excepter quelques noms propres, comme Clugni, Regnaud, Repnard, où na {a fignification naturelle, &c le g eft entierement muet. Au refte je penfe de notre gz mouillé, comme du Z mouillé; que c’eft larticulation z fuivie d’une diphtongue dont le fon prépofitif eft un : prononcé avec une extrème rapidité. Quelle autre différence trouve-t-on, que cette prononciation rapide, entre il denia, denegavit | &c 1l daigna, dignatus eff; entre cérémonial & fignal; entre harmonieux &t hargneux ? D'ailleurs l’étymologie de plufeurs de nos mots où il fe trouve gr, confirme ma conjeäure , puifque l’on voit que notre gz répond fouvent à 7: fuivi d’une voyelle dans le radical; Bretagne de Britan- nia; borgne de l'italien bornio ; charogne ou du grec xaporiæ , lieu puant, ou de l’adjeétif faëtice caro- zius , dérivé de caro par le génitif analogue caronis, fyncopé dans carnis, &c. 4°. Le quatrieme ufage de la lettre z eft d’être avec le £ ; un figne muet de la troifieme perfonne du pluriel à la fuite d’un e muet ; comme ils aiment, ils aimerent , 1s aimerotent , 1ls aimoient , cc. N capital fuivi d’un point, eft fouvent l’abregé du mot zom , ou romen , &e le figne d’un nom propre qu’on ignore, ou d’un nom propre quelconque qu’il faut y fubftituer dans la leûture. | . En termes de Marine, N fignifie zord;, NE, veut dire rord-ef? ; NO, zord-ouejl; N NE, zord-nord- ff; NN O, rord-nord-ouft; E NE, cff-nord-ef ; ON O , oucft-nord-oueff. N fur nos monnoies, défigne celles qui ont été frappées à Montpellier. N chez les anciens , étoit une lettre numérale qui fignifioit 900, fuivant ce vers de Baronius : N quoque 7L0N91rnLOS HUIErO defronat habendos. Tous les lexicographes que j'ai confultés, s’accor- dent en ceci, & ils ajoütent tous que N avec une barre horifontale au-deflus, marque 0000; ce qui en marque la multiplication par 10 feulement, quoi- ue cette barreindique la multiplication par 1000, à l'égard de toutes les autres lettres ; & l’auteur de la néth.lar, de P. R. dit expreflément dans fon Recueil d'obfervasions particalieres, chap, Il. rum.iv, qu'il y en N A B à qui tiennent que lorfquil y a une barre fur les chiffres, cela les fait valoir mille comme Y ,X, cirg- rille, dix-mille, Quelqu'un a fait d’abord une faute dans l’expofition , ou de la valeur numérique de N feuie , ou de fa valeur de N barré ; puis tout le mon- de a répété d’après lui fans remonter à la fource. Je conjeéture , mais fans l’aflurer , que N—900000 , {e- lon la regle générale, (B.£. R. M.) _ N, dans le Commerce, ainf figurée N°, figmifie en abregé rumero, dans leslivres des Marchands , Ban- quiers & Négocians. N. C. veut dire rorre compte. Voyez ABRÉVIATION. (G) NNN, (£Ecriture.) cette lettre confiderée par rap- port à fa figure, a les mêmes racines que l’. Voyez-. en la définition à la lettre 77, ainfi que la méthode de fon opération, N DOUBLE , er: ferrme de Boutonnier , un ornement ou plûtôt un rang de bouillon qui tombe de chaque côté d’une cordeliere ou d’un épi fur le roftage, & quiavec l’épi ou la cordeliere, forme à-peu-près la figure de cette lettre de l’alphabet, Voyez Er1 ,Cor- DÉLIERE 6 BOUILLON. N A NA ou NAGT , fubft. m, (if. nat. Botan.) efpe: ce de laurier fort rare qui pafle au Japon pour un arbre de bon augure. Il conferve fes feuilles toute l’année, Des forêts où la nature le produit, on le tranfporte dans les maifons , & jamais on ne l'expo fe à la pluie. Sa grandeur eft celle du cerifier: le tronc en ef fort droit ; fon écorce eft de couleur baï- obfcur ; elle eft molle, charnue, d’un beau verd dans les petites branches , & d’une odeur de fapin balfamique : fon bois eft dur , foible & prefquefans fibres ; fa moëlle eft à-peu-près de la nature du cham- pignon, & prend la dureté du bois dans la vieillefle de l’arbre. Les feuilles naïflent deux-à-deux, fans pédicule ; elles n’ont point de nerfs, leur fubftance eft dure ; enfin elles reflemblent fort à celles du lau- rier d'Alexandrie, Les deux côtés font de même cou- leur, liffes , d’un verd-obfcur avec une petite cou- che de bleu tirant fur le rouge, larges d’un grand pouce &c longues à proportion. Sous chaque feuille fortent trois ou quatre étamines blanches, courtes, velues, mêlées de petites fleurs qui laïffent, en tom- bant , une petite graine rarement dure, à-peu-près de la figure d’une prune fauvage, & d’un noir-pur- purin dans fa maturité : la chair eneftinfipide & peu épaifle. Cette baie renferme une petite noix ronde de la groffeur d’une cerife , dont l’écaille eft dure & pierreufe, quoique mince & fragile. Elle contient un noyau couvert d’une petite peau rouge, d’un goût amer & de figure ronde, mais furmonté d’une pointe qui a fa racine dans le milieu du noyau même. NAANSI , ( Géog. ) peuple nombreux de l’Amés rique feptentrionale , auprès des Nabiri, entre ks Cénis & les Cadodaquios. NAAS, (Géog.) petite ville d'Irlande dans la pro- vince de Leinfter, au comté de Kildare, proche la Life , au nord-eft de Küildare. Elle envoie deux députés au parlement de Dublin. Long, 11. 2. Larie, 83.15. (D. JT.) NAATSME, f. m.( Hiff. nar. Botan. ) c’eft un ar= bre du Japon qui eft une efpece de paliurus, que Koempfer prend pour celui de Profper Alpinus, Son fruit eft de la groffeur d’une prune & d’un goût auf- tere. On le mange confit au fucre. Son noyau eft pointu aux deux extrémités. NAB, ( Géog.) riviere d'Allemagne: elle fort des montagnes de Franconie, traverfe le palatinat de Baviere & le duché de Neubourg , & va fe jetter dans le Danube un peu au- deflus de Ratisbonne, (2.7) D NABAB , f. m. ( ff, mod, ) c’eft le nom que Fon donne dans l’Indouftan aux gouverneurs prépofés à une ville ou à un diftriét par le grand-mogol. Dans les premiers tems ce prince a conféré le titre de za- Bab à des étrangers : c’eft ainfi que M. Dupleix ,.gou- verneur de la ville de Pontichery pour la compagnie des Indes deFrance , a té nommé z4bab on gouver- neur d’Arcate par le grand-mogol. Les gouverneurs du premier ordre fe nomment foubas ; ils ont plu- fieurs zababs fous leurs ordres. NABAON, ( Géogr. ) petite riviere de Portugal dans l’Eftramadure ; elle fe décharge dans le Zézar, un peu avant que ce dernier mêle fes eaux avec celles du Tage. | NABATHÉENS, £. m. pl. (Géog. anc.) en latin Nabathei , peuples de l'Arabie pétrée, dont il eft beaucoup parlé dans Ecriture, Diodore de Sicile div. XI. ch. xlvüj. après avoir vù que l’Arabie eft fituée entre la Syrie & l'Egypte, & partagée entre différens peuples, ajoute que les Arabes Nabarhaï occupent un pays defert qui manque d'eau, 6 qui ne produit aucun fruit , fi ce n’eft dans un très-petit canton. Les Nabathéens habitoient , felon le même auteur, aux environs du golfe Elanitique , qui eft à l'occident de l’Arabie, & en même tems dans l’Ara- bie pétrée. Strabon , livre XVI. & Pline, uv. WI. ch. xxvi. difent que la ville de Petra leur apparte- noit, Jofephe, antiquir. liv. XIII. ch. jx. nous ap- prend que Jonathas Machabée étant entré dans PA- tabie, battit les Mabarhéens & vint à Damas. _NABEL, ( Géogr. ) autrement Nébel ou Nabis, comme les Maures l’appellent ; petite ville ou plü- tôt bourgade de l’Afrique, dans la feigneurie de la Goulette. C’étoit autrefois une ville très-peuplée, & onn’y trouve aujourd'huique quelques payfans. Ptolomée , /. IF. c. ii. en fait mention fous le nom de Neapolis colon ; les habitans la nomment encore Napoli de Barbarie. Les Romains l’ont bâtie ; elle eft fituée près de la mer Méditerranée , à trois lieues de Tunis , vers lorient. Long. 28. 24. lat. 36, 40. NABIANI , ( Geog. anc. ) peuples errans de Sar- matie afatique, felon Strabon , qui les place fur le Palus-méotide. NABIRI , (Géog. ) peuple de l'Amérique fepten- trionale dans la Louifiane ; il habitoit au dernier fie- cle auprès des Naanf, mais il s’eft retiré plus’bas au nord de la riviere Rouge , & il a maintenant changé de nom. (D. J. NABLUM,f. m,( Mufique des Hébreux. Ÿ en hé- breu nébel; inftrument de mufique chez les Hébreux. Les feptante & la vulgate traduifent quelquefois ce mot par pfaltérion, lyra, cythara , & plus communé- ment par rablum. C'étoit , à ce que conjeéturent quelques critiques , un inffrument à cordes, appro- chant de la forme d’un A , dont on jouoit des deux mains avec une efpece d’archet. FVoyez la differtation du P. Calmet fur les inftrumens de mufique des an- ciens Hébreux. (D. J.) NABO , f. m.( Mythol.) ou Nebo ; grande divi- nité des Babyloniens , laquelle tenoit le premier fang après Bel. Ilen eft parlé dans [faie, ch. xlvüy. Voflius croit que Nabo étoit la lune, & Be! le fo- leil ; mais Grotius penfe que Nabo avoit été quelque prophete célebre du pays , & ce fentiment feroit con- forme à l’étymologie du nom, qui , felon S. Jérôme, fignifie celui qui préfide à la prophétie. Les Chaldéens &c les Babyloniens , peuples entêtés de l’Aftrologie, pouvoient bien avoir mis au rang de leurs dieux un homme fupérieur en cet art. Quoi qu'il en foit, la plüpart des rois de Babylone portoient le nom de ce dieu joint avec le leur propre. Nabo-Naffar, Nabo- polaffar, Nabu-fardan , Nabu chodonofor, éc. Au refteleNabahas des Héviens étoit le même dieu que Nabo. (D.J.) Tome XI. NAC 3 Nago , ( Géog. ) ou Napon, cap du Japon que les Hollandois nomment cap de Gorée, C’eft le plus fep- tentrional de la côte orientale de la grande ile Ni- phon, par les 304, 45’. de Zar. nord. ( DJ.) NABONASSAR , ( Chronologie. ) L’ere de Nabo- naflar eft célebre : nous ne favons prefque rien de l’hiftoire de ce prince, finon qu’il étoit roi de Baby- lone , & qu’on l’äppelloit auffñi Belefus, quoique fui- vant quelques auteurs 1l foitle même que le Baladan dont il eft parlé dans Ifaïe , xxxjx. & dans le fecond livre des rois , xx. 12. Quelques-uns même conjec- turent qu'il étoit mede , & qu'il fut élevé fur le trône par les Babyloniens, après qu'ils eurent fecoué le joug des Medes. | Le commencement du regne de ce prince eft une époque fort importante dans la Chronologie, par la raifon que c’étoit, felon Ptolemée, l’époque du com- mencement des obfervations aftronomiques des Chaldéens ; c’eft pour cela que Ptolemée &c lesautres aftronomes commencent à compter les années à l’ere de Nabonaflar. Voyez ASTRONOMIE. IL réfulte des obfervations rapportées par Ptolo- mée , que la premiere année de cette ere eft environ la 747° année avant Jéfus-Chrift, & la 3967° de la période Julienne. Voyez ÉPOQUE. Les années de cette époque font des années égyp- tiennes de 365 jours chacune, commençant au 29 Février & à midi, felon le calcul des Aftronomes, Voyez ANNÉE. ( G) NABOTH , GUF DE, ( Azar. ) Naboth, profef- feur de Medecine dans l’univerfité de Lépfick , a découvert une efpece d’ovaire près du cou de la ma- trice, & on l'appelle œuf de Nabotk. Nous avons de lui une differtation intitulée , Marr, Naboth &e flerilis cate. Léipf, 1707. ( L) NACARAT, f. m. 6 adj. ( Teinture. ) rouge clair & uni. Les zuacarats appellés de bourre, {ont teints de gaude & de bourre de poil de chevre, fondue avec la cendre gravelée, & 1l eft défendu d’y employer le fuftel. NACCHIVAN, ( Géog. ) ville d'Arménie, capi- tale de la province de même nom. Elle étoit autre- fois très-confidérable , mais Amurath la ruina. On peut en juger de fon ancienne grandeur par le grand amas de fes débris, Il n’y a que le centre de la ville qui foit rebâti : il contient un millier de maifons,aveg des bazars remplis de boutiques de diverfes marchan- difes. Nacchivan {ert de titre à l’archevêque des Ar- méniens catholiques. Les Dominicainsfont leurs feuls eccléfiaftiques , & c’eft parmi eux qu'ils choififfent Parchevèque : le pape confirme fon éle@ion. Longie. marquée fur les afirolabes perfans, eft de 81. 34. lat. 38. 40. ({ D.J.) | | NACELLE , f. f. ( Anar. ) c’eft la cavité qui eft entre les deux circuits de oreille , l’extérieur qui fe nomme helice ou helix , & l’intérieur, qui fe nomme anthelice ou anthelix. Dionis dit de la zacelle que c’eft la plus grande cavité de l'oreille. | NACELLE, ( Archireéture civile, ) On appelle ainfi dans les profils un membre quelconque, creux en demi-ovale, que les ouvriers nomment gorge. On DT Sy ÿ par zacelle Fa fcorie, Voyez ScOTIE. D.J., NACELLE, ( Marine.) petit bateau qui n’a ni mâts ni voiles, & dont on fe fert pour pañfler une riviere. ( Q) 4 NACHÉS , ( Géogr, ) peuples de l'Amérique fep- tentrionale dans la Louifiane. Voyez NATCHÈS. NACHSHAB, ( Géog. ) ville de la grande Tarta- rie, dans le Mawaralnahar, {ur la frontiere , dans une plaine. Les Arabes la nomment Na/aph. Sa lon- giiude, fuivant Albiruni, eft 88. 10. las, 39. 40. NACOLEIA , (Géogr. anc. ) ville de la grande Phrygie , felon Strabon & Ptolomée, Etienne le géo- A 1 00 4 NAD graphe 8 Ammian Marcellin écrivent Nacolia : Suidas dit Nacoleurn. Selon d'Herbelot , cette ville eft fituée auprès d’un lac que les Turcs appellent, ainfi que la ville ou bourg , Ærchghiol, ( D. J.) NACRE, f. f. ( Hiff. nar,) On a donné ce nom à la fubftance de certains coquillages , qui eft blan- che & orientée comme les perles. La furface inté- sieure de la plüpart des coquillages eft de cette qua- Ltée ; 1l y en a aufli qui étanr dépouillés de leur. écorce, ont à l’extérieur une très-belle zacre , com- me le burgau. Voyez CoQUILLE. (1) à NACRE, ( Chimie & Mat. med. ) nacre des perles . ou mere des perles ; c’eft.un des terreux abforbans ufités en Médecine. On prépare la zacre par la por- phyrifation ; on.en fait un fel avec l’efprit de vinai- gre , & un magiftere par la précipitation de ce fel. On réduit la zacre préparée en tablettes : routes ces préparations , aufli-bien que fes vertus medicinales, lui font communes avec tous les autres abforbans terreux. Voyez; REMEDES TERREUX, au mot TERRE, Mat. med. La racre entre dans la poudre pe&torale ou looch fec, dans la confettion d’hyacinthe , & dans les ta- blettes abforbantes & roborantes de la pharmacopée de Paris. (8) NACRE DE PERLES , voyez MERE-PERLE. NACRE DE PERLE, ( Conchyliolog. ) voyez PINNE MARINE. NACRE DE PERLES, ( Joaillerie. ) On nomme nacre de perles les coquilles où fe forment les perles ; elles font en-dedans du poli & de la blancheur des perles , & ont le même éclat en-dehors , quand avec un touret de lapidaire on en a enlevé les premieres feuilles, qui font l'enveloppe de ce riche coquillage. Les zacres entrent dans les ouvrages de marqueterie & de vernis de [a Chine: on en fait auf divers bi- joux , entr’autres de très-belles tabatieres. (D. J.) NACRE, ( Jouaillerie.) Ce mot chez les Lapidaï- res fe dit d’un cercle qui fe trouve quelquefois dans le fond des coquilles de macre. Les Lapidaires ont fouvent l’adrefle de les fcier & de les faire entrer dans divers ouvrages de Joaillerie , comme de vé- titables perles. On les nomme plus ordinairement des loupes. | NADELLE, MELETTE , APHYE-PHALERIQUE, f, f. (Zëérhiol.) poiffon de mer qui ne differe de la fardine qu'en ce qu'il eft plus mince & plus large. Il a la queue fourchue , & les nageoires font en même nom- bre , & fituées comme dans la fardine. La radelle a la chair molle & très-grafle. S1 on garde dans un vafe pendant quelque tems plufieurs de ces petits poiffons entaflés les uns fur les autres, on voit bien- tôt furnager de la praïlfe qui eft bonne à brûler , & dont les pêcheurs fe fervent pour leurs lampes. Ron- delet , Aiffoire des porfflons , premiere partie , liv, VIL. chap. jv. Voyez SARDINE , poiffon. ( I ) NADER , f. m. (ZZff. mod.) c’eftle nom d’un des principaux officiers de la cour du grand-mogol, qui commande à tousleseunuques du palais. Il eft chargé de maintenir l’ordre dans le maal ou ferrail, ce qui fuppofe une très-grande févérité. Il regle la dépente des fultanes & des princefles ; il eft garde du tréfor &c des joyaux, &'erand maitre de la garderobe du monarque ; enfin c’eft lui qui fait toute la dépenfe de fa maifon. Cette place éminente eft toujours remplie par un eunuque , qui a communément un crédit fans bornes. . NADER, ( Géogr. ) ville des Indes orientales dans l’Indouftan, fur la route d’Agra à Surate, à 4 lieues de Gate, Elle eft fituée fur la pented’une montagne; fes maifons font couvertes de chaume & n’ont qu’un étage. Long. 92. 20. lat. 24, 30. ( D. J.) . + NADIR, f. m. fe dit ez Affronomie du point du ciel immédiatemenr oppolé au zénith. Voyez ZÉ- NITHo Ce moteft purement arabe ; zediren arabe fignife la même chofe qu'ici, Le radir eft le point du ciel qui eft diretement fous nos piés , c’efl-à-dire un point quife trouve dans a ligne tirée de nos piés par le centre de la terre, &t terminée à l’hémifphere oppofé au nôtre. Le zénith & le zadr font les deux pôles de l’ho>- rifon : ces deux points en font chacun éloignés de 90° , 8 par conféquent font tous deux dans-le mé- _ridien. Le zadir eft proprement le zénith de nos an- tipodes , dans la fuppoñtion que la terre loit exac= tement fphérique ; mais comme elle ne l’eft pas, il n’y a proprement que les lieux fitués fous l'équateur ou fous les poles dont le zadir foit le zénith de leurs antipodes, Poyez LÉNITH , ANTIPODES 6 Hoki- SON. | Nadir du foleil eft le nom que quelques anciens aftronomes ont donné à l’axe du cone formé par l'ombre de la terre ; ils l’appellent ainf ; parce que cet axe coupel'échiptiqueen un point diamétralement oppofé au foleil, mais cette dénomination n’eft plus en ulage. Chambers, (O) | NADOUBAH , ( Géogr. ) ville du pays que les Arabes appellent Kofarhaqui ,c'eftla Cafrerie.Cette ville eft à environ trois Journées de Mélinde , qui eft dans le Zanguebar. | À NADOUESSANS, f. f. ( Géogr. ) antrement dits Nadoueflioux ; peuples fauvages dans l'Amérique feptentrionale ; 1ls ont leur demenre-avec plufñeurs autres nations barbares , vers le lac des [flati ; à 7a lieues à l’oueft du lac fupérieur. NADRAVIE , (Géog.) province du royaume de Prufle , dans le cercle de Tamland. Elle eft arrofée d’un grand nombre de riviere. Lubiaw en eft le lieu le plus confidérable. (D. J.) | NÆNIA , {. f, (Mychol. ) déeffe qui préfidoit aux pleurs , aux lamentations & aux funéraïllesg je dis que c’eft une déefle, parce que Feftus en parle fur ce ton, 6t qu'il marque même l’endroit où on avoit pris foin de lui confacrer un temple; c’étoit près de Rome, & ce temple n’étoit plus de fon tems qu’une chapelle. Neniæ deæ facellum ultra porta viminalem, nunc tantüm habet œdiculum ; mais le mot Nenia dans les auteurs , fignifie plus communément une chanfon lugubre , qu’on chantoit aux funérailles ; al fe prend aufñi quelquefois pour un chant magique, pour un proverbe reçu parmi les enfans , & finale- ment pour une hymne. (2.J.) NAEP , fm. ( Hifi. mod.) terme de relation ; juge fubalterne établi par les cadis dans les villages de Tursuie, ou par les mulas des grandes villes, pour être comme leurs lieutenans. (D. J.) ù NAERDEN , ( Géog.) forte ville des Pays-bas dans la Holiande,, à la tête des canaux de la provin- ce, & capitale du Goyland. Guillaume de Baviere en Jetta les fondemens en 1350. Elle eft fur le Zui- derzée, à 4 lieues d’Amfterdam, & environ à mé- me diffance N. E. d’'Uirecht. Long. 22. 38, lar, 52. 20. | La ville de Naerden fut prefque réduite en cen- dre en 1486 par un embrafement accidentel. En 1572, elle fut prife & faccagée avec une barbarie incroyable par les Efpagnols, Il y en a dans la bi- bliotheque d’'Utrecht une defcription en manufcrit qui fait dreffer.les cheveux. Les François prirent cette ville en 1672, & le P. d'Orange la reprit fur eux l’année fuivante. (D.J.) : NÆVIA SYLVA, (Géog. anc.) forêt à quatre mil- les de Rome, ainfi nommée d’un certain Nævius, qui avoit fa maifon de plaifance dans ce quartier. Varron fait mention de cette Maævia filva & de Ne. via porta ; c’eft aujourd'hui Porta majore. NAFIA , ox NAPHIA, ( Géog.) petit lac de.la vallée de Noto en Sigile , auprès de Minéo en tirant vers le nord. On le nommoit anciennement Pa/co- run lacus , &t on voit fur fes bords , les ruines de Pancienne Palica. (D. J.) NAGAM , fem. (AE. rar.) nom malais d’un grand arbre qui porte des filiques , & qui eft fort commun dans les îles des Indes orientales ; le fuc de fes fé- cules mêlé avec l’huile de noix d'Inde, & employé en onguent , chafle les enflures de ventre périodi- ques. | : NAGARA , (Géog. anc.) ville métropole dans PArabie heureufe , felon Ptolomée Zy. VI, ch, cv. c’eft aufli une ville des Indes en- deçà du Gange, autrementmommée Diozyfopolis, (D.J.) . NAGE , {.f, terme de Batelier ; c’eft un motceau de bois du bachot où l’on pofe la-platine , laviron, quand fon anneau eft au touret. Nage a bord, commandement aux gens de la cha- loupe de venir au vaifleau. Nage à faire abattre, commandement aux gens de la chaloupe qui tanent un vaifleau ce nager du côté où l’on veut que le vaifleau s’abbatte. + Nage au vent, commandement aux gens de l’équi- page qui touent un vañleau, de nager du côté où le vent vient. Nage de force , commandement aux gens de lé- quipage de redoubler leurs efforts. Nage qui eft paré, commandement de nager à qui eft prêt ; ce qui fe fait lorfqu’il n’eft pas d’une nécef- fité abfolue que les gens de l'équipage de La chalou- pe nagent tous enfemble, Nage fee, commandement à l'équipage de la cha- loupe de tremper dans l’eau l’aviron , en nageant de telle forte qu’il ne la fafle pas fauter , & qu’on re mouille pas ceux qui y font. Nage ffribord & fèrre bas bord , ou nage bas bord & ferre ftribord : commandement à l’équipage d’une chaloupe de la fairenaviger & gouverner en moins d’efpace. Nager, ramer, & voguer, c’eft fe fervir des avi- rons pour faire filler un bâtiment. Nager a fec ; c’eft toucher la terre avec les avi- Tons. | | Nager en arriere ,| c’eft faire arrêter ou reculer un petit vaifleau avec des avirons : cela fe pratique fur tous les bâtimens à rames afin d'éviter le revire- ment , & de préfenter foujours la proue. (Z) - NAGEANT, adj. cerme de Blazon , dont on fe fert : pour reprélenter dans les armoiries un poiflon cou- ché horifontalement , ou en-travers de l’écuflon. Voyez Poisson. NAGEOIRES , f. £. pl. (Zchtiolog.) c’eft une par- tie du poiflon qui eft faite comme une plume, Voyez l’article POISSON. Il faut ajouter un mot de l’ufage des ragcoires, Comme en tous les corps qui flottent dans l’eau, la partie la plus lourde tend toujours en bas , felon les loix de l’hydroftatique , ne s’en fuivroit-1l pas de-là que, puifque le dos du poiflon eft la partie la plus pefante de fon corps , il devroit être toujours dans l’eau le ventre en haut, comme il arrive communé- ment dans le poiflon mort, puifqu’alors l'air qu’il contient venant à fe dilater , le poiflon eft obligé de furnager, & de tourner le ventre en haut, tant à caufe que le dos eft plus pefant que le refte, que parce que le ventre , par la dilatation de l’air de la petite vefhe, fe trouve alors plus leger que lorfque Le poiffon eft vivant. Mais la fagefe du créateur y a pourvu en formant les poiffons, auxquels :l a donné la faculté de nager , le ventre toujours tourné en bas avec deux nageoires polées fous le ventre. Cette matiere ft parfaitement traitée dans Borelli, qui, ‘ayant jetté dans l’eau un poiffon auquel il avoit cou- pé les zageoires, obferva qu'il alloit toujours fur un côté ou {ur l'autre, fans pouvoir fe foutenir dans La NAG $ fituation ordinaire & naturelle des autres poiffons. . Enfin, comme ces animaux devoient pouvoir $’ar- rêter commodément , fe tourner à droite ou à gau- che dans leur route, la nature les a pourvus de deux 7ageoires aux côtés, avec lefquelles ils s'arrêtent lorf. qu'ils les éténdent toutes les deux ; & s’ils n’en éten- dent qu'une, ils peuvent fe tourner du même côté de la zageoire étendue. Nous voyons-précifément la même chofe dans un bateau , qui tourne du côté où l’on tient l’aviron dans l’eau pour l'arrêter, (D, J.) NAGEOIRE, morceau de bois mince , rond & plat que les porteurs d’eau mettent fur leurs feaux lorfqu'ils font pleins. Il contient l’eau, &c l’empê- che de fe répandre facilement. On appelle auffi cet infirument tailloir. NAGER , v. n. l’art ou l’aétion de nager confifte à foutenir le corps vers la furface de l’eau, & à .s’a- vancer ou faire du chemin dans l’eau par le mou- vement des bras & des jambes, Ge. Voyez Anr- MAL. L'homme eft le feul des animaux qui apprenne à nager; beaucoup d’autres animaux nagent naturel- lement ; mais un grand nombre d'animaux ne nagent point du tout, Chez les anciens Grecs & Romains, l’art de nager faifoit une partie fi eflentielle de l'éducation de la _ jeunefle, qu'en parlant d’un homme ignorant, grof- fier, & malélevé , ils avoient coutume de dire pro- verbialement , qu'il n’avoit appris ni à lire ni à nager. À l’égard des poiflons, c’eft leur queue qui con- tribue le plus à les faire nager , & non pas leurs na- geoires , comme on fe l’imapine aflez généralement: c’eft pour cette raifon que la nature leur a donné plus de force &r plus de mufcles dans cette partie que dans toutes les autres, tandis que nous remarquons le contraire dans tous les autres animaux, dont les parties motrices font toujours les plus fortes , com- me les ciufles dans l’homme, pour le faire marcher; les mufcles peétoraux dans les oifeaux pour les faire voler , &c. Voyez MARCHE , VOL, &c, La maniere dont les poiffons s’avancent dans l’eau eft parfaitement bien expliquée dans Borelli, de morue animal. part, I, chap. xx. 1s ne fe fervent de leurs nageoires que pour tenir leurs corps en balance &z enéquihbre , & pour empècher qn’il ne vacille en nageant. Voyez NAGEOIRE 6 QUEUE. M. Thevenot a publié un livre curieux intitulé, l’art de nager , démontré par figures. Et avant lui Everard Digby , anglois, & Nicolas Winman , alle- mand , avoient deja donné les regles decetart. The- venot n’a fait, pour ainfi dire , que copier ces deux auteurs; mais 5’il fe füt donné la peine de lire le traité de Borel , avec la moitié de lPapplication qu’il a lu les deux autres , il n’auroit pas foutenu, comme 1l l’a fait , que l’homme zageroit naturelle- ment, comme les autres animaux, s’il n’en étoit em- pêché par la peur qui augmente le danger. Nous avons plufeurs expériences qui détruifent ce fentiment : en effet, que l’on jette dans l’eau quel- que bête qui vient de naître , elle zagera ; que l’on y jette un enfant qui ne puifle point encore être fuf- ceptible de peur , il ne zagera point ; & ilira droit au fond. La raifon en eft que la flruéture & la con- figuration de la machine du corps humain font très- différentes de celles des bêtes brutes, & fur-tout, ce qui eft fort extraordinaire , par rapport à la fituas tion du centre de fa gravité. Dans l’homme c’eft la tête qui eft d’une pefanteur excefive, eu égard à la pefanteur du refte de fon corps, ce qui vient de ce que fa tête eft garnie d’une quantité confidérable de cervelle, & que toute fa mañfle eft compofée d’os, & de parties charnues , fans qu'il y'ait des cavités remplies de la feule fubftance de l'air : de forte que 6 N A G la tête de l’homme s’enfonçant par fa propre gravi- té dans l’eau, celle-ci ne tarde gueres à remplir le nez & les oreilles, & que le fort ou le pefant em- portant le foible ou le leger, l’homme fe noie, & périt en peu de tems. Mais dans les bêtes brutes , comme leur tête ne tenferme que très-peu de cervelle, & que d’ailleurs il s’y trouve beaucoup de finus, ou cavités pleines d’air ; fa pefanteur n’eft pas proportionnée au refte de leurs corps, de forte qu’elles n’ont aucune pei- ñe à foutenir le nez au-deflus de Peau , & que fui- vant les principes de la ftatique pouvant ainfi ref- pirer librement , elles ne courent aucun rifque de fe noyer. En effet, l’art de zager, qui ne s’acquiert que par Pexpérience & par l'exercice , confifte principale- ment dans l’adreffé de tenir la tête hors de l’eau , de forte que le nez & la bouche étant en liberté l’hom- me refpire à fon aife , le mouvement & l’extenfion de fes piés & de fes mains lui fufifent pour le fou: tenir vérs la furface de l’eau , & il s’en fert comme de rames pour conduire fon corps. Il fuffit même qu'il fafle le plus petit mouvement, car le corps de l’homme eft à-peu-près de la même pefanteur qu'un égal volume d’eau ; d’où il s’enfuit par les princi- pes de l’hydroftatique que le corps de l’homme eft déja prefque de lui-même en équilibre avec l’eau, & qu'il ne faut que peu de forces pour le foute- hir, M. Bazin, correfpondant de l’académie royale dés Sciences de Paris , a fait imprimer il y a quel- ques années à Strasbourg un petit ouvrage dans le- quel il examine pourquoi les bêtes nagent naturel- lement , & pourquoi au contraire l’homme eft obli- gé d’en chercher les moyens. Il en donne des rai- {ons prifes dans la différente ftru@ture du corps de l’homme & de celui des animaux , mais ces raifons font différentes de celles que nous avons apportées ci-deflus, Selon lui les bêtes agent naturellement parce que le mouvement naturel qu’elles font pour {ortir de l’eau quand elles y font jettées , eftun mou- Yeément propre par lui-même à les y foutenir : en ef. fet, un animal à quatre piés qui nage eftdans la même fituation , & fait les mêmes mouvemens que quand il marche fur la terre ferme. Il n’en eft pas de mé- me de l’homme ; l'effort qu'il feroit pour marcher dans l’eau , en confervant la même fituation que , quand il marche naturellement, ne ferviroit qu’à le fairé enfoncer, ainf l’art de nager ne lui peut être naturel. NAGER, Z’attion de nager, (Médecine) 11 y a peu de maladiés chroniques dans lefquelles la nage foit bienfaifante , auf l’ordonne -t - on rarement ; on prend cet exercice feulement en été ; il maigrit les pérfonnes pléthoriques , facilite la tranfpiration, échauffé , attenue , & rend ceux qui y font accou- tümés moins fenfibles aux injures de l’air, la rage ou le bain dans la mer eft falutaire à ceux qui font attaqués d’hydropifie , de gales , de maladies inflam- matoires , d’exanthemes , d’élephanthiafis , de flu- xion fur les jambes , ou fur quelqu'autre partie du TOrpS: Là rage , foit dans l’eau douce, foit dans l’eau fa- lée, qui eft trop fraiche, porte à la tête, & fon y demeure trop longtems , ia fraicheur artaque les nerfs. La ape dans l’eau naturéllement chaude peut être auffi prejudiciable , cependant bien des gens s’y ex- poient fans en être endommagés. ; La rage fe faifoit anciennement en fe précaution- nant & 1e préparant contre tous les accidens , foit par les onétions , foit par les friétions , & en fe pré- cipirant de quelque lieu élevé. Onbaie , 4y. FI. Chi KA VE N AG La rage alesmêmes avantages les 8& mêmes incon- . veniens que le bain, ainf on peut la confidérer com- me un exercice ; Çar on s’y donne de grands mou- vemens qui font fort falutaires. Voyez GYMNASE & GYMNASTIQUE. Quant à fon avantage comme bain, voyez BAIN. C’eft la meilleure façon de fe laver 8 nettoyer le corps quand on peut la fupporter. NAGER À SEC, ( Maréchal.) opération que les Maréchaux ont inventée pour les chevaux qui ont eu un effort d'épaule ; elle conffte à attacher la jambe faine en faifant joindre le pié an coude, au moyen d’une longe qu'ils paffent par-deffous le ga- rot, & dans cet état ils contraignent le cheval à marcher à trois jambes, & par conféquent à faire de nouveaux efforts fur la jambe malade, fous pré- texte que par ce moyen il s’échauffe l’épaule, & qu’ainfi les remedes pénetrent plus avant les pores étant plus ouverts ; mais il eft aifé de voir que cet expédient ne fait qu'irriter la partie, augmenter la douleur , & rendre par conféquent le mal plus con- fidérable qu’il r’étoit. NAGERA , autrement NAXERA, ( Géog.) ville . d’Efpagne, dans la nouvelle Caftille , au territoire de Rioja, avec titre de duché. Elle eft fameufe par la bataille de 1369 , & eft fituée dans un terrein très-fertile, fur le ruifleau de Nagerilla , à 12 lieues N. O. de Calahorra, 53 N.E. de Madrid. Long. 15. Mar per 250 CDN) + NAGIA , ( Géog. anc. ) ville de l’Arabie heureu< fe , dans le pays des Gébanites felon Pline, Zy, WI. chap. xxvü. qui ajoûte que cette ville étoit très- grande ; on n'en connoît pas même aujourd’hui les ruines. | NAGIADE oz NÉGED, (Géog.) petite province de l’Arabie, dans laquelle la ville de Médine eft fituée. Poyez MÉDINE. NAGIAGAH, (Géog.) petite ville du pays de Nas bafchac,qui eft l'Ethiopie. Elle eft à huit journées de Giambita, fur une riviere qui fe décharge dans le Nil, On dit qu’au-delà de ce bourg en tirant vers le midi on ne trouve plus de lieu qui foit habité. NAGIDOS, ( Géog. anc. ) ville fituée entre la Pamphylie & la Cilicie felon Strabon, 4y, XIV. ê felon Etienne le géographe. NAGNATA, ( Géog. anc.) ville de l’ancienne Hibernie, que Ptolomée, Zv. XI. chap. j. qualifie de ville confidérable, & qu’il place fur la côte oc- cidentale : quelques favans penfent que c’eft aujour+ d’hui Lemerik. NAGRACUT-AYOUD, ( Géog. ) royaume des Indes, dans les états du grand-mogol. Il eft borné au nord par le royaume du petit Tibet, à l’orient par le grand Tibet, au midi par lesroyaumes de Siba & de Pengat, à l’occident par ceux de Bankich & de Cachemir. NAGRACUT , ( Géog. ) ville des Indes, capitale du royaume de même nom, dans les états du grand mogol, avec un temple où les Indiens vont en péle- rinage. Elle eft fur le Ravi , à 120 lieues N. d’Agra. : Long. 96. lat. 32. ; NAGRAN ox NEDGERAN, (Géog.) perite ville de la province d’Iémen en Arabie, dont le terroix eft couvert de palmiers contre l'ordinaire de ce pays-là. Elle eft habitée par des familles des tributs de Plémen , de qui l'on tire des maroquins. MAHAR, ( Géog. arabe.) ce nom fignifie en arabe un fleuve, ou une riviere; de-là vient qu’il fe trouve joint au nom de quelques villes fituées fur des rivie- res ; ainfi Nahar-Al-Malek eft le nom d’une ville de 1 Iraque arabique, fituée {ur ce bras de l’'Euphrate, que les anciens ont appellé Foffa-regia, ou Bafilicus. uvius ; de même Nahar - Al- Obolla, eft le nom d’un vallon des plus délicieux de l’Afe, coupé par une petite riviere. (D. J.) N'AÏ _Natar-MAtEek, où Nahar-Melik, ( Géog.) c’eft- à-dire fZuve du roi, c’eft proprement Le bras de l'Eu- phrate, que les anciens ont appellé Foÿfa-regia, &t Bafilicus fluvius. NAHARUALT, ( Géog. anc.) ancien peuple de la Germanie. Tacite, de mor. Germ. fait entendre qu’il habitoit entre la Quarte & la Viftule, où il avoit un bois facré. Il ajoûte que le prêtre étoit vétu en femme, & que la divinité qu'on adoroit dans ce bois s’appelloit Ace, NAHARUAN, (Géog. ) ancienne ville de Pirac- | Arabi, {ur un bras de l’'Euphrate, à 2 lieues de Cou- fah. Long. 63.12. lar, 31. 25. NAHASE,, f. m.(Chron.) nom du dernier mois de l’année des Ethiopiens : il commence le 26 Juillet | du calendrier Julien, NAHER, {. m. (if, mod.) noble indien. Les habitans du Malabar fe divifent en caftes ou tribus qu'on appelle des rambouris, des: bramines, & des nahers. Les nembouris font prêtres, les bramines philofophes, les zahers nobles. Ceux-ci portent feuls les armes; le commerce leur eft interdit ; ils fe dégradent en le faifant. Dans ces trois caftes on peut s'approcher, fe parler, fe toucher fans fe la. ver; mais on fe croit fouillé par l’attonchement le plus léger de quelqu'un qui n'eneit pas. . NAJAC, (Géog.) petite ville de France en Rouergue, diocèfe de Rhodez, éleétion de Ville- Franche. Elle eft fituée fur la riwiere d’Avéirou , à 6 lieues au nord d'Albi, Long. 19. 45. lat, 43. 55. (2. J.) NAIADES, f. m. pl. ( Mychologie. ) efpece de nymphes ou divinités payennes, que l’on croyoit | préfider aux fontaines & aux rivieres. Voyez NyM- | pe @& Dreu. Ce mot dérive du grec raw, je coule, où de vœu , Je féjourne, Strabon dit que les zaiades étoient des prétrefles de Bacchus. Nonnus prétend que les zaizdes étoient meres des fatyres ; on les peint affez ordinairement appuyées. | fur une urne qui verfe de l’eau, ou tenant un co- quillage à la main. On leur offroit en facrifice des chevres & des agneaux avec des libations de vin, de miel, & d'huile ; plus fouvent on fe contentoit de mettre fur leurs autels du lait, des fruits & des fleurs ; mais ce n'étoit que des divinités champé- tres, dont le culte ne s’étendoit pas jufqu’aux vil- les. On diftinguoit les zaïades en naïades potamides & en raiades limnades ; celles-ci éroient les nym- phes des étangs ou des marais du mot au, un étang, un lac ; les potamides étoient celles des fleu- ves & des rivieres , leur nométant dérivé de 7oru- pos, fsuve. (G NAJAS-NAÏDE, ( Hiff. nat. Botan, ) nom donné ar Linnæus au genre de plante appellé par Vail- lant & Michel fuvialis : voici fes caraëteres. Il pro- duit des fleurs mâles & femelles diftinétes. Le calice particulier des fleurs mâles eft d’une feule feuille de forme cylindrique tronquée à la-bafe, s’appetif- fant vers le fommet, & dont la levre eft divifée en deux fegmens oppofés, panchés en arriere. La fleur mâle eft compoiée d’un feul pétale , qui eft un tuyau de la longueur du calice, partagé en quatre quartiers; il n'y à aucune étamine, mais le aulieu | de la fleur produit une boffette droite & oblongue. La fleur femelle n’a ni calice ni pétale, rnais feule- ment un piful, dont le germe ovoide fe termine en un ftyle délié ; les ftiomates font fimples, le fruit eft une capfule ovale contenant une feule graine de même figure. Linnæi gez. plant. 443. (D...) NAÏF. Voyez l’article NAIVETÉ. NAIRS ox NAIGS, f. m. ( Æi/2. mod.) c’eft le nom fous lequel on défigne dans quelques parties | de l’Indoftan les nobles ou premiers officiers de l’état ; c’eft la même chofe que naires, Voÿyéz. cel article. . NAIM, (Géog. facrée. ) ville de la Palefine , pet éloignée de Capharnatim, 8 où Jefus-Chrift refluf cita le fils d’une veuve, dans le tems qu'on le por: toit en terre. Luc, chap. vi. ÿ 11; Naim étoit entre Eudor & Thœæbor, à 12 ftades de ce dernier endroits CDNIS .… NAIMA, ( Géog.) village d'Afrique au royaume de Tripoli, dans la provinee de Macellata, fur la côte, Je ne parle de ce village que parce qu’il eft le tombeau des Philènes, ces deux illuftres freres, qui s’immolerent pour leuf patrie, & à qui les Cars thaginois avoient confacré des autels. MNaïma eft donc la petite ville que les anciens appellerent Phi: lent vicus, NAIN , f. m. ( Phyfique, ) on nomme rain, quel qu'un qui eft de taille exceflivement petite ; ce fie: cle m'ofire, pour former cet article ; deux exem: ples vivañs de zaixs, tous deux à-peu-près de même âge, & tous deux fort différens de figure, d’efprit, & de cara@tere. L'un eft le rain de S. M. lé roi Stani: Îlas, & l’autre eft à la frite de madame la comtefle de Hunuecska, grande porte-glaive dela couronne de Pologne. Je commence par le zair deS. M. le roi de Polo: gne, duc de Lorraine. Il fe nomme Mcolas Ferry ; 1l eft né le 19 Novembre 1741 ; fa mere alors âgée de 35 ans a eu trois enfans dont il eft l'aîné. Mal- gré toutes les apparences ordinaires, elle ne pou- voit fe perfuader d’être groffe, lorfqu’elle le fut de cet enfant ; cependant au bout de neuf mois elle le mit au monde, après avoir fouffert les douleurs de l'accouchement pendant deux fois vingt-quatre heures ; il étoit long dans fa naïffance , d’environ neuf pouces, & peloit environ quinze onces. Un fabot à moîtié rempli de laine lui fervit, dit-on, de berceau pendant quelque tems, car c’eft le fils d’une payfanne des montagnes de Vofges. Le 25 Juillet 1746, M. Kaft, médecin de la reine ducheffe de Lorraine le mefura, & le pefa avec _ grande attention ; il pefoit étant nud neuflivres fept onces. Depuis ce tems-là il a porté fa croifflance jufqu'à environ trente-fix pouces. Il a eù la petite vérole à l’âge de trois mois ; {on vifage n’étoit point laid dans fon enfance, mais il a bien changé depuis. Bébé, c’eft le nom qu’on lui donne à la cour du roi Stamiflas, Bébé, dis-je, qui eft préfentement (en 1760 ) dans fa 20° année, paroît avoir déjà 1e dos courbé par la vieilleffe ; fon teint eft flétri; une de fes épaules eft plus groffe que l’antre ; fon nez aquilin eft devenu difforme, fon efprit ne s’eft point formé, & on n’a jamais pu lui apprendre à lire. Le rain de madame Humiecska, nominé M. Bor- Wilasky ,; gentilhomme polonois, eft bien différent de celui du roi Staniilas ; 8 ce jeune gentilhomme peut être regardé comme un être fort fingulier dans la nature. \ 11 a aujourd’hui (1760) 22 ans; fa hauteur ef de vingt-huit pouces ; 1l eft bien formé dans fa tail. le; fa tête eft bien proportionnée; fes yeux {ont affez beaux ; fa phyfionomie eft douce, fes genoux, fes jambes, &t fes piés font dans toutes les propor- tions naturelles : on affure qu'il eft en pleine pu- berté. | Il ne boït qué de l’eau, mange peu, dort bien ; refifte à la fatigue, & jouit en un mot d’une bonne fanté. Il joint à des manieres gracieufés des réparties fpirituelles; fa mémoire eft bonne; fon jusement eft fain, fon cœur eft fenfble & capable d’atta chement. | Le pere &t la mere de M. Borwilasky font d’une taille fort au-deflus de la médiocre; 1ls ont fix en« 8. NAI fans: l'aîné n’a que trente-quatre poucès, & eft | bien fait ; le fecond nommé J'oféph ( & qui eft celui “dont nous parlons ici) n’en à que vingt-huit ; trois freres cadets de celui-ci, & qui le fuivent tous à un an les uns des autres, ont tous les trois environ “cinq piés fix pouces, & font forts & bien faits. Le fixieme des enfans eft une fille âgée de près de fix ‘ans, que l’on dit être jolie de taille & de vifage, & qui n’a que vingt à Vingt-un pouce , marche, parie. auf librement que les autres enfans de cet âpe, & annonce autant d’efprit que le fecond de fes freres, M. Jofeph Borwilasky eft néanmoins demeuré Tong-tems fans éducation ; ce n’eit que depuis deux ans que madame Humiecska en a pris foin. Pré- fentement il fait lire, écrire, l’arithmétique , un peu d'allemand & de françois, enfin il eft d’une ‘grande adreffe pour toussles ouvrages qu'il entre- prend. 2h» Les fingularités aflez remarquables fur la naif- fance des enfans de madame Borwilasky, font qu’elle eft toujours accouchée à terme de fes fix enfans ; mais dans l’accouchement des trois zains, chacun d'eux en venant au monde avoit à peine une figure humaine; la tête rentrée entre les deux épaules qui l’'égaloient eu hauteur, donnoit dans la partie fupérieure une forme quarrée à l’enfant : fes cuifles & fes jambes croïfées & rapprochées de l'os facrum & du pubis , donnoiïent une forme ovale à la partie inférieure, le tout enfemble repréfentoit une mafle informe prefque auf large que longue, qui n’avoit prefque d’humain que les traits du vi- fage. Ces trois enfans ne fe font déployés que par degrés ; cependant aucun d’eux n’eff refté difforme, & font au contraire bien proportionnés; 1ls n’ont jamais porté de corps, & nul art n’a été employé pour reétuifñer la nature. Je trouve dans l’Hifloire d'Angleterre loppofé . de ces deux zains. En 173 t un payfan du comté de Berks amena à Londres fon fils âgé de fix ans, qui avoit près de cinq piés d'Angleterre de haut, robu- fe, fort, & à-peu-près de la groffeur d'un homme fait. (D. J.) | Nains, f. mi pl. (Hiff. mod.) ces foites de pyg- mées dans la race humaine font recherchés pour les amufemens du grand-feigneur ; ils tâchent de le divertir par leurs fingeries, &c ce prince les honore fonvent de quelques coups de pié. Lorfqu'il fe trouve un 2472 qui eft né fourd, & par conféquent muet, il eft regardé comme Le phénix du palais; on Vadmire plus qu’on ne feroit Le plus bel homme du monde, {ur-tout fi ce magot eff eunuque; cepen- dant ces trois défauts qui devroient rendre un hom- me méprifable, forment, à ce que dit M. Tourne- fort, la plus parfaite de toutes les créatures, aux yeux &c au jugement des Turcs. (D. JT) NaIN , (Jardinage.) eft un arbre de bafle tige que l’on nomme auf éxiffon. (K) NAIN-£LONDRINS, {. m. pl. ( Comm.) draps fins d'Angleterre, tous fabriqués de laine d’'Efpagne, &z déftinés pour le levant, iv NAIRANGIE , f. f. efpece de divination qui eft en ufage parmi les Arabes , & qui eft fondée fur plu- fieurs phénomenes du toleil & de la lune , voyez D1- VINATION , ce terme eft formé de l’arabe zaran, pluriel de »air, lumiere. (G) NAÏRES , NAHERS oz NAYERS, ( Æ2/7. mod.) c’eft le nom que les Malabares donnent aux mili- taires de leur pays, qui forment une claffe on tribu très-nombrenfe , & qui, comme ailleurs , fe croit infiniment au-deflus du refte de la nation ; c’eft dans cette tribu que les rois ou fonverains du Malabare choififent leurs gardes-du-corps. Les Malabares portent l’orgueil de la naïffance àrun point d'extra- vagance encore plus grand qu'en aucune contrée NAÏ de l’Éurope ; ils ne veulent pas même fonffiir que leurs alimens foient préparés par des gens d’une tri- bu inférieure à la leur ; ils ne fouffrent pas que ces derniers entrent dans leurs maifons , & quand par bafard cela eft arrivé, un bramine eft obligé de ve- nir faire des prieres pour purifier la maïfon. Une femme ne peut point épouler un homme d’un rang inférieur au fien, ceite méfalliance feroit punie par la mort des deux parties : or fi la femme eft de la tribu des nambouris , c’eft-à-dire du haut clergé ou de celle des bramines, le fouverain la fait vendre comme une efclave. Les faveurs d’une femme de qualité , accordées à un homme d’une tribu infé- rieure, non-feulement coutent la vie à ce dernier _ lorfque Pintrigne vient à fe découvrir, maïs encore les plus proches parens de la dame ont le droit pendant trois jours de maflacrer impunément tous les parens du coupable. Malgré la fierté des maires , ils fervent communé: ment de guides aux étrangers & aux voyageurs, moyennant une tétribution trés-légere. Ces zaires font , dit-on, fi fidéles qu'ils fe tuent, lorfque celui qu'ils conduifent vient à être tué fur la route. Les enfans des naires portent un bâton qui indiquent leur naïffance ; ils fervent aufli de guides 8 de fu- reté aux étrangers , parce que les voleurs malaba- res ont pour principe de ne jamais faire de mal aux enfans. | _NAIRN, (Géog,.) petite ville d'Ecoffe, chef-lieu d'une contrée de même nom appelléé communément The Sbire of Nairn. Sa capitale eft à l'embouchure de la riviere de Nairn, dans la province de Murray, à 35 lieues N. O. d'Edimbourg, 111 N. O0. de Lon- dres. Long. 14.12. las, 57. 42. ( D. J.) NAISAGE , f. m. (Jurifpr.) droit de faire rouir fon chanvre ou fon lin dans une riviere , étang ou autre place remplie d’eau, On entend auffi par naifage le droit que le fei- gneur Ou propriétaire de l’eau portoit en quelques endroits pour la permiffion par lui accordée de met- tre rouir du chanvre on du lin dans fon eau. Voyez Revel, fur Les f'atuts de Brefle, p. 276. Collet, fur les flatuts de Savoye , L, III, feit. 2, pag. 93, & Ror- SE &ROTEUR. (4) NAISER , voyez ROUIR. | NAISSANCE NATURELLE, exclufon d’un fé- tus achevé hors de la matrice par le vagin, Voyez FÉTUS , DÉLIVRANCE, La zaiffance prématurée s’appelle avortement, Foyez AVORTEMENT & AVORTER. | Naiffances extraordinaires , celles qui arrivent par la voie de l’anus, du nombril, de la bouche, &c, Voyez DÉLIVRANCE, | Au fujet du nombre des zaiffances, voyez MARIA- GE , & la proportion obfervée des naiffances aux mariages , des zaifflances aux enterremens, & des naiffances mâles à celles des femelles. NAISSANCE, 1. f, (Société civile, ) race , extracs tion iiluftre & noble; c’eft un heureux préfent de la fortune , qu’on doit confidérer & refpeéter dans les perfonnes qui en jouiflent , non-feuiement pat un principe de reconnoiflance envers ceux qui ont ren- du de grands fervices à l’état, mais auffi pour en- courager leurs defcendans à fuivre leurs exemples. On doit prendre les intérêts des gens de zarffance, parce qu'il eft utile à la république , qu'il y ait des hommes dignes de leurs ancêtres : les droits de la naiflance doivent encore être révérés, parce qu’elle eft le foutien du trône. Si l’on abat les colonnes, que deviendra l’édifice qu’elles appuyoient. De plus la zaiffance paroït être un rempart entre le peuple & le prince, & un rempart qui les défend contre les entreprifes mutuelles de l’un fur l’autre ; enfin, la zaiffance donne avec raifon des privileges diftinc- us , N AI Gé, &un grand afcendant fur les membres d’un état qui font d’une extraétion moins élevée. Auff ceux qui jouiffent de ce bonheur, n’ont qu'à ne rien oûter par leur conduite, pour être sùr d'obtenir lé- gitimement de juites préférences fur les autres ci- toyens, Mais ceuxique la zaiffance démêle heureufement d'avec le peuple, & qu'elle expofe davantage à la louange ou à la cenfure , ne font-ils pas obligés en conféquence de foutenir dignement leur nom? Quand on fe pare des armes de {es peres, ne doit-on pas fonger À hériter des vertusqu'ils peuventavoir eues? autrement, ceux qui vantent leurs ancêtres , fans imiter leurs belles a@tions, difpofent les autres hom- « mes à faire des comparaifons qui tournent au defa- vantage de telles perfonnes qui deshonorent leur nom. Le peuple eft fi porté à refpeter les gens de naiflance, qu'il ne tient qu’à eux d'entretenir ce fa- vorable préjugé. En voyant le jour ils entrent en poñleffion des honneurs : les grands emplois , Les di- anités, lé maniement des affaires , le commande- ment des armées, tombent naturellement dans leuts mains. De quoi peuvent-ils fe plaindre que d’eux= mêmes, quand l'envie & la malignité les attaquent ? Sans doute, qu'’alots ils ne font pas faits pousleur place, quoique la place femblât faite pour eux. On reprochoit à Ciceron , d’êtreun homme nou- veau ; la réponfe eft toute fimple : j'aime mieux, répondit-il, briller par mon propre mérite, que par ua nom hérité de mes ancêtres; & il eft beau de commencer fa obleffe par les exemples de vertu qu'on laifle à fa poftérité. Sarius efl enim me meës re- bus florere, quam majorum opirione niti, € ivà vivere, ut ego fim potius meæ nobilitatis initium € virtutis exenplum. À la vérité, on foupconne les gens qui tiennent ce propos, de faire, fi l’or peut parler ain- PU , C \ . %, de nécefhté vertu. Mais que dire à ceux qui ayant en partage une grande zaiffance , en comptent pour rien l'éclat, s'ils ne le foutiennent & ne lilluftrent de tous leurs efforts , par de belles ations. Foyez NoBkiesse, (D.J.). | NAISSANCE, JOUR DE LA, ( Hiff. rom.) Le jour de la naif[ance étoit particulierement honoré chez les Romains. Des mouvemens de tendrefle & de geligion confacroient chez eux une journée , où il fembloit qu'ils recevoient leurs enfans des dieux mêmes, & pour ainfi dire de la main à la main. On les faluoit avec cérémonie, & dans ces termes , ho- diè nate falve : ils invoquoient le Génie comme une . divinité qui préfidoit à la nativité de tous les hom- mes. La folemnité du Jour de cette raiffance fe renou- velloit tous les ans , & toujours fous les aufpices du Génie, On drefloit un autel de gazon, entouré de toutes les herbes facrées, & fur lequel on immoloit un agneau. On étaloit chez les grands tout ce qu’on avoit de plus magnifique, des tables, des cuvettes, des bafñns d’or & d’argent, mais dont la matiere étoit encore moins précieufe que letravail. Augufte avoit toute l’hiftoire de fa famille gravée fur des meubles d’or & d’argent : le férieux d’une céréme- mie religieufe étoit égayé, par ce que les fêtes ont. de plus galant ; toute la maïfon étoit ornée de fleurs & de couronnes, & la porte étoit ouverte à la com- pagnie la plus enjouée. Envoyez-moi Philis, dit un berger dans Virgile à lolas ; envoyez-moi Phulis, car c’eft aujourd’hui le your de ma raiffance , mais pour vous ne venez 1c1 que lorfque j'immolerai une géniffe pour les biens de la terre. Les amis ce jour-là ne manquoient guere d’en- voyer des préfens ; Martial raille finement Clyté , qui pour en avoir , faifoit revenir le jour de fa raif- fence fept ou huut fois l’année : Nafieris oûlies in anne, Tome XI, NAÏ 9 On célébroit même fouvent l’hoñneur de ces grands hommes, dont la vertu confacre la mémois re, & qui enlevés aux yeux de leurs contempa= rains , {e réveillent pour la poftérité qui en conñoît le mérite danstoute fon étendue, & quelquefois Îes dédommage de linjuftice de leur fiecle, Pourquoi, dit Séneque, ne fêterai-je pas le Jour de la naïffante de ces hommes illuftres ? Pline dans le troifieme lis vre de fes épitres, rapporte que Silius Italicus cé lébroit le Jour de la naifance de Virgile, plus fcrus puleufement que le fien même, La flatterie ténant une coquille de fard à la main, ne manqua pas de folemrifer la nativité des perfon nes que la fortune avoit mis dans lés premieres pla- ces, & par qui fe difiribuoient les graces & les biens faits: Horace invite une de fes anciennes maitref< fes à venir célébrer chez lui la na ffance de Mécé- nas ; & afin que rien ne trouble la fête , 1l tâche de la guérir de la pafhon qu’elle avoit pour Téléphus. Philis, j’ai chez-moi, ditil, du vin de plus de neuf feuilles, mon jardin me fournit de lache pour faire des couronnes. J'ai du lierre propre à relever la beauté de vos cheveux: l'autel eft couronné de ver- veine ; Les jeunes garçons & les jeunes filles qui doi- vent nous fervir, courent déja de tous côtés. Ve- nez donc célébrer le jour des ides qui partage le mois d'Avril confacré à Vénus ; c’eft un jour folem- nel pour moi, & prefque plus facré que le jour de | ma raiffance, car c’eft de ce jour-là que Mécénes compte les années de fa vie. On voit dans ce propos une image bien vive d’une partie deftinée à la célébration d’un jour de naiffan- ee ; il ne s’agit pas de favoir, fi elle étoit conforme à lefprit de l’inflitution ; fans doute que ce vin dé- licieux , cette parure galante , cette propreté, ce luxe , cette liberté d’efprit que le poëte recommari de à Philis, plus dangereute que la pañfion même ; enfin, cette troupe de jeunes filles & de jeunes gar- çons m’étoient guère appellés dans les fêtes reli- gieufes , où on fongeoit {érieufement à honorer les dieux. Le jour de la naiflance des princes étoit fur-tout un jour confacré par la piété ou par la flatterie des peuples. Leur caradere , la diftinétion de leur rang & de leur fortune , devenoit la mefure des hon- neurs & des réjouiflances établies à cette occafon. La tyrannie même , bien loin d'interrompre ces for- tes de fêtes , en rendoit l’ufage plus néceflaire, & dans la dureté d’un regne où chacun craignoit de laifer échapper fes fentimens , on entroit avec une efpece d’émulation dans toutes les chofes dont on \ pouvoit fe fervir pour couvrir la haine qu’on portoit au prince ; tous ces fignes équivoques d'amour & de refpeét , n’empêcherent pas que les empereurs n’en fuflent extrèmement jaloux. Suétone remarque que Caligula fut fi piqué de la négligence des con- fuls , qui oublierent d’ordonner la célébration du jour de fa naiffance , qu’il les dépouilla du confulat, &c que la république fut trois jours fans pouvoit exercer l’autorité fouveraine. Ces honneurs eurent auf leur contrafte : on mit quelquefois avec cérémonie au rang des jours mal heureux , le jour de la naïf[ance ; 8 c'était - là la marque la plus fenfble de lexécration publique. La mémoire d’Agrippine, veuve de Germanicus 4 fat expofée à cette flétriffure, par linjuftice & la cruauté de Tibere. Dicm quoque natalem ejus ; inter nefaflos fuafrr. C’eft à ce fujet que M. Racine, fi exaët dans la peinture des mœurs , fait dire par Nar- cie à Néron , en parlant de Britannicus & d'Oc tavie. Rome fur les autels prodiguant les viétimnes y Fuffens-ils innocens , leur trouvera des crimes ÿ Ecfaura mettre au tang des jours infortunés | Sn 10 NAI Ceux où jadis lafœur &le frere font nes. ({D.J.) A&. IV. fcen, 4. NAISSANCE , ( Archi. civile.) c’eft l’endroit où un corbeau, une voûte , une poutre , ou quelque chofe, en un mot, commence à paroïtre. Naïiffance de colonne. C’eft la partie de la colonne qui joint le petit membre quarré en forme de liftel, qui pofe fur la bafe de la colonne &c qui fait le com- mencement du fuft. On la nomme auf congé. Naiffance de voñre, C’eft le commencement de la courbure d’une voüte , formé par les retombées ou premieres aflifes, qui peuvent fubffter fans ceintre. Naiïffances d’enduits. Ce font dans les enduits, certaines plates- bandes au circuit des croifées & ailleurs, qui ne font ordinairement diftinguées que par du badigeon , des panneaux de crépi, ou d’en- duit qu’elles entourent. (D. J.) NAISSANCE , ( Jardinage.) et le commencement de la broderie d’un parterre : ce peut être auff Fen- droit d’où part un rinceau , une palmette, un fleu- ton, Éc. NAISSANCE D’UNE JUMENT, (Maréc.)V. NATURE. NAISSANT , adj, ex cerme de Blafon, fe dit d’un on, ou autre animal , qui ne montre quela tête, les qui fe répetent avecallez de promptitude pour tenir tou- jours la tête au-deflus de ce fluide; ce qui fe fait fans aucune péine à l'égard des quadrupedes laiffés à eux-mêmes , & fans aucun mouvement de leur part. C’eft ainfique les poiffons fe foutiennent, fe tepo- fent même & dorment à la furface des eaux, ayant le dos au deflus & feulement le ventre plongé ; ils ne peuvent s’enfoncer qu’en fe rendant plus pefans par la compreflion de Fair de la vefie qu'ils ont par. ticulierèment deftinée à cet ufage ; voye Poisson v ëx les autres animaux ne peuvent aufli plonger que NAT par laétion mufculaire dés organes avec lefquels ils nagent, ou en S’efforçant de tendre vers le fond de Peau, ou par le moyen de quelque corps pefant dont ils fe faififlent pour ajouter à leur pefanteur naturel- le, Voyez PLONGEUR. El fuit donc de ce qui vient d'être dit de la compa- raïifon des añimaux térreftres & des volaules avec homme, par rapport à la difpoñtion refpeétive de leur corps dans l’eau, que celle de l’hommes’oppofe à ce qu'il puifle nager naturellement , comme le font tous les autres animaux, parce qu'il n'a pas l’avan- fage comme eux, que par l'effet de la gravité fpéci- fique , les parties néceflaires à larefpirarion reftent hors del’eau, 8 empêchent par ce moyen la fufo- cation qu'il ne peut éviter, à moins qu'il ne fache indufirieufement fe foutenir la tête hors de l’eau ; ce que les animaux.quadrupedes font par la difpoñition naturelle de leurs parties, fur-tout de feurtête, qui, outre qu’elle eft plus légere , eft figurée de mamere que par l’allongement , l'élévation du mufeau, ils ont beaucoup de facilité pour conferver la refpira- tion. me parinfliné , au heu que c’eit un art dans l'hom- me de pouvoir nager ; art qui fuppofe une adreffe quines’acquiert que par l'exercice propre à cet effet, pour apprendre à foutenir hors de l’eau la tête contre fon propre poids, & à plier le cou en arriere pour élever le nez 8r éviter le défaut de refpiration, qui arriveroit infailliblement fi fon corps étoit abandon- né à fa difpofition naturelle & à {on poids, felon les lois de la gravité fpécifique , qui tend toujours à ce que la tête né foit jamais la partie du corps qui furnage. En forte que quelqu'un qui fe noie, après avoir d’abord plongé, reparoït ordinairement {ur l’eau à plufeurs reprifes ; mais rarement montre-t-1l alors la tête , à moins que ce ne foit par l'effet des monve- mens de fes bras étendus, qui lui fervent dans ce cas comme de balancier, pour fe tenir en équilibre avec le poids de l’eau & élever la tête au-deflus de le fur- face; mais la force des bras ne pouvant le foutenir long-tems , lorfqu'’il n’a pas l’habitude de nager , 1l retombe par fon propre poids & replonge la tête à plufeurs reprifes , jufqu’à ce que l’eau ayant péné- tré dans {a poitrine & rempli les voies de l'air, rend le corps plus pefant, & fait qu'ilne reparoït plus fur l’eau que lorfqu’après avoir refté au fond un certain tems après la mort , la putréfaftion qui s’enfuit déve- Jloppe de l'air dans les boyaux , & même dans la fubf- tance des parties molles dont la raréfaétion augmente le volume du corps , fans en augmenter le poids &z le rend plus léger qu'un égal volume d’eau ; d’où ré- fulte que le cadavre eft foulevé , & paroit furnager. Voyez Noé. Ce n’eft donc pas, felon le préjugé aflez générale- ment reçu , la crainte de fe noyer, qui fait que l’hom- me ne nage. pas naturellement, comme les quadru- pedes , mais Le défaut de difpofition dans les parties &c dans la figure de fon corps, puifque l’on voit des enfans & des imbécilles fe jetter hardiment dans Peau, qui ne laiflent pas d’y périr faute de zager, &cpar conféquent par le feul défaut de difpoñition à fe foutenir dans l’eau comme les animaux, fans y être expolés à la fuffocation. Extrait de Borelli de norte animalium , part, À, cap. xxuy. Quoiqu'ontrouve peu dans les ouvrages de Mé- decine tant anciens que modernes , que l’ation de nager {oit mile au nombre des exercices utiles à la fanté ; cependant il paroït qu’elle peut y tenir un rang diftingué par les bons effets qu’elle peut produi- re, étant employée avec les ménagemens, les pré- cautions convenables, En effet , il paroiït hors de Tome XI, | doute que, ontre l’adion mufculaire dans prefque Ainfi l’on voit pourquoi les animaux nagent com- NAT 35 toutes Les parties du corps, à laquelle donne lieu cette efpece d'exercice , comme bien d’autres, l’applica. tion de l’eau froide dans laquelle on nage, contri- bue, non-feulement par fon poids {ur la furface du corps, mais encore par fa qualité froide , qui ne cefle d’être telle, attendu le changement continuel qui fe fait des furfaces du fluide ambiant , par une fuite de la progreffion qu'opere l’aétion de zager, à conden- fer, à fortifier les fibres, à angmenrerleurélafticité, êt à rendre plus efficace leur action fur les fluides, dont il empêche auff la diffolution & la trop grande difipation en diminuant latranfpiration, felon Sanc- torius. Sreasic. medic, fe, IT. aphro, xiv, ce qui ne peut qu'être d’un grand avantage dans l’été , où les grandes chaleurs produifent un relâchement général dans les folides, &c caufent un grand abattement de forces; voyez CHALEUR ANIMALE, pourvuque la natation ne fuccede pas à un exercice violent, com- me le fait obferver cet auteur. D'où s'enfuit que l’aîion de zager dans un fleuve ou dans tout autre amas d’eau froide , bien pure , peut joindre le bon effet de l’exercice à celui du bain froid , pourvu que cette aftion ne foit pas excefive, & qu’elle foit fuivie des foins , des ménagemens que l’on doit avoir, après cette forte de bain. Foyez BAIN FROID , œcon.anim. Voyez auffr la differtation de M. Raymond médecin à Marfeille , fur le bain aqueux fimple , qui a remporté le prix de l’académie de Di- Jon en 1755. On obfervera ici, en finiffant , qu’il ne faut pas confondre la zaration , qui eftl’aétion denager, avec une forte dezaration, qui dans le fens des anciens, étoit une maniere de fe baigner dans nn vale beau- coup plus Srand que les baignoires ordinaires : c’eft ce qui eft défigné par les grecs fous le nom de soruu- Envie , quieft aufh rendu en latin par le mot de 74- ratio, felon qu’on le trouve dans les œuvres de Galien, lb. IT. de tem, cap. 1j. où cette forte de vafe eft encore appellée dexamene, Voyez Gorrh. pag. 101. MATCHEZ , (Géogr.) peuple de l'Amérique fep- tentrionale dans la Louifiane , fur le bord oriental du Mifffipi, & à environ 80 lieues de l'embouchure de ce fleuve. | Si l’on croit les relations , le gouvernement de ces peuples fauvages-eft defporique. Leur chef dif- pofe des biens de tous fes fujets, &c les fait travail- ler à fa fantaifie ; ils ne peuvent luirefufer leur tê- te ; il eft comme le grand feigneur ; lorfque l’héri- tier préfomptif vient à naître, on lui donne tous les enfans à la mammelle pour le fervir pendant fa vie; vous diriez que c’eftle grandSéfoftris. Ce chef - eft traité dans {a cabane avec les cérémonies qu’on feroit à un empereur du Japon ou de la Chine. Les préjugés de la fuperftition, dit l’auteur de lPefprit des lois , font fupérieurs à tous les antres prejuaés, &t les raifons à toutes les autres raifons. Ainfi, quoi- que les peuples fauvages ne connoïflent pas naturel. lement le defpotifme , ce peuplé-ci le connoît : ils adorent fe foleil ; & fi leur chef n’avoit pas imaginé qu'il étoit Le frere du foleil, ils n’auroient trouvé en lui qu'un miférable comme eux. Lorfqu'un de ces fauvage meurt, fes parens vien- nent pleurer la mort pendant un jour entier : en- fuite on Le couvre de {es plus beaux habits, c’eft-à- dire , qu’on lui peint les cheveux &1le vifage, & qu’on lorne de fes plumages ; après quoi on le porte dans la foffe qui lui eft préparée , en mertant à fes côtés une chandiere & quelques vivres. Ses parens vont, dès la pointe du jour, pleurer fur fa foffe, plus ou moins long-tems, fuivant le degré de pa- renté, Leur deuil confifte à ne pas fe peindre le corps, & à ne pas fe trouver aux aflemblées de réjouif- fance. Le P, de Charlevoix qui vit leur témple du foleil E ï 36 NAT en 1721, dit que c’étoit une efpece de cabane Îon- gue, avec un toit couvert de fetilles de latanier. Au milieu de ce remple il y avoit fur le fol qui éroit de fimple terre, trois buches difpofées en triangle, & qui brûloïent par les bouts qui fe touchoïient , ce qui templifloit de fumée le temple, où il n’y avoit point de fenêtres. En 1630, les François firent laguetre aux Marche, en tuerent un grand nombre, & les difperferent tel- lement, qu'ils ne font plus un corps de nation. Ils Dai enfuite leurs villages & leur templedufoleil. D.J. NA EL , (Géog.) ville de Perfe , fituée, felon T'a- vernier ,à 774 40/. de long. fous les 364, 7/. de dacir, : NATEMBES , ( Géogr. anc, ) peuple de la Libye intérieure ; ilétoit, felon Pline , Zy. IV. ch, y, plus au nord que la montagne Ufargala. NATES, ez Anatomie, eft un terme dont on fe fert pour exprimer deux protuberances circulaires de la fubftance du cerveau, qui font fituées derriere la moelle allongée proche le cervelet. oyez CERVEAU 6 MoëLLe. (L) NATHINÉENS , £ im. pl. (Théolog.) ce mot vient de l’hébreu rathar , qui figniñe donner. Les Narhi- néens ou Néthinéens étoient des ferviteurs quiavoient été donnés & voués au fervice du tabernacle & du temple chez les Juifs pour les emplois les plus pénibles & les plus bas, comme de porter le bois&z d’eau. $ On donna d’abord les Gabaonites pour remplir ces fonétions, Jofué ix. 27. Dans la fuite, on aflu- jettit aux mêmes charges ceux des Chananéens qui fe rendirent, & auxquels on accorda la vie. On lit dans Efdras, c.viij uv. 20. queles Narhinéens étoient des efclaves voués par David & par les princes pour le miniftere du temple, &aïlleurs, qu'ils étoient des efclaves donnés par Salomon. Eneffet ,on voit dans les livres des} rois, que ce prince avoit aflujetti les reftes des Charancens , & les avoit contraints à diverfes fervitudes , & 1l y a toute apparence qu'il en donna un nombre aux prêtres & aux lévites, pour leur fervir dans le temple, Lés Nathinéens fu- rent emmenés en captivité avec la tribu de Juda, & il y en avoit un grand nombre vers les portes cafpien- nes d’où Efdras en ramena quelques-uns au retour de la captivité ; ils demeurerent dans les villes qui leur furent aflignées ; 1l y en eut aufi dans Jérufa- lem qui occuperent le quartier d'Ophel. Le nombre de ceux qui revinrent avec Efdras & Nehemie ne fe montant à guere plus de 600, & ne fufiifant pas pour remplir les charges qui leur étoient impofées, oninftua dans la fuite une fête nommée x2/opho- rie, dans laquelle le peuple portoit en folemnité du bois au temple pour l’entretien du feu de Pautel des “holocauftes. Voyez XiLOPHORIE. Calmet, diéfion, de -la bible. NATIF, adj. (Gram.) terme relatif au lieu où l’on a puis naïflance, Il fe dit de la perfonne : je fuis za- sif de Langres, petite ville du Bafligny, dévañtée en cette année (1760) par une maladie épidémique, qui dure depuis quatre mois, & qui m'a emporté trente parens. On diftingue zarif de né, en ce que zatif fuppofe domicile fixe des parens, au lieu que né fuppofe feulement zaiffance. Celui qui naît dans un endroit par accident, eft ze dans cet endroit ; celui qui y naît, parce que fon pere & fa mere y ont leur féjour , en eft zaif,J. C. eft zarif de Nazareth, &t né à Bethléem. NATIF, (Ai. nat, Minéral,) dans l’hiftoire natu- relle du regne minéral, on appelle zarif un métal où un demi-métal qui fe trouve dans le fein de la terre fous la forme qui lui eft propte , fans être nu- néralifé , c’eft-ä-dire, fans être combiné ni avec du NAT foufre , n1 avec de l’arfenie, du moins en aflez prane de quantité pour qu’on puifle le méconnoître. L’or fe trouve toujours zarif; on rencontre aufñ de l’ar- gent, du cuivre, du fer, du mercure , du régule d’antimoine, du bifmuth, de l’arfenic, nazifs ; quant au plomb & à l’étain, on ne les a point encore trou- vés zatifs, On voit que narif eft dans ce fens un fy« nonyme de vierge , on dit de larger vierge ou de lar- gent natif , &cc. (—) | NATIO , f. f. (Myrhol.) déefle qui dans l’opinion vulgaire , préfidoit à l'accouchement , à la naïfflan- ce. Elle avoit un temple dans le territoire d’Ardée. Sicette Nario eft déefle , dit un desinterlocuteurs de Cicéron, la Pudeur, la Foi, l'Efprit , la Concorde, l'Efpérance , & Moneta , feront aufli des déefles : or tout cela n’eft pas probable. (D, J.) NATION, f. f.(Hift, mod.) mot colle@if donton fait ufage pour exprimer une quantité confidérable de peuple , qui habite une certaine étendue de pays, renfermée dans de certaines limites, & qui obéit au même gouvernement: Chaque ration a {on caraétere particulier : c’eft une efpece de proverbe que de dire, léger comme un françois, jaloux comme unitalien, srave com- me un efpagnol, méchant comme un anpglois, fier comme un écoflois , ivrogne comme un allemand, parefleux comme un irlandois , fourbe comme un grec, Ge. Voyez CARACTERE. , Le mot de racion eft aufli en ufage dans quelques univerfités pour diftinguer lesfupôts ou membres qui les compofent , felon les divers pays d’où ils font originaires, Voyez UNIVERSITÉ. La faculté de Paris eft compofée de quatre 74= tions ; favoir , celle de France , celle de Pi- cardie , celle de Normandie , celle d’Allema- gne : chacune de ces rations , excepté celle de Normandie, eft encore divifée en tribus , &€ chaque tribu a fon doyen, fon cenfeur , fon procureur, fon quefteur &c fes appariteurs ou maflers. La zarion d'Allemagne comprendtoutes les zations étrangeres, l’Angloite , l’Itahenne , &c. Les titres qu’elles prennent dans leurs affemblées, aëtes , affiches, &c. font pour la zaxior de France, honoranda Gallorum ratio ; pour celle de Picardie, fideliffima Picardorum natio ; on défigne celle de Nor- mandie par vezeranda Normanorum natio ; & celle d'Allemagne , par conflantiffima Germanorum natio, Chacune a fes flatuts particuliers pour regler les élections , les honoraires , les rangs , en un mot tout ce qui concerne la police de leur corps. Ils font ho- mologués en parlement, & ont force de loi. Synode national, Voyez les articles SYNODE 6 CONCILE. | NATISO, (Geog. anc.) fleuve des Vénetes, fe- lon Pline , Zv. III. ch. xviij, qui dit qu'il pafloit au- près d’Aquileia Colona, Léander le nomme Nari/o- ne j il prend fa fource dans les Alpes, & finit par fe rendre dans la Lifonze au-deffous de Gradifca. Il eft vrai que les anciens nous font entendre que le Wa- sifo fe jettoit dans la mer ; maïs alors ils donnoient le nom de Naifo à la Lifonze, avec laquelle 1l fe joint, (D. J.) NATIVITÉ, (Théol.) nativitas, natalis dies, na- calitium, exprefhons qui font principalement d’ufage en ftylede calendrier eccléfiaftique,& quand on parle des faints, comme la zarivisé de la fainte Vierge, la nativité de faint Jean-Baptifte, &c. quand on dit fim- plement la nazivité, on entend le jour de la naïffan- ce de Notre Seigneur, ou la fête de Noel. FPoyez FÊTE & NoEz. | On croit communément que c’eft le pape Thelef- phore qui a ordonné que la fête de la zariviré fe cé- lebreroit le 25 Décembre. Jean, archevêque de Ni- ce, dans une lettre fur la masiviré de J, C, rapporte qu’à la priete de S. Cyrille de Jerufalem Île pape Ju- les L. fit faire des recherches très-exaétes fur le jour de la marivité de N. S. & qu'ayant trouvé qu’elle étoit arrivée le 25 de Décembre, on commença dès- lors à célebrer cette fête ce jour-là. Voyez INcAR- NATION: L Les mots narulis dies, nhralirinm, étotent autrefois ufités parmi Les Romains pour figrifier la fête que l’on célebroit le jour de l’anniverfaire de la naïffance d’un empereur; depuis ce tems on Îles a étendus peu-à-peu à fignifier toutes fortes de fêtes; c’eft pour- quoi l’on tronve dans les faftes des anciens , #asalis folis pour la fête du foleil. FPoyez FÊTE. Quelques auteurs penfent que les premiers chré- tiens trouvant ces expreflions confacrées par l’'ufage pour fonifier une fête , les employerent aufh dans le même tems; & que c’eft pour cela qu'on trouve dans les anciens martyrologes , maralis calicis, pour dire le jeudi-faint, on la fête de l’inftitution de l’eu- chariflie; zaralis carhedræ, pour la fête de la chaire de S, Pierre; natalis ou natalitiumn ecclefte N, pour la fête de la dédicace de telle ou telle églife. Mais outre qu'on: n’a pas des preuves bien certaines de cette opinion il eft probable que comme la naïffance, natalirium,{e prend communément pour lé commen ceinent de la vie de l’homme, les chrétiens em- ployerent le même terme par analogie pour expri- | mer l’anniverfaire du commencement ou de l'infüitu- | tion de telle ou telle céremonie religieufe. NATIVITÉ DE LA SAINTE VIERGE, fête que l’é- glife romaine célebre tous les ans en l'honneur de | Ja naïffance de la vierge Marie ; mere du Sauveur , le 8 Septembre. Cette fête n’eft pas à beaucoup près fi ancienne que celle de la rativité de J,C. & des. Jean. Le pape Sergius I. qui fut élevé fur le faint fiege en 687 , eft le premier qui ait mis la nariviré at nombre des fêtes de la fainte Vierge ; car le #alari- zium de la bien - heureufe Vierge Marie, que l'on célebroit auparavant en hiver , étoit la fète de fon aflomption. On trouve depuis la fête de la vierge Marie, au 7 de Septembre , dans les martyrologes, & dans le facrementaire de faint Grégoire. Elle wa été établie en France que fous le regne dé Louis le Déebonnaire ; & elle a été depuis inférée dans les martyrologes de Florus , d’Adon & d'Ufuard. Gau- thier, évêque d'Orléans, l’introduifit dans fon dio- cefe, & Pafchafe Ratbert en parle dans fon livre de la virginité de Marie. Ainfr, ceux qui difent qu’elle n’a été établie que dans le neuvieme fiecle, fe font trompés. Cependant cette fête n’a été chomée en France & en Allemagne que dans le x. fiecle. Mais faint Fulbert l’établit à Chartres dès leix. Les Grecs & les Orientaux n’ont commencé à la célebrer que dans le xij. fiecle; mais ils le font avec beaucoup de folemnité. Baïllet , vie des Saines, NATIVITÉ DE S. JEAN-BAPTISTE, fête que l’é. glife romaine célebre tous les ans en mémoire de la naïflance de S. Jean, fils de Zacharie & de fainte Elifabeth, & précurfeur de Jefus-Chrift, le 24 de Juin, avec office folemnel & oftave, Foyez Oc- TAVE. | L'infitution de cette fête eft très-ancienne dans l’églife. Elle étoit déja établie au'24 de Juin du tems deS.Auguflin,qui a fait feptfermons pourcette folem- nité. Le concile d'Agde, tenu en 506,la met au rang des fêtes les plus célebres. Il a êté un tems qu’on y célebroittrois mefles, comme on fait encore à Noel. On a aufi autrefois célebré la fête de la concep- tion de faint Jean-Baptifte au 24 de Septembre. C’eft la coutume en France , la veille de cette fé- te, dans toutes les paroïffes , que le clergé aille pro- ceffionnellement allumer un feu en figne de réjouif- fance ; on dit même que les Mufulmans ont la mé- moire de S, Jean en telle vénération, qu'ils la céle- N AT 37 brént auf par diverfes marques dejoié NATIVITÉ , zativitas ,chez les anciens J'urifeonfufs tes fignifie quelquefois vilenage, c’eft-à-dire ejclas vage Ou férvieude. Voyez; VILLENAGE: (G) NATIVITÉ ez Aftrolopie, c’eft le thème ou la fa pure des cieux ; & principalement des douze maifons céleftes au moment de la naïffance de quelqu'un: Ox l’appelle autrement horofcope, Voyez HOROSCOPE, Tirer l’horoftope de quelqu'un ; c’eft-à-dire, cher: cher par le calcul le tems qu'il avoit à vivre, étoit autrefois en Angleterre un crime qu’on punifloit du même fupplice que le crime de félonie |, comme il paroït par les flatuts de la 25 année de la reine Eli- fabeth , cL. 4. NATOLIE ox ANATOLIE, (Géog. añc,) on l’ap: pelloit anciennement l’Æfie-mineure | grande pref= qu'ile qui s’avance entre la mer Méditerranée & la mer noire , jufqu'à l’Archipel &z la mer de Marma- ta. Les Turcs l’appellent Azarol- Vilaide, On la dis vifoit autrefois en plufieurs royaumes où provin: ces ; on mettoit la Cappadoce, la Galatié, la Ly= caonie & la Pifidie vers le milieu : la Bithyrie , la Paphlagonie & le royaume de Pont vers la mer noi: re ; l'Afménie-mineure à Poccident de l’Euphrate 5 la Cicilie , la Pamphylie, la Carbalie, l’Ifaurie & la Lycie, vers la mer Méditerranée ; la Carie, la Doride, la Lydie, llonie, lÆolide, la grande &s petite Phrygie , la grande & petite Myfie & ja Troa- de fur l’Archipel, Tous ces royaumes & provinces {e divifoient encore en plufieurs autres ; aujourd’hu£ c’eft la Natolie, divifée en quatre principales parties, dont la plus occidentale & la plus grande eft encore appellée du même nom, voyez NATOLIE PROPRE: Les troïs autres font la Caramanie , l’Amafe & l'A. ladule. Ses principales rivieres font Zagarie & Cafal: mach, qui fe jettent dans la mer Noire ; Kara ou la riviere Noire , qui fe décharge dans l’Euphrate; Sa talie qui a fon embouchure dans la mer Méditerra- née; Madre & Sarabat qui fe rendent dans PArchi- pel. (D.J.) NATOLIE PROPRE , (Géog.) contrée de la T'ur- quie en Afie, Elle ‘occupe prefque la moitié de la . prefqu'ile, s'étendant: depuis la riviere de Cafal- mach {ur la mer Noire, fur la mer de Marmara, fur PArchipel & fur la Méditerranée , jufqu’à la côte qui eft entre l’île de Rhodes & le Xante. La ville de Chiutaye, fituée fur le fleuve Ayala, eft la capita- le de cette province , & le fiége d’un béglierbey. On compte dans fon gouvernement 336 ziamets , & 1136 timars. (22.J.) | NATRÜM , NATRON oz NATER , {. m. ( Hifi. nas. Minéralos, ) c’eft un {el alkali fixe , tont formé par la nature, qui fe trouve ou dans le fein de la terre , ou qui fe montre à fa furface ; c’eft fur-tour en Egypte , en Syrie ; dans l’Affyrie , dans l’Afie= mineure & dans les Indes orientales , que l’on ren contre le zatrum, Les voyageurs nous apprennent qu’en Egypte fur-tout, 1l s’en trouve un amas im= menfe dans un endroit que l’on appelle la ser féche, l’on en tire tous Les ans une quantité prodigieufe qui fe débite dans tout le levant ; on s’en fert pour fai- re du favon, & pour blanchir le linge, C’eft un fel decette efpece que Pontrouve encore abondamment aux environs de Smyrne , où on l’emploie à faire du favon, Voyez SMYRNE ; serre de, Le ratrum tel qu'il fe trouve dans la terre , eft ordinairement d’un blanc rougeätre & en mañes in- formes ; il eft mêlé de particules terreufes & d’une portion plus ou moins grande de vrai fel marin, Quelquefois on le trouve {ous la forme d’une pou- dre blanche, qui fe montre à la furface de la rerre ; quelquefois 1l forme une efpece de croûte feuilletée &c friable. Ce fel eft légerement cauftique fu la lan, eat 4 38 N A T gue, 1 fait effervefcence avec tous les acides, com: me les fels aikalis tirées des végetaux ; 1l fait du 1a- von avec les huiles , & mêlé avec du fable, 1l en- tre en fulon & fait du verre, d’où l'on voit que ce {el a tous les caraëteres des fels alkalis fixes, tirés des cendres des végétaux. Cependant il en differe à d’autres égards ; quand il a été purifié par la dif- folution, l’évaporation & la cryftallifation , 1l for- me des cryftaux en paralélépipédes quadrangulai- res oblongs, applatis par les extremités ; cette f- gure peut venir du fel marin avec qui il eft tres- communément mêlé. Un autre phénomene fingu- lier du rarrum, c’eft que lorfqu'il eft {ous une tor- me féche & concrete , il fait une effervefcence très- forte avec tous les acides, au lieu qu'il n’en fait au- cune même avec les acides les plus concentrés, lorf- qu’il a été mis parfaitement en diflolution dans l’eau, & lorfque la diffolution eft devenue claire. Quelques auteurs difent, que le ras um contient une portion d’alkali ivolatil , cela peut venir des végétaux pourris dont quelques particules fe Joi- gnent à lui accidentellement , mais l’alkali volatil _ne doit point être regardé comme faifant une des parties conftituantes de ce fel. M. Rouelle ayant reçu des échantillons du z4- sérum d'Egypte, a eu occafon d’en faire l’examen. Il a trouvé qu'il y en a de deux efpeces, l’un eft le pius parfait & le plus pur, c’eft un alkali fixe que ce favant chimifte regarde comme précifément de la même nature que le fel de foude , qui lui même eft lalkali qui fert de bafe au fel marin, voyez Sou- DE. Le natrum de la feconde efpece eft mêlé de fel marin & de fel de Glauber; & par coniéquent eftun alkali fixe impur. Suivant Hérodote , les anciens Egyptiens fe fervoient de zatrum dans leurs embau- memens , 1ls y lafloienr féjourner les corps morts pendant long-tems, afin de les deffécher avant que de les embaumer. Voyez les mémoires de l'académie des Sciences année 1750. Le zarrum ou {él aikali minéral dont nous parlons, différe des autres fels alkalis fixes, tirés des cendres des végétaux par les mêmes côtés que la foude ; combiné avec l'acide vitriolique 1l fait du vrai fel de Glauber; 1l fe diffont plus difficilement dans l’eau que les autres’ alkalis fixes ; 1l n’atrire point l’humi- dité de l’air comme eux, &c il eft beaucoup moins cauftique. Voyez SOUDE, Il paroït indubitable que le zatrum qui vient d’éê- tre décrit , eft le {el que Diofcoride , Pline & les anciens connoifloient fous le nom de zirrum., La def- cription qu'ils en donnent ne convient nullement au fel que nous appellons zitre aujourd'hui , & {es pro- priétés annoncent un vrai fel aikali fe. L'Ecriture- Sainte fert à prouver cette vérité ; Salomon com- pare la gaieté d’un homme trifte à l’aétion du zivre avec le vinaigre : & Jérémie dit , que quand le pé- cheur fe laveroit avec du zirre, 1l ne feroit point punifié de fes fouillures. On voit que ces effets ne peuvent s'appliquer qu’à un fel alkali fixe , &rnon à un felneutre , connu des modernes fous le nom de rutre, Voyez NITRE, 1 42 Ce qui wient d’être dit dans cet article fufit ponr faire connoître la naturendu rarrum , 8 pour faire fentir le peu de fondement de ce que des voyageurs peu inflruits nous ont rapporté de fa formation. Quelques uns ont voulu nous perfuader que ce fel éroit produit parune rofée qui cauioit une efpece de férmentanon & de gonflement dans la terre & qui en faifoit fortir le zarrwm ; ion fentira aufli l’erreur dans laquelle font tonibés plufeurs Naturaliftes mo: dernes ; qui ont pris pour durarrum du vrai fel ma- rin ou fel gemme , & d’autres fels qu'ils ont trouvé dans quelques fontaines & dans quelques terreins. La defcription qui vient d’être donnée fuffira pour faire reconnoître le vrai nasrum partout où on en pourra trouver. Quant à la formation de ce fel, on poutroït con- Jeéturer avec aflez de vraiflemblance , qu’il doit fon origine au {el marin dont le terrein de l'Egypte eft lur-1out rempli, la chaleur du climat a pù dégager une portion de l'acide de ce fel ; enforte quil ne refte plus que fa baie alkaline , qui eft encore mê- lée d'une partie de fel marin qui n’a point &ié dé- compolée. (— NATTA , terme de Chirurgie, excroïffance char- nue ou groile tumeur, qui vient en difÿrentes par tes du corps ; on dit auffi 24/2, nafda & napta. Blancard la définit, une groffe tumeur mollaffe fans douleur & fans couleur, qui vient le plus ordi- rement au dos , & quelquefois aux épaules & en plufieursautres parties. Laracine du rate eft fort pe- tite, cependant il augmente quelquefois fi prodigieu- fement , qu'il égale la groffeur d’un melon ou d’une gourde , 1l fe forme fouvent des zarres au col qui -reflemblent à des taupes. Voyez TAuPEs. Ceite tu- meur eft de l’efpece des enkiftées. Bartholin dit qu'une dame fe fit mordre un nav. ta qui commençoit, & qu’elle en fut guérie par ce moyen, Voyez LOUPE. | NATTE, £f. (Ouvrage de Nattier, ) efpece de tiflu fait de paille, de jonc , de rofeau ou de quel. ques autres plantes, écorces, ou femblables produc- tions faciles à fe plier & à s’entre-lacer. Les natres de paille font compofées de divers cor- dons!, de diverfes branches, ordinairement detrois. On met aux branches depuis quatre brins jufqu’à douze ; & plus fouvent l’épaiffeur qu'on veut don- ner à la zarre ou l’ufage auquel elle eft deftinée, Chaque cordon fe zarre , ou comme on dit en ter: me de nattiers , fe trace féparément & fe travaille au clou. On appelle sravailler au clou , attacher la tête de chaque cordon à un clou à crochet, enfoncé dans la barre d’en-haut d’un fort traiteau de bois qui eft le principal inftrument dont fe fervent ces ou- vriers. [l y a trois clous à chaque traitean pour oc- cuper autant de compagnons, qui à melure qu'ils avancent la trace , remontent leur cordon fur le clou, &c jettent par-deflus le traiteau la partie qui eft nattée ; lorfqu’un cordon eft fini, on le met {é- cher à la gaule avant de l’ourdir à la tringle. Pour joindre ces cordons & en faire nne zarre, on les coud l’un à l’autre avec une grofle aiguille de fer longue de dix à douze pouces. La ficelle dont on fe fert eft menue , & pour la diftinguer des aûtres f- celles que font & vendent les cordiers , fe nomme ficelle 4 natte. Deux groffes tringles longues à volonté 8 qu’on éloigne plus ou moins, fuivant l'ouvrage , fervent à cette couture , qui fe fait en attachant alternative ment le cordon au clou à crochet, dont ces tringles font comme hériflées d’un côté , à un pouce ou dix- huit lignes de diftance. On appelle cette façon , our- dir où bâtir à la tringle. La paille dont on fait ces fortes de nartes, doit être longue & fraiche ; on la mouille, 8 enfuite on la bat fur une pierre avec un pefant maillet de bois à long manche, pour l’écrafer & l’applatir. La narte de paille fe vend au pié ou à la toife quarrée plus ou moins, fuivant la récolte des blés. Elle fert à couvrir les murailles & les planchers des maifons ; on en fait aufli des chaifes & des païlla£ fons, &c. = Les narres de palmiers fervent à faire les grands &c les petits cabats , dans lefquels s’emballent plu- fieurs fortes de marchandifes, | NATTE, TRACER LA, terme de Natier en paille, c’eft en faire les cordons au clou, c’eft-à-dire pafler alternativement les unes {ur les autres les trois brane NA T œhes de paille dont le cordon eft compofé. _ NATTER des crins , { Maréchallérie. ) c’eft en faite _des trefles. NATTIER , £. m. (Corps d’artifans,) ouvrier qui fait des nattes. Le peu, d'outils &c d'infrumens qui fufifent aux Nartiers en paille, font la pierre & le maillet pour battre leur paille après qu'elle à été mouillée, afin de la rendre plus pliante & moins çaflante ; le traitean avec fes clous pour fracer la natte, c’eft-à-dire pour en faire les cordons ; les tringles aufi avec leurs clous pour bâtir & ourdir les cordons, êg l’aiguille pour les coudre &r les join- dre. | | NATURALISATION , 1. f. (Jurifprudence..) eft Paéte par lequel un étranger eft naturalifé » C'eft-à- dire qu'au moyen de cet aête, 1l eft réputé &c confi- déré de même que s'il étoit naturel du pays, &c qu'il'jouit de tous les mêmes privileges ; ce droit s’acquiert par des lettres de naturalité. Voyez ci- après NATURALITÉ. L NATURALISATION, ( Hif. d'Angler.) aûte du parlement qui donne à un étranger, après un certain féjour en Angleterre, les privileges &c les droits des naturels du pays. Comme cet aéte coûte une fomme confidérable que plufieurs étrangers ne feroient pas en état de payer , On agite depuis long-tems dans la Grande- Bretagne la queftion importante , s’il feroit avanta- geux ou defavantageux à la nation, de pañer un acte en parlement qui naturalifät généralement tous les étrangers, c’eft.à-dire qui exemptät des forma- lités & de la dépenfe d’un bil particulier, ou de let- tres- patentes de naturalifation , tout étranger qui viendroit s'établir dans Le pays, & les proteftans par préférence. Er Les perfonnes qui font pour la négative craignent que cettezaturalifation générale n'attirt d’un côté en Angleterre un grand nombre d'étrangers, qui par leur commerce ou leur induftrie , Ôteroient les moyens de fubffter aux propres citoyens, & de l'autre côté quantité de pauvres familles qui feroient à charge à l’état, au-lieu de lun être utiles. Les perfonnes qui tiennent pour l’afirmative (& ce font les gens les plus éclairés de la nation )répon- dent, 1°. que de nouveaux fujets indufirieux acquis à l'Angleterre, loin de lui être à charge, augmen- ‘teroient {es richefles, en lui apportant de nouvelles connoïiflances, de manufaéture ou de commerce, & en ajoûtant leur induftrie à celle de la nation. 2°. Qu'il eft vraiflemblable que parmi les étrangers ceux-là principalement viendroient profiter du bien- fait de la loi, qui auroient déjà dans leur fortune ou dans leur induftrie des moyens de fubffter. 3°. Que quand même dix ou vingt mille autres étran- gets pauvres, qu'on naturaliféroit , ne retireroient de leur travail que la dépenfe de leur confomma- tion fans aucun profit , l’état en feroit toujours plus fort de douze où vingt mille hommes. 4°. Que le produit des taxes fur la confommation en augmen- teroit, en diminution des autres charges de l'état, qui n’augmenteroient aucunement par Ces nouveaux habitans. 5°. Que l'Angleterre peutaïfémentnourrir | une moitié en fus de {a population atuelle, fi lon en juge par fes exportations de blé, & l'étendue de fes terres incultes; que ce royaume eft un des plus propres de l’Europe à une grande population par fa fertilité, & par la facilité des communications entre fes différentes provinces, au moyen des trajets de terre ou de mer aflez courts qui les produifent. 6°. Que les avantages immenfes de la population jufti- fient la néceffité d'inviter les étrangers à venir Paug- - menter. Enfin, on cite aux Anglois jaloux, ou trop réfer- vés fur la zaruralifation des étrangers, ce beau paf- NAT 39 fage de Tacite, Zv. XII. defes Annales : « Nous te: » pentons-nous d’avoir été chercher les familles des » Baïbes en Efpagne , & d’autres non moins illuf- » tres dans la Gaule narbonnoïfe ? leur poftérité » fleurit encore parminous, 8t ne nous cede en rien » dans leur amour pour la patrie, Qu'eft-ce qui a » caufé la ruine de Sparte & d'Athènes qui étoient # fi floriflantes, que d’avoir fermé l’entrée de leur » république aux peuples qu'ils avoient vaincus? » Romulus notre fondateur fut bien plus fage, de » faire de fes ennemis autant de citoyens dans un » même jour ». Le chancelier Baçon ajoûteroit : « On ne doit pas tant exiger de nous, mais on peut »nous dire: naturalifez vos amis, puifque les avan- » tages en font palpables ». (D. J.) NATURALISTE , f. m, fe dit d’une perfonne qui a étudié la nature, & qui eft verfée dans la connoif- fance des chofes naturelles, particulierement de ce qui concerne les métaux, les minéraux , les pierres , les végétaux, ê&c les animaux. Voyez AN1M AL, PLANTE, MINÉRAL, &c. Ariftote, Elien, Pline, Solin, & Théophrafte, ont été les plus grands rauralifles de l'antiquité ; mais ils font tombés dans beaucoup d’erreurs., que l’heureufe induftrie des modernes a redifiées. Aldro- vandus eft le plus ample & le pluscomplet des 74- curalifles modernes ; fon ouvrage eft en 13 volumes 1r1= fol, On donne encore le nom de raruralifles à ceux qui n’admettent point de Dieu, mais qui croyent qu'il n’y a qu’une fubftance matérielle, revétue de diverfes qualités qui hi font auf eflentielles que la longueur , la largeur , la profondeur, & en con- féquence defquelles tout s'exécute néceflairement dans la nature comme nous le voyons; raruralifle en ce fens eft fynonyme à athée, fpinofifte, marériu= lifte , &c. NATURALITÉ, f. f. (Jurifprudence, ) eft l’état de celui qui eft naturel d’un pays; les droits de z4- turalité ou de regnicolat font la même chofe. Les lettres de zasuralité font des lettres de chancellerie, par lefquelles le prince déclare que quelqu'un fera réputé naturel du pays, & jouira des mêmes avan- tages que fes fujets naturels, Ceux qui ne font pas naturels d’un pays, ou qui n'y ont pas été naturaliiés, y font étrangers ou au- bains, guaft alibi nati. La diflintion des naturels du pays d’avec les étrangers, & l’ufage de naturalifer ces derniers, ont été connus dans les anciennes républiques. À Athènes, fuivant la premiere inflitution, ur étranger ne pouvoit être fait citoyen que par les fuffrages de fix mille perfonnes , &c pour de grands & fignalés fervices. | Ceux de Corinthe, après les grandes conquêtes | d'Alexandre, lui envoyerent offrir Le titre de citoyen de Corinthe qu'il méprifa d’abord; mais les ambaf- fadeurs lui ayant remontré qu'ils n’avoient jamais accordé cet honneur qu’à lui & à Hercule, 1i l’ac- cepta. On diftinguoit auffi à Rome les citoyens ou ceux qui en avoient la qualité de ceux qui ne lPavoient pas. Les vrais & parfaits citoyens, qui optimd lege ci- ves a Romanis dicebantur , étoient les Ingemes, ha- bitans de Rome & du territoire circonvoïfin ; ceux- ci participoient à tous les privileges indiftinéte- ment. Il y avoit des citoyens de droit feulement, c’é- toient ceux qui demeuroient hors le territoire par- ticulier de la ville de Rome, & qui avoient néan- moins le nom &r les droits des citoyens romains, foit que ce privilege leur eût été accordé à eux perfonnellement, ou qu'ils demeuraffent dans une 40 NAT colonie ou ville municipale qui eût ce privilege: ces citoyens de droit ne jouifloient pas de certains privileges qui n'étoient propres qu'aux vrais & par- | faits citoyens, Ilyavoit enfin des citoyens honofaires, c’étoient ceux des villes libres qui refloient volontairement adjointes à Pétat de Rome quant à la fouveraineté, mails non quant aux droits de cité, ayant voulu avoir leur cité, leurs lois, & leurs officiers à part; les privileges de ceux-ci avoient encore moins d’é- tendue que ceux des: citoyens de droit. Ceux qui nétoient point citoyens de fait n1 de droit, ni même honoraires, étoient appellés érran- gers, ils avoient un juge particulier pour eux ap- peilé prœcor peregrinus. En France fous ceux qui font nés dans leroyau- 1e dr tujéts du roi font naturels François ou régni- coies ; Ceux qui font nés hors le royaume, fujets d'un prince étranger, & chez une nation à laquelle le.ror n'a point accordé le privilege de jouir en France des mêmes privileses que les régnicoles, font réputés aubains ou étrangers, quoïqu'ils de- meurent dans le royaume, & ne peuvent effacer ce vice.de perégrinité qu’en obtenant des lettres de naturalites Anciennement ces. lettres fe nommoïent Zeseres de bourgeoife ; comme si fuffifoit d'être bourgeois d’une ville pour être réputé comme les naturels du pays: H y à au tréfor des chartes un grand nombre de ces lettres de bourgeoïfie, qui ne font autre chofe que des lettres de raiuraliré accordées à des étran- gers durtems de Charles VI. on fe faifoit encore re- cevoir bonrgeoïis du roi pour participer aux privi- lege des regnicoles. Dans la fuite ces lettres ont été appellés /ervres de maturalité. Il n'appartient qu’au roi feul de naturalifer les étrangers ;, aucun feigneur, juge, ni cour fouve- traine n’a ce droit, | Néanmoins la naturalifation fe fait fans lettres pour les habitans de Tournay, fuivant les lettres- patentes de François [. & Henri If. de r$21 & 1552 une fimple déclaration de zaturalité fuffit, elle s’ac- corde quelquefois par les jugesroyaux. Voyez ’Inff. au Droit beloique, pag. 34. Il y a des lettrés de rarwralité accordées à des nations entieres qui font alliées de la France, de maniere que ceux de ces pays qui viennent s'établir en France y-jouiflent de tous les privileges des ré- gnicoles fans avoir befoin d’obtenir des lettres par- ticulieres pour eux. Les lettres de zaruraliré s'accordent en la grande chancellerie , elles doivent être resiftrées en la chambre du domaine 6 en la chambre des comptes. Voyez Bacquet, du droit d’aubaine, & AUBAIN, ÉTRANGER, LETTRES DE NATURALITÉ, NATU- RALISATION. (4) | NATURE, £ f: (Philof.) eft un terme dont on fait différens ufages. Il y a dans Arifote un chapitre en- tier fur les différens fens que les Grecs donnoïentau mot quors, nature ; & parmi les Latins, fes différens fens fonten fi grand nombre, qu’un auteur en comp- te jufqu'àr4 ou 15. M. Boyle, dans un traité exprès qu'il a fait fur les fens vulgairementattribuésau mot nature, en compte huit principaux. Nature fignifie quelquefois le fyftème du monde, la machine de Punivers , on l’aflemblage de toutes les chofes créées. Voyez SYSTÈME. | C’eft dans ce fens que nous difons l’auteur de la nature, que nous appellons le foleil l’ær/ de la nature, à caufe qu'il éclaire l’univers , & le pere de la na- ture, parce qu'il rend la terre fertile en l’échauffant : de même nous difons du phénix ou de la chimere, qu'il n’yen a point dans la zaure, M. Boyle veut qu’au lieu d'employer le mot de nature en ce fens, on fe ferve, pour éviter l’ambi- guité ou l’abus qu’on peut faire de ce terme , du mot de 7707de ou d’urivers. Nature s'appliqué dans un fens moins étendu à chacune des différentes chofes créées on non créées, fpirituelles & corporelles, Voyez Etre. C'eft dans ce fens que nous difons Le nature humaine , entendant par-là généralement tous les hommes qui ont une ame fpirituelle & raïifonnable. Nous difons aufli mature des anges , nature divine: C’eftdans ce même fensque lesThéologiens difent #4- tra naturans ,Ët natura naturata ; ils appellent Diet natura naturans , Comme ayant donné l'être & la nature à toutes chofes , pour le diffinouer des créaz tures, qu'ils appellent zarura naturata, parce qu’elles ontreçu leur zarure des mains d’un autre. Nature; dans un fens encore plus limité , fe dit de l’effence d’une chofe , ou de ce que les philofophes de l’école appellent fa quiddité ; c’eft-à-dire l’attribut qui fait qu'une chofe eff telle ou telle. Joyez Es- SENCE. | ! C’eit dans ce fens que les Cartéfiens difent que 14 nature de lame eft de penfer,, & que la zature de la matiere confifte dans l’étendue. Voyez ÂME, Ma- TIERE , ÉTENDUE. M, Boyle veut qu’on fe ferve di mot effence au lieu de zarure. Voyez EsseNcE: Nature eft plus particulierement en nfage pour:fi- gniñer l’ordre & le couts naturel des chofes , la fuite des caufes fecondes, ou les lois du mouvement que | Dieu a établies. Voyez CAUSES & MOUVEMENT. C'eft dans ce fens qu’on dit que les Phyfciens étudient la zature, Saint Thomas définit la rzarure une forte d’art dis vin communiqué aux êtres créés, pour Les porter à la fin à laquelle ils font deftinés. La zasureprife dans ce fens n’eft autre chofe que l’enchaînement des caufes & des effets, ou l’ordre quie Dieu a établi dans toutes les parties du monde créé. C’eft auffi dans ce fens qu’on dit que les miracles font au-deflus du pouvoir de la zature ; que l'art force ou furpañle la mature par le moyen des machines, lorfquil produit par ce moyen des effets qui furpaf fent ceux que nous voyons dans le cours ordinaite des chofes. Foyez ART, MIRACLE, Nature fe dit aufi de la réunion des puiffances ow _ facultés d’un corps, fur-tout d’un corps vivant. C’eft dans ce fens que les Medecins difent que la rature eft forte, foible ou ufée, on que dans certai- nes maladies la marre abandonnée à elle-même en opere la guérifon. | Nature {e prend encore en un fens moins étendu pour fignifier l’action de la providence , le principe de toutes chofes , c’eft-à-dire cette pniffance ou être {pirituel qui agit & opere fur tous les corps pour leur donner certaines propriétés ou y produire certains effets. Voyez PROVIDENCE. | La zarure prife dans ce fens , qui eft celui que M. Boyle adopte par préférence, n’eft autre chofe que Dieu même , agiflant fuivant certaines Lois qu'il a établies. Voyez Dreu. Ce qui paroît s’accorder aflez avec l’opinion où étoient plufeurs anciens, que la zarure étoit le dieu de Punivers , le r0 ray qui préfidoit à tout & gouver- noit tout , quoique d’autres regardaflent cet être pré- tendu comme imaginaire, n’entendant autre chofe par le mot de zarure que les qualités ou vertus que Dieu a données à fes créatures, & que les Poëtes & les Orareurs perfonnifient. Le P. Mallebranche prétend que tout ce qu’on dif dans les écoles fur la zurure, eft capable de nous conduire à l'idolâtrie , attendu que par ces mots les anciens payens entendoient quelque chofe qui fans être Dieu agifloit continuellement dans l’uni- VETSe NAT Vers, Ainh l'idole zañare devoit être felon eux üñ Principe aétuel qui étoit enconcurrence avec Dieu; là caufe fecctide & immédiate de tous les change- mens qui arrivent à là matiere. Ce qui paroît ren- trer dans le fentiment de ceux qui admettoient lani- ma muñdi | rebardant la zatnre comme un fubibtut de la divinité , une caufe collatérale , une efpece d’être moyen entre Dieu & les créatures. Ariftote définit Là natute , prércipium 6 caufa mo- us 6 ejus in quo eff primo per Je € non per accidens ; définition fi obfcure, que malgré toutes les glofes de fes commentateuts, aucun d'eux d'à pu parvenit à la rendre intelhpiblé, | | Ce principe , que les Péripatéticiens appelloïent nature , agloit, felon eux, nécefflatrement, 8t étoit _ par conféquent defitué de connoïflance ou de hberté. Voyez FATALITÉ. Les Stoiciens concevoient auf la zature comme ün certain efprit ou vertu répandue dans Punivers , qui donnoit à chaque chofe fon mouvement ; de forte que tout étoit forcé par l’ordre invariable d'une 74: fure aveugle & par une néceflité inévitable. Quand on parle de l’aétion de là #aruré, on n’en- tend plus autre chofe que lation des corps les uns fur les autres, conforme aux lois du mouverient éta- blies par le Créateur. C’eft en cela que confifte tout le fens de ce mot, qui n'eft qu’une façon abrégée d'exprimer l’aétion des corps, & qu’on exprimeroit peut-être neux par le mot de rréchanifme des corps. Il y éna , felon l’obfervation de M. Boÿle , qui entendent par lé mot de zasure que la loi que cha- que chofé a reçue du Créateur , & fuivant laquelle ellé agit dans toutes les occafions ; mais ce fens at- taché au mot mature , eft impropre & figuré. Le même auteur p'opofe une définition du mot de nature plus jufte & plus exatte , felon lui, que tou- «tes les autres , & en vertu dé laquelle on peut enten- dre facilement tous les axiomes & expreffions qui ont rapport à ce mot. Pour cela il diftingue entre nature particulière & nature générale. Il définit la zature générale l’'aflemblage des corps qui conflituent l’état préfent du monde, confidéré comme un principe par la vertu duquel ils agiffent & reçoivent l’aétion felon les lois du mouvement éta- blies par l’auteur de toutes chofes, La nature particulieré d’un être fubordonné ou in- dividuel , n’éft que la nature générale appliquée à quelque portion diftinéte dé l’univets : c’eft un affem- blage des propriétés méchaniques (comme grandeur, figure , ordre, fituation & mouvement local) con- venables & fuffifantes pour conftituer l’eéfpece & la dénomination d’üne chofe ou d’un corps pärticulier, le concours de tous les êtres étant confidéré comme le principe du mouvement , du repos , &c. NATURE, lois de la, font des axioïnés où regles générales de mouvement & de repos qu'obfervent les corps naturels dans Paétion qu'ils exercent les uns fur les autres , &t dans tous lés changémens qui arrivent à leur état naturel. Quoique les lois de la raure foient proprement les mêmes que celles du mouvement, on y à cependant mis quelques différences. En effet, on trouvé des au- teurs qui donnent le nom de /ois du mouvement aux lois particulieres du mouvement, & qui appellent lois de la zarure lés lois plus générales & plus éten- dues, qui font comme les axiomes d’où les autres {ont déduites. | De ces dernieres lois M. Newton en établit trois. 1°, Chaque corps perfevere de lui-même dans fon état de repos où de mouvement reéüiligne uniforme, à moins qu'il ne foit forcé de le changer par l’aétion de quelque caufe étrangere. Ainf les projeftiles perféverent dans léur mouve- Torne XI; NAT a EE DE. SR PR NES EE EN RER Nr OR, PP TR ment jufqu'a ce qu'il foit éteint par la Féfiflance de Pair &e pat là gravité ;‘ de même une toupie dont les parties font continuellement détourrées dé leur mou: vement rettlhigne par leur ädhérénce mutuelle, ñné ceile de tourner aurour d’elle-même qu'à caufé de la réfiitance de l'air & du frottement du plan {ur lequel elle SE meut. De même encore les mafles énormes des plänetes &r des cometes qui fe meuvent dans uñ milieu non refiftant, conférvent long-tems leur mou: | vement fans altération. Voÿez FORCE D'INERTIE ; RÉSISTANCE & MILIEU. 2°, Le changement qui arrive dans lé mouvement et toujours proportionnel à la force qui le produit $ ê&t fe fair dans la direétion fuivant laquelle cette forcé agit. | | Si une certaine force produit un certain mouvei ment ; une force double produira un mouvement double ; une force triple ün mouvement triple ; foit que ce mouvement foit imprimé tout à-laois , ou fuccefhvement & par degrés ; & comme la direc: tion de ce mouvement doit toujours être celle de la force motrice ; il s'enfuit que fi avant l'äétion dé cette force le corps avoit un mouvement , il faut ÿ ajouter le nouveau mouvement s'il le fait du même côté , ou l’en retrañcher s’il le fait vers le côté op- poié , où l’y ajouter obliquement s’il lui eft oblique, & chercher le mouvement compofé de ces deux mouvemens, eu égard à ladireétion dé chacun. Foyez COMPOSITION DU MOUVEMENT. 3°. La réa@ion eft toujours contraire & égale 4 l’aétion , c’eft-à-dire que les a&tions de deux corps lun fut l’autre font mutuellement égales & de direc- tions contraires. 4 Tout corps qui en preffe ou en tiré un autre, en eft réciproquement preffé ou tiré. Si je prefle une pierre avec mon doipt , mon doigt eft également preflé pat la pierre. Si un cheval tire un poids par le moyen d’une corde, le cheval eft auffi tiré vers le poids ; caf la corde étant également tendue partout, &c faifant un effort égal des deux côrés pour fe relä- cher , tire également le cheval vers la pierre, & la pierre vers le cheval ; & empêchera lun d'avancer, autant qu'elle fait avancer l’autre. De même fi un corps qui en choque un autre eñ change le mouvement , il doit recevoir par le moyen. de l’autre corps un changement égal dans fon mou vement, à caufe de l’épalité de prefion. Dans toutes ces attions des corps les changemens font égaux de part & d’autre, non pas dans la vitefle, mais dans le mouvement , tant que les corps font fuppofés libres de tout empêchement. A l'égard des changemens dans la vitefle , 1ls doivent être en rai- fon invérfe des mafles, lorfque les changemens dans les mouvemens font égaux. Voyez ACTION & RÉAC- TION. Cette même loi a aufli lieu dans les attraétions, Voyez ATTRACTION. Chambers. (O ) NATURE DE BALEINE , Voyez BLANE DE BA- LEINE. NATURE, ( Myrhol. ) chez les Poëtes la zasure eft tantôt mere, tantôt fille, & tantôt compayne dé Jupiter. La zature étoit défignée par les fymboles de 14 Diane d’Ephefe. NATURE, /a, ( Poëfle. ) La nature en Poëfie eft, 1°. tout ce qui eft a@tuellement exiftant dans l’uni- vers ; 2°. c’eft tout ce qui a exiflé avant nous , 6e que ñous pouvons connoître par l’hiftoire des tems, des lieux 8 des hommes ; 3°. c’eft tout ce qui peut exifter, mais quipeut-être n’ajamais exifté n1 n’exif- téra jamais. Nous comprénons dans l'Hiftoire la fablé & toutes lesinventions poétiques , auxquelles on ac: corde une exiftence de fuppofñition qui vaut pour les Arts autant que la réalité hiftorique. Ainfi il yatrois mondes où le génie poétique peut aller choufir & a NAT prendretce qui lui convient pour former fes compo- frions : le monde réel, le monde hiftorique, qui com- prend le fabuleux , &le monde poffible ; & ces trois mondes font ce qu'on appelle la nasure. ( D. J.) NaTure,, ( Criique facrée. ) Les mots desnarure &r naturellement {e trouvent fouvent employés dans l'E- criture , ainfi que dans les auteurs grecs & latins, par oppoñtion à la voie. de linftruétion , qui nous fai connoître certaines chofes. C’eft ainfi que fait Paul parlant d’une coutume établie de fon tems, dit: & La zature elle-même ne nous enfeigne-t-elle pas » que fi un homme porte des cheveux longs cela lui ».eft honteux , au lieu qu'une longue chevelure eft » honorable à une femme, Gc », C’eft qu'il fuit de “voir des chofes qui fe pratiquent tous les jours, pour les regarder enfin comme des chofes naturelles. A ‘plus forte raïfon peut-on dire que les gentils, qui étoient privés de la révélation, connoifloient d’eux- mêmes fans ce fecours les préceptes de morale que les lumieres naturelles dé la raifon leur faifoient dé- couvrir, & qui étoient les mêmes que ceux que la loi de Moïfe enfeignoit aux Juifs ; de forte que quand un payen agifloit felon ces préceptes, il faifoit natu- rellement ce que la loi de Moife prefcrivoit : 1lmon- troit par-là que l’œuvre de la loi (terme qui fignifie les commandemens moraux de la loi) étoit écrite dans fon cœur & dans fon efprit, c’eft-à-dire qu'il pou- voit aifément s’en former des idées. ( D. J.) NATURE BELLE, LA, ( beaux Arts.) la belle na- eure eft la zature embellie , perfeétionnée par les beaux arts pour Pufage & pour l'agrément. Déve- loppons cette vérité avec le fecours de l’auteur des Principes de littérature. Les hommes ennuyés d’une jouifflance trop uni- forme des objets que leur offroit la zarure toute fim- ple, & fe trouvant d’ailleurs dans une fituation pro- pre à recevoir le plaifir , ils eurent recours à ieur génie pour {e procurer un nouvel ordre d'idées & de fentimens, qui réveillât leur efprit, & ranimât leur goût. Mais que pouvoit faire ce génie borné dans ia fécondité & dans fes vues, qu'il ne pouvoit porter plus loin que la zature, & ayant d’un autre côté à travailler pour des hommes, dont les facul- tée éioient reflerrées dans les mêmes bornes ? Tous fes efforts dürent néceffairement fe réduire à faire un choix des plus belles parties de la zarure, pour en former un tout exquis, qui fût plus parfait que la nature elle-même, fans cependant cefler d’être na- turel. Voilà le principe fur lequel a dû néceffaire- ment fe drefier le plan des arts, & que lesgrands artiftes ont fuivi dans tous les fiecles. Choififfant les objets & les traits, 1ls nous les ont préfentés avec toute la perfeëtion dont ils font fufcépribles. Ils n’ont point 1mité la zature telle qu’elle eft en elle- mème; mais telle qu’elle peut être, & qu’on peut la concevoir par l'efprit. Ainfi puifque l'objet de limitation des arts eft la belle narure, repréfentée avec toutes fes perfections, voyons donc comment fe fait cette imitation. On peut divifer la zarure par rapport aux arts en deux parties : l’une dont on jouit par les yeux, & l’autre par la voie des oreilles; car les autres fens font abfolument ftériles pour les beaux arts.-La pre- miere partie eft l’objet de La peinture qui repré- fente en relief, & enfin celui de l’art du gefte, qui eft une branche des deux autres arts que je viens de nominer , & quin’en diflere , dans ce qu'il embrafle, que parce que le fujet auquel on attache les seftes dans la danfe eft naturel & vivant, au lieu que la toile cu peintre &c le marbre du fculpteur ne le font point. La feconde partie eft l’objet de la mufque, con- fidérée feule 8: comme un chant; en fecond lieu, de la poëñe qui emploie la parole, mais la parole NAT melurée &c calculée dans tous les tons. Ainf. la peinture imite la 4e/e naïure par les cou: leurs; la fculpture, par les reliefs : la danfe, par. les mouvemens &c par les attitudes du corps. La mu- fique limite par les {ons inarticulés, & la poéfe enfin par la parole mefurée, Voilà les caracteres dif tinctifs des arts principaux : & s'il arrive quelque- fois que ces arts fe mêlent & fe confondent , comme par exemple dans la poéfe ; f la danfe fournit des geftes aux aéteurs fur le théâtre ; la mufique donne le ton de la voix dans la déclamation , f le pinceau décore le lieu de la fcene, ce font des fervices qu'ils fe rendent mutuellement, en vertu de leur fin com- mune, & de lenr alliance réciproque; mais c’eft fans préjudice à leurs droits paruiculiers & naturels, Une tragédie fans geftes, fans mufique, fans déco- ration eft toujours ua poëme, C’eft une imitation exprimée par le difcours mefuré. Une mufique fans paroles eft toujours mufque : elle exprime la plainte & la Joie indépendamment des mots qui l’aident, à la vérité, mais qui ne iui apportent ni ne lui Ôrent rien de fa nature ni de fon eflence. Son expreflon eflentielle eft le fon, de même que celle de la pein= ture eff la couleur, & celle de la danie le rueuve- ment du corps. Mais il faut remarquer ici que comme les arts doivent choifr es deffeins de la zarure , & les per- feétionner , ils doivent choïfir auffi à perfeétionner les expreffions qu’ils empruntent de la zœure, Ils ne doivent point employer toutes fortes de couleurs .. ni toutes fortes de ne :1l faut en faire un jufte : choix, 8&r un mélange exquis ; 1l faut les allier, les proportionner, les nuancer, les mettre en harmo- nie. Les couleurs & les fons ont entreux.des {ym= pathies & des répugnances. La rature a droit de les unir, fuivant fes volontés; mais l’art doit le faire felon les regles. Îl faut non-feulement qu'il ne bleffe point le goût, mais qu’il le latte, & le flatte autant qu'il peut être flatté. De cette maniere on peut ” définir la peinture, la fculpture, la danfe une imi- tation de la belle nature, exprimée par les cou- eurs, par le relief, par les attitudes; & la mu- fique & la poëfe , limitation de La belle narure, ex- primée par les fons ou par le difcours mefuré. Les arts dont nous venons de parler ont eu leur commencement , leur progrès & leurs révolutions dans le monde. I! y eut un tems où les hommes oc= cupés du feul foin de foutenir ou de défendre leur vie, n’étoient que laboureurs ou foldats : fans lois, fans paix, fans mœurs, leurs fociétés n’étoient que des conqurations. Ce ne fut point dans ces tems de trouble & de ténebres qu’on vit éclore les beaux arts; on fent bien par leur cataétere qu'ils font les enfans de l’abondance & de la paix. Quand on fut las de s’entrenure, & qu'ayant appris par une funefte expérience, qu'il ny avoit que la vertu & la juftice qui puilent rendre heureux le genre humain, on eut commencé à jouir de la protection des lois, le premier mouvement du cœut fut pour la joie On fe livra aux plaifirs qui vont à la fuite de l'innocence. Le chant àc ia danfe furent les premieres expreffions du fentiment ; & enfuire le loifir , le befoin, l’occafñon, le kafard donnerent l’idée des autres arts, & en ouvrirent le chemin, Lorfque les hommes furent un peu déeroflis par la fociéré , & qu'ils eureat commencé à {entr qu'ils valoient mieux par l'efprit que pär le corps, 1l fe trouva fans doute quelque homme merveilleux, qui, infpiré par un géme extraordinaire, jetta les yeux fur la #ature. Après l'avoir bien contemplée, 1l fe confidéra lui-même. Il reconnut qu'il avoit un goût ne pour les rapports qu’il avoit obfervés ; qu'il en étoit tou- ché agréablement. Il comprit que l’ordre, la ya- riété, la proportion tracée avec tant d'éclat dans es ouvrages de la zarure, ne devoient pas feule- ment nous élever à la connoïifflance d’une intelli- gence fuprème, mais qu’elles pouvoient encore être regardées comme des leçons de conduite, & tour- mées au profit de la fociété humaine. Ce fut alors, à proprement parler, que les arts fortirent de la zzsure, Jufques-là tous leurs élémens y avoient été confondus & difperfés, comme dans une forte de cahos. On ne les avoit guere connus que par foupçon, ou même par une forte d’inftinét. On commença alors à démêler quelques principes: on fit quelques tentatives, qui aboutirent à des ébauches. C’étoit beaucoup : il métoit pas aifé de trouver ce dont on n’avoit pas une idée certaine, même en le cherchant. Qui auroiït cru que l’ombre d’un corps, environné d’un fiumple trait, püt deve- nir un tableau d’Apelle; que quelques accens inar- ticulés puflent donner naïflance à la mufique, telle ue nous la connoiflons aujourd’hui ? Le trajet eft immenfe. Combien nos peres ne firent-1ls point de courfes inutiles, ou même oppofées à leur terme! Combien d’effets malheureux , de recherches vai- nes , d'épreuves fans fuccès ! Nous jomiffons de leurs travaux ; & pour toute reconnoiflance , ils ont nos mépris. Les arts en naiflant, étoient comme font les hommes : ils avoient befoin d’être formés de nou- veau par une forte d'éducation; ils fortoient de la Barbarie. C’étoit une imitation, 1l eft vrai; mais une imitation grofiere, & de la arure grofhere elle-même. Tout Part confftoit à peindre ce qu’on voyoit, & ce qu'on fentoit ; on ne favoit pas chofir. La confufon régnoit dans le deflein, la difpropor- tion & l’uniformité dans les parties, l'excès, la bi- farrerie , la groffiereté dans les ornemens. C’étoit des matériaux plutôt qu’un édifice:cependant onimitoit. Les Grecs, doués d’un génie heureux, faifirent enfin avec netteté les traits eflentiels & capitaux de la belle nature, & comprifent clairement qu'il ne fufifoit pas d’imiter les chofes, qu'il falloit en- core les choifir. Jufqu’à eux les ouvrages de l’art n’avoient guere été remarquables, que par lénor- mité de la maffle ou de l’entreprife. C’étoient! les ouvrages des Titans. Mais les Grecs plus éclairés, fentitent qu'il étoit plus beau de charmer lefprit, que d’étonner on d’éblouir les yeux. Ils jugerent que lunité, la variété, la proportion, devoient être le fondement de tous les arts; & fur ce fond fi beau, f jufte, f conforme aux lois du goût & du fentiment, on vit chez eux la toile prendre le relief &c les couleurs de la zasure; l’ivoire & le marbre s'animer fous le cifeau. La mufique , la poéfie, l’éloquence, l’architeéture enfanterent auffi- tôt des miracles ; & comme l'idée de la perfettion, commune à tous les arts, fe fixa dans ce beau fie- cle, on eut prefqu’à la fois dans tous les genres des chefs d'œuvre, qui depuis fervirent de modeles à toutes Les nations polies. Ce fut le premier triomphe des arts. Arrêtons-nous à cetre époque, puifqu’il faut néceflairement puifer dans les monumens an- tiques de la Grece, le goût épuré & les modeles admirables de la belle nature, qu’on ne rencontre point dans les objets qui s'offrent à nos yeux. La prééminence des Grecs, en fait de beauté & de perfe&tion, n'étant pas douteufe , on fent avec quelle facilité leurs maîtres de l’art purent parvenir à l’expreflion vraie de la belle nature, C’étoit chez eux qu’elle fe prêtoit fans ceffe à l'examen curieux de lartifte dans les jeux publics, dans les gym- nafes , & même fur le théâtre. Tant d’eccañons fréquentes d’obferver firent naître aux artiltes grecs Pidée d'aller plus loin. Ils commencerent à fe for- mer certaines notions générales de la beauté, non- Tome XI, NAT 49 feulement des parties du corps, mais encore des proportions entre les parties du corps. Ces beautés devoient s'élever au-deflus de celles que produit la nature, Leurs originaux fe trouvoient dans une na- ture idéale, c’eft-à dire, dans leur propre concep- uon. Il w'eft pas befoin de grands efforts pour com- prenüre que les Grecs durent naturellement s'éle- ver de l’expreflion du bean naturel, à Pexpreffion du beau idéal, qui va au-delà du premier, & dont les traits, fuivant un ancien interprete de Platon, font rendus d’après les tableaux qui n’exiftent que dans lefprit. C’eft ainfi que Raphaël a peint fa Ga- latée. Comme les beautés parfaites, dit1l dans une lettre au Comte Balthafar Cafliglione, font fi rares parmi les femmes, j’exécute une certaine idée con- çue dans mon imagination. Ces formes idéales, fupérieures aux matérielles, fournirent aux Grecs les principes felon lefquels ils repréfentoient les dieux & les hommes. Quand ils vouloient rendre la refflemblance des perfonnes, ils s’attachoient toujours à les embellir en même tems ; ce qui fuppofe néceffairement en eux lin- tention de repréfenter une zature plus parfaite qu’elle ne l’eft ordinairement. Tel a été conftamment le faire de Polygnote, Lorfque les auteurs nous difent donc que quel- ques anciens artiftes ont fuivi la méthode de Prax1- tele, qui prit Cratine, fa maitrefle, pour modele de la Vénus de Gnide , ou que Laïs a été pour plus d’un peintre l’original des Graces , il ne faut pas croire que ces mêmes artiftes fe foient écartés pour cela des Principes généraux , qu'ils refpeétoient comme leurs lois fuprèmes. La beauté qui frappoit les fens, préfentoit à Partifte la belle nature; mais c’étoit la beauté idéale qui lui fourmifloit les traits grands & nobles : 1l prenoit dans la premiere la par- tie humaine, & dans la derniere la partie divine, qui devoit entrer dans fon ouvrage. Je n'ignore pas que les artiftes font partagés fur la préférence que l’on doit donner à l’étude des monumens de l'antiquité, ou à celle de la mature. Le cavalier Bernin a été du nombre de ceux qui dif- putent aux Grecs l’avantage d’une plus belle zarure, ainfi que celui de la beauié idéale de leurs figures. Il penloit de plus, que la nature favoit donner à toutes fes parties la beauté convenable, &c que l’art ne confiftoit qu’à la faifr. Il s’eft même vanté de s'être enfin affranchi du préjugé qu’il avoit d’abord fucé à l'égard des beautés de [a Vénus de Médicis. Après une application longue & pénible, il avoit, difoit-1l, trouvé en différentes occañons les mêmes beautés dans la fimple zarure. Que la chofe {oit ou non, toujours s’enfuit-1l, de fon propre aveu, que c’eft cette même Vénus qui lui apprit à découvrir dans la zature des beautés , que juiqw’alors il n’a- voit apperçues que dans cette fameule ftatue. On peut croire anfhavec quelque fondement , que fans elle il n’auroit peut-être jamais cherché ces beautés dans la arure. Concluons de-là que la beauté des flatues greques eft plus facile à faifir que celle de la zature même, en ce que la premiere beatité eft moins commune, & plus frappante que la dermiere. Une feconde vérité découle de celle qu’on vient d'établir; c’eft que, pour parvenir à la connoif- fance de la beauté parfaite, l’étude de la rarure ef au moins une route plus longue & plus pémble que ‘étude des antiques. Le Bernini, qui de préférence recommandoit aux jeunes artiftes d’imiter toujours ce que la nature avoit de plus beau, ne leur indi- quoit donc pas la voie la plus abrégée pour arriver à la perfection. Ou limitation de la rarure fe borne à un feul ob= Fi 44 NAT jet, ou elle raffemble dans un feul ouvrage ce que l'artifte a obfervé en plufieurs individus. La pre- miere façon d’imiter produit des copies reflemblan- tes des portraits. La derniere éleve lefprit de l'ar- tifte jufqu'au beau général, 8 aux notions idéales de la beauté. C’eft cette derniere route qu’ont choif les Grecs qui avoient fur nous l'avantage de pou- voir fe procurer ces notions , & par la contempla- tion des plus beaux corps, & par les fréquentes occafions d'obferver les beautés de la zature. Ces beautés, comme on l’a dit ailleurs, fe montroient à eux tous les jours , animées de l’exprefion la plus vraie, tandis qu’elles s’ofrent rarement à nous, & plus rarement encore de la maniere dont l’artifte defreroient qu’elles fe préfentaffent. La zature ne produira pas facilement parmi nous: un corps aufli parfait que celui d’Antinouüs. Jamais, de même, quand il s’agira d’une belle divinité, Telprit humain ne pourra concevoir rien au-deflus des proportions plus qu'humaines de l’Apollon du Vatican. Tout ce que la narure, l’art & le génie ont été capables de produire, s’y trouvent réunis. N’eft:il pas naturel de croire que limitation de tels morceaux doit abréger l'étude de l’art. Dans l’un, on trouve le précis de ce qui ef difperfé dans toute la zature; dans l’autre, on voit juiqu’où une fage hardiefle peut élever la plus belle zature au-deflus d'elle-même, Lorfque ces morceaux offrent le plus grand point de perfeétion auquel on puiffe attein- dre, en repréfentant des beautés divines & humaï- nes, comment croire qu'un artifte qui imitera ces morceaux, n’apprendra point à penfer & à defliner avec noblefle & fermeté, fans crainte de tomber dans l'erreur? 4 Un artifte qui laiffera guider fon efprit 8c fa main par la regle que les Grecs ont adoptée pour la beauté , {e trouvera fur le chemin qui le conduira direftement à l’inutation de la zarure, Les notions de lPenfemble & de la perfe&tion , raflemblées dans Ja nature des anciens, épureront en lui & lui ren- dront plus fenfibles les perfeétions éparfes de la za- sure que nous voyons devant nous, En découvant es beautés de cette derniere, 1l faura les combiner avec le beau parfait ; & par le moyen des for- mes fublimes, toujours préfentées à fon efprit, il deviendra pour lui-même une regle füre. Que les artiftes fur-tout fe rappellent fans ceffe que lexpreffion la plus vraie de la ele nature n’eft pas la feule chofe que les connoiffeurs & les imi- tateurs des ouvrages des Grecs admirent dans ces di- vins originaux; mais que ce qui en fait le cara@tere diftinétif, eft l’expreffion d’un mieux poffible, d’un beau idéal, en-decçà duquel refte toujours la plus belle rature. - Ce principe lumineux peut s'étendre à tous les arts, fur-tout à la poéfie, à la mufique, à l’archi- teûture, Gc. mais en même tems il faut bien fe met- tre dans lefprit, que le beau phyfque eft le fon- dement, la bafe & la fource du beau intelleuel, &t que ce n’eft que d’après la 4e//e mature que nous voyons; que nous pouvons créer, comme les Grecs, une feconde zature , plus belle fans doute, mais analogue à la premiere ; en un mot, le beau idéal me doit être que le beau réel perfe&tionné. Rome devint difciple d’Athenes. Elle admira les merveilles de la Grece : elle tâcha de les imiter : bientôt elle fe fit autant eflimer par fes ouvrages de goût, qu'elle s’étoit fait craindre par fes armes. “Tous les peuples lui applaudirent; & cette appro- bation prouva que les Grecs qui avoient été imités par Les Romains , étoient en effet les plus excellens modeles. | On fait les révolutions qui fuivirent. L'Europe at inondée de barbares ; & par une conféquence nécefaire, les fciences & les arts furent enveloppés dans le malheur des tems , jufqu’à ce qu’exilés de Conftantinople , ils vinrent encore fe réfugier en ltalie. On y réveilla les manes d'Horace, de Vir- gile & de Ciceron : on alla fouiller jufque dans les tombeaux quiavoient fervià la fculpture & à la pein- ture, On vit reparoître l'antiquité avec les graces de la jeunefle. Les artiftes s’emprefferent à limiter; l'admiration publique multiplia les talens ; l’émula- tion les anima , & les beaux arts reparurent avec {plendeur. Ils vont fe corrompre & fe perdre. On charge déjà la belle nature, on Pajufte, on la farde 5 on la pare de colifichets, qui la font méconnoître. Ces rafinemens oppofés à la gtoffiereté, font plus difciles à détruire que la groffiereté même. C’eft par eux que le goût s’émoufle, & que commence la décadence. ( Le Chevalier DE JAU COURT. \ NATUREL, adj. (PAilof.)fe dit de quelque chofe qui fe rapporte à la nature, qui vient d’un principe de la nature, ou qui eft conforme au cours ordinai- te êc à Pordre de la nature. Poyez NATURE. | Quand une pierre tombe de haut en bas, le vul= gaire croit que cela lui arrive par un mouvement naturel, en quoile vulgaire eft dans l'erreur. Voyeg l'article FORCE, p. 112. du WII, vol, ÿ. col. Les guérifons faites par les Médecins, font des opérations zarurelles ; mais celles de Jéfus-Chrift étoient miraculeufes &c furnaturelles. Foyez MirA- CLE., voyez auffi l’article NATUREL qui fuir, Enfans zaturels, {ont ceux qui ne font point nés d’un légitime mariage. Voyez BAsTARD. Horifon zaturel, fe dit de lhorifon phyfique 8 fenfible, Foyez Horison. Jour zaturel, voyez JOUR, Philofophie naturelle, c’eft la fcience qui confidere les propriétés des corps zaturels, l’a@ion mutuelle des uns fur les autres ; on l’appelle autrement P4y- Jfique. Voyez PHYSIQUE 6 NATURE. L'illuftre M. Newton nous a donné ün ouvrage intitulé: Principes mathématiques de la philofophie na turelle, où ce grand géometre détermine par des prin- cipes mathématiques, les lois des forces centrales, de Pattraétion des corps, de la réfiftance des fluides, du mouvement des planetes dans leurs orbites, &c. Voyez CENTRAL , PLANETE , RÉSISTANCE, Gc, voyez aufll NEWTONIANISME | ATTRACTION , GRAVITATION ;, &c, Chambers. (0) NATUREL, (Méraph.) nous avons à confiderer ici ce mot fous deux regards. 1°, En-tant que les chefes: exiftent, & qu’elles agiflent conformément aux lois ordinaires que Dieu à établies pour elles ; & par-là ce que nous appellons zarurel , eft oppofé an f#rna- turelou miraculeux. 2°, En-tant qu’elles exiftent ou qu’elles agiffent , fans qu’il furvienne aucun exerci- ce de l’induftrie humaine ou de l’attention de notre efprit, par rapport à une fin particuliere: dans ce fens , ce que nous appellons zarurel, eft oppofé à ce que nous appellons arsifciel, qui n’eft autre chofeque l’induftrie humaine. Il paroït difficile quelquefois de démêler le zezurel en-tant qu'oppoié au /urnaturel : dans ce dernier fens , le zaturel fuppofe des lois générales & ordinai- res : mais fommes-nous capables de Les connoître fù- rement? On diflingue affez un effer qui n’eft point futnaturel où miraculeux ; on ne difingue pas fi dé- terminement ce qui l’eft, Tout ce que nous voyons arriver régulierement ou fréquemment, eft zarurel ; mais tout ce qui arrive d’extraordinaire dans le mon- deeft-il miraculeux? C’eftce qu’on ne peutaflurer.Un événement très-rare pourroir venir du principe Or« dinaire, qui dans la fuite des révolutions & des chan- gemens auroit formé une forte de prodige , fans quitter La regle de fon cours, & l’étendue de fa fphe- re, Ainf voit-on quelquefois des monftres du carag- tere le plus inoui, fans qu’on y trouve tien de mi. raculeux & de furnaturel. Comment donc nous affu- rer ; demandera-t-on, que les événemens regardés comme furnaturels & muraculeux le font réellement, Ou comment {avoir jufqu’où s'étend la vertu de ce principe ordinaire, qui par une longue fuite de tems &c de combinaïfons particulieres, peut faire les cho- fes les plus extraordinaires ? J'avoue qu’en beaucoup d’événemens qui paroif- fent des merveilles au peuple, un homme fage doit avec prudence fufpendre fon jugement, IL faut avouer aufhi qu'il eft des événemens d’un tel carac- tere, qu'il ne peut venir à l’efprit des perfonnes fen- fées , de juger qu'ils font l'effet de ce principe com- mun des chofes , & que nous appellons l’ordre de la zature:teleft, par exemple, la réfurrection d’un hom- me mort. On aura beau dire qu’on ne fait pas jufqu’où s'é- tendent les forces de la nature, & qu’elle a peut-être des fecrets pour opérer les plus furprenans effets, fans que nousen connoiffons les reflorts. La pañion de contrarier, ou quelqu’autre intérêt, peut faire venir cette penfée à l’efprit de certaines gens ; mais cela ne fait nulle impreflion fur les perfonnes judi- cieufes, qui font une férieufe réflexion, & qui veu- lent agir de bonne foi avec eux-mêmes comme avec les autres. L’impreflion de vérité commune qni fe trouve manifeftement dans le plus grand nombre des hommes fenfés &c habiles, eft la regle infaillible pour difcerner le furnaturel d’avec le zarurel : c’eft la regle même que l’Auteur de la nature a mife dans tous les hommes ; &c il fe feroit démenti lui-même s'il leur avoit fait juger vrai ce qui efl faux, & mi- raculeux ce qui n’eft que zarurel. Le naturel eft oppolé à l’artificiel auffi-bien qu’au miraculeux ; mais non de la même maniere, Jamais ce qui eft furnaturel & miraculeux ne fauroit être dit zarurel; mais ce qui eft artificiel peut s’appeller zaturel, 8 1l left effectivement en-tant qu'il n’eft point miraculeux. L’artificiel n’eft donc que ce qui part du principe ordinaire des chofes , mais auquel eft furvenu le foin & l'iriduftrie de l’efprit humain , pour atteindre à quelque fin particulière que l’homme fe propofe. La pratique d'élever avec des pompesune maffe d’ean immenfe, eft quelque chofe de zatwrel ; cepen- dant elle eft dite artificielle & non pas zaturelle , en:tant qu'elle n’a été introduite dans le monde que moyennant le foin & l’induftrie des hommes. En ce fens là , il n’eft prefque rien dans l’ufage des chofes, qui foit totalement rarurel, que ce qui n’a point été à la difpoñition des hommes. Un arbre , par exemple, un prûnier eft zarurel lorfqu’il a crû dans les forêts, fans qu’il ait été ni planté ni greffé, auffi-tôt qu'il l’a été, il perd en ce fens là, autant de zaurel qu’ila reçu d’impreflions par le foin des hommes, Eft-ce donc que fur un arbre greffé, il n’y croit pas naturellement des prünes on des ceri- fes ? Oui en-tant qu’elles n’y croiffent pas furnatu- rellement ; mais non pas en-tant qu’elles y viennent par le fecours de l’induftrie humaine , ni entant qu’elles deviennent telle prûne ou telle cerife, d’un goût 6 d’une douceur qu’elles m’auroient point eu fans le fecours de l’indufirie humaine ; par cet en- droit la prüne & la cerife font venues artificielle. ment & non pas naturellement. On demande ici, en quel fens ondit, parlant d’une forte de vin, qu'il eft zaturel, tout vin de foi étant artificiel ; car fans l’induftrie & le foin des hommes il n’y a point de vin: de forte qu’en ce {ens là le vin eft auf véritablement artificiel que l’eau-de-vie & Pefprit-de-vin. Quand denc on appelle du vin zacu- rel, c'eft un terme qui fignifie que le vin eft dans la conftitution du vin ordinaire ; & fans qu'on y ait NAT 45 rien fait que ce qu’on a coutume de faire À tous les vins qui {ont en ufage dans le pays & dans lé tems où l’on fe trouve. Il eft aïfé après les notions précédentés, de voir en quel fens on applique aux diverfes fortes d’efprit la qualité de zaturel &t de non-rarurel, Un efprit eft cenfé & dit zaturel, quand la difpofition où il {e trou- vene vient n1 du foin des autres hommes , dans fon éducation , ni des réflexions qu'il auroit fait lui-mê- me en paruculier pour {e former, Au terme de zaturel, pris en ce dernier fens, on oppofe les termes de czlrivé on d’affeté | dont l’un fe prend en bonne & l’autre en mauvaife part : l'un qui fignifie ce qu'un loin & un art judicieux a fçu ajouter _à l'elprit zavurel ; Pautre ce qu'un foin vain & mal- “entendu y ajoute quelquefois. On en peut dire à proportion autant des talens de l’efprit. Un homme eft dit avoir une logique ou une éloquence zaturelle, lorfque fans les connoiflances acquifes par l’induftrie & la réflexion des autres hommes ; ni par la fienne propre, il raifonne cepen- dant auffñ jufte qu'on puiffe raifonner ; où quand il * fait fentir aux autres , comme il lui plait, avec force &t vivacité fes penfées & fes fentimens. NATUREL, LE, {.m. (Morale. ) le tempérament ; le caraétere, l’humeur, les inclinations que l’hom- me tient de la naïflance, eft ce qu’on appelle fon naturel, 1 peut être vicieux on vertueux, cruel & farouche comme dans Néron, doux & humain com- me dans Socrate, beau comme dans Montefqiieu , infâme comme dans C .. .,F ...ouP ... 2 Éc. | L'éducation, l'exemple, l’habitude peuvent à la vérité rectifier le zarurel dont le penchant eft rapide au mal, on gâter celui qui tend le plus heureufe- ment vers le bien ; mais quelque grande qué foitleur puflance, un zarurel contraint, {e trahit dans les oc- cañons imprévues : on vient à bout de le vaincre quelquefois, jamais on ne l’étouffe, La violence qu’on hu fait, le rend plus impétueux dans fes re- tours ou dans fes emportemens. Il eft cependant un art de former lame comme de façonner le corps, c'eft de proportionner les exercices aux forces, & de donner du relâche aux efforts. Il y a deux tems à cbhferver : le moment de la bonne volonté pour fe fortifiér , & le moment de la répugnance pour fe roicir. De ces deux extrémités, réiulte une certaine aifance propre à maintenir le naturel dans un jufte tempérament. Nos fentimens ne tiennent pas moins au zaturel, que nos aétions à l'habitude. La fuperfti- tion feule furmonte le penchant de la nature , & l’afcendant de habitude, témoin le moine Clément. Le bon zaturel {emble naître avec nous ; c’eft un des fruits d'un heureux tempérament que l’éduca- tion peut cultiver avec gloire, mais qu’elle ne don- ne pas, Il met la vertu dans fon plus grand jour, & diminue en quelque maniere la laideur du vice ; fans ce bon raurel, du moins fans quelque chofe qui en revêt l'apparence, on ne fauroit avoir aucune fo- ciété durable dans le monde. De-là vient que pour en tenir lieu , on s’eft vu réduit à forger une huma- nité artificielle , qu’on exprime par le mot de one éducation ; car fi l’on examine de près l’idée attachée à ce terme, on verra que ce n’eft autre chofe quele finge du bon raturel, ou fi l'on veut, l’affabilité, la complaifance & la douceur du tempérament , ré- duite en art. Ces dehors d'humanité rendentun hom- me les délices de la fociété; lorfqu'ils fe trouvent fondés fur la bonté réelle du cœur; mais fans elle, : 1ls refflemblent à une fauffe montre de fainteté, qui n’eft pas plûtôt découverte, qu'elle rend ceux quis’en parent, l’objet de l’indignation de tous les gens de bien. Enfin, comme c’eft du zarurel que notre fort dé- 40 NAT pend , heureux eft celui qui prend un genre de vie conforme au caractere de fon cœur & dé on efprit, il tsouvera toujours du plaifir & des reflources dans le choix de fon attachement ! (D. J.) NATURELLE, lo , {, f. (Droit naturel.) on défi- nit la loc Le » une loi que Dieu impole à tous les hommes , & qu'ils peuvent découvrir par les lu- mieres de nn. raifon, en confidérant attentivement leur nature & leur état, Le droit zarurel ef Le fyflème de ces mêmes lois, & la jurifpradence #arurelle eft l’art de développer les lois de la nature , & de les appliquer aux attions humäines. Le {avant évêque de Péterborough définit les Lois naturelles , certaines propofñtions d’une vérité im- muable , qui lervent à diriger les aftes volontaires de notre ame dans la recherche des biens ou dans la fuiie des maux, & qui nous impofent l'obligation de réplsr nos ous d’une certaine mamiere , indépen- damment de toute loi civile , & mifes à part les con- ventions par lefquelles le gouvernement eft établi. Cette définition du doëteur Cumberland revient au même que la nôtre. Les lois naturelles font ainfi nommées parce qu’elles dérivent uniquement de la conflitution de notre être avant l'établiffement des fociétés. La loi, qui en im- primant dans nous-mêmes l’idée d’un créateur, nous porte vers lui, eff la premiere des lois naturelles par {on importance, mais non pas dans l’ordre de fes lois. L'homme davs l’état de nature, ajoute M. de Montefquieu , auroit plütôt la faculté de connoire, qu'il n’auroit des connouflances. Il eft clair que fes prenueres idées ne feroïent point fes idées fpécula- aves ,1l{ongeroit à la confervation de fon être ayant que de chercher l’origine de fon être. Un homme pareil ne fentiroit d'abord que fa foi- bleffe ; fa timidité feroit extrème ; & fi l’on avoit là-deflus befoin de l'expérience, l’on a trouvé dans les forêts des hommes fauvages; tout les fait trem- bler , tout les fait fuir. Les hommes dans cet érat de nature ne cherchent donc point à s'attaquer , & la paix eft la premiere loi naturelle, Au fentiment de fa foibleffe, l’homme joint le fen- timent de fes betoins. Ainfi une autre /o1 zarurelle eft celle qui lui isfpire de chercher à fe nourrir. Je dis que la crainte porteroit leshommes à fe fuir ; mais les marques d'une crainte réciproque les enga- geroit bientôt à 5 “approcher. Ils y féroient portés d’ailleurs par le plaifir qu’un animal fent à lappro- che d’un animal de fon efpece. De plus, ce charme que les deux fexes s'infpirent par leur différence, augmenteroit ce plaifir ; & la priere naturelle qu'ils fe font toujours l’un à Pautre , feroit une troifieme loi. Les hommes parvenant à acquérir des connoïffan- ces, ont un nouveau motif de s’umir pour leur bien commun ; ainf le defir de vivre en fociété eft une quatrieme lo naturelle, On peut établir AToiS principes généraux des lois naturelles, favoir 1°. la religion : 2°. l'amour de foi même : 3°. la fociabilité, ou la bienveillance envers les autres hommes. La religion eft le principe des Zoës naturelles qui ont Dieu pour objet. La rafon nous faifant connotîrre l'être fuprème comme notre créateur, notre confer- vateur & notre bienfaiteur : 1l s’enfuit que nous de- vons reconnoitre notre dépendance ablolue à fon égard, Ce qui par une conféquence naturelle, doit produire en nous des fentimens de refpe&, d’amour & de crainte , avec un entier dévouement à fa vo- lonté ; ce {ont là les fentimens qui conftituent la re- ligion. Voyez RELIGION. "L'amour de foi-même J'entends un amour éclairé & raionnable, eft le principe des lois naturelles qui pons concernent nous-mêmes, Il: eft de la dermere évidence que Dieu en nous créant , s’eft propofé no- tre confervation, notre perfeétion & notre bonheur. C eft ce qui paroit mamfeftement , & par les facul- tés dont l’homme eft enrichi ) qui tendent s à ces fins, &t par cette forte inchination ( qui nous porte à recher-. cher le bien & à fuir le mal. Dieu veut donc que cha- cun travaille à fa confervation & à fa perfe&ion, pour acquérir tout le bonheur dont il eft He couformement à fa nature & à fon état. Voyez ÀAMOUR DE SOI-MÊME, La fociabilité, ou la bienveillance envers les au- tres hommes , eft le principe d’où l’on peut déduire les Lois naturelles qui regardent nos devoirs récipro- ques, & qui ont pour objet la fociété, c’eft à-dire les humains avec lefquel, nous vivons. La plüpart des facultés de l’homme, fes inclinat‘ons naturelles, fa fo:blefle & fes beloins , font autant de liens qui for- ment l'union du genre humain , d’où dépend la con- fervation & le bonheur de la vie. Ainfi tout nous in- vite à la fociabilité ; le befoin nous en impofe la né- cefhté , le penchant nous en fait un plaifir, & les difpoñtions que nous y apportons naturellement , nous montrent que c'eft en effet l'intention de notre créateur, Mais la focièté humaine ne pouvant ni fubfifter, ni produire les heureux effets pour lefquels Dieu Pa établie, à moins que les hommes n’aient les uns pour les autres des fentimens d'afledtion & de bienveii- lance , il s’enfuit que Dieu veut que chacun foit ani- mé de ces fentimens , & faife tour ce qui eft en fon pouvoir pour maintenir cette focièté dans un état avantageux & agréable , & pour en refferrer de plus en plus les nœuds par des fervices &c des bienfaits réciproques, Voyez SOCIABILITÉ. Ces trois principes, la religion, Pamont de foi- même & la fociabilité , ont tous les caracteres que doivent avoir des rrncipes de lois ; ils font vrais puifqu'ils font pris dans la nature de l’homme , dans fa conftitution , & dans l’état où Dieu l’a mis. Ils font fimples , & à la portée de tout le monde ; ce qui eft un point important , parce qu’en matiere de de- voirs, il ne faut que des principes que chacun puifle faifir aifément , & qu'il y a toujours du danger dans la fubtilité d’efprit qui fait chercher des routes fingu- lieres & nouvelles. Enfin ces mêmes principes font fufifans & très-féconds, puifqu'ils embraflent tous let objets de nos devoirs, & nous font connoitre la volonté de Dieu dans tous les états, & toutes les relations de Phomme. 1°, Les lois raturelles font fufifammeut connues des hommes , car on en peut découvrir les principes, & de-là déduire tous nos devoirs par l’ufage de la rai- fon cultivée ; & même la plüpart de ces lois font à la portée des efprits les plus médiocres. 2°. Les lois naturelles ne dépendent point d’uneinf. titution arbitraire ; elles dépendent de l’inflitution di- vine fondée d’un côté fur la nature & la conffitution de l’homme ; de l’autre fur la fageiie de Dieu, qui ne fauroit vouloirune fin, fans vouloir en mêmetems les moyens qui feuls peuvent y conduire. 3°. Un autre caraëtere effentiel des lois naturelles, c’eft qu’elles font umiverfelles, c’eft-à-dire qu’elles obligent tous les hommes fans exception ; car non- feulément tous les hommes font également foumis à l'empire de Dieu, mais encore “les lois naturelles ayant leur fondement dans la confhitution &t l’état des hommes , & leur étant notifiées par la railon, 1l eft bien mamifelte qu’elles conviennent effentielle- ment à tous, & les obligent tous fans diftinétion, quelque différence qu il y ait entr'eux par je fait, & dans quelqu’état qu'on les fuppole, C'eft ce qui dif. tingue les lois naturelles des lois pofitives ; car une loi politive ne regarde que certaines perfonnes ; 0 certaines fociétés en particulier, NAT 3°. Les lois naturelles {ont immuables , 8: n'admet- tent aucune difpenfe. C’elt encore là un caraëtere propre de fes lois, qui les diftingue de toutes lois poñüves, foit divines , foit humaines. Cette immu- rabiliré des lois narwrelles n’a rien qui répugne à l'in- dépendance, au fouverain pouvoir , ou à la liberté de l'être tout parfait, Etant lui-même lauteur de no- tre conftitution , al ne peut que prefcrire ou défendre les chofes qui ont une convenance ou une difconve- nance néceflaire avec ceite mème conffitution, & par conféquent il ne fauroit rien changer aux lors #a- surelles, mi en difpenfer jamais. C’eft en lui une glo- ricufe néceflité que de ne pouvoir fe déméntir lui- même. l | Je courdnne cet article par ce beau pañfage de Ci- céron ; la loi, dit-il , gum, dib. IT, n’eft point une invention de lefprit humain, ni un établifiement ar- bitraire que les peuples aient fait ; mais l’exprefion de Ja raïton éternelle qui gouverne l’umvers: E’ou - trage que F'arquin fit à, Lucrece n’en étoit pas moins un crime, parce qu'il n'yavoit point encore à Rome de loi écrite contre ces fortes de violences. Tarquin pécha contre la loi éternelle , qui étoit loi dans tous Jestems, & non pas feulement depuis linftant qu’elle a été écrite: Son origine eft auih ancienne que l’'et- prit divin ; car la véritable, la primitive, & la prin cipale loi n’eft autre chofe que ia fouveraine raïfon du grand Jupiter. Cetre loi, dit il ailleuts, eftuniverfelle , éternelle, immuable ; elle ne varie point {elon les lieux & les tems : elle n’eft pas différente aujourd’hui de ce qw'elle étoit anciennement. Elle n'eft point autre à Rome , & autre à Athènes, La même loi immortelle regle toutes les nations, parce qu'il n’y a qu’un feul Dieu qui a donné & publié cette loi. Cicer. de Repub, Jib. II], àpud Ha@tant. inffie. div. ib, VI. cap. vuy. C’en eft aflez {ur les lois naturelles confilérées d’une vue générale ; mais comme eiles font le fon- dement de toute la morale & de route la politique, le leéteur ne peut en embrañer le {yftème compler , au’en étudiant les grands êt beaux ouvrages fur cette matiere : ceux de Grotius, de Pufendorf, de Thoma- fus , de Buddé , de Sharrock, de Seiden , de Cum- berland, de Wollafton , de Locke, & autres favans de cetordre. (D.J.) . NATUREL, ( Arithmér, ) dans Îles tables des loga- rithmes, on appelle zombres naturels ceux qui expri- ment les nombres confécutifs 1, 2,3, 4,5 , &C. à l'infini, pour les diftinguer des nombres arsficiels, qui en font les logarithmes. Voyez LOGARITHME, Chambers. (E) NATUREL, adj. ce mot ez Mufique , a plufieurs fens : 1°. müufique zarurelle fe dit du chant formé par la voix humaine, par oppoñfln à la mufique arsi- ficielle , qui fe fait avec des inftrumens : 2°. on dit qu'un chant eft zasurel quand il eft aifé , doux , gra- cicux ; qu'une harmonie eft zasurelle quand elle eft produite par les cordes effentielles & rarurelles du mode. 3°. Nacurel fe dit encore de tout chant qui n'eft point forcé, qui ne va ni trop haut m trop bas, ni trop vite, nitrop lentement. Enfia la fignih- cation la plus commune de ce mot, & la feule dont Yabbé Broffard n’a point parlé , s'applique aux tons eu modes dont les fons fe tirent de la gamme, ordi- naire , fans altérations. De forte qu'un mode rarurel eft celui où l’on n’emploie ni dièle n1 bémoi. Dans la rigueur de ce fens , il n’y auroit qu'un feul mode naturel, qui feroit celui d’us majeur; mais on étend le nom de naturel à tout mode, dont les cordes ef- fentielles feulement ne portent ni dièfe m bémol; tels fontles modes majeurs de fo/ &c de fa ; les modes mineurs de /e & de ré, &c. Voyez MODE, TRANS- POSITION, CLÉ TRANSPOSÉE. (S) NaTureL ,eftenufage dans Le Blajon , pourfigni- N A V 47 fier des animaux , des fruits, des fleurs, qui font peints dans un écu avec leurs couleurs naturelies , quoique différentes des couleurs ordinaires dans le Blaïon; ce mot fert à empêcher qu'on n’accule des armoiï- ries d’être fauffes , quand elles portent des couleurs inconnues dans le blaton, Foye COULEUR & BLA: son. Berthelas en Forêt ,d’azur à nn tigre au zarwrel, NAU, (Géogr.) autrement Nave ou Nake, en la- tin Nava, riviere a’Allemagne, Tacité , 2. IF. c&. lxx. fait mention de cette riviere , & dit qu’elle fe joint au Rhin près de Zirgrum, aujourd’hui Bingen : en effer Bingen eft encore fituée au lieu où la Nau fe jette dans le Rhin. Aufone en parlant de cette ri- viere (it : Tranfieram celerem n:hulofo lumrne Navam, Elle a {a lource dans la Lorraine à l’orient de Neu: kirch, prend fon cours du 5. O. au N. E,. és tour- nant enfin du midi au nord , elle va fe jetter dans lé Rhin au-deflous de Bin: (2. J.) NAVAL, ady. fe dis d’une chote qui concerne les vaillcaux , ou la navigation. Voÿez Vaisseau 6 : NAVIGATION, C'eit dans ce fens qu’on dit quelquefois forces na- vales , combat naval , &&, Couronne navale, corona naÿalis, parmi les an- ciens Romains , étoit une couronne ornée de figures des proues de vaiffeaux ; on la donnoit à ceux qui dans un combat zaval avoient les premiers monté fur le Vaifleau ennenu, Quoiqu Aulugelie iemble avancer comme uné choie senérale , que la couronne riavale étoit ornée. de figures de proues de vaifleaux ; cependant Jufte Lipte diftingue deux forres de couronnes zavales $ l'une fimple, l’autre garnie d’éperons de navires. Selon lui, la premiere fe donroit communément aux moindres loidats ; la feconde beaucoup plus glo- rieufe , ne fe donnoit qu'aux généraux, où amiraux, qui avoient remporté quelque viétoire navale con fidérable. Chambers, (G ) NA ALE, (Géogr.anc.) ce mot latin peut avoir beaucoup de hgnifications différentes : 1l peut figni- fier un port , ua havre, quelquefois le /zeu du port où l'on confiruit les vailleaux , comme à Venife ; ou le baffin où 115 font confervés & entretenus, comme au Havre-de-Grace ; mais ce n’eft point là le principal ufase de ce mor. Il y avoit dés villes qui étoient af- fez importantes pour avoir un commerce maritime & qui néanmoins n’éroient pas fituées aflez près de la mer pour faire un port, En ce cas on en choïfifloit un le plus près & le plus commode qu'il étoit poffi- ble. On bâufloit des maïfons à l’entour , & ce bourg ou cette ville devenoit le zavale de l’autre ville. C’eft ainfi que Corinthe fituée dans l'fthme du Pélopon- nefe avoit deux ports, duo navaiia , favoir, Lecha- cum dans le golfe de Corinthe , & Cenchrées dans le golfe Saronique. Quelquefois une ville fe trou- voit bâtie en un lieu qui n’avoit pas un port fufffant pour fes vaifleaux, parce que fon commerce auquel des barques avoient fufñ au commencement, étroit devenu plus floniffant, & demandoit un havre où . de gros bâtimens puffent entrer; alors quoique la ville eût déjà une efpece de port, elle s’en procu- roit un autre plus large, plus profond, quoiqu’à quelque diftance , & fouvent il s’y formoit une co- lonie qui devenoit auf floriflante que la ville même. C’eft une erreur de croire que le port ou ravale füt toujours contigu à la ville dont il dépendoit, il y avoit quelquefois une diftance de plufeurs milles, . NAVALIA, (Géog. anc.) ville de la Germanie inférieure felon Piolomée , qui la met entre A/Fbur- gium & Mediolanium : quelques favans croient que c’eft la ville de Zwol. (D. J.) NAVAN, ( Géog. ) petite ville d'Irlande dans la province de Leiniter, au comté d'Eft-Meath fur la 4è NAV Poyne,à 10 milles de Duleck, & à 7 de Kello. Elle a droit d'envoyer deux députés an parlement d'Ir- lande. Long. 11. 10. lar, 53. 42. NAVARETTE ,( Géograph.) petite ville d'Efpa- gne de la petite province de Rioxa , qui eft dans ja vieille Caftille. Elle eft fituée fur une montagne à en- viron deux lièués dé Logrono, du côté du couchant. Long. 15, 30. lat, 42. 28. | NAVARIN , ox ZONCHIO , ( Géog.) ville de Grece dans la Morée , au Belvédere, au-deflus de Modon , en tirant vers le nord. Il y à apparence que c’eft la même ville que Prolomée, Z ZI. c. xp. nomme Pylus, Navarin eft à ro milles de Coron, fur une hauteur , au pié de laquelle eft un bon & vafte port, défendu par deux châteaux. Les Turcs ont enlevé pour la derniere fois cette place aux Vé- nitiens en 1715, avec toute la More. Long. 39. TOMATE . NAVARQUE,, f. m. (if, anc. ) celui qui com- andoit un ou plufieurs vaiileaux, felon que chaque allié en envoyoit. Il s’appella aufü preféctus , mag. er navis, trierarchus, NAVARRE, ( Géog.) royaume d'Europe, fitué entre la France & l’Efpagne, & divifé en haute & bafle Navarre. La premiere appartient à l’Efpagne, & ia feconde à la France ; & toutes les deux enfem- ble fe divifent encore en plufieurs diftrits ou bail- liages, qu'on appelle en Efpagne #rérindades. La haute Navarre en comprend cinq qui ont pour leurs capi- tales Pampelune , Ertella, Tudele , Olere , & San- guerfa. La baffle Navarre ne contient qu’un de ces bailliages , & a pour feule ville S. Jean-Pié-de-Port. NAVARRE, /a haute , ( Géog. ) elle a au nord une partie des provinces de Guipufcoa & d’Alava, les Pyrénées, le Béarn, & le pays de Labour, autre- ment le pays dé Bafques; à lorient une partie du royaume d’Arragon, les Pyrénées, &t les vallées qui fe jettent au-dedans de l’Efpagne par Ronce- vaux, par le val de Salazat , & par celui de Roncal, jufqu'à Yfara. Ses rivieres principales font l’Ebre, l’Arragon , l’Aroa, l’Elba; &fes principales vallées font celles de Roncevaux, Salazar , Roncal, Thef- coa, &t Bartan. Cé royaume avoit autrefois une étendue bien plus grande que celle qu'il a aujour- d'hui; car il ne comprend guere que 28 lieues de long, 23 de large, &c tout au plus 1$ à 20 milles familles. | L'air de ce pays eft plus doux &c plus tempéré, que celui des provinces plus voifines de l’Efpagne ; mais le terrein eft hériflé de montagnes, & abonde en mines de fer. Ignigo-Arifta eft le premier qui ait regné dans la haute Navarre, & fes defcendans en jouirent juf- . qu’en 1234. En 1316, Jeanne, comme fille de Louis Huütin , devint héritiere de ce royaume, qu’elle ap- porta à fon mari Philippe, comte d’Evreux. En 1512, Ferdinand s’en empara fur Jean fire d’Albret, qui en étoit roi, du chef de Cätherine de Foix fa femme, derniere héritiere de Charles, comte d’E- vreux. Le pape le feconda dans cette entreprife; & leur prétexte fut que ce prince étoiït allié de Louis XII. ce fauteur du concile de Pife, Louis XII. fe- courut Jean d’Albret ; mais Pa@ivité du-duc d’Albe rendit cette entreprife inutile, & força le roi de Navarre & la Palice, à lever le fiège de Pampelune. Catherine de Foix difoit au roi fon mari, après la perte de ce royaume : « dom Jean, fi nous fuffions » nés, vous Catherine, & moi dom Jean, nous » n’aurions jamais perdu la Navarre w. Récapitulons en deux mots l’hifloire de ceroyau- me : les Navarrois fe donnerent à Ignigo, qui com- mença le royaume de Navarre, Enfute trois rois d’Arragon joignirent à l’Arragonois , la plus grande pare de la Navarre, dont les Maures mufulmans N AU ôccupetent le refte. Afphonfe le Batailleuf, qui mourut en 1134, fut le dernier de ces rois. Alorsla Navarre fut féparée de l’Arragon ; & rédevint un royaume particulier, qui pafla depuis par des mas riages aux comtes de Champagne, appartint à Phi- hppe-le:Bel, 8 à la maifon de France ; enfuite tom2 ba dans celles de Foix & d’Albret, & eft abforbéé aujourd’hui dans la monarchie d’Efpagne. . NAVARRE , /c baffle, (Géog.) c’eft une des mé- rindades où bailhages, dont tout le royaume dé Navarre étoit compoié. Elle eft féparée de la Ma varre efpagnole par les Pyrénées. Ce pays fut oc= cupé des premiers par les Vafcons ou Gafcons, lorf- qu'ils palerent les monts, pour s’établir.dans la Novempopulanie fur la fin du vj. fiecle : aufli tous les habitans font bafques, & parlent la langue baf= que , qui eft la même que celle des Bifcayens efpa- gnols. Tont ce que Jean d’Albret 8 Catherine reine de Navarre {a femme, purent recouvrer des états que Ferdinand roi d’Arragon &z de Caftille leur enleva en 1512, fe réduifit à la baffe-Navarre, qui n’a qué huit lieues de long fur cinq de large , & pour tonte ville Saint-Jean-Pié-de Port. On lui donne pourtant le nom de royaume, & nos rois ajoutent encore ce titre à celui de France , par un ufage qui femble bien au-deflous de leur grandeur, Ce petit pays eft montueux & prefque ftérile ; 1 eft arrofé par la Nive &r la Bidorfe. Henri d’Albret, fils de Jean, en fit un pays d'états, conformément à l’ufage qui eft obfervé dans la Laure Navarre; & ce privilége fubfifte toüjours. Les dons ordinaires que les états de Paffe-Navarre font au roi , vont àen- viron 6860 ; mais ils allonent au gouverneur 7714 livres, & au lieutenant de roi 2714. NAVARREINS , (Géog. } petite ville de France dans le Béarn, fur le gave d'Oléron, à cinq lieues de cette ville, dans la fénéchauflée de Sauveterre: elle fut bâtie par Henri d’Albret roi de Navarre, dans une plaine très-fertile, Il y a dans cette ville un état major. Long. 16. 0. lat, 43. 20. NAVAS DE TOLOSA , ( Géog.) montagne d’Ef- pagne, dans la partie feptentrionale de l’Andalou- fie à lorient de Sierra Morena. Elle eft remarqua- ble par la viétoire que les Chrétiens y remporterent fur les Maures le 16 Juillet 1212, fous les ordres d’Alphonfe , roi de Caftille. . NAUBARUM, ( Géog. anc. ) ville de la Sarma tie européenne , que Ptolomée, Z, III, c. v, met la derniere ville dans les terres. NAUCRARIENS, ( Listérar. greg. ) on nommoit Naucrariens , en grec Navxpapor , chez les Athéniens, les principaux magiftrats des bourgs & villes mari- times. Ils furent ainfappellés, parce qu'ils étoient obligés de fournir deux cavaliers & un bâtiment pour le fervice de la république, lorfqw’elle le re- quéroit. Voyez Potter, Archæol. grec, iv. I, ch, xiij. tome Î. page 78. NAUCRATIS ,( Géog. anc. ) ville d'Egypte dans le Delta, au-deflus de Mételis, à main gauche en remontant le Nil. Elle étoit ancienne, & fut bâtie par les Miléfiens , felon Strabon ; mais ilne s'accorde pas avec lui-même; & il y a bien des raifons, dit Bayle., qui combattent fon fentiment, outre que Diodore de Sicile ne lui eft point favorable. Si nous avions l’ouvrage d’Apollonius Rhodius fur la fon- dation de Naucratis, nous pourrions décider la que- relle. Ce qu’il y a de bien certain, c’eft que ceite ville a été fort célebre par fon commerce, qui fut tel qu’on ne fouffroit pas en Egypte qu'aucun navire marchand déchargeât dans un autre port. Cette pré- rogative lui procura un grand concours d'étrangers & des couttifannes , qui au rapport d'Hérodote, y . prénoient un foin extrème de leur beauté. Rhodope y gagna N A V gagna des fommes immenfes, & Archidice qui eut un fi grand renom par toute la Grece, vint auf s’y établir. Enfin, cette ville prétendoit avoir bonne part à la prote@tion de Vénus, & fe vantoit de pofié- der une image miraculeufe de cette déefle, que l’on confacra dans fon temple, Origène remarque qu’on y honoroit particuliere- ment le dieu Sérapis, quoiqu’anciennement on y eût adoré d’autres dieux. Athénée , Julius Pol- lux, Lycéas , & Polycharme, ne font pas les feuls auteurs dont Nawcratis {oit la patrie ; car felon quel- ques-uns ; Ariftophane & Philiffus y naquirent aufit. | Athénée & Julius Pollux étoient contempo- rains : le premier fut furnommé le Pline des Grecs, & pañloit pour un des plus favans hommes de fon tems ; il florifloit à {a fin du fecond fiecle, Il ne nous tefte de lui que les Difzo/ophilles, c'eftà-dire les Sophiftes àtable , en 15 livres, dont ilnous man- que les deux premiers, une partie du troifieme, & la plus grande partie du quinzieme. On y trouve une variété furprenante de faits, qui en rendent la leéture trèsagréable aux amateurs de l’antiquité. La bonne édition en grec & en latin eft Zugd, 1612, 2 vol, in-fol. Julius Pollux étoit un peu plus jeune qu’Athénée ; il obtint la proteétion de Commode, fils de Marc- Aurele, & devint profeffeut de Rhétorique à Athe- nes. On connoît fon Oxo/maticon , où diétionnaire grec, ouvrage précieux, dont la meilleure édition eft d’Amfterdam , en 1706 , 2#-fol. en grec & en la- tin avec des notes. Voilà les habiles gens qui ont contribué à la gloire de Naucratis ; mais elle atiré infiniment plus de pro- fit de fes poteries & de fon nitre. ( D. J. ) NAUD , f. m. ( Fontaines [alantes.) c’eft un réfers voir placé à l’une des quatre faces de chaque berne; ce réfervoir ou baflin a la forme d’un grand coffre d'environ cinq piés de profondeur , & de pareille larseur, fur trente-fix piés de long ; il eft hors de terre, compofé de madriers épais de plus de quatre pouces d'équarriflage , entonré de fix en fix piés de liens de fer, & calfaté dans les joints avec des étou- pes , de la moufle, & de la terre glaife converte de douves. C’eft dans ces zauds qui contiennent cha- cun plus d’une cuite, ou plus de 63 muids, que les échenées amenent Les eaux d’où elles fe diftribuent dans les poëles, Voyez SELS , SALANTES FONTAI- NES, NAVÉE ,.f. f. serme de Mariniers , vaiffeau chargé de poiflon. Ce mot n’eft en ufage que dans quelques ports de mer de France, particulierement du côté de Normandie ; & l’on ne s’en fert guere que dans le négoce de la faline. | NAVÉE, ( Architeët. civile, ) c’eft le nom que don- nent les Mâcons à la charge d’un bateau de pierre de faint Leu, qui contient plus ou moins de ton- neaux, felon la crueou décrue de la riviere. ( D. 1.) NAVET , zapus, {, m. ( Hifi. nar. Bo. ) genre de plante qui ne differe de la rave que par le port de la plante; ce caraétere fait diftinguer très-aifément ces déux genres l’un de l’autre. Voyez Rave. Tour- nefort, 1n/f. rei herb, Voyez PLANTE. (7) Des cinq efpeces de zavers que compte M, de Tournefort, nous ne décrirons que le plus commun, c’eft-à-dire le zavet cultivé, zapus futiva , radice albt , I. R. H. 229. Il a la racine oblongue, ronde, grofle pat le collet, cependant moins grofle que la rave, Charnue, tubéreufe , plus menue vers le bas, de couleur blanche ou jaune , quelquefois norrâtre en-dehors , blanche en-dedans, d’une faveur douce & piquante, agréable , plus fuave & plus délicate it que le raifort. Elle poufle une tige de la hauteur d’une coudée & davantage, qui fe divife en ra- Tome XI, | N AV 49 Meaux, Ses feuilles font oblongues , profondétient découpées, rudes ; veftes,, fans pédicules, on atta- chées à des pédicules membraneux ; les inférieures font finuées , embraflent la tige, & finiflent en pointe, | | . Sa fleur eft à quatre pétales difpofés en croix, jaune comme celle du chou; quand elle eft paflée, il lui fuccede une filique longue d’environ un pouce; ronde , qui fe divife en deux loges , remplies de fes mences aflez grofles , prefque rondes, de couleur rongeâtre , ou purpurine, d’un goût Âcre & piquant qui tient de l’amer. Cette âcreté eft moindre que celle de la graine de moutarde, quoiqu'eile en aps proche. On feme Le zaver, & on le cultive dans les jardiné &t dans les champs : il fe multiplie de graine, & veut une terre légere & fablonneufe, quoiqu'il vienne également dans les terres fortes, quand elles font bien labourées. Il y en a de :lufieurs fortes, de gros & de petits; les petits zavers font eftimés les meilleurs & les plus agréables au goût, On fait cas à Paris des navers de Vaugirard, & de ceux de Fres neuze , près de Poifly. Il y a beaucoup de #avers qui font tout-à-fait infipides, ce qui vient du défaut de culture, & de dépénération de la graine. Il ne faut pas confôndre cette graine avec celle qu’on appelle navette. Voyez NAVETTE, ( D. J. NAVET, ( Chimie , Pharmacie, Dicte, & Mai med. ) navet cultivé, ravercommun. Ce n’eft eue la racine de cette plante qui eft employée foit en Mé« decine , foit pour l’ufage de nos tables. Auf éff-ce proprement la racine de zaves qui eft défignée dans lufage commun par le mot de zaver, Les zavers donc, pour parler lelangage ordinaire, ont, lorfqu'ils font cruds, un goût fucré, relevé d’un montant vif & piquant, qui s’évapore facile- ment par la fuite, pour ne laiffer au zaver que la fim- ple faveur douce, Les principes par lefquels ils exci: tent l’un êc l’autre fentiment, font bien connus. Leu# goût fucré & fixe eft dû au corps muqueux-doux qu'ils contiennent abondamment ; & le goût piquant & fugitif a une petite portion d’alkali volatil fpon- tané. Woyez Doux, MUQUEUX , VÉGÉTAL, Le corps doux-muqueux contenu dans le mavet 3 eft de l’efpece de ce corps qui a le plus d’analopie avec le #ucus, ou la fubftance gélatineufe des ane maux, & qui peut Être regardée comme étant ,'à cet égard, le deïnier chaînon par lequel la férie des vé= cétaux fe lie au regne animal. Voyez VÉGÉTAL, & SUBSTANCES ANIMALES. | Cette elpece de corps muqueux, 87 celui que contient le 2aver en particulier, fournit aux animaux une nourriture abondante , un aliment pur, & peut: être l’aliment vépétal par excellence. Puyez Nour: RISSANT. Aufli le zaver eft-1l généralement reconnu pour être très-nourriflant, de bon fuc, & de facils digeftion, Son ufage diététique efttrop connu , trop manifeftement, & trop généralement falutaire, pour que la Médecine ait des préceptes à donner fur cet objet. Mais c’eft pour cela même qu'il y a peu à compter fur les éloges que les Médecins ont donnés au bouillon & au fyrop de navet, employés à titre de remede dans les toux, les phthyfies, laffhime, &c Un aliment fi pur, & f propre à tous les fujeis, ne fauroit exercer chez quelques-uns une vertu véritas blément médicaménteufe, Siquelque médecin fe pro: pofoit cependant de foutenir un malade par un ali- ment doux, léger, pur, de prefcrire une diete plus tenue que celle des bouillons de viande ; les bouils lons de zaver pourroïent être regardés comme rem= pliflant très-bien cette vûe. Cette diete mérite aus moins d’être tentée, & comparée à la diete ladée ; & à la diete farineufe , fur laquelle les obfervations manquent abfolument auf, Voyez RÉGIME, a" $o N À V On employe quelquefois dans les compoñtions officinales la femence de ce zaver, au lieu de celle de zaverfauvage. (6) NAVETTE, { f. (Com. des graines.) graine d’une efpece de choux fauvage que les Flamands nom- ment colfa & colyat, Voyez l'article COLSAT. C’eft de cette graine que l’on tire par expref- fon l’huile que les mêmes Flamands appellent huile . de colfa ou de colzat, & les François hurle de raverte ou de rabette, La naverte ou colfa eft cultivée avec grand foin en Flandre & en Hollande ; on la cul- tive encore en Brie, en Champagne & en Nor- mandie, où il fe fait un aflez grand négoce d’huile exprimée de cette graine, dont l’ufage le plus or- dinaire eft pour les ouvriers qui fabriquent des étofles de laine & pour ceux qui font des ouvra- ges de bonneterie : 1l s’en confomme aufli beaucoup par les Couverturiers, & pour brûler dans la lampe, {ur-tout lorfque lhuile de baleine manque, foit parce que la pêche n’a pas été heureufe, foit parce que la guerre empêche les Pécheurs d'y aller, & les Mar- chands d’en tirer des pays étrangers. Les qualités de la bonne huile de zaverte font une couleur dorée, une odeur agréable, & qu’elle foir douce au goût. On la mélange quelquefois d'huile de lin, ce qui fe reconnoit à l’amertume & à l’o- deur moins agréable. | Il faut remarquer que la zaverte où graine de colfa qui croit en Hollande ou en Flandre, ef beaucoup plus groffe & mieux nourrie que celle de France; ce qui lui fait donner le nom de groffe zavette, au lieu que celle de France eft appellée navette ordinaire Ou petite navette, parce qu'effeétive- ment elle eft plus menue. (D. J.) NAVETSAUVAGE, Navette, ( Mar. méd.) Safemence entre dans la compofition de la theriaque. Onen pré- pare dans plufieurs pays une huile par expreflion, très-connue, quine poflede queles qualités connues de cette efpece d’huile, mais qui parce qu’elle eft communément des moins douces, ne s’emploie point our l'ufage intéreur. (2) NAVETTE, {. f, terme de manufaëture. Ce mot fignifie une efpece d’outil dont les Tifieurs, Tiflu- tiers ou Tifferands fe fervent pour former, avec un fil qu’elle renferme, de laine, de foie, de chanvre, ou d’autre matiere, la trame de leurs étoffes, toiles, tubans, &c. ce qui fe fait en jettant alternative- ment la zaverre de droit à gauche, & de gauche tranfverfalement entre les fils de la chaîne qui font placés en longueur fur le métier. Au milieu de la zavette eft une efpece de creux que l’on nomme la boite ou la poche, quelquefois la chambre de la ravette, dans lequel eft renfermé l’ef poulle ou efpolin qui eft une partie du fl deftiné pour la trame, lequel eft devidé fur un tuyau ou canon de rofeau, qui eft une efpece de perite bobine fans bords, que quelques-uns appellent buhot, & d’autres canerte. Il y a des manufaéturiers que l’on nomme ouvriers de la grande navette, & d’autres, ouvriers de La petite navette. Les premiers font les marchands-maîtres ou- vriers en draps d’or, d'argent, de foie, & autres étoffes mélangées, & les derniers, fonties maîtres- Tifluriers-Rubanniers. Voyez TissuTier-RuBAN- JNIER. Voyez auff à l'article D'RAPIER 04 MaANU- FACTURIER EN LAINE, l'ufage € la defcription de la navette angloife. NAVETTE PLATE, de buis comme la raverre, mais de forme différente. Celle-ci eft prefque ovale, percée comme celle-là d’outre en outre. L’onver- ture en eft plus petite que dans la zavesre ordi- naire, puifque le canon eft auf plus petit : elle en difiere encore en ce que le côté par lequel fort la trame, eft garni d’une armure de ter dans toute fa longueur, & dont voici la néceffité. Comme la: plate raveste fait l'office du batrant en frappant continuellement contre la trame, elle l’uieroit trop vite, outre qu'elle n’auroit pas même aflez de coup, fi elle n’étoit rendue plus pefante par cette armure ; cependant , aux ouvrages extrémement légers , &t auxquels il fufit que la trame {oit feule- ment arrangée, on s’en fert fans être armée; fon ufage eft le même que celui de la zaveite, & a le frapper de plus, | | NAVETTE , {. f. (Hydr.) Voyez SAUMON. NAVETTE, {. f. (Marine) C’eft un petit bâti- ment dont {e fervent quelques Indiens , qui eft fait d’un tronc d’arbre creufé, & dont la forme reHemble à une raverre, (Z) , NAVETTE, erme de Plombiers, & des marchands qui font négoce de plomb, eft une mafle de plomb faite à-peu près de la même figure qu'une raverre de Tifferand. On l'appelle plus ordinairement fau mon. Voyez PLOMS. | NAVETTE, terme de Rubanniers, eft un inftrument de buis plus ou moins erand, fait en forme de na- vire plat, ce qui lui a fait donner ce nom. Son fond eft percé comme le deflus, pour laiffer la place du canon qui porte la trame. La ravere a plufieurs trous dans l’intérieur de fon épaiïfleur : favoir, un dans le milieu d’un de fes côtés, que l’on revêt en- dedans d’un petit annelet d’émail, pour empêcher que la foie ne s’accroche en pañlant par ce trou; deux autres trous au milieu du fond percé dont j'ai parlé, pour loger les deux bouts de la bro- chette qui porte le canon; l’un de ces deux trous eit évidé à fon entrée & par le haut, pour laifler ghfer le bout de cette brochette qui par l’autre bout entre un peu avant dans l’autre trou non évidé comme celui-ci. La zaverre a encore à fes deux bouts qui font très-aigus, de petites armures de fer, pour garantir les angles lors des chûtes que la zaverte peut faire; fa longeur eft depuis 3 pou- ces jufqu'à 8 ou 10; fon ufage eft de porter le canon de la trame dont il eft chargé par le moyen de la brochette qui lui fert comme de moyeu; le bout de cette trame qui pafle par l’annelet ci- deïlus, s’unit à la chaîne, & s’y arrête toutes les iois que l’ouvrier enfonce une nouvelle marche , en même tems qu'il enfonce cette nouvelle mar- che, & qu'il fe leve par ce pas une partie de la chaine pendant que le refte demeure en-bas;ilrecule le battant d'une main du côté des lifles, & de l’au- tre main 1l lance la zaverte à-travers cette levée de chaîne, & la reçoit dans fa main qui vient de poufler le battant; puis il lâche Le battant qui vient de frapper contre cette trame à chaque coup de navette , obiervant de lâcher le battant avant que {on pié ait quitté la marche, ce qui s'appelle frap- pet à pas ouvert. NAUFRAGE, f. m. (Marine.) Il fe dit d’un vaii= feau qui va le perdre & fe brifer contre des rochers, ou qui coule à fond, & périt par la violence des vents & de la tempêre. (Z) L NAUFRAGE, DROIT DE, (Ufage des Barbares.) Les Barbares qui envahirent l'empire romain en Oc- cident, ne le regarderent d’abord que comme un objet de leur brigandage ; & ce fut en conféquence dans ces tems-là, que s'établit fur toutes les côtes de la mer Le droit infenlé de naufrage : ces peuples penfant que les étrangers ne leur étoient umis par aucune communication, de droit civil, ils ne leur devoient ni juftice ni pitié. Dans les bornes étroi- tes où fe trouvoient les peuples du Nord, tout leur étoit étranger; & dans leur pauvreté, tout étoit pour eux un objet de richeffe. Etablis avant leurs conquêtes , fur les côtes d’une mer refferrée & plene d'éçuells, ils avoient uré pari de çes N A V | Écteils mêmes, pont piller les Yaiffeaüx qui avotent le malheur d’échouer dans leur pays, au-lieu de confoler par tous lés fervices de Phumanité, ceux qui venoient d’éprouvef «ce trifle accident : mais les Romains qui faifoient des lois pour tout l’uni- vers, en avoient fait de très-humaines fur les zau- frages. As réprimerent à cet égard les brigandages de ceux qui habitoient les côtes, & ce qui étoit plus encore, la rapacité de leur propre fifc. Efprit des Lois. (D, J.) | NAUFRAGE, adj. ( Jurifpr.) fe dit de ce qui a fait naufrage foit fur mer ou fur quelque fleuve ou rivière : comme un bateau Nu Rat fragé,\des marchandifes zaufragées. L'article xxviy, du sètre IX, du livre IV, de l'Ordonnance de la marine porte que, fi les effets zuufragés ont été trouvés en pleine mer ou tirés de fon fond, la troifieme par- tie en fera délivrée inceflamment & fans frais, en efpeces ou en deniers à ceux qui les auront fau- _vés. Et l’arricle ny. du titre W, de l'Ordonrance des cing groffes fermes de 1687, veut que les droits d’en- trées foient payés pour cette troifieme partie des cilets naufragés qui fera délivrée.à ceux qui Les au- ront fauvés. Voyez BRis,GAyves, VarECH. (A) NaurRAGÉS, 1, m, pl. (iff.anc.) Les naufragés étoientobhgés, arrivés à la terre, de fe faire couper les cheveux &tdelesfacrifier à lamer, 8 de fufpendre leurs vêtemens humides dans le temple de Neptune, avec un tableau où leur défaftre étoit repréfenté, Ceux quiavoient perdu encore leur fortune, en por- toient un autre au cou, & alloïent ainfi demander l’aumône; on s'ilne leur refloit pas de quoi faire peindre leurs aventures, ‘ils demandoient les piés nus, avec un baton entortillé d’une banderoile à -la main. brune NAUGATO, ( Geog.) royaume du Japon dans fa grande île Niphon dont il eft la partie la plus occidentale, Sa ville capitale eft Amauyuchi 07 Amauguci,.une des plus riches villes de l'empire, dont on met la Longir, à 148, 20, lat, 43. 54. AD; da). NAVICULAIRE OS, erme d’Anatomie, C’eft le #nom du troïfieme os du tarfe entre l’aftragal & les -0s cunéiformes, & du premier catpe entre le femi- lunaire & le trapeze. Voyez Tanse 6 CARPE, Ts font ain appellés du mot latin ravis vaifleau, avecquoiila quelque reffemblance, c’eft pour quoi on l’appelleauf cyrmbiforme du mot cymba , barque, & Jcaphoide, du motcapha, efquif. - -On-obferve dans l’os zaviculairé du tarfe deux “faces articulaires revêtues d’un cartilage : l’une eft concave,poftérieure &c articulée avec la convexité “anténeure del'aftragals lautreconvexe antérieure, ! divifée en quatre faceites pour l’articulation avec l’osicuboide & les trois cunéiforimes, La circonfés rence décrit par fon contour un ovale qui fe rétre- cit peu-à-peu, & fe termine-obliquement‘pat lune || pointe incufle. Un côté du contour a plus de con- | vexité.que l’autre, & eft tourné en-hant, La pointe -de l'ovale va aboutir à une tubérofité qui efttour- | née .en-bas & en-dedans. s = On:remarque dans l'os aviculaire du carpe uñe | séminence-cblongue reyêtue d'un cartilage | 8e arti- culée avecile trapeze &le trapezoïde , trois facet- -1es /articulaires : une convexe qui s'articule avec le ayonslauntre concave, & s'articule avec le grand; la troifieme eft plate & articulée avec l'os femi- || Aunaire;:deux: faces dont:l'externe eft inégale & -diftinguée de l’interne par une éfpece de petite “gouttiete qui regne tout #le long de la longueur | de Pos (L.… pa | | NAVIGABLE, adj. (Marine) fe dit d’une ri- viere ou d’ün:canal qui aaflez d'eau pout porter || -des bateaux :où bâtimens chargés, (Z) *. Tome XI, N À V St NAVIGATEUR , f. m, (Marine. ) ce nôm ne fe donne qu'à ceux qui éntreprennent des voyages de long cours ; 8t même entre ceux ci il femble parti- culiérement confacré à des hommes éclairés, cou- rageux &c hardis, qui ont fait par mer de nouvelles découvertes importantes de lieux & de pays: Perfonne n’ignote que la met eft devenue pat la navigation le lien de la fociété de tous les peuples de la terre, & que c’eft par elle que fe répandent en tous Lieux les commodités & l’ibondance. On fe toutmenteroit vainément à chercher quel fut le pre- nier zavigateur, il fufit de favoir qu'on doit le trou: ver parmi les premiers hommes. La navigation fur les rivieres doit avoir été prefque auf ancienne que le monde. La nature aida les hommes à décou- convrir cet art fi néceflaire, Après avoir vu flotter des arbres &c des folives , ils en joignirent plufeurs pour pailer dés rivieres. Après avoir vu des coupes & des tafles de bois , ils donnerent quelques creux à des pieces de charpenteliées enfemble , pour aller plus fürement fur l’eau, Le tems, le travail & l’in- . duftnie perfeétionnerent peu-À peu ces fortes de maï= fons flottantes ; on hafarda de fe mettre dedans pour pañler des bras de mer ; ainfi Pon vit aux radeaux fuccéder des barques taillées par l’avant & par l’ar- riere , & finalement d’autres efpeces de vaifleaux & de galeres, qui reçurent aufli peu-à-peu de nou« velles perfeions, + Les Phéniciens avides de s'enrichir ,, & plus cu- rieux encore à mefure qu'ils s’enrichirent , faifirent promptement ces différentes inventions : & comme ils ne pouvoient reculer par terre les bornes de leurs états , 1ls fongerent à fe former fur la mer un nouvel empire, dontils ne furent redevables qu’à leur in- duftrie & à leur hardiefle, 11 falloit avoir infiniment de l’un & de l’autre pour tenter au milieu des abimes un chemin fans trace , & où il eft auf périlleux : d'avancer que de reculer, Cependant Strabon re- marque que ces peuples peu d'années après la guerre dé Troie fe hafarderent à pafler les colonnes d’'Her: cule & à braver le terrible Océan, Enfin ce font les premiers qui ayent ofé perdre de vûe leur patrie, pour entreprendre des voyages de long cours. Mais comme Je ne fais point ici l’htoire importante de la navigation , je pañle tout-d’un-faut à celle des Européens , qui nous ont-découvert de nouvelles parties du monde inconnues à l’antiquité, Ce fut dans le royaumé de Portugal que s’éleva au commencement du xv, fiecle , & malgré toute l'ignorance de ces tems:là, cet efprit de découverte fi slorienx pour toutes les nations, fi'profitable pour le commerce , & qui depuis environ 260 ans a jetté des richefles immenfes dans PEurope , &ra porté fes forces maritimes à un fhaut point, qu’on la regarde _avecraifon comme Ja maîtreffe de la plus grande pattie de notre globe, | Il'eflivrai que les premiers eMlais des Portugais ne furent que des voyages fort courts qu'ils firent le long des côtes du grand continent del’Afrique. De- venus bientôt plus hardis & plus expérimentés fur mer , Le fuccès de leurs entreprifes les anima à en effayver d’autres, Ils navigerent les premiers d’entre les nations fur l'Océan atlantique. Ils découvrirent en 1419 file de Madere ; en 1448 les îles des Aço- res, en 1499 les iles du Cap-verd, & en 1486 le cap de Bonne-Efpérance , ainfi nommé de l’efpé- rance qu'ils concevoient avec raïfon par cette dé- convérte de trouver de ce côté un paflage aux In des: Mais c’eft à un feul homme, à l’infant dom Henri, que les Portugais furent fur-tont redevables deleurs vafteslentreprifes contre lefquelles ils mur- muretent d’abord. Il ne s’eft rien fait de fi grand dans le monde , dit: M, de Voltaire, que ce qui fe G 5 52 NA V fit par le génie & la fermeté d’un homme qui lutte contre les préjugés de la multitude. Gama ( Vafcode) eft le navigateur portugais qui eut le plus de part aux grandes chofes de cette na- tion. Il découvrit les Indes orientales par le cap de Bonne-Eipérance , &t s'y rendit pour la premiere fois en 1497. Il y retourna en 1502, & revint à Lif- ‘bonne avec treize vaifleaux chargés de richeffes, IL fut nommé, comme 1l le méritoit, viceroi des Indes portugailes par Le roi Jean IT, & mourut à Cochin en 1525. Dom Etienne &r dom Chriftophe de Gama fes fils lui fuccéderent dans fa viceroyauté , &c font célebres dans l’hiftoire, Magalhaens ( Ferdinand) , que les François nom- ment Magellan, compatriote de Gama, a rendu pa- reillement fa mémoire immortelle par la découverte qu'il fit lan 1520 du détroit qui de fon nom eft ap- pellé Magellanique. Ce fut cependant fous les anfpi- ces de Charles-Quint, vers lequel 1l s’étoit retiré, qu'il fit cette découverte : piqué contre fon roi qui lui avoit refufé une légere augmentation de fes ap- pointemens , Magellan partit de Séville l’an 1519 avec cinq vaifleaux , pafla le détroit Magellanique juiqu’alors inconnu, & alla par la mer du fud juf- qu'aux îles de Los-Ladrones {les Philippines} où il mourut bientôt après, les uns difent de poifon, les autres difent dans un combat. Un de fes vaifleaux arriva le 8 Septembre 1522 dans le port de Séville fous la conduite de Jean-Sébaftien Catto, après avoir fait pour.la premiere fois le tour de la terre. Un troifieme zavigareur portugais, dont je ne dois point taire le nom, eft Mezdès Pinto (Ferdinand), né à Monté-Mor-O-Velho , qui s’embarqua pour les Indes en 1537, dans le deffein de relever fa naïf- fance par le fecours de la fortune. Il y fut témoin pendant 20 ans des plus grands événemens qui ar- riverent dans ce pays, &c revint en Portugal en 1558, après avoir êté treize fois efclave , vendu feize fois , êz avoir efluyé un grand nombre de nau- fraces. Ses voyages écrits en portugais & traduits en françois font intéreflans. Les bruits que firent dans le monde le fuccès des merveilleufes entreprifes des Portugais , éveilla Chriftophe Colomb , génois, homme d’un grand fa- voir & d’un génie du premier ordre ; il imagina une méthode encore plur füre & plus noble de pourfui- vre glorieufement les mêmes deffeins de décou- verte. Il eutune infinité de difficultés à combattre, &t telles qu’elles auroient rebuté tout autre que lui. Il les furmonta à la fin, & il entreprit à l'âge de so ans cette heureufe & finguliere expédition, à la- quelle on doit la découverte de Amérique. Ferdinand &x Ifabelle qui régnoient en Efpagne, goûtant foiblement fon projet, ne Îni accorderent que trois vaifleaux. Il partit du port de Palos en Andaloufie le 11 O&tobre 1492, 8 aborda la même année à Guanahani, l’une des Lukavyes: Les infu- laires, à la vûe de ces trois gros bâtimens , fe fau- verent fur les montagnes, & on ne put prendre que peu d’habitans auxquels Colomb donna du pain, du vin, des confitures & quelques bijoux. Ce traite- ment humain fit revenir les naturels de leur frayeur, & le cacique du pays permit par reconnoïflance à Colomb de bâtir un fort de bois fur le bord de la mer : mais la jaloufie, cette. paflion des ames bañes, excita contre lui les plus violentes perfécutions, Il revint en Efpagne chargé de fers ; 8 traité comme un criminel d'état. Ileft vrai que la reine de Caftille . avertie de fon retour lui rendit la liberté , le com- bla d’honneur , & dépofa le gouverneur d'Hifpa- gniola qui s’étoit porté, contre lui à ces affreufes extrémités. Il fut fi fenfible à la mort de cette prin- ceffe , qu'il ne lui furvécut pas long-tems ; il ordon- natranquillement fes ghfèques, & les fers qu'il avoit N A V portés furent placés dans fon cercueil. Ce grand homme finit fa carriere à Valladolid en 1506 à 64 ans. . Les Efpagnols dürent à cet illuftre étranger & à Vejpucci ( Americo) florentin, la découverte de la partie du monde qui porte le nom de ce dernier, au leu que la nation portugaife ne doit qu’à elle feule le.pañlage du cap de Bonne-Efpérance, Velpuce étoit un homme de sémie, patient, cou- rageux &tentreprenant. Après avoir été élevé dans le commerce , il eur occafion de voyager en Efpa- gne, & s’embarqua en qualité de marchand ent407 {ur la petite flotte d'Ojeda, que Ferdinand & Ifabelle envoyoient dans le Nouveau-monde. Il découvrit le premier la terre-ferme quieft au-delà de la ligne; & par un honneur que n’ont pu obtenir tousles rois du monde, 1! donna {on nom à ces grands pays des Indes occidentales , non-feulement à la partie fep- tentrionale où méxiquaine , mais encore à la méri- dionale ou péruane , qui ne fut découverte qu’en . 152$ par Pizaro. Un an après ce premier voyage, il en fiten chef un fecond , commanda fix vaifleaux, pénétra jufques fur la côte de Guayane & de Vene- zuela , & revint à Séville. Eprouvant à fon retour peu de reconnoïffance de toutes fes peines, 1l fe rendit auprès d'Emmanuel, roi de Portügal, qui lui donna trois vaifleanx pour eni- treprendre un troiieme voyage aux Indes. C’eft ainf qu'il partit de Lisbonne le 13 Mai de l'an 1507, parcourht la côte d’Angola, pañla le long de celle du Bréfii qu’il découvrit toute entiere jufques par-” delà la riviere de la Plata, d’où il revint à Lisbonne le 7 Septembre de lan 1502, ILen repartit l’année fuivante avec le commande- ment de fix vaileaux, & dans le deffein de décou- vrir un paflage pour aller par l'occident dans les Moluques , 1l fut à la baie de tous les Saints jufqu’à la riviere de Curabado. Enfin manquant de provi- fions, il'arriva en Portugal le 18 Juin de l'an 1504, où il fut reçu avec d'autant plus de joie qu'il y ap- porta quantité de bois de Bréfi! & d’autresmarchan- difes précieufes. Ce fut alors qu'Américo Vefpucci écrivit une relation de fes quatre voyages ; qu'il dé dia à René II. duc de Lorraine, Il mourut en 1509, comblé de gloire & d’honneurs. Pizaro (François), né en Efpagne, découvrit le Pérou en 1525, fe joignit à dom Diégo Almagro; Êt après avoir conquis cette vafte région, ils y exer- . cerent des cruautés inouies fur les Indiens ; mais s'étant divifés pour le partage du butin , Ferdinand frere de Pizare tua Almagro , & un fils de celui-ci tua François Pizaro. Pour ce qui regarde Corrès (Fernand) qui conquit le Mexique, & quiy exerça tant derax ages, j’en ai déja fait mention à l’article de MÉDELIAIN fa patrie. 1 | Les ravigateurs , dont on a parlé jufqu’ici., ne font pas les feuls dont la mémoire foit célebre ; les Hol- landois en ont produit d’illuftres ; qui, foutenus des forces de la nation lorfqu’elle rachetoit fa liberté... ont établi fon empire au cap dans l’île de Java , & ont fervi à conquérir les iles Moluques fur les Portu- gais mêmes, On fait-aufi que Jacques le Maire * étant parti du Texel avéc deux vaifleaux, décou- vrit en 1616 vers la pointe méridionale de l'Amé- . + 7 : . . r rique le détroit qui porte fon nom: Larelation: dé- taillée.de fon voyage eft imprimée. !: :n. | Mais là grande Bretagne s’eflencore plusémmem- ment difftinguée par les a@ions hardiesde fesilluftres navigateurs ; êrce pays continue-toujours de! faire éclote- dans fon fein les premiers hommes de mer qu'il.y'ait au monde: | Bien de gens favent que Chriftophe Colombavoit propoié {on entreprife, de-PAmérique par fon frere ‘Barthelemi à Henri VIT. roi d’Angleterre. Ce prince lui avoit tout'accordé , mais Colomb ne le fut qu’a- près avoir fait fa découverte ; & 1l n’étoit plus tems pour les Anglois d’en profiter ; cependant le pen- chant que le roi avoit montré pour encourager les entréprifes de cette nature ne fut pas tout-à-fait fans effet. Jean Cabor, venitien & habile marin, qui avoit demeuré pendant quelques années à Londres, faifit cette occafion. Il offrit {es fervices pour la dé- couverte d’un paflage aux Indes du côté du nord- oueft. Il obtint des lettres-patentes datées de la on- zieme année du regne d'Henri VIL. qui l’autorifoient à découvrir des pays inconnus , à les conquérir &c à s’y établir, fans parler de plufieurs autres privile- ges qui lui furent accordés , à cette condition feule qu'il reviendroit avec fon vaïfleau dans le port de Briftol. I! ft voile dece portauprintems de année fuivante 1407 avec un vaifleau de guerre & trois on quatre petits naviresfrettés par des marchands de cette ville, ÊE charoés de toutes fortes d’habillemens , en cas de quelque découverte. Le 24 Juin , à $ heures du ma- tin, il appercut la terre, qu’il appella par cette rai- fon Prima-Vifla, ce qui fafoit partie de Terre-neuve. Il trouva en arriere une île plus petite, à laquelle il donna le nom de S. Jean ; & 1l ramena avec lui trois fanvages , & une cargaifon qui rendit un bon profit. Il fut fait chevalier & largement récompenfé. Comme il monta en ce voyage jufqu’à la hauteur du cap Floride , on lui attribue la premiere découverte de l’Amérique feptentrionale ; c’eft du-moins fur ce fait que les rois de la grande Bretagne fondent leur prétention fur la fonveraineté de ce pays,qu'ils ont depuis foutenue fi efficacement pour leur gloire ë&c pour les intérêrs de la nation. C’eft ainfi qu’il pa- roîr que les Anglois doivent l’origine de leurs plan- tations & de leur commerceen Amérique à un fim- ple plan de la découverte du paflage du nord-oueft aux Indes. | Mais il faut parler de quelques-uns de leurs pro- “pres zavigateurs. I y en a quatre fur-tout, qui font vélebres , Drake, Rawleigh.,_ Forbisher & le lord -Anfon. ; Drake (François) , Vun des plus grands hommes de mer de fonfecle, né proche de Taviftock en De- vonshire, fut mis par fon pere en apprentiflage au- près d’un maître de navire ; qui Jui laïffa fon vaif- fean én mourant. Drake le vendit en 1567 pour fervir {ur la flotte du capitaine Hawkins en Améri- que. Ilpartiten 1577 pour faire le‘tour du monde qu’il acheva entrois ans, &c ramena plufieurs vaif- feaux-efpagnols richement chargés. Il fe fignala par un grand nombre d’autres belles ations,, fut fait chevalier ,;vice-amiral d'Angleterre, prit fur PE pagne plufeurs villes en Amérique , & mourut fur mer en allant à Porto-Bello le 28 Janvier 1596. Forbisher ( Martin }, natif de Yorkshire , weft guere moins fameux. Il futchargé en 1576, par la reine Elifabeth., d'aller à la découverte d’un détroit qu’on croyoit être entre les mers du nord & del Zur, & qui devoit {ervir à pafler par le nord de locci- _dent en orient ; il trouva en‘effet un détroit dans le 63 degré de latitude , & on appella ce détroit For- bisher Streighe. Les habitans de ce lieu avoient la couleur bafanée , des cheveux noïrs ; le vifage ap- plati, lenez.écrafé ; & pour vêtement des peaux de “veaux marins. Le froid ayant empêché Forbisher d'aller plus-avant; il revint en Angleterre rendre -compte de fa découverte. Il tenta-deux ans après le : même voyage ; &éprouvales mêmes obftacles des “montagnes deglace & de neige : maïs fa valeur in- | trépide en différens combats contre les Efpagnols le ! - fit créer chevalier en 1588. Il mourut à Plimouth : - d’un çoup de moufquet qu'il reçut en 1594 au fege : N À V 53 du fort de Grodon en Bretagne, que les Efpagnols occupoient alors. Rawleigh ( Walrer ) naquit en Devoñshire d’une famille ancienne , & devint par fon mérite amiral d’Anglererre ; fes aétions , fes ouvrages & fa mort tragique ont immortalifé fon nom dans l’hiftoire, _ Doué des graces de la figure , du-talent de la pa- role , d’un efprit fupérieur , & d’un courage intré- pide, il eut la plus grande part aux expéditions de mer du regne de la reine Elifabeth. Il introduifit la premiere colonie angloife dans Mocofa en Améri- que, & donna à ce pays Le nom de Vireïnie en l’hon- neur de la reine.fa fouveraine. Elle le choifit en 1592 pour commander une flotte de quinze vail- feaux de guerre, afin d'agir contre les Efpagnols en Amérique, & 1l leur enleva une caraque eftimée deux nullions de livres flerlings, En 1595 , il fit une defcente dans l’île de la Trinité ,emmena prifonnier le gouverneur du pays , brüla Comona dans la nou- velle Andaloufie, & rapporta de fon voyage quel- ques ffatues d’or, dont il fit préfent à fa fouveraine. En 1597, il partit avec la flotte commandée par le comte d'Effex pour enlever les galions d'Efpagne ; mais le comte d’'Eflex , jaloux de Rawleïgh, lui or- donna de l’attendre à l’île de Fayal ; il le fit & s’en empara. Après le couronnement de Jacques I. en 1603 , it fut envoyé à la tour de Londres fur des accufations qu’on lur intenta d’aVoir eu deflein d'établir fur le trône Arbelle Stuard , dame iflue du fang royal. Il compofa pendant fa prifon , qui dura treize ans, fon hiftoire du monde, dont la premiere partie parut en 1614. Ayant obtenu fa liberté en 1616, il fe miten mer avec douze vaifleaux pour attaquer les Efpa- gnols fur les côtes de la Guyane ; mais fon entreprife n'ayant pas réufñ , 1l fut condamné à mort à la pour- fuite de l’'ambafladeur d’'Efpagne, qui pouvoit tout fur lefprit foible de Jacques I. Rawleïgh eut la tête tranchée dans la place de Weftminfter le 29 Oétobre 1718, âgé de 76 ans. ; Anfon (George) , aujourd’hui le lord Anfon , fut en 1739 déclaré Commodore ou chef d’efcadre, pour faite avec cinq vaiffeaux une irruption dans le Pé- rou par la mer du fud ; il cotoya le pays inculte des Patagons, entra dans le détroit de le Maire , & fran- chit plus de cent degrés de latitudeen moins de cinq mois. Sa petite frégate de huit canons , nommée le Triar, Pépreuve , fut le premier navire de cette ef: pece qui ofa doubler le cap Horn : elle s’empara de- pus dans la mer du fud d’un bâtiment eipagnol de 600 tonneaux, dont équipage ne pouvoit compren: dre comment il avoit êté pris par une barque venue de Londres dans l'Océan pacifique. En doublant le cap Horn, des rempêtes extraor: dinaires difperferent les vaifleaux de George An- fon, & le fcorbut fit périr la moitié de l'équipage. Cependant s'étant repofé dans l’ile deferte de Fer- nandez, 1l avança juique vers la ligne équinoxiale, & prit la ville de Paita ; mais n’ayant plus que deux vaifleaux:, al réduifit fes entreprifes à tâcher de fe faifir du galion immenfe | que le Méxique envoie tous les ans dans les mers de la Chine à l’île de Ma nille. | Pour cet effet , George’ Anfon traverfa l'Océan pacifique &z tous les climats oppôfés à l’Afrique en- tre notre tropique & l'équateur. Le fcorbut n’aban-, donna point équipage fur ces mers , & l’un des vaifleaux du commodore faifant eau de tous côtés; il fe vit obligé de le brûler au milieu de la mer; n'ayant plus de toute fon efcadre qu’un feul vais {eau délabré , nommé le Cezrurion , & ne portant que des malades, 1l relâche dans l'ile de Tinian, à Macao, pour radouber ce feul vaifleau qui lui refte, A peine l’eut-1l mis en état, qu'il découvre le g ÿ4 N À V juin 1743 le vaifleau efpagnol tant defré ; alots il Vaitaque avec des forces plus que dé moitié infé- rieures , mais fes manœuvres favantes lui donne- rent la viétoire. Il entre vainqueur dans Canton avec cette riche proie , refufant en même tems de payer à l’empereur de la Chine des impôts que doi- vent tous les navires étrangers ; il prétendoit qu’un vaifeau de guerre n’en devoit pas : fa conduite fer- me en impola : Le pouverneur de Canton lui donna une audience , à laquelle il fut conduit à travers: deux haies de foldats au nombre de dix mille. Au _fortir de cette audience, il mit à la voile pour re- tourner dans fa patrie par les îles de la Sonde & par le cap de Bonne-Efpérance. Ayant ainf fait le tour du monde en viétorieux , 1l aborde en Angleterre le 4 Juin 1744, après un voyage de trois ans & demi Fe | | Arrivé dans fa patrie , il fit porter à Londres en triomphe fur 32 chariots , au fon des tambours & des trompêttes , &c aux acclamations de la multi- tude , les richefles qu'il avoit conquifes. Ses diffé- rentes prifes fe montoient en or & en argent à dix millions monnoie de France , qui furent le prix du commodore , de fes officiers, des matelots & des foldats , fans que le roi entrât en partage du fruit de leurs fatigues & de leur valeur. Il fit plus, il créa Georges Anfon pair de la grande Bretagne , & dans la nouvelle guerre contre la France 1l l’a nommé chef de l’amirauté. C’eft dans ce haut pofte, ré- compenfe de fon mérite, qu'il dirige encore les ex- péditions , la gloire &c les fuccès des forces navales d'Angleterre. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) NAVIGATION , f. f..( Hydrographie. ) c’eit l’art ou l’aétion de naviguer où de conduire un navire d'un lieu dans un autre par le chemin le plus für, le plus court & le plus commode. Voyez NAVIRE, &c. \ Cet art, dans le fens le plus étendu qu’on pufle donner au mot qui lexprime , comprend trois par- ties ; 1°. l’art de conftruire , de bätir les vaifleaux, voyez CONSTRUCTION ; 2°. l’art de les charger , voyez LEST & ARRIMAGE ; 3°. l’art de les conduire fur la mer, qui ef l’art de la Navigarion proprement dit. AE À Dans ce dernier fens limité, la Navigation eft com- mune ou propre. La Navigation commune, autrement appellée Na- vigation le long des côtes, eft celle qui fe fait d’un port dans.un autre fitué fur lamême côte ou.fur une côte voifine , pourvu que le vaifleau s'éloigne pref- qu’entierement de la vüedes côtes & ne trouve plus de fond, l’oyez CABOTAGE. Dans cette zavigation 1] fuffit d’avoir un peu de connoïiffance des terres , du compas , & de la ligne avec laquelle les marins fondent. #oyez Compas, SONDE , Éc, Navigation propre fe dit quand le voyage eft long &fe fait en plein Océan. Dans ces voyages , outre les chofes qui font né- ceflaires dans la Navigation commune , il faut en- core des cartes réduites de Mercator , des compas d’azimuth &c: d'amplitude , un lock, 8 d’autres inf- trumens néceflaires pour les obfervations aftrono- miques; comme guar?;de cercle, quartiéranglois. Voyez chacun de cesinffrumens en fon lieu, CARTE , QUART DE CERCLE» Gt “ y r 1 - Tout l’art de la Navigation roule. fur quatre cho- fes, dont deux étant éonnues!, les deux‘autres font connues aifément par lestables ,-les’échelles,& les cattes.. DÉS ef ee de … Ces quatre chofes font la différence en latitude , la différence.en longitude, la diftance ou le chemin parcouru, & le rhumb.de vent fous lequel on gaurts #4 1-4 k : NA Les latitudes fe peuvent aifément déterminer, & avec une exadlitude fufifante. Voyez LATITUDE. Le chemin parcouru s’eftime par le moyen du lock, Voyez Lock. | Ce qui manque le plus la perfe&tion de la Navi- gation, c’eit de favoir déterminer la longitude. Les Géometres fe font appliqués de tous les tems à ré- foudre ce grand problème, mais jufqu’à-préfent leurs _éflorts n’ont pas eu beaucoup de fuccès , malgré les magnifiques récompenfes promifes par divers prin- ces &t par divers états à celui qui le réfoudroit. Si on veut connoitre les différentes méthodes dont on fe Les mauvais effets que produit fouvent la zaviga- N À V tion font inconteftables ; il n’en eft pas de même des bons effets que quelques auteurs lui ont attribné pour la confervation de la fanté , ou pour fon rétabliffe- ment. Van Helmont prétend, Tr. blaf: human. n. 36. tr. aliment, tartar. in fantic. n. 15. que ceux qui ne font pas incommodés de lair de la mer, ou du mouvement du vaifleau , ont le double & le tri- ple de l’appétit qui leur eft ordinaire fur terre. Se- lon Sthaal, éz prop. emptico. ad difout, in atLour. de fundam. pathol. praëic, d’après Pline, Celle & Coœlius Aurelian , les voyages par mer, & même de longs cours, font fort utiles pour la guérifon de la pthufie,de l'hectifie,du marafme;c’eft un grand reme- de dans ces contrées, très-vanté parles anciens , mais en faveur duquel les modernes ne rapportent rien d’afluré, Voyez Lexic. Cafrell, NAVIGER , v. n. (Marine) les Marins pronon-. cent saviguer ,; & on dit l’un & l’autre ; cependant comme lon écrit mavigation , navigateur, navigable , il femble qu'on doit écrire zaviger & non naviguer. On entend par ce terme faire route € voyager fur mer, Naviger dans la terre , serme de pilotage ; c’eft efti= mer avoir fait plus de chemin que le vaiffeau n’ena fait réellement ; de forte que fuivant fon éftime on devroit être arrivé à terre, lorfqu’on en eft encore éloigné : de forte qu’en continuant de pointer fa route fur la carte, le point de zavigation {e trouve dans les terres; plus ou moins avant, fuivant que es de l’eflime eft plus où moins confidérable. Z NAVIRE, ce nom fe donne également à tout vaif- feau : on dit un zavire de guerre, un ravire mar- chand, &c. Voyez VAISSEAU. NAVIRE MARCHAND, c'eft un ravire qui va en mer feulement pour faire le commerce. NAVIRE EN GUERRE ET MARCHANDISE , c’eft celui qui étant marchand ne laifle pas de prendre commiflion pour faire la guerre. NAVIRE EN COURSE, v0yez7 ARMATEUR. Navire a fret , c’eft un navire que le bourgeois on propriétaire loue à des marchands ou autres, pour tranfporter leurs marchandifes d’un-port à un autre port, & même pour des voyages de longs cours. Voyez FRET, Navire envituaillé, c’eft un navire qui a toutes fes _Provifions & munitions , tant de guerre que de bou- che. Navire en charge , eft un zavire dans lequel on em- barque aétuellement des marchandifes, & qui n’a pas encore fa cargaifon complete. Woyez CARGAI- SON. Navire chargé, eft celui dont la charge eft faite on la cargaifon complete. ‘4 Navire terre neuvier, c’eft un zavire deftiné à la pê- che de la morue, fur le grand bancde Terre-Neuve. On y appelle zavire banqué, celui qui eft placé fur le banc &c qui y fait fa pêche; & ravire débanqué, celui qui a fini fa pêche, ou qui eft dérivé de deflus le banc par le mauvais terms. Navire, on donne aufi quelquefois aux ravires le nom des états, provinces , villes où ils ont été conftruits ou équipés : ainf l’on dit zavire anglois, navire normand, navire breton , navire malouin , na- vire nantois, Gc, Navire de regifire, on appelle aïinfi en Efpagne & dans l'Amérique efpagnole un zaviremarchand à qui le confeil des Indes a accordé la permiffion d'y al- lertrafiquer, moyennant une certaine fomme & fous certaines conditions, Voyez REGISTRE, dicfionn, de Commerce. NAVIREARGO, (Mytoni.) c’eftle célebre vaifleau . fur lequel s’embarquerent pour la conquête de la toi. {on d'or tout ce qu'il y avoit de héros dans la Grece, c'eft-à-dire, de gens des plus diflingués par Îa va- leur, la naiffance & les talens. Voyez ARGo. (2.1) 7 méridionale près du chien au-defious de l’hydre, Elle eft compolée de s7étoiles. . M. Halley fe trouvant dans l'île de fainte Helene, a déterminé la longitude & la latitude de 46 de ces étoiles , qu'Hevelius a réduites à l’année 1700 dans {on prodromus aftronomie , pag. 312. Le P. Noel a déterminé l’afcenfion êg la déclinaifon de ces étoi- les pour l’année 1687 dans les obfervations mathé- matiques & phyfques. Il a aufi donné la figure de la conftellation entiere dans cet ouvrage , de mê- me que Bayer Vranometria, Plan, q,q. &t Héve- lius Æérmamentum fobiefcianum , fig. EEe, Quel- ques aftronomes donnoient à cette conftellation le nom de l’erche de Noë. On l’appelle encore currus volitans , marea & féphina. Ditionn, de mathémat. (2.1) : | | NAVIRE PROFONCIÉ , terne de Marine ; vaifñleau qui tire beaucoup d’eau, & à qui il en faut beaucoup pour le faire flotter. NAVIRE SACRÉ, ( Auaziquir. égypt. grecq. & rom.) On appeiloit zavires Jacrés chez les Egyptiens, les Grecs & les Romains , des bâtimens qu'on avoit dé- didés aux dieux. Tels étoient chez les Egyptiens 1°. le vaifleau qu'ils dédioient tous les ans à Ifis ; 2°. celui fur le- quel ils nourrifloient pendant quarante jours Le bœuf Apis , avant que de le transférer de la vallée du Nil à Memphis , dans le temple de Vulcain. 3°. La na- celle nommée vulgairement Za barque à Caron, & qui n'étoit employée qu'à porter les corps morts du lac Achérule ; c’eft de cet ufage des Egyptiens qu'Orphée prit occafon d'imaginer le tranfport des ames dans les enfers au-delà de 'Achéron. Les Grecs nommerent leurs zavires facrés, Sewysdes OU spaywyo. Mais entre les bâtimens facrés qu’on voyoit en différentes villes de la Grece , les auteurs parlent fur-tout de deux galeres facrées d'Athènes, qui étoient particulierement deftinées à des cérémo- nies de religion, ou à porter les nouvelles dans les befoins preffans de l’état. L'une fe nommoit /4 Parale | ou la galere Para- liene, veus æapanos ; elle emprunta fon nom du héros * Paralus, dont parle Euripide , & qui joint à Théfée, fe fignala contre les Thébains. Ceux qui montoient ce navire s’appelloient Paralliens , dont la paie étoit plus forte que celle des autres troupes de marine. Quand Lifandre eut battu la flotte athéaienne dans l’Hellefpont , l’on dépêcha la galere Paralienne, avec ordre de porter au peuple. cette trifte nou- velle. | L'autre vaifleau, dit le Salamirien , ou la galere Salaminienne, ads carauiriæ, prit, felon les uns, fa dénomination de la bataille de Salamine , & felon les autres, de Naufitheus, fon premier pilote, na- tif de Salamine ; c’étoit cette célebre galere à trente rames, fur laquelle Théfée paffa dans l’ile de Crête, &t en revint victorieux ; on {a nomma dépuis Délia- que, parce qu'elle fut.confacrée à: aller tous les ans à Délos y porter les offrandes des Athéniens , à l’ac- quit du vœu que Théfée avoit fait à l’Apollon Dé- lien pour le fuccès de fon expédition de Crete. Pau- fanias aflure que ce navire étoit le plus grand qu'il eût jamais vu. Lorfqu'on rappella de Sicile Alcibia- de, afin qu’il eût à fe juftifier des impiétés dont on l’accufoit, on commanda pour fon tranfport la ga- lere Salaminienne. L’une &£ l’autre de ces galeres facrées fervoit aufli à ramener les généraux dépotés; & c’eft en ce fens que Pitholatis appelloit la galere paralienne, {2 maÿ[ue du peuple. Les Athéniens çonferverent la galere falaminien- Tome XI, NAVIRE D'ARGOS , (Aftrôn.) grande conftellation N AY sé | INR 9. ne pendant plus de mille ans, depuis Théfée jufques {ous le regne de Piolomée Philadelphesils avoientun très-grand foin de remettre des planches neuves à la place de celles qui vieilliffoient ;, d’où vint la difpute des philofophes de ce tems-là, rapportée dans Pju= tarque ; favoir , fi ce vaifleau, dont il ne reftoit plus aucune de fes premieres pieces , étoit le même que celui dont Théfée s’étoit fervi: queftion que l’on fait encore à préfent au fujet de Bucentaure, efpece de galéace facrée des Véniriens, . Outre ces deux vaifleaux facrés dont je viens dé parler, les Athéniens en ayoientencore plufieurs au- tres ; favoir, l’Aztigone, le Démérrius, V Ammon, && celui de Minerve, Ce dernier vaifleau étoit d’une ef pece finguliere, puifqu'il étoit deftiné à aller non fur mer, mais fur terre. On le confervoit très re= ligieufement près l’aréopage, ainfi que le dit Paufas nias , pour ne paroître qu'à la fête dès grandes pas : fr ° + : nathénées | qui ne fe célébroient que tous les cinq ans le 23 du mois Hécatombéon, qui, felon Potter, fépondoit en partie à notre moisde Juillet, Cenavire {ervoitalorsà porter en pompe au temple de Miner- ve, l'habit myftérieux de la déeffe, fur lequel étoient repréfentées la viétoire des dieux fur les géants, êc les actions les plus mémorables des grands hom- mes d'Athènes, Mais ce qu’on admiroit Le plus dans ce navire ; c'eft qu'il voguoit fur terre à voile & à rames , par le moyen de certaines machines que Pau- fanias nomme fourerraines ; c’eft-à-dire , qu'il y avoit à fond de cale des reflorts cachés qui failoient mou- voir ce bâtiment, dont la voile , felon Suidas, étoit l’habit même de Minerve. (D.J.) NAVIRE, nom d’un ordre de chevalerie, nommé autrement l’ordre d’outremer , ou du double croiffant infütue l’an 1269 par S. Louis, pour encourager par cette marque de diftinétion , les feigneurs à le fuivre dans la feconde expédition contre les infideles, Le collier de cet ordre étoit entrelacé de coquilles d’or &t de doubles croiffans d’argent , avec un navire qui pendoit au bout dans une ovale , où il paroiïfoit ar mé & fretté d'argent dans un champ de gueules ; à la pointe ondoyée d’argent & de finople. C’étoient, comme on voit, autant de fymboles & du voyage, Gt des peuples contre lefquels on alloit combatire. Quoique ce prince en eût décoréfes enfans, & plu- fieurs grands feisneurs de fon armée , cet ordre ne fubffta pas long-tems enFrance; maisil conferva fon éclat dans les royaumes de Naples & de Sicile , où Charles de France , comte d’Anjou , frere de faint Louis, & qui en étoit roi, le prit pour fes fuccel= feurs ; & René d'Anjou, roi de de Sicile, le réta- blit en 144%, fous le nom d'ordre du croïflant. Foyez CROISSANT. Favin, heat. d'honn, & de chevaierie. NAVIRES , (ÆUff, anc.) les anciens en ont eu d’un grand nombre d’efpeces. Il y en avoit qu’on faifoit naviger fort vite, par le moyen de 10, 20, 30, 50, & même 100 rames d’un & d’autre bord, raves ac- tuariæ , Où aûtuariole ; ceux qui ayoient le bec garnt de bronze, & qui étoient employés à percer le flanc ennemi , s’appelloient æratæ, ou œneæ, Ceux qui apportoient des vivres, annotinæ, OU frumentarie ÿ ceux qui avoient été conftruits dans l’année, korno- inœ ; Ceux qui avoient au-defriere & à l’avant deux tillacs féparés par une ouverture ou vuide placé entre deux, apertæ. Les combattans étoient fur ces tullacs; ces bâtimens étoient communément à deux rames, ou même pluspetits. Les rameurs s’appel- loient shraniræ, Ceux qui étoient à voiles & à rames, _& qui n'alloient dans le combat qu’à rames , arma= re. Ceux dont on ufoit {ur le Tibre , & qui étoient faits de planches épaifles, caudicariæ , ou codicariæ, Ceux dont le tillac occupoit tout le deffus de l'arriere à Pavant, conffrate. Ceux où l’on avoit pratiqué des appartemens &ctoutes Les autres SENS 1} 60 N AU d’une maifon, cubiculate, Ceux qu’on n’employoit que fur les rivietes, lentres, pontones , fluviatiles. Ceux qui faifoient le tranfport des vivres, frumen- sane. Ceux qui faute de uillac étoient fort legers , leves. Ceux qu'on avoit conftruits pour porter un grand nombre d'hommes , /ongæ. Ils étoient tous à xame ; Prolomée Philofopater en fit conftruire un, qui avoit 280 piés de longueur , fur 38 de hauteur, à 40 rangs de rames, Ceux fur lefquels on fe prome- noit, /uforiæ. Les vaifleaux appellészzlitares, étoient les mêmes que Les vaifleaux appellés /orge. Les vaif- feaux de charge , ils etoient à voiles & à rames, ore- rarie, Les vaifleaux côtiers, orariæ , trabales , litto- rarie, Les vaifleaux conftruits de bois &c de cuivre, & qu’on pouvoit défaflembler 6 porter par terre, plicatiles, Ceux qui précédoient les flottes, præcur- foriæe. Ceux qui étoient longs , vites, légers & à l’u- fage des pirates, predatoriæ , predaticæ. Ceux qui portoient les amiraux , prætoriæ, Ils étoient grands & forts. On les difcernoit à une banderole & à une lanterne particuliere. Le pavillon rouge qu’on arbo- roit étoit le fignal du combat. Ceux fur lefquels étoient les gardes avancées de fa flotte, prophulatto- rie, Ceux qui fe compofoient &t fe décompofoient, prenoient différentes formes , laïifloient échaper de leur flanc fur lamphithéâtre des bêtes féroces, &c. Néron fit promener fa mere dans un vaifleau de cette efpece ; le vaifleau fe décompofa; mais Agrip- pine s’échapa à la nage, zaves Jolutiles, Ceux qu’on envoyoit reconnoïtre l'ennemi, /peculatoriæ, Ceux qui demeuroient fixes à l’ancre, fflarionariæ. Ceux qui étoient tiflus de fortes baguettes, & revêtus de wir, utiles. Ceux qui étoient legers, & qu’on détachoit de la flotte pour aller annoncer fon approche , rabella- riæ, Ceux qui étoient creufés d’une feule piece, sra- bariæ , lintres. Ceux qui portoient deux tours , l’u- ne à l’avant, l’autre à l'arriere, turricæ, NAULAGE, {. m. ( Marine.) c’eft un vieux terme pour dire ce qu’on paie au patron ou maître d’un bâ- timent pour le paflage. (Z NAULAGE , (Mythol.) ce mot fignifie chez les My- thologues , Z droit de paflage de la barque à Caron, fur lequel les Poëtes fe font tant égayés. Dès qu’on eut une fois imaginé que Caron ne pafloit perfonne gratis fur le rivage des morts, on établit la coutume de mettre fous la langue du dé- funt une piece de monnoie, que les Latins appellent naulus, & les Grecs J'uvaun , pour le droit du pafña- ge , autrement dit zaulage, Cette coutume venoit des Egyptiens, qui donnoient quelque chofe à celui qui pañloit les morts au-delà du marais Achérufe. Lucien aflure que l’ufage de mettre une obole dans la bouche des morts , pour payer le droit de zaulage, étoit umiverfelle chez les Grecs & chez les Romains; on ne connoît que les Hermoniens qui s’en difpen- foient , parce qu'ils fe difoient fi près de l’enfer, qu'ils ne croyoient pas qu'il fût néceffaire de rien payer pour le voyage. Mais Caron n’y perdoit pas grand chofe ; car fi ce peuple ne lui payoit pas fes émolu- mens , les Athéniens prétendirent qu'il falloit don- ner quelque chofe de plus pour leurs rois , afin deles diftinguer du vulgaire, & ils mirent dans leurs bou-. ches jufqu’à trois pieces d’or. Il importe fort de remarquer qu’on ne fe con- tentoit pas de cette piece de monnoie ; mais qu'’afin de mieux aflurer le paflage, on mettoit dans le cer- cueil du défunt une atteftation de vie & de mœurs. Nous avons pour garant de ce fingulier fait Euf- tache fur Homere, & le Scholiafte de Pindare. Cette atteftation de vie & de mœurs étoit une efpece de fauf-conduit , qu’on requéroit pour le défunt. Un an- cien auteur ( Fab. Cel, 28. 111. Anthol.) nous a con- fervé le formulaire de cette atteflation. Ægo Sexcus Aricius pontifex ; tefior hunc honefle vixifle ; manes NAU ejus inveniant requiem. «Moi foufigné Anicins Sextus » pontife, j'aittefte qu'un tel a été de bonne vie & » mœurs ; que fes manes foient en paix ». Il paroîr de ce formulaire , qu’afin que cette atteflation fût reçue dans l’autre monde, il falloit que le pontife lui-même lécrivrit ou la fignât. (D. J.) ._ NAULOCHIUM , (Céog. anc.) lieu de la Sicile fur la côte , entre Pelorum 8 Mylas. Augufte y rem- porta une viétoire fur Pompée. NAUM, o4 NAUN , (Géog.) riviere de la grande Tartarie, qui prend fa fource au midi d’Albafuskoi, ville des Ruffes ruinée, arrofe le bourg auquel elle donne fon nom , & finit par fe joindre à Chingal, qui fe décharge dans le fleuve Amur. NAUMACHIE , f. f. (Antiqg. rom.) combat donné fur Peau. Ces combats fur Peau ont été les plus fu- perbes fpectacles de l'antiquité ; c’étoit un cirque en- touré de fieges & de portiques, dont l’enfoncement, qui tenoit lieu d’arene, étoit rempli d’eau par le moyen de vañftes canaux ; & c’étoit dans ce cirque qu’on donnoit le fpeétacle d’un combat naval & fan- glant. | Jules Céfar ayant trouvé un endroit favorable fur le bord du Tibre , & affez proche de la ville, appellé Coderte , le fit creufer , & y donna le premier le di- vertiflement d’une zaumachie. On y vit combattre des vaifleaux tyriens & égyptiens , & les apprêts qu'on fit pour ce nouveau fpeétacle, piquerent tellement la çuriofité des peuples, qu'il fallut loger fous des. tentes les étrangers qui s’y rendirent prefque en mê- me tems de tous les endroits dela terre, Suétone,vie de Céfar , ch. xxxix. Enfuite Lollius , fous le regne d’Augufte, donna, pour lui faire fa cour , Le fecond fpetacle d’un com- bat naval ,en mémoire de la viétoire d’Afium, Les empereurs imiterent à leur tour cet exemple. Dans la raumachie de Claudius, qui fe donna fur le lac Fuem, il fit combattre douze vaifleaux con- tre un pareil nombre fous le nom de deux faétions, l’une rhodienne, & l’autre tyrienne. Elles étoient animées au combat par les chamades d’un triton, qui fortit du milieu de l’eau avec fa trompe. L’empe- reur eut la curiofité de voir pañler devant lui Les combattans ; parmi lefquels fe trouvoient plufieurs hommes condamnés à mort : 1ls lui dirent en paflant: feigneur,recevez le falut destroupes qui vont mourir pour votre amufement; ave, ëmperator,moritur! te falu- tant, Illeur répondit en deux mots, avete , vos ; & le combat fe donna. Néron fit exécuter une zeumachie encore plus hor- rible & plus confidérable ; car il perça exprès pour cet effet la montagne qui fépare le lac Tucin de la ri- viere de Lyre. Il arma des galeres à trois & quatre fangs, mit deflus 19 mille hommes de combat , & fit paroître fur l’eau toutes fortes de monftres marins. Cependant la plus finguliere de toutes les zauma- chies , & la plus fameufe dans l’hiftoire , eff celle que donna l’empereur Domitien, quoiqu'il ne fit paroï- _tre dans ce combat naval que trois mille combattans en deux partis, dont il appella l’un ce/ui des Athé- riens , &t l’autre, celui des Syracufuins ; mais il en- toura tout le fpectacle de portiques d’une grandeur prodigieufe , & d’une exécution admirable, Suéto- re, dans la vie de cet empereur , ck. dy. nous a con- fervé la defcription de cette zaumachie; & les cu rieux la trouveront repréfentée dans la 6°. pl. de lef: fai hiftorique d’ArchiteQure de Fifcher. (D. J.) NAUMBOURG , (Géog.) ville d'Allemagne dans le cercle de haute Saxe , en Mifnie ;, autrefois im- périale , avec un évêché fuffragant de Magdebourg, qui a été fécularifé, Elle eft fur la Sale , à 15 lieues N.E. d’Erfort, 22 S. O. de Wittemberg , 25 O. de Drefde. Long. 29, 54, las, 51, 124 Il y à aufü dans N À U. la Siléfie deux petites villes ou bourgs qui portent le nom de Naumbourg. (D. J.) NAU-MU , (Hifi. nat. Bot.) c’eft un arbre dela Chine qui s'éleve fort haut, & dont le bois eft in- corruptible , comme celui du cédre , dont il differe cependant pour la forme & par fes feuilles. On s’en fert à la Chine pour faire des pilaftres, des colon- nes, des portes & des fenêtres , ainfñ que les orne- mens des temples & des palais. NAVONIUS PORTUS , ( Geog. anc. ) aujour- d’hui Porto-Navone; port des iles de Corfe, dans la partie méridionale de cette ile , &£ dans le voifina- ge du Portus Syracufanus de Ptolomée , Xivre IIT. ch. 1. NAUPACTE , (Géog. anc.) en latin Naupaëus ; c’étoit d’abord une ville de la Locride occidentale. Les Héraclides y firent conftruire la flotre qui les tranfporta dans le Péloponnèfe, d’où elle fe nomma Naupaile, comme qui diroit Zeu ou des vaiffeaux avoient été confrruits, c’eft Strabon qui nous l’ap- prend. Cette ville appartenoit anciennement aux Lo- criens ozoles. Les Athéniens , après lavoir prife, la donnerent aux Mefléniens chaflés du Péloponnèle par les Lacédémoniens. Mais quand Lifander eut en: tierement défait les Athéniens à Egos-Potamos , les Lacédémoniens attaquerent Narpaële, en dépouil- lerent les Mefféniens. Alors fes Locriens rentrerent en pofleflion de leur ancien patrimoine, &c en joui- rent jufqu'à ce que Philippe donna WNaupaüe aux Etoliens , qu'elle accommodoit par fa proximité. Po- lybe & Tite Live la mettent entre les villes les plus confidérables de ce pays-là , & en parlent même comme de la capitale de lEtolie. On voit par ce détail que Naupaïüke efluya plu- fieurs dominations , & changea fouvent de maîtres. Les Grecs modernes l’appellèrent Nepaifos où Epac- _zos. Elle fe nomme aujourd’hui Lépante, à 7 lieues de Patras ; & elle donna fon nom au golfe près du- quelelle eft fituée. Voyez LÉPANTE. (D. J.) NAUPLIA ,o4 NAUPLIANAVALE, (Géog.anc.) ville & port de mer dans l’Argie , dont Hérodote , Strabon, Ptolomée & Paufanias ont fait mention. Ces auteurs en ayant parlé comme d’un port fort commode , on a jugé que ce devoit être Napoli de Romanie ; du moins voit-on encore des ruines d’une ancienne ville auprès de Napoli de Romanie. La montagne de Palamede eft dans le voifinage ; mais on ne peut plus démêler , dit la Guillétiere, la cé- lebre fontaine de Carathus, où la déeffe Junon alloit fouvent fe baigner, & d’où elle fortoit toujours en état de vierge : fans doute que Les femmes du pays ayant inutilement effayé fi ellesi en fortiroient com. me la reine des dieux , ont laiflé perdre exprès la mémoire du nom de Canathus. (D. J.) NAUPORTUM, (Géog. anc.) ville des Taurif- ques vers la fource de la riviere Nauportus , dontelle tiroit fon nom, felon Pline, &v. III, ch. xviy, On ju- ge de la table de Peutinger que Nawportum étoit pré- cifément au lieu où eft aujourd’hui Ober-Laubach , 8 que la riviere Nauportus eft le Laubach. | NAUPORTUS , où NAUPONTUS , (Géog. anc.) riviere qui, felon Pline, Z. III. ch. xvi. prend fa fource dans les Alpes , entre Æmona & les Al- pes, auprès de Longaticum, à 6 mulles de la ville Nauportus. Cette riviere pafloit à Æmona, & à un mille au-deflous de cette ville , elle fe joignoitavec la Save. On croit que cette riviere eft Le Laubach. NAVRER , v.a@. (Jardinape]) c’eft faire une ho- che avec la ferpette à un échalas de treillage quand il eft tortu. NAUROUSE, (Géog.) lieu de France où l’on fait le point de partage des eaux qu’on a affemblées pour fournir aux canaux qui font la jonétion de la mer NAU 61 Océanne avec la mer méditerranée. C’eft une petite éminence fituée dans la route qui conduit du bas au haut Languedoc ,'& où 1l y a deux vallons qui naïf- fent. Pour fornier la jon@tion defirée, d’un côté on a fait aboutir les canaux qui viennent à Nauroufe,'& qui communiquent à l'Océan; & de l’autre côté, on y a Joint un canal qui, en traverfant la plage, fe rend dans la mer Méditerranée, Ce canal, qui eft profond de deux toifes , en a feize d'ouverture, huit de bafe, &c environ 800 de lonoueur. On l’ap- pelle en conféquence cana/ royal. NAUSÉE, f. f. ( Médec. ) l’averfion qu’on a pour tous les alimens, ou pour certains alimens en par- ticulier, s'appelle dgoér ; c’efun fymptome quifem- ble compofé du défaut du vice de Pappérit & de la naufée. Si lon a pris des fubftances pourries , corrom- pues, rances, nidoreufes , vifqueufes , srafles, oléagineufes, dévoutantes, il les faut éviter dansla fuite, € les chaffer du corps foit par le yomifle- ment, foit par les felles. Si la corruption des humeurs de la bouche, des narines, des dents, du gofier ; fi la matiere capable de caufer des catharres , des aphthes , vient à pro- duire cette maladie , on évite la déglutition de ces humeurs viciées ; on la détourne autre part ; on fe lave fréquemment la bouche avec les antifeptiques. Quand le ventricule & le pancréas font remplis d’un fuc morbifique , & qu’une bile de mauvaife qualité vient à couler dans le premier de ces vifce- res, & qu'il s’y trouve en même-tems un amas de cacochylie crue, il faut employer les évacuans pour chaffer par haut & par bas toutes ces matieres, en- fuite recourir aux ftomachiques pour empêcherqu'el- les ne fe reforment de nouveau. La ranfée qui vient fur mer, ou lorfqu’on eft en voiture fur le devant d’un carrofle fermé , ou celle qui eft la fuite de quelqu’autre mouvement extraor- dinaire 8 de quelque pañlion de l'ame, fe diflipe en Ôtant les caufes , en changeant de pofition , en pre- nant les acides, 6c. mais elle eft dangereufe dans la lienterie , la diflenterie, le cholera; il la fautalors traiter par les anodins ftomachiques. Celle qui accompagne les fievres aiguës , arden- tes , éréfipélateufes, putrides , purulentes, mali gnes, eétiques, la phthyfie, la goutte des piés, eft un fâcheux fymptome qui demande ordinairement les acides agréables , les délayans & les anodins ; mais ce ne font là que des remedes palliatifs. Dans la conftipation , la fupprefion d’un ulcere ; ou de quelqu’autre évacuation ordinaire,1l convient de rétablir l'évacuation , ou d’en procurer une au- tre qui fafle le même effet. En général les préfages varient autant queles cau- fes. Dans cette maladie on doit attendre que le fujet qui en eft conflamment attaqué, prendra moins d’a- limens que de coutume, qu’il en réfultera une rau- vaife chylification , la maigreur du corps, la foi- blefle , le dépériffement fenfble de toute la machine, & finalement fa deftruftion. (2. J.) NAUSTATHMUS , ( Géog. ane.) nom commun à divers ports : 1°. au port de Sicile , felon Pline, Bb. IIT. cap. vüy. c’eft aujourd’hui Forntane Bianche , entre Syracufe & le fleuve Acettaro , autrefois nommé E lorus : 2°, à un port d'Afrique dans la Pen- tapole , felon Ptolomée , 6. IV, cap. iv, 3°, à un port qui étoit dans le golfe Canthi , à l'embouchure du fleuve [ndus : 4°. à un port d’Afie aux environs de la Troade , felon Strabon. NAUTE , [. m. ( Liréérar.) en latin zauta, m. Ce mot fisnifie non-feulement unzzarelor, mais auf un archand , un riche négociant qui équipe des vaifleaux à fes frais, & fait un commerce confidéra. ble. Il paroît mème par quantité d’infcriptions que 62 NAU les zauté compofoient un corps dont des mapiftrats & des chevaliers romains ont fouvent fait partie. . Les rautes étoient dans la ville d’honorables ci- toyens unis & aflociés pour faire le commerce par eau, Les infcriptions trouvées au moisdeMars:71r, en creufant la terre fous le chœur de Notre-Dame, nous apprennent que fous le regne de Tibere, la compagnie des zautes établie à Paris, éleva un autel à Eos , à Jupiter , à Vulcain, à Caftor &c à Pol- lux. Voyez une differtarion de M. le Roi mife à la tête du premier volume de l’hiftoire de Päris, par le P, Félibien. Il eft aflez naturel de préfumer que les #zercatores aque parifiaci , dont il eft parlé fous les regnes de Louis le Gros & de Louis le Jeune, avoient fuccé- dé, fous un autre nom, à ces anciens commerçans, & qu'il ne faut point chercher ailleurs l’origine du corps municipal , connu depuis fous le nom d’hôtel- de-ville de Paris, & chargé de la police générale de la navigation, & des marchandifes qui viennent par eau. (D, J.) NAUTILE, f. m,{(Conckyliol.) genre de coquilla- ge, dont le caraétere générique eft de refflembler à un vaifleau. Il a été ainñ nommé du mot grec vevrs- As, qui veut dire 2 poiflon & le nauronnier. Le zautile pris pour le-coqullage , eft une coquille univalve , de forme ronde & oblongue, mince, épaifle , à oreilles , fans oreilles, unie & quelque- fois cannelée , imitant la figure d’un vaifleau. _ Différens auteurs ont appellé le reuzile en latin pompilus, nauplius , nauticus , cymbium, polypus te- _flaceus, & plufeurs le nomment en françois le ozlier. + _«Ondiftingue en général deux genres de zauzile ; le nauile mince , applati, & le rawrile à coquilles épaif- fes. ‘Le premier eft le papyracé , dont la coquille “n’eftgnere plus épaifle qu'une feuille de papier. Le zaurile papyracé n’eft point attaché à fa co- quille, & même, felon Pline, il la quitte fouvent pour venir paître fur la terre. On dit que quand il veut nager, il vuide fon eau pour être plus léger ; il étend en haut deux de fes bras, entre lefquels eft une membrane légere qui lui fert de voile , &c les deux autres en bas dans la mer, quu lui tiennent lieu d’aviron : fa queue eft {on gouvernail. Dans une forte tempête , ou quand il entend du bruit, il retire fes piés , remplit fa coquille d’eau , & par-là fe don- ne plus de poids pour s’enfoncer. La maniere de vuider fon eau quand il veut s'élever & naviger, fe fait par un grand nombre de trous quife trouvent Le long de{es jambes. ’ Le nautile à coquille épaifle , nommé par Rum- phius sautilus major, feucraflus, ne quitte jamais fa maifon. Sa coquille eft partagée en quarante cellu- les ou cloifons , qui diminuent de plus en plus à me- fure qu’elles-approchent de leur centre. Entre cha- cune de fes cloifons & Îes voifines , il y a une com- munication par le moyen d’un trou qui eft au centre de chaque cellule. Il eft vraiflemblable que le poif- fon occupe l’efpace le plus large de fa coquille, de- puis fon ouverture jufqu’à la premiere cloifon , & que le nerf qui pafleau-travers de toutes fes cloifons, {ert à Le retenir dans fa demeure, à donner la vie à toutes les cellules, & à y porter l’air & l’eau par le petit canal, proportionnellement au befoin qu’en a l’animal pour nager ou s’enfoncer dans l’eau. Ariftote a décrit bien nettement deux efpeces de nautiles , Mais non pas trois, comme Bellon l’a ima- giné. ” Hook remarque que dans le‘creux des cellules du nautile, Oh trouve des efflorefcences de fel marin ; & qu'ainf l'air y a pañlé avec l’eau de la mer. Ce teftacé eft commun à Amboïine , à Batavia , aux Moluques & au cap de Bonne-Efpérance. Rum- phius en a donné des figures, ainfi que Ruyfch, On dit que les nauriles à cloifon on àcoquesépaifles, né vivent pas long-tems hors de leur coquille, Leur ventre eft rempli d’une quantité d'œufsrouges , bons à manger, & faits comme de petits grains ronds, qui ont chacun un petit point noir comme un œil ; 1ls forment une mafle entourée d’une pellicule min- ce qu'on appelle ovaire, placée comme un couffin fur le cou. n- Ces animaux fetrouvent aflezrarement avec leurs. coquilles , dont 1ls fe détachent très-aifément. Il faut que les pêcheurs foient bien adroits pour les prendre enfemble. Quand ils font pourfuivis , ils tournent leur nacelle rantôt à droite, tantôt à gauche. Enfin, les pêcheurs remarquant qu'ils veulent faire eau 8£ fe couler à fond , fe jettent fouvent à la nage pour les pouvoir joindre. Les quatre principales différences de la clafle des nautiles, c’eft que les uns font papyracés, les au- tres à cloifon, les autres à oreilles &cles autres om- biliqués, | Mais les diverfes efpeces de rauriles décritesparles naturalhftes , font les fuivantes : 1°. le zawrile de la grande efpece, poli & épais ; 2°, le zewrile de la pe= tite efpece à coquilles épaifles & polies ; 3°. le même nautile ombiliqué ; 4°. le rautile commun, chambré &t partagéen plufeurs cellules ; 5°. le zausile canne- lé, vuide , fans aucune féparation en-dedans ; 6°. le papyracé, applati & mince ; 7°. le zaurile à orel- les &z à large carene ; 8°. le même zazrile À carene ondée en fillon , & dentelée des deux côtés ; 9°. le nautile dont la carene eft par-tout dentelée ; 10°, le nautile dit corne d’ammon. . Si cependant la penfée de M, de Juffieu , dans les mémoires de Pacad, des Sciences | année 1722. pag. 235. eft vraie, favoir que toutes les cornes d’am- mon fe font moulées dans les zauriles , il fe trouve- roit autant d’efpeces de nauriles que de cornes d’am- mon ; & par conféquent le nombre des efpeces de nautiles encore inconnues feroit bien grand par rap- port au nombre des efpeces connues. (2. J. NAUTIQUE, adj. ( 4/fron. & Géogr. ) fe dit de ce qui à rapport à la navigation, Voyez NAviGA- TION. Afironomie nautique eft l'Aftrononte propre aux navigateurs, Voyez ASTRONOMIE , COMPAS NAU- TIQUE ox COMPAS DE MER. Voyez BOUSSOLE 6 Compas, (0) NAUTIQUES CARTES , voyez CARTES MARI: NES, NAUTODICE, ( Aus. grecq.) officier fubalterne chez les Athéniens. Les zautodices terminoïent les différends furvenus entre les marchands,les matelots & les étrangers dans les affaires de commerce mari- time, Leur audience générale fe tenoit le dernier jour de chaque mois. 3 NAUTONNIER D’ATHENES , ( Æf£. grecq. ) les nautonniers d'Athènes étoient les matelots expéri= mentés, employés au trajet de cette ville à Sala mine. Si quelqu'un d’entr’eux culbutoit fa barque, la loi ne lui permettoit pas de remonter fur mer. « Vous , Meffieurs, dit Efchine dans fa harangue contre Ctéfiphon, » qui avez établi cette fage loi » afin que nul n’expofe léserement la vie des Grecs, » nerougiriez-vous pas de permettre que celui qui a » culbuté volontairement Athènes &c toute la Gre- » ce, ofe reprendre le gouvernail de l’état ! » NAXKOW , (Géog.) ville de Danemark dans l’ile de Laland , fur la côte feptentrionale, avec un port commode pour le commerce, Elle eft à 22 lieues S. O. de Copenhague. Long. 29, 12. lat. 54, 48, (D. J.) NAXOS, ( Géogr. anc. & mod.) NaËos par les Grecs , Naxus par ies Latins, Naxia dans le moyen âge, & Naxe par les François, île confidérable fituée NA X an milieu del’Archipel, à 37.4 d’élévation, &e à en- viron 9 nulles de la pointe feptentrionale de Paros : fon circuit eft de plus de r00 milles ; € eft-à-dire , de près de 35 lieues françoifes , & fa largeur eft de 30 milles, qui font 10 lieues de France, C ef la plus grande , laplus fertile &c la plus agréable de toutes les Cyclades. Les anciens l'appelloient Dyonfa, parce qu'on difoitque Bacchus avoit été nourri dans etteîle ; & les habitans prétendoient que cet hon- neut leur avoit attiré toutes fortes de félicités : ce qu'il ya de sûr , c’eft que ce dieu étoit particuhere- ment adoré chez les Naxiotes. | , Les principales chofes qui rendent Maxos célebre, font la hauteur de fes montagnes, la quantité de mar- bre blanc qu'on entire, la beauté de fes plaines, la multitude des fontaines & des ruifleaux qui arrofent fes campagnes, le grand nombre de jardins remplis de toutes fortes d'arbres fruitiers, les forêts d’ol- viers , d’orangers, de limonniers & de grenadiers d’une hauteur prodigieufe. Tous ces avantages qui la diftinguent de toutes les autres, lui ont acquis le nom de reine des Cyclades, Cependant cette île n’a jamais eu que peu de commerce par le défaut d’un beau port oùles bâtimens puflent être en fureté. Les pointes des falaifes & des montagnes paroif- fent à ceux qui abordent cette ile , former comme | des rangées de orofles boules blanches ; & c’eft peut- être pour cela, fuivant l’idée du P, Sanadon , que Virgile, Ænéid. Hv. III. vers 125. écrit , baccatam jugis Naxon; c’eft-à-dire , cxjus juga baccarum fpe- cie referune. RUE Si quelqu'un veut remonter jufqw'à Pantiquité la plus reculée , il trouvera dans Diodore de Sicile & dans Paufanias, l’origine des premiers peuples qui s’établirent dans l’île de Naxos :1l y verra qu'elle fut occupée par les Cariens, &c que leur roi Naxos lui donna fon nom. Il ent pour fucceffeur fon fils Leu- cippus ; celui-ci fut pere deSmardius, fous le regne duquel Théfée , revenant de Crete avec la belle Ariadne , aborda dans l’île, où1l abandonna fa mai- trefle à Bacchus , dont les menaces l’avoient horri- blement frappé dans un fonge ; c’eft-ä-dire qu’il de- vint infidelle à fon amante : c’eft pourquoi Racine, parlant de ce héros , nous peint Sa foi par-tout offerte, & reçue en cent lieux ; Ariadne aux rochers contant [es injuffices ; Phedre enlevéeenfin fous des meilleurs aufpices,ètc. Naxos, quoique fans port, étoit une république très-floriffante , 8& maîtrefle de la mer, dans le tems que des Perfes pañferent dans Archipel. ILeft vrai qu’elle poffédoit les îles de Paros & d’Andros , dont es ports font excellens pour entretenir & recevoir les plus grandes flottes. Ariffagoras tenta vainement de s’en rendre maître, quoique Darius roide Pere, lui donnât non-feulement des troupes , mais encore une flotte de deux cens voiles. Les Perfes firent une feconde defcente dans cetteile, où ils eurent plus de fuccès. Datis & Artaphernes y brülerent jufqu’aux temples, emmenerent un très-grand nombre de cap- tifs. Cependant Naxos fe releva de cetie perte , & fournit quatre vaifleaux de guerre quibattirent celle de Xercès à Salamine , dans le fond du golte d’Athè- nes. Diodore de Sicile aflure encore que les Naxio- tes donnerent des marques d’une grande valeur à la bataille de Platée, où Mardonius, autre général des Perfes, fut défait par Paufanias. Néanmoins dans la fuite , les alliés ayant remis le commandement des troupes aux Athéniens , ceux-ci déclarerent la guerre aux Naxiotes. La ville fut donc afliégée & forcée à capituler avec fes premiers maîtres : car Hérodote, qui place Naxos dans le département de llonie , & lappelle la plus heureufe des iles, en fait une colo- nie d'Athènes, & prétend que Pififtrate l’avoit poffé- | + F. N À À 63 dée à fon tour. Voilà ce qui fe paffa de plus femar- quable dans cetre île du tems de la belle Grece. Pendant la guerre du Péloponnèle , Naxos fe dés | clara pour Athènes avec les autres iles de la mer Egée , excepté le Milo & Théra ; enfuite elletomba fous là puiflance des Romains ; &z après la bataille de Plulippe, Marc-Antoine la donna aux Rhodieñs, Cependant 11 la leur Ôta quelque tems après, parcé que leur gouvernement étoit trop dur, Elle fut fous mife aux empereurs romains , & enfuite aux empe= reuts grecs juiqu'à la prife de Conftantinople par les François &c parles Vénitiens en 1207. Trois ans après ce grand événement, comme les François travail. loient fous l’empereur Henri à la conquête des pro. vinces & places de terre-ferme ; les Vénitiens mate tres de la mer , permirent aux fujets de la républi- que qui voudroient égmper des navires , de s’ems parer des îles de l’Archipel & d’autres places mari- times , à condition que les acquéreurs en feroient hommage à ceux à qui elles appartenoïent , à raifon du partage fait entre les François & les Vénitiens. Marc Sanudo , l’un des capitaines les plus accom= phs qu’eût alors la république , s’empara des îles de Naxos, Paros, Antiparos, Milo , l’Argentiere, Si- phanto, Policandro , Nanño, Nio & Santorin. L’em- pereur Henri érigea Naxos en duché , & donna à Sa- nudo le tite de duc de l’Archipel & de prince de l'empire. Ses defcendans reonerent dans la même qualité jufqu’à Nicolas Carceiro , neuvieme duc de Naxos ,qui fut affafliné par les ordres deFrançois Cri£- po , qui s'empara du duché, & le tranfmit à fa pof= térité. Elle en Jouit jufqu’à Jacques Crifpo , vingr-urt 8 dernier duc del’Archipel, dépouillé parles Turcs, fous l’empereur Selim IL. & mort à Vénife accablé de ‘chagrin, Sous ce dernier duc de Naxos , les Grecs fecoue-: rent le joug des Latins pour fubir celui de là Porte ottomane, Le grand-fergneur y mit pendant quel- que tems un officier qui gouverna cette île en for nom. Dans la fuite Naxos a eu la liberté de créer des magiitrats tous les ans ; en forte qu’elle fait , fous la domination des l'urcs, comme une petite république à part. Ses magiftrats fe nomment epirropes ; ils ont une autorité fort étendue , étant maîtres dinfliger toutes les peines , jufqu’à celle de mort qu'ils ne peuvent ordonner fans la participation de la Porte. Ceite ile eft une des plus agréables del’Archipel, par fes plaines, fes vallées, & des ruiffleaux qui arrofent des campagnes couvertes de toutes fortes d’arbres fruitiers. Les anciens ont eu raifon de l’appeller la petite: Sicile. Archilocus dans Athénée, compare le vin de Naxos au nettar des dieux, On voituné médaille de Sepume Sévere fur Le revers de laquelle Bacchus eft repréfenté le gobelet à la main droite & le tyrfe à la gauche : pour légende il y a ce mot Nafsw. On boitencore aujourd’hui d’excellent vin à Naxos. Les Naxiotes , qui font les vrais enfans de Bacchus , cul- tivent bien la vigne, quoiqu’ils la laiffent traîner par terre jufqu'à huit ou neuf piés loin de fon tronc ; ce qui fait que dans les grandes chaleurs le foleil def- feche trop les raifins, &z que la pluie les fait pourrir, Quoiqu'il n'y ait point à Naxos de port propre à y atuirer un grand commerce , on ne laifle pas d’y faire un trañc confidérable en orge, vins, figues, coton, foie, émeri & huile. Le bois & le charbon, marchandifes très-rares dans les autresiles de l’Ar- chipel, font en abondance dans celle-ci. On y fait bonne chere, & les lievres & les perdrix y {ont à grand marché, | Il y a deux archevêques dans Naxos, l’un grec & Pautre latin ; 8 tous deux font fort à leur aife. Mais les villages font fort dépeuplés ; car on aflure qu'il n'y a guere plus de 8000 ames dans Pile, Les habi- 64 NA X tans payoïent au commencement de ce fiecle, cinq mille écus de capitation, & cinq mille cinq cent éçcus de taille réelle. | Les genulshommes de Naxie fe tiennent à la cam- pargne dans leurs tours , qui font des maïfons quar- rées ,-aflez propres, & 1Îs ne fe vifient que rare- ment : la chafle fait leur plus grande occupation. Quand un anu vient chez eux , ils ordonnent à un de leurs domeftiques de faire pañler à coups de bâton fur leurs terres le premier cochon ou le premier veau quieft dans le voifnage : ces animaux pris en. flagrant-délit, font confiqués , égorgés, fuivant la coutume du pays, & l’on en fait une fête, Phiki<® un quartier de l'ile où l’on dit qu'il y a des cerfs : Les arbres n’y font pas forrgrands ; ce font des cedres à feuilies de cyprès. Zia , qui eft la plus haute montagne de Pile, figni- fie le mont de Jupiter |, & a retenu le nom de Da, qui étoit autrefois celui de l’île, Corono ,autre mon- tagne de Naxie, a confervé celui de la nymphe Co- ronis , nourrice de Bacchus ; ce qui femble autoriter la prétention des anciens Naxiotes , qui vouloient que l'éducation de ce dieu eût été confiée dans leur ile aux nymphes Coronis , Plulia &c Cleis , dont les noms fe trouvent dans Diodore de Sicile. Fanari eft encore une autre montagne de Naxie affez confidé- rable. Vers le bas de la montagne de Zia, à la droite du chemin de Perato, fur le chemin-même , fe préfente un bloc de marbre brut , large de huit piés , naturel- lement avancé plus que les autres d'environ deux piés & demi. On lit fous ce marbre cette ancienne infcription connue : Opos A6 Mauss ; C'eft-à-dire , montagne de Jupiter , conférvateur des troupeaux. On voit auff la grotte où l’on veut que les bac- chantes ayent célébré les orgies. À l’égard de Phif- toire naturelle, on prétend qu'il y à des nunes d’or & d’argent tout près du château de Maxie, Celles d’émeri font au fond d’une vallée au-deflous de Pé- rato. On découvre l’émeri en labourant, & on le porte à la marine pour embarquer à Triangata ou à faint-Jean. Les Anglois en leftent fouvent leurs vaif- {eaux. Il eft à fi bon marché fur les lieux, qu’on en donne vingt quintaux pour un écu, & chaque quin- tal pefe 140 iv. | La ville capitale de l’île porte le même nom, & mérite l’article à part qui fuit. (D. J.) . Naxos, ( Géog. anc. & mod. ) où Naxie, ca- pitale de l’ifle de mêmenom, fituée fur la côte oc- cidentale, vis-à-vis de l’ifle de Paros, avec un chä- teau, Long. 43. 261 lat, 374 0. Thucydide dit que la ville de Naxos a été fon- dée dans le tems de la premiere guerre meflCniaque, par Theucles de Cha'cyde en Eubée. En effet, la ville moderne de Naxie paroît avoir été bâtie fur les ruines de quelque ancienne ville du même nom, dont il femble que Ptolomée, 2. 121, c. xv. ait fait mention. Le château fitué fur le haut de la ville eft l'ouvrage de Marc Sanudo , premier duc de l’Ar- chipel. C’eft une enceinte flanquée de groffes tours, qui en renferment une plus confidérable & quarrée, dont les murailles font fort épaifles, & qui propre- ment ctoit le palais des ducs. Des defcendans des gentilshommes latins, qui s’établirent dans l’ifle fous ces princes, occupent encore l’enceinte de ce chä- teau. Les Grecs, qui font en beaucoup plus grand nombre, s'étendent depuis le château jufqu’à la mer. La haine de la nobleffe grecque & de la latine eft irréconcilhiable, Les Latins aimeroient mieux s’al- ler à des payfanes, que d’époufer des demoifelles grecques; € eft ce qui leur a fait obtemir de Rome la difpenfe de fe marier avec leurs coufines-permai- nes. Les Turcs traitent tous ces gentilshommes fur un même pic. À la vue du moindre bey de galiote , NAX les Latins & Îes Grecs n’oferoient paroître qu’en bonnets rouges, comme les forçats de galere, 6c tremblent devant les plus petits officiers. Dès que les Turcs fe font renirés, la nobleffe de Naxre reprend fa premuere fierté : on ñe voit que des bonnets de velours, &. l’on n'entend parler que d'arbres gé- néalogiques, Les uns {e font delcerdre des paléolo- gues ou des Comnenes ; les autres des Juffinian, des Grimaldi, de Summaripa où Sommerives. Le grand-féigneur n’a pas lieu d'aporéhender de ré- volte dans cette 1fle, Dès qu'un Latin fe remue, les Grecs eu avertifient le Cadi ; & fi ur Grec ouvre ‘Ja bouche, le Cadi fait ce qu'il a voulu dire avant qu’il lait fermée. Les dames y font d’une vanité ridicule : on les voit venir dans la campagne après les vendanges une fuite de trente ou quarante femmes , moitié à pié, moitié fur des ânes ; l’une potte fur fa tête des lerviettes de toile de coton, ou quelque jupe de fa matrefle ; l’autre marche avec une paire de bas à la main , une marmite de grès, ou quelques plats de fayance. On étale fur le chemin tous les meu- bles de la maifon; & la maîtrefle montée fur une méchante rofle , entre dans [a ville comme en trioms phe à iatête de cette troupe. Les enfans font au milieu de la marche; ordinairement le mari fait Parriere-garde. Les dames latines s’habillent quel- quefois à la vénitienne : l’habit des Grecs eft un peu différent de celui des dames de Milo. Il ya dans la ville de Naxie des jéfuites , des ca- pucins & des cordeliers qui exercent tous la méde- cine. Voilà les doéteurs qui compofent cette fa- culté , & dans la capitale, & dans le refte de l'ile. (2. J.) i$ Naxos, (Géog. anc.) ou plutôt Naxus, ancienne ville de la Sicile , fur la côte orientale de cette ifle, C’eft aujourd’hui Cartel-Schifo. Il ne faut pas con- fondre, comme a fait M. Spont, cette ville de Si= cile avec celle de Maxos dans l’Archipel. C’eft à Naxus en Sicile que les peuples de l'ile Eubée avoient dréfié un autel à Apollon. | Polybe, Z 1, c. xxxtiy. parle de Naxos, ville de l’Acarnanie, que les Œtoliens enleverent aux Acarnaniens. Enfin Suidas parle d’une ville de Naxos dans l’ifle de Crete. | NAY , (Géog.) ou NE, riviere de France. Elle prend fa fource à Maints-Fonts en Angoumois , en- tre dans la Saintonge, & fe jette dans la Charente, entre Cognac & Saintes, NAYBES, ( H1ff. mod.) c’eft ainfi que dans les ifles Maldives on nomme des prêtres, fur qui le roï fe repofe de tous les foins de la royauté. Aïnf les naybes réunifient la puiffance fpirituelle & tempo- relle, & jugent fouverainement de toutes les af faires, chacun dans fon gouvernement. Ils ont fous eux des magiftrats nommés catibes, qui rendent la juftice en leur nom, & qui font auf tirés de lor- dre facerdotal. Le chef des zaybes fe nomme Par diare, Il eft le fouverain pontife & le premier ma- giftrat de la nation : ceux qui compofent fon con= {eil fe nomment mocouris ; il eft obligé de les con fulter dans les affaires importantes. NAYS, ( if. mod. ) c’eft ainfi qu'on romme dans le royaume de Siam, les chefs on officiers qui commandent aux troupes. Il y en a fept efpe- ces, diftinguées par différentes dénominations , fui- vant le nombre des foldats qui font fous leurs or- dres, Le fouverain ne leur donne point de folde, vu que tous les fujets font ou foldats ou efclaves. Il fe contente de leur fournir des armes, des efcla- ves, des maïlons, & quelquefois des terres, qui retournent au roi après la mort d’un #4)s à qui il les avoit données. Ces dignités ne {ont point héré: | ditaires ; N À 7 ditaires; & les enfans d’un homme ëén place fe trouvent fouvent réduits aux fonétions Les plus viles pour gagner leur fubfftance. Les #ays s’enrichif- fent par les extorfions qu’ils font fouffrir au peuple, que le defpote livre à leur avidité, fans que les opprimés aient de reflource contre lenrsopprefieurs., NAZAREAT o7 NAZAREISME, ( Fiji. judaïg. ) état ou condition des Nazaréites ou Nazaréens parmi les Juifs. Le razaréar confiftoit à être diflingué du refte des hommes, principalèment én trois chofes : 1°. à s’ab- ftenir de vin; 2°. à ne fe point faire rafer la tête, à laïfler croître {es cheveux; 3°. à éviter de toucher les morts, de peur d’en être fouillé, Il y avoit de deux fortes de zazaréai; lun pour un tems, qui ne duroit qu'un certain nombre de jours ; l’autre pour la vie. Les rabbins ont cherché combien duroit le zazareat pour un tems , & l'ont déterminé d’après leurs idées cabaliftiques. Il ef dit dans Le livre des nombres, ch. VI. n. 5, Domino Janüius erit,. Or, commé le mot hébreu eris eft en quatre lettres, dont la premiere & fa troifieme , prifes pour des lettres numerales, font chacune dix, &z les deux autres chacune cinq, le tout enfemble trente,ils en ont conclu que leterme du zazarcat pour üin tems, étoit trente jours. Voyez CABALE. (G) NAZAREÉEN , adj, & fubit. ( Æiff. judaïq.) eft un terme employé dans l’ancien Teflament, pour fignifier une perfonne diflinguée & féparée des au- tres par quelque chofe d’extraordinaire , comme pat fa fainteté, par fa dignité, ou par des vœux. Foyez NAZAREAT. Ce mot vient de l’hébreu rayer, diftinguer, fé- parer; aufli ce mot étoit-il diftingué chez les Hé- breux du mot sazaréen, habitant ou natif de Naza: teth, qui vient de zarzar ou merger, fauver, pré- ferver. Dans le livré dés nombres, ch. v7. on trouve lé détail des vœux des Nazaréens, c’eft-ä dire, des vœux pour lefquels un homme ou une femme fe confacroient particulierement à Dieu, les condi- tions & fuites de ces vœux, comme l’abftinence , éc. Quand le tems du nazaréat étoit accompli, le prêtre amenoit la perfonne à la porte du temple , & cette perfonne offroit au Seigneur un mouton pour Jholocaufte, une brebis pour le facrifice d’expia- tion, & un bélier pour l’hoftie pacifique. Il ofiroit auffi des pains & des gâteaux, avec le vin nécef- faire pour les libations. Après que tout cela étoit immolé & offert au Seigneur, le prêtre ou quel- qü'autte rafoit la tête du zuzaréen à la porte du tabernacle , &c en brûloit les cheveux fur le feu de l’autel. Alors le prêtre mettoit entre les mains du razaréen Vépaule cuite du bélier; un pain & un gâteau; puis le zazaréen les remettoii fur les mains du prêtre, qui les élevoit en fa préfence, & les offroit à Dieu : dès-lors le razaréen pouveiït boire du vin, & fon nazaréat étoit accompli, Maïs les 74- zaréens Perpétuels. qui avoient été confacrés par leurs parens ; renonçoient pour jamais à l’ufage dirtvin. … Ceux qui failoient le‘vœu de nazaréat hors dela Paléftine ; & qui ne pouvoient arriver au temple à _ lafin des jours de leur vœu, fe contentoient de pratiquet les abflinences marquées par la loi, & de {e couper les cheveux au lieu‘où ils fetrouvoient, fe réfervant d'offrir leurs préfens au temple par eux- mêmes , ou par d'autres, lorfqu'ils en auroient la commodité. G'’eft ainfi. que faint Paul en ufa à Unchée, aë, xviij. v. 18. | Eorfqu'une perfonne ne fe trouvoit pas en état de faire le’ vœu du nazaréat, ou n’avoit pas le loifir des obferver les cérémonies , elle fe contentoit de gontribuér auxiftais des offandes & des facrifices Tome XT, | MNADT à de ceüx Gui voient fait & accomphli cé vœu ; & de cette forte elle avoit part au mérite de leur nas zatéat. Maimonid. in num. 6, | Nazaréens eft auf employé dans PEctiture pour marquer un hômmeélevé en dignité, commeileftdit du pattiarche Jofeph, Gexef. xlix. ÿr.2 6. qu'il'étoit naçaréen entre fes freres. On explique ce termediver- fement. Les uns croient qu’il fignihe celui qui eff cou ronné , choife, féparé, diflingné, neter en hébreu figni- fiant ze couronne, Les feptante traduifent ce terme par un chef, ou par celui qui eff couronné. Le P. Cal- met croit que zazir étoit un nom de dignité dans la cour des rois d'Orient. Encore aujourd'hui dans la cour du roi de Perfe, felon Chardin, le zezireit Le fur-inrendant de la maifon du roi, le premerofhicier de la couronne, le grand œconome de {a maifon & de fes tréfors. En ce fens Jofeph étoit le zazir ou le nézir de la mailon de Pharaon. Calmet , diélionn. de la bibl, tom. 3. pag. 21. au mot Nayaréen, (0) NAZAREITES o4 NAZARÉENS, 1. m. pl. (Æ/. ecclef. ) feéte d'hérétiques qui s’éleva dans les pre- muiers hecles de PEglife. Saint Epiphane nous apprend que les Naÿzréens étoient entierement conformes aux Juifs dans tout ce qui avoit rapport à la doëtrine êT aux cérémo- nies de l’ancien teftament. Ils n’en diféroieat que par la profeffion du chriftianifme, & la croyance que Jefus-Chrift étroit le Meffe. ils furent auffi ap- pellés Peratiques, parce qu'ils étoient en grand nom bre à Pera ou Pella, ville de la Décapole ; & Sy- rrachiens | parce qu'ils fe fervoient de la verfion de l'écriture faite par Symmaque. Il y aeu de deux fortes de Nazaréires ; les uns purs, ui obfervoient enfemble la loi de Moife &c celle de Jefus Chrift; les autres étoient les Ebionites, Foyez ÉBIONITES. Les aureurs eccléfaftiques nous apprennent que S. Maithieu prêcha lévangile aux Juifs à Jérnfa- lem dans leur propre langue , & dans le refte de la Palefline , & que ce fut aufli vers ce tems qu'il écrivit fon évangile en hébreu. S. Epiphane ajoute, que cet évangile fut confervé entier parmi les Nazaréens. Ce Pere doute feulement sals n’en avoient point retranché la généalogie de Jefus- Chrift, qui ne fe trouvoit point dans l’exemplaire des Ebionites. S. Jerôme qui a traduit en grec &c en latin l’évangile de S. Matthieu, nous dit qu'il y avoit beaucoup de gens qui prenoient l’évangiie de S. Matthieu ; dont les Mazaréens &c les Ebionites faifoient ufage , pour le vrarévangile de cet apôtre. C’eft pour cela que Baromius dit dans fes annales, que fi on avoit à réformer la vulgate, ce devroit être plutôt fur l’original hebreu que fur le grec, qui n’eft qu'une copie. | Calaubon traite d’impie cette opinion-de Baro: nius, ne concevant pas comment l'autorité de la verfon grecque pourroit dépendre d'un texte en- tierement perdu. Il ajoute que jamais cet évangile n’arété d’ufage que parmi les Mayaréens, les Ebio- nites & d’autres hérétiques, 8 qu'il étoit rempli de fables, ayant été altéré & corrompu par ces Ré= rétiques: Voyez MATTHIEU. Ces Nazartens, quoique zelés cbfervateurs de fa loi de Moïfe, avoient un très-prand mépris pour les traditions des Pharifiens. Cette feéte fubffta long- tems en Orient. Benfchonah, auteur arabe, qui a écrit la vie de Mahomet , raconte que ce faux pro- phete fit lan 4 de Phégire, de Jefus-Chrift 626, la ouerre aux Mazaréensiou Nadaréens, qui étoient des Juifs établis en Arabie, & les vainquit. Le P. Cal- met conjecture que ces, Nazaréens pourroient bien être des defcendans de ces chrétiens hébraïfans qui parurent dans les premiers fiecles de PEglife. Nazaréen eft auf un nom que les auteurs qui ont écrit contre le chriftianifme ont donné par mépris &c par dérifion aux difciples de Jefus-Chrift, & à Jefus-Chrift luimême, parce qu'il étoit de Naza- | reth, petite ville de la baffe Galilée, (0) NAZARETH, ( Géogr.) ce lieu, célebre par la demeure de fefus-Chrift jufqu'aux dernieres an- nées de fa vie, n’eft plus aujourd’hui qu’un petit village compofé d’une foixaniaine de maifons de pauvres gens tous habillés de toile. Il eft fur le pen- chant d’une montagne, environnée d’autres peti- ,tes collines : les religieux de faint François y ont un couvent. Long. 53, 15. lat, 32.30. Nazareth, du tems de Jefus-Chrift, étoit une pe- tite ville de la Paleftine dans la tribu de Zabulon, au couchant du Thabor, &c à lorient de Prolémai- de. Saint Epiphane dit que de fon tems Nazareth n’étoit plus qu’une bourgade, uniquement habitée par les Juifs. Nous ne manquons pas de voyageurs qui ont eu la curiofité de s’y rendre dans le dernier fiecle, & qui l'ont décrite : tels font le pere Nauëc Doubdan dans leur voyage de la Terre -fainte. Voyez auffi Coppin, Voyage de Phénicie. (D. J.) NAZER , ( Hifloire mod. ) c’eft le nom d’un des grands officiers de la cour du roi de Perfe, dont la dignité répond à celle du grand - maître de fa mai- fon. NAZIANCE, ( Géog. anc.) petite ville d’Afie dans la Cappadoce , au voifinage de Céfarée, dont elle fut fuffragante, & depuis érigée en métropole. Elle eft illuftrée dans l'Hiftoire eccléfaftique par toute la famille de faint Grécoire, pere, mere, fils, & fille. Saint Grégoire le pere en fut évêque & y mourut , & fainte None fa femme y fut enterrée au- près de lui. Ils eurent pour enfans, 1°. faint Gré- goire fils aîné dont nons parlerons tout-à-lheure ; 2°, faint Céfaire le puiné , qui finit fes jours à Con- flantinople, mais dont le corps fut rapporté dans le tombeau de la fainte famille ; 3°. fainte Gorgomie leur fœur qui mourut en [faurie. Saint Grégoire fils aîné, furnommé faint Grégoire de Naziance, eft regardé comme un des plus doûtes, &t des premiers peres de l’éghfe grecque. Il vint au monde vers l’an 328 dé Jefus- Chrift, fit fes études à Athènes avec faint Bañle fon intime ami, s’acquit enfuite une grande célébrité par fa doétrine, êc mourut en 391. | Ses Œuvres qui compofent cinquante - cinq fer- mons où difcours, un grand nombre de lettres, & plufeurs pieces de poéfie, ont été imprimées en grec 8c en latin à Paris en 1609, in -fol. 2 volumes. Erafme, M. Dupin, & plufieurs autres théologiens, font de grands éloges de la piété & de l'éloquence de ce pere de l’Eglife. Ils defirent cependant qu'il eût mis plus d'ordre dans fa morale, & qu'il eût évité les antithèfes & finulitudes trop fréquentes , les pointes & les jeux de mots; maïs ce goût de dé- cadence étoit célui de fon tems. M. de Fenelon, ar- chevêque de Cambray, remarque , que les écoles d'Athènes étoient entierement déchues, quand faint Bafñile 8 faint Grégoire y allerent, & qu'ayant été inftruits par les mauvais rhéteurs de cette ville, ils avoient été néceflairement entraînés dans le pré- jugé dominant fur la maniere d'écrire. | Au refte, perfonne n’a mieux connu que faint Grégoire de Naziance, les abus qui regnent dans les fynodes & conciles, comme on en peut juger par fa réponfe À une invitation qu’on hu fit d’aflifter à un concile folemnel d’évêques qui devoit fe tenir à Conftannunople. « S'il faut (répond-il) vous-éerire # la vérité, je fuis dans la réfolution de fuir toute s» afembiée d'évêques, parce que je nai jamais vü #aucun {ynode qui ait eu un bon fuccès, & qui # n'ait plütôt augmenté le mal que de le diminuer; #l'efprit de difpute & celui de domination (croyez NE A _»que j'en parle fans fiel) y font plus grands qu'on » ne fauroit l’exprimer; mais les paroles originales valent bien mieux que ma traduétion: les voici. E yo jaëy oûras , à dei Tan dc YPAQUY ; QOTÉ MATE GA“ Aoyor-qsuyer E œrcxcœo , dre andeulac Yuvod\s rénos eidor 2pATTOY : pnd'e AUG& t@% 0) dé AAor co XEtUIas ; 4 PO HE NV A4 Y7æp QiAOVEIR IE #oi NET ACT (aan Ümus Are poprixcr Vos Dre pa Dora) 2) Aoyt HPSÉTTOVEE J Éc, Ep. Us tom. Ï. pag. 814. B. Il falloit que le mal füt alors bien grand dans les aflemblées eccléfiaftiques , car on trouve les mêmes proteftations & les mêmes plaintes de S. Grégoire répétées ailleurs avec encore plus de force. « Jamais » (dit-il dans une de fes poéñes ) je ne me trouve- » rai dans aucun fynode ; on n’y voit que divifion, » que querelles, que myfteres honteux, qui éclatent » dans un même lieu , avec des hommes que la fu- » feur domine ». | sf 2 3] 2} L , 2 LÉ EvS êpic y é9a@ po doc Te, Hi diner RpUTFTL TApTES 4 A ! te E 46 éva d'ucuéyeoy por dyeipopatyæ (D, J.) NAZIERE, L. f. zerme de Péche, c’eft un lieu où lon tend des zazes pour prendre du poiffon. NAZIR ou NEZIR , f, m. ( if, anc. ) terme de dignité ou d'honneur parmi les anciens hébreux. Le patriarche Jacob , dans les dernieres bénédiétions qu'il donne à Jofeph fon fils bien aimé, li dit: que les bénédi&ions de votre pere viennent fur la tête de Jofèph, fur la tête de celui qui eff comme Le nazi de fes freres. Genn, xlix. 26, Ce même mot zazgir figmifie une couronne, ou celui qui eft couronné, honoré, féparé, choifi, diftingué. Dans l'Orient, felon Chardin, ze/r eft un nom de dignité, il figni- fie le furintendant général de la maïfon du roi de Perfe; c’eft le premier officier de fa couronne, le grand économe de fon domaine, de fa maifon, & de fes tréfors. IL a l'infpeëtion fur les officiers de la maifon du roi, fur fa table, fa garde, fes penfions : c’eft-à-peu près ce que les anciens Perfes appelloient les yeux du roi, felon Xénophon Cyroped. iv. VIIL, Moyfe donne auffi à Jofeph le nom de zuzir dans le Deutéronom. xxxiy. 16. peut-être parce que ce patriarche avoit eu la principale part dans le gou- vernement de l'Egypte. Calmet, Didionnaire de la Bible , tome III, pag. 22. (G) N E NÉA, (Géog. anc. }nom, 1°. d’une ville d'Esyptes au voifinage de la ville de Chemnis; 2°. d’une ville de la Troade felon Pline, Zv. IL. chap. 96, 3°. une ile de la mer Egée, entre Lemnos & l’Hélefpont; 4°. d’une ville de Sicile, que Pline & Cicéron ap- pellent Merini : quelques-uns croient que c’eft au- jourd’hui Noir , & d’autres que c'eft Mur. MEÆTEAUS, (Geog. anc. ) fleuve de fa grande Grece, dans le territoire de Crotone, & qui avoit fon embouchure dansle golfe de même nom : Théocrite en parle, & Ovide le furnomme Salentinum. NÉANE , ou NËYN, ox NYN, ( Géog.) riviere d'Angleterre. Elle a fa fource dans le Northamp- tunshure qu’elle traverfe. Foyez NEyN. (D, LD NÉANT , RIEN, ou NÉGATION, ( Métaphyf.) fuivant les philofophes fcholaftiques, eft une chofe qui n’a point d'être réel, & qui ne fe conçoit & ne. {e nomme que par une zégation. On voit des gens qui {e plaignent qu'après tous les efforts imaginables pour concevoir le néant, ils nen peuvent venir à bout, Queft-ce qui a précédé la création du monde? qu’elt-ce qui en tenoit la place? Rien, Mais le moyen de fe repréfenter ce rien? Il eft plus aifé de fe repréfenter une matiere éternelle. Ces: gens là font des efforts là où il n’en faudroit point faire, & voilè puftement ce qui les Dr, N E À émbarrafie, 1ls veulent former quelqué idée qui leur repréfente le r7; mais comme chaque idée eft réelle, ce qu'elle leur repréfente eft auf réel, Quand nous parlons du zéans, afin que nos penfces {e difpofent conformément à notre langage, & qu’- elles y répondent, 1l faut s’abftenir de repréfenter quoi que.ce foit, Avant la création Dieu exiftoit ; mais qu'eft- ce qui exiftoit, qu'eft-ce qui tenoit la place du monde ? Xien ; point de place ; la place a été faite avec l’umvers qui eft fa propre place , car il eft en foi-même, & non hors de foi-même, Il n’y avoit donc riez ; mais comment le concevoir ? Il ne faut ren concevoir. Quu dit riez déclare par fon langace qu'il éloigne toute réalité ; il faut donc que la penfée pour répondre à ce langage écarte toute idée, ê ne porte fon attention fur quoi que ce foit de repréfentatif, à la vérité on ne s’abftient pas de toute penfée., on penfe toujours; mais dans ce cas- là penfer c’eft fentir fimplement foi-même, c’eft fentir qu’on s’abftient de fe former des repréfenta- ‘| tions, = NÉANT, (Jurifprud.) eft un terme de pratique qui fert à exprimer qu’une procédure eft rejettée ; les cours fouveraines mettent l'appellation au zéanr quand elles confirment la fentence dont eft appel ; quand elles l’infirment, elles mettent l'appellation & ce au zéent, En matiere de grand criminel elles ne mettent pas au zézzt, elles prononcent qu'il a été bien jugé , mal & fans grief appellé ; les juges infe- rieurs ne penvent pas fe fervir de ces termes, ax néant , ils doivent feulement prononcer par bien ou mal jugé. Au confeil du roi, quand une requête en caffa- tion eftrejettée, on met fur la requête zéanr. Voyez APPEL, INFIRMER, SENTENCE. (4 -NÉAPOLIS, ( Géog. anc. ) il y a plufeurs villes de ce nom dans les anciens auteurs , 1°, Néapolis en Macédoine; 2°. Néapolis ville de la Carie; 3°. Néa- polis ville de Grece en [onie felon Strabon, entre Samos & Ephele ; 4°. Néapolis ville d’Afie dans l’I- faurie felon Suidas ; 5°. Nécpolis ville d'Egypte dans la Thébaide; 6°. Méapolis ville de la Pifidie; 7°, Néapolis ville de Pile de Sardaigne fur la côte occi- dentale ; 8°. Néapolis ville de la Colchide ; 9° Néz- polis ville de la Cyrenaique ; 10°. Néapolis ville de VAfe propre dans la Lydie ou dans la Mœonie : voilà les principales. (D. J, | NéaAPpoLIS, ( Géog. anc.) ville de Macédoine où faint Paul arriva en venant de l'ile de Samothrace, &z alla de-là à Philippes : cette ville qui eft toute voifine des frontieres de la Thrace, fe nomme au- jourd'hui Napoli, Voyez NApoLI. NÉASTRON, mot barbare inventé par Paracelfe, par lequel il veut exprimer le mouvement des qua- tre élémens dans les corps élémentés, c’eft-à-dire dans les corps qui réfultent de leur combinaifon, d'où 1l arrive que les élémens s'étant répandus, divifés en rameaux & fixés dans certains endroits, il y a des parties qui font expofées au réa/ron ou mouvement du feu; d’autres au néaftron de l’eau, | de l’air , de la terre , &c. Paracelfe a aufñi employé ce mot pour fignifier la maladie des élémens. Voyez la table 0°. de penerat. febr. & Caftell. Zexic. NÉAPOLITAIN , onguens, ( Matiere méd. ) c’eft un dés noms qu'on donne à l’onguent mercuriel, Voyez fous le #05 MERCURE. NEATE, ( Géog.) petite ville on bourg d’Angle- terre dans le Glamorgan - Schire, fur la riviere de même nom à la gauche, & près de Landaf: quel- ques favans croient que c’eft l’ancienne Nidum, cité des Silures. Log, 14. 25. lat, 51, 22, NÉATH , ( Géog. ) riviere d'Angleterre ; elle a fa fource dans le South-Walles, traverfe Glamorgan- shire ; mouille la ville de Néark, & va fe jetter un Tome XI. | NEB é | pét au-deflous dans lé canal de faint George, NÉBAHAS, ( Hiftoire de l’Idolarr. } idole deë Hévéens, dont left parlé au y. 1. des Rois xvi/, 31. Porro Hevei fecerunt Nebahæ 6 Tarthæ ; les ra- bins croient que cette idole étoit taillée commé l'Anubis des Esyptiens. (D. JY NEBEL, {. m. ( Hif, anc, ) mefure hébraïque qui contenoit trois bathes , c’eft - à - dire quatre-vingt- fept pintes, chopine , demi - feptier, deux pouces cubes & cette fraction :5522%, de pouces, mefure de Paris; fuivant l'évaluation qu’en donne le pere Na à la tête de fon Diétionnaire de la Bibles G | NEBELLOCH , (Hifi. nas, ) ce mot eft allemand, il fignifie srou des brouillards. On nomme ainfi une caverne fameufe fituée dans le duché de Wirtem- berg, près de la ville de Pfulingen; on y voit un grand nombre de flalaétites & de concrétions pier- reufes, à qui l'imagination fait attribuer des for: mes que la nature n’a fait qu'ébaucher groffierement., Cette caverne a beaucoup d’étendue & réffemble beaucoup à celle de Baumann & aux autres grottes remplies de concrétions. Voyez GROTTE. (—) NEBO , voyez NABO. NÉBOUZAN LE, ( Géog. ) petit pays du gouvef- nement de Guienne dans la Gafcogne,le long du pays de Cominges ; Saint-Gaudens en eft la capitale, les états du pays s’y tiennent. _ NÉBRISSA ox NABRISSA, Géog. anc.) ville d'Efpagne dans la Bœtique, fur la branche orien- tale du Bœtis; mais cette branche s’étant bouchée avec le tems, Mébriffa fe trouve aujourd’hui à deux lieues du fleuve Guadalquivir; on la nomme main: tenant Lebrixa. Voyez ce mot. ( D. J.) NEBRITES, {. f. ( Æift. nat.) nom que les an. ciens donnoient à une pierre dont on ne connoit point la nature ; on nous apprend feulement qu’elle étoit rougeâtre ou d’un Jaune brun comme la peau de faunes ou fatyres, & qu'elle étoit confacrée à Bacchus : cependant Pline dit que cette pierre étoit: noire. NÉBRODES, (Géog. anc. ) montagne de la Si- cile; Strabon écrit Nezrodes, Silvius Italicus fait mention de cette montagne en ces termes : Nebrodes gernini nutrit divortia fontis, Quo mons Sicaniæ non furgit ditior umbræ: CDEASUN NÉBULÉ, adj. en terme de Blafon, {e dit d’un écuflon chargé de plufeurs petites figures en forme de nuées qui pañlent les unes dans les autres, ow quand la ligne extérieure d’une bordure ou d’une piece eft dentelée ou ondée. Girolami à Florence, coupé zébulé d'argent & de ueules. NÉBULEUX , adj. il fe dit du ciel lorfqu'il ef obfcurci par des nuages. NÉBULEUX, {. m.( Affronom.) terme qu’on ap: plique dans l’Affronomie à quelques étoiles fixes , d’une lumiere pâle & obfcure ; elles font plus petis tes que celles de la fixieme grandeur, & par confé- quent difficiles à diflinguer à la vüe fimple ; tout-au- plus on les voit comme de petits nuages, ou de petites taches obfcures. Avec un médiocre télefcope ces rébuleufes fe voient facilement ; elles paroiflent d’une matiere à peu-près femblable à la voie la@ée ou galaxie: Voyez ÉTOILE 6 GALAXIE, | Dans la zébuleufe appellée preftpe, qui eft à la poitrine du cancer, on a compté jufqu'à trente-fix petites étoiles, dont il y en a trois que M. Flamfted a mis dans fon catalogue. Voyez CANCER. Dans la rébuleufe d’ofion on en a compté vingt- uné, Le pere le Comte ajoute, que dans la conftel. Li 68 NEC lation des pletades il y en a quarante ; douze dans l'étoile du milieu de l’épée d’orion ; cinq cens dans l'étendue de deux degres de ia même confteliation, &t deux milles cinq cens dans la conftellarion en- tiere, Chambers. En fe fervant de lunettes plus fortes que les lunet- tes ordinaires, on a déconvert que du- moins plu- fieurs dé ces apparences , non-feulement nétoient point caufées par ces amas d'étoiles qu'on avoit imaginés, mais même n'en renfermoient aucune; & ne paroïfloient être que de grandes aires ovales, lumineufes, ou d’une lumiere plus claire que celle du ciel. Hevelius a donné une table des nébuleufes , ou taches répandues dans le ciel, M. de Maupertus, dans fon difcouts fur les différentes figures des aftres, a propofé une nouvelleconjeëture fur ce fujet. Selon lui, il peut y avoir dans les cieux des mafles de matie- te, foit /xmineufes , {oit réfléchiffant la lumiere, dont les formes font des fphéroïdes de toute efpece , les uns approchant de la fphéricité, les autres fort ap- platis. De tels aftres, dit-il, doivent caufer des ap- parences femblables à celles dont 1l s’agit. Il ne dé- cide point fi la matiere dont ces corps font formés eft aufi lumineufe que celle des étoiles, &c fi elle ñe brille moins que parce qu’elle eft plus éloignée. On ne peut pas non plus s’aflurer fi les aftres, qui forment ces taches, font plus on moins éloignés que les étoiles fixes. L’immenfité des cieux ofire, & offrira encote dans la fuite des fiecles, matiere à des obfervations perpétuelles , & à des conjeétures ans fin. Mais il y aura toujours une infinité de cho- fes qu’on ne pourra pouffer au-delà de la conjec- ture, L’éloignement prodigieux de tout ce qui ef au-delà des planetes, ne fera probablement jamais furmonté par aucun inftrument , &t toute linduftrie des hommes ne viendra pas à bout de rapprocher les étoiles fixes, & les objets qui font à-peu-pres dans la même région, au point de dé erminer quel- que chofe de précis fur leur grandeur , leur figure, & leur éloignement. Au fond, à n'envifager les découvertes que du côté de l’uulité, le malheur n’eft pas grand. Ce qui eft le plus à notre portce en tout genre, eft en même tems, par une fape dif- poñrion, ce qui eft le plus intéreffant, & nos lumie- res font reglées fur nos befoins. On ne lauroit pour- tant trop eflimer ces hommes, qui sélevant au- deflus de notre fphere, fentblent vouloir embrafler tout l’univers. AÆrricle de M. FORME£Y. NEBULGEN , mot arabe , ou de la compofition de Päracelfe, par lequel il défignoit un {el concret formé de l'humidité du brouillard qui tomboit &z fe tamafloit fur une pierre, & qui étoit condenfé en- fuite par la chaleur du foleil. Paracelf. fchol, in libr. de grad, & compof. Caftell. lexic, Cette efpece de el, fuppofé que c’en für réellement une, eft aujourd’hui dans l'oubli; & lon ne voit plus les pierres chargées de pareilles cryftallifations : Paracelfe nous en a laiflé ignorerla nature, les qualités, & lesufages. NÉCANÉES , ff. pl.( Comm. des Indes. ) ce font des toiles rayées de bleu & blanc, qui fe fabriquent dans les Indes orientales ; il y en a de larges & d’é- troites, Les larges qu'on nomme récanées-brouard, ont onze aunes de long fur trois quarts de large. Les étroites qu’on appelle zécanées-nuron , ont dix aunes fur deux tiers. Di&, du Comm, ( D. J.) NÉCAUS , (Géog. ) ancienne ville d'Afrique au royaume d'Alger, dans la province de Bugie fur les confins de la Numidie.Prolomée, Z. IF, c. y. la nom- me Vaga ; elle eft à 20 lieues de Tetztéza, 50 de Conftantine. Long. 21. 45. lat. 35. 20.( D. J.) NÉCESSAIRE, adj. ( Méraphyfig. ) néceffaire, ce dont le contraire eff impofñble & implique con- tradition. L’être en général & confidéré par abftrac- tion eft zéceffaire ; car les eflences ne fauroient ceffer IEC N'E © “étre pofhbles, & elles fônt immuables. Tout ce que l’on démontre des nombres dans l’Arithmétique , & des figutes dans la Géométrie , convient néceflaire- ment aux nombres &c aux figures. La fource de cette néceflité fe trouve dans lunique déterminabilité dont les chofes zéceffaires font fufceptibles. Voici ce qu'il faut entendre par cette expreflion : une chofe néceffaire, qui eft d’une certaine maniere , ne peut Jamais être d’une maniere oppolée ; toute détermi- nation contraire à fa détermination adtuelle impli- que. Un triangle reétiligne a fes trois anvles égaux à deux droits; cela eft vrai aujourd'hui, cela le fera éternellement, & le contraire n’auta jamais lieu. Au lieu qu'une choie contingente eft détérmi- née à préfent d’une mamere, un inftant après d’une autre , & paile par de continuels changemens,. Il faut bien prendre garde à ne pas confondre la néceflité d'eflence avec celle d'ex ftence. Pour que la derniere ait heu, il faut que l'être néceffaire ait en for même la raïon fuffilante de {on exiftence, La pofhbilité zéceflaire des eflences n’influe en rien fur leur aétualité. Un homme n’exifte pas, parce qu'il répugneroit à l’homme de re pas exifter ; mais l'être néceffaire ; c'eft à-dire Dieu , exifte, parce qu'il eft Dieu , & qu'il impliqueroit qu'il n’exiffât pas. NECESSITANT , adj. ( Théologie, ) terme dog- matique qui contraint & qui Ôte la liberté. Ainfr, s'il y avoit une grace zéceffirante, la créature n’au- roit plus de mérite ; fi la grace pouvoit manquer {on effet , elle ne feroit plus efficace : c’eft par quel- que tour de main particulier , que nous n’avons pas encore bien faifi que lation de Dieu fur la créa- ture à fon effet affuré fans nuire à la liberté. NÉCESSITÉ , {. £. ( Métaphs fig. ) Néceffiré, c’eft en général ce qui rend le contraire d’une chofe im- pofüble , quelie que foit la caufe de cette impoffbi- lité. Or, comme limpoffbilité ne vient pas toûjoufs de la même fource , la néceffité n’eft pas non plus par- tout la même. On peut conhdérer les chofes, ou’ ab: folument en elles-mêmes, & en ne faifant attention. qu à leur effence ; ou bien on peut les envifager fous quelque condition donnée qui, outrel’eflence , fuppole d’autres dérerminations qui ne font pas un rétultat inféparable de l’effence , maïs aufñ qui ne lui répugnent point. De ce double point de vûe ré- fulte une double néceffité ; l’une abfolue, dont lé contraire implique contradiétion en vertu de l’effencé mème du fujet; l’autre hypothétique, qui ne fonde limpoñibilité que fur une certaine condition. Il eft abfolument néceflaire que le parallélograme ait qua- trecôtés , &c qu'il foit divifble par la diagonale en deux parties égales : le contraire implique en tout tems , aucune condition ne fauroit le rendre poñfi« ble. Mais fi ce parallélograme eft tracé fur du pa pier, il eff bypothétiquement néceffaire qu'il foit tracé, la condition requife pour cet effet ayant eu hiéu : cependant 1l n'impliqueroit pas qu'il eût été tracé fur du parchemin, ou même qu'il ne leût point êté du-touf, La certitude , linfaillibilité de l’é- vénement fuivent de la néceffiré hypothétique, tout . comme de la zéceffite ab{olue. On confond d'ordinaire la zécefffré avec la con- trainte : néanmoins la zeceffité d’être homme n’eft point en Dieu une contrainte, maïs une perfedion. En effet la méceffze , felon M. de la Rochefoucault , differe de la contrainte , en ce que la premiere eft ac- compagnée du plaifir & du penchant de la volonté, & que la contrainte leur eft oppofée. On diftingue encore dans l’école , réceffiré phyfique & reéceffiré mo: rale, zéceffiré fimple & néceffitérelauve. La réceffité phyfique eft le défaut de principes ou de moyens naturels néceflaires à un aéte, on lap- pelle autrement snpuiffance phyfique on naturelle, Néceffté morale fignifie feulement une grande diffis N E C sul, éotime celle de fe défaire d’üñe longue habi- tude, Ainf on nomme #roralemeñt néceffaire ce dont le contraire eftrroralement impoffible, c'eft-à-dire, fauf la reétitude de lation ; au lieu que la zéceffrté phy- fique eft fondee fur les facultés & fur les forces du corps: Un enfant ; par exemple, ne fauroit lever un poids de deux cens livres, cela eft phyfiquementim- poflible ; au Heu que la zeceffité morale n'empêche point qu'on ne puifle agir phyfiquement d’une ma- niere contraire. Elle n’eft déterminée que par les idées dela re&itude des aëtions. Un homme à fon aife entend les gémiflemens d’un pauvre qui implore fon afñftance. Si le riche a l’idée de la bonne aétion qu’il fera ; en lui donnant l’aumône, je dis qu’ileft mora+ lement impofible qu'il la lui refufe, ou moralement néceffaire qu’il la lui donne. \ Néceffité fimple eft celle qui ne dépend point d’un certain état , d'une conjonéture , ou d’une fituation particuliere des chofes, mais qui a lieu par-tout & dans toutes les circonftances dans lefquelles un agent peut fetrouver, Ainfi c’eftune zéceffité pour un aveu: gle de ne pouvoir diftinguer les couleurs. Néceffirérelative eft celle qui met un homme dans Pincapacité d'agir ou de ne pas agir en certaines cir- conftances ou fituations dans lefquelles il fetrouve, quoiqu'il fût capable d’agir ou de ne pas agir dans une fituation différente. Telle eft, dans le fyftème des Janféniftes, la zé- ceffère où fe trouve un homme de faire le mal lorfau’il n’a qu’une foible grace pour y réfifter , ou la néceffiré de faire le bien dans un homme qui, ayant fept ou huit degrés de grace, n’en a que deux ou trois de concupifcence. NÉCESSITÉ , ( Mythol. ) divinité allégorique qui tenoit tout lumvers, les dieux, & Jupiter même: aller vis fous fon empire. De là vient qu’elle eft fou- vent prife chez les poëtes pour le deftin à qui tout obéit ; c’eft en ce fens qu'ils ont dit que les Parques croient les filles de la fatale Néceffiré, Paufanias rap- porte qu'il y avoit dans la citadelle de Corinthe un petit temple dédié à la Néceffiré & à la Violence, dans lequel il n’étoit permis à perfonne d’entrer qu'aux prêtres de ces déefles, On repréfentoit la Méceffiré ac- compagnée de la fortune, ayant des mains de bronze ‘dans leiquelles elle tenoit des chevilles & des coins. (D.J.) NECHIASEN , ( Médecine. ) C’elt unterme para- celfique dont la fignification n’eft pas bien détermi- née : le féntiment le plus reçu eftque Paracelfe don- noit ce nom à des particules falines, corrofives , & qui s’etendoient en rongeant. Il paroït qu'il l’em- ploie dans ce fens : deu/cer. apoftem. fironib, & nod. lib, Î. cap. v. On trouve affez fouvent dans cet auteur de ces 1ermes ou nouvéaux , ou étrangers dans fa lan- gue, par le moyen defquels il fe rend inintelligible, C’'eft un refte du langage myftérieux familier aux Alchimiftes ; les commentateurs font fort embarraf- {és à deviner le fens de la plüpart de ces mots bifar- res, tels que refder, necro-aftral, nedeon | &cc. &c. Dornæus, un des plus célebres, avoue ingénue- ment là-deflus fon infuffifance. Voyez fes notes fur Le Dittionnaire Roland. Caftellus croit que le mot ze- deon fignifie dans Paracelfe la propriété eflentielle , fpécifique de chaque être naturel. NECHILOTH, ( Crixig. facrée. ) ce terme hébreu fignifie danfe, Il fe trouve à la tête du cinquieme pleaume. li eft adreflé au maître qui préfidoit ou fur les danfes qu’on.faifoit chez les Juifs dans certaines cérémonies religieufes , ou à la bande des mufciens quouoient de la flûte, (D. J.) NECIUM , ( Géog. anc. ) c’eft un des nomslatins que l’on donne à la ville d’Anneëi dans les états du roi de Sardaigne. NECKER ox NECKAR , ( Géog. ) les François NEC _69 difent Mècre ; grande riviere d'Allemagne qui en re. çoit plufeurs autres dans fon cours : ellé a fa fourcé dans la Forêt-noire, & fe jette dans Le Rhin au-defs fous de Manheim, . NECKERS- GÉMUND , ( Géog.) petite ville d'Allemagne dans le Palatinat du Rhin, fur le Neea: Kker. Long. 27. 30. lar, 40.26, NECKERS.ULM , ( Géog.) petite ville d’Alles magne en Franconie , {ur le Necker, entre Haiïlbrort & Wimpfen. Elle appartient au grand-maitre de l’ordre teutonique. Long, 26. 40, Las, 49. 26% (D. J.) | NECROLOGE, f. m, ( Aiff. mod, ) livre mots tuaire dans lequel on écrit les noms des morts. Ca mot eft formé du grec vexpos , mors, & de ào7ee, dif= cours, Les premiers chrétiens avoient dans chaque églife leur zecrologe, où ils marquoient foigneufez ment le jour de la mort de leurs évêques. Les mois nes en ont eu & en ont encore dans leur monaftere, On a donné auffi le nomde zecrolope aux catalogues des faints, où le jour de leur mort & de leur mé moire eftmarqué ; &, à parler exaétement, ce nom leur convient mieux que celui de martyrologe qu’on donne communément à ces fortes de recueils y Puifs que tous ceux dont il y eft fait mention ne font pas morts martyrs. Îl faut cependant croire que la déno= mination de rarsyrologe à prévalu, parce que dans les premiers tems les Chrétiens n’infcrivoient fur ces regiltres que les noms de ceux qui étoient morts pour la foi ; & que, dans la colleétion qui en à été faite dépuis, on y a ajouté ceux des autres perfonnages Lu diftingués par la fainteté de leur vie. NÉCROMANCIE, f, f. forte de divination, parlas quelle on prétendoit évoquer les morts pour lés con- tulter fur l'avenir, par le miniflere des démons qui failoient rentrer les ames des morts dans leuts cadae vres , ou failoient apparoître à ceux qui les conful toient leur ombre ou fimulacre, L’hifloire de Sal f connue prouve lexiftence & la réalité de la nécroz mancie. Elle étoit fort en ufage chez les Grecs & far- tout chezles Theflaliens. Ils arrofoient de fang chaud le cadavre d'un mort , & prétendoient qu’enfuite il leur donnoit des réponfes certaines fur l’avenir, Ceux qui les confultoient devoient auparavant avoir fait les expiations prefcrites par le maoicien qui préfidoit à cette cérémonie, &z fur-tout avoir appaifé par quelque facrifice les mânes du défunt qui, fans ces préparatifs, demeuroit conftamment fourd à toutes les queftions qu’on pouvoit lui faire. On fent aflez par tous ces préliminaires combien dé reflources & de fubterfuges fe préparoïent les impof- teurs qui abufoient de la crédulité du peuple. Delrio qui a traité fort au long de cette matiere , diftingue deux fortes de zécromancie, L’une qui étoit en ufage chez les Thébains, & qui confiftoit fimple- ment dans un facrifice & un charme, ou enchantez ment ,Zzcantatio, On en attribue l’origine à Tiréfias. L'autre étoit pratiquée parles Theflaliens avec des oflemens, des cadavres, & un appareil tout-à-fait formidable. Lucain, Zy. VI, en a donné une def. cription fort étendue, dans laquelle on compte trente-deux cérémonies requifes pour l'évocation d’un mort. Les anciens ne condamnoient d’abord qu'à l'exil ceux qui exerçoient cette partie de la ma- gie; mais Conftantin décerna contre eux pe’ne de mort, Tertullien, dans fon Livre de l'ame , dit qu'il ne faut pas s’imaginer que les magiciens évoquâflent réellement les ämes des morts, mais qu’ils faifoient voir à ceux qui les confultoient des fpeûres ou des prefliges, ce qui fe faifoit par la feule invocation ; ou que les démons paroifloient fous la forme des per« fonnes qu’on defiroit de voir , & cette forte de récros manie ne fe faoit point fans effufon de fang. D’au- 79 NEC tres ajoutent que ce qué les magiciens & les prêtres des temples des mânes évoquoient n'étoit propre- ment nile corps mi l'ame des défunts , mais quelque chofe qui tenoit ie milieu entre le corps & l’ame ; que les Grecs appelloient &Jmae, les Latins émula- crum imago , umbra tenuis, Ainfi quand Patrocle prie Achille de le faire enterrer, c’eft afin que les images légeres des morts , eds xauorrar, ne l’em- pêchent pas de pafler le fleuve fatal. Ce n'étoient ni l’ame nile corps qui defcendoient dans les champs Elytées , mais ces idoles. Ulyffe voit l'ombre d'Her- cule-dans les champs Elyfées , pendant que ce héros eft lui-même dans l’olympe avec les dieux immor- tels. Delrio , 6. IV. pag. 540 € 542, Mém, de la- cad. des Belles- Lettres, tom. VII. pag. 30. | Delrio remarque encore:qu'on entend de la récro- mancie ce paflage du Pfalmiite , pfeaume cv, v, 28. comederunt facrificia mortuorum, Un auteur moderne entire l’origine de cette efpece de divination. Nous tranfcrirons ce qu'il en dit de principal, en ren- voyant pour le refte leleéteur à l’Aiffoire du ciel , tome -prémists PAS: AO? 5 494 5 EC. «. Dans les anciennes cérémonies des funérailles , » dit M.Pluche, on s’affembloit fur un lieu élevé » &t remarquable. On y faifoïit une petite fofle pour » confumer par le feu les entrailles des viétimes. On _» faifoit couler le fang dans la même foffe. Une par- » tie des chairs étoit/prélentée aux nuniftres des fa- » crifices. On failoit cuire &: on mangeoit le refte » des chairsimmoléesen s’afleyant autour du foyer. #. Dans le pagamifine, tout cecérémonial s’'augmen- » ta, & fut furchargé d’une infinité de cérémonies » dans toutes les fêtes de religion; mais pour les » aflemblées mortuaires rien n’y changea. Les fa- » milles, en enterrant leurs morts, étorent accou- » tumées à une rubrique commune quife perpétua. » On continua dans le facrifice des funérailles à » faire une fofle, à y verfer du vin, de l'huile, ou » du miel, oudulait, on d’autres liqueurs d’ufage, » à y fairecouler enfuite le fang des vidtimes, & à » les manger enfemble en s’afleyant autour de la » fofle, & en s’entretenant des vertus de celui qu’on » regrettoit. » La facilité étrange avec laquelle. on divinifoit les moindres parties de l’univers, donne-lieu de » concevoir comment on prit l'habitude d’adrefler » des prieres, des vœux, &c un culte religieux à # des morts qu’on avoit aimés, dont on célébroit les >» louanges, & qu'on croyoit jouir des lumieresles » plus pures après s'être dépouillés avec le corps » des foiblefles de l'humanité. Tous les peuples, » en facrifant foit aux dieux qu'ils s’étoient faits, » foit aux morts dont la mémoire leurétoit chere , » croyoient faire alliance avec eux, s’entretenir æ LA » avéceux, manger avec eux familierement. Mais’ » cette familiarité les occupoit fur:tout dans les af- » femblées mortuaires,oùils étoient encore pleins » du fouvenir des perfonnes qu'ils avoient tendre- » ment aimées, &c qu'ils croyoient toüjours fenfi- » bles aux intérêts de leur famille & de leur patrie. ». La perfuafon où l’on étoit que par les facrifices »-on comultoit les dieux , on les interrogeoit fur » l'avenir, entraina celle que dans les facrifices des »" funérailles on confultoit auffi les morts. Les céré- » monies de ces facrifices mortuaires , quoiqu’elles » ne fufient que la fimple pratique des afflemblées » des premiers tems, fe trouvant en tout point » dificrentes de celles qu’on obfervoit dans Les au- » tres fêtes, parurent être autant de façons particu- # lieres de converfer avec les morts , & d'obtenir: # d'eux les connoïffances qu’on defiroit, Qui pou- » voit douter, par exemple , que ce ne füt pour »# converier familierement avec {es anciens amis, » qu'on s’afleyoit autonr de la foffe , où l’on avoit NEC |: ».jetté l'huile , la farine , &c le fang de la viäime » immolée en leur honneur ? Pouvoit-on douter » que cette fofle, fi différente des autels élevés » vers le ciel, ne fût une cérémonie convenable êr » particulierement affe@tée aux morts ? Après lere- » pas pris en commun & auquel on fuppofoit queles » ames participoient, venoit l’interrogation ou l’é- » vocation particuliere de l’ame pour qui étoit le fa= »icrifice, & quidevoit s'expliquer: maiscomment » s’exphiquoit-elle ? » Les prêtres, continue le mêmeauteur, parvin- » rent aifément à entendre les morts êr à être leurs » interpretes. Ils en firent un art dont Particle le »-plus néceflaire, comme le plus conforme à Pétat » des morts, étoient le filence 87 les ténebres. Ilsfe » retiroient dans des antres profonds, ils jetinotent » 8&c fe couchoient fur des peaux dés bêtes immo- » lées, de cette maniere & de plufieurs autres, ils ».s’imaginoient apprendre de la bouche même des ». morts les chofes cachées ou futures ; & ces folles: » pratiques répandirent par-tout cette folle perfua- » fion qui s’entretient encore parmi le peuple, » qu'on peut converfer avec les morts, & qu'ils » viennent fouvent nous donner des avis : & de-là » la récromancie, mot tiré du grec, & formé de: » veupos, Ur mort, & de pavrere , divination. | » C'’eftainf, conclut le même auteur, que lopi- » nion des hormmes fur les morts & fur Les réponfes » qu'on en peut recevoir , ne font qu'une interpré-. » tation littérale & grofliere qu’on a donnée à des » fignes très-fimples, &c à des cérémonies encore » plus fimples qui tendoient à s'acquitter des der- » niers devoirs envers les morts ». Æi/£, du ciel, tome premiet » PAg. 4925 4943 495 ; 490 498 300 &502.(G) NÉCROPOLIS , ( Géog. anc. ) c’eft-à-dire , la. ville des cadavres. Ce nom, felon Strabon , Zv. XVII, fut donné à une efpece de fauxbourg de la ville d'Alexandrie en Egypte. Il y avoit dans cet endroit quantité de tombeaux & de maïfons, où l'on trouvoit les chofes propres pour embaumer les corps morts. NÉCROPYLA sinus, ( Géog. anc. ) golfe qui borde à l'occident la Cherfonnèfe taurique , dans la côte feptentrionale du Pont-Euxin; le Borifthène, le Bogu , & le Damaftris s’y jettent. NEÉCROSE., f. f. er Médecine, mortification com- plette de quelque païtie. C’eft la même chofe que | fédération & fphacele, Voyex GANGRENE 6 SPHA- CELE. Ce mot efttout grec, expos , qui fignifie ortifi- cation, parce que la partie fphacelée eft corromipue & privée de vie. ( F) NÉCROTHALASSA, (Géog. anc.) golfe ou port que la mer fait fur la côte de l'ile de Corfou , du côté de l’oueft , dans la vallée des Saints. Ce port | _étoit autrefois fort profond , & capable de contenir 200 galeres ; mais à-préfent il eft rempli de fable, 6€ par conféquent inutile. Son nom grec Nécrotalaf[a , qui veut dire wer-morte, lui convient parfaitement, car il ne fert plus que d’étang où l’on tient quantité de poiflon. = ; NECTAR , f. m. ( Mychol. ) c’eft la boïflon des dieux, quoiqu’en dife Sapho , qui la prend pour le manger de la cour célefte ; mais Homere mieux inf- truit fur ce fujet que la mufe de Lesbos, fait toujours du reitar le breuvage des déités. Il donne d'ordinaire . l’épithete de rouge à celni que Ganymede verloit au maître du tonnerre. Hébé en fervoit aux autres divi- nités. Feftus l’appelle murrhina potio ; il falloit bien que ce fût un breuvage délicieux, car ce mot a été enfuite employé métaphoriquement par les Poëtes de toutes les nations , pour défigner les plus excel- lentés liqueurs. Quand on faifoit à Rome l’apothéofe NED de quelqu'un, on difoit qu’il buvoit déja le reêar dans la coupe des dieux. Enfin je ne fais pas ce que c’eft que cette hqueur délicate , ce vinum pigmenta- zur | 8 pour mieux dire Ce zetar que buvoient au- trefois au réfettoire les moines de l’ordre des Char- treux; mais je trouve que les ffatuts de l’an 1368, part. IT. ch. 5, $. 30 , leur en défendent l’ufage à l'avenir ; & en effet ils ne le connoiffent plus, (2. 1.) NECTARIUM , ( Botan,) ce terme défigne or- dinairement une partie de la couronne de la fleur vorollæ , & très -rarement tonte la couronne de la fleur. C’eft la partie deftinée à recevoir le fuc mié- leux de la plante ; elle eft quelquefois faite en fof- fette, en tube, en écaille on en tubercule, NÉCURKE, f. f. ( Comm.) monnoie qui a couts fur les côtes des Indes orientales , entre l’île à Va- cheêr celle du Tigre. 30 nécunes valent 420 piaftres d’'Efpagne. | NÉCUSIES, f. f, pl. ( Æncigs grecq. ) venümix ou Exvarourie ; fête folemnelle qu’on célébroit à Athènes & dans plufeurs autres villes de la Grece , en l’hon- neur des morts, pendant le mois Antiftérion, Les Romains emprunterent des Grecs le culte qu'ils ren- dirent aux morts, & ce culte a pañlé dans d’autres religions, ( D. J.) NECYOMANTIE , ff. (Magie. ) divination par les évocations des ames des morts, On ne peut dou- ter que ces évocations n’euflent un rit & des céré- .monies religieufes qui leur étoient propres. Les an- ciens ne les ont point décrites , mais il eft probable qu'elles reflembloient à celles qu'Ulyffe emploie dans la zécyomantie de l'Odyflée. Homere, f attentif à fe conformer aux ufages anciens , n’aura pas violé le coftume dans cette feule occafon. | On peut encore fuppofer que les cérémonies uf- tces dans ces évocations , reflembloient à celles qui s'obfervoient aux facrifices funebres , & dans ceux qui étoient deftinés à honorer les héros : car Les uns &t les autres étoient défignés par un même mot. Il ÿ avoit un oracle des MOTIS , Neypoaævraior éta- bh dans la Thefptotie , furles bords du fleuve Ache- ron : c’eft cet oracle de la Thefprotie qui avoit don- né à Homere l’idée de la récyomanrie de FOdyflée, & c’étoit de là qu'il prit le nom des fleuves infernaux. Plutarque nous à fourni quatre exemples d’évoca- tions des ames des morts , faites avec une certaine authenticité; maisil n’accompagne ce qu'il en dit d'aucune réflexion qui faffle préfumer que l’ufage {ubfftoit encore lorfqu’il écrivoit. | Il feroit très-poffible que les premiers habitans de la Grece euffent imaginé l’efpece de divination dans laquelle on évoquoit les ames des morts ; car on l’a trouvée étabhe chez diverfes nations fauva- ses de l'Afrique ; cependant il eft vraiflemblable qu’elle avoit été portée dans la Grece par les mêmes colonies orientales qui établirent dans ce pays le dogme du partage de ladmimftration de l’univers entre-différentes divinités à qui l’on donnoit des at- tributs diftingués ; & qu'on imvoquoiït en particulier parun culte & par desicérémonies différentes. Hé- rodotenous apprend qu'avant l’arrivée des colonies orientales, ce-partagen’avoit point lieu dans la-reli: gion des anciens Pélafses 5 1ls reconnoifloient à1la vérité plufieurs divinités qu'ils nommoient &:, oui auteurs: de l’arrangement-de l'univers ; mais ils les adoroïent & les inyoquoient tout à-la-fois , & fans les féparer. Foyez les obfervations de M:Freret fur. cet article, dans les Mer, de Lirrérar, tome X XIII. èn-4°. ( D: J.) ti NEDA, (Géog.anc. \en grec Nid, fleuve qui, féion Paufanias Lv, IF, ch. xx. prend fa fource au montkycée, traverfe l’Arcadie , &fépare les Mel féniens des Eléens du côté de La mer: Cet hiftorien ONCHErr 72 ajouté que la jeunefle de Phigadée alloit dans cer: tains jours fe couper les cheveux fur les bords du Néda , pour les lui confacrer, car c'étoit un ufagé aflez commun en Grece de vouer fes cheveux à quelque fleuve. Une coutume bien plus finguliere , étoit celle que les jeunes filles de Troie & des envis rons faifoient de leur virginité au fleuve Scamandre, en venant fe baigner dans fes eaux la veille de leurs noces, S1 vous en doutez , voyez l’article SCAMAN« DRE. ( D, J.) NÉDROMA * ( Géogr. ) ou Ned-roma ; ancienné ville d'Afrique au royaume de Trémécen, bâtie par les Romains dans une plaine ,; à deux grandes lieues du mont Atlas, & à quatre de la mer. Les interpre- tes de Ptolomée , Ziy. 17. ch. ij, difent que c’eft l’an: cienne Célama , 8e la mettent à 124, 10’. de longir, fous les 3.34 20’. dé las, ( D. JT.) NE DIUM-SCHETTIT , {. m.( ÆHiff. nat, Botan, ) nom d’un arbrifleau baccifere qui croit aux Indes otientales ; on le fait bouillir dans de l’huile, & l’on en prépare ainfi un onguent qu’on dit être bienfai- fant dans les maladies prurigineufes, NÉEHETE , (Géog.) ou Nèthe, riviere des Pays- Bas dans le Brabant. Elle fe divife en grande & en petite, qui fe joignent enfemble depuis Liere, & ne forment alors qu'une même riviere qui fe perd dans la Dyle,. | NÉERE , ( Géogr. ) on Nerre, petite riviere de France quiarrofe la Pologne, & qui va fe joindre à la grande Saude, un peu au-deffous du bourg de Clermont. | NÉETO, ox NÉETHO, ( Géog. anc. & mod, ) en latin Nérhus ; riviere d’ftalie dans le royaume de Naples. Elle coule fur les confins des deux Calabres, du couchant au levant, pafle à San-Severina , 8 va fe jetter dans la merlonienne entre le capde Lifle & le cap delle Colonne. Strabon , /. VI. remarque qu’une bande de grecs au retour de l'expédition de Troie , s'arrêta à l’em: bouchure du MNéeche ; & que pendans qi'ils couroient le pays pour le reconnoître, leurs cap:ives ennuyées de la mer brülerent leurs valeaux , & les oblige- rent par-là de $’arrêter-dans cette partie de Pltahe, | Neaidoe fignifie embrafement de vaijjeaux, Théocrite dans fa 4. idylle , a chanté les prérogatis ves de cette riviere ;1l décrit même trois fo:tes de plantes qui rendoient fes paturages fupérieurs à tout autre: La premiére de ces plantes eft l'ansrupes, quis felon un des fcholiaftes , étoit bonne pour arrêter Pinflammation des plaies ; la feconile plante , que Théocrite appelle yvfz, avoit la proprièté de con- ferver les femmes dans lefprit de chafteté que la re- ligion exigeoit d’elles pendant la célébrarion des myfteres de Cérès. Elles faifoient des jonchées de cette herbe , fur lefquelles elles couchoient tant que duroit la fête. La troifieme plante ett la mélifle, | mexiruæ, qui nous eft auffi connue que les deux au Ê tres le font peu. ( 2.7.) NEF , f. f, ( Archiveë. ) C’eft dans une-églife la pre= | miere &vla plus grande paftie qui fe préfente en en- | trantpar la principale porte , qui eft deftinée pour lé peuple; &féparée.du.chœur par un.jubé ou par || une fimple clôture. Ce mot vient du latin zavis, vaif feau. (D:J,) | NEFASTE,3IOURNEFASTE, dies nefaflus j ( Hifk: anc:) Les Romains appelloient dies nefajh les jours où iln'étoitpas permis de rendre la juitice ou de tenir des affemblées , & où le préteur ne pouvoit prononcer les trois mots ou formules de juftice , do s to , addico ; je donne, j'appointe , j'adjuge. Voyez FASTuUs. | ( Ces jours étoient matqués dans le calendrier par la lettre N', & quelquefois par les deux lettres N. P: nefaflus primo, qui fignifioient qu'un tel jour n'étoit 72 NEF hefaltus que le matin. Voyez JOURS HEUREUX 6: MALHEUREUX. (O0) NEFFLIER, wefpilus, { cn. (Hifi. nat. Bot.) genre de plante à fleur entofe, compofée de plu- feurs pétales difpofés en rond. Le calice eft formé par des feuilles, & devient dans la fuite un fruit prefque rond , terminé par une forte de couronne, Charnu & mou. Ce fruit n’a qu'une capfule, & il renferme de petits noyaux qui contiennent uné amande oblongue. Tournefort, 2nf£. rei herb. Voyez PLANTE. NEFrLIER, mefpilus; petit arbre qui fe trouve dans la partie méridionale de l’Europe, & que l’on cul- five à caufe de fon fruit. Cet arbre eft tortu, noueux, mal fait ; fa tête fe garnit de beaucoup de rameaux, qui s’écartent, s’inchinent &c ne s’élevent que par contrainte : enforte qu’on ne voit guere de ñeffliers qui aient plus de dix à douze piés de hauteur. El jette de longues racines fort tenaces & difficiles à arracher. Sa feuille eft longue , étroite, pointue, veloutée , d’un verd tendre, & en tout aflezreflem- blante à la feuille du laurier. L’arbre donne fes fleurs au mois de Mai ; elles font blanches & aflez grandes. La neffle , qui eft le fruit de cet arbre , eft ronde, charnue, & applatie parle bout ; elle contient cinq femences ofeufes. Cet arbre eft très-robufte ; il fe muitiphe aifément , &c 1l n’exige aucune culture :1l fe contente de la plus mauvaife expofition; ilréuffit facilement à [a trañnfplantation , &c 1l vient dans pref- que tous les terreins. Cependant fon fruit fera plus gros dans une terre forte plus humide que feche ; mais il fera de meilleur goût dans un terrein médio- cre, Cet arbre aime l’humidité, @& 1l fe plait à om- bre : d’ailleurs il ne faut pas l’expofer au grand fo- leil, dont l’impreffion trop vive altere fon écorce , qui eft mince.& feche. On peut multiplier le reflier de femence ou par la greffe. On ne fait guere ufage de la premiere métho- de , parce qu’elle eft trop longue : la graïne eft fou- vent un añfans lever, 8 on ne peut par ce moyen avoir du fruit qu'au bout deifix ans; il n’en faur que deux où trois aû contraire pour en avoir par la greffe , qui eft d’autant plus expéditive ;-qu'on la peut faire fur plufieurs fugets , tels que le posrier , qui lui fait prendre plus de hauteur ; le pommier, qui retarde le fruit ; le coignaffier , qui abaïffe l'arbre , & l’aubépin, qui donne des neffles en plus grande quan- tité & de meilleur goût. La greffe en fente réuñit mieux au zefffrer, & accélere davantage le fruit que celle en écuflon. On peut faire venir cet arbre ou à plein vent ou en efpalier ; en lui donnant cette der- niere forme il produira de plus groffes:neffles ; mais il faut avoir foin en le taillant de ne pas accourcir les branches à fruit, parce qu'il vient à leur'extré- mité. Les cendres font le meilleur amendement qu’on puifle donner au zefflier. Les greffes de trois ans font les plus convenables pour la tranfplantation. Ilar- rive rarement que cet arbfe manque à rapporter du fruit. | “A La neflle eft un fruit d’une qualité très-médiocre; elle n’eft bonne à manger que quand la fermenta- tion en a dépradé l’âcreté par un commencement de pourriture. Ce fruit ne craint point la gelée, &il ne tombe de l'arbre que quand on labat: Le mois d'Oûobre eft le téms propre à cueillir les neffles, lorfque la feve eft paflée & que les feuilles commen- cent à tomber. On les dépofe à la cave pourles:laif- {er mollir : on peut les avancer en les mettant {urla: paille ; on ne les fert furles bonnes tables qu'après quelles ont été glacées au fucre. Ce fruit eft auf aftringent & a les mêmes propriétés que la corme. Le bois du #eflier eft dur , ferme , compaëte & mafMf ; il eft propre aux ouvrages de fatigue & de durée, fur-tout pour les menus bois quientrent dans la coffiruîion des moulins. Les Meruifiets s’en fer: vent pour la monture de leurs outils. On connoit trois efpeces de cet arbre- Lé neflier fauvage. Son fruit , quoique petit & un peu fec , eft de bon goût. | Le zefflier d'Hollande. Son bois eft plus fort , fa feuille plus grande &c fon fruit plus gros que dans l’efpece qui précede. Et le zefflier fans noyaiix. Son fruit eft le plus petit: de tous & de moindre qualité. On n’admet les zeffiers dans un fruitier ou un verger que quand on veut avoir de tout ce qui peut y entrer. NEFFLIER , ( Diese & Mar. med. ) Les fruits du nefflier ou les neffles lorfqu’elles ne font point encore mures , {ont d’un goût très-acerbe ou plutôt auftere. qui les fait compter avec raifon parmi les ftyptiques les plus forts que fournifle le regne végétal : c’eft à ce titre qu’elles entrent dans le firop de myrte com- polé , qui efttrès aftringent. Ces fruits perdent leur aufterité en mûriflant , & prennent un goût aigrelet & légerement äâpre ; 1ls font encore regardés dans cet état comme foiblement aftringens , & dé plus, comme rafraîchifans ; ils font recommandés dans les cours de ventre bilieux ou accompagnés d’ardeur d’entrailles, & dans la dyflenterie. L’obfervation prouve qu'ils font en effet fouvent utiles dans le premier cas, fur-tout après les évacuations conve- nables ; maïs elle ne leur eft pas aufi favorable dans le dernier. On a aufli recommandé dans le même cas la dé- co&tion des branches tendres de xefffier : celles des neffles non-mûres ou des feuilles de l'arbre employées en gargarifme contre les inflammations de la gorge & les fluxions de la bouche ; la femence infufée dans du vin contre fa gravelle, &c. tous ces reme- des font peu ufités : la vertu du dernier paroît ab{o- lument imaginaire. On retire une eau diftillée des neffles , qui eft une préparation inutile &c ridicule. b 1 - NEET A , ( Géog.) ville d'Afrique au royaume de Tunis, dans la provinne de Zeb , entre la Barbarie & le pays des Negres. Long. 20. lar. 33. NÉGAPATAN, ( Géogr. ) ville des Indes, avec un fort fur la côte de Coromandel, au royaume de Tanjaour, bâtie par les Portugais’, qui en ont joui jufqu'en 1558. Elle eft à 23 heues S. de Pondichéri. Long, 97. 45. lat: 15. NÉGATIF, adj. (4/geb. ) quantités régarives, em Algebre, font celles qui font affeétées du figne — , & qui font regardées par plufeurs mathématiciens comme plus petites que zéro. Cette derniere idée n’eft cependant pas jufte, comme on le verra dans un moment, Woyez QUANTITÉ. Les quantités régarives font le contraire des pof- tives: oiile pofitif finit , le négatif commence. Woyez POSITIF. | Il faut-avouer qu'il n’eft pas facile de fixer Fidée des quantités négatives , 8 que quelques habiles gens ont même contribué à l’embrouiller par les notions peu exactes qu'ils en ont données, Dire que la quan- tité régarive et au-deflous du rien, c’eftavancerune chofe qui ne fe pent pas concevoir. Ceux qui pré- tendent.qué 1 m’eft pas comparable à —1 , & que le. rapport entre 1 & — r eft différeñt du rapport en- tre—1 & rx, font dans une double erreur : 1°, parce qu’on divife tous les jours dans les opérations algé- briques , 1 par — 1: 2°. l'égahté du produit de — % par — 1, & de + 1 par + 7 , fait voir que 1 eft à — 1 comme— I à I. 2 Quand on confidere l’exa@itude & la fimplicité | dés opérations aleébriques fur les quantités aégarives, on eft bien tenté de croire que l'idée précife que l’on. doit attacher aux quantités négatives doit être use idée fimple, &n'être point déduire d’une méraphy= | fique NEG fique alambiquée. Pour tâcher d'en découvrir la vraie notion, on doit d’abord remarquer que les quantités qu'on appelle régarives, Ëc qu'on regarde fauflement comme au-deflous du zéro , font très- {ouvert repréfentées par des quantités réelles, com- me dans la Géométrie, où les lignes régatives ne dif- ferent des poñitives que par leur fituation à l'égard de quelque ligne au point commun. Foyez COURBE. De-là il eft affez naturel de conclure que les quan- tités négatives que l’on rencontre dans le calcul, font en cffet des quantités réelles ; mais des quantités réelles auxquelles il faut attacher uneidée autre que celle qu’on avoit fuppofée. Imaginons , par exemple, qu'on cherche la:valeur d’un nombre x, qui ajouté à 100 fafle so, on aura par les regles de l’Algebre, x +ioo = vo, &x=—5$0; ce quifait voir que la quantité x eft égale à 50, & qu'au heu d’être ajou- tée à 100, elle doit en être retranchée ; de forte aw’on auroit dû énoncer le problème ainf : trou- ver une quantité x qui étant retranchée de 100, il refte 50; en énonçant le problème ainñ, on auroit 100—x= 50, &x—5o; & la forme zégarive de x ne fubffteroit plus. Ainfi les quantités zégasives indiquent réellement dans le calcul des quantités po- fitives, mais qu’on a fuppofées dans une faufle pofi- tion. Le figne — que l’on trouve avant une quantité fert à redrefler & à corriger une erreur que l’on a faite dans l’'hypothefe, comme l'exemple ci-deflus le fait voir très-clairement, #oyez ÉQUATION. Remarquez que nous ne parlons ici que des quan- tités zégarives olées , comme — # , ou des quantités a —b, dans lefquelles £ eft plus grand que a ; car pour celles où « — # eft pofitif, c’eft-à-dire où eft plus petit que a, le figne ne fait aucune dificulté. Il n’y a donc point réellement & abfolüiment de quantité zégative iolée : — 3 pris abftraitement ne préfenre à l’efprit aucune idée ; mais fi je dis qu'un homme a donné à un autre — 3 écus, cela veut dire en langage intelligibie , qu'il lui a Ôté 3 écus. Voilà pourquoi le produit de — a par — &, donne ab: car a & b étant précédés du figne — par la fuppoñtion, c’eft une marque que ces quantités 4, b , fe trouvent mêlées & combinées avec d’autres à qui on les compare, puifque fi elles étoient confidé- rées comme feules & 1folées , les fignes — dont elles font précédées, ne préfenteroient rien de net à l’ef- prit.Donc ces quantités — a êc — 6 ne fe trouvent pré- cédées du figne — , que parce qu'il y a quelque er- reur tacite dans l'hypothefe du problème ou de Po- pération : fi le problème étoit bien énoncé , ces quan- tités — a, — b,, devroient fe trouver chacune avec le figne +, & alors leur produit feroit + ab ; car que fignifie la multiplication de — 4 par — b, c’eft qu'on retranche à de fois la quantité mégative — a: or par l’idée que nous ayons donnée ci-deflus des quantités zégarives , ajouter Ou pofer une quantité négative , c’eft en retrancher une pofitive ; donc par la même raifon en retrancher une régarive, c'eft en ajouter une poñtive ; & l’énonciation fimple 6 na- turelle du problème doit être , non de multiplier — 2 par — 4, mais + 4 par + D ; ce qui donne le produit + 26. Il n’eft pas poffble dans un ouvrage de la na- ture de celui-ci, de développer davantage cette idée, mais-elle eft fi fimple , que je doute qu'on puiffe lui en fubftituer une plus nette & plus exaéte ; ét je crois pouvoir aflurer que fi on l’applique à tous les pro- Dlèmes que lFon pent réfoudre , & qui renferment des quantités zégatives, on ne la trouvera jamais en défaut. Quoi qu'il.en foit, les regles des opérations algébriques fur les quantités négatives, font admufes par tout le monde , 8 reçues généralement commé exactes, quelque idée qu'on attache d’ailleurs à ces quantités {ur les ordonnées zégatives d’une courbe ; Tome XI, | NEG 7» ; à & leur fituation pat rapport aux ordonnées poñtives® Voyez COURBE. Nous ajouterons féulément à cé que noûs avons dit dans cet article , que dans la folution d’un pro- blème géométrique, les quantités zégasives ne {ont pas toujours d’un côté oppoié aux pofñtives; mais d’un côté oppofé à celui où l’on les a fuppofées dans le calcul. Je fuppofe par exemple , que l’on ait l’é- quation d’une courbe entre les rayons partant d’un centre ou pole, que j'appelle y, & les angles correfs pondars que je nomme +; enforte que y, par exers 1 ACC ° re ; T pl, = 1 et évident que lerfque cof, z fe- ra = — 1 ,alors fi zeft > 2, y fera dans une poñ: tion diretement contraire à celle qu’elle avoit lorf- que cof. = 1, cependant Pune &c l’autre valeur de y feront fous une forme pofitive dans lPéquation. Mais fi aeft < b, alors la valeur algébrique de y {era négative, & y devra être prife du même côté que quand cof.z = 1, c’eft-àä-dire du côté contraire à ce: lui vers lequel on a fuppofé qu’elle devoit êtte prife. It fe préfente encore d’autres cas en Géométrie , où les quantités négatives paroïflent fe trouver du côté où elles ne devroient pas être; mais les principes que nous venons d'établir, & ceux que nous avons po- fés ou indiqués à l’article ÉQUATION, fufiiront pour réfoudre ces fortes de difficultés. Nous avons expli- qué dans cet article en quoi les racines zégarives des équations différoient des racines imaginaires ; c’eft que les premieres donnent une folution au prohle- me envifagé fous un afpeét un peu différent, &c qui ne differt point même dans le fond de la queftion propofée ; mais les imaginaires ne donnent aucune folution pofhble au problème de quelque manieré qu’on l'envifage. C’eftque les racines négatives, avec de legers changemens à la queftion , peuvent deve- nir pofitives , au lieu que les imaginaires ne le peu vent jamais. Je fuppoie , que j'aye by =x3—a5, ouenfaifanté=1,y=x3—43;lorfque x eft < 4, y devient négative , & doit être prife de l’autre côté (voyez Course) ; pourquoi cela ? c’eft que fi on avoit réculé l’axe d’une quantité €, ce qui eft abfo- lument arbitraire , en [orte qu’au lieu des co-ordon< nées x, y, oneûteu lés co-ordonnées x &7, telles que 2fù = y+c, alorsonauroiteuz=c+xs—a3, &c en faifant x < @, z n’auroit plus été zégaiive , ou plütôt auroit continué à être encore politive pen« dant un certain tems: d’où l’on voit que la valeur négative de y + x3 — 43, appartient aufli-bien à la courbe que les valeurs poñitives; ce qui a té déve loppé plus au long an #04 COURBE. Au contraire ; fon avoir y=y/xx—aa, & que x fût < 4, alors on auroit beau tranfporter l’axe , la valeur de y refteroit imaginaire ; ainfi les racines régarives in- diquent des folutions réelles, parce que ces racines deviennent poñrives par de legers changemens dans la folution ; mais les racines imaginaires indiquent des {olutionsimpofhbles, parce que cesracines ne de- viennent jamais ni poñtives ni réelles par ces mê« mes changemens. Voyez ÉQUATION & RACINE. Quand on a dit plus haut que le zégarif commencé où le pofitif finit, cela doit s'entendre avec cette ref- trition, que le poñtif ne devienne pas imaginaire, Par exemple, foity =xx— 40, 1l eft vifible que f x el > 4, y fera poñitif, quefix=a,y{era=o, & que fix <'a,y fera négatif. Ainfi dans ce cas, le poñtif finit oùy=o, & le négatif commence alors ; mais fi on avoity =y/ xx—aa,alorsx > «donne ypoñitif, & x=adonney—0o;maisx <4 donne y imaginaire. | | Le pañlage du poñitif au régarif, fe fait toujours. par zéro ou par l'infini. Soit, par exemple, y= * — #, onauray pofnif tant que x > 4,7 2éganf lork 5 que x < 4, &y=0 lorfque x — «a; dans ce cas le paflage fe fait par zéro, Maïs fi y = — , On aura y pofñtif tant que x eft © a, y négatif lorfque x eft +x,ouque a foit < x,y demeure toujours poñtive. Voyez M4- XIMUM. (O) | NÉGATION , £ f. (Logique, Grammaire.) les Métaphyficiens diftinguent entre zégarion & priva- tion, Ils appellent négation l’abfence d’un attribut qui ne fauroit fe trouver dans le fujet, parce qu'ileft incompatible avec la nature du fujet : c’eft ainfi que Pon rie que le monde foit l'ouvrage du hafard. Ils appellent privation, l’abfence d’un attribut qui non- fenlement peut fe trouver, mais fe trouve même or- dinairement dans le fujet, parce qu’il eft compatible avec la nature du fujet, 8& qu'il en eft un accompa- gnement ordinaire : c’eft ainfi qu’un aveugle eft pri- ve de la vûe. Les Grammairiens font moins circonfpels, parce que cette diftinétion eft inutile aux vûes de la paro- le : Pabfence de tout attribut eft pour eux zégarion, Mais ils donnent particulierement ce nom à la par- ticule deftinée à défigner cette abfence , comme 20», ze, en françois ; 70, en italien, en efpagnol & en anglois ; zeën, nicht, en allemand ;# , sx, en grec, &c. fur quoi il eft important d’obferver que la zépa- tion dèfigne l’abfence d’un attribut, non comme con- çue par celui qui parle, mais comme un mode pro- pre à fa penfée a@tuelle ; en un mot la zégarion ne préfente point à l’efprit l’idée de cette abfence com- me pouvant être fujet de quelques attributs, c’eft l’abfence elle-même qu’elle indique immédiatement comme l’un des caratteres propres au jugement ac- tuellement énoncé. Si je dis, par exemple, /a néga- tion eff contraditoire à l'affirmation ; le nom régaion en défigne l’idée comme fujet de l’attribut coztradic- coire, mais ce nom n’eft point la zéparion elle-même: la voici dans cette phrale, Dieu NE peut étre injufle, parce que ze défigne l’abfence du pouvoir d’étre injufte, qui ne fauroit fe trouver dans Le fujet quieft Dieu, La diftinétion philofophique entre zégation & pri- vation n'eft pourtant pas tout-à-fait perdue pour la Grammaire ; & l’on y diftingue des mots régarifs & des mots privatifs. Les mots réganifs font ceux qui ajoûtent à l’idée caraétériftique de leur efpece , & à l’idée propre qui les individualife l'idée particuliere de la névarion grammaticale. Les noms généraux ze70 , nihil ; les adjectifs zeuter, nullus ; les verbes nolo, nefcis ; les adverbes zunquam, nufquam, nullibi; les conjonc- tions ec, neque, if, quin,Îontdes mots nevarifi. Les mots privarifs font ceux qui expriment direde- ment l’abfence de l’idée individuelle qui en confti- tue la fignification propre ; ce qui eft communément indiqué par une particule compofante, mife à la tête du mot pofñtif, Les’ Grecs fe fervoient fur-tout de l'alpha, que les Grammairiens nomment pour cela privatif opæXcc, d'où dyauañce, AVEC « À UN » Eu- phonique; Buecce , d’où & Busces. La particule ir, étoit fouvent privative en latin; dignus, mot pofñtif, z- digrius ,mOt privatif ; décorus, indecorus ; anus , in- Janus ; violatus, tnviolatus ; felix, felicitas & féliciter, d'où znfelix , tnfelicitas & infelicirer : quelquefois le z final de 7, fe change en / & enr, quand le mot poñtif commence par l’une de çes liquides, & d’an- tres fois en », file mot commence par les fabiales b, p 8tm; legitimns, de-là :epirimus pour irlegiti mus ; regularis, de-là ürregularis pour irrepularis : bellum , &t de-là 2mbellis pour inbellis ; prob, d’où improbè pour inprobè ; mortalis, d’où immortalis bour irmortalis. Nous avons tranfporté dans notre langue les mots privatifs grecs & latins , avec les particules de ces langues ; nous difons azeral, abime, indigne, indécent, infenfé, inviolable, inforture, illégitime, ir= régulier, &c. mais fi nous introduifons quelques mots Privatifs nouveaux, nous fuivons la méthode latine & nous nous fervons de ix. Ainf la principale différence entre les mots né9e- tifs 8 les mots privarifs, c’eft que la zégation renter- mée dans la fignification des premiers, tombe fur la propoñtion entiere dont ils font partie & la rendent négative ; au-lieu que celle qui conftitue les mots Privatifs, tombe fur l’idée individuelle de leur figni= fication, fans influer fur la nature de la propoñ- tion. | À l'égard de nos zégations, non & ne, il y a dans notre langue quelques ufages qui lui font propres , & dont je pourrois groffir cet article ; mais je l’at déjà dit , ce qui eft propre à certaines langues, n’eft nullement encyclopédique : & je ne puisici, en fa- veur de la nôtre, qu’indiquer les remarques 389 & 506 de Vaugelas, celle du P. Bouhours fur je re l'aime, nine leflime , tom, I, p. 89. & Vart de bien parler françois , com. II, p. 333, remarque fur ze (B. E, R. M.) | | NÉGINOTH , (Cririg, facrée.) ce terme hébreu quife trouve à la tête de quelques pfeaumes, fignifie ou des inftrumens à corde que l’on touchoit avec les doigts, ou des joueurs d’inftrumens. (D. J.) NÉGLIGER , v. a&t. (4/g.) on emploie ce mot dans certains calculs, pour défigner l’omiffion de plufeurs termes, qui étant fort petits par rapport à | ceux dont on tient compte, ne peuvent donner un réfultat fenfiblément différent de celui auquel on ar- rive en omettant ces termes. Cette méthodeeft principalement d’ufage dans les calculs d’approximation, voyez APPROXIMATION. Et elle eft en général fondée fur ce principe, qme f on a une quantité très-petite x, les termes où en- trera le quarré xx de cette quantité feront très- petits par rapport à ceux où entrera la quantité fimple +; en effet xx eft incomparablement plus petit que x, piifque xx eft à x :: comme x eft à r, ëc que x eft fuppofée une très-petite partie limitée. À plus forte raïlon les termes où fetrouveroitx3,x4, font très-petits par rapport À ceux qui contiennent x. Ainfi on reglige tous ces termes, ou au moins ceux qui contiennent les puiffances les plus hautes de x, Cette méthode a été employée avec fuccès par les Géometres, pour la folution approchée d’un grand nombre de problèmes ; cependant on ne doit l'employer qu'avec précaution : car fi, par exem- ple ; le coefficient du terme qui renferme xx, étoit fort grand par rapport à cel du terme qui renferme x, 1 €ft vifible qu'on ne pourroiït zégliger le terme où eft xx, fans s’expofer à une erreur confidérable, Il eft de même certaines queftions où une très-petite quantité zéglgée mal-à-propos, peut produire une erreur confidérable, Par exemple , une très-petite er- reur dans le rayon veéteur d’une planete, peut en produire une fort fenfible dans la poñition de l’apo- gée ou du périgée de cette même planete, parce que près de l’apogée ou du périgée les rayons vec- teurs font fenfblement égaux. Uné autre erreur qu’il faut éviter, c’eft de fuppofer mal-à-propos dans le calcul, qu'une quantité doit être fort petite ; par exemple, fi on avoit poux 7 , 7 étant une quantité fort peute, il eft clair qu'on ne devroit traiter à cominé très-pétite par rappoït à 24444; gue tant que 24x—wx a une valeur confidérable ; car x eft prefque = 24, alors 2ax=-xx, elt prels que =0 , & alors 7 bien loin d’être très-petite par rapport à 24x—xx, peut être beaucoup plus gran- de, De même fi un corps eft attiré vers un point, par une force qui foit en raifon inverle du quatré de la diffance , & qu'à cette force il s’en ajoûte une autre dans la même direétion, que j'appelleraio; & qui foittrès-petite par rapport à la premiere, on auroit tort de fuppofer en général ; que le rayon velteur differe peu de ce qu'il feroit s’il n’y avoit que la premiere force; car la feconde force peut être telle qu’elle donne un mouvement à l’apoyée, & que par conféquent au bout de plufieurs révolutions l'orbite change confidérablement de poñtion & de forme. Au refte, l’ufage êc la ledture des grands Géometres en apprendront plus fur ce fujet que toutes les leçons ê£ tous les exemples. (O0) NÉGLIGER » (Jardinage) on dit un jardin #ég/- gé, un gazon régligé, un oranger régligé. Nécricer fon corps à cheval, c’eft ne s’y pas tenir en belle pofture. NÉGOAS , (Géog.) ou l’ée des Negres ; ile d’'A- fie, l’une des Philippines entre celles de Luçon au nord, & celle de Mindanoa au midi, Long. 139. 33-141. lat. 8. $0-10.33. (D. 1.) NÉGOCE ,f. m. (Commerce.) ou trafic de mar. chandites ou d'argent. Voyez COMMERCE. Le négoce eft une profeflon très-honorable en Orient , où elle eft exercée non feulement par les : roturiers, mais encore par les plus grands feigneurs, 8 même par les rois quelquefois en perfonne , maïs toûjours par leurs commis. C’eft fur:tout en Perfe que la qualité de marchand a des honneurs & des prérogatives extraordinaires; aufli ce nom ne {e donne-t-1l point aux gens quitien- nent boutique ou qui trafiquent de menues denrées, mais feulement à ceux qui entretiennent des com- : mis & des fafteurs dans les pays les plus éloignés. Ces perfonnes font fouvent élevées aux plus gran- des charges, & c’eft parmi elles que le roi de Perfe choifit fes ambafladeurs. Le nom de warchand en per- fan eft foudaguet, qu fignifie faifeur de profs. Le négoce fe fait en Orient par courtiers ; que les Perfans nomment de/al, c’eft à-dire grands parleurs, à caufe de leur maniere finguliere de traiter. Foyez CourTiers. Et ils appellent vikils, ceux qu'ils tiennent dans les pays étrangers. Diéfion, de Com, Le moyen le plus für de ruiner le zégoce dans un royaume, eft d’autorifer La Finance à fon préjudice. L'émbarras des formalités, Les droits des fermiers , des commis , les charges , les vifres, les procès-ver- baux, le retard des expéditions, les faifes , les dif- cuffons quien réfultent, &c. détruifent en peu d’an: nées dans les provinces ; le zégoce le plus lucratif & le mieux accrédité. Auf la pernicieufe liberté ac- cordée au fermier de la douane de Lyon, d'établir des bureaux où bon lui fembleroit, fut fi bien em- ployée dans le dernier fiecle, qu’en moins de cin- quante ans il s’en trouva cent {oixante-fept dans le Lyonnois, le Dauphiné, la Provence ërle Langue- doc ; & par-là tout le zégoce des denrées à l’étranger {e trouva culbuté. C’eft au grand crédit des favoris & des Financiers , fous le regne d'Henri III. que l’on doit rapporter la plñpart des établiffemens funeftes au zégoce du royaume. (2. J.) NEGOCIANT , f. m. banquier ou marchand qui fait négoce. Voyez BANQUIER, MARCHAND , COM- MERCE, NÉGOCE, TRAFIC: À | NÉGOCIATEUR , f. m. (Podirique.) miniftre chargé de traiter de paix, de guerre, d'alliance &c de toute autre affaire d'état, plus ou moins impor- tante, Tome XT, NEG Le négociateur oule plénipotentianre , dit la Bruye- te , ef un prothée qui prend toutes fortes dé formes! femblable quelquefois à un joueur habile ; il ne mon- tre ni humeur, ni complexion, foit pour ñe point donner liéu aux conjeétures , ou fe laïfler pénétrer ; {oit pour ne rien laifler échapper de fon fécret pai pañlion, ou par foiblefle. Quelquefois auf il fait feindre le caraétere le plus conforme aux vües qu'il a , & aux befoins oùil fe trouve, & paroitre tel qu’il a intérêt que les autres croient qu'il eft en effet. . à Il parle quelquefois en termes clairs & formels : il fait encore mieux parler ambiguement, d’une ma- niere énveloppée ; ufer de tours ou de mots équivo- ques qu'il peut faire valoir ou diminuer dans les oc- cafñons &t felonfes intérêts. Il demande peu quand il ne veut pas donner beaucoup; 1l demande beaucoup, pour avoir peu & l'avoir plus fürement; il deman: de trop, pour être refufé ; mais dans le deflein de fe faire un droit ou une bienféance derefuier lui-mé- me ce qu'ilfait bien qu'on lui demandera, &c qu'il ne veut pas oroyer....... [l prend direétement ou indireétement l'intérêt d’un allé, s1l y trouve fon utilité ou l'avancement de fes prétentions, [lne parle que de paix, que d'alliance, que d'intérêts pu: blics ; & en effet il ne fonge qu'aux fiens, c’eft-à-dire à ceux de fon maître... .., [la fon fait digéré par la cour, toutes fes démarches font melurées , les moindres avances qu'il fait lui font prefcrites; êc il agit néanmoins danstes points dificiles, & dans Les articles conteftés, comme s’il fe relâchoit de lur< même fur le champ, par un efprit d’accommode: ment & de déférence ; promettant qu'il fera de fon mieux pour n'être pas défavoué par fa cour. line tend par fes intrigues qu’au folide & à l’eflentiel , toûjours prêt de leur facrifier les points d'honneur imaginaires. , ..... [l prend conteil du tems, du lieu , des occafons, de {a puiffance ou de fa foiblef- fe, du génie des nations avec qui ilrraite , du terms pérament & caradere des perlonnes avec qui il né- gocie. Toutes fes vües, toutes fes maximes, tous les rafinemens de fa politique tendent à un feule fin, qui eft de n’être point trompé , & de tromper les autrés. (D. J.) NÉGOCIATEUR , {. m. dans le Commerce, celui qui fe mêle de quelque négociation, traité où mar- ché entre les Commerçans. Les asens de banque 6 courtiers font les négociateurs des marchands & ban: uiers. Di, de commerce, (G NÉGOCIATION, f. f. (Société civile, Ÿ conduite d’affaires & de traités entre particuliers, Le but de toutes 2épociations eft de découvrir ou / fl hote. L : d'obtenir quelque chofe. Les hommes fe découvrent ou par confiance, ou par colère, ou par furprife , ou par néceflité , c’eft-à-dire lorfqu'on met quelqu'un dans l’impoffbilité de trouver des faux fuyans, n1 d'aller à {es fins fans fe laiffer voir à découvert. Pour gagner un homme , 1l faut connoïtre fon na- turel & {es manieres ; pour le perfuader , il faut fa- voir la fin où il butte, ou gagner les perfonnes qui ont le plus de pouvoir fur {on efprit : pour lui faire peur, il faut connoître fes foibleffes & fes défavan- tages. Avec les gens adroits, confultez plutôt leurs defleins que leurs paroles , vous connoïtrez leurs vües par leurs intérêts : la rufe décele moins d’efprit que de foibleffe ; mais la fineffe permife eft le che- min couvert de la prudence, Les zésociations importantes ont befoin de tems pour mûrir. La précipitation fait de grands maux dans les affaires ; ainfi qu’une digeftion trop hâtée détruit l'équilibre des humeurs , & que la crudité des fucs devient le germe des maladies. On avance beaucoup plus à marcher d’un pas égal & foutenu , qu’à coutir à perte d’haleine, La vanité paraitre ) ve NEG -expéditif fait perdre beaucoup detéms ; allez plus #enfément , vous aurez plutôt fait. La hardiefle tient mal la place des talens réels ; “quelquefois cependant dans les régociations elle ne smanque pas d’avoir de l'empire fur lès hommes. ‘Il vaut mieux généralement xégocier de bouche fque par lettres ; & plutôt par perlonne tierce , que par {Gi-tnême, Les lettres font bonnes , lorfqu'on veut s’attirer une réponfe par écrit , ou quandileft utile de garder 'par-devers foi les copies de celles qu'on a écrites , pour les repréfenter en tems ou lieu, ou bien lorlqu’on peut craindre d’être inter- #ompu dans fon difcouts. Au contrairequand fa pré- fence de celui qui ségocie imprime du refpe& & qu'il traite avec fon inférieur, il vaut beaucoup mieux qu'il patle. Il eff encore bon que ‘celui qui defire gu’on life dans fes yeux ce qu'il ne veut var dire , négocie par lui-même; enfinil doit fe conduire ammfi, Horfqu’il projette de {e réferver la hberté de dire & -d'interprêter ce qu'il a dit. Quand on répocie par untiers, l vaut mieux choï- fr quelqu'un d’un efprit fimple , quiexécutera vraif- femblablement les ordtes qu’il aura reçus, & qui ren- dra fidelement la converfation , que de fe fervir de perfonnes adroites à s’attirer l'honneur oule profit _par les affaires des autres, ou qui dans leurs répon- fes ajouteront pour fe faire valoir, ce qu'ils jugeront pouvoir plaire davantage. Mais prenez par préfé- rence à tout autre ceux qui fouhaitent le fuccès de l'affaire pour laquelle ils font employés. Les paffions aisuifent puiffamment le zèle & l’indufirie. Cher- chez encore avec foin ceux de qui le caraétere con- vient le plus pour la chofe dont vous les voulez charger, comme unaudacieux pouf faire des plaintes -&t des reproches , un homme doux pour perfuader, un homme fubtil pour découvrir & pour obferver , un homme fier pour une affaire qui a quelque chofe de déraifonnable & d’injufte. Employez par choix ceux qui ont déja réufli dans vos affaires, 1ls auront plus de confiance & feront tout leur pofhible pour {outenir l'opinion déja établie de leur capacité. Quant aux régociations politiques , voyez NÉGo- CIATEUR, MINISTRE , PLÉNIPOTENTIARE.(2.J.) NÉGOCIATION , 1. f, ( Comm. ) {e dit du com- mercedes. billets & lettres de change, qui fe font dans les bourfes & fur les places de change par l’en- tremile des coûrtiers ou agens de change , ou par les marchands & banquiers eux-mêmes. Voyez LET- TRES DE CHANGE , BOURSES, PLACE DE CHANGE, AGENT DE CHANGE, COURTIER , BANQUIER, MARCHAND. Dit. de com. (G) NÉGOCIER , v. a&t. & neut. srafiquer , commer- ‘cer, les marchands négocient en différentes mar- chandifes , les banquiers zégocient en argent , en billets , en lettres de change. Voyez Nécocx € (COMMERCE. (G) NÉGOCIER we letire de change, c’eft la céder ou la tranfporter à un autre moyennant la valeur que T’acheteur en donne au cédant ou vendeur , ce qui fe peut faire en trois manieres, au pair, avec pro- fit ou avec perte. On zépocie au pair quand on reçoit précifément la fomme contenue dans la lettre de change ; la né- gociation fe fait avec profit, quand le cédant reçoit plus que ne porte la lettre ; êtelle fe fait avec perte, ‘quand on cede une lettre de change pour une fomme moindre que celle qui y eft exprimée. ‘Quand le tireur d’une lettre de change reçoit plus que le pair, cela s'appelle avance pour le tireur, on nomme aucontraire avance pour le donneur d'argent 8 perte pour le cireur lorique le donneur donne moins que le pair. Di, deccomm. (G) , NEGOMBO, ( Géog. ) forterefle de l'ile de Cey- lan fur la côte occidentale du pays de la Canelle, Élle fat bâtie par les Portugais , à qui les Hollans dois l’enleverent en 1640. Long. 98. latit, 7. 30 NEGORES , ( Æif. mod. } c'eit le nom que l’on donne au Japon à un ordre de bonzes ou de moines militaires , inflitué comme les chevaliers de Malte, pour défendre la religion. Le P. Charlevoix nous apprend qu'il n’eft point de ioldats plus aguerris &z mieux difciplinés que les zegores. Îls font vœu de continence ; & l’entrée de leur couvent eft inter- dite aux femmes, | | NEGRE , 1, m, ( Æf. nar, ) homme qui habite différentes parties de la terre. Depuis le tropique du cancer juiqu’à celui du capricorne l’Afrique n’a que des habitans noirs, Non-feulement leur couleur les diftingue ; maïs ils different des autres hommes par tous les traits de leur vifage , des nez larges & plats, de grofles levres, & de la laine au heu de cheveux, paroïffent conftituer une nouvelle efpece: d'hommes. Si l’on s'éloigne de l'équateur vers le pole antar- tique , le noir s’éclaireit, mais la laideur demeure: on trouve ce vilain peuple qui habite la pointe mé- ridicnale d'Afrique. Qu'onremonte vers lorient, on verra des peuples dont les traits fe radouciflent & deviennent pius réguliers , mais dont la couleur eft aufli noire que celle qu'on trouve en Afrique. Après ceux-là un grand peuple bafané eft diftin- gué des autres peuples par des yeux longs, étroits X placés obliquement. Si l’on pafñle dans cette vale partie du monde qui paroît iéparée de l’Europe , de l'Afrique & de l’Afie , on trouve, comme on peut croire, bien de nouvelles variétés. Il n’y a point d'hommes blancs : cette terre peuplée de nations rougeâtres & bafa- nées de mile nuances, fe termine vers le pole an- tartique par un cap & des iles habitées, dit-on, par des géans. Si l'on en croit des relations de plufeurs voyageurs, on trouve à cette extrémité de l’Améri- que une race d'hommes dont la hauteur eft prefque double de la nôtre. Avant que de {ortir de notre continent , nous au- rions pù parler d’une autre efpece d'hommes bien différens de ceux-ci. Les habitans de l'extrémité feptentrionale de l’Europe font les plus petits de tous ceux qui nous font connus. Les Lapons du côté du nord , les Patagons du côté du midi paroïffent les termes extrèmes de la race des hommes. Je ne finirois point fi je parlois des habitans des iles que l’on rencontre dans la mer des Indes, & de celles qui font dans ce valte Océan , qui remplit l'intervalle entre l’'Afie & l'Amérique. Chaque peu- ple, chaque nation a fa forme comme fa langue ; & la forme n’eft-elle pas une efpece de langue elle-mê- me,& celle de toutes qui fe fait le mieux entendre à Si l'on parcouroit toutes ces iles, on trouveroit peut-être dans quelques-unes des habitans bien plus embarraflans pour nous que les noirs, auxquels nous. aurions bien de la peine à réfufer ou à aonner le nom d'hommes. Les habitans des forêts de Bornéo dont parlent quelques voyageurs, fi re{femblans d’ailleurs aux hommes , en penfent-ils moins pour avoir des queues de finges ? Et ce qu’on n’a fait dé- pendre m du blanc ni du noir dépendra-t-1l du norm- bre des vertebres ? Dans cetifthme qui fépare la mer du Nord avec la met Pacifique, on dit qu'on trouve des hommes plus blancs que tousceuxquenons connoiflons: leursche- veux feroient pris pour de la laine la plus blanche ; leurs yeux trop foibles pour la lumiere du jour , ne s'ouvrent que dans l’obfcurité de la nuit : 1ls font dans le genre des hommes ce que font parmi les oi feaux les chauve-fouris & les hibous. Le phénomene le plus remarquable & la loi ia N EG plusconftante fur la couleur des habitans de la terre, c’eft que toute cette large bande qui ceint le globe d’orient en oëcident , qu'on appelle /a zo#e torride, n’ef habitée que par dés peuples noirs, ou fort ba- fanés : malgré lesinterruptions que la mer y caufe, qu’on la fuive à-travers l'Afrique , l’Afie & l’Amé- sique; foir dans les îles, foit dans les continens , On n'y trouve que des nations noires ; car Ces hommes noûurnes dont nous venons de parler, & quelques blancs qui naïflent quelquefois, ne méritent pas qu’on faffe ici d'exception. En s’éloignant de l'équateur ; la couleur des peu- ples s’éclaircit par nuances ; elle eft encore fort brune au-delà du Tropique , & lon ne la trouve tout-à-fait blanche que lorfque l’on avance dans la zone tempérée. C’eit aux extrémités de cette zone qu’on trouve les peuples les plus blancs. La danoife aux cheveux blonds éblouit par {a blancheur le voyageur étonné : il ne fauroit croire que l’objet qu'il voit & l’Afriquaine qu'il vient de voir foient deux femmes. Plus loin encore vets le nord & jufque dans la zone glacée , dans ce pays que le foleil ne daigne pas éclairer en hiver, où la terre plus dure que le foc ne porte aucune des productions des autres pays; dans ces affreux chmats , on trouve des teints de dis & de rofes. Riches contrées du midi, terres du Pérou & du Potofi, formez l’or dans vos mines , je n’irai point l’en tirer ; Goiconde , filtrez le fuc précieux qui forme les diamans êcles rubis, 1ls n’em- belliront point vos femmes, & font inutiles aux nô- tres. Qu'ils ne fervent qu’à marquer tous les ans le poids êr la valeur d'un monarque imbecille , qui, pendant qu'il eft dans cette ridicule balance, perd es états à fa hberté. | Mais dans ces contrées extrèmes où tout eft blanc & où tout eft noir, n’y a-t-il pas trop d’uniformité, & le mélange ne produiroit-il pas des beautés nou- velles ? C’eft fur les bords de la Seine qu’on trouve cette heureufe variété dans les jardins du Louvre; un beau jour de l'été, vous verrez tout ce que la terre peut produire de merveilles. | Tous ces peuples que nous venons de parcourir, tant d'hommes divers font-ils fortis d’une même mere? Il ne nous eft pas permis d’en douter. Ce qui nous refte à examiner , c'eft comment dun feul individu il a pu naître tant d’efpeces fi dif- férentes ? Je vais hafarder fur cela quelques conjec- tures. | Si les hommes ont été d’abord tous formés d'œuf en œuf, il y auroit eu dans la premiére mére des œufs de différentes couleurs qui contenoient des fuites innombrables d'œufs de la mêmeefpece , mais qui ne devoient éclore que dans leur ordre de de- veloppement après un certain nombre de généra- tions , & dans les tems que la providence avoit mar- qué pour l’origine des peuples qui y étoient conte- nus ; il ne feroit pas impofñbie qu'un jour la fuite des œufs blancs qui peuplent nos régions venant à manquer, toutes les nations européennes changeaf- {ent de couleur ; comme il ne feroit pas impofhble auf que la fource des œufs noirs étant épuiée, l'E- thiopie n’eût plus que des habitans blancs. C’eft ainfi que dans une carriere profonde , lorfque la veine de marbre blanc eft épuifée , l’on ne trouve plus que des pierres de différentes couleurs qui fe fuccedent les unes aux autres. C'eft ainfi que des races nouvelles d'hommes peuvent paroître fur la terre, &c que les anciennes peuvent s'éteindre. Si l’on admettoit Le fyftème des vers , fi tous les hommes avoient d’abord été contenus dans ces ani- maux, qui nageoiïent dans la femence du premier homme , on diroit des vers ce que nous venons de dire des œufs : Le ver, pere des zegres, contenoit de NE G 17 vers en vers tous les habitans d’Ethiopie ; 18 ver Darien , le ver Hottentot ét le ver Patagon avec tous leurs defcendans étoient déja tous formés , & devoient peupier un jour les parties de la terre où l’on trouve ces peuples. Venus Phyfque. D’autres phyfciens ont recherché avec beau- coup de foin la caufe de la noirceur des zegres ; les principales conjeétures qu'ils ont formées fur cefujet {fe réduifent à deux , dont l’une attribue la caufe de la noirceur à la bile, & l’autre à l'humeur renfer: mée dans les vaifleaux dont le corps muqueux eft rempli. Voyez CORPS MUQUEUX. Malpighi, Ruïfch , Laitre , San@torini, Heïfter & Albinus ont fait des recherches curieufes fur la peau des negres. Le premier fentiment fur la noirceut des negres eft appuyé dé toutes ces preuves dans un ouvrage intitulé , Differtation fur la caufe phyfique de la cou leur des negres, &tc. par M. Barrere. Paris 1741 ,in- 12. Voici comment il déduit fon hypothefe. Si après une longue macération de la peau d’un negre dans l’eau , on en détache l’épiderme ou fur: pean, & que l’on l’examine attentivement, on le tronve noir, très-mince , & 1l paroît traniparent quand on le regarde à-travers le jour. C’eff ainfi que je l'ai vû en Amérique, & que l’a remarqué aufh un des plus favans anatomiftes de nos jours, M. Winf- ou. . : On trouve par la diffection du euir, propre- ment dit, ou la peau avec tout l’appareil , comme les mamelons cutanés & le corps réticulaire d’un rouge noirâtre, Il eft donc évidemment démontré que la couleur des zegres n’eft pas, pour ainfi dire, une couleur d'emprunt, & par conféquent la cou- leur apparente de l’épiderme n'eft pas en eux celles du corps muqueux , felon le langage de quelques- uns , ou du corps réticulaire, ainfi qu'on l’avoit cru jufqu'ici , c'eft donc de fon propre tiflu que l'épi- derme ou la furpeau dans les zegres tient immédia= tement de la nouleur noire. Difons de plus que l’épi- derme dans les zegres étant naturellement d’un noir tranfparent, fa couleur doit devenir encore plus foncée par la peau qui eft placée au-deffous , qui cit d’un rouge brun approchant du noir. Mais l’épider» me des mores , comme celui des blancs, étant un tiflu de vaifleaux , ils doivent néceflairement ren fermer un fuc , dont l'examen appartient à la quef- tion prélente. On peut dire avec quelque fondement que ce fuc eft analogue à la bile, & l’obfervation paroït appuyer ce fentiment ; 1° j'ai remarqué dans les cadavres des zegres que j'ai eu occafñon de diffé= quer à Cayenne, la bile toujours noire comme de l'encre ; 2° qu’elle étoit le plus où moins noire à proportion de la couleur des nepres ; 3° que leur fang étoit d’un rouge noirâtre , felon le plus ow moins de noirceur du teint des zegres ; 4° il eft cer- tain que la bile rentre avec le chyle dans le fang, awelle roule avec lui dans toutes les parties du corps, qu'elle fe filtre dans le foie , &c que pluñeurs de fes parties s’échappent à-travers les reins , &c les autres parties du corps. Pourquoi donc ne fe peut:l pas faire aufli que cette même bile dans les zegres fe fépare daus le üflu de l’épiderme ? Or l'expérience prouve que la bile fe fépare en effet dans l'épiderme des zesres dans les petits tuyaux particuliers , puif- que fi l’on applique le bout du doigt fur la furface de la peau d'un zegre, il s’y attache une humeur orafle, ondueufe 8 commetavonneufe, d’une odeur défagréable, qui donne fans doute ce luifant & cette douceur que l’on remarque à la peau ; que fñ l’on frotte cette même furpeau avec un linge blanc, elle le falit d’une couleur brune ; toutes qualités affcétées À la bile des negres .. .. Onjuge que la bile éftna- turellement abondante dans le fang des megres par la force & la célérité du pouls, par l'extrème fubti- 78 NE G lité & les autres paflions fongueufes, & fur-tout par la chaleur confidérable de la peau qu’on remarque en eux. L'expérience montre d’ailleurs que la cha- leur du fang eft propre à former beaucoup de bile , puifqu'on voit jaunir Le lait parmi les blanches quand une nourrice a la fievre. Enfin ne pourroit-on pas re- garder en quelque façon la couleur des regres com- me un iétere noir naturel. 1°. Par ce que nous venons de dire, on voit que l'humeur qui forme la couleur des regres, fem- ble être là même que la bile : peut-être que celle qui fe filtre dans le foie ne difere que du plus où du moins; 2°. qu'il eft plus que probable que la hile fe fépare non-feulement dans le foie des negres, mais encore dans des vaifleaux prefque imperceptibles de lépiderme, où dégagée des par- tes rouges du fang, élle doit reprendre fans doute fa premiere forme, & fe montrer par conféquent dans fa noïirceur naturelle; 3°. que les parties grof- fieres de cette bile, par leur féjour dans le tiflu de l’épiderme, doivent leur denner une couleur noire ; tandis que les parties les plus tenues, pour une décharge particuhere du fang, s’exhalent en- dehors par les pores de la peau comme une ef- pece de vapeur nullement noire, & fans prefque pas d’amertume, s’amaffent mfenfiblement fur l’é- piderme, s’y épaififlent, & y répandent une odeur défagreable. Il arrive quelque chofe tout-à-fait femblable, lorfqw’après avoir fait un peu chauffer la bile d'un zegre, dans un petit vaifleau couvert de parchemin percé de plufeurs petits trous, on remarque les parois du vaifleau teintes en noir, dans le tems que l’on voit fortir à-travers les pe- its trous du couvercle, une efpece de fumée qui fe condenfe en des gouttes fenfbles ( lorfqu’on adapte un couvercle au gobelet en maniere de cône, qui n'ont aucunement ni la coulenr ni le coût de la bile. Tells font les principales preuves {ur lefquelles M. Barrere fe fonde pour placer dans la bile le prin- cipe de la couleur des zegres. On fera peut-être bien- aile de: trouver ici les difficultés auxquelles ce fen- timent eft expofé. Élles font prifes des obferva- tions fuivantes : 1°, Les corps des zegres qui ont péri dans l’eau prennent, dit-on , une couleur blanche ; on ne peut les diflinguer des blancs que par les cheveux. 2°. La petite vérole eft blanche dans les negres ; & cette blancheur à fouvent trompé les Médecins. 3°. Les regres vomiflent de la bile qui eft jaune, c'eft un fait conftant. 4°. Les regres font fujets à liétere, 8 la conjonétive devient jaune de même que les parties internes. 3°. La bile noi- râtre qu'on trouve dans la véficuie des hommes blancs, paroït prefque toujours jaune dès qu’elle eft étendue. 6°. Quand on diftille la bile des hom- ines blancs, elle paffe par diverfes couleurs, & en- fin elle luffe un fond noir qui donne aux vai feaux qui le contiennent une couleur noirâtre, La bile des zegres peut donc paroître noirâtre, quand elle eft amañlée, & elle peut être jaune quand elle eft étendue; où bien la noïrceur de cette bile, dans les cadavres des zegres, peut avoir pris cette couleur dans les maladies & par divers accidens. 7°. Les entrailles des zegres & leur peau ont la même couleur que dans les hommes qui font blancs. 8°. Enfin, il y a des maladies qui noirciflent la bile, fans qu'il en paroïfle aucune trace fur le Corps. Dans les hommes qui font morts de la rage, on trouve la bile entierement noire, tandis que la furface de la peau eft parfaitement blanche. De tous ces faits on conclut que la couleur des zegres ne. fauroit être attribuée à la bile, Cette liqueur eft jaune dans les xesres ; elle ne donne aucune tein- ture aux parties externes dans l’état naturel; elle jaunit les yeux dès qu’elle fe répand par le corps; elle teindroit en noire les parties internes fi elle étoit véritablement noire, & fi elle étoit portée dans ces parties. Ajoutez que les urines prendroïent la même teimture dont les vaifleaux du corps mu- queux {ont remplis. Les vaiffeaux du corps muqueux , {uivant les obfer- vations de Malpighy, la peau & la cuticule des negres font blancs , la noiïrceur ne vient que du corps muqueux où du corps réticulaire qui eft en- tre l’épiderme & la peau. Les injeétions de Rzifch ont confirmé en partie cette découverte, & l’ont mife dans un plus grand jour. La furpeau n’eft pas blanche dans les zepres, {elon cet anatomifte , elle n’a que la blancheur de ia corne, qui a tou- jours un mélange noir. Ruifch envoya à Heiffer une portion de la peau d'un zegre. Elle étoit parfaite ment blanche; mais la furface externe de lépi- derme étoit noirâtre, & la face interne étoit cou- verte d’une teinture noire & foncée. Sanétorini, dans fes Remarques anatomiques, nous à donné des oblervations qui établifient la caufe de la couleur des zegres dans le corps muqueux. Ces recherches prouvent que , lorfqu’on enleve l’épiderme , il refte une portion du corps muqueux fur la peau ou le tiflu vafculeux, d’une couleur extrémement noi- re; qu'il communique fa teinture aux doigts aux- quels il s'attache fouvent lorfqu'on enleve lépi- derme ; que par conféquent il y a un réfervoir par- culier de cette teinture entre l’épiderme & la peau, Le corps muqueux, tiffu prefqu'inconnu, paroïît fort inégal en diverfes parties du corps. Il eft étroite ment attaché à l’épiderme ; on ne fauroit l’en fépa- rér entierement ; c’eft pour cela que la couleur noï- râtre ne peut s’effacer dans la furpeau, & qu’elle eft plus foncée dans la furface interne de ce téeu- ment, Les vaifleaux du corps réticulaire font pleins d’une liqueur noirâtre. On demande où elle fe for- me. Sanéforini n’a pas cru qu'on püt décider fur la fource de cette matiere qui teint le corps réticu- laire des regres ; mais 1l a foupçonné que le foie pouvoit fourmi la teinture de la peau dans cette efpece d'hommes. La couleur rouge du foie d’un poifon, diverfes fortes d’iéteres auxquels les hom- mes font fujets, & la noïrceur qu’on trouve quel- quefois dans la bile de la véficule du fiel, Pavoient conduit à cette conjeture. ÎJ’ailleurs on trouve des fources d’une liqueur noire dans quelques par- ties du corps, Entre les bronches il y a des glandes qui verfent une liqueur noire dans le fœtus; fur les yeux des animaux lon a remarqué des glandes noires d’où découle fans doute le fuc qui noircit là coroide, Il peut donc fe filtrer des fucs noirs dans diverfes parties du corps : il y a même des fluides qui, en perdant leur couleut naturelle, paf ent par diveries gradations. La bile devient noi- râtre dans la véficule du fiel; l'urine elle-même prend cette couleur dans diverfes maladies. 11 me paroît réfulter des deux opinions que j’ai expofées dans cette note & dans la précédente, que le pro- blême phyfique eft encore fort indécis. Pourquoi les negres ont les chevèux crépés ? Écou- tons encore M. Barrere fur ces queftions. Il eff déja avoué dans le monde favant, & c’eft Popinion généralement reçue, que dans le germe du corps des animaux fe trouvent comme concentrées tou- tes les parties qui les compofent avec leur couleur & leur figure déterminée ; que ces parties fe déve- loppent, s'étendent & S’épanotufient dés qu'elles font mifes en jeu &c pénétrées par un fluide très- fin &c fpinitueux, c’eft-à-dire par la femence du mâle ; que cette liqueur féminale imprime fon ca= raétere à ce point de matiere qui concentre toutés ces païties dans leur gernie. Suivant ces princi bes, qui patoïffent très- véritables, l'on conçoit : 1°. que, puifque le germe des corps des animaux dans la formation tient du mâle & de la femelle, il faut qu'il reçoive des traits de l’un & de l’autre ; 2°, qu'il y a beaucoup d'apparence que le germe renfermé dans Le fein de la femelle contient natu- rellement tous les traits de reffemblance, &c qu'il ne reçoit la reflemblance du mâle que par lintru- fion de la liqueur féminale qui détermine les par. ties du germe à recevoir un mouvement; 3°. que le mouvement qui arrive aux parties du germe dans les animaux de la même efpece, doit être prefque toujours uniforme, & comme au même desré; cependant moins grand, en comparaifon de celui qui furvient dans l’accouplement des animaux de diverfes efpeces ; il faut même que dans ces der- hiers le mouvement foit violent & comme forcé, enforte que les fluides doivent fortir de la ligne de leur diredion naturelle, & fe fourvoyer, pour ainfi parler : on le juge ainfi par Le dérangement confidérable qui arrive dans les parties originaires du germe; 4°. que la produétion des monttres eft une preuve des plus convainquantes de ce déran- gement fi furprenant, $°. Il fuit aufli, qu'une e- greffe qui aura commercé, par exemple, avec uñ blanc ou européen, doit faire un mulâtre, qui par la nouvelle modification que cet enfant aura recue dans le fein de fa mere dans la couleur ort- ginaire de fa peau & de fes cheveux, doit paroi- tre différent d’un megre; 6°. que cette nouvelle mo- dification dans le mulâtre fuppofe néceffairement l'humeur qui fe filtre à- travers l’épiderme moins noire , une dilatation dans les vaifleaux infenfibles des cheveux moins tortueux : aufli voit-on tous les jours en Amérique non-feulement dans les mu- Jâtres, mais encore dans les différens mélanges du fang la couleur de la peau devenir plus où moins foncée , & les cheveux plus droits & plus longs felon là gradation ou le différent éloignement du teint naturel des zegres ; 7°. qu’enfin l’on doit con- clure que la caufe de la dégénération de la cou- leur des mepres & de la qualité de leurs cheveux doit être vraiflemblablement rapportée à Pa&ion & au plus ou moins de difconvenance du fluide féminal avec le germe qui pénetre dans les pre- miers momens de l’évolution des parties. Arricle de M. FORMEY. NEGRES BLANCS, ( if. nat.) Les Voyageurs qui ont été en Afrique, parlent d’une efpece de negres, qui, quoique nés de parens noirs, ne laif- fent pas d’être blancs comme les Européens, & de conferver cette couleur toute leur vie. Il eft vrai que tous les negres font blancs en venant au mon- de, mais peu de jours après leur naïflance ils de- Viennent noirs, au-lieu que ceux dont nous par- lons confervent toujours leur blancheur. On dit que ces zepres blancs {ont d’un blanc livide com- me les corps morts ; leurs yeux font gris, très- peu vifs, & paroïflent immobiles; ils ne voient, dit-on, qu’au clair de la lune, comme les hibous; leurs cheveux font ou blonds, où roux, ou blancs &t crêpus. On trouve un aflez grand nombre de ces #epres blancs dans lé royaume de Loango; les habitans du pays les nomment dondos, & les Por- tugais albinos ; les noirs de Loango les déteftent, &t font perpétuellement en guerre avec eux ; ils ont foin de prendre leurs avantages avec eux & de les combattre en plein jour. Maïs ceux-ci pren- nent leur revanche pendant la nuit. Les negres or- dinaires du pays appellent les zegres blancs mokif- Jos où diables des bois. Cependant on nous dit que les rois de Loango ont toujouts un grand nombre de ces xegres blancs à leur cour; ils ÿ occupent les premières places de l'état, & remplifent les fonc- | N EG" 79 tions de prêtres ou de forciers, auxquelles on les éleve dès la plus tendre enfance, Ils reconnoifs fent, dit-on, un Dieu; mais ils ne lui rendent aucun culte, & ne paroïflent avoir aucune idée de fes attributs. Ils n’adreflent leurs vœux & leurs prieres qu'à des démons, de qui ils croient que dépendent tous les événemens heureux ou malheu- reux ; ils Les invoquent & les confultent fur toutes : les entreprifes, &z les repréfentent fous des formes humaines, de bois, de terre, de différentes gran- deurs, & très-grofherement travaillées, Les favans ont été très-embarraflés de favoir d’où provenoit la couleur des zegres blancs, L’exe périénce a fait connoitre que ce ne pouvoit être du commerce des blancs avec les negrefles, puif= qu'il ne produit que des mulâtres, Quelques-uns ont cru que cette bifarrerie de [a nature étoit dûe à l'imagination frappée des femmes grofles. D’au- tres fe {ont imagine que la couleur de ces negres venoit d’une efpece de lepre dont eux & leurs parens étorent infeétés; mais cela n’eft point pro- bable, vu que l’on nous dépeint les zeores blancs comme des hommes très-robuftes , ce qui ne con viéndroit point à des gens affligés d’une maladie telle que la lepre. Les Portugais ont effayé d’en faire pafler quelques-uns dans leurs colonies d’Amé- rique pour les y faire travailler aux mines, mais ils ont mieux aimé mourir de faim que de fe fou mettre à ces travaux. Quelques-uns ont cru que Îles egres blanes ve- noient du commerce monftrueux des gros finges du pays avec des negrefles; mais ce {entiment ne paroît pas probable, vü qu’on aflure que ces ze- gres blancs font capables de fe propager. Quoi qu'il en foit, il paroïît que l’on ne connoît pas toutes les variétés &c les bifarreries de la nas ture; peut-être que l’intérieur de l'Afrique, fi peu connu des Européens , renferme des peuples nom- breux d’une efpece entierement ignorée de nous. On prétend que l’on a trouvé pareillement des negres blancs dans différentes parties des Indes orien- tales, dans l’île de Borneo, & dans la nouvelle Gui- née. Il y a qielques années que l’on montroit à Pa- ris un Zegre blanc, qui vraiflemblablement, étoit de l'efpece dont on vient de parler. Voyez the moderr part. of an univerfal Hiftory vol, XVI pag. 293 de L'édition in-8°. Un homme digne de foi a vu en 1740 à Carthagène en Amérique, un negre & une ne- greffe dont tous les enfans étoient blancs, comme ceux qui viennent d’être décrits, à l'exception d'un feul qui étoit-blanc & noir ox pie : les jéfuites qui en étoient propriétaires, le deftinoient à la reine d’Efpaore. NEeGREsS, ( Cormerce, ) Les Européens font de puis quelqués fiecles commerce de ces zepres, qu'ils tirent de Guinée & des autrescôres de l’Afrique,pour foutenir les colonies qu'ils ont établies dans plufieurs endroits de l'Amérique & dans les Ifles Antilles, On tâche de juflifier ce que ce commerce a d’odieux & de contraire au droit naturel, en difant que ces ef- claves trouvent ordinairement le falut de leur ame “dans: la perte de leur liberté ; que l’inftruétion chré- tienne qu’on leur donne, jointe au befoin indifpen- fable qu’on à d’eux pour la culture des fucres , des tabacs, des indigos, &c, adouciffent ce qui paroît d'iñhumain dans un commerce où des hommes en achetent & en vendent d’autres , comme on feroit des beftiaux pour la culture des terres. Lé commerce des megres eft fait par tontes les nations qui ont des établiflemens dans les indes oc- cidentales , & particulierement par les François , les Anglois , les Portugais , les Hollandois, les Sué- dois & les Danois. Les Efpagnols ; quoiquerpof- fefleurs de la plus srande partie des continens de 80 NE G l'Amérique, n’ont guere les megres de la premiere main; mais les tirent des autres nations, qui ont fait des traités avec eux pour leur en fournir, com- me ont fait long-tems la compagnie des grilles, établie à Gènes, celle de l’afliente en France, &r maintenant la compagnie du fud en Angleterre, de- puis le traité d’'Utrecht en 1713-Foyez ASSIENTE Gr l’article COMPAGNIE. Ce n’eft qu’aflez long-tems après l’établiffement des colonies françoiïfes dans les ifles Antilles qu'on avudes vaifleaux françois fur les côtes de Gui- née, pour y faire le trafic des megres, qui come mença à devenir un peu commun, loriqne la com- pagnie des Indes occidentales eut été établie en 1664, & que les côtes d'Afrique, depuis le cap Verd jufqu’au cap de Bonne-Efpérance, eurent êté comprifes dans cette conceflion. à La compagnie du Sénégal lui fuccéda pour ce commerce. Quelques années après la conceffion de cette derniere, comme trop étendue, fut parta- gée ; & ce qu'on lui Ôta, fut donné à la compagnie de Guinée , qui prit enfuite le nom de compagnie de l’affiente. De ces deux compagnies françoifes, celle du Sé- négal fubffte toujours , mais celle de laflente a fini après le traité d'Utrecht, & la liberté du com- merce dans tous les lieux qui lui avoient été cédés, foit pour les zegres, foit pour les autres märchan- difes, a été rétablie dans la premiere année du regne de Louis XV. . Les meilleurs regres fe tirent du cap Verd, d’An- gole, du Sénégal, du royaume des Jalofes, de celui de Galland, de Damel, de la riviere de Gam- bie, de Majugard, de Bar, &c. Un negre piece d’Inde ( comme on les nomme), depuis 17 à 18 ans jufqu'à 30 ans , ne revenoit aus trefois qu’à trente ou trente-deux livres en mar- chandifes propres au pays, qui font des eaux-de: vie, du fer, de la toile, du papier, des maïles ou raflades de toutes couleurs , des chaudieres & baf- fins de cuivre & autres femblables, que ces peu- ples eftiment beaucoup ; mais depuis que les Euro- péens ont, pour ainh dire, enchéri les uns fur les autres, ces barbares ont fu profiter de leur jalou- fie, & il eft rare qu'on traite encore de beaux ne< gres pour Go livres la compagnie de laffiente en ayant acheté jufqu’à 100 liv. la piece. Ces efclaves {e font de plufieurs manieres ; les uns, pour éviter la famine & la mifere, fe ven- _ dent eux-mêmes, leurs enfans & leurs femmes aux tois & aux plus pniffans d’entr’eux, qui ont de quoi les nourrir : car quoiqu'en général les zegres foient très-fobres, la ftériité eft quelquefois f extraor- dinaire dans certains endroits de l’Afrique , fur- tout quand il y a pañlé quelque nuage de fauterel- les, qui eft un accident aflez commun, qu'on n'y peut faire aucune récolte demil, mde ris, ni d’autres légumes dont ils ont coutume de fubfüfter. Les au- tres font des prifonniers faits en guerre &Z dans les incurfions que ces roitelets font fur les terres de leurs voifins, fouvent fans autre raifon que de faire des efclaves qu’ils emmenent, jeunes, vieux, fem- mes, filles, jufqu'’aux enfans à la mamelle. Ily a des zegres qui fe furprennent les uns les autres, tandis que les vaiffeaux européens font à l'ancre, y amenant ceux qu'ils ont pris pour les y vendre &r les y embarquer malgré eux ; enforte qu’on y voit des fils vendre leurs peres, & des pe- res leurs enfans, & plus fouvent encore ceux qui pe font liés d’ancune parenté, mettre la liberté les uns des autres, à prix de quelques bouteilles d’eau- de-vie, ou de quelques barres de fer. Ceux qui font ce commerce, outre les viäuail- les pour l'équipage du vaifleau, portent du gruau, des pois gris &c blancs , des feves, du vinaigre, de leau-de-vie , pour la nourriture des zegres qu'ils éf- perent avoir de leur traite. Aufi-tôt que la traite eff finie , 1l faut mettre à la voile fans perdre de tems, l'expérience ayant fait connoitre que tant que ces malheureux font encore à la vue de leur patrie, la triftefle les accable, ou le défefpoir les faïfit. L’une leur caufe des mala- dies qui en font périr un grand: nombre pendant la traverfée ; l’autre les porte à s'ôter eux-mêmes la "vie, foit en fe refufant la nourriture, foit en fe bouchant la refpiration, par une maniere dont ils favent fe plier &c fe contourner la langue, qui, à coup für, les étouffe ; foit en fe brifant la tête con- tre le vaifleau, ou en fe précipitant dans la mer, s'ils en trouvent l’occafon. Cet amour fi vif pour la patrie femble diminuer! à mefute qu'ils s’en éloignent : la gaieté fuccede à leur triftefle; & c’eft un moyen prefqu'immanqua- ble pour la leur ôter, & pour les conferver juf- qu’au lieu de leur deftination, que de leur faire en= tendre quelque inftrument de mufque , ne füt-ce qu’une vielle ou une mufette, À leur arrivée aux ifles , chaque tête de repre fe vend depuis trois jufqu’à cinq cens livres, fuivant leur jeunefle, leur vigueur & leur fanté. Onneles paie pas pour l'ordinaire en argent, mais en mar= chandifes du pays. : Les regres font la principale richeffe des habitans des îles. Quiconque en a une douzaine, peut être eftimé riche. Comme ils multiplient beaucoup dans les pays chauds, leur maitre, pour peu qu'ils les traitent avec douceur, voient croître infen{iblement cette famille, chez laquelle Pefclavage eft hérédi= taire. Leur naturel dur exige qu’on n’ait pas trop d’in- dulgence pour eux, n1 auffi trop de févérité ; car fi un châtiment modéré les rend fouples & les anime au travail, une rigueur exceflive les rebute &c les porte à fe jetter parmi les regres marons ou fauva- ges qui habitent des endroits inacceffibles dans ces îles , où ils préferent la vie la plus miférable à l’efclavage. _Nous avons un édit donné à Verfailles au mois de Mars 1724, appellé communément le code norr, & qui fert de réglement pour l’adminiftration de ia juftice , police, difcipline, &r le commerce des ef- claves zegres dans la province de Ia Louifane. Dicionn. de Commerce. NEGRES, confiderès comme efclaves dans les colo= nies de l'Amérique, L’excefive chaleur de [a zone torride, le changement de nourriture, & la foi- bleffe de tempérament des hommes blancs ne leur permettant pas de réfifter dans ce climat à des tra- vaux pénibles, les terres de l'Amérique, occupées par les Européens , feroient encore incultes, fans le fecours des zegres que l’on y a fait paffer de pref- que toutes les parties de la Guinée. Ces hommes noirs, nés vigoureux @c accoutumés à une nourfi- ture groflere, trouvent en Amérique des douceurs qui leur rendent la vie animale beaucoup meilleure que dans leur pays. Ce changement en bien les met en état de réfifter au travail, & de multiplier abon- damment. Leurs enfans font appellés zegres créols , pour les diftinguer des zegres dandas , boflais ou, étrangers, La majeure partie des zegres qui enrichiffent les colonies françoifes fe tire direétement de la côte d'Afrique par la voie de la compagnie des Indes ( qui s'eft réfervé exclufivement à tous les autres la traite du Sénésal), ou par les navires de différens armateurs françois, à qui l’on permet.de commer= cer chez les autres nations de la côte de Guinée. Ces vaifleaux tranfportent dans les colomies les regres NE G pegres qu'ils ont trafiqués, foit que ces #egres ayent été pris en guerre où enlevés par des brigants , où livrés à prix d'argent par dés parens dénaturés, où bien vendus par ordre de leur roi, en parition de quelque crime commis. | | De tous ces différens efclaves, ceux du cap Verd ou Sénégaläis font regardés comme les plus beaux de toute l'Afrique. Ils font grands, bien confütués, ayant la peau unie fans aucune marque artificielle : is ont lé néz bien fait, les yeux grands, les dents blanches , & la levre inférieure plus noire que le relle du vifage; ce qu'ils font par aft, én piquant cette partie avec des épines, & introduifant dans les piquures de la poufliere de charbon pile. Ces nepres font idoiâtres; leur langue ef difficile à prononcer, la plüpart des fons fortant de la gorge avec effort. Plufñeurs d’éntieux parlent arabe, & paroiflent ivre la religion de Mahomet; mais tous les Senégalais font circoncis. On les emploie dans les habitations au foin des chevaux & des beftiaux, au jardinage & au fervice des maifons. Les Aradas, les Fonds, les Fouéda, & tous les negres de la côte de Juda fontidolâtres, & pratiquent la circoncifion par un motif de propreté. Ces egres, quoique fous différentes dominations, parlent tous à-peu-près la même langue. Leur pean eit d’un noir- roupeâtre. Ils ont le nez écrafé, les dents très blan- ches, & le tour du vilage affez beau. Ils fe font des incifions fur la peau qui laiflent des marques ineffa- cables, au moyen defquelles ils fe diftinguent en- treux. Les Aradas fe les placent fur le gros des joues, au-deffous des yeux; elles reflembient à des verues de la grofeur d’un pois, Les zegres Fond fe {carifent les tempes , & les Fouéda (principale- ment les femmes) le font cizeler le vifage, &r même tout le corps, formant des deffeins de fleur, des mo- faiques & des compartimens très réguliers. Il fem- ble à les voir qu’on leur ait appliqué fur la peau une étoffe bruhe, travaillée en piquure de Mar- feille. Ces zegres {ont eftimés les meilleurs pour le travail des habitations : plufieurs connoiffent par- faitement les propriétés bonnes ou mauvaifes de pluñeurs plantes inconnues en Europe. Les Aradas principalement en compofent avec le venin de cer- tains infectes , un poifon auquel.on n’a point encore trouvé de remede certain. Les effets en font fi fin- guliers, que ceux qui l’emploient pañlent conftam- ment pour forciers parmi les habitans du pays. Les regres Mines font vigoureux & fort adroits pour apprendre des métiers. Quelques -uns d'en- tr'eux travaillent l'or & l'argent, fabriquant grof- fierement des efpeces de pendans d’oreille, des ba- gues & autres petits ornemens. Ils fe font deux ou trois balaffres en long fur les joues. Ils font coura- geux ; mais leur orgueil les porte à 1e détruire eux- mêmes pour peu qu'on leur donne du chagrin, La côte d’Angol, les royaume de Loangue &t de Congo fourniflent abondamment de très-beaux 7e- gres , paflablement noirs, fans aucune marque fur la peau, Les Congos en général font grands railleurs, bruyans ; pantomimes , contrefaifant plaifamment lenrs camarades, &z imitant très-bien les allures & le cri de différens animaux. Un feul Congo fufit pour mettre en bonne humeur tous les zegres d'une habitation. Leur inclinations pour les plaifirs les rend'peu propres aux occupations laborientes, étant d’ailleurs parefleux, poltrons, & fort adonnés à la gourmandife ; qualité qui leur donne beaucoup de difpofition pour apprendre facilement les dérails de la cuifine. On les emploie au fervice des maïlons, étant pour l'ordinaire d’une fignre revenante. Les Portugais qui ont introduit une idée du chriftianifme dans le royaume de Congo, y ont Tome XI, NEG St aboli la circoncifion , fort en ufagé parmi les autres peuples de l’Afrique, Les moins eftimés de tous les zegrés font les Bam- baras; leur mal propreté , ainfi que plufieuts gran. des balaffres qu'ils {e font tranfverfalement fur les joues depuis lé nez jufqu’aux oreilles , les rendent hideux,. fs font parefleux , Ivropnes, gourmands & grands voleurs, On fait aflez peu de cas des repres Mandingues , Congres &c Mondongues. Ceux-ci ont les dents li mécs en pointe, & pafñlent pour antropophages chez les autres peuplées. | Hweft pas poflible, dans cet article, de détailler les nations des Calbaris , des Caplahons, des Anans, des Tiambas ; des Poulards & ñnombte d’autres, dont plufieurs habitent affez avant dans les terres ve ce qui en rend la traite difficile & peu abondante, Traitemenc des negres lorfqu'ils arrivent dans Les colonies, L'humanité & l'intérêt dés particuliers ne leur permettent pas de faire conduire leurs efcla- ves au travail aufli-tôt qu’ils font foitis du vaife feau. Ces malheureux ont ordinairement fouffert pendant leur voyage, ils ont befoin de repos & de rafraichiflemens ; huit à dix jours de bains pris ma- tin 6e foir dans l’eau de la mer leur font beaucoup de bien; une ou deux fäignées, quelques purga- tions, & fur-tout une bonne nourriture , les met- tént bientôt en état de férvir léur maître, Leurs anciens compatriotes les adoptent par ins clination : 1ls les retirent dans leurs cazes, les foi- gnent comme leurs énfans, en les inftruifant de ce qu'ils ont à faire , @c leur faifant entendre qu'ils ont été achetés pour traVailler, & non pas pour être mangés, ainfi que quelques-uns fe l’imaginent , lorfqu'ils fé voient bien nourris. Leurs patrons les condufent enfuite au travail : ils les châtient quand ils manquent; & ces hommes faits fe {oumettent à leurs femblables avec une grande réfignation. Les maïtres qui ont acqus de nouveaux efcla: ves, font obligés de les faire inftruire dans la reli- gion catholique. Ce fut le motif qui détérmina Lous XIIT à permettre ce commerce de chair hu- maine. , Travaux des negres fur les habitations, Les terres produifant les cannes à fucre, celles où l’on cultive le café, le cacao, le manioc, le coton, l’indi- go &c le rocou, ont befoin d’un nombre d’efcla= ves proportionné à leur étendue pour la culture des plantations. Piufieurs de ces eiclaves font inf- truits dans lé genre de travail propre à mettre ces produétions en valeur : tous font fous la difcipline d'un commandeur en chef, blanc ou noir, lequel dans les grands établiflemens eft fubordonné à un œconome. Les zegres deftinés aux principales opérations qui fe font dans les fucreries s'appellent raffineurs. Ce n’eft pas fans peine qu’ils acquierent une con- noïflance exaéte de leur art, qui exige beancoup d'application dans un apprentiffage de plufeurs an- nées. Leur travail eft d'autant plus fatigant, qu'ils font continuellement expofés à la chaleur des chau- dieres où l’on fabrique le fucre. Les charpentiers ê fcieurs de long ont foin de réparer le moulin, & d'entretenir conjointement avec les maçons, les différens bätimens de la fucrerie. Les charrons font fort néceflaires : on ne peut guere fe pañler de ton neliers; & dans les grands établiffemens un forge- fon ne manque pas d'occupation, Tous les autres efclaves, excepté les domeftiques de la maïfon, font employés journellement à la culture desterres, à l'entretien des plantations, à farcler les fayvannes Ou pâturages , & à couper les cannes à fucre, que lés cabrouettiers & les muletiers tranfportent au moulin, où d'ordinaire il y à des PT > dont 82 N EG l'office eff de faire pañler ces cannes entre les rou- leaux ou gros cylindre de métal, qui en expriment le fuc dont on fait le fucre. Les xepres les moins bien conformés 8 peu propres aux travaux diffici- ciles, font partagés pour l’entretien du feu dans les fourneaux de la fucrerie & de l’etuye, pour foi- gner les malades dans les infirmeries, & pour gar- der les beftiaux dans les fayannes. On occupe auffi les négrillons & les négrites à des détails propor- tionnés à leurs forces , tellement que fur quelque habitation que ce puiffe être, les maîtres & les œco- nomes ne peuvent trop s'appliquer à bien étudier Le cara@tere, les forces, les difpofitions , les talens des efclaves pour les employer utilement. Caraëere des negres er général. Si par hafard on tencontre d'honnêtes gens parmi les repres de la Guinée, (le plus grand nombreefttoujours vicieux.) ils font pour la plñpart enclins au libertinage , à la vengeance, au vol &c au menfonge. Leur opinia- treté eft telle qu'ils n’avouent jamais leurs fautes, quelque châtiment qu’on leur faffe fubir ; la crainte même de la mort ne les émeut point. Maloré cette efpece de fermeté, leur bravoure naturelle ne les garantit pas de la peur des forciers & des efprits, qu'ils appellent zambys, | Quant aux zegres créols, les préjugés de l’éduca- tion les rendent un peu meilleurs ; cependant ils participent toujours un peu de leur origine ; ils font vains, méprifans:, orgueilleux , aimant la parure, le jeu, & fur toutes chofes les femmes ; celles-ci ne le cedent en rien aux hommes, fuivant fans refer- ve lardeur de leur tempéramment ; elles font d’ail- leurs fufceptibles de paflions vives, de tendrefle & d’attachement. Les défauts des zegres ne font pas fi univerfellement répandus qu'il ne fe rencontre de très - bons fujets ; plufieurs habitans poflédent des familles entieres compofées de fort honnêtes gens, très-attachés à leurs maîtres, & dont la conduite feroit honte à beaucoup de blancs. Tous en général font communément braves, cou- rageux, compatiflans , charitables , foumis à leurs parens, furtout à leurs parains & maraines, & très- refpettueux à l'égard des vieillards. Logemenñs des negres, leur nourriture & leurs ufages, Les cazes où maïfons des zegres font quelquefois conftruites de maçonnerie, mais plus ordinairement de bois couvert d’un torchis , de terre franche pré- parée avec de la bouze de vache, un cours de che- vrons élevés fur ces efpeces de murailles & bran- dis le long de la piece qui forme Île faîte, compote le toit, lequel eft couvert avec des feuilles de can- nes , de rofeaux ou de palmiers ; ces cazes n’ont qu'un rez-de-chauflée , long d'environ 20 à 25 piés fur 14 à 15 de largeur , partagé par des cloifons de rofeaux, en deux ou trois petites chambres fort obf- cures , ne recevant de jour que par la porte, & quelquefois par une petite fenêtre ouverte dans l’un des pignons. | Les meubles dont fe fervent les zegres correfpon- dent parfaitement à la fimplicité de leurs maifons, deux ou trois planches élevées fur quatre petits pieux, enfoncés en terre & couvertes d’une natte forment leur lit ; un tonneau défoncé par l’un des bouts fervant à renfermer des bananes 8 des ra- cines , quelques grands pots à mettre de l’eau , un banc ou deux ; une mauvaife table, un coffre, plu- fieurs couis & grofles calebaffes dans lefquelles ils ferrent leurs provifions , compofent tout l’attirail du ménage, Les commandeurs, les ouvriers & ceux qui font anciens dans le pays fe procurent beaucoup de pe- tites commodités , au moyen des jardins qu’on leur permet de cultiver pour leur compte particulier dans les lieux écartés de l’habitation ; ils élevent auf des volailles & des cochons , dont le produit les met en état de fe vêtir très- proprement & de bien entretenir leur famille. Outre ces douceurs, ils font nourris & habillés par leur maître , ainf qu'il eft ordonné par le code noir, édit dont on parlera ci- après. Leur principale nourriture confifte en farine de manioc, Voyez l’arr. MANIOC , Gc. racines de plu- . fieurs efpeces , mahis , bananes & bœuf falé ; le poiflon, les crabes, les grenouilles, les gros léfards, les agoutis , rats de cannes &c tatous fervent À va- rier leurs mets dans les endroits où ces animaux abondent ; ils compofent différentes boiflons avec des fruits, des racines, des citrons, du gros fyrop de fucre & de l’eau, & l’eau-de-vie de canne ne leur manque pas ; ils fe régalent de tems entems les jours de fêtes ; leurs grands feftins, principalement ceux de nôces, font nombreux, tous ceux Qui veu lent en être étant admis, pourvû qu'ils apportent de quoi payer leur écot : ces repas tumultueux où lès commandeurs veillent pour prévenir le défor- dre , font toujours fuivis de danfes, que les negres aiment pafionnément ; ceux de chaque nation fe raflemblent & danfenr à la mode de leur pays, au bruit cadencé d’un efpece de tambour , accompa- gné de chants bryants, de frappemens de main me- jurés, &c fouvent d’une forte de guitare à 4 cordes, qu'ils appellent Fenza. La danfe que les créols aiment le mieux, & qui par cette raïon eff fort en ufage, même parmi les Nations naturalifées, c’eft le calenda dont on a par- lé à la lettre C. Les regres &t negreffes d’une même habitation peu- vent, du confentement de leur maître, fe marier, fuivant nos ufages ; on ne doit pas exiger de cette efpece d’hommes plus de vertus , qu’il n’en exifte parmi les blancs ; cependant on voit chez eux des ménages fort unis, vivant bien, aimant leurs en- fans , 8e les maintenant dans un grand refpett, Chätimens des negres , police & réglement à cet effes. Lorfqu'un regre commet une faute lesere, le com- mandeur peut de fon chef le châtier de quelques coups de pe ; mais fi le cas eft grave, le maitre après avoir fait mettre le malfaiteur aux fers, or- donne le nombre de coups dont il doit être châtié; fi. les hommes étoieht également juftes, ces puni- tions néceffaires auroient des bornes , mais il arrive fouvent que certains maîtres abufent de leur préten- due autorité , en infligeant des peines trop rigou- reufes aux malheureux, qu’ils’ont peut-être mis eux- mêmes dans le cas de leur manquer, Pour arrêter. les cruautés de ces hommes barbares , qui par ava- rice , laifleroient manquer leurs efclaves des chofes les plus néceffaires à la vie , en exigeant d’eux um travail forcé , les officiers de Sa Majeflé , établis dans les colonies , font chargés de tenir la main à l’exécution de lédit du roi, nommé code noir , fer vant de reglement pour le souvernement & l’admi- niftration de la juftice & de la police, & pour la difcipline & le commerce des efclaves dans les îles françoifes de l'Amérique. La longueur de cet édit ne permettant pas de le rapporter dans fon entier, on ne fera mention que des principaux articles qui ont rapport à la police des zegres | & aux obligations des maîtres à leur _ égard. Par le fecond article, du code noir, il eft ordon- né aux maîtres de faire inftruire leurs efclaves dans la religion Catholique, &c. à peine d’amende arbi- traire, Le fixieme défend aux maïres, de les faire tra- vailler les jours de repos ordonnés par l’églife. Le neuvieme impofe une amende de deux mille livres de fuçre aux maitres, qui par concubinage auront des enfans de leur efclave ; en outre, ladite efclave & fes enfans confifqués au profit de Phôpi- ral, fans jamais pouvoir être affranchis. Cet article n’a point lieu, fi le maître véut époufer dans les for- mes obfervées par l’églife, fon efclave , qui par ce moyen eft affranchie, & fes enfans rendus libres 6c lésitimes. DO TUUL MT RE Le: Par le dixieme article, la célébration du mariage des regres & negreffes peut s’exécuter , fans qu'il foit befoin du confentement des parens, celui du maître étant fufifant , pourvû toutefois qu'il n’emploie aucune contrainte pour les marier contre leur gré. Le douzieme article porte que les enfans qui naîtront de mariages entre efclaves, feront efcla- _ves, & lefdits enfans appaïtiendront aux maitres des femmes efclaves , fi le mari & la femme ont des maîtres différens. Ces alliances ne font pas ordinaires ; les negres & negrefles d’une même habitation fe ma- rient entre eux , © les maîtres ne peuvent vendre nt ache- ger Le mari & la femme féparément, Par le treizieme article , un homme efclave épou- fant une femme libre , Les enfans fuivent la condi- tion de leur mere, & le pere étant libre & la mere efclave, les enfans font efclaves. . LA | Le quinzieme article défend aux efclaves de por- ter pour leur ufage particulier des armes , même-de gros bâtons ; fous peine du fouet & de confifcation defdites armes. . M | _ Le feizieme défend aux egres, de s’attrouper de jour & de nuit, fous peine de punition corporelle , qui ne pourra être moindre que du fouet & de la fleur-de-lis , même de mort, en cas de fréquentes. récidives ou autres circonftances agravantes. _ Les articles 22, 23, 24 & 25, portent en fubf- tance , que les maîtres feront tenus de fournir par chacune femaine à leurs efclaves , âgés de dix ans & au-deflus, pour leur nourriture ; deux pots & demi de farine de manioc, ou trois caflaves pefant deux livres &z demie chacune, ou chofes équiva- lentes ( Ze pos contient deux pintes mefure de Paris ), avec deux livres de bœuf falé, ou trois de poiffon ou autre chofe à proportion ; & aux enfans depuis qu'ils font fevrés jufqu’à l’âge de dix ans, la moi- tié des vivres ci-deflus. Les maîtres ne peuvent don- ner à leurs efclaves de leau-de-vie de canne, nom- mée guildive , pour leur tenir lieu des fubfftances Mmentionnées ci-deflus. j _ Ileft auf expreffément défendu aux maîtres, de £e décharger de la nourriture de leurs éfclaves , en leur permettant de travailler certains jours dé la fe- maine pour leur compte particulier. APE PAR Sont tenus les maîtres de fournir à chäcun de leurs efclaves par chacun an, deux habits de taillé Où quatre aunes de toile, | | Par le vingt-fixieme article , il eft permis aux #e- gres qui ne feront pas entreténus, felon ce qui eft ordonné , d'en donner avis au procureur du roi, afin que les maîtres foient pourluivis à fa requête &c fans frais. | 0 DA Le vingt-feptieme, eft au fujet des zegres infir- mes par vieillefle ou autrement , que les maitres doivent nourrir & entretenir ; & en cas d'abandon de leur part, lefdits efcläves font adjugés à l’hôpi- tal, & les maîtres obligés de payer fix fols par jour pour l’entretien de chaque efclave. Le roi déclare, par le vingt-huitieme article, que lës regres efclaves ne peuvent rien pofléder qui ne foit à leur maitre, leurs entans & parens, foit libres ou efclaves, ne pouvant rien prétendre par fuccef- fon , difpofition, &c. I! ef? rare que lès mañrres abu- fent de leur privilege : ceux qui fe piquent de penfer, font diflribuer lès effets & même l'argent des efclaves défunis à leurs parens ; € s'ils n’en ont point, les autres nepres de l'habitation én profitent: Tome XI, | L NEG. 83 Les negres font exclus par l’article trente, de la poffeffion des offices 8& commiffions ayant fonétions publiques. . Peel 9 AN À , Ils ne peuvent par l’article trente-un , être partie, ni en jugement, ni en matiere civile, tant en de- mandant qu’en défendant , ni être partie civile en matiere criminelle, Ge. Suivart l’article trente- deux, les efclaves peu- vent être pourfuivis criminellement avec les forma- lités ordinaires, fans qu'il foit befoin de rendre leur maître partie, finon en cas de complicité. | Par les articles 33 & 34, l’efclave qui aura fraps pé fon maître, fa maîtrefle ou leurs enfans avec effu- fion de fang , ou au vifage, fera puni de mort ; & quant aux excès & voies de fait, commis par les ef claves, contre les perfonnes libres ; Sa Majefté en- tend qu'ils foient {éverement punis , même de mort, fi le cas y échet. M us 2 Le 35 & 36 inflige des peines affliétives propor- tionnées , fuivant la nature des vols commis par les efclaves, comme de bêtes cavalines, de bœufs ou moutons, chevres ; cochons, ou de plantes, légu- mes, &C.. ‘ D re 5 RUN _ Le trente-fept porte, que les maîtres feront te- nus , en cas de vol ou autrement , des dommages caufés par leurs efclaves, outre la peine corporelle defdits efclaves , de réparer les lots en leur nom, s'ils n'aiment mieux abandonner l’efclave à celux auquel le tort a été fait. | à Par les articles 38 & 39, l’efclave fugitif qui fe fera abfenté pendant un mois, à compter du jour que fon maître l'aura dénoncé en juftice, aura les oreilles coupées, &c fera marqué d’un fer chaud fur une épaule ; s'il récidive pendant un autre mois, il aura le jaret coupé & fera marqué fur une autre épaule , & la troifieme fois , il fera puni de mort. Les affranchis qui auront retiré lefdits efclaves fugitifs , payeront une amende de trois cens livres de fucre par chaque jour de rétention. L'article quarante porte , que lefclave puni de mort , fur la dénonciation de fon maître, non com- plice , fera eftimé avant l’exécution par deux prin- cipaux habitans du pays, nommés d'office par le pre- mier juge, & le prix de l’eftimation fera payé au maître ; pourquoi fatisfaire , il fera impolé par l’in- tendant fur chacune tête de regre, payant droits, la fomme portée par l’eftimation, laquelle fera payée par tous les habitäns , &t perçue par les fermiers du domaine royal d’occident pour éviter à frais. Par l’article 42 & 43, quoiqu'il foit permis aux maîtres de faire enchaînet & battre de verge les ef- claves qui feront en faute ; il eft expreflément dé- fendu auxdits maitres, de leur donner la torture, ni de leur faire aucune mutilation , à peine de con- ffcation des efclaves & d’être procedé contre les maitres extraordinairement ; &c il eft enjoint aux officiers de juftice, de pourfuivre criminellement les maîtres & commandeurs qui auront tné un ef= clave, fous leur puiflance ou fous leur direétion. _ L'article 44, déclare les efclaves être meubles , 8 comme tels entrer en la communauté, pouvant être partagés également entre les cohéritiers , 6tc. Par l’article quarante-fept, le mari & la femme efcläves, & leurs enfans impuberes,ne peuvent être faifis, ni vendus féparément, &c. _ L'article cinquante-huit , regardè les zegres affran- chis, auxquels il eft oétroyé par l'article cinquante- neuf , les privilèges & immunités , dont jouiflent les perfonnes nées libres , &c. L'article foixante , traite des amendes &t termine cet édit. Donné à Verfäilles au mots de Mars 1685. M. LE ROMAIN. | N£eGRes, MAIGRES 07 MAIGROTS, ( Péche. } efpece de poiflon que les pêcheurs de ie 1} 34 NEG ci, dans le reflort de l’amirauté de Marennes, fur la côte du Ponant , prennent d’une maniere parti- culiere ; ils fe fervent des mêmes chalonpes qui chargent les paffagers ; ils ont un filet qu’on peut regarder comme une efpece de folle. Il en à le ca- libre ; 1l eft de trente-cing à quarante braffes de long ; fur trois brafles de chûte ou environ. Les pêcheurs qui font cette pêche fe fuccédent & font la garde, où courent des bordées, foit à la voile, foit à la nage, fuivant les tems ; ilsies continuent jufqu’à ce qu'ils entendent le chant , le bruit, ie bourdon- nement que les zzaigres font. Les pêcheurs ne s’y trompent point ; le poiffon fûüt-il à vingt brafles de profondeur fous Peau, pourvü que la chaloupe foit au-deffus de lendroit que les zzaigres parcourent. Quand ils l’ont entendu ; ils jettent leurs rêts à la- venture, de maniere cependant , qu’ils croifent la riviere en coupant la marée : le bout qui eft foutenu d'une bouée , amarée fur un cordage de plufieurs brafles, va à la derive ; l’autre bout refte amaré au bateau par une autre corde que les pêcheurs nom- ment #ouvant, Si la pèche eft bonne, le zegre ou maigre s'engage dans les mailles , qui font aflez lar- ges & y refte pris : le bas du filet qu'il faut regar- der comme un ret dérivant , eft chargé de plomb qui le cale bas ; les pêcheurs le relevent aufi-tôt qu'il a coulé à fond. Cette pêche eft très-fortuite 8 très-ingrate , quand.on dit que les maigres chantent ou grondent, c’eft pour fe fervir de l’expreflion des pêcheurs. Ils ont obfervé que ce poiflon pris faïfoit encore le même bruit, hors de l’eau & dans la chaloupe , & ils afhrment que fans ce fon extraordinaire qui les dé- termine dans le jet du filet , ils ne prendroïent jamais de maigres ou negres, Les rets ou filets à zegres ont les mailles de cinq pouces en quarré ; ils font faits de groffes cordes formées de plufeurs fils. NÉGRES- CARTES, f. f. plur. (Jouaillerie.) c’eft ce qu'on appelle autrement émeraudes brutes de la premiere couleur ; elles font fort eflimées , & paf- fent pour les plus belles de ces fortes de pierres. (2.J.) NÉGREPELISSE , ( Géog.) petite ville de France dans la Querci , à 4 lieues N. E. de Montauban, fur Vetveirou. Les calviniftes l'avoient fortifiée, mais Louis XIIL. l'ayant prife d’affaut en 1622, la lhvra au feu & au pillage ; de forte qu'il ny refte plus que des mafures. NEGREPONT , ISLE DE , (Géog.) île de Grèce, appellée par les anciens Eubæ , & qui eft après Candie, la plus belle de toutes les îles de l’Archi- pel. Elle a 360 milles de tour, & s’étend le long de la Béotie , dont elle n’eft féparée que par le fa- meux canal de l’Euripe, & l’on croit qu’elle en a été anciennement détachée par un coup de mer, On y voyoit autrefois dans les beaux jours de la Gréce, trois villes confidérables, célébres dans l’hi£ toire; Caryfthe , Chalcis &c Eretrie. Les jeux qui s’y célébroient appellés géreffiens, avoient été inf- titués par Gérefte , en l'honneur de Neptune, qui l’avoit fauvé d’une tempête. Le nom moderne de Néprepont , Négroponte , ou comme difent les Italiens Mgroponte , vient de ce- lui d'Egripos que les grecs lui donnent. Les pre- miers françois qui pañlerent dans cette île , enten- dant dire aux gens du pays eis 07 Egripont, ce qui fignifie à Egripos , crurent qu’on appelloit ce lieu Négripont, confondant la derniere lettre de l’article 407 avec Egripont. Cette origine du nom nous ref- femble f fort, qu’il n’en faut point aller chercher d'autre ,. ni l’attribuer à l’erreur des Italiens , qui Tappellent Nigroponte , comme s’il y.avoit quelque pont de pierre noire qui pañla de la Béotie dans l'ile. Quoi qu’il en foit, le nom de Négreponr eft commun à l'île, à la ville & au détroit. On compte dans cette île, quatre principaux pro- montoires, dont l’un fe nomme le cap d’Oro ; c’eft {ur la croupe de ce promontoire, que Nauplius , roi de Néorepont , fit allumer des feux , afin qu’à la fa- veur de cette lumiere , l’armée des grecs qui reve- noit de Troie pût arriver à bon port. C’eit dans le Voiinage du cap Zittar , autre promontoire de l'Île du côté du nord, qu’étoit la côte d’Artémifia , ainf nommée du temple qui y avoit été élevé ; & ceft- là que les grecs mirent leur armée navale à l'abri 2 durant les guerres que leur firent les Perfes. Après la prife de Conftantinople par les Croifés à les François & les Vénitiens s’emparerent de l'ile de Mégreponr, On vit naître alors des feigneurs de Négrepont , des ducs de Naxie, dés marquis de Mon- ferrat, tois de Theflalie, &c. enfin les Vénitiens de- vinrent peu-à-peu maîtres de l'ile , qu'ils gouver- nerent par un baile jufqu’à l’année 1460, que les Turcs la leur enleverent. | La terre de Néorepont eft très-fertile en pätura= ges, en blé, en vin, en coton & en huile. Il y avoit autrefois plufieurs villes peuplées > & grand nombre de gros bourgs & de villages ; mais depuis que cette île eft paflée fous la domination du grand feigneur , tout y eft tombé dans un dépériflement incroyable. Long, 41, 32-42. 55, las, 38.39.16, (D. J.) NÉGREPONT , ( Géogr. ) forte ville de Grece capitale de l'ile de même nom. Elle eft habitée par des turcs & des juifs; & les Chrétiens demeurent dans les fauxbourgs , qui font plus grands que la ville, [l ÿ a un capitan-pacha qui commande à toute l'ile A Mahomet Il. la prit en 1469 , après fix mois de fié ge, 6 une perte de plus de 40 mille hommes. Les Vénitiens l’affiégerent inutilement en 1688. Elle eft à 12 lieues N, E. d'Athènes, 45 S. E. de Larifle, 104 5. O. de Conftantinople. Longir, 42, 3. Jarir, 38.30, La ville de Négrepozr eft l’ancienne Chaleis : elle eft fur la côte occidentale de l'ile » dans le fameux détroit de l’Euripe, aujourd’hui le détroit de Négre- pont. Le férail du capitan-pacha qui commande toute l'ile, & une partie de la Béotie, eft bâti fur ce dé- troit. Dans l'endroit où le détroit eftle plus refferré, on traverfe de Béotie dans l’île par un pont de pier- res de cinq petites arcades, & qui n’a guere que trente pas de long. Voyez de plus grands détails dans Spon, voyage de Négrepont , & dans Corneille , def= cription de la Morée, NÉGREPONT , DÉTROIT DE, ( Géog. ) petit bras de mer qui fépare l’île de Négreponr de la Livadie en terre ferme. Woyez EURIPE. ( D, J. NEGRERIE , {. f. ( Commerce d Afrique, ) lieu où ceux qui font le commerce des Nestes, ont coutume d’enfermer leurs efclaves, foit fur les côtes d’Afri- que; jufqu'à ce qu'ils puiflent les embarquer, foit dans les iles Antilles &c autres endroits où ils les dé- barquent, jufqu’à ce qu'ilsayent tronvé marchand : d’autres difent captiverie, NEGRIER , f. m. ( Commerce, ) on appelle zavi- res regriers : vaiffeaux negriers | bätimens Repriers , ceux qui fervent au commerce des Nepres, & avec lefquels les nations européennes qui font ce négoce fur les côtes d'Afrique, font la traite de ces efclaves pour les tranfporter & les aller vendre aux îles An- ulles, & dans quelques endroits du continent de l'Amérique efpagnole, Voyez NEGRES , Diéfionnaire de Commerce, ( G NEGRILLO,, {. m. ( Minéralogie. ) c’eft ainfi que les Efpagnols de l'Amérique nomment une fubftance minérale que l'on tire de quelques mines d’argent du Chily ; il eft noir & aflez femblable à du mâche- ’] —» fer; quandil eft:mêlé de plomb , on le nomme p/0- moronco. NEGRILLON, f. m. ( Commerce d'Afrique. ) on nomme zegrillons dans le commerce des efclaves, les petits negres de l’un ou de l’autre fexe qui n’ont pas encore pañlé dix ans : trois enfans de dix ans font deux pieces d'Inde, & l’on compte deux enfans de cinq ans pour une piece. NEGRO, ( Géog, ) en latin Mger, ou Tanager , riviere du royaume de Naples, dans la principauté citérieure. Elle a fa fource aux frontieres de la Ba- filicate, à quelques villes de Policaftro, & finit par ‘la jetter dans la riviere de Selo, (D. J.) NEGUNDO , fub. m. (Æifé nat, Botan. exor. ) arbre des Indes orientales, dont on diftingue deux efpeces; l’une eft appellée méle, & l’autre femelle, Le mâle eft de la hauteur d’un amandier ; fes feuil- les font faites comme celles du furean , dentelées fur les bords, & fort velues, La femelle croît à la même hauteurque le mâle ; mais fes feuilles font plus rondes, fans dentelure , femblables à celles du peu- _plier blanc : les feuilles des deux efpeces ont l’odeur . &le goût de la fauge , avec plus d’âcreté & d’amer- tume. Il fuinte pendant la nuit fur ces feuilles une feve ou fuc blanc , qui s’'évapore au lever du foleil. Leurs fleurs reffemblent à celles du romarin ; & les fruits qui leur fuccedent, reffemblent au poivre noir, excepté que leur goût n’eft point fi äcre , ni fi brû- ant. (D. J., NEGUS, ( Æijf.) c’eft le nom que les Ethio- piens & les Abyflins donnent à leur fouverain : ce mot fignifie roi dans la langue de ces peuples. Ce prince prend lui-même le titre de negufa nagaft zai- tiopia, c’eft-à-dire, roc des rois d’Erhiopie, Les Abyf- fins croient que les rois qui les gouvernent defcen- dent de la reine de Saba, qui étant allée à Jérufa- lem pour adnurer la fagefñle de Salomon, eut, dir- on, de ce prince un fils appellé Menilehech, de qui font venus les zegus, ou rois d'Ethiopie, qui occu- pent aujourd'hui le trône. Ce prince fut, dit-on, élevé à la cour du roi Salomon fon pere, d’où il amena plufeurs doéteurs juifs, qui apporterent la loi de Morfe dans fes états : les rois d’Ethiopie ont depuis embraflé le Chriftianifme. Les anciens rois d’Ethiopie fourmiflent un exemple frappant de l’abus du pouvoir facerdotal; Diodore de Sicile nous ap- prend que les prêtres de Meroe, les plus révérés de toute l'Ethiopie , ordonnoient quelquefois à leurs rois de fe tuer eux-mêmes; & que ces princes doci- les ne manquoient point de fe conformer à cet ordre qui leur étoit fignifié de la part des dieux. Le même auteur dit que ce pouvoir exorbitant des prêtres dura juiqu'au regne d'Ergamenes, qui étant un prince guerrier, matcha à la tête d’une armée , pour ré- duire les pontifes impérieux qui avoient fait la loi à fes prédéceffeurs. | NEHALENNIA, f. f. ( Mythol.\ cette déefle ado- rée dans le fond feptentrional de la Germanie, étoit tout-à-fait inconnue , lorfque le ; de Janvier 1646, un vent d’eft foufflant avec violence vers la Zélan- de, le rivage de la mer fe trouva à fec proche Does. bourg , dans l’île de Valchren ; & on y appercut des mafures que l’eau couvroit auparavant. Parmi ces mafures étoient des autels, des vafes , des urnes, & des ftatues ; &c entre autres plufieurs qui repréfen- toient la déefle Néhalennia, avec des infcriptions qui apprenotent fon nom, Ce tréfor d’antiquités fur bien-r0t connu des Savans ; & Urcé, dans fon hi- floire des comtes de Flandres, rome I. page 51. a fait graver quatorze de ces flatues, qui toutes por- tent le nom de cette déefle, à l'exception d’une feule. Dom Bernard de Montfaucon ne les a pas né- ghgées ; & on entrouve fept à la fin du fecond tome de {on antiquité , expliquées par les figures. NEH 85 Dom Jacques Martin, dans fon hiftoire de la res lgion des Gaulois, some IL, cap. xvij.s’elt donné la peine de nous marquer toutes les attitudes qu’a cette déeffe fur ces différentes ftatues, tantôtaffife tantôt debout; un air tolüjours jeune, & un habillement qui la couvre depuis les piés jufqu’à la tête, la ca- ra@térifent partout : & les fymboles qui l’environ: nent, font ordinairement une corne d’abondance des fruits qu’elle porte fur fon giron, un panier, CA 1 chien L) Ec. + Comme une découverte eft fouvent favotabla pour en amener d’autres, M. Keïfler dans fes anti. quités feptentrionales, dit qu’en examinant avec foin les idoles qu'on voit encore dans la Zélande, on en remarque quelques-unes qui avoient tout l'air de Néhalennia ; quoiqu’on ne fe fût pas avifé de le foupçonner : du-moins eft-il sûr que ce n’étoit pas dans cette province feule, qu’étoit connue & ho- norée cette déefle, puifque Gruter rapporte une inf- cription trouvée ailleurs, qui eft confacrée à cette divinité par Eriattius fils de Jucundus : 4 Nehal, Eriartius Jucundi pra Je & [uis votum folvié libens merzto ; Car 1ln’efl pas douteux que ce ne foit le nom de Nehalennia en abrégé, Mais quand on voudroit n’en pas convenir, 1l eft sûr du-moins que cette déefle étoit honorée en Angleterre, pnifqn’on y a trouvé une infcription où fon nom eff tout du long, On prétend encore qu'une image en mofaiqué dé= terrée à Nimes, la repréfente ; mais la chofe n’eft rien moins que certaine. Comme Neptune fe trouve trois fois joint aux fi- gures de Néhalennia , on penfe que cette déeffe étoit aufli invoquée pour la navigation; & cette opinion eft confirmée par une in{cription d'Angleterre, dans laquelle Secundus Sylvanus déclare qu’il a accom- ph le vœu quil avoit adreflé à cette déeffe pour l’heureux fuccès du commerce de craie qu'il faifoit. On ignore cependant ce qu’étoit la déeffe Nékzs lennia ; les uns la prennent pour la lune ou la nou- velle lune ; d’autres pour une des déeffes meres; du- moins les fymboles dont nous avons parlé, lui con- viennent aflez bien. Comme on a découvert des monumens de ces déeffes champêtres en France , en Angleterre, en Italie, & en Allemagne, il ne feroit pas étonnant qu'on en ait trouvé dans la Zélande : toutes ces réflexions font de M. l'abbé Bannier. My- cho, tome LI, ( D. TJ.) NEHAVEND , ( Géop. ) ancienne ville de Perfe dans le Couheftan, fur une montagne, à r4 lieues au midi de Hancédan, célebre par la vidoire que les Arabes y remporterent fur les Perfans en 638, Lorx. 3: 48. lat. 34. 12. ( D. J) NEHEMIE , LIVRE DE, ( Cricig. facrée. ) ce livre facré eft nommé plus communément Ze fécond livre d'Efdras, quoiqu'il commence ainfi, ce font ici les paroles de Néhérmie, & que l’auteur y parle prefque toüjours en premiere perfonne ; mais cet auteur n’eft point Nehkémie, parce qu’il fe trouve dans {on livre bien des chofes qui ne peuvent être de fa main, [left vifible, par exemple, que ce n’eft point Méhé. mie qui a écrit le douzieme chapitre depuis Le verfet premier jufqu’au vingt-feptieme : c’eft une addition qui a été faite par ceux qui ont recu ce livre dans le canon de Ecriture. Efdras en avoit montré l’exem- ple, en mettant çà & là dans fon recueil des livres facrés, les infertions qui lui parurent néceflaires, Ceux qui dans la fuite continuerent le recueil, f- rent la même chofe aux livres qu’ils ajouterent , juf- qu'à ce que ce recueil parût complet à Simon le Jufte, qui travailla le dernier à former le canon de lancien-Teftament. Or, comme le Zvre de Néhés mie étoit le dernier écrit, Simon le mit au nombre des livres facrés. Ce fut alors fans doute, que fe fig l'addition du douzieme chapitre, ou par Simon, ou 86 NE Ï “par ceux qui travaillerent avec lui à la clôture dû Canon, Cette addition ou interpolation eft.palpable ; car elle interrompt lé fens & la liaifon entre ce qui précede & ce qui fuit ; aufli les meilleurs critiques Le reconnoiffent. Voyez Voflius, ir chronic. facrä, cap. x. 8c la chronique angloife de Cary , Il, pari, lib, IL, cap.vj. (D.J.) . | NEIE, ( Marine. ) voyez Noté. | NEIGE, . £. ( Phyfique. ) eau congelée, qui dans tértaines conftitutions de l’atmofphère, tombe des nuées fur la terre fous la forme d’une multitude de flocons féparés les uns des autres pendant leur chüûte, & qui font tous d’une extrème blancheur. Un flocon de reige n’eft qu'un amas de très-petits glaçons pour la plüpart de figure oblongue, de filamens d’eau congelée, rameux , aflemblés en différentes manie- res, & formant quelquefois autour d'un centre des efpeces d'étoiles à fix pointes. foyez GLAGE 6 CON- GÉLATION. | F Defcartes & d’autres piiofophes modernes en aflez grand nombre, qui n'ont guere penfé que d’a- près lui, ont cru que lesnuées étotent compolees de particules de zeige & deglace. Il devoit donc, felon eux , tomber de la zeige toutes les fois que les par- celles condenfées d’une nue fe précipitoient vers la terre & arrivoient à {a fuperfñcie , avant que d’être entierement fondues. On eft aujourd’hui détrompé de cette fauffe opinion. Les nuées font des brouil- lards éleyés dansl’atmofphère, c’eft-à-dire, desamas de vapeurs & d’'exhalafons affez groferes pour troubler la tranfparence de l’air, où elles font fuf- pendues à diverfes hauteurs plus où moins confidé- tables. Nous parlerons dans un autre article des prin: cipales caufes qui , forçant les vapeurs aqueufes de fe réunir, les convertiflent en petites gouttes de pluie. Cessouttes venant àtomber, il arrive fouvent que la froideur de l’air qu’elles traverfent eft aflez confidérable pour Les geler : elles fe changent alors en autant de petits glaçons. D’autres gouttes qui Les fuivent fe joignant à elles, fe gelent aufli ; & de cette maniere, il fe forme une multitude de flocons, qui ne peuvent être que fort rares &c fort légers; Pu- nion des petits glaçons qui les compofent ; étant toù- jours très-imparfaite. Voyez PLUIE, Le On voit quil eft abfolument néceflaire pour la formation de la neige, que la congélation faififle les particules d’eau répandues dans l'air, avant qu’elles fe foient réunies en grofles souttes. Siles gouttes de pluie, lorfqu’elles perdent leur liquidité, font déja d’une certaine grofleur : f elles ont, par exemple, deux ou trois lignes de diametre, elles fe changent en grêle & non en ñeige : nous l'avons remarqué ail- leurs. La grêle, dont le tiflu eft niécellairement compaéte &r ferré, eft parfaitement femblable à la elace ordinaire. La zeïge au contraire eff de même nature que la gelée blanche : rien ne diftingue effen- tiellement ces deux fortes de congélations : l’une fe forme dans l’air; Pautre fur la furface des corpster- reftres : voilà leur principale différence. Voyez GRÈ- LE, GELÉE BLANCHE, 6 GIVRE. ei La figure des flocons de zeige eft fufceptible d’un grand nombre de vañiétés; elle eft réguliere ou it- réguliere, Ces flocons ne font quelquefois que com- me de petites aiguilles. Quelquefois ce font de pe- tites étoiles héxagonales, qui finiffent en pointes fort aigués, & qui forment enfemble des angles de 6o devrés, après que trois aiguilles font tombées les unes fur les autres, & fe font congelées. Il arrive auf que le milieu du corps de l'étoile eft plus épais, &x fe termine en pointes aiguës. Quelques-nnes de ces étoiles ont un globule à leur centre ou aux ex= trémités de leurs rayons , ou en même tems au cen- tre &c à l'extrémité des rayons. D’autres ont à leur centre une autre étoile pleine ou vuide, M. Muti- NET chenbrock a vu tomber des flocons fous la forme de fleurs à fix pétales. Dans une autre occafion il a oblervé des étoiles hexagonales, compofées de rayons fort minces, d’où partoient un grand nombre de petites branches ; de forte qu'ils imitoient aflez bien les branches d'un arbre, Deux autres fortes d’é- toiles que M. Caffini obferva dans la neige en 1692; ne different de celles de M. Muffchenbroek , qu’en ce qu'au lieu de fimples branches, qui fe fourchent en plufieurs autres, ce font comme des rameaux garnis de leurs feuilles. Erafme Bartholin aflure qu'il a vu dans la zeige des étoiles pentagonales , 8: même 1] ajoute que quelques-uns en ont vu d’ottangulaires. Voyez nos Planches de Phyfique. . Cette zeige réguliere ne tombe pas fouvent ; les flocons font ordinairement de figure irréguliere , & de grandeur inégale. Ce qui eft bien digne de re- marque ; c’eft que les différentes efpeces de flocons réguliers , dont on vient de parler , ne font prefque Jamais confondues dans la même zeige ; il n’en tom- be que d’une efpece à-la-fois, foit en différens joutss foit à différentes heures d’un même jour: Dans toutes les figures de flocons de reigé qui ont été décrites, on apperçoit malgré la diverfité qui y regne, quelque chofe d’aflez conftant, de lonss fila- mens d’eau glacée, quelquefois entierement féparés les uns des autres, mais d'ordinaire aflemblés fous différens angles, principalement fons des angles de 60 degrés. C’eft Ce qu’on remarque dans toutes les autres congélations ; &r ce qui paroïît dépendre de la figure, quelle qu'elle foit ; des parties intégrantes - de l'eau , & de la maniere dont la force de cohéfion agit fur ces particules pour leur faire préndre un cer- tain arrangement déterminé, La congélation a beau- Coup de rapport avec la cryftallifation. Or les fels n'affeétent-ils pas de même dans leurs cryftallifa- uons différentes figures? Enfin le degré du froids {a lenteur ou fon accroiflement rapide , la direétion & la violence du vent, le lieu de l’atmofphère où fe forme la reige, Ia différente nature des exhalai- {ons qui fe mêlent avec les molécules d’eau conver- ties en petits glaçons, tout cela peut contribuer à faire tomber dans un certain tems de la neige régu- liere, & une efpece de cette neige plutôt qu'une autre, Nous n’en dirons pas davantage fur les caufes de la diverfité dont il s’agit. C’eft aflez d’apperce- voit la laifon des phénomenes , & de faire envifa- ger en gros & confufément dans les opérations de la nature, les agens & le méchanifme qu'elle a pu em- ployer. La zeige eft Beaucoup plus rare & plus lésere que la glace ordinaire. Le volume de celle-ci ne furpañle que d’un dixieme ou d’un neuvieme tout-au-plus celui de l’eau dont elle eft formée; au lieu que la neige qu vient de tomber a dix on douze fois plus de volume que l’eau qu’elle fournit étant fondue, Quel: quefois même cette rareté eft beaucoup plus grandes car M. Muffchenbroek ayant mefuré à Utrecht de la reige qui étoit en forme d'étoiles , elle fe trouva vingt-quatre fois plus rare que Peau, L’évaporation de la neige eft très-confidérable lorfqu’il n’en eft tombé qu’un ou deux pouces , on la voit dffparoïtre en moins de deux jours de deffus la terre par un vent fec & au plus fort de la gelée ; il eft aifé de comprendre. qu'étant compofée d’un grand nombre de particules de glace aflez défunies elle doit préfenter une infinité de furfaces à la caufe de l’évaporation. | D'un autre côté, elle ne fanroit faire le même ef: fort que la glace pour fe dilater ; elle ne rompt point les vaifleaux qui la contiennent ; elle cede à la com= preffion, & l’on pent aifément la réduire à un volu- me prefque égal à celuide la glace ordinaire. Les pe- lores qu’on en forme en la preflant fortement avec les mains, font d’une très-grande dureté ; c’eft que les parties qui lescompofent étant plus rapprochées, & {e touchant par un plus grand nombre de points, adherent plus fortement entrelles ; ajoutons que la chaleur de la main fondant la zeige en partie, l’eau Qui fe répand dans tout le compofé en lie mieux les différentes portions , & augmente leur adhéfion mu- tuelle : tout cela eft aflez connu. La zeige ne fauroit être fortement comprimée fans perdre au moins en partie fon opacité & fa blan- cheur ; c’eft qu’elle n’eft blanche & opaque que dans fa totalité. Chacun des petits glaçons qui la compo- fent, lorfqu’on examine de près, eft tranfparent ; mais les intervalles peu réguliers que laïffent en- tr’eux ces petits glaçons, donnant lieu à une multi- tude de réflexions desrayons delumiere, letoutdoit être opaque & blanc. Ce que nous avons dit à l’ar- ticle GELÉE BLANCHE, du verrele plustranfparent, qui eft blanc lorfqu'on le réduit en poudre , trouve ici fon application. | Comme la zeige réfléchit la lumiere avec force, il _n’eft pas furprenant , lorfque tout en eft couvert, que ceux qui ont la vue foible n’en puiflent pas fup- porter l’éclat. Il n’eft même perfonne qui fe prome- nant long-tems dans la neige pendant le jour , n’en devienne comme aveugle, Xenophon rapporte que l’armée de Cyrus ayant marché quelques jours à tra- versdes montagnes couvertes de zeige, plufeursfol- dats furent attaqués d’inflammations aux yeux , tan- dis que d’autres perdirent entierement la vue. La blancheur de la rege guide fufifamment ceux qui vont de nuit dans les rues , lors même qu'ilne fait pas clair de lune. O/aës magnus nous apprend que dans les pays feptentrionaux , lorfque la lune luit, &c que la zeige en réfléchit la lumiere , on peut fort bien voir êt voyager fans peine , & même découvrir de loin les ours & les autres animaux féroces. La froideur de la zeige n’a rien de particulier ; c’eft fans fondement que quelques auteurs l’ont crue inférieure à celle de la glace. Toutes les obferva- tions & les expériences prouvent le contraire. La neige & la glace font également froides, {oit dans linftant de leur formation , {oit après qu’elles font fermées , toutes les autres circonftances étant d’ail- leurs [es mêmes. Quant au goût de la zeïige, il n’offre non plusæien de remarquable. Celle qui tombe a@ueilement n’a aucune faveur ; il eft vrai que long-tems après, lorfqu’elle a féjourné fur la terre , & qu’elle s'y ef taflèe, elle y contraéte quelque chofe de mordicant qui fe fait ientir fur la langue. On peut croire que felon les climats & les circonftances du tems & du 1ol, la reige a quelquefois des qualités que l’eau com- mune n’a pas. On prétend par exemple que les ha- bitans des Alpes & des environs ne font fujets aux goëetres , que parce qu'ils boivent en hiver de l’eau de neige fondue, Cependant la plüpart des habitans de la Norvege, qui, comme les premiers , n’en ont pas d'autre pendant l'hiver , {ont exempts de cette incommodité, Des effais chimiques faits avec foin donneroient fans doute bien des lumieres fur la nature des exha- laïifons terreftres & des corps hétérogenes dont la neige peut être chargée. M. NE à a trouvé un peu de nitre dans la pluie & dans la neige qui tom- bent à Berlin. La quantité de zerge quitombe dans certainspays, mérite d’être remarquée. M. Léopold rapporte dans fon voyage de Suede, qu’en 1707 il neigea en une feule nuit dans la partie montueufe de Smalande,de la hauteur de trois piés. On obferva en 1729 , fur les frontieres de Suede & de Norvege, près du vil- lage de Villaras , qu'il y tomba fubitement une fi af- freufe quantité de zceige, que quarante maïfons en NEI 87 furent couvertes , & que tous ceux qui étoient de- dans en furent étouffés. M. Wolfnous apprend qu’on a vu arriver la même chofe en Siléfie & en Bohème. M. de Maupertuis nous parle de certaines tempêtes de reige qui s’élevent tout-à-coup en Laponie, « Il » femble alors, dit-il, que le vent fouffle de tous les » côtés à la fois , & il lance la zeige avec une telle » impétuofité , qu’en un moment tous les chemins » font perdus. Celui qui eft pris d’un tel orage à ja » campagne, voudroit en vain fe retrouver par la » connoifance des lieux ou des marques faites aux » arbres ; il eft aveuglé par la zeige , & s’y abyfme » s'il fait un pas ». La zerge n'étant que de l’eau congelée ne peut fe former que dans un air refroidi au degré de la con- gélation ou au-delà : fi en tombant elle traverfe un air chaud , elle fera fondue avant que d'arriver fur a terre ; c’eft la raifon pour laquelle on ne voit point de zeïge dans la zonetorride , ni en été dans nos cli- mats, fi ce n’eft fur les hautes montagnes, À Mont- pellier, où j'écris, je n’ai jamais vu neiger lorfque le thermometre a marqué plus de $ deorés au-deffus du terme de la glace. La zerge furvenant après quelques jours de forte pelée, on obferve que le froid, quoique toujours voifn de la congélation , diminue fenfblement ; c’eft que d’une part le tems doit être couvert pour qu'ilneige, & que de l’autreles vents de fud, d’oueft, &e, qui couvrent le ciel de nuages , diminuent pref- que toujours la violence du froid , 8 fouvent ame- nent le dégel. C’eft ce qui arrive pour l'ordinaire ; car tout le monde fait qu'il neige auffi quelquefois par un froid très-vif & très piquant , qui augmente lorfque Ia _ neige a Ceflé de tomber. M. Muffchenbroek a obfervé que la zeige qui tomboit en forme d’aiguilles étoit toujours fuivie d’un froid confidérable : celle qui tombe par un tems doux, & qui eft mêlée avec la pluie , a des gros flocons ; ce qui eft aifé à compren- dre, plufieurs flocons {e fondant alors en partie, & s'uniflant entr'eux. Effais de Phyfique. En Provence & dans tout le bas-Languedoc, le vent de nord-eft, qu’on y appelle communément le venr grec, eft celui qui amene le plus fouvent la reige; c'elt qu'il y eft froid 87 humide, & très-fouvent plu- vieux, par les raifons que nous expoferons ailleurs. - Poyez PLUIE. Comme la zeige tombe pour l'ordinaire en hiver ; &c toujours par un tems aflez froid : il n’eft pas fur- prenant que plufieurs phyficiens ayent cru qu’elle n’étoit jamais accompagnée de tonnerre ; ils fe trom- poient certainement, Le r Janvier 1715, il éclaira &c 1l tonna à Montpellier dans le tems même qu'il neigeoit. Il faut pourtant avouer que cela n'arrive que très-rarement. Dans le dernier fiecle , il y eut à Senlis, à Châlons & dans les villes voifines, un . orage des plus violens , au milieu de l’hiver : lafou- dre tomba en plufieurs endroits & fit d’efroyables ravages, pendant une zerge fort grofle & fort épaif- fe. Le P. le Boflu , dans fon sraité du Poëme épique, oppofe ce fait remarquable à la critique de Scaliger, qui arepris Homere d’avoir reprélenté les éclairs fe fuivant fans relâche & traverfant les cieux, pendant que le maître du tonnere fe prépare À couvrir la terre de grêle ou de monceaux de zeige, Madame Dacier, après avoir rapporté ce fait, d'après le P. le Bofiu, ne manque pas de dire qu'Homere avoit fans doute vü la même chofe, & que les connoiffances philofo- phiques de ce pere des poëtes étoient fupérieures à celles de Scaliger. Iliad. Zy. X, Notes de Madame Dacier fur ce livre, S1 la zeige | comme on n’en fauroit douter, dé. pend dans fa formation dela conftitution préfente de l’atmofphere ,il n’eft pas moins certain qu'étant tom- 88 NE bée , elle influe à fon tour fur cette même conftitu- tion, Les vents qui ont pañlé fur des montägnes cou- vertes de zeige, refroidifient toujoutsles plaines voi- fines où ils fe font fentir: C’eff la raifon pour laquel- le certains pays font plus froids on moins chauds qu'ils ne dévroient être pat leur fituation fur notre globe. Les zeiges qui couvrent perpétueilement les forninets des plus hautes montagnes de la chaîne des Cordillieres, moderent beaucoup les chäleurs qu'on reffent au Pérou, qui fans cela pourroient être ex- ceffives. Il en eft de même de plufieurs autres pays fitués dans la z0ne torride, ou, hots dé cette zone, dans le voifinage des tropiques. Par la même raifon certains pays, comme l'Arménie, font très-froids, quoique fous la latitude de 40 degrés. M. Arbuthnot, dans fon Effai des effets de l'air fur le corps humain, remarque que là zeige des Alpes influe fur le tems qu’il fait en Angletérre. On obferve dans le bas- Languedoc que lorfque lès montagnes d'Auvergne êz de Dauphiné, dont les premieres font au nord, & les autres à l’eft de cette province , font égale- ment couvertes de xige, le vent de fud ne fouffle prefque jamais; en forte qu'on jouit au milieu de Phiver du tems le plus ferein. La raifon en eft que la froideur de la zcige condenfant l’air qui eft au-tour de ces montagnes, cet air devenu plus pefant tend vers lefud, oùil feraréfie , 8c fait par conféquent ün vent de nord. La même chofe arrive par la même faifon quand les montagnes d'Auvergne font plus chargées de neige que celles de Dauphiné ; mais ces dernieres font couvertes de zcige pendant que celles d'Auvergne en font déchargées, le vent du fud pourra fouffler avec violence , Pair qui eft au nord lui réfiflant alors trop foiblement. Phyfique de Repis, Liv. W. chap. x. La zeige de formant dans Pair , 6 n'étant que de de l’eau congelée , doit être mife au nombre des mé- téores aqueux. Voyez MÉTÉORE. Tout lé monde fait que la zeige en fe fondant four, nit une grande quantité d’eau aux ruifleaux ês aux fleuves, &c qüe fa fonte trop fubite caufe fouvent des inondations confidérables. Un très - grand nombre de plantes fe confervent enfevelies dans la zeige pendant l’hiver , &c on les voit poufler au printems avec rapidité , pourvu que la zeige qui les couvroit, fe foit fondue lentement & peu-à-peu ; car en fondant fubitement , elle pour- roit détruire l’orgamifation &c le tiffu des végétaux, Rien n’eft fur-tout plus pernicieux aux arbres & aux plantes qu’une zeige, quiféjournant fur la terre, fe fond en partie pendant le jour pour fe geler de nou- veau la nuit fuivante. C’eft ce qui fit mourir dans plufieurs contrées du bas-Languedoc &c de la Pro- vence quantité d’oliviers, de figuiers & d’autres ar- bres fruitiers pendant l'hiver de 1755, où lon vit fe renouveller en partie ce qu’on avoit éprouvé en 1709. La zeige peut être employée au défaut de la place, dans La préparation d’uneanfinité de boiffons rafrai- chiffantes néceffaires pour les délices de la vie , que la Philofophie même ne doit pas toujouts négliger. Ces mêmes boïffons font d’ufage en Médecine. Je ne: dirairienicide plufieurs vertus attribuées à la zeïge af {ez gratuitement,non plusque de la proprièté qu’elle a de guérir les membres gelés fur lefquels'elle eft ap- pliquée. Jai parlé ailleurs de cette proprièté, & j'ai fait voir que la reige ne faifoit en pareil cas que ce qu'auroit fait de l’eau médiocrement froide. Voyez GELéE & GLACE. Cet article ef? de M. DE RATTE, fecréraire perpétuel de la ociété royale des Sciences de Montpellier. Neice , ( Mar, med. & Diete.) c’eft une des ma- tieres que l’on emploie pour appliquer un degré de froid confidérable, le froid glacial aux çorps hu- NET mains, Ou à différentes fubftances déffinées à four- nir aux hommes des alimens & des boiflôns , cu des remñedes, Les confidérations qu’on a fait für la gla- ce, dans ce point de vite, conviennent pareïlle- ment 6c très-exactement à la reige, ( Voyez GLACE, Médecine, ) Nous remarquerons feulement ici que c'eit la serge fpécialement que le peuple du nord emploie , d’après un très-ancien ufage de leur pays, pour rappeller la chaleur & la vie däns les membres gelés. C’eft communément fous forme de fritions que la zeige s'emploie dans ces cas ; maïs la fimple application peut fufire. Agricola ( Chirurgiæ parer. tratt. 5.) afure que les engelures du nez on des oreilles font gnéries dansun quart-d’heure par lap- plhcation dé la zeipe, Barkllei rapporte dans fon Æ4- phormion , part IV, chap. vu. qu'un roi d'Angleterre fut suéri en très-peu de tems d’une enpeluré au doigt, l'ayant plongé däns la neige par le confeil de certains hapitans de Norvege. y a dans l’art un ufage fort bizarre qui paroît avoir été peu fuivi , & qui enfin paroît entierement abandonné avec raifon; c’eft d’éteindre le fentiment par l’application de la zeige dans une partie fur la- quelle on eft fur le point d'exécuter une opération chirurgicale ; cependant ce moyen fingulier pourroit abfolument être employé peut-être avec avantage dans quelque cas finguher. (2) NEIGE, eau de , ( Chimie. ) Voyezu l'article EAU Chimie. NEiGE , OISEAU DE, ( Æif. na, ) c’eft un oïfeau fembiable à la linotte par la figure, le bec & la cou- leur, qui fe trouve à Spitzhérg. Son nom lui vient de ce qu'il ne fe voit jamais que fur la neige glacée. Il eft de la groffeur d’un moineau. Il a le bec court &c pointu , & la tête aufli groffe que le cou. Ses jam- bes font celles de la linotte, maïs fes piés font divi- {és en trois doigts armés d’ongles longs & crochus : 1! eft blanc depuis la tête jufqu'à la queue, ainfñ que fous le ventre ; les plumes du dos & des ailes font grifes. Ces oifeaux font fi familiers qu'ils fe laiflent prendre à la main ; ce qui eft produit par la faim qu'ils éprouvent dans ce climat glacé. Leur chair eft d’un aflez bon goût. NEIGE ou NAGE , cerme de riviere , efpece d’oreil- lons qui fe fabriquent aux deux extrémités d’un träin, qui fervent à porter les avirons pour nager, & qui font faits d’un fort chantier chacun. Ne1ce, 1. f, (serme de Confifeur. ) compofition de fucre & de jus de certains fruits, comme de fram- boife , de grofeille ou de cerife qu’on fait glacer , & qu’on fert {ur la table. NEIGE , ( Bout. Paffement, ) petite dentelle faite au métier, Ge qui eft de peu de valeur. NEILLE , { f. cerme de Tonnelier, qui fignifie du chanvreou de la ficelle décordée dont ces ouvriers le {er- vent pour étouper une piece de vin qtu fuinte par le fonds à l’endroit du jable. Pour cet effet ils enfon- cent ce chanvre dans le jable , à Pendroit par où le vin fort, avec un petit inftrument de fer appellé le CLOTCE ES : NEISCHABOUR, ( Géog. ) Voyez NicHa- BOUR. | NEISS ox NEISSE , ( Géogr. ) ville d'Allemagne dans la baffle Siléfie , proche d’une riviere dont elle a pris le nom, &c arrofée d’une autre riviere nom- _ mée Prielan, Elle eff la réfidence ordinaire de l’évé- que de Breflau , & ne le cede point à Lignitz, Elle fut bombärdée par le roi de Pruffe en 1741. Sa fitua- tion eft à ralieues S. E. de Breflau, 11 N. E. de Glatz. Long. 36. 10. lat. 50. 32. Lariviere de Vezfs prend fa fource dans la monta- gne du côté de Glatz, & va {e perdre dans lOder à quelque diftance de Bnicg. NEITH , ( Mychol, évypt, ) divinité que les Esyp- tiens NET tiens adoroient. Elle eft la même que lAthénée des Grecs , &c elle étoit la divinité de Lais , comme Phtha ( nom égyptien de Vulcain } étoit celle de Memphis. Lemotzeih, dans la langue cophte, figni- fie encore éécffe. te NEILVA , (Géog.) petité ville de Portugal dans la province d’Entre-Minho & Douro, fur la côte oc- cidentale , à l'embouchure de la riviere qui lus don- nefon nom. Cette riviere s’appelloit anciennement Naæbissw 0 mn Lo + fi | | NEKRIR, o4NEKER ; {. ms (Æiff. mod.) nom de lun des anges inquifiteurs quiexaminent le mott dans le {epulchre , felon la doétrine de lalcoran, Voyez ALCORAN Quelques-uns l'ont nommé Granekir, trompés par la particule arabe 972, qui fignifie es, dans ce paflage, Munkir gna Nekr, c’eft-à-dire Murkir & Nekir, qui font lesnoms de ces deux prétendus an- ges. | Selon Mahomet, les ames & les corps font dans le fepulchrenfqu’au jour du jugement, & d’abord après la fépulture, Munkir & Nekirfe préfentent aux morts, &z leur font ces quatre demandes, « Quel eft ton » Dieu, ton prophète, ta créance, le lieu de ton » adoration » ? Les mufulmans ne manquent pas de répondre avec confiance : « mon Dieueft celur qui » t'a créé aufh-bien que moi ; mon prophete eft Ma. #homet; ma créance eft am, c’eft-à- dire, la s» créance falutaire ; & le lieu de ma dévotion eft % Kaaba, ou le temple de la Mecque »." En confé- quence il repofent en paix dans leurs tombeaux , &c par une petite fenêtre qu'on y {uppole pratiquée, als voyent tout ce qui fe pañle dans le ciel. Au con- traire ceux qui ne font pas morts mufulimans , frap- pés de la ftature extraordinaire de l’ange , le pren- nent pour Dieu, veulent l’adorer , mais il les ren- fonce à coups de maflue dans leur fépulchre, où ils demeurent fans être favorilés dés vifions accordées aux fideles croyans. Ricant , de l'empire dttoman. NEKSHCHEB ; (Géog.) ville de [a Tranfoxane, c’eft-à dire du pays qui eft au-delà du fleuve Gihonou : Amou , l'Oxus des anciens. Elle eft fituée dans une grande plaine ferule , à deux journées du mont Imaus. Le Canoun de Bainouri donne à cette ville 88, de long, & 39. de dat. fept. NELLENBOURG, ( Géog.) petite ville d’Alle- magne , capitale du landgraviat de même nom, ‘dans la Suabe autrichienne , entre Confiance , le canton de Schafhoufe, & la principauté de Furitem- berg. Elle eft à 8 lieues N. E; de Schafhoufe, 9 S. de Conftance. Long. 26. 40. lat. 47. 54. Le landgraviat de Nellenbourg s’appelloit autre- fois le Hegow , & avoit une étendue beaucoup plus grande qu’il n’a préfentement ; car il comprenoit la vilede Schaffhoufe, & plufeurs terres qui appar- tiennent à ka ville de Conftance , & à la maifon de Furftemberg. | | NELSON , LE PORT (Geog.) port de l'Amérique feptentrionale , avec un fort {ur la côte méridionale de la baie d’Hudfon. Les Anglois donnérent le nom de Nel/on au port & au fort que les François appel- loient Ze fort Bourbon. Le port eft une petite baie dans laquelle fe déchargent la riviere de fainte The- refe, & celle de Bourbon. Le fort a été pris & repris plufieurs fois , mais 11 eft refté aux Anglois par la paix d'Utrecht. Il eft fitué au 574. 30/. de Zur. nord. C’eft la derniere place de l'Amérique de ce côté-là; & l’endroit où l’on fait la traite des meilleures pelle- teries du nouveau-monde , & de la maniere la plus avantageufe, Le pays y eft prodigieufement froid ; cependant les rivieres y font fort poiflonneufes , & la chaffe abondante. Tous les bords de la riviere de {ainte Therefe font couverts au printems & en au- Tome XI, N E M ‘89 tone d'outardes & d’oies fauvages. Les perdrix y font toutes blanches , & en quantité prodigieufe. Le caribou ; dont la chair eft très-délicate, s’y trouve prefque toute l’année, Les pelleteries fines qu’en y apporte , font des martes & des renards fort noirs, des Joutres , des ours, des loups , dont le poil eft fort fin, &c principalement du caftor ; qui eff le plus beau du Canada. (D. 7.) | NELUMBO , {: m. (Æif. natur. Bor. ) genre de plante qui ne differe du nénuphar que par le fruit.Les femences font renfermées éparfes dans le fruit du nelumbo ; au lieu que le fruit du nénuphar eft divifé par loges. Voyez NÉNuPRAR. Tournefort, Znf£, rei herb. Voyez PLANTE. (1) NEMALONI, (Géog. anc.) peuple des Alpes: Pline, iv, LIT, ch, xx. lès met au nombre de ceux qui furent fubjugués par Augufte. M. Bouche croit que c’eft aujourd’hui Mio/azns , au voifinage d’Em- brun; mais dans les états du duc de Savoie. NEMAUSUS , (Géog.anc.) ville des Gaules chez les Volcé Arecomici ; Pline & Pomponius Méla la met- tent au nombre des villes les plus riches de la Gaule narbônnoïfe. D'’anciennes médailles lui donnent le titre decolonie romaine : coZ. Nem, c’eft-à-dire, colo. nia Nemaufus. Col. Aug. Nem. Coloris Augufla Ne- umaufus. Dans les’anciennes notices des villes des “Gaules , on lit ordinairement civites Nemauftenfium. Grégoire deTours, 4v, VIII. ch. xxx. la met dans la Septimanie. C’eft aujourd’hui la ville de Nifmes, -Voyez NisMe. NÉMaAUSUS , (Géog. anc.) fontaine de France, -qui, felon les apparences, a donné le nom à la ville de Nifmes dans le bas-Languedoc. C’eft de cette fon. taine dont parle Aufone , claræ urbes , $.214. énces termes, > «+ « « Vitreë non luce Nemaufus Purior, Elle s'appelle aujourd’hui le #zffre ; c’eft un petit ruifleau qui pafle au-travers-de Nifmes, & va {e jet- ter dans l'étang du Taw, au voifinage d’Aigue-Mor- tes. Comme lesreaux de cette riviere font extréme- ment cles, on lui donna dansle moyen âge lenom de Visreus, d'où l’on a fait le mot françois Viffre, en ajoutant une /. Foyez Hard, Valefi, zor, Galliar. p. 618.6, 79 13 203 2 NEMBROST , f. m. (Droguer.) efpece de fafran quicroît en Egypte, & qui eft fort eftimé; on le vend douze piaftres les cent dix rotols. Il y en a un autre que l’où nomme 44, qui ne vaut que fix piaf- tres, MEMEA , (Géog. anc.) nom 1°, d’une contrée du Péloponnefe dans l’Elide ; 2°, d’une ville du Pélo- ponnefe dans l’Argie ; 3°, d’un fleuve du Pélopon- nefe, 4°. d’un rocher dans le voifinage de Thèbes, dont Virgile parle au Liv. VIII. de fon Enéide ( D.J.) NÉMÉENS , rEUX (Hiff, anc.) c'étoit une des quatre fortes de grands jeux ou combats qui fe cé- lebroïent parmi les anciens grecs. Voyez Jeux. Quelques-uns difent qu'Hercule les inftitua , après avoir tué le lion qui ravageoit la forêt de Némée , oùon célebra depuis ces deux jeux en mémoire de la viétoire de ce héros. D’autres rapportent, que les fept chefs qui mar- cherent contre Thèbes fous la conduite de Polynice, étant extrèmément preflés de la foif, rencontrerent Hypfpile de Lemnos , quitenoit dans fes bras Ophel- tes,, fils de Lycurgue, prêtre de Jupiter & d’Euridi- ce. L’ayant prié de leur enfeigner un endroit où ils puflent trouver de l’eau, Hypfpile mit l'enfant fur Pherbe , & les mena vers une fontaine ; pendant fon abfence un ferpent tua l’enfant ; fa nourrice fut ac- cablée de défefpoir. Les chefs, au retour de leur ex- pédition, tuerent le ferpent, brülerent le corps d'Q: 90 NE M pheltes, 8e pour difiper la douleur d'Hypfpile ; inf- tituerent les jeux zémeens, LEUR Élien dit, que ces jeux furent à la vérité inftitués par les fept chefs envoyés pour afliéser Thèbes, mais que ce fut en faveur de Phronax. Panfanias en attribue l’inftitution à Adrafte, & le rétablifiement à {es defcendans. Enfin, Hercule, après fa viétoire fur le lion de Né- mée, atigmenta ces jeux, & les confacra à Jupiter Néméen , dans la.lj. olympiade. Æ ; L'ouverture des jeux zéméens fe faifoit par un fa- crifice, que l’on offroit à Jupiter ; on lui, nommoit un prêtre, & on propofoit des récompenfes pour ceux qui feroient vainqueurs dans cesjeux. | On les célebroit tous les trois ans, dans le mois appellé par les Corinthiens, parermos, & par les Athéniens foedromion. VE À Les argiens en étoient les juges, &t étoient vêtus de noir pour marquer l’origine des jeux. Commeils avoient été inftitués par des guerriers , on n’y ad- mettoit d’abord que des gens de guerre, & les jeux n’étoient que des combats équeftres ou gymniques. Dans la fuite, on y admit indifféremment toutes {or- tes de gens, & toutes fortes d'exercices gymnafti- ques. 2 ae A Les vainqueurs furentcouronnés d'olivier jufqu’au tems de la guerre des Grecs contre les Medes :: un échec qu'ils reçurent dans cette guerre, leur fit chan- ger l'olivier en ache, plante funebre ; d’autres croyent cependant que la couronne étoit originai- rement d’ache à caufe de la mort d'Opheltes, autre- ment appellé Archemore : on fuppofoit que cette plan- te avoit reçu le fang qui couloit de la bleffure que le ferpent lui avoitfaite. : - NEÉMENTURI, o4 NÉMETURI, ( Géogr. anc.i) peuples des Alpes; Pline, Zv. IT, ch. xx.lesmetau nombte de ceux qu'Aupufte fubjugua,& n’en dit rien de plus. NÉMÉONIQUE ,f, m. (Lirtérar. greg.) vestes, ivainqueur dans les jeux néméens; leurprix étoit une fimple couronne d’ache,;;:mais Pindare à immortalifé leurs noms dans fon ZII. Liv. des Néméoniques ; ce mot eft compofé de veusa , Nérmée , & viun, viétoire, (2. 7.) NÉMEÉSÉES , £ £. pl. (Anrig. greg. & rom.) fêtes en l’honneur de Néméfis: elles étoient funebres, parce qu'on croyoit que Néméfis prenoit auf fous fa protetion les morts, & qu'elle vengeoit les injures qu’on faifoit à leurs tombeaux. NÉMÈSES, £. f. pl. (Mythol.) divinités adorées chez les Payens, & qui avoient un temple fur le mont Pagus. Il faut dire les Némè/es, puifqu’on en reconnoifloit plus d’une : on doit les mettre au nom- bre des Euménides ; car elles en portent le carac- tere. Filles de la Nuit & de l'Océan, elles étoient prépofées pour examiner les aëtions des hommes, pour punir les méchans , &c récompenfer les bons ; &c afin qu'il ne leur manquäât rien de l'équipage des furies, les habitans de Smyrne qui les honoroïent d’un culte particulier, les repréfentoient avec des aîles , fi nous en croyons Paufanias. (D. J.) NÉMÉSIS , £. f. (Mychol.) fille de Jupiter & de la Néceflité, ou plutôt , felon Héfiode, de l'Océan &c de la Nuit, étroit prépofée pour venger les crimes que la juftice humaine laïffe impunis , Parrogance , la préfomption, l'oubli de foi-même dans la profpé- rité , l'ingratitude, &c. | Ses attributs font dignes de remarque : elle avoit une roue pour fymbole , des ailes , une couronne , tenoit la lance d’une main, & de l’autre une bou- teille. Elle éroit montée fur un cerf, & fon nom fi- gmifioit la faralite. | Les vicifitudes de la fortune, dit le chancelier Ba- con, & les deffeins fecrets de la providence , font NE M reptéfentés par l'Océan 8z la Nuit, Néméfis a des ai. les, ami qu'une roue ; car la fortune court le mon. de, arrive, & difparoït d’un jour à l’autre. On ne peut prévoir {es faveurs, ni détourner fes difgra- ces ; {a couronne ef fur la tête du peuple, quand il triomphe de labaïflementdes grands. Sa lance frap- pe &c renverle ceux qu’elle veut châtier. La bou- terlle qu'elle tient de l’autre main, eft le miroir qu'elle préfente fans cefle aux yeux de ceux qu’elle ménage. Eh ! quel eft l’homme à qui la mort , les maladies, les trahifons, & mille accidens ne retra- cent à l’efprit d’affreufes images ; comme fi les mor- tels né pouvoient être admis à la table des dieux , que pour leur fervir de jouets? Quand on raflemble tous les chagrins domeftiques qui traverferent la profpérité d’Aupufte , il faut bien adorer le pouvoir d’une divinité qui frappe fur les rois, comme fur des viétimes ordinaires. Le cerfque monte Néméfis, eft le fÿmbole d’une longue vie : la jeuneffe qui meurt avant le tems, échappe feule aux révolutions du fort ; mais le vieillard ne finit point fa carriere fans avoir efluyé quelque revers. Platon nous dit, que cette déefle, mimiftre de la vengeance divine , a une infpe@ion fpéciale fur les offenfes faites aux peres par leurs enfans. C’eft par- là que Platon avertit les hommes , qu'ils n’ont point dans leurs fandtuaires domeftiques de divinités plus refpeétables , qu’un pere ou une mere accablés fous le poids des années, Je crois pour moi que le trou- ble d’une confcience agitée par l'horreur de ces cri- mes , & par les remords qui la fuivent , a donné en partie la naïffance à cette divinité du paganifme. Elle futnommée Adraflée , à caufe d’Adrafte , qui le premier lui dédia un temple ; & Rhamnufie, parce qu’elle étoit adorée à Rhamufe, bourg de l’Attique, où elle, avoit une ftatue de la main d’Agoracrite, difciple de Phidias. Quand les Romains partoient pour la guerre , ils avoient coutume d'offrir un {a- crifice à cette déefle ; mais alors Néméfis étoit prife pour la Fortune , qui doit accompagner & favorifer les armes pour leur procurer du fuccès. (D. J.) | NEMESTRINUS , (Mythol.) divinité qui préfi- doit aux forêts ; mais comme Arnobe eft le feul des anciens qui parle de ce dieu, il pourroit bien en être le pere. NÉMÈTES, (Géog. anc.) peuples du diocefe de Spire, puifque leur ville capitale eft Noviomagus, {e- lon Prolomée,& que cette Noviomagus répond à Spi re, fuivant les itinéraires romains. Il paroït par les commentaires de Céfar, que ces peuples, de même que les Vaugions & Triboques, étoient naturels Gérmains d’au-delà du Rhin, & qu'ils s’étoient ha- bitués dans cette partie de la Gaule belgique , un peu auparavant l’entrée de Céfar dans les Gau< les. NÉMÉTOBRIGA , (Géog. anc.) ville des Tiburs dans l'Efpagne tarragonoife , felon Ptolomée , Z. JF, ch. y. Quelques favans penfent que c’eftaujourd’hux Val.de- Nebro. NEMETOCENNA ;, ox NEMETOCERNA , (Géog. anc.) Sanfon prétend avoir prouvé par Cé- far, que cette ville eft dans le Belgzum; que c’eft la même que les itinéraires romains appellent Nereta- cum , & qu'ils placent entre Terzana , Samarobriva &t Bagacum, entre Térouenne, Amiens, &t Bavay, ce qui ne peut répondre qu’à Arras. $ NÉMISCO , (Géog.) grande riviere de l'Améri- que feptentrionale ; elle fe jette dans le fond de la baie d'Hudfon , après un cours d’environ 60 lieues à-travers des montagnes, à NÉMORALES , 1. f. pl. (Myskol.) fêtes qui fe cé- lebroient dans la forêt d’Aricie, en l’honneur de Dia- ne , déefle des bois. NÉMOSSUS, ( Géogr. anc.) ancienne ville des NEN Gaules fur {a Loire , & la capitale des Arverni, Au- verpniacs , felon Strabon, Liv. 1F. p. 191. Lucain , Pharfale, Av. L. verf. 419. parle aufñ de cette ville : On croit communément que c’eft l’Auguflo-Nemerum de Ptolomée , Liv, IL. ch. vi. NEMOURS , (Géog.) ville de l’île de France dans le Gatinois, avec titre de duché. Elle eft fur le Loing , à 4 lieues de Fontainebleau, 18 de Paris. Long. 20.20. las. 48, 15, Son nom latin eft Nerzus : on la nomma ancienne- ment Nerox & Nemoux , & de ce dernier mot on a fait le nom moderne Nemours. Le nom de Nermus lui : avoit été donné, parce qu’elle étoit fituée dans la forêt de Bièvre ou de Fontainebleau : aujourd’hui que l’on a coupé une partie de cetre forêt, Nemours fe trouve entre la même forêt, & celle de Montar- sis. Elle eft entre deux collines , dans l’endroit où étoit la ville de Grex du tèms de Céfar. Elle a com- mencé par un château, qu'on appelloit Nemus ; & elle fe forma peu-à-peu, quand la terre eut été éri- gée en duché. Il y a dans cette petite ville un bail- liage royal établi par François I. en 1524. Il eft régi par la coutume de Larris, rédigée en 1531. Nemours a eu autrefois {es feigneurs particuliers, qui fe nommoient fimplement chevaliers ; & ce fut d’eux que le roi Philippe le Hardi, fils de S. Louis , l’acqut vers l’an 1272. Louis XIL, donna Nemours à Gafton de'Foix, & l’érigea en duché-pairie, l’an 1507, la premiere éreétion que Charles VI. en avoit faite ayant été fupprimée. Enfin Louis XIV. donna ce duché à fon frere Philippe ; & de-là vient qu'il eft poffédé aujourd’hui par M. le duc d'Orléans. François Hédelin, connu fous le nom d’abbé d’Au- bignac, étoit de Nemours. Après avoir exercé quel- que tems la profeffion d'avocat , il embraffa létat eccléfiaftique , & s'étant attaché au cardinal de Ri- chelieu , il prit parti contre Corneille , & devint précepteur du neveu du Cardinal. Il gagna les bon- nes graces de fon éminence & de fon éleve. Son Te. rence jufhfié eft tombé dans l'oubli. Sa prarique du théätre eft encore lue ; mais, dit M. de Voltaire, 1l prouva par fa tragédie de Zénobie , que les connoif- fances ne donnent pas les talens. [Il mourut à Me- mours , en 1676., à 72 ans. (D.J.) . NEN , (Hifi. mod.) c’eft ainfi qu’on nomme dans le royaume de Siam de jeunes enfans , que leurs pa- rens confacrent au fervice des talapoins ou prêtres, & qui demeurent auprès d'eux dans leurs couvens , & vieilliflent dans cet état. Ils ont des écoles oùils vont prendre les leçons des moines-leurs maîtres ; 1l5 reçoivent les aumônes pour eux, parce qu'il ne leur eft pas permis de toucher de l’argent. Enfin, les nens arrachent les mauvaifes herbes du jardin du cou- vent, ce que les talapoins nepourroient faire eux- mêmes fans pécher. NENIES , { £. ( Æiff. anc.) chants lugubres qu’on avoit accoutumé de faire aux funérailles, anfinom- més de la déefle Nenia, qui préfidoit à ces fortes de lamentations. On croit que ces chants étoient les louanges de la perfonne qui venoit de mourir, mifes _ en vers & chantées d’un fontrifte , avec un accom- pagnement de flûtes , par des femmes gagées à cet effet, & que l’on appelloit præfice. Il falloit qu’elles euffent un protocole & des lieux communs applica- bles, fuivant l’âge, le fexe , la condition des per- fonnes ; & comme tout cela fe réduifoit Le plus fou- vent à des puérilités & des bagatelles, on emploie ce mot enlatin pour fignifier des ziaiferies, Ceux qui ont attribué l’origine des reénies à Simonides , ont pris ce mot dans un fens trop étendu, & l’ont con- fondu avec l’élégre , genre noble , férieux & délicat , dont on attribue l'invention à ce poëte. Ovide fait venirle mot de zénies du grec veiaroy, dernier, parceque ces chants étoient Les dermiers qu’on faifoit en l’hon- Tome XI. NEN OT neur du mort, Mais Acron prétend que ce mot zerie fut inventé pour exprimer, par fa profodie longue [ta trainante , le fon trifte & dolent, foit des chan- teufes » foit des flûtes qui fervoient nen-feulement à accompagner les voix , mais encore à marquer les tems ou les pleureufes publiques devoient fe frapper ia poitrine en cadence. Ge mot vient du grec says , fur quoi Scaliger ob ferve qu'il devroit s’écrire en latin reria & non nœ- 14. Guichard remarque qu’on entendoit autrefois par zænia une efpece de chant dont les nourrices fe iervoient pour bercer & pour endormir les enfans ; & 1l conjeéture que ce mot pourroit vénir de l’hé- breu z17, enfant, . La déefle Neria , qui préfidoit aux funérailles , étoit particuherement honorée à celles des vieillards. On ne commençoit à l'invoquer que lorfque le ma- lade entroit à l’agonie. Elle avoit un petit temple hors des murs de Rome. NENUPHAR , zymphœa , {. m, ( Hiff. nat. Bot. ) genre de plante à fleurs en rofe, compofée de plu- üeurs petales difpofés en rond. Le piftil fort du ca- lice & devient dans la fuite un fruit rond ou coni- que , qui eft divifé en plufieurs loges , & qui renfer- me des femences le plus fouvent oblongues, Tour- nefort, 2nf£, rei herb. Voyez PLANTE. ( 1) Nous ne connoiffons en Europe que deux'efpeces de ce genre de plante aquatique, le zéruphar à fleur blanche , & le 2ézuphar à fleur jaune. Le zéruphar à fleur blanche, zymphea alba major, I. R. H. 260 , a la racine vivace , longue , groffle comme le bras , garnie de nœuds de couleur brune en-dehors, blanche en-dedans , charnue , fongueufe, empreinte de beaucoup de fuc vifqueux , attachée au fond de l’eau dans la terre par plufeurs fibres ; elle pouffe des feuilles grandes , larges , la plüpart orbiculaires, échancrées en cœur on en fer à cheval, épaïfles, charnues , nageant fur la furface de l’eau, veineufes, d'un verd blanchätre fur le dos, d’un verd brun en deflous, ayant chacun deux petites oreilles obtules , d’un goût herbeux aflez fade: ces feuilles font foutenues par des queues longues, groffes com- me le doigt d’un enfant , cylindriques, rougeâtres, tendres , fucculentes , fongueufes. Ses fleurs font grandes, grofles , larges quand elles font épanouies , à plufieurs pétales difpolés en rofe , belles, blanches comme celles du lis, prefque fans odeur; eiles font renfermées dans un calice or- dinairement à cinq pétales blanchätres , rangés en rofe & à fleurons : leur milieu eft occupé par des étamines nombreufes qui partent de la jointure cir- culaire &t extérieure de l’ovaire & du placenta. Lorfque la fleur eft paflée , il paroît un fruit fphé- rique reflemblant à une tête de pavot, partagé dans fa iongueur en plufieurs loges remplies de femences oblongues , noirâttes , luifantes, un peu plus gran- des que du millet, Cette plante eft toute d’ufage en Médecine ; il pa- roît qu’elle eft d’une nature nitreufe , parégorique , apéritive & raffraichiffante. On ne la cultive point dans les jardins ; elle croit naturellement dans les marais , dans les eaux croupiffantes , ou dans les ruifleaux qui coulent lentement, & dans les grandes pieces d’eau ; elle fleurit en Mai & en Juin , quelque- fois jufqu’en automne. Ray penfe que le zézuphar du Bréfil à fleur blanche, décrit par Margrave, ne fait pas une efpece différente du nôtre. Le nénupharà fleur jaune , zymphæa lutea major ; I. R, H. 261, ne differe preique du blanc que par la fleur, qui eft jaune & plus petite. | Quant aux zymphæa étrangers, des favanséclairés dans la Botanique , & la connoiffance des monu- mens antiques , ont découvert que là plante qu’on : voit fur quelques médailles d'Egypte, n’eft autre il 02 NEN chofe que la nymphæa, qui eft fort commune dans les campagnes arrofées par le Nil. La fleur de cette plante eft de toutes fes parties celle qui fe remarque le plus ordinairement fur les monumens égyptiens , ce qui vient du rapport que ces peuples croyotent qu’elle avoit avec le foleil, à l’apoarition duquel elle fe montroit d’abord fur la furface de l’eau , & s’y replongeoïit dès qu'il étoit couché ; phénomene commun à toutes les efpeces de zyrphea. C’étoit là l’origine de la confécrationqueles Es yp- tiens avoient faite de cette fleur à cet aftre , le pre- mier & le plus grand des dieux qu'ils aient adorés. Delà vient la coutume de la repréfenter fur la tête de leur Ofris, fur celle de leurs,autres dieux, fur celle même des prêtres qui étoient à leur fervice. Les rois d’'Esypte affectant les fymboles de la divi- nité, {e font fait des couronnes de cette fleur ; elle eft auf repréfentée fur leurs monnoies , tantôt naif- fante, tantôt épanouie & environnant fon fruit : on voit avec la tige comme un fceptre royal dans la main de quelques idoles. ( D. J.) NÉNUPHAR, ( Pharm, & Mat. med.) la racine & les fleurs du zé7uphar font les feules parties de cette plante qui foient en ufageen Medecine :on y em- ploie indifféremment la racine du zérwphar à fleurs blanches ou zéruphar blanc, & celles de zéruphar jaune ; mais on ne fe fert prefqu’ablolument que des fleurs du zénuphar blanc. La racine du zéruphar eft mucilaginenfe, gluante, amere ; les fleurs contiennent à-peu-près les mêmes fubftances, mais en beaucoup moins grande quan- tiré La racine de zénuphar fait la bafe des tifanes re- gardées comme éminemment rafraichiflantes , adou- ciffantes , relâchantes, qui s’ordonnent communé- ment dans l’ardeur d’urine , fur-tout celle qui ac- compagne les gonorrhées virulentes; dans les af- fe&ions inflammatoires des inteftins , des reins & des voies urinaires. L’infufion des fleurs eft ordon- née plus rarement dans les mêmes cas, & eft auffi très-inférieure en vertu à la décoëtion de la racine. Cette infufon eft regardée comme légerement nar- cotique ; mais cette vertu , prefque généralement avouée , n’eft tien moins que démontrée.: Le firop de zéruphar qui {e prépare avec l'infufion des fleurs, eft plus ufté que cette infufion , & con- tient les principes médicamenteux de ces fleurs en moindre quantité encore. On peut avancer que c’eft- là un affez pauvre remede. On prépare aufli dans quelques boutiques un firop de zeéruphar avec la dé- coëtion de la racine : celui-ci eft plus chargé de par- ties mucilagineufes , & c’eit apparemment à caufe de cela qu’on le prépare moins communément, parce que les mucilages font éminemment fujets à s’alté- rer, à moifir dans toutes les préparations liquides , même malgré la cuite & l’affaifonnement du fucre. Voyez MuciLAGE. Le firop de zézuphar ordinaire , c’eft-à-dire préparé avec les fleurs , n’eft pas exempt de cette altération ; pour la prévenir autant qu'il eft poffible , il faut , l’on n'aime mieux bannir ce temede des boutiques , lui donner une forte cuite, & la renouveller de tems en tems. #. . Tous ces remedes tirés du rézuphar ont l’incon- vénient grave d’affadir , de refroidir ; d’embourber Peftomac , 8&c par-là de faire perdre l’appétit & d’a- battre les forces, & cela d'autant plus qu'ils font plus mucilagineux. La tifane ou décoétion des raçi- nes, qui eft le plus ordinaire de ce remede , eft auf le plus mauvais. | Nous n'avons guere meilleure opinion d’une con- ferve qu’on prépare avec les fleurs , & qu’heureufe- ment on emploie rarement pour elle-même, mais feulement pour fenvir d’excipient dans les opiates &cles bols narcotiqués; Le 2% NO On garde dans les boutiques une eau diftilée des fleurs de rézuphar qui n’eft bonne à rien, & une buile par infufion &c par décoétion de ces mêmes fleurs , qui né vaut pas davantage. Les fleurs de zéruphar entrent dans le firop de tor- tue ; la poudre damargariti frigidi ; le firop entre dans les pilules hypnotiques, & l'huile dans le bau- me hypnotique. On prépare un nfiel de zézuphar avec les fleurs non mondées , ou même avec les calices & les éta- mines dont on a mondé les fleurs deftinées à la pré- paration du firop. Le miel de rérzmphar s’ordonne depuis deux jufqu’à quatre onces dans les layemens rafraïchiffans & relâchans. (4 NEOCASTRO, ( Géog. ) forterefle de la Roma- nie , à trois lieues au nord de Conftantinople , fur le promontoire Hermeus, dans l'endroit le plus étroit du Bofphore. Il y a une bonne garnifon , & les Turcs . y tiennent les prifonniers de conféquence qu’ils font {ur les chrétiens pendant la guerre. Voyez Gyllius de Bofphore Thracico. Long. 46. 30. lat. 41. 16. NÉOCESARÉE , ( Géogr. anc. ) ville de la pro- vince de Pont, comprife aflez fouvent dans la Cap- padoce , fituée fur la riviere de Lyque , & appellée par divers auteurs Padrianopolis. Les Grecs la nom- ment aujourd'hui Nixar , & les Turcs Tocar. Eile fut érigée en évêché en 240, à ce que dit Baillet. Les Auteurs parlent encore d’une Néocfarée ,wille de Ja Bithynie ; 2°. d’une Wéocéfarée , ville de Syrie, fur le bord de l’Euphrate ; 3°, d’une Néocéfarée , ville de Mauritanie. ( D. J.) NÉOCORAT , f. m. ox NÉOCORIE, (Art. nu- mifinatique, ) époque qu’on trouve fur les médailles des villes greques foumifes à l’empire Romain. Ces villes étoient jaloufes de l'honneur d’avoir été qua- lifiées zéocores , ou fi l’on veut du titre de réocorar , c’eft-à-dire d’avoir eu des temples où s’étoient faits les facrifices folemnels d’une province en l’honneur des dieux ou des empereurs. Cette qualification étoit en même tems accompagnée de pluñeurs priviléges, & c'étoit là vraiflemblablement ce qui les touchoit davantage. En effet, le zéocorar des empereurs étoit accordé aux villes par un decret du fénat. On lit fur les mar- bres d'Oxford que la ville de Smyrne avoit été trois fois néocore des empereurs par les decrets du facré fenat ; & fur un médaillon, les Laodicéens de Phry- gie fe difent éocores de Commode &r de Caracalla, par decret du fénat. Le xéocorar étoït donc une grace & un titre honorifique. Les Smyrnéens rappellent fur un monument le bienfait de l’empereur Adrien, qui leur avoit accordé par un fénatus-confulte le fe- cond zéocorar. Aufh les villes marquoient avec foin les zéocorars qu’elles avoient obtenues: Ac, spic, re TPAHIC y VE HOPOVe Elles fe glorifioient même d’en avoir CD Te plus grand nombre: Voyez NÉOCORE. D. J. NÉOCORE, 1 m. ( Antig. grecq. ) Peu de gens de lettres ignorent qu’on appelloit zéocores chez les Grecs ceux qui éroient chargés de la garde & fur- tout de la propreté des temples, comme l’explique le nom même de yewopos, compofé de yéwc, remplum, &t de yoptw , verro. On fait éncore que cet emploi bas & fervile dans fon origine, fe releva infenfiblement &c devint enfin très-confidérable , lorfque la richefe des offrandés demanda des dépoñitaires diftingués ; que la dépenfe des fêtes & des jeux publics intérefla des nations .entieres., & que l’adulation des Grecs . pour lesempereurs romainsleurs nouveaux maîtres, . les porta à leur élever des temples & à s’honorer du titre de. zzéocores de ces mêmes temples. Ils ne furent | plus de fimples valets des temples, ou même des fa- criftains ordinaires. , on. en fit des miniftres du pre- mer ordre , à qui feul appartenoit le droit d'offrir les facrifices dans les temples confacrés à la divinité tutelaire du pays, ou dans ceux qu’on avoit élevés non-feulement aux empereurs romains déja mis au rang des dieux, mais encore en l'honneur de ceux qui regnoient aétuellement. ant d'auteurs ont écrit fur les zéocores , qu’on fe croyoit parfaitement inftruit de leurs différentes fonétions , & qu'il fembloit que la feule difficulté qui reftoit parmi les Savans étoit réduite à ce point; {avoir comment on doit entendre & expliquer le nombre des néocorats attribués fur les médailles à une même ville ; fi les peuples qui s’y difent zé0co- res pour la feconde, pour la troifieme & pour la qua- trieme fois , ont été revêtus de cette dignité par un même prince , ou s'ils ne l'ont reçue que fucceflive- meut par différens empereurs ? M. Vaillant le pere , qui avoit particulierement étudié cette matiere, donna en 1703 une différtation fur les zéocores ; où, après avoir difcuté les différen- tes opinions des antiquaires qui l’ont précédé, 1l éta- bit que les villes grecques fe difoient fur leurs mé- dailles zeéocores des empereurs romains, autant de fois qu’elles ayoient obtenu de nouveaux decrets du fénat pour pouvoir bâtir des temples à leur honneur. Nous nous difpenfons d’entrer dans le détail des preu- vesdu fyftème de M. Vaillant, parce qu’on trouvera fa piece imprimée en entier dans un volume des mé- moires de l’académie des Infcriptions ; mais nous de- vons dire quelque chofe d’une autre differtation fur le même fujet, donnée en 1706 par M, de Valois, qui n’avoit aucune connoïflance de celle de M. Vail- lant. Ces deux auteurs fe font rencontrés dans la diff- culté principale ; ils rapportent l’un & l’autreles dif- férens néocorats des villes greques à différens {ena- tus-confuites qui leur en avoient accordé la préro- gative ; ils prouvent par les mêmes autorités & à- peu-près par les mêmes opérations, que les villes ou les peuples qui fur les médailles fe qualifient du titre de zéocores pour la feconde, pour la troifieme & pour la quatrieme fois , ne l’ont fait que fuccefi- vement & fous différens empereurs. . Mais la differtation de M. de Valois a cela de par- ticulier , qu'elle nous apprend deux fonétions des néocores | Qui avoient juiqu’à-préfent échappé aux recherches des critiques. La premiere de ces fonétions des zéocores étoit de getter de l’eau luftrale fur ceux qui entroïent dans le temple. La feconde étoit de faire l’afperfion de cette mème eau luftrale fur les viandes qu’on fervoit fur la table du prince , & de lui tenir en quelque forte lieu d’aumôniers. ; Jai dit ci-deffus que plufieurs villes grecques pri- rent fouvent la qualité de zéocores., mais c’eft Smyr- ne, Ephefe, Pergame , Magnéfie , &c. qui portent le plus fouvent ce titre dans les médailles. Smyrne, par exemple, fut faite zéocore fous Tibere avec beau- coup de diftinétion ; elle le fut encore pour la feconde fois fous Adrien, comme le marquent les marbres d'Oxford : enfin elle eut encore le même honneur , & prit le titre de premiere ville d’Afie fous Caracalla. LIT, | < HR , fm. pl. (Æiff. anc.) c’étoient à Lacédémone des efclaves à qui l’on avoit accordé la liberté, en récompenfe de quelque aétion hé- roique. NÉOËNIES , f. f. pl. ( Arig. grecques. ) en grec vos x fête qu’on célébroit en l'honneur de Bacchus, quand on goûtoit pour la premiere fois le vin nou- veau de chaque année. Foyez Potter, 4rchæol, ris, I, P: 416, (D. J.) | : ._NÉOGRAPHE, adj. pris fubftantivement. On nomme ainfi celui qui affee une maniere d'écrire nouvelle &c contraire à l'orthographe recue. L’ortho- NEO 93 graphe ordinaire nous fait écrire françois , anglois , J'étois, ils aimeroient ( voyez I. ); M. de Voltaire écrit français, anglais , j'étais , ils aimeraient, en mettant a pour oi dans ces exemples , & partout où loi eft le figne d’un e ouvert. Nous employons des lettres majufcules à la tête de chaque phrafe qui commence après un point, à la tête de chaque nom propre ; &c. Voyez INiTIAL. M. de Voltaire avoit fupprimé toutes ces capitales dans la premiere édititon de fon Jrecle de Louis XIV. publié fous le nomdeM. de Fran- cheville. M, du Marfais a fupprimé fans reftrition toutes les lettres doubles qui nefe prononcent point, ë quine font point autorifées par l’étymologie , & il a Écrit home, come, arêter, doner , anciène , condänez , êtc.M, Duclos n’a pas même égard à celles que l'éty- molopie ou l’analogie femblent autorifer; il fupprime toutes les lettres muetes , & il écrit diférentes, lètres admètent , èle , tédtre , il ur (au fubjonétif pour i/ er) cète, indépendament ,êcc. il change phen f, orthografe, Julofofique, difiongue, &tc. Ainfi M. de Voltaire, M. du Marfais, M. Duclos, font des zéographes modernes. NÉOGRAPHISME , f. m. c’eft une maniere d’é- crire nouvelle & contraire à l'orthographe reçue. Ce terme vient de l’adje@if grec véoc , zouveau , & du verbe ypaçw , j'écris. Le néographifme de M. de Voltaire , en ce qui concerne le changement d’oi en ai pour répréfenter le ouvert , a trouvé parmi les gens de lettres quelques imitateurs. « Si lon établit pour maxime générale, ditl’abbé » Desfontaines, ob/ferv. fur les écrits mod. tom. XX X. » pag. 243, que la prononciation doit être le modele » de lorthographe ; le normand, le picard , le bour- » guignon, le provençal écriront comme ils pronon- » cent : car dans le fyftème du zéographifime, cette » liberté doit conféquemment leur être accordée ». Il me femble que Pabbé Desfontaines ne combat ici qu'un phantôme , & qu'il prend dans un fens trop étendu le principe fondamental du zéographifme. Ce n'eft point toute prononciation que les Néographes prennent pour regle de leur maniere d'écrire, ce feéroit proprement écrire fans regle ; ils ne confide- rent que la prononciation autorifée par le même ufage qui eft reconnu pour lésiflateur exclufif dans les langues , relativement au choix des mots, au fens qui doit y être attaché, aux tropes qui peuvent en changer la fignification, aux alliances, pour ainfi dire , qu'il leur eft permis ou défendu de contra@er, éc. Ainfi le picard n’a pas plus de droit d’écrire gambe pour jambe , ni le gafcon d'écrire kure pour heure , fous prétexte que l’on prononce aïnfi dans leurs provinces. Mais on peut faire aux Néographes un reproche mieux fondé ; c’eft qu'ils violent les lois de l’ufage dans le tems même qu’ils affeétent d’en confulter les décifions & d’en reconnoître l’autorité. C’eft à l’u- fage légitime qu’ils s’en rapportent fur la prononcia- tion , &c ils font très-bien ; mais c’eft au même ufage qu'ils doivent s’en rapporter pour l’orthographe: fon autorité eft la même de part & d’autre ; de part & d’autre elle eft fondée fur les mêmes titres, & l’on court le même rifque à s’y fouftraire dans les deux points, le rifque d’être ou ridicule ou inintelligible, Les lettres, peut-on dire, étant inflituées pour repréfenter les élémens de la voix, l’écriture doit fe conformer à la pronontiation : c’eft.là le fonde- ment de la véritable ortographe & le prétexte du néographifme ; mais il eft aïlé d’en abufer. Les lettres, ileft vrai, font établies pour repréfenter les élémens delawoix ; mais comme elles n’en font pas les figres . naturels ; elles ne peuvent les fignifier qu’en vertu de la convention la plus unanime , qui ne peut ja- mais fe réconnoître que par l’ufage le plus général de la plus nombreuie partie des gens de lettres. IL y: aura, fi vous voulez, plufieurs articles de cette con- 94 NEO vention qui auroient pu être plus généraux, plus conféquens, plus faciles à faifir, mais enfin ils ne le font pas , & 1l faut s’en tenir aux termes de la con- vention : irez-vous écrire kek abil ome ke vou foiez , pour quelque habile homme que vous foyez ? on ne faura ce que vous voulez dire , ou fi on le devine, vous apprêterez à rite. | On repliquera qu'un .zéographe fage ne s’avifera point de fronder fl généralement l’ulage, & qu'il fe contentera d'introduire quelque léger changement, qui étant fuivi d’un autre quelque tems après, ame- nera fuccefivement la réforme entiere fans révolter perfonne. Mais en premier lieu, fi l’on eft bien per- {uadé de la vérité du principe fur lequel on établit fon zéographifme, je ne vois pas qu'il y aït plus de fagefle à n’en tirer qu'une conféquence qu’à en tirer mille ; rien de raifonnable n’eft contraire à la fageffe, & je ne tiendrai jamais M. Duclos pour moins fage que M. deVoltaire.J’ajoute que cette circon{peétion prétendue plus fage eft un aveu qu’on n’a pas le droit d'innover contre l’ufage reçu , & une imita- tion de cette efpece de prudence qui fait que l’on cherche à furprendre un homme que l’on veut per- dre, pour ne pas s’expoler aux rifques que l’on pour- toit courir en l’attaquant de front. Au refte, c’eft fe faire illufion que de croire que l'honneur de notre langue foit intéreflé au fuccès de toutes les réformes qu'on imagine. li nyena peut- être pas une feule qui n’ait dans fa maniere d'écrire quelques-unes de ces irrégularités apparentes dont le réographifine fait un crime à la nôtre: les lettres qguiefcenres des Hébreux ne font que des cara@eres écrits dans l’orthographe, & mueis dans la pronon- ciation; les Grecs écrivoient éyyeae, &yxupa , & prononçoient comme nous ferions dyyeAo, évyupa ; on n’a qu'à lire Prifcien fur les lettres romaines, pour voir que l’orthographe latine avoit autant d’a- nomalies que la nôtre; l'italien & l'efpagnol n’en ont pas moins, & en ont quelques-unes de commu- nes avec nous; il y en a en allemand d’aufli cho- quantes pour ceux qui veulent par-tout la précifion géométrique ; & l'anglois qui eff pourtant en quel- que forte la languedes Géometres, en a plus qu’au- cune autre. Par quelle fatalité l'honneur de notre langue feroit-il plus compromis par les inconféquen- ces de fon orthographe, & plus intéreflé au fuccès de tous les fyftèmes que l’on propofe pour la réfor- mer ? Sa gloire n’eft véritablement intérefée qu’au maintien de fes ufages, parce que fes ufages font fes lois , fes richeffes & fes beautés; femblable en cela à tous les autres idiomes, parce que chaque langue eft la totalité des ufages propres à la nation qui la parle, pour exprimer les penfées par la voix. Voyez LANGUE, (B.ERM,) | NÉOLOGIQUE, adj. qui eft relatif au réologifine, Voyez NÉoOLOGISME. Le célebre abbé Desfontaines publia en 1726 un Difionnaire néologrque, c’eft-à- dire une lifte alphabétique de mots nouveaux , d’ex- preflions extraordinaires, de phrafes infolites, qu'il avoit pris dans les ouvrages modernes les plus céle- bres publiés depuis quelques dix ans. Ce dittion- naire eft fuivi de l'éloge hiftorique de Pantalon- Phébus, plaifanterie pleine d'art, où ce critique a fait ufage de la plûpart des locutions nouvelles qui étoient l’objet de fa cenfure : le tour ingénieux uil donne à fes expreflions , en fait mieux fentir le défaut, & le ridicule qu'il y attache en les accu- mulant, n’a pas peu contribué à tenir fur leurs gar- des bien des écrivains, qui apparemment aurotent fnivi & imité ceux que cette contre-vérité a notés comme répréhenfibles. Il y auroit, je crois, quelque utilité à donner tous les cinquante ans le diétionnaire zéologique du demi fecle. Cette cenfure périodique, en répri- NEO mant l’audace des zéologues, arrêteroit d'autant la corruption du langage qui eft l'effet ordinaire d’un réologifmne imperceptible dans fes progrès : d’ailleurs la fuite de ces diétionnaires deviendroit comme le mémorial des révolutions de la langue, puifqu’on y verroit le tems où les locutions fe {eroient introdut- tes, &r celles qu’elles auroient remplacées. Cartelle expreflion fut autrefois zcologique , qui eft aujour- d'hui du bel ufage : & il n’y a qu'à comparer l’ufa- ge préfent de la langue, avec les remarques du P. Bouhours fur les écrits de P. R. ( ZI. Enrrerien d'Arifl, € d'Eug. pag. 168.) pour reconnoître que plufieurs des expreflions rifquées par ces auteurs ont reçu le fceau de l’autorité publique, & peuvent être employées aujourd’hui par les puriftes les plus fcrupuleux. (8. E. R. M.) NÉOLOGISME , f. m. ce mot ef tiré du grec, oc, 20uveau, &t noyoc, parole, difcours , & l’on ap- pelle ainfi l’affe&ation de certaines perfonnes À fe {ervir d’expreflions nouvelles &c éloignées de celles que Pufage autorife. Le zéologifme ne confifte pas feulement à mtroduire dans le langage des mots nouveaux qui y font inutiles; c’eft le tour affe@é des phrafes, c’eft la jonétion téméraire des mots. c'eft la bifarrerie des figures qui caraétérifent fur- tout le zé0/opifme. Pour en prendre une idée-conve- nable, on n’a qu’à lire le fecond enretien d'Arifte & d'Eugène fur la langue françoife ( depuis la pag, 168. jufqu'à la pag. 185. ) le pere Bouhours yreleve avec beaucoup de juftefle , quoique peut-être avec un peu trop d’affetarion , le zéologifine des écrivains de P.R. & 1l le montre dans un grand nombre d’exem- ples, dont la plûpart font tirés de la traduétion de l'rnitation de Je[us-Chriff, donnée par ces folitaires. Un auteur qui connoït les droits & les décifions de lPufage ne fe fert que des mots reçus, ou ne £ réfout à en introduire de nouveaux que quand il y eft forcé par une difette abfolue & un befoin indif- penfable : fimple & fans affe&ation dans fes tours, il ne rejette point les expreffions figurées qui s’adap- tent naturellement à fon fujet, mais il ne les recher- che point, & n’a garde de fe laïffer éblouir par le faux éclat de certains traits plus hardis que folides, en un mot il connoït la maxime d’Horace ( 4rr. poët. 309.) , & il s’y conforme avec fcrupule : Scribendi retè [apere eff & principium & fons. _ Voyez USAGE & STYLE. Il ne faut pourtant pas inférer des reproches raï- fonnables que l’on peut faire au zéologifine, qu'il ne faille rien ofer dans Le ftyle. On rifque quel- quefois avec fuccès un terme nouveau, un tour ex- traordinaire, une figure inufitée ; & le poëte des graces femble lui-même en donner le confeil, lori- qu'il dit, c8. 48. Dixeris egregiè, notum ft callida verbum Reddiderit junélura novum. Si fortè neceffe ef£ Tndicirs monffrare recentibus abdira rerum : Fingere cinilutis non exaudita cethegis Continget, dabiturque licentia fumpta prdenrer. Mais en montrant une reflource au génie, Horace lui affigne tout-à-la fois comment il doit en ufér ; c'eft avec circonfpeétion & avec retenue, licezria Jumpta pudenter ; & il faut y être comme forcé par un befoin réel , { forte necefe eff, Dans ce cas, le néologifme change de nature; & au heu d'être un vice du ftyle, c’eit-un figure qui eft en quelque maniere oppofée à l’archaïfine. L'archaifme eft une imitation de la maniere de par- ler des anciens, foit que l’on en revivifie quelques termes qui ne font plus uftés, foit que l’on fafle _ufage de quelques tours qui leur étoient familiers NEO Be qu'on à depuis abandonnés : les pieces dit prañd Roufleau èn ftyle marotique font pleines d’arckaif mes, Ce mot vient du gtec dpyos, ancien, auquel en ajoutant la terminaifon vues, qui ft le fymbole de limitation, on a sYasouoc, qui veut dire aztiquo- run 1nItatio, | A do Le réologifme , envifagé comme le pendant de Per: chaifme, elt une figure par laquelle on introduit un terme, un tour, où une afloctation de termes dont on na pas encore fait ufage jufques-[à ; ce qui ne doit fe faire que par un principe réel ou très-appa- rent de néceflité , & âvec toute la retenue & la dif erétion poffbles. Rien ne feroit plus dangereux que de pañfer les bornes ; la figure eft fur les frontieres ; . s . L A 4 4 . pour ainf dire, du vice, & ce vice même ne chanpe pas de nom; il n’y à que l’abus qui en fait la difté- rence: ” nouveau , des exprefions bifarres, des tours recher- chés, des figures extraordinaires, Voyez NÉoOLOGI- QUE 6& NÉOLOGISME. (B.E.R, M.) | _ NÉOMAGUS, (Géog. anc!) ce mot hybride eft compolé du grec & du gaulois, & a été donné à diveres villes ou bourgs de France, des Pays-bas, _ d'Allemagne, même en Anglererre à la ville de Chi- chefter , & à d’autres. En effet, 1°. Néomugus, ou Noviomagus dans Ptolomée, eft une ville des Regri, peuples de l'ile d’Albion. Cambden croit que c’eit aujourd’hui Woodcôte , &c diverfes raifons appuyent ce fenti- ment , qui a le fuffrage de M. Gale, sh 2°. Néomagus ; ou Noviomagus Batavorum ; eft une ancienne ville de la feconde Germanie, fous la rive ‘gauche du Wahal, à l'extrémité de la Gaule, On ne doute point que ce ne foit aujourd’hui Nimègue, capitale de la Gueldre hollandoife: ( D. J. ) NÉOMÉNIASTE, (Antiq. grecq.) Nevunasroé on appelloit chez les Grecs néoméniafles » Ceux qui célébroient la fête des néoménies, ou de chaque mois lunaire. | , NÉOMÉNIE, f. £. ( Chronol. \ c’eft le jout de la nouvelle lune. Les zéomézies font d’un ufage indif- penfable dans le calcul du calendrier des Juifs , qui leur donnent le nom de so/ad, NÉOMÉNIES , ( Anrig. & Lite. ) en grec Nrounie, OÙ Nouumra, C'eft-à-dire zouvelle lune , de toc, rou- veau, & puis, lune, fête qui fe célébroïit chez les anciens à chaque nouvelle lune. ne Le defir d’avoir des mois heureux, introduifit la fête des méoménies chez tous les peuples du monde, Les Egyptiens pratiquerent cet ufage long -tems avant la promulgation de la loi de Moïfe ; il fut pret. crit aux Hébreux ; 1l paffa de l'Orient chez les Grecs, chez les Romains, enfuite chez les premiers chré- tiens avec les abus qui s’étoient ghfés dans cette fête, ce qui la fit condamner par faint Paul, mais il en refte encore quelques veftiges parmi nous. Là La réoménie étoit un jour folemnel chez les Juifs, buccinate in neomeniâ tubd, P{, Ixxx. Y 4. Sonnez de la trompette au premier jour du mois. Les Hébreux avoient une vénération particuliere pour le pre- mier de la lune. Ils le célébroient avec des facrifices au nom de la nation, 8 chaque particulier en offroit auffi de dévotion. C’étoit au fanhédrin à déterminer le jour de la nouvelle lune, parce qu'il étoit de fa jurifdiétion de fixer les jours de fête. Les juges de ce tribunal envoyoïent ordinairement deux hommes pour découvrir la lune ; & für leur rapport ils fai- foient publier que le mois étoit commencé ce jour là. Cette publication fe faifoit au fon des trompet- tes ;'qui étoit accompagné du facrifice folemnel ;il m'étoit cependant pas défendu de travailler ou de Vaquer à fes affaires, excepté à la zéoménie du com. mmencement de l’année civile au mois de Tizri. Ce NÉOLOGUE, L m. celui qui affeûté uh langage NEO 9$ jour étoit facré &e folemnel, & il nétoit pértus de faire auctine œuvre fervilé. 2, Paral, 1j. 4. judië, vif: ©, Of. be tte Cod ii. Ve, 0 à 4 … Les Égyptiens célébroient auffi les néôménes avec beaucoup d’appareil; on fait que tous lés mois dé leur année étoient répréfentés par des fymbôles ; &c que lé premier joui de chäque mois ils condui- féient les aniritaux qui répondoient aux lignes cé: leftes dans lefquéls le foleil & la lune alloient entrer. Les Grecs folemnifoient les néoménies àû commen- Cement dé chäque mois lunaire en l’Honneur de tous les dieux, mais particulierement d'Apollon ;, nommé Néomérins, parce que tous les aftres emprunter leur lumiere du foieil, On trouvera dans Pottér , Archaol, tom, I, pag. 416, les détails des cérémonies de cette fête. À Êlle pafla des Grècs chez lés Romains avec l'idée du culte qui y étoit attaché. Ils appellérént ca/endes ce que les Grecs appelloient réoméniés, Au commen. cement dé chaque mois ils faifoient des ptieres & des facrifices aux dieux en reconnoiflance de leurs bienfairs , & la religion obligeoit les femmes de fe - baïgner ; mais les calendes de Mars étoïerit les plus folemnelles, parce que ce mois ouvroit l'année des Romains. (D. J,) NEON, ( Géog. anc.) ville de Grece, dans la Photide, auprès du Parnafle, Hérodote, Paufanias, ë& Etienne le géographe en parlent, NÉONTICHOS, nom commun, 1°. À une ville de l'Eolide, felon Pline; 2°, à une ville de la Pho=: cide félon Ortélius ; 3°. à une ville de Thrace fut la Propontide; 4°. À uné ville de la Carie. NÉOPHYTES, f, m. pl. ( Æiff. eclefafl.) fe difoit dans la primitive Eolife ; des nonweaux Chrétiens, Ou des payens nouvellement conveïtis à la foi. Voyez CATHÉCUMENE. | Ce mot fignifie nouvelle plante ; il vient du grec "0€, ROuVea , & que, je produis, comme qui diroit rolvellement né ;le baptême que les Néophytes rece- VOient étoit regardé comme une nouvelle naïflance, Voyez BAPTÊME. On ne découvroit point aux Néophytes les myfte- res de la rélipion. Voyez MYSTERE, Le mot de Méophytes s’applique auffi aux profe- lytes que font lés miffionnaires chez les infideles Les zéophytes du Japon , für la fn du XV]. & au coms mencement du xvy. fiecle, ont montré, dit-on, un Courage & une fermété de foi dignes des prenuiers fecles de lEglife. Néophyte étoit aufli en ufage autrefois pour figni- fier de nouveaux prêtres, ou ceux qu'on admettoit aux ordres facrés ; comme auff les novices dans les monaîtetes, Voyez Novice. Saint Paulne veut pas qu’on éleve les Néophytes aux ordres facrés, de peur que lorgueil n’ébranle leur vertu mal affermie. On à pourtant dans l'Hif toire ecclefiaftique quelques exemples du contraire, comme la promotion de faint Ambroife à lépifco- pat, mais ils font rares. NÉOPTOLÉMÉES 3 LÉ, ( Antiq. greg.) Neorlone: péte , fète annuelle célébrée par les habitans de Delphes avec beaucoup de pompe, en mémoire de Néoptolème fils d'Achille , qui périt dans fon en- treprife de piller le temple d’Apollon, à deffein de venger la mort de fon pere , dont ce dieu avoit été caufe au fiege de Troye. Les Delphiens ayant tué Néoptolème dans le temple même , ils crurent de- voir fonder une fête à fa gloire, & honorer ce prince comme un héros, Potter, Archœol, greg, tom. I Pag. #17: ; NÉORITIDE , ( Géog.anc.) pays d’Afe au-delà du Caucafe , dans l’intérieur des terres. Alexandre, après avoir jetté fur les bords de l'Océan les fonde. mens d’une nouvelle Alexandrie , entra par difé. 96 NEP ‘rens chemins dans Le pays des Néorites, qu'il fou- it aifément par cette entreprile. Les Néorites, dit Diodore de Sicile , LP. XVII. S,. 57. reflemblent “en général aux auires peuples des fndes ; mais ils fe ‘diftinguent.d'eux par une circonftance très-parucu= ere. Tous les parens d'un mort l'accompagnent nus &c armés de lances ; & après avoir fair porter Son corps dans un bois, ils le déporullent enx-mé- mes detous fes vêtemens , & le laïffent en proie aux animaux de la forêt, Ils brülent enfuite tout ce qui le couvroit en l'honneur des génies du lien, & ter- minent toute la cérémonie par un grand feflin qu'ils “donnent à leurs amis. ( D. NÉOTEÉRA , f. £ (Livéras,) c'eft-a-dire la rou- yelle déeffe. Dès que Marc-Antoine maître de VAfñe ; vint en Egypte au fein de la mollefle, onblier fa ‘gloire entre les bras de Cléopatre, on Fappélla le nouveau Bacchus ; alorscètte reine necherchant qu'à ui plaire , prit l’habitfacré d'Ifs, &e fut furnommée la nouvelle déeffe : une de fes médailles fait foi de ce titre flatteur dont fes {ujets l'honorerent. NÉPENTEES , f. m. ( Bofar. moderne. ) genre de plante dont voici les caracteres » felon Linnœus, Le calice particulier de la fleur ef partagé en quatre quartiers arrondis ; 1l ny à point de pétales , & à peine quelques étamines : mais il y a quatre bofet- tes attachées au ftyle près du fommet. Le pifil a un germe extrèmement delié ; le file eft pointu & de la longueur du calice ; le ftygma eft obtus ; le fruit eft une capfule oblongue , en forme de colonne tronquée ; il et compolé de quatre valyules & de quatre loges: les graines font nombreufes >pointues , & plus courtes que leurs capfules. (D.J.) NÉPENTHES , ( Liréérature. ) sumtvône ce terme " grec fignifie 47 remede corire la srifleÿle de si , néga- zion, &t de mecs , deuil, afflidion. C’étoit Je ne fai quoi d'excellente vertu, dont Homere, Odiff, liv. IF. v..220. dit qu'Helène fit ufage pour charmer la mélancholie de Télémaque. Ce prince inquiet de n'avoir point de nouvelles de fon pere, vini trouver Neftor, qui ne put lui apprendre ce qu'il éroit de- venu, De-A continuant fon voyage, il fe rendit chez Ménélas où il vit Hélène, &c fonpa avec elle: cependant il étoit forttrifte ; & comme cette prin- ceffe en eut pitié , elle ufa d'un charme pour diffiper fon chagrin. Elle mêla dans le vin qu'on devoit fer- vir ätable, une drogue qui féchoit les larmes ) Cal- moit la colere , & diflipoit tous les déplaifirs dès le moment qu’on en dvoit goûté. Ellétenoit cetie excel lente drogue de Polydamna, femme de Théonis roi d'Egypte. Tous fes hôtes bürent de ce breuvage, & en éprouverent les merveilleux efrets, Pline & Théophrafte parlent du zépenchès | com- ‘me d’uneplante d'Egypte, dont le prince des poëtes grecs a feulement exagéré les vertus. Diodore dit que de fon tems, c’eft-a-dire du tems d’Aupuite, les femmes de Thèbesen Egypte, fe vantoient d’a- voir feules la recetre d'Hélène ; & il ajoute qu'elles l’'employoïent avec fuccès : mais Plutarque , ÂAthé- née & Philoftrate, prétendent que le zéperrhès d'Ho- mere n’étoit autre chofe que les charmes de la con- verfation d'Hélène. Plufeurs favans modernes ont à leur tour choïfile zépezthès de l'Odyflée, pour ie fu- jet de leurs conjeétures &c de leurs hyporhefes ; &c l’on ne fauroit croire jufqu’où leur imagination s’eft égarée pour découvrir le fecret de la belle lacéde- monienne. Mais ce reproche ne doit pas tomber fur la differtation de Pierre Petit , intitulée Homer: ne- pentes, & imprimée à Utrecht en 1689 in-8°, On y découvrira beaucoup d’efprit & de fcience , fi onfe donne la peine de la lire. (D.J.) NEPER , BAGUETTES 04 BATONS DE, offa Ne- peri, ( Arithmér. ) font un infirument par le moyen duquel on peut faire promptement & avec facilité N E P la multiplication & la divifion des srands nombres: on l’a appellé ainfi du nom de fon inventeur Meper , qui l’eit aufli des logarithmes. Foyez LOGARITH- Confirutlion de cet infirument.. On prend dix petits bâtons, ou petites lames oblongues faites avec du bois, ou du métal, ou.de la corne, ou du carton, ou quelqu'’autre matiere femblable : on les divife cha cune en neuf petits quarrés , & chacun de ces petits quatrés en deux triangles par fa diagonale. PJ, alg. Jig. 11, Dans ces petits quarrés on écrit les nombres de la table de multiphcation, autrement appellé aba- que ou.table de Pythagore ; de maniere que les unités de ces nombres foient dans le triangle leiplus à la . droite de chaqüe quarré , & les dixaines dans l’autre. Ufage des baguertes de Neper pour la multiplication. Pour multiplier un nombre donné par un autre, dif- pofez les bâtons entr'eux, de telle manierequeles chiffres d’en hant repréfentent le mulriplicande ;.en- fuite joignez - y à gauche le bâäron ou la baguettedes unités : dans ce bâton vous chercherez le chiffre le plus à la droite du multiplicateur , & vous écrirez de fuite les nombres qui y répondent horifontale- ment , dans les quatres des autres lames , en ajou- tant toujours enfemble les différens nombres qui fe trouveront dans le même rhombe. Vons ferez la mê- me opération {ur les autres chiffres du multiplica- teur ;enfuite vous mettrez tous les produitsles uns fous les autres , comme dans la multiplication ordi- naïre ; enfin vous les ajouterez enfemble pour avoir le produit total. Exemple, Suppofons que le multiplhicande foit 5078, &-le multiplicateur 937 ; on prendra le nombre 56, qui ( figure 12. PL, alg.) fe trouve au-deflous du der. nier chiffre 8 du multiplicande, êc vis-à-vis du der- nier chiffre 7 du multiplicateur, on écrira 6 ; onajou tera $ avec 9 qui fe trouve dans le même rhombe à côté ; la fomme eft 14: on écrira 4, & on retien- dra 1, qu'on ajoutera avec 3 & 4 qui fe trouvent au rhombe fuivant; on aura 8, qu’on écrira : enfuite on ajoutera 5 & 6, qui fe trouvent dans le rhombe fuivant, & qui font 11 ; on écrira 1 , &Ton retiendra 1, qui ajouté avec le 3 du triangle fuivant, fait 4, qu'on écrira, On aura ainf 41846 pour le produit du multiplicande par 7: on trouvera de même les pro- duits du multiplicande par les autres chiffres du mul- tiplicateur , 8 la fomme de ces produits, difpofés comme 1l convient , fera le produit cherché. (Æ) Cette opération n’a pas befoin d’être démontrée : fi on y fait La plus légere attention, on verra qu’elle n’eft autre chofe que la muluplication ordinaire , dont la pratique eft un peu facilitée, parce qu'on eft difpenfé de favoir par cœur la table de multipli- cation, êc de fe fervir des chiffres qu’on retient à chaque nombre que l’on écrit ; en un mot , la mul- tiplication eft ici réduite à des additions. (OQ Ufage des bâtons de Neper pour la divifion, Di: pofezles petits bâtons l’un auprès de l’autre , de ma- niere que les chiffres d’en - haut repréfentent Le di- vifeur : ajoutez-y à gauche le bâton des unités ; en- fuite defcendez au-deflous du divifeur , jufqu’à ce que vous trouviez une branche horifontale dont les chiffres ajoutés enfemble , comme on a fait dans la multiplication , puiffent donner la partie du divi- dende dans laquelle on doit chercher d’abord com- bien le divifeur eft contenu, ou puiffent donner au- moins le nombre qui en foit le plus proche , quoique plus petits; retranchez ce nombre de la partie du dividende que vous avez pris, & écrivez au quo tient le nombre quieft à gauche dans la branche horifontale ; continuez enfuite à déterminer de la même maniere les antres chiffres du quotient, & le problème fera refolu. Exemple, | Suppofons qu'on veuille divifer 5601386 par 5978: 50791: où fait qu'il faut d’abord favoir combien de fois 5078 elt contemr dans 56013. Defcendez ( fe. 12. ag, ) au-deffous du divifeur jufqu’à ce que vous {oyez arrivé à la derniere tranche horifontale, dont les nombres étant ajoutés comme dans là multipli- cation, de rhombe en rhombe, donnent 53802, qui eft le plus grand nombre au-deflous de 56013 ; écri- vez 5 au quotient, & retranchez 53802 de 56013, lereffefera 2211: defcendez8, &c opérez fur lenom- bre 22118, comme vous avez fait fur 6013 ; vous trouverez dans la troifieme tranche horifontale le nombre 17934, qui .eft le plus grand au-deffous de ‘22118; écrivez 3 au quotient, & opérez fur le fe- cond refte ; commé vous avez fait fur le premier , vous trouverez encore le chiffre 7 , que vous écrirez äu quotient, qui parconféquent fera 937 fans refte, Chambers, (E) - Ontrouve dans lhiffoire de l'académie de 1736, une méthode préfentée par M. Rauflain , pour faire lès multiplications & divifions par de nouvelles ba- suettes différentes de celles de Meyer, Nous y ren- Voyons le lelteur,en ajoutant que toutes ces opéra- #ions font plus curieufes dans la théorie, qu'utiles & commodes dans la pratique :1l eft bien plus court de favoir par cœur la table de multiplication ou table de Pythagore, que d’avoir recours, pour chaque multiplication qu’on veut faire, à desbagunettes qu’on n’a pas toujours fous la main, & dont l’arrangement demande d’ailleurs un peu de tems & d'attention. 0) Tofcane, dont Tite-Live & Ptolomée parlent ; c’eft aujourd’hui la ville de Népi, entre Rome & Viterbe. | Voyez NÉPr. - NÉPHALIES , £. £. pl.(Anrig. greg. folemnités des Grecs nommées a fete des gens Jobres ; ce que marque Île mot même qui fignifie Jobriére, Les Athémiens cé- Icbroient cette fête en offrant une fimple boïffon d'hydromel au Soleil , à la Lune , à l’Aurore & à Venus:ils brüloient à cette occafon fur leuts autels toutes fortes de bois, excepté celui de la vigne &c du figuier. ( D. J.) NÉPHELION., f. m.( Chirurg. ) petite tache blan- ché furles yeux produire par la cicatrice d'un ulce- re, Cette cicatrice incommode la vue lorfqu’elle fe trouve fur la cornée tranfparente vis-à-vis la pru- elle. Nos anciens l’appelloient vxage. Voyez Nu- BECULA. On donne aufl le nom de-zéphélion à ces efpeces de petits nuages qui nagent au milieu de lu- rine, & aux petitestaches blanches fur la furface des Ongles qui reflemblent à des petits nuages. ( F) NÉPHELIS , ( Géog. anc. ) ville de Cilicie bâtie fur le promontoire Néphélida, qu,felon Tite-Live, étoit céiebre par une ancienne alliance des Athé- fens. NÉPHÉRIS, ( Géog. anc. ) ville de l'Afrique pro- pté , bâtiefur un rocher, à 120 ftades de Carthage. Scipion la pritaprès 22 jours de fiege. NEPHES-OGLI , (zerme de Relation. ) ce nom fi- gniñe parou les Turcs, Aus di Sarnt-E [prit , & on le donne à certaines gens qui naïfient d’une mere Vierge. Il y a des filles turques qui, dit-on, fe tien- ñenr dans certains lieux à l'écart, où elles ne voient aucun homme; elles ne vont aux mofquées que ra- tement , & lorfqu’elles s’y rendent, elles y demeu- rent depuis neuf heures du foir jufqu’à minuit, &€ y joignent à leurs prieres tantde contorfons de corps, & tant de cris, qu’elles épuifent leurs forces , & qu'il leur arrive fouvent de tomber par terre éva- houies. Si elles deviennent grofles depuis ce tems- là, elles difent aû’elles le font par la grace du Saint- Elprit , & les enfans dont elles accouchent font ap- pellés zephes - ogli, On les confidere comme devant Ua jour avoir le don des nuracles, (D, J.) Loins XI, NEPETA , ( Géogr. anc. ) ville d'Italie dans la. NE: P 97 NEPHIRI, (HE nat.) nôm générique donné par quelques auteurs aux marbres quicontiénnentdes coquilles , des madrépores & d’autres corps marins, . NÉPHRÉTIQUE ; f.F. (Med. ) dans lefensle plus étendu que l'on donne 11 à a zéphretique ; elle figni- fie ici toutes fortes de douleurs dés lobes, dans l’en- droit où font placés les reins. Les auteurs ne déci. dent point unanimement {l’on doit appeller Héphré tique vraiè, Celle qhi vient du calcul où de l'infamé mation des réms. Les autres efpeces font nommées | Jauffes néphrériqies. Non’feulement les reins €7 lés ureteres douto. reux , mais encore Les lombes, [4 moëile ébiniere, lé mefenteré ; l’eftomac, la rate, le foie , 4 véfieu- le du fiel , les inteftins, la matrice & les vertébres des lombes attaques dé douleur , fe rapportent {ou véntà cetitre. De-là nait grand nombre de maladies générales qui peuvent aftaquer ne païtie en particulier, @€ produire là néphrétique: ces maladies ont leurs catae- terés propres , à la faveur defatels on doit les dif tinguer avec foin lésunes des añtres. Ainfi dans la fièvre, le fcorbut , lé cafharre , Le rhumatifine, la porifte, la cacoChymie les fpafmes , Les maladies éréfipélateutes , la paffion hyftérique, l’'afeon hypocoñdraque , la mélancholie ; l'acri- monie du fuc nerveux, la fuppréffion d'in uicere, fi la matiere vient à fe porter aux reins où aux lom- bes, & qu'il fe fafle une métaitale dans ces parties, il réfulte des néphreriques de différentes eipeces, Quelquefois il en arrive auf par fympathie dans la cardialgié , la colique , la cacochylie, la confti- pation , la dyflenterie, les hémorrhoïdes , hernie, les fleurs-blanches. La néphrérique attaque encore les femmes grofles, celles qui font en mal d'enfant, les nouvelles accouchées , celles qui avortent, celles qui ont leurs régles, De plus cette maladie furvient à la fuppreffion des mois & à leur flux immodéré, à la tympanite , à la douleur des lombes ; on doit ators la traiter fuivant le titre général de la fympathie. Mais à proprement parler , la zévhrérique doit {a naflance à linflammation des reins qui contiennent le calcul, à l’acrimonie de leur mucofité & à celle de l'urine qui eft devenue plus confidérable, II n’eft pas pofhble de rapporter tous les accidens qui peu- vent fuivne la néphrétique » Parce que les parties qu’elle attaque & les caufes qui la produifent varient a l'infini. Quand donc on aura découvért la caufe de la réphrétique | on fe conduira conféquemiment pour tâcher de la guérir. (D. J.) NÉPHRÉTIQUES, fe dit en matiere médicinale, de remedes indiqués dans les maladies des reins , de la veflie ; ce font des diurétiques doux , adoucif- fans , tels que le nitre , la grumauve, la graine de lin, l’aikekenge , éc. Voyez DIURÉTIQUE & NÉ- PHRÉTIQUE. NÉPHRÉTIQUE, BOIS. Voyez BOIS NÉPHRÉTI- QUE. NÉPHRÉTIQUE PIERRE, (Æ7f. nat. Mineral.) le: pis nephreucus , les Naturabftes ne font point d’acs cord fur la pierre à laquelle ils donnent le nom de néphrenque. Wallerius dit dans fa Minéralogie , que c’elt une pierre gypfeule, verte, & demitran{pa- rente. D’autres ont donné ce nom à une efpece de jafpe verd ; d’autrès à une agate verdätre ; d’autres à la malachite ; d’autres enfin ont donné ce rom paf excellence à la pierre appellée Jade, Voyez ces arti- cle, Ce nom lui vient du préjugé où l’on a été que cette pierre portée fur les reins , étoit propre à cal= mer les douleurs que l’on fentoit dans cette partie. Ceux qui auront aflez de foi pour recourir à Ce te- mede, ne rifqueront rien de prendre pour cela celle de tontes ces pierres qui leur conviendra le nrieux ; elles paroiffent toutes évalement incapables de don- 98 NERF ner du foulagement, à moins que l'imagination feule ne fût attaquée. (—) AT] NEPHROTOMIE, ferme de Chirurgie , opération par laquelle on tire la pierre du rein. Ce mot eft grec; il vient du motwégpos, rez, rein, 8 Tour, Jeékio 3 incifion. Plufeurs auteurs ont prétendu prouver la poffi- bilité de cette opération, en rapportant des obfer- vations par lefquelles ils demontrent que les plaies des reins ne font point mortelles; mais cet argu- ment eft peu concluant , n’y ayant aucune compa- rAifon entre un coup d'épée ou de couteau, qui a bleffé un rein par hafard , & dans un point indé- terminé, & la plaie qu'il faudroit faire, dans la vue “de tirer une pierre qui occupe un lieu fixe dans ce vifcere. Cette opération peut être pratiquée lorf- que le rein fera en fuppuration, & que l’on apper- cevra une tumeur circonfcrite à la région lombaire avec fluétuation. Voyez FLUCTUATION. M. de la Fitte, maître en Chirurgie à Paris, a communt- qué à l’académie royale de chirurgie une obferva- tion fur l’extraétion d’une pierre à la fuite d’un abf- cès au rein, dont il a fait l'ouverture avec fuccès, ayant guéri radicalement le malade. On trouve quel- ques cas femblables dans les auteurs. Hippocrate même qui détournoit fes difciples de l’opération de la taillé, recommande en trois endroits de fes ou- vrages la feétion du rein, lorfqu'il forme abfcès & tumeur à côté de l’épine. | Les obfervations de M. de Lañfitte font inférées dans le fecond tome des mémoires de l’acadé- mie royale de Chirurgie, & M. Hevin, dans le troïifieme tome, a donné un mémoire fort étendu , qui a pour titre : recherches hifloriques 6 crisiques fur la néphrotomie ou taille du rein. (Y) NEPI, ( Géog.) ancienne petite ville dépeuplée d'Italie, au patrimoine de S. Pierre , fur la riviere de Triglia, qui fe jette dans le Tibre, avec un évêché fuffragant du Pape , à 8 lieues N. de Rome, 45. O. de Magliano. Long. 30, 2, lat, 42. 12. NEPISSING , ( Géog.) lac de PAmérique fep- tentrionale, dans la nouvelle France, à 24 lieues de celui des Hurons. Il a environ' 30 lieues de Lon- gueur , fur 3 à 4 de large. NEPOTISME , f,. m. ( Æiff, mod.) c’eft ainfi que les Italiens appellent Le crédit & le pouvoir que les papes accordent à leurs neveux & à leurs parens. Ils font communément revêtus des emplois les plus importans de l’état eccléfiaftique ; & l’hiftoire four- | nit des exemples qui prouvent que fouvent ils ont fait abus le plus étrange de leur autorité, qu'ils émployoient à s’enrichir par toutes fortes de voies, & à faire les extorfons les plus cruelles & les plus inouies fur les fujets du fouverain pontife , qu'ils traitoient en ennemis. NEPTRECUM, ( Géog. ) ou Neptricum , nom latin de la Neuftrie ancienne, partie des Gaules qui formoit un royaume, M. l’abbé le Bœuf croit que Neptrecum où Nemprrich fignifioit en langage des Francs le royaume principal. Voyez NEUSTRIE. NEPTUNALES , f. f. pl. ( Fêtes rom.) Nepruna- lia , fêtes qui fe célébroient à Rome le 23 Juillet en lPhonneur de Neptune. Elles étoient différentes des conluales , quoique celles-ci fuffent aufli en l’hon- neur de ce dieu ; mais dans le cours des uns & des autres, les chevaux & les mulets couronnés de fleurs demeuroient fans travailler & joufloient d’un repos tranquille , que perfonne n'ofoit troubler. {D.J.) NEP FUNE, {. m. (Myrholog.) fils de Saturne , & de Rhée, & frere de Jupiter & de Pinton. Les poëtes lui donnent une infinité de maîtrefles & quantité de noms:non-feulement ils lui attribuent le pouvoir d’é- branler la terre ; mais ençore de l’entrouvrir, Tous les gens de lettres connoiffent ce bel endroït de l'ilia: de, Rabfod 5. v. 6. où Neptune en courroux répand l'épouvante jufque dans les enfers; endroit dont M. Defpreaux a donné une traduétion admirable, & qui peut-être ne cede à l'original qu’en ce qu’elle eff plus longue de trois vers. L'enfer S’'émeut au bruis de Neptune ex furie ; Pluton fort de fon trône, il pälis, il s’écries I a peur que ce dieu, dans cet affreux féjour , D'un coup de fon trident, ne fafle envrer le jour Et par le centre ouvert de la terre ébrantée, Ne faffe voir du Sryx La rive défolée, Ne décorvre aux VIvans Cetempire odieux ; Abhorré des mortels, & craint même des dieux Cette fidion de la poéfie eft peut-être fondée fur les violentes fecouffes que la mer donne à la terre; ëc {ur.les pañlages qu’elle fe creufe au-travers des rochers les plus durs, | Les poëtes difent encore que Neptune préfidoiït particulierement aux courfes, foit de chevaux, foir de chars. Ils ajontent que c’étoit lui qui frappant la terre d’un coup de trident, en avoit fait fortir le cheval. -. Tuque 6, eui prima frementem Fudit equum magno tellus percufla tridenti | Neptune. ..... | Neptune a été un des dieux du paganifme des plus honorés. Il eut en Grece & enltalie, fur-tout dans les lieux maritimes, un grand nombre de temples élevés en fon honneur, des fêtes & des jeux. Les Ifthmiens & ceux du cirque à Rome lui furent fpé- cralement confacrés fous le nom d’Hippius, parce qu'il y avoit des courfes de chevaux. On célébroit les neptunales en fon honneur, & même les Ro- mains [ui avoient confacré tont Le mois de Février a pour le prier d'avance d’être favorable aux navi= gateurs ; qui, dès le commencement du printems fe difpofoient aux voyages de mer. f Platon nous apprend qu’il avoit un temple magni- fique dans l’île Atlantique, où les métaux les plus précieux brilloïent par-tout. Des figures d’or repré fentoient le dieu fur un char, trainé par des che= vaux aîlés. Hérodote parle aufi d’une ftatue d’ai- rain, haute de 7 coudées, que Neprune avoit près de l’ifthme de Corinthe, Enfin nous remarquerons que les poëtes ont donné le nom de Neptune à la plûpart des princes incon- nus, qui Venoient par mer s'établir dans quelques nouveaux pays, Ou qui regnoient fur des iles, ow qui s'étoient rendus célebres fur la mer par leurs viétoires ou par l’établifement du commerce. De-l# tant d'hifioires fur le compte de Neprune, tant de femmes , tant de maîtrefles & d’enfans qu’on donne à ce dieu, tant de métamorphofes, tant d’enleye- mens qu’on lui attribue, : À Je me garderai bien de chercher à deviner lori- ne de fon nom, depuis que je connois l’éthymolo- gie qu'en donnoit l’épicurien Balbus, Neptunus à nau- do , fur laquelle Cotta le raïlle fi plaifamment dans Ciceron, en lui difant qu'il n’y a point de nom qu'on ne puïle faire venir de la façon qu’on le voudra, &c que dans l’extraétion de celui-ci, ragis Jbi natare vifus eft quam ipfe Neptunus, ( D.J.) NEPTUNE, TEMPLE DE, ( Archit, antig.) Voyez TEMPLE DE NEPTUNE, NePTUNE, {, m. (Aneiq. grecq. € rom.) On trouve ce dieu reprélenté ordinairement tout nud & barbu , tenant un trident, fon fymbole le plus commun, & fans lequel on ne le voit guere. Il paroît tantôt afiis, tantôt de bout fur les flots de la mer , fou- vent fur un char traîné par deux ou quatre ches NE P vau x. Ce font quelquefois des chevaux ordinaires, quelquefois des chevaux marins, qui ont la partie fupérieure de cet animal , pendant que tout le bas fe termine en queue de poiflon. Dans un ancien monument, MNeprune eft aflis fur une mer tranquille, avec deux dauphins qui nagent fur la fuperficie de l’eau, ayant près de lui une proue de navire chargé de grains & de marchan- difes; ce qui marquoit l’abondance que procure une heureule navigation. Dans un autre monument, on le voit affis fur une mer agitée, avec le trident planté devant lui, & un oifeau monftrueux, à tête de dragon, qui femble faire effort pour fe jetter fur lui, pendant que Veprune demeure tranquille, & paroit même détourner la tête. C’étoit pour exprimer que ce dieu triomphe également des tempêtes & des monf- tres de la mer. Mais un monument plus durable que tous ceux de pierre où d’atrain , c’eft la belle defcription que Virgile nous fait du cortege de ce dieu, quand il va fur l’élément qui luieft foumuis. Jungit æquos auro genitor, fpumantiaque addit Fræna feris, manibufque omnes effundit habenas. Caæruleo per fumma levis volat æquora curru, Subfiduns unde , tumidumque Jub axe tonanti Scerritur æquor aquis : fugiunt vaio æthere nimbr, . Tum.variæ comitum facies ; 1mmania cete, Et fenior Glauci chorus , Inoujque Palemon, Tritonefque citi, Phorcique exercitus omms. Levatenent Thetis 6 Melite | Panopeaque virgo Nefee, Spioque, Thaliaque, Cymodoceque. En, db. V, y. 817. « Néprune fait atteler fes chevaux à fon-char # doré ; & leur abandonnant les rénes, 1l vole fur » la furface de londe. A fa préfence les flots s’ap- » plamiffent ,\& les nuages fuient. Cent monftres de #1 la mer fe: raffléemblent autour de fon char : à fa srdroite la vieille fuite de Glaucus , Palémon, les >» légers tritons : à fa gauche, Thétis & les Né- 5 réides. (D. JF.) : NEPTUNE, BONNET DE, ( Boran. ) nom donné par les Botanifles à une efpece remarquable de: champignon de mer, qu’on ne trouve jamais afta- çhé à aucun corps folide , mais qui eft toujours l4- che & en mouvement au fond de la mer. Ce champignon a cinq pouces &r demi de hau- teur , fur fept pouces de large à fa bafe, qui s’éleve infenfiblement, & s’artondit. enfin en maniere de calotte ou de dôme feuileté en - dehors par bou- quets, dont les lames font coupées en crête de coq, & qui repréfente en quelque façon une tête naïf- fante & moutonnée. Sa ftru@ure intérieure eft dif- férente ; il eft cannelé léserement ; & parfemé de petits grains & de quelques pointes obtufes, la plus grande n’a pas plus d’une ligne de long. * On trouve plufieurs champignons de mer de pa- réille ftruéture dans la mer Rouge & dans le fein Perfique x maïs ils font ordinairement fort petits, & n’approchent pas du bonnet de zeprune. Celui que Clufius ta norme fungus faxeus Nili major, eftbeau- coup plus applati, & reflemble à nos champignons ordinaires , fi ce n’eft qu'il eft feuilleté en-dehors. On en trouve quelques-uns, mais rarement, qui ont un petit pédicule qui les fourient. Ce pédicule eft fort caflant; cependant il eft à croire que dans leur naiffance ils étoient attachés au fond de la mer par quelque chofe de femblable ; & fuivant toutes les apparences; lorfqu’ils n’ont plus de pédicules, ils fé nourriflent par le fecours de quelque fuc, que + l’eau de la mer où ils trempent laiffeinfinuer dans leurs pores, ( D:J.) NEPTUNE, TÉMPEE DE, ( Géog. ) ce dieu avoit Tome XI, NER 99 en plufeuts lieux de la Grece des temples élevés en {on honneur, qui donnoient le nom à ces mêmes lieux Nepruni cmplum, Strabon dit qu'il y avoit un temple de Neprune dans le Péloponnefe, un autre dans l'Elide , un autre dans la Meflemie, un fur l'ifhme de Corinthe, un dans lAchaïe, un à Gérefte dans l'Eubæœe ; un dans l'île de Ténos, l’une des Cycla- des , un dans l'ile de Samos , un dans l’île de Calau- ne, un à Onchefte dans la Bœotie, un À Poffidium fur la côte d'Egypte, &c. car ilieroit trop long de les nommer tous. 9 Pa NEPTUNIUS MONS, (Géog. anc.) montagne de Sicile qui s'étend depuis les racines de VEthna jufqu'à la pointe de Mefine. Solin en parle, & dit qu'au fommet il avoit une guéritte , d’où l’on pou- voit voir la mer de Tofcane & la mer Adriatique. On nomme aujourd’hui cette moOntaoe Spreverio monte, | . NERA, ( Géog. ).ou Nécro, ou autrement Banda île d’Afie dans les Indes, la feconde des îles 1e Banda, à 24 lieues d’Amboine, Les Hollandois y ont le fort Naliau, Elle s'étend du N. au S. lefpace de trois heues en fer à cheval. Néra fituée dans la par= tie occidentale de l'ile en eft ia capitale & la feule ville. Long. 146, So. lat, méridionaie 4. 30. NETA LA, (Géog.) riviere d'Italie, ou plutôt torrent, qui a {a {ource dans l’Apennin, un peu au-deffus de Montaglioni, & qui, après un cours de 40 à ÿo milles, va fe perdre dans le Tibre à Guaftanello ; un peu au-deflus d'Orta. (D. J.) NERAC, ( Geog. ) ville de France en Gafcogne | dans le Condomois, avec un grand château bâri par les Anglois, La Baïfe la fépare en deux par- ties, appellées le grand & le petit Nérac. Il y a dans cette ville un petit préfidial , dont le fiege fut établi en 1639. Ses habitans embraflerent le calvi- nme dans le feizieme fiecle ; ils s’atrachent au- jourd’hui au commerce. Nérac eft à 3 lieues de Con- dom , 2 de la Garonne, 4 d’Aven, 153 $. ©. de Paris. Long 17: 58. lac. 44510. ( D. 3.) NERE,, {.m. (Chronograp.) efpace de tems dont les Chaldéens faifoient ufage dans leur chronolo- gie. Ils divifoient letems en fares, en zeres & fo- jes. Le fare, fuivant Syncelles, marquoit une ef- pace dé trois mille fix cens ans ; le zere en marquoit fx cens, & le fofe foixante. Cette maniere de compter donne à la durée des premiers regnes un nombre fabuleux d'années; mais lorfqu’on ne re- garde les fares que comme des années de jours, & les neres comme de fimple heures, le calcul des an: ciens auteurs ne quadre pas mal au nombre-d’an- nées que Moife donne aux premiers patriärches: c’eft du moins l’opinion de Scalisér , de Petau & des auteurs anglois de l'hiftoire umiverfelle, (D. J.ÿ NERBE, f. m. ( Mitholog. ) dieu marin , un peu plus ancien que Neptune. Il étoit fils d'Océan & de Thétis, époux de Doris fa fœur, & pere des Né- réides. Héfiode le reprefente comme un des plus anciens dieux de la mer & des plus véridiques, plein de douceur, de modération & d'amour pour la juf- tice : à ces belles qualités, il joignoit celle d’excel- ler dans l’art de prédire Favénir: C’eftlui, dit Ho- race, ode xv. 1. qui força les vents à lui ‘prêter filence, pour annoncer au ravifleur d’Hélene les funeftes fuites de fes feux illégitimes. Apollodore nous aflure qu'il faoit fon féjour ordinaire dans la mer Egée au milieu de fes filles, toutes occu- pées du foin de lui plaire par léurs chants & leurs danfes. La plüpart de nos mythologiftes imaginent que ce dieu peut avoir été quelque prince céle- bre dans Part de la navigation, & qu’on venoit le confulter de toutes parts {ur cette matiere. Mais: l’illuftre Cumberland ne doute point que: Nérée ne foit Japhet, On peut voir les raïfons favantes qu'il N i 100 NER en donne dans une note des auteurs anglois qui ont publié l’hiffoire univerfelle, tom. 1, pag. 247. (D. J.) NÉRÉIDES , £ £. pl. (Myshol.) divinités mari- nes , filles de Nérée & de Doris. Héfiode en compte cinquante, dont je fuis d'autant moinsobligé de tranf- crire ici les noms qu'Hiomere les rapporte un peu différemment , & qu'iln'en nomme que trente-trois. Ces noms, au refte,, que ces deux-poëres donnent aux Méréides & qui font prefque tous tirés de la lan- gue greque , conviennent fort à des divinités de la mer, puifqu'ils expriment les flots , les vagues , les tempêtes , la bonace, les rades , les iles, les ports , &c. 7: Faut-il donc regarder les Méréides comme des per- fonnages métaphoriques , ainfi que leurs noms le fignifient, ou comme des perfonnes réelles ? J'avoue que les Véréides que nomment Héfiode & Homere, ne font la plüpart que des êtres poétiques ; mais 1l en a qui ont exifté véritablement , telle que Car- fiopée mere d’Andromede , Pfammathé mere de Phoque, laquelle, felon Paufanias , étant allée dans le pays voifin du Parnañle, lui donna fon nom ; ce pays, en effet, a depuis été appellé la Phocide, Thé- tis mere d'Achille, & quelques autres. Il faut conve- nir aufli qu'on a donné le nom de Néréides à des princeffes qui habitoient où dans quelques îles, ou fur les bords de la mer, ou qui fe rendirent fameu- fes par l’établiflement du commerce ou de a navi gation, On le tranfporta enfuite non-feulement à quelques perfonnages poétiques , 6 dont l’exiflence n’eft dûe qu’à des érymologies conformes aux qua- lités de leurs noms , mais aufh à certains porflons qui ont la partie fupérieure du corps un peu reflem- blante à celui d’une femme, Les Méréides avoient des bois facrés &c des autels en plufeurs endroits de la Grece , fur-tout fur les bords de la mer. On leur offroit en facrifice du lait, du miel, de huile , & quelquefois on leur immo- loit des chevres. La zéréide Dato , dit Paufanias dans fes corinthiaques , avoit un temple célebre à Gabala. Pine, Z.IX. c. v, raconte que du tems de Tibere on vit {ur le rivage de la mer une néréide , & qu'un ambafladeur des Gaules avoit dit: à Augufte qu'on avoit aufli trouvé dans fon pays fur les bords de la mer plufieurs Néréides mortes ; mais dans les Néréz= des de Pline & de l’ambafladeur de Gaules à Rome, nos Naturaliftes n’auroient vù que des porfons. - Les anciens monumens , de même que les mé- dailles , s’accordent à repréfenter les MNéréides com- me de jeunes filles portées fur des dauphins ou fur deschevauxmarins,tenantordinairement d’une main le trident de Neptune, del’autreun dauphin, & quel- quefoisune viétoire ou une couronne. On les trouve cependant quelquefois moitié femmes & moitié poiflons , conformément à ce vers d'Horace, + Definis in pifcem mulier formofa fupernè , Art poët. telles qu’onles voit fur une médaille deMarfeille, on fur quelques autres encore. (D. J. . NÉRÉTINI, ( Géogr. anc. ) peuples d'Italie dans le pays des Salentins. Ptolomée, Z. ZII. c. j, nomme leur. ville Niprror, & la place dans les terres ; c’eft aujourd’hui Nardo. . NERF, {. m. ex Anatomie , corps rond, blanc &c long , iemblable à une corde compofée de différens fils ou fibres , qui prend fon origine ou du cerveau, ou.du cérvelet, moyennant la moëlle alongée & de la moëlle épiniere , qui fe diftribue dans toutes les parties du corps, qui. fert à y porter un fuc parti- culier que quelques phyfciens appellent e/pries animaux , qui eit l’organe des fenfations , & fert à, l'exécution des différens mouvemens, Foyez SENSA- NER TION, MOUVEMENT MUSCULAIRE, Gc. Origine des nerfs. De chaque point de la fubffance corticale du cerveau partent de petites fibres me- dullaires qui s’uniffant enfemble dans leur progrès, deviennent enfin fenfibles & forment ainfi la moëlle du cerveau & l’épine. Voyez Cerveau & MoELLr, De-là elles prolongent , & peu après elles de- viennent diftinétes & féparées au moyen de diffé- rentes enveloppes que leur fournit la dure-mere & la pie-mere, & forment par-là diférens faifceaux ou nerfs qui reflemblent, eu égard à la poñition de leurs fibrilles compofantes, à autant de queues de cheval enveloppées dans deux tuniques. Voyez FIBRE. Il eft probable que les fibres méduliaires du cerve- let partent des environs des parties antérieures dela : moëlle alongée, fe joignent en partieaux#er/$ qui en fortent , mais de maniere à retenir toujours leur ori- gine ;' leur cours & leur fonétion particuliere. Le refte des fibres du cervelet fe mêle fi intimement avec celles du cerveau , qu'il n’y a peut-être pas dans toute la moëlle alongée de l’épine fine {eule partie où 1l ne fe trouve des fibres de chacune de ces deux elpeces , & ainfi ces deux efpeces de fi- bres contribuent l'un l’autre à former le corps de chaque zerf, quoique leur fon@tion & leurs effets particuliers foient fort diférens. Poyez CERVE- LET , &c. Ces zerfs qui fe forment de cette forte 8 que la moëlle alongée envoie font au nombre de dix pai- res ; quoique ce foit mal à-propos qu'on les appelle de la forte, puifque la plüpart font compofés de plu- fieuts xe7f$ diftinéts & très-gros, Il en part de la même maniere trente paires de la moëlle épiniere , à quoi on peut ajouter les deux xerfs intercoftaux. Tandis que les nerfs font dans la moëlle , ils ne préfentent qu'une efpece de pulpe ; maïs en la quit- tant, ils prennent une gaine qui leur eft fournie par la pie-mere ; fous certe enveloppe ils avancent jufqu'à la dure-mere , qui leur fournit encore une autre tunique. Voyez DURE-MERE € PrE-MERE, La fubftance des zerfs renfermée dans ces deux membranes n’eft pas différente de la fubftance du cerveau, elle n’eft qu’une moëlle qui fe répand dans toute l'étendue des tuyaux nerveux , & qui éft fans doute envoyée du cerveau ; mais y eft-elle renfer- mée dans des petits vaiffleaux de la longueur du nerf? Oueft-elle contenue dans des cellules ? C’eft ce qu'on ne fauroit déterminer. Les enveloppes de ces zerfs font par-tout sarnies de vaifleaux fanguins , lymphatiques & d’autres vé- ficules d’une texture très-fine qui fervent à ramaffer, à renforcer & à reflerrer les fibrilles, & d’où on doit tirer l’explication de la plûpart des phénome- nes , maladies des 2erfs , &c. | Lorfque les extrémités des zerfs fe diftribuent dans les parties auxquelles elles appartiennent , ils fe dé- gagent alors de leur enveloppe , ils s’'épanoniflent en une efpece de membrane, ou fe réduifent enune pulpe molle. Voyez MEMBRANE @ Pure. Or fi l'en confidere 1° que toute la fubftance vaf- culaire du cerveau contribue à la formation des fi- brilles des zerfs, quoiqu’elle s’y continue même to- talement, & qu’elle y finit, 2° Que lorfque la moëlle alongée eft comprimée , tiraillée , -& qu’elle tombe en pourriture ; toutes les a@ions qui dépendoient des zerfs qui en fortent , ceflent immédiatement après , quoique les ze7fs reftent entiers & intaétes. 3° Que les nerfs exécutent par-tout prefque dans uninftant leurs opérations, tant celles qui ont rap- port aux mouvemens que celles qui ont rapport aux fenfations.,. & cela foit qu'ils foient lâches courbes, crafles, rétrogrades 8 obliques. 4° Que quand 1ls font enuerement-Liés qu comprimés, quois qu’à tous autres égards ils reftent entiers , ils per- dent alors toute leur aétion dans les parties com- prifes entre la higature & les extrémités auxquelles ils tendent, fans en perdre cependant dans les par- ties compriles entre la ligature & la moëlle du cer- veau owle cervelet ; il paroîtra évidemment que les fibres nerveufes tirent continuellement de la moëlle du cerveau un fuc qu'ellés tranfmettent par autant de canaux diftinds à chacun des points de tout le corps , & que ce n’eft que par le moyen de ce fuc qu'elles exécutent toutes leurs fonétions dans les fenfations & le mouvement mufculaire , É:c. cette humeur eft ce qu'on appelle proprement, efprits ani- maux Ou fuc nerveux, Voyez ANIMAL, ESPRIT, éc. On a fuppofé, 11 y a long-tems , que les zerfs font des petits tuyaux , mais on a en bien de la peine à découvrir be cavités, enfin on a cru que M. Le- wenhock étoit venu à bout de rendre fenfbles les ca- vités qui font dans les nerfs , mais cette découverte {ouffre encore quelque difiiculté. -Ilne paroït pas qu'il y ait la moindre probabilité dans cette opinion (qui a cependant fes partifans), que les zerfs exécutent leurs opérations par la vibra- tion des fibrilles tendues ; en effet c’eft un fentiment contraire à la nature des zerfs , dont la fubftance eft molle, pulpeufe, flafque, croiffée & ondée, & fui- vant lequel on ne fauroit expliquer cette d'ftinétion, avec laquelle les objets de nos fenfations nous font repréfentés, & avec laquelle s’exécutent les mou- vemens mufculaires. | Or de même que le fang artériel eft porté conti- nuellement dans toutes les parties du corps qui font _garnies de vaifleaux fanguins , de même auf on conçoit qu'un fuc préparé dans la fubftance corti- cale du cerveau & dans le cervelet , fe porte de-là continuellement à chaque! point du corps à-travers les zerfs. La petitefle des vaifleaux de la fubftance corticale , telle que les inje&tions de Ruïfch.la font connoître, quoique cependant ces injeftions ne dé- montrent que des vaifleaux artériels beaucoup plus gros, pat conféquent que les moindres vaifleaux iecrétoires, prouvent combien ces vaifleaux ner- veux doivent êtredéliés , &t d’un autre côté la grof- feur du volume du cerveau comparée à la petitefle de chaque fibrille , fait voir que leur nombre peut être au-delà de toutes les bornes que l'imagination paroit lui donner. Voyez FILAMENT. 1: De plus la grande quantité de fuc qui s’y porte gonftamment & qui y elt agitée d’un mouvement vio- lent, y remplira continuellement ces petits canaux, les ouvrira 8x mettra toujours en ation ; mais com- me il fe prépare à chaque moment de nouveaux fucs & que le dernier chafle continuellement le premier, il femble aufli-tôt qu'il a fait fa derniere fonétion être chaflé hors des derniers filamens dans des vaif- feaux quelconques , de forte qu'il fait ainfi fa circu- lation dans le corps comme toutesles autres liqueurs. Voyez CIRCULATION. | M. Vieuflens a cru avoir trouvé des tuyaux qu'il a nommés evro-lymphaiiques | mais fa découverte n'eft pas confirmée. ; Si nous confidérons fur-tout la grandeur du vo- lume du cerveau, du cervelet, de la moeëlle alon- gée & de la moëlle de l’épine, eu égard au volume des autres folides du corps ; le grand nombre de nerfs qui fe diftribuent de-là dans tout le corps; que le cerveau &z la moëlle de l’épine font la bafe d’un embryon , de laquelle, felon le grand Malpighi , fe forment enfuite les autres parties ; enfin qu'iln’y a à peine aucune partie dans le corps qui ne fente & qui ne fe remue, il paroitra très-probable que toutes les parties folides du corps font tiflues de fibres ner- veufes, & ne font compolées d’autres chofes, Foyez FILAMENS 6 SOLIDES, | d s NER IOI Les anciens ne comptoient que fept paires de rer/5 qu partent du cerveau, dont ils marquent les ufa- ges dans ces deux vers launs , \Oprica prima, oculos movet altera, tertia guflar, Quarta & quinta audit | vaga fexta efl , Jeprima linguæ, 8 mais les modernes, comme nous l'avons déja obfer- vé, en comptent un plus grand nombre. Selon eux, les zerfs de la moëlle alongée font au nombre de dix paires, dont la premiere {e nomme nerfs olfaülifs ; la feconde, nerfs opriques : la troi- fieme , zerfs moteurs des yeux | moteurs communs ; oculaires communs, mufculaires communs, oculo-muf- culaires communs ; la quatrieme , zerf$ crochléateurs, nufculaires obliques fupérieurs , communément nom- més zerfs pathétiques ; la cinquieme, zerfs innomi- nés, nerfs trijumaux ; la fixieme , moteurs externes , oculaires externes , mufculaires externes , oculo-mufcu- laires externes ; la feptieme paire , nerfs auditifs ; la huitieme paire , /a petite vague , nerf fympathique moyen; la neuviemepaire, nerfs hy poglof/es, nerfs gufla- tifs nerfs, linguaux ; la dixieme paire, nerfs fous-occi- pitaux. Voyez OLFACTIF, OPTIQUE , VAGUE y FE Les zerfs de la moëlle épiniere font 1° une paire de zerfs accefloires ou afociés de la huitieme paire de la moelle alongée ; 2° une paire de zerf5 inter- coftauxou grands zerfs fympathiques ; 3° fept paires de zerfs intervertebaux du col où zerfs cervicaux : 4° douze paires de zeyfs intervertebaux du dos, ow nerfs dorfaux, coftaux , vrais intercoftaux; s° cinq paires de zerfs intervertebraux des lombes, ou zerfs lombaires ; 6° cinq ou fix paires de rerfs {acrés. Voyez ACCESSOIRES 6 INTERCOSTAUX, Les autres zerfs qui ont des noms particuliers font 1° les branches des zerfs de la moëlle allongée’; comme {ont 1° les trois branches de la Ghhene paire, dont l’une à été nommée nerf orbitaire Jaupé- rieur Vautre nerf maxillaire fupérieur | & le troi- fieme nerf maxillaire-nférieur 3 2° les deux branches ou portions du zerf audinif, dont l’une fe nomme portion, molle & l’autre portion dure. Voyez ORBI- TAIRE , MAXILLAIRE ,,AUDITIF, &c. ; 2°. Les branches des zerfs de la moëlle épiniere ; tels font-1° les zerfs diaphragmatiques ; 2° les nerfs brachiaux , dont les fix branches différentes ont toutes différens noms , favoir le zerf mufculo-cuta- né, le zerf median , le zerf cubital , le rerfcutané interne , le zerfradial , le zerf axillaire ou articu- laire ; 3° les zerfs cruraux , que l’on divife.en trois portions, favoir le nerf crural du fémur ou nerf cru- tal fupérieur , le zerfcrural du tibia ou zerf crural jambier , le zerf crural du-pié.ou zerf crurai pé- dieux ; 4° les zerfs {ciatiques qui produifent le nerf” fciatique crural, le zerffciatique poplité, Le rerffcia- tique tibial, le zerf{ciatique peronier, le nerf plan- taire interne , le zerf plantaire externe. Voyez Dia- PHRAGMATIQUE ;» BRACHIAL, CRURAL, 6c. 3°. Les rameaux de quelques-unes des branches dont nous ayons fait mention , ont aufli des noms particuliers ; tels font les canaux des branches de la cinquieme paire , par exemple , le rameau frontal, le ramean nafal, & le rameau lacrymal de la pre- miere branche, &c.. Voyez FRONTAL, NASAL € LACRYMAL. Vieuflens, Wallis & Beretini nous ont particulie- rement donné des P/anches fur les zerfs ; l'ouvrage de ce dernier eft intitulé : Beretini rabule anatomice , &zc. Romæs7a4i , in-fol. Voyez NÉVROGRAPHIE 6 NÉVROLOGIE. | NERES, jeux de la nature fur les (Phyfrol.) les nerfs, de même que les vaifleaux fanguins , fe répandent dans toutes les parties , quoique d’une maniere fort différente, Le diametre -des vaifleaux fanguins eft 102 NER toujours proportionné au nombre de leurs divifions < &c à leur éloignement du cœur. Il n’en eit pas de mê- me des #erfs qui grofliflent en plufieurs endroits, &c forment des tumeurs qu’on nomme ganglions. Les vaifleaux fanguins ne communiquent éntemble que dans leurs rameaux; les zerfs fe rencontrent à la for- tie du crâne , du canal de l’épine, ou dans fes cavi- tés. Leur exilité , leurs entrelacemens , leurs engage- mens dans les membranes, & les ligamens qu'ils trouvent fur le paflage , en rendent la pourfuite très- difficile ; ils fe dérobent pour lors aux recherches des mains & des yeux des meilleurs Anatonuftes , &e avant que de {e cacher, 1is ne fourniflent pas moins de jeux de la nature dans leurs décours , que Les vaif feaux fanguins qu'ils accompagnent ; mais il nous doit prefque fuffire d'en faire la remarque, & d'en citer quelques exemples pour preuve : un détailéten- du feroit plus ennuyeux que profitable, &c les réfle- xions que nous avons faites ailleursfur cètte matiere en général, trouvent 1ci leur application. Nous ajou- terons encore qu'il ne faut compter en obfervations réelles de jeux des zerfs, que fur celles des grands maîtres de l’art; telles font les tables névrologiques d'Euftachius. | La divifion générale du zerf maxillaire en trois, n'eft pas toujours conftante ; car le premier de ces rameaux fous orbitaires , donne quelquefois un filet aux dents molaires {upérieures. Le nerf moteur externe donne quelquefois un filet nerveux double, & le zerf de la fixieme paire eft quelquefois réellement double , où fendu en deux avant fon engagement dans la dure-mere. Les filets po“ érieurs du tronc gauche du pléxus pulmonaire font quelquefois plus confidérables que les filets antérieurs du tronc droit. Les deux zerfs accefloires de la huitieme paire jet- tent quelquefois dés filets fans communication avec le ganglion , ni avec le plan antérieur, L'union & le mélange plexiforme des cinq gros nerfs vertébraux, varient fouvent dans les cadavres, ainfi que les fix ze7fs brachiaux qui en naïffent, va- rient dans leur origine. Le zerfmédian eft dans quel- ques fujets formé par lunion de deux feules’ bran- ches , au lieu de trois. | Les nerfs de l'os facrum fe comptent par paires, dont le nombre augmente quelquefois. L’entrelace- ment de la troifieme paire {ouffre aufh fes jeux, Le zerf de la huitieme paire que Winflow appelle fyrmpathique moyen; & d'autres la parre vague ; donne comme on fait, une branché qui communique avec la neuvieme pare ; mais on a và dans quelques fu- jets, cette branche communiquer avec le ganglion fupérieur du zerf intercoftal. La paire occipitale, nommée la dixieme paire de Willis, a une origine différente dans plufieurs fujets ; quelquefois certe origine eft double, & perce la dure-mere avec l’artere vertébrale, comme Eufta- chi l’a dépeinte. Tab. 17. fig, 2. | L'origine du zerf intercoftal eft encore une quef- tion, On peut, peut-être , regarder le filet qui vient de la fixieme paire, comme fon principe, parce qu’on obferve quelquefois par un jeu de la nature, queles filets du zerfophthalmique, nommé par M. Winflow nerf orbicaire, ne s’y joignent pas. Ce ref intercof- tal forme dans le bas-ventre un ganglion très-confi- dérable , qu’on a nommé mal-à-propos fémi-lunaire, puifque fa forme varie autant que fa grofleur. Le ganglion fémi-lunaire droit & gauche , font quelque- fois réunis en un feul ; quelquefois on en rencontre trois, quatre , & davantage. Au tefte , tous les pléxus hépatiques, fpléniques, méfentériques.,, rénal, hypogaftriques , qui viennent des filets du tronc de l’intercoftal, varient fi fort dans leur diftribution, leur grofleur &c leur nombre , que NER ceux qu'on obferve d’un côté, font pour l'ordinaire très-différens de ceux qu'on obferve de l’autre ; de forte qu'il n’eft pas poflible de décrire de telles va- riétés , qui font peut-être la caufe de plufienrs mou- vemens fympathiques particuliers à certaines per- fonnes , & que d’autres n’éprouvent point au même degré. hé Ajoutez que tous les zerfs de la moëlle épiniere’, qu'on nomme cervicaux, au nombre de fept paires, groflifent après avoir percé la premiere envelope, &t forment comme Le xerfintercoftal , des ganglions qui font plus ou moins remarquables dans les difé- rens fujets. Enfin l’hiftoire des zerfs inteftinaux eft fi compo- fée, qu’il n’eft pas poffible de là donner ; car ils ont des origines & des diftributions différentes prefque dans chaque fujet. (D, J.) NERF, ou NERVURE , par analogie aux erfs des animaux , (Coupes des pierres, ) eft une arcade de pierre en faillie fur le nud des voûtes gothiques, pour en appuyer & orner les angles faillans par des moulures, &c fortifier les pendentifs, Plufieurs églifes gothiques ont des morceaux curieux en ce genre. L'églie de faint Euftache à Paris, quoique bâtie vers le tems de la renaiffance de l’Archite@ure , a fur la croifée des deux z7f$, un pendentif fort bien exécuté. On donne différens noms aux zervures par rapport à leur fituation ; celles qui traverfent perpendiculai- rement , s'appellent arcs doubleaux , comme aa, bb, fig. 18 ; celles qui traverfent diagonalement, s’ap- pellent arcs d’ogives , comme b, 4 b ; celles qui tra- verient obliquement entre les arcs doubieaux & les opives, s'appellent Zernes & tiercerons | comme bo, bo , mo. (D) NERFS , (Jardinage. ) les nerfs d’un végétal font les tuyaux longitudinaux qui portent le fuc nourri- cier dans les parties les plus élevées, NERF, ( Maréchalerie, ) on appelle improprement äinfi un tendon qui coule derriere les os des jambes. Ses bonnes qualités font d’être gros & bien détaché, c’eft-à-dire apparent à la vue, & déraché de l'os. Le nerf failli eft celui qui va f fort en diminuant vers le pli du genou, qu’à peine le fent-on en cet en- droit ; ce qui eftun mauvais prognoftic pour la force du cheval. NERF FERURE, en termes de Manege ; fignifie m4 entorje , une enflure douloureufe, ou une «rteinte via lente , que le cheval fe donne aux zerf5 des jambes de devant avec la pince des piés de derriere. NERF DE CERF, ( Vennerie. ) c’eft le membre qui fert à la génération. NERES , {. m. pl. ( Terme de Relieurs.\ les Relieurs appellent de la forte les ficelles où petites cordes qu'ils mettent audos de leurs livres , & fur lefquelles fe coufent & s'arrêtent les cahrers dont ils font come pofés. ki NERF DE BŒUF , ( Terme de Sellier.) c’eft Le nerf féché qui fe tire dé la partie génitale de cet animal. Quand ce rerf eff réduit en mamiere de filaffe longue de huit à dix pouces, par le moyen de certaines groffes cardes de fer, il s'emploie par les Selliers à nerver avec la colle forte , les arçons des felles & fes panneaux des chaïfes & carofies ; il entre auf dans la fabrique des batoirs propres à jouer à la paume. À Paris ce font ces ouvriers quile préparent, qui le portent vendre aux marchands merciers quin- cailliers , par paquets du poids d’une livre ; & c’eft chez ces marchands , que les artifans qui en ont be- foin les vont acheter. ( D. J.) NERGEL , o NERGAL, ( Cririg. Jacrée. ) voyez Buxtorf, dans fon grand diéfionnaire écon. 1396 & 1397: divinité des Cuthéens , peuples d’Aflyrie, comme 1l paroit par un paflage du ZI, Ly. des Rois , NER th. xvÿ. v.,3 0. cette divinité étoit apparemment le foleil on le feu qu’adoroient les anciens Perfes , du- moins ce fentiment eft conforme à l’étimolovie du nom zergel , qui veut dire une foraine de feu. Au refte les Samaritains furent appellés Cushéers depuis que Salmanaflar eut envoyé des Cuthéens & d’au- tres nations peupler les provinces des dix tribus. _ NERGHS, ( Geogr. ) ville de Géorgie, à 774. de long. & à 434. de lar. T4 NÉRICIE, ( Géogr.) province de Suede dans les terres à l’extrémité du lac Vater, Elle a des mines de fer, d’alun & de foufre, On ne compte qu’une ville dans la Néricie, favoir Orébro , ou Oréborg , on Orébroa, comme on voudra la nommer. NÉRINDE , ( Toclerie de coton. ) toile de coton blanche qui vient des Indes orientales ; c’eft une forte de taffetas étroits &c aflez groffier. NÉRIS , ( Géogr, anc. ) nom commun à une ville de Meflénie, felon Etienne le géographe , & à une ville de Grece dans l’Argie, felon Paufanias, qui la met aux confins de la Laconie. NERis , ( Géogr. anc.) ou Nerus, Neréa , Nerenfis vicus ; ville d’une ancienneté gauloife , qui n’eft at- jourd’hui qu'un bourg aux confins du Bourbonnois ê&t de Auvergne, fur un côteau, ou plütôt fur des rochers. Il y a quelques reftés d’antiquité, & des eaux minérales infipides , que les anciens ont con- nues, & qu'ils nommoient aquæe Neriæ, ÉNÉRATESNE Conchyliol,) genre de coquillage dont voici le caraëtere générique, Les zérires , autre- ment dites Zmaçons a bouche demi-ronde ou ceintrée , font des coquiles univalves, dont le corps eft ra- maflé , la bouche plate, garnie de dents, quelque- : fois fans dents du côté du fat. Il y en a dont le fom- met eft élevé , & d’autres dont le fommet eft très- applati. | La famille de ce genre de coquillage a piufeurs caraéteres fpécifiques , qui forment fous chaque genre des efpeces confidérables, qu’on diftingue gé- néralement en zérires & en limacçons, Les rérires , outre le caractere générique d’avoir la bouche demi-ronde, ont les unes des gencives, & les autres font ombiliquées. Les limäçons à bouche demi-ronde ou ceintrée, different des zerires, en ce qu'ils n’ont jamais ni dents “mi gencives, ni palais. Bonanni dérive zérice des né- réides ; pour jufüifier fon étimologie , il nomme cette coquille , la Jeur, la reine de la mer, & en confé- quence 1] l’a confondue avec les trompes & les por- celaines. Ce qu'il y a desür, c’eft que les nérives naïfent dans les cavernes & fur les rochers auxquels elles font adhérentes, On n’en trouve point de ter: reftres vivantes. Le caraétère générique de la famille des limaçons, eft d'avoir la bouche demi-ronde, peu de contours ,: & lextrémité de la volute très-peu faillante. Les efpeces de nérires font les fuivantes, rangées ous les deux divifions générales de nérires garnies de dents, & de limaçons ombiliqués. 1°. La zérite garnie de dents ; 2°. la mérire appellée la quenorre , ou à dent fanguine ; 3°, la nérite nommée le palais de beuf; 4°. la nérire ftriée & pointillée ; cette efpece, quand elle eft dépouillée de fa coque externe, & qu'elle eft bien polie, préfente une co- quille très-belle, & recherchée par les curieux : $°, la zérise cannelée ; 6°. la mérire rayée de fillons mar- brés ; 7°. la mérite appellée Za grive | à caufe de fa robe cannelée , femée de taches blanches & noi- res ; 8°, la zeérire qu'on nomme la perdrix, Parmi les zérires qui n’ont point de dents, on con- noït les efpeces fuivantes: 1°, la nérite jafpée avec un bec ; 2°. la néñre jafpée avec un couvercle ; AE la nérire nommée le poids de ner, Citronnée ; 4°. le pois de mer jaune ; s°, la zérire piquante ; 6°, la ze- NER 103 rite à refeau ; 7°. la nérite à taches noires : So, la #42 rite à bandes rouges &'jaunes ; 9°, la nérire à ftries légeres & verdâtres ; 10°, à ondes en 2i9-zap. Entre les limaçons ou rérices ombiliquées , on dif: tingue les efpeces fuivantes : 1°, le limaçon à long ombilic; 2°, le limaçon à fommet élevé : 3*. le lima- çon à fommet applati; 4°, le limaçon tefticulé ; $°, le limaçon dit bernard l’hermite ; 6°. le limaçon ma- melu ; 7°. le limaçon à petit mamelon; 8°. Le limaa çon dit l'écorce d'orange. {| y a d’autres limaçons où nérites en grand nombre , qu'il feroit inutile de dé- tailler, parce qu'ils ne différent que par la couleur du fond , les bandelettes, les zônes ou le pointillave, Hif?. natur. éclaircie, Voyez cette coquille, PI, XXI, fete CD" Te) NERIU M, ( Botan.) Voyez LAURIER-ROSE, NEVOLI, ( Mar. méd.) c’eft le nom que les tas Lens donnent à l'huile effentielle des fleurs d'orange. Voyez au mor ORANGE, NÉRONDES , (Géog.) petite ville de France dans le Forez , élé&tion de Roanne , avec une chatellenie royale. Long. 22, 10. lat. 45. 20, C’eft la patrie du P.‘Coton (Pierre), jéfuite dont le P. Daniel parletrop dans ion hiftoire , tandis qu'il parle trop peu d'Henri IV. Le P. Coton fut con fefleur de ce prince, & mourut à Paris en 1626 > à 63 ans. Les ouvrages qu’il a mis au Jour n’ont pas pañlé jufqu'à nous, ( D. J.) NERONIENS, JEUX ( Jeux romains. ) jeux litté taires inflitués par Néron l'an 8 13 de Rome. Cet em- pereur qui afpiroit à la gloire frivole d’être tout-en- femble poëte & erateur , crut fignaler fon rcgne par létabliflement d’un combat littéraire, Dans les jeux qui de fon nom furent appellés réroniens > Zeroniæ certamina ; & qui devoient avoir lieu tous les cinq ans , mais qu'il fit célébrer beaucoup plus fréquem- ment ; dans ces jeux, dis-je, il y avoit entr'autres A à la mariere des Grecs, un combat de mufique , 721 Jicum certamen, Par ce mot de mufique , zz4/cum , on doit entendre un combat poétique ; ce qui prouve cette interprétation, c'eft qu'on lit dans Suétone, ch, x}. que cet empereur par lé fuffrage des juges qu'il avoir établis pour préfider à ce combat > y re- çut la couronne du vainqueur en poéfie & en élo= quence , quoique cette couronne fût l’objet de l’ému- lation de tout ce qu’il y avoitalors de gens diftingués par leurs talens en ces deux parties. (D,..T. NERPRUN , rhamnus, {.m. (Æifi. nat. Boran. ) genre de plante à fleur monopétale, en forme d’en- tonnoir divilée en quatre parties. Il s’éleve du fond de cette fleur des étamines avec le piftil qui devient dans la fuite une baie molle & pleine de fuc; elle renferme le plus fouvent quatre femences calleutes : relevées en boïfle d'un côté, & applaties de Pautre. Tournefort, 2n/£. rei kerb. Voyez PLANTE. (1) NERPRUN, rhamnus, arbrifieau qui fe trouve communément dans Les haies des pays temperés de l'Europe. Il. peut s'élever à dix-huit ou vingt piés, mais ordinairement on ne le voit que fous la figure d’un buiflon, de dix où douze piés de hauteur. Cet arbrifleau fait rarement de lui-même une tige un peu droite ; il fe garnit de quantité de rameaux qui s’écartent, fe crorfent, & prennent une forme ir- réguhere. $es branches font garnies de quelques épines affez femblables à celles du poirier fauvage. Sa feuille eft aflez petite, unie, luifante, légere- ment dentelée & d’un verd brun. Sa fleur qui pa= roit au mois de Juin eft petite, d’une couleur her- bacée qui n’a nulle apparence. Le fruit qui la rem- place eft une baie molle, de la groffeur d’un pois, remplie d’un fuc noir, verdâtre, qui contienten même tems plufeurs femences : elles font en matu- tité au commencement de l’auronne. Cet arbrifleau eft agprefte & très-robufte : il fe plaitdansune terre 104 NER franche & grafle ; il aime ombre, l'humidité &le voifinagé des eaux ; cependant on peut le faire ve- nir partout. Si on vett le muluplier, le plus court fera d'en femer la graine au moment de fa maturite ; elle levera äu printems ; & les jeunes plants feront en état d’être tran{plantés l’autonne fuivant. On n’en fait nul ufage pour l’aprément , il n’eft propre qu’à faire des haies qui fe garniffent bien & aflez promptement. Son feuillage eft aflez joli: les mfec- tes ne s’y atrachent point. Les baies du zerprun font de quelqw'utilité : les oïféaux s’en nourriflent par préférence & ne les : laïflent paslong-tems fur ’arbrifleau. Elles fonttrès- purgatives; on en fair un fyrop qui eft d’un grand ufage en Médecine. Ses baies font aufhi de quelque reflource dans les'arts: onlen fait une couleur que Von nomme verd de veffie qui fert aux Peintres & aux Enlumineuts. ; Le zerprun a figénéralement une vertu purgative , qu'on prétend que les fruits qui ont été greffes fur cet arbrifleau purgent violemment lorfqu'onen man- ge. Quelques auteuts,comme Séron Pauliée Garidel, aflurent qu'on a greffé avec fuccès le prunier & le cerifier fur cet arbrifleau; ce font apparement des hafards qu’il eft dificile de rencontrer. On a tenté quantité de fois ces greffes fans qu’elles ayent réufli. Le bois du zerprun eft excellent pour faire des échalas: ils font d’auflilongue durée que ceux que l’on fait de bois de chène. | Il y a plufeurs efpeces de rerprun, 1°, Le »erprim purgatif ofdinaire, C’eft à cette ef- pecé qu’on doit appliquer cé qui a été dit ci-deflus. 2°. Le petit nérprun purgatif, ou la graine d’Avi- gnon. Cet arbrifieau vient aflez communément en Provence ; il ne s’éleve guère qu’à quatre ou cinq piés, on peut aifément [e muitiplier de’ branche couchée, ou de femence comme le précédent, & il eft prefqu’aufi robufte ; fon feuillage a quelqu’a- grément de plus, mais fa fleur n’a pas meïlleure apparence! elle vient un mois plutôt, & fes baïés font en maturité des le mois de Juillet, on'en fait ufage pour les Arts. Ce fruit étant cueilli verd fe nomme graine d'Avignon; on en fait une couleur jaune pour la teinture des étoffes’; 1l fert auf à faire ce qu’on appelle le #7 de grain pour l’ufage des peintres à l'huile & en miniature. 3°. Le petit nerprun purgatif a feuille longue. 4°! Le zerprun d’Efpagrne à fruit noir. 5°. Le serprun d'Efpagne a feuille de buis. 6°, Le nerprun d'Ejpagne a feuille d'olivier. 7°, Le zerprun d'Efpagne a feuille de millepertuis. Ces quatre dernieres efpeces fe trouvent dans les bois en Efpagne , en Portugal, en Italie & dans les provinces méridionales de France. Ce font de petits arbnfleaux de fix ou huit piés de hauteur qui font affez robuftes pour patler l'hyver en pleine terre dans les autres provinces du Royaume, mais elles ne font pas plus de reflource pour l'agrément que pour l'utilité. 8°. Le rerprur: à feuilles d'amandier. 9°. Le zerprun du levant à petites feuilles d’aman- dier, | 10°. Le rerprun du levant à feuilles d’alaterne. 11°. Le rerprun de Candie a petites feuilles de buis. Ces quatre dernieres efpeces font d’auffi grands ar- brifleaux que le zerprur commun; elles font pref- qu'aufi robuites, mais peu intéreffantes quoique rares. | 12°, Le perit nerprun d’'Efpagne a feuilles de bais. Ce petit arbriffeau eft de fort belle apparence. De toutes les efpeces du zerprun, c’eft celle qui a le plus d'agrément. 13°. Le zerprun à feuilles de faule. Cet arbrifleau eft toujours verd,, il fe trouve fur les bords du Rhone & du Rhin, il s’'éleve à cinq ou fix piés, il donné au moïs de Juin une grande quantité de fleurs herbacées qui n'ont nul agrément, elles font rem- placées par dés baies jaunes, qui reftent für Par- | briffeau peñdant tout Fhyver. 14°. Le werprun de Monspéllier, C’éft nn grand at: brifleau rout hérité d’épines eXtrènrement longues; il donne dès le mois de Mars dé petites fleurs blan- ches qui reflembleat à celles du £oïs7oh où meze- reon, &t én autonne l’arbrfiléau fe rénouvelle en : dohnant de fecondes fleurs & même d’autres feuilles.” On peur les nranger en faladé dans leur nonveauté ainfi que la cime des jeunes réjéttons. 159. Le rerprun d’Efpagne à feuilles capillaires, C’eff un petit arbriffeau de l’orangerie pour ce cli- mat, il n'a que le mérite de la fingularité, par fap- port à fa feuillé qui eft auf menne qu'un fil, il fe garnit d'une grande quantité de rameaux flexibles qui s’inclhinent jufqu'à terre. On fe fert de fes baies pour teindre en vérd 6 en jaune. Cet arbrifleau fe … plait parmi Les pierres & même fur les rochers. NERPRON , ( Pharmacie & Matiere médicale ) noir- prun, bougépine. Les baies de cet arbrifleau font la feuie partie dont on fe fert en Médceine; elles font très-purgatives & dé l’ordre de ces évacuaris que les anciens ont appellés hydradogues, voyer PURGATIFS. Aufh fourmiflent-elles un des purgatifs des plus ufités dans l’hydropifie, la cachexie, les bouffiflures édematenfes, 6c. Ce remede conveña- blement réitéré à fouvent réuffi, lors même que les malades avoient une quantité d’eau confdéra- ble épanchée dans le ventre. Les différentes prépa- rations de ces baies évacuent ces eaux très-puif- famment. Ces préparations font un rob & un firop prépa- rés avec les baies récentes, c’eft-à-dire avec leur fuc; ce firop eft furtout très-ufité; il fe donne à la dofe d’une once jufqu’à deux, foit feul foit avec de la manne dans une décoëlion appropriée, foit mêlé dans les potions purgatives ordinaires ; on peut don- ner aufli ces baies mures, defléchées & réduites en poudre ou bien en décoction dans de l’edu ou du bouillon, mais ces formes ne font point ufitées. Le firop de zerprun entre dans la compofition des pillules cochées. (#5) NERTOBRIGA, ( Géog. anc, ) ancienne ville de l'Efpagne Tarragonoife felon Prolomée, L6. ZI. ch, vy. qui la place chezles Celnibères, entre Turtaflo & Bibhs; elle étoit confidérable, & fut détruite dans le tems de linvafon des barbares. De fes tui- nes-qui font auprès de Mérida, on en a bâti troi ou quatre bourgades, ( D. J.) NERVÉ, adj. erme de Blafon, Il fe dit de la fou- gere & autres feuilles dont les fibres & les nerfs pas roiflent d’un autre émail. Les anciens princes d’An- tioche , d'argent à la branche ou feuille de fougere de fynople , nervée d’of, NERVER UN LIVRE, (terme de Relieur.) C'eff ‘en dreffer les nerfs fur le dos & les fortifier avec bonne colle &c parchemin, ce qu’on appelle autre- ment ezdoffer un livre, NERVER, vw. a. (terme d'ouvriers, ) Ce mot {e dit aufi de divers ouvrages fur lefquels pour les fortiñer, on applique avec de la colle des nerfs de bœufs battus & réduits en une efpece de filaffe. On nerve des panneaux de carrofle, des arçons defelle, des battoïrs de longue & courtepaume, 6c.( D.J.) NERVEUX, adj. ( Anatomie. ) tont ce quia rap- port avec les nerfs, NERVEUX, DEMI, f. m. ( Azaromie,) C’eft un des mufcles fléchifleurs de la jambe, ainf appellé parce que fon tendon inférieur efl long &£ reffemblant à un nerf; il s’attache à la tubérofité de l’os 1fchium 8e s’unit avec la longue tête du biceps & va fe ter- | miner NER miner par un tendon long & grêle à la pattie an- térieure & fupérieure du tibia, après avoir pañlé par-deflus la partie latérale du condyle interne. (1) NERVEUX, adj. ( Maréchal.) un cheval xerveux, eft celui qui a beancoup de force. Javart nerveux, voyez JAVART. | NERVEUSES, maladies, l’on peut appeller de ce nom, toutes les affeétions morbifiques, qui dépendent fur-tout d’une trop grandeirritabilité dans les folides du corps humain, d’une tros grande fenfbilité du genre zerveux,, d’où s’enfuivent différens défordres, plus ou moins confidérables, dans l’économie ani- male qui influent fur toutes Les fonétions, enforte que l’elprit en eft ordinairement auf affedté que le corps, Telles font la mélancolie, la paffion hypo- condriaque, la pafñon hyftérique, les vapeurs , la confomprion angloife , qui n’eft autre chofe qu’une fievre lente rerveufe; les affeétions fpafmodiques , convulfives, épileptiques, qui font idiopathiques, c'eft-à-dire qui font produites par une difpoñtion ha- bituelle à l’érétifme du cerveau , & de fes produc- ons, avec beaucoup d’irrégularité dans les effets qui en font les fuites. Voyez les articles de ces diffé- rentes efpeces de maladies du même genre chacune en fon lieu. Voyez IRRITABILITÉ, SENSIBILITÉ, NERFS, VAPEURS. NERVIENS , Nervii, ( Géog. anc.) anciens peu- ples de la Gaule Belgique. Ils tiroient leur origine des Germains , felon Strabon, iv. IV. p. 194. qui les place au voifinage des Treviri, Céfar, Liv, IL, c. iv. En parle comme d’un peuple coufidérable qui pouvoit fournir jufqu’à so mille hommes pour une guerre commune. En eftet, leur cité étoit d’une fi grande étendue, qu'elle prenoit depuis les Treviri jufqu'aux Bellovaci. Céfar s'étend beaucoup fur leur compte & fur leur valeur. Ils lui donnerent une ba- taille dont il parie comme de la plus fanglante & de la plus périlleufe où il fe foit trouvé en fa vie. Il femble que Cameracum, Cambrai, devoit être la Capitale des Merviens. Le P. Briet, ainfi que Clu- vier , leur donne Turracum, Tournay, Bagacum , Bavay en Hainault, Pons Scaldis, Condé, & Ven- zinianæ, Valenciennes. Il paroït donc que la citédes Nerviens comprenoit le Hainault, le Cambréfis, & la Flandre Françoife. (D. J.) NERVIN, ( Med. chérap.) c’eft un des noms par lefquels les Médecins ont défigné une des proprié- tés générales des remedes qu'ils ont auf appellés ioniques &t roborans. Voyez TONIQUE. NERVIO, ( Géog. ) riviere d’Efpagne dans la Biicaye , & la plus confidérable de la province. Les Bifcayens l’appellent en leur langue Yhay-Cabal , ce qui fignifie ure large riviere. Elle traverfe le milieu du pays du midi au feptentrion , pañle à Bilbao, capitale de la province ; & à deux milles au-deflous de cette ville , elle va fe jetter dans l'Océan. Les anciens l’ont appellée Chalybs. Son eau eft excel- lente pour la trempe des armes. De-là venoir que les Cantabres n’eltimoient que celles dont le fer avoit été trempé dans le Chalybs. NERULUM , (Géog. anc.) ‘itinéraire d'Antonin Îa met fur la route de Milan à la Colomne. Tire-Li- ve, div, LX, ch. xx, dit que le conful Emilius la prit d'emblée. NERVURES, f. f. pl. ( Ærchir.) ce font dans les feuillages des rinceaux d’ornemeus, lés côtes éle- vées de chaque fewlle qui repréfentent les tiges des plantes naturelles. Ce {ont aufi des moulures ron- . des fur le contour des confoles. N£RVURE , ez terme de broderie au métier, eft la cô- te médiante d'une fleur imitée par des points fraus. Poyez POINTS FENDUS. NERVURE, {. f. cerme de Librairie : l’art d’appli- quérdes nerfs, On le dir aufi des nerfs mêmes quand Tome XI. NES 10$ ils font appliqués. On appelle dans la Librairie Ze nervure d'un livre, ces parties élevées qui paroïffent fur Le dos des livres , & qui font formées parlesnerfs Ou cordes qui fervent à le relier. (D. J.) NERVURE , f. f. cerme de Tiffuriers-Rubanniers; c'eft aufli un petit pafle-poil d’or, d'argent, de foie Ou d'autre matiere que les Tifutiers- Rubanniers font, & que les marchands Merciers vendent pour : mettre fur les coutures des habits, ce qui y fait une forte d'ornement. Savari, NERZINSKOI , (Géog.) ville des états du grand duc de Mofcovie en Sibérie, capitale dela province de Daonfi fur la Nerza. Elle eft fortifiée, munie d’u- ne bonne garnifon , & habitée par des payens qui ÿ vivent {ous la proteétion du czar. Long. 136.20. lar, S15 30. NÉSA, (Géog.) ville d’Afie dans la Perfe, au dé- fert de Kirac , entre Khoraffan & le Carezem, à 93. deg. 20 de Jong. & 48, 45, de Lar, NESACTIUM, (Géog. anc,) Ptolomée écrit Me: Jaëlum , & Tite-Live Nefartium. I] faut lire dans cet hiftorien la defcription qu'il fait, Ly. xlj, chap. xv. du fiege & de la prife de cette ville de l’Iftrie , par M. Junius & A, Manlius, l'an 575. de la fondation de Rome. Les habitans manquant d’eau, égorgerent leurs femmes & leurs enfans &z jetterent leurs corps par-deflus les murailles , afin que les Romains euf- {ent horreur de l'extrémité à laquelle ils les rédui- loient. Mais les affiéseans efcaladerent les murs, entrerent dans la ville , & firent efclaves ou paffe- rent au filde l'épée Le refte des habitans, Le roi Apu- lo qui s’y étoit renfermé pour la défendre, fe tua pour s’épargner l’ignominie de la captivité. Nefac- cum eft aujourd’hui Cafkl-ruovo, à l'embouchure de V’'Arfias. (D...) NES ÆA , (Géog, arc.) en grec Nucala j nom que Strabon donne à une partie de l'Hircanie , au travers de laquelle coule le fleuve Ochus. NÉSIS, (Géog. arc.) petite ville d'Italie fur les côtes de la Campanie , auprès de Pouzzol. Cicéron en parle dans fes lettres à Atticus, & dit que plu- fieurs romains y avoient des maifons de plaïfance, Pline vante la beauté des afperges qui y croifloient. C’eft aujourd’hui l’île Nefra. Nés eft encore le nom d’une ville ou lieu de!la Sarmatie afatique, felon Arrien dans fon Périplée. DUT S N Fe > {. f. (Monnoie.) petite monnaie de billon dont on fe fervoit encore en France vers le milieu du xvi, fiecle ; elle valoit quinze deniers. Il y avoit aufñ des doubles zze/les qui avoient cours pour fix blancs ou 30 deniers. Les unes & les autres furent décriées & ne furent plus reçues que pour dou- zains. On leur avoit donné le nom de zefle, de la tour de Mefle où s’en étoit faite la fabrication. Cette tour étoir vers le fauxbourg S. Germain, où lon a bâti depuis le college Mazarin, vulgairement appellé college des Quatre Nations , vis-à-vis l’ancienne tour du louvre. j NESLE, (Géog.) ou Nelle, en latin Nigella ; peti- te ville de France dans la Picardie, avec titre de marquifat qui eft le premier de France. Charles der- nier duc de Bourgogne, la prit en 1472, I s’y eft tenu un concile l’an 1200. Elle eft fur l’Ingon, à 3 lieues N. E. de Roye, 26 N. E. de Paris, 7 S. O. de Saint-Quentin. Long. 20. 34, 25. lat, 49,45. 30% (COTE) | NESS, Lac, (Géog.) en anglois Loch-Nefs, lac d'Ecofle dans la province de Murray. Ce lac eftun grand reiervoir d’eau douce ; 1l forme un baflin de vinot-quatre mille sde long , fur environ un mille de larve , renfermé entre deux paralleles produites par dés chaînes de montagnes, çe qui lui as Pair 106 NES: dun long & vañfte canal. Mais ce qui rend ce lac frès-remarquable, c’eft qu'al eft d’une grande pro- fondeur & qu'ilne gele jamais ; la fonde va depuis 116 jufqu’à 120 toifes, & dans un endroit jufqw'à 135. I abonde en gros & excellent poiffon : fon eau eft douce , & difflout promptement lefavon. On cherche avec empreflement la caufe qui l’em- pêche defegeler ; car il paroït qu’il ne fant pas fon- ger ni à des minéraux, ni à des fources chaudes. Je croirois donc qu'il faut l’attribuer. à la grande pro- fondeur de: ce lac: Le comte de Marfigli a obfervé que la mer à la profondeur de ro jufqu’à 120 toifes, eft du même degré de chaleur, dephis le mois de Décembre jufqu'au commencement d'Avril; & il conjeéture qu’elle refte ainñ toute l’année. Orileft raifonnable de penfer que la grande profondeur de Peau dun lac Ne/s m’eft guere plus affleûtée que cel- le de la mer ne left de la chaleur & du froid de Vair ; ainf la furface du lac Nefs peut être préfervée de la gelée par la vafte quantité d’eau qui eft au- deflous , & dont Le degré de chaleur eft fort au-def- . fus du degré de froid qui gele d’eau. Une autrechofe peut encore concourir à empé- cher le lac M/s de fe geler, c’eft qu'il ne reone ja- mais de calme parfait fur ce lac; le vent fonfflant toüjours d’un bout à l’autre, y fait une ondulation affez confidérable pourfempêcher que l'eau qui eft fans cefle agitée, ne fe prenne par la gelée. Cette derniere raïfon femble être confirmée par une ob- fervation qu'on fait communément dans le voifina- ge ; c'eft que lorfqu’on tire de l’eau de ce lac en hi- ver, &t qu'on la laiffe repofer, elle gele tout auf vite qu’une autre eau. ( D.J. NESSA, (Géog. anc. É mod.) nom commun à plu. , fieurs villes : 1° à une ville de Sicile dont parle Thu- cidide: 29.à une ville de l’Arabie heureufe que Pli- ne, /v.1yj. chap. xxvii. met fur la côte de la mer: 3° à une ville de Perfe dans la partie méridionale du Schirvan. Les Géographes du pays mettent cette Sens à 84. deg. 45. de long. & à 38, des. 40. de at. | NESTE , (Géog.) petite riviere de France; elle prend fa fource vers le haut Cominge, coule dans la vallée d’Auge , & fe jette enfin dans la Garonne à Montréal. NESTÉES, f. f. pl. (Litiérar.) sucre, de ne, qui ef? à jeun; c’étoit un jeûne établi à Tarente , en mémoire de ce que leur ville étant affiegée par les Romains , les habitans de Rhégio pour leur fournir des vivres, s’abflinrent généreufement de mançcer tous les dixiemes jours, ravitaillerent ain@ fur ’é- pargne de leur fubfftance, la ville de Tarente, & lempêcherent d’être pride. Les Tarentins voulant laiffer un monument de l'extrémité à laquelle ils avoient été réduits, & du fervice fignalé que leur. avoient rendu les Rhépiens, inftituerent ce jeûne mémorable. (D. J.) NESTORIENS , {. m. (Théolog.) anciens héré- tiques , dont on prétend que la feête fubfifte encore aujourd’hui dans une grande partie du Levant, &c dont la principale doétrine eft que Marie n’eft point mere de Dieu. Voyez MERE DE DIEU. Is ont pris leur nom de Neforius , qui de moine devint clerc, prêtre & fameux prédicatenr, & fut enfin élevé par Théodofe au fiege de Conftantino- ple après la mort de Sifinnius, l’an 428. IL fit paroître d’abord beacoup de zele contre les _ bérétiques dans les fermons qu'il prononçoit en pré- fence de l’empereur ; mais s'étant émancipé jufqu’à dire qu'il trouvoit bien dans l'Ecriture que la Vier- ge étoit mere de J. C. mais qu'il n’y trouvoit pas qu’elle füt mere de Dieu , tout fon auditoire fut cho- qué de fes paroles , © une grande partie fe fépara de fa communion. | Ses écrits fe répandirent bientôt après dans la Sÿ° rie & en Egypte, où ils féduifirent beaucoup de monde maloré Les oppoñtions de S: Cyrille. Il foutenoit qu'il y avoit deux pertonnes en J. C. que la Vierge n’étoit point mere de Dieu, mais feu- lement de J. C. comme homme. Foyez PERSONNE. Sa doftrine fut condamnée dans le concile d'Ephe- fe , où afhifterent 274 évêques : Neflorius y fut ana- thématifé & dépofé de fon fiege. Nefforins n’étoit pas le premier auteur de cette héréfie ; 11 l’avoit apprife à Antioche où il avoit étudié. Théodore de Mopfuefte avoit enfeigné [a même chofe avant lu. Il eft difficile de fa voir fi les chrétiens chaldéens, qui font encore aujourd'hui profeffon du re/foria- nifme, font dans les mêmes fentimens que Meforins, qu'ils regardent comme leur patriarche, Ils ont fait diverfes rénnions avec l'Eglife romaine; mais ilne paroït pas qu’elles aient fubffté long-tems, La plus confidérable eft celle qui arriva fous le pontificat dé Paul V. Jufqu’au tems de Jules IL, les Meforiens n’avoient reconnu qu'un patriarche , qui prenoit la qualité de patriarche de Babylone. Mais une divifion qui fur: vint entre eux fut caufe que le patriarchat fut divi- fé, au-moins pour quelque tems, Le pape Jules leur en donna un autre qui établit fa réfidence à Carémit en Méfopotamie ; maïs fes fuccefleurs 1r= capables de balancer le pouvoir de celui de Babylo- ne, furent obligés de fe retirer en Perfe. Les affaires demeurerent dans cet état jufqu’au pontificat de Paul V. fous lequel il fe fit une réunion folemnelile avec l’Eglife romaine. Leur patriarche reconnut qu'elle étoit la mere &c la maitreffe de toutes les autres Eglifes du monde, &c dépêcha vers le pape des perfonnes habiles pour négocier cette réunion, & compofer enfemble une explication des articles de leurs religions, prétendant que leurs difputes avec l’Eslife romaine n’étoient que des difputes de nom, | | De-là quelques favans prétendent qu'it n’y a plus de véritable héréfie zefforienne, ce qu’ils prouvent par les aétes que les Nefforiens mêmes ont produit à Rome fous le pape Paul V, & qui ont été imprimés dans la même ville, dans le recueil de Strozza, l’an 16:17. Elie qui étoit alors patriarche des Mefloriens , joignit à la lettre qu'il écrivit au pape, une confef. fion de foi de fou églife, où il témoigne avoir des fentimens orthodoxes fur le myftere de lincarna- tion, quoique les expreffions ne foient pas roûjours les mêmes que celles des Latins. Voici qu’elle eft felon ces auteurs, la croyance des Neftoriers fur ce myftere. [ls aflurent que J, C. a pris un corps de la fainte) Vierge, qu'il eft parfait tant en l’ame qu’en l’entendement, & en tout ce qui appartient à l’hom- me: que le verbe étant defcendu en une vierge, s’eft uni avec l’homme, & qu'il eft devenu une mè- me chofe avec lui: que cette unité eft fans mélange & fans confufion, & que c’eft pour cela que les pro- priétés de chaque nature ne peuvent être détruites après l'union. Pour ce qui eftdu reproche qu’on leur fait qu'ils rappellent point la Vierge mere de Diet, mais mere de J, C. le patriarche Elie répond, qu'ils en ufent ainfi pour condamner les Appoilinariftes qui prétendent que la divinité eft en J. ©. fans l’hu- manité, & pour confondre Themifthius qui affüroit ue le Chrift n’étoit que l'humanité fans la divinité, Il réduit enfuite les points de créance dans lefquels on dit que les Nefforiens ne conviennent point avec l'Eglife romaine, à cinq chefs: favoir en ce que les Nefloriens n’appellent point la fainte Vierge mere de Dieu, mais mere de J. C. 2° en ce qu'ils reconnoïffent en J. C. deux perfonnes. 3° en ce qu'ils n’admettent en lui qu'une puiflance & une volonté. 4° en ce qu'ils difént fimplement que Le S, Efprit procede du Pere. 5° en ce qu'ils croient que la lumiere qu'on fait le jour du Samedi faint au fépulchre de notre Seigneur , eft une lumiere véritablement muracu- leuie. L'abbé Adam, un des députés du patriarche, expliqua ainfi les trois premiers articles ; car pour les deux autres, tous les Orientaux les foutiennent aufli-bren que les Nefloriens. Il dit donc pour la juft- fication des fiens : 1° qu'il eff fâcile de conciher l'E- glife romaine, qui appelle la Vierge 7nere de Dieu, avec la zeflorienne qui l’appelle mere de Chrifl, parce que c’eft un principe reçu des deux églifes, que la divinité n’engendre point , ni n’eft point engendrée ; qu'il eft vrai que la Vierge a engendré Jéfns-Chrif?, qui eft Dieu & Homme tout enfemble ; que RÉan- moins ce ne font pas deux fils, mais un feul &c véri- table fils. Il ajoute que les Neforiens ne nient pas qu’on ne puifle appellerla Vierge merede Dieu, par- ce que Jéfus-Chrift eft véritablement Dieu. Mais conformement à leurs anciens prérugés 1ls s’abftien- nent de ces expreflions , & ne fe conforment pas au langage dé l’Eglife romaine. 2° Il eft conftant que les Latins reconnoïflent en J. C. deux natures & une feule perfonne , au-lieu que les Nefloriers difent qu'il a en lui deux perfonnes &t une pro/opa où perfonne vifible, & outre cela qu'il n’y aen J. C. qu'une puuf- fance ou vertu. L'abbé Adam concilie ces deux {en- timens qui paroïfent oppoiés, par l’explication qu'il donne de ce myitere. Les Nefloriens , felon lui, diftingent per meniem, ou dans leur entendement, deux perfonnes conformément aux deux natures qui font en J. C. & ne voient de leurs yeux au'un {eul J. C. qui n’a quela profopa, où apparence d’une feu- le fliation ; & c’eft en ce fens qu'ils ne reconnoif- {ent qu'une puiffance ou vertu en lui, parce qu'ils ne le confidererit que comme une profopa ou perfon- ne vifible. Mais dans l'Eglife romaine, on diftingue ces puiflances ou vertus, en divinité & humanité, parce qu'on les confidere par rapport aux deux na- tures. Et ainfi cette diverfité de fentimens n'eft qu'apparente, puifque les Meforiers ayouent avec les Latins, qu'il y a deux natures en J. C. & que chaque nature a fa puiflance &z fa vertu. 3° Enfin, il concilie le fentiment des Nefforiens {ur le troifieme article avec celui de l’Eglife romaine , par le même principe, s'appuyant fur ce qu'il n’y a qu'une filia- tion ; & comme cette filiation ne fait qu'un J. C. les Neftoriens difent par rapport à cela, qu'iln’y a en lui qu'une volonté & une opération ; parce qu'il eft un en effet & non pas deux J. C. ce qui ne Les empê- che pas de reconnoître en lui deux volontés & deux opérations par rapport aux deux natures, & de la même maniere que Les Latins. Mais on croit que ce député ne repréfentoit pas fincérement la créance de ceux de fa feête. Car il eft certain que ces chrétiens d'Orient font encore au- jourd’hui dans les fentimens de Nefforius fur l’incarna- tion.Leur patriarche feul n’eft point marié;mais leurs prêtres ne gardent point le célibat, même après la mort de leur premiere épaule, contre la coutume des autres feétes chrétiennes d'Orient. Ils font l’ofhice en langue chaldaïque , quoiqu’ils parlent grec, ara- be ou curde, felon les lieux qu'ils habitent. Stroz- za , de dogmatib. Chaldeor. M. Simon, l’abbé Renau- dot, rom. IV. de la perpét. de la fer. Moreri, dihion. tom. IF. lettre N au mot Mefforius. NET , adj. (Gram.) qui n’eft fouillé d'aucune ordure. La police a foin de tenir les rues mertes. IL fe dit au fimple & au figuré : des idées zesres; un efprit ze, un ftyle ze, Voyez Les articles fuivans. NET, dans le Commerce, figniñie quelque chofe de pour, & qui n’a point été altéré par le mélange de rien d’étranger. Auf on dit que le vin eft et, quand il n’eft Tome XI, L el NET 107 point falfifié où mélé avec d’autres matieres ; où dit que le café, le riz, le poivre, &c, font zæs, quand on en a Ôté toutes les ordures & les faletés. On dit d’un diamant qu'il eft #er; quand 1f n’a point de täché ni de paille; d’un cryftal, qu’il ef net, lorfqu'l eft tranfparent en tous fess. Nes fe dit aufh de’ ce qui refte de profit fur une marchandife, après en avoir payé tous les impôts; en un mot, du profit clair qui en revient, Ainfi nous difons : le bartil de cochemille coûté 450 liv. le droit eft de 50 L. refte donc 400 1, rer. Ne fe dit paréillement dans les affaires qui font claires , fans difficultés, qui ne font point ema brouillées, Les affaires de ce négociant font merres, fans embarras. Nes fe dit auffi du poids d’une matchandife toute feule, abftrattion faite du fac, de l'étui, de l’em- ballage, & même de l’ordure dont elle 8 mêlée. On dit en ce {ens : cette ballé de café pefe cinq cent livres ; 1 y à de tare cinquante livres, partant refte ze: quatre cent cinquante livres. Nes provenu, exprefhon dont fe fervent les Né- gocians pour marquer ce qu'un effet à réndu, tou- es tarres & frais déduits. Le er provenæ de la vente de vos laines fe monte à 2500 Hv. On fe fert quelquefois dans le négoce de: ces mots étran- gers, zefto procedido , pour dire ze proverzu Dits de Commerce. (G) NET ox PROPRE, fe dit, dans l'Ecriture, d’un caraëtere dont Îes traits font dans leur plénitude naturelle , «point chargés d’encre, ou de 'majuf= cules trop grandes on en trop grand nombre, ce quu le rend agréable à lire. NET, terme de Jouailliers, ce mot fe dit auf de ce qui eft faus tache, fans défaut. Les marchands: Jouailliers difent qu'un diamant eft rer, quand il n'a ni palles, ni gendarmes. On dit des pierres précieufes, qu’elles font glaceufes ou cafidoineu- fes , quand il y a des taches, des nuées qüi font qu’elles ne font pas tout-à-fait neses. Du cryftal net elb celui qui eft tout à fait tranfparent. NETE , adj. vnrn, (Mufique.) C’eft ainfi que s’ap- pelloït chez les Grecs, la plus aiguë ou la quatrieme corde du troifieme &c du quatrieme tétracorde. Quand le troifieme tetracorde étoit conjoint avec le fecond, c’éroit le tétracorde fynnemenon, & fa nete S'appelloit zere fynnemenon. Ce troifieme tétracorde portoit le nom de di- zeugmenon, quand il étoit disjoint d’avec le fecond, & {a zere s’appelloit auf mere dicreupmenon. Enfin, le quatrieme tétracorde portant toujours le nom d’Ayperboleon ; fa nese s'appelloit auffi toujours nete hyperbolion, Voyez SYSTÈME, TÉTRACORDE. Nete; dit Boëce, quafe neate ; 1d-eft, inferior. Car les anciens dans leurs diagrames mettoient en bas les {ons aigus & les graves en-haut. (S) NETO 1; DES, er Mufique, fons aious. Foy .Lepsis, NÉTOPION,, (HifE. des drogues.) en grec s#r0- F6, 10m donné par les anciens À uñ oignement Où onguent précieux & très-odoriférant, compofé d'un mélange de fines épices , comme le /picarum , le comagenum &c le fufirum ; les dames romaines en ufoient par luxe. Hippocrate le prefcrit aflez fré: quemment dans les maladies de la matrice ; il le confeille aufi contre la furdité, quand elle eft ëau- {ée par des humeurs groflieres & vifqueufes raflem- blées dans la premiere chambre de l'oreille Le mot nétopion défigne quelquefois l’onguent égÿpriaque, 8&C quelquefois aufli l'huile d'amandes douces, (D. JL} NETOTILITZE, (Æ/f. mod.) elpece de danfe que l’on failoit en préfence du roi du Mexique, dans les cours de fon palais. Cette danfe {e farfort au fon de deux efpeces de tambours ; d'un {on tour différent, ce qui produifoit ure du apréa- 1 108 N EU ble pour les Efpagnols qui en furent témoins. Les “principaux feigneurs, parés de leurs plus beaux ornemens & de plumes de différentes couleurs, étoient les aeurs de cette comédie. Dans les grandes occafons, les danfeurs étoient quelque- fois au nombre de dix mille : la danfe n’en étoit pas plus confufe pour cela ; elle étoit accompagnée de chants que le peuple répétoit en chœur, & de mafcarades. NETTOYER, v. a. (Gram.) c’eft Ôter les or- dures. Îl fe dit des chofes matérielles: comme zes- toyer un habit, un verre; &c. & des chofes intel- leétuelles, zerroyer {es idées, &c. | NETTOYER LES ÉPICES, LES DROGUES, 6, en Pharmacie, c’eft en Ôter les immondices, les or- dures & la poufliere qui y font mêlées, & fépa- rer le bon du mauvais : é’eft la même chofe que monder. Voyez; MONDER. | NETTOYER, ( Fortific.) terme dont on fe fert quelquefois dans la guerre des fieges , pour exprimer l’aétion d’une fortie, lorfqu’elle a comblé la tran- chée, & qu’elle en a chaflé l'ennemi. Ainfi ze: coyer la tranchée , c’eft en chafler l’ennemi, & la détruire ou combler. (R) NETTOYER, RECTIFIER, (Jardinage. ) fe dit d’une tulipe panachée, qui n'étant pas bien nette la premiere année, fe nerroie & fe rettifie la fe- conde. Si elle continue à être brouillée, 1l la faut rejetter de la plate-bande. Quand la fleur eft de belle forme & bien taillée, & que la couleur do- mine le panaché, on a quelqu’efpérance qu’elle fe rettifiera. (X) CE NETTUNO, (Géog.) petite ville d'Italie, mifé- rable & mal peuplée, dans la campagne de Rome, à l’embouchure de la riviere Loracina fur la rive droite, & à left du cap d’Augir. Elle a efluyé en 1757, un affreux ouragan qui a emporté tous les toits des maïfons, Cellarius & la plûüpart des géo- graphes modernes s'accordent à dire que Wesuno ou Neptunium eft fituée dans l’endroit où étoit la petite ville Cezo, appellée Naval antiatium, que les Romains enleverent aux Antiates, dans leurs pre- mueres expéditions, Cette ville eft à 7 lieues S. O. de Véletri, & à 10 S. E. de Rome. Long, 30. 25, lat. 41. 30. (D, J.) NEUBOURG, (Géog.) ce mot fignifie rowvelle ville, Nous parlerons des principales qui portent ce nom. 1°. Neuhoury eft une ville d'Allemagne, capitale du duché de même nom, dans les états de léleéteur palatin fur le Danube, à 5 lieues N.E, de Donavert, 2 S. O. d’Ingolftad, 8 N. E, d’Anf- bourg, 18 N. O. de Munich. Long. 28, 40. lar. 48, 40 (D. J) : NEUBOURG, (Géog.) petite ville d'Allemagne, au duché de Wittemberg, fur l’Éno, au-deflus de Pfortzheum. Long. 27. 11. lat, 48. 50. _NEUBOURG , (Géog.) ville d'Allemagne, dans le Brifgaw , près du Rhin, entre Bañfle & Brifach. Le duc de Saxe-Weïmar la prit en 1638, & y mou- rut l’année fuivante. Long. fuivant Caflini, 28. 22. 45, lat, 49. 39. | NeuBouUrG, (Géog.) ville de la baffe Autriche, fur le Danube, à 2 lieues de Vienne, avec un mo- naftere qui fait donner à la ville le nom de CZoffer- Neubourg. Matthias Corvin roi de Hongrie la prit en 1477. Maximilien I. la reprit en 1490. Long. 34 22. dar. 48, 20. NEUBOURG, ox NYBORG, ( Géog.) ville forte de Danemark , fur la côte orientale de l'ile de Funen, fondée en 1175. C’eft dans le port de cette ville qu’on s’embarque pour traverfer le Belt, & pañler de l’ile de Funen dans celle de Sélande. Les Suédois y furent défaits par les troupes de l’'Em- pereur êc de fes alliés en 1549. Cette vi@oire pro- cura toute l'ile de Funen aux Danois. Neubours eft à 21 lieues 5, O. de Copenhague. Long. 28. 36, lat. 55. 30, (D. J.) NEUBOURG , (Géog.) bourg de France, en Nor- .mandie, entre la Rille & la Seine, au milieu d’une belle plaine, à 6 lieues de Rouen, & à 4 d’'Elbeuf, IL a donné le nom à un très-petit pays fertile en grains, Long. 18. 36. lat. 49. 14. NEUCAN, (Géog.) ville de Perfe, dans le Kho- raflan. Long. 82. 41. lar, fèpr. 38. 8. | NEUCHATEL , petit état en Suiffe, avec titre de principauté, eft fitué dans le mont [ma , au 47% de lat. feptentrionale, & au 234. de /ong. Il peut avoir 12 lieues de long, fur $ dans fa plus grande largeur, IL comprend le comté de Neuchätel, &t la feigneurie de Valeugin, réunis depuis près de deux fiecles fous une même domination, Ses bornesfont au nord, l’é- vèché de Bâle; à l’orient ; le canton de Berne; au midi, un lac qui le fépare de ce canton & de celui de Frybourg , & à l'occident , la Franche-comté. Son étendue étoit plus confidérable autrefois, Des terres données en appanage aux cadets de la maïfon fouveraine , & l’acquifition qu’en ont fait les états voifins ont refferré fes anciennes limites. Mais quel- que peu fpacieux que foit le terrain qu'il occupe, {es produétions naturelles, l’hiftoire de fes fouve- rains , la forme finguliere de fon gouvernement , &£ les droits extraordinaires dont jouiffent les peuples qui l’habitent , tous ces objets fourniflent matiere à la curiofité , & méritent quelques détails. On diftingue aifément trois régions dans le pays de Neuchärel ; Vinférieure , qui s'étend en amphi= théâtre, le long du bord feptentrional du lac ; la moyenne , féparée de l’autre par une chaîne de mon- tagnes; 6c la fupérieure , au nord des deux-précé- dentes. La premiere offre un vignoble prefque con tinuel, Les vins rouges qu'il produit font très-efti. més, & olent quelquefois difputer le prix aux vins de Bourgogne. La feconde eft fertile en grains, en pâturages. Elle comprend deux vallons , appellés le val de Ruz , & le val de Travers : ce dernier eft connu par la falubrité -de l'air qu'on y ref- pire, & qui influe fur l'humeur de fes habitans, La partie fupérieure enfin , qu’on appelle communé- ment les montagnes, préfente un {peétacle digne de la curiofité d’un philofophe , & de la fenfibilité d’un ami des hommes. Anfhi n’a-til pas échappé à un citoyen de Genève, qui a publié quelques écrits dignes d’un rhéteur athénien, Rien de plus aride ni de plus ingrat que cette partie de l’état de Nez- chätel, C’eftun vallonétroit placé dans un climat très- rude, L’hyver y eft la plus longue faifon de l’année; le printems & l'automne y font prefque inconnus. Aux frimats, aux neiges dont la hauteur furpaffe fonvent celle des maifons , & enfouit les habitans , fuccéde un été très-chaud, mais très-court. La terre n’y pro- duit que de l’avoine. Les pâturages font la feule ref- fource que la nature y fournifle. Qui s’attendroit à trouver dans un tel pays le génie, Pinduftrie , les graces , la politefle réunies avec Pabondance ; à y voir les fciences en honneur, &c divers arts utiles ou agréables cultivés avec le plus grand fuccès , par le peuple immenfe qui l’habite ? L'Horlogerie en par- ticulier dans toutes fes branches , la Coutéllerie, la Gravure, la Peinture en émail , ont rendu ce pays célebre dans toute l’Europe. On y perfettionne les découvertes, on en fait de nouvelles. Un de ces montagnards pofléde feul le fecret des moulins guim- piers , néceflaires aux fabriques de galons. Un autre s’eft fait la plus grande répuration dans la méchani- que ; il a ofé marcher dans une carriere que M. de Vaucanfonailluftrée.Le roi d'Efpagne FerdinandVI. l'ayant appellé auprès de lui, il y fit tranfporter une pendule admirable de fon invention, qui orne ac- tüellernent le palais royal de Madrid, Rien neman- quera fans doute au bonheur de ce peuple défavan- tageufement placé, ileft vrai; mais éclairé , libre &c jouiffant d’une paix profonde , aufli long-tems que le luxe, l’humeur proceffive , & l'envie de dif- puter, mème fur des queflions théologiques, ne ban- airont pas de fon {ein la fimplicité de mœurs , la candeur naïve, & l’union qui caraétérifent ordinai- rement les habitans des montagnes. Outre le Doux, qui coule le long d’une partie du Ima, & fépare la principauté de Meuchärel de la Franche-comté, les principales rivieres de cet état font la Thiéle , la Reuze & la Serriere. La Thiéle a fa fcurce dans le pays de Vaud; elle entre auprès d'Yverdun dans le lac de Neuchérel, le traverfe en _ toute fa longueur , arrofe la partie orientale du pays, la {épare du canton de Berne, traverfe de même le Jac de Biedne , en fort fans changer de nom, & fe jette enfin dans l’Aar, auprès de la ville de Buren. La fource de la Reuze eft dans la partie occidentale du val de Travers. Elle le baigne en entier, fe pré- cipite enfuite dans des abimes profonds , reprend un cours plus tranqulle, & fe jette dansie lac. On ne feroïit pas mention ici de la Serriere , f elle ne pré- fentoit pas une fingularité aflez rare, Sa fource n’eft pas éloignée de plus de deux portées de fufil du lac où eft fon embouchure. Elle fort avec impétuofité du pié d’une montagne , & roule affez d’eau pour mettre en mouvement à 20 pas de-là des rouages confidérables, Son cours en eft couvert ; on y voit des tireries de fer, des papeteries, des martinets pour les fonderies de cuivre , des moulins à blé & à planche. Le comté de Mezchärel eft divifé en plufieurs ju- rifdiéions , dont les unes portent le titre de chérel- Jenie, & les autres celui de mairies. Les premieres font au nombre de quatre, celles de Lauderon, de Boudry, du val de Travers, & de Thiéle. Il y a dix mairies ; celle de la capitale, dela Côte, de Ro- chefort , de Boudevilliers, de Colombier, de Cof- taillods , de Bevaix, de Linieres, de Verrieres, & de la Bréoine. Le comté de Valengin en a cinq ; cel- les de Valengin, du Locle, de la Sagne,, de Bre- nets &z de la Chaux-de-fond. Les chefs de toutes ces jurifdiétions font à la nomination du prince ; les vaf- feaux qui poflédent les baromiés de Travers, de Gor- gier, & de Vaux-Marcus , ont auff leurs officiers particuliers. Les lieux les plus remarquables du pays, ont Neuchärel, capitale, dont on parlera féparé- ment; le Landeron & Boudry , petites villes , le bourg de Valengin , capitale de la feigneurie de ce mom , & Motiers , le plus confidérable des villages du val de Travers. On voit près de chacun de ces lieux d'anciens châteaux qui fervent aujourd’hui de ptifon. Les principaux villages des montagnes font le Eocle, & la Chaux-de-fond. Chacun d’eux con- tient plus-de 2000 ames. Les maifons qui les com- pofent font pour la plupart éloignées les unes des autres, & difperfées fur un terrain d'environ deux Heues de long. Près du Locle eft un rocher au-tra- vers duquel une fource d’eau aflez abondante s'étant frayé un paflage, deux payfans ont fu pratiquer dans les cavités intérieures trois moulins perpendiculai- res, dont le plus profond eft à 300 piés au-deffous du niveau du terrain. On conjetture avec aflez de vraiffemblance , que cette fource, après avoir coulé {ous terre l’efpace de plufieurs lieues , en fort pour former la Serriere dont on a parlé. L’hifloire naturelle de la principauté de Neuché- £el fournit divers objets intéreffans pour tous ceux à qui cette étude eft chere. Les montagnes font cou- vêrtes de fimples dont on fait le thé fuifle & l’eau vhinéraire, il y en a des efpeces très-rares. M. le dotteur d'Yvernois , médecin du roi dans cette fou- NEU 109 Véraineté, @& botanifte célebre, en a donné une fa. vante defcription dans le journal helvétique , qui s’imprime à Newchätel, Le pays abonde en eaux mi- nérales , que leurs vertus font rechercher. Celles de la Brévine font martiales & ochreufes ; celles de Mo- tiers, marneufes, favonneufes, & fulphureufes; cel. les de Couvert, fpiritueufes & ferrugineufes. Il n’eft peut-être aucun lieu dans l’Europe où fur un terrain aufh peu étendu , l’on tronve une f grande quantité de coquillages foffilles & de plantes marines pétri- fiées. Ces curiofités naturelles rempliffent les ro- chers êt les terres marneufes, dont le pays abonde. On en découvre à toutes hauteurs depuis le bord du lac jufqu’au fommet des montagnes les plus élevées. Su haut de celle qui fépare la capitale du bourg de Valengin, fe voit un rocher d’une étendue confidé. rable , & qui n’eft qu'un aflemblage de turbinites placés entout fens, & liés par une efpece de tuf cryf- tallifé. On diftingue dans d’autres lieux des pierres jaunes qui , par la’ quantité immenfe de petits coquil- lages &c de plantes marines qui s’y découvrent À l'œil Sc avec le fecours de la loupe , donnent lieu de croire que ce n’eft peut-être autre chofe , finon de ce limon qui couvre le fond de la mer, & qui s’eft pétrifié. Il feroit difficile d’épuifer la lifte de cette multitude innombrable de Poe »univalves , bi- valves, multivalves , de lithophytes, de z0ophy- tes , de gloffopetres, & de corps marins de toutes ef. peces, dont ce pays-là eft rempli. On pourra en prendre une idée dans le traité des pétrifications du favant M. Bourguet, mort profefleur de Philofophie à Neucharel,Les dendrites, les échinites à mamelons, les cornes d’Ammon de toutes les efpeces, & dont quelques-uns font d’une groffeur prodigieufe , or nent principalement les cabinets des curieux. Enfin divers lieux de la principauté préfentent des gypfes finguliers, liffes &c à ftries , & des cavernes ornées de ftalaétites, dont la plus remarquable eft près de la ville de Boudry. AOC Le principal produit du pays de Nezchätel confifte en vins ; on nouttit un grand nombre de beftiaux dans la partie fupérieure. Les terres marneufes {er- vent d'engrais pour les prairies. Le lac qui porte le nom de cette principauté eft extrèmement poifon- neux. La pêche des truites, quien autonne rémon- tent la riviere de Reuze, forme un revenwpour le prince, & un objet de commerce pour les’ particu- liers, Le gibier des montagnes eft excellent , mais aflez rare aujourd’hui , parce que les habitans qui , jufqu’au dernier , ont le priviléue de chalfer en tous lieux & dans toutes les faifons , en abufent, & le rendront illufoire s’ils continuent à l’exercer avec auf peu de prudence qu’ils le font a&tuellement. Ce petit état eft très-peuplé proportionnément à fon étendue; & quoique plufieurs Neuchâ:elois s’expa- trient volontairement pour un tems en vue de tra- vailler plus aifément à leur fortune dans l'étranger, on y compte encore plus de 31000 ames. Les fim- ples villages font pour la plüpart grands & bien bä- tis. Tout annonce l’aifance dans laquelle vivent les babitans. On n’en fera point furpris , fi. l’on confi- dere que ces peuples jouiffent d’une paix qui n’a point été troublée depuis plufeurs fiecles, qu'ils vi- vent dans une liberté raifonnable pour le fpirituel, comme pour le temporel , & qu’ils ne payent ni tail- ‘ les, ni impôts. : Les maifons de Neuchérel, de Fribourg, de Hoch- berg, d'Orléans-Longueville, & de Brandebourg , ont poflédé fucceflivement la principauté dont il eft queftion. L'origine de la premiere eft tres-ancienne; {a généalogie fuit de pere en fils depuis Hulderic, qui époufa Berthe , en 1179. Louis, dernier prince de cette maïfon , ne laïfla que deux filles ; Ifabelle, l’ainée , mourut fans enfans ; Varenne, la cadette, ‘10 NEU #pporta fe cotté de Neuchärelen dot à Esonû, comte de Fribourg , quelle époufa en 1307. Ce comté pafla enfuite dans la maifon de Hochberg , par le teftament de Jean de Fribourg, en 1457, & de même dans celle d'Orléans , par le mariage de Jean- ne, fille & héritiere de Philippe, marquis de Hoch- berg , avec Louis d'Orléans ; duc de Longueuille , en 1504. Pendant plus de deux fiecles les Neuchâte- lois ont été foumis à des princes de cette ma#fon, Henri IL. duc de Longueville , &c premier plénipo- tentiaire de la France à la paix de Weftphalie, en 1648 , eut deux fils. L’ainé Jean-Louis-Charles prit d’abord le parti de Eglife, &c céda tous fes droits au comte de S. Pol fon cadet ; mais il les recouvra par la mort de ce dernier , qui fut tué au paflage du Rhin, en 1672. Comme ni lun, ni l’autre de ces princes n’avoit été marié , la fouveraineté de Neu- chérel parvint à Marie d'Orléans leur fœur , époufe de Henri de Savoie, duc de Nemours ; &t cette prin- cefle, la derniere de fa maïfon , mourut en 1707, fans avoir en d’enfans de ce mariage. Alors cette fouveraineté fut réclamée par un grand nombre de prétendans. Quelques-uns fondoient leurs droits fur ceux de la maifon de Châlons , dont les anciens comtes de Nezchétel étoient les vaffanx. Telsétoient je roi de Prufle , le comte de Montbeliard , les prin- ces de la maifon de Naflau, le marquis d’Alégre, madame de Maïlly. D’autres, comme le margrave de Bade-Dourlach, les tiroient de ceux de la mafon de Hochberg. Lés troifiemes demandoïent la préfé- rence en qualité d’héritiers de la maïfon de Longue ville. Le prince de Carignan, madame de Lefdignie- res, M. de Villeroi , M. de Matignon prétendoient chacun être le plus proche héritier 4b inteflat. Le prince de Conty s’appuyoit fur un teftament de lab- bé d'Orléans, & le chevalier de Soiflons fur une do- nation de la ducheffe de Nemours. Tous ces princes {e rendirent en pes‘onne, ou envoyerent des répre- {entans à Neuchärel. Us établirent leurs droits refpec- tifs, & plaiderent contradiétoirement fous les yeux du tribunal fouverain des états du pays, qui, par fa fentence rendue le 3 Novembre 1707, adjugea la princiftuté à Frédéric L. roi de Prufle , comme aü plus proche héritier de la maïfon de Châlons. De- puis lors cet état a appartenu à la maifon de Brande- bourg #8r reconnoît pour fon fouveræn Fréderic Il. petit-fils de Fréderic [. qui regne fi glorieufement au- jourd’hur. La feigneurie de Valengin faifoit anciennement partie du comté de Nezchérel, elle en fut {éparée au xiy. fiecle. Uiderich, frere du comte Berchtold ; eut dans un partage les pays de Nidau & d’Arberg, la montagne de Diefle & Valengin. Rodolphe, comte de Neuchétel obligea Jean d’Arberg, feigneur de Va- lengin à fe reconnoître fon vafñlal. Ses prétentions à cet égard furent confirmées par la fentence que les cantons Suifles rendirent en 1584. Enfin Marie de Bourbon, veuve de Léonor d'Orléans, acheta , en 1592, du comte de Montbéliard, la feigneurie de Valengin, qui, depuis lors, a toujours été umie au comté de Neuchérel , maïs en confervant fes privile- ses particuliers dont elle jouifloit auparavant. Cet état fut d’abord compris dans le royaume de Bourgogne, fondé par Rodolphe de Stratlingue ;, en 888. Ses comtes fe mirent fous la proteéhion de la maifon de Châlons à titre de vaffaux. Rodolphe de Habsbourg , parvenu à l'empire en 1273, obligea tous les feigneurs bourguignons à reconnoître {on autorité. Jean de Châlons prétendit qu’ifabelle, com- tefle de Neuchérel, n’avoit pas été en droit de difpo- {er de {on fief en faveur de Conrard , comte de Fri- bourg, fon neveu, & cependant admit ce dernier à lui prêter foi & hommage en 1397. Le même difé- end entre le feigneur fuzerain &c fon vafñlal fe re- nouvella lorfque ie comté de Neuchésel pafla dans Là maifon de Hochberg qui afpiroit à fe rendre indé- pendanre. Il y eut procès à ce fujet, &c l'hommage ne fut pas prêté. En 1512 les Suifles irrités dece que: Louis de Longueville, prince de Nezchérel,, avOiE fuivi le roi de France dans fes guerres en Italie, con= tre le duc de Milan leur allié, s’emparerent de cet état, &c ne lerendirent qu’en 1 529 à Jeanne de Hoch- berg & à fes enfans. René de Naffa, neveu ët hé= titier de Philibert de Châlons, dernier feigneur dé cette maifon,demanda à celle de Longueville la ref= titution du comté de Neuchärel, Cette derniere la re: fufa, prétendant être elle-même héritiere univer= felle de la maifon de Châlons-Orange. Il en naquit un fécond procès qui n’a jamais été jugé. Mais c'eft depuis cette époque que les comtes qui poffédoient ce petit état fe font qualifiés , par la grace de Dieu, princes fouverains de Neuchätel, &t la fentence de 1707. ayant reconnu le roi de Prufle, comme le vrai hé- ritier de la maifon de Châlons, a réuni pat cela mê- me Je domaine utile à la feigneurie direéte. Quant aux prétentions que l’empereur & lempire pour+ roient former {ur la fouveraineté de cet état, elles. ont été anéanties par la paix de Bâle en 1499; comme par celle de Weftphalie en 1648, qui aflu- rent l’une & l’autre une indépendance abfolue , non= feulement aux cantons Suifles, mais encore à tous leurs alliés, membres du corps helvétique ; &t dans ces derniers eft eflentiellement compris le pays de Neuchätel. Ce petit état eft donc aujourd’hui une fouveraineté indépendante, héréditaire aux filles, à défaut d’enfans mâles, inaliénable fans le confente- ment des peuples, & indivifble. Elle ne peut mé- me être donnée en appanage à aucun prince cadet de la maïfon de Brandebourg. L'autorité fouveraine: eff limitée par Les droits des peuples. Les revenus du prince, qui confiftent en cenfes foncieres , lods, dis mes, & quelques domaines , ne vont pas au-delà dé sroooooliv. de France, & ne peuvent être augmen- tés aux dépens des fujets. Le prince, lors de fon avé= nement , jure le premier d’obferver inviolablement les us & coutumes, écrites & non écrites, de maintenir Les corps & les particuliers de etat dans la pleine jouif- fance des libertés fpiricuelles 6 temporelles , franchifis G privileges à eux concédés par les anciens comtes, & leurs fucceffeurs ; après quoi les fujets prétent le ferment de fidélité ordinaire. L'état de Neuchätel a des alliances très-anciennes avec le canton de Ber= ne, de Lucerne, de Frybourg & de Soleure. Le pre= mier, par fes traités particuhersde combourgeoifie avec le prince & les peuples , efl établi &c reconmr juge fouverain de tous les différends qui peuvent s’És lever entre eux par rapport à leurs droits refpeëtifs, La religion qui domine dans la principauté de Neuchatel eft la proteftante. Farel y prêcha le pre- mic: la réformationqui, en 1530 , fut embraflée par la plus grande partie des peuples à la pluralité des voix. Ceux qui habitoient la châtellenie du Lande- ron , conferverent feuls la religion catholique qu'ils exercent librement depuis lors. On aflure qu’un feuk fuflrage en décida. Mais il faut obferver que ce changement {e fit contre les defirs du prince qui ne donna pointà cet égard l'exemple à fes fujets. C’elt le feul pays aêtuellement proteftant où cette fingu- larité ait eu lieu ; & elle a valu aux eccléfaftiques réformés de cet état des droïts beaucoup plus éten- dus que ceux dont ils jouiffent ailleurs. Les peuples, devenus réformés fans Le concours de l'autorité {ou- veraine , fe virent chargés feuls du foin de régler toutes les affaires qui concernoient la nonvelle reli= sion de l’état, & acquirent conféquemment tous les droits qui leur étoient néceflaires pour remplir une obligation aufli effentielle. Les chefs des corps du pays dreflerent donc des conilitutions eccléfiaf bn _—: : INEU tiques; auxquelles le prince n'eut d'autre part que la fanétion pour leur donner force de lois. Ils fixe. rent la doëtrine en adoptant la confeflion des églifes réformées.de la Suifle. Leurs nouveaux pafteurs com. mencerent à former un corps à quiles peuples con- fierent le dépôt. de la prédication & dela difcipline. Ce corps, qu'on appelle da c/affe, examine. les can- didats pour le faint miniftere , leur donne les ordres facrés, élit les pafteurs pour les églifes de la campa- gne, fufpend , dépofe , déprade même fes. mem- Pres fans que l'autorité civile y. intervienne. Per- fonne n’aflifle dela part.du prince dans ces affem- blées, Un pafteur , nouvellement élu, eft fimple- ment préfenté au gouverneur du pays, qui ne peut fe difpenfer de le confirmer & de l’invêtir du tem- porel de fon bénéfice à moins qu'il n’en air des rai- fons tres-fortes, Les feules cures des villages catho- Jiques font à la nomination du fouverain. Lor{qu'il envaque une dans la capitale, La clafle nomme & préfente trois fujets au confeil de ville quienchoifit un, On a déja infinuéque les peuples de la fouverai- neté de Necharel jouent de divers droits qui, par rapport à eux, reftreignent l’autorité du prince plus quelle ne left peut-être dans aucun des états de l’Eu- æope. Les anciens comtes, poffeffeurs d’un pays in- culte , couvert de rochers & de forêts, habité par un petit nombre de ferfs, felon la coutume barbare du gouvernement feodal, comprirent aifément que le plus sûr moyen de peupler leur état, & confé- quemment d'augmenter leur puifflance, étoit d’un «côté d’en affranchir les-habitans a@uels, & de l’au- tre d'accorder de grands privileges à ceux qui vien- droient s’y établir. Ils en firent même un afyle & promirent leur proteétion à quiconque s’y réfugie- soit. Le fuccès répondit à leur attente. Les habitans de la capitale, devenus plus nombreux, formerent un corps, prirent lenom de bourgeois de Neucharel, qualité que fix femaines de réfidence en ville procu- roient. alors à tout étranger, & obtinrent de leurs fouverains ces conceffons précienfes dont les titres ê&c les effets fubfftent encore aujourd’hui. On voit par le texte même de ces aétes , qu’ils ne furent autre chofe finon des contrats , des conventions entre le prince & les fujets. Ceux-ci eurent foin d’enexiger la-confirmation folemnelle à chaque changement de maitre. Plufeurs fouverains les amplifierent encore fuccefivement tant en privileses ou exemptions qu’en droits utiles. À mefure que le pays fe peupla, il s’y forma fur le modele de la capitale de nouveaux corps de bourgeoifes , tels font ceux de Landeron , de Boudry & de Valengin,.qui tous obtinrent des conceffions de leurs princes communs. Les habitans de chaque village furent aufli érigés en communau- tés, à qui l’on donna des terres & des forêts pour les mettre en état de fe foutenir dans leurs nouveaux établiflemens, On obfervera icique, felon la Jurif- prudence féodale, toutes les terres étoient cenfées appartenir au feigneur qui, pour favorifer la popu- lation, en céda la plus grande partie à fes nonveaux fujets moyennant de légeres redevances. On remar- quera encore que, foit par la faveur des princes, {oit par l’ufage, la plus facrée de toutes les lois dans un pays de coutumetelque celui de Neuchacel, plu- fieurs privileges accordésorigmairement à des corps particuliers , font devenus communs à tous les fu- jets qui en jouiflent égalementaujourd’hui. Les bour- geois de Neuchatel n'habitoient pas tous dans la ca- pitale, on les partagea en deux clafles, les inter- nes & les externes; diftinétion locale dans fon ori- gine, mais devenue réelle depuis que les princes ont, en faveur de la réfidence en ville, accordé aux premiers certains droits utiles dont les feconds ne jouiflent pas. Toutes ces bourgeoifies dont on a N' EU r11 parle, ont leutrschefs, leurs mapgiftrats, leurs confeils particuliers, avec le droit de s’afflembler librement dans tous les tems pour délibérer fur leurs affaires de police intérieure & de finances , & furlesmoyens de s’aflurer la confervation de leurs privileges refpec- tifs, Le gouvernement de ces corps eft purement pos pulaire. Les chefs fubordonnés à l’affemblée gérés rale ne peuvent fe difpenfer de lui communiquer les affaires importantes & de prendre fes ordres. La bourgeoifie de Nevchatel élit un. magiftrat particus lier , appellé le £arrerer, qui, par don emploi , eft le proteéteur des bourgeois & le défenfeur dé leurs privileges, pa à L'époque de 1707 fut eflentielle pourle droit pu: blic de l'état de Neuchatel, Les peuples avoient en quelquefois des différends-avec leurs fouverainstou- chant certains droits qu'on leur conteftoit, Pour fe les aflurer irrévocablement , ils profterent d’un évé- nement qui leur. procuroit une forte d'indépendance ; & fe trouvant parla mortide Mad°, la ducheffe de Nemours fans{ouverainreconnu,ilsréfolurent de tra» vailler à fixer pour toùjoursla jufte étendue de leurs divers privileges 87 à.en obtenir une confirmation folemnelle, On réduifit donc tous ces privilèges fous certains chefs généraux, onten forma uncode abrégé de droit public. L'ouvrage futapprouvé parles corps & les communautés de l’état, qui s’unirent alors par un aëte exprès d’aflociation générale pour la dé= fenfe de leurs droits. Ce code fut préfenté à tous ceux des prétendans à la fouveraineté que la fentence éventuelle pouvoit regarder , on le leur ft envifager comme un préliminaire effentiel ,. comme-une con» dition fans laquelle les. peuples ne fe foumettroient point à leur nouveau maître. Tous fe hâterent de le figner & promirent d’en obférver‘exattement les ar- ticles, auças que la fentence fouveraine leur adju= geât la principauté, Cet engagement fut confirmé publiquement par M. le comte de Meternich,, pléni- potentiairede,S. Mile roi de Pruffe, après que iles trois états eurent prononcé en faveur de:ce monar- que. Ce code qu'on peut appeller les paéa convente des peuples de.l’état de Neucharel avec leurs fouve- rains, eft divifé en arricles généraux qui compren- nent les droits communs à tous les fujets, & en arri- cles particuliers quiintéreflent uniquement les bour- geois de Neucharel Gt ceux de Valengin. Sans entrer dans un détail qui meneroit trop loin, on fe conten- tera de prélenter les droits qui influent le plus diz retement fur la hberté des peuples , après avoir fait quelques obfervations{urles principes du gouverne= ment du pays-en général. La puitfance du prince de Neucharel fe trouvant ; comme on vient de le dire, limitée par fes engages mens avec fes fujets, les divers droits qui appars tiennent à tout {ouverain, doivent être divifés er deux claffes : l'une comprend ceux que le prince s’eft réfervé ; l'autre, ceux dont 1l s’eft dépouillé en fa- veut des peuples, Par rapport à ces derniers, la confhirution fondamentale eit que la fouveraineté de l’état eft toûjours cenfée réfider dans l’état même ; c’eft-à-dire , que le confeil d’état du pays qui Le sous verne au nom du prince , & auquel le gouverneur préfide , eft autonifé, danstous les cas qui fe préfen« tent & fans avoir befoin de prendre de nouveaux ordres, à confervér aux peuples l'exercice des pri- vileges dont ils jouiflent, & à faire obferver tout ce que contiennent les articles généraux & particuliers, C’eft même le principal objet du ferment que prés tent tous ceux qui, par leurs emplois, font appellés à prendre part aux affaires publiques. On comprend aifément que cette précaution étoit indifpenfable pourun pays où le fouverain ne fair pas fa réfidence ordinaire, & pour des peuples qui jouiffent de di- _ers droits précieux, Ils ne peuvent avoir les yeux 112 N EU trop ouverts à cet égard ; aufli toutes les fois qu'ils ont eu lieu de s’appercevoir que le confeil d'état fe dirigeoit par les ordres de la cour de Berlin aux dé- pens des lois dont l’obfervation leur eft commife , leur premier foin a été de recourir au Juge reconnu, à L. L.E. E, de Berne, de qui ils onttoüjours obtenu des fentences favorables. Mais le principe dont on vient de parler s’étend encore aux affaires civiles , à l'égard defquelles le tribunal des trois états eft fouverain & abfolu. Douze juges le compofent : quatre gentilshommes, confeillers d'état, quatre châtelains , 8&t quatre membres du confeil de ville. Il reçoit & ouit de tous les appels qu’on y porte des tribunaux inférieurs , & fes fentences ne peuvent être infirmées par le prince qui même eft obligé de le faire convoquer chaque année à Neucharel 8c à Valengin. Le gouverneur qui y préfide ne peut fe difpenfer de figner les fentences qui en émanent , ni le confeil d'état de les faire exécuter fans délai. Ce tribunal poffede encore le pouvoir légiflatif,, il exa- mine les articles que l’on veut faire paffer en loi de l'état; & s’il les approuve, il les préfente au gou- verneur qui leur donne la fan@ion au nom du prince. Par le premier des articles généraux , les peuples exigent que la religion foit inviolablement mainte- nue dans fon état aétuel , & que le prince ne puifle faire aucune innovation fans leur confentement. Les droits du corps des pafteurs y font aufli réfer- vés, ce qui exclud manifeftement tout droit de fu- prématie en faveur du fouverain. Quoique.ce dernier ait la nomination des emplois civils & militaires qui ont rapport au gouvernement ou à la police générale de l'état , 1l ne peut cepen- dant en conférer aucun, excepté celui de gouver- neur, à d’autres qu’à des fujets de l’état, & qui y font domiciliés. Ceux qui en ont été une fois revé- tus, ne peuvent les perdre qu'après avoir été con- vaincus de malverfation. Les brevets même qui ont ces emplois pour objet, ne fonteffeänés que lorf- qu'ils ont été entélinés au confeil d’état. Tout fujet de l’état eft libre de fortir du pays, de voyager dans tons les tems, &c même de prendre parti au fervice des puiffances étrangeres, pourvû qu'elles n’ayent point guerre avec fon fouverain, comme prince de Neuchatel, & pour les intérêts de cette principauté, Dans toute autre circonftance l’é- tat garde une exacte neutralité, à-moins que le corps helvérique dont il eft membre, ne s’y trouve inté- reflé. C’eft fous cette derniere relation, queles Neu- chatelois ont des compagnies au fervice de la France & des Etats généraux. Elles font ayouées de Pétat, {e recrutent librement dans le pays, font partie des régimens fuifles, & fervent fur le même pié. Par l'effet de ce droit, des fujets fe font fouvent trouvés portant les armes contre leur propre fonverain. Un capitaine aux gardes fuiffes, fujet en qualité de neu- chatelois, de Henri, duc de Longueville, monta la garde à fon tour au château de Vincennes, où ce prince fut misen 1650, Un officier, & quelques fol- dats du même pays, qui fervoient dans l’armée de France à la bataille de Rosbach, furent pris par les Prufliens, & traités non en fujets rebelles, mais en prifonniers de guerre. La cour de Berlin en porta, 1l eft vrai, des plaintes aux corps de l’état ; mais elle s’eft éclairée depuis lors fur fes vrais intérêts par rapport à cette fouveraineté, & Les chofes fubfiftent far Pancien pié à cet égard, Il y auroit évidemment plus à perdre qu'à gagner pour S. M. le roi de Prufle, fi les Neuchatellois abandonnoïent ou fufpendoient l'exercice d’un droit qu dans des circonftances telles que celles qui afflgent aujourd’hui l’Europe, eft la fauvegarde de leur pays. Quoique le goût pour le commerce ait affoibli chez eux celui qui les portoit généralement autrefois # prendre le parg des armes, NUE ils ont cependant encore un nombre confidérable d'officiers qui fervent avec difinétion. On en voit a la vérité, très-peu dans les troupes de leur fonve- tan; l'habitude qu'ils ont de la liberté pourroit en être la caufe, Les milices du pays font fur le même pié que toutes celles de la Suiffe; elles font divitées en quatre départemens , à la tête de chacun defquels eft un lieutenant colonel, nommé par le prince. II eft inutile de dire que les enrôlemens forcés font in- connus dans cet état; les peuples ne font pas moins libres à cet égard qu’à tout autre, Ona déja annoncé que les Neuchateloiïs font abfolument exempts de toutes charges , impôts, ou contributions. Le prince ne peut rien exiger d'eux à ce titre, fous quelque prétexte que ce foit; les redevances annuelles dont leurs terres font affe@ées, fe réduifent à peu de chofe ; celles qu’on paye en argent, font propor- tionnées à la rareté du métal dans le pays lorfqu’on les établit, Il y a par rapport à toutes les autres une appréciation invariable & très-avantageufe, prin- cipalement pour {es bourgeois de Meucharel, & pour ceux de Valengin. Les peuples jouflent de la liberté. du commerce le plus étendu; rien n’eft de contre- bande dans leur pays, excepté, felon le texte des anciennes conceflions, la farine non moulue dans Les moulins du prince. Toute marchandile apparténant à un fujet de l’état ne paye aucun droit d’entrée ni de fortie. Enfin, les Neuchatelois n’ont pas négligé de pren: dre les précautions les plus exaëtes contre leurs an- ciens fouverains, par rapport à la judicature crimi- nelle. D’abord la punition d'aucun délit ne dépend du prince ou de ceux qui le repréfentent. Dans tous les cas, même dans ceux qu’on regarde comme mi- nimes, les chefs des jurifdiétions {ont obligés d'in- tenter aétion aux coupables juridiquement , felon des formalités invariables , & d’inftruire une procé- dure fous les yeux des tribunaux ordinaires, qui pro- noncent définitivement fur le démérite &c fur la peï- ne. Les fautes legeres font punies par des amendes dont aucune n’eft arbitraire, & qui ne peuvent qu’é- tre très-modiques, puifqu’elles n’ont pas hauflé de- puis trois fiecles. Lorfqu'il eft queftion de cas plus graves, & qui méritent la prifon, les châtelains ou maires ne peuvent faire incarcérer le prévenu, fans avoir demandé aux juges un decret de prife decorps, qui ne s'accorde jamais légerement, Ces mêmes ju- ges font préfens à l’inftruétion de toute la procé- dure ; leurs fentences d’abfolution ou de condam- nation font fouveraines; le prince a le pouvoir de les adoucir, & même de faire grace au coupable, mais 1l n’a pas celui de les aggraver. Les bourgeois de Neucharel ont à cet égard un privilège particulier; celui de ne pouvoir être incarcérés que dans les pri- fons de la capitale , & fur une fentence rendue par les chefs de leur corps. C’eft ainf que les droits des peuples de la princt- pauté de Neuchatel fixent ceux de leur fouverain par rapport à la finance ,comme pour la judicature , tant civile que criminelie. La confervarion de ces droits leur eft affurée par un contrat folemnel , & par leur qualité de fuifles, qui ne peut appartenir qu’à un peuple libre. La forme finguliere de leur gouverne- ment eft une fuite néceflaire de leurs relations étroi- tes avec le roi de Prufle, comme prince de Neuchas tel, & avec le corps helvétique dont ils font meme bres. Placés au milieu d’un peuple célebre par fon amour pour la liberté, les Neuchatelois pourroïent- ils ne pas connoïtre le prix de ce bien précieux, comme ils favent rendre ce qu'ils doivent au grand prince qui les souverne ? Mais lexercice de ces mêmes droits, qui en les diftinguaat fi honorable- ment de tant d’autres peuples , aflure leur bonheur, n’elt pas moins avanrageux à leur M : Ha- tant NEU bitant un paysihgrat, quine produit qu’à force de foins, qui préfente peu de reflources pour la for: tune , quelle raifon plus forte pourroit les détermi- mer à y refter, que la certitude d’y jouir tranquille- ment du fruit de leurs travaux dans le fein d’une paix conftante , & fous la proteétion des lois les plus équitables ? Vouloir étendre les droits du prince aux dépens de ceux des peuples, c’eft donc travail- ler également contre des intérêts tobjours infépara- bles, procurer la dépopulation du pays, & anéan- tir la condition eflentielle portée dans la fentence douveraine qui en 1707, fixa le fort de cette princi- pauté. | … On accorde généralement aux Neuchatelois de l’efprit, de la vivacité, des talens : leurs mœurs font douces & polies ; ils fe piquent d’imiter celles des François. Il en eft peu, principalement parmi les gens d’un certain ordre, qui n’ayent voyagé; aufli s’empreffent-ils de rendre aux étrangers qui les _vifitent, des devoirs dont l'expérience leur à fait connoître le prix. Ce pays a produit des favans dans divers genres ; le célebre Oftervald , pafteur de l’é- ghife de Neucharel, connu par fes excellens ouvrages de piété &c de morale , & mort en 1747, a été l’un des théologiens les plus profonds, & des orateurs Îes plus diftingués que les proteftans ayent eû. De- . puis quelques années le commerce fleurit dans ce pays-là & dans fa capitale en particulier ; fes envi- rons préfentent un nombre confidérable de fabri- ques de toiles peintes ; on y en fait annuellement 40 à ÿo mille pieces. Les vins qui fe font aujour- d'hui avec beaucoup de foin acquiefent la plus grande répuraton, &c fe répandent dans les provin- ces voifines qui fourniflent à leur tour aux Neucha- _telois le grain dont ils ont befoin, En un mot, l’in- duftrie animée par la liberté, 8: foutenue par une paix continuelle, fait chaque jour des progrès mar- qués. Ce n’eft pas non plus un médiocre avantage pour ces peuples, que celui de reconnoitre pour leur fouverain un roi dont les vertus, les talens , Les exploits, fixent aujourd’hui les regards de l’Europe étonnée. L’admiration eft chez eux un nouveau ga- ant de la fidélité inviolable qu'ils ont vouée à ce grand prince, quoique par la pofition de leur pays, 115 foient éloignés de fa cour, & privés de fon au- gufte préfence, o felices Jt fua bona norint ! NEUCHATEL, en allemand Newembours , & en latin Neocomum, où Novum caffrum, capitale du petit état dont on vient de parler, eft une ville médiocre &t bien bâtie. Elle s'éleve en amphithéatre fur les bords du lac qui porte fon nom : on y compte envi- Ton 3000 ames. Son origine eft très-ancienne ; le nom de Novum caftrum qu’elle porte dans tous les anciens ates, femble annoncer que les Romains en ont été les fondateurs, & que ce fut d’abord'üne forterefle deftinée à aflurér leurs conquêtes dans cette partie des Gaules. Neuchatel n’avoit autrefois qu'une rue fermée par deux portes ; les bourgeois obtinrent de leurs prin- ces dans la fuite la permiffion de bâtir hors de cette enceinte, mais à condition que dans les tems de guerre , ils défendroient le château qui y étoit ren- fermé. C’eft depuis lors qu'ils en ont feuls la garde , & que le prince ne peut y mettre aucune garnifon étrangere, non plus que dans le refte du pays. Pour. perpétuer ce droit , les bourgeois ont confervé lu- fage d’endoffer la cuiraffe un certain jour de l’année, & d’aller avec cet ancien équipage de guerre faluer dans le château le prince ou fon gouverneur, qui ne peut fe difpenfer de les recevoir. Ce château eft le lieu où ce dernier réfide, où s’affemble le confeil d'état, où fiége le tribunal fouverain, Il occupe avec Péplife cathédrale bâtie dans Le x, fiecle , toute la partie fupérieure de la ville. Les annales portent Terme XI, NEU 113 qu'én 1033, cette ville futaffiépée , prié, 8 brefs que entierement ruinée par l’empereur Conrard , &t qu'elle a efluyé divérs incendies, dont le der- nier arriva en 1714. Le Seyon riviere, ou torrent qui à fa fource dans le val de Buz, & divife la ca- pitale Len deux parties, lui a caufé plus d’une fois des dommages confidérables par fes débordemens, dont les plus fameux datent de 1579 &£ de 1750: Neuchatel eft une ville municipale ; fa magiftrature. eft compoféede deux confeils ; dont l’un a 24 Men- bres, &r l’autre 40. Le premier forme én même tems le tribunal inférieur de judicature ; les chefs de ces confeils font quatre maitrebourgeois , qu’on appelle les guarre miniflraux. Cette magiftrature a feule le droit de police dans la capitale & fa ban- licue, de la même maniere que le confeit d'état l’e- xerce dans lerefte du pays. Elle a le port d'armes fur les bourgeois qui ne marchent que par fes ordres & fous fa banniere. Elle jouit enfin de plufieurs droits utiles, tels que le débit du fel dans la ville, le tiers des péages fur les marchandifes appartenant à des étrangers, les halles, & le four banal. Le faux bourg oriental qui s’aggrandit chaque jour, renfer- me plufieurs maifons bien bâties, fruits du com- merce, & de l’abondance quile fuit, On yremar: ‘que une maifon d’inftruétion gratuite & de corre- on, fondée par un négociant. À quelque diftance . de la ville & fur la hauteur, eft l’abbaye de Fontai= ne-André , occupée autrefois par. des Bernardins, mais que la réformation a rendue deferte, & dont les revenus font aujourd’hui partie de ceux du prince. NEUCHATEL, LAC DE, ( Géogr.) autrement nomme lac d’Iverdun ; il a plus de fept lieues de lon- gueur depuis Yverdun jufqu’à Saint-Blaife, mais if n’a guere que deux lieues dans fa plus grande lar- geur , qui eft de la ville de Neuchatel à Cudefrin. Ce lac fépare la fouveraineté de Neuchatel & le bailliage de Grandfon en partie, des terres des deux cantons de Berne & de Fribourg. Il y a beaucoup d'apparence qu’il étoit autrefois plus étendu du côté d'Yverdun & de Saint-Blaife ; il n’eft pas profond , ët 1l fe gele quelquefois, comme en 169%, cepen- dant ilne fe gela point dans le rude hiver de 1700. (CHOC ED UN | NEVERS , (Géog.) ville de France , capitale du Nivernoiïs ,avec titre de duché, un ancien château, & un évêché fufragant de Sens, Elle eft bâtie en forme d’amphitéâtre fur la Loire, qui y pale fous un pont au bout duquel eft une levée du côté de Mou- lins. Nevers eft à 12 lieues N. O. de Moulins, 10 S. E. de Bourges , 30 S. E. d'Orléans, 34S. O, de Dion, 55 SE, de Paris. Long, 20. 491. 251, Javier, SOLE Nevers weft point la Noviodunum de Céfar , fituée dans le pays des Eduens ; fon plus ancien nom eft celui de Mivernum, qui a été formé à caufe de la ri- viere de Nievre , qui fe jette en cet endroit dans la Loire. | Après l’irruption des Barbares , Nevers refta fous la domination de ceux auxquels Autun appartenoit, &t ce ne fut qu'enfuite qu'il fut érigé en cité & ea ville épifcopale depuis le regne de Clovis. Après le déclin de la race de Charlemagne, les gouverneurs s'étant rendu abfolus dans les villes où 1ls comman- doient , le comte Guillaume devint propriétaire du comté de Nevers vers le milieu du x. fiecle, fous le regne de Lothaire. François de Cleves fut le premier duc de Nevers, après que cette ville eut été érigée en duché par François I. Le comté de Nevers eft la premiere pairie créée en faveur d’un prince étranger. On ne compte dans Mevers qu'environ 7000 ames, P TL4 N EU & fon principal commerce confifte en verrerieêr en fayance. | Cette ville a produit aw.xv]. fiecle un célebre avocat du parlement de Paris, Marion ( Simon), qui devint préfident aux enquêtes , puis avocat gé- néral. M.de Thou & les autres favans de fon tems, en font les plus grands éloges, Les plaidoyers qu’il mit au jour en 1 594, ne font point tombés dans l’ou- bli. Il mournt à Paris en 1605, âgé:de 6$ ans. Marigny ( Jacques Carpentier de ), poëte fran- çois du xvi]. fiecle , étoit de Nevers ; il avoit beau- coup voyagé , & embraffa Le parti de M. le prince de Condé. Son poème du puin-beni renferme une fatyre aflez délicate contre les marguillers de Saint Paul , qui vouloient le forcer à rendre le pain-beni. Gui-Patin s’eft trompé en lui attribuant le traité po- tique contre les tyrans , virdiciæ contra tyrannos. Il mourut à Paris en 1670. Ravifius-Textor , grammairien françois du xv. fiecle, étoit auffi natif de Nevers. On eftimoit encore fes ouvrages au commencement du fiecle fuivant, parce que la France fortoit à peine de la barbarie. Il mourut à Paris en 1522. Mais il ne faut pas oublier Billaut (Adam), connu {ous le nom de waître Adam , menuifer de Nevers {a patrie, vivant fur la fin du regne de Louis XIE. Cet homme fingulier , fans lettres & fans études , devint poëte dans fa boutique. On l’appelloit de fon tems le Virgile au rabot. En effet, {es principaux ouvrages font le rabor , les chevilles , le vilebrequin, & les au- tres outils de fon métier. Enfin, dit M. de Voltaire, on ne peut s'empêcher de citer de lui ie rondeau fui- vant, qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de Benferade. Pour te guérir de cette fciatique, Qui te retient comme un paralitique Entre deux draps fans aucun mouvement : Prends-moi deux brocs d’un fin jus de farment , Puis lis comment on les met en pratique : Prends-en deux doigts & bien chaud les applique Sur l'épiderme où la douleur te pique, Es tu boiras le refle promptement Pour te guérir. Sur cet avis ne fois point hérétique ; Car je te fais un fèrment autentique Que JE tu crains ce doux médicament , Ton médecin, pour ton foulagement , Fera l’effai de ce qu'il communique Pour te guérir. Maître Adam étant venu à Paris pour un procès, au lieu de plaider, fit des vers à la louange du car- dinal de Richelieu , dont 1l obtint une penfion. Gaf- ton, frere‘de Louis XIIE. répandit auffi fur lui fes lhberalites. Il mourut en 1662. (D. J.) NEUC-NUM , ( Cuifine. ) c’eft le nom que l’on donne au Funquin à une fauce affez finguliere dont les Tunquinois font communément ufage dans leurs ragoûts. Pour la faire ils mettent des petits poifons, &c fur-tout des crevettes, en macération dans une eau fort falée. Lorfque le tout eft réduit en une ef pece de bouillie , on la pafle par unlinge, & la par- tie liquide eft le zezch-rum. On dit que les Européens s’accoutument aflez à cette efpece de fauce. . NEVEL, f. m. ( Comm. ) petite monnoie de bas aloi dont on fe fert le long de la côte de Coroman- del. Le zeve/ vaut depuis trois caffers jufqu’à fix. NEVEU, {. m. (Jurifpr. ) frasris ou fororis filius ; eft le fils du frere ou de la fœur de celui dont on parle ; de même la niece ef la fille du frere ou de la fœur. Les neveux & nieces font parens de leurs oncles & tantes au troifieme degré , felon le droit ci- vil, & au deuxieme, felon le droitcanon. L’oncle &x la niece, la tante & le neveu, ne peuvent fe ma- NEU tier enfemble fans difpenfe , laquelle s'accorde mê: me difiicilement. LA Suivant le droit romain , les neveux enfans des freres germains concourent dans Ja fucceflion avee leurs oncles, freres germains du défunt ; ilsexcluent même leurs oncles qui font feulement confanguins ou utérins.® Moy, 118, cap, iij. | Dans la coutume de Paris , & beaucoup d’autres femblables, l'oncle & le zevez d'un défunt fuccedent également, comme étant en même degré. Coutume de Paris , art, 330: (4) à NEUF, adj. ce qui n’a point ou peu fervi. Une étoffe zeuve , une toile neuve , un habit reufl : Dans le commerce de bois de chauffage , on ap- pelle bois neuf celui qui vient par bateau & qui n’a pas flotté, Voyez Bois. Difionnaire de Comm. (G) N£ur, ( Maréchall, ) On appelle cheval neuf celui qui n’a été ni monté ni attelé, Pié & quartier meuf, Voyez PIE 6 QUARTIER. 1. NEUF, ( Arithmétique. ) c’eft le dernier ou le plus grand dés nombres exprimés par un feul chiffre. On peut le concevoir on comme le produit de 3 mul- tiphé par lui-même , ou comme la fomme des trois premiers termes 1 + 3 +5 de la fuite des impairs : d’où il réfulte également ( Voyez ImpAIR ) qu'il eft un quarré dont 3 eft la racine. Deux propriétés l’ont rendu célebre , & font en- core l'admiration de ceux qui n'en pénetrent pas le myftere. 2. Premiere propriété. La fomme des chiffres qui expriment un multiple quelconque de o , eft elle- même un multiple de 9 .... Comme réciproquement tout nombre dont la fomme des chiffres eft un mul- tiple de 9 , exprime lui- même un multiple de 9. 63, par exemple ( multiple de o } donne pour la fomme de fes chiffres 6+3—9...378 (autre mul- tiple de 9 }donne 34+7+8=18=9x2..6€c. Pareïllement fi on écrit au hafard une fuite de chiffres en nombre quelconque , pourvu feulement que leur fomme foit 9 ou l’un de fes multiples, comme 1107, 882,1111$, &c. on eft afluré que le nombre réfultant fe divife exa@tement par o. 3. Seconde propriété, Si l’on renverfe l’ordre des chiffres qui expriment un nombre quelconque , la différence du nombre direff au nombre renverfé , eft toujours un multiple de o. Par exemple, 73 — 37 —36=9x 4... .826— 628 — 198 — 9 X 22.., Éc, 4. Comme le nombre 9 ne tire fes propriétés que du rang qu'il occupe dans notre fyffème de numéra- tion , où il précede immédiatement la racine 10 de notre échelle arithmétique, pour rendre la démonf- tration générale & applicable à tout autre nombre qui tienne refpeétivement le même rang dans fon échelle particuliere , nommant r la racine d’une échelle quelconque , nous démontrerons les deux propriétés pour un nombre r — 5 pris indéterminé= ment ; mais avant que d'y procéder , il eft bon de rappeller à l’efprit quelques propofñitions ou claires par elles-mêmes, ou prouvées ailleurs, defquelles dépend la démonfiration. Lemme I. $. Soient deux nombres avec leur diffé- rence, ce qui en fait trois ; de ces 3 nombres fi deux pris comme on voudra font multiples d’un quatrie- me nombre quelconque, le troifieme l’eft auf... qu’on nomme les deux nombres par des lettres, con- formément a l'hypothèfe, & l'on fentira l’évidence de la propofition. à | Lemime II, 6. La différence de deux puiflances quelconques de la même racine , eft un multiple de cette racine diminuée de l'unité ; c’eft-à-dire que rm— 17%, & par une fuite ( faifant l'expofant z—0) r — 1 font multiples der—1,.. pour la preuve, voyez EXPOSANT. a | NUE. Er Corollaire. 7. La différence d’un chiffre 4 pris fui- want une valeur relative quelconque au même chif- fre pris, fuivant toute autre valeur relative , ou fui- vant fa valeur abfolue, eft un multiple der— 1. Cette différence (v0y. ECHELLE ARITHMÉTIQUE) pent être repréfentée généralement par .. a. r7— a. Max mr ; mas la quantité qui multiplie 4 eft ( lemme 11, ) un multiple dé r--1 : donc le pro- duit même, ou la différence qu'il repréfente , left auf. | Et ce qu'on dit d’un chiffre pris foltairement s'ap- plique de foi-même à un nombre compofé de tant de chiffres qu'on voudra ; 1l eft clair que [a différence totale aura la mÊme proprièté qu'affeétent toutes & chacune des différences partiales dont elle eft la fomme, 8. Cela pofé , revenons aux propriéts citées du nombre r— 1. | Premiere propriété. ( Voyez-la n°. 2.) On peut l’é- noncer ainf : fi plufieurs chifirés en nombre quel- conque, pris fluvant leur valeur relative, donnent un multiple de r—71,ces mêmes chiffres pris fuivant leur valeur abfolue , donneront aufi un multiple der— 1. | Démonfiration, La différence des deux réfultats €ft ( coroël, ) un multiple de 7 — 1 ; mais (par fup- poñtion ) le premier l’eft auf : donc ( Zemme I. ) le fecond left pareillement. ; Au refte cette démonftration eft telle que fans y fien changer elle prouve également l’ssverfe de la propofition. Seconde propriete. Voyez-le n°. s. ilot. eg D Démonjtration. En renverfant Pordre des chiffres on ne fait qu'échanger leur valeur relative ; mais ( coroll, ) la différence qui réfulte de cet échange eft un multiple der — 1 : donc, &c. Obfervez que l’objet de cette feconde démonftra- tion n’eft qu’un cas très-particulier de ce qui réfuite du corollaire ci-deflus ; 1l établit la propriété non- feulement pour le cas du fimple renverlement des chiffres , mais généralement pour toute perturbation d'ordre quelconque , entiere ou partiale, qu'on peut fuppofer entr’eux. 9. Il eft clair que tout fous-multiple de 7 —r par- ticipera aux mêmes propriétés qu'on vient de dé- montrer pour r — 1 même ... .aufh 3 en notre échelle en jouit-il auffi pleinement que 9 ; 2 &3 auf pleinement que 6 dans Péchelle fepténaire , & 1 dans toutes les échelles, parce que r eff fous-mul- tiple de tous les nombres. 10. Mais le nombre 9 ( & ceci doit s'entendre de tout autre 7 — 1 ) a encore une autre propriété qui juiqu’ici n’avoit point été remarquée. . , c’eft que la divifion par 9 de tout multiple de 9 peut fe réduire à une fimple fouftraétion: en voici la pratique. Soit 3852 ( multiple de 9 } propoifé à divifer paï 9- Ecrivez o au-deflus du chiffre qui exprime les uni- tés , & dites, qui de o ou ( en empruntant fur cel 4280 3852 refte 8; écrivez 8 à la gauche du o avec un point au-deflus , pour marquer qu'il en a été emprunté une unité ; & qu'il ne doit plus être pris que pour 7. Puis dites , qui de 7 paie 5 ,refte 2 ; écrivez 2 à la gauche du 8. Enfin dites, qui de 2 on ( en emptuntant } qui de 12 paie 6, refte 4, écrivez 4 à la gauche du 2 avec unpointau-deflus . .…. . & tout eft fait: car 3—3—0, montre que l’opération eft confommée ; enforte que népligeant le.o final , le refte 428 efl le quotient cherché. | On voitque cette fouftra@tion eft plus fimple mé- me que lordinaire , qui exige trois rangs de chiffres, Tome XI, chiffre qu'il a ppartiendra qui de 10 paye 2 NEU 155 tandis Qué celle-ci n’en à que deux : aü tefte elle porte auili {a preuve avec elle ; car fi l’on ajoute ( en biaifant un peu ) le dernier chiffre du nombre infés rieur avec le pénultieme du fupérieur, le pénultieme de celui-là avec l’antépénultieme de celui-ci, & ain de fuite , la fomme vous rendra lé nombre fupérieus même, s'il ne s’eft point gliflé d'erreur dans l’opés ration, 11. La raifon de cette pratique deviendra fenfble, fi l'on fait attention que tout multiple de o peut lui» mème être conçu comme le réfultat d’ane fouftraca ton, Eneffet, 428X9=428xX10—1=4280— 4283 ce qu'on peut difpofer ainfi : 4280 . , . 5 UN ALTO TI | | ue nommant s le nombre fupérieut , 7 celui du milie g J Vinférieur. Il fuit de la difpoñition des chifres que le dernier de » eft le même que le pénuitieme de s, le pénultieme de # le même que lantépénultiemé de 5, &c. Maintenant le nombre 7 étant propolé à divifet par 9 , il eft clair ( conftruétion ) que le quotient cherché eft le nombre #7, mais ( encore par confkr.) J=s=m; d'où m=s—7, 8 voilà la foufiraftion qu'il ft queftion ile faire ; mais comment y procé+ der , puifque s , élément néceflaire ,.n’eft point connu ? #0 Au-moins én connoît-on Îe dernier chiffre, qui eft toujours o : on peut donc commencer la fouftration. Cette premiere opération donnera le dernier chiffre dé m= ( fuprä) au pénultieme de s ; celur-ei fera trouver le pénuitieme de = à lPantépénultieme de s, 6 ainfi de l’un en l’autre, le chiffre dernier trouvé de 77 étant celui dont on a befoin dans s pour conti- ñuer l'opération, Dans laddition qui fert de préuvei la regle, c’eft le nombre 7 qu’on ajoute au nombre m, ce qui évi- demment doit donner le nombre s ; car puifque J=S=m,idfuit que; ms. 12, Obfervez ( derniere figure } que dans la fouf- traétion employée pour multiplier 428 par 9 , il le fait deux emprunts, lun fur le8 , Pautre fur le 4, 8&c que d’un autre côté la fomme des chiffres du multi- ple 3852 eft 18, on 9 pris deux fois, ce qui n’eft point un hafard , mais l'effet d’une loi générale. La fomme des chiffres du multiple contient 9 awrant de fois qu'il y a eu d'emprunts dans la fouftraétion qui a fervi à le former. On en verra plus bas la raifon. 13. Il fuit que f la fouftrattion s’exécutoit fans faire d'emprunt, la fomme des chiffres du multiple {eroit = 0 , conféquence révoltante par l’imagina- tion , mais qui, entendue comme il fant, maloréla contradiétion qu’elle femble renfermer, ne laide pas d’être exaétement vraie. | Pour s’en convaincre , que dans lé même exemple aux chiffres on fubffitue des lettres, ou fimplement que laïffant fubffter les chiffres, on procede à la foufs traétion par la méthode algébrique , on auta AN ON EN D RE ME di À 24, B=2,—8, Le réfultat qui réptéfente le multiple contient Quatre termes , diftingués entr'eux par des points s nommant (relativement aurang ) pairs les fecond & Quatrieme , &C srmpairs les premier & troifieme ; f l'on fait féparément la fomme des ternies pairs & Celle des impairs, la premiere fera + 2— 4.—68, & la feconde + 4. +8 — 2 : où l’on voit que les mé mes chiffres font contenus dans l’une & dans l’autre fomme , mais avec des fignes contraires ; enforte que f l’on vient à ajouter les deux fommesenfemble, P ï 116 N E U tous ces chifres fe détruifant mutuellement , le.ré- fuitat fera o. Et c’eften effet ce qui devroit toujours arriver ; fans que pour cela il y eùt contradiéton, ni que le multiple qu’on devoit trouver füt réellement aréanti; car 1l faut bien prendre garde que fes chiffres ne fe détruifent mutuellement, que parce qu’ez faifant leur Jonrme on ne les prend que fuivant leur valeur abfo- lue, & qu'on ne les doit prendre que fur ce pié là. Si lon avoit égard à leur valeur relative , dès-lors — 8, par exemple, ne feroit plus propre à faire évanorur +8, parce que celui-ci feroit 80, tandis que l’autre ne feroit encore que 8, & ainf des autres chiffres, 14. Mais , deniandera-t-on , pourquoi ce qui devroit toijours arriver n'arrive-t-1l jamais ? c’eft que fuivant notre méthode particuliere de faire les opérations de l’Arithmétique dans la fouftraétion propofée ( où la quantité excédante eft terminée par uno)il ya néceffairement & dès le premier pas un emprunt à faire ; car quel eft l'effet de cet emprunt ? c’eft, de deux termes confécutifs, de diminuer l’un d’une uni- té, & d'augmenter l’autre de 10. Voilà donc deux nouveaux termes ( 10 & — 1 ) à introduire dans la fomme de ceux du multiple , & qui refferont après que les autres fe feront détruits par la contrarieté de leurs fignes. Cette fomme ne fera donc pluso, comme auparavant, MAIS 10— 1 OU 9 , répété autant de fois qu'il fe fera fait d'emprunts ; car ces nouveaux chiffres ayant par-tout le même figne , ne fe détrui- ront pas d comme font les autres ) par l’addition de deux fommes. 15. Cela même fournit une nouvelle démonftra- tion de la premiere proprièté, & qui femble mieux entrer dans la nature de la chofe. On voit non-feule- ment que la fomme des chiffres qui expriment un multiple de 9 , doit elle-même être un multiple de o ; on cft même en état de déterminer ce muluple , qui fe regle fur Le zombre des emprunts faits dans la fouf- ration qui a fervi à le former ; zombre aïfé lui-mé- me à déterminer par l’infpeétion feule de celui qu'il s’agit de multiplier par 9. En eflet , f tous les chif- fres du nombre propofé font croiffans de droite à gauche, il y aura autant d'emprunts que le nombre même contient de chiffres, & autant de moins que cet ordre fe trouvera de fois troublé. Ainf pour 842 il y en aura trois, au lieu que pour 428 ( formé des mêmes chiffres ) il n’y en a que deux , parce que la loi d’accroiflement n’a pas lieu du 8 au 2... Si deux chiffres confécutifs font femblables , quand il y a eu emprunt fur le premier, il y en a auf fur le fecond, parce que la diminution caufée par le premier em- prunt les range fous la loi d’accroiflement ; mais s’il n’y en a point fur le premier , il n’y en aura point non plus fur le fecond. Par exemple, pour 33 il y en aura deux; mais pour 338 il n’y en aura qu’un, qui tombera fur le 8. La fomme des chiffres qui ex- priment 33 X 9, fera donc 18 , tandis que celle des chiffres qui expriment 338 X 9 ( nombre cependant beaucoup plus grand que le premier ) ne fera que 0. Cet article eff de M. RALLIER DES OURMES, confeiller d'honneur au préfidial de Rennes , a qui l'En- cyclopédie ef redevable de beaucoup d’autres morceaux. NEUFCHATEAU , ( Geog. ) ville de France en Lorraine , capitale de la châtellenie de Châtenoi. Ii en eft parlé dans l'itinéraire d’Antonin, fous le nom de Neomagus , changé depuis en celui de MNeco- cafirum, dont on a fait le nom moderne Mexfchateau. Elle eft fur la riviere de Mouzon, qui fe jette dans la Meuze , à 10 lieues S. O. de Nanci, 7 S. O. de Toul, 60 S. E. de Paris. Long, 33. 20. lar, 48. 20. (2. J. NEUFCHATEL EN BRAY, ( Géog. ) petite ville de France en Normandie au pays de Bray, à 8 l'eues $.E. de Dieppe, 9 N. ©, de Rouen, 30 N, O. de NEU Paris , fur la riviere de Béthune. Long. 19, 3.-lar. 49. 43: | NEUFME , f. m. ( Jurifprud. ) dans la baffe ati nité zoragiun nona, eft un droit fingulier que les curés perçoivent dans certains pays fur les biens de leurs paroiffiens décédés , pour leur donner la fé- pulture eccléfiaftique ; c’eft pourquoi ce droit eft auf appellé rorruage, Ce droit tire fon origine de ce qu’anciennement on régardoit comme un crime de ne pas donner par teftament au-moins la neuvieme partie de fon bien à l’'Eglife. Voyez le Gloffaire de du Cange , au mot re- T1AS IUT, L C’eft principalement en Bretagne que ce droit eff connu : M. Hevin prétend que ce droit fur établi pour procurer aux reéteurs des paroifles un dédom- magement de la perte de leurs dixmes ufurpées par la nobleffe, ou de leur procurer leur fubfiitance né- ceffaire :. de forte que ce motif ceffant, foit par la teftitution des dixmes, foit par la jouiflance de la portion congrue, le droit de zeufme, fuivant cet au- teur, a dû s’éteindre, Au commencement ce droit s’appelloit serfage, parce qu'il confiftoit dans le tiers des meubles de celui qui étoit décédé fans rien légner à l'Eglife. On regardoit ce droit comme fi odieux, qu’en 1225, Pierre duc de Bretagne fit de fortes remon- trances à ce fujet ; il y joignit même les reproches, & l’on en vint à la fédition. En 1285 , le duc Jean IT. fon fils, refufa avec vi- gueur la confirmation de ce droit qui étoit pour{ui- vie par les Eccléfiaftiques. Artus IT. fon fils, confentit que l'affaire füt re- mife à Parbitrage de Clément V. lequel fiégeoit à Avignon. Ce pape donna fa fentence en 1109, la- quelle eft contenue dans une bulle appellée 24 C/e- mentine, (réduifoit le tierfage au neuvieme, appellé neufine. Ce droit fut même reftraint fur les roturiers, parce que les eccléfiafhiques, pour gagner plus aifé- ment les députés de la noblefle, auxquels on avoit confié la défenfe de la caufe, confentirent que les nobles.en fuflent déchargés. En 1330, Philippe de Cugnieres fit des remon- trances à ce fujet au roi Philippe de Valois. Cependant les reéteurs de Bretagne fe font main- tenus en poffeflion de ce droit fur les roturiers dans la plüpart des villes de Bretagne. Mais , par arrêt du parlement de Bretagne, du 16 Mars 1559, ce droit de zeufme fut réduit à la neu- vieme partie en un tiers des meubles de la commu- nauté du décédé , les obfeques funérailles, & mers des dettes préalablement payés. Ceux dont les meubles valent moins de 40 livres, ne doivent point de zeufmne. Ce droit n’eft autorifé que pour tenir lieu des dix- mes , tellement que les reéteurs ou viçaires perpé- tuels qui jouiffent des dixmes , ou qui ont la portion congrue, ne peuvent exiger le droit de zeufine on mortuage, ainfi qu'il fut décidé par un arrêt de re- glement du parlement de Bretagne, du 13 Décem- bre 1676. Voyez d’Argentré, Hif!. de Bretagne, li- vre IV. chap. v. xxix. 6 xxxv. Bellondeau , Objérv. div, ITT, part. 1j. art. 2.6 les. N. controv. 13, Dufail, lv. IL, chap. xlvuy. @ cxvj. liv. LIL. chap. xcix. Brillon , au mot reufme. ( 4 | NEUHAUS, (Gcogr. ) autrement [/raderz , en Bohémien , ville de Bohème, dans le cercle de Bé- chyn : les Suédois la prirent en 1645.Long. 32.56. lat..48, 8. NEUHAUSEL , ( Géog. ) en latin Neofélium , & par quelques-uns Ovaria. Les Hongrois l’appellent Ouvar , c’eft-à-dire chéteau ; petite , mais forte ville de la haute Hongrie, prife par les Turcs en 1663, & reprife par les Impériaux en 1685 , qui paflerent + Et L mL - NEU tout au fil de l'épée fans faire grace nià l’âge, ni au fexe, Elle eft fur la riviere de Neytzach, dans une plaine marécageufe, à une lieue du confluent du Vag avec le Danube, à cinq lieues N, de Komore, $ $. E. de Leopolitadt, 128. E. de Presbourg, 33 $. E. de Vienne. Long. 36. 104 las. 48. 4. NEUILLY SAINT-FRONT , (Géog.) petite ville de France, dans le diocèfe de Soiflons, à l’orient de la Ferté-Milon, & à fix lieues fud de Soiflons. On honore dans cet endroit faint Front, prenuer _ évêque de Périgueux; mais il y a apparence que leur faint Front n’étoit point celui de Périgueux, mais un cor-évêque de Soiffons dans les fieclés re- culés, On croit que tous les lieux de France appel- lés Nexilly, viennent de l’ancien mot Novrliacum , ou Nobiliacum ; celui-ci eft le titre d’un doyenné ru- - ral. Long, 20. 6. lat. 48, 460. NEUMARCK , ( Géog. ) petite ville d'Allemagne en Siléfie, dans la principauté de Breflau, à ro lieues S. E. de Lignitz, fix O. de Breflau. Long. 34. 24, lat. 51. GC. Il y a quelques autres bourgs oupetites villes d’AI- lemagne nommés Meurmarck , qui ne méritent au- . cune mention. ( D. J.) NEUNAUGE , f. m. ( Æf£. nar, ) nom allemand d’unpoiflon, quieft une efpece de lamproiïe que l’on trouve communément dans des eaux marécageufes : les Allemands le nomment auffi /chlamnn-beiffer , _mordeur de limon. Ce poiflon peut fervir de ther- mometre, & annoncer les changemens de’la tempé- rature de l’air : pour cet effet, on le met dans un bocal avec un peu de fable & de l’eau de riviere ou de pluie; & la veille du changement, ou une demi- journée auparavant, on le voit s’agiter fortement dans fon bocal : 1l avertit même par un petit fiffle- _ ment d'une tempête fubite ou du tonnerre. Neunauge fisnifie poiffor à neuf yeux. Véyez Ephemerides na- tur. curiofor, année 1667. NEURADE , f. £. ( Botan. ) nom donné par Lin- næus au genre de plante appellé par M. Juflieu sri- bulaffrum : en voici les caraéteres. Le calice parti- culier de la fleur eft compofé d’une feuille décou- pée en cinq fegmens ; la fleur efl formée de cinq pé- tales égaux, plus larges que les feuilles du calice; les étamines font dix filets de la longueur du calice; les fommités ou boffettes font fimples ; le germe du pifül porte fur le calice ; les ftiles font au nombre de dix, & de la longueur des flygmates, qui font fimples ; le fruit eft une capfule orbiculaire, appla- ñe par-deflus, convexe par-deflous, & toute hé- riflée de pointes; la partie intérieure du fruit eft partagée en dix loges, dont chacune contient une feule femence. (D. J.) NEURE , 1. £. (Marine. ) c’eft une efpece de pe- tite flûte , dont les Hollandois fe fervent pour la pé- che du harang : elle eftd’environ foixante tonneaux. Quelques-uns difent que c’eft la même chofe que ce qu'on appelle buche. Voyez BuCHE. (Z) NEURI, ox NEURÆI, ( Géog. anc. ) peuples de la Sarmatie en Europe, dont Hérodote , Pline, &: Pomponius Méla, font mention, | NEURITIQUES , ox NERVINS , adj. serme de Mé- decine , qualification qu’on donne à des remedes pro- pres pour les maladies des nerfs & des parties ner- veufes, comme les membranes, les ligamens, &c. Ce mot vient du grec vedper, nerf. Tels font la bétoine, la lavande, le romarin, la fauge , le laurier, la marjolaine, & plufeurs autres d’entre les céphaliques. Foyez CÉPHALIQUE, -AN- TISPASMODIQUE, CALMANT ,; & NARCOTIQUE. NEUROGRAPHIE , f. f. cerme d’ Anatomie , fi- gnifie Za defcription des nerfs. Voyez NERF. Raim. Vieuflens, médecin de Montpellier, a fait un excellent traité latin, intitulé Neurographia uni- 5 topt N EU 117 verfals, où il fait voir qu'il ÿ a plus de ramifications de nerfs dansla peau , que dans les mufcles 6 toutes les autres parties, Voyez PEAU, | Duncan, autre médecin de la même univetfité, en a fait un autre fort eflimé aufi, intitulé Newrogras phia rationalis. Voyez NEUROLOGIE. NEUROLOGIE, f. f. difcours fur les nerfs. Voye Nerr. Le mot zeurologie paroït avoir une fignifica- ton moins étendue que zexrographie ; en ce que cé dernier comprendnon-feulement les difcours fur les nerfs, mais aufh les eflampes & les figures qui les repréfentent ; au lieu que #ezrologie ne S’entend que des difcours feulement. Wallis nous a donné une belle zeurologie dans le traité particulier qu'il nous en a laiflé. IL a pour titre, cerebri anatome , nervo- rumque défcriptio & ufus, &c. c'eit-à dire, anatomie du cerveau, 6 defcription € ufage des nerfs. NEUROSPASTIQUE aRrT, ( Litérature. ) ce mot technique fignihe une chofe que nous connoif- {ons beaucoup fous le nom de jeu de marionnettes , amufement infipide qui faifoit les délices d’Antio- chus, roide Syrie. On a parlé fufifamment de la Neurofparique au mot MARIONNETTES. ( D. J.) NEVROTOMIE, {. £. diffettion des nerfs. NEUSIDLERZEÉE , ( Géogr. mod, ) lac de la baffe- Hongrie, aux frontieres de PAutriche, près d'Œ- dunbourg, entre Javarin à lorient, & Vienne à l’oc- cident. NEUSTADT , (Géog,) petite ville d’Allema- gne, au cercle de la baffe Saxe au duché de Mec- kelbourg , fur une petite riviere qui tombe dans l'Elbe à Domitz. Long. 29. 35. las, 53. 38. NEUSTADT, ( Géog. ) petite ville d'Allemagne, dans la Wagrie, {ur la mer Baltique. Les Suédois La purent en 1644. Long. 28. 38, lat, 54, 10. NEUSTADT, ( Géog. ) ville forte & épifcopale d'Allemagne, dans la bafñle Autriche, dont l’évêque eft le feui {ufragant de Vienne. Matthias Corvin la prit en 1495 : les Autrichiens la reprirent enfuite. Elle eft à huit lieues S. de Vienne, 22 N. E. de Gratz. Long. 24. 35. lat. 47. 48. | NEUSTADT , ( Géog. ) ville d’Allemagne en Fran come , dans l'évêché de Wurtzhoure , fur la Saale, près de Koening Sehoffen, Long. 28. 10. lar, 49.34. NEUSTADT , ( Géog. ) ville d'Allemagne, dans le duché de Brunfwick-Lunébourg, à quatre lieues N. O. d'Hanover, fur la riviere de Leyne, Long. 27,24. lat, 52, 34. NEusrTADT, ( Géog. ) petite ville d'Allemagne, dans le Holftein, fur un golfe que forme la mer Bal- tique, fur la côte de la Wapgrie. Elle eft fituée à quatre milles d'Oldembourg, & à environ pareille diftance de Lubec. Long. 28. 24. lar. 53.56. NEUSTADT AN DER HART, ( Géog. ) ville d’AI- lemagne, au Palatinat du Rhin, fituée fur une petite chaîne de montagnes appellée le Hart, à quatre milles de Landau. Comme fon territoire fait partie du Speyreow, on la nomme en latin Neapolis-Neme- cum, Jean Cafmir s’en rendit maître par artifice en 1579. Long. 26, 48. lat. 40. 22. NEUSTATT , ( Géog. ) l'Allemagne a plufieurs bourgs ou petites villes, ainfñi nommées, mais qui ne méritent aucun détail. Il y a trois Neuflart en Franconie ; une dans le landvraviat de Hefle , une au comté de la Marck, une dans la haute Baviere, fur l’Abenz , une dans la Moravie, à trois lieues N. d'Olmutz , une dans la Suabe, à trois lieuesde Heyl- bron , fur le Kocker, &c. ( D. J.) NEUSTÉ , ox NEUVETÉ , f. f, termes de Rivie- re, droit que paye un bateau la premiere fois qu'il vient à Paris. ; NEUSTRÉ , f. m. serme de Courtepointiers, artifan qui fait & qui vend des meubles. Cet ancien terme {e trouve dans les ftatuts des Courtepointiers ; qui M$ NEU compofoient autrefois une des communautés de Paris, réunie en 1636 à celle des T'apifliers. Ces der- niers, parmi leurs autres qualités, confervent celle de Courtepointiers-Neuffrés. | NEUSTRIE , ( Géog.) c’eft le nom qu’on impofa après la mort de Clovis, où un peu auparavant, à ne des parties principales de la France, qui com- prenoit toutes les terres renfermées entre la Meufe 8 la Loire. On l’appella en latin Neu/ria, Neufira- £a, ou Neufler, 8 quelquefois Neprricum, où Nep- vria ; il n’eft pas facile de deviner l’origine de ces deux derniers mots. Vers letems de Charlemagne , la Neuffrie {e trou- va renfermée entre la Seine &c la Loire : enfin, elle fut de nouveau reflerrée dans les bornes où elle eft aujourd’hui. Charles le Simple ayant êté obligé de céder en 912 la Neuflrie à Rollon, le plus illuftre des barbares du Nord, elle perdit fon nom, & prit celui de Normandie, ( D. J.) Neustrie, ( Géog.) centre de l'Italie, entre la Ligurie & l’Emilie: les Lombards s'étant rendus mai- tres d’une partie de l'Italie, donnerent à limitation des François, les noms de Neuffrie & d’Auffrafre à une portion de leurs conquêtes. Ils appellerent 4u- férafie la partie qui étoit à lorient ; & Meuffrie ou Hefpérie, celle qui étoit à occident, &r laiflerent à la Tofcane fon ancien nom. (D. J.) NEUTRALITÉ, f. f, (Droit polir.) état dans lequel une puiffance ne prend aucun parti entre celles qui font en guerre. Pour donner quelque idée de cette matiere, 1l faut diftinguer deux fortes de zeutralité, la neurralité gé- nérale , & la reutralité particuhere. La neutralité générale, c’eft lorfque fans être allié d'aucun des deux ennemis qui fe font la guerre, on eft tout prêt de rendre également à lun & à l’au- tre , les devoirs auxquels chaque peuple eft naturel- lement tenu envers les autres. La neutraliré particuliere, c’eft lorfqu’on s’eft par- ticulierement engagé à être neutre par quelque con- vention , ou exprefle on tacite. La derniere forte de neutralité, eft ou pleine &c entiere, lorfque l’on agit également à tous égards, envers l’une & l’au- tre partie ; ou limitée, enforte que l’on favorife une partie plus que l’autre, à l’égard de certaines cho- Les & de certaines aétions. On ne fauroit légitimement contraindre perfonne à entrer dans une Zeutralisé particuliere, parce qu'il ft libre à chacun de faire ou de ne pas faire des traités & des alliances , ou qu’on ne peut du-moins y être tenu, qu'en vertu d'une obligation impar- faite. Maïs celui qui a entrepris une guerre jufte , peut obliger Les autres peuples à garder exaëtement a neutralité générale, c’eft-à-dire , à ne pas favori {er fon ennemi plus que lui-même. Voici donc à quoi fe réduifent les devoirs des peuples neutres. {ls font obligés de pratiquer également envers lun & l’autre de ceux qui font en guerre, les lois du droit naturel, tant abfolues que conditionnelles, {oit qu’elles impofent une obligation parfaite ou {eu- Îement imparfaite ; s'ils rendent à l’un d’eux quelque fervice d'humanité , ils ne doivent pas le refufer à fautre ; à moins qu'il n’y ait quelque raïifon mani- fefte qui les engage à faire en faveur de l’un quel- -que chofe que l’autre n’avoit d’ailleurs aucun droit d'exiger. Mais ils ne font tenus de rendre les fervi- ces de l'humanité à aucune des deux parties, lorf- qu’ils s’expoferoient à de grands dangers en les re- #ufant à l’autre, quia autant de droit de les exiger, Ïls ne doivent fournir ni à l’un ni à l’autre les cho- fes qui fervent à exercer les actes d’hoftilité, à-moins qu'ils n’y foient autorifés par quelque engagement particulier ; & pour celles qui ne font d'aucun ufa- se à la guerre, fon les fournit à l’un, il faut anfñ *. NEU les fournit à autre. Ils doivent travailler de tout leur poflible à faire enforte qu’on en vienne à un accommodement , que la partie léfée obrienne fa- tisfa@tion , &c que la guêrre finifle au plutôt. Que s'ils fe font engagés en particulier à quelque chofe, ils doivent l’exécuter pon@uellement. D'autre côté, il faut que ceux qui font en guerre cbfervent exaétement envers les peuples neutres, les lois de la fociabilité, qu’ils n’exercent contr'eux aucun aéte d’hoftilité, & qu'ils ne fouffrent pas qu'on les pille ou qu'on ravage leur pays. Ils peuvent pourtant dans une extrème néceflité , s'emparer d’une place fituée en pays neutre ; bien entendu , qu'aufh-tÔt que le péril fera paffé on la rendra à fon maitre , en lui payant le dommage qu'il en aura reçu. Voyez Buddée, Elementa Philofophice prattice. Puffendorf , 4v. IT, ch, vy. & Grotius, dv. IIT, ch. J. 6 xvy. (D. JT.) - NEUTRE, adj. ce mot nous vient du latin zew- ser, qui veut dire 74 l’un ni l’autre : en le tranfpor- tant dans notre langue avec un léger changement dans la terminaifon , nous en avons confervé la fi- onification originelle, mais avec quelque extenfon; neutre veut dire, qui n’eft ni de l’un ni de l’autre, ni à Pun ni à l’autre, ni pour l’un m1 pour Pautre, indépendant de tous deux , indifférens ou impartial entre les deux : & c’eft dans ce fens qu’un état peut demeurer zeutre entre deux puiffances belligéran- tes , un fayant entre deux opinions coniraires , un citoyen entre deux partis oppolés, &c. Le mot zeutre eft aufli un terme propre à la gram- maire, & il y eft employé dans deux fens différens. 1. Dans plufeurs langues, comme le grec , le la- tin, l'allemand, qui ont admis trois genres ; le pre- mier eft le genre mafculin, le fecond eft le genre te- minin, & le troifñieme eft celui qui n’eft #5 l’un nr Pantre de ces deux premiers, c’eft le genre zeutre. Sila diflinéion des genres avoit.été introduite dans l'intention de favorifer les vües de la Métaphyfique ou de la Cofmologie ; on auroiït rapporté au genre neutre tous les noms des êtres inanimés , & même les noms des animaux , quand on les auroit em- ployés dans un fens général & avec abftraétion des fexes , comme les Aliemands ont fait du nom kixd (enfant) pris dans le fens indéfini : mais d’autres vües & d’autres principes ont fixé fur cela les ufa- ges des langues, &c il faut s’y conformer fans réfer- ve, voyez GENRE. Dans celles qui ont admis ce troi- fieme genre, les adjeétifs ont reçu des terminar{ons qui marquent l'application & la relation de ces ad- jeékfs à des noms de cette clafle ; & on les appelle de même des terminaïifons zeutres : ainf Por fe dit en latin horus pour le genre malculin, boza pour le genre féminin, & borum pour le genre zeutre. I, On diftingue les verbes adje&ifs on concrets en trois efpeces générales, caratiérifées par les dif- férences de l’attribut déterminé qui eft renfermé dans la fignification concrete de ces verbes ; &t ces verbes font a@ifs, pafifs ou zeurres , felon que Pat- tribut individuel de leur fignification eft une aétion du fujet, où une impreffion produite dans le fujet fans concours de fa part ou un fimple état qui n’eft dans le fujet, ni ation ni paflion. Ainfi amer , bar- tre , courir, font des verbes A@ifs, parce qu'ils ex- ‘priment lexiftence fous des attributs qui (ont des a6tions du fujet : évre aimé , étre baun, ( qui fe difent en latin emari , verberari , ) tomber, mourir, font des verbes paffifs , parce qu'ils expriment l’exiftence , fous des attributs qui font des impreflions produites dans Le fujet fans concours de fa part, 8 quelque- fois même malgré lui : demeurer , exiffer , font des verbes zeutres, qui ne font ni aétifs ni pafhfs, parce que Les attributs qu'ils expriment font de fimples états, qui à l’egard du fujet ne {ont ni aétion ni,paf. fon. M Lara F Santius (Miverv. III. 2.) ne vent reconnoître que des verbes atifs & dés verbes paflfs , &c rejer- te entierement les verbes zewrres. L'autorité de ce orammaitien eft G grande qu'il n'eft pas poffble d’a: Are fa doûtrine , fans examiner & réfurer fes raifons. Philofophia, dit1l, id eff, recla & incorrup- £a judicandi ratio nullum concedis medium inter ÂApere & Pari : omnis narique mOtus aut achio ef? aut + Quare guod in rer natura n0n êft, ne nome quiden kabebit.… Quyd igitur agent verba neutra , JE nec aétiva nec pafliva funt ? Nam fi agit, aliquid agit ; cur entre concedas fem agente 1n Verbis Qu NENtTA Vocas, A colis quid'agant ? An nefcis ornnem caufam efficienrem debere neceflario ejfettum producere ; deinde ertam effèc- sum non pile confifiere fine causé ? Traque verha neu- tra neque wlla funt, neque naturé effe poffunt » quo ziam illorum nulle poteft demonfirart definirio. Sanc- tius a regardé le raonnement comme concluant, parce qu'en effet la conclufon eff bien déduite du principe; mais le principe eft-1l inconteftable ? Il me femble en premier lieu , qu'il n’eft rien moins que démontré que la Dr ne connoifle point de milienentre agir &t pénir, On peut au moins par abftradion , conceyoir un Être dans une inac- tion entiere & {ur lequel aucune caufe n’agifle ac- tuellement : dans cette hypothefe qui eft du reffort de la Philofophie , parce que fon domaine s’étend far tous les pofñibles ; on ne peut pas dire de cet être ni qu'il agifle , niqu'il pétiffe , fans contredire l’hyporhefe même ; & l’on ne peut pas rejetter l’hy- pothèfe fous prétexte qu’elle implique contradic- tion, puifqu'il eft évident que m1 l’une n1 l’autre des deux parties de la fuppoñtion ne renferme rien de contradioire , & qu'elles ne le font point entr'el- les : 1l y a donc un état concevable , qui n’eft ni agir périr ; 8 cet érat eft dans la nature telle que la Philofophie l’envifage , c’eft-à-dire , dans l’ordre des poffibles. Ale Mais quand on ne permettroit à la Philofophie que l’examen des réalités , on ne pourroit jamais difputér à notre intelhgence la faculté de faire des abftra@ions , & de parcourir les immenfes régions du pur poffible. Or, les langues font faites pour rendre les opérations de notre intelligence , & par conféquent {es abftraions mêmes : ainf elles toi- vent fournir à l’expreflion des attributs qui feront des états mitoyens entre agir &c pétir ; & de-là la néceflité des verbes eutres , dans les idiomes qui admettront des verbes adjeétifs on concrets. Le fens grammatical, fi je puis parler ainfi, du verbe exifler, par exemple , eft un & invariable ; &c les différences que la Métaphyfique pourroit y trouver , felon la diverfité des fujets auxquels on en feroit l’application , tiennent f peu à la fignifi- cation intrin{eque de ce verbe, qu’elles fortent né- ceflairement de la nature même des fujets. Or, l’exifence en Dieu n’eft point une paffon, puifqu’il ne l’a reçue d'aucune caufe ; dans les créatures ce n'eft point une aétion , puifqw’elles [a tiennent de Dieu : c’eit donc dans Le verbe exf/er, un attribut qui fait abftraétion d’aétion & de pañlon ; car il ne peut y avoir que ce fens abftrait & général qui rende pofble l'application du verbe à un fujet agif- fant ou pâtifant , felon l'occurrence : ainf le ver- be exiffer eft véritablement meurre, 87 on en trouve plufñeurs autres dans toutes les langues , dont on peut porter le même jugement , parce qu’ils ren- ferment dans leur fignification concrete un attribut qui n’eft qu'un état du fujet , & qui n’eft en lui ni aétion ni paflion. Vobferve en fecond lieu , ‘que quand il feroit vrai qu'il n’y a point de milieu entre agir & péur,, N EU 119 pat, la rarfon gualleoue San@tius;, que omis mous aut aitio eff aut palfio ; on ne pourroi jamais en con: clure qu'il n’y ait point de verbes mezrres , renfer- mant dans leur fignification concrere,, l’idée d’un attribut qui ne foit m1 ation ni pañion : finon il fandroit fuppoter encore qué l’eflence du verbe con- fifte à exprimer les monvemens des êtres y HOLUS à Or, ileft vifible que, cette fuppoñtion eft inadmif- fible » Parce qu'il y a quantité de verbes comme exiflere , flare ; quiefcere ; ce, qui n’expriment aucun mouvement , mi aétif,nt paflif, 7 que l'idée géné rale du verbe doit comprendre fans exception, les idées individuelles de chacune. D'ailleurs, il paroît que le grammaitien efpagnol n’avoit pas même pen. ié à cette notion générale, puifqu'il parle ainfi dit verbe (Min. 1. 12. ): verbum eff vox particens numeri perfonals cum sempore ; & il ajoute d’un ton un peu trop décidé ; kec definitio vera eff & perfeila , relique omnes grarimaticorum Leple. Quelque jugement quil faille potter de cette définition , 1l eft dificile d'y voir l'idée de mouvement, à moins qu'on ne la con- clue de celle du tems, felon le fyflème de S. Anguf- tin ( Confeff. XI.) ; mais cela même mérite encore quelque examen, malgré l’autorité du faint doéteut, parce que les vérités naturelles font foumifes à no- tre difcuflion &c ne fe décident point par l'autorité. . Je remarque entroifieme lieu , queles Grammai- riens ont coutume d'entendre par verhes neusres , non-feulement ceux qui renferment dans leur figni- fication concrete l’idée d’un attribut, qui, fans être aétion m1 pañion , n'eft qu'un fimple état du fujet ; mais encore ceux dont l’attribut eft, fi vous vou- lez » une a@ion , mais une ation qu'ils nomment inéranfitive Qù permanente ; parce qu’elle n'opere point fur un autre fujet que celui qui la produit ; comme dormire, Jedere, currere, ambulare , &c. Ils n’appellent au contraire verbes aflifs | que ceux dont l'attribut eft une aéhion rranfiive, c'eft-à.dire , qui opere ou qui peut operer {ur un fujet différent de celui qui la produit , comme bartre , porter, aimer, inféruire, &c. Or, c’eft contre ces verbes zeurres que Sanétius fe déclare, non pour fe plaindre qu’on ait réum dans une même clafle des verbes qui ont des caratteres fi oppolés, ce qui eft effe@tivement un vice ; mais pour nier qu'il y ait des verbes qui énon- cent des aëtions intranfitives : cur enim concedas , dit-il, rem agentem in verbis quæ nentra vocas, ff tollis" quid agant ? Je réponds à cette queftion, qui paroît faire le principal argument de San@ius ; 1°. que f par {on quid agant , il entend l’idée même de l’adion , c’eft fuppofer faux que de la croire exclue de la fignif- cation des verbes que les Grammairiens appellent neutres ; c’eft au contraire cette idée qui en confti- tue la figniication individuelle, & ce n’eft point dans l’abftraétion que l’on en pourroit faire que con- fifte la reurraliré de ces verbes : 2°. que fi pat quid agant, il entend l’objet fur lequel tombe cette ac- tion, 1l eftinutile de exprimer autrement que com- me fujet du verbe, puifqu'il eft conftant que le fujet eft en même tems l'objet: 3°, qu’enfin , s’il entend l'effet même de la&tion , il a tort encore de préten- dre que cet effet ne foit pas exprimé dans le verbe, puifque tous les verbes a@ifs ne le font que par l’ex- prefhion de l’effet qui fuppofe néceffairement l’ac- tion , & non pas par l’expreflion de l’aion même avec abftraétion de l'effet ; autrement il ne pourroit y avoir qu’un feul verbe a@if, parce qu'il ne peut y avoir qu'une feule idée de laétion en général, aba {traction faite de l’effet, & qu’on ne peut concevoir de différence entre action & ation, que par la dif- férence des effets. Il paroït au refte que c’eft de l'effet de l’aétion que San@tius prétend parler ici, puifqu'il fupplée le nom ‘120 N EU #1 V7 D D PATES ‘abftait de cet effet, comme complément néceffaire des verbes qu'il ne veut pas reconnoître pour 2e4- res : ainfi, dit-il, #t0r @C abutor, c'eft gior afum, “ou abutor ufum ; ambulare , C’eft ambulare viam , & fi l’on trouve arlbulate per viäm, c’eft alors ambulare aribulationem per viarn ; &c. Il poufe fon zele pour cette mamere d'interpréter, jufqu’à reprendre Quin- tilien d’avoir trouvé qu'il y avoit folécifme dans az. u'are viam. Il me femble qu'il eft aflez fingulier qu’un efpa- gnol, pour qui le latin n’eft qu’une langue morie , prétende ns:ux juger du degré de faure qu'il y a dans une phrafe latine, qu'un habile homme dont cet idiome étroit le langage naturel : mais 11 me pa- roit encore plus furprenant qu'il prenne la défenfe de cette phrafe , fous prérexte que ce n’eft pas un folécifme mais un pléonafme ; comme fi Le pléonaf- me n’étoit pas ün véritable écart par rapport aux lois de la Grammaire auffi bien que le folécifme. Car en- fin f l’on trouve quelques pléonafmes autorifés dans les langues fous le nom de figure , l’ufage de la nôtre n’a-t-1l pas autorifé de même le folécifme m07 ame, zon épée , fon humeur ? Cela empêche til les autres folécifmes non autorifés d’être des fautes très-ora- ves , & pourroiton foutenir férieufement qu’à li. mitation des exemples précédens , on peut dire or femme, son fille, fon hauteur ? C’eft la même chofe du pléonafme : les exemples que l’on en trouve dans les meilleurs auteurs ne prouvent point qu’un autre foit admifhble, & ne doivent point empêcher de re- garder comme vicieufes toutes les locutions où l’on en feroit un ufage non autorifé : tels font tous les exemples que San@ius fabrique pour la juftification de fon fyftéme contre les verbes reurres. Il faut pourtant avouer que Prifcien femble avoir autorifé les modernes à imaginer ce complément ‘qu'il appelle cogzaræ fignificationis ; mais comme Prifcien lui même l’avoit imaginé pour fes vues par- ticulieres , fans s'appuyer de l’autorité des bons ‘écrivains , la fienne n’eft pas plus recevable en ce cas , que file latin eût êté pour lui une langue morte, J'ai remarqué un peu plus haut que c’éroit un vice d’avoir réumi fous La même dénomination de zeurres, les verbes qui ne font en effet ni aëtis n1 pañhis, avec ceux qui font aébfs intranfiufs; & cela me pa- roit évident : fi ceux-ci font aétifs , on ne doit pas faire entendre qu'ils ne le font pas, en les appellant neutres ; Car ce mot, quand on l’applique aux ver- bes, veut dire qui n'eff ni aülif ni paffif , & c’eft dans le cas préfent une contradiéion manifefte. Sans y prendre trop garde, on a encore réuni fous la mé- me cathéeorie des verbes véritablement pañlifs , comme comber, pälir, mourir, Gt. C’eft le même vice, & il vient de la même caufe, Ces verbes paffs réputés zeutres , & les verbes atifs intranfitifs ont été envilagés fous le même af- pet que ceux qui font effeétivement zeurres ; parce que ni les uns n1 les autres n’exigent jamais de com- plément pour préfenter un fens fini : ainfi comme on dit fans complément, Dieu exifle , on dit fans com- plément au fens a@hif, ce lievre couroit | & au fens paffif, su mourras. Mais cette propriété d’exiger ou de ne pas exiger un complément pour la plénitude du fens, n'efl point du tout ce qui doit faire les verbes aëtifs, pafñifs ou zeurres: car comment auroit- on trouvé trois membres de divifion dans un prin- cipe quin’admet que deux parties contradiétoires ? La vérité eft donc qu’on a confondu les idées, & qu'il falloit envifager les verbes concrets fous deux afpeËs généraux qui en auroient fourni deux divi- fions différentes. La premiere divifion , fondée fur la nature géné- rale de l’attribut auroit donné les verbes a&tifs , les verbes pañlifs , & les verbes zezrres ; la feconde, L] fondée fur la maniere dont l’attribut peut être énon: cé dans le verbe , auroit donné des verbes abiolus & des verbes relatifs, felon que le fensenauroit été complet enfoi,ouqu'ilauroit exigé un complement. Ainfi amo & curro font des verbes aétifs, parce que l'attribut qui y eft énoncé eft une ation du fujet : mais amo eft relatif, parce que la plénitude du fens exige un complément, puifque quand on aime, on . aime quelqu'un où quelque chofe ; au contraire curro eft ablolu parce que le fens en eft complet, par la raifon que l’aétion exprimée dens ce verbe ne porte fon effet fur aucun fujet différent de celui qui la pro- duit. Amor & pereo font des verbes pafhfs, parce que les atiributs qui y font énoncés font dans le fujet des impreffions indépendantes de fon concours : maïs amor elt relatif, parce que la plénitude du fens exige un complément qui énonce par qui l’on eft aimé ; au contraire pereo fl abfolu, par la raifon que l’attribut pafhif exprimé dans ce verbe eft fuffifamment connu indépendamment de la caufe de l’imprefhon, Voyez RELATIF, . Les verbes neutres {ont eflentiellement abfolus ; parce qu'exprimant quelque état du fujet , il n'ya rien à chercher pour cela hors du fujet. Les Grammairiens ont encore porté bien plus loin l'abus de la qualification de neurre à l'égard des ver- bes , puifqu’on a même diftingué des verbes reurres- ahfs & des verbes zeurres paffifs ; ce qui eft une vé- ritable antilogie, Il eft vrai que les Grammairiens n'ont pas prétendu par ces dénominations défigner la nature des verbes, maisindiquer fimplement quel- ques caraëteres marqués de leur conjugaifon. « De ces verbes zeurres, dit l'abbé de Dangeau » ( opufc. pag. 187.) ,'il y en a quelques-uns qui for- » ment leurs parties compofées. . . parle moyendu » verbe auxiliaire avosr : par exemple , J'ai couru , » nous avons dormi, Il y a d’autres verbes neurres qui » forment leurs parties compofées par le moyen du » verbe auxiliaire étre ; par exemple , les verbes ve- » Air, arriver ; car On dit, Je fuis venu, & non pas, » j'aivenu ; 1ls fontarrivés, & non pas , 1/s ont arrivé. » Et comme ces verbes font neutres de leur nature, » & qu'ils fe fervent de l’auxiliaire étre qui marque » ordinairement le pafhif, je les nomme des verbes » neutres-paffifs . .… Quelques gens même font allés » plus loin, & ont donné le nom de zeuvres-aélifs aux » verbes neutres qui forment leurs tems compolés par » le moyen du verbe avoir, parce que ce verbe avoir » eft celui par le moyen duquel les verbes aétifs, » comme chanter, baitre, forment leurs tems compo- » {és. C’eft pourquoi ils difent que dormir, qui fait » J'ai dormi ; éternuer , qui fait J'ai éternué, {ont des » verbes zeutres-aclifs ». Sur les mêmes principes on a établi la même dif- tinétion dans la grammaire latine, fi ce n’eft même de-là qu’elle a paffé dans la grammaire francoife : on y appelle verbes zeutres-a@ifs ceux quife conjuguent à leurs prétérits comme les verbes a@ifs; dormio, dormivi, comme audio , audivi : & l’on appelle au contraire zeutres paffifs ceux quife conjuguenit à leurs prétérits comme les verbes paflifs , c’eft-à-dire , avec l’auxiliaire /zm & le prétérit du participe; gaudeo , gavifus fum ou fui. Voyez PARTICIPE. Mais outre la contradiétion qui fe trouve entre les deux termes réunis dans la même dénomination, ces termes ayant leur fondement dans la nature intrinfe- que des verbes , ne peuvent fervir, fans inconfé. quence & fans équivoque, à défigner la différence des accidens de leur conjugaïfon. S’il eft important dans notre langue de diftinguer ces différentes efpe- ces, ilme femble qu’il fufhroit de réduire les verbes à deux conjugaïfons générales, l’une où Îles prété- rits fe formeroient par l’auxdiaire avoir, & l’autre 115 ils préndroiënt l’auxiliaire étre : chacune de ces con- jugaïfons pourroit fe divifer , par rapport à la for- mation des téms fimples , en d’autres efpeces fubal- ternes. M. l’abbé de Dangéau n’étoit pas éloigné de eette voie, quand’ il éxpoloit la conjugaifon des verbes par fettion; & je ne doute pas qu'un partage fondé fur cé principe ne jettât quelque lumiere fur nos conjugätfons. Voyez PARADIGME. Au refte , il eft important d’obferver que nous avons plufieurs verbes qui forment leurs prétérits on par lauxiliaire avorr, Ou par l’auxiliaire étre ; tels font convenir, demeurer, defcendre | monter , paller , repartir : & La plüpart dans ce cas changent de fens en changeant d’auxiliaire, Converir fe conjuguant avec lauxiliaire avoir, fi- gnife ére convenable: fecela m'AF OIT CONVENU , je l'aurois fair ; c'eft-à-diré ; J? cela-m'avoit été conve- nable. Loriqu'il fe conjugue avec lauxiliaire érre , il fignifie avouer ou confentir : vous ETES CONVENU de cetre premiere vérité , c'ell-à-dire , vous avéÿ avoue certe prémiere vérité ; ils SONT CONVENDS de le faire, c'eftà-dire,, ils ont confenti a le faire. Demeurerfe conjugue avec l’auxiliaire avoir,quand on veut faire entendre que le fujet n’eft plus au lieu dont il eft queftion , qu'il n’y étoit plus, où qu'iln”y {era plus dans le tems de l'époque dontil s’agit : :/ 4 DEMEURE long tems a Paris, veut dire qui! 2'y ef plus ; J'AVOIS DEMEURE fix ans a Paris lorfque je rerournai en province, il eft clair qu’alors Je 2°y étois plus. Quand il fe conjugue avec l’auxiliaire étre, il fisnifie que le fujet eft en un autre lieu dont il eft queftion , qu'il y étoit, ou qu'il y fera encore dans le tems de l’époque dont il s’agit : z707 frere EST DEMEURE à Paris pour finir [es études , c’eft-à-dire qu’il y efl encore ; ma Jœur ÉTOIT DEMEURÉE à Rheims pendant les vacances, c'eft-à dire qu'elle y étois éricore. Lestrois verbes de mouvement defcendre , monter, pajfer , prennent l’auxiliaire avoir, quand on expri- me le lieu par ox fe fait le mouvement: zous A7 ONS MONTÉ Ou DESCENDU les degrés ; nous AFONS PASSE par la Champagne après AVOIR PASSE’ la Meufe, Ces mêmes verbes prennent l’auxiliaire ésre, # l’on n’exprime pas le nom du lieu par o4 fe fait le mouvement, quand même on exprimeroit le lieu du départ ou le terme du mouvement: vorrefils E’TOIT DESCENDU quand vous ÊTES MONTÉ dans ma cham- bre ; notre armée E’TOIT PASSE’E de Flandre en Al- face. Repartir fignifie répondre , ou partir une feconde fois ; les circonftances les font entendre : maïs dans le premier fens 1l forme fes prétérits avec l’auxi- liaire avoir ; il A REPARTI avec efprit , C’eft-à-dire, il a répondu : dans le fecond fens il prend à fes prété- ritsl’auxiliaire étre ; il EST REPARTI prompiement , c’eft-à-dire , 27 s’en eff allé, Le verbe périr {e conjugue aflez indifféremment avec l’un ou l’autre des deuxauxiliaires : sous ceux qui étoient fur ce vaifleau ONT PE’RI,OU SONT PE'’RIS. On croit aflez communément que le verbe aller prend quelquefois l’auxiliaire avoir , &c qu’alors 1l emprunte été du verbe ére ; l'abbé Reynier le don- ne à entendre de cette forte ( Gramm. fr. in-12. pag. 389.) Mais c’eft une erreur : dans cette phrafe, j'ai été a Rome,on ne fait aucune mention du verbe a/ler, & elle fignifie littéralement en latin fai Rome; fi elle rappelle l’idée d’a//er , c’eft en vertu d’une métony- me, ou fi vous voulez , d’une métalepfe du confé- quent qui réveille l'idée de lantécédent , parce qu'il faut antecédemment a//er à Rome pour y érre, êt y étre allé pour y avoir été. Ce n’eft donc pas en parlant de la conjugaifon, qu'un grammairien doit graiter du choix de l’un de çes tours pour l’autre ; Tome XI, | NEU 121. c'eft au traité des tropes qu’il doit en faire mention, (B.E.R. M.) NEUTRE , Jel , ( Chimie, voyez fous le mor SEL: NEUVAINE , {. f.( Théol. ) prieres continuées pendant neuf jours dans une églife en l’honneur de quelque faint , pour implorer fon fecours en quel: que néceflité. NEUVAINE., { f, ( mefüre de grains: ) meluredes blés dont on-fe fert dans quelques endroits du Lyon< nois®, particulierement depuis: Trevoux juiqu'à Montmerle, &c de Traverfe juiqu’à S. Trivier. Cent neuvaines font cent douze ânées de Lyon. 2 NEUVIEME > fm. (Arishmér.) c’eft la partie d’un tout divifé en neuf portions égales. sf En faitde fra@ions ounombresrompus , de quel: que tout.que ce foit , un zewvieme, trois zemyiemes cinqureuviemesl, Îept zewviemess, s’écrivent ainfi, 33225 la verge ou yard d'Angleterre, qui eft une mefure deslongueurs, contient fept zeuyzemes d’au- nes de Paris. NeuvIEME , adj. ex Mufique ; eft loûave de la feconde, Cet intervalle porte le nom dezeuvieme, parce qu’il faut formerneuffons pour pañler diatonis quement d’un de ces termes à l’autre, Iyrarun accord par fuppoñtion qui s’appelle ac: cord de reuvieme ; pour le diftinguer de l’accord de feconde qui-fe prépare, s'accompagne & fe fauve. différemment. L'accord de rexvieme eft formé parun. fon ajouté: à la baffle une tierce au-deflous de l’ac- cord de feptieme ; en forte que la feptieme même fair zeuvieme {ur ce nouveau {on. La zeuvieme s’ac= compagne par conféquent de tierce &c quinte, & quelquefois de feptieme, La quatrieme note du ton eft généralement celle {ur laquelle cet accord con« vient le mieux ; la baffle y doit toujours arriver en montant , & le deflus doit fyncoper. Voyez SyN- COPE , SUPPOSITION , ACCORD. NEUVILLER , ( Géogr.) petite ville de France en Alface , au pié d’une haute montagne, Long. 25, 4. lat. 48, 20. NEUVY , ( Géog.) ce mot a été formé du latin Novus vicus, ou de Noviacus , Noviacum , mots cor- rompus de Noyus vicus. Tous les lieux en France ap= pellés Meuyy , ont cette origine ; c’eft pourquoi le village en Berry nommé Neuyy-fur-Barangeon ne peut pas être la ville Noviodunum , que l’armée de Céfar trouva fur fon chemin dans le pays des Bituri= ges ( le Berry), lorfqw’elle s’approcha de l’armée - de Vercingentorix. M. Lancelot la prouvé contré l'opinion de M. de Valois. NEWCASTLE, ( Géogr. ) ville d'Angleterre, ca= itale du Northumberland, avec titre de duché. Elle eft grande, bien peuplée, négociante, riche & bä- tie fur le penchant d’une colline avec un quai fur la riviere pour la commodité des vaifleaux qui y abordent. On nommoit anciennement le lieu où l’on a bâti Newcaflle, Girviorum règio. Cambden dit qu’elle s’ap- pelloit autrefois Monkefter , & qu’elle ne prit le nom de Newcafile, qui fignife chateau neuf, que d’un châ- teau qui y fut élevé pour fa défenfe par le prince Robert, fils de Guillaume le Conquérant. On en voit encore quelques pans de murailles. C’eft à Newcaftle que fe fait le grand négoce du charbon-de-terre, cette ville étant prefque toute en- vironnée de mines de charbon qu’on y prend pour l’ufage. Londres feule en confomme 600 mille chal- drons par année à 26 boifleaux le chaldron. De-là vient qu’on voit prefque toujours à Newca/lle desflot- tes de vaifleaux charbonniers , dont le rendez-vous eft à Shelas , à l'embouchure de la Tyne. C’eft en particulier ce négoce qui rend Newcafile opulente. Elle jouit d’ailleurs de grands privileges , qu’elle - obtint fous la reine Elifabeth, Elle eft du nombre de ,3 122 NEW celles qui fe gouvernent elles-mêmes(couvrtitowns), | indépendamment du lieutenant de la province. Elle | eft furila Tyne , à 7 milles.de la mer &212N.0.de | Londres. Long. {elon Street, 204 11, 15,1ar, 55, 3. Newcafile eit la patriedu vénérable Bede , qui y maquiten 672, & mourut en 755 à 63 ans ; après avoir été l’ornement de l'Angleterre, & l’undes plus. | favans hommes de fon fiecle. Il s’appliqua égale- | ment à l’étude des fciences facrées & profanes.$es “ouvrages ont été imprimés à Bâle & à Cologne en : 8,vol.infol, Le plus précieux de trous ft l’hifoireec- : cléfiaftique d’Angleterre:; car fesicommentaires ne font que des paflages des Peresdliés enfémble dansun ftyle plus fimple qu'élégants (2D2J.)r: NEW-JERSEY 0: NOUVELLE-JERSEY; (Géog.) | province de la nouvelle Albion, divifée en Kit. : Jerley ,ouJenfey-orientale , en Oueft-Jerfey,ou Jerfey-occidentale. £ La province d'Eft-Jerfey.eft fituéeientre le 39 8 le 414 de latitude feptentrionale. Elle. eft bornée au S. E. par la mer Océane, & à l’eft par. un gros torrent navigable , appellé /4 riviere de Hudfon. La commodité de la fituation, & la bonté de l’air, ont engagé les Angloiïs à y élever quatre ou cinq villes confidérables. Tous les avantages s’y trou- vent pour la navigation; les bâtimens peuvent de- meurer en fureté dans la baie de Sand-Hoock, au fort des plus grandes tempêtes; l’on peut les expé- dier de tous les vents, & entrer & fortir en été comme en hiver. Il y a quantité de bois propre pour la confiruétion des navires. La pêche y eft abon- dante ; la terre y produit les efpeces de grains qui croiflent en Angleterre, de bon lin, & des chan- vres. La province d'Oueft-Jerfey s'étend fur la mer, & ne le cede point à celle d’'Eft-Jerfey. C’eft une des meilleures colonies de toute l'Amérique. On y trou- ve des fourrures de caftors, de renards noirs, de lou- tres, Ge. Le tabac y vient à merveille, & la pêche de la morue y eft abondante, (D. I.) NEWMARKET ; ( Gcog.) grande plaine d’An- gleterre, fur les frontieres de Suffolk & de Cam- bridee. Elle eft fameufe par les courfes à cheval qui s'y font ordinairement après la faint Michel & au mois d'Avril: le roi Charles IT. y a bâti une mai- fon royale. NEWPLYMOUTH, ( Géogr.) ville & colonie angloife dans Amérique feptentrionale fur la côte de la nouvelle Angleterre, où elle eft la capitale d’une province nommée aufli Plymouth, Cette pro- vince s'étend l’efpace de 100 milles lé long de la mer, fur environ so milles de largeur, & elle for- me la plus ancienne colonie de la nouvelle Angle- terre. La capitale conffte en quatre ou cinq cens familles. Long. 306. 35. lar. 41. 30. NEWPORT, ( Géog.) bourg d'Angleterre, chef. lieu de l’ile de Wight, avec titre de baronie. Medena étoit l’ancien nom de ce bourg, felon plufieurs fa- vans ; il a le privilege de députer au parlement, eft affez grand, bien peuplé, avec un havre défendu par un château. Long. 16. 24. lat. 50, 36. - Ily a un autre Newpors ou ville à marché dans le Buckinghamshire ; un autre dans le Monmoutshire; & un troifieme dans la province de Cornouaïilles. C’eft à Newport, capitale de l’île de Wight, que naquiten 1571, James ( Thomas ) en latin Jamefius, favantdoëteur d'Oxford, & premier bibliothécaire de la Iibliotheque Bodléienne. Il s’acquit une gran- de réputation, fut revétu de divers poftes impor- tans, & mourut en 1629, âgé d'environ $8 ans. On a de lui plufieurs ouvrages en latin & en anglois, dont la plüpart roulent fur des falfifications quil avoit trouvées dans les éditions des. textes des pe- zes. 1] a traduit en anglois la Philofophie morale des Stoiciens , &z a laiflé quelques ouvrages-:manufcrits. Son traité de perfon& & officio judicis apud, Hebræos aliofque populos, parut 41-49: & eit eftimé. . 2 . NEWRY, ( Géog.) peute ville d'Irlande: dans. le comté de Down, à.25 millestau SO. de Dow, fur la riviere Newry, près des frontieres d’Armagh, Elle envoie deux députés au-parlement de Dublin, & a le droit de ten un marché public. Long:10. 44» dat, 54,18%. rt: CUIR RETTR La petite riviere de Newry fort du Lough-Néagh, fépare le comté de Dow de celui d’Armagh,& va fe jetter dans la mer , un peu an-deffous de la ville qui porte fon rom. r. = NEWFIDLERZÉE,(Géog.) lac fitué.dans la baffe Autriche, à quelques milles du Danube, & au mudi de ce fleuve. Les Allemands ne lui donnent le nom de mer Zée , qu’à caufe.de la quantité de poif: fon qu’on y preud. Pline, div. TIT. chap. xxiv. Vap- pelle Pei/o. il a 7 milles d'Allemagne de longueur, & 3 milles de largeur. (2. J.) NEW TONIANISME, {. m. ox PHILOSOPHIE NEwWTONIENNE, (Phy/rq.) c’eft la théorie du mécha- nifme de l'univers, & particulierement du mouve- ment des corps céleftes, de leurs lois, de leurs pro- priétés , telle qu’elle a êté enfeignée par M. Newton, Voyez PHILOSOPHIE. Ce terme de philofophie newtonienne a été difté- remment appliqué, & de- là font venues plufeurs notions de ce mot. | Quelques auteurs entendent par là la philofophie cotpufculaire, telle qu’elle a été réformée & corrigée. par les découvertes dont M. Newton la enrichie, Voyez CORPUSCULAIRE. C’eft dans ce fens que M. Gravefande appelle fes élémens de Phyfique , Zzeroduétio ad philofophiam newtonLanam, Dans ce fens, la philofophie newtonienne n’eft autre chofe que la nouvelle philofophie, différente des philofophies cartéfienne & péripatéticienne, & des anciennes philofophies corpufculaires. Voyez ARISTOTÉLISME, PÉRIPATÉTISME, CARTÉSIA- NISME , Gc. D’autres entendent par philofophie newtotienne la méthode que M. Newton obferve dans fa philo(o- phie, méthode qui confifte à déduire fes raifonne- mens & fes conclufions direétement des phénome: nes, fans aucune hypothèfe antécédente, à com- mencer par des principes fimples, à déduire les pre- mieres lois de la nature d’un petit nombre de phé- nomenes choifis , & à fe fervir de ces lois pour ex- pliquer les autres effets, Voyez Lois DE LA NATURE au mot NATURE. Dans ce fens la philofophie newtonienne n'eft au- tre chofe que la phyfique expérimentale, & eft op- pofée à l’ancienne philofophie corpufculaire. Foyeg EXPÉRIMENTALE. | D’autres entendent par philofophie newtonienne, celle où les corps phyfiques font confidérés mathé- matiquement , & où la géométrie & la méchanique font appliquées à la folution des phénomenes. La philofophie newtonienne prife dans ce fens, n'eft autre chofe que la philofophie méchanique &g mathématique. Voyez MÉCHANIQUE & PHYSsico- MATHÉMATIQUE. D'autres entendent par philofophienewtonienne, cette partie de la Phyfique que M. Newton a traitée, étendue, & expliquée dans {on livre des Principes, D’autres enfin entendent par philofophie newto- nienne , les nouveaux principes que M. Newton à apportés dans la Philofophie, le nouveau fyftème qu'il a fondé fur ces principes, & les nouvelles ex- plications des phénomenes qu'il en a déduites ; en un mot ce qui caraétérife fa philofophie & la dif- _tingue de toutes les autres: c’eft dans ce fens que nous allons principalement la confidérer. L’hiftoire de cette philofophie eft fort courte ; les principes n’en furent publiés qu’en 1686, par 2 SORT TR l’auteur , alors membre du college de la Trinité à Cambridge, enfuite publiés de nouvean en 1713, avec des augmentations confidérables. En 1726, un an avant la mort de l’auteur , on donna encore une nouvelle édition de l’ouvrage qui les contient, & qui eft intitulé Pzï/o/ophie natu- ralis principla mathematica, ouvrage immortel, & un des plus beaux que l'efprit humain ait jamais produits. Quelques auteurs ont tenté de rendre la philofo- phie newtonienne plus facile à entendre, en mettant à part ce qu'il y avoit de plus fublime dans les re- cherches mathématiques, 6 y fubftituant des raifon- nemens plus fimples, ou des expériences: c’eft ce qu'ont fait principalement Whifion dans fes Præle- étions phyfico-mathem, Gravelande dans fes Elémens 6 Infhirutions. | M. Pemberton, membre de la Société royale de Londres, & auteur de la 3*édition desPrincipes, a donné auf un ouvrage intitulé Wzew ofche newtonian philofophy , idée de la philofoplie de Newton ; cet ou- vrage eft une efpece de commentaire par lequel l’au- teur a tâché de mettre cette philofophie à la por- tée du plus grand nombre des géometres & des phy- ficiens : les peres le Seur & Jacquier, minimes, ont auf donné au public en trois volumes 7-40, le livre des principes de Newton avec un commentaire fort ample, c,.qui peut être très-utile à ceux qui veulent lire l’excellent ouvrage du philofophe anglois. On doit joindre à ces ouvrages celuide M. Maclaurin, qui a pour titre, Expofition des découvertes du cheva- lier Newton, traduite en francois depuis quelques années, & le commentaire que madame la marquife du Chatelet nous a laïflé fur les principes de New- ton, avec une traduétion de ce même ouvrage. Nonobftant le grand mérite de cette philofophie, & l’autorité univer{elle qu’elle a maintenant en An+ gleterre, elle ne s’y établit d’abord que fort lente- ment ; à peine Le Newtonianifme eut-il d’abord dans toute Ja nation deux ou trois feétateurs : le cartéfa- nifme & le léibinitianifme y regnoient dans toute leur force. M. Newton a expofé cette philofophie dans le troifieme livre de fes principes ; les deux livres pré- cédens fervent à préparer, pour ainf dire, la voie, & a établir les principes mathématiques qui fervent de fondement à cette philofophie. Telles font les lois générales du mouvement, des forces centrales & centripetes, de la pefanteur des corps, de la refiftance des milieux. Foyez CEN- TRAL, GRAVITÉ, RESITANCE, Éc. Pour rendre ces recherches moins feches & moins géométriques l’auteur les a ornées par des remar- ques philofophiques qui roulent principalement fur la denfité & la refiftance des corps, fur le mouve- ment de la Inmiere & du fon, fur le vuide, &c, Dans le troifieme livre l'auteur explique fa phi- lofophie , & des principes qu’il a pofés auparavant il déduit la ftruture de l’umvers, la force de la gra- vité qui fait tendre les corps vers Le Soleil & Les pla- netes ; c’eft par cette même force qu'il explique le mouvement des cometes , la théorie de la Lune , & le flux & reflux. si Ce livre, que nous appellons de mundi [yftemate, avoit d’abord été écrit dans une forme ordinaire, comme l’auteur nous l’apprend; mais 1l confidera dans la fuite que les leeurs peu accoutumés à des principes tels que les fiens, pourroient ne pas fentir la force des conféquences, &c auroient peine à fe défaire de leurs anciens préjugés; pour obvier à cet inconvémient, & pour empêcher fon fyftème Tome XI, | NEW. 123 d’être l’objet d’une difpute éternelle, l’auteur lui |! donna une forme mathématique en l’arrangeant par propoñitions , de forte qu'on ne peut la lire & l’en- tendre que quand on eft bien au fait des principes qui précèdent; mais il n’eft pas néceflaire d’enten- dre généralement tout. Plufeurs propofitions de cet ouvrage feroient capables d’arrêter les géome= tres mème de la plus grande force. Il fufit d’avoir I les définitions, les lois du mouvement, & les trois prenueres feétions du premier livre , après quoi l’auteur avertit lui-même qu’on peut pañer au livre de fÿfemate mundï, Les différens points de cette philofophie font ex pliqués dans ce diétionnaire aux articles qui y ont rapport, Voyez SOLEIL, LUNE, FLANETE, Come- TE, TERRE, MILIEU, MATIERE, @c. nous nous contenterons de donner ici une idée générale du tout, pour faire connoître au leéteur le rapport que les différentes parties de ce fyftème ont entre elles, Le grand principe fur lequel eft fondée toute cette philolophie, c’eit la gravitation univer{elle : ce prin- cipe n’eft pas nouveau. Kepler, long - tems aupa- ravant, en avoit donné les premieres idées dans {on Zrtrod. ad mot, martif. il découvrit même quel- ques propriétés qui en réfultoient, & les effets que. la gravité pouvoit produire dans les mouvemens des planetes; mais la gloire de porter ce principe jufqu’à la démonftration phyfique, étoit refervée au philofophe anglois. Voyez Graviré. La preuve de ce principe par les phénomenes,. jointe avec l'application de ce même principe aux phénomenes de la nature, ou l'ufage que fait l’au- teur de ce principe pour expliquer ces phénomenes,: conftitue Le {yftème de M, Newton, dont voici l’ex- trait abrégé. I. Les phénomenes font 1°. que les fatellités de. Jupiter décrivent autour de cette planete des aires proportionnelles aux tems, & que les tems de leurs: révolutions font entre eux en raifon fefquiplée de leurs diffances au centre de Jupiter, obfervation. fur laquelle tous les Aftronomes s’accordent. 2°, Le même phénomene a lieu dans les fatellites deSaturne, confidérés par rapport à Saturne, & dans la Lune con- fidérée par rapport à la Terre, 3°, Les tems des révo- lutions des planetes premieres autour du Soleil font. en raifon fefquiplée de leurs moyennes diftances. au Soleil. 4°. Les planetes premieres ne décrivent point autour de la terre des aires proportionnelles aux tems: elles paroiflent quelquefois ftationnaires, quelquefois rétrogrades par rapport à elle. Voyez SATELLITE, PÉRIODE, Il. La force qui détourne continuellement les fa= tellites de Jupiter du mouvement reétiligne & qui les retient dans leurs orbites , eff dirigée vers le cens tre de Jupiter, & eft en raifon inverfe du quarré de la diffance à ce centre: la même chofe a lie dans les fatellites de Saturne à l’écard de Saturne, dans la Lune à l'égard de la Terre, & dans les pla- netes prenueres àäd'égard du Soleil ; ces vérités {ont une fuite du rapport obfervé des diftances aux tems péniodiques,& de la proportionnalité des aires aux tems. Foyez les articles CENTRAL 6 FORCE, où vous trouverez tous les principes néceffaires pour. tirer ces conféquences. . HI. La Lune pefe vers la terre , & eft retenue dans fon orbite par la force de la-gravité ; la même chofe a lieu dans les autres fatellites à l'égard de leurs planetes premieres, & dans les planetes pre mieres à l'égard du Soleil, Voyez LuNE & GRavr« TATION: uit ou Cette propofñtion fe prouve ainfi pour la Lune s la moyenne diftance de la Lune à la Terre eft de 60 demi diametres terreftres ; fa période, par tap= port aux étoiles fixes , eft de 27 jours, 7 heures, Q 1 124 NE W 43 minutes ; énfin la circonférence de fa terre ef de 1:32:49600 piés de Paris. Suppofons préfente- ment que la Lune ait perdu tout fon mouvement ëe tombe vers la Terre avec une force égale à celle qui la retient dans fon orbite, elle parcourroit dans l'efpace d’une minute de tems 15 -= piés de Paris, puifque Parc qu’elle décrit par fon moyen mouve- suent autour de la Terre , dans l’efpace d’une minu- te, a un finus verfe égal à 4-5 piés de Paris , com- me il eft aifé de le voir par le calcul ; or comme la force de la gravité doit augmenter en approchant de la Terre en raifoninverle du quarré de la diftan- ce, il s'enfuit que proche la furface de la Terre. elle féra6ox60 fois plus grande qu’à la diflanceotteit La Lune ; ainfi un corps pefant qui tombe proche la fur- face de la Terre, doit parcourir dans l’efpace d’une minute, 60X60X 15 -- piés de Paris, &t 15 ;; piés en une feconde. | Or c’eftlà en effet l’efpace que parcourent en une feconde les corps pelans, comme Huyghens l’a démontré par les expériences des pendules : aimf la force qui retient la Lune dans fon orbite, eft la même que celle que nous appellons gravité; car fi elles étoient différentes, un corps qui tomberoit pro- che la furface de la Terre, poufié parles deux forces enfemble, devroit parcourir le double ders -piés, c'ft-àdire 30 ! piés dans une feconde, puifque d'un côté la pefanteur lui feroit parcourir 14 piés, & que de l’autre la force qui attire la Lune, & qui regne dans tout l'efpace qui fépare la Lune de la Ferre,en diminuant comme le quarré de la diftance, feroit capable de faire parcourir aux corps d'ici bas 15 piés par fecondes, & ajouteroit fon effet à celui de la pefanteur. La propoftion dont il s’agit ici a déjà été démontrée au m0 GRAVITÉ , mais avec moins de détail & d’une maniere un peu différente, & nous m’avons pas cru devoir la fupprimer , afin de laif- {er voir à nos leéteurs comment on peut parvenir de différentes manieres à cette vérité fondamentale. Voye DESCENTE. À Pépard des autres planetes fecondaires , comme elles obfervoient par rapport à leurs planetes pre- mieres les mêmes lois que la Lune par rapport à la Terre, l’analogie feule fait voir que ces lois dépen- dent des mêmes caufes. De plus, lattraétion eft toujours réciproque, c’eft-à-dire la réaétion eft égale à laétion ; ainfi les planetes premieres gravitent vers leurs planetes fecondaires, la Terre pravite vers la Lune , & le Soleil gravite vers toutes Les pla- netes à-la-fois, & cette gravité eft dans chaque pla- nete particuliere à très-peu près en raïfon inverfe du quarre de la diffance au centre commun de gra- vité. Voyez ATTRACTION, RÉACTION, &c. IV. Tous les corps gravitent vers toutes les pla- netes, & leurs pefanteurs vers chaque planete font, à égales difiances, en raifon direéte de leur quantité de matiere. | La loi de la defcente des corps pefans vers Terre, mettant à part la réfiftance de l’art , eft telle : tous les corps, à égales diftances de la Terre, tombent également en tems égaux. Suppofons, par exemple , que des corps pefans foient portés jufqu’à la furface de la Lune ; & que privés en même tems que la Lune de tout mouve- ment prosrefhif, ils rerombent vers la Terre; il eft démontré que dans le même-rems ils décriroient les mêmes efpaces que la Lune; de plus, comme les fa- telhites de Jupiter font leurs révolutions dans des terns qui font en raïfon fefquiplée de leurs diftan- ces à Jupiter, & qu’ainf à diftances égales la force de la gravité feroit la même en eux ; ils s'enfuit que tombant de hauteurs égales en tems égaux, ils parcourroiént des éfpaces égaux précifément com- me les corps pefans qui tombent fur laterre ; on fera le même raifonnement fur les planetes premieres con fidérées par rapport ah Soleil. Or la force par laquelle: des corps inégaux font égalementaccélérés, eftcom- me leur quantité dé matiere. Ainfi Le poiës des corps vers chaque planete eft comme la quantité de matiere. de chacune, en fuppofant les diftances égales. De même le poids des planetes premieres &- fecondai- res vers le Soleil, eft comme la quantité de mauere des planetes &r des fatellites. Foyez MATIERE. V. La gravité s'étend à tous les corps, & la force avec laquelle un corps en attire un autre, eft pro- pottionnelle à la quantité de matiere que chacun contient. | Nous avons déja prouvé que toutes les planetes gravitent l’une vers l’antre ; à que la gravité vers. chacune en particulier eft en raifon inverfe du quarré de la diftance à fon centre , conféquemment la gravité eft proportionnelle à leur quantité de ma- tiere. De plus comme toutes les parties d’une pla- nete À gravitent vers l’autre planete B, & quela gravité d’une partie eflfà la gravité du tout, comme cette partie eftau tout ; qu’enfin la réaétion eft égale à l’a@ion , la planete B doit graviter vers toutes les parties de la planete 4 , & fa gravité vers une par- tie fera À {a gravité vers toute la planete ; comme la mañle de cette partie eft à la mañle totale. De-là on peut déduire une méthode pour trouver & comparer les gravités des corps vers différentes planetes , pour déterminer la quantité de matiere de chaque planete &c fa denfité ; en effet les poids de deux corps égaux qui font leurs révolutions au- tour d’une planete, font en raifon direéte des diame- tres de leurs orbes, & inverie des quarrés de leurs tems périodiques , &e leurs pefanteurs à différentes diffances du centre de la planete font en raifon in= verfe du quarré de ces diftances. Or puifque Les quantités de matiere de chaque planete font comme la force avec laquelle elles agiflent à diftance don- née de leur centre, & qu’enfn les poids de corps égaux & homogenes vers des fpheres homogenes. {ont à la furface de ces fpheres en raifon de leurs diametres , conféquemment les denfités des pla- netes font comme le poids d’un corps qui feroit pla- cé fur ces planetes à la diftance de leurs diameires. De-la M. Newton conclut que l’on pent trouver la - ® mafle des planetes quisont des fatellites, comme le Soleil , la Terre , Jupiter &c Saturne ; parce que par les tems des révolutions de ces fatellites on connoît la force avec laquelle ils font attirés, Ce grand phi- lofophe ditque les quantités de matiere du Soleil, de Jupiter, de Saturne, & de laterre font comme Tiriss latis QT ; les autres planetes n'ayant point de fatellites , on ne peut connoître la quantité de leur mafle. Voyez DENSITÉ. VI. Le centre de gravité commun du Soleil & des planetes eft en repos ; & le Soleil, quoique toujours en mouvement, ne s’éloigne que fort peu du centre commun de toutes les planetes. Car la quantité de matiere du Soleil étant à celle de Jupiter , comme 1033 à 1, & la diftance de Jupi- ter au Soleil étant au demi diametre du Soleil dans un rapport un peu plus grand ; le centre commun de gravité du Soleil & de Jupiter fera un peu au- delà de la furface du Soleil, On trouvera par le même raifonnement que le centre commun de gra“ vité de Saturne & du Soleil fera un point un peu en- decà de la furface du Soleil ; de forte que le centre. de gravité commun du Soleil & de la Terre & de toutes les planetes fera à peine éloigné du centre du Soleil de la grandeur d’un de fes diametres. Or ce centre eft toujours en repos; car en vertu de lation mutuelle des planetes fur le Soleil & du Soleil fur les planetes, leur centre communide gravité doit ou être en repos où fe mouvoir uniformément en Higne LS 1 NEW droite : or s'il fe mouvoit uniformément en ligne droite, nous changerions fenfiblement de poñtion par rapport aux étoiles fixes ; & comme cela n’ar- rive pas, 1ls’enfuit que le centre de gravité de notre {yflème planétaire eft en repos. Par conféquent quel que {oit le mouvement du Soleil dans un fens, & dans un autre, felon la différente fituation des planetes , il ne peut jamais s'éloigner beaucoup de ce centre. Ainf le centre commun de gravité du Soleil , de la Terre & des planetes peut être pris pour le centre du monde. Voyez SOLEIL & CENTRE. IT. Les planetes fe meuventdans desellipfes dont le centre du Soleil eft le foyer, & décrivent des aires autour du Soleil qui font proportionnelles aux tems. Nous avons déja expoié ce principe à po/fertori comme un phénomene : mais maintenant que nous avons dévoilé le principe des mouvemens céleftes, nous pouvons démontrer 4 priori le phénomene dont il s’agit de la maniere fuivante : puitque les pefan- teurs de chaque planete vers le Soleil eft en rañon inverfe du quarré de la diftance ; fi le Soleil étoit en repos & que les planetes n’agiflent point les unes fur les autres, chacune décriroit autour du Soleil une ellipfe dont le Soleil occuperoit le foyer , & dans laquelle les aires feroient proportionnelles aux tems. Mais comme l’aétion mutuelle des planetes eft fort petite, &r que le centre du Soleil peut être fenfé immobile , il eft clair que l’on peut négliger l'effet de l’aétion des planetes & le mouvement du Soleil; donc, &c. Voyez PLANETE € ORBITE. VIIL.II faut avouer cependaut que lation de Jupi- ter fur Saturne produit un efetaflez confidérabie ; & que, felon les différentes fituations & diftances de ces deux planetes , leurs orbites peuvent en être un peu dérangées. L’orbite du Soleil eft auffi dérangée un peu par l’aétion de la Lune fur la Terre, le centre commun de gravité de ces deux planetes décrit une ellipfe dont le Soleil eft le foyer, & dans laquelle les aires prifes autour du Soleil font proportionnelles aux tems. Voyez TERRE & SATURKE. . IX, L’axe de chaque planete , ou le diametre qui joint fes poles , eft plus petit que le diametre de ion équateur. Les planetes, f elles n’avoient point de mouve- ment diurne fur leur centre , feroient des fpheres, puifque la gravité agiroit évalement par-tout ; mais en vertu de leur rotation les parties éloignées de l’axe font eflort pour s'élever vers l’équateur , & s’éleveroient en effet fi la matiere de la planete étoit fluide, Auf Jupiter qui tourne fort vire {ur fon axe a été trouvé par les obfervations confidérablement applati vers les poles. Par la même raïon , fi notre Terre n’étoit pas plus élevée à l'équateur qu'aux poles , la mer s’éleveroit vers l’équareur & inonde- roit tout ce qui en eft proche. Voyez FIGURE DE LA TERRE. M. Newton prouve aufi 4 pofferiori que la Terre eft applatie vers les poles, & cela par les ofcilla- tions du pendule qui font de plus courte durée fous l'équateur que vers le pole. Foyez PENDULE. X. Tous les mouvemens de la Lune & toutes les inégalités qu'on y obferve découlent, feion M. New- ton , des mêmes principes , favoir de fa tendance Ou gravitation vers la Terre, combiñée avec {a ten- dance vers le Soleil ; par exemple, fon inégale vi- tefle, celle de fes nœuds & de fon apogée dans les Îyzigies & dans-les quadratures , les différences & les variations de fon excentricité, &c. Voyez Lune. XI. Les inégalités du mouvement lunawe peu- vent fervir à expliquer ‘plufieurs inégalités gu'on Obferve dans le mouvement des autres fatellites. Voyez SATELLITES , 6e, XII. De tous ces principes , fur-tout de l'a@ion NEZ 125 du Soleil & de la Lune furla Terre ; ils’en fuit que nous devons avoir uu flux & reflux, c’eft-à-dire que la mer doit s'élever & s’abaiffer deux fois par jour. Voyez FLUX & REFLUX , o4 MARÉE. XI. De-là fe déduit encore la théorie entiere des cometes ; 1l en réfulre entr'autres chofesqu’elles font au-deflus de la région de la Lune & dans let. paceplanétaire; que leur éclat vient du Soleil, dont elles: réflechiffent ia lumiere ; qu’elles fe meuvent dans des feétions coniques dont le centre du Soleil occupe le foyer, & qu’elies décrivent autour du So- leil des aires proportionnelles aux tems ; que leurs orbites ou trajeétoires font prefque des paraboles : que leurs corps font folides , compaëts & comine ceux des planetes, & qu’elles doivent par confé- quent recevoir dans leur périhélie une chaleur im- menfe ; que leurs queues font des exhalaifons qui s'élevent d'elles & qui les environnent comme une efpece d'athmofphere, Voyez Comere, Les objettions qu'on a faites contre cette philo fophie ont fur-tout pour objet le principe de la gra- vitation umiverfelle ; quelques-uns regardent cette gravitation prétendue comme une qualiré occulte ; les autres la traitent de caufe miraculeufe & farna- turelle , qui doit être bannie de la faine plulofophie ; d’autres la rejettent, comme déduifant le {yffème des tourbillons ; d'autres comme fuppofant le vuides on trouvera la réponfe des Niwioniens à ces Objec- tions dans les articles GRAVITÉ, ATTRACTION, TOURBILLON , &c. À l'égard du fyffème de M. Newton fur la lumiere & les couleurs, voyez CouLeur € Lumiere: voyez auf aux articles ALGEBRE , GÉOMÉTRIE € Dir FÉRENTIEL, les découvertes géométriques de ce grand homme. Chambers, Nous n'avons rien à ajouter À cet article fur lexpoñtion de la philofophie neytonienne , fnon de prier le lefteur de ne point en féparer la lé@ure de celle des 77045 ATTRACTION & GRAviTÉ. Plus l’'Afronomie & l’Analyfe fe perfe@ionnent , plus on apperçoit d'accord entre les principes de M. New- ton &z les phénomenes., Les travaux des Géometrés de ce fiecle ont donné à cet admirable {yftème un appui inébranlable, On peut voir le détail aux ar- ticles LUNE , FLUX 6: REFLUX , NUTATION, PRÉ- CESSION, Éc. Cependant M. Newton a eflayé de déterminer celle de la Lune par la hauteur des marées ;il trouve quelle eft environ la 39° partie de la mafle de la Terre Sur quoi voyez l’arricle LUNE. (O NEWTOWN, (Géog:) ville d'Irlande au comté de Down , à une lieue S, de Bangoo, fur le côté fepten- triona! du lac de Strancfort. Elle envoie deux dépu- tés au parlement du Dublin, Los. 11. 45. Jar. 54.40. NEW-ZOL ( Géog.) ville de la haute Hongrie, la troifieme des fept villes des hontapnes, avec titre de comté. Il y a dans certe ville & aux en- virons les plus belles mines de cuivre qui fotent en Hongrie; mais commeii eft fort attache à la piérre qui eft dans la mine, on a bien de la peine à l’en tirer, Quand on eneft venu à bont, on lefait brûle & fondre quatorze fois avant qu’on punffe s’en {er- vir. New-zol ef fuée fur la riviere de Grau, à 14 lieues N. E. de Léopoliftad. Long. 37. 24. lat. 48.40. : NEXAUS, ( Drow rom.) c’eit à-dire, citoyen at- taché par efclavage à fon créancier pour dettes. On appelloii ex chez les Romains ceux qui ayant contraété des dettes, & ne les pouvanr acquitter au jour marqué, devenoient les efclaves de leurs crean- Ciérs, qui pouvoient non-fenlement les faire tra Vailler pour eux, mais encore les mertre aux fers, ét les terir en pruion. Liber qui [ua opera in ferviruse pro pecumié quarn debet, dum folverer, dat, nexus vocatur, dit Varron, 126 NEZ La condition de ces débiteurs, appellés auf 4d- diéti, évoit d’antant plus miférable, que leurs tra- vaux & leurs peines n’entroient point en déduétion de leurs dettes; mais lorfqu'ils avoient payé, ils recouvroient avec la liberté tous leurs droits : car cetteefpece d’efclavage étoit différente du véritable efclavage, en ce que Îles zexi pouvoient malgré leur maître {e délivrer de la fervitude, en payant leur dette, & en ce qu’ils n'étoient point regardés comme affranchis après être fortis de fervitude, mais comme citoyens libres, érgenui, puifqu'ils ne perdoient pas la qualité de citoyen romain, pouvant même fervir dans les légions romaines. Servus cm manumittitur fit libertinus ; additus , recepté libertate , ef? ingeruus. Ser- vus invito domino libertatem non tonfequitur ; addictus folvendo , citra voluntatem domini confequitur; ad [er- yum nulle lex pertinet. Addiëfus legem habet; propria diberi, que nemo habet nift liber, prenomen, nomen, cognomen , tribuni habet hec addiélus, Ce font les ter- mes de Quintilien. Cette coutume fut en ufage à Rome jufqu’à Pan 429, & elle donna occafon à bien des tumultes de la part des plébéiens : ils la regardoient commeune véritable tyrannie , qui obligeoïent les enfans me- mes à fe rendre efclaves pour les dettes de leurs pe- res. Un jeune homme nommé Cäius Publihius ayant été maltraité cruellement, pour n’avoir pas voulu condefcendre aux defirs infames de Lucius Papirius fon maître, à qui 1l s’étoit donné comme efclave pour les dettes de fon pere : cui quüm fè €, Publilius ob œs alienum paternum nexum dediffer, 1] excita la commifération des citoyens, & fut caufe de la loi qui ordonnoit que les biens des débiteurs répon- droient à l'avenir de l’argent prêté; mais que les perfonnes feroient libres. Pecuniæ creditæ bona de- bitoris, non corpus obnoxium effet. Ita nexi foluti, cautumque in poflerèm ne neëlerentur , dit Tite-Live ;! Lib. VIII. c. xxvü. ( D. J.) NEYN, (Géog.) ou Néane, ou Nyr, riviere d'Angleterre. Elle a fa fource dans le Northamp- tonfhire , qu’elle traverfe; & après avoir baigné les villes de Northampton & de Péterboroug , elle va fe jetter dans le golfe de Bofton. (D. J.) NEYTRACHT , ( Géog. )ou Neytra, ville de la haute Hongrie, fur la riviere de Neyrra, avec un évêché fuffragant de Grau, à 26 lieues N.E. de Presbourg. Long. 36. 35. lat. 48. 28. NEYVA, (Géog.) baie de PAmérique fepten- trionale , fur la côte méridionale de Pile Hifpaniola ou de Saint-Domingue, environ à 30 lienes de la ville de San-Domingo vers l’oueft, Elle tire fon nom de la riviere Neyva qui s’y décharge. (D. J.) NEZ, f. m. ( Anatomie.) Les auteurs défignent par des noms différens les parties extérieures du nez ; ils nomment la fupérieure la racine du 7; l'inférieure, le globe duez; celle quieftentre deux, le dos du »ez ; celles qui font fur les bords des nari- nes, les aîles du rez; & celle qui les fépare, la co- lonne du ze. Les parties qui compofent la voûte du zez ne font pas feulement la peau, & une très petite partie de graïfle, il y a encore des os, des mufcles &c des cartilages. Les os propres du zez forment la partie fupérieure de la voûte du zez; leur figure approche de la quar- rée ; leur face externe eft un peu convexe &c affez unie, & l’interne concave & inégale : la partie fu- périeure de ces os fe trouve beaucoup plus éparile que l'inférieure ; celle-ci fe trouve comme décou- pée inégalement pour favorifer Fattache des carti- lages du 2e | Ces deux os étant joints enfemble, forment au- dedans du zez, le long de leur union, une rainure longitudinale qui reçoit la lame ofeufe de l'etmbide, fur laquelle ces os font-appuyés, de même que fut la partie inférieure & moyenne du coronal, & fe: trouvent aufli joints à une avance des os maxil- laires, On remarque pour l’ordinaire aux os du eg un ou deux petits trous. On compte pour l'ordinaire quatre mufcles au nez, deux de chaque côté ; favoir le pyramidale & le myrtiforme, Le pyramidal a fon attache fixe dans la jonétion du coronal avec le frontal; & defcen- cendant le long du ze, vient fe terminer au carti< lage qui forme l’entrée de la narine du même côté. Le myrtiforme a fon attache fixe à l'os maxil- laire vis-à-vis Le fond de l’alvéole de la dent canine , &t va {e terminer au même cartilage que le premiers ces deux mufcles en agiflant , dilatent les narines. On donne pour conftritteur des narines un pe- tit mufcle qui a fes attaches fixes extérieurement au fond des alvéoles des premieres dents incifives, & fe terminent aux aîles du zez. | Le mufcle orbiculaire des levres paroît auffi avoir quelque part à cette aétion. Les cartilages du zez font au nombre de cinq : if. yena quatre qui forment la partie inférieure du nez, deux fupérieurs & deux inférieurs. Ces der- niers compofent principalement les narines ; le cin- quieme fait la partie antérieure & moyenne de la cloifon qui fépare l’intérieur du nez en deux ca- vités, dont les narines font l’entrée. Ces deux ca- vités ne font pas feulement formées par la difpof- tion particuliere des deux os fuperieurs du zez 8 des cartuilages dont je viens de parler, les os maxil- laires unis enfemble & ceux du palais en font auff une portion confidérable ; Pos fphénoïde & l’etmoide concourent aufli avec le vomer à Îa formation des paroïs des cavités du e7 ; &c la jonétion de l’et- moide avec le vomer fait la portion ofleufe de la cloifon des narines. | On confidere plufieurs chofes dans chaque cavité du rez, On voit dans la partie fupérieure la por- tion cellulaire de l’os etmoide , & dans l’inférieure, les os fpongieux. On y découvre auffi les embou- chures des finus frontaux dans les cellules de los etmoide ; celle des finus maxillaires de chaque côté, entre la portion cellulaire de l’os etmoide & les lames inférieures du 77 &z les embouchures des finus fphénoïdaux , s’apperçoivent dans la partie: poftérieure & inférieure du ze7. On découvre outre cela dans le zez les orifices des conduits lacrymaux & des incifñfs, & enfin la communication des ca- vités du zez avec le gofier. Il faut remarquer que chaque cavité du ze? fe trouve tapiflée d'une membrane fpongieufe, nom- mée piruiraire. Cette membrane recouvre aufli les cellules de l’os etmoide, les os fpongieux oulames inférieures du 27, & les parois intérieures des finus 8 des conduits lacrymaux & incififs, 6 elle eft parfemée dans toute fon étendue de plufeurs grains alanduleux, qui fourniffent l’humeur mucilagineufe dont elle eft continuellement abreuvée. C’eft prin- cipalement fur la portion de cette membrane qui re- couvre les cellules de l’os etmoide , que viennent s'épanouir les filets de la premiere paire des nerfs & quelques rameaux dela cinquieme, quireçoivent les impreflions des corps odorans, &c les tranfmet- tent jufqu’à l'ame pour la fenfation de l'odorat. . Les arteres qui fe diftribuent au #ez, lui vien« nent des carotides, & les veines vont fe décharger dans les jugulaires. Le ne n’eft pas feulement l’organe de lodorat, il fert encore à la refpiration, à donner plus de force au fon, à modifier la voix & à la rendre plus agréable, tant par fa cavité, que par celle des finus qui y répondent, Cette partie du vifage varie beaucoup en gran- deur &. en figure dans les divers fujets dès le mo- ment de leur naïflance. Les negres, les Hotrentots & quelques peuples de l’Afe bien diférens des Juifs , ont prefque tous le nez camus, écaché, La plûpart des anatomiftes prétendent que cette ce- Mmufire vient de l'art, & non de la nature. Comme les négrefles , fuivant le récit des voyageurs, por- tent leurs petits enfans fur le dos pendant qu’elles travaillent, 1l arrive qu’en fe hauffant & baiffant par fecoufles, le #e7 de l’enfant doit donner con- ire le dos de la mere, & s’applatir infenfiblement. Tadépendamment de cette raïon, le P. du Tertre rapporte que les negres écrafent le 7ez à leurs en- fans, & leur preffent auff les levres pour les ren- dre plus groffe ; enforte que ceux à qui l’on n’a fait ni l’une ni l’autre de ces opérations , ont le zez élévé &c les levres aufñi minces que les Européens. . Cela peur être vrai des negres du Sénégal; mais il paroît aflez certain que dans prefque tous les autres peuples ñegres, les groffes levres, de même que le ze7 large & épaté font des traits donnés par la nature, qu’on a fait fervir de modele à l’art qui eft en mfage chez eux & parmi d’autres peuples, d'écacher le ze, & de erofüir les levres à ceux qui ont recu la naïflance avec cette perfeétion de moins. Comme c’eft dans la forme plate qu'ils font confifter la beauté du ze, le premier foin des me- res après leur accouchement , eft d’applatir le zez de leurs enfans, pour qu'ils ne foient pas difformes à leurs yeux, tant les idées de beauté font bifarres chez les peuples de la terre, Piufieurs ne fe contentent pas de préférer l’appla- tiflement du ez à fon élévation, ils trouvent un nouvel agrément à fe percer cette partie pour y pañer toutes fortes d’ornemens de leur goût, & cet ufage eft fort étendu en Afrique & en Orient, Les nepres de la nouvelle Guinée traverfent leurs deux narines par une efpece de cheville longue de trois ou quatre pouces. Les fauvages de la Guyane y paflent des os de poiffons, des plumes d'oifeaux ôc d’autres chofes de ce genre. Les habitans de Gufa- rate , les femmes malabares & celles du golfe Perfi- que y portent des anneaux , des bagues & d’autres joyaux. C’eft une galanterie chez quelques peuples arabes, de baifer la bouche de leurs femmes à tra- vers ces anneaux, qui font quelquefois aflez grands pour enfermer toute la bouche dans leur rondeur, Les Européens au.contraire ne fe font percer que les oreilles pour les orner d’anneaux & de bijoux; ils trouvent avec raifon qu’il ne faut ni gêner ni gâter le rez, & qu'il contribue beaucoup à la beau- té, quand il n’eft ni trop grand, ni tfop petit, ni trop écrafé, ni trop fortant au-dehors. Sa forme & fa poñtion plus avancée que celle de toutes les autres parties du vifage , font particulieres à l’efpece humaine; car dans aucun animal le zez ne fait un trait élevé. Les finges mêmes n’ont, pour ainfi dire, que des narines , ou du moins leur PE qui eft pofé comme celui de l’homme, eft fi plat & f. court, qu’on ne doit pas le regarder comme une partie femblable. Les oifeaux n’ont point de nari- nes ; ils ont feulement deux trous & deux conduits pour la refpiration & l’odorat, au lieu que les qua- drupedes ont des nazeaux ou des narines cartilagi- neufes comme les hommes. _ Je ne fache aucun exemple d'enfant venu au monde avec la privation de la cloïfon du xez, ni avec les narines bouchées par un vice de confor- Matuon naturelle, & je fais mème que laccident d’un 7e? fermé contre nature par quelque maladie, s'offre trés-rarement À l’art de la Chirurgie pour Le percer. NEZ, maladies du nez, ( Médecine.) Les ufages du nez & des humeurs qui y abordent méritent une at- fention finguliere dans la pratique de médecine. NE ay Le défaut de éonformarionde cette tavité peut oc: cafionner des changemens dans la refpiration, dans la voix, dans l’haleine ; la mauvaife quabté de l’hu- meurt qui y coule peut déranger entierement l’œco: nomie animale, 1°. Si les finus qui compofent l'étendue du # font trop refferrés ou étranglés, leur cavité fe trou- vant diminuée, la membrane Pituitaire aura moins détendue, lorgane de l'odorat fera plus borné, l'humeur muqueufe fe filtrera en moindre quantité, fes 1ffues feront moins libres, & plus étroites, elle croupira plus long-tems , elle rendra punais ceux qui {e trouveront attaqués de ces accidens : ce que le défaut de conformation occafionne, peut fouvent arriver par l’inflammation de ces parties, par les changemens de l’air environnant, par des tumeurs qui furviendront dans cette cavité, des polypes, des tumeurs fkirrheules, des cancers & autres accidens de cette nature. Les remedes que l’on pourroit apporter dans ces facheufes circonftances font différens , felon les caufes & leurs accidens. On peut les voir & les examiner tous en particulier & en leur heu. 2°. La qualité vitiée de l'humeur du xez eft d’une grande coniéquence dans l’œconomie animale; fon épaififlement occafionne une relpiration difficile ; feche & douloureufe, une toux feche , une diffi- culté de fe moucher, un deffechement dans le 71€ 5 une chaleur, une fécherefle dans l’air, une acri- monie dans fes particules qui irrite les folides, leg roidit & empêche les parois de la cavité de fe prê- ter à l'aétion de l'air, Sa trop grande fluidité rendant les parties trop bunudes, les relâche & les empêche d'exercer leur reflort; Le trop d'humidité de la membrane pituitaire fait que la férofité y féjourne & y croupit, & qué la morve qui abonde, fait perdre aux nerfs leur qualité & leur fenfibilité : l’enchifrenement eft {ouvent l'effet de cette qualité vicieufe de l'humeur pituitaire & muqueufe du zez. Pour guérir cette ma- ladie, on doit évacuer la furabondance de férofité parles purgatifs, les diaphorétiques, les expe&to rans, les fahivans & autres remedes particuliers éva- cuans. Les infuñons de lierre terreftre, d’hyfope, de cataire font bonnes dans ces cas. La grande abondance de l'humeur muqueufe du ex occahonne une conftipationextraordinaire, parce que la dérivation qui fe fait de la mucofité dans le ne? , en tarit la fource dans les inreftins; & de cette façon les excrémens reftent à fec & privés de leu véhicule, &c de cette glutinofité qui leur permet de glifler le long de la cavité du cylindre intéftinal : de-là vient que les gens qui mouchent & expectto- rent Ou crachent beaucoup, font d’ordiniaire fort conftipés : de là vient auffi que lorfque la morve eft deffechée , le ventre eft auffi parefleux, ce qui eft ordinaire dans l'été ; au contraire lorfque la morve eft délayée , les excrémens le font auf , ce qui arrive duns l’hiver, où la tranfpiration eft di- . minuce, & où les fécrérions font plus abondantes dans le zez & dans les inteftins que vers la furface externe du corps. | Nez coupé, Sraphylodendron , 1. m, (HR. nat, Bot.) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufieurs pétales difpofés en rond. Le piftil fort du calice qui eft profondément découpé, & devient dans la fuite un fruit membraneux, renflé comme une veflie & divifé en plufeurs loges. Ce fruit ren- ferme des femences tort dures, & pour ainfi dire, offeufes. Tournefott, Zn/ff rei herb, Voyez PLANTE. Nez COUPÉ, ou FAUX PISTACHIER , Scéphylo- dendron , grand arbifleuu qui fe trouve dans quel- ques contrées de FEurope méridionale. Il prend quelquefois douze à quinze piés de hauteur fur un 129 NE Z pié de circonférence, lorfqu'il fe trouve dans un . “bon terrein : maïs il ne s’éleve ordinairement dans Les bois qu'à fept ou huit piés. Il fait une ‘tige droite & une tête aflez réguliere. Son écorce eft difle ,umie & marquetée de points cendrés fur un fond brun, Sa feuille eft compoñée de cinq &‘auel- quefois de fept follioles oblongues, affez grandes, ‘& attachées à une nervure commune, Cette feuille eft d’un'verd brun en-deffus & cendrée en-deflous, Ses fleurs paroïffent à la fin d'Avril; elles font blanches, affez apparentes & attachées par grap- pes à des pédicules longs, menus & pendans. Les fruits qui fuccedent, font des efpeces de vefhes verdâtres, affez grandes, divifées en deux loges qui contiennent chacune deux ou trois noyaux de la groffeur d’un pois. Les enfans les caffent anfii aifé- ment qu'une noifette, pour avoir l’amande qui eft douce à manger, mais qui fait foulever le cœur. La fubftance de cette amande eft d’une couleur ver- dâtre qui reflemble à celle de la piftache ; c’eft ap- paremment ce qui à fait donner à cet arbrifleau le nom de piffachier fauvage. On l'appelle auffi zez coupé, parce que le noyan qui renferme la fe- mence, reflemble à un bout de nez quel’on auroit coupé. On le nomme aufñi bois farnt Edme dans plu- fieurs endroits de la Bourgogne, parce qu'on ra- conte que ce faint avoit un bâton du bois de cet arbrifleau, qu’il piqua en terre & qui y fit racine. Le #ez coupé croit dans les bois, dans les haies, dans les lieux frais, incultes & ombragés ; cepen- dant il n’eft pas commun. Il eft très-robufte ; il fe multiplie aifément , 6 il réuffit par-tout, fi ce n’eft lorfqu’il eft dans un terrein léger; 1l fouffre beau- conp dans les grandes chaleurs & les fécherefles. Cet arbrifleau poufle quantité de rejettons du pié qui peuvent fervir à le multiplier. On y par- vient auf, foit en couchant les branches au prin- tems, ou en femant les noyaux peu après leur maturité qui arrive au mois de Septembre. Car fi Von différoit de les femer jufqu’au printems, la plüpart ne leveroient que l’année fuivante. Par l’une ou l’autre méthode, on aura au bout d’un an des plans fuffifamment enracinés pour être mis en pépimiere. Les branches couchées donneront tout-de-fuite des fleurs; mais les jeunes plants ve- nus de femence, ne fleuriront qu’au bout de trois ou quatre ans : il ne faut pour la culture de cet arbrifleau aucun foin particulier. On fait ufage du #7 coupé dans les jardins pour l'agrément. On peut le mettre dans les maflifs des bofquets : on peut l’employer en arbre de ligne pour «les allées, où 1l va de pair & figure fort bien avec le citife des Alpes, larbre de Judée, l'arbre de Sainte-Lucie, la rofe de Gueldres, éc. Son bois, quoique blanc, eft dur, folide, com- pacte & de durée. Il peut être de quelqu’utilité lorf- qu'il a acquis un peu de groffeur; car il eft frêle, quand il eft trop jeune. Il y a encore une autre efpece de cet arbriffeau. Le ne? coupé de Virginie, Quoique cet arbriffeau vienne d’un climat aflez chaud, il eft tout auffi ro- bufte que lefpece commune; mais il ne s’éleve qu’à neuf ou dix piés dans les meilleurs terreins. Sa feuille n’eft compofée que de trois follioles plus petites & d’un verd plus clair que celle de lef- pece précédente. Sa fleur eft aufli plus petite & moins apparente; les veflies qui fuccedent font divifées en trois loges : elles renferment chacune un noyaau plus petit dont l’amande eft auffi d’un verd de piftaches. Le feuillage de cet arbrifieau fait tout fon agrément. Arzicle dd M. DAUBENTON, fubdélégué. | Nez, (Cririque facrée.) Il eft défendu par le Lévi- tique, de recevoir pour Le fervice de l'autel , un NEZ homme qui eût le zez trop petit, trop grand ou retrouflé : f? parvo, vel grandi, vel torto fusrit nafo ; Levit. XXI. xvii. Les Hébreux mettoient commu nément la colere dans le ez : afcendit fumus de na- ribus us, II. Reg. xxij. 9. Ce môt fe prenoit auffi pour la fierté &c grandeur d’ame : nafus zuus ficut turris Libani, eft-il dit de Pépoufe, Cant. vi. 4: votre nez ne releve pas moins la beauté de votre vifage, que cette tour embellit le mont Liban. Cette tour étoit la fierté qui rendoit le cœur de ’époufe inacceffble à tout autre qu’à fon époux. Mettre un cercle au xez, c’eft réprimer la frerté des orguerlleux. Nunquam pojuit circulum in narbus ejus, Job. xl, 21. Enfin, cette phrafe, donec exeat per nares veffras ; Num. xx. 20. marque le dégoût des viandes qu'au- roient les Ifraélites murmurateurs. (2. J.) On lit auffi dans le diét. de la bible queles Hébreux regardoient le rez comme le fiege de la colere: aféen- dir fumus dénarñbus jus, eft-ildit aufecond livré des Rois, c. xxij, verf. 9. en parlant de la! colere de Dieu : & dans le Pfeaume xvij. verf. 9. afcendis fu- us in ira ejus ; l'hébreu porte #7 nafo ejus. Les an- ciens auteurs grecs & latins parlent à-peu-près de même. Ainfi Perfe, Difce: féd ira cadat nafo, rugofaque fanna. & Plaute, Fames & mora bilem ir nafo conciuns Les Romains regardoient les gens dont le zez étoit aquilin ou crochu, comme enchns à La rail- lerie. Nafo fufpendit adunco, dit Horace, en par- lant d’un fatyrique. Lés femmes d'Orient, en plufieurs endroits, met tent des cercles d’or à une de leurs narines. Salo- mon fait allufion à cette coutume, lorfqual dit: Circulus aureus in naribus fuis mulier pulchra & fatua, une femme belle, mais infenfée, eft comme un an- neau au groin d’un pourceau. Proverb. xJ. 22. On mettoit aufli des anneaux aux nafeaux des bœufs & des chameaux pour les conduire. Ainfi dans le quatrieme livre des Roïs, c. xix. verf. 26. Dieu me- nace Sennacherib de lui mettre un cercle aux neri- nes & un mords dans la bouche, & de le faire re- tourner par le chemin par lequel il eft venu. Cal- met, Did. de la Bible. (G) Nez. (Métallurg.) On appelle zez dans les fon- deries où l’on traite les mines des métaux, une efpece de tuyau ou de conduit qui fe forme dans la mine fondue depuis la tuyere, & qui de-là va en s’élargiflant vers la partie intérieure du four- neau, Ce rez ou conduit ne doit point trop s’alon- ger. Les Fondeurs ont très-grande attention à cette circonftance, & jugent par le zez, fi leur fonte réuffira on non. Voyez Schlutter , sraité de la fonte des mines, (—) NEZ, LE NEZ DU NAVIRE. (Marine ) C’eft la premiere partie du navire qui finit en pointe. On dit la même chofe d’un bateau. Vaifleau qui eft trop fur le xez, c’eft quand par {a conftru@tion il paroît que l'avant eft un peu trop chargé : on y remédie en faifant pencher le mât de mifaine un peu plus en arriere. NEZ D'UN BATEAU, (Charpent.) c’eft la pre- miere partie du bateau, qui finit en pointe, & où eft la levée fur laquelle fe met le batelier, lorf- qu'il fe fert des avirons. (D. J) NEZ DE POTENCE , cerme d’'Horlogerie, Voyez Po TENCE. (T) . Nez. ( Maréchal.) Le bout du z4 du cheval eft, pour ainfi dire, fa levre fupérieure. Porter Le nez au vent, où porter au vent, Îe dit d’un cheval qui leve le zez en l'air au-lieu de fe ramener. Nez FIN; (Vennerie.) fe dit d’un chien qui a le fentiment bon, 4 Nez N H A Ney dur, fe dit d’un chien qui entre mal-aïfé- ment dans la voie. | Nez haut, ou chien de haut nez, c’eft lorfqu’un chien va requerir fur le haut du jour. On remarque que plufieurs animaux, comme les chiens, les levres, les renards, ont plus de lames offeufes que les hommes qui en ont le moins de tous. C’eft ce qui fait croire que c’eft pour cela qu'ils ont auffi meilleur odorat, à caufe que la mem- ‘brane qui couvre toutes les enfraétuofités des na- tines ayant beaucoup d’étendue dans un petit ef. pace, elle reçoit en plus de parties les impreflions des particules écoulées des corps odorans. N G NGO-KIAO, (Hif. des drog. de la Chine.) colle faite avec la peau d'âne noir. Voici comme elle e prépare, fuivant la relation du pere Parennin, jéfuite. On prend Îa peau d’un âne noir ,.tué tout récem- ment; on la fait tremper quelques jours confécutifs dans de l’eau tirée d’un puits de la province de Changtong ; après cela on la retire de cette eau pour la-racler, & la nettoyer en-dedans & en- dehors ; on la coupe enfuite en petits morceaux, &c on la fait bouillir à petit feu dans de l’eau de ce même puits, jufqu'à ce que ces morceaux foient réduits-en colle qu’on pañfe toute chaude par une toile, pour en rejetter les parties les plus groffie- tes qui n'ont pu être fondues. Enfin on en diffipe Phumidité, & chacun lui donne la forme qui lui plaît. Les Chinois La jettent en moule, & y im- piment des caraéteres de toutes fortes de figu- res. (D. J.) NGOMBOS, (ff. mod. Superflition.) prêtres impofteurs des peuples idolâtres du royaume de Congo en Afrique. On nous les dépeint comme des fripons avides qui ont une infinité de moyens pour tirer des libéralités des peuples fuperftitieux & crédules. Toutes les calamités publiques & par- ticulieres tournent à leur profit; parce qu'ils per- fuadent aux peuples que ce font des effets de la colere des dieux, que l’on ne peut appaifer que par des facriñices, & fur-tout par des préfens à leurs miniftres. Comme iis prétendent être forciers & devins, on s'adrefle à eux pour connoïtre l’ave- nir & les chofes cachées. Mais nne fource intarif- fable de richeffes pour les Nzombos , c’eft qu'ils per- fuadent aux negres qu'aucun d'eux ne meurt d’une mort naturelle, & qu'elle eft dûe à quelqu’empoi- fonnement où maléfice dont ils veulent bien décou- vrir les auteurs, moyennant une rétribution ; & tou- jours 1ls font tomber la vengeance fur ceux qui leur ont déplu , quelqu’innocens qu'ils puiffent être. Sur la déclaration du prêtre, on faïfit le prétendu coupable à qui Pon fair boire un breuvage pré- paré par le »gombo , & dans lequel 1l a eu foin de mêler un poifon très-vif, qui empêche les inno- cens de pouvoir fe juftifier, en fe tirant de l'épreuve. Les rgombos ont au-deflous d'eux des prêtres ordi- naires appellés gerzgas qui ne font que des fri- pons fubalternes. NH NHAMBI, (Botan, exor.) plante farmenteufe d'Amérique; fa tige ef ligneule , genouillée, velue, rameufe , en partie ferpentant à terre, & en partie s'élevant comme le pourpier. Sa feuille eft grande, verte, quelquefois légérement dentelée fur les bords, 3 . nl 1 LA ee d’autrefois découpée profondément. Ses fleurs naif- fent aux fommités de {es branches en forme de bou- tons ; elles font rondes, groffes comme de petites Tome XI. N H A 129 cerifes, fans feuilles, approchantes de celles de la camomille. Sa femence eft taillée en ombilic, de forme ovale, de couleur grife, rongeâtre, lui- fantes, Ses racines jettent de tous côtés plufieurs filimens blancs, tendres, Cette plante croît dans les bois y dans les forêts, dans les jardins, Ses feuilles machées ont un goût piquant & acrimonieux, COM- me la moutarde &c le creflon ; on les mange en fa= lade dans leur primeur. (D. J. NHANDIROBE, zhandiroba, {, f. (Hifl. rar. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme de rofette, & profondément découpée. Les unes {ont flériles & les autres fertiles; celles-ci font placées fur un embryon qui devient dans la fuite un fruit en forme de boîte charnue qui eft revêtu d’une écorce dure & qui contient des femences appla- ties & arrondies. Plumier, zova plans. amer, gen. Voyez PLANTE. (1) Le zhandiroba eft une plante farmenteufe d’Amé: rique, Le P. Plumier dit qu’elle grimpe aflez haut fur Les arbres qui lui font voïfins ; fes farmens font {ouples, garnis de feuilles plus ou moins arrondies de la largeur de la main, taillées en cœur, & d’un verd-pâle. Ces farmens font terminés par un bou quet de petites fleurs jaunâtres & ftériles, Les fleurs fertiles ou qui donnent du fruit, fortent des ait felles des feuilles, d’autres fortent des branches ; ces feuilles font à trois pointes pour l'ordinaire, & fémblables à celles du lierre, mais beaucoup plus grandes, Le fruit qui fuccede à la fleur, eft plus gros qu'une orange, charnu &c rempli intérieurement de plufieurs femences plates, arrondies , très-ameres & huileufes ; chaque femence eft renfermée dans un noyau plat, folide, brun, recouvert d’une fubftance charnue, fpongieufe &c jaunâtre. Cette femence au Brefil fert à faire de l'huile , mais aux îles de l’Amé- rique elle y eft regardée comme le contrepoifon du venin des ferpens. | M. Linnæus nomme ce genre dé plante févi/læa ; & le caraétérife ainf. Il produit des fleurs mâles & femelles diftinétes ; l'enveloppe de la fleur mâle eff faite en cloche compofée d’une feule feuille ; il eft arrondi dans le fond & découpé fur les bords em cinq fegmens. La fleur eft auffi monopétale, arron- die, légérement découpée fur les bords en cinq parties, avec un nombril orné d’une double étoile. Les étamines font trois filamens. La fleur femelle de fon calice ne differe de la fleur mâle que dans l'étoile qui eft compofée dé cinq feuilles faites em cœur. Le fruit eft une très-groffe baie, charnue , d’une figure ovale, obtufe, entourée du calice, & couvérte d’une écorce dure. Les femences font d’une forme orbiculaire applatie. (D. J. NHAMDIU , f. m. (Jrdol.) efpece d’araignée du Brefil. Son corps eft de la longueur d’un pouce, garni {ur le dos d’une forme de boucher triangu- laire , brillant , orné dans les côtés de fix cônes pointus, blancs , femés de taches rouges; fa bouche eft armée de deux petites dents recourbées ; la partie antérieure de fon corps eft foutenne par huit jambes, longues d'environ deux pouces, jau- nes, ou rouges-brunes ; & {a partie poftérieure qui eft la plus grande, reluit comme de l'argent. Cetre efpece d’araignée file une toile comme les autres, mais elle eft venimeufe. (D. J.) NHANDUAPOA, (Ornichol.) nom d’un oifeau du Brefñl, plus connu fous fon nom hollandois /cur- vogel, Voyez SCURVOGEL. NHANDUGUACU, (Ornirh.) oifeau du Brefil ; de la claffe des autruches, mais d’une plus petite efpece que l’auttuche d’Afrique. Son corps eft fort gros; {on col eft long & fort; fes jambes font hau- tes & épaifles; fes ailes extrémement courtes, ne lui fervent que pour la çourfe ; fon pennage eft 30 NIC gns;'cet oïfeau-porte le-cou courbé comme le cygne ; fa tête eft formée comme celle de loie; fes plumes de derriere convrent le croupion êc font ane efpece de queue ; il court anfi vite qu'un le- yrier, & fe nourrit de chair êc de fruits, (D, J.) NHARWAL, voyez NARWAL. | N I NIAGARA, (Géog.) riviere de l'Amérique fep- tentrionale, dans le pays des Iroquois, Elle fort du lac Érié, & va fe jetter dans le lac Ontario, à quatre lieues au-deflus de fon embouchure, où elle fait un faut prodigieux, fans lequel on pour- roit aller avec de orandes barqués plus de 200 lieues loin, & ne point interrompre la navigation dans fa courfe. (D, J.) NIAIS, adj. (Gram.) Il fe dit de quelqu'un qui ignore les ufages les plus communs de la fociété. Ce cara@tere {e remarque dansla phyfionomie, la voix, le difcours, le gefte, l’exprefion, les idées. Il ÿ a de faux sais, dont on eft d’autant plus aifé- ment Ja dupe qu’on s’en méfie moins. Si la fimpli- cité fe remarque dans lextérieur & qu’elle foit accompagnée de nonchalance , elle fait le ais, La fimplicité n’eftpas incompatible avec la viva- cité ; jamais zais ne fut aétif, Niais. (serme de Fanconnerie,) Ce mot fe dit de quelques oïfeaux de proie, comme du faucon: de l’épervier, &c. qui n'ont pas encore volé , & qu'on a pris au.nid. | NICÆA, (Géog, anc.) je trouve dans les auteurs plufieurs villes de ce nom. 1°, Nicæa ville de Grece, fituée aux environs des Thermopyles, dans le golfe Manliacus. On la ne toit entre les principales villes des Locres Epicne- mides, qui étoient voifins & alliés des Béotiens & es Thébains. Philippe s’empara de Micwa & des Thermopyles, lorfqu'il entra dans la Grece fous prétexte de terminer la guerre facrée; enfuite ce prince la remit aux Theffaliens. | 2°, Nicæa ville delIllyrie. 3°. Nicæa ville de l'Inde , au voifinage du fleuve Ulydafpe, Alexandre en fut le fondateur. 4°. Nicæa ville des Indes auprès du fleuve Cophe- ne. 5°. Micæa ville de l'ile de Corfe: elle fut fondée par les Etruriens , felon Diodore de Sicile. 6°, Nicea ville de la Bœotie, chez les Leuétriens, . 7°. Nicæa ville de la Thrace, felon Etienne le géographe. 1 89, :Nicæa ville de Bithynie &c la plus célebre de toutes. Voyez NiCkE. (D. J.) NICAGUAYA, (Géog.) riviere de l'Amérique feptentrionale dans l’île Hifpaniola. Elle traverfe la province de Cibao , & va fe jetter dans la mer. NICARAGUA, (Géog.) province de l'Amérique feptentrionale dans l’audience de Guatimala. Elle eft bornée au nord par la province d'Honduras ; à orient parla mer; au midi par la province de Cof- tarica ; & à l'occident par la province de Guatima- la. Leterroir de Mcaragua et très-fertile, & offre un des plus agréables payfages du monde, Ses villes ou bourgs principaux font, Nicaragua, Sépovie & ‘Grenade : {es rivieres font l’Yare, l’Yarpa & le Défaguadéro. Elle a trois ports fur la mer du fud, &z une grande habitation des Indiens du pays qu’on appelle le Jzeux-Dourg, On recueilledans cette pro- vince |béaucoup de fucre & de cacao qui ne fort guere du-pays.i b :: E NicarAGuA , (Géog.) lac del’Amérique fepten- trionale dans l'audience de Guatimala , au gouver: mement de Nicaragua. La tête de ce lac n’eft qu’à 4 lieues de la mer du fud:.On lui donne environ 80 NIC lieues de circuit; 8c les vaifleaux y peuvent naviger commodément. Dans la grande île fituée au milieu de ce lac, &c qui porte du cacao & des fruits déli-- cieux, on trouve un volcan prefqu'’aufli confidéra- ble que celuide Guatimala. _ NicaARAGUA, (Géog.) autrement nommée Léon de Nicaragua ; ville de l'Amérique feptentrionale dans la province de Nicaragua dont elle eit la capi- tale, avec titre d’évêche, à 12 lieues de la mer du fud. Des flibuftiers anglois pillerent cette ville en 1685. Long. 291. 24. dat, 12.26. (D. J.) NICARIA, (Géog. anc. & mod.) ou Nicarie ; ile de Archipel, entre l'ile de Samos & celle de Tine. Cette île a environ 60 milles de circonférence, fuivant M. de Tournefort, d’après lequel nous en pouvons parler favamment. Elle eff fort étroite, & traverfée dans fa longueur par une chaïne de mon- tagnes qui lui a fait donner autrefois le nom d’ile longue &c étroite , doliche &t macrés, Ces montagnes font couvertes de bois & fournif- fent des fources à tout le pays. Les habitans ne vi vent que du commerce de ce bois , & font fi miféra- bles qu’ils demandent laumône dès qu'ils font hors de leur île. Ils recueillent peu de froment, aflez d'orge, de figues, de miel, de cire; mais après tout ce font de fottes gens , grofliers & à demi fauvages. Ils font leur pain à mefure qu’ils veulent diner ou fouper. Ce pain n’eft autre chofe que des fouaces fans levain, qu’on fait cuire à demi fur une pierre plate bien chaude : fi la maîtrefle de la’ maïlon eft grofle , elle tire deux portions de fouaces , une pour elle & l’autre pour fon enfant : on fait la même hon- nèteté aux étrangers. Cette île n’a jamais été bien peuplée, Strabon en parle comme d’un pays inculte, dont les pâturages étoient d’une grande utilité aux Samiens. On ne croit pas. qu'il y ait préfentement plus de 1009 ames. Nicaria n’a pas changé de nom, elle s'appelle Zcz- ria, tout comme autrefois; mais les Francs qui ne favent pas le grec, corrompent la plüpart des noms. Tout le monde fait qu'on attribue ce nom à [care fils de Dédale , qui fe noyaaux environs de la mer, qui pour la même raifon fut nommée Jcarienne, Stra- bonenferme dans cette merlesiles deLeros & deCos. Pline ne lui donne de létendue que depuis Samos jufqu'à Mycone. M. Bocharteft le feul qui dérive le nom d’Icarie d’un mot phénicien icaure , qui fignifie poiffonneux ; ce qui pourtant convient aflez à un nom grec que les anciens Ont donné à la même ile. Tous les habitans de Micarie font du rite grec, & leur langue tient plus du grec littéral, à ce qu’on dit, que celle des autres îles où le commerce a fait éta- blir plufieurs étrangers , qui ént introduit une inf- nité de mots & de terminaifons de leur pays. On ne s’eft jamais embarraflé de conquérir cette île : il y a beaucoup d'apparence qu’elle a fuivi le deftin de _ celle de Samos fa voifine & fa maitreffe. L'île manque de port. Lune des principales ca- lanques eft à Fanar, où étoit l’ancienne ville Dra- CAT201Z: : Strabon, y. xiv. pag. 630. aflüre quil y avoit dans Micaria un temple de Diane, appellé Tawropo- lium ; & Callimague n’a pas fait dificulté de dire que de toutes les îles il n’y en avoit pas une de plus agréable à Diane que celle-ci. Goltzius a donné le type d’urie médaille repréfentant d’un côté nne Dia- ne chaflerefle , & de l’autre une perfonne aflife fur un taureau, avec cette légende 1m. On pour- roit prendre cette perfonne pour Europe; mais fe- lon la conjedure de Nonims# c'eft plutôt la mème Diane , le taureau marquant l'abondance des pâtus rages de l’île , & la proteétion de cette déeffe. La fänar où fanari de! Micaria (qarapu, lantere NIGC nes fanal)reit une vieille ton; Gin fefvoit de fanaî pout éclairer le pañlage dés vaifleaux, entre cette île & celle dé Samos; cär ce anal eft dangéreux quand la mer eft srofie,, quoiqu'il y ait x8 milles de large, au | , fs Nicatiens n’ont ni cadi, ni tufes chez eux: Deux adminiftrateurs annuels font toutes les afai- res du pays. Ils paient environ cinq cent écus de Capitation, éutre une centaine pour la taïlle, & pour'avoir la liberté de véndre leur bois hors de l’île; Long. 43. 55-44: 124 lati3%. 38-46. (DJ) NICASTRO, (Géog.} en latin Neocafiram ; petité ville d'Italie au royaume de Naples dans la Calabre ultérieure , à 2 lieues du golfe de fainte Euphémie , . avec un évêche fuffragant de Revgio. Elle fut pret- que ruinée en 1638 par un tremblement de terre. Long. 33.30: lats 38.10, == NICATES, (Géog. anc.) ou Mfite ; peuples de Ethiopie fous l'Egypte felon Pline, Z8. vÿ, c xxx. qui dit que ce mot fionifie des hommes qui onttrois OU quatte yeux; non que çes peuples fuflent tels; mais parce qu'ils appliquoient toute leur atrention en tirant leurs fleches. NICATÉS,, (Géog. anc,) montagne d'Italie chez les Peligni. Niger croit que c’eft la montagne qu’on appelle aujourd’hui Maiella & Mathefto. (D. I.) NICE , comTÉ DE, (Géog.) ce comté s'étend. du fud au nord l’efpace de 90 milles. Il a fait durant plufeurs fiecles partie de la Gaule narbonnoïfe, & enfite du comté de Provence, dont il fut démem- bré en 1388 , par les habitans du pays qui fe don- nerent à Amedée VII. comte de Savoie. Ses bornes font au nord le marquifat de Saluces; le Piémont propre à left; la Méditerranée au fud, & la Pro- vence à l’oueft, Son étendue du feptentrion au midi, eft d'environ r3 lieues , & celle d’orient en occi- dent d'environ 18. Nice eft fa capitale, & quoique le pays foit entrecoupé de hautes montagnes, il'eft fertile en vin & en huile, Enfin il {eroit admirable s'il étoit plus peuplé. Caflini (Jean Dominique ) ou le grand Cafini, naquit dans le comté de Nice ën 1625, & fut appellé en France par M. Colbert en 1666. Il a été le pre- muer des Aftronomes de fon tems; maisilcommença comme les autres par l’Aftrologie. Puifqu'il fut na- turalifé dans ce royaume, qu'il s’y maria, qu'il y eut des enfans , & qu'il eft mort à Pa , On peut le compter au nombre des françois. Il a immortalifé fon nom par fa méridienne de faint Pétrone à Boulo- gne:ellefervit à faire voirles variations dela vitefle du mouvement de la terre autour du foleil, Il fut le premier qui montra par la parallaxe de Mars que le Soleil doit être au moins à 33 millions de lieues de la terre. Il prédit le chemin que de- voit tenir la comete de 1664. C’eft lui qui décou- vrit quatre fatellites de Saturne; Huyghens n’en | avoit apperçu qu’un, & cette découverte de Caf- fini fut célebrée par une médaille dans l’hiftoire mé- tallique de Louis XIV. Il publia de nouvelles tables des fatellites de Ju- piter fort perfeétionnées, & détermina la révolution : de Jupiter & de Mars fur leurs axes. Enfinil enrichit lAftronomie de-diverfes méthodes très-ingénienfes. ‘En voyant la comete de 1680,1l prédit au roi qu’el- fuivroit la même route qu’une autre comete obfer- vée par Tycho-Brahé en 1577. C’étoit une efpece de deftinée pour lui, que de faire ces fortes de pré- diétions à des têtes couronnées. ! Dans les dernieres années de fa vie, il perdit la vie, malheur qui lui a été commun avec le grand Galilée, & peut-être par la même raïfon: car les obfervations fubtiles demandent un grand effort des yeux. Selon l’efprit des fables, ajoûte M. de Fon- tenelle , ces deux grands hommes, ‘qni ont fait tant Toms XI, fais tee ÉEEr sr NiC 1) de découvertes dans le eiel, reffembleroient à Tiré fias Qui devint aveuglé pour avoirvi quelqué fes éret des dieux; [lImouruten 1712, âpéde 87 añ8; fans maladie, fans douleur, par la feulernécefité de Mourir, & en mourant, 1l eut la gloiré de laifér.defl enfans diftingüés dans l’Affronomie:! (D. - Nice, (Géog.) ancienne 80 forte! ville aux tons fins de la Francé &c de, l'Italie | capitale du comté du même nom, avec une bônne citadelle, un évêsx ché fufragant d'Embrun, 8 un fénar qui eft comime démocratique. Leshabitans fe donneréntà Amédée VII, comte de Savoie‘en 1388; & depuisce terms élleeft demeurée aux ducs de cetté maifon. Fran: çois [. Pafiégea par terréten 1543 , tandisique les Tuüres là prefloient du côté de la mers. Barberoufte I: n'ayant pu prendre la citadelle, faccageala vil le, Ee maréchal dé Catinatlä ‘prit en 1691; elle fné rendué au duc de Savoïe:en 1696. Le duc de Ber2 wick la prit en 1706 ; elle fut rendue:par le traité d’'Utrecht au roi de Sardaigne. Les François la répriz rént en 1744 ; & l'ont rendue par le traité d'Aix la-Chapelle. Elle eft fituée à lorient de lembouz chure-du Var fur un rocher efcarpé , à 33 lieues-S: O. de Turin, 28 S:E. d'Embrun, 33-S. Oide Gè: nes, 33 N. E. d'Aix, 176 de Paris. Long. delon Caf: fini, 2338301 larg an. gore vel Les Phocéens fondateurs de lavills de Marfeille voyant leurs colonies accrues confidiralilément , s’étendirent le long de la côte, & ayant trouvé fur le Var un endroit fort agréable, ils y fonderent la ville de Nice, Nicæa , au retour d’une expédition cons tre les Saliens & les Liguriens, C’eft une ville bâtie dans une fituation des plus :avantageufes par la beautéde fes collines , la fertilité du pays & la bon: té del’airqu’on y refpire. LesRomainsfuifoient leurs délices de ce lieu , où croiflenten abondancetous les fruits que produit l'Italie: Elle‘avoit la plus grande célébrité du tems de Ptolomée ; mais aujourd’hurelle eft entierement déchue de fon ancienne dignité. On y voit encore les ruines des grands fauxbourgs qu’elle avoit autrefois, (D. J.) Nice DELA PAILLE, (Géog.).petité ville d’Ita+ lie dans le Montferrat ,aux états du roi de Sardai: gne,, entre les villes d’Acqui& d’Affi , {ur le Belbos Long. 25.59. lat. 44447 NICÉE:, 1. f, (Mychol.) Nrin; c’eft le nom-grec de la Viétoire, qu'Efiode ditingénieufement être com- pagne de Jupiter, & fille de Pallas & du Styx; nous difons aufh dans le même fens, que Les te Deum des princes font les de profurdisdes particuliers, (D.J ) Nicée, (Geog.) ville de Bithynie, aujourd’hui Lfnich; c’eft la Nirase de Prolomée, Strabon la place fur le lac Afcanius, aujourd’hui Lago di Nicea:, à une journée de la mer: Antigonus fils de Philippe, en avoit été le fondateur , & l’avoit nommée-Arrigo. nia. Dans la fuite Lyfimachus l’appella Nicæa ; du nom de fa femme fille d’Antipater. On a diverfes médailles de cette ville depuis Au« gufte jufqu’à Gallien ; néanmoins elle n’a dans aucu: ne le titre de métropole. La médaille de Pempereus Domitien, où l’on voit cetteinfcription ; vrxzr0r mpe- to nc erepysiac, Nicæenfés primi provincie ;, ne-dit pas que Micée fut la premiere.de la province, elle apprend: feulement que les habitans furent les pre- miers qui firent des facrifices à Jupiter, pour la con- fervation de Domitien: c’eft.ce que prouve l'autel qui paroît fur cette médaille avec ces mots ; d'os ayopæror , Jovis, qui fori cuflos & prafes ef. Cette médaille eft dans le cabinet du roi deFrance. Nicée fut évêché dans.les commencemens du:chrifs tianifme , & devint enfuite métropole pendant quels que tems. Elle eft célebre par la tenue du premier concile général, & plus anciennement par la naïffans _ce d’'Hipparque, de Dion-Caffius & de Parthémiuss R ij 132 NTIC Hipparque célebre aflronome grec, & Puh des plus favans mathématiciens de l'antiquité, fleuri foit entre la 154 & la 163 olympiade. Il inventa les principaux inftrumens fervant aux aftres, prédit les éclip{es , & apprit aux hommes à ne point s’en étonner. Pline le met au nombre des génies fubli- mes ; il l'appelle le confident dela nature , éoncilio- Fum naturæ particeps , Lib. IT. c. xxvj. I admire d’a- voir pañlé en revue toutes les étoiles, de les avoir comptées & d’avoir marqué la fituation & la gran- deur de chacune. Il ne nous refte des ouvrages d'Hipparque, que fon commentaire fur les Phéno- menés d’Aratus. Le pere Pétau l’a traduit en latin, & en a donné une bonne édition: Dion-Cafus fleurifloit fous Alexandre Sévere. Homme d’érat & de grande naïffance, il fut gouver- neur de Pergame & de Smyrne , commandaenAfri- que & en Pannonie , & fut nommé deux fois au con- fulat. Il compofa en grec une hiftoire romaine, à laquelle il employa 22 ans, & dont nous n'avons plus que quelques ruines [Len a paru une édition, Hanovie en 1606 in-fol. & cette édition a été la meilleure jufqu’à celle de Herman Samuel Reima- rus , donnée à Hambourg en 1750 in-fol. grecq. latin. avec des notes. Dans les quatre-vingt livres de cette hiftoire, dont fort peu fe font fauvés d’une perte fatale, nous devons fur-tout regretter les 4o dernieres années, dont Dion parloit comme témoin oculaire, & comme ayant eu part au gouvernement de l’état; car 1l eft peu d’hiftoriens qui nous aient aufli bien revélé ces fecrets que Tacite nomme arcana imperi. Dion eft tellement exaét à décrire l’ordre des comices, l’éta- bliffement des magiftrats , & l’ufage du droit public des Romains , que ces fortes de faits ne s’appren- nent point ailleurs plus diftinétement. Pour ce qui concerne la confécration des empe- reurs & leur apothéofe, il n’eft point d’hiftoriens qui nous aient peint cet enrôlement au nombre des dieux, fous une plus belle forme. C’eft dans le cin- quante-fixieme livre où Dion repréfente la pompe des funérailles d’Augufte , fon lit de parade , fon ef- figie en cire, & fon oraifon funebre que Tibere lut devant Le peuple. El expofe enfuite de quelle façon fon corps fut brûlé , comment Livie recueillit &t mit des os à part ; enfin l’adrefle avec laquelle on fit artir l’aigle du haut du bucher, d’où 1l fembloit que Foitea de Jupiter emportoit au ciel lame de l’em- pereur. Les oraïfons funebres de la compoñftion de cet hiftorien , méritent d’être louées pour leur grande beauté, Telles font celles de Pompée & de Gabinius au peuple romain. On ne lit pas avec moins de plai- fir les harangues d’Agrippa & de Mécene, dont le premier parle pour porter Augufte à quitter Pempi- re , & le fecond pour l’engager à le retenir. Pour ce qui regarde les défauts de Dion-Cafhus, on peut l’accufer avec juftice, d’une partialité hon- teufe contre le parti de Pompée, contre Cicéron, Séneque 8 plufeurs autres grands hommes; mais fur-tout fes propos contre la réputation de l’incom- parable orateur de Rome, fontdes fatyres odieufes, indignes d’un hiftorien. | On pourroit ajoûter aux taches dont nous venons de parler, quelques traits de fuperftition & de cré- dulité , qui feroient capables de décréditer fon hif- toire , fi l’on ne devoit pas quelqu'indulgence aux foibles de humanité. Parthénius de Nicée fleurifloit fous Augufte, Il eft auteur du livre map ÉpaTIL DV ma Ëmuc rev , c’eft-à-dire des paffions d'amour, traduit en latin par Janus Cor- narius, & imprimé avec le grec à B&/, chez Fro- ben en 1531 4-89. premiere édition, Cet ouvrage eft en profe , & contient trente-fix chapitres fort toufts, Suidas donne à Parthénins divérs autres écrits. Nous apprenons de Macrobe qu'il montra la langne grecque à Virgile. (D...) - NICÉFFO , (Hifi. nat. Botan.) arbre d'Afrique qui croit fort communement dans les royaumes de Congo & d’Angola. Les habitans de ce dernier pays l’appellent mc0ongio-acamburi. Il eft ordinairement de 6 piés de haut, & il produit un fruit aflez fembla- ble à l’ananas, dont l'écorce renferme jufqu’à 200 petits fruits oblongs, d’un goût délicieux: fl.eft char- gé de ces fruits très-peu de tems après être forti de terre, &1l en produit toute l’année. NICÉPHORIUM , (Géog. anc.) ville de Méfopo- tamie fur l’Euphrate. Pline, 4. vj, c. xxx. dit que la fituation avantageufe du lieu avoit engagé Alexandre à bâtir cette ville. Quelques-uns veulent que ce foit aujourd’hui le bourg nommé Nafivancaft, & d’autres Nephrun. NICÉTÉRIES, £. f. pl. (Aneiq. grecq.) Ninnrapia 3 fête athénienne en mémoire de la vi@oire que Mi- nerve remporta fur Neptune dans la difpute qu'ils eurent enfemble , à qui auroit l'honneur de donner le nom à la ville qui fut depuis nommée Arhènes; les douze grands dieux adjugerent le prix à Miner- ve. (D. J.) NICHABOUR , ( Géopr.) ou Mifchabourg , ou Neilchabourg | car on écrit ce mot de plufieurs ma- nieres , ville de Perfe dans la province deKhoraflan, dont elle pafloit pour être la plus grande & la plus riche avant qu’elle eût été défolée d’abord par les Turcomans , & finalement ruinée par les Tartares de Genghizkhan , fous le regne du malheureux Mo: hamed Kouarefm-Schah. C’eft dans les montagnes de fon voifinage qu’on tire les turquoifés orientales, qu’on nomme dans le levant pirougé nifthabouri, 8 que nous:appellons en françois turquoifes de la vieille roche, pour les diftin- guer des autres turquoifes. Ni/chabourgeft à x 5 lieues de Mefched. Long. 74.52. lat. fuivant les Ephémé- rides de Narfe Eddin, 31.20. (D. J.) NICHANGI-BACHI, f. m. ( Hif.. mod.) nom que les Turcs donnent à un officier, dont la fonétion eft d'imprimer le nom du grand-feigneur fur les let- tres qu'il fait expédier. Ce fceau s’applique non au Bis de lécriture ; mais au-deflus de la premiere igne. EN ICHE, £. £. (Archis.) c’eft un renfoncement pris dans l’épaiffeur d’un mur, pour y placer une figure ou une ftatue, Les grandes riches fervent pour les grouppes, & les petites pour Les ftatues. On diftin- gue plufeurs fortes de riches par des noms particu= liers que nous allons expliquer, Niche à cru ; niche qui ne portant point fur un maf: fif, prend naïflance du rez-de-chauflée. Telles font les deux ziches du porche du Panthéon à Rome. On appelle aufh niche à cru une riche qui, dans une façade, porte immédiatement fur l’appuicon- tinu des croïfées fans plinthe. Il y a de ces riches dans quelques palais d'Italie. Niche angulaire, c’eft une riche qui eft prife dans une encoignure , & fermée par une trompe fur le coin. Il y a quatre de ces niches occupées par quatre ftatues de prophetes dans un veftibule au pié du grandefcalier de l’abbaye de Ste Génevieve à Pa- ris, du deffein du S' de Creil ; où l’on peut remar- quer plufñeurs pieces de traits faites avec beaucoup d’art. Niche d’autel, niche qui fert à La place d'un ta- bleau dans un retable d’autel. IlLy a dans l’églife de la Sorbonne à Parisune riche à l’autel de la Vierges, du deffein de M. le Brun, dans laquelle eft la figure de marbre faite par M. Desjardins , feulpreur ‘du roi. Niche de bufte, petit renfoncement où l’on place NIC unbufte. Il y'a de ces riches dans la cour de l’hôtel de la Vrilliere à Paris. Niche de rocuille , niche revêtue de coquilles pour Jesgrottes, Ily avoir debelles riches decette efpece à Verfailles, & il y en a encore à Meudon. Niche de treillage , c'eft une #iche conftruite de barreaux de fer & d’échalas, qui fert à orner quel- que portique ou cabinet de treillage. Niche en taberracle, on appelle ainf les grandes riches qui font décorées de chambranles , montans & confoles avec frontons. Telles font les riches d'ordre dorique du dehors de l’églife de S, Pierre & celles de $. Jean de Latran à Rome, qui peuvent être remplies par des grouppes. On voit auffi une niche de cette efpece dans l’églfe des PP. carmes déchauflés à Paris, occupée par une figure de la fainte Vierge en marbre , faite par Antome Raggi, dit le Lombard, d’après le modele du cavalier Ber- pin, | Niche en tour ronde, C'eft une riche qui eff prife dans le dehors d’un mur circulaire , & dont la fer- meture porte-en faillie. De cette efpece font les grandes riches du chevet & de la croifée du dehors del’églife de S. Pierre de Rome , & la fontaine de S. Germain , rue des Cordeliers, à Paris, On appelle xiche en cour creufe celle qui fait l’effet contraire de la riche en tour ronde. Niche feinte ; renfoncement de peu de profondeur, où font peintes , on en bas-reliefs, une ou plufeurs figures. Il y ade ces riches à la face latérale de Phô- tel de Carravalet au marais à Paris. Niche quarrée, c’eftun renfoncement dans un mur, dont le plan & la fermeturefontquarrés , comme au palais des Tuileries du côté du jardin. Miche ronde , niche ceintrée par fon plan & fa fer- meture. On voit des ziches de cette efpece fort ré- gulieres au portail du Louvre. Niche rufiique | niche qui eft avec boffages ou re- fends. Il y a de ces riches au palais de Luxembourg à Paris. On appelle encore riche un enfoncement prati- qué dans une chambre où l’on place un lit on un Canapé. Nous feronsici quelques remarques fur les ziches, parce qu’elles ont été fort en ufage dans les anciens édifices ; il en refle des veftiges dans les temples, les thermes , ies théâtres , les amphithéâtres , les cirques & les arcs de triomphe. Il y en avoit auffi dans quelques maifons de particuliers, comme dans ! les veftibules, les cabinets & les falles pour confé- rer ; ainf les anciens en ornoient les falles , les lo- ges & les efcaliers. | Les niches doivent le plus qu'il fe peut être vis-à- vis d’un vuide ou d’une croifée , foit qu'il y ait des flatues , ou qu'il n’y en ait point ; car alors elles fervent pour ferepofer , s’il y a un fiege de marbre ou de pierre. Les grandes riches antiques tombent jufque fur le pavé, comme celles de la rotonde fous fon porti- que 8c celles des thermes:d’Antonin, où a été trou- vé le grouppe du taureau Farnèfe qui contient la fable de Dircé. Il y en.a encore aux thermes de Ti- tus , où étoit le grouppe de Laocoon. Cesfortes de niches conviennent à de grands lieux ; maïs dans celles-qui {ont d’une grandeur ordinaire , & qui ne peuvent avoir qu'une figure , leur proportion doit être telle que la hauteur foit d’un pen moins que deux fois & dem leur largeur pour les ordres maf- fifs , 8 d’un peu plus. que cette hauteur pour les ordres délicats ; leur plan doit avoir un peu plus, où un peu-moins que le démi-cercle , ou lui être égale | Les riches qui font entre les colonnes fans pié- deftaux ;-doivent avoir de largeur un diametre 8 NIC 133 demi de la colonne ; &lorfque les colonnes ont dés piédeftaux ; elles demandent un diametre & trois quarts. Comme il faut que les ftatues foient propor- tionnées aux riches , elles doivent être de telle ma- niere que le bas du col ou la hauteur des épaules ne paffe pas le-deflus de l’impofte, L’impofté doit être pareille à la hauteur d’une frife & corniche _mife en un endroit ; elle ne doit pas être moindre d’une treizieme partie & demie de cette hauteur ) qui feroit celle d’une corniche feule. Les bandeaux d’arcs ou archivoltes des ziches ne doivent point être plus larges que la fixieme partie de louverture , ni plus étroits que la huitieme, fi ce meft aux grandes ziches, où ils n’auront que la dixieme partie, On voit des exemples de toutes ces fortes de ziches devant le palais de S. Marc à Venife. | Les proportions des riches doivent être relatives à celle de l’ordre qui décore l'édifice, à la grandeur de la ftatue , & à l’étendue de l’endroit où elle doit être pratiquée. j Plus les ziches font élevées , plus les fieures qu’el- les contiennent doivent être petites. Ainf les riches doivent être plus hautes à mefure qu’elles font plus élevées. Scamozzi veut que cette hauteur foit deux fois & trois quarts de fa largeur. | Lorfqu'il y à plufeurs riches pofées les unes fur les autres , l’efpace qui refte entre deux doit avoir au-moins deux fois la largeur de la ziche. Enfin lorfque des boflages reonent dans une fa- çade où il ya des riches, c’eft autour de la ziche que les boflages doivent être répétées | & non dans la niche derriere la ftatue. Mais les ziches fur lefquelles nous venons de nous étendre {ont-elles un ornement en Architeéture à Les anciens le penfoient ainfi , tandis que plufeurs modernes les regardent comme une idée de mauvais goût, & trouvent qu'une ftatue enchâflée dans cette efpece d’enfoncement ne fait point un bel effet ; je trouve beaucoup de vérité dans cette obfervation, mais ce n’eft pas ici le lieu de la faire valoir. Le mot riche vient de l'italien zckio , qui eft une coquille de mer, d’où par reflemblance on a appel- lé niches ces cavités qu’on pratique dans les murs pour y placer des ftatues. Auffi repréfente-t-on fouvent une coquille dans le ceintre d’une riche. (D. 7.) NicHe, ( Théol.) fe dit auffi en particulier dans l’'Eglife romaine d’une efpece de petit trône de bois doré ou d’étoffe précieufe ; furmonté d’un daïs où d'un dome avec des panaches & des aigrettes où l’on place le faint Sacrement dans les offices où on l’expofe à la vénération publique des fideles. Il eft parlé de riches dans les anciens , c’eft-à-dire de pavillons fous lefquels on plaçoit &r l’on portoit les images des dieux. Left dit dans Amos, v. 23€ 26, que les Tfraëlites, dans leur voyage du défert ; ot porté la rente ou le pavillon de leur dieu Moloch, l’image de leur idole , Vaftre de leur dieu, Et faint Etienne dans les Aétes des Apôtres, c. vi.43, leur fait le même reproche, On conjefure avec affez de fondement que Moloch & ces autres divinités paiennes qu'ils portoient dans le défert,étoient por- tées dans des ziches fur les épaules des hommes ou dans des chariots couverts, comme on fait que quel- quefois les paiens menoient leurs dieux en procef- fon ou dans les marches publiques. Quelques-uns croient aufli que ces petits témples d'argent de la déefle Diane que l’on vendoit à Ephefe étoient des temples portatifs ou des ziches pour la dévotion des pélerins. NL La coutume de porter les figures des dieux fous des tentes & dans des litieres couvertes, eft-yenue des Egyptiens. Hérodote, Zy, IF. parle d’une fêre 134 NIC d'Ifs, où l’on portoit fa ftatue furun/chariot à qua- : tre roues, tiré par les prêtres de la déefle. Le même auteur, parlant d’une autre de leurs divinités, dit qu'ilsila portent d’un temple dans un autre dans une petite chapelle de bois doré. Saint Clément | .d’Aléxandrie » Szromat, liv. V, parle d’une procef- fion epyptienne,, où l’on portoit deux chiens d’or, un épervier & un 1bis. Le même.pere, 27 Prorrepric. | .P..49,tapporte des paroles fatyriques de Ménandre, qui railloit de ces divinités coureufes qui ne pou- voient demeurer, en.place. Macrobe, Sarurnal. Dier. L, I. dit que les prêtres egyptiens portent la ftatue de Jupiter d'Hélhopolis fur leurs épaules, comme on portoit les dieux des Romains dans la pompe des jeux du cirque. Et Philon de Biblos, cité par Eufebe , Prepar. evang. lib. L, raconte qu’on portoit Agrote , divinité phénicienne , dans une ziche couverte fur un chariot traîné par des ani- maux. | Selon Quinte-Curce , les prêtres égyptiens met- toient Jupiter Ammon fur une nacelle d'or, où pen- doit des plats d’argent par le mouvement defquels ils jugeoient de la volonté du dieu , & répondoient à ceux qui les confulioient, Les Gaulois prome- noient leurs dieux.couverts d’un voile blanc par les | campagnes , dit Sulpice-Sévere. Tacite, de morib. German. parle (d'une déefle inconnue qui réfidoit dans une ïle de l'Océan; on lui conferve , ditil, un chariot couvert, dont nul n’ofe approcher que fon facrificateur. Quand il dit que la déefle y eft entrée , on y attele deux genifles qui conduifent le char où l’on veut, après quoi elles le ramenent dans fon bois. Voilà des exemples des dieux portés dans des ziches & fur des chariots. A l'égard des petits temples portatifs qui étoienit aufh des efpeces de ziches, Diodore de Sicile en parle auffi-bien que Viétor dans fa defcription de Rome, & :ly a grande apparence que ces petits tem- ples de la Diane d’Ephefe que vendoit l’orfevre Dé- métrius , étoient des riches où la figure de cette déefle étoit repréfentée. Calmet, Difion. de la Bibl: (G) | : NICHOIR FT. m. rerme d'Oifelier | maniere de cage particuliere propre pour mettre à couvert des férins & autres oïfeaux. . NICIA, (Géog. anc.) riviere d'Italie, felon Pline, Z, LIT, c. xvy. les uns croient que c’eft le Lerza & d’autres le Nura. (D, J.) _. NICKEL, fm. ( Æifi. nat, Minéralogie & Chimie métallique.) M. Axel-François Cronftedt ;| de l’aca- démie royale des Sciences de Stockholm , a inféré dans les somes XIII. & XVT. des mémoires de cette favante académie une differtation fur une nouvelle fubftance minérale, trouvée dans une mine de co- balt, fituée à Færila en Helfngie, dont il a tiré une matiere réguline qu'il regarde comme un nouveau demi-métal, inconnu jufqu’à lui, & qu’il a nommé zickel parce qu'il fe tire de la mine que les Alle- mands nomment kupfernickel. La mine dont on tre le zzckel eft d’une couleur blanche comme de l'argent dans la fraîure récente, cependant cette couleur eft. quelquefois plus obf- cure , elle tire auf fouvent fur le rouge jaunâtre. Après avoir été expofée à l'air pendant quelque … tems , elle fe couvre d’un.enduit verd ; fi alors on la lave avec de l’eau elle la colore en verd ; cette eau mifeen.évaporation forme des cryftaux oblongs, quadrangulaires ; Tabatus par deux ou trois côtés, qui ont de la reflemblance avec le vitriol. En calci- nant ce {elivitriolique , on obtient un réfidu d’un ons clair qui, fondu avec trois parties de flux noir, donne une régule de solivres fur un quintal de ré- fidu. Ce régule a un œiljaunâtre à l'extérieur, mais fi on le cafle , il eft blanc comme de l'argent dans NTIC lintérieut, 11 ef compofé de feuillets 8: dé lames comme le bifmuth. Ce régule fetdiflout dans l'acide nitreux , dans l’efprit de {el & dans l’eau révale, il donne une couleur verte à ces diflolvans , il'ne fe diffout point nt dans lacide vitriolique , ni dans l’acide de vinaigre , & ne s’amalgame point avéc le mercure. Certe {ubitance eft fouvent mêlée d'une portion de fer, mais quelque expérience que M Cronitedt ait fait, il n’a point pu y découvrir de cuivre. La mine qui fournit cette fubftance lorfqu’on la calcine, commence par répandre une fumée pures ment fulphureufe ; en continuant la calcination, la fumée blanchit 8 a une odeur arfénicaie, Enpouf- fant plus loin encore cette calcination , la mine fe couvre d’un enduit qui eft femblable à des petits rameaux d’un verd clair, qui, fondus avec une ma- tiere inflammable , donnent une fubftance réguline femblable à celle qui a été décrite ci-deflus. Ce ré- gule calciné devient d’un beau verd, & prend de nouveau la forme de rameaux. De toutes ces propriétés , M. Cronftedt en con- clut que cette fubftance doit être regardée comme un nouveau demi-métal, qui différé entierement du cobalt & du bifmuth. De plus il croit que le #i- ckel entre pour la plus grande partie dans la compo- fition que les Allemands nomment /peifs | qui fe dé- pofe au fond des pots dans lefquels on a fait lefaffre, c’eft-à-dire le verre bleu coloré par le cobalt. Le riekel a beaucoup de difpofition à s'unir avec le foufre. Cette fubftance n’entre en fufion qu'après avoir rougi. Sa pefanteur fpécifique eft à l'eau en- viron comme $+eft à un, | Le zickeZ s'allie avec l'or ; il ne s’ailie point avec l’argent, Il s’unit facilement avec l’étain, moins ai- fément avec le plomb. Il s’unit avec le cuivre , mais encore plus aifément avec le fer. M. Cronftedt croit que c’eft le foufre qui facilite fon union avec ce der- nier métal. L’arfenic a beaucoup de difpofition à s’unir avec le rickel, & ne s’en dégage qu'avec beauconp de peine. Îl en eft de même du cobalt & de l’antimoine crud , du régule d’antimoine , du bifmuth, avec lef quéls le zickel fe combine : mais cette fubftance ne s’unit point avec le zinc. | La chaux qui réfulte de [a calcination de cette fubftance ne fe vitrifie point fans addition , ni même lorfqu’on la mêle avec du verre, mais le régule du zickel colore le borax d’un brun clair , & cette efpece de verre , lorfqu'on continue à le chauffer, devient violet & tranfparent comme celui qui a été mêlé avec de la magnéfie ou manganefe. | : Il paroït qu'il faudroit encore faire des expérien- ces ultérieures pour nous convaincre, fice régule de zickel, dont parle M. Cronftedt ; eft un demi- métal particulier , ou fi on doit plutôt le regarder comme une combinaifon de fer, d’arfenic, de bif- muth, de cobalt, & même de cuivre & de foufre. C’eft au tems à fixer là-deflus nos incertitudes, (—) NICKLSPURG , (Géog.) ville d'Allemagne dans la Moravie, avec un château qui la commande. Fré- deric, baron de Tieffenbach., l’a pris en 1620, &c les Suédois en 1645. Les Impériaux la prirent d’affaut en 1646. | | | NICOBAR , ox NICOUBAR , NIACBAR , NI COUBARS, ( Géogr. ) îles des Indes à l'entrée du golfe de Bengale, & qui s'étend depuis le 7 jufqu’au 8° degré de Zarir. feptene. Ces îles prennent leur nom de la principale de toutes, dont nous allons parler. ii L'île Nicobar eft à 30 lieues d’Achem, à 74, 30! de latit, feptent. & c’eft celle où vont mouiller les et TE NIC remplie de grands arbres, & en particulier de ca- caotiers qu femblent ne former qu’un feul bocage. Il n’y a que les côtes de File qui foient habitées. Les Nicobarois y demeurent dans Les baies proche la mer ; la terre n'eft point défrichée plus avant dans le pays. Les hommes s'occupent principalement à la pêche avec leurs canots qui vont à la rame comme à la voile, & qui peuvent contenir 30 hommes. Les naturels des îles Mcobar font d’une couleur jaunâtre , bafanée, & vont prefque nuds ; als font grands &c aflez bien proportionnées ; ils ont les che- veux noirs & lifles, le vifage alongé & le nez d’une grandeur médiocre. Ils font d’excellens nageurs : leur langage leur eft particuhèr. Les femmes n’ont pointde fourcils , parce qu'apparemment elles fe les arrachent. Hsne font point divifés en caftes ou tribus comme les peuples de Malabar 6 de Coromandel, On ne fait rien de leur religion , & le petit nombre d’Eu- ropéens qui ont ofé aborder dans cette île , n'ont découvert aucun monument public qui foit confacré à un culte religieux, Les Micobarois pailent pour être des gens cruels ; ils fe nourriflent de fruits, de poiflons & deracines ; car il ne croît ni blé , niris, m1 autre forte de grains dans leurs îles. Ils trafiquent de leurs.poules & de leurs cochons , lorfque quel- ques varfleaux partent : 1ls vendent aufli leurs per- zoquets qui font fort eftimés dans l’inde , parce qu'il n’y ena point qui parlent fi difiinétement. Foyez de plus grands détails dans leP,de Charlevoix, les Les- * sresédiftantes ; Koempfer, Æiffoire dn Japon ; & Dam- pier, Voyage autour du monde, ( D. J. . NICOLAÏ, ( Liviérat. é Botan.) No Xe , c'eft Je nom qu'Augufte donna aux dattes fameufes que produifoit la vallée de Jéricho. Il n'y en avoit point de plus eftimées ; & l’empereur, pour les diftinguer des dattes ordinaires, les appella du nom de zicolas, ainfi qu'Athénée nous l’apprend, Z. XIF. 6. xviÿ. Plutarque en parle en ces termes , felon la verfon d'Amyot, Propos de table , L. VIII. quef?. iv. « Si la # palme produifoit en Grece les dattes comme elle # faiten Syrie où en Egypte, ce feroit bien le plus s beau fruit que l’on fauroit voir, le plus doux que » l’on fauroit favourer , & n’y en auroit point d’au- #1re qui fût digne de lui être comparé ; c’eft pour- » quoi l’empereur Augufte aimant fingulierement # Nicolas , philofophe péripatéticien , appella les » plus belles & les plus grandes dattes zicolas, & juf- + qu'aujourd'hui encore les appelle-t-on ainfi ». Photius, Bb, cod. 189 , prétend que les ricolai n'étoient point des dattes, mais des efpeces de gâ- teaux que Nicolas de Damas envoyoit en préfent à Augufte. Euftathe , Suidas. & Héfychiuis font du mêmeavis. Spanhewn conjeéture que les daites fai- 1oïent le principal mérite «de cette pâtiflerie ; mais M. VPabbéSevin me paroît en avoir mieux jugé dans les Mémoires de l'académie des Infcriptions. « Malgré » monrefpeét, dit-il, pour ce favant homme (Span- # heim), je ne ferai point de fon avis ; &c cela avec » d'autant plus de jufice, que les paroles de Plu- +» tarque 6 d’Athénée ne {ont pas fuiceptibles d’une » femblable explication. Ces auteurs rapportent que » les dattes de Nicolas de Damas, fupérieures aux # autres, & par leur grofleur & par leur bonté, fu- # rent appellées zico/aï ; ici il n’eft point mention » de gâteau: &t dès-lors le parti que prend M. Span- | #heim doit paroïtre infoutenable, Quantlà moi, je. | ne me ferai point un fcrupule d'abandonner Hé- # {yehius & Suidas, lorfque leur antorité {era com- » battue par des témoins auff refpéétables que’le ._# fontcenx dont on vient de parler». Grotius pré- fcreauffil'autorité d’Athénée, de Plnrarque & de Jo- fephe à celle des auteurs plus modernes, Photius, Sui- das & Héfychius, (D, J,3: 2 à 4 ni ci NIC 135 NICOLAITES , f. m: pl (Théoz.) w’eft une des plus anciennes feétes du chriftamifme ; ils tirent leur nom, felon quelques-uns , de Nicolas qui avoit été ordonné diacre de l’églife de Jerufalem conjointe- ment avec S. Etienne. … DT 1 La maxime particulière qui caraétérifoit les Micoz laises, comme 1ls nous font repréfentés par les hifs toriens eccléfaétiques ; c’étoit d’enfeigner que tou= tes les femmes mariées devoient être communes, pour Ôter teute occañon de jaloufie. D'autres écrivains ont noirci Nicolas d’autres im puretés,; mais Clément d'Alexandrie Les imputetou- tes à fes difciples, qui ont abufé , à ce qu'il dit ,des paroles de leur maïñre. Il paroit que Nicolas avoit une très-belle femme ; & que les apôtres Le foupçonnoient d’en êtrejaloux, & de vivre avec elle d’une maniere trop lafcive; que pour difhper ce foupçon, & convaincreles apô- tres qu'al n’étoit point attaché à fa femme, il la ft venir en leur préfence, & offrit de la céder à celui d’entreux qui auroit voulu l’époufer. Ce fait eft confirmé par Eufebe , qui ajoute que Nicolas n'eut jamais plus d’une femme. On accufe encore les Micolaïres de ce qu’ils ne fai- foient point de {crupule de manger les viandes qui avoient été offertes aux idoles : qu'ils fontenoient que le pere de Jefus-Chrift n'étoit pas le créateur; que plufieurs d'enir'eux adoroient la faufle divinité Barbelo , qui habitoit le huitieme ciel, qui procédoit du pere, & qui étoit mere de Jaldabaoth, ou, felon d’autres, de Sabaoth, qui s’étoit emparé par la force du feptieme ciel ; que d’autres donnoïent lenom de Prounicos à la mercedes puiffances céleftes, mais qu’ils s’accordoient tous à imputer des a@ions infâmes à cette mere pour autoriler fous ce prétexte leurs pro- pres impuretés ; que d’autres enfin montroient des livres, & des prétendues révélations fous le nom de Jaklabaoth.' S. Irenée & S. Epiphanes rapportent toutes ces extravagarices , & repréfentent les Nico= Jartes comme les auteurs de la feéte des Gnoftiques. Voyez GNOSTIQUES. Cocceius ,; Hoffman, Vitringa & Maius croient que le nom de Micolaires a été inventé à plaifir, pour ficnifier #7 homme adonne a la débauche & à la vo- lupté, & ils ajoutent que ce nom n’a rien de com- mün avec Nicolas, Pundes fept diacres : 18 comme dans l’apocalypfe il eft fait mention de la doûtrine des Nicolaïtes , immédiatement après Balaarn & fa doétrine ; 1ls comparent le nom de Balaam avec ce= lui de Nicolas, qui ont à-peu-près la même figmf- cation dans leur langue originale, puifque Balaam en hebreu, & Nicolas en prec, fe traduifent égalez ment par prince, Ou-maitre du peuple. Maius ajoute qu'il eft affez probable que les M. colaites fe vantoient d’être les difcipies d’un des fept diacres ; mais que cette prétention étoit mal fondée, quelque ehofe qu’aient pu dire au contraire les an- ciens qui ont péché quelquefois par trop de crédu= lité. Caffien, collar. 18. ch. xvj. dit que quelques-uns diflinguotent Nicolas, auteur de la feête des Nico lattes, de Nicolas , l’un des fept premiers diacres. IH veut apparemment marquer l’auteur des confütu- tions apoñloliques , qui difent que c’eft à faux que les Nicolaïtes {e difent difciples de Nicolas, l’un. des des fept diacres, ou S. Clément d'Alexandrie ,-qut parle toujours fort äväntageufement de ce dérnier. Lafe&te des Nicolaires e'renonvella fous: Louis le Debonnaire, vers l’an 852 "comme le dit Sigebert de Gemblours dans fä chronique, & encoré au x. fiecle fous letpape Urbain IL.-Ges Ncofartes moder: nes étoient certains prêtres diacres & foudiacres:, qui foutenoient que le mariage leur étotpermis.-Ils furent-condamnés au concile de Plaifance, l'an ro95, 136 NIC Berthold, fcrip. xj. Jæcul. tom. X, concilior ; pag. $02. NICOLAS, SAINT, 04 NICLARBOURG (Géog.) ville de Lorraine , avec uneéglife dédiée à S. Nico- las ,où l’on va en pélerinage. Elle eft fur la Meurte à 2 lieues de Nancy , 3 de Lunéville , 74 de Paris. Long. 24. lat. 48.40. (D.J.) NICOLAS , ÎLE DE SAINT ,(Géog.) îlede l'Océan atlantique , 8 une de celles du Cap-verd , à 3olieues à l’oueft de l’île de Sel. Sa figure eft triangulaire, & peut avoir 25 lieues de long. Elle eft montagneufe , & toutes fes côtes font flériles. Sa capitale, qui porte le même nom , & qui eft au fud-oueft de l'ile, eft une des plus peuplées des iles du Cap-verd. Il y a un gouverneur qui dépend de celui de Saint-Jago. Long. 6. 52. lat. 16,45. ( D.J.) NICOLO , san, (Géog.) ile du golfe de Venife, &c la plus grande des trois qu’on appelle Tremur. Elle _eft au levant de celle de San Domino, & au midi de - celle de Caprara. Long, 33.12. lat. 42.7, (D.J.) NICOLOTTI & CASTELLANI, (Æifi. de Ven.) ce font deux partis oppofés parmi le peuple de Ve- nife, qui tirent leurs noms de deux églifes de cette ville ; ils forment deux efpeces de faétions, qui en viennent quelquefois aux mains ; mais le confeil des dix ne tolere ces deux partis, qu'autant qu'il n’y a point de fang répandu dans leur querelle. Cette ré- publique ariftocratique pourroit fans doute éteindre peu-à-peu l’animofité populaire des deux faétions , mais elle aime mieux la laifler fubffter, dans la crainte que ces deux partis ne fe réuniflent , pour tramer quelque complot contre le fénat, ou contre la noblefle. (D.J.) NICOMÉDIE, (Géog. anc. & mod.) ville d’Afie, capitale & métropole de la Bithynie, fur la Pro- pontide, entre Chalcédoine & Nicée; elleseft aujour- d’hui nommée Comidia par les Italiens. Nicomède , grand-pere de Prufias , la bâtit vis-à- vis d'Aftaque , & lui donna fon nom. Cette ville plus d’une fois afliégée , épronva les malheurs de la guerre , jufqu'à ce qu'une colonie d’Athéniens étant venus la repeupler , elle fe releva de fes pertes, & devint très-floriffante. Ce fut à Micomédie qu’Annibal , après avoir perdu _ la bataille de Zama, fe réfugia vers Antiochus & Prufas, rois de Bithynie : cependant cet infortuné capitaine , craignant que ces princes ne le remuf- fent entre les mains des Romains qui l’avoient en- voyé demander, fe donna la mort à l’âge de 64 ans, 183 ans avant J. C. Ammian Marcellin appelle Ncomédie la mere des villes de Bithynie. Paufanias dit que c’étoit la plus grande des villes de ce royaume. Pline lhiftorien lui donne le titre d’'Urbs præclara : & Pline fon ne- veu ; qui fut préteur de Bithynie, ne parle pas de cette ville avec moins d’éloge. Elle a été une des premieres qui ait reçu la foi chrétienne ; & c’eft par celle que commença la per- fécution fous Dioclétien. Ce fut près de cette ville dans un bourg nommé Acciron, que Conftantin, âgé de 66 ans, mourut d’une fievre chaude l’an de J. C. 340. Quelques auteurs prétendent que cet empereut avoit alors adopté l’arianifme , & qu'il étoit venu à Nicomédie, où il reçut le fecond bâpteme que les Ariens exigeoient. Quoiqu'il en foit, Micomédie difputa long-tems à Nicée la primatie de la province de Bithynie. Mais l’un & l’autre font également tombées fous la puif- fance de l’empire ottoman. … Nicomédie eft toujours une ville confidérable d’A- fie, dans la Natolie, capitale de Becfangial, avec un archevêque grec, fuffragant de Conftantinople. On y compte 25 à 30 mille amesgrecs, arméniens , juifs ë&t turcs, qui y commercent. Elle eft fituée très- avantageufement pour le trafic fur le solfe du même nom ; & elle couvre tout le penchant d’une petite colline embellie de fontaines , & chargée d’arbres fruitiers , de vignes , & de grains. On y trouvoit encore en infcriptions dans le dernier fiecle , de quoi fatisfaire fa curiofité. | La plupart des vaifleaux , faiques, barques & au- tres bateaux des marchands de Conftantinople , fe fabriquent à Micomédie ; mais les turcs ne réufliflent pas mieux dans la conftrufion des bâtimens de mer , que dans l’architetture civile & militaire. | Cette ville eft à r4 lieues N, O. d’Ifnich, 20 5. E. de Conftantinople. Long. 47. 28. long. 40. 46. Arrien, célèbre philofophe & hiftorien , né à M- comédie, fleurifloit fous les empereurs Adrien, An- tonin & Marc-Aurele. Il fut dans fa partie prêtre de Cérès & de Proferpine. Epiétète l’inftruifit dans la morale ; & fon mérite éminent lui valut l'amitié de Pline le jeune. Adrien lui donna le commandement de la Cappadoce, dans lequel il fe diftingua par fes talens militaires, Nous avons de lui en 7 livres une hiftoire d’Ale- xandre le Grand ; la bonne édition eft Lugd. Barav. en 1740, in-fol. Nous ayons une traduétion fran- çoife par M. d’Ablancourt. À Paris, chez Auguftin Courbé, 1651,:7-8°, Elle eft fort bonne. Ilnya que quelques expreflions qui ont un peu vieilli. C’eft un ouvrage très-eftimable que celui d'Arrien , quoi- qu'on n’y trouve point ces graces & cette douceur dans le ftyle, qui ont pu faire appeller fon auteur wz Jecond Xenophon. Il écrivit plufeurs autres ouvra- ges qui ne nous font pas parvenus.. Photius le fait auteur d’une hifloire de Bithynie, d’une hiftoire des Alains , & d’une hiftoire des Parthes, en 17 livres, dont on doit regretter la perte, ( D. J. NICOMIA , ff, (Æ/f. nat.) nom donné par Wood- ward à une efpece d’agate grisâtre , avec des veines rouges ; elle eft très-dure ; demi-tranfparente, fait feu frappée avec de l’acier; on en trouve dans la province d’York, & en plufeurs autres endroits d'Angleterre , où elle. eft par couches ; quelquefois elle a une couleur noirâtre & obfcure , comme ie Jilex ou caillou. On l'appelle auffi chers 87 ubern en anglois. NICONIA , (Géog. anc.) ville du Pont, que le géographe Etienne met à l'embouchure de l’Ifter. Ce pourroit être le Nicomiun que Ptolomée, Zy. III. ch. x. place dans la bafle-Myfe. (D. J.) NICONIA , (Géog. anc.) ville du pays des Gêtes » felon Strabon, 4y. VII. qui la place avec Ophiufa, à 120 ou 140 ftades au-deflus de l'embouchure du fleuve Tyra. NICOPOLIS , (Géog.) ce mot fignifie ville de le vicloire , ville fondée à caufe de la vi&oire. Romulus, Bacchus , & Caftor bâtirent des villes dans les lieux où ils avoient triomphé, ou établirent descolonies dans les lieux dont 1ls avoient chafé lesanciens ha- bitans ; c’eft ce que Pompée, Céfar, Auguñte, Ti- tus, Trajan & autres empereurs imiterent , en don- nant aux villes qu’ils éleverent le nom de Nicopolis. C’eft pourquoinous trouvonsdans l’hiftoire plufeurs villes de ce nom. Nous allons tâcher de les diftin- guer avec exattitude, Nicopouis , (Géog. anc.) ville dela Grece, dans l’Epire, à l'entrée du golfe d’Ambracie, fur la côte feptentrionale , à l’oppofñte de la ville d’Atium. Cette ville doit fa fondation à Augufte, qui la fit bätir pour être le monument de la viétoire qu'il avoit remportée fur Antoine à la célebreijournée d’Ac- tium, Ce fait hiftorique eft marqué par deux médailles, qui repréfentent toutes deux d’un côté la tête d’Au- gufte, avec cette infcription grecque, SeBanTeé #TITEC y Augufte fondateur; & au revers, l’une a au ve une NIC d'une couronne à becs de vaïffeau une palmeavec | ces mOfS, Iépz Niroæoïic, la facrée Mcopolis : & autre à la tête d’un fanglier percée de deux flèches avec ce mot autour Naxomoñews, Nicopoleos. C’étoit la tête du fanglier calydonien, qui étoit gardée à Té- gée dans le temple de Minerve, & qu'Augufte fit tranfporter à Micopolis, pour punir ceux de Tégée d’avoir fuivi le parti d'Antoine. Ce prince n’oublia rien pour rendre fa nouvelle. | ville recommandable dès les commencemens. Stra- bon, Lv, WI, p, 325. dit qu'il y attira les habitans des villes voifines ; & Paufanias nous a confervé le nom de deux peuples qu'il raflembla ; il les appelle Ambracioræ & Anaorii. Pline, Év. IP. ch, v: nom- me la Nicopolis d'Epire, ville libre : Tacite, annal. y. F. ch. x, lui donne le nom de colonie romaine, Comme il y avoit déja plufieurs villes nommées Nicopolis ; pour diftinguer celle-ci , on l’appella Achaiæ Nicopolis , ou Aëia Nicopolis. S. Paul pañla dans cette ville Phiver de l'an 64 de J. C. & manda à Tite de ly venir trouver. Tic. iij. ». 12. Ceux qui croient que la ville de Nicopolis , oùS. Paul pafla l'hiver , n’étoit pas celle de l’Epire , mais la Mcopolis de Thrace à l'entrée de la Macédoine, fur lariviere de Nefle , fe trompent ; car cette der- niere n’exiftoit pas encore. La Nicopolis d'Aupufte fe nomme aujourd hui Prevefa , fur le golfe de Larta. NicoPoLis ,oz NicoPoLrs AD HÆMUM : (Géog. anc.) ville de la Thrace au pié du mont Hé- _| mus, vers la fource du fleuve Jatrus. Elle étoit dif- férente d’une autre Micopolis auffi dans la Thrace, fur la riviere de Nefle , dont nous parlerons bien- tôt. Nicorozts, (Géog. anc.) ville de la bafle-Mæfñe fur latrus, à Pembouchure de ce fleuve dans le Danube, Pour la diftineuer de MNcopolis fur l’'Hémus, bâtie auff fur l'Tatrus ; on l’appelloit Mcopods ad If: tram. Frajan en fut le fondateur, felon Ammien Marcellus, Liv. XX XL, ch. xvj. 8 il la bâtit après fa viétoire fur les Daces. NrCoPOLIS ,oxNicoports AD NESSUM , (Géog, anc.) ville de la Thrace fur‘ la riviere de Neffe ou Nefte, à la gauche , à quelques lieues au-deflus de fon embouchure. Elle fut fondée par Trajan. Pto- lomée, div. IL, ch, xj. la place dans les terres entre Pantalia & Topiris, Nous avons quelques anciennes médailles de cette ville ;elle y eftfurnommée U/pia Où Olpia, ce qui revient à la même chofe : car quel- quefois dans les médailles on met © pour @. L'inf- cription d’une de ces médailles qui fe trouve dans le recueil de Spanheim , eft conçue en ces termes. OUA& Niromoneos æpos eco, C'eft-à-dire T//piæ Nicopo- leos ad Neflumn. Nicopozrs , (f'éog. anc.) ville d'Egypte aux en- virons d'Alexandrie, Jofeph de Bello Jud. Liv. IF. ch. xiv. parle de cette ville en décrivant la route que prit Titus pour fe rendre d'Alexandrie en Judée, & il la mer à vingt flades de cette derniere ville. Dion Cafius, Zv. XV. p. 456. nous apprend qu’Augufte en fut le fondateur ; qu’il la bâtit dans le lieu où il avoit donné la bataille ; qu'il lui donna le même nom, & lui accorda le privilège des mêmes jeux qu'il avoit accordés à la ville de Nicopolis en Epire. Nrcoporis, (Géog.anc.) ville de Arménie mineu- re. Strabon nous apprend qu’elle fut bâtie par Pom- pée. Pline, 2. VI. c. x, & Ptolomée, Liv. P. ch vi. en parlent. Ce dernier la met au voifinage des mon- fagnes. Pour la diftinguer des autres Micopolis, on Vappella Nicopolis Pompeii, du nom de fon fonda- eur, comme nous l’apprenons de Dion Cafüius, Liv. XLIX, Dans le moyen âge elle fut la feconde ville de Ia premiere Arménie , & devint un fiege épifcopal , fuffragant de Sébafte. On la nomme maintenant Giarich ; elle eft fur lariviere de Cérau- Tome XI. gr NIC 137 ne , à 100 lieues d’Erzérom, 90 de Cagny ; c'eftun liege de juftice & de gouvernement chez les Turcs. Long. 55. 30. lat. 38.13. | Nicopozis , (Géog. anc.) ville de Bithynie fur le Bofphore, ou dumoins dans le voifinage. Pline & Etienne le Géographe font les feuls anciens qui faf- fent mention de cette ville ; & ce dernier fe con= tente de appeller Mcopolis de Bithynie, Le P, Har douin prétend que c’eft aujourd’hui Seurari. NicopoLis, (Géog.anc.) ville de l’Afie mineure. Prolomée, /. W. ch. viij. la place entre Caflabola 8e Epiphania. Strabon, lv. XIF. p. 676. la met au nombre des villes qui font fur la côte du golfe I£ fus. NrcoPozis, (Géog. anc.) auparavant nommée Érmmais ; ville dela Paleftine, Elle commenca , {e- lon quelques auteurs , à porter le nom de Nicopolis fous l’empereur Alexandre, fils de Mammée, Ce n°é- toit avant cela qu’un bourg qu’on nommoit Emmais, Selon Sofomène , Vefpañen lérigea en ville, en lui donnant le nom de Micopotis , lorfqu'il y eut envoyé une colonie. Ce bourg avoit été brûlé par Varus, &e la ville devint évêché fous les empereurs chré- tiens. NICOSIA ox NICUSIA , ( Géogr. ) petite ville de Sicile dans le val Démona auprès dé la riviere de Cérame, entre Trachina & Calacibetta. Quelques- uns croientque c’eft l’ancienne Erbira de Prolomée , où comme Ciceron écrit Æerbita par une afpiration. NICOSIE ox LEUCOSIA , ( Géogr. Ÿ ancienne ment Leucothea , 8& par d’autres Leucofia, capitale de Pile de Chypre. Elle eff fituée dans la grande plai- ne de Maffarée à une journée dela mer , & bâtie à la façon des Orientaux. Il ÿ a de belles mofquées & un achevêque grec, C’eft la réfidence d’un bacha, Long. 51. 10. lat, 35. 2. NICOTEUX , 1. m. pl. ( cerme de Couvreur.) mor- ceaux d'une tuile fendue en quatre , dont les cou- vreurs fe fervent aux folins & vuilées. | NICOTERA , | Géogr. ) petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, avec un évêché fufragant de Reggio. Elle et près de la mer fur le haut d’une montagne , felon PBau- drand, Cette ville eft ancienne comme il paroît par le détail d’Antonin ; Léander aïîlure qu’on la nomme aujourd’hui Micodro, Long. 33. 50. lar. 38, 30. NICOTIANE, ff. TABAC, (Æif£ nas. Bor. ) ni. cotiana , genre de plante à fleur monopétrale, en for. me d’entonnoir , & profondement découpée. Le pif til fort du calice, il eft attaché comme un clou à [a partie inférieure de la fleur , & il devient dans la fuite un fruit membraneux , oblong ou arrondi & divifé par une cloïfon en deux loges qui renferment plu- fieurs femences attachées à un placenta. Tourne- fort, Inff. rei herb. Voyez PLANTE & Tagao. NICOURTA , ( Geog. ) ile de PArchipel à un mille de célle d’Amorgos. C'eft une roche efcarpée, ou proprement c’eft un bloc de marbre au milieu de la mer. Il eft peu élevé, & a environ cinq milles de tour. On n’y voit que des chevres & des perdrix rouges d'une beauté furprenante, mais qui font mai- gres & coriaces. (D. J.) NICOYA, ( Géogr. ) ville de l'Amérique fepten- trionale , dans la nouvelle Efpagne, fur la côte de ka mer Pacifique, au fond du golfe des Salines, Long. 2092. /at. 9. NIESARA , ox NEOCŒSAREA , ( Géog. ) ville de l'empire.ottoman dans la Natolie, avec un arche: vêché grec, qui eft le cinquieme fous le patriarchat de Conftantinople. Quoique cette ville foit prefque runée , elle eft encore la métropole de la Cappa« doce ; & l’on doit ajouter qu’elle a été la patre de S. Grégoire thaumaturge, oule faiteur de miracles ; ce qu'il ya de plus sûr, c’eft qu’il étoit Fe dO- 135 NID æigere , &c qu'il mourut en 270. Niefara eft à deux journées de Tocac. Long. 53. 52. lat. 39. 25. NID D'OISEAU, f. m. zidus avis , ( Hifl: nat. Bor, ) gente de plante à fleur polypétale ; anomale & compofée de fix pétales inégaux ; les cinq fupé- tieurs {ont difpofés en forme de cafque , l'intérieur eft fendu en deux parties & garni d’une forte de tête. Lecalice devient dans la fuite un fruit, ou une veflie remplie de femences très-menues. Ajoutez au cara@tere de ce genre que les racines font fibreufes, & reflemblent à un nid d’oifeau. Tournefort, Iafi. rec herb. Voyez PLANTE. Nips D’o1SEAUX » ( Aiff. nar, ) il eft une efpece de zids d’oifeaux dont on fait un très-grand ufage à la Chine, & qui eft un objet de commerce confidéra- ble. Ces zids {e trouvent fur les rochers qui font près des côtes de la mer, C’eft fur-tout dans l’ile de Java, {ur les côtes de la Cochinchine , fur celles de Ti- mor, de Sumatra & de la prefqu’île de Malacca, que l’on rencontre ces fortes de zids , d’où on les porte à la Chine, où l’on endonne depuis 3 jufqu’à 7taëls, qui font environ 45 liv. argent de France, à propor- tion de leur qualité, pour la livre chinorfe qui eft de 20 onces. Les obfervations les plus exaétes nous ap- prennent que ces zids font faits par des oifeaux de mer parfairement femblables à ceux que l’on nom- me martinets ou hirondelles de mer fur les côtes de France ; ils les forment avec une matiere gluante &t tenace qui leur fort du bec , & qu'ils attachent peu- à-peu fur les roches des bords de la mer, où la cha- leur du foleii leur donne de la confiftence. On croit communément que la matiere dont ces oïfeaux fe fervent pour cela eft une efpece d’écume qui nage à la furface de la mer, que ces animaux combinent & travaillent avecune matiere qui vient de leur ef- tomac. Ces zids d’oifeaux , lorfqu'ils font fecs, ont une confftence à peu-près femblable à celle de la corne ; mais lorfqu'ils ont été bouillis , foit dans de Lean, foit dans du jus, foit dans du bouillon de viande , ils reffemblent à des cartilages de veau ; ceux qui font d’une couleur blanche font les plus efti- més ; on fait moins de cas de ceux qui font rougeä- tres, & le prix en eft beaucoup moindre. Les Chi: nois regardent les nids d’oifeaux comme un aliment, très-nourriflant , très-propre à fortifier &t à reftau- rer, fans chargerl’eftomac, - Voici ce que le Didionnaire du commerce dit de ces zids ; il les met parmi l’efpece d’épicerie la plus eftimée à la Chine & dans toutes les Indes orientales. Elle {e trouve‘auTunquin & à la Cochinchine, mais | particulierement dans le royaume de Champa, qui eft fitué entre l’un & Pautre. Les oifeaux qui font ces nids pour y pondre &c conver leurs œufs , font affez femblables de figure à des hirondelles. Lorfqu'ils font enamour, ils jettent par le bec une efpecede bave te- nace &eluante, qui eft la matiere dont ils bâtiffent leurs zids, & dontils Les attachent aux rochers en ap- pliquant cette fubftance vifqueufe par diverfes cou- ches lune fur l’autre , à mefure que les premieres fe fechent. Ces rids font de la forme d’une médiocre cueillete , mais avec des bords plus élevés. Il y a tant de ces fortes de zids , qu’on en raflem- ble tous les ans une quantité prodigieufe qui fe por- tent prefque tous à la Chine, où ils fe vendent à gaifon de jo taels le cent, ce qui fait environ 109 ducats d'Efpagne. On les croit excellens pour l’efto- _ mac, &ils donnent aux mets qu’on en affaifonne un goût délicieux. ( D. J. ) : Nips , (Hifi. mar. Minéral, ) on appelle dans le travail des mines, zines par nids, minera nidulans , la mine qui fe trouve par mafles féparées &c qui n’eft point par filons. Voyez MaRONS & Ro1GNONS.(—) . Nip-pe-p1e , ( Mir. ) c’eft dans la guerre des feges, un petit logement que font les afliégeans fur le haut de la breche à l’angle flanquté d’un baftion d’une demi-lune, &c. (Q) .NIDAU oz NIDOW , (Géog.) ville de Stuifle dans le canton de Berne, capitale d’un bailliage de même nom, avec un château. Elle eft dans un terrein bas & fertile fur le lac de Bienne, à 6 lieues N. O. de Berne, 21 S. O. de Zurich. Longir, 24. 55. latit, PET | Le bailliage de Nidau comprend une dixaine de paroifles. Ila été autrefois un comté, dont l'abbé de Longuerue donne l'hiftoire dans fa defcription de la France. | NIDDA ,( Géog.) petit comté d'Allemagne dans les états du landerave de Heffe-Darmitat. Son chef- lieu a le même nom, & eft fitué fur la petite riviere de Nidda, qui va fe jetter enfuite dans le Mein. NIDDUI , ( Critique fucrée. ) ce mot hébreu figni- fie excommunie, féparé. C’étoit la moindre forte d’ex- communication ufitée parmi les Jufs ; elleéloignoit cependant un homme de tout commerce civil, même d’avecfa femme & d'avec fes domeftiques quine pou- voient s'approcher de lui plus près de quatre cou- dées : elle duroit trente jours, f le coupable fe re- pentoit ; finon on la prolongeoit felon le befoin juf- qu'à quatre-vingt-dix jours : lorfque dans cet inter- valle lexcommunié ne fatisfaifoit pas , il tomboit dans le cherem | qui étoit la deuxieme efpece d’ex- communication , & de-là dans la troifieme appellée | fchammata , qui étoit la plus grave de toutes. (D. J.) NIDE, ( Géog.) riviere de Lorraine formée de deux autres nommées la Mide françoile & la Mideal- lemande. Ces deux rivieres s'étant jointes , n’ont plus qu'un feul lit, qui porte le nom de Nide, &c qui fe jette dans la Sare. | NIDECK , ( Géog.) petite ville d'Allemagne au duché de Juliers, fur la Roer ou Ruhr , entre Duren & Zulpich. Elle eft capitale d’un bailliage de même nom dans le duché de Brunfwick-Lunébourg: Long. 24-20. lat. 50. 36. NIDOREUX ,adj. ( Gramm. & Med, ) qui a l'o- deur de la putréfa@ion, Les médecins diftinguent les crudités de l’eflomac en acides &r en zidoreufes. NIDUM , o4 NIDUS , ( Géog. anc, ) ville d’An- gleterre , felon l'itinéraire d’Antonin ; c’eft anjour- d'hui Néarh , fur la riviere de même nom. NIEBLA , ( Géog. ) ancienne ville d’Efpagne dans l'Andaloufie avec titre de comté, fur le Riotinto, environ à 6 lieues de la mer, &c à 15 O. de Séville. C’étoit autrefois une ville affez confidérable , nom- mée Nipla, Long. 11. 45. lat. 37. 20. NIECE , ( Jurifprud.) Voyez Neveu. NIEKE CORONDE , ( Bor. exor. ) nom que les Ceylanois donnent à une fauffe efpece de canelle. L'arbre qui la fournit reflemble au zicke | arbrifleau fort commun dans l’île de Ceylan. Les habitans em- ploient leur zieke coronde à des ufages de médecine ; 1l s’en tirentune huile dontils fe fervent pour en frotter la tête & les autres parties du corps dans les maladies desnerfs, (D. J.) k NIELLE,, £. f. zigella ,( Hifi. nat, Bot.) genre de plante à fleur en rofe , & compofée de plufeurs pé- tales difpofés en rond. Cette fleur a une forte de couronne placée entre les pétales &r les étamines , &z formée par des corps en forme de cornes. Le piftil {ort du milieu de la fleur & devient dans la fuite un fruit membraneux , arrondi ou oblong. Ce fruit eft divifé en plufieurs cornes à fa partie fupérieure, & il n’a qu'une feule capfule qui renferme des femen- ces. Tournefort , nff. rei herb. Voyez PLANTE. M. Tournefort compte douze efpeces de ce genre de plante , tant fauvages que cultivées. La rielle fauvage commune, rigella arvenfis , cor- nuta, I. R. H. 258 , a une petite racine fibreufe & blançchtre ; elle jetie à peine à la hauteur d’un pié L uñe tige cannelée, tantôt fimple , tantôt rameule ; fes feuilles font alternes, plus minces, plus efpa- cées que celles de la xic/le cultivée, & découpées en petits filamens : fes fleurs font comme étoilées , compofées de cinq pétales, de couleur bleue , aflez grandes & agréables , fans barbes. Quand les fleurs iont tombées , il leur fuccede des fruits membra- neux, terminés par cinq cornets , à-peu-près com- me lancolie , & divifés dans leur longeur en autant de loges qui renferment plufieurs femences noires 6c de pen d’odeur, On trouve cette plante dansles blés, où elle fleurit vers la fin de l'été. La rielle ordinaire cultivée , zigella flore minore , Jimplici, candido, I. R. H, 258, poufle des tiges à la hauteur d’unpié, grêles, cannelées, aflez nombreu- fes; fes feuilles font médiocrement larges , vertes, découpées, menues.Ses fleurs font placées aux fom- nités de ces rameaux, grandes, féparées les unes des autres , compofées chacune de cinq pétales difpo- {és en rofe, d’un blancpäle, accompagné au milieu de plufeurs étamines , qui font entourées par une couronne de petits corps oblongs. Quand les fleurs {ont pañlées , 1l leur fuccede des fruits membraneux, aflez gros , terminés par plufieurs cornes, &c divifés enlopes , qui renferment des femences oblongues ou rondelettes, noires ou jaunes , d’une odeur aroma- tique , & d’un goût piquant. Cette plante fe cultive dans les jardins où elle : vient aifément , & où.elle fleurit pendant trois mois de l'été. Les curieux tirent fa graine d'Italie ; ils ai- ment aufli beaucoup la petite zce//e du Levant, qu’on appelle en Botanique zige/la crerica ; elle fe diftin- gue des autres par fesjolies fleurs bleuâtres , & par l’odeur de fa graine qui eft auf forte que celle du cumin, (D. J.) NIELLE, (Chimie, Diete & Matiere méd. ) nielle romaine ou des jardins , c’eft la femencé feule qui eft d'ufage en Médecine, & que les payfans emploient dans quelqus cantons du royaume à titre d’affaifon- nement & en guife de poivre. Cette femence, qui a un goût vif & piquant, con- tient une petite quantité d'huile eflentielle, & une autre huile que Cartheufer appelle zrguineufe, 8c qu'il dit être foluble par l’efprit-de-vin, & retira- ble par l’expreflion ; fur quoi il faut obferver qu'il neft pas permis, en raïfonnant d’après l’analogie tirée des connoiflances reçues &c vérifiées fur pref- que toutes les huiles connues, qu'il n’eft pas per- mis, dis-je , de regarder comme une même {fubftance l'huile que M. Cartheufer a retirée de la femence de zielle par expreffion, & celle qu’il en a retirée par l’efprit de vin. La femence de rielle eft comptée parmi les reme. des toniques , fortifians, difcufhfs , emmenagogues, carminatifs, errhins, contraires aux rhumes & en- chifrenemens, vermifuges, céphaliques, & pro- pres à la génération du lait: la plûpart de ces vertus font peu prouvées par l’obfervation , parce que la femence de nelle eft peu ufitée , mais elles font an- noncées autant qu'elles peuvent l'être par leurs qualités extérieures , & par la connoiffance de fes principes. Cette femence entre dans la compofition du frop d’armoife, de l’éleétuaire de baies de laurier, & de l'huile de fcorpion compofée. (4 NIÉMECZ , ( Géog. ) place forte de Moldavie, entre Scozwa & Cronftadt: les Polonois la prirent en 1691, & la rendirent à la paix. Long, 44. 31. lat. 46. 58. (D. JT.) NIËMEN , (Géog.) grande riviere de Pologne, qui prend fa fource au palatinat de Minski en Lithua " me, & fe jette dans le Curish-Haf par plufieurs em- bouchures. | NIÉMI, ( Géog. ) montagne de la La onie fué- Tome XT. D ; d NIE 139 doife : cetté montagne , dit M. de Maupertis, fe: roit charmante par-tont ailleurs qu’en Laponie ; on trouve d’un côté un bois clair ,.dont le terrein eft aufñ uni que les allées d’un jardin; les arbres n’em- pêchent point de fe promener, ni de voir un béau lac qui baigne le pié de la montagne; d’un autre côté on trouve des falles & des cabinets qui paroïf: {ent taillés dans le roc, & auxquels il ne manque que le toit: ces rochers font fi perpendiculaires à l'horifon, fi élevés, & fi unis, qu'ils paroïffent plûtôt des murscommencés pour des palais, que l'ouvrage de la nature, Nous Vimes-là plufieurs fois, continue M: de Maupertuis, s'élever du lac, ces vapeurs que les gens du pays appellent ha/rios, & qu'ils prennent pour les efprits auxquels eft com= mile la garde des montagnes : celle - c1 étoit formi= dable parles ours qui s’y devoient trouver; cepen- dant nous n'y en vimes aucun , & elle avoit plus Pair d’une montagne habitée par les fées & par les sémes, que par les ours. Mer, de l'acad, des Scienc. année 1737 NIENBOURG, ( Géog. ) forte ville d’Allemagne au duché de Bruntwick-Lunébouwry : fon commerce confifte en blé, en laine, en lin, en miel , & en bef- tiaux, Elle a été prife & reprife plufeurs fois dans le dernier fiecle ; enfin elle a été rendue à Louis due de Bruniwic-Lunébourg en 1640; elle eft {ur le Wefer, à 10 lieues N. O. d'Hanovre , 15 S.E, de Brême. Long. 27. 2. lat. 52. 44, NIENCHEU , (Géog.) ville de la Chine, dans la proyince de Chekiang, dont elle eft la quatrieme métropole. Elle eft environnée de montagnes où if y a des mines de cuivre; fes habitans font un grand commerce de papier. Lac, Jepr. 29. 33. NIÉPER ox DUIÉPER , ( Géog,) autrefois le Borifthene , eft une riviere de l'Europe, & l’une des plus grandes du Nord: Hérodote, 49. 1F,c. lxiig. & Pomponius Mela , y. 1, chap. j ren ont donné la defcription. Les noms de Mééper où Duiéper , ne font pas modernes, car 1ls viennent du mot Danapris , qui eft le nom que les anciens écrivains donnoient auffi à ce fleuve ; mais nous en connoiflons la four- ce beaucoup mieux qu'ils ne l’ont connue. Elle fe trouve dans la Rufie mofcovire, au duché de Rec- chou , entre Wolock & Olefchno. Ce fleuve pañfe dans la partie orientale de la Lithuanie, coule dans le palatinat de Kiow, reçoit chemin faifant plufieurs rivieres, & finit par {e jetter dans la mer Noire auprès d'Oczakow : fon embouchure dans la mer a une bonne lieue françoife de large. ( DJ.) NIER , v. act. ( Gramm. ) c’eit regarder comme faux ce qui eft avancé par un autre, & lui marquer Poppofition qu'on a à fon fentiment, par les ex= prefhons ufitées dans la langue, Voyez NÉGATION, NÉGATIF, 6rc. NIERS , ( Géog.) petite riviere d'Allemagne, qui prend fa fource dans l’éleétorat deCologne, à l’oc- cident de Xuys, & qui fe jette dans la Meufe au deffous de Gennep. ( D. J.) NIESTER Le, (Geog.) grande riviere de Polo gne ; elle a fa fource au palarinat de Ruffie, dans le mont Krapack, traverfe la Pokucie, fépare la Mol- davie du palatinat de Podolie , & fe rend à Biaioso- rod, ville de la baffle Arabie, où elle fe décharge dans la mer Noire. NIÈVES ox NEWIS , ( Géog. ) petite ile de l’Amé- rique feptentrionale appartenante aux Anglois, Voyez NERWIS. NIEUPORT , (Géog.) ville forte des Pays-bas autrichiens , dans la Flandres , avec un port & des éclufes, dont on peut inonder en un inftant tous les environs. Elle foutint un fiege contre Philippe duc de Cleves en 1488 ; le duc de Parme la prit en 1583 ; l’archiduc Albert d'Autriche y fut défait en S ï 140 NIG 1600 par le prince Maurice de Naffaur. Ëlle eft fur Ja riviere d’Yperlée qui la traverfe à un quart de lieue de la mer, 2 lieues de Furnes, 3 d'Oftende, 5 de Dunkerque,6s de Paris. Long. felon Caffini 20. 16, 30. lat, 51.37.58. C’eft en 1168 qu'on nomma cette ville Mexpors, à caufe d’un port que Philippe d’Alface y fit, Voyez Longuerue, Defcription de la France. C’eft la patrie de Cli&hone ( Joffe) doéteur de Sorbonne au xvi. fiecle, mort en 1543 : fes ouvra- ges de controverfe, en grand nombre, font tous tombés dans l’oubli. NIEURE ,1( Géog. ) petite ville de France en Ni- vernois ; elle entre dans la Loire fous le pont de Nevers, & a, dit-on, donné fon nom à cette ville, (D. J.) | NIF,f. m. verme à l'ufage de ceux qui travaillent Pardoife. Voyez ARDOISE. | NIFLHEIM , fm. ( Mytholopie. ) c’eft le nom que les anciens Scandinaves ou. Goths donnoient à leur enfer fabuleux, Ce mot fignifie dans la langue gorhi- que féjour de fcélérars. Us dfoient qu'au milieu de ce heu terrible-étoit une fontaine nommée Muergelrner, d’où découloient les fleuves fuivans, lAnooifle, FEnnemi de la joie, le Séjour dela mort, la Perdi- tion, le Gouffre, la Tempête, le Tourbillon, le Rugiflément, & le Hurlément, le Vafte; celui qui s'appelle Rruvant coule près des grilles du Séjour de la mort. Woyez l'Edda des Iflandois. NIGÉBO LL, (Géog.) ville de Turquie dans la Bulgarie ,capitale d’un fangiack, fameufe par la bataille de 1306, entre Bajazeth qui la gagna, & Sigifmondqui devint enfuite empereur d'Allemagne. Les Grecs y ont un archevêque. Migeéboii eft fur le Danube, à r4lieuesS. ©. de Rotzig, 6o N.O. d’An- drinople. Long. 43. 18. lat. 43.48 (D.J.) . NIGELLA TERRA, (Hifi. ra.) nom donné par quelques auteurs au terreau ou à la terre noire des jardins, urmus atra communis. NIGER, (Géog. ) c’eft le Nioir de Ptolomée, Ziv. IV. chap. wj. & le Nigris de Pline, lv. . chap. uv. grand fleuve d'Afrique qui arrofe la Nigritie: les François le nomment autrement, /a riviere du Séné- gal. Quoique le cours de ce fleuve nous foit un peu mieux connu qu'il ne l’étoit des anciens , cependant il s'en faut beaucoup que nous en foyons affurés. On croit qu'il tire fa fource d’un lac nommé Mabe- ria par les Sauvages, & qu’on place au cinquieme depré de latitude feptentrionale, Lés anciens ont imaginé qu'il venoit du Nil par un paflage fouter- rein, parce qu'il fe déborde tous les ans en même tems que le Nil, mais nous:en dirons plus bas les raïfons. On prétend qu'il fe paitage en deux bran- ches, dont celle qui coule au fud s’appelle Gambie, on lui donne une de fes embouchures au onzieme degré de latitude, & la plus éloignée à quinze degrés de diftance de l'équateur. Suivant les cartes de M. de Lifle, le Niger perd fon nom dans le lac de Guarde, & de là à la mer, ce qui fait 700 milles anglois en ligne droite; mais M. Suow qui a été gouverneur de James-Fort, fur la riviere Gambie, nous aflure que le Niger n'a point un cours aufh étendu qu’on nous le repréfente dans les cartes géographiques. Il nous apprend en- core que c’eft une riviere barrée, qui ne peut rece- voir de batiment plus gros que des barques jufqu’à l'endroit où fe trouve létabliffement des François, au-deflus duquel il n’y a que des bânimens plats qui puiffent naviguer jufqu’à Galam; au-lieu que la Gambie eftmavigable pour des vaiffeaux, fi char- gés qu'ils puiflent être, environ cinquante lieues au-deflus de l’établiflement des Anglois, & qu'il porte des vaifleaux de cent tonneaux jufqu’à Bar- gaconda , & un peu plus haut ( car la marée monte jufques-là ) c’eft-à-dire à près de rso lieues au-def: fus du fort James. Quant aux inondations du Niger , il n’en fant pas chercher la caufe bien loin; ce font les pluies qui tombent entre la ligne &c le tropique qui produifent les accroiflemens de cette riviere: ces pluies com- mencent les premiers jours de Juin, & continuent trois à quatre mois. Elles Sagnent toujours pays, & avancent de l’eft à l’oueft. La riviere fe débordant par la crue de fes eaux , inonde les pays plats, en- graifle les terres & les fertihfe par ie limon qu'elle y laïfle, (D. J.) NIGOTEAUZ, (Arch.) Voyez PIECES DE TUILE. NIGRICA FABRILIS, (Hifi. nar.) nom donné par quelques auteurs au crayon noir, appellé vul- gairement une de plomb, où plombagine. Ou peut- être défigne-t-on fous ce nom la pierre noire dont certains ouvriers {e fervent pour tracer leurs def. feins. Voyez NOIRE PIERRE. | NIiGRITIE, (Géog. ) grand pays d’Afrique, qui s'étend de l’eft à l’ouelt des deux côtés du Niger. Il eft borné N. par les déferts de la Barbarie, E. par la Nubie & l’Abyflimie, S. par la Guinée, O. bar l'Océan occidental. Ce pays comprend plufieurs petits royaumes , tant au nord du Niger qu'au midi, &t des deux côtés de ce grand fleuve. NIGROIT , fm. (Hij4. nar, Iéfiolog.) oblado ; oculata, melanurus, portion de mer, qui a comme le fargo & le fparaillon, une tache noire fur la queue ; 1l reflemble à la daurade, voyez DAURADE, parle nombre &c la pofñtion des nageoires, & par la figure de la queue. Ïi a la bouche & les dents petites, les écailles larges &c peu adhérentes aw corps. Les yeux font tres - grands proportionnelle- ment à la groffeur de ce poiflon. Il y a fur Les côtés du corps des écailles beaucoup plus larges que les autres , & difpolées de façon qu’elles forment une large bande qui s'étend depuis les ouies jufqu'à la queue, &c qui peut faire diftinguer le zgrois du fargo & du fparallon. Les écailles ont chacune de petits traits noirs. Le corps a une couleur bleue mêlee de noir, excepté l'extrémité poftérieure qui eft rougeâ- tre; c’eft {ur cette parue que fe trouve la tache noire dont nous avons parlé. Le rigroi mange de l’algue ; 1l fe nourrit aufhi de perits poiffons ; il a la chair molle, prefque aufli brune que celle du fargo, mais moins nourriffante. Rondelet , Æ1f. des poiffons premiere part. Ev. W. chap. vj. Voyez SARGO , Spas : RAILLON, poiffon. (1) NIGRO-MANTIE, ( Ars divinar.) ce mot figni- fie à la lettre divination noire, [left compofé de deux mots , l’un latin zigra, noire , & l’autre grec uavrélæ, divination, On donnoit autrefois ce nom à l’art de connoître les chofes cachées dans la terre , & pla- cées à l’obicurité dans des endroits zoirs ,\ténébreux, comme des mines, des métaux, des pétrifications , rc. & c’eit dans ce fens que ce mot eit employé par Paracelfe, Rulan & Dornæus fes commentateurs , ont prétendu que cette connoiffance d’abord natu- relle, éroir devenue par l’inftiné du diable & la mé- chanceté des hommes, un art exécrable & diaboli- que , & que ceux qui en failoient profeflion invo- quoient les démons & les mauvais efprits , &c leur commandoient de porter certaines chofes dans des pays fort éloignés , on d’en rapporter ce dont ils avoient envie. La nuit étoit particulierement defti- née à ces invocations ; & c’eft auffi pendant ce tems que les démons exécutoient les commuifons dont ils étoient charges , parce que les mauvais efprits crai- gnent la lumiere , & font amis & miniftres des téné- bres. Les démons, difent-ils, feignoient d’être for- cés par les homines à faire ce qu’on leur démandoit, * tandis qu'ils s’y portoïent avec plaifir & de leur pro- . premouvement, fachant très-bien que cela tournoit au préjudice de leurs auteurs. Rien n’eft plus déplo- rable , continuent ces écrivains timorés , que de voir un art auffi déteftable diabolique exercé & mê- me pratiqué par des chrétiens. #oyez le lexic. de Johns & de Caftell. À préfent que l’on fait à quoi s’en tenir fur les forciers , & qu’on a éclairé avec le flambeau de la Philofophie tout ce qu’on appelle /or- tilege, On n’ajoute plus de foi à ces prétendues di- “vinations ; On eft bien afluré que ces invocations , ces apparitions du diable font tout auffi ridicules & ‘aufñ peu réelles que celles de Jupiter, de Mars, de Vénus , & de toutes les autres faufles divinités des payens, dont fe mocquoient avec raïfon les fages & les philofophes de ces tems. On les évalue au jufte quand on les regarde comme des réveries , des pro- duits d’un imagination bouillante & quelquetois dé- rangée. La Religion eft fur ce point d’acord avec la Philofophie, _ NIGUA , £. m.( Zrfééologie. ) terme efpagnol, lequel défigne une efpece de puce terreftre du Bréfil qui fe fiche dans la peau , s’y multiplie, & y caufe avec le tems des ulceres. Cet infeëte , que l’on nomme chique aux Antilles, étant vu au microfcope , a le dos rond , couvert d’un poil brun ; la tache noire qui le fait remarquer eft fa-tête, Il a plufeurs petits piés garnis de poil fous le ventre ; il eft ovipare , & fes œufs étant éclos, paroïflent comme autant de petits grains noirs. Le zigua pafle aifément au travers des bas, & fe Joge ordinairemeut fous les ongles des piés, dans les jointures, & dans les endroits de la peau qui font un peu élevés. La douleur qu’il fait en perçant lépi- derme n’eft pas plus grande que celle d’une médiocre piquure de puce , aufli ne s’en apperçoit-on pas, Après qu'il s’eft logé dans l'endroit qui lui eft le plus commode , 1l ronge doucement la chair autour de lui, &c n’excite d’abord qu'une legere démangeaifon; il groffit peu-à-peu, s'étend, & devient enfin comme un petit pois : en cet état 1l fait des œufs qui étant éclos fe nichent autour de leur mere,croïflent comme elle , rongenttoute la chair aux environs , y caufent des ulceres malins , & quelquefois la gangrene. Aufl lorfqu'on s’'apperçoit du mal , il eft facile d'y porter remede ou par foi: même, ou par le fecours d'autrui. Comme la noirceur du zigua fe fait aié- ment remarquer entre la chair & la peau , on prend ‘un gamif pointu, & on déchaufle doucement aux en- virons du trou qu’a fait l’infeéte , afin de pouvoir le tirer dehors tout entier avec une épingle aufñ-tôt qu'on le voit à découvert. On traite enfuite la plaie avec des plumaceaux imbibés de quelque diseftif ; mais quand on néglige le mal, ou qu’on n’a pas foin de tirer hors de la tumeur tous les migras quis’y {ont nichés , on court rifque d’avoir des ulceres qui de- mandent pour leur guérifon le fecours de la Chirur- gie. (D.J.) ; NIHIL ALBUM, {. m.( Chimie.) ou fimplement il ; c’eft le nom qué l’on donne à une matiere blan- che femblable à une farine légere, qui s’attache à la partie la plus élevée des fourneaux dans lefquels on traite des fubftances métalliques volatiles & calcina- bles, On voit par-là que tous les demi-métaux, tels que l’arfenic , l’antimoine , le plomb & létain, peu- vent donner une pareille fubftance ; mais on donne plus particulierement le nom de zihil aïbum à la par- tie fubule & légere qui s’attache au haut des chemi- nées des fourneaux dans lefquels on traite des mines de zinc ou de cuivre jaune; c’eft une efpece de tutie où de chaux de zinc. Voyez Zinc & TUTIE. (—) NIKOPING, ( Géogr ) ville de Danemark fur la côte occidentale de l'ile de Falfter, vis-A-vis celle de Laland , avec une bonne forterefle. Elle eft à —1 lieues S. O. de Copenhague. Long. 29,58. lar, 54. 50.(D.1.) NIE tai NIL, £ tn. ( Borañ. ane. ) nom donné par les més decins arabes à denx graines très différentes , & qui font fouvent prifes dans leurs écrits l’une pour l’au- tre. Avicenne dit dans un endroit que le zi/ eft la graine d’une plante rampante du genre des Üiferons ; & que cette plante porte des fleurs bleues comme celle de la campanule ; dans un autre endroit ilécrit que le 7 eft le nom d’une plante qui eft d’ufage en teinture, & quilemble être la même que notre paf= tel on guefde. Quelquefois les Arabes entendent une plante fous le noi de »5/, & quelquefois fous le mê- me nom la teinture qu’on tire de cette plante. Les anciens traduéteurs de Diofcoride en arabe, ont pars tout traduit le mot ÿaris par celui de zi/, ainfi que la plante dont on tire l'indigo. Les interpreres des Arabes'ont tous été jettés dans la même erreur, par le double fens du mot #/, qui défigne tantôt la plante, 8c tantôt la teinture qu’on en retire. (D. J.) Nic , fm. (Géogr.) grand fleuve d'Afrique qui a fa fource dans l’'Abyffäinie ; il coule du midi au nord, &t fe décharge dans la Méditerranée. | Ce fleuve s’appella d’abord Oceznus, Œrus ; Egyptus ; 8 à caufe de ces trois noms, on lui donna celui de Triton. D’autres le nommerent Siris, A fla- pus G: Affaporas. Plufieurs anciens écrivains témoi: gnent que {on ancien nom étoit Egyprus, & Diodore de Sicile penfe qu’il ne prit lénom de Mi/us que de- puis lé regne d’un roi d'Egypte ainfi nommé Les Grecs l’appellent Mélas, qui fignifie noir ou #rouble, Les Abyflins l’appellent Abari, pere des eaux ; & les Ethiopiens le nomment Æbaoi : enfin les Grecs & les Latins ne le connoïffent aujourd’hui que fous le nom de M2, Les plus grands conquérans de l'antiquité ont fou haité avec pañlion de pouvoir découvrir fes four- ces, s’imaginant que cette découverte ajouteroit beaucoup à leur gloire. Cambyfe en fit la tentative inutile. Alexandre fe trouvant campé à la fource du fleuve dus ,1l crut que c’étoit celle du M2, & il en eut une joie infinie. Ptolémée Philadelphe , un de {es fuccefleurs , porta la guerre en Ethiopie, afin de pouvoir remonter ce fleuve. Lucain fait dire à Céfar qu'il feroit trop heureux de voir le lieu ou le Nr prend fa fource. Nihil eff quod nofcere malim Quam fluvi caufas per fecula tanta larèntis , Tonotum capur. Néron plein du même defir, envoya des armées en2 tieres pour cette découverte ; mais Le rapport qu'on lui fit détruifit toute efpérance de fuccès. La fource du Nz7 demeura toujours inconnue jufqu’au miliew du dernier fiecle : cette fource , fi long-tems & fi inutilement cherchée par les anciens , paroïît être , felon M. de Lifle, à r1d, de Zarir. feptentrionale en Abyflinie. . Onattribue communément cette découverte aux jéfuites portugais ; il eft certain qu’ils en envoyerent les premiers à Rome des relations vers le milieu dix ermer fiecle, & le P. Tellez les mit au jour dans fon hiffoire de la haute Ethiopie | imprimée à Conimbre er 1661. Ce fleuve fort par deux fources du haut d'une montagne de la province de Sabala , qu eft dans le royaume de Goyau; il defcend de l’Abyf- nie , traverfe les royaumes de Sennar, de Dangola, toute la Nubie & l'Egypte, dans laquelle 1 porte la fécondité, en l’inondant régulierement au mois de Juin ou d’Aoùût. Le cours de cette rivierre eft d’environ 1$ cens milles, prefque toujours du midi au feptentrion ; il fe partage un pen au-deffous du Caire en deux bras qui vont l’un à l’eft & l’autre à l’oueft , & tombent dans la Méditerranée à environ cent millés de dif= tance. Il n’y a point d’autres branches du M5/ navi- gables à-préfent , que celles de Damiete & de Ro- dette. Tant que ce fleuve eft renfermé dans fon lit “ordinaire , 11 ne paroïît pas plus large que la Tamife left à Londres ; & dans la faifon la plus feche de l’année, ileft guéable en beaucoup d’endroits. Il a dans la partie {upérieure de fon cours, plufieuxs ca- taraétes , où l’eau tombe en nappes d’une grande hauteur avecun bruit prodigieux ; mais dans la bafle Egypte 1l coule fort lentement , & on y navige fans peine. Le N/reçoit en Éthiopie les eaux d’un grand nom- bre de rivieres & de torrens que forment les pluies abondantes qui tombent entre l'équateur & le tropi- “que avant & après le folftice: ces pluies font la feule caufe des débordemens reglés du A7; débordemens qui arrivent tous les ans à-peu-près au même tems, mais avec quelques inégalités, parce qu'ils dépen- -dent du concours de diverfes circonftances phyfi- ques qui ne fe trouvent pas toujours réunies de la même façon. La couleur des eaux du N7/ qui change au tems des crues, a fait croire qu’elles étoient alors char- gées d’une très - grande quantité de limon : on a Évalué cette quantité fur des obfervations grofferes, à un dixieme du volume de l’eau. Une obfervation plus exaéte faite par un voyageur anglois (M Shaw), da réduit à —= ; mais il refteroit encore à s’aflurer de la nature de ce qui demeure après l'évaporation de Veau : eft-ce une véritable terre compofée de parti- cules fixes, capables de s’unir avec le terrein & d’en augmenter la mafle? eft-ce une matiere qui fe diffipe par l’a&tion du foleil, & qui puifle être abforbée par Vair ? C’eft un point qu’on n’a pas encore examiné. Le lééteur peut confulter fur la-crue du A7 &r fes inondations , les Mém, de l’acad. des Belles-Lettres. C2 Niz, ( Mythol.) L’utilité infinie que ce fleuve. d'Egypte a toujours apportée aux Egyptiens , le fit prendre pour un dieu, & même le plus gfand des dieux : c'étoit lui qu'ils vénéroient fous le titre d'Ofrris. On célébroit une grande fête en fon hon- neur vers le folftice d'été, à caufe que le N77 com- mence alors à croître & à fe répandre dans le pays. Cette fête fe célébroit avec plus de folemnité & de réjoniffance qu'aucune autre ; &t-pour remercier d'avance le fleuve des biens que foninondation alloit produire , on jettoit dedans , par forme de facrifice, de l’orge , du blé, & d’autres fruits. La fête du M7 fe célebre encore aujourd’hui par de grandes réjouif- fances, mais les facrifices en ont été retranchés. On voit au jardin des Tuileries un beau grouppe de mar- bre copié fur antique , qui repréfente le M7 fous la figure d'un vieillard couronné de laurier, à demi- couché, & appuyé fur {on coude, tenant une corne d’abondance ; 1l a fur les épaules , {ur la hanche, aux bras, aux jambes , & de tous les côtés , de pe- tits garçons nuds au nombre de feize , qui marquent les feize coudées d’accroifflement qu'il faut que le Nil ait pour faire la grande fertiité de l'Egyyte. (2.7) | Niz, (Art numifmat,) Le Ni eff repréfenté fur les monumens publics, entr’autres fur Les médailles, comme une des premieres divinités des Egyptiens; mais entre les monumens qui lui furent confacrés, il n’y en a pas de plus majefteux que la ftatue colof- fale de Pierre Bafalte , qu’on voit au belvédere du Vatican , & dont il y en a une belle copie dans le jardin des Tuileries, Pline fait mention de ce chef- d'œuvre de l’art, & nous apprend que l’empereur Vefpañen le fit placer dans le temple de la Paix. On a eu foin de faire cifeler autour de cette ftatue les principaux fymboles du M7, tels que font l’hyppo- potame, Le crocodile, libis, lichneumon, la plante du, dotus , celle du papyrus, & feize enfans qui folâtrent à l'entour du dieu depuis les piés jufqu’au lommet de la tête , pour défigner la crue du M7 à feize condées, hauteur qui annonce à l'Egypte l’afinée la plus fer- tile qu’elle puifle fouhaiter. La flatue de ce fleuve tient auffi une corne d’abondance, figne de la ferti- lité de l'Egypte. Une médaille de grand bronze de l'empereur Hadrien , frappée à Alexandrie , nous a confervé la mémoire d’un débordement du N/ à la hauteur de feize coudées, qui arriva la douzieme année de l'empire de ce prince. ( D. J. ) Niz,( Monnoie du Mogol. ) monnoie de compte dont on fe fert dans les états du grand-mogol. Un nil de roupies vaut cent mille padans de roupies ; un padant cent mille courons , & un couron cent mille laoks, Savary, (D. J.) | NIL TRANSEAT , terme de chancellerie romaine, Voyez TRANSEAT. NILACUNDI ,( Æife. nat.) nom donné par quel- ques auteurs à une pierre précieufe des Indes, que l’on croit participer du faphir &z du rubis. NILICA-MARAM , ( Æiff. nat. Botan. ) arbre des Indes orientales qui eft une efpece de prunier; fes feuilles prites en décoétion paffent pour un grand re- mede dans les fevres chaudes. Son fruit & fes pre- mieres feuilles féchés, pulvérilés & pris dans du lait caillé, font un remede pour la dyffenterie, On attri- bue encore des vertus à fon fruit confit avec du fucre & à la liqueur que l’on en tire par la diftilla- tion, NILI OSTIA ,( Géogr. anc.) c’eft-à.dire bouches ou embouchures du Nil, Hérodote, Pomponius Mela, Diodore de Sicile, Strabon & Ptolomée prétendent que le Ni! a neuf embouchures , tant naturelles que faufles , par lefquelles 1l fe décharge dans la mer ; mais tous ces auteurs ne conviennent point enfem- ble fur le nom de ces neuf embouchures , & ce fe- roit une peine inutile que de chercher à les concilier. Les Poëtes ont pris plaifr à ne donner au M7 que fept bouches, & en conféquence Virgile le furnom- me /éptemgeminus; & fepcem gemini turbant trepida oflia Nili, Ovide l’appelle auf féptemfluus : Pérque papyriferi feptemflua flumina Nili. Ce nombre de fept convenoit à la Poéfie, Les voya- geurs modernes ne connoiflent que deux bras du Nil qui tombent dans la Méditerranée, celuide Da- miette & celui de Rofette. Ilparoït que l'embouchure de Damiette eft l’oflium pathmeticum où phamiticum des anciens géopraphes ; Hérodote l’appelle £zco- lium, Or le Bogas dans lequel eft Damiette étoit le Pathmétique de l'antiquité. L’embouchure de Rofette eft oflium Bolbirinum des anciens ; car Rofette eft felon toute apparence, l’ancienne ville Bolbitina, En un mot, il eft vraiffemblable que les autres bou- ches du N£/ étoient des canaux pratiqués de l’un de fes deux bras, qu’on a pris pour des embouchures naturelles. ( D. J.) [ NILLE , f. f. ( Jardinage. ) ornement de parterre qui n’eft qu'un filet fimple ou qu'un trait de buis, dont on fe fert , tant pour la varièté , que quand on n’a pas aflez de place pour tracer une palmette. Ce terme eft emprunté des Vignerons , qui appellent ainfi un petit filet rond qui fort du-bois de la vigne lorfqu’elle eft en fleur. ( X) Nirees, f. f. pl. ( Archiseë. ) petits pitons quar- rés de fer, qui étant rivés aux croifillons & traverfes aufh de fer des vitraux d’églife, retiennent avec des clavettes ou petits coins les panneaux de leurs for- mes. (D.J.) 7 NILLE, er rerme de Boyaudier, c’eft une petite roue de bois plus longue que grofle, furpañlée à chaque bout d’une verse de fer terminée d’un côté par un bouton qui l'empêche de fortir de fa place , & de l’autre par un crochet auquel on attache le boyau C] NIM œu’on veut retordre ; le long de ce petit cylindre il y a plufieurs petits creux dans lefquels la corde du rouet qui fait remuer les milles eft retenue. Chaque rouet a toujours deux zx/les , & retord deux cordes à-la-fois. | . Nizze , { f. erme de Vigneron, forte de petit filet rond qui fort du bois de la vigne lorfqu’elle eft en fleur. NiLLe, er terme de Blafon , fe dit d’une efpece de croix ancrée beaucoup plus étroite & menue qu'à l'ordinaire. NILLÉ. On dit , ez cerme de Blafon, croix nillée, pour dire une croix faite de deux bandes féparées & crochues par le bout. Cette croix eft ancrée & fort déliée, comme eft la zi//e ou le fer d’un moulin, ce qui la fait auf appeller croix de moulin. | NILOMETRE 04 NILOSCOPE, 1. m. (if. anc.) inftrument dont les anciens faifoient ufage pour me- furer la hauteur des eaux du Nil dans fes déborde- mens. Ce mot vient du grec Nero , Nil( qui vient lui- même de veæ suc , nouveau limon, ou, felon d’autres, de vo , je coule, & de sus, Limon), & de puélpor , me- {ure. Les Grecs appelloient ordinairement cet inftru- IMent ver \00Y 0710» Das la bibliotheque du roi il y a un traité écrit en arabe fur les zilometres , intitulé zeil ft alnal al N:!, dans lequel on décrit tous les débordemens du Nil, depuis la premiere année de l’hégire, jufqu’à . | la 875°. Hérodote parle d’une colonne qu’on avoit élevée dans un endroit de l’ile Delta , pour fervir de zz/o- metre ; il y en a encore une femblable au même en- droit dans une mofquée. Comme toutes les richeffes de l'Egypte viennent des inondations du Nil, les Egyptiensles demandoient avec inftance à leur dieu Sérapis, employant à cet effet plufeurs fuperfitions, & entr’autres le facri- fice d’une jeune fille qu'on noyoit tous les ans dans le Nil : ce qui obligea Conftantin de leur défendre les facrifices, & d’ordonner que le zi/ometre, qui avoit été jufqu'alors dans le temple de Sérapis, fe- roit mis dans une églife. Julien l’apoftat replaça le nulometre dans le temple de Serapis , où 1l refta juf- qu’au tems du grand T'héodofe. Voyez, au fujet des zilometres, les aëtes de Léïpfic, année 1686, p. 147. Ac NILS. Voye Eur1Pes. NIMBE,, { m. (47: rumif.) en latin zimbus ; c’eft un cercle qu’on remarque fur certaines médailles , particulierement fur celles du bas empire, autour de la tête de quelques empereurs ; ce cercle eft aflez femblable aux cercles de lumiere, qu’on met aux images des faints. | La plus ancienne médaille que nous connoiffñons, fur laquelle on voie le z2mbe, eft d’Antonin Pie, & rapportée par Oïfelius , chef. num. tab. C7. n. 1. ce prince eft repréfenté fur le revers, de bout, en ha- bit militaire , la main droite étendue , tenant de la gauche une hoffe fans fer, avec un zimbe fur la tête. Ontrouve enfure le z2nbe fur un médaillon de Fau- fta, & fur une médaille de Conftantin , publiée par André Morel, fpecim. rabul. 4.n. 4. & tab. 7.7.1. Le rimbe devint encore plus commun fous les fuc- cefleurs de ce prince, & le grammairien Servius, qui écrivoit fous les enfans du grand Théodofe , femble le regarder comme un ornement de tête , également ufté pour les dieux & pour les empe- teurs. é Onpentconfulter fur le zimbe des divinités payen- nes, des empereurs & des faints , une differtarion intitulée : Difquifirio de nimbis antiquorum , imagini- bnS deorum | imperatorum clim, & nunc Chriffs apofto- lorum, a Jounne Nicolai , Jene 1609, ta-12, 6 les NIM t43 obfervations du fénateur Bonarotti, fur les vers an: tiques trouvés dans les cimetieres de Rome. Woye Offervaz. fopr. fracum. di, verr. p.55. (D...) NIMBO , £. m, ( Hiff, nat. Bor.exor. ) arbre des Indes orientales, nommé par Jean Bauhin #40 fo= lio 6 fruluolkæ ; par C. Bauhin, arbor indica fraxis no femilis, olee fruttu ; & par Herman ; aÿedarach flo. ribus albis femper virens. Cet arbre eft de la groffeur du frène , & eft verd toute l’année ; fon écorce eft fort mince, fes feuilles font vertes ; ameres au goût, dentelées aux bords & terminées en pointe ; fes fleurs font petites , blanches , compolées chacune de cinq pétales, ayant au milieu de couttes étami= nes jaunes ; leur odeur approche de celle du triolet odorant. Quand les fleurs font pañlées , il leur fuc- cède des fruits de la figure d’une petite olive de couleur jaunâtre ; on en tire une huile par expref- fion , dont les habitans de Malabar font grand ufa- ge pour les plaies , les piquüres & les contradtions de nerfs. RU LT Les auteurs du jardin de Malabat ont décrit uné autre efpece de #imbo qu'ils appellent karibepon , Jeu nimbo a/rera : c’eft un bel arbre, fort grand,tou- jours verd, & portant fleur & fruit deux fois lan née. On le trouve auf dans plufeurs contrées de Malabar. (D. J.) At. NIMEGUE, (Géog.) ville des Pays-bas, capitale dela Gueldre hollandoife ,avec une citadelle, un an- cien palais & plufeurs forts, Cette ville entra dans lalhance d’'Utrecht en 15709 ; les Efpagnols la pri- rent en 1585, mais le comte Maurice la reprit pour les Provinces-Unies en 1591. Elle eft fameufe par la paix générale qui s’y conclut en 1678 & en 1670. Elle eft fur le Vahal, entre le Rhin & la Meufe ow fi l’on veut , entre Arahem & Graves, à 4 lieues de Clèves, 14S.E. d'Utrecht, 20 S.E. d’Amfter- dam, 16 N. O. de Coloyne , 26 N.E, d'Anvers Lonp 29.251, 51, 550. Le nom de cette ville eft diverfement écrit dans la langue du pays , comme Niew-Méepen, Nimwe- gen, Nimmegen, d’où les François ont dit Mimegue. Il ne faudroit pas d’autres preuves de fon ancien neté , que les monumens d’antiquité romaine qu’on y découvre fréquemment. De plus, on la trouve nommée Noviomagus dans la table de Peutinger. Après la décadence de l'empire romain , le pays ayant êté fourmis à la puiflance de plufieurs comtes de l'empire , la ville de Mmepue appartint au rot d'Auftrafñe , 8t enfuite aux empereurs dont elle ob- tint divers privileges , & entr'autres la dignité de ville impériale, Enfin, Philippe IT. ayant violé par des emprifonnemens & des perfécutions pour caufe de religion, Les libertés des habitans en 1570, ils fe virent obligés d'entrer dans l'alliance d’Utrecht, qu£ a donné le nom aux Provinces-Unies des pays-bas. Quelques-uns de fes citoyens fe font acquis de ia réputation dans le parti des armes , & d’autres dans la république des lettres. Je n’en citerai que trois : Gelderhaur ( Gérard) en latin Geldenhaurius, tenoit un rang parmi les favans hommes du feizieme fie- cle. Il étoit plus connu fous le nom de fa patrie, que fous celui de fa famille, car Erafme & la plü- part de fes contemporains , l’appellent toujours Gé: raldus Noviomagus. Il fe diflinpna dans la poéñe & Part oratoire, ce qui lui gagna les bonnes graces de Maximilien de Bourgogne, qui Penyoya à Vittem- berg pour examiner l’état de l’églife. Il revint de ce voyage fi fort enchanté de la doûtrine des protef- tans, qu'il changea de religion & quitta fon pays; mais ne fachant où s'établir , il alla d’abord à Worms, enfuite à Strasbourg , à Ausboure , & fi- nalement à Marbourg , où il enfeigna la Théologie. Il mourut de la pefte en 1542; à l’âge de foixante ans, Il a écrit en latin une Lifforia Barayica, une kif: 144 NIiM toria Germanie inferioris , & une vie de Philippe de Bourgogne. Les reticences & les palliatifs qu’on re- marque dans ce dernier ouvrage , doivent nous ap- prendre à nous défier des hifioires compoiées par des domeftiques comblés des bienfaits de leurs maï- {res. | Canifius ( Henri) s’eft acquis une gloire durable entre les favans hommes de fon fiecle. On loue beaucoup fon traité du droit canon , fumma Juris canonici ; mais {es antique leéliones | imprimées en A vol. in fol, forment un recueil de littérature bien autrement recherché & véritablement inftruëtif. Henri Canifius étroit neveu du jéfuite de ce nom; il mourut en 1609. Noodt (Gérard) célébre profeffeur en Droit à Mz- megue, lieu de fa naiflance ; enfuite à Francker , & enfin à Leyde , a publié d’excellens ouvrages de jurifprudence , recueillis & imprimés en 1724, en 2 vol, tn-folio, Il a porté dans ces matieres un éfprit philofophique ; & ne s’eft pas borné comme font d’autres , à la fimple étude des lois romaines, com- me fi toute la fageffe y étoit renfermée , ou plutôt comme fi le droit confiftoit en décifions arbitraires. Il eft mort en 1725 à loixante-dix-huit ans, (D. J.) NIMEGUE, le quartier de, (Géog.) contrée de la Gueldre , bornée au N. par le quartier de Velwen, à lorient par le comté de Bergue & le duché de Cle- ves ; au midi, par le Bräbant ; & à l'occident, par la Hollande. Cette contrée eft partagée en fix pré- feétures ; elle contient cinq forierefles où on tient garnifon, plufieurs terres feigneuriales , & deux vil- les, qui font Tiel & Bommeie. (D. J.) NIMETACUM, (Gcog. anc.) l'itinéraire d’Anto- nin met cette ville entre Minariacum & Cameracum , à 18 mille pas de la premiere, & à 14 mille de la feconde : Meyer prérend que ce foit Maizy dans la châtellenie de Lille, mais Ortélius eft mieux fondé à dire que ce doit être Lens en Artois. (D. J. NIMETULAHIS ou NIMETULAHITES, f. m. pl. ( Hiff. mod.) forte de religieux Turcs ainfi nommés de Nimerulahi , leur premier chef ou fondateur. Ils s’afflemblent la nuit tous les lundis pour célébrer par des cantiques l’unité de Dieu, & glorifier fon nom. Ceux qui veulent être reçus dans leur ordre pañlent quarante jours de fuite renfermés dans une cham- bre, & réduits à trois ou quatre onces de nourri- ture par jo r5. Pendant cette retraite , 1ls s’imagi- nent voir Dieu face à face , & que toute la gloire. du paradis leur eft révélée. Lorfque le tems de leur {olitude eft expiré , les autres freres les menent dans une prairie, où ils danfent autour d’eux & les font aufli danfer. S1 dans cet exercice le novice a quel- que vifñion, ce que le mouvement jointe à la foi- blefle de cerveau caufée par le jeûne, ne manque jamais d'occafonner ; 1l jette fon manteau en arrie- re & fe laifle tomber la face contre terre, comme s’il étoit frappé de la foudre. Le fupérieur s’appro- che, fait quelque priere pour lui, & lorfque le fen- timent lui eft revenu, il fe releve les yeux rouges & égarés , avec la contenance d’un ivrogne ou d’un infenié, & communique {a vifion au fupérieur ou à quelqu’autre perfonnage verfé dans la Théolosie myflique , après quoi , 1l eft cenfé du nombre des nimetulahis, Guer, mœurs des Turcs , tom. I. NIMPTSCH, ( Géog.) peute ville d'Allemagne , au duché de Siiéfie , dans la principauté de Brieg , entre Franckenftein & Breflau. Elle fe défendit bien vailamment en 1431 & 1434 , contre les troupes de Sigifmond. Long. 34. 38. lat, 51, 10, Lohenftein ( Daniel Gaipar de ) naquit dans cette ville en 1635 , & mourut en 1683 ; c’eft le Cor- neille des Allemands , & le premier qui aît élevé la tragédie allemande au point où elle eft aujour- d’hui. (2. J.) NINGAMECHA , ( Æff. mod. ) c’eft le titre que l'on donne au Monomotapa , à celui qui eft revêtu de la plus éminente dignité de l’état, qui répond à celle de grand vitir chez les Turcs. Ce mot figni- fie gouve neur du royaume. NINIVE , (Gég. anc.) les latins difent Miros ou Ninus , ville capitale de l’Affyrie , fondée par Ni- nus , fuivant les hiftoriens prophanes, & par Affur fils de Sem ou Nemrod fils de Chus, elon les écri- vains facrés. C’étoit une des plus anciennes & des plus gran des villes du monde. Par les mefures de Divdore de Sicile évaluées aux nôtres , MNnive avoit 7 heues de long , environ trois de large, & dix huit de cir- conférence ; mais il faut remarquer qu'elle renfer- moit dans fonenceinte quantité dejardins,;de champs - labourables , de prés, & d’autres lieux qui n’étoient point habités. Pline, Strabon , Ptolomée & les au- tres Géographes la mettent fur le Tigre. Arbacès & Bélefus la prirent fur le roi Sardanapal vers le tems de la fondation dé Rome. Elle fut prife une feconde fois par Aftyages & Nabopolaffar, fur Chi- naladan, roi d'Affyrie, deux cens vingt-fix ans avant l'ere vulgaire, Strabon, Z. XW1. p.737. dit qu’auf- fitôt apres la defiruétion de l'empire des Syriens (Afyriens), la ville de Ninive fut ruinée ; & elle l’é- toit tellement du tems de Lucien de Samofate qui vivoit fous Adrien, qu’on n’en voyoit plus aucuns veftiges , & qu'on ignoroit même le lieu où elle avoit été bâtie. Cependant il eft à croire, qu'après la deftru&tion de Myive par les Mèdes , il fe forma de fes ruines une nouvelle ville dans le voifinage à laquelle on donna le nom de la premiere qui fub= fiftoit du tems des Romains ; car Ptolomée parle de Ninive comme fubfiftante , quoi qu’il foit certain que l’ancienne Niniye avoit été détruite depuis très= long-tems. Ce fut cette derniere Ninive que les Sar- rafins ruinerent vers le feptieme fiecle , felon l'il= luftre Marfham. (2. J.) NIN-O , (jf. anc. Chron.) c’eft ainfi que les Ja= ponois nomment l’ere ou l’époque la plus ufitée parmi eux ; elle commence au regne de Sin-mu, fondateur de leur monarchie , qui regnoit environ fix cens foixante ans avant l’ere chrétienne. Les Japonois ont une feconde époque appellée zez-go, c’eft une fuite de période, inflituée en divers tems par les dairi ou empereurs eccléfiaftiques, qui ont pris une époque particuliere pour chacun de leurs regnes ; on emploie cette époque en y ajoutant tou- jours les années du zi2-0 , ce qui empêche la con- fufion : les Japonois ont encore des cycles ou pé- riodes de foixante ans, dont chaque année eft dé- fignée par un‘caraftere particulier. NINOE , (Géog. anc.) ville de la Carie, qui s’ap- pelloit Æphrodiria, felon Suidas & Etienne le géo- graphe. Elle avoit été bâtie par les Pélafges Léle- ges, & recut dans la fuite le nom de Mégalopolis. CDI) | NINOVE, (Géog.) ancienne petite ville des Pays- bas dans la Flandre autrichienne, fur la Deure, à 2 lieues d’Aloft. Long. 21.36. lat, 50. 50. Jean Defpautere , célebre grammairien latin du feizieme fiecle, étoit de cette ville ; & après avoir enfeisné en plufieurs lieux , 1l mourut à Comines en 1520. (D.J.) | NINZIN ( Boran. exo. ) plante des montagnes de la Corée. Le zingin qu'il ne faut pas confondre avec le ginfeng , a différens noms. Ils’appelle #77ir dans les boutiques. Six, fin, nifti, nindfin, &c.{ont chi- nois; /oafai eft de la langue tartare; f/arum miontunum coræenfe , radice non tubeérofa, par Koœmpf. Amoœn.. exot. fafc. 5. fi fpecies ; Linn. gez. plant. 219 , feum folio infimo cordato , caulinis ternutis, omnibus crena- ti, Gronow , flor. Virg. Cette Cette plante encore jeune , dit Kœmpfer, n’a qu'une petite racine fimple , femblable à celle du _ panais, longue detrois pouces , de la groffeur du ‘petit doigt,garnie de quelquesfibres chevelues,blan- châtres , entre-coupée de petits fillons circulaires très-fins , & partagée quelquefois inférienrement en deux branches ; elle a l’odeut du.panais & le soût du chervi, moins doux cependant &c plus agréable, étañt corrigée par une certaine amertume qui fe fait à peine fentir. _ Cette plante devenne à la hauteur d’un pié, cul- tivée dans le Jäpon , poufle une ou deux racines femblables à la premiere ; lorfque la plante a acquis plus de vigueur, qu’elle eft plus branchue, &r qu'el- le porte des fleurs, fes racines font de la longueur d’une palme ; du collet de fes racines naïflent enfem- ble plufieurs bourgeons , qui par la fuite deviennent des tiges & des tubercules ; qui fe changent en raci- nes. La tige s’éleve à la hauteur d’une coudée & plus ; elle eft moins groffe que le petit doigt , cylin- drique , inégale, cannelée , partagée d’efpace en efpace par des nœuds relevés & pointillés tout -au- tour, comme dans le rofeau ; elle eft branchue , & fes rameaux naïflent en quelque maniere alternati- vement dans les nœuds ; elle eft folide à fa partie inférieure ; & dans le refte elle eft creuie ainfi que fes rameaux , qui font auffi plus profondément can- nelés.. Les feuilles qui varient felon l’état, la forme & la grandeur de la plante, font portées fur des queues longues d’un pouce & demi; elles font creufées en gouttiere jufqu'à la moitié de leur longueur, & em- braflent les nœuds. Ces feuilles dans la plante naif- fante font uniques, rondes, crénelées, longues d’un pouce , & taillées en forme de cœur à leur bafe ; mais lorfque la tige a environ un pié de hauteur, des feuilles {ont plus grandes , & fort femblables à celles de la berle 8 du chervi, compofées de cinq lobes ou petites feuilles ovales, pointues, minces, découpées à dents de fcie, d'un verd-gai, divifées par une côte & des nervures larérales, qui par leur fréquente réunion forment un réfeau. Enfin , lorfque la plante eft parvenue à fon état de perfection , les feuilles font découpées en trois lobes, & à mefure qu’elles s’approchent du fom- met de la tige, elles font plus petites & ont à peine la grandeur d’un ocgle. Les bouquets de fleurs qui terminent les rameaux {ont garnis à leur baie de petites feuilles étroites, difpofées en parafol , dont les brins font longs d’un pouce, chargés de plufieurs petits filets qui portent chacun une fleur blanche à cinq feuilles taillées en maniere de cœur, & placées en rofe fur le haut d’un calice qui eft de la figure de la graine de coriandre, * Les étamines qui s’élevent dans Les intervalles des feuilles de cette fleur font courtes, & sgarnies d’un fommet blanc; le ftile qui eit fort court eft fendu en deux parties. La fleur étant pañlée, il lui fuccede un fruit , qui en tombant, fe partage en deux graines cannelées , applaties d'un côté , nues, femblabies à celles de Vans, d’un roux foncé dans leur maturité, ayant le goût de la racine avec une foible chaleur. Dans les aflelles des rameaux, naiflent des bour- geons feuls ou plufieurs enfemble , arrondis , ova- laires, de la groffeur d’un pois , verdâtres , fem blables en quelque façon à des verrues, d’un goût fade & doucçâtre ; lorfqu'on plante ces bourgeons ou qu'ils tombent d'eux-mêmes fur la terre, ils pro- duifent des plantes de leur genre , de même que les graines. On cultive le zizzin au Japon, & on em- ploie fes racines dans tous les cordiaux & remedes fortifians du pays. (D. 7.) NIO oz 110$ ; ( Géog, ane, & mod. ) ile de l'Archi- Tome XT, i L NIO F45 pel , entré celle de Naxie au nord, celle d'Amorgo à l’Orient , celle de Santorin au midi , & celle de Sikino à l'occident, | _ Cette île a-êté connue des anciens fous le nom de Zos, &t nommée ainf par les loniens qui l’Habi- terent les premiers : elle a quarante milles de tour 3° mais elle n’a jamais été guere célébre que parle tombeau d'Homère. Ce fameux poëte pañlant de Samos à Athènes, vint aborder à Jos ; il y mourut fur le port | & on lui dreffa un tombeau , où lon grava long-tems après l’épitaphe rapportée par Hé- rodote à qui on attribue la vie d'Homère, Strabon , Pline & Paufanias parlent de ce tom- beau ; ce dernier ajoute, qu’on y montroit auf ce: lui de Climene mere de cet excellent homme , & aflure qu’on lifoit un vieil oracle à Delphes, gravé fur une colonne qui foutenoit la ftatue d’'Homère. Il paroifloit par cette infcription, que fa mere étoit de Pile d’Zos : on lit le même oracle dans Etienne le géographe, qui a été fuivi par Euftathe fur Homère ë&t far Denis d’Aléxandrié ; mais Aulugelle, zoë. Atiic. liv. III, ch. x. prétend qu'Ariftote a écrit, qu'Homère avoit pris naiffance dans l’île dont nous parlons. Quoi qu'il.en foit, on cherche inutilement les reftes de ce tombeau à Nio autour du port: on n'y voit qu'une excellente fource d’eau douce qui bouillonne au travers d’une auge de marbre, à un pas feulement de l’eau falée. | La Porte tient ordinairement un cadi à Mo, Cette ile eft aflez bien cultivée ; -ou eftime beaucoup le froment qu’elle prodiut , mais elle manque d’huile & de bois : on n’y voit plus de palmiers, quoique: felon les apparences, ces fortes d'arbres lui ayent anciennement ättiré le nom de Phénicie qu'elle à porté, fuivant [a remarque de Pline & d’Etienne le géographe. Il y: a dans le cabinet du roi de.France , une mé- daille à la légende de-cette ile (1HTQN }: d’un côté c’eft la tête de Jupiter, de lantre c’eft une Pallas &e un palmier. Le P. Hardorun fait mention d’une au tre médaille de cette ile ; la tête de Lucilla y eft re- préfentée avec cette légende , zx. popul, & urb. Il ne refte pourtant aucune marque d’antiquité dans No; fes habitans ne font curieux que de praftres, & tous voleurs de profeflion: auf Les Turcs appellent Nio ; la petite Malte , c’eit-à-dire la retraite dela plû- part des corfaires de la Méditerranée. Les latins n’y ont qu'une éghife , deffervie par un vicaire de l’évéz que de Santorin : les autres églifes font grecques , & dépendent de l'évêque de Siphanto. Long. 43,28, lat, 36: 33.1(D. 1.) NIONS , (Geog.) petite ville de France en Daua phiné, dans la baronnie de Montauban; elle eff tuée dans un vallon fur le bord de la riviere d’Ay= gues. — Jacques Befnard a fait honneur à cette ville par {a naïffance , il s’eft acquis dela réputation par plu- fieurs ouvrages , & en particulier par la continua= tion de la république des lettres ; c’eff un des fayans que la France perdit par la révocation de l’édit de Nantes. fl fut accueilli en Hollande, & nommé pro: fefleur de Philofophie à Leyde, où il finit {es jours en 1718 âgé de foixante-un ans. (D.J.) NIORD , (Mythol.) c’étoit dans la Mythologie des anciens peuples du nord le dieu qui préfidoit aux mers @& aux lacs ; 1l étoit le maitre des vents, & appafoit les eaux & le feu , il demeuroit fuivant les Celtes, dans un lieu appellé Nozwur. On lPinvo- quoit pour rendre heureufe la navigation, la chaffe & la pêche, & pour obtenir des tréfors. Comme Niord préfidoit au plus perfide des élémens ; les Cel- tes ne croyoient point qu'il fût de la vraie race de . leurs grands dieux qui defcendoient d’'Odin, Les Gaulois connoiffoient cette même divinité {ous le T 140 NOT PT... nom de Neirh, & M. Mallet nous apprend que dans le lac de Genève, il fe trouve un rocher qui lui étoit confacré &c qui porte encore le nomide Neoz, Voyez l’'Edda des Iflandois. - NIORT , ( Géog. ) ville de France dans le Poi- tou, vers les confins de la Saintonge. Elle eft fur Sevre (on écrivoit autrefois Savre, enlatin S'avara), à 14 lieues de Poitiers & de la Rochelle , 89 de Pa- ris. Long, 17. 10!, 33! lat. 46,20", 81e. Ce fut à Mort en Poitou , dans la prifon de cette ville, que naquit en 163; mademoïfelle d’Aubigné , deftinée à éprouver toutes les rigueurs & toutes les faveurs de la fortune. Louis XIV. en l’époufant, fe donna une compagne agréable , fpirituelle & fou- mife. Elle mourut à S. Cyr en 1719. Voltaire, De Beaufobre ( Ifaac ) né à Niort en 1659, eftun de ceux qui ont fait honneur à leur patrie, qu'ils ont été forcés d'abandonner. Sa traduétion du nouveau Teftament qu’il a mife au jour avec M. l'Enfant , & qu'ils ont accompagnée de vraiment bonnes notes, eft un ouvrage fort eftimé. Son hiftoire du Manichéif- me eft un livre bien écrit, très-curieux , & très-pro- fond dans la connoïffance de l'antiquité. Il y déve- loppe cette religion philofophique de Manés , qui étoit la fuite des dogmes de l’ancien Zoroafte , & qui féduifit fi long-tems S.' Auguftin. M. de Beau- fobre eft mort à Berlin en1738. Wolraire.( D. J.) NIOU ,f. m. ( Mefure de longueur. ) c’eft une me- fure des Siamois pour les longueurs ; elle revient à un pouce de pié de roi moins un quart. Au-deffos du ziou eft le grain de ria , dont Les huit font le 10 ; au deflous eft le ken, qui contient douze zious, NIPA ou ANNIPA , ( Æiff. moder. Voyag. ) c’eft ainfi qu'on nomme au Pégu , une liqueur fpiritueu- fe ; aflez femblable à du vin , que l’on obtient en faifant des incifions à certains arbres du pays. On dit que c’eft une boiflon très-agréable. Dans le royaume de Siam on fait une liqueur femblable, que l’on appelle auf zipa, en diftillant Peau ou liqueur qui fort des cocos. NIPCHU, ( Géogr. ) ou Nipcher, ou Nipchou, ou Nerezin, & parles Mofcovites Negovicin , ville de Pempire ruflien dans la Tartarie mofcovite, au pays des Daouri , fur la riviere d’Ingueda , felon M, de lIfle , mais que les Lettres édifiantes nomment He- lonkian. Ce fut à Mipchu que la paix fut fignée en 1689 entre le czar & l’empereur de la Chine. Long. de Nipchu , felon les PP. Pereira & Gerbillon, eft 135, 21.30. lat, 51. 45, NIPHATES , ( Géog. anc. ) montagne de l’Améri- que. Le Miphate eft une grande chaîne de monta- gues dans l’Arménie occidentale , qui fait partie du mont Mafus, & , felon Prolomée, du mont Taurus. Il s'étend à l'E. de l’Euphrate entre l’Araxe & le Ti- gre. Le nom de Mphare veut dire zeigeux. Virgile, pour faire fa cour à Augufte, dit dans fes Géorgi- ques , Zv. III. v. 30. en parlant des viétoires de ce prince, Adéamurbes Afte domitas, pulfumqueNiphatem, Fidentemque fugé Parthum , verfifque fagireis, Et duo rapta man diverfo ex hofle tropæa. « J'y ajouterai les villes qu'il a foumifes en Afe, # les peuples qu’ila vaincus, ceux du mont Mphate, # Gt les Parthes qui s’aflurent fur leurs fleches qu'ils » lancent en fuyant , & les deux viétoires qu'il a » remportées lui-même fur deux ennemis fort éloi-. # gnés l’un de lantre», (D.J.) NiPHATES, (Géog. anc. ) fleuve d'Arménie du même nom que le mont Niphate. Lucain fait men- tion de ce fleuve :il dit, Zb. JIT, y. 244: que les Ar- méniens occupent les rives du Viphare qui roule des pierres : Armeniufque tenens volyenten faxaNiphatem, NIR Juvenal, Sasyre vj. vers 409. parle aïnf. des dé- bordemens de ce fleuve : Rumoresilla recentes Excipit ad portas , quofdam facit , ifle Niphaten In populos , magnoque illiccunila arva teneri Diluvio, : Enfin Horace , Ode jx. L. IT. vers 20. dit : Cantemus Auguffi sropæa Cafaris, & rigidum Niphatem Medurnque flumen gentibus addiuim Viülis , minores volvere vortices, « Célébrons par nos vers les nouveaux exploits » d'Auguite : chantons le Tigre & l’Euphrate, qui » roulent leurs eaux avec moins d’orgueil , depuis » qu'il les a ajoutés à nos conquêtes», Je dis quele Mphareeltle Tigre, & queile fleuve des Medes eft l’'Euphrate ; car puifque Horace joint le Niphate avec le fleuve des Medes , il paroït qu'il ne s’agit point ici du mont Miphare : comme le T1- gre tiroit fes eaux du Mphate , il en a pris quel- quefois le nom vers fa fource, avant que d’entrer dans la Méfopotamie ; & ce qui confirme cette con- Jeéture , c’eft que le Tigre eft fujet au débordement que Juvenal attribue au fleuve Mphate.( D. J.) NIPHON , ( Géogr. } grande île ou prefqu'ile de Ocean oriental, & la plus confidérable partie de Pempire du Japon. Les Chinois difent Zipon, mot qui fignifie le commencement du foleil. 1 doit fon ori- gine à l'idée qu’avoient les Japonois & les Chi- nois , que les iles du Japon étoient les premieres éclairées du foleil. Quoique proprement Mphon ne foit que la plus grande de ces îles , cepéndant fon nom s’étendit dans l’ufage à tout le vafte empire que nous appellons Japon. Voyez JAPON, NIPISSIGNIT , ox NEPEGIGUIT,(Géog.) riviere de l'Amérique feptentrionale en Ga{peñe ; elle fe jetté dans le golfe de faint - Laurent ; à l'extrémité de la baie des Chaleurs. NIQUET , f. m.( Monn. de France. ) petite mon noie blanche qui valoit autrefois deux deniers tour- nois. « Sous Charles VI. dit Monftrelet , on forgea » des doubles qui eurent cours pour deux deniers » tournois , regnerent environ trois ans tant feule= » ment, & furent en commun langage nommés 54 »quets». (D...) NIREUPAN , (Æff, mod. Mythol. ) fuivant la Théologie des Siamois , des peuples de Laos & du Pégu , il y a dix-huit mondes différens par lefquels les ames des hommes doivent pañler fucceflive= ment. Neuf de ces mondes font des féjours fortunés ; c’eft le neuvieme qui eft le plus heureux de tous, Les neuf autres mondes font des habitations malheu- reufes, & c’eft le neuvieme fur-tout qui eft le plus infortuné. Mais quelle que foit la félicité dont on jouit dans le neuvieme des premiers mondes , elle ne fera point éternelle, ni exempte d’inquiétudes , ceux qui y font étant fujets à la mort. Suivant cesin= _ diens , fi l'ame après fes différentestranfmigrations, eft parvenue à la perfeétion par fes bonnes œuvres dans chaque nouvelle vie, alors il n’y a plus aucun des mondes heureux qui foit digne d’elle , & lame jouit du Nrexpan, c'eft-à-dire qu’elle jouit d’une in= attivité & d’une impañfhbilité éternelles, & n'eft plus fuette à aucune tranfmigration ; état qui peut pañler pour un véritable anéantiflement. C’eft dans cetétat que les Siamois prétendent que fe trouve leur dieu Sommna-Kodom,& rousles autres dieux quifontles objets deleur culte.Seloneux,la punitiondesméchans fera de ne jamais parvenir au Mireupan. La voie la plus sûre pour obtenir ce bonheur eft de fe faire :4= lapoin , c’eft-à-dire soine. Quelques-uns par Nireu- an, entendent la poffeffion de tout Punivers. NIR-NOTSJIL, ) Hiff. nat. Boran. ) arbrifleaude la côte de Malabar. [l eften grande eflime parçe qu'il à, dit-on ; la Vértu de guérit la maladie vénertentes pour cet effet on prend {es feuilles feches & pulvéri- fées avec du fucre dans une décoëtion de riz. Ses ra- cinés & fes feuilles bouillies font auffi des bains fa- lutaires dans les affe@hons céphaliques. Sa raciie bouillie dans l'huile fait un liniment contre la goutte. NIRUALA , ( Boc. exos. ) efpece de pommier ou de prunier de Malabar, & d’autres lieux des Indes. Il eft très-gros , s’éleve à 30 piés de haut , & fe plaît dans les endroirs pierreux & fablonneux, fur le bord des rivieres. "er _ NISA, ( Géog. anc, ) ville de Lycie dans la My- liade , felon Piolomée. I y a plufieurs villes & lieux qui s’écrivent indif- féremment par Mi/a ou Nyfa ou Nyffa. Voyez NyssA. NisA ,( Géog.) ville de l’Afe dans le Khoraflan, aux confins du défert, Elle eft fituée au 394. de laxre. feptenc. NISAN , f, m.( Calendrier des Juifs. ) ce mot veut dire étendart ; mois des Hébreux qui répond à une partie de notre mois de Mars , &une partie d'Avril, felon le cours de la lune. Aujourdhui les Juifs com- mencent le mois Myfan au feprieme Avril, C’étoit le premier mois de leur année facrée à leur fortie d’E- gypte. & Ce mois vous fera le premier des mois ; ce » fera pour vous le premier mois de l’année ». exod, æij. 2. C’étoit le feptieme de leur année civile. Moile l'appelle 44:6. On faïoit la Pâque le quator- .zieme jour de ce mois ; Le feize on offroit la gerbedes : épis d'orge; le vingt-fix on commençoit les prieres pour demander les pluies du printems, & le vingt- neuf on célébroit la mémoire de la chute des murail- les de Jéricho. Au refte le nom N/zn étoit inconnu aux Juifs avant la captivité de Babylone ; & ils ne s’en font fer- vis que depuis le tems d’'Efdras ; c’eft-à-dire, depuis qu'ils furent retournés de [a Chaldée en Judée. Le rabin Elia Lévi croit que c’eft un mot chaldaique ou erfien. NISARO , (Géog.) ile de l’Archipel, au couchant de celle de Rhodes. Les grecs qui l’habitent font tributaires des Turcs & des Vénitiens. On y recueille du blé , du vin & du coton ; mais il n’y a guere de vaifleaux qui la fréquentent, parce que fa rade eft mauvaile. C’eft la Mfyrus des anciens. NISEN , ( Géogr. ) ou Niefna, ou Ni/t-novogorod, ville très-peuplée de l'empire ruflien , capitale du petit duché de même nom , avec une citadelle & un archevêché. Elle eft près du confluent de l’Occa & du Wolga , fur une montagne , à 98 lieues de Mofcow par terre. Long. 65. 45. lat. 56. 34. NISI, CLAUSE pu, ( Droit canon. ) c’eft ainfi qu'on nomme une fameufe claufe inventée par quel- ques canoniftes pour prévenir les détours des fer- mens , &c aflurer l'effet de l’excommunication. Il eft certain que la frayeur de la vengeance di- vine fervit long-tems comme d’une barriere refpec- table contre l’inconftance & la perfidie des hom- mes. Oninventa même différentes fortes d’impréca- tions pour fixer leur parole ; mais la foi n’eft jamais plus mal gardée que quand on prend tant de mefures pour s’en aflurer. Ces fortes d’ufages pieux eurent le fort de la plüpart des chofes du monde; on cefla de les révérer à force de s’en fervir ; & les reliques les plus célebres pour les fermens perdirent infen- fiblement leur réputation, s’il eft permis de s’expri- mer ainfi, parce qu’on y avoit eu trop fouvent re- cours. On changea donc la formule des fermens ; onfubf- titua à la crainte du ciel qui fe failoit fentir trop ra- rement, la frayeur des foudres eccléfiaftiques tou- jours prêtes à tomber fur Les parjures ; & la plûpart des fouverains de l’Europe fe fonmirent à être ex- commumiés par le pape, s'ils violoientleursfermens, Tome XI, NIS 147 Mais le priñcé qui vouloit recommencer là güeïre, ou obtenoit difpenfe de fon ferment , avant que de prendre les armes, ou s'il avoit déja fait quelqué aéte d’hoftilité, il en demandoit l'abfolution avant qu’on eût prononcé contre lui les cenfures eccle- fiaftiques. Ce fut pour prévenir ce détour, & pout aflurer l'effet de l’excommunication ; que quelques cano- niftes inventerent la fameufe claufe du if. Cette claufe confftoit en ce que les princes ; immédiate: ‘ment après avoir figné leur traité, faifoient d’ayance & de concert fulminer les cenfures par lofficial de l’évêque diocéfain de lendroit où ce traité avoit été conclu ; & celui-ci déclaroit dans la fentence qu'il excommunioit aftuellement celui qui violeroit {on ferment dès-à-préfent , comme dès-lors, & dès: lors comme dès-à préfent: ex nunc, prout ex tunc , & ex turc prout ex nunc , rife conventa alta , conclufa ; G capitulata realiter , 6 de faéto adimpleantur. De cette maniere celui des princes qui rompoit le trai< té ; étoit cenfé excommunié, fans qu’on fût obligé d’avoir recours à aucune autre formalté de juftice qu’à la fimple publication de la fentenee de cet off cial. Louis XI. dans une promefle qu'il fit à Edouard. IV. roi d'Angleterre , d’une penfon annuelle de cinquante mille écus d’or , s’y engage , dit-il, par un traité de l’an 1475 , fous les peines des cenfures apoftoliques , & par l'obligation du xf. Obligamus 710$ Jub pænis apoftolice cameræ ; & per obligätionsm de nifi. Mais comme il arriva que le pape relevoit de l’excommunication le prince qu’il vouloit favorifer ; lui mettoit les armes à la main , en excommuniant même fon concurrent , on ne fuivit plus la claufe du zif: , & on la regarda comme une formule illu- foire. (D. J.) | NISIBE, ou NISIBIS , ( Géog. anc. ) ville très- ancienne & très-célebre dans la partie{eptentrionale de la Méfopotamie. Elle étoit firuée fur le Mygdo- mius , à deux journées du Tigre. Les Grecs l’appel- loient Antioche de Mygdonie ; à caufe de la beauté de fon terroir , qu’ils comparoient à celui de l’An- tioche de Syrie qui étoit délicieux. Strabon dit que Nifibis étoit fituée au pié du mont Mafius. Tigranes étoit poflefleur de Nifbe du tems de la guerre de Mithridate, & Lucullus la lui enleva. Elle devint alors le boulevard de l’empire d’orient , tant contre les Parthes, que contre les Perfes ; mais lein- pereur Jovien la rendit à ces derniers, Dans l’infcription d’une médaille de Julie Paulle ; on lit ces mots : ce... Koñw-Necibr, c’eft-à-dire , fép- timæ colonie Nejibiranæ. Le nom moderne de Mjfibe eft Nesbin, ou Naffibin, ou Naïfibin , car on écrit ce nom très-diverfement : c’eft un lieu du Diarbek, qui dépend du bacha de Merdin. Mais ce lieu n’eft plus qu'un miférable village, éloigné de Mouffail de so lieues , & de 28 S. O. de Diarbeckir. Le pays eft prefque par-tout défert & inhabité : de l’autre côté, c’eft une large campagne où l’on ne voit fur la terre que de la grande pimprenelle, des tulipes , des ane< mones , des narcifles & autres fleurs. Long. 57. 25: lat, 36. S. Ephrem, pere de l’'Eclife & diacre d’'Edeffe ; au quatrieme fiecle, étoit de Mifibe, Ilfe fit extrème- ment eftimer de S. Bafile & deS. Grégoire de Nice. Il embraffa d’abord la vie monaftique, & dans la fuite fut ordonné diacre par S. Jacques de M/2be. So- zomene rapporte qu'ayant été élu évêque , il feignit d’avoir perdu l’efprit pour éviter d’êtré ordonné, On fait qu'il écrivit contre les erreurs de Sabellius , d’Arius , d’Apollinaire , des Manichéens , &e, Il mourut en 399. La meilleure édition de fes onvra- ges eft celle de Rome depuis 1732 ques 1746, "Ti é 148 NIS en grec , en fyriaque &c en latin, © vol, in - fol. (2.7. | Es NISI-RINGI, ( ÆfE nat. Botan.) c’eftun arbrif- feau du Japon quife cultiveülans lesjardins, & dont le fruit, qui eft rouge, & de la groffeur d’une ceri- fe, croît en grappes. On en diftingue une autre ef- pece, dont les jeunes gens attachent les fommités, par galanterie, à la porte de leurs maitreffes. NISIT A , (Géog.) en latin Nefs, dont nous avons parlé, petite île d'Italie fur la côte du royaume de Naples, entre Pozzielo & l’ile de Logajola. Elle peut avoir deux milles de tour, eft très-fertile, & n’a d'autre inconvénient que le nombre exceflif de la- pins, qui femblent être les maîtres du pays. Cette île a du côté du midi un petit port appellé Porto-Pa- yone. NISMES , ( Géog. ) en latin Nemaufus, ville de France dansle bas-Languedoc. Elleeft fort ancienne, & doit vraiflemblablement fon origine aux Pho- céens d’Ionie , qui fonderent Marfeille, Leur colo- nie s'étant trouvée trop reflerrée dans le territoire de Marfeille , fut obligée de fe répandre à Orange, à Nice, à Antibes, à Turin , à Tarragone & à Nimes. Les anciennes armoiries de cette ville , & les épita- phes grecques qui y ont été trouvées , femblent con- firmer cette opinion. Nimes refta environ 400 ans dans l’état où les Pho- céens la mirent, jufqu’au tems qu’elletomba avecle refte des Volfques ; dont elle étoit capitale , fous la puiffance des Romains. Les Volfques habitoient le long du Rhône ; ils avoient aflujetti cette ville , ou avoient été conquis par elle. Ce qu'il ya de sûr , c’eft qu’au tems où Fabius Maximus la foumit aux Ro- mains, elle étoit appellée Nemaufus ; urbs Volfcorum Arecomicorum. Apparemment qu'elle fut dans la fuite fe fouftraire de cette nouvelle domination ; car on obferve qu’elle fut du nombre des 837 villes que Pompée conquit dans fes exploits, depuis les Alpes jufqu’aux derniers confins de l'Efpagne. Plufieurs marbres que l’on a trouvés dans les dé- bris de Nimes avec des inferiptions latines, font voir que les Romains y ontenvoyé des colonies ; qu’elle a été souvernée par des confuls êt des decemvirs ; qu’il y avoit des édiles comme à Rome, un fénat, une compagnie de décurions , un quefteur ; enfin qu'il y avoit un college de prêtres, &c un temple dé- dié à Augufte. Quand l’empire s’écroula fous Honorius 87 Arca- dius , la ville de Nes tomba entre les mains des Goths, après avoir été environ 500 ans fous la puiflance des Romains. On conjeëture avec vraif- femblance que la plüpart des monumens dont on voit encore aujourd’hui de fuperbes reftes , ont été ordonnés par les deux Antonins, pour marquer leur bienveillance à une ville dont ils étoient originaires. Nimes vint dans le fixieme fiecle au pouvoir des Vifigots, 8 dans le huitieme ellefuccomba fous celui des Sarrafins , avec quelques autres places du Lan- guedoc, qu’ils conferverent environ 20 ans, & juf- qu’à ce que Pepin reconquit ce pays. Mémes fut dans “la fuite souvernée par des vicomtes, fous l'autorité des ducs de Septimanie. Ces vicomtes de Nimes s’en rendirent propriétaires dans le x. fiecle. Rémond, comte de Touloufe, en ufurpa le haut domaine. Les rois d’Arragon s’attribuerent enfuite le même droit fur cette ville & jur fon territoire appellé le Nemo/ez ; mais Jacques , roi d’Arragon, y renonça en faveur de S. Louis , par une tranfaétion de l’an 1258. En 1417, Nimes qui appartenoit à Charles VI. roi de France, fut prife par le prince d'Orange, qui étoit à la tête des Anglois ; & ce fut alors que le châ- teau des Arenes fut ruine. Les maflacres qui fe com- mirent dans cette ville pendant les cruelles guerres de rehgion du xvj. fiecle, y multiplierent le Calvi- nifme ; {a plus grande partie des magiftrars & du. peuple fe déclarerent pour la réforme , & firent bä- tiren 156$ un grand temple qui dura jufqu’en 1685, qu’il fut abbatu par ordre de Louis XEV. I s’eft tenu à Mômes quatre coniciles particuliers: le premier en 389, lefeconden 886, le troifieme en 997 & le quatrieme convoqué par le pape Urbain I. en 1096. LL Je ne décrirai point les reftes des monnimens an- tiques qui fe trouvent dans cette ville, on dans fes environs : on peut en lireles détails dans l’hiftoire de cette ville par M. Gautier, & dans l'ouvrage des grands chemins de l'empire romain par M. Bergier. Il v’eft pas douteux que Mines fe diftinguoit autre- fois par fon amphithéâtre nommé Zes Arenes , par la maifon-quarrée ; qui paroit avoir été un temple ; par l’étendue de {es murs qui avoient un circuit de 464otoifes ; enfin par fes neufs tours qui défendoient les anciens murs , dont la plus grande , appellée pour cette raifon /z rour-magne , fubffte encore en partie. Ajoutez à toutes ces raretés le Pont-du-Gard , qui fervoit d’aqueduc , & qui pouvoit fe comparer à tout ce que les Romains ont fait en ce genre de plus hardi. Voyez PONT-DU-GARD. Il refte encore des veftiges de quelques anciens temples qui donnent pareillement une grande idée de la puiffance de ceux qui les ont fait bâtir , &t de l'état où les arts étoient alors. Celui qu’on croit avoir été dédié à Diane, ou, fi l’on veut, à Vefta , offroit une firucture très-belle & très imduftrieufe. Il étoit entierement bâti de grofles pierres fans ciment ni: mortier , avec plufeurs niches dans les intercolon nes. Il avoit dix-neuf toifes de long , fept & demi de large , & fix de hauteur dans œuvre ; on y voyoiït feize colonnes d’ordre corinthien , qui fupportoient une corniche fur laquelle repofoit la voûte avec des arcs doubles, On croit que la cathédrale de Mes eft le temple qui avoit été dédié à Auguite , foit par flatterie , foit par les bienfaits qu’elle en avoit reçus. La ville de Nimes n'eft plus ce qu’elle a été autre. fois , &c eft même confidérablement déchue depuis la révocation de l’édit de Nantes. On n’y comptepas aujourd’hui 20 mille ames , & fon commerce fe borne à quelques foiries, comme ferges & bas de foie. il y a un évêché fuffragant de Narbonne, un préfidial , une éle@ion , une fénéchauflée , & une académie fondée en 16382. Cette ville jouit d’un ciel pur & ferein pendant prefque toute l’année, & fe trouve fituée dans un des plus agréables pays du monde. Une belle plaine fait une partie de fon terroir, l’autre eftcompoféede , vallons couverts de vignes & d’oliviers, & de cô- teaux nommés Guarigues couverts de bois taillis , où croiflent Le thin, le romarin, la farriette &z le fer- polet. Ces Guarigues produifent aufli des yeux, {ur lefquels croît l’infeéte qui fournit le kermès. Nimes eft fituée à $ lieues N. O. d’Aries, 85. O. d'Avignon, 8 N.E. de Montpellier, 30 N. E. de Narbonne, 147. $. E. de Paris. Long. felon Caflini, 2132030 101. 49.00, 29. Parlons des sensde lettres de Nômes , en paflant fous filence Domitius Afer , parce qu'il trouvera {on article entre les orateurs qui brillerent à Rome fous Tibere ; 1l s’agit à préfent des modernes. Brouffon , ( Jacques ) né à Nimes en 1647, fuivit auf la profeffion du barreau, & devint dans {on pays le plus célebre avocat des Proreftans dontil dé- fendit la religion & lés intérêts, par fon éloquence, par fa plume & par fes veilles. Les plaies de {a mort laignent encore aux yeux des Réfugiés ; & ceriainé- ment l’idée de fon {upplice ne peut qu’arracher des larmes de tous ceux qui ont des fentimens d’humani- té, & la pluslégere teinture des principes du chrif NIS tianifme, Il fut condamné pour fa teligion le 4 No- vembre 1698 à être rompu vif fur la roue. L’inten- dant du Languedoc, dont la poftérité n’a pas fuccé les maximes , avoit publié une ordonnance par la- quelle il promettoit cinq mille livres { c’eft dix mille livres a@tuelles ), à qui livreroit morts ou vifs MM. Brouflon & de Vivens. Le premier fut arrêté à Or- léans ie 19 Septembre 1698, conduit à Pan , & exé- cuté à Montpellier le 4 Novembre fuivant fur un échafaud entouré de deux bataillons du régiment d'Auvergne , & de vingt tambours qi battoient la caifle ; mais enfin les efprits fe font adoucis en s’é- clairant davantage. | L'abbé Cuflaigne, doëteur en Théologie, né & éle- vé à Mmes , où fon pere étoit tréforier du domaine , devint garde de la bibliotheque du roi. Il fut reçu à l'académie françoiïfe à l’âge de 27 ans, & M. Colbert le nomma l’un des quatre premiers membres dont on compofa d’abord Pacadémie des Infcriptions. On fait par cœur le trait piquant de Defpréaux : Si l’on eff plus a l'aife affis en un feflin , Qu'aux férmons de Caflaigne , ou de l’abbé Cotin. L'abbé Cotin fut défefpéré d’une ironie où la fa- tale néceffité de la rime plaça fon nom à côté de celui de Cafflaigne. L’hémiftiche manquoit à M. Def- préaux : vous voilà bien embarraflé , lui dit Fur- tiere ; que ne mettez-vous-là l'abbé Cotin ? L'abbé Caflaigne n’en fut pas moins affligé intérieurement ; il éroit fur le point de prêcher à la cour , & ce trait fatyrique le fit renoncer à la chaire. Enfin l'étude & le chagrin lui dérangerent tellement la tête , que fes parensle firent enfermer à S. Lazare, où il mourut en 1679 ; à 46 ans. Il a publié entr'autres ouvrages une aflez bonne traduétion de Salufte, & des trois livres de Ciceron de Oratore ; outre une préface aux œu- vres de Balzac, qui n’eft pas mauvaïte. Corelier, (Jean-Baptifle) de la fociété de Sorbon- ne, profond dans la connoiffance de la langue gre- que , étoit de Némes. Ïl s’eft diftingué , 1°. par fon recueil des monumens des Peres dans les tems apot- toliques , Paris 1672, & Holl. 1698 , 2. vol. in-fol. 2°. par fes monumens de Péglife greqne ; 3°. par fa traduétion des homélies de 8, Chryfoftome ; 4°, par le catalogue des manufcrits grecs de la bibliotheque du toi, qu'il a dreflé avec M. du Cange. Il mourut à Paris en 1684, à 58 ans. Nicot, (Jean) natif de Nimes, devint maître desre- quêtes de l'hôtel du roi, futenvoyé ambaffadeur en Portugalen 15509, & en rapporta le premier dans ce royaume la plante qui de fon nom fut appellée zico- tiane , aujourd'hui fi connue fous le nom de #abac, Il mourut en 1600. On a de lui un diétionnaire françois-latin 2-fol, qu'il ne faut pas méprifer. Petit, ( Samuel) un des plus favans miniftres cal- viniftes du xvi]. fiecle, fit encoré plus d'honneur à la ville de Nimes fa patrie. Nous avons de hui plufieurs ouvrages excellens , & tout remplis d’érudition. Les principaux font , leges atticæ ; mifcellaneorum libri novem j ecclogæ chronologice varrarurt lefionum libri guatuor ; obfervationum libri tres , &c. Il mourut en 1648 , âgéde 54 ans. Finifons par M. Saurin, ( Jacques ) miniftre pro- teftant de ce fiecle. Il avoit d’abord pris te parti des armes, mais 1l le quitta pour étudier à Genève la Théologie. Il pafloit pour le prédicateur le plus élo- quent des refugiés françois de Hollande, On créa en fa faveur une place de mimiftre de la nobleffe à la © Haye, où il mourut en 1630, à 53 ans. Sés fermons qui forment 11 vol. in 8°, ne font pas tous également bons. Ses difcours fur l’ancien & le nonveau Tefta- ment brillent davantage par les planches & Ia beauté de l'édition , que par le favoir & la folidité des prin- cipes. ( D. J. ) a NIS 149 NISMES, MAISON QUARRÉE DE , ( Archibell. anriqs & rom. Inferipr.) Le bâtiment que les habitans dé Nimes appellent la zzaifor quarrée , eftun édifice des Romains, qui forme la plus belle des antiquités dé cette ville &c la plus confervée, Le rapport de convenance de toutes les parties de Pédifice, la proportion des colonnes, la délicatefle des chapi= teaux & des ornemens le font admirer des pet- fonnes de goût. Le périflile qui y donne entrée, préfente une façade ornée de fix colonnes d’ordre corinthién ; dont l’entablemenr & la corniche fampante du fronton font décorés de tout ce que l’Architeâure a de plus recherché. La frife de cette facade ef toute life; elle na point de bas-reliefs ni aucun de ces ornemens qui font aux autres côtés : de petits trous qui paroïffent mis au hafard, la pera cent dans toute fon étendue, & ces mêmes trous fe remarquent encore fur une partie de l’archi- tecture. La forme de l'édifice lui a fait donner le nom qu'il porte : c’eft un carré-long, ifolé. La traci- tion ne nous à point tranfmis fon nom primitif: de là naïffent les doutes & les conjettures des fa- vans qui en ont parlé; mais ce qu’on en a dir a plutôt fervi à le faire méconnoître qu’à nous four. nir des éclairciflemens fur fon véritable ufage, C’étoit, prétendoit-on, un capitole, une maïfon confulaire , un prétoire , un palais, pour rendre la juftice , une bañlique ,un temple confacré à Adrien, Enfin, M. Séguier, dans une favante diferration imprimée à Paris en 1759, 12-80, a détruit toutes ces faufles idées, &e a rendu à ce magnifique édi- fice fon ancien nom, (le nom primitif qu'il por- toit 11 y a plus de dix-fept fiecles.) Il a plus fait; il a prouvé quel étoit le véritable ufage de la maifon quarrée. … Elle pañloit pour un temple auprès de ceux qui jugeoient fans prevention : elle en a la forme & l’ordonnance; mais il n’étoit pas facile de fe déci- der fur la divinité ou le héros qui y étoient vé- nérés. Il ne paroïfloit aucun veflige de linferip- tion qui pouvoit Pindiquer : l’on étoit perfuadé, que, s’il y en avoit eu, les révolutions des tems & les Barbares qui les ont occafionnées, l’'avoient fait difparoître | & en avoient effacé jufqu'à la moindre trace, | Malgré ces préventions, il y eut au commen- cement du fiècle dernier, un homme, qui par la fupériorité de fon génie, & la pénétration de {on efprit, entrevit des traces de l’ancienne infcription dans les trous qui reftent à la facade. C’eft le fa- vant Peirefc, qui, an moyen de femblables indices, avoit deviné à Affile linfcription d’un temple dé- |. dié à Jupiter, & à Paris le nom grec d’un Ouvrier, attaché: par de petites pointes À une améthyfte, où il ne reftoit que l’empreinte des trous, Gaf- fendi, l'écrivain de fa vie, rapporte qu'il fe flat- toit de pouvoir interpréter de même la fuite des trous de [a bafilique de Nmes , qu'on nomme la maon quarrée, aufi-tôt qu'il en autoit une copie exatte. Voici les propres paroles de M. Gaffendi : Sic fe rnterpreratum dixit foramina quedam que VLfè- bantur Affifii in antiquo nefcio quo templo. Cm enim nemo dicere pojfec ecquid illa fignificarent , divinavis zpfe infériptionem effe Jeu dedicationem faëtar , IOVI. OPT. MAX. idque dermonjtravit per lineas foramina fic connettentes. IGVI : OPT:MAXK: Jic Jperavit fe interpretaturum [erien quamdam forami- num nemauienfis bafilice, quam quadratam demum vocanit , wbi cétypiun obtinuiffer, AE 150 N'IS Il y a grande apparence que M. Peirefc n'eut point cette copie exaéte; car il ne faut pas douter qu'il n’eût réuffñi à la déchifrer. Il étoit naturel de penfer que c’étoient les reftes d’une infcription, & que ce temple avoit cela de commun avec quantité d’autres où l’infcription fe voit encore. C’étoit la coutume du fiecle d’Augufte de fe fervir de lettres de bronze pour les infcriptions des temples èc des autres édifices d’une grande magniñicence. Le temple de Jupiter tonnant, qu'on attribue à cet empereur, en avoit ; l’arc de Sufe élevé à fon hon- neur par M. Jui. Cotius, commandant des nations alpines , en étoit auffi décoré. Dans les fiecles {tu- vans, & jufqu’au tems de Conftantin, on con{erva le même ufage.Les arcs de Titus, de Septime Severe eurent l’infcription entiere de métal; au-lien que celui de Conftantin n’en eut que les glorieux titres de FVNDATORI QUIETI & de LIBERATORI VRBIS, fous le paflage du grand arc. Mais fans aller chercher des exemples fi loin, nous pouvons produire les reftes d'un bel édifice, qu’on a déouverts depuis quelques années aux en- virons de la fontaine de Némes où l’infcription étoit en bronze. Chaque lettre étoit d’un aflez grand relief pour reflortir au-delà du mur. De petits tenons ou crampons débordoient par-derriere, au- delà des jambages de chacune pour les fixer, & les tenir attachées aux trous où elles devoient être fcellées. C’eft l’idée qu’on doit s’en faire, &c ne pas fuppoler qu'il y avoit à la frife une longue planche de bronze , fur laquelle on avoit gravé linfcription, en forte que les trous qui reftent, ne foient que ceux des crampons qui la retenoient. Ces füppoñrions arbitraires ne font pas confor- mes aux ufages des Romains. Quelle grace au- roient eu ces lettres ? Lorfque le bronze étoit ter- ni, on n'auroit pu les lire que de près, &c avec peine. On ‘n’épargnoit pas le bronze pour orner les temples. Sans parler ici des ftatues des dieux & des trophées qu’on plaçoit au faîte des bätimens, dont Le métal augmentoit l'éclat &c la richeife : l’on fait qu'on s’en fervit pour les portes de ces tem- ples,& les chapiteaux des colonnes. On fait que l'arc de Conftantin à Rome, & celui de Trajan à Ancone , en étoient ornés. Rien n’égaloit la gran- deur & la magnificence de ces maîtres du monde, Les provinces les plus eloignées fe piquoient d'être les émules de Rome : les princes fecondoient tou- jours leurs defirs. La méthode que l’ouvrier fuivit pour attacher les. lettres à la frife du temple de Mmes, n’a pas été fouvent pratiquée par les Romains. Aux autres édifices, les lettres à demi-gravées dans la pierre, y étoient retenues dans un perit canal ménagé au-deflous : ici il n’y en avoit point ; elles pofoient à plat fur le mur où elles étoient fcellées en plomb. Quoique cette premiere méthode füt plus fure que l'autre, on a cependant enlevé un grand nombre de ces lettres dans les tems où l'empire a fouvent changé de maitres, & où les Barbares fe faifoient une gloire de détruire les plus beaux édifices des Romains. Maïs du-moins alors quoiqu’on les eût arrachées, ou qu'elles fuffent tombées d’elles-mé- mêmes , le canal qui reftoit, en confervoit la trace, & l’on a toujours pu lire les infcriprions. À Mines, dès que les caracteres ont difparu, il n'eft reflé qu'une multitude de trous dont l'application a paru très-incertaine , & la combinaifon encore plus difi- cile. Il n’y'a pas lieu de douter que depuis le renou- vellement des lettres, & {ur-tout après qué Gaf- fendi eut fait connoïtre qu'au moyen des trous on pourroit deviner l'infeription, 1l n’y ait eu quan- tité d’habiles gens qui ont tenté de faire pour NT € N'IS celle-ci ce que Peirefc fit pour celle d’Afiife. ils fe feront rebutés apparemment par la quantité de trous inutiles qui font des méprifes manifeftes des ouvriers, inexaétitude qu'on ne devoit pas même foupçonner chez les Romains. La différente ma- niere de cramponner les lettres qui n’a pas tou- jours été conftante, & qui dépendoit des ouvriers, eft une autre difficulté qui dérange les idées qu’on s’en eft faite fur d’autres bâumens, & qui devient encore plus embarraffante, lorfqu’à la même inf cription on a fuivi, comme dans celle-ci, des arran- - gemens différens pour les mêmes lettres: méprifes, fi l’on doit les appeller ainti, dont il n’eft aifé de s’appercevoir qu'après la découverte de Pinfcrip- tion. _M. Séguier, au-bout de plufeurs tentatives ingé- nieufes dont on trouvera le détail dans fa differ- tation , a découvert, à n’en pouvoir douter, quil y avoit anciennement fur la façade. de ce temple linfcription fuivante : favoir, à la premiere ligne fur la frife : C. CAESARI. AVGVSTI. F. COS. L. CAESARI. AVGVSTI. F, COS. DESIGNATO & à la feconde ligne fur l’architrave : PRINCIPIBVS. IVVENTVTIS Cette infcription appartenoit aux fils adoptifs d’Augufte, & tout ce que les anciens monumens nous apprennent de ces princes, nous confirme d’u- ne maniere authentique les titres &8r les qualités qu'ils portent dans l’inferipuon de Nimes. Il ne faut pas s'étonner que l’on ait pouffé la flat- terie jufqu’à élever aux fils d’Augufte un temple de leur vivant, puifque leur pere en avoit plufeurs; ainfi des enfans qu’il aimoit tendrement (fes héritiers préfomptifs ) devoient partager avec lui les mê- mes honneurs. Enfin l'édifice de Nimes fervoit à cette ville de moyen pour faire la cour à Augufte, en honorant la mémoire de deux princes fi chers à l’empereur, & enlevés à la fleur deleursans, M. Séguier parle enfuite du bronze, des cram- pons ou tenons des lettres , de la façon de les fcel- ler en plomb, de limpreffion que le métal a laiflé en certains endroits du mur, des trous qu’on a faits pour l’attacher; détails dans lefquels nous ne pou- vons entrer ici, mais qui font connoitre que l’au- teur a étendu fes recherches à tout ce qui pouvoit le mener à la vraie connoïffance de l’infcription. Il finit fa differtation en obfervant, que malgré la magnificence du bâtiment de Mines, les carac- teres de l’infcription n’ont point cette élégance & cette belle proportion que lon remarque dans ceux d’un âge qui fuccéda bientôt à celmi-c1, quoique les médailles de ce même tems en offrent de meil- leur goût. (D. J.) NISSA, (Géog.) ville de la Turquie européenne, dans la Servie, aux confins de la Bulgarie, fur la riviere de Niflara, qui peu après fe joint avec la Morave, à l’orient de la ville de Précop: c’eft la Naifus des anciens. Niffa eft à 8 lieues E. de Pré- cop, 52 lieues S. E. de Belgrade. Lorg, 40, 30. lat, 43:22, L'époque du regne de Conftantin né à Mffz, ef une époque glorieufe pour la Religion qu'il rendit triomphante ; heureux s’il en eût pratiqué les ma- ximes ! Mais le meurtre de Licinius fon beau-frere, affafliné malgré la foi des fermens; Licimien fon neveu maflacré à l’âge de douze ans; Maximilien fon beau-pere égorgé par fon ordre à Marfeille ; fon propre fils Crifpus, prince de grande efpérance, mis injuftement à mort, & après lui avoir gagné des batailles ; fon époufe Faufta étouffée dans un bain ; tous ces crimes exécrables Aétriront à jamais NITF le nom de cet empereur, 8 n’adouciront pas ja haine qu’on lui porta pendant fa vie. IL ne faut pas juger Conftantin n1 par des faty- res, n1 par des panéeyriques ; il faut pour ne point fe tromper, le juger par fes feules aéions. Qu'on loue tant qu’on voudra, fa conftance, fon écono- mie, fa valeur, fes exploits guerriers fur les Bar- bares ; je vois par l’hiftoire, qu'il les a vaincus ; mais cette même hufloire m'apprend qu'il a fait dévorer par les bêtes féroces , dans les jeux du cirque, tous les chefs des Francs, avec tous les pri- fomuers qu'il avoit faits dans une expédition fur le Rhin: je n'en veux pas davantage pour, détef ter fa cruauté, On trouve dans le code Théodofien,un de fes édits, où il déclare qu'il a fondé Conftantinople par ordre de Dieu; ce trait me fait voir qu'il fit tout fervir à fes projets, & à ce qu'il crut être fon intérêt. Entranfportant le trône fur Le Bofphore de Thrace, il immola Occident à POrient; ce n’étoit pas là un coup de politique heureufement frappé. Quoi- que l’empire ne füt déja que trop grand, la divi- fon qu’il en fit, ne fervit qu’à le ruiner davantage. Enfin, après avoir afloibli la.capitale, il fe con- duifit de la même maniere pour les frontieres; il rappella les légions qui étoient fur le bord: des grands fleuves, & les difperfa dans les provinces; ce qui produifit deux maux : l’un, que la barriere qui contenoîït tant de nations, fut ôtée ; & l’autre, que les foldats vécurent & s’amollrent dans le cirque & dans les théâtres. Il mourut à Achyron, prés de Nicomédie , en 337, à 63 ans, après en avoir regné 31 (D, J. NISSAVA, ( Géog.) riviere de la Bulgarie. Elle a fa fource dans la plaine de Sophie, pañle à Nifla, & peu après fe jette dans la Morave. NISSOLE,, ziffolia , 1. f. (Hifi. nat. Bor.) genre de plante qui ne differe de fa gefle que par fes ferulles fingulieres & par fa tige qui manque de mains. Tournefort, Append, infhrtur. rez herbar. Voyez PLANTE (1) NISSOLE, Voyez ÉMISSOLE. NITANZA, (Hifi. rar.) efpece de feve qui croît en Afrique, au royaume de Conso; elle eft fort petite, d’une couleur rougeätre, & fort bonne à manger : on dit que les Portugais l’ont apportée du Brefil en Afrique. - NITH, (Géogr.) riviere d'Écoffe qui donne fon nom à la province de Nifale qu’elle traverfe du Nord au Sud. Elle a fa fource dans la partie méridionale de la province de K yltes & fon embouchure fur la côte méridionale du golfe de Solwai auprès, de la ville de Dumfries. (D. J.) NITHSDALE, ( Géog.) province maritime de lEcoffe méridionale, à l’'Eft de Gallowaï; elle tire fon nom de la riviere de Nik, qui la traverfe du N. au S. Elle abonde en blés, pâturages & en forêts. NITIOBRIGES, (Géog. anc.) peuples que Céfar place entre les Celtes, & qui furent mis dans la fuite entre les Aquitains. Leur ville capitale eft Aginnum encore aujourd’hui Agen, & par confé- quent le peuple répond au diocèfe d'Agen. NITRE, { m. (Æift. rar. Chim. Mat. méd.) Le nitre ou falpérre porte dans les livres, outre ces deux noms très-Connus,tous ces autres noms moins vul- gares, recueillis & rapportés par Neuman dans fa Leçon fur le nitre: Sal mtrum, /al terre , fal fulphuris Vel fulphureurr, hermes , baurach, [al anderona, ana- éron, cabalatar, bafilio, aqua ignis, lesherus chimicus, . ferpens terrenus , fpirités mund retinaculum , [al catho- licus, fal infernalis , draco , al hermaphroditicus. Les anciens Grecs l’ont appellé communément g\csor. Neumanobferve que parmi ces noms, les fuivans La NIT ES E font équivoques: anasron, baurach , hermesy, fut fus phuris, fal fulphureum , draco, [al infernalis, fat: terre, En effet, plufieurs autres fubftances-portent:! auf ces noms. Le nom même de rilTe ; AitrULM OÙ ] ratrum, n'eit pas exemt d’équivoque, puifque le filrum Où ratrum des anciens naturaliftes étoit uñe fubftance faline, bien différente du ivre des mo! dernes. Le premier ef le fel alkali fixe que les moz dernes appellent minéral où zaturel, qui eff de la mème nature.que le fel de foude , & que la bafe: du fel marin, & auquel ils ont attribué fpéciale=. ment le nom ratrum où natron (voyez N ATRON), retenant celui de zivre pour celui dont il eft quef. tion dans cet article, qui eft auf appellé quelque fois zitre des modernes; mais qu'il fufit d’appeller zaitre ÿ puiique l’ufage a fufifamment fixé la valeur de ce mot, Le nom de fz/pérre eft aufi très-ufité. Le zitre on fa/pérre eft un gente de fel neutre où moyen formé par l’union d’un acide particulier, appellé zisreux, (voyez NITREUX, ACIDE, à 4 Juite de cet article) , à une bafe alkaline foit faline foit terreufe. | Le principe générique du zirre eft donc cet acide particulier; & les bafes différentes établiffent fes diverfes efpeces. _On peut compter quatre efpeces principales de nitre; 1°. le zitre qui a pour bafe le fel alkali fixe, appeilé de sarrre, du nom: de la fubffance d’où om le retire le plus abondamment & le plus commu nément, Crorec RER SEL DE ) celui-ei eft le ritre pat excellence. Il eft appellé parfait, officinal raffiné , vulgaire, marchand ; foi. : en he. . tain rapport, dont il fera queftion dans la fuite de cet article , répenéré. : La feconde efpece a pour bafe le fel alkali fixe appellé de foude; minéralot naturel. Voyez SOUDE, SEL DE. Îl ure {on nom de la forme de fes cryftaux, & s'appelle ziere quadrangulaire , & plus exa@tement, quoique moins ordinairement zivre cubique. | La troifieme efpece eft celle dont La bafeteft une terre alkaline-calcaire. C’eft cette efpece qui confti- tue proprement & eflentiellement la leflive ou li queur faline,appelléecommunément eau-mere de nitre. Enfin, la quatrieme eft mal définie, {a bafe n’eft pas déterminée par des expériences fufifantes : les uns la régardent comme une certaine terre, qu'ils ne fpécifient point ; & d’autres croient que c’eft un alkali volatil. Cette efpece eft appellée rirre crid, nitre des plétras, nitre des murailles, murarium, aphonitrum. Si la bafe de ce ritre étoit vraiment terreufe , 1l ne différeroit pas vraiflemblablement de la troifieme efpece ; fi elle eft alkali-volatil, on doit rapporter à cette efpece le fel ammomiac- nitreux artificiel, c’eft à-dire le {el neutre, compolé dans les laboratoires ,en combinant l’acide nitreux à l’alkali volatil. Le zitre de houflage n’eft pas une efpece parti- culiere de zirre : cette dénomination eft déduite d’une circonftance très-accidentelle : favoir, de ce que ce rire a fleuri ou s’eft cryftallifé fous forme de fleurs ou de neige, à la furface de certaines roches, voûtes, murailles, &c. & qu'on a pu le ramafler en houffant, ou balayänt ,enratiffant, &c. L’acide nitreux combiné avec différentes fubf- tances métalliques, conflitue proprement diverfes autres efpeces de zzrre ; mais ce n’eft pas fous ce nom que ces fels font connus dans l’art. Il en eft fait mention dans les articles particul, des MÉTAUX &t DEMI-MÉTAUX, dans l’article général SuBs- TANCES MÉTALLIQUES, & dans l’arricle NIFTREUX ACIDE, à ld fuite de celur-ci. H eft au contraire plufeurs fubftances falines connues dans lart fous le nom de zitre; & qui font très-improprement nommées , puifqu’elles ne ii NIT. renferment point le principe propre ou eflentiel du nitre, favoir , l'acide nitreux, Ces fels font le rirre fixe oufixé, le rire vitriolé ; le irrerantimonié, &c. IL fera fait mention de ces fels dans Za fuire de cer article, -Le zitre par excellence, le zirre le plus ufuel, tant pour les ufages de la Chimie que pour ceux dela Médecine & des Arts, eft, comme nous l’avons déja infinué , le mire de la premiere efpece, le ire appellé parfait , le ivre à bafe alkaline ‘tartareule : c'eft auf fur celui-là que tombent les principaux problèmes que les chimiftes ont agités fur l’ori- gine, Ja nature , les propriétés du zztre ; on ne s’eft occupé des autres efpeces que par des confidéra- tions fecondaires. Ce fera auf ce ire parfait qui fera l’objet premier-& principal de cer article. La meilleure méthode de procéder à la folution de la premiere queftion , que nous venons d'indi- quer; c'eft fans doute d’expofer d’abordtles con- noiffances poñtives inconteftables de fait que nous avons fur les heux, les matrices, lesfources du zrre, êt fur les moyens de l’en retirer & de le préparer: - On-prend, pour préparer le zirre vulgaire, les terres des étables, des creux à fumier, des mares de bafle cours, des caves, &7 fur-tout de celles qui font voiines des foffes de ‘atrines, les plâtras & gravois, fur-tout des vieux édifices, les débris des murs de terre ,/&c fur-tout du rerchkis, dont {ont bâties les cabannes des payfans dans plufieurs pro- vinces, ou qu'on éleve exprès dans plufieurs con- trées d'Allemagne pour la génération du falpêtre. - Voici comme on traite ces matieres dans l’atte- lier de l'arfenal de Paris, d’après la defcription rapportée dans le Traité d’Artillerie de M. S: Remy. + Le falpêtre fe fait de la terre qui fe prend dans les caves , celliers , granges, écuries, étables, grot- tes, cavernes, carrieres, & autres lieux. . On fe fert aufli de plätras & gravois, provenant de la démolition de ces mêmes bâtimens que l’on réduit en poudre à force de les battre 8c écrafer. L’atteier ; où fe fait le falpêtre à l’arlenal de P4- ris, eft un lieu vafte & élevé en façon de halle, fou- tenu de plufeurs piliers. | - Il ya 126 cuviers dans cet attelier, Ces cuviers font prefque femblables à ceux qui fervent à couler la leffive ; ils font néanmoins plus petits, difpofés en plufeurs bandes , élevés de terre environ de deux piés. Comptons que l’on ne charge tous les jours que 24 cuviers , que l’on appelle de cuite, ainfi cela ne doit pañler que pour un’artelier de 24 cuviers ; & pour exempter de veiller & met- tre de l’eau fête & dimanche, on ne charge que ces 24 cuviers, comme on va l'expliquer. En pañlant on peut remarquer que par chaque at- telier de 6 cuviers un falpétrier ne peut avoir qu’un homme de ville , qui eft celui qui va chercher les matieres en ville, avec là bandouilliere du falpé- trier aux armes du roi & du grand maitre autour de fa ceinture, Imaginons -nous que l’on n’a point encore tra- vaillé. Sur ce pié l'on forme trois bandes de 8 cu- viers chacune , on met deux boifleaux comble de cendre de bois neuf au fond de chaque cuvier de la premiere bande, &c lon emplit de terre le refte du cuvier. Une plus grande quantité de cendre mangeroit le falpêtre , l’on met un bouchon de paille {ur le haut de la terre. Sur la feconde bande l’on met deux boiffeaux ras de la même cendre & le bouchon. - Et fur latroifieme, on fe contente d'en mettre un boiffeau & demi dans chaque cuvier. Les cuviers étant.emplis de terre & de cendre, l'on verie fur la premiere bande de l’eau de puits, de riviere ou de citerne ; car cela eft différent , en- viron ce qu’en peuvent contenir dix futailles, que l’on appelle vulgairement demi. queues. ï Cette eau s'imbibant dans la terre, coule par un trou qui eff au bas du cuvier, &quin’eftbouchéque de quelques brins de paille, & tombe dans un ba-. quet difpoié pour la recevoir. Toute la quantité s'écoule ordinairement dans lefpace d’un jour ; quelquefois cela va jufqu’au len- demain, fuivant la qualité des terres. ; La premierebande ainfi lefivée produit huit demi queues d’eau que l’on porte fur lafeconde bande , la- quelle étant leffivée de la même maniere rend la valeur de fix demi-queues. L'on porte les fix demi-queues fur la troifieme bande qui n’en produit que quatre. | L’on décharge cette premiere bande, l’on en Ôte’ la terre & la cendre que l’on jette dans un lieu cou- vert, comme un hangard, pour en amender {a terre. On recharge cette bande de terre neuve avec trois bo ffeaux de cendre, pour faire ce qu’on ap- pelle /a cuire. L'on prend ces quatre demi-queues d’eau qui font provenues de la derniere bande ; on les vérfe fur la prenuere bande renouvellée qui ne vous en rend que deux , & que l'on met dans la chaudiere. Sur la feconde bande , l’on met de l’eau de puits. pure la quantité de fix demi-queues , qui eft un jour: & un peu plus à pafler ce qui s'appelle le Zavage. Cette eau pañlée, vous la jetrez fur la troifieme bande, cela s'appelle Zes perires eaux. Quand ces petites eaux {ont écoulées, on va les reporter fur la premiere bande dont on a levé la cuite, & cela s'appelle Zes eaux forrés. Il en fort quatre demi-queues ; on ne fait pas tout pafler, en cas qu'il en reftât au-delà de ces quatre demi- queues. Et lors on recharge la feconde bande de terre neuve, pour refaire une feconde cuite, Et l’on continue ainfi pour la troifieme, Deux tomberaux de terre-peuvent charger huit: cuviers de cuite. | Ii faut obierver que pour deux cuviers l'on peut, fi l’on veut, fe lervir d’un {eul baqguet appeilé re- cétte pour recevoir les-eaux , en le faifant aflez grand & creufant la terre pour le placer. Les deux demi-queues d’eau provenues de la pre- miere bande fe jettent dans une chaudiere de cnivre: aflez orande pour recevoir non-feulement cette pre- miere décharge, mais encore les deux demi-queues de la cuite de la feconde bande , ce qui fait enfem- femble l’eau de feize cuviers. La chaudiere dont on a parlé, eft bien maçon- née &c dreffée fur un fourneau de brique , dans le- quel on fait un feu continuel de buches , afin que la matiere bouille toujours également. Elle bout 24 heures , & pour connoître fi le fal- pêtre eft formé , on laïfle tomber un goutte ou deux de cette eau fur une afliette ou fur un morceau de fer, êr s’il fe congele comme une goutte de fuif ou de confiture, c’eft une marque qu'il eft fait. Aufhi-tôt on retire la moitié de cette eau avec un inftrument de cuivre appellé pzifoir ; on la met dans un rapuroir , qui eft une futaille de bois, ou un vaiñleau de cuivre, puisonretire le fel,, c’eft à-dire le fel marin qui s’eft formé au fond de la chaudiere avéc une écumoire dans un pamier que l’on pofe {ur la chaudiere, pour faire égoutter ce qui peut y être rèfté de falpêtre ; & quand ce feleft dehors, on tire le refte de la cuite, & après une demi-heure où trois quarts-d’heure que l'eau a refté dans le rapu- roir qui eft couvert pour la tenir chaudement, on la fait fortir par une fontaine qui eft au rapuroir ; on la met dans un feau pour la porter dans de grands baflins de çuivre pour la laïfer çongeler , ce qui Fe €. fe fait ordinairement qu’en cinq jours. Cette cuite de feize cuviers peut produire 100 ou 120 livres de falpêtre , quelquefois 140, felon la qualité des terres ; &z pour le fel , la quantité n’en eft point réglée , quelquefois on entire 15, 20 & 30 hvres, & même 40 ; auf fe rencontre-t:1l des terres dont on n’en tire point, mais cela ef rare. Quand le falpetrier veut frauder pour le {el , il fait fi bien, malgré tous les gardes qu’on aura pof- tés pour l’obferver , qu'il ne paroïtra point de fel dans fa cuite , foit en brouillant &r retirant bruf- quement fon eau, & la portant dans les baffins fans la pañler dans le rapuroir , foit en y jettant une chandelle qui à la vérité ne gâtera point la cuite, mais qui fera élever Le fel dans l’eau & l’empêchera d’aller au fond. Il fe fert encore d’un autre moyen pour cacher le fel ; il jette un quarteron de colle-forte dans la chaudiere , ce qui fait élever le fel dans l’écume, gn forte qu’on ne fauroit plus le trouver, & que l’eau eff claire & belle comme de l’eau de roche ; il ne met point aufh cette eau dans le rapuroir , &z il ne fe foucie pas de Jjetter l’écume, car elle fe re- trouve dans les terres qu'il amende ; en maniant l'écume avec la main, on la fent graveleufe & pleine de fel. Il faut encore obferver que quand l’eau eft dans le rapuroir , il refte du fel dans le fond, pourvû qu’on l’y laïfle trois quarts-d’heure ou une heure ; ce fel eft néanmoins couvert de la faleté de la cuite, &c ne peut fe manger, on le jette fur les terres. Le falpêtre brut étant ainfi achevé , on le met ainfi en égoût , & l’on panche les baflins où il eft ; Peau qui en provient s'appelle /es eaux meres , nom- mées par les falpètriers ameres , & elles fervent à recharger les cuviers que l'onarenouvellés de terre neuve, l’on en met un petit feau fur deux ou trois’ cuviers. Tous les quinze jours le famedi l’on reçoit à la rafinerie les falpêtres bruts que les falpétriers de Pa- ris apportent de leurs atreliers, qui leur eft payé par l’entrepreneur à raifon de 5 fols la livre. Ils rapportent aufli le {el qu’a produit leur fal- père en le faifant, & il leur eft payé par lentre- preneur fur le pié de 2 fols la livre. Le lundi fivant eft deftiné pour fubmerger le fel, car on le jette dans la riviere en préfence des officiers & gardes des gabelles , afin que perfonne n'en profite. ; Pour avoir de bonnes terresamendées & ce qu’on appelle réanimées , 1l faut faire en forte que la terre qui a fervi dans les cuviers foit feche, & pour cela il la faut mettre à couvert, & quand elle fera feche, Pétendre un pié d’épais fous Le hangard &z larrofer ; prendre pour cela les écumes & les rapurages , les eaux meres ou ameres , & y mettre moitié eau qui ait pañlé, s’il fe peut, fur les cuviers après que le relavage eft fait ; larrofer de pié en pié jufqu’à la hauteur que l’on pourra ; il faut détremper aupara- vant les écumes dans l’eau, que cela ne foit point épais , parce que la terre ne s’humeétera pas fi fa- _ cilement. Quinze jours après qu’elle aura été arrofée , il la fant jetter d’un autre côté , & la changer de place, afin qu’elle fe mêle mieux & en devienne meilleure , un mois après la changer encore de place & conti- nuer deux ou trois fois , après quoi l’on pourra s’en fervir , furtout prendre bien garde de ne la point endurcir en la piétinant, ce qui l’empêcheroit de S’amender fi vite ; 8 pour éviter de la piétiner, il n'ya qu'à y mettre une planche .qui n’appuie pas deflus ,| mais qui foit foutenue par les deux bouts avec deux pierres ou deux morceaux de bois. Il faut que les hangards ne foient clos que par les Tome XI. NID 157 deux bouts pour foutenir feulement la terre, & laif. fer le jour du côté où le foleil donne ; fi leshangards font faits contre la muraille, il ne faut pas qu'ils {oient fermés par les deux bouts. N'ayant point de terre qui ait fervi aux falpêtres, il faut prendre des gravois de plâtre de démolirions, les faire caffer comme ceux que l’on met dans les cuviers , ils font fort propres à amender prompte= ment attendu qu'ils font fecs. | Les terres amendées peuvent toujours fervir à linfini , de forte qu’au moyen de ces terres on ne manquera jamais de falpêtre. Les Salpétriers ayant livré leur falpêtre brut, l’on jette ce falpêtre dans la chaudiere deftinée pour cet ufage, qui eft difpofée comme l’autre fur un four- neau. On y en met 2 mille 2 ou 3 cens pefant à cha- que fois , & par-deflus trois bardées que l’on appelle ou trois demi-muids d’eau. Quand le falpêtre eft fondu , ce qui fe fait en deux ou trois heures , l’on jette dedans une cruchée de blanc d'œufs, ce qui coûte à l’'Hôtel-Dieu 6 fols la pinte , ou de la colle de poiffon , ou une certaine dofe de vinaigre ou d’alun, On y ajoute une bardée d’eau qui fait la qua- trieme en plufeurs fois , afin de faire furmonter la graifle & l’ordure qui s’écument {oigneufement ; & après en avoir bien nettoyé la fuperficie, en forte qu'il ne refte plus d’écume , on tire auffitôt le fal- pêtre, & on le met tout-d’un-coup dans des baf- fins où on le laifle congeler pendant cinq ou fix jours , après quoi on place les baffins fur des tré- taux pour les faire égoutter fur des recettes, & l’eau qui en provient fe jette encore une fois dans la chau- diere pour la faire bomillir jufqu’à ce que le {el fe produife au fond & que la fonte foit parfaite. Il s’en tire 15 ou 20 livres, quelquefois plus, ce qui n'a point de regle ; la raïfon de cela eft que quand on a travaillé le falpêtre brut avec foin, & que l’on a tiré beaucoup de fel dans cette premiere fabrication , il ne s’en peut pas tant trouver dans le rafinage. C’eft dans ces deux premieres cuites-là que l’on tire tout le fel qui peut être dans le falpêtre , car il fe fait encore un troifieme cuite de la même ma- niere que la précédente : mais aux eaux de cette der- mere 1l ne doit point fe trouver de fel , & quandil s'y en trouve , c’eft que le falpêtre eft mal rafiné. De la premiere cuite fort le faipêtre brut. La feconde produit le falpêtre ‘ap;ellé 4 deux EAUX, La troifieme fait le falpêtre de trois eaux en olace. Si l’on veut mettre le falpêtre en roche, onle fond fans eau, & fi-tôt qu'il eft fondu , on le tire & on le laiffe refroidir. | Il y a des gens qui mettent leurs blancs d'œufs en deux fois , leur cruche eft de huit pintes, ils en mettent les deux tiers dans la feconde cuite, & l’au- tre tiers dans la troifieme , après les ayoir battus avec un petit balai & délayés avec de l’eau petit à petit. À la rafinerie de Paris l’on ufe 18 pintes de blancs d'œufs par jour fur cinq milliers de falpêtre , ce qui fait 5 liv. 8 fols de dépenfe par jour. Voilà tout ce qui peut regarder la fabrication du falpêtre. On prétend que le falpêtre étant rafiné , diminue d’un peu plus d’un quart ; par exemple, un cent de faipêtre brut ne rendra que 72 livres de falpêtre ray finé de deux fontes de rafinage , & le refte fera fel graifle , fable & boue. La bonne qualité du falpêtre eft d’être dur, blanc, T$4 NIT clair, &tranfpatent, bien dépraïflé & bien purgé de fel. | ÉTAEUQUE Il ef à defirer qu'on laiffe le falpêtre fix mois 8 même un an , sil fe peut, fur des planches expofé au nord, & qu’on le retourne de tems en tems pour le bien faire fécher , & pendant-ce tems lui donner lieu de fe décharger du refteide la graifle que le rafi- nage n’a pu lui ôter entierement ,;:& dont l'air difipe une partie. Pour connoître fi les falpêtres font gras ou falés , Ê : 74 À , ; il en faut faire brûler & mettre une poignce fur une planche de chène , & pofer un charbon ardent def- fus ; fien'brülant il petille, cela marque le fel ; & s’il eft pefant & que le feu ait de la peine à s'élever, & que l’on voye un bouillon épais, cela marque la graifle 5 & quand il eft de bonne qualité, qu'il n’eft ni gras nifalé il jette une flamme qui s’éleve avec ardeur & qui confume le falpêtre , enforte qu'il n’y refte qu'un peu de blanc qui eft le fixe du fal- pêtre. S. Remy, Traité d'artillerie. Ce que l’auteur appelle un peu de banc d'œuf eft la bafe alkaline ou alkali fixe du rire, vulgaire- ment appellé zivrre fixé, dont il fera queftion plus bas. , Dans la fabrique de falpêtre de Montpellier &c dans toutes celles du bas Languedoc , on leilive les terres & gravois fans mélange ; on concentre aflez confidérablement la leflive qu’on en retire , & on la fait enfuite paffer à travers une couche épaiffe de cendre de tamarifc qui ne contient pas un atome d’ulkali fixe , comme l’a démontré M. Montet, cé- lebre chimifte de la fociété royale des Sciences. Dans plufieurs fabriques & notamment en Alle- magne , on emploie de la chaux vive conjointement avec les cendres dans la préparation du falpètre. Le fuc ou la décoftion dé toutes les plantes qui donnent de lalkali fixe detartre par l’incinération, “étant putréñié ou dégraiflé par la chaux vive, felon le procédé de M. Boulduc, Académie royale des Scren- ces 1734, donnent du nitre parfait, &c plufieurs même de ces fucs ou décoftions étant convenablement rapprochées, fans avoir été précédemment degrar- fées parlä chaux & fansavoirfubi la putréfaétion, en donnent abondamment, & cela dans quelque terrein qu’elles ayent crû 8e végété.Ces deux affertions font démontrées ou du-moins idémontrables , malgré la prétention contrairedu célebre Stahl ; & quant à ce qu'un célebre chimifte moderne (M. Baron , zo4es Jur Lemery) avance, favoir que le fel effentiel de quel- ; ques plantes eft un tartre vitriolé , ou du fel com- mun ; l'expérience , les recherches de détail appren- nent que le tartre vitriolé eft extrèmement rare, c’eft-à dire en infiniment petite quantité, dansun1in- -finiment petit nombre de plantes ; que le {el marin s’y trouve à la vérité aflez communément , mais avec le nitre, & avec le ritre prefque partout dominant, & qu’on ne l’a point encore obfervé feul ou fans nitre, Si ce qu’on nous rapporte du falpètre des Indes “eft vrai, c’eft-à dire qu’on le ramafñle tout formé; voilà un ztre naturel, un itre de houflage très-par- fait. | Tout le rivre de houffage que jai vü, & j'en ai vû beaucoup; & en divers lieux, étoit du zzrre par- fait : je ne fai même fi du witre de houffage , c'éftà- : dire cryftallié, à bafeterreufe, eft pofible ; ou plu- tôt. les propriétés de cette efpece de nitre obfervée jufqu’à préfent prouvent que fon efflorefcence , fa cryftallifation fpontanée eft impoñlible. Quant à la bafe alkali-volatile qu’on voudroit lui fuppofer , on -peuthardiment avancer que, malgré les expériences .de M. Lémery le fils , une pareille bafe n'eft rien moins que démontrée même dans quelque petite portion du zirre crud ou naturel, On ne trouve queitrès-peude nirre dans l’intérieuf de la terre. Si des expériences ultérieures démon” troient un peu de zirre dans certaines pierres, quel” ques couches de marne , de glaife 6. a plus de 50 piés de profondeur, &c. fi on ne peut douter:d’après les expériences de M. Margraf(Mém. de Berlin 1751) que quelques eaux de puits, & d’après mes propres expériences , que quelques eaux minérales ne con- tiennent un peu de zitre, cela ne prouve rien contre cette affertion générale , favoir que le lieu propre du zitre, ou du-moins {a fource propre, légitime, eflentielle eft la furface de la terre. La rareté & la pauciré de ce feldans les. entrailles de la terre, aufii- bien que la facilité avec laquelleïl peut y être porté par diverfes caufes accidentelles, concourent à éta= blir cette vérité. Les chimiftes modernes ne daignent plus com battre la chimere du zirre aérien, La très-petite quan- tité du zirre que M. Margraf a trouvée dans l'eau de pluie, oùce chimifte a découvert aufñ du fel commun &uneterre fubtile, ne prouvent ni un zitre aérien, ni un fel comme aérien, ni une terre comme aërien- ne ; ils indiquent feulement très-vraiflemblablement que l’eau élevée dans l’atmofphere peut volatilifer avec elle une très-foible quantité de ces fubftances. Les aimans appofés au ritre dans les lieux expofés à l'influence tres-hibre de l'air, & d’ailleurs ifoiés ou n'ayant point de communication avec d’autres four- ces obfervées du zirre | n’en ont jamais attiré um atome. Nul chimifte n’a retiré jufqu’à préfent du zirre des fubftances animales. Quoiqu'il paroïffe hors de doute que les animaux qui vivent entierement où principalement de végétaux, doivent recevoir de ces aimens une bonne quantité de zzrre & detre arfait, Tout ce qu’avance fur ce point Lemery Le fils dans fes mémoires fur le zisre ( Acad, royale des Sciences 1717) n’eft fondé que fur des raifonne- mens , fur des prétentions. Son zirre à bafe volatiie ou fel ammoniac nitreux animal n’eft rien moins que démontré même dans Purine & les excrémens , tant des hommes que des brutes , qui font cepen- dant les matieres qui paroïffent concourir le plus efficacement & le plus sénérälement à la formation du nitre. Maisal faut convenir aufli que les expé- fiences par lefquelles on pourroit définitivement établir ou nier l’exiftence de cet être, n’ont pas été tentées , du moins publiées, quoique ces expérien- ces foient fimples, faciles, & qu’elles puiffent être démonftratives. Nous pouvons,enattendant,du petit nombre de faits quenous venons de rapporter, 1°.conclure railonna- blement fur l’origine du nirre, que les végétaux feuls le fourniffent manifeftement; que la terre,ou le regne minéral n’en fournit point; que l’air n’en contient point;&qu'ileftdoureux queles fubftances animales, que les excrémens mêmes des animaux en contien- nent.Cette conclufion,cette vérité doit précéder tou- tes les induétions qu’on voudroit tirer des lieux d’otx on retire vulgairement lezicre,& de l'influence queles excrémens des animaux femblent avoir fur fa géné- ration. El faut l’admettre, & examiner enfuite f4 cette influence des matieres animales eft néceflaire- ment zzatérielle ; f elles concourent comme appor- tant dans les matrices qu’elles impregnent le zisre ou fes matériaux ; ou bien f ellés ne fervent pas uni- quement & toujours de fimple inftrument ; parexem- ple, en excitant & entretenant une putrefaétion qui dégage le zirre contenu dans les fubftances végéta- les , étant connu d’ailleurs que la putréfaétion exci- tée fponte & {ans ferment animal dans les fubftances végétales , dégage très-efficacement le zitre embar- raflé dans les fucs végétaux & éminemment dans NITF Vexrrair, 8 le corps doux. Voyez EXTRAIT, Chi- mie, & DOUX , Chimie. 2°. Etre aflurés qu'il exifte évidemment deux ef- peces de risre naturel ; favoir , le zisre parfait à bafe alcaline-tartareufe, ou falpêtre proprement dit, & le nitre à bafe terreufe, qui fe retrouve dans Peau mere des fzlpéireries , fans compter le zisre cubique qui exifte auf naturellement dans quelques plantes. Tirer de cette vérité , comme un corollaire manifel- te , l’anéansiffèment de cette belle théorie , reçue de tous les chimiftes modernes fur l’ufage des cendres qu’ils fuppofent fournirune bafe faline, fans laquelle nul zitre parfait, & qui auroient bien dû, au moins, être employées en aflez grande quantité , pour qu'il ne reftât point d’eau-mere : car, pour rapprocher de cette conféquence les vérités d’où nous la dédui- ons, puifque les plantes dont les fucs , les matieres folubles par l’eau, putrefcibles,foit par elles mêmes, foit par le fecours du ferment animal , & abondam- ment répandues dans les matrices communes du z- tre; puiique ces plantes, dis-je, contiennent un zitre parfait, puifque le zitre de Houflage eft un zire parfait ; enfin, puifque dans tout le bas Languedoc, ët peut-être ailleurs, & peut-être à Paris même, (car la cendre du boisneuf qu’on brûle à Paris pour- roit bien être peu alkaline ) on fait du falpêtre par- fait tout étant d’ailleurs égal, fans employer dans la fabrique un atome d’alkali ; il fe trouve que les Chi- miltes qui ont admis de la chaux dans le ze, par- ce qu’on employoit la chaux à fa préparation dans les fabriques qu'ils connoïffoient ; 8 que ceux qui y admettroient du blanc d'œuf, d’après la manœu- vre de l’arfenal de Paris, où on en emploie à la cla- rification d’une des leflives ; que les uns & les au- tres, dis-je, dirojent une chofe auffñ raifonnabie que ceux qui connoïffant les faits alléoués,foutiendroient encore la prétendue imperfe@ion du zirre crud , & fon changement de bafe dans la fabrique. Ce n’eft pas qu ilne puifle y avoir du zztre crud , qui, en paf- fant à-travers des cendres alkalines foit précipité, & prenne une bafe faline ; mais il n’eft pas prouvé que cela foit ; 1l n’eft pas für que les Salpétriers de Mont- pellier aient plus d'eau-mere que les Salpétriers de Paris. 3°. On peut encore conclure de tout ceci, & lorf- qu'on faura que indépendamment des Chimiftes qui ont tiré Le zzre de l’air , & de ceux qui l’ont regardé comme une fubftance propre au regre minéral, & de premiere création; de célebres Chimiftes , un Sthal, fe {ont livrés à des fpéculations embarraffées pour compofer le rire dans les matieres pourriffan- tes par la combinafon de l’acide univerfel foit ré- pandu dans la terre, foitattiré de l’air avec les matie- res phlosiftiques , /z/phureo-pingues, exiftant en abon- dance dans les matieres putrefcibles 8c dévelopées, attenuées , evoluræ , tenercus fubaïle, par l’aétion mé- me de la putréfaétion, au 1pf0 putrefaëtorio , Stahl, opufexlum. fragmenta quedam ad. hiff. nas. nitri, cap. Zi]. On pourra , dis-je, conclure des faits ci- deflus expofés , & de cet énoncé de la théorie de de Stahl , qui eft la dominante aujourd’hui , que c’eft véritablement ici où ces hommes , d’ailleurs très- habiles , fe font emburralfés dans les entraves qu'ils fe Jont eux 1némes forgées. Et quand on faura encore que Glauber, antérieur à cette théorie imaginaire, a écrit, clairement & poñtivement , contre fon ordi- naire , tout ce qui eft vrai, tout ce qui eft démon- trable fur cette matiere , ou du moins qu'il ne refte, d’après la doétrine de cet auteur fur le zivre, qu’à étendre & perfettionner, on fera très-étonné que l'endroit faillant, le morceau le plus fublime , le plus philofophique de Glauber chimifte , en général très- célebre, ait êté fi parfaitement oublié , que lorfque les chimiftes les plus inftruits, M. Baron, par exem- Tome XI." 4 sy NIT AS ple , parlent de la préexiftence d’un zirsre tout formé dans les plantes, 1ls appellent ce dogme le fÿffème de M. Lemery le fils, au-heu de la doéfrine de Glau- bers ; 8 qu’au contraire la partie honteufe de la chimie de Srah!, fa doétrine fur l’origine du ivre, &c celle fur l'origine de l’aikali fixe , qui dans la bonne doëtrine eft effentiellement liée à la précédente, (Poyez TARTRE, SEL DE , 6 SEL FIXE), aient été généralement accueillies : car on peut aflurer que ce très-orand Stalh a vraiment /ommeilléfur ces deux ob- jets, lui qui en a dévelopé avec tant de fagaciré & de génie de bien plus cachés ; & fon autorité d’ail- leurs fi refpettable , a tellement arrêté les pro- grès de la vérité, & mafqué même celle que Glau- ber, de Reflons, Lemery lefils, M. Bourdelin, &c. Voyez Mer. de l'ac. des Scienc. avoient dévoilée , que les dogmes des chimiftes modernes fur l’origine du zitre {ont devenus depuis quelque tems de plus en plus fuperficiels, vains , gratuits , &c. que fans con- tredit ce qui eft contenu à ce fujet dans les nouvel- les vérités de M. Jufti, eft marqué à ce com, & plus encore la differtation de M. le D. Pietfch, qui a remporté le prix de l'académie de Berlin, en 1749, & les penfées du même auteur fur la multiplication du aire. Joie aflurer au contraire qu'un très-grand nombre d'expériences que j'ai faites dans le labora- toire de feu M. le duc d'Orléans , la plupart d’après les vues de Glauber , ont toutes concouru à établir la doûtrine de ce chimifte ; & promettre avec con- fance d’après ce travail, que j’acheverai peut-être un jour, un fyftême complet & démontré fur tou- tes les fources du zirre, fur fa formation ou fon abord, acceffus,adventus,dans {es matrices ordinaires, & en- fin fur les diverfes manœuvres employées dans fa fabrication , {ur le prétendu amendement ou réani- mation des terres déja leflivées , &c. proteftant hau- tement que toutes ces manœuvres {ont la plupart vaines, mal entendues, ou au moins imparfaites ; &t que de touts les'arts chimiques nul ne peut rece- voir plus immédiarement que la fabrique du falpe- tre , des correétions & des perfeéctionemens prompts &t utiles de la fcience. | 4°. Enfin, il doit paroître fingulier que les chimif- tes qui Ont méconnu l’origine du zitre, & qui ont enfanté des hypothèles pour expliquer fa génération dans latmofphere , ou dans la terre, aient parfai- tement négligé de s’occuper en même tems de La for- mation du fel commun , qui accompagne le rire prefque toujours. Cette focréré eft toute fimple dans le vrai fyftème; les végétaux contiennent ces deux fels à-peu-près dans la même proportion que eelle dans laquelle on les retrouve dans les cuites. Le falpetre le plus rafiné , le falpetre de latroi- fieme cuite , le falperre le plus pur que fourniffent les atteliers,n’eft encore aflezpur nipour pouvoir en faire une analyfe exaéte,ni pour les travaux chimiques réguliers, ou pour les ufages pharmaceutiques. On le purifie donc dans les laboratoires des chimiftes, &c dans les boutiques des apoticaires , dans la vue d’en féparer un peu de fel marin , & un refte d’eau- mere, qu'on y trouve toujours mêlés. Pour cet effet, on difout le zicre dans de l’eau commune, ou dans de l’eau diftillée ,fi , pour certaines expériences très: délicates on fe propoie l’exaétitude la plus févere ; mais ordinairement dans de l’eau de riviere, ou de fontaine; on filtre la diffolution , & on la fait cryf- tallifer , {elon l’art, voyez CRYSTALLISATION. Par cette opération, le faipetre fe fépare exaétement du fel marin, parce que ces deux fels ne cryftallifent pas dans le même tems ; le zivre fe préfenre feul dans les premieres cryftallifations, parce qu'il eft très- dominant, On peut, lorfqu’apres avoir féparé beau- coup de zitre, le fel marin & le ivre reftant font dans une proportion bien différente , faire bouillir V à 156 NIT Ja liquent reftante des premieres cryftallifations, alors le fel marin , par la propriété qu'il a de cryftal- lifer même dans l’eau bouillante, dès que la jufte proportion de fon eau de diflolution commence à lui manquer ; le fel marin, dise, cryftallife &t aban- donne la liqueur ; & le nifre qui, par une propriété contraire, demeure fufpendu dans une quantité d’eau beaucoup moins confidérable que celle dont il a be- foin pour être diflont à froid, pourvu que cette eau foit fuffifamment chaude , le zirre, dis-je, refte {uf- péndu , diflont par le moyen de l’'ébulhition. Il n’y a donc lorfqu’on/eftime que la plus grande partie du fel marin a cryftallifé, qu’à retirer le vaiffeau du feu, le laiffer repofer un inftant pout donner lieu à un peu de fel marin, qui pouvoit être balioté par le bouillonnement , de fe dépofer ; & enfuite décanter la leffive dans un vaifleau convenable, dans lequel, pour empêcher la lefive de fe figer en une feule male , &c la difpofer à cryftallifer régulierement , on verlera en mème tems une quantité convenable d’eau bouillante. La premiere partie de cette opéra- tion eft abfolument analogue à la manœuvré, par laquelle on fépare le fel commun du falpetre dans Le rafhnage. Voyez ci-deflus. Les cryftaux de zirr2 font des prifines qui paroif- fent hexaedres, lorfqu’on ne les confidere que fuper- ficiellement ; mais qu'on trouve oétoedres forfqu’on les examine avec plus d'attention, attendu que deux des anglés ne font qu'apparens,font coupésou abat- tus en effet, & forment ainfñi deux vrais côtés, mais beaucoup moins grands que les fix autres, Ces cryftaux adherent communément par une de leurs extrémités au corps far lequel ïis fe font formés , ou à unautre cryftal, rarement font-1ls couchés fur l’un des côtés ; l'extrémité de ces cryftaux oppofée à la bafe, ou le fommet, eft tronqué obliquement ; 1ls font iranfparens, mais non pas parfaitement , ils pa- roiffent formés intérieurement par une oppo/irion peu exaéte de couches où lames ; ils blanchiffent d’ail- leurs , quoique très peu à leur furface en féchant; ils font quelquefois aufli gros , & plus longs que le petit doigt. Voyez les planches de Chimie, Les autres carateres extérieurs, où qualités fen- fibles du zicre parfait, font les fuivantes : ce fel im- prime à la langue une faveur légeérement amere , ac- compagnée d'un fentiment de fraicheur , ou froid très-remarquable ; 1l fe par le contaët d’un charbon ardent; il détonne avec la plupart des matières phlo- gifliques embrafées, ou en s’enflammant avec ces matieres , étant expofé à un feu léger dans un vaif- feau convenable, il y prend la liquidité que Becher a appellée agueufe, ou coule comme de l’eau, & à la faveur de fon eau de cryftallifauon. Voyez LrQut- DITÉ, Chimie. De ces propriétés, la principale, celle qui eft ve- ritablement chimique, qui a exercé & qui a mérité d'exercer les Chimiftes-phyficiens, c’eft la propriété de fufer ou de détonner par le contaét de certaines matieres phlopiftiques embrafées. Ce phénomene eft compofé de deux événemens diftinêts ; favoir, Pinflañmation & lexploñon, ou fulmination. Le premier dépend évidemment de la très-grande faci- lité avec laquelle acide nitreux {e combine avec le phlogiftique, & forme avec lui une matiere analo- gue au foufre vulgaire , où, fi l’on veut, une efpece particuliere de foufre f éminemment inflammable, qu'il prend feu dès Pinftant de fa formation, à mê- fe dans les vaifleaux fermés. C'eft cette derniere circonffance qui rend le {oufre nitreux zzcoercible, in- famaifable , tandis que les deux autres efpeces, le foufte vitriolique ou vulgaire, & le foufre marin ou microcoimique , c'eft-à-dire, Îe pho/phore, qüi ne brûlent point fans le concours de lair , fe retiennent facilement lorfqu’on les compofe dans les vaifleaux NIT fermés. Voyez SOUrRE. L'analogie eft d’ailleurs par- faite, abfolue entre les produits refpeétifs de la com- . binaïfon du phlogiftique avec chacun des trois aci- des minéraux , en admettant l'identité fuppoñée à cet égard , entre l’acide marin, & l’acide microcofmis que, Quant à l’explofñon, elle fe déduit d’une ma- niere démontrable de lexpanfion foudaine & vio- lente de l’eau de cryftallifation du zivre, La prodie gieufe force explofive de la poudre à canon ne dé- pendque de ce principe. L’aétion de fufer n’eft qu'un moindre degré de détonnation. Le mitre détonne avec toutes les fubftances phlos viftiques embrafées. qui laiflent échaper du phlogif- tique , lorfqu’elles font dans l’état d’embratement; telles que toutes les matieres végétales , animales & minéralés, réduchibles & aëtuellement réduites en état de charbon, avec le foufre commun, & appa- remment avec le phofphore , avec toutes les fubf= tances métalliques , excepté les métaux parfaits & le mercure ; car ces dernieres ne laiflent pas leur phlogiftique dans l’évat d’embrafemenrt. Li y a ici en+ core une fingularité remarquable, c’eft que le cui- vire & le plomb étant mis avec le zzvre dans l’état d'ignition, lâchent leur phlogiftique, ou fe calciients voyez CALCINATION ; & que le irre perd fon aci- _ de, ce qui eff l'effet propre de la détonnation du 22 tre, avec les fubftances métalliques ; mais dans les deux cas dont nous parlons , cet effet a lieu fans dé- tonnation , & fans déflagration ou flamme fenfble, Si quelque chimifte fe propofe jamais de retenir dit foufre artificiel nitreux, 1l paroît raifonnable d’em- ployer à fa préparation le cuivre ou le plomb. D'ailleurs, dans cette opération, le rire perd donc, comme nous l’avoris déja infinué, un de fes principes, fon acide. Son autre principe plus fixe &e imaltéré refte. Les Chimiftes l’appelient zzsre fixe où fixé. Il y a une feule fubftance, le foufre, qui en même tems qu’elle donne du phlogiftique au princi- pe acide du zitre, agit aufli par fon propre acide fut la bafe du zitre. Dans cetre détonnation, l'acide du zatreeft en partie diflipé fous la forme de foufre ni- treux enflammé , & détruit par cette inflammation, ”& en partie chaflé fousla forme de vapeur acide-ni- treufe , fimplement dégagée par l’aétion précipitan- te, ou le plüs grand rapport de l’acide du foufre , avec la baïe alkaline du ivre, Il réfulte de cette nouvelle combinaifon un nouveau fel nentre , qui eft un vrai tartre viriolé, & qui eft connu dans l’art, fous le nom de /e/ polychrefle de Glafèr., & fous les noms très-impropres de nivre foufré, fulfuratum ; &t de ritre fixé par le foufre. Si c’eft de l’antimoine crud qu’on emploie au lieu du foufre , le réfidu ou le produit fixe de cette opération eft encore le mê- ie fel, parce que c’eft principalement par fon fou- fre que l’antimoine agit alors , mais ce produit aun autre nom ; 1l eft appellé, & encore très-mmpropre: ment, Are antimonié, Voyez TARTRE VITRIOLÉ , 6 SEL. + Il eftencore àobferver que la bafe du zirre déton- né avec des fubftances métalliques , s’anime ou de- vient cauftique, comme quand les alkalis fixes quel- conques font convenablement traités dans cette vüe avec la chaux vive, Voyez CHAUX, PIERRE A CAU- TERE, SAVON. , Sionexécute toutes ces détonnations dansles vaif- feaux fermés , au moyen d’une cornue de fer tubu- lée , au bec de laquelle on a adapté unefile debalons, voyez les Planches de Chimie, on retient divers pro- duits volatils, connus dans l’art fous le nom de cu}f. Voyez CLissus. ,: Les flux fimples & ordinaires,employés dans les tra» vaux de la Docimaftique, font principalement formés dela bafe du ritre, fixé ou décompofé par fa déton- nationavec le tartre, Foye; FLUX €& TARTRE. NIiT On doit conclue de la théorie fimple que nons avons propoiée fur la déflagration du rire, que c'eflau-moins gratuitement qu'on s’eft appuyé de la ‘confidération de ce phéromene, pour fuppofer que le nitre, où plus fpécialsinent l’acide nitreux, con- tient du phlogiftique dans fa compoñtion. Foyez N1- TREUX, ACIDE, à la fuite de ver article, La fixation du zitre par les fubftances phlogifti- ques feules, ou par la diffipation fimple de fon acide, eft un des moyens d’analyle du #irre: par ce moyen on «démontre un de fes principes, favoir fa bafe, qui eff lPalkali fixe tartareux , qu'il feroit beaucoup plus exa@ d'appeller zisreux ou du #ivre ; car les expérien- ces fur cette matiere, que j’ai déjà annoncées , dé- montrent que tout alkali fixe artificiel, fans en ex- cepter celui de foude, a préexifté fous forme de z- tre, {oit vulgaire, foit cubique, dans les fubftances d’où onrétire l’un & l’autre de ces alkalis, L'autre moyen ufité & démonitratif d’analyfe du nitre, C’eft la diféillation ; celui-là manifefte fon au tre principe, fon acide, & quelquefois auf fa bate. Le zitreexpofé feul dans les vaifleaux fermés, à la plus prande violence du feu, ne laiffe échapper qu'une trés-foiblé quantité de fon acide, fi petite même que la réalité de ce produit eft conteftée par plufieurs Chimiftes : quoiqu'il foit inconteftable que le zitre s’'alkalife fans addition, on laiffe échap: per fon acide lorfqu’on Le tient long-tems en fufion dans un creufet ouvert. Pour féparer l’acide de fa bafe , oneft donc obligé d’avoir recours à divers in- termedes. On y emploie les intermedes des deux ef. peces, c’eft-à-dire les vrais & les faux, voyez In- TERMEDE, Ceux dela premiere efpece {ont l'acide vitriohque , foit nud ou pur, foit uni à différentes bafes qu'il quitte pour celle du nirre, c’eft-à-dire le vitriol & l’alun; & vraifemblablement les autres fels vitrioliques à bafe terreufe. L’arfenic décompo- le auf le zirre comnie intermede vrai, felon une expérience de Kunckel, rappportée par Juncker. Le fel microcofmique a la même propriété felon cel. le de M. Margraf; & enfin le foufre commun opere aufh ce dégagement d’après une expérience que je crois à moi, & à propos de laquelle je rapporterai tout-à-l'henre une expérience curieufe de Neuman. Les intermedes faux employés à la difillation du zi- £re , ont Le bol & les terres argilieufes ; car je ne connois guere en Chimie de théorie aufi puérile que celle qui explique lation de cesterres dans cette opération, par les propriétés de l'acide vitriolique qu'elles contiennent. C'eft encore ici un réve du grand Stahl , & certes fon obfervation que le même boloula même argile ne peut fervir deux fois, qui d'abord n'eft pas conteftée, ne feroit pas une dé- monftration tellement folide quand même cette ob- fervation feroit vraie , que les confidérations fui- vantes ne la détruifent fans réplique : favoir 1° que des bols, ou des argiles defquelles on ne fauroit re- tirer un atome de vitriol, d’alun ou d’acide vitrioli- que, &t qu'on a exempté de tont foupcon de la pré- fence de ces principes, par des lixiviations réitérées avec cent fois leur poids d’eau bouillante ; que des terres ainf préparées , dis-je, fervent très-bien à la difillation duirre: 2° que lecapar mortuum, le réfidu_ de pareilles difiillationsne donnepas communément tn atome de fartre vitriolé; enfin qu'on n’y retrouve pas même, du moins par le moyen Le plus obvie, nila lixiviation , la bafe alkaline du rirre ; en forte que Jufqu’à préfent, c'eft-à-dire en partant des faits pu- bliés jufqu’à préfent fur cette matiere, le fentiment qui approche le plus de la vérité démontrable , C’eft Précilement celui qu’aadopté Nicolas Lémery;favoir que la terre ne fert dans cette diftillation qu’à érendre ce Jel, afinquele feu agiflant plus facilement fur lui, en dé: sache Les efprits ; & c'eft-là la fonétin dece que j’ap- NIT 57 pelle faux intermede, voyet INTERMEDE. Autefte, le même Lémery conclut très:mal de cette aflertion qu'ilett fort inutile d'employer beaucoup de terre; &t Stabl prétend avec raïfon qu'il en faut employer beaucoup. il eft für que trois parties de terre pour une de zirre quieft demandée dans les livres, & dans celui de Lémery, voyez cours de Chimie, chap. e/pritde nitre , ne fufhfent pas ; & qu'il refte après un feu fort & long, du zirre inaltéré. Mais encore nn coup , cela ne prouve tien en faveur de l'acide vi- triolique Emploré dans la théorie de Stahl : plus de terre étend , difgrege davantage le zicre, tout comme elle fourniroit plus d’acide vitriolique , fi ce réa@if étoit de quelque chofe dans cette décompoñition, L'expérience de Neuman que je viens d’annoncer, eft celle-ci: fi on mêle exaétement du zirre & du fou- fre, l'un &t l’autre en poudre , & qu’on allume le foutre, le foufre brûle paifiblement parmi le zivre, t fe confume tout entier fans enflammer le zivre & fans produire d'autre changement fur ce fel, que de le fondre, comme fait un feu léger, Neuman a ré- pété cette expérience fur des mélanges faits à feize différentes proportions, & tojours avec le même fuccès. Les Apoticaires préparent diverfement le nirre pour les ufages médicinaux. Premierement, ils pu- nfient par la cryftallifation le wivre de la troifieme cuite : nous avons déjà parlé de cette opération. I faut pour l’ufage médicinal, tout comme pour les ufages chimiques philofophiques, ne prendre que les premieres cryftallifations, & réferver les der- nieres pour des ufages où la pureté du zirre eft moins eflentelle, par exemple pour la préparation de l’an- timoine diaphorétique, Il faut encore obferver qu'il faut fe garder foigneufement de la puérilité, qu'on. eft bien étonné de trouver encore dans Zwelfer , de diffondre le mire qu'on veut purifier dans des eaux diffillées aromatiques. Le principe odorant ne comporte point les évaporations implorées dans cette opération. Foyez ODORANT PRINCIPE. Secondement, ils préparent le xirre purifié, en le mettant en fufon, jettant à diverfes reprifes à fa furface une quantité de ivre fort indéterminée (Nic, Lémery n’en emploie qu’un foixante-quatrie- me; beaucoup d’artiftes en demandent environ un dixieme), &c verfant après la déflagration, la matie- re fur une plaque de cuivre bien nette & bien feche. Le ritre ainfi préparé s'appelle cry/fal mourant, [el prunelle , de prunelle on de brunelle, & dans quelques pharmacopées rire préparé, & nitre en tablettes, ni= érum tabulatum. LesPharmacologiftes raifonnables regardent cette préparation comme infidele , inutile & même vi- cieufe.C’eff eneffetune vraie décompofition: en fup- polant même, comme on le fnppofe communément, que le fonfre agit réellement fur la compoñition chi- mique du ze, qu'il détonne vraiment avec le rirre dans cette opérarion , le cryftalminéral nefera qu’un mélange de nivre & de tartre vitriolé:, dont la pro- portion eft comme celle du zirre 8 du foufre em- ployés, c’eft-à-dire dans lequel le tartre vitriolé eft quelquefois un foïxantieme, quelquefois un trentie me , un feizieme ou un dixieme du tout : donc ce re- mede eft premierement infidele; & fecondement inutile, puifque rien n’eft fi aifé que de mêler du zi- . tre &t durartre vitriolé fur le champ &z à volonté dans l'occafion. Mais fi, comime il peut fouvent ar- river, le foufre brûle paifiblement à la furface du ritre que l’artifte n’aura pas aflez chauffé; l'opéra. tion {era abfolument vaine, puiique le rite n'aura abfolument rien éprouvé que la fuñon. Or cette fn. fion privant toujours le zitre d’une partie de fon eau de cryftallifation, & le rendant par-là un peu âcte Gt mordicant, & d’ailleurs difpofé à s’humeéter & à fe _ 158 NIT falir dans les boutiques , il eft clair que cette prépa- ration eft non feulement vaine & infidelle, mais en- core vicieufe. Le ritre purifié doit donc dans tous des cas , être préféré au cryftal minéral. Le rire appellé effen/fifficatum où infuccatum dans plufieurs pharmacopées , allemandes fur-tour, eft du zitre difous dans des infufñons , décoëétions ou fucs de plantes, ou de fleurs, ou bien dans des diflo- Jutions de fucre , de fels tels que celui de faturne , Erc 8t évaporé jufqu'à ficcité. Il eft fpécifé par le nom des diverfes matieres employées à cette prépa- ration , ce qui fait le mivrum violatum, rojatum , {chordiatum , Jaccharatum ; faturninam, &c. On trou- ve encore dans ces pharmacopées un zisrum perla- sum , corallatum , Ge, c’eft-à-dire cuit on évaporé à ficcité, en remuant la diflolution jufqu'à ce qu'elle commence à s’épaifir, avec des perles, du corail, ou d’autres terres abforbantes en poudre. Le zitrum nitratum cryffalli nitri, où draco fortificatus , des mê- mes ‘pharmacopées , eft le zirre furfaturé de fon pro- pre acide. Toutes ces préparations {ont à-peu-près inconnues dans nos pharmacopées, & abiolument exclues de notre pratique ; & certes ce n’eft:-là réel- lement qu'un vain fatras. Les Médecins françois n’emploient que le zirre pu- rifié, & même ils l’emploient rarement , du moins en comparaifon des médecins allemands modernes, & furtout des ftahliens. Juncker a écrit. d’après Stahl , que le zitre méritoit prefque le premier rang parmi les remedes les plus précieux , zter Jumma ar- sis medicæ prefidia ; & le traité où Stahl célebre tant le nitre, a pour titre: De ufu nitri medio Poly- chrefto. Les vertus attribuées au zirre, d’après cette vi- cieule méthode quine fubffte que trop encore, de défigner les propriétés des remedes par l’interpréta- tion de leurs effets cachés ; ces vertus, dis-je, ainfi évaluées, font la vertu rafraîchiflante, tempérante, felon Hoffman réfolutive, felon Srahl coagulante , antiphlogifiique, antiaphrodifiaque , peétorale, Mais pour expofer , felon la méthode que nous avons préferée, des propriétés plus évidentes, plus poñtives du wire pris intérieurement, nous difons d'après l'expérience, que le zirre eft diurétique lorf- qu’on le donne à petite dofe, à celle d'un gros ou de deux tout au plus, dans une quantité de tifane deftinée à fournir la boiffon d’un jour entier , &c pur- atif à une dofe plus honnête , & même à cette mê- _me dofe donnée en un feul verre; qu'il fait merveil- Les étant mélé avec le quinquina dans les fievres in- termittentes , principalament quotidiennes accom- pagnées de chaleur exceflive ; & dans les fievres de cette clafle, principalement dans les quartes, lorf- que l'excès vicieux de férofité, colluvies Jerofa, exif- te, où eftimminent. Secondement, étant ajouté aux tifanes, fudorifiques, aux émulfions, aux décoc- tions des farineux, crdonnées contre les rhumatf- mes, & quelquefois dans des maladies de la peau. Troifiemement, dans les tifanes appropriées aux -ophtalmies anciennes & rebelles. Quatriemement , qu'il mérite un rang diftingué parmiles remedes fe- condairzs des inflammations ; & principalement des éréfipeles. Cinquiemement, qu'ileft d’un ufage très- “utile dans le commencement des gonorrhées viru- Jentes ; qu'il calme les ére&ions douloureufes &x les ‘ardeuts d'urine, qui {ont les fymptomes communs de cette maladie; & que non feulement il n’empê- che point l’écoulement utile, prefque néceflaire, .qui en fait l’effence, en enfermant (comme on dit d’après ün proverbe vulgaire , & une erreur rarion- nelle) le loup dans la bergerie; mais qu’au contraire les üfanes rafraichiffantes mivsrées 8 les émulfons “nitrées, provoquent entretiennent convenable- ment ce flux, Sixiemement , c’eft leremede le plus FE? NT ufité contre les coliques ou denleurs néphrériques ; il n’eft pourtant pasiythontiiptique, Septiemement, onle combine utilement avec les hydragogues dans le traitement des hydropifies. Enfin, on dit qu'ilmo- dere l’appetit vénérien, & qu'il prévient les pollu- tions nocturnes. Les végétaux éminemment nitreux , & d’ailleurs dépourvus de tout principe médicamenteux-aéif, tels que font la bourrache , la buglofe , la pulmo- naire, la paritaire, &c. n’exercent des vertus vrai- ment médicamenteufes qu'à raifon de ce principe. Or, comme ces plantes tiennent un rang diftingué parmi les bechiques ou peétoraux appellés 2mciffs, la vertu peétorale-réfolutive du wire, célébrée par plufieurs modernes , & confirmée par des expérien- ces diredes , eft d’ailleurs établie par les effets re- connus de ces plantes. Le ricre entre dans la poudretempérante de Stahl, voyez POUDRE TEMPÉRANTE. Il eftdit dans la der- niere édition de la Pharmacopée de Paris, qu'il entre dans l’anti-he@tique de Porerius & dans le Zilium de Paracelfe, & qu'il fert à la préparation de Panti- moine diaphorétique , &c. Or, commele zzrre con- court abfolument & exaétement de la même maniere à la produdtion de ces trois médicamens, on ne de- vine point pourquoi on dit du rire qu'il entre dans les deux premiers , & qu'il fert à la préparation de l’autre. Quoiqu'il en foit , le zirre fert à la prépara- tion de l’antimoine diaphorétique, & n’entre point dans la compoñition de l’anti-heétique , ni dans celle du Zlium, Voyez ces trois articles. On emploie le zitre à quelques ufages médicinaux extérieurs: on le diflout dans les gargarifmes anti-in- flammatoires, & quelquefois , quoique rarement, dans les iavemens laxatifs. [lentre dans la compofi- tion de la pierre médicamenteufe, divine , ou oph- talmique de Crollius, & de quelquesautres auteurs ; Gc.(b) NITREUX , ACIDE , (Chimie & Mat. méd. ) L’a- cide zirreux eftun des trois acides minéraux, c’eft à- dire, un des fels primitifs, un de ceux dont les Chi- miftes n’ont point encore opéré la décompofition , & qui concourent , COMME principes , à la forma tion de plufeurs compofés chimiques. Voyez SEL. Les qualités extérieures & parriculieres de Pacide nitreux {ont celles-ci: lorfqu’il eft fufifamment con- centré , il eft d’un rouge plus ou moins vif, plus ou moins orangé ou pâle felon fon degré de concentra- tion ; il exhale entrès-grande abondance des vapeurs de la même couleur, même par le grand froid, &c au point qu’un flacon à demi plein de cetre liqueur a fa partie vuide conftamment & très-fenfiblement rem- plie de fes vapeurs. Lorfqu’il eft très-foible , il n’a point de couleur. Un phénomene fort fingulier, c’eft que fionaffoiblit un acide zisreux un peu fort en y mêlant de l’eau , il devient verd fur le champ, mais _cette couleurne dure point. De lacide zzcreux aflez foible pour être décoloré peut néanmoins étre en- core un peu fumant, & les vapeurs qu’envoie celui- ci ont encore une légere teinte rouge. Toutes ces va- peurs font fuffoquantes & d’une odeur déteftable. Il eft beaucoup plus pefant que l’eau; &, malgré Pef- pece de volatilité annoncée par cette émiflion conti- nuelle de vapeurs, il eft fufcepnible de concentra- tion par la difillation qui fait élever un phlegme foiblement acide , 8 qui retient l'acide comme plus fixe. Cet acide ritreux ainfidéphlegmé ne jette pour- tant point de vapeurs, à moins qu'il ne foit agité par une chaleur confidérable ; en forte qu'il paroït que quoique l'acide zisreux jette d’autant plus de va- peurs qu’on l’a plus concentré d'avance immédiate- ment, par les circonftances dela diftillation par la- quelle on le retire du nitre ; il paroït, dis-je, que la matiere.de ces vapeurs pourroit bien n'être pas une émamation pure & fimple de l'acide zireux , maïs une fubftance un peu diverfe. ” Les qualités fpécifiques &c effentielles , ou pro- prement chimiques de l'acide zisreux , font fes affini- tés avec diverfes fubftances, la génération des nou- veaux êtres chimiques quiréfultent de fa combinaï- fon avec ces fubflänces , & l’ordre ou le degré de es affinités avec ces fubftances par rapport aux au- tres acides. ENT: L’acide rirreux fe combine avec le phlogiftique , &c formé avec, ce foufre éminemment inflammable qui eft le ‘vrai principe de la déflagration du nitre. Voyez l'article précédent. I diffout l’alkali fixe, tartareux ou zirreux, 6e forme avec, le nitre appellé régenéré, qui n’eftautre chofe que le vrai nitre parfait. Woyez l'article précéd. Il produit par fa combinaïfon avec lalkali fixe, de foudée où marin , le nitre quadrangulaire où cu- bique dont il aété parléauffi dans l'article précéd. I compofe avec l’alkali volatil le fel ammoniacal nicreux. Voyez Jous le mot SEL. Avec les terres calcaires, un fel dont les proprié- tés fontrapportées à l’are, CHAUX. Voyez cer article. Il difout argent ,le cuivre, le fer, l’étain, le plomb, le mercure, l’antimoine, le zinc , le cobhalt, le bifmuth, & l’arfenicenpartie, en unmot, toutes les fubflances métalliques excepté l'or, & même ce dernier métal d’après une expérience véritablement expoiée aflez obfcurément dans les Mém. de Suede, par M. Brandt. Nous ne parlons pas de la platine, à caufe des juftes foupcons de M. Margraf contre l’o- Pinion qui fait reparder cétte matière métallique comme une nouvelle efpece de métal. Voyez avec quelles circonftances l'acide r1rreux agit fur chacune de ces matieres, & quels font les produits de ces di- . verles combinaifons, aux @rr, particuliers ARGENT, CUIVRE, FER, ÉTAIN , PLOMB, MERCURE, Bis- MUTH, ZINC, ANTIMOINE, ARSENIC, COBHALT ; voyez auffi OR & PLATINE. L’acide mirreux concentré fubit avec les huiles une effervefcence violente , fuivie de l'inflammation. Ce phénomene elt rapporté & examiné à l’arvicle HUILE, Voyez cer article, | L'aftion de l'acide rivreux fur Pefprit-de-vin , la nature des principaux produits de cette réaétion, fa- voir, une huile éthérée très-fubtile , & lefprit de _mitre dulcifié, & la maniere d’obtenir ces produits font expolés à l'ersicle ETHER NITREUX. Voyez ces article, _ L’âcide ivréux diffout auffi le camphre, & pro- diuitavec cette fubftance, trop peu définie jufqu’à- préfent, une liqueur finguliere connue des Chimif: tes fous le nom d'hwile de camphre. Voyez CAMPHRE. L’acide zitreux foible épaiflit fingulierement les huiles par expreflion. C’eft fur cette propriété qu’eft fondée la préparation d'une affez puérile compofi- tion pharmaceutique, connue fous le nom de bewme d’aigulles , & qui n’eit autre chofe que de Phuile d'olive qu’on a fait nager fur de Pacide zirreux diffol- vant actuellement quelques aiguilles, & qui a été _épaifie en confiflance de baume dans cette opé- ration. Enfin, le foufre commun, penétré par des vapeurs d'acide zireux, eft fingulierement altéré dans fa confiftance ; il devient mol, duétile, flexible comme du cuir mouillé. te L’acide ritreux ne diflout point les fafrans & chaux métalliques vraies , telles que le fatran de Mars, le colcothar, le fafran de Vénus, Pantimoine diaphoré: tique , &c. Lacide rirreux n'eft point inflammable par lui- même. Sa prétendue fpécification par le phlogiftique n’eftfondée {ur rien que fur la couleur de cet acide , ce qui eft encore un indice bien conteftable ; voyez N'IT 159 Purocrsrioue. Car lnfluence de l'acide rex dans la produétion des inflammations , déflagras tions, détonnations , calcinations , 6. ne prouvée rien pour la préfence de ce principe. On explique tous ces phenomenes bien plus naturellement, plus fimplement, d’après une exate analogie , par la grande affinité de l’acide #irreux avec le phlosifique. En effet l'acide vitriolique & l'acide du fel marin, dans lefquels on ne fuppofe point ce principe, n'en. Ont pas moins une afhnité plus Où ‘moins erande aveclui, & n’en font pas moins propres À produire avec les fubitances phlosiftiques des mixtes & des phénomenes , par lelquels ils ne différent qu’acci- dentellement , feulement quant au plus 8 au moins dePacide rrreux, | PAU Voici l’ordre d’afhinité dés différentes fubftances ci-deflus mentionnées avec l’acide xitreux. Le phlo< giflique , le foufre ; l’arfenic , lun & l'autre alkäli< fixe , l’alkali-volatil, les terres abforbantes ( ces deux dernieres fubftances fe précipitent réciproque ment dans diverfes circonftances), lefer, lecuivre, le plomb, le mercure, l’afoent. L'ordre des autres fubflances métalliques n’a päs été obfervé ; du moins publié, | : L'ordre d’afinité de l’acide zivreux 8t dés autres acides à l'égard de diverfes fubftances! eft celui-ci # il occupe le fecond rang eu épard aux fels alkalis, tant fixes que volatils, &c aux terres abforbantes à lacide vitriolique a plus de rapport que l'acide #2 treux avec tous Ces Corps ; mais Ce defnier acide er a davantage avec ces mêmes corps, que lacide du fel matin, que l’acide végétal, & que l'acide ani- mal. M. Margraf rapporte dans fon Mémoire fur Le fel microco/mique , une expérience quiiemble prouver que lacide microcofmique a plus de rapport avec l'alkali-fixe que l'acide nivreux ; mais cette expé< rience n’eft rien moins que décifive. Voyez SEL Mi: CROCOSMIQUE. L’acide zitreux à moins de rapport que l'acide di fel marin avec toutes les fubftances métalliques que lun & l’autre de ces acides diflolvent. L'ordre de rapport de l'acide vitriolique & de l'acide ritreux avec les corps que Fun & l’autre attaquent , n’eit bien conftaté quefur un petit nombre de fujets ; il left, parexemple, fur l’argent & fur.le mercure, avec lefquels Pacide vitriolique a plus-de rapport qu'avec l'acide zirreux, La table dé Geoffroi peut pourtant {ubffter aflez généralement en ce point particulier qui met acide zzrreux après l’acidemarin, & l'acide vitriolique dans l’ordre des rapports des acides minéraux avec les fubftances métalliques , & qui le place à cet égard avant l’açide du vinaigre: Voyez RAPPORT & PRÉCIPITATION. | . L’elprit de nitre diffère à quelques égards felon l’intermede qu’on a employé à fa préparation. Selon Stahl, l'acide zerreux le plus fixe eff celui qu’on re- tire par Pintermede du bol ; celui qu’on retire avec lalun Peft moins ; mais cependant plus que eelni à la diffillation duquel on a employé le virriol. Ceiut qu’on fetire du nitre. bien féché, par l'intéfmede de l’huile de vitriol bien concentrée, ef le plus concentré, le plus pefant , le plus rutilant, le plus fumant qu'il eft pofible. L’acide zisreux de couleur bleue & fingulierement volatil de Stahl, eft préparé en diftillant une demi livre de nitre pur, une livre de vitriol calciné au rouge, & trois onces de magnes affenicalis. Voyez; VITRIOL & MAGNES ARSENT: CALIS. l'acide zirreux | diftillé avec les terres bo= laires, S’appelle communément e/pris-de-nire, & ces lui qui eft diflllé avec le vitriol , eaz-forte. Les acts des obtenus par ces deux diversintermedes, peu “vent diférerréellement , felon diverfes circonftances dumanuel, & porter des différences dans plufieurs travaux ; mais la différence prétendue eflentieile , 160 NIV déduite du mélange eftimé infaillible d'acide zisreux & d’acide vitriolique dans leau-forte, eft fondée fur une théorie faufle , chimérique, fur l'ignorance de la doûtrine des rapports, & dela volatilité refpeétive de l’acide vitriolique adhérant à fa bafe, &z de l'acide itreux dégagé. Les ufages médicinaux internes de l'acide zitreux font fort bornés ; ou plutôt on n'emploie prefque point l’acide zirreux intérieurement, Sylvius Deleboë vante pourtant l'acide zitreux, foit fimple foit duler- fé, comme le plus efficace des remedes contre les vents. D'ailleurs il eft affez généralement avoué qu'il ne poflede que les qualités génériques des acides, On adonné ia préférence, dans lufage, aux deux autres acides minéraux, à caufe de l'odeur defa- agréable du nitre, & plus encore à caufe d’une qualité virulente que cette odeur y a fait foupçonner. On s’en fert extérieurement avec fuccès & com- modité pour ronger les verrues. Il a plufieurs ufages pharmaceutiques officinaux : outre cette ridicule préparation du baume d’aiguil- les dont nous avons déja parlé , & de l’huile de cam- phre dont on a fait un remede, il concourt à la formation, & fournit même le principe vraiment médicamenteux de la pierreïinfernale, de l’eau mer- curielle , du précipité rouge , &c. qui font des bons corrofifs. L’onguent mercuriel citrin lui doit évi- demment une bonne partie de fon eflicacité. Voyez MERCURE, Mar. méd. On trouve dans la zouvelle Pharmacopée de Paris , fur lefprit-de-nitre , la même inexa@titude que nous avons déja relevée fur le ni- tre : il y eft dit que l’acidezisreux entre dans le fu- blimé corrofif, dans le précipité blanc, &c. On aura de la peine à faire croire cela aux Apothicaires inf- truits à qui ce code eft deftiné. Voyez MERCURE, CHimie ; PRÉCIPITATION & RAPPORT. (4) NITRIE, LE DÉSERT DE, ( Géog. ) fameufe foli- tude de la bafle Egypte, au pié d’une montagne mé. diocre auffi nommée Nisrie ; ce défert a environ 40 milles de longueur. Il eft borné au N. par la Médi- terranée, E. par le Nil, S. par le défert de Scété, &c O. par ceux de Saint-Hilarion & des cellules ; 1l prend fon nom d’une grande quantité de nitre dont il abonde. On voyoit autrefois plufieurs monafteres dans ce défert, mais il n’en refte plus que trois ou quatre : vous en trouverez la defcription dans Cop- pin , Voyage d'Egypte. (D.J.) NITRIE, de lac de, (Géog.) on appelle ainfi un lac qui fe trouve dans le défert de Nrrrie, parce qu'il s’y fait du nitre qu'on nomme error en Egypte. Ce lac paroît comme un grand étang glacé. Quand le ne- tron eft das {a perfteétion, le deffus du fel reflem- ble à un fel rougeâtre, & ce fel eft de l’épaiffeur de quelques pouces ; au-deflous de ce premier couvert eft un nitre noir dont on fe fert pour faire la leflive. Quand on a enlevé ce nitre noir, on trouve le vé- ritable nitre ou natron, qui eft femblable à la glace de deflus, excepté qu'il eft plus dur & plus folide. VoyegNATRON. (D. J.) NIVARIA , ( Géog.) une des iles Fortunées, fe- lon Pline, Liv. VI, chap. xxx. où il dit qu’elle avoit pris ce nom de la neige qu’on y voyoit perpétuelle- ment, Tous les manufcrits, felon le pere Hardouin, portent Mnguaria, mais cela revient au même: cette ile doit être l’île de Ténériffe ou l'ile d’Enfer, car dans les autres Canaries on ne voit point de neige. | NIVA-TOKA , (Æift. nar. Bo.) c’eft le fureau commun du Japon, dont on diftingue néanmoins plufeurs efpeces: 1°. Le radfu qui eft un fureau à grappes; 2°. le jama-toolimi , qui eft le fureau aqua- tique à fleur fimple: fa moëlle fert de meche pour les chandelles ; 3°, le 54/6 ou Jarima s’imira , autre NIV fureau aquatique, dont les baies. font rouges, de, figure conique, & un peu applatis. | NIUCHE , (Géog.) royaume de la Tartarie orien- tale, ou chinoife. Le pere Martini dit que les habi- tans vivent fous des tentes, qu'ils n’ont prefque an- cune religion, & qu'ils brülent les corps morts. La plus grande montagne qu’on trouve dans le pays eft celle de Tin, d’où la riviere de Sunghoa prend fa fource. (D. J.) NIVE , ( Géog. ) riviere du royaume de Navarre, appellée Ærrobi, dans la langue du pays. Elle def- cend des montagnes de la bafle Navarre, fe joint avec l’Adour dans les foffés de Bayonne, & va fe jetter dans la mer à une lieue de cette ville. (2. J.) NIVEAU, f. m. ( 4rpent. ) infirument propre à firer une ligne parallele à l’horifon, & à la conti- nuer à volonté, ce qui fert à trouver la différence de hauteur de deux endroits, lorfqu’il s’agit de con- duire de l’eau de l’un à l’autre, de deflécher des ma- rais, Gc. ce mot vient du latin Zbel/a , verge ou fléau d’une balance , laquelle pour être jufte doit fe tenir horifontalement. | | On a imaginé des inftrumens de plufeurs efpeces & de différentes matieres pour perfectionner le ni- vellement ; ils peuvent tous, pour la pratique, fe réduire à ceux qui fuivent. Le ziveau d'air eft celui qui montre la ligne de niveau pat le moyen d’une bulle d’air enfermée avec quelque liqueur dans un tuyau de verre d’une lon- gueur & d’une groffeur indéterminées , & dont les eux extrémités font fcellées hermétiquement, c’eft- à-dire fermées par la matiere même du verre, qu’on a fait pour cela chauffer au feu d’une lampe. Lorf- que la bulle d’air vierit fe placer à une certaine mar- que pratiquée au milieu du tuyau, elle fait connoi- tre que le plan fur lequel la machine eft pofée eft exactement de ziveau ; mais lorfque ce plan n’eft point de ziveau , La bulle d’air s’éleve vers Pune des extrémités. Ce tuyau de verre peut fe placer dans un autre de cuivre, qui a dans fon milieu une ou- verture, au moyen de laquelle on obferve la pofi- tion & le mouvement de la bulle d’air ; ia liqueur, dont le tuyau eft rempli, eft ordinairement ou de l'huile de tartre, ou de l’eau feconde , agua fecunda, parce que ces deux liqueurs ne font fujettes ni à fe geler, comme l’eau ordinaire, ni à la raréfattion & à la condenfation, comme l’efprit de vin. On attribue l'invention de cet inftrument à M. Thevenot. Le niveau d'air avec pinules n’eft autre chofe que le riveau d'air perfettionné , auquel on a ajouté quel- ques pieces pour le rendre plus commode & plus exa€ : cet inftrument eft compole d’un ziveau d’air ( PL. d’Arpent. fig. 4.) d'environ 8 pouces de long, &c de 7 à 8 pouces de diametre ; il eft renfermé dans un tuyau de cuivre, avec une ouverture au milieu: les tuyaux font placés dans un conduéteur ou une efpece de regle droite d’une matiere folide, & lon- gue d’un pié, aux extrémités de laquelle il y a des pinules exaétement perpendiculaires aux tuyaux &c d’égale hauteur; elles font percées chacune d’une ouverture quarrée , où font deux filets de cuivre qui fe croifent à angles droits, & au milieu defquels eft pratiqué un très-petit trou, pour voir à travers le point auquel on veut vifer. Le tuyau de cuivre eft attaché au conduéteur au moyen de deux vis, dont l’une fert à élever & à abaïfler le tube à vo- lonté pour le mettre de ziveau. Le haut de la boule ou du bec eft rivé à un petit conduéteur qui faille en haut, dont un des bouts eft attaché à vis au grand conduéteur, & l'autre eft garni d’une vis 5, qui fert à élever & à abaïfler l’infrument. Cet inf- trument eft pourtant moins commode qu'un autre dont nous allons parler, parce que, quelque petits | que LU NIV que foient les trous, ils font cependant afpercevoir . Toujours un trop grand efpace pour qu'il foit poff- ble de déterminer précifément le point de ziveau. - Le riveau d'air avec lunettes ( PI, d’Arp. fig. 51) eft femblable au précédent, avec cette feule diffé- rence qu’au lieu de fimple pinules, ileft garni d’un télefcope qui le rend propre à déterminer exate- . ment ce point de ziveau à une grande diftance. Le télefcope eft dans un tuyau de cuivre d’envi- ron 15 pouces de long, attaché au même conduc- teur que le ziveau ; par l'extrémité du tube du télef cope, on fait entrer le petit tube, qui porte le Yerre oculaire, & un cheveu placé horifontalement dans le foyer du verre GRR 2 ; On peut faire avancer . & reculer ce petit tuyau, afin que le télefcope foit propre à différentes vûües ; à l’autre extrémité du télefcope eft placé le verre obje&tif; la vis 3 fert à élever ou à abaïfler la petite fourchette qui porte le cheveu, & à le faire cadrer avec la bulle d’air, lorfque l’inftrument eft de miveau: la vis 4 fert à faire cadrer la bulle d’air avec le télefcope, & tout l’inffrument s’ajufte fur un genou. | On regarde M. Huyghens comme l'inventeur de ce niveau, qui a l'avantage de pouvoir fe retour- ner, ce qui {ert à en vérifier les opérations ; car fi après que l’inftrument a été retourné, le cheveu coupe toujours le même point qu'auparavant, c’eft une preuve certaine de la juftefle de l'opération. On doit rèmarquer ici qu'on peut ajouter un télefcope à telle efpece de niveau qu'on voudra, loriqu'il fera queftion de prendre le ziveau d'objets fort éloignés : 1l ne faut pour cela qu’appliquer une lunette {ur la bafe ou parallelement à la bafe. Le ziveau fimple a la forme d’une équerre dont les deux branches font d’égale longueur. A leur in- terfeétion eft un petit trou d’où pend une corde avec un petit plomb qui bat fur une ligne perpen- diculaire au mulieu d’un quart de cercie qui joint les extrémités des deux branches : ce quart de cer- cle eft fouvent divilé en 90 degrés, ou plûtôt en 2 fois 45 degrés pour en marquer le milieu, voyez fig. 6. leitre À. On peut faire ufage de cet inftrument en d’autres circonftances que celles de Partillerie ; pour s’aflurer, par exemple, fi un plan eft de riveau, il faut pour cela placer les extrémités de fes deux jambes fur le plan, & le tenir de façon que la corde rafe le limbe du quart de cercle. Si elle bat alors exaétement fur la divifion du milieu de ce quart de cércle, on en pourra conclure avec certitude que le plan eft de ziveau. Le niveau des Charpentiers & des Paveurs eft une longue regle , au milieu de laquelle eft ajuftée à angles droits une autre plus petite , qui porte vers le haut un fl avec un plomb, lequel lorfqu’il bat fur une ligne de foi perpendiculaire à la bafe, marque que la bafe eft horifontale. Ce riveau &t celui des Maçons, quoique très- communs ; font regardés comme les meilleurs pour les bâtimens ; mais leurs opérations ne peuvent s'étendre qu'à de très-pertites diftances. Le riveau des Canonniers; ou celui dont on fe fert pour niveler les canons & les mortiers, eft un infirument (PL. d'Arpens. fig. 8.) qui eit compoté d’une plaque triangulaire, haute d'environ 4 pouces. * au bas de laquelle eft un arc de cercle de 45 degrés divifé en degrés; ce nombre de degrés étant fuff- fant pour la plus grande hauteur à laquelle on éleve les canons & les mortiers, & pour donner aux coups la plus grande portée. Au centre de ce fegment de cercle eft attachée à vis une piece ou efpece d’ali- dade de cuivre, laquelle par le moyen de la vis, peut fe fixer ou fe mouvoir à volonté ; l'extrémité de cette piece de cuivre eft faite de façon à pouvoir porter un petit plomb ou index qui marque les dif Tome XI, NIV 161 férens degrés d’élévation de la piece d'artillerie : cet infirument a auffi un pié de cuivre qui fe place fur le canon ou mortier ,.& qui fait prendre à tout linfirument une fituation verticale quand la piece eft horifontale. L’ufage de ce ziveau fe préfente de lui-même, &c confifte à placer le pié de linftrament fur la pie- ce à laquelle On veut donner un certain depré d’élé: vation, de maniere que lindex tombe {ur Le nombre de degrés propofés. « Le niveau des Maçons eft compofé de trois regles, qui forment en fe joignant un triangle #ocele rec- tangle aflez reflemblant à la lettre romaine A ; du fommet pend une corde qui porte un plomb , & qui lorfque le plan fur lequel eft appliqué le nivéau fe trouve horifontal, vient battre exa{tement fur une ligne de foi marquée dans le milieu de la bafe, mais qui décline de cette ligne lorique la furface en queftion eft plus baffle d’un côté que d’un autre. Le ziveau à plomb ou à pendule eft celui qui fait connoître la ligne horifontale au moyen d’une ligne verticale décrite par fon plomb ou pendule, Cet inftrument ( PL. d'Arpenr. fig. 6.) ét compolé de deux jambes ou branches qui fe joignent à angles droits , & dont celle qui porte la corde ou le plomb a environ un pié & demi de long : cette corde eft attachée au haut de la branche; le milieu de la branche où pañle le fil eft évidé , afin que la corde puifle pendre librement de tous côtés , excepté vers le bas de la jambe, où fe trouve une petite lame d'argent , fur laquelle eft tracée une ligne perpendi- culaire au télefcape. Cette cavité pratiquée dans l’une des jambes de l’inftrument eft couverte de deux pieces de cuivre qui en font comme une boîte, pout empêcher que l’impreflion du vent ne fe fafle fentir à la corde; c’eft pourquoi la lame d’argent eft couverte d’un verre G, pour pouvoir reconnoî- tre quand le plomb bat fur la perpendiculaire. Le télefcope eft attaché à l’autre branche ou jambe de Pinftrument ; il a environ deux piés de long , & eft garm d’un cheveu placé horifontalement, qui tra- verfe le foyer du verre obje&if, & qui détermine le point de zivean lorfque le fil & le plomb battent: fur la ligne tracée fur la bande d'argent. Cet inftrument tire toute fa jufteffe de la préci- fon avec laquelle on met le télefcope à angles droits fur la perpendiculaire. Il a un genou par le moyen duquel il fe foutient fur fon pie ; l'invention en eft attribuée à M. Picard. Le riveau de réflexion eft celui que forme une furface d’eau affez étendue, laquelle repréfentant renverfés les mêmes objets que nous voyons natu» rellement droits, eft par conféquent de ziveau avec le point où l’objet& fon nuage paroïfent feulss’unir: 1] eft de invention de M. Mariotte. Il y a encore un autre ziveau de réflexion fait d'un miroir d’acier ou d’autre matiere femblable, bien poli & placé un peu devant le verre objeëtif d’un télefcope fufpendu perpendiculairement , & avec lequel 1l doit faire un angle de 45 degrés ; au- quel cas la direétion perpendiculaire d’un télefcope Je changera en horifontale, ou en ligne de riveau, c’eft-à-dire que les rayons qui feront réfléchis du miroir dans la lunette verticale, devront être fitués horifontalement : ce ziveau eft de l'invention de M. Caffini. _ Le niveau de M. Huyghens eft compofé d’un télef- cope, PL. d’Arpentage, fig. 7. n°. 2. en forme de cylindre qui pafle par une virole où 1! eft arrêté par le milieu : cette virole a deux branches plates 24, une en-haut, l’autre en-bas ; au bout de chacune de ces deux branches eft attachée une petite piece mouvante , en forme de pince, dans laquelle eft ar- rétéeune foie afez forte, & pafñlée en plufieurs dou : 162 NIV bles dans un anneau ; l’un de ces anneaux fert à fuf- ‘pendre le télefcope à un crochet placé à Pextrémité dé la vis 3 ; à l’autre anneau eft fufpendu un poids aflez pefant , pour tenir le télefcope en équilibre. Ce poids eft fufpendu dans la boëre $, qui eftrem- plie d'huile de lin, de noix, ou d’autres mäatieres , qui ñe fe figent pas aifément, afin de mieux arrêter Les balancemens du poids & du télefcope. Cetinftru- ment eft chargé de deux télefcopes, fort près l’un de l’autre & exaétement paralleles, & placés à contre fens l'un de l’autre , afin qu'on puifle voir des deux côtés, fans retourner le riveau, Au foyer de Pob- je&tif de chaque télefcope il doit fe trouver un petit cheveu tendu horifontalement, &c qui puifle fe le- “ver & s’abaïfler fuivant le befoin, par le moyen d’une petite vis. Si le tube du télefcope ne fe trouve point de riveau lorfqu’on le fufpend , on y met au- deflus un anneau ou virole 4, & on lv fait couler quiqu’à ce qu'il fe foit mis de iveau. Le crochet au- quel l’inftrument eft fufpendu, eft attaché à une : croix plate de bois, laquelle porte à l’extrémité de chacun de fes bras d’autres crochets, qui fervent à garantir les télefcopes d’une trop grande agitation dans les différens ufages qu’on en peut faire, ou quand on les tranfporte d’un lieu en un autre. Cette croix de bois eft renfermée dans une autre croix qui fert comme de caïffe à linftrüment , mais dont on laifle les deux extrémités ouvertes, afin que le té- iefcope puille être garanti des injures du tems, &c qu'il foit toüjours en état de fervir. Le pié de l’in- ftrument eft une plaque de cuivre ronde, à laquelle font attachées trois viroles à charnieres, dans lef- quelles font placés trois bâtons qui forment le pié ur lequel fe place la boëte, NIVEAU À ÉQUERRE, eft un infrument qui fait l'office d’un ziveau, d’une équerre, d’une regle à jambes. Voyez NivEAU, Ge. LL Cet inftrument qui eft repréfenté dans la P2. d’ Arpentage , fi. 22. eft compolé de deux branches, larges environ d’un pouce, qui s'ouvrent & qui fe ferment comme une regle à deux jambes. Chacune de ces brancheseft percée dans le milieu pour recevoir une efpece de langue, ou une piece de cuivre fort mince, attachée à l’une des deux ; ._moyenhant laquelle ces deux branches peuvent être appliquées l’une à l’autre exatement. L’ufage de cette langue confifte en ce que, fi l’on place fon ex- trémité dans la branche où elle n’eft pas attachée, “& oùil y a une cheville qui la tient ou l’arrête, les deux branches feront alors à angles droits. On met, ‘pareillement fur la tête de cet inftrument une piece de cuivre quarrée, avec laquelle linftrument tient lieu d’une équerre; au bas de l'angle de la piece de cuivre eft un petit trou, auquel eft attachée une pe- tite corde avec un plomb : cette corde tombant le long d’unedigne perpendiculaire, tracée fur la lan- gue ou piece de cuivre, fait voir fi l’inftrument eft de niveau ou non, quand on l’applique fur quelque chofe que ce puifle être, Chambers. (E) NiveAU, ( Hydraul. ) le niveau dont on fe fert dans l’hydraulique eftordinairement un ziveau d’eau à fioles, qui eft un grand tuyau de fer-blanc d’un pouce de grofleur , & de quatre piés de long , voyez nos PL. foutenu dans fon milieu par deux liens de fer, ‘&t par une douille. Au milieu, & aux deux extrémités, font foudés trois bouts de tuyaux qui fe communi- quent, & dans lefquels on met des fioles de verre du même diametre qui y font jointes avec de la cire ou du maflic. On remplit le tout d’une eau rougie avec du vinaigre ou du vin, pour qu’elle puifle ‘mieux fe diftinguer de loin. | On a perfethionné cet inftrument en écartant d’en- viron deux lignes le tuyau du miieu de Paligne- ment des autres, ce qui fert de pmules & dirige beau- coup nHeux le rayon viuel. Pout établir cet inftrument fur le terrem, on met dans la douille qui eft deflous le tuyau , un bä- ton pointu que l’on fiche en terre, & on aflure le niveau le plus droit qu'il eft poflibie, en le pointant du côté où doit fe faire le nivellemenr. [l y a même des inftrumens où il y a un plomb deffous pour le mettre parfaitement droit, d’autres où 1l y à un ge- nou avec trois douilles, ce qui facilite de fe retour- ner de tous fens, fans déplacer l’inftrument. Quant à la maniere d'opérer, voyez NIVELLEMENT. (K) NIVELLE, (Géog. ) petite ville des Pays-bas autrichiens , dansle Brabant wallon, diocèfe de Na- mur. On l’entoura de murailles lan 1220 : elle eft remarquable par fon abbaye de chanoinefles, filles nobles , qui peuvent fortir & fe marier, Elles s’ha- billent le matin enreligieufes, & l’après-dinée en fe: culieres : on nomme leur abbêfle , la princeffe de Ni. veille. Sa nomination appartient au fouverain, après que les chanoineffles lui ont préfenté trois {nets de leur corps. Jean de Nivelle, dont on fait tant de contes, n’eft autre chofe qu’un homme de fer au haut d’une tour auprès de l’horloge de la ville, & qui fonne les heures avec un marteau. Mvelle eft à cinq lieues de Bruxelles , fept de Namur, & à neuf de Louvain, Il y a comme dans les autres villes du Brabant, peu de peuple, & nombre de couvens. Long. 21.34. lar. 50.36. (D, J.) NIVELLEMENT , {. m. ( Archir. ) c’eft l’opéra- tion qu’on fait avec un miveau, pour connoïtre la hauteur d’un lieu à l’égard d’un autre. Voyez les re- les du zivellement , dans le Difionnaire univ. de Ma- thèm. G de Phyfique, à l’article compris fous ce ter- me. Voyez aufli le Traité du nivellemenr de M. Pi- card , Paris, 1684 12-4°. C’eft le meilleurtraité qui ait été mus au jour fur cette matiere, ( D, J. ) NIVELER , v. a. & NIVELLEMENT , fub. m, eft trouver avec un inftrument deux points égale- ment diftans du centre de [a terre, & l’objet du xi- vellernent eft de favoir précifément combien un en- droit eft élevé ou abaïflé au-deflus de la fuperfñicie de la terre. Il y a deux fortes de niveaux, le vrai & l’ap-, parent, | Le vrai niveau eft une ligne courbe, puifqu’elle parcourt une parte de la fuperficie du globe terre- Ître , & que tous les points de fon étendue font éva- lement éloignés du centre de la terre. Le niveau apparent eft une ligne droite qui doit être corrigée fur Le vrai niveau dont les tables font dans plufeurs ouvrages ; en forte que dans 300 toi- fes de long, on trouve un pouce d’erreur, & près d’un pié fur 1000 toifes. | On évite l’obligation de corriger le niveau ap- parent fur le vrai niveau, en fe retournant d’é- querre fur les deux termes d’un mivellement, & c'eit ce qu’on appelle wz coup de niveau compris entre deux ftations. On donne rarement des coups de ni- véau de 300 toifes de long d’une feule opération; la portée de la vue eft trop foible pour s'étendre fi loin , à-moins qu'on n’applique au niveau une lu- nette à longue vue. Les réfraétions caufées par les vapeurs rompent le rayon vifuel , fuivant qu’elles font plus derfes où plus épaifles. Dans les petits nivellemens Verreur eft infenfible ; dans les grands , il faut placer le niveau à-peu-près à pareille diftance des points requis ; quoique ces points ne foient pas deniveau avec l’oœil du niveleur, ïls Le font cependant entre eux, puil- que les réfraétions font égales à des diftances égales & pofées fur un même plan. | Il y a deux fortes de nivellemens , le fimple &c le compolé. Le zivellement fimple eft celui qui fe fait d’un lieu peu éloigné d’un autre, comme de 100 toiles, & d’une feule opération. | NIV F Le compofé s'entend de celui qui demande plu- feurs opérations de fuite dans une diftance confidé- rable. .- Quand on veut opérer fur le terrein, il faut être pluñeurs pour porter les jalons, les remner fuivant Ta volonté du niveleur, changer & établir le niveau à chaque ffation. On ne doit point parler dans les grandes diftances où la voix fe perd facilement ; des fignes dont on conviendra, feront connoïtre tout ce qu’on voudra dire; fi en alignant un jalon fur une hone , il verfe du côté gauche, il faut montrer avec la main, en la menant du côté droit, que ce jalon doit être redreflé du côté droit; comme aufli en bauffant ou baïflant la main, fignifier qu’il faut baif- fer ou haufler un jalon. Faites choix d’un tems doux fans vent , fans pluie, ni grand foleil; toutes chofes qui nuifent à la vue par les réfra@ions , qui caufent bien des différences en hauffant ou abaïflant le rayon vifuel ; un tems un peu fombre & couvert eft plus favorable pour riveler, & les yeux découvrent plus facilement les objets éloignés. . Outre les jalons qui fervent dans un zivellement fait en plat pays, il faut avoir encore des perches de 12 à 15 piés de long, pour mefurer par ftation la pente des montagnes ; les uns & les autres feront garmis par en-haut de cartons blancs coupés à l’é- querre & immobiles. . Pour opérer, on établit ls niveau fuivant ce qui €ft dit au 04 N1vEAU ; on fe met à quelque diflance du niveau comme à trois où quatre piés; on pole Poœil & on s’aligne fur la furface de la liqueur com- prife dans les fioles, qui conduit votre rayon vifuel À À À, voyez les PL, fuivant lequel on fait arrêter à la diffance requife un jalon ou une perche, par des hommes qui les hauffent ou les baïflent juiqu’à ce que le carton fe trouve jufte à cette ligne de mire. Quand Îe miveleur a déterminé un poirt entre deux grandes perches avec un jalon portauf & garni de carton, on le marque à fleur de ce carion avec de la craie blanche ou noire fur les grandes perches. [l faut toùjours chferver de partir d’un endroit déterminé &c remarquable, afin qu’on puiffle fe régler là-deflus , & tenir le pié de l’inffrument toûjours de la même hauteur dans toutes les ftations, pour éviter l'em- barras de fouftraire des élévations différentes ; une mefure de quatre piés convient affez par-tout. Premiere pratique. Niveler un terrein de 250 toi- fes de longueur, fur cinq piés & demi de pente; ce qui s'appelle un zvellement fimple. … Soit les deux points donnés 4 & B , voyez Les PI. établiflez l’inffrument dans le milieu de ces deux diftances, comme en €, pofez un jalos garni d'un carton en 4, &c faites-le haufler on baïfler, fui- vant la fuperficie des liqueurs comprifes dans vos fioles, c’eft-à-dire, jufqu’à ce qu’il fe trouve jufte à la ligne de mire D D ; retournez-vous enfuite fur l’autre terme du zivellement vers B, & pofez une pérche ou jalon de la même maniere que l’autre; enfuite mefurant. celui des jalons , dont la place eft déterminée, tel que celui À, d’où vous êtes parti, prenez-en la hauteur depuis le‘pié jufqu’y compris le carton, laquelle eft ici fuppofée de 4 piés.,- & repottez fur celui 2 la même ‘mefure de 4 piés en contre-bas; fi ce dernier jalon ou perche 2 , dédu- tion faite des 4 piés, a 9 piés & demi dehaut, la pente fera de ÿ piés & demi du point À à celui B. Seconde pratique, Niveler une longueur de 800 toi- fes, où il fe trouve une gorge & un contre-foule- vement fur 12 piés de pente, ce qui s’appelle un zi- Yellement compoe. Soit à mefurer une grande diftance, telle que la chûte de la montagne 4 (fig. 3.) jufqu’en B, avec la fujétion de commencer en À, où eft Le bâtiment, Tome XI, Ra | . NIV 163: choififez le chemin le plus commode & le moin inégal d’4 en 8 , en le coupant en cinq ftations ; établiffez le niveau au point À, & diigez-le vers B, où il fera néceffaire de planter un jalon pour mieux aligner ; faites tenir une perche à la diftance d'environ rootoifes du bâtiment,comme en Cfuppo- fé de 16 piés de haut, dont vous diminuerez la hau- teur du pié du niveau jufqu'à la fuperficie de l’eau, laquelle eft fuppofée de 4 piés, les 12 piés reftant fe- ront l'élévation du point 4 fur celui C; tranfportez enfuite le niveau à pareille diftance de ©, c’eft-à-dire à 100 toifes par delà, comme en Æ , & dirigez le fur la perche CD , où vous marquerez en F avec de la craie le coup de niveau, retournez-vous fur l’autre terme qui fera à 100 toifes par-delà l’inftru- ment, comme en G&, & faites-y mettre la perche G A fuivaat la ligne de mire Z1, & vous diminue- rez en contre bas les 4 piés de la hauteur du niveau : ainfi des 12 piés qu’on fuppofe qu'a cette perche, il refte 8 piés de baiflement. On pofera à la troi- fieme ftanion le niveau dans le milieu du ventre ou gorge X de 250 toifes, & fe retournant fucceffive- ment fur les deux perches GÆ & LM, qu'on aura eu foin de faire poter fur l'alignement, on don- nera deux coups de niveau, dont le premier fe trouvant au pié de la perche GA, & dans la ligne de mire Æ , ne donnera rien à compter ; le fecond donnera deux piés de hauffement en £, que vous marquerez avec de la craie fur la perche Z M; re- portez enfuite le niveau en Q , qui eft le milieu du quatrieme alignement de 90 toiles, vous donne- rez deux coups de niveau {ur les perches pofées en. LM & NP; & ayant diminué les 4 piés de l'inf- trument fur la perche M, qui a 10 piés de long, dont deux ont déja été marqués dans le dernier nivel- ment, il en refte 8, dont 4 pour la hauteur de linftrument ; ce fera 4 piés de refte, qu'il faut mar- quer pour le hauffément du niveau : enfin ayant établi le niveau en Q au milieu de ce terme qui eft de 160 toiles, diminution faite des 4 piés de la hau- teur de l’inftrument fur la perche PN, on trouve 2 piés de hauflement du mveau; faites enfuite une table fig. 4. où feront marqués dans une co- lonne tous les hauflemens du niveau , & les baif- femens dans une autre ; on trouvera à la premiere flarion 12 piés de baifflement |; huit à la fecon- de,.2 de hauflement à la troifieme, 4 de haufle- ment à la quatrieme , & deux de hauflement à la cinquieme & derniere ftation ; ajoutez enfemble les hauflemens, & faires une autre fomme des baif- femens ; fouftrayez lune de l'autre, c'et-à-ire, la petite de la grande, le refte fera leur différence, qui fera l'évaluation du point 4 fur celui 3, qui eft de 12 piés, fuivant la table : ainfi une fource trouvée fur la montagne au point 4, qui fera con- duite en B, aura 12 piés de pente. Troifieme pratique. Niveler la defcenté d’un cô- teau fans gorge ni remontée. Soit le regard 4 #g. $. d’une fource trouvée fur le haut d’un côteau, d’où l’on veut conduire l’eau au bafñn B, &c {avoir quelle hauteur aura le jet d’eau, pofez le niveau au bord du regard À ; éta- bliffez-le fuivant ce qui a été dit ci-defius, & poin- tez-le vers le bas B; faites tenir une perche à quel- que diftance du niveau, comme en ©, en la faifant haufler ou baïfler, jufqu'à ce que le haut du car- ton fe trouve jufte à la ligne de mire DD, vous prendrez enfuite la hauteur qu'il y a depuis la fu- perficie de l’eau du regard À jufqu'à la liqueur comprife dans les fioles, que vous diminuerez & marquerez en contre bas fur la perche C, en com- mençant par en-haut; on comptera ce qui refte d’Æ en €, fuppofé ici de 4 piés : ayez un papiér où vous chufrerez cette premiere ftation du nivelle- y 164 NIV ment & Îles cinq autres fuivantes, faites Ôter cette perche €; & à lendroit où étoit fon pié, repor- tez le niveau que vous érablirez pour la feconde opération, comme vous avez fait dans la premiere, & enfuite par plufeurs flations de € en F, d'F en G,de Gen A, d'Hen], d'Ien K, vous vien- drez à l'endroit B, où doit être la fontaine jail- liflante. Vous fupputerez toutes les mefures chif- frées fur votre papier à chaque ftation , comme d’4 en © 3 prés, de C'en F 6 piés, d'F en G 5 piés, de G en H8 piés, d’Hen I 6 piés, d’I en X 4 piés. La diminution de la hauteur de l’inftrument réglée à quatre piés ayant été faite à chaque ffation , ce qui a été marqué en contre bas fur les perches fui- Yant le rayon viluel, on aura En tout , en ajoutant enfemble toutes ces fommes, 32 piés pour la pente générale, depuis le regard 4 jufqu’a la fontaine 2, qui s’élevera prefqu’auffñ haut, fi la fortie de Paju- tage eft proportionnée au diametre de la conduite, & qu'il y ait fufifamment de charge dans le re- gard 4 pour donner de la force au jet. Ces trois pratiques renferment toutes les dificul- tés qui fe peuvent rencontrer dans la maniere de ziveler les eaux ; il ne s’agit que de fe les rendre familieres. On fera für d’avoir bien nivele un terrein propo- fé, lorfqu’en recommençant l'opération en fens con- traire, on retrouvera les mêmés hauteurs & les mêmes mefures, ce qui fera juger fi la fource peut parvenir à l'endroit où l’on fe propofe de l’élever. [1 pourroit quelquefois arriver que quoiqu'un mi- vellement fût exa@ , l’eau ne monteroit pas tou- jours à la hauteur requife, après que la conduite feroit pofée; ce qui ne peut être attribué qu'aux frottemens caufés dans les coudes & jarrets des tuyaux, & dans les contre - foulemens inévitables aux longues conduites, dont lès jets diminuent de hauteur, à proportion qu'ils s’éloignent des réler- voirs. Le meilleur remede à tous ces dccidens eft d’avoir toujours un peu plus de pente qu'il ne faut, afin qu’elle fufite pour arriver au point propofé.(K) La figure 9 d’arpentage fait voir que la ligne de vrai niveau BCF eff une ligne courbe, différente de la ligne de niveau apparent BCE. Däns cette figure 4 eft le centre de la terre, & BCE une tangente de la terre au point Z. Les figures 10 & 11 repréfentent des opérations de nivellement relatives à l’arpentage. Ces figures n’ont pas befoin d'explication pour celui qui aura lu l’article précédent; on y reconnoîtra facilement le niveau , lés jalons 6x les cartons dont les niveleurs fe fervent. La premiere figure appattient au #ive/lement fimple , la feconde au zivellément compoté. (£) NIVELEUR , f. m. ( Æ4rpent. ) eft l’architeûte ou le fontainier qui eft chargé du nivellement d’un lieu par rapport à un autre. (Æ) NIVERNOIS , ( Geogr. ) province de France, avec titre de duché, Elle eft bornée au nord par lé pays de Puifaie ; à l’orienit par le duché de Bour- gogne; au midi, par le Bourbonnois; & au cou- chant, par le Berri. Une partie de cette province a été démémbrée du territoire du peuple Ædui, à qui ce pays appartenoit, avéc la ville de Noviodunum, fituée fur la Loire, comme le dit Jules-Céfar au fep- tiemie livre de la puerre des Gaules. Quant à la par- tie du Mivernoeis qui eft dans le diocèfe d’Auxerte, elle’ arété démembrée des peuples Sénonoiïs, de qui Auxerre dépendoit. Le Nivernois a pris le nom qu'il potte aujourd’hui de la ville de Nevers fa capitale, qui, comme on l’à vu à l’arricle Nevers, a réçu le fien de la pétite riviere de Nievre, qui entre dans la Loire fous le pont de cettte ville Cette province eft fertile en bois & en mines de fer. On y trouve aufli auprès de Décife des mines de charbon de térre noire, gras & vifqueux. Les ri- vieres navigablès-qui arrofent le Nivernois , font la Loire , l'Allier & l’Yone, Il y a dans Le Mivernois deux évêchés : celui de Nevers & celui de Béthléem, qui n’eft qu'un titre; mais l'évêché de Nevers, qui ef fuffragant de Sens, vaut plus de quinze nulle livres de rente. Cette province eft du reflort du parlement de Paris, & a fa coutume particuliere , rédigée en 1490 ; mais arrêtée & accordée en 1534, & mile pat écrit par-devant les commüiflaires du toi. Les autres détails du gouvernement de cette province, de fon commerce &c des revenus que le roï en re- tiré, ne méritent point de nous arrêter. Ce n’eft pas un pays fertile en gens de lettres. Je ne fache que le comte de Buffy - Rabutin qui, né à Epire en 1618, ait écrit avec pureté. On connoît fes ouvrages, fur-tout fon hifloire amoureufe des . Gaules. On fait les fautes qu'il fit à la cour & fes difgraces , auxquelles 1l fut trop fenfible. Il mourut à Autun en 1693. (D. J.) NIVET , f. m. serme de riviere, nom que l’on donne fur les ports & dans les chantiers à une remife que le marchand fait à celui qui vient acheter fa mar- chandife au-deffous de [a taxe qui en eft faité par les mapiftrats. NIULHAN , ( Géog. ) royaume de la Tartarie orientale ou chinoife, qui fait partie de celui de Niuche. Les Tartares du pays ont des corfelets de peaux de poiflons, très-durs & très-forts. Plus loin eft la terre ferme de grande étendue, qu’on nomme Jeffo. Voyez JEsso. ( D. J. | NIXAPA, ( Géog. ) ville des Indes occidentales: dans la nouvelle Efpagne, avec un riche couvent de Dominmicains, On y recueille dé la cochénille, de l'indigo, du fucre & du cacao. Elle eft bârie fur le bord d’une riviere , que l’on croit être un des bras de celle d’Afvarado , à r2 lieues de celle d’Anté- uéta. Long. 280. 10. lat. 14, 20. NIXTI Dr1, (Mychol.) Les dieux appellés Mxii étoierit invoquiés à Rome par des femmes du peu- ple pour les foulager dans les douleurs de l’enfan- tement. L'origine de ces dieux eft dûe, felon les apparences, à trois ftatues agenouillées, & dans la polture d’accoucheufes, que Feftus dit qu’on voyoît au Capitole dans la chapelle de Minerve. Ces fta- tues avoient été apportées de Syrie, après la dé- faite d’Antiochus par les Romains. (D, J.) NIZAO , ( Géog. ) cap de l’Amérique fur la côte méridionale de l’ile San-Domingo; derriere ce cap il s'ouvre une baie remarquable par trois havies qu'on y trouve, & qu'on nomme Porco-Formofo, Zezebin & Ocoa, La flotte efpagnole a coutume d’y mouiller. (D. J.) NIZIN , (Géog.) petite ville forte de l’empire ruf- fien, aux frontieres du palatinat de Kiovie, fur la rivé gauche d’un ruiffeau qui fépare ce palatinat du duché de Kzernikow. Long. 50. 20. lat, 51 45. (D. J.) | N O NOACHIDES, (Cririg. facrée.) On appelle ainfi les defcéndans de Noé, Les préceptes que les Jnfs difent avoir été donnés à ce fage patriarche & à tous fes enfans, paroïffent n'être autre chofe que des pré- ceptes de droit naturel, dont la pratique eft mdif- penfable pour tous les hommes ; ces préceptes ju- dicieux font au nombre de fept. Le premier prof- crit l'idolatrie ; le fecond ordonne d’adorer le Créa- teur ; le troifieme défend l’homicide ; le quatrieme condamne l’adultere & l’incefte; le cinquième dé- fend le larcin ; le fixieme commande de rendre la juitice , & de s’y foumettre; le feptieme défend de NOB ranger de la chair coupée d’un animal pendant qu'il étoit encore en vie. Ce dernier précepté tend à nous infpirer indireétement des fentimens d’huma- nité dans toute notre conduite ; & c’eft aufli là la loi & les prophetes. NOÆ , ( Géog. anc. ) ville de Sicile dont les ha- bitans font nommés Noæm: par Pline, Z. III. c. vu. On croit que c’eft aujourd’hui le village de Noara. FLE} ; NOAÏILLES, ( Géog. ) duché-pairie de France dans le Limoufin, érigée en 1663. Elle eft compo- fée de quatré chatellenies & de vingt-quatre paroif- {es. (D.J.) | NO-AMON , (Geog. fac.) fameufe ville d'Egypte, dont Nahum, ch. y. N. ro de fes révélations , dé- crit La deftru&ion, qui a dû précéder de quelque tems celle de Ninive. No- Amon étoit la ville de The- bes, fi célebre par fes cent portes, & par le nom- bre immenfe de fes habitans. Les Grecs l’appelle- rent Diofpolis ou la ville de Jupirer, à caufe du magnifique temple qui y avoit été bâti en l'honneur de cette divinité payenne. C’eft pour la même rai- fon que les Egypriens la nommerent No-Æmon ; car Amon étoit le nom égyptien de Jupiter. Voyez-en les preuves dans Bochart, phaleg. part. I. lib. I, cap.]. DT, dur ,f. m.( Gramm. € Hifi. mod. ) ef une colletion ou relation hiftorique des familles no- bles d’une province ou d’une nation. Voyez No- BLESSE ; PAIR, Gc. Cholié a publié un zofrliaire de Dauphiné , & Caumartin un autre de Provence. Les Allemands font extrèmement curieux fur leurs nobiliaires, pour conferver la pureté du fang dans leurs familles. Voyez GÉNÉALOGIE. NogrnissiMe CÉSAR, ( Médaill, & Infeript. ) qualification des aînés des Céfars. Il eft à préfumer que Leunclavius fe trompe lorfqu'il dit que les feuls uînés de l’empereur furent qualifiés du titre de 70- biliffimi Cefares , puifque cette qualité fe trouve feu- lement attribuée par les empereurs à leurs aînés, ainfi qu'il réfulte des médailles & infcriptions anti- ques. Le premier des enfans d’empereurs qui porté ce titre fur les médailles, eft M. Julius Philippus, fils unique de l'Empereur Philippus , & joint à l'em- pire avec lui ; entuite Décius , avec fes deux fils Etrufcus & Numerianus; enfin Carus avec Carinus & Numerianus fes enfans , portent indifféremment ce titre {ur leurs médailles : après tout, le nom de Céfar eft fouvent donné à un prince qui, fans être parvenu à l'empire, y étoit deftiné. Cette préten- tion lui faifoit prendre dans quelques-unes de fes mé- dalles le titre de zobiliffimus Cœfar & d’Auguflus , par le droit qu’il avoit à l'empire. Baronins en cite une qui donne la qualité de robiliffime au fils aîné de Carus , ên ces mots : Vréoriofiffimo principi juventutis M. Aurelio Carino nobiliffimo Cefari. Quelques antiquaires font une diftinétion qui n’eft peut-être pas fondée. Ils prétendent que z04/4ffime pris adjeétivement étoit accorde aux Céfars ,& mar- quoit une défignation à empire ; mais que robi/iffr- me pris fubftantivement , étoit une dignité inventée par Conftantin, qui donnoit le pas après les Célars, & le droit de porter la pourpre. (D.J.) | NOBLE , en latin mobilis, ( Æiff. rom. ) Ceux qui avoient pañlé par les charges curules, c’eft-à- dire ceux qui avoient été confuls, préteurs, cenfeurs êc édiles , pouvoient laïffer leurs portraits à leurs enfans. Delà vint que parmi les citoyens romains les uns avoient les portraits de leurs ancêtres , les autres n’avoient que les leurs , & le refte n’én avoit aucun, Ceux qui avoient les portraits de leurs ancé- tres s’appelloient zobles ; ceux qui avoient les leurs étoient appellés Aormes nouveaux ; & ceux qui n’en NOB r65 avoient aucuns, gezs nobles, Or les patriciens qui » dans le commencement de la fondation de Rome fu” rent revêtus des charges 87 des dignités au préjudice du peuple , furent feulement qualifiés du titre de 20: bles ; mais enfuite les plébéiens , dont les ancêtres avoient pañlé par les charges curules , jouirent dé cette prérogative. (D. J.) | NoBce, f. m. ( Jurifbrud.) fe dit de quelque per fonne ou chofe diflinguée du commun, & décorée de certains titres &c privileges dans lefquels confifté la prérogative de nobleffe. Ïl ÿ a des perfonnes zobles & des biens robles : les biens de cette efpece font les fiefs & les franc-alenx nobles, Les biens zobles fe partagent ordinaitement no- blement , c’eft-à-dire comme fucceflion zoble. Dans certaines coutumes le partage zoble {e regle, non par la qualité des biens , mais par la qualité des per fonnes ; c’eft à-dire que quand la fucceflion eft robte, que les héritiers font zobles, ils partagent tous les biens noblement. Le titre de roble veut dire connu, mobilis quafe nofcibilis feu notabilis. Ce titre eft, beaucoup plus ancien que ceux d’écuyer, de gentilhomme & de che- valier, dont on fe feït préfentement pour exprimer la noblefle :1l y a eu des 20b1es chez toutes les nations. Voyez NOBLESSE. | En France , fous nos premiers rois , 2oble &c Libre figniñoient la même chofe. Dans la fuite , lorfque la nobleffe proprement dite a commencé à s'établir , la qualité de zoble fervoit pour exprimer toute forte de noblefle , grande & petite. Quand on commença à diftinguer les différens de- erés de noblefle , les zobles étoient d’abord au-deflus des écuyers : les plus grands feigneurs , les princes, les rois même, prenotent le titre de zoble ; on con- fondit enfuite le titre de robe avec celui d'écuyer & avec la qualité de gentiihomme. - Le titre zoble dans les pays de droit écrit, équi- vaut à celui d’'écuyer ; mais pour les officiers de juf- tice, avocats & medecins ,1ls ne peuvent le prén- dre qu'avec celui de leur profeffion, & il ne leur at- tribue pas les privilèges de nobleffe. En pays coutumier il faut, pour preuve de no- blèffe , avoir pris dans les aétes le titré d’écuyer. En Normandie, le titre dé zob/é homme eft équi- valent dans les anciens aétes, Préfentement on prend prefque partout le titre d’écuyer pour exprimer la nobleñe. Cependant en quelques endroits les nouveaux r0- bles ne prennent le titre que de nobles tels ; leurs en- fans prennent le titre d’écuyer, comme il fe pratique à Lyon pour les échevins. Voyez ci-après NOBLESSE, (4) NOBLE , rente, ( Jurifprudence. ) Voyez RENTE NOBLE. NoBLe. Cheval zoble eft celui qui a beaucoup de beauté , fur-tout à l'avant - main. Voyez AVANT- MAIN. NOBLE À LA ROSE, ( Monnoie d'Angleterre.) an- cienne monnoie d’or d'Angleterre, mais qui n’y 4 plus de cours. On commença à battre en Anglèterre dés zobles à la rofe fous le regne d'Edouard HI. vers l'an 1334. Le poids en étoit de fix demers , c’eft-à- dire de douze grains plus que les piftoles d'Efpagné, & l'or au plus près du fin à vingt-trois carats trois quarts. On la nonimoit roofénobel. © tr Cette monnoïe d’or a cours encofe aujourd’hui en Hollande ; où néanmoins il s’en trouve aflez peu; ellé s’y reçoit fur le pré d’onze florins. (2. J.) : Nogce-HENRY, ( Monnoie d'Angleterre. ) mon- _ noie d’or d'Angleterre de quatorze grains moins pe- 166 N O B fant que Le noble à la rofe , & prenant feulement de fin vingt-trois carats & demi. Il y a eu auf des nobles à la rofe &z des robes- Henrys frappés en France pendant les auerres des An- glois, fur la fin du regne de Charles VI. & pendant les commencemens de Charles VII. Le zoble-Herry avoit encore cours du tems de François [. & on tail- loit 35 zobles-Henry au marc. Ce roble-Henry étoit grand & large environ comme un écu blanc , & avoit d’un côté pour figure un prince de fon tronc avec une épée à la main, & de l’autre une croix au milieu de laquelle il y avoit une H, & tout autour de cette croix des petits lions couronnés. (D. J.) NOBLESSE , ( Gouvern. politig, ) On peut confi- dérer la zobleffe, avec le chancelier Bacon , en deux manieres , où comme faifant partie d’un état, on comme faifant une condition de particuliers. Comme partie d’un état, toute monarchie où il ny a point de robleffe eft une pure tyrannie : la z0- bleffe entre en quelque façon dans l’eflence de la mo- narchie , dont la maxime fondamentale eft, poinr de noblefle , point de monarque ; mais on a un defpote comme en Turquie. La xobleffe tempere la fouveraineté , & par fa pro: pre fplendeur accoutume les yeux du peuple à fixer &t à foutenir l'éclat de la royauté fans en être ef- frayé. Une sobleffle grande & puiffante augmente la fplendeur d’un prince , quoiqu’elle diminue fon pou- voir quand elle eft trop puifiante. Il eft bon pour le prince & pour la juftice que la zoblejfe n’ait pas trop de puiffance , & qu’elle fe conferve cependant une grandeur eftimable & propre à réprimer l’infolence populaire , & l’empêcher d'attaquer la majefté du trône. Dans un état monarchique, le pouvoir inter: médiaire fubordonné le plus naturel , eft celui de La nobleffe ;aboliffez fes prérogatives, vous aurez bien- tôt un état populaire, ou bien un érat defpotique. L’honneur gouverne la zobleffe | en lui prefcrivant Vobéiflance aux volontés du prince ; mais cet hon- neur lui dite en même tems que le prince ne doit 3amais lui commander une ation deshonorante, Il n’y a rien que l'honneur prefcrive plus à la zobleffe, que de fervir le prince à la guerre : c’eft la profeffion diftinguée qui convient aux nobles, parce que fes hafards, fes fuccès & fes malheurs mêmes , condui- fent à la grandeur. ; Il faut donc que dans une monarchie les lois tra- vaillent à foutenir la zobleffe & à la rendre héréditai- re , non pas pour être le terme entre le pouvoir du prince & la foiblefle du peuple, mais pour être le lien de tous les deux. Les prérogatives accordées à la nobleffe lui feront particulières dans la monarchie, & ne pafleront point au peuple, fi l’on ne veut cho- quer le principe du gouvernement, fi Pon ne veut diminuer la force de la zoéleffe & celle du peuple. Cependant une zob/effe trop nombreufe rend d’ordi- naiïre un état monarchique moins puiflant ; car ou- tre que c’eft une furcharge de dépenfes , 1l arrive que la plüpart des nobles deviennent pauvres avec letems, ce qui fait une efpece de difproportion en- tre les honneurs & les biens, La zobkffe dans l’ariftocratie tend toujours à jouir d’une autotité fans bornes ; c’eft pourquoi lorfque les nobles y font. en grand nombre, il faut un fénat qui regle les affaires que le corps des zobles ne fau- roit décider, & qui prépare celles dont il décide. Autant äl eft aifé au corps des zobles de réprimer les autres dans l’ariftocratie , autant eft-1l difficile qu'il fe réprime lui-même: telle eft la nature de cette conftitution, qu’il femble qu’elle mette les mêmes gens fous la puiffance des lois & qu'elle les en retire. Or un corps pareil ne peut fe réprimer que de deux manieres, ou par une grande vertu, qui fait que les nobles fe trouvent en quelque façon égaux à leur peuple, ce qui peut former une forte de république ; ou par une vertu moindre , qui eff une certaine modération qui rend les nobles au- moins égaux à eux-mêmes , ce qui fait leur confer- vation. La pauvreté extrème des robles &t leurs richeffes exorbitantes , font deux chofes pernicieufes dans l'ariftocratie. Pour prévenir leur pauvreté , il fant fur-tout les obliger de bonne heure à payer leurs dettes. Pour modérer leurs richeffes , il faut des dif- pofitions fages & infenfbles , non pas des confifca- tions, des lois agraires, ni des abolitions de dettes, qui font des maux infinis. Dans l’ariftocratie, les lois doivent ôter le droit: d’ainefle entre les zobles, comme il eft établi à Ve- nife , afin que par le partage continuel des fuccefs fions les fortunes fe remettent toujours dans l’éva- lité. Il ne faut point par conféquent de fubftitutions, de retraits lignagers, de majorats, d’adoptions : en un mot , fous les moyens inventés pour foutenir la nobleffe dans Îes états monarchiques., tendroient à établir la tyrannie dans l’ariftocratie. Quand les lois ont égalité les familles, il leur refte à maintenir l’union entr’elles. Les différends des z0- bles doivent être promptement décidés, fans cela les conteftations entre les perfonnes deviennent des conteftations entre les familles. Des arbitres peu- vent terminer les procès ou les empêcher de naitre. Enfin il ne faut point que les Lois favorifent les diftin@ions que la vanité met entre les familles, fous prétexte qu’elles font plus zobles & plus ancien nes ; cela doit être mis au rang des petitefles des par- ticuliers. | Les démocraties n’ont pas befoin de zob/effe , elles font même plus tranquilles quand il n’y a pas de f.- milles zobles ; car alors on regarde à la chofe prc= polée , & non pas à celui qui la propole; ou quard il arrive qu’on y regarde, ce n’eft qu'autant qu'il peut être utile pour l'affaire , & non pas pour fes ar- mes & fa généalogie. La république des Suiffes, per exemple, fe foutient fort bien, malgré la diverfiié de religion & de cantons , parce que lutilité & non pas le refpeét , fait fon lien. Le souvernement des Provinces-Unies a cet avantage, que l'égalité dans les perfonnes produit légalité dans les confeils , & fait que les taxes & les contributions font payéesde meilleure volonté. | A l’égard de la zobeffe dans les particuliers, on a une efpece de refpeët pour un vieux château ou pour un bâtiment qui a réfifté au tems, oumême pour un bel & grand arbre quieft frais & entier malgré fa vieilleffe. Combien en doit-on plus avoir pour nne noble 8 ancienne famille qui s’eft maintenue contre les orages des tems ? La ob/effe nouvelle eft Pou- vrage du pouvoir du prince, mais l’ancienne eft l’ou- vrage du tems feul : celle-ci infpire plus de talens, l’autre plus de grandeur d’ame. | Ceux qui font les premiers élevés à la zob/effe,ont ordinairement plus de génie, mais moins d’innocence que leurs defcendans. La route des honneurs eft coupée de petits fentiers rortueux que l’on fuit fou vent plütôrque de prendre le chemin de la droiture. Une naiffance noble étouffe communément lin- duftrie 8 l’émulation. Les zobles n’ont pas tant de chemin à faire que les autres pour monter aux plus hauts deorés ; & celui qui eft arrêté tandis que les autres montent , a connu pour l'ordinaire des mou- vemens d'envie. Mais la zob/effe étant dans la poffef- fion de jouir des honneurs, cette pofleffion éteint l'envie qu’on lui porteroit f elle en jowffoit nouvel- lement. Les rois qui peuvent choifir dans leur 70- bleffe des gens prudens & capables , trouvent en les employant beaucoup d'avantages & de facilité : lé peuple fe plie naturellement fous eux , comme fous N O B des gens qui font nés pour commander. Voyez Naïs- SANCE. (D. J.) NOBLESSE, ( Jurifprud. ) eft un titre d'honneur qui diftmgue du commun des hommes ceux qui en font décorés , & les fait jouir de plufeurs privi- leges. | Ciceron dit que la z0b/effe n'eft autre chofe qu’une vertu connue, parce qu'en effet le premier établifle- ment de la z04/e/fe tire fon omseine de l’eflime &c de la confidération que l’on doit à la vertu. C’eft principalement à la fagefle & à la vaïllance que l’on a d’abord attaché la zobeffe ; mais quoique le mérite &c la vertu foient toujours également efti. mables ,& qu'il für à defirer qu'il n’ eût point d’au- tre Voie pour acquérir la 20b/effe ; qu'elle oic en effet encore quelquefois accordée pour récompenfe à ceux dont on veut honorer les belles qualités , il s’en faut beaucoup que tous ceux en qui ces mé- mes dons brillent, foient gratifiés de la même dif- tinétion. | La noblèffe des fentimens ne fufit pas pout attri- buer la zobleffe proprement dite, qui eft un état civil que lon ne peut acquérir que par quelqu’une des voies admifes par ia loi, [lenett de même de certaines fonttions honora- bles, qui dans certains pays donnent la qualité de z0- ble fans communiquer les autres titres de vrais z0- bles | n1 tous les privilèges attachés à la zob/effe pro- _ prement dite. | La nature a fait tous les hommes égaux ; elle ma établi d'autre diftinétion parmi eux que celle qui ré- fulte des liens du fang , telle que la puiflance des pere & mere fur leurs enfans. | Mais les hommes jaloux chacun de s’éléver au- deflus de leurs femblables , ont été ingénieux à éta- blir diverfes diftinétions entr’eux, dont la zobteffe eft une des principales, Il n’y a guere de nation policée qui n’ait eu quel- que idée de la roblejfe. | Il eft parlé des robles dans le Deutéronome : on entendoit par-là ceux qui étoient connus & diftin- gués du commun, & qui furent établis princes & tribus pour gouverner le peuple. IL y avoit dans l’ancienne loiune forte de 2obl:ffe attachée aux ai- nés males , & à ceux qui étoient deftinés au férvice de Dieu. Théfée , chef des Athémens, qui donna chéz les Grecs la premiere idée dé la zo/4ffe, diftingua les nobles des artifans, choififfant les premiers pour connoïtre des affaires de la religion , & ordonnant qu'ils pourroient feuls être élus magiftrats. Solon le légiflateur en ufa de même, au rapport de Denis d'Halicarnafle. On l’a trouvée établie dans les pays Les plus éloi- gnés, au Pérou, au Mexique, &c juique dans les In- des orientales, | Un gentilhomme japonnoïs ne s’allieroit pas pour tout l’or du monde à üne femme rotuniere. . Lés naires de la côte de Malabare, qui font les no- bles du pays, où l’on compte jufqu’à dix-huit for- tes de conditions d'hommes , ne fe laiflent feulement pas toucher n1 approcher de leurs inférieurs ; ils ont même le droit de les tuer s’ils les trouvent dans leur chemin allant par lès champs: ce que ces miféra- bles évitent de tout leur pofñble, par des cris pérpé- tuels dont ils rempliffent la campagne. Quoique les Turcs ne connoïffent pas la zob/effe telle qu'elle a lieu parmi fous, il y a chez eux une efpece de rob/effe attachée à ceux de la lignée de Ma- homet, que l’on nomme chérifs; ils font en telle vé- Hération, qu'eux feuls ont droit de porter Le turban verd, & qu'ils ne peuvent point être reprochés en juftice, I y à En Ruffie beaücoup dé princes & de géntils- N O B 16 hommés. Anciennement, &jufqu'au commencement de ce fiecle, la zob/iffe de icér'état n’étoit pas appré- ciée par fon ancienneté , maïs par le nombre des gens de mérite que chaque famille avoit donné à l'état. Le czar Theodore porta un terrible coup à toute la zoë/e/fe ; 11 la convoqua ‘un jour avec ordré d'apporter à la cour fes chartres & les privilèges ; 1 s'en empara & les jetta au feu, & déclara qu’à lave’ nir les titres de z0#/effe de fes fujets feroient fondés umquement fur leur mérite ,.8c nôn pas fur leur naïf fance. Pierre le grand ordonna paréïllement que, fans aucun égard aux familles , on obferveroit lé rang félon la charge & les mérites de chäque parti culier ; cependant par rapport à la nobleffè de naif> fance on divife Les princes en trois claffes, felon que leur origine eft plus oumoïns illuftre. La #0b/effe eft dé même divifée en quatre claffes, favoir celle qui a toujours été regardée comme égale aux princes 5 celle qui a des alliances avec les czars; celle qui s’eft élevée par fon mérite fous les regnes d’Alexis & dé Pierre I. enfin les familles étrangeres qui fous les rnèmes regnes font parvenues aux premieres chars ges, Les Romains, dont nous avons emprunté plu fieurs ufages , avoient aufli une efpece de rob/effe, c même héréditaire. Elle fut introduire par Romu= lus , lequel divifa fes fujets en deux clafles , l’uné des fénateurs , qu'il appella peres, & l’autre clafle, compofée du refte du peuple , qu’on appeélla les p/é- bérens | qui étoient comme font aujourd’hui parmi nous les roturiers. Par fucceflion de tems , les defcendans de ces pre: miers fénateurs , qu’on appelloit parriciens | préren- dirent qu'eux feuls étoient habiles à être nommés fénateurs , 8 conféquemmient à remplir toutes les dignités & charges qui étoient afeétées aix fénateurs, telles que celles des facrifices, les magiftratures enfin l’adminiftration prefqu’entiere de l’état. La dif: tintton entre les patriciens &c les plébéiens étoit fi grande , qu'ils ne prenoient point d’alliance enfem- ble; & quand tout le peuple étoit convoqué , les patriciens éroient appellés chacun par leur nom & par celui de lPauteur de leur race, au lieu que les plébéiens n’étoient appellés que pat curies, centuries Ou tribus. Les patriciens jouirent de .ces prérogatives tant que Les rois fe maintinrent à Rome ; mais après l'ex: pulfiôn de ceux-ci, les plébéiens , qui étoienten plus , > > F grand nombre que les patriciens, acquirent tant d’au- torité , qu'ils obtinrent d’abord d’êtré admis dans le fénat , enfuite aux magiftratures, puis au confulat, € enfin jufqu’à la diétature & aux fonétions des fa- crifices : de forte qu'il ne refta d’autre avantage aux patriciens fur les plébéiens qui étoient élevés à ces honnenrs , finon la gloire d'être defcendus des pre- mieres &c plus anciennes familles zob/es dé Rome. On peut comparer à ce changement celui qui eft arrivé en France fous la troifieme race , lorfque l’on a en- nobh des roturiers , & qu'on les à âdmis à pofléder des fiefs & certains offices qui dans l’origine étoient affeétés aux nobles, Outre la zobleffe de dignité, il Y avoit chez les Romains une autre efpece de rob/effe attachée à la naifflance , que l’on appelloit srgénuité, On n’enten- doit aûtre chofe par ce terme que ce que noùûs ap- pellons tune bonne race, une bonne famille, Il y avoit trois deprés d’ingénuité ; le premier dé ceux qu’on apppelloit 2gé7us fimplement ; c’étoient ceux qui étoient nés dé parens librés , & qui eux- mêmes avoient toujours joui de la liberté. Le fecond degré d’ingénus étoit de ceux appellés genriles , c’eft-à-dire qui avoient gente 6 faruliam , qui étoient d’une ancienne famille. Le troifieme degré d'ingénuité étoit compofé des LE — 1 168 N OP Un. Re | : age a patriciens qui étoient defcendus des deux cens pre* miers fénateurs inftitués par Romulus, & auffi , fe- lon quelques-uns, des antres cent fénateurs qui fu- rent ajoutés par Tarquin l’ancien, | De ces trois degrés d'ingéauité, 1l n’y avoit d’a- bord que le dernier, favoir celui des patriciens, qui , eûtla nobleffe proprement dite , qui étoit celle de di- gnité. re" | Mais depuis que les plébéiens furent admus à la magififature, ceux qui y étoientélevés participerent à la, zobleffe qui étoit attachée à èet emploi, avec cette différence feulement qu'on les appelloit £o- mes nouveaux, novi homines, pour dire qu'ils étoient nouvellement annoblis. Ainfi la 2ob/effe plus ou moins ancienne provenoit toljours des grands offices qui étoient conférés par tout le peuple affemblé, appellés #agiffratus currules & mmagiftratus populi romant, tels que la place d’é- dile , de quefteur, de cenfeur, de conful, de dic- tateur. Les fénateurs qui n’avoient point eu les grands offices, ni leurs prédéceffeurs, n’étoient pas non plus au commencement réputés nobles ; mais depuis que les plébéiens furent admis aux grands offices, Là nobleffe fut donnée aux fénateurs. La valeur militaire étoit fort eflimée, mais elle n’attribuoit qu'une z0bleffe imparfaite, que l’on peut appeller confidération plutôt qu’une robleffe propre- ment dite. Les chevaliers romains n’étoient pas non plus ré- putés nobles, quoique l’on fe fit honneur d’être iflu ex equeflri farmilié. Les vrais nobles étoient donc 1°. les patriciens , c’eft-à-dire , ceux qui étoient defcendus des trois cens premiers fénateurs ; 2°.ceux qui étoientélevés aux grandes magiftratures ; 3°, les fénatenrs; 4°. ceux dont le pere & l’ayeul avoient été fucceflive- ment fénateurs , ou avoient rempli quelque office encore plus élevé, d’où eft venu cette façon de par- ler, que la zobleffe, attachée à la plüpart des off- ces , ne fe tranfmet aux defcendans que pare & avo confulibus. Mais la nobleff: des fénateurs ne s’étendoit pas au- delà des petits-enfans, à moins que les enfans ou petits-enfans ne poflédaflent eux mêmes quelque place qui leur communiquât la rob/effe. Ces nobles avoient droit d'images , c’eft-à-dire, d’avoir leurs images & ftatues au lieu le plus appa- rent de leur mation : leur poñtérité Les gardoit {oi- gneufement ; elles étoient ornées des attributs de leur magiftrature autour defquels leurs geftes étoient décrits. Aurefte , la zobleffe romaine ne faifoit pas, comme parmi nous, un ordre à part ; ce n’étoit pasnonplus un titre que l’on ajoutât à fon nom , comme on met aujourd’hui les titres d’écuyer & de chevalier, c’é- toit feulement une qualité honorable qui fervoit à parvenir aux grandes charges. Sous les empereurs les chofes changerent de face ; on ne connoifloit plus les anciennes familles patri- ciennes , qui étoient la plüpart éteintes ou confon- dues avec des familles plébéiennes ; les grands offi- ces dont procédoit la zob/effe furent la plüpart fuppri- més, d’autres conférés au gré des empereurs ; le droit d'images fut peu à-peu anéanti, & la zobleffe qui procédoit des offices de larépublique fut tont-à- fait abolie ; les empereurs établirent de nouvelles digaités auxquelles elle fut attachée , telles que cel- les de comte, de préfet-proconful, de conful, de patrice. Les fénateurs de Rome conferverent feuls un pri- vilege, c’étoit que les enfans des fénateurs qui avoient eu la dignité d’illuftres,étoient fénateurs nés, ils avoient entrée & voix déliberative au fénat lorf- NOB qu'ils étoient en âge; ceux des fimples fénateursy avoient entrée mais non pas voix, de forté qu'ils n’étoient pas vrais fénateurs ; ils avoient feulement la dienité de clariffime , & même les filles, & étoient exempts de charges & peines auxquelles les plébéiens étoient fujets. | . Les enfans des décurions & ceux des vieux gen- darmes, appellés vererani, étoient aufli exempts des charges publiques , mais ils n’avoient pas la n0- bleffe. (np | x ds Au refte , la zoblefle chez les Romains ne pouvoit appartenir qu'aux citoyens de Rome; les étrangers , même ceux qui habitoient d’autres villes fujeites aux Romains , & qui étoient nobles chez eux, étoient appellés domi-nobiles, c’eft-à-dire , zobles chez eux ou a leur maniere, mais on ne les teconnoifloit pas pour nobles à Rome. L’infamie faifoit perdre la robleffe , quoiqu’elle ne fit pas perdre l'avantage de l’isgénuité & dela gen- tilité. En France, la robleffe tire fa premiere origine des Gaulois , chez lefquels il y avoit l’ordre des cheva- liers, diftingué des druides & du commun du peu- ple. _ Les Romains ayant fait la conquête des Gaules , y Ctablirent peu-à-peu les regles de leur zob/effe. Enfin, lorfque les Francs eurent à leur tour con- quis les Gaules fur les Romains, cette nation vi&o- rieufe forma le principal corps de la zobleffe en France. | On fait que les Francs venoient des Germains, chez lefquels la zoh/effe héréditaire étoit déja établie, puifque Tacite, en ion Ly. IL. des mœurs des Ger- mains, dit que l’on choifffoit les rois dans le corps de la zobleffe. Ce terme ne fignifioit pas la valeur mi- litare ; car Tacite diftingue clairement l’une & l’au- tre, en difant : reges ex nobilitate , duces ex virtuse fu= TTUrL, Les nobles faifoient tous profeflion de porter les armes; ainfi l’on ne peut douter que les Francs qui étoient un effain des Germains , & qui aiderent Clo- vis à faire la conquête des Gaules , étoient tous no- bles d’une zob/effe héréditaire , &c que le furnom de franc qu’on leur donna, parce qu'ils étoient libres & exempts de toutes impoñtions, défigne en même tems leur zo//effe, puifque cette exemption dont ils jouifloient étoit fondée fur leur qualité de nobles. Il y avoit donc au commencement de la monar- chie trois fortes de nobles : Les uns qui defcendoient des chevaliers gaulois qui faifoient psofeflion de porterles arines, d’autres qui venoient de mapiitrats romains , lefquels joignoient l'exercice des armes à l’adminiftration de la juftice & au gouvernement ci- vil & des finances ; & la troifieme forte de nobles étoit les Francs qui, faifant tous profeffion des ar- mes, étoient exempts de toutes {ervitudes perfon- nelleg&z impoñrons , ce qui les fit nommer Francs, à la différence du refte du peuple qui étoit prefque tout ferf, & cette franchite fut prife pour la z0- bleffe même, de forte que franc, libre ou roble, étoient ordinairement des termes fynonymes, Dans la fuite, les Francs s'étant mélés avec les Gaulois & les Romains, ne formerent plus qu'une même nation; & tous ceux qui faifoient profeilion des armes étoient réputés nobles également, de quelque nation qu'ils tiraffent leur origine. ”- Toute forte de zobleffe fut d’abord exprimée par la feule qualité de nobie, enfuite la fimple zob/effe par la qualité d’écuyer, laquelle venoit des Ro- mains ; l’on appella genslhomme celui qui étoit noble derace, & chevalier celui qui a été annobli par l’ac- colade, où qui eft de race de chevalier. On diftingua auffi les nobles en trois clafles : fa- voir , les chevaliers bannerets qui avoient droit de porter NOB porter banniere, & devoient foudoyer cinquante hommes d'armes ; le bachelier étoit un chevalier quin'ayant pas aflez de bien pour lever banniere , fervoit fous fa banniere d’autnu ; écuyer portoit lécu du chevalier. v La haute zobleffe fut elle-même divifée*en trois clafies : dans la premieré , les princes; dans la fe- conde , les ducs, comtes, marquis & barons; dans la troifieme , les fimples chevaliers. Ïl y avoit autrefois quatre voies différentes pour acquérir la zobleffe : la premiere étoit par la profef. fon dès armes ; la feconde étoit par l'inveftiture d'un fief; la troifieme étoit par l’exercice des grands ofices de la couronne & de la maifon du roi &des grands offices de judicature ; la quatrieme étoit par des lettres d’annobliflement. ; Préfentement la profeffion des armes n’annoblit pas indiflinétement tous ceux qui l’exercent ; la 710- éleffe militaire n’eft acquife que par certains grades & Vaprès un cettain tems de fervice. Voyez NOBLESSE MILITAÎRE. | La pofleffion des fiefs, même de dignité, n’an- noblit plus. Voyez ci-après NOBLESSE FÉODALE. Il y a cependant encore quatre fources différentes d’où l’on peut tirer la zobleffe : favoir, dela naiffance Ou ancienne éxtraction ; du fervice militaire, lorf- qu'on eff dans le cas de l’édit du mois de Noyembre 1750; de l'exercice de quelque office de judicature, Où autre qui attribue la zob/effe ; enfin, par des ler- tres d’annobliffement, moyennant finance ou fans finance, en confidération du mérite de celui qui ob- tient les lettres. Le roi a feul dans fon royaume le pouvoir d’an- noblir. Néanmoins anciennement plufieurs ducs & comtes s'ingéroient de donner des lettres de 70b/2ffe dans leurs feigneuries, ce qui étoit une entreprife dur les droits de la fouveraineté. Les régens du royaurne en ont auffi donné. Il y avoit même des gouverneurs &r lieutenans-généraux de province qui en donnoient , & même quelques évêques & arche- vêques. Enfin, iln'y eut pas jufqu’à l’univerfité de Tou- loufe qui en donnoit. François I. paffant dans cette ville , äccorda aux doéteurs-résens de cette univer- fité le privilege de promouvoir à l’ordre de cheva- lerie , ceux qui auroient accompli le tems d'étude & de réfidence dans cette univerfité, ou autres qui - feroient par eux promus & apgrégés au degré doc- toral & ordre de chevalerie, Mais tous ceux qui donnoïient ainfi la ro4effe , ou ne le faifoient que par un pouvoir qu’ils tenoient du roi, Ou c’étoit de leur part uneufurpation. La robleffe , accordée par des princes étrangers à leurs fujèts & officiers, n’eft point reconnue en France à l'effet de jouir des privileges dont les no- bles françois joffent dans le royaume, à moins que V’etranger qui eft noble dans fon pays n’aitobtenu du roi des lettres portant reconnoiflance de fa nobleffe, ou qu'il ne tienne fa obleffe d’un prince dont les fu- jets foient tenus pour regnicoles en France, & que da robleffe de ce pays y foit reconnue par une réci- procité de privileges établie entre les deux nations , comme 1l y en a quelques exemples. La robleffe d’extration fe prouve tant par titres que par témoins. Îl faut prouver 1°. que depuis cent ans les afcendans parernels ont pris la qualité de noble ou d’écuyer, felon l’ufage du pays ; 2°, il faut prou- ver la filiation. Les bâtards des princes font gentilshommes, mais ceux des gentishommes font roturiers , à moins qu'ils ne foient légitimés par märiage fub{équent. La zobleffe fe perd par des a@es de dérogeance , ainfique je l'ai obfervé ci-devant au mot dérogeance ; quelquefois elle eft feulement en fufpens pendant un Tome XI. N OB 169 Certain ters. J'ai dit ci-devant au tot dort, qu’en Bretagné nn gentilhomme qui veut faire commerce déclare , pour ne pas perdre fa robeffe, qu'il n'en- tend faire commerce que pendant un tems.:je croyois alors que cette déclaration étoit néceflaire ; c’eftune erreur où J'ai été induit par la Roque & quelques : antresauteurs mal-informés des ufages de Bretagne ÿ & j'ai appris depuis qu'il eft inoui en Bretagne , qu'un noble qui veut faire un commerce dérogeant ; {oit obligé de faire préalablement fa déclaration qu'il entend laifler dormir fa zobleffe. Une telle déclara tion feroit d'autant plus inutile que jamais en Bre- tagne la zobleffe ne 1e perd par un commerce déro géant, quand même il feroit continué pendant plu: fieurs générations ; il n’empêcheroit même pas le partape noble des immeubles venus de fucceffion pendant le commerce ; il fufpend feulement pendant {a durée l’exercice des privileges de la nobleffe, & il opere le partage égal des biens acquis pendant le commerce, On peut voir fur cela les Aifes de noto- riété , 19,20", 80 & 168 ; qui font à la fin dede Vo lant : le dernier de ces aétes fait mention d’une mul. titude d’arrêts rendus , lôrs de la recherche de la »0- bleffe & dans les tems qui ont précédé. La déclaration . dont parle l’article 561 de la coutume , n’eft pas re- quife avant de commencer le commerce; c’eitlorf- que celui qui faïfoit commerce, le quitte & veut re- prendre fes qualité & privilege de nobleffe : l'objet de cette déclaration eft d'empêcher à l’avenir que le noble ne foit impolé aux charges roturieres > après qu'il a ceflé fon commerce. C’eft une obfervation dont je fuis redevable à M. du Parc-Poulain , un des plus célebres avocats au parlement de Rennes ; ê qui nousa donné, entr’autres Ouvrages , un fa- vant commentaire fur la coutume de Bretagne, I] a ew la bonté de me faire part de fes réflexions fur plu- fieurs de mes aricles, où j'ai touché quelque chofe des ufages de fa province: Je ferai enforte de les placer dans quelque article qui ait rapport à ceux qui font déja imprimés , afin que lé public ne perde point le fruit des lumieres de M. du Parc. Les nobles font diftingués des roturiers par divers privileges. Ils en avoient autrefois plufieurs dont ils ne jouiflent plus à caufe des changemens qui font furvenus dans nos mœurs : ileft bon néanmoins de les connoïtre pour l'intelligence des anciens titres & des auteurs. Anciens privileges des nobles, La zobleffe étoit autre: fois Le premier ordre dc l’état; préfentement ie cler- gé eft le premier, la zob/effe le fecond. Les nobles portoient tousles armes & ne fervoient qu'à cheval, eux feuls par cette raifon pouvoient porter des éperons ; les chevaliers en avoient d’or > les écuyers d'argent, les roturiers fervoient à pié= c'eft de-là qu'on difoit, vilain ne fait ce que vatens Eepero7is. Les anciènnes ordonnances difent que les nobles étant prifonniers de guerre doivent avoir double portion, | Le vilain ou roturier étoit femond pour la guerre- ou pour les plaids du matin au foir ou du {oir au matin ; pour femondre un noble il falloit quinzaine, Dans l’origine des fiefs , les nobles étoient feuls capables d’en pofléder. La chafle n’étoit permife qu'aux nobles, La femme noble, dès qu'elle avoit un hoïr mâle; cefloit d’être propriétaire de fa terre, elle n’en jouif. foit plus que comme ufufruitiere, baillifte, ou gar- ‘ dienne de fon fils, enforte qu’elle ne pouvoit plus la vendre , engager, la donner, ni la diminuer à {on préjudice par quelque contrat que ce fût, elle pou- voit fenlement en léguer une partie au-deflous dun quint pour fon anniverfaire ; au -lieu quelle pere noble, foit qu'il eût enfans ou non, pouvoit difpofer “ 170 NoOB comme 1l vouloit du tiers de fa terre: L Le noble en mariant fon fils ou en Le faifant rece- voir chevalier, devoit lui donner letiers de fa terre, & le tiers de la terre de fa mere, fi elle en avoit une, Quand on démandoit à un noble, qui m’étoit pas æncote: chevalier, une partie de fon héritage, il obtenoit en le demandant un répit d’un an & jour. Dutems que les duels étoient permis, les nobles fe battoient en duel à cheval entre eux & contre un roturier lorfqu’ils étoient défendeurs ; maïs lorf- qu'un noble appelloit un roturier en duel pour cri- me , il devoit fe battre à pie. Lorfque le feigneur, pour quelque méfait d’un noble fon vaflal, confifqnoïit fes meubles, le noble qui portoit les armes avoit droit de garder fon pale- froi ou cheval de fervice, le rouflin de fon écuyer , deux felles, un fommier ou cheval de fomme, fon lit, fa robe de parure, une boucle de ceinture, un anneau, le lit de fa femme, une de fes robes, fon anneau, une ceinture & la boucle, une bourfe, fes guimpes ou linges qui fervoient à lui couvrir la tête. La femme noble qui marioit fa fille fans le confeil du feigñeur , perdoit fes meubles ; mais on lui laif- Loit une robe de tous les jours, & fes joyaux à l’ave- nant f elle en avoit, fon lit, fa charrette, deux rouflins , & fon palefoi fi elle en avoit un. | Le mineur noble ne défendoit pas en ation réelle avant qu'il eût atteint l’âge de majorité féodale, fi fon pere étoit mort faifi des biens que l’on répétoit. Au commencement les nobles ne payoient point les aides qui s’impofoient pour la guerre, parce qu'ils contribuoient tous de leurs perfonnes, Dans la fuite lorfqu’on les obligea d’y contribuer, il fut ordonné qu'on les croiroit aufli-bien que les gens d’églife fur la déclaration qu’ils feroient de leurs biens, fauf néanmoins aux élus à ordonner ce qu’ils jugerotent à propos s’il y avoit quelque foupçon de fraude. - Quelques nobles alloient jufqu'à prétendre qu'ils avoient droit d'arrêter la marée & autres provifions deftinées pour Paris qui pafloient fur leurs terres, &de les payer ce qu'ils jugeroient à propos. Il étoit défendu à toutes perfonnes de faire {ortir desla vaiflelle d’argent hors du royaume, excepté aux nobles qui en pouvoient faire fortir, mais néan- moins en petite quantité & pour l’ufage de leur maifon feulement. Les plus notables d’entre les nobles devoient avoir un étalon ou patron des monnoies , afin qué leur poids & leur loi ne puffent être changés. En fait de peines pécumiaires, les nobles étoient punis plus rigoureufement que les roturiers; mais en fait de crime, c’étoit tout le contraire, le noble perdoit l'honneur & repons en cour, tandis que le vilain qui n’avoit point d’honneur à perdre étoit puni en fon corps. En Dauphiné 6n ne devoit point faire de faifié dans les maifons des nobles, lorfqu'ils avoient hors de leurs maifons des effets que l’on pouvoit faïfir. Les nobles avoient aufli un privilege fingulier dans l’univerfité d'Angers, les roturiers qui y étoient devoient payer 20 fols par an, au-lieu que les doc- teurs régens devoient pour les nobles ou prélats fe contenter de ce que ceux-ci leur préfenteroïent vo- Iontairement; mais dans la fuite les nobles furent taxés à 40 fols par an. | Les nobles demeurant dans le bourg de Carcaf- {one prétendoient n'être pas tenus de contribuer aux dépenfes communes de ce bourse. L’ordonnance de 131$ pour les nobles de Cham- pagne , dit que «nul noble ne fera mis en gehenne # ( c’eft-à-dire à la queftion ou torture ) fi ce n’eft # pour cas dont la mort doive s’enfivre, & que les » préfomptions foient fi grandes qu'il convienne Îe » faire par droit êc raifon ». : Privileges aëflels des nobles. Is confiftent, 1°. à pou- voir prendre la qualité d’écuyer ou de chevalier, felon que leur robzeffe eft plus ou moins qualifiée, êt à communiquer les mêmes qualités & les privile- ges qui y font attachés à leurs femmes quoique ro- turieres , &c à leurs enfans & autres defcendans « mâles êr femelles. | 2°, À être admis dans le corps de la zobleffe, af ter aux afflemblées de ce corps, & à pouvoir être député pour ce même corps. | 3°. Les nobles font p'éfentement le fecond ordre de Pétat, c’eft-à-dire que la zob/effe a rang après le clergé & avant le tiers état, lequel eff compolé des toturiers, Les nobles ont le rang & la préféance fur eux dans toutes les aflemblées, proceflions & céré- mOnies, à moins que les roturiers n’ayent quelque autre qualité ou fon&tion qui leur donne la préféances fur ceux qui ne font pas revêtus du même emploi ou de quelque emploi fupérieur. 4°. Les nobles font feuls capables d’être admis dans certains ordres réguliers, militaires & autres, & dans certains chapitres, bénéfices & offices, tant eccléfiaftiques que féculiers, pour lefquels il faut faire preuve de zobleffe, en cas de concurrence ils doivent être préférés aux roturiers. 5°. Ils ont auffi des privileges dans les univerfi- tés pour abréger le tems d’études & les degrés né- ceflaires pour obtenir des bénéfices en vertu d leurs grades, | | Suivant la pragmatique , le concordat, & l’ordon- nance de Louis XIT. arsicle vi, bacheliers en droit canon, S'ils font nobles ex rroque parente , & d’an- cienne lignée, font difpenfés d'étier pendant cinq ans, 1l fufit qu'ils ayent trois ans d'étude, & les religieux même quoique morts civilement, jouiflent en ce cas de la prérogative de leur naïffance lorf- qu'ils font nés de parens nobles. La pragmatique regle auffi que pour le tiers des prébendes des églifes cathédrales ou collégiales re- fervées aux gradués, les perfonnes nobles de pere & mere, ou d’ancienne famille, ne feront pas fujets aux mêmes reoles que les roturiers ; qu'il leur fufft d’avoir étudié fix ans en Théologie, ou trois ans en Droit canon ou civil, ou cinq ans dans une univer- fité privilégiée , en faifant apparoir aux collateurs de leurs degrés & de leur noblefle par des preuves en bonne forme. Le conciie de Latran permet aufli aux nobles de diflinétion & aux gens de lettres, fublimibusé Littera- is , de pofléder plufieurs dignités ou perfonnats dans une même églife avec difpenfe du pape. 6°. Ils font auf feuls capables de prendrele titre des fiefs, des dignités, tels que ceux de baron, mar- quis, comté, vicomte, duc. : 7°. Ils font perfonnellement exempts de tailles & de toutes les impofñitions accefloires que l’on met fur les roturiers, & peuvent faire valoir par leurs mains une ferme de quatre charrues fans payer de taille, En Dauphiné & dans quelques autres en- droits, les nobles payent moins de dixme que les roturiers, voyez l’édir de Février 1657, article vj. 8°. Ils font aufli exempts des bannalités, corvées, & autres fervitudes lorfqu’elles font perfonnelles & non réelles. 9°. Ils font naturellement feuls capables de poffé- der des fiefs, les roturiers ne pouvant en. pofléder que par difpenfe en payant le droit de francs-fiefs, auquel les nobles ne font point fujets. | 10°. Ils ont droit de porter l'épée, & ont feuls droit de porter des armoiries timbrées. 11°, Ils ont la garde-noble de leurs enfans. 12°, Dans certaines coutumes leurs fucceflions fe partagent noblement, même pour les biens rot tiers, Msn, _ 13° Quelques coutumes n’établiflent le douaire légal qu'entre nobles ; d’autres accordent entre no- bles un douaire plus fort qu'entre roturiers. 149. La plüpart des coutumes accordent au fur- vivant de deux conjoints nobles un préciput légal qui conffte en une certaine partie des meubles de la communauté, 15°. Les nobles ne font pas fujets à la milice, parce qu'ils font obligés de marcher lorfque le roi convoque le ban & l’arrierte-ban. . 16°, Ils ne font point fujets au logement des gens de guerre, finon en cas de néceflité. 17°, En cas de délit, les nobles font exempts d’être fuftigés, on leur inflige d’autres peines moins ignominieufes, & s'ils méritent la mort on les con- damne à être décolés ; à moins que ce ne foit pour trabifon, larcin, parjure, ou pour avoir corrompu des témoins, cat l’attrocité de ces délits leur fait perdre le privilege de robleffe. 182, La femme noble de fon chef qui époufé un roturier, après la mort de fon mari, rentre dans fon droit de zobleffe. 19°. Les nobles comme les rotutiers ne peuvent prélentement chaffer que fur les terres dont ils ont la feigneurie direéte ou la haute juftice ; tout ce que les nobles ont de plus à cet égard que les roturiers, c'eft que l’ordonnance des eaux & forêts permet aux nobles de chaffer fur les étangs , marne & rivieres du roi : en Dauphiné les nobles, par un droit parti- culier à cette province, ont Le droit de chaffer tant {ur leurs terres que fur celles de leurs voifins. 20°. Les nobles peuvent affigner leurs débiteurs nobles au tribunal du point d'honneur qui fe tient chez le doyen des maréchaux de France, 21°. [ls peuvent porter leurs caufes direétement aux baills & fénéchaux au préjudice des premiers juges royaux ; leurs veuves jouiffent du même pri- vilege , ma les nobles & leurs veuves font fujets à la jurifdiction des feigneurs, 22°. [ls ne font fujers en aucun cas, ni pour quel- que crime que ce puifle être, à la jurifdiion des prevôts des maréchaux, ni des juges préfidiaux en dern'er reflort, 23°. En matiere criminelle, lorfque leur procès eft pendant en la tournelle, ils peuvent demander en tout état de caufe d’être jugés, la grand chambre afiemblée, pourvû que les opinions ne foient pas commencées, Au refte, nous ne prétendons pas que les privile- ges des nobles foient limités à ce qui vient d’être dit, 1] pêéut y en avoit encore d’autres qui nous foient échappés, nous donnoñs feulement ceux-ci comme les plus ordinaires & les plus connus. La zobleffe fe perd par des a@tes de dérogeance, favoir par le commerce, l'exercice des arts mécha- niques, l’exploitation des fermes d’autrui, l'exercice de certaines charges viles & abjeétes, comme de fergent, &c. | Mais le commerce maritime ni le commerce en gros ne dérogent pas. — Lorfque le pere & layeul, ou tous les deux , ont dérogé à la nobleffe , les enfans ou les perits-enfans doivent obtenir des lettres de réhabilitation qui les remettent dans le même état que s’il n’y avoir point eu de dérogeance. . Mais s’il y avoit plus de deux ancêtres qui euf- ent dérogé, 1l faudroit de nouvelles letttes de nobleffe. Le crime de leze - majefté fait auffi perdre la ro- bleffe à l'accufé & à fes defcendans ; à l'égard des autres crimes quoique fuivis de condamnations infa- Tome XI, N OB 171 Mantes, ils nè font perdfé la robleffe qu'à l'accufé 8 non pas à fes enfans, cor. Sur la robleffe, voyez Balde, Bartole, Agrippa Landulphus, Miræus, Terriat, Bacquet, le Bret, Paiquier, Thomas Miles, Tiraqueau, la Colom= biere, Laroque, (4) | 1 NOBLESSE ACCIDENTELLE, eff cellé qui ne vient pas d’ancienne extraéion, mais qui eft furvenue par quelque ofhice ou par lettres du prince. Voyez Laroque , ex fa Préface | & Hennequin dens fon Guis don des finances. NOBLessE ACTUELLE , eft celle qui eft déjà plei. nement acquife, à la différence de la roblejfe gras duelle qui n’eft acquife qu’au bout d’un certain tems , qui eft communément après 20 ans de fervi ce , Ou après un certain nombre de degrés, comme quand le pere & le fils ont rempli facceffivement jufqu’à leur mort ou pendant 20 ans chacun une charge qui donne commencement à la nobleffe ; les petits-entans {ont pleinement nobles, Foyez Laro: que, chap. L. 6 Pédit du mois de Mai 17114 portant création d’un commiflaire des grenadiers à cheval, qui lui donne la zob/effe graduelle, NOBLESSE D’ADOPTION ; on appelle ainf l’état de celui qui entre dans une famille noble, ou qui eft infüitué héritier , à la charge d’en porter le nom & les armes: cette efpece de r0b/effe n’en a que le nom, & n'en produit point les effets ; car celui qui prend ainfi le nom ê les armes d’une autre famille que ia fienne , ne jouiroit pas des titres & privileges de nobleffe , s’il ne les avoit déja d’ailleurs. Un enfant adoptif dans les pays où les adoptions ont lieu, ne participe pas non plus à la zob/effè de ce- lui qui adopte ; néanmoins, dans la république de Genes, quand celui qui adoptoit étoit de la faétion des nobles, la famille adoptée le devenoit auf. Voyez Laroque, c. vuy. Gclxv. © ci-après NOBLESSE D'AGGRÉGATION. NOBLESSE D’AGGRÉGATION, eft celle d’une fa mille qui a été adoptée par quelque maifon d’ancien- ne zobleffe, Dans l’état de Florence, la ro44ffe d'aggrésation _ ya commencé depuis l’extinétion de la république ; quand on y étoit aggrégé, on y changeoit de nom comme de famille , & on y prenoit le nom & les- armes dé celui qui adoptoit. , L'aggrégation a commencé à Naples, l’an 1300, Il y a dans Genes 28 anciennes maifons & 432 au- tres d’aggrégation : on a commencé à y aggréger en 1528. Dans toute Ftalie , les nobles des villes ageré- gent des familles pour entrer dans leur corps. La maifon de Gonzague a aggrésé plufeurs fa- milles ; qui en ont pris le nom &c les armes, & cette coutume eft ordinaire à Mantoue. Lucan dit que la nobleffe de Raguze aggrese, & que les comtes de Blagean & de Cathala y furent aggrégés. L’aggrégation de George Bogftimonite, comte de Blageay, fe fit le 22 Juillet de l’an 1464. Voyez Laroque, €, clxvy, & ci-devanr, NOBLESSE D’A- DOPTION. (4) NOBLESSE ANCIENNE ; 04 DU SANG, qu’on ap- pelle auffi zob/effe de race ou d’extrattion ,eft celle que la perfonne tient de fes ancêtres, & non pas d’un office ou de lettres du prince; on ne regarde com- me ancienne noblefle que celle dont les preuves re: montent à plus de cent ans, & dont on ne voit pas l’origine. La déclaration du 8 Février 1661 porte que ceux qui fe prétendent nobles d’extraétion, doivent juf- tifier par titres autentiques la poflefion de leur z0- bleffe & leur filiation depuis l’année 1550 , & que ceux qui n’ont des titres & contrats que depuis , 8 au-deflous de l’année 1560, doivent être décla- Y 1 | 172 N O B rés roturiers, & contribuables aux tailles & autres impoñtions. | Dans les Pays-bas on ne regarde comme ancienne nobleffe que celle qui eft denom &c d’armes : la zo- bleffe de race , lorfqu’elle n’eft pas de nom & d’ar- mes, n’eft pas réputée ancienne. Voyez la Roque, chap. vij, G ci-après NOBLESSE NOUVELLE. NOBLESSE ARCHERE , eft la même chofe que z0- éleffe des françs-archers , ou francs-taupins. Woyez ci-après NOBLESSE DES FRANCS-ARCHERS , €& la préface de la Roque. NOBLESSE PAR LES ARMES, c’eft-à-dire qui vient du fervice militaire & des beaux faits d'armes, Voyez ce qui ef? dit ci-devant de la noblefle ez general , & ci- après NOBLESSE MILITAIRE, NOBLESSE PAR LES ARMOIRIES, eft celle dont la preuve fe tire de la permiffñion que le fouverain a donnée à un nom noble de porter des armoiries tim- brées , ou de La poffeffion de porter de telles armoi- ries. Anciennement les nobles étoient les feuls qui euffent droit de porter des armoiries, comme étant la repréfentation de leur, écu & des autres armes dont ils fe fervoient pour la guerre; mais depuis que Pon a permis aux roturiers de porter des armoiries fimples, il n’y a plus que Les armoiries timbrées qui uiflent former une preuve de zob/effe , encore cela eft-:il fort équivoque, beaucoup de perfonnes fe don- nant la licence de faire timbrer leurs armoiries, quoiqu’ils n’en aient pas le droit. Foyez la Roque, ch. xxviy. & ci-après NOBLESSE MILITAIRE, (4) NOBLESSE AVOUÉE, eft celle d’une ancienne maifon dont un bâtard tire fon origine, auquel on permet de jouir de cette zobleffe , en reconnoifance des fervices de fon pere naturel. Voyez la Roque , chap. xxy. _ NOBLESSE DE BANNIERE , eft une efpece parti- culiere de robleffe que l’on diftingue en Efpagne de celle de chaudiere ; on l’appelle /z premiere noblef]e de banniere , parce qu’elle vient des grands feigneurs qui fervoient avec la banniere pour affembler leur vaflaux & fujets ; les autres étoient appellés ricos hombres, ou riches hommes ; leurs richefles ne fer- vant pas moins à Les diftinguer que la vertu & la force : ils étoient auf appellés mobles de chaudiere, parce qu'ils fe fervoient de chaudieres pour nourrir ceux qui les fuivoient à laguerre; de là vient que dans les royaumes de Caftille, de Léon , d’Arragon, de Portugal, de Navarre, &c autres états d'Efpagne, plufieurs grandes maifons portent les unes des ban- nieres , les autres des chaudieres en leurs armoiries, comme des marques d’une ancienne & illufire zo- &leffe. La Roque, ch. clxxvuy. NOBLESSE DE CHAUDIERE , Yoyez ce qui en eff dit ci-devant a l’article NOBLESSE DE BANNIERE. NOBLESSE DE CHEVALERIE , eft celle qui pro- vient de la qualité de chevalier, attribuée à quel- qu'un on à fes ancêtres, en lui donnant Faccolade. Cette maniere de conférer la zobleffe eft la pre- miere qui ait été ufitée en France. Grégoire de Tours rapporte que nos rois de la premiere race créoient des chevaliers de l’accolade; cependant on tient plus communément que cette cérémonie ne commen- : ça à être ufitée que fous la feconde race, vers le tems où les fefs devinrent héréditaires. Cet ufage fut moins commun depuis François I. cependant il ena encore quelques exemples fous le regne de Louis XIV. notamment en 1662 & en 1676. Au lieu de donner la chevalerie par Paccolade , on a étabh divers ordres de chevalerie , dont quel- ques-uns exigent des preuves de zoblefle ; mais aucun de ces ordres ne la donne. La poffeffion ancienne de la qualité de chevalier fimplement, fait une preuve de zobleffe. Voyez CKe- VALERIE & CHEVALIER: 'NOBLESSE DES FXANCS-ARCHERS, 04 FRANCS- TAUPINS , ou comme lappellé la Roque, Nozes- SE ARCHERE ; c'elt-à-cire, qui procede de la qua- lité de francs-archers , prie par quelques-uns des ancêtres de celui qui fe prétend noble: Les francs- archers on francs-taupins étoient une forte de milice ‘établie par Charles VIT. en 1444, compofee de gens qui étoient exempts de tous fubfides, & que lon furnomma par cette rafon, francs-archèrs où francs- taupins. François [. inftitua des lésions au lieu de ces, francs-archers. Quelques perfonnes iflies de ces francs-archers fe font prétendues nobles ; mais quot- que cette nulice füt libre, & franche d'impôt, elle n’étoit pas noble, & l’on ne regardoit plus dès-lors pour nobles indiftinétement tous ceux qui faifoient profeflion de porter les armes. Voyez la Roque, ch. - dy, © cr-après, voyez; NOBLESSE MILITAIRE. NOBLESSE DES FRANGS FIEFS de Normandie, eft celle qui fut accordée par Louis X [L. par une charte donnée au Montil-lez-Tours le s Novembre 1470, par laquelle il ordonna entre autres chofes , que pour les fiefs nobles acquis jufqu’alors par des roturiers en Normandie , & qu’ils tenoient à droits héréditai- re, propriétaire & foncier, & qu'ils poffédoient no- blement à gage-plege , cour & ufage ; ils les pour- roient tenir paiñblement fans être contraints de les mettre hors de leurs mains, ni payer aucune autre finance que celle portée par la compolñition & or- donnance fur ce faite par le roi, & qu'ils feroient tenus & réputés pour nobles; & dès-lors feroient annoblis, enfemble leur poftérité née 8x à naitre en loyal mariage , & que la volonté du roi étoit qu'ils jouiffent du privilege de zoblefle , comme les autres nobles du royaume, en vivant noblement , fuivant les armes, & fe gouvernant en tous aûes , comme les autres nobles de la province, & ne faifant chofe dérogeante à zobleffe. Les enfans deceux qui payerent ce droit de francs- fiefs furent maintenus dans leur zob/effe par des let- tres de Charles VIIL du 12 Janvier 1486 , & par d’antres du 20 Mars de la même année. Henri [L. par une ordonnance du 26 Mars 1556, régla entre autres chofes, que ceux qui prétendroient être nobles par la charte des francs-fiefs de 1470 , ne pourroient jouir des privileges de robleffe, s'ils ne faifoient apparoir des chartes particulieres, tenant leurs fiefs à cour & ufage; & qu'eux, ou leurs fuc- cefleurs euflent vécu noblement, fuivant les armes, fans avoir dérogé, auquel cas ils feroient privés de leurs privileses, encore qu'ils filent voir des quit- tances particulieres de.la finance par eux payée. Il y a eu en divers tems des recherches faites con- tre ceux qui fe prévaloient fans fondement de la charte générale des francs-fiefs : on peut voir ce qui eft dit à ce fujet dans la Roque, ch. xxx. NOBLESSE GRADUELLE, eft celle qui ne peut être pleinement acquife qu’au bout d’un certain tems, ou après deux ou trois degrés de perfonnes qui ont rempli un office propre à donner commencement à la zobleffe. En France la plüpart des offices des cours fouveraines ne donnent qu’une zob/effe graduelle ; c’eft-à-dire, qu’elle n’eft acquife à la poftérité, que quand le pere & le fils ont rempli fuccefliyement de ces offices, qui eft ce que l’on dit, parre 6’ avo confu- libus. Voyez ci-devant NOBLESSE ACTUELLE. NOBLESSE GREFFÉE, eft quand quelqu'un prof- tant de Ja conformité de fon nom avec celui de quel- que famille noble, cherche à fe enter fur cette fa- mille, c’eft-à-dire , à fe mêler avec elle. Foyez la pré- face de la Roque. ( 4) NOBLESssE HAUTE , (if. de France. ) il n’eft pas aifé de définir aujourd’hui fi ce titre dont tant de gens fe parent dans notre royaume, confifte dans une zobleffe fi ançienneque l’origine en foit inconnue, NOR où dans des dignités aéluelles qui fappofent , maïs ‘| quine prouvent pas toujours une véritable noblefle. Le point le plus intéreffant n°eft pas cependant de difcuter l’objet de la zob/:ffe d'ancienneté ou de di- _gmité, mais les premieres caufes qui formerent la ro- blefe & la multiphierent. Il femble qu'on trouvera l'oriaine de la nobleffe dans le fervice militaire. Les penpies dunord avoient “une eflime toute particuliere pour la valeur militai- Te : comme par Durs conquêtes ils cherchoient la pofefion d'un pays meilleur que celui de leur naif- lance ; qu'ils s’eftimoient confidérables à proportion du nombre des combattans qu'ils pouvoient mettre fur pié ; & que pour les diftingner des payfans ou roturiers , ils appelloient 20ob/esceux quiavoient dé- _fendu leur parrie avec Courage, & quiavoiestaccru Jeur domination par lesouerres : or pour récompenie deleurs fervices, dans le Partage des terres conqui- fes, ils leur donnerent des francs-fiefs , Acondition | de continuer à rendre à leur patrie les mêmes fervi- ces qu'ils lui avoient déja rendus. C'eft ainfi que le corps de la zobleffe fe forma en Europe & devint .très.- nombreux ; Mais ce même Corps diminna prodigieufement par les guerres des croifades , & par l’extin@ion de plufieurs familles : 1 fallut alors de nécefité créer de nouveaux nobles. Phibppe-le-Hardi , imitant l'exemple de Phitippe-le- Bel fon prédéceffeur, qui le premier donna des lettres de zobleffe en 1270 en faveur de Raoul l’orfévre : c'eft-à-dire, l’argentier ou payeur de fa maïfon, prit le parti d’annoblir plufieurs foturiers. On employa la même reffouice en Angleterre. Enfin en Allema- gne-même, fi les empereurs n’euflent pas’ fait de nouveaux gentilshommes , s’il n’y avoit de nobles que ceux qui prouveroient la poflefion de leurs chA- tcaux 67 de leurs fiefs | ou du fervice militaire de Îcurs aieux, du tems de Fréderic Barberouffe , fans donte qu’on n’en trouvéroit Pas beaucoup. (2. 7.) NOBLESSE DE HAUT PARAGE , eff celle qui fe tire d’une familleilluftre & ancienne. Voyez Le roman ce Garin & Guillaume Guyart, La Roque , chap. ÿ. (A) NOBLESSE HÉRÉDITAIRE, eft celle qui pale du pere aux enfans & autres defcendans. La rob/e epro- Venant des grands offices étoit héréditaire chez les Pomains, mais elle ne s’étendoit pas au - delà des petits-enfans. En France toute zob/effe n’eft pas héréditaire sil y a des offices qui ne donnent qu’une nobleffe pertonnel- le , d’autres qui donnent commencement à la zobleffe : pour les defcendans ; mais il faur que le pere & l'aieulayent rempli un de ces offices pour donner la nobleffe au petit-fils fans qu'il foit pourvu d’un office femblable ; enfin il y a des cffices qui tranfmettent la zob/:fe au premier deoré. Voyez NOBLESSE AU PREMIER DEGRÉ, NOBLESSE parre & ayo , No- BLESSE TRANSMISSIBLE, | NOBLESSE HONORAIRE, eff celle qui ne confife qu'à prendre le titre de noble » Ôt à être confidéré comme vivant noblement fans avoir la nobleffe hé- réditaire : cen’eft qu'une zobleffe perfonnelle , eile n’a même que les privileses des nobles, comme la #0. bleffe perfonnelle de certains ofciers. Foyzz la Ro- que,chap,xeiv. Gci-après Nogrrsss PERSONNELLE, NOBLESSE ILLUSTRE, eft celle quitient le pre- mier rang on degré d'honneur » Comme fontles prin- ces du fans ; elle eft encore au-deffus de ce que l’on appelle /a faure-nobleffe, Voyez Lo yleau,rraité des Or- des, chp.-vj. n. 9. € c-dejfus HAUTE-Nonxesse. NOBLESSEIMMÉDIATE, en Allemagne, eft celle desfeigneurs qui ont des fiefs mOuvans direttement de l'empire , & qui jouifent des mêmes prérogari- vés queles villes libres: ils prennent linveftiture en la même forme ; mais ils n’ont Pas comme ces villes le droit d'archives, | NOB 173 Le corps de la x0b/4fe immédiate ef! divifé en qua- fre provinces & en quinze cantons ; favoir, la Suabe, Qui contient cinq cantons ; la Franconie , Quiencon- tient fix ; la province du Rhin ,qüien contienttrois, ët l'Alface, qui ne fair qu’un canton. Cette robleffe immédiate eft la principale »0b/effe d'Allemagne , parce que c’eft empereur qui la con fere immédiatement, Ceux que les élcéteurs anno- blhiffent, ne font nobles que dans leursétats, À moins que leur zobleffé ne foit confirmée par l’empereur. Foyer la Roque, c, clxxij. G ci-après NoBLessr MÉ= DIATE G NOBLESSE MIXTE. (A4) NOBLESSE IMMÉMORIALE , 6x TRRÉPROCHA- BLE , eft celle dont on ne connoît point le commen. cement, & qui remonte jufqu'au tems de l’établife. ment des fiefs ; c’eft pourquoi on l'appelle auf fo. dale :; on Vappelle auffi irréprochable parce qu’elle eft à couvert de tout reproche ou foupcon d'anno- bliffément. Foyez la Roque, préface. NOBLESSE INFÉODÉE ou FÉODALE, eft celle qui tire {fon origine de la polieffion ancienne de quelque | fief. Poyez ci-deffus Nosresse rÉoparr. NOBLESSE IRRÉPROCHABLE , tit celle dont l’o- rigine eft fi ancienne, qu'elle eft au-deflus de tout reproche d’annobliflement fait par lettres où office : de maniere qu'elle eft réputée pour zobleffe de race & d’ancienne extra@ion. Voyez la préface de la Ro- que. | NOBLESSE DE LAINE, eff la feconde claffe de la robleffe. Dans la ville de Florence on y diftingue deux fortes de robleffé pour le gouvernement ; fa- voir la rob/eff2 de foie & la zobleffe de laine. La pré- miere eft plus relevée & plus qualifiée que la fecon- de, Il y a apparence que ces différentes dénomina. tions viennent de la différence des habits. Cette dif. tinétion de deux fortes de 2084effe fe faitau repard du gouvernement de la ville, Voyez le traité de la No- bleffe pardela Roque , chap. cxij, & clxv]. NOBLESSE LIBÉRALE, eft celle quel’on a accor- dée à ceux qui pouflés d’un beau zele ont dépenté leur bien pour la défenfe de la patrie. Voyez la préface de la Roque. NOBLESSE DE LETTRES, eff celle qui eft accor- dée aux gens de lettres , & aux gradués & officiers de judicature, On lappelle auf noblelfe lirréraire. Voyez ci-après NOBLESSE LITTÉRAIRE. NOBLESSE PAR LETTRES, efl celle qui provient de lettres d'annobliffement accordées par le prince. M, d'Hozier dans l’hiftoire d’Amanzé » fapporte une charte d’annoblifiement du 24 Juin r008 ) Mais cette charte eft fufpete, | D'autres prétendent que les premieres lettres d’annobliffement furent données en 1095 par Philips pe L. à Eudesle Maire, dit Chalo S, Mars. +" Of fait encore mention de quelques autres lettres de robleffe données par Philippe Aupgufte.' Mais il eft plus certain qu’ils commencerent foné PhihppeJIf. car il fe voit un annobliffement de ce tems qu’il accorda à Raoul l’orfévre. Ses fucceffeurs en accorderent auffi quelques-uns mais ils devinrent plus fréquens fous Philippede Va- lois, & il en accorda dès-lors moyennant finance & fans finance ; car la charte de zobkffe de Guillaume de Dormans en 1330 , fait mention qu'elle füt don- née fans finance, & en 13 $4 , Jean de Reims paya trente écus d’or ; un autre en 1355 en paya quatre- vinot. Dans la fuite il y a eu des annobliffemens créés par édit, 8 dont la finance a été réglée ; mais ils ont toujours été fuivis de lettres particulieres pout chaque perfonne qui devoit profiter de la grace pote tée par l’édit. Charles IX. créa douze nobles en 1564; il en GICa ençore trente par éditde 1568, ; 174 NOB Henri III. en créa mille par édit du mois de Juin ! 1576, par des déclarations des 20 Janvier & 1oSep- tembre 1577. \ Il y eut une autre création de nobles par édit de Juin 1588, vérifiée au parlement de Rouen. On en créa vingt par édit du 20 Oûtobre 1592, & vinot autres par édit du 23 Novembre fuivant pour des perfonnes tant taillables que non taillables ; dix par édit d'O&obre 1594, & encore en Mars 1610. En 1643 on en créa deux en chaque généralité pour l’avénément de Louis XIV. à la couronne. Le 4 Décembre 1645, 1l fut créé cinquante nobles en. Normandie , avec permiflion de trafiquer leur vie durant , à condition que leurs enfans demeure- roient dans des villes franches, & ferviroient le roi au premier arriere ban. En 1660 Louis XIV. créa deux nobles dans cha- que généralité. En 1696 il créa cinq cent nobles dans le royau- me. On obtenoit des lettres de zobleffe pour deux mille écus. Il créa encore deux cent nobles par édit du mois de Mai 1702 , & cent autres par édit de Dé- cembre 1711. On a fouvent donné des lettres de obleffe pour técompenfe de fervices ; mais à moins qu’ilsne foient fpécifiés, on y a peu d’épard , vü qu'il y a eu de ces lettres où cette énonciation étoit devenue de ftyle ; on laifloit même le nom de la perfonne en blanc , de forte que c’étoit une zobeffe au porteur. Les divers befoins de l’état ont ainfi réduit les mi- niftres à chercher des reflources dans l’avidité que les hommes ont pour les honneurs. Il y a même eu des édits qui ont obligé des gens riches &c aïfés de prendre des lettres de rob/effe, moyennant finance ; de ce nombre fut Richard Graindorge , fameux marchand de bœufs, du pays d’Auge en Normandie , qui fut obligé en 1577 d’ac- cepter des lettres de zob/effe, pour lefquelles on lui fit payer trente-mille livres. La Roque en fon sraite de la Nobleffe, ch. xxy. dit en avoir vu les contraintes entre les mains de Charles Graindorge fieur du Ro- cher , fon petit-fils. : _ Ce n’eft pas feulement en France que [a obleffe ft ainfi devenue vénale. Au mois d’'Oftobre 1750, on publia à Milan, par ordre de la cour de Vienne, une efpece de tarif qui fixe le prix auquel on pourra fe procurer les titres de prince, duc, marquis , comte , & les fimples lettres de zobleffe ou de natura- lifation. Voyez le Mercure de France, Décembre 2750, pag. 184: Les annobliffemens accordés à prix d’argent, ont été fujets à plufeurs révolutions. Les annoblis ont été obligés en divers tems de prendre des lettres de confirmation , moyennant une finance. On voit aufli dès 1588 des lettres de rétabliffe- ment de zobleffe enfuite d’une révocation qui avoit été faite. Henri IV. par l’édit du mois de Janvier 1598 , ré- voqua tous les annobliffemens qui avoient été faits à prix d’argent. Il les rétablit enfuite par édit du mois de Mars 1606. Louis XIII. par édit du mois de Novembre 1640, révoqua tous ceux qui avoient été faits depuis tren- te ans. Les lettres de zobleffe accordées depuis 1630 , fu- rent aufhi révoquées par édit du mois d’Août 1664. Enfin par édit du mois d’Aoûti715, Louis XIV. fupprima tous les annobliffemens par lettres & pri- vileges de zobleffe attribués depuis le premier Jan- vier 1689, aux offices , foit militaires, de juftice ou finance. | Pour jouir pleinement des privileges de zobleffe , il faut faire enregiitrer {es lettres au parlement, en la chambre des comptes & en la cour des aides. Voyez la Roque, ch. xxj. Brillon , au mot 4720 biffement, 8 ce qui a été dit ci-devant en parlant de la zobleffe en général. NOBLESSE LITTÉRAIRE 04 SPIRITUELLE, eft une qualification que l’on donne à la zobleffe, accor- dée aux gens de lettres pour récompenfe de leurs talens. Voyez la pref. dela Roque. À On peut aufhi entendre par-läune certaine 70b/éf- fe honoraire, qui eft attachée à la profeflion des gens de lettres, mais qui ne confifte en France que dans une certaine confidération que donnent le mé- rite & la vertu, À la Chine onne reconnoît pour vrais nobles que les gens de lettres ; maïs cette zobleffe n'y eft point héréditaire: le fils du premier oflcier de l’état refte dans la foule, s’il n’a lui-même un mérite perfonnel qui le foutienne. Quelques auteurs par zobleffe lirtérarre , entendent aufli la zobleffe de robe , comme Nicolas Upton an- glois, qui n’en diftingue que deux fortes ; l’une mili- taire , l’autre littéraire , qui vient des fciences & de la robe , copata five litteraria. NOBLESSE LOCALE, eft celle qui s’acquiert par la naïffance dans un lieu privilégié , telle que celle des habitans de Bifcaye. Voyez la Roque, chap. Lxviy, On pourroit auffi entendre par 2obleffe locale, celle quin’eft reconnue que dansun certain lieu, telle qu’é- toit celle des villes romaines dont les nobles étoien appellés domi nobiles. Les auteurs qui ont traité des patrices d’Allema- gne, difent que la plüpart des communautés qui font dans les limites de PEmpire, font gouvernées par certaines familles qui ufent de toutes les marques extérieures de zob/effe, qui n’eft pourtant reconnue que dans leur ville; aucun des nobles de cette efpe- ce n'étant reçu dans les chapitres nobles : en forte qu’il y a en Allemagne comme deux fortes de 70b/ef- Je, une parfaite & une autre locale qui eft imparfai- te ; & ces mêmes auteurs difent que la plüpart de ces familles ne tenant point du prince le commencement de leur zobleffe, & ne portant point les armes, ils fe font contentés de l’état de bourgeoifie & des char- ges de leur communauté, en vivant noblement. Voyez la Roque, chap. xxxix, | Il eft de même des nobles de Chiary en Piémont, & des nobles de certains lieux dans l’état de Venife. La Roque, ch. clxviy. NOBLESSE CIVILE, POLITIQUE 04 ACCIDEN- TELLE, eft celle qui provient de l’exercice de quel- que office ou emploi qui annoblit celui quien ef re- vêtu : elle eft oppofée à la zobleffe d'origine. Foyezla Roque & Thomas Miles, ir craf. de nobilitate, On peut auffi entendre par zobleffe civile, toute zo- bleffe foit de race ou d'office, ou par lettres, recon- nue par les lois du pays , à la différence de la zob/effe honoraire qui n’eft qu’un titre d'honneur attaché à certains états honorables , lefquels ne jouiffent pas pour cela de tous les privilèges de la zoézeffe. Voyez ci-après NOBLESSE HONORAIRE. NOBLESSE CLÉRICALE , ou attachée à la clérica- ture, confifte en ce que les clercs vivant cléricale- ment, participent à quelques privileges des nobles, tels que l’exemption des tailles; mais cela ne produit pas en eux une z0b/effe proprement dite : ils font feu- ment confiderés comme gens vivant noblement. Les eccléfiaftiques des diocefes d’Autun &c de Lan- gres ont prétendu avoir par état la nobleffe , mais tout leur droit fe borne comme ailleurs , à l’exemption destailles & corvées perfonnelles, Voyez la Roque, ch. xlix. (A) NOBLESSE DE CLOCHE , ou de la cloche, eft celle qui provient de la mairie &t autres charges munici- pales auxquelles la zob/effe eft attribuée, On l'appel- le xobleffe de cloche, parce que les affemblées pour lélcéhon des officiers municipaux fe font ordinaire- ment au {on du beffroi ou grofle cloche de l’'hôtel- de-ville. j 3 Les commiflaires du à en Languedoc , faifant la recherche de la 2o6/effe , appellent ainf la zob/efe des capitouls de Touloule, zo4/effe de la cloche. Voyez la Roque, ch, xxxvy. .: NOBLESSE COMITIVE, eft celle que les doc- teurs regens én Droit acquierent au bout de 20 ans d'exercice. On l'appelle comiriye, parce qu'ils peu- vent prendre la qualité de comes, qui fignifie come; ce qui eft fondé fur la loi unique an code de proféflori- bus in urbe, Conffantin. | Il eft conftant que les profeffeurs en Droit ont toujours été décorés de plufeurs beaux privileges, qu’en diverfes occafons ils ontété traités comme les nobles, par rapport à certaines éxemptions. C’eft pourquoi plufieurs auteurs ont penfé qu'ils étoient récllement nobles : ils ont même prétendu que cela s’étendoir à tous les doéteurs en Droit. Tel eftle fen- timent de Guy pape, de Tiraqueau, de Francois Marc, de Cymus Bartolus,.de Balde Dangelus, de Paulde Caftre, de Jean Raynuce, d'Ulpien, de Cro- merus, de Lucas de Penna, ' La quälité de profeffeur en Droit eft f confidéra- ble à Milan, qu'il faut même être dejà noble pour remplir cette place, ëz faire preuve de [a nobéfft re- quife par les ftatuts avant fa profefion, comme rap- porte Paul de Morigia doëteur Milanois dans fon hifl, ch. xlix 8c 1. :. Mais en France, les dofteurs en Droit ni les pro- fefleurs ne jouiflent de la zobleffé que comme les Avocats & Médecins, c’eft:à-dire que leur nobleffe n'eftqu'un titre d'honneur , quine les autorife pas à prendre la qualité d’écuyer, & ne leur donne pasles privileges de roëleffe. Voyez la Roque, ch. xliÿ, & ci- devant le mot doiteuren Droit. NOBLESSE COMMENCÉE , eft celle dont ie tems jou les degrés néceflaires ne font pas encore remplis, comme ils doivent l’être pour former une roëleffe ac- quife wrrévocablement. Voyez NOBLESSE ACTUEL- LE: .. NOBLESSE COMMENSALE, eft celle qui vient du fervice domeftique 8 des tables des maifons roya- les, telle qu'étoit autrefois celle des chambellans or dinaires, Voyez La) pref. de la Roque. NOBLESSE COUTUMIERE ox utérine, eft celle qui prend fa fource du côté de la mere, en, vertu de quelque coutume ou ufage. Voyez la pref. de la Ro- que, & ci-après NOBLESSE UTÉRINE. NOBLESSE DEBARQUÉE ox de tranfmigration, eft celle d’un étranger qui pafle de fon pays dans un autre état, où 1] s'annonce fous un nom emprunté, ou qui eft équivoque à quelque grand nom, Voyez La pref. de la Roque. _s DEmi-NOBLESSE , eft une qualification que l’on donne quelquefois à la zob/effe perfonnelle de certains cficiers,quine pañle point aux enfans. Voyez M. le Bret dans fon féptieme plaidoyer. NOBLESSE À DEUX visAGes , eft celle qui eft accordée tant pour le paflé que pour l'avenir, lorf. qu'on obtient des lettres de confirmation on de réha- bihtation, ou même en tant que befoin feroit d’an- nobliflement, Voyez la Roque, ch xx. Ga} 4, NOBLESSE DE DIGNITÉ, eft celle qui provient de quelque haute dignité, foit féodale ou perfonnelle, comme des grands offices dela couronne, & des of- fices des cours fouveraines. NOBLESSE DES DOCTEURS EN DROIT. Voyez ce «quien eff dir ci-devant à l'article NOBLESSE COM1I- TIVE. | . NOBLEsse Qui noRT , c’eft celle dont la jouif- fance eft fufpendue à caufe de quelque aête contrai- UE re, C’eit un privilege particulier aux nobles de la province de Bretagne. Suivant l’article $61, les no- bles qui font trafic de marchandifes &e ufent de bour: fé commune , contribuent pendant ce tems aux tail les, aides & fubventions roturieres ; & les biens acquis pendant ce même tems, fe partagent égale- ment pour la premiere fois, encore. que ce fuflent des biens nobles, Mais il leur eft libre de reprendre leur zobleffe &x privilege d’icelle, toutes fois & quan- tes que bon leur femblera, en laïffant leur tra&c a ufage de bourfe commune , en faifant de ce leur dé- claration devant le plus prochain juge royal de leur domicile. Cette déclaration doit être infinuée aw greffe, & notifiée aux marguilliers de la paroifle, moyennant quoi le noble reprend fa zobzeffe, pourvt qu'il vive noblement ;48r les acquets nobles, faits par hu depuis cette déclaration, fe partasent noble: ment, M. d’Argentré obferve que cet article eft de la nouvelle réformation ; mais que l'ufage étoit dejà de même auparavant. | La zobleffe qui dort eft en fufpens, dormit féd nor extinguitur, (A) À NOBLESSE D'ÉCHEVINAGE, eff celle qui vient de la fonétion d’échevin, que celui quife prétend no- ble , ou quelqu'un de fes ancêtres paternels, a rem- pli dans une ville où l’échevinage donne la zobleffe, comme à Paris, à Lyon, &c. Ce privilege eft établi à l'inffer de ceux des décu. rions des villes romaines, qui fe prétendoient nobles & privilégiés, cod. de decur, Charles V. en 1371, donna la zobleffe aux bourgeois de Paris. Henri IT. par des lettres de Janvier 1577, réduifit ce privilese au prevôt des marchands & aux quatre échevins qui avoient été en charge depuis l’avénement d’'Hen- r1 ÎT, à la couronne, & à leurs fuccefleurs , & à leurs enfans nés & à naître, pourvû qu’ils ne dérogent point. - SE. SR Quelques autres villes ont le même privilese. Voyez ÉCHEVIN 6 ECHEVINAGE. | NOBLESSE EMPRUNTÉE , eft lorfqu’un parent annobh prête fa charte à un autre non annobli, pour mettre toute fa race en honneur & À couvert de la recherche de la taxe des francs-fiefs & dela taille. Pref, de la Roque. NOBLESSE ENTIERE, eft celle qui eft hérédi- taire, & qui pafle à la poñlérité , à la différence de la zoblefle perfonnelle attachée à certains offices 3. qui ne pañle point aux enfans de l'officier , & qu’on appelle demi-nobleffé. La Roque, chap. Jjy. Voyez DEMI NOBLESSE. NOBLESSE D ÉPÉE , eft celle qui vient de la pro- feffion desarmes. Voyez NOBLESSE PAR LES ARMES. NOBLESSE ÉTRANGERE ; on entend par-Îà celle qui a Êté accordée ou acquife dans un autre état que celui où l’on demeure a@uellement. ‘4 Chaque fouverain n'ayant de puiflance que fur fes fujets, un prince ne peut régulierement anno- blir un fujet d’un autre prince. L'empereur Sioi£. mond étant venu à Paris én 1415, pendant la ma- ladie de Charles VI, vint au parlement où il fut reçu par la faétion de la maïfon de Bourgogne; on plaida devant lui une caufe au fujét de l'office de fénéchal de Beaucaire , qui avoit toùjours été rem- ph par des gentils hommes’; l’un des conténdans qui étoit chevalier, fe prévaloit de fa nobleffe contre fon adverfaire nommé Guillaume £ ignet , qui étoit roturier. Sigifmond pour trancher la queftion, vou- lüt annoblir Guillaume Signet ; Palquier , & quel- ques autres fuppofent même qu'il le fit, & que pour cet effet, Payant fait mettre à genoux près du gref- fier, il fit apporter une épée & des éperons dorés, &, lui donna l’accolade; qu’en conféquence , le pre- mier préfident dit à l'avocat de l’autre partie, de ne 176 NOB plus infifter fur le défaut de noblefe, puifque ce moyen tomboit. Pafquièr n’a pa cependant s'empé. cher de dire que plufeurs trouverent mauvais que l’empereur entreprit ainfi fur les droits du roi, & même qu'il eût pris féance au parlement. Quelques-uns difent que le chancelier, qui étoit aux piés de Sigifmond, S’oppofa à ce qu'il vouloit faire , lui obfervant qu’il n’avoit pas le droit de faire un gentilhomme en France ; &r que Sigifmond voyant cela, dit à cet homme de le fuivre jufqu'au pont de Beauvoifin, où il le déclara gentilhomme : enfin, que le roi confirma cet annobliflement. Tableau de l'empire germanique ; page 27. Tiraqueau a prétendu qu’un prince ne pouvoit conférer la zobleffe hors les limites de fes états, par la raifon que le prince n’efl-là que perfonne privée ; mais Bartole , fur La loi 1. ff. 8. off. pro conful. coll, 9. Barbarus , 27 caput novit, coll, 11. & Jean Ray- nuce, en fon Traité de la nobleffe , tiennent le con- traire, parce que l’annobliffement eft un aéte de ju- sifdidion volontaire ; c’eft même plutôt une grace qu’un aéte de jurifdiétion. Et en effet, 1ly enaun exemple récent pour la chévalerie, dont on peut également argumenter pour la fimple zobleffe. Le 9 O&obre 1750, dom François Pignatelli, ambafla- deur d'Efpagne, chargé d’une commiflion particu- liere de $. M. catholique, fit dans l’éghife de Pab- baye royale de faint Germain-des-Prés, la cérémo- nie d’armer chevalier de l’ordre de Calatrava le mar- uis de Maénza, feigneur efpagnol , auquelle prieur de l’abbaye donna lhabit du même ordre. Foyez le Mercure de France de Décembre 1750, page 166. Mais, quoiqu’un prince fonverain qui fe trouve dans une autre fouveraineté que la fienne, puifle y donner des lettres de zobkffe, ce n’eft toüjours qu'à fes propres fujets; s’il en accorde à des fujets d’un autre prince , cet annobliflement ne peut avoir d'effet que dans les états de celui qui l’a accordé, & ne peut préjudicier aux droits du prince, dont Tannobli eft né fujet, à-moins que ce prince n'ac- corde lui-même des lettres par lefquelles 1l confente que l'impétrant jouifle aufi du privilége de zobleffe dans fes états ; auquel cas, l’annobli ne tire plus à cet égard fon droit de la conceflion d’un prince étranger , mais de celle de fon prince. | Cependant, comme la zob/effe eft une qualité in- hérente à la perfonne, & qui la fuit par-tout,, les étrangers qu font zobles dans leur pays, font aufli tenus pour zobles en France. Ils y font en confé- quence exempts des francs fiefs, ainfi que l’obferve Bacquét. Loifeau prétend même que ces nobles étran- gers font pareillement exempts de tous fubfides ro- furiers , fur-tout, dit:il, lorfque ces zobles {ont nés fuiets d'états, amis & alliés de la France, & que leur zobleffe eft établie en la forme. Defranco, Traité des ordres, chap. v. Mais dans l'ufage préfent, les étrangers qui font nobles dans leur pays, n’ont en France qu'une 70- bleffe perfonnelle, qui ne leur donne pas le droit de jouir de tous les autres priviléges attribués aux z0- bles, tels que l’exemption des tailles &c autres fubfi- des, & fur-tout des privilèges qui touchent les droits du roi, parce qu'un fonverain étranger ne peut accorder des droits au préjudice d’un autre fou- verain ; mais la Roque, ch. xxj. dit que des étran- ers ont été maintenus dans leur zob/effe en fe fai- fant naturalfer. Ç Il faut néanmoins excepter ceux qui tiennent leur nobleile d'un prince allié de la France, &c dont les fujets y font réputés regnicoles, tels que les fujets du duc de Lorraine, & ceux du prince de Dombes; car les fujets de ces princes qui font zobles dans leur pays, jouiffent en France des privilèges de nobleffe , de même que les fujets du roi; ce qui eff fondé fur N OB a qualité de regnicoles, & fur la réciprocité des pri- viléges qu'il y a entre les deux nations ; les François qui font zobles jouiffant pareillement des privilèges de zobleffe dans les états de ces princes. Voyez la Ro- que, Tr. de la nobliffe, chap Ixxvy. (4) NOBLESSE FÉMININE, OZUTÉRINE,, eft celle qui fe perpétue par les filles, & qui fe communique à leurs maris & aux enfans qui naïflent d'eux. Voyez ci-après NOBLESSE UTÉRINE. NOBLESSE FÉODALE , 04 INFÉODÉE, eft celle dont les preuves fe tirent de la poffeffion ancienne de quelque fief, & qui remontent jufqu’aux premiers tems de l’établiffement des fiefs où ces fortes d’héri- tages ne pouvoient être pofñlédés que par des no- bles, foit de pere ou de mere, tellement que quand le roi vouloit conférer un fief à un roturier, 1l le faifoit chevalier, ou du-moiïns l’annoblifloit en lui donnant l’inveftiture de ce fief. Dans les commen- cemens ces annobliflemens à l’effet de poñléder des fiefs, ne fe faifoient que verbalement en préfence de témoins. Dans. la fuite, quand l’ufage de l’écri- ture devint plus commun, on drefla des chartes de lPannobliffement & inveftiture. Il ne faut pas con- fondre ces annobliflemens à l'effet de pofléder des fiefs, avec ceux qui fe donnoient par lettres fimple- ment, fans aucune inveftiture de fief. Le premier exemple de ces lettres neft que de Pan 1095, au lieu que l’annobliffement par l'inveftiture des fiefs » eft auffi ancien que l’établiflement des fiefs , £’eft-à- dire, qu’il remonte jufqu’an commencement de la troifieme race, 8& même vers la fin de la feconde. La facilité que l’on eut de permettre aux roturiers de pofléder des fiefs, & l’ufage qui s’introduifit de les annoblir à cet effet, opéra dans la fuite que tous ceux qui poffédoient des fiefs, furent réputés nobles. Le fief communiquoit fa zobleffe au roturier qui le poffédoit, pourvu qu'il fit fa demeure fur le fief ; tandis qu’au contraire les nobles étoient traités com- me roturiers tant qu'ils demeuroïent fur une ro- ture. Cependant la fucceffion d’un roturier qui poffé- doit un fief fans avoir été annobli, ne fe partageoit pas noblement jufqu’à ce que le fief fût tombé en tierce foi, c’eft-à-dire, qu'il eût paflé de l’ayeul au fils, & de celui-ci aux petits enfans ; alors le fief fe partageoit noblement, & les petits-enfans jouifloient de la zobleffe héréditaire. Cet annobliffement par la pofleflion des fiefs ; quand ils avoient pañlé de l’ayeul au fils, du fils au petits-fils, étoit encore en ufage en [talie & en Fran- ce , dans lexv. fiecle, ainfi que l’attefte le Poggio. Pout réprimer cette ufurpation de zob/effe par la pofleffion des fiefs, nos rois-ont fait payer de tems entems aux roturiers-une certaine finance que l’on a appellé droit de francs fefs, afin d'interrompre la pofleffion de la zobleffe que les roturiers prétendotent tirer des fiefs. Cependant les roturiers qui poflédoient des fiefs, continuant toûjours à fe qualifier écuyers , l’ordon- nance de Blois, art, 258, ordonna que les roturiers & non-nobles achetans fiefs nobles, ne feroient pour ce annoblis, de quelque revenu que fuffent les fiefs par eux acquis , &z tel eft aétuellement l’ufage. Voyez la Roque, chap. xvij. la préface de M, de Lau- riere , fur le premier tome des ordonnances ; le mot Fier, & NOBLESSE 1IMMÉMORIALE. NOBLESSE DE MAIRIE, 04 DE PRIVILÈGE, eft celle qui vient de la fonétion de maire, où autre office municipal, qui a été remplie par celui qui fe rétend noble, où par quelqu'un de fes ancêtres en ligne direéte mafculine, dans une ville où l'exercice des charges municipales donne la nobleffe, comme à Paris, à Lyon, à Poiriers, &c. NoBLESSE MATERNELLE , eft la mobleffe de la mere iñere confidérée par rapport aux enfanë, Suivant le droit commun ; la zob4ffe de la mere ve fe tranfmet point aux enfans ; on peut voir ce qui eft dir ci-après à ce fujet à l’ercicle NOBLESSE UTÉRINE. | | Ÿ C’eft principalement du peré que procede la z0- bleffe des enfans ; celui qui eft iflu d’un pere noble 8z d’uñe mére roturiere, jouit des titres & privilé- ges de zoblefle, de même que celui qui eft iflu de pere & mere nobles. Cependant la ob/effe de la mere ne laiffe pas d’être confidérce ; lorfqu’elle concourt avec celle du pere, elle donne plus de luftre à la no//e/fe des enfans , & larend'plus parfaite. Elle eff même néceflaire en cer- tainis cas, comme pour être admis dans certains cha- pitres nobles, ou dans quelque ordre de chevalerie Où il faut preuve de zobleffe du côté de pere & de mere ; il faut même en certains cas prouver la zo- Eleffe desayeules des peres &7 metes, de leurs bifayeu- es, & de leurs trifayeules ; on difpenfe quelquefois de la preuve de quelques desrés de rob/effe du côté des femmes, mais rarement difpenfe-t-on d’aucun des degrés néceffaires de robleffe du côté du pére, La robleffe de la mére peut encore fervir à fes en- fans, quoique le pere ne fût pas noble, lorfqu'il s’a- git de partager {a fucceffion, dans une coutume de repréfentation où il fufiit de repréfenter une per: fonne ñoble, pour partager noblement. Voyez Le premier tome des œuvres de Cochin, arc. 20. NoOgLesse MÉDIATE, en, Allemagne , eft celle que donnent les éleéteuts ; elle n’eft reconnue que dans leurs états, 6: non dans le refte de l'empire. _ De Prade, en fon Aff. d'Allemagne, dit que les nobles médiats ont des régales on droits régaliens dans leurs fiefs par des conventions particulieres; cependant qu'ils n ont point droit de chaffe. Voyez ez-devant NOBLESSE IMMÉDIATE, © ci-après No- BLESSE MIXTE. NOBLESSE MILITAIRE, eft celle qui eft acquife par la profeffion des armes. C’eft de-là que la z0- bleffe de France la plus ancienne, tire fon Origine ; car les Francs qui faifoient tous profeflion de porter les armes, étoient auf tousréputés nobles. Les def- cendans de ces anciens Francs ont confervé la #0- blefle ; on la regardoit même autrefois comme atta- chée à la profeffion des armes en général ; mais fous la troifieme race on ne permit de prendre le titre de noble , & de jouir des priviléges de zo8kffe , qu'à ceux qui feroient nobles d’extra@tion , ou qui au- roient été annoblis par la poffefion de quelque fief, ou par un office noble, ou par des lettres du prince, Il ny avoit depuis cetems aucun grade dans le militaire , auquel la zob/effe für attachée ; la digmité même de maréchal de France ne donnoit pas ia no. bleffe , mais elle la faifoit préfumer en celui qui étoit élevé à ce premier grade, | Henri IV. par un édit du mois dé Mars 1600, article 25, défendit à toutes perfonnes de prendre le titre d’écuyer , & de s’inférer au corps dela z0- bleffe, s'ils n’étoient iffus d’un ayenl & d’un pere qui eufent fait profeffion des armes, ou fervi le public en quelqu'une des charges qui peuvent donner com- mencement à la zobleffe. Mais la difpofition de cet article éprouva plnfieurs changemens par différentes lois poftérieures. Ce n’eft que par un édit du mois de Novembre m750, que le roi a créé une zobleffe miliraire qu'il a attachée à certains grades & ancienneté de fervice. Cet édit ordonne entre autres chofes, qu’à l’ave- nir le grade d’offcier général conférera de droit la nobleffe à ceux qui y parviendront , & à toute leur poftérité légitime lors née & à naître. Ainf tout maréchal de camp, lieutenant général, Tome XI, NoË i97 du fatéchal de Frañce ;-eft de droit àññobli pare grade. am | J IL eft auf ordonné que toutofficiémnésen légiti: me mariage, dont le pere & l’ayeul auront acquis Pexémptuon de la taille. par un certain téms-de fer- vice, luivant ce quiéftpôrté par cet édirs fera ho- ble de droit , après toutefois qu'il aura éréerééiche- valier de fant Louis, qu’il aura férvi pendant lé tems prefcrit parlesarticles quatre & fix de cetédit, ouqu'il aura profité de la difpenfe accordée par l’ar- ticlehuit ; à ceux querleurs-bleflures mettent hors d’état de-continuer leurs fervices. Au lieutdés certificats, de: fervicerque lédit de 1750 avoit ordonné.de prendre: au bureau dé-la guerre , pour jouir de la rob/effe, la déclaration du , 22 Janvier 1752 ofdonnede:prendre desilettres du grand fceau, fous le titre-deZersres d'approbation dé Jérvices,, lefquelles me font fujeites à aucun enregi> ftrement. 2Ù aire L’impératrice reine de: Hongrie a fait quelqué chofe de femblable dans fesétats,; ayant parune or- dônnance, du mois deFévtier 1757; qu'elle,a en- voyé à chaque conps.de fesrroupes, accordé la r6- bleffe à tout officier , foit national, foit étranger:; qui aura {crvi dans fes armées.pendant 30 ans. Voyez lè Mercure d'Avril 17557. page 181.:( A4 ) NOBLESSE MIXTE; en) Allemagne ,-eft:celle des feigneurs qui ont des fiefs mouvans diretement de Vempire, 8 aufli d’autres fiefs fitués dans la mou- vance des éleéteurs & autres princes qui relèvent eux-mêmes de l’empire: Voyez la Roque , ch. clxxip. 6 cidevant NOBLESSE IMMÉDIATE, & NOBLESSE MÉDIATE, NOBLESSE NATIVE, O4NATURELLE, eftla mêmé chofe que #obleffe de’ race ; Thomas Miles Pappelle native ; Bartole, Landuiphus, & Therriat, l’appel- lent zarurelle, Préface de la Roque. | NOBLESSE DE NOM ET D'ARMES eft la mobleffe ancienne & immémoriale, celle qui s’eft formée en même téms que les fiefs furent rendus héréditaires, & que l’on commença à ufer des noms de famille & des armoiries. Elle fe mamifefta d’abord par les cris du nom dans les armées & par les armes érigées en trophée dans les combats fanglans , & en tems de paix parmi les joûtes & les tournois. Les sentilshommes qui ont cette zoë/effe s’appel- lent gertilshommes de nom & d'armes ; ils font confi- dérés comme plus qualifiés que les autres nobles &c gentilshommes qui n’ont pas cette même préro- gative de 2obleffe. Cette difinétion eft obfervée dans toutes les an: ciennes chartes , & par les hiftoriens & autres au- teurs : l'ordonnance d'Orléans , celle de Moulins & celle de Blois veulent quelés baïllifs & fénéchaux foient sentilshommes de nom & d’armes, c’eft-à-diré d’ancienne extraction , & non pas de ceux dont on connoit l’annoblifflement: | En Allemagne & dans tous les Pays-Bas, cette 702 bleffe de nom & d'armes eft fort recherchée ; & l’on voit pat un certificat du gouvernément de Luxem- bourg du 11 Juin 1619, que dans ce duché on n’admet au fiege des nobles que les gentilshommes de nom &t d'armes ; que les nouveaux nobles, qu’on appelle francs-hommes , ne peuvent pas feoir en jugement avec les autres nobles féodaux. Voyez la Roque, chap, vij. à la fin. (A) Nogresse NOUVELLE eftoppofée à laNoBiEsse ANCIENNE, onentend parminous par zo4/cffe nouvelle celle qui procede de quelque office ou de lettres; dont l’époque eft connue dans les Pays-Bas ; onrez regarde comme 7obleffe nouvelle non-feulement celle qui s’acquert par les charges ou par lettres ; mais même celle de race , lorfqu’elle n’eft pas de nom & 178 N OB d'armes. Voyez la Roque , chap. vij, & c1.devant No- BLESSE ANCIENNE. NOBLESSE D'OFFICE 07 CHARGE eft celle qui vient de l’exercice de quelque office ou charge ho- norable ; 8c qui a le privilège d’annoblir. Celui qui eft pourvi d’un de ces offices ne jouit des privilèges de zoblefle que du jour qu'il eft reçu & qu'ila prêté ferment. * Pour que lofficier tranfmette la 70b/effe à fes en- fans , 1l faut qu'il décede revêtu de l'office ou qu’il Vait exercé pendant 20 ans ; & qu’au bout de ce tems il ait obtenu des lettres de vétérance. Il y a même certains offices dont 1l faut que le pere 6 le fils ayent été revêtus fucceflivement pour que leurs defcendans jouiflent de la zob/effe. Les offices qui donnent la zob/effe font les grands offices de la couronne , ceux de fecrétaire d’état & de confeiller d'état, ceux des magiftrats des cours fouveraines, des tréforiers de France , des fecrétai- res du roi, &plufeurs autres, tant de la maïfon du roi que de judicature & des finances. Il y a aufli des offices municipaux qui donnent la nobleffe. Voyez NOBLESSE DE CLOCHE , D'ÉCHEVI- NAGE DE VILLE. (4) NOBLESSE OFFICIEUSE eft celle qui fert aux paf. fions & inclinations des grands, pour élever leurs domeftiques qui leur ont rendu des fervices. Voyez Za préface de la Roque. | NOBLESSE D’ORIGINE 04 ORIGINELLE eft celle que l’on tire de fes ancêtres. Voyez Duhaillon ez Jon hifloire de France, &tles articles NOBLESSE AN- CIENNE , NATIVE, D'EXTRACTION , DE RACE. NOBLESSE PALATINE eft celle qui tire fon ori- gine des grands offices du palais, ou maifon du roi &t de la reine auxquels la zob/effe eft attachée. Voyez la préface de la Roque. NOBLESSE DE PARAGE eft la zobleffe de fang , & fingulierement celle qui fe tire du côté du pere. Voyez la Roque, chap. xJ. NOBLESSE PARFAITE eft celle fur laquelle il n’y a rien à defirer , foit pour le nombre de fes quar- tiers , foit pour les preuves : la zob/effe la plus par- faite eft celle dont la preuve remonte jufqu’au com- mencement de la troifieme race fans qu’on en voye même l’origine ; &t pour le nombre des quartiers en France on ne remonte guere au-delà du quatrieme ayeul , ce qui fournit 32 quartiers : les Allemands & les Flamands affeétent de prouver jufqu’à 64 quar- tiers. Voyez la Roque, chap. x. NOBLESSE PATERNELLE eft celle qui vient du pere ; fuivant le droit commun , c’eft la feule qui fe tranfmette aux enfans. On entend aufh quelquefois par zobleffe paternelle lilluftration que l’on tire des alliances du côté pa- ternel. Voyez NOBLESSE MATERNELLE. NOBLESSE PATRE ET AP O , on foufentend cor: fulibus , eft celle qui n'eft acquife aux defcendans d’un annobli par charge qu’autant que le pere & le fils ont rempli fuccefhivement une de ces charges qui donnent commencement à la zob/effe. Cet ufage a été établi fur le fondement de la loi 1. au code de dignitatibus ; qui porte : Si ur proponitis € ayum confularem & patrem prætorium habuifhis , & non privatas conditiones hominibus [éd clariffimas nup- feritis, claritatem generis rerineris. Cette loi eff néanmoins mal appliquée ; car elle ne dit pas qu'il foit néceflaire pour avoit le titre de clariffime, que le pere & l’ayeul ayent été dans des charges éminentes , on ne révoquoit pas en doute la zobleffe d’origine de la fille , mais de favoir 4 elle la confervoit en {e mariant. La loi 2. du même titre confirme que la z08/effe de l'officier fe tran{mettoit au premier degré , puif- qu'elle dit paternos honores filiis invidere nom oporter, Cependant parmi nous tous les offices ne tranf- mettent pas la zobleffe au premier degré : ce privilege eft réfervé aux offices de chancelier, de garde des fceaux, de fecrétaire d'état, de confeiller d'état fervant aétuellement au confeil, de maître des requêtes, de fecrétaire du roi. | Les confeiliers de certaines cours fouveraines ont auff la zobleffe au premier degré ; tels font ceux des parlemens de Paris, de Befançon , de Dauphiné; le parlement de Dombes jouit de ce même privi- lege, tant en Dombes qu’en France. La chambre des comptes de Paris & la cour.des aides ont auf le même droit, | Mais dans la plûpart des autres cours fouveraines les offices de préfident & de confeiller ne tranfmet- tent la zobleffe qu'au fecond degré, qui eft ce qu’on appelle pasre & avo. Voyez la Roque, chap. + du petit srairé , qui eft à la fuite du grand. (4) NOBLESSE PATRICIENNE peut s'entendre de ceux qui defcendoient de ces premiers fénateurs de Rome, & qui furent nommés patriciens. Dans les Pays-Bas, on appelle familles patriciennes celles qui font nobles. En Allemagne, les principaux bourgeois des wil- les prennent le titre de parrices | & {e donnent des armes, mais ils n’ont point de privileges particu- liers , fi ce n’eft dans quelques villes, comme Nu- remberg , Augsbourg, Ulm , où ils font diftingués dans le magiftrat, mais cette zob/effe n°eft pas reçue. dans les colleges. Les Suiffes n’eftiment que la nobefe qui étoit devant leur changement de souvernement , & ap- pellent celle qui s’eft faite depuis zob/effe patriciennes Voyez la Roque, chap. clxxiy. : NOBLESSE PERSONNELLE eft celle qui ne pañle pas la perfonne, & ne fe tranfmet pas à fes enfans ; telle eft la zobleffe attachée à certains offices de la maifon du roi & autres qui donnent le titre d’écuyer, êc toutes les exemptions des nobles, fans néanmoins communiquer une véritable zobleffé tranfmifible aux enfans. On entend aufli par robleffe perfonnelle celle qui eft attachée à certaines profeflions honorables, tel- les que les fonétions de judicature , la profeffion d'avocat & celle de médecin : en Dauphiné, à Lyon, en Bourgogne ces fortes de perfonnes font en pofleffion de mettre devant leur nom la qualité de zoble ; mais cette zobleffe n’eft qu'honoraire, & ne leur attribue pas les privileges des nobles. Voyez la Roque, chap. xciv. & Henris. NOBLESSE PETITE, en Efpagne on appelle ainfi les feigneurs qui n’ont point de dignité, mais feu- lement jurifdiétion ; 1l y en a encore une moindre qui eft celle des nobles qui n’ont aucune jurifdic- tion , & enfin on appelle zob/effe très-petite, muirima, l’état de ceux qui ne font pas vraiment nobles, mais qui vivent noblement & de leurs revenus. En France , on ne connoït point ces diftintions toute zobleffe eft de même qualité ; un homme nou- vellement annobli jouit des mêmes privileges que celui qui eft noble de race , fi ce n’eft dans le cas où il faut prouver plufieurs degrés de robleffe. Voyez Loyfeau , traité des ordres, chap. v]. n°.3. NOBLESSE POLITIQUE ou CIVILE eft celle qui. prend fon origine des charges ou des lettres du prince. Voyez la préface de la Roque , Landulphus, Therriat & Bartole. NOBLESSE AU PREMIER DEGRÉ eft celle qui eft acquife & parfaite en la perfonne des enfans, lorfque leur pere eft mort revêtu d’un office qui annoblit, ou qu’il a fervi pendant le tems prefcrit par les régle- mens. Voyez NOBLESSE D'OFFICE , NOBLESSE MI- LITAIRE » NOBLESSE TRANSMISSIBLE. NOBLESSE PRIVILÉGIÉE eft celle qui vient de a FT ON CS . - mairie & des charges de fecrétaires du foi. Foyez da préface de la Roque, , NOBLESSE PRONONCÉE , on appelle ainf celle qui n'étant pas bien fondée, eft reconnue par un | jugement paflé de concert entre le prérendu noble & les habitans du lieu où 1l demeure. Voyez la pre- face.de la Roque. NOBLESSE PROTÉGÉE eff celle dequelqu’un dont la zobleffe eftdouteufe & qui s'allie des grandes mai- fons par des mariages , afin de s’aflürer par le crédit de ces maïfons.le titre de zobZeffe qu’on lui contefte. Voyez la préface de la Roque. NOBLESSE DE LA PUCELLE D'ORLÉANS, voyez ce qui en ef dit ci-après à l'article NOBLESSE UTÉ- RINE. NOBLESSE DE QUATRE LIGNES 0% QUARTIERS eft celle qui eft établie par la preuve que les quatre ayeuls & ayeules étoient nobles ; d’autres par z0- blefe de quatre lignes entendent celle dont la preuve comprend quatre lignes paternelles & autant de lignes du côté maternel, de forte que l’on remonte juiqu’à quatre générations, c’eft-à-dire juiqu’au bi- fayeul , ce qui forme huit quartiers. Si lon com- mence par celui de cujus , 1left compté.pour la pre- miere ligne ; fi l’on commence par le bifayeul, celui- ci fait la premiere ligne , & celui de cyus fait la quairieme. En Italie & en Efpagne, on exige com- munément la preuve de quatre lignes ; il eft fait mention de cette zobleffe de quatre lignes dans les fta- tuts de l’ordre du croiffant, inflitué par René roi de Siciles & duc d'Anjou le 11 Août 1448, 1l déclare que nul ne pourta être reçu dans cet ordre qu'il ne foit gentilhomme de quatre lignes. Foyez la Roque, chap. x. NOBLESSE DE RACE, o4 d’ancienne extraction, eft celle qui eft fondée fur la poffleffion immémoriale, plutôt que fur les tittes : cependant à cette poflef- fion l’on peut joindre des titres énonciatifs ou con- firmatifs. En France la poffeffion doit être au moins de cent ans, quoique la déclaration de 1664 femble la fixer à cent quatre, puifqu'elle veut que l’on prouve ia poffeffion depuis 1560 ; mais.elle eft relative à une autre déclaration de lan 1660 : ainfi il ne faut que cent ans, comme 1l eft encore ordonné par la décla- ration du 16 Janvier 17:14. Voyez NOBLESSE AN- CIENNE, NOBLESSE D'EXTRACTION , NOBLES:E DE QUATRE LIGNES. NOBLESSE DE ROBE, on appelle ainf celle qui provient de l'exercice de quelque office de judica- ture auquel le titre & les privileges de robleffe {ont attachés. Quoique la profeffion des armes foit la voie la plus ancienne par laquelle on ait commencé à ac- quérir la rob4ffe, il ne faut pas croire que la zo- bleffe de robe ioit inférieure à celle d'épée. La 70- _bleffe procede de différentes caufes; mais les titres & privileges qui y font attachés, font les mêmes pour tous les nobles, de quelque fource que pro- cede leur zobleffe; & la confidération que l’on ar- tache à la zob/ef/e doit être égale, lorfque la zobleffe procede de fources également pures & honorables, : telles que la magiftrature & la profefñon des armes. . On a même prauqué pendant long-tems en France -que la profeflion des armes & l’adminifiration de la juftice n’étoient point {éparées. La juitice ne pou- voit être rendue que par des militaires, tellement que les lois faliques leur défendoient de quitter lécu en tenant les plaids. Dans la fuite 1out le monde quitta les armes pour rendre la juflice, & prit Phabit long , que les gens de loi ont feuls confervé. Loyfeau ea fon tr. des offices, L, I. «©, ix, n. 104 fait voir que la vertu nuhtaire n'eft néceflure qu'en cas de guerre; au lieu que la juflice eit né- Tome XI, INOB 179 ceflaire eh paix & en guerre; en paix, pour em pêcher la guerre ; & en guerre, pour ramener la: paix ; que la force fans la juftice ne feroit pas une vertu ; mais une violence, d’où il infere que la 0: bleffe peut auffibien procéder de juftice que de la force ou valeur mihtaire, Il obferve encore au ». 17e que les offices d’éminente dignité attribuent aux pourvus, non-feulement la fimpie nobleffe, mais auf la qualité de chevalier , qui eft un titre emportant haute zoblefle ; ce qui a eu lieu, dit-il, de tout tems à l'égard des principaux offices de juftice, témoins les chevaliers de lois dont il eft parlé dans Froiflart. Enfin il conclut au nombre 18, en parlant des offices de judicature, que tous ceux qui, à cau- fe de leurs offices, fe peuvent qualifier cheva- hers, font nobles d’une parfaite nobleffe eux & leurs enfans, ainfi que Fobferve M. le Bret en fon feptieme plaidoyer, ni plus ni moins que ceux à qui le roi confere l’ordre de chevalerie, Au refle, pour ne pas ufer de répétitions, nous renvoyons à ce que no $ avons dit fur la zob/effé de robe , au mot ÉTATS. ( 4 NogLesse DU SANG, eft celle que l’on tire de la naïflance, en juftitiant que l'on eft iflu de parens nobles, où au moins d’un pere noble, Foyez No- BLESSE D EXTRACTION. | NOBLESSE DES SECRETAIRES DU ROI, Voyez ci-après SECRETAIRE DU ROI. | NOBLESSE S1MPLE, ef celle qui ne donne que le titre de noble ou écuyer, à la différence de la haute nobleffe , qui donne le titre de chevalier > OU autre encore plus éminent , telles que ceux de ba- ron, comte, marquis, duc. Voyez NOBLESSE DE CHEVALERIE G HAUTE NOBLESSE. | NOBLESSE DE SOIE. Foyez ce qui en eff ci-devane a l'article NOBLESSE DE LAINE. NOBLESSE SPIRITUELLE o# LITTÉRAIRE, Voyez ci-devant NOBLFSSE LITTÉR AIRE, NOBLESSE DE TERRE FERME, cft le nom que l'on donne en l’état de Vemie & en Dalmatie à la noblefle qui demeure ordinairement aux champs. Dans, l’état de Vemife les nobles de terre ferme ou de campagne n’ont point de prérogatives ; ils ne participent point aux confeils & délibérations. En Daälmatie la zob/effe de terre ferme gouverne arifto- cratiquement, Voyez la Roque, c c/xvi. NOBLESSE TITRÉE, eff celie qui tire fon origine de la chevalerie. Voyez NOBLESSE DE cHeva- LERIE, On entend aufli par ce terme la haute z0//ffe ou nobleffe de dignité , c’eft-à-dire, les princes , les: ducs, les marquis, comtes, vicomies, barons, Ge, Voyez HAUTE NOBLESSE, NOBLESSE DE TOURNOI, eft celle qui tire fon origine des tournois où combats d’adrefle, inftitués en 93$ par empereur Henri Loifeleur. Il falloit, pour y être admis ; faire preuve de douze quartiers. Ces tournois furent défendus ou négligés l’an r403 en France ; le.dernier fut celui de 1559, qui fat f funefte à Henri IL Voyez la Roque, ch. cxxiy. NOBLESSE DE TRANSMIGRATION 0% DEBAR= QUÉE. Voyez ci-devant NOBLESSE DEBARQUÉE. NOBLESSE TRANSMISSIBLE, et celle qui pafle de l'annobli à les enfans & petits enfans. Ii y a des charges qui donnentune zob/effetrantmffible au pre» mer deuré, voyez NOBLESSE AU PREMIER DEGRÉ d'autres qui ne la donnent que patre & avo confuli« bus. Voyez NOBLESSE patre 6 ayo. NOBLESSE VÉNALE , eft celle qui a été accordée par lettres, moyennant finance, Voyez NoBLesse PAR LETTRES. AVEC NOBLESSE VERRIERE, onappelle ainf celle des gentilshommes qui ‘s’occupent à foufler le. verre, L 1] 180 N. e B C’eft une tradition vulgaire que les gentilshomimes ont feuls le droit de travailler à cet ouvrage ; ce qui eft de certain, c’eft que dans la plüpart des verre- ries, ce font des gentilshommes qui s'occupent à cet exercice, & qu'ils ne foufiriroient pas que des roturiers travaillaffent avec eux, fi ce n’eit pour les fervir, C’eft apparemment ce qui a fait croire à quelque perfonne que l'exercice de l’art de verre- rie faufoit une preuve de nobleffe ; & en effet la Ro- que , ch. cxliv. dit que les arrêts contraires mont pas empêché qu’en quelques provinces plufieurs verriers n’ayent été déclarés nobles en la derniere recherche des ufurpateurs de zobleffe (il parle de celle qui fut faite en exécution de la déclaration de 1696), quoique, dit-il, ces verriers n’euffent au- cune charte n1 autre principe de zob/effe. Mais dans les vrais principes 1l eft conftant que l’exercice de l'art de verrerie ne donne pas la zobleffe, ni ne la fuppofe pas. On voit même que des gentilshommes de Champagne demanderent à Philippe le-Bel des let- tres de difpenfe pour exercer la verrerie, & que tous les verriers des autres provinces en ont obtenu . de femblables des rois fucceflieurs de Philippe-le- Bel; ce qu’ils n’auroient pas fait, fi cet art eût an- nobli, ou s’il eût fuppofé la zobleffe : ainfi tout ce que l’on peut prétendre , c’eft qu'il ne déroge pas. On voit en eftet au Zv. II. du citre théodofien, que Théodore honora/les verriers de l’exemption de la plüpart des charges de la république, pour les enga- ger à perfettionner leur profeflion par linvention admirable du verre. Voyez la Roque , ch. cxliv. (4) NOBLESSE DE VILLE, eft celle qui tire fon ori- gine de la mairie, c’eft-à-dire, des charges munici- pales, telles que celles de prévôt des marchands, de maire, d’échevin, capitoul, jurat, 6c. dans les villes où ces charges donnent la robleffe, comme à Paris, à Lyon, à Touloufe, &c. Ce privilege de nobleffe a été ôté à plufieurs vil- les qui en jouifloient fans titre valable, Voyez ECHE- VIN, ÉCHEVINAGE, NOBLESSE DE CLOCHE. NOBLESSE UTÉRINE 0% COUTUMIERE, eft celle que l’enfant tient feulement de la mere, lorfqu'il eft né d’une mere noble & d’un pere roturier. Cette efpece de zoëleffe étoit autrefois admife dans toute la France , 8 même à Paris : en effet on voit dans les établiflemens de faint Louis, qu’un enfant né d’une genrilfemme & d’un pere vilain ou roturier pouvoit pofléder un fief; ce qui n’étoit alors permis qu'aux nobles & gentilshommes. Cet ufage eft très bien expliqué par Beaumanoir fur les coutumes de Beauvaifis, où il obferve que la feule différence qu'il y eût entre les nobles de partage, c’eft-à-dire , par le pere & les nobles de mere, c’eft que ces derniers ne pouvoient pas être faits chevaliers ; il falloit être noble de pere & de mere. Du refte, ceux qui tiroient leur zobleffe de leur mere, étoient qualifiés de gentilshommes. Monf- trelet, en parlant de Jean de Montaigu, qui fut grand-maitre de France fous Charles VI. dit qu'il étoit gentilhomme de par fa mere. Il n’y a point de province où la zobleffe utérine fe foit mieux maintenue qu’en Champagne. Toutes les femmes nobles avoient le privilege de tranf- mettre la zob/effe à leur poftérité. Les hiftoriens tien- nent que ce privilege vint de ce que la plus grande partie de la zobleffe de cette province ayant été tuée en une bataille l’an 841, on accorda aux veu- ves le privilege d’annoblir les roturiers qu’elles épouferent , & que les enfans qui naquirent de ces mariages furent tenus pour nobles. Quelques - uns ont cru que cette zobleffe venoit des femmes libres de Champagne, lefquelles époufant des efclaves, leurs enfans ne laifloient pas d’être libres; mais la NOB coutume de Meaux dit très-bien que la verge an- noblit , & que le ventre affranchit. Quoi qu'il en foit de l’origine de ceprivilege , il a été adopté dans toutes les coutumes de cette pro- vince , comme Troyes, Châlons, Chaumont en Bafligny , Vitry. Les commentateurs de ces coutumes fe font ima- giné que ce privilege étoit particulier aux femmes de Champagne : mais on a déja vu le contraire; &c les coutumes de Champagne ne font pas les feu les où il foit dit que le ventre annoblit, celles de Meaux , de Sens , d'Artois & de Saint-Michel por tent la même chofe. Charles VIL. en 1430 donna des lettres datées de Poitiers, & qui furent regifirées en la chambre des comptes, par lefquelles 1l annoblit Jean l'Ecuifé , Evêque de Troyes, fes pere & mere, & tous leurs defcendans, mâles & femelles, & ordonna que les defcendans des femelles feroient nobles. Sous le regne de Louis XII. en 1509, lorfque l’on préfenra les procès-verbaux des coutumes de Brie & de Champagne aux commiffaires du parle- ment , les vrais nobles qui ne vouloient point avoir d’égaux, remontrerent que la robleffe ne devoit procéder que du côté du pere; ceux du tiers érat, &T même les eccléfiaftiques du bailliage de Troyes & autres reflorts de Champagne & de Brie s’y op- poierent, & prouverent par plufieurs jugemens, que tel étoit l’ufage de toute ancienneté. On or- donna que la zobleffe & le tiers état donneroient chacun leur mémoire, & que les articles feroient inférés par provifion tels qu'ils étoient. Les com- miffaires renvoyerent la conteftation au parlement, où elle eft demeurée indécife. Dans la fuite, lorfqu'on fit la réda@tion de la coutume de Châlons, l’article fecond qui admet la noblefle utérine ayant été préfenté conforme aux coutumes de Troyes, de Chaumontë& de Meaux, les gens du roi au fiege de Chälons remontrerent lPabfurdité de la coutume de Châlons, & deman- derent que l’on apportât une exception pour les droits du roi; ce qui fut accordé, & l’exemption confirmée par arrêt du parlement du 23 Décembre 1566; & préfentement la nobleffe utérine admife par les coutumes de Champagne & quelques autres, ne fert que pour ce qui dépend de la coutume, comme pour poñéder des fiefs, pour les partages, fucceffions & autres chofes femblables ; mais elle ne préjudicie point aux droits du Roi. La zobleffe urérine de Champagne a été confirmée par une foule de jugemens és arrêts, dont les der- mers font de Noël 1599, 11 Janvier 1608, 7 Sep- tembre 1622, 7 Septembre 1627, 14 Mars 1633, 18 Août 1673. Il y eut en 1668 procès intenté au confeil de la part du prépofé à la recherche des faux nobles contre les nobles de Champagne, que l’on prétendoit ne tirer leur moblefle que du côté maternel; mais le procès ne fut pas jugé , le confeil ayant impofé filence au prépofé. Voyez les recherches fur la noblefle utérine de Champagne. L'exemple le plus fameux d’une zobleffe urérine reconnue en France eft celui des perfonnes qui def- cendent par les femmes de quelqu'un des freres de la Pucelle d'Orléans. Elle fe nommoit Jeanne Dars ou Darc. Charles VII. en reconnoifiance des fer- vices qu'elle avoit rendus à la France par fa valeur, par des lettres du mois de Décembre 1429, lan- noblit avec Jacques Dars ou Darc & Ifabelle Ro-. mée fes pere & mere, Jacquemin &c Jean Dars & Pierre Perrel fes freres , enfemble leur hgnage, leur parenté & leur poftérité née & à naître en ligne mafculine & féminine. Charles VIT changea aufi leur nom en celui de du Lys. | On a mis en doute fi l'intention de Charles VII, 0 avoit été que la poñtérité féminine des freres de là ucelle d'Orléans eût la prérogutive de tranfmettre la zobleffe à fes defcendans, parte que c’eft un ftyle ordinaire dans ces fortes de chavtes d’annoblir les defcendans mâles & femelles de eux auxquels la nobleffe eft accordée , maïs non pas d’annobhr les defcendans des filles , à moins qu’elles ne contrattent des alliances nobles. La Roque , en fon traité de la zobleffé , rapporte vingt exemples de femblables an- noblifemens faits par Philippe de Valois , par le roi Jean, par Charles V. Charles VI. Charles VIT. & Louis XL. en vertu defquels perfonne n’a prétendu que les filles euffent le privilege de cominuniquer la nobleffe à leurs defcendans ; il n’y a que les parens de la pucelle d'Orléans qui aient prétendu avoir ce privilege, It fut néanmoins interprété par une déclaration d'Henri II. du 26 Mars 1555, par laquelle il eff dit qu'il s’étend &c fe perpétue feulement en faveur de ceux qui feroient defcendus du pere & des freres de la Pucelle en ligne mafculine & non féminine, que les feuls mâles feront cenfés nobles , & non les def- cendans dés filles , fi elles ne font mariées à des sen- tilshommes. Ce même privilege fur encore aboli par Jédit d'Henri LV. de lan 1508 , fur le fait des anno- bliffemens créés depuis 1578. L’édit de Louis XIE. du mois de Juin1614,article 10, porte que lesfilles & les femmes defcendues dés freres de la pucelle d'Or- léans n’annobliront plus leurs maris à l’avenir. Les déclarations de 1634 & de 1635 portent la même chofe. Ainfi, fuivant l’édit de 1614, les defcendans de la pucelle d'Orléans par les filles, nés avant cet édit , font maintenus dans leur poffeflion de zob/effe, mais ce prétendu privilege a été aboli à compter de cet édit. Il y a dans d’autres pays quelques exemples de femblables privileges. J’ai vu des lettres du mois de Février 1699 , accordées dans une fouveraineté voi- fine de la France, qui donnoient aux filles du fieur de * ** le droit d’annoblir leurs maris ; mais Je ne fais s’il y a eu occafion de faire valoir ce privilege. Jufte-Liple dit qu'à Louvain il y a fept familles principales & nobles , qui ont droit de transférer la nobleffe par les femmes ; de forte que fi un roturier époufe une fille de une de ces familles, les enfans qui naïflent d’eux font tenus pour nobles, & leurs defcendans pour gentilshommes. François Pyrard rapporte qu'aux îles Maldives les femmes nobles , quoique mariées à des perfonnes de condition inférieure & non nobles , ne perdent point leur rang, & que les enfans qui en font iflus font no- bles par leur mere. Voyez les recherches fur la nobleffe utérine de Champagne ; le traité de la nobleffe par de la Roque ; le code des railles , le mem. alphabétique des tailles ; & ci-devant NOBLESSE MATERNELLE. A ( die , Ufurpateur de la, ( Hifi. de France. ) On nomme en France ufurpateurs de la noblefle ou faux nobles, ceux qui n'étant pas nobles ufurpent les droits & les privilèges de la zobeffe. Sous M. Col- bert on en fit plufieurs fois la recherche , qui ne pa- rut pas moins intéreflante pour les revenus publics , que pour relever l'éclat de la véritable zobleffe ; mais la maniere d’y procéder fut toujours mauvaite , & le remede qu'on prit pour ce genre de recherches. penfa être auffi funefte que le mal. Les traitans char- aés de cette difcuffion , fe laiflerent corrompre par les faux nobles qui purent les payer ; les véritables nobles furent tourmentés de mille manieres, au point qu'il fallut rechercher les traitans eux-mêmes, qui trouverent encore le moyen d’échapper à la peine qu'ils méritoient. ( D.J. ) NOCERA, TERRE DE, (H/F. nat.) terra noceriana; ainfi nommée , parce qu'on la trouve à Mocera en N O CG i8t Ombrie. Efpece de terre bolaire blañche, péfanté &t compaéte ; mife au feu elle blanchit encore plus, fans acquérir beaucoup plus de dureré. Voyez d'A coftas , zatur, hiflory of foffiisi . NoGEra, (Géogr. ) ancienne ville d'Italie dans Ombrie , au duché de Spolete, avec un évêché fuffragant du pape. Strabon la nomme Nuceria, & dit qu il s’y fabriquoit des vafes de bois qui étoient eftimés. Ptolomée , Z. ZIL. c. j. hi donne le nom dé colonie. Elle eft au pié de l’Apennin, à > lienes N: E. de Spolete. Long. 30. 304 dar. Don de NocERA, (Géog.) petite ville d'Italie au royaume de Naples , dans la Calabre ultérieure , entre Mara torano à l'orient ; & la mer à l'occident. Long. 24 40. laë. 39. 15. (D.J.) TR NOCES, f. f. rupriæ, (Jurifprndence.\ fe prend pour la célébration du mariage. On appelle doz de noces celui qui eft fait en faveur de mariage ; gairi de noces & de Jirvte celui que le furvivant des con- joints gagne, foit en vertu de la loi ou ufagé ; où er vertu de la convention, Voyez GAIN 6 MARIAGE: On appelle premieres noces le premier mariage que quelqu'una contraété ; mais on ne fe fert de tea que par oppoftion à celui de fecondes , troifiemes &t autres moces , c’eft-à-dire pour diftinguer le pre- mier mariage des autres mariages fubféquens. (_4 Noces DES HÉBREUX, ( Æ1f?. facrée. ) du latin nuptie, de rubere, couvrir d’un voile , parce que les nouvelles mariées fe couvroient la tête par modeftie. Ce mot dans l’Ecriture fe prend pour les cérémonies qui fe pratiquoient le jour du mariage , ruprie faite funt in Cané Galilæe, Joan. 5j. 1. 2°, pour le Fefin des noces, ruprie quidem parate funt, Matth. xx. 8. Ce feflin figniñe la gloire dont les faints jouiffent dans le ciel ; ce qui eft aufli marqué par la parabole des vierges qui attendoient la venue de l'époux ; intraverunt cum eo ad nuptias | Matthieu , xxv. 10. 3°. Le lieu où fe célebrent les zoces : impler@ funt auptie difcumbentium, Matth. xx. 10, 4°, Pour le mariage &c l’union de l'époux & de l’époufe , zon eff in loco noffro confuetudinis ut minores ante tradamus ad nuptias , Gen. xxjx. 26. 5°. Pour le droit acquis par le mariage , guod ft alteram ei acceperit | provide. bit puelle nuptias, Exod. xxj. 19. Si quelqu'un fait époufer à {on fils une efclave , & que ce fils époufe encore une autre femme , il traitera cette premiere comme {a femme. Les Hébreux fe maricient de bonne heure, & dès l’âge de treize ans 1l étoit permis aux enfans de pren- dre femme ;1ls ne pañloient guere , fans l’avoir fait, la dix - huitieme année, & ils auroient cru pécher contre le précepte croiflez 6 mulipliez. Delà il eft aifé de comprendre pourquoi le célibat &z la fériliré étoient un opprobre dans Ifraël , & pourquoi ils avoient foin de faire époufer au frere du mari mort fans enfans la veuve qu’il avoit laiffée. Les filles fe marioient aufli-tôt après l’âge de puberté , c’eft-à- dire à douze ans; mais avant leur mariage elles ne paroifloient point d'ordinaire en public : on les ap: pelloit a/ma, cachées. On voit lamaniere dont fe faifoit la demande d’une fille dans celle-que fit Sichem de Dina , Eliezer de Rebecca, &z le jeune Tobie de Sara. Le mari donnoit la dot à fa femme, & fembloit acheter la perfonne qu'il vouloit époufer. Axgrentez la dot que vous vou- lez qu’on lui donne, dit Hemor à Jacob ; dernandez quel préfent il vous plaira , je les donnerai volontiers , pourvu que vous veuilliez (à Sichem fon fils ) Za lui donner pour époufe. Gen. xxxjv. 8. Jacob achete Lia & Rachel par 14 ans de fervice. Gen. xx7x. David donne cent prépuces de philiflins pour Michols. 2. Res. zij. 14. & Oze 15 pieces d’argent pour fa femme. Of. dy. 2. Les fiançailles fe faifoient ou par un écrit ou par 1 <, * ’ 182 NOC une piece d'argent que l’on donnoït à la fiancée : Recevez cet argent pour gage que vous ferez mon époufe, difoit le jeune homme à fa prétendue. Ils avoient dès-lors la liberté de fe voir; & fi pendant le tems qui s’écouloit depuis Les fiançailles jufqu’au mariage la fille commettoit quelqu'infidélité ,| elle pouvoit être traitée comme adultere. Lorfque le tems de conclure le mariage étoit ar- rivé, on en drefloit le contrat, & au jour arrêté on conduifoit Le fiancé & la fiancée dans une falle pré- parée, on les plaçoit fous un dais , & on leur met- toit un voile quarré que Les Hébreux appellent se/ed ; enfuire le chantre de la fynagogue ou le plus proche parent du marié ; remplifloit une tafle de vin ; & ayant prononcé cette bénédiétion : Soyez beni , fei- gneur , qui avez créé l'homme & la femme , 6 ordonné le mariage , il leur en donnoit à boire. Puis l'époux mettoit un anneau au doigt de fon époufe en pré- fence de deux témoins , & lui difoit : Par cer anneau vous êtes mon époufe ; fuivant l’ufage de Moife & d’I- Jraël. On croit qu'avant la ruine du temple de Jérufa- lem, l'époux & l’époufe portoient des couronnes dans la cérémonie de leurs zoces, & l’Ecriture fait men- tion de celle de l'époux : Je ne réjouirai au Seigneur comme un époux orné de fa couronne. Haïe, /xj. 10. Et dans le cantique; Filles de Jérufalem, venez voir le roi Salomon orné dela couronne que fa mere lur a mife Le jour de jon mariage. ti. 11, On apportoit enfuite une deuxieme fois du vin dans un vale fragile; & après plufieurs bénédidtions , on préfentoit à boire aux mariés , & on jettoit le refte à terre en figne d’al- légrefle ; l'époux prenoit le vafe &c le cafloit avec force , pour marquer que les plus grandes joies font fuivies des plus grands chagrins. Alors tous les aflif- tans fouhaitoient aux nouveaux mariés mille prof- > pérités, comme cela fe fit au mariage d'Ifaac & de Rebecca, imprecantes profpera forori [uæ, atque dicen- tes | Joror nofîra es , crefcas 1n mille millia, Genele, xxjv. CO. Le repas de la roce fe faifoit avec beaucoup de bienféance : on chantoit à table des louanges & des cantiques en l'honneur de Dieu, pour 1miter ce qui fe paffa dans le repas que donna Raguel quand il maria {a fille Sara au jeune Tobie. On voit par l’é- vangile que l’on donnoit à l'époux un paarzymphe, que Jefus-Chrift appelle l'ami de l'époux : {on devoir étoit de faire les honneurs de la zoce, d’exécuter les ordres de l'époux. Mais l’ami de l'époux, dit S. Jean Baptifte , qu: eftdebour 6 qui obéit à la voix de l'époux, fe réjouir d’obéir a [a voix. Joan. 47. 29. L'époux avoit toujours auprès de lui un nombre de jeunes gens , & l'époufe de jeunes filles , qui les accompagnoient par honneur pendant les jours de la noce, On le voit dans l’hiftoire du mariage de Sam- fon : ces jeunes gens prenoient plaifir à propofer des énigmes, & l'époux difiribuoit des prix à ceux qui les expliquoient. 5% La cérémonie de la zoce duroit fept jours pour “une fille , & trois jours pour une veuve. {mple heb- domadam hujus copulæ, 6 hanc quoque dubo tb , di- foit Laban à Jacob , Gen. xxyx. 26. Nous voyons auf que les roces de Samfon & celles du jeune To- bie durerent fept jours entiers. Les fept jours de réjouiflance qui fe faifoient dans la maifon du pere de la fille érant pañlés,on conduifoit l’époufe dans lamaifon du marié;on choïfifloit le tems dela nuit comme 1l paroït dans la parabole des dix vierges , qui allerent au - devant de l'époux & de Vépoute. Cette aétion fe faifoit avec pompe : nous en avons un exemple dans les Macchabées, où 1l eft _ ditquele fils de Jambri ayant fait des zoces à Meduba, comme on menoit en grande folemnité l’époufe au logis de l'époux , &: que les amis du mari venoient au-devant d’efle avec des inftrumens de mufque, les Macchabées tomberent fur eux & les difliperent. Macch. xxxvij 6 feqg. Voyez de plus grands details dans Spencer, 8c les auteurs des cérémonies & cou- tumes des Hébreux. (D. J. ) NOCE ALDOBRANDINE, la , (Peinrt. antiq. ) mor- ceau de peinture antique ; c’eit une frife qu'on a trouvée dans les ruines de Rome, & qu’on a placée dans le palais Aldobrandin , avec la partie du mur fur laquelle elle étoit peinte, Cette frife repréfente une zoce : la mariée eft afife fur le bord du lit ; elle panche la tête, & fait, dit Miffon , la difficile, pen- dant qu'une matrone la confole d’un air riant , Pinf- truit & la perfuade. L’époux couronné de lierre êc tout deshabillé , eft affis auprès du lit avec un cer- tain air d'impatience. Quatre ou cinq femmes pré- parent en divers endroits des bains & des onguens aromatiques : une muficienne joue de Îa lyre ; une autre chante apparemment quelque épithalame. Nous ignorons fila zoce aldobrandine & les autres morceaux qui nous reftent de la peinture antique , font d’un grand colorifte ou d’un ouvrier médiocre de ces tems-là ; ce qu’on peut dire de certain fur leur exécution, c’eft qu’elle eft très-hardie. Ces morceaux paroïfent l’ouvrage d’artiftes autant les maitres de leur pinceau que Rubens & que Paul Véronefe l'é- toient du leur. Les touches de la zoce a/dobrandine , qui font très-heurtées , & qui paroïflent même grof- ficres quand elles font vües de près, font un effet merveilleux lorfqu’on confidere ce tableau à la dif- tance de vingt pas ; & c’étoit apparemment de cette diftance qu'il étoit vû fur le mur où le peintre Pavoit fait. (D.J.) | NOCHER , 1. m. ( Marine.) c’eft un vieux terme qui fignihoit pilote, LesPoëtes l’ont employé fouvent en ce fens On s’en fert quelquefois pour dire consre- maître, comme on peut le voir dans l’ordonnance de la Marine. NOCIUOLO , ( Æiff. nat. ) nom que les pêcheurs de Livourne donnent à une efpece de chien de mer qui pefe quelquefois jufqu’à 300 livres , qui a fix brafles de longueur, On croit que c’eit le poifon ap- pellé roufferte, NOCCR , (Géog. ) riviere d'Afrique auroyaume de Fez ; elle fort des montagnes d'Elchans, & fe jette dans la mer Méditerrance, Caftel croit que c’eft le Molocath de Ptolomée, Z IF, c. 7. NOCTAMBULE & NOCTAMBULISME , f. m. ( Medecine.) ruxroBarne ; ce nom/eft compofé de deux mots latins, 20e, ambulans , dont le cens eît qui fe promene de nuit, On avoit donné ce nom à ces per= fonnes qui {e levent la nuit en dormant, & qui fe promenent , parlent , écrivent , où font d’autres ac- tions même pémibles & malauées fans s'éveiller , fouvent avec lamême exaétitude qu’étant bien éveil- lés. On en a vu quelquefois qui étoient plus fpiri- tuels , plus induftrieux & plus adroits, quoiqu'enfe- velis dans un profond iommeil, On appelle la mala- die nottambulifme, Sennert fe fert auffi , pour la dé- figner du mot zoëi-/urgium , qu figmfe fe lever Le nuit ; mais ces dénominations ne font pas aufh exac- tes naufiuftées que celles de fomnambute & fomnam bulifme ( voyez ces mots ), car on peut, quoique nul- lement atteint de cette maladie, fé ever &t-promener la nuit, Les promenades noëturnes {ont très-ordinai- res à. des perfonnes bien éveillées ; d’ailleurs on peut être attaqué du fomnambulifme dans le Jour ; c’eft ce qui arrive à ceux qui font la méndienne. Cafellus dit avoir vu un célebre théolouien qui s'endormoit tous les jours après fon diné; & dès que fon. fom- meil étoit bien décidé, il fe levoit, promenoit , fai- foit la convertation avec fon époufe , & retournoit enfuite dans le fauteuil où1l s’étoit endormi ; à fon N#OC CT" réveil il ne confervoit pas la moindre idée de ce qu'il avoit fait. | NOCTULIUS ; ( Mythol,) dieu de la nuit qu'on repréfentoit éteignant fon flambeau , &c ayant à fes piés une chouette ; mais Congreve l’a fu peindre avec des traits ingénieux & délicats. Nodulius the z#ights god appears. In allits downy pomp array’, _Behold the révérend shade. An ancient figh heWits upon , Whofe memory of found is long fince gone And purpoely annihilated for his throne. Bencath, two foft tranfparent clouds do meer , In wich he feems to fink his fofter feer. A melancholy thought, condens’d 10 air, Stoll’n from a lover in difpair , Like a thin mantle, ferves co wrap 17 fluids folds his vifionary shape ; A wreath of darknefs round his head he wears, Where curlings mifts fupply the want of hairs. While che fill vapours, Wich front poppies rife, Bedew his hozry head, and lull his eyes, CR) NOCTURLABE, f. m. ( Marine. ) c’eft un inf trument par lequel on prétend trouver combien l’é- toile du nord eft plus baffe ou plus haute que le pole, &c quelle heure 1l eft pendant la nuit. Le P. Fournier a donné dans fon Hydrographie , liy. X, ch. xx, la conftruétion & l’ufage de cet inftrument, qui eft défettueux, & dont il n’eft pas für de faire ufage. On a un moyen plus exa&t de reconnoître le paflage de l'étoile polaire par le méridien. Voyez LATITUDE. Et à l'égard de l’heure , c’eft encore un problème donton n’a pu trouver une folution affez fimple pour la pratique, quoiqu’on ait propofé pour cela plu- fieurs moyens fort ingénieux , comme on peut le voir dans la piece quia remporté Le prix de l’acadé- mie royale des Sciences en 1745, fur cette matiere, par M. Daniel Bernoulli. (Z ) j NOCTURNE , adj. ( Affronom. ) fe dit de ce qui a rapport à la nuit, 0x. Il eft oppoié à diurne. Voyez Nuit & DIuRKNE. Arc noilurne en Affronomie, eft l’arc de cercle que le foleil ou une étoile décrit pendant la nuit, c’eft- à-dire l’arc qu'ils décrivent ou paroïflent décrire pendant qu'ileft fous l’horifon. Voyez ARC&DIURNE. Arc femi-noëlurne du foleil , eft la portion de cercle comprife entre l'extrémité inférieure de notre méri- dien & le point de l’horifon où le foleil fe leve ou fe couche. En effet, l’arc zoëurne eft divifé en deux parties égales ou à-peu-près égales par le méridien. Voyez MERIDIEN 6 Mibi. Chambers, ( O ) NOCTURNES, {. m.( Théolog.) On donne ce nom à cette partie de l’office eccléfiaftique que nous ap- pellons rratines, & qui eft divifée en trois zoûurnes, ainfi nommés , parce qu’on ne Îles chantoit que pen- dant la nuit :. ce qui s’obferve encore en quelques éghfes cathédrales , qui chantent matines à minuit. La coutume des chrétiens de s’aflembler de nuit, avoit lieu dès le tems des Apôtres ; ce qui fut caufe que les payens chargerent de plufeurs calomnies les premiers chrétiens , à l’occafñon de ces afñlemblées nailurnes | comme 1l paroît par les apologies de Juf- tin, d’Athénagoras , de Tertullien , & de quelques peres. On lifoit dans ces aflemblées quelques endroits des pfeaumes, des prophéties ou du nouveau Tefta- ment. D'où il eft aifé de juger que l'office eccléfiaf- tique , qu’on appelle préfentement zratines , eft né avec le Chriftianifme , bien qu'il ne fût pas alors dans la même difpeñition qu'il eft aujourd’hui, caron n'y Hfoit rien que l’Ecriture-fainte, fi ce n’eft que les jours confacrés à honorer la mémoire des Martyrs , on récitcit devant tout le monde les aëtes de Leur N OC 182 martyre , d’où eft enfuite venue la coutume d’infé- rer dans l'office l’hiftoire des faints dont on fait la fête. M. Simon. ( G) NOCTURNES , peines noëlurnes {ont les fuites fré- quentes des défordres vénériens , qui ne peuvent être que palliées par les narcotiques ; il n’y a que le mercure & l’ufage des anti-vénériens long-tems con- tinués , qui puiflent les faire ceffer entierement. Ce mal eft aufli une fuite de la mélancholie & de la manie, & peut très-bien fe rencontrer fans qu’il ait aucun virus dans le fang , mais par le feul deffé- chement & l’acrimonie bilieufe du fang & des hu- meurs , jointe à l’épaififlement. Tous les mélancho liques & les maniaques font très-fujets aux defordres notturnes, Voyez MÉLANCHOLIE. NODOTUS , f. m. ( Mytholog.) dieu qui préfi- doit chez les Romains à la formation des nœuds du tuyau des blés ; mais c’eft un dieu forti de la fabri- que de S. Auguflin, qui a forgé femblablement une déefle solutina pour l'enveloppe de l'épi ; une déeffe patelène pour l’épi qui commence à s'ouvrir ; une déefle hoftiline quand la barbe de l’épi & l’épi font à niveau ; une déefle laëurce quand le grain eft en lait ; une déefle maturne quand il étoit meur , & fe nalement une déefle rurcine quand on le coupoit. (D.J.) NODUS, (ex Chirurgie) mot purement latin ; mais qui ne laïfle pas de s’employer en françois dans les matieres chirurgiques ; il fignifie une tumeur qui vient fur les os, laquelle procede ponr l'ordinaire d’une caufe vénérienne, voyez TUMEUR & Os, c’eft la même chofe que zæud en françois. On prend communément pour zodus des petites exoftofes ou des tumeurs en forme deypetits nœuds qui s’élévent fur la fuperficie des os & la rendent inégale. Voyez EXOSTOSE. | Il paroit que le zodus eft engendré par une hu- meur crafle , froide & vifqueufe , laquelle eft fou- vent très-diffiicile à réfoudre. On fe fert quelquefois pour y parvenir , d’une lame de plomb enduite de mercure qu’on applique fur le 2odus, Mais plus ordinairement on y applique l’emplaf. srum de ranis cutn mercurio ; & f elle ne fait rien , on frotte de tems en tems le zodus , avec quelque onguent mercuriel , japrès quoi on y applique des emplâtres mercuriels de cinabre & autres INpTÉ= diens. Quelques-uns appellent zodus ou nœuds , toutes les tumeurs dures qui viennent aux parties extérieu- res du corps , en conféquence d’humeurs peccantes qui y font coagulées. Mais ce terme s’applique plus particulierement aux tumeurs & protuberances qui viennent aux join- tures des goutteux , fur-tout quand la goutte eft in- véterée, & qu'on appelle autrement des sophus. Voyez Topxus. Ces nodus où sophus font formés , à ce qu’on pré- tend , d’une matiere épaifle , crue, pefante & in- digefte , mêlée avec un fuc bilieux , chaud & âcre, dont la partie la plus grofiere & la plus terreftre, étant retenue dans ces parties, y forme par degrés des concrétions pierreufes, Voyez GOUTTE. (F) NOËGA, (Géog. anc.) ancienne ville d’Efpagne, felon Pomponius Mela , qui la place , ainfi que Pii- ne, chez les Afturiens fur la côte. On croit commu- nément que c’eft aujourd’hui Navia. (D. J.) NOEL , ( Hip. eccléfaft. ) perfonne n'ignore que c’eft la fête de la nativité de J. C. Voyez NATIVITÉ DE J.C. Neuf jours devant la célébration de cette fainte fête, on chante dans l’églife catholique les antien- nes qu’on appelle des © O ; parce qu'elles commen- cent toutes par ©, &c ces, fortes de cantiques facrés ne peuvent tendre qu'à l'édification ; mais il n’en 184 NOE “toit pas de même de la maniere dont la fête de Noël fe faïoit encore à Valladolid au milieu du dermiet fiecle. On y employoit les mêmes extrava- gances qu’à la fêre des fous dans notre barbarie : des mafques srotelques , des habits de mafcarades ; des danfes dans l’éghfe avec des tambours de bafque & des violons , s’accordoient aux orgues qui fon- noïent des chacones ; & le peuple crioit vior à ce- lui qui chantoit le mieux un vé//aneio d’une mule qui tue, 6 Les lumieres de l’efprit qui ne percent que fort tard , ont enfin diffipé partout ces fortes d'in- décences. (D. J.) NOEL ; Î. m. ( Poëffe facrée. ) chanfon fpirituelle faite en l'honneur de la nativité de Notre-Seigneur; Pafquier dit dans fes recherches, Liv, 1, ch. xvy. que de fon tems on chantoit encore en plufieurs églifes des noëls pendant la srande mefle du jour de roël : un autre hiftorien prétend , que la plüpart des roëls qu'on chante en France , font des gavotes ‘&t des menuets d’un ballet qu’Euftache du Corroy, un des plus grands muficiens de fon fiecle , avoit compolé pour le divertifement du roi Charles TX. pe) NOELA , (Geog. anc.) ville de l'Efpagne Tarra- gonoïfe dans le pays des Afturiens , felon Pline, Liv. IV. ch. xx. c’eft aujourd’hui Noya fur le Tam- bre. (D. 7) NOELA-TALI , (Æiff. nat. Boran.) arbre des In- des orientales qui eft, dit-on, une efpece d’épine- vinette : {es feuilles reffemblent à celles d’un oran- ger ; l'arbre eft d’une groffeur moyenne , fon fruit eft très-rafraichiflant , & l’on fait des cordes avec fon écorce. NOERE , ( Géog. ) petite tiviere de France dans PAngoumois : elle fe jette dans la Charente, entre Angoulème & Châreau-neuf, (D.J.) NŒSSEL, (Commerce. ) c’eft le nom que lon donne en quelques cantons d'Allemagne à une me- fure de liquides qui pefe une livre, poids médici- nal, c’eft-à-dire, douze onces. Cette mefure répond à une chopine. NOETIENS , £ m. pl. ( Théoz. ) feête d'anciens hérétiques , difciples de Noëus , natif d'Ephèle , & maître de Sabellius. Ces hérériques n’admettoient qu’une feule per- fonne en Dieu ; favoir le pere, & ils croyotent par conléquent , que c’étoit le Pere qui avoit fouffert fur la croix. S. Epiphane qui a écrit cent ans après Noëtius, dit que c’eft-là une erreur dont on n’avoit point encore entendu parler ; cependant il eft cer- tain qu'il y a eu dans l’éghife des patripafliens avant les Noëtiens, Le chef de ces derniers ayant été repris de fes fu- périeurs , il leur fit’cette réponfe : quel mal aï-Je fait ? Je n'adore qu'un feul Dieu , je n'en connois point d'autre ; ileflne , ila fouffert, Gil ef mort D’au- tres auteurs difent qu'ayant été cité devant les pré- tres , 1l défavoua d’abord fes erreurs, & qu’y étant enfuite retombe , il fut chaffé de l’éclife, & fit une feûe à part. Il avoit un frère imbu des mêmes fen- timens auquel il donnoit le nom d’Æaron , prenant pour lui-même celui de More. Ils vivoient au com- mencement du troifieme fiecle. (G NŒUD , f. m. ( Géom.) courbe à nœud, eft une courbe compolée de branches , qui fe coupent ou fe croifent elles-mêmes en revenant fur leurs pas. La lemnifcate, le folium , voyez ces mots & plufeurs autres courbes, font des courbes à 7œuds. Dans la fg. 42, de l’analyfe , les points À font autant de nœuds, voyez COURBE. Ainf un 7œud n’eft autre chofe qu'un point double, voyez Dou- BLE , MULTIPLE 6 POINT , formé non par deux branches differentes d’une même courbe , mais par deux parties d’une même branche qui formant un touts tontinu , revient fur elle-même & fe coupé: Nœups,, c’eft le nom qu'on donne ez Affronomie aux deux points où l'orbite d’une planete coupel’é:: chiptique, Voyez L'ORBITE 6 ECLIPTIQUE. “Tels font les deux points € &c D (Planche Aftron. fig. 33.) le nœud C', d’où la planete part pour mon: ter vers le nord au-deflus du plan de l’écliptique ;, eft appellé zœ@zd boreal , nœud afcendant , &t autre fois réte du dragon, & fe marque ainfi à. Foyez As- CENDANT & DRAGON. œ L'autre zœud D , d'où la planette defcend vers le fud, eft appellé ræud auflral , nœud défendant ; & autrefois queue du dragon} on le marque ainfi à; la ligne droite D C', qui eft la commune feétion des deux cercles ; eft appellée Zigne.des nœuds. La ligne des rœuds de la lune fe meut d’un mou- vement retrosrade, & acheve {a révolution en dix« neut ans ; c’eft-à-dire qu’elle. met ce tems-là à reve- nir à un point de l’échptique, d'où elle eft partie. Voyez LUNE. Quand la lune eft dans les #æds , elle eft aufli dans lécliptique, ce qui arrive deux fois dans cha- que période. Quand elle eft à fa plus grande diftan< ce des zœuds ; favoir, aux points £ F, on ditalors qu’elle eft dans fes fimites. Woyez LIMITE. } Quand il y a éclipfe, foit de lune, foit de foleil.,: la lune doit être dans un des nœuds ou au moins en être fort proche. Voyez ECLIPSE, PLANETTE ,-éc; On obferve que les 2œuds de l'orbite de Saturne & de celle de Jupiter ont aufli un mouvement , & cela vient de l’a@ion que ces planettes exercent l’une fur Pautre , &c qui les empêche de fe mouvoir dans des plans exaËts ; cette même aëtion mutuelle des planettes doit affeéter plus ou moins fenfible- ment leurs zœnds, & même ceux des cometes, Foyez PROBLEME des TROIS CORPS. | Pour déterminer les 2œuds des planetes, c’eft-à- dire, la pofition de la ligne des ræuds ; on entend que la planete fe trouve dans l’écliptique, ce qui arrive lorfque fa longitude obfervée eft nulle ; &: par deux obfervations de cette forte , on détermine aifément avec le fecours de la trigonometie , la pos fition de la ligne des zœuds. Voyez Keïll, értrod. ad. veram Affron. ch. xxviy. Chambers. (O0) - Nœupb, (er Chirurgie) nodus, callus, tophus ; c’eft même chofe que zodus , voyez NODUS ; ce terme fe dit-particulierement de ces tumeurs dures &c gyp- feutes qui fe forment aux jointures des vieux gout- teux , &c qui fe nomment proprement en latin sophs, Voyez ToPHus. Nœup pu CHIRURGIEN ; c’eft un zeud qu'on fait en paffant deux fois le fil dans la même anfe ; on fe fert du 2œud du Chirurgien pour la ligature des vaifleaux ; & l’on aflujettit ce zæz4d par un autre qui eft fimple. Le nœud double fe fait le premier , afin qu'il ne puifle point fe relâcher pendant qu'on | fait l’anfe pour le fecond zœud. (F) NŒUDS DE MARBRE , (.Archirett ) ce font des du- retés par veines ou taches dans les marbres. On appelle émeril les zæuds de couleur de cendre dans le marbre blanc ; ils font très-difficiles à travaillers Les ouvriers donnent le nom de c/oux aux nœuds des autres marbres. Nœups DE SERRURERIE, ce font les différentes divifions qui {e font dans les charnieres de fiches ou couplets , de portes ou fenêtres , par où le clou ou la rivure paffent. Il y a des fiches à deux, à irois & à quatre zœuds. (D.J.) . Nœup , (Jardinage. ) fignifie proprement la par- tie de l'arbre par où 1l pouffle fes branches, {es ra- cines , & même fonfruit. Voyez ARBRE , BRAN- CHE , Ge. Le bois eft plus dur & plus ferré dans les zœuds, que \ NOE que dans le tronc ni dans les branches, mais auff il eft plus fujet à s'éclater. On taille la vigne & les arbres nains , au premier & au fecond ræud du nouveau Jef. | Les zœuds des plantes fervent à fortifier la tige, 8 font comme des tamis qui filtrent, qui purifient &t qui affinent le fuc qui fert à les nourrir. Nœups , ( Marine.) nœuds de la ligne de Lok, font des rzœuds efpacés ordinairement les uns des autres de quarante- deux à cinquante piés, par le moyen defquels on eftime le chemin du vaifleau, en mefurant la longueur de la partie de cette corde qu'on à dévidée pendant une demi-heure ; caf le vaifleau fait autant de milles par heure qu’on a filé de rœuds , en fuppofant qu'il aille toujours égale- ment , & ayant égard aux courans & à la dérive, Ge, Voyez Lok. NœuD. ORDRE DU NœuD, ( if, mod.) nom d’un ordre militaire du royaume de Naples , inftitué en 1342 par la reine Jeanne I. à l’occafion de la paix conclue entre elle & le roi de Hongrie, au moyen de fon mariage avec Louis , prince de Ta- rente. Cet ordre étoit compofé de foixante chevaliers. Clément VI. l’approuva & lui donna la regle de S. Bafile ; il prit S. Nicolas pour proteéteur , mais il ne dura qu’antant que fes inflituteurs vécurent. : NŒUD D’UNE QUESTION , ( Logiq. raifonn, Me- taphyf. ) Ce mot fe dit des principes reconnus qui fervent à décider une queftion qu’on trouve peut-être embarraflante. Il ne faut pas confondre ces princi- pes avec les argumens fuperfciels qu’on tire des heux communs , qui tendent plutôt à nous amufer qu’à découvrir la vérité , l'unique but d’un efpritin- quifitif. Par exemple, fuppofé que l’on demande fi le grand-feigneur a droit de prendre tout ce qu'il veut de fon peuple ? on ne fauroit bien répondre à cette queftion fans examiner d’abord fi les hommes font naturellement égaux ; car c’eft-là le zœud de la queffion. Cette vérité une fois prouvée , on n’a qu’à la retenir au milieu des difputes qui s’agitent fur les différens droits des hommes unis en fociété ; & l’on trouvera combienelle influe pour décider non-feule- ment la queftion du prétendu droit defpotique d’un fouverain à l’égard de fes fujets, mais plufeurs au- tres queftions qui s’y rapportent indireétement , & dont fa décifion paroït difficile. Locke, (D. J.) -_Nœup, ( Poëfre dramar, & épiqg. ) Le nœud eft un événement inopiné qui furprend , qui embarraffe agréablement lefprit , excite l'attention , & fait naître une douce impatience d’en voir la fin. Le dé- nouement vient enfuite calmer l'agitation où on a été, 8 produit une certaine fatisfaétion de voir fi- , mir une aventure où l’ons’eft vivement intéreflé. Le zœud & le dénouement, font les deux princi- pales parties du poemeépique & du poëme dramati- que.L'unité, la continuité , la durée de l’a&ion , les mœurs , les fentimens , les épifodes, &c tout ce qui compofe ces deux poëmes , ne touchent que les ha- biles dans l’art poétique dont ils connoiffent les pré- ceptes & les beautés; maïs le zœud 8c le dénouement bien ménagés, produifent leurs effets également fur tous les fpettateurs & fur tous les leéteurs. Le zœud eft compolé, felon Arifiote, en partie de ce qui s’eft pañlé hors du théatre avant le com- mencement de l’aétion qu'on y décrit, & en partie de ce quis’y pañle; le rette appartient au dénoue- ment, Le changement d’une fortune en l’autre, fait la féparation de cés deux parties. Tout ce qui le pré- cede eft de la premiere ; & ce changement avec ce qui le fuit regarde l’autre. | - Le rœud dépend éntierement du choix & de l’ima- gination induftrieufe du poète, &c l’on n’y peut don- ner de regle , finon qu'il y doit ranger toutes chofes Tor XI, NOE 18 felon la vraiflemblance ou le néceflaire , fans s’em- barraffer le moins du monde des chofesatrivéesavant lPaëtion qui fe préfente. Les narrations du paflé importunent ordinaires ment, parce qu’elles gênent l’efprit dé auditeur , qui eft obligé de charger fa mémoire de ce qui eft ar- tivé plufieurs années auparavant , pour comprendre ce qui s'offre à fa vüe, Maïs les narrations quife font des chofes quiarrivent & fe paflent derriere le théa tre depuis l'aétion commencée, produifent toûjours un bon effet, parce qu’elles font attendues avec quel- que curiofité , & font partie de cette ation qui fe préfente, Une des rafons qui donne tant d’illuftres fuffrages à Cinna , c’eft qu'il n’y a aucune narration du pañé ; celle qu'il fait de fa confpiration à Emilie étant plutôt un ornement qui chatouille l’efprit des fpeétateurs , qu'une inftruétion néceffaire de particu- larités qu'ils doivent favoir pour l’intelligence de la fuite. Emihe leur fait affez connoître dans les deux premieres fcenes , que Cinna confpiroit contre Au- gufte en fa faveur; & quand fon amant lui diroit tout fimplement que les conjurés font prêts pour le lendemain, il avanceroit autant pour lation que par les cent vers qu’il emploie à lui rendre compte êz de ce qu'il leur a dit , & de la maniere dont ils l’ont reçu. Il y a des intrigues qui commencent dès la naïffance duhéros, comme celle d'Héraclius; mais ces grands efforts d’imagination en demandentun ex- traordinaire à l’attention du fpeélateur , & l’empê- , chent fouvent de prendre un plaïifir entier aux pre- mieres reprélentarions , à caufe de la fatigue qu’elle lui caufent, ! Au refte, le rœud doit être toüjours naturel & tiré du fond de lation ; & c’eft une regle qu'on doit ob= férver indifpenfablement dans le poëme dramatique comme dans le poëme épique. Dans lOdyflée, c’eft Neptune qui forme le zœud ; dans lEnéide, c’eft la colere de Junon ; dans Télémaque , c’eft la haine de Vénus. Le zœud de lOdyflée eft naturel, parce que naturellement il n’y a point d’obffacle qui foit plus à craindre pour ceux qui vont fur mer, que la mer même. L’oppofition de Junon dans l’Enéide, comme enriernie des Troyens, eft une beile & ingénieufe fiion, Enfin , la haine de Vénus contre un jeune prince qui méprife la volupté par amour dela vertu, &t dompte fes pañlions par les fecours de la fageffe, eft une fable tirée de la nature, qui renferme en même fems une excellente morale. ( D. J.) Nœub,( Hydr.) On joint deux tuyaux de plomb par des nœuds de foudure; ceux de bois & de grès par des zœuds de maftic.( K) NŒUD DE CHARIOT, ( Artillerie. ) c’eft le nœud que font les conduéteurs de charrois, quand ils paf- {ent des cordages dans les rouages pour relever des pieces renverfées. ( D. J.) Nœup D'ÉPAULE, ex rerme d’Aiguilletier ; voyez AIGUILLETTE. NŒUD DE L’ARTIFICIER,, c’eft une fuite de trois ou quatre boucles de ficelles croifées lâches ; qu’on ferre en tirant les deux extrémités, pour retenir par leur frottement le reflort de la ficelle d’un fimple tour, qui le fait lâcher avant qu'on ait pù ker les bouts. Nœup, ( Bas au métier, ) Voyez cet article. NŒUD , en terme de Chauderonnier ; c’eftun orne: ment qui s’aflied au milieu de la premiere branche d’une trompette, & dans laquelle la feconde branche pañe. NœuD , ( Jardinage.) voyez NOUER , par rapport aux fruits. On dit un zæxd'en fait d’ornemens depar- terre ; c’eft ce qui lie plufieurs rainceaux eénfemble, comme feroit une agraffe. | Nœvup, ( Maréchal.) fe dit dans les animaux des Jointures de quelques-uns de leurs os, Éd is a Tement de la queue des chevaux, des chiens & des Chars. 172 EP NŒUD DE COLLIER, c'eft chez les Metreurs-en- œuvre des efpèces de rofette de plufeurs feuilles en pierreries, dont les dames fe fervent quelquefoisau lieu de collier. Il y en a qu’on appelle zœuds boufjans, parce qu'ils font plus touffus & plus épanouis que les autres. AU NŒUD , terme de Marchand de modes ; fe dit pareïl- lement des chofes qui fervent à en attacher & à en nouer d’autres enfemble , ou du-moins qui femblent fervir à cet ufage, quoiqu’elles ne foient le plus fou- vent que de pur ornemñent. Tels font les reuds de chapeau , Les zœuds d'épaule , les zœuds d'épée , &t Îles zæœuds de diamans, de rubis, de perles , ou autres pierreries. Les Lapidaires & Joailliers montent & vendent ceux-ci ;'les autres font du commerce des Tiflutiers-Rubanniers, & des Marchands-Merciers qui font le commerce de la rubannerie, Savary; (D.J.) | NŒUD À QUATRE, ez terme de Marchand de mo- des ; eft un ornement de ruban noué en deux feuil- les de chaque côté. On fait auf des zœuds à deux feuilles, mais plus rarement, parce qu'ils garmiflent moins, | NœupD D'ÉPAULE, ex terme de Marchand de mo- des, eft une aiguillette de plufieurs doubles de ru- bans d’or ou d'argent , & même de foie , à chaque bout inférieur defquels on attache des pentes ; voyez PEnTEs. Les autres, afflemblés l’un fur l’autre , fe pliflent le plus près qu'il eft poflible , fegpercent d’une boutonniere, ou fe coufent à l’habit. NœuD D'ÉPÉE, ex terme de Marcharid de modes ; eft un ruban de telle ou telle grandeur , uni ou bro- ché, &c. à un bout duquel on fait un rœud à quatre, & que l’on tourne par l’autre autour de la branche de l'épée. Quelquefois on attache une pente fous le nœud à quatre pour plus grand enjolivement, Voyez NŒUD À QUATRE & PENTE. | NŒUD DE MANCHES, ez terme de Marchand de modes ; {ont des zœuds de rubans à quatre feuilles que l’on attache fur la manche de la robe d’une dame, quite au ph du bras en-deflus. Ces rubans doivent être de même couleur que le refte de la parure. Voyez PARURE. NŒUD D’AIGUIERE o4 auffe ouvrage, é7 terme d'Orfevre en gros ;.c’eft un ornement qu’on voit en- tre le corps & le pié d’une aiguiere ou autre ou- vrage. Îl eft enrichi de plufieurs moulures qui fe fuc- cedent en s’avançant l’une fur l’autrejufqu’au milieu du zœrid. | | NœuD , terme de Plomberie ; c’eft endroit par le- quel.on joint enfemble avec de la foudure deux ou plufeurs tuyaux de plomb. Un mémoire fur le prix des ouvrages de Plomberie, porte que les tuyaux de plomb pour les fontaines, foudés de long avec nœuds de foudure pour les joindre , fe paient qua- torze hvres dix folsle cent pefant en œuvre, y com- prisles tranchées pour les mettre en place , & lerem- pliflage des tranchées. | Nœ&uns,( Rubannier. ) Lorfqu’on ajoute une pese au bout de celle qui finit , & quel’on veut que ‘ouvrage foit d’un même morceau, voici commeil faut s’y prendre : on coupe une partie des fils de cette piece ajoutée d’inégale longueur à l’autre par- tie dela même piece, enfuite on en fait autant à la piece qui finit, obfervant que la partie courte de. lune doit s'unir avec la partie longue de l’autre; &c cela pour éviter que tous les rœuds de cette jontion ne fé trouvent en un feul & même tas, ce qui caufe- roit une extrème difformité dans l'ouvrage , outre que le travail en deviendroittrès-difiicile par la con- fufon de cet.aflemblage de zœuds, Ces extrénutés, ainf çoupées inégalement , {ont unies enfemble par le moyen d'un 2œud à chaque brin de foie, avéc cé: lui qui lui doit fuccéder : on entend aflezqu'uncouré doit être noué avec un long , ou un long avec un court ; par conféquent les zæzds fe trouvent parta- gés en deux diftances, ce qui fait moins d’effet dans l'ouvrage & y caufe moins de diformité: NŒUDS DES RAMES, serme de Rubannier : Voici ce que c’eft. Après l’entier paflage des rames, com= me 1l a été enfeigné à for article, & fuppofant ton jours, ainfi que nous avons fait jufqu’à préfent, un deffein à fix retours, il faut former les rœuds ; & voici comment : toutes les rames en général arran- gées, comme il a été dit, fur lesirouleaux & à-tra- vers leurs differentes grilles, font aétuellement atta= chées à leur pierre, il faut les prendre fix à fix pour faire un #œud. Ces fix rames feront prifes fur le premier rouleau du porte-rames de devant, mais dans fix grilles différentes, on les pañlera pluñeurs fois entre les doigts pour leur donner une égale tenfien, ce qui veut dire quil n’y en ait point de plus lâche l’une que l’autre; enfuite on les atta- che enfembie par un même zeud, c’eft-à-dire que les fix rames forment ce zœud, & c’eft à l’extré= muté de ces fix râmes que lon attache la lffette ; ceci regarde également le glacis, comme la figure. Voyez FIGURE, GLACIS, ROULEAUX , RAÂMES, & LiISSETTES. NŒUD, f. m. ferme de Sculpteurs & de Marbriers. On appelle de la forte, en terme de fculpteurs & de marbriers , des endroits qui fe trouvent dans le mar: bre à peu-près comme les zæuds qui font dans le bois. Ils font-fi durs que les meilleurs outils re- brouflent contre. On fe fert ordinairement de la marteline pour les enlever. Ces zœuds font tou- jours un défaut dans les marbres, particulierement dans les marbres blancs. (D. J.) | NŒUD, serme de Serrurerie, eft en terme de ferru- riers & d'ouvriers fur. métaux ; qui montent des ouvrages à charmieres, ces divifions élevées, ron- des, & percées dans le milieu, qui s’emboitent les unes dans les autres, & qui font toutes tra- verfées & liées enfemble par une broche ou un clou rivé. h der Il y a des fiches à plufeurs zœuds ; celles qu’on appelle fiches à chapeles , en ont quelquefois au-delà de vingt: | der èr: ET Nœup, serme de Tifflerand, c’eft un nœud très- ferme , & qui n’eft point fujet à fe lâcher, dont les Tiflerands & les autres ouvriers qui travaillent de la navette, fe fervent pour rejoindre les fils de la chaîne ou dela trame de leurs ouvrages qui fe rompent en travaillant. + On dit efnouer un drap ; une étoffe de laine, pour dire, en Ôter ces fortes de:rœuds avec de petites pinces de fer. | NœuD, terme de Verrerie, eft ce gros bouton ow épaifleur de verre quirefte au milieu de ce que les vitriers appellent un plat de verre. On nomme aufi ce zœud la boudine 8t l'œil de bœuf. Nœups, serme de Chafles ; morceaux de chair qui fe levent aux quatre flancs du cerf, NOFESCH , (Lirholog. facrée.), mot hébreu qui fignifie quelque pierre précieufe ; mais quelle eft cette pierre précieufe? Les commentateurs du vieux Tefta- ment font encore à Le favoir: Voici la conjeéture la plus heureufe. Nofefch paroît dériver de la ra- cine f4ch ,qui veut dire-une «efcarboucle , un rubis; or comme dérivant de cette racine, 1l eft naturel. de penfer qu'il défigne une pierre rouge ; & point une pierre d’une autre couleur. Mais puifque fuck: veut dire un rwbis , nofefchfenifiera quelque pierre: précieufé approchante du rubis-par la couleur; ce fera donc vraiflemblablement le grenat, & même d'autant mieux que la langue hébraïque n’a point. NO G de terme, de notre connoïffance, pour fignifier le grenac. (D, J) . NOGA. (Déere.) Les qualités diététiques de cette efpece de friandife doivent être eftimées par celles des amandes & du miel, (voyez AMANDES 6 MIEL.) Ce dernier ingrédient a recu pourtant une altéra. tion dans la cuite qu’exige la préparation du og. H eft devenu plus vifqueux ; il a acquis de l’âcreté, Aufli cet aliment empâte la bouche, rend la fali- vegluante, &c excite une foif incommode, Il et d’ailleurs fujet à caufer des aigreurs, des vents, &T des dévoyemens. En tout, c’eft une mauvaife drogue que le {z0pz. (b) | NOGARO, (Géog.) petite ville de France en Galtogne, capitalé du bas Armagnac, fur la Mi- douze, à quarreilieues d’Aire. Il sy eft tenu deux conciles, l’un en 1200, & l’autre en 1315. Long. 17. 30. lat, 43. 40. _ NOGENT, (Géog.) grand bourg de l’Hle de France, à deux lieues de Paris, fur le bord de la Seine. Ce lieu eft fort ancien, & fon nom latin étoit Novigentum ou Novientum. C’étoit déja une bourgade au commencement du vj. fiecle fous les enfans de Clovis. Ce far 1à où Clodoald vulgai- rement appellé Saint Cloud, fils de Clodomir, fe retira dans un monaftere qu'il y fit conftruire, & dans lequel il mourut vers l'an 560. La dévotion que le peuple lui portoit, a fait changer le nom de Nogent en celui de Saint-Cloud. Voyez SAINT- Croup. (D. J.) NoOGENT-LE-Ror, (Géog.) en latin moderne Novigentum-reois ; petite. ville de France, dans POrléanois, à $ lieues de Chartres, & à 4 de Dreux. Elle eft fituée dans un vallon où l'Eure. | commence à porter bateau. Longis. 18. 55, larie. 48: 30. C’eft ici que Philippe de Valois décéda le 23 Août 1350; quoiqu'il n’eût que $7 añs, dit Bran- tome, il motirut vieux & café. [l avoit époufé en fecondes nôces, Blanche d'Evreux qui étoit dans la fleur de la jeunefle , & la plus belle prin- ceffe de fon tems ;il l’aima beaucoup ; & elle ayança fa carriere en répondant trop à fa pañion. Ce prince eut par engagement du roi de Majorque, les comtés de Rouflillon & de Cerdeigne dans les Pyrénées ; il acquit de lui la baronnie de Montpel- lier en Eanguedoc ; enfin il paya beaucoup d’ar- gent pour le Dauphiné. Tout cela eft aflez furpre- pant dans un régné fi malheureux ; mais l'impôt du fel, le hanffément des tailles, les infidélités fur les monnoïes lui donnerent les moyens de faite ces acquftions, L'état fut augmenté, maïs il fut ap- pauvri; & fi Philippe VI. eut d’abord le furnom , de fortuné , {ôn peuple ne put jamaïs prétendre À ce beau titre; & lui-même en déchut bien depuis la bataille de Crecy. (D. J.) NOGENT-LE-ROTROU, (Géog.) gros bourg de France, dans le Perche, dont il prétend être le chef. leu, {ur l'Huifne, au diocèle de Séez, éleétion de Mortagne. Ce lieu a pris fon nom de Rorrou, comte de Perche ; & c'eft pourquoi on l'appelle en latin Novigentum-Rotrod: ou Rotroci. I eff à 12 lieuesS. E. d'Alençon , 12 N. E. du Mans, 28 S. O. de Paris. Long. 18, 22. lat. 48. 20. C’eft la patrie de Belleau (Remy), ancien poëte françois qui mourut à Paris en 1577. Ia fait une _traduühion des odès d’Anacréon , en vers françois , où il regne quelquefois de la naïveté & des graces naturelles ;'mais fés pafforalss né pouvoïent plaire qu'à Ronfard. (D. J.) NOGENT-SUR-SFINE , (Géog.) petite ville de France, en Champagne, {ur la Seine, à 9 lieues de Monterean, 12 de Troyes & à 22 de Pans. Tome XI. N OI 157 Il y a bailliage, maréchauflée, & grenier à fel, Longs 21. 3, Var. 8 TS | NOGUEF, {. m. #rme de Vannier, efpece de grand panier d'ofer, très-plat, plus long que large, dont les angles font arrondis, & les bords n'ont qu'environ déux pouces de hauteur; il à une anfe de châtaigniér qui le traverfe dans fa largeur; & qui fert à le tenir. Les fémmes le portent fur la tête, & le pofent fur une toile roulée & pliée en roni qu'elles nomment un sorsillon ; les hommes qui s'en fervent, le tiennent à la main. L’ufage du roguer eft pour y arranger de petits paniers de fruits,comme de pêches, d’abricots, de figues & de prunes qué les fruitiers & fruiticres crient däns les rues, ou pour y mettre en été les pots de crême & les petits fromages dreflés dans des écliffes, que vendent les lairieres. Le rogues de ces dernieres eft garni de fer blanc; de crainte que le petit-lait qui fe filtré à travers des écliffes ne puifle gâter les femmes qui portent ce panier fur leur tête. Didfionn. de Comm, (D.J) NOHESTAN, f. m. ( Æif. ecclf.) C’eft le nom qu’on donna, du tems d'Ezéchias roi de Juda, au ferpent d’aitain que Moïfe avoit élevé dans le defert , ainfi qu’il eft rapporté dans les Nombres, c. Æxy. v, 8. & qui s'étoit confervé jufqu’à ce tems parmi les Ifraëlites. Le peuple fuperftitieux s'étant laiflé aller à ren- dre un culte particulier à ce ferpent, Ezéchias le fit briler, & lui donna par dérifion le nom de rokef= tan : comme qui diroit, ce perir Je ne fai quoi d’ai- rain, OU ce petit ferpent d'airain ; car en hébreu z4bas Où zabafth fignifie un ferpent & de l’airain. On montre cependant encore aujourd’hui dans l’égliie de Saint Ambroiïfe à Milan un ferpent d’ai- rain, que l’on prétend être celui que Moite éleva dans le defert; maïs on fait certainement par l'Ecri- ture fainte, [V. Reg. æxxvi. 4. qu'Ezéchias fit mettre celui-ci en pieces de fon tems, c’eft-à-dire, vers l'an du monde 3278, & 722 ans avant J. C, Calmet, Diéfion, de La Bibl, NOIR. (Ares méchan.) Le noir eft la couieut la plis obfcure de toutes, & la plus oppofée au’blanc. Il y a plufieurs fortes de roir$ qui entrent dans le commerce, qui feront expliquées ci-après : fa- voir, le noir de Téinturiers, le roir d'Allemagne, le zoir d'ivoire, ou zoir de velours, roir d’oë, le noir de cerf, le zoir d’Efpagne , le roir de fumée Ou zoëir à noircir, le moir de terre, & le zoir des Corroyeurs. | NOIR D'ALLEMAGNE , (Teintute.) Ce mot noir fe fait avec de la lie de vin brûlée, lavée enfuire dans de Veau, puis broyée dans des moulins faits, exprès avec de l'ivoire, des os ou des noyaux de pêche auf brûlés. C’eft de ce zoir dont les Impri- meurs en raille-douce fe fervent. Ce zoir vient ordinairement de Francfort ,; de Mayence & de Strasbourg, Ou en pierre ou en poudre ;il s’en fait néanmoins en France, qui n’eft au-deflous de celui d'Allemagne que par la différence qui fe trouve entre les lies de vin dont ils fe font; celui de Paris eft même plus eftimé que celui d'Allemagne ; & les [mprimeuis de taille-douce le trouvent plus doux. Le zoir d'Allemagne doit fe choïfir humide fans néanmoins avoir été mouillé , d’un beau nor, lui- fant ; doux, friable ow facile à mettre en poudre, léger, & avec le moins de grains luifans que faire fe peut, & sil eft pofñble, qu'il ait été fait avec Pivoire , étant meilleure pour faire le beau roir que Îles os & les noyaux de pêches. | NOIR DE CERF; c’eit ce qui refle dans la cor nue, après que l'on a tiré de la corne de cerf, l'efprit, le fel volatil, & l’huile. Ce réfidu le broyé À a 1j 188 N OT avec de l’eau, & fait une forte de noir qui eft prefque auffi beau &c auf bon que celui d'ivoire, & dont les Peintres fe peuvent très-bien fervir. Noir DE CHARBON. Le noir de charbon fe fait avec des morceaux de charbon bien nets & bien brûlés , que l’on pile dans un mortier, & que l'on broye enfuite à l’eau fur le porphyre, jufqu'à ce qu’il foit affez fin. Alors on le mer fécher par petits morceaux, fur du papier bien life, C’eft un très- bon roir pour les tableaux, & également bon pour peindre à l’eau. Noir pes CorroyeuRs. On appelle premier noir, chez les artifans qui donnent le corroyage aux cuirs, quand ils ont été tannés, la premiere teinte de cette couleur qu'ils appliquent fur les vaches, veaux où moutons. Ce zoir eft fait de noix de galle, de biere aigre & de ferraille. Le Jécozd noir eft compofé de noix de galle, de couperofe, & de gomme arabique. C’eft fur ce moir que fe donnent les deux luftres, Noir D'ESPAGNE. (Chimie & Pharm.) C’eft aïinfi que l’on nomme le liége brûlé & réduit en charbon dans les vaifleaux fermés. On vante beau- coup l’ufage de ce charbon pris en poudre pour arrêter les gonorrhées, & on le regarde comme un {pécifique dans les incontinences d'urine; mais il ef À propos d'employer ce remede avec prudence, Le zoir d'Efpagne incorporé avec de l’huile de lin, fait un liniment, que quelques auteurs regardent comme très-propre à appaifer les douleurs que caufent les hémorrhoïdes. | Noir DE FUMÉE, ( Arts.) c’eft ainfi qu'on nom- me une fubftance d’un beau noir, produite par\des. réfines brülées. ‘s Toutes fubftances réfineufes , telle que la réfine des pins , des fapins, la térébenthine, la poix , les bitumes, étant brûlées, fe réduifent en une matiere charbonneufe , fort déliée, que lon nomme xorr de fumée ; maïs comme ces fubftances réfineufes peu- vent s’employer à d’autres ufages, onne fe fert pour Le faire, que de ce qui eft refté dans le fond des chaudieres où l’on a fait bouillir la réfine, pour en faire de la poix ou du goudron. Pour cet effet, on allume des morceaux de ce réfidu qui eft très- inflammable , & on le laïffe brüler dans une mar- mite placée au milieu d’un bâtiment ou cabinet quarré, bien fermé detoute part, & tendu de toile ou de peaux de moutons. À mefure que la matiere réfineufe brûle, il en part une matiere femblable à de la fuie , qui s'attache à la toile où aux peaux de moutons dont le cabinet eft tendu. Lorfqu’on croit ue le cabinet eft fufifamment rempli de cette ma- tiere, on l’enleve pour la mettre dans des barrils, & on la vend fous le nom de soir de fumée, ou de ‘noir & noircir. Voyez nos PU: En Allemagne , où il fe trouve des vaftes forêts de pins & defapins, on fait le noir de fumée en grand, & l’on conftruit des fourneaux uniquement deftinés à cet ufage. Ces fourneaux font des cabinets quar- rés qui ferment très-exaétement ; à leur partie fupé- rieure eft une ouverture fur laquelle on place une toile tendue de maniere à former un cône ; à ce ca- binet il communique une efpece de voûte horifon- tale, ou de tuyau de cheminée , au bout duquel eft une efpece de four ; à l'ouverture de ce four on place les matieres réfineufes ou le bois chargé de réfine , que l’on veut brûler pour faire le zoir de fumée. Par ce moyen, la fubftance noire qui s’en dégage, pañle par le tuyau de cheminée , &t va fe rendre dans le cabinet quarré , voyez nos PI. Comme cette maniere eft légere , il y en a une grande quan- tité qui s'attache à l’intérieur dn cône de toile qui eft au-deflus de ce même cabinet. Lorfqu’on croit qu'il s’y en eft fufifamment amañlé, onfrappe avec des baguettes fur le cône de toile pour faire tomber le noir de fumée qui s’y étoit attaché ; parlàilre- tombe dans le cabinet , d’où on l’enleve pour le mettre dans des barrils ou caiffes de bois, &c pour le débiter. Le noir de fumée fert dans la peinture à l'huile, avec laquelle il s’incorpore parfaitement bien;ine peut fervir dans la peinture en détrempe, và qu'il ne fe mêle point avec de l’eau. Cette fubftance entre auffi dans la compofition de l’encre des Imprimeurs. Noïr DE FUMÉE, ( Chimie.) charbon volatilifé, ou plutôt élancé par le mouvement rapide de la flam- me dans la combuftion à l'air libre, & avec flamme des matieres réfineufes. Voyez la fin de l’art. SUIE, Chimie. Le noir de fumée n’eft point proprement vola- til: c'eftavec railon que nous avons énoncé dans la précédente définition, qu'il étoit enlevé parune puil- fance étrangere , ce quieft bien différent de la vola- tilité chimique, voyez VOLATIL; & même cette maniere d’être produit n'empêche point qu'il ne foit un corps très-fixe, Jouiflan: à cet égard de la pro- propriété générique de charbon, dont il eftune vé- ritable efpece. Voyez; CHARBON, Chimie. ( B) Noir D’05, le soir d’os {e fait avec les os de mou: ton, brûlés & préparés comme le mor d’yvoire. Il fait un roir roux, & l’on s’en fert beaucoup pour les tableaux; mais il eft dificile à fécher, & l’on eft obli- gé en le broyant à l’huile, de le tenir plus ferme que les autres couleurs, afin d’avoir la facilité d’y mettre la quantité néceflaired’huile grafle ou fécative : on s’en fert rarement à l’eau. Noïr DE PÊCHES, le xoir de pêches fe fait avec les noyaux de pêches brûlés comme le z0:r d'yvoire, & broyés très-fin fur le porphyre : il fert beancoup pour les tableaux, & fait une teinte bleuâtre étant mêlé avec le blanc. On peut auf s’en fervir à Peau. Noir , en Peinture, ce n’eft pas avec le zoir qu’on donne la plus grande force dans un tableau : les ha- biles peintres n’en emploient prefque jamais de pur. On dit qu’il feroit à fouhaiter que le blanc êc le zorr fuffent aufli chers pour les commençans que l’outre- mer, parce qu’alors le prix les leur feroit épargner ; & tenter d’autres moyens, foit qu'ils vouluffent fai- re clair ou brun; au lieu qu’à force de les prodiguer, ils ne font n1 l’un ni l’autre. | On fe fert en Peinture du zoir d’yvoire, du or d'os, du soir de charbon, zoir de noyaux de pêches, noir de fumée ; & pour la frefque, du zoirde terre. Noir, terme de Plumaffier, on appelle grandes nor res ou noirs fins a pointe , les plumes d’autruches z0:- res de la meilleure qualité , & qui font propres à faire des panaches. Les petites noires à pointe plate, font au contraire de lamoindre qualité, & ne fervent qu'à faire des ouvrages de mercerie, comme bonnets d’enfans , écrans & autres femblabies. Noir DE ROUILLE, c’eft la même chofe que le premier zoër des corroyeurs. NoïR DE TERRE, eft une efpece de charbonqui fe trouve dans la. terre, dont les Peintres fe fervent après qu'il a été bien broyé pourtravailler à frefque. On fait du zoir avec de la noix de galle, de la cou- perofe ou du vitriol ,comme l'encre commune ou à écrire. Il fe fait encore dusvir avec de l’argent&c du plomb; dont on fe {ert à remplir les creux ou cavités des cho fes gravées. | Noir de metteur en œuvre, eft une poudre rire qui provient de l’yvoire brûlé &tréduit en poudre, voyez Noir D'YVOIRE. La façon de l'employer dé- pend de l’artifte, Il y a des pierres que l’on met en plein noir ; alors on peint en zoir tout le dedans du chaton, & on l’emplit même quelquefois de poudre {eche , afin que la pierre en foit totalement envelop: NOÏ pée. Ilyen a d’autres auxquelles on ne met qu’un point #oir fur la culafle , aflez volontiers fons les ro- fes que l’on met fur la feuille d'argent, on peint une étoile noire fur cette feuille, Il eft aflez difficile de donner de regles là-deffus, cela dépend des circonf- tances; l’artifte attentif effaye fouvent de plufeurs façons , & fe fixe À celle qui donne plus de jeu à fa pierre, ou qui déguife miéux fa couleur. Noir D'YVOIRE , lé zoir d’yvoire {e fait avec des morceaux d’yvoire que l’on met dans un creufet ou pot bien lutté avec de la terre à potier, & que l’on met dans leur four lorfqu’ils cuifent leurs poteries; 1Hfut qu'il y refte autant quélefdites poteries pour devenir bien zoir & bien cuit : il faut fur-tout bien prendre garde qu'il n’y ait aucun jour au creufet ou autre vale, autrement l’yvoire deviendroit blanc au eu denoir, & fe confumeroit. Ce soir mélé avec le blanc, fait une fort belle teinte grife : on s’en fert pour Les tableaux, comme pour l’eau où minia- ture. Noir, (Teinture.) le noir eff la cinquieme & der- niere couleur du bon teint; l'opération qui le produit eit précilement la même qui {ert À faire de l'encre à écrire. On plonge l’étofe dans un bain compofé d’une décoétion de noix de galle & de diflolution de vitriol verd: il arrive néceffairement que l’acide vitniolique s’uniffant à Palkali dé la noix de galle, abandonne le fer avec lequel il étoit uni dans le vi- triol ; ce fer divifé en parties extrêmement fines ne loge dans les pores de Pétoffe, & y eft retenu par le reflerrement que la ftipticité de [a noix de galle y a caufée, & par une efpece de gomme qu’elle con- tient & qui l'y maftique. On ne remarque dans toute cette opération, aucun ingrédient qui ait pû donner du cryftal de tartre, ou du tartre vitriolé, auffi la teinture zoire n’eft-elle pas à beaucoup près aufli fo- lide que les autres, &elle ne réfifteroit nullement, non plus que les oris quien font les nuances. Avant de teindre une étoffe en noir , les réglemens exigent qu'elle foit puefdée, c’eft-à-dire qu’elle ait ététeinte en bleu très-foncé : ce bleu dont la teintu- re eft fohide ; fert en outre, en donnant à l’étoffe une couleur approchante du zoir, à diminuerla quantité du vitriol qui, fans cela feroit néceffaire, & quiren- droit l’érofe rude. On pourroit employer au même ufage, le rouge foncé de garance, maisilenréfulte- roit deux inconvéniens ; le premier de faire fubir à l’étoffe une premiere altération par l’a@tion des fels du bouillon ; & le fecond , de donner'au roirun œil rougeâtre &r défagréable, On évite l’un & l’autre en donnant à l’étofe une premiere teinture bleue , qui ne détruit pas l’étoffe ; & qui loin d’altererle n0ir lui donne ax contraire un velouté très-avantageux. Le noir & le gris fervent non feulement feuls, mais encore on les emploie pour brunir toutes les couleurs , & c’eft pour cettéraifon qu’on nomme 6rz- ziiture, la teinture noire où grife qu’on donne à une étoffe dejà teinte d’une autre couleur. Acad, roy, des Scienc: 1750.(D.J.) j NOIR ANTIQUE , (Æif4. nat.) enitalien ,eroun- tico ; nom donné par les modernes à un marbre très- Aoir, fort dur & prenant un très-beau poli. Les an- ciens l’appelloient /uculleum marmor. NOIR EMPLATRE , On emplätre de cérufe brälée, VOyez fa préparation au mor EMPLATRE. Cet emplà- tre ne doit {a naïffance qu'à une bifarrerie où fantai- fe d'ouvrier, C’eft une préparation moins élégante que celle de l'emplâtre decérufe blanc, fans avoir aucune propriété de plus. Il ya même apparence que le premier emplâtre roir qui ait été fait, eft dû à li BnOrance ou à la négligence d’un artifte ; car l’em- plâtre zoir eft un emplâtre:manquétou gâté, VOYEZ EMPLATRE.. Au reftece qu’on appelle ici brélé, n’eft en effet que réduit : la cérufe prétendue brûlée ; n'eft NOI 180 autre chofe que du plomb qui a repris fa forme mé° tallique , en empruntant du phlosiftique de l'huile, Voyez RÉDUCTION.( 4) pè. Notr', (Maréchal.) poil du cheval, Noir jais, où maure, ou moreau, ou vif, c’eft le vrai zoir. Onap- pelle un cheval qui, quoique zoir, aune teinte rouf fâtre, zotr mal teint. | | NOIRCEUR , f. f. (Phyfq.) c’eft la couleur qui eft occafionnée par la texture des parties de la furfa- ce d'un corps, telle que les rayons de lumiere qui tombent deffus font amortis ou abforbés, fans {e re- fléchir que très-peu ou point du tout. La roirceur n’eft donc pas proprement une couleur, maïs la prie vation de toute couleur / voyez COULEUR & Lumre- RE. La roirceur eft direftement oppofée à la Éancheur, qui vient de ce que les partiesrefléchiffent indiférem- ment tous les rayons quitombent fur elles, de quel- que couleur qu'ils foient, voyez BLANCHEUR. New- ton dans fon traité d'optique , montre que pout pro- duire un corps de couleur zoire, il faut que les cor- pufcules qui le compofent foient moindres que ceux qui forment les autres couleurs ; parce que quand les particules compofantes font trop grandes, elles re- fléchiffent alors beauconp de rayons ; mais f elles font moindres qu’il ne faut pour refléchir le bleu le plus fonce, qui eft la plus fombre de toutes les cou- leurs , elles refléchiront f peu de rayons quele corps paroïtra noir. De-là il eff aifé de juger pourquoi le feu &r la putréfaétion , en divifant les particules des fubftances , les rendent noires : pourquoi un habit noir eft plus chaud qu’un autre habit, toutes chofes d’ailleurs égales ; c’eft qu'il abforbe plus de rayons &c en refléchit moins, voyez CHALEUR : pourquoi une petite quantité de fubftances noires communi- quent leur couleur aux autres fubftances auxquelles elles font jointes ; leurs petites particules, par la raifon de leur grand nombre, couvrant aifémient les grofles particules des antres: pourquoi les verres qui font travaillés & polis foigneufement avec du fable , rendent noir le fable aufli-bien que les parti- cules qui fe détachent du verre: pourquoi les fub£ tances noires s’enflamment au foleil, plus aifément que les autres ; ce dernier effet vient en partie de la multitude des rayons qui s’abforbent au-dedans de la fubffance , & en partie de là commortion faite des corpufcules compofans : pourquoi quelques corps noits tiennent un peu de la couleur bleue ; ce qui fe peut éprouver en regardant à-travers un papier blanc des objets noirs, alors le papier paroîtra bleuâ- tre; la raïfon de cela eft que le bleu obfcur du pre- mer ordre des couleurs, eft la couleur qui appro- che le plus dunoir , parce que c’eft celle qui refléchit moins de rayons , & que parmi ces rayons, elle ne refléchit que les bleus. Donc réciproquement, f les corps noirs refléchiflent quelques rayons ,'ce doit être les bleus préférablement aux autres. Voÿez BLEU. Chambers, (O) ds NOtRCEUR , (Médec.) la couleur noïre naturelle ; &c celle qui doit fa naïffance à la téinture, n’annon- cent rien dé fâcheux ; mais celle qui vient d’une cau- fé morbifique , eft d’un mauvais préfage. 2 Le fang, la graifle, la bile, la moelle, les cra- chats’, la mucofité , les matieres fécales, les matie= res rejettées par le vomiflement, Purine, le pus & la pituite , font fujets à acquérir une couleur zoire, produite par la matiere de la mélancolie: " " Ces humeurs corrompues & tombées dans le fpha: cele, font un trifte pronoftic dans les maladies aiguës ; comme l’inflammation, les fiévres éréfypé- lateufes , malignes, épidémiques , la pefte, la pètite vérole. Elles font également mauvaifes dans les ma= ladiès chroniques , l'iétere , les contufons, les brû- lures , & dans la congélation des membres, foit que ces maticres s’évacuent, foit qu'elles s’attachent 190 NOI aux parties , foit enfin que la mauvaile couleude ces humeurs fe manifefte à la peau. La méthode curative demande de cortiger, d’é- vacuer, de difper ; d’adoucir la malignite. Il faut encore arrêter par les antifeptiques, autant qu'il eft pofñble , le progrès de la corruption des humeurs. NOIRCIR , v. aût. & neut. (Gramm.) norrair; (neut.) c’eft prendre de foi-même une couleur noi- re, Norrcir, (a@.) c’eft enduire de cette couleur un objet. | NoirGir, (Marine) c’eft enduire les veraues êc let mâts d’une mixtion faite de noir de fumée & de goudron , ou d'huile & de noir de fumée. On roircit les mâts près des (outereaux & de létambray, êc les vergues par-tout, Noircir, (Arquebufier, Coutelier, Serrurier, Fozr- biffeur, & autres ouvriers em fer.) c’eft après avoir donné à la lime & au marteau, à des pieces d’ouvra- ges la forme convenable, les faire chauffer bien chaudes, & les froter avec de la corne de bœuf, afin de les garantir de la rouille. NOIRCISSEUR , f.m. (Teinture.) les Noirciffeurs font les ouvriers qui font l’achevement des noirs. À Rouen ils entrent dans la communauté des Teintu- r1ers. Noire MER , partie de la Méditerranée , qui forme au fond de cette derniere comme une efpece de grand golfe. Voyez MÉDITERRANÉE, Quelques anciens, & entrautres Diodore de Sieile ; ont écrit que le pont-Euxin ou la ser Noire; n’étoit autrefois que comme une grande riviere ou un grand lac qui m'avoit aucune communication avec la mer de Gre- ce ;. mais que ce grand lac s'étant augmenté confidé- rablement avec le tems par les eaux des fleuves qui y arrivent il s’étoit enfinouvertun pañlage, d’abord du côté desiiles Cyanées , & enfuite du côté de l'Hel- lefpont. C’eft fur ce témoignage des anciens que M. de Toutnefort dit dans fon voyage du Levant , que la mer Noire recevant les eaux d’une grande partie de l'Europe & de l’Afie , après avoir augmenté confide- rablement , s’ouvrit un chemin par le Bofphore , & enfuite forma la Méditerranée, ou l’augmenta ficon- fidérablement , que d’un lac qu’elle étoit autrefois, elle devint une grande mer, qui s'ouvrit enfuite elle- même un chemin par le détroit de Gibraltar, 6t que c’eft probablement dans ce tems que l’ile Atlantide, dont parle Platon, a été fubmergée. Voyez-ATLAN- TIDE, Cette opinion ne peut fe foutenir, dès qu'on eft afluré que c’eft l'Océan qui coule dans la Méditer- ranée , & non pas la Méditerranée dans Océan; d’ailleurs M. Tournefort n’a pas. combiné deux faits efflentiels., & qu'il rapporte cependant tous deux : le premier, c’eft que la mer-Noire reçoit neuf ou dix fleuves, dont il n’y en:a pas un qui ne lui fourniffe plus.d’eau que le Bofphore n’en laïffe fortir ; le fe- cond, c’eft que la mer Méditerranée ne reçoit pas plus d’eau par lesfleuves ,.quélawrer Noire ; cepen- dant elle eft fept ou huit fois. plus grande, & ce que le Bofphore lui fournit ,. ne fait pas la dixieme partie de ce qui tombe dans la mer Noire ;.:comment.veut-1l que cette derniere partie] de ce-qui tombe, dans une petite mer..ait formé :non-feulement uñeisrande : mer , mais. encore ait, fi fort augmenté la. quantité deseaux, qu’elles aient renverfé lesterres à l'endroit du. détroit ,.pour aller enfuite fubmerger une île plus-srande.que l'Europe : La mer Méditerranée tire au contraire au moins dix foié plus d’eaude l'Océan. qu'elle n’en tire de lazzer Noire, parce que Le Bof- phore n’a que 800 pas de largeur dans lendroitle plus étroits au heu.qu'e le dérroir de Gibraltar.en a plus de 5000. dans l'endroit le plus ferré ,..8c qu’en fuppofant les vitefleségales dans l’un & dans l’autre détroit , celui de Gibraltar a bien plus de.-profondeur. ——. uns — NOI Fhift, nat. gén, & part. tom, I. Voyez MER , FLEUVE COURANT, &c. NOIRE, RIVIERE, (Géog.) il y a dans l’'Améri- que feptentrionale , dans la nouvelle France, trois rivieres noinmées rivieres Noires : l'une fe rend dans le fleuve faint-Laurent , l'autre fe jette dans le lac des Illinois, & la troifieme fe perd dansle fleuve du Mififipi par les 431 de Zar. féptenr. NOIRE, PIERRE , (ff. nat.) nigrica, ou nigritis ; crea nigra, prigites, pierre noire, tendre, luifante , grafle au toucher, quelquefois très-âcre , & d’un goût vitriolique & aftringent. Les ouvriers ; quil’ap- pellent quelquefois craÿoz noir, s’en fervent pour tracer des lignes. La meilleure efpece dont on fe fer- ve en France, vient de Normandie. On fair le plus de cas de celle qui n’eft point entremêlée depyrites, & quine fe vitriolife pas; c’eft-à-dire, à la furface de laquelle il ne fe forme point une efpece de moïfif- fure ; ce qui annonce qu’elle renferme des particu- les pyrireufes qui fe font décompofées. . Ontrouve deux carrières de cette pierre noire en Weftphalie, dans l’évéché d’Ofnabruck près d'E£: fen ; elle eit feuilletée comme de l’ardoïfe. On ex tranfporte une très-grande quantité en Hollande : on prétend que les Hollandoïs s’en fervent pour con- trefaire l’encre de la Chine. Il paffe près de ces carrieres une riviere dont quelquefois les eaux font" entierement noires, Voyez Bruckmam , epiffol. itiner. centuria III. epiff. ij. (—) Noire, f. f, eft une note de Mufique qui fe fait ainfi ; on Ac & qui vaut deux croches ; ou la moitié d’une blanche. Dans nos anciennes mufiques on fe fervoit de plu fleurs fortes de noires ; zoires à queue, roirequarrée, noire en lozange. Ces deux dernieres efpeces font. demeurées dans le plein chant ; mais dans la Mufique on ne fe fert plus que de la zoire à queue. Voyez Va- LEUR DES NOTES. ( S) Nomrs ,f.m. pl: ( Comm.) eft le nom d’une na- tion d'Afrique qu’on nomme ainfiä caufe de la cou- leur de leur peau qui eft zorre: Voyez la raifon de cette couleur fous l’article NEGRE , où nous avons: aufli traité dus commerce que les Européens font de ces mors, tant dans le continent , Que dans quelques: îles de l'Amérique. ( G ) | NOIRMOUTIER , ( Geéog. ) île de l’Océanocci- dental fur la côte de France , aux extrémités du Poitou & de la Bretagne , vers l'embouchure dé la Loire. Cette île s’appelloit autrefois Æer ou Herio. S. Philibert s’étant retiré dans cet endroit, y fonda vers l’an 674, un monaftere qui fut nommé Fer moutiers & depuis Noirmoutier, ou par corruption ; ou à caufe de l’habit noir des moines bénédiétins qui l’occupoient. Mais depuis long-tems il n’y a plus de-moines noirs dans le prieuré de S. Philibert : ce font aujourd’hui des moines de Citeaux. Cetteîle a environ trois lieues de long, fept de tour, & une petite ville qui prend le nom de Pile, &-qui peut contenir deux mille habitans. Long. 15. . 24, lat, 46:55: (D. J.) NOISETTIER , {. m.(Æiff. nat. Boran.)corylus ; genre de plante à fleuren chaton, compoféede plu- feuts petites fewilles attachées à un axe en forme d’é- cailles ,-fonslefquelles il y a beaucoup de fommets. Lesembryonsnaiflent furlemême arbre, mais {épa- rés.des fleurs : ils deviennent dans la fuite ime cos que arrondie & offeufe ; cettecoque eff recouverte d'une-enveloppe calleufe & frangée , & renferme uneamande, . Tournefort, Jnfhivur, rei herbar. Voyez PLANTE. ( 1 ) | NoiseTTieR , corylus, petit arbre que l’on culti= ve à caute de fon fruit. «C’eit l’eipece. franche du condrier qui vient dans Les bois, &-dont le roifesier NOT he differe que par fon fruit ; qui eft plus gros & de meilleur goût : ainfi pour la defcription & les faits généraux ; voyez COUDRIER: Il ÿ aplufieurs efpeces de zorfestiers? 2 . 1%. Le zoifettier franc ; les noïfettes qu’il produit font longues & plus groffes que lesnoifettes des bois. 2°. Le rorfertier franc a fruit ronge & oblong, 3°. Le noifertier franc a fruit rouge 6 oblong , recou- vert d’une pellicule blanche. ‘ Ces trois efpeces de noifettes font celles qui réuf- fiflent le mieux dans le climat feptentrional du royaume. fre à 4°. Le noifetier à gros fruit rond ; c’eft l’aveline ; qui ne mürit bien que dans les pays chauds. 5° Le noifertier a grapes , c’eftune variété qui n’a d'autre mérite que la fingularité d’avoir un pédicule plus long qui, au lieu de réunir les noifettes en un feul point , comme on les voit ordinairement , les raflemble en maniere de grape alongée. 6°. Le noifertier d'Efpagne ; c’elt une efpece d’a- Veline fort grofle & anguleufe, mais qui n’eft pas d’un goût f délicat que nos noifettes franches. 7°.Etle zoifertier du Levant ; cet arbrifleau ne de- vient pas à beaucoup près fi haut que les autres noi- Jettiers ; à peine s’éleve-t-l à.cinq ou fix piés : fa feuille eft moins large, plus alongée, & extrèmement ridée , & fa noifetre ef la plus grofe de toutes ;mais ce n’eft pas la meilleure. Ce norfercier eft très-rare: On pourroit multiplier les différentes fortes de z0:- {ettiers en femant leurs zoifèrces , qui produifent ordi: nairement la même efpece ; mais cette méthode eft trop lorgue : les jeunes plants ne donnent du fruit qu’au bout de fept ans. On pourroit auffi les faire venir de boutures & de branches couchées : autre pratique minutieufe , dont on doit d’autant moins le fervir, qu'il y a unmoyen plus fimple , plus court ë& plus aifé. Tous les zoiféstiers pouflent du pié quan- tité de rejettons qui font nuifibles & fort à charge ; parce qu'on doit les fupprimer tous les ans, fans quoïils feroient dépérir les maîtrefles tiges, & atte- nuerotent le fruit: On fe fert de ces rejettons pour multipher l’efpece, & on les détache avec le plus de racines qu'il eft poffible. Ils reprennent aifément à la tranfplantation, & donnent du fruit au bout de trois où quatfe ans. Tous les zoiferriers font très-ro- buftes ; ils s’accommodent de toutes Les expoñ- tions ; 1ls viennent dans tous les terreins : cependant ils fe plaifent mieux dans les terres maigres, fablon- neufes & humides , à l’expofñition du nord, dans des lieux frais &c à l'ombre. Mais il ne. faut pas qu'ils foient dominés , ou trop ferrés par d’autres arbres, Enfin on met ces arbres dans les places inutiles & dans les coins perdusides jardins fruitiers & desver- gers.. L’automne eft le meilleur tems pour la tranf- plantation des oifectiers , parce qu’ils entrent en {e- ve dès la fin du mois de Janvier, Cependant on peut encore les tranfplanter de bonne heure an printems. Ces arbres ne font pas fufceptibles d’une forme ré- guliere ; 1l n’eft même guere poffible de les réduire à une feule tige ; & quand on en viendroit à bout à force de retrancher les rejettons qu'ils pouffent du pié , l'arbre dépériroit bientôt par la quantité de frmit qu'il poïte : on.eft donc obligé de laiffer fur chaque pié trois ou quatre principales tiges, qu’on renouvelle dans leur dépériffement , par de jeunes rejettons qu'on laifle monter. Pour la qualité & les propriétés du fruit, voyez NOISETTE. . NOISETTE , ( Diete. ) voyez AVELINE: . NOIX , f. £. forte de fruit qui a une écale fort dure, dans laquelle eft enfermée une amande plus tendre, êt mangeablé. Foyez GLAND ; AMANDE, Gc. Il yadiverfes fortesde zoix ; favoir , des noifet- tes, des avelines, des chataignes, des noix denoyer , $e. Voyez AVELINES, 6e, # N OI rof Noix, ( Dicte & Matiere méd. ) voyez NoYER. . Noix D’ACATOU ; ( Boran. exor. ) fruit, ou pluz tôt noyau taillé en rein ; de la groffeur d’un œuf; couvert d’une écorce grife où brune ; épaifle d’en- viron une ligne, compofée de deux membranes & d'une fubftance entre deux ; qui eft comme tn di= ploé fongueux ; contenant dans fes cellules un fuc mielleux , rouflätre , âcre, mordicant , brûlant, L’a- mande qui eft fous l'écorce eft blanche, douce ; & revêtue d’une petite peau jaune , qu'il faut ôter: L'arbre qui. porte la 207x acajou vient en Améri: que , au Bréfil & aux Indes orientales. Il s’éleve plus ou moins haut, felon la différence du climat & du terroir ; car dans le Bréfil, il égale la hauteur deg hêtres, &t eft beaucoup moins grand dans le Mala- bar êc dans les iles d'Amérique: Le pere Plumier en: donne la defcription fuivante: | C’eft un arbre qui eft prefque de la grandeur de notre pommuer , fort branchu, garni de beaucoup de feuilles, couvért d’une écorce ridée & cendrée: Ses ferulles font arrondies, longues d'environ cind pouces, larges de trois, attachées àune queue cour- te ; liffés , fermes comme du parchemin ; d’un verd gai en-deffus & en-deflous, ayant une côte & des nervures paralleles, 2,27) 0 Au fommet des rameaux naïffent plufieurs pédicu: les chargés de petites fleurs difpofées en maniere de parafol, dont le calice eft découpé en cinq quar- tiers droits , pointus , en partie rougeÂtres, & er partie verdâtres , rabatus en - dehors ; & plus longs que le calice ; il porte dix étamines déliées ; de I longueur des pétales, garnies de petits fommets : elles entourent le piftil dont l'embryon eft arrondi = le ftile eft grêle , recourbé, de la longueur des pé: tales, &x le fligmate qui letermine eft pointu: | Le fruit eft charnu , pyriforme , de la groffeur d’un œuf, couvert d’une écorce mince , life , luifante ; tantôt pourpre,tantôt jaune, & tantôt colorée de ne & l’autre couleur. Sa fubftance intérieure eft blan- che ; pleine d’un fac doux, mais un peu acerbe. Ce fruit tient à un pédicule long d’un pouce ; & porte à {on fommet un noyau en forme d’un rein, long d’en- viron un pouce & demi, life en dehors & d’un verd obfcur & cendré. L’écorce de ce noyau eft épaïifle , & comme à deux lames , entre lefquelles eft un diploé contenant un fuc ou une huiletrès-cauf. tique ; d’un jaune foncé. L’amande que renferme ce noyau eft blañche , couverte d’une peau mince & blanchätre. Elle a un goût qui approche beaucoup de celui de la piftache. Ce fruit a une odeur forte 3 & 1il'eft tellement acerbe, que s’il n’étoit adouci pat l'abondance du fuc qui en fort quand on le mâ; che, à peine pourroit-on le manger. a L'arbre acajou répand par occafon, ou même na- turellement , beaucoup de gomme rouflâtre, tranf: parente ; folide , qui fe fond dans l’eau comme Ha gomme arabique. On exprime des fruits un fuc qui» par la fermentation , devient vineux, & capable d’énivrer. On en fait du vinaigre , & on en tire un efprit ardent fort vif. Les Indiens aiment beaucoup | les amandes , & expriment des écorces une huile qu'ils emploient pour teindre le linge d’une couleur noirâtre prefque ineffaçable, (D. 7.) | Norx D’AREQUE , l’areque eft une efpece de pal mer qui croît dans les Indes orientales , & qui s’é- leve beaucoup. Cet arbre porte des fruits ovales & gros comme des noix. L’écorce de ces fruits devient jaune & molle en müriffant ; 8& couvre un noyau de _ la groffeur d’une aveline , gris au-dehors & marbré blanc & de rouge au-dedans comme une mufcade. Ce noyau n’eft pas régulierement ovale, il eft ap- | plati & un peu concaveà lendroit quirépond au pé: dicule du fruit. Ce fruit , lorfqu’il n’eft pas encore | mûr, enivre ceux qui en mangent; il devient aftrin: 192 N OI sent en müriffant. Les Indiens lui donnent le nom de chofoal. Ils le font fécher au foleil , & enfuite ils le mêlent avec du betel , des huitres brülées, du lyeuim , du camphre , du bois d'aloës & de Pambre gris , pour faire des trochiques, qu'ils mächent pour faire couler plus abondamment la falive. Ces mêmes Indiens font épaïflir le fuc des fruits de Pare- que , & alors ils le nomment cache. Noix BEN, ( Botan. exo.) vous trouverez au mot BEN la deicription complette de ce fruit , de Phuile qu'on en tire , & de fon ufage. La noix ben croît en Efpagne , en Arabie , en Ethiopie & dans les Indes. Elle a été connue des Grecs, des Romains & des Arabes , comme il paroît par les écrits de Théophrafte, de Diofconde , de Pline & de Mefué. Ils l'ont nommé BxAavos , pupe- Lui, pupsBañaves , glans ægyptia , 6 glans unguen- ÉATLA, L'huile qu’on en tire par expreflion, o/eum balani- cum , ne rancit prefque jamais , & n’a ni goût, ni odeur; elleeft très-utile aux parfumeurs pour pren- dre l'odeur des fleurs , & en faire des effences agréa- bles. Les dames s’en fervent aufh pour adoucir la peau ; & on la mêle avec du vinaigre &c du nitre pour guérir les petits boutons , &t calmer les déman- geaifons. Horace appelle cette huile ba/anus, Preffa tuis balanus capillis Jamdudum apud me eff. « J'ai aufü , dit-il à Mécénas, de Peflence de 4e, » que j'ai fait tirer exprès pour parfumer vos che- » veux». Les parfumeurs romains favoient très-bien exprimer de cette zoix une forte d’huile qui faïloit un parfum exquis ; mais la plus eftimée , au rapport de Pline, venoit de Pérra , aujourd’hui Grac, ville d'Arabie. Mécénas étoit l’homme du monde qui a1- moitle plusle parfum , & qui y faifoit le plus de dé- penfe : c’eft fur ce foin qu'il avoit de fe parfumer à qu’eft fondé le bon mot d’Augufte , qui pour dé- peindre le caraétere du ftyle de fon favori, lappel- loit wopopeyes, ajuflé comme [es cheveux. (D. J.) Noix DE CYPRÈS ; ( Mar. méd.) Voyez CYPRÈS. Noix DE GALLE, ( Æf£. nar. des végér,) en latin galla , en grec xumdee ; ce font des excroiffances contre nature qui fe forment fur divers chênes en divers pays , à l’occafon de la piquure de quelques imectes. Nous tirons divers fervices des infeétes fans au- eune reconnoïflance. Comme plufeurs d’eux trou- vent la vie &c le couvert fur de certaines plantes, c’eft au foin qu'ils prennent d’y loger leurs petits, que nous devons l'invention ou la matiere des plus belles couleurs que l’on emploie, foit dans la Pein- ture, foit dans la Teinture, telles que font, par exemple , le vermillon &c l’écarlate. Nous devons en particulier le plus beau noir de nos étoffes de foie & de laine aux zoëx de galle | pur ouvrage des moucherons. On a tort de les appeller zoix, puifque ce font des excroiflances contre nature. Il eft vrai qu’elles ont une forte de noyau , & qu’on les recueille fur un arbre : mais elles n’ont qu’une faufle apparence de noix ou de fruit , fans être mi l’un mil’autre. Il n’y a prefque point de plante qui ne foit de même piquée par un infeéte , & qui ne produife de ces prétendues noix de toute couleur & de toute grandeur. Il y a desarbres donrles feuilles en font entierement parfe- mées ; mais on ne leur a point donné de nom, parce qu’on n’en fait point d’ufage , & peut-être en tirera- t-on dansla fuite de celles qui croiffent fur le plane, fur le peuplier , fur le faule , fur le bouis, fur le lierre, Ge. Les fecrets des arts ne font point épuifés. Les noix de galle, puifque l’ufage leur a donné çe nom impropre, viennent fur des chaînes ou fur NO : des arbres qui portent du gland , maïs non pas fur toutes lés eipeces dé chêne, ni dans tous les pays. Le chêne qui porte les ga/les s'appelle robre où rou- vre; en latin, par les boranutes, robur. J.B. I. y. 76% Rau, Æiff, IL. 1386. Quercus gallam exiguæ nucis magnitudine ferens , C.B. P. 420. Tourn. znft, 583. Il croît dans le Levant, dans la Pannonie, dans l'Iftrie, en Ltalie, en Provence , en Gafcogne, 6e. Cet arbre eft-plus bas que le chêne ordinaire, mais fort gros & fouvent tortu ; {on bois ef fort dur , fes feuilles font découpées à ondes aflez pro- fondes , couvertes d’un duvet délicat ; {es fleurs « {ont des chatons , & fes fruits des glands plus perits que ceux du chêne commun. Ses feuilles, fruit, écorce, font aftringens, réiolutifs, & ont les mêmes vertus que ceux du chène ordinaire ; mais le rouvre ne fournit pas des ga//es dans tous les pays ; par exemple , il n’en porte point en Angleterre ; la rai- fon qu’en dit Ray eft excellente, c’eft que l’on ne voit point dans les iles britanniques les infeétes qui donnent naïflance aux n01x de galle | & qu’il eft conf- tant que c’eft à leur piquure que ces fortes d’ex- croiflances contre nature doivent leur origine. Voici comme elles fe forment fuivant les obferva- tions de Malpighi qui le premier a développé ce méchanifme de vésétation. ! Certains petits infeétes, & fur-tout certaines mouches piquent les bourgeons , les feuilles & les rejettons les plus tendres des rouvres ; ils en déchi- rent les vaifleaux les plus minces , & en font fo:tir une humeur qui fe forme d’abord en une coque où vefñie, & puis fe remplit & fe durcit. En effet , le cœur du bouton étant entamé par la tariere de l’in- fecte,le cours dufucnourriciereftinterrompu,Lafeve détournée de fon chemin s’extravafe , s’enfle & fe di- late à l’aide des bulles d’air qui entrent par les pores de lécorce , & qui roulent dans les vaiffeaux avec la feve. Cette veflie fe feche en dehors, & l’air ex- térieur la durcit quelque peu en forme de croute ou de noyau. Cette boule fe nourrit, végete & groflit avec le tems, comme le refte de l'arbre. On conçoit bien que le fuc coulant de la plaie que la mouche a faite, ilabondeiciavecplusd’abondance , parce que la réfiftance eft diminuée , enforte que les vaifleaux fe diftendent de plus en plus par l’humeur qui s'y répand. , Ces veflies font deftinées à être comme la ma- trice qui doit recevoir les œufs que pondent ces in- fe&tes, les conferver, les échauffer , les faire éclorre &r les nourrir. Toutes ces vérités fe juftifient à l’œil & à l'examen. Quand on ouvre les zoix de galle mû= res & récentes, on trouve à leur centre des ver- mifleaux , ou plutôt des nymphes qui fe dévelop= pent infenfiblement & fe changent en mouches qui font quelquefois d’un genre différent. Peu de tems après qu’elles font formées, elles fe cherchent une iflue en rongeant la fubftance de la noix de galle , & enfin elles font un trou rond à la fu- perficie , par lequel elles fortent & s’envolent. Sx les zoix de galle ne font pas percées , on y trouve le vermifleau ou la mouche: mais fi elles font ou- vertes, on les trouve vuides ou remplies d’autres animaux qui font entrés par hafard dans les trous , &t fe font cachés dans ces petites tanieres ; on y trouve , par exemple , quelquefois une petite afat- gnée qui profite du domicile vuide : elle ytend des filets proportionnés à la grandeur de la place, & y attrape les pucerons fans expérience qui y vien- nent chercher aventure. On diftingue deux fortes de noix de galle dans les boutiques , favoir celles d’orient , que l’on appelle | noix de galle d'Alep où Alepines | & celle de notre pays. Les roix de galle d'Alep font arrondies, de [a Ÿ grofleut ' à 9 , " à 9. ! . ARE à. ! groffeur d’une aveliné ou d’une petite noix,anonleu. fes, plus ou moins raboteufes , pefantés, de cou- leur blanchâtre, verdätre ou noïrâire , compadtes & réfineufes en-dedans , d’un goût aftringent & acer- be : celles de notre pays font rondes , rougeâtres ou rouffes, polies à leur fuperficie, léveres , faciles à rompre , d'une fubftance plus raréfiée , (pongieu- fes & quelquefois creufes. Elles font moins bonnes pour la teinture que celles du levant. Elles n'étoient pas inconnues aux anciens. Les premieres s’appel- lorent oupauires | & les autres coxires, comme fi l’on difoit ro1x de galle des ânes. Nous venons de voir que les zoix de gulle diffe rent par leur figure, par leur couleur & par leur furface polie ou raboteufe. I eft vraiflémblable que ces différences dépendent plincipalement de la va- riété des efpeces d'infeftes qui piquent les chênes. Comme les inteétes d’un pays ne iont pas tous pa- reils à ceux d’un auire pays, quoique peu éloipné, il arrive par cette raifon que fur la même efpece de chêne , on voit croire en Italie des galles fermes, groffes & folides, pendant qu’en France elles font molles , petites, &, à proprement parler, des faufles galles. 4 Les meilleures ga/les nous viennent de Tripoli, & fur tout d'Alep & de Mozul fur le Tibce Onen recueille dans le Levant use fi grande quantité , qu’on en tire de Smyrne feule plus de dix milie quin- taux par an. La roix de salle des Turcs, qu'ils nom- ment baygendoe, elt rougeâtre , de la grofeur d’une noiette , & eft employée dans leur écarlate : ce fruit eft fort cher en Europe. Les noix de galle fervent dans les arts. Je fai bien que, comme elles font fort aftringentes , quelques médecins les recommandent inrérieurement dans les diffenteries , les flux de ventre & les hémorrha- gies ; mais outre que ces maladies demandent des remedes estrèmement variés , fuivant leur nature & leurs caufes , & que dans plufeurs cas les roix de galle feéroient pluiÔôt nuifibles que falutaires , il faut encore convenir que , dans les cas où elles fe- roient utiles, on a des remedes beaucoup plus éner- giques à mettre en ufage. M. Reneaume , membre de l'académie des Scien- ces, a cru avoir découvert dans les noix de galle un fecond fpécifique pour les fievres intermittentes: mais la vertu fébrifuge qu'il leur attribuoit, n’a point été confirmée par l'expérience , &c la théorie de la fievre de ce médecin, fur laquelle il fondoit fon re- mede, étoit pitoyable. | On emploie Les noix de palle extérieurement pour reflerrer & répercuter, pour affermir & forufierles parues qui font trop relâchées. On s’en fért dans des injeétions & dans des fomentations aftringentes pour puérir la châûte de la matrice, & celle de l’anus qui vient du relâchement du fphinéter. Elles entient aufh dans quelques émplâtres & onguens afliin- gens , comme dans l'emplâtre pour les hernies , ap- pellée communément emplérre contre les ruptures | de Charas. i Elles fervent encore en Chimie à éprouver la nature des eaux minérales : elles donnent à la {o- lution du vitriol la couleur noire, ou plutôt celle de violette foncée ; favoir, lorfque le {el alkali des noix de galle Le joint au fel acide vuriolique, & en fait féparéer les parties métalliques ; alors ces parti- cules ne vont pas au fond de la liqueur, mais elles S'uniflent avec les particules fulphureutes des noix de galle , lefquelles nagent dans le fluide & foutien- nent les particules métalliques. Par cetteraifon l’in- fufñon ou la déco@ion de ces roix fert aux Chi- nüftes & aux Phyficiens pour l'examen des eaux minérales ; car elles contiennent un fél vitriolt- que, où un peu de fér ou de cuivre , cette infufion Tome XI, - N OT 193 ou cette décoétion donne à ces eaux Îa éouleut noire, Violèté, pourpre ou tirant fur le Pourpre, félon qu'elles contiennent plus ou moins de {el mé. tallique, go ar Cependant le: principal ufage des zoix de galle eft rétervé pour les arts, pour les tentures du grand & lur-tout du petit reint, pour les corroyeurs && att- trés ouvriers En cuir, enfin pour faire de l’enc-e. Les Temturièrs emploient les galles étrangeres, dites galles a l'épine pour teindre en noir, & les ga les de ‘France, qu'ils nomment caffènolles » Pour fouiner en foie le noir écru. (D, J.) NOIx DE GALLE, ( Chimie & Matiere médicale, noix de galle d’Alép, & noix de galle de notre pays. Ces deux etpeces de moix de galle font fort analo- ghés quant à leur compoftion intérieure ou chimie | que ; mais les premieres font meilleures, tant pour lès ufages chimiques que pour ceux de la médecine & Ceux des arts. | La noix de galle poffede énimmement le goût acer- be, auflere , füptique, propre aux écorces des bois ë&c à celles de quelques fruits , par exemple de la grenade, On a coutume d'attribuer cette laveur à un {el vitriolique ou alununeux, & à un principe terreux tres furabondant & prefque nud. La pio= prièté que poflede la roix de gatle de précipiter les fels métalliques , principalement obfervée dans Les effets {ur le vitnol de Mars, indique affez bien ce principe terreux; mais & la démonftration chimique de la nature de la z0o/x de galle & la théorie des phé» nomenes qu'elle préfente, lorfqu'on l’'apylique aux différentes diffolutions de fer, manquent également à la Chimie jufqu’à préfent, L’obfervation nue des faits a feulerment appris que la poudre ou la décoc- tion filtrée de noix de gulle étant mêlée en petite quantité à une liqueur qui contient la moindre paf= celle de fer, dans quelque état que ce foit, y Mani- fefte ce métai fous la forme d’un précipité plus ow moins divilé , plus où moins rate , felon qu'il eft phis où moins abondant , & de différentes couleurs proportionnelles à {es diférens degrés de tenuiré & d’aäbondance , däns l'ordre fuivant : le précipité à peine fenfible eft d’une couleur de rofe tendre ail devient par nuances paillé , vineux > gros rouge, violet ,bieu foncé , & enfin noir, c’eftà.dire bleu trés-foncé: Voyez Norr. Cette derniere nuance eft celle de l'encre , qui n’eft autre chofe qu’une forte diffolution de vitriol martial précipité par la oix de galle , &t dans laquelle le précipité eft conftam- ment fufpendu par une matiere sommeufe dont cette liqueur eft en même tems chargée. Voyez ENCRE & VITRIOL. | Quant aux vertus médicamentenfes de la zoix de galle,nous avons à en dire exa@tement la même chofe que des noix de cyprès. Voyez CyPRÈS, mat. méd. M. Reneaume, médecin de Paris, a donné fur leurs vertus fébrifuges un mémoire à l'académie royale des Sciences, an. 1711. (4) | Notx D'INDE , aux Indica, (Médecine. ) eft le fruit d’un arbre qui croît dans les Indes , & qu’on appelle cocotier. Foyez CAcAo & CHOCOLAT. _Norx DE MADAGASCAR , ( Bozan, exot. ) noix groffe comme une zoix de galle , ronde, lépere , de couleur de châtaigne, ayant l'odeur & le goût du girofle , mais beaucoup plus foible , & contenant quelques pepins ou femences : on nous l’apporte de Madagafcar ; c’eft le fruit d’un arbre appellé dans le pays ravendfara, ( D. J. ) . Noix MÉTEL, ( Médecine.) voyePOMME Épr- NEUSE, ? He Noix MusCcADE, ( Botan, exot. ) veyez Mus- CADE. Noix VOMIQUE , (Boran. exot.) amande oufruit de différente groffeur , que nous Ve 4 Indes 194 NOT orientales. Ileft mal nommé noix vomique, car il n’excite point le vonifiement ; mais il tue les hom- mes, les quadrupedes & les oïfeaux , après leur avoir caulé de terribles angoifles. On nous envoie le plus communément fous le mom de noix vomique une amande orbiculaire , ap- platie , large d'environ un pouce, épaiffe de deux ou trois lignes , d’une fubftance dure comme la corne, de couleur grife ,; un peu lanugineufe en de- hors ; ayant une etpece de nombril qui occupe le centre, mais plus applati d’un côté que de l’autre. Les Grecs n’ont point connu notre 20/x yomiques & il n'eft pas certain que ce foit la ox métel des Arabes. Ceux des modernes qui ont pris la zoix vo- mique orientale pour une racine, où pour un cham- pignon, fe font également trompés : c’eft l’amande ou le fruit d’un certain arbre, qui s’appellérux vomi- ca major ,oucaniram. M. Malab.tom.l, Malus Malaba- rica , fruëlu corticofo, amaricante, Jemine plano, com- preffo. D. Syen, Rau Rif. 1661. Solanum arborefcens indicum , maximum , foliss ænopliæ , five nanenæ ma- jorièus , fruëu rotundo, duro ; rubro , femine orbicu- lari., compreffo , maximo, &tc. Cet arbre eft également grand & gros , fort bran- chu, couvert d’une écorce cendrée, noirâtre ou rougeârre & amere. Ses feuilles naiffent oppofées {ur Les nœuds des branches ; elles font ovales, très- larges dans leur milieu, terminées en pointe moufle, verdoyantes , d'une faveur amere , ayant trois ner- vüres un peu faillantes en-deffus & en-deflous. Ses _fkurs naiffent par bouquets fur les rameaux aux ailelles des feuilles : elles font compofées d’un pé- tale d’une feule piece en forme d’entonnoir , divifé profondément en cinq parties ; les étamines font au nombre de cinq, garnies de fongs fommets & d'un feul pifil plus long que le pétale. Les fleurs étant pales , leurs embryons devien- nent des fruits ronds , liffes, verds d’abord , enfuite d'une couleur jaune dorée , contenant dans Jeur maturité une fubftance blanche & mucilägineule, fous-une écorce un peu épaifle, caflante , &é d'une faveur fort amere. Ils n’ont qu’une loge ; chaque fruit contient quinze femences arrondies &t appla- ties ; l'écorce extérieure de ces fruits eft avant leur maturité de couleur argentine, tirant fur le brun; lorfqu'ils font murs ; certe écorce eft velue, ver- dâtre., mince , & fort amere.. Cet arbre croit dans le Malabar, & fur la côte de Coromandel. Les noix vomiques font mourir par une vertu fpé- cifique & vénéneufe tous les quadrupedes , les cor- beaux , les corneilles , les cailles, &c la plüpart des oifeaux. Prefque tous les médecins reconnoiffent qu'il n’en faudroit pas deux drachmes pour tuer un homme des plus robuftes. Il eft certain qu'une très- petite quantité fufht pour bouleverfer l’eflomac & exciter des mouvemens convulfifs. Le.poifon de cette noix paroit attaquer principalement les nerfs : car c’eftde.là que vienti’anxicté, la roideur, lefrif- fon , le tremblement, les convulfons &cla re(piration déréglée. Joyez à ce fujet les obfervations de Gefner, de Bauhin, & fur-tout d'Antoine de Heyde. On connoît une antre efpece de zoix vorriqrie EN- tierement femblable à la précédente, dont l'arbre s'appelle modira caniram , H. Malab. r. VIII. Sola- num arborefcens indisum, foliis rapecæ majoribus , ma- gls mUerONALIS ; fruëlu rotundo, duro , padiceo , ni- grefcente 3 fémine orbiculari , compreffo , 7raxim0 » Breyn 2. prodr. | Quoique l'on prétende que cette feconde noix yomique & le bois de couleuvre fe tirent du même arbre : Herman affüre au contraire que cette noix vient d’un autre atbre, mais C’eft un point qui nous importe fort peu. 1 y a une troifieme efpece de zoix vorique, plus petite que les précédentes, &c que lon trouve trés: rarement dans les boutiques. À peine égale-t-elle la troifieme partie de la noix vorique ordinaire : aw refte , elle lui reflemble par la figure , la couleur, le goût & la confiftence ; ie bois de l'arbre qui pro- duit cette efpece de noix vomique s'appelle bois de couleuvre ; mais c’eft plutôt une racine ligneufe qui renferme fous une écorce de couleur de fer, & mar- quée de taches grifes , une fubftance folide, petante, d’un goût âcre & amer, fans aucune odeur. On nous l’apporte des iles de Solor & de Timor. On difingue ce bois de celui des arbres dont nous venons de par- ler, en ce qu'il eft plus dur & plus denfe. L'arbre qui fournit la petite zoix vomique s’appelle zux vo= mica minor , moluccana ; ilne differe de l’arbre ca- niram que par la moindre grandeur de fes feuilles » de fes fruits & de fes graines. (D. J.) | Noix, f. f. (Géom. prar.) partié d'un infirument de Géométrie pratique , tel qu'un graphometre , un niveau, &c. C’eft une boule de métat ou de bois qui a un col long , fur lequel on fixe l’inftrument. Cette boule eft enchafée dans une boîte okellé eft mobile en tout fens , pour pouvoir mettre linftrument dans une fituation verticale, parallele à l’horifon, obli- que , de façon qu’on puifle Parrêter dans toutes ces fituations , & la fixer fans qu’elle puifle branler ; ce qui fe fait par le moyen d’une vis qui ferre la boire dans laquelle la 2o7x eft renfermée. (D. J.) Noix, (Marine.) où pañle la manuelle du gou= vernail. Voyez MOULINET. Noix, terme d’Arquebufier ; c’eft un petit morceaw de fer plat fur fes deux faces, de la largeur de dix à douze lignes, &c épais de fix, qui eft arrondi par derriere, & garni de deux crans , dont l'un fert pour le repos, & l’autre pour la tente, & s’engrenent dans la machoire de la gachette , qui eft immédiate- ment pofée derriere cette noix. Le devant eft creufé en-dedans en forme de machoire, &c elt pour réce- voir la machoire du grand reflort à fens contraire. Les deux faces plates font traverfées d’un pivot qui eft rond & menu, & qui fe paffe dans le trou qui eft au milieu de la bride. L’autre bout du pivot éft plus gros & eft rond, de l'épaiffeur de deux à trois lignes , & le refte eft quarré. Ce pivot entre dans un trou qui eft rond , du calibre du pivot, & qui ef pratiqué au corps de platine, de façon que l’épaif- {eur du pivot rond fe place dans ce trou , ëe foutent la zoix qui tourne en bafcule , felon le befoin ; le refte, qui eft quarré , fort en-dehors, & fert pour placer le chien. Ce pivot eft percé d'un trou en écrou, dans lequel om place le clou de chien, &e qui l’afujertit de façon.qu'il ne peut pas {ortir. Noix, (Bas au mér.) Voyez Paticle BAS AU MË= TIER. Noix, rerme de Porier de terre ; les Potier sde terre appellent la zoix de la roue fur laquelle ils tournent les ouvrages de poterie ; l'arbre ou pivot qui lui fert comme d’effieu ; & cela , parce que la tête de cet arbre eft prefque ronde, & en forme de noix, à la réferve qu’elle eft applatie par en haut, pour y pla- cet le morceau de terre glaife qu’on veut travaiiler. (D.J.) | Noix , (Soirie.) petite poulie cavée, arrêtée fixe fur le bout des broches des rouets. NOLE, (Géog. ) ville ancienne d'Italie au royau- me de Naples, dans la terre de Labour, avec un évêché fuffragant de Naples , dont elle ef à 5 lieues N. E. Long. 32. 6. at. 40. 52. Les Hiftoriens & les Géographes en parlent com- me d’une place forte, qui avoit été fondée par les Chalcidiens. Strabon & Tite- Live la mettent dans le Samnium. Frontin l'appelle Co/onea Auguffa. Elle conferve encore fon ancien nom, qui étoit Mol ; mais elle a perdu fa fplendeur. On peut en juger en NOL comparant fon état préfent avec la peinture qu’en fait Sulius lralicus , Liv, XIT. y. 161. inc ad chalcidicam transfert citus agmina Nolam; Campo Nola cedet, crebris circumdata in orbem Zurribus, & celfo facilem tutatur adiri Planitiem‘vallo. ‘ Anmbal lafliégea inutilement lan 540 de la fon- dation de Rome ; & ce fut aux portes de cette ville que le contul Marcellus lui préfenta la bataille. Vef- pañen décora No/e du titre de colonie romaine. Perfonne n'isnore que c’eft à Nole qu’Augufte mourut, le 19 Août, âgé d'environ 76 ans, l’an 14 de J, C. & après environ 44 äns de regne, à comp- ter depuis la viétoire d’Adtium, qui lui procura l’em- pire du monde. Bruno (Giordano)en latin Brunus (Jordanus), étoit un homme de beaucoup d’efprit , mais qu'il employa bien mal, en attaquant les vérités les plus impor- tantes de la foi. Son ouvrage de caufé, principio, & uno , parut à Vemife, l’an 1584, éz-12. Il établit dans ce traité une hypothèfe toute femblable pour le fond au fpinofifme. Dans fes dialogues, Del infénico uni- verfo ; è mundo, imprimés à Venife dans la même année ; il foutient avec raifon, ou du moins très- vraïflemblablement , que l'univers eft infini, qu'il y a plufieurs mondes,& que le fyftème de Copernic eft le feul recevable, 11 s’eft étrangement égaré dans fon Jpaccio de la Beffia trionfante, divifo in tre dialopt , féarnpato in Parigi 160 4 in-12 , & dédié au chevalier Philippe Sidney. C’eftun traité d’une très-mauvaife morale, & de plus très-ridiculement digéré ; car il y expofe la nature des vices & des vertus, fous l’em- blème des conftellations céleftes chaflées du firma- ment pour faire place à de nouveaux aftérifmes , qui reprélentent la vérité, la bonté, &c. Ses dialogues en profe & en vers, intitulés , 2 eroici furori, n’of- frent au leéteur que de pures imaginations cabalifti- ques, rafinées fur celles de Raimond Lulle, Jorda- aus Brunus fut brülé à Rome , l’an 1600 > Par juge- ment de l’inquifition, Tanfillo (Louis) né en 1610, s’acquit en Italie de la célébrité par fes poéfies, Sa piece intitulée i/ Pin. smiatore , le Vendangeur , fit beaucoup de bruit. Elle parut d’abord à Naples en 1534, fous le titre de flange de gli orti delle donne; ce font des ftances rem- plies de chofes qui bleffent la pudeur & l’honnêéteré. H tâcha-de réparer cet ouvrage, par un poëme pieux, les larmes de S. Pierre , /e Zagrime di fan Pierro ; Mais la mort le furprit avant qu’il y mitla derniere main. Plufieurs autres l'ont rerouché, & on Pa imprimé plufieurs fois. La meilleure édition eft celle de r600 . à Venife. Ce poëme a été traduit en françois par Malherbe. Enfin, les poéfies diverfes de Tanfillo, c'eft-à-dire, fes fonnets & fes canzoni, ont été re- cueillis & imprimés en 1711 à Bologne; on en fait grand cas en Italie. Le poëte Tanfllo eft mort juge royal à Gayette , vers l’an 15717. (D. J.) NOLET, {. m. (Couvreur.) ce font des tuiles creu- fes formant des canaux pour couvrir les lucarnes & égouter les eaux. Féliben dit que ces ro/ers font auf les noues ou enfoncemens de deux combles qui fe rencontrent, | NOLT, (Géog.) ville d'Italie dans l’état & fur la côte de Gênes avec un évèché fuffragant de Gènes ; & un aflez bon port, à 2 lieues N.E. de Fial, 12 S.O. de Gènes. Long. 25, 59: lar. 44. 18. ( D, sy NOLIGER , o7 NAULISER , ( Mine Voyez FreTer. Ces deux mots font fynonymés ; maïs le mot de ro/iger n'eft guere d’ufage que {ur la Méditer- ranée, (Z | NOLI ME TANGERE, f.m. (Jardinage. ) eft une plante rameufe qui s'élève à un pié & demi ; é’eft une efpece de balfamine qui étant touchée ou Tome XL, NOM 195 agitée par le vent, jette desfemencesentreles doigts. Les feuilles font rangées alternativement comme celles de la mercurialé, &c fes fleurs, à quatre feuil- les ,| font de couleur jaune, marquées de points rouges, avec des étamines blanches. Il leur fuccéde - ün fruit qui contient fa femence : {a culture eff fort aifée , puifqu’elle croît naturellement dans'les bois & les lieux humides. NOLI METANGERE ,f. m. (Chirurgie) mots pu- rernent latins , qui fignifient à la lettre, re me touchez point, dont on a fait le nom d’une éruption maligne au vifage, produite pat une humeur extrèmement âcre & corrofive. On l'appelle ainfi, foit parce qu'elle peut fe communiquer par l’attouchement , ou parce qu'en y touchant on augmente fa malignité & fa difpofition à s'étendre. Le 0/1 me tangere éft une efpece d’herpe corroff , que quelques-uns croient tenir du cancer, & d’au- tres de la lépre. Voyez HERPES, CANCER & Lé- PRE. Noli me tangere fe dit particulierement d’un ulcere externe aux ailes du nez, lequel vient fouvent d’u- ne caufe vénérienne , quoiqu'il puifle auff être l’ef. fet d’une conftitution fcrophuleufe. Voyez LCERE. Cet ulcere ne fe borne pas toujours aux aîles du nez : quelques fois il corrode aufli toutes les chairs circonvoifines, Îl eft bien difficile À guérir , furtout quand il a fon principe dans une conftitution dépra- vée. L’ulcère qu’on appelle no/i me tangere eft cancéreux, & ce nom lui vient de ce qu’en voulant le guerir ,\on lirrite fonvent davantage , & on avance la mort du malade. Il n’eft point de nature différente du carci= nome ; il n’y a de difficulté à la guérifon que lorfquw’il eft abfolument impofñfible d’extirper totalement la maladie, &t toutesles duretés skirrheufes qui en dé- pendent , parce que la putréfa@tion qui y furvien- droit, produiroit un ulcere de la même nature, fou- vent plus terrible que le premier. Voyez CaANceR. 7 c _ me tangere {e dit aufñ en Botanique d’une plante, ainfi nommée, parce que, quand elle eft mûre , elle a cette propriété finguliere,que pour peu qu’on touche aux filiques qui contiennent fa femen- ce, elles s’ouvrent', & la laiffent échaper. Voyez SE- MENCE. NOLIS, f. m. serme de négociant ; louage d’un vaif. feau, ou la convention faite entre un marchand & le maître d'un bâtiment, pour tranfporter des mar- chandifes d’un lieu à un autre. On ne fe fert de ce mot que fur la Méditerranée ; {ur l’Océan on dit fret. NOM, f. m. (Méraph. Gram.) ce mot nous vient, fans contredit, du latin zomen ; & celui-ci réduit à fa jufte valeur, conformément aux principes établis à l'article FORMATION , veut dire #7 guod notar ! figne qui fait connoître, on zorans men , & par fyn- COpPE zofamen , puiszofien. S. Ifidore de Séville in- dique affez clairement cette étymologie dans fes eri- gtnes,& en donne tout-à-la-fois une excellente raifon: NOMEN ditlum quaft noraméen, qudd nobis yocabulo Juo notas efficiat ; ni enim NOMEN f[ceris, cognitio rerutm perit , UHb. I, cap. vj. Cette définition du mot eft d'autant plus recevable, qu’elle eft plus appro- chante de celle de 14 chofe : car les roms font des des mots qui préfentent à l’efprir des êtres détermi- nés par l'idée précife de leur nature ; ce qui eft ef fettivement donner la connoifflance des êtres, Voyez MOT , art. 1. On diftingue les’ roms , ou pat rapport à la nature même des objets qu’ils défignent , ou par rapport à la maniere dont l'efprit envifage cette nature des êtres, L Par rapport à la nature même des objets déf- bi] 196 NOM gnés , on difüingue les roms en fubftantifs & abftrac- tifs. ; Les noms fubflantifs font ceux qui défignent des êtres qui ont ou qui péuvent avoir une exiftence propre &c indépendante de tout fujet , & que les Phi: lofophes appellent des fubftances , comme Dieu, an- ge, ame, animal, homme, Cefur , plante, arbre, ceri- fier, maifon, ville, eau, riviere, mer, fable, pierre, montagne , terre, &C. Voyez SUBSTANCE. Les roms abftraélifs font ceux qui défignent des êtres dont l’exiftence eft dépendante de celle d’un fujet en qui ils exiftent , & que l’efprit n’envifage en foi, & comme jouiffant d’une exiftence propre, qu’au moyen de labftraétion ; ce qui fait que les Philofo- phes les appellent des êtres abfiraits ; comme ses, éternité, mort, vertu, prudence, courage , combat , vic= toire , couleur , figure, penfée , &tc. Voyez ABSTRAC- TION. La premiere & la plus ordinaire divifion des zoms eft celle des fubftantifs &r des adjeétifs. Mais j’ai déja dit un mot (ar. GENRE) fur la méprife des Gram- mairiens à cet égard ; & j'avois promis de difeuter ici plus profondement cette queflion. Il me femble cependant que ce feroiticiune véritable difgreflion, & qu'il eftplus convenable de renvoyer cet examen auzzot SUBSTANTIF, Où il fera placé naturellement. II, Par rapport à da maniere dont l’efprit envifa- ge la nature des êtres, on difngue les os en ap- pellatifs & en propres. Les roms appellatifs font ceux qui préfentent à l’ef- prit des êtres déterminés par l’idée d’une nature com- mune à plufieurs : tels font homme,brute, animal,dont le premier convient à chacun des individus de ’efpe- ce humaine ; le fecond , à chacun des individus de l’efpece des brutes; & le troifieme, à chacun des in- dividus de ces deux efpeces. es roms propres font ceux qui préfentent à l’efprit des êtres déterminés par l’idée d’une nature indivi- duelle : tels font Louis , Paris, Meufe, dont le pre- mier défigne la nature individuelle d’un feul hom- me ; le fecond , celle.d’une feule ville ; & le troifie- me , celle d’une feule riviere. $. 1. Il eft effentiel de remarquer deux chofes dans Les’ roms appellatifs ; je veux dire la compré- henfion de l’idée, & l’étendue de la fignification. Parla compréhenfion de l’idée , il faut entendre la totalité des idées partielles, qui conflituent l’idée entiere de la nature commune indiquée par les zoms appellatifs : par exemple, l’idée entiere de la nature humaine,, qui eft indiquée par le zom appellatif homme, comprend les idées partielles de corps vivant &z dame ratfonnable ; celles-ci en renferment d’au- tres qui leur font fubordonnées , par exemple, l’idée d’amne raifonnable fuppofe les idées de fubffance, d’u- nité, d'intelligence, de volonté, &c. La totalité de ces idées partielles, paralleles ou fubordonnées les unes aux autres, eft la compréhenfion de l’idée de la nature commune exprimée par le 70m appellatif homme. Par l’érendue de la fienification , on entend la to- talité des individus en qui fe trouve la nature com- mune indiquée par les zos appellatifs : par exem- pié , l'étendue de la fignification du rom appellatif homme , comprend tous & chacun des individus de l'efpece humaine, poffibles ou réels , nés ou à naï- tre; Adam, Eve, Affuérus, Efther, Céjar, Calpur- nie, Louis, Therefe, Daphnis, Chloé, &c. Sur quoi 1l faut obferver qu'il n’exifte réellement : q q dans l'univers que des individus ; que chaque indivi- du a fa nature propre & incommunicable ; &,con- féquemment qu'il n’exifle point en effet de nature | commune , telle qu'on l’envifage dans les roms ap- | pellatifs. C’eft une idée faétice que l'efprit humain | _compofe.en quelque forte de toutes les idées des at- | tributs femblables qu’il diffingue par abfiraétion dans les individus. Moins il entre d’idées partielles dans celle de cette nature fa@tice & abfiraite, plus il y a d'individus auxquels elle peut convenir; & plus au contraire il y entre d'idées partielles , moins il y a d'individus auxquels la totalité puiffe convenir. Par exemple , l'idée de figure convient à un plus grand nombre d'individus que celle de rriangle, de guadrilatere, de pertagone, d'exagone, 6. parce que cette idée ne-renferme que les idées partielles d’ef- pace, de bornes, de côrés, & d’angles, qui fe re: trouvent dans toutes les efpeces que l’on vient de nommet ; au lieu que celle de sriangle, qui renferme les mêmes idées partielles, comprend encore: l’idée précife de trois côtés &c de trois angles : l’idée de guadrilatere, outre les mêmes idées partielles , ren- ferme de plus celle de quatre côtés & de quatre an- gles, Gc. d’où il fuit d’une mamiere très-évidente que l'étendue & la compréhenfion des zoms appella- tifs font , fi je puis le dire , en raifon inverfe l’une de autre , & que tout changement dans l’une fup- pofe dans l’autre un chagement contraire. D'où il fuit encore que les os propres, déterminant les êtres par une nature individuelle , & ne pouvant convenir qu’à un feul individu, ont l'étendue la plus reftrainte qu'il foit poffñible de concevoir , & confé- quemment la compréhenfon la plus complexe & la plus erande. Ici fe préfente bien naturellement une obje&ion, dont la folution peut répandre un grand jour fur la matiere dont il s’agit, Comme il n’exifle que des êtres individuels & finguliers , & que les zoms doi: vent préfenter à l’efprit des êtres déterminés par l’i- dée de leut nature ; il femble qu’il ne devroit y avoir dans les langues que des zems propres , pour déter- miner les êtres par l’idée de leur nature individuel- le : & nous voyons cependant qu’il y a au contraire plus de zoms appellatifs que de propres. D'où vient cettecontradiéton ? Eft-elle réeile? N’eft-elle qu'ap- parente ? 1°. S'il falloit un zom propre à chacun des indivi- dus réels ou abfiraits qui compofent l’univers phyfi- que ou intelleétuel ; aucune intelligence créée ne {eroit capable , je ne dirai pas d'imaginer , mais feu- lement de retenir la totalité des zoms qui entreroient dans cette nomenclature. Il ne faut qu'ouvrir les yeux pour concevoir qu'il s’agit d’une infinité réel- le, qui ne peut être connue en détail que par celui qui numerat mmultitudinem fiellarum , 6 omnibus «as NOMINA vocat, P[. cxlyy. 4. D'ailleurs la voix hu- maine ne peut fournir qu'un nombre aflez borné de fons & d’articulations fimples ; &.elle ne pourroit fournir à l'infinie nomenclature des individus qu’en multipliant à l'infini les combinaïfons de ces, éle- mens fimples : or, fans entrer fort avant danses pro- fondeurs de l'infini, imaginons feulement quelques milliers de z0ms compofés de cent mille fyllabes , &z voyons ce qu'il faut penfer d'un langage quidequa- torze ou quinze de ces zoms rempliroit un volume femblable à celui que le leéteur a aétuellement fous les yeux. 2°, L’ufage des zoms propres fuppofe déja une connoïffance des individus , finon détaillée. & ap- profondie,, du moins très-pofitive , très-précife , &c à la portée de ceux qui parlent, & de ceux à qu'fon parle. C’eft pour cela que les individusque la fociéré a intérêt de connoître , & qu’elle connoït plus par- ticulierement , y font communément défignés par des noms propres, comme les empires , les royaumes, les provinces, les régions, certaines montagnes, les rivieres , les hommes, &c. Si la diftinétion pré- cife-des individus eftundifférente; on fe contente de les défigner par des.roms appellatifs ; ainf. chaque grain de /abe eft un grain de fable ; chaque pergrix NOM et un perdrix , chaque éror/e eff une étoile , chaque cheval eft un cheval , &c. voilà l’ufage de la fociété nationale, parce que fon intérêt ne va pas plus loin, Mais chaque fociété particuliere comprife dans la nationale a fes intérêts plus marqués & plus détail: lés ; la connoïffance des individus d’une certaine ef. pece y eft plus néceffaire ; ils ont leuts zo%s pro- pres dans le langage de cette fociété particuliere : montez à, l'obfervatoire ; chaque école n’y eft plus une étoile tout fimplemenr, c’eft l’étoile 8 du ca- pricorne , c’eft le y du centaure, c’eft le" de la grande ourfe, 6c. entrez dans un manege , chaque “cheval ÿ a {on rom ptopre, le brillant , le lutin, le fougueux , &c, chaque particulier établit de même dans {on écurie une noménclature propre ; maîsil ne s'en fert que dans fon domeftique, parce que l’in- térêt & le moyen de connoître individuellement n’e- xiftent plus hors de cette fphere. Si l’on ne vouloit donc admettre:dans les lângues que des zoms pro- pres , 1l faudroit admettre autant de langues différen- tes que de fociétés particulieres; chaque langue fe- roit bien pauvre, parce que la fomme des connoif- fances individuelles de chaque petite fociété n’eft qu'un infiniment petit de la fomme des connoïffances individuelles poflibles ; & une langue n’auroit avec _üne autre aucun moyen de communication, parce que les individus connus d’une part ne feroient pas connus de l’autre. 3°. Quoique nos véritables connoiffances foient efféntiellement fondées fur des idées particulierés &t individuelles, elles fuppofent pourtant eflentiel- lement desües générales. Qu’eft-ce que générali- fer une idée? C’eft la féparer par la penfée de tou- tes les autres avec lefquelles elle fe trouve aflociée dans tel &tel individu , pour la confidérer à parr & l’'approfondir mieux (voyez ABSTRACTION ) ; & ce font des idées ainfi abitraites que nous marquons -par les. mots appellatifs.. Voyez AppsLLarir. Ces idées. abftraites étant l’ouvrage de lentendement Bumain font aifément faifies par tous les efprits ; & en les rapprochant les unes des autres, nous par- venons, par la voie de la fynthèfe, à compofer en quelque forte les idées moins générales ou même individuelles qui font l’objet de nos connoiflances, êt à les tranfmettre. aux autres au moyen des fignes généraux & appellatifs combinés entre eux comme les idées fimples dont ils font les fignes. Voyez GÉNÉRIQUE. Ainfi l'abftradtien analyle en quel- que mamiére nos idées individuelles en lés rédui- fant à des idées élémentaires que l’on peut appel- ler /émples par rapport à nous; Le nombre n’en eit pas à beaucoup près fi prodigieux que: celui des diverfes combinaifons qui en réfultent & qui Carac- térifent les individus, & par-là elles peuvent deve- nir l’objet d’une nomenclature qui foit à la portée de tous. les hommes. S’agit:il enfuite de-communi- quer fes penfées, le langage a recours À la fynthèfe, & combine les fignes des idées élémentaires comme lesidées mêmes doivent être combinées; ledifcours devient ainfi l’image exaéte des idées:complexés & individuelles, & l'étendue vague des-70msappella- tifs fe détermine plus ou moins, même jufqn'à l’in- dividualité , felon les moyens de détermination que l’on juge à propos ou qué l’on a befoin d'employer. Oril y a deux moyens généraux:.de déterminer ainñ l'étendue de la fignification des zomsappellatifs; Le premier de ces moyens porte furice qui a été dit plus haut, que la compréhenfon! & l'étendue font en raifon inverfe l’une de l’autre, & que l’éten- due individuelle, la plus reftrainte del toutes, fup- pofe la, compréhenfion la plus grande: & la plus complexe. Il confifte. donc à joindre avec l’idée gés nérale du om appellatif, une ou plufeurs autres idées,qui devenant avec celle-là.partiesélémentaires NOM 197 d’une nouvelle idée plus complexé, préfenteront À Pefprit un concept d’une comprékenfon plus gran de, & conféquemment d’une étendue plus petite . Cétte addition pént fe faire, 1°, par un adjectif phyfiqué, comme, #7 home avant, des hommes pieux, où l’on voit un fens plus reftraint que fi l’on difoit fimplement #7 homine, des hommes : 3°, pat une propofition incidente qui énonce un attribut fociablé avec la nature commune énoncée par lé zom appellatif ; par exémplé, 27 homme que l’ambi- tion dévore, Ou dévoré par l'ambition » dés hommes que la patrie doit chérir, | Le fecond moyen ne régardé autuñement la coms préhenfion de l’idée genéralé, il confifte fénlément à reftrandre l'étendué de la fsnification du 70 ap pellatif, par Pindication de quélque point dé vüe qui ne peut convenir qu'à uñe partie des individus. Cette indication peut fe faire, 1°, par un adjectif LL. métaphÿfique partitif qui défigneroit une partie in= déterminée des individus, quelques hommes, certains hommes , plufteurs hôrrmes : 2°, bar un adjeétif num. rique qui défigneroit nne quotité préciie d'individus 3 un homme, deux homes , mille horines : 3°. par un adjeéhf poffeffif qui caraËtériferoit les individus par un rapport de dépendance, #ens enfis ; tuus enfiss Evandrius enfis : 4°, par un adje@if démonftratif qui fixeroit les individus par un rapport d'indication précife, ce livre, cerre ferme , ces hommes : S°. par ui adjectif ordinal qui fpéciferoit les individus par un rapport d'ordre , Le fécond tome, chagie troifieme an née : 6°, par l'addition d’un autre 207 où dun pros nom qui feroit le terrne de quelque rapport , & qui feroit annoncé comme tel par les fignes autorités dans la fyntaxe de chaque langue , 42 /oi deMoife en françois, lex Mofrs en latin, #horark Mofche en hé breu, ‘comme fi l’on diloit en latin Zegrs Moifes : chaque langue a fes idiotifmes: 7°. par une propo: fition incidente, qui fous une forme plus dévelop pée rendroit quelqu'un de ces points de vûe, l’xom- me Ou les hommes dont Je vous ai parlé , l'épée que voris avez reçue du roi, le voliime qui mappartient, &c. Onpeut même, pour détérminer entierement un nom appeltauf, réunir plufieurs des moyens que l’on vient d'indiquer. Que lon dife, par exemple , 74 LÉ deux excellens ouvrages de Grammaire compofes par M. du Marfais ; le nom appellatif owvrages eff déter- mine par l’adjeétif numérique deux, par l’adjeif phyfique éxcellens, bar la relation obje@ive que dé- fignent ces deux mots, de Grammaire, & par la rela: tion caufative indiquée par ces autres mots, compo= pojés par M. du Marais, C’éft' qu'il eft poffible qu’- une premiere idée déterminante "en réftraignant læ fignification du zow appellatif, la laiffe encore dans un état de généralité, quoique l'étendue n’en loir plusfr grande. Ainffexcel/ens obÿrages, cette expref- fon préfente une idée moins générale qu’onvrages,. puifque les médiocres & lés mauvais font exclus 3 mais cette idée eft encore ‘däns un état de généras Jité fufceptible de reftri@iôn": exceZrens Ouvrages de Grammaire, voilà une idéé plus reftrainte’, puifque l'exclufon eft donnée aux oùVragés de Théologie, de Jurifprudence, de Morale, de Mathématique, É'c. deux excellens ouvragès de Grammaire ; cette idée totale eft encore plus déterminée, mais elle eft en- core générale , malgré la précifion humérique.,. qui ne fixe que la quantité des individus fans.en fixer le Choix; deux excellens ouvrages de Grammaire cormpolés par M°d4 Marfais, voici ufé plus rande détermina- tion ; qui exclut céux de Lancelot, de Sänétius, de Scioppins, de Voffitis ; de l'abbé Girard, de Pabbé d'Olivet; Ér.’La détermination pouroit devenir plus grande, & même-individuelle, ‘en° ajoutant quelque autre idée à la compréhenfon , où ‘eh ref träpnant l'idée à quelque autre point de yües °° 198 NOM C’eft par de pareilles déterminations que les roms appellaufs devenant moins généraux par degrés, {e foudivifent en génériques & en fpécifiques, & {ont envifagés quelquefois fous l’un de ces afpé&s, & quelquefois fous l'autre, felon que l’on fait atten- tion à La totalité des individus auxquels ils convien- nent, ou à une totalité plus grande dont ceux. ci ne font qu'une partie diftinguée par l'addition déter- minative. Voyez APPELLATIF & GÉNÉRIQUE. $ 2. Pour ce qui eft des zoms propres, c'eft en vertu d’un ufage poftérieur qu'ils acquiérent une fignification individuelle; car on peut regarder comme un principe général, que le fens étymologi- que de ces mots eft conftamment appellatif. Peut- être en trouveroit-on pluñeurs fur lefquels on ne pourroit vérifier ce principe ; parce qu'il feroit 1m- poffble d’en afigner la premiere origine ; mais pour la même raïfon on ne pourroit pas prouver le con- traire : au- lieu qu'il n’y a pas un feul zo propre dont on puifle afhgner l’origine, dans quelque lan- gue que ce foit, que l’on n'y retrouve une fignifica- tion appellative & générale. Tout le monde lait qu’en hébreu tous les zo7s propres de l’ancien Teftament font dans ce cas: on peut en voir la preuve dans une table qui {e trouve à la fin de toutes les éditions de la Bible vulgate, dans laquelle entre autres exemples on trouve que Jacob fignifie fxpplantator ; mais il faut prendre garde de s’imaginer que ce patriarche fur ainfi nommé, parce qu'il furprit à fon frere fon droit d’ainefle, la maniere dont il vint au monde en eft l’unique fondement ; il tenoit fon frere par le talon, 1l avoit ‘la main /xb planté, & le nom de Jacob ne fignifie rien autre chofe. Orer à quelqu'un par finefe la poi- fefion d’une chofe, ou l'empêcher de l’obtemr, c’eft agir comme celui qui naquit ayant la main /ous la plante dù pié de fon frere; de-là le verbe /#pp'anter, en dérivant cemotdes deux racineslatines /#éplanté, qui répondent aux racines hébraiques du ro de Ja- cob , parce que Jacob trompa ainfi fon frere : 1l pou- voit arriver.que nous allafions puifer jufques-là ; & dans ce cas nous aurions dit 7acober ou Jacobifer, au- lieu de /zpplanter, ce qui auroit fignifié de même tromper, comme Jacob trompa Efau. C’éroit la même chole en grec : Alexandre, A'ae- Eaydpos, fortis auxiliator ; Ariftote, ApigoreAuc, ad optimum finem , d’apçoc, optimus, & de rase, finis ; Nuxénaoe, victor populi, de muaow, vinco, & de Ace, populus ; Philippe, dwwæos, amalor equorum, de qixto, amo , & de immo, equus ; Achéron (fleuve d'enfer), fluvius doloris, de axes, dolor, &. de pôce, fluvius ; Afrique, fêne frigore, d'a privatif, &. de gpien , frigus ; Ethiopie ( région très-chaude en Afri- que), d'aide, ro, &c de #4, vuleus ; Naples, Nea mo ue, rova urbs , de veoc, novus, à demcnue, urbs, &c. Les zoms propres des Latinsétoient encore dans le même cas: Luctus vouloit dire curz luce natus,, au point-du-jour ; Tiberius, né près du Tibre; Servius, né efclave : Quintus, Sextus, Oülavius, Nonnius,, Decimus, font évidemment des adjeéifs .ordinaux , employés à caraëtériter les individus d’une même famille par l’ordre des leur-naïffance , &c. Il y a tant de nos de famille dans notre langue qui ont une fignification appellative, que l’on ne peut douter que ce ne foit la même chofe dans tous les idiomes, & un: fuggeftion de la nature : /e Noir, Le Blanc, le Rouge, le Maitre, Deformeaux, Sauvage, Moreau, Potier , Portail, Chrétien, Hardi,:Marchand, Maréchal, Coutelier, &c, &c eeft encore la même chofe chez nos voifins :,on trouve des allemands qui. s’ap- pellent Wo/f, le Loup; Schwartz, le Noir; Mecer, FT lé Maire; Zend, l'Ennemi, &c.. Cette généralité de la fignification primitive des goms proprès pouvoit quelquefois faire obfiacle à la diftintion individuelle qui étoit objet principal de cette efpece de nomenclature, & l’on a cherché par-tout à y remédier, Les Grecs individualifotent le zom propre par Le gémitif de celui du pere; A'a6- Éardpos 9 diAiwæe, en foufentendant wcs, Alexander Philippi, iuppl. fiuus , Alexandre fils de Philippe. Nos ancêtres produioïent le même effet par l’addi- tion du rom du heu de la naïflance ou de l'habita- tion, Antoine de Pade ou de Padoue, Thomas d'Aquin; ou par l’adjeétif qui défignoit la province, Lyon- nois, Picard, le Normand, le Lorrain , &c. ou par le nom appellatit de la profefion, Drapier, Teinturier . Marchand, Maréchal, Lavocat, 6c.ou par un fobriquet qui défignoit quelque chofe de remarquable dans le fujet, 4 Grand, le Perir, le Roux, le Fort, Voifin, Ronflur, le Nain, le Boffu, le Camus, &c. & c'eit l’origine la plus probabie des zoms qui dittinguent aujourd'hui les familles. LesRomains, dans la même intention, accumu- loient juiqu'à trois ou quatre dénominations, qu'ils diflinguoient en zomen, prænvmen, cognomen, TC AapILOrT1E TL. Le zom proprement dit étoit commun à tous les deicendans d'une même mailon, gentis, & à toutes fes branches ; Julii, Antoni, 6e. c'étoit probable- ment le zom propre du premier auteur de la maifon, puifque les Jules defcendoient d'Iulus , fils d'Enée, ou le prétendoient. Le /zrnom etoit deftiné à caratérifer une branche particuliere de la mafon, farmiliam ; ainfi les Sci- pions, les Lentulus, les Dolabella, les Sylla, les Cinna , éroient autant de branches de la inaifon des Corneilies, Cornelit. On diftinguoit deux fortes de furnoms , l’un appellé cogromen , & l’autre agnomen. Le cognomen diftinguoit une branche d’une autre branche parallele de la mème maïfon ; l’agnomen cara&tériloit une foudivifion d’une branche : l’un &c l’autre éioit pris ordinairement de quelque évene- ment remarquable qui diftinguoit le chef de la divi- fion ou de la foudivifion. $cipio étoit un furnom, cognomen , d’une branche cornélienne ; Africanus fut un furnom, agromen, du vainqueur de Carthage, & feroit devenu l’agromen de fa defcendance, qui auroit été diftinguée af de celle de fon frere, qui auroit porté le nom d’Afaticus. | Pour ce qui eft du prénom ; c’étoit le rom indivi- duel de chaque enfant d’une même famille : ainfi les deux freres Scipions dont je viens de parler, avant qu'on les diftinguât par l’agrnomer honorable que la voix du peuple accorda: à: chacun d’eux , étoient diflingués par les prénoms de Publius & de Lucius ; Publius fut furnommé: PAfriquain ; Lucius fut fur- nommé, l’Afatique.. La dénomination de prenomenr vient de ce qu'il fe mettoit à la tête des autres , 1m- médiatement avant le zo# , qui étoit fuivi du cogno- men,.& enfuite de l’agnomen. P. Cornehus Scipio Africanus ;\ L.Cornelius Scipio Afiaticus. Les adop- tions , & dans: la fuite des tems la volonté des empe- reurs, occafñonnerent quelques changemens dans ce fyftème quieft celui de la république, Voyez la Mé- thode-larine de: P. R: fur cettematiere, au chap. 7. des Objférvations vparticulieres, 3: Pour ne rien laïfler à defirer fur ce qui peut intéréffer la Philofople à l'égard des zoms appella- tifs & des 20ms propres, il faut nous arrêter un mo- ment fur ce qui regarde l’ordre:de là génération de ces deux efpeces. | | «Il: à toute apparence, dit l'abbé Girard ( Princ. » tom. 1. difé. v. pag. 219.) queile premier but qu'on »a eu dans: l’établiflementdes fubftantifs, a été de » diftinguer-les fortes ou les efpeces dans la ‘variété » que l'univers préfente ; & que ce n'a .éfé qu'au » fecond pas qu’on a cherchéädiftinpuer dans la mul » titude les êtres particuhers que l’efpece renférnié »: NOM M. Roufleau de Genève, dans fon Difcours Jur l'origine & les fondemens de Pinégalité parmi les hom- mes ( partie prem. ) adopte un fyflème tout oppolé. « Chaque objet, dit-il, reçut d’abord un om parti- » culier, fans égard aux genres êz aux efpeces , que » ces premiers inftituteurs n’étoient pas en état de » diftinguer ; & tous les individus fe préfenterent » ifolés à leur efprit comme ils le font dans le ta- » bleau de la nature. Si un chêne s’appelloit 4, un » autre s’appelloit 8... Les premiers fubftantifs n’ont » pù jamais être que des roms propres». L'auteur de la Lettre Jir Les fourds & muers eft de même avis (pag. 4.) & Scaliger long-tems auparavant s'en étoit expliqué ainñ : Qui nomen #mpo/fuit rebus , 1n- dividua nota priàs habuit quam fpecies, De cauf. LE. L, Gb. IV. cap. xcy. On ne doit pas être furpris que cette queftion ait fixé l'attention des Philofophes : la nomenclature ef la bafe de tout langage ; les zoms & les verbes en font les principales parties. Cependant il me fem- ble que les tentatives de la Philofophie ont eu à cet égard bien peu de fuccès, & que ni l’un ni l’au- tre des deux fyftèmes oppofés ne réfout la queftion d’une maniere fatisfaifante. Ce que l’on vient de remarquer fur l’étÿmologie des noms propres dans tous les idiomes connus, où il eft conftant qu’ils font tous tirés de notions géné- rales adaptées par accident à des individus , paroït confirmer la penfée de l'abbé Girard, que le premier obiet de la nomenclature fut de diftinguer les fortes ou les efpeces, & que ce ne fut qu’au fecond pas que. l'on penfa à diftinguer les individus compris fous chaque efpece. Mais, comme le remarque très-bien M. Roufleau ( Zoc. ct.) « pour ranger les êtres fous » des dénominations communes & génériques , 1l en » falloit connoître les propriétés &r les différences ; » il falloit des obfervations & des définitions, c’eft- » à-dire, de l’hiftoire naturelle & de la métaphyfi- » que, beaucoup plus que des hommes de ce tems- » là n’en pouvoient avoir #. Toute réelle & toute folide que cette difficulté peut être contre l’affertion de l’académicien, elle ne peut pas établir l'opinion du philofophé génevois. I! eft lui-même obligé de convenir qu'il ne conçoit pas les moyens par lefquels les premiers nomencla- teurs commencerent à étendre leurs idées & à géné- ralifer leurs mots. C’eft qu’en effet quelque fyflème de formation qu’on imagine en fuppofant l’homme né muet, on ne peut qu’y rencontrer des difficultés infurmontables , & fe convaincre de l’impoffbilité que les langues ayent pù naître &c s'établir par des moyens purement humains. Le feul fyftème qui puifle prévenir les objeétions de toute efpece, eft celui que j’ai établi au #02 LAN- GUE (article j, ) que Dieu donna tout -à -la-tois à nos premiers peres la faculté de parler &t une langue toute faite. D'où il fuit qu'il n’y a aucune priorité d’exiftenceentre les deux efpeces de zoms , quoique quelques appellatifs ayent cette priorité à l'égard de plufieurs noms propres : cependant il eft certain que l’efpece des noms propres doit avoir la priorité de nature à l’épard des appellatifs, parce que nos con- noiflances naturelles étant toutes expérimentales doivent commencer par les individus, qu'ils font même les {euls objets réels de nos connoïffances , & que les généralités , les abftraétions ne font pour ainfi dire que le méchanifme de notre raifonnement, & un artifice pour tirer parue de notre mémoire, Mais au- tteeftnotre maniere de penfer, &t autre la maniere de communiquer nos pentes. Pour abréger la commu- nication, nous parions du point où nous {ommes arrivés par degrés, & nous retournons de l'idée la pius fimiple à la plus compolée par des”addirions fuçcefhives qui ménagent la vüe de l'efprit ; c’eft la NOM 199 méthode de fynthèfe: pour acquérir ces notions, avant que de les communiquer, il nous a fallu dé- compoler les idées complexes pour parvenir aux plus fimples qui font & les plus générales & les plus faciles à faifir ; c’eft la méthode d’analyfe, Foyez GÉNÉRIQUE, Ainfi, les mots qui ont la priorité dans l'ordre analytique , font poftérieurs dans l’ordre fynthétis que. Mais comme ces deux ordres {ont inféparables, parce que parler &c penter font liés de la même mas niere ; que parler c’eft, pour ainfi dire, penfer-ex- tériéurement, & que penfer c’eft parler intérieures ment ; le Créateur en formant les hommes raifon- nables, leur donna enfemble les deux inftrumens de la raïfon, penfer &e parler : & fi l’on fépare ce que le Créateur a uni f étroitement, on tombe dans des erreurs oppoiées, felon que lon s'occupe de l’un des deux exclufivement à l'autre. Les roms, de quelque efpece qu'ils foient, font fufceptibles de genres, de nombres , de cas, & con- féquemment foumis à la déclhinaïfon : il fuflit ici d’en faire la remarque, &c de renvoyer aux aricles qui traitent chacun de ces points grammaticaux. % (B.E.R. M.) Nom, ( Hiffigénér. ) appellation diftinétive d’une race , d’une fanulle, &c des individus de l’un & de l’autre fexe dans chaque famille. On diftingue en général deux fortes de 20ms parmi nous, le zom propre, & le nom de famille, Le nom propre , ou le zom de baptême, eft celui que lon met devant le /#rrom ou le 70m de famille : comme Jean, Pierre, Louis, pour les hommes : Su/snne, Thérefe, Elifabeth , pour les femmes. Voyez; Nom DE BAPTÈME. | | Le nom de famille eft le no” qui appartient à toute larace, à toute la familla, qui fe continue de pere en fils, & pañle à toutes lès branches ; tel eft le zo7x de Bourbon. Il répond au patronymique des Grecs ; par exemple les defcendans d'Eaque fe nommoient E acides. Les Romains appelloient ces noms généraux qui fe donnent à toute la race, gentilitia. Nous n'avons que des connoiflances incertaines fur l’origine des roms & dés furnoms ; & l'ouvrage de M. Gilies-André de la Roque, imprimé à Paris en 1681, 27-12. n'a point débrouillé ce cahos par des exemples précis tirés de l’'Hifoire. Son livre eft d’ail- leurs d’une fécherefle ennuyeufe. Dans les titres au deflus de l’an 1000 ,onne trouve guere les perfonnes défignées autrement que par leur zom propre ou de baptême; c’eft de-là peut- être que les prélats ont retenu Pufage de ne figner que leur zompropre avec celuide leur évêché, parce que durant les fiecles précédens on ne voyoit point d’autres foufcriptions dans les conciles. Le commun peuple d'Angleterre n’avoit point de zom de famille ou de futnom avant le regne d'Edouard [. qui monta fur le trône en 975. Plufeurs familles n’en ont point encore dans le Holfiein & dans quelques auires pays, où l’on n’eft diftingué que par Le z077 de bap- tême & par celui de fon pere: Jacques, fils de Jean; Pierre , fils de Paul. On croit que les furnoms ou noms de famille ont commencé de n'être en ufage en, France que vers l'an 087, fur la fin de la lignée des Carlovingiens , où les nobles de France prirent des furzoms de leurs principaux fiefs, ou bien impoferent leurs zo7s à leurs fiefs, & même avec nn ufage fort confus. Les bourseois & les ferfs qui nétoient pas capables de fief, prirent leurs /arzoms du mimfiere auquel ils étoient employés, des lieux, des métairies qu’ils habitoient , des métiers qu'ils exercoient, &c. Matthieu, hiftoriographe , prétend que les plus grandes familles ont oublié leurs premiers zoms 8€ Jurnoms , pour continuer ceux de leur pattage, apa 200 N OM nages & fucceffons, c’eft-à-dire, que leurs omis n’ont pas été d’abord héréditaires. M. le Laboureur , parlant du tems que les zoms &t les armes commen- cerent à être héréditaires , prétend qu'il y en a peu qui puiflent prouver leur défcendance au-delà de cinq cens ans, parce que les zoms &c les armes étoient feulement attachés aux fiefs qu'on habitoit. Ainfi Robert de Beaumont, fils de Rover fire de Beaumont & d’Adeline de Meulan, prit le 20m & les armes de Meulan, & quitta le Jrrzom de Beaumont, On remarque même que les fils de Franceenfe ma- riant avec des héritieres qui avoient des terres d’un grand état, en prenoient les roms &êc les armes, comme Pierre de France en époufant Ifabelle de Courtenay. Mézerai prétend que ce fut fur la fin du regne de Philippe IL. dit Augufte, que les familles commen- cerent à avoir des os fixes & héréditaires ; & que les feigneurs & gentilshommes les prenoient le plus fouvent des terres qu'ils poffédoient. Quant à l’ori- gine des /urroms de la roture, le même hiftorien la tire de la couleur , des qualités ou des défauts , de la profeffion, du métier , de la province , du lieu de la naiffance , &c d’autres caufes femblables & arbi- itaires , impofñibles à découvrir. On s’eft encore fervi de fobriquets pour faire des difindions dans les familles, Les fouverains mêmes n’en ont pas été exceptés, comme Pépin dit le Bref, Charles le Simple , Hugues Capet, & autres. Mais il faut remarquer que ces fobriquets fe prenoient in- différemment des qualités bonnes ou mauvaïfes de l’efprit &r du corps. Perfonne n’ignore que les papes changent de zom lors de leur pontificat ; mais ce changement de rom paroît un peu plus ancien que l’éleétion de SergiusIV. l'an 1009 : car Jean XV. s’appelloit Cicho avant fon élévation au pontificat, 87 Jean XVI. fon fucceffeur en lanoos, fe nommoit Fafanus ; mais alors ce n’é- toit pas les papes élus qui changeoient leur 0» comme ils font aujourd’hui, c’étoient leurs élec- teurs quu leur impoñoient d’autres zoms. Les grands d'Efpagne multiplient leurs zoms tant par adoption , qu’en confideration de leurs alliances avec de riches héritieres, Les François multiplient aufh leurs roms, maïs par pure vanité, ou bien:ils les changent par le même principe. Certaines gens, dit la Bruyere , portent trois zoms de peur d’en man- quer ; d’autres ont un feul 7077 diflyllabe qu’ils an- nobliffent par des particules, dès que leur fortune devient meilleure. Celui-ci, par la fuppreflion d’une fyllabe, fait de fon zom obfcur un zomilluftre ; celui- là , par le changement d’une lettre en une autre, fe travefhit, & de Syrus devient Cyrus. Plufieurs fup- priment leurs zows qu’ils pourroient conferver fans honte, pour en adopter de plus beaux où ils n’ont qu’à perdre , par [a comparaïfon que l’on fait toû- jours d’eux quiles portent avec les grands hommes qua les ont portés. Il s’en trouve enfin, qui nés à l’ombre des clochers de Paris, veulent être flamands ouitaliens, comme fi la roture n’étoit pas de tout pays ; 1ls alongent leurs zoms françois d’une ter- iminaifon étrangere, & croient que venir de bon lieu c’eft venir de loin. ( D. J.) Noms DES ROMAINS, ( Arriquir. rom. ) Les Ro- mains avoient plufieurs 70715, ordinairement trois , &c quelquefois quatre. Le premier étoit le prérom qui #ervoit à diftingner chaque perfonne : lefecondétoit le zom propre qui défignoit la race d’où l’on fortoit : le troifieme étoit le /#r7om qui marquoit la famille d’où l’on étoit : enfin, le quatrieme étoit un autre /zr- om qui fe donnoit, ou à caufe de l'adoption, ou pour quelque grande aétion, on même pour quelque défaut. Entrons dans les détails pour nous mieux ex- plhiquer. | | NOM Ÿ La coutume de prendre deux roms n’a pas été tel- lement propre aux Romains , qu'ils en aient intro- duit l’ufage, quoiqu’Appien Alexandrin dife le con- traire dans fa préface. left conftant qu'avant la fon- dation de Rome, les Albains portoient deux roms La mere. de Romulus s’appelloit Rhca Sylvia ; fon ayeul, Numior Sylvius; fon oncle, Amulius Syla vius, Les chefs des Sabins qui vivoient à-peu-près dans le même tems en avoient aufi deux, Titus Tus us, Merius Suffetius : Romulus & Remus qui fem blent n’en avoir eu qu’un, en avoient deux:en effet, Romulus & Remus étoient des prézoms, & leur 20: propre étoit Sy/vius. La multiphcité des zoms, dit Varron, fut établie pour diflinguer les familles qui tiroient leur origine d’une même fouche , & pour ne point confondre les perfonnes d'une même famille, Les Cornelius , par exempie, efoient une race illuitre d’où plufieurs fa- milles étoient forties, comme ‘autant de branches d'une même tige, favoir les Scipions , les Lentulus, les Cethegus, les Dolabella , les Cinna, les Sylla. La reffemblance des roms dans les freres , comme dans les deux Scipions, qui eût empêché de les diftin- guer l’un de Pautre, fit admettre un troifieme 2077: lun s’appella Publius Cornelius Scipio , l'autre, Lu- cius Cornelius Scipio ; aïinfi Le 70m de Scipio les dif= tinguoit des autres familles qui portoient le z0 de Cornelius, & les noms de Publius & de Lucius met= toient la différence entre les deux freres. | Mais quoiqu’on fe contentât du 2077 de fa famille particuhere, fans y joindre celui de fa race , ou parce qu’on étoit le premier qui fit fonche ou parce qu’on n’étoit point d’une origine qui fit honneur, les Romains nelaiferent pas dans la fuite de portertrois noms , & quelquefois quatre. 1°. Le zom de famille s’appelloit proprement le zom , nomen. 2°. Le nom qui diftinguoit les perfonnes d’une même famille, prænomen, le prénom, 3°. Letroïifieme, qui étoit pour quelques-uns un titre honorable , ou un terme figni- ficatif des vices ou des perfetions propres de ceux qui le portoient , étoit le cogromen, le furnom. 4°. Le quatrième , quand il y en avoit, s'appelloit agzo- men, autre efpece de /xrnom. Le prenomen tenoit le premier lieu ; le zomer, le fecond ; le cogromen , letroifieme ; l’agromen, le qua- trieme. Les prénoms qui diflinguoient les perfonnes d’une même famille , tiroient leur fignification de quelques circonftances particulieres. Varron fait un long ca- talogue des préroms qui étoient en ufage parmi les Romains, & 1l en rapporte l’érymolopie; je me con- tenterai d’en citer quelques-uns qui feront juger des autres. Lucius, c’eft-à-dire, qui tiroitfon oripinedes Lucumons d’Etrurie ; Quintus , qui étoit né le cin- quieme de plufieurs enfans ; Sextus , le fixieme; Decimus , le dixieme; Martius, qui étoit venu au monde dans le mois de Mars ; Manius , qui étoit né le matin ; Pofthumius, après la mort de fon pere, Éc. he Le cogromen , furnom, étoit fondé 1°, fur les qua- lités de l’ame, dans lefquelles étoient renfermées les vertus, les mœurs, les Sciences, les belles attions. Ainfi Sophus marquoit la fagefle ; Pins, la piété; Frugt, les bonnes mœurs ; Mépos , Gurges , les mauvalles ; Publicola | l'amour du peuple ; Lépi- dus, Atticus, les agrémens de la parole ; Cor:o/a- zus , la prife de Coriole, &c. 2°. Sur les différentes parties du corps dont les imperfeétions étoient défi- gnées par les furroms. Craflus fignifioit l’embonpoint ; Macer, la rzaigreur ; Cicero , Pilo , Le f£gne en forme de pois chiches qu’on portoit fur le vilage, L’ufage des /xrnoms ne fut pas ordinaire dans les premiers tems de Rome, aucun des rois n’en eut de lon vivant, Le Jxrnom de Superbus que porta le der- MCE NOM mer Tarquin , ne lui fut donné que par Le peuple mé- content de {on gouvernement. Le furnom de Coriolan fut donné à Caïus Martius comme une marque de reconnoiflance du fervice qu'il avoit rendu à l’état, marque d’autant plus diftin- guée qué ce fur le premier qui en fut honoré; & on ne trouve point qu'on l'ait accordé depuis à d’autre qu’à Scipion, furnomme l’Africain, à caufe des con- quêtes qu'il avoit faites en Atrique: ce fut à fon 1mi- tation que l’ufage endevint commun par la fuite, & que cette diftinétion tut fort ambirionnge. Rien en etiet ne pouvoir être plus glorieux pour un homme qui avoit commandé les armées ; que d’être furnom- mé du zor de la province qu'il avoit conquife; mais on ne le pouvoit pas prendre de fon chef, il failoit l’aveu du fénat où du peuple : les empereurs même ne furent pas moins fenfbles à cet honneur que le fénat leur a fouvent prodigué par flatierie , fans qu'ils ’euffent mérite. Les freres éroient ordinairement diftingués par le prénom , comme Publius Scipion & Lucius Scipion , dont le premier fut appelié l’Africain & le fecond l’Afrarique, Le fils de l’Africain ayant une fanié fort délicate, & étant fans enfans, adopta fon coufin- germain, le fils de L. Emilius Paulus , celui qui vainquit Pérfée , roi de Macédoine. Celui-ci fut appellé dans la fuite P. Cornel, Scipio Africanus , Æinilianus & Africanus minor, par la plüpart des hiftoriens. Cependant ce zom ne lui fut point donné de fon vivant, mais après fa mort, pour Le diftin- guer de l’ancien Scipion l’Africain. Nous en avons encore un autre exemple dans Q. Fabius Maximus qui eft défigné par trois /#rnoms : étant enfant, on l’appella ovicula, c’eft-à dire, petite brebis à cauie de fa douceur. On l’appella enfuite verrucofus , par rap- port à une verrue qui lui étoit furvenue fur la levre. Puis on l’appella cunifator, c’eft-à dire , emporifeur, à caufe de fa conduite prudente à l’égard d’Anmibal, Pendant quelquetems ; les femmes porterent auff un 2072 propre particulier, qui fe mettoit par des let- tres renveriées ; par exemple, € & M renverfées , fignifioient Caia & Marcia : C’étoit une maniere de défigner le genre féminin , mais cette coutume fe per- dit dans la fuite. Si les files étoient uniques , on fe contentoit de leur donner fimplement le 70m de leur maifon; quelquefois on l’adouciffoit par un diminu- tif, au lieu de Tullia, on difoit Tulliola. Si elles étoient deux , on les diftinguoit par les zoms d’aînée èt de cadette; fielles étoient en plus grand nombre, on difoit ia premiere, la feconde ; la troifieme : par exemple, l’aînée des fœurs de Brutus s’appelloit Jux:a major; laieconde, Junia minor; &latroifieme, Junia tertia, On faifoit auffi de ces zoms un diminutif , par exemple ,Jecundilla, deuxieme; guartilla, quatrieme. On donnoit le zom aux enfans le jour de leur purification quiétoit Le huitieme après leur naïffance, pour les filles ; & le neuvieme, pour les garçons. On donnoit le prézom aux garçons, lorfqu’ils prenoient la robe virile ; & aux filles , quand elles fe marioient. A l'égard des efclaves ; ils n’eurent d’abord d’au- tre z07 que le prénom de leur maître un peu chan- gé ; comme /ucipores , marcipores pour Lucii, Marci puert ; c’eft-à dire ; efclaves de Lucius ou de Mar- cus; car puer fe difoit pour Jérvus ; fans avoir égard à l’âge: Dans la fuite, on leur donna des roms grecs ou latins fuivant la volonté de leur maitre, ou bien on leur donna un zom tiré de leur nation & de leur pays, ou finalement un zom tiré de quelque événe- ment. Dans les comédies de T'érence , on les nomme Jyrus, geta, 8c. & dans Cicerorn, &r6 ; lairea , dar- danus. Lorfqu’on les affranchifloit , ils prenoient le zom propre de leur maître, mais non pas fon /ur- 01m, 8 ils y ajoutoient pour frrom celui qu'ils portoient avant leur liberté. Ainfi lorfque Tiro , ef: Tome XI NOM 261 clave de Ciceron ; fut affranchi, il s’appella Marcrs Tullius Tiro. (D, J.), | NOM, nomen , ( Critig, facrée, ) Ce mor, pris ab- folument , fignifie quelquefois le rom ineffable dé Dieu : cumque bla/phemaflet nomen , « ayant blafphé- » mé le zo72 faints; Lév, xxiv, 11,11 marque auff la puiflance , la majefté : vocabo in nomine Domini , « Je ferai éclater devant vous mon xom»; Exod. XXXIL. 19. éffnOMEN 7zew72 in co, « ma majefté & » mOn autorité réfident en lui»; Æxod. xxiij. ar, Il fe prend pour une dignité éminente : donavie 1/5 nomen 404 eff Juper dmre nomen ; Pr. 1}. 9. oleurm effufum nomentuum ; Cañt.j.2.« votre réputation » eft comme un parfum ». Prendre le nom de Dieu en vain, C'elt jurer fauffement : Zmpofèr Le nom, eft une marque d'autorité. Novire ex nomine; Exod, xxxiij, 12, Connoïtre quelqu'un par fon zom , fienifie uné diflinétion , une amitié, une familiariré paruculiere, Sujciter le nom d'un mort, fe dit du frere d’un homme décédé fans enfans, lorfque le frere du mott époufe la veuve, & en a des enfans qui font revivre fon nom en Ifraël ; Deut, xxv. 5. Dans un fens contraire , effacer le nom de quel. qu'un , c’eft en exterminer la mémoire, détruire fes enfans , & tout ce qui pourroit faire vivre fon 702 fur la terre : nomen eorum délevifli in ærernum ; Pf. ij. 6, fornicata eff in nomine #60, « le Seigneur fe » plaint que Juda a fouillé fon tacré rom» ; Ezech: xv]. 16. Habes pauca nomina ir Sardis, qui non Inquis -raverunt vefimenta [ua : 11 {e prend dans ce dernier paflage pour des perfonnes; Æpocal. üj. 4. (D. T3) NOM DE BAPTÈME, (Æiff, dis ufages. ) {orté de prénom que les chrétiéns mettent devant le nom de famille, & que le parrain & la marraine don- nent à un enfant quand on le baprife. On tire ordi- nairement ces fortes de zoms de l’Ecriture ; mais tout le monde ne s’en tient pas là. C’eft déja trop; dit la Bruyere, d’avoir avec le peuple une même rebgion & un même Dieu ; quel moyen encore dé s’appeller Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur? Evitons d’avoir rien de commun avec la multitude ; affeétons au contiaite toutes les diftinétions qui nous en féparent : qu’elle s’appro- prie les douze apôtres, leurs difciples , les premiers martyrs (tels gens, tels patrons ) : qu’elle voie avec plaifr revenir routes les années ce jour particulier que chacun célebre comme fa fête; pour nous aus tres grands, ayons recours aux noms profanes ; faix fons-nous baptifer fous ceux d’Annibal, de Céfar ou de Pompée, c'étoit de grands hommes ; fous celui de Lucrece, c’étoit une illuftre romaine ; fous ceux de Renaud, de Roger, d'Oiivier, de Tancrede, c'étoient des Paladins, & le roman n’a point dé héros plus merveilleux ; fous ceux d'Heétor, d’A- chille , d'Hercule, tous demi-dieux ; fous ceux même de Phœæbus & de Diane : & qui nous empêchera de nous faire nommer Jupiter, Mercure, Vénus ou Adonms! (D.J.) | Nom socIAL, ( Commerce.) fe dit dans üne fo: ciété générale & collettive, du 07 que les aflo: ciés doivent figner furvant là raifon de la fociété ; enforte que fuppofé que la raïfon de la fociété fût fous les noms de Jacques, Philippe & Nicolas pour le commerce qu'ils veulent faire enfemble , toutes les lettres mifives ; lettres de change, billets paya: bles à ordre ou au porteur, quirtances , faêtures , p'ocurations , comptes & autres aétes concernant cette fociété, doivent être fignés par l’un ou l’autre des aflociés , & fous les noms de Jacques, Philippe & Nicolas en compagnie, qui eft le zom focial. NOMADES, ( Géog. anc.) nom générique donné à divers peuples qui n’avoient point de demeure fixe, & qui en changeoïent perpétuellement pour chercher de nouveaux pâturages. Ainfi ce mot ne C € 202 défigne pas un peuple particulier, mais le gerire de vie de ce peuple; c’eft ce qui fait que les anciens écrivains parlent de Nomades arabes , numides, fcy- thes, &c. Il eft probable que ces peuples furent ainfi appellés à permutandis pabulis, à caufe qu'ils chan- geoient de pâturages, en grec ru. À la vérité dans Tédition de Pline faite à Parme, on lit 4 permutandis papilionibus ; maïs cette leçon feroit (upportable, car on appelloit anciennement papiliones | des ten- tes pour {e loger à la campagne & à la guerre; & c’eft de-là que les François ont fait leur mot pavillon. NOMADES arabes. Après les déferts palmyréens, dit Pline, /. VI. c. xxxviÿ. fuivent du côté de l'o- tient les Nomades ârabes, :& ils s'étendent du côté du midi jufqu’au-delà du lac Afphalite. NOMADES rumides. Les Numides furent appellés Nomades par les Grecs, felon Pline, Z. #,c, 1. Po- lybe place dans la Numidie les Norades maflyles &c les Nomades mafcæfyliens. On’ ne peut donc nier que dans V’'Afrique, & même dans la Numidie , 1ln°y eut des Nomades, c'eft-à-dire, des peuples qui chan- geoient delien à mefure que les pâturages vencient à leur manquer; mais il ne feroit pas aifé de décider, fi le nom de Numidie a une origine grecque. Il eft à croire qu'un pays barbare a eu un nom barbare. NomaApes fcythes. Pline, 4. IF. c. xy. les place à la gauche de la mer Cafpienne , &c dit que le fleuve Panticapes les féparoit des Géorgiens. Stra- bon ajoute qu’ils habitoient fur des chariots. (D. J.) NOMANCIE , f. £. forte de divination, ou l’art de deviner la deftinée d’une perfonne par le moyen des lettres de fon nom. Voyez Nom. Ce mot eft compolé du latin romen, nom, & du grec pavrela , divination. Woyez ONOMANCIE. La romancie, qu’on pourroit plutôt appeller 0- |- minomancie Où onomato marnctie , {emble n'être autre chofe que la gématrie cabaliftique. ’oyez CABALE. NOMANIAH , ( Géog.) ville de l’Irac arabique ou babylonienne, qui eft la Chaldée. Elle a été bâtie par le roi Noman- Ben - Mondic, & eft fi- tuée {ur le Tigre, à peu de diftance de Bagdad. Long. 63. lat. 33. (D...) NOMANQUE,, f. m.(Æff. anc.) nom qu’on don- noit dans l'antiquité au gouverneur où comman- dent d’un nome. L’Egypie étoit divifée autrefois en différentes régions ou quartiers, qu'on appelloit nomes ; du grec vouos, prenant Ce MOt pour fignifier divifon. L’officier à qui le roi donnoit le gouverne- ment d’un de ces nomes ou nomos, étoit appellé 70- marque ; du grec vouoc, À apyn, commandernent. NOMAS, ( Géog. anc.) lieu de la Sicile, felon Diodore , 4, I. c. xe. Ses habitans fe nommoient nome. M. de Lifle les place au nord des monts Né- brodes,, à quelques milles de la mer, (D. J. NOMBLES , £. m. pl. (Gram, vennerie. ) C’eft la partie du cerf qui s’éleve entre fes cufles; 1l fe dit aufñ des bœufs & des vaches. NOMBRE , fert vulgairement dans? Arithmétique d’une colle&ion ou aflemblage d’unités où de cho- fes de la même efpece. M. Newton définit plusprécifémentle zombre, non pas une multitude d'unités, comme Euclide, mais le rapport abftrait d’une quantité à une autre de la même efpece , que l’on prend pour l’unité ; d’après cette idée , il divife les zorbres en trois efpeces, favoir, zombres entiers, c’eft-à dire, qui contiennent l'unité ou certain nombre de fois exaétement & fans refle, comme 2, 3,4, &c. zombres rompus ou frac- tions ( voyez FRAGTION. ), & nombres fourds où incommenfurables , voyez INCOMMENSURABLE, SourDs € La fuite de cet article. Wolf définit le zombre, ce qui a le même rap- port avec l’unité qu’une ligne droite avec une au- tre ligne droite : ainf prenant une ligne droite pour une unité, tout rombre peut être repréfenté pat quelqu’autre ligne droite; ce qui revient à la défi- nition de M. Newton. ; Dans lécole, où l’on a confervé la définition d'Euclide, on ajoute que le zombre eft compofé de matiere & de forme ; la matiere eft la chofe nom- brée , par exemple, de l’argent; & la forme ef l’i- dée par laquelle comparant les différentes pieces d'argent, l’on en fait une fomme, comme ro : ainft le zombre dépend entierement#de l'intention de la perlonne qui nombre, & l’idée en peut être changée à volonté, par exemple cent hommes peuvent être fuppofés ne faire que 1, 2 ou 4, &c. unités. Les mêmes philofophes appellent le nombre g1a7- tité diférete ; quantité, en tant qu'il eft fufceptible de plus & de moins ; difcrere , en ce que les diffé- rentes unités qui le compofent ne font pas umies, mais diftinétes les unes des autres, Voyez QUAN- TITÉ 6 DISCRET. \ A légard dela mañiere de défigner ou de caratté- tifer les zombres , voyez NOTATION. Pour ce qui concerne la maniere d'exprimer ou. de lire les zombres, Voyez NUMÉRATION. Les mathématiciens confderent le zombre fous difiérens rapports, ce qui produit chez eux diffé- rentes fortes de zombres. ; Le nombre déterminé eft celui qui fe rapporte à quelque unité donnée, comme le nombre ternaire- ou trois, on l'appelle proprement zombre. Le rombre indéterminée, eft celui qui fe rapporte à une unité en général : on l'appelle aufi guancire. Voyez QUANTITÉ. Les ombres homogenes, font ceux qui {e rapportent à la même unité. Voyez HOMOGENES. Les rzombres hétérogenes , font ceux qui fe rap- portent à différentes unités : car chaque ombre fup- pofe une unité déterminée & fixée par la notion à laquelle nous avons égard en nombrant; par exem- ple ; c’eft une proprièté de la fphere d’avoir tous les points de la furface à égale diftance de fon cen- tre ; fi donc cette propriété eft prife pour la marque de lunité, tous les corps où elle fe trouvera feront des unités, & feront de plus la même unité, en tant qu'ils font renfermés dans cette notion : mais fi les {pheres font outre cela diftinguées par quel- que chofe, &tc. par exemple, par la matiere dont elles fontcompofées, alors elles commencent à n'être lus la même unité, mais desunités différentes. Ainf {ix fpheres d’or font des zombres homogenes entr'eux; au contraire trois fpheres de cuivre, & quatre d’ar- x À n r sent, font des zombres hérerogenes.V, HÉTÉROGENES. Les 2ombres rompus ou les fraions , font ceux qui confiftent en différentes parties de l’unité, ou qui ont à l'unité le même rapport que la partie au tout. Voyez FRACTION. Les zombresentiers, appellés aufi zombres naturels ou fimplement zombres, {ont ceux que l’on regarde comme des tous, fans fuppofer qu'ils foient parties d’autres zornbres. Le zombre rationnel eft celui qui a une maffe com- muüne avec lunité. Voyez COMMENSURABLE. Le zombre entier rationnel , eft celui dont l'unité eft une partie aliquote, Le zombre rationnel rompu, eff celui qui repréfente quelque partie aliquote de Pu- nité. Le ombre rationnel mixte, eft celui qui eft compofé d’un nombre entier & d’un zombre rompu, ou de l’unité & d’une fraétion. Le zombre trration- nel ou fourd, eft celui qui eft incommenfurable avec l’unité. Voyez INCOMMENSURABLE. Le rombre pair , eft celui qui peut être divifé en denx parties égales exaétement , & fans qu'il refte de fraion, comme 4, 6,8, 10, &c. la fomme, la différence & le produit d’un zombre quelconque de zombres pairs, eft toujours un zombre pair, *NOM NOM 203 Un xombre pair multiplié par un zombre pair; | produit du #ombre quatré 4, par fa racine 2. Voyez donne un nombre pairement pair. Un xombre eft pairement pair, quand il peut être divifé exaétement &r fansrefte, en deux zombres pairs, Ainfi 2 fois 4 faifant 8, 8 eft un nombre paire- ment pair, Un sombre et impairement pair quand il peut être divifé en deux parties égales & impaires : par éxemple 14 Le sombre impair, eft celui qui excede le zombre pair, au moins d’uneunité, Ou qui ne peut être di- vié exattement &c fans refte en deux parties éga- les ; tels font les zombres 3, $, 9, 11, &c. La fomme ou la différence de deux ombres im- pairs eft toujours un ombre pair ; mais Leur pro- duit eft néceflairement un ombre impair. Si on ajoute un zobre impair avec un zombre pair, ou que l’on retranche lun de l’autre, la fommée dans le premier cas, & dans le fecond la différence, fera un zombre impair; mais le produit d’un sombre pait par un impair, eft toujoufs un #ombre pair, La fomme d’un zombre pair quelconque de zo/”- bres impairs, eft un zombrepair ; & la fomme d’un nombre impair quelconque de rombres impairs ;,-eft toujours un zor1bre impair. On appelle zombre premier où primitif, celui qui n’eft divifible que par l'unité, comme $,7, 17, 6c. Les zorbres premiers entr’eux , font ceux qui n’ont d'autre commune mefure que l’unité, comme 42 & 19. Le zombre compofé , eft celui qui eft divifible , ñnon- feulement par l’unité, mais par d’autres zombres encore, comme 8, qui eft divifible par 4x par 2. FVoyez COMPOSÉ, Les nombres compoes entr'eux , font ceux qui ont pour commune mefure , non-feulement l’unité, mais encore d’autres nombres, comme 12 &c 15. Le zombre parfait, eft celui dont les parties aliquo- tes étant ajoutées enfemble, rendent précifément le ñombre dont elles font les parties, comme 6 , 28, &c. Les parties aliquotes de 6 font 3 , 2 & 1, qui font 6: celles de 28 font 14, 7, 4, 2 & 1, qui font 28. Voyez fur des nombres parfaits Les nouv. mém. de Pérersbourg , tom. II. & plufieurs autres vo- lumes des mêmes mérnorres. - Les nombres imparfaus, {ont ceux dont lesparties aliquotes étant ajoutées enfemble, font plus où moins que le nombre total dont ellés font les par- ties. Foyez IMPARFAIT. sr On diftingue les zombrés imparfaits en abondans êt défethifs. Nombres abondans , {ont ceux dont les parties ali- quotes étantajoutées enfemble, font plus que le tout dont elles fontles parties, comme 12, dont les parties aliquotes 6, 4, 3, 2, 1 font 16. Voyez ABONDANT. Nombres défehfs, {ont ceux dont les parties ali- quotes ajoutées enfemble, font moins que le nom- bre total dont elles font les parties, comme 16, dont les parties aliquotes 8, 4, 2, 1 ne font que as. Voyez DÉFICIENT. Le zombre plan eft celui qui réfulte de la multipli- cation de deux nombres ,| par exemple , 6 qui eft le produit de 2 par 3. “ Le zombre quarré eft le produit d’un nombre multi- plié par lui-même ; ainfi 4, qui eft le produit de 2 par 2, eft un zombre quarré. Voyez QUARRÉ. Tout zombre quarré ajouté à la racine, donne un nombre pair. En effet , fi la racine eft pair, le quarré eft auffi pair ; & fi elle eft impair , le quarré eft auffi impair. Or deux pairs ou deux impairs pris enfemble, font toujours un rombre pair. Voyez RACINE. Le nombre cube où cubique eft le produit d’un 70m. #re quarré par fa racine , par exemple, 8, qui eftle Tome XI, CUBE & SOLIDE. Tous les sombres cubiques dont la racine eft moin: dre que fix, comme , 8,27, 64, 125, &c. étant divifés par 6, le refte eft leur racine même. Par exemple ; 8 étant divifé par 6, il refte 2 , qui ef la racine cube de 8. À l'égard des zombres cubiques plus grands que 125 ; 216, cube de 6, étant divifé par 6, il ne refte rien. 343, cube de 7, apourrefter ; qui étant ajouté à 6 , donne 7, racine cube de 343 ; 512,cube de 8 , étant divilé par 6, il refte 2, qui , avec 6, fait 8, racine cube de $12. Ainf,, divifant - par 6 tous les zombres cubes au-deflus de 216, & ajoutant les reftes avec 6, on a toujours la racine cube du zombre propolé jufqu’à ce que le refte foit s, qui, ajouté avec 6, fait 11. Les zombres cubes au- deflus du cube de 11, favôir le cube de 12 étant di- | vifé par 6 , 1l ne refte rien , & la racine cube eft 125 &c fi on continue à divifer les cubes fupérieurs par6, en ajoutant les reftes non plus à 6, mais à 12, on aura la racine cube, & ainf de fuite , jufqu’au cube de 18,où le refte de la divifion ne doit plus être ajouté à 6 ni à 12 , mais à 18 , & de même à l'infini. M. de la Hire examinant cette propriété du 7o#- bre G par rapport aux zombres cubiques , trouva que tous les autres mombres élevés à une puiffance quel- conque , avoient chacun leur divifeur , qui faifoit le même effet par rapport à ces puifflances , que 6 par rapport aux zombres cubes ; & voici la regle gé- nérale qu'il a decouverte. Si l’expofant de la prif- fance eft pair, c’eft-à-dire fi le zombre eft élevé à la feconde , quatrieme , fixieme , &c. puiflance, il faut Ja divifér par 2; & le refte, s’il yen a un, étant ajouté à 2 ou à un multiple de 2 , fera la racine du degré correfpondant de la puiffance donnée, c’eft- | àä-dire-la racine deuxieme, ou la quatrieme, ou la fixieme , &c. mais fi l’expofant de la puiflance eft impair, c’eft à-dire fi le zombre eft élevé à la troifie- me, cinquieme, feptieme, &c. puiflance , le double de l’expofant devra être le divifeur , & ce divifeur aura la propriété dont il s’agit. Les zombres polygones {ont des fommes de pro- greflions arithmétiques qui commencent par l’unité; celles des progreflions dont la différence eft 1 , font appellées xombres triangulaires , voyez TRIANGU- LATRE. Celles dont la différence eft 2, font des 70m: bres quarrés, Celles dont la différence eft 3 , font des nombres pentagones. Celles dont la différence eft 4, les zombres hexagones, Celles dont la différence eft s, «les zombres heptagones ; &c. Voyez les articles FIGURÉ 6 POLYGONE. Ily a des ombres pyramidaux: en voici la formation. Ees fommes des zombres polygones prifes de la même maniere qu’on prend les fommes des progref- fions arithmétiques pour former Les zombres polygo- nes, font appellés premiers nombres pyramidaux. Les fommes des premiers zombres pyramidaux font appellées /éconds nombres pyramidaux +: les fommes des feconds z0ombres pyramidaux font appellées sroë- fiermes nombres pyramidaux ; &cc. En particulier on appelle zombres triangulaires py- ramidaux , Ceux qui {ont formés par l’addition des nornbres triangulaires , premiers pyramidaux pentago- naux , qui viennent de l'addition des zombres penta- gones , &c. Voyez FIGURE. Le zombre cardinal eft celuiquiexprime une quan: tité d'unités, comme 1, 2, Gc. Voyez CARDINAL. Le 70mbre ordinal eft celui qui exprime leur ordre ou leur rañg, comime premier, deuxieme, troifieme, Gc. Voyez ORDINAL, Chambers, (E ) Nombre abfolu , { ABSOLU: Nombre abffrait , Pare ABSTRAIT. Nombre amiable, AMIABLE. Nombre concret, CONCRET Cci 204 NOM Nompre. Comme Chambers a obmis l’explica- tion de plufieurs autres dénominations de zombres , nous y fuppéerons pat de diffionnaire de mathémati- que de M. Savérien. Nombre barlong , nombre plan dont les côtés diffé- rent d’une unité. Ainfi le zombre 30 eft un zombre barlong , puifque fes côtés 5 & 6 different d’r. Les Aaombres barlongs font les mêmesque ceux qu'on ap- pelle artelongiores, ou alterä parte longiores. Théon donne encore ce nom aux zombres qui font des fom- mes des deux ombres pairs , dont la différence eft 2. Le nombre 30 eftun rombre barlong, parce qu'il ef la fomme de 14 & de 16, dont la différence eft 2. Nombre circulaire où fphérique , nombre qui étant multiplié par lui-même , reprend toujouts la derniere place du produit. Tels font les zombres $ &t 6 ; car 5 fois ; font 25 : le produit de 25 par 5 ,eft 125; ce- lui de 125 par $, eft 725, &c. De même 6 multi- plié par 6 , donne 36 ; 6 fois 36 donnent 216 : le produit de ce zombre 216 par 36, eft8776, &c. Nombre diamétral , nombre plan ou le produit de deux zombres, dont les quarrés des deux côtés font de même un quarré dans la fomme. Tel eft Le zombre 12, car les quarrés o & 16 de fescôtés 3 & 4, font de même dans leur fomme un quarré 25. Les trois côtés d’un triangle reétangle étant toujours propor- tionnels entr’eux , & le quarté de l’hypotenufe étant égal à la fomme,des quarrés des deux côtés, c'eft par le ombre diamétral que fe détermine en même temslequarré de l’hypotenufe & l’hypotenufe même. Michael Stifel a traité fort au long de ces zombres, dans fon arithmetica integra , liv. I. Nombre double en puiffance., c’eft un rombre dont le quarré eft deux fois auf grand qu’un autre zombre ; comme l’eft y/ 6 à l'égard de 3, & y/r0 à l'égard de s, Nombre géométrique , c’eft un zombre qu’on pent di- vifer fans refte , comme le zombre 16 , qui fe divife par 8, 4 & 2. On l'appelle aufli zombre compofé ou nombre fecend. Nombre incompo/é linéaire, nombre qui ne peut être mefuré par aucun autre zombre que par lui-même ou par l’unité. Tels font les zombres 1, 3, 5, 7, 11, 13, Gc. comme ces zombres font une progrefhon arithmétique dont les termes peuvent être divifés: ou réfolus par d’autres précédens , on en a formé des tables qu’on trouve dans le sheatrum machinarum generale de Léopold, qui les a tirées de Bramer, & dans lefquelles la progreffion arithmétique va d’1 à 1000. Nornbre oblong , nombre plan qui a deux cÔtés iné- gaux, quelle que foit leur différence. 54, par exem- ple , eftun zombre oblong, parce que les côtés 9 &c 6 different de trois. De même 90 eft un pareil z0m- bre, la différence des côtés 18 & 5 étant 13. Nombre parallélipipede , nombre folide dont les deux côtés font égaux , mais dont le troifieme eft ou plus grand ou plus petit. Teleft le zombre 36, dont les trois côtés font 3,3 & 4. Comme les trois côtés d’un zombre folide font diftingués en longueur, lar- geur & profondeur , ils forment fix{ortes de nombres parallélipipedes, Le premier a la largeur & la profon- deur égales, mais la longueur eft moindre que les autres dimenfions, comme 48 , oùla longueureft 3, la largeur 4, & la profondeur 4. La largeur & la profondeur font les mêmes aufecond, & la longueur feule eft différente. Tel eft le zombre 36, dont la lon- gueur eft 4, la largeur 3,, & la profondeur 3. Dans le troifieme , la longueur & la profondeur font éga- les, & la largeur inégale, ainfi des autres, qui ont toujours une dimenfion ou un côté inégal. Nombre parallélogramme , nombre plan dont les cÔ- tés different de deux. Tel eft 48 ; car la différence des deux côtés 6 & 8 eft 2. Théon de Smyrne en- NOM tend par ce zombre un rombre oblong comme 36; dont les côtés font 9 & 4. | Nombre pronique, c'eft la fomme d’un rombrequarré & de fa racine. Soit, par exemple, la racine 4, dont le quarré eft 16 , dans ce cas le zombre pronique eft 20. Ainf en algebre la racine étant x, on exprimele zombre pronique par x2+x ; Ou la racine étant =x — 2 , le zombre pronique eft x° — 3 x + 2. ; Nombres proportionnels , nombres qui font entre eux dans une proportion. Nombres proportionnels arithinéciquement : nombres: qui croiffent ou décroiflent felon une différence continuelle , comme 3, $; 7, 9, où la différence entre deux zombres fe trouve toujours la même , qui eft ici 2, ou 3, 5,8, 10 , où la différence des deux premiers eft égale à la différence des deux der- niérs. Nombres proportionnels continuellement : nombres: qui fe fuivent dans une même raïfon, de forte que chacun d’eux, excepté le premier & le dernier, rem- plit en même tems la place du terme de l’antécédent & du confèquent d’une raifon. Tels font les zombres 2, 6,18, 54, car 2 eft à 6, comme 6 eft à 18, & 6 eft à 18, comme 18 eft à 54. Par conféquent 6 eft en même tems le terme conféquent de‘la premiere raifon , & l’antécédent de la feconde , ainfi que 18 eft le conféquent de la feconde & l’antécédent de la troifieme. : Nombre pyrgoidal , c’eft un zombre compofé d’un nombre colonnaire & d’un pyramidal,&c qui font tous deux d’un même genre , de façon que le côté. ou la racine du zombre pyramidal foit moindre de l'unité que le côté du zombre colonnaire. Exemple, 18 eft le côté du zombre triangulaire colonnaire, dont le côté eft 3, & 4 eft un zombre triangulaire pyramidal , dont le côté eft 2 , la fomme 18 + 4 eft un zombre triangulaire pyrgoidal : cela veut dire que les zombres pYrgoidaux prennent leurs noms des zombres colon- naires & pyramidaux dont ils font formés. Nornbre folide , produit de la multiplication de trois autres zombres. Ainfi 30 eft un zombre folide , parce qu'il eft formé parla multiplication des trois zombres 2,3 & $: ces zombres s’appellent côcés ; lorfqu'ils font égaux ; le zombre folide qui en réfulte eft un cube. Nombres folides femblables, nombres dont les côtés équinomes ont la même proportion. C’eft ainfi que les zombres folides 48 & 1 62 font femblables ; car comme la longueur du premier 2 eft à fa largeur 4, ainfi eft la longueur du fecond 3 à fa largeur 6. De même comme la longueur du premier 2 eft à {a pro- fondeur 6, ainf la largeur du fecond ef à fa profon- deur 9. Enfin, comme la largeur du premier 4 eft à fa profondeur 6 , ainfi la largeur du fecond eft à fa profondeur 9. | Nombre furfolide, c’eft le zombre qui fe forme en multipliant le quarré par le cube d’une racine, ou le quarré par lui-même, & le produit encore par lui- même. Exemple , 9, zombre quarré de 3,, étant mul- tiphé par trois, produit 27 ;.8& ce zombre étant en- core multiplié par 9 , donne 243 , qui eft un zombre furfotide. Les anciens donnoient à ce zombre un ca- ratere Z C. Dans l’algebre on l’appelle la c'rquieme puillance, qu'on marque ainfi , a5. ( D. J.) NOMBRE D'OR , cerme de Chronologie, c’eft un zo7- bre qui marque à quelle année du cycle lunaire ap- partient une année donnée. Voyez CYCLE, LUNAIRE & NomMBre. Voici de quelle maniere on trouve le nombre d’or de quelqu’année que ce foit depuis Jefus- - Chrift. Comme le cycle lunaire commence l’année qui a précédé la naïffance de Jefus-Chrift , il ne fant qu’a- jouter 1 au nombre des années qui fe font écoulées depuis Jefus-Chrift , & divifer la fomme par 19, ce NOM qui reftera après la divifon faite fera le zombre d’or que l’on cherche ; s’il ne refte rien , le zombre d’or fera 19. Suppofé , par exemple, que l’on demande le z0#- bre d’or de l’année 1725 : 17251 =1726 ; & 1726 divifé par 19 , donne 90 au quotient , & le refte 16 eft le zombre d’or que l’on cherche. * Le zombre d’or fervoit dans l’ancien calendrier à montrer les nouvelles lunes ; mais on ne peut s’en fervir que pendant 300 ans , au bout defquels les nouvelles lunes arrivent environ un jour plütôt que felon le zombre d'or : de forte qu’en 1582 il s’en fal- loit environ quatre jours que le zombre d’or ne don- nât exattement lesnouvelles lunes , quoique ce z0r7- bre les eût données aflez bien du tems du concile de Nicée. De forte que le cycle lunaire eft devenu tout- . à-fait inutile , aufli bien que le zombre d’or, pour mar- quer les nouvelles lunes. Cette raïfon & plufeurs autres engagerent le pape Grégoire XIII. à réformer le calendrier, à abohir Le 2ombre d'or, & à y fubftituer le cycle des épates ; de forte que le zombre d’or , qui dans le calendrier Ju- lien fervoit à trouver les nouvelles lunes , ne fert dans le calendrier Grégorien qu’à trouver le cycle des épaêtes. Voyez EPACTE , CYCLE ; CALEN- DRIER. On dit que ce zorbre a été appellé zombre d'or , foit à caufe de l’étendue de l’ufage qu’on en fit, foit- à caufe que les Athéniens Le reçurent avec tant d’ap- plaudiflement , qu'ils le firent écrire en lettres d’or dans la place publique. On en attribue l'invention à Methon, athénien. Voyez MÉTHONIQUE. Chambers. ( O ) NOMBRES, ( Critique facrée. ) ou le Livre des Nom- bres';un des livres du Pentateuque, & le quatrieme des cinq. Les Septante l’ont appellé Zvre des Nombres, parce que les trois premiers chapitres contiennent le dénombrement des Hébreux & des Lévites ; les trente-trois autres renferment l’hiftoire des campe- mens des Ifraélites dans le defert , les guerres de Moife contre les rois Sébon & Og; celle qu’il dé- clara aux Madianites, pour avoir envoyé leurs filles au camp d’Ifrael, afin de faire tomber le peuple dans la débauche & l’idolâtrie. On y trouve encore des particularités fur la défobéiflance de ce même peu- ple ; fon ingratitude, fesmurmures & fes châtimens; enfin on y voit plufieurs lois que Moïfe donna pen- dant les 39 années, dont ce livre eft une efpece de journal. (D. J.) Nomgres, ( Philofop. Pythagor.) On fait que les Pythagoriciens appliquerent les propriétés arithmé- tiques des ombres aux fciences les plus abftraites & les plus férieufes. On va voir en peu de mots fi leur folie méritoit l'éclat qu’elle a eu dans le monde , & fi le titre pompeux de shéologie arithméique que lui donnoit Nicomaque , lui convient. L'unité n'ayant point de parties, doit moins pañfer pour un zombre que pour le principe génératif des ombres. Par-là, difoient lés Pythagoriciens , elle eft devenue comme lattribut eflentiel , le cara@ere fu- blime, le fceau même de Dieu. On le nomme avec _ admiration celui qui eft v2 ; c’eft le feul titre qui lui convient &z qui le diftingue de tous les autres êtres qui changent fans cefle 8 fans retour. Lorfqu’on veut reprélenter un royaume floriffant & bien po- licé , on dit qu’? même efprit y regne , qu'une Mmêmeamele vivifie, qu'zrmême reflort le remue. Le ombre 2 défignoit , fuivant Pythagore, le mau- Vais principe ; & par conféquent le défordre, la confufion & le changement. La haine qu’on portoit au Zzombre 2 s’étendoit à tous ceux qui commen- coient par le même chiffre, comme 20, 200 , 2000, Éc. Suivant cette ancienne prévention, les Romains dédierent à Pluton le fecond mois de l’année ; & le NOM 20 fecond jour du même mois ils expioient les manes des morts, Des gens fuperftitieux , pour appuyer cette doétrine , ont remarqué que le fecond jour des mois avoit été fatal à beaucoup de lieux &z de grands hommes, comme fi ces mêmes fatalités n’étoient pas également arrivées dans d’autres jours. Mais le sombre 3 plaifoit extrèmement aux Pytha- goriciens , qui y trouvoient de fublimes myfteres , dont ils fe vantoient d’avoir la clé ; ils appelloient ce ombre l'harmonie parfaite. Un italien , chanoine de Bergame, s’eft avifé de recueillir les fingularités qui appartiennent à ce zombre ; il y en a de philofo- phiques , de poétiqués , de fabuleufes, de galantes, & même de dévotes : c’eft une compilation äufñ bi- farre que mal affortie. Le zombre 4 étoit en grande vénération chez les difciples de Pythagore ; 1ls difoient qu’il renfermoit toute la religion du ferment, & qu'il rappelloit l'idée de Dieu & de fa puiflanée infinie dans l’arrangement de l’univers. Junon , qui préfide au mariage , protégeoit, felon Pythagore, le zombre 5 , parce qu’il eft compolé de 2 , premier sombre pair & de 3, premier zombre im- pair. Or ces deux ombres réunis enfemble pair & impair, font $, ce qui eft un emblème ou une image du mariage, D'ailleurs le zombre 5 eft remarquable, ajoutoient-ils, par un autre endroit , c’eft qu’étant multiplié toujours par lui-même, c’eft-à-dire ; par 5, le produit 125 par 5, ce fecond produit encore par $ , Gc. il vient toujours un zombre 5 à la droite du produit. Le zombre 6 , au rapport de Vitruve , devoit tout ! fon mérite à l’nfage où étoient les anciens géome- tres de divifer toutes leurs figures , foit qu’elles fuf- fent terminées par des lignes droites , foit qu’elles fuflent terminées par des lignes courbes, en fix par- ties égales ; 8 comme l’exaétitude du jugement & la rigidité de la méthode font effentielles à la Géo- métrie , les Pythagoriciens, qui eux-mêmes faifoient beaucoup de cas de cette fcience, employerent le nombre 6 pour cara@érifer la Juftice, elle qui mar- chant toujours d’un pas égal, ne fe laifle féduire ni par le rang des perfonnes , ni par l'éclat des digni- tés , ni par l'attrait ordinairement vainqueur des ri- cheffes, "Aucun zombre r’a été fi bien accueilli que le zom- bre 7 : les medecins y croyoient découvrir les vicif- fitudes continuelles de la vie humaine. C’eft delà qu’ils formerent leur année climaétérique. Fra-Paolo, dans fon huflotre du concile de Trente, a tourné plaï- famment en ridicule tous les avantages prétendus du nombre 7. Le nombre 8 étoit en vénération chez les Pytha- goriciens , parce qu'il défignoit, felon eux, la loi na- turelle, cette loi primitive & facrée qui fuppofe tous les hommes égaux. Ils confidéroientavec crainte le zombre 9 , comme défignant le fragilité des fortunes humaines , pref- qu’auffi-tôt renverfées qu'établies. C’eft pour cela qu’ils con{eilloient d'éviter tous les zombres où le 9 domine, & principalement 81 , qui eft le produit de o multiplié par lui-même. Enfin les difciples de Pythagore regardoient le nombre 10 comme le tableau des merveilles de Puni- vers , contenant éminemment les prérogatives des nombres qui le précedent. Pour marquer qu’une chofe furpafloit de beaucoupune autre les Pythagoriciens difoient qu’elle étoit 10 fois plus grande, 10 fois plus admirable. Pour marquer fimplement une belle cho- fe, ils difoient qu’elle avoit 10 degrés de beauté. D'ailleurs ce zombre pafloit pour un figne de paix, d'amitié , de bienveillance ; & la raifon qu’en don- notent les.difciples de Pythagore , c’eft que quand deux perfonnes veulent fe lier étroitement, elles fe »06 N OM prennent les mains l’une à l’autre &fe lesferrent , en témoignage d’une union réciproque. Or, difoient- ïls,deux mains jointes eñnfemble forment parlemoyen “des doigts le sombre to. | | Cene font pas les feuls Pythagoriciens qui aient “donné dans ces frivoles fubtilités des zombres , &t “dans ces fortes de rafinemens allégoriques, quelques péres de lEglife n’ont pas fu s’en préferver : c’eft ‘ainf que faint Auguftin ; pour prouver que les com- bitailons myftérienfes des ombres peuvent fervir à Tintelligence de l’'Ecriture , s'appuie du paflage de Vauteur dé la fagefle, qui dit que Dieu a tout fait “avec poids, rombre & imelure. Enfin on trouve en- core dans le bréviaire romain quelques-unes de ces allégories bifarres données en forme de lecons. Voyez Vhift. critig. de la Philofoph, tome TI, Diogene Laërce, & furtout l’arvicle PHILOSOPHIE PYTHA- GORICIENNE. ( D. J.) NomsBre ,(Gramm. ) les nombres font des termi- naifons qui ajoutent à l’idée principale du mot, l'i- dée accefloire de la quotité. On ne connoitque deux nombres dans la plüpart des idiomes ; le finpulier qui défigne unité, & le plurielqui marque pluralité. Ainf cheval & chevaux , C'eft en quelque maniere le même mot fous deux terminaifons différentes : c’eft comme le même mot, afin de préfenter à lefprit la même idée principale , l’idée de la mêmeefpece d’a- nimal ; les terminaifons font différentes, afin de dé- figner , par l’une , un feul individu de cette efpece, ou cette feule efpece, & par l’autre, plufieutsindi- vidus de cette efpece. Le cheval e/furile a l’homme , il s’agit de l’efpece ; #07 cheval m'a coûté cher , il s’agit d’un feul individu de cette efpece ; J'ai acheté dix chevaux anglois, on défigne ici plufieurs indivi- dis dé la même efpéece: Il ya quelques langues, comme l’hébreu, le grec, le polonois , qui ont admis troïs zombres ; le fingu- lier qui défigne l'unité , le duel qui marque dualité, & le pluriel qui annonce pluralité. Il femble qu'il y ait plus de précifion dans le fyftème des autreslan- gues. Car fi l’on accorde à la dualité une inflexion propre , pourquoi n’en accorderoit-on pas aufh de patticuliereà chacune des autres qualités individuel- les ? fil’onpenfe que ce feroït accumuler fans befoin &c fans aticune compenfation, les difficultés des langués , on doit appliquer aù duel le même prin- cipe : & la clarté qui fe trouve effeétivement, fans le fecours de ce zombre, dans leslangues quine l’ont point admis, prouve aflez qu'il fuffit de diftinguer Le fingulier & le pluriel ; parce qu’en effet la pluralité fe trouve dans deux comme dans mille, Auffi , sil faut en croire l’auteur de la méhode grecque de P.R. div. ZÏ.ch. j, le duel, dures, neft venu que tard dans la langue, & y eft fort peu ufité; dé forte qu’au lieu de ce zombre on fe fert fouvent du pluriel. M. l’abbé l’Advocat nous apprend, dans fa grammaire hébraïque, pag. 32. que le duel ne s'emploie ordinairement que pour Les chofes qui font naturéllement doubles, comme les piésr, les mains, lés oreilles & les yeux ; 87 il eft évident que la dua- lité de ces chofes en eft la pluralité naturelle: ilne faut même, pour s’en convaincre , que prendre garde à la terminaifon ; le pluriel des noms mafcu- lins hébreux fe termine en 22:; les duels des noms, de quelques genres qu'ils foient , fe termine en air ; é’eft affurément la même terminaifon , quoiqu’elle oit précédée d’une inflexion caratériftique. Quoi qu'il en foit des fyftèmes particuliers des langues, par rapport aux zombres , c’eft une chofe atteftée par la dépofition unanime des ufages de tous les idiomés , qu'il y a quatre efpeces de mots qui font fufceptibles dé cette efpece d'accident , favoir les noms, les pronoms ; les adje@ifs & les verbes ; d’où j’aiinféré( voyez MOT, arr. I.) que ces quatre efpeces doivent préfenter à l’efprit lès idées des êtres {oit réels foitabftraits ; parce qu’on ne peutzombrer quedes êtres. La différence des principes quireglent le choix des zombres à l'égard de ces quatre efpeces de mots, m’aconduit auffi à les divifer en deux claf- fes générales ; les mots déterminatifs , favoir les noms & les pronoms ; & les indéterminatifs, favoir les adjeétifs & les verbes : j'ai appellé les premiers déterminatifs ; parce qu'ils préfentent à l’efprit des êtres déterminés, puifque c'eft à la Logique & non à la Grammaire à en fixer les sombres ;j’ai appellé les autres indéterminatifs, parce qu'ils préfentent à l’ef- ptit des êtres imdétermimés ; puifqu'ils ne préfentent telle ou telle terminaifon zwmérique que par imitation avec les noms ou les pronoms avec lefquels ils font en rapport d'identité, Voyez IDENTITÉ. Il fuir de-1à que les adje@uts & les verbes doivent avoir des terminafons zwmériques de toutes les efpe= ces reçues dans lalangue:enfrançois , parexemple, ils doivent avoir dés terminaifons pour le finguhier & pour le pluriel; #oz ouborne, fingulier, ozs ou bonnes , pluriel ; aiméou aimée, finguher ; aëmés ou aimées ; pluriel : en grec , ils doivent avoir des ter- minaifons pour le fingulier ; pour le duel & pour le pluriel ; dyaŸds , aya di ; 2Y&T0 fingulier ; ayae y dyaŸa , dyaow, duel; dya ts , ya gai, aa Ta ; Plus riel 3 CRPATE , QiAeOUEVR 5 QiNeopaevoy » fingulier; qi= ENT 9 Qiheopere ; QuAecuE te 5 duel; GA EOEvOr ; DIAGO® var, @iresuire , plurier, Sans cette diverfité de ter minaïfons, ces mots indéterminatifs ne pourroient s’accorder en ombre avec les noms ou les pronoms leurs corrélatifs. Les noms appellatifs doivent également avoir tous les zombres , parce que leur fignification géné- rale a une étendue fufceptible de ditférens degrés de reftrition , qui la rend applicable ou à tous les in- dividus de l’efpece , ou à plufeurs foit déterminé- ment , ou à deux, ou à deux, ou à un feul. Quant à la remarque de la gramm. gén. part. IL.ch. jv. qu'il Y a plufieurs noms appellaufs qui n’ont point de plu- riel, je fuis tenté de croireque cette idée vient de ce que l’on prénd pour appellatif des noms qui font vé- ritablement propres. Le nom de chaque métal , or ; argent | fer, font, fi vous voulez, fpécifiques ; mais quels individus diftinétsfe trouvent fous cette efpe- ce? C’eft la même chofe des noms des vertus ou des vices , Juffice, prudence, charité, haine, lécheté, &c. & de plufieurs autres mots qui n’ont point de plu- riel dans aucune langue , à moins qu’ils ne foientpris dans un fens figuré. Les noms reconnus pour propresfont précifément dans le même cas : eflentiellement individuels , 1ls ne peuvent être fufceptibles de l’idée accefloire de pluralité. Si lon trouve des exemples qui paroiïffent contraires, c’eft qu’il s’agit de noms véritablement appellatifs 8: devenus propres à quelque colleétion d'individus; comme, Jui , Antomit, Scipiones , &c. qui font comme les mots nationaux , Roman, Afri, Aquinates, nofirates, &tc. ou bien ils’agit de noms propres employés par antonomafe dans un fens appellatif , comme les Cicérons pour les grands ora- teurs , les Céfars pour les grands capitaines, Les P/a- sons pour les grands philofophes , Les Szumaifes pour les fameux critiques, &c. | Lorlque les noms propres prennent la fignifica= tion plurielle en françois , ils prennentoune pren- nent pas la terminaifon caratériftique de ce zombre , felon l’occafñon. S'ils défignent feulement plufieurs individus d’une même famille , parce qu'ils font le nompropre de famille , ils ne prennent pas la termi- naifon plurielle ; es deux Corneille fe fonr diflingues 4 dans Les lettres ; les Ciceron ne fe font pas également illuffrés. Si les noms propres deviennent appellatifs par antonomafe , ils prennent la terminaifon plu- + rielle ; Zes Corneilles font rares fur notre parnafle , à des Cicérons dans notre barreau. Je {ai bon gré à l’u- fage d’une diftinétion f délicate & fi utile tout-à-la= fois. | Au refte , c'eft aux grammaires particulieres de chaque langue à faire connoître les términaifons 4 mériques de toutes les'parties d’oraïfon déclinables, 6t nonà l'Encyclopédie qui doit fe borner aux prin- cipes généraux & raïfonnés. Je n’ai donc plus rien à ajouter fur cette matiere que deux obfervations de {yntaxe qui peuvent appartenir à toutes les langues. La premiere c’eft qu’un verbe fe met fouvent au pluriel, quoiqu'il ait pour fujet un nom colle&iffin- guler; #neinfinité de gens penfent ainjt, la pläpart fe daiffentémporter à la coumume ; & en latin, pars merfe éenuere, Virg. C’eft une fyllepfe qui met le verbe ou même l’adjeétif en concordance avec là pluralité ef fentiellement comprife dans le nom colle&if. De-là vient que fi lenom collectif eft déterminé par un nom fingulier, 11 n’eft plus cenfé renfermer pluralité mais fimplement étendue, & alors la fyllepfe n’a plus lieu, & nous difons , 4 plépart du monde fe laiffe cromper : telle eft la raifon de cette différence qui pa- roifloit bien extraordinaire à Vaugelas, rem. 47. le déterminatif indique fi le nom renferme une quantité difcrete ou une quantité continue, & la fyntaxe va- rie comme les fens du nom colleétif, _ La feconde obfervation, c’elt qu’au contraire après plufeurs fujets finguliers dont la colieêtion vaut un pluriel, ou même après plufieurs fujets dont quelques-uns font pluriers , & le dernier fingulier, on met quelquefois ou l’adje@tifou le verbe au fin- gulier,, ce quifemble encore contredire la loi fon- damentale de la concordance : ainfi nous difons, nor-fenlement tous [és honneurs & toutes fes richeffés, maistoute fa vertu s'évanouit, Ët non pas s’évanoui- rent (Vaugelas, rem, 340); & en latin, Jocis & regerecepto, Virg. C’eft au moyen de l’ellipfe que l’on peut expliquer ces locutions, & ce font les con- jonétions qui en avertiflent, parce qu’elles doivent lier des propofitions." Ainfi la phrafe françoife à de fous-entendu jufqu’à deux fois s’évarouirent, comme s'il yavoit, zon-feulernent tous fes honneurs s'évanoui- rent & routes fes richeffes s'évanouirent | ais toute Je vertu s'évanouit ; & la phrafe latine vaut autant que s'ily avoit , fociis receptis 6 rege recepto, En voici la preuve dans un texte d'Horace : | À. . AE . F O noûles cœnæque deb, qubus ipfè, meique, Ante larem proprium vefcor ; ileff certain que vefcor n’a ni ne peut avoir ancun rapport à ze, & qu'il n’eft relatif qu'à spfe ; il faut donc expliquer comme sil.y avoit , quibus ipfe vef. cor, reique Vefcuntur , fans quoi l’on s’expole à ne pouvoir rendre aucune bonne raifon du texte. - S'ilfe trouve quelques locutions de l’un ou de l’autre genre qui ne foient point autorifées de l’ufa- ge, qu'on püt les expliquer par Les mêmes princi- pes dans le cas où elles auroient lieu, on ne doït rien en inférer contre les explications que l’on vient de donner. Il peut y avoir différentes raifons délicates de ces exceptions : maïs la plus univerfelle & la plus générale, c’eft que les conftruétions figurées font toujours des écarts qu’on ne doit fe permettre que fous autorité de l’ufäge qui eft libre &c très-libre. L’ufage de notre langue ne nous permet pas de dire, le peuple romain & moi déclare 6 fais la guerre aux peuples de l’ancien Latium ; & l’ufage de la langue la- tine a permis à Tite Live , & àtonte la nation dont il rapporte une formule authentique , de dire, ego Populufque rormanus populis prifcorum Latinorum bel- fur indico facioque : liberté de l’ufage que l’on ne doit point taxer de.caprice , parce que tout a fa caufe [lors même qu’on ne la connoît point, 3 NOM 207 Le mot de ombre eft encore ufité eñ grammaire dans un autre fens ; c’eft pour diflinguer entre les différentes efpeces de mots, ceux dont la fignificas tion renferme l’idée d’une précifion rzämérique, Je penfe qu'il m'étoit pas plus raifonnable de donne* le nom de zombres à des mots qui expriment une. idée individuelle de rombre , qu'il ne l’autorife d’ap- peller éres, les noms propres qui expriment uné idée individuelle d’être : il falloit laiffer À ces mots le nom dé leurs efpeces en y ajoutant la dénomina- tion vague de zuméral, ou une dénomination moins générale , qui auroit indiqué le fens particulier dé- terminé par la précifion zwmérique dans les différens mots de la même efpece. | Il y a des noms , des adje@ifs , des verbes & des adverbes zuméraux ; & dans la plüpart des langues, on donne le nom de ombres cardinaux aux adjeifs ruméraux , qui fervent à déterminer la quotité pré: cife des individus de la fignification des noms appel- latifs ; wr, deux, trois, quatre, &c. c’eft que le matériel de ces mots eft communément radical des mots zuméraux corréfpondans dans les autres claf: fes, &t que l’idée individuelle du 2ozbre qui eften: vifagée feule & d’une mamere abftraite dans ces ad- jecuifs , eft combinée avec quelqu’autre idée accef- foire dans les autres mots, Je commencerai donc par les adjeétifs zuméraux. 1. Il y en a de quatre fortes en françois , que je normerois volontiers adje@tifs cokthifs , adjedifs ordinaux , adjeËtifs uliplicarifs &'adjedtifs parcirifs. Les adjeétifs collectifs | communément appellés cardinaux | font ceux qui déterminent la quotité des individus par la précifion zumérique : un, deux ,trois, quatre , cinq » fix ; fépt, huit , neuf, dix , vinge, trenie, &xc. Les adje@tifs pluriels quelques, plufieurs, tous , font aufli collectifs ; mais ils ne font pas rumé. raux , parce qu'ils ne déterminent pas 2urmérique= ment la quotite des individus. Les adjettifs ordiraux font ceux qui détérminent l'ordre des individus avec la précifion zumérique | deuxieme, troifieme , quatrieme, cinquieme , fexiemne » Jéptieme , huitieme , neuvieme, dixieme , vingtieme | trentieme , 8tc. L’adjeétif quantieme eft auffi ordinal AS AE Une ER Re puifqu'il détermine l’ordre des individus ; mais il n'eft pas zurmeral | parce que la détermination eft vague & n'a pas la précifion zwmérique : dernier eft |, auf ordinal fans être zuméral , parce que la place Aufnérique du dernier varie d’un ordre à l’autre, dans lun, le dernier eft troifieme ; dans l’autre , centie- me ; dans unautre , millieme, &c. Les adje@ifs pre- mier &c fecond {ont ordinaux eflentiellement , & #4- méraux par la décifion de Pufage feulement : ils ne font point tirés des adjedifs colle@ifs zuméraux , comme les autres ; on diroit urieme au lieu de pre- mier , Comme On dit quelquefois deuxieme au lieu de Jécond: Dans la rigueur étymologique , premier veut dire ga? ef? avant, &t la prépoñition latine pre en eft la racine ; /econd veut dire qui fuir, du verbe latin |: Jéquor : ainf dans un ordre de chofes, chacune eft premiere, dans le fens étymologique , à l'égard de celle qui eft immédiatementaprès, la cinquieme à l'égard de la fixieme , la quinzieme à l’égard de la féizième ; &c. chacune eff pareïllement /econdeà l'égard de celle qui précede immédiatement , la cinquieme à égard de la quatrieme , la quinzieme à l'égard de la qua- torzieme, 6c. Maïs l’ufage ayant attaché à ces deux adjeéüifs la précifion zumerique de l'unité & de la dua- lité , létymologie perd fesidroits fur le fens. L Les adjectifs w2/Hplicanifs font ceux qui détermi- nent la quantité par une idée de multiplication avec la précifion rumérique : double , triple | quadruple , quintuple, fextuple, oëfuple, noncuple, décuple, cer. tuple. Ce font les feuls adjeétifs multiplicatifs 24mé- raux ufités dans notre langue, & il y en a même 203 NOM quelques-uns quinele fontencore que parles mathé- maticiens , mais qui palleront fans doute dans l’ufa- ge général. Mulruiple eft aufli un adjeétif multiplica- tif, maisiln’eft pas zuméral, parce qu'il n'indique pas avec la précifion ramérique. L’adje@tif fmple , confidéré comme exprimant une relation à lunité, & conféquemment comme lPoppofé de mw/riple , ef un adjeétif multiplicatif par effence , & zumeral par ufage : fon correfpondant en allemand eft zuméral pat l’étymologie ; anfach on einfaeltig, de ein (un), comme fi nous difions wriple, Les adjeéifs parvitifs font ceux qui déterminent la quantité par une idée de partition avec la précifion numérique. Nous n'avons en françois aucun adjec- tif de cette efpece , qui foit diftingué des ordinaux par le matériel; mais ils en different par le fens qu’il eft toujours aifé de reconnoitre : c’étoit la même chofe en grec & en latin , les ordinaux y devenoient partitifs felon l'occurrence : la douzieme partie ( pars duodecima ) n jupe ductærd'encln. l 2. Nous n'avons que trois fortes de noms rumée- raux : favoir des collethfs, comme couple , dixaine, douzaine, quinzaine , vingtaine, trentaine, quaran- taine ; CIhGuantaine foixantaine, centaine , millier, million ; des mulriplicatifs , qui pour le matériel ne different pas de l’adjeétif mafculin correfpondant , fi ce n’eft qu'ils prennent l’article ; comme /e double, Le iriple , le quadruple, &c. & des partitifs | comme la moitié, letiers, le quart, le cinquieme , le fixieme, Le feptieme, & ainf des autres qui ne different de l’ad- je@if ordinal que par limmutabilité du genre mafcu- lin & par l'accompagnement de Particle. Tous ces noms zuméraux font abitraits. 3. Nous n'avons en françois qu’une forte de verbes numéraux, & ils font muitipheatifs, comme doubler, siipler, quadrupler , & les autres formés immédiate- ment des adjedifs muluphcatifs ufités. Biner peut encore être compris dans les verbes multiphicauifs , puifqu'il marque une feconde ation , ou le double d’un ae ; biner une vigne, c’eft lui donner un fecond labour où doubler l’aête de labourer ; biner ; parlant d’un curé, c’eft dire un jour deux meffes paroifhales en deux églifes deflervies par le même curé. 4. Notre langue reconnoit Le fyffème entier des adverbes ordinaux , qui font prernierement , [éconde- ment Ou deuxiemement, troifiemement, guatriemement , &c. Mais je n’y connois que deux adverbes zurr- plicatifs, favoir doublement &t triplemenr ;onremplace les autres par la prépofñtion a avec le nom abftrait multiplicanf ; au quadruple , au centuple, & l’on dit même au double & au triple. Nuls adverbes partuifs en françois, quoiqu'il y en eût plufeurs en latin ; bifariam ( en deux parties ) , érifariam ( en trois par- ties ) , guadrifariam( en quatre parties ), multifariam ou plurifariam ( en plufieurs parties ). Les Latinsavoient auf un {yftème d’adverbes zu- méraux que l’on peut appeller séraufs, parce qu'ils marquent répétinon d’évenement ; Jémel, bis, ter, guater, quinquies , fexies , fepties, oûlies , novies, de- cies , vicies ou vigefres , trecies Ou trigefses ; &tc. L’ad- verbe général itératif qui n’eft pas zumeral, c’eft pluries ou multoties, ou Jæpe. | On auroit pù étendre ou reftreindre davantage le fyftème ruméral des langues ; chacune a été déter- minée par fon génie propre, qui n’eft que le réfultat d’une infinité de circonftances dont les combinai- fons peuvent varier fans fin. M. l’abbé Girard a jugé à propos d'imaginer une partie d’oraïfon diftinéte qu'il appelle des zombres +: 1l en admet de deux efpeces, les uns qu’il appelle ca/- culatifs , & les autres qu'ilnomme co/leéhifs ; ce font les mots que je viens de défigner comme adjeéhfs &r comme noms colleétifs. Il fe fait, à la fin de fon dife, X, une objeétion fur la nature de fes zombres colle@tifs, qui font des véritables noms, ou: pou parler fon langage, de véritables fubftantifs :ilavoue que la réflexion ne lui en a pas échappé , & qu'il a même été tenté de les placer dans la cathégorie des noms. Mais « jai vu, dit-il, que leur eflence con- » fiftoit également dans l’expreffion de la quotité : » que d’ailleurs leur emploi, quoiqu’uñ peu analo- » gique à la dénomination, portoit néanmoins un » caraétere différent de celui des fubftantifs ; ne de- » mandant point d'articles par eux-mêmes , & nefe » laïffant point qualifier par Les adjeétifs nominaux , » non plus que par les verbaux, &c rarement parles » auires ». | Il eft vrai que l’eflence des noms Auricraux col- letifs confifte dans l’expreffion de la quotité ; mais la quotité eft une nature abftraite dont le nom mê- me guotiré eft le nom appellatif ; couple ; douzaine vingtaine {ont des noms propres ou individuels : & c’eit ainfi que la nature abftraite de vertu eft expri- mée par le nom appellatif verru , & par les noms pro- pres prudence, courage, chafleté, &c. Pour ce qui eft des prétendus caraéteres propres des mots que je regarde comme des noms zumeraux colleétifs , l'abbé Girard me paroït encore dans l’er- reur. Ces noms prennent l’article comme les autres, & fe laiflent qualifier par toutes les efpeces d’adjec- tifs que le grammairien a difhinguées : par ceux qu’il appelle zominaux ; une belle douzaine , une bonne douzaine ,une douzaine fémblable : par ceux qu’il nom- me verbaux ; une douyaine choifte ; une douzaine préfe- rée , une douzaine rebutée : par les zuméraux ; la pre- miere douzaine, la cinquieme douzaine, les trois dou- gaines : par les pronominaux ; certe douzaine, ma dou= gaine , quelques douyaines , chaque douzaine , &cc: Si l'on allegue que ce n’eft pas par eux-mêmes que ces mots requierent l’article ; c’eft la même chofe des noms appellatifs, piufqu’en effet on les emploie fans l’article quand on ne veut ajouter aucune idée ac- cefloire à leur figmification primitive ; parleren pere; un habit d'homme , un palais de roi, &c. J’ajoute que fi l’on a cru devoir réunir dans la mê- me cathégorie , des mots auffi peu femblables que deux & couple, dix &c dixaine, cent &t centaine, par la feule raifon qu'ils expriment également la quo- tité ; il falloit aufi y joindre , double, doubler , fe- condement ; bis, & bifariam , triple, criples , troifreme- ment, ter, & trifariam, &c. fau contraire on a trou- vé quelque inconféquence dans cet affortiment en effet trop bizarre, on a dû trouver le même défaut dans le fyftème que je viens d’expofer & de com- battre. ( 8. E. R. M.) NOMBRE , en Eloquence , en Poëfe, en Mufiques. fe dit d’une certaine mefure , proportion ou caden- ce, qui rend un vers, une période, un chant agréa- ble à l'oreille. Voyez VERS, MESURE, CADENCE. Il y a quelque différence entre le zombre de la Poé- fie & celui de la Profe. Le zombre de la Poéfie confifte dans une harmonie plus marquée , qui dépend de l’arrangement & de la quantité des fyllabes dans certaines langues , com- me la grecque & la latine, qui font qu'un poëme affeéte l’oreille par une certaine mufique, & paroît propre à être chanté ; en effet, la plüpart des poë- mes des anciens étoient accompagnés duchant, de la danfe, & du fon des inftrumens. C’eft de ce 20m- bre qu'il s’agit , lorfque Virgile dans la quatrieme églogue, fait dire à un de fes bergers, Numeros memint, f? verba tenerem. Et dans la fixieme, Tum vero in numerum , faurofque ferafque videres Ludere. Dans les langues vivantes, le zombre poétique dépend du zombre déterminé des fyllabes, felon la longueur NOM Tongueur on la briéveté des rimes, de la richefle du choix, & du mélange des rimes, & enfin de l’aflor- timent des mots, au fon defquels le poëté ne fau- roit êtré trop attentif. T1 ef ur heureux choix de mots harmoñieux , 4. dit Boileau. Le zortbre eft donc ce qui fait proprement le ca- ractere , &c pour ainf dire, l’air d’un vers. C’eft par le zombre qui y regne qu'il eft doux, coulant, fo- note ; &t par la privation de ce même zombre, qu'il ‘devient foible , rude, où dur. Les vers fuivans , par ‘éxemple, font très-coulans : | Au pië du mont Adulle , entre mille rofeaux , Le-Rhin tranquile € fier du progrès de fes eaux, Appuyé d'une main-fur fon urne penchante , Dormoit au bruit flatteur de [on onde Aaiflante. . Autontraire celui-ci eftdur;maisl’harmonien’en ft pas moins bonne rélativement au but de l’auteur, N'attendoit pas gun bœuf preflé de l'évnillon Re De CE Traçät à pas tardifs un périble filon. , Le zombre de la profe eft une forte d’harmonie Timple & fans affeétation, moins marquée quecelle des Vers, mais que l'oreille pourtant apperçoit & goûte avec plaïfir. C’eft ce ombre qui rend le ftyle aifé, libre, coulant, & qui donne an difcours une certaine rondeur. Voyez STYLE. Par exemple, cette péricde de l’oraifon de Cicé- von pour Märcellus eft très-nombreufe : ru/la à æanta VIS, tantaque copin que non ferro ac viribs de- Bilitari frängique poffit. Veut-on en faire difparoître toute la beanté, éz choquer l'oreille autant qu’elle toit farisfaite, il n’y a qu’à changer cette phrafe , Aulla ef vis tanta © copia tanta que nôn poffit debili- arl frangique viribus ac ferro. 4] Le zombre eft un agrément abfolument nécefaire dans toutes fortes d'ouvrages d’efprit, mais princi- palement dans lès difcours deflinés à être pi'onon- cés. De-là vient qu'Ariftote, Ouintilien » Cicéron, t tous les autres rhétéurs, nous ont donné un fi grand zombre de regles pour entremêler convenable- nent les daétyles , les fpondées, & les autres piés de la profodie grecque & latine, afin de produire üne harmonie parfaite. : On peut réduire en fubftance à ce qui fuit tous: les principes qu'ils nous ont tracés à cet égard.1°, Le ftyle devient nombreux par la difpofition alterna- tive, & le mélange des {yllabes longues & breves, afin que d’un côté la multitude des fyllabes breves ne rende point Le difcours trop précipité, & que de l'autre les fyllabes longues top multipliées ne le tendent point languiflant. Telle eft cette phrafe de Cicéron : domiti gentes immanitate barbaras , raulti- éudine trnumerabiles, Jocis iñfiritas , omni copiarum gencre abundantes , où les fyllabes breves & longues 1e compenfent mutuellement. | . Quelquefoïs cependant on mét à deffein plufieurs 1yllabes breves on longues de fuite , afin de peindre la promptitude ou la lenteur des chofes qu’on veut exprimer ; mais C’eft plutôt dans les Poëtes que dans les Orateurs, qu’il faut chercher de ces cadences marquées: qui font tableau, Tout le monde connoît ces vers de Virgile : Quadrupedante putrem Jonitu quatit tigula cam- PrRS Luüfantes ventos tempeflatefque fonoras. Voyez CADENCE. . 2°. On rend le {/yle nombreux en entremélant des mots d’une, de deux , ou de plufieurs fyllabes, com- me dans cette période de Cicéron contre Catilina : YIyis C yivis non ad deponendam , fd ad confirman- dam audaciam. Au contraire > les monofyllabes trop Tome XI, fréquemment répétés, rendent le ffyle defagréablé & dur , comme hac in re nos hic non: ferer. 3°. Ce qui contribue beaucoup à donner du zx. bre à uñe période, c’eft de la terminer par des mots fonores, & qui rempliffent l’oreille, comme celle- ci de Cicéron : qui locus quietis ac tranquillitaris ple= wiffimus fore videbatur , in eo maxime molefliarum, & curbulentiffimæ cempeflates extirerunr. | 4°. Le nombre d’une période dépend non-feule- ment de la noblefle des mots qui la terminent > Mais , de tout l’enfemble de la période, comme dans cette belle période de l’oraifon de Cicéron pour Fonteius, frere d’une des veftales : zolire Patl , Judices, aras deorum immortalium Vefleque Mmatris , guotidianis vir- gintim lamentationibus de vefiro judicio commoveri. 5”. Pour qu'une période coule avec facilité & avec égalité , 1l faut éviter avec foin tout concours de mots & de lettres qui pourroïient être defagréa- bles, principalement ia rencontre fréquente des con- fonnes dures, comme : ars fudiorum, rex Xerxes!la reflemblance de la premiere fyllabe d’un mot avec: la derniere du mot quile précede, comme res mir invile Junt : la fréquente répétition de la même let: tre où de la même fyllabe, comme dans ce vers d'Ennius : Africa , terribili cremit kortida terra tumtleu, Et laflemblage des mots qui finiffent de même ; COmihe : arratrices , adjutrices , præfligiatrices fuerunt. Enfin , la derniere attention qu'il faut avoir, eft de ne pas tomber dans le zombre poétique, en cher- chant le 2ombre oratoire , & de faire des vers en pen: fant écrire en profe ; défaut dans lequel Cicéron lui- même eft tombé quelquefois; par exemple, quand il dit : cum loquitur ; samii fletus gemitufqe fiebant. Quoique ces principes femblent particuliers à la langue latine, la plüpart font cependant applicables à la nôtre; car pour n’être point aflujettie à 'obfer- vation des bréves & des longues, comme le grec &c le latin; elle n’en a pas moins fon harmonie pro- pre & particuliere, qui réfulte des cadences tantôt graves & lentes, tantôt légeres & rapides , tantôt fortes & impétueufes, tantôt douces & coulantes ; que nos bons orateurs favent diftribuer dans leurs difcours, 87 varier felon là différence des fujets qu'ils traitent. C’eit dans leurs Ouvrages qu'il fant la chercher & l’étudier. | NOMBRE RENTRANT, ( Horlogerie. on appelle en Horlogerie zombres rensrans , quand ie pignon qui eñgrene dans une roue, en divife les dents fans relte. Le commun des ouvriers eftime que la perfe- ton d’un rouage , confifte dans les ombres Teriranss M. de la Hire eft d’un fentiment contraire; pour moi, je croirois que cela eft indifférent, & qu'il n'importe guere que les zombres {oiént renrrans , Où ne le foïent pas , pourvu que les dents d’une roue foient bien égales. (D. J.) NOMBRES, & petits filets fe levént enfemble, terres de Vénerie ; ce font les morceaux qui fe pren- nent au-dedans des cuifles & des reins du cerf. . NomMgre DE Dios, ( Géog. ) ville ruinée en Amérique, dans la nouvelle Éfpagne, fur la côte feptentrionale de l'ifthme de Panama, au nord de la ville de mêmenom, & à l’orient de Porto-Bello: Ce lieu efl tombé en ruines, parce que le havre eit mauvais, & que les Efpagnols fe font établis à Port6-Bello, où le havre eft merveilleux; & facile à défendre, ( D.J.) | NOMBRER , v. a. ( Arithm, ) c’eft exprimer le nombre marqué par un certain aflemblage de chif fres. Y'oyez NUMÉRATION. 1 { NOMBRIL , f. m.( Anatomie. ) autrement dit Of bilic , terme dérivé du mot latin #m6o, qu fignifie la bofle:qui s’élevoir au milieu du bouclier des an: ciens; : D d 210 NOM Ce nœud eft formé de la peau &c de la réunion des vaifleaux ombilicaux, que l’on coupe à l'enfant auff-tôtqu'ileftné 2 | On doit encore confidérer à loszilic de l'enfant qui eft dans la matrice, un cordon de la longueur d’une aune où environ, qui s'étend depuis l’arriere- faix jufqu’à cette éminence, & qui renferme les vaifleaux ombilicaux , qui font une veine & deux arteres, Voyez OMBILICAUX, VAISSEAUX. __ Le cordon ombilical fert de conduite à ces vaif- feaux qui communiquent la nourriture de la mere à l'enfant & à l’arriere-faix, pour fortir dela matrice lun après lantre, Auffi-tôt que Penfant eft hors de la matrice, on fait une ligature à ce cordon, & on le coupe enfuite un bon travers de doigt au-delà de la ligature; la nature après cela fépare fi bien ce qui en refte, qu'il n’en demeure plus que le veftige dans le nœud que l'on voit à l’homme parfait. Mais on demande ; pourquoi le zombril des hom- mes eft apparent & bien marqué, au lieu que dans la plûpart des efpeces d'animaux il eft prefque 1n- fenfble, & fouvent entierement oblitéré ; les finges même n’ont qu’une efpece de callofité ou de dureté à la place du rombril ? Cette queftion eff ancienne ; Ariftote la faifoit déja de fon tems : ileft aifé d’y ré- pondre. Le zombril ne paroït pas dansles animaux , parce qu'ils fe le coupentàfleur du ventre; de forte que les vaiffleaux ombilicaux n'ayant plus rien qui les retienne au-dehors, fe retirent promptement au- dedans, où ils font renfermés pendant toute la vie de l'animal. Mais aux hommes le zombril qui n’eft qu'un affemblage des vaiffleaux ombilicaux & de la peau, paroît toûjours par une petite éminence qu'il fait au milieu du ventre; parce qu'il en a été lié à quelque diflance , après la naiffance de enfant. Saviard , obférv. 118, dit avoir vu un enfant âgé de deux mois, dont le 2ombril n’étoit pas au milieu du ventre, où il fe trouve ordinairement, mais au- deflus du pénil. Fabrice de Hilden, /iv. III. de fes Obfervations , rapporte l’hiftoire d’un apothicaire,. qui jettoit du fang en abondance par le zombrzl, L'ombilic eft fujet, particulierement aux femmes, à la tumeur. que les Medecins nomment exvomphale, dont il y a deux différens genres; les uns faits de parties, @c les autres formés d’humeurs. Voyez EXOMPHALE, J'ajoute feulement ici, qu'Ambroïfe Paré avertit les jeunes chirurgiens , en parlant de la relaxation de lombilic, de ne pas faire l'ouverture de ces tu- meurs aux enfans, parce qu'étant faite, les parties {ortent au-dehors , & les enfans meurent. Il en rap- porte deux exemples. (D. J.) | NomgriL, MaLaADiIEs DU, ( Médec. ) Ta cica- trice quirefte après la naffance à [a partie moyenne antérieure du ventre, appellée z7ombril ,-eft fuette à différentes maladies &c par fa propre nature, & parce que dans cet endroit le ventre eflmoins fou+ tenu, : it Quand. on n’a point.fait exaétementla higature du cordon ombilical, ou qu’elle vient à fe rompreavec cflufion de fang , on y-remédie aifément en y appli: quant de l'huile de térébenthine ou de Pefprit-de- vin avecan bandage. Quelquefois dans l’afcite ile. g rompt, puifqu’oneft obligé alors de mettre quelque chofe fur le ventre capäble delle foutenir, & d’em- pêcher que toute l’eau ne s'écoule en même tems. 11 faut tirer les vers nichés dans cette partie, 6 la purifier parle moyen des déterffs amers. On en guérit l'ulcere & la puanteur, en y appliquant un antifeptique les bleffures qui arrivent aux antres parties du ventre font plus dangereufes ; linflam- mation , l’abfcès , & la douleur, {e guériffent à l’or- dinaire. (D,%) à | Nomehiz., ( Maréchal.) fe prend chez les che= vaux pour le milieu des reins : ainfi on dit,qwun cheval eft bleffé fur le rombri!, lorfqu'il left dans cet endroit. +. Nomgrit,( Botan. )on appelle nombril, certai- nes enfonçures qui fe voyent dans quelques fruits , comme dans l’airelle , & qui reflemblent en quelque meniere au zombril des animaux. (D. J. Nompriz De VÉNUS, ( Huff. nas. Bo. ) coryle- don , genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche, alongée en tuyat, & profondément dé- coupée. Le pifäil fort du calice; il perce la partie in térieure de la fleur, & il devient dans la fuite un fruit compofé de plufieurs petites graines raflem- blées en bouquet, qui s'ouvrent d’un bout à l’autre, &c qui renferment des femences ordinairement fort menues, Tournefort, {n/f. rez herb, Voyez PLANTE. M. de Tournefort ne compte que huit efpeces vé- ritables de ce genre de plante , que les Botaniftes ap pellent en latin cotyledon. Les auténrs moins exaéts, ont rangé mal-à-propos fous le même nom, d’autres plantes, qui font des efpeces de joubarbe, de geum, où de faxifrage. Il femble qu’on peut diflinguer les cotyledons, même quand ils ne font pas en fleur ;! par leurs racines tubéreufes, épaifles, & par leurs feuilles arrondies , & grafles ; cependant cene font point-là des caraëteres conftans ; car 1l y a des co- tyledons qui ont des racimés fibreufes , & de lon- gues feuilles. La commune efpece de cotyledon , où de rombril de Vénus, cocyledon vulgaris, par Tournefort, es anglois , the commun navel wort , or umbilicus Wene= ris, {era la feule efpece que nous décrirons. Sa ra= _ cineeft tubéreufe, charnue, blanche; elle poufle des feuillesrondes , épaiffes, grailes, pleines de fue, creufées en baflin, attachées à de longues queues, d’ün verd de mer, d’un goût infipide. D'entre ces feuilles s’éleve une tige menue, fimple, ou divi- fée; fes fleurs font en tube alongé & découpé en plufieurs pointes de couleur blanche purpurine, avec dix étamines à fommet droit. | Quand ces fleurs font tombées , il leur fuccede des 0 fruits à plufeurs gaînes membranenufes ; ramaflées : en maniere detête, qui s'ouvrent dans leur longueur, & renferment des femences fort menues. Cette plante croît naturellement dansles rochers, les vieux murs, & aux lieux pierreux; elle fleurit en Mai dans les pays chauds ; &'hbeaucoup plus tard dans les pays tempérés, On à nommé cette plante’ cotyledon, ou nombril de Vénus ; parce que fes feuil- les font ordinairement concaves en-deflous, oucreu< fées prefqie en maniere d’entonnoir. Le nombril de Vénus de Portugal, à leur jaune ; cotylédon major, Lufitanicus , radice tuberosé , long, repente ; J. R. H. 90, eft fort cultivé dans les jar- dins des curieux ; fes feuilles reftent vertes pendant: l'hiver, & fe fannent en Mai. (D. J.) NoMBR-IL DE VENUS, Matiere médicale. } grand -cotyledon, éreude ou écuelle. . Les feuilles de cette plante font très acureufes 3" & leur fuc.eft un peu vifqueux. Diofcoride &c Ga lien l’ont regardée comme très rafraichiffantes Ces! auteurs. aflurent que fon fuc pris antérieurement ,! chafle le calcul & le fable des:reins. Cette vertw eft peu confirmée par l’expérience que veritable- ment on ne tente guere; car cette plante eft peu ufitée, fur-tont pour l’ufage intérieur IL éft plus conftant que dans l’ufage extérieur elle ne, peut être mélée ou fubftituée aux autres plantes aqueufes & mucilagineufes, principalement à la joubarbe , avec: laquelle elle a beauconpi d’analogie, Voyez Jousarge.lLes feuilles duzo#bril de Vénus entrent dans longuent populesm. (Bb) + Ve NES NomBrig (Cenchyl,) en latin #rbilieus, cet le tron quiseft dans le milien de la bafe d’une co- quille, à côté de la bouche, & qui en fait à-peu- près le centre. (2. J.) | NomeriL MARIN, coquillage du genre des li- mas. Voyez COQUILLE. | - NomBriL, (Géom. )point de l’axe dans une ligne courbe, qu’on appelle autrement foyer. (D JT.) NomBrit, en terme de Blafon, eft le point qui ef au milieu du deflous de la face, ou le centre même de l’écuflon. Voyez POINT. En fuppofant l’écuflon divifé en deux parties éga- les au-deflous de la face, le premier point de cette divifon eft le zombril, & le dernier ou le plus bas eft la bafe. Voyez EcUss0N. | NOME , eff un mot, ouplutôt une partie de mot dont on fe fert en Alsebre pour défigner une quan- tité jointe avec une autre par quelque ligne ; d’où font venus les mots de biromes , trinomes, &c. Ainfi a + b eftun inome, dont les deux zomes où noms font a & 6; a + b + c eft un srinome, dont les trois zomes {ont 4, b,c. Poyez BINOME. NOME, (Médec. ) Noun, de suo, je ronge , en latin wlcus depaltens, c'eft en général tout ulcere phagédénique; mais en particulier, quand il s’acit de l'œil, nos anciens entendent par ce mot, un ul- cere ambulant de la cornée , qui pourrit, corrode, ronge promptement l'œil & les parties voifines, jette un pus puant & en quantité, excite une grande douleur, qui eft fuivie de flevre ,. & quelquefois de cours de ventre. Le zome differe de l’ulcere fordide appellé ercamma, en ce que fes progrès font plus prompts, plus violens, & que le mal eft accompa- gné de plus graves fymptomes. On doit travailler fans délai à arrêter le progrès de cette pourriture sautant qu’on le peut, par des coilyres puiffamment defficatifs, qui auront été précédés par les reme- des généraux. (D J.) NOME, ( Géogr, anc. ) en grec veus, en latin o- zus, Canton, province, ou plutôt préfeéture. Ce terme eft employé dans la divifion de l'Egypte, que Von partageoit en plufieurs zomes, Il paroit plutôt être de la langue égyptienne que de la langue grec- que. L'Egypte, dit Pline, Z. F7. c. 1x. eft divifée en préfectures de villes , appellées zomus. S. Cyrile d'Alexandrie dit qu’on appelle zomus chez les Egyp- tiens, chaque ville avec fes bourgs & villages. Tra- jan ayant demandé à Pline de quelle préfeture, ex guo nomo, étoit fon parfumeur, Pline.lui répondit qu'il étoit de la prefe&ture de Memphis, vouS Meuçr- sui. Le nombre de ces préfedures en Egypte, n’é- toit réglé, felon les apparences, que d’après le ca- price du fouverain , qui difiribuoit fes états en plus ou moins de préfeétures, fuivant qu'il le jugeoit à propos. Strabon, par exemple, compte 9 préfeétu- rés ou zormes dans la Thébaïde, Pline 11 & Ptolo- mée 13. Îlen étoit ainf des aupres grandes parties de l’Epypte. En général chaque ville un peu confi- dérable formoit un zome avec fon territoire, & cha- que zome portoit le nom de fa ville capitale, (D J.) NOMEN , (Jurifprud. romaine.) Quoique ce mot nomen {e trouve dans tous les bons auteurs pour toutes fortes d’engagemens par écrit, foit qu'ils portent intérêt ou non, la jurifprudence romaine en fafoitune différence , & n’employoit proprement ce terme , que pour figmifier ce que nous appellons un briller où une promefle de payer, qui n’eft accom- pagnée m1 d'intérêt, ni d'ufure. Il y avoit des gens que l’on nommoit pararii Qu proxenetæ, qui faiforent profefion de procurer des créanciers de bonne vo- lonté à ceux qui cherchoient à emprunter de cette forte. Ces billets ne laifloient pas de s'infinuer {ur des regiftres publics ; mais différens de ceux où l’on infcrivoit les obligations qui pôrtoient intérêt, Ces derniers regitres s’appelloient calendriers , parce Tome XL, ” NOM 21 que Îles intérêts fe payoïent tous les mois, 8 même le premier , que l’on nommoit le jour des calendes, (D J. | NOMENCLATEUR,, fm. (ff, rar. ) les no- menclateurs dans l’hiftoire naturelle, font les favans qui ont employé leurs veilles à établir les vrais noms des plantes, des poifons: des oïfeaux , des quadru: pedes, des foflles, leurs fynonymes & leurs éty- mologies, C’eft un travail fec & pénible ; mais qui eff très -utile pour fervir de concordance dans la leéture des naturaliftes anciens & modernes. (D.J.) NOMENCLATEUR, (Ufages des Rom.) en latin notmenclator, en grec crouaronoycs, difeur de noms. Le romenclarenr étoit celui qui difoitle nom de cha que citoyen au candidat, lorfqu’il venoit folliciter les fuffrages du peuple pour la charge qu'il defiroit d'obtenir. | Il faut favoir que dès que le magiftrat avoit per- mis à un candidat de fe mettre fur les rangs pour quelque emploi, alors le candidat _fe rendoit fur la place en robe blanche luftrée, pour fe faire voir & flatter le peuple; cela s’appelloit prenfare honores, parce qu'il ne manquoït pas de prendre les mains de chaque citoyen, & de lui faire mille carefles; c’eft pourquoi Ciceron nomme les candidats, les gens les plus polis du monde, offéciofam nationem candi- datorumr. Le candidat courtifoit ainf le penple deux ans avant que lacharge qu'il defiroit fût vacante.Le jour des co- mices arrivé , il faifoit fa demande dans les formes ; & conduit par fes anus, il {e plaçoit fur un monti- _cule, appellé co/lis horrulorum, vis-à-vis le champ de Mars,añn d’être vu de toute l’afflemblée, Comme c’é- toit une marque d’eftime de nommer chacun par fon nom en le faluant, & que les candidats ne pou- voient pas eux-mêmes {avoir le nom de tous les Ro- maïns qui donnnoient leurs fuffrages , ils menoient avec eux des efclaves, qui, n'ayant eu d'autre oc- cupation toute leur vie que d'apprendre Les noms des citoyens, les favoient parfaitement, & les di- foient à voix bafle auxcandidats. Ces efclaves étoient appellés zomenclateurs : c’eft d'eux qu'Horace parle dans Jon épir. 6. L. L. y. 49. Si fortunatum fpecies & graria preflat , Mercemur fervum qui ditet nomina , lœvum Qui fodicer latus , & cogat tranfpondera dextram Porrigere ; hic multum in fabiä valet, 1lle veliné, Si c’eft le fafte & le crédit qui puiflent vous ren: dre heureux, achetez un efclave qui vous apprenne les noms de ceux qui fe préfentent , & qui vous tire doucement par le bras, pour vous avertir de ten- dre la main à ceux qui paflent, même. au milieu des plus grands embarras, & qui vous dife tout bas, celui-ci difpofe des fuffrages dans la tribu fabienne, celui-là eft tout puiflant dans la tribu véline. Difons tout aufli,putique nous en fommes {ur cette maticre. Les candidats , pour mieux réuflir dans leurs projets, avoient, outre les zomenclateurs, d’au- tres gens à eux appellés diftributeurs , divifores, qui diftribuoient de l’argent à chacun , pour obte- nir fa voix. [ls avoient encore des hommes intelli- gens appellés féquefres où encremetteurs, en grec, méneyervor, qui fe chargeoient de gagner les fuffrages du peuple, & tenoient en dépôt chez eux les fom- mes d'argent promifes. Enfin, il y avoit des gens appellés zrrerpretes, dont on fe fervoit préalable- ment pour traiter des conventions du prix des fuf- frages. C’eft ainf que fur la fin de la république, les charges & les magiftratures fe vendoient au plus offrant. O ville vénale, s'écrioit Jugurta, pour qui pourroit t’acheter ! ( D.J.) | NOMENTE, { Geog anc.) Nomentum, ancienne ville d'Italie chez les Latins, Tite-Live , 2.1, ch, D d 1 212 NOM la met au nombre de celles qui furent réduites fous la puiflance de Rome par Tarquin l'Ancien. Léandre prétend avec aflez de vraiffemblance, que c’eft aujourd’hui Lamantana dans la Sabine, vil- lage ‘entre le Tibre & le Tévéron. (D. J:) NOMENY ; ( Géog. ) petite ville de Lorraine {ur la Seiïlle, avec titre dermarquifat, & un bail- liage, à $ lieues de Nancr, 6 de Metz. Elle a été une des principales places de l'évêché de cette der- ere ville. E’abbé de Longuerue vous en donnera toute l’hiftoire dans fa defcription de la France, Long, 23. $0.lat. 48. 52. ( D. J.) NOMINATAIRE , ( Jurifprud.) eft celui que quelqu'un a nommé pour remplir un office, béne- fice où autre place. Voyez BÉNÉFICE 6 OFFICE. 4) NOMINATEUR, ( Jurifprud. ) eft celui qui a droit de nommer à quelque bénéfice, office ou autre place. Voyez BÉNÉFICE @& OFFice. (A) NOMINATIF , {, m. Dans les langues qui ont ad: mis des cas, c’eft le premier de tous, 6 avec rai: fon, puifque c’eft celui qui préfente l’idée obje&ive de la fignification du nom fous le principal afpeét, fous le point de vue même qui a fait inftituer les noms: car les noms font jur-tout néceflaires dans le langage , pour préfenter à l’efprit d'une maniere diftinéte les différens fujets dont nous reconnoifions les attributs par nos penféés. Or, telle eft fpéciale- ment la deftination du zominatif ; c’eft d'ajouter à l’idée principale du nom, l’idée accefloire du fujer de la propoñition; & c’eft par conféquent le cas où doit être lé fujet de tout verbe qui eft à un mode petfonnel. Woyez Mope. Populus romanus bellum indixie, hoffes fugerunt, funus procedit, C’eft à caufe de cette deflination, que l’on a ap- pellé ce cas nominatif, mot tiré de zomen même, pour mieux indiquer que fous cette forme le nom eft employé pour la fin qui l’a fait inftituer. C’eft encore dans le même fens que ce cas a été appellé rettus , dire&, pour dire qu'il ne détourne pas lenom des vues dé fon inftitution : les autres font appellés obliqui, obliques, par une raïfon contraire. Jofe croire que cette explication eft plus raifonnable , que les imaginations détaillées férieufement par Prifcien (Z6. W, de caf.), & réfutées auff férieu- fement par Scaliger. De cauf, L. L. Gb, IV. cap. xxx. Quelques Grammairiens modernes ont encore voulu donner à ce cas le nom de fxbyethif, pour mieux caraétérifer lufage qu’il en faut faire. Je crois que l’ancienne dénomination étant fans équivoque, une nouvelle deviendroit fuperilue , quelqu’expref five qu’elle püt être. On demande très férieufement fi le zominaif eft un cas proprement dit ; & ce qu'il y a de plus fin- gulier, c’eft que l'unanimité eft pour la négative. M. du Marfais lui-même ( arsicle Cas), 8 M. LEan- celot avant lui ( Grarmm. gén. part. EI. ch. vj.), Vont dit ainfi. « Il eft appellé cas par extenfon, dit M. du » Marfais, & parce qu'il doit fe trouver dans la » lifte desautres terminaifons du nom. Il n’eft pas » proprement un cas, dit M. Lancelot; mais la ma- » tiere d’où fe forment les cas par les divers chan- # gemens qu'on donne à cette premiere terminai- » naïfon du nom ». Je dirois volontiers ici, gando- quebonus dormitat Homerus. Ces deux excellens gram- maïriens conviennent l’un & l’autre que les cas d’un nom font les différentes terminaifons de ce nom. On le voit par les textes mêmes que je viens de rap- porter ; mais il eft certain que les noms font rermi- nés-au zominatif comme aux autres Cas , puifqu’un mot fans terminaifon eft impofhble; le 2ominatf eft donc un cas auffi proprement dit que tous les autres. Mais c’eft, dit-on, la matiere d’où fe forment les autres ças, Quand çela feroit, il n’en feroit pas moins un cas, pnifqu'ilferoit d’une terminaifon dif férente de celles que l’on en formeroit. Mais cela même n’eft pes abfolument vrai, commeonle donne à entendre : il faudroit qu’on ajoutât au zominatif les autres terminaifons, & que de dominus, pat exemple, on format dominuft, dominufo , dominu- Jum , &èc. On ne le fait point ; on Ôte la termimai- fon rominative, qui eft us, & on y fubftitue les autres, 2,10, um, &cc. C'éftdonc de dommn qu'il faut dire qu'il n’eft point un cas, ou plutôt quil eft fans cas, parce qu'il eft fans terminaifon figni- ficative; mais auf domi n’eft pas un mot. Voyez Mor. | Ïl ya plus : les mêmes grammairiens avouent aïl- leurs que le gémitif fert à former les autres cas, & cela eft vrai en un fens, puifque les cas qui ne doi- vent point être femblables au rominatif, ne chan- gent qu'une partie de la terminaifon génitive : de lum-en vient le génitif /um-inis, & de celle ci, mini, lm-in-e, lum-in-a , lum-in-um, luminibus, C’étoit donc plutôt fur le génitif que devoit tomber le doute occafionné par cetre formation, & l’on pouvoit au- tant dire que le génitif n’étoit cas que par extenfion. Quand la terminaifon du gémitif a plus de fyllas bes que celle du rominatif, 6n dit que le génitif & les autres cas quien font formés, ont un crément: ainfi 1l y à un crément dans Juminis, par ce qu'il y a une fyllabe de plus que dans Zmen; il n’y en a point dans domini, parce qu'il n°y a pas plus de fyl- labes que dans dominus. Dans la grammaire grecque on appelle parifyllabes , les déclinaifons des noms dont le gémiuif fingulier n’a pas de crément , & im- parifyllabes, celles des noms dont le génitif a un crément. De la deftination eflentielle de nominatif, il fuit” dehx conféquences écalement nécefaires. La premiere, c’eft que tout verbe employé à un mode perfonnel fuppols avant {oi un nom au romi- natif qui en eft le fujet : c’eft un principe qui a été démontré direétement au 20:[MPERSONNEL, &c qui reçoit ici une nouvelle confirmation par fa liaïfon « néceflaire avec la nature du rominatif. La feconde conféquence eft l’inverfe de celle-ci } & fort plus direétement de la notion du‘cas dont il s’agit : c’eft qu’au contraire tout nom au rominatif fuppofe un verbe dont il ef le fujet ; & fi ce verbe n’eft point exprimé, la plénitude de la conftruétion analytique exige qu'il foit fuppléé. On a déja vu ( INTERJECTION ) que ecce homo veut dire ecce homo adefl : tum quidam ex illis quos prius defpe- xerat, contentus nofiris ft fuiffes fedibus, &c. (Phæd: TJ, üy, 12.) c’eft-à-dire, tm quidam ex üllis quos prius defpexerat dixit ei, [2 , &tc. nulli nocendum (Id, XVT. xxvj. r.) fuppl, ef. Les titres des livres font au zominatif par la même raïfon : Terentii co- medie, fuppléez fer in hoc volumine, & ainfi des autres. Je ne dois pas oublier que Pon dit communément du fujet du verbe, qu'il eft le zominrarif du verbe; exprefhon impropre , puifque le rominatif ne peut être cas que d’un nom, d’un pronom ou d’un adjec- tif. Que lon dife que tel nom eft zominatif, parce qu'il eft fujet de tel verbe ; à la bonne heure, c’eft rendre raifon d’un principe de fyntaxe; mais il ne faut pas confondre les idées. (B. £. R, M.) NOMINATION , f.f. (Jurifprud. ) fignifie quel- quefois le droit de nommer à un bénéfice, office ou autre place : quelquefois par zomination on en tend l’ufage qui a été fait de cette faculté en faveur de quelqu’un ; enfin, par zomination on entend auffs late qui exprime la zomiration. Voyez BÉNÉFICE, NOMINATEUR & NOMINATAIRE , OFFICE. (4) NOMINAUX , f, m. pl. (Philof. & Théol, fcholah} on dit au fingulier zomumal, &t au pluriel zomiranxs NOM philofophes fcholaftiques oppofés aux réâux ôu réa- liftes furla queftion desumverfaux. Foyez UNIVER- SAUX, | ? On s’échaufa f fort fur cette queftion puénile du tems de Louis XI, &cles deux partis qu’on vient de nommer s’animerent l’un.contre l’autre avec tant de fureur, que les réaux ayant.eu plus de crédit à la cour , obtinrent du roi un édit auñli fanglant contre les rominaux leurs adverfaires, que sil fe fût agi du renverfement de la religion & de Pétat. Cet édit ui eft en latin ,. eff rapporté tout entier par M. Nau- . dé dans fon addition aux mémoires de Phiftoire de Louis XI. JE Onne fauroit maintenant lire cetté piece qu'on ne la trouve ridicule, & qu’on ne la reparde com- me une auf grande preuve.de. la peñitetle de l’ef- prit humain, queles decrets qui ont été faits pour regler la-grandeur du capuchon des Cordeliers ; & pour déterminer s'ils n'avoient que l’ufage , & non le domaine du pain qu'ils mangeoient, L’édit de Louis XL eft daté de Senlis le premier Mars 1473. Rien au monde n’étoit plus frivole que le fond de la querelle des réaux.& des nominaux: Elle rou- loir, comme on fair, fur ce que la logique de l’é- cole appelle les &7q univerfaus,, qui font le genre , l’efpece, la différence, le propre &c l'accident ; for- te de divifion desidées , dont la faine Philofophie ne fat pas aujourd’hui le moindre ufage ; & dont les Péripatéticiens fe fervoient pour difinguer les différentes manieres dont on peut confidérer les chofes en général. Les réaux foutenoient que ces cinq umverfaux étoient quelque chofe de réellement exutant : les zormiraux qu’on appelloit aufi sermi- ziles , prétendoient que ce n’étoient que des noms, des termes qui ne fignifioient que les diverfes ma- nieres, dont la Logique pouvoit envifager les ob- jets de la premiere opération de l’efprit. Ils étoient aflurément bien plus fenfés que leurs adverfaires. Beaucoup d'écrivains rapportent à Guullaume Oc- cham, cordelier anglois &c fondateur des Capucins, l'origine de la fete des zominaux ; c’eft une erreur qui vient de ce que le premier des auteurs zomi- naux qui font nommés dans l’édit de Louis XI, eft un certain Guillaume Okan ; mais on n’a pas fait ‘| attention qu'il y eft qualifié moine de: Citeaux, #0- rachus ciflercienfes. La feéte des zominaux eft d’en- viron trois cens ans plus ancienne que.le cordelier Occham qui fleurifloit dans le quatorzieme fiecle. Son premier auteur fut un médecin d'Henri I, roi de France ; ce médecin natif de Chartres, s’appel- loit Jean, 8c fut furnommé le fophifle | à caufe de la fubtilité de fes raifonnemens. Il vivoit dans le on- zieme fiecle fous le roi Henri I. quimourut en 1060. . Jean le fophifte eut pour difciple un nommé Roæ- lin que quelques-uns appellent Roffélir, d’autres Raffelin, & d’autres Encelin , à qui même on donne pour nom de baptème celui de Jeaz, ce qui pour- roit venir de ce qu’on n’auroit fait qu'une perfonne du maître & du difciple. Rocelin étoit breton, & fut d'abord chanoine de Compiegne, & puis felon quelques-uns, de S. Martinde Tours. C’eft lui qu'il faut regarder comme le véritable fondateur de la fette des zominaux ; il en enfeigna publiquement tous les principes. Le plus célébre de fes élèves fut le fameux Abaiï- lard. Hs porterent l’un & l’autre la fubtilité de leur dialettique dans la Théologie , dont ils donnerent des leçons publiques , avec un fi grand concours d’écoliers , qu'ils s’attirerent une infinité d’envieux, qui parvinrent à faire condamner , comme héréti- ques , les ouvrages de Rocelin par le concile de Soiffons de 1092 , & ceux d’Abaïlard par le concile _ de Sensde 1140 : le fecond a trouvé des apologiftes dans ces derniers tems. NOM 113 Les difputes des réaux & des zominaux , enfante- rent malheureufement la Théologie fcholaftique dans léglife latine ; & Pierre Lombard forti de lé- cole des derniers, fut le premier qui la réduifit en une efpéce de fyflème par fes quatre livres des Sen- tences, qui pendant fi long-tems ont été la bouflo- le des Théologiens , & qu’on ne méprife pas eñ- core aujourd’hui dans toutes les écoles de l'Europe, autantqu'on le devroit pour l'honneur du bon fens & dela raifon. (D.J) . NOMIUS , ( Mychol, ) farnom de Mercure qui Jui fut donné , foit à caufe des regles de Péloquence qu'il avoit établies , foit parce qu’il étoit le dieu des pafteurs ; choififfez l’origine ou de veuos, Loi , ou de soui , péturage, (D. J.) NOMMÉE , ff. (Junifprud. ) fe dit en quelques provinces pour exprimer le dénombrement que le vaffal donne à fon feigneur ; ce terme de nommée vient fans doute de ce que dans cet ae, on déclare nommément chacun des héritages, droits & autres objets qui compofent le fief fervant., Foyez Aveu & DÉNOMBREMENT. (4) | NOMMER, v. at. ( Gram.) c'eft défigner une chofe par un nom, ou l’appeller par le nom qui la défigne ; mais outre ces deux fignifications, ce ver- be en a un grand nombre d’autres que nous allons indiquer par des exemples. Qui eft-ce qui a zommé Penfant fur les fonts de baptème ? Ily a des cho- fes que nature n’a pas rougi de faire , & que la décence craint de zommer. On a nommé à une des premictes places de l’églife un petit ignorant , fans jugement , fans naiflance , fans dignité , fans carac: tere &c fans mœurs. Noremez la couleur dans laquel= le vous jouez, zommez l’auteur de ce difconrs. Qui le public zomme-t-il à la place qui vaque dans le mmftere ? Un homme de bien. Et la cour ? On ne | le:romme pas encore. Quand on veut exclure un ri- val d’une place &c lui ôter le fuffrage de la cour , on le fait zommer par la ville ; cette rufe à réuffi plufñeurs fois. Les princes ne veulent pas qu’on pré: | vienne leur choix ; ils s’offenfent qu’on ofe leur in- diquer un bon fujet ; ils ratifient rarement la nomi- nation publique. NOMMER UN DESSEIN, (Terme de Tiffutier-ruban- nier.) C’eft ce qu’on appelle chez les ouvriers de la grande navette, les gagiers , les férandiniers | 8 au tres fabriquans d’étoifes ; ire un deffein , c'eft-à-dire, marquer en détail à l’ouvriér qui monte un métier, quels fils de fa chaîne doivent fe lever & fe baïfer pour faire la façon , afin qu'il attache des ficelles à nœud-coulant aux hautes-lifes de fon ouvrage. Sa- vary. (D. J.) NOMOCANON , f. m. recueil de canons & de lois impériales, conformes & relatives à ces canons; ce mot eft compofé du grec roucs , Loi, & xavurs ca= nor Où regle. Le premier zomocaron fut fait en ÿÿ4. par Jeam le fcholaftique. Photius , patriarche de Conftanti- nople compila un autre zomocanoz ou collation des lois civiles avec les lois canoniques ; ce dernier eft le plus célébre , & Balfamon y fit un commentaire en 1180, ) En 1225 Arfénius moine du mont-Athos:, & de- puis patriarche de Conftantinople, recueillit de nou- veau les lois des empereurs & les ordonnances des patriarches, qu'il accompagna de notes pour mon- tret la conformité des unes avec les autres ; on donna auffi à cette colleétion le titre de zomocanon. Enfin , Matthieu Blaftares en compofa encore un nouveau en 1335. qu'il appella /yrtagma ou affem- blage de canons € de lois par ordre ;' ces diverfes col: leétions formoient 7 corps de Droit civil 8€ cano- nique parmi les Grecs. | Nomocanon fignifie aufi un recueil des an- 144 NOM ciens canons des apôtres , des conciles &c des peres de léglife , fans aucune relation aux conftitutions impériales ; tel eft le zomocanon publié par M. Co- teler. Je NomMocANON fe prend encore quelquefois pour ‘les livres pénitentiaux des Grecs. Voyez PÉNITEN- TIEL. (G) | . NOMOPHYLACE, f.m.( Ari. grecq,) vouoquraË ; les romophylaces étoient chez les Athéniens | des mapgiftrats aflez femblables à ceux qu’on nomme ché- riffs en Angleterre ; ils étoient prépolés au main- tien des lois & des ordonnances, dont ils tenoient les reviftres: l'exécution des criminels & lPinfpec- tion {ur les prifonniers étoient aufli commifes à leurs foins. Enfin, ilsavoient le droit fur de fimples foup- çons, d'arrêter les fripons , les marodeurs, les gens fans aveu, les coureurs de nuit; de les faire mou- ir fans autre formalité s'ils avouoient leurs crimes; mais s'ils le nioient, les zomophylaces devoient les pourfuivre juridiquement. Potter, Ærchæol, grec, tom, I, p: 78. (D. J.) NOMOTEHETE , {. m. ( Anuig. grecq.) vomoberoee ; les zomothetes étoient des magiftrats d’Athènes,qu’on tiroit au fort d’entre ceux qui avoient été déja juges au tribunal des Hélies. On les choififfoitrau nombre de mille é&un, afin que deux avis différens ne puf- fent point avoir un nombre égal de fuffrages. Leur charge n’étoit pas tout-à fait comme leur nom femble le porter, de faire de nouvelles lois par leur autorité; car perfonne r’avoit ce pouvoir fans l’approbation du fénat & la ratification du peuple ; mais 1ls étoient prépofés pour veiller fur les lois, & s'ils en trouvoient quelqu’une qui fût inutile , préjudiciable au tems , ou contraire au bien public, ils en demandoient lPabrogation par un decret du peuple. Ils avoient encore le droit d'empêcher que perfonne ne labourât , ou ne fit des foflés profonds dans l'étendue de la muraille pélafgienne ; ils pou- voient faifir les contrevenans , & les envoyer à l’Ar- chonte, Au refte, le mot zomothere tout feul , fignifie pref- que toujours dans les écrits des orateurs grecs, l'il- luftre Solon , qui étoit regardé comme le lésiflateur par excellence. Potter, Archæol, græc, L, I, c, xuy, tom. Î.p. 79. (D.J.) | NOMPAREILLE, 1, £, (Tiffutier-Rubanier.) efpe- ce de petit ruban, dont on fait quantité d'ouvrages de modes, comme palatines, agrémens , aigrettes, bonnets , &c. Onen fait encore l’enfilage de chape- lets, & autresouvrages de dévotion que font les re- ligieufes. Parlons de fa fabrique : ce n’eft qu’une quantité de brins de foie , ordinairement compofée de 60 brins fur chaque roquetin, qui formera une branche de zomparalle ; on met 20 roquetins, ainfi remplis à une banque pour l'opération que l’on va voir. Cette banque eft pofée à une certaine diftance du moulin à pañler. Comme il peut arriver desacci- dens aux foies de ces roquetins, foit par des brins caflés ou mal doublés, & que les mêmes brins ve- _ nant à tomber fur les roquetins voifins, ce qui en mettroit plufeurs en danger , 1left néceflaire qu'il y ait une petfonne entendue qui veille continuelle- ment à cette banque, pour au moindre accident, couper lune ou même plufeurs de ces branches {ui- _vant le befoin , attendu que l’opération après laquel- le on eft ne peut fe retarder un feulinftant. C’eft de laflemblage de ces 20 roquetins que vont être for- mées 20 zompareilles ; mais auparavant il faut d’é- crire le moulin à paffer. Une table fort épaïfle, pofée à tenons fur 4 piés extrèmement forts & folides. Sur cette table font en- chaflés deux montans, garnis en-dedans avec de la taule , exaétement de tous les côtés où:1l peut y avoir du frottément, Ces montans portent deux roues de NOM bois, de même diametre qu’une autre qui eft de cui= vre jaune; la branche du centre de celle: ci qui eft à droite eft plus longue, afin de recevoir la manivelle dontle manche doit être afleziong pourêtre tourné par deux perfonnes. Devant ces deux:roues &. fur cettetable, eft pofé mobilement le peigne , à-travers lequel toutes les 20 branches vont pañier. Les.chofes anf difpofées, 1l faut faire chauffer la roue de cui- vre à un feu de charbon: ce chauffage a différens de- grés; tantôril faut qu’elle foit rouge, d’autres fois moins chaude ; fuivant les différentes couleurs que l'on emploie:c’eft à l’ouvrier expérimenté àavoir cet- te connoiflance.Les branches fontmifes& logéesdans un papier plié, pour commencer l'introduction en- tre les roues. Aprés que ces différentes branches ont été placées dans le peigne,ce papier fert à empé- cher que les! foies ne fe collent à la roue de cuivre, & en même tems pour donner prife à la tireufe qui pourroit fans cela en manquer quelques-unes: Cette roue ainfi chauffée, eftôtée du feu par le moyen de la manivelle’ qu’on introduit dans fon tenon, &c au- quel on met une petite clavette ; il eff donc à-pro- pos que ce tenon foit en lair, lors du chauffage, pour cette prife, La roue eft mife à fa place par ce fecours, la roue de bois eft aufli mife à la fienne , & lui eft adaptée de façon qu’elles fe touchent dans tous les points de leurs furfaces, par le ferrement des coins qui font introduits dans les embrafures qui donnent pañlage aux roues; ces coins font ferrés. avec des vifles de fer à volonté. Les montans font encore tenus fixés par des collets de fer quiles envi- ronnent. Enfin on ne fauroit prendre trop de précau- tions pour empêcher que les roues ne vacllent d’au- cun côté ; 1l faut abfolument que leur mouvement foit direét. Les chofes en cet état, le papier conte- nant les branches eft introduit entre les roues, & reçu derriere le moulin , par la tireufe. Les roues font mi- fes en mouvement par la manivelle tournée par deux forts hommes ; & pour lorsil n’eft plus poffible d’ar- rêter, ni même de retarder ce travail, par les in- convéniens qui en réfulteroient. Le feu prendroit à la roue de bois par le moindre retardement, lou- vrage en périroit; voilà pourquoi il a été dit qu'il falloit une perfonne entendue qui veille à la banque, pout au moindre obftacle couper les branches furle. champ, dés qu'il fe préfente , & mettre celles qui vont bien en état de continuer. La tireufe n’a d’au- tres foins que de recevoir les 20 branches, à l’aide de fes deux mains à mefure qu’elles fortent des roues, pour les faire retomber dans une corbeille, où le tout fe trouve en bloc. Ceci fait, 1l faut féparer cha- cune branche ; ce qui fe fait ainf: plufeurs perfon- nes s'emparent d’une certaine quantité de ces bran- ches, & divifent ainf les portions qu’elles condui- fenr. Suppofé donc qu'il y ait quatre perfonnes qui relevent ,après s'être placées elles tirent également, & mettent à mefure fur des bobines ce qui leur vient, qui eft cinq branches du tout: par ce relevage, ainfi continué à diverfes reprifes, on parvient à avoir chaque branche féparée, qui eft devidée fur différen- tes bobines. Cet ouvrage a acquis par ce paffage entre Les roues aflez de confiftance pour former, au moyen de lapplatiflement, une efpece de ruban étroit ; mais dont les foies n’étant point liées par le travail, feront fujettes à fe défunir : pour l’empêé- cher, on le gomme , ce qui fe fait ainfi ; on fair une somme avec des rognures de parchemin mêlées avec de la gomme arabique, felon la force qu’on veut donner au gommage. Cette eau préparée eft mife dans quelque vaïfleau, pour être employée chaude; venonsà cette opération. Un rochet de zompareille eftmis à la banque;le bout de zompareille en fe dérou- lant par le tirage du moubin, pafle dans le vaifleau pour fe charger de gomme, étant conduit par une NOM man qui tient une petite verge de cuivre où de fer, dont les boutsportent contre les furfaces intérieures du vaïfleau, à une certaine-élévation, fufffante pour laifler aller librement la 2ompareit/e qui doit y pañler toujours à-plat; pour éviter qu'elle ne fe mette en cordon, elle eft enroulée à meiure par le moulin ap- pellé échoir, qu'une perfonne fait tourner avec le pouce de la main droite, pendant que de la gauche elle conduit le bout, en l'arrangeant fur ce moulin chaguetour, l’un à côté, & non jamais fur l’autre; f l’on apifloit autrement, ces tours qui fe trouvé- xoient appliqués fecolleroient enfemble, & ne pour- roient fe détacher aifément : cette perfonne qui con- -duit ce bout, doit le tenir à plat fur l’éminence du doiptindex de la main gauche,& non dans leplide la phalange ; & on l’y laloit aller, il feroit figet à fe plier, le pouce s'applique fur ce bout, & le déchar- ge par le ferrement, s’il eft néceflaire, du trop de gomme qu'il auroit pris. On pofe une poële de feu fous ce féchoir pour fécher la rompareille. Cette! poéle eftexhauflée pour être plus à-portée de chauf- fer &c {écher cette zompareillequi,après cette derniere façon, fetrouve dans fa perfetion. Lorfqu'’elle eft féche , elle eft ôtée de deflus le féchoir &c placéedans une corbeille pour être mife en paquet fur la main de bois. , Lorfque la zompareille eft plus large , elle fe fait alors fur le métier , & efl liée par quelques coups de navette exrèmement éloignés, feulement pour faire une forte de laïfou , la largeur pouvant faire que les {oies quila compofent n’étantque collées commeon l’a vu, elles pourroient fe défunir; celle-ci pour lors eft appellée /argette. NOMPAREILLE, Fondeur de caraëeres d’Emnprime- rie ; fecond corps des caraéteres d'imprimerie. Sa proportion eft d’une ligne , mefure de l’échelle ; & on corps double eft le cicero-L’oyez PROPORTION DES CARACTERES D'IMPRIMERIE, @ lexemple à L'article CARACTERES. | NOMPAREILLE GROSSE , Fondeur de caraëteres d’Imprimerie ; vingtieme corps des caracteres d’Em- primerie. Le plus gros de tous ; fa propottion eft de feize lignes, mefure de l'échelle, Voyez PROPORTION DES CARACTERES D'IMPRIMERIE, G l'exemple à Particle OARACTERES. : Gi: NOMPAREILLE, eft en Confiferie , une efpece de dragées auf menues que de la graine denavétte, & quelquefois plus fine, qu'on tire ordinairement de Sedañ.. ue | NOMI , (Géog. anc.) en gtec Nour; montagnes del'Arcadie, Paufanias, /1b. viiy. ch. xxxvig, dit qu'il y avoit'dans ces montagnes-un temple-confacré au: | | dieuPan le Nomien. 11 EE L NONA , (Géog.) petite ville de la Dalmatie.dans Pancienne Liburnie. :On l’appelloit anciennement Œnonsou Bronum: Ellen’a guere aujourd’hui que 606 habitans,, quoiqu’ellefoit un:évêché fufragant de Spalatro.-Les Vénitiens en fontles:maîtres,& la rhér l’entouretde tous côtés lorfque fes eaux font hautes. Elle eft à 3 lieues NE. de Zaras Longn33: | JON AE 448250 | b 29,4. NONACRIS, (Géogrant.) montagne del’Arca- - die, au pié de laquelle étoir la ville de Nozacris,çqui lavoit donné le nom, &c qui ne fubfftoit:plus du. tèms de Panfanias; maiscethiftorien ajoute.qulh’a jamais vu de montagne f ‘haute. Elle, étoit fameufer: . comme fourniflant la fource du Styx; dont Vitruve trouvoit Peau d’une froideuriextrèmez ::10 0: NAuvoïifinage dela ville étoitla forêt nommée Mo- nacrinumnremus, Ovider, aff, lib. Lwers.275 en parles 55 x Seul Sn irait dar Cinélaque Pinetis Remofis juga Nonacrini, | (D Mer ner inntqn had c:lue gi di se à :NON-AGE,, fm (Jwrifprud.) ancien térmelde | étrangeres: tontumé & de pratique s qui fignifie le défaut d'âgé compétent pour faire quelque chofe, C'eft l’état dé minorité féodale ou coutumiere. Voyez MATOR1TÉ, MINORAITÉ, à) NON- AGE, adj. (Jurifprud.) dans le ftyle ancien des coutumes & de la pratique, vent dire celui qni n'eft pas fuffifamment âgé, celui qui na pas l’âgé requis pour faire quelque chofe. En maticre féodale, le ren-igé s'entend de celui qui n’a pas l'Âre pouf | faire la foi. En matiere d'émancipation légale , mon âgéeft celui qui n’a pas atteint la majorité contumies à PEX rl © à z 4 ' e ré Enfin dans les autres matieres, 207-4é eft celui qui n'a pas atteint la pleine majorité, Foyez ci-des vant NON -AGE. (4 | NONAGESIME 02 NONANTIEME DEGRÉ ongfinplement NONAGÉSIME, fe dit dans l’Aflronoz mie du quatre-vingt-dixieme degré de l’échptique, en commençant à Compter au point de left, c’eft-às dire c'eftle point de l’écliprique, quieft éloigné d’un quart de cercle du lieu où l’écliptique coupe Phoris ion, Foyez ECLIPTIQUE, | La hauteur de ce point qui varie à chaque inflant , nous fait connoître la mefurede Pangleique léclip- tique fait avec l’horifon,& cet angle fe mefure patun quart de cercle,qui étantcontinué pafferoit parles po: les de Pécliptique; par-là on peut trouver aifement la hauteur du zonagéfime, pourun tems donnéy& une élévation du pole donnée, Voyez HAUTEUR, 910n Ote de 90 degrés la hauteur du Zondgfine x he 5 la diftance du Fe ee au zénith, Char NONAGONE, fm. (Gramm.) figure de j'angles &z.de 9. côtés: On ditplus communément enTEagores Voyez ce mor, voyez aufft POLYGONE. à | | NONANCOURT,:(Géog.) en latin du moves age Nonanticuriay petite ville de France.en Not- mandie au diocefe d'Evreux:; fur la riviere d'Au- re, avec titre de vicomté, &'un bailkage, Long. 185 45. late48. 44 (DT) ” NONANTIEME DÉGRÉ. Voyez NoNAGESI+ IMPR LCR | ; : NONANTOLA;1(Géog.) petite ville d'Italie avr: duché deModene ;:& aux confins du territoire de Bologne, Elle tombe!en grande décadence avec fa bibliothèque , & fes peintures du Guerchin, Long, 28. 56. lat. 24.30. (D.J,) : PET NONCE , 1m. (Jarifo.) nunaius , qu’on appelle quelquefois e-ro7ce du pape, & plus fouvent 2 roncé fimplement, eft un eccléfiaftique député ou envoyé: par le, pape vers quelque prince ou état catholique pouryréfider commefonambaffadeurfounsletitre de ronce ; & en ce cas alprend letitre de zonce ordi nâire; quelquefois le papeenvoie un once extraor: dinaire vers un prince où un état catholique poux afifier, de fa part , à une aflemblée de pluferirs ame |: baladeurs ; &lorfqu'il ny a point de zonce enltitres cet ambafladeur extraordinaire s’appelle irternonces On appélloitantrefoisiles ronces ; miff fanéi pas | cris , miffe apoflolici, lepati miffé. id Nousfaifons cependant en Francerune différéñcé | entreles légats du pape & les zonces; | : Les légars, lorfqu'ils font envoyés eh France de l'agrément du roi, ont autoñité & jurifdidion ecclé- faltique; fuivant: les modifications appolées À leu facultés lors de l’enregiftrément de leurs lettres: au Bén queiles zorces n'ont.en France amcune autorité niqurfdiétion eccléfaftique : ils: n’y font confidérés qecomme les autres ambafladeurs des: priffances «C'efbordinairement unrévêque ou un archevéque ! qsremplit cette fonion. à: 12. 2 21 ein Lesinonces du pape ont:un tribunal en-reple;, &é. l'exercice.de la jurifdiéion. ecclfiaitique: dans: les, . Payéqui fontifoumis à lacdifeiphne des dectétales, -&c aux decrèts du concile de Trente,quicommencent ‘a difcipline ; ils peuvent dans cés pays délegner des _juges. Ils connoifloient même, avant le concile de Trente, en premiere inftance des caufes qui fontde a jurifdidtion eccléfiaftique-; mais'ce concile, ff. 24, cv. de reform. défendexpréflément aux légars - & aux zonces de troubler les évêques dans l’exercice “de leur'iurifdidion dans les caufes qui font du for eccléfiaftique ;:& de procéder contre des clercs, & “autres perlonnes eccléfiaftiques, fans la réquifition ide leur évêque, on excepté-qu'ilnégligeât de les pu- nir ; enforte que depuis la publication des decrets de “ce concile , ils ne peuvent être juges que d'appel “des jngemens rendus par lés ordinaires des lieux compris dans l'étendue de léur nonciature : le con- “cile de Touloufe, en 1590 , paroït approuver cette “difcipline. On entend quelquefois par zonciature, la fonétion “ou charge du nonce & le tems qu'il l’a éxercée. On “entend anffi par-là une certaine étendue de territoire fourife à la jurifdition d’un ronce ; le pape a divifé les pays foumisà fa puiffance en plufieurs noncia- ‘tures , comme la nonciature d'Avignon. | L’ufage où eft la cour de Rome d'envoyer des nonces èn France eft fort ancien ; mais les maximes des décrétales, & celles des conciles de Trente & de Touloufe par rapport à la jurifdiéon des nonces , ne font poirit reconnues parmi nous , étant ‘contraires à lufage & aux maximes du royaume. En effet, lès zonces n’ont en France aucun terri- toire, tribnnal ni jurifdiétion , foit volontaire ou “contentieufe;; ils n’y font, comme on l’a déja dit, d'autre fonétion que celle d'ambaffadeur ; ils n’ont ‘aucun emploi que proche la perfonne du toi, & n’ont ‘aucune-autre fonétion dans le royaume , tellement qu’en 1647 le nonce du pape en France ayant pris ‘dans un écrit la qualité de zonce dans tout le royau- ‘me de France, 8 uñ autre once ayant pris, en 166$, ‘a qualité de zonce au parlement & au royaume , le ‘parlement s’éleva contre ces nouveautés. Cependänt la cour de Rome,oules zonces mêmes ‘ont fait de-tems-en-tems quelques entreprifes con- traires à nos maximes ; mais dès qu’elles ontété con- ses , le miniftere public s’y eft oppoñe , & elles ont été réprimées par plufieurs ordonnances & arrêts du -parlement. Pour les informations des vies, mœurs & doûtri- me de ceux qui font nommés aux bénéfices confif- toriaux, que les évêques de France font en poñlef- fion de faire, le concile de Trente donne le même pouvoir aux légats & ronces ; mais en France, les “évêques fe font toujours maintenus dans le droit & pofleffion de farre feuls ces informations devant le nonce; ilne paroît même pas qu'avant leregne d'Hen- ri IV. la cour de Roie ait voulu troubler les évé- ‘ques de France dans la pofleffion de faire ces infor- mations. Lotfque cette cour eut formé ce deflcini, elie ne penfa, jufqu’au pontificat d'Urbaim VII. qu'à établir que ces informations pourroïent être er en France communément par les légats & les nonces, ou par les ordinaires : tel étoit le réglement de Clément VIH, & de Grégoire XIV. Sous le pape Urbain VIIL, la cour de Rome alla jufqu’à prétendre qu’en France même les ordinaires ne pouvoient les faire qu’en l’abfence des légats &z des monces, Mais lordonnance de Blois, article 1. 62: la ré- fiffance du roi Henri IV: à Particle qui lui fut pro- pofé deréferver ces informations aux nonces, avis de l’aflemblée des notables tenue à Rouen en 1596, les remontrances de l’affemblée du clergé, convo- quée en 1605, l'ordonnance de 1606 drefféé;fur ces xémontrances, celles de la chambre eccléfaftique des états de 1614; enfin, les arrêts de répiement de 2639 & de 1672 juflifient l'attachement du clergé 8e de tous les corps du royaume à maintenir les ofdi= naires dans la poffeffion de faire feuls ces informa- TIOnS. » Le r6nce.du pape en France, ne peut pareïllement ‘donner aucunes provifions pour les bénéfices ; mi aucunes difpenfes ; ilne peut fulminer les bulles qui lui font adreflées ; il ne peut même être délégué jugé lin partibus pour ouir & terminer les différends des fujets du roi, parce que ces fortes de juges doivent Léa ol être regnicoles. I! n’a pas non plus droit de vifitation nide cofrec- #ion fur les monafteres , exempts où non exempts; c’eff:pourquoi arrêt du parlement du 29 mats 1582, déclara abuff un refcrit de Grégoire XIIL. qui com- mettôit fon zonce pour terminer un différend furve- nu entre le général des cordeliers , &c les gardien &c couvent dés cordéliers de Paris au fujet d’un vif teur avec ample pouvoir d’ouir les parties. L'arrêt du 28 mars 1633, en ordonnant la verification des lettres-patentesdu roi qui permettoient l’établifle- ment d’un monaftere de religieutes de S. Augunftin,mit cette modification , quele pape ne pouvoit exercer aucune jurifdiétion , correction ni vifitation dans ce monaftere , conformément aux droits &z privileges de l’éghfe gallicane. Le rionce ne peut pareillement prendre connotffan- ce des caufes de mariage, par la raïfon qu’il n’a en France aucune jurifdi@ion ; & s’il y a quelques exem- ples de caufes de mariage, &'autres pour lefquelles nos rois ont bien voulu queles zomces , autorifés par lettres-patentes , ayant êté commiflaires avec d’au- tres prélats du royaume ; ces exemples ne doivent point être tirés à conféquence. Foyez les libertés de l'églifé gallicane les loix eccleftaf- tiques , les mémoires du clergé, le dittliotnaire des arrêts, au mot zonce, (A) NonNcE , eft aufli un rerme ufité en Pologne , pour défigner les députés des Palatinats , ou des provin- ces aux dietes du royaume. [ls font choïfis parmilé, corps de la nobleffe, chargés d’inftruétiôns pour les délibérations de la dieté , qu'ils peuvent arrêter é difloudre par le refus de leur acquiefcement ou de leur fuffrage. C’eft ce droit de contredire, jus con- tradicendi , ainfi qu'ils appellent ,que les Polonois regardent comme l’ame de leur liberté, & qui dans le fond n’en eft qu’un excès ou un abus. (G) NONCHALANCE , ff (Gramm.) pareffe F héglis gence , indolence , molleffe , foiblef]: d’organifation ,ou mépris des chofes, qui laïife l'homme en repos, dans les momens où les autres fe meuvent ,s’agitent & fe tourmentent, On devient pareffeux ; mais On naît nonchalant: La nonchalancene{e corrige point , fur- tout tuncertain Âge. Dans les énfans,l’accroiflement fortifiant Le corps, peut diminuer la nonchalance. La nonchalance qui introduit peu-à-peu le defordre dans. les affaires, a des fuites les plus facheufes.La zo7cha:. lence eft'aufli accompagnée de la volupté. Elle ne répond guere au plaïfir , mais-elle l’accepte facile- ment. Les dieux d'Epicure font des zonchalans, qui laifferit aller lermonde comme il peut. Ils’échappé des ouvrages deMontagneune ronchalance que le lec: teur gagne fans s’en appercevoir,& qui Le tranquilife fur beauconp de :chofes importantes ou terribles au prémier coup d'œil. Il regne dansles poëfies de Chau- lieu, de Pavillon, de la Fare, une ceftaine z07ch4. lancé qui plaît à celui qui a quelque délicatefle d’ef- prit: On diroit que les-chofes lés plus charmantes ne leut ont rien coûté, qu'ils n’y mettent aucun prixs & qu’ils fouhaitent d’être lus avec la même zoncha- lance qu'ilsécrivoient. ILfaudroit prêcher aux turbu: lens la zonchalance, & la diligence aux ronchulars. C'eft par un coup ou frappé enfens contraires, qu'on modere la chnte-d’un corps en mouvement, oufrap- re NON pé dans la diredtion qu'il fuit lentement, Qu'on a cp, | accélere fa viteile : pour peu qu’on hâtâtles uns , Où qu'on arrêtât les autres, ils auroient la viteffs qui convient aux choles de la vie. DELLE . NONCIATION , NOUVEL ŒUVRE , L f. ( Drois coutuim.) c’eft un acte par lequel on dénonce à célui qui fait élever un bâtiment, où aux ouvriers qui y travaillent,qu'ils aient à celier, juiqu'à ce qu'il en ait té ordonné par juftice. Nous ténons cette coutume des Romains. Lorique quelqu'un faifoir une entre- prife, oit en élevant où en démoliffant fa maifon 1 le voifin qui s’en trouvoit incommodé fipnifoit aux ouvriers qu'il y mettoit empêchement. {l ne flloit point pour cela avoir la permiflion du préteur ; & exploit qui contenoïit certe rorciacion étoit valable, . A 7 « pourvu qu'il fût donné dans le lien même où les ou- _ Vriers travauloient, & à des perfonnes qui puflent en avertir le propriétaire, Si, maleré cette défenie, il vouloir continuer, il étoit obligé, après cet atte, de donner une caution fufffante, qui répondoit pour le propriètaire qu’on remettroit les chofes en état k #1 la juitice l’ordonnoit ainfi : ce qui devoir fe termi- ner dans troi$ mois, Mais f l’entreprife intérefloit le public , tous les citoyens indiftinétement pouvoient ufer de la 207 canon, En France, dans un pareil cas, on en donne avis au voyer. Voyez VOYER. (D.JT.) NONCIATURE , £ f(Jurifpr.) fignifie quelque- fois le titre & la fonétion du nonce du pape, ou le tems qu'un prélat a exercé cette fonttion. On appelle auffi zorciarure un certain territoire dans léquel chaque nonce exerce fa jurifdiétion ec- ciéfiaftique , ce qui n’a lieu que dans ies pays où les noncés exercent une telle jurifdiétion, & non en France oùs n’en ont aucune. Voyez ci-devanr NoN- CE, (4) NON-CONFORMISTES , £ m.(Æif. mod.) nom | d’une feéte , ou plutôt de plufieurs iectes en Angie- terre. Foye SÉPARATISTES, Autrefois ce nom ctoit reftraint aux Puritains on Calviniftes ripides;aujour- d'hui il s’éténd à tous ceux qui ne font pas du {Enti- ment de léglife anglicane dominante , excepté les Catholiques romains. Voyez PuriTAIN , PResBy- TÉRIEN, INDÉPENDANT, &ec,. On dit que ce mot a pris {on origine dans une dé- claration du roi Charles [. qui ordonna que toutes les éplifes d'Angleterre &e d'Ecofle obfervaflent les mêmes cérémonies &c la même difciphine ; & c’eft l’acquiefcement ou l’oppoñtion à cette ordonnance, qui a fait donner aux uns le nom de Conformilles , & auxautres celui de z07-Conformifles. NONDINA, (Mythol.) S. Auguftin eft le feul qui dife que c’étoit une déefle qu’on invoquoit chez les Romains le neuvieme jour après la naiance ; & c’eft de ce neuvieme jour, zozus dies | qu'a été for- gé le mot barbare Nondina. ( D. J.) NONES, f. f. ( Chronol. ) c’étoit dans le calen- drier romain le cinquième jour des mois de Janvier, Février, Avril, Juin, Août, Septembre , Novembre & Décembre ; & Le feptieme des mois deMars, Mai, Juillet & Otobre. Ces quatre derniers mois avoient fix jours avant les zones, & les autres quatre feule- ment , {uivant ces vers, Sex Marus nonas > Oüober , Julius & Mars Quatuor at reliqui, Voyez CALENDES. TT Ce mot ef venu apparemment de ce que le jour des nones Étoit le neuvieme avant les ides , eomme qui diroit zono-idus, V. 0ye? ÎDES, . Les mois de Mars, Mai, Juillet & Ofobre avoient fix jours avant les zoxes , parce que ces quatre mois Tome XI, 247 étoient les feulsqui, dans l’année de Numä ,euffent 31jouùrs, les autres n’en avoient que 29, &c Fé- viier 30 ; mais quand Céfar réforma le calendrier, & qu'il donna 31 jouts à d’autres mois , il ne leur donna point 6 jours avant les zones. Poyeg CALEN- DRIER | ANNÉE, Mois, Gc. NT On comptoit les jours depuis les nones en rétro- pradant , comme depuis les calerdes , de forte que le premier jour après les calendes où le fecond dit MOIS s’appelloit féxrus nonarum, pour les mois qui avoient fix jours avant les zones, & quarins nona- THB POUr ceux qui n'en a voient que quatre, Char bers. None, Nones , ñonæ, (Hiff. ancienne.) une des fept heures canoniales dans l'Eglife romaine, Voyez HEURE. Nones, ou la neuvieme heure eft la derniere des petites heures que l’on dit avant vêpres, & celle qui répond à 3 heures après midi. Voyez VÂPRES. L'office fimple êc l’ofiice pour les morts finiflent à zones ; laquelle heure , felon la remarque du.P. Rof- veyd, étoit anciennement celle où fe 1éparoit la {y= naxé, c'eft-à-dire Paflémblée ordinaire des premiers Chrétiens à Péglife. | L'heure de zones étoit auf le tems où l’on com- mençoit à manger les jours dé-jeûne , quoiqu'il y eût des fideles qui ne mangeoient point avant le {o- leil couché. foyez JEUNE. Pour conferver quelques traces de cette ancienne | coûtume, on dit encore z07e5 avant le diner les jours de jetine & pendant le carème, Voyez CARÊME. Bingham obferve que dans la primitive Eglife, zone étoit regardée comme la derniere des heures ou prières du Jour , & qu’elle avoit été inflituée principalement pour honorer la mémoire de l’héure à laquelle Jefus-Chriff avoit expiré fur la croix. C’eft auffi ce que dit la glofe : Larus ejus nona bi- perte. C’étoit chez les Juifs l’heure du facrifice fo- lemnel du foir, &c on litdans les Aftes que S. Pierre êt S. Jean fe rendoïent au temple à l'heure de zozes, ad horarn orationis nonam: Les anciens ne difent rien de précis fur le nombre des pfeaumes & autres prieres qu'on récitoit à zozes. Caflien femble feule- ment infinuer qu'on n'y chantoit que trois pfeaumes, Aujourd’hui dans l’Eolife latine, l'office de zone eft COMpofé du Deus in adjutorium , d’une hymne , de trois pleaumes fous une feule antienne , puis d’un capitule , d’un répons bref & d’un verfet, & enfin d’une oraifon propre au rems.on à la fête. Bingham, Orig. ecclef. t. V1. XITINc, ix. $. 13. NONES, (Jurifp.) nona , quaft nona pars frutluum, c'étoit le nenvieme des fruits ou le neuvième de leur valeur que Pon payoit par forme de redevance pour la jouiflance de certains biens, de même que l’on appella dixme ou décime, une autre pteftation qui dans fon origine étoit par-tout du dixieme des fruits. Le concile de Meaux de l’an 845 demande que ceux qui doivent à l’Eglife les zones & les dixihés , à caufe des héritages qu’ils poffedent , foient excommuniés, s'ils ne les payent pour fournir aux réparations & à l'entretien des clercs : on voit par- là que les laïques qui tenoient des terres par concef. fion de lEglite lui devoient double preftation , fa- voir d’abord ia dixme eccléfaftique , & en outre une redevance du neüvieme des fruits comme rente feigneuriale où emphytéorique. Voyez Dixme, (4) NONNAT , voyez APHYE. NON-NATURELLES, cHoses, c’eft un rerme de Médecine aflez impropre , maïs reçu fur-tont dans les écoles , qui demande toujours un commentaire pour Être entendu : On.appelle donc chofès non-na- turelles ( d’après Galien qui paroït avoir le premier employé cette épithète finguliere ) se qui ne € 218 NON compofent pas notre nature où nofre être ; mais dont l'économie animale éprouve de grands effets de stands changemens , de grandes altérations. S 5 . PI 2 ren: : C’eft, dans le livre deoculis , attribue à cet auteur, que l’on trouve qu'il y a fept chofes naturelles, fix non - naturèlles & trois contre- nature. Les pre mieres font les élémens, les tempéramens , les pat- ties , les humeurs , les efprits , les facultés & les “adions ; ce font celles qui concourent à former le phyfique de notre ètre : les fecondes font l'air que nous refpirons , la matiere des alimens & de la bof fon , le mouvement &r le repos ; le fommeil & la veille, ce que nous retenons dans notre corps &t ce qui en fort , & enfin les affedions de l’ame : ces cho- fes qui font celles dont il s’agit dans cet article, font toutes celles dont on ne peut pas éviter l’ufage ou les influences, & qui fervent effentiellement à la confervation de la fanté, lorfqu’elles font bien dif- pofées & que l’on en fait un bon ufage ; mais qui font un effet contraire lorfqu’elles font mal difpo- fées par elles-mêmes , ou qu'on n’en ufe pas bien, elles donnent alors naiffance aux troifiemes des chofes mentionnées qui font dites contre-nature, &e conffituent les maladies, leurs caufes & leursymp- tômes. Ces différentes chofes font la matiere de la plus grande partie de la fcience de laMédecine : la Phy- fiologie traite des chofes naturelles ; la Pathologie, des chofes contre-nature & des mauvais effets que produifent les qualités vicieufes ou l’abus des chofes non-naturelles ; & les regles qui établiffent leurs bon- nes qualités , leur bon ufage, font la principale ma- tiere de l'Hygiene. Voyez l'hff, de la Méd. de Le- clerc , part. EI. div. LIL: chap.uy. Foyer auf les ar- ricles PHYSIOLOGIE , PATHOLOGIE € HYGIENE. Selon M. de Sauvage (Pathol. méthod. Jétt. 8.);, Galien réduit à quatre les fix chofes ron-naturelles ; favoir , 1° ce qui peut être reçu dans le corps, com- me le manger & le boire ; l'air, les médicamens, les poifons , &c. 2° ce qui peut être retenu dans le corps d’une maniere nuifible , comme les excré- mens , les mauvais levains des premieres voies, qu’on appelle Jaburre , les concrétions pierreufes ; les matieres flatueufes, les vers, 6'c. 3° ce qui peut être appliqné à la furface du corps ; comme l'air, les vêtemens, les bains , les morfures des animaux, les folutions de continuité faites par des corps étran- gers , Gc. 4° enfin les différentes attions du corps &c de lame, ou ce qui en dérange l'exercice, le rend forcé , ou ce qui lefufpend, le fait cefler entiere- ment, comme le mouvement , le repos; le fommeil, la veille & les paflions. | Les chofes zon-naturelles , felon cette derniere divifon , font défignées dans les irflisurions de Boer- haave $. 744. par les quatre mots latins qui fui- vent , favoir éngefla , retenta, applcata, gefias Pitcairn refferre encore davantage la matiere, & réfente ces chofes fous une idée plus fimple en les réduifant à l’aion des autres corps fur le nôtre, & À celle de notre propre corps ou de fes facultés fur lui-même ; ainfi deux fortes d’aétions qui affeétent | homme, l’une dont le principe lui eft étranger, l’autre dont le principe fe trouve dans l'économie animale. Les corps étrangers qui font fufceptibles d’aétion fur l'homme , ou lui font néceflaires , &c tels même. qu'il ne peut s’en pañer,ou ils ne lui font pas né- ceffaires , ni utiles, enforte qu’il eft même avanta- seux pour lui de n’en éprouver aucun effet; les pre- Miersfont l’air, les alimens, les vêtemens; les autres font les miafmes, les poifons , qui peuvent pénétrer, être portés dans les corps , les chofes qui peuvent le frapper, le bleffer, érc. Les corps étrangers ne pEuVEnt ExerCer quel- qu'aétion fur notre corps que par un principe mé- chanique , comme par leur malle , leur mouvement ou leur figure, où par un principe phyfique, comme la force de cohcfion, d’adhéfion ou Pattraétion, la diffolution , la fermentation, la patréfaétion, c'eft- à-dire que ces différentes forces operent fur les par- ties élémentaires , infenfibles , qui entrent dans la compofiton de nos {olides où de nos fluides. Les aétions de l’homme fur lui-même font de denx efpeces ; ou elles font leffet de la liberté loriqu’el- les font déterminées par l’entendement & la volor- té ; ou elles font l'effet de la nature, c’eft à-dire authomatiques , lortqu’elles font produites comme machinalement par linftinét &e la cupidité. Voyez VoLONTÉ, LIBERTÉ, NATURE, INSTINCT, Cu- PIDITÉ. | La volonté & la cupidité font toujours portées au bien, ou à ce qui paroit être un bien: la pre- miere tend toujours au bien intelleätuel ; la feconde au bien fenfible , par conféquent à la confervation de la fante. Cependant lorfque la volonté ne diftingue pas facilement un bien réel d’avec un bien apparent, il lui arrive fouvent de fe tromper & de donner la préférence au dermer, d'où s'enfuit fouvent que les a@tions awelle produit nuifent à la fanté, comme lorfqu’une jeune fille, pour fe guérir des pâles-cou- leurs & fe rendre la peau blanche, fe détermine à manger du plâtre , des citrons. L'inftin& qui femble diriger fi fürement les ani- maux en les portant à ce qui leur eft utile , & les éloïgnant de ce qui peut leur ètre contraire , n’eft pas un guide aufli infaillible pour l’homme , comme lorfqw'il eft porté à boire dans le cas de l’hydropife afcitique. Ainfi ces confidérations établiffent la néceffité d’une fcience qui prefcrive à l’entendement des re- gles, pour difhnguer ce qui eft utile ou ce qui eft nuifible à l’économie animale ; & qui, en fecondant la nature , en foutienne ou en dirige les opérations relativement à ce qui convient à chaque individu , {elon la circonftance où il fe trouve à Pégard de la {anté ou de la maladie : c’eft par-là que fe démon- trent l'utilité & les avantages pour le genre humain d’un art qui, en prefcrivant la maniere d’ufer des chofes ron-naturelles , fournit les préceptes & les moyens pour conferver La fanté , pour prévenx ce: quipeut l’altérer, pour la rétablir lorfqu'’elle a éprou- vé quelque altération, &t pour prolonger la vie au- tant qu'il eft poffible en écartant , en corrigeant les caufes qui peuvent labréger , la détruire avant fon terme naturel ; enforte qu’elle ne finiffe que confor- mément aux lois de la nature par les effets de la vieilleffe la plus reculée, qui amene inévitablement la ceffation du mouvement qui conftitue la vie ; par conféquent la mort qui n’eit autre chofe que cetté ceflation, & quieft, dans ce cas feul , véritable- ment naturelle. Voyez MÉDECINE, VIE, SANTÉ, VigiLLessE, MORT. | | Pour furvivre à l'égard des chofes zo7-naturelles, la divifon , l’ordre le plus connu , on va rapporter ‘ci auf fommairement qu'il fe pourra, eu égard à l'abondance de la matiere , tout ce qui détermine les regles par rapport au bon & au mauvais eflet, au bon & au mauvais ufage de ces chofes , {elon qu'on les confidere ordinairement dans les écoles, d’après l'expérience , l’obfervation êc la raifon. Ainfi eh comptant Îles chofes rzon-naturelles au nombre de fix, comme il a été dit ci-devant, 1l fe préfente d’abord à traiter de l'air & de fes qualités: par rapport à fes influences fur Péconomie ani- male. I. De l'air. L'ufage de ce fluide que nous ne pou- vons évirer de refpirer dès que nous fommes nés » PE < $ NON & dans lequel nous fommes toujours plongés , ef continuel & comme l'aliment de la vie : ainf il eft d'une plus grande conféquence pour tout ce qui a rapport à la vie, qu'aucune autre des choies 0n- _ Raturelles : fa pefanteur, fon élafhcité , fa tempéra- ture , fa nature , à raifon des corps étrangers qu'il contient , n'étant pas les mêmes dansles diférentes parues de l’atmofphere ; il s'enfuit que les animaux ne peuvent qu'en être différemment affe@és, {uivant la différence de ces quahtés ; il ne peut donc que contribuer beaucoup à la confervation de la fanté ; lorfqu’elles font convenables ; & lui nuire, l’altérer, la détruire inévitablement, lorfqu’elles font contrai- res. Voyez AIR, ATHMOSPHERE, L'expérience de tous les tems & de tous les lieux a appris que l’air pur, autant qu'il peut l'être , {e- rein, le plus conftamment fec & tempéré , eft le plus propre à procurer 8 À maïntenir ta vie faine, c’eft-à dire que pour cette difpoñtion il doit être exempt ou purgé de toutes exhalaifons hérérogenes, corrompues , de tout mélange qui le rend trop pe= fant , trop humide, trop groffier ; qu'il ne doit pas être ordinairement chargé de nuages , de brouillards pour qu'il foit bien expolé à l’a£tion du {oleil : qu'il ne doit être fufceptible naturellement ni de trop de chaleur, ni de trop de froid , relativement à ce qui convient à l'économie animale (voyez CHALEUR, FROID), mais d’une douce température peu varia- ble , proportionnée à l’ordre des faifons, Le mouvement, l'agitation de l'air , €ñ quoi con- fiftent les vents, fervent beaucoup à le dépouiller de fes parties étrangeres : c’eft pourquoi les lieux élevés, les montagnes qui font expofées aux vents, fur tout à ceux qui viennent des pays méditerranés, {ont les lieux où Pair eft le plus pur , parce qu'il y eft continuellement renouvellé ; c’eft la pofition des lieux qui décide lequel des vents principaux doit être regardé comme le plus falubre : en général ce- lui qui a traverfé de grands efpaces de mer où de grands amas d’eau, fur-tout des terreins maréca- geux, eft toujours mal-fain à caufe de l'humidité & fouvent de la corruprion dont il eft chargé , & d’au- tant plus mal fain qu'il eft plus chaud, Hippocrate réparuoit avec raifon cette qualité de l'air comme une des caufes des plus ordinaires des fevres pu- trides epidémiques & de la pefte même , au-lieu que le froid joint à l'humidité ne produit que des mala- dies catarreufes. Mais quel que foit le vent qui regne , 1l eft tou- Jours plus fain que le calme des airs qui dure confi- dérablement ; car il peut devenir très-nuiGble & même pefhilentiel par cette feule canfe » fur-tout encore s'il eft chaud & humide. _ En effet l'air modérement froid eft toujours pré- férable. à l'air chaud ; celui-ci relâche les fibres, affoibht le mouvement ofcillatoire des vaifleaux, engourdit la circulation , le cours des humeurs, les diflout, les diffipe par une trop grande tran{pira- tion : au-lieu que l'air froid en condenfant les corps taffermit les folides de l’animal » le rend plus vigou- eux, plus agile, favoriie l'élaboration de fes flui- des, & fortiñe À tous éeards le tempérament. C’eft cequ'on oblerve par rapport aux peuples du nord comparés à ceux du midi, qui font d’une complé- xion plus molle, plus délicate, à Proportion qu'on approche davantage de l'équateur : au-lieu que dans les pays feptentrionaux on jouit en général d’une Vie plus faine & plus longue , & qu'il eft fort com- mun d'y voir des hommes très-robuftes , même dans l’âge le plus avancé , & d'y trouver des gens qui vivent plus de cent ans, Foyez CHALEUR , FRo1», VieiLLessr. + Il eft Qui trés-avantageux , pour la fanté, que ailf ne iOIt pas ï 5 d'une température trop variable ; Tome XI, | NON 219 que la chaleur & le froid dominent conflamment , chacun dans fa faion réfpeétive; que l’on ne foit pas expofé à pañler continuellement de l’un à laus tre , à en avoir un mélange habituel dans toutes les faifons ; que la férénité du ciel fe foutienne long tems de fuite, & que, s’il devient pluvieux, ce foit aufh pour quelque tems, afin que les diférentes im»: preffions queles corpsanimés en reçoivent foient dur- rables, & que les alternatives du chaud, du froid ; du fec &c de l’humidé , ne foient Pas trop promptes, trop répétées ; parce que cette mégalité trop mara quée caufe des altérations nuifibles dans l’économie animale , fur-tout relativement à la tranfpiration in fenfible: Foyez TRANSPIRATION. Plus Pair eft pefanr, plus il eft favorable À La fanté , fur-tout s’il eft en même tems plutôt froid que chaud ; ileft plus élaftique ; il augmente là force des vaifleaux, fur-tout dans les poumons qu’il dijate plus parfaitement, &c ilrend ainfi la refpiration plus li bre. On ne doit cependant pas juger de la pefanteus de Fait par le fentiment d'afaement que l’on éprouve dans les rems converts, nébuleux, plu- vieux, avec un vent chaud, où tout le monde fe plaint de fe featir appefanti, accablé; c’eft alors que l'air eft Le plus léger , il fontient moins les va {- feaux contre l'effort des humeurs, ce qi produit les effets qui viennent d’être rapportés : l'air eft au con= traire plus pefant à proportion qu'il eft plus ferein, & qu'il fe foutient long-tems dans cet état. La pefan- teur de Pair efttrès-rarement exceflive parcaufe na= turelle ; cette qualité eft par conféquent trés-rare ment au point de nuire à la fanté, au lieu que fa lé. géreté , en favorifant trop la dilatation des vaiffeaux dans toute l'habitude du corps & dans les poumons principalement, peut donnef lieu à ce qu'il fe fafle |. des engorgemens qui caufent de grands embarras , de grands défordres dans la circulation du fang & dans le cours de toutes les humeurs, ME On juge des différens changemens qui fe font dans les qualités de l'air, par le moyen des différens nf trumens que l’art a appropriés à cet effet : onobferve les différens degrés de chaleur & du froid par l'inf= pection du thermometre, ceux du ciférent poids de air par celle du barometre , & la féchereffe ou L hu= midité qui y dominent, par le moyen de l'hygrome- tre. Voyez THERMOMETRE , BAROMETRE, Hy- GROMETRE, On obferve conftamment qu'il n’eft aucun tems de l’année , où les qualités de Pair foient plus varia- bles , que dans l'automne & au commencement du printems : c’eft ce qui rend ces faifons fi fujettes à produire des maladies. Cependant , comme le prins tems eft la faifon la plustempérée, elle eft auffi à cet égard la plus avantageufe pour la fanté ; puifque c’eft le tems de l’année où les animaux font le plus vigou- reux & le plus propres à la génération : ce qui con= vient principalement au mois de Mai ; le mois de Seprembre approche beaucoup d’avoir les mêmes ! avantages. » Mais il faut avoir attention danse printems de ne pasfe prefler de prendre des habits légers, & dans l'automne de ne pas tarder à les quitter pour fe couvrir davantage. Selon l’obfervation de Syden- ham , la plüpart des maladies catarrenfes inflamma- toires qui font communés dans ces faifons, ne doi: vent être attribuées qu'au changement d’habits , ou à l’ufage trop continué de ceux qui ne tiennent pas les corps aflez défenaus contre le froid de l’air &c 1 in conilance de fa température : c’eft ce qui fait dire à Horace à ce fujet : Matutina parim cautos fæpè frigora mardene, On ne peut être trop attentif dans lestems froids à fe tenir la rête fur-tout, l'eftomac êe les piés chau- Eer 220 NON dement , par le moyen des vêtemens appropriés. Mais, en cherchant à fe défendre des rigueurs de Ja faïlon , en évitant de s’expoler à l'air, en fe te- nant renfermé dans des chambres échauffées par le feu domeftique, par les poeles, on doit prendre garde que la chaleur ne foit pas trop confidérable, qu’elle n’excede pas beaucoup le degré de tempéra- ture, tel qu'il eft fixé par les thermometres d’après celle que l'on obferve conftamment dans les caves de l’obfervatoire de Paris. Il faut éviter foigneuie- ment de pañler tout-à-coup d’une extrémité à une autre en ce genre : lorfqu’on a bienfroid , on ne doit pas s’approcher fubitement d’un grand feu , il faut fe réchauffer par degrés, &, dans ce cas, il feroit pré- férable de commencer parle mouvement ducorps, par l'exercice, &c la boiflon de quelque infufon chaude de plantes aromatiques : & de même dans Les grandes chaleurs, ou lorfqu’on s’eftéchauffé par quel- que exercice violent, on doit bien fe garder de cher- cher à fe rafraichir tout-à-coup en paflant dans quel- que lieu frais , comme les fouterreins , les caves le {ont alors refpetivement , nide boire de l’eau bien fraîche , de l’eau à la glace ; il faut feulement fe li- vrer au repos dans un lieu fec, fermé ou à l’ombre, & prendre quelque boiffon tempérée, acidule. On doit avoir foin de renouveller fonvent l'air des habitations fermées, fur-tout lorfque plufeurs perfonnes y font contenues enfemble & pendant un tems confidérable , comme dans les cazernes, les hôpitaux , les prifons , où l’on peut faire un ufage fort utile du ventilateur. Voyez VENTILATEUR. L'air, dans les habitations fermées , eft très-fuf- ceptible de fe corrompre par les exhalaifons des ani- maux vivans & morts; à s’'infeéter par la vapeur du charbon, par la fumée des chandelles grafles, de l'huile de noix, éc. par l’exhalaifon de la chaux des murailles récemment faites ou blanchies , par l'humidité de la terre dans les logèémens bas , pro- fonds, placés fur des terreins marécageux, où 1l'eft dangereux de vivre habituellement. Les différens moyens qui fervent à corriger les qualités vicieufes de l’air , confiftent en général à difiper le trop grand froid , l’humidité excefive, par des feux de bois fec , aromatique, allumés, en- tretenus dans les cheminées , les poëles des maifons où l’on a Ôté tout accès à l'air extérieur. À l’épard de la chaleur & de la fécherefle exceflive qu’il com- munique à celui des habitations , on y remédie par les exhalaifons de l’eau fraîche, répandue fur Le fol du logement ; par celles de plantes fraîches dont on le jonche; par celles des branches d’arbre bien gar- mes de feuilles vertes, bien trempées dans l’eau, qui répandent ainfi beaucoup d'humidité , de frai- cheur dans l’air, felon les obfervations de Hale dans fa Sratique des végétaux : il convient aufli dans ce cas d'employer l’agitation de l'air, qui fait un ventar- tificiel ; de favorifer l’admiflion du vent du nord, avec exclufon de celui du midi; & en général de renouveller Pair, le plus qu’il eft pofible , par tous les moyens convenables, & particulierement par l'effet du ventilateur. On empêche ou on corrige la corruption de l'air en éloignant des habitations les latrines , les cime- - tieres , les boucheries ; en defléchantles marécages, les foflés , où fe trouvent des eaux croupiffantes ; enne laïffant fubfifter aucun cloaque dans le voifi- nage des maifons : on définfeéte l'air d’une maifon en y brülant du fucre, des grains de genievre , des bois aromatiques, des parfums appropriés, &, ce qui eft plus fimple, en jettant du vinaiore fur des charbons ardens , fur du fer rougi au feu, qui en procurent d’abondantes évaporations anti-feptiques. On ourifie l’air de l’atmofphere en allumantun grand aombre. de feux confidérables en plein air, de dif- NON tance endiffance, comme le pratiquoit Hippocrate, pour garantir {on pays de la. pefte dont il étoit me= nacé par la corruption de l'air des pays voïfins. IT. Des alimens € dela boiflon. La déperdition que le mouvement, qui fait la vie, occafionne conti- nuellement dans le corps animal, le mettant dans le cas d’avoir un befoin toûjours renouvellé d’une in- tus-fufception, qui, pour la confervation de l’indi- vidu, foit proportionnée à cette déperdition, cha- que animal eft porté à rechercher pour cet effet les matieres qui font fufceptibles d’être converties en fa propre fubftance : ce {ont les corps, compofés de parties qui ont de analogie avec nos humeurs, d’où fe fépare le fuc nevro-lymphatique deftiné à l’ou- vrage dela nutrition. Voyez NUTRITION. Ces corps font tirés du regne végétal &c du regne animal : le minéral n’en fournit aucun de propre à cetouvrage, fi ce n’eft l’eau qui, fans être nourriciere par elle- même, eft le véhicule des matériaux de la nutrition: ainfi la matiere qui forme les corps d'où nous tons notre nourriture, étant de différente nature, ne peut par conféquent qu'être une des chofes z07-na- curelles qui influent le plus, en bien ou en mal, dans l’économie animale, felon qu’elle a des qualités qui lui font plus ou moins convenables ou contraires. Notre fang qui eft le fluide qui fournit toutes les humeurs utiles à la confervation de notreindividu, eft principalement compofé de parties mucilagineu- fes , qui ne font autre chofe qu'un mélange de par- ties aqueufes, huileufes & terreufes, qui forme uue efpece de gelée : ainfi les matieres qui font d’une fubftance Le plus propre à fournir des fucs mucides , gélatineux ; qui ont le plus d’analogie, d’affinité avec la nature de nos humeurs; qui font le plus faci- les à être converties en fuc nourricier ; qui ont le moins de parties féculentes , excrémentitielles ; qui font Le plus fimples & le moins fujettes à fe diffiper , à fe volatilifer ; qui n’ont par conféquent point d’o- deur forte, point trop de goût aétif, aromatique, âcre ; qui pofledent ces différentes qualités de leur nature, Où qui peuvent les acquérir par les prépa- rations, par l’art de la cuifine , font les chofes les plus propres &z qui doivent être préférées pour four- nir une bonne nourriture. Tous les alimens que là nature nous offre avec les qualités convenables pour être employés fans préparation , ou qui en deman- dent très-peu & point d’aflaifonnement, font doux, tempérés; tels font les grains farineux, les fruits, les viandes : il en eft de même de la boiffon ; la plus. naturelle eit fans goût ; les fluides fermentés ; très- favoureux, peuvent être regardés comme l'ouvrage de l’art, Ainfi les grains farineux font un très-bon aliment pourvu qu'ils aient été rôtis & macérés dans l’eau, ou qu'ilsaient fermenté pour qu'ils perdent la faculté (. découverte par Boyle ) qu'iis ont éminemment de produire beaucoup de matiere élaftique qui donne lieu à la flatuofité. Poyez FLATUOSITÉ. La nourtri= ture que l’on tire des feuls végétaux eft très-faine, très-propre à procurer une longue vie : c’eft ce qu'ont prouvé les Gymnofophiftes, les plus anciens des philofophes, qui ne mangeoient rien de ce qui avoit eu vie, rien de ce qui avoit pris fon accroifle- ment au-deflous de la furface de la terre & fans être expolé aux rayons du foleil ; ils parvenoient, avec ce genre de vie, à un âge fiavancé , que la plüpart ennuyés de vivre étoient obligés de fe donner la mort, comme le fit Calanus qui fe brûla en préfence d'Alexandre & de toute fon armée. Il y a encore au- jourd’hui de ces philofophes dans les Indes. Voyez VÉGÉTAL ; GYMNOSOPHSTE , PYTHAGORI- CIEN. Mais, entre les végétaux, le meilleur aliment ef, fans contredit, Le pain qui eft La bafe de la nourri: NON ture dans prefque toute la terre. On le prépare avec du blé en Europe ; avec du riz en Afie; 8 du maïs en Amérique : fon ufage eft de tous les tems de la vie, excepté la premiere enfance. C’eft Paliment le plus convenable à tous les tempéra- mens ; on le mêle avec avantage à toute autre force de nourriture, &c fur-tout à celle qui eft tirée du regne animal dont il corrige la difpoñtion alka- lefcente par l’acefcence qui lui eft naturelle, par laquelle il fert aufi de correctif à pareille difpo- fition vicieufe qui fe trouve dans la mafñle des hu- meurs, Mais à cet égard il ne peut être confidéré que comme un médicament, tandis qu'il fournit la matiere de la nutrition, par la feule fubftance mu- cide dont il abonde, qui eft très-analogue à celle qui fe trouve dans toutes les parties fohdes des animaux, dans leur fang & dans leur lait, fubf- tance qui conftitue un principe commun entre ces différentes parties. | . C’eft par l'extrait que fait de cette partie mu- cide l'ouvrage de la digeftion & dés autres pré- parations qu'eprouve le chyle pour être converti en fang & en fuc nourricier, qu’elle eft féparée de ce qui lui eft étranger, comme la partie hui- leule deflinée à former la bile, la graifle, & de ce qui forme la partie lixiviele de nos humeurs, pour qu'il en rélulte la véritable matiere de la nutrition, qui eft la même dans l'embryon & dans l'adulte, & qui paroït être aufli de la même na- ture dans tout le règne animal, malgré la différence des genres & des efpeces qu'il renferme : ainfi tous les individus qui les compofent peuvent être con- vertis en la propre fubftance les unes des autres, d'une maniere plus où moins parfaite, felon que la partie mucide nourriciere en eft extraite plus on moins facilement, & s’y trouve plus où moins abondamment. Il ftut de-là que la fubftance mucide de tous les Végétaux où elle fe trouve , peut être aifément appropriée aux animaux, par les moyens que la: nature a établis à cet effet : prefque toutes les plan- tes en contiennent dans leur parenchyme, c’eft-à- dire dans les interftices de la partie fibreufe, info- luble , qui eft comme un tiflu fpongieux, dont les débris qui réfultent de la divifñon qu’opere la di- geftion, forment la partie fécale qui n’a rien d’ali- mentatre, de nourricier, lorfque l'extrait des fucs mucides en a été fait entierement ; enforte que ce qu'on appelle aiment en général, n’eft pas _tout fufceptible d’être converti en fuc noufricier , neft pas par conféquent proprement alimenteux dans toutes fes parties, mais fuppofe une fubftance qui peut fournir plus ou moins de matiere mucide nourriciere. e tous les vépétaux , ceux qui contiennent un fuc mucide qui a le plus de rapport à celui qui fe trouve dans les animaux, font les nlantes à fleurs en croix, dans lefquelles la Chimie a trouvé le plus d’analogie avec les qualités cara@ériftiques des fubflances animales, & une plus grande quan- fité de ce fuc mucide gélatineux propre à former le fc nourricier des animaux. Telles font les plan- tes fucculentes potageres, comme les navets, Les raves, Gc, Les vépéraux qui apçrochent le plus des qualités de ces derniers, font les racines, les fruits doux, & les femences à farine : tels font les panais & autres racines femblables, les châtaignes, les pommes, les poires, les fignes, @c. les fruits de noyau; tels que les amandes, les noix, Éc. tous les blés, &c. ; Les vépéraux, au contraire, les moins propres à nourrir, font les lépumes aqueux, fades où aci- dules; tels que les laitues , les épinards, Poteille, te. & les feuilles des arbres, parce qu'ils contiennent NON 221 très-peu de fubflance mucide alimenteufe, en au- tomne fur-tout, par rapport aux feuilles, lorf- qu'elles commencent à fe deflécher. La preuve de ce qui vient d’être établi fur ces deux différentes clafles de végétaux confidérés com- me alimens, c’eft que les befliaux qui fe nourrif- fent des premiers ; s’engraiflent beaucoup & en peu de tems; au heu que, lorfquils n’ont que des der- niers pour tout aliment, ils n’en mangent que for- cés par la faim, & deviennent bientôt très-maigres. Mais les fubftances qui fourniflent le plus de nourriture & de la meilleure, font les corps des jeunes animaux fains & point chargés de graifle, foit que l’on les tire d’entre les quadrupedes ou les volatiles, foit d’entre les poiflons ou les infeétes, qui peuvent tous être préparés fimplement en les faifant cuire dans l’eau, ou en les rotiflant, ou, par l’art de la cuifine, en les affaifonnant de diffe- rentes mamieres, Gc. le lait &z les œufs font de ce genre. Les alimens végétaux, cruds , groffiers, pefans conviennent aux perfonnes d’une organifation for- te, robuite, comme aux payfans ; à ceux qui font accoutumés à des travaux rudes, tels que les la- boureurs, les foldats, les artifans groffers ; à ceux ui font d’un tempérament chaud; à tous ceux enfin qui font conftitués de maniere que la force des organes puifle aifément corriger la difpoftion des végétaux à la fermentation, en en arrêtant les progrès , & convertiflant en fucs de nature ani- male ceux des plantes &c des fruits, dont l’ufage, par la raifon des contraires , ne peut qu'être nui- fible aux perfonnes délicates, d’un tempérament froid , d’une conftitution foible ; à ceux qui s’exer- cent peu ou qui vivent dans l’inaëion : les ali- mens tirés du regne animal conviennent À ces per- fonnes-là ; parce que la difpoñtion qu'ont ces ali- mens à l’alkahnité, à la purréfaétion ; les rend de plusifacile digeftion, & qu'ils contiennent des fuës d'une nature déja fort analogue à celle des fluides du corps humain, en laquelle ils fe changent faci- lement. Mais cette même difpoñition eft la raifon pour laquelle 1ls ne font pas convenables à ceux dont on vient de dire que les végétaux doivent faire leur principale nourriture. En général, les acef- cens conviennent aux perfonnes d’un tempérament porté à l’alkalefcence ; & au contraire les alkale(- cens doivent être employés contre l’acefcence. Voyez RÉGIME. Les alimens fous forme fluide ou molle, comme le laitage , les crêmes de grains rôuis, les panades, les bouiilons, les jus de viande, les foupes con- viénnent préférablement à ‘ceux qut n'ont point de dents, qui ne peuvent: pas faire une bonne mafti- cation, comme les enfans, les vieillards ; mais ces mêmes alimens ne fufiient pas pour foutenir les forces des gens robuftes, & exercés par le tra val, qui ne peuvent pas s’en raflafñer. Voyez RE- GIME. Les alimens qui contiennent dans leur fübflance beaucoup de matiere flatueufe , élaftique, comme lés légumes & les grains farineux non fermentés; les fruits pulpeux cruds ; les matieres qui font fpé- cifiquement plus légeres que les fucs digeftifs fali- vaires, comme la graifle, l’huile; les corps durs, qui ne peuvent être que difficilement pénétrés de ces fucs, comme les fubftances offeufes, tendi- neufes , les ligamens, les peaux; les matieres vif queutes, gluantes, tenaces, comme les huitres, les angulles : tous ces différenis alimens font de très- difficile digeftion. 24 Quant au régime, on fe bornera ici à obferver, par rapport à ce qui vient d'être dit de la nature des alimens, que leur ufage doit être réglé confor- 255 NON mément à l’âge & au genre de vie de chacun en particulier. On apprend par expérience ce qui eft utile ou nuifible, dans la maniere dont on fe nour- rit. C’éft d’après cette connoiffance réfléchie, 4 ju- vantibus G ledentibus, que l’on peut devenir le médecin de foi-même, non pour s’adminiftrer con- venablement des remedes, mais pour fe garantir des maladies qui peuvent provenir du défaut de régime approprié. On peut juger que l'on n’a pris que la nourriture convenable, lorfqu’après le repas on ne fe fent point le corps appefanti; &t que l’on fe trouve au contraire agile, & relevé de l’abbatement que lon éprouve après un certain tems par la privation des alimens. La fobricté eft fans doute un des moyens qui contribuent le plus à conferver faine l'économie animale, & à prolonger la vie autant qu'il eff pof- fible, comme l’a très-bien établi le fameux vieil- lard Louis Cornaro, dans fa diflertation della vita fobria, Mais ilne s'enfuit pas qu'il convienne à tous les tempéramens de manger peu; ce qui eft excès pour lun ne l'eft pas l’autre. Un homme robufte qui fait beancoup d’exercice, & qui travaille beaucoup & confomme beaucoup de {a force, ne pent fe borner à une petite quan- tité d’alimens ;/1l faut que les réparations foient proportionnées aux déperditions , autrement il fe- roit bientôt exténué : les maux qui viennent d’ina- nition, font plus difhciles à guérir que ceux que produit la replétion. Le peuide nourriture ne convient qu'aux per- fonnes- d’une conftitution: foible, délicate; mais l'excès ne convient à perfonne. Sanétorius, 4pho- rifim. 54. libr. I. obferve trés-bien, que, qui mange plus qu'il ne faut, fe nourrit moins qu'il ne faut. Les gens riches, d’une vie fédentaire, qui em- ploient tout l’art imaginable pour s’exciter à Mman- ger au delà de lappéut, du befom naturel, ont.or- dinairement une vieillefle précoce; la-svariété &c les aflaifonnemens des différentes chofes deftinées à la nourriture, comme les ragoûts, font en géné- ral très-pernicieux à la fanté, par la difpofitioniqu'ils donnent à manger avec excès , autant que par la corruption qu'ils portent dans les humeurs : les alimens les plus fimpies font les meilleurs pour toute forte de rempéramens. Voyez RÉGIME, Au refte, pour tout ce qui regarde les alimens confidérés comme caufes de maladies, voyez ALI- MENT. | | La boiflon la plus naturelle eft celle qui eft com- mune à tous les animaux pour faire ceffer le fen- fiment du befoin qu'on appelle Joif, &c pour fournir la matiere d’un mélange de fluide aux ah- mens: folides, & celle du véhicule principal de la mafle des humeurs. Voyez Soir. C’eft l'eau douce, Ja plus légere, bien battue, fans odeur & fans goût, au degré de la chaleur aétuelle de l'air, qui eft le fluide Le plus propre à fatisfaire à ces différens ,be- foins : elle éroit regardée par les Grecs & les Ro- mainsy non-{eulement comme un moyen très-pro- pre à maintenir la fanté, à dépurer le lang, à forti- fier le corps, mais encore comme un remede pref- qu'univertel. Hérodote paroit attribuer la longue vie extraordinaire des Ethiopiens ( qu'il appelloit ar cette raifon macrobes ) principalement à l’ufage qu'ils faifoient d’une eau fi légere que le bois ne pouvoit fe foutenir fur fa furface. Fovez EAU. (Dire) L'eau eft donc bien préférable à toute boif- fon fpirirueufe, qui par {a qualité fumulante, échauf- favte, ne peur que difpofer aux maladies aiguës; aufh onne peut pas difconvenir qu'elle doit nuire dans 1ous les cas où une boiflon cordiale eft né- ceflaite: néceffité qui n’a jamais lieu dans la bonne fanté: mais par l'habitude que l’on a contratiée dès l'enfance, de faire ufage des liqueurs fermen- tées, les humeurs prennent une certaine énergie, fans laquelle les folides ne feroient pas fufifam- ment-excités à faire leurs fonctions. C’eft un ai- guillon, qui devient néceflaire à l’économie ani- male pour mettre fufifamment en jeu la faculté qui paroît être le principe de toutes les aétions du corps (lirritabilité), voyez IRRITABILITÉ. Mais lorique la partie fpiritueufe qui forme cet aiguil- lon , eft trop dominante daps la boïffon de liqueur fermentée, ou qu’elle eft prife en plus grande quantité qu’à l'ordinaire , elle fait d’abord naitre plus de gaieté ; elle rend l’efprit plus vif, & dif- pofe à exprimer mieux & avec plus de facilité, les idées qwelle réveille , lorfque les effets de la boiflon ne font pas plus forts ; 1l eft bon, felon le confeil de Celle, de s’y livrer quelqufois à ce point - là. Mais fi l'excès eft plus confidérable , les idées fe troublent, le délire fuit ; le corps devenn chance- lant fur fes membres , peut à peine fe foutenir , & l'abattement général des forces qui s’enfuit eft or- dinairement fuivi du fommeil le plus profond , quel- quefois avec danger qu’il ne fe change en apoplexie, & de laïffer quelque partie affetée de paralyfie ; où à la longue , lorfque Fon retombe fouvent en cet état, de diffoudre le fang &t de difpofer à la cache- xie , à l'hydropifie , & à une fin prématurée, Voyez Vin, Diete, ÎVRESSE , maladie, Cependant il faut obferver , par rapport à la boiffon en général , qu'il eft plus nuifible à l'écono- mie animale de boire trop peu que de boire avec excès, fur-tout pour ceux qui ont le ventre paref- feux, parce que c’eft la boiflon qui, comme on vient de le dire , fournit la plus grande partie du diffol- vant des alimens dans l’ouvrage de la digeftion ; qui conftitue le principal véhicule des humeurs pour la circulation , les fécrétions & les excrérions : c’eft pourquoi il eft fi important que la matiere de la boiffon ne foit pas de nature à nuire aifément par fa quantité. Ainfi, l’ufage de l’eau pure on des liqueurs fer- mentées bien trempées, c’eft-à-dire mêlées avec en- viron les deux tiers d’eau, furtout en été, eft la boiflon la plus convenable , qu'il vaut mieux répé- ter fouvent dans le cours d’un repas, en petite quan- tité à-la-fois , felon que le pratiquoit Socrate, que de boire à grands coups. Il faut arrofer les alimens dans l’eftomac à mefure que lon mange, mais ne pas les inonder. La boiflon doit être moins abon- dante en hiver , & l’on peut alors boire fon vin moins trempé , & même en boire de pur lorfqu'il eff bon, mais à petite dofe.C’eftà tort que l’on le recom- mande ainf aux vieillards , quoique dans l’hiver de la vie ; ils n’ont pas befoin d’ajouter aux caufes qui tendent continuellement à les deflécher de plus em plus: ainfi le vin trempé leur eft toujours plus con- venable. On doit dans tous les tems de la vie éviter de boire hors des repas, fur-tout des liqueurs fermen- tées, pour ne pas troubler la digeftion, & ne pas l’expofer aux pernicieux effets de livrefle, que l'on éprouve bien plus facilement lorfqu'on boit fans manger. E Les liqueurs fortes., c’eft-à-dire toutes,celles qui font principalement compofées d’efprit-de-vin, doi vent être regardées comme dedélicieux poifons pour ceux qui en font un grand ufage : il eft rare de voir que quelqu'un qui s’eft habitué dans fa jeunefle à cette boïflon & qui en continue l’ufage , pañle l’âge de cinquante ans. ” III, Du mouvement 6 du repos, Les effets du mou vêment ; c’eft-à-dire de lexercice du corps, du tra- vail, & ceux du repos, relativement à la fanté & aux maladies qui dépendent de la maniere reglée ou exceflive en plus ou en moins avec laquelle on s’y hvre, ont été fufifamment expliqués aux articles qui y ont rapport. Voyez EXERCICE, MOUVEMENT, Travaiz , REPOS, OusiveTÉ , HYGIENE, Ré- GIME, | Il fufñira de dire ici que la vraie mefure de l’exer- cice que l’on doit faire pour le bien de la fanté , eft de s’y livrer affez pour qu’il ne fe faffe point d’amas dans le corps, d’humeurscrues mal travaillées ; & non pas trop, au point qu'il fe fafle une diffipation de celles qui font bien préparées à remplir ieur def- ünation dans l’économie animale. Lorfque le corps acquiert plus de poids que de coutume, c'eft une marque qu'il n’eft pas affez exer- cé, qu'il eft trop livré au repos ; lorfque le corps de- vient plus leger qu’à l'ordinaire, c’eft une preuve qu'il fe faittrop de déperdition , que l’exercice ou le travailla été trop fort, &.que le repos eft né- ceffaire. On eft affuré d’avoir trouvé la proportion que l’on doit mettre entre la quantité des alimens que l’on prend & celle de exercice du travail, lorf- que le corps conferve à-peu-près le même poids pendant plufeurs années de fuite. Ceux qui font accoutumés dès l’enfance à des travaux rudes, comme ceux de la terre , qui les ren- dent expofés à toutes les injures de l'air & à toutes les viciffitudes , ont une vieilleffe précoce ; ils font dans un état de décrépitude dès l’âge de foixante ans : par la raifon du contraire , les gens de lettres, & tous ceux qui menent une vie {édentaire , de- vroient , ce femble, avoir plus de droit à une lon- gue vie; mais il eft cependant vrai qu'ils parvien- nent aufh très-rarement à un âge avancé , parce que le trop peu , comme le trop de difipation, nuit éva- lement à l’économie animale , par la plénitude & les crudités dans le dermer cas, par l’épuifement & le defféchement dans le premier. Voyez VIEILLESSE. IV. De la veille & du fommeil. Pour ce quiregarde les effets du fommeil & de la veille, en tant que lufage reglé, l'excès on le défaut en ce genre in- flue effentiellement fur la fanté, pour la conferver ou pour lui nuire ; il doit en être traité fuffifamment aux articles refpeétifs. Voyez VEILLE, SOMMEIL. On fe bornera à rappeller ici que le vrai tems où lon doit faire cefler la veille & fe livrer au fommeil, eft lorfque dans l’état de fanté & fans une fatigue extraordinaire , on fe fent le corps engourdi, les membres pefans, la tête lourde, ce qui arrive ordi- nairement deux heures après le repas du foir fait, environ la fin du jour, pendant lequel on s’eft fufh- famment exercé. La mefure de la durée convenable du fommeil eft que lorfqu’on s’éveille on fe fente le corps difpos, agile, & l’efprit libre : le fommeil trop continué rend la tête pelante , caufe un fenti- ment de malaife dans tout le corps, procure des inquiétudes par le défaut d’exercice des organes du _ mouvement, dont le retour devient néceffaire pour - favonifer la circulation du fang , le cours des hu- meurs, les fécrétions & les excrétions ; ce qui rend indifpenfable pour Le bien de la fanté , la veille d'une certaine durée réglée de telle forte , que la ceffation pour le fommeil ne foit pas en général de plus de fept à huit heures pour les adultes ; les enfans en exigent davantage. Mais la veille ne peut être que très-nuifble lorf- qu'elle eft employée à entretenir le corps trop long- tems en ation ({ur-tout pendant la nuit, qui eft le tems que la nature a deftiné au repos du corps & de Pefprit ), & qu’elle procure par - là une trop _grande diffipation des efprits & des bonnes humeurs, Loit pour le travail ou pour l'étude, ce qui jette dans NON 223 l'abattement &c la foiblefe : à quoi on ne peut remé- dier que par le repos 8e le fommeil , qui font toujours trés-favorables à la diseftion & au rétabliflement des forces , lorfqu'ils font placés convenablement , & que l’on ne s’y livre pas trop, fur-tout par Pha- bitude. Enforte que pour qu’ils ne foient pas contrai- res à la fanté , & qu'ils [ui foient véritablement utiles , ils doivent être proportionnés à l'exercice & au travail de la veille qui a précédé : d’oh il fuit que lesregles concernant le mouvement & le repos, con- viennent également à ce qui regarde la veille & le fommeil. V. De ce qui doit étre retenu dans le corns, € de ce qui doit en étre porté dehors, L’homme adulte en bonne fanté, qui tient fon corps & fon efprit en aétion d’une maniere convenable & fufifante , prend cha- que jour environ huit livres d’alimens ou de boïffon, fans qu'il lui en refte aucune augmentation de poids après que la digeftion eft faite , & que la digeftion des humeurs, les fécrétions & les excrétions font achevées ; 1l s'enfuit donc qu’il fe fait dans lécono- mie animale faine une jufte proportion entre la ma- tiere de la nourriture que lon prend & celle des ex- crémens que l’on rend : enforte que la fanté fe dé- range inévitablement toutes les fois que la quantité des humeurs formées 87 retenues dans les différens vaifleaux du corps , excede celle des déperdirions qui doivent fe faire naturellement , ou que la difi- pation qui sen fait eft plus confidérable que leur en- tretien, La confervation de [a fanté exige qu'il fe fafle une féparation, une excrétion de tout ce qui eft inutile & fuperflu dans le corps ; elles fe font par la voie des felles, des urines, de la tranfpiration , & par l’ex- pulfion de la mucofñté des narines, de la gorge , des crachats , &c. Une des plus importantes de ces évacuations; eft celle de la partie groffiere des alimens , qui n’eft pas fufceptible d’être digérée, & n’eft pas propre à prendre la nature des humeurs utiles à l’écono- mie arumale ; il eft très-néceffaire que cette partie fécale , difpofée à contraéter de mauvaifes qualités par fon fejour dans le corps , n’y foit point retenue aflez pour y donner lieu, & foit convenablement évacuée avec les parties excrémenticielles des hu- meurs qui s’y trouvent mêlées : c’eft pourquoi il eft très-avantaseux , d’après l’obfervation faite à cet égard , que le ventre fe vuide de ces matieres une fois par jour , pour éviter les mauvais effets qui s’en fuivent lorfqu’elles font retenues trop long-tems. Voyez CONSTIPATION. Cependant le ventre parefleux , à l'égard d’une perfonne de bonne fanté, eft une marque de tempé- rament robülte : les perfonnes délicates au contraire ont naturellement le ventre libre ; les alimens hu- mides végétaux, la boiffon abondante, favorifent cette difpofition , ainfi que l’ufage des lavemens fim- ples ; elle contribue beaucoup à procurer un teint frais ; mais fi elle eft exceflive, elle affoiblit beau- coup. [Il faut pour la corriger éviter l’ufage des ali- mens ftimulans , âcres , fermentefcibles, & ceux qui font huileux & trop gras. Voyez; DÉTECcTIOoN 6 DiARRHÉE. | Pour ce qui regarde les autres évacuations des matieres excrémenticielles ,voyezEXCRÉMENT, SE- CRÉTION , URINE, TRANSPIRATION , MORVE, MUCOSITÉ , NARINES , CRACHATS , Gr. Il y à aufli des humeurs qui, quoiqu’elles ne foient pas excrémenticielles de leur nature,ne laïffent pas de devenir nuifibles lorfqw’elles font retenues en trop grande quantité , abfolue ou refpetive , comme le fang à l'égard des menftrues, des lochies, des hémorrhoides , &7 de toutes les hémorrhagies natu- telles ou critiques , la femence & le lait, dont l’éva- 222% cuationcftutile & même nééeflaire dans les circonf tances qui. lexigent, mais dort la trop grande-perte eft auf très-délavantageute à [a fanté, &e peutocca: | fonner de-grandes maladies; la falive dans l'état de fanté n’abonde jamais afÎlez pour devoir être jettée., çonime la matiere des crachats ,qui ne peut jantais être qu'une pituite où une mucolité véritablement excrémenticiellé. Voyez LAIT, SEMENCE , SALIVE. La confervation de la fanté exige abfolument que lon ne fafle point ufage , pour quelque raifon que ce doit; de remedes, de médicamens , fur-tout de ceux qui font propres à procurer des évacuations extraordinaires, tant que toutes les fonétions fe font convénablement & fans aucune apparence de fura- bondance d’humeurs qui indique le befoin de recou- rit aux fecours de l’art pour aider la nature ou fup- pléer à fon défaut : rien n'eft plus contraireà la fanté que d'abus en ce genre; on né doit faire ufage-de remedes que dans Îles cas où l’on a véritablement befoin du -confeil du médecin. #oyez REMEDES, MÉDICAMENS, HYGIENE. Rp” 7 VI. Des affétions. de l'ame. L'expérience & l’ob- férvation de tous les tems, apprennent que tous les hommes ‘affeétés de quelque paflion de: lame qui affeûte fortement , violeriment ,épronvent un changement confdérable dans l’aétion des organes vitaux ; que le mouvement du cœur, le pouls!, a refpiration en font augmentés ou diminués d’une mamere très-fenfble ; refpeGivement à l’état natu= rel, avec des variétés , des inégalités que l’on ne peut déterminer ; que la tranfpitation, felon Sanéto- rius ain que les autres excrétions ; en font auffi plüs où moins altérées ; que l’appétit 8z les forces en font fouvent diminués, &c. Ainf la tranquillité conftante de l'ame, l'éloignement de toute ambi- tion , de toute aficttion,, de toute averfion dominan- te ,contribue beaucoup aumaintien de la fanté ; & lui eft efflentiellément néceffaire, Il n’eft pas moins important à cet égard d'éviter toute application à l’étude trop forte, trop continuée, toute contention d’efprit de longue durée, parce qu'il en réfulte une trop grande difipation du fluide nerveux, outre qu’il eft auf détourné par-là des organes de la digeftion & de l'élaboration des humeurs, auxquels 1l eft fi néceflaire que la diftribution s’en fafle ,\conformé- ment aux befoins de l’économie animale : enforte que cette diffipation ou cette diverfon font fuivies inévitablement de la diminution , de l’épuifement : À 3 des forces, &r de l’affoibliffement du tempérament, & de tous les effets que de femblables léfions peu- vent produire. Voyez DÉBILITÉ. | Mais de ce que les paflions peuvent nuire à la fanté ; on n’en doit pas conclure qu'il faille les dé- truire entierement , pOur n'en recevoir aucune im- preffion: d’abord c’eit la chofe impoffble ( voyez Passion, Morale ) ; d’ailleürs en fappofant que cela fe püt , ce feroit détruire des modifications de no- tre être qui peuvent lui procurer des avantages. En eftet,, les affections vives de lame ; lorfqu’elles font apréables où qu'elles ne caufent pas de trop fortes émotions , les exercices de lefprit reglés par la mo- dération., font très-utiles , 8 même néceffaires à | l’homme, pour que la vie ne lui foit pas ennuyeule, & qu'il y foit attaché par quelque intérêt qui la lui rende agréable , ou au moins en remplie l’efpace: autrement elle feroit, pour ainf dire, fans feu & fans fel ; èlle n’auroit rien qui pût animer & en faire fouhaiter la continuation. Lesdefrs,l’efpérance & les plaifirs , auxquels on ne fe livre qu'avec mo- dération (.& avec l’attention, felon le confeil du chancelier Bacon , de ne {e procurer jamais une fa- tisfeéion complette , & de fe tenir toujours un peu en haleine pour tendre à la poflefion des biens que l’on’ peut ambitionner, qu quels qu’ils foient ne font NON jamais aufi agréables par lajouiflance que par l’at: tente un peufondée ),fontles feules affections de lame qui ne troublent pas Pécononne animale, 85 qui peuvent au contraire contribuer autant à entre- tenir la vie faine , qu’à la rendre chere & précreufe. Voyezles confeils adnmrables de Seneque à ce fujet ( de tranquillitate anümi s\cap: xv.) , que les bornes de cer ouvrage ne permettent pas de rapporter dans cetrarticle , déja peut-être trop long. 1 Conclufion. Mais telle. eft la trifte condition da genre humain , que la difpofition néceflaite! pour rendre [a fanté parfaite autant qu'il foitpofble., qui eft une très-grande mobilité dans les organes, ne peut pas Ctre long-tems-exercéefans fe détruire elle- même. Ainf, quelque foin que l’on prenne pour nè | faire que le meilleur ufagedes chofes r07 rarurelles &t pour écarter toutes les affeétions Contre nature qu peuvent réfulter de leurs mauvaifes influences, il refte démontré qu'il eft très-difficile de conferver une bonne fanté , &: de fe préferver de maladie pen dant une longue vie. Foyez SANTÉ, Vie , Virr£- LESSE,; MALADIE. . Il faut encore obferver en finiffant ; que comme les chofes 207-natnrelles ne peuvent être regardées comme falutaires ou nuifbles que relativement à leurs effets dans l’économie animale, cette influencé eft différente felon la différence de l’âge, dufexe , | du tempérament des individus ; felon la différente faïifon de l’année , la différente température &r dif: férent climat, & fur-tout felon les différentes habi- tudes que l’on a contraétées : enforte que ce qui peut être avantageux aux uns, peut être nuifible à d’au- tres, êc qu'il ne convient pas par conféquent de f- xer une regle générale par rapport à la façon de vi- | vre, tant morale que phyfique. [l ne peut y en avoir qui convienne également à toutes fortes de perfon- nes, dans les difiérentes circonftances qui viennent d'êtres établies : on 6bferve même fouvent que ce qui convient dans un tems à quelqu'un, ne lui con- vient pas dans un autre qui paroït peu différent. Le ormnibus fere , minus valent precepta, quam experimenta dit avec raïfon Quintilien. Ainf, c'eft à l’expérience qui apprend à connoï- tre ce qui eft utile & ce qui eft nuifible, & au rai= fonnement que l’on peut faire en conféquencé , qu'il appartient de déterminer, & même feulement Par approximation , relativement aux différences génériques des individus &z des circonftanées , les conditions qui indiquent le bon ou le mauvais ufage des chofes 20n- naturelles, Voyez RéGime. Le bon fens éclairé des lumieres de la Phyfique , peut bien, fervir pour faire connoître ces conditions à ceux qui veulent faire une étude de ce qui intérefle la confer- vation de la fanté ; mais comme cette étude fair rarement de bons médecins de foi:même en ce gen- re , 1left toujours plus für, pour les perfonnes qui veulent où qui doivent par état régler tout ce qui a rapport à leur fanté & à la prolongation de leur vie, d’avoir recours aux confeils de ceux quife dévouent fpécialement à acquérir les connoiffances neceflaires à cetépard, & qui jouiffent de la réputation bien fondée ae les pofléder : ce qui n’eft pas commun, parce qu'elles exigent qu'ils foient fur-tout bien ver- és dans la Chimie, pour être en état de donner des. préceptes de fanté, plus falutaires & plus fûrs que les autres. Voyez; MEDECINE, MEDECIN, CHIMIE, CHIMISTE. | NONNE, [. f. ( Æijé. eccl, ) mot qui fignifoit au- trefois une religienfe, & qui Le fignifie encore aujour: d’'hui, quoiqu'il ne foit plus du bel ufage & qu’on ne l’emploie plus dans le ftyle férieux. foyez ReLr- GIEUX 6 PROFÈS. Ce mot vient de zona, nonnana, où ronnanis , tous mots latins qui fignifioient d’abord des pénirens, & D NON ëz enfuite ont fignifié des religieux, Borel le fait ve. ir de zoo où roma, qui fignifie en italien grand- Pere Ou grand-mere, & il prétend qu’on äppliquoit par honneur le mot de zonn« aux religieufes , com- me celui de zorn0 aux religieux. | De-là eft venu auf en anglois le mot AUNTErY 5 mOnaftere de femmes. Voyez MoNasrTers. Hofpinien prétend que ce nom eft Originairement égyptien, & qu'il fignifie we vierge. Îl ajoute qu’en . cette langue on appelloit les moines ronnt , & les perfonnes du fexe confacrées à Dieu rorre. Ma: tout cela paroit avancé fans fondement. Ce qu'il y a de certain, c’eft que faint Jérôme emploie ce ter- me dans fa xx. épirre à Euftochius, pour défigner les veuves qui gardoient la continence. I//e interim que viduiratis praferunt libertatern , caflæ vocantur & NONNÆ. Bingham penfe que les Anplois ont tiré de- là leur mot nu, qui fignifie re religieufe, Bingham. Ori. ecclef. rom. LIT, lib, VIL, c, iv. $ &#. Hofpinian. de Monach. lib. I. cap. j. pas. 3. (G) NONNETTE® Voyez MÉSANGE- NONNETTE. NONNETTE BLANCHE, religieufe, mergus rheni Gefnero, oïfeau qui refflemble à la piette, & qui n’en differe qu'en ce qu'il eft un peu plus petit, & qu'il n'a pas de huppe, Ray prétend qu'on ne doit pas faire une efpece particuliere de la ronnette blanche, ê que c’eft le même oïfeau que la piette. Foyez PIETTE. Raü, Syrop. meth. aviur. Voyez OrsEau. NONOBSTANCES, £ £. (Jurifprud.) ce terme qui vient du latin, fignifie uné claufe fie dans les provifions de cour de Rome , & dans les refcrits qui commencent parces mots, 10%0b/flantibus , d'où l’on a fait zozobffances ; cette claufe fait ordinairement la troïfieme partie des provifions de cour de Rome, elle comprend l’abfolution des cenfures y les réhabi- Etañons & difpenfes nécefaires pour jouir du bé- néfice impétré , nonobftant les incapacités ou autres obflacles qu’on pourroit propofer à l’encontre ; ainfi Ces zonobfances font appofées en faveur des 1mpé- trans. Dans les refcrits la quatrieme claufe eft celle des zonobflances & dérogatoires. Ceux qui font infé- rieufs au pape ne peuventufer de la claufe de r07- obflance & de dérogatoire aux conftitutions canoni- ques , fice n’eft dans certaines difpenfes que les archevêques &c évêques peuvent donner. 7: oyez Dispense, NON-OUVRE , adj. serme de métier, il {e dit de matieres qui ne font point travaillées ni miles en œuvre, particulierement des métaux : de lacier Z0n-ouvré, du fer, du cuivre z07-ouvré. On appelle de la toile 202-ouvrée , du linge 707- ouvré, la toile & le linge Qui font unis, qui n'ont aucun Ouvrage ni fpure deflus. NON-PAIR. Voyez Imparr, . NON-VALEUR , £ m, ( Comm. ) dette non-exi- gible par Pinfolvabilité du débiteur. On appelle dans les finances z07-valeurs les deniers fur la perception defquels ou avoit compté, & dontonne peut faire I recouvrement, | NON-VUE, ff. ( Marine.) on exprime par ce terme la brume, lorfqu’elle eft fi épaifle qu'on ne peut rien découvrir au- delà du vaifleau , de forte “qu’on ne peut voir les terres quoiqu’on en foit fort pioche, ce qui occafionne quelquefois la perte du Vaifleau: alors on dit qu'il a péri par xor-vée. (R) _ , NOORDEN, { Géos.) ville d'Allemagne, au cer- cle de Weftphalie, à 2 milles d'Embden ; Balthafar de Sens la ravagea en 1 531. Long. 24: 40, lur. 53. 3% Eyban-Hulderic , jurifconfulte , né À Noorden , & moften 1690, âgé de 7oans, a mis aujour, en latin, des ouvrages eftimés {ur les Inflitutes de Juffinien , le Droit public & féodal, & le droit des patticu- Tome XI, A à A Pie rt Eu D TT Du ML UT AL LL UE SN ‘après qu'on les a levées de deflus le métier. NOM à: liers : ils ont été recueillis & imprimés à Strasbourg €n 1708. &n. fol. ( D, J.) | NOPAGE, {, m. serme de manufr@ure, On appellé le zopage d'une piece de drap, ou de quelque autre étoffe de lainerie, de la façon qu’on ler donne, en leur arrachant les nœuds avec de petites pinces, Ain ju roper eft la même chofe qu’érozer ; & l’ouvriere qui nope où énoue les piéces de lainerie au fortr di métier, s'appelle nopenfe & énoneufe. CR) NOPAL, £. m. ( Bo. exozig. ) plante du Mexiques fur laquelle s’élevent les cochenilles lauvages & cul- tivées, Les Indiens nomment cette planre zopalli, 8 je crois que pour éviter l'erreur, nous devons lui conférver le nom de z0palen françois, & abropget les noms équivoques de fisuier d'Inde , de raquette, dé cardafñle, & autres femblables. M. Haus-Sioane, dans fa magnifique hiftoire de la Jamaique , appelle le zopal en botanifte, opuntia maxima , Jolio cblon. 20 , Toturdo , majore, fpirulis ObtufIs, mollibus, € innocentibus obfito flore, Jériis rubris vartegato. C’eft le suna mitior, Jiore fanguineo, cochenillifers, de Dillenius, horé € chamenfis tab. ccxcvij. fr 383. Gt le zopal nochezcti d'Hernandez > HF. Méxie. pag, 76. Les ropals du Mexique font des plantes dont là ftruéture eft bien différente de celle des nôttes, Ils ont plufeurs branches ou tiges, mais chaque brans che w’elt qu'une file de feuilles mifes bout-à-bout ; comme font les grains de chapelets, Chaque feuille eff plate, à contour oval : elle tire fon Origine de celle qui la précede ; elle y tient par fon bout infés rieur, à du bout fupérieur par la fenille qui la faits C'eft apparemment la figure de ces fenilles qui a fait donner le nom de raquette à la plante ; Car chas que feuille eft une palette épaifle, Le nopal qui nourrit la fine cochenille ef une forte d’arbrifieau, qu’on cultive foïigneufement & uniquement au Mexique. I porte des côtes Où feuil- les nommées pencas , de figure ovale, d'un verd pâle, pleines de fuc, longues chacune de RO À 12 pouces, larses de ÿ ou 6, paies, environnées de quelques piquans mols ëe foibles : voilà tout ce qu'on fait de vrai fur la defcription de cette plante, ét quandije n’ajoute rien de fon fruit, de {a fleur, de fa graine, c’eft manque de guide, & de peur de tomber dans l’erreur. Si les perfonnes qui Ont pris des informations aw Mexique fur la nature de la cochenille avoient ew foin de demander en même tems une defcription complette de la plante, nous faurions à quoi nous en tenit , entre les defcriptions des Botaniftes & des voyageurs, qui fe contredifent les uns les autres. M. Hans Sloane eft le feul qui nous ait donné une figure de cette plante, à laquelle on puifle fe fier, mais 1l n’eft point entré dans les détails du fruit, de la fleur, & de la graine, : Il y a tant d’efpeces de tuna d'Amérique, que nous pouvons en Comparer lé nombre À celu: des fisuiers de nôtre Europe. Hernandez en décrit {ep£ dans une feule province du Mexique, Il eft atrivé de cette variété, que prefque tous les auteurs Ou voyageurs nous ont donné les unes on les autres efpeces de runa de leur Connoïflance, pour cellé qui nourrit la cochenille: ainfi, pat exemple, Pifon, LV, XIV, chep. kxxv. à cru fauflement que {on jarmaz cerz étoit le cochenilier. M.Geoffroy a été fembla- blément trompé, en penfant que lopuntia major ; validiffémis aculeis munira, de Tournefort > Înf. rez herb. 129. étoit Le zopal ; mais le P, Labat fur-tout., a fait ici aufint de bévues que de pas, 1°. en décri- vant & repréfentant le poirier piquant pour Jarbre qui noufrit la cochenille; 5°, en difant que la co- chenille fe trouve dans toutes les îles OÙ 11 y a des 226 NOR acacias ; 3°. enfin dans fa defcription de linfeéte qu’il n’a jamais vi, ni mort ni vis. (D. 7) _ NOQUET,, f. m. serme de Plombier, petite bande de plomb quarrée, qu'on place pour l'ordinaire dans les angles enfoncés de couverture d’ardoife ; ce font des efpeces de noûes : le zoguer eft plié & attaché aux jouées des lucarnes & fur le latis. NORA , ( Géog. anc. ),ville de l'ile de Sardaigne, fur la côte méridionale felon Ptolomée, 4v. di. chap. iÿ. Léandre en nomme aujourd’hui la place Calviri, : Nora étoit encore un lieu fottifié dans [a Phry- gie, dont parlent Diodore, Plutarque, Cornelius- Népos, & Sirabon: ce dernier place ce fort dans da Cappadoce. (D. J. NORBA , (Géog. anc. ) ville d'Itahe, dans le La- tium. Tite-Live, 4v, II. chap. xxxiv. lui donne le nom de Colonie romaine; il appelle le peuple Mor- Dani, & le territoire Norbanus ager. Norba s'appelle aujourd'hui Norma: on la trouve dans la campagne de Rome au fud de Segni. NORBA - CŒSAREA, (Géog, anc.) ancienne ville de la Luftanie. Pline, Zv. IV, chap. xxij. la nomme Morbenfis colonia Cœfariana : on croit que c’eft aujourd’hui Alcantara, où du-moins qu’A/can- sara auroit été bâtie dans fon voifinage & de fes ruines. NORCIA, o4 NORSIA , ox NURSIA , (Géog.) petite ville d'Italie, dans lOmbrie, au duché de ‘Spolete, autrefois épifcopale. Quoique fujette au pape, fon gouvernement eff en forme de républi- que. Elle élit quatre magiftrats qui ne doivent lavoir ni lire ni écrire. On voit qu'il ne tiendroit pas à cette bicoque de ramener la barbarie au fein de l'Italie. La fituation de Norcia eft entre des montagnes, à 8 lieues S. E. de Spolete, 11 lieues N.E. de Merzr. Long. 30.40. lat. 42.37. Saint Benoît naquit dans cette ville, ou dans fon territoire, vers l’an 480. Il eft bien connu pour avoir été l’infitureur d’un ordre de fon nom, qui s’eft répandu en peu de tems dans toute l'Europe, a acquis des richefles immenfes, & a donné de fa- vans hommes à l’Eglife. Il mourut au Mont- Caflin vers lan 543, après y avoir jetté les fondemens dun célebre monaftere. Voyez MONT-CASSIN. Mais Nurcia eft autrement fameufe dans l’hiftoire, pour avoir donné la naïflance à un des plus grands capitaines romains, à Quintus Sertorius. Après s'être diftingué dans le barreau pat fon éloquence, il accompagna Marius dans les Gaules , ët le fuivit à Rome; enfuite au retour de Sylla il porta la guere en Efpagne , & par fa valeur fe rendit maître d’une partie de ces grandes provinces, qui fervit depuis d’afyle & de retraite à ceux qui fe déclarerent en fa fiveur: il s'y foutiat contre Metellus, Le jeune Pompée , & tous'les autres généraux qu'on lui op- pofa. Sa haute réputation paila jufqu’en Afe. Mithri- date lui offrit des fommes confidérables pour fournir aux frais de la guerre, avec une flotte qui feroit à fes ordres, pourvû feulement qu'il lui permit de recouvrer {es provinces ; mais Sertorius rempli de fentimens héroiques, protefta qu’il n’entendroit ja- mais À aucun traité, qui blefleroit la gloire ou les intérêts de fa patrie. Ce grand homme, qui avoit ‘échappé à tous les périls de la guerre, périt peu de tems après, en 680, par la perfidie des Romains de fon parti. Parpenua l’aflaflina dans un feftin. Le nom de ce héros a fourni à Corneille fa belle tragé- die de Sertorius. (D. J,) NORICIENS, (Æifl. anc.) peuple de l’ancienne Germanie, qui occupoit les bords du Danube, & faifoit partie des Vindéliciens. Leur pays compre- noit l'Autriche, la Stirie, la Carinthie, le Tyrol, & la Bavicre, & une partie de la Franconie; les Ro- NOR- mains nommoient catte partie Moriewm ripeñfe, la . Pannonie & la Hongrie s’appelloient Noricum medih. LeTTATEUTE, NORD , ox NORS , ox NORTH, (Géogr.) mot que les Septentrionaux emploient pour fionifier La partie du ciel, & celle du globe de la terre, qui eft oppofée au midi, & qui fe trouve entre l'équateur où la ligne équinoxiale & le pole. Les anciens y remarquerent fept étoiles qu'ils nommerent Jepéere ‘#riones, c’eft de-là qu’eft venu à cette partie le nom de féprentrion , & celui de féprentrional à tout ce qui eft tourné de ce côté-là. C’eft la même conftella- tion que Les Aftronomes appellent /4 perire outfe, 8e le peuple 4 chariot de faint Jacques. Comme le pole doit être un point fixe dans le ciel, &c que cette conftellation tourne avec le ciel autour du pole, on peut conclure qu’elle n'eft pas précifément au point du pole. On choifit donc pour l’étoile du rord la derniere de la queue de la petite ourfe, parce qu’elle décrit le plus petit cercle, &eft par conféquent la plus voifine du pole, qui doit être un point immobile au centre du cercle qu'elle décrit. Ce centre eft le véritable nord. Le zord, moins pro= prement dit, eft cette conftellation que le peuple nommeszord ; & on appelle vers du nord le vent qui vient de ce côté-là ; le zord jufte 8 le midi jufte font diamétralement oppolés, & une ligne que l’on tiréroit de l’un à l’autre eft la méridienne. Voyez MÉRIDIEN. On appelle encore nord tout ce qui eft du côté du zord, depuis l’oueft jufqu’à left , c’eft-à-dire de- puis l'occident vrai juiqu’à lorient vrai; mais les navigateurs divifent ce demi-cercle en plufieurs parties ; premierement ils le divifent en quatre, en plaçant le zord-eft entre le mord &c l'eft; c'eft-à-dire entre le vrai feptentrion & lorient vrai; &r Le zord- oueft, entre le mord &c l'oueft, c’eft-à-dire entre lé même feptentrion & l’occident vrai. Ils fubdivifent encore les efpaces qui font entre l’oueft, le zord= oueft, le rerd, le nord-eft, & left. Quand les voyageurs, & le plus grand nombre des géographes après eux, difent qu’un lieu eft ax nord de l'autre, ils parlent rarement avec aflez de précifion ; ainfi il ne faut pas toujours l'entendre du vrai nord, mais du zord plus ou moins oriental ou occidental. (D. J.) Norp, VENT pU (Navigation. ) Le nord eft la plage du pole boréal, & le vent du nord eft celui qui fouffle de ce côté ; rord-efl, nom de la plage qui eft au milieu du ord & de left. Le vent qui foufile de cette plage porte le même nom; on l'appelle vul gairement ga/erne, & en latin aresa, peliores où borde peliotes. Nord-eff, quart à l’efl, plage qui décline de 33°, 45". du mord à left : les latins appellent ce vent 72e- faquilo, mefoboreas , fupernas. Nord-Nord-eft, plage qui décline de 22°, 30/. du nord à l’eft ; c’eft aufhi le nom du vent qui foufile de ce côté-là. . ; Nord-nord-ouefi, plage fituée à 22°, 30/. du zord à l’oueft ; le vent qui fouffle de cette plage porte le même nom, & en latin celui de circzus. Nord-oueff, nom de la plage qui eftentre le nord 8c l’oueft, & du vent qui fouffle de cette partie du monde ; onle nomme en latin #orolybicus. ILeft hu- mide & difpofe l’atmofphere à la pluie: M. Wolf a obfervé dans une diflertation fur l'hiver de 1709 , que ce vent donne le tems inconftant du mois d’A- vril. : ; Nord-oueft , quaré à l'ouefl. Onappelle ainfi la pla- ge & le vent qui décline de 33°, 45'. de l’oueft au nord. Ce vent eft connu des latins fous le nom de mefageftes ou mefocofius. Nord-quart, nord-eff. C’eft la plage qui décline de ET ET NOR 449, #57. du #ord à l’efl; on donne le même nom an | vent qui fouffle de cette plage , & qu'on nomme en latin hypaquito. NORD , COMMERCE DU (Commerce.) On appelle le commerce du nord, celui qui fe fait par les An- glois, les François, les Hollandoïs & autres nations, dans les parties les plus feptentrionales de la terre, comme la Norvege | Archangel , le Groenland, la Laponie, 6e. on y comprend aufli la mer Baltique. NORDELLES,, (Géog.) partie de la Suéde, qu’on nomme communément les provinces du nord, le Nordland, Elles renferment la Geftricie, l'Helfingie, la Medelpadie , PAngermanie , la Bothnie , la La- ponie fuédoife , le Jemptand & le Harudall. (2.7) NORDESTER,, v.neut. ( Marine.) fe dit de l’ai- guille aimantée, de la bouflole, loriqu’elle décline vers le nord-eft , au lieu de marquer direétement le nord. Voyez DÉCLINAISON DE LA BOUSSOLE. NORDEHAUSEN , (Géog.) ancienne ville impé:- riale d'Allemagne , dans le cercle de baffe-Saxe, fur le Hartz. Elle eft fous la proteétion de l'éleéteur de Sa- ze, & fuit la confeflion d’Ausbourg : elle a nn confeil fouverain , &c eft dans un pays fertile, à 10 lieues S- O. de Drefde. Long. 30.42. lat. 51.24. (D.J.) NORDLINGEN , ( Geog. ) ville libre êc impé- _ triale d'Allemagne dans la Suabe; elle eft commier- cante & profefle la relision luthérienne. Ferdinand HT, roi de Hongrie, la prit en 1634, & néanmoins il en ufa pénéreufement , en la laïflans jouir comme auparavant , du libre exercice de la religion, & de fes autres privilèges. Elle eft fur l’Aigre, à 16 lieues N. O, d’Ausbourg, 6 5. O. d'O&ing. Long. 27. 32. dar, 48! 56: (D.J) NORDOUESTER , v:n. (Marine. fe dit de l’ai- guille aimantée de la bouflole , lorfqu’elle décline vers le nord-oneft , au lieu de marquer direétement le nord. Voyez DÉCLINAISON DE LA Boussoze. Q) . NORDSTR AND on NOORSTRAND , (Géog.) Ile du royaume de Danemark, dans le duché de Slefwig , fur la côte occidentale , vis-à-vis les pré- fc@ures de Fleusbourg & de Hufum : elle a été affli- gée en différens tems par de funeftes inondations , qui l'ont peu-à - peu diminuée , & l'ont enfin fub- mergée en 1634, à quelques endroits près. Elle étoit peuplée d'environ huit nulle habitans, &c plus de fix mille perfonnes furent noyées dans ce défaftre. Long. 26. 40. lat, 64. 36. (D.J.) NORFOLCK , (Géog.) province maritime d’An- gleterre ; au diocèfe de Norwich , avec titre de du- ché. On lui donne 140 milles de tour, & environ ün million cent quarante-huit mille arpens ; elle eff bornée au N. & à l’E. par l'Océan germanique. Son terroir eft fort varié. Vers la mer c’eft un pays plat qui abonde en blé. Ses bois nourriffent beaucoup de bétail, & fes bruieres une infimité de moutons. Ses principales rivieres {ont l’'Ouze , le Waveney, la Yare & Thyru. Son commerce confifte en blé, laine , miel & fafran, dont le meilleur croît auprès de Walfingham. Il s’y trouve quantité de manufa- étures de différentes étoffes de laine. Ses côtes abon- dent en harengs. Norwich en eft la capitale. Entre les autres villes à marché, on compte principale- ment Lyn, Yarmouth, Thetford, Caftle, Rifing, Ec. Il faut dire ici, que Wa/ron Briand, évêque de Chefter, étoit de la province de Norfolck, il mourut en 1661 ; mais ils’eft rendu célebre pendant fa vie, par fon édition de la bible Polyglotte, e’eft-à-dire, en plufieurs langues , qu’on appelle la po/yglorte d'Angleterre. Il a mis à la tête de cette bible , des prolegomenes qui font beaucoup plus favans , plus érendus & plus exaëts que ceux qui avoient paru juiqu’alors, Ces prolésomenes ont été imprimés {e- Tome XI. - N OR 227 parément à Zurich en 1673. La difléftatiôn latine de M: Walton fur les langues orientales, & fur l'an- tiquité) l'autorité & l’ufagé , tant des textes que des verfions qui le trouvent dans les polyglottes d’Ef- pagne:, de France & d’Anpleterre , efl un morceau précieux. Enfin ,'on remarque dans l'édition de là polyeloite du digne évêque de Chefter, Bbéacoup de critique, dé jugement, de fcience & de modéra- tion. ! 213 H'harton ( Henri) naquit auf dans cette provine ce. Ses principaux Ouvrages font un traité fur le célibat du clergé ; remarques fur l’hiftoire de la ré: formation de Burnét, en anglois. Arglia facra , hifi tonte epifcoporum londinenfium.- Appéndix ad hifioriam Lserariam, Guilielmi Cave & autres. On lui doit encore une bonne édition d'Ufferius ; il mourut à Londres en 1694. (D. J.) | NORIMON, (AE. mod.) c’eft le nom qu'on don- ne an Japon à une efpece de chaife à porteur, dont les habitans du pays fe fervent dans leur voyage. C'eft une icaiffe quarrée, oblongue, affez grande pour qu'une perfonne puifle y être affife & même couchée ; elle efl fermée par un treillis de cannes entrelacées , 8 quelquefois vernies. Il y 4 de cha- que côté une petite porte brifée, & communément une fenêtre par-devant & par-derriere. Cette chaïfe eft portée fur des brancards par deux, quatre où huit hommes , fuivant la qualité des perfonnes. NORIQUE , (Géog. anc.) en latin Norictm, gran: de contrée, fituée entre le Danube &c les Alpes. Le Danube qui la féparoit de l’ancienne Germanie, s’y trouva depuis entierement enclavé : fes bornes étoient oripinairement le Danube du côté du nord ; le mont Cetius à lorient,les Alpes Noriques au midi, l’Jnn à l'occident. Il ne paroït pas qu'il ait été fait aucune divifion du Norique avant Pempire de Conftantin. Jüfques-là il avoit éré compris fous une feule contrée , qui fut prémierement Le royaume Norique, & enfuite le pays ou la province Nor:que. | Lorfque le Norique eût fécoué le joug des Romains, fes limites furent tantôt plus étendues, tantôr plus refferrées : les Boïariens s’emparerent d’une partie du Norique ; ce ne fut qu’aflez tard que ce paÿs re- couvra fes premieres bornes , s’étendit jufques dans la Pannomie , & fe trouva comprendre une grande partie de l’Autriche,, de la Baviere, l’archevêché de Saltzhourg , avec la Styrie & la Carintlie. Augufte ayant conquis Le Norigue, le réduifit en province romaine: dans la fuite des tems, les Goths s’en emparerent. Après leur départ, ce pays fut ex- pofé aux incurfons de diverfes peuples. Les Suè- ves , les Rugiens , les Hérules, &c. y partagerent fuccefñivement les dépouilles des Romains. Odoa- cre, roi des Hérules , ayant chaflé les Rupgiens , ré- gnd quelque tems dans le Norique ; mais vaincu à fon tour par Théodoric, roi des Oftrosoths ,lil fut contraint de lui céder une partie du pays, dont il fut dédommagé par une portion de l'Italie & de la Rhétie. On croit que ce fut lui qui appella dans le Norique les Boïariens, qui avoient déja pénétré dans la Vindélicie. , De tout tems cette contrée a été célébre par fes excellentes mines de fer. Horace dit par cette raï= fon , zoricus cufis : on lit aufli fouvent dans les mé- dailles zoricum ferrum. Enfin, S. Severin fut le pre- | mier apôtre du Norique dans le cinquieme fieele. D. JT, ( NOLKOPINE ox NORKOEPING , ( Géog.) en lâtin moderne Norkopia , ville de Suède , dans l’O- ftrogothie , entre Sudercoéping & Nicoéping , fur le bord d’un grand étang , qui a fa décharge affez près de cette ville ; & dont les eaux vont fe rendre | dans le golfe Brawiken, Ffy 228 NOR Le mot de Norkoping veut dire, marché du nord, parce que cette ville eft fituée dans la partie fep- tentrionale de l’Offrogothies telle eft à 28 liéuessS. "O: de Stockholm. Long. 3 5.15. dur. 58,28.(24J.) . Banck(Latrent) néàNorkoping, &t mort en 1662, fut profefleur en Jurifptudence-à Francker , après fes voyages en plufieurs pays de, l'Europe: on re- | marque entre fes livres, celui de fa taxe.de la chan- -cellerie romaine , dont il donna une nouvelle édinion, ‘On fait que ce livre fut imprimé à Rome en 1514, -à Cologne en 1515, à Paris en aÿso & en 15453; à Francfort en 1612, à Boïs-le-Duc en 1664: enfin, “on ne fauroit croire combien de fois ce livre finguz lier a été imprimé depuis. L’inquifition d’'Efpagne &z de Rome l’ont condamné , en fuppofant que Les hérériques l’avoient corrompue. (D.J.) NORMAL, adj. (Géom.) une ligne zormale, en “Géometrie,.eft ce que l’on appelle autrement &c plus ordinairement une perpendiculaire, Voyez PERPENDI- "CULAIRE. NORMANDIE, (Géog.) belle. & grande provin- ce de France, avec titre de duche ; c’eft l’un de fes plus importans gouvérnémens généraux , par fa fi- tuation {ur la mer océane , dans le voifinage de PAn- gleterre au feptentrion, & dont elle n’eft féparée que.par le canal de la Manche. Elle eft bornée à l’o- rient, par la Picardie & l'ile de France ; au mxidi , par la Beaufle ,.le Perche & le Maine ; & au cour chant , par la Bretagne. Elle à environ 60 lieues du levant au couchant, depuis Aumale jufqu’à Valo- gne : {a largeur du midi au feptentrion, efl de tren- te lieues, depuis Verneuil-fur-lAure, juiqu’à la “ville d'Eu &c Tréport. Son circuit et d'environ 240 lieues , dont la plus grande partie eft en côtes de mer; mais particulierement le Cotantin qui avance dans la mer en maniere de péninfule. Ce pays du tems des empereurs Romains, faifoit partie de la Gaule celtique ou lyonnoife ; enfuite les Francs ayant conquis les Gaules, ce même pays fit partie du royaume de Neuftrie fous les rois Mé- rovingiens, fous les Carlovingiens : après le parta« ÿe fait entre les enfans de Louis le Débonnaire,cetie Pan Ra demeura à Charles le Chauve , roi de la rance occidentale; Charles le Simple fon petit-fils, fut obligé de la céder en propriété à Rollon, chef des Normands où Danois. Les fuccefleurs de ce Rollon furent fi puiflans, que Guillaume, duc de Normandie , defcendit en Angleterre & y fut cou- ronné roi. Enfin , Philippe Augufte fe rendit maitre de la Normandie l'an 1203 fur Jean Sans-terre , & la réunit à la couronne. Depuisice tems-là , quel- ques-uns des rois de France jufqu’à la fin du qua- torzieme fiecle , donnerent à leur fils-ainé le titre de duc de Normandie, jufqu’à ce que celui de Dau- phin ait prévalu. Cette province eft une des plus riches, des plus fertiles , &t des plus commerçantes du royaume ; elle eft auffi ceile qui donne le plus de revenu auroi. Il n’y croit prefque point de vin , mais on y fait beaucoup de cidre & de poiré. Elle eft arroiée de plufeurs rivieres , dontles principales font POrne, la Touque, la Rülle , l'Eure, la Dive &c la Seine. Les prairies & les pâturages en fent admirables ; la ner y eft très-poiffonneute , & le poiflon en ef ex- cellent. | Il fe fait beaucoup de fel blanc dans l’Avranchin, le Cotantin & le Beffin, dont on fale les beurres du pays. Il s’y trouve plufieurs mines de fer, & quel. ques-unes de cuivre ; les verreries y font en grand nombre ; fon principal commerce confifte en laines, draperies , toiles , pêche, &c. La Normandie comprend fous {a métropole de Rouen, fix évêchés ; l’on compte dans fes fept dio- céfes 60 abbayes, & 4269 paroïies. Les parries & NOR duchés de cette province qui fubfifient,, font Eux, Aumale:, Elbeuf & Harcourt. | Je n’entrerai point dans le gouvernement civil êc militaire de ce pays, encore moins dans les détails pärticüliers ;'on à fur tout cela, mne defeription Haf- torique & géographique en deux volumes i7-4°.avec figures-; je dirai feulement que c’eft la province du royaume qui a produit le plus de gens d’efprit &t de goût pour les Sciences. (2. NORMANDS, ( Æiff. mod.) peuples de la Scan- dinavie & des bords de la mer Baltique , qui rava- gerent la France & l'Angleterre pendant le neuvie- me fiecle. On les appelloit Normands, hommes du nord, fans diftinétion , comme nous difons encore en général les corfaires de Barbarie. Voici le récit de leurs incurfons d’après l'illufire auteur moderne de l’hiftoire générale : il me procure fans cefle des ta- bleaux intéreffans pour embellir l'Encyclopédie. Les Normands trop nombreux pour leur pays, n'ayant à cultiver que des terres ingrates, manquant de manufaétures, & privésdes arts, necherchoiïent qu’à fe répandre loin de leur patrie. Le brigandage &c la piraterie leur étoient néceflaires , comme le carnage aux bêtes féroces. Dès le quatrieme fiecle , ils fe nêlerent aux flots des autres barbares qui por- terent la défolation jufqu’à Rome & en Afrique. Charlemagne prévit avec douleur les defcentes que ces peuples feroient un jour, êt les ravages qu'ils exerceroient ; il fongea à les prévenir, Il ft conf- truire des vaifieaux qui refteroient toujours armés & équipés ; il forma à Boulogne un des principaux éta- bliflemens de fa marine, & il y releva l’ancien phare qui avoit été détruit par le tems : mais il mourut , & laiffa dans la perfonne de Louise Débonnaire un fucceffeur qui n’hérita pas de fonigénie ; 1l s’oceupa trop de la réforme de Péglife, peu du gouvernement de fon état, s’attira la haine des eccléfafhiques, & perdit l’eftime de fes fujets, À peine fut-1l monté fur le trône en 814, que les Normands commencerent leurs courfes. Les forêts dont leur pays étoit hériffé, leur fourmfloit aflez de bois pour conftruire leurs barques à deux voiles & à rames. Environ cent hommes tenoient dans ces bâtimens , avec leurs pro. viñons de biere , de bifcuit de mer , de fromage & de viande falée, Ils côtoyoient les terres , defcen- doient où ils ne trouvoient point de réfiftance , & retournoient chez.eux avec leur butin, qu'ils parta- geoient enfuite felon les lois du brigandage , ainfi qu'il fe pratique en Barbarie. Dès l’an 843, ils entrerent en France par lem- bouchure de la riviere de Seine, & mirent la valie de Rouen au pillage. Une autre flotte entra par la Loire, & dévafta tout jufqu’en Touraine ; ils em- menoient en efclavage les hommes, ils partageoient entr’eux les femmes & les filles, prenant juiqu’aux enfans pour les élever dans leur métier de pirates. Les beftiaux , les meubles , tout étoit emporte. Ils vendoient quelquefois furune côte ce qu'ils avoient pillé fur l’autre. Leurs premiers gains exciterent la cupidité de leurs compatriotes indigens. Les habi- tans des côtes germaniques & gauloifes fe joignirent à eux , ainfi que tant de renègats de Provence &c de Sicile ont fervi fur les vaifleaux d'Alger. En 844, ils couvrirent la mer de navires; on les vit defcendre prefqu’à-la-fois en Angleterre , en Fran- ce & en Efpagne. Il faut que le gouvernement des François & des Anglois fût moins bon que celui des Mahométans quiregnoient en Efpagne ; caril n’y ent nulle mefure prife par Les François.n1 par les Anglois pour empêcher ces irruptions ; mais en Efpagne les Arabes garderent leurs côtes , &c repouflerent enfin lesipirates. En 845 les Normands pillerent Hambourg, &c pé- nétrerent avant dans l'Allemagne, Ce n’étoit plus NOR alors un ramas de corfaires fans ordre: c’étoit unê flotte de 6oo bateaux qui portoit une armée formi- dable, Un roi de Danemark , nommé Eric, étoit à leurtête. Il gagna deux batailles avant que de fe rembarquer. Ce roi dés pirates, après être retourné chez lui avec les dépouilles allemandés , envoie en France un des chefs des corfaires , à qui les hifto- _ riens donnent lenom de Régnier. [l remonte la Seine avec 120 voiles, piile Rouen une feconde fois, & Vient juiqu'à Paris. Dans de pareilles invañons , quand fa foibleffe du gouvernement n’a pourvu à rien, la terreur du peuple augmente le péril, & le plus grand nombre fuit devant le plus peut. Les pari- liens qui fe défendirent dans d’autres tems avec tant de courage, ‘abandonnerent alors leur ville, & les Normands n'y trouverent que des maifons de bois qu'ils brülerent, Le malheureux roi Charles le Chau- ve, rétranché à Saint-Denis avec peu de troupes , au liéu de s’oppoler à ces barbares , acheta de ro file 500 marcs d'argent ( qui reviendroient à 525 mille livres de notre monnoïe, à solivres lemarc), la retraite qu'ils daignerent faire. On lit avec pitié dans nos auteurs, que plufieurs de ces barbares fu- rent punis de mort iubite pour avoir pillé Péglife de S-Gérmain-des Prez; niles peuples, ni leurs faints ne fe défendirent : maïs les vaincus fe donnent tou- jours la honteufe confolation de fuppofer des mira- tlés opérés contre leurs vainqueurs. Mais il eff vrai que lés'excès auxquels ils fe livrerent , leur caufe- rent la diflenterie & autres maladies conragieufes. Charles le Chauve en achetant ainfi la paix ne failoit que donner à ces pirates denouveaux moyens de faire la guerre, & s'ôter celui de la foutemir. Les Normands {e fervirent de cet argent pour aller afhé- ser Bourdéaux, qu'ils pillerent ; pour comble d’hu- mulation & d’horreut , un deiceñndant de Charlema- gne, Pépin roi d'Aquitaine, n’ayaut pû leur réfif 1er, s'unit avec eux , @ alors la France vers l’an8s8, fut entierement ravagée. En un mot, les Normands fortifiés de tout ce qui fe joignit à eux , défolerent l'Allemagne, la Flandre & l'Angleterre. Nous avons vu dans ces derniers tems des armées de cent mille hommes pouvoir à peine prendre denx villes après des viétoires fignalées ; tant l’art de fortifier les pla- ces, &r de préparer dés reffources a été perfe&tionné. Mais aloïs des barbares combattant d’autres barba- - res défunis , ne trouvoient après le premier fuccès prelque rien qui arrètât leurs courfes. Vaineus quel- quefois , ils réparoifoient avec de nouvelles forces. J'ai dit que les Normands défolerent l'Angleterre. On prétend qu’en 852, ils remonterent la Tamife avec trois cent voiles. Les Anploisne fe défendirent guere mieux que les Francs. Ils payerent , comme eux , leurs vainqueurs. Un roi nommé Ethelbert, fuivit le malheureux exemple de Charles le Chauve. IL donna de l’argent ; la même faute eut la même pu- mtion, Les pirates fe fervirent de ‘cet argent pour mieux fubjuguer le pays. Ils conquirent la moitié de l'Angleterre. Il falloit que les Anglois , nés coura- geux , & défendus par leur fituation , euffent dans ler gouvernement des vices bien eflentiels, puif- qu'ils furent toujours aflujettis par des peuples qui ne devoient pasaborderimpunément chez eux.Cequ’on raconte des horribles dévaftations qui défolerenr cette ile, furpañle encore ce qu’on vient de voir en . France. [l y à des tems où la terre entiere n’eft qu'un théâtre de carnage ; & ces tems font trop fréquens. Enfin Alfred monta fur le trône en 872, battit les Danois fut négocier comme combattre , & fe fit Téconnoître unanimement pour roi par les mêmes Danois qu'il avoit vaincus. Godefioi , roi de Danemark, à qui Charles le Gros ceda enfin une parue de la Hollande en 882, pénetra de la Hollande en Flandre ; les Normands E . NOR 22 pafferent de la Somme à la Loire fans réfiffance, & arriverent pareau &e par terre devant Paris en 885. Les parifiens qui pour lors s’attendoienr à l'irrup- tion des barbares, n’abandonnerent point la ville comme autrefois. Le comte de Paris , Odon ou Eu- des , que fa valeur eleva depuis fur le trône deFran- ce, mit dans la ville ün ordre qui anima les coura- ges, & quileur tint heu de tours & de rémparts. Si- gefroy chef des Normands, prefla le fiege avec une fureur opimidtre , mais non deffituce d’art, Les Mor- mands {e fervirent du bélier pour battre les murs : ils firent breche , 8 donnerent trois aflauts. Lés pa: rifiens les foutinrent avec un courage inébranlable, Ïs avoient à leur tête non-feulement le comte Eundes, mais encore leur évêque Goflin, qui chaque jour , après avoir donné la bénédiétion à {on peuple , fe mettoir fur la breche, le cafque en tête, un carquois fur le dos & une hache à la ceinture, 8 ayantplanté la croix fur le rempart , combartoit à fa vue. Ii pa- roir que cet évêque avoit dans la ville autant d’au- torité pour le moins que le comte Eudes , puifque ce fut à lui que Sigefroy s’étoit d’abord adreflé pour en- trér par {a permiflion dans Paris. Ce prélat mourut _de fes fatigues au milieu du fiege, laiflant une mé- moire refpeétable & chere; car s’il arma des mains que la rehision réfervoit feulement au miniftere de l'autel, 1l les arma pour cet autel même & pour fes citoyens , dans la caufe la plus jufte & pour la dé. fenfe la plus néceflaire, qui eft toujours au deflus des lois. Ses confreres ne s’étoient armés que dans des guerres civiles , & contre des chrétiens. Peut- être , ajoute M. de Voltare, f l’apothéoie eft dûe à quelques hommes, eût-1l mieux valu mettre dans le ciel ce prélat qui combartit & mourut pour fon pays, que tant d'hommes obfcurs dont la vertu, s'ils en ont eu, a ie pour le moins inutile au monde. Les Normands vinrent la ville afiégée une année & demie’, les parifiens éprouverent toutes les horreurs qu'entrainent dans un lonv fiese [a famirie & la con- tapion qui en font lés fuites, & ne furent point ébran- lés. Au bout de ce tems, l’empereur Charles le Gros, roi de France, parut enfin à leur fecours fur le mont de Mars, qu'on appelle aujourd’hui Morrmartre maïs 1l n’ofa point attaquer les Normands : ilne vint que pour acheter encore une treve honteufe, Ces barbares quitterent Paris pour aller afiéger Sens & pilier la Bourgogne , tandis que Charles alla dans layence aflembler ce parlement, qui li Ôta un trône dont il toit f peu digne. Les Normands dans leurs dévaftations ne force- rent perlonne à renoncer au Chriftianifme.lls étoient à-peu-près tels que les Francs, les Goths , les Alains, les Huns , les Hèrules qui, en cherchant au jv. fie- cle de nouvelles terres, loin d’impoferune religion aux Romains ,s’accommodoient aifément de la leur: ainfiles Turcs , en pillant l'empire des Califes, fe font foumis à la religion mahométane. Enfin Rollon ou Raoul , le plus illuftre de ces bri- gands du nord, apres avoir été chafé du Dane- mark, ayant raflemblé en Scandinavie tous ceux qui voulurent s'attacher à {a fortune, tenta de nou- vellés aventures , & fonda l’efpérance de {a oran- deur fur la foiblefe de l’Europe. 1 aborda d’abord en Anpleterre , où {es comparnotes étoient déja éta- blis ; mais après deux victoires inutiles , il tourna du côté de la France, que d’autres Normands avoient ruinée , mais qu'ils ne favoient pas affervir. Rollon fut le {eul de ces barbares qui cefa d’en mériter le som, en cherchant un érablifflement fixe. Maître de Rouen, au lieu de la détruire , il en fit relever les murailles & les tours. Rouen devint fa place d'armes ; de-là il voloit tantôr en Angleterre, tantôt en France, faifant. la guerre avec politique . . 230 NOR comme avec fureur. LaFrance étoit expirante fous le regne de Charles le Simple , roi denom, êt dont la monarchie éroit encore plus démembrée par des ducs, par les comtés & par les barons fes fujets:, ue parles Normands, Charles le Simple offrit en 912 à Rollon fa fille & des provinces. Rollon demanda d’abord la Normandie : & on fur trop heureux de la hu céder. Il demanda enfute la Bretagne : on difputa ; mais 1] fallut la ceder en- core, avec des claufes que le plus fort explique tou- e jours à fon avantage. Ainf la Bretagne, qui étoit tout-à-l'henre un royaume, de vint un fief de Neuf- trie; & la Neuflrie, qu’on s’accoutuma bien-tôt à nommer Normandie, du nom de fesufurpateurs, fut un ctatféparé, dont les ducs rendoient un vain hom- mage à la couronne de France. L’archevêque de Rouen n'eut pas de peine à per- fuader À Rollon de fe faire chrétien : ce prince em- brafa volontiers une religion qui affermifloit fa puif- fance. : Les véritables conquérans font ceux qui favent faire des lois. Leur puiffance eft fable ; les autres font des torrens qui paent. Rollon paifble , fut le feut légiflateur de fon tems dans le continent chré- tien. Onfaitavec quelle isflexibilité il rendit la juf- tice. (labolit le vol chez les Danois, qui n’avoient quiqu'alors vécuque de rapine, Loñg-tems après lui, fon nom prononcé étoit un ordre aux officiers de ‘uffice d’accourir pour réprimer la violence : & de- là, diron, ef venu cet üfage de la clameur de La- ro fi connue en Normandie. Le fang des Danois & des Francs mêlé enfemble, produifit enfuite dans ce pays ces héros qu’on vit conquérir l'Angleterre , Naples & Sicile. + Le leéteur curieux trouvera dans le recueil de la- cadémie éesbelles-Lettres, rome XV. & XVILin-4°, de plus grands détails fur lesincurfionsdes Normands en France, & ce qui ef plus important , fur les cau- fes de la facilité qu'ils rencontrerent à la ravager. (D.J.) NORRKA ,( Ai nar. Minéralogie. ) c’eft le nom que les Suédois donnent à une pierre compofée de mica , de quariz & de grenat, c’eft-à-dire de fchoerz, Cette pierre eft d’un gris plus ou moins foncé, & les grains de grenats ou de /choër/ qui entrent dans fa compofition, font plus on moins fenfibles à la vue; on en fait de meules pour les moulins. Il paroït que cette pierre cft une variété de celles à qui en françois on donne le nom générique de grarire. Voyez l’éflai d'une nouvelle Minéralogie publiée en fuédoisen 1730. Donreaw ou NORTGOW, ( Géog. ) contrée d'Allemagne , aujourd’hui nommée communément le haut-palatinat du Rhin, oule palatinat de Baviere, en allemand Oberfalrz. Le nom de Norsgaw ou Nors- gow n’eft plus d’ufage. NORTHAMPTON, { Géogr.) ville d’Anglerer- re, capitale du Northamptonshire , avec titre de comté. Elle fut brûlée en 1695 , mais on la rebäuit plus belle qu'auparavant. Elle eft prefqu'au centre de l’Angleterre , fur le Neu , à 45 milles N. O. de Londres. Long. 16. 40. lat. 52. 12. Parker ( Samuel) naquit dans cette ville en 1640, fut nommé évêque d'Oxford par le roi Jacques IT, &z mourut en 1686. C’étoit un rigide anglican qui portoit extrèmement haut l’autorité du Rte Ses ouvrages en général font pleins d'imagination & de plaifanteries peu convenables dans des matieres férieules. Dans un de fes difcours fur la croyance des Apôtres, quele regne de Jefus-Chrift feroit tem- porel, il s’exprime en ces termes : « S. Jean étoit » trop en faveur pour ne pasfe flatter de devenir au » moins premier fecrétaire d'état. Les femmes comp- » toient aufh de n'avoir pas peu de part au gouver- LEE NOR » nement, comme 1l paroît par la femme du vieux » Lébédée. Les uns fe p'opofoient de refter à la cour, » 7 les autres viloient aux intendances de province. » Celui-ci comptoit d’avoir la Judée , &c celui-là la » Galilée, après qu'Hérode & Pilate feroient dé- » PA leur charge ; &z le modefte de la troupe » bornoit apparemment fon ambition à devenir lord- » maire de Capernaum ». | Woolflon (Thomas ) né à Northampton en 1669, employa malheureufement fon favoir & fonefprit à attaquer les principes de la for. Il eft fameux par fes fix difcours fur les miracles de Jefus-Chrift , qu'il s'eft efforcé de détruire , en les faifant envifager comme de pures aliégories. La cour du banc du roi-le con- damna en 1729 , à l'amende de 25 livres fterling pour chaque difcours ; un an de prifon, & à donner cau- tion de fa bonne conduite à l’avenir : mais n'ayant point fatisfait à cette Sentence, &c ayant aucontrai- re mis au jour une défenfe de fes difcouts , étant en prifon , 1l y mourut en 1733 ; à 63 ans, du rhume épidémique qui courut cette année dans prefque toute FEurope. Les favans qui ont le mieux réfuté les ouvrages de Woolflon, {ont M. Gilfon , évêque de Londres ; M. Swaibrook , évêque de Lichfeld & de Covan- try ; M: Sherlock, évêque de Bangoo , & le doc- teur Wade. (D. J.) NORTHAMPTONSHIRE, (Géogr.) provirice maritime d'Angleterre, dans le diocèfe de Peter- boroug. Elle a 120 milles de tour, & contient environ 550 mille arpens. C’eft une des meilleures proyinces d'Angleterre, des plus peuplées & des plus fertiles. Elle abonde en blé & en bétail, Ses principales rivieres font l’Oufe, le Wéland & le Neu , qui ont toutes trois [eur fource dans ce comté. Norchampton en eft la capitale. Entre Les illuftres favans qu’a produits cette pro- vince, je ne dois pas oublier de nommer M, Freind, Wilkins & Wlhitby. . Freind (Jean) naquit en 1675, & fut tont enfem: ble habile médecin, écrivain poli, & homme d'état. Tous fes ouvrages ont été raflemblés à Londres en 1733, 22-folio. Il mourut dans ceite capitale "4 1728 » premier médecin de la reine d'Angleterre, à l’âge, de 53 ans, pour avoir pris une triple dofe d’hiera picra Galeni , impatient de la durée d’une fievre fimple qu'il voulut trop tôt guérir, n’ayant pas le tems d’être malade. Wihby (Daniel) naquit vers l'an 1638, & fut un fameux théologien de Péglife anglicane. Ses deux principaux ouvrages font des Commentaires Jur le nouveau Teflament, en à vol: ir-fol. & fon Examen des Variantes du do&eur Mill. IL mourut en 1726, à 88 ans. Wilkins (Jean) évèque de Chefter, naquit en 1614: Il époufa la fœur de Cromwel en 1656, & laïfa de {on mariage une fille qui devint la femme de Til- lotfon archevêque de Cantorbery, & l’un des plus dignes prélats du monde, M. Wilkins eft illuftre par les vertus, par fes talens pour la prédication, par fes lumieres en Théologie, & dans plufieurs parties des Mathématiques, C’eft chez lui que fe uinrent les premieres aflemblées de la fociété royale, Ses fermons ; fon traité de la providence & de la priere, fes deux hvres fur les devoirs & fur les principes de la religion naturelle, &c. fe réimpri- ment toujours. Sés œuvres philofophiques ont été recueillies en 1708 z2 4°. & on y a mis à la tête la vie de l’auteur, Il mourut de la pierre en 1672 Du) | NORTHEIM, (Géog.) ville d'Allemagne, au duché de Brunfwick-Lunebours. Elle à reçu fonnom des comtes de Morthezm , du domaine defquels elle a autrefois fait paitie. La religion proteftante s’éta- blit dans cette ville lan 1539. Elle eft fituée entre les rivieres de Rhume &r de Leina. Long, 27. 45, ler 1. 42. (D J.) NORTHUMBERLAND , (Géog.) province ma- titime & feptentrionale d'Angleterre, dans le dio- cèfe de Duthaut, & qui confine à l’Ecoffe. Elle a 143 milles de tour, &c contient environ un million 370 mille arpens. Elle eft fertile en mines de char- bon & de plomb. $a ville capitale eft Newcaftle, Il faut bien que je dife un mot de Jean Scot ou plutôt de Jean Duns; puifque felon la plupart des hiftoriens, il étoit natif de D'oufton, dans le Norshurn- berland, quoique d’autres lui donnent pour lieu de fa naïflance le village de Duns, en Ecoffe, fur la frontiere d'Angleterre; opinion que fon nom rend la plus vraiflemblable, &c que le furnom de cor, qui veut dire écoffois, confirme encore, . Quoi qu'il en foit, il étoit né vers la fin du xüj. fiecle, & mourut à Cologne au commencement du xiv. en 1308. Il entra fort jeune dans le cou- vent des freres Mineurs de Newcaftie, en Angle- terre ; fit {es études, & profeffa la Théologie à Oxford. Il vint enfuite à Paris, y prit des degrés, & fit des lecons publiques de Philofophie & de Théologie. La fubtilité de fon efprit qui lui fournit les moyens d'établir le contraire de ce que S. Thomas-d’Aquin avoit foutenu dans les chofes qui n’intéreffent point la Foi, lui fit donner le nom de doéfeur fubril, Il dut celui de doiteur très-réfolurif à la hardiefle avec la- quelle il avançoit continuellement des fentimens nouveaux, qu'il n’étoit jamais embarraflé de fou- tenir. Il faut convenir qu'il trouvoit pour cela de grands fecours dans toutes ces ergoteries qu’il em- prunta des nominaux, 6c qu'il {e rendit propres, par l’ufage qu'il en fit. Quoiqu'il foit mort à l’âge de 33 ou 34 ans, il n'a pas laiflé d'écrire un grand nombre d’ouvra- ges, dont l’édition complette faite à Lyon en 1639, eft en 12 volumes £7-fo1. Il n’eft pas poflible d’en lire douze pages; car qui peut entendre un jargon qui confifte en formalités, matérialités, entités , identités, virtualités, eccéités, & mille autres ter- mes barbares, nés du cerveau du doéteur fubtil? On le regarde communément comme l'auteur de la pieufe opinion de limmaculée conception de la Vierge. Il paroît du moins certain qu'il eff le premier qui l'ait enfeignée publiquement dans Puni- verfité de Paris. (D J.) NORTHUMBRIE. ( Geog.) C’eft ainf qu’on ap- pelloit, par exemple du tems d'Alfred, le pays qui étoit au nord de la riviere d’Humber, jufqu’à la muraille de Graham, qui alloit du trith de Dum- briton jufqu’au Forth. Tout ce pays-là compofoit l’ancien royaume des Northumbriens , & {e divifoit en deux parties; la Decrie & la Bernicie. La pre- miere s’étendoit de PHumber à la Tyn, & la fe- conde de la Tyn à la muraille. NORWEGE, TERRE ROUGE DE, ( Hiff. mar.) ef- pece de terre bolaire, d’un rouge jaunäâtre, qui fe trouve près de Bergen, en Norwege; elle n’eft point on@ueufe, eft très-légere, ce qui doit faire foup- conner qu'elle eft calcaire. On la regarde comme ün abforbant & alexipharmaque. Wormius l'appelle terra anti-Jcorbutica. On apppelle pierre de Norwege une efpece de mar- bre rouge qui vient de Suede, Voyez OcLAND, MARBRE D’, NORWEGUE. (Géog.) Les François difent & écrivent Norwège ou Norvège, royaume d'Europe, dans la Scandinavie, entre la Suede & la mer, fur laquelle il eft penché en forme d’une côte de ba- leine. Il s'étend du midi au nord, depuis le s9° degr. quiqu'au 72°, de acir, & depuis le 26°, degr. juf- N OS 231 qu’an 52°, de logis. On lui donne environ 400 lieues de côtes, & 75 de largeur. | Son nom eft formé de rord & de weg, chemin du nord ; & il a recu vraïflemblablement ce nom. de fa fituation vers le pole arétique, Les Latins l’ont nommé Nortmannia, du nom de fes peuples connus fous celui de Normanni qui fignifie hommes du nord. Les anciens l’ont appellé Nerigon. Les Si- thons qui l’habiterent originairement, ont long= tems vécu fans lois & fans religion. Les hiftoriens font commencer la fucceflion chre nologique des rois de Norwegue vers le nulieu du x. fiecle, par Harald; & plufeurs continuent cette |- fucceflion jufaw’en 1287. que ce royaume fut incor- juiq 3074 1) poré à celui de Danemarck. Il eft gouverne par un vice-roi qui a un pouvoir abfolu, & qui réfide à Berghen capitaie du royaume. Le froid eft extrème en Norwegue, & le terre: infertile, fablonnéux, plein de cailloux; outre que: les rochers, les bois, & les montagnes en occu- pent la plus grande partie ; tont ce qu'on en peut tirer, &c qui fait tour le commerce de la Norwegue, confifte en mêts de vaifleaux, en poix, en gou- dron, en fourrures, & en poiflon falé, La flérilité qui rend les pays méprifables, fervit autrefois à- la ploire de celui-ci; puifqw’elle fut la caufe des fameufes irruptions de la plupart de fes habitans fur les côtes de la Frize & des îles bri- ianniques , & comme la bafe de leurs conquêtes & de leur établiffement dans une des meilleures provinces de France : à quoi on peut ajouter le orand nom que leurs defcendans fe font fait en Europe, fous celui de Normands, par leurs exploits en Angleterre, en France, & jufque dans l'Italie & dans la Grece. Aujourd’hui les habitans de Norwegue paflent pout être forts, vigoureux, grofhiers & bons matelots. Les Lapons qui habitent la partie la plus fepten- trionale de ce royaume, & par conféquent du conti- nent de l'Europe, font petits, mal-faits & à demi- fauvages. Le roi Olaüs, furnommé le faire, y établit le Chriftianifme dans le xj. fiecle, par la force &c la violence ; & quel chriftianifme encore, mêlé de fu- perfüition & d’ignorance barbare! Enfin on reçut la religion lutherienne dans la Norwegue en 1525. On divife ce royaume en Norwegue propre, êc en fes dépendances. La Norwegue propre comprend quatre gouvernemens généraux ; qui {ont celui d’Ag- oérhus, de Berghen, de Drontheim, & de War- dhus. Les dépendances de la Norwegue font l'Iflande & l’île de Fero. Long. 26, 52. lat, 59. 72. (D. J.) NORWICH, (Géog.) ville d'Angleterre, capitale de la province de Norfolck, avec un évêché fuffra- gant de Cantorbery. Il ya une manufaéture d’éroffes qui la rend très-floriflante. Elle eft au centre de la province, au confluent de Winfder &c de la Yare, à 16 lieues N. E. de Cambridge, 23 S. E. de Lin- coin, 30 N. E. de Londres. Long. {elon Street, 194 45. 45. lat, 52. 44. (D. J.) NORTWICH, (Géog.) petite ville, à marché, d'Angleterre, dans le Chefshire, fituée fur la ri- viere de Wcever, & remarquable par fes mines de fel. NOSOLOGIE, (Médec. Patholog.) partie de la Pathologie ,qui comme fon nom l'indique , eft par- ticulierement employée à differter fur la maladie en général, abftraétion faite des fymptomes &z des caufes. Joyez PATHOLOGIE. Ce mor eft formé de deux mots grecs, vosoc maladie & Acyos difcours. On ne peut connoître &c clafler les maladies que par les fymptomes; le genre de connoïffance qu’on ac- quiert par les caufes, eft toujours incertain, parce 232 NOS qu'il eft fondé fur les raïfonnemens qui varient autant qu'il y a d'êtres raïonneurs. Nous croyons donc qu'on doit confondre la x0/o/ogie avec la fymp- tomatologie. Voyez ce mot & PATHOLOGIE ; & dans la divifion des maladies éviter de tirer fes fignes. cara@tériftiques de la caufe, du fiege, de la durée, du nom, des fujets, 6. qui peuvent changer, fans que la maladie ceffe d’être la même, pour n'avoir égard qu'au concours, à la multiplicité, à l’ordre & à la marche des fymptomes; femblables au na- turalifle qui fe tromperoit groflierement, s’il vou- loit fonder un fyflème & des clafles de Botanique fur la texture intime des plantes, qu’on ne dé- couvre qu'à l’aide d'un microfcope, & que fouvent on imagine , fur le lieu , le pays de leur naïffan- ce, fur leur durée plus ou moins longue, &@c. Il ne peut propofer une méthode folide & facile à faifir que fur la forme apparente des fruits, des fleurs ou des feuilles ; Pafpeét varié & conftant des phé- nomenes où fymptomes frappe feul les yeux du nofologifle, il ne voit que rarement la partie qu’on croit le fiege du mal, & les caufes éloignées, & ja- mais la caufe prochaine. C’eft en fuivant la marche que Newton indique au phyficien, en paflant de, l’analyfe à la fynthefe, en remontant des effets con- nus par l’obfervation aux caufes, en pénétrant des chofes connues aux inconnues, des faits conftatés à ceux qui font incertains, qu'on vient à bout de former & d’affermir la chaîne des connoiflances humaines, Cette façon de procéder préfentée par Félix Pla- ter, recommandée & louée par Sydenham, Nen- ter & Baglivi, fuivie par Morton, Muforaf, a été adoptée nommément par l’illufire auteur de la Pa- thologie méthodique dans la difpofition de fes clafles de maladie auxquelles nous renvoyens le lecteur, @£ à l’erricle MALADIE de ce Ditionnaire , où l’on a donné un extrait de cet excellent Ouvrage. : NOSTOCH , f. m, ( Boran.) efpece de moufle membraneufe, un peu on@ueufe, d’un verd pâle, infipide au goût. Cette moufle croît & s’étendle long des prés & de leurs bords herbeux ; elle fe montre fur-tout au foleillevant dans l’équinoxe du printems, & celui de l’autonne, après les pluies; bien-tôt après elle fe féche, Le nom bifarre de rofloch lu vient de Paracelfe, qui la regardoit comme une vapeur fubtile, exhalée du cœur de la terre , & qui s’épaififoit fur fa fur- face par la chaleur de l'air; mais le roffoch n’a point cette origine , c’eft un corps herbacé , d’une figure irréguliere, d’un verd brun, un peu tranfpa- rent, &t tremblant au toucher commeune gelée ; ce corps ne fe fond cependant pas entre les doists, on a quelque peine à le déchirer comme fi c’étoit une feuille, 8 néanmoins on n’y voit ni fibres, ni ner- vures. On le trouve fur diversterreins , mais printi- palement fur des fables, fur des allées de jardin, & après de grandes pluies d’été. Il fe conferve tant que le tems eft humide, fe deffeche & périt par le vent êx le foleil. On n’a pas foupconné d’abordique ce püt être une plante. Il venoit fubitement, par une efpece de mi- racle , ou de la terre où même du ciel ; on l’appel- loit flos terre , flos cœli, cœlifolium ; &t il a tiré de Pobfcurité de {on origine cet avantage, qu’on a cru qu'il contenoit l’efprit univeriel deftiné à la tranf- mutation des métaux en or. M. Magnol de Montpel- lier & M. de Tournefort ont été les premiers qui ont OfÉ le ranger parmi les plantes. M. de Reanmuren a un peu plus approfondi le caraëtere. Il a trouvé que le zoftoch eftune feuille qui boit très-avidement l’eau ; quand elle s’en eft abreuvée , elle paroïît dans fon état naturel; hors de-R, elle fe plifle, fe chifionne; de-là vient qu’elle femble naître fubitefnent ; &pref- que miraculeufement après la pluie, M. Geoffroi avoit cru y remarquer des tacines ; M. de Reaumur s’eft afluré qu'il n’en a point. Ayant obfervé fur la furface de quelques zoffochs , en cer- tains tems, une infinité de petits grains ronds de différentes grofleurs, qu’il foupçonna pouvoir être la femence de la plante, il en fema dans des vafes, & en effet les graines leverent, mais jamais il ne vit nulle apparence de racines aux petits zo/ffochs qu’il en tiroit ; il a remis dans le vafe ces feuilles naif- fantes, qui étoient la plante entiere, du côté oppofé à celui où elles étoient d’abord, & d’oùferotent for ties leursracines , maïs elles n’en végétoient pas plus mal, du-moins ne périfloient-elles pas. S1 le zofloch eft fans racines, 1l végete donc à la maniere des plantes marines qui n’en ont point, &e qui s’imbibent, par tous les pores de leur fubftance, | d'une eau qui les nourrit, Ces plantes-là n’en man- quent jamais, au lieu que le z0//ock en manque fou- vent ; & apparemment il ne croît que dans les tems où il eft fufhfamment abreuvé , & croît toûüjours à chaque fois qu'il Peft. M.de Reaumur prétend avoir obfervé qu'il peut croître au-moins pendant un an: cette obfervation eft bien douteufe; ce qui eff sûr, c’eft que quelquefois le z0//och ne paroît que comme une feuille applatie, & d’autres fois cette feuille eft frifée & poudronnée. Il eft bien fingulier que nous ne fachions rien de plus fur le zofoch ; & qu'a près avoir débité tant de faufles merveilles de fes vertus, on foit venu juiqu’à ne le plus regarder, (D.J.) NOT A ,1. m. (Commerce. ) terme latin dont on fe fert fouvent dans le Commerce. Il fignifie une obfervation ; une remarque qu'il faut faire aux en- droits d’un compte, d'un regiftre, d’un journal, d’un mémoire, d’une faë@ure, &c. où l’on voit écrit en marge le mot 0/2, comme quand un article a été mal porté, une fomme tirée autrement qu'il ne faut, un endroit obfcur &-mal exprimé , ou quel- qu'autre défaut ou faute qu'on veut faire corriger. On met aufh quelquefois le 2044 pour obliger à faire attention aux chofes qu’on croit importantes, & dont on veut fe fouvemir. Difionnaire de Com- mmerce. NOTABLE , CONSIDÉRABLE , DE QUEL- QUE CONSIDERATION , ( Æif£. mod.) En An- gleterre , lorfque quelqu'un laiïle en mourant , hors du diocèfe où 1} meurt , des biens meubles ou im- meubles montans ati-moins à la valeur de cinq li- vres, ce qui s'appelle un her notable, ce n’eft point à l'évêque dans Le diocèfe duquel il eft mort qu’ap- partient la vérification du teftament , attendu qu'il ne peut pas étendre fa jurifdiétion hors des limites de fon diocèfe , mais à l'archevêque de la province. Voyez VÉRIFICATION. NOTAIRE, f. m. ( Juri/prudence. ) en latin ora- rius, libello , tabellarius , tabellio, amanuenfis , aülua- rius , fcriba , &c. eft un officier dépofitaire de la foi publique, qui garde les notes & minutes des aétes que les parties paffent devant lui. Le titre de rotaire étoit inconnu chezles Juifs & chez plufeurs autres peuples de lantiquité, La plû- part des conventions n’étoient alors que verbales, & l’on en failoit la preuve par témoins, ou fi l’on rédigeoit le contrat par écrit, il ne tiroit ordinaire ment fon authenticité que de [a fignature ou fcean des parties, & de la préfence d’un certain nombre dé témoins qui, pour plus de sûreté, appoñoient auffi leurs fceaux. à Il y avoit pourtant certains aétes qui étoient reçus par un fcribe ou écrivain public , ou qui étoient ca- chetés du fceau public. La loi de Moïfe n’avoit ordonné l'écriture que Pour NOT pour l'aête de divorce, lequel, fuivant faint Auguf- tin, Zv. XIX, chxxv. contre Fauftus, devoit être écrit par un fcribe ou écrivain public. È l Ë a ; If eft parlé dans Jérémie, ch. xxxs. Y. ro. d’un contrat de vente qui fut fait double , l’un qui de- meura ouvert, l’autre quifut plié, cacheté &icellé, puis remis entre les mains d’un tiers en prélence de témoins; ce double, fuivant Vatable, tenoit lieu d'original, & étoit cacheté du fceau public, azrulo publico. Vatable ajoute que quand il y avoitcontefta- tion enjufhce pour raifon d’un tel acte, les juges n’a- voient égard qu'à celui qui étoit cacheté; qu’au refte on ne fe {ervoit point de tabellions en ce tems- là, mais que les contra@ans écrivoient eux-mêmes le contrat & le fignoient avec les témoins. IL dit pourtant enfuite que quelquefois on fe fervoit d'é- crivains Ou tabellions publics ; & c’eft ainfi qu'il ex- plique ce pañlage: Hngua mea calamus féribæ velocirer Jéribenris. | à Les fcribes chez les Juifs étoient de trois fortes : Jesuns , qu’on appelloit féribes de La loi, écrivoient & interprétoient l’Ecriture ; d’autres, que l’on ap- pelloit Jcribes du peuple , étoient de même que chez les Grecs une certaine clafñle de magiftrature ; d’au- tres enfin, dont la fonétion avoit un peu plus de rap- port à celle de zoraires, étoient proprement les gref fiers ou fecrétaires du confeil, lefquels tenoient lieu de zoraires en ce qu'ils recevoient & cachetoient les attes qui devoient être munis du fceau public. Ariitote , Liv, W, de fès polir. ch. vüj. faifant le dénombrement des officiers néceffaires à une cité, y met celui qui reçoit les fentences & contrats dont il ne fait qu'un feul & même office ; il convient néanmoins qu’en quelques républiques ces offices font féparés , mais il les confidere toûjours comme n'ayant qu’un même pouvoir & autorité. ._ Les Athéniens pafloient auf quelquefois leurs contrats devant des perfonnes publiques que Pon ap- pelloit comme à Rome argentari ; c’étoient des ban- quiers & changeurs qui faifoient trafic d'argent , & en même tems fe mêloient denégpocier les affaires des particuliers. Chez les Romains , ceux à qui ces argentiers fai. faïent prêter de l’argent , reconnoifloient avoir reçu . la fomme, quoiqu’elle ne leur eût pas encore été payée , comptée & délivrée; ils écrivoient lenom du créancier & du débiteur fur leur livre qui s’ap- pelloit ka/endarium, lequel étoit public & faifoit foi en juflice, & cette fimple infcription fur ce livre étoit ce qu'ils appelloient Zserarum feu nominum obligatio. _ Cette facon de contra@er avoit ceflé d’être en ufage dès le tems de Juftinien, comme il ef marqué au commencement du titre 22. des énffutes de livrer. oblig. Ils étoient obligés de communiquer ces livres à fous ceux qui y avoient intérêt, parce que leur mi- mifiere étoit public , comme le remarque M. Cujas; & s'ils le refufoient, on les y contraignoit adione in Jailum prærorié, qui avoit été introduite f pécialement contre eux à cet effet , comme dit M. Colombet en fes paratitles ff, de edendo. M, Cujas, ad lp, XL. ad leg, aquil, Lib. IIL. Pauli ad edit. dit que fi, faute par l’argentier de repréfenter {es livres, quelqu'un perdoit {on procès, l’argentier étoit tenu de l’indem- fer du principal & des frais, mais l’arsentier n’é- toit tenu de montrer à chacun que l’endroit .de {on tepiftre qui le concernoit, & non pas tout le regiftre enter. Tout ce qui vient d’être dit avoit lieu aufi con- tre les héritiers quoiqu'its ne fuffent pas arsentiers , lut quotil faut voir au dieeite le titre de edendo > À la novelle 136. de argentarii contra@ibus. La forme requife dans ces livres étoir que le jour Tome XI, NOT 233 &z le confulat, c’eft-i-dire, l’année où l'affaire s’étoie faite y fut marquée, Ceux qui avoient remis leur argent en dépôt avoient un privilege fur les biens des arpentiers ; mais il n’y avoit point de femblable privilese pout Ceux qui avoient donné leur argent, afin qu’on le fit profiter & pour en tirer intérêt, comme il eft dés cidé dans la loï f vecri ff. de rebus autoris. Jjud, poffa. Pancitol, var. quel. lib. L. ch: *xx]. prétend que fi on ajoutoit foi à leurs regiftres, ce n’étoit pas comme Accurfe a prétendu parce qu'ils étoient choi- fis & nommés par le peuple , mais parce que leu fonétion éroit d'elle-même toute publique, & ob pu. blicarn caufam , étant d’ailleurs permis à tout le monde de l'exercer, Everbard, de fide inffrum. cap. j. n. 34. prétend au contraire qu'il y avoit deux fortes d’argentiers , les uns établis par la ville en certain lieu où chacun pouvoit sûrement porter fon argent, d'autres qui faifoient commerce de leur argent pour leur comptes Il y a apparence que les premiers étoient les {euls dont ces regiftres fiflent une foi pleine & entiere , ceux-là étant les feuls qui fuflent vraiment officiers publics, Les argentiers pouvoient exercer lent commerce par leurs enfans 8 même par leurs efclaves; ceux-ci pouvoient aufli exercer en leur nom juiqu'à conéurs rence de leur pécule, mais les femmes n'y étoien£ pas reçues. Il paroïît au furplus que les afgentiers ne rece- voient pas indifféremment toutes {ortes de contrats mais fenlement ceux qui fe faifoient pour prêt dé part ou autre négociation d'argent. En effet , il y avoit chez les Romains , Outre les argentiers, plufienrs autres perfonnes qui recevoient les contrats 8c autres adtes publics ; {avoir , des 79: taires , tabellions , &r autres perfonnes, Les fonétions des roraires &z tabellions ont tant de connexitéavec celles de grefher, quedans les lois romaines ces termes Jcribæ E tabulari font commu nément Joints enfémble , comme on voit aucode dé cabularis, feribis & lososraphis ; & quoique daris lus fage le terme de firihafe pPrénne ordinairement pour grefñer , & cabularius pour tabellion , il eft néan moins certain que dans les anciens textes le térme de J£riba comprend auffi tous les praticiens en géa néral, & particulierement les tabellions aufh-bien que les srefñers ; témoin la vingt-unieme épitre de Caffiodore, Lb. XII, variar. écrite au fcribe de Ra: venne , où l’on voit qu'il étoit à-la-fois greffier & tabellion : auf dans le verus gloffarium ; tabalarins fève tabellio dicitur Jériba publicus ; le terme de ras bularius eft aufli fouvent pris pour grefier, Pour ce qui eft de la qualité de zoraire , elle étoit commune chez les Romains à tous ceux qui écris voient fous autrui, foit les fentences, foit les con: trats , fuivant ce que dit Lampride dans la vie d’Az lexandre Severe, où il rapporte qu'un notaire , Aotarium ; qui avoit falñfié-un jugement rendu dans: le confeil de l’empereur, fut banni après avoir eu les nerfs des doigts coupés, afin qu'il ne pût jamais écrire, Ç Loyfeau tient que par le termé de osaie on en tendoit proprement ceux qui recevoient & faioient le plumitif des fentences où contrats ; & que l’on diffinguoit des fcribes & tabellions par le titre d’ex cépiores ; On comprenoit même fous ce terme zorairés ceux qi recevoient les contrats fous les tabellions “ & en général tons ceuxqhiavoient l’art & linduftrie d'écrire par notes & abréviations : roras qui didires TT propriè notarit appellantur, dit {aint Auguftin , Lib. II, de do&riné chrifé, Ces notes n’étoienc Doint compofées de mots écrits entoutes lettres, me feule œ 2 234 NOT | lettre exprimoit tout un mot, on fe fervoit même de fignes particuliers que Juftinien dit avoir été appellés de fon tems fgres, dont il fut obligé de défendre Pu- fage à caufe de diverles interprétations qu’on leur donnoit. Ces fortes de notes furent appellées roses de Tyron, du nom de celui quien introduifit lufage à Rome. Tyron étoit un affranchi de Ciceron auquel il a adreflé pluñeurs de fes épîtres , qni s’adonna à écrire en figures qui n’étoient caraéteres d'aucune langue connue. Il ne fut pas le premier inventeur de cette maniere d'écrire , car elle venoit des Grecs ; mais il y ajouta plufieurs chofes de fon invention , & la pérfeétionna : c’eft pourquoi on appella zotes de Tyron tous les caraéteres femblables. Gruter a donné des principes pour déchiffrer ces fortes d’écritures ; 8& M. l'abbé Carpentier a donné un alphabet tiro- nien pour le déchiffrement d’un manufcrit du tems de Charlemagne , écrit en notes de Tyron, qui eff à la bibliotheque du roi. Cet art d'écrire en notes n’eft point venu jufqu’à nous , il en eft cependant refté des veftiges en la chancellerie de Rome où l’on délivre des fignatures pleines d’abréviations ; c’eft peut-être aufli de-là qu’eft venu l'invention de l'écriture par chiffres. On appella donc notaires ARome ceux qui avoient l'art d'écrire par notes & abréviations ; à comme on s’adrefloit à eux pour recevoir toutes fortes d’ac- tes, c’eft de-là que le nom de mosarreeft demeuré aux officiers publics qui exercent la même fonétion. Les roraires romains étoient auf appellés curfo- res, à caufe de la rapidité avec laquelle ils éeri- voient. Il étoit d’ufage à Rome de faire apprendre aux jeunes gens , & principalement aux efclaves qui avoient de l'intelligence, cet art décrire en notes, afin qu'ils ferviflent de clercs aux grefhers & tabel- lions. Touslesfcribes publics, foit greffiers,tabellions ou notaires, étoientmêmeaucommençementdes efclaves publics, c’eft-à-dire appartenant au corps de chaque ville qui étoient employés à faire ces fortes d’expé- ditions, afin qu’elles ne coutaffent rien au peuple : cela étoit fi ordinaire alors, qu’en la loi derniere au code de Jervis reipublicæ on met en queftion fi J’efclave d’une cité ou république ayant été afiran- chi, & ayant depuis continué l'exercice du nota- riat de cette ville , n’avoit pas dérogé à fa liberté. Comme les efclaves chez les Romains étoient dans le domaine du maître, qui pouvoit les vendre & aliéner, M. Pafquier tient que c’eft de-là qu'en France les tabellionnés font auffi réputés doma- jiaux. | C’eft auffi de-là, fuivant Loyfeau , que nos z0+ taires fe mettent encore flipulans êt acceptans pour les parties; ce qu'ils n’auroientpas pù faire dans lorigine s'ils n’euflent été efclaves publics , étant une regle de droit que perfonne ne peut ftipuler pour autrui, de laquelle regle néanmoins étoient excep- tés les efclaves, lefquels pouvoient ftipuler & ac- quérir pour leur maître : fi c’étoit un efclave com- mun à plufeurs , il pouvoit ftipuler pour chacun d'eux ; & fi c’étoit un efclave public , c’eft-ä-dire appartenant à une ville, il pouvoit fipuler pour chaque habitant, comme il paroït par plufeurs lois du digefle. Mais il faut bien prendre garde que les efclaves qui, dans ces premiers tems , faifoent la fonttion de notaires à Rome, ne peuvent être comparés aux notaires d'aujourd'hui : en effet , ils n'étoient point officiers en titre, ils n’étoient proprement que les clercs des tabellions, & leurs écritures n’étoient point authentiques , ce m’étoient que des écritures privées. Bien-loin que la fonétion de tabellion &c de mourre eût quelque chofe d'ignoble ; chez les Romains, on voit que les patrons fe faifoient un devoir & un hon- neur de recevoir les contrats de leurs cliens. En effet, les PP. Catrou & Rouillé dans leur grande hifloire romaine, liv. I. p. 66. de l’édition de 1725, remarquent , d’après Plutarque & Denis d'Ha- licarnafle, que /es plus riches 6 les plus nobles citoyens eurent le nom de parrons ; que par-là ils tinrent un rang mitoyen entre les fénateurs & la plus vile po- pulace ; que les patrons fe chargerent de foutenir & de protéger chacun certain nombre de familles du plus bas penple , de les aider de leur crédit & de leur bien, & de les affranchir de l’oppreflion des grands ; que c'écoit aux patrons de dreffer les contrats de leurs cliens , de démèler leurs affaires embrouil- lées , afin de fubvenir à leur ignorance contre les tufes de la chicane. Si le commiffaire de la Mare , qui a parlé de l’ori- gine des zosaires en fon craité de la police, n'eût pas été pouffé de quelque jaloufie contre les zorarres , il n’auroït pas manqué de rapporter ce trait d’hiftoire qui juftifie que la fonétion de recevoir des contrats a toujours êté regardée comme importante & hono- rable, & que l’on a mal-à-propos comparé les clercs des greffiers & tabellions romains, avec les noraires d'aujourd'hui, qui n’ont rién de commun avec eux que le nom. Auff voit-on que les empereurs Arcadins & Ho- norius défendirent de prendre des efclaves pour remplir les fonétions de greffier & de rotaire, de forte que depuis ce tems on les élifoit dans les vil- les, de même que les juges ; c’eft pourquoi ces fonc- tions de rotaire étoient alors comptées entre les charges municipales. Les notaires , greffers &c autres praticiens étoient du nombre des miniftres , des magiftrats ; ils fai- foient néanmoins un ordre féparé de celui des mi- niftres inférieurs, appellés appariteurs : la fonétion des grefñiers & des notaires étoit eftimée beaucoup plus honorable, parce que les aëtes publics étoient confiés à leur fidélité. Les fonétions de noraire étoient exercées gratui- tement , comme des charges publiques &c ordinai- res, que chaque honnête citoyen exercçoit à fon tour ; aufñ étoient-elles regardées comme fi oné- reufes, que plufieurs, pour les éviter, quittoient les villes & s’en alloient à la guerre, oubien fe fai. foient officiers domeftiques de l’empereur , ce qu'il fallut enfin défendre par une loi exprefle. Il ne faut pas confondre les notaires des Romains avec d’autres officiers , appellés acfuarii feu ab acts > chaque gouverneur en avoit un près de lui, pour recevoir & regiftrer les aétes de jurifdiétion volon- taire , tels que les émancipations , adoprions, ma- numifions , & fingulierement les contrats & tefta- mens qu'on vouloit infinuer , publier & regiftrer, qui eft ce que l’on appelloit mettre apud aéta. Le pouvoir des tabellions & rotaires étoit grand chez les Romains, de même que parminous. Jufti- nien, dans la-loiyubemus au code de facro fans eccl. les appelle y#ges cartulaires ; ils font en effet tout-à- Ja-fois la fonétion de grefhers & de juges ; & dans quelques provinces de France, ils ont confervé lPu- fage de mettre qu'ils ont ingé &c condamné les par- ties à remplir leurs conventions : Cafiodore , en fa formule des zotaires, éleve même ceux-ci beaucoup au-deflus des juges, en ce ne ces derniers ne font que juger les proces ; au-lieu que les rosaires les pré= viennent , & qu'il n’y à pas d’appel de leurs juge= mens. On voit dans la rovelle 44, que la méthode des Romains, par rapport aux attes qu'ils pafloient de- vant soraires , étoit que le noraire où clerc du tabel- lion écrivoit d’abordil'aëte en note ; cette minute NOT bu projet de latte s’appelloit fcheda ; l’aûe n'étoit point obligatoire n1 parfait jufqu’à ce qu’il eñt été écrit en toute lettre , & mis au net ce que l’on ap- pelloit 27 purum feu ir mundum , rédiger. Cette opé- À ration qui revient aflez à ce que nous appellons groffe des contrats , fe faifoit par les tabellions, &c s’ap- pelloit complerio contraülus : c’eft pourquoi , en la loi contrattus où Code de fide inftrum. il eft dit que les parties pouvoïent fe retraéter jufqu’à ce que le con- trat fût mis au net & confirmé par la foufcriprion des parties. Cette foufcription n’étoit pas au feing manuel de leur nom ; elle confiftoit à écrire au-bas du contrat que les parties l’avoient pour agréable, & accor- doient ce qui y étoit contenu ; & à l'égard de leur feing , appellé fgzum ; ce n’étoit autre chofe que Pappoñtion de leur fceau ou cachet particulier, dont ils ufcient communément outre la foufcription. Lorfque les contrattans ne favoient pas écrire ,un ami étoit recu à foufcrire pour eux , ou bien le ta- bellion ; celui-c1 ne foufcrivoit pas le contrat, il falloit feulement qu'il écrivit tout-au-long , il n’é- toit pas non plus néceflaire que les témoins fouf- criviflent lPaéte ; il fufifoit de faire mention de leur préfence , excepté dans les donations faites par VPempereur qu'ils devoient foufcrire. Ce que les parties & les témoins foufcrivoient ê fcelloient de leurs fceaux n’étoit pas la note ou minute du rosaire , c’étoit la groffe , appellée cor. pletionem. En effet , fuivant la loi contraëtus , il eût été inutile de figner une fchede , puifqu'elle n’étoit point obligatoire : d’ailleurs le tabelion délivroit {a grofle fans être tenu d’en faire regifire ni de conferver enfuite la note fur laquelle il avoit expé. dié la grofle , enforte que cette note n’étoit plus regardée que comme un brouillard inutile ; car ce -que Pon appelloit en droit #reves, brevia , brevicula, n’étoient point les notes & minutes des obligations, mais feulement des notes particulieres écrites briè- vement. . Tous ces ufages pañlerent dans les Gaules avec la domination des Romains. - Les formules de Marculphe & celies qui ont été depuis recueillies par les plus célebres auteurs con- tiennent divers contrats , où il eft fait mention qu’un notaire a été appellé pour les écrire , maïs tous ne font conçus qu’en terme d'écriture privée , on y trouve même la formule de late d'apport , par le- quel le magiftrat fur le requifitoire des parties or- donnoit que des écritures feroient regiftrées apud aila , pour les rendre authentiques & exécutoires, Il y avoit auffi des roraires en France dès le com- mencement de la monarchie : le roi avoit {es no- zaires ou fecrétaires qui expédioient les aétes de fa chancellerie, : | Les évêques , les abbés , les comtes étoient obli.. gés d’avoir auf leur rosaire , comme il paroît par un capitulaire de Charlemagne de l’an80os. Mais on pafloit alors peu d’aétes par écrit ; l’igno- tance étoit fi grande , que peu de perfonnes favoient écrire ; la plüpart des conventions n’étoient que ver. | bales ; pour y donner plus de force , on les faifoit: | | tres, &. plus que tont le refte, la bonne foi des en préfence de témoins. ._ Lorfqu'il s’agifloit d’aétes importans , que l’on vouloit rédiger, par écrit, on les pafloit aflez ordi- nairement en préfence & fous l’autorité des comtes ou des évêques, & ileft à croire que les zotaires de Ceux-ci étoient employés à écrire les aétes ; maïs ils ne les recevoient point comme officiers publics , ils prêtoient feulement leur main , foit comme fe- crétaires de celui en préfence duquel on contraétoit, foit comme perfonnes verfées dans l'écriture, & F'atte ne tiroit fa force & fon authenticité que du " Tome XI.” | | 2 NOT 235$ fceau qui y étoit appofé , & de la préfence des té- moins que l’on y appelloit. Le favant P. Mabillon , dans fon vraité de la di- plomatique, dit qu'après une exaéte recherche dans les plus célebres bibliothèques , tant du royaume que dés pays étrangers , il n’a trouvé aucun contrat pailé devant rosaires comme officiers publics avant l’année 1270. On tient communément que ce fut faint Louis qui érigea les zosaires en titre d'office, & que les pre- miers de cette efpece furent les foixante rosuires qu'il créa pour le châtelet de Paris. Voyez Notaires AU CHATELET, (4) NOTAIRES, par rapport au contrôle des aëles +: lune des qualités les plus eflentielles des aëes, des contrats, des obligations, étant d’avoir une dare füre, conftante &c authentique ; & l’un des principaux de- voirs des rosaires étant de la leur aflurer, il ne {era pas inutile de rappeller ici les principes d’une ma- tiere aufli intéreflante , &c d’une urilité fi générale pour la fociété. Une loi qui porte fur les opérations les plus im- portantes de la fociété, puifqu’elle intérefle tou- tes les conventions qui fe font entre citoyens; une loi qui n’eft pas feulement une formaliré embarraf. fante par elle-même, mais que la nécefité des ref- fources à rendue une Zrpoffrion confidérable, dont les aëtes & contrats fe trouvent chargés, eft, fans contredit , lune des matieres qui méritent le plus d'être connues, développées, approfondies par ceux qui paient, par ceux qui reçoivent, par ceux qui gouvernent. C’eft le feul moyen de faire reconnot- tre aux redevables ce qu'ils doivent, 8 pourquoi ; d'apprendre à ceux qui font chargés de la percep- tion, quelles font les bornes dans lefquelles ils doi- vent fe renfermer, & de remettre fous les yeux du gouvernement le véritable efprit des lois faites ou à faire.i Le contrôle peut être envifagé, 1°, en général ; : relativement aux aétes fur lefquels il porte ; 3°. en fui- même comme formalité & comme im- poñition; :4°..dans fon. adminiftration. | Le contrôle dont il eft ici ,queftion , confidéré en général, peut l'être dans {a dfriion & dans fon érabliflement. | t:1 'é Dans a définition, c’eft une formalité qui a pour objet de conffater la dare des conventions, d’aflu- rer l’authenticité des actes, & de prévenir les effets de la furprife, de [a négligence & de la mauvaife foi. Le droit ajouté à la formalité, ren confitue point Putilité ; mais il ne la détruit pas. L'origine d'une formalité f/néceflaire pour la fo- ciété, remonte bien plus haut que les dits & les déclarations qui ont établi le contrôle des ades pro- prement dit: Il ne faut pas s'arrêter aux mots: les idées feules méritent de nous occuper. Le contrôle a exifté dès le moment que la fu- pérchene s’eft introduite dans la fociété, & que les hommes ont eu refpeétivement intérêt de s’en ga- ranür. | La fimplicité des efprits, la pureté des cœnrs , le peu d'importance des affaires, la facilité de la plüpart. des conventions , la rareté de quelques au- 9 9 premiers âges, ont d’abord rendu Les conventions Verbales les plus communes, & les {eules néceflai- res: Ces conventions ne fe pafñloient même qu'en- tre les parties intéreflées, Elles fe fioient alors mu- tuellement les unes aux autres: elles convinrenten- finite d’appeller des témoins , premiere origine du | contrôle. -. À ces témoins , on ajouta la fureté des écrits, “qui contrôlerent la preuve ze//imoniale, & qui fu- rent eux-mêmes contrôlés par l’érablifiement d’ofi- Gi 236 NOT ciers publics, qui puflent être d'autant plus fure- menr les dépofñraires des intentions de chaque par- tie, qu'ils y feroient des,tiers defintérefés. Mais comme les zoraires mêmes, &c tous ceux qui furent fucceflivement autorifés à recevoir les conventions des parties, eurent befoin d'être fur- veiliés, la juftice de ia loi fut encore obligée de venir au fecours des uns, & de s’armer contre l’in- juffice des autres. Les papier & parchemin #mbrés, les droits de fceau, les notaires en Jecord dans cer- tains lieux, & dans d’autres les moins ajoutés aux notaires mêmes, ont été fucceflivement employés pour remplir l’objet que lon s’étoit propolé ; & ce font, à proprement parler, autant de droits de contrôle, qui, fous différentes dénominations, ont le même objet & la même utilité que le consrôle des aétes proprement dit. Celui-ci confidéré dans fon établiflement , a deux époques différentes, fuivant la forme dans laquelle ces aëtes fe trouvent rédigés. Il a été établi par édit du mois de Mars 1693 pour les aétes pañlés pardevant ovaires, grefhiers & au- tres perfonnes publiques autorifées à pafler, à re- cevoir, à rédiser les aétes & conventions des par- ties. Par la déclaration du 14 Juillet 1705, pour les actes pañlés {ous figrature privée, on fent aflez que fans ce dernier établifement, le premier feroit de- venu illufoire pour un très grand nombre de con- ventions. On dit les rotaires, à l’exception de ceux de Îa ville de Paris; car ils ont été exemptés du droit & de la formalité du contrôle par une déclaration, & puis aflujettis par autre déclaration, enfin réta- blis dans leur exemption, dont on les a laïffés jouir jufqu'à préfent par différentes confidérations pécu- niaires & poliriques , dont on aura ailleurs occafon de rendre compte. On dit les greffiers, lorfqu'ils fortent des bornes de leurs fonétions ordinaires , qui font d’écrire les jugemens émanés d’une jurifdi@ion involontaire & forcée , pour écrire &c rédiger les conventions, les décifons libres & volontaires que leur diétent les parties ; ils auroient fans cela fans cefle abufé de la loi qui difpenfe du contrôle les aétes judiciaires, c'eit-à-dire, qui fe font en juftice réglée, Cet arti- cle eft de la plus grande importance dans la matiere dont il eft ici queftion. Tout aëte juridique eft incon- teftablement exempt du contrôle, tant pour le droir, que pour la formalité, mais tout aëte cefle d'être juridique , & devient extrajudiciaire, dès qu'il eft émané de la volonté des parties, fans que le juge intervienne comme juge, mile greffier comme mi- niftre établi pour écrire les jugemens. Toutes ces diftin@ions font très-eflentielles , mais en même tems fort délicates & très-dificiles à faifir : on seviendra plus d’une fois dans Le cours des obferva- tions que l’on donnera fur la matiere dont il ef ici queftion. | Quant aux a@es fous feing privé qui ne faurotent être produits en juflice fans être contrôlés, il faut en excepter les letrres-de-change de place en place & les billets fimples à ordre ou au porteur, non entre toutes perfonnes, mais feulement entre mar- chands , négocians & gens d’affaires, encore eft-1l néceflaire que ce foit pour raifon de leur commerce réciproque. Ces derniers mots font extrèmement importans , parce que dans tous autres cas les né- gocians, marchands & gens d'affaire rentrent dans l'ordre général des citoyens, & leurs engagemens dans la claffe ordinaire des conventions. Si Pon veut, après avoir confidéré le contrôle dans fa définition & dans fon érabliflement, le re- garder par rapport aux actes fur lefquels 1l porte, NOT on verra que ces aétes eux-mêmes peuvent être ef . vifagés relativement; 1°. à la matiere ; 2°, à la na- ture des conventions ; 3°. aux différens objets qu'ls renferment; 4°. à la forme dans laquelle ils peu- vent être rédigés; 5°. au nombre des parties qui peuvent sy trouver intéreflées ; 6°. aux droits 6c à la formalité auxquels ils font aflujettis, ou dont ils font exempts. _ La matiere des aétes ne fauroit être que laïque ou civile, eccléfiaftique ou bénéficiale : mais comme ces derniers ont été traités plus favorablement que les autres, il eft eflentiel de bien connoître ce qui les cara@térife , de ne pas confondre les aétes que font les Eccléfiaftiques avec ceux qui fe font en ma- tiete eccléfiaftique, puifque c’eft la cho/e & non l’homme, le bénéfice & non tel ou tel bénéficier, que l’on a voulu favorifer. Relativement à la nature des conventions que les aûtes & contrats peuvent renfermer , 1l feroit 1m- poñlible de les prévoir & de les: énoncer toutes explicitement; mais toutes les claufes dont un aéte quelconque peut être fufceptible, poutroient impli- citement {e trouver dans les quatre divifions de pré- paratoires, obligatoires, confervatoires &c réfolu- toires, puifqu’on ne peut jamais pafler un aëte quel qu'il foit, que pour préparer une obligation, pour Ja contraëter , pour la conferver ou pour la- neéantir. Les aûtes purement préparatoires où conferva- toires, qui contiennent mention , énonciation, dé= c'aration, interpellation d’une obligation faite ou à faire, mais qui ne ia renferment pas, doivent pañler pour aëes fimples , & font connus fous cette dénomination, Les obligatoires font obligatoires, fimples ou {y- nallagmatiques: /rples, quand ils n’obligent qu’une feule partie vis-à-vis d’une fenle perfonne ou de plufieurs : /yzallagmatiques ; lorfque late oblige plufieurs parties à la fois, & réciproquement les unes avec les autres. Conférvatoires , lotfqu'ils confirment l’obligation déja faite, & qu'ils ont pour objet la conferva- tion d’un droit, d’une convention, d’une aétion. Réfolutoires, lorfqu'ils anéäntiflent un engage- ment, quel qu'il foit, par l’accompliflement des conditions , ou pat Le défiftement de ce qui pourroit être exigé. Confidérés relativement aux différens objets qu'ils renferment, les aftes peuvent être pañlés & con- venus entre les mêmes parties pour raifon du même fait, ou bien entre différentes parties pour des in- térêts différens , ce qui doit néceflairement occa- fionner différente perception de droits , parce que le contrôle étant relatif aux aétions que l’on peut intenter en vertu d’un ate, il doit y avoir autant de droits à recevoir, que l’on peut intenter d’ac- tions. Par rapport à la forme dans laquelle ils peuvent être rédigés , les aétes ne peuvent l'être que par des perfonnes autorifées à les recevoir, ou fous fignature privée, en obfervant que pour éviter des abus d’une conféquence extrèmement dangereufe , il eft des adtes qui ne peuvent être reçus & pañlés que par des officiers publics, tels que les contrats de mariage, les donations, &c. & que pour fub- venir à certaines circonftances, on a autorifé dans certains cas, certaines perfonnes à recevoir certains adtes, & tels font, pour les teftamens,, Iles curés, les vicaires , officiers de terre ou de mer. . Quant aux parties qui peuvent {€ trouver dans un atte , elles font principales, comme les futurs conjoints dans un contrat de mariage, on interve= nantes, comme un parent qui paroit dans ce con- trat pour faire une donation à ceux qu fe mariente ? + Ce font des obfervations très importantes à faire; paice que fouvent un feul aûe en renferme plu- fieurs, & que chacun doit un droit, comme s'ils euflenr été faits féparément. Examinés à l'égard des droits & de la formalité auxquels ils font aflujetis , ou dont on a cru devoir les exempter, les aétes aflujettis peuvent l'être à la formalité feulement, & tels font en petit nombre lés aétes qui font contrôlés gratis ; ou bien à la for- malité &e au droit tout enfemble, & telles font tou- tes les autres conventions. Lesuns, parla même raïfon, font exempts du droit feulement. Les autres le font du droit & de la formalité. Telle eft l’idée la plus fimple & la plus générale que l’on puifle donner du contrôle, envifagé par rap- port aux aétes fur lefquels il porte. Confdéré en lui-même, c’eft une formalité , c’eft un droit. Comme formalité , il donne occafon d'examiner, dans quel endroit , dans quel tems, par qui, com- ment, elle doit être remplie , & de rechercher les raifons de toutes ces différentes obligations. Comme droit, on peut en confidérer la nature, létabliflement , le pié fur lequel il fe perçoit & la quotité. Si l’on confidere ces droits dans leur nature , ils font droits principaux & primordiaux ou droits ac- ceffoires , tels que les quatre fols pour livre. On a déja vu les motifs de leur établiflement ; il eft évident qu'ils ont eu deux objets : d’affurer Pau. tenticité des aétes : de procurer des fecours à l’état. Quant aux titres de leur perception , ils ne peu- vent être fondés que fur des édits , des ordonnances, déclarations, lettres-patentes , tarifs & arrêts, & décifions générales, qui ne fauroient être que con- frmatfs de la ioi primordiale , ou interprétauifs de quelques difpofitions. | Confidérés relativement aux différens piés fur lef- quels 1ls font dûs , ils fe perçoivent ou fuivant la na- ture de laéte , ou fuivant la quotité des fommes , ou fuivant la qualité des parties. Quant à la quotité du droit, c’eft-à-dire , aux fom- mes que l’on doit payer felon les différens cas : le montant doit être relatif à la teneur desconventions, à la quotité des iommes énoncées ou calculées d’a- près une eflimation , à la qualité.-des parties. Après avoir examiné en quoi confifte le control- le, confidéré en lui-même & relativement aux aétes fur lefquels il porte, il eft indifpenfable de le confi- dérer dans fon adminiftration. _ Elle eft politique, économique & juridique , rela- tivement aux vues, aux fon@tions, aux obligations du miniftere, des fermiers & des juges. L’adnuniftration politique eft réelle ou perfon- elle. Réelle , elle porte fur les aétes &z fur les droits, fur la chofe, en un mot, & non fur ceux qui la gou- vernent, qui La perçoivent , ou qui la jugent. Sur Les aîes envilagés relativement à la forme & par rapport aux droits. À la forme pour les aflujettir à des nouvelles for- malités , ou pour les affranchir de formalités ancien: nement établies, Aux droits pour aflujettir au controlle des aétes qui en étoient exempts, ou pour en difpenfer ceux qui y étoient aflujettis. Adminiftration réelle qui porte fur les droits con- fidérés tant par rapport à leur quotité, que par rap- port à la forme de la perception. À leur quotité, pourla confirmer ou pour la chan- ger ; pour la confirmer purement & fimplement, ou bien avec quelques modifications ; pour la changer foit en la diminuant, {oit en l’augmentant, NOT 237 Par rappot à la forme de la perception pour y faire quelques changemens qui ne peuvent jamais être relatifs qu’à la formalité, aux tems, aux lieux, aux perfonnes. Dans l’admimftration politique perfonnelle , af faut envifager ce qui tient aux aes & ce qui tient aux droits. | Aux attes confidérés relativement aux obligations des parties , des zoraires & tabellions, & dans cer- tain cas des curés, des vicaires, des grefiers, & gé- néralement de tous ceux qui ont été autorifés à re- cevoir, à rédiger les conventions. Aux droits, par rapport à ceux qui les perçoivent, tels que les fermiers , régifleurs , commus ou prépo- fés qui peuvent être confidérés dans leurs établiffe- mens , leurs privilèges & leurs prérogatives. Leurs fonétions pour la confervation, on pour la perception des droits. Confervation des droits par les recherches & vi- fites , chez les notaires, sreffñiers , Gc. Perception par le recouvrement de ce qui eft dû. Obligations coaétives ou prohibitives; coaétives, qui ordonnent certaines chofes; prohibitives, quien interdifent d’autres. | Emolumens fixes ou cafuels ; fixes, tels que les appointemens convenus & déterminés ; cafuels, tels que les remifes, les pratifications, 6:c. Privileses, exemptions , prérogatives , portant {ur des charges publiques ou particulieres; publiques, comme la colleéte des tailles , le lopement des gens de guerre. Particulieres , telles que les tutelles , les curatel- les, c. L’adminiftration économique porte , comme la politique (mais à l’évard des fermiers feulement ), d’un côté , fur les formalités ordonnées , & fur les précautions à prendre pour empêcher la fraude, ow pour y remédier ; de l’autre, fur tout ce qui concer- ne principalement la perception du droit; & tels font la régie, le recouvrement, la comptabilité, & généralement tout ce qui concerne le régiffeur ou le fermier , & qui ne dépend que de lui. L’adminiftration juridique n’a rapport qu'aux ju- ges ; mais les juges peuvent être envifagés dans leur établiflement , dans leur compétence , dans leurs fonétions , leurs émolumens , leurs privileges & leurs exemptions, Lenr établiffement les rend juges ordinaires, ou d'attribution. | Leur compétence porte fur la nature des affaires ou fur le degré de jurifdiétion. Quant à la nature des affaires, la matiere peut être civile ou criminelle ; civile comme les condamna- tions qui ne portent que fur le paiement du droit ; criminelle , telle que les malverfations des notaires ou tabellions , grefñers, commis , 6c, | Le degré de jurifdiéton rend les juges magiftrats en premuere inftance, en caufe d'appel ou au fouve- rain. On ne feroit, quant aux obligations coa&tives ow prohibitives aux émolumens fixes ou cafuels , aux prérogatives générales ou particulieres , que répéter ce que l’on a ci-devant dit aux 77075 FINANCIERS , FERMIERS , Gc. NOTAIRES DES ABBÉS ; anciennement les abbés avoient chacun leur zotaire ou chancelier , de même que les évêques & les comtes, cela leur fut ordonné par un capitulaire de Charlemagne de lan 805. Ce notaire étoit plutôt un fecrétaire qu’un officier pu- blic, cependant ces zozaires ne laifloient pas de re- cevoir auf les aétes entre ceux qui venoient faire quelque convention devant l'abbé. Voyez Ze gloff, de Ducange , au mot rorarii, (4) NOTAIRES pour les aûtes des marlyrs, furent infti- 238 NOT tués par S. Clément pape. On les appella roses, ‘parce qu'ils écrivoient en notes les faits des martyrs &c leur conftance à fouffrir, pour fervir d'exemple & -de perpétuelle mémoire. les évêques en conftitue- rent aufh dans leur diocèle ; & c’eft fans doute de- là: que les rotaires apoftoliques tirent leur origine. Voyez NOTAIRE APOSTOLIQUE , & NOTAIRE RÉ- GIONAIRE , PROTONOTAIRE. NOTAIRE APOSTOLIQUE, étoit autrefois un of- ficier public établi par le pape pour recevoir les ac- tes concernant les matieres fpirituelles & eccléfafti- ques. , Il y avoit aufli autrefois des zorarres eccléfiafti- ques , qui étoient établis par les évêques ou arche- “vêques dans leur diocèfe , pour y recevoir les aétes concernant les mêmes matieres fpirituelles & béné- ficiales ; c’eft pourquoi on les appelloit aufli rorai- res de cour d'églife, ou rotaires eccléfiaftiques, & notaires de l’évêque ou épifcopaux , zotaires de la cour épifcopale , zoraires communs des évêques ou ordinaires. L Dans la fuite n’y ayant plus dans le royaume de notaires apoftoliques , & établis par le pape, on don- na aux zotuires des évêques le nom de zosaires apof- toliques, & préfentement tous les zotazres apoftoli- ques font établis de l’autorité du roi ; c’eft pourquoi on les appelle/zoraires royaux & apoftoliques. Les premiers zotaires apofloliques qui furent infti- tués dans la chrétienté, furent ces fept zosaires , fur- nommés regionari où fcriniari , que S. Clément éta- blit à Rome pour écrire les aétes des martyrs; leur fon@ion ne fe bornoit pourtant pas à ce feul objet;car on voit qu'entre autres chofes, ils étoient chargés d'annoncer au peuple les litanies , proceffions , ou rogations , Le lieu où le pape alloit dire la mefle ou faire quelque flation ; ils rapportoient aufli au pape le nom & le nombre de ceux qui étoient baptifés. On conçoit par-là qu’ils étendirent auffi leur fonc- tion à recevoir tous les aÛtes qui concernoient les matieres fpirituelles &c canoniques, &c enfuite les bénéfices , lorfqu'il y en eut de formés, Le nombre de ces notaires ayant été augmenté par S. Clément , ceux qui étoient du nombre des fept premiers zotaires, où du moins qui les repréfentoient, prirent le titre de protonotaireswapofloliques , c’eft-à- dire , de premiers notaires. Mais ce ne fut pas feulement dans les terres du pape que les rotaires apofloliques exercerent leurs fonétions; ils en ufoient de même en France, en An- gleterre & en Efpagne ; car alors on regardoit com- me un droit certain, qu'un zofaire ou tabellion éta- bli par l’empereur, ou par le pape, ou par quelqu’au- tre auquel ce droit avoit éré accordé par un privile- ge fpécial pourroit inftrumenter non-feulement dans - les terres foumifes à celui qui Pavoit commis ; mais auf qu'il avoit le même pouvoir dans les autres états dont on vient de parler, Quelques-uns de ces notaires apofloliques étoient en mème tems zofaires impériaux & royaux, appa remment pour rendre leur pouvoir plus étendu & moins fujet à conteftation. On voit dans les lettres de Charles V. du mois de Janvier 1364, qu'il y avoit à Auxerre un yotaire apoftoliqie, qui fe qualifioit abellion de norre faine pere le pape ; & que. ce tabellion s’ingéroit de rece- voir des aëtes pour affaires temporelles , telles que des lettres d’affranchiffement. Dans d’autres lettres du même prince, du mois d’Août 1367, il eft fait mention d’un xotaire apofto- lique qui étoit réfident en Dauphiné ; ce oraire étoit un clerc du diocèfe de Grenoble, lequel fe qualifioit apoflolicé imperiali & domint Francorum regis autori- satibus notarius publicus, Il réunifloit, comine on voit, les trois qualités, Les évêques établirent auffi des mosaires eccléfaf. tiques dans leur diocèfe ; ces roraires étoient quel- quefoié qualifiés de zozaires apoftoliques, & confon- dus avec ceux du pape ; d’autres tois on Les appel- loit ieulement zoraires eccléfrafliques , notaires de l’e- véque Où épifcopaux , où de la cour épifcopale, ou na tatres jurés de l'officialité | parce qu'ils prêtoient {er- ment devant l’ofhicial, La plüpart des évêques avoient plufeurs zosaires, & le premier d’entre eux prenoit le titre de chance ler, même d’archichancelier : celui-ci diétoit aux z0- taires ; c'eft delà que vient la dignité de chancelier, qui s’eft encore con{ervée dans plufieurs églifes ca- thédrales. Les abbés avoient même leurs zoraires , ainf qu’il leur avoit été ordonné par un capitulaire de l’an 805- | innocent Il. qui fiégeoit fur la fin du xÿ. fiecle , êt au commencement du xiy. défendit qu'aucun pré- tre , diacre ou foudiacre , exerçât l'emploi de rabel- lion ; mais cela n’empêcha pas que les évêques & abbés ne priflent pour rabellions de fimples clercs 3 ceux des comtes même étoient aufl la plüpart des eccléfiafiiques , l'ignorance étant alors fi grande, que les clercs éioient prefque les feuls qui fuflent écrire. | Il ne faut donc pas s'étonner fi les rosaires ecclé- fiaftiques s’ingéroient de recevoir toutes fortes d’ac= tes, même concernant les affaires temporelles. Dans la fuite les zoraires royaux fe plaignirent de ces entreprifes. Dès 1421 ceux du châtelet de Paris obrinrent le 19 Juin une fentence du prevôt de Paris, tant contre les zosaires & tabellions apoftoliques & impériaux , que contre ceux de l’évêque de Paris, qui défendit à tous ceux-ci de faire aucuns inven= taires m1 prifées des biens , & aux officiaux de don= ner aucune commiflion à cet effet, | Charles VIIT, alla plus loin : il défendit, par un édit de l’an 1400, de faire, pañler ou recevoir aucun contrat par zoraires impériaux, apoftoliques ou épif- copaux , en matiere temporelle , fur peine de n’être foi ajoutée auxdits inftrumens , lefquels dorénavant feroient réputés nuls. | La facilité que chacun avoit d'obtenir en courde Rome des commiffions de zoraires apoftoliques , fit quele nombre de ces notaires devint exceflif. La plü- part de ceux qui obtenoïent ces commiffons, étoient des perfonnes pauvres & indigentes, ou des fervi- teurs ou domeftiques des gens d’églife , lefquels commettoient divers abus dans l’exercice de cet em- ploi. Dès le tems de François I. il en fut fait de grandes plaintes , même de la part des gens d’éolife & béné- ficiers. Ces plaintes ayant été réitérées devant Henri IL. ce prince y pourvut par un édit du mois de Septem- bre 1547, par lequel 1l ordonna que les baïllis, fé- néchaux & juges préfidiaux, de concert avec leurs confeillers , & par l’avis des gens du roi , arrête- roient & limiteroient, chacur dans leur jurifdiétion, lé nombre des zotaires apofloliques qui {eroit fuffifant, & en quelles villes & lieux ils devroient faire leur réfidence , qu'ils choifiroïient les plus capables ; & que ceux qui feroient ainñ refervés feroient imma- riculés au greffe de la jurifdiétion dans laquelle ils feroient départis | pour recevoir dans l'étendue de cette jurifdiétion toutes procurations à réfigner bé- neñces , & autres aûtes dépendans de leur état. Cet édit fut regiftré au grand - confeil féant à Me= lun , & publié au chârelet. * Henri IL. donna au mois de Juin 1550 , un autre édit appellé communément l’édir des perites dates, par . lequél1l ordonna entr'autres chofes que l’on n’ajou- teroit point foi aux _procurations pour réfigner, ni NOT aux révocations d'icelles, prifes de pofleMof , 6£ autres actes pañlés par les roraires apoffoliques ; à moins que ces officiers n’euffent été préalablement examinés & reçus par les archevêques ou évèques, leurs vicaires ou officiaux, & prêté ferment entré leurs mains, &c qu’ils n’enflent fait enregiftrer leurs lettres au greffes des cours des archevêques ou évé- ques , & des cours préfidiales, & déclaré leur nom, furnom , & le lieu de leur réfideñce , qu'ils ferotent tenus de faire dans les villes & lieux les plus nota- les du diocèfe , felon le département & nombre qui en feroit advifé. Que les archevêques ou évêques feroient tenus dans trois mois après la publication de cet édit, d’ar- rèter, par l'avis de leur clergé , le nombre de ces notaires, auxquels il ne pourroit en être fubrogé au- un que par mort Ou par vacation, privation Ou for- faiture , fans en augmenter ; que fi aucun de ces z0- taires étoit interdit par l’évêque, fon vicaire ou offi- cial , l’interdi@ion feroit repiftrée, Que ces notaires ne pourroient inftrumenter que dans un feul diocèfe , à peine de faux & de nullité des aétes qu'ils auroient reçus. | Qu'il ne feroit point ajouté foi à leurs aétes, à moins qu'ils n’y fiflent mention de leurs qualités, &c du lieu où ils auroient été immatriculés , & de celux de leur demeure. Que dans les procurations pour réfigner bénéfi- ces, ils feroient tenus d’appeller deux témoins pour le moins, gens connus & domiciliés , non parens ni domeftiques, & que ces témoins figneroient l’aéte au cas que le réfignant ne püt figner. Enfin, que ces norzires feroient tenus de faire bon &t loyal regiftre , tant des procurations pour refi- gner, que du tems qu'ils les auroient délivrées, com- bien de fois & à quelles perfonnes ; qu'ils ferotent tenus de remettre chaque année , dans le mois de Janvier au plhtard , au greffe des archevêchés dans lefquels 1ls auroient inftrumenté, une copie fignée de leur main, & un extraïr collationné de leur re- giftre , contenant tous les a@es qu’ils auroient faits pendant l’année, tant procurations que révocations, & autres chofes dépendantes d’icelles ; qu’ils garde- roient feulement leurs notes fur lefquelles ils au- roient dreffé leurs regiftres & extrait. Cet édit fut regiftré au parlement. Louis XIII. par un édit du mois de Novembre 1637 , leur défendit , à peine de faux , de délivrer aux parties les minutes des procurations pour réfi- gner , & des autres aétes qu'ils pafloient en matiere bénéficiale. Louis XIV. fut obligé de leur reitérer les mêmes défenfes , par une déclaration du mois d'Oë&tobre 1691, Cet abus ne laiffa pas de continuer ; il y avoit d’ailleurs plufieurs inconvéniens dans la fonétion de ces notaires, en ce que , fuivant les anciennes ordon- nances , les aétes qu'ils recevoient n’emportoient point d’hypotheque , & n’étoient point exécutoires fous le fcel de la jurifdiétion eccléfiaftique : de ma- niere que c’étoient des actes imparfaits. D'un autre côté, les zoraires & huifliers royaux, & ceux des feigneurs ; expédioient la plüpart des ac- tes de leur compétence , concurréemment avec les notaires apoftoliques ; de forte que ces derniers ne trouvoient pas dansleur emploi de quoifubfifteravec honneur. Enfin ces zotaires apoffoliques n'étant pas encore OMciers en titre , ils n’avoient point de fuccefleurs obligés de conferver leurs minutes. Pour remédier à tous ces inconvéniens, Louis XIV. par l’édit du mois de Décembre 1691 ; créa en titre d'office formé & héréditaire dans chaqne archevêche & évêché du royaume , terres & pays NOT 239 de fon obéffance ; des offices de Aicraires téÿanx , pour être tenus par les notaires apofloliqués qui {e- roient établis dans les villes où 1l feroit jugé nécefz faire , 6 dont le nombre feroit fixé par les états qui feroient arrêtés dans le confeil, fuivant les avis des archevêques & évèques chacun dans leur diocèfe: L’édit attribue à ces rosaires royaux & apoftoli: ques le pouvoir de faire feuls, & privativement à tous autres zosaires & tabellions, huiffiers & fergens, toutes fortes de procurations à refigner bénéfices , miniftrèmies , commanderies, proviforeries, bourfes, &c. révocations & figmfications d’icelles, démif- fions d’archevêchés ; évêchés ; abbayes , prieurés , ët tous bénéfices & charges eccléfiaftiques, & géné: ralement tous les aétes qui ont rapport aux bénéfi+ ces. & fonétions eccléfiaftiques , & qui font détaillés dans cet édit. | Ils font autorifés par ce même édit à faire ,concur< remment avec les autres roraires & tabellions , les titres facerdotaux ; fondations de bénéfices, monaf- teres , obits & autres prieres & fervices divins ; do- nations aux communautés eccléfaftiques, féculieres &t réguheres, fabriques , confrairies & hôpitaux ; les baux à ferme, & fous-baux des biens d’éslife, les devis & marchés des confiruétions , nouvelles refeétions êt réparations de bâtimens appartenans à l’églife ; les quittances des ouvriers, contrats de penfion viagere promife à un couvent lors de l’en: trée d’une fille en religion ; les teftamens des gens d’églife, & l'inventaire des meubles trouvés après le décès des eccléfiaftiques : & il eft dit que quand le curé de la paroiffe ou fon vicaire auront recu un teftament , ils en dépoferont la minute huit jours après le decès du teftateur , dans l'étude d’un rosaire royal & apoftolique du diocéfe , pour la groffe en être par lui expédiée. Fi Perfonne ne peut, fuivant cet édit , exercer la fonétion de notaire apoñlolique , fans être revêtu de l’un des offices de zoratres royaux &c apoñtoliques créés par cet édit. Il leur eft ordonné de faire regiftre des aëtes qu’ils auront reçus, & l’édit renouvelle les défenfes qui leur avoient été faites d’inftrumenter qu’en un feul diocèfe , à peine de faux & de nullité des aûtes. L’édit ordonne encore qu’ils feront reçus après information de vie & mœurs, par les baillis & féné- chaux , ou juges royaux dans la juridiétion defquels ils feront établis ; & après qu'ils auront prêté fer- . ment devant le juge royal, il leur eft enjoint de pré- fenter leurs lettres de rocaires apofloliques aux arche: vêques & évêques , leurs vicaires généraux ou offi- ciaux , & de faire ferment entre leurs mains, fans cependant qu'il foit befoin de nouvelle information. de vie & mœurs. | Les archevêques & évêques, & leurs officiers ; ne peuvent néanmoins , fous prétexte de ce ferment ni autrement , s’atttibuer la connoïflance de l’exé- cution des aëtes qui fe font paflés par les roraires royaux & apoftoliques , & prétendre aucune jurif diétion autre que celle qui leur appartient de droit, fuivant les ordonnances. Les charges de nraires apofloliqués créées pour le diocèfe de Paris en vertu de l’édit de 1601, ont été réunies aux charges des zoraires au châtelet de Paris par l’édit du mois de Février 1693 , resiftré au pars lement: C’eft pourquoi les roraires du châtelet re- çoivent dans le diocèfe de Paris les aétes qui , fui vant l’édit de 1691, doivent être pañlés devait les Aotaires royaux & apoftoliques. L’édit de 1693 n’exs cepte de cette regle que Îles réfignations des bénéf: ces que tous les zotaires royaux du diocèfe de Paris peuvent recevoir chacun dans leur diftriét, dans les lieux fitués à quatre lieues de Paris, & au-delà pour 240 NOT les perfonnes qui y font domiciliées ; comme on le pratquoit avant lédit de 1691. - Dans quelques autres diocèfes , les offices de »0- taires royaux apoftoliques ont été pareillement réu- nis aux offices de notaires royaux féculiers du même lieu ; dans d’autres diocèfes ils ont été acquis feule- ment par les roraires de certaines villes, qui exer- cent feuls les fonétions de zoraires apoftoliques dans tout le diocèfe. Enfin , dans quelques endroits le clergé a acquis ces offices de notaires royaux apoftoliques, & les fait exercer. par commiffon. Il y a encore des eccléfaftiques qui ont le titre de notaires apofioliques ; ce font des miflionnaïires qui tiennent leurs pouvoirs immédiatement du S. fiége, . pour aller prêcher la foi däns les pays des infideles, tels que la Chine , la Cochinchine , Tonquin , Siam, & autres pays orientaux. Le pape leur donne aufñ ordinairement le titre de zosaires apoftoliques ; & Louis XIV, par une déclaration du 8 Janvier 168%, regifitée au parlement de Paris, a permis à ces mif- fionnaires qui font zosaires apofloliques ; de faire toutes les fonéions de roraire royal , & a ordonné que les contrats, teflamens, & autres aétes qui fe- roient par eux reçus dans,ces pays , feroient de même force &.vertu que s'ils étoient pañlés devant les zotaires du royaume. Sur les noraires apoftoliques , voyez Joly , Fevret, d'Héricourt, Brodeau fur Louet, Zertre N , fomm. s ; les mémoires du clergë | & ci-après NOTAIRE COM- MUN; ÉPISCOPAL , DE L'ÉVÈQUE , NOTAIRE 1M- PÉRIAL. (14) ee NOTAIRES-ARPENTEURS-ROYAUX furent créés par édit du mois de Mai1702, dans toutes les jurif- diétons royales. C’étoient des offices en vertu def- quels le pourvu pouvoit faire la fonétion de zoraire avec celle d’arpenteur. Ils ont depuis été fupprimés. NOTAIRE-AUDIENCIER. On joignoit ainf autre- fois le titre de zoraire avec celui d’audiencier, pour “_défigner l’audiencier de la chancellerie de France, parce qu'il étoit tiré du college des noraires on fecré- taires du roi : ce qui fait qu'encore aujourd’hui il jouit des mêmes privileges que les fecréraires du toi. Voyez a la lettre G l’article GRAND-AUDIEN- CIER. Il eft ainfi appellé dans des lettres de Charles V, alors régent du royaume, en date du 18 Mars 1357. NOTAIRES AUTHENTIQUES. On donne quelque- fois ce titre aux zoraires des feigneurs , pour Les dif- tinguer des zotaires royaux, Ce furnom d’axthenrique vient probablement de ce que les obligations qu'ils recoivent font pañlées fons le {cel du feigneur, qu’on appelle fimplement /ce/ authentique, pour le diftin- guer du fcel royal. Fevret, en fon traité de l’abus, div. IV, ch, jy, n 16, dit que files évêques ou leurs offciaux avoient interdit ou fufpendu de leurs char- ges les zoraires royaux ou authentiques , il y auroit abus. _ NoTaREe des Bayle & Confuls dans le Languedoc, étoit le greffier de ces juges, de même que les gref- fiers des autres tribunaux étoient auf alors qualifiés de zotaires. Voyez le recueil des ordonnances de la troi- f£eme race, où il s’en trouve nombre d'exemples, … NoTaAIREs DES CAPiTOULS de Touloufe ; ces of- ficiers prétendoient, par privilege impérial, avoir le droit de créer des notaires qui auroient la faculté d’inftrumenter par-tout, 8 conceyroient leurs aétes en cette forme: Ægo talis notarius autoritate imperiali € dominorum de capirulo ; mais les officiers royaux empêcherent cette entreprife fur les droits du roi ; & Benediét, fur le chapitre raynutins in verbo uxo- rem decif, n. 580 ; dit que de fon tems ( il écrivoit. au commencement du xvj-fecle ) ces roraires de | Touloufe n’ufoient plus de ces termes, autorirate 1m- périali ; mais qu'ils fe qualifioient feulement ro2arres conftitués awroritate dominorum de capitulo, Voyez Fe- vret en fon traité de l'abus, Zv. XI. ch. jy, n. 14, & ci-devant NOTAÏRE APOSTOLIQUE , 6 ci-après NOTAIRE IMPERIAL, NOTAIRES DE LA CHAMBRE Ou de la chambre apol- tolique , lefquels fe qualifient en latin fécréraires de la chambre , font des officiers de la chambre apoñtoli- que qui reçoivent & expédient les a@tes qui émanent de cette chambre, & notamment les bulles & pro- vifions pour les bénéfices. Le banquier qui eft ordi- nairement porteur de la procuration, a le choix de faire mettre le confens par le rosaire de la chancel- lerie , ou par un de ceux de la chambre apoñtolique, qui Pexpédient en la même forme, fi ce n’eft que les notaires de la chambre comptent l’année depuis la nativité de notre-Seigneur , au lieu que le zosaire de la chancellerie compte l’année depuis l’incarnation. NOTAIRE-DE LA CHANCELLERIE ROMAINE eft un officier unique , lequel reçoit les aftes de confens êc les procurarions des réfignations , révocations, &-antres aëtes femblables. C’eft lui qui fait l’exten- fon du confens au dos de la fignature , qu'il date ab anno incarnationis ; c’eft-à-dire de l’année aprè lincarnation , qui fe compte du mois de Mars, trois mois aprés la Nativité. Ce roraire fe qualifie député de la chancellerie , & figne en ces termes au bas de l’extenfion du confens , ef? in cancellari& N . . . de- putatus. Voyez le traité de l'ufage & pratique de la cour de Rome , par Caftel , some I. pag, 46. Noyez auf ci-devant NOTAIRES DE LA CHAMBRE. NOTAIRE AU CHASTELET eft un moraire royal reçu & immatriculé dans ün fiége qui a le titre de chätelet ; comme les oraires au. châteles de Paris, ceux du chatelet d'Orléans, du chätelet de Montpel- lier, &c. L’établiflement des zoraires au chäteler de Pariseft fans doute aufli ancien que le tribunal dont ils font membres. Sous la premiere race de nos rois, la juftice étoit rendue au châtelet par un comte ; fous la feconde race, depuis 884, par un vicomte ; & fous la troi- fieme race , depuis lan 1032 ,'elle commença d’être rendue par un prevôt. Les capitulaires ordonnoient aux comtes d’avoir fous eux des zotaires : af l’on ne peut douter que les comtes de Paris & les vicomtes , qui étoient comme leurs lieutenans , avoient des zozaires pour recevoir & expédier les aftes de leur jurifdiétion ; mais ces zotaires, qui fervoient de greffiers ou fecré- taires aux magiftrats du châtelet, n’étoient que des perfonnes privées : on fe fervoit alors rarement de leur miniftere pour recevoir des conventions, li- -gnorance étoit alors fi grande, que peu de/perlonnes favoient écrire. C’eft pourquoi la pläpart des conven- tions étoient verbales ; ou fi on les rédigeoit par écrit, on fe contentoit d’y appeller plufieurs témoins pour les rendre plus authentiques ; & lors même qu’on appelloit un zo0raire pour les écrire , elles n’é- toient toujours regardées que comme écritures pri- vées, à moins qu’elles n’euflent été mifes «pud aa, comme nous Pavons déja obfervé en parlant des z0- taires en général. Le pere Mabillon-, dans fa diplomarique attefte qu’il n’a trouvé aucun aéte pailé devant soraire com- me'Officier public, avant lan 1270 , & il y a tont lieu de préfumer que les zoraires de Paris furent les premiers établis en titre d'office, Le commiflaire de la Mare , en Jo traité de la police, liv. I. sir. XVII. dit que comme nos-rois ap- pliquoient à leur profit ce qui étoit payé au prevôt de Paris pour les expéditions des rotaires , 8r que ce magiftrat étoit obligé d’en rendre compte, S. Louis voulant débarraffer le prevôt de Paris de ce qui pou- VOIE oit avoir quelque rapport à [a finance, créa 6o no- taires en titre d'office, pour recevoir tous les aétes volontaires de fa jurifdiéion. Il avance ce fait {ur la foi de Joinville , en fon foire de S.. Lours , de la chronique de S, Denis ; Nicolas Gilles 8e Gaguin, 4ff, de S. Louis, & de Loyfeau , en fon craité des offices , iv. IT. ch. jv. & Liv. LIT, ch. 7. Il obferve encore que fuivant les ordonnances qui furent faites dans la fuite touchant la fonétion de ces officiers , pour rendre leurs aétes exécutoires & au- thentiques fans avoir recours au magiitrat, ils étoient oblipés, 1°. d’être afhidus dans leurs fonétions ; 2°. de ne pafler aucun aëte que dans le châtelet , où ils avoient une falle pour mettre Leurs bureaux ; 3°. d’in- tituler tous leurs aëtes du nom du mapiftrat, & de ne parler d'eux qu'en tierce perfonne ;} 4°. les deux qui avoient reçu l’ate devoient le porter enfemble au fcelleur ,f qui avoit aufli ion bu:eau proche leur faille , afin que fur leur témoignage cet officier y ap- osät , fous l’autorité du prevôt de Paris, le fceau de la jurifdiétion ; $°. enfin ils devoient fur leurs émo- lumens en payer au roi les trois quarts , que cet of- ficier remettoit enfuite au receveur du domaine, pouren compter à la chambre des comptes. Nonobftant ce qui vient d’être dit, M. Langlois, dans {on traité des droits, privileges & fonétions des _ notaires au Châtelet de Paris, n’a point voulu entre- prendre de fixer l’époque de leur établiffement ; il s'eft contenté de dire qu'il y a tout lieu de préfumer qu'ils font environ de même date que la jurifdi&ion dont ils font membres, quieft l’une des plus ancien- nes du royaume. Il avoue que les titres qu’ils ont dans leurs archi- ves, ne remontent qu'à 1300; mais 1l obferve que dès l’an 1384 leur établifement étoit qualifié d'z- mémorial; comme il paroït par un arrêt du parlement du 20 Juillet de ladite année, contenant que de toute ancienneté les notaires avoient été ordonnés & établis au châtelet , pour les affaires volontaires d’entre Les parties. | On peut encore ajouter que Philippe-le-Bel , qui commença à regner en 1285, dit dans un mandement de l’an 1300, que depuis lono-tems, dudum, avoit reconnu les inconvéniens qui réfultoient de la multi- tude des zofaires au châteiet, ce qui fait juger que leur érabliffement étoit déjà fort ancien, puiique leur nombres’étoit accru à tel point que depuisiong- téms on fongeoit à le réduire. Il falloit que ce nombre fût bien excefñf, puifque Philippe-le-Bel crut qu'il fuffloit d’en réferver toi- xante,commeil l’ordonna par douze letires patentes ou mandemens, adreflés au prévôtde Paris, des an- nées 1300, 1301, 1302, 1303 & 1304. M. de Lauriere dans une zo4 fur letroifieme de ces mandemens , dit que lé prévôr de Parisétoit con- trevenu à l'ordonnance , & que ce fut ce qui occa- fionna le troifieme mandement ; on voit par-là qu'ils étoient commis par le prevôt de Paris, mais on ne le larffa pas le maître de difpafer feul de ces places. Philippe-le-Bel, par une ordonnance du mois de Mai 1313, ordonna que comme il ÿ avoit pluñeurs notaires al chârelet qui n'avoient pas les qualités & capacités réquifes, qu'ils feroient Ôtés par les com- miffaires à ce députés , lefquels y mettroicni des per- fonnes capables, & que lefdits députés fufpendroient tout préfentement de leur office, ceux conire lef- quels 1l y auroit des preuves des faits dont il y avoit plainte contre eux. Philippe de Valois ordonna au mois de Février 1327, qu'en cas de vacation de l’un de ces 60 of- ces, {oit par mort ou autrement, qu'il y {eroit pour- vu de fujets capables par le chancelier, lequel appel- leroit à cet effet avec lui, quatre confeillers au pat- dement, & le prevôt de Paris, Il eft dit un peu plus Tome XT, | NOT 241 loin dans la même ordonnance, que Îles zotaires étoient mis par le prevôt de Paris : mais cela doit s'entendre relativement à ce qui précède : préfente- ment 1ls font pourvus par le roi, de même que tous les autres roraires royaux. | Depuis 1304 leur nombre a été augmenté à difs férentes fois, & enfin fixé à cent-treize , par lettres patentes de Louis XIII. du mois d'Oûtobre 1639, regifirées au parlement le 24 Novembre de la même année. % Leurs offices font cafuels, & fujets au paiement du prêt & de la paulette, en conféquence de quoi ils onréte déchargés, par arrêt du conieil du 19 Juin 1703, du droit qui leur étoit demandé pour confir= mation de l'hérédité des offices, établi par édit d’Août 1701, nonobftant la réunion qui leur avoit cte faite des fonéhions de greffiers des conventions êt des zotarres apoitoliques, dont les offices avoient été crées héréditaires; & quoique par édit de Novem: bre 1708, tous les offices des zoraires royaux aient été renius héréditaires, ceux des roraires du châteler de Paris en ont été exceptés oar un autre édit dü mois de Décembre {uivane, , Louis XIV. ayant par édit du moisde Mars 1673, créé pour la ville de Paris, vingt confeiliers de fa majeité, grefliers des conventions, fupprima enfuite le titre de ces 20 offices, & en réumir les fon@tions aux cent-treize zotaires du chéreler de Paris, pat autre édit du mois d'Aoûr fuivant. Le rot déclara par ce fecond édit, qu’il fe portoit d'autant plus volontiers à ces fupprefon & réua nion, qu'il trouvoit par ce moyen occafon de témoi- gner aux centtreize moraires du châteler de Paris, leftime particuliere qu'il faifoit de la bonne condui- te qu'ils ennent dans l’exercice de leurs offices , en leur donnant des marques d'honneur qui les diftin- guent des autres nosaires du royaume,ë pour cet ef fet leur attribua la qualité de confeillers du roi, & chacun d'eux & à leurs fucceffeurs. Ce titre lear a été confirmé en dernier lieu, par des lettres patentes du mois d'Avril 1736, regiftrées en parlement. Anciennement 1ls ne gardoient point de minutes de leurs aétes ; 8&c les délivroient en brevet. Charles VIE, leur ordonna le premier Décembre 1437, de temir regiftres de leurs actes, pour être lefdiis regif tres remis à leurs fucceffeurs. Cela n'eut pourtant pas alors d’exécut'on, puif- que l'ordonnance de Louis XIT. aflujett int tous notaires & tabelhons à faire regiflre de leurs aûes, en excepte les rotarres du chârelet de Paris. Mais de puis ils fe font conformés à l’ordonnance de 1539, qua Penjoint à tous zoraires. Depuis qu'ils ont commencé à retenir minute de leurs aétes , ces minutes font demeurées en leur pof- fefon, & Henri HE. ayant créé en 1575 des zotaires= gardes-notes , ceux qui avoient été créés pour Paris furent unis aux zotaires du châteler. Ïls ont aufñ Le titre de garde-fcel de fa majefté, en conféquence de divers édits des premier Décembre 1691 & Novembre 1696 , qui avoient créé des offi- ces de garde-fcels, & d’autres édits du mois de Fé vrier 1693 & Décembre 1697, qui ont uni ces offi- Cesaux cent-treize zoraires du châteler. François [. ayant créé en 1542, des tabellions dans toutes les juritdiétions royales, pour grofloyer les aétes des rofzires , ceux du châtelet en furent exe ceptés par une déclaration du 6 Juillet 1543, & ils furent maintenus dans Le droit de faire expédier leurs groffes par leurs clercs. Il fur créé par Louis XIV. au mois de Mars 1673, vingt offices de confeillers du roi greffers des arbi= trages , compromis, fyndicats & dire@ions des créanciers , fous le titre de greffiers des Ge OMARIORS, | H h | 242 NOT. avec la qualité & fondion de noaires-garde-notes & tabellions , & la faculté de pafler toutes fortes d’autres aêtes ; mais le titre de ces offices fut fuppri- | mé par édit du mois d’Août fuivant, &c les attribu- tions & fonétions réunies aux roraires du châteles, ce qui leur a été confirmé par un autre édit du mois d'Avril 1736. Enfinles zoraires du chételesréuniflent auf la fonc- tionde notaire royal apoftolique, le roi ayant par édit du mois de Février 1693, éteint le titre des ofüi- ces dé zorzires apoftoliques qui avoient été créés pour le diocefe de Paris, fuivant lédit du mois de Décembre 1691. Les rotaires du châtelet de Paris jouiflent de plu- fieurs droits & privileges. La compatibilité de la nobleffe avec leurs fonc- tions a été reconnue en leur faveur , par l’édit du mois d'Août 1673, & par celui du mois d'Avril 1736. Îls font en la fauvegarde du roi, eux, leurs biens & domeftiques , ce qui leur fut confirmé par des let- tres de Charles VI. de l’année 1411. Ils font exempts du logement des gens de guerre, tant enleurs maifons de Paris, qu’en celles de la cam- pagne, même du logement des troupes de la maifon du roi, comme aufhi du logement des officiers de la cour & fuite de fa majefté. Divers édits leuront aufliattribué l’exemption de tutelle, curatelle, guet , garde & autres charges pu- bliques. Ils jouiffent du droit de garde gardienne , &c leurs caufes foit en demandant ou défendant, font comimi- {és en premiere inftance au châtelet, 6c par appel au parlement ; même les caufes criminelles concer- nant leur miniftere &c tes fonétions de leurs offices. Les douze plus anciens en réception, fucceflive- ment , ont droit de comumittimus aux requêtes du pa- lais. L'édit du mois d’Août 1713, leut a attribué à cha- cun un minot de franc-falé, & à ceux d’entre eux qui en vendant leurs offices obtiendroient des fet- ttes d'honoraires, comme aufh aux veuves de ces offciers & honoraires. . Ils ont droit d’inftrumenter tant en matiere civile que bénéficiale , dans tout le royaume, lorfqu'ils en font réquis ; maïs ils ne peuvent s’habituer ou faire leur réfidence ailleurs qu’en la ville de Paris pour l'e- xercice de leurs offices. [ls ont le droit excluff de recevoir, tant en la ville que dans toute l'étendue du diocefe de Paris, tous les a@es de matiere bénéficiale , à l'exception feu- lement des réfignations de bénéfices,qui peuvent être reçues par tous zofaires royaux, Chacun dans fon diftrié, dans les lieux fitués à quatre lieues de Paris &t au-delà , pour les perfonnes qui s’y trouvent do- micilices. | Eux feuls peuvent dans la ville & fauxbourgs de Paris, faire tous compromis, recevoir les fentences arbitrales, tenir regiftres des délibérations des fyn- dicats & direétions de créanciers , & recevoir les or- dres & diftributions de deniers émanés de ces direc- tions. Ils ont de plus le droit de recevoir & pañler feuls, & à l’exclufion de tous autres, tous contrats &c aétes volontaires , tant entre majeurs qu'entre mineurs, en la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris. La confettion des inventaires & récolemens, ainfi que des comptes, liquidations &c partages volontai- res, tant entre majeurs que mineurs , leur appar- tiennent à lexclufion de tous autres officiers, dans la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris, Ils ont été confirmés dans ce droit, par deux arrêts de regle- menn du parlement de Paris, des 15 Mars & 23 Août 1752, dont le dernier ef contradiétoire avec les comnuflaires, Ce font eux, lors des inventaires, qui reçoivent le ferment , tant de ceux qui repréfentent les effets que de ceux qui en font la prifée. On a tenté plufeurs fois d’aflujettir leurs aëtes à la formalité du contrôle, comme ceux des autres 70= taires ; maïs ils n’y ont pas été fujets long-tems, à caufe du préjudice notable que cette formalité ap- portoit au commerce des affaires & au fecret des ac- tes les plus importans , & lorfque ce droit fut rétabli en 1722, il n’eut lieu que jufqu’en 1723, qu'il fut commué en un droit de marque fur Le papier dont fe fervent les zoraires de Paris. Voyez PAPIER TIMBRÉ. On a pareïllement difpenfé les rozaires de Paris de faire infinuer eux-mêmes les aétes qui y font fujets. Il y auroit encore bien d’autres chofes à obferver au fujet des soraires au chäteler de Paris, mais dont le détail nous meneroïit trop loin; ceux qui voudront s’inftruire plus à fond de ce qui les concerne, peu- vent confulter Le traité qui a été fair fur leurs droits, privileges & fonétions,par M. Lañglois zoraire,où l’on trouve tous les édits, arrêts & reglemens, notamment les lertres en forme d’édit, portant confirmation de tous leurs droits & privileges du mois d’Avril 1736, resiftrées le 13 Août fuivant. | Les rocaires au chätelet d'Orléans & ceux du châte< let de Montpellier , ont comme ceux de Paris , le droit d’inftrumenter dans tont le royaume, avec cette différence feulement qu'ils ne peuvent inftru- menter à Paris; au lieu que les zoraires de Paris peu- vent inftrumenter à Orléans &t à Montpellier. Voyez la Lande fur la coutume d'Orléans. (A) NOTAIRES COMMUNS où ÉPISCOPAUX, AOarie communes ordinariorum ; on entendoit autrefois par-là les notaires épifcopaux , que l’on appelloit ainfi pour les diftinguer des roraires apoftoliques , qui n’étoient alors autres que ceux commis par le pape. FWoyez Dumoulin en {es notes fur l’édit des petites dates, Ra- ueau , en fon indice , au mot otaire; Fevret, £r. de L'abus , lib. IV. ch. iv. n. 15 6 16. - NoTaires DES COMTES. Anciennement chaque comte ou gouverneur d’une province où d’une ville avoit, de même que les évêques & les abbés, fon notaire, cela leur fut même ordonné par un capitu- laire de l’an 805. Voyez ce qui eff dir ci-devant à l'arti cle NOTAIRE DES ÂBBÉSS NOTAIRES DES COMTES PALATINS, ou fémple= ment Notaires PALATINS. Il y a dans l’Empire un titre de comte palatin qui n’a rien de commun avec celui des princes palatins du Rhin, c’eftune dignité dont l’empereur décore quelquefois des gens de let- tres, & felon le pouvoir que leur donnent les lettres: patentes de l’Empire, ils peuvent créer des zotairess lévirimer des bâtards, &c. Mais, dit un auteur qui a écrit fur les affaires d'Allemagne, comme on ne refpelte pas beaucoup ces comtes, on confidere en- core moins leurs produétions, qui font fouvent vé= nales auffi bien que la dignité même. Voyez le tableau de l'Empire germanique , pag. 107. Le pape tait aufli des comtes palatins auxquels il donne pareïllement un pouvoir très- étendu, & entre autres chofes de créer des motaires ayant pouvoir d’inftrumenter par-tout; mais ces zoraires ne font point reconnus en France, & l’on voit dans les arrêts de Papon, sivre des légitimations, que Jean Navar, chevalier & comte palatin, fut condamné par ar- rêt du parlement de Touloufe, prononcé le 25 Maï 1462, à faire amende honorable & demander par- don au roi pour les abus par lui commis en oétroyant en France lésitimation , mosariat , &t autre chofe dont il avoit puiffance du pape contre l’autorité du roi, & que le tout fut déclaré nul & abuñf. Il eft parlé de ces noszires palatins dans lédit de François I® du mois de Novembre 1542, ob ils font diffingués des mosaires impériaux. (4) Norarmes DE LA Cour ; c’étoit le nom que l’on donnoit anciennement aux zoraires & fecrétai- res du roi fervans près du parlement ou de quelque autre cour fouveraine ; on ne les appelle plus pré- fentement que /écreéraires duroi près les cours. Voyez SECRÉTAIRES DU ROI, | NOTAIRE DE COUR D'ÉGLISE. On comprenoit fous ce terme tous les zotaires eccléfaftiques, favoir tant les moraires apotoliques qui étoient établis en France de l'autorité du pape, que les zoraires épif: copaux établis de l'autorité de l’évêque, & qui prê- toient ferment en l’offcialité, pour quoi on les appelloit auf notaires jurés de l'officialité, Voyez NOTAIRE APOSTOLIQUE. © NOTAIRE DE LA COUR ÉPISCOPALE; c’étoient ceux qui étoient infitués par l'évêque dans fon dio- cèle. Voyez ci-devant NOTAIRE APOSTOLIQUE. NOTAIRE DE COUR LAIC ; c'eft un zocaire royal laic ou un zoraire de fcigneur: ce titre eft oppoté à celui de rotaire de cour d'églife ou apoñtolique, Voyez Fevret, traité de l'abus. NOTAIRE DU DAUPHIN ox DU DAUPHINÉ, . appellé auf notaire delphinal, ou notaire de l’autoriré délphinale, étoit un de ceux qui étoient établis en Dauphiné de l'autorité du dauphin avant que cette province eût été cédée par Humbert IL. à Philippes de Valois. Il y eut auffi depuis de ces zosaires qui te- noient leurs provifñons du roi ou du gouverneur du Dauphiné ; 1l eft parlé de ces zoraires de l'autorité del- phinale dans plufieurs anciennes ordonnances. Voyez le recueil des Ordonnances de la troifreme race, _. Quelques- uns Joïgnoient au titre de zotaire del- phinal celui de notarre impérial; d’autres y Joignoient auf les titres de roraire royal & apoftolique. Suivant un reglement qui fut fait pour l’adminif- tration de la juftice en Dauphiné, & confirmé par Charles VI. le 12 Juillet 1409, les zoraires delphinaux faifoient ferment d'être fideles au dauphin & à {es officiers, de ne point révéler à perfonne les fecrets de l’Empire & du Dauphiné , de donner avis au dau- phin , ou à fon confeil delphinal de tout ce qui inté- refleroit le dauphin, & de le coucher par écrit , tout au long &c {ans 6 cetera : ils promettoient aufñ de mettre au net dans douze jours, à compter de la ré- ception , tous les reftamens, codicilles , donations à caufe de mort, & tous contrats & ates entre vifs, avec leurs notes & protocoles; de donner avis à l’évêque ou à fon vicaire des legs pieux dans deux mois, à compter du décès du teftateur; de ne point vexer les fujets pour leurs écritures n1 pour celles des autres, & de ne point permettre qu'aucun fût opprimé direétement n1 indireftement; de n'écrire aucuns aétes fur du papier vieux ou ufé, mais {ur du parchemin blanc & neuf; d'écrire fidellemenr, _ & de conferver de même les teflamens, codicilles, donations à caufe de mort , les dépoñtions des té- moins, & autres chofes qui appartenoient à leur office, de ne révéler à perfonne les chofes fecrettes avant le tems; d’avoir foin des affaires des veuves & autres perfonnes miférables ; de l'entretien des ponts, chemins publics, & hôpitaux; enfin d’exer- cer loyalement l'office de rosaire fans agir par des vües d'intérêt ni par aucun mouvement de haine ou d’afettion particuliere. On connoit par la forme de ce ferment quelles étoient alors les fonétions de ces notaires. Voyez Le recueil des Ordonnances de la troifieme race, notamment de tome IX. pag. 4506. NOTAIRES DOMESTIQUES, zotarit domeflict, c’étoient des fecrétaires particuliers que les empe- reurs romains avoient pour les affaires de leur mai- ons, à la différence des osaires tribuns & des z0- saires prétoriens qui étoient pour les affaires publi- ques. Voyez Pançirolus, 17 notitié Imperi ; le Glof- Tome XI, | NOT 2.43 faire de Ducange, au mot #osarii. Voyez ci-après NOTAIRES PRÉTORIENS 6 NOTAIRES TRIBUNS, NOTAIRE ECCLESIASTIQUE, fignifie tout moraire établi, foit par Le pape ou par l’évêque dans fon diocèfe, pour recevoir les a@tes concernant les bé- néfices & matieres eccléfafliques. Ils étoient autrefois de deux fortes dans le TOyau= me, favoir les notaires apoñftoliques, par lefquels on n’entendoit alors que ceux qui éroient commis par le pape, & les zoraires communs ou épiicopaux, qui étoient commis par les évêques chacun dans leur diocèfe. Voyez ci. devant NOTAIRE APOSTOLI- QUE. | NOTAIRE ÉPISCOPAL o4 COMMUN, étoit un notaire eccléfaflique commis par un-évêque ou ar- chevêque, pour recevoir dans fon diocele les actes concernant les matieres bénéficiales & eccléfafti- ques. Foyez c1- devant NOTAIRE APOSTOLIQUE, NOTAIRE COMMUN , 6 NOTAIRE ECCLESIASTI« QUE , 6 ci-après, NOTAIRE DE L'ÉVÊQUE: NOTAIRES DES ÉVÊQUES , anciennement ces officiers n’étoient pas des zotaires publics deftinés à recevoir des actes dans le fens que nous entendons aujourd’hui le terme derosaires ;c’étoient des ecclé- faftiques que l’évêque choififloit pour fes fecrétai- res, & quioutre la fonétion de {cribes, en remplif- foientencore d’autres auprès de lui, comme de porter fa crofie, de porter devant lui des cierges allumés. Voyez la vie de S. Céfarien d'Arles, par Meflianus, & le glof]. de Ducange , au mot rorarii epifcoporum. Ces notaires ou fecrétaires pouvoient bien être les mêmes que les évêques établifloient dans leur diocele pour écrire les ates des martyrs , & qui par {ucceflion de tems s’adonnerent à recevoir tous les aftes concernant les matieres fpiriruelles & ec- clefiaftiques, d’où foût venusles zoraires apoftoliques épucopaux , c’eft-à-dire inflitués par l’évêque. Foyez ci-devant NOTAIRES APOSTOLIQUES. (4)- NOTAIRE DES FOIRES DE BRIE ET DE CHAM- PAGNE , 1l y avoit anciennement des xoraires ou ta- bellions établis pour recevoir les contrats qui fe pafloient entre les marchands fréquentans les foires de Brie & de Champagne. Pendant le cours de ces foires , il falloit que le nombre de ces roraires fût d’abord bien confidérable, puifque Philippe V. par des lettres du mois de Juin 1317 le réduifit à 40. Phi- lippe de Valois, dans fon ordonnance du mois de Décembre 1331 touchant les foires de Champagne & de Brie, voulant que les maîtres de ces foires connuflent la fufifance des rotaires des foires, & que l’on ne commit à cet office que les plus capables ordonne que quand le fege d’un noraire de ces foires vaqueroit par mort ou äutrement , les maitres des foires en leur loyauté y établiroient des perfonnes convenables & fufffantes, & qu'ils auroient la cor- rection de ces rorzires préfens & à venir, quant à leur. deftitution s'ils méfaïloient |, & linfütution, d’iceux quand le cas écheroit fans en prendre pour ce aucun profit , & qu'ils n’établiroient {ur leur fer- ment perfonne qui ne fût capable , foit par priere ou affeéhion. Il ordonna auf qu'il y auroit dans ces forres deux tabellions pour recevoir les contrats d'italien à italien, aulieu que Charles IV.en1327, ayoit ordonné qu'il n’y en auroi qu'un. Woyez No TAIRE DES ÎTALIENS. Le même Philippe de Valois, au mois de Juillet 1344, ordonna que le nombre des quarante roraires ne feroit point augmenté ; que quand le Zez d’aucur d'eux vaqueroit, que les gardes des foires en au- roient le don, & y mettroient perfonne capable par élection & par ferment ; que des premiers zosares qui y ferocientétablis, l’on en teroit quatre bons clercs & bons zoraires {ufffans pour écrire en françois & en latin par tout pays ; que fi les gardes y mettoient h 1 247 NOT d’autres perfonnes, Où En recevoient en confe- quence des lettres du ro1, le don ou réception feroit de nulle valeur ; enfin que ces xotaires obéiroient aux gardes des foires, & au chancelier & garde de {cel de ces foires. | Les notaires des foires étoient obligés d'exercer leur office en petfonne , & ne pouvoient le vendre à moins qu'ils ny fuffent antorifés par les gardes. (4) + : 6 à NOTAIRES DE FRANCE. On donnoit ancienne- ment cette qualité aux fecrétaires du roi &e grefñers du confeil. Voyez ci-devant au mot CONSEIL DU RO, l’article des greffiers du confeil. bé NoTAIRES-GARDE-NOTES , font ceux qui, parle titre de leur office, ont droit de garder les notes , minutes, repiftres & protocoles de leurs prédécef- feurs. Anciennement, après le décès de tous les 0- taires MÊME TOYAUX » leurs veuves & héritiers gar- doient les minutes, ou les donnoïent à ceux qu'ils jugeoient à-propos. L'ordonnance d'Orléans enjoi- grit aux juges des lieux de faire inventaire des no- tes, repiftres & protocoles des notaires décédés dans leur reflort, pour être ces notes , regiftres & con- trars remis ès mains des greffers des lieux, afin de les grofloyer & délivrer aux parties moyennant {alaire raifonnable, Cette ordonnance n'ayant point été exécutée , Henri IL. par l’édit du mois de Mai 157$, créa dans chaque bailliage , fénéchauifée &c fiege royal, un certain nombre de aotaires-garde- notes , par-devers lefquels , aufli-tôt apres le décès des notaires du reflort où ils auroïent été inflitués & établis , les veuves & héritiers feroient tenus de re- mettre toutes notes , minutes , protocoles & regif- tres qui feroient en leur poffeffion , tant de la prati- que du défunt que des autres pratiques qu'ils auroïent acquifes de leur vivant des autres zosares. Cet édit ñe fut enregiftré que fous les modifications que le nombre des garde-notes feroit certain & déterminé , qu'ils ne feroient point établie dans les lieux où il y avoit dés tabellions créés; que l’'émolument des veu- ves & héritiers des zotaires décédés feroit de la moi- tié ; que l’autre appartiendroit au garde-note ; que le notaire vivant qui auroit réfigné ñe feroit point tenu de porter fes notes & protocoles aux garde-no- tes, &z quil expédieroit cè qu’il auroit reçu avant {a réfignation ; enfin que les garde-notes ne feroient point exempts de tutelle, Les zoraires de Paris & des autres villes ayant formé des oppofitions à la récep- tion de ceux qui avoient été pourvus de ces offices de garde-notes , le roi ; par arrêt & lettres patentes du 12 Décembre 1577, unit les gardes-notes créés pour Pafis aux offices de notaires. Il fit la même chofe pour Îles rosaires royaux des autres villes par Védit du mois d'Avril 1578, au moyen de quoi tous les notaires toyaux font préfentement rosaires-garde notes , à l'effet de garder les notes &c minutes de leurs prédéceffeurs & d’en délivrer des expéditions. Voyez Le recueil des offices de Joly , rome IV. Liv. ET. 18, 41. [1 fut auf créé huit offices de zoraires-garde-notes en la cour & fuite du roi par l’édit du mois de Dé- cembre 1637, mais ces offices ont été fupprimés. (4) NoTAIRE-GREFFIER. On donnoit anciennement ce titre à ceux des oraires où fecrétaires du roi qui exercoient la fonétion de greffier dans quelque cour, mais plus fouvent on ne les appelloit que zosarres. Voyez GREFFIER & SECRÉTAIRE DU ROI. NOTAIRE DE L'HÔTEL DU ROI. On donnoit quel- quefois ce titre aux oraires & fecrétaires du roi, comme on voit dans diverfes lettres, entr'autres dans celles de Charles VI. du 19 Oétobre 1406, con- tenant un téglement fur l’état & office des clercs- notaires de fon hôtel. Voyez Le recueil des ordonnances de la troilieme rase > tome IX, pag. 1524 NOTAIRE-IMPÉRIAL ox de l'autorité impériale j eft un roraire commis par l’empereur. Il y avoit an- ciennement en France des roraires impériaux qui ne tenoient leur pouvoir que de Pempereur; & néan- moins dans l’ufage onavoit toléré qu'ils inftrumen- taflent dans le royaume. Il y en avoit pareillement en Angleterre & en Efpagne , & ces rozaires préten- doient avoir droit d'inflrumenter par-tout : ils fe fondoienr fur le principe rapporté par Baldé ; de sa- bellionibus | n. 32. que ceux qui ont werum émperium ; pouvant exercer par-tout leur jurifdiétion volon- taire , leurs zoraires pouvoient aufli pat-toiit rece- voir des aétes entre tous ceux qui veulent bien avoif recours à eux. Ces roruires imperiaux prenoient le titre de nosaire public & impérial, comme on voit dans le recueil des ordonnances de la troifieme race, some V. pag. 55; & dans Bacquet, rome IT. p. 531, édi- tion de 1744. Le pape commettoit aufh de même en France des zotaires apoñtoliques , & en faifoit com- mettre par fes comtes palatins. Il fut jugé au parle- ment de Paris le 18 Mai 141$, qu’une procuration paflée par un notaire ou tabellion apoñftolique ou 1m- périal étoit bonne en cour laïque , quand la partie : étoit du pays de l’empereur. Biblior. de Bouchel. Il y avoit en quelques endroits des zosuires quis pour réunit en leur perfonne un pouvoir plus étendu, étoient tout à-la-fois zorzires apoñtoliques , impériaux &c royaux, tel que celui qui reçut des lettres du mois d’Août 1367, rapportées dans le recueil des or- donnances de La troifreme race. On fit depuis attention que l’empereur n’ayant aucun pouvoir en France, les mosaires par lui com- mis ne pouvoient faire dans le royaume aucun aéte, même de jurifdiéion volontaire. C’eft pourquoi Charles VIII en 1490; défendit à tous fujets laics de pañler ou faire recevoir leurs contrats par mosaires impériaux , apoftoliques ou épifcopaux ; en matiere temporelle ou profane, fur peine de n’être foi ajou- tée auxdits inftrumens , lefquels dorénavant feroient réputés nuls & de nulle force & vertu. Dans la fuite ; on n’a plus fouffert aucunement que les rotaires-2mpériaux recuflent en France aucun aéte. Voyez le gloffaire de Ducange , au mot #otarii apof- tolici & imperiales ; & celui de M. de Lautiere, au mot 7otaires aux notes, p, 151 ; G ci-devant NOTAI= RES DES CAPITOULS, ( 4) | NOTAIRES-INSTRUMENTAIRES. M. Brillon, er fon Diéionnaire des arrêts , au mot notaire, pag, 598 & 592, col. 2 , appelle ainfi ceux dont les fonétions fe bornent à la réda@tion & expédition des contrats, pour Les diftinguer des rosaires du roi & de ceux des cours, NOTAIRE DES ITALIENS. Les anciennes ordon- nances portant réglement pour les foires de Brie &£ de Champagne, avoient accordé qu'il y anroit un ou deux tabellions pour recevoir dans ces foires les contrats d’italien à italien, & non entr'autres per- fonnes. Charlesle Bel, en 1327, ordonna qu'il n'y auroit qu’un tabellion à cet effet : Philippe VI. en 1331, en établit deux. Ces contrats ne pouvoient être mis à exécution par mandement des foires. Les notaires du roi ou publics de la province de Languedoc , regis vel publici, furent aflujettis par l’ordonnance de Charles V, alors lieutenant du rot Jean fon pere , du mois de Février 1356, au paye- ment de l’aide accordé par les états de la province, moyennant quoi l’exaétion de marcs d’argent qui fe faifoit fur eux fut abolie. (4 ) NOTAIREJURÉ, orarius-juratus. Dans les an- ciennes ordonnances , on appelle ainfi ceux qui étoient en titre d'office ê qui avoient prête ferment, pour les diftinguer des clercs & autres perionnes fans caractere qui s’ingéroient de faire auff la fonétion de notaire 3 ce qui leur fut défendu par lettres patentes en forme de chatte, nommée la phiippine ; du 20 Juillet 1384. . Mila NOTAIRE-LAÏC, eft oppolé au roraire qui eft feulement apoftolique. Voyez ci - devant NOTAIRE- APOSTOLIQUE. | NOTAIRE-MAYOR , en Efpagne, eft le chef des fecréraires du roi. Il yena un dans chacun des royau- mes qui compofent la monarchie d'Efpagne. Voyez létar préfent d'Efpagne par l'abbé de Vayrac, tome II. p. 160. * | : NOTAIRE DE L'OFFICIALITÉ. Ce terme peut avoir deux fignifications différentes : du tems que les rorar- res étoient pris pour greffiers, &e que l’on confondoit les titres degrefñer &c de zôvaire ; on éntendoïit quel- quefois par notaire de l’officralité le greffier de ce tri- buñal ; mais depuis que le titre de rotaire a té ref- treint à ceux qui reçoivent des contrats & autres aêtes pour les parties, on a entendu par zosaire de Pofficralité un notaireeccléfiaftique , & finguliere- ment un Zoraire-épicopal ou de l’évêque, qui avoit prêté ferment en l’officialité. On les appelloit aufli greffiers-jurés de l'officialité, ( A ) NOTAIRE DE L'ORDINAIRE, étoit la même chofe que notaire de l'évêque. On difoit zotarre commun de l'ordinaire pour Le difinguer du #ctarre-apoftolique établi par le pape. Voyez ci-devant NOTAIRE-APOS- TOLIQUE, NOTAIRE COMMUN ,; NOTAIRE-ÉPIS- &oPAL, NOTAIRE DE L'ÉVÊQUE, 6c. NOTAIRES PALATINS, voyez c-devant NOTAI- RES DES COMTES PALATINS. NOTÂAIRE DU PAPEOoZNOTAIRE-APOSTOLIQUE, étoit anciennement la même chofe. Voyez ci-devant NOTAIRE-APOSTOLIQUE. _ NOTAIRES DU PARLEMENT, c’étoient les fecré- taires du roi , qui étoient députés près le parlement pour y faire les expéditions néceflaires. On les ap- pelle préfentement Jécrétaires de la cour ou fécrétaires du roi fervant près la cour de parlement : l’un d’eux étoit commis pour greffier; c’eft de-là que le greffier en chef du parlement eft encore obligé d'être fecré- taire du roi pour pouvoir figner les arrêts. Foyez PARLEMENT à l’article du greffier, € au môt SECRÉ- TAIRE DU ROI. : NOTAIRES-POURSUIVANS ou pour/uivans la cour ; comme qui diroit fxivans la cour, étoient ceux des notaires ou fecrétaires du roi qui étoient diftribués à la fuite de la cour pour faire les expéditions de la chancellerie. Il en eft parlé dans une ordonnance de Philippe le Long , du mois de Décembre 1320. NOTAIRES PRÉTORIENS , on appelloit ainf chez les Romains ; les premiers fecrétaires du préfet du prétoire , qui parvenoïent à cette place après avoir rempli celles de moindres zotarres où fecrétaires , que l’on appelloit cornicularii & primiferinti. Voyez Pancirolus, 22 notitid imperü ; le gloffuire de Ducan- ge au mot zotarii. NOTAIRE PRIMICIER , primicerins , quafr primus incera feu tabuli ; on donnoit ce titre au premier des notaires du facré palais. Voyez la notice de l'Empire, On donnoit aufli ce titre au premier des noraires de l’églife romaine : lequel fut depuis appellé proto- notaire. Voyez le gloffaire de Ducange 6 cr-après No- TAIRE RÉGIONAIRE 6: & la lettre P | PROTONO: TAIRE. | NOTAIRE PUBLIC, on donnoit anciennement ce titre aux zotaires royaux, pour les diftinguer des 0- taires des feigneurs qui recevoient les aétes dans leur reflort , & qui néanmoins n'étoient point encore réputés officiers publics. Philippe V ditle Long , dans une ordonnance du mois de Juin 1319, faite fur les remontrances des habitans d'Auvergne, veut & ac- corde qu’à l'avenir il n’y ait dans la baïllie & ref- fort d'Auvergne, aucun rotaire public établi de {on autorité , 2otarius publicus ; ce que M, de Lauriere traduit par zofaire royal, NOT 24 Il y avoit auffi anciennement des moraires impé. riaux, qui prenoient en même-tems le titre de roraë- res publics. Voyez NOTAIRE IMPÉRIAL. NOTAIRES RÉGIONAIRES , z0farii regionarii ,on donne ce nom aux fept zoraires qui furent inftitués à Rome par le pape S. Clément pour écrire les aétes des martyrs. [is furént appellés régiomaires , parce que le pape leur afligna à chacun une région où quartier de la ville, dans lequel ils devoient recueil: Br foigneufement tout ce qui fe pafloit par rapport aux martyrs. Ces noraires étoient {übordonnés aux diacres & aux fous-diâcres. [ls avoient encore quel- ques autres fonétions dans Rome ; c’étoient eux qui annonçoient au peuple, comme font aujourd’hui les couriers , les litänies, c’eft-à-dire les proceffions ou rogations que le pape avoit ordonnées,; où dans quelle églife ils devoient célebrer la mefle , ou faire quelque ftation ; ils rendoïent compte auffñ au pape des noms & du nombre de ceux qui avoient êté bap« tifés, Le nombre des zoraires ayant été dans la fuité augmenté par les papes , ceux qui étoient des fept premiers inftitués , furent appellés roraires régionaia res Ou protonôtaires, c’eft-à-dire premiers notasres, & les autres, zoraires fimplement, ou zoraires apofto- liques, Voyez ci-deffus le gloffaire dé Ducange au mot notarii, 6 NOTAIRE APOSTOLIQUE 6 PROTONO- TAIRE, (4) NOTAIRE À LA RÉSIDENCE d’un tel lieu , on appelle ainf certains zotairesroyaux, qui par le titre de création de leur office, doivent réfider dans uné ville ou bourg qui n’eft pourtant pas le lieu du fiege royal où1ls font reçus ; c’eft pour la commodité des particuliers que ces fortes de zofaires ont été établis z &t afin que ceux qui veulent pafler un aéte devant un zotaire royal ne foient point obligés de fe tranf- porter dans la principale ville où eft le fiege royal dans lequel font reçus les noraires, On trouve des exemples fort anciens de ces fortes de créations, té- moin l’édit du mois d'O&tobre 1575 ; portant créa- tion d’un office de notaire royal ès reflorts de Tou: rame; Anjou, Maine & Vermandois , pour réfider à Neufve, NOTAIRE DU ROI, étoit anciennement la même chofe que fecrétaire du roi, Voyez l’hifloire de la chancellerie par Teflereau , rom. I, & SECRÉTAIRE DU ROIS I ne faut pas confondre les rotaires du roi avecles notaires royaux ; les premiers font des officiers de la. grande chancellerie , les âutres font des officiers publics établis pour recevoir les contrats, teftamens êt autres aûtes. Voyez ce qui eft dit au commence- ment de cet article fur les zosaires en général , & ciz après NOTAIRE ROYAL. | NoTAÏRE ROYAL, eft celui qui tient fes provis fions du roi, à ladifférence des roraires des feigneurs ou fubalternes , qui tiennent leur commiffon du fei- gneur de la juftice où ils font reçus. Il y a deux fortes de roraires royaux ; les uns qu’on furnomme /aics ou féculiers , parce que teur fonétion eft de recevoir les aétes qui fe pañlent en matiere temporelle ; les autres qu'on appelle royaux apofto- liques , parce qu'ils reçoivent les aétes en matiereec= cléfiaftique. Voyez ce qui eft dit ci-devant des 70- taires en général , & la Jubdivifion NOTAIRE APOS« TOLIQUE. NOTAIRE ROYAL ET APOSTOLIQUE, eft celui qui réunit la fon@ion de rotaireroyal féculier avec celle de notaire royal apoñtolique. Îl y a néanmoins auffi quelquefois des zoraires apofloliques qu'on appelle royaux , parce qu'ils ont été créés par le roi ; mais ee ne réumifent pas Ja fonétion de zosaire royal: a1Ce 246 NOT NoTAïRE ROYAL LAIC o4 SÉCULIER , .efl celui “qui n’eft établi que pour recevoir les aétes enmatiere “temporelle , à La différence des noraires feulement apoftoliques qui he reçoivent que les aëtes concer- nant les bénéfices & matieres eccléfaftiques, Voyez NOTAIRE APOSTOLIQUE | NOTAIRE NON ROYAL, fe dit ên deux fens dif- férens., favoir en parlant d’unosaire feigneurial ou fubalterne, & en parlant d’un zotaire apoftolique, orfqu’il ne réunit pas en même-tems la fonétion de gotaire royal laïc on féculier: Foyez NO TAIRE APOS- TOLIQUE & NOTAIRE ROYAL. NOTAIRE DE SANGOZSANGUIN, C’eftainfique Ÿon appelloit anciennement celui des zosaires du roi fervant près les cours, qui y famoit la fonéhion de greffier au criminel , & qui rapportoit les lettres.de grace, appellées Æerrres-de-fang. Il y avoit quatre %o- taires aux requêtes du palais, dont un étoit zoraire-de _fang ; c’eft ainfi qu'il eft qualifié dans une ancienne ordonnance rapportée par Miraulmont dans fes re. ‘maires pag. 1 69, Le ftiendum de la chancellerie porte que les zorarz res fanguins ou criminels ont leur fceau des lettres= de-fang ou criminelles qu'ils font ou qu'ils fgnent, même le fceau des arrêts criminels & des rénuflion de ban en la forme qui fe fait en double queue ; que de toutes ceschofesils ne doivent'rien prendre finon ‘qui fe puifle manger 8 confommer en peu de-tems, comme par exemple, bas dechaufles, ou gants-ou femblables chofes légeres ; mais qu'ils ne peuvent demander autre chofe, fous peine d’infraétion de leur propre ferment; & sl fe favoit , de privation & fufpenfion de leur office; dénigrement d'honneur $r renommée. (4) NoTaiRes furnommés fériniarii ; c’étoient pto- prement des fecrétaires du cabinet , ou du tréfor de Péglife. Le P. Mabillon en fait mention dans {a d- _plomatique pag. 123. & 126, Les notaires régionaires furent auf appellés féririari, parce que le pape An- thems ordonna que les aétes des martyrs feroient ren: fermés dans des armoires-ou boîtes appellées /crenia, Voyezaufl le gloffaire. de Ducange an mot rorarii regionari, Voyez ci-deffjus NOTAIRES RÉGIONAI- RES. | | lieft parlé dans les annales de S. Bertin , fous l’an- née 877, des nosaires qui font furnommés fécundi _férinit , notaires du fecond cabinet, Comme qui diroit notaires ou fecrétaires della petite chancellerie. NOTAIRES EN SECOND, on appelle ainfi celui de deux notaires qui figne un aéte dont l’autre retient la minute , foit qu’il aflifte réellement à la paflation de cet ae, comme cela s’obferve dans les teflamens, dansies fommations refpettueufes , & dans quelques autres ates de rigueur, foit qu'il le figne fimple- ment, à la relation de fon confrere, & {ansavoir été préfent à la paffation de l’adte ,: ainfi que cela fe pratique pour la facilité ded’expédition à l'égard des attes ordinaires : il y a eu néanmoins divers régle- mens qui ont enjoint aux Zoyares en fecond d’être préfens aux aétes & contrats, à peine denullité; en- trautres, un arrêt du parlement du 13 Septembre 17:13. rendu en forme de réglement pour les zosar- res de. Meaux ; maïs cela n’elt point obfervé à la r1- gueur, fi ce n’eft pour certains aétes tels que ceux dont on a parlé. | Il n’a pas toujours été d’ufage d’appeller un fe- cond zocaire. à la paflation des aëtes , foit que l’on y fuppléât par la prélence de deux témoins, ou que l’on fe contentât de la préfence d’un feul zoraire’, comme cela fe pratique encore en certains pays, Quelques-uns tiennent que l’ufage de faire fignet deux notaires vient de ce qu'anciennement on pre- aoît un zoraire laic & un de çour eccléfaftique ; le NOT. premier fervoit pour obliger au for extérieur, êc lé fecond pour obliger au for intérieur, & par ferment & confcience. Que cet ufage cefla en Bretagne lori- que Pierre Maucler fe brouilla avec le clerpé ; & à Paris , lorfqu'il fut défendu aux zorares eccléfafti- ques de recevoir ni figner aucuns aétes en matiere temporelle. Quelqu'un m'a pourtant afluré que l’on en ufoit encore ainf en Poitou dans le xv. fiecle. Quoi qu’il en foit , on trouve des aétes reçus par deux rotaires royanx dès le commencement du xiv. fiecle & même auparavant. La néceffité d’appeller un fecond rosaire fut éta- blie par l’ordonnance de Louis XII. du mois de Mars 1498, ar. 66, laquelle porte qu'un {eul zoraire ou tabellion ne pourra recevoir.un contrat fans qu'il y ait deux témoins, nonobflant toutes coutumes loca- les contraires , lefquelles font déclarées abufives. Lorique deux zofaires reçoivent conjointement un ae , C’eft le plus ancien qui en garde la minute, l’autre la figne comme roraire en fécond. (4) NOTAIRES DU SECRET, ou Clercs du fecret , C’é- toient ceux des rotaires ou fecrétaires du roi qui fai- foient la fonétion de fecrétaire d'état. Voyez au mor CLERC , l’article ÊLECS DU SECRET 6 SECRÉTAI- RES D'ÉTAT, Voyez auffi les lertres lufloriques [ur le parlement , some II. pag, 295. . NOTAIRES SECRÉTAIRES DU ROI, On Joignoit anciennement deux titres pour défigner les officiers que nous appellons aujourd’hui fimplement Secré: taires du roi. Voyez l’hiflotre de la chancellerie pat Teffereau , tome 1, 6 SECRÉTAIRES DU ROI. NOTAIRE SÉCULIER 04 LAIC , s'entend de tout notaire foit royal ou fubalterne, qui n’eft pas zoraire apoftolique. Voyez ci-devant NOTAIRE LAIC. NOTAIRE DE SEIGNEUR , 04 NOTAIRE SEIGNEU- RIAD, eft celui qui eft commis par un feigneur pour inftrumenter en ladite qualité dans Pétendue de fa juftice , & qui a prêté {ferment devant le juge de ce feigneur, On appelle auffi ces roraires, Jubalternes pat la raifon qui en fera expliquée dans la fubdivifion fui vante, L'origine des roraires de feigneurs eft fort incet- taine ; nous croyons cependant qu'on, peut la rap- porter aux zotaires que les comtes du tems de la pre- miere & de la feconde race étoient obligés d’avoir, comme il eft dit dans un capitulaire de Charlema- gne , de lan 805. Il y a apparence que les comtés ayant été inféo- dés au commencement de la troifieme race, les fe1- gneurs devenus propriétaires de ces comtés ; conti- nuerent d’avoir des zosaires , comme ils en avoient du tems qu'ils n’étoient encore que gouverneurs des provinces ou villes dont ils étoient comtes ; &t qu'à leur imitation les autres feipneurs auxquels on inféo- da ou fous-inféoda de moindres terres, s’étant pa- reillement attribué l’adminiftration de la juflice pat une extenfion du gouvernement militaire qu'ils | avoient eu dans ces mêmes terres, & qu'ils confet- verent-encore fur leurs vaflaux & autres fujets; ils. s’arrogerent aufli le droit d’avoir des mosaires, qui faifoient d’abord la fonétion de greffers de leurs ju- ftices , de même que les zosaires royaux la faifoient dans les cours & autres tribunaux royaux ;, & que ces notaires de feigneurs recevoient aufli le peu d'a- &es de jurifdiéion volontaire que l’on paffoit alors; ce qu'ils faifoient en préfence du juge, & fous l’au- torité de fon nom & du fcel autentique du feigneur. Ce qui eft de certain, c’eft que long-tems avant Philippe-le-Bel, il y avoit un nombre de prélats, barons & autres feigneurs, qui étoienten poffefhion immémorialed’infüituer des zotaires dans leurs terres, tellement que Philippe-le-Bel en défendant par {on NOT ærdonnanee du.23 Mars 1302, à tous fénéchaux , baillifs, jufticiers, & à toutes autres perfonnes ,. d'inftituer en fon nom des zofaires publics à caufe de la multitude excefive qu'il y avoit de mosaires, fe refervant à lui feul & à les fuccefleurs rois , le pou- voir d’en créer; il déclara en même tems qu'il n’en- tendoit pas néanmoins préjudicier par-là aux pré- lats, barons, & à tous fes autres fujets, qui par coutume ancienne étoient fondés à établir des z0- aires, Ce même prince, par des lettres du mois de Mars 1304, accordées en faveur des barons, des nobles & habitans du pays d'Auvergne, autorifa de plus en plus les zosaires fubalternes, en ordon- nant que fes chanceliers d'Auvergne (c’étoient des gardes des petits fceaux royaux) n'auroient aucuns zofaires dans les terres & jufuces des ba- rons & des autres feigneurs qui avoient haute juf- tice, & qu'ils ne recevroient aucuns contrats dans les terres de ces feigneurs. Philippe-le-Long fit plus; car par une ordon- nance qu'il donna au mois de Juin 1319, fur les remontrances des habitans d'Auvergne, 1l leur ac- corda que dorénavant 11 n’y auroit dans toute la baillie d'Auvergne & reflort d’icelle, aucun rorare public établi de fon autorité, ni qui y fit les fonc- tions de roraire en aucune maniere ; en forte que, fuivant cette ordonnance, il ne devoit alors y avoir d’autres oraires que ceux: des fergneurs, lefquels étoient même les feuls qui puflent infirumenter dans ce pays. L’ordonnance de Philippe-le-Bel, du 23 Mars 1302, touchant la faculié qu'il avoit confervée aux feisneurs d’avoir des mocaires, fut confirmée par le roi Jean, au mois d'Oétobre 1351, avec la feule différence qu’en rappellant la difpofition qui autorifoit les feigneurs qui feroient fondés fur une ancienne coutume ; il ajoute ces mots 6 approuvée. Les feigneurs n’ont donc pas tous droit de ta- bellionage, mais feulement ceux qui font fondés en titre ou pofleflion immémoriale. Quelques coutumes, comme Blois & Senkis, donnent au feigneur châtelain le droit de tabellio- nage ; celle de Touraine porte que les comtes & les barons peuvent avoir douze zoaires , & les châte- lains fix. François I**, par fon ordonnance donnée à An- goulème au mois de Novembre 1542, art. 4, ac- corde aux feigneurs, barons & châtelains des pro- vinces réglées par le droit écrit, le pouvoir d’éta- blir des tabellions, ainfi que faifcient déjà les ba- rons &c châtelains des pays coutumiers. Les feigneurs qui n’ont fimplement que la haute juftice, n'ont pas droit de tabellionage; à moins qu'ils ne foient fondés fur une conceflion exprefle, ou fur une poffeffion immémoriale, ou fur la difpo- fition de la coutume. Quoique les notaires de feigneurs ne foient fou- vent qualifiés que de sabellions, il eft néanmoins certain qu'ils réumiflent ordinairement la qualité de roraire à celle de tabellion. | Les rotaires de feigneurs ne peuvent inftrumen- ter que dans leur reflort. L’ordonnance de 15309 leur défend de pafler au- cuns aétes entre ceux quine font point fujets à leur jurifdiétion. Plufeurs édits & déclarations poftérieurs leur ont réitéré la même défenfe de pañler aucuns aétes, finon entre perfonnes demeurantes dans leur ter- ritoire, & pour des héritages & chofes qui y font fitués ; le tout à peine de faux & de nullité : le dernier réglement fait fur cette matiere, eft l’édit du mois d’'Oftobre 1705. Néanmoins, fuivant la derniere jurifprudence, NOTN 24 il fuft que l’aête foit paffé dans le territoire de a juftice du feigneur, quoiqu’aucune des patties n'ÿ loit demeurante , & que les biens n’y foient pas fitués. La queftion a été ainf jugée par trois arrêts des 3 Février1711,18 Juin 1738, & 1% Août1730, L'acte reçu par un rosaire de feigneur, dans {om reflort, emporte hypotheque fur tous les biens des contraétans, en quelque lieu qu'ils foienr fitués, _ Il eft exécutoire dans le reflort de Ja fegneus rie, pourvu qu'il foit fcellé du fceau de la purife diétion feigneuriale ; mais pour le mettre à exéctra tion dans l'étendue d’une autre juflice, il faut la permifhon du juge du lieu : telle eft la difpofition de l’ordonnance de 1539, art. GG, Voyez le Para fait Notaire, de M, de Ferrieres , & le Recueil de Ji rifprud, de M. de la Combe ,aurosNOTAIRE. (4) NOTAIRE SUBALTERNE, eft un rofaire de {ei= gneurs; quelques auteurs appellent ces notaires Jabalternes ; {oit parce qu'ils font inférieurs aux #04 taëres royaux pour l'étendue de leur pouvoir, foit. parce qu'ils exercent leur miniftere fous l’autorité d’un juge feigneurial ou fubalterne, par lequel ils font reçus. Voyez ci-devans NOTAIRE DE set GNEUR, NoTarres-Synpics. Il fut créé par déclaration du 4 Sptembre 1706, deux offices de roraires-fÿr= dics dans les villes & bourgs, où il avoit été ré: fervé au moins huit zocarres; & un dans les villes & bourgs, où il en avoit été réfervé au moins qua tre. On attacha à ces offices de nofaire le titre de Jyndic, & le droit de faire les fonétions de syNDrE de la communauté des zoraires, Il fut encote fait par édit du mois d’Août 1707, une autre création de fyndie & garde-ftel des notaires en chaque juftice & {egneurie, dans laquelle il y avoit deux roraires royaux établis. Mais tous ces offices de zoraires Jyn- dics créés en 1706 & 1707, furent réunis aux com- munautés des zosaires, par une déclaration du 24 Avril 1708; & par édit du mois de Décembre 1717 le titre & les fonétions de fyndic attribués aux So saires crées par l’édit de 1706, furent fupprimés. (4) NOTAIRE-TABELLION, eft celui qui réunit en {a perfonne les fonétions de roraire & celles de rabele lon, c'eft-à dire, qui a le droit de recevoir les aûes & de les expédier. Autrefois ces deux fondions étoient féparées ; mais préfentement elles font pref- que pat-tout réunies. Voyez ce qui eff dit ci-devant des zotaires en général. Voyez auf TABELLION. NOTAIRES-TRIBUNS, éribuni & notarii, c’étoient des officiers dont les empereurs romains fe fer- voient pour porter leurs ordres : on pourroit les compater aux fecrétaires des commandemens ; il en eft beaucoup parlé par Godefroy, fur la loi unique, au code Théodofien , de mandatis principum , & dans Henride Valois, fur le Zv. XVII. d’Ammian, p. 140. Il y avoit aufh les tribuns des notaires, ribuni notaril, qui étoient proprement les premiers fecré- taires du prince; 1ls expédioient les édits du prince &c les dépêches des finances. Voyez Zozime, lib. F. le Gloffaire de Ducange , ax mot Tribuni, & les au- ceurs auxquels 1l renvoie. NOTAIRE DE L'UNIVERSITÉ; c’eft ainf que l’on appelloit anciennement le fcribe ou greffier de cha- que univerfité : on en trouve nombre d'exemples dans les anciennes ordonnances de la 3%. race. (4) NOTAPELIOTES, {. m. (Géog. arc.) nom du vent qui jouffle entre l’eft & ie f{ud. On l'appelle communément vezs de Jud-effaou eurus. (D. J.) | NOTARICON, f. m.{Theol.) ef la troifieme par tie ou efpece de cabale des Juifs. Voyez CABALE. Rabbi Nathan, dans fon grand Aruch, dit que le Aotaricon conffte à exprimer une chofe, ou le nom d’une chofe, par une feule lettre ; & fait venir ce mot du latin nosarius, qui s’eft dit de clercs, gref, 248 NOT fers ou feribes qui écrivoient en notes ou caraétetes abregés. | | . R, Elias Levita explique le roraricon de même dans fon Thesbitas ; avec cette différence feulement qu'au lieu d’une feule lettte pour un mot entier, il permet d’en employer deux, & quelquefois jufqu'à trois. Voyez ABRÉVIATION. | Mais il paroît que ni l’une ni l’autre de ces deux définitions n’eft la véritable définition du zoraricon : car comme le rofaricon confite quelquefois à ex- primer un mot entier, par une lettre unique , 1l con- fifle auf d’autres fois à exprimer une lettre um- que, par un mot entier. ; Ainf il faut diftinguer deux fortes de zoraricon ; la premiere confiftant à retrancher, par apherete ou apocope, la premiere ou derniere lettre de plufieurs mots, pour en compofer un mot ou une phrafe; lefquels font par conféquent de deux fortes , ou compofés de lettres initiales, ou compoles de let- tres finales, Et ceite opération fe peut faire de dif- férentes manieres ; ou en fuivant l’ordre dés lettres, où en les prenant à rebours. On la peut même faire d’une trofieme maniere, favoir, en paffant par-def- fus quelques lettres. La premuere de ces trois mé- thodes, que Les rabbins appellent raféhe-theborh, pa- roit fort ancienne ; & pafle parmi ceux qui font verfés dans l'hébreu, pour avoir tiré fon origine des pfeaumes , & autres ouvrages faifant partie de PEcriture-fainte ; rangés par ordre àlphabérique, de maniere que le premuer verlet commençoit par K, premiere lettre de lalphabet ; le fecond, par 2, fe- conde lettre, &c. Foyez ABÉCÉDAIRE. + La feconde méthode eft aufh fort commune, &e s'appelle Jophe-theboth ; comme qui diroit fir des mots. Par exemple, en affemblant les dernieres let- ttes de ces mots EME NA, »21h1 quodnam nomen eff? guodnam? ils trouvent le nom de Dieu, Jehovah.C eit ne opération encore plus puérile, quand ils retran- chent les lettres à rebours. La troifieme méthode eft beaucoup plus moder- ne, plus bizarre, & plus embarraflante. Par cette méthode, ce n’eft point un mot qui donne une lettre feulement : mais chaque letire unique donne un mot ; enforte qu’un mot feul pourra fournir une phrafe entiere. | | Aïinf dans le feul mot ITWNND, bereshis, que nous fraduifons par au commencement ; les rabbins trou- vent : il créa le ciel 6 la terre, la mer, l'abîme , &c. NOTATION, f. f, (Géom.) en Arithmérique, Vart de marquer les nombres par Les caracteres qui leur font propres, & de les difinguer par leurs figures, Poyez NOMBRE & CHIFFRE. | | Le choix des caracteres arithmétiques eft arbi- traire; auffi {ont-ils différens chez les différentes pations. Maïs il n’y en a peut-être pas de fi com- modes que ceux dont nous failons aujourd’hui ufage en Europe, qu’on dit avoir été inventés par les Ara- bes, & qu’on appelle par cette raifon chiffres ou ca- raëleres arabes. Cependant, felon l’obiervation de VW ailis, un auteur arabe en attribue l'invention aux Indiens. Voyez BINAIRE, DACTYLONOMIE G& ECHELLES ARITMÉTIQUES. Les Grecs, les Hébreux & les autres peuples de l'Orient, aufhi bien que les Romains, marquoient 1eurs nombres par les lettres de leur alphaber. Foyez CARACTERE. Chambers, (O) NOTE, {. f. (Gramm.) obfervations placées au bas des pages fur lesendroits difficiles d’un ouvrage quel qu'il toit. » Le Iln’y a prefque pas un ancien auteur qui n'ait été publié avec des zoces, & qui n’en eût beioin. . Le mot ot a encore d'autres acceptions. Voyez des articles fuivans. NOTE D'ABRÉVIATION, (Lisrérar.) écriture abré- gée ; les notes d’abbréviation en grec cmuda , étoient des figures qui n’avoient aucun rapport à l'écriture ordinaire , &c dont chacune exprimoit ou une fylla- be, ou un mot tout entier, à-peu-près comme l’é- criture chinoite. Ces abrégés avoient été inventés par Ennius ; ils furent enfuite perfe“tionnés & au- gmentés par Tiron, & depuis par un affranchi de Mécénas : enfin, Séneque , ou quelqu’un-de fes af- franchis les rafflembla trous. Non-feulement le Bembe mandoit autrefois au pape Jules IT. qu'il avoit vü l'Afronomie compolée en vers par Hippinus écrite de cette façon, mais Jofeph Scaliger parle auf d’un pleautier écrit de la même maniere. fl paroît par un paffage de la vie de Xenophon, dans Diogene Laerce , que cette façon d’écrire abré- gée étoit en ufage chez les Grecs long-tems avant qu’elle eût paflé chez les Romains. Il eft vraifflem- blable que le mot de rozaire vient originairement de cette forte d'écriture , du moins rorarius eftexpliqué dans un ancien gloffaire par syusroypagoc. Du tems de Cicéron, cette maniere d’écrire fer- voit principalement pour copier les plaidoyers, & les difcours qui ie prononçoient dans le fénat;car les aëtes judiciaires s’ecrivoient en mors , c’elt-à-dire en notes abrégées , afin que le fcribe pût fuivre la pro- nonciation du juge, & ne rien perdre de fes paroles. Ces abréviations n'éroient point un myftere de chi- cane imaginé pour tourmenter les plaideurs , & mul- tiplier les proces ; les Romains ignoroient cet indi- . gne artifice qui n’eft que le fruit de l'intérêt , & lou- vrage de la barbarie ; chaque citoyen entendoit une partie de ces fortes d’abréviations ; c’étoit d’ailleurs le ftyle ordinaire des infcriptions publiques : les Ju rifconfultes les employoient communément dans leurs ouvrages , aufh-bien que les Philofophes & les Rhéteurs dans leurs écoles. À ces notes abrégées de jurifprudence & de jurif_ ditions , dés particuliers en ajouterent depuis des nouvelles pour leur propre utilité , & qui n'étoient point d’ufage au barreau , comme l’affinie Valerius Probus : chaque caraétere fignihioit un mot, & cet ufage fe perfeétionna en fe portant à toutes fortes de matieres. Quintilien, Mamile , Aufone , Marnal, Prudence & Eulebe, S Jerome ,& S Fulgence par- lent de ces caraëteres d’abréviations. Plufieurs mo- dernes ont écrit partillement fur cette matiere, mais Ortati (Sertorio) seit diftingué fur tous les autres par fon commentaire fur les zotes des Romains ; ou- vrage plein d’induftrie , de travail , & d’exaéhtude. Voyez auffi THACHÉOGRAPHIE. (D.J.) NOTES, f. f, ez Mufique, font généralement tous les caraéteres dont on fe fert pour l’écrire ou pour la noter : mais ce terme s'applique plus précifément à ceux de ces caraéteres qui défignent immédiatement les fons , leurs divers degrés du grave à l’aigu, & leurs différentes durées. Les Grecs fe fervoient deslettres de leur alphabeth pour noter leur mufique. Or, comme ils avoient vingt-quatre lettres, & que leur plus grand fyfteme, qui, dans un même mode , n'étoit que de deux oétaves., n’excédoit pas le nombre de feize fons ; ik fembleroit que l’alphabeth devoit être plus que fuf- filant pour les exprimer. Mais il faut remarquer en premier lieu, que les deux mêmes fons étant tan- tôt à l'extrémité, & tantôt au milieu du troifieme tétracorde , felon le lieu où fe failoit la disjonétion, Voyez SYSTEME , TÉTRACORDE ; on leur donnoit à chacun des noms qui marquoïent ces diverfes cir- conftances : fecondement , que ces feize fons n’é- toient pas tous les mêmes dans chacun des trois gen- res , qu'il y en avoit de communs, & qu'il yen avoit de différens ; il falloit par conféquent des zoces par- ticulieres pour exprimer ces différences : troifieme ment, que la mufique inftrumentale fe‘notoit d'une autre autre maniere que la mufique vocale ; 1l falloit donc encore ici des diftinéions de caraéteres ? enfin, que des anciensayant au-moms quinze modes , felon le dénombrement d’Alypius , 1l fallut approprier des caraétéres à ces modes-là , comme on le voit dans des tables du même auteur. Toutes ces diverfes mo- difications exigeoient une multitude de fignes nécef- faires, à laquelle les vingt-quatre lettres étoient bien éloignées de fufire. De là la néceffité d'employer les mêmes lettres pour plufeuts fortes de mores, ce qui obligea de donner à ces lettres différentes fitua- tions, & de les mutileren divers fens. Parexemple, la lettre pr écrite de toutes les manieres 1, 1, E , D,"1,exprimoit cinq différentes zores. En combi- nantioutes les modifications qu’exigeoient ces diver- fes circonflances, ontrouve 1620 notes en tout; nombre prodigieux , qui devoit rendre l’étude de La mufque grecque de la derniere difficulté ! aufu l'é- toit-elle , felon le témoignage de Platon, qui veut que les jeunes gens fe contentent de donner deux ou trois ans à la mufique pour en apprendre les rudi- mens. Cependant les Grecs n’avoient pasun figrand nombre de caracteres différens, mais la même zote avoit différentes fignifications , felon les occafions. Ainfi, cette lettre o eft dans le genre diatonique le lichanos hypator du mode /ydien & l’hypate-mefon du mode phrygien , &tc. Les Latins qui, à limitation des Grecs , noterent auffi la mufique avec les lettres de leur alphabet, retrancherent beaucoup de cette quantité de zores. Il paroît que Boëce établit l’ufage de quinze lettres feulement ; 8 même le pape Grégoire , confidérant que les proportions de fons font les mêmes d’une oftave à l’autre, réduifit encore ces quinze zoces aux fept premieres lettres de l'alphabet , que l’on répé- toit en différentes formes, d’une o@ave à l’autre. Enfin, dans l’onzieme fiecle, un bénédi@in d’A- rezzo ,; nommé Guy, fubflitua à ces leitres les fylla- bes dont nous nous fervons aujourd'hui avec des points polés fur différentes lignes paralleles : dans la fuite , on groflit ces points , & on s’avifa d'en dif- tribuer aufli dans les efpaces compris entre ces Hi- gnes. Des fept noms des zozes de notre mufique Les fix premiers feulement , ur, ré, m1, fa , fol, la, font de invention de Guy. On dit qu'il les inventa en 1024, à Pompofe, dans ie duché de Ferrare, & qu'il les tira de l’hymne de S. Jean. Ut gucant laxis refonare fibris Mira peflorum famuli tuorum ; Solve polluti lab reatum Sanite Johannes. En prenant la premiere fyllabe de chaque hemiftiche ou demi-vers : ce qu’Angelo Berardi a renfermé dans les vers fuivant. Ut relever anferdm fara follicitofque labores. La feptieme , favoir le, a été ajoutée, felon quelques-uns , par Jean de Muris ; felon d’autres, ar Vander Putten ; & par un nommé le Maire, fe- lon Broffard. Voyez S1.Voflius ne veut pas même ac- corder aux mordernes l'invention des fix autres z0- res, mais 1l avancé que les Esyptiens en faifoient ufage long-tems auparavant , en quoi il prétend s'appuyer du témoignage obfcur de quelques an- . ciens. Voyez Les articles CLÉ ,| DEGRÉS, GAMME, INTERVALLES , PORTÉE. | ” Les zotes, à ce qu’on croit, n’eurent long-tems d'autre ufage que de marquer les degrés &z les dif- férences des tons. Elles étoient toutes, quant au tems , d'égale valeur, & ne recevoient à cet égard d’autres différences que celles des fyllabes longues & breves fur lefquelles on les chantoït : c’eft dans cet Tome XI, add dit) - + Le N OT 249 État qu’eft demeuré le plein- chant. Voyez PLein- CHANT. On prétend même que cela dura pour Ia mufique jufqu’en 1330, où, telon la commune opi-_ non, Jean de Meurs ou de Muris, dofteur & cha- noine de Paris , ieur donna différentes figures pour marquer les rapports de durée qu’elles devoient avoir entreelles: plufieurs de ces figures ne fubfftent plusz on leur ena fubftitué d’autres. Voyez MESURE, TEMS, VALEUR DE NOTES, _ Pour déterminer le fens des rotes, & en rendre exactement l’exprefhon , 1l y a huit chofes eflentiel- les à confiderer; fayoit, 1. la clef & fa pofition; 2. les dièfes où bémols qui peuvent l'accompagner; 3. le hiew ou la pofition de la zore ; 4, fon intervalle ; c’eft-à-dire, fon rapport à celle qui la précede , ou latonique; 5. fa figure ; 6. le tems où elle fe trou- ve, & la place qu'elle y occupe ; 7. le dièfe, ou bé- mol , ou béquarre accidentel qui peut la précéder; 8. l’efpece de la mefure & le caratere du mouve- ment. Une feule de ces obfervations manquée doit faire chanter faux ou hors de mefure. Tous ceux quiont examiné avec attention la mé- chanique descaraéteres de notre mufque, yont appet- u des défauts confidérables,quine font que des {nites néceflaires de la maniere dont ces caracteres fe font établis. La mufique a eu le fort des arts quine fe per- feéionnent que lentement & fuccefivement;les in- venteurs des zo£es n’ont fongé qu'à l’état où elle fe trouvoit de leur tems,fans prévoir celui où elle pou- voit parvenir dans la fuite ; auf leur fyffême s’eftil bien-tôttrouvédéfeQueux;8& d'autant plus défeétueux que l’art s’eft plus perfeétionné. À mefire qu'on avau- çoit , on établifloit de nouvelles regles pour remé- dier aux inconvéniens préfens : en multiphant les exprefhons, on a multiplié les difficultés, &c à force d'additions & de chevilles, on a tiré d’un principe aflez fimple , un fyftème fort embrouillé & fort mal afforti, Plufieuts de ces défauts fautent aux yeux. En gé. néral, on peut les réduire à trois clafes principales. La premiere eft la multitude des fignes & de leur combinaïfons, qui furchatgent inutilement l’efprit êc la mémoire des commençans. De facon que lo- reille étant formée, & les organes ayant acquis toute la facilité néceffaire long tems avant qu’on toit en état de chanter à livre ouvert ; 1ls’enluir que la difficulté eft toute dans l’obfervation des regles, & nullement dans l'exécution du chant. La feconde eft le défaut d'évidence dans le genre des intervalles exprimés fur la même ou fur différentes clefs, dé- faut d’une f grande étendue , que non-feulement il eft la principale caufe de la lenteur du progrès des écohers , mais encore qu'il n'eit point de muficien formé qui n’en foit incommodé dans lexécution, La troifieme enfin eft l'extrème difufion des cara@teres & le trop grand volume qu'ils occupent ; ce qui, joint à ces lignes , & à ces portées fi ennuyeufes à tracer, devient une fource d’embarras de plus d’une efpece. Si le premier mérite des fignes d'inftitution eit d’être clair , le fecond eft d’être concis : quel ju- gement doit-on porter des zo4es de notre mufque à qui l'un & lautre manque ? Les Muficiens,, il eff vrai, ne voient point tout cela. Faut-il s’en étonner? La mufque pour eux n’eft pas lafcience des fons; c’eft celle des noires, des blän- ches , des doubles croches, &c. Dès que ces figures cefleroient d’afféêter leurs yeux, ils ne croiroient jamais voir de la mufique. D'ailleurs , ce qu’ils ont appris difficilement , pourquoi Le rendroient ils ta cile à d’autres? Ce n’eft donc pas eux qu'il faur cou- fulter fur ce point. Mais les défaurs des caradteres de la mufique font plus ailés à connoître que les remedes À trouver, Plufeurs jufqu'igi l'ont tenté fans luçées. [3 250 NOT Tous les fyflèmes qui n'ont pas eu pour premier principe l’évidence des intervalles, ne nous paroïf- ent pas valoir la peine d’être relevés. Nous ne nous arêterons donc point à celui de M. Sauveur, quon peut voir dans les mémoires de l’académie des Scien- ces, année 1721, mi à celui de M. Demaux, donné quelques années après. Dès queues tournées à droi- te , à gauche, en haut, en bas, &c des biais en tout fens , pour repréfenter des us, des ré, &c. font les notes inventées par celui-ci. Celles de M. Sauveur {ont des têtes & des queues différemment fituées pour répondre aux dénominations , p& ; T4 84 » fe ; bo, lo, do, &c. fubftituées par le même auteur à celle de l’Arétin. On fent d’abord que tout cela ne dit rien aux yeux, & n’a nul rapport à ce qu'il doit fi- gnifier, Plus récemment encore on a propofé un nou- veau fyflème dans un petit ouvrage intitulé differ- tation jur la mufique moderne , & publié en 1743 5 la fimplicité de ce fyftème nous invite à en rendre compte dans cet article. Les caraéteres de la mufque ontun double objet; {avoir , de repréfenter les fons 1°. felon leurs divers intervalles du grave à aigu, ce qui conftitue l’har- monie & le chant ; 2°. & felon leurs durées relati- ves du vite au lent, ce qui détermine le tems & la melure. Pour le premier point , de quelque maniere qu'on retourne là mufque , on n’y trouvera jamais que des combinaifons des fept fons de la gamme portés à di- verfes o&täves , ou tranfpolés fur différens degrés ;, {elon Le ton & le mode qu'on aura choïfi. L'auteur de de la differtation exprime ces fept fons par les fept premiers chiffres de l’arithmétique , de forte que le chidre 1 forme la note ut ; 2, la note ré; 3,la note mi, &c. &illes traverfe d’une ligne horifontale dans l’ordre marqué. Voyez les PL, de Mujique. Il écrit au-deflus de la ligne les zores qui, conti- nuant de monter, fe trouveroient dans l’oétave fupé- rieure ; ainfi, lus qui fuivroit immédiatement le f, en montant d’un fémiton , doit être au-deffus de la Bigne.de cette maniere — y &t de même les zotes qui appartiennent à # l’otave aigue, dont cet us eft le commencement , doivent toutes être au- deflus de la même ligne. Si l’on entroit dans une troifieme otave à l’aisu, il ne faudroit que traver- fer les notes par une feconde ligne accidentelle au- deflus de la premiere. Voulez-vous, au contraire, defcendre dans les oftaves inférieures à celle de la ligne principale, écrivez immédiatement au-deflous de cette ligne les zoces de l’oétave qui la fuit en def- cendant ; fi. vous defcendez encore d’une oétave, ajoutez une ligne au-deffous , 6c. au moyen de trois lignes feulement vous pouvez parcourir Pétendue de cinq oétaves ; ce qu’on ne fauroit faire dans la mu- fique ordinaire à moins de dix-huit lignes. On peut même fe pafler de tirer aucune ligne. On place toutes les os horifontalement fur le même rang: on met un point au-deflus de chaque zore qui pafle, en montant , le ff de fon oûtave, c'eft-ä-di- re, qui entre dans l’oétave fupérieure ; ce point fuf- fit pour toutes les zoces fuivantes qui font dans la mê- me odave. Que fi l’on redefcend d’une oftave à l'autre, c’eft l'affaire d’un autre point fous la zoce par laquelle on y rentre, éc. La premiere maniere de noter avec des lignes convient pour les mufques fort travaillées &e fort dificiles , pour les grandes partitions, &c. La fecon- de avec des points eff propre aux mufiques plus fim- ples &c aux petits airs; mais rien n’empêche qu'on ñe puifle à fa volonté l’employer toujours à la place de l’autre, & l’auteur s’en eft fervi pour la fameufe ariette , l’objet qui réÿne dans mon ame ; qu'on trouve ainf notée fort exaëtement par fes chiffres, en par- tion avec la bafle &la fymphonie, à la fin de fon OUVrApE, | | Par cette méthode , tous les intervalles devien: nent d’une évidence dont rien n’approche ; les oéta- ves portent toujours le même chiffre; les interval- les fimples fe reconnoifflent toujours dans leurs dou- bles ou compofées : on connoït d’abord dans la di. xieme +3 ou 13 , que c’eft l’oétave de la tierce majeure 13. Les intervalles majeurs ne peuvent ja- mais {e confondre avec les mineurs ; le 24fera éter- nellement une tierce mineure , 46 éternellement une tierce majeure, la pofition ne fait rien à cela. Après avoir ainfñ réduit toute l'étendue du cla- vier fous un beaucoup moindre volume avec des fignes beaucoup plus évidens, on pañle aux tranf- pofñtions. Il n’y a dans notre mufque, qu'un mode majeur 8 un mode mineur. Qu’eft-ce que chanter ou jouer en ré majeur? C’efttranfporter la gamme ou l’échel- le d’uc, un ton plus haut , & la placer fur le ré, com- me tonique ou fondamentale : tous les rapports qui appartenoïent à l’ws deviennent propres au ré par cette tranfpoñition. C’eft pour exprimer cela‘qu'l a tant fallu imaginer d’altération, de dièfes ou de bé- mols à la clé. L'auteur du nouveau fyftème fup- prime tout d’un coup tous ces embarras ; le feul mot re mis à la marge, avertit que la piece eft en ré ma- jeur, & comme alors ré eft revétu de toutes les pro- priétes de l’ur, aufli l’appelle-t-il ur, & le marque- til avec le chiffre 1 , & toute fon oftave avec les chiffres, 2,3, 4, Gc. comme ci-devant. Ce ré de la marge, 1l appelle cÆ ; c’eft la touche ré ou D du clavier naturel ; mais ce même ré devenu tonique , il l’appelle wr dans le chant: c’eft la fondamentale du mode. Il faut remarquer que cette fondamentale, qui ef tonique dans les tons majeurs , devient médiante dans les tons mineurs ; la tonique qui prend le nom de /2; fe trouvant alors une tierce mineure , an- defous de cette fondamentale ; c’eft ce qui fe dif- tingue par une petite ligne horifontale qui fe tire fous la clé. ÆKé défigne le mode majeur de re z mais re défigne le mode mineur de £, dont ceré eft médiante. Diflinétion qui n’eft que pour la con- noiflance aflurée du ton , & dont on peut fe pañler dans les chiffres du nouveau fyflème, auff-bien que dans les notes ordinaires ; au lieu des noms mêmes des notes , on pourroit fe fervir pour clés des let- tres majufcules de la gamme qui leur répondent, € pour 4, D pour ré, &c. Voyez GAMME. Les Mufciens ont beaucoup de mépris pour la méthode des tranfpoñtions ; l’auteur fait voir que ce mépris n’a nul bon fondement ; que c’eft leur mé- thode qu’il faut méprifer , puifqw’elle eft difficile en pure perte, &c que les tranfpoñtions , dont il mon- tre les avantages, font même fans qu’ils s’en apper- coivent, la véritable regle que fuivent tous les grands muficiens & les habiles compoñiteurs. Foyez TRANSPOSITION. Il ne fufit pas de faire connoître toutes les notes d’une oétave , ni le paflage d’une o@tave à l’autre par des fignes clairs & certains ; il fant encore indi- quer de même le lieu du clavier qu'occupent ces oftaves. Si j'ai un /o/ à entonner, ce /o1 doit être déterminé ; car il y en a cinq dans le clavier, les uns hauts, les autres moyens, les autres bas, felon les différentés o@aves. Ces oftaves font indiquées dans le nouveau fyflème par de petites lettres qui font au commencement de chaque ligne, qui répon- dent à autant d’oétaves & déterminent le lieu du clavier où l’on fe trouve en commençant cette li- gene. Il faut voir la figure qui eft à la fin du livre & l’explication qu’en donne l’auteur pour fe mettre au fait de certe partie de fa méthode qui eft des plus fimples. | li refte pour l'expreffion de tous Les fons poffibles à rendre les altérations accidentelles menées par la modulation, ce qui fe fait fans embatras, Le dièfe fe forme en traverfant la notte d’une petite barre montant de gauche à droite , ainfi& ; 7 s1le bémol par une femblable barre, defcendant dans le même fens #, 3. A l’épard du béquarre , l’auteur Le fup- prime , comme un figne tout-à-faitinutile dans fon fyftème. : *INz Cette partie ainfi remplie, il faut venir au tems ou à la mefure. D'abord, l’auteur fait main-bafle fur cette foule de différentes mefures, dont on a fi inutilement char- gé la mufique. Il n’en reconnoïit que deux , mefure, à deux tems & mefure à trois : les tems de chacune de’ ces mefures peuvent à leur tour être divifés en deux,, ou en trois parties égales, De ces deux re- gles combinées, il tire des expreflions exaftes pour tous les mouvemens poffbles, On rapporte dans la mufique ordinaire les diver- fes valeurs des notes, à celle d’une note particulie- re qui eft la ronde , ce qui fait que la dufée de cette ronde variant continuellement , les notes qu’on lui compare n'ont point de valeur fixe. M. Roufleau s’y prend autrement: 1l ne détermine les valeurs des hotes que fur l’efpèce de la mefure dans laquelle elles font employées, & fur le tems qu’elles y oc- cupent : une note entre deux barres remplit feule toute une méefure : dans la mefure à deux tems, deux notes au lieu d’une rempliffant la mefure, forment chacune untems. Trois notes font la même chofe dans [a mefure à trois tems, S'il y a quatre notes dans une mefuré à deux tems ou fix dans une mefure ‘atrois, c'eft que chaque tems eft fubdivifé en deux “parties égales ; on pafñle donc deux notes pour un tèms. On en pafle trois, quand il y a fix notes dans lune ou neuf dans l’autre. En un mot, quandil n’y ‘À aucun figne d’inégalité , le nombre des notes con- tenues dans une melure , fe difttibué également en . deux ou trois tems , felon l’efpece de la mefure , & pour rendre cètte difribution plus aifée , on fépare fi l’onveut les tems par des virgules ;lemforte qu’en ifant là mufique, on voit clairémentla valeur des notes fans qu'il leur faille donner pouf cela aucune figure particuliére. Voyez Les Plañéhies de Mufique. Les divifions inégales ne font gueres plus difficiles à noter. Ces inégalités ne font jamais quédes fub- . divifons, qu'on ramene à l’épalité bar un trait dont On couvre deux où plufieurs notés® Par exemple ; fl un terms contient une croche & deux doubles cro- _ches, untrait au-deflus ou au-deffous des deux dou- bles croches , montrera qu’elles ne font enfemble que la valeur de la croche : ainf un tel tems fe trou- ve divifé en deux parties égales ; f&voir la note feu- le 6 le trait qui en comprend deux. H y'a encore _des fubdivifions d’inégalité qui peuvént éxiger des traits, comme fi une croche poimée éroit fuivie de deux triples croches , il fandroit d’abord ‘un trait fur les deux notes qui exprimeroïént les triples cro- ches, ce qui les rendroit enfemble épalés au point ; puis un fecond trait, qui couvrant les deux tripies croches &c le point ,;lès rendroit enfemblé égaux à la croche ; mais quelque vitefle que puiffent avoir les nôtes , ces traits ne font jamais néceflaires que quand les valeurs font inévales , & quelque inéva- lité qu'il puifle y avoir, on n'aura jamais befôin de pañier deux traits, für-tout en féparant les téms par des virgules. Poyéz les fe. 4: L’Auteur du nouveau fyflème yemploÿelepoint, mais C’éft autrement que dans la mufique ordinaire ; dans celle ci le point vaut toujours la moitié de la note qui lé précéde ; dans la fienne le point qui mar- que tonjours le prolongement dela note précéden te, n'a point d'autre valeur que celle déa place qu'il occupe: ff le point remplit un tems, il vaut Tome XI, NOT 251 un tems ; s’il remplit nne mefure, 1l varit une me: fure ; s’il fe trouve dans un téms avec une autre note , le point vaut la moitié de ce tes. En ua mot, le point fe compte pour rine note, s'évalue comme les notes mêmes, &c il y a tel cas où l’on peut employer plufeurs points de fuite de valeurs égales on inégales ,| pour marquer des tes ou des fyncopes, Tous les filences n’ont befoin que d’un feul 64- taétere, c’eft le zéro. Le zéro s'emploie comme lés notes & comme le point ; il vaut le tems ou la dus rée dont il occupe la place, &£ lé point fe place après un zéro pour prolonger un filence , comme après une note pour prolonger un fon. Tel eft à-peu: près le fond du fyflème de M, Rouffeau : nous ne le fuivrons point dans le détail des régles , ni dans lä comparaiton qu'il fait des caracteres en ufage avec les fiens : on s’attend bien qu'il met tout l'avantage de fon côté, mais ce pré= jugéne détournera jamais un homme impartial d’exa- miner les railons de cer auteur dans fon ouvrage même, Voyez dans nos PL, de Mufiq. un air noté par ces nouveaux caracteres. (S NOTE SENSIBLE, ex Mufique, ef celle qui eftune tierce majeure au deflus de la dominante , ou un femi-ton au-deffous de la tonique. Le f eft nova Jenfible dans le ton d’ur, Le fo/ dièfe dans-le ton mi- neur de Le, On l'appelle zore fenfible, parce qu’elle fait fentit le ton &c la tonique , fur laquelle, après l'accord dominant, elle eft même obligée de monter , ce qui fait que quelques-uns traitent cette rose fenfible de difonance majeure. Je n'ai point dit que la rose fenfible eft la feptieme note du ton, parce qu’en mode mineur cette fepriez me 04e n’elt zote fen/ible qu’en montant ; car en def: cendant, elle eft à un ton de la tonique, & à une tierce mineure de la dominante. Foyez MoDE , To: NIQUE, DOMINANTE , &c. (S) | Nous avions promis de donner ici, d’après M. Ra méau, la-raifon pourquoi la zote-fen/tble eft un demi: ton au-deffous de la tonique. La raïon qu’ilén donné eft que cette zofe fen/ftble eft la tierce majeure de la dominante ;'quiréfonne dans la dominante, 8 que lé”repos où cadence parfaite dans la baffle étant la cadencé ou chüte de la dominante à la tonique, le repos le plus parfait dans l'échelle diatonique doit par conféquent-confifler à monter la 01e fenfible à | cette tonique. Woyep mes élémens de Majique ; article 77 premiére dition (©) 7 NOfE, figniñie , dans le Commerce, un pesit extrait Où-Aénortal Qu'on fait de quelque chofe pour s’en mieux fouvenit. Les’agens de change prennent la zotedés lettres & billets de change queles marchands ou banquiers ont à négocier; quelquefois les marchands les leur con- fient fur une fimple rose fignée d'eux. Pour plus d'exattitude , l’agent doit faire toûjours la ote dou ble ; Pine pour le banquier à qui appartiennent les lettres & billets, l'autre pour foi-même. Difionnaire de Commerce. NOTE, veut dire aufli un mémoire, un état, Don: nez-moiune 70%, c'eft-à-dire , un état de ce que je vous dois, Id, ibid. NOTÉE , adj: (Jurifprud. ) On'appelleun Lomé roté; en terme de palais, celui dont l'honneur & la réputation ont fouHert quelque atteinte , foit parun jugement qui a prononcé contre lui quelque peine qui porté infamie de droit ou de fait, foit par quels que accufation ou reproche dont il ne s’eft poinif lavé! Poyez INFAMYE. ( À) | NOTER , v. a@, c’eft écrire de la mufiqne avec des caraéteres deffinés à cet ufage, & appelés #ores, Voyez NoTes, WE gr - Lii , 252 NOT Il a, ontre la beauté des caraéteres, üne certaine netteté & une certaine élégance dans la maniere de aoter , à laquelle les copiftes ne font pas toüjours at- tentifs, & qui foulage pourtant beaucoup l'attention du leéteur. Par exemple, on ne devroit pas ferrer les notes de longue durée, comme on fait celles de moin- dre valeur; mais 1l faudroit que l'égalité de lefpace fût à-peu-près correfpondante à légalité des tems. Dans les partitions, 1l faut que non-feulement cha- que mefure,maischaquetems 8 même chaquenote, quand cela fe peut, foit exattement vis-à-vis de celle qui lui doit correfpondre d’une partie à l’autre, Dans la mufique vocale, il faut avoir grande atten- tion que les notes répondent exaétement aux fyila- bes ; ce qui ne peut guere mieux fe faire qu’en écri- vant les paroles les premieres, car c’eft leur diftance qui doit déterminer celle des notes ; il n’y a que les roulades à excepter. Quand onajoute des lignes au- deflus ou au-deflous de la portée, il ne faut point qu’elles foient continues , mais qu’elles foient cou- pées & féparées d’une noteà l’autre, afin que le lec- teur ne foit pas expofé à les confondre avec les cinq lignes de la portée. Cet avertifflement eft fur-tout pour les copiftes françois : celui qu’on devroit don- ner aux copiites italiens feroit d’être plus exaëts à former le guidon à la fin de chaque ligne, afñinqu’on ne fût pas expofé à prendre une portée pour l’autre, Il y a mille petites attentions de cette nature qui font communémentméprifées, & dont la négligence incommode pourtant les plus habiles, même fans qu'ils s’en apperçoivent. (8 ) NOTICE , f. f. cerme de Eutérature , qui fignifie la connoiffance qu’on donne d’une chofe , par des ob- fervations & des recherches critiques qu’on fait def- fus. De-là ‘eft venu le mot de romification, la@tion de notifier, de donner la notice ou la connoïflance de quelque chofe. Ces mots font également dérivés du latin roÿfcere, connoitre. Voyez CONNOISSANCE. Pour donner la zorice d'un livre ou d'un manufcrit, on examine par qui il a été compofé, en queltems, quelle en eft la forme, l'écriture , le nombre des pa- ges : on fait un fommaire dece qu'il contient , on dit par quelles mains il a pañlé , & commentileft parve- nu dans le cabinet ou la bibliotheque qui le poffede, Nouice eft auffi le titre de certains ouvrages, com- pofés pour faire connoître d’une maniere particu- liere les villes, les provinces, les routes, 6:c. d’un royaume, les diverfes parties d’une province, les villes & les paroifles d’un diocèfe, &c. Tel eft le livre intitulé zosiria Imperit , &c la notice des Gaules quenous a donnée M.de Valois fous le ti- tre de noziria Galliarum , 8e qui eft un recueil des dif- férens noms que les provinces 8 les villes de France ont portés en difiérens tems, M. Secouffe de lacadé- mie des Belles-Lettres a donné , dans le feptieme vo- lume des meémoures de cette académie, un projet d’une nouvelle zosice des Gaules & pays foumis aux Fran- çois depuis la fondation de la monarchie, 6 un eflai relatif à ce même projet, qui montre combien un pa- reil ouvrage {eroïit intéreffant , s’il étoit exécuté par une main aufli habile que celle qui a tracé le plan. _ Les rorices des dignités de l'Empire, tant d’orient que d’occident , {ont d’un grand ufage dans l’érude de l’Hiftoire , foit romame , foit eccléfiaftique ; ce- pendant elles ne peuvent guere être utiles, du- moins aux jeunes gens, fans d'excellentes notes tel- les que celles de Pancirole, & fans de fréquentes correétions dans le texte qui eft horriblement défi- guré ou corrompu. NOTIFICATION , £ f, ( Jurifprud. ) eft un ex- ploit par lequel on donne connoïfflance à quelqu'un du contenu dans quelque acte : la rorificarion Îe fait en fignifiant une copie de l’aéte , à ce que çelui au- NOT quel on le fignifie n’en prétende caufe d'ignorance! Quelquefois cette fignification eft accompagnée de l’exhibition de l’origmal, comme quand l'acquéreur d'un fief notifñe fon contrat au feigneur pour faire courir l’an du retrait féodal , ou, fi c’eftun héritage roturier , pour ne pas encourir l’amende dûe pour ventes récelées & non-notifiées. Le feigneur féodal qui faifit le fief de fon vaflal, doit lui notifier la fai- fie ; enfin , un gradué doit notifier fes grades tous les ans dans le tems de carème, Voyez EXHIBITION, GRADES, GRADUÉS , SAISIE FÉODALE, (4) NOTIOMETRE , ( Phyfig.) eft la même chofe qu'Aygrometre. Voyez HYGROMETRE. | NOTION, f. f. eft un erme de Logique, qui fi- grfe l’idée que nous nous formons d’une chofe. Ce nom ne convient qu'aux idées complexes. Voyez IDÉE 6 PRÉNOTION. | M. Leibnitz a diftingué fort exaftement toutes les efpeces de nozions dans les acfes de Leipfick , 1684. Notion claire, felon lui , eft celle qu fuffit pour fe rappeller un objet ; par exemple, celle d’une f: gure. Notion obfture, c’eft celle qui ne fuffit pas pour fe rappeller un objet; par exemple, celle d’une plante qu'on doute , en la voyant, fi on ne l’a pas yûe déja ailleurs, & fi on doit lui donner tel ou tel nom. Notion diflinite, c’eft celle qui nous rend capa- bles de marquer les différens cara@eres auxquels nous reconnoiflons une chofe ; par exemple, celle- ci:le cercle eft une figure terminée par une ligne courbe qui revient fur elle-même, & dont tous les points font également éloignés d’un point milieu. Voyez DISTINCT. Notion confufe , eft celle avec laquelle on n’eft pas en état de marquer les différens caraéteres auxquels on peutreconnoitre un objet, quoi qu'il foit. Telle eft la zotion de la couleur rouge, Notion adéquate , c’eft celle où l’on a des zosions diflinétes des marques ou caraéteres qui font recon- noïtre un objet; par exemple, c’eft la zorion du cercle dont nous venons de parler, lorfqu’elle eft accompagnée de la zotion diftinéte d’une courbe qui revient fur elle-même ; & dont tous Les points font également éloignés d’un autre point qui eft au mi- lieu. Voyez ADÉQUAT. Notion inadèquate , c’eft celle où l’on n’a que des notions confuies des caraéteres qui entrent dans la notion diftinéte. ù On admet dans les Mathématiques quelques z0- tions corfules , lorfque leur explication n’eft pas de grande conféquence pour la démonftration. Aïnf Euchide n’explique point la rorion d'égalité ; quoiqu’elle entre dans les zorions de triangle équila- téral, de rhombes, &c. parce que les propofñitions , dont la démonftration et appuyée fur la zorion d’é- galité, font aifément accordées fans entrer dans un fi grand détail ; par exemple, que deux chofes éga- les à une même troifieme font égales entr’elles, Mais, dans les définitions mathématiques , on n’ad- met jamais d’autres notions que celles qui font dif- tinétes , & en même tems aufli adéquates qu’il eft pofhble , & que le fujet le demande, Foyez DÉFINI- TION. On diftingue dans l'école les zotions en formelles & objeétives, & chacune fe fubdivile en premiere formelle & feconde formelle, premiere objeétive & feconde objettive. Premuere formelle rosoz , eft la connoïffance que nous avons d’une chofe felon ce qu’elle eft, ou ce qu’elle a en eile-même ; par exemple , la 20407 du feu en tant que feu, celle d’un corpslumineux en tant que lumineux, &c. Premiere zosor objeive , eft la chofe elle-même NOT connue felon ce qu'elle eft., ou ce qu’elle a en elle- même, comme le feu connu en tant que feu. Seconde zoo formelle, c’eft la connoiïflance d’une chofe felon ce qu’elle reçoit de l’entendement, comme celle du feu en tant que fujet & non attribut. Seconde zosion objeétive , eft ce qui s'applique à une chofe par le moyen de lopération de lenten- dement, ou ce qu’elle reçoit de l’entendement. Notons communes, appellées auffi prénotions, mpoñtnberc ËZ oies syvoras , font certains principes que l’on regarde comme innés & comme évidens par eux-mêmes , c’eft-à-dire, qui frappent l’efprit par une lumiere qui leur eft propre, fans le fecours d’au- cune preuve, comme fi Dieu lui-même les avoit gravés dans notre ame : ces principes font les fon- demens de toutes les Sciences, & les moyens pat lefquels on les démontre. Voyez IDÉE INNÉE, CON- NOISSANCE, Éc. Ces notions communes, qu’on regarde comme le fondement des Sciences , font appellées axiomes. Voyez AXIOME. , On les appelle communes, non qu’elles foient fi néceflairement apperçues par tout le monde qu'au- cun homme ne les puiffe ignorer onnier , mais parce qu'elles font regardées comme vraies & certaines par toutes les perfonnes qui ont une droite raifon. C’eftainf qu’on dit qu’une nourriture eft faine, quoi- qu'elle ne foit pas telle généralement pour tous les hommes, mais feulement pour ceux qui font en bonne fanté. Ariftot. ropic. c. iv. Il y a de deux fortes de zotions communes ; fa- voir, 1°. de théoriques, qui ne menent qu’à des chofes de pure fpéculation, par exemple ; celles-ci: chaque chofe eft ou n’eft pas; rien ne peut fe faire de lui-même ; le tout eft plus grand que fa partie; fi des grandeurs égales font ajoutées à des grandeurs égales , les fommes feront égales : 2°, des rorions communes pratiques , qui fervent de fondement aux principes de la vertu &z de la faine morale ; pat exem- ple , Dieu doit être aimé &r adoré ; nous devonsho- norér nos parens ; nous devons rendre à chacun ce qui lui eft dû, comme nous voudrions qu’on nous le rendit à nous-mêmes. [Il y a cependant des philofophes ( & on peut dire que ce font les plus habiles ), qui rejettent ab- folument ces zor'ons prétendues innées ; la raïfon qu'ils en apportent eft que notre efprit n’a pas befoin d'être préparé à penfer par de certaines norions ac- tuelles, mais que la feule faculté de penfer lui fuf- ft, ce quife manifefte par les perceptions qu’un en- fant reçoit du pain, du goût, des couleurs, 6. Ces philofophes ajoutent que les organes de nos fens , affectés par les objets qui fe préfentent à eux, &c joints avec la faculté que nous avons de réfléchir fur cesobjers & de combiner les idées qu’ils font naf- tre en nous, font plus que fufifans pour produire dans notre ame toutes les connoiflances que nous avons. Voyez CONNOISSANCE. | NOTIUM, ( Géog. anc. ) nom 1°. d'une. ville de V’Ionie ; 2°, d’une ville del'Œolide ; 3°. d’une ville dans l’île de Calidna aux environs de l’île de Rho- des ; 4°. d’un promontoire de la Chine, felon Pto- lomée, Z. WII, c, üj, (D.J.) NOTO, ( Géog. ) ville de Sicile dans la partie méridionale de l’île , vers la fource d’une petite ri- viere de même nom. C’eft l’ancienne Neerum, Elle eft fituée dans les terres , fur une petite montagne af- fez efcarpée, à 9 milles E. de Modica, à 8 O. de la merde Sicile, & à 15 N. du cap de Pafaro. Long. 32-45. lar, 36,30. Noro, Var pr, (Géog.) l’une des trois vallées Ou provinces qui partagent la Sicile, & à lagnelle la ville de Noro qui en eft la capitale, donne fon nom, Elle eftbornée au N. par le Val-Démona ; à NOT 253 l'E. & au $. pat la mer; à l'O. partie pat la Met, partie par le val di Mazzara, à La petite ville de Noro eft la patrie de Aurifpe (Jean) , qui fut dans les langues greques .& latines l’un des plus do&es perfonnages du commencement du xv. fiecle, On lui attribue une tradudion d’Ar- Chimede , une verfion d’un traité de confolation de Philifcus à Cicéron , & celle du commentaire d'Hié- rocles fur les vers dorés de Pithagore ; cette derniere fut imprimée à Bâle :2-8°, enr 543, qui eft à-peu- près le tems de la mort dutraduéteur. (D. 7.) NOTOIRE , adj. (Jurip. ) fe dit de ce qui eft connu , public &e évident, {1 y a notoriété de droit & notoriété de fait. Voyez ci-après NOTORIÉTÉ. NOTORIETÉ , f. f. (Jurifp.) fe dit en général de ce qui eft connu. La zororiéé d’un fait le rend en quelque forte cer: tain, tellement qu'en matiere criminelle la mororier d’un crime tient lieu d’information, # oyez L’ordon= nance de 1670 , tit, X, art, 9: La rororieré publique eft celle des chofes que tout le monde connoît, La notoriété particuliere eft la connoïffance de quelques perfonnes. On fait des rororiétés ou descer- tificats pour attefter certains faits qui font notoires dans une ville, dans une maifon ou dans une familles pour attefter qu’un homme eft mort en tel tems ; qu'ilétoit riche d’une telle fomme, qu'il a laiflé tant d’enfans, qu’un tel a été fon héritier. « Aile de notoriété eft un certificat authentique dé- livré par des officiers de judicature , de ce qui fe pratique dans leurs fiéges fur quelque matiere de Jurfprudence , ou quelque forme de procédure, Ces fortes d’aûtes font ordinairement accordés à la requifition de quelqu'un qui a intérêt de confta= ter l’ufage. Le juge qui les délivre, ne le doit faire qu'après avoir confulté les autres oMciers de fon fiége s'il y na, & même après avoir pris l’avis des avocats & ProcHreurs, ou autres, praticiens de fon fiége, s’il n'ya ni avocats ni procureurs en titre, L’ufage des actes de zorortéré s’eft introduit depuis l’abrogarion des enquêtes par turbes > Jui aété faite par l'ordonnance de 1667. Pour que les aétes de rororiété puiffent avoir quel- que autorité dans une caufe ou procès, il faut qu'ils ayent été délivrés en vertu d’un jugement d’un Juge fupérieur ; autrement ces fortes d’aîes ne pañlent que pour des certificats mandiés , que le juge a ac- cordés par complaifance & à force d’importunités, Il faut aufli qu'il y ait requête préfentée par l’une des parties ; qu’on appelle devant le jugéles parties qui peuvent y avoir intérêt ; que Les avocats foient ouis de vive voix à l'audience , &le fyndic des pro cureurs pour tous, ceux du fiège ; que le miniftere public ait donné fes conclufons ; que l'acte fafle mention des jugemens fur lefquels la rororiéré eft établie ; enfin, qu'il foit ordonné quête en fera dé- livré à la partie requérante , pour lui fervir ce que de raifon. Les juges font les feuls qui ayent çara@ere pour donner des aétes de notoriété ; les avocats d’un fiéee même en corps ne peuvent donner que des conful- tations ; les gens du roi, ou autres pe-fonnes qui exercent le minifiere public , ne font pas non plus parties capables pour donner des aîes de zororiéré en forme. On a imprimé en 1709 un recueil des adtes de 20 toriéré, que M. le lieutenant civil le Camus avoit donnés fur l'ufage obfervé au châtelet dans plufienrs matieres importantes. Sur les aétes de zororiéré voyez Rebuffe , ir rat, de confuetud. num. 6, Henrys , rome I. iv. IP. cB, 27, quefl, $, Augeard, come À, arrét du 30 Août 1706 #54 NOT NOTOZÉPHYRUS , f m.(Géog. anc.) on donne ce nom au vent qui foufilé d’un point fitué entre le fud & loueft ; c’eft le vent du fud -oueft, nommé en latin africus. | NOTRE-DAME, (AE. eeclef.) eft le nom qu'on donne fouvent à la faïnte Vierge. De-là font ve- nus les mots de fées de Notre-Dame ; office de No- £re- Dame, congrégations., communautés ; Ordres de Notre-Dame. Voyez VIERGE. NorTRs-DAME DU CHARDON , (Æ1/f. mod.) c’é- toit autrefois un ordre militaire inffitué en 1370 par Louis Il. duc de Bourbon. Il étoit compofé de 26 chevaliers, dont ce prince & fes fuccefleurs furent les chefs» Ils portoient une ceintute bleue célefte, &z dans les grandes cérémonies , un manteau de la même couleur , avec un collier d'or entreläcé de fleurs de lys; & pour dévife , lé mot E/pérance, qu'on lifait en grandes lettrès dans les intervalles des fleurs. NOTTINGHAM, (Géog. ) ville d'Angleterre , capitale du Nottinghamshire , fur le Léäan, à 96 milles de Londres. Long. 16. 24.lar. 52. 55. NOTTINGHAMSHIRE, (Géograp.) province d’Angletérre au diocèfe d'Yorck ; dans les terres. Elle a cent milles dettour, & contient environ 568 mille arpens ; l'air yeftpur, mais le terrein n’eft as par-tout le même. Au fud-eft elle eft fertile, & à l’oueft elle eft pleine de bois & de mines dechar- bon de terre. Elle eft arrofée par quelques petites . rivieres, outre la Trent qui fépare cette province de l'Incolnshire. Nottingham en eft la capitale. C'eft dans cette province que naquit en 1489 l'il- luftre Thomas Cranmer , archevêque de Cantorbë- ri, Sa vie & fa mort tragique font connues de tout Je monde! Les curieux entronveront le détail dans Burnet & Rapin de Thoyras. [l publia quelques ou- vrages en latin; côrrigea la verfion angloife de la bible, & profeffa fans détour la region proteftante fous le regne d'Henri VIII. mais la reine Marie étant montée fur le trône, réfolut fa mort. Elledéteftoit Cranmer , tant à caufe de fa religion, que parce qu'il avoit contribué au divorce d'Henri VIT. avec fa ” mere,Il fut brûlé vif en 1556 à l’âge de68 ans. On fait que ce primat du royaume , violemment perfé- cuté par lareine Marie, avoit eu la foibleffe quel- que tes avant fa moft ; d’abjurer fa religion ; mais il reprit fon courage fur le bucher. « Il déclara qu'il » mouroit proteftant, & fit réellement ce qu'on à » écrit de lui, & peut-être ce qu'on a feint de Mu- »tius Scévola. Il plongea d’abord dans les flammes » la maïn qui avoit figné Pabjuration, &c n’élança » fon corps dans le bucher , qhe quand cette main » fut tombée. C’eft ainfi qu'il fe punit d’avoir fuc- | »combé à ce qui lui paroïfloitune foibleffe ; ation »f% belle, que l’Angleterre ne cede rien à Rome » dans la gloire d’avoir mis au jour un citoyen qui » fut porter la conftance & la fermeté héroïque au- » delà detoutes les bornes. 5 Rien cependant n’arrêta les cruantés de la rer- . wne Marie. Sombre & tranquille dans fes barba- # ties autant qu'Henri fon pere étoit emporté, elle » eut un autre genre de tyrannie. Elle mournt par- » fible ; mais abhorrée de la faine partie de la na- » tion , fouvérainement méprifée de fon mari Phi- 5 lippetIl. & de tous fes fujets, qui lui reprochent sencore la perte de Calais, laiffant enfin üne mé- » moire odieufe dans l’efprit de quiconque n’a pas 5 l'ame dun perfécuteurs . (D. J.) | Norus, f. m, (Marine, & Lier.) vent du midi.” NOVZÆ!, (Géog. anc.) Ce nom a été donné pat les anciens à plufeurs villes; 1°. à une ville de la . bafeMyfe, fur le Däaube, & qui étoit la demeure . de’la premiere legion italique, Lazius l'appelle No- romonrs 2°; à une ville de la feconde Moëfie ; 3°: à uné ville de la haute Moëfie; 4°. à une ville dela feconde Pañnonie ; $°. à une ville de Macédoine; 6°, à une ville d'Efpagne, fur la route d’Aftorga à Tarragone. (D. J°) 14 Ne NOVALE , (Jurifprud,) novalis , novalia, c’eit une terre nouvellement défrichée. On regarde com- me telles celles qui ont été défrichées depuis qua- rante ans en-çà. #” | | Les dixmes novales font celles qui fe perçoivent fur ces terres nouvellement défrichées. On les ap- pelle aufli quelquefois zovales fimplement. Voyez au mot DIiXME à l’article DIXME NOVALE. (4) NoOvALE, (Géog.) petite ville, ou plutôt gros bourg d'Italie, entre Padoue & Trévife. Long. 29. 40. lat. 45. 35, (D, J.) NOVANA , ( Géog. anc, ) ville d'Italie dans le Picemum , felon Pline, Z, IT. c. xuy. Quelques ma- nufcrits portent Nabana. On croit que c’eft aujour- d’hui Ciréa- Nova. ( D.J.) NOVANTÆ où NOYANTES, ( Géog. anc. ) peuples de lile d’Albion, felon Ptolomée, 4, TI. c. 1. qui les place dans la partie feptentrionnale, & leur donne deux villes, favoir Leucopibia & Re- ÉISOTUUIR, NOVARE ou NOVARA, ( Géog.) ancienne & forte ville d'Italie, au duché de Milan, capitale du Novarele, avec un évêché fuffragant de Milan. C’eft une des principales forterefles du Milanez. Les anciens l’ontnommée Novariz, comme leprouve une infcription qui fe conferve à Rome. Elle demeura long-tems fous la puiffance des ducs de Milan; en- fuite elle fut poffédée fucceffivement par les de la Torré, parles Vifconti, par!les Sforce 6c par les ducs dé Parme. Elle eft für une colline, à ; lieues N. E. de Verceil, 8 N. E. de Cafal, roo de Milan. Long. 26, 10. lat. 45 25. M. Fleuri dit que Pierre Lombard, appellé autre- ment le Maître des fentences, étoit né près de No- vare, I fut évêque de Paris en 1160, & mourut en 1164, comme le porte {on épitaphe. Son ouvrage des fentences eft la fource de la théologie fcholafu- que, qui a fait tant de mal dans l’éolife latine, Torniel ( Auguflin), de Pordre des Barnabites, dont il devint général, naquit aufli près de Novare en 1543 , & mourut à Milan en 1622, âgé de foi- xante-dix-neuf ans. On a de lui : anrales facri 6 pro- fani ab orbe condito ad mortem JefusChrifir. Mediol. 1610. in-fol. 2 vol, Francof. 1611. Antuerp. 1620. edir. opt, C’eft un ouvrage médiocre & qui n’eft plus recherché, malgré lPéloge magnifique qu'en fait M. Dupin. (2.J.) ‘ NOVARESE , (Géog.) petite contrée d'Italie dans le duché de Milan, Elle éft bornée au N,.par les vallées de-Seflia & d'Offlola, à lE.ipar.le Mi- lanez propre, au S. parle Vigevanafe, & à l’'O.par le.Piémont. Novare où Novara en eft la capirale. NOVATEUR, f. m.(Gram.) celui qui introduit quelques nouveautés, fe prend prefque toujouts en mauvaife part, tantles hommes ont d'attachement pour les chofes établies. Ily a des zovaseurs en litté- rature; en.religion, en politique. Les-zovateurs en littérature peuvent corrompre ou perfeétionner Le goût ; en religion, exciter ou calmer des troubles ; em politique, fauver ou perdre une nation. C’ef le tèms qui juge les innovations; 8cfi Finnovation eft vraiment utile , le-méptis retombe furles mau- vais’ critiques qui l'ont blâmée : on les‘appelle des fots, &-on reftitues au zovareur le titre d'homme de génie qu’il a mérité, RL ARLON 7 HAT NOVATIENS, fm. pli (CAf: eccléf}) feéteid’an- ciens hérétiques, ainfinommés de Novaus , prêtre africain ou de Novarianus "prêtre de'Rome. 1 + On les appelle auffi Curhari, du grécytrépee, pur, NOU dans le même fens que les Anglois appellent puri- tains les calviniftes rigides. | Novatien {e fépara d’abord de la communion du pape Corneille, fous prétexte qu'il étoit trop fa- cile à admettre à la pénitence ceux qui avoient apoftafñé pendant les perfécutions. Enfuite Novatus étant venu à Rome, ilfe joignit à la fation de Novatien, & l’un & l’autre foutin- rent qu'il n’y avoit plus de pénitence pour ceux qui étoient tombés dans quelque péché grave après leur Baptème, fondant leur opinion fur le paflage de faint Paul : 7 eff impoffeble 4 ceux qui apoftaftent après avoir éré une fois éclatrés & qui ont goûté les dons cé- lefles , de fe renouveller par la pénitence. L Non pas qu'ils niaflent qu’une perfonne tombée dans un péché quelque énorme qu’il fût, pût en ob- tenir le pardon par la pénitence, puifqu'ils recom- mandoient eux-mêmes la pénitence dans les termes les plus forts; mais 1ls enfeignoient que l’Eglife n’a- voit pas le pouvoir de recevoir les pécheurs à fa communion , comme n'ayant d’autre voie pour re- mettre les péchés que ceile du baptême, qui ne peut être conféré qu’une fois à la même perfonne. Voyez BAPTEME. Par propreflion de tems les zovatiens modérerent & adoucirent la rigeur de la doétrine de leurs mai- tres, & ne refuferent l’abfolution qu’à de grands pécheurs, Foyez ABSOLUTION. Les deux chefs furent excommumiés & déclarés hérétiques ; ce n’eft pas qu'ils excluaffent les péni- tens de la communion de l’Eglife ; mais parce qu'ils moient que l’Eglhfe avoit le pouvoir de remettre les péchés. Les novatiens ajouterent de nouvelles erreurs à celles de leurchef, comme l’improbation des fecon- des noces & la néceflité de rebaptifer les pécheurs. Leur jeéte fubfita juique dans le quatrieme fiecle après le concile de Nicée, qui fit des réglemens pour la forme de leur réception à l'Eglife. Depuis ils fe diviferent en différentes branches, dont il y avoit encore des reftes en Occident dans le feptieme fie- cle, & en Orient dans le huitieme, & quelques- uns d'entr'eux mêlerent des cérémonies judaïques à celles du chriftiamfme. Eufeb. Æ1/£. eccl. L, VI. Ba- ronius, aznal, Dupin, bibl. eccl. des aut, des trois premiers frecles. NOVATION , f. f. (Jurifprud.) eft le change- ment d’une obligation en une autre. L'effet de la zovarion eft qu’elle détruit l’ancienne obligation, enfemble tous fes accefloires, tels que les privileges & hypotheques, l’obligation des cautions, &c. de forte que par le moyen de la zovarion, c’eft une obligation toute nouvelle, qui eft conftituée au lieu de l’ancienne. Elle s’opere en quatre manieres, .… La premiere fe fait, lorfque la caufe de obligation feulement eft changée, fans qu'il y ait changement de débiteur ; par exemple, lorfqu’une fimple obli- gation eft convertie en un contrat de conftitution. La feconde eft lorfque la perfonne du créancier eft changée; ce qui arrive par le moyen de la délé- gaton, La troifieme fe fait par le changement de débi- teur; ce qui arrive lorfqu'un tiers s’oblige envers le créancier de lui payer ce qui lui étoit dû par l’ancien débiteur. Le quatrieme fe fait par le changement du créan- cier & du débiteur ; ce qui lui arrive lorfqu’un créan- cier délegue ce qui lui eft dû par fon débiteur, qu’il chatge de payer au créancier d’une autre perfonne. Voyez Le liv. IIT. des inflitutes, tit. 30. . 30. (4) NOUDLES oz NUDELN , ( Cuifine ) c’eft un ragolt fort ufitéen Allemagne, dont la bafe eft une bonne pâte faite avec de la fleur de farine, du lait & du beurre ; quand le tout a été bien incorporé, N O V 25$ on étend cette pâte avec le cylindre pour la rendre mince ,; après quoi on la coupe par petits lanieres, femblables à du ruban étroit, On la fait bouillir lé- gérement dans de l’eau ou dans du bouilion:; après quoi on met cette pâte découpée dans un plat, au fond duquel on a eu foin de mettre un peu de beurre bien frais; on met le plat fur le feu, & l’on apph- que une pelle rouge au-deflus de la pâte, afin de la riloler, &c les roudles font préparées. On peut, fi l’on veut, faupoudrer le tout avec du fromage de Parmefan. Ce ragoût eft à-peu-près femblable au vermicelli où aux macaront des Iraliens, excepté que ces dernieres pâtes ont prefque toujours un goût de moifflure que les zoudles n’ont pas, parce qu’on les fait à mefure que l’on en a befoin. NOUE,, £. f. (Archir.) c’eft l'endroit où deux combles fe joignent en angle rentrant; ce qui fait l'effet contraire de l’areftier : on appelle zoue cor- niere là noue où les couvertures de deux. corps de logis fe joignent. None eft aufli le nom d’une efpece de tuile en demi - canal pour égouter l’eau. Quelquefois les couvreurs emploient au lieu de zoues, des tuiles hachées, qu’ils taillent exprès à coups de martelet. Noue de plomb; c’eft une table de plomb au droit du tranchis, & de toute la longueur de la roue d’un comble d’ardoife. Elle fert à égoutter les eaux: Da- viler, (D.J.) NOUÉË, étre noué, c’eft être rachitique. Voyez RA= CHITIQUE. NouË, adj. (sérme de Blafon. ) Ce mot fe dir de ce qui eft lié & entouré; ainfi on dit porter d’ar- gent à deux fafces zoées de gueule. NOUÉES, cerme de Vénerie, c’eft la fiente des cerfs, qu'ils jettent depuis la mi-Mai jufqu’à la fin d’Août, Ils jettent leurs fumées toutes formées, grofles, longues & nouées. Il y a de la différence entre les fumées du re- levé du foir & celles du matin ; les premieres font mieux digérées que celles du matin , à caufe du re- pos & du tems que le cerf a eu de faire fon ronge & digérer fon viandis ; au contraire celles du ma- tin ne font pas fi digérées, à caufe de l'exercice qu'ils font la nuit en viandant, NOUER LA LONGE, terme de Fauconnerie, c’eft mettre l’oifeau en müûe, 6 l’empêcher de voler pendant quelques mois. On dit aufli en fauconnerie zower ou nager entre deux airs. On appelle roues les fondrieres, marécages & autres terres bafles & humides qui accompagnent les étangs, les rivieres &c les torrens. NOVELLARE, petite ville d'Italie dans le comté de même nom, dont elle eft le cheflieu. Elle eft fituée entre Guaftalla vers le nord, Carpi à l’orient, Reggio au midi, & Verceil au couchant. L’empe= reur a difpofé de cette ville en 1737 en faveur du duc de Modene , auquel il Pa donné en fef. Elle eft à 7 lieues de Parme. Long. 28, 12. lat. 44, 50. ( D.J.) ; NOVELLES , f, f. pl. ( Jurifpr.) font des confti- tutions de quelques empereurs romains , ainfi ap- pellées quaft novæ 6: recenter ediræ ; parce qu’elles étoient poflérieures aux lois qu'ils avoient publiées. Elles ont été faites pour fuppléer ce qui n’avoit pas été prévu par les lois précédentes, & quelque- fois pour réformer l’ancien droit en tout ou partie. Quoique les rovelles de Juflinien foient les plus connues , & que quand on parle des zovelles fimple- ment On entende celles de cet empereur , il n’eft pourtant pas le premier qui ait donné le nom de 20- velles à fes confhtutions ; il y en a quelques-unes de Théodofe & Valentinien, de Martian , de Léon & 256 NOV Majorian , de Severe & d’Anthemius , qui ont auf été appellées zovelles. ve On verra dans la fuite que depuis Juffinien quel- ques empereurs Ont aufh publié des zovelies. Celles des empereurs qui ont précédéJuftinien, n’eu- sent plus l'autorité de loi après larédaétion &ecompo- fition du droit par l’ordre de cet empereur, d'autant quedans le titre de cozfirm.digefl. il ordonna que tou- tes les lois & ordonnances qui ne fe trouveroient pas comprifes dans les volumes du droit publiés de fon autorité, n’auroient aucune force ; défendant aux avocats & à tous autres de les citer, & aux juges d'y avoir égard. Cependant ces zovelles ne font pas entierement inutiles ; car le code Juftinien ayant été compofé principalement des conftitutions du code Théodo- fien , & des movelles de quelques empereurs qui avoient précédé Juftinien, on voit par la leéture du . code Théodofen de ces novelles, & du code Jufti- nien, ce que Tribonien, qui a fait la compilation de ce dernier code, a pris de ces rovelles, ce qu'il en:a retranché , & comment il en adivifé & tronqué plufieurs, ce qui fert beaucoup pour l'intelligence de certaines lois du code. Par exemple, Tribonien a divifé en trois la 0- yelle s de Théodofe, de sutoribus , dont il a fait la loi 10. C. de lepitim. heredib. la loi 6. €. ad fer. Ter- gull, & la loï pénultieme C. ën quibus cauf?s pignus vel hyp. contrah. l De la rovelle 9 du même empereur , qui eft de £ef- ramentis, Tribonien a tiré deux lois ; favoir la loi 27 cod. de reftam. & la loi derniere du même titre. De la rovelle de Valentinien & de Majorian , tit. IV. de matrim. fenat. il a tiré la loi 9, au code de Le- gibus , & ainf de pluñeurs autres. mater Les rovelles des empereurs qui ont précédé Jufti- nien ont été imprimées pour la plus grande partie, avec le code Théodofien , par Jean Sichard, en l’an- née 1528, & enfuite par les foins de Cujas , en Pan © 1566, & quelques-unes y ont été ajoutées depuis par Pierre Pithou , l’an 1571. Les novelles de Juftinien font les dernieres confu- tutions faites par cet empereur fur différentes matie- res, après la publication de fon fecond code ; elles compofent la quatrieme &c derniere partie du droit civil. Juftinien, en confirmant le digefte, avoit dès-lors prévu qu’il feroit obligé dans la fuite de faire de nou- velles lois ; il s’en explique de même dans la loi uni- que, au code de emenda. cod, & dans fes zovelles 74 & 127. - Suivant Le rapport d'Harmenopule, Tribonien fut employé pour la compofition des zovelles , comme pour celles des autres volumes du droit romain. Il étoit, comme on fait, grand-maitre du palais , ce qui revenoit à la dignité de chancelier. Il étoit auff le premier de tous les quefteurs. D’autres tiennent que Juftinien employa divers jurifconfultes ; ce qui eft affez vraiflemblable, par la diverfité du ftyle dont elles font écrites. Si l’on en croit Harmenopule , Tribonien,, qui ai- moit beaucoup l'argent, fanoit ces zovelles pour di- vers particuliers , defquels 1l recevoit de grandes fommes pour faire une loi qui leur fût favorable : on lui imputa même d’avoir fait à deflein des conf- titutions obicures & ambigues, pour embarrañler les parties dans de grands proces ; & les obliger d’avoir recours à fon autorité. Les rovelles de Juftinien font adreffées ou à quel- ques ofhciers où à des archevêques & évêques , ou aux citoyens de Conftantinople : elles avoient : toutes la mêmé force , d'autant que dans celles qui font adreflées à des particuliers , al leur eft ordonné de les faire publier & de Les faire obferver felon leur forme & teneur. Elles furent la plüpart écrites en grec, à lexceÿ< tion des zovelles o & 11, la préface dela zovelle 17, les rovelles 23, 33,34» 35, 41,62, 65,114, 138 & 143, qui furent publiées en latin ; parce qu'elles étoient deftinées principalement pour l'empire d’Oc- cident. Il y a eu plufieurs éditions du texte grec des z0- velles ; la premiere fut faire à Nuremberg par les foins d’Haloander, en 1531, chez Jean Petro; la feconde à Bafle, par Hervagius , avec les correc- tions d’Alciat & de quelques autres auteurs, en 1541 ; la troifieme par Henri Serimger , écoflois , en 1558, chez Henry Etenne, On n’eft pas bien d’accord fur le nombre des z0- velles de Juftinien ; quelques-uns , comme Irnerns n’en comptent que 08 : cependant on en trouve 128 dans l’abrégé qu’en fit Julien. Haloander & Serimger en ont publié 165 , & Denis Godefroy y en a en- core ajouté trois , ce qui feroit 168. Le moine Ma- thieu prétend que Juftinien en a fait 170 ; mais il eft certain que dans ce nombre il y en a plufeurs qui ne font pas de Juftinien , telles que les zove/les 140, 144, 148 & 149, qui font de l’empereur Juf- tin, & 161 ; 163 & 164, qui font de l’empereur Tibere IL. L’incertitude qu’il y a fur le nombre des rovelles de Juftinien , peut venir de ce que l’on a confondu plufieurs zovelles enfemble, ou bien de ce que plu- fieurs de ces conftitutions ayant rapport à des cho- fes qui n’étoient plus d’ufage en Europe, on négligea de les enfeigner dans les écoles: les gloffateurs n’ex- pliquerent aufli que celles qui étoient d’ufage , au moyen de quoi les autres furent omifes dans plufeurs éditions. Après le décès de Juftinien , qui arriva, felon l’o- pinion commune, l’an du monde 566, de fon âge 82, & de fon empire 39, une partie de fes zovelles, qui étoient difperfées de côté & d’autre , fut recueillie &c rédigée en un même volume en langue grecque , en laquelle elles avoient été écrites, & quelque tems après elles furent traduites en langue latine. Jacques Godefroy eftime que cette premiere ver- fion fut mife en lumiere vers l’an 570, par l’ordre de Juftin IL. Quelques-uns l’attribuent à Bulygarus, fous Frédéric Barberoufle ; d’autres à un certain Ir- nerus , autre que celui dont on parlera craprés. Cette premiere traduétion, qui eft littérale, fe trouve remplie de termes barbares ; mais Cujas tient que c’eft plütôt Le fait des imprimeurs que celui du tra- duéteur, & Leunclavius témoigne que cette traduc- tion eft la plus ample & la plus corrette. Peu de tems après, le patrice Julien, qui avoit été conful, furnommé l’antécefleur , parce qu’il étoit pro- fefleur de Droit à Conftantinople , fit de fon auto- rité privée un épitome des zovelles, qu’on appelle les zovelles de Julien ; ce n’eft pas une traduétion lit- térale, mais une paraphrafe qui ef fort eftimée. L’au- teur en a retranché les prologues & les épilogues des novelles. Elle eft divifée en deux livres ; le premier contient jufqu'à la zopelle 63°. le fecond les autres novelles. La feconde traduétion des rovelles eft celle d'Ha- loander , imprimée pour la premiere fois à Nurim= berg l’an 1531, & depuis réimprimée en plufeurs autres lieux. | Il y en a une troifieme & derniere d’Agylée, faite fur la copie grecque de Serimger, imprimée à Baîle par Hervagius l'an 15671 , 2-49. Celle-ci eft fort ef- timée. | Cependant Contius s’eft fervi de l’ancienne , & c’eft celle qui eft imprimée dans les corps de Droit civil, avec les glofes ou fans glofes. Cette premiere verhon a té appellée le HaPe es dés authentiques, pour dire que C’étoit [a feule verfion fidelle & entiere. we Les ravages dés guerres &c les incurfions des Goths dans l’Italie & dans la Grece, avoient caufé la perte du droit de Juftinien ; &duipremier livre grec des novelles &c de la premiere rraduéhon ; ces livres fuz rent enfin retrouvés dans Melphis, ville de la Pouille; &t Lrnerus ; par l'autorité de Loraire IL vers 1130, remit'au jour le code & la premiere verfon latine des rovelles de Juftinien. | | Cette édition des zove/les par Irnerus , a été ap- pellée germanique où vulgate; c’eft celle dont on {e fert préfentéement pour la citation des rove/les : ce- pendant ellé fe trouva défeétueule ; plufeurs rove//ss y manquoient , foit qu'Irnerus ne les eût pas retrou- vées ; foit quil les eût retranchées, comme étant hors d’ufage. Berguntio ou quelqu’autre interprete | vers Pan 1140 , divifa ce volume desirove/les en neuf colla- tions, & changea l'ordre obfervé dans la premiere verfon , & ce volumeifut appellé authentique , aw- thenticum ; Où voluren authenticorum, & a été depuis reçu dans toutes les univerftés. Quelques-uns veulent que le nom d’ashenrique Jui ait été donné parce que les lois qu'ilcontient ont plus d'autorité que les autres , qu'elles confirment, interpretent ou abrogent; d’autres difent que c’eft par rapport aux authentiques d’Irnerus , qui n’étant que des extraits des zovelles, n’en ont pas l'autorité; d’autres enfin veulent que ce foit par rapport à l'épi- tome de Julien, qui ne fut fait que de fon autorité PHVCEN AP : Il ne faut pas confondre ce volume appellé ax- thenrique avec les authentiques appellés aurhentice,, qui font des extraits des rovelles qu'[rnerus infera dans le code aux endroits où ces zovelles ont rap- port. On ne voit pas pourquoi les zovelles ont été divi- fées en neuf collations : ce terme fignifie amas & rapport ; maïs dans une même collation il ya des 20- gelles qui n’ont aucun rapport les unes aveeles au- tres , elles y font rangées fans ordre. fs La premiere & la feconde collation de l’édition d'Irnerus, contiennent chacune fix zovelles ; la troi- fieme & la quatrieme chacune 7 ; la cinquieme 20, la fixieme 14, la feptieme ro, la huitiéme 13,& la neuvième 15. Haloander &c Scrimger en ônt ajouté 70 , qui étoient la plüpart des lois particulieres & locales ; il y en a pourtant auffi quelques-unes qui font des lois générales qu'ils ont difperfé dans différentes coilla- tions ; favoir deux dans la feconde , une dans ia troi- fième , 17 dans la quatrième , 6 dans la cinquieme, 3 dans la fixieme, autant dans la feptieme, & 38 dans la neuvieme. | | Chaque collation eft divifée en autant de titres qu'elle renferme de zovelles. Ces noveiles {ont divilées en un commencement ou préface, plufieurs chapitres qui font fubdiviiés en paragraphes ; & a la finilyaun épilogue où l’em- pereur ordonne l’obfervation de fa loi. _ Pourplus grande intelligence des zovelles , il eft bon d’obferver le tems où elles ont été publiées. Les 16 premieres le furent en 535; la 17° jufqu’à la 38 ,en 536; la 38° juiqu'à la 64, en 537; la 64° juiqu'à la 78 , en 536 ; la 78° jufqu’à la 08, en 530; la 98° jufqu’à la 107, en $40; la 107° jufqu'à la 116, en 541; les 116° & x17 en $42; la 118°en 543 ; la a19° en $41; la 120° en 545 ; les r21°, 422, 123, LAS, 126 S129,, MIT, 132, 1945491130 , 337, 142, 146, 147, 157, en l’an $4x 5 la 126 eff fans date ; la 127° en 548; la 130% & la 133 ,en 545 ; la 140% en 546 ; la 41° & la 149, en 544 ; la 343" €n 546; la 145° en 549: la 248° en 535 ; la Tome XI, NOV 257 162% en$ 39; toutes les auties font fans daté. Divers auteurs -ont travaillé fur les #ove//es de Jufinien ; Cujas en a fait des pararirles qui font fort eflmés ; Gudelinus a faitiun traité de /are roviffmo à Rittershufus les a aufli traitées par matierés! Ceux qui ont travaillé fur le codé ont expliqué ‘par occa= fon les authentiques. M. Claude de Fértiercs à fait” la jurifprudence des zovelles en deux volumes 72: 494 en 1688 ; M. Terrafon en a auffi traité fort doctez “ment dans {on Aifloire de la jurifprudence romaine. Quelques empereurs après le décès de Juflinien » firent auf des conftitutions qu'ils appéllérent #04 velles ; favoir Juftin IT, Tibere IL. Léon ; fils de l’éma pereur Bafile, Héraclius , Alexandre , Conftantin Porphyrogenete , Michel & autres, Les novelles de ces empereurs furent imprimées pour la premiere fois en 1573, & depuis elles fu rent jointes par Leunclavius à l’épitome des 6o livres de bañliques , à Baflé en 1575: on les à imprimées depuis à Paris en 1606 , & à Amfterdam en 1617. Les 113 zovelles de l'empereur Léon ont été ims primées avec le cours civil par Godefroy ; ces 70- velles n'ont point force de loi, Poyez AUTHENTI- QUES, CODE JUSTINIEN , DROIT ROMAIN. (4 } NOVEMBRE ; {. m. (Calendr.) nom'du onzième mois de l’année julienne & grégorienne. IL n’é< toit que le neuvieme chez les Romaäins, loriqu'ils n'en avoient que dix, &c c’eft de-là qu’illa tiré fon nom latin. Ce mois a 30 jours, & c’eltle 22 que le {oleilentre dans le figne du fapitraire. NoveMere, (liriéras.) nenvieme mois de l’année: de Romulus, & le onzieme de la nôtre. [l étoit fous la protettionde Diane. Aufone ie perfonnifie fous la figure d'unprêtre d'Ifis, habillé de toile dé lin ; ayant la tête chauve où rafée, & étant appuyé contre un autel fur lequel eft une tête de chevreuil, animal qu'on facrifioit à la déefle. Il tient un fiftre À la main, infirument qui fervoit aux Ifiiques. Le rapport qui fe trouve encore entre le perlonnage & le mois, c'eft qu'aux calendes de Novembre, on folemnifoit les fêtes d'Ifis. Le $ de Novembre on célebroit les neptu= nales, le 15 les jeux populaires, Le 21 les libérales êz le 27 les facrifices mortuaires: (D. J.) NOVEMDIALES , (Lisrérar. grec & rom.) em latin zovemdialia ; facrifices que faifoient les anciens Romains pendant 9 jours, avec des banquets chaque jour, foit pour appailer la colere des dieux, foit pour fe les rendre propices avant que de fe mettre fur mer, foit pour détourner d’autres malheurs, Enée dans Virgile, n'oublie point ces fortes de facris fices en l'honneur de Neptune : à Jamque dies epulara novem gens omnis 6: oeris Faëlus honos, placidi flraverunt æquora venti. » Neuf jours s’étoient écoulés dans les facrifices & » les feftins , lorfque la mer parut favorable pour la » navigation ». Ce fut Tullus Hoftilius , felon Tite Live, qui inftitua ces facrifices, après avoir reçu la nouvelle des ravages caufés fur le mont Alban par une grêle terrible, dont la groffeur & la dureté firent dire qu'il étoit tombé une pluie de pierres. C’eft des novemdiales que nos neuvaines ont pris leur origine; plufieurs chrétiens n’ont que trop confacré de rits de la religion payenne. | | Au refte les rovemdiales, novemdialia, fignifioient auffi chez les Romains les fnerailles, parce qu’elles fe faifoient neuf jours aprèsle decès. On gardoit les ” corps pendant fept jours, on le brûloit le huitieme, &x le neuvieme on enterroit les cendres. Les Grecs nommoient cette cérémonie erraræ: (D. J.) NOUEMENT D’AIGUILLETTE , (Magie. tets me vulgaire , par lequel on entend un prétendu {or- tilege, qui fans bleiler les organes de la générariog 258 N O V d’un homme bien conftitué, en! empêche lPufagé aw moment qu'i s’y attend le moins. | Les anciens ont attribué.cet état fortuit à des fil- tres ou à des enforceillemens magiques. Platon aver- tit Les nouveaux mariés. de tächer de s’en garantir. Virgile défigne clairement le ronement de l'aiguillerre dans çe vers de fa vis églogue : Ferna tibihec primaim duplici diverfa colore Licia circumdo, _ Les fables d’Apulée ne parlent que des enchante- mens-qu'employoit Pamplhila fameufe magicienne, pour procurer Pimpuiflance au nulieu des feux de l'amour. De là vient que Minutius Fœlix difoit au payen Cœcilius , que fon Jupiter même n’avoit pas toujours eu le pouvoir de délier les charmes de la ceinture de Junon. Numantina femme de Plautius Sylvanus, fut accufée d’avoir par foruilege rendu {on mari impiiffant: Lryeciffe carminibus &veneficus vecordiam marite, pourme fervir de Pexpreffion dé- liçgatede Facite, axnal. IF. Il femble que les Jurifconfultes romains ne dou- toient point du fuccès de l’art magique pour produi- re le nowement de l’aiguillette ; cat Paulus cite une loi qui défendoit d’ufer de hgature ; Pomponius Sabinus & Servius condamnent la pratique de ces fortes de nœuds enchanteurs. Enfin les hifloriens en citent des exemples. remarquables. Amafs roi d'Egypte, dit Hérodien, ne put connoitre fa femme Laodicée, parce qu'il avoit été lié par la magie. Sozomene, 2. VIII. rapporte d'Hononus fils de Théodofe, qu'a- près avoir époufé la fille de Stilico, une forciere lui noua l'aiguilleste, &t l’empêcha par ce moyen d’ac- complir le mariage. La reine Brunehaut, mere de Thierry roi de Bourgogne, le charma fi bien, felon le récit d’Aimoin., qu'ilne put jouir d'Hermenaberge fa femme. Si lon s’en rapporte à Grégoire de Tours, Eulafius éprouva le même. fort; car ayant enlevé d'un monaftere de Langres. une fille dont 1l étoit amoureux, & l'ayant époufée, fes conçubines jalou- fes l’'empêcherent par leurs fortileges, de confom- mer ce mariage, concuhinæ ejus , ce font les propres paroles de l’hiftorien, 4h. X. ch. viiy. infligante invi- diä , fenfum ei oppilaverunt. Mais depuis long-tems perfonne ne donne plus croyance à ces contes frivoles. Onfait que tes char- mes dont la magie ufoit autrefois pour infpirer de l'amour, ou pour arrêter fubitement dans un corps bien organifé , le tranfport des defirs, tenoient toute leur puiflance du trouble que des menaces effrayan- tes jettoient dans un efprit crédule, Le penchant à l'amour dans lesuns, & dans les autres la crainte de ne pouvoir le fatisfaire , rendoit leur réfiftance inu- tile, on leurs efforts impuiffans. Les organes qui re- nouvellent le monde depuis tant de fiecles , font échauffés ou placés en un moment par l'empire de l'imagination. Quand elle eft allarmée par de triftes. illufons , ilne faut pour la guérir que la frapper plus fortement par des illufons plus flateufes & riantes, (D. J.) NOVEMPAGI, (Géog. anc.) ville de la Tofcane; Pline, Lb. 111. ch, v. la met dans les terres, & Léan- der prérend que c’eft aujourd’hui Bapnarea. NOVEMPOPULANIE, (Géog. anc.) nom qui fut donné anciennement à une grande contrée de la Fran- ce.Cette contrée étoit enfermée entré laGaronne,les Pyrénées & l'Océan, & s’étendoit même jufqu'à la Loire fous le regne d’Augufte. Sous Conftantin le Grand, à ce que lon croit, elle fut partagée en deux provincesnommées Ægitaine & Novempopulanie. En- fin Hadrien divifa toutes les terres qu’Augufte avoit renfermées dans l'Aquitaine, en trois provinces qui furent nommées l’Aquitaine premiere, l Aquitaine {e- çonde & la Novermpopulanie, On appella alors Noyem- N O Y | populanie ancienne Aquitaine ,ou l'Aquitaine pro= prement dite, quicomprenoit du tems de Céfar, les terres qui fe trouvoienr entre la Garonne, les Pyré- nées-& l'Océan. Sous les regnes qui précéderent celui de Chilperic IL, les Gafcons quittant leurs montagnes, fe rendi- rent maîtres du pays & des villes entre la mer, Ha Garonne. & les Pyrénées ; pour lors la Novempopu- laniecommença à s’appeller Gafcogre, du nom défes vainqueurs. (D. J. | -NOVEM-VIRS , £ m(Æiff, anc.) furnom donné aux archontes d'Athènes, parce qu'ils étoient au nombre de neuf, Il ya grande apparence que ce fu- rent les Romains qui leur donnerent ce titre après la. conquête d'Athènes ; car ce nom ef latin, tout fem- blable à ceux desriumvir, fextumvir, decemvir, &c. que les Romains tiroient du nombre des magiftrats: qu'ils défignoient par cetitre, & l’onfait qu'Athènes déchue de fon ancienne puiffance & foumife aux Romains, conferva toujours la liberté d’élire fes ma oiftrats, & le droit de fe gouverner felon fes lois. Enfin dans toute l'antiquité grecque on ne voit pas. que le titre de zovem-virs ait été donné aux archon- tes, loyez ÂR CHONTES, : NOVENDIAL ; novendiale , (Hiff. anc.) facrifice que les Romains faifoient pendant neuf jonrs, com- me fon nomle marque aflez, pour détourner les, malheurs dont quelque prodige fembloit les mena- cer, & par cet acte de religion appaifer les dieux irri- tés. Ce fut Tullus Hoftilius, felon Tite-Live, qui, le premier inftitua ces facrifices fur la nouvelle qu'on rapporta d’une grêle tombée fur le mont Albain, d'une groffeur & d’une dureté fi extraordinaire qu’on s'imagina que c’étoit une phue de pierres. Les, Romains fort crédules en fait de prodiges, fur-tout dans les premiers tems, eurent occafon de renouvel-, ler fouvent le zovendial, : NOVENDILES Jeux, (Ænrig. rom.) c'étoit les mêmes que les jeux novemdiales on funebres qu’on donnoit à la mort des grands hommes ou des empe- reurs. Poyez NOVEMDIALES.(D.J.) : NOVENSILES, (Æiff. anc.) c’étoient les dieux, des Sabins queles Romains adopterent , & auxquels le roi Tatius fr bâtir un temple : leur nom fignifie. dieux nouvellement arrivés où nouvellement connus. D’autres prétendent que ces dieux étoient ceux qui préfidoient aux nouveautés ou au renouvellement des chofes; & felon quelques mythologiftes, leur nom vient du nombre zeuf, novem, parce qu’on en, comptoit autant, favoir, Hercule, Romulus, Efcu- lape, Bacchus, Ence, Vefta, la Santé, la Fortune & la Foi: d’autres enfin ont cru que c’étoient les neuf Mufes. Maistous cesauteuts ne nousont point appris ce que ces dieux zovenfiles avoient de com- mun entre eux, ni ce qui les diftinguoit des autres divinités. NOUER , rerme de manufaëture ; 8 parmi les ou- vriers qui fe fervent de la navette, rejoindre les fils de la chaîne ou de la trame de leur ouvrage, qui fe rompent entravaillant. On appelle zœud de Tifferand, le nœud qui fert à reprendre ces fils cafles. Efnouer, c’eft lafaçon qu’on donne à l’étoffe pour en Ôter Les nœuds ; les efnoueufes font les ouvrieres u1 les Ôtent. Nour , (Jardinage. ) fe dit du fruit quand le bou- ton a formé lafleur, & qu’enfuite cette fleur fe pale & que fon piftil fe change en un petit bouton qui eft le fruit même. Nour, (Architeët. Sculpr.) c’eft lier &c joindre, On dit un groupe de figures bien nouées enfemble. NOVERUS, (Géog. anc.) ou Novarus ; ancien bourg de France en Saintonge , au-delà de la Cha- rente par rapport à Bordeaux : Aufone y avoit fa _ NOV aifôn. On croit que c’eft aujourd’hui le village ap- ellé les Mouliers. - NOUES, £. €. pl. vermne de Saline; ceft une des quatre iffues des morues que l’on fale : on lesnomnie quelquefois 205, mais leur véritable nom eft éripes de morues. Elles ie lavent & s’apprêrent à-peu près com- me ce que les Bouchers appellent une ifraife de veau, à qui elles reffemblent beaucoup. Elles fe falent dans lés lieux de la pêche en même tems que le poiflon , êt elles ’encaquent dans des futailles où barils du poids de 6 à 7oo livres” Savary. (D.J.) | M NOUET, f. m. serme de Pharmacie ; eft un petit paquet de drogues médicinales enfermées dans un linge, qu’on met imfuler où bouillir dans quelque l- queur, pour y communiquer leur teinture ou leurs vertus. On fait auf des rowers en Médecine, qu'on eni- ploie en guife de fuppoñitoires & de pefñlaires. Les Cuifiniers fe fervent auffi de zozets d’épiceries ou d'herbes aromatiques , pour donner du goût à leurs fauces. Ceux-ci font égalément d’ufage en Mé- decine & en Pharmacie. On fait par exemple, des zouers où l’on met de la graine de lin, de pavot, de femences froides , de l'orge, du gruau, afa d'en tirer l'huile & le muci- lage, en mettant ces zouess dans le bouillon: On met beaucoup de remedes dans les rouess , le mercure, la rhubarbe, le quinquina, la gentiane, les poudres de tout genre, pour que ces drogues mifes ainf dans les décoétions où dans les apozemes, ny dévofent point leurs parties intégrantes & terref- tres. in 2 . Ces rouers doivent être rénouvellés fouvent, à caufe de la qualité rance ou aïgre que les drogues y contradent. Le rover de Mars & de Mercure peu- vént s’ofdonner fans être renouvellés. Le xouet eft ainfi nommé, parce qu'on fait un nœud à un morceau de linge ; pour en former un fa- chet dans lequel on puiffe tenir renfermés quelques ingrédiens, & les fufpendre dans la liqueur qu'on veut imprégner de la vertu de ces médicamens. Le nouer fignifie auffi dans ce fens ; un fachet rem- pli d’ingrédiens, que l’on fufpeénd dans du vin pour le médicamenter, ou dans quelqu’autre liqueur. NOUEUX, so1s, (Charpenr. Menuifer.) c’eft celui qui eft rempli de nœuds qui Le rendent de mauvaile qualité MUR _ NOUEUX, ex terme de Blafon ; {e dit des troncs & branches d’arbres qui ont beaucoup d’inégalités &c de nœuds. | Thomaffin en Bourgogne, d’azur à deux eftocs oubâtons zoueux d’or en croix, ou à la croix de deux bâtons eftoqués. : NOVI , (Gzog.) petite ville d'Italie dans l’État de Gênes, à 12 lieues au N. O. de Gènes, & à 5 au S. ©. de Fortone. Long. 26.23. lat. 44.45. NOVI-BASAR , (Géog.) ou Jéni-Bafur ; petite ville de la Turquie européenne dans la Servie, aux frontieres de l’Herzesoviné, fur la riviere de Rafca, à 20 lieucsO: deNifa , 41 5. de Belgrade, Long. 36: 59. lat. 43.25. (D.J) # NOVICE, f. m. (Jurifprud. ) eft une perfonne de l’un on l’autre fexe qui eft dans le tèms de fa probation, & qui n’a pas encore fait fes vœux de religion. Es sh Depuis que la vie monaftique éut commencé d’être aflujettie à de certaines regles ; on erut avec raifon, qu'il ne falloit pas y admettre indifférem- ment tous ceux qui fe-préfentoient pour entrer en reloion. | | | La regle de S. Benoît veut que l’on éprouve d’a- bord , pendant quatre ou cinq jours, celui qui poftule pour prendre l’habit,, afin d'examiner fa vocation, fes mœurs & fes qualités du corps & de l'efprit ; Tome XI, | N O V 259 qu'après avoir ainf éprouvé humilité du poftulant ; on lur permette d’entrer dans la chambre des hôtes pour Îles fervir pendant peu de jours. S..[fidore dans fa regle, veut que les poflulans fervent’ les hôtes pendanttrois mois, Ces premieres épreuvés, quipré* ceuent le noviciat , font plus où moins longues , fui- vant l’ufage de chaque congrégation. : Après ces premières épreuves , le poftulant eff admis dans la chambre des zovices, On donrie pour maîtré aux rovices ; un ancien profès qui ait du zele, & qui foit bien exercé dans la pratique de la regle. On choifit ordinairement un prêtre âgé de plus de 35 ans, & qui ait plus de dix ans de profefhon. | | Pout la validiré des vœux que le novice doit faire lors de fa profefon., il eft eflentiel que pendant fon noviciat 1l foit exatement inftruit de la reole & des autres exercices & obligations de la vie monaf- uque , & qu'on les lui fafle pratiquer. | _ Suivant la regle de S. Benoît, le noviciat doit être d’un an entier. Juftinien dans fa novelle $, fui- vant la regle des anciens moines d'Egypte , veut que les novices foient éprouvés pendant 3 ans. Comme plufieurs fupérieurs difpenfoient de cette regle, le concile de Trente a ordonné, que per- fonne de l’un &r de l’autre {exe ne foit admis à faire profeffion qu'après un an de noviciat depuis la prife d’habit, & que la profeflion faite auparavant foit nulle. | L’ordonnance de Blois, art. 28, a adopté cette décifion du concile de Trente; mais le concile ni l'ordonnance n’ont pu éviter de reprouver les ftatuts ou ufages de certains ordres, qui veulent plus d’un an pour la probation. L'année de probation ou noviciat doit être con- tinue & fans interruption, pas même d’un feul jour, autrement il faut recommencer le noviciaten entier. Mais fi un zovice après avoir rempli fon tems de probation fort du monaîftere, & y rentre enfuite, il peut faire profeflion fans recommencer le novi- ciat. Les mineurs ne peuvent fe faire religieux fans le -confentement de leurs pere & mere ; mais quand ils n'ont plus n1 pere ni mere, leurs tuteurs &c cura- teurs ; & même les parens collatéraux , ne peuvent pas les empêcher d’entrer en religion: 1ls n’ont que la voie de fepréfentation auprès de l’évêque pour engager à examiner la vocation du mineur, Le concile de Trente défend de rien donner au monaftere , fous quelque prétexte que ce foit, par les parens où curateurs ; excepté la vie &7 le vête- ment du zovice où de la novice pour le tems de fon: noviciat: ze hac occafione difcedere nequear. Au {ur- plus il faut voir ce qui a été dit ci-devant ax mot Dor , au fujet de celles qui fe donnent pour l’en- trée en religion. | Les donations que font les novices font répütées à caufe de mort. Il fufit même pour cela, que le donateur foir dans le deffein formel de fe faire reli- gieux, comme sl avoit déja fon obédience, & étoit fur le point d’entter dans le monaftere pour y faire fon noviciat. | Les ziovices ne peuvent difpofer en faveur du monaftere où ils doivent faire profeffon , ni même en faveur d’un autre ; foit du même ordre, foit d'un autre ordre, direftement n1 indireftement, Ordon- nance de Blois , art. 19. Ordonn. de Blois, art. 28% Ce même article de l'ordonnance de Blois per- met aux zovices de difpoier de leurs biens & des fuccefions qui leur font échues , trois mois après qu'ils auront atteint l’âge de 16 ans. ‘L'ordonnance des teflamens , art. 21, porte que ceux ou celles qui ayant fait des teftamens codi= KE à | 168 N OU cilles ou autres dernieres difpofitions olopraphes, “voudront faire des vœux folemnels de religion, ils feront tenus de reconnoitre ces aëtes pardevant notaires avant que de faire leurs vœux, finon que des teftamens, codicillés, ou autres difpoftions -demeureront nuls & de nul effet. Quant à l’âge auquel les rovices peuvent faire | ‘profeffion , l'ordonnance d'Orléans lavoit fixé à 25 ans pour les mâles, & 20 ans pour les filles; mais fuivant l'ordonnance de Blois, qui eftconforme ‘en ce point au concile de Frente, il fufit pour les ns & les autres d’avoir 16 ans accomplis. L'examen des poftulantes , avant la prife d’habit, avant leur. profeflion , appartient à l'évêque diocé- ain. Foyez les Mémoires du clergé , les Loix eccléftafti- -ques, La Jurifprudence can. de de Lacombe , & aux mots DOT, MoINES; MONASTERES , RELIGION, Vaœux. (4) : NOVICIAT, fm. ( Jurifprud.) eft le tems de probation, c’eft-à-dire, le tems pendant lequel on éprouve la vocation & les qualités de {a perfonne qui eft entrée en religion, avant de admettre à faire profeffion. Voyez ci-devant Novice. (4) NOVIGRAD 04 NOVEGRADI, ( Géop. ) petite “ville de Dalmatie fur la rive méridionale du lac de même nom, près du golfe de Vemfe, à 8 lieues N. O. de Tara, 7 O, de Nona. Long. 34. 20. las. 44.30. (D.J3 | NOvIGRAD , LAC DE, ( Géog.) petit lac de la Dalmatie , qui tire fon nom de la wulle de Noviprad, bâtie fur l’un de fes bords ; il fe décharge par un long canal dans le golfe de Morelacca. NovicrAD, ( Géog.) petite ville fortifiée de la haute Hongrie, chef-lieu du comté de mêmenom, fur une montagne au levant, & près du Danube, à 6 lieues N. E. de Grau, 14 N. O. de Bude. Long. 36.45. lat. 47. 50. | NOVIODUNUM, ( Géog. anc.) I] y a plufeurs Noviodunum en diverfes parties de l'Europe, & l’on en compte juiqu'à quatre dans la Gaule; Novzo- dunum Œduorum, Nevers; Noviodunum Binurigum, Neuvi {ur Baranjon ; Noviodunum Diablentum , Nogent le Rotrou; & Noviodunum Suefflonum , que Sanfon & M. l'abbé Lebeuf croient être Soiffons. Pour ce quieft de Noviodunum fans addition, ce nom peut s’accommoder à diverfes autres places que Noyon. De même 1! y a dix on douze Novio- magus en diverfes parties de la Gaule feulement ; plufñeurs Mediolanum , Lugdunum, &c. ces noms étant communs à différentes places. _ NOFIOREGUM , ( Géog. ane. ) ville d’Aqui- taine, L'itiéraire d’Anronin la met {ur la route de Bourdeaux à Autin, à 12 mulles de Tormnum, & à 14 de Mediolanum Santonum , entre ces deux villes. NOVITII , dans lancienne milice des Romains, c’étoient les premiers & nouveaux foldats qu'on ap- pelloit ainfi pour les diflinguer des vétérans. Voyez VÉTÉRANS. Dans les anciens ordres de chevalerie 1! y avoit des novices ou clercs des armes , qui fafotent une forte d’apprentifflage avant d’être admis au rang de chevaliers. Voyez CHEVALIER. NOVITO , ( Géog.) perite riviere d'Italie an royaume de Naples. Elle a fa fource dans FApen- nin, coule dans la Calabre ultérieure , & va fe jet- ter dans la mer lonienne. Elle s’appelloitancienne- ment. Burrorus. ” NOVIUS , {Géog. anc.) fleuve de l'île d’Albion , felon Prolomée , Av. ch. 1. qui place fon embou- chure entre celle du fleuve Déera & le golfe Iiuna. Cambden croit que c’eft aujourd’hui le Nyd. " NOULETS, f. m. pl (‘A4rchit. ) ce fontles petits Æhévions qui forment les chevalets êc les zoxes où ».. angles rentrans, par lefquels une lncatne fe joint aù corble , & qui froment la fourchette. | NOVOGOROD, pucHÉ DE, ( Géogr. ) duché des états de Pempire Ruflien On le nomme Movo- gorod-welik: , c'eft-à-dire le grand Novogorod , & la ville de Novogorodsweliki, qui en eft la capitale. lui donne fon nom, Ce duché eft borné au nord par le lac d'Onéga & de Cargapol ; à left par les duchés deBelozero & de were ; au fud par la province de Rzeva, & à l’oueft par l’Ingrie. Il y a dans ce pays plufieurs grands lacs & rivières, (D, J.) Novocorop, ( Géogr.) ou Novogrod , & com- munément #eliki Novogorod , c’eft à-dite le grand Novogorod , ville de l’empire Ruflien , capitale du duché du même nom, avet un archevêché & un château où l’archevèque &c le vaivode font leur ré= fidence. Elle eft avantageufement fituée pour le commerce, fur le bord de la riviere de Wolchowa, qui fort de la partie feptentrionale du lac d’Ilmen, & qui eft très-poionneufe, Comime cette riviere eft navigable depuis fa fource , & que le paysabon- de enblé, lin , chanvre, cire & cuir de Ruffe , il fe fartoit autrefois dans cette ville un grand trafic de toutes ces marchandifes, Jean Bazilowitz grand duc de Mofcovie, y commit des cruantés inouies en 1569, fur la feule défiance qu'il eut de la fidélité de | fes habitans. Cette ville eft ftuce à 50 lieues S. E., de Narva , 48 N.E. de Pleskow, 90 N. O. de Mof- kow. Long. 51,15. lar. fuivant Oléarius , 38. 23. NovoGroD-SERPsKOI, (Géog.) ou Novoferpf: koi, ville de l'empire Ruflien , capitale dela province e même nom, dans le duché de Severie fur le Du- bica , à 50 lieues N. E. de Kiovie. Long, 51.45," lat, 52, 8o. | NOVOGRODECK , ( Géog. ) palatinat de la Ruffie lithuanienne , au midi de celui de Troki. If a 60 lieues du levant au couchant, & 30 du midi au nord. On le partage en quatre territoires ; favoir, Novogrodeck, Slonim, Wolkowits & Nefwis. NOVOGRODECK , (. Géog. ) ville de la Rufie lithuanienne, capitale du palatinat de même nom, au milieu d’une vafte plaine , à 6 lieues à la gauche du Niémen. Le confeil fouverain de la Lithuanie s’aflemble alternativement dans cette ville, & dans celle de Minski. (2. J.) NOURRI, participe du verbe xourrir, Voyez Nourrir, NoURRICE, NOURRITURE, NUTRIe TION. | Nourri, fe diterz peinture d’un tableau bien em: pâté, c’eft-à-dire, lorfqu’il y a beaucoup de couleurs. Voyez EMPASTÉ. Les tableaux bien zourris de cou- leurschangent moins promptément que les autres. NOURRI , ex termes de Blafon | fe dit non-feule- ment des fleurs de lis dont la pointe d’en-bas ne paroît point ,; comme aux armories de Vignacourt ; mais encore du pié des plantes quine montrent point de racine. Vignancourt en Picardie, d’argent à trois fleurs de lis au pié zourri de gueules. NOURRICE , f. f. ( Médec.) femme qui donne à teter à un enfant, & qui a foin de l’élever dans fes premieres années. Les conditions néceflaires à une bonne rourrice fe tirent ordinairement de fon âge , du tems qu’elle eff accoichée ,-de la conflitution de fon corps, parricu- | lierement de fes mamelles , de la nature de fon lait, 8 enfin de fes mœurs. L’âge le plus convenable d’une zourrice eft depuis vingt à vingt-cinq ans jufqu'à trente-cinq à quaran- te. Pour le tems dans lequel elle eft accoichée, on doit préferer un lait nouveau de quinze ou vingt jours à celui de trois ou de quatre mois. La bonne conftirurion de fon corpseft une chofe des plus ef fentielles. Il faut néceflairement qu’elle foit faine,, d’une fanté ferme &c d'un bon tempéramment; n& N O Ü tropgralle, nitrop maigre. Ses mamelles doivent être enticrés , fans cicatrices , médiocrement fer- mes & charnues , aflez amples pour contenir une fufifante quantité de lait, fans être néanmoins grof- fes avec excès. Les bouts des mamelles ne doivent point être trop gros, durs, calleux, enfoncés ; il faut au contraire qu'ils foient un peu élevés, de groficur 87 fermeté médiocre , bien percés de plu- heurs trous afin que l’enfant n’ait point trop de peine en les fuçant & les preffant avec fa bouche. Son lait ne doit être nitrop aqueux, nitrop épais, s’épan-. | chant doucement à proportion qu'onancline la main, laiffant La place d’où il s'écoule un peu teinte. Il doit être trèés-blanc de couleut , de faveur douce & fu- crée, fans aucun goût étrange à celui du lait. Enfin, outre les mœurs réquifes dans la nourrice , il faut ‘qw'elle foit vigilante, fage, prudente, douce ,joyeu- le, gaie, fobre , & modérée dans fon penchant à amour. | La nourrice quu aura toutes ou la plus grande par- tie des conditions dont nous venons de parler, fera #rès-capable de donner une excellente nourriture à l'enfant qui hui fera confié. Il eft fur-tout important qu'elle foit exemptedetoutes triftes maladies qui peu- vent fe communiquer à enfant, On ne voitquetrop d'exemples de la communication de ces maladies de la rourrice à l’enfant. On a vu des villages entiers anfeûés du virus vénérien que quelques zourrices ma- ades avoient communiqué en donnant à d’autres Kemmes leurs enfans à alaiter, | Siles meres nourrifloient leurs enfans , il y à ap- parence qu'ils en feroient plus forts & plus vigou- reux: le lait de eur mere doit leur convenir nieux que le lait d’une autre femme ; car le fœtus fe nour- rit dans la matrice d'une liqueur laiteufe , qui eff fort femblable au lait qui fe forme dans les mamelles : lenfant eft donc déjà, pour ainfi dire, accoutumé au lait de fa mere , au lieu que le laït d’une autre nourrice eft une nourriture nouvelle pour lui, & qui eft quelquefois affez différente de la premiere pour - “qu'il ne puifle pas s’y accoutumer ; car on voit des ‘enfans qui ne peuvent s'accommoder du laït de cer- taines femmes , ils maigriflent, ils deviennent lan- guiffans & malades : dès qu’on s’en appercoit , il faut prendre une autre rourrice, Si l’on n’a pas cette attention, 1ls périflent en fort peu de tems. Indépendamment dû rapport ordinaire dn tempé- ratment de lenfant à celui de la mere, celle-ci eft bien plus propre à prendre un tendre foin de fon en- fant,, qu'une femme empruntée qui n’eft animée que par la récompenfe d’un loyer mercenaire, fouvent fort modique. Concluons que la mere d’un enfant, quoique moins bonne nourrice, eft encore préféra- Mble à une étrangere. Plutarque & Aulu-Gelle ont au trefois prouvé qu'il étoit fort rare qu’une mere ne pût pas nourrir fon fruit. Je ne dirai point avecies pores de PEglife, que toute mere quirefufe d’alaiter fon enfant , eft une marâtre barbare ; maïs je crois qu'en fe laiffant entraîner aux exemples de luxe , elle prend le parti le moins avantageux au bien de fon enfant. Eff-ce donc que les dames romaines, difoit Jules-Céfar à fon retour des Gaulés , n’ont plus d’enfans à nourrir, ni à porter entre leurs bras ; je n'y vois que des chiens & des finges ? Cette raïllerie prouve*aflez que l’abandon de fes enfans à des zour- rices étrangeres , ne doit fon origine qu'à la corrup- tion des mœurs. | … En Turquie, aptès la mort d’un pere de famille, ônleve trois pour cent de tous les biens du défunt ; on fait fept lots du refle , dont il y en a deux pour la veuve, trois pour les enfans mâles, & deux pour les filles ; mais fi la veuve a alaité fes enfans elle- même, elle tire encore le tiers’ des cinq lots. Voilà une loi très-bonne à adopter dans nos pays policés. N OL BG: NOURRICIER ; adj, ( Ares. ) dans Pœéonomiz animale, épithete d’un fuc qui ne contient aucun {el fixe, & qui n’eft compofé que de terre & d'huile tenace, dont la fenacité dépend de l’eau qu’ellé contient , ét dont une partie {e difipe peu-à-peu , & ne fe répare point. | | C'eft dans ce defléchement que confifte la cadu= cité, parce que les vaifleaux devenant plus refler+ rés , plus durs & plus roides, ne font plus agiles ni fi propres à former les humeurs qui nourtillent le corps ,; &c qui lui donnent la force, mià fatisfaire aux fonctions néceflaires à la fanté 8 à la vie. Les fucs albumineux, les gélatineux , les bilieux & l'humeur aqueufe , que les anciens connoifloient fous le nom de /zzg , débile, de mélancholis, de pi- tuite, Ont été appellés par eux humeurs nowrricieres , parce qu’elles entretiennent la plénitude des vai£. feaux, & qu’elles réparent continuellement la perté dé celles qui dégenerent en humeurs excrémenteu- fes , & qui font continuellement chaflées du corps, &aufhi parce qu'ils croyoient qu’elles fervoient après avoir pañlé par différens degrés de pérfe&tion ou de: coction,à nourrir les parues folides : mais la nourri- ture ou la réparation de la fubftance de ces parties eft f peu confidérable & a fipeu de rapport avec la quantité d’humeurs qui fe forme continuellement, qu’il eft très-facile d’appercevoir que toutes ces hu- meurs degénerent prefqu’entierementenexcrémens, Voyez M. Quelnay, Ef. phyf. (L) NOURRIR , ( Jardinage. ) cet arbre, ce bois eft nourri par une bonne terre. Ces paliflades font bien nourries, Voyez NUTRITION. NOURRIR LES SONS , ez Mufique, c’eft les fou tenir exaétement durant toute leur valeur, au lieu de les laiffer éteindre comme on fait fouvent : c’eft faire tout le contraire de ce qu'on fait en les détachant: Voyez DÉTACHÉ. NOURRISSANT , (Chimie 6 Dire, ) ou nutritifs Corps rourriflant, matiere ou fubftance zurritive, ou alimenteufe, nourriture, … La matiere vurritive, ou l’aliment proprement dit ; elt tout corps qui étant mangé par les animaux , eft alréré chezeux ; de maniere qu'étant um & afimiléà leur fubftance , le corps animal prend de l’accroiffe: ment êc eft réparé. Tous les corps naturels que les animaux peuvent avaler ne font point propres à les nourrir. Cela eft prouvé par une obfervation fuivie, & par le choix conftant de certaines fubftances particulieres qu’un infun@ sûr &c fidele fugoere aux animaux, Les miné- raux {ont généralement & principalement exclus de la claïfe des corps zourriffans. Tout ce que les ani- maux mangent n’eft pas aufli entierement alimen- teux ; car dans leur parure la plus commune fe trou- ve une portion confiderable de matiere eflentielle- ment alimenteufe ; comme nous le prouverons plus bas : &cioute cette mafle de matiere mangée, ingefto- ru, nefe change pas même en chyle, qui eft la for- me la plus grofhere & la plus éloignée fous laquelle la matiere nutritive fe réduit pour paffer par deséla- borations nitérienres dans l’étatimmédiatément pro= pre à s’aflimiler à la fubftance animale;d’où l’on voit combien font inexaétes & fuperficielles certaines théories de la digeftion, quine roulent que fur la di- vifon, l’atténuaron, le ramolliffement; le paîtrifles ment, /46aéfio, de toute là matiere mangée , con- fidérée indiftinétement #2 concreto; comme file chyle n’etoitautre chofe qu'une poudre ou une bouillie de toute cette male étendue dans un liquide,& non pas un véritable extrait quin’a befoin , aprèsune mafti= cation convenable , que d’une application paifñble des liqueurs digeftives d’un vaifleau & d’un dégré de chaleur convenables. Poyez digef. æconom. anim. Un examen fimple , facile , mais exaét des phénga 362 N OU menes de la digeftion fait voir qu'ily a dans Les ali mens ordinaires ( prenant le mot d’a/inens dans un fens moins rigoureux & comme fynonyme de ma- ticre mangée, qu'il feroit bien commode de pouvoir appeller mangeaille) ; tant tiré du regné animal que du regne végétal, tels que les chairs , les légumes , les fruits, les femences, 6e, qu'il y a, dis-je, un parenchyme fibreux , dont le tiffu n’eft que groffie- rement divifé par la maflication & par la force mé- chanique des organes digeftifs, en accordant même que ces organes exercent une telle force, qui réfifte auf du moins dans l’homme , & felon les expérien- ces les moins conteftées à l’a@tion diffolvante des fucs digeftifs, & qui fournit la matiere principale & fon- damentale des excrémens. Ceci eft encore prouvé par la confidération fuivante; favoir que les fucs fé: # parés par les opérations vuluaires dela cuifine de ce parenchyme,par exemple, les bouillons , les fncs ëc les décottionsdesfruits ; des légumes, &c. fourniflent unenourriture très-abondante, tandis que les mares ou réfidus de cette opération ; c’eft-à-dire les paren- chymes quandils font bien épæifés , {ont exattement &c abfolument inalimenteux. Il eft obfervé encore que dans les matieres dônt {e nourriflent communément les animaux , & prin- cipalement les hommes , fe trouvent certaines {ubf- tances, foit naturellement, foit introduites par art ; c'eft-à-dire des affaifonnemens, qui étant portées avec le chyle dans la mafle des humeurs, font bien- tôt féparées de l'aliment proprement dit par la voie des fécrétions ; par exemple ; une quantité confidé- table d’eau, qui fournit la bafe de l’urine, de la tranf- piration, de la plûpart des excrémens ; le principe aromatique de certaines plantes & le fel marin qui {font chaffés avec l'urine ; lés acides qui affedent principalement la double voie de la tranfpiration cutanée & pulmonaire ; les matieres huileufes ow craifleufes qui font employées à la compoñtion d la graïfle , de la bile , &e: | Ï1 eft connu d’ailleurs que la fubftance propre des animanx, tant l'humeur vitale lymphatique, que tous les organes , &: même les plus folides , font for- més d’une matiere particuliere dont l’effence eft bien déterminée , favoir du corps muqueux (voyez Mu- QUEUX, Chimie), altéré par des changemens fnccef- ffs, qui n’ont point échappé à l’obfervation. Ceci peut même être démontré, en fuivant les états fuc- cefñfs des organes animaux depuis celuide mollefle, & mêmeide liquidité dans la premiere formation de l'embryon, jufqu’à leur état le plus folide dans Pa- dulte , & ‘en remettant prefque entierement par une manœuvre facile, par l’afion du digefteur ou ma- chine de Papin ( voyez DIGESTEUR ) tous ces orga- nes dans leur premier état de mucofité. Si donc la péture où mangeaille commune des ani- maux, contient une fubftance analogue à ce corps muqueux ; que ce corps muqueux retiré d’un animal puifle fournir une nourriture très-propre aux autres animaux ; & fiune matiere parfaitement analogue à ce corps fe trouve auf abondamment répandue dans les fubftances végétales dont les animaux ont coutume. de fe nourrir; il eft naturel de conclure que ce corps muqueux eft la véritable matiere nu- tritive. Or une pareïlle matiere peut être retirée des par- ties charnues & même offeufes des animaux, foit par art, c’eft-à-dire par la fimple décoétion, moyen que tout le monde connoît dans la préparation or- dinaire des bouillons , de la gelée de corne de cerf, &c. ou des os même les plus durs, par le digéfteur de Papia (voyez DIGESTEUR) , foit même par l’ac- tion ordinaire des fucs digeftifs des animaux. Le lait, le fang, & les humeurs féreufes, lymphatiques & NOU muqueufes, Gc. des animaux , contiennent auff _abordammenticette matiere. La plüpart des végétaux, pent-être tous, con- tiennent aufh une fubftance très-analogue à la mu- cofité animale, & qui ne s’éloigne de la parfaite iden- tité avec cette derniere fubftance , que par un paffa- ge infenfible | tel que ceux qu’obferve conftamment la nature. Cette matiere nutritive végétale eft ren- fermée dans les différentes efpeces de corps végé- taux muqueux. Voyez; MuquEux Corps, ( Ci- mie. ) | IL eft prouvé par une obfervation conftante, que les fubflances animales qui font éminemment mu- queufes , font auffi éminemment ourriffantes , beau- coup plus que les fubftances végétales quelconques, & que les végétaux font d'autant plus mourriffans qu'ils contiennent une plus grande quantité de corps muqueux, & de corps muquenx plus appfochant de l'état de la mucofité animale. Le degré extrème d’a- bondance & d’analogie avec le zucus animal, fe trouve dans les racines tendres & charnues des plantes cruciferes, comme les navets & les raves; & dans quelques autres parties de plantes de la mé- me clafle, comme les feuilles de choux , & furtout de choux blanc, pomme , les têtes de choux-fleurs;, viennent enfuite les farineux ; comme femences cé- réales & légumineufes, châtaignes, glands, éc. les racines fucrées de panais, de bette, de chervi, &c. les fruits doux, comme figues , raifins, poires, pom- mes, &c. les femences émulfives d'amandes, de noix, de noïfettes, de pignons , 6:c. & enfin, toutes les herbes & goufles non müres des plantes grami- minées & légumineufes, qui, comme on fait, four- niffent la péture la plus zourriffante aux animaux her- bivores. L’extrème oppofé , les fubftances végétales les moins rourriffantes , {ont les plantes potageres aqueufes , infipides, ou acidules, telles que la laï- tue, les épinards ; l’ofeille, &c. &t principalement les feuilles des arbres, qui , à l'exception de celles de quelques arbres à fruit légumineux , tel que l’a- cacia vulgaire, contiennent peu de matiere mu- queufe ; même dans leur état de maturité ou de vi- gueur, & par conféquent beaucoup moins éncore , lorfqu’elles font épuifées par la vieillee ; qu’elles {ont prêtes à tomber ; aufh voit-on que les animaux engraiflent bientôt par lufage des premiers de ces: alimens végétaux, qu'ilsmangent d’ailleurs avide- ment; au lieu qu'ils maigriflent bientôt , lorfqu'ils: font réduits à l’ufage de ceux de la derniere clafle » vers lefqnelsils ne fe portent que lorfqu'ils font pref- fés par la faim. | | | La matiere nutritive confidérée en foi, eft réelle ment dépouillée de toute qualité médicamentente. Les anciens médecins qui l’ont bien connue, l’ont même définie par cette ahfence de toutes qualités mé- dicamenteufes, parleur zihileminers, nihil provitans,! nihil ledens, &c. en forte que s’il fe trouve quelque ordre de corps naturels auxquels les Médecins aient. accordé quelques qualités médicamenteufes , & que ces ‘corps ne foient cependant que purement zour= riflans , on peut aflurer que l’aétion de ces corps fur l'économie animale eft mal eftimée. Ce qu’on peut, avancer, par exemple, des prétendus incraffansi Voyez INCRASSANS. Mais comme la matiere nutri- tive fe trouve quelquefois dans un corps qui peut contenir d’ailleurs un principe médicamenteux, & même allié dans ces corps à ce principe, parexem= ple, au parfum vif, ou à Patkali volatil fpontané dans plufeurs matieres végétales, ä un principe, échauffant , indéfini, & peut-être mal décidé, dans. la vipere & quelques autres animaux ; il y a auff ce qu’on appelle des alimens médicamenterx , OÙ des médicamens alimenteux ; Mais ENCOre un coup, OR doit exclure de cette clafle l'aliment pur. t On doit obferver aufä que les lois de diete éta blies aux articles généraux a/imens 8x régime, & dans tous les articles particuliers de diete répandus dans ce Diéionnaire, portent fur la variété des alimens déduite de cét alliage dont nous venons de parler ; mais plus encore de la diverfité du tifla du paren- chyme , dans lequel la matiere nutritive eft enfer- mée. Ainfñ le mot ciment eft pris dans tous ces arti- cles 17 concreto, commefynonyme à chofemangée, & non pas dans un fens étroit, comme nous l’avons pris dans cet article. (b) NOURRITURE , 1, f. ( Médecine.) tout corps quifubfifte par le moyen des fonétions vitales & ani- males, & qui par des frottemens infenfbles, vient à bout d’ufer les folides ; tout corps qui change fes Bumeurs, &chafle dehors celles qui font fuperflues, a befoin d’un fapplément analogue à l’aétion parti- culere de l’organe qui eft le laboratoire du chyle ; Or toutes les fubftances prifesintérienrement, & ca- pables de fournir la matiere qui peut réparer nos pertes, s'appellent mowrritures ou alimens , tant {oli- des que fluides, : Ces zourritures doivent varier fuivant l’âge & l’é. tat aQuel du corps ; les femmes groffes, les nourri- | ces , les fujets robuftes, les perfonnes foibles, les is, ceux qui font beaucoup d'exercice, les gens en fanté, les malades &les convalefcens, doivent fe nourrir différemment. Il convient encore d’avoir égard aux différences des tems de l’année, & des faifons. Les rourritures trop abondantes diftendent l’efto- mac. le chargent, caufent des anxiétés , des dou- leurs , la comprefion des parties adjacentes, le dé- goût , lanaufée , le vomiflement , le cours de ventre, Les chofes crues féjournent trop dans ce vifcere ; lorfque dans.çet état elles viennent à pañler dansies voies de la circulation, elles produifent la cacochi- mie, la crudité des humeurs, leur pourriture, & l’affoibliffement des forces. Au commencement il eft ailé de prévenir tous ces maux par le yomiflement, per des évacuations abondantes, & par une diete ménagée. Les accidens qui fuccedent par la fuite , fe uérifient par la fobriété, par l'exercice du corps, & par l’ufage des omachiques. . Quand on prend moins de zourriture qu'il ne faut, ilfurvient d’abord une faim infupportable, mais qui fe pañle d’ellemème; au lieu que la foif ne fait qu'augmenter. De-là le défaut d'humidité & [a ré- tention des chofes inutiles, d’où réfuite un amas de parties hétérogenes, qui empêchent la génération des efprits & des antres humeurs. La fin de rous ces accidens , eft une foibleffe exceffive qui feroit fuivie de la mort, fi on n’y portoit remede, Les corps une fois tombés dans untel degré de foibleffe, ont befoin d’alimens legers, fucculens, pris chaque fois en pe- tite quantité; 1l faut donc y fubvenir par l’applica- tion & l'injeétion des chofes nourriffantes. Les alimens tenaces, falés, fumés, gras, oluti- neux, difciles à fe digérer par la force de l’efto- mac & des inteftins, & par la vifcofité des fucs qui abondent dans ces parties , donnent au chyle & aux humeurs des qualités nuifibles à la fanté ; ils char- gent les organes de la chylification de particules hé- térogenes, âcres , putrides, & caufent en confé- quence un grand nombre de maladies, telles que le dégoût , l’ardeur du ventricule , la cardialgie , l’an- xiêté , le hoquet, les rots, la puanteur, le flux de ventre, le cholera, la dyflenterie, & une infinité d’autres maux. Il faut chaffer hors du corps par le fecours desre- lâchans & des minoratifs, toutes les humeurs cor- rompues qui fe font amafñlées dans les premieres voies , en prévenir le retour par des remedes Oppo- fés, recourir enfuite aux ftomachiques & aux favon- N'O)U 263 neux, pour rendre àl'eflomac fon ton naturel; &aux humeurs qui y abondent, leur faponacité ordinaire. Il vaut mieux, pour la fanté prendre plusfouvent de la nourriture en petitéiquantité, que delaiffer trop de diftance entre-les repas. L’exércice violent aufli-tôt après avoir mangé, a l'inconvénient de de porter des crudités dans le fang. L’eftomace même chargé de rourriture ,* éaufe. ordinairement:des: ins quiétudes pendant le fommeil. gb ere Toutes les efpeces différentes de mowrrirures ne produifent pas le même genre de maladies. Il: ant ufer d’alimens mûrs, parce que ceux-qui ne le font point ; deviennent dificilesa digérer. Ceux qui font ténaces, faute d’avoiriété cuits ou rotis y produis {ent un. mauvais chyle, Les alimens d’habitade 8 quiplaifent, fe digerent beaucoup mieux, quoiqu’ils foient d’une plus mauvaife qualité, que les Alimens auxquels on n'eftpoint fait, &cquine flartent point le goût. Les alimens âcres,, falés, fumés, torréfiés , mdoreux, font auf nuifibles, que les alimens fim= ples & d'un bon fuc font falutaires ; mais-les alias mens trop faciles-à digérer ne réparent point aflez les forces des laboureurs, des ouvriers, &des gens robuites qui exercent beaucoup la machine. Les farineux, les légumineux, les mucilagineux pris en trop grande abondance, produifent une PI- tuite açide, des flatuofités, & le gonflement dé le flomac ; on y remédié par des réfolutifs alkalins. Quant aux matieres retenues dans la capacité du bas-ventre, il les faut évacuer par des minoratifs. Les frunts acefcens, faponacés, fermentent aifément dans les premieres voies, y caufent des vents, des aigreurs, la colique, &c la diarrhée, Pour calmer toutes. ces maladies , 1l eft befoin de recourir aux fpiritueux, aux aromatiques, & aux autres remez des capables d’abforber l'acide. Ees corps gras, oléagineux, qui par. leur ranci- dité produfent la cardialgie, la colique, l’ardeur du ventricule, le flux de ventre bilieux, deman- dent l’ufage des purgatifs aigrelets , & les remédes acides, faponacés , pour les réfoudre, & modérer leur ation. La chaïr des ammaux, des poiflons; les œufs, les chofes fucculentes qui font devenues niz doreufes, & qui ont été fuivies de la colliquation d'humeurs, requetent les antifeptiques legerement acides. L’ufage des vineux, des fpiritueux , dont la boiflon produit Pivrefle 8c le tremblement , doit être infenfiblement abandonné. Les alimens doux ; | fucrés , mielleux, la bierre nouvelle , le moût de vin, en un mot, toutes les fubftances qui fermen- tent facilement & dégénerent en acide , font la four- ce d’aigreurs & de maladies de nerfs, qu’il convient de traiter par les alkalis , les aromatiques combinés avec les réfineux & les corroborans. Les aqueux tiedes pris fouvent & abondamment, .affoibliffent le ton de Peftomac, donnent lieu au relâchement du corps, à la pâleur, au froid des parties, au trem- blement, à la foiblefle., & à la trop grande ténuité des humeurs. Tous ces accidens fe onériffent par Pufage modéré des mêmes boiflons froides mêlées avec les fomachiques corroborans. ( D.J. NOURRITURE où fHb/iffance des animaux : elle a fourmi à M. Derham diverfes remarques intéref. fantes, dontje vais donner l’extrait. La premiere regarde le maintien d’un aufli grand nombre d'animaux qu’on en trouve répandus dans toutes les parties du monde ; la feconde eft prife de la quantité de nourriture proportionnnée à ceux qui la confument ; latroifieme,.de la variété des alimens convenables à la diverfité des animaux ; la quatrie- me , de la pâture particuliere qui fe trouve dans cha« que lieu convenable aux créatures qui y ont été def. tinées ; la cinquieme, de l’admirable & curieux ap= pareil d'organes qui fervent à amafler, à préparer & 2064 N OU à digérer la rourrisure ; la fixieme,, enfin, de la faga= cité merveïlleufe de tous les animaux pour trouver leur nourriture propre, & pour en faire provifon. Ecoutons d’abord deux fapésipayens : Paflum ani- mantibus-largè & copiosè natira mm qui cuique apriis | eratcomparavit,, 6 ille Deus eff qui per totum orbem armentæ dimifit ; quigregious ubique paflimevagantibus pabulum:prefar. En effet ,sc'eft une des grandes ac- tions de la puiffance & de lx fagefle de Dieu aufñ . bien-qué-de-fa bonté, de pourvoir ainfi de pâture tout un mondeanimal, tel que celui qui occupe de toutes! parts le globe terreftre , tant les terres que les mers, tant la zone torride & les zones glaciales queles:tempérées; en généralil s’en trouve fufhifam- ment en.tous lieux, on pourroit même dire abon- damment, fans pourtant qu'elle excede au point d’en faire gârer ou corrompre uñeipartie , & de caufer par-là.des infeétions dansle monde; ce qu'il faut particulierement remarquer ici, c'eft que parmi la grande diverfité des ahimens, les plus utiles: font plus uuiverfels & en-plus grande quantité ; ils croïflent &c fe multiplient le plus facilement, & réfiftent le mieux aux injures du dehors & aux mauvais tems. Les animaux , par exemple, qui mangent de l'herbe font éngrand nombre , 8 en dévorent une grande quantité ; aufh trouve-t-on la furface de la terre pref- que partout tapiflée & couverte d'herbe ou d’au- tres plantes falutaires, & cela naturellement & fans culture. Il en eft de même du grain, fur-tout de ce- lui qui eft le plus urile :-ayec quelle facilité ne le euluve-t-on pas, & combien eft abondante la moif- {on qu'on.en récueille? le froment fournit une preuve fufffante fur ce fujet. Tririco nihil eff fertilius : hoc ei nature tribuit quoniam eo maxime alebatihominem , ut pofiturm medio , ft fit aptum folum. Rien de plus com- mun que le froment ; un feulgrain en peut fournir juiqu'à 360. Le Blé vientpar-tout oùle fol ne s’yop- poie pas. La variété des alimens. Sedilla quanta benignitas natura quod tam multa ad vefcendum tam varix tamique Jucunda gignit; neque ea uno tempore voliit sit femper € zos dote. deletlemur & copia ? Les diverfes efpeces d’a- nimaux fe déleétant dans des alimens différens, les uns aiment l'herbe, les autres les grains & les femen- ces «les uns font carnaflers, les autres mangent des infeétes : l’un choifit une forte d’alimens , l’autre une autre ; quelques-uns demandent une zourrirure déli- çate & bien préparée ,1ly en a d’autres plus soulus qui avalent tout ce qu'ils trouvent. Si tous les ani- maux.{e portoient vers la mêmeefpece dé rozrriture & ne pouvœent vivre fans elle, 1l ne s’en trouveroit pas affez pour leur fubfiftance ; au lieu que cette in- chnation pour diverfes fortes d’alimens , qui fait que les uns ont'en averfion la rourriture qui fait plaifir aux autres, eft un moyen très fagement ordonné pour fuftenter fufifamment chaque forte d’animaux, ëz même fouvent au-delà du néceflaire. Chaque en: droit de la furface de la terre eft rempli d'animaux qui lu font propres, & dont les organes qui fervent à la vie &c à leurs aétions principales font appropriés d’une maniere curieufe 8 finguliere à chaque lieu refpettif. Une aétion merveilleufe de la providence à cet égard, c’eftque chacun de ces lieux apporte une Z0wrriture propre à l'entretien des créatures qui y vivent. Comme toutes les régions de la terre, jes divers climats & fes différens terroirs, les mers & les autres caux ,; même les lieux les plus malpropres & les plus remplis de putréfaétion, font tous habités par des créatures vivantes, auf en rencontre-t-on dans chaçun l’une ou l’autre efpece d’alimens pro- . -pres à la fubftance des créatures qui yiont. On en peut alléguer mille preuves ; comme la grande va- riété d'herbes, de fruits, de graine, &c. qu'on tronve fur la terre; les effaims nombreux d'infe@es qui ont NOU dans l'air, &c. Mais la maniere dont Dieu a pourvit à la rourriture des animaux aquatiques , eft fur-tout très-remarquable : non-feulement il a fait germer diverfes plantes dans les eaux, mais il y a approprié ces mêmes eaux à fervir de matrice à un grand nom- bre d'animaux, particulierement à quantité d’infec- tes , tant aquatiques que de ceux qui appartiennent à l’eau ou à la terre ; qui par la grande affinité qu'ils ontavec les eaux, fe déleftent fouvent dans cet élé- ment, & de cette maniere deviennent la proie des habitans de l’eau , & leur fourniffent une abondante zourriture, En-effet, quels effaims prodigieux de pe- tits ammaux ne voit-on pas dans les eaux ? quelque- fois ils font en fi grand nombre , qu'ils en troublent même la couleur. Si nous accompagnons des yeux les alimens depuis qu'ils entrent dans la bouche juf- qu’à ce qu'ils fortent du corps, nous rencontrerons par-tout une ftruéture & une difpofñtion d'organes Où brille un art exquis & une adreffe inconcevable : tout eft conforme au lieu où l’animal habite, & à la nourriture qu’il y trouve. Alia dentibus predantur, alia unguibus , alia roffri aduncitate carpunt, alia lari- tudine ruunt, alla acurnine excavant, alia fugunt, aliæ lambunt, forbent, mundant , vorant: non ef? minor va= rietas in pedum miniféerto utrapian?, retrahant, tenant, premant, pendeant , tellurem fcabere non cefjent. Prenons pour feul exemple {a diverfité des dents; fi les divers animaux aiment une zourriture différen- te, comme nous l’avons remarqué ci-deffus , l’on voit aufhi conftamment que les dents font toujours proportionnées à cette zourriture : celles dés bêtes rapacés font propres à faïfir, à empoigner &r à déchi- rer leur proie : dans ceux qui mangent de Phérbe, elles ont une figure conveñablé à raffembler & à brifer les végétaux ; ceux qui ont point de dents, commeles ofeaux, y fuppléent parde petites pièrres qu'ils avalent & qui afilent leur bec, par leurjabot êc leur géfier dans l’ouvrage de la digeition. L’exem- ple le plus confidérable fur ce fujet , eft celui de quelque genre d’infectes , comme des papillons, 6c. tant qu'ils ne font que dans leur état de nymphes ou de cheniiles, & qu'ils ne font que ramper , ils ont des dents dévorantes , & fe nourriffent de quelques tendres plantes ; mais dès qu'ilsdeviennent papillons, ils n’ont plus de dénts , mais une efpece de probofcis ou trompe pour fucer le miel des fleurs, &c. Ainfi les parties qui fervent à leur zourriture changentavec la nourriture même qu'ils vont chercher ailleurs auffi- tÔt que leurs aîles leur permettent de voler. Il y a aufñ bien des chofes remarquables dans les dents des poiffons : dans quelques uns elles font aiguës & em- boitées de telle forte, qu’elles font panchées en ar- riere : par-là les dents faififfent &£ tiennent plus fer- mement leur proie , & facilitent le paffage vers l’ef- tomac ; en d’autres elles font larges & plates, étant faites ainfi pour rompre les écailles des ferpens ou des poiflons à écailles donr ils fe nourriflent, Quel- ques-uns ont des fortes de dents placées dans la bou- che, d’autres au gofer ; les écrevifles de mer & au- tres les ont dans l’effomac même : on trouve trois de ces dents molaires au fond de leur effomac, ac- compagnées de mufcles qui fervent à les mouvoir, Voyez DENT. Ce dernier article eftun des pluscurieux 8 des plus importans; peut-être à la vérité ne trouvera-t.on rien à cet égard de fort étonnant ni de remarquable dans l’homme, parce qu'il fe fert de fon entendement &z de fa raifon, & qu'il a un empire fouverain fur tou- tes les créatures, ce qui lui fufät dans toutes les cir- conftances où il peut {e trouver à l’égard de fa rour- riture, Mais ici même le créateur a donné des mar- ques de fa fasefle, en ne faifant rien d’inutile ;1l n’a point pourvu l’homme d’un attüirail d'organes pour effetuer ce qu'il pouvoit fe procurer par la faculté de de fon entendement , & par le pouvoir de fon auto- rité fur les bêtes, Pour les créatures inférieures & privées de raïfon , le créateur les a amplement dé- dommagées de ce défaut par la force de linftin& ou de la fagacité naturelle qu'il leur a imprimée. Quibus befliis eratis Jets, ut aliñs generis befhiis vef- . cerentur, aué vires natura dedit , aut celeritatem; data e guibufdam etiam machinatio quedam atque folertia. Il s'ouvre ici un vafte champ pour adnurer la {a- gefle, la puiflance , le foin &c la prévoyance de Dieu : c’eft ce qu’on reconnoitra d’abord fi l’on fait attention aux divers inftin@s du gros & du menu bétail, des oifeaux, des infeétes & des reptiles ; car dans chaque efpece d'animaux on découvre des ac- tions très-remarquables que leur fagacité naturelle ou leur inftinét leur fait faire , & qui fe rapportent äux diverfes circonftances de leur zowrriture & de leur confervation. Dans les animaux mêmes qui trou- vent facilement & proche d'eux leur zourriture, comme font ceux qui mangent de l’herbe où des plan- tes, & qui par conféquent n’ont pas befoin de beau- coup d’induftrie pourla découvrir; cette finefle dans le goût &c dans l’odorat qui leur fait difinguer fi promptement èc en toute rencontre ce qui eft falu- taire de ce qui leur feroit pernicieux ; cette finefle , dis-je, ne laifle pas de fournir un fujet d’admiration. Mais dans ceux dont la rourriture eft plus cachée & plus difficile à trouver, on découvre un inftin@ mer- Veilleux & qui fe diverffe en mille manieres. Avec quelle fagacité quelques animaux ne vont-ils pas à la pourfuite de leur proie ; d’autres ne la guettent- ils pas en lui dreffant des embüches ? avec quelle in- dufitrie les uns ne vont-ils pas la chercher au fond des eaux, dans les marécages , dans la boue & dans les vilenies ? les autres ne remuent-ils point la terre à la fuperficie , & même ne fouillent-ils pas jufque dans fes entrailles ? Quelle fruêture, quel deffeia ne découvre-t-on pas dans les gros nerfs deflinés par- ticulierement dans ces créatures à cette fon@ion ? Quelleadmirable faculté que celle d’un grand nombre d'animaux , par laquelle 1ls découvrent leur proie à de grandes diftances ; les uns par la finefle de l’odo- rat la fentent à plufieurs milles d’eux ; les autres par la fubtilité de la vûe lapperçoivent dans l'air ou ailleurs , quoiqu’encore très-éloignés. Les animaux rapaces , comme les loups, les renards , 6c. décou- vrent leur proie à une grande diftance : les chiens & les corbeaux fentent les charognes de fort loin _ par la fineffe de l’odorat ; & s'il eft vrai, comme les perfonnes fuperftitieufes fe l’imaginent, que ces der- niers en volant par-deflus Les maifons ou en les fré- quentant préfagent la mort de quelqu’un,ce fera fans doute par une odeur cadavéreufe que les corbeaux fentent dans l’air à l’aide de leur odorat fubtil, la- quelle eft exhalée des corps malades qui ont au-de- dans d’eux les principes d’une mort prochaine. Les faucons &c les milans qui épient leur proie fur terre, les mouittes & les autres oifeaux qui la découvrent dans l’eau , apperçoivent à un grand éloignement & pendant qu'ils volent , les fouris & lespetits oïfeaux, & les infeêtes qui font fur terre , de même que les petits poiflons , comme les chevrettes , 6:c. {ur lef. quels 1ls s’élancent & qu'ils attrapent dans l’eau. Quel appareil commode l’ouvrier de la nature n’a- t-1l pas encore donné aux animaux qui font obligés de grimper pour atteindre à leur zowrriture ! non-{eu- lement on voit en eux une flruéture finguliere dans les piés & dansles jambes , une force extraordinaire dans les mufcles & les tendons, qui ont Le plus de part à cette aétion , mais auf une méchanique par- ficuliere dans les principales parties qui agiffent dans le tems même qu'ils courent après la rourriture, Quelle provifion d'organes que celle des oifeaux & des bêtes no@urnes ! ils ont la ftrudure des yeux 7 ‘Tome XI, + PE NoOU 265 tont-à fait finguliere , 8 peut-être auf un odorat extrémement fin, qui les mettent en état de difcer- . ner leur zowrriture dans l’'obfcurité. Arricle de M, FORMEr. NOURRITURE, ( Maréchal. ) belle nourriture fe dit particulierement d’un poulain bien fait. | NOURRITURE, erme de Tannerie. Toutes les fois que les Tanneurs donnent aux cuirs qui font dans la foffe une nouvelle poudre de tanimbibée d’eau 3 il appellent cela leur donner de la zourriture, Ain quand un cuir n’eft pas fanné comme il faut , ils difent qu'on ne lui a pas donné aflez de nourriture, pour faire entendre qu’on lui a épargné l’eau & le tan, & qu'il n’a pas été aflez long-tems dans la foffe. NOUVEAU, fe dit ez Mathématique de certaines parties de cette fcience, en comparant l’accroifle- ment qu’elles ont reçu des modernes à l’état d’im= perfection dans lequel les anciens nous les avoient tranfmiles. F'oyez les articles ANCIEN € MODERNE, Nouvelle Géométrie , voyez GÉOMÉTRIE. Nouvelle Ajfronomie, voyez ASTRONOMIE. Nouveau ftyle en Chronologie fe dit de la nouvelle mamere de compter depuis la réformation du calen- drier. … Le rouveau & le vieux ftyle different, 1°, de onze Jours, enforte que lorfque l’on compte dans le zou- veau fiyle le 11 du mois, on ne compte dans le vieux ftyle que le premier du même mois. 2°, Par la lettre dominicale & par le jour auquel tombent les fêtes mobiles , la fête de Pâques , par exemple , n'étant pas le même jour une année quelconque dans le nouveau ftyle que dans l'ancien. Cela eft évident de foi-même , par la différence de 11 jours qu'il y a entre ces deux ftyles. Voyez AN @ CALENDRIER. (0) Nouveau, ( Critique facrée, ) Ce mot a plufieurs fens dans l’Ecriture. Il fignifie, 1%, ce qui eft extraor- dinaire , inufité : 20vz bella elegie Dominus , dit Dé- bora dans fon cantique, Jud. y. 8. Il veut dire 2°. ce qui eft différent , mandatum novum do vobis , Joan. xt, 34, Le commandement de la charité eft de tous les tems, mais Jefus-Chrift Pa gravé de zouvean dans le cœur des hommes, & a fait de l'amour qu'il a eu pour eux la regle de celui que fes difciples fe doi- vent les uns aux autres. 3°. Cum illud bibam novum vobifeum,xjv. 25. Ce vin rouveau eft un vin célefte ; de même le ciel zouyeau, la terre nouvelle, la Jéru- falerm zouvelle, fignifient Le ciel des bienheureux. 4°. Il fe prend auffi pour beau, Deus canticum novum y CAT= tabo tibi. PI. clxuy, 9. Le Seigneur déclare quil ne faut pas mettre du vin zozycau dans de vieux ountres. Luc, y. 38. c'eft-à-dire qu’il ne convenoït pas de {ur- charger les apôtres d’obfervances difficiles. 3°, Tem- pore meffis novorum, dans le mois des rzouveaux fruits, c’eft le mois de Niran. Exod. xx. 15. (2D.J.) Nouveau, ( Comm.) ce qui n’a point encore paru , ce qui n’a point encore fervi. | NOUVEAU, ex terme de teneurs de livres : on dit Porter ce nouveau corrpte, pour dire porter La [olde d’un compte arrêté fur une nouvelle feuille ou Jur un nouveau livre, Cette fomme eft portée à zouveau conipte fur le livre d'extrait n°, 3. à fo/o 3. retto. Ditfionnaire de Commerce. . Nouveau PLAIN, (Uffenfile de Tannerie.) ce mot fignifie, en terme de Tanneurs , de Mépiffiers , & d'autres ouvriers qui apprêtent les cuirs, une cuve plerne de chaux nouvelle & qui n’a point encore fervi, NOUVEAUTÉ , f. f. (Morale, Politig. Gouvern.) c'eft rout changement ; innovation , réforme bonne où mauvaile, avantageufe ou nuifible: çar voilà le. caractere d'après lequel on doit adopter & rejetter dans un gouvernement les zowveaurés qu’on y veut introduire, L'1 266 NOU Le tems , dit Bacon, eft le grand innôvateut ; mais fi le tems par fa courfe empire toutes chofes , & que la prudence & l’induftrie n’apportent pas des * remedes , quelle fin le mal aurat-1l? Cependant ce qui eft établi par coutume fans être trop bon, peut quelquefois convenir , parce que le tems & les cho- fes qui ont marché long-tems enfemblé , ont con- tradé pour ainf dire une alliance, au lieu que les nouveautés quoique bonnes & utiles, ne quadrent pas fi bien enfemble : elles reflemblent aux étrangers qui font plus admirés & moins aimés. D'un autre côté, puifque le tems lui-même marché"toujours ; fon inftabilité fait qu’une coutume fixe eft aufh pro- pre à troubler qu'une rouveauté, Que faire donc ? admettre des chofes nouvelles & qui font convena- bles , peu-à-peu & pour ainifi dire infenfiblement : fan$cela tout ce qui eft nouveau pent furprendre &t boulverfer. Celui qui gagne au changement remer- cie la fortune & le tems ; mais celui qui perd, s’en prend à l’auteur de la rowveauté, Il eft bon de ne pas faire de nouvelles expériences pour raccommoder un état fans une extrème néceflité & un avantage vifible. Enfin il faut prendre garde que ce foit le de- fir éclairé de réformer qui attire Le changement , & non pas le defir frivole du changement qui attire la réforme. Quant à la Morale , je m’en tiens à ce feul paffage de Ecriture : Sremus fuper vias antiquas , atque cir- cumfpiciamus quæ fit via bona & recla , G ambulemus inea. (D. J. NOUVEAUTÉ, ferme de modes; ce qui eft nou- veau, ce qui n’a point encore paru. On appelle ainfi au palais toutes ces nouvelles . modes d’écharpes , de coiffures, de rubans, 6. que les marchands y inventent & y étalent chaque jour , pour y fatisfaire & y tenter Le luxe & le goût changeant & inquiet de Pun & l'autre fexe. Les Marchands d’etoffes d’or , d'argent & de {oie, donnent auf le nom de zouveaurés aux taf- fetas & autres légeres étoffes qu'ils font faire tous les ans pour les habits d'été des dames, &c qui or- dinaïirement ne plaifent guere au-delà des trois mois qu’on donne à cette faifon. Il y a des rouveautés chez Barbier qu'on ne voit point ailleurs. (D. J. NOUVEAUTÉ, f. f. rerme de Jardinier ; on appelle de ce nom les fruits 8x les légumes, qui, par le foin & l’induftrie du jardinier , viennent dans eur perfe@tion avant la faifon ordinaire, & au printems. Ainf c'eft de /a nouveauté que d’avoir des fraifes au commencement d'Avril. NOUVELLE, f. f. (Poliig.) avis de quelque évenemént vrai ou faux. C’eft une vieille rufe poli- tique qui trouve toujours des dupes, que de débiter & de répandre en tems de guerre de faufles nouvelles en faveur de fon pays. Siratoclés ayant appris que les Athéniens avoient perdu une bataille navale, fe hâta de prévenir les porteurs d’une fi trifte nou- velle, fe couronna de fleurs, & publia de tous côtés dans Athènes , que l’on venoit de remporter üne vidtoire fignalée. Le peuple crédule conrut en foule au temple, s’emprefla de témoigner fa recon: noiflance aux dieux par des facrifices ; & le magif- trat trompé par la voix publique, diftribua des vian- des à chaque tribu : mais au bout de deux jours le retour du débris de l’armée diflpa la joie, & la changea en fureur contre Stratoclès. On le cita, il comparut avec aflurance, & de fang froid il ré- pondit. Pourquoi vous plaindre de moi? me ferez- vousuncrime, de ce qu'en dépit de la fortune , j'ai fu deux jours entiers vous donner les plaifirs de la viétoire , & par mon artifice dérober tout ce tems à votre douleur ? Une autre rufe moins noble , c’eft d’infpirer toute la haine pofñble contre les puiffances avec lefquel- les on eft en guerre : je n’en citerai qu’un exemple, & je ne toucherai point de trop près aux vivans.. A la nouvelle de la bataille de la Boine qui fe donna én 1689, le bruit de la mort du prince d'Orange s'étant répandu dans Paris, on fe jetta dans tous les excès d’une joie effrénée ; on 1llumina , on tira le canon, on brüla dans plufeurs quartiers des figures d’ofer qui repréfentoientle prince d'Orange. Cesréjouiflances indécentes , fruit de la haine qu’on avoit infpiré depuis long-tems au peuple François contre le roi Guillaume, faifoient l'éloge de ce prince, & la honte de ceux qui fe livrerent à ces témoignages infenfés de leur haine. Ils auroient eu befoin de l’avis fage d’un Phocion. Un jour que fur la rouvelle de la mort d'Alexandre, le peuple athé- sien alloit s’abandonner à l’ivreffe de fa joie, Pho- cion le retint par cette réflexion judicieufe. « Si » Alexandre aujourd’hui eft mort, ainfi qu’on le pu- » blie , 1l le fera encore demain. Que rifquez-vous » donc à modérer & à fufpendre les mouvemens » d’une joie indécente , dont la précipitation pour- » roit vous coûter des regrets & de la honte ? » Je dirois à toutes les perfonnes capables de fen- tir & de raifonner : « Savez-vous que la violente » joie de la mort d’un ennemi refpeétable que vous » venez d'apprendre, a quelque chofe de fi. hon- » teux , qu’on peut appeller cette joie un crime de » léfe-humanité ? Savez-vous qu’elle eft auf glo- » rieufe pour celui-qui la caufe, qu’infâme pour » celui qui la reffent ? » Ce n’eft pas du moins avec cette baflefle d’ame que penfoit Montecuculli , quand apprenant la mort de M. de Turenne, il s'écria: « Quel dommage que la perte d’un tek # homme qui faifoit honneur à la nature ! »( D.J. } NOUVELLE LUNE, ( 4/fr. )eftle nom qu’on donne au commencement du mois lunaire , ouà l’état de la luné lorfqu’elle fe trouve entre la terre & le foleil, & que fa partie obicure eff tournée vers nous, de maniere que nous napperceyons point cette pla- nete : la lune eff alors en conjonttion avec le foleil, Voyez; CONJONCTION. Les éclipfes de foleit n’ar- rivent que dans les nouvelles lunes, [orfque la lune fe trouve précifément entre la terre & le foleil ; énforte qu’elle cache à plufeurs des habitans de la terre, ou tout le difque du foleil, ou au moins uue partie de ce difque, Il y a nouvelle lune quand cette planete fe trouve avec la terre & le foleïl dans un même plan perpendiculaire au plan de l’é- chiptique ; & lorfqu’elle eft outre cela dans la même ligne droite ; ou à-peu-près, il y a éclipfe de foleil. Voyez ECLIPSE, (O ) NOUVELLETÉ, £. £, (Jurifprud.) ou cas de rou- velleré ; c’eft lorfque quelqu'un trouble un autre dans la poffeffion de quelque héritage ou droit réel , foit en lufurpant, foit en y faifant quelque innova- tion qui lui peut faire préjudice, La nouvelleré donne heu à lation poffefloire que PGn appelle complainte, en cas de faifine & de zou- velleté, Cette ation doit s’intenter dans l’an & jour du trouble : elle étoit différente de celle en cas de fimple faïfine ; mais cette derniere aétion eft abolie. Voyez COMPLAINTE. (4) | NOUVION , ( Géog. ) village de France en Pi- cardie, diocèfe d’Amiens , fur la route d’Abbeville à Montreuil. Je ne parle de ce village , que parce que fon chäteau étoit célébre au quatorzieme fiecle. Louis XI vint de Rouen y faire fa réfidence l’a 1464. François °° y a auffñ donné des déclarations en Février & Mars 1539. (D. J.) | NOYA, ( Hifi. nat. ) ferpent d’une couleur gri- fâtre qui fe trouve dans Pile de Ceylan : il a envi- ron quatre pieds de longueur. On voit fur fa tête quelque chofe qui reflemble affez à une paire de lunettes, Les habitans lui donnent le nom de z0ya- rodgerak ; où de ferpent royal, parce qu'il n’eft point nuifible ; 1l combat.à toute outrance le fer- pent nommé polonga, quieft très-venimeux & nui- fible aux beftiaux. NOYALLE , £. f. ( Manuf. de toiles.) c’eft ainf que l’on appelle certaines efpeces de toiles de chan- vre écrues , très-fortes & très-ferrées, qui fe fa- briquent en divers lieux de Bretagne,» dont l’ufage eft pour faire des voiles de vaiffleaux & de bâtimens de mer, "tr. Les zoyalles fe diftingu:nt en roya/les extraor- dinaires. à fix fils de brin, en zoyalles extraordi-. naires à quatre fils de brin, en zoyalles ordinaires à quatre fils, en zoyalles courtes , en royales fim- ples, & en royalles rondelettes. NOYAU , OSSICULE,, officulum, c’eft la partie dure des fruits qui contient un corps mou & bon à manger, auquel on a donné le nom d’amande ; comme dansl’amandier, l’abricotier , le pêcher, &c. Tournefort, Zaff. rez herb. | Noyau, f. m.(Affron. ) nom que quelques aftro- nomes donnent au milieu des taches du {oleil &c des têtes des cometes, qui paroît plus clair que les an- tres parties de ces aftres. Hevelius dans fa cometo- graphie , Liv, VII. remarque à Pégard des zoyaux des taches du foleil, qu'ils croiffent & décroifient ; qu'ils occupent prefque toujours le milieu des ta- ches, & que ces taches étant prêtes à difparoître, ces royaux crevent par éclats. Cet aftronome a encore obiervé que dans une tache il y a fouvent plufieurs royaux qui fe concentrent quelquefois en un feul. Les royaux | dans la tête d’un: comete , diminuent de même , & fe difipent par éclat ; ils fe changent à la fin en une matiere femblable au refte. (2. J.) Noyau, (Æff. nat. Minéral,) nucleus ou merro- litus ; c’eft ainfñ que les Naturaliftes nomment la fubftance, qui après avoir été moulée dans l’inté- rieur d’une coquille dont elle a pris la forme, s’eft enfin durcie, & a pris la confiftence d’une pierre. Ces royaux font de différente nature, fuivant les différens fucs lapidifiques , & les différentes terres qui font venues remplir la capacité de ces coquilles. Il y en a de calcaires, de filicées, de grais , &c. Ces zoyaux ont aufh pris différentes formes , fui- vant les coquilles dans lefquelles ils fe font moulés. L’on nomme auffi royaux les pierres, foit mo- biles , foit adhérentes , qui fe trouvent dans les ca- vités des étites ou pierres d’aigle. Enfin on appelle zoyau, la partie la plus dure qui fe trouve au centre de certains cailloux. (—) Noyau, en rerme dArtillerie, eft une efpece de barre de fer longue & cylindrique, qui après avoir été revêtue d’un fl d’archal tourné en fpiral, êt recouvert d’une pâte de cendre que l’on fait bien fecher , fe place au milieu du moule d’une piece de canon pour en former l’ame, Quand le métal a été coulé dans le moule, & que la piece eft fon- due, on retire le zoyau , & l’on alleze enfuite la piece pour égalifer l’intérieur du canon, & lui don- ner par-tont la même épaifleur 8 le même calibre. On couvre le zoyau d’une pâte de cendre, afin d'empêcher que le métal ne s’y attache, & qu’on puiffe le retirer aifément du milieu de la piece lorf- qu'elle.eft fondue. | Pour que le zoyaz foit placé exaftement au mi- lieu du moule, & que fa pofition ne puiffe pas chan- ger, on le foutient du côté de la culafle par des barreaux d'acier pañlés en croix, c’eft ce qu'on appelle le chapeler, & du côté de la bouche de la piece , par une meule faite de plâtre & de tuiles , dans laquelle eft paffé le bout du royau. Lorfque les pieces font coulées mafives elles n'ont point de zoyez, On les fore après qu’elles Tome XI, ri NOY 267 font fondues. Cette derniere méthode eft plus avan- taseufe que l’ancienne, pour éviter les {oufllures ët les chambres, Voyez CANON. On appelle encore zoyau dans lArtillerie, un globe où une boule de terre fur laquelle fe moule la chape des bombes, des grenades & des boulets creux. Entre cette chape & ce z0yau fe coule le métal ; & quand il eft coulé on cafle le noyau , & l’on en fait fortir la terre, Aux boulets on ne fait des noyaux que pour faire les coquilles qui font ou de fer, ou de fable. Ces royaux font de la grot= feur qu'on veut donner aux boulets. Joyez BOMBE, GRENADE , BOULETr, Ex. Noyau ft auñi, dans l’Artillerie | une efpece de moule qu'on fait pour les bombes, grenades & boulets creux. Lt La grofleur du reyax répond au vuide qu’on veut donner à la bombe ou à la grenade. C’eft une boule de terre égale au vuide. On y ajoute deflus une couche d’une autre terre plus douce, de l’épaif- feur qu'on veut donner au métal de la bombe ou de la grenade. Deflus cerre terre on fait la chape d’une autre terre encore plus forte, après quoion Ôte celle qui occupe lefpace que le métal doit remplir, & l’on rejoint la chape fur le noyau; on coule enfuite la bombe ou la grenade, Voyez _Bomee. (Q). NoYAU , 1. m. (4rchir.) c’eft la maçonnerie qui fert de grofficre ébauche pour former une figure de plâtre ou de ftuc. On la nomme auffi ame. Selon M. Féhbien, les anciens faifoient les royaux des figures avec de la terre à potier, compofée de bourre & de fiente de cheval , bien battues enfemble. Cela fe pratique encore aujourd’hui, principalement. pour les figures de bronze , parce que la terre réfifte mieux à la force & à la violence de ce métal fon- du , que toute autie matiere. Mais pour les figures moyennes, & pour celles qu’on a à jetter en or ow en argent, on {e fert de plâtre bien battu , avec le- quel on mêle de la brique pilée & bien faflée qu’on employe ainf. On prend les premieres aflifes du moule remplies des épaifleurs de cire qu’on aflem- ble de bas en haut fur une grille de fer plus large de trois ou quatre pouces que la bafe de la figure. Cet aflemblage fe fait autour de la barre qui doit foute- nit le zoyau. On ferre enfuite fortement ces épaif- feurs de cire avec des cordes, de peur queies pie- ces ne fe dérachent, & on verfe du plâtre détrem- pé bien clair 8 mêlé avec de la brique battue & : faflée, fitôt qu'on a difpofé la premiere afife du creux. Cette premiere afhife étant remplie, onéleve la feconde que l’on remplit de même ; c’eft ainfi qu'on continue d’aflife en afife à élever toutes les pieces du moule , & à former le r0yau. Quand le creux eft rempli, on défait toutes les parties du moule, en commençant par le haut, & alors on voit la figure de cire toute entiere qui couvre le noyau qui eft dedans. Voyez Les principes d’ Architeir. de Félibien, &c. Liv. IL. ch. v. Nozau eft auffi le nom de toute faillie brute, & particulierement de celle de brique, dont les mou- lures liffes doivent être trainées au calibre , & les ornemens poftiches fcellés. Les Italiens appellent offatura lun & l’autre des royaux qui ont fait le fu- Jet de cet article. Noyau de bois. Piece de bois, qui, pofée à plomb, reçoit dans des mortoifesle tenon des marches d’un _efcalier de bois, & dans laquelle font afflemblés les Lmons & appuis des efcaliers à deux ou à quatre Zoyaux. Voyez ci-après noyaux d’efcalier. On appelle royau de fond celui qui porte depuis le rez-de-chauflée jufqu’au dernier étage ; 0yaw Jufpendu, celui qui eft coupé au-deffous des paliers ét rampes de chaque étage ; & noyau 4 corde, çè= 1j 270 N O Y dans une glaife un peu humide , mais au grand re- tard de fon accroïflement, On peut dire que cet arbre vient aflez généralement par-tout , fi ce n’eft que plus la terre ef riche, plusil lui faut de culture. Aufh fe refufe-t1l dans les prairies , dans un {ol ha- bituellement humide, &z dansles terres en fainfoin, en luzerne , &c. J'ai vù même des zoyers vigoureux &c dans leur force dépérir en trois années , après qu'on eût mis du fainfoin dans le terrein où ils étoient : ce qui ayant déterminé le propriétaire à détruire cette herbe, ils reprirent vigueur dans pa- reil efpace de tems. Il n’eft qu’un feul moyen de multiplier le zoyer : c’eft d’en femer les noix. Sur quoi je dois obferver que fi on fe propofe d'élever des zoyers uniquement pour tirer parti de leur bois, ‘il faut femer les noix en place ; c’eft la feule façon d’avoir de beaux ar- bres, & d'en accélerer l’accroiflement : car en les tranfplantant, on détruit le pivot , ce qui empêche l'arbre de s'élever. Si lon vent au contraire élever des zoyers pour en avoir du fruit , il faut les tranf- planter plufeurs fois : on a parce moyen de plus belles noix , plus promptement, & en plus grande quantité. On peut femer les noix en automne, ou au printems. Leur maturité s'annonce lorfqu'elles commencent à tomber de l’arbre : il faut alors les faire abattre , & préférer celles qui ont la coquille blanche & tendre. Si l'on veut les femer en automne, il faudra , après en avoir ôté le brou, les laïfler fuer & rendre dans Le grenier l'humidité fuperflue jufqu’à la fin d'Oûtobre où au commencement de Novem- bre. Mais fi l’on prend le parti d’attendre le prin- tems , il fera à-propos de les conferver avec leur brou dans du fable jufqu’à la fin de Février, ou juf- qu'à ce que la faïfon permette de travailler à la terre. Si on différoit un mois de plus , le germe des noix étant trop formé , feroit fujet ou à.être rompu, ou à fe deflécher. Si d’un antre côté on ne les met- toit pas dans le fable pendant l'hiver, il en man- queroit au-moins la moitié : il faut dans ce dernier cas les faire tremper pendant deux ou trois jours , & tejetter celles qui furnagent. Pour femer des noix , il faut peu de recherche fur la qualité du ter- rein, il fuffira qu'il foit en culture. On les plante de deux ou trois-pouces de profondeur avec un pi- quet à 8 ou 10 pouces de diftance en rangées éloi- gnces de 2 piés lesunes des autres. Au bout de 2 ans, ou de trois au plus , il faut tranfplanter les jeunes plantes, afin de fupprimér leur pivot , leur faire jetter des racines latérales & faciliter la reprife lor{- qu’il fera queftion de les tranfplanter à demeure ; car on a fouvent vû des zoyers de fix ou fept ans qu'on n’avoit pas déplacés, qui n’avoient abfolument que le pivot , de façon qu’aucuns de ceux-là ne reprenoïent. Il faut donc les tranfplanter à deux ou * trois ans, fans rien retrancher du fommet, dans un autre endroit de la pepiniere à un pié & demi de diftance en rangées éloignées de deux piés & demi outrois piés. Au bout de trois ou quatre ans, lorf- qu'ils auront fept.à huit piés de hauteur , ils feront en état d’être tranfplantés à demeure. L'automne eft toujours le tems le plus convenable pour cette opération; on doit, en les arrachant , bien ménager leur racine , les accourcir fort peu ;' ne retrancher que les branches latérales , & fur-tont conferver le fommet de l’arbre. Il faudra les foigner pendant trois années, après quoi 1ls iront bien d'eux-mêmes. Mais il eff très-certain que la tranfplantation leur caufe . beaucoup de retard : car une noix femée &c culti- vée furpañlera au bout de quelques années un zoyer de dix ans que l’on aura tranfplanté dans le même tems. Cet arbre commence à donner quelque fruit au bout.de fept ans de femence , &c il eft à fa per= feéion lorlqu'il eft âgé d'environ 69 ans. NO Y Quelques gens prétendent qu’on peut greffer les noyers les uns fur les autres ; ils conviennent en même tems qu’on ne peut fe fervir pour cela quede la greffe en fifflet , & il paroît fur le propre allégué que le fuccès en eft aflez incertain. Voyez ce que confeille M. Cabanis , qui a fait quelques expérien- ces à ce fuget au Jourzal de Verdun , Mars , Juilles 6 Septembrei739 Le noyer , loin d’être fujet aux attaques des in feétes, a au contraire la vertu de les chafler. On a prétendu que fon ombre étoit nuifible aux hommes & aux végétaux : quant aux premiers , on attribue à l'ombre le mal de tête que l’odeur forte des femilles peut caufer aux gens foibles & délicats : à l'égard des végétaux , le zoyer leur nuit moins par fon om- bre que par le dégouttement de fes fewlles. Elles empreignent toute l’eau qui les touche d’un fuc hui- leux mêlé d’amertume, qui eft fort contraire à la . végétation, Le royer d’ailleurs par la force de fes rameaux êc la vigueur de fon accroïffement ne fouf- fre pas d’autres arbres dans un voifinage immédiat. Il s’étend fi confidérablement en tout fens qu'on ne peut guere mettre ces arbres plus proche de 30 ou 40 piés les uns des autres. Lorfqu'on les met dans des terres labourables , leurs racines ne font aucun obftacle à la charrue. On prétend que les cendres font le feul engrais qui convienne au zoyer. Si lon fait une incifion à cet arbre au printems , il en fort une liqueur abondante qui peut fervir de boiffon. On tire du royer quantité de fervice ; tout le monde fait que les noix font bonnes à manger , & qu’elles valent mieux en cerneaux que lorfqu’elles {ont deffechées. IL eft vrai que dans ce dernier état elles font dures , huileufes, mal-faines, &c de difi- cile digeftion : on en tire une huile qui fert à quan- tité d’ufages. Plus les noix font viailles , plus elles rendent d'huile 3 mais c’eft aux dépens de la qua- lité qui eft meilleure , lorfque l’on tire huile auffi- tôt que les noix font bien feches. Les Teinturiers fe fervent de la racine , de l’écorce , de la feuille & du brou des noix pour teintre les étoffes en fauve, en caffé 8 en couleur de noifette. Ils emploient à cette fin la racine avant que l’arbre foit en feve, l'écorce lorfque la feve entre en mouvement ,. les feuilles lorfque les noix font à demi-formées , & le brou dans le tems des cerneaux. On confit les noix, on en fait un ratafa de fanté , on les grille au fucre. Enfin la poudre des chatons , la décoétion des feuil- les & l’huile font de quelqu'ufage en médecine. Le bois du royer eft brun, veiné, {olide, liant ; aflez plein & facile àtravailler. Le bois des arbres qui font venus fur des côteaux & dans des terres médiocres eft plus veiné & plus chargé de la cou- leur brune que ceux qui ont pris leur croiffance dans le pays plat & dans les bonnes terres, &c les jeunes arbres font bien moins veinés & colorés que les vieux. Il faut qu'ils aient un pié & demi, & juf- qu’à deux piés de diametre pour ‘être perfeétionnés à cet égard. Les arbres plus jeunes ont plus d’au- bier , & cet aubier eft trop fujet à la vermoulure; au-lieu que le cœur de l'arbre , loin d’avoir ce dé- faut, eft de très-longue durée , mais on peut pré- venir la vermoulure , & rendre laubier d’aufli bon fervice que le cœur, en faifant tremper Le bois dans de l’huile de noix bouillante. Ce bois lorfqu’il eft dans fa perfection eft le plus beau des bois de l'Eu- rope. Il étoit fort prifé, & on en faroit les plus beaux meubles avant la découverte de l'Amérique, d’où on a tiré des bois infiniment plus précieux. Ce bois n’eft fujet ni à fe gerfer, n1 à fe tourmenter; c’eft Le plus convenable de tous les bois de l’Europe pour faire des meubles , & c’eft aufl le plus cher lorfau’l eft bien veiné ; auffi eft-1l très-recherché, ainfi que les raçines, par les Menuifiers , les Ebé- NOY mites , les Armuriers , les Sculpteufs, les Carroffiéts; les Luthiers , les Tourneurs , les Boifleliers , les Re- lieurs, les Maroquiniets, 6, enfin il peut fervit au chauffage lorfqu'l eft bien fec , il fait un feu doux , mais point de charbons. Ïl y a plufeurs fortes de zoyers, entre lefquels il - faut principalement diflinguer les zoyers d'Europe de ceux d'Amérique. Ceux-ci font très-différens des premiets , & ont entr’eux encore plus de différence. Les produétions de cette derniere partie du monde font d’une variété infinié , qui l’emporte pour la beauté , l'agrément & la fingularité, IL eft vrai que les fruits ne font pas là généralement de fi bonne qualité que les nôtres. On n’étoit guere plus avan- cé pour les fruits en Europe du tems des Romains; les efpeces de fruits que l’on connoifloit alors étoient | en petit nombre & de médiocre qualité. Il y a donc lieu de préfumer que quand on aura femé les graines d'Amérique dans différens terreins & pendant au- tant de tems, on obtiendra des fruits tout auffi va- riés & d’aufli bonne qualité. 3 tt Noyers d'Europe, x. Le noyer ordinaire , c’eft l’ef- pece qui fe trouve le plus communément. | 2. Le noyer à gros fruit ou la groffe noix a les feuil- les plus grandes que les autres oyers , fa noix eft beaucoup plus groffe , fon accroiflement eft plus rompt , & 1l fait un plus grand arbre ; mais fon Bois n’eft pas fi veiné, ni fi coloté , &c fa noix n’ef bonne qu’en cerneaux & à confire : elle eft fi mol- laffe qu’elle fe ride & diminue de moitié en fe def- fechant , ce qui en altere aufh la qualité. 3. Le noyer à fruir rendre, cette efpece eft la meil- Îeure pour la qualité de la noix ; fa coquille eft blan- che, &r elle fé cafle très-aifément ; c’eft celle qu'il faut femer par préférence. 4. Le noyer à fruit dur ou la noix féroce ; cette noix eft petite & fi dure qu'on a peine à la cafler , & en- core plus à en retirer l’amande ; elle n’eft propre qu’à faire de huile, Mais le boïs de cette efpece de zoyer &ft d'excellente qualité ; il eft plus dur, plus fort, plus veiné , & plus beau que le bois de toutes Les autres fortes de zoyers. s. Le noyer à feuilles dentelées ; cette efpece ne s’éleve qu'à une médiocre hauteur , fa feuiile eft plus petite que celle du zoyer commun , & fa noix plus longue. 6. Le noyer de la S. Jean ; cette efpece eft ainf nommée , parce qu’elle ne commence à pouffer des feuilles qu'au commencement du mois de Juin, 6c que fa verdure n’eft complette qu'à la S. Jean. Cette fingularité ne fait pas le feul mérite de ce noyer, c'eft une efpece précieufe. Dans plufeurs provinces du royaume, en Bourgogne fur-tout, les autres zoyers qui commencent à poufler des le com- mencement de Mai font fujettes à être endommagés . pat les gelées de printems qui perdent en même tems le fruit , au lieu que le 2oyer de la S. Jean ne commençant à poufler que quand la faifon eft affûü- rée, n’eft Jamais fuet à cet inconvénient, Cet avan- tage devroit bien engager à multiplier cet arbre, dont la noix qui eft très-bonne mûrit prefque auf: tôt que les autres. Il y a encore le noyer à perit fruit , le noyer a feuil. les découpées , le noyer à grappes, & le noyer qui donne du fruit deux fois l'an. Ce {ont des efpeces fi rares qu’on ne les voit nulle part, & qu’on ne les trouve que dans les nomenclatures de Botanique. * Noyers d’ Amérique. x.Le noyer noir de Virginie & fruie long , cet arbre {e trouve auffi dansle Canada & fur toutes les côtes maritimes de l’Amérique feprentrio- nale. [! fait de lui-même une tige droite, &s’éleve à unegrandehauteur;fonécorceeft un peu brune & fort unie , fes racines font noires , abondantes & garnies de chevelu ; elles font rarement le pivor : fa feuille, N O Y 371 dans les jeinés arbres, a fonvent deux piés de lons gueur ; elle ef compotfée de différentes quantités de follioles qui font quelquefois jufqi’au nombre de vingt-un, & communément de tréize ; celles du mi- lieu de la côte font lés plus longues, & celles de l'extrémité les plus petites ; elles font d’ün verd ten: dre, un peu jaunâtre , & en tout d’une belle appa- rence ; leur odeur n’eft ni forte, ni défagréabie ; elles commencent à pouffer quinze jours plutôt que celles du zoyer ordinaire. Les noix paroïflent auf plutôt, elles font bonnes à manger en cerneaux dès les premiers Jours de fullet, & leur chûte fur la fn d’Août annonce leur maturité : elles ont communé- ment deux pouces & demi de iongueur , avec leur brou; fur quatre pouces de circonférénce. Ce brou; lorfqu’il eft frais , a une aflez forte odeur de téré- benthine; & au liéu d’être life en-deflus , il eft véz louté & poiflé de façon à ténir aux doigts, Ea co- quulle de cette noix eft fans céfure, profondement fillonnée , 6c fi dure, qu’il faut un iarteau pour la caffer : en frappant fur la pointe de la noix, on vient mieux à bout de conferver l’amande ; mais il faut de l’adrefle pour la tirer, parce que le zefte qui la fépare eft auffi ligneux que la coquille, Certe amande eft feulement divifée en deux parties juf qu'au milieu, enforte qu’en fon entier elle ne re- préfente que la moitié de nos noix. Cé noyer eft plus robufte que ceux d'Europe, & rarement les gelées de printems lui caufent du dommage, mais al eft plus tardif à donner du fruit, & il en rapporté | beaucoup moins. Il lui faut une terre franche & grafle ; 1l fe plaît dans le fond des vallées, & dans les liéux un peu humide ; mais il craint les lieux fecs &r élevés, 8 il dépérit bientôt dans les rerreins fablonneux ; ou trop fuperficiels. Il y quitte fes feuil: les de bonne heure ; & quand la faïton eft feche 3 elles commencent à tomber dès le mois de Septeim- bre, On le multiplie comme nos zoyers, & fans qu’il foit befoin de précaution pour le difpofer à la tranf plantation : il ÿ réuflit, on ne peut plus aifément parce qu'il eft toujours bien fourni de racines, & qu'il fait ratement-un pivot. Souvent il arrive qué les noix ne levent que la deuxieme ou troifiemte ans née, à caufe de la dureté de leur coquille. Il ne faut aucune culture à cet arbre : il eft plus fauvage ; plus agrefte que les zoyers ordinaires, & il y a lieu de préfumer qu'il réufliroit dans les bois , parcé qu'il eft naturellement difpofé à s'élever. M. Lez page, dans fa relarion fur la Louiffane, fait mention qu'il avoit dans fa conceflion un bois de haute fu taye de ces arbres d'environ 150 arpens. Les noix de Virginie font très-bonnes à manger en cerneaux , elles font moëélleufes | moins caflan: tes, d’un goût plus fin, & de plus facile digeftion que les noix ordinaires : elles font fi bien envelop- pées de leur coquille , qu’elles fe confervent dans leur fraicheur jufqu'à la fin de l'hiver. Cette noix eft qualifiée notre , parce que le brou qui eft d’une fubftance un peu feche & réfineufe s'applique à la coquille à la faveur des fillons, & fe noiïrcit en fe flétriflant : d’autres prétendent que c’éft à caufe dé la couleur noirätre du bois. Suivant le rapport des voyageurs , fur-tout de M. Lepage que j'ai déja cité, cette noix rend beaucoup d'huile, & les natue rels de la Louifianne en font du pain: Le bois de ce noyer eft noirâtre , veiné ; très: poreux &c caffant ; il a cependant du foutien, & il eft de très-longue durée dans la terre & dans l’eau: il paroît très-propre à la Menuiferie &e aux ouvrages des Ebeniftes & des Tourneurs, Il y a déja en Bourgogne beaucoup dé ces arbres qui commencent à rapporter du fruit, & il y a lieu de croire qu'il y fera bientôt répandu, 2, Le noyer noir de Virginie à fruit rond, La fotine 272 N O Y de la noix fait la feule différence qu'il y ait entre cet arbte & le précédent. Je n’ai qu’un feul plan de ce noyer qui n’a pas encore donné de fruit, quoi- qu'il foit âgé de plus de 20 ans. Selon M. Müller, cet arbre en rapporte beaucoup en Angleterre, 3. Le noyer blanc de Virginie ou l’hickery eft un petit arbre qui ne s’éleve en France qu'à 12ou 15 piés. Il fait une tige droite fort mince, & jette peu de branches latérales , enforte que fa tête eft fort petite. Quand on touche les boutons de cet arbre pendant l'hiver, ils rendent un odeur douce , aro- matique & fort agréable : fon écorce eft brute & d’un gris terne : fa racine eft peu garnie de fibres & pivote : fa feuille reflemble à celle des zoyers d'Eu- rope , mais elle eft dentelée d’un verd plus clair &c jaunâtre ; elle n’a prefque point d’odeur : fon fruit eft de la grofleur & de la forme d’une petite chä- taigne. Ileft couvert d'un brou, life , brun, mince & fec, la coquille de la noix eft blanche , life &c aflez tendre. L’amande eft très-blanche ; d’un goût approchant de celui de la faine, mais un peu trop: âpre pour être bonne à manger. Cetarbre eft très- robuite, il craint plus le chaud que le froid , il ne lui faut qu’un terrein médiocre ; pourvû qu'il y ait de la profondeur : il fe plait fur les lieux élevés , & fur-tout dans les côteaux expofés au levant & au nord : il fe foutient néanmoins en pays plat dans une terre franche , mais fon accroifflement en eft confidérablement retardé : il réuflit très-dificilement : à la tranfplantation , à moins qu'on n'ait eù la pré- caution de lui couper de bonne heure le pivot, Jai plufieurs plants de ce zoyer qui ; quoiqu’âgés de 13 ans , n’ont que 9 à 10 piés de hant fur environ 3 pou- ces de circonférence , ils n’ont point encore donné de fruit. Le bois de cet arbre eft blanc, compaëe, aflez dur & fort liant. ” Ontrouve quantité de variétés de cet arbre dans PAmérique feptentrionale. J'ai vu de fept fortes de noix de cette efpece de xoyer, fort différentes les unes des autres , il y en a de donces , d’ameres ëc d’âpres; à coquille plus ou moins dure, plus ou moins épaifle ; tantôt life, tantôt angleufe. On trouve dans Catesbi la défcription de quelques-uns de ces arbres, mais.ces defcriptions ne font pas affez détaillées pour en donner une idée bien diftinéte. . Quoiqu'il y ait déja beaucoup de ces arbres en Angleterre , ils font encore extrèmement rares en France. 4. Le noyer de la Louifianne ou le pacanier eft un atbre de moyenne grandeur, qui vient aflez com- munément dans les climats tempérés de l'Amérique feptentrionale : il fait une tige droite, & 1l étend beaucoup fa tête ; fes racines font fort longues, peu garnies de chevelu, &ilne paroît pas qu’elles faflent de pivot : fon écorce, à 12 ou 15 ans, fe gerfe, & devient rude & inégale ; elle eft d’une couleur cen- drée & obfcure : a feuille a communément un pié &c jufqu’à un pié &c demi de longueur ; elle eft ordi- nairement compofée de quinze follioles ; mais quand l'arbre eft dans fa premiere force & qu'il poufle vi- goureufement , il donne quelquefois des feuilles qui ont jufqu'à trois piés de longueur, &t qui font com- pofées de vingt-un follioles. Cette feuille eft du ca- ractere de celle du zoyer noir de Virginie , elle a de même fes folioles du milieu plus longs & plus larges, &c celle qui termine eft la plus petite de toutes, Quoi qu’en dife M. Linnæus qui, dans fes efpeces , a mis cet arbre au rang des royers blancs d'Amérique, dont les feuilles font d’un arrangement tout différent , la feuille du pacanier eff lifle , dentelée , fans odeur & d’une belle verdure, quoique foncée. Cet arbre au premier coup-d’œil a l'apparence d’un frêne, La noix que les naturels du paysnomment pacane, a la figure d’uné olive, elle eft longue, très-Lfle & pointue à NO Y fon extrémité. Les pacanes ont un pouce &c demi ow deux pouces de longueur fur deux de circonférence. Je n’ai pas vü leur brou , parce qu'on les envoie tonjours écalées, ce qui fait préfumer que le brou s’en fépare aifément. La coquille de cette noix eft fi tendre , qu’on la cafe aifément entre les doists; elle eft d’une couleur de noïfette. L’amande eft de la même forme que celle des zoyers d'Europe, fi ce neft qu’elle eft fort alongée , moins huileufe & d’un goût délicat, plus fin que nos noix , & fort ap- prochant de celui des noifettes : on en fait en Amé- rique des pralines excellentes. Cet arbre , quoique robufte &c bien venant dans ce climat (à Montbard en Bourgogne ), ne parcit ouere difpofé à donner du fruit, Jen ai un plant qui eft âgé de 23 ans, qui a 15 piés de haut fur 4 pou- ces de diametre, cependant 1l n’en a point encore porté , ni même des chatons. Ses feuilles ne paroif- fent qu'au coinmencement de Mai , & elles ne tom- bent qu'après les premieres gelées. Les follioles qui compofent la feuille de ce zoyer font plus étroites , plus longues & plus rafflemblées que celles du zoyer noir, Le pacanier réuffit aifément à la tranfplanta- tion dans fa jeunefle , mais il me paroït qu’il reprend très-difiicilement lorfqu'il eft formé ; ceux qui ont été tranfplantés dans leur force n’ont pas repris. Je me fuis aflüré aufi qu’il faut à cet arbre une bonne terre franche , un peu humide, à mi-côte &e expofce au midi. On ne peut multiplier cet arbre qu’en fe- mant fes noix , dont la plüpart ne levent que la fe- conde année, «#rr. de M. D'AUBEUTON , fubdéléoue. Noyer ( Pharmac. Mur, med, 6 Diére.) On em- ploie en Médecine, fes feuilles, fes fleurs ou chatons êx fes fruits, foit verts, foit mûrs ; fon écorce inié- rigure defléchée eft fort émétique ; fes chatons le font encore, maïs beaucoup moins. Mais ces deux parties du zoyer ne font point ufitées, quoiqu'on pût vraiflemblablement en faire quelque ufage pour les gens de la campagne. Des auteurs aflurent encore que le fuc de la ra- cine purge violemment, & d’autres, que le fuc de ces mêmes parties ouvertes par la erebration excite püifflamment les urines. Ce font là encore des re- medes peu éprouvés. . Les feuilles de zoyer font recommandées contre la goutte, appliquées en forme de cataplafme fur la partie malade. C’eft encore ici un rémede dont la vertu n’eft pas conftatée par l’obfervation. M. Dons- en-Bray a propofé dans les Mémoires de l'académie royale des Sciences, année 1741, de bouchonner les chevaux avec une éponge trempée dans la décoc- tion des feuilles de zoyer ou des écales de noix, ou bien avec le marc de cette décoëtion, pour les préferver de la piquure des mouches. Les fruits du zoyer, ou les noix ordinaires vertes n’ont d'autre emploi médicinal que d’être un des ingrédiens de l’eau appellée leax des trois noix. L'écorce ou écale dont elles font recouvertes, annonce cependant pat fa faveur auftere & vitrio- lique une vertu puiflamment ftypuque, dont on pourroit tirer parti dans l’occañon, Les noix mûres contiennent une femence ou amande, qui eft un aliment fort ufité, & qui n'eft point mal-fain, lorfqu’on mange ce fruit frais ou en cerneaux, aflaifonné avec une bonne quantité de {el & depoivre. La noix feche que l’on mange avec la peau dont elle eft recouverte, irrite le palais &e legofier, jufqu’à caufer des aphthes aux perfonnes délicates &c qui n’y font point accoutumées. Elle échauffe, & excite la foif.& la toux ; on prévient ces mauvais effets, en la faifant tremper dans de l'eau, & en la dépouillant de fa peau qui s’en fé- pare alors. fort aïlément. La noix eft encore très- fujette à rancir en vielliffant, On reconnoit cet état à NOY à une couleur jaunâtre, à un afpe& huileux & à un goût trés-âcre. Cet état ne fe corrige point, & une pareille noix doit être abfolument rejettée. En gé- néral, quoique la noix fournifle un aliment affez favoureux & appétiflant, fur-tout mangée avec du pain, felon le commun proverbe, on peut aflurer cependant que c’eft-là une mauvaile nourriture. Les noix fourniflent une quañtité confidérable d'huile par expreflion, qui n’a que les qualités com- munes de cette efpece d'huile, voyez HUILE. Les noix vertes confites [âchent doucement le ventre, prifes à la quantiré de deux ou trois, s’il faut en croire Ray qui aflure l'avoir expérimenté fur lui- même. Eau des trois nôix. Prenez des chatons ou fleurs de zoyer, tant que vous voudrez; faites-les infufer dans fufifante quantité d’eau commune ; ou d’eau de trois noix de l’année précédente diftillée ; pre- nez enfuite , dans la faifon, des noix vertes encore tendres; pilez-les ; faites-les macérer pendant 24 heures dans votre premiere eau diftiliée, êr faites une feconde diftillation; enfin, prenez dans la faifon convenable, des noix prefque mûres ; pilez-les, & faites-les macérer pendant 24 heures dans le pro- _duit de votre feconde difüllation; diffillez pour la _troifieme fois: l’eau que vous obtiendrez, eft l’eau des trois noix. M. Baron prétend dans fes zotes fur Lemery, qu'au lieu de cohober l’eau difllée des fleurs de noyer {ur les noix vertes & fur les noix bonnes à confie, 1l vaudroit mieux n’employer que les fleurs de zoyer, les employer en plus grande quantité, & ne les diftiller qu'une fois, Cette remarque eft {ans doute judicieufe, & principalement en ce qu’elle porte fur la réforme de l’ufage puérile de faire cette eau en trois termes , en trois faifons , & qu’elle dé- truit l’opinion trop favorable que les Pharmacolo- giftes fe font fucceflivement tranfmife fur les prin- cipes volatils des noix vertes & des noix bonnes à confire. Je ne voudrois pas prononcer cependant que ces noix ne contiennent abfolument aucun prin- cipe mobile, J’écris ceci au milieu de l’hiver, je ne faurois vérifier ce fait : mais il me femble que les noix, dans ces deux états, font aromatiques, & même très-aromatiques. Secondement, pour avoir une eau de noix aufü chargée qu'il füt poflible, j’ai- meroïis mieux confeiller de la cohober deux ou plu- fieurs fois fur de nouvelles fleurs, que de ne deman- der qu’une feule difillation. Cette eau ef fort recommandée contre ce qu’on appelle la ralignité dans les maladies aiguës ; elle elt regardée comme un excellent anti-hyftérique, comme un bon flomachique, comme un excellent carminatif, & fur-tout comme pouflant très-effica- cement par les fueurs & par les urines, & devenant par-là une forte de fpécifique dans l’hydropifie. Geoffroi rapporte que la femme d’un apoticaire de Paris fut guéri de cette maladie, par cette feule eau dont elle prenoit fix onces de quatre en quatre heu- res, après avoir tenté inutilement plufieurs autres remedes, | ue Le rob ou extrait de noix, connu dans les an- ciennes pharmacopées, fous le nom de dianucum , & qui eft fort peu en ufage aujourd'hui, peut fe fetirer par l’évaporation du réfidu de la diftillation des noix bonnes à confire, c’eft-à-dire de la troi- fieme difüllation exécutée pour la préparation de l’eau des trois noix felon l’ancienne méthode. On peut aufñ faire à deffein une forte déco&tion de noix, & en retirer un ro ou extrair felon l'art. NOYER, RACINE DE, (Teinture.) Cette racine n’eft bonne en teinture que dans l'hiver, parce que la feve de l'arbre s’y trouve comme retirée. L’écor. ce, lorfque l'arbre eft en feve; la feuille, quand Tome XT, NOY 273 les noïx ne font pas encore bien formées; & la co- que dé la noix, lorfque les noix font encore dans leur coque verte, & qu'on les a ouvertes pour en tirer le cerncau, font alors bonnes pour la Tein- ture. Pour conferver long-tems la teinture de ces différens ingrédiens que fournit le zoyer, il faut les mettre dans une cuve bien remplie d’eau, & ne les en tirer que pou les employer. (D. 72) NOYERS, (Géog.) petite ville de France, en Bourgogne, fur la petite riviere de Serain, dans un vallon entouré de montagnes, à 7 lieues S. E. d’Au: xerre, Long. 21. 30. lat, 47.36 M'° Grenau freres, font natifs de Noyers. Le ca det ( Bénigne). devint profeffeur au collese d'Har- Court, & y eft mort en 1723, à 42 ans. L’aîné (Pierre),membre de la congrégation de l’églife chré- tienne, elt mort en 1722, à 62 ans, Il a fait une fatyre aflez ingénieufe, fous le titre d’Apologie de l’éguivoque. Treuvé (Simon- Michel), théologien, étoit de Noyers ; & fut gratifié par M. Bofluet d’un cano- nicat de fon églife de Meaux. Cependant ii devint un zélé partifan de MM, de Port-royal, & des plus oppoiés à la conflitution Urivenirus. Son meilleur Ouvrage qu'il fit à 24 ans, a Hour titre : Difpofirions qu'on doit apporter aux facremens de pénitence & d’eu. chariffie , n-12. [| mourut à Paris en 1730, à 77 ans (D: I.) | NOYON , fm. fignifie, ez Horlogerie, une perite creufure, de forme cylindrique. Foyez CREUSURE: (7) | | NOYON , terme de jeu de boule, efpace qui eft au- delà de la barre du jeu de boule, & qui eft environ trois piés derriere le but. Quand la boule entre dans cet efpace , on dit qu’elle eft noyée, &c le joueur a perdu fon coup. Noyon, (Géog.) ville de France, dans le Ver- mandois , en Picardie, aujourd’hui du gouvernement de l’île de France, avec un évêché fufragant de Reims, dont l'évêque eft comte & pair de France; ayant l'honneur de porter le ceinturon & le bau- drier au facre du-roi. Cette ville eft fort ancienne : elle a été nommés en latin Noyiodunum, Noviomagum, Novionunun, & Noviomagus-Veromanduorum., Elle nétoit pas fort confidérable fous l'empire romain; parce que la capitale des peuples Vermandois étoit la ville d'Au- gufte, aujourd’hui Saint-Quentin, fituée fur la Som- me. Comme elle fut détruite par les Barbares, l’évé- que des Vermandois fe retira à Noviomagus , changé. par corruption en Noyiomum, Noyon. On voit paf la notice de l'empire , fé&ion 35, que {ur la fin du 1v. fiecle, ou au commement du v. Noyon étoit la demeure d’un préfet pour les Romains. Elle ef dans une fituarion affez commode pour le com- merce, &c contient environ quatre mille habitans. Les trois races des rois de France ont illuftré cette ville par quelques événemens particuliers. Chilpé: ric II. de la premiere race , y fut enterré en 72: Charlemagne, de la feconde race, y fut felon quel- ques-uns couronné en 768; & Hugues Capet, de la troifieme, y fut élevé à la royauté en 987, Fran- çois [. y conclut un traité avec Charles-Quine en 1516. Cette ville a aufli efluyé en diférens tems diver: fes calamités. Céfar s’en rendit le maître. Les Nor: mands la faccagerent dans le ix, fiecle. Elle a éré incendiée plufeurs fois depuis. Du tems de la li: gue; elle fut prife & reprife. Enfin elle fut rendue à Henri IV. en 1504 Son commerce confifte en blé & avoine, en toiles de chanvre & de lin ; & en cuits tannés. L’évêché des Vermandois fut transféré À Noyor fous l'épifcopat de Saint-Médard en 531. Cet évêché M m 274 NO Y eft évalué à plis de 25000 liv. de revenn fixe, &c le cafuel en eft très-confidérable, On compté dans le diocèfe 17 abbayes, & 450 paroïffes qui font partagées en 12 doyennés ruraux. Noyon eft bâti fur une pente douce & en bon air, à un quart-de-lieue de POïfe, fur la riviere de Vorfe, à o lieues N. O. de Soiflons, 13 $, E. d’A- miens, 24 N.E, de Paris. Long. 20, 40. 43, lat. OS SAEIT | Je ne fai par quelle étoile Noyon a produit plus de gens de lettres que les autres villes de Picardie. Je pourrois nommer M. le Cat, mais il vit encore heureufement ; ainfi je ne parlerai que des morts, êt je nen citerai que quelques-uns, dont cette ville eft la patrie. T'els fonr: | Conte ( Antoine le), en latin Contius, jurifcon- fulte du xvj. fiecle, dont Cujas faifoit beaucoup de cas, mourut en 1586. Ses œuvres ont été impri- mées en un volume 7-4°, Foureroi( Bonaventure) étoit mauvais poëte ; mais avocat célebre, quoique les ouvrages de fa profef- fion foient aujourd'hui peu recherchés. il mourut à Paris en 1691, dans un âge décrépit. Maffon (Innocent le), s’acquit pendant fa vie de la réputation par fes livres de piété, qui font à pré- fent tombés dans le plus profond oubli. Il devint général des Chartreux, & violent ennemi des Jan- {éniftes. Il eft mort en 1704, à 76 ans. Maucroix ( François), intime ami de la Fontaine, devint chanoine de Reims, & mourut en 1708, à 89 ans. Il écrivoit très-poliment, &c verfifioit avec aifance. Nous lui devons de bonnes traduétions dans notre langue; les Philippiques de Démofthène , l'En- typhron,.le grand Hippias, quelques Dialogues de Platon, & le Rarionarium temporum du P. Petau. Mais Noyon eft bien moins connu par tous les gens de lettres que je viens de nommer, que pour awoir donné en 1 509 la naïflance à Calvin, cet hom- me fi fameux par {es ouvrages, par fes difciples, & par les peuples éclairés, chez lefquels fa doétrine a été reçue dans tous les points où elle a paru conforme à celle de la primitive églife. Calvin poffédoit les plus heureux dons de la na- ture. Il joignoit à beaucoup d’efpritune merveilleufe fagacité, une mémoire excellente , une rare érudi- tion, une plume éloquente & facile, l’art de manier la parole , le talent fupérieur d'écrire purement en laun comme en françois, un travail infatigable, qu'il ne cefloit pas même dans le rems que des ma- Jadies l’attachoïent au lit, une vigueur d’efprit tou- jours aétive, un courage qui ne s'étonnoit de rien, & plus que tout cela, l'ambition d'étendre la rétor- mation däns toute l’Europe, en France, en Suifle, en Allemagne, & juiqu'aux extrémités du nord. Plein de ce vafte projet, il s’y dévoua dès fa jeu- nefle, étudiant profondément la Théologie ëe la Ju- rifprudence. 11 ft connoître ce qu'il feroit un jour par la harangue qu'il fuggéra au reéteur de l'uni- verfté de Paris, & qui excita des grandes rumeurs en Sorbonne & au Parlement. Il n’avoit que 26 ans, quand il publia fon Inflution chrétienne, avec une épiître dédicatoire à François [. qui eft une des trois préfaces qu'on admire le plus, car elle va de pair avec celle de M. de Thou &c la préface du Polybe de Cafaubon. Cet ouvrage fit voler fi. haut la réputation de Calvin, qu'il ne tint plus qu'à lui de choïfir dans Jes pays proteftans, le lieu où il jugeroit bon de fe fixer. Le hazard feul le décida pour Genève, où il acquit plus d'autorité que Luther n’en eut jamais en Saxe. Il devint le lésiflateur fpirituel de cette république; il y dreffa un formulaire de catéchifme, de confeffion de foi, & de difcipline eccléfaftique, qui fut reçu par tout le peuple en 1541. Il mourut NTO ._ èn 1564, à $$ ans, Ses travaux continuels abrege: rent fes jours, mais ils lui procurerent un nom céle- bre & un très-grana crédit. Auftere par témpérament, irréprochable dans fes mœurs , dur envers lui-même comme envers les autres , d’une frugalité & d’un defintéreflement admirables , 1l ne laifla pour tont bien en mourant, que la valeur de cent vinet écuns d’or. Mais c’étoit un homme entier dans fes fentimens , jaloux du mé- rite des autres, violent, emporté, dangereux quand il étoit contredit; brûlant d’une feule paflion, de Pardeur de fe fignaler, & d'obtenir cet empire de la domination fur les efprits, qui flatte tant l'amour propre , & qui d’un théologien fait une efpece de conquérant, comme dit M. de Voltaire. Piqué de trouver dans Servet, un adverfaire plus fort que lui en raifons, il lui répondit par des injures; paña des injures à la haine, le fir arrêter dans fon voyage à Genève, & pour comble d'horreur, le fit brûler vif. Cette a@ion barbare à fouillé la mémoire de Calvin d’une tache éternelle dans lefprit des Re- formés tout autant que dans l’efprit des Carhoh- ques. Ce fut à Noyorz que Hugues Capet fe fit procla- mer roi, en 987. On fait, dit l’auteur moderne de V’Hifloire générale, comment ce duc de France, comte de Paris, enleva la couronne au duc Charles oncle du dérmier rot, Louis V. Si les fuffrages euflent êté libres, le fang de Charlemagne refpecté , & le droit de fucceflion aufi facré qu'aujourd'hui, Charles auroit été roi de France. Ce ne fut point un par- lement de la nation qui le priva du droit de fes ancêtres ; ce fut ce qui fait & défait les rois, la force aidée de la prudence (D. J.) : NOYURE, cerme d’Horlogerie, Voyez CREUSURE. NOZEROY, ou NOZERET, (Géog.) petite ville de France dans la Franche-Comté, au bailliage de Salins. Elle eft fituée {ur une montagne, à fix heues S. N. de Salins , quinze S, de Befançon. Long. 24, 45. lat. 46, 44, Gilbert Coufin, auteur duxv]. fiecle, né à Nozs- roy, en a donné une notice aflez étendue dans fa defcription de la Bourgogne. ( 2.7.) NS NSOSSI, (Hifi. nat.) animal quadrnpede qui fe trouve dans le royaume de Congo, & dans d'au- tres parties de l'Afrique. Il eft de la grandeur d’un chat, & d’un gris de cendre ; fon front eft armé de deux petites cornes, C’eft Le plus craintif & le plus inquiet des animaux ; ce qui le tient toujours en, mouvement , & l'empêche de boire ou de paitre tranquillement, Sa chair eff très-bonne à manger, &z les habitans préferent fa peau à toute autre pour faire les cordes de leurs arcs, N TL NTOUPI, £. m. ( Hiff. eccléf,) nom que les Grecs donnent aux excommuniés après leur mort, parce que leurs corps , difent-ils, ne pourriffent point en terre, mais s’enflent & réfonnent comme nn tam- bour quand on les roule. On dit que lon vit une preuve de cette vérité fous le regne de Mahomet IL. empereur des Turcs; car ce fultan ayant entendu. parler de la force des excommunications dans Pé- glife greque , envoya dire à Maxime, patriarche de Conftantinople , qu’il eüt à rrouver le cadavre d’un homme excommunié & mort depuis long-tems, pour connoître en quel état ilferoit. Le patriarche fut d’abord furpris, & communiqua cet ordre à fon clergé quine fut pas moins embarraffé. À la fn les plus anciens fe reffouvinrent que fous Le pontificat de Gennadius il y avoit une trés-belle femme veuve qui ofa publier une calomnie contre ce patriarche, . tächant de perfuader au peuple qu’il avoit voulu la corrompre ; & que ce prélat ayant aflemblé fon clergé , fut contraint de l’excommuniet ; qu’enfuite cette femme étoit morte au bout de quarante jours, & que fon corps ayant été retiré de terre long-tems après, pour voir l'effet de l’excommunication, 1l fut trouvé entier, & fut inhumé une feconde fois. Maxime s’informa du lieu de fa fépulture ; & après l'avoir trouvé, en fit avertir le fultan qui y envoya des officiers , en préfence defquels on ouvrit Le tom- beau où le cadavre parut entier , mais noir & enflé comme un ballon. Ces officiers ayant fait leur rap- port, Mahomet en fut extrèmement étonné , & dé- puta des bachas qui vinrent trouver le patriarche , viñterent le corps , & le firent tranfporter dans une chapelle de léglife de Pammacharifta, dont ils fcel- lerent la porte avec le cachet du prince, Peu de jours après, les bachas, fuivant l’ordre qu'ils en eurent du fultan , retirerent le cercueil de la cha- pelle, & le préfenterent au patriarche pour lever l'excommunication ; & connoitre l’effet de cette cé- rémonie qui remettoit Les corps dans l’état ordinaire des autres cadavres. Le patriarche ayant dit la li- turg e , c’eft-à-dire les prieres prefcrites en cette occafion , commença à lire tout haut une bulle d’ab- folution pour les péchés de cette femme, 8 en at- tendit l'effet avec des larmes de zèle & des afpira- tions à Dieu. Les Grecs difent qu’il fe fit alors un nuracle, dont une foule incroyable de gens furent témoins ; car à mefure que le patriarche récitoit la bulle, onentendoit un bruit fourd des nerfs & des os qui craquetoient en fe relâchant & en quittant leur fituation naturelle. Les bachas, pour donner lieu à la diffolution entiere du corps, remirent le cercueil dans la chapelle qu’ils fermerent & fcellerent avec le fceau du fultan. Quelques jours après ils y firent leur derniere vifite ; & ayant vû que le corps fe ré- duifoit en poudre, ils en porterent Les nouvelles à Mahomet, qu plein d’étonnement , ne put s’empé- cher de dire que la religion chrétienne étoit admi- table. Il ne faut pas confondre les ztoupis dont nous venons de parler, avec les broucolacas ou faux ref. fufcités, qui font encore beaucoup de bruit parmi les Grecs. À leur dire, les #roucolacas font auffi des cadavres de perlonnes excommuniées ; mais au lieu que les rcoupis font feulement incorruptibles juf- qu’à ce qu’on ait levé la fentence d’excommunica- tion, les broucolacas font animés par le démon qui fe fert de leurs organes, les fait parler, marcher, boire & manger. Les Grecs difent que, pour ôter ce pouvoir au démon, il faut prendre le cœur du broucolacas, le mettre en pieces, & l’enterrer une feconde fois. Guillet, H1f, du regne de Mahomet IL. N U NU, ( Gramm.) qui n’eft couvert d’aucun vête- ment. L’hommenaïit zx, Les Poëtes peignent l'Amour zu. Les Peintres montrent les Graces nues. Il fe dit des chofes : une épéezxe ; un morceau d’Architedtu- re tropzz ; le mérite va fouvent 24, On en a fait un fubftantifen Peinture, & l’on dit lez, Ce qui a ren- du les anciens flatuaires fi favans & fi correts, c’eft qu'ils avoient dans les gymnafes le 24 perpétuehe- ment fous les yeux. Il faut que le 24 s’apperçoive fous lesdrapperies. Les Chimiftes font certaines-opé- rations à feu z4 où ouvert, Les pilaftres {ont en faillie fur le 24 du mur. Nu, NuDiTÉ , (Crir. facr.) ces termes, ontre leur fignification littérale , fe prennent en plufieurs au- tres fens : par exemple, pour la partie du corps que lon doit couvrir ; d'où viennent çes facons de pa- - Torie XT, NU 27: ler, offendere nuditatem alicujus, traitér indignement quelqu'un: & dans Habacuc , væ inebrianti amicum J'uum ut afpiciat nuditatem, 5. 15. malheur à celui qui enivre fon ami pour voir {a zudireé, c’eft-à-dire pour le traiter avec mépris? Jérémie, ÿ. 25, reti- rez-vous de votre idolâtrie. Etre 74, nudum effe , fignifie être dans Popprobre: eras ruda & contufione plena,Ezéch. xvy. 7. Nu fe prend aufh pour pauvrement habillé : cu videris nudum, opert eum, Îfaie , xlviüj. 7. Saüul de. meure z4 tout le jour au milieu des prophetes , ce. cidit nudus coté dieilld & note, I. Reg. xix. 24.c'efta à-dire peu vêtu, avec la feule tunique qui fervoit de chemife , fans robe longue & fans manteau: c’eft ainf que plufeurs critiques l’entendent de l’état d’I- faie, bat nudus, parce qu'il avoit quitté le fac qui étoit l’habit ordinaire des prophetes ; cependant quel- ques peres l’expliquent d’une nudité réelle , à l’ex- cepuon des parties que la pudeur demande qui foient cachées : afpiciam captivitatem inimicorum meorum nudato capite , je jouirai de la captivité de mes en- nemys qui feront emmenés z4es têtes. Deut, xxx. 42. On emmenoit les captifs dépouillés & rue tête; de-là ces façons de parler zudare capur , fe décou- vrir la tête , pour marquer le deuil ; zxdare ignomi- ram alicujus | expofer quelqu'un à une grande in- famie. Ezéch. x, 37. (D. J.) NU , adj. serme de Chimie, fignifiant la même chofe que pur, fimple , dégagé de toute combinaiïfon, de tout alliage. En parlant des métaux trouvés dans le fein de la terre: par exemple , on appelle 24 celui qui s’y rencontre fous la forme 6 avec l'éclat mé- tallque, & qui n’eft par conféquent déguifé ou marqué par aucune fubftance étrangere qui le mi- néralife, Voyez MINÉRAI 04 MINE. On appelle en- core vierge le métal qui eft dans le premier état. Une huile eflentielle eft ze ou libre dans les végé- taux, & dans un état oppofé par cette circonftance à celui d’une autre huile qu’on retire des mêmes vé- gétaux par la violence du feu ; cette derniere y étoit dans un état de combinaifon ou d’union chimique, b c de ) LE, ( Pent. & Sculpt.) Le nu, ou le nu d’une figure , défigne les endroïts du corps qui ne font pas couverts. Les Peintres &c les Sculpteurs ont quel- quefois péché contre les regles de la modeftie pour s’attirer de l'eftime & de la gloire par leur grand art àareprélenter la beauté, &c en quelque forte la mol- lefle des carnations ; car 1l faut beaucoup d’étude & d’habileté pour réuflr en ce genre ; & d’ailleurs on a remarqué qu'ils en tiroient un fi grand avantage pour l’agrément de leur compofition, qu'on nefon- ge plus à leur reprocher cette licence, ou plutôt la nécefflité où 1ls font de lempioyer toutes les fois qu’elle n’eft.pas contraire-aux bornes de la modef tie. On dit que Mabuze, contemporain de Lucas de Leyde fit le premier connoïtre en Flandre l’art de produire le 24 dans des tableaux d’hiftoire ; mais fa mamiere étoit bien groffiere en comparaifon de celle d’Annibal Carrache & du Cavedone, Ce dernier deflinoit parfaitement le 24, & les commencemens heureux qu’il eut dans {on art, lui annonçoient une fortune brillante ; mais il éprouva tant démalheurs , qu’accablé de vicilleffe & de nufere , il finit fes jours dans une écurie à Boulogne en 1660, âgé de 8o ans. (D.J.) Nu, f. m. (Arch. ) C’eft une furface à laquelle on doit avoir égard pour déterminer Les faillies, On: dit Ze nu d’un mur, pour dire la furface d’un mur qui fert de champ aux faillies. Les fewllages des chapi- teaux doivent répondre au 74 de la couronne, Nu, (Maréchal.) monter à rx , c’eft à poil, Foyez MonTER:Vendre un chevalzour nu, c’eit le ÿendre fans felle n1 bride, parle bout du col, M m ji 276 N U À NUAGE , {. m. n’eft autre chofe qu'une petite nuée. Voyez NUÉE. NUAGE GRAND, LE, (_Adfronom.) nom donné par les Aftronomes à une tache blanchätre &t confi- dérable qu’on voit dans la partie auftrale du ciel, femblable en couleur à la voie latée ; avec cette différence que celle-ci eft compofée d’un grand nom- bre de petites étoiles, au lieu que l’on n’en découvre aucune dans Ze grand nuage , m1 à la vue fimple, ni avec les plus longues lunettes, avec léfquelles mé- me onne la diftingue pas du refte du ciel. | Nuaces , f. m. pl. ( Médec, ) les médecins nom- ment zuages les corpufcules quiflottent fur la furface de l'urine, On remarque dans les zuages les mêmes variétés par rapport à la continuité & la divifon, l'égalité & l’inégalité, l’épaifleur & la ténuité , la qualité & la diverfité de couleur que dans le fédi- ment de l’urine ; mais comme c’eft le propre des nuages d'être compofés de particules grafles &c hui- leufes , c’eft par cetteraifon qu'ils flottent &c demeu- rent fufpendus étant plus légers. NUAGE, ( Médec, ) en grec mephelion , en latin nubecula , maladie de l’œil; c’eft un ulcere aflez lé- ger de la cornée tranfparente, femblable à celuique l’on nomme #rouillard , mais un peu plus profond, plus blanc, &z qui occupe fouvent moins de place ; comme dans cet ulcere la fuperficie de [a cornée eft attaquée, il refte après fa guérifon une cicatrice lé- gere qui incommode un peu la vue, quand elle fe trouve au-deflus de la prunelle. Les anciens ont ap- pellé cet ülcere zuage, parce qu’il eft plus épais que celui qu’ils nomment brouillard , en grec achlys, en latin caligo oculi; ce dernier n’eft proprement qu’un commencement d’ulcération de la fur-peau qui re- couvre la cornée , & après fa guérifon il ne reïte aucune cicatrice , parce que cette {ur-peau fe re: produit aifément, (D.J) NUAGE, f. m, ( serme de Blafon. ) ce mot fe dit des pieces qui font repréfentées avec plufieurs on- des, finuofités ou lignes courbes , foit fafces , foit bandes. NUAISON , £. f. ( Marine. ) c’eft la durée d’un tems égal &7 uni. NUANCE, (verme de Teinturier.) adouciflement , diminution d’une couleur , depuis la plus fombre jufque à la plus claire de la même efpece. Il a des zuances de rouge, de verd , de bleu, de gris-de-lin, dejaune, 6!c. & chaque rzuance contient huit ou neuf dégradations de couleurs. Les maîtres & gardes des teinturiers en foie font obligés parleurs ftatuts &r réglemens de teindre tous | les deux ans deux livres de foie de feize fortes de nuances en cramoif ; favoir , quatre rouges, quatre écarlates, quatre violettes & quatre canelles , pour fervir d'échantillons matrices fur lefquels les dé- brouillis des foies de pareilles rzances doivent être faits. NuaAnNCE ; ( Peinture, ÿ font les paflages infenfi- bles d’une couleur à l’autre , ou du clair aux bruns. On ne fe fert cependant guere de ce terme en pein- ture. NUANCES , MARQUE DE (Soirie.) billets attachés à la gavafline pour indiquer à l’ouvrier la couleur qu’il doit mertre quand une fleur , une feuille com- mence, NUANCE , ( ouvrage d'Ourdifflage. ) s'entend de toute couleur qui pañle par gradation du foncé au pâle, & cela par différens degrés imperceptibles; il faut avoir attention que ces gradations ne foient pas trop tranchantes, ce qui choqueroit l'œil, & détrui- roit l'harmonie qui doit toujours regner dans l’union des couleurs. NUAYHAS , '{. m,(Æiff. nar. Botan.exor.){orte de rofeau des Indes orientales;dont les habitans raçon= NUB tent des merveilles fabuleufes recueillies dans PAer. us malabaricus, Les Indiens affurent que cette plante. ne fleurit qu'une fois-au bout de foixante ans, & qu’enfuite elle meurt dans le cours d’un mois, auffñ- tÔt que fa graine eff parvenue à maturité; mais ce qui paroït de plus certain , c’eft que fes jets on fon tronc doivent être d’une prodigieufe hauteur ; car on con- ferve peut-être encore à l’univerfité de Leyde une des tiges de cette efpece de bambou, qui eft de la longueur de vinet-huit piés ; & 1l y en a une dans le mufœum d’Achmole à Oxford , un peu moins gran- de , mais qui a huit pouces de diametre : cependant ces jets ne paroiffent être que des portions du tronc , parce qu’elles ont à-peu-près la même largeur aux deux bouts. NUBÆI, (Géog. anc.) peuples d’Ethiopie. Pline, Liv, VI, ch. xxx. & Ptolomée , Liv. 1. ch. vu. les placent au-delà de Méroé , entre l’Arabie pétrée & la rive orientale du Nil. Ces deux géographes n’ont donc pas prétendu parler fous le nom de Nubaï, des peuples qui habitent le royaume de Nubie, qui eft bien plus haut , & de l’autre côté du Nil. NUBECULA , f.f. ( Affron. on ne connoît pas d’autre terme par lequel on ait défigné une tache dans le ciel près le pole fud de l'écliprique. Hévéhus a repréfente la figure de cette tache dans fon Firma mentuim fobiefcianum , fig. F ff. ( D. J.) NuBÉCULE , {. f. ( Chirur. ) petit nuage ; terme dont on fe fert quelquefois pour marquer une mala- die de l'œil , qui fait voir les objets comme à-travers un nuage ou un brotullard. Voyez NEPHELION. La zubécule femble provenir de quelques particu- les groffieres arrêtées dans les pores de la cornée , ou qui nagent dans l’humeur aqueufe ; de forte que la lumiere n’a point {on paffage libre. Nubécule on nuée, fe dit auffi de ce qu’on appelle autrement a/bugo &t parus , voyez ALBUGO 6 Pa- NUS. Nubécule fe dit encore de ce qw’on voit fufpendu en maniere de nuage au milieu de l'urine. On Pap- pelle aufi quelquefois ezæorema, Voyez URINE. NUBIE, (Geog.) grandpays d'Afrique fitué entre le 45 8 57 degré de long. & entre le 15 & 23 degré de Za, Il a plus de 400 milles dans fon étendue du nord au fud, & plus de 500 de l’eft à l’oueft, Sa ville principale eft Dangala ou Dongola. La Nubie connue anciennement fous le même nom, eft bornée maintenant à l’eft par la côte d’A- bex ; à l’oueft par le Zaara; au nord par l'Egypte & une partie du Bilédulgérid , & au midi par l'Abyf- finie. Le fol de la Nubie eft fertile dans les cantons qui font proche du Nil ; mais par-tout ailleurs 1l eft tout- à-fait ftérile , 8 parfemé d’affreufes montagnes de fable : aufi ne trouve-t-on que quelques bourgs &£ quelques villages fitués fur le bord du Nil. Perfonne n’eft encore parvenu dans l'intérieur de cette vañte région. Les principales denrées du canton de Dan- gala confiftent en bois de fantal , en civette & en ivoire. Ce qu’on fait de ce pays, c’eft qu'ileft gouverné par un prince puiflant, qui eftindépendant. Les ha- bitans ont le nezécrafé, les levres groffes &c épaiiles , êc le vifage fort noir. : L'air y eft par-tout extrèmement chaud , &c iln°y pleut que très - rarement ; cependant nous n'avons point d'obfervations faites ayec le thermometre en Nubie, comme nous en avons de faites au Sénégal , où la liqueur monte jufqw’à 38 degrés ; mais tous les voyageurs s'accordent à dire que la chaleur y eft exceflive. Les déferts fablonneux qui font entre la haute Egypte &x la Nubie, échauffent l’air au point que le vent du nord des Nubiens doit être un vent brûlant : d'autre côté , le vent d’eft quiregnele plus ordinairement entre les tropiques , n’atrive en Na. bie, qu'après avoir parcouru lesterres de PArabie, fur lefquelles il prend une chaleur que le petit inter- valle de la mer Rouge ne peut guere tempérer. On ne doit donc pas être furpris d’y trouver les hom- mes tout-à-fait noirs. | La Nubieeft un des pays des plus inconnus qu'il yait dans le monde, Il eft vrai que le P. Tellez, MM. Ludolf & autres, nous ont donné des defcrip- tions de ce pays, fur des mémoires un peu plus sûrs que les anciens voyageurs qui n’avoient fait que le défigurer par leur hardiefle & leur mauvaife foi ; mais enfin tous ces auteurs n'ont décrit que cette partie de l'Ethiopie que nous appellons 42y/- finie , & non pas celle que nous appelions Nubie, (D. 7.) l NUBILE, adj. ( Gramm. ) qui a l’âge requis par la nature & par la ioi pour le mariage. Les filles font rubiles à douze ans, les garçons à quatorze ; Pâge rubile eft aufñ appellé l’ége de puberté, NUCERIA, (Géog. anc.) ville d'Italie dans la Pouille, prefqu’aux confins des Hirpins, & qui de- vint colonie romaine. Cicéron lanomme ZLuceria, & Tite-Live appelle les peuples Lucerini, Cette ville fe nomme aujourd’hui Lucera, I] y a 2°. Nuceria ville d'Italie dans l’Umbrie en-deçà de l’'Apennin , auprès de la fource du Tinuo. C’eit aujourd’hui Nocera ca- mellaria, 3°. Nuceria , ville d’Italie dans la Campa- nie , aux confins du Picerum , auprès du fleuve Sa- ruo ,eft la ville qu'on nomme à préfent Nocera, 49. Nuceria, ville d'Italie dans la Gaule Cifpadane , fur le PÔ , au-deflous de Prixellum, s’appellé de nos jours Luzara. NUCHTLI, ( Æiff. nar. ) fruit d'Amérique, qui eft affez femblable à une figue, & qui comme elle eft remplie de graine. Il y en a de différentes cou- leurs à Pextérieur ; onen trouve de vertes, deblan- ches , de jaunes & de panachées ; intérieurementle fruit eft de couleur de chair ou rouge ; elle colore en rouge lurine de ceux qui en ont mangé. C’eft, fuivant les apparences, un nom indien du figuier inde. | NUCK coNpuiTs DE , ( Anar.) Nuck, médecin allemand, profefla l’Anatomie dans l’univerfité de Leyde ; il a compofé différens ouvrages, & il a dé- couvert le premier les petits conduits falivaires {u- périeurs, les conduits aqueux de Poil qui portent fon nom , de même que la glande lacrymale, Voyez ŒIL, SALIVAIRE, &c. Ses ouvrages font intitulés, Sialographia, Leyd. 1680 8°, & 1722, Adenographia, Leyd. 1691 & 1722. Glande de Nuck, en Anatomie ; ce font plufieurs petites glandes fituées dans les foffes orbitaires ,en- tre le mufcle abduéteur, & la partie. fupérieure de l'os de la pommete. Voyez GLANDE 6 CRANE. Elles tirent ce nom de leur inventeur Antoine Nuck , profefleur en Médecine à Leyde. Ce même. auteur a dénné fon nom à un conduit falivaire, duc- tus nuckianus. Voyez SALIVAIRE & AQUEUXx, NUCTULIUS , {. m.(Myrhol,) dieu de la nuit, différent de Lunus ; mais 1l n’eft connu que par une infcription trouvée à Breft, fur une ftatue qui repré- fente ce dieu fous la figure d’un jeune homme, vêtu à-peu-près comme Atys, éteignant fon flambeau, & ayant à fes piés une chouette, NUDIPÉDALES , (Antig. rom.) nudipedalia; fête extraordinaire qu'on ne célebroit à Rome que fort rarement, & toûjours par ordonnance du magiftrat. Onmarchoit us piés dans cette fête pour fe morti- fier à l’occafon de quelque calamité publique, com- me pefte , famine , inondations , {écherefle & autres malheurs pareils. Lorfque les dames romaines elles- mêmes, avoient à offrir de grandes fupplications à la déefle Vefta, elles faifoient leurs proceffions nus NUD piés dans le temple de cette divinité, | Il eft très-vraiflemblable que les prêtres des Hé: breux alloïent z4s piés dans le temple du Seigneur, du moins dans une partie du temple; car comme tous les habits font prefcrits aux facrificateurs , ÆExod, xxvij. fans aucune mention des fouliers ;que d’ailleurs Moyfe en s’approchant du buiffon ardent, Ôta les fouliers de fes piés , on a lieu de préfumer que les facrificateurs faifoient la même chofe dans le tem 297 .ple où Dieu réfidoit d’une maniere extraordinaire, dans le fchekina , fur le propitiatoire. Quoi qu’il en foit ,1lrefte encore parmi les Chrétiens des traces, je ne dirai pas des zudipédales hébraïques , mais ro maines. (D. 7.) NUDITÉS , £. f. (Peins, & Sculpr.) on nomme nudités, des figures qui ne font pas couvertes dans plufieurs parties, ou qui font entierement immodef. tes, Toute zudiré n’eft pas blâmable dans un tableau, parce que fouvent le fujer ne permet pas À l’artifte d'agir autrement. Il feroit ridicule de voir Adam & Eve habillés; c’eft pour cela que les flatues font prefque toutesnues au milieu de nos places, & que dans nos églifes même, les vierges ont le fein décou- vert, l'enfant Jéfus ainfi que les anges, font toujours peints nus. Les tableaux de Raphaël, de Michel- Ange, de Jules Romain & de tous les autres grands peintres, qui ornent nos églifes ,'ne préfentent que des figures d'hommes & de femmes nues, pat- ce que le fujet qu'ils traitoient l’exigeoit néceflai- rement : 1l y auroit donc de la foibleffe à en être fcandalifé, Mais il ne faut pas que les zxdirés puiffent faire rougir ceux qui les regardent. Il ne faut pas repré- fenter aux yeux des honnêtes gens, ce qu'on n'ofe- roit pas faire entendre à leurs oreilles, Ces peintures impudiques s’appelloient en latin Zibidines. Parrha- fius entre les anciens, n’étoit pas moins repréhenfi. ble à cet égard, que left entre les modernes Marc- Antoine Raimond, pour de certaines gravures trop connues. Pline dit en parlant de Parrhafius : pinxie Gex minoribus tabellis libidines , eo genere petulantis Joci fe reficiens. Il eft vrai que c’étoit la coutume de peindre les femmes nues dans les endroits publics de la Grece & de Rome. La Vénus de Médicis eft une zudiré admi= table pour l'élégance & le beau fini ; mais toutes les nudités des Grecs & des Romains n’étoient pas des libidines. Les peintures obfcenes, dont on porta les repréfentations en gravure fur l'or, l'argent, & juf- que fur les pierres précieufes, isa ur in poculis libi- dines cælabant ; de telles peintures, dis-je, ne pri- rent faveur qu'avec la corruption, Tite-Live raconte qu'on voyoit alors fur les murs d’un temple détruit de Lanuvium, une Hélene 8 une Atalante nues , d’une fi grande beauté , & en même-tems peintes fi immodeftement , que des perfonnes craignant que ces zudirés ne fuflent que propres à allumer des paf- fions criminelles, vouloient les tirer de-Ià, mais qu’un ancien préjugé ne permit pas de les laifler en- lever. Cependant la Chauflée fe juftifie très-bien d’avoir mis au jour les monumens obfcenes du paganifme, &t Léonard Agoftini n’a pas craint de dédier au pape fes gemme antiche , parmi lefquelles on en voit piu- fieurs qui repréfentent les chofes les plus immodef. tes. Enfin les peintures d'Herculanum ne font pas exemptes de zxdités licentieufes; mais il n’étoit pas poflible de les fupprimer fans tomber dans Le ridicu- le, (D. J.) NUDS-PIÉS SPIRITUELS ox SÉPARÉS ,f. m. pl. (Hif£. eccléf[.) anabatiftes qui s’éléverenten Mo- ravie dans le feizieme fiecle ,'& qui fe vantoient di. miter la vie des Apôtres, vivans à la campagne , matçhans les piés nus, &c témoignant une extrème 273 NUE averfon des armes, des lettres & de leftime des peuples. Prateole, hiff. nudip. & fpirit. Florimond de Raimond, 4b. IL, c, xvi. n. 9. NUE PROPRIÉTÉ, (Jurifprud.) eft celle dont lufufruiteft féparé. Voyez PROPRIÉTÉ. (4) NUÉ , (Rubannier.) eft la même chofe que z4an- cé. Voyez NUANCÉ. | NUÉE, £. f. (Phyfig.) n’eft autre chofe qu'un brouillard qui s’éleve fort haut dans l’athmofpheré. Les ruées s'élevent dansnotre athmofphere à diffé- rentes hauteurs. On en voit quelquefois qui font fufpendues les unes au-deflus des autres, & qui pa- oiflent fort diftinétes, ce qui dépend fur-tout de la différence de leur pefanteur fpécifique, quiles tient en équilibre avec un air plus ou moins denfe. On connoît qu’elles font fufpendues les unes au-deflus des autres par les différentes routes qu’elles pren- nént, étant portées les unes plus haut, les autres plus bas, fans fe mêler enfemble, Il paroît que les plus hautes rues s'élevent rarement au-deflus de la hau- teur du fommet des plus hautes montagnes ; car on voit ordinairement de loin , que ces fommets s’éle- vent au-deflus des ruées. 2°, Nous apprenons de di- vers obfervateurs qui ont été fur les plus hautes montagnes, qu'ils ont toujours vu les zuces floter au- deffous d'eux, fans avoir jamais remarqué qu’elles fe trouvaflent audeflus de leurs têtes. Ricciolia cal- culé que les plus hautes zuées ne s’élevent jamais à la hauteur de $ooo pas. Peut-être y a-t-:1l cependant quelques exhalaïfons fubtiles qui montent beaucoup plus haut. Les ruées changent continuellement de grandeur &c de figure , car l’air dans lequel elles font fufpen- dues, n’eft prefque jamais calme. Elles different beaucoup en grandeur, car les unes font petites, les autres fort grofles ; & on peut hardiment éta- blir avec M. Mariotte, qu'il y en a qui ont un mille de longueur, & même un mille en quarré. IL s’en trouve qui ont beaucoup d’épaiffeur , ou beau- coup de diametre en hauteur, comme on peut le conciure de la pluie qui en tombe. Il me fouvient, dit M. Muflchenbroch, d’avoir obfervé que dans un tems d'orage, il tomba en pluie d’une zxée, un pou- ce d’eau en hauteur dans l’efpace d’une demi-heure, d’où l’on peut conclure que cette zuée avoit du moins 100 piés d’épaifleur ; cependant toute la z46ene tom- ba pas, mais 1l parut qu'il en étoit refté bien autant qu’il en étoit tombé en pluie. | Le vent fait quelquefois avancer les zuées avec une fi grande rapidité, qu’elles font 2 à 3 lieues. en uneheure. Il arrive affez fouvent qu’elles fe met- tent en pieces, & fe difperfent de telle maniere qu’el- les dipatoïffent entierement: de-là vient que le ciel eft quelquefois ferein & clair , lors même qu'il fait une violente tempête. Les auées {e difipent auf, lorfque l’air dans le- quel elles font fufpendues, devient plus pefant, car elles font alors obligées de s’élever plus haut, pour être en équilibre avec un air plus raréfié, & alors à mefure qu’elles montent à-travers un air plus pur, qui en diflout quelques parties avec lefquelles il fe mêle , elles diminuent & fe diffipent infenfiblement. Les nuées paroïflent de diverfes couleurs, mais el- les fofit ordinairement blanches, lorfqu’elles reflé- chiflent la lumiere telle qu’elle vient du foleil fans la féparer en fes couleurs. On voit auffi lorfqwil tonne, des zu6es brunes & obfcures, qui abforbentla lumiere qu’eiles reçoivent & n’en refléchiffent pref- que rien. Les zuées paroiflent rouges le matin lorf- que le foleil fe leve, & le foir loriqu'il fe couche ; &t celles qui fe trouvent plus proches de l’horifon , paroïffent violettes, & deviennent bientôt après de couleur bleue. Cescouleurs dépendent de la lumie- re , qui pénetre dans les globules de vapeur tranfpa- NUE rentes, & qui venant à fe refléchir, fort parunautre côté , &z fe fépare en fes couleurs, dont la rouge vient d’abord frapper notre vüe, enfuite la violette, puis la bleue, fuivant la différente hauteur du foleil. Ces couleurs fe forment à-peu-près de la même ma- niere que celles de Parc en-ciel. Lie des zuées eft fort confidérable. 1°. Elles foutiennent & contiennent la matiere dont la pluie eft formée. En effet, comme elles fe for- ment le plus au-deflus de la mer , & qu’elles font en- fuite emportées par les vents en différentes contrées, elles peuvent alors fervir à humeéter la terre, à l’aide de la pluie qui en tombe, & dont elles fournifient elles-mêmes la matiere. Ce qui nous fait connoitre la fageffe infinie du Créateur, qui a remedié par-là àun grandinconvénient; car files rivieres &c les lacs ne fe débordoient pas, la terre ne manqueroit pas de fe deflécher & de devenir flérile , fans le fecours des nuées & de la pluie, qui rendent par-tout la terre fer- tile. -2°, Les nuées couvrent la terre en différens en- droits, & la défendent contre la trop grande ardeur du foleil, qui pourroit la deffécher & la brûler. Par- là toutes les plantes ont le tems de préparer les fucs dont elles fe nourriflent ; au-lizu qu’autrement elles fe feroient developpées beaucoup trop tôt par la chaleur du foleil, & plufeurs de leurs vaifleaux fe feroient trop dilatés, ce qui les auroit mis hors d’état de pouvoir recevoir leur nourriture. 3°. Les zuées femblent être une des principales caufes des vents libres qui fouflent de toutes parts, & qui font d’une très-grande utilité. Cet article efttiréenentier del’effai de P hyfique de M. Muflchenbroch , pag. 749.6 [uiv. NUÉE, COLONNE DE, ( Critig. facrée ) les Ifrae- lites en fortant d'Egypte, furent toujours conduits dans le défert par une colonne de nuée pendant le jour , laquelle devenoit colonne de feu pendant la nuit. Cette colonne étoit d'ordinaire à la tête de l’armée des Ifraëlites ; mais quand ils furent arrivés {ur le bord de la mer Rouge , elle vint fe placer en- tre le camp des Ifraëlites &r celui des Egyptiens, qui les pourfuivoient. Cette zuée continua toujours de- puis à fuivre le peuple dans le défert : l'ange du Sei- eneur gouvernoit les mouvemens de cette nuée : & elle fervoit de fignal pour camper &t décamper, en- forte que le peuple s’arrêtoit dans l'endroit où elle {e fixoit, & ne partoit que lorfqu’elle fe levoit. Ce récit de la colonne de nuée & de feu, fe trouve dans l'Éxode, ch. xüj.v.20 & 21. ch. 40.7. 34 6 35. &c plus au long dans les nombres, ch, 1x, 15. 22. Un critique moderne a fait un favant mémoire pour prouver que cette colonne de nuée & de feu ne doit pas être interprétée miraculeufement, & qu’elle ne défigne qu’un fignal pour diriger la marche dés Ifraëlites dans le défert. Comme la differtation de ce critique eft très-rare, 6£ écrite dans fine langue étrangere , on fera peut-être bien-aife d'en trouver ici Panalyfe. | Le critique anglois dont je parle ; commence par obferver que le ftyle de l’ancien Teflament eft ex trèmement hyperbolique , non-feulement dans les livres poétiques , mais‘aufli dans ceux qmi font écrits en profe. Tout ce qui eft beau en fon genre, eft attribué à Dieu. Un puiflant prince ou un patriar- che, comme Abraham, eft nommé un patriarche de Dieu : Ninive eft appelléeune v2//% grande à Dieu à | une armée nombreule , l’armée de Dieu ; de hautes montagnes , les wonsagnes de Dieu ; un profond fom- meil, un fowmmeil du Seigneur; une vive crainte, la crainte du Seigneur, &c. Ces préliminaires fufffent pour l'intelligence de quelques expreffions qui fe rencontrent dans le récit de Moïfe fur la colonne de rude & de feu , qui conduifit l’armée des [fraëlites dans le défert. - Dans les pays peuplés, la route des armées eft dirigée par des colomnes nulitaires, par des portes, des tivieres, collines, villes, villages, châteaux, E:c, Mais dans des déferts , il eft néceffaire qu’un ouide général précéde le gros d'une armée pour qu’elle ne s'égare pas, &c qu'elle puifle favoir quand il faut camper, décamper, ou faire halte. Le feu eft un fignal qui peut fervir à indiquer ces chofes en tout tems. Par le moyen de ce fignal , l’armée des Ifraëlites pouvoit favoir parfaitement , s’il fal- doit qu’elle s’arrêtät on non; & c’eft ce fignal qu'il faut entendre par la colomne de huée & de feu, qui guidoit le peuple juif dans le défert. Comme la flamme & la fumée montent en haut, on leur a donné le nom de colonne , non-feulement dans Ecriture, maïs dans les auteurs profanes ; 1l y en a de‘bonnes preuves dans Quinte-Curce ,. Zi. P. ch. xiij. Pline, b. 11, ch. xix. Lucrèce, Lib. FI, y. 425 & 432. Le prophete Ezéchiel, ch. vi. xy. ch. x. iv. parle d’une zuée de parfum ; &c pour ci- ter encore un paflage plus formel , on lit dans les Juges, ch. xx. xl. que la fumée commença à mon- ter comme une colomne. . Lorfque les Ifraëlites fortirent d'Egypte, ils for- moient une armée & marchoient en ordre de ba- taille, dit l'Exode en plufeurs endroits, ainfi que les nombr. c4. xxx, v. 1. Leur premiereftation fut à Ramefès ; la feconde à Succoth , la troifieme à Etham : le pays ayant été jufques-là pratiquable, ils neurent befoin d'aucun fignal pour diriger leurs marches. Mais le défert de la mer Rouge commen- çoit à Etham, comime le dit l’Exode , 13.18. & de l'autre côté étoit encore un défert affreux ; ainfi les Ifraëlites avoient alors un befoin indifpenfable d’un feu pour fienal & pour guide. Ce feu étoit dans une machine élevée au haut d’une perche ; un offi- cier le portoit devant la premiere ligne de Farmée. Ce fignal dirigeoit d’autres fignaux femblables,qu’on mulnploit , fuivant les befoins & le nombre de troupes. Quand le tabernacle fut fait, on plaça le principal fignal de feu au haut de cette tente où Dieu étoit préfent , par fes fymboles &c fes miniftres. Pendant que ce feu étoit au haut du tebernacle, les Ifraëlites continuoient de féjourner dans leur camp. Toutes les fois qu’on l'ôtoit, foit de nuit, foit de jour , ils décampoient & le fuivoient. Ce f- gnal étoit en ufage parmi d’autres nations , parti- culierement chez les Perfes. Aléxandre emprunta d'eux cette coutume : il y a un paflage de Quinte- Curce , 2. V. ch. ÿ. tout-à-fait femblable à celui de Moife. Ce pañlagé eff trop curieux pour ne le pas rapporter ici. Tubacum caflra movere vellet Alexan- der, figrum dabat, cujus fonus pluriumque tumultuan- tium fremitu, haud fais exaudiebatur. ÆErgo perticam, (une perche) qe zndique confpici poffet, Juprä præ- sorium flatuic , ex qué fignum eminebat pariter , omni- bus conjpicuum ; obférvabatur ignis noûu , furnus in= terdiu, -Quinte-Curce, /. III. c, üij. décrit la mar- che de Darius contre Aléxandre ; l’on y peut voir que la marche des Ifraëlires & des Perfes étoit fort femblable. Clément d’Aléxandrie rapporte de Trafibule,que rappellant de Philas les exilés à Athènes, & ne vou- lant pas être découvert dans la marche , prit des chemins qui n’étoient pas battus. Comme il mar- choïit la nuit , & que le ciel éroit fouvent couvert de nuages , une co/o7rne de feu lui fervoit de guide, Ce fut à la faveur de ce phénomene, qu'il conduit fa troupe qufqu'à Munychia , où cette colonne ceffa de paroître, & où l’on voit encore , dit Clément , lPautel du phofphore. Ce pere de l’églife allégue ce fait, pour rendre NUE 279 probable aux Grecs incrédules , ce que lEcriture dit de la colonne qui conduifit les Ifraelites. Voilà donc Clément d’Aléxandrie qui ne faifoit point un miracle de la co/omne de ruée 6 de feu qui conduiloit les Ifraëlites dans le défert. » Elle vint , dit l’Ecriture,, entre le camp des » Egyptiens & celui des Ifraëlites. Aux uns, elle » étoit oblcurité ; & aux autres, elle éclatroit de » nuit « ; c’étoit un ftratagème de marche pour tromper les Egyptiens ; & ce firatagème a été mis en ufage par d'autres peuples, ainfi qu’on peut le prouver par un exemple tout-à-fait femblable , tiré du 3°./2. de la Cyropédie de Xénophon. D'ailleurs, coinme les Egyptiens ne furent point étonnés de cet- te auée, il s'enfuit qu'ils ne la regarderent pas pour, être un phénomence extraordinaire & miraculeux. Il eft vrai que l’Ecriture dit , Exod., x, 20. & le Seigneur marchoit devant eux ; mais ces paroles figni- fient feulement, que Dieu marchoit devant les [= raelites par fes nuniftres. Les ordres de Moïfe , d’Aaron, de Jofué & autres, font toujours attri- bués à Dieu , fuprème monarque des ffraëlites, Il eft dit aux z07#b, 10. 12. que les ffraëlites partirent, fuivant le commandement du Seigneur, déclaré par Moïfe : ces paroles montrent bien que Moïfe dif- pofoit de la ruée, | Enfin, l'ange du Seigneur, dont il eft ici parlé , étoit le guide de l’armée ; 1l fe nommoit Hobab beau- frere de Moife , étoitné , avoit vécu dans le dé- fert, & par conféquent en connoifloit toutes les rou- tes. Auf fes aétions très-naturelles jufifient que ce n'étoit point un vrai ange. Le mot hébreu tra- duit par age, n’a pas une fignification moins éten- due , que celle du mot grec ayyéau. Il eft dit, par exemple, dans le fecond livre des Juges, 1.5. qu'un ange du Seigneur monta de guilual en bokim, &c. tous les interprètes conviennent que cet ange du S'ei. gneur qui monta de guilgal en bokim , n’étoit qu’un homme, un prophète; mais il n’eft pas befoin de nous étendre davantage fur ce fujet. Le chevalier DE JAUCOURT. Nuëe, (Terme de Lapidaire.) il fe dit des parties fombres qui fe trouvent affez fouvent dans les pier- res précieufes , qui en diminuent la beauté & le tixe NUEMENT , adv. (Juri/prud. ) fignifie immédia- tement & fans moyen, comme quand on dit, qu’un fief releve nuement du roi, ou que l’appel d’un tel juge fe releve ruement au parlement. (4 NUER ou NUANCER, v. aë. (Terme de Manuf.} c’eft difpofer les nuances d’une étoffe , d’une tapif- ferie , d’un ouvrage de broderie. Ainfi 21ancer en tapiffenie, c’eft mêler dans une rapiflerie les laines de différentes couleurs, de maniere qu'elles produi- fent une union agréable & qui fafle une maniere d'ombre. Les Perruquiers défignent aufli par le mot nuer Où nuancer, le mélange de cheveux de différen- tes. & d’aflortiflantes couleurs. (D.J.) Nuer, v.a@t. (Sozrie.) Nuer un deffein,c’eft mar- quer fur les fleurs les couleurs que l’ouvrier doit: employer. Nuer , (Géog.) petite riviere d'Irlande; elle a fa fource dans le Quceus-County, baigne Kilkenny , & le joint à la riviere de Barrow , un peü:au-deflus deRofs. (D.J.) | NUESSE , f. f. (Jurifprud.) dans quelques coutu- mes & provinces, fignifie droit direif 8 immédiar , c'eft en ce fens que la coutume d’Anjow, art, 12. 8€ celle du Maine, are. 13. appellent yuffice en nueffe, celles qui s’exercent nnement fur un fond. Nueffe fe prend auffi quelquefois dans les mêmes coutumes pour d/ffriét ou territoire foumis immédiatement an feigneur. Voyez Bodreau, fur l'art. 13. de la cour. du Maine ; & le gloff. de Lauriere an mot zweffe, (4) 580 N UF NUESTRA , SEGNORA DE LA PAIX, ( Géog.\ ville de l'Amérique méridionale au Pérou , dans lAudience de Los-Charcas, vers la fource de la ri- viere de Choqueapo ; avec un évêché fuffragant de la Plata. Elle eft au pié d’une montagne dans une vallée fertile. Long. 313. 30. lat, mérid. 16, 48. (D. JT NUESTRA SEGNORA DE LA VITTORIA., (Géop.) ville de l'Amérique feptentrionale au Méxique , fur la côte de la baïe de Campêche, dans la province de Tabafco, dont elle reçoit auñli le nom; Cortez ptit cette ville en 1519, &t la faccagea. Long. 285, lar. 18. (D. JT.) NUEVA-SEGO VIA , ( Geog.) ville des Indes orientales, dans la partie feptentrionale de l'ile de Luçon, province de Cagayan , avec un évêché, & un fort. L’alcade major de la province fait fa ref- dence en cette ville : elle eft vers l'embouchure de la riviere de Cagayan, Long. 138: 5. lar, 18, 56. (2. J) 1. | NUFAR , ( Botan. des Arabes ) nom original, & premierement donné par les Arabes au zymphea ; les Grecs emprunterent ce #01 des Arabes, & l’é- crivirent très-diverfement , comme nous le dirons tout-à-l’heure. Les Arabes eux-mêmes mirent le mot nil devant celui de zufar , pour défigner l’efpece particuliere de zymphæa d'Egypte; ils Pappellerent donc zil-nufar , & pour adoucir ce terme , ils di- rent zinufar Ou nénufar 3 enfuite les Grecs écrivi- rent d’abord rinufurium , & par abréviation 74- farium : enfin , ils tranfpoferent les lettres mêmes, &z au lieu de rilufar , 1ls écrivirent zinufar , terme qui feroit inintelhgible ; f l’on n’en retrouvoit pas la trace dans le mot original zilecfar. (D. 7.) NUIRE , v. neut. (Gram.) c’eft apporter un obf: tacle ou un dommage. Ses foins déplacés ont zui au fuccès de cette affaire, Les froids & les pluies ont zui à la récolte des vins. Cette nuée de criti- ques dont nous fommes accablés zuifére plus qu'ils ne fervent au progrès des connoiflances : le défaut de ruire pour nuire, marque le plus méchant & le plus vil des caraëteres. Il eft preique impoñfible de rien faire qui ne ferve ou ne ruifé : ne pas zxire équivaut fonvent à férvir. Ma recommandation ne lui a pas wi: le payfan qui étoit traîné à l’audience par une fille , qui l’accufoit d’être le pere de l’en- fant qu'elle portoit dans fon fein , difoit avec une finefle fort au-deflus de fon état, qu'il ne l’avoit as fait, mais qu'il n’y avoit pas zu, NUISANCE,, f.f. (Terme de Palais) figniñe un 7a/ ou dommagefait, foïtà un endroit public, par exem- ple, un grand chemin , un pont ou une riviere com- mune, ou bien à un endroit privé , en y mettant quelque chofe qui puifle engendrer de la corrup- tion , en ufurpant le terrein ou faifant chofe fem- blable. NUIT , £. f. (Affron.) partie du jour naturel, qui dure tant que le foleil eft fous notre horifon. Voyez Jour. La uit proptement dite , c’eft-à-dire , l’obfeu- rité, ne commence qu'à la fin du crépufcule, voyez CRÉPUSCULE ; & la nuir, telle qu’on la définit ici, n’eft confiderée qu'aftronomiquement. Sous l'équateur, les zuits font égales aux jours ; fous le pole, la nxir dure la moitié de l’année. Le jour des équinoxes , les zuirs font égales aux Jours dans tous les climats de la terre. - | Dans l’hémifphere feptentrional que nous habi- tons, les #xirs font plus grandes que les jours, de- puis léquinoxe d'automne jufqu’à celui du printems, & les zuirs font plus courtes que les jours , depuis l’'équinoxe du printems jufqu'à celui d'automne. Les plus grandes »xirs de l’hémifphere {eprentrio- al arrivent au folfice d’hyver , &t les plus courtes au folftice d’été ; c’eft le contraire dans l’hémifphez re meridional. Voyez GLOBE. (O) | Les anciens Gaulois & les anciens Germains, di- vuoient le tems , non par jours, mais par 2zùs3 comme il paroït par différens endroits de Tacite &z de Céfar ; les Arabes font la même chofe encore aujourd'hui. Les premiers Anglois Saxons étoient dans le mê- me ufape. Aïnfi dans un concile; tenu en Angleterre l’an 824 nous lifons: J6i finité 6 profcripté contentione corams epifcopo poft 30 noëles ; illum juramentum ad Weft… rminfter deduitum ef. De-là font venus les mots an- glois , févennighe, fort night, qui fignifient fept ruits, quatre nuits , fermaine , quinzaine. Chambers. NUIT , ( Crisig, facrée. ) Les anciens Hébreux par. tageoient la uit en quatre patties, qu'ils appelloient verlles , dont chacune duroit trois heures ; la pre miere commençoit au foleil couché & s’étendoitjuf- qu’à neuf heures du foir ; la feconde jufqu’à minuit ; la troifieme jufqu’à trois heures ; & la quatrieme f= nifloit au lever du foleil. Ces quatre parties dela zuis font quelquefois appellées dans l'Ecriture Ze foir, 1e rnilieu de la nuit, le chant du coq , & le matin. La ruir fe prend figurément pour les tems d’afflic: tion & d’adverfité : probaffi cor meum € vifitafii no@e; Pf. xvj. 3. 2°. Pour le tems dela mort : Joan, x, 44 venit noxX quando nemo poteft operari. 3°. Les enfans de la zur font les Gentils, & les enfans du jour les Chrétiens : ces derniers marchent à la lumiere des vérités de l'Evangile, & les premiers marchent dans les ténebres de l'ignorance ; nous ne fommes point enfans de la #uir ; I, Thef]. c: y. 5. ( D. J.) Nu1T , ( Lirrérat. ) Les anciens Germains comp toient par les zwirs. On trouve encore des veftiges de cette maniere de compter dans les langues germa niques, En anglois, fézigth , abbréviation de fever nigths, {ept nuits, fignifie huit Jours ; fort-nigth pour fourtéen nigths, quatorze nuits , veut dire quinze Jours, En allemand , ffben nachte; fever nachte, fept nuits, veut dite hu jours , la huitaine, Au titre 404 de la loi falique , on voit que les délais pour compas roître en juftice étoient de tel ou tel nombre de zuirss En plufieurs endroits de ce royaume, nos pay- fans pour dire aujourd’hui , fe fervent du vieux mot a-nuit Où a-trér , corrompu du latin kéc note. Les Gaulois comptoient auf par les zuirs & non par les jours, C’eft , dit Céfar, parce qu’ils croyoient tous être defcendus de Pluton. (D. J.) NuiT,( Mytholog.) La fable a fait de la zzi une divinité, & la plus ancienne de toutes, parce que les ténebres ont précédé la lumiere. Elle étoit fille du chaos felon Héfiode. Les Poëtes qui l'ont fuivi fe font efforcés de nous peindre cette divinité, Les uns lui donnent des aîles comme à l’amour &c à la vi@oire, pour marquer la rapidité de fa courfe. Euripide la repréfente ingémieufement couverte d’ungrand voile noir, parfemé d'étoiles ; parcourant fur {on char la vafte étendue des cieux : cette maniere de [a repré- fenter cette divinité , a été fuivie par les Peintres & les Sculpteurs. On la trouve cependant quelquefois fans char , tenant d’une main fon voile parfemé d’é- toiles qui voltige au gré des vents, & tournant de Pautre fon flambeau vers la terre dont elle s’appro- che, comme fi elle vouloit éteindre fa torche. C’eft ainfi qu'on voit la zuis dans un deffein tiré d’un ma- nufcrit de la bibliotheque du roi, que dom Bernard de Montfaucon a fair graver dans {a paléographie. IE paroît de-là que ceite maniere de peindre la rwis fut pratiquée juiqu'au moyen âge , & étroit encore uf- tée au dixieme fiecle. Les Poëtes donnent à la déefle, fans le commerce d'aucun dieu , des enfans de fon efpece : le cruel def- tin, les parques , les ténebres ; la mifere, la ee . & N U L a douleur, l'envie , le travail, la vieillefle ; cetté famille n’étoit point belle. Enée, avant que de def- cendre dans les enfers , immole une brebis noire à la ruir comme mere des Euménides. Panfanias dit que cette déefle avoit un remple qu’on nommoit lesermple des divinations , parce que le tems de la zuës eft le plus propre à approfondir des chofes obfcures & dif- files. C’eft peut-être pour cela que les Grecs don- hoient à la zu l’épithete de fage & de prudente. (D.J) NUITONS, ( Gcog. anc.) en latin Nwrhones ; an- ciens penples de la Germanie, compris autrefois fous les Sueves feptentrionaux. Facite les joint avec fx autres peuples , & dit queles fleuves êc les forêts du pays faifoient leur défenfe. Cluvier met les MNur- sons entre les Suardones , les Deuringi, les Lango- bardi, &t le Suevus ou l’'Oer, De cette maniere, leur pays auroit compris la partie de la marche de Brandebourg , ou font les villes ou bourgs de Prentz- low, de Templin, de Ny, & d’Angermund; une portion du duché de Meklinbourg, & une portion de la Poméranie. | Les ravages de ces peuples unis aux Bourguignons dans le pays desRauragues 8 dans celui des Helvé- tiens , les fit connoître vers le milieu du cinquieme fiecle. Une partie de ces Nuirons s'établit dans l’Hel- vétie, &t donna le nom de Nuirland au pays, qui forme aujourd’hui le territoire allemand du canton de Berne. (D. J.) NUITS, ( Geéog.) ville de France en Bourgogne, fur le ruifleau de Muzin. Elle eft fituée dans une plaine, au pié d’une montagne, à quatre lieues de Dijon &c à trois de Beaune , fur la grande ronte de lune de ces villes à l’autre. Ses vins font forteftimés ; êz le voifinage de la riviere de Saône lui favorife le commerce de quelques denrées qui fe tranfportent à Lyon. Long. 22, 28, lat, 47.10.(.D. J.) NULLI , ( Cxiféne. ) efpece de ragoûütitalien, pro pre à être fervi avec les entremêts. Onbat enfemble des jaunes d'œufs avec de l’eau rofe&e du fucre, on met le tout dans un plat fur le feu, & l’on remue conftamment jufqu’à ce que le mélange ne fe gonfle plus ; on laifle bouillir jufqu’à confiffance d’une bouillie épaïfle , alors on y répand du fucre, de la canelle, ou tel autre aromate que l’on juge à-pro- pos, ou bien l’on y met de l’écorce de cedra ou de citron confite, ou des piftaches. NULLITÉ, {. f. (Jurifprud.) fionifie la qualité d’unaéte qui eft nul & commenon-avenu. Onentend auf par le terme de ru/liré, le vice qui empêche cet aëte de produire fon effet. | Il ya deuxfortes de zullirés : les unes touchent la forme des actes ; les autres , le fond. ‘ Les rullirés de forme font celles qui proviennent de quelque vice en la forme extérieure de l’aête ; par exemple , sl manque quelque chofe pour le rendre probant & authentique. Les zulliiés des aétes au fond font celles qui vien- nent d’un vice intrinfeque de l’afe; par exemple, f celui qui s’oblige n’en a pas la capacité, ou fi la difpofition qu'il fait eft prohibée par Les lois. On difingue encore les #u/lirés en nullirés de droit & nullités d'ordonnance ou de coutumes. Ces zullirés de droit font celles qui font prononcées par les lois, comme la zulliré de l'obligation d’un mineur qui eft léfé. Les ullités d'ordonnance font celles qui réfultent de quelque difpofition d'ordonnance, qui ordonne de faire quelque chofe à peine de zu/lité, Quelques- “unes de ces zul/irés d'ordonnance regardent la forme dé la procédure; c’eft pourquoi on les appelle auff Aullitës de procédure, comme feroit dans un exploit le défaut de mention de la perfonne à quil’huifier a parlé. Tome XI, N'UIM 28: _Îly à des zulliés d'ordonnance qui regardent la forme oule fond de certains aétés, comme dans les donations le défaut detradition & d’acceptations le défaut d'infinuation, * Il en eft de même des rullirés de coutume : ce Î6nt des peines prononcées par les contumes pour lomiflion dercertaines formalités, comme la nwliré du retrait hgnager faute d'offres réelles à chaque jout- née de la caufe , ou bien lorfqu’une difpofitionentre- vifs ou teflamentaireeftcontraire à la coutume. Les voies de zullité n’ont point lieu en France , c’eft-à-dire , que les aétes dont les lois prononcent la zulliré ne font pas nuls de plein droit, il faut les faire déclarer tels; ce qui ne fe peut faire fans obte- nir à cet effet des lettres du prince. Mais cela n’a lieu que pour les rullités de droit, c’eft.à-dire , celles qui réfultent du droit romain, comme la ruliré de l'obligation d’un mineur : il faut qu'il obtienne des lettres de refcifion pour fe faire reftituer contre fon obligation. Il n’en eft pas de même des zu/lirés d'ordonnance & decoutume , il ne faut point de lettres pour les oppofer : elles font encourües de plein droit par la contravention à la difpofition de l’ordônnance ou de fa coutume qui prononce la peine de »ullité, Les moyens de zullire {ont ceux que l’on tire dela nullité de quelque procédure. L'ordonnance de 1667, sir. 5 , veut que dans les défenfes on emploie les fins de non-recevoir, rulliré des exploits ou autres exceptions péremptoires , fi aucunes y a, pour y être préalablement fait droit. On appelle zulité péremptoire celle qui anéantit toute une procédure, & où la forme emporte le fond. Lorfqu’on procede purement & fimplement fur un exploit où autre procédure , fans en demander d'abord la rulliré, en ce cas les rullirés font cou- vertes, c’eft-à-dire, que l’on n’eft plus'recevable dans la fuite à les oppofer. Celui qui requiert quelque préalable, protefte or- dinairement de zuliré au cas que l’on pañe outre, avant d’avoir fatisfait à ce qu'il requiert. | Les jugés qui évoquent on qui accordent des dé- fenfes d'exécuter un jugement rendu par quelque juge inférieur , font en mêmetems défenfes de faire des pourfuites , au préjudice de leur jugement, à peine de zullité. Voyez AeTes, FORME, FORMA- LITÉS, PROCÉDURE. ( 4 | NUMANA , ( Géog. anc. ) ville du Picerum , ba- tie par les Siciliens felon Pline, & fituée à douze milles d’Anconé felon la table de Peutinger. I! paroît pér une ancienne infcription rapportée dans Gru- ter, que c'étoit une ville municipale. On l'appelle aujourd'hui Numana, (D. J.) NUMANCE , ( Géog. anc. ) en latin Numantia : ville de l’Efpagne tarragonnoife dans le pays des Arévaques, fitüée fur une petite éminence entre Volucé8t Auguftobriga , à 15 milles de la premiere & à 23 milles de la feconde. Le Durius( le Douro } larrofoit comme le dit Strabon, mais ce fleuveétoit peu confidérable en cet endroit, parce qu’il fetrou- voit encore voifin de fa fource. Numance avoit 2880 pas de tour. Florus l’appelle Hifpanie decus, à caufe du courage de fes habitans, Cette ville , dit-il, fansmurs , fans tours, 8& mu- nie feulement d’une garnifon de quatre mille Celti- beres,, foutint feule pendant 14 ans les efforts d’une armée de quarante mille hommes. Elle fut enfin {ac- cagée l'an 621 de Rome par Scipien Emilien, après avoir laflé la patience de fix confuls. Nurrarnria fera , dit Horace, pour marquer la valeur féroce de fes ha- bitans | qui aimerent mieux fe détruire eux-mêmes par le feu, le fer 8 le poifon , que de tomber entre les mains du vainqueur. Nn N U M 202 Econtons à-préfent Mariana fur la fituation & les ruines de cette ville qu'il avoit vüe & examinée avec foin. On montre, dit-1l, les ruines "le Mu- mance à l'extrémité de la Celtibérie du côté du fep- tentrion, à lorient du fleuve Durius, à 4 milles de Soria & du Port-de-Garay, Puente.Garay , environ à 3 lieues des fronnieres de l’Arragon vers le cou- chant. L'art avoit moins contribué à fa défenfe que la nature. Elle étroit bâtie fur une colline dont la pente étoit aflez douce, maïs de difficile accès, parce que les montagnes l’entouroient prefque de toutes parts : unfeul côté aboutifloit à une plaine fertile, qui s’étendoit efpace de 12 milles le long de la ri- viere de Téra , jufqu’à l’endroit où elle fe joint au Durius. Semblable à la ville de Sparte, Mwmance n’avoit point de murailies : elle étoit feulement mu- nie d’une forterefle oùles habitans mirentleurs effets les plus précieux; & ce fut dans cette forterefle qu'ils foutinrent fi long-tems les attaques des Ro- mains. (D. J.) NUMÉRAL, adj. ( Arichm. ) c’eft lamême chofe que zumérique : voyez NUMÉRIQUE. On dit quelque- fois lArithmétique zwrérale pour la diftinguer de J’Arithmétique Zsérale. Voyez LITTÉRAL 6 ALGE- BRE.(Æ) NUMÉRAL, terme de Finances, ce qui fert à dé- figner un nombre. On appelle en termes de finance &t de compte, lecrres numérales , les letrres qui font employées pout tirer les fommes en ligne au lieu des chiffres arabes ; telles font 7. X. L. C. M, qui fignifient 5. 10. 50. 100. 1000. On les nomme auff chiffres romains & chiffres de compte. | NUMÉRATEUR, f. m. ( Arichm. ) c’eft un nom que l’on donne au chiffre fupérieur d’une fra&ion : il indique quel nombre il faut prendre des parties dont la quantité eft exprimée par le chiffre inférieur , que l’on nomme dézominateur : ainfñi = eft lexpreffion 10 de fept dixiemes d’un tout quelconque. 7 eft le zu- mérateur , & 10 le dénominateur : le dénominateur marque que le tout eft fuppofé divifé en ro parties ; &c le rumérateur, qu'il en faut prendre 7. Voyez Fraction & DÉNOMINATEUR. (E) NUMÉRATION , f. f. en Arithmérique , eft l’art de prononcer ou d’eftimer un nombre quelconque, Ou üne fuite de nombres, Voyez NOMBRE, On exprime ordinairement les nombres par les neuf caraéteres fuiyans, 1,2%, 3,43 5 6, 7,8, 9. Quand on eft arrivé à dix, onrecommence & on répète les mêmes chiffres, qui pour-lors expriment des dixaines. Weighelius enfeigne comment on pourroit nom- brer fans paffer le chiffre 4, c’eft-à-dire, en répétant feulement les chiffres 1 , 2, 3, 4; & M. Leibnitz, dans ce qu'il appelloit fon arithmétique binaire , s’eft fervi des deux chiffres 1 , o, feulement , ‘pour ex- primer toutes fortes de nombres. Mais ces fortes de manieres de calculer font plus curieufes qu'utiles. Voyez BINAIRE, Afin que les neuf caraëteres numériques pufent exprimer non-feulement des unités , mais des dixai- nes , des centaines , des milles , &c. on leur a attri- bué une valeur locale, dépendante de la place où als font; ainfi quand un chiffre eft feul, ou qu'il eft le plus à la droite dans un nombre quelconque , il figniñe des unités ; à la feconde place , il marque des dixaints ; à la troifieme, des cenraines ; à la qua- trieme , des rilles, Voyez NOTATION. Chambers. Maintenant, pour exprimer ou lire un nombre qui eft écrit, & pour afligner à chaque caraétere fa va- Jeur propre , divifez le nombre propoféen commen- -çant de la droite vers la gauche en plufieurs clafles de trois chiffres chacune, féparées l’une de l’autre par des virgules : après quoi on obfervera que les chiffres contenus dans la prenuere çlaffe ou premier NUM ternaire , en allant de la droite vers la gauche , n’ex priment que des unités, des dixaines , &c des centai- nes fimples , fans aucune autre dénomination ; dans la feconde clafle, ce font desunités, des dixaines , des centaines de milles; la troifieme exprime des mullions, la quatrieme des billions, la cinquieme des trillions , èt enfuite des quatrillions, des quin- tions, des fextillions, des feptillions, &c. S’il falloit donc faire la zwmération où énoncer la quantité 92, 084, 300 , 216, 947 , après l’a- voir diftinguée en clafles où er ternaires par des vir- gules , on diroit quatre-vingt-deuze trillions, qua- tre-vinot-quatre bilhons , trois cens millions , deux cens ferze mille , neuf cens quarante-fept. Il eft à-propos d’obferver 1ci 1°, que les chiffres qui vont en augmentant de la droite vers lagauche, s’énoncent en allant de la gauche vers la droite ; en voyant les chiffres 947, on ne dit pas fept quarante- neuf cens, mais neuf cens quarante-fept. 2°, Que la dénomination d’un ternaire ne fe fait qu'après avoir énoncé le dernier chiffre de ce ter- naire , en allant de la gauche vers la droite: pour énoncer les chifires 347000, on ne dit pas trois cens mille quarante mille fept mille, mais fimplement trois cens quarante-fepr-mille ; parce que l’on fup- pofe que la dénomination mille affeête les cens êc les. dixaines ainfi que les unités. ( E Pour mettre en chiffres un nombre propofé, par exemple, trois cens quarante-un 7z//ions deux cens treize rzlle fix cens vingt-deux , on écrira d’abord 341, puis à la droite 213 , enfin 622. Cela eff clair par ce qui précede ; car puifque tout nombre fe di- vife en unités , en nulle, en millions, &c. la difi- culté fe réduit à exprimer des centaines , des dixai= nes, & des unités d’umités, de millede millions, Or, pour exprimer ces centaines, ces dixaines, 1l n’y a qu’à mettre d’abord le chiffre qui repréfente les cen- taines , enfuite celui qui repréfente les dixaines, & qui fera zéro , 5'1l n’y a point de dixaines , enfin ce- lui qui repréfente les umités. En général, on voitque toute la difficulté de la zumérarion{e réduit à énoncer & à écrire un nombre compofe de trois chiffres, en fe fouvenant que de trois en trois chiffres, en allant de droite à gauche, la dénomination change ; que les unités deviennent des mille, les mille des mil lions, ceux-ci des billions, &c. (O0) : NUMÉRATION, f. f. ( Commerce. ) compte, paye- ment aduel fait en deniers comptans. On dit en ce fens : la rzumération de cette fomme a été faite en préfence d’arbitres, de notaires. Diéfionnaire de Com- merce. NUMÉRIA , ( Mythol.) divinité qui préfidoit à l'art,de compter , arti numerorum ; mais Cette Givi= nité ne fe trouve exifter que dans les écrits de faint Aueufan. (D.J.) NUMÉRIQUE ox NUMÉRAL, adj.(_4rithm. } ce qui a rapport aux nombres, Voyez NOMBRE. Le calcul zumérique eft celui qui fe fert desnom- bres au lieu des lettres del’alphabet, Voyez ALGEBRE 6 ARITHMÉTIQUE. | La différente rzumérique eft la différence qui difins gue un individu d’avec un autre. Ainfion dit d’une chofe qu’elle eft [a même qu’une autre zurmeriquemnent, la mème zumero, ou la même numericè, lorfqu’elle eft exactement la même qu’une autre dans le fens le plus étroit qu’on puifle donner à ce mot. Chambers. NUMÉRIQUE, ( Géométrie.) exegefe zumérique, Voyez EXEGESE, NUMERO , {. m. ( Commerce, ) terme fort ufité parmi les marchands, négocians & manufaéturiers , fignifie un certain nombre ou chiffre qu'on met fur les marchandifes pour les pouvoir diflinguer plus facilement, | | : Dans les livres, fa@ures, & autres écritures mer- cantilles, le mot zwmero s'exprime en abrégé par cette figure N°. les nombres où chiffres s’écrivent enfuite de cette maniere, N°. 1, N°.5, N°. ro, N°. 0, &c. On fe fert auffi du terme de zwmero pour faire en- tendre la grofleur, longueur , largeur & qualité de certaines marchandifes qu'il feroit difficile d’expri- mer autrement : ainf les épingles des zumeros 3, 4, & 5 ; font les plus petites de toutes. Celles des z4- aneros 6,7, 8, 9» 10311,12;, 13, & 14, augmen- tent infenfiblement de groffeur & de longueur ; enfin les numeros 16, 18, & 20, font les plus fortes de toutes , enforte qu’un marchand qui en veut avoir de diverfes fortes, écrit aux fabriquans qu'il en veut telle ou telle quantité de tels & tels zwmeros, & il elt fervi à {on gré: il en eft de même des rubans, galons , padoues, 6rc. C’eit pareillement avec ces zumeros que l’on mar- que les caifles, balles, balots , Gtc. que les commif- fionnaires envoyent à leurs commettans par les voitures publiques ; on écrit pour cet effet avec de l’encre & une efpece de plume ou pinceau de bois, N°. x, fur la premiere balle ou caiffe, IN°. 2, fur la feconde , & ainf de fuite quand elles font pour le même marchand, ce qu'on marque aufli fur la lettre de voiture. ; | Numero defigne affez fouvent dans la table d’un reoiftre la page fur laquelle quelque fomme ef por- tée , ce qui eft la même chofe que fion difoit, page Ô, page 10 , page 20 , &c. Les marchands fe fervent de certains zwmeros myftérieux pour fe fouvenir du prix des marchan- difes fur l’enveloppe defquelles ils les mettent. Voyez MARQUE. né On appelle dans le commerce Livre de numero, une forte de livre que les marchands tiennent pour connoître avec facilité toutes les marchandifes qui entrent dans leurs magafñns, qui en fortent, ou qui y font aétuellement. Le livre des rwmeros ft du nombre desceux qu'en fait de parties doubles on nomme Zvres auxiliaires, Voyez Didfionn, de Comm. tom, IIT, pag. $o1. 6 502. Le numero.eit un mot en ufage dans les anciens auteurs pour figmfer le payement d’une fomme, par exemple, d’un livre en un certain nombre d’é- pices, comme 20 fols : 1l eft oppofé à libra penfa. Voyez Livre. Diionnaire de Chambers. NUMEROTEÉ , adj. ( Commerce. ) ce qui eft mar- qué d’un numero. Voyez; NUMERO. NUMEROTER, v. act. ( Comm.) mettre des numeros fur quelque chofe, marchandife, balle, cafe, &c. Voyez NUMERO. NUMICUS ou NUMICIUS , ( Géog. anc.) petit Henve qui couloit auprès de Lavinium. Virgile l’a immortalifé dans fon Æneïde, en nous aflurant que ce fut entre le Nurmicus & le Tibre qu'Enée prit terre lorfqu'1l aborda en Italie : lifez ces deux vers, 2. F y, 797 Qui falins ef, Tiberine , nos, facrumque Numici Lirtus arant Rurulo/que exercent vomère colles. Eneffet, ce fleuve couloit aux confins des Rutules: quelques-uns le nomment à préfent Rivo. ( D. J. NUMIDIE, (Geog. anc.) en latin Numidia, grande contrée d'Afrique, qui eut anciennement le titre de royaume , mais dont les bornes étoient diffé- rentes avant la guerre de Carrhase, de ce ‘qu’elles furent fous les premiers empereursromains, D'abord la Numidie comprenoit deux grandes nations, l’une connue fous le nom de Vrrnides maflæfyliens, autre fous celui de Numidesinaffÿliens. Les prenviers habi- toient à l’occident, les autres à l’ofñent. Marius ayant défait Jugurtha, la Mumidie tomba fous la Tome XI. NUM 283 puiflance du peuple romain, qui pour-lors fe,con- tenta de la donner à d’autres rois ; mais fous Jules Céfar les deux Nurnidies furent réduites en provin- ces romaines. La Numidie maflylienne fut appellée fimplement La province de Numidie ; & la Nuridie maflœfilyenne ne fut plus connue que fous le nom de Mauritanie cefarienne. La métropole civile de la province de Numidie étoit Cirta, qui eut le titre de colonte , & depuis celui de colonie conffantine, Mafinifla, roi de Nurmidie, à qui le fénat de Rome donna tout ce qu'il avoit conquis en Afrique, mérite 1c1i quelques lignes. Il remporta une vittoire en perfonne à l’âge de 92 ans contre les Carthagi- nois. [l fit la guerre jufqu’à la fin de fes jours, mon- tant à cheval fans felle & fans aide. Il mourut l’an de Rome 636, & laïffa quarante-quatre fils, dont le dernier n’avoit que quatre mois : Je reviens à mon fujet. | La Numidie qui faifoit autrefois partie de la Lybie fur la côte feptentrionale d'Afrique, & qui s'éten- doit du nord au fud, entre la Mauritanie à l’oueft, & la Bazacène à left, eft maintenant une païtie de la Barbarie, qui contient à-peu-près le royaume _ d'Alger , & quelques déferts du Bilédulgéride. On fait que la Numidie devint, fous les empereurs chrétiens , une province eccléfiaftique, dans laquelle il fe forma un grand nombre d’évêchés. La notice épifcopale d'Afrique vous en fournira les noms, & même ceux des évèques. (D. J. NUMIDIE, MARBRE. DE, ( Æ1ff. rar.) mar- bre très- dur & fort eftimé des anciens, mais dont ils ne nous ont point laiffé de d:fcriptions : quel- ques auteurs ont cru qu'il étoit jauné, M. Hill le regarde comme un marbre bleuâtre & d’une feule couleur : les Romains s’en fervoient pour carreler les édifices. Il prend un très-beau pol, quelquefois il eft traverié de veines blanches. Nous avons en Europe un grand nombre de marbres qui ont tou- tes ces qualités, & qui peuvent fervir aux mêmes ufages que celui ee Romains faifoient venir de Numidie, (—) | NUMISMALES , PIERRES, (Æ1ff, nat, Minéral.) nom donné par les Naturaliftes à des pierres qui ont une forme circulaire & applatie , qui les fait reflem- bler à de la monnoie ; on les nomme en latin Zapides aumifimales, où nummi diabolici. Xl y a lieu de croire que ces pierres ne font autre chofe que de vraies pierres lenticulaires, Voyez LENTICULAIRES, pPterres. On trouve dans la Laponie fuédoife , près du fort de Brattensborg , dans une ville appellée Zyoë des petites pierres en forme de monnoie, & que l’on nomme pour cette raion zurmmi Brattensburgct ; ces pierres zumifmales ont cela de particulier, qu’elles montrent à leur furface une figure affez femblable à une tète de mort. M. Stolhæus les appelle offracires aumifmatict ; 1] a publié à leur fujet une diflertarion en 1732, imprimée à Lunden, Londini Gothorum ; cet aureur croit que c’eit une coquille d’huitre para- fite tres-petite, qui a même confervé fa nature de coquille, & qui a été pétrifiée, offracites minimus parafiricus. Cette coquille adhéroit à une huitre plus orande, dont elle troit fa nourriture par trois ou- vertures, qui lui donnent cette reffemblance impar- faite qu’on y voit avec la figure d’une tête de mort. Voyez Aüla luteraria & feient, fuccica | anno 1731. Se) NUMISMATIQUE, Ant, c’eft la fcience-des médailles. Voyez le mor MéparrLe. Il nous fufft d’obferver en paflant que cette fcience, après avoir fait comme les autres, de grands progrès dans le dernier fiecle, s'eft encore perfettionnée depuis 60 ans, non- feulement pour les chofes, maïs pour le goût, Il eft aifé de remarquer FOMpES nos moder« n if mes ant découvert de myfteres , qui avoient échapés : aux premiers auteurs qui déchifirerent lAre rmife amatique. Quelque obligation qu'on ait à ceux qui ont rompu la glace il ny a point de comparaïfon entre les lumieres que nous ont donné fur ce fujet, Nonnius, Hufius, Erizzo, Strada, Hemmelarius, Qcco, Vico, Paruta & leurs femblables, avec ce que nous Ont appris, Mezabarba, Patin, Vaillant, Motel , le pere Hardouim , Spanheim, Bellori, Buo- narotti, Béver, Haym, de Boze , &r quelques autres modernes, qui oùt apporté dans l’explication des médailles toute l’érudition& l'exaétitude qu’on peut defirer d’excellens antiquaires. (D. J.) NUMISMATOGRAPHIE, f. & (Æif.) mot grec, qui fignifie la defcrip:ion & la connoïfiance des médailles 8 des monnoies antiques, doit d’or, foit d'argent, foit de cuivre. Foyéz MÉDAILLE & Monx- NOIE. Fulyius Orfinus, Ant, Auguflinus, évêque de Sar- ragofle ,Erizzo , noble véniuen, & Occo, ont beau- coup reufh dans la Mumifmatographie ; plufieurs au- teurs modernes ont pareillement travaillé fur cette matiere avec fuccès, entre autres les deux Mezza- barbes, Patin, Spanheim,, Hardouin, Morel, Vail- lant, Joubert, Baudelot, Beger, de Valois, mefñeurs de Bofe, de la Bafie ; 8 parmi les Anglois Evelyn. NUMISTRO, o4 NUMESTRO , (Géogr. anc.) ville d'Italie chez les Brutiens, dans les terres felon Ptolomée, Liv. IIL, chap. 7. quelques-uns croient que c’eft aujourd’hui C/ocenro, (D. J. NUMMI BRATENSBURGICI, Voyez larticle NUMISMALES , pierres. NumMi DIABOLICI. Voyez l'article NUMISMA- LES & LENTICULAIRES. | NUMMULAIRE ,, ff, ( Boran, } c’eft l’efpece de lyfimachie, nommée par Tournefort, Zyfmachia rer fufa, folio rotundiore, flore luteo. J. R. H, Sa va- cine eft traçante, même fibreufe; elle poufle plu: fieurs tiges longues, grèles, anguleufes, & ram- pantes. à terre; {es feuilles font oppofées deux : à- deux, arrondies, un peu crêpées, vertes-jaunâtres, d’une faveur acidule & aftringente. Des aiffelles des feuilles fortent des grandes fleurs jaunes, for- mées en rofette , d’une feule piece, pointues, atta- chées à des pédicules courts; dans quelques ra- neaux on obferve trois feuilles , & autant de fleurs à chaque nœud. Quand les fleurs font tombées, 1l leur fuccede de petits fruits fphériques, qui renfer- ment des femences fort menues , & à peine vifbles. Cette plante aime Les lieux humides, le long des foflés, le courant des eaux. Elle fleurit depuis le mois de Mai jufques bien avant dans l’été. On re- marque qu'elle s’éleve plus on moins, fuivant les terres qui lui font favorables, & que celle qui fe trouve dans les jardins croit plus grande que celle des champs. Les feuilles de rurmmulaire font aigrelettes, {ypti- ques, &c rougiffent beaucoup le papier bleu. L’acide dont elles abondent, y produit avec la terre un fel alumineux enveloppé d’un peu d'huile, ce qui rend cette plante aftringente êc vulnéraire; on s’en fert intérieurement & extérieurement, (D, J. ) NUMMULAIRE, HERBE AUX ÉCUS, (Mar. méd.) cette plante que les Botaniftes ont auff appellée cez: timotbia, herbe à cent maux, à Caufe des grandes propriétés qu'ils lui ont attribuées, eft pourtant fort peu ufitée en Médecine ; c’eft une de celles fur l'éloge defquelles un auteur très. moderne de ma- tiere médicale, le continuateur de Geoffroi, a été le plus fobre, quoiqu'il ait bien noté ce nom de cemri- _inorbia, & l’origine de ce nom. Voicien fubftance ce qu'il en dit : « l'herbe aux écus eft très-aftringente # 8 très-vulnéraire, très propre pour arrêter toute # forte de flux de fang &c les fleuts-blanches, &r pour NUN » confohder Îles playés intérieures, les ulceres du » poumon , les playes &c ulceres de. l’extérieut ». Camerarius aflure qu’elle eft bonne contre le fcor- but, bouillie avec le lait. Tragus la confeïlle bouil: lie avec du vin & du miel dans les ulceres du pou- mon ; &dans du lait, contre la dyfflenterie &c les fleurs -blanches. Mathiole, Schroder, Ettmuller & Rai aflurent qu’elle guérit les defcentes des petits enfans, étant appliquée extérieurement, & prife en poudre intérieurement à la dofe d’un fcrupule dans une cueillerée de lait ou de bouillie , une fois le jour, en continuant pendant quelque tems : le fuc de cette plante entre dans Pemplâtre oppodel- toch, (4) NUMMULARIUS , {. m.(Lirrérar.) ce mot défi- gnoit chez les Romains, non-feulement un banquier ou une pér{onne qui commerçoit en banque, mais - encore celui qui apprécioit la valeur des efpeces, * fuivant leut poids & leur titre. ( D.J.) NUMMUS où NUMUS , ( HifE, anc. ) étoit chez les Romaïns Le nom d’une piece de monnoie , autre- ment nommée Jéffertius. Voyez SESTERCE. On lappelloit auffi quelquetois zummus feflertius. Decem millia numiium , & decem millia Jéfrertium , {= gniñoient chez les Romains la même fomme : le petir fefterce , & par conféquent lezwmmus, valoit deux fols & demi de notre monnois, Voyez Mon: NOIE. | NUNCTATIO , ( Listér.) ce mot latin veut dire en général, l’aétion d'annoncer uue chofe ; mais il defignoit particulierement chez les Romains la dé- claration d’un augure fur ce qu'il avoit obfervé dans les aufpices. Le rapport des mauvais préfages par les augures fe nommoit obnunciario, & Cicé- ron nous apprend que le tribun du peuple fit une loi qui défendoit d’acquiefcer aux aufpices & aux augures , & de pronoftiquer des malheurs futurs, obnunciare, pour rompre les aflemblées & les réfo- lutions qu’on y pourroit prendre, (D. J.) NUNCUPATIF , adj. serme de Jurifprudence, qui ne fe dit qu’en parlant d’un teftament, Or un tefta- ment zuncupatif que Juftinien appelle «ypapor Bouass ow, voluntatem non fcriptam , étoit celui par lequel le teftateur nommoit feulement de vive voix l’héri- tier qu'il vouloit inflituer, & les légataires à qui. il failoit des largefles, & cela en préfence de fept témoins convoqués pour cet effet; fi le teftateur étoit aveugle > il falloit un huitieme témoin, ou un notaire qui rédigeât par écrit la volonté du tefta- teur. Le teftament zuncupatif n’eft ufité qu’en pays de droit écrit , où il eft tenu pour bon ; mais en pays coutumier 1l eft rejetté, à-moins qu’il ne foit tefta- ment militaire. Voyez TESTAMENT. NUNDINAL, ( Belles-Letrres. ) c’eft le nom que donnoient les Romains aux huit premieres lettres de Palphabet, dont 1ls faifoient ufage dans leur ça: lendrier. Foyez LETTRE. La fuite des lettres A,B, C, D, E,F, G,H, y étoit écrite difpofée en colonne, & répétée fuc- cefivement depuis le premier jour de l’année juf- qu’au dernier. Une de ces lettres marquoit les jours de marché ou d’afflemblée qu’on appelloit zundinæ quaft novem dies , parce qu'ilrevenoit tous les neuf Jours. | Le peuple de la campagne, après avoir travaillé huit joùrs de fuite, venoit à la ville le neuvieme jour pour vendre {es denrées, & pour s’inftruire de ce qui avoit rapport, foit à la religion , foit au gouvernement. >} œ Lorfque le jour zurdinal tomboït, par exemple, fur la lettre À, il arrivoit le 1, le 9, le 17, & le2s de Janvier ; & ainf de fuite de neuf jours en neuf jours , &e la lettre D étoit pour l'année fivante la léttre zundinale. ee, Ces léttres rundinalès Ont une grande reflem- blance avec nos lettres dominicales, à cette diffé- rence près que celles-ci reviennent tous les huit jours. Voyez LETTRE DOMINICALE. NUNNA , (Toëlerie chinoife. )toile blanche dela Chine , dont al fe fait un négoce confidérable au Japon. NUPTIAL, adj. (Gramm. ) qui eft relatif au ma- tiase; on dit la bénédition zuptiale, le Lit #uptial;; la robe z2uptiale, la chambre 2wpriale, NUPTIALE, bénédiction, ( Droit nat. ) cette cou- tumé , ou cette cérémonie, eft établie par les lois civiles, parce qu'elle eft très-honnête & très-con- venable ; mais elle n’eft point néceffaire pour le droit naturel dans le mariage, parcé que la propriété pañle d’une perfonne à l’autre, par le teul confentement de celui qui la transfere & de celui qui la reçoit. Il y a plus, cette loi humaine a fon mauvais côté , je veux dire l'abus qu’on en a fait pours’affujetrir les hommes; cependant ellle a fon bon côte qui femble devoir l’em- porter dans l’état où font les chofes. Quoi qu'il en foit, les Chrétiens ont emprunté cet ufage de Juifs, qui lobfervoient eux-mêmes comme venue des anciens patriarches, plutôt que comme prefcrite par la loi de Moïfe : voyez les preuves qu'en donne Grotius dans fon Commentaire fur Math. c. 7. ». 18. & pour ne pas nous étendre plus au long à ce fijet, voyez fur l’origine & les progrès de cette coutume Selden, de uxore hebr. lib. TI. cap. xiy, & xxviy. comme auf les Antiquités eccléfiaftiques de M. Bingham, div. XXIT. chap. iv. mais fur-tout le Jus ecclefia/hicum Proteffantium de M, Bohmer, Lib. IV, tir, III. 4. & feg. (D. J.) | NUQUE. f. f. (Anatomie. la nuque, ou la partie poftéfieure du cou, gatnié ordinairement de che- | veux courts & fins, ce qui à peut-être donné occa- fon aux Anglois de nommer cette partie du cou Za zappa Voyez COU. - NUR, (Géog. ) ville d’Afie dans le Zagatai, en- tre Samarcande & Bacare , prefque à égale diflance des deux villes. Long. 85.30. las, 38.25. (D. J.) NUREMBERG , ox NUREMBERG , (Géograp.) villé impériale d'Allemagne dans le cercle de Fran- conie, dont elle ef la capitale. Laiflons-là les faîts qui regardent l'antiquité de fon origine ; ce n'eft point des Nérons que cette ville tire fon nom, mais plutôt des Noriques dont elle a été la métropole. Elle reçut la religion chré- tienne fous le regné de Charlemagne, & elle fut fou- mile immédiatement à empire par l’empereur Louis III. Ce fut à Nurerzherg que fe ünt, fous Othon I. la premiere diete de Empire, en l’année 938 , fous le règne de Charles IV. c’eft-à-dire, an mulieu du x1v. fecle ; cette ville reçut les accroiffemens qui la ren- dirent à-peu-prèstelle qu’elle eft,hormis l’univerfité, qui fut érigée en 1632. Son domaine.eft confidéra- ble : aufli paie-t-elle pour fon mois romain r48oflo- sinsenargent. Son gouvernement efl très-fage, & Les magiftrats travaillent à y faire fleurir le commer- ce, les feiences & les arts. On y voit un arfenal bien fourni, une riche bibliotheque &unobfervatoi- re, Il y a plufeurs manufaétures d’étoffes, & on y travaille beaucoup & très-artiftement, en montres, en ouvrages de cuivre , &c en chnauaillerie. On y profefle la religion luthérienne , &t les autres y font tolérées. Nuremberg eft fituée dans un tertein fabloneux fur Je Figmitz , qui la coupe en deux parties, à 20 lieues N: O. de Ratisbonne, 34 N. O. de Munich, 24 N. d’Augsbourg , 100 N. O. de Vienne, & à 150 E. de Paris. Long, 29. 44. "lu, 49. 25. ou plutôt la diffé- rence des méridiens entre Paris & Nuremberg eft de ! NUR 28; 33,25". dont Nuremberr eft plus oriental que Pa: ris. Comme cette ville a toujours encouragé les fcien- ces, 11 n’eft pas étonnant qu’elle ait produit plufieurs gens de lettres, Je nommerai feulement les princi- paux. Béfler (Bajile) eft connu des Botaniftes par lé ma génique Ouvrage intitulé Aortus Eyffecenfis, Notib, 1613. 4. VOl. i7-fol, chartä maximä. Son parent Mi- chael Rupert Beflér étudia lAnatomie , & moutut én 1661 à ÿ4 ans. Ce dernier à mis au jour g4zophy- lacium reruim nature. Lip. 1716 info. Camerarius (Joachim) s’attacha à l'étude de là Mé- décine & de la Botanique, & publia quelques on2 ” vrages en ce genre, Il éft mort en 1598 à 64 ans. Crellius (Jean) mort à Cracovie en 1632 à l’âge de 42 ans, a été le plus habile &c le plus grand dé- fenfeur du focianianifme. Tous fesouvrages font ex: trémement récherchés. Hanfacks,cordonnier,fe mit à la têté de la confré- rie des poëtes artifans d'Allemagne, & publia plu- fieurs volumes de vers de fa façon ; mais il n’avoit pas , comme M. Adam, le génie poétique. Hoelztin (Jérémie) proféffleur en grec à Leyde ; fuccéda à Voflins , & traduifit Apollonius de Rho- des. L'édition eff de 1641. Lugd. bar. ex officina El- evirian&, M. Ménage n’en parlé pas avantageufe- ment. Il mourut en 1641. Ofiander (Luc) à fait plufieurs ouvrages théolopi- ques. [Il mournt en 1604, âgé de 70 ans. Tous les Ofianders fe font diftingués en ce genre. Wagenjeil (Jean-Chriloflome ) devint profefleur en hifioire ,en droit, & en langues orientales à Altorf, où il mourut, en 170$, à 72 ans. Ontrecherche en- core fon cuvrage intitulé za ignea fatane , 2 vol. 1711-49, Waliher (D. Michel) prédicateur , a publié dans le dernier fiecle quelques ouvrages latins fur la thco: logie. Il mourut en 1662 à 69 ans. Entre les artiftes de Nuremberg | on peut nommer TPens & Cart (Pierre). J'ai parlé de Pens au 70: GRA. VEUR. Cart fe diftingua dans l’Architeîure : il ba- - tit, en 1597, le pont de pierre qu’on voit à Nurem berg fur la Pénitz. C’eft un pont d’une feule arcade, qui, d’une bafe à l'autre porte 97 piés d’étendue, 13 feulement d’élévation, & 50 de largeur. (D. J.) NUREMBERG, EMPLATRE DE (Pharmacie.) pre- nez minium demi-livre, huile rofat , ou plutôt huile d'olive pure 30 onces, cire jaune une livre, cam- phre & fuif de cerf, de chacun fix dragmes. Faites avec fufhfante quantité d’eau commune aux emplä- tres , felon l’art. Cet emplâtre eft très-bon, parce qu'il eft très- fimple. Ileft tout aufli contentif, tout auf agluti- natif, tout auf émollient, tout auf réfolutif, tout auf defficatif que l’emplâtre Le plus compofé ; n’é- . toit le camphre, qui, s’il conferve fon aétivité dans ce mélange, peut rendre lemploi de cet emplâtre fufpeét dans les cas de grande inflammation ; l’em- plätre de Nuremberg paurroit tenir lieu dans la ptati- que de tous les emplâtres, Peut-être même l’excep- tion du cas d’inflammation exquife ne lui Ôôte-t-elle pas l’univerfalité : car dans ce cas, le mieux eft dé _n’appliquer aucun emplâtre. (4) NURSA , (Géog.anc.) ville d'Italie dans le Pie- mont. Virgile, Enéid. Z. VII. verf. 744. la furnomme Mortoa. ( D. J.) : : NURSCIA , (Mytholog.) divinité autrefois ado- rée par un peuple du voifinage de Rome , appéllé les Volfniens. On croit que c’eft la fortune qu'ils adoroient fous ce nom. NUSCO, ( Géog. ) petit ville d'Italie au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure , au pié dune montagne, à 6 lieues au S. E, de Bénévent, 286 NUT avec un évêché fuffragant de Salerne. Long. 32, 40, dat, 40.32. ( D. J. | NUTATION, (Botan.) direttion de la plantedu côté de foleil. ; Le foleil par fon a@ion fur la furface fupérieure des feuilles, change fouvent'leur direétion, êc les dé- termine à fe tourner de fon côté : c’eft ce mouvement connu des Phyficiens , qu'ils ont nommé la suration des plantes. Cette zutation eft beaucoup plus fenfible dans les feuilies des herbes , que dans celle des arbres, M. Bonnet a obfervé que celle de la grande & de la pe- tite mauve, celle du trêfle, & de latriplex, fui- vent , en quelque maniere, le cours du féleil : au matin , leurs feuilles regardentle levant. Vers le mi- : di, & vers le foir le couchant. Pendant que le {o- leil demeure fous l’horifon, & dans des tems cou- verts ou pluvieux, les feuilles des plantes qu’on vient de nommer, fe difpofent horifontalement , & pré- fentent leur furface inférieure à la terre. Les phéno- mènes du tournefol , n'ont donc rien de particulier, & prefque toutes les plantes herbacées deviendront des tournefols pour l’obfervateur , qui fait les fuivre avec attention. Les feuilles de la plupart des plan- tes ligneufes ont trop de roideur pour fe prêter aufñ facilement à toutes les imprefñons du foleil; elle s’y prêtent cependant aflez fouvent , & l’on ne manque pas d’obfervation en ce genre. Quelquefois même la plante s'incline vers le foleil, & en fuit les mou- vemens. (D.J.) NUTATIONS , fe dit ez Affronomie, d’une efpece de mouvement qu'on oblerve dans l’axe de Îa terre, en vertu duquel il s'incline tantôt plus, tan- tôt moins à l’écliptique. La nutation de l'axe de la terre vient de la figure de cetie planete, qui n’eft par exaétement fphéri- que, & fur laquelle l’aétion de la lune & du foleil eff un peu différente , felon les fituations où ces deux aftres font par rapport à nous. Car la terre n'étant pas un globe parfait, la force qui réfulte de Paétion de la lune & du foleil fur elle , ne:pafle pas toujours. exattement par le centre de gravité de laterre, & pat conféquent elle doit produire dans fon axe,un etit mouvement de rotation. M. Bradley eft le premier qui ait obfervé ce mou- vement , en 1747, qu'il a trouvé fuivre à-peu-près la révolution des nœuds de la lune. J’ai démontré, en 1749, dans mes recherches fur la préceffion des équi- noxes, que ce phénomene éft en effer une fuite du fyfème newtonien. Voyez PRÉCESSION 6 EQuI- NOXE, M. Bradley, par fes obfervations,détermine la zura- cionde axe de la terre de 18”. en tout,& cette zxta- zion {e fait dans le même tems que la révolution des nœuds de, la lune ; auf ai je trouvé par la théorie, que cette zuration doit fe faire de la forte, & qu’elle dépend pretque entierement de lation de la lune, &z de la poñtion de fon orbite. Cette mutation produit en même tems dans la préceflion des équinoxes une petite équation , qui dépend auffi de la lune & de la poñtion de fes nœuds. Voyez PRÉCESSION 6: EQuI- NOXES ; & comme la nutation vient prefque uni- quement de la lune , au lieu que la préceffion vient de la june &c du foleil ; on tire de-là uné méthode pour déterminer la maffe de la lune. Voyez LUNE & nes recherchés fur la préceffion des équinoxes, Voyez auf ‘la feconde partie de mes recherches fur le fyflème du morde.,art, 302, où j'aiprouvé que M. Bradley eft bien fonde à croire fes obfervarions de la zurarion exaëtes, à 2". près tout-au-plus, (O) NUTRITION : 1% (Æconom. anim.) perdue y ZU- sitio, nutricatio. C’eft la fonétion du corps vivant’, par laquelle les parties qui le compofent étant con- tinuellément fufceptibles d’être enlevées les unes où v NUT les autres ; & étant féparées peu-à-peu du tout par l'aétion de la vie, font renouvellées & réparées par cette même action ; enforte que la reftitution qui ‘s’en fait par une fufception intérieure des parties des alimens, qui font analogues à celles aui forment les élemens de l’organifation , & ceux des humeurs qu’elle renferme , eft entierement proportionnée dans l’état de fanté, à la déperdition qui s’eft faite, de ces élemens, foit pour la quantité, foit pour la qualité & pour la promptitude avec laquelle s’exé- cute cette réparation, | La zutrition n’eft par conféquent , pas autre chofe que la confervation complette du corps ammal dans toutes fes parties par rapport à la confiftance & au volume qu’elles doivent avoir naturellement pot l'exercice de leurs fonctions refpettives. Le corps humain eft compofé de parties folides & de parties fluides : celles-ci font les plus abondan- tes, comme on peut en juger 1°. par l’origine de la matiere de la nourriture , qui vient des alimens ré- duits à l’état de fluidité , qui eft la feule forme fous laquelle ils peuvent pénétrer dans le tiffu des parties où fe fait la zurrition : 2°, par la quantité du fang &£ de la mafle des humeurs. Voyez SANG, HUMEUR: 3°. Par le rapport que l’on trouve entre la capacité des vaifleaux & les fluides qui y font contenus. Voyez VAISSEAU, 4°. par les injeétions dans les cadavres. Voyez INJECTION Anar. 5°. par le peu de poids au quel eft réduit le corps humain privé de fes fluides, l'effet de plufeurs fortes de maladie. 69. par la dif- tillation chimique, ou par le defféchement des corps morts. Voyez SOLIDE , Phyfrol, FIBRE, £con. anim, &c. On conçoit aifément que, puifqu'il fe fait , dans tous les corps inanimés , même les plus folides &r les plus brutes , une diffipation continuelle de leurs par- ties , par la feule a@ion de la matiere ignée, dont ils font tous pénétrés, à plus forte raifon, une pa- reille difipation doit-elle avoir lieu &c d’une maniere bien plus confidérable , dans Les corps qui, outre cette caufe commune , font doués d’un principe de mouvement, qui tend auf! fans cefle à détruire l’af- femblage des parties qui forment les corps organifés mais ce font furtont les fluides contenus dans les or- ganes, ceux qui font aqueux principalement, qui {ont le plus promptement emportés par l’effet de la chaleur animale , & du mouvement des humeurs. La tranfpiration fenfble qui fe fait par les téoumens & par les poumons eft au moins de trois à quatre livres par jour (Voyez TRANSPIRATION); & les parties les plus groffieres de nos fluides,les plus difpofées à la coagulation par leffet du repos & du froid , font continuellement portées à fe diffoudre par le mou- ment animal & la chaleur vitale, portée à 96 de- grés du thermometre de Farenheit, qui eff la mefuye ordinaire de celle de l’homme dans l’état dé fantés effet du frottement des globules des humeurs , con- tre les parois des vaifleaux & de ces mêmes globu- les entr'eux (voyez CHALEUR ANIMALE ) jufqu'à cé qu'ils parviennent à s’atténuer, à fe divifer , à fe volatilifer. Voyez MOUVEMENT, Phyfrolog. Cir- CULATION ; PUTRÉFACTION. On doit obferver , par rapport à la difipation du fluide animal , que lurine elle-même ‘en fait une grande partie , parce qu’elle n’eft pas feulement ‘compolée des parties aqueufes de la boiffon où des parties extrémenticielles des alimens : il s’y trouve encore beaucoup dés humeurs de l’animal,puifqu'elle a tant de difpoñtion à fe pourrir, à devenir alkaline, & qu’elle contient des parties luuleufes , fpiritueu- fes, volatiles ; on peut ajouter encore que,, per la voie des felles, il fort auffi chaque jour ordinaire- ment de la bile 8x du différent fuc inteftinal excré- mentiçiel à la quantité de plufieurs onces, | Toutes ces différentes fortes de diffipation des fluides du corps animal font fufifamment prouvées par l’infpe@tion , par la pondération & par les effets de l’exercice, du travail excefif, par ceux de la fie- vre, des purgatifs & de toutes les évacuations ar- tificielles , qui produifent une diminution confidéra- ble du poids du corps , par la maigreur & le def- féchement , qui font les fuites de ces déperditions exceflives. Aïnfi , la diffipation continuelle des fluides du corps vivant étant fufifamment établie , il s’agit à préfent d'examiner celle des parties folides : elle fe démontre facilement par fes cauies : en effet, les co- lonnes du fang , c’eft-à-dire , de celui de nos flui- des quieft müavec le plus de force & de vitefle,érant par l’aétion du cœur, pouflées avec impétuoñté con. tre les courbures , les angles des vaifleaux , & les points de rétréciflement de leur cavité, contre ceux de féparation entre leurs ramifications, en écartent les tuniques , les redreflent, les alongent & les met- tent dans un état de diftra@ilité , qui ne cefle avec tous les autres effets qui s’enfuivent , que lorfque la force de l’impulfion ceffe elle-même , &c que la force d’élafticité des fibres reprend le deflus & les remet dans l’état de flexion qui leur eft naturel ; ce qui produit des efforts alternatifs qui fe répetent environ cent mille fois par jour, & feroient fufhfans par les frottemens qui s’enfuivent pour ufer des machines de bois trés-dur , & même de métal. Ainfi, il ne doit pas paroître furprenant qu'il {e fafle une déperdition de parties dans les organes du corps humain , qui ne font compofés que d’une ter- re friable , dont les particules ne font unies entr’el- les que par la feule force de cohéfion dont elles font douées, comme le prouve la combuftion des os, & . même celle des cheveux, & fans perdre leur forme; &t par la matiere mucide vifqueufe, qui entre dans la compofition de toutes les parties folides de l’ani- mal. Enfoïte que ces parties confidérées en détail ont fi peu de confiftence , qu’elle peut être détruite par la diffolution qu'operent la chaleur animale , La putréfaétion qui les réduifent en une efpece de li- quament mucilagineux dans lequel il ne refte plus aucune marque d'organifation. La difipation des élemens de nos folides qui exi- ge la réparation, la nutrition dans tous le cours de la vie fe fait dans tous les vaifleaux de notre COfps, c'eft-à-dire dans toutes les parties quile compotent ; puiqu’elles ne font toutes qu’un aflemblage de vail. icaux : mais c’eft fur les plus petits, qui forment la lurface intérieure des grands, que portent les effets du frottement, du tiraillement, par lefquels les éle- mens des fibres, qui forment leurs tuniques , étant ébranlés par la répétition des chocs qu’ils éprouvent, & les fibres elles-mêmes étant alongées, il fe fait un écarrement entre les particules terreufes & glu- tineufes dont elles font formées, & il s’enfuit nécef. fairement une diminution dans la force de cohéfion, qui umt ces élemens entr’eux ; enforte que cette force n'eft plus fufffante pour réfifter à l'effort, à labrafion , qui enleve , qui détache entierement cel- les des particules élementaires qui cedent le plus, & qui,ayant éprouvé le plus d’ébranlement, {e trou- vent le plus difpofées à la folution de continuité ; & font, en conféquence, féparées en tous fens de tous les élemens voifins , au point d’être entierement bots de la fphère d’attra@tion réciproque ; & d'être entraînées par le torrent des fluides, ayec lefquels il eft un contaët immédiat, de maniere qu'il fe fait un vuide, une foffette à la place de la particule qui ft emportée ; laquelle foffetre eft remplie en même tems par une autre particule analogue, four- mie par l'humeur lymphatique mucide, lente, con- tenue dans les vaifleaux nourriçiers ; enforte que N° UST 207 cette particule, proprement alimentaire , qui eft un mélange d’élemens de terre & de gluten, fe moule dans le vuide , le ferobicule de la membrane ou tu- nique du vaifleau fimple, &ne diffère de la particule qu’elle remplace, qu’en ce que la nouvelle a plus de vifcofité , de force, de cohéfion, n'ayant pas €n« core été expolée à l’adion du frottement , à la cha- leur animale qui fubtihfent , qui volatilifent les éle- mens même dés parties folides , & qui font bientôt éprouver à {on tour la même altération à la parti- cule fubfdiaire | comme à toute autre : entorte qu'elle eit auf enlevée à fon tour, & remplacée par une autre, ce qui fe répète ainf continuelle- ment dans tous les points du corps, plus ou moins promptement, à proportion que les parties font plus ou moins expoices à l’aËhion de la vie. On voit par-là que Les corps animés ne pourroïent pas fubhiter long-tems , s'il ny avoit quelque chofe de propre à réparer les pertes qu'ils font continuel-. lement , puifque dans toute leur étendue il n'y a pas une feule partie qui ne perde quelque chofe à cha que inftant. | Cette déperdition eft très-confidérable pendant les premieres années de la vie, que toutes les parties fohides {ont plus molles, &c qu’elles font plus en mou- vément : elle diminue à proportion qu’on avance en âge ; mais 1l s’en fait toujours : enforte que peñ= dant l'enfance & la jeunefle , la difipation eft pro- portionnée à la quantité de matiere mucilagineute , qui abonde alors dans la mafle des humeurs pour fournir celle de la nutrition : la quantité de la difi- pauion, comme celle de cette matiere , diminue de plus en plus, à mefure qu’on avance en âge, que ioutes les parties folides acquierent plus de confif- tence, & tendent prefque toutes à l'oflification, Foy. VigifressE. Ce n'eft pas dans le même tems qu'il eft enlevé des parties élémentaires de tous les points de la fibre par les frotiemens, par les chocs qu’éprouvent les iolides de notre corps ; chacune de ces parties fe trouvant douée refpettivement d’une force de co- héfon un peu différente , eu égard au plus ou moins d'efforts qu'elle a efluyés, qui tendent à détruire! certe force, c'efl-à-dire , à la furpafler & la rendre nulle , réfifte plus où moins à ces efforts, par lef quels elle doit être tôt ou tard féparée du tout qu'elle compoie , felon que cette force eft plus où moins conhdérable, à proportion que cet effort eft plus où moins violent , & que lorgane dans le tiflu duquelil fe fait a plus ou moins de confifience. C’eft dans Fintérieur des srands vaiffeaux où le mouvement des humeurs, leur choc contre les pa- rois iont les plus confidérables, que fe fait en con- féquence l’enlevement des parties élémentaires des folides , c’eft-à-dire, des élémens des fibres qui for- ment les membranes extrèmement délices des vaife feaux fimples, dont l’aflemblage compofe les tuni- ques , & conféquemment les furfaces intérieures de ces grands vaifleaux. Mas ce ne peut être que dans les petits vaifleaux fimples, qui forment les tuniques des grands vaif- feaux , que peut fe préparer & s’opérer la réparti- ton des particules enlevées, parce que les humeurs contenues dans ces petits vaifleaux étant très éloi- gnées du principe d'impulfion, & ayant eu dans leur cours une infinité de réfiflances à furmonter, leur mouvement progreffif, qui ne fubffteroit plus dans les derniers vaifleaux, fans l’aétion que leur donne vraifflemblablement Pirritabilité dont ils font! doués, ce mouvement ne peut au moins qu'être très petit, & favorifer conféquemment l’application des particules deflinées à remplacer par zzus-fufe cepaon celles qui ont été emportées au-dehors de ces vaifleaux fimples; enforte que comme c'eft 286 NU T ET Ce . 1 ï V'effort qui fe fait à la furface extérieure de ces pe- tits vaileaux qui forme l’intérieur dés grands:, que Ton doit regarder comme étant la caufe qui tend continuellement à détruire toute la confiftance des folides, la lenteur du mouvement des humeurs dans les vaifleaux fimples , concourt à opérer Pinius-fufe. “ception des particules nourricieres qui s’oppoie à cette deftruétion , en tant que la force d’attraétion &c de cohéfion dont elles font fufceptibles d'éprou- ver les effets de la part des parois des fcrobicules où cavités forées par l’enlevement des particules élémentaires, l’emporte fur le peu de force d'im- pulfion qui leur refte pour être portées plus avant dans leurs propres vaïfleaux, ou même la fimple force de fu@ion, femblable à celle des tubes ca- pillaires ou des racines des plantes, peut fuñire vraif- {emblablement pour conferver le cours des fluides contenus tant qu'ils reftent fous cette forme. Il n'y a d’ailleurs que les parties furabondantes du fuc nourricier qui ne font pas employées à leur deftination, qui arrivent à l’extrémité des arteres nevro-lymphatiques , qui font les véritables vaif- feaux nourriciers , pour être reportées daus la mafle des humeurs par les veines correfpondantes, tan- dis que les particules enlevées des parois des orands vaifieaux {ont entrainées däns le torrent de la cir- culation , où elles fe mêlent au fang &7 aux autres humeurs, comme parties redevenues fufceptibles d'entrer dans'la compoñtion des fluides du corps anumal; mais d’une maniere qui les rend impropres à former de bonnes humeurs. La chaleur & le frot- tement qui la produit, dont elles ont éprouvé les effets, les ayant fait dégénérer, en leur faifant contrafter une qualité lixivielle, qui ne les difpofe qu'à fe méler à la parte excrémenticieile de La mafle des humeurs, avec laquelle elles ont le plus d’ana- losie , à être féparées de cette mañle par Les vaif- feaux propres, à les aitirer , à les recevoir, pour être rejettées hors du corps par les organes defti- nés à cet effet. D'où il fuit que les alimens ou les corps defti- nés à fournir la nourriture de l’animal , étant la plà- part fous forme folide , ne contribuent à leur defti- nation , qu'après avoir pañle fous forme fluide dans la mafle des humeurs, par l'extrait qui fe fait de la ‘matiere alimentaire dans les premieres voies fous: | le nom de chyle, lequel eft encore un aflemblage groffer de parties hétérogenes, parmi lefqueiles fe trouvent la véritable matiere de la zzsricion, qui ne fe développe & n’eft fufifamment préparée, at- ténuée , qu'après avoir fouffert différentes élabora- tions, d’abord fous la forme de fang, enfuite fous celle de lymphe, qui fe fubulife & s’'évapore deplus “en plus , en paffant par différentes filieres de vaif- feaux toujours plus petits & toujours moins com- polés , jufqu’à ce qu'il foit parvenu à la derniere divifion des vaifleaux, qui font ceux dans la com- poñtion defquels il n’entre que des fibres fimplès, élémentaires, formées par conféquent de particu- les-plaftiques , de la même nature que le fluide qu'ils contiennent, qui a toutes.les qualités requifes pour entrer dans la compofition des fibres fimples, dont font formées toutes les parties folides, tous Les or- ganes , qui n’en font que des aggrégés, Ainf l'extrait des alimens devenu un fluide, qui conferve cette forme pour pañler en mafle par diffé- rentes élaborations , redevient folide en détail, en parvenant à fa deftination principale, qui eft de nourrir Le corps, en formant ou réparant fes parties folides, pour reprendre enfuite de nouveau fa flui- dité, lorfqu'il ne forme plus que les débris de ces mêmes folides, dans la compofñition defquels il étoit entré par lation de la vie, & dont il a été tiré par l'effet de cette même aétion : enforte que par une NUT | admirable difpofition de la machine humaine, lé principe de la vie, qui eft en même tems inévita- blement un principe de defiruétion, prépare aufñ & opere en même tems ce qui eftméceflaire pour corriger ce mauvais effet, & devient pat ce moyen un principe de confervation, tant que l'état de fanté fe foutient &c entretient les difpoñtions nécef- faires pour ce principe , parce que ce n’eft que du concours de toutes les fon&tions , dont l'exercice eft bien réglé & fe fait bien naturellement, que ré- fultent les conditions pour une bonne rwsririon. Voilà ce qui paroït pouvoir être dit de plus vraiflemblable & de plus conforme, à ce que l'on connoït des opérations de l’œconomie arimale, relativement à l’organifme & au méchanifme de la Autrition, Qui, au fefte, à toujours été regardée comme un des plus grands myfteres de la nature; & qui a conféquemment fourni matiere, ou au moins donné lieu aux hypotheles (en trop grand nombre , & dont l’expofition feroit trop longue ;, même en précis, pour trouver place ici), que les phyfologiites ont propofées pour tenter de deviner le fecret que la nature femble jufqu’à préfent s'être réfervé à cet égard : enforte que les moyens dont elle fe fert pour la confervation des individus, ne font pas moins cachés , que ceux qu’eile emploie pour la confervation de l’efpece. Voyez GÉNEÉRA- TION. Les lumieres de la théorie ne peuvent donc qu’é- tre extrèmement bornées , lorfqu'on eft réduit à conjeéturer fur les caufes & les effets phyfiques qui fe dérobent à nos fens, comme il en eft de lo- pération dont il s’agit : mais 1l eft prefqu’aufñ avan- tageux d’avouer fimplement notre ignorance à cet égard, & la difficulté de la diffiper, comme à l’'é- gard de toutes les autres premieres eaufes phyfi- ques, telles que la gravitation, l’attraétion , l’élaf- ticité, Éc. pour épargner des recherches, qui, après tout , font fort inutiles, puifque les principes de ces objets étant bien connus, n’en feroient pas plus fufceptibles de modification de notre part, & que d’ailleurs il refte toujours impofhble de porter jufqu’à la démonftration l’explication de pareils effets. Tout ce qu'il y a de plus certain fur la nature de la matiere de la zusrition, & qu'il importe de favoir, c’eft que toutes les parties folides des animaux, les os même comme les chairs, dont on fait la décoc- tion dans la machine de Papin, fe diflolvent entie- rement & fe réduifent en un fuc qui paroïît homo- gene , gélatineux &t diaphane; d'où on peut con- clute, que ce qui forme principalement le corps de Panimal, eft ce qui réfulte conftamment & éga- lement de toutes fes parties; que c’eft par conté- quent un fluide mucide qui fournit les élémens des fibres & les matériaux de tous les organes. On obferve que les prémiers rudimens des ani- maux font formés d'un fuc lymphatique de la na- ture du blanc d'œuf, &r que les embryons mis dans de l’eau tiede, fe liquéfient &t fe changent entiere- ment en une matiere vifqueufe , diaphane; d’où on peut inférer avec fondement que la matiere dont les animaux font engendrés, font formés originai- tement, doit aufñ être conféquemment celle de leur nurrition. Ainf il paroit que l’on peut aflurer que la partie mucilagineufe la plus fine des'matieres deflinées à notre nourriture, qui font portées dans la mafle des humeurs & qui y éprouvent différentes élabora- tions, eft le véritable fuc nourricier : c’elt pourquoi l’on obferve que dans les animaux robuftes, vigou- reux, le fans eft fort chargé de parties gélatineu- fes, & qu’au contraire il ne fe trouve prefque point de parties concrefcibles dans le fang des animaux: qui ui périent par Le défaut d’alimens où pat le ma. rafme ,. qui provient de ce que le fang n’eft pas pro- pre à fournir le fuc nourricier. | … Ce n’eft cependant pas la partie rouge du fang qui fert à La zarrition non plus que le chyle , dans lef- quels il ne fe trouvé point de parties gélatimeufes bien travaillées, bien développées. Ces fluides ope- rent la réplérion des vaifleaux, réparent par con- féquent la perte des fluides, qui fe diffipent conti- nuellement, Ils fourniffent aufñi plus ou moins les fucs huileux qui forment la graifle, qui contri- buent. par. conféquent à augmenter le volume du corps; mais ils n'ont pas les qualités néceffaires pour nourrir immédiatement les parties qui les con- tiennent , pour entrer dans leur compofition intime , &c être changées en la propre fubftance de l’animal , en ce qui fait la matiere de fes parties folides, des fibres qui forment toute fon organifation : ils font trop groffiers pour ponvoir pénétrer dans les diffé- rentes divifions de filieres, par lefquelles cette ma- tiere doit être filtrée, fubtilifée avant d’être pro- pre à remplir {a deftination, Il fuit donc que puifque la véritable matiere de la zurrition eft un fuc gélatineux, les alimens qui contiennent le plus de matiere mucide, de cette matiere qui eft regardée par un des plus ardens fcru- tateurs de la nature, le célebre Néedham, & par le favant auteur de l’hiftoire naturelle moderne, M. de Buffon, comme un compofé de molécules ofsaniques, font les plus propres à réparer les per- tes du corps animal, £ à fervir à fa confervation individuelle ; au lieu que les matieres que lon prend pour fe nourrir, qui contiennent peu de fuc pélatineux, ne fourniflent que très-peu de fuc nour- ricier, & font par conféquent très-peu propres pour Ja nourriture : ainfi les chairs des jeunes animaux, comme les poulets, les agneaux, les veaux, cel: les des bœunfs, des moutons, de la volaille; les œufs, le lait , les extraits de ces différentes ma: tieres alimentaires faits par décoëtion ou de toute autre maniere qui peut féparer en plus grande abon- dance les fucs gélatineux mucides des parties f- brenfes terreufes qui les contiennent , comme une éponge chargée d’eau, & forment la partie inu- tile, inerte, non alimentaire ; en un mot des corps \ dans la nature deftinés à fournir la matiere de la’ nutrition, font les fubftances les plus propres à four- mir une bonne nourriture , à réparer le fang & Îles autres humeurs d’où fe tire le fuc nourricier ; lorfqu'il s’eft fait, une grande déperdition de ces différentes humeurs pat maladie ou par toute au- tre caufe; c’eft par le défaut de matiere mucide, pélatineufe, c’eft-à-dire, par le peu qu’en contien- nent les fubftances végérales, qu’elles font très-peu propresen général, excepté leurs femences, à four- “ir une bonne nourriture. Ce font les plantes fuc- culentes; à fleurs cruciformes, dont la partie mu- cide et. la plus analogue à celle des animaux & abonde le plus, qui, de tous les végétaux font em- ployés avec le plus d'avantage pour fournir la ma- p10y P 8e P tiere de la zusrition. | | En récherchant.plus. particulierement la natute decette matiere, il paroît qu’on doit la regarder comme homogene. & d’une qualité égale , fimilaire “dans toutes les parties où elle eft difiribuée & mife en œuvre pour, fa. deftination ; enforte qu’elle ne differe dans fes effets, que pat la figure , l’orga- nifation même, de Ja,partie, à la nutrition de la- quelle elle eft employée. Cette qualité de la ma- uerenourriciere , Galien l’appelloit douce ; ce qui ne fignifie autre chofe dans le fens d'Hippocrare, gu'unejqualite tempérée, dans laquelle rien ne do- mine ;renn'eftirritant, & pour ainfi dire, altérant. Cependant il paroïît, felon les obfervations d’un Tome XI, NU T 239 favañt phyfcien chimifte, M. Venel, profeffeur À Montpellier , que la plus grande partie des alimens, & les meilleurs ; renferment dans leur fubftance noutriciere, une forte de fel qu'il appelle zicro- cofmique, c’eft-à-diré , animal, qui Venant à fe développer à force d’élaborations dans les différens vaifleaux par où elle eft filtrée, fert à aignifer le fuc noutricier parvenu dans les dernieres filieres de fes propres vaifleaux, & à donner de l’aétivité aux fibres élémentaites de lorganifation : ce qui peut contribuer beaucoup à différens phénomenes dé l’économie animale, Voyez SEL , ANIMAL , IRRITA- BILITÉ, 1 Ne pourtoït-oh pas ajouter en pañlant, à l’occa: fion du fel animal dont il vient d’être fait men- tion comme propre à favorifer la faculté irritable des folides, que ce peut être auf ce mixte qui, étant trop développé ou trop abondant , excite avec excès cette propriété des folides dans plufieurs ma: ladies inflammatoires, dans les fievres lentes, hec- tiques , dans les cacochimies chaudes, rhumatif: males , arthritiques, caufe une crifpation dans les vaifleaux névro-lymphatiques, qui ne permét plus la diftribution du fué nourricier , Le fait refluer dans la mafle du fang où il fournit la matiere plaftique, concrefcible , qui forme la coënequel’on voit {ou- vent dans les maladies fe former fur la futface du fang qui eft tiré par la faignée , où il eft fi domi- nant dans la mafle des humeurs, qu'il détruit la confiftence , la vifcofité néceflaire au fuc nowrri- cier , qui revient par-là trop fluxile & fufceptible de fe difiper, en fe mêlant à la férofté excrémen- ticielle , qui forme la matiere de la tranfpiration & des urines , ou qui prend fon cours quelquefois par * la voie des felles , où qui fe répand fur la mafle dans quelques cavités fans ifue, d’où s’en fuivent la maigreur , Le defléchement , qui réfultent prefque toujours de ces évacuations ou de ces hydropifies colliquatives, | | Ne peut-on pas dire encore que , comme la qua: lité mucilagineufe balfamique des humeurs dans les premiers tems de la vie ( d’où par conféquent celle du fuc nourricier ) favorife l’accroiflement , la quas lité faline ammoniacale que contraétent de plus en plus les humeurs à mefure qu’on avance en âge, érabliflent peu à peu l’efpece de cacochimie natu- relle qui opere tous les mauvais effets de la vieil= lefle, pareils à ceux qui produifent la plûpart des maladies dont cn vient de parler, dont le principal effet eft anffi de procurer, pour ainf dire, une ‘vieïilleffe anticipée ? Quoi qu'il en foït , de ces conjéêtures qui ne paroïflent pas fans utilité , ni déplacées dans cet article , 1l refte au moins certain que le fuc nour: ricier eft de toutes les humeurs du corps humain, celle qui eft la plus animale , puifqu’elle eft la feulé qui puifle fe changer en la propre fubftance de l’a- nimal , par l’analogie qu’elle a acquife avec les élémens qui le compofent , par la qualité plaftiqué que lui ont donnée les plus grandes élaborations qui puiffent s’operer dans le corps animal , qui la font pafler par le dernier degré d’atténuation, de coétion poflibles dans cette machine vivante, pour la féparer de tout ce qui lui eft étranger ; mais de facon qu’à mefure qu’elle acquiert la plus grande fluidité pour pénétrer dans les filieres les plus finés que l’on pufle concevoir, elle devient par fa na ture mucilagineufe & par la lenteur, de fon mou- vement de plus en plus difpofée à la concrétion, On à cru que le fluide des nerfs fe mêle au fuc nourricier, parce que toutes les grandes évacuas tons qui font fuvies de la maigreur , de l’exté- nuation , font aufli accompagnées de beaucoup de foiblefle ; mais 1°, la qualité des fluides su il s’as a NUT 290 git, n’a aucune analogie , eft entierement oppofée ;. parce que célui des nerfs ne peut être compoñé de parties mucilagineufes , mais huileufes , fulphu- reufes, éledriques, & doit avoir par conféquent, par fa nature & par fa deftination, le plus grand éloignement à devenir concrefcible comme le fluide nerveux. 2°. L'effet qui vient d’être allégué, peut être attribué tout fimplement à ce que les évacua- tions diflipent la matiere du fluide nerveux, comme celle de la zutrinon ; d’où fuit le relâchement des nerfs, qui ne doivent leur reflort qu'au fluide qu'ils contiennent ; d’où s'enfuit que lorfque ce reflort manque dans le genre nerveux en général , ou à l'égard d’une partie quelconque, le fuc nourricier, en conféquence , n’eft point préparé &c diitribné dans les vaifleaux avec les qualités convenables. Il en eft de même lorfque la circulation du fang eft diftribuée dans une partie , comme par la liga- ture d’une artere, d’un nerf, ou par la paralyfe: ces différentes léfions nuifent confidérablement au méchanifme & à lorganifme de la zwsrition, par lation affoiblie , empêchée des folides de cette partie, & le déréglement dans le mouvement d'im- pulfion des fluides qui doivent y être difiribués ; ce qui donne lieu à ce que la zusrision eft plus ou moins imparfaite , & que la maigreur , le defféche- ment, ou la bouffflure, &c le relâchement des fibres mufculaires fuccedent dans les parties viciées ; ce qui eft plus fenfible encore dans les plaies de ces parties, où ilne fe forme que de mauvaifes chairs fongueufes, blaffardes, qui ne peuvent jamais for- mer une bonne cicatrice. L’excès dans l'évacuation de la liqueur féminale par l'exercice vénérien , par la répétition trop fré- quente des pollutions involontaires , des pollutions noûturnes occafionnées par des rêves &T par toute autre caufe que ce puile être, mais fur-tout par la maftupration, eft une des canfes des plus con- fidérables & des plus communes du défaut de zu- crition & de l’épuifement qui s’en fuit; parce que cette liqueur véritablement analogue au fuc nour- ricier, par fa qualité mucilagineute , plaftique , & par l'élaboration qu’elle éprouve ; étant d'ailleurs deftinée en grande partie à être repompce dans la mañfle des humeurs, eft un des principaux moyens que la nature employe pour entretenir la {enfi- biiité , l'irritabilité convenables dans toutes les parties folides des mâles ; ce qui contribue le plus à établir la force, la robufticité qui les dif- tinguent entre les deux fexes: effet que l’on peut encore attribuer au fel animal, dont la liqueur fé- minale doit être imprégnée, tout comme le fuc nour- ricier , eu égard au rapport de ces deux fluides en- tr'eux. Poyez SEMENCE , IRRITABILITÉ. Le fpafme , le refferrement des nerfs qui génent le cours des humeurs dans une partie quelconque , en y empêchant conféquemment la difibution du fuc nourricier, nuifent aufli beaucoup à la z4érition, & peuvent caufer la maigreur , le defféchement des parties affectées, L'exercice violent, le travail forcé, la fievre & toute agitation exceflive du corps & d’efprit, doi- vent être aufli rangés parmi les caufes qui peuvent le plus contribuer à altérer la qualité du fuc nour- ricier , en détruifant fa qualité concrefcible, plaf- que, en le volatilifant & le difpolant à fe difiper fans remplir convenablement fa deftinaton. Par la raïifon du contraire, le défaut d'exercice , d'action des organes du mouvement animal , produit un embonpoint exceffif, qui dépend cependant beau- coup plus de la réplétion des vaifleaux adipeux des cellules sraifleufes, que d’un excès de mu#rsro7 proprement dite, qui ne fe fait même jamais parta- tement dans ce cas, & ne PIQQUE que és, NU X lâches, des chairs molles, pat le défaut d'élabora: tion fufifante du fuc nourricier, Dans les premiers tems de la vie, les fluides pré- dominent fur les folides qui font alors très-flexibles, & pour ainf dire duétiles. Les vaifleaux cedent aifément aux efforts des parties contenues ; ils font fufceptibles d’une dilatation toujours plus confidé- rable ; ils s'étendent & s’alongent de plus en plus, ce qui exige une zutririon plus abondante que n’eft alors la déperdition de fubftance par l’aétion de la vie, c’eft ce qui forme l’accroiflement, Voyez AC- CROISSEMENT. | Dans un Âge avancé , au contraire , les folides qui perdent peu-à-peu prefque toute leur flexibi- lité, qui n’ont plus de duétilité, cedent difficilement à l’effort des fluides, fe condenfent de plus en plus ; enforte que les fibres de toutes les parties, bien loin de s’alonger & de s'étendre , ne permettent pas même que la réparation foit proportionnée aux pertes que font continuellement les folides ; elles fe raccorniflent, les vaïfleaux s’obliterent, fe rac- courciflent , & donnent lieu à un véritable décroif- fement, qui dépend principalement de ce que la contraétion des vaifleaux l’emporte fur la force d’impulfion & de dilatation de la part des fluides. Voyez DÉCROISSEMENT. Pour un plus grand détail fur tout ce quia rap- port à la zarrition, voyez principalement la phyfo-: logie de M. de Senac, connue fous le titre, Effaë de phyfiquefur l'anatomie d'Heïfter ; le Commentaire de la phyftologie de Boerhaaye, de l’édition du baron de Haller, &c la phyfologie même de ce favant au- teur, qui n’a point encore paru en entier, mais dont les premiers volumes font défirer les derniers avec le plus grand empreffement, NUTRITION, ( Jardinage.) fe dit des végétaux qui profitent beaucoup; ce qui contribue le plus à cette rurrition , ce font les labours &r les engrais que l’on donne à la terre. | Les vrais principes de la zwrrition des plantes font les pluies, la rofée, les parties nitreufes de l’air , les fels de la terre fermentés parles feux fouterrains, 87 fecondés de l’ardeur du foleil. NUTRITUM , ( Pharmac, & Mat, méd.) Onguent nutricum : prenez de litharge préparée fix onces, d'huile d’olive dix-huit onces, de vinaigre très-fort demi-livre ; arrofez la litharge tantôt avec l'huile, tantôt avec le vinaigre, en agitant continuellement dans le mortier jufqu’à çe que vous ayez employé vos deux liqueurs , & qu’elles fe foient unies à la litharge fous forme &t en confiftence d’onguent. Le rutricum eft fort recommandé dans les mala- dies de la peau accompagnées de rougeur, de cha- leur & de démangeaifon , principalement dans les dartres. Ce remede réuflit communément lorfque ces incommodités font légeres , & il calme au moins pour un tems celles qui font plus rebelles. On re- doute dans ‘ce remede la vertu repercufive, qui peut en effet devenir nuifible par accident , c’elt- à-dire , fi les éruptions cutanées difparoïffant bruf- quement par l'application de cet onguent , caufent des accidens qui furviennent fouvent à la guérifon de ces maladies ; maïs le zurrirum eft communément trop peu efficace pour qw’il puiffe pafler en général pour un remede fufpeët. Voyez REPERCUSSIF. (b) NUX INSANA , ( Botan. exor, ) nom donné par Clufus à un fruit des Indes qui caufe des vertiges, ou un délire quelquefois de deux ou trois jours à ceux qui en mangent. Il vient fur un arbre grand' comme un ceriier & à feuilles de pêcher. C’eftun fruit gros comme nos petites prunes, rond , couvert d’une écorce dure, rude, rougeâtre , renfermant um noyau membraneux , noir , marqué d’une tacheblan: che ,& entouré d’une pulpe noire, femblable à celle de. la prune fauvage ; ce noyau contientune amande ferme de couleur cendrée, (DJ. | NUYS ou NEUS, ( Géog. ) ville d'Allemagne dans l’éleétorat de Cologne, Elle appartenoit à la maïfon d'Autriche. Le duc de Parme la prit en 1580, & y exerça toutes fortes de barbaries. Elle eft fur la - petite riviere d’Erfft, à demi lieue du Rhin, 2 S.0. \ de Duffeldorp , 6 N. de Cologne. Long. 24. 22. lat, 51. 18, Schaaf ( Charles) , un des favans hommes de cé fiecle dans les langues orientales; étoit de Muys. L’univerfité de Leyde lappella. dans fon.fein, & 1e l’artacha par fes bienfaits. Il mourut en 1720. Ses principaux ouvrages font , 1°. opus Aramœurn ; 2°. novum teflamentum [ÿriacum , avec une tradu@ion latine; 3°. lexicon fyriacum concordantiale. ( D. I.) NYCTAGES ox NYCTAZONTES, f. m, ( Æift. ecclef. . feëte de ceux qui déclamoient contre la cou- tume qu'avoient les premiers chrétiens de veiller la nuit pour chanter les loua nges de Dieu, parceque, felon eux , la nuit ef faite pour le repos des hommes. Ce mot dérive du srec wË, nuit. NYCTALOPIE , f. f. ( Chururgie. ) maladie des yeux qui empêche de voir pendant le jour & non pas pendant la nuit, ou indifpoñtion des yeux qui fait que, la pertonne qui en eft attaquée, voit mieux la nuit que le jour. Ce mot vient du grec, zuit, & dnumné , renard, parce qu'on dit que cet animal voit moins bien le jour que la nuit, Hippocrate a employé ce mot dans ce fens. LL | La rytfalopie vient ,‘ditton , de ce que les efbrits font trop diflipés dans Le jour, & qu’ils le font moins pendant la nuit. Voyez VUE. La ryalopre, ielon Boerhaave, confifte en ce que Puvée eft fans mouvement, quoiqu’elle foit ou- verte. | 1) | NYCTALOPIE fe dit auffi d’une maladie des yeux toute contraire, qui empêche de voir lorique-le fo- leil fe couche & que fa lumiere commence à dimi- nuer. Foyer AVEUGLEMENT. C’eft ce qu'on appelle en latin zoëurna cecitas. AC a En général on appelle de ce nom toute maladie qui empêche de voir à quelque tems particulier de la journée où les autres voient. Il n’y a aucuns f- gnes auxquels on pile reconnoiître ces maladies ; onnen jupe que fur la dépoñuion des malades ; ainf on ne peut rien prometire fur la cure ; il eft même dificile de faifir une indication pofitive, & l’on fe retranche fur l’ufage des remedes généraux quifont fouvent infrudtueux, | Dans les Tranfaéhions philofophiques, on trouve un exemple d’un jeune homme de vingt ans qui avoit été affeété de zyéfalopie des {on bas âge, & fi jeune même, qu'il n'éroit pas, en état de dire quand elle avoit commencé. M. Parlhiam nous aflure que ce jeune home avoit la vüe très-bonne pendant le jour , mais qu'à la brune il ne voyoit plus du tout, êt que la lumiere d’une chandelle ou le fecoursid'un verre, ne lui fervoient de rien : que cepentiant en examinant fes yeux, il n'avoir pas trouvé qu'il y manquât fien; qu'il navoit point non plus dé ver- tige, m d'autre maladie de tête à quoi on ph attri- buer cette indifpoñition de fa vüe, Ils’élevoit für fes yeux.,.comme nous le rapporte le fieur Parliam, une efpece de nuage qui.s’épaiffifloit par degrés comme un:brouillard à mefure que le jour baïfoit. Sa vüe étoit la même dans les différens afpe@s de la lune ; la lumiere du feu ou de la chandelle ne lui fai- ioient point de peine, & lhiver & l'été étoient pour fa vüe la même chofe, % “Tome XI, ee 7: NY M 29t Le dofteur Briggs eflaye de rendre taïlon. de ce cas, de la maniere qui fuit : « comme il s'éleye pen- » dant le jour une grande quantité de vapeurs, qui » fecondenfant par la fraicheur du {oir, retoñbent » ct rendent plus épais l'air qui eft voifin dela terre 5 » les humeurs pouvoient être afe@es de!même » dans les yeux de ce jeune homme , devenir le » foir plus groffieres & plus troubles : de même que » nous voyons fouvent l'urine devenir plus claire » où plus trouble, felon qu'elle eft échaufféeoure- » froidie ; & qu'au moyen de cet épaififfement.des » humeurs, lesrayons éprouvant une réflexion ont. » une réfraétion exceflive , ne parviennent pas juf »# qu’à la rétine, ou ne Paffedtent que foiblement ». NYCTELIES, ox NYCTILÉES , ( if. ane.) or- gies ou fêtes de Bacchus qu'on célébroit pendant la nuit: ce mot eft grec & compolé de w£, nuit, & de Tex, former, accomplir, C’étoitun de ces myfteres ténébreux où l'on s’abandonnoit à toutes fortes de: débauches. La cérémonie apparente confiftoit dans une marche ou courfe tumultueufe que fauoient dans les rues ceux qui célébroignt cette fête. portant des flambeaux , des bouteilles, & des verres ; &faifant à Bacchus d’amples libations. On renouvellait ces cérémonies à Achènes tous les trois ans au.commen: cement du printems. On célébroit auf des fêtes de même nom en l’honnçur de Cybele. oyez Bac- CHANALES, 9: NYCTEMERON, f. m. ( 4ffron.) c’eft le.nom que les Grecs donnoient au jour naturel, où au tems de la révolution diurne &c apparente du foleil autour de la terre. Voyez Jour. | Ce mot eft formé des deux mots grecs n£ nuit} ÊT nuipa , Jour; parce que le tems d’une révolution enuere du foleil autour de laterre , renferme la nuit & le jour. (O0) NYCTILEIUS,, ( Myrhol. ) NouriAsios, furnom de Bacchus, pris des ny@ilées qu’on célébroit en fon honneur, ( DJ.) a Lot D NYCTOSTRATEGE , ( Antig. greg. & rom. ) Voérospareyoc , en latin »2y@offrategus, officier princi- pal chez les anciens, prépoié pour prévenir les in2 cendies pendant la nuit, ou pour Îles éteindre; à Rome ils avoient par cette raïlonle commandement | de la garde ; & en conféquence de leur charge &c de leur nombre, ones appella sriwmvyirs de nuit , noëturniotriumvire, :( D, J.) | NYECARLEBY, ( Géog. ) petite ville de Suede dans la Finlande , {ur ia côte orientale du golfe de Bothnie ; au midi de Jacobftar, & à l'embouchure d'une petite riviere. sk NYLAND , ( Géog.) province de Suede, fur le golte de Finlande, où elie s’érend l’éfpice de 40 lieues märines du levant au couchant. Elle eft bor- née au nord par la Tartärie, À lorient par la riviere de Kymen qui la fépare de la Carélie finoïfe ; au midi parle golfe de Finlande, & à l'occident par la Finlande méridionale, Boreo, Rafebours , & Hel- finstors, font les principaux lieux de cette PrO= vince. : NYMBOURG, ( Géog. Y ville forte de Bohème ; fur l’Elbe, entre Prague & Breflaw. Les troupes faxonnes la prirent d’affaut en 1634, & paflerent au fil de l'épée une partie de fes habitans. Long. 33.1, dat, 80. 8. (DJ: | NYMPHAGOGE , ( Antig. greg, € rom. ) ryuqa= yov, en latin zymphagogusz on appelloit 2yrpha- goges chez les anciens, ceux qui étoient. chargés de conduire la nouvelle fiancée de la maifon pater- nelle à celle de fon nouvel époux. ( 2.7.) NYMPHARENA, (Æïff nat.) nom donné par Pline à une pierre qu Îe trouvoit en Perie, & qui réflembloit aux dents de l'hippopofäme. Peut-être O 1j 292 NY M étoit-cé quelque offement de poiffon , que l'on trou- ve quelquefois dans le fein de latterre. NYMPHARUM INSULZÆ , ( GYog. ant.) pe: tes lesflottantes de la Lydie, au milieu d’un étang, Î Plineen parle, & les appelle in/le falutares ; 11 y'en avoit dé femblables dans le lac calamina. NYMPHATES , ( Géog. anc. } Pline écrit Nyphar 4s, montagne dela grande Arménie , où , felon Stra- bon, le Tigre prenoit fa fource. (D. J.) | "INYMPHE , £ f. ( Mythol, ) ce mot fignifie en latinturenouvelle mariée ; mais c’eft tonte autre chofe dans la Mythologie : les Poëtes l'ont donné à des divimités fubalternes, dont ils ont peuplé l'univers: Il:y en avoit qu'on appelloit wranies ou célefles, qui gouvernoient la fphere du ciel ; d’autres serreffres ou épygies : celles-ci étoient fubdivifées en ymphes des || eaux , & #ymphes de la terre. e Les 2ymphes des eaux étoient encore divifées en plufieurs claffes; les zymphes marines appellées océd- nides , néréides | & mélies. Les nymphes des fontai- nes , Ou naïades, crénées, pégées : les zymphes des fleuves & des rivieres, ou les potamides : Îes zy1- phes des lacs , étangs, ou lymnades, | Les zymphes de la terre étoient auf de plufeurs claffes ; les 2ymphes des montagnes qu'on appelloit oréades , oreffiades où orodemmindes : les zymphes des vallées, des bocages, ou les napées : les zymphes des prés ou limoniades : les zymphes des forêts, ow les dryades, & hamadryades, Tous ces noms mat- quotent lelieu de leur habitation. . :Elles/ont encore eu plufeurs autres noms : com- me conides , ifménides | lyfiadés , thémiflades, & cent autres-qu’elles tiroient-du lieu de leur naiflance, Où plutôt des lieux où elles étoient adorées, comme Paufanias & Strabon les interpretent. On n’accordoit pas tout-à-fait l'immortalité aux nymphes ;.mais Héfiode les fait vivre quelques mil- liers d'années. On leur offroit enfacrifice du lait, de l'huile, & du miel, & on leur immoloit quelquefois des chevres. ; | Il n’eft pas aifé de découvrir l’origine de l’exiften- ce des 2yrphes, & des.fables qu’on a débitées fur leur compte. Cette idée des zyphes eft peut-être venue de lopinion où l’on étoit anciennement , que Tes ames des morts erroient auprès des tombeaux , ou dans les jardins &c les bois: délicieux qu'elles avoient fréquentés pendant leur vie. On avoit même pour, ces lieux un refpeë religieux; on y invo- quoit les ombres de ceux qu’on croyoit y habiter; on tâchoit de fe les rendre favorables par des vœux &c des facrifices, afin de les engager à veiller fur les troupeaux & fur les maïfons. Meurfus remarqne ue le mot sgtec zymphé, n’eft autré que le mot phé- | q g LYINP hé 9 q P nicien zéphas, qui veut dire ame ;, & il ajoute que cette opinion, ainfi que plufieurs autres dece tems- 1à, tiroient leur origine des Phémciens. Cette conjeëture fur l’origine des zymphes peut encore être appuyée par l'idée que l’on avoit que Les aftrés étoient animés; ce, qu'on étendit.enfuite juiqu'aux fleuves , aux fontaines, aux montagnes & aux vallées, auxquelles on affigna des dieux tu- télaires. # | | Dans la fuite on a pris pour des zymphes des da- mes illuftres par quelques aventures ; c'eft pour cela fans doute qu'Homere appelle zyrmphes, Phaëtufe & Lampeuie , qui gardoient.en Sicile les troupeau x du folel: ‘ - we? Ona mêmeété jufqu’à honorer de fimples bergeres du nomde zymphe, 8 tous les poëtes anciens & mo- dernes ontembelh leurs poéfiesdecette nouvelle idée. Mais comme Dicdore rapporte que les femmes des Atlantides étoient communément appellées zymphes, ‘| ; pour af dire, dans leurs maïons. (D. J.) il femble que c’eft dans ce pays-là, que prit naïfflan- ce l’opinion de l’exiftence deces déefles; parce NY M qu'on dufoit que c’étoit dans les jardins délicieux de la Mauritanie tingitane, auprès du mont Atlas, qu’ha- bitoient après leur mort les ames des héros. Quant aux métamorphoies de tant de perfonnes changées en rymphes, èn haiades, én oréades, en néréides, en dryades , en hamadryades, 6c. on peut penfer que lorique quelques dames illuftres étoient enlevées à la chaffe, qu'elles périfloient dans la mér,, dans les bois ; la reflource ordinaire étoit de dire que Diane ou quelqu'autte divinité les avoit. changées en zymphes, Tel étoit la prétendue Egé- rie ; cette célebre zymphe que Numa Pompilius. alloit fouvent confulrer dans la forêt d’Aricie. Après la mort de ce prince, les Romains ne trouvant plus cette zymphe merveilleufe , maïs feulement une fon« taine, ils imaginerent la métamorphole de la xym- phe en fontaine. Nous ne dirons rien ici dela belle defcription que fait Homere de l’antre des zymphes, ni de ces vers où Horace nous repréfente Bacchus inftruifant ces déefles : vidi Bacchum docentem nymphas. On ne {e- roit sûrement pas content des allégories que quel- ques auteurs ÿ ont trouvées, & encore moins des | obfcénités qu'un philofophe ftoicien , homme gra- ve & férieux, a débitées {ur ce fujet dans fon héxa- méron ruftique. Mais nous pouvons bien dire un mot de la fureur qu'éprouvoient ceux qui par hafard avotent vü quel- que rymphe dans le bain. Ovide lui-même craignoit cet événement, comme il nous l’apprend au {#. Liv. des Fafles , quand il dit, Nec Dryadas , nec nos videamus labra Diane, Nec faunum medio cum premit aura die. « Jamais ne puiflions-nous appercevoir Diane, » Niles 2ymphes des bois , m1 les faunes cornus, » Lorfqu’au milieu du jour ils battent la cam- pagne ». C’eft à quoi Properce , Liv: IIT. élég, xij. fait al- lufion, lorfque décrivant la félicité des premiers fie- cles'il dit : | Nec fuerat nudas pœna videre deas. « Alors pour avoir và quelques déeffes nues ; » On n’étoit point puni fi rigoureufement ». Ceux qui étoient épris de cette fureur des 2yr7= phes, s’appelloient en grec suigchurres , en latin /yrr. phatici, Les caux, dit Feftus, s'appellent /ymphes, du nom de zyrphes ; car on croyoit autrefois que tous ceux qui avoient feulement vù l’image d’une nymphe dans une fontaïne, étoient épris de fureur le refte de leur vie, Les Grécs les nommoïent zy"1- pholepti, & les latins /ymphatic. Plutarque dans la vie d’Ariftide, dit : « la ca- » verne des zymphes fphragitides ef fituée à Pune » des croupes du mont Cythéron;il y avoit ancien- » nement un oracle, de Lélpeit duquel plufeurs de- » venoient infenés ; ce qui les fit nommer zy”pho- » leptis. (D. I.) | | - Nympe, ( Litérat.) ce mot fe prend quelque- fois dans Les auteurs grecs & latins pour une fem- me fimplement. C’eft ainf que Pemploie Homére , Iliad, p, v.130.Callimaque, hymn, in Del, v. 215. Hymn. #7 Apoll. y. 90. 6c. Ovide applique ce mot aux femmes des Grecs, lorfqu’il dit : | Grata ferunt nymphæ profalvis dona manitis. C'eft une chofe aflez commune dans les auteurs, d’appeller zymphes , les épouféés & les nouvelles mariées. Elles portent le nom de zymphes,, dit Pho- rnutus, parce qu’alors elles paroïffent en public pour la premiere fois, ayant été auparavant cachées, NymMPHes, ff pl. (Aratom.) Ces deux efpeces de crêtes d’un rougé vermeiïl dans les jennes filles, une de chaque côté , qui defcendent en groffffant juique vers le milieu de la vulve, s'appellent 2ym- phes , parce qu'on a cru qu'elles dirigeoient le cours de l’urine, Elles ne font ni de même longueur dans tous les fujets , ni toujours de même groffeur l’une que l’autre ; & elles s’alongent tellement dans quel- ques femmés , particulierement de certains pays ; qu'on eft obligé de les couper. Les zymphes ,en latin zymphe, font deux plis pro- minens de la peau intérieure de la grande aile exté- tieure, éténdus depuis le prépuce du clitoris jufqu’au. grand orifice de la matïice, de l’un & de l’autre côté. Ces plis font d’abord fort étroits ; ils prennent de la largeur à mefure qu'ils defcendent , & ils vont en- fuite en fe retréciflant vers leur extrémité infé- rieure. Ils font d’une fubftance fhongieufe , compofée de membrane délicate , de vaifleaux très-deliés & par- femés de petites glandes febacées , dont plufieurs font fenfibles à la vüe. Cette difpoñtion intérieure les rend capables de fe gonfler à proportion du clito- ris , lorfque le fang &c les efprits leur font portés en abondance. La fituation des zymphes eff oblique ; leurs extré- mutés fupérieures font foft approchées : la diftance qui eft entre leurs extrémités inférieures eft plus grande ; elles font pourvues de quantité de mame- lons qui les rendent fort fenfbles ; elles reçoivent des arteres & des veines des vaifleaux honteux, & leurs nerfs viennent des intercoftaux. Les filles ont ces parties fi fermes & fi folides , que l’urine fort de Puretre entre leurs parois avec une efpece de fiflement ; mais elles font plus ou moins flafques &c flétries dans les femmes mariées , à proportion des enfans qu’elles ont eu & de leur âge. Les zymphes font quelquefois fi larges ou fi alon- gées , qu'elles prominent hors des levres des parties naturelles , & qu’elles imcommodent en marchant, ens'afleyant , & même dans les plaifirs de l’amour: quand ce cas exifte, on eft obligé de les couper. Mauriceau dit avoir fait à Paris le retranchement des deux zymples à une femme qui l’en pria très-inf- tamment , tant parce qu'étant obligée , à ce qu’elle lui dit, d’aller fouvent à cheval , l’alongement de les zymphes , qu'elle avoit très-erandes, lui caufoit par Le froiflement une doulourenfe cuiffon, que parce que cette diformite lui déplaïfoit fort , auffi bien qu'à fon mari, | Pour faire cette opération, on étend la perfonne fur le dos , on lui écarte les cuiffes &r les levres des parties naturelles : enfuite le chirurgien prend avec fa main gauche l’une ou l’autre des zymphes, & en coupe, avec une paire de cifeaux qu'il tient de la droite , autant qu'il eft néceflaire. Il a foin de fe pourvoirde ftyptiques pour arrêter l’hémorrhagié, & des autres remedes dont il pourroit avoir béfoïn f la malade tomboit en défaillance, Il panfe enfuite la bleffure avec quelques baumes vulnéraires ; ‘& il parvient facilement à la guérir d’après éette métho- de. On trouve dans Solhingen, ofervar, 8o. un cas dans lequel la mortification des zymphes en rendit Pamputation néceflaire. L’excifion des zymples a été pratiquée chez les Égyptiens , & dans quelques endroits de l’Arabie & de Perfe. Strabon dit que les femmes égyptiennes recevoient la circoncifion. Bélon nous apprend, dans fes obférvations , livre III, chap. xxviij, que cet ufage, qui fubfftoit encore de fon tems, étoit fim- plement fondé fur des raïfons naturelles qui même n'ont pas lieu dans toutes les femmes de ce pays-là. Cette incommodité eft aflez commune en Afrioue, écil y a des hommes, fi l’on en croit Léon l’africain, NYM 293 qui n’ont d'autre métier que de favoir retrancher aux femmes les zymphes trop alongées ; ils crient à haute voix dans les rues : Qui eff celle qui veut être, coupée ,; &c. (D. J.) | 1 NYMPHÉE , { m.zymphœum, (Archiveë. añriq.) Les Grecs & les Romains appelioient ainf certains bâtimens ruftiques qui renfermoient des grottes, des bains, des fontaines, & d’autres édifices de cette nature, tels qu’on imaginoit qu’étoient Les demeures des nymphes. On voitun édifice de ce genre entre Naples & Îe mont Véfuve ; il eft conftruit de marbre & de forme quarrée ; on y entre pat une feule porte, d’où l’on defcend dans une grande grotte qu’arrofe une fon- taine. Le pavé eft de marbre de diverfes couleurs, & les murailles font revêtues de coquillages, & tout le tour eft orné de diverfes ftatues de nymphes & de figures grotefques. Il y avoit à Rome & à Conftantinople de magni- fiques zymphees , dont il ne refte aucun veftige. On appelloit encore ryrphées certaines maifons publiques où ceux quin’avoient point de logemñens commodes venoient faire des feftins de noces, On nommoit ces bâtimens zyrphea ou lymphea, à caufe de leurs jardins de plaifance, qui étoient em- bellis de grottes , de coquillages & de jets d’eau. (D. TI.) NYMPHÉE, ( Géogr. anc. en latin Nymphea 8 Nymphœum, Ptolomée parle d’une île Nymphea dans la mer Méditerranée , au voifinage de l’île de Sar- daigne. Pline fait mention d’une autre île Nymphee dans la mer lonienne , aux environs de Samos. Nympheum étoit une ville de Pont qui apparte- noit aux Athéniens, & qui leur payoit chaque année un talent pour tribur. Il y avoit une autre ville de même nom dans Îa Cherfonèfe taurique. Enfin Nymphœum étoit un lieu fur la mer Tonienne , auprès du fleuve Aous, dans le territoire d’Apollonie. Cet endroit eft célebre dans les écrits des anciens, par un oracle & un feu mer- veilleux qui fortoient, difent-ils , du fond d’une vallée &z d’un prairie verdoyante. Tire-Liye, Plu- tarque , & Dion Caflius en parlent fur le même ton. (D) | NYMPHIUS, (Géog. anc.) ou Nympheus, fleuve de Méfopotamie qui , felon Suidas, fe jette dans le Tigre. Procope dit qu’il fervoit de borne entre les Perfes & les Roma. ( D. J.) NYMPHOMANIE 02 FUREUR UTÉRINE, (Med, ) maladie ou fymptome qui accompagne les pañfions amoureufes , les pâles couleurs , les obftruétions de la matrice, & enfin la fécherefle , l’acrimonie & la falacité dans les humeurs de cette partie. Voyez Fu- REUR UTÉRINE. NYMPHOIDE,, zymphoides , 1, f. (Hiff. nat. Bor.) genre de plante à fleur monopétale ordinairement en forme de rofette, & profondement découpée, Le pui fort du calice ; il perce la partie inférieure de la fleur , & devient dans la fuite un fruit ou une gaine oblongue , applatie & molle , qui n’a qu'une feule capfule, & qui renferme des femences enve- loppées chacune d’une coëffe. Tournefort , if, rei herb. Voyez PLANTE. (1) NYMPHOTOMIE , f. f. rerme de Chirurgie, figni- fie l’emputation d’une partie des nymphes ou du clito- ris,que quelques-uns appellent auf zyrphes, lorfque ces parties forment un volumefi confidérable qw’elles empêcheroient la confommation du mariage ; ou la rendroient extrémement difficile. Voyez NYMPHES. Galien obferve qu’on étoit fouvent obligé de faire la zymphoromie fur les femmes égyptiennes ; mais dans notre Europe il eft rare que cette opération foit néceflaire. S1 cependant il arrive qu’elle le foit, les cafuiftes 294 NYS. décident que la femme eft obligée de s’y foumettre, - _ La symphotomie eft, à broprement parler, la cir- concifion des femmes. Voyez CIRGONCISION. L'alongement des nymphes eft fi ordinaire dans Pempire des Abyffins , qu'il a fallu y établir la cir- concifion pour les femmes. Les nymphes & les levres deviennent quelquefois f longues , qu'on ne fauroit approcher certaines femmés. Au rapport de Léon l’afriquain, il y a des hommes qui n'ont d'autre métier que de favoir re- trancher ce que la nature a trop alongé dans ces parties. | Le célebre Mauriceau, chirurgien de Paris, a fait avec fuccès cette opération. Une femme de condi- tion, obligée de monter iouvent à cheval, fenroit alors des cuiffons infupportables & de la douleur par le froiffement des nymphes , qu’elle avoit très - lon- gues. Elle fe détermina à fe les faire amputer par cette taifon, & aufh parce que la longueur démefurée de ces parties déplaïfoit beaucoup à fon mari. Il faut prendre des précautions pour arrêter le fang avec foin : car Mauriceau dit que plufieurs heures après Popération il a vu furvenir une hémorrhagie aflez confidérable , qui mit la malade en danger. On pré- viendra cet accident en lavant la plaie avec de l’eau alumineufe , & par l'application de l’agaric, de la charpie feche , de comprefles ograduées foutenues par un bandage qui faffe une compréeffion fufiifante, Voyez; HÉMORRHAGIE , LIGATURE, STYPTIQUES. Îl y a apparence que les hiftoriens qui difent que dans certains pays on châtroit les femmes, n’ont entendu parler que de la zymphotomie, & non de lextirpation des ovaires qu’on pratique fur les truies pour les rendre flériles. Voyez, fur la caftration des femmes, la géréanthropie de Sinibaldus. (F) NYN , ( Géogr. ) riviere d'Angleterre ; elle a fa fource dans le Northamptonshire, & va fe déchar- ger dans le Bofton-deep. J’en ai déja parlé à larricle NEYN , car ce mot s'écrit Neyz, Nyn, Neane, &c. NYON, ( Géog. ) petite ville de Suiffe au canton de Berne, chef-lieu du perit bailliage de même nom, près du lac de Genève, &c à quatre lienés de cette ville. Nyon eft fort ancienne , comme le prouvent des infcriptions romaines , qui marquent qu'il y a eu des romains établis dans fon territoire. Pline la nomme colonia equeftris, patce qu’elle avoit été peuplée de. cavaliers vétérans. Elle eft appellée fimplement egueffris dans l'itinéraire d’Antonin. Elle eft fituée pour la plus grande partie fur une colline qui s'éleve au bord du lac de Genève, &c en partie dans [a plaine qui s'étend le long du lac au pié de la colline. Elle a bien de la peine à fe relever de l’incendie qui la réduifit en cendres l’an 1399. Longs, 23.44. latir, GS £ NYSA où NYSSA,( Géog. anc. ) Je dis Nyfa ou Nyfla , car ces deux mots fe prennent indifférem- ment l’un pour l’autre par les anciens géographes, pour défigner la même ville, On en trouve plufieurs , qui portent ce nom de Nyfz ou Nyfa ; favoir s 1°. Nyfa, ville de l’Aräbie heureufe , aux confins de l'Egypte, felon Diodore de Sicile, qui dit que Ju- pitér y porta le petit Bacchus fon fils, afin qu'il y fût nourri par les nymphes : & c’eft de-là qu'il fut ap- pellé Dionyfius, nom formé de celui de Jupiter {on pere , &t de celui de La ville Nyfz. 2°. Nyfa où Nyfa, ville de la Cappadoce , nom- mée en françois Nyffe, Voye Nysse. 3°. Nyfa, ville de Pfnde , entre les fleuves Co- phènes & Indus. On prétend qu'elle fut bâtie par Bacchus , qui lui donna fon nom. Elle étoit comman- dée par une montagne nommée Merus, mot qui en grec fignifie une cziffe. On voit aflez que ce nom. fait allufon à la féconde naiffance de Bacchus, forti de la cuiffe de Jupiter. | 4°. Nyfa, ville de la Lydie, felon Strabon ; ou de la Carie , felon Prolomée, Weheler dit avoir vu une médaille de Nyfz, frappée du tems de l’empereur Maximin, dont elle porte la tête & le nom; fur le revers 1l a une fortune qui tient en fa main une corne d’abondance , & un gouvernail en l’autre, avec ces lettres, ETHIAYP. HPYMOT POY®INOY NI- CEON, c’eft-à-dire que cette médaille de la ville de Nyfa a été frappée fous le gouverneur Aurelius Pri- mus Ruphinus. 5”. Etienne le géographe parle d’une Nyfz, ville de Béotie ; d’une autre Nyfa, ville de la Thrace, d'une troifieme Nyfz, ville de l’île de Naxie ; d’une quatrieme, ville de lEubée ; & d’une cinquieme , ville de la Libye. (D.J.) NYSLOT , (Géog.) forterefle de l’empire Ruffien dans la Livonie , fur la rive occidentale de la Narva, à 8 lieues S. O. de Narva. Longir, 46. 30, latir, 38, 46, NYSS 4, ( Botan. ) nom d’une plante décrite par Gronovius , & dont Linnœuts a fait un genre diftiné@ d’après les caraéteres fuivans. Ses fleurs font mâles & femelles ; dans la fleur mâle le calice eft à cinq feuilles étendues : la fleur eft monopétale , partagée en cinq fegmens de la forme & de la grandeur de ceux du calice : les étamines font fix filamens poin- tus plus longs que la fleur ; les boffettes des étamines font doubles. Dans la fleur femelle le calice eft fem- blable que dans la mâle , mais il refte avec le fruit: la fleur eft auffi la même. Le piftil a fous le calice ur germe oval; le ftile eft délié, plus long que la fleur: le ftygma eft oblong, applati & penché. Le fruit efl un noyau ovoide à une feule loge , qui renferme une noix pointue aux deux bouts , & fillonnée dans les bords des raies longitudinales. ( D. J. . NYSSE, ( Géog. anc. )enlatin Nyfa, ville de 14 Cappadoce , que l'itinéraire d’Antonin place fur la route d’Ancyre à Céfarée, entre Parnaflus & Ofiana, Elle eft fameufepar S.Grégoire deNyfe, que fonfrere S. Bafile yétablit évêqueen 371. Ses ouvrages , dont le P, Frontona donné une édition en160$,fontécrits dans un ftyle affeété & plein d’allégories & de rai- fonnemens abftraits , fouvent inintelhgibles. (D. J.) la quatrieme voyelle de l'alphabet fran- çois. Ce carattere a été long-tems le feul dont les Grecs fiflent ufage pour repré- fenter le même fon, & ils lappelloient du nom mé- medece fon. Danslafuite on mtroduifit un fecénd carattere Q', afin d'exprimer par l’ancien lobref, & par fe nouveau , lo long : l’ancienne lettreo on, fut alors nommée quupor, o parvum ; & la nouvelle, N ou v, fut appellée our, O magnum. Notre prononciation difingue également un o longs & un o bref ;. 8 nous prononcons diverfement || | faculta , popoloton populo. ün hôre ( hofpes ), & une horte ( fporta dofluaria); une côre ( cofta ) , & une corre ( habillement de fem- me) ; ilfaure( faltat ), & une forte (ftulta ); beauté | ( pulchritudo) , 8 Porré (ocreatus) , &c. Cependant nous n'avons pas introduit deux caraëteres pour dé- figner ces deux diverfesprononciations dumême fon. 31 nous faudroit doubler toutes nos voyelles , puif- qu'elles font toutes ou longues ou breves : zeft long dans cadre, & bref dans ladre ; e eft long dans zére, & bref dans il see ; à eft long dans pre , &c bref dans quise : u eft long dans jf£re , & bref dans calbute ; eu eft long dans deux, bref dans feu, & plus brefen- core dans we, 1e, de, & dans les fyllabes extrèmes de fenétre ; ou eft long dans croëre, & bref dans dé- | foutre. Je croïs, commie je l’aïinfinué ailleurs ( voyez LETTRES ), que la multiplication des lettres pour défigner les différences profodiques des fons n’eft pas fans quelqués inconvéniens. Le principal feroit d'in- duire à croire que ce neft pas Le même fon qui eft repréfenté par les deux lettres, parce qu’il eff natu- rel de conclure que les chofes fisnifiées font entre élles comme les has : de - à une plus grande obf- curité fur les traces étymologiques des mots ; Le primitif & le dérivé pourroïent être écrits avec des lettres différentes, parce que le méchanifme des or- ganes exige fouvent que l’on change la quantité du radical dans le dérive. Ce r'eft pas au refte que je ne loue les Grecs d’a- voir voulu peindre exatement la prononciatron dans leur orthôgraphe : maïs je penfe que les modifica- tions accefloires des fons doivent plutôt être indi- quées par des notes particuheres ; parce que Penfem- ble efl mieux analyfé, & conféquemmentplus clair ; &z que La même note peut s’adapter àtoutes les voyel- les, ce qui va à la diminution des caraéteres & à la facilité de la letture. L’affinité méchanique du fon o âvec tous les au- tres , fait qu'il eft commuable avec tous , mais plus Où moins , felon le degré d’affinité qui réfulte de la difpofition organique : ainfi o a plus d’afinité avec LU OU, qu'avec dyé,é, 1; parce que les qua- tre premieres voyelles font en quelque forte [abia- les , puifqué le fon en eft modifié par une difpofi tion particuhere des levres ; au. lieu. que les quatre autres font comme linguales , parce qu’elles font différentiées entre elles par une difpofñtion particu- liere de la langue, les levres étant dans le même état pour chacune d'elles : l'abbé de Dangeawr, opzfc. pag. C2. avoit infinué cette difliméhion entre les voyelles. Voici des exemples dé permutations entre les voyelles labiales ,. 6€ la voyelle o. O changé en eu : de molr vient meule ; de novus , neuf; de foror , fæur qui {é prononce/éur ; de populns , peuple ; de cor | cœur. | Tome XT, à ,S-m.(Gram.)c’eftiaquinzieme lettre, & || Oichangé en x : cet ainfi que l'on'a dérivé uma nus @e humanitas de homo ; cuiffe de coxa ; cuir de co: rium; cuir de coëlus ; que les Latins ont chanvé en us läplüpart des terminaifons des noms grecs en cœ; qu'ils ont dit ,. au rapport de Quintilien & de Pr cien, Amine pour hominem , frundes pour frorides , êtc: | Au contraire # changé eno: c’éft par cette méta- morphofe que nous avons sombeau de #émrilus, com- | bleside culmen ; nombre de numerus; quelles Latins-ont , dit Mecoba pour Hécuba, colpa pour culpa: que les Italiensdifent indifféremment fof/coufufle, facolra ou O changé en.ox : ainfi mouvoir vient de movere, moulin de moletrina ; pourceau de porcus, glouffer de glocio |, mourirde mort, &tc. Les permutations de lo avec les voyelles linguaz les font moins fréquentes ; maiselles {ont poffibles , parce que, comme je l'ai déja remarqué d’après M, le préfident de Brofes ( art. Lessres) , 1 n'y a pro, prement qu'un fon diverfement modifié par les di- verfes longueurs ou les divers diametres du tuyau: &t l'on en trouve en effet quelques exemples. Oeft changé en a dans dame, dérivé de donna : enedans adversis > au lieu de quoiles anciens difoient a2yor- sus; comme On le trouve encore dans Térence; en 2 dans smber , dérivé du grec o4poe. Nôus repréfentons fouvent le fonio par la diph- tongue oculaire ax , comme dans aurne , bardpier , caufe, dauphin , fauffeté, gaule , haut | jaune, lau- riér, maur , naufrage, patvré , rauque, fauteur, taupe, vautour : d’autres fois nous repréfentons o par ea, comme dans ex, tombeau, cercean, cadeau, chameau , fourneau , troupeau , fufeau, gâteau , veau, Cette ir- régularité orthographique ne nous eft pas propre : les Grecs ont dif wauË 8 mô\aË , fulcus (fillon ) ; Tpoat ê Tpajaee y Vuinus > ( bleffüre ) : & les Latins écrivoient indifféremment cauda & coda( queue ); planftrum: & plofirum (char ) ; laurum$e lorum au fu- pinidu verbe Javare (laver ). La lettre o eft quelquefois pfeudonyme , en ce qu’elle eft le figne d’un’autre fon que de celui pour lequelelle eft inflitüée ;-ce qui arrivélpar-tout où elleteft prépoñitive dansune diphrongue réelle & au- riculaire : elle repréfente alors le fon oz ; comme dans #d/6ard , bois, foin, que l’on prononceent ef- féthéjonard, bouas, fouèn. Elle eft quelquefois auxiliaire , comme quand on l’aflocie avec la voyelles pour reptéfenter le fon'ox qui n’a pas de caraëtere propre en! francois ; comme dans #euton, courage , douceur, foudre, goutte, hou- blon , jour, louange, moutarde, nous, pouli, fouper, tour, vous, Les Allemands, les Italiens , 1es Efpa- gnols | & prefque toutes les nations, repréfentent le fonosipar la voyelle z , & ne connoïffent pas le fon x, ou le marquent par quelqiwautre caraëtere. O'eft encore auxiliaire dans’ lai diphtongue appa- reñte 07, quand elle fe prononce é on: à ; ce qui eft moins-raifonnable que dans le cas précédent, puif que ces fons ont d’autres caraéteres! propres: Or oz _ vauté: 1°, dans quelques adjeétifs nationnaux, an | glois ; frangoïs, bourbonnois | &£c : 2°. aux premieres & fecondes perfonntes du fingulier | & aux troifiez | mes'du pluriel, dipréfent antérieur fimple de l'indiz-- | catif, 6 du préfent du fuppofñtif ; comme je Zifois | tu Zfois', is ifoient ; je dirois | tu lirois , ils Hroient: | 3°. dans rronnoie, & dansles dérivés des verbes con | notre & paroftre où l’oi radical fait la derniere fylla= P p 296 O be , ou bien la pénultieme avec un & muet à la der. niere ; comme je connois, tu reconnois, il reconnoit ; je comparois , tu difparois,s il reparoît ; connoître., me- » dornoit fes réponfes comme fi les paroles ctoient » 10rties des partiés que l’honnêteié ne péfmert pas » de nommer, ou quelquefois de la’ tête ; & quel- » quefois des aiffellés ; mais d'une voix ftbafle, qu'il > fembloit qu’elle vint de quelque cavité profonde, » comme fi un moft avoir parlé dans le tombeau ; » en forte que celui qui le confultoit, nel’éntendoit » fouvent point du tout, ou plutôt entendoit tout ce » qu'il vouloit ». Séiden ajoute peu après cé qui fuir. » Voyez l'hiffoire de Samuel,dont la figure fut mon- # tréé à Saul par une femme, dés parties hon:enfes » de laquelle Ofparloit,ou étoit cenfé parler. L’Ecri- » ture, dans le premierlivre de Samuel, ch. xxxviy. » appelle cette femme pirhoriffeou vertriloque, com- » me träduifent les fepiante, uze fèmme qui avoit » Ob. De-là vient que Saut lui parlé ainf : Prophé- » fe-mot, jete prie, par Ob, ce que les feprante » ont itradtit, prophétife-moi par leventriloque, Ob » étroit donc un efprit qui parloirdu ventre. Nos tra- » duéteursont rendu lemot des feptante, évaorp/uu- »# Gcc, Dar e/prit fariilier ». Buxtorf interprete le mot hébreu ob, par celui de pithor , ou d’efprit qui rend des réponies par quelque puiffance diabolique, & qui travaille à éloigner Les Hommes de Dieu. Levis, xix. 31. © xx. 27. Il rémarque que ob, fignifie encore en hébreu, boureul- de, Job, xxxij. 19. Ce qui a fait dire à Aben-Efra, qu'on l’avoit tranfporté par métaphore à un efprit qui enfloit le venire de celui qui en étoit poflédé , comme une bouteille , & rendoitfes oracles par cet- 1e partie, d’où le poflédé étoit appelle éyarrpiguloe, On a vu de nos jours des gens qui favoient ména- ger leur voix, de façon qu’elle fembloit fortir de quelque: endroit hors d’eux, foit éioigné de leue corps, foit voifin, & cela d’un ton tel que celui d: PO6, décrit par Selden. Il y avoit aux environs de Londres un garçon âgé de 25 ans, qu'on appelloit en anglois The fpeaking-fnish (ce quirevient à voci- fiber, qu'on ne peut rendre en françois), qui poflé: Goit ce talent dans une grande perfeétion. H ne lui eût pas été difficile de fe faire pafer pour forcier parmi la populace ; mais 1l fe contentoit d’effrayer des portiers, des charretiers, & d’autres gens de cet- ie elpece , qui ne connoifloient point fon art, Jai entendu parler d’une femine qui parcouroit Angleterre en mendiant , & qui favoit fi bien me- nager fa voix qu'elle paroïfloit s’entretenir avec plu- fieurs perfonnes à la fois ; elle difoit, pour émouvoir la compaflion , que les interlocuteurs étoient fon mari & fes enfans , qu’elle avoit perdus il y avoit plufieurs années, & qui pendant leur vie, avoient mangé tout {on bien. (D. J.) OBACATIARAS Les, (Géog.) peuples de l’A- mérique méridionale dans le Bréfil.. Ils habitent les îles de la riviere de S. François. De Laët les donne pour anthropophages , & vraiflemblablement fans en avoir de preuves, OBAI ox ROBAT, (Æf. nar. Boran.) c’eft une forte de jafmin du Japon qui a des fleurs doubles. Son écorce eft brune ; fon bois foible & rempli de moëlle ; fes feuilles alternativement oppolées & ter- Minées par une pointe un peu-recourbée : fes fleurs, qui paroïffent au mois de Février avant fes feuilles, _& qui fortent d’un calice écailleux , font d’un jaune pâle, & compolées de deux fortes de pétales, dont les extérieurs font d'ordinaire au nombre de huit, longs d’un demi pouceenoval; &les intérieurs, plus petits, Tome XI, À de Carthage fournir auf OBD 297 de grandeur inégale, au nombre de huit "& plus, -Mmaïqueté de points couleur de fang ; l'odeur de la fleur tire fur celle de la Violette, mais devient dé- goutante à la longue, & le soût ft très-défagréable. Cet arbriffeau , qu'on croit apporté de la Chine , ef d'une beauté qui le fait cultiver foïsneufement dans les jardins, OBARENIENS , LES, (Géog. anc.) en grec , GCa= puves ; peuples qui habitoient une partie conülérable de l'Arménie, aux environs du fleuve Cyrus. OBBA , {. m, (Æ/4 anc.) vaie fort creux dont onfe fervoit aux repas funebres. O8BA , (Geog.) ville d’Afrique dans la Maurita- nie Célarienfe. Au cmaquieme concile général affifta Valérien évêque d'Obéz en Afrique. La conférence clicifime évêque d'Obbe, Obbenfrs. OBDORA ox L'OBDORIE, (Géog.) autrefois Lucomorte ; contrée de la Tartarie moicovite, au couchant du Jéniftéa & à lorient de POby, qui la fépare de la Coudora, Ce pays eft coupé par le cer- cle po'aire en deux parties à-peu-près égales, fousle {oixantieme devré de latitude: 11 fait partie de la Sibé« rie. Pierre-le-Grand y avoit commencé quelques ha= bitations qui n’ont pas été continuées. (2.7, OBEANCIER, L m. (Jurifprud.) eft un uitre ufité dans leglife collécialé de S. Jul de Lyon ; le grand obéancier eit la premiere dignité. Le premier chanoiï- ne après les dignitaires , à auf le titre d'obéancier, Ce terme paroït être venu par Corruption d’obédien- cer ; 11 Y à apparence que ces okéanciers ont été ainfñ nommés, parce que dans l’origine ils étoient envoyés par l’archevèque de Lyon pour deffervir cette évhle. Poyez OBÉDIENCIER, OBÉDIENCE,, f. f, (Jurifprud.) ce terme dans fon origine étoit toûjonrs {ynonyme d’obéiffance ; dans la fuite on lui a attribué diférentes fignifications en matiere eccléfaftique. | En général obédience fignifie foumiffion à un fapé- rieur eccléfiaftique ; quelquefois ce terme fe prend pour l’antorité même du fupérieur ; quelquefois en- fin on entend par obédience, la permifion que le fu-. _ périeur donne d’aller quelque part, ou de faire quel- que chofe. * Pendant le grand fchifme d'Avignon on fe fervoit du terme d’obédience pour défigner le territoire dans lequel chacun des deux papes étoit reconnu comme légitimement élu. Prefque toutes les villes de Tofcane & de Lombardie, toure l'Allemagne , la Bohème, la Hongrie , la Pologne, la Prufle, le Danemark , la Suede, la Norvege, l’Angleterre étoient de lobé- dierce de Clément VIT. qui s’étoit retiré à Avignon; la France, la Lorraine , l’Ecoffe , la Savoie & le royaume de Naples, fe rangerent fous l’obédience d'Urbain : l'Efpagne prit d’abord le même parti, en= fuite elle fe mit fous l'obédiencede Clément VII. C'eft en ce meme fens que l’on appelle ambafla- deurs d’obédience, ceux que des princes envoient au pape, pour lui rendre hommage de quelques fiefs qui relevent de lui: c'eft ainfi que le roi d'Efpagne envoie un ambaffadeur d’ofédience au pape, auquel il préfente la haquenée que ce prince doit au pape à caufe du royaume de Naples. Les provinces dans lefquelles le concordat n’a pas lieu, & qui font foumifes à toutes les regles de chan celerie , que l’on obfervoit avant le concordat, tel. les que la Bretagne , la Provence, la Lorraine, font appellées communément pays d’obédience , ce qui eft une exprefllon très-impropre, vû que ces pays ne font point foumis au pape plus particulierement que les autres ; toute la différence eft que la regle de men- Jibus & aliernativa y a lieu, c’eft-à-dire que le pape y confere les bénéfices pendant huit mois de l’an- née, les autres collateurs n’ont que quatre mois , à Ppi 395 OBE la réferve des évêques, lefquels en faveur de fa réfi- dence ; ont l'alternative, c’eft-à-dire qu'ils ont la coliation pendanun mois , &£ le pape pendant Pau- tre, & ainfñ de fuite alternativement. Le pape n’ufe point de prévention dans les pays d’obédience , dans les fix mois de l’alternative des évêques nidansles quatre mois des autres collateurs: OBÉDIENCE ; fe prend aufli pour un aéte qu'un fupérieur eccléfiaftique donne à un inférieur, foit pour le faire aller en quelque miffion, foit pour le transferer d’un lieu dans un autre, ou pour lui per- mettre d’alleren pelérinage ou én voyage : un prêtre ne doit point être admis à dire la meffe dans un dio- cefe étranger, qu'il ne montre fon ofédience. On doit arrêter les moines vagabonds, qui errent paf le mon- de , & qui ne montrent point leur obédience, On a auffi appellé obédiencés les maïfons, églifes, chapelles & métairies qui ne font pas des titres de bénéfices féparés, & dans lefquels un fupérieur ec- cléfiaftique envoie un religieux pour les deffervir ou adminiftrer, On les a ainfi appellés obeédience , parce que le religieux qui les deffert n’y eft envoyé qu’en vertu d’un acte d’obédience , & qu'il eftrévocable ad FAILEULI. | Dans les premiers fiecles de l’état monaftique, tous les prieurés n’étoient que des obediences, Il y à encore quelques abbayes où les prieurés qui en dépendent, ne font que de fimples ohédiences. Voyez l’hifloïre de l'éolife de Meaux, t. I. pag, cxix; les Meérioires du clergé les lois eccléftafliques 6: la J'urifprudence canonig. de de Lacombe. (4) OBÉDIENCIER ,, {. m. ( Jurifprud. ) eft un reli- pieux qui va, pat l’ordre de fon fupérieur, déiler- vir une églife dont il n’eft point titulaire. Voyez OBÉDIENCE. (4 | OBÉIR , v. n. ( Gram.) c’eft fe foumettre à la volonté d’un autre, Celui qui commande eft cenfé fupérieur , & celui qui oféit fubalterne. On obet à Dieu , en fuivant fa loi; aux rois, en rempliflant leurs lois ; à la néceffité , aux pafions, &c. Obéir fe prend encoré dans un fens différent, lorf- qu'il fs dit d’un corps roide, inflexible, qu'on ne plie pas à volonté ; le fer trempé n’obéis pas, &c. OBÉ:R , fe dit d’un cheval qui répond aux aides. Voyez AIDES. | OBÉISSANCE,, f. f. ( Droir naturel G politique.) Dans tout état bien conftitué, l’obéiffance à un pou- voir légitime eft le devoir le plus indifpenfable des {ujets. Refufer de fe foumettre aux fouverains, c’eft renoncer aux avantages de la fociété , c’eft renver- fer l’ordre , c’eft chercher à introduire Panarchie. Les peuples, en obéiffant à leurs princes, n’obéif fent qu'à la raïfon & aux lois, & ne travaillent qu’au bien de la focièté. Il n’y à que des tirans qui commanderoient dés chofes contraires ; ils pafle- roient les bornes du pouvoir lévitime , &c les peu- ples feroient toujours en droit de reclamer contre la violence qui leur feroit faite. Il n’y a qu’une hon- teufe flatterie & un aviliflemént odieux, qui ait pu faire dire à Tibere par un fénateur romain : 7zb: fummum rerum judicium dit dédere, nobis obfequit glo- ria relita ef. Ainfi l'obéiffañce ne doit point, être aveugle. Elle ne peut porter les fujets à violer les lois de la nature. Charles IX. dont la politique in- humaine le dérérmina à immoler à fa religion ceux de fes fujets qui avoient embraflé les opinions de la féfotme, non content de l’affreux maflacre qu'il en fit fous fes yeux & dans fa capitale, envoya des ordres aux gouverneurs des autres villes du royau- me, pour qu'on exerçât les mêmes cruautés lur ces feétaires infortunés. Le brave d’Orte, commandarit à Bayonne, ne crüut point que {on devoir pür l’en- gager à obéir à ces ordres fanguinaires, « J'ai com- » muniqué, dit-il au Roi, le commandement de OBE » V. M.à fes fideles habitans & gens de’guerre de » la garnifon , je n'y ai trouvé que bons ciroyens » 6t braves foldats, mais pas un bourreau: cet # pourquoi eux 8: moi fupplions très-humblement » V. M. de vouloir employer nos bras &r nos vies » en chofes poflibles ; quelque hafardeufes qu'elles » foient, nous ÿ mettrons jufqu’à la dermiere goutte » dé notre fang ». Le comte de Tende & Charny répondirent à ceux qui leur apportoieñt les mêmes ordres, qu'ils refpeétoient trop. Le roi pour croire que ces ordres inhumains puffent venir de lui: Quel eft l'homme vertueux , quel eft le chrétien qui puiffe. blâmer ces fujets vénéreux. d’avoir defobéi à OBÉLE,, £ m. ( Belles-Letrres. ) défignoit chez les anciens une petite ligne , femblable à une aiguille, d’où lui eft venu le nom d’obelus ; oGeaos ; qui fignifie aiguille en grec. = | Ces mot eft principalement d'ufage, en parlant des Hexaples d’Origène ; cetauteur ayant .diftingué par un aftérique ou étoile les fupplémens qu'il a ajoutés au texte des feptante dans les endroits où ils n’ont point entendu l’hébreu, & ayant marqué d’un obele , ou de la petite ligne (-) les endroits où ce qui fe trouve dans les feptante, n’eft point dans l'hébreu. Voyez HEXAPLE. | S. Jerôme dit que l’obele fe trouvoitifeulement dans les endroits où on avoit retranché quelque chofe des feptante , comme fuperflu ; & l’aftérique, dans ceux où il manquoit quelque chofe. Ces for tes de marques fe rencontrent fréquemment dans des anciens manufcrits. Ordinairement l’obele eft accom- pagné de deux points, l’un au- deflus, l'autre au- deflous de [a ligne (=), & l’afterique eft une croix de S. André, accompagnée de quatre points. (4) OBÉLISQUE , f.m, (Archit, & Antiq. égyptien: zes. ) efpece de pyramide quadrangulaire longue & étroite, qui eft ordinairement d’une feule pierre, & qu'on éleve dans une place pour y fervit d’orne- ment, La proportion dela hauteur à la largeur ett prefque la même en tous les obé/ifques: Cette pro: portion eft telle : leur hauteur eft de neuf parties ou neuf parties & demie, & quelquéfois dix de leur oroffeur par le bas ; par le haut la largeur n’eft ja- mais moindre de la moitié,niplus grande queles trois quarts de celle d’en-bas, 8 on place un ornement fur fa pointe, qui eft émouflée ; mais nous nous pro- pofons d’entretenir ici le leéteur des obélifques d'E- gypte, parce que ce font les feuls monumens qui fubfftent de l’ancienne fagefle dé ce peuple. | Séfoftris , roi d'Egypte, après s’être rendu mai- tre de la plus grande partie de PAfe & de l'Euro- pe, s’appliqua fur la fin de fon regne à élever des ouvrages publics pour Pornement du pays, & pour Putilité des peuples. Entre les plus confidérables de fes ouvrages, on compte les denx obé/ifques que ce prince fit élever dans la ville d'Héliopohs. Els font d’une pièrre très-dure , tirée des carrieres de la ville de Syenne en Egypte, tout d’une piece, & chacun de 120 coudées de haut. = | Augufte, après avoir réduit l'Egypte en provin- ce, ayant fait tran{porter à Rome ces deux obeZ/- ques , il en fit'dreffer un dans le grand cirque, & - l’autre dans le champ de Mars, avec cette infcrip- tion fur la bafe, Cef. D. F. Auguflus Pont, max. Imp. XII. Cof. XI. Téb, Pot. XV, Ægypto in potefla- rem populi rom. redaët. folt donum dedir. Le corps de ces obélifques eft tout chargé de figu- res hyéroglyphiques, ou écritures fymboliques;, qui marquent , {elon Diodore la grande puiffance de ce roi , le détail des tributs qu'on lui payoit , & le nome bre des nations qu'il avoit vaincnes, Un de ces obélif _ ques eft aujourd’hui rompu en pieces, & couvert de, terre ; l’autre, qu'Auguite avoit fair placer dans le OBE cirque ; avec la même infcription , a été mis par _ le pape Sixte V. à la porte del popolo l'an 1 589. Le fucceffeur de Séfoftris, nommé par Hérodote | Pharon, 8 par Pline Mircoreus, fit élever deux _obélifques , à limitation de fon pere, Ils avoient cha- | cun cent coudées de haut, & huit coudées de dia- metre. On voit encore de nos joursun de ces obelifc ques à Rome devant l’'églife de S. Pierre, où il a été ‘élevé par le pape Sixte V. Caïus Céfar l’avoit fait Venir d'Egypte {ur un vaifleau d’une fabrique fi fin- guliere, qu’au rapport de Pline, on n’en avoit ja= mais vu de pareil. Cet obélijque eft tout uni, ians aucun hiéroglyphe. _ Rameffès, autre roi d'Egypte, crut devoir con- facrer au foleil un obélifque d’une grande hauteur. On dit qu'il y eur vingt mille hommes employés à le tailler, & que le jour qu’on devoit l'élever, le roi fit attacher {on fils au haut de l’obélifque, afin que les ingénieurs difpofaffent leurs machines avec afez d’exactitude pour fauver la vie, au jeune pince, & pour conferver en même tems un ou- Vragefait avec tant de foin, Piine qui rapporte ceite hilioire ; ajoute que Cambyfe ayant pris la ville d'Héhopolis, & y ayant fait mettre le feu, il le fit éteindre , dès qu'il s’apperçut que l’embrafement avoit gagné jufqu’à l'obélifque. Augufte, après avoir foumis l'Egypte, n’ofa tous cher à cet obélifque, {oit par religion, foit par la dificulté qu'il trouva à tranfporter cette grande mafle, Conftantin ne far pas fi timide ; il l’enleva pour en orner la nouvelle ville qu'il avoit fait bâtir. Ï le fit defcendre le long du Nil jufqu'à Alexanürie, où 1l avoit fait mertre un. bâtiment exprès pour le tranfporter à Conftantinople. Mais fa mort, qui arriva dans ce tems-là, ft différer cette entreprile juiqu'à l’an 357 de J.C. _ Alors Conftance Payant fait mettre fur un vaif- feau, 1l fut amené par le Tibre juiqu’à un village à trois milles de Rome, d’où on le fit venir avec des machines dans le grand cirque, où il fut élevé avec celui qu'Augufte y avoit fait mettre long-tems auparavant. Depuis le tems de Conftance, il y avoit donc deux obéliques dans le cirque ; & c’eit de ceux- dà dont parle Cafliodore avec aflez peu d’exaéitu- de, quand il dit qu'il y en avoit un confacré au fo- feil, & l’autre à la lune, & que les cara@teres qui y font gravés, font des figures chaldaiques, qui marquent les chofes facrées des anciens: ce difcours fent bien l'ignorance du bas empire. Enfin cet ofélifque qui étoit tombé, a été relevé par le pape Sixte V. devant l’églife de faint Jean de Latran lan 1588, 1232 ans depuis qu’il avoit été amené par Conftance, & 2420 ans de puis qu'il avoit été taillé par les foins de Rameñlès. | Hermapion avoit autrefois donné en grec l’inter- prétation des figures hiéroglyphiques qui font ora- vées fur ce monument; ce qui marque que de {on tems on avoit encore l'intelligence de ces figures. On peut lire cette interprétation dans Ammien Mar- celln, qui nous en a confervé une partie. Elle con- tient d’abord les titres pompeux du roi « Rameñfès, » fils du foleil, chéri du foleil & desautres dieux, » à qui ils ont donné l’immortalité, qui a foumis > les nations étrangeres, & qui eft le.maître du » monde, Éc. » Mais outre ces titres flatteurs ; cet obélifque contenoit une hiftoire de fes conquêtes. Il en étoit de même de tous les autres obé/ifqnes _€n général : voici ce que dit Diodore de Sicile. Séloftris éleva deux obélifques d’une pierre très dure de cent vingt coudées de haut » fur lefquels il fit graver le dénombrement de fes troupes, lérat de 1es finances , & le nombre des nations qu’il avoit foumifes, | | À Thebes, faiyant Strabon , il y ayoit des obénf. OBE 299 ques avec des infcriptions , qui conflätoient les ri- chefles &c le pouvoir de leurs rois; l’étendue de leur domination, qui embrafloit la Scythie, la Bac triane , l’fnde & le pays appellé aujourd’hui oxis: enfin la grande quantité de tributs qu'ils recevoient & le nombre de leurs troupes, qui montoit à un nullion d'hommes. Proclus, dans fon commentaire fur le Timée, nous dit que les chofes paflées font toujours nou velles chez les Egyptiens; que la mémoire s’en conferve par l’hifloite; que lhifloire chez eux ef écrite fur des colonnes , {ur lefquelles on a le foin de marquer tout ce qui mérite l’admiration des hommes, foit pour les faits, foit pour les nouvel- les inventions & pour les arts. Germanicus, au rapport de Tacite, alla voyager en Égypte pour connoître l'antiquité. Il voulut voir les ruines de Pancienne ville de Thebes; 1l n’y avoit pas long-tems qu’elle étoit ruinée ; car elle ne le fut que fous Auoufte par Cornelius Gallus, premier gouverneur d'Egypte. On voyoit encore, dit Ta- cite, fur des colonnes des lettres qui marquoient les grandes richefles des Égyptiens; & Germanicus ayant demandé à un prêtre du pays de lui exphquer ces hiéroglyphes , ce prêtre lui dit que cés lettres marquoient qu'il y avoit eu autrefois dans la ville fept cent mille hommes en âge de porter les armes : êt que c’étoit avec cette armée que le roi Rameflès s'étoit rendu maître de la Lybie, de l'Ethiopie, des Medes, des Perfes, des Baûres, de la Scythie, de la Syrie, de l'Arménie & de la Cappadoce; qu'il avoit étendu fon empire jufque fur les côtes de Bi- thiquie & de Lycie. On lifoit aufñ fur ces colonnes les tributs qu’on levoit fur ces nations , le poids de : l'or & de l’arsent, le nombre des armes & des che- vaux, livoire & les parfums, le bled & les autres tributs que chaque nation devoit payer, qui n’étoient pas moins magnifiques, ajoute T'acite, que ceux que les Parthes ou les Romains exigent aujourd’hui. En un mot les obélifques nous ont laiflé des vefti- ges étonnans de l’opulence des rois d'Egypte, & l'explication que les prêtres donnent dans Tacite, répond fi bien aux figures que nous voyons gravées au fommet des obélifques qui nous reftent, fingulie- rement de celui élevé à Thebes par Rameñlës, qui et attuellement dans la place de faint Jean de La- tran , & dont on a donné une eftampe au commence ment de ce fiecle, qu’il nous paroïtroit déraifonna- ble de révoquer en doute une puiffance dont il refte tant de témoins & de monumens. Il femble même que les Romains aient éré effrayés d'imiter les ohé/ifques: des rois d'Egypte. Ces beaux ouvrages ont été pour l'Italie des bornes facrées. La grandeur romaine a cru, en les tran{portant, faire tout ce qu'elle pouvoit, & n’a pas ofé en conftruire de nouveaux pour les mettre en parallele avec les anciens. Au lieu donc que la pyramide de Ceftius prouve qu'une famille particuliere a tenté un mo- dele de ces pyramides fi fuperbes & fi exhauflées des rois d'Egypte, la circonftance finguliere que per- fonne n’a imité la fru@ure des odlifques , conftate pleinement que les empereurs eux-mêmes ne {e font pas hafardés d’oppofer des ouvrages de ce genre à ceux de ces monarques. Ilstiroient leur marbre d’une carriere unique dans le monde. Cette carriere étoit fituée près de la ville de Thebes & des montagnes qui s'étendent vers le midi de l'Ethiopie & les cataraétes du Nil, Cinq obé/ifques d'Egygte, relevéspar les {oins de Sixte V. fervent à juitifier la magmificence de Seloftris & de Rameflès en ce genre : cependant le nom.de Dominique Fontana qui les rétablit , eft en- core célebre à Rome, tandis que celui des artiftes qui lestaillerent & les tranfporterent de ff loin; eft Pour jamais inconnu, Mais le lefeur curieux de 300 OBE s’éclairer davantage fur cette matieré, peut con- fulter Bargæi de obelifto. Il eft inféré dans le beau re- cueïl des antiquités romaines de Grævius corrmen- sarimss, tom. IV. (Le Chevalier DE J'AUCOURT.) OBéLISQUE ( Aydr.) s'entend de certaines fon- taines qui forment un rocher large par en-bas, ter- miné en pointe en forme d'un obélifque, telle ef! belle fontaine de Verfailles qui porte ce nom. Il y en a encore quatre dans le bofquet nommé l'arc de triomphe | qui font à jour & triangulaires, formés par des corps de cuivre doré , d’où fortent des nap- pes d’eau à divers étages , imitant des crifiaux. OBER , (Géog.) mot allemand, qui, en géogra- phie, fignifñie haur, élevé, & qui fe compoie avec un nom propre, ayant pour oppofé le mot mieder, bas : ainfi les Allemands difent ober-Baden, nieder- Baden, le haut, le bas pays de Bade ; oher-Bayern, _nieder Bayern, la haute & la bafle Baviere; ober-El- Jafz, nieder- Elfafg, la haute & la baffle Alface , &c ainfi des autres lieux ,&c pays diftingués en haut ét bas. (D. J.) OBÉRÉ, adj. (Comm.) celui qui eft endetté, qui, à caufe de fes dettes confidérables, eft hors d’érat de continuer fon commerce, ou de payer {es créan- ciérs. Didlionn. de commerce. S'OBÉRER, s’endetter, contra@ter de continuel- les & de grandes dettes. 14, ib14. OBERKIRCH, ( Géograph.) c’eft ä-dire, haute églife, petite ville & chäteau d’Alface, au-delà du Rhin, vers la forêt Noire, à une lieue de Strasbourg. Elle appartient à l’'Evêque de Strasbourg. Long. 25. 55. lat. 48. 35. (D.J.) OBERNDORFF , ( Géog. ) petite ville d’Alle- magne au cercle de Suabe, dans la forêt Noire. Elle appartient à la maifon d'Autriche : on la divite en haute & en bañfle. Elle eft fur le Necker. Long. 26. 18. dar, 48.10. (D. J.) OBERNPERG, (Géog.) petite ville d'Allemagne dans la Baviere , avec un château. Elle appartient àlj’évêque de Paffau, & en eftà 4 milles. Lozs, 30. 54. at. 48.33. (D. 1.) OBERWESEL, ( Géog. ) ancienne petite ville d'Allemagne , au cercle du bas Rhin , autrefois impé riale, mais à préfent fujerre à l'électeur de Treves. Elle eft fur le Rhin. (D. J.) | OBÉSITÉ,, {. f. ( Médec.) la quantité de graiïffe dans le corps humain, plus confidérable que les au- tres humeurs, & que les parties folides ne le de- mandent, s’appellent en Médecine obéfiré, obefttas , & plus expreflivement encore par Cœlius- Aureha- nus, quoique peut-être improprement , po/yfarcia, car l'obéfété n’eft pas une furabondance de chair, mais de eraifle ; on pourroit dire polyflezrcia ; c’et un embonpoint exceffif ; c’eft une maladie oppofée au marafme. , Ceux dont le corps eft maigre, fans être déchar- né, ou charnu fans être gras, font beaucoup plus vigoureux que ceux qui deviennent gras ; dès que la furabondance de la nourriture a pris cètte rou- te , & qu’elle commence à former de la graifie , c'eft toujours aux dépens de la force. Ce n’eft point pat l'augmentation des folides que fe fait celle du volume de tout le corps dans les perfonnes grafles ; ‘mais cet embonpoint confifte, en ce que les folides forment par leur extenfon de plus grandes cavités, qui fe rempliffent d’un plus grand amas d’humeurs, &t par conféquent l’excès d’embonpoint nuit, afoi- blit, fuffoque : un médecin fait donc bien diftinguer la nutrition de la réplétion , puifque la premiere donne de la force & de la denfité aux vaifleaux , au lieu que l’autre les dilate, les relâche &c les af- foiblir. La différence qu'il y a d’une perfonne maigre à une perfonne grafle, c’eft que la perlonne grafle a “OUR fes vaiffeaux entourés d’une graïfle croupiffante dans les cellules de la membrane adipeufe qui en fontpon- flées. La perfonne maigre, au contraire, a'une graif fe rougeâtre, formant des globules légers & cireu- laires : plus 11 s’'amañle de graiffe dans les cellules’, plus les humeurs perdent de leur mañlé & de teur nature, Les vaifleaux retrécis par le volume énor- me de la graïfle, produifent la foibleffe", Ta parefñle, l'inafion & linaptitude aux mouvemens. Lotfque l’accroiflement de toutes les parties du corps eft entierement achevé, & que ces parties du corps ne peuvent prefque plus admettre de nourri- ture , alors la graiffe commence à fe former dans les hommes & dans les femmes qui meñént une vie oifive. Mais de plus, certains fujers y ont une dif- pofition naturelle, qui augmente à proportion de la plus grande quantité d’alimens que l’on prend , du repos du corps ; de celui de l’efprit, de linter- ruption des exercices ordinaires , de la fuppreffion d’une hémorrhagie accoutumée, & de la fupprefion des mois dans les vieilles femmes. Cettedifpofition eft encore favorifée par l’amiputation de quelque membre. La différence des climats 8 des degrés de tranf- piration , contribue fans doute à cet état. On re- marque que pour une perfonne d’un embonpoint exceffif dans les provinces méridionales de France, il y en a cent en Anplererre & en Hollande , ce qu'on peut attribuer en partie au climat, & en par- tie à l’ufage habituel des bierres récentes &z fécu- lentes, dans lefquelles la partie oléagineufe n’eft pas fufifamment atténuée. | Les Grecs, fur-tout les Lacédémoniens , ne pou- voient fouffrir ce maflif embonpoint ; aufli les jeu- nes Spartiates éroient obligés de fe montrer nus ous les mois aux éphores, & l’on impofoit un régime auftere à ceux qui avoient de la difpofition à deve- nirtrop gras. En effet, l'équilibre fe détruit chez les pérfonnes d’un embonpoint exceffif ; enforte qu’el- les deviennent afthmatiques &c quelquefois apople- tiques. Les folides fe relâchent, fa refpiration $’em- barrafe , Le pouls eff plus profond & plus caché par la graifle dominante ; fouvent dans les femmes le retour des regles plus tardif, & la flérilité font une fuite de Pobéffté : dans les enfans elle annonce une dentition pénible. Le moyen de diminuer l’obéfré, eft de manger moins , d'augmenter le mouvement des folides & des fluides par la promenade , à pié on à cheval, & généralement en pratiquant tous les exercices du corps. On employera les friétions en preffant lége- rement les vaifleaux, & en repouflant doucement les fluides : on ufera avec prudence & modération des acides, des médicamens acides aufteres, & des fpiritueux qui ayent fermenté. On pourra préve- nir l’obéftré par les mêmes fecours, quoiqu’on voie des perfonnes , fur-tont dans certains climats qui y ont une fi grande difpofition naturelle, que tous les moyens échouent , fi on ne les met en ufage confé- cutivement & de très-bonne heure. Il y a peu de modernes qui ayent écrit fur cette maladie ; mais entre les anciens, Cœlius- Aurélia- nus l’a traitée avec une intelligence fupérieure , en établiffant folidement les fymptomes’&c la méthode curative, Il confidere d’abord l’obéfiré comme une efpere de cachéxie qui produit linaétion, la foibleffe , la difficulté de refpirer , l’oppreflion & les fueurs co- pieufes dans leiquelles on tombe pour peu qu’on fafle d'exercice. On guérit, felon lui, cette mala- die de deux manieres ; favoir, en empêchant que le corps ne reçoive trop de nourriture , foit par le moyen de la geftation , ct par l’ufage des alimens peu nutritifs ; ou en obfervant certaines regles, & pratiquant par desré. certains exercices.laborieux , & proprés à caufef du changèment dans le corps. Il entre dans toutes les direétions particulieres & relatives à la cure ; 1l enjoint aux malades de faire: beaucoup d'exercice à cheval où en voiture ; de voyager {ur mer , de lire haut , de lutter, & de Marcher à grands pas pour mieux exercer les jam- bes. 11 leur prefcrit de fe frotter avec une ferviette grofiere ; bien féche , & fe faupoudrer le corps de fable ; il veut qu’ils excitent la fueur à l’aide de la chaleur des étuves ; ufant , tantôt de bains chauds _ pour aider la tranfpiration, & tantôt de bains froids, pour refferrer le corps. Il leur ordonne de fe ‘cou- vrir de fable chaud , de fe baigner dans des fontai- | nes médicinales , & après avoir fué dansle bain , de fe faupoudrer avec du fel. Il confeille enfuite d’em- ployer les friétions avec du nitre pulvérifé , boire légerement, & ufer dans la boiffon d’un peu de vin médiocrement âcre. Leurs alimens feront du pain de fon qui eft peu nourriflant , des herbes potagè- res apéritives, comme afperges, panais, carotes , ache , fenouil , porreaux , &c. des viandes dont la chair foit féche & dépouillée de graifle. Il leur défend de dormir après le repas, & de dormir long- tems, parce que le défaut de fommeil joint à l’e- xercice ne peut que tendre à diminuer l’embon- point. Enfin , Cœlius-Aurelianus examine toutes les au- tres méthodes de fes prédécefleurs, & condamne en particulier celle des Médecins qui ordonnoient con- tre l’obefiré la faignée , les purgatifs , les clyfteres, l'ufage des femmes au fortir du bain, la pratique de vomir après fouper, & autres remedes de ce genre dont il n’eft pas difiicile de fentir Le ridicule ou les mauvais eflets. _Je finis par un exemple bien fingulier d’embon- point excefhf, que j'ai lù dans les nouvelles publi- ques de Londres du 31 Oétobre 1754. fur Jacques Powell, mort dans le comté d’'Eflex , fon obéfiré monftrueufe l’avoit rendu célébre ; il avoit environ quinze piés d'Angleterre de circonférence , &c il pe- 1oit fix cens cinquante livres. (D. J.) | OBJECTER , v.a&. (Gram.) c’eft montrer le faux d’un raifonnement, par la raifon contraire qu'on y oppofe ; les fuites fâcheules d’un projet, la va- nité d’une entreprife, le ridicule d’une prétention, Éc..fi l'on a tort d’objeéer à quelqu'un fa naïffance , ona tort aufli de fe prévaloir de la fienne. La raïfon objeétée s'appelle objefion ; il arrive de tems en tems, qu'il faudroit mettre la preuve en ob- jeétion &c l’obje&tion en preuve. On fe fait quelquefois des obie@tions fi fortes, que Von entraîne fon auditeur dans l'opinion contraire à celle qu’on s’étoit propofé de leur infpirer. OBJECTIF , f. m. adj. (Dioprr.) verre objectif fe dit de celui des verres d’une lunette on d’un micro(- cope à plufieurs verres qui eff tourné vers l’objet : on lappelle ainf pour le diftinguer de l’ocu/aire qui eft tourné vers l'œil. Voyez MiCROSCOPE , TÉLES- COPE , &c. on dit auffi l'oyeéfif tout court. (0) . Dans letélefcope l’objeétifdoit être d’un plus grand foyer que l’oculaire ; c’eft tout le contraire dans les microfcopes, Voyez TÉLESCcOPE 6 Micros- COPE, £ Pour s’aflurer de la régularité & de la bonté d’un Verre objectif, on décrira fur un papier deux cercles conceniriques tels que le diametre de l’un foit égal à lalareeur du verre objeif, & le diametre de l’au- tre égal à la moitié de cette largeur ; on divifera la circonférence intérieure en fix parties égales, & on y fera. fix petits trons avec nne éguille ; enfuite on | £ouvrira avec ce papier une des faces du verre, & OB so: Pexpoiant au foleil , on recevra lesrayoris qui paf- feront par chaque trou, fur un plan qurfoit à une juite diftance du verre ; énreculant owapprochant le plan, on doïf trouver un-endroit, oùles fix rayons qui paflent par les fixtrous, fe réuniffent exate- ment : s'ils fe réumiflent eneffetainf, c’eft une mar- que que le verre objethifeft bienfait, & le point de réumon eft le foyer de-ce verre, Mais 1l n’y a peut-être pas de meilleur moyen de s’aflurer de la bonté d’un verre obje&if, que de le placer dans un tube, & de l’eflayer avec un petit verre oculaire fur des objets. placés à différentes di- ftances ; car le verre objeif'eit d'autant meilleur , qu'il repréfente les objets plus diftinétement & plus clairement, &'qu'ilembrafle un plus grand champ, & fouffre un verre oculaire plus concave ou plus convexe, fans colorer & obfcurcir les objets: Pour s’aflurer fi un verre objefif eft bien centré À il faut tenir le verre à une diftance convenable de l'œil, & obferver les deux images d’une chandelle, réfléchies par fes deux faces, l'endroit où les ima- ges fe réuniflent ou fe confondent, eft le vrai cen- ire : fi ce point répond au milieu ou au point cen- tral du verre, il eft bien centré. Voyez CENTRER. (T) | OBIER , {. m. (Hi fe, rat. Bot.) opulus ; genre de plante qui porte deux fortes de fleurs monopétales; lune eft en forme de rolette & ftérile , elle eft per- cée dans fon milieu par un piftile qui fort du cali ce ; l’autre fléur a la forme d'un bafin , elle eft auf percée par le fommet d’un piftil’ qui devient dans la fuite un fruit, ou une baie molle dans laqueile Ontrouveune femence applatie & en forme de cœur. Tournefort , 21/2, rei herb. Voyez PLANTE. (1) OBIER , opulus , arbrifleau qui fe trouve en Eu: rope & dans l'Amérique feptentrionale. IL donne pluñeurs tiges dont la plûpart s’élevent à 12 ou 15 piés. Ses feuilles font aflez grandes, chargées de ri- des, découpées en trois parties , & d’un vérd brun. Ses fleurs qui font blanches, viennent au mois de Maui en grandes ombelles au bout des branches mais les fleurons qui bordent l’ombelle , font fléris les ; & néanmoins plus blancs, plus grands 6 beau, coup plus apparens que ceux du centre qui portent les fruits. Ce font des baies rondes, fuccuientes & rouges.qui renferment une graine dure & plate, fi= gurée en cœur. Cet arbiifleau vient aflez bien par-tout ; cepen- dantil fe plait dans les Lieux frais & couverts, à lex. pofition du nord, dans les terres grafles & humi- des, au bord des ruiffleaux; mais s’il fe trouve dans un terre fec & trop expofé au foleil, il y fait peu de progres, & {es feuilles tombent de bonné heure, Il eft extrèmement robufte, On le multiplie aifément de graines, de rejettons , de branches couchées & de bouture, Tous ces derniers moyens font plus prompts que la femence qui ne leve que la feconde année , f: on ne l’a pas femée en automne. L’obier fait une grande quantité de racines noires & chevelues qui aflurent fa tran{plantation. On peut donner à cet arbriffeau une forme réguliere, & lui faire une Jo- lie tête; mais 1l convient fur-tout à faire des palf- fades de fx ou huit piés de haut , qui réuffiffent fous d’autres arbres. Ses fruits müriflent à la fin de Sep- tembre,, alors 1ls foat fades & de mauvais goût ; mais après l’hiver ils font acides & de même goût que l’épinevinette; ils font d'un rouge vif & très- apparent , & 1ls reftent {ur l’abre long-tems après la chute des feuilles, C’eft un bon appät pour atti- rer les oifeaux qui en font très-avides , & c’eft auf une bonne nourriture pour la volaille. Cet arbrifleau a des variétés qui ont de l'agré- ment, 302 O BJ © +. L’obier ordinaire. 2, L'obier à fleurs doubles, ou la rofe de Gueldres. Dans l’éfpece à fleurs fimples qui précede , les feules fleurs de la circonférence de l’ombelle font ftériles, mais plus grandes & d’une blancheur plus apparente que toutes celles du centre, qui font fort petites, d’un blanc fale peu apparent, & néanmoins fécon- des ; au lieu que dans la rofé de Gusldres, toutés les fleurs. du céntre de l’ombelle {ont de la même forme que celles de la circonférence; & comme leur volume eft plus confidérable, & qu'ilieur faut plus d’efpace pour s’étaler, c’eft ce qui force l’ombelle à fe former en rond , comme fi c’étoit une boule ; ce qui a fait donner à cette fleur le nom de pélote de neige. Cet arbrifleau eft de même accroiflement que le précédent, Ses fleurs paroiflent aufli au mois de Mai; il en donne en quantité & d’une & belle apparence, qu’on ne peut lui refufer une place dans les plantations que l’on fait pour l’agrément. 3. La-rofe de Gueldres à feuilles panachées. Sesfeuil- les font joliment tachées de jaune ; e’eft tout ce qui en fait la différence avec le précédent; mais il ne faut pas mettre cet arbrifleau dans un terrein gras & humide , où un accroiflement trop vigoureux éffaceroit peu-à-peu la bigarure qui fait fon mérite. 4. L'obier de Canada, où le pemina. Cet arbrifieau reflemble à l’ofier ordinaire , fi cé n’eft qu'il eft plus précoce, &c que les belles fleurs de la circonférence de l’ombelle font plus grandes, & ont plus belle ap- parence. OBJET , f. m.( Logique. ) fignifie la matiere d’un art , d’une fcience, ou le fujer fur lequel ons’exerce. Dans l’école on difftingue différens objets de la même fcience : favoir , l’objés matériel, l’objez formel , & l’objer total ou'adéquat. L’objer matériel , c’eft la chofe mêmequelafcience confidere ou dont elle traite. Ainfñ le corps humain eft l’objer de laMédecine. L'objer formel , c’eft la maniere de confidérer l’o- jet matériel. Ainf le corps humain, confidéré dans le deffein de le guérir , eft l’objes formel de la Méde- cine. L’objes total ou adéquat, c’eft la réunion de l’o- jet matériel & de Pobyes formel. Il faut obferver qu’une chofe n’eft l'objet matériel d’une fcience, que lorfqw’elle y eft confidérée pour elle-même. Ainfñ la Botanique & la Chimie ne peu- vent être regardées comme l’obyes matériel de la Mé- decine ; parce que la Médecine n’envifage pas ces deux parties pour elles-mêmes, mais feulement en tant qu'elles contribuent , par l'application qu'onen fait, à la guérifon du corps. Ainf les mots ne font point partie de Pobyer de la Logique, puifque cette fcience ne les emploie pas pour eux-mêmes ; mais feulement parce qu'ils font l’unique moyen que les hommes aient pour fe tranfmettre leurs penfées. Comme l'objes matériel fignifie chez les Philofo- phes la même chofe qu’un obye: commun, il fuit de-là que deux fciences peuvent avoir le même obyer maté- riel. Ainf la Médecine & l’Anatomie ont-elles pour objet matériel le corps humain ; mais ce quiles diftin- gue l’une de l’autre, c’eft que la premiere confidere le corps humain pour le guérir ; au lieu que la fe- conde l’envifage feulement pour le connoître, OBYET , ( Peinture. ) c’eft ce qui attire nos regards, Il vaut mieux dans un tableau laïffer quelque chofe à defirer , que de fatiguer les yeux du fpeétateur par une trop grande multiplicité d’obyess, Onreconnoit le goût sûr & délicat d’un artifte, au choix des inci- dens qu'il fait entrer dans un fujet, à fon attention de n’employer rien que de piquant , à rejettér ce qui eft fade & puérile , enfin à éompofer un tout au- quel chaque objer ea particulier foit comme néceffai- rement lié ; mais voyez des détails plus intéreflans au rot SUJET , Peineure, ( D. J.) OBIT , voyez l’article fuivanr, OBITUAIRE, {. m. ( Jurifprud. ) fe dit d’un regif- tre où l’on écrit les obits, c’eft-à dire, où l’on fait mention des décès & fépultures de certaines perfon- nés. Ailleurs on dit régiftre mortuaire, quelquefois ondit l’obisuaire fimplement pour regiitre mortuaire. On entend ordinairement par obiruaire le regiftre fur lequel on inferit les obits, c’eft-à-dire, les prieres 8 fervices fondés pour les défunts, & les autres fon- dations qui ont été faites dansune églife. On appelle auffi ces {ortes de regiftres zécrologe ou martyrologes A : FE dns , ft auffi un bénéficier pourvu d’un bénéfice per obitum, c’éft.à-dire , par le décès du précédent titulaire. Le réfignataire eft préféré à l’o- bicuaire, Voyez RÉSIGNATION. Dans la chancellerie romaine 1l y a un officier appellé dataire ou revifeur per obitum. Voyez D'ATAIRE, ( 4 } OBLADO, voyez NIGRoOIL. OBLAT , f. m.( Aiff eccléf. ) enfant confacré à Dieu dans une maïon religieufe. Un obla étoitau- tant engagé par fa propre volonté que par la dévo- tion de {es parens. On le regardoit comme apoñtat s’il quittoit. L'oblat embrafloit l'état monaftique dans fon enfance, le convers dans un âge plus avancé. Ce fut au commencement du onzieme fiecle que la cou- tume abfurde des obtats s’inftitua. On nommoit of/as ou oblate celui ou celle qui vouoir fa perfonne èc fon bien à quelque couvent. L’oblat s'appelloit auf donné. On voit dans les archives de l’abbaye de faint Paul de Verdun une permiffon accordée à: nhomme de fe marier, à condition que la moitié de fes enfans appartiendroit à l'abbaye , & l’auire moitié à l'évé- que. O tems flupides ! 6 corripieurs des mœurs Î Un oblat étoit encore un moine la: que le roi plaçoit dans certaines mailons riches, abbayes , prieurés , &c. 1l fonnoit les cloches , balayoic l’égiite, étoit nourri, vêtu, même penfonné. C’eft ain que le fouverain récompenioit ceux qui avoient été bleffés à fon iervice. Le laic qui obtenoit de la cour une-pen- fion fur un bénéfice, s’appelloit oblar. OBLATA , ( Hift. eccléj, ) mot qui veut dire of- frande. C’eit fous ce mot que des fouverains &c des particuliers donnerent autrefois à l'églife leurs biens de patrimoine, pour en jouir moyennant une légete rédevance. On prit cette précaution dansles téms de troubles & de rapines; c'étoit la reflource des foibles dans les gouvernemens orageux de l'Italie ; lesNor- mands même , quoique puiflans, l'employerent comme une fanve garde contre des empereurs qui pouvoient devenir plus puiflans. (D. J. ) OBLATÆ, L.f. ( Hifl. eccléf. ) oublies confacrées ou hofties qu’on diftribuoit aux communians à la mefle. On donnoit auffi quelquefois Le nom d’oblaræ aux repas ordinaires qu’on faifoit dans les marfons religieufes. | OBLATE, f. f. ( Hifi, eccléf.) congrégation de religieufes, fondée en 1425 par {ainte Françoite. Le pape Eugene IV. en approuva les conftitutions, On les appelle aufli co//arrices. OBLATION, f. £. ( Théolog. ) Pation d'offrir ; fe prend quelquefois pour les dons mêmes & les chotes offertes , qu'on nomme autrement offrandes. Voyez OFFRANDES. " Les oblations que les fideles faifoient à Pautel étoient en quelque forte des facrificés qu'ils offroient au Seigneur , des marques de leur reconnoiffance pour les prêtres, des effets de leur charité pour les pauvres. Elles confiftoient d’abord en pain & en vin. On en offroit pour les pénitens qui étoient morts avant que d’avoirété reconcihiés, mais non pour les catéchumenes qui étoient morts avant que d’avoir . recu le baptême. Les fideles , vivansou morts, n’é- toient diftingnés des excommuniés que pour le at qu'ils qu'ils avoient de faire recevoir leurs oblations. De- puis, elles furent converties enargent ; & quelques conciles particuliers ont excommunié ceux qui refu- feroient de les payer dans les tems prefcrits, Mais on dés a enfuite laiffées à ia volonté des fideles, & 1l ny en a plus aujourd’hui de reglées que celle qu'on fait du pain beni tous les dimanches à la mefle de paroifle. Voyez PAIN BENI 6 OFFRANDES, .- OBLATION, fe dit encore parmi les catholiques romains de la partie de la metle qui fuit immédiate- ment l’évangile , ou le chant du credo , 8c qui confifte danslofftande que le prêtre fait d’abord du pain def- tiné au facrifice, polé fur la patene, puis du vin mêlé d’un peu d’eau dans le calice qu’il tient quelque tems élevé au milieu de l’autel, accompagnant ces deux aétions de prieres qui y font relatives & qui en expriment la fin. C'eft-là proprement que com- mence le facrifice qui conffte dans l’oblarion du corps & du fang de Jetus-Chrift, On dit en ce fens que la mefle eft à l'oblation, que le credo précede l’obla- sioz, que la préface fuit l’obluston, Btc. OBLaTiON, ( Jurifprud. ) figniñe tour ce qui effof- fert à l’éplife en pur don ; c’eft la mème chote qu’of- frande. Dans les premiers fiecles de léglife , fes mi- niftres ne vivoient que d’oflarions & d’aumônes : l’u- age qui s’eft tabl de payer la dixme n’a pas empé- ché que les fideles n'aient continué à faire des ob/a- sions; mais ily a des églifes qui ne jouiflant pas des dixmes , n’ont d'autre revenu que les oflarions & le cafuel. Il ÿ a eu dans chaque églife divers réglemens pour le partage des oflaions entre les clercs. Le concile de Merida en Efpagne, tenu en 666 , or- donne, canon xiv. que les oëlations faites à l’églife pendant la mefle fe partageront en trois : que la pre- micre part fera pour l'évêque ; la feconde, pour les prêtres & les diacres; la troifieme, pour les fous- diacres & les clercs inférieurs. Les oblations des pa- roifiens appartiennent aux curés à l’exclufon des curés primitifs, des patrons & marguilliers, -c. Les oblations cafuelles & incertaines ne {ont point impu- tées {ur la portion congrue. Voyez le craité de M. Du- perray fur des portions congrues G dixmes, 6 au mot PORTION CONGRUE.( 4) OBLATION, étoit aufh un droit que les feigneurs levoient en certaines occafions fur leurs hommes .. comme il fe voit dans la coutume de celles de l'an 1216. Voyez le gloff. de M. de Lauriére. (4) OBLATIONNAIRE, £ mm. (Jurifprud.) dans la bafle latinité , oblationarius , toit un officier ecclé- faftique qui recevoit les offrandes & obiations des fideles..C’étoit un diacre où fous-diacre qu'avoit cet emploi ; oblationnaire ou diacre des oblations étoit la même chofe. Quand le pape célébroit, l’of/aronnaire apportoit du palais les oblations, c’eft-à-dire, le pain & le vin , & les donnoit à l’archidiacre. Voyez l’ordo romanus , l’hiff. de La tranflat. de S. Siball, 6 Anaflaf. bibliot. ad VIII. fynod. art, 2.( A) OBLIAGE, {. m. ( Jurifprud, ) eftune redevance annuelle dûe en certains lieux au fergneur. Quel- ques-uns ont prétendu qu'oblage fe diioit pour o4- bliage , 8 que ce terme venoit d'atbli ; c’eft ainf que l'interprete de la coutume de lors, fur l'art, 40, dit que l’obliage eff l'amende que le fujet doit à ion feigneur, pour ne lui avoir pas payé {a rente ou de- voir annuel au jour accoutumé , .& pour l'avoir ou- blié. En effet, les cens & rentes emportent commu- nement une amende faute de payement ; mais M. de Lauriere remarque avec raiion que c’eit une imagi- . nation ridicule de faire venir oh/zage du mot oxbli. Le droit appelié obliage vient du latin ob/ara, C’é- toitle nom que l’on donnoit autrefois aux pairs qui ‘étoientpréfentés pour la commumon , ainfi qu'il fe yoit dans le Jéizieme concile deTolede, ch. xvy. On donnaauili le-même nom à des pairs ronds éc Tome AL, | OBL 30% plats que les fujets étoient tenus de préfenter à leur feigneur. Ces pans furent appellés ob{ara quafi mu mera oblata, feu oblationes abofferendo , à. caufe qu'ils étoient préflentés au feigneur , & peut-être auffi parce qu'ils étoient à l’inftar de ceux que l’on don- noiït pour la communion, On les appella en françois oblies ; & par corruption oublies ; c’eft de-là qu'on appelle oublres ces menues pâtifleries rondes & plates que les pâufhers font avec de la farine & du miel s & c'eft anfli de-là que les pâtifiers font appellés oblayers dans le livre noir du chäteler. Du mot oblie l’on fit obliage & oubliage, pour ex= primer la redevance des oublies on pains dûs au ieigneur; & en effet, dans la coutume de Dunois, pains 6 oublies font employés indifféremment & dans la même figmification. Ces oublies étoient plus ou moins grands & de di- vers prix, {elon la convention ou l’ufage de chaque eu. Ce terme d'obliage a aufli été employé pour ex= primer toute forte de redevance dûe au feigneur, comme oublies de vin, oublies de froment, oublies de chapons ; maisquand'on duloit oublies fimplement, on oxbliage fans autre explication, cela s’entendoit toûjours d’une redevance en pain, Dans prefque toutes les ieigñeuries, ces droits d'obliage ont été convertis en argent. foyez Le gloff. de Ducange, 44 mot oblata ; & celui de M, de Lau« rière, a mot obliapes. ( 4 OBLIGATION , ( Dro nas, ) On peut définir ’e- bligation confidérée en général , ane refliétion de la liberté naturelle produite par la raifon, dont les conleils font autant de motifs qui déterminent l’hom- me à une certaine maniere d'agir préférablement à tout autre. Telle eft la natute de l'obligation primitive ; qui peut être plus ou mois forte , felon que Les raifons qui l’étabhilent ont plus ou moins de poids fur notre volonté ; car 1leftimanifefte que plus les :motifs fee ront puiflans , & plus aufli la néceflité d’y confor- mer nos aétions {era forte ou indifpenfable, M. Barbevrac établit pour principe de l'obliga: tion proprement ainfi nommée , la volonté d’un être fupérieur, duquel on fereconnoit dépendant. I penfe qu'ln’y a quercette volonté , ou les ordres d’un tel être, quipuifient mettre un frein à la liberté , & nous afluettir à regler nos aétions d’une certaine maniere. Jl ajoute queniles rapports de proportion & de con- venance que nousreconnoifflons dansiles chofes mê mes , ni l'approbation que la raiton nous donne , ne nous mettent point dans une néceffité indifpenfable de fuivre leurs idées comme destregles de conduite. Que notre raifon n'étant au fond autre chofe que nous-mêmes, perfonne ne peut , à proprement par- ler, s'impofer à foi-même. une obligarion ; enfin , il conclut que les maximes de laraifon , confidérées en elles-mêmes, 8 indépendammentde la volonté d’un fupérieur qui les autorife , n’ont rien d’obligatoire. Il nous paroit cependant que cette maniere d’ex- pliquet la nature de l'obligation, & d’en pofer le fon- dément , ne remonte pas jufqu’à la fource primiti: ve. Îl eft vrai que la volonté d’un fupérieur oblige ceux qui font dans fa dépendance ; mais cette vo= lonté ne peut produire cet effet, qu’autant qu’elle fe trouve approuvée par notre raïon , -«& qu'elle tend . à notre bonheur. Sans cela on ne fauroit concevoir que l’homme fe puiffe foumettre volontairement aux ordres d’un fupérieur, ni fe déterminer de bongré)à lobéiffance. J'avoue que fuivant le langage des ju. rfconfultes , l’idée d’un fupérieur qui commande, intervient pour établir l'obligation , telle qu’on ler vilage ordinairement. Maisfi l’on ne fonde l'autorité mème de ce fupérieur fur l'approbation que la raifon lui donne , elle ne produira jamais qu'une contrain- 0q. 304 OBL te extérieure, bien différente de Z’obligation morale, qui par elle-même a la force de pénétrerla volonté & de la fléchir par un fentiment intérieur ; en forte que l’homme eft porté à obéir de fon propre mouve- ment, de fon bon gré , & fans aucune violence, Il convient donc de diftinguer deux fortes d’obli- gations : l'une interne &c l’autre externe, entends par obligation interne, celle qui émane de notre pro- pre raifon confidérée pour la regle primitive de notre conduite, & en conféquence de ce qu'une a&tiona en elle-même de bon ou de mauvais. L'obligation externe fera celle qui vient de la volonté de quelque être , dont on fe reconnoît dépendant, & qui commande ou défend certaines chofes fous la menace de quel- que peine : ces deux obligations ne font point oppo- {fées entr’elles ; car comme l'obligation externe peut donner une nouvelle force à l'obligation interne, auf toute la force de l’obligarion externe dépend en dernier reflort de l’obligarion interne ; & c’eft de, l'accord & du concours de ces deux obligations que réfuire le plus haut degré de néceflité morale, le lien le plus fort ou le motif le plus propre à faire impref- fion {ur l'homme , pour le déterminer à fuivre conf- ftamment certaines regles de conduite, & à ne s’en écarter jamais. On pourroit donc regarder , avec Cumberland , l'obligation morale , comme un aéte du légiflateur, par lequel il denne à connoître que les aétions con- formes à fa loi font néceflaires pour ceux à quil les prefcrit. Une ation eft regardée comme néceflaire à un agent raifonnable, lorfqu'l eft certain qu’elle fait partie des caufes abfolument néceffaires pour parvenir à la félicité qu'ilrecherche naturellement, &t par conféquent néceflairement. Aïnfi nous fom- mes obligés à rechercher toujours & en toute occa- fion le bien commun , parce que la nature même des chofes nous montre que cette recherche eft abfolu- ment nécefaire pour la perfeétion de notrebonheur, qui dépend naturellement de l’attachement à pro- curer le bien de tous les êtres raifonnables, L'obligation d'avancer le bien commun, comme une fin néceflaire , étant une fois étabhe , il s’en- fuit que l’obligation commune de tous les hommes à fuivreles maximes de la raifon fur les moyens nécef- faires pour le bonheur de tous , eft fufifamment connue. Or toutes les maximes font renfermées dans la proportion générale fur la bienveillance de chaque être raifonnable envers tousles autres, D’où il paroît clairement qu’une guerre de tous contre tous, ou la volonté que chacun anroit de nuire à tout autre, tendant à la ruine de tout , ne fauroit être un moyen propre à les rendre heureux , ni s’accor- der avec les moyens néceffaires pour cette fin ; &c par conféquent ne pêut. Être ni ordonné ni permis par la droite raïfon. (D. J.) | OBLIGATION , (Jurifprudence. ) fignifie en géne- ral un lien de droit ou d'équité , & quelquefois de l’un & de l’autre, par lequel quelqu'un eft tenu de faire ou de donner quelque chofe. Il y a des obligations purement naturelles, d’au- tres purement civiles, d’autres naturelles &c civi- les tout enfemble. Les Romains diftinguoient encore les obligations civiles des obligations prétoriennes. # Les diverfes fortes d'obligations feront expliquées dans les fubdivifions qui fuivront cet article. L'obligation procede de quatre caufes ; favoir , d’un contrat, ou d’un quañ- contrat , d’un délit, ou quafi-délit. Poyez CONTRAT, DÉLIT, QUASsI- CONTRAT, QUASI-DELIT. ‘ Les obligations ou contrats fe forment en quatre manieres ; re, verbis , létteris , 6 folo confenfu. Voyez CONTRAT. Ke On dit en droit que l'obligation eft la mere de l’ac- que qualité ou obligation paf tion , parce qu’en effet toute adion eft produite par une obligation ; & quand il n’y a point d'obligation, il n’y a point d’ation. Mais il ya des obligations qui ne produifent point d’aétion ; les obligations naturel- les, les obligations {ans caufe , les ebligations contre les bonnes mœurs. Foyez ACTION. On entend quelquefois par obligarion l'écrit qui contient l’engagement ; & quand ce terme eft pris dans ce fens , on entend ordinairement par obliga- tion un contrat paflé devant notaire , portant pre- mefle de payer une fomme qui eft exigible en tout tems , ou du moins au bout d’un certain tems. Voyez aux Inftirutes les titres de obligationibus quibus modis re contrahitur obligatio; de verborum obligationibus; de literarumobligat. de obligat. quæ in conjénfu ; de obli- gat. quæ ex delitlo nafcuntur, ( 4 ) OBLIGATION ACCESSOIRE , eft celle qui eft ajoutée à l'obligation principale pour procurer au créancier plus de sûreté ; telles font Les obligations des gages, & les hypothéques relativement à l’obli- gation perfonnelle qui eft la principale ; telles font aufh les obligations des cautions & fidéjuffeurs , lef- quelles ne font qu’accefloires relativement à l'o/- gation du principal obligé. Les obligations accefloi- res ceffent lorfque l'obligation principale eft acquit- tée. Voyez l'art, 132, des Placités du parlement de Rouen, voyez? OBLIGATION PRINCIPALE. OBLIGATION AUTHENTIQUE, eft celle qui eft contratée devant un officier public , ou qui réfuite d’un jugement, OBLIGATION EN BREVET, eft celle qui eft paf- fée devant notaire fans qu’il en refte de minute chez le notaire , mais dont l'original eft remis au créan- cier. Voyez BREVET. OBLIGATION CAUSÉE , eft celle dont la caufe eft exprimée dans l’aéte , comme cela doit être pour la validité de l’obligation , mais toute obligation fans caufe eft nulle, =. OBLIGATION CIVILE , eft celle qui defcend de la loi, mais qui peut être détruite par quelque excep- tion péremptoire , au moyen de laquelle cette ob/- gation devient fans effet ; telle eft /’ob/igarion que l’on a extorquée de quelqu'un par dol ou par violence. _Pour former une obligation valable, il faut que Zobii- gation naturelle concoure avec la civile, auquel cas elle devient mixte. Voyez OBLIGATION MIX- TE & OBLIGATION NATURELLE, OBLIGATION CONDITIONNELLE , eft un enga- gement qui n’eft contraété que fans condition : par exemple, f? ravis ex Ajrd vencrir ; elle eft oppofée à l'obligation pure & fimple. OBLIGATION CONFUSE, eft celle qui eft éteinte enla perfonne du créancier par le concours de quel- live qui anéantit ation; telle eft l’obligarion que le défunt avoit droit d’exer- cer contre fon héritier , laquelle fé trouve confufe en la perfonne de celui-ci par Le concours des qua- lités de créancier & de débiteur qui fe trouventréu- nies en fa perfonne. OBLIGATION ad dandum ; eft un contrat par le- quel on s’engage à donner quelque chofe ; ce qui peut tenir de deux fortes de contrats fpécafiés au droit romain, do ut des , facio ut des. Voyez Les Inf= aitutes , Liv, XII. tir.14. (À) . OBLIGATION ÉCRITE ou PAR ÉCRIT, eft celle qui.eft rédigée par écrit, foit fous feing privé, ou devant notaire, ou qui rélulte d’un jugement , à la . différence de celles qui font verbales , ou qui réful- tent d’un délit ou quaf-délit. OBLIGATION ÉTEINTE, eft celle qui ne fubffte plus, foit qu’elle ait été acquittée par un payement, ou par quelque compenfation , foit qu’elle foit pré- fumée acquittée par lemoyen de la prefcription ou OBL gu'elle {oit anéantie par l'effet de quelque fin de nôn- recevoir. | OBLIGATION ad faciendum , ef celle qui confifte à faire quelque chofe , comme de bâtir ou réparer une mation, de fournir des pieces , &c. c’eft le cas des contrats innommés do zr facias | facio ut des. Inf° cit, Uib. IT, tit, 14, OBLIGATION EN FORME, 04 EN FORME PRO- BANTE ET EXÉCUTOIRE , eft celle qui eft mife en grofle , intitulée du nom de juge & fcellée ; au moyen de quoi elle emporte exécution parée, Foyez FORME EXECUTOIRE. OBLIGATION GÉNÉRALE, eft celle par laquelle celui qui s'engage oblige tous fes biens meubles & immeubles préfens & à venir, à la différence de l'obligation fpéciale , par laquelle il n’oblige que certains biens feulement qui font fpécifiés, à moins qu'il ne foit dit que l'obligation {péciale ne dérogera point à la générale, ni la générale à la fpéciale , comme on le ftipule prefque toujours. OBLIGATION A LA GROSSE, o4 CONTRAT À LA GROSSE, on fous-entend ayezture. Voyez GROS- SE AVENTURE. OBLIGATION A JOUR , on appelle ainñ en Bref. fe les obligations payables dans un certain tems : comme Îes contrats de conftitution ne font point ufités dans cette province , il eft permis d’y ftipuler l'intérêt des obligations à jour, quoique le principal n'en foit pasaliéné. (4) . OBLIGATION MIXTE , eft celle qui eft partie perfonnelle & partie réelle ; comme de l'obligation du preneur à rente & de fes héritiers , & même celle du tiers détenteur pour les arrérages échus de fon tems. OBLIGATION NATURELLE , eft celle qui n’en- gage que par les lens du droit naturel & de l'équité, mais qui ne produit pas d’adion fuivant le droit ci- vil; telle eft l'obligation du fils de famille, lequel ne laifle pas d’être obligé naturellement, quoiqu’on ne puifle le contraindre. Cette obligation naturelle ne produit point d’aétion , mais on peut l’oppofer pour faire une compenfation. OBLIGATION DEVANT NOTAIRE, eft celle qui eft contraéteé en préfence d’un notaire , & par lui rédigée. Voyez CONTRAT DEVANT NOTAIRE. OBLIGATION PERSONNELLE, eft celle qui enga- ge principalement la perfonne, & où l'obligation des iens weft qu’accefloire à l’obligation perfonnelle. OBLIGATION PRÉTORIENNE, étoit chezles Ro- mains celle qui n’étoit fondée que fur le droit préto- rien; comme le conftitut & quelques autres fembla- bles. Voyez CONSTITUT. | OBLIGATION PRÉPOSTERE , eft un acte par le- quel on commence par promettre quelque chofe , . enfuite on y met une condition, Ces fortes d'obligations étoient nulles par l’ancien droit romain. L'empereur Léon les admit en matiere de dot. Juftinien les autorifa dans les teftamens & dans toutes fortes de contrats;de maniere néanmoins que- la chofe ne pouvoit être demandée qu'après l’évé- nement de la condition, à quoi notre ufage eft con- forme. Voyez la loi 15: au cod. de teflamenris. OBLIGATION PRINCIPALE , eft celle du princi- pal obligé à la différence de celle de fes cautions & fidejufleurs , qui ne font que des obligations accefloi- res & pour plus de sûreté. On entend aufli quelquefois par obligation princi- pale, celle qui fait Le principal objet de l’a@e ; com- me quand on dit que dans le baïl-à-rente l'obligation des biens ef la principale , & que celle de la perfon- ne n’eft qu'accefloire. (4) OBLIGATION PURE & SIMPLE , eft celle qui a'eft refirainte par aucune condition , ni terme ; À Tome XL, | i / 395 la différence de l'obligarion conditionnelle ; dont on ne peut demander l'exécution que quand la condi- tion eft arrivée. Voyez OBLIGATION CONDITION: NELLE, VA : OBLIGATION RÉELLE, eft celle qui à pour ob. jet principal un immeuble ; comme dans un bail-à= rente, où l'héritage cft la principale chofe qu’on oblige à la rente. OELIGATION SANS CAUSE , eft un contrat où l'obligé n’exprime aucun motif de {on engagement ? une telle obligasion eft nulle, parce qu'on ne préfu- me point que quelqu'un s'engage volontairement fans quelque raïon, & pour qu’on puifle juger de fa validité , il faut l’exprimer. Voyez OBu1GATION CAUSÉE. OBLIGATION SOLIDAIRE, eft celle de plufieurs perfonnes qui s’obligent chacun ; foit conjointe- ment ou féparément, d’acquitter la totalité d’une dette. Voyez SOLIDITÉ. OBLIGATION SOLUE,, eft celle qui a été acquit- tée. On dit quelquefois Joue & acquiriée ; ce qui femble un pléonafme , à moins qu’on n’entende par Jolue, que l'obligation eft diffoute, OBLIGATION SPÉCIALE, eft celle qui ne porté que für certains biens feulement, Voyez ci - devant OBLIGATION GÉNÉRALE, OBLIGATION TERME, ef celle dont l’acquitte- ment eft fixé à un certain tems. Voyez TERME. OBLIGATION VERBALE, eft une promefle où contrat que l’on fait de vive-voix & fans écrit ; la preuve par témoins de ces fortes d’obligarions n’eft point admife pour fomme au-deflus de ro0 livres, f ce n’eftdans les cas exceptés par l’ordonnance. Voyez PREUVE PAR TÉMOINS. ( 4) OBLIGATOIRE ; adj, ( Jurifprud. ) {e dit de ce qui oblige la perfonne ou les biens , & quelquefois lun & l’autre. On dit des Zestres obligatoires , c’eft-à- dire, un contrat portant obligation, Il y a des actes qui ne font obligatoires que d’un côté ; comme une promeffe ou billet , lequel n’oblige que celui qui le foufcrit. Il y a au contraire des aétes ou contrats fy- nallagmatiques , c’eft-à-dire, qui font ofligaroires desdeux côtés ; comme mn bail, un contrat de vente; Ge. Voyez BAIL , CONTRAT, OBLIGATION , Sy- NALLAGMATIQUE. (4) OBLIGÉ , adj. pris fubft. (Jurifprud.) eft celui qui a contraété quelque obligation ou antre engage- ment, foit par écrit, oit verbalement ou autrement. Voyez CONTRAT , ENGAGEMENT > OBLIGATION, | (4) OBLIGÉ, f. m. ( Comm.) atte par lequel un jeune homme fe met en apprentifage chez un maître pour le nombre d’années portées par les réglemens de chacun des corps & communautés des marchands ou des arts & métiers, Ces aétes doivent être pañlés par-devant deux notaires , & enregiftrés par les ju= rés fur le regiftre du corps & communauté. L’obligé porte un engagement réciproque des ap- prentifs envers leurs maîtres, & des maîtres envers leurs apprentifs ; aux uns, de fervir fidelement & affiduement tout le tems de leur apprentiffage ; aux autres , de leur montrer leur profeflien ou métier, les garder chez eux &c les nourir tant qu'ils font ap- prentifs. Voyez APPRENTIF. Un maître peut engager un apptentif à plus d’an- nées qu'il n’eft ordonné par les ftatuts, mais jamais à moins. Diéhion. de comm. OBLIGÉ , adj. ez Mufique , on appelle partie obli- gée celle qu’on ne fauroit retrancher fans pâter l'harmonie ou le chant, à la différence des parties de rempliflage qui ne font ajoutées que pour une plus grande. perfe&tion d'harmonie , maïs par le retranchement defquelles la piece n’eft point mu- tilées - : ” Qqi 306 OBL Broffard dit qu’obligé fe prend aufli pout contraint ou affujetti. Je ne fache pas que ce mot ait aujour- d’huiun pareil fens enMufque, Foyez CONTRAINT. S ‘ OBLIGER y V. a. (Gramm, ) ce verbe a plufeurs acceptions diverfes. Obliger , c’eft contraindre ou lier. Voyez Les articles OBLIGATIONS. Révolter un poltron, c’eft l’oliger àfe défendre ; obliger quel- qu'un ou hu rendre un fervice , c’eft la même chofe. Voyez les articles fuivans. OBLIGER UN APPRENTIF, (Comm.) c’eft Penga- ser chez un maître de quelque corps où communau- té, pour y apprendre pendant un certain nombre d'années réglées par les ftatuts la profeffion on mé- tier du maître chez qui il entre. On dit aufli qu’un maître ne peut obZger qu’un ou deux apprentifs à-la-fois, pour dire qu’il ne peut avoir que ce nombre d’apprentifs , fuivant les ré- glemens. Didfion, de comm. Voyez l’article OBr1GÉ. OBLIGER , s’obliger pour quelqu'un , c’eft lui fer- vir de caution , s’engager à payer pour lui , répon- dre des pertes & dommages qui peuvent arriver pa {a faute. Foyez CAUTION 6 CAUTIONNEMENT. OBLIQUANGLE , adj. ( Géom.) triangle obli- quangle eît celui dont tous les angles font obliques, c’eft-à-dire ou aigus ou obtus. Voyez TRIANGLE. De même un parallelogramme ofliquangle eft un parallelogramme, dont aucun angle n’eft droit. Voyez PARALLELOGRAMME ,; RHOMBE ,; LOZANGES , RHomBoipe. (0) OBLIQUATION , f. f. terme en ufage dans les anciens auteurs de Catoptrique, Cathete d’obliqua- tion, cathetus obliquationis , eft une ligne droite per- pendiculaire au miroir , dans le point d'incidence ou de réflexion du rayon. Voyez CATHETE, Mi« ROIR » &c. ( O | OBLIQUE , adj. ( Gramm.) ce mot en Gram- maire eft oppolé à reét ; on s’en fert pour carac- térifer certains cas dans les langues tranfpofñrives, &t dans toutes pour diftinguer certains modes & cer- taines propoftions. 1. Il y a fix cas en latin : le premier eft le nomi- natif, qui fert à défigner le fujet de la propoñition dont le nom ou le pronom fait partie ; & comme la principale caufe de l’inftitution des noms a été de préfenter à l’efprit les différens fujets dont nous ap- percevons les attributs par nos penfées, ce cas eft celui de tous qui concourt le plus direétément à remplir les vûes de la premiere inftitution : de-là le nom qu'on lui a donné de cas direët , reêtus. Les au- tres cas fervent à préfenter les êtres déterminés par les noms ou les pronoms fous des afpeëts différens ; ils vont moins direétement au but de l’inftitution , & c’eft pour cela qu’on les a nommés obliques , obli- qui. Voyez CAS. * Prifcien & les autres Grammairiens ont imaginé d’autres caufes de cette dénomination , maïs elles font fi vagues, fi peu raifonnables, & fi peu fondées, qu'on ne peut s'empêcher d’être furpris du ton fe- rieux avec; lequel on les expole, ni gueres moins de celui avec lequel Scaliger (de caf, 1, L, Gb. IF. cap. lxxx.) en fait la réfutation. 2. On diftingue dans les verbes deux efpeces gé- nérales de modes, les uns perfonnels, & les autres imperfonnels. Les premiers font ceux qui fervent à énoncer des propoñtions , & le verbe y reçoit des terminaifons par lefquelles il s'accorde en perfonne avec le fujet ; les autres ne fervent qu’à exprimer des idées partielles de la propoñition, & non la pro- poñtion même ; C’eft pourquoi ils n’ont aucune ter- minaïifon relative aux perfonnes. C’eft entre les modes perfonnels que les uns font direëts ,-&c les autres oliques. Les modes direëts {ont ceux dans lefquels le vérbe {ert à énoncer une pro- _pofition principale, c’eft-à-dire l’expreffion immé- diate de la penfée que l’on veut manifefter : tels font l'indicatif, l'impératif & le fuppoñtif , voyez ces mots, Les modes obliques font ceux qui ne peuvent fervir qu’à énoncer une propofñtion incidente fubor- donnée à un antécédent , qui n’eft qu’une partie de la propoñition principale. Voyez MoDe & INcr- DENTE, Tels font Le fubjonétif qui eft prefque dans toutes les langues, & Poptatif qui n’appartient guere qu'aux Grecs. Voyez OPTATIF , SUBIONCTIF. Le verbe a été introduit dans le fyftème de la pa- role pour énoncer l’exiftence intelleuelle des fu- jets fous leurs attributs ; ce qui fe fait par des pro- poñtions, Quand le verbe eff donc à un mode où il fert primitivement à cette deftination , il va dire&te- ment au but de fon infhtution, le mode eft dire& ; maïs fi le mode et exclufivement deftiné à exprimer uné énonciation fubordonnée & partielle de la pro- pofition primitive &c principale , le verbe y va d’une maniere moins direéte à la fin pour laquelle il eff inflitué , le mode eft oblique. 3. On diftingue pareïllement des propoñtions di- rectes & des propoñitions obliques. | Une propofñition direéte eft celle par laquelle on énonce direétement lexiftence intelle@uelle d’un fujet {ous un attribut : Dieu ef? éternel ; foyez [age ; il faut que la volonté de Dieu foit faite ; nous fe- rions ineptes a tout fans le concours de Dieu, &ic. Le verbe d’une propofñtion direéte éft à l’un des trois modes direëts , l'indicatif , impératif ou le fuppo- fitif. . Une propoñition oblique eft celle par laquelle on énonce l’exiftence d’un fujet fous un attribut, de maniere à préfenter cette énonciation comme fubor- donnée à une autre dont elle dépend, & à l’intévrité de laquelle elle eft néceffaire , 27 faut que la volonté de Dieu fois faite ; quoi que vous faffiez , faires-le au nom du Seigneur, &c. Le verbe d’une propoftion oblique eft au fubjonétif ou en grec à l’optatif: il n’eft pas vrai , mème en latin, que le verbe à linfinitif conflitue une propofition oblique, puifque n'étant & ne pouvant être appliqué à aucun fujet, il ne peut Jamais énoncer par foi-même nne propoñtion qui ne peut exifter fans fujet. Voyez INFINITIF. Toute propofition oblique eft néceffairement inci- dente , puifqu'elle eft néceffaire à l’intégrité d’une autre propoñtion dont elle dépend : 27 faur que la volonté de Dieu foit faire, la propoñtion oblique , que la volonté de Dieu fois faite , eft une incidente qui tombe fur le fujet z/ dont elle reftraint l'étendue : 11( cette chofe) que la volonté de Dieu foit faire , «fE néceffaire ; quoi que vous faffez, faires-le au nom du Seigneur, la propoftion oblique , que vous falfie, eft , une incidente qui tombe fur le complément objeëtif le du verbe faires, &r elle en reftraint l'étendue, c’eft pour dire, faites au nom du Seigneur Le quoi que vous faffeez. Mais toute propoftion incidente n’eft pas oblique, parce que le mode de toute incidente n’eft pas lui- même oblique | ce qui eft néceflaire à l’obliquité , fi on peut le dire, de la propofñtion. Aïnfi quand on dit : Les favans qui [ont plus inffruirs que le commun des hommes, devroient auffi les furpaffer en fagelfe ; là propofition incidente , qui font plus inftruirs que le commun des hommes, n’eft point oblique , mais dire@e, parce que le verbe /onr eft à l'indicatif, qui eft un mode direét. La propofñtion oppofée à l’incidente, c’eft [a prin- cipale ; la propoñition oppofée à l’oblique, c’eft là directe : l’incidente peut être ou n’être pas nécef= faire à l’intégrité de la principale , felon qu’elle eff explicativeou déterminative, voy. INCIDENTE ; mais l’oblique l’eft à l'intégrité de la principale d’une né- ceflité indiquée par le mode du verhe ; la principale peut Être ou direéte ou ob/ique; & la direûte perit être Ou incidente ou principale, felon l'occurrence, 74 oyez PRINCIPALE, ( B. E.R. M.) OBLIQUE fe dit en Géomérrie de ce qui s’écarte de la fituation droite ou perpendiculaire. Voyez DRo1T & PERPENDICULAIRE. Angle oblique eft un angle qui eft ou aigu ou ob- tus, c’eft-à-dire toute forte d'angle, excepté l’angle droit. Voyez ANGLE. | Ligne oblique eft une ligne qui tombant fur une autre , fait avec elle un angle oblique, Voyez LIGNE. Une ligne qui tombe fur üne autre ob/iquement, fait d'un côté un angle aigu , de l’autre un angle ob- tus ; & la fomme de ces angles eft égale à deux droits. Plans obliques fe dit dans la Gnomonique desplans qui s’écartent du zénith, & qui s’inclinent vers l’ho- tion. Voyez CADRAN 6: PLAN. . L'obliquité un tel plan ou la quantité de fon écar- tement du zénith fe mefure aifément par un quart de cercle, puifqu’elle n’eft autre chofe que l’arc de quelque azimuth ou cercle vertical, intercepté entre le zénith & le plan propofé. Cet azimuth ou cercle vertical eft toujours perpendiculaire au plan dont on veut mefurer l’obliquise. Percuflion oblique eft celle dans laquelle la di- rection du corps choquant n’eft point perpéndicu- laire au corps choqué, ou n’eft point dans la ligne du centre de gravité de ce dernier corps. foyez PER- CUSSION. | Projeétion oblique en Méchanique eft celle par laquelle un corps eft jetté fuivant une ligne qui fait avec Phorifon un angle oblique, Voyez PROSECTILE , BALISTIQUE , JET DES BOMBES, Ëc. Sphere oblique en Géographie eft cette fituation de la fphere , dans laquelle l’horifon coupe l’équa- teur obliquement , & dans laquelle l’un des poles eft élevé au-deffus de Phorifon d’un angle moindre que go degrés, mais qui n’eft pas zéro ou nul. Voyez SPHERE 6 DROIT. | C’eft cette obliquité qui occafñonne l'inégalité des jours & des nuits. Voyez Nu1T 6 Jour. Ceux qui ont la fphere oblique | comme nous & tous les habitans des zones tempérées , n’ont jamais , les jours égaux aux nuits que dans les équinoxes. . Poyez EQUINOXE. Afcenfion oblique en Aftronomie eft l'arc de l’é- quateur , compris entre le premier point d’eries & le point de l'équateur qui fe leve avec une étoile, Éc. dans la fphere oblique. Voyez ASCENSTON. Defcenfion oblique eft l'arc de l'équateur, compris éntre le premier point d’aries & le point de l’équa- teur qui fe couche avec une étoile &c. dans la fphere oblique ; cet arc fe compte de l'occident vers l’orient. Voyez DESCENSION. Pour trouver , par le moyen du globe , l’afcen- fion & la defcenfion oblique , voyez GLOBE. * Navigation oblique fe dit de la route que fait un vaifleau lorfque courant fous quelque rhumb inter- médiaire eñtre le quatre points cardinaux , il fait un. anple oblique avec Le méridien , & change à chaque inftant de latitude & de longitude. Voyez RHUMB, NAVIGATION € LOXODROMIE, La navigation oblique eft de trois fortes ; favoir {a navigation plane , la navigation demercator , & la navigation par un grand cercle. Voyez NaAviGA- TION. OBLIQUE, €7 Anatomie, nom de différentes par- ties dont la fituation eft oblique, par rapport aux différens plans du corps. Voyez Corps. C’eft dans ce fens, qu'on dit les apophyfes obliques des ver- tebres, voyez OBLIQUES. Les mufcles obliques Où fimplement les obliques fupérieurs & inférieurs de la tête, le grand & petit oblique de l'œil , les O BL 307 grands-& petits ob/iques du bas-ventre, &c, Voyez VERTEBRE, MUSCLE, VENTRE, &c. | L'oblique inférieur de la tête part de Papophyfe épineufe de la feconde vertebre du cou, & va en fe grofliffant s’inférer obliquement à l’apophyte tranfverfe de la premiere. Quelques auteurs le ran- gent au nombre des mufcles du cou. Voyez Cow. L’oblique fupérieut oz le petit oblique de la tête part de l'apophyfe tranfvérfe de la premiere Verte bre du cou , & va en montant obliquement s’in- férer latéralement à la partie inférieure de l’occi- pital, au-deffous de la tubérofité. L'oblique fupérieur ou le grand oblique de l'œil Voyez ŒrLi. _ Il a fon origine dans le fond de l'orbite; & ve- nant gagner le grand angle de l’oœil, il pafle à tra vers une membrane en partie cartilagineufe fituée. à la partie latérale externe de l’apophyfe angulaire interne , & qu'on appelle srochée ou poulie | ce qui le fait appeller lui-même srochléareur : & de-là il fe réfléchit dans fon extrémité vers la fclorétique , fur la partie poftérieure du globe de l’œil où 1l fe: termine, | L’oblique inférieur ou lé petit oblique.de l’œil ; fort du bord extérieur de la partie inférieure de l'orbite, près de l'angle interne; & de:là s’élevanr vers l’angle externe, il fe termine auprès de l’autre. Oblique defcendant, paire de mufcles de l’abdo- men , fort larges , & dont chacun couvre une moi- tié de l'abdomen & une partie du thorax. On le: nomme de la forte par rapport à l’obliquité de leurs fibres. Ils viennent des deux ou trois dernieres vraies côtes & des cinq faufles ; & il eft entrelacé par fa partie fupérieure avec le grand peétoräl, le grand dentelé , au moyen de cinq à fix digitations, dont chacune reçoit un nerf des interftices de la côte. Il s'attache inférieurement au bord de la levre ex- terne ou del’os des ifles ; de-là plufieurs de fes fibres tendineufes étant parvenues à l’épine antérieure fu- périeure , le réfléchiffent en formant un replis inté- rieurement, auquel on a donné le nom de ligament de Fallope où de Poupart. Elles s’inferent à l'os pu- bis, & forment le pilier poftérieur, tandis que les. fibres tendineufes qui fe remarquent au-deflus de celle-c1, vont s'attacher à l'os pubis du côté op- polé, & former Le pilier poftérieur. C’eft l’écarte= ment qui fe remarque entre ces fibres, qu’on ap- pelle l’ezzeau. Les plans tendineux des digitations fuperieures vont fe croifer avec celles du côté op- pofé. Voyez nos Planches anatomiques € leur explis cation. L’oblique afcendant eft au-deffous de la partie infé- rieure de l’autre; il va précifément en fens contrai- re, c'eft-à-dire, della partie inférieure & poftérieure à la partie fupérieure & antérieure. Il prend fon ori- gine à la crête de los desifles, aux apophyfes tranf- verfes des vertebres des lombes, & fe termine au bord cartilagineux formé par la derniere des vraies côtes & par toutes les faufles, & antérieurement à la ligne blanche en formant une efpece de gaîne dans laquelle une grande partie du mufcle droit et placée, Voyez nos PL L'oblique de l'oreille eft attaché dans la partie extérieure du canal de l’aqueduc ; d’où montant par derriere , 1l entre dans le tambour par une finuofité oblique qui fe trouve immédiatement au- deflous du cercle offeux , auquel le timpan eft at- taché, & il s’infere enfuite dans la petite apo- phyfe du marteau. 4: * L’oblique du nez ou latéral eft étroitement uni avec le pyramidal ; il vient de lapophyfe nafale de los maxillaire , & fe termine en cartilage mobile près l'os maxillaire. Oblique afcendant du nez. Voyez MYRTI-FORME; 308 ( OBLIQUE , (Ecrivains.) fe dit aufli, dens l’Ecri- sure, des lignes. de pente gauche & droite, fur lef- quelles fe trouve placée la plus grande partie des traits de l'écriture... OBLiQuE, OBLIQUITÉ. (Morale. ) Il. fe dit de toutes les a@ions qui s’écartent de la vérité, de la juftice, de la décence, en un, mot de tout.ce qui eft confidéré comme regle de droiture parmi les hommes. Mais outre l’idée d’injuftice & d'écart, àl s’en trouve encore une autre à l’obliquiré, c'eft la feinte, la tromperie, la trahifon fecrete, OBLIQUITÉ, £.f.(Géom.) c’eft la quantité dont une ligne ou furface eft oblique à une autre ligne, une autre furface, Gc. Woyez OBLIQUE. L'obliquisé de l'axe terreftre fur l’échptique eft la caufe de la différence des faifons, des! nuits & des jours. Voyez PARALLELISME, Obliquiré de l’échiptique eft l’angle que léclip- tique. fait avec l'équateur. Woyez ECLIPTIQUE. Ileft certain, 1°. que cet angle n’eft pas toujours le même, & qu'il eft fujet à une inégalité prove- nante de la nutation de l'axe de la terre, & qui - éft d'environ 18! en 19 ans, voyez NUTATION. 2°. Il eft même impofñble qu'indépendamment de cette inégalité, l’angle.de l'écliptique avec léqua- teur diminue continuellement; c’eft aujourd’hui le fentiment de plufeurs aftronomes, quoiqu'il ne foit peut-être pas encore fuflifamment prouvé. Ce qu'il y a de certain, c’eft que prefque toutes les oblervations depuis Pythéas, donnent cette ob/i- quiré décroiffante ; ceux qui adoptent cette opinion, donnent à l'obliquité de l'échptique une diminution d'environ 30/ par fiecle. Voyez la Connoif[ance des sems pour. l'année 1760. p.40. Voyez ECLEP- TIQUE. (0) OBLIQUITÉ , terme d’Ecrivains , fe dit auffi dans l'Ecriture , des degrés obliques, droits & gauches fur lefquels font fondées toutes les parties de l’écri- ture ; majeurs, mineurs, traits &c pañles. Voyez le volume des Planches , à la table de l’Ecriture. OBLONG , adj, fe dit ex Géométrie, d’une figure qui eft plus longue que large. Voyez FIGURE. Âinf un parallélogramme reétangle , dont les côtés font inésaux, eft un parallélogramme oblong. Foyez PARALLÉLOGRAMME : de même une ellipfe, un ovale eft aufli une figure oblongue, Foyez ELLIPSE & OvaLre. (0) OBLONG, (Géom.) fphéroïde oblong eft la même chofe que fphéroïde a/onge, qui eft plus ufité. Voyez ALONGÉ 6 APPLATI. Voyez auff FIGURE DE LA TERRE. | OBMISSION. Foyez OMISSION. OBMISSION où OMISSION, en terme de Com: merce, fe dit des articles de recette & de dépenfe qu'on a oublié de porter dans un compte. En fait de finances, lorfque l’ohiffion de recette eft frauduleufe & prouvée telle , le comptable eft condamné à reftituer le quadruple. Diéionnaire de Commerce. Voyez OMISSION. ; OBNONCIATION. (Æif. anc.) obnuntiatio. S'il arrivoit que les augures remarquaflent au ciel quelque figne finiftre, 1ls faifoient dire, obruntia- bant, à celui qui tenoit les comices, alio die, à un autre jour. La loi Æ/ia & la loi Fufia avoientinfti- tué lofronciaton ; mais elle fut abolie cent ans après par la loi Clodia , les augures abufant de la liberté u'ils avoient de remettre les comices, pour con- pal les afaires comme ils le jugeoient à propos, OBOCA, (iGéog. anc. ) en grec O'Écre | riviere de l'Irlande, felon Ptolomée qui en met l’embou- chute dans la partie orientale de Pile, Si le Modo- nus eft, comme on le croit, la Life qui coule à Dublin, l'Oboca devroit être la Boyne, & non la tiviere d’Arklow, comme le prétendent Îles inter: prétes de ce géographe. (D. J.) ve OBOLCOLA, (Géog. anc.) où OBULCOLA; ville dés Turdetains , dans la Bétique, felon Prolo- mée, div, IT. c. 4. Rodericus Carus dit que c’eft il caflelio de la Moncloue , château de PAndaloufie: (Ds le) OBOLE, f f. (Monnoie atrique.) monnoie ans cienne d'Athènes, qui faifoit la fixieme partie d’une dragme. L’obole valoit 20 deniers ; trois obu/es 60; &c fix oboles failoient une dragme. La dragme atti- que pefoit 67 de nos gfains; la fixieme partie de 67 eft 11 + +. L'obole pefoit donc 11 de nos grains plus un 6° de grains; enforte que fi l’argent étoit à 32 livres le marc, la dragme attique feroit 1 fol 8 den..+, c’eft-à-dire, près d’un fol 9 den. Mais comme l'argent eft aétuellement à $2 Hv. le marc, l’obole attique reviendroit à 2 {, & 5 den. Le doéteur Brerewoodeftime la dragme d’Athènes environ 15 f. de notre monnoie, ce qui revient à notre même calcul. | Obole efttirée du mot grec éfonde qui s’étoit fait de oends, aiguille; & cette monnoie avoit pris ce nom, parce qu’elle étoit marquée d’une efpece d’ai- guille : fa figure étoit ronde comme celle des drag- més & des didragmes. (D. J.) OBoLE ; (Monnoie moderne.) monnoie de cuivre valant une maille ou deux pites, ou la moitié d'un denier. Nicod & Borel penfent que maille & obole ne font qu’une même chofe ; mais M. le Blanc efti- me que fous la feconde race, l’obole ne faifoit que la moitié du denier. On fabriqua des oho/es fous Louis VIIL. & fous les regnes fuivans. Les hiftoriens de France parlent d’oboles d'argent du poids d’un den. 15 grains, & d’oboles d’or qui eurent cours pendant . le regne de Philippe-Auoufte, de Saint-Louis & de Philippe-le-Bel. Sous ce dernier, l'oboke d’or eft efti= mée cinq fous ; le demi-gros tournois étoit appellé maille où obole d'argent , à caufe qu'il valoit la moi- tié du gros-tournois. Le tiers du gros fe nommoit auf maille où obole tierce, parce qu'il valoit le. tiers du gros-tournois. Il eft fait mention des oboles tierces fous l’an 1310, (D. J) OBOLE , ( Poids anciens ) L'obole chez les Juifs étoit une efpece de poids nommé gérach.qui pefoit 16 grains d'orge ; mais chez les Siciliens l’oboée étoit le poids d’une livré, & même une efpece de mon- noie. OBOLE , ( Poids médicinal,) poids dont on fe fert en Medecine pour pefer les drogues. L’oho/e pefe 10 grains un demi-fcrupule. Il faut trois ferupules pour faire une dragme ou un gros, & huit dragmes pour faire une once. (D. J.) ( OBOLÉE pe TERRE , ( /urifprud. ) eft la quantité de terre que l’on tient fous la redevance d’une obole. Ainfi, comme l’obole étoit la moitié d'un denier , l’obolée de terre eft la moitié d’une derrée de terre, c’eft à-dire de la quantité que l’on en tient pour un denier, eu égard au taux courant du cens. Voye le gloff. de Ducange, au mot obolata. (A Jus | OBOLLAH, ( Géog. ) ville de Perfe dans l'Fraque babylonienne, fur un bras du Tigre, près de Baflora.. Les Orientaux la vantent comme un des quatre en- droits les plus délicieux de PAfie, qu'ils appellent paradis , parce que l’on y voyoit une longue fuite de jardins &r de portiques qui ferépondoient fymmé- triquement les uns aux autres, Long. 65. 50, laits 39 15. | OBOTRITES , Les , ( Géog. anc. ) en latin Oboz site où Obotriti, étoient entre les Varnaves, d’un, côté, & de l’autre confinoient à la Trave, riviere qui coule à Lubec, C'étoit un peuple d'entre les: Slaves qui avoit fes princes particuliers ; ainfi que les Vagriens, Ont croit qu'ils ont bâti les ançiens e lieux ou fortereffes de leur pays , comme Mecklen- boure , Werle , Kiffim, &c. CD: 7.3 . OBRANG , ( Boran. exo. ) nom donné par les ha- bitans de Guinée à une plante fort finguliere , dont nous n'avons point encore d’exaéte defcription. Ses feuilles ont une faufle reflemblance avec celles de la réglifle ; d’où vient que Petivier nomme cet ar- brifleau g/ycyrrhizæ folio fingulari, frusex guincenfis, Jpinis gemellis, Philof. Tranf. w, 232. (D.J.) OBREPTICE , adj, (Jurifprud. ) eft un terme de palais & de chancellerie quu fe dit des lettres dans Pexpofé defquelles on a caché quelque fait eflentiel, pour obtenir par furprife quelque grace , comme un bénéfice, ou l’admiflion d’une penfon en cour de Rome , ou pour obtenir du prince une commiffñon, des lettres de refcifion, 6, Ces léttres font appel- lées obreprices | à la différence de celles où lon a avance quelque faufleté pour Les obtenir plus facile- ment. Quand la grace eft obreprice, c’eft-à-dire obte- nue fur des lettres obreprices , elle eft nulle, Voyez ci- après OBREPTION. ( 4 . OBREPTION , £ £. (Jurifprud.) eft la furprife que l’on fait à quelque fupérieur de qui on obtient quelque grace, en lui taifant une vérité dont la con- noïflance auroit été un obftacle à {a conceffion, Les lettres où il y'a obreption font appellées obreprices. L'obreption annulle de droit le titre ou la grace qui : fe trouve ainfi accordée: par exemple, celui qui en demandant un bénéfice n’exprime point ceux dont il eft déja pourvu, eft déchu, par cette réticence, du bénéfice qu'il a impétré. Le défaut d’expreflion d’une chofe néceflaire, quoique de bonne foi & fans en avoir connoïffance, ne laïfle pas d’être fatal & de rendre les provifions nulles , parce que l’on fait attention À la volonté & à l'intention du collateur , & non à la faute de l'im- pétrant. Voyez Panorme, fur le chapitre conffiéutus de refcreptis, &t le traité de l’ufage & pratique de cour de Rome , tome I, page 280. ( 4 OBRIMAS , ( Géog. anc. ) riviere d’Afie en Phry- gie, qui tomboit dans le Méandre. Pline, Zivre 7. ch. xxjx. 8x Tite-Live , Avre XX XVIIL ch. xv, en font mention. | OBRINE , ( ff. mod. ) chevaliers de l’obrine, ordre militaire infüitué dans le xii. fiecle par Con- rad, duc de Mazovie & de Cujavie, que quelques auteurs appellent auffi duc de Poland. Il donna d’abord à cet ordre le nom de chevaliers de Jefus-Chrifl, Leur premier grand-maître fut Bruno. Leur principale deflination étoit de défendre le pays des courfes des Pruffiens , qui étoient pour lors ido- lâtres , & y commettoient de grandes cruautés, Le duc Conrad mit ces chevaliers en pofñeffion du fort de l’Obrine, d’où ils prirent leur nouveau nom ; & ils convinrent enfemble que toutes les terres qu'ils envahiroient fur les Pruffiens feroient égale- ment partagées entr'eux. Mais les Pruffiens ayant bloqué le fort de maniere qu'aucun des chevaliers n’en pouvoit fortir, l’ordre _dontil s’agit devintinutile, & fut aufüi-tot {upprimé, & Conrad appella à fon fecours l’ordre Teutonique. Voyez TEUTONIQUE. _ OBRINGA, ( Géogr. anc. ) riviere ainfi nommée par Ptolomée , Zvre IT. chap. jx. qui la met dans la . Gaule belgique , 8 la donne pour bornes entre la haute & la baffle Germanie. Quoiquele favant Adrien de Valois penfe que l'Obringa de Ptolomée eftla Mo- … fellé, il paroît cependant qu'il fe trompe, & que c’eft vraïflemblablement l'Aar, (D. J.) _ OBRIZUM AURUM, ( Hifl. nat.) nom donné dans l'antiquité à un or qui avoit été purifié plufieurs _ fois par le feu, Pline dit , avri experimento ignis ef , at ftmili colore rubeat quo ignis ; atque 2pfum Obrizum gocant; c'eftà-dire ç’eft Le feu qui peut ervir à éprou- OBS 309 vet l'or ; & quand enile faifant rougir il devient de la même couleur que le feu , on l’ap elle obripum, Voyez Plinu, Hiff. rar, Gb, XX XIII, CAP, XXI à OBRON , f. m, terme de Serrurier, morceau de fer percé par le milieu, qui eft attaché À l'obronniere du coffre , & dans lequel, par le moyen de la clé, on -fait aller le pêne de la ferrure quand on ferme le coffre. Il y a d’ordinaire trois on Quatre obrons atta- chés à l’obronniere du coffre fort. OBRONNIERE, f. £ cerme de Serrurier, bande de fer à charniere qui eit attachée dedans au couvercle d’un coffre-fort, OBSCENE , adj. ( Gramm. ) il fe dit de tout ce qui eit contraire à la pudeur, Un difcours objcene s une peinture oëfcene | un livre objeene. L'obfcéniré du difcours marque la Corruption du cœur. Il y a peu d'auteurs anciens entierement Exempis d’obfcéniré. La préfence d’une honnête femme chaffe l’obfcénité de la compagnie des hommes. L’objcénité dans la converfation eft la reffource des ignorans , des fots & des libertins, Il y a des efprits mal faits qui en- tendent à tout de l’obfcéniré, On évite Pobfcénité en fe fervant des expreffions confacrées par Part ou la fcience de là chofe. _ OBSCUR , adj. (Gramm.) privé de lumiere. Il {a dit d’un lieu : cette chapelle ; ce vettibule-ef obfcur 3 d’une couleur qui réfléchit peu de inmiere , ce brun. eft oëfeur ; d'un homme qui n’eft diféngué dans {a fociété par aucune qualité , qu'il eft obfcur ; d’une vie retirée , qu'on vit obfcurément ; d’un auteur dif- cile à entendre , qu’il eft obfeur, D'obfiur on a fait obfcurcir & obfcurité. Ogscur, (Phyf:) Chambre obèure, Voyez CHAM- | BREGBOETE CATOPTRIQUE. Voyez auffi LANTERNE MAGIQUE & OIL ARTIFICIEL. OBSCURITÉ, {. f.( Logique & Belles-Lettres. c'eft la dénomination d’une chofe obfcure. L’obfcu- rité peut être ou dans la perception ou la diéon. L'objcuricé dans la perception vient pfincipalement de ce qu’on ne conçoit pas les chofestcomme eiles fontou commeon trouve qu’elles font, mais comme On juge qu'elles doivent être avant de les avoir con. : nues ; de forte que notre jugement précede alors no- tre connoïflance, & devient la regle & pour ainf dire l’étendart de nos conceptions : au lieu que la nature & la raifon nous difent que les chofes ne doi- vent être adjugées que comme elles font connues £ 6t que nous les connoiïffons non comme elles font en elles-mêmes, mais telles qu'il a plu à Dieu de nous les faire connoitre, Voyez ConNxorssarcr. L'obféurité dans la di@tion peut venir en premier lieu de l’ambiouité du fens des mots; fecondement, des figures ou ornemens de rhétorique , 3°. de la nouveauté où de l’ancienneté furannée des mots. OBSCURITÉ , achlys, dyes. Ce mot fignife en général un air épais & rempli de brouillards : de-lA aAvod ec 5 ua Un &il noir & trouble, on qui ne voit qu'avec peine: ce qu'Hippocrate regarde comme un mauvais fymptôme dans les maladies aigués, Prædic. Bb, I. xlyj. & dans les prosnoftics de Cos 212. I1 appelle encore æxavadue les vents méridionaux : aphor, 5.1, TI, à caufe qu'ils offufquent la vûe , & comme Celfe le remarque, qu’ils émoufent tous les fens, lv. IT, ch. 7, On appelle encore ax Ames CEUX qui ont la vue trouble de la fevre » LOuÉ. prænot, #%xv. Qneélques-uns croient cependant qu'Hippo- crate veut parler de ceux dont les humeurs font ex- trèmement ayitées, ou dont la couleur & le tempé= rament font altérés & obfcurcis par la maladie ; mais Galien donne ce nom à ceux qui pendant la maladie perdent cette vivacité & cet éclat qu'on obferve autour de la prunelle lorfque le corps jouir d’une parfaite fanté, ni | Ce terme fignifie auf une perite marque ou cieatrlee %« 310 OBS devant la prunelle de l'œil , laïflée far [a cornée par une ulcération fuperficielle , fuivant l'interprétation de Galien. Enfin, fuivant le commun des Medecins, c’eft une éfpece d’obfcurité dans les yeux qu’on rap- porte à l’amblyopie où obfcurciflement de la vüe. OBSÉCRATION , £. £. ( Belles-Lertres. )figure de Rhétorique par laquelle l’orateur implore l’afhftance de Dieu ou de quelqu'homme., Foyez FIGURE. Ciceron fait un admirable ufape de cette figure dans la harangue pour le roi Dejotarus, lorfqu'il dit à Céfar : Per dexteram te iflam oro, quam rege Dejotaro, hojpes hofpivi porrexifli ; 1flam inquam dexteram , non tam in bellis & in præliis, quam in promiffis & fide fer- miorem, De même Virgile dit : Pdonié Quod te per celi jucundum lumen & auras; Per genitorem oro , per Jpem furgentis Jul Eripe me his , invidte, malis. Æneid, VI. OBSÉDER,, voyez OBSESSION. OBSEQUES, f. f. pl. (Tfages.) derniers devoirs où fervices, obféquia, qu'on rend à un mort: on trouvera, fous le r10f FUNÉRAILLES, la pratique de cetre cérémonie chez plufieurs peuples du mon- de. «Je ne crois pas, dit Lucien, après en avoir fait » la peinture, que les monumens, les colonnes, les » pyramides, les infcriptions, & les oraifons fune- » bres à la mémoire dés défunts, puiflent leur fer- » vir là-bas d’atteftations valables de vie & de » mœurs». La pompe des obfèques revarde la cou- tume où la confolation des vivans, &z jamais le be- foin des morts. Criton demandoit à Socrate com- ment il vouloir êtreenterré. Comme vous voudrez, répondit-il, où comme vous pourrez, rien ne m'eft plus indifférent. La religion chrétienne a eu raïfon de réprimer en plufieurs lieux la dépenfe des oje- ques; car, comme le remarque l’auteur de l'Efprit des lois, qu'y a-t-il de plus naturel que d’ôter la différence des fortunes dans une chofe &c dans les momens qui égalifent toutes les fortunes. (D. J. ) OBSERVANCES, ( Æiff. eccléfiaft.) ce font des flatuts, dés ordonnances eccléfiaftiques ; Tertullien de Oratione cap. xi. donne une excellente regle fur la conduite qu'il convient de tenir au fujet des ob- fervances: il faut, dit-il, rejetter celles qui font vai- nes'en elles - mêmes, celles qui ne font appuyées d'aucun précepte du Seigneur ou de fes apôtres, celles qi ne font pas l'ouvrage de la religion, mais de la fuperftition,, celles qui ne font fondées fur aucune raifon folide, enfin celles aui ont de la conformité avec les cérémonies payennes, ( D.J.) OBsERVANCE, ( Æif£, eccléfiafl, ) {e dit en parti- Tculier d’une communauté de religieux qui font obli- gés à l’obférvation perpétuelle de Ta même regle ; ce mot pris en ce fens fignifie la même chofe que congrégation ou ordre, Voyez ORDRE. Lés Cordeliers prennent le nom de religieux de L’obfervance , de la grande & de la petite of/ervance, Voyez CORDELIERS. Parmi les Bernardins , il y a des religieux de lérroite obférvance, ffrithioris 'obftrvantiæ , lefquels fonttoujours maigre. Voyez BERNARDINS, OBSERVANTINS, £ m. pl. ( Æif£. ecclef.) reli- gieux cordéliérs de l’obfervance : en Efpagne il'y a des Objervantins déchauftés. OBSERVATEUR, f. m. ( 4/ffrorom.) on donne ce nom àlun affronome qui'obferve avec foin les afttes & les autres phénomenes céleftes, Hypparque &z Ptolomée ont été célèbres fous ce nom parmi Les anciens. Alboœætegnius qiu leur a fuccédé l’an 882, & Vlugh-Beïgh, petit-fils du grand Tamerlan l’an 437, ontaufli mérité ce nom parmi les Sarrafins. En Alle- magñe és obférvateurs {ont Jean Regiomontant en 1457, Jean Wermer, Bernard Walther en 1475, Nicolas Coperniç en 1509, T'ycho-Brahé en 1582, OBS Guillaume landgrave de Hefle , & Jean Hévélius dans le fiecle précédent. En Italie Galilée & Ric- cioli; en Angleterre Horocce, Flamftéed &c Bradley; &c en France Gaflendi, les Caffini, Delahire pere & fils, le chevalier de Louville, Maraldi, de Lille. OBSERVATEUR, ( Phyf. 6 Affr. ) {e dit en géné- ral de tous ceux qui obfervent les phénomenés de la nature ; il fe dit plus particulierement des aftro- nomes ou obfervateurs du mouvement dés aftres, Poye ASTRONOMIE 6 OBSERVATION. (© OBSERVATEUR , ( Gram. Phyfig. Méd.) celui qui _Obferve. Voyez OBSERVATION. On à donné le nom d’obfervateur au phyfcien qui fe contente d’exami- ner les phénomenes tels que la nature les [ui pré- fente ; il dière du phyficien experimental, qui com- bine lui-même , &c qui ne voit que le réfultat de fes propres combinaïfons ; celui-ci ne voit jamais la nature telle qu’elle eft en effet, il prétend par fon travail Ja rendre plus fenfible, ôter le malque qus la cache à nos yeux, il la défigure fouvent & la rend méconnoiffable ; la nature eft toujours dévoi- lée & nue pour qui a des-yeux, ou elle n’eft cou- verte que d’une gafe légere que l’œil & la réflexion percent facilement , &c le prétendu mafque n’eft que dans l'imagination, aflez ordinairement bornée, du manouvrier d'expériences. Celui-là au -contraire , lorfqu'il a les lumueres 6e les talens néceflaires pour obierver, fuit pas-à-pas la nature , dévoile les plus fecrets myfteres, tout le frappe, tout l'inftruit,. tous les rélultats-fui font égaux parce qu'il n’en at- tend point, 1l découvre du même œil l'ordre qui regne dans tout l'univers, & l'irrégularité qui s’y trouve ; la nature eft pour lui un grand livre qu'il n'a qu'à ouvrir & à confulter ; mais pour lire dans cet immenfe livre , 1l faut du génie & de la pénétra- tion , il faut beaucoup de lumieres; pour faire des expériences il ne faut que de ladrefle : tous les grands phyficiens ont été ohférvareurs. Les académi- “ciens qui allerent déterminer la figure de la terre n’y réuffirent que par l’obfervation ; le fameux Newton a vù tomber une poire d’un arbre fur la terre; il n’a jamais détourné la nature pour l’approfondir & linterprêter, ç'a été un des plus grands génies. M, *** qui fait tourner fi joliment une expérience, eft un trés. mauvais phyfcien ; il n’a, dit-on, de l'efprit qu’au bout des doigts. Je ne fuis pas furpris, que la prodigieufe quantité d'expériences qu'il y a, aient fi peu éclairci la Phyfique, & que cette phyf- que qui n’eft fondée que fur des expériences ait éfé fi inutile à [a vraie philofophie ; mais je fius furpris que les Phyficiens négligent l’obfervation, qu'ils courent après l’experience , & qu'ils préferent le: titre fi facile à acquérir de faifeurs d'expériences & la qualité fi rare, fi lumineufe , & fi honorable d’oë« Jervateurs. Woyez OBSERVATION. Ce qu'il y a encore de plus étonnant, c’eft que nos moraliftes foient fi peu obférvateurs , \s compo- {ent dans leur cabinet des traités de morale fans avoir jétté un coup-d’œil fur les hommes; remplis d'idées vagues, chimériques, enfevelis dans les pré- jugés lés plus groffiers, les plus contraires à la vé- rité, ils fe repréfentent les hommes tout autrement qu'ils font & qu'ils doivent être , & diétent des regles", des arrêts qu'ils prétendent être émanés du fein de la divinité, dont l'exécution efttrès-fouvent contraire à la raïfon , ‘au bon fens, quelquefois 1m poflible. Qu'il feroit à fouhaiter qu'on cbfervit, qu’on vit avec des yeux bien difpofés & bien orga- nifés les chofes telles qu'elles font ! peut-être fe con vaincroit-on qu’elles font comme elles doivent être, & que vouloir les faire aller autrement eft une pré: tention imaginaire & ridicule ; mais le talent d’opfer- vateur eft plus difficile qu’on ne penfe, &c fur -tout celui qui a pour objet Les mœurs &e Les aétions des hommes; hommes. Voyez Morare. Il eft cependant dans ce cas ab{olument indifpenfable. Le meilleur traité de morale feroit une peinture de la vie humaine; la Bruyere n’a fait un li bon ouvrage que parce qu’il a été dans le cas de voir & qu’il a bien obfervé. Un auteur qui n'ayant jamais vü le monde que par un trou & à-travers un verre mal fait, fale, obfcurci, peut-1l raifonnablement fe flatter de le connoître? eft-il en état de l’obferver , de le peindre ; & de le réformer ? | _ Le nom d’offirvateur eft en Médecine un titre honorable qui eft, ou plutôt qui doit être le par- tage du médecin, qui affidu auprès de fon malade, s’inftruit des caufes qui l’ont réduit en cet état, ob- ferve attentivement la marche réguliere ou ano- male de la maladie, les fymprômes qui la caraûé- rifent , lés changemens qui arrivent dans fon cours, fes différentes terminaifons, & qui ne perd de vüe fon malade que lorfqu'il eft afluré d’une parfaite guérifon ; ou fi la maladie a eu une iflue facheufe, fi le malade eft mort, il poufle fes obfervations jufque fur le cadavre, il cherche les caufes de la mort , les dérangemens, les altérations qui ont pu loccafionner, & auxquels, fi on les avoit mieux connus , on auroit peut-être pù remédier ; enfin il décrit exattement, avec fincérité & candeur tout ce qu'il a vü: tel eft l'emploi de l’obférvareur en Méde- cine , qui fe réduit à bien voir & à raconter de même ; mais pour remplir 8 exécuter comme il faut ces deux points , que de qualités paroïflent néceffai- tes ! 1°. Pour bien voir, ou obferver ( je prends ici ces deux mots comme fynonymes }, il ne fufit pas d’une application quelconque des fens, il faut que les fens {oient bien organiiés, bien difpofés non- feulement par la nature, mais par l’art & l'habitude, &t que cette application fe faffe fans pañon, fans intérêt, fans préjugés, É:c. | Aïnfi il faut'en premier lieu que l’obférvateur nait dans les organes des fens aucun vice de conforma- tion qui en empêche l’ufage libre 8 complet, que les yeux foient clairvoyans, le ta& fin, l’odorat bon: &c, 2°. qu'ils foient propres à recevoir les tmpreflions des phénomenes qui fe préfentent, quel- que difficiles qu’ils foient à appercevoir & à les tranfmettre inaltérés au principe du fentiment , de la réflexion & de la mémoire; c’eft l’art & l’habi. tude qui donnent cette faculté de fentir, cette f- nefle dans le fentiment, & cette juftefle dans la per- ception. Il yades fymptômes aflez enveloppés pour fe dérober à la vüe d’un homme qui n’a que des fens, qui exigent des lumieres précédentes appropriées. Tous les phénomenes ne fe préfentent pas de la même façon que la dureté de la pierre frappe le manœuvre le plus ignorant, que la couleur jaune du vifage dans l’itere que tout affiftant voit, que la violence du pouls, que le dernier chirurgien & la moindre femmelette peuvent appercevoir ; mais la couleur jaune n’eft pas frappante dans tons les hiétériques , il faut que le médecin la cherche dans les yeux ou les urines; il y a une infinité de modi- fications dans le pouls que bien des médecins même peu infiruits ne favent pas diftinguer. Il y a certai- nés connoiflances préliminaires qui font indifpen- fables à tout médecin obfervareur ; quelque teinture d’Anatomie groffiere qu1 fuffife pour connoître le fiege des maladies, des bleflures, & fur-tout pour les obfervations cadavériques, une bonne Phyfolo- gie qui ne foit qu'un détail des phénomenes que pré- fente l’état de fanté, leur méchanifme qui fuppofe toujours beaucoup d'incertitude eft abfolument inu- tile; cette partie n’eft neceflaire que pour mieux faire appercevoïr, dans l’état de maladie, en quoi &t comment une fon@ion eft dérangée ; maïs il doit fur-tout pofléder la fcience des fignes, être bien Tome XL. OBS 3Tr inftruit de leur nature, de la maniere dont il faut S'y prendre pour les faifir comme 1l faut, de leur va- leur & de leur fignification: c’eft par-là que le médecin éclairé differe & fe met infiniment au - def- fus de tous ceux qui n’ont aucune connoiflance ou qui n’en ont que d'imparfaites & fautives ; du refte, pour acquérir encore plus de facilité à faïfir les fymptômes les plus obfcurs, à fe former une idée nette de ceux qui font les plus embrouillés, il fant de l'habitude , 1l faut familiarifer fes fens avec les malades, on les rend plus fins & plus juftes ; l’on ne peut mieux prendre ce coup-d’œil obfervareur, cette. expérience fi néceflaire que dans les hôpitaux, où la maladie entée fur la mifere, attire un grand con: cours de perfonnes, L'hôpital de la Charité de Paris eft un de ces établiffemens avantageux, où le ma- lade indigent eft sûr de trouver tous les fecours réu- nis adminiftrés gratuitement avec beaucoup de zele, de foin, & de propreté, & où les jeunes médecins peuvent très-commodément, favorifés & attirés par les religieux complaïfans , examiner les malades & obferver les maladies auffi iouvent 8 auffi long: terms qu'ils le defirent ; éprouvant nous-mêmes tous les jours ces avantages, nous devons ce témoigage public à la reconnoiffance & à la vérité. à Le médecin muni de ces connoiïflances fuit exac- tement {6n malade, inftruit par fa bouche où par. celle des affiitans des caufes qui ont donné lieu à fa maladie, del’erreur qu'il peut avoir commife dans les fix chofes non-naturelles, il confidere lui-même les maladies regnantes, s'il n’y a point quelque épis démie qui ait influé fur la maladie qu'il obferve ; il examine après chaque fymptôme l’état des difé- tens vifceres, manifefté par l’exercice des fonctions appropriées, 1l confulte le pouls , la langue , les uris nes , ne dédaigne point de porter fa curiofité juf- ques fur les excrémens les plus fétides ; il confidere aufh attentivement tout l'extérieur du corps, les extrémités des oreilles, le nez, les yeux, le vifage, il marque exaétement le chaud ou le froid , les chan: gemens dans la couleur & dans toutes les autres qualités, la fueur, la tranfpiration , l'humidité ow la fécherefle de la peau, éc. tous ces fignes peuvent donner des lumieres pour le diagnoftic, le progno- fic, & la guérifon des maladies, Voyez tous ces ar: ticles particuliers SEMÉIOTIQUE. S'il ordonne quelques remedes 1l doit en favoir dif tinguer leffetd'avec les'changemens dûs à la marche de la maladie; le médecin qui fortant de chez le ma: Jade rempli du portrait qu'il s’en eft fait, va le met: tre furle papier, peut fans doute en donner un jout= nal fidele ; mais pour que le portrait foitreflemblant, il faut qu'il ait vû les objets tels qu'ils étoient, que l'imagination bouillante ne les ait pas groffis, que la préoccupation ne les ait pas défigurés, que l’attente vive d’un réfultat ne l’ait pas fait apperceyoir au lieu de la réalité, que la paflion n’ait rien changé , que l'envie &c l’efpérance du fuccès n’ait pas dimi- nué, ou la crainte augmenté la gravité des fymptô: mes ; que de dificultés , que d’obftacles à vaincre, que d'écueils à éviter ! mais qu’il eft rare qu’on refifte & qu'on y échappe! Les uns remplis d'idées théoriques, perluadés que l’acrimonie des humeurs eft la caufe de la maladie qu'ils veulent obferver , s’'imaginent fentir fous le doigt les petites pointes’ des humeurs âcres qui piquotent l’artere , & fubfti- tuent ainf la façon dont 1ls conçoivent les objets à leur façon propre d’exifter ; d’autres emportés par une imagination a@ive , préoccupée , ne voient les chofes que comme ils voudroient qu’elles fuflent, &t fonvent tout autrement qu’elles ne font en effet. Le médecin sant pis verra toujours noir dans les maladies ; le moindre fymptôme paroîtra mortel à {es yeux, la çrainte lui groffira Les objets. Le méde- Rr L2 2 4 m#' OBS “ani peuvent flatter l’efpérance ; les fignes fâcheux prendront chez lui une fignification avantageufe , &z la maladie fera toujours douce & favorable. Il y “en a qui régardant plafeurs fignes comme peu inté- reffans, négligeront de les confulter; celui-ci ne tâtera pas Le pouls ; celui-là ne regardera pas la lan- gue: l’un trop délicat dédaignera d'aller jetter les yeux fur les excrémens, l’autre n’ajoutera pas foi à - Touromantie ou n’aura pas la commodité d’exami- ner les urines , & quelques-uns trop preflés ne jette- xont qu’un coup d'œil en paffant fans entrer dans le moindre détail ; il y en a d’autres qui confondront les fignes les plus fignificatifs avec ceux qui ne di- fent rien, pañleront rapidement fur les premiers, & s’étendront minutieufement {ur ce dont on n’a que faire ; comme ce médecinallemand., qui regardant le mouvement comme un obftacle à la crife, qui, fuivant lui, demande un repos abfolu de tous les “membres & une extrème tranquillité, avoit foin d'obferver fcrupuleufement toutes les fois que fon malade remuoit les piés ou les mains; êt ainfñ pour bien voir, c’eft-à- dire tout ce qu’il faut comme il faut, & pas plus qu'il ne faut, il faut des lumieres, de la fagacité, du génie, il faut être inftruit , aflidu au lit des malades, pénétrant, defintéreflé, dé- pouillé de toute idée théorique , de préjugé ; & de paflon. 2°. Pour bienraconterce qu’on a vu; à ces qua- lités, qui font encore pour la plüpart néceflaires ici ; il faut joindre beaucoup de candeur & de bonne foi; le ftyle doit être fimple, Le détail circonftancié ‘fans être minutieux ; les faits expofés dans l’ordre qu'ils ont fuivi, de la maniere dont ils fe font fuc- cédés , fans raïfonnement, fans théorie. Les mau- vais fuccès doivent être décrits avec la même fin- cérité que les heureux, même dans le cas où ils pourroient être attribués à l'inopportunité d’un re- mede ; ces cas font les plus inftruétifs. Que la can- deur de Sydenham eff admirable, lorfqu'il dit ; w’enthoufiafmé de l'efficacité du fy:0p de nerprun dans l’hydropifie , il voulut fe fervir de ce remede dans tous les cas qui fe préfentoient ; qu'il l'ordon- na à une dame hydropique dont la maladie empiroït toujours; que laffée d’un remede dont elle éprou- voit de fi mauvais effets, elle le congédia, appella un autre médecin, qui fuivant une route oppofée , vint à-bout de la guérir en peu de tems. Ainf que Tintérêt ou la pafñon ne guident jamais la plume du médecin obférvateur , qu'il les faffe plutôt céder à la vérité ; & fur-tout s’il n’a pas le courage de la «publier ; qu'illa laiffe plutôt enfevelie dans un pro- fond filence , comme ces médecins qui rougiflent d’avouer qu'il leur eft mort quelque malade entre es mains ; mais qu'ils fe gardent bien de la défi- : gurer, de transformer en fuccès glorieux les fuites les plus funeftes, à l’exemple de ces charlatans, ‘qui n'ayant jamais la vérité pour eux, font obligés de recourir au menfonge pour accréditer un remede fouvent dangereux, & pour acquérir une réputa- tion quifera pernicieufe. À cet obftacle qui s’oppofe à la fidélité des obférvateurs, on peut en ajouter un autre encore très-fréquent, c’eft que la plüpart ne font des obfervations que pour confirmer quelque idée , quelqu’opinion,, quelque découverte , & alors ou ils voyent mal & racontent de bonne foi, ou ce qui eft le plus ordinaire, ils détournent l’obfer- vaton en leur faveur , ils l'interpretent à leur fan- taiñe, & arrangent de façon qu'il paroît que le fyf- tème a plutôt fervi à créer l’obfervation ; que l’ob- {ervation n’a été faite pour favorifer le fyfème. C’eft- pour cela qu'il nous parvient peu d’obferva- tions éxades , & que pendant plus de vingt fiecles à péine pourroit-on compter huit ou dix médecins wbférvateurs, “cin cantmièux ne fera attention qu'aux fymptômès | Hipotrate a été le premier & le meilleur de tous les médecins obférvareurs ; nous n'’héfitons pas à le propoler pour modele À quiconque veut fuivre une femblable route , c’eft-à-dire, s’adonner à la partie de la médecine la plus fûre, la plus utile & la plus fatisfaifante, Ses ouvrages annoncent à cha- que ligne fon génie obférvateur ; peu de raifonne- ment & beaucoup de faits, voilà ce qu'ils renfet- ment. Ses livres d’épidémie font un morceau très- précieux & unique en ce genre : 1l commence par donner une hiftoire fidele des faïfons , des varia- tions qu'il y a eu, des changemens dans l’air, les météores , &c. Il pañle au détail des maladies diffé- rentes ou analogues qui ont regné : il vient enfin à la defcription de chaque maladie, telle que chaque malade en particulier l’a éprouvé ; c’eft-là fur-tout qu’il eft inimitable. Quand on lit ces hiftoires , on fe croit tranfporté au lit des malades ; on croit voir les fymptomes qu'il détaille ; il raconte fimplement, fans y mêler rien d’étranger ; & ces narrations fim- ples , fideles, qui , dénuées de tout ornement, pa- roiflent devoir être féches , ennuyeufes, ont un attrait infini, captivent le lecteur , l’occupent êz l’inftruifent fans le laffer , fans lui infpirer le moin- dre dégoût. Il n’a point honte de terminer fouvent fesob£ervations par ces mots fiinjuftement critiqués , amsdaye , il eff mort; on voit là une candeur , une bonne foi qu’on ne fçauroit aflez louer. Que je l’ad- mire auf lorfqu'il avoue fes erreurs, lor{qu'il dit, qu'ayant confondu la future du crâne avec une fente, ilfit trépaner mal-à-propos un homme ! A quel point de certitude auroit été porté la médecine, fi tous les médecins l’avoient imité ? Que les médecins mérireroient bien ce qu’on dit aflez mal-à-propos d'eux, qu'ils font les hommes qui approchent le plus de la divinité, en confervant la vie & rétabliffant la fanté! Que la médecine me paroït belle quand je la vois dans fes écrits ; mais que je reviens de cette bonne opinion quand je jette les yeux fur la maniere dont on la pratique aujourd’hui, fur les bafefes auxquels on a recours, fur le charlatanifme qui devient dominant , fur les morts qui, .... Mais tirons le rideau fur un fpe@acle aufli révoltants Hippocrate a principalement obfervé la maladie laiflée à elle-même, & il nous a laïflé tirer cette heureufe conféquence , donc la maladie fe guérit fou- vent par Les feuls efforts de la nature. Nous ne difi- mulerons cependant pas que ce genre d’obferva- tions , quelqu'avantage qu'il ait apporté enfuite, a été quelquefois pernicieux aux malades fur qui : il les fafoit. On peut auffi reprocher à Hippocrate qu'il a un peu trop négligé l’anatomie &c les ob- {ervations cadavériques. Galien , fon 1llufire com- mentateur, a été aufli très-bon obfervateur; mais il a trop donné dans la théorie , & fes. obfervations s’en reflentent. Parmi les médecins qui ont marché {ur fes traces, on peut compter les Aretée , les Baillou , les Duret , les Baglivi, les Sydenham. Riviere, Fernel , Sennert mériteroient aufl à quel- ques égards d’être mis dans cette claile. Sydenham a été appellé avec raïfon l'Hippocrate anglois ; 1l a comme ce divin légiflateur, vu exaétement 6c décrit avec beaucoup de fimplicité & de naiveté ; 1 a eu la candeur d’avouer que dans les épidémies , les premiers malades qui étoient confiés à fes foins, couroient un grand danger, qu'ils étoiént immolés ou à la force de la maladie, ou à l'irrégularité de fa pratique. Il différe d’Hippocrate, en ce qu'il nous a {ur-tout fait connoître ce que peut l’art d’ac- cord à la nature dans le traitement des maladies ; mais on peut lui pafler d’avoir prétendu dans la pluréfie avoir en fon pouvoir la matiere morbifique par la faisnée, & de regarder le trou fait au bras par la lancette , comme très-propre à fuppléer la frachée'artere 81 à en faite la fondtion, Sydenh. oper. feét. VI. cap.iv: Onpourioit mettre au même rang quelques médecins «ftimables qui fe {ont ap- pliqués: à des obfervations particulières, à confta- ter la valeur de cerrams!fgnes, à en déterminer Ha fignification, à les-clafler, &c. Derce nombre font-Profper Alpin; Bellini pourles urines ; Solano, Nihelb8z Bordeu pour-le ‘pouls , “te. - | "On voit par-là combien le nombre des médecins: obfervaseurs eft petit; cependant la flatterie, l'abus, l'ignorance avoient avili cectitre honorable ‘en le prodipuant indifféremment à lipnorant empirique , au praticien routinier, au fyftèmatique préoccupé, au (compilateur d’obférvarions , au defcripteur de maladies, 6, mais on n’eft pas obfervareur pour avoir inféré deux ou trois obfervations dans quel- ques journaux, colleétions onmémoiresd’academie ; pouriavoirraflemblé, abregé & défiguré des obfer- yarions,, & en avoir compoié des fuités de volumes fans choix &r des gros 27-folio, On n’eft pas non plus! obfervareur , parce qu’on a:vu bien des mala- des ; il faut voir des maladies, On left encore moins quandron n’a vu ni Fun nilautre, quoiqu’on donne des defcriptions fort méthodiques ; c’eit ce qui eft arrivé au fameux Boërhaave, qui a compoié fes aphorifmes dans un tèms où quelques mauvais fuc- cès lui avoient Ôré la confiance du publie, & l’a- voient relegné dans fon cabinet : il lui eft arrivé auf de décrire les maladies ; plutôt comme il imaginoit qu’elles devoient être, que comme elles ‘étoient en effet. De-là certe divifion multipliée à l'infini, ces regles toujours générales, & jamais des particulari- tés: de-là auf cette grande méthode à claffer les maladies , à y rapporter toutes les caufes avec une extrême facilité, cet ordre fi bien foutenu dans cet ouvrage, qui décele toujours le travail du ca- binet , & qui eft fi différent de l’irrégularité qu’on obferve au lit du malade, qui eft fi bien peinte dans les ouvrages d'Hippocrate & de Sydenham, & dont : la defcription affiche & cara@erife infailliblement le médecin obfervateur. (m) OBSERVATIONS CÉLESTES , (4ffron. pratiq:) font les obfervations des phénomenes des corps céleftes faites avec lesinflrumens d’Aflronomie, afin de déterminer les fituations, les diftances , ies mou: vemens, &c.de ces corps. Les obférvations fe fontavec différens inftrumens, dont les principaux fontletélefcope , le quart de cer- cle, l’inftrument des paflages, le feéteur , la ma- chine parallaëtique , &c. Voyez ces mors, voyez auffi ASTRONOMIQUE & ASTRONOMIE, * Les obfervations faites de jour ont cet avantage que les fils du micrometre qui font placés au foyer de l’objeétif du télefcope, s’'apperçoivent fans aucun fecours ; au lieu que dans celles qu’on fait la nuit, al faut les éclairer. Pour y parvenir on fe fert d’une Inmiere dont on fait tomber obliquement les rayons fur l'objec- tif, afin que la fumée n'interprete pas ceux de l’af- tre quon obferve , & lorfqu'on en a la commo- cité, on fait une ouverture à la lunette auprès du ‘foyer de l’obje@if, & c’eit alors vis-à-vis de certe ouverture qu'on place la lumiere afin d'éclairer les fils. M. de la Hire, par un moyen fort fimple, a beaucoup perfeétionné la premiere de ces dèux méthodes : 1l veut qu’on couvre le bout du tube vers l’objeétif d’une piece de gafe ou decrepe fin de foye blanche, avec cette feule précaution , il fufit de placer le flambeau à une bonne ee du tube pour rendre vifible les fils du micro- metre. | Les obfervations du foleil demandent abfolument qu'on place entre l'œil & l'oculaire du iéleicope, | Tome XL, un verre noïrci par la fumée d’une chandelle où d'une‘ J+mpe, añhn d'intércepter par ce moyen la plus” grande partie des rayons du foleiflqui trou blercientila vue & endommageroient l'osil, | -! Les obfervations aftronomiques fe font ordinaire- ment avec des lunettes à deux verres qui renver- fent! les objets ; parce qu'il importe peu pour l’af trononne que les aftres foient renveriés, &'qh'on gaoné beaucoup à n'avoir que deux verres, 29 | On peut obfervér les corps céleftés dans tonte l'étendue du ciel vifible; mais on difiingue ofdi- nairément les obfervations en deux fortes , celles qui font faites à leur pañlage par le méridien , ou à leur paflage dans les autres verticaux. Voyez; Mé- RIDIEN & VERTICAL. Ce Les obfervations des anciens étoient’beaucoup moins exaËtes que les nôtres, faute d'inftrumens fufhfans & convenables. L'invention du rélelcobe, l’application de la lunette ou quart de cercle, & célle du micrometre à la lunette ; enfin la perfec: tion de lhorlogerie pour la mefure dû tems, ont rendu les ob/érvations aftronomiques modernes d’uné precifion qui femble ne laïiffer plus rièn à defrer. Voyez; MICROMETRE ; HORLOGE , PENDULE , &c. (O0) OBSERVATION, Î. f. en termes de mer, fignifie Paétion de prendre la hauteur méridienne du foleil, d'une étoile , & principalement du foleil , afin dé déterminer la Jatituder Yoyez HAUTEUR, MÉRI- DIFENNE 6 LATITUDE. Trouver la latitude par l’obfervation de la hau- teur méridienne , s'appelle chez les marins furé l’obérvation. OBSERVATION , (Gram, Phyfia. Méd.) c’eft l’at: tention de l’äme tournée vers les objets qu'offre la nature. L'expérience eft cette même attention di: rigée aux phénomenes produits par l’art. Ainf, l’on doit comprendre fous le nom générique d’ob/ér- vation l’examen de tous les effets naturels, non-ieu: lement de ceux qui fe préfentent d'abord ,& fans in termede à la vue; mais encore de ceux qu’on ne pourroit découvrir fans la main de l’ouvrier, pour- vu que cette main ne les ait point changés , airérés, défigurés. Le travail néceffaire pour parvenir jufqu’à üne mine , n'empêche pas que l'examen qu’on fait de l’arrangement des métaux qu’on y trouve, de leur fituation , de leur quantité , de leur couieur , 6c.ne foit une fimple ob/ervarion ; c’eft auñfii par l’o8- Jervation qu'on connoit la géographie intérieure , qu’on fait le nombre, la fituation, la nature des cou- ches de la terre, quoiqu’on foit obligé de recourir à des inftrumens pour la creufer & pour ie mettre en état de voir ; on ne doit point regarder comme 'ex- périence les ouvertures des cadavres , les difle&ions des plantes , des animaux , & certaines décompof- tions , oudivifions méchaniques des fubftances miné- ralés qu'oneft obligé de faire pour pouvoir obférver les parties qui entrent dans leur compofñition. Les lunettes des Aftronomes , la loupe du Naturalifle, le microfcope du Phyficien n’empêchent p.s queles connoiffances qu’on acquiert par Ce moyen ne foient exattement le produit de lobfervation : toutes ces préparations , ces inftrumens ne fervent qu’à rendre plus fenfibles les différens objets d’of/érvarion , em- porter les obffacles qui empêchoient de les apper- cevoir , Ou à percer le voile qui les cachoït ; maisik n'en rélulre aucun changement, pas la moindre al, tération dans la nature de l’objet obférvée ; 1l ne laifle pas de paroître tel qu'il eft ; & c’eft principalement en cela que lobférvation differe de l'expérience qui décompofe & combine, & donne par-là naïffance à des phénomenes biens différens de ceux que la na- ture préfente; ainfi, par exemple, fi lorfqu'on a ou= vertune mine, le chimifte prend un morceau de Rri 314 OBS métal, & lejette dans quelque liqueur qui puiffe Le diffoudre ; l'union artificielle de ces deux corps, ef. et indifpenfable de la diffolution., formera un nou- veau compolé, produra des nouveaux phénome- mes, & fera proprement une expérience, par dla- quelle aux réfultats naturels on en aura fubflitué d’arbitraires ; fi le phyfologifte mêle avec du fang nonvellement tiré d’un animal vivant quelque li- queuf , 1l fera alors une expérience ; & la connoif- fance qu’on pourra tirer de-là fur la nature du fang , &c fur les altérations qu'il reçoit.de cette liqueur , ne fera plus le fruit d’une fimple obfervation ; nous te- marquerons en paflant que les connoiffances acqui- Les par ce moyen font bien médiocres & bien im- parfaites , pour ne pas dire abfolument nulles , & que les conféquences qu’on a voulu en tirer fur l’a@ion des remedes font très-fautives, 8 pour l'ordinaire démenties par l’obférvation ; &t , en général, ontire peu d'utilité de l'expérience dans l’examen des ani- maux & des végétaux, même des expériences chi- miques, qu, de toutes les expériences, font, fans contredit, les plus füres & les plus lumineufes, & la partie de la Chimie qui traite des corps organi- 1és.eft bien peu riche en faits dûment conftatés, & bien éloignée de la perfeétion où l’on a porté la Minéralogie ; & l’on ne pourra vraiflemblablement parvenir à ce point dans cette partie, que par la dé- couverte des lois du méchanifme de l’organifation , &z de ce en quoïelleconfifte; découverte précieufe 8z féconde, qu’on ne doit attendre que de l’obférvation. L'expérience fur les corps bruts inanimés eft beau- coup plus utile & plus fatisfaifante : cette partie de da chimie a été pouflée très-loin ; le chimifte eft parvenu à décompofer & à récompofer ces corps, {oit par la réunion des principes féparés , foit avec des principes tirés d’autres corps en entier , comme dans le foufre artificiel, ou en partie comme cela fe pratique à l'égard des métaux qu'on récompofe, en ajoutant à la terre métallique déterminée un phlo- giftique quelconque. L’obfervation eft le premier fondement de toutes les fciences, la voie la plus fure pour parvenir, & le principal moyen pour enétendre Penceinte , &z pour en éclairer tous les points : les faits, quels qu’ils {oient, la véritable richefle du philofophe , font la matiere de l’obfervation : l’hiftorien les recueille, le phyficien rationel les combine, & l’expérimental vérifie le réfulrat de ces combinaïfons,; plufieurs faits pris féparément paroiflent fecs, ftériles & in- fruêtueux ; dès qu’on les rapproche, ils acquierent une certaine aétion, prennent une vie qui par-tout téfulte de Paccord mutuel , de l’appui réciproque, & d’un enchaînement qui les lie les uns aux autres ; le- concours de ces faits, la caufe générale qui les enchaîne, font des fujets de raifonnement , de théo- rie, de fyftème, les faits font des matériaux ; dès qu'on en a ramañflé un certain nombre, on fe hâte de bâtir; & l'édifice eft d’autant plus folide, que les matériaux font plus nombreux, & qu'ils trouvent couler, On dit /4 mer fimplement pour fignifier la vafte étendue d'eaux qui occupent une grande partie du globe. L’Océzr a quelque chofe de plus particulier, GT fe dit de la mer en général par oppoñton aux mets qui font enfermées dans les terres. L'Océar n'environne pas moins le nouveau monde que l'an- cien ; mais dans les mers reflerrées dans de certains efpaces de terre , le nom d'Océar ne convient plus. - L’Océar lui-même fe partage en diverfes mers, mon qu'il foit divilé par aucune borne , comme les mers enfermées entre des rivages , & où l’on entre par quelques détroits , mais parcerqu’une auf gran- de étesdue de mer que l'Océan eft parcourue par des navigateurs qui ont befoin de diftinguer en quel lieu ils fe font trouvés, on a imaginé des parties que l’on diffingue par des noms plus particuliers. Mais en général plufieurs géographes ont divifé ‘| POcéan principal en quatre grandes parties, dont chacune eff appellée aufli Océan , & qui répondent aux quatre continens ou grandes îles de la terre, telles font : 1°. L’Océan atlantique | qui eft fitué entre la _<ôte occidentale du vieux monde , & la côte ofien- tale du nouveau. Onl'appelle auf Océan occiden- £al, parce qu’il efl à l’occident de l’Europe. L’équa- teur le divife en deux parties, dont l’une eft conti- guë à l'Océan hyperboréen, & l’autre à la mer Gla- <ée ou mer Méridionale. 2°. L’Océan pacifique , ou grande mer du fud, qui eft fituée entre la côte occidentale d’Afie & d’Améri- goe, & s'étend jufqu’à la Chine , & aux îles Philip- Pines. . 3°. L'Océan hyperboréen ou fèptentrional, qui en- vironne le continent arétique. . 4°. L’Océan méridional , qui rene au-tour du con- tinent méridional , & dont l'Océan indien fait partie. D’autres géographes divifent auffi l'Océan princi- pal en quatre parties de la maniere fuivante : l’O- céan atlantique, felon eux, en fait une partie; mais als ne l’étendent pas au-delà de l'équateur, où ils font commencer l’Océaz éthiopique. Ils comptent auf avec nous l'Océan pacifique, & ils y ajoutent VOcéan indien. Mais nous avons plus d’évards dans notre divifion aux quatre grands continens. Quel- ques-uns ne le divifent qu’en trois parties ; favoir, J'atlantique, le pacifique & l'indien ; mais alors ils 335 donneñt plus d’étenduie à l’'Océzr pacifique. : Chacun peut s'attacher à la divifion qui lui femblera la meil: leure ; cela n’eft pas fort important; car cette divi: fion n’eft point faite par la nature même, c’eft l’ou- vrage de l'imagination feule. L’Océan dans fon étendue continuée environne toute la terre &c toutes fes parties. Sa furface n’eft interrompue nulle part par l’interpoñtion dela ter: re ; il y a feulement des endroits où la communicaz tion ne fe fait que par des trajets plus étroits. La vérité de cetre propofñition ne peut fe prouver que par l'expérience qu’on a acquife principalement en navigeant au-tour de la terre ; ce qui a été plu- fieuts fois entrepris &c exécuté heureufement ; pre- mierement par les Efpagnols fous le capitaine Ma- gellan , qui a découvert le:premierle détroit anquel 11 a donné fon nom ; enfuite par les Anglois , favoir, par François Drak , Thomas Cavendish & autres ; & poftérieurement par les Hollandois , &c. . Les anciens n’ont jamais douté que l'Océan ne fût ainh continué; car ils fuppofoient que l’ancien mon de étoitélevé au-deflus des eaux quil’environnoient de toutes parts, quelques uns même ont cru qu’il étoit flottant. Mais quand on eut découvert l’Amé- rique , qui a beaucoup détendue du nord au fud , & qui femble interrompre la continuité de l'Océan, & que l’on eût trouvé les continens arétique & antarc- rique, alors on commença à changer de fentiment; car on s’imagina que l'Amérique étoit jointe à quel- que partie du continent méridional ; ce qui n’étoit pas fans vraiffemblance , de même que la plüpart de nos géographes modernes fuppolent que l'Amérique méridionale eft jointe au Groenland. Si ces deux coneétures euflenr été juftes , al s’en feroit fuivi à la vérité que l’Océaz n'environnoit pas toute la ter- re; mais Magellan a levé tous les fcrupules, & écarté tous les doures à cetégard , en découvrant, en 5530, les detroits quiféparent l'Amérique d’avecle conti- nent du fud, 8 qui joignent l’Océaz atlantique avec la mer pacifique. Ainfñ, ce que les anciens avoient fuppofé par une mauvaife forme de raiionner, l’ex- _pénience nous a démontré que c’eft une vérité cer- taince. On en peut dire autant de l’Afrique; car les Anciens fuppoloient fans héfiter qu’elle étoit bornée au fud par l'Océan , 8 qu'elle ne s’étendoit pas fi loin au-delà de l'équateur , ce qui s’eft trouvé exac- tement vrai, mais quand les Portugais eurent navi- gé le long de la côte occidentale d'Afrique , & dé- couvert qu'elle s’étendoit bien au-delà de l’équa- teur , on douta alors fi on pourroit en faire le tour de maniere à pouvoir y trouver un pañlage pour aller aux Indes ; c’eft-à-dire , fi l’Afrique s’étendoit bien loin au midi, & fielle étoit entourée de l’'O- céan. Mais Vafco de Gama leva encore ce doute ; car, en 1497, il côtoya d’abord la partie la plus méridionale du promontoire d'Afrique, appellé Z Cap de bonne efpérance ; nom qui lui fut donné par Jean II. roi de Portugal, en 1494, lorfque Barthe- lemi Diaz, qui d’abord en revint, quoiqu'il n’eût pas doublé ce cap faute de provifion, & à caufe des temps orageux., lui eût donné une delcription dé- taillee de l’état tempeftueux & orageux de la mer auprès de ce promontoire. On fait bien des queftions curieufes fur l'Océan ; nous n’en toucherons que quelques-unes d’entre cel- les que Varenius n’a pas dédaigné de réfoudre. Les Voici. | I. On recherche pourquoi l'Océan apperçu du rivage paroît s'élever à une srande hauteur , à me- fure qu'il s'éloigne ? Jeréponds que c’eft une erreur de la vue ,oupour parler plus exaétement, une faute de calcul , qui a jetté bien des gens dans l'erreur, & leur a fait croire qu'en beaucoup d’endroits la mer eft plus élevée de : 336 OCE quelques ftades que la térre. Maisileft bien furpre- nant que ces perlounes n'aient jamais penfé à une expérience qu'on eft à portée de faire tous Les jours, &t qui découvre aifément cette tromperie des fens. Quand nous regardons une longue ailée d'arbres ou une rangée de colonnes, la partie la plus éloignée fous paroit toujours plus haute que celle qui eft au- près de nous; & toute l'allée femble s’élever petit-à- petit, à mefure que fes parties s’éloignernt de nous, quoique réellement elle {oit partout au même ni- veau : c’elt ainfi que nous eftimons audi la hauteur de la mer ; car , nous prenions un niveau, & que du rivage nous obfervailions les parties éloignées de la mer, nous ne les trouverions pas plus hautes que nous; au contraire elles fe tronveroientun peu plus bafles que l’hortfon fur lequel nous fommes. II. On demande fi l'Océan eft partout de la mê- me hauteur ? | Il paroït que les différentes parties de l'Océan &x les baies ouvertes font toutes de la même hauteur ; mais les baies én longueur , & principalement celles que forment des détroits ferrés, font un peu plus bafles , furtout à leurs extrémités. Il feroit cepen- dant à fouhaiter que nous eufhions des obfervations meilleures & plus exaètes que celles qu’on a faites jufqu'à ce jour fur ce fujet. Il feroit defirable que ceux qui font à portée de les faire , travaillaffent de lever, sil eft poffible , les doutes fuivans : favoir, 19, fi l'Océan indien, pacifique & atlantique n’eft pas plus bas que les deux autres ; 2°, fi l'Océaz fep- tentrional auprès du pole, & fous la zone froide eft plus élevé que l’atlantique ; 3°. fi la mer rouge eft plus haute que [a Méditerranée ; 4°. fi la mer pacif- que eft plus haute que la baïe de Mexique; 5°, fi la mer baltique eft auf haute que l'Océar atlantique, Il faudroit encore obferver ces différences dans la baie de Hudfon , au détroit de Magellan, & dans d’autres endroits. À Le flux &c reflux contmuel de la mer, & les cou- ras , fontchanger la face de l'Océan, & rendent les parties d’une hauteur différente dans différens tems: mais ce changement eft opéré par des caufes étran- geres , & nous n'examinons 1c1 que la conftitution naturelle de Peau ; d’ailleurs, il ne paroït pas que ce changement de hauteur foit fi fenfible an milieu de l’Océanqu’auprès des côtés. III. La profondeur de l'Océan n’eft-elle pas va- riable , & telle dans quelques endroits qu’on n’en peut pas trouver le fond ? La profondeur de l'Océan varie fuivant que fon ht eft plus ou moins enfoncé ; on la trouve quelque- | fois de ©, 2» 25: +7 Ge. mille d'Allemagne, Éc. Il y a des endroits où l’on trouve un mille & plus , êt où la fonde ne fe trouve pas communément allez longue pour atteindre au fond ; cependant il eft afléz vrafiemblable que , même dans ce cas, le fond n’eft pas aufli éloigné qu’on le croit, fi ce n’eft peut-être aux endroits où il fe rencontre des trous extraordinaires, où des paffages fouterrains. La profondeur desbaies n’eft pas fi grande que celle de l'Océan , & leurs lits font d'autant moins creux, qu'ils fe trouvent plus proches de laterre:parla même railon l'Océan n’eft pas fi profond auprès des côtes que plus avant, ce qui eft occafonné par la figure concave de fon lit. Les marins trouvent la profondenr de la mer avec mn plomb de figure pyramidale ,& d'environ douze livres de pefenteur ; qu'ils attachent à une ligne de 200 perches de longueur ; quelquefois on prend un plomb plus péfant. Cependant ils peuvent bien être trompés dans cette obfervation lorfque la fonde eft entraînée par un courant ou un tournant d’eau : car glors elle ne defcend-pas perpendiculairement , mais dans une direétion oblique. Lorfque la profondeur eft fi grande que la fonde ne fuflit pas pour y parves mir, On peut employer la méthode donnée par la doëteur Hook dans les Franfaétions philofophiques 3 2°. 9. Il paroît pourtant que la profondeur de l'Océzr eff limitée partout, & qu’elle ne va pas jufqu'’aux Antipodes ; car fi deux portions de terre étoient di! vifées par quelque partie de l’'Océaz qui pût être con: tinuée à-travers le centre du globe jufqu’au côté op- pofé, elles tomberoïent enfemble au centre, à-moins d’être foutenues par les arcades, par la raifon que la terre eft plus pefante que l’ean. D'ailleurs toute Ja maffe de la terre & de l’eau eft limitée , & confé- quemment la profondeur de l'Océan ne peut pas être infinie. | D'ailleurs les obfervations qu’on a faites en divers endroits à ce fujet, prouvent clairement que la pro- fondeur de la mer équivaut à-peu-près à la hauteur des montagnes & des lieux méditerranés , c’eft-à- dire qu’autant les unes font élevées , autant l’autre eft déprimée; & que comme la hauteur de la terre augmente à melure qu’on s'éloigne des côtes ; de mème la mer devient de plus en plus profonde en avançant vers fon milieu, où communément fa pro- fondeur eft la plus grande. La profondeur de la mer eft fouvent altérée dans le même lieu par quelques-unes des caufes fuivan- tes : 1°, par le flux & reflux ; 2°. par l’accroifflement & le décroiflement de la lune; 3°. par les vents; 4°. par les dépôts du himon qui vient des côtes : ce qui fait qu'avec le tems les fables & le fimon rendent petit à petit le lit de la mer plus plat. UN T: IV. Pourquoi l'O cean qui reçoit tant de rivieres, ne s’aggrandit-il point ? Cette queftion eft très- curieufe. Puifque POcéan reçoit perpétuellement une quan- tité prodigieufe d’eau , tant des rivieres qui s'y dé- chargent que de l'air par les pluies, les rotées & les neiges qu y tombent ,1l feroit impoflible qu'il n’ang- mentät pas confidérablement , s’il ne diminuoit de la même quantité par quelqu’autre moyen ; mais comme on n’a remarqué aucun accroiflement confi-. dérable dans la mer , & que les limites de laterre & de l'Océan font les mêmes dans tons les fiecles, 1l faut chercher par quel moyen l'Océaz perd autant d’eau qu'il en reçoit par les pluies & les rivieres. U y a à ce fujet deux hypothèfes chez les Philofophes : Pune eft que l’eau de la mer eft portée par des con- duits fouterrains juiqu’aux fources des rivières, où fe filtrant à-traversles crevañles, elle perd fa falure l’autre hypothèfe eft que cette perte fe fait par les vapeurs qui s’élevent de fafurface, La premiere opi- nion eft prefqu'abandonnée de tout le monde , parce qu'il eft bien difficile, pour ne pas dire impoñlble, d'expliquer comment l’eau de l'Océan | étant plus baffe que l’embouchure des rivieres, peut remonter aux fources , qui font la pläpart fur de hautes monta gnes, Mais dans la feconde hypothèfe on n’a point cette difficulté à expliquer, nià empêcher l’accroifle- ent de. l'Océan, ni à fournir d’eau les fources : ce qui fe doit faire aifément par les vapeurs que nou favons certainement être attirées de la furface de POcéain. La quantité de vapeurs quis’éleve de la mer a été calculée par M. Halley de la maniere fuivante. Tranf, philof. n°. 189, * , Il a trouvé, par une expérience faite avec bear coup de foi , que l’eau falée au même deuré que left ordinairement l’eau de mer,& échauffée au deeré de chaleur de l’air dans nosétés les plus-chauds, exhale Vépaiffeur d’un forxantieme de pouce d’eau en-deux heures : d’où il paroit qu’une mafle d’eau d’un die xjeme de pouce fe perdra en vapeurs dans der & de douzéheures. De forte que connoïflant la furface de tont l'Océan ou d’une de fes parties, comme la Méditerranée , on peut aufli connoitre combien il s’en éleve d’eau én vapeurs en un jour, en fuppolant que l’eau foit auffi chaude que l’air l’eit enéié. Il s'enfuit de ce qui vienr d'être dir, qu’une fur- face de dix pouces quarrés perd tous les jours un pouce cubique d’eau; un pié quarréune demépirite,; le quarré de quatre piés , un gallon ; un mille quarré Gor4tonneaux ; & un degré quarré de 6g milles än- glois, 33 millions de tonneaux, Le favant Halley fuppofe que la Méditerranée eft d'environ 40 degrés de longueur & 4 de largeur, compenfation faite des lieux où elle eft plus large avec ceux Où elle eft plus étroite : de forte que toute fa furface peut être eflimée à 160 degrés quarrés ; èt par conféquent toute la Méditerranée, furvant la proportion ci-devant établie, doit perdre en vapeurs au moins $'nulliars 260 rnillions de tonneaux d’eau dans un jour d'été. À l'égard de la quantité d’eau que les vents emportent de deffus la furface de la mer, qui quelquefois eft plus confidérable que celle qui s’exhale par la chaleur du foleil , ilme paroïtüm- pofhble’d’érablir aucune regle pour la fixer. Il ne refte qu’à comparer cette quantité d’eau avec ‘celle que les rivieres portent tous les jours àla mer: ce qu'il eff dificile de calculer , puifqu'on ne peut meéfurer n1 la largeur du Ht de ces rivieres , n1 la vitefle de leur courant. Il n'y à qu'une réflource , c’eft d'établir une comparaifon entre elles 8 la Ta- mife ; ét en les fuppotant plus grandes qu’elles ne font réellement , on peur avoir une quantité d’eau plus confidérable qu’elles n’en fourniffent réellement dans la Méditerranée. : La Méditerranée reçoit neuf rivieres confidéra- bles, favoir l’Ebre, le Rhône, le Tibre, le P6 , le Danube ; le Neïfter, le Borifthène, Le Tanaïs & le Nil ; toutes les autres font peu de chofe en compa- raifon. Ceringénienx auteur fuppofechacune de ces rivieres dix fois plus grande que la Tamife, non qu'il yen aitaucune de f forte , nrais afin de com- penfer toutes les petites rivières qui vont fe rendre dans la même mer. Il fuppofe que la Tamife au pont de Kingfton où la marée monte rarement , a 190 aunes de large & trois de profondeur , & que fes eaux parcourent l’efpace de deux milles par heure. Si donc on mul- tiplie 190 aunes de largeur de l’eau par trois aunes de profondeur, & le produit 390 aunes quarrées par 48 milles ou 8: milles 480 aunes , qui eft la vitefle que l’eau parcourt en un jour , le produit fera 25 millions 344 mille aunes cubiques d’eau , ou 20 mil- 1ons 300 mille tonneaux qui fe rendent chaque jour dans la mer Méditerranée. : Or fi chacune de ces neuf rivieres fournit dix fois autant d’eau que la Tannfe, il s'enfuivra que cha- cune d'elles porte tous les jours dans la mer 203 millions de tonneaux d’eau, & conféquemment tou- tes les neuf enfemble donneront 1827 millions de tonneaux d’eau par jour. Or cette quantité ne fait guère plus que le tiers de çe qui s’en exhale en vapeurs de la Méditerranée en douze heures de tems: d’où 1l paroît que la Médi- terranée, bien loin d’auementer ou de déborder par l’eau des rivieres qui s’y déchargent , feroit bien-tôt defléchée fi les vapeurs qui s’en exhalent n’y retour- noïent pas en partie au moyen des pluies & des ro- fées qui tombent fur fa furface. V. Il y a des parties de l’Océaz dont la couleur eft différente des autres, & l’on en cherchela raifon. On obferve que vers le pole du nord la mer pa- roît être de coulèur noire, brune fous la zone torri- de , & verte dans les autres endroits ; {ur la côte de Ja nouvelle Guinée elle paroît blanche & jaune par Torme XI, QC E 33$ endroits ; & dans les détroits elle paroït blanchâtre fur la côte de Congo. Vers la baie d’Alvaro,, où ta petiermwiereGonzales lejeite dans la mer,l'Océaneft d'une couleur rouge, & cettéteinture hu vient d’une terresminérale rouge lun laquelle la riviere coule; Mais l’eau la plus finguliere pour {a couleur , ef celle du golfe Arabique, qu'on appelle auifi bar cette rauton Ja ver Rouges El eit probable que ce nom-lui a té donné à caute du fable ronge qui fe iouve fhr | fon rivage, & qui contre fa nature le mêle fouvent avec l'eau par la violence du flux & reflux , qui eft extraordinaire dans ce golfe.:.de foite qu'il lé ba- lotte comme des cendres, & l'empêche de tomber au fond par fa violente agitation. Les marins çonfir- ment ce fait , & difent que cette mer paroît quelque- fois auf rouge que du ang; mais que fi onmet dé cette eau dans un vale fans-lé remuer , Le table rouge fe précipite, & qu’on peut le voir dans le fond. Il arrive fouvent que de fortes tempêtes exerçant leur furie fur la mer Rouge vers Arabie & l’Afri- que, éemportent avec elles des monceaux de’ fable rouge capables d’engloutir des caravanes entieres, & des troupes d'hommes & d'animaux , dont par fucceflion de tems les corps fe changent en véritables momies. VI. Pourquoi la mer paroïît-elle claire & brillante pendant la nuit, fur-tout quandles vagues font fort apitées dans une tempête ? Ce phésomene nous paroït être expliqué par ce paflage de l'optique de Newton , pags 314: « Tous » les corps fixes, dit-1l , ne luifent-ils pas & ne jet- » tent=-1ls pas.de la lumiere lorfqu’ils font. échanffés » jufqu'à un certain point » Cette émiffon. ne-fe » fait-elle pas par le mouvement de vibration de leurs » parties ? Tous les corps qui ont beaucoup de par- » ties terreftres & furtout de fulphureufes , ne jet- » tent-ils pas de la lumiere routes les fois que leurs » parties font fuflifamment agiées | foit que cette » agitation fe-fafle par la chaleur, par la friétion,, la » percufhion , la putréfaétion, par quelque mouve- » ment vital , ou autre caufe femblable ? Par exem- » ple, l’eau de la mer brille la nuit pendant une vio- » lente tempête, &c. » VIH, Comment arrive -t-1l que l'Océan aban- donne fes côtes en certains endroits , de forte qu’il fe trouve de la terre ferme où il y avoit autrefois pleine mer ? En voici les principales caufes : 1°. fi la violence des vagues qui s’élancent contre la côte eft arrêtée par des rochers, des bas fonds , 8 des bancs répan- dus çà &c là fous l’eau , la matiere terreftre contenue dans l’eau , comme la boue, la vafe, 6c, fait un dépôt & augmente la hauteur des bancs de fable, au moyen de quoi 1ls oppofent de plus en plus de la réfiftance à la violence de lOcéar, ce qui lui fait dépoler encore plus de fédiment : de forte qu’à la longue les bancs de fable étant devenus fort hauts, excluent tout à-fait l'Océan & le changent en terre. feche. 2°, Ce qui contribue beaucoup à augmenter les bas-fonds, c’eft quand ils font de fable & de rocher : car alors la mer venant s’y brifer & s’en retournant, n'en peut rien détacher ; au lieu que toutes les fois qu'elle en approche elle y laïffe un fédiment qui les augmente , comme je l’a1 déja dit. 3°. S1 quelque rivage voifin eft d’une terre lecere, poreufe , & qui fe détache aifément , le flux de la mer en emporte des parties quife mêlent avec l’eau, & qu'elle dépofe fur quelqu’autre côte adjacente qui fe trouve plus dure. D'ailleurs quand la mer an- ticipe fur une côte , elle quitte autant de terrein fur une autre voifine. 4°. Les grandes rivieres apportent une grande quantité defable & de gravier à leurs embonchures V+y 336 OCE ou à l'endroit où elles fe déchargent dans là mer, & l'y laiffent, foit parce que le lit eft plus large &c moins profond à cet endroit , foit parce que la mer réfifte à leur mouvement. C’eft une obfervation que l’on fait principalement dans Les pays où les rivieres débordent tous les ans. 5°. Si les vents foufflent fréquemment de la mer vers les côtes, & que la côte elle-même foït de ro- cailles ou d’une terre dure fans fable , elle amaffe la vafe & les fédimens , ce qui la rend plus haute. G°, Si la marée y monte vite & fans beaucoup d'effort, & qu’elle defcende lentement , elle apporte beaucoup de matieres étrangeres fur le rivage ; & men remporte point. 7°. Si la côte a une longue pente oblique dans la mer, la violence des vagues fe trouve ralentie &e di- minuée par degrés, au moyen de quoi la mer y dé- pofe fa vafe & fa bourbe. Il y a plufieurs endroits ou cantons de terrein que l’on fait certainement avoir été couverts autreiois par POcéan. L’endroit où eft a@uellement l'Egypte étoit une mer autrefois, comme le démontre l’expé- rience & le témoignage des anciens : car le Nil ve- nant des régions éloignées de l'Ethiopie , quandil eft débordé, couvre toute l'Egypte pour un tems ; & enfuite diminuant infenfñiblement , il dépofe de la vafe & une matiere rerreftre , que le couts violent du fleuve avoit entraînées avec lui ; au moyen de quoi l'Egypte devient plus élevée d'année en année. Mais avant que le Nil eñt apporté cette quantité fi prodigieufe de matiere ; la mer, qui maintenant eft repouflée par la hauteur que l'Egypte a acquife, couvroit alors tout fon terrein. Le Gange' & l'Inde, deux fameufes rivieres de l'Inde, font le même effet que le Nil par leurs inon- dations , auffi-bien que le Rio de la Plata au Bréfil. Ileft probable que la Chine s’eft formée de la même maniere, ou du-moins qu’elle s’eft confidérablement étendue , parce que le fleuve rapide appellé Hozmbo, qui coule de la Tartarie dans la Chine , & qui eft fujet à .des débordemens fréquens , quoique non an- nuels , contient tant de fable & de gravier , que ces matieres font prefque le tiers de fes eaux. Ces exemples démontrent la quatriemé caufe ; favoir que les rivieres font que la mer abandonne la côte ; mais il y a plufieurs pays où la mer elle-même eft canfe de cet abandon , parce qu’elle apporte & dépofe fur le rivage affez de matiere &c de fédiment pour augmenter la hauteur de la côte, de maniere qu’elle n’eft plus en état de la couvrir de fes eaux. C’eft ainfi que la Hollande, la Zélande & la Guel- dres ont été formées, car la mer couvroit antrefois ces pays , comme il eff démontré, tant par les an- ciens monumens confervés dans l’'Hiftoire , que par la qualité même de leur terrein. On trouve dans les montagnes de Gueldres , près de Nimegue , des co- quillages de mer; & en creufant la terre en Hol- lande , on a trouvé à une grande. profondeur des arbrifleaux de mer & des matières marécageules. Outre cela , la mer même y eff plus haute que les terres , qui en feroient fubmergées fi on ne la rete- noit par des digues &c des éclutes. D'un autre CÔTÉ, äil y a des gens qui croient avec aflez de vraiflem- blance que la Hollande & la Zélande ont été for- mées des fédimens dépofés par le Rhin &c la Meufe. De même la Pruffe & les pays voifins s’aggran- diffent de jour en jour , parce que la mer fe retire. VIII. Il n’eft pas difficile de comprendre par quelle raifon l'Océan couvre la terre dans des lieux où il n’y avoit point d'eau auparavant, Cela peut arriver de plufieurs manieres : 1°.quand il fe fait paffage dans les terres en formant des baies 8 des détroits, comme la Méditerranée, la baie de Bengale, le golfe d'Arabie, &c. Ainfi fe font formés OCE les détroits d’entre la Sicile & l’Iralie , entre Ceylan & l'Inde, entre la Grece & le Négrepont ; les dé- troits de Magellan , de Manille & du Sund. Quel- ques-uns même prétendent que l'Océan atlantique a été ainfi formé, & qu'il a féparé l’Amérique d'avec l'Europe, afin de pouvoir par ce moyen expliquer plus aifément comment fes habitans defcendent d'Adam. Il eft certain qu’un prêtre égyptien dit à Solon l’athénien , qu'environ 600 ans avant Jefus- Chrift ( comme on le voit dans Le Timée de Platon) il y avoit vis-à-vis du détroit de Gibraltar une île plus grande que l’Afrique & l’Afie , qu’on appelloit Arlantis, & que par un grand tremblement de terre & une inondation , la plus grande partie fut fubmer- gée en un jour & une nuit : ce qui nous fait voir qu'il y avoit parmi les favans d'Egypte une tradition que l'Amérique ayoit été féparée du vieux monde plufieurs fiecles auparavant. 2°, Quand les eaux de la mer font pouflées par de gros vents fur les côtes, & qu'elles minent les rivages & les bancs formés par la nature on par linduftrie des hommes, il y a plufieurs exemples d’inondations confidérables , comme autrefois en Theffalie , & plus récemment dans la Frife & le pays de Holftein. 3°, Quand par les mêmes caufes l'Océan fe répand dans lesterres , & y forme des iles en pluñeurs en- droits, comme dans Les Indes orientales. 4°. Quand la mer mine fes bords & entre dans les terres, par exemple, la mer Baltique s’eft éten- due dans la Poméranie , & a détruit Vinera port de mer très-célebre. La mer a miné la côte de Norwe- ge , & féparée du continent quelques îles. L'Océzr germanique eft entré dans la Hollande auprès du village de Catti, & a fubmergé un grand efpace de terrein. Les ruines de l’ancien château Breton qui étoit un lieu de garnifon des Romains, font fort avancées dans la mer , & enfevelis fous les eaux. Dans la partie méridionale de Ceylan, auprès de l’Inde, la mer a mangé 20 milles de terrein, & for- me une petite île ; on pourroit citer encore beau- coup d’autres exemples. On conçoit aïfément, par ce détail hiftorique, que l'Océan occupe maintenant des lieux qui fai- {oient autrefois partie du continent , & qui pour- ront retourner à leur premier état , fi le monde du- re encore des milliers d’années. , I X. Enfin, on demande pourquoi , il y a peu d’îles dansle milieu de l'Océan,&t qu’on ne trouve ja- mais de petites îles ramaflées, qu’auprès des grandes îles où du continent. 1 L'expérience confirme la vérité de ce fait, & perfonne n’en doute. On trouve à peine une petite île dans le milieu de l'Océan pacifique ; & ilyena très peu dans le grand Océan , entre l'Afrique & le Bref , fi ce n’eft Sainte-Hélene & l’île de l’Afcen- fion ; maïs c’eft fur les côtes de l'Océan &t du grand continent que fe trouvent toutes les iles, excepté celles que je viens de nommer, & fur-tout les bou- quets d'iles. Celles de la mer Egée font auprès de l'Europe & de PAfe & le continent méridional: 1l n’y a que les Açores qui femblent être au milieu de l'Océan, entre l'Amérique & le vieux Monde, quoi- qu’elles foient plus proches du dernier. La caufe de ce phénomene paroît venir de ce que la mer les a féparées du continent , en fe faïfant paffage dans les terres, & qu’elle n’a pas pü les cou- vrir , à caufe de leur hauteur ; peut-être aufli que quelques-unes ont été formées de la maniere fuivan- te. La mer ayant miné quelque étendue de terrein, & ne pouvant pas en emporter les petites parties , les a dépofées infenfiblement auprès de la terre , ce qui a formé à la fin des iles : mais on voit peu d’iles dans le milieu de l'Océr, 1°, Parce que la mer n’a OC H pas ph emporter fi loin les particules qu’elle déta- choit des côtes ; 2°. parce que l’eau y a beaucoup de force & un mouvement qui tend’ à auementer la q 8 profondeur de la mer, plutôt qu’à former des iles ; 3°. parce qte n’y ayant point [à de continent, il n’a pas pü fe former des grappes d'iles de la manie- re dont j'ai dit qu’elles fe formoient, Cependant dans les tems reculés, lorfque Le milieu de l'Océan n’étoit pas où il eft maintenant , ila pû y avoir des grap- pes d'ilés, que la force de l’eau aura pû miner & détruire par fa fuite des fiecles. Le Chevalier DE JAv- COURT. | OCEAN , ( Mythol. ) les Poëtes ont jugé à propos d’en faire une divinité : Héfiode nous dit que l'Océar eut de Thétis prife pour la terre, tous les fleuves difperfés dans le monde, & la plûpart des Nymphes qui, par cette raifon porterent le nom d'Océemides, Homere va plus loin, il attefte que l'Océan eft le pre- mier de tous les dieux ; les hymnes attribués à Or- phée nous débitent la même idée. Viroile lui-même l’apgelle le pere de toutes chofes, Occañum patrem rerum , fwivant la doëtrine de Thalès, qui enfeignoit d’après les Egyptiens, que Peau étoit la matiere pre- miere dont tous les corps étoient compofés. Homere fait faire aux dieux de fréquens voyages chez l'Océan , où ils pafloient douze jours de fuite dans la bonne chere & les feftins : c’eft une allufion que le poëte grec fait à une ancienne coutume des peuples qui habitoient fur les bords de l'Océaz at- lantique , lefquels célébroient dans une certaine faifon de l’année des fêtes folemnelles, où ils por- toient en proceffon la ftatue de Jupiter, de Neptune & des autres dieux, & leur offroient des facrifices, Les Grecs & les Romains n’oublierent point de leur côté de facrifier à la divinité de l’eau, fous Le nom de l’'Océar, ou fous celui de Poféidon chez les uns”, & de Neptune chez les autres. De-là, tant d’autels & de temples que le paganifme éleva à la loire de ce dernier , dont la fouveraineté bornée d'abord à là Méditerrannée , s’étendit depuis à tou- tes les autres mers. Nous apprenons de Diodore de Sicile , que les Egyptiens donnerent le nom d'Océaz an Nil, &c qu'ils le reconnurent pour une divinité fuprème. D’anciens monumens nous repréfentent l'Océan fous la figure d’un vieillard, affis fur les ondes de la mer, & ayant près de lui un monftre marin ; ce vieil- lard tient une urne, dontil verfe de l’eau, fymbole de la mer, des fleuves & des fontaines, (D.J.) OCÉANIDES , £ £ pl. ( Myrhol. ) c'étoient les filles de l'Océan &de Théris. Héfiode compte foi- xante-douze nymphes Océanides, dont il a forgé les noms , quil n'eft pas néceflaire de tranfcrire ici. (D.J.) OCELUM oz OCELUS , (Géog. anc.) ancienne ville où bourg de la Gaule dans.les Alpes , que Céfar dit être la derniere ville de la province citérieure, oppidum citerioris provinciæ extremum, MM, de Va- lois & Sanfon croient que c’eft Exies en Dauphiné, dans la vallée de la Doria, entre le mont de Genève & la ville de Suze. (D. J.) OCHÉ , (Géog. anc) en grec êxn; montagne de _ Pile d'Eubée, felon Strabon , qui met la ville de Ca- ryfte au pié de cette montagne. (D. J.) OCHES , f. f. (Charpent.) entailles ou marques que font les Charpentiers fur des regles de bois , pour marquer des mefures. (D.J7.) OCHIO , (Géog.) contrée du Japon dans l’ile de Niphon, elle comprend onze provinces , & a pour capitale Jedo. (D.J.) OCHLOCRATIE , f. f. (Gouvern.) cyrcuparta. ; abus qui fe glifle dans le gouvernement démocrati- que, lorfque la vile populace eft feule maîtreffe des ome XL, O C H 337 affaires. Ce iot vient d'éxaos, multitude, 8 uparocs puiffance. Fa À, ES R L’ochlocrarte doit être’ regardée comme la dégra- dation d’un gouvernement démocratique ? mais 1l arrive quelquefois que ce-nom dans l'application au’on en fait, ne fuppofe pas tant un véritable de. faut où une maladie réelle de l'état, que quelques paflions où mécontentemens particuliers qui font caufe qu’on fe prévient contre le gouvernement pré- fent. Dés efpritsorgueilleux qui ne fauroient fouffris Pégalité d’un état populaire, voyant que dans ce gouvernement chacun a droit de fuffrage dans les aflémblées où l’on traite des affaires de la tépubli. que , & que cependant la populace y fait lé plus grand nombre, appellent à tort cet étatine och/o- craie; Comme qui diroit un gouvernement où {a cas naille ëft la maïtrefle ; &c oùles perfonnes d’untmé- tite diflingué ,-tels qu'ils fe croyent eux-mêmes, montaucun avantage: par-deflus les autres 5 c’eft oublier que telle eft la conflitution effentielle d’un gouvernement populaire, que tous les citoyens ont également leur voix dans les affaires qui concernent Le bien public. Mais ;‘dit:Ciceron , on auroit raifon de traiter d’ochlocratie,| une république où 1l fe fe- roit quelque ordonnance du peuple, femblable à celle des anciens Ephéfiens, qui, en chaflant le phi- lofophe Hermodofe , déclarerent que perfonne chez eux ne devoit fe diftinguer des autres par fon! méri- te. Nemo de nobis unus excellar, Cic. Tuje, queff, Lib, V, cap. xxxvf. (D. 1.) OCHNA , (Boran. exor.) genre de plante que le pere Plumier 32, & Linnæus > Sen, plant. p. 819, cara@érifent ainf, Le calice de [a fleur eft compofé de cinq petites feuilles ovales, pointues-à l'extrémité » & qui tom- bent avec la fleur. Cette fleur eft formée de deux pétales , arrondis & obtus. Les étamines font des filets extrèmement déliés qui fe réuniflent à leur ex- trémité, Le germe du piftil eft ovale , & fe termine en un ftile pointu, droit, & plus long que les éta= mines. Le fruit eft un placenta charnu, arrondi, contenant dans chacun de fes côtés , une feule baie ovoide. Ses femences {ont uniques, & pareillement dé forme ovale. (D. J.) OCHRE,, f. f. (AL. nat. Bot.) ochrus, genré de plante à fleur papilionacée ; le piftil fort du calice & devient dans la fuite une filique le plus fouvent cylindrique, qui renferme des femences arrondies. Ajontez aux caracteres de ce genre, que les feuilles font rangées une à une ou par paire, & toujours terminées par une main. Tournefort, 22/4. rei herb, Voyez PLANTE. (1) | OcHRES , ( Hiff. nat. Minéral.) ochre terr& metal. lice ; c’eft ainfi qu’on nomme dans l’hifloire natu- : relle des terres colorées & métalliques, formées par la décompofition des métaux qui fe vitriolifent, tels que le fer, le cuivre & le zinc ; l’on voit par-là qu'il y a différentes efpeces d’ochres, & elles varient confidérablement pour la couleur , pour la denfité & par les autres terres étrangeres avec lefquelles elles font mêlées, L'ochre de fer doit être regardée comme une vraie mine de fer, dont on tire ce métal en y joignant une matiere inflammable qui lui rend le phlosiftique qu’il avoit perdu. On trouve de l’ochre rouge que l’on nomme quelquefois rubrica ou ochre rouge naturelles l’ochre jaune ; elle eft quelquefois d’un jaune de {a- ftan, d’autres fois elle eft d’un jaune moins vif, elle eft très-fine & colore les doigts ; on l’appelle quel- quefois moëlle de pierre ; l’ockre brune eft d’un brun -plus ou moins foncé. Toutes les ochres varient pour la confiftence , :l en a qui ont la dureté des pierres , tandis que d’au- Vy5i A 335 O © H tres {ont très-friables & fe trouvent mème fous {a forme d’une poudre légere. Il y a de Pockre qui a La forme-d’écailles minces ou.de.feuillets ; telle eft celle qui forme les enveloppes , dont les étites ou pierres d’aigle font compofées. N | Il fera aifé de fe former une idée de la formation de l’ochre ; fi l’on fait attention que le vitriol, tou- tes les fois qu’on en fait la diflolution dans l’eau, dépofe une fubftance terreufe jaune, qui n’eft autre chofe que du fer privé de fon phlogifique; cette fubftance terreufe eft une ocre pure. De mêmedans le fein de la terre les pyrites martiales fe décompo- ent peu-à:peu , fe changent en vitriol, qui lui-mé- me, par l'humidité & le contaét de l’a, fouffre de laltération & dépofe cette terre jaune que nous ap- pellons ocAre, | Quelques anteurs parmi lefquels on compte MM. Hill&.: Emanuel Mendez d’Acofta ,. ont-diftingué les'ochres :& en ont fait différentes claffes ,\fivant qu’elles font ou ne font point effervefcence avec les acides, c’eft-à-dire , d’après les différentes terres avec lefquelles les ochres fe trouvent accidentelle- ment mêlées ; mais l’ocrepure, c’eft-à-dire,, la ter- re métallique produite par la décompoñition de la pyrite vitriolique, ne fait point d’effervelcence avec les acides ; quand cela lui arrive, c’eft un figne que Lochre eft jointe avec quelque terre:calcaire, . Ce- pendant comme l’ochre ef une vraie mine de fer que lon exploite très-fouvent , il eft à-propos-decon- | noître la nature des terres avec lefquélles elle pent être mêlée , afin de favoir quel fondant il fera à-pro- pos d’y joindre pour en tirer le fer avec profit. En effet , fi l’ochre eff mêlée , par exemple ,.avec une terre calcaire, on fent qu'il fera bon de lui joindre une terre argilleufe, parce que la terre argilleufe fe vitrifie avec la terre calcaire, Woyez l’art, FONDANT. Cette obfervation peut êtreutile , vü que l’ochre eft la mine de fer la plus commune en France, & que l’on exploite ie plus ordinairement; en effet, les ochres font des couches fouvent très-confidérables , &c qui s'étendent dans un trés-grand efpace de ter- rein, | La fubftance que les Minéralogiftes appellent ocre de cuivre, eftun cuivre décompofé & produit par le vi- triol cuivreux.Cetteochreeftouverte ou bleue;la pre- miere, s'appelle vert de montagne ; la feconde , :s’ap- pelle bleu de montagne, 8t touiés deux font comprides {ousle nom dechryfocolle. Voyezces différens articles. Comine le zinc a aufh ia propriété de fe vitrioli- fer, on compte aufli une echre de zinc, c’eft la terre ou pierre calaminaire, L’ochre qui eft produite par le fer lorfquw’elle eft bien pare, s'emploie dans la peinture pour les'jau- . nes êc pour les bruns; en faifantréverberer ces ochres fous une mouflé , elles deviennent d’un rouge plus oumoins vif, fuivant.que l’ochre eft plus où moins mêlée avec des terres étrangeres, ou fuivant que Ja partie ferrugineufe y domine ; en effayant les ochres de nos pays de cette maniere, on verroit que fou- vent on fait venir de. bien loin des couleurs, que l’on pourroit fe procurer à beaucoup moins de frais, fur-tout fi on vouloit un peu examiner la terre. Le giallolino ou jaune de Naple, n'eft autre chofe que de Vochre, L’ochrè de rue elt une ochre d’un jaune tirant fur le rouge : la couleur qu’on appelle bruz rouge, eft auffi une efpece d’ochre. Quant à la terre d’om- bre, on la regarde plutôt comme une terre bitumi- neufe, que comme de lechre, Dans la Médecine , l’ockre comme toutes les fub- ftances ferruginenfes ; eft regardée comme déficca- tive 8 comme aftringente. (—). OCHRIDA , Lac D’, (Géog.) lac de la Turquie en Europe, entre l'Albanie au couchant , & le Co- CN ménolitari au levant. Ce lac n’a qu’uñe;demi-lieue de large fur dix lieues de long, 8 une feute ville.du même nom, autrement dite Gruflandil, Les anciens ont connu ce lac fous le nom de /acus, Lycuicus, - OCHSENFURT , ( Géogr. ) ville d'Allemagne en Franconie , dans l’évêché de Wurtzbourge. Elle eft fur le Mein, à ÿ lieues S.'E. dé Wurtzhourg. Long. 271 80, at, 49440 4 do À OCHUMS , ( Géog.) riviere de’ la Mingrelie, qi, felon le pere Archange Lamberti,.a deux four- ces dans le Caucaler, & fe jette dans la mer Noire. OCHUS , (Geog. anc.) riviere d’Afie dans la Bac= triane , felon Ptolomée,, Z. PT. c. xj. Il en met fa fourcéàr10 degrés de/ozg, &t 59 decrés de Zar. Cette _ riviere fe perd dans l’Oxusà 119 degrés de Jon. êe 44 degrés 20/ de at, Strabon parle de ce fleuve d’une maniere immntelligible. Selon M. de Lie , le Zotale eft POchus de Straboñ. Arien parle de lOchus, mon- tagne de la Perfe proprement dite. ( D. J.) | ” OCKER , L’,( Géog. ) riviere d'Allemangneen bafle-Saxe, dans les états de la maifon de Brunfwick: Ellé fe perd dans l’Aller , environ trois lieues au-def fous de Gifhorn. : « OCNUS ,( Lisrér. ) c’étoit un homme laborieux, dit Paufanias , qui avoit.une femme fort peu ména- gere; de forte qu’elle dépenfoit en un moment tout ce qu'il pouvoit gagner à la fueur de fon vifage. Dans le fameux tableau de Polignote , il eft repre- fenté afis , faifant une corde avec du jonc ; une âneffe qui eft auprès , mange cette cordeà mefure , & rend inutile tout le travail du cordier. Ce tabléau donna lieu à un proverbe chez les Grecs: pour dire, c’eit « bien de la peine perdue, on difoit , c’e/f la corde d’Oc- aus. (D. J.) : OCOCOLIN, f. m. (Æif. nat. Orn.) perdrix de montagne , perdix montana , oïfeau de la groffeur de la perdrix grife. Il a près de dix pouces de Jon- gueur depuis la pointe du bec jufqu’au bout des on- gles : la tête, la gorge &c le haut du cou font fau- ves ; le bas du cou, la poitrine, la partie mienne du ventre, les côtés du corps &z les plumes du def- fous de la queue ont une couleur de marron clair : celle des plumes du dos, du croupion , des épamles &z du deflus de la quieue eft la même, excepté que Le bord de chaque plume eft brun ; le bas-ventre êc les jambes font d’un fauve très-clair : la faufle aile & les grandes plumes de l'aile ont une couleur grife , « mêlée de brun , à l'exception du bord extérieur qui aun peu de roufsâtre. La queue eft compolée de vingt plumes ; les fix du mihieu font de couleur de marron , mêlée de brun, & à l’extrémité eft un peu blanchâtre : les fept autres de chaque côté ont une couleur de marron clair. On trouve cette efpece de perdrix fur les montagnes ; elle defcend quelquefois dans les plaines, & elle fe mêle avec les perdrix gri- {es. Ornit. de M. Briflon , tom. I. Voyez OISEAU, OcocoLzin du Mexique, perdrix de montagne du Mexique , fèu perdix montana Hernandezii, Rau ; cet oifeau eft plus gros que la perdnix grife , ilaunpié à neuf pouces de longueur , depuis {a pointe du bec jufqu’à l’extrémité des ongles. Les couleurs domi- nantes de cet oifeau font le brun , le jaunâtre êx le fauve mêlés enfemble. Il y a quelques plumes grifes & blanches fur la tête & fur le cou, dont la couleur eft fauve. Le deffus delatête ;da gorge & les côtés du corps ont des taches noires-; la face intérieure des aîles eft cendrée , & la face fupérieure ef grife, avec des taches blanches & destachesrouffes. Le bec & les piés font d’un rouge pâle. Ontronve cet oifeau au Mexique. Orir, de M. Brifion , tom. I, PF. Oiseau. OCOS , OQUA , ox OCQUE, ( Comm, ) poids, de Turquie qui pefe quatreicens dragmes, ou trois livres deux onçes ; poids de Marfeille. Quarante: quatre ocques,, & en quelques échelles du Levant ; quarante-cinq ,; compofent le quintal de Turquie de cent rottes ou-rotons., Voyez ROTTES, Didionn, de Comm. Tv” ke. "4 OCOSCOL, ( Æif. nati) nom d'un arbre qui croît en Amérique ,. dans la nouvelle Efpagne. Ses feuilles reflemblent à celles du lierre ; fon écorce et grife & épaïfle. Lorfqu'on y fait une incifion., ilen fort une fubftance réfineufe , rougeâtre & tran{pa- rente quieft le liquidambar. Voyez ces article, . OCRA, ( Géogr. anc, ) montagne qui fait partie des Alpes, & qui, felon Strabon , fervoit de bornes entre les peuples Carn: & le Norique. Ce font au- jourd’hui les Alpes entre Gorice, Lobach &Triefte. OCRÉATULE, f. f.( Hit. nat. )nomdonné par Llwyd à une pierre inconnue , femblable à. la jam be d’un homme. OCRICULUM , ( Géog. ac.) vile qui étoit fur la voie Flaminienne & dans l’Apennin. Strabon, Tite- Live, y, XX. ch. x. Tacite. Liv. IT. c: Ixxvüy, Pli- ne le jeune, epifl.xxv.l, VI. &Piolomée, Z. II. c. j! ‘ên font. mention. Le nom vulgaire eft aujourd’hui Orricoli. OCRINUM, PromonrTorrum, ( Géog. anc.) promontoire de l'île d’Albion, dont parle Prolomée , lv, ÎT. ch. 1. Quelques-uns croient que c’eftaujour- d’hui Landfend, & d’autres La pointe du Léfard, OCTAÉTÉRIDE, CYCLE, ( Chronol. ) en grec oxrasrnpie, C'étoit chez les Grecs , un cycle ou termede huit ans, au bout defquels on ajoutoit trois mois lu- naires. Ce cycle fut en ufage. jufqu’à ce que Meton l’Athénien réforma le calendrier , en inventant le nombre d’or, ou le cycle de dix-neuf ans. Voyez Potter, Archæol. græc. tom. I. p.460. ( D.J.) OCTAHEDRE , ox OCTAEDRE, {. m. nom qu'on donne ez Géométrie à l’un des cinq corps régu-, liers , qui confifte en huit triangles égaux équila- téraux. Voyez CORPS RÉGULIER. On pent regarder l’ouhedre comme compofé de deux pyramides quadrangulaires,, qui s’uniflent par leurs bafes (voyez PYRAMIDE ) : ainfi on peut trou- ver la folidité de l’offahedre en multipliant la bafe quarrée d’une de ces pyramides par le tiers de fa hauteur , & en doublant enfuite le produit, Le quarté du côté de l’ofahedre eft la moitié du quarré du diametre de la fphere circonfcrite. Euclyde a donné dans fes élémens une méthode pour infcrire un cube dans un oéahedre, Le pere Lamy , dans fes élémens de Géométrie, ayant voulu réfoudre ce problème d’une autre maniere qu’Eu- clyde , à commis un paralogifme: On en peut voir la preuve & le détail dans les mémoires de l'académie de 1726. M. de Maïran y prouve que le prétendu oétahedrein{crit par le pere Lamy n’en ef pas un, & fait fur cette matiere plufieurs autres remarquesutiles : & curieufes.(Æ). Le cube infcrit par Euclyde a fes angles dppuyés fur les faces de loéfahedre ; le prétendu cube infcrit par le pere Lamy, a au contraire fes angles contigus aux angles de J'oahedre. M, de Mairan fait voir, & cela eff très-facile , qu’on peut corriger le cube du pere Lamy, en laïffant fes angles appuyés à ceux de l’ottahedre | 8 qu’on peut d’ailleurs infcrire une infi- nité de cubes dans l'oëahedre dont les angles feront placés fur les faces de l’offahedre | & placés dans une courbe. Ainf M. de Mairan a non-feulement corrigé « pere Lamy, mais étendu la théorie d'Euclyde. (0) OCTANT oz OCTILE , f. m. fe dit er Affrono- mie , d'une efpece d’afpeët ou pofition de deux plane- tes , dans laquelle elles font diftantes l’une de l’au- tre de fa huitieme partie d’un cercle , c’eft-à-dire de 45 degrés. Voyez ASPECT. OCT 339 21 Onappélle auf oazr un inftrument d’Affronomie quirenferme 45 degrés, Foyez INSTRUMENT D£ M, Haprey. (E ). | | 1, On dit que la Lune.eft dans les ofans., lorfqu'elle Et a 45,135, 225 ; 315 degrés du lien du Soleil ; c'eft-à-dire à 4540, où 45° + 90°, ou 45° + 180, Ou 45 + 270.C'eft dans ces ofans que l'inégalité dé couverte par Licho , & appellée variation, eft la plus grande quileft poffible. En effet, cette inc ga lité eft proportionnelle au finus du double de la dif. tance de la Lune au Soleil, qui dans les 6%ans de- vient épal au finus total. (O )- OCTAPLES, ( Lisrér. facrée.) les 6éfaplès étoient une efpece de bible polyglotte d'Origene à huitéo* , lonnes. Elle contenoit 1°. le texte hébreu'en carac= tere hébraïque ; 2°, le même texte en caradteres grecs ; 3°. la vérfion d'Aquila; 4°. celle de Sÿmma- que ; 5°. celle des feptante ; 6°, celle de’ Théodo: tion ; 7°. celle qui s’appelloitZz cinguisme grecque; 8°. enfin celle qu'on nommoït la ffxieme, Poyeg pour vous! éclairer fur toutes les différentes verfions des livres facrés:, raflemblées par ce pere de lEglife en plufeurs colonnes, Z mot ORIGENE, HEXAPLES x Critique facrée. (D. J.) OCTATEUQUE, f. mez Théologie & en divréras ture facrée, fignife les huit premiers livres de l’ancien Teftament ; favoir ; la Genefe, l’Exode , le Léviti- que , les Nombres , le Deuteronome, le livre de Jofué , & le livre des Juges. Ce mot eft formé du grec oxro, Rue, Étreuyos, livre, ouvrage. Voyez BIBLE & PENTATEUQUE. Procope de Gaze a fait dix li vres de commentaires fur l'Ocfareuque, OCTAVA , fnbft. f. ( Hif. anc. ) le huitieme du grain des porteurs. Sous le triumvirat d'Antoine , d’Augufte & de Lépide ,des affranchis étoient tenus de donner le huitieme de leurs revenus. Dans la fui- te , on exigea le même impôt de toutes les mar- chandifes qui entroient. On appella les receveurs, oëlaviarict | oftaviaires. Les foldats qu'on aflignoit à quelqu'un pour le défendre des infultes du peuples s’appellerent aufli oéfaviarich | OCTAVANORUM coLONIA , (Géog. ancien.) c'eft Fréjus , nommé en latin Forum julium, qui devint une colonie d'Oétaviens, c’eft-à-dire, de fol- dats d’Augufte , dont le nom étoit O&are, Cette ville étoit alors maritime, (D. J) OCTAVE,, £. f. ( Mif eccl. ) fe dit dans l’éolife romaine d’un efpace de tems de huit jours deftiné à la célébration d’une fête, dont on en répete en grande pattie l'office ; Comme les hymnes , les an- tiennes , les verfets, & toujours à matines une lecon relative à cette fête, L'office dans l’offave eft ordi- nairement fenui-double, excepté le hnitieme & der- nier jour, qu'on nomme proprenent l’offave, où il eft double- majeur. Ainfil y a l’céfave de Noël, de * Pâques, dela Pentecôre, de la fêt: Dieu, de la dé: dicace ,Gc. Voyez DOUBLE , SEMI DOUBLE, &c. OCTAVE, fe dit anfi d’une flation de prédicateur qui prèche plufeurs fermons pendant l’oëave de la fête-Dieu. Cette coutume a.été établie en France, fur-tout depuis l’héréfie des facramentaires, pourinf. trure les peuples plus particulierement fur le facre- ment de l’Euchariftie, & les affermir dans la foi de la préfence réelle. Ainf l’on dit que tel prédicateur a préché l'oéave dans telle ville , telle cathédrale , telle paroïfle. OCTAVE, ( rerme de Commerce. ) ce mot fignifie,, la huitieme partie. ou le demi-quatt d’une aune : ainf quand on dit qu’un taffetas eft de cinq ofaves , cela doit s'entendre qu'il a cinq huitiemes d’aune, ou. * une demi-aune demi-quart de large ; qu’un autre eff. de trois ‘offaves , cela. veut dire qu'il eft de trois e A 2 huitiemes , ou d’un quart & demi d’aune de large, 340 OCT Oh fe fert de ce terme d’oéfave pour diftinguer les taffetas qui ont d’autres larpeurs que a largeur ordi- naire, qui eft une demisaune. Ofave le dit encoré dans le commerce du change, d’un certain droit ou falaire qui fe paye aux agéns, ‘ou courtiérsde change,qui éft de 2 fous 6 deniers, ou de la huitieme partie d’une livre tournois pour chaque fois cent livres contenus aux lettres & billets de change, ou autres papiers dont ils procurent la négociation ; ce qui eft à raifon dé vingt-cinq fous par mille livres. Savari. (D.J.) OcTave, en Mnfique, eft la plus parfaiterdes confonnances ; c’eft , après l’'umfflon , cel de‘tous lesäccordsdontlerapport eft le plus fimple. L’uniflon eft en raifon d'égalité , c’eft-à-dire comme x à 1: l’oave eft en raion doublé , c’eft-à-dire comme 1 à 2, & ces deux accordsontentr'eux tant de confor- mité que dans l’harmonie on les prend prefque in- différemment l’un pour l’autre. Cetintervalle s’appelle oéfave, parce que, pour marcher diatoniquement d’un de fes termes à l’au- tre , il faut pañler par fept degrés & faire entendre huit fons ditiérens. | Voici les propriétés fingulieres qui diftinguen l’oéave de tous les intervalles. | 1°. L’ofave renferme entre fes bornes tous les {ons primitifs & originaux ; ainf après avoir établi un fyftème ou une fuite de fons dans l'étendue d’une ottave, fi l’on veut prolonger cette fuite, il faut né- ceffairement reprendre le même ordre dans une feconde offave, & de même pour une troifieme, & une quatrieme , où lon ne trouvera jamais aucun fon qui ne foit la replique de quelqu'un des pre- miers. Une telle férie eft appellée échelle de mufique, Foyez ÉCHELLE 6 GAMME. C’eft en vertu de cette propriété de l’oéfave qu’elle a été appellée dispafor par les Grecs. Voyez DIAPASON. 2°. L’offave renferme encore toutes les confon- nances & toutes leurs différences, c’eft-ä-dire tous les intervalles fimples ,'tant confonnans que diflon- nans, & par conféquent toute l'harmonie. Etablif- {ons toutes Les confonnances fur un même fon fon- damental & commun, nous aurons la table fui- vante, | 120 100 96 90 80 7$ 72 6o 120, 120, 120, 120, 120; 120, 120, 120 qui revient à celle-ci, ME Me LUE GONE N Gb 18 M, AIT SE. E c'eft-à-dire qu’on y trouve toutes les confonnances dans cet ordre, la tierce mineure , la tierce majeure, la quarte, la quinte, la fixte mineure, la fixte ma- jeure, & enfin l’oéfave. Par où l’on voit que les confonnances fimples font toutes contenues entre l’oave & l’uniflon : il y a même plus, car elles peu- vent être entendues toutes à-la-fois dans l’étendue d’une offave fans aucun mélange de diffonnances, Formez à-la-fois quatre fons , ur, m1, fol, ut,en montant du premier s à fon oëfave , ils formeront entr’eux toutes les confonnances, &ne formeront nul autre intervalle. Prenez deux de ces fons comme il vous plaira , l'intervalle en fera toujouts confon- nant, C’eft de cette union de toutes les confonnances que l’accord qui les produit s’appelle accord parfais. Voyez ACCORD. | 3°. Tout fon confonnant avec un des termes de l'oéfave eft aufli confonnant avec l’autre : par confé- quent tout intervalle diffonnant avec l’un eft auf diflonnant avec l’autre. 4°. Enfin l’oéfave a cette propriété plus finguliere encore que tontes les autres,de pouvoir être ajoutée OCT à elle-même , c’eft-à-dire doublés , triplée & mal- tipliée à volonté fans changer de nature, & fans que le produit ceffe d’être une confonnance. Cette multiplication de l’offave eft cependant bor- née à notre égard par l'étendue de nos perceptions, êc un intervalle de huit ofaves excede déja cetté étendue, Voyez SONS GRAVES , SONS AIGUS. Les oilayes mêmes perdent quelque chofe de leur har- monie én fe multipliant , une triple ofave commence déja à être moins agréable qu’une oave fimple , une quatrieme oélave moins qu'une triple , &c énfin à la cinquieme oëave la trop grande compoñition du rap- port, & l’extrème diftance des fons Ôte prefque tout on agrément à là confonnance. C’eft de l’ofave qu'on tire la génération de tous les intervalles par des divifions & fubdivifons har- moniques. Si vous divifez harmoniquement l’oéfave 3, 6, par le nombre 4, vous aurez d’un côté la quarte 3, 4, & de l’autre la quinte 4,6 Divifez de même la quinte 10, 1$, harmonique: ment par le nombre 12, vous aurez la tierce mi- neure 10, 12 , & latierce majeure 12,15. Enfin di- vifez la tierce majeure 72, 90, encore harmonique- ment par le nombre 80, vous aurez le ton mineur 72, 80, ou 9, 10, & le ton majeur 80, 90: ou 8, , €. | Il faut remarquer que ces divifions harmoniques donnent toujours deux intervalles inégaux , dont le moindre eft au grave & le plus grand à l'aigu. Que fi l’on fait les mêmes divifions felon la proportion arithmétique, ce qui eft encore plus facile, on aura le moindre intervalle à l’aigu & le plus grand au grave. Ainf l’oûfave 2, 4, partagée arithmétiquement donnera d’abord la quinte 2, 3, au grave ; puis la quarte 3 , 4, à l’aigu ; la quinte 4,6, donnera pre- mierement la tierce majeure 4, 5, puis la tierce mu- neure #, 6, & ainfi des autres. Le fyftème complet de l'offave eft de cinq tons 8z deux femi-tons , formant entr’eux autant de de- grés diatoniques fur les fept fons de la gamme jui qu'à l’oélave du premier. Mais comme chaque ton peut fe partager en deux femi-tons, la même ofave fe divife auf chromatiquement en douze intervalles d’un femi-ton chacun formés pour douze fons diffé. tens, dont les fept précédens gardent leur nom, & les cing autres prennent chacun le nom du fon dia: tonique le plus voifin. Voyez ÉCHELLE. Je ne parle point ici des offaves diminuées &r {u- perflues, parce que dans l'harmonie ni dans lasmé- lodie les oéfaves ne s’alterent jamais. [Left défendu en compoftion de faire deux ofaves de fuite entre différentes parties , fur-tout par mou- vement femblable ; mais cela eft permis 8 même élégant fait à deflein & à propos dans toute la fuite d’un air ou d’un trait de chant : c’eft ainfi que dans plufieurs concerto toutes les parties prennent le ré: pieno par intervalles à l’offave ou à lumffon, (SY OCTAVIER , v. n. ez Mufique, quand on force le vent dans un inftrument à vent , le fon monte aufli-tôt à l’oftave , c’eft ce qu’on appelle offavier. En renforçant ainfi l’infpiration, l’air renfermé dans le tuyau & contraint par l’air extérieur, eft obligé, pour céder à la viteffe des ofcillations , de fe parta- ger en deux colonnes égales ;.ayant chacune la moi- tié de la longueur du tuyau : & c’eft ainfi que cha- cune de ces moitiés fonne l’oftave du tout. Une corde de violoncelle ofavie par un principe fem- blable , quand le coup d’archet eft trop brufque ou trop voifin du chevalet. C’eft un défaut dans lor- gue quand un tuyau ofavie , eela vient de ce qu'il prend trop de vent. (S) | OCTAVINE, £. f. (Mufique.) cet inftrument de mufique eft une efpece de petite épinette ; qui, pour être tranfportée plus commodément, n’a que la pe- tite oftave, ou le petit jeu du clavecin, (D. 7.) OCTAVO , f. m. (Comm, Monnoie, ) monnoie de cuivre qui a cours en Efpagne. L’ofavo ou ochavo vaut deux imaravédis de Vellon, & il en faut dix-fept pour une réale aufli de Vellon. Il y a des o&avos de quatre ou de huit maravédis ; mais on les appelle ordinairement les uns des guartas , & les autres des doubles quartas. . OCTAVUM,, (Géog. anc.) ville d'Afrique & fiege épifcopal en Numidie.Il ne faut pas confondre celui- ci avec un autrefiese épifcopalde même nom , fitué dans la Byzacene. (D.J) … OCTILE ox OCTANT , £. m. serme d’Affrologie, qui fignifñie l’afpeët de deux planetes éloignées l’une de l’autre de 45 degrés, ou de la huitieme partie de la circonférence du zodiaque , c’eft-à-dire d’un figne &t demi. Voyez OCTANT & TRIOCTILE. OCTIREME , odoremis , {. f. ( Marine des anc. ) bâtiment des anciens , felon les uns, à huit rangs de rames ; & felon les autres, où à huit rangs de ra- meurs , Ou à huit rameurs fur chaque rame ; car les fentimens des favans font fort partagés ; nous trai- terons ailleurs cette matiere. OCTOBRE , (Calendrier de l’ancienne Rome.) huitieme mois de l’année dans le calendrier de Ro- mulus , & le dixieme dans celui de Numa ; 1l a tou- jours gardé fon premier nom , malgré les noms dif- férens que le fénat & les empereurs romains lui ont voulu donner. En vain le fénat defra qu'on appellät ce mois Fauftinus, en l'honneur de Faufline, femme de l’empereur Antonin. Commode ne réuflit pas mieux en le nommant Zzviélus, ni Domitien en Pap- pellant Domitianus, Ce mois étoit fous la proteétion de Mars. Le 4 Oülobre, on faifoit la folemnité du Mundus patens. Le 12 fut confacré par un autel à la Fortune de retour , Fortunæ reduci | pour flatter Ausgufte qui revenoit à Rome après avoir pacifié la Sicile, ia Grece , la Syrie, l’Afie & les Parthes. Le 13 arrivoit la fête Fontinalia , les Fontinales, : Le 15 , on facrifioir un cheval à Mars, nommé Oéober equus. Le 19, onfolemmifoit dans les armées la fête nom- mée Armilufirium. Le 28 & les fuivans , fe donnoient les jeux de la viétoire , inftitués par Sylla. On célébroit à la fin de ce mois les vortumnales & les jeux farmatiques. ( D. J.) OCTOBRE, ( Calendrier des modernes.) nom du dixieme mois de notre année. [la 31 jours ; & c’eft le 23 que le Soleil entre dans le figne du Scorpion. Le nom d'Oëobre qu'il a vient de ce qu’il éroit le huitieme de l’année romaine , qui n’étoit compofée que de dix. (2. J.) OCTODORUM ou OCTODURUS , ( Géogr. anc.) village dont parle Jules Céfar de hello Gallico, 2. III. c. y. & le donne au peuple Veragri, Sanfon eftime que c'eft Martigny où Martignach , comme _difent les Allemands , fur les côtés de la Drance , qui tombe incontinent dans le Rhône. Ce lieu a été la capitale du bas Valois, comme Sion du haut Va- lois. Voyez les mém. des Infcrip. tome XIV. le plan d’un camp que Galba établit autrefois à Oodurum. Stewechius avoit tiré ce plan fur les lieux , & le fit le prenuer graver dans fon commentaire fur Vé- gece. (D.J.) OCTOGENAIRE , adj. & fubft. (Gramm.) qui a atteint l’âge de 80 ans, on dit c’eft un oëfogenaire. ” OCTOGESA , (Géogr. anc. ) ancienne ville de l'Efpagne Tarragonoiïfe au pays des Itergetes. Céfar en parle de #e/lo civili, L. I.c./xy. M. de Marca penfe qu'Oéfogéfa devoit être au heu où eft aujourd’hui Mequicenfa au confluent de la Seore & de l’Ebre : OCT 341 cette conjeûture eft des plus vraiffemblables.(D.7.) OCTOGONE, f. m.(Géom. ) fe dit en Géomé- trie d’une figure de huit côtés & de huit angles. Voyez FIGURE 6 POLYGONE. Quand tous les côtés & les angles de cette figure font égaux , on l’appelle o&ogone régulier ou 040 gone infcriptible dans un cercle, (Æ Le côré de loëogore régulier eft la corde de 45 degrés ; Or nommant 1 le rayon , le finus de 45 de- grés efty/> , & la corde eft y (+1 —y/+]?) =y/ (2=1y 2). Par cette formule on peut calcu- ler ou le côté d’un oëogone dont le rayon eft donné, ou le diametre d’un ofogone dont on connoît le côté. Je me fouviens d’avoir employé , il y a plus de 25 ans , cétte derniere méthode pour trouver le dia- metre du grand baflin ofogoze du jardin des Tuile- ries , j'ai trouvé, s’il m'ên fouvient bien, par la me- fure aétuelle le côté de 77 piés , d’où j’ai conclu le diametre dé 32 à 33 toiles ; car les nombres précis ne font plus préfens à ma mémoire, On prétend que ce diametre eft égal à la hauteur des tours deNotre- Dame, mais je le crois plus petit de quelques toi- fes. (O) OCTOPHORE, f. m. ( Hif. anc. ) litiere portée par huit efclaves ; elle étoit plus encore à l’ufage des femmes que des hommes ; on s’en fervoit à la ville , quand On étoit indifpofé, pour aller en vifite, & en tout teins pour aller à la campagne. OCTOPODE, f. m. ( Arriq. ecclé[.) c’étoit une banniere des papes divifée en huit flammes ou huit languettes. Voyez Bollandus, 44. $. Febr. tome IT. page 26, OCTOSTYLE , 1. m. ( Archir, civile.) face d’un bâtiment orné de huit colonnes ; c’eft une ordon- nance de huit colonnes" difpofées fur une ligne droite ,; comme le temple pfeudo-diptere de Vi- truve, & le portique du Panthéon à Rome , ou fur une ligne circulaire , comme le monoptere rond ou temple d’Apollon Pythien à Delphes, & toute autre tour de dôme ayant huit colonnes en fon pourtour. Le mot odoffyle eft dérivé de deux mots grecs , dont l’un fignifie huit , & l’autre colonne. OCTFROI, 1. m. ( /urifprud. ) fignifie conceffion de quelque grace ou privilege faite par le prince. Les oëfrois ou deniers d’oifrois font des levées de certains droits en deniers , que le prince permet à des communautés de faire fur elles-mêmes pour leurs befoins & néceflités , comme pour les fortifications des villes , répararions des bâtimens , entretien du pavé , Gc. Ces oëfrois {e levent fur la vente du vin, du char- bon , du bois à brüler , & autres denrées & mar- chandifes , felon ce qui a été o&royé par le prince. Les deniers d’oéfrois & autres deniers communs & patrimoniaux des villes 8 communautés font per- çus par le receveur de la ville ou communauté. Ces receveurs des offrois ont été érigés entitre d'office dans les villes par divers édits ; on leur a aufli donné des contrôleurs , maistous ces officés ont été fupprimés & rétablis par divers édits : édit du mois de Juin 1725, qui les a rétablis, forme le der- nier état; la ville de Paris a été exceptée de ces créa- tions. Les comptes des deniers d’orois fe rendent à la chambre des comptes. Sur les fonétions , créations Bt fupprefñons des receveurs des oërois, voyez Le Dicfionnaire des arrêts au mot O&rois. OCTULAINS , (Géog. anc.) en latin O&ulani, anciens peuples d'Italie dans le Latium , & l’un de ceux qui avoient part à la diftribution des viandes fur le mont Albano, felon Pline , 2. ZUL. c.y. (D. J.) OCTUPLE, adj. (Gramm. & Arih.) qui eft huit fois plus grand. OCULAIRE , adj, 67 Anaiomie, qui appartient à 342 O CU léil. Netfs oculaires communs, nerfs oculaires Exter- nes. J’oyez MOTEURS. | OCULAIRE , {, m. (Dioprr.) on appelle ainñ celui des verres d’une lunette, où d’un microfcope qui eft tourné vers l'œil Joyez LUNETTE, MiCROSCOPE, TÉLESCOPE, &c. voyez auf OBJECTIF. (0) OCULAIRE ,pierre, ( Hiff. nat.) lapis ocularis. Mercati a donné ce nom à une efpece d'opercule de coquille qui eft l'urbilicus maximus. ; Les anciens femblént aufli avoir donné indiffé- remment le nom de pierres oculaires à toutes le piér- res dans lefquelles ils trouvoient ou croyoient trou- Ver la refflemblance d’un œil. Les pierres qu'ils nom- moient./apides océllari, paroiflent n'avoir été que des boules avec lefquelles les enfans jouoient comme les nôtres font avec les pobulles. (— _OCULATION, f. £. (Jardinage.) c’eft lation d’ébourgeonner ou d’ôter les bourgeons inutiles des plantes, & fur-tout de la vigne : ce mot vient d'ocu- lus, qui veut dire æi/ ou bourgeon. (K) ” OCULÉE, pierre, ( ÆMff. rat. ) lapis oculatus ; nom donné par Mercati à une pierre formée par l’aflemblage d’un grand nombre de petits cailloux, telles que les pierres que les Anglois nomment pud- ding ; Ce nom vient, fuivant toute apparence, des cailloux ronds & roulés, renfermés dans cette pier- re, qui feflemblent à des veux. Voyez Mercau, Merallotheca. | OCULISTE , f. m. chirurgien qui s'applique par- ticulierement à toutes les maladies des yeux, ocu- larius chirurgus ; ophthalmiater. Dans les ftatuts des Chirurgiens de Paris il ya un article qui porte, que ceux qui voudront être reçus pour exercer feulement da partie de la Chirurgie qui concerne la vüe, fubiront un examen, dans le- quel 1ls feront interrogés fur la théorie &c fur la pra- tique, & qu'ils auront le titre d’expers pour les yeux, fans pouvoir y joindre celui de chrurgren. Celui qui ie deffine aux maladies dés yeux de- vroit néanmoins avoir toutes les connoiffances qu’- on exige dans les autres Chirurgiens, car les mala- dies font prefque toutes les mêmes, c’eft les lieux qu'elles occupent qui en fait la différence : l’inflam- mation de l'œil n’eft pas d’une autre nature que Finfiammation du foie &c des poumons. Les princi- pes généraux font les mêmes, il faut feulement en faire des applications particulierés aux différentes parhes, & les maladies y ont des fymptômes rela- _tifs aux fonétions léfées, On ne peut guère attendre de grands progrès de ceux qui fe font livrés fpécia- lement à un genre d'exercice, fans avoir puifé dans les fources de l’art les grands principes qui doivent les diriger : le public qui n’eft pas au fait des cho- fes, croit aifément qu'un homme qui s'applique uni- duement à la connoiffance des maladies d’un organe doit avoir des lumieres fupérieures à un autre, & cela feroit vrai s’il étoit d’ailleurs profondément in- ftruit des principes de l’art. Mais fouvent on ne choïfit une partie que par l’incapacité où l’on fe {ent de s’adonner à l’exercice complet de l’art: il eft certain que les auteurs qui ont le mieux traité des maladies des yeux , étoient des chirurgiens également verfés dans la connoïffance de toutes les maladies, & qui pranquoient indiftinétement toutes les grandes opérations de la Chirurgie : pärnn les anciens, Guillemeau, éleve d’Ambroite Paré, & premier chirurgien du roi après fon mai- tre. Au commencement de ce fiecle, Antoine Maitre Jean, chirurgien à Mery-fur-Seine, qui termine {on traité des maladies de FŒul, Le plus eftimé que nous ayons, par ces mots... « Je fais que la plüpart des » chirurgiens négligent de s'appliquer aux maladies » des yenx, parce qu'elles font fi nombreufes qu’on » s’en eff fait un monftre, & que l’on croit qu’elles OCU | » demandent toute l’asplication d’un homme, & PP ; » une adreffe toute finguliere pour exécuter toutes » les opérations qui leur conviennent. El n’eff rien ! » de tout cela; elles font nombreufes à la vérité, » mais elles font très-faciles à apprendre à un » Us, Gi. Lugd. Bat. 1695 ,i2-8°, Monavius (Frider. ) e/ezchus afffuum ocularium. Cryphifwaldiæ 1644, 27-4°, 1654, in. 40. Moaline ( Antoine, 4 relarion Of new anatomical obférvations in the eyes of animals. Lond, 1682 ; 27-49. c’eftun ouvrage très-curieux. ren (le chev. Haac ), optique, livre immor. tel. Petit (le médecin }, lettre où l’on démontre que le cryftalin eft fort près de l’uvée, avec de nouvel. les preuves concernant l'opération de la catara@e. Paris 1729 , in-4°, rare & curieufe. Panamufali de Buldac , Zber de P'¶tionibus rerum que ad oculos medicinas faciurs, Venet. 1 500, 1n-f02, Plempi ( Vopife. Fortun.) ophralmographia. Lo- vani 1648, fol. il a fait fa réputation par cet ou- vrage. Read (Guillelm.) o7 she diféafes of she eyes. Lond. 4704, 17-80. Rufchius (Joh. Bapt) de vins Organo, libri qua- æuor, Pifis, 1631, 27-49, Schelhammeri (Chrftoph. ) ophthalmographia & opfiofcopia, &c. Jenæ 1640, in-4°. *. Severus (Nicolaus }, obférvariones anatomice de glandulis oculorum , novique eorum vafis. Hafniæ 1664 ,1n-4°, Taylor (Joh.) of che cataraël aud glaucoma, Lou- don 1736, 7-8°. Item, le méchaniime du globe de Se Paris 1738, opérateur adroit & charlatan ha- ile. Trinchufi, différtario de cecis fapientià & ervditione claris. Jenæ 1672, in-4°, c’eft un ouvrage pour les Littérareurs. r Varolius (Conftantius ), de nervis opricis. Gr. Francof, 1591, i7-8°, Woolhoute, df/ertariones de cataraëta G glaucomate. Francof. 1710 , 2 8°. Yves (Saint ) traité des maladies des yeux. Paris 17225 in-8, Zahus oculus artificialis teledriopticus , Ge. Norimb. 1722. in-fol. fig. Thé perfèd oculifl. 1603 , in-8°. par un anonyme. À tous ces traités particuliers il faut Joindre les obfervations qui 4e trouvent éparfes dans les Mé- Tome XI, O D A 343 moires de l'académie des Sciences, les Tranfaétions philofophiques , le Récueil d'Etimboure , les Aîes des curieux de la nature, & autrés ouvrages de ce genre. Boerhaave avoit donné dans des leçons publi- ques un traité fur la ftruéture de l’œil, & fes prin- cipales maladies; c’eft un morceau précieux que méflieurs Van-Swieten & Tionchin pourroient met- tre au jour. ( Le chevalier DE Jaucour T.) OCUTLO-MUSCULAIRES ; COMMUNS. ÉPoyé OCULO-MUSCULAIRES: Moteurs. EXTERNES. \ OCULUS BELI où OCULUS SÔLIS, (if. Boran.) Voyez ŒIL DE CHAT. OCULUS MUNDI. Voyez ŒIL DU MONDE. CcvLus MARIS où OCULUS FENERIS, nom d’une coquille que l’on connoît mieux fous lé nom d'mbilicus veneris. OCULUS CHRISTI, ( Boran.) efpece d’aftérif- que, nommé par Lournefort aflerifeus annuus, foliis ad flore rigidis. Voyez ASTÉRISQUE, On le cultive quelquefois dans les jardins à caufe de fa fleur ronde, radiée & de couleur jaune, qui fertà embellir les partertes ; mais Paftérifque pré- férable pour ce deflein eft l’efpece qui Aleurit la plus grande partie de l’année , & que Tournefort appelle afierifcus maririmus, perennis, patalus, (D.J.) OCYMOPHILLON , £ m. ( Boraz. ) nom donné par Bauxbaum à un nouveau genre de plante dont voici les caraëteres. La fleur eft fans pétale; elle porté fur un embrion qui devient enfiute un vaif- feau féminal, oblong , quadrangulaire, divifé en quatre loges, qui contiennent des graines arrondies & très-peutes. Les feuilles de ce genre de plante te {Ont femblables à celles du bafilique, ocymum, d’où lui vieit {on nom. Elle croît dans les lieux humides. Bocconé la décrit {ous le nom impropre de glaux, en lappellant la prande glaux de marais, à fleur jaue ne. A®, petropol. vol, IV, pag. 421. OCYMUM, f. m.( Boran. ) genre de plante que nous appelions en françois haflic, &r c’eft fous ce nom que vous la trouverez caraétérifée. Tournefort en compte dix-neuf efpeces, & Boerhaave vingt- quatre; elles pofledent une qualité balfamique &e tempérée, OCZAKOW, ( Géog.) ville forte de Turquie, dans la Beflarabie, capitale d’un pays de même nom, & fameufe par la bataille de 1644: c’eft où font les galeres turques qui gardent l'embouchure du Niéper contre les couries des Cofaques. Elle eft défendue par plufieurs châteaux, & eft à 126 lieues S. O. de Bialogrod, 164 N.E, de Conftantinople. Long. 47.35 lat. 46.30. La ville d'Oc;akow, nommée par les Turcs D/ffan- Crimenda , elt fituée à l'embouchure du Boryfthène qui s’y jette dans la mer Noire; on nommoit autre- fois cette ville Obiz ou Mileropole , & elle étoir alors le centre du commerce des Miléfiens avec ies peu- ples feptentrionaux de ces quartiers. Nu Le pays d’Oczakow eft féparé de la Tartarte cri- mée par le Boryfthène ; il a l'Ukraine au N. O. la la mer Noire au S. E. le Budziac au S.O. & la Mol: davie au couchant. ( D. J,) O D ODA, f. f. serme de relation, chambre, clafe des pages du grand-feigneur dans le ferrail: voici ce qu'en-dit du Loir. — Les pages du grand-feigneur font divifés en cinq claffes, qui font autant de chambres appelées oda, La premiere plus bafle en dignité porte la qualité de grande, pour le nombre de Ê qui la X 3 44 compofent: ce font les plus jeunes à qui on enfei- gne à lire & à écrire, à bien parler les langues, qui “ont la turque pour ce monde, l'arabe pour le para- dis, & la perfane pour l'enfer, à caufe, difent les Turcs, de l’héréfie de la nation qui ja parle. La feconde s'appelle a perire odu, où depuis Pâge de 54 ou 15 ans, jufqu'à 20 ou environ, ils font exercés aux armes, à piquer des chevaux, à l'étude ‘des fciences dont les Turcs ont quelque teinture, comme ft l’Arithmétique, la Géométrie &e l’Aftro- logie. Dans chacune de ces chambres 1l y a un page de la chambre privée, qui leur commande. La troifieme’ chambre nommée kï/an-oda, com- prend bien deux cens pages, qui outre leurs exer- cices ordinaires, font commandés par le kilerdoi- bachi, pour le fervice de la fommèlerie & de la fruiterie. La quatrieme n’en a que vingt-quatre, qui fous le khazinéda-bachi, ont foin du tréfor qui eft dans l'appartement du grand-feigneur, où 1ls n'entrent jamais avec des habits qui aient des poches. La cinquieme chambre appellée kas-oda, c'eft-à- dire claffe privée, eft compofée de quarante pages qui fervent à la chambre du prince. Toutes les nuits un nombre fixe de pages de ces chambres font de garde, quand leur prince eft cou- ché ; ils font/pofés en divers endroits, les uns plus près de lui que les autres, felon le degré de leur chambre; & ceux qui font de la chambre privée les commandent. Ils prennent garde aufli que la lu- miere, qu'ils tiennent toniours dans fa chambre, ne lui donne point dans les yeux, craignant qu'il ne s’éveille ; & s'ils le voient travaillé de quelque fon- se qui l'inquiette & qui le tourmente, 1ls en aver- tiflent l’aga pour qu'il le réveille. (D. J.) ODABACHI ox ODDOBASSI, 1. m. ( Auf. mod.) eft un officier de l’armée des Turcs, qui ré- pond à-peu-près à ce que nous appellons parmi nous un /érgent, Où un caporal, | Les fimples foldats & les janiffaires, appellés o- dachis, lorfqu'ls ont fervi un certain nombre d’an- nées, font avancés , & deviennent biquelars : de bi- quelars ils font faits odabachis, c’eft-à-dire, capo- raux de compagnie, ou chefs de certaines divifions dont le nombre n’eft pas fixé, étant quelquefois de dix hommes, quelquefois de vingt. n Leur paye eft de fix doubles par mois, & ils por- tent pour marque diflinétive un grand feutre, large d’un pié , & encore plus long que large, qui pend par derriere, & orné par devant de deux grandes plumes d’autruches. | L’odabachi eft proprement un chef de chambrée des janiffaires , comme Je porte fon nom compofé de deux mots turcs favoir , oda, chambre, & bachi, chef. Lorfque les janiffaires entrent pour la premiere fois dans cette chambre , l’odbachi les frappe fur le cou, & leur fait baifler la tête pour preuve de Po- béiffance à laquelle ils font engagés. Ils ne peuvent s’abfenter fans fa permifñon , & lorfqu’ils négligent dé la lui demander, il leur fait donner par le cuifi- nier de la chambrée des coups de baguette fur les fefles & non fur les piés, afin de ne pas les mettre hors d’état de marcher où le bien du fervice le re- quiert. S'ils commettent quelque crime grave, il les fait étrangler mais fecretement , & jetter leurscorps dans la mer. Que s’il eftforcé derendre leur punition publique, il doit auparavant les dégrader de leur ualité dejaniflaire , ce qui fe fait en mettant en pie- ces le collet de leur habit. Guer, mœurs des Turcs ;- come IT. On donne encore en Turquie lénom d’odabachiau direéteur de chaque chambre des ichoglans ou pages duserand-feigneur. Îl veille à leur conduite, à leurs exercices, & les fait châucer lorfqu'il leur échape quelque faute. | ODE ODAGLANDARI, £ m.( if. mod. terme de ei lation. ) on écrit aufli odeglandart , odoglandari, cd- _doglandari. Ce font les pages de la cinquieme cham- bre ou oda ; voyez ODA. Ces pages{ont au nombre de quarante quiferrent à la garderobe du grand-feioneur. Ils ont dix afpres par Jour, bouche à cour, & deux habits de velours , latin ou damas , tousles ans. Vigenere, iuffrar. fur chalcondyle ; p. 359: ( D. J.) ODALIQUES oz ODALISQUES, f.f. ( Æifr mod, ) c’eft aimf qu’on nomme en Turquie les fimples : favorites du grand-fèigneur , renfermées dans le fer- rail pouréfer vir à fes plaifirs. Elles y font gardéespar des eunuques, & occupent chacune un appartement où elles font fervies par des femmes. Les odaliques qui n’ont eu que des filles; ont la-liberté de fortir &e de fe marier à qui il leur plaît; mais celles qui ont donné des fils au grand-feigneur, & font arrivées par-là au titre d’afekis, font renvoyées dans le vieux ferrail quand le fultan fe dégoûte d'elles, &c -n’en fortent jamais à-moims que leur.fils ne monte fur le trone , & pour-lors on les nomme va/ideron Julrane-mere. Ce motodalique vient d'oda , qui en ture figniiemne chambre ; parce que toutes ces femmes font logées féparément. C’eft entre elles à qui em- ployera le plus de manege pour plaire aufulran, 8 | d’intrigues pour fupplanter fes rivales. ODAXISME , ( Médecine, ) mot grec dérivé de d'au , Je mords, &t-employé par différens auteurs pour défigner une /ézfanon defagréable, plus forte que la démangeaifon, & fort analogue à celle quieft l'effet d’une morfure. C’eit dans ce fens général que Vanhelmont lemploie ; Diofcoride l’applique auf à une affeétion des reins où le malade reflentoit cette efpece de douleur , 1l dit qu’alors les reins étoient cJ'ubueos, comme mordus. Hippocrate, fuivi en cela par le plus grand nombre de médecins reftreint le nom d'odaxifme à cette démangeaifon vive & quel- quefois douloureufe que les enfans éprouvent aux gencives , lorfqu’elles font un peu percées & déchi- rées par les dents qui font effort pour fortir : pezdane la dentirion, dit-il, 2or-feulement 5] y a odaxifme, mais encore il furvient des convulfions » &c. aphorifm. 2.5. lib.IIT, d’où il paroît que ce mot feul fignifie une affeéion des gencives , que prefque tous Les auteurs ont rendu par démangeaifon, ODE, L.f. ( Poëfre Lyrig. ) Dans la poéfe ereque & latine, l’ode eft une piece de vers qui fe chantoit , &z dont la lyre accompagnoit la voix. Le mot ode fi gnifie chant , chanfon, hymne, cantique. Dans la poëfe françoife , l’ode eft un poëme lyri- que, compofé d’un nombre égal de rimes plates ou croifées , &c qui fe diftingue par ftrophes qui doivent être égales entr'elles , &c dont la prenuete fixe la me- fure des autres. L’ode avec plus d'éclat, & non moins d'éneraie , Elevant jufqu'au ciel fon vol ambitieux , Entretient dans fes vers commerce avec les dieux > ° . Ê : ° Û . . ° Chante un vainqueur poudreux au bout de la car- riere ; Meène Achille fanglant'au bord du Simois, Ou fait jléchir l'Efcaut Jous le joug de Lours ; ; . : : : : ; ; Pr Te Son flyle impétueux fouvent marche au hafard, Chez elle un beau defordre eft un effet de l'are. C’eft M. Boileau qui parle, & qui dans fes beaux vers fi dignes de la fublimé matiere qu'il traite, donne fur cette efpece de poéfe des préceptes ex- cellens qu'il a effayé de pratiquer luimême avec af- fez peu de fuccès. Comme l’ode eft une poëfñe faite pour exprimer lesfentimens les plus pafñonnés, elle admet l’enthou- ‘ODE fiafme, le fublime lyrique , la hardieffe des débuts, les écarts, les digrefüons , enfin le defordre poéti- que. Nous pouvons en croire Roufleau fur ce fujet : - écoutons-le. Si pourtant quelque efprit timide Du Pind: ignorant les détours, Oppofoit des regles d'Euclide Au defordre de mes difours ; Qu'il fache qu'aurrefois Wirpile Fis même aux Mujes de Sicile Approuver de pareils tran/ports : Er qu’enfin cet heureux delire Des plus grands maîtres de la Lyre Jrnmortalile les accords. L’enthoufiafme ou fureur poétique eft ainf nom- mée, parce que l’ame qui en eft remplie eft toute entiere à l’objet qui le luiinfpire. Ce n’eft autre chofe qu’un fentiment quel qu'il foit, amour , colere, joie, admiration, triftefle, &c. produit par une idée. Ce fentiment n’a pas proprement le nom d’errhou- fafme, quand il eft naturel , c'eft-à-dire, qu'ilexifte dans un homme qui l’éprouve par la réalité même de {on état ; maïs feulement quand il fe trouve dans un artifte, poète, peintre , muficien ; & qu'il eft Peffet d’une imagination échauffée artificiellement par les objets qu'elle fe repréfente dans la compo- fition. Aïnf l’enthoufafme des artiftes n’eft qu'un fenti- ment vif, produit par une idée vive, dont l’artifte fe frappe lui-même. [l eft auf un enthoufafme doux qu’on éprouve quand on travaille fur des fujet$ gracieux, délicats, & qui produifent des fentimens forts, mais paifi- bles. | Le fublime qui appartient à l’ode eft un trait qui éclaire on qui brûle. Voici comment il fe forme, dit lPauteur des Beaux-Arts réduits au même principe. Un grand objet frappe le poëte : fon imagination s’éleve & s'allume : elle produit des fentimens vifs qui agiffent à leur tour fur l'imagination & augmen- tent encore fon feu. De-là les plus grands efforts pour exprimer l’état de l’ame: de-là les termes riches, forts, hardis, les figures extraordinaires , les tours finguliers. C’eft alors que les prophetes voient les coilines du monde qui s’abaiffent fous les pas de l’é- ternité ; que la mer fuit; que les montagnes treflail- liffent. C’eft alors qu'Homere voit le figne de tête que Jupiter fait à Thétis, & le mouvement de fon front immortel qui fait balancer l'univers. Le fublime de l’ode confifte donc dans l’éclat des images & dans la vivacité des fentimens, C’eft cette vivacité qui produit la hardiefle des débuts, les écarts, les digreffions & le defordre lyrique, dont nous allons maintenant parler. Le début de l’ode eft hardi, parce que quand le poëte faifit fa lyre, on le fuppofe forrement frappé des objets qu'il fe repréfente. Son fentiment éclate , part comme un torrent qui rompt la digue : & en conféquence il n’eft guere poffible que l’ede monte plus haut que fon début ; mais auffi le poëte, s'il a du goût , doit s’arrêter précifément à l’endroit où il commence à defcendre. Les écarts de l’ode font une efpece de vuide entre deux idées, qui n’ont point de liaifon immédiate. On fait quelle ef la viteife de l’efprit. Quand lame eft échauffée par la pañhion, cette vitefle eft incom- parablement plus grande encore. La fougue prefle les penfées & les précipite : & comme il n’eft pas poffible de les exprimer toutes, le poëte feulement faifit les plus remarquables, & les exprimant dans le même ordre qu'elles avoient dans fon efprit, fans exprimer celles qui leur fervoient de kaïfon, elles Tome XI. ODE 34$ ont l'ait d'être difparates & découfues. Élles ne fe tiennent que de loin , & laiflent par conféquent enz tr'elles quelques vuides qu'un leéteur remplit aifé- ment , quand il a de l'ame & qu'il a faifi l’efprit du poëte. Les écarts ne doivent fe trouver que dans les fujets qui penvent admettre des pafñons vives, parce qu'ils {ont l'effet d'une ame troublée, & que le troubie ne peutêtre cauféque par des objets importans. Les digrefhions dans l'ode font des forties que l’ef prit du poëte fait fur d’autres fujets voifins de celui qu'il traite, foit que la beauté de la matiere l'ait tenté, où que la ftérilité de fon fujet lait obligé d'aller chercher ailleurs dequoi l’enrichir. Il y à dés digreflions de deux fortes : les unes qui font des lieux communs, des vérités générales, fou- vent fufceptibles des plus grandes beautés poétiques ; comme dans l'ode où Horace, à-propos d’un voyage que Virgile fait par mer, fe déchaîne contre la témé: rité facrilege du genre humain que rien ne peut at- rêter, L'autre efpece eft des traits d’hiftoire ou de la fable, que le poëte emploie pour prouver ce qu'il a en vüe. elle eft l’hiftoire de Réeulus, & celle d’Eu- rope dans le même pogre, Ces digreffions font plus permifes aux lyriques qu'aux autres, pour la raifon que nous avons dite. | Le defordre poétique de l'ode confifte à préfen- ter les chofes brufquement & fans préparation, où à les placer dans un ordre qu’elles n’ont pas naturel- lement : c’eft le defordre des chofes. Il y a celui des mots d'obrélulte des tours qui , fans être forcés, pa- roiflent extraordinaires & irréguliers. | En généralles écarts , les digreffions, le defordre , ne doivent fervir qu'à varier, animer , enrichir le fujet. S'ils l’obfcurciifent , le chargent ,. l’embaraf- fent, ils font mauvais, La raifon ne guidant pas le poëte, 1l faut au-moins qu’elle puiffe le fuivre : fans cela Penthoufiafme n’eft qu’un délire, & les égare- mens qu’une folie, Des obfervations précédentes, on peut tirer deux conféquences. La premiere eft que l’ode ne doit avoir qu’une étendue médiocre. Car fi elle eft toute dans le fen- timent, & dans le fentiment produit à la vûe d’un objet, iln’eft pas poffble qu’elle fe foutienne long tems : anvnorum incendia , dit Ciceron , celeriter ex- tingurtur. Aufh voit-on que les meilleurs lyriques fe contentent de préfenter leur objet fous les différentes faces qui peuvent produire ou entretenir la même impreffion ; après quoi ils l’'abandonnent prefqu’auff brufquement qu'ils l'avoient faifi. La feconde conféquence eft qu'il doit ÿ avoir dans une ode, unité de fenriment, de même qu'il y a unité d’aétion dans l'épopée & dans le drame, On peut, on doit même varier les images, les penfées, les tours , mais de maniere qu'ils {oient toüjouts ana- logues à la paffon qui regne: cette paffñion peut fe replier fur elle-même, fe développer plusou moins, fe retourner ; mais elle ne doit nichanger de nature, ni céder fa place à une autre. Si c’eft ia joie qui a fait prendre la lyre, elle pourra bien s’égarer dans fes tranfports , mais Ce ne fera jamais en tiriftefle : ce fe- roit un défaut impardonnable. $1 c’eft par un fenti- ment de haine qu’on débute, on ne finira point par l'amour , ou bien ce fera un amour de la chofe op- pofée à celle qu’on haïfloit : & alors c’eft totjours le premier fentiment qui et feulement déguifé. Il en eft de même des autres fentimens. Il y a des odes de quatre efpeces. L’ode facrée qui’ _s’adreffe à Dieu, & qui s'appelle hymne ou cantique, C’eft l’expreflion d’une ame qui admire avec tranf- port la grandeur, la toure-puiffance, la fagefle de l’Etre fuprème, &z qui lui témoigne fon raviflement, Xx 340 ODE Tels font les cantiques de Moiïfe, ceux des prophe- tes, & les pfeaumes de David. La feconde efpece eft des odes héroïques , ainfi nommées, parce qu’elles font confacrées à la gloire des héros. Telles font celles de Pindare fur-tout , quelques-unes d'Horace , de Malherbe, de Rouf- feau. La troifieme efpece peut porter le nom d’ode mo- tale ou philofophique. Le poëte frappé des charmes de la vertu ou de la laideur du vice, s’abandonne aux fentimens d'amour ou de haine que ces objets produifent en lui. La-quatrieme efpece naît au milieu des plaïfrs, c’eft l’expreflion d’un moment de joie. Telles font les odes anacréontiques, &c la plûpart des chanfons françoifes. La forme de l’ode eff différente fuivant le goût des peuples où elle eft en ufage. Chez les Grecs elle étoit ordinairement partagée en ftances, qu'ilsappélloient formes » éidn, _ Alcée, Sapho, & d’autres lyriques, avoient in- venté avant Pindare d’autres formes, où 1ls mêloient des vers de différentes efpeces , avec une fymmétrie qui revenoit beaucoup plus fouvent. Ce font ces for- mes qu'Horace a fuivies. Ileft aifé de s’en faire une idée d’après fes poéfies lyriques. Les François ont.des odes de deux fortes : les unes qui retiennent le nom générique, & les autres qu’on nomme ceztates, parce qu’elles font faites pour être chantées, & queles autres ne fe chantent pas. Lecara@tere del’ode de quelque efpece qw’ellefoit, ce-qui la diftingue de tous les autres poèmes, con- fifte dans le plus haut degré de penfée & de fenti- ment dont l’efprit &c le cœur de l'homme foient capa- bles. L’ode choifit ce qu'il y a de plus grand dans la religion, de plus furprenant dans les merveilles de la nature , de plus admirable dans les belles aétions des héros, de plus aimable dans les vertus, de plus condamnable dans les vices, de plus vif dans les plai- firs de Bacchus, de plus tendre dans ceux de la- mour ; elle ne doit pas feulement plaire , étonner , elle doit ravir & tranfporter. | Les cantiques de l’Ecriture & les pfeaumes de Da- “vid célebrent de grandes merveilles ; cependant Rouffeau & lesautres poëtes judicieux n’ont pastra- duit toutes ces odes facrées , ils n’ont choïfi que cel- Îes qui leur ont paru les plus propres à notre poéfie lyrique. Tout eft admirable dans l'univers : maïs tous {es phénomenes ne doivent pas entrer également dans l’oce. Il faut préférer dans chaque efpecelespre- miets êtres aux êtres moins fenfibles & moinsbien- faifans ; le foleil , par exemple , aux autres aftres. Il fautraflembler dans leur defcription les circonftan- ces les plus intéreffantes , & placer, pour ainf dire, ces êtres dans l’excès des biens & des maux qu'ils peuvent produire. Si vous décrivez un tremblement de terre, il doit paroïtre feul plus terrible que ceux que l’Hiftoire a jamais fait connoître : fi vous peignez un payfage , 1l faut qu'il réunifle tous les charmes de ceux que la Peinture a jamais repféfentés, Une o4e doit parler à l’efprit, au jugement , aux fens, au cœur, & leur offrir tour àtour les objets les plus ca- pables de les occuper entierement. à Autant Erato eft rebelle à ceux qui, fans autre guide que lefprit, ofent mettreun pié profane dans fon fanétuaire, autant elle eft favorable à ceux qui y font introduits par le génie. Elle leur ouvre le champ le plus vafte, le plus noble & le plus beau ; elle leur permet &c leur ordonne même de lâcher la bride à leur imagination , de prendre l’eflor le plus rapide & le plus élevé, de fe dérober aux regards des foibles mortels à-travers les feux &rles éclairs, de s’élancer juiqu’au plus haut des cieux , tels que des aigles intrépides , d'aller prendre la foudre dans les mains de Jupiter pour.en frapper les impies Salmos nées & les orgueilleux Titans, &c, ! Des mouvemens imprévus, des idées faillantes , des expreffions hardies , des images fortes, maisgra. cieufes , un ordre qui foit caché avec art fous levoile d'un defordre apparent, beaucoup d'harmonie, des écarts éclatans, mais réglés par la raifon, des tranf£ ports fublimes, de nobles fureurs, &c. voilà les ot- nemens qui conviennent à l’ode : elle abhorre la mé- diocrité ; fi elle n’échauffe, elle glace. Si ellenenous enleve, fi elle ne nous tranfporte par fon divin en- thoufiafme, elle nous laifle tranfis & morfondus. C’eft dans ce genre qu’on peut prefque affirmer qu'il n’eft point de degré du médiocre au pire. Le poëte , pour donner de la vie’‘aux fujets qu'il traite, doit les animer par la fiétion , & les foutenir par les peintu- res & par la cadence nombreufe. Tous Les tréfors de- la fable, de la poëfie, de l'imagination, & de toute la nature, lui font ouverts; il peut y puifer à fon gré tout ce qu’ils renferment de plus frappant &de plus précieux. Jai déja pris foin d’infinuer , &t. je Le répete en- core ici, que tous les fublimes tranfports de l’ode doivent être réglés par la raifon , & que tout ce défordre apparent ne doit être en effet qu’un ordre plus caché. Il ne s’agit point de lancer au hafard des idées éblouiffantes , n1 d’étaler avec emphafe un galimatias pompeux. Ce délordre même que l’ode exige , ce qui eft une de fes plus grandes'beau- tés, ne doit peut-être avoir pour objet que le re- tranchement des liaifons grammaticales, & de cer« taines tranfitions fcrupuleufes qui ne feroient qu’é- nerver la poëfe lyrique. Quoi qu'il en foit , c’eft à l’art de régler le défordre apparent de l’ode, Tou- tes les figures fi variées & fi hardies doivent ten- dre à une même fin, & s’entreprêter des beautés mutuelles. , L’ode où l’on chante les dieux ou les héros, doit briller dès le début même. L’hyperbole eft fon lan- gage favori. Le poëte y peut promettre des mira» cles. La carriere qu'il doit fournir eft fi courte, qu’il n’aura pas le tems de perdre haleine , ni de réfroidir fes leéteurs : c’eft-là l’ode pindarique. Elle commence fouvent dans Pindare par la defcrip- tion fublime de quelques phénomenes naturels, dont il fait enfuite l'application à fon fujet. La fur- prife eft le fentiment qu’elle doit produire. Toutes les odes de ce genre qui ne portent pas ces carac- tères, ne meritent que le nom de fances. JL eft un autre genre d’odes moins fuperbe, moins éclatant , mais non moins agréable ; c’eft l’ode anacréontique. Elle chante les jeux , les ris folâtres , les plaifirs & les agrémens de la vie cham- pêtre, G:c. Jamais la lyre du voluptueux Anacréon ne raifonne pour célébrer les héros &z les combats. Partagé entre Bacchus & l'Amour , il ne produit que des chanfons infpirées par ces deux divi- nités. Il tient parmi les Poëtes le même rang qu’Epi- cure parmi les Philofophes, Toutes fes odes font courtes, pleines de douceur ,d’élégance, de naïveté, & animées d’une fiétiontoujours galante ,ingénieufe & naturelle. Son imagination livrée toute entiere aux plaifirs , ne lui fournit que des idées douces & riantes , mais fouvent trop capables d’allarmer la vertu. | La dixieme mufe, la tendre & fidele Sapho ; a compofé un petit nombre d’odes confacrées auf à l'amour. On connoit celle qui a été traduite élésamment par Catulle, Defpréaux & Adiffon ;s trois traduétions admirables fans qu’on ait pu dire laquelleméritoit la préférence. Le leCteur les trou- vera; je penfe, au mot GRADATION, . Horace s’eft moniré tantôt Pindare, & tantôt Anacréon ; mais s’il imite Pindare dans fes nobles tranfports , il le fuit aufi quelquefois un peu trop dans fon défordre ; s’il imite la délicate & la douceur naïve d’Anacréon , il adopte aufli fa mo- rale voluptueufe, & la traite d’une maniere encore plus libre , mais moins ingénue. Malherbe s’eft diftingué par le nombre & l’har- monie ; il eft inimitable dans la cadence de fes vers, & l’on doit excufer la foibleffe de ceux qu'il n’a fait que pour fervir de liaifons aux autres. Il faut encore avoir la force de fui pafler fes expreffions furannées. Roufleau a été tout-à la-fois Pindare, Horace ; Anacréon, Malherbe, &c. Il a raffemblé tous les talens partagés entre ces grands poëtes ; {on génie vigoureux, né pour la lyre, en a embraflé tous les genres, & y a excellé. Avant lui M. de la Motte ayoit compofé des odes pleines d'élégance & de délicatefle dans le goût d’Anacréon. Je ne reprocherai point à cet aimable poëte d’avoir été trop moral dans le genre lyrique , parce que Rouffeau .ne left pas moins. Je dirai feulement que l’un moralife en poëte, & l'autre en philofophe; l’un eft fublime dans fes fentences , & l’autre n’eft qu'ingénieux; l’un éclai- rant , échaufe & tranfporte ; l’autre en inftruifant fe contente d’amufer. .… Il eft fans doute permis dans le lyrique d’étaler de belles & folides maximes ; mais il faut qu'elles foient . revêtues des brillantes couleurs qui conviennent à ce genre de poéfie. Ainf le vrai défaut de M. de la Motte eft de n’être pas aflez animé ; ce défaut fe trouve dans fes defcriptions & dans fes pein- tures qui font trop uniformes, froides & mortes en comparaifon de la force, de la variété! & des belles images de celles du célebre Rouffeau. Mais jentrerai dans d’autres détails fur Les poëtes dont je viens de parler, au mot PO£TE LyRIQUE 100 je tâcherai en même tems de ne me pas répéter. Les Anglois feroient fans doute les premiers poe- tes lyriques du monde , fi leur goût & leur choix répondoïent à la force de leur etprit & à la fécon- dité de leur imagination, Ils apperçoivent ordinai- rement dans un objet plus de faces que nous n’en découvrons ; maïs ils s'arrêtent trop à celles qui ne méritent point leur attention : ils éteignent & ils étouffent le feu de norre ame à force d'y en- tafler idées fur idéés, fentimens fur fentimens. Jamais la Gréce & la république Romaine n’ont fourni un auf vafte champ pour l’ode , que celui que l'Angleterre offre à fes poëtes depuis deux fié- cles. Le regne floriffant d’Elifabeth ; la mort tra- gique de la reine d’Ecofle ; les trois couronnes réunies fur la têre de Jacques I. le defpotifme qui renverfa le trône de Charles & quile fit périr {ur un échafaud ; l’interregne odieux, mais brillant de l'ufurpateur ; le rétablhiferment du roi lécitime; les divifions & les guerres civiles renaiflantes fous ce prince; une nouvelle révolution fous fon fuccel- feur ; la nation entiere divifée en autant de fe@es dans la religion, que de partis dansle gouvernement; Le roi chaflé de fon trône & de fa patrie ; un étran- . ger appellé pour régner en fa place ; une nation _épuifée par des guerres & des défaites malheureufes ; mais qui fe releve tout-à-coup , & qui monte au plus haut point de fa gloire fous le règne d'une femme : en faudroit-il davantage pour livrer toutes les mufes à l’enthoufiafme ? Roufleau auroit-il éré réduit, s’il eût vêcu en Angleterre, à drefler une ode à M. Duché fur les affaires de fa famille, & une autre à M. de Pointis, fur un procès que lui firent les Flibuftiers ? (Le chevalier DE JAD COURT. . ODÉE,, f, m. (Archit. & ang. Grec.) Odéon, & en latin Odeum , mot dérivé du grec &dn, chant ; O DE 347 parce que c'étoit chez les anciens un lien defliné pour la répétition de la mufique qui devoit être chantée fur le théâtre ; c’eft du moins la fipnifica- tion que Suidas donne de ce terme. Le plus fuperbe odé de l'antiquité étoit celui d'Athènes , où tant de grands muficiens difputerent le prix que la république décernoit aux plus habi- les. Paufanias, Plutarque, Appian, Vitruve & au- tres écrivains grecs & latins en ont célébré la gran- deur & la magmificence. , Ce bâtiment étoit une efpece de théâtre élevé par Périclès ; l'intérieur en‘étoit orné de colonnes garni de feges. Il étoit couvert en pointe de mâts & d'antennes de navires pris fur les Perfes : & il fe terminoit en cône: fous la forme d’une tente ou d’un pavillon royal. Avant la confiruétion du grand théâtre d’Athènes, lesmuficiens & les poëtes s’affembloient dans l'O deum pour y jouer & repréfenter leurs pieces , d’où le lieu fut {urnommé 9%. On avoit placé’ à len- trée une ffatue de Bacchus pour rappeller l’origine de la tragédie qui commença chez lés Grecs par des hymnes en l'honneur de ce dieu. On continua de réciter dans l’'Odeum les nouvelles pieces avant que de les repréfenter fur le théâtre. Comme l’é- difice étoit vafte & commode , les archontes y tenoient quelquefois leur tribunal, & l’on y fai{oit au peuple la difribution des blés & dés farines, Ce bâtiment fut brûlé an de Rome 668, 86 ans avant l'ere chrétienne, pendant le fiege d'Athènes par Sylla. Ariftion qui défendoit la ville pour Mi- tridate, craignant que le général romain ne fe fer- vit des bois & autres matériaux de l’'Oveum pour attaquer l’acropole ou le château , y fit mettre le feu. Dans la fuite Ariobarzane le fit rebâtir, C’étoit Ariobarzane Philopaior , fecond du nom, qui regna en Cappadoce depuis lan 690 de Rome, juique vers l'an 703. Ce prince n’épargna aucune dépenfe pour rendre à cet édifice fa premiere fplendeur. Strabon , Plutarque , Paufanias qui ont écrit depuis le rétablifflement de cet éditice , le mettent au nom bre des plus magnifiques ornemens d'Athènes. Le théteur Hérodès Atticus , qui vivoit fous les Anto- mins, ajouta de nouveaux embelliflemens à l’O- deyrz. Athènes, il eft vrai, m’étoit plus la fouve- raine de la Gréce ; mais elle confervoit encore quel- que empire dans les Sciences &c dans les Arts ; titre qui lui mérita l'amour, le refpeët & la bienveil- länce des princes & des peuples étrangers. L'édifice d’Ariobarzane étoit d’une grande foli- dité , fi l’on en juge par les veftiges qui fubfiftent encore après dix-huit fiecles. Voici la defcription que Whéler en a faite dans fon voyage d’Athènes, « Les fondemens, dit-il, en font de prodigieux * quartiers de roche taillés en pointe de diamans, » & bâtis en demi cercle, dont le diamettre peut » Être de 140 pas ordinaires; mais fes deux extré- » mités fe terminent en angle obtus fur le derriere » qui eft entiérement taillé dans le roc, & élevé de » cinq à fix pieds. On y monte par des deyrés, & » à chaque côté font des bancs cifelés pour s’af- » feoir le long des deux branches du demi cercle. » Ainf l'édiñice de forme femi-circulaire pouvoit avoir dans fon diametre, fuivant notre mefure, 350 pieds , on 58 toifes. Whéler prouve d’après ce témoignage de Paufanias, 8 par les circonftances locales , que ce monument dont ii donne-le plan eft l'Odeum d'Ariobaszane, On ne doit pas le con- fondre avec le théâtre qui s’appelle encore le thé4. tre de Bacchus , & dont noire favant voyageur anglois à fait aufli la defcriprion. Il y avoit cinq bâtimens à Rome portant le nom d'Odeum. Is fervoient à inftruire les muficiens & les joueurs d'inftrumens, ainf que ceux qui devoient 348 ODE jouer quelque perfonnage aux comédies & tragé- dies , avant que de les produire au théâtre devant le peuple. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) ODENSÉE, ( Géog.) ville confidérable de Danemark dans l’île de Funen, avec un évêché fuffragant de Lunden. Elle eft à 18 lieues de Slefwig , 26 $. O. de Copenhague. Long. 28, 2. dat, 55, 28. On prétend que cette ville reçut le nom d’Oder- Jte, ou plutôt Orrenfée , en latin Orronia, de l’em- pereur Otton I. l’an 048 , ainfi que le paflage du Belte , Orrenfund , ou détroit d'Otton. Baugias (Thomas), profeffleu: en Théologie, & homme verfé dans les langues orientales, éroit d’'Odenfee. IL finit fes jours en 1667 , après avoir donné quantité d'ouvrages théologiques qu’on ne lit plus aujourd’hui. ODER , L’( Géog. ) riviere confidérable d’Alle- magne , qui prend fa fource dans la Moravie au village de Gicbe , pañle à Oder , bourgade , d'où elle a tiré fon nom; arrofe enfuite plufeurs pays, entre dans la Siléfie, traverfe Breflaw , coule dans le Brandebourg qu’elle fépare de la Luface , pafle à Francfort, arrive enfiuite à Gartz & à Stetin , &c fe jette enfin dans la mer par trois embouchures. OpEr , /’ (Géog.) petite riviere de France en Bretagne. Elle a fa fource au village de Corai , pafle à Quimpercorentin , & fe perd dans la mer trois lieues au-deflous de cette ville. ODERZO, ( Géog. ) c'eft l'Opirergium des an- ciens, petite ville d’[talie dans l'état de Venife, dans la marche Trevifane, fur le ruifleau de Moté- gan, & à dix milles de Ceneda. Long. 29. 45. dat, 46. 10. ODESSUS , (Géog. anc.) ville bâtie par les Miléfiens au rapport de Pline, Liv. IF, c. y. Elle étoir entre Calatis &c Apollonie. C’eft l'Odyffus de Ptolomée, Zv. LIT. chap. xj, Entr'autres médailles , il y en a une d’Antonin Severe dans le recueil de Patin , fur laquelle on lit ce mot, OAHCGCEITON. CD ODEUM , f. m. od'uw, étoit chez les anciens un lieu deftiné à la répétition de la mufique qui devoit être chantée fur le théatre. On donnoit quelquefois le nom d’odezm à des bâ- timens qui n’avoient point de rapport au théatre, Périclès fit bâtir à Athènes un odeum , où l’on difpu- toit les prix de Mufique. ;Paufanias dit que Hérode l’athénien fit conftruire un magnifique odeum pour le tombeau de fa femme. Les écrivains eccléfiaftiques défignent auf quel- quefois le chœur d’une églife par le mot odeum. Voyez CHŒUR, ODÉE. (S) ODEUR , £. f.( Phyfique.) fenfation dontie fiége eft dans l’intérieur du nez, & qui eft produite par des particules très-fubtiles, qui s’échappant des corps , viennent frapper le fiége de cette fenfation. L'intérieur du nez eft revêtu d’une membrane ap- pellée piruitaire ; elle eft compofée en grande partie des fibres du nerf olfa@if. Voyez Nerr. Ces fibres ébranlées par l’aétion des corpufculesodorans, pro- duifent la fenfation de l’odorat. On peut voir un plus grand détail fur cette membrane dans les hivres d’A- natomie , & dans les articles anatomiques de ce Diionnaire, qui y ont rapport , comme Nez, MEMBRANE PITUITAIRE. On perd le fentiment de l’odorat dans les engorgemens de cette membrane, comme dans les rhumes de cerveau. Les fenfations de l’odorat & du goût, ont beau- coup de rapport entre elles ; non-feulement les or- ‘ ganes de l’un & de l’autre font voifins, & fe com- muniquent, mais on peut même regarder lPodorat comme une efpece de goût ; ordinairement le pre- mier des fens avertit le fecond de ce qui pourroit lui être defagréable. Voyez GOUT. Le principal objet de l’odorat confifte vraiflem- blablemenr dans les {els volatils; ces corpufcules capables d'ébranler l'organe de l'odorat, font d’une extrème diviñbilité ; c’eit ce que l'expérience jour- naliere démontre. Un morceau d’ambre ou de mufc mis fuccefivement dans plufieurs chambres, les rem- plit d’odeur en un inftant; & cette odeur fubfife très-longtems fans qu’on apperçoive de diminution fenfble dans Le poids de ce morceau d’ambre, ni par conféquent dans la fubftance. Quand on met dans une caflolette de verre une liqueur odorante, & que la liqueur commence à bouillir, 1l en fort une vapeur très-forte qui fe répand en un inftant dans toute la chambre, fans que la liqueur paroïfle avoir rien perdu de fon volume. Voyez l'arsicle Dr- VISIBILITÉ , & la premiere leçon de l’Zzrroduétio ad veram phyficam de Keill, où la divifibilité de la matiere eft prouvée par des calculs tirés de la pro- pagagation même des odeurs, (O ) Voici un abregé de ce calcul : ily a, dit M.Keïll, plufieurs corps dont l'odeur fe fait fentir à cinq piés à la ronde : donc ces corps répandent des particules odorantes au-moins dans tonte l’étendue de cette efpace ; fuppofons qu'il n’y ait qu'une feule de ces parties dans chaque quart de pouce cubique. Cette fuppoñition eft vraiflemblablement fort au-defflous de la vérité, puifqu'il eft probable qu’une émana- tion fi rare n’affeéteroit point l’odorat ; on trouvera dans cette fuppoñition, qu'il y a dans la fphere de cinq piés de rayon 57839616 particules échappées du corps, fans que ce corps ait perdu fenfiblement de fa mañle & de fon poids. : M. Boyie a obfervé que l’affz fætida expofée à l'air, avoit perdu en fix jours une huitieme partie de grain de fon poids ; d’où M. Keïll conclut qu’en une minute elle a perdu == de grain, & par un calcul auquel nous renvoyons, il fait voir que cha- que particule efl 5555556000 d'un pouce cube. Dans cecalcul, on fuppofe les particules également diftantes dans toute la fphere de cinq piés de rayon ; mais comme elles doivent être plus ferrées vers le centre, (voyez QUALITÉ) en raïfon inverfe du quarré de la diftance, M. Keïll recoïmence fon calcul d’après cette fuppofition, &t trouve qu’en ce cas il faut multiplier par 21 le nombre de parti- cules 57839616 ci-deflus trouvé; ce qui donne 1214631-936 ; iltrouve de plus que la grandeur de chaque particule ef de pou- ce. Voyez Les articles DIViSIBILITÉ 6 DUCTILITÉ. Voyez auffi ÉCOULEMENS, ÉMANATIONS , &c. (0) 1°, Du mélange de deux corps, qui par eux-mé- mes n’ont aucune odeur , on peut tirer une odeur d'urine, en broyant de la chaux vive avec du fel ammoniac. 2°, Au moyen du mélange de l’eau commune, qui par elle-même ne fent rien avec un autre corps fans odeur, il peut en réfulter une bien mauvaife odeur : aïinfi le camphre diflous dans l'huile de vi- triol, n’a point d’odeur; mais fi on y mêle de l’eau, il répand auffi-tôt une odeur très-forte. 3°, Les corps compofés peuvent répandre des odeurs qui ne reflemblent en rien à l'odeur des corps fimples dont ils font compofés. Ainfi huile de téré- benthine mêlée avec une double quantité d’huile de vitriol, & enfuite diftillée, ne répand qu’une odeur de foufre après la diftillation. Mais fi on met fur un feu plus violent ce qui eft refté dans la retorte, ilen réfultera une odeur femblable à celle de l’huile de cire. 4°. Il y a plufeuts odeurs qu’on ne tire des corps que par l'agitation & le mouvement, Ainf le verre, ODE. les pierres, Éc. qui ne répandent point d’or, même quand elles fontéchauffées, en répandent ce- pendant une forte, quand on les frotte, 87 qu'on les -agire d’une maniere particuliere : principalement le : bois d'hêtre quand on le travaille au tour, laïffe une efpece d’odeur de rofe. | 5. Un corps dont l'odeur eft forte étarit mêlée avec un autre qui ne fent rien, peut perdre tout-à- fait fon odeur, Ainf fi on répand de l'eau-forte dont on n'a pas bien Ôté le phlegme, fur du fel de tartre, juiqu’à ce qu'ilne fermente plus, la liqueur, lorf- qu'elle eft évaporée, laïfle un cryftal fans odeur, quireflemble beaucoup au fel de nitre; mais en le Brülant il répand une très-mauvaife oeur, 6°. Du mélange de deux corps, dont Pun fent très-mauvais, & l’autre ne fent pas bon, il peut ré: fulterune odeur aromatique très-gracieufe : parexem- ple, du mélange de l’eau-forte ou de l’efprit denitre avec l’efprit-de-vin inflammable. 7°. L’efprit-de-vin, mêlé avec le corps qui a le moins d’odeur ; peut former une odeur aromatique bien agréable. Ainfi l’efprit-de-vin inflammable, & l'huile de vitriol de Dantzic ntêlés enfemble en égale quantité , ê enfuite digérés, & enfin diftillés, don- nent un efprit d’une odeur bien gracieufe, 8°. Le corps le plus odoriférant peut désénérer en une odeur puante, fans y rien mêler. Ainf fi on garde dans uh vafe bien fermé, lefprir dont il eft parlé dans la premiere expérience, elle fe changera aufh-tôt en une odeur d’ail. 9°. De deux corps dont l’un n’a point d’odeur, & | autre en a une mauvaïfe, il peut réfulter une odeur agréable , femblable à celle du mufc : par exemple, en jettant des perles dans lefprit de vitriol : car | J P P | quand les perles font diffoutes, le tout répand une fort bonne odeur. | On employe fouvent les odeurs dans les maladies hyftériques & hypocondriaques; ce font, par exem- ple, l'affa fœride, le camphre, 6e, Lestodeurs {ont pernicieufes aux uns, &e fur-tout aux femmes : cependant cela varie felon les tems &t les modes. Autrefois qu’en cour les odeurs étoient profcrites , les femmes ne les pouvoiéent fupporter ; aujourd'hui qu’elles font à ia mode, elles en font infatuées ; elles fe plaifent à fe parfumer & à vivre avec ceux qui font parfumés. Les odeurs ne produifent donc pas toujours l’efet qu'on leur a attrib#té depuis long-tems, qui eft de donner des vapeurs ; puifqu’aujourd’hui toutes les femmes font attaquées de vapeurs , & que d’ailleurs elles aiment fi fort les odeurs ; qui plus eft, c’eft qu'on ordonne aujourd’hui le mufe pour l’épilepfe, les mouvemens convulffs, & les fpafmes. [1 fant donc que l’on lui reconnoifle quelque chofe d’anti- fpafmodique. | Il faut convenir que les odeurs fortes, diforacieu- fes, & fétides, tels que le caftoreum , l’affa fœrida, la favate brûlée, & autres de cette nature, font excellentes dans les accès de vapeurs, de quelque maniere qu'elles produifent leur effet. Cela ne peut arriver, qu'en remettant les efprits dans leur pre- mer ordre , & en leur rendant leurs couts ordinai- tes. Voyez MusC. OpEUR , ( Cririque facrée, ) ce mot fignifie fpu- rément plufeurs chofes dans l’Ecriture : par exem- ple, 1°. un facrifice offert à Dieu : Noz capram odo- Tem cœtuum véfirorum, Amos, v. 21. je n'accepterai point les viétimes que vous m’offririez dans vos af- femblées, Odoratus ef Dominus odorem Juavitaris, Genèle, wi. 21. Dieu agréa le facrifice de Noé. 2°. I fignifie une mauvaife réputation, Æxode, v. 21. Jacob fe plaint pareillement à fes fils, de ce que par le mêurtre de Sichem , ils l’avoient mis en mau- waile odeur, fchez les Canancens. 3°, Odor ignis, golfe de Cadix. 349 lodezr du feu , fe met pour laflamme-même, ronians odor ignis non tranfiiffet per eos, ils n’avoient point {enti ladtivité du feu, Daniel, 5. 94. 4°. Le mot bonne odeur, veut dite une chofe excellente : fécut balfamnum aromatifans odorem dedi , Eccléf. xxiv, 20, Jai répandu une bonne odeur, l'odeur d’un baume précieux; cette bonne odeur étoit celle de la dodris ne, ër des préceptes de fa loi, ( D. 7.) . ODIEL , ( Géog.) riviere d'Efpagne , dans l’An- daloufie : elle a {a fource aux frontieres de l’Eftra= madure & du Portugal, & fon embouchure dans lé | (D). | ODIEUX , ( Gramm,) digne de haine. foyes = . HAINE. Les méchans font odieux même les uns añtx autres : detous les méchans, les tyrans font les plus odieux, puifqu'ils enlevent aux hommes dés biens inaliénables, la liberté , la vie, la fortune, &c, On déguife les procédés les plus odieux fous des expref fionstadroites qui en dérobent la noirceur : ue ur homme lefte eft un homme ogeux, qui fait faire rire de fon ignominie. Si un homme fe rend le déta- teur d'unautre, celui-ci fütil coupable, le délateur fera foujours aux yeux des honnêtes gens un rôle odieux, Combien de droits odieux que le fouverain n'a point prétendu impofer, & dont l’avidité des traitans furcharge les peuples! Le dévolu eft licite, mais 1l a je ne fais quoi d’odieux : celui qui l'exerce paroît envier à un autre le droit de faire laumône ; 6c au heu d’obéir à l'Evangile qui lui ordonne d’a- bandonner fon manteäu à celui qui lui en difputera la moitié, il ne mê montre qu'un homme intéreffé qui cherche à s'approprier le manteau d’un autre, Mais n’eft-ce oas une chofe fort étrange , que dans un gouvernement bien ordonné , une a@tion puife être en même tems licite & odieufe ? N’eft-ce pas une chofe plus étrange encore, que les magiftrats char- gés de la police, foient quelquefois forcés d’encou- rager à ces aétions? & n’eft-ce pas là facrifier l'hon- neur de quelques citoyens mal nés, à la fécurité des autres? Odieux vient du mot latin odum ; les mé- difans font moins infupportables & plus odieux que les fots. IL fe dit des chofes & des perfonnes ; un homme odieux, des procédés odieux , des applica- tions, des comparaïlons odieufes, &cc. ODIN ; OTHEN , o7 VODEN, f. m. (Mychol.) c’eft ainfi que les anciens Celtes qui habitoient les pays du nord, appelloïent le plus grand de leurs dieux , avant que la lumiere de l’évangile eñt été portée dans leur pays. On croit que dans les com mencemens les peuples du feptentrion n’adoroient qu'un feul Dieu, fuprème auteur 8: confervateur de J’univers. Il étroit défendu de le repréfenter fous une forme corporelle, on ne l'adoroit que dans les bois; de ce Dieu fouverain de tout, étoient émanés une infinité de génies où de divinités fubalternes , qui réfidoient dans les élémens, & dans chaque par: tie du monde vifible qu'ils gouvernoient fous l’au- torité du Dieu fuprème, Ils faifoient À lui {eul des facrifices , & croyoient lui plaire, en ne faifant au cun tort aux autres, &t en s'appliquant à être bra- ves & intrepides. Ces peuples croyoient à une vie à venir; là des fupplices cruels atrendoient les mé: chans, & des plaïfirs ineffables étoient réfervés pour les homme juites, religieux 8 vaillans. On croit que ces dogmes avoient été apportés dans le nord par les Scythes. Ils s’y maintinrent pendant plufieurs fiecles : mais enfin ils fe lafferent de.la fimplicité dé cette religion. Environ foixante-dix ans avant l’ere chrétienne, un prince fcythe, appellé Odir, étant venu faire la conquête de leur pays, leur fit pren: dre des idées nouvelles de la divinité, & changea leurs lois, leurs mœurs & leur religion. Il paroïît même que ce prince afatique fut dans la fuite con= fondu avec le Dieu fuprême qu'ils adoroient aupa- .… . 3590 ODI ravant, & à qui ils donnoient auffi le nom d’Odir. En effet ils femblent avoir confondu les attributs d’un guerrier terrible &c fanguinaire &c d'un magi- cien , avec ceux d’un Dieu tout puiflant, créateur & confervateur de|l’univers. On prétend que le vÉ- ritable nom de ce feythe étoit Siyge, fils de Tni- duiphe, & qu'il prit le nom d'Udiz, qui étoit le nom du Dieu fuprême des Scythes, dont il étoit peut être le pontife. Par-là il voulut peut-être fe rendre plus refpettable aux yeux des peuples qu il avoit envie de foumettre à fa puiflance. On con- jedture qué Sigge où Odin quitta la Scythie où les Palus mcotides au tems où Mithridate fut vaincu par Pompée , à caufe de la crainté que cette ViC- toire infpira à tous les alliés du roi de Pont. Ce prêtre conquérant quitta fa patrie ; 1l foumit une partie des peuples de la Rufie; & voulant fe faire un établiflement au feprentrion de l'Europe, il fe rendit maître de la Saxe, de la Weftphalie & de la Franconie, & pat conféquent d'une grande por- tion de l'Allemagne, où l’on prétend que plufeurs ‘maïfons fouveraines défcendent encore de lui. Après avoir affermi fes conquêtes, Odiz marcha vers la Scandinavie par la Cimbrie, le pays de Holftein. I bâtit dans l'ile de Fionie la ville d'Odeniée, qui porte encore fon nom: de-là 1l étendit fes conqué- tes dans tout le nord. Il donna le royaume de Da- nemark à un de fes fils. Le roi de Suede Gulfe fe {oumit volontairement à lui, le regardant comme un dieu. Odin profita de fa fimplicité, &e s'étant emparé de fon royaume, il y exerça un pouvoir abfolu, & comme fouverain, & comme pontife. Non content de toutes ces conquêtes, 1l alla en- core foumeitre la Norwege. Il partagea tous fes royaumes à fes fils, qui étoient, dit-on, au nombre de vingt-huit, & de trente-deux > {elon d’autres, En- fin, après avoir terminé ces exploits , il fentit ap- procher fa fin : alors ayant fait aflembler fes anus, il fe fit neuf grandes bleffures avec une Jance, &c dit qu'il alloit en Scythie prendre place avec les dieux à un feftin érernel, où il recevroit honorable- ment tous ceux qui mourroient les armes à la main. Telle fut la Gn de ce légiflateur étonnant, qui, par fa valeur, fon éloquence & fon enthoufafme , par- int à foumettré tant de nations, & à fe faire ado- rer comme un dieu. Dans la mythologie qui nous a été confervée par Les [flandois, Odin eft appellé Ze dieu terrible & fèvere, le pere du carnage, le dépopulateur , l'incen- diaire, l’agile, le bruyant, celui qui donne la vittoire , qui ranime le couragt dans les combats , qui nomme ceux qui doivent être tués ; &ec. tantôt il eft dit de lui, qu'il vit & gouverne pendant les frecles ; qu'il dirige sous ce qui ef? haut & toutce qui eff bas, ce qui eff grand & ce qui eff petit : il a fait le ciel & l'air 6 l'hom- 1e , qui doit LOUJOUTS vivre ; € avant que le ciel & la serre fuffenc, ce dieu étoit déja avec les géans, &C. Tel étoitle mélange monftruenx de qualités que ces peuples guerriers attribuoient à Odin. Ils pré- téndoient que ce dieu avoit une femme appellée Frigga ou Frée, que l'on croit être la même que la déelle Herrus où Hertha , adorée par des Germains, & qui étoit la terre. Il ne faut point la confondre avec Frey ou Freya, déeffe de l'amour. 7. FRIGGA. De cette femme Odir avoit eu le dieu Thor. Faye Tor. © Selon ces mêmes peuples, Odiz habitoit un pa- Jais célefte appellé Va/halla, où il admettoit à fa table ceux qui étoient morts courageulement dans Les combats. Foyez VALHALLA. Malgré cela, Odir venoit dans les batailles fe joindre à la mélée, & exciter à la gloire les guerriers qui combattoient. Ceux qui alloient à la guerre, failoient vœu de lui envoyer un certain nombre de viétimes. Odin étoit repréfenté une épée à la Main ; le dieu Thor étoit à fa gauche , & Frigga étoit à la gauche de ce dernier. On lui ofroit en facrifice des*che- vaux, des chiens & des faucons; & par la fuite des tems, on lui offrit même des viétimes humaïnes. Le temple le plus fameux du nord étroit celui d'Up- {al en Suede; les peuples de la Scandinavie s’y af- fembloient pour faire faire des facrifices foiémnels tous les neuf ans. On voit encore des traces du culte rendu à Odir par les peuples du nord , le quatriéme jour de la fe- maine, ou le mercredi, appellé encore 07/dag, vonjdog, vodenfdag » le jour d'Odin. Les Anglois l’appellent wednes-day. Voyez l’introdutfion a L’hif= soire de Danemark par M. Mailet, & l’art. ÉDDA des Jflañdois. ODOMANTICA, (Géog. anc.) contrée de la Thrace, dont parle Tite-Live, 4 XL. c. iv. ain aqu’Hérodote & Thucydide. Elle étoir prelque toute àl'orient du Strymon, au nord de la Bifaltie & de l’'Edonide. ( D. J.) ODOMETRE , er Arpentage, eft un inftrument pour méfurer les diftances par le chemin qu'on à fait. On l'appelle auffi pédomerre où compte-pas, 8e roue d’arpenteur, Voyez PÉDOMETRE, 6c. Ce mot vient des deux mots grecs oJoc, chemin, &t puérpor , znefure. | L'avantage de cet infrument confifte en ce qu'il eff d’un ufage fort facile & fort expéditif. Sa conf- truétion eft telle qu’on peut l’attacher à une roue de carroffe. Dans cet état, il fait fon office, & me- fure le chemin, fans canfer aucun embarras. Il y a quelques différences dans la mamére de conffruire cét inftrument. Voici lodomerre qui eft à préfent le plus en ufage, 6 qui paroït le plus commode. Conftruétion de l’odometre, Celui qui eft répréfen- té, Planche de l'arpent. fig. 23. confifte en une roue de deux piés fept pauces & demi de diame- tre, & dont la circonférence elt par conféquent d'environ huir piés trois pouces. À un des bouts de l’axe eft un pignon de trois quarts de pouces de dia- metre, diviié en huit dents, qui viennent quand la roue tourne s’engrener dans les dents d’un autre pi- gnon €, fixé à l'extrémité d’une verge de fer, de maniere que cette verge tourne une fois , pen- dant que la roue fait une révolution. Cette verge qui eft placée le long d’une raimure pratiquée fur le côté de l’afut B de cet inftrument, porte à {on autre bout un trou quatré, dans lequel eft placé. le bout & du petit cylindre P. Ce cylindre eft dif- pofé fous un cadran à l'extrémité de l’affut BP, de telle maniere qu'il peut fe mouvoir autour de ion axe. Son extrémité 4 eft faite en vis fans fin, & s’engrene dans une roue de trente-deux dents, qui lui eft perpendiculaire, Quand Pinftrument eft porté en avant, la rone fait une révolution à chaque fixiéme perche. Sur l’axe de cette roue eft un pi- gnon de fix dents , qui rencontre une autre roue de foixante dents, & lui fait faire un tour fur cent foixante perches ou un demi mille. Cette derniere roue porte un index ou aiguille , qui peut tourner fur la furface du cadran , dont le . Jimbe extérieur eft divilé en cent foixante par- ties répondantes aux cent foixante perches, &c l’ai- guille indique le nombre de perches que l’on a fai- tés. De plus, fur l'axe de cette derniere roue eff un pignon de vingt dents, qui s’engrene dans une troïfième roûe de quarante dents, & lui fait faire un tour fur trois cens vingt perches où un mille. Sur l'axe de cette roue eft un pignon, lequel s’en- grenant dans une autre roue ; Qui a foixante-douze dents , lui fait faire un tour en douze milles. Ceite quatrieme roue porte un autre index, qui répond O D répond aü limbe intérieur du cadrañ, Ce limbe ef divifé en douze parties pour les milles, & chaque mille eft fubdivité en moitiés, en quarts, &c, & fert à marquer les révolutions de l’autre aiguille, ainf qu'à connoître les demi-milles , les milles, € juf qu'à douze milles, que l’on a parcourus. Ufage de l'odometre, La maniere de fe fervir de cet inftrument eft facile à comprendre pat fa conftruc- tion. Il fert à mefurer les diftances dans les cas où l’on eftpreflé , & où l’on ne demande pas une fi _ grande exaétitude. Il eft évident qu’en faifant agir cet inftrument q 8 ; & obfervant les ronrs des aiguilles, on a la longueur de l’efpace qu'on veut mefurer, comme fi on l’ar- pentoit à la chaîne ou à la toife, Chambers. (E )- L'odometre ci-deflus eft celui qui eft deftiné à compter le chemin par les tours de roue d’un car- - roffe où d’une voitute, L'odormetre à compter les pas s’ajufle dans le gouf. fet, où il tient à un cadran qu'on fait pafler au-def- fous du genon, & qui, à chaque pas, fait avancer Paigtulle, Du refte, ces deux odomerres different peu l’un de l’autre. C’eft par le moyen d’un odomerre que Fernel me- fura les degrés de Paris à Amiens ; & malgré la grof- fiereté de ce moyen, il le trouva très-approchant du vrai. Voyez FIGURE DE LA TERRE @ DEGRÉ. M. Meynier préfenta à l'académie des Sciences En 1724 un odomerre qui parut fort bien conftruit, & dans lequel chaque pas & chaque tour de roue donnoït exaétement un pas d’aiguille, & n’en don- poit qu’un : cependant cet odomerre avoit un incon- vémient, c’eft que dans le recul il s’arrêtoit; & re- prenant enfuite fon mouvement, donnoit fur Le ca- dran autant de tours de roue ou de pas de trop en avant qu’on avoit eusen arriere, M. l’abbé Outhier a remédié à cet inconvénient dans un odomerre qu’il a préfenté à l’académie en 1742, & dans lequel l'aiguille recule quand le voyageur recule ; en forte que l’odomvtre décompte de lui-même tous les pas de trop que l’on a fait arriere. Voyez Hifl, acad. 1742, pag. 145, (O) ODONTALGIE , {. f. terme de Médecine € de Chirurgie, douleur de dents. Ce mot eft compofé du grec cd, dent, &t de d'aycc, douleur, Le mal de dents eft, des plus ordinaires & des plus cruels, au point qu'on a vu des gens attenter à leur vie pour s'en délivrer, Les violentes douleurs de dents {ont prelque toujours occañonnées par la carie, qui, mettant le nerf de la dent à déconvert, permet fur ce nerf l’aétion des caufes extérieures qui excitent la douleur. Les auteurs admettent une odorzalgie idiopathique, qui dépend d'une fluxion fur les nerfs & les vafleanx nowriciers de la dent, Mauquert de fa Motte, dans {on traité de chirurgie, aflure avoir délivré des perfonnes qui fouffroient violem- ment de la douleur de dents, en les faifant faigner du bras ; ce qui prouve qu’une fluxion inflamma- toire étoit la caufe formelle de cette douleur. Charles le Pois, dans fon excellent traité de morbis ab iluvie Jerofé, met l’engorgement féreux au nom- bre des caufes de l’odortalgie, & il rapporte un cas qui s’eft paflé fur lui-même, Il prit un remede pur- garif contre une douleur de dents, qui le tourmen- toit depuis plufeurs jours ; 1l vomit une affez grande quantité d'eaux , avec un tel fuccès, qu'il fut plus de dix ans fans être incommodé du même mal. Ona remarqué que les dents arrachées dans le tems de la douleur , avoient leurs vaiffleaux fort engorgés , & le tiflu cellulaire qui les foutient, comme œdé- mateux, On peut faire cette obfervation quand ces vaifleaux fe rompent dans le fond de l’alvéole, & non pas préciiément à l’extrémité des racines de Ja dent dont on fait l’extraétion, | Tome XI, O D 351 . Les éaules externes de la donletir de dents font » lair froid & humide, là trop grande chaleur qui raréfie le fang & les hümeurs ; les intempérances dans le boire & dans le manger, là négligence de fe chaufler tout en fortant du ht, &c, S'il n’y à aucune dent cariée > il faut procéder à la guérifon du malde dents pat les remedes généraux 3 qui confifte à diminuer le volume des humeurs , & à difcuter celles qui font l’engorgément local. Dansles fluxions inflammatoires, la faignée, les boiffons dé: layantes, là diete humedante & rafraichiffant: dé- truiront la caufe de la douleur, La faignée fera moins indiquée que la purgation, fi l'engorgement eft formé par dés fucs pituiteux. Onfaitenfuite ufage extérieus rement des remedes odüntalgiques , qui {ont en très- grand nombre. Voyez ObONTALGIQUE: On peut avoir TECOUTS aux narCOtiques pris intérieurement pour caliner la vive douleur, lorfqu'on à fufifam- ment diminué le volume redondant du fang & des humeurs ; fuivant les diverfes indications. Quoique les dents ne paroiffent pas cariées, il n'eft pas für que la douleur des dents ne foit pas cau- fée par la carie occulie de la partie de la derit qui eft cachée dans l’alvéole. Il eft à propos de frap- per les dents fur leur couronne avec un inftrument d'acier, tel que feroit un poinçon obtus, où autre corps femblable. Ce conta& à fouvent déconvert le mal, par la fenfation douloureufe qu'il a exércée fur une dent faine en apparence, Dans ce cas il faut-faire fans héfiter le facrifice de la dent > pour pouvoir faire ceffer efficacement le mal préfent , ëx en prévenir de plus grands , tels que l’abfcès du finus maxillaire, Voyez ce que nous avons dit de cette maladie, en parlant de celles qui attaquent les gencives à la fuite du mor GENCIVES. Quand la carie des dents eft apparente, fi elle eft difpofée de façon que l’on puifle plomber la dent avéc fuccés, on peut la conferver par cè moyen. Poye PLOMBER. Lorfque cela n’eft pas poñible, les perfonnes timides, qui craignent de s’expofer à la douleur de l’extradtion de la dent ; en laïflent détruire le nerf par le cautere a@tuel, Voyez CAUTERE 6 CAUTÉRISATION. Maïs hors le cas-où le plomb peut conferver la dent , les odon- talgiques ne font que des fecours palliatifs dans lé cas de carie ; & le parti le plus für eft de faire ôter la dent , ‘pour s’épargner les douleurs cruelles, fi fujettes à récidive, pour fe délivrer de la puanteur de la bouche, qui eft caufée par une dent gâtée, & empècher la communication de la carie À d’au- tres dents. La carie eft une fuite aflez ordinaire de leut éro: fion , maladie nouvellement découverte , & dont l'étiologie eft due aux obfervations du feu fieur Bunon, dentifte des enfans de France, & expert reçu à faint Côme, Le féjour des alimens dans le creux de l’érofion, le chaud & le froid alternatif des boiflons, la qualité des liqueurs, &c. alterent l’é- mail, & caufent la carie des dents. Les académiciens curieux de la nature, decad. xj, parlent d’une odontolgie qui fut guérie par un foufs flet que reçut la perfonne fouffrante. Bien des gens font délivrés de [a douleur d'une façon bien plus furprenante : ils ceffent de fentir leur mal, lorf- qu'ils voient le dentifte qui doit leur arracher la dent. (7) ODONTALGIQUE , f. m. & adj. terme de Chi Turgie concernant là matiere médicale externe, remede propre pour calmer la douleur des dents. Ces remedes font en très-grand nombre , & il n'ÿ a prefque perfonne qui n’en vante un dont il aflure l'efficacité. On applique avec fuccès un emplâtreide maftic où de gomme élemi à larégion destempes. L'empl4- Y y 352 O D O tre d’opium a fouvent produit un très-bon effet; de même que le cataplafme de racine de grande con- foude pour réprimer la fluxion. | Quelques-uns appliquent des médicamens dans l'oreille du côté de la douleur. L’huile d'amandes ameres ; ou la vapeur du vinaigre dans lequel on a fait bouillir du pouillot ou de l’origan. Le vinaigre eft recommandé contre les fluxions chaudes ouun- flammatoires : & quand l’engorgement vient d'une caufe froide ou humorale, on coule dans l’oreille du jus d’ail cuitavec de la thériaque , 8 employé chau- dement , ou bien un petit morceau de goufle d'ail cuit fous la cendre, & introduit dans l'oreille en for- me de tente. | Il n’y a forte de cataplafmes aftringens,émolliens, réfolutifs , difcuffifs, dont on ne trouve des formu- les pour appliquer fur la machoire êc la joue, con- tre les fluxions qu’occafionne la douleur des dents. On confeille aufli des gargarifmes, avec des noix de galles cuites dans le vinaigre ; avec du vinaigre dans lequelon a éteint des cailloux rouflis au feu ; de la décoétion de verveine , de la décoëtion degayac dans l’eau oule vin, en y ajoutant un peu de fel. D’au- tres font mâcher de la racine de pyrethre pour faire dégorger les glandes falivaires ; la racine de calamus aromaticus a produit fouvent de très-bons effets : mais c’eft fur/tout les remedes qu’on applique fur la dent , dans le creux que forme la carie , quiméritent eflentiellement le nom d’odorsalgiques. L'huile de gayac, celles de buis, de gerofle, de camphre , de canelle, portées dans le creux de la dent avec un peu de coton, deflechent la carie, empêchent fes progrès, & brûlentle nerf. C’eftun préparatif à l'o- pération de plomber une dent. Si la douleur efttrès- violente, le coton trempé dans les gouttes anody- nes, calme puiffamment : on peut même introduire avec fuccès dans la dent deux ou trois grains d’o- pium. Mais l’extraétion de la dent eft le moyen le plus sûr, comme nous l’avons dit à l’article Opox- TALGIE, Les perfonnes du peuple mettent dans le creux d’une dent cariée un morceau d’encens : ce remede pourrit la dent & la fait tomber par parcelles ; mais on a remarqué que cela étoit dangereux pour les dents vôifines. Les autres parlent d’un trochifque fait avec le laitde tithymale, l’encens en poudre &t tem- peré d’amidon, pour procurer la chute fpontanée de la dent. L’adrefle de nos dentiftes doit faire préferer leurs fecours , tout douloureux qu'ils font, à des re- medes incertains , qui ont tant d'inconveniens d’ail- leurs. (7) sel ODONTOIDE, odbvroudès, ex Anatomie, apo- phyfe dans le milieu de la feconde vertebre , à la- quelle on a donné ce nom par rapport à la reflem- blance qu’elle a avec une dent. Voyez PYRÉNOIDE € VERTEBRE, | Ce mot eft formé du grec ods, dent, &t de cidves, forme. Sa furface eft un peuinégale , afin que le liga- ment qui en fort & qui la lie avec l’occiput, s'y at- tache mieux. Elle eft auffi environnée par un ligament folide & rond , fait d’une maniere induftrieufe,. pour empé- cher que la moëlle de l’épine ne foir comprimée par cette apophyfe. (L) L ODONTOIDES P1ERRES , ( Æiff. nat, ) nom gé- nérique donné par quelques auteurs aux pierres qui refemblent à des dents, Foyez GLOSSOPETRES. ODONTOLOGIE , f, f, partie de l’Anatomie qui traite des dents ,. ce mot eft compofé des deux grecs oJ'os , dent, &Aoyos, traités (£) En. ODONTOPETRES , ( Æff. nat. ) nom donné par quelques naturaliftes aux dents de porflons que l'on appelle communément gloffepetres ou langues de Jerpenr ; on les appelle-auffi Eufonites | crapaudines ; ichiyodontes, chelonite , &c. 2 a . ODONTOTECHNIE , f. f. serme de Chirurgie , dérivé du mot grecod os, dent, & réyrn, art , ce qui fignifie à proprement parler l’art du dentifle en géne- ral : quelques-uns entendent particulieremient par ce terme, la partie de l’art du denuifte qui a pour objet Jes dents artificielles, | La perte des dents à l’occafon d’un coup, d’une chute, .ou de leur extraétion indiquée par la carie dont elles étoient gâtées , défigure la bouche, nuit à la maflication &z à la prononciation L’art a desref- fources efficaces pour réparer cetteperte. Les dents qu’on emploie ne font pas toujours ar- tificielles ; on peut faire porter dans l’alvéole une dent naturelle femblable en dimenfion & de la même efpéce que celle qu’on a perdue. Les dentiftes ont à cet effet beaucoup de dents tirées des mâchoires des perfonnes mortes, qui avoient les dents fort faines. Pour placer une dent naturelle , il faut le faire im- médiatement après l’extra@ion de la mauvaife ; & on l’aflujettit pendant quelque tems aux dents voi- fines avec des liens de foie cirés, owavec des fils d’or. On monte quelquefois une dent artificielle à vis fur la racine qui remplit l’alvéole, lorfque la couronne feule étoit cariée, & qu’on a cru pouvoir fe contenter de la fcier fans faire l’extraétion de fa racine. La matiere dont on forme les dents artifi- cielles, eft la dent d’hippopotame ; elle eft bien pré- férable à l’ivoire dont on fe fervoit anciennement , & qui n’eft m1 fi dure, n1 fi blanche que la dent de cheval marin, 8 qui jaunit très-promptement. On en fait des rateliers completsd’une feule piece, lorf- que toutes les dents manquent ; (voyez RATELIER). Guillemeau donne larecette d’une compofñtion pour fairedes dents artificielles ; (voyez ltome IF. de l'En- cyclopédie 4 l’article DE NT, pag. 840 ). Cette pâte fervira plus utilement à remplir une dentcariée, # afin d'empêcher , fuivant l’expreffion de l’auteur , » qu'ilnetombe & fe cache quelque viande en man- » geant , qui la pourrit davantage, & excite fouvent » grande douleur ». Au défaut d’artifte capable de bien plomber une dent , on pourroit fe fervir de cette compoftion , après {es précautions que nous avons indiquées à l'arricle ODONTALGIQUE, & que nous expoferons à l’article PLOMBER.(Y) ODORANT , PRINCIPE, ( Chimie | Pharmac, & Mat, médic. ) partie odorante , principe ou partie aromatique, parfum, odeur, gas, efprit reéteur ; es, efprit , mercure. Les Chimiftes ont défigné fous tous ces noms un principe particulier dont un grand nombre de plan- tes & un très- petit nombre de fubftances animales font pourvues , qui eft l’objet propre du fens de l’o- dorat , ou le principe matériel du fens de cette fen- fation. Foyez ODORAT , Phyfcologie, | Le principe aromatique des végétaux réfide ou dans une huile eflentielle , dont quelques fubftances végétales font pourvues ( voyez HUILE ESSENTIEL- LE ) ; ou il adhere au parenchyme de quelques au- trés quine contiennent point d'huile eflentielle ; ou même 1l eft logé chez ces derniers dans de petits re- fervoirs infenfbles. Il peut fort bien être encore que les plantes qui ont de l’huile effentielle , contiennent leur principe aromatique de ces deux manieres. Les baumes &r les racines n'étant autre chofe que deshuileseflentielles , plusou moins épaifes,, quife {ont féparées d’elles-mêmes de certains végétaux, il eft évident qu’elles. ne méritent aucune confidéra=" tion particulière , par rapport à leur principe aro- HatiQUEs. te à Lao | Pis SET Le petit nombre de fubftances animales aromati- ques ; le mufc, la civerte, le caftor ,fontaufliexac= ei sou fement analogues à cet égard aux baumes éc'aux réfines , 8 par conféquent aux huiles effentielles. _ L'union naturelle du principe aromatique & de huile effentielle eft bien évidente , pufqu'urie pa- reille huile retirée fans la moindre altération d’un vé- gétal; par exemple, l’huile retirée de Pécorce de ci- tron en en exprimant des zefts, eft abondamment chargée de ce principe, & qu’elle peut enfuire les perdre abfolument étant gardée à l’air ibre, ou dans un vaifleau négligemment fermé. Quant à la partie odorante des plantes qui ne con- tiennent point d'huile effentielle , tout ce qu'on fait de fa façon d’être dans les plantes, c’eft qu’elle adhe- re aflez à leur fubitance , pour que la defliccation ne le diffipe pas entierement ; quoïqu'il doit vrai que les plantes aromatiques qui ne contiennent point d’huile effentielle , telles que les muguets , les jacintes ; le jafmin,, Gc. perdent infiniment plus de leur odeur par la defficcation, que celles qui contiennent de Phuile eflentielle. - Ce principe eft le plus mobile de tous cenx que zenferment Îles plantes. Il doit être regardé comme étranger à leurtexture & même à leurs fucs propres oufondamentaux ( voyez VÉGÉTAL ), & comme étant répandu à leur furface & dans leurs pores, comme adhérent à ces parties en les mouillant, ou tout au plus comme étant dépofé dans de petits re- fervoirs particuliers , foit feul & pur , foit mêlé à de l’huile effentielle. I n’eft pas permis de croire que ce principe nage dans l’eau de'la végétation, puit- qu'il eft plus volatil que ce dernier principe, qu’on peut néanmoins difiper tout entier par la deflicca- tion , fans que la meilleure partie du principe aro- matique foit diffipée en même rems. Ce fait eft très- fenfble, par exemple. dansles feuilles de menthe, qui Crant bien feches , contiennent encore une quan- tité confidérable de principes aromatiques. Le principe aromatique ef fi fubtil & fi léger , fi peu corporel, s’ileft permis de s'exprimer ainf, qu'il n'eft pas poffñble de le déterminer par le poids ni par mefure ; car, felon l’expérience de Boerhaave, une eau diftillée très-chargeée de parfum , qui ayant été expofée à l’air, a perdu abfolument toute odeur, n'a pas diminué fenfiblement de poids ni de volume. ‘Il eft cependant évident que le principe aromati- que eft un êtrecompolé, puifqu'il y en a autant d’ef- peces diflinétes |; qu'il y a de fubftances odorarites : or ces divers principes odorans ne peuvent être fpé- ciñés que par des diverfités dans leurs mixtions. Quant à l’effence propre à la conftitution intérieu- re ou chimique du principe aromatique , elle eft en- core abfolument inconnue ; mais malgré l'extrème. {ubtilité de ce principe , qui le dérobe aux fens & aux inftrumens chimiques , on peut cependant avancer, d’après le petit nombre de notions que nous avons fur cet objet, que la connoïiffance intime de fa com- pofñtion n’eft pas une découverte au-deffus de Part. Il femble qu’on ne doit pas confondre avec le principe aromatique une certaine vapeur qui s’exha- le de prefque toutes les fubftances végétales & ani- males appellées 2zodores , & qui eft pourtant capable de faire reconnoître ces fubftances par l’odorat ; car quoiqu’on peut foutenir avec quelque vraiflemblan- ce.qu’elles ne different à cet égard desfubftances aro: matiques que par le plus où Île moins , cependant comme l'odeur de ces fubftances eft prefque com- mune à de grandes divifions ; par exemple, à toutes les herbes , à toutes les chairs, à tousleslaits, &c. ileft plus vraiflemblable que ce principe mobile n’eft qu'une foible émanation de toute leur fubftance , & non point un principe particulier. On peut afluter la même chofe avec encore plus de vraiffemblance du foufre commun, du cuivre &c du plomb, qui ont Tome XL, | O D O 353 chacun une odeur propre très-forte. L'odeur de la tranfpiration des divers animaux, & même des di- vers individus de la même efgece , paroît être auff un être fort diftinét du principe qui fait le fujet de cet article. La partie odorante a été regardée par les pharma- cologiites , comme le principe le plus précieux des plantes qui en étoient pourvues. Boerhaave a {ur- tolt poufté fi loin fes prétentions à cet égard , qu’il reparde tous les autres principes des plantes aroma- tiques commeabfolument dépouillés de vertus. Voici comme 1l s’en exprime : gain ertam [cire refert homi- Au induffriamn deprehendife senui huic fhirpium vapori debert ffupendos effetlus quos incorpore hominis excitant COrCrÈLA Vegetariti tam evacuundo quan mutando : guoniam eo folo de medicamentis venenifque penitus fe- parato fine ull& ferè ponderis jaëturé caret omni illa effc- caci4, Cette prétention eft certainement outrée , fur- tout fi on veut [a généralifer ; car certainement il y a plufeurs fubftances aromatiques quiexercent d’ail- leurs des effets médicamenteux très-manmifeftes par des principes fixes. Il-eft cependant vrai en général que le principe aromatique doit être ménagé dans la préparation des médicamens odorans , comme un agent médicamenteux très-efficace : auf eft-ceune loi conffante de manuel pharmaceutique, de ne fou- mettre aucune fubftance aromatique à un degré de feu capable de diffiper Le principe odorar;or ledegré de l’eau bouillante, & même celui du bain - marie étant plus que fuffifant , pour diffiper ce principe, on ne doit point traiter les fubftances aromatiques par la décoëtion, ni même par la chaleur du bain- marie très-chaude dans les vaifleaux ouverts , & lorfque la décoétion eff d’ailleurs néceflaire pour re- tirer en même tems d’autres principes de la même fubftance ; 1l faut faire cette décoétion dans un ap- pareil convenable de difillation | & réunir le prin- cipe aromatique quis’eft élevé 8 qu’on a retenu , & la décottion refroidie: Onen ufe ainf dans la prépa- ration de certains firops ( voyez Sirop. ) Si l’on eft cbligé de faire efluyer la chaleur d’un bain-marie tres-chaud à une liqueur chargée de principes aroma- tiques ; comme par exemple, pour la difpofer à dif- foudre une très-grande quantité de fucre , on doit hu faire efluyer cette chaleur dans un vaifleau exac- tement fermé. On trouvera encore des exemples de cettemanœuvre à l’arsicle Sirop. Ilne faut pas imaginer cependant que toutes les fubftances aromatiques foient abfolument dépouil- lées de leur partie odorante par une déco&tion même très-longue , comme beaucoup de chimiftes & de médecins le penfent , fur la foi de Boërhaave & de la théorie. Ileftsûr au contraire que la plüpart des fubftances qui ontbeancoup d’odeur, telles que pret- que tous les aromates exotiques , laracine de benoi- te, celle d’iris de Florence, &-même quelques fleurs, comme les fleurs d'orange , les œillets, confervent béaucoup d’odeur après de longues décoéions : mais malgré cette obfervation , il eft toujours très-bon de s’en tenir à La loi générale. L’excès de circonf- petion n’eft point blämable dans ce cas. Le princi- pe aromatique réfidant dans un véhicule que lon doit regarder comme fans vertu, c’eft-à-dire, dans de l’eau, étant aufli concentrée qu'il eft poffible dans ce véhicule , enun mot, réduit fous la forme d’eau diftillée très-chargée (voyez EAU DISTILLÉE ), & qui peut être regardé dans cet état comme pur, rela- tivement à fes effets fur le corps humain ; ce princi- pe > dis-je, a une faveur générique vive, aétive, 1r- ritante, qui le rend propre à exercer la vertu cor- diale ; ftomachique ; fortifiante , nervine,, fudorif- que : c’eft principalement pour ces vertus connues qu'onordonneles différentes eaux diftillées aromati- ques ; mais outre cela, quelques-uns de ces prinçi= Ty 354 O D O pes aromatiques ont des qualités particulieres & diflinétes, manifeftées par les fens on par l’obferva- tion médicinale. L’amertume finguliere de l’eau de fleurs d'orange , & la faveur piquante de l’eau de chardon-béni des parifiens , font très-fenfibles ; par exemple , l’eau diftillée de laurier-ceriie eft un por- {on ; L'eau rofe éft purgative; l’eau diftillée de rue eft hyflérique; celle de mente éminemment ftomachi- que , &c. Boherhaave qui, en établiflant la diffe- rence fpécifique des eaux aromatiques, a dit du prin- cipe aromatique de la lavande, &t de celui de la me- life , que chacun avoit , outre leurs propriétés com- munes, sim adhuc penis fingularem, a , ce me fem- ble, mal choifi fes exemples. Nous rapporterons dans les articles particuliers les qualités médicina- les propres de chaque fubftance aromatique ufuelle, (6) ODORANTE , fubflance , ( Chimie. ) fubftance ou matiere aromatique. Les Chimiftes appellent ainfi toutes les fubftances qui contiennent un principe particulier qu'ils appellent aromatique, odorant, sfprit recleur , &c. Voyez ODORANT PRINCIPE. C’eft principalement dans le regne végétal qu’on trouve ces fubftances odorantes. Il n’y a aucune par- tie des végétaux qui foit exclue de l’ordre des fubf- tances aromatiques. On trouve des fleurs, des cali- ces , des feuilles, des écorces , des bois, des racines, &c. qui font chargés de parfums : ice principe eft quelquefois répandu dans toutes les parties d’une plante, par exemple, dans l’oranger ; quelquefois ii eftpropre une partie feulement, comme aux fleurs dans le rofer, à la racine dans l'iris, &c. Le petit nombre de fubftances animales aromatiques que nous connoïflons, font des humeurs particulieres dépofées dans des refervoirs particuliers ; tels font le mufc, la civette, le caftor, 6c. car il ne faut pas compter tous les animaux vivans parmi les fubftances aroma- tiques , quoique Ja plüpart ontjune odeur particu- liere , quelquefois même très-forte , comme le bouc. Voyez l'article ODORANT PRINCIPE. On ne comprend pas non plus dans la claffe des fubftances odorantes certaines matieres minérales qui ont une odeur propre, telles que le foufre , le cuivre , Gr. Voyez encore article ODORANT PRIN- CIPE, (0) | | ODORANTES, pierres ( Hiff. nat.) nom généri- que des pierres à qui la nature a fait prendre de l'o- deur fans le fecours de l'art ; telles {ont les yo/ies , les picrres puantes , le lapis furllus , le Lapis felinus. Voyez ces différens articles, Ces odeurs {ont purement accidentelles à la pierre, elles ne tiennent point de fa combinaifon, mais des matieres qui les accompa- nent , telles que les bitumes , certaines plantes, les débris des animaux qui ont été enfevelis dans le {ein de la terte, &c. Voyez PIERRES. ( —) ODORAT, f. m. (Phyjiolog. ) olfattus , fens def- tiné par la nattire pour recevoir & difcerner les odeurs. L’oZorar cependant paroït moins un fens par- ticulier qu'une partie on unfupplément de celui du goût, dont il eft comme la fentinelle : c’eft le goût des odeurs & l’avant-goût des faveurs. L’organe de cette fenfation eft la membrane qui revêt le nez, & qui fe trouve êtreune continuation de celle quitapifle le-gofier, la bouche, l'œfophage & l’eftomac : la différence des. fenfations de ces par- ties eft à: peu-près comme leurs diftances du cerveau; je veux dire que l’odorar ne differe pas plus du goût . que le goût de la faim &c de la foif : la bouche a une ienfation plus fine que l'œfophage ; le nez l’a encore plus fine que la bouche , parce qu'il eft plus près de Porigine du fentiments; que tous les filet$de fes nerfs, de leurs mamelons font déliés, remplis d’efprits ; au dieu que ceux. qui s’éloignent de cette fource de- viennent par la loi commune des nerfs plus folides, & leurs mamelons dégénerent, pour ainf parler, en excroiflances , relativement aux autres mamelons. Tout lemonde fait que l’intérieur du nez eff l’or- gane de l’odorat , mais peu de gens favent l’artifice avec lequel cet intérieur eft conftruit pour recevoir cette fenfation ; & il manque encore aux plus habi- les bien des connoïfances fur cet artifice merveil- leux. Nous n’envifagerons ici que ce qui eft nécef- faire à l'intelligence de cette fenfation. Méchanifine de l'organe de l’odorat, Immédiatement après l'ouverture des narines, qui eft aflez étroite, l'intérieur du nez forme deux cavités toujours fépa- rées parune cloifon; ces cavités s’élargiffent enfuite, fe réuniffent finalement en une feule qui va jufqu’au fond du gofer , par où elles communiquent avec la bouche... | Toute cette cavité eft tapiflée de la membrane pituitaire, ainfi nommée par les anciens, à caufe de la pituite qui en découle. Nous ne favons rien autre chofe de cette membrane, finon qu’elle eft fpon- gieufe , & que fa furface offre un velonté très-ras. Le tiflu fpongieux eft fait d’un lacis de vaifieaux,de nerfs , & d’une grande quantité de glandes : le ve- louté eft compofé de petits mamelons nerveux qui font l'organe de l’odorar & des extrémités de vaif- feaux d’où découle la pituite &z la mucofité du nez: ces liqueurs tiennent les mamelons nerveux dans la foupleffe néceffaire à leur fonétion; & elles font en- core aidées dans cet office par les larmes que le ca-. nal lacrymal charrie dans le nez. Le nerf olfatif, qui ett la premiere paire des nerfs qui fortent du crâne , fe jette dans la membrane pi- tuitaire, On nommoit le nerf olfa@hif apophyfe mam- miforme avant Piccolomini ; fes filets font en grand nombre, & ils y paroiflent plus mous & plus décou- verts qu’en aucun autre organe. Cette ftruéture es nerfs de l’odorat , qui dépend de leur grande proxi- ximité du cerveau , contribue fans doute à les ren- dre plus propres à recevoir l’impreflion de ces odeurs. La grande multiplicité des filets du nerf olfaétoire eft ce qui produit la grande quantité de glande de la membrane pituitaire , car ces glandes ne font que celles des extrémités nerveufes épänouies au-deffous des mamelons. | Outre le nerf olfaétoire , il entre dans le nez une branche du nerf ophtalmique , c’eft-à-dire d’un des nerfs de l'œil. C’eft la communication de ce petit nerf avec celui de lodorar qui elt caufe qu’on pleure quand on a reçu de fortes odeurs, Le velouté de la membrane pituitaire eff tout pro- pre à s’imbiber des vapeurs odorantes ; mais 1l y à encore un autre artifice pour arrêter ces vapeurs fur leur organe. L'intérieur du nez eft garni de chaque côté de deux efpeces de-cornets doubles : ces cornets s’avancent très-loin dans cette cavité, en embar- raffent le paflage , & obligent par-là les vapeurs à fe répandre & à féjourner un certain rems dans leur contour. Cette ftruéture fait que ces vapeurs agiffent plus long-tems , plus fortement fur une grande éten- due de la membrane, & par conféquent la fenfation en eft plus parfaite. Aufh voit-on que les chiens de chaffe êc les autres animaux qui excellent par lodo- rat, ont ces cornets du nez beaucoup plus confidé- rables que ceux de l’homme. Ces mêmes cornets, en arrêtant un peu l’air qu’on refpire par le nez , en adouciffent la dureté dans Phi- ver : c’eff ce bon office qu'ils rendent aux poumons qui expofe la membrane pituitaire à ces engorge- mens nommés ezchifrenemens de la membrane fchner- dérienne , qui ferment le paflage à l’air, parce que les parois devenues plus épaifles fe touchent immédia- tement : ce qui prouve que quoique la cavité du nez foit très-srande, le labyrinthe que la nature ya conf- truitpouty favourer Les odeurs, y laïffe peu d’efpace vuide. Méchanifme des odeurs , objet de l’odorat, Les va- peurs odorantes qui font l’objet de l’odorar, font , en fait de fluides, ce que les faveurs font parmi les li- queurs & les fucs ; mais les vapeurs odorantes, dont la nature nous eft inconnue, doivent être très-vo- latiles, & la quantité prodigieufe de ces fluides vo- latiles qui s’exhalent fans ceffe d’un corps odorant fans diminuer fenfiblement fon poids , prouve une divifion de lamatiere qui étonne l'imagination. Cette partie des végétaux , des animaux ou des fofliles qui réfide dans leurs efprits, dans leurs huiles, dans leurs fels, dans leurs favons, pourvu qu’elle foit affez divifée pour pouvoir volriger dans l'air, eft lobjet de l’odorar. Parmi Les minéraux, le foufre allumé a le plus d’odeur , enfuite des fels de nature oppofée dans late même de leur effervefcence , comme les mé- taux dans célui de leur érofion. Quelle odeur péné- trante n’ont point les fels alkalis volatils des corps animés durant la vie, des particules odoran- tes que le chien diflingue mieux que l'homme? du fein de la putréfaétion quelle odeur fénide ne s’é- leve-t-1l pas ? Les corps putréfiés donnent une odeur défagréable, malgré ce que Plutarque dit du corps d'Alexandre le grand, & ce que le bon Camérarius dit d’une jeune fille. La plüpart des végétaux ont de l’odeur , & dans certaines clafles ils ont prefque tous une bonne odeur. Les fucs acides , fimples ou fermentés , en ont de pareilles , enfuite la putréfac- tion alkaline d’un petit nombre de plantes n’en man- que pas. Le feu & le broyement , qui n’eft qu’une ef- pece de feu plus doux, tire des odeurs du regne ant- mal & végétal. La Chimie nous fournit fur ce fujet quantité de faits curieux. On fait par une fuite d’ex- périénces , que cette matiere fubtile qu’on nomme _ efpris, & qui eft contenue dans l'huile , eft la princi- pale chofe qui excite le fentiment de l’odeur. En ef fet, fi l’on fépare des corps odoriférans tout lefprit “qu'ils contiennent , ils n’ont prefque plus d’odeur; &c aucontraire les matieres quine font pointodoriféran- tes le deviennent lorfqu’on leur communique quel- ques particules de ce même efprit. Boyle a écrit un traité curieux fur Pémanation des corpufcules qui forment les odeurs : celle du roma- tin fait reconnoitre les terres d'Efpagne à 40 nulles, fuivant Bartholin , à quelques milles, fuivant la vé- rité, Diodore de Sicile dit à-peu-près la même chofe de l'Arabie, que Bartholin de l’Efpagne, Un chien qui a bon nez reconnoit au bout de fix heures la trace d’un animal ou de fon maitre; de forte qu’il s'arrête où les particules odoriférantes le lui con- {eillent. Je fupprime ici quantité d’obfervations fem- blables ; je ne dois pas cependant oublier de remar- quer que l'odeur de plufñeurs corps odoriférans fe manifefte ou s’accroit par le mouvement & par la chaleur : le broyement donne de l'odeur à tous les corps durs qui n’en ont point , ou augmente celle qu'ils ont ; c’eft ce qu’on a tant de fois éprouvé fur le fuccin, fur l’aloës. Il eft des bois qui prennent de l’odeur dans les mains du tourneur. - Cette odeur des corps odoriférans augmente auff quand-on en mêle plufeurs enfemble, ou quand on mêle des fels avec des corps huileux odoriférans. Le {el ammoniac & le fel alkali, l’un & l’autre fans odeur , mêlés enfemble , en ont une très-forte. Un srain de fel fixe donne un goût brülant & nulle odeur , à-moins qu'il ne rencontre une falive acide & quiaide l’alkah à Le dégager. L’efprit de fel, l'huile de vitriol dulcifiés , ont une odeur fort agréable, différente de celle de alcohol & d’une liqueur acide. L’eau de mélilot, qui eft prefque inodorante , aug- mente beaucoup les odeurs des corps qui en ont. O D O 355 L’odeur de l'ambre lorfqu'l eft feul , eft peu de chofe , mais elle s’exhale par le mélange d’un peu de mufc. C’eft dans ce mélange de divers corps que con- fiftent les parfums, hors de mode aujourd’hui, & fi goûtés des anciens , qu'ils les employoient à table ; dans les funérailles, & fur les tombeaux pour hono- rer la mémoire des morts. Antoine recommande de répandre fur fes cendres des herbes odoriférantes , &t de mêler des baumes à l’agréable odeur dés rofes. Sparge mero cineres , & odoro perlue nardo Hofpes , © adde rofis balfama puniceis. Maniere dont fe fair l’odorat. Le véhicule général des corpufcules odorans , eft l’air où ces corpufcules font répandus ; mais ce n’eft pas aflez que l’air foit rempli des particules odorantes des corps, 1l faut qu’il les apporte dans les cavités du nez, & c’eft ce qui eftexécuté par le mouvement de la refpiration, qui oblige fans cefle l’air à pafler & repañfer par ces cavités pour entrer dans les poumons où pour en fortir. C’eft pourquoi ceux qui ont le pañlage du nez fermé par l’enchifrenement & qui font obligés de refpirer par la bouche, perdent en même tems l’odo- rat, M. de la Hire le fils a vu un homme qui s’em- pêchoit de fentir les mauvaifes odeurs en remontant: {a luette , en forte qu’elle bouchoit la communica- tion du nez à la bouche, & il refpiroit par cette derniere voie. On peut croire que les odeurs ne laïffent pas pour cela de venir toujours frapper le nez , où eft le fièse du fentiment ; mais comme on ne refpire pot alors par le nez, elles ne font point attirées par la refpiration , & ont trop peu de force pour fe faire fentir. Ce même paflage de l’air dans les cavités du nez ,: fert quelquefois à nettoyer ces cavités de ce qui les embarrafle , comme lorfqu’on y pouffe l’air des pou- mous avec violence, foit qu’on veuille fe moucher, foit que l’on éternue , après quoi l’odoret fe fait beau- coup mieux. Un animal qui refpire par la trachée- artere coupée , ne fent point du tout les odeurs les plus fortes : c’eft une expérience de Lower. On fait que quand l’air fort du poumon par Îes narines, on a beau préfenter au nez un corps odoriférant , il ne fait aucune impreffion fur l’odorat. Lorfqu’on retient fon haleine, on ne fent aufhi prefque point les odeurs; il faut pour les fentir les attirer avec l’air par les na- rines. Varolius l’a fort bien remarqué, tandis que Cafférius l’a nié mal-à propos : caf plus l’infpiration eft forte & fréquente , plus l’odorat eft exquis. Il faut cependant avouer , & c’eft peut-être ce qui a jetté Caflérius dans l'erreur ; 1l faut , dis-je, avouer qu’on ne laifle pas de fentir dans l’expiration, La fenfation n’eft pas entierement abolie , ainf qu’elle l’eft lorf- .que la refpiration eft abfolument retenue : elle eft feulement très-foible ; la raifon de ce fait eft que toutes les particules odorantes n'ayant pü être réu- nies & ramafñlées dans le tems que l’air pale dans la cavité du nez pendant l’infpiration, il refte encore dans l’air quelques particules odorantes quirepañlent dans l’expiration , qui ne peuvent produire qu’une legere fenfation. L’odorat fe fait donc quand les particules odorifé- rantes. contenues dans l'air font attirées avec une certaine force dans l’infpiration par les narines : alors elles vont frapper vivement les petites fibres olfac- tives que Le nez par fa figure, & les offelets par leur pofition , leur préfentent ; c’eft de cette impreffion, communiquée enfuite au /éz/orium commune , que ré- fultent les différentes odeurs d’acide, d’alkali, d’a- romatique, de pourri, de vineux , &t autres dont Îa combinaifon eft infinie. Explication des phénomenes de Podorar. On peut ‘comprendre, pat les principes que nous venons d’é- : “tabhr , les phénomences fuivans : 1°. L’afinité qui fe trouve entre les corps odori- “férans êc les corps favoureux , ou entre les objets du goût & de l’odorar, L’odorar n’éft fouvent que la- vant goût des faveurs , la membrane qu tapifle le nez étant une continuation de celle qui tapifle le “palais : de-là naît une grande liaifon entre ces deux organes. Les'narines ont leurs nerfs très-déliés & dé- couverts ; la langue a un réfeau épais & pulpeux; ainf l’oderat doit être frappé avant le goût, Mais il y a quelque chofe de plus : lés corpufcules qui-font “les odeurs , retiennent fouvent quelque chofe de la “nature des corps dont ils {ortent : en voici-des “preuves. | 1%. Les corpufcules qui s’exhalent de l’abfynthe “font fur la langue les mêmes impreflions que l’abfyn- the même. Boyle dit la même chofe du fuccin dif- “fout dans-l’efprit-de-vin. 2°. Le même auteur ajoute -qu'un de fes amis ayant fait piler de l’hellébore noïr dans un mortier , tous ceux qui fe trouverent dans ‘la chambre furent purgés. Sennert aflure la même --chofe au fujet de la coloquinte. 3°. Quand on diftille -des matieres fomniferes , on tombe {ouvent dans un “profond fommeil. 4°. On prétend que quelques per- “{onnes ont prolongé quelque tems leur vie par l’o- -deur de certaines matieres. Le chancelier Bacon rap- orte qu’un homme vécut quatre jours foutenu par -l’odeur feule de quelques herbes mêlées avec de Pail & des oignons. Tous ces faits jufifient qu'il fe trouve “une grande laifon entre les odeurs &-les faveurs de “beaucoup de corps, parce qu'ils produifent les mé- : mes-effets à ces deux égards. _ Puifqu’il regne tant d’affinité entre les odeurs & le goût, d’où vient que des odeurs defagréables, com- me celles de l'ail, des choux, du fromage, & de rplufieunrs autres chofes corrompues , ne choquent -point quand elles font dans des alimens dont le goût -plaît ? c’eft parce qu'on s’y eft habitué de bonne ‘heure fans accident, & fans que la fanté en aït fout- fert. Ceux qui fe font efforcés à goûter, à fentir des -chofes qui les révoltoient d’abord, viennent à les -fouffrir & finalement à les aimer. Il arrive aufli quel- -quefois que les averfons & les inclinations qu'on a pour les odeurs & les faveurs , ne font pas toujours fondées fur des utilités & des contrariétés bien effec- ‘tives , parce que les idées qu’on a de Pagréable ou du défagréable , peuvent avoir été formées par des -jugemens précipités que l’ame réforme à la fin par des réflexions philofophiques. 2°, Pourquoi ne fent-on point les odeurs quand on eft enrhumé ? parce que l’humeur épaïffe qui eft {ur la membranepituitaire arrête les corpufcules odo- _-æiférans qui viennent du dehors, & leur bouche les «paffages par où ils peuvent arriver jufqu’aux nerfs _olfaétifs & les apiter. 3°. Pourquoi les odeurs rendent-elles fouvent la “vie dans un inftant, & fortifient-elles quelquefois -d’une façon finguliere ? Par exemple, il n’eft rien : de plus puiffant dans certains cas que Pefprit volatil du fel armoniac préparé avec de la chaux vive : cela vient de ce que les parties des corps odoriférans , en ragitant les nerfs olfadtifs, agitent ceux qui commu ‘niquent avec eux & y portent le fuc nerveux; d’ail- ‘leurs elles entrent peut-être dans les vaifleaux fan- _guins fur lefquels elles agiflent, & dans lefquels par . conféquent elles font couler les liqueurs rapidement. ‘Toutes ces caufes nous font revenir des fyncopes , ‘ .. puifqu'elles ne confiftent que dans une ceffation de mouvement. Enfin,l y a un rapport inconnu entre le principe vital & les corps odorans, 4°, Mais d’où vient donc que les odeurs caufent quelquefois des maladies, la mort, & prefque tous les effets des médicamens êc des poifons ? ç’eft lorf- O DO que l’agitation produite par les corps odoriférans eft trop violente : alors elle pourra porter les convul- fions dans les parties dont les ineffs communiquent avec ceux du nez; ces convulfons pourront donner des maladies, & finalement la mort. La puanteur des cadavres a quelquefois caufé des fievres mali- gnes. Méad parle d’une eau qui fortit d’un cadavre, dont le feul attouchement , tant elle étoit corrofive, excitoit des ulceres. On prépare des poifons fi fub- tils , que leur odeur fait mourir ceux qui Les infpi- rent : l'Hiftoire n’en fournit que trop d’exemples. On connoît le danger du foufre allumé dans des endroits privés d’air ; les vapeurs mortelles de cer- taines cavernes fouterreines, celles du foin échaufte dans des granges fermées; les vapeurs du vin & li- queurs qui fermentent : cependant dans tous ces cas il-y a une autre caufe nuufible que celle des odeurs, c’eft qu’on eft fuffoqué par la perte du reflort de Pair qu’on refpire ; car l'air plus léger qu'il ne doit être, ou privé de fon élafticité, tue par Pempêchement même de la refpiration. | | Enfin, des odeurs produiront les effets des médi- camens, quand elles retiendront quelque chofe de la nature des corps dont elles fortent, qui fe trou- vent être purgatifs ou vomitifs ; c’eft pourquoi l’o- deur des pilules cochiées purgeoit un homme dont parle Fallepe, Dans Schneider &r Boyle, on lit di- vers-exemples femblables. Plufieurs purgatifs n’a giffent que par leur efprit reéteur., felon Pechhin, un des hommes qui a le mieux écrit fur cette matiere. Or de quelle volatilité, de quelle fubrilité n’eft point cét efprit recteur, puifque le verre d’antimoine com- munique au vin une vertu émétique fans perdre de fon poids ? | 5°. Pour quelle raïfon la même-odeur du même corps odoriférant produit-elle des effets oppofés en différentes perfonnes ? Guy-Patin parle d’un méde- cin célebre que l’odeur agréable des rofes jettoit en: foibleffe. On ne voit en effet que des fenfations dif. férentes en fait d’odeurs : c’eft que chacun a fa dif pofition nerveufe inconnue , &c des efprits particu=. “iers qui gouvernent l’ame &le corps, comme s'il étoit fans ame ; les nerfs olfaétifs font moins fenfi- bles dans les uns que dans les autres : ainfi les mê-. mes corpufcules pourront faire des impreflions fort différentes. Et voilà la caufe pourquoi les odeurs qui : ne font pas fenfibles pour certaines perlonnes , pro- duifent en d’autres des effets furprenans. | “Ces effets mêmes font quelquefois fort bifarres , car dans l’afe&ion hyftérique les femmes-reviennent par la force de certaines odeurs defagréablés & rrès- pénétrantes , au lieu que les bonnes odeurs aigriflent leur mal. Nous ne dirons pas ; pour expliquer ce -phénomene , que les bonnes odeurs arrêtent-un peu le cours du fuc nerveux , & doivent'par conféquent produire un dérangement. Nous w’attribuerons pas non plus cet effet des bonnes odeurs àla vertu fom- nifere : ces fortes d’explications font de vaïns rai- fonnemens qu'aucun: principe ne fauroït appuyer. N’oüblions pas cependant de remarquer que lPha- bitude a beaucoup d'influence fur Podorat , & que Pi- magination ne perd rien de fes droits fur tousles fens. D'où vient ce mufc; fi recherché jadis, donne-t1l au- jourd’hui des vapeurs à toutes les dames , & même à une partie des hommes , tandis que le tabac , odeur ‘ammoniacale & venimeufe, fait le délice des odorars les plus fufceptibles de délicatefle? Eftce que les organes font changés? Ils peuvent l'être à quelques égards , mais il en faut fur-tout chercher la caufe dans limagination , l’habitude & les préjuges de mode. 6°, Pourquoi l’odorar eft-1l fi fin dans les animaux qui ont de longs becs, de longues narines , & les os fpongieux confidérables? Parce que les vrais & pre- ODO muets organes de l’odorat paroïflent être les cornets _offeux; ces cornets pat leur nombre de contours en volute , multiplient les parties de la fenfation, don- nent plus détendue à la membrane qui reçoit les di. vifions infinies des nerfs olfa@ifs, & parconféquent rendent lodorar plus exquis. Plus un animal a de nez, plus fes cornets ont de lames. Petham dit que dans le chien de chafle, les nerfs ont une plus vañte ex- _ panfon dans les narines, & que les lames y font plus entortillées, que dans aucune autre bête. Dans le lievre , animal qui a du nez, & un nez qu'il remue toujours, les petits os font à cellules en-dedans, avec plufieurs cornets ou tuyaux. L’os fpongieux du bœuf a intérieurement un tiflu réticulaire ; cet os dans le cheval, forme des cornets entortillés avec des cellules à rets, felon les obfervations de Caflé- rius, deSchneider & de Bartholin, C’eft par le mèê- me méchanifme que le cochon fent merveilleufe- ment les racines qu’il cherche en terre. La main de l'éléphant n’eft qu'un nez très-long, & fa trompe, dont Duverney a feulement décrit la fabrique muf- culeufe , n’eft prefqu’un affemblage denerfs olfac- tifs : cet organe à donc une énorme furface dans cet animal. Sténon a démontré la même chofe danses poif- fons, dont les nerfs olfa@ifs refflemblent aux nerfs _ optiques ;, & fe terminent en un femblable hémifphe- re. Ainf reple générale, à proportion de la longneur des narines, des cornets ofeux & contournés, la finefle 8 l'étendue de l’odoras fe multiplient dans lhomme & dans les autres animaux. Quant aux oi- feaux, ils ont dans les narines des vefñesà petits tu- bes , & garmies de nerfs vifibles , qui viennent des proceffus. mamillaires par l’os cribleux, Il y ena beaucoup dans le faucon, l’aigle & le vautour, On dit qu'après la bataille qui décida-de l’empire du monde entre Céfar & Pompée, les vautours pafloient de PAfie à Pharfale.. 7°. Comment des corps odoriférans, très-petits, peuvent-ils répandre fi long-tems des odeurs fi for- tes, fans que les corps dont ils s’exhalent paroïflent prefque avoir perdu de leur maffe à.en juger par leur pefanteur ? Un morceau d’ambre gris ayant été fuf- pendu dans une balance, qu'une petite partie d’un grain faifoit trébucher, ne perdit rien de fon poids pendant 3 jours , ni l’afla fœtida en 5. Une once de noix mufcade ne perdit en 6 jours que cinq grains & demi; & une once de clous de gérofle fept grains & trois huitiemes: ce-font des expériences de Boyle, Une feule goutte d'huile de canelle dans une pinte de vin, lui donne un goût aromatique. On fait avec cette même huile un efprit très-vif , lequel évaporé laïffe le refte fans odeur ni diminution. Une goutte d'huile de Galanga embaume une livre de thé, Les plus fubtiles particules odoriférantes ne pañlent ce- pendant point au-travers du,verre,, ce: corps que pénétrent le feu, la lumiere & la matiere de l’aimant: donc elles {ont d’une nature plus grofliere. Maisles fels fixes, les terres les plus arides, lalun, le vitriol, démontrent avec quelle facilité la partie humide de Vair va pénétrer -différens corps, & conflitue un tout avec eux. Tont cela porte, à.croire que les pe- tits corpufcules odoriférans, reçoivent des parties d'air commun, qui les remplacent à mefure qu'ils $’exhalent ; & ceft.la raifon pour laquelle cette éva- poration fe fait fans diminution dela mañe. _ matiere indigefte qui croupit dans l'eftomac ? Com- : me 1l y a.beaucoup de détours dansla membrane | KI î 297 O D O 357 pituitaire, &qu'ils’ytrouve toûjours de la mucoñté, cette mucofité vicieufe y retient, & prend pour- ainf-dire à fa glu, ces corpufcules empoïfonnés qni s’exhalent des corps malades, des parties d’animaux, ou de végétaux putréfiés. On a befoin de prendre beaucoup de matiere fternutatoire pour difliper ces corpufcules ; l'agitation qui furvient alors à la mem- brane pituitaire, & l'humeur muquenfe qui coule en abondance produit cet effet ; fi de pareilles odeurs étoient portées au nez après l’éternuement, elles feroient encore plus d’impreffion , comme onl’éprous ve à fon lever. 9°. Pourquoi l’odorar cft-il émouflé quand on s’é. veille le matin , & devient-il plus vif après qu’on a éternué à Nous venons de l'expliquer. Alors, c’eft-à- dire au reveil, une humeur épaiffe couvre la mem- brane pituitaire, parce que la chaleur a évaporé la partie aqueufe , & a laïffé la matiere groffiere quu n’a pu être chafée durant le repos de la nuit; cette hu- meur vifquenfe arrête les corpufcules odoriférans, mais quand on l’a rejettée par la force de la fternu- tation ou l’émonétion , les nerfs fe trouvent libres & pleins du fuc nerveux, ils font plus fenfibles qu’au paravant. 10°. Pourquoi les plus forts odoriférans font-ils flernutatoires ? Parce qu’en ébranlant fortement les nerfs olfa€hfs, ils ébranlent les nerfs qui fervent À la refpiration & qui communiquent avec eux. 11°. Pourquoi ne fent:on rien quand on court contre le vent ? Parce que le vent defléche le muceus qui lubrefie la membrane pituitaire, & qu'aucun nerf n’a de fentiment s’il n’eft humeëté, 12°. Enfin il y a des odeursfifortes, comme celle de l'oignon, du vinaigre, du foufre allumé , de ef prit de nitre, qu’elles n’agiflent pas {eulement {ur lorgane de l’odorat , mais qu’elles bleffent les yeux. On en peut trouver la caufe dans la communication du nerfophthalmique avec celui de l’odorar. Le fentiment que les yeux fouffrent des odeurs fortes, eft un fentiment du toucher, pareil à celui que la lumiere ramañlée caufe fur la peau, ou à ce- lui que des faveurs très vives , telles que les âcres &t les acides exaltés, caufent fur la langue; mais comme, la peau n’eft émue par les objets de la vüe 6 du goût, que quand ils agiflent avec une vé- hèémence extraordinaire ; de mêmeles yeux ne fouf- frent de la douleur des odeurs , que lorfqu’elles ont une force aflez grande pour blefler leur délicateffe ; St comme les odeurs en général font d’une nature particuhere qui ébranle toûjours leur propre orpa- ne, ceux dela vüe & du goût ne font point ébranlés dela même maniere , & par conféquent ne font point affeétés de la fenfation de l’odorar. Le fens de l’odorat ef? plus parfait dans les animaux. Les hommes ont l’odorat moins bon que les animaux 3 &t la raifon en eft évidente par l’examen de la conf. truétion de l’organe. Je fais que le P. du Tertre, dans fon voyage des Antilles, & le P. Laffitau , dans fon livre des mœurs des Sauvages, nous parlent, l’un de negres & l’autre de fauvages qui avoient lodorar plus fin qu'aucun chien de chafle, 8 qui diftin. guoient de-fort loin la pifte d’un.noir, d’un françois & d'un anglois: mais ce font des faits trop fufpeäs pour y donner confiance. Il en eft de même d’un garçon dont parle le chevalier Digby , qui élevé dans une forêt où1l n’avoit vécu quede racines, pouvoir trouver fa femme à la pifte, commeun chien fait fon maître. Pour ce qui eft du religieux de Prague, qui connoïfloit par l'odorar les différentes perfonnes, diflinguoit une fille ou une femme chafte de celles qui ne l’étoient point , c’eft un nouveau conte plus Propre à fournir matiere à quelque bon mot, qu’à la créance d’un-phyficien. Je conviensique les hommes par leur gente de .. 358 O D O vie, par leur habitude aux odeurs fortes dont ils font fans cefle entourés, ufent l’organe de leur odo- rat; maisileft toûjours vrai que s'ils l'ont beaucoup moins fin que les animaux, ce n’eft point à l’abus qu'ils en font que l’on doit en attribuer la caufe , c'eft dans le défaut de l'organe qu'illa faut chercher. La nature né l’a point perfeétionné dans l’homme, com- me dans la plüpart des quadrupedes. Voyez le nom- bre de leurs cornets en volute , le merveilleux tiflu du réfeau qui les accompagne, & vous conclurez de la diftance qui doit fe trouver entre l’homme & la bête pour la finefle de l’odorar ! Confderez de quelle étendue font Les os fpongieux dans les brutes; comme leur cerveau eft plus petit que celui de l’homme , cet efpace qui manque vient augmenter leur nez: car la multiplicité des plis & des lames rend la fenfation plus forte ; & c’eft cette augmen- tation qui en fait la différence dans les bêtes mêmes. L'odorat eft le feul organe par lequel elles favent diftinguer fi fürement, & fans expérience fur tant de végétaux dont les montagnes des Alpes font cou- vertes ,; ceux qui font propres à leur nourriture, d’a- vec ceux qui leur feroient nuifibles. La nature, dit Willis, a moins perfeétionné dans l’homme les facul- tés inférieures, pour lui faire cultiver davantage les fupérieures; mais fi telle eft la vocation de l’hom- me, on doit avouer qu'il ne la remplit guere. (Le chevalier DE JAUCOURT.) ODoRAT, (Séméioriq. les fignes que l’odorar four- nit, n’ont pas jufqu'ici beaucoup enrichi la féméio- tique , & attiré l'attention des praticiens. Hippocra- te obfervateur fi fcrupuleux & fi exaë&t à farfir tout ce qui peut répandre quelque lumiere fur la connoif- fance & le pronoftic des maladies , ne paroît avoir tiré aucun parti de l’odorat : ce figne ne doit être ni bien étendu, ni bien lumineux. Riviere & quel- ques autres praticiens, affurent avoir obfervé que la perte totale de l’odorar, étoit dans le cas de foi- blefle extrème, figne d’une mort très-prochaine ; que les malades qui trouvoient une odeur forte & dé- fagréable à la boiffon , aux alimens &c aux remedes, enfin à tout ce qu’on leur préfentoit, étoient dans un danger preffant ; que ceux pour qui toutes les odeurs étoient fétides, avoient des ulceres dans le nez ou dans les parties voifines, ou l’eftomac farci de mau- vais fucs, ou toutes lës humeurs fenfiblement alte- rées. (72) ODORIFÉRANT , fe dit des chofes qui ont une odeur forte, agréable & fenfible à une certaine dif- tance , voyez OpEUR. Le jafmin, la rofe, la tubé- reufe, font des fleurs odoriférantes, Voyez PARFUM. ODOWARA , (Géog.) petite ville du Japon dans l’île de Niphon, à 3 journées d’Iedo. Ce n’eft que dans cette ville & à Méaco, qu’on prépare le cachou parfumé , au rapport du P. Charlevoix. ODRISÆ , (Géog. anc.) ancien peuple de Thra- ce, qui devoit y tenir un rang confidérable, puifque les Poëtes ont appellé la Thrace Odrifiæ tellus. La capitale de ce peuple fe nommoit Odryflus , Odryf]e; enfuite Odrejtiade , à-préfent Adrianople. Cette capitale dela Thrace eft célèbre par la naïf fance de Thamyris ; poëté& muficien, dont l’hiftoi- re & la fable ont tant parlé. Ce fut la plus belle voix de fon fiecle, finous én eroyons Plutarqne, qui ajou- te qu'il compofa un poème de la guerre dés Titans contre les dieux, Ce poëme exiftoit encore lorfque Suidas travailloit à fon diétionnaire. Homere parle du défi que Thamyris fit aux mufes, & de la puni- tionde fon audace. Paufanias dit que Thamyris per- : dit la vûüe, non en punition de fa difputé contre les mufes, mais par maladie. Pline prétend qu'il fut l’in- venteur de la mufique qu'on nommoit dorique. Pla- tona feint, fuivant les principes de. la métempfyco- | ODY fe, que l'ame de Thamyris pafla dans le corps d’un roffignol. (D. J.) ODYSSÉE., f. f,. (Belles-lertres.) poëme épique d'Homere, dans lequelil décrit les aventures d’U= lyffe retournant à Îtaque après la prife de Troie. Voyez Erique. Ce mot vient du grec Ofoctte , qui fignifie la même chofe, &c qui eft dérivé d'Ofurous , Ulyffe. Le but de l’iliade , felonle P. le Boflu , ef de faire voir la différence de l’état des Grecs réunis en un feul corps, d'avec les Grecs divifés entre eux; êT celui de l’odyffée eft de nous faire connoïtre l’état de la Grece dans fes différentes parties, Voyez ILTA- DE. Un état confifte en deux parties, dont la premie- re eft celle qui commande, la feconde celle qui obéit. Oril y a des inftruétions néceflaires & pro- pres à l’une & à l’autre; mais il eft pofñble de les réunir dans la même perfonne. Voici donc, felon cet auteur, la fable de l’odyffée. Un prince a été obligé de quitter fon royaume, && de lever une armée de fes fujets, pour une expédi= tion militaire & fameufe. Après l'avoir terminée glorieufement , il veut retourner dans fes états, mais malgré tous fes efforts il en eft éloigné pendant plu- fieurs années , par des tempêtes qui le jettent dans plufieurs contrées, différentes par les mœurs, les coutumes de leurs habitans , 6. Au milieu des dan- gers qu'il court , il perd fes compagnons , qui périf= fent par leur faute , & pour n’avoir pas voulu fuivre fes confeils. Pendant ce même tems les grands de fon royaume, abufant de fon abfence, commettent dans fon palais les défordres les plus criants, diffi- pent fes trélors, tendent des pieges à fon fils, & veulent contraindre fa femme à choifir l’un d'eux pour époux, fous prétexte qu'Ulyfle étoit morts Maïs enfin il revient, & s’étant fait connoître à fon fils & à quelques amis qui lui étoient reftés fideles, il eft lui-même témoin de l’infolence de fes courti- fans. Iles punit comme ils Le méritoient, & rérablit dans fon île la paix & la tranquillité qui en avaient été bannis durant fon abfence. Voyez FABLE. : La vérité, on pour mieux dire la moralité enve- loppée fous cètte fable , c’eft que quand un homme eft hors de fa maifon ; de maniere qu'il ne puifle avoir l'œil à fes affaires, il s’y introduit de grands défor- dres. Aufñ l’abfence d’'Ulyfle fait dans l’odyffée la païtie principale & effentielle de Paëtion, &c par conféquent la principale partie du poëme. L'odyffée, ajoute le P. le Boffu, eft plus à lufage du peuple que liliade, dans laquelle les malheurs qui arrivent aux Grécs viennent plutôt de la faute de lenrs chefs que de celle des fujets ; mais dans l'odyf= fes le grand nom d’Ulyffe repréfente autant un fim- ple citoyen, un pauvre payfan, que des princes, &c. Le petit peuple eft auf fujet que les grands à ruiner fes affaires & fa famille par fa négligence, &c par conféquentileftantant dans le cas dé profiter de la leéture d'Homere que les rois mêmes. Mais, dira-t-on, à quel propos atcumuler tant de fitions & de beaux vers pour établir une maxi- me auf triviale que ce proverbe : IZ.n'eff rien vel que l'œil du marre dans une maifon, D'ailleurs pour enren- dre l'application jufte dans l’odyffée, il faudroit du’Ulyfle pouvant fe rendre direétement & fans obf=. tacles dans fon royaume, s’en fût écarté de propos délibéré ; maïs les difficultés fans nombre qu’il ren- contre lui font fufcitées par des divinités irritées contre lui. Lé motif de la gloire qui l'avoit conduit au fiege de Troie, ne devoit-pas pafler pour con- daranable aux yeux des Grecs, & rien ce me femble ne paroît moins propre à juftifér la volonté du pro- verbe , que l’abfence involontaire d'Ulyffe. Il eft vrai que les fept ans qu'il pafle à foupirer pour Ca= lyplo , Îypfo, ne l’exemptent pas de reproche ; mais on peut obferver qu'il eft encore retenu là par un pouvoir Æupérieur, & que dans tout le refte du poëme il ne tente qu'à regagner Ithaque. Son abfence n’eft donc tout au plus que l’occafion des défordres qui fe paf- fent dans fa cour , & par conféquent la moralité qu’y voit le P. le Boffu paroît fort mal fondée. L'auteur d’un difcours fur Le poëme épique , qu’on trouve à la têre des dernieres éditions du Téléma- que , a bien fenti cette inconféquence , & trace de L'odyffée un plan bien différent & infiniment plus fenté. « Dansce poëme, dit-il, Homere introduit un # roi fage , revenant d’une guerre étrangere, où il # avoit donné des preuves éclatantes de ja pruden- » ce & de fa valeur : des tempêtes l’arrêtent en che- » min, & le jettent dans divers pays dont il ap- » prend les mœurs, les lois, la politique. Delà naif- # fent naturellement une infinité d’incidens & de » périls. Mais fachant combien {on abfence caufoit # de défordres dans fon royaume , il furmonte tous » ces obftacles, méprife tous les plaïfirs de la vie, » l’immortalité même ne le touche point, il renonce # à tout pour foulager fon peuple ». Le vrai but de l’odyffée , confiderée fous ce point de vüe, eft donc de montrer que la prudence jointe à la valeur, triomphe des plus grands obftacles ; & ayVOSE -cezUTOY ÿ CONIIOIS ÉOL EOI- méme. Car il ne fe borne point à une oifive contem- plation de l’aflemblage du nombre & de la ftruéture des différens reflorts dont fon admirable machine: eft compolée ; 1l poufle plus loin une jufte curiofité, il cherche à en connoiïtre lufage , à déterminer leur jeu ;-il tâche de découvrir la maniere dont als ” exécutent leurs mouvemens , les caufes premieres qui l’ont déterminé , & fur-tout celles qui en entre- tiennent la continuité. Dans cet examen philofophi- que de toutes ces fonétions, il voit plus que par-tout ailleurs la plus grande fimplicité des moyens jointe avec la plus grande variété des effets , la plus petite dépenfe de force fuivie des mouvemens les plus confidérables ; l’admiration qui s’excite en lui , re- fléchie fur lintelligénce fuprème qui a formé la ma- chine humaine & qui lui a donné la vie , me paroït un argument fi fenfble & f. convainquant contre l'athéifme , que je ne puis affez m'étonner qu'on donne fi fouvent au médecin-philofophe cette odieufe qua- hfication, & qu’il la mérite quelquefois. La con- noiflance exaËte de l’œconomie animale répand aufli un très-grand jour fur le phyfique des aétions mo- rales : les idées lumineufes que fournit lingénieux fyftème que nous expoferons plus bas, pour expli- quer la mamiere d’apir, & les eflets des pañlions {ur le corps humain, donnent de fortes raifons de pré fumer que c’eft au défaut de ces connoiffances qu’on doit attribuer l’inexatitude & l’inutiliré de tous ies ouvrages qu'il y a fur cette partie, & l’extrème dif- ficulié d'appliquer fruétueufémentles principes qu'on y établit : peut-être eft-1l vrai que pour être bon mo- tahfte , il faut être excellent médecin, On ne fauroit révoquer en doute que la Méde- cine pratique ne tirât beaucoup de lummeres & de la Œ CO tertitude d’une vraie théorie de l’homme; tout le monde convient de l’infufifance d’un aveugle empi- pinifme ; & quoiqu'on ne puifle pas fe diffimuler com- bien les lois de l’économie animale mal interprétée, Ont introduit d'erreurs dans la Médecine chimique , ilrefte encore un problème, dont je ne hafarderai pas la décifion ; favoir, fl une pratique réplée far une mauvaile théorie eft plus incertaine & plus per- nicieufe que celle qu'aucune théorie ne dirige. Quoi qu'il en foit, les écueils qui fe rencontrent en foule dans l’un & l’autre cas, les fautes également dangereufes , inévitables des deux côtés, font feule- ment fentir l'influence néceffaire de la théorie fur la pratique , & le befoin preffant qu’on a d’avoir fur ce point des principes bien conftatés, & des régles dont l’application foit fimple &c invariable. Mais plus le fyftème des fonctions humaines eft intéref- ant, plus ileft compliqué, & plus il eff difficile de le fair; 1l femble que lobfcurité & lincernitude _doïent l'apanage conftant des connoiffances les plus précieufes & les plus intéreffantes : il fe préfente une raifon fort naturelle de cet inconvénient dans le vif intérêt que nous prenons à de femblables quef- tions, & qui nous porte à les examiner plus févere- ment, à les envifager de plufeurs côtés, plus les faces fous lefquelles on les apperçoit augmentent, & plus il eft dificile d'en faifir exa@tement & d’en combiner comme 1l faut les différens rapports ; & l'on obferve communément que les écueils fe multi. plient à mefure qu'on fait des progrès dans les fcien- ges, chaque découverte fait éclore de nouvelles dificuliés ; & ce n’eft fouvent qu'après des fiecles entiers qu'on parvient à quelque chofe de ceïtain, Aorfqu'l fe trouve de ces hommes rares nés avec un génie vif & pénétrant , aux yeux perçans defquels 1a nature£ft comme forcée de fe dévoiler, & qui fa- “went démêler le vrai du fein de l'erreur. La connoiffance exacte , fans être minutieufe , de a flrudture & de la fituaton des principaux vifce- res,de la diftribution des nerfs &t des différens vaif- feaux, le détail aflez circonftancié , mais fur-tout la jufte évaluation des phénomenes qui réfultent de leur ation & de leur mouvement ; & énfn l’obfer- vation refléchie des changemens que prodiit dans ces efféts lation des caufes mobifiques , font les fon- demens folides fur lefquels on doit établir la fcience théorique de J'hemme pour la conduire au plus haut point de certitude dont elle foit fufceptible ; ce font en même tems les différens points d’où doivent par- tir & auxquels doivent fe rapporter les lois qu’on -4e propofe d'établir. Ces notions préliminaires for- ment le fil néceflaire au médecin qui veut pénétrer dans le labyrinthe de l’économie animale, & c’eft en le fuivant qu'il peut éviter de fe perdre dans les routes détournées , remarquables par les égaremens des plus grands hommes. Il ne lui eft pas moins effen- iiel & avantageux de connoître lafource des erreurs de ceux qu l’ont précédé dans la recherche de l’æ&co- nomie animale , c’eft le moyen le plus afluré pour s’en garantir ; on ne peut que louer le zèle de ceux “qui ont entrepris un ouvrage fi pénible, applaudir à lents efforts, & leur avoir obligation du bien réel qu'ils ont apporté, en marquant par leur naufrage * Tés écueils qu'il faut éviter ; on parvient aflez {ou- vent à travers les erreurs, & après les avoir pour ainf dire épuifées au fanétuaire de la vérit:. Nous n’entrerons 11 dans aucun détail anatomique , nous Houpçonnons tous ces faits déja connus ; ils font d’ailleurs expofés aux articles particuliers d’Anato- mie, | Ilnous fufira de remarquer en général , que le cofps humain eft une machine de lefpece de celles qu’on appelle fatico-hydraulique , compofée de {o- lides & defluides , dont les prenuers élemens com- Tom XI, ni Œ C0 _46t muns aux plantes &z aux animaux font des arômes Vivans , Où molecules organiques : repréfentons-nous l’afemblage merveilleux de ces molécules, tels que les obfervations anatomiques nous les font voir dans le corps de l’homme adulte, lorfque les folides ont quitté l’érat muqueux pour prendre fuccefivement une confiflance plus ferme & plus propottionnée À l’'ufage de chaque partie : repréfentons-nous tous les vifceres bien difpolés, les vaideaux libres , Ouveïts, remplis d’une humeur appropriée, les nerfs difiri- bus par-tout le corps, & fe communiquant de mille maneres ; enfin toutes les parties dans l'état le plus fain » Mais fans vie ; cette machine ainfi formée ne différe de l’homme vivant que par le mouvement & le fentiment | phénomenes principaux de la vie vraiflémblablement réduéhibles à un feul primitif ; on y obferve même avant que la vie commence, ou peu de tems après qu’elle a ceflé , une propriété fin- guhere, la fource du mouvement & du fentiment attachée à la nature organique des principes qui com- pofent le corps, ou plutôt dépendante d’une union telle de ces molécules que Glifon a le premicr dé Couvêrte, & appellée srrirabiliré, & quin’eft, dans le vrai, qu'un mode de fenfbilité, F’oyez SeNstB1« LITÉ, Dès que le foufle vivifiant de la divinité a animé cette machine, mis en jeu la fenfibilité des différens Organes ; répandu le mouvement & le fentiment dañs toutes les parties , ces deux propriétés diver- fement modifiées dans chaque vifcere, fe réprodui fent fous un grand nombre de formes différentes , & donnent autant de vies particulieres dont l’enfem- ble , le concours, Pappui mutuel forment la vie DÉ= nérale de tout le corps ; chaque partie annonce cet heureux changement par l'exercice de la fon&ion particuliere à laquelle élle eft deftinée ; le cœur , les arteres 8C les veines , par une aétion finguliere conftante ; jufqu'ici mal déterminée , produfent ce qu’on appelle la circulation du fang , entretiennent le mouvement progreffif des humeurs,les préfentent lucceflivement à toutes les parties du corps; de-là fuivent 1°, la nutrition de ces parties par l'insus-fufe certion des molécules analogues qui fe moulent à lèur sype intérieur ; 2°. la formation de la femence. extrait précieux du fuperflu des parties nutritives > 3°. les fécrétions. des différentes humeurs que les organes appropriés fucent, extraient du fang, & _perfeétionnent dans les foilicules par une a&ion pro- pre ou un fimple féjour ; 4°. de l'a@ion fpéciale, & encore inexpliquée de ces vaifleaux, mais conffatée par bien des faits, viennent les circulations parti Culeres faites dans le foie, les voies hémorroïdales la matrice dans certain tems, le poumon &g Le cer. veau, & peut-être dans tous les autres vifceres. Le mouvement alternatif de la poitrine & du poumon, attirant l'air dans les véficules bronchiques, & l'en chaflant fuccefivement, fait la refpiration , & con- tribue beaucoup au mouvement du cerveau fuivant les obfervations de lillufire de Lamute ( mém, de lacad. royale des Sc. année 1739); lation des nerfs appliquée aux mufcles de l’habitude du corps ; don- ne lieu aux mouvemens nommés volontaires : les nerfs agifflans aufli dans les organes destiens externes, l'œil, l'oreille, lé nez, la langue, la peau, excitent les fenfations qu’on appelle vue, oute , odorat , goût, &z toucher ; le mouvement des fibres du cerveau ( de concert avec l’opératien de l’ame , & conféquem- ent aux loix de ion umion avec le corps), détermi- nent les fenfations internes , les idées, l'imagination, le jugement & la mémoire.Enfin,le fentiment produit dans chaque partie des appetuts différens, plus où moins marqués ; l’eftomac appere les alimens ; le gofer, la boiffon ; les parties génitales, l’éjaculas ton de [a femence ; & enfin tous les En [Ss DATE Lz1 è 362 &C O crétoires , l’excrétion de l'humeur féparée , Ge. &e, Éc. toutes ces fon£tions fe pfêtenut un appui mutuel; elles influent réciproquement les unes {ur les autres, de façon que la léfion de l’une entraîne le dérange- ment de touies les autres , plus ou moins prompte- ment, fuivant que fa fÿyrmpathie eft plus ou moins forte , avec telle ou telle partie ; le défaccord d’un vifcere fait une impreffion très-marquée fur les au- tres ; le pouls, fuivant les nouvelles obfervations de M. Bordeu (recherch. fur le pouls par rapport aux crifes), manifefte cette impreflion fur les orga- nes de la circulation. L'exercice quelconque de ces fonions , établit fimplement la vie ; la Janré eft for- mée par le même exercice, pouflé au plus haut point de perfeétion & d’umiverfalité ; la waladie naït du moindre dérangement, morbus ex quocurmque defeitu. La sort n’eft autre chofe que {on entiere ceflarion. Six caufes principales eflentielles à la durée de la vie, connues dans les écoles fous le nom des fx chojes non naturelles , favoir, l'air , le boire & le manger, le mouvement & le repos , le fommeil & la veille, les excrétions , & enfin les pañlions d’ames entre- tiennent par leur jufte proportion cet accord réci- proque , cette uniformité parfaite dans les fonétions qui fait la fanté ; elles deviennent auffi lorfqu'elles perdent cet équilibre les caufes générales de mala- die. L'aëtion de ces caufes eft détaillée aux arucles particuliers #07 naturelles ( chofes ), air, mouvement, repos , boire , &c. Voyez ces mots. On a divifé en trois clafles toutes les fon&tions du corps humain : la premiere clafle comprend les fonc- tions appellées vitales , dont la néceflié , pour per- pétuer la vie, paroît telle, que là vie ne peut fubfit- ter après leur ceffation ; elles en font la caute la plus évidente, & le fignele plus afluré. De ce nom- bre font la circulation du fang , ou plutôtle mou- vement du cœur & des arteres, la relpuation; &, fuivant quelques-uns, laétion inconnue & irappa- rente du cerveau. Les fonétions de la feconde clafle font connues fous le nom de rarurelles ; leur principal effet eft la réparation des pertes que le corps a faites; On y range la diseftion, la fanguification, la nu- trition & les fécrétions , leur influence fur la vie €ft moins fenfble que celle des fonétions vitales ; la mort fuit moins promptement la ceéflauon de leur exercice. Elle eft précédée d'un état pathologique plus ou moins long. Enfin , les fon@ions animales forment la troifisme clafle; elles font ainfi appel- “lées , parce qu’elles font cenfées réfulter du com- merce de l’ame avec le corps ; elles ne peuvent pas s'opérer (dans l’homme ) fans l’opération:commu- ñe de ces deux agens ; tels font les mouvemens nommés vo/ontaires , les fenfations externes & in- ternes ; le dérangement & la ceflation mêmeentiere de toutes les fonétions ne fuit qu’altérer la fanté, fans affeêter la vie. On peut ajouter à ces fon@ions celles qui font particulieres à chaque fexe , & qui ne font pas plus eflentielles à la vie, dont la privation même n’eft quelquefois pas contraire à la farté : dans cette clafle font comprifes l’excrétion de la femen- cc; la génération , l’évacuation menftruelle , la groffeffe , l'accouchement , &c. Toutes ces fondions ne font , comme nous l'avons dit, que des modifica- tions particulières , que le mouvement & le fenti- ment répandus dans toute la machine,ont éprouvées dans chaque organe, par tapport à fa ffruéture , fes attaches & fa fiuation. L'ordre , le méchanifme, les loix & les phénomenes de chaque fonétion en particulier, forment dansce diétionnaire autant d’ar ‘ticles féparés. Voyez les mors CIRCULATION, Dr- GESTION , NUTRITION, RESPIRATION, 6. Tous ces détails ne fauroient entrer dans le plan général d’economie animale, qui ne doit rouler que fur les caufes premieres du mouvement, confidéré en grand &z avant toute application ( le fentiment n’eft vraif- femblablement que l'irritabilité animée par le mou- vement ); il y a tout lieu de croire qu'il en eft du corps humain comme de toutes Îles autres machines dont l’art peut affembler, défunir, & appercevoir les plus petits refforis ; c’eft un fait connu des moin- dres artifles,que dans les machines, même les plus compofées, tout le mouvement roule & porte fur une piece principale par laquelle le mouvement a commencé, d'où il fe difribue dans le refle de la machine, & produit différens effets dans chaque re{- fort particulier. Ce n'eft que par la découverte d’un femblable reffort dans l’homme qu'on peut parvenir à connoître au jufte &T à déterminer exa@ement la maniere d'agir des caufes générales de ja vie, de la fanté, de la maladie , &t de la mort. Pour fe former une idée jufte de l’æcoromie animale, il faut néceffai- roment remonter à une fonétion primitive qui ait précédé toutes les autres,& qui les ait déterminées. La priorité de cette fonétion a échappé aux lumie- res de prefque tous les obfervateurs ; 1ls n'ont exa- miné qu’une fonéhon après l’autre , faifant fans ceffe un cercle vicieux, & oblique à tout moment, dans cette prétendue chaîne de fonétions, de transformer les cautes en effets, & les effeis en caufes. Le defaut de cette connoïflance eft la principale fource de _ leurs erreurs, & la vraie caufe pour laquelle il n’y a eu pendant très-long-tems aucun ouvrage fur læ- conomie animale dont le titre fût rempli, avant le fa- meux traité intitulé , fpecwnen rovi medicine confpec- ss , qui parut pour la prennere fois en 1749 , & qui fut , bien-tôt apres, réimprimé avec des augmenta- tions 1rès-confidérables en 1754. En remontant aux prenuers fiecles de la Médeci- ne , tems où cette icience encore dans fon berceau, étoit réduite à un aveugle empirifme , mêle d'une bifarre fuperflition , produit trop ordinaire de li- “gnorance ; On ne voit aucune connoïflance anatO- mique, pas une obfervation confiatée, rédigée, ré- fléchie , aucune idée théorique fur l’homme; ce ne fut qu'environ la quarantieme olympiade, c’eft-à- dire, vers le commencement du trente cinquieme fiecle ; que les Philofophes s'étant appliqués à la Mé- decine , ils y introduifirent /e raifonnement , &c éta- blirent cette partie qu’on appelle phyfrologie , qui traite particulierement du corps humain dans lPérat de fanté , qui cherche à en expliquer les fonéons, d’après les faits anatomiques & par les principes de la Phyfique; mais ces deux fciences alors peu cul- tivées, mal connues, ne purent produire que des connoïflances & des idées rrès-imparfaites & peu exactes : auf ne voit-on dans tous les écrits de ces anciens philofophes Médecins, que quelques idées vagues , dolces, qui avoient pris naïfflance de quel- ques faits particuliers mal évalués, mais qui n’a- voient d’ailleurs aucune liaïfon enfemble & avec les découvertes anatomiques : Pythagore eft, fin- vant Celfe , le plus ancien philofophe qui fe foit adonné à la théorie de la Médecine, dont il à en même-tems négligé la pratique ; il appliqua an corps humain les lois fameufes & obfcures de l'harmonie, fuivant lefquelles il croyoit tout l'univers dirigé ; 1l prétendoit que la fanté de même que /a vertu, Dieu même, & en général rout bien, confftoit dans l’har- monie, mot qu'il a fouvent employé & qu'il n’a ja- mais expliqué ; peut-être n’entendoit il autre chofe par-là qu’un rapport exa@& ou nne jufte proportion que toutes les parties & toutes les fonions doivent avoir enfemble ; idée très-belle , très jufte, dont la vérité eft aujourd’hui généralement reconnue; il eft cependant plus vraffemblable que ce moravoit une origine plusmyftérieufe & fort analogue à fa doc- trine fur la vertu des différens nombres. La mala- die étoit, fuivant lui, une fuite naturelle d’un dé- Œ € O rangement dans cette harmonie. Durefte, il éta- blifloit de même que les anciens hiftoriens facrés qui -avoient tiré cette doctrine des Chaldéens, une ame étendue depuis le cœur jufqu’au cerveau, & il pen- - {oit que la partie qui eft dans le cœur étoit la four- ce des pafhons, & que celle qui réfidoit dans le cer- veau produifoit l'intelligence & la raifon ; on ne fait point quel ufage avoient les autres parties , f- tuées entre le cœur & le cerveau. Alcmeon fon difciple, dont le nom doit être cé- lebre dans les faftes de la Médecine, pour avoir le premier anatomifé des animaux ( ce ne fut que lons- tems après lui, qu'Erafftrate & Hérophile oferent porter le couteau fur les cadavres humains ). Alc- mæon, dis-je, croyoit que la fanté dépendoit d’une égalité dansila chaleur, la fécherefle, le froid, l’hu- midité, la douceur, l’amertume & autres qualités femblables ; les maladies naifloient , lorfque l’une de ces chofes dominoit fur les autres & en rompoit ainfi l’union &e l'équilibre : ces idées ont été les pre- miers fondemens de toutes les théories anciennes, des différentes clafles d’ixrempéries , & dès diftinc- tions fameufes reçues encore aujoutd'hui chez les modernes, des quatre témpéramens. Héraclite, ce pllofophe fameux, par Les larmes qu'il a eu la bon- | nchommie de répandre fur les vices des hommes, étabhtla célébre comparaifon du corpshumain avec le monde, que les alchimiftes ont enfuite renouvel- Ice, défignant l'homme fous le nom de wicrocofime, ( petit monde ) par oppoñtion à wacro.cofime (erand monde ): 1l prétendoit que les deux machines fe ref- fembloient par la ftruêure, & que l’ordre & le mé- chanifme des fonétions étoient abfolument les mê- mes : cout fe fait , dit-1l, dans notre corps comme dans Le monde ; l'urine fe forme dans la veflie, comme la pluie dans la feconde région de l'air, & comme la pluie vient des vapeurs qui montent de la terre 6 qui en s’é- _ paiffiflant, produifent les nuées , de même l'urine ef? for- mée par les exhalaifons qui s'élevent des alimens & qui s'’infnuent dans la vefie. On peut juger par-là de la phyfologie d'Héraclite, de l'étendue & de la juftef- 1e de fes connoiffances anatomiques. Le grand Hippocrate furnommé à fi jufte titre , Ze divin vieillard, jJoïgnit à une exa@e obfervation des faits, un raifonnement plus folide : il vit très-bien que les principales fources où lon pouvoit puifer les vraies connoïffances de la nature de l'homme , étoient l'exercice de la Médecine , par lequel on avoit les occafons de s’inftruire des différens états du corps, en fanté & en maladie, des changemens qui difinguoient un état de lantre , & fur-tout des imprefions que faioient fur l’homme, le boire & le manger, le mouvement êc le repos, &c. foit lorf- que cet ufage étoit moderé , réduit au jufte milieu, {oit lorfqu'1l étoit porté à un excès abfolu ou relatif aux difpoñtions aétueiles du corps, L6. de veter. Med. Ces fources font aflurément très-fécondes, & les plus propres à fournir des principes apphiquables à l'économie animale ; mais Hippocrate perfuadé que l'anatomie étoit plus nécefflaire au peintre qu'au mé- decin , négligea trop cette partie , qui peut cepen- dant répandre un grand jour fur La théorie de l'hom- e. Le hvre des chaits ou'des principes, repli capror, À wep épyûy qui contient fa doëtrine fur la formation du corps &t le jeu des parties, eft toute énigmatique; il n’a point été encore fuffifamment éclairei par les commentateurs ; les mots de chaud, de froid, d’hu- nude, de fec, &tc. dont il fe fert à tout moment r’ont point été bien expliqués. & évalués ; on voit feule- ment, ou l’on croit voir qu'il a fur la compofñrion des membranes ou du tiffu cellulaire des idées très- juftes , al les fait former d’une grande quantité de matiere gluante qui xépond.au corps muqueux des : modernes. Toutes les fonctions du corps humain ŒiC'ON 36: } étoient produites, fuivant ce médecin célébre, par l’exercice conftant de quatre faculiés qu'il appel- loit atrrailrice , retentrice | affimilatrice & expulrrice ; la faculté ascraitrice attirois au corps tout ce qui pou- voit concourir au bien être de l’homme ; la faculté reterntrice le resenoit ; lufage de la facuite affcmilatrice étoit de changer tout corps étranger héterogene , fufceptible de changement , & de l’affmiler, c’eft-à- cure, de le convertir en la nature propre de l’hom- me : enfin, les matieres qui pouvoient être nuifi- bles par un trop long {éjour , par leur quantité ow leur qualité étoient chaffées , renvoyées dans des re- fervoirs particuliers, ou hors du corps par la faculté expultrice. Ces facultés appliquées à chaque vifce- re ; à chaque organe , & entretenues dans l’état na- turel & dans une jufte proportion établifloient la Janté ; la salade étoit déterminée, lorfau’il arrivoit quelque dérangement dans une ou plufeurs de ces facultés : Hippocrate admettoit aufli pour premier mobile de ces facultés, un prizcipe veiliänt À la con- fervation de la machine, qui dans la fazré, enregloit & dirigeoit l'exercice, & le confervoit dans l’état néceffaire d’uniformité ; lorfque quelque caufe trou- bloit cet équilibre exa& , ce même principe guérife foi des maladies, rar vecu mrpos,faifoit des efforts plus ou moins aétifs pour combattre, vaincre & détruire l'ennemi qui travailloit à l’anéantiflement de {a ma- chine. Ce principe eff défigné dans les écrits d’Hip- pocrate fous les noms d'ame de nature, dechaud inné, d'archée , de chaleur primordiale, efféctive, &c. Sen- nert a prétendu que /e chaud inné n’étoit autre chofe que le principal organe dont lame fe fert pour exer- cer fes fonétions dans le corps. Fernel remarque , au contraire , fondé fur la décifion exprefle de Ga- lien , voyez INFLAMMATION , que tous ces noms ne font que des {ynonymes d’ame & employés in- différemment par Hippocrate dans la même fignif- cation. C’éfoit une grande maxime d'Hippocrate , que tout concouré, fout confent , tout confpire enfemble dans le corps : maxime remarquable, très- vraie & très-utile, pour lexplication de l'économie animale. il attnbuoit à toutes les parties une affinité qui les fait compatir réciproquément aux maux qu’elles foufrent, & partager le-bien qui leur arrive. Nous remarquerons.en terminant ce qui le regarde, qu'il plaçoit le fiege du fentiment autour de la poitrine, qui donne à la membrane qui fépare la poitrine du bas ventre le même nom que celui par lequel les Grecs défignoient l’efprir , gp 5 les plus anciens Médecins avoient ainfi nommé cette partie, parce qu'ils penfoient qu’elle étoit le fiége de l’entende- ment ou de la prudence. Platon avoit imaginé une ame, fituce dans lesenvirons du diaphragme, qui recherche & appette le boire & le manger & tout ce qui eftnéceflaire à la vie, & qui eft en outre le principe des defirs & de la cupidité. Galien , admi- rateur enthoufafte d'Hippocrate , n’a rien innové dans, fa doëtrine fur l'économie animale, il n’a fait que la commenter , l’étendre, la foutenir & la répandre avec beaucoup de zele ; toutes fes opinions ont été pendant plufieurs fiecles la théorie régnante la feu- le adoptée & fuivie dans les écoles fous le nom de Galenifme, Les Médecins chimiftes qui parurent dans le treizième fiecle , y apporterent quelques.change- mens, & Paracelfe.qui vécut fur la fin du quinzie- me., l’abandonna:entierement :.il avoit l'ambition de changer tout-à-fait la face de la Médecine , & d'en créer une nouvelle ; une imagination bouillan- te, vive, mais préoccupée, ne lui laifla trouver dans le corps humain qu'un aflemblage de différens prin- cipes chimiques ; Ze, corps. de l’homme , s’écria-t-1l, paramif. lrb. de origin: morbo?. n’eft autre chofe que | Joufrer, mercure & fel ; l'équilibre & la jufte propor- tion de ces srois Jubflances lui parut devoir taire La 304 Œ C O fanct ; & les canfes de maladie n’agiffent, fuivant lui, qu'en y occafonnant quelqu'aitération ; dès que ce premier coup elt été frappé , la Chimie devint la bafe de la Médecine. Le chimiine fe répandit avec beaucoup de rapidité dans toutes les écoles , le ga: lenifine en Ffutexilé, & elles ne retentirent plus que des noms vagues indéterminés, de fel, d’efprits de |: foufre ou d’autres principes , que chaque chimufte varia & multipha à fa guite , felon les fignes qu'il croyoit en appercevoir , ou le befoin qu’il en avoit pour expliquer quelques phénomenes.On fit du corps humain, tantôt un alambic, tantôt un laboratoire en- tier, où fe faifoient toutes les efpeces d'opérations, les différentes fonétions n’en étoient que le réfultat , &c, Voyez CHIMISTES , MÉDECINE, Wifloire de la. Lors qu'Harvey eut publié & confirmé par quel- ques expériences , la circulation du fang, le chirf- me perdit beaucoup de fon crédit; Ja face de la Mé- decine changea de nouveau: cette découverte, ou {oi-difant telle ,| éblouit tous les éfprits , & fe ré- pandit peu de tems après dans toutes les Ecoles , malgré les violentes déciamations de la faculté de Paris, trop fouvent oppofée aux innovations mê- me les plus utiles par le feul crime de nouveauté , &c malgré les foibles obje@tions de Riolan ; on ne tarda pas à tomber dans l'excès , la circulation du fang parut jetter un grand jour fur l’écoromie ani- male ; elle fut regardée comme la fonétion par ex- cellence , la véritable fource de la vie: la refpira- tion & lation du cerveau ne parurent plus nécef- faires que par leur influence immédiate fur cette fonétion principale : l’enthoufiafme général , fuite ordinaire de la nouveauté, ne permit pas d’exami- ner, fi la circulation étoit auf générale & aufli uni- forme qu’on l’avoit d’abord annoncé , le mouve- ment du fang par flux & reflux fut traité de chime- re. Les premieres expériences , très-fimples & très- naturelles, n’étoient pas en leur faveur, elles firent conclure que tout le fang étoit porté du cœur dans les différentes païties du corps par les artères , & ail y'étoit rapporté par les veines ; on crut &c on le croit encore aujourd’hui , que tou. ce fang qui fort du ventricule gauché pour fe diftribuer dans zout le corps, eft verfe dans ce même ventricule par les veines pulmonaires, & qu'il paffe en entier par le poumon ; le paflage libre, égal 8 facile de rour ce fang pär'une partieiqui n’eft pas la dixieme de tout Le corps , qui n’eft pas plusvafculeufe que bien d’autres vifcères,& dans laquelle le fang ne fe meut pas plus vite, na point paru difficile à concevoir , parce qu'on ne s’eft pas donné la peine de l’exami- ner févérément ; la maniere dont le fang circule dans le foie, n’a frappé que quelques obfervateurs; les mouvemens du cerveau analogues à ceux de la refpiration, découverteimportante, n’ont fait qu'une légere fenfation; cependant de toutes ces confidé- rations naïiflent de violens foupçons, fur luniverfa- lité & l’uniformité généralement admifes de la cir- culation du fang , voyez CIRCULATION. On peut s’appercevoir par-Jà combien peu elle mérite d’être regardée, comme la premiere fonétion &c le mobile de toutes les autres. Mais quand même elle feroit aufh-bien conftatée qu'elle l’eft peu , 1 y a bren “d’autres raifons comme nous verrons plus bas, qui ‘empêcheroient de lui accorder cette prérogative. Les Mécaniciens qui ont renverlé, fans reftriétion & ans choix , tous les dopmes des Chimiftes, ont for- mé une fete particuhiere, compofée de quelques ‘débris encore fubfiftans du galenifme & de la dé- ‘couverte de la circulation‘du fang , d'autant plus fa- “meute alors, qu'elle étoit.plus récente ; le corps humain devintientre leurs mains une machine extré- mement compolée, ou plutôt un magafin de cor. !| des, leviers ; poules écantrés inftrumens de mécha- nique, & ils penfoïent que le but général de tous ces reflorts étoit de concourir au mouvement pro crefif du fang, le feul abfolument nécelfaire à la vie ; que les maladies venoient de quelque déran- gement dans ce mouvement, & la célebre théorie des fevres eft toute fondée fur un arrêt des humeurs dans les extrémités capillaires, Voyez FIEVRE , IN- FLAMMATION. On crut que lemouvement s’y fai- foit , fuivant les lois ordinaires qui ont lieu dans toutes les machines irorganiques, on traita géomé- triquement le corps humain ; on calcula avec la der- niere févérité tous les desrés de force requis pour les différentes ations , les dépenfes qui s’en fai- foient ; Év. mais tous ces calculs qui ne pouvoïent que varier prodigieufement, n’éclaircirent point l’é- conomie animale, On ne.fit pas même attention à la ftrudture organique du corps humain qui eft la fource de fes principales propriétés. C’eft de ces opinions diverfement combinés , & fur-tout très-méthodi- quement claflés , qu’a pris naïflance le Bocrrhaavif- me, qui eft encore aujourd’hui la théorie vulgaire ; l'illufire Boerrhaave fentit que la conffitution de l’économie animale tenoit eflentiellement à un enfem- ble de lois d’attion néceflairement dépendantes Îles unes des autres ; mais 1} trouva ce cercle, cet en- chainement d’aétions fi impénétrable, qu'il ne pou- voit y afligner, comme il l'avoue lui-même, ni commencement , ni fin ; ainfi plutôt que de s’écar- ter de fa façon, peut-être trop méthodique d'écrire & d’enfeigner , il a négligé d’entrer dans l’examen des prenueres lois de la vie, & s’eft réduit à n’en confidérer que fucceflivement les fonétions à me- fure qu’elles paroïffoient naître les unes des autres, tâchant de remplacer des principes généraux & des lois fondamentales , par un détail très-circonftancié des faits ; mais ifolés , nus, 8 comme sxranimes, manquant de cette vie qui ne peut fe trouver que dans la connexion, ce rapport & Pappui mutuel des différentes parties. L'impoflibilité qu’on crut apper- cevoir de déduire tons les mouvemens humains d’un pur méchänifme, & d’y faire confifter la vie, im= pofübilité qui eff très-réelle, lorfqu'il s’agit des mas chines compofées de parties brutes inorganiques , fit recourir les Médecins modernes à une faculté hyperméchanique intelligente, qui dirigeât, écono- mifât ces mouvémens , Les proportionnât aux diffé- rens befoins; &c entretint par fa vigilance & fon ac- tion, la vie & la fanté, tant que les refforts fubff- teroient unis & bien difpofés, & qui pt même cor- riger & changer les mauvaifes difpoñitions du corps dans le cas de maladie ; ils établirent en conféquen- ce l’ame ouvrière de toutes les fonétions , confer- vant là fanté, guériflant les maladies ou les procu- rant quand leur utilité parofloit Pemporter fur leur danger. Ce féntiment eft le même à-peu-près qu’Hip- pocrate avoit foutenu plufieurs fiecles auparavant. Sthaleftle premier qui ait fait revivre cet ancien fyf- tème; on a appellé ffahliens, ecclettiques où animiftes, ceux qui ont marché fur festraces. Sans entrer dans le fond du fyftème , dont nous avons prouvé ail- leurs linfufifance & la faufleté ; 1l nous fuffira de remarquer qu'en remontant à l’ame, pour expliquer la vie & recherchet les lois de l’écozomie animale > c’eft couper le nœud & non pas le réfoudre ; c’eft éloigner la queftion & l’envelopper dans l’obfcurité, où eft plongé par rapport à nous cet être fpirituel : d’ailleurs , 1l ne faudroit pas moins trouver le mé- chanifme de ce rapport général des mouvemens de la vie dont Stahl lui-même a été vivement frappé, mais qu’il n’a que très-imparfaitement developpé: il réfteroïit encore à déterminer quelle eft la partie premierement mue par ce mobile caché, quelle eft la fonétion qui précede les autres, & qui en eft le fource & le foutien, Toutes ces explications , que les Médecins dans ivêts tems ont tâche de donner de l’œconomie ani- zrale , quelque fpécicufes qu’elles aient paru , fous quel jour avantageux qu'elles fe foient montrées, n'ont pu emporter les fuffrages des vrais obferva- teurs. Elles font la plüpart inexa@es, d’autres ne font que trop généralitées, quelques-unes évidem- ment faufles, toutes iniufhifantes ; cette infuffance frappoit d’abord qu’on les approfondifloit, & jet- toit dans l’efprit uñe forte de mécontentement qu’on ne pouvoit déterminer ,.& dont on ignoroit la fource immédiate. Enfin, parmi les .bons efprits nécefai- rement peu faisfaits de toutes ces théories, mais plutôt par ce fentiment vague & indéfini que par une notion claire & raifonnée, s’éleya un homme de géme qui découvrit la fource de lignorance & des erreurs 6 qui fe frayant une route nouvelle, don- na à l’art une confiftance & une forme qui le rap- prochent autant qu'il eft poflible, de l’état de fcience exacte & démontrable. Dès le premier pas, il appercut les deux vices fondamentaux de la méthode adoptée. 1°, Les four- ces des connoïffances lui parurent mal choifiés : les expériences de la phyfique vulgaire , les analogies déduites des agens méchaniques, la contemplauon des propriétés chimiques des humeurs, foit faines foit dégénérées ; cellés de la contexture des Orga- nes de la diftribution des vaifleaux, &e. ces four- ces de connoïflances, dis-je, lui parurent abfolu- ment infufhfantes, quoique précieufes en foi, du moins pour -la plûpart. Le fecond vice effentiel des théories récnantes lui parut être le manque abfolu de liaifon entre les no- . tions particulieres ; car en prefcindanr, même de la fauffeté des principes fur lefquels la plüpart font établies, en accordant que les dogmes particuliers reçus fuflent des vérités, 1l eft inconteftable qu'un amas aufl immenfe qu'on voudra le fuppofer, de vérités 1folées, ne fauroit former une fcience réelle, IL conclut de ces deux -coufidérations préliminai- res, 1°. quil falloit recourir à un autre moyen de recherche ; 2°. qu'il étoit néceflaire de ramener, sl étoit pofible, les connoiffances particulieres à un petit nombre de prncipes, dont il faudroit en- fuite tâcher d'établir les rapports; & fe propoia même un objet plus grand, & auquel ondoit tou- jours tendre: favoir, d'établir un principe unique &c général, embraflant , ralliant, éclairant tous les . objets particuliers, ce qui fait le complément & le faite de.toute fcience; car {elon un axiome ancien, que l’auteur rappelle d’après Séneque : omnis ftien- ta atque ars debet aliquid habere manifeflum , fenfu compreherfum , ex quo oriatur € crefcat. Ce nouveau moyen de recherche, ce guide éclai- ré, & juiqu'alors trop négligé, que notre réforma- teur a fcrupuleufement fuivi; c’eit Le fentiment inté- rieur : en effet, quel fujet plus prochain , plus appro- prié, plus continuellement foumis à nos obferva- tions que nous-mêmes, & quel flambeau plus fidele & plus fr que notre propre fentiment, pourroit nous découvrirla marche, le jeu, le méchamifme de notre vie? Q | . L'auteur du nouveau plan de médecine que nous expolons, s’étudia donc profondément, & appliqua enfuite la fagacité quil dut néceffairement acqué- tir par l'habitude de cette obfervation , à découvrir chez les autres les mêmes phénomenes qu'il avoit apperçus en lui-même, Il commença par s'occuper des maladies & des incommodités, à s'orienter par la contemplation de l’état contre nature , Parce que la fanté parfaite confifte dans un calme profond & continu , un équilibre, une karmonie qui permettent à péine de diftinguer l’a@ion des Organes vitaux, la correfpondance & la fucceffion des fonctions, Mais “ - CO 364 dès que cet état paifble eft détruit par le trouble de la maladie ou par la fecoufle des pañlions, dès- lors la maladie & la douleur, ces fentimens fi dif: tinéts 6 fi énergiques, manifeftent Le jeu des divers organes, leurs rapports ; leurs influences récipro- ques. En procédant donc felon cette méthode, ê&c fe condufant avec ordre depuis l’inéquilibre le plus mantfefte jufqu'à l'état le plus voifin de l'équilibre parfait, notre ingénieux obfervateur parvint à fe former une image fenfble de l’œconomie animale , tant dans l’état de fanté que dans celui de maladie. _ Il foumit d’abord à examen la vue la plus fim- ple, & en même tems la plus féconde fous laquelle on ait envifagé toute l’æcoromie animals, celle qui la repréfente comme roulant fur deux pivots ou deux points effentiels & fondamentaux , le mouve- ment & Je fentiment , & 1l adopta ce principe. Ses obfervations lui firent admetire cette autre vérité reçue, que le mouvement & le fentiment & les di- verfes fonéhons qui dépendent de chacun , fe mo- difient & {e combinent de différentes manieres. Mais dés qi'il fut parvenu à cet autre point de doârine régnante : favoir, que le fyfleme de ces différentes moufications efttel,que par une viciflitude conftante les caufes & les effers font réciproques , ou, ce qui revient au même, les premiers agens font à leur tour mis en jeu par les puiflances dont ils avoient eux- mêmes déterminé laëhon ; il fe convainquit fans peine que c’étoit là un cercle très vicieux qui expri- mot. une abfurdité pour les gens qui prendroient Httéralement & pofirnivement cette aflertion ; & pour le moins un aveu tacite, mais formel, d’ignorance pour ceux qui veulent feulement faire entendre par- là que l’enchainement de ces phénomenes leur pa- roit impénétrable ; car certainement un fyftème d’ations, dans tequel l’effet le plus éloigné devient premiere caule, eft abfolument & rigoureufement impofhble. Ayant ainfñ découvert la fource des er- reurs de tous les médecins philofophes qui s’étoient occupés de l'étude théorique de l’homme ; pleine- ment convaincu de la néceffité d'admettre une fonc- tion premiere le mobile de toutes les autres, il ap- phqua ce principe lumineux & fécond à fes recher- ches {ur l’œconomie animale. Il fut donc queftion de trouver dans le cercle prétendu & apparent ce point primordial 8 opérateur, ou, pour parler fans figure, dans la fuite des fonétions, cette fon&ion fondamentale & premiere le vrai principe de la vie & de l’animalité. | Cette fondion ne fauroit être la circulation du fang , qui, quand même elle feroit auf wrforme 8 aufli wziverfelle qu'on le prétend, eft d’ailleurs trop fubordonnée, trop paflive, s’il eft pérmis de s’ex- primer ainf. Les altératons qu’elle éprouve font trop lentes & trop peu confidérables dans les cas fondamentaux: tels que les événemens communs des paflions, des incommodités, des maladies, & la mOrt même qui arrive très-communément fans dé- rangement fenfble dans le fyflème vafculeux, fans inflammation , fans gangrene, fans arrêts d’hu- meur, &c. Voyez MORT. D'ailleurs elle exifte dans le fœtus qui n’a point de vie propre, comme nous l’obferverons dans un inftant, aufli bien que dans l'animal qui eft devenu un être ifolé & à foi, Ju juris. Re | Les principales fonéions , qui par leur impor- tance fenfible, mériterent de fixer enfuite fon atten- non, font la refpiration, l’aétion des organes de la digeftion, & celle des,organes internes de la tête. La refpiration eft évidemment celle des trois qui s’eit exercée la premiere, & dont l'influence fur toute la machine s’eft mamifeftée dès l’inftant de la naiflance ; &c ce n’eft que dès ce moment que l'animal doit être confidéré comme ayant une vie 366 Œ C O propre : tant qu'il eft contenu dans la matrice, il ne peut être regardé que comme un être parafire, Notre illuftre auteur peint d’une maniere fenfible & frappante cette révolution finguliere qu’éprouve un animal qui refpire pour la premiere fois, par l’exemple d’une forte de convulfion générale, d’un foubrefaut qui fouleve le corps d’un de ces enfans ordinairement foibles & malades, qui reftent pen- dant quelques minutes après leur naïffance dans une inaétion ,'une efpece de mort , dont ils fortent enfin par l'effort de cette premiere refpiration, Or com- me on connoit que le diaphragme eft l’organe prin- cipal , le premier & véritable mobile de la refpira- tion, que cet organe eft foulevé, voûté dans le foœ- tus, de maniere qu'il réduit prefqu’à rien la cavité de la poitrine, & que dans l’infpiration il eft au con- traire applani, déprimé , contraëté ; on eft très- porté à penfer que Le premier mobile de la vie pro- prement dite, eft le diaphragme; &t à le regarder au moins d’abord comme une efpece de balancier qui donne le branle à tous les organes, il eft au moins bien évident, que commencer à vivre à été pour tout animal refpirant, éprouver linfluence de la premiere contrattion du diaphragme. Mais comme il n’y a point d’aétion fans réation, & que le point d'appui qui régit principalement celle-ci, qui la borne & qui la favorife par une réci- procation prochaine & immédiate, c’eft la mafle gaffrico-inteflinale , foit par fon reflort inné, mais principalement par celui qu'elle acquiert en s’éri- geant pour fa fonétion propre: favoir, la digeftion des alimens. Il réfulte de ce premier commerce de forces une fonétion commune & moyenne ,que l’au- teur a admirablement fuivie, analyfée & préfentée, fous le nom de forces gaffrico-diaphragmatiques, ou de forces eépigaftriques. Voilà donc la fonétion fondamentale, premiere, modératrice : refte à déterminer quels font les or- ganes qui la contre-balancent aflez viétorieufement pour exercer avec elle cette réciprocation ou cet antagonifme , fans lequel nulle force ne peut être exercée, déterminée, contenue; ces organes {ont la tête confidérée comme organe immédiatement al- téré par les affeétions de l’ame, les fenfations, les pañions, 6:c: & un organe général extérieur dont la découverte appartient éminemment à notre ob- fervateur. Un commerce d'action du centre épigaf- crique à la tête & à l'extérieur du corps, & une dif- tribution conftante & uniforme de forces , de mou- vemens , de ton aux différens organes fecondairés, vivifiés & mis en jeu par ces organes primitifs : voilà la vie & la fanté. Cette diftribution éft-elle interrompue, y a-t-il aberration , ou accumulation de forces dans quelqu'un de ces organes, foit par des réfiftances vicieufes, foit au contraire par une inertie contre nature; l’état de maladie ou de con- vulfon exifte dès-lors : car maladie ou convulfon n’eft proprement qu'une même chofe : 27 tentum leditur , in quantum convellitur. Ce point de vue général doit n'être d’abord que foupconnné, que preflenti : il eft de l’effence des 4p- perçues en grand de n'être pas foumifes aux voies exactes & rigoureufes de la démonfiration ; car ces vérifications de détail arrêtent la marche du génie, qui, dans les objets de cet ordre, ne fauroit être trop libre, prendre un eflor trop vaflte. D'ailleurs cette façon de concevoir eft néceflairement liéeñà l'efflence même du moyen de recherches, dont on a établi la néceffité, favoir, le fentiment intérieur, dont les découvertes ne fauroient s'appliquer à la toife vulgaire de l’art expérimental. Mais cette ef- pece de preflentiment équivaut à la démonftration artificielle pour tout obfervateur initié, &c qui pro- cedera dè bonne foi, On n’a rien dé valable à objec- Œ C O ter à qui vous dit : obfervez-vous, defcendez pro- fondément dans vous-même, apprenez à voir, & vous verrez; car tous les bons efprits que j’ai ac- couchés d’après mon plan, ont fenti & obfervé comme moi. Mais il y a plus, les phénomenes les plus con- nus de la fanté & des maladies, les faits anatomi- ques, les obfervations fingulieres, inexpliquées des médecins qui nous ont devancé, le ro 60 qu'Hip- pocrate trouvoit dans les maladies ; tout cela, dis- je, fe range fi naturellement fous le principe éta- bli, qu'on peut l’étayer d’un corps de preuves à l’u- fage & dans la maniere du théorifte le plus attaché aux méthodes reçues. Le renouvellement des caufes d’aëtivité, le fou- tien du jeu de Ja vie par l’aétion des fix chofes non naturelles ; les divifions & la faine théorie des ma- ladies découlent comme de foi-même de ce principe fécond & lumineux; enforte qu'il naît de cet en- femble un corps de doërine & un code de pratique, où tout eft correfpondant , tout eft lié, tout eft fim- ple, tout eft un; & dès-lors rout médecin qui a appris à manier cetinftrument, cette regle de con- duite, éprouve pour premier avantage (avantage précieux & trop peu fenui ) d’être affranchi du fou- ci continuel où laïfflent les notions vagues , ifa- lées, découfues , fouvent difparates, d’après lef- quelles 1l étoit obligé d'exercer un art dont l’objet eft fi intéreflant. Cet avantage eft fi grand, je le répete, que quand même il ne feroit dù qu’à un fyftème artificiel , un pareil fyftême feroit toujours un bien très-réel, à plus forte raifon doit-il être accueilli avec la plus grande reconnoiflance, étant vrai,réel, puifé dans les fources de la plus vive lumiere qu’on puiffe efpérer dans les études de cetten efpece, favoir, le fentiment intérieur & l’obferva- tion, & s'appuyant même fubfidiairement de tous les autres moyens de connoiffance recus, Mais un des principaux avantages de ce nouveau plan de médecine, & en quoi il eft éminemment préférable & véritablement unique , c’eft le grand jour qu'il répand fur l’hygiene , ou la fcience du ré- gime, cette branche de la médecine fi precieufe & fi négligée, & d’embraffer le régime des fenfations des pafions d'une maniere fi pofitive & fi claire, qu’il en réfulte un traité médical de morale & de bonheur. La forme de cet ouvrage ne permet pas d’expofer ici les branches particulieres du fÿftème ; les théo- ries fatisfaifantes qu'il fournit fur les fonétions plus ou moins générales, fur les fécrétions, fur les gé- nérations, 6. non plus que le tableau des maladies, le plan général de thérapeutique , é‘c. parce que ces chofes font traitées dans des articles particuliers. Voyez PASSION, ( diere & thérapeur. ) D'ailleurs les leéteurs qui ne font pas une étude particuliere des objets de cet ordre, ne defireront pas plus de dé tail ; & les médecins de profeflion doivent trouver cette matiere trop intéreflante pour ne pas chercher à s’en inftruire à fond dans les ouvrages mêmes de l’auteur. Ils doivent confülter pour cela le /pecimer novi medicine confpettns, édit, alter, Paris, 1751. les inffituriones medicæ, faites {ur ce nouveau plan, Paris | 1755, l'idée de l'homme phyfique & moral, 8 Pextrait raifonné de cemêmelouvrage. Le favantau- teur du difcours fur les ammaux carnafliers, qui eft le premier morceau du feptieme volume de l’hiftoire du cabinet du roi, a formellement adopté le fy{= tême d’œconomie animale que nous venons d’expofer. Cer écrit doit aufli être confulre. (7) ŒCONOMIE POLITIQUE ,( ÆHif, Pol. Rel. ancs & mod.) c’eft l’art &r la fcience dé maintenir les hommes en fociété, & de les y rendre heureux, | objet : C É ÿ cbjet fublime, le plus utile & le plus intéreflant qu'il y. ait pour le genre humain. . - Nous ne parlerons point ici ile ce que font ou de ee que devroient faire les puiffances de la terre: - infiruites par les fiecles pañés , elles feront jugées par ceux qui nous fuivront. Renfermons nous doné dans lexpoñirion hiflorique des divérs gouverne- ‘mens qu'ont fucceflivement paru, & des divers . moyens qui ont été employés pour conduire les - nations, | | L'on réduit comninnément à trois genres tous les’ - gouvernements établis; 1°, Ze defporique , où l’au- : torité téfidle dans la volonté d’un feul; 2°, Ze répu- Élicain, qui le gouverne par le peuple, où par les preueres clafles du peuples & 3°. /e monarchique , où la puiffance d’un fouverain, unique 8 tempetée ‘par des lois.& par des coutumes que la fagetle des monarques & que le refpeët des peuples ont ren- … du facrées &inviolables ; parce qu'utiles aux uns - êc aux autres, elles affermiflent le trône, défen- - dent le prince, & protegent les fujets, À ces trois gouvernemens, nous en devons join- dre un quatrieme, c’eft le shéocratique, queles écri- vains politiques ont oublié de confidérer. Sans doute qu'ils ont été embarraflés de donner un rang fur, la terre à un gouvernement où des officiers & des nuniftres commandent au nom d’une puif- fance & d’un être invifible ; peut-être cette ad- minifiration leur a-t-elle paru trop particuliere & trop furnaturelle, pour la mettre au nombre des gouvernemens politiques. Si ces écrivains euflent cependant fixé des regards plus réfléchis fur les prenuers tableaux que préfente l’antiquiré, & s'ils euflent combiné & rapproché tous les fragmens qui nous reflent de fon hiftoire, ils auroiïent re- connu, que cette théocratie, quoique furnaturelle, a été non-feulement un des premiers gouverne- mens que les hommes fe font donnés, mais que ceux que nous venons de nommer en font fuccef- fivement fortis, en ont été les fuites nécefaires; & “qu'à commencer à ce terme, ils font tous liés par une chaine d’événemens continus , qui embraflent prefque toutes les grandes révolutions qui font ar- nvées dans le monde politique & dans le monde moral, ; La théocratie que nous avons ici particuliere- ment en vue, n’eit point, comme on pourroit d’a- bord le penler, la chéocratie mofaïque; mais une au- tre plus ancienne 87 plus étendue, qui a été la fource de quelques biens & de plus grands maux, & dont la théocratie des Hébreux n’a été dans fon tems qu'un renouvellement & qu’une fage réforme qui les a féparés du genre humain , queles abus dela premiereavoient rendu idolätre. Il eft vrai que cette théocratie primitive eft prefque ignorée, & que le fouvenir s’en étoit même obicurci dans la mémoire des anciens peuples; mais l’analyfe que nous allons faire de l’mftoire de l’homme en fociété, pourra la faire entrevoir, & mettre même furla voie de la * découyrir tout-à-fait ceux qui voudront par la fuite étudié & confidérer attentivement tous les objets divers de l'immenfe carriere, que nous ne pouvons ici que légérement parcourir, . Si mous voulions chercher l’origine des fociétés &t des gouvernemens enmétaphyficiens, nousirions trouver l’homme des terres Aufirales. S'il nous con- venoit de parler en théologiens fur notre état pri- mutif, nous ferions paroitre l’homme dégénéré de fa premiere innocence; mais pour nous conduire en fimples hiftoriens , nons confidérerons l’homme échappé des malheurs du monde, après les dernieres révolutions de la nature. Voilà la feule & l'unique époque où nous puiffons remonter ; & c’eft là le feul homme que nous devions confultér fur lori- Tome XL, Œ C O 307 gine & les principes des fociétés qui fe font fors mées dépuis ces événemens deftruéteurs. Maloré l’obfcurité où il paroiït que l’on. doive néceflairement tomber en franchiflant les bornes des tems hiftori= ques, pour aller chercher au-delà & dans les ef paces ténébreux,des faits naturels & des inftitutions humaines, noûs n’avons point cependant manqué de guides & de lambeaux. Nous nous fommes tranf portés au mileu des anciens témoins des calataités de l'univers. Nous avons examiné comment ils enr étoient touchés, &c quelles étoient les impreffions que ces calamutés faioient fur leur efprit, {ur leus cœut & fur leur caractere, Nous avons cherché à -furprendre le genre humain dans l'excès de fa mi- {ere ; &r pour l’étudier , nous nous fommes étudiés nous-mêmes, fingulierement prévenus que malgré la différence des fiecles &z des hommes , il ya des fentimens communs & des idées uniformes , qui feré- veillent univerfellement par les cris de la nature, & même par les feulesterreuts paniques, dont certains fiecles connus fe font quelquefois effrayés. Après l'examen de cette confcience commune, nous avons réfléchi fur les fuires les-plus naturelles de ces im- preffions &7 fur leur aétion à l'égard de la conduire des hommes; & nous fervant de nos conféquences comme de principes, nous les ayons rapprochés des ufages de Pantiquité, nous lesavons comparés avec la police & les lois des premieres nations, avec leur culte & leur gouvérnement ; nous avons fuivi d'âge en äge les diverfes opinions & les coutumes des hommes , tant que nous avons cru y connoître les fuites, on au moins les veftiges des impreffions primitives, & par-tout en effet il nous a femblé ap: percevoir dans les annales du monceune chaîne con: tinue, quoiqu'ignorée, une unité finguliere cachée fous mille formes ; & dansnos principes, la folution d’une multitude d’énigmes & de problèmes obfcurs qui concernent l’homme de tous les tems, & fes divers gouvernemens dans tous les fiecles, Nous épargnerons au leéteur l’appareïl de ños re: cherches ; il n'aura que l’analyfe de notre travail ; & fi nous ne nous fommes pas fait une illufion , il apprendra quelle a été l’origine & la nature de la théocratie primitive. Aux biens & aux maux qu’elle a produit, 1l reconnoîtra l’âge d’or & le regne des dieux; 1l en verra naître fucceflivement la vie fau- vage, la fuperftition & la fervitude, l’idolatrie & le defpotifme ; il en remarquera la réformation chez les Hébreux : les républiques & les monarchies pa= roitront enfuite dans le deflein de remédier aux abus des premieres légiflations. Le leéteur pelera l’un & l’autre de Ces deux gouvernemens ; & s'il a bien fuivi la chaîne des événemens , il jugera, ainfi que nous, que le dernier feul a été l’eflet de l’extinc tion totale des anciens préjugés, le fruit de la rai- fon & du bon fens, & qu'il eft l'unique souver- nement qui foit véritablement fait pour l’homme & pour la terre, Il faudroit bien peu cônnoître le genre hurain, pour douter que dans ces tems déplorables où nous nous fuppofons avec lui, & dans les premiers âges qui les ont fuivis, 1l n'ait été très-religieux , & que {es malheurs®ne lui aient alors tenu lieu de féveres mifhonnaires & de puiflans légiflateurs, qui auront tourné toutes fes vues du côté du ciel & du côté de la morale. Cette multitude d’infitutions aufieres & rigides dont on trouve de fi beaux veftiges dans Phiftoire de tous les peuples fameux par leur anti- quité , n’a té fans doute qu’une fuite générale de ces premieres difpofitions de l’efprit humain. IL en doit être de même de leur police. C’eft fans doute à la fuite de tous les événemens malheureux quiont autrefois ruiné l’efpece humaine, fon féjour & a fubfiftance , qu'ont dû être faits tous cesréslemens A aa 268 ŒCO admirables,que nous ne retrouvons que chez les peu- ples les plus anciens » fur l'agriculture , {ur Le tra- vail, fur Pindufirie, fur la population, fur l'édu- cation, & fur tout ce qui concerne læconomie publique & domeftique. Ce fut néceflairement fous cette époque que Pu- nité de principe, d'objet & d'attion s'étant rérablie parmi Les mortels réduits à petits nombres & preflés des mêmes befoins, ce fut alors que les lois do- meftiques devinrent la bafe des lois , ou pour mieux dire , les feules lois des fociétés, ainf que toutes les plus antiques légiflations nous le prouvent. Comme la guerre forme des généraux &c des fol- dats, de même les maux extrèmes du genre hu- main & de la grandeur de fes néceflités ont donné lieu en leur tems aux lois les plus fimples & les lus fages , & aux légiflations primitives, qui, dans te chofes de police , ont eu fouverainement pour objet le véritable & le feul bien de l’humanité. L'homme alors ne s’eft point laiflé conduire par la ceutume ; il n’a pas été chercher des lois chez fes voifins; mais il les a trouvées dans fa raifon & dans fes befoins. | Que le fpettacle de ces premieres fociétés de- voit être touchant |! Auff pures dans leur morale, que régulieres dans leur difcipline, animées d’une fervente charité les unes envers les autres, mu- tuellement fenfibles & étroitement unies, c’étoit alors que l'égalité brilloit, & que l’équité regnoit fur la terre. Plus de tien, plus de mien : tout ap- partenoït à la fociété, qui n’avoit qu'un cœur & qu'un efprit. Erat terra labii unius, 6 fèrmonum eo- rumdemn. Gen XI, 1. Ce n’eft donc point une fable dépourvue de tou- te réalité, que la fable de l’âge d’or, tant célé- brée par nos peres. IL a dû exifter vers les premie- res époques du monde renouvellé, un tems, un ancien tems, où la juftice, l’écalité, l'union &r la paix ont regné parmi les humains. S'il y a quelque chofe à retrancher des récits de la mythologie, ce n’eft vraifemblablement que le riant tableau qu’elle nous a fait de l’heureux état de la nature ; elle de- voit être alors bien moins belle que le cœur de l’homme. La terre n’offroit qu'un défert rempli d'horreur & de mifere, & le genre humain ne fut jufte que fur les débris du monde. Cette fituation de la nature, à qui il fallut plu- fieurs fiecles pour fe réparer , & pour changer l’af- freux fpeétacle de fa ruine , en celui que nous lui voyons aujourd'hui, fut ce qui retint long-tems le genre humain dans cet état prefque furnaturel. La morale & le genre de vie de l’äge d'or n'ont pure- gner enfuite au milieu des fociétés agrandies, parce qu'ils ne conviennent pas plus au luxe de la nature , qu'au luxe de l’humanité, qui n’en a été que la fuite & l'effet. À mefure que le féjour de l'homme s’eft embelli, à mefure que les fociétés fe font multi- pliées , & qu’elles ont formé des villes & des états, le regne moral a dû néceflairement faire place au regne politique , & le tien êc le mien ont dû paroïtre dans le monde , non d’abord d'homme à homme, mais de famille À famille &c de fociété à fociété , parce qu'ils y font devenus indifpenfables , & qu'ils font partie de cette même harmonie qui a dü ren- trer parmi les nations renouvellées , comme elle eft infenfblement rentrée dans la nature après le der- nier chaos. Cet âge d’or a donc été unétat de fain- teté, un état furnaturel digne de notre envie, & qui a juftement mérité tous les regrets de l'antiquité : cependant lorfque les légiflations poftérieures en ont voulu adopter les ufages & les principes fans difcer- nement, le bien s’eft néceflairement changé en mal, & l’eren plomb, Penr-être même n’y auroit-il jamais en d'âge defer , fi l'on n’eût point ufé de cet âge d’or lorfqu’il n’en étoit plus tems ; c’eft ce dont on pourra juger pat la fuite de cet article. Tels ont été les premiers, & nous pouvons dire les heureux effets des malheurs du monde. Ils ont forcé l’homme à fe réunir ; dénué de tout , rendu pauvre & miférable par les défaftres arrivés, & vivant dans la crainte & l’attente de ceux dont il fe crutlong-tems encore menacé , la religion & la né- ceflité en raflemblerent les triftes reftes , & les por- terent à être inviolablement unis , afin de feconder les effets de l’aivité & de linduftrie : il fallut alors mettre en ufage tous ces srands reflortsdont le cœur humain r’eft conftamment capable que dans Padver- fité : 1ls font chez nous fans force & fans vigueur 3. mais dans ces triftes fiecles il n’en fut pas de même, toutes les vertus s’exalterent; l’on vit le regne & le triomphe de l’humanité, parce que ce font-fà fes inf= tans, Nous n’entrerons point dans le détail de tous les moyens qui furent mis alors en ufage pour réparer les maux du genre humain , & pour rétablir les fo- ciétés : quoique l’hiftoire ne nous les ait point tranf mis , 1ls font aifés à connoître ; & quand on confulte la nature , elle nous les fait retrouver dans le fond de nos cœurs. Pourroit-on douter, par exemple , qu'une des premieres fuites des impreffions que fit * fur les hommes l’afpe& de la ruine du monde, n’ait été d’écarter du milieu des premieres familles , & même du milieu des premieres nations, cet efprit def. truéteur dont elles n’ont ceflé par la fuite d’être ani- mées les unes contre les autres ? La violence , le meurtre , la guerre , & leurs fuites effroyables ont dû être pendant bien des fiecles inconnus ou abhor- tés des mortels. Inftruits par la plus puiffante de tou- tes les leçons , que la Providence a des moyens d’ex- terminer le genre humain en un clin-d’œil, fans doute qu'ils ftipulerent entre eux , & au nom de leur pof- térité ; qu'ils ne répandroient jamais de fang fur la terre: ce fut-là en effet le premier précepte de la loi de nature où les malheurs di monde ramenerent néceflairement les fociétés : requiram animam hominis de manu fratris ejus quicumque effuderie humanum fan- guinem, &c. Gen.]x. 5. 6. Les peuplesquijafqu’au- jourd’hui ont évité comme un crime de répandre ou de boire le fang des animaux, nous offrent un veftige de cette primitive humanité; mais cen’en eft qu’une ombre foible : & ces peuples , fouvent barbares & cruels à l’égard de leurs femblables , nous montrent bien qu'ils n’ont cherché qu’à éluder la premiere & la plus facrée de toutes les lois. | Ce n'eft point cependant encore dans ces pre- miers momens qu'il faut chercher ces divers gouver- nemens politiques qui ont enfuite paru fur la terre. L'état de ces premiers hommes fut un état tout ré- ligieux ; leurs familles pénétrées de la crainte des ju- gemens d’en-haut, vécurent quelque tems fous la conduite des peres qui raffembloient leurs enfans , & n’eurent point entr’elles d’autre lien que leurs be- {oins , ni d'autre roique le Dieu qu’elles invoquoient. Ce ne fut qu'après s'être multipliées qu'il fallut un lien plus fort & plus frappant pour des fociétésnom- breufes que pour des familles , afin d’y maintenir l'unité dont on connoïfloit tout le prix , & pour en- tretenir cet efprit de religion, d’œconomie , d’induf- trie & de paix qui feul pouvoit réparer les mauxinf- nis qu'avoit fouffert la nature humaine : on fit donc alors des lois ; elles furent dans ces commencemens auf fimples que l’efprit quilesinfpira : pour en faire le projet , il ne fallut point recourir à des philofo- phes fublimes, ni à des politiques profonds ; les be- foins de l’homme les diéterent ; & quand on en raf fembla toutes les parties , on ne fit fans doute qu’é- crire ou graver fur la pierre ou fur le bois ce qui avoit été fair jufqu’à ce tems heureux oùlaraifondes > , CO particuliers n'ayant point été différente de Îa raïfon vblique , avoit été la feule & l'unique loi ; telle a été l’origine des premmers codes ; ils ne changerent - rien aux reflorts primitifs de la conduite des focié- tés. Cerre précaution nouvelle n'avoir eu pour ob- jet que de les fortifier, en raifon de la grandeur & de léténdue du corps qu'ils avoient à faire mouvoir , 8: l’homme s’y foumit fans peine;fes befoiss lui ayant fait connoître de bonne heure qu'il n’étoit point un être qui pût vivre ifolé fur la terre, il s’étoit dès le commencement réuni à fes femblabies,, en préférant _ Jés avantages d'un engagement néceflaire & ration- nable à fa liberté naturelle ; & lagrandiflement de la fociété ayant enfuite exigé que le contrat tacite ue chaque particulier avoit fait avec elle en s’y in- corporant , eût une forme plus folemnelle , &c qu'il devint authentique , il y confentit donc encore ; 1l - {e foumit aux lois écrites, & à une fubordination ci- vile & politique ; il reconnut dans fes anciens des fupérieurs , des magiftrats, des prêtres bien plus, il chércha un fouverain, parce qu'il connoifloit dès lors, qu'une grande fociété fans chef ou fans roi n’eft qu'un corps fans tête, &: même qu'un monftre dont les mouvemens divers ne peuvent avoir entre eux rienvde raifonné ni d'harmonique, Pour s’appercevoir de cette grande vérité, l’hom- me n’eut befoin que de jetter un coup d'œil fur cette fociété qui s’étoit déja formée nous ne pouvons en effet, à l’afpelt d’une affemblée telle qu'elle foit , nous empêcher d’y chercher celui qui en eff le chef _ où le premier; c’eft un fentiment involontaire &c vraiment naturel, qui eft une fuite de l'attrait fecret qu'ont. pour nous la fimplicité & l'unité , qui font les cara@teres de l’ordre & de la vérité: c’eit une inf- piration précieufe de notre raon y par laquelle tel penchant que nous ayons tous vers l'indépendance, nous {avons nous foumettre pour notre bien-être & pour l'amour de l’ordre. Loin que le fpeétacle de celui qui préfide fur une fociété foit capable de cau- fer aucun déplaifir à ceux qui la compofent , la rai- fon privée nepeut le voir fans un retour agréable &c flatteur fur elle-même, parce que c’eft cette focièté entiere , & nous-mêmes qui en faifons parie, que nous confidérons dans ce chef & dans cet organe de la raïfon publique dont il eft le miroir , l'image ëc l’augufte repréfentation. La premiere fociété réglée & policée par les lois, n’a pu fans doute fe contem- ler elle-même fans s’adnurer. L'idée de fe donner un roi a donc été une des premieres idées de l’homme fociable & raïfonnable. Le fpettacle de l'univers feconda même la voix de la raifon. L'homme alors encore inquiet , levoit fou- vent les yeux vers le ciel pour étudier le mouve- ment des aftres & leur accord, d’où dépendoit la tranquillité de la terre &t de fes habitans ; &c remar- quant fur-tout cet aftre unique êt éclatant , qui fem. ble commander à l’armée des cieux & en être obéit , il crut voir là-haut l’image d’un bon gouvernement, & y reconnoitre ie modele & le plan que devoit fuivre la fociété fur la terre , pour lerendre heureux & immuable par un femblable concert. La religion enfin appuya tous ces motifs. L'homme ne voyoit dans toute la nature qu’un foleil , 1l ne connoifloit dans l'univers qu’un être fuprême ; il vit donc par- là qu'il manquoit quelque chole à fa légiflation que fa fociété n’étoit point parfaite; en un mot qu'il lui falloit un roi qui fût le pere &c le centre de cette grande famille , & le proteéteur &z l'organe des lois. Ce furent-là les avis, les confeils & les exemples que la raifon , le fpeétacle de la nature & la religion donnerent unanimement à [homme dès les premiers tems ; mais il les éluda plutôt qu'il ne les fuivit. Au lieu de fe choïfir un roi parmi fes femblables, avec lequel la fociété auroit fait le même contrat que cha- Tome XL, Œ € O 269 ue particulier avoit ci-devant faitavécelle, lhom me proclama le roi de l’âge d’or, c’eft-à dire, l'Etre fuprème ; 1l continua à le regarder comme fon mo natque ; & le couronnant dans les formes , il né voulut point qu'il y eût fur la terre, comme dans lé ciel, d'autre maître, ni d’autre fouverain, Onne s’eft pas attendu fans doute à voir de fi près la chute & l’oublides fentimens que nous nous fom= mes plu à mettre dans l’efprit humain ; au moment où les fociétés fongeoient à repréfenter leur unité par un monarque. Si nous les avons fair ainfi penfer , c’eft que ces prenuers fentimens vrais & pleins de fimplicité font dignes de ces âges primiufs, & que la conduite furnaturelle de ces fociétés femble nousin- diquer qu’elles ont été furprifes & trompées dans ce fatal moment. Peut-être quelques = uns foupconnes ront-1ls que l'amour de l'indépendance a été le mo: bile de cette démarche , & que l’homme , en refu- fant de fe donnerun roi vifible, pour en reconnoître un qu'il ne pouvoit voir, a eu un deflein tacite de n’en admettre aucun. Ce feroit rendre bien peu de juftice à l’homme engénéral,& en particulier à l’hom- me échappé des malheurs du monde, quia été porté plus que tous les autres à faire le facrifice de fa liber- té & de toutes fes pafions. S'il fit donc, en fe don- hant un ro1, une fi finguliere application des lecons qu'il recevoit de fa raifon & de la nature entiere, c’eft qu'il n’avoit point encore épuré fa religion com- me fa police civile & domeflique , & qu'il ne avoit pas dégagée de la fuperftition, cette fille dela crainte & de la terreur, qui abforbe la raïfon, &c qui pre- nant la place & la figurede la relision,l’ancantitelle- même pour livrer l'humanité à la fraude & à l’im- poflure : l’homme alors en fut cruellement la dupe ; elle feule préfida à léleétion du dieu monarque , & ce fut-là la premiere époque & la fource de tous les maux du genre humain. | Comme nous avons dit ci-devant que les premie- res fanulles n’eurent point d’autre ro1 que le dieu qu’elles invoquoient, 8: comme c’eft ce même ufa- ge qui s'étant confacré avec le tems , porta les na- tions multipliées à métamorphofer ce culte religieux . en un gouvernement politique, 1l importe ici de faire connoître quels ont été les préjugés que les pre- mieres familles joignirent à leur culte, parce que ce font ces mêmes préjugés qui pervertirent par la fuite la religion & la police de leur poftérité, Parmi les impreflions qu'avoit fait fur l’homme l’ébranlement de la terre &z les grands changemens arrivés dans la nature, 1l avoit été particulierement affecté de la crainte de la fin du monde ; il s’étoit imaginé que les jours de la juftice & de la vengean« ce étoient arrivés ; 1l s’étoit attendu de voir dans peu le juge fuprème venir demander compte à lPu- nivers , & prononcer ces redoutables arrêts que les méchans ont toujours craint, &c qui ont toujours fait Pefpérance & la confolation des juftes. Enfin l’hom- me, en voyant le monde ébranlé & prefque détruit, n’avoit point douté que le regne du ciel ne fût très- prochain, & que la vie future que la religion appelle par excellence Ze royaume de Dieu ne füt prêt à pa- roître. Ce font-là de ces dogmes qui faififfent l’hu- manité dans toutes lesrévolurions de la nature , & qui ramenent au même point l’homme de tous les tems. Ils font fans doute facrés, réligieux & infini- ment refpettables en eux-mêmes ; mais l’hiftoire de certains fiecles nous a appris à quels faux principes ils ont quelquefois conduit les hommes foibles , lorfque ces dogmes ne leur ont été préfentés qu’à la fuite des terreurs paniques & menfongeres, Quoique les malheurs du monde , dans les pre- miers tems, n’ayent eu que trop de réalité , ils con- duifirent néanmoins l’homme aux abus des faufes terréurs , parce qu'il y a toujours autant de différen- | Aaa — 379 C © ce entre quelque changement dans le monde &c fa fin abfolue dont Dieu feul fait les momens , qu'il y en a entre un fimple renouvellement , & une créa- tion toute miraculeufe : nous conviendrons cepens dant que dans ces anciennes époques, où l’homme fe porta à abufer de ces dogmes univerfels, qu'il fut bien plus excufable que dans ces fiecles poftérieurs où la fuperftition n’eut d’autre fource que de faux calculs & de faux oracles que l’état même de la na- turé contrediloit. Ce fut cette nature elle-même , &c tout l'univers aux aboïs qui féduifirent les fiecles pri- mitifs. L'homme auroit-il pu s’empêcher, à l’afpeét de tous les formidables phénomenes d’une diflolu- tiontotale , de ne pas fe frapper de ces dogmes re- lisieux dont il ne voyoit pas , 1l eft vrai, la fin pré- cife, mais dont il croyoit évidemment reconnoître tousles fignes & toutes les approches? Ses yeux & fa raifon fembloient l’en avertir à chaque inftant, & juflifier fes terreurs : fes maux &c fes miferes qui étoient à leur comble , ne lui laiflorent pas la force d’en douter : les confolations de la religion étoient fon feul efpoir ; il s’y livra fans referve , 1l attendit avec réfignation le jour fatal ; ils’y prépara , le defi- ra même ; tant étoit alors déplorable fon état fur la terre ! L'arrivée du grand juge & du royaume du ciel avoient donc été, dans ces triftes circonftances , les feulspointsde vue que l’hommeavoit confidérésavec une fainte avidité ; il s’en étoit entretenu perpétuel- lement pendant les fermentations de fon féjour ; &c ces dogmes avoient fait fur lui de fi profondes im- preflions , que la nature ,quine fe rétablit fans doute que peu-à-peu , létoit tout-à-fait lorfque l’homme attendoitencore. Pendant les premieres générations, ces difpofitions de l’efprir humain ne fervirent qu’à perfe@&ionner d’autant {a morale , & firent l’héroif- me & la fainteté de l’âge d’or. Chaque famille pé- nétrée de ces dogmes , ne repréfentoit qu'une com- munauté religieufe qui dirigeoit toutes fes démar- ches fur le célefte avenir, & qui ne comptant plus fur la durée du monde, vivoit , en attendant les événemens , fous les feuls liens de la religion. Les fiecles inatrendus quifuccéderent à ceux qu’on avoit cru les derniers , aurotent dû , ce femble, détrom- per l'homme de ce qu’il y avoit de faux dans fes principes. Mais l’efpérance fe rebute-t-'elle ? La bonne foi & la fimplicité avoient établi ces prin- cipes dans les premiers âges ; le préjugé & la cou- tume les perpétuerent dans les fuivans, &c ils ani- moient encore les fociétés agrandies & multipliées , lorfqu’elles commencerent à donner une forme ré- _glée à leur adminiftration civile & politique. Préoc- cupés du ciel, elles oublierent dans cet inftant qu’elles étoient encore fur la terre; & au lieu de donner à leur état un lien fixe & naturel , elles perfifterent dans un gouvernement > qui n'étant que provifoire & furnaturel, ne pouvoit convenir aux fociétés politiques , ainfi qu'il avoit convenu aux fociétés myftiques & rehigieufes.Elles s'imaginerent fans doute par cette fublime fpéculation, prévenir leut gloire & leur bonheur , jouir du ciel fur la terre, & anticiper fur le célefte avenir. Néanmoins ce fut cette fpéculation qui fut le germe de toutes leurs erreurs & de tous les maux où le senre humain fut enfuite plongé. Le dieu monarque ne fut pas plutôt élu , qu’on appliqua les principes du regne d’en-haut au regne d'ici bas’; & ces principes {e trouverent faux , parce qu'ils étoient deplacés. Ce gouverne- ment n’étoit qu'une fiction qu'il fallut néceflairement foutenir par une multitude de fuppoñtions &t d’ufa- ges conventionnels ; & ces fuppofñtions ayant été enfuite prifes à la lettre, il en rélulta une foule de préjugés réligieux & politiques , une infinité d'ufa- ges bizarres & déraifonnables , 8e des fables fans nom- ŒG C O bre qui précipiterent. à la fin dans le chaos le plus obfcur , la relision , la police primitive & l’hiftoire du genre humain. C’eft ainfi. que: les premieres na- tions, aprèsavoir puifé dansle:bon fens & dans leurs vrais befoins leurs lois domeftiques & œconomi- ques , les foumirent toutes à un gouvernement idéal , que lhiftoire connoît peu ; mais que la My- thologie qui a recueilli les ombres des premiers tems , nous a tran{mis fous-le nom de regre des dieux ; c’eftà-dire , dans notre langage , 4 regne de Dieu, 8& en un feul mot , théocratre, Les hiftoriens ayant méprifé , & prefque toujours avec raifon, les fables de l’antiquité , la théocratie primitive eftundes âges du monde les plus fufpe&s ; & fi nous n'avions 1c1 d'autres autorités que celle de la Mythologie, tout ce que nous pourrions dire fur, cet antique gouvernement , paroïroit encore fans, vraiflemblance aux yeux du plus grand nombre ; peut-être aurions-nous les fuffrages de quelques-uns de ceux dont le génie foutenu de connoiïffance, eît feul capable de faifir l’enfemble de toutesles erreurs humaines ; d’appercevoir la preuve d’un fait ignoré dans le crédit d’une erreur univerfelle , &c de re- monter enfuite de cette erreur, aux vérités ou aux événémens qui l'ont fait naître | par la combinaifon réfléchie de tous les différens afpeéts de cette même erreur : mais les bornes de notre carriere ne nous permettant point d'employer les matériaux que peut nous fournir la Mythologie , nous n’entreprendrons point icide réédiñer les annalesthéocratiques. Nous ferons feulement remarquer que f l’univerfalité &c fi l’'uniformité d’une erreur font capables de faire entre- voir aux efprits les plus intelligens quelques princi- pes de vérité, où tant d’autres ne voient cependant que les effets du caprice & de l’imagination des an- ciens poëtes , on ne doit pas totalement rejetter les traditions qui concernent le regne des dieux , puif- qu’elles font univerfelles , & qu’on les retrouve chez toutes les nations, qui leur font fuccéder les demi, dieux , & enfuite les rois, en diftinguant ces trois regnes comme trois gouvernemens différens. Egyp= tiens, Chaldéens, Perfes, Indiens, Chinois, Japon- nois, Grecs, Romains , & jufqu’aux Américains- mêmes , tous ces peuples ont également confervé le fouvenir ténébreux d’un tems où les dieux font defcendus fur la terre pour raflembler les hommes , pour les gouverner , & pour les rendre heureux, en leur donnant des lois, & en leur apprenant les arts utiles. Chez tous ces peuples , les circonftan- ces particulieres de la defcente de ces dieux font les miferes & les calamités du monde. L’uneft venu, di- fent les Indiens, pour foutenir la terre ébranlée ; & celui-là pour la retirer de deffous les eaux ; un aus tre pour fecourir le foleil | pour faire la guerre au dragon , & pour exterminer des monfires. Nous ne rappellerons pas les guerres & les viétoires desdieux grecs & égyptiens fur les Typhons , les Pythons, les Géans & les Titans. Toutes les grandes folemni- tés du paganifme en célébroient la mémoire. Vers tel climat que l’on tourne les yeux , on y retrouve de même cette conftante & finguliere tradition d’un âge théocratique ; & l’on doit remarquer qu'indépen: dament de l’uniformité de ces préjugés qui déceleun fait tel qu'il puifle être, ce regne furnaturel y eft toujours défigné commeayant été voifin des ancien- nes révolutions, puifqu’en tous lieux le regne des dieux y eft orné & rempli des anecdotes littérales ou allégoriques de la ruine ou du rétabliffement du monde. Voici , je crois , une des plus grandes auto- rités qu’on puifle trouver fur un fujet fi obfcur., « Sileshommes ont étéheureux dans les premiers w#tems, dit Platon, IY. iv. des Lois , s'ils ont été sheureux & juftes , c’eft qu'ils n’étoient point alors » gouvernés comme nous Le fommes aujourd'hui, » mais.de la même maniere que nous gouverons » nOS trOUpEAUX ; car comme nous n’établiflons pas » un taureau fur des taureaux , ni une chevre fur »un troupeau de chevres , mais que nous les met- » tons fousla conduite d’un homme qui en eft le ber- » ger ; de même Dieu qui aime les hommes, avoit » mis nos ancêtres fous là conduite des efprits & des » anges», Ou je metrompe, ou voilà ce gouvernement fur- naturel qui a donné lieu aux traditions de âge d’or & du regne des dieux. Platon a été amené à cette tradition par une route afez femblable à celle que je fuis. Il dit ailleurs, qu'après le déluge, les hommes vécurent fous trois états fuccefffs : le premier, fur les montagnes errans & ifolés les uns des autres : le deuxieme, en familles dans les vallées voifines, avec un peu moins de terreur que dans le premier état : & le troifieme, en fociétés réunies dans Les plai- nes , & vivant fous des lois. Au refte, fi ce gou- vernement eft devenu fi généralement obfcur & f1- buleux , on ne peut en accufer que lui-même. Quoi- que formé fous les aufpices de la religion, fes prin- cipes furnaturels le conduifirent à tant d’excès & à tant d'abus ;, qu’il fe défigura infenfiblement, & fut enfin méconnu. Peut-être cependant l’hiftoire qui l'a rejetté, l’a-t-elle admis en partie dans fes fafes , fous lenom de regne facerdotal. Ce regne n’a été dans fon tems qu’une des fuites du premier, & l’on ne peut nier que cette adminiftration n’aitété retrouvée chez diverfes nations fort hiftoriques, Pour fuppléer à ce grand vuide des annales du monde par une autre voie que la Mythologie, nous avons réfléchi fur létiquerte & fur les ufages qui ont dû être propres àce genre de gouvernement ; &. après nous en être fait un plan 8& un tableau, nous avons encore cherché à les compareravec les ufages politiques & réligieux des nations. Tantôt nous avons fuivi l’ordre des fiecles , & tantôt nous les avons retrogradés, afin d'éclaircir l’ancien par le moderne , comime on éclaircit le moderne par l’an- cien. Telle a été notre méthode pour trouverle con- nu par l'inconnu ; on jugera de fa juftefle ou de fon inexaétitude par quelques exemples, & par le réful- tat dont voici l’analyfe. Le gouvernement furnaturel ayant obligé les na- tions à recourir à une multitude d’ufages & de fup- poñiuions pour en foutenir l'extérieur , un de leurs premiers foins fut de repréfenter au milieu d’elles la maifon de leur monarque , de lui élever un trône, &t de li donner des officiers & des miniftres. Confi- dérée comme un palais civil, cette maifon étoit fans doute de trop für la terre , mais enfuite confidérée comme un temple , elle ne put fuffire au culte pu- blic de toute une nation. D’abord on voulut que cette maifon füt feule & unique , parce que le dieu monarque étoit feul & unique ; mais toutes les"dif- férentés portions de la fociété ne pouvant s’y rendre auff fouvent quele culte journalier qui eft dû à la di- vinité l’exige , les parties Les plus écartées de la fo- ciété tomberent dans une anarchie religieufe & po- litique , ou fe rendirent rébelles & coupables , en multipliant le dieu monarque avec les maifons qu’el- les voulurent auffi lui élever. Peu-à-peu les idées qu’on devoit avoir de la divinité fe rétrecirent ; au lieu de regaïder ce temple comme des lieux d'affem- blées & de prieres publiques ; infiniment refpe&ta- bles par cette deftination , les hommes y cherche- rent le maître qu'ils ne pouvoient y voir, & lui don- nérent à la fin une figure & nne forme fenfible. Le figne de Pautorité & le fceptre de l’empire ne furent point mis entre des mains particulieres ; on les dé- pofa dans cette maifon & fur le fige du célefte mo- narque ; C'eft-à-dire dans un temple & dans le lieu le plus refpettable de ce temple , c’eft-à-dire dansle Œ C O 371 fandtuaire, Le fceptre & les autres marques de l’au - toritéroyale n’ontété dans les premiers tems que des bätons &t des rameaux ; les temples que des cabanes, & le fanétuaire qu'une corbeille & qu'un coffret. C'eft ce qui fe trouve dans toute l'antiquité ; mais par l’abus deces ufages, lareligion abforba la police; & ie regne du ciel lui donna le regne de laterre, ce qui pervertit l’un & l’autre. Le code des lois civiles & religieufes ne fut point mis non plus entre les mains du magiftrat, on lé dépofa dans le fan@uaire ; ce fut à ce lieu facré qu'il fallut avoir recours pour connoître ces lois & pour s’inftruire de fes devoirs. Là elles s’y enfeve- lirent avec le tems ; le genre humain les oublia , peut-être même les lin fit-on oublier. Dans ces fêtes qui portoient chez les anciens le nom de féres de là légiflation , commé le palilies & les thefmophories, les plus faintes vérités n’y étoient plus communi- quées que fous le fecret à quelques initiés, & l’on de faifoit aux peuples un myftere de ce qu'il y avoit de plus fimple dans la police, & de ce qu'il y avoit de plus utile & de plus vrai dans la relision. La nature de la théocratie primitive exigeant néceflairement que le dépôt des lois gardé dans le fanétuaire parût émané de dieu même , & qu'on fût obligé de croire qu'il avoit été le légiflateur des hommes comme il en étoit le monarque ; le tems & l'ignorance donnerent lieu aux miniltres du paga- mfme d'imaginer que des dieux & des déefles les avoient révélés aux anciens léciflateurs , tandis que les feuls befoins & la feule raïton publique des pre- tmieres fociétés en avoient été les uniques & les vé: ritables fources. Par ces affreux menfonges, ils ras virent à l’homme l'honneur de ces lois fi belles & fi fimples qu'il avoit fait primitivement, & ils affoi- blirent tellement les reflorts & la dignité de fa rai« {on , en lui faifant fauflementaccroire qu’elle n’avoit point été capable de les diéter , qu’il la méprifa, & qu'il crut rendre hommage à la divinité, en ne fe fervant plus d’un don qu'il n’avoit recu d’elle que pour en faire un conftant ufage. Le dieu monarque de la fociété ne pouvant lui parler n1 lui commander d’une façon direéte , on fe mit dans la néceflité d'imaginer des moyens pour connoître fes ordres & fes volontés. Une abfurde convention établit donc des fignes dans le’ ciel & fur la terre qu'il fallut regarder, & qu’on regarda en effet comme les interpretes du monarque : on inven- ta les oracles, & chaque nation ent les fiens. On vit paroïtre une foule d’augures , de devins & d’arufpi- ces ; en police, comme en religion, l’homme ne confulta plus la raifon, mais il crut que fa conduite, fes entreprifes & toutes fes démarches devoient avoir pour guide un ordre ou un avis de fon prince invifible ; & comme la fraude & l’impofture les dic- terent aux nations aveuglées , elles en furent toutes - les dupes, les efclaves , les rviétimes. | De femblables abus fortirent aufli des tributs qu’on crut devoir lui payer. Dans les premiers tems où la religion ni la police n’étoient point encore cor= rompues par leur faux appareil, les fociétés n’eu- rent d’autres charges & d’autres tributs à porter à l'Etre fuprème que les fruirs & les prémices des biens de la terre ; encore n’étoit-ce qu’un hommage de reconnoifflance , & non un tribut civil dont le fouverain difpenfateur de tout n’a pas befoin. Il n'en fur plus de même lorfque d’un être univerfel chaque nation en eut fait fon roi particulier : 1} fallut lus donner une mailon , un trône , des officiers , & en- fin des reveaus pour les entretemr. Le peuple porta donc chez lui la dixme de fes biens , de fes terres & de fes troupeaux ; il favoit qu'il tencit tont de fon divin roi , que l’on juge de la ferveur avec la- quelle chacun vint offrir ce qui pouvoit contribuer 372 Œ C O à l'éclat & à la magnificencesde fon monarque. La piété généreufe ne connut point.de bornes , on en vint jufqu'à s'offrir foi-même , fa famille 8 fes en- fans ; on crut pouvoir , fans fe déshonorer , {e re- la douceur, & ce fut cette dignité même qui le porta vers tous les excès contraires, Il auroit {ilu qu’un tel hémme rentrt fouvent en lui-même ; MAIS tout ce qui len- vironnoit l’en faifoit fortir & l’en TenOit. toujours éloigné. Eh comment un mortel auroit.il pu fe fen- tir & fe reconnoïtre ? il fe vit décoré de tons les tiz tres fublimes dûs à la diviniré , &C Qui avoient été ci-devant portés par les idolés & fes autres embiè- mes, Tout le cérémonial dû au dien monarque fut rempli dévant l’homme monarque ; adoré comme celui dont il devint à fon tout le repréfentant , il fut de même regardé comme infaillible & immua- ble ; tout l’univers lui dut ; il ne dut rien à l’uni- Vers. Ses volontés devinrent les arrêts du cl, fes férocités furent regardées comme des jugemens d'en haut, enfin cet emblème vivant du dieu monarque lurpaña en tout l’afrenx tableau qui en avoit été fait autrefois aux Hébreux; tous les peuples fouf- crivirent comme [{raël à leurs-droits cruels & À leurs privileges infentés. [!s en gémirent tous par la fuite, mais ce fut en oubliant de plus en plus la dignité de la nature humaine, & en hnmiliant leur front dans la pouffere , ou bien en {e portant vers des aitions lâches & atroces » MÉCOnnoiffant également Cette raïfon, qui feule pouvoit être leur médiatrice. Il ne faut pas être fort verté dans l’hifloire pour reconnoitre ici le gouvernement de l’orient depuis tous les tems connus. Sur cent defpotes qui y ont regné , à peine. en peut on-trouver deux où trois qui ayent mérité le nom d'homme ,& ce qu'il ya de plus extraordinaire, c’eft que les antiques pré- jugés qui ont donné naïiffance au defpotifme fubfif- tent encore dans l’efprit des ÂAfiatiques, & le per- pétuent dans la plus betle partie du monde, dont ils n'on fait qu’un défert malheureux. Nous abrégerons cette. trifte peinture ; chaque leéteur infruit en fe rappellant les maux infnis que ce gouvernement a faits fur la terre , retrouvera toujours cette longue chaine d’évenemens & d'erreurs, & les fuires fu- neftes de tous les faux principes des premieres {o- ciétés: c'eft par eux que la religion & la police fe {ont infenfiblement changés en phantômes mont itueux qui ont engendré l’idolâtrie & le defpotifme, dont la fraternité eft étroite qu'ils ne font qu'une feule & même chofe. Voilà quels ont été les fruits amers des fublimes fpéculations d’une théocratie chimérique,, qui pour anticiper fur le célefte avenir a.dédaigné de penfer à ja terre, dont elle croyoit Ja fin prochaine. Pour achever de conftater ces prandes vérités, jettons un coup- d'œil fur le cérémonial & fur les - principaux, ufages des fouverains defpotiques qui humilient encore la plus grande partie des nations; en y fafant reconnoître les ufages & les principes de la théocratie primitive, ce fera fans doute met. tre le dernier fceau de l'évidence à ces annales du genre humain : cette partie de notre carriere feroit immenfe fi nous n’y mettions-des-bornes > ainfi que nous en avons mis à tout ce que nous avons déjà parcouru. Hifloriens anciens & modernes ; voya- SeurS, {Ous concourent à nous montrer les droits du dieu monarque. dans la cour des defpotes; & ce qu'il y a de remarquable, c’eft que tous ces écri- Vains n’ont écrit où n’ont vû qu’en aveugles les dif. férens objets qu'ils ont tâché de nous repréfenter, Tu ne paroîtras jamais devant moïles mains vui- 15, ) , difoit autrefois aux focié- Tome XI, | @ C O 377 tes théocratiques , le Dieu monarque par la bouche de fes officiers. Tel eff fans doute letitre ignoré de ces defpotes afiatiques devant lefquels aucun hom- me ne peut fe prélentér fans apporter fon ofrande! Ce n’eft donc point dans l’orgueil ni dans Pavarice des fouverains, qu'il faut chercher l’érigine dé cet ufage onéreux, mais dans les préjugés primitifs qui Ont chängé une lecon de morale eñ me étiquere po htique. C’eft parce que toures chofes viennent ici- bas de l’Etre fiprème, qu'un gouveruément reli gieux avoit exigé qu’on lui fit à chaque inftant l’hom. mage des biens que l’on ne tenoit que dé lui ; il fal- loït même s'offrir foi-même : car quel eft homme qua ne foit du domaine de foncréateur ? Tôus les Hé. breux, par exemple, fe regardoient comme les ef. claves nés de leur fuprème monarque : tons ceux que j'ai tiré des miferes de l'Egypte, leur difoit-il, ‘ont mes efclaves ; ils font à moi ; c’eft moh bien &t mon héritage : &c cet efcla vage étoit firéel!, qu'il falloit racheter les premiers nés des hommes, & payer un droit de rachat au miniftere public. Ce précèpte s’érendoit auffi fur les animaux ; l’homme ôt la bête devoient être affujettis à la même loi, parce qu'ils appartenoient également an monarque fuprème. Ilen a été de même dés antres lois théo- cratiques , moralement vraies » & politiquement faufles ; leur mauvaife application en fit dès les pre: miérs tems les principes fondamentaux de la futute fervitude des nations. Ces lois ñ'infpiroient que ter reur, & ne parloient que châtiment, parce qu'on ne pouvoit que par de continuels eHorts » Maintenir les {ociétés dans la fphere furnaturelle où lon avoit porté leur police & leur gouvernement. Le monar- que chez les Juifs endurcis, & chez toutés les autres nations, étoit moins regardé comme un pere & com- me un Dieu de paix, que comme un ange extermi- nateur. Le mobile de la théocratie avoit donc été la crainte; elle Le fut auf du defpotifme : lé dieu des Scythes étoit repréfenté par un épée. Le vrai Dieu chez les Hébreux, étoit auf obligé à caufe de leur cara@tere, de les menacer perpétuellement : tremblez devant mon fanduaire , leur dit-il ; quis conque approchera du lieu où je réfide, {era puni de mort ; & ce langage vrai quelquefois dans la bouche de Ja Religion , fut enfuite ridiculement adopté des defpotes afiatiqués, afin de contrefairé en tout la Divinité. Chez les Perfes & chez les Mes des , on né pouvoit voir fori roi comme on né pou- voit voir {on dieu, fans mourir : & ce fut-là le prin< cipe de cette invifibilité que les princes orientaux Ont affecté dans tous les tems. La fuperftition judaique quis’étoit imaginé qu’ellé ne pouvoit prononcer le nom terrible de Jéhovah, qui éroit le stand nom de fon monarque, nous a tranfmis par-là une des étiquetes de cette théocratie primitive, & qui s’eft aufli confervée dans le pou vernément oriental. On y a toûjours eu pour prin- cipe de cacher le vrai nom du fouverain ; c’eft ur crime de lefe-majefté de le prononcer à Sam; & dans la Perfe, les ordonnances du prince ne com: mencent point par {on nom ainf qu’en Europe, mais par ces mots ridicules & amphatiques, un comman- dement ef forti de celui auquel l'univers doit obéi « Chard. rome VI, ch, xj, En conféquence de cet ufa: ge théocratique, les princes orientaux né font con: nus de leurs fujets que par des furnoms ; jamais les Hifioriens grecs n’ont pû favoir autrefois les Véri: tables noms des rois de Perfe qui fe cachoïent aux étrangers comme à leurs fujets fous des épithetes attachés à leur fouveraine puiffance, Hérodote nous dit livre V. que Darius figoifioit exterminatenur, & nous pouvons l'en croire , c’eft un vrai furnom de defpotes. Comme il n’y a qu'un Dieu dans Punivers ,; & | bi ru 378 G C O sf FA Ad Po D putes que c eft une vérité qui na famais ete totalement obfcurcie, les premiers mortels qui le repréfente: rent, ne manquerent point aufh de, penfer qu'il ne falloit qu’un fouverain dans le monde ; le dogme de l'unité de Dieu a donc auffi donné lieu au dogme defporique de l’unité de puifflance, c’efl-à-dire, au titre de monarque univerfel, que tous les defpotes {e font arrogé, & qu'ils ont prefque toüjours cher- ché à réalifer en étendant les bornes de leur empire, en détruifant autour d’eux ce qu'ils ne pouvoient pofléder , 8e en méprifant ce que la foibleife de leur bras ne pouvoit atteindre fous ce point de vüe; leurs vaites conquêtes ont été prefque toutes des ouerres de religion, &c leur intolérance politique n'a été dans fon principe qu’une intolérance reli- gieufe. Si nous portons nos yeux fur quelques-uns de ces états orientaux qui ont eu pour particuliere origine la fécularifation des grands prêtres des anciennes théocraties qui en quelques lieux fe font rendus fou- verains héréditaires, nous y verrons ces images théocratiques affeder jufqu'à l'éternité même du ‘dieu monarque dont ils ont envahi le trone. C’eft un dogme reçu en certains lieux de l’Afe, que le grand lama des Tartares, & que le kutucha des Cal- moucs, ne meurent jamais, & qu'ils font immuables & éternels, comme l’Etre fuprème dont ils font les organes. Ce dogme qui fe foutient dans l’Afe par limpofture depuis une infinité de fiecles , eft auf reçu dans l’Abiflinie; mais il ÿ. eft fpirituellement plus mitigé, parce qu’on y a éiudé l’ablurdité par la cruauté ; on y empêche le chiiomé ou prètre umi- verfel, de mourir naturellement ; s'il eft malade on l’étouffe ; s’il eft vieux on l’afflomme ; & en cela 1l eft traité comme l’apis de l’ancienne Memphis que l’on noyoit dévotement dans le Nil lorfqu'il étoit caduc, de peur fans doute que par une mort natu- relle, il ne choquût l'éternité du dieu monarque qu'il repréfentoit. Ces abominables ufages nous dé- voilent quelle eft l'antiquité de leur origine : con- traires au bien être des iouverains, 1ls ne font donc point de leur invention. Si les defpotes ont hérité des fuprèmes avantages de la théocratie , 1ls ont auf été les efclaves & les vitimes des ridicules & cruels préjugés dont elle avoit rempli l’efprit des nations. Au royaume de Saba, dit Diodore, on la- pidoit les:princes qui fe montroent & qui fortoient de leurs palais ; c’eft qu'ils manquoient à létiquere de l'inviñibilité, nouvelle preuve de ce que nous venons de dire. Mais quel contrafte allons-nous préfenter ? ce font tous les defpotes commandans à la nature même; 1à ils font fouetter les mers indociles, & renver- fent les montagnes qhi s’oppofent à leur pañfage. [ci ils fe difent les maîtres de toutes les terres, de tou- tes les mers, & de tousles fleuves, &c fe regardent comme les dieux fouverains de tous les dieux de Pu- nivets. Tous les Hiftoriens moraliftes qui ont re- marqué ces traits de l’ancien defpotiime, n’ont vu dans ces extravagances que les fohes particuleres de quelques princes infenfés; mais pour nous, nous n’y devons voir qu'une conduite autorifée &c reçue dans le plan des anciens gouvernemens, Ces foies mont rien eu de perfonnel, mais elles ont été l'ouvrage de ce vice univerfel qui avoit infecté la police de toutes les nations. L'Amérique qui n’a pas moins confervé que PA: fie une multitude de ces erreurs théocratiques, nous en préfente ici une des plus remarquables dans le ferment que les fonverains du Méxique faifoient à leur couronnement, & dans l'engagement qu'ils con- tra@toient lorfqu'ils montoient {ur le trone. Ils ju- roient & promettoient que pendant la durée de leur tegne, les pluies tomberoïent à. propos dans leur Œ CO empire ; que les fleuves ni les rivieres ne fe débor- deroient point ; que les campagnes féroïent fertiles, & que leurs fujets ne recevroient du ciel ni du fo- leil aucune maligne influence. Quel a donc été Pé- norme fardeau dont l’homme fe trouva chargé auffi- tôt qu’à la place des fymboles brutes & inanimés de la premiere théocratie, on en eût fait l’image de la Divinité? Il fallut donc qu'il füt le garant de toutes les calamités naturelles qu'il ne pouvoit produire ni empêcher , & la fource des biens qu'il ne pouvoit donner : par-là les fouverains fe virent confondus avec ces vaines idoles qui avoient encore eu moins de pouvoir qu'eux , & les nations imbécilles les obli: serent de mème à fe comporter en dieux, lorfqu'el- les n’auroient dû en les mettant à la tête des focié= tés, qu’exiger qu'ils fe comportaflent toüjours en hommes, & qu’ils n’oubliaflent jamais qu'ils étorent par leur nature & par leurs foiblefles égaux à tous ceux qui fe foumettoient à eux fous Pabri commun de l'humanité, de la raïon & des lois. Parce que ces.anciens peuples ont trop demandé à leurs fouverains, ils n’en ont rien obtenu : le def- potifme eft devenu une autorité fans borne , parce qu’on a exigé des chofes fans bornes; & l’impofh- bilité où il a été de faire les biens extrèmes qu’on lui demandoit, n’a pu lui laiffer d'autre moyen de me- nifefter {on énorme puiffance, que celui de faire des extravagances & des maux extrèmes. Tour cecine prouve-r-il pas encore que le defpotifme n’eft qu'une idolâtrie aufh ftupide devant l’homme raifonnable , que criminelle devant l’homme religieux. L’Améri- que pouvoit tenir cet ufage de l’Afrique où tous les defpotes font encore des dieux de pleinexercice, on des royaumes de Totoca, d’Agag, de Monomota- pa, de Loango, 6c. C’eft à leurs fouverains que les peuples ont recours pour obtenir de la pluie ou de la fécherefle; c’eft eux que l’on prie pour éloigner la pefte, pour guérir les maladies, pour faire cefler la ftérilité ou la famine ; on les invoque contre le tonnerre & les orages, & dans toutes les circonftan- ces enfin où l’on a befoin d’un fecours furnaturel. L’Afie moderne n’accorde pas moins de pouvoir à quelques uns de fes fouverains ; plufieurs préten- dent encore rendre la fanté aux malades ; les rois de Siam commandent aux élémens 8 aux génies mal- faifans ; ils leur défendent de gâter les biens de la terre; & comme quelques anciens rois d'Egypte, ils ordonnent aux rivieres débordées de rentrer dans leurs lits, & de cefler leurs ravages. Nous pouvons mettre aufli au rang des privileges infenfés de la théocratie primitive, labus que les {ouverains orientaux ont toùjours fait de cette foi- ble moitié. du genre humain qu’ils enferment dans leurs férails, moins pour fervir à des plaifirs que la polygamie de leur pays femble leur permettre , que comme une étiquete d’une puiflance plus qu’humaï- ne, & d’une grandeur furnaturelle en tout. En fe rap- pellant ce que nous avons dit ci-devant des femmes que l’incontinente théocratie avoit donné au dieu monarque,& des devoirs honteux auxquels elle avoit aflervi la virginité; onne doutera pas que les fym- boles des dieux n’ayent auffi hérité de ce tribut in- fâme , puifque dans les Indes on ÿ marie encore fo- lemnellement des idoles de pierre , & que dans lan- cienne Lybie, au 4y.L. au rapport d’Hérodote, les peres qui marioient leurs filles étoient obligés de les amener au prince la premiere nuit de leur noce pour lui offrir le droit du feigneur. Ces deux anecdotes fufñfent fans doute pour montrer l’origine & la fuc- ceflion d’une étiquete que les defpotes ont néceffaire- ment dû tenir d’une adminiftration qui avoit avant eux perverti la morale, & abufé de la nature hu- maine. Lafource du defpotifme ainfi connue, ilnousrefte Œ C O pour completter ‘auf Panalyfe de fon hiftoire, de dire quel a été fon fort .& {a deftinée vis-à-vis des minifires théocratiques qui furvécurent à la ruine de leur premiere puiflance. La révolution qui plaça les defpotes fur le trone du dieu monarque, n’a pufe faire fans doute, fans exciter & produire beaucoup de difputes entre les anciens & les nouveaux mai- tres : l’ordre théocratique dut y«voir la caufe du dieu monarque intéreflée. L’éleétion d’un roi pou- voit être regardée en même tems comme une ré- bellion & comme une idolâtrie. Que de fortes rai- ons pour inquiéter les rois, & pour tourmenter les peuples ! Cet ordre fut le premier ennemi des empi- tes naïflans, &de la police humaine. Il ne cefla de parler au nom du monarque invifible pour s’aflu- jettir le monarque vifible ; & c’eft depuis cette épo- que, que lon a fouvent vu les deux dignités fuprè- mes fe difputer la primauté, lutter l’une contre l’au- tre dans le plein &c dans le vuide, & fe donner al- lernativement des bornes & des limites idéales, qu'elles ont alternativement franchies fuivant qu’el- les ont été plus ou moins fecondées des peuples in- décis & flottans entre la fuperfition & le progrès des connoiffances,. | Un refte derefpe& & d'habitude ayant laïffé fub- fifter les anciens fymboles de pierre & de métal qu'on auroit dû fupprimer, puifque les fymboles humains devoient en tenir lieu , ils refterent fous la direétion de leurs anciensofficiers, quin’eurent plus d'autre occupation que celle de les faire valoir de leur mieux , afin d’attirer de leur côté par un culte religieux, les peuples qu'un culte politique &c nou- Veau attiroit puiflamment vers un autre objet. La diverfon a dû être forte fans doute dès les com- mencemens de la royauté; mais les defordres des princes ayant bien-tôt diminué l’affe@&ion qu’on de- voit à leur trone , les hommes retournerent aux au- tels des dieux &z aux autres oracles , & rendirent à l’ordre théocratique prefque toute fa premiere au- torité. Ces nuniftres dominerent bien-tôt fur les def- potes eux-mêmes : les fymboles de pierre comman- derent aux fymboles vivans; la conftitution des états devint double 8 ambigue, & la réforme que les peuples avoient cru mettre dans leur premier gouvernement ne fervit qu’à placer une théocraue politique à côté d’une théocratie religieufe, c’eft- à-dire qu'à les rendre plus malheureux en doublant leurs chaînes avec leurs préjugés. La perfonne même des defpotes ne fe reflentit que trop du vice de leur origine ; fi les nations fe {ont avilées quelquefois d’enchainer les flatues de leurs dieux , elles en ont auffi ufé de même vis-à-vis des fymboies humains, c’eft ce que nous avons déja remarqué chez les peuples de Saba & d’Abiffinie, où Les fouverains étoient le jouet & la vitime des préjugés qui leur avoient donné une exiftance fu- nefte par fes faux titres. De plus, comme l’origine des premiers defpotes, & l’origine de tous les fimu- lacres des dieux étoit la même ; les miniftres théo- cratiques les resarderent fouvent comme des meu- bles du fanétuaire , 67 les confidérant fous le même point du vue que ces idolés primitives qu’ils déco- roient à leur fantaifie, & qu'ils faifoient paroitre ou difparoître à leur gré ; ils fe crurent de même en ‘droit de changer fur le trône comme fur l’autel ces nouvelles images du dieu monarque, dont ils fe croyoient eux feuls les véritables mimftres. Voilà quel a été le titre dont {e font particulierement fer- vis contre les fouverains de l’ancienne Ethiopie les muniftres idolâtres du temple de Meroë, » Quand il leur en prenoit envie , dit Diodore de » Sicile, Liv. III, ils écrivoient aux monarques que : » les dieux leur ordonnoiïent de mourir, & qu'ils # ne pouvoient ; fans crime ;, défobéir à un jugement rer ETS & C O 379 » du ciel, is ajoutoient à cet ordre plufieurs autres » raifons qui furprenoient aifément des hommes fim- » ples, prévenus par l'antiquité de la coutume , & » qui n’avoient point le génie de réfifter à ces com- » mandemens injuftes. Cet ufage y fubfifta pendant » une longue fuite de fiecles , & les princes fe fou- » mirent à toutes ces cruelles ordonnances , fans au- » tre contrainte que leur propre fuperfition. Ce ne » fur que fous Piolomée If. qu’un prince, nommé » Ergamenes, inftruit dans la philofophie des Grecs, » ayant reçu un ordre femblable, ofa le premier fe- » couer le joug ; 1l prit, continue notre auteur , une » réfolution vraiment digne d’un roi ; il affembla » fon armée , & marcha contre le temple, détruifit » l’idole avec fes rniniftres , & réforma leur cul- »te, ». C’eft fans doute l’expérience de ces triftes excès qui avoit porté dans la plus haute antiquité plufieurs peuples à reconnoitre dans leurs fouverains les deux dignités fuprèêmes, dont la divifion n’avoit pu pro- duire que des effets funeftes. On avoit vu en effet dés les premiers tems connus, le facerdoce fouvent uni à l'empire , & des nations penfer que le fouve- rain d’un état en devoit être le premier magiftrat ; cependant l’union du diadème êc de l'autel ne fut pas chez ces nations fans vice & fans inconvenient, parce que chez plufeurs d’entre elles lé trône n’é- toit autre chofe que l’autel même, qui s’étoir fécu- larifé, & que chez toutes on cherchoit les titres de cette union dans des préventions théocratiques & myftiques, toutes oppofées au bien-être des {o- ciétés. Nous terminerons ici l’hiftoire du defpotifme; nous avons vu fon origine , fon ufage & fes faux titres, nousavons fuivi les crimes &c les malheurs des defpotes, dont on ne peut accufer que’le vice de Padminufiration furnaturelle qui leur avoit été don- née. La théocratie dans {on premier âge avoit pris Les hommes pour des juites , le defpoilme enfuite les a regardé comme des méchans ; lune avoit voulu afficher le ciel, l’autre n’a repréfenté que les enfers; &r ces deux gouvernemens, en fuppolant des prin- cipes extrèmes qui nefont point faits pour la terre, on fait enfemble le malheur du genre humain, dont ils ont changé le caraétere & perverti la raïfon. L’1- dolätrie eft venue s'emparer du trône élevé au dieu monarque, elle en a fait fon autel , le defpotifme a envahi fon autel, il en a fait fon trône ; & une fervitude fans borne a pris la place de cette précieufe liberté qu'on avoit voulu afficher & conierver par des moyens furnaturels. Ce gouvernement n’eft donc qu'une théocratie payenne , puifqu’il en a tous les ufages , tous les titres & toute l’abfurdité. Arrivé au tèrme où l’abus du pouvoir defpotique va faire paroître en diverfes contrées le gouverne- ment républicain ; c’eft ic1 que dans cette multitu- de de nations anciennes, qui ont toutes été foumi- fes à une puiflance unique & abfolue , on va re- connoiïtre dans quelques-unes , cette ation phyf- que qui concourt à fortifier ou à affoiblir les préju- gés qui commandent ordinairement aux nations de la terre avec plus d’empire que leurs clintats. Lorfque les abus de la premiere théocratie avoient produit Panarchie & l’efclavage; l'anarchie avoit été le paftage de l'occident dont tous les peuples devin- rent errans & fauvages, & la fervitude avoit été le fort des nations orientales. Les abus du defpotifme ayant enfuite fait gémir l'humanité , & ces abus s’é- tant introduit dans l’Europe par les légiflations & les colonies afatiques qui y répandirent une feconde fois leurs préjugés & leurs faux principes ; cette partie du monde fentit encore la force de fon climat, elle fouffrit ,1left vrai, pendant quelques-tems ; mais Pl rt Ca | ; 380 E C O à la fn, l’efprit de l'occident renverfa dans la Grece & dans l'Italie le fiege destyrans qui s’y étoient éle- vés de toute part; à pour renaré aux Européens l'honneur & la liberté qu'on leur avoit ravie, cet ef prit a établi par tout le gouvernement républicain, le croyant le plus capäble de rendre les hommes heu- reux & libres. On ne s'attend pas fans doute à voir renaître dans cette révolution les préjugés antiques de la théocra- tie primitive ;Jamais les hiftoriens grecs on romains ne nous ont parlé de cette chimere myftique , & ils {ont d'accord enfemble pour nous montrer l’origine des républiques dans la raifon perfeétionnée des peu- ples, & dans les connoïffances politiques des plus profonds légiflateurs : nous craindrions donc d’avan- cer un paradoxe en difant Le contraire, fi nous n’é- tions foutenus 6 éclairés par le fil naturel de cette grande chaîne des erreurs humaines que nous avons parcourue jufqu'iciavec fuccès, & qui va de même fe prolonger dans les âges que l’on a cru les plus phi- lofophes & les plus fages. Loin que les préjugés théocratiques fuflent éteints, lorique l’on chaffa d’A- thènes les Pififfrates &r les Tarquins de.Rome, ce fut alors qu'ils fe reveillerent plus que jamais, üls influerent encore fur le plan des nouveaux gouver- 1emens ; & comme ils diéterent les projets de liber- té qu’on imagina de toute part, ils furent aufñ la fource de tous les vices politiques dont les légifla- tions républicaines ont été affeëtées & troublées. Le premier ate du peuple d'Athènes après fa dé- livrance fut d'élever une ftatue à Jupiter, & de Ini donner le titre de roi, ne voulant point en avoir d'autre à l'avenir ; ce peuple ne fit donc autre chofe alors que rétablir le regne du dieu monarque , & la théocratie lui parut donc le véritable & le feul moyen de.faire revivre cet ancien âge d’or, où les fociétés heureufes & libres n’avoient eu d’autres fouverain que le dieu qu’elles invoquoient, Le gouvernement d’un roithéocratique, & la né- ceffité de fa préfence dans toute focièté tenoit tel- lement alors à la religion des peuples de l’Europe, que malgré l'horreur qu'ils avoient conçue pour les rois , 1ls fe crurent néanmoins obligés d’en confer- ver l’ombre lorfqu'ils en anéantifloient la réalité. Les Athéniens & les Romains en réleguerent le nom dans le facerdoce , & les uns en créant un roi des augures ; & les autres un roi des facrifices, s’'imagi- nerent fatisfaire par-là aux préjugés qui exigeoient que telles ou telles fonéions ne fuffent faites que par des images théocratiques. Il eft vrai qu’ils eurent un grand foin de renfermer dans des bornes très- étroites le pouvoir de ces prêtres rois ; on ne leur donna qu'un faux titre & quelques vaines diftinétions ; mais il arriva que le peuple ne recon- noiflant pour maitre que des dieux invifbles, ne forma qu'une fociété qui n'eut de l'unité que fous une faufle fpéculation ; & que chacun en voulut être le maître & le centre , & comme ce centre fut par- tout , 1l ne fe trouva nulle part. Nous dirons de plus que, lorfque ces premiers républicains anéantirent les rois, en confervant ce- pendant la royauté , 1ls y furent encore portés par un refte de.ce préjugé antique, qui avoit engagé les primitives {ociétés à vivre dans l’attente du regne du dieu monarque, dont la ruine du monde leur avoit fait croire l’arrivée inftante & prochaine ; c’é- toit cette faufle opinion qui avoit porté ces focié- tés à ne fe réunir que fous un gouvernement figuré, &z à ne fe donner qu’une adminifiration provifoire. Or, on a tout lieu de croire que les républicains ont eu dans leurs tems quelque motif femblable, parce qu’on retrouve chez eux toutes les ombres de cette attente chimérique. L’oracle des Delphes promet- toit aux Grecs un roi futur, & les fibylles des G € ©. Romains leur avoierit aufli annoncé pour l'avenir un monarque qui les rendroit heureux, &c qui éten= droit leur domination par toute la terre. Ce n'a même été qu'à l’abride cet oracle corrompu que Ro- me marcha toujours d'un pas ferme & für à l'empire du monde , & que les Céfars s’en emparerent en: fuite. Tous ces oracles religieux n’avoient point eu d’autres principes que l'unité future du regne du dieu monarque qui avoit jetté dans toutes les focié: tés cette ambition turbulente qui a tant de fois ra- vagé l'univers, & qui a porté tous les anciens con< quérans à fe regarder comme des dieux , ou comme les enfans des dieux. , 174 Après la deftruétion des rois d’Ifrael &z de Juda , & le retour de la captivité , les Hébreux en agirent à-peu-près comme les autres républiques; ils ne ré- tablirent point la royauté, ni même le nom de roi, mais ils en donnerent la puiflance & l’autorité à l’ordre facerdotal, & du refte ils vécurent dans l’ef-: pérance qu’ils auroient un jour un monarque qui leur aflujettiroit tous les peuples de la terre ; mais ce faux dogme fut ce qui caufa leur ruine totale. Ils confondirent cette attente chimérique & charnelle avec l'attente particuliere où 1ls devoient être de notre divin Meflie, dont le dogme n’avoit aucun rapport aux folies des nations. Au lieu de n’efperér qu’en cet homme de douleur , & ce dieu caché qui avoit été promis à leurs peres ; les Juifs ne cherche» rent qu’un prince, qu'un conquérant & qu'un grand roi politique. Après avoir troublé toute l’Afie pour trouver leur phantome, bientôt ils fe dévorerent les uns les autres , & les Romains indignés engloutirent enfin ces foibles rivaux de leur puiffance & de leur ambition religieufe. Cette frivole attente des na- tions n'ayant été autre dans fon principe que celle du dieu monarque, dont la defcente ne doit arriver qu'à la fin des tems, elle ne manqua pas de rappel- ler par la fuite les autres dogmes qui en font infé- parables, & de ranimer toutes les antiques terreurs de la fin du monde: aufh vit-on dans ces mêmes cir- conftances , où la république romaine alloit fe chan- ger en monarchie, les devins de la Tofcane annon- cer dès le tems de Silla & de Marius l'approche de la révolution des fiecles, & les faux oracles de l’A- fie, femer parmi les nations ces allarmes &7 ces faufles terreurs qui ont agi fi puiflamment fur les premiers fiecles de notre ére, & qui ont alors pro- duit des effets aflez femblables à ceux des âges pri- mitifs. Par cette courte expoñtion d’une des grandes ény- mes de lhiftoire du moyen âge, lon peut juger qu’il s’en falloit de beaucoup que les préjngés de l’ancienne théocratie fuflent effacés de l’efprit des Européens. En proclamant donc un dieu pour le roi de leur république naiflante, ils adopterent né- ceflairement tous les abus. & tous les ufages qui de- voient être la fuite de ce premier a&e , & en le renouvellant, ils s’eforcerent auf de ramener les fociétés à cet ancien âge d’or , & à ce regne furna- turel de juffice , de liberté &r de fimplicité qui en avoit fait le bonheur. Ils ignoroïent alors que cet état n’avoit été dans {ontems que la fute des an- ciens malheurs du monde , & l'effet d’une vertu momentanée , & d’une firuation extrême, qui, n'é- tant point l’état habituel du genre humain fur la terre, ne peut faire la bafe d'une confütution pol- tique, qu'on ne doit afleoir que fur un milieu fixe & invariable. Ce fut donc dans ces principes, plus brillans que folides, qu’on alla puifer tontes les inf- titutions qui devoient donner la liberté à chaque ci- toyen, & l’on fonda cette liberté fur l'égalité de puiffance, parce qu’on avoit encore oublié que les anciens n’avoient eu qu'une égalité de mifere, Com- me on s’imagina que cette égalité que mulle caufes phyfiques & morales ont toujours écarté , & écarteront toujours de la terre ; comme on 5- magina, dis-je, que cette égalité étoit de l’effence de la liberté , tous les membres d’une république fe “dirent égaux, ils furent tous rois , ils furent tous lé- giilateurs ou participans à la légiflation. Pour main- tenir ces glorieufes & dangereufes chimeres , 1l n’y ent point d'état républicain qui ne fe vit forcé dere- courir à des moyens violens & furnaturels. Le mé- pris des richefles, la communauté des biens ; le pare tage des terres, la fupprefhon de l’or & de l'argent monnoyé, l’abolition des dettes , les repas com- muns, l’expulfion des étrangers , la prohibition du commerce, les formes de la police & de la difcipli- ne, le nombre &e la valeur des voix légiflatives ; en- fin une mulritide de lois contre le luxe & pour la frugalité publique les occuperent & les diviferent fans cefle. On édifioit aujourd’hui ce qu’il falloit détruire peu après, les principes de la fociété étoient toujours en contradiion avec fon état, & les moyens qu'on employoit étoient toujours faux parce qu’on appliquoit à des nations nombreufes & for- mées des loix ou plutôt des ufages qui ne pouvoient convenir qu'à un âge myftique , & qu’à des familles religieufes. | Les républiques fe difoient libres , 8x la liberté fuyoit devant elles ; elles vouloient être tranquilles, elles ne le furent jamais; chacun s’y prétendoit bleu ; dès qu'il y a du bleu, quelque léger qu'il » foit, il devient la couleur dominante ; cette cou- > leur paroït par filets dans toute l'étendue de l'iris, » & l’orangé eft par flocons autour, & à quelque » petite diftance de la prunelle. Le bieu efface fi fort » cette couleur que l’œrl paroît tout bleu , & on ne » S’apperçoit du mélange de l’orangé qu’en le regar- -» dant de près. ) » Les plus beaux yeux font ceux qui paroïffent » noirs ou bleus, la vivacité & le feu qui font le » principal caraëtere des yeux ; éclatent davantage » dans les couleurs foncées , que dans les demi- » teintes de couleurs, Les yezx noits ont doncplus » de force d’expreffion & plus de vivacité, mais il » y a plus de douceur , & peut-être plus de finefle » dans les yeux bleus : on voit dans les premiers un >» feu qui brille uniformément, parce quele fond qui » nous paroît de couleur uniforme, renvoie par-tout » les mêmes reflets, mais on diftingue des modifica- » tions dans la lumiere qui anime les yeux bleus, » parce qu'il y a plufeurs teintes de couieur qui pro- » duifent des réflets. » Il y a des yeux qui fe font remarquer fans avoir, » pour ainfi dire, de couleur , ils paroïfflent compo- » {és différemment des autres , l'iris n’a que des _» nuances de bleu ou de gris , fi foibles qu’elles » font prefque blanches dans quelques endroits ; les » nuances d’orangé qui $’y rencontrent , font fi lé- » geres qu'on les diftingue à peine du gris & du » blanc, malgré le contrafte de ces couleurs ; le. # noir de la prunelle eft alors trop marqué , parce » que la couleur de l'iris n’eft pas aflez toncée ; on # ne voit, pour ainfi dire , que la prunelie ifolée » au milieu de l’ær/; ces yeux ne diient rien, & le » fegard paroit être fixe ou effacé. » Il y a auf des yeux dont la couleur de Piris + tire fur le verd ; cette couleur eft plus rare que le » bleu, legris, le jaune & le jaune-brun ; il fetrouve > aufli des perfonnes dont les deux yeux ne font pas » de la même couleur. Cette variété qui fe trouve 5 dans la couleur des yeux eft particuliere à l’efpece GIL 389 # hutaïñe ;à celle du cheval, &c. Dans la plüpart » des autres efpéces d'animaux, la couleur des yeux » de tous les individus eft la même ; les yeux des # Bœufs font bruns , ceux des moutons font couleur » d’ean, ceux des chèvres font gris, &t. Atiflote, » qui fait cette remarque, prétend que dans les hom- » mes les yeux gris font les meilleurs, que les bleus » font les plus foibles ,| que ceux qui {ont avancés » hors de l’orbite ne voient pas d’auffi join que ceux » qui y font enfoncés , que les yeux bruns ne voient # pas ÿ bien que les autres dans l’obfcurités». La re. marque d'Arifiote eft en partie vraie & en partie faufle. (D, J.) ŒIL, humeurs de P, ( Phyfolog. ) voyez Œiz & HuUMEURS DE L'Œ1L. Je ne Vais répondre ici qu’à une feule queftion. On demande fi les kvmeurs de l'œil fe régénerent : Hovius le prétend, & a fait un traité pour le prouver. [left certain que l’hument aqueufe fe diffipe , s’évapore, &c que cette évapo- ration eft réparée, mais ce fait n’eft pas de la même certitude par rapport aux autres humeurs, Il eft Pouftant vrai que le même méchanifme paroît né- ceffairé pour les entretenir dans le même éclat & la même tranfparence. C’elt Nück qui a le prénner apperçu & indiqué la maniere dont la perte acci2 dentelle de l’Aumeur aqueufe fe répare. Il découvrit un Canal particulier qui part de Partere carotide interne, & qui, après avoir ferpenté le long de la fclérotique ; pañle à-travers la cornée aux environs dé la prunelle , fe‘difperfe en plufieurs branches au2 tour de l'iris, s’yinfere, & répare l’humeur aqueufe. Stenon a vû Le premier les canaux qui portent l’hu- nudité qui arrofe ler! & qui en facilite les mouve- mens. (D,J.) | ŒIL DES ANIMAUX , ( Anar. ) il fe trouve de la divertité dans les yeux des animaux à égard de leur couverture. Ceux qui ont les yeux durs comme les écrevifles n’ont point de paupieres , on plus que la plûpart des poiflons , parce qu'ils n’en ont pas befoin. Le mouvement des yeux eft encore très-diférent dans les différens animaux ; car ceux qui ont les Jeux fort éloignés l’un de Pautre & placés aux côtés de la tête, comme les oïfeaux , les poiffons , les fer: pens , ne tournent que très-peu les yeux : au con- iraire ceux qui, comme l’homme , les ont deva at, le tournent beaucoup davantage , & ils peuvent, fans remuer la têre, voir les chofes qui font à côté d'eux en y tournant les yeux. Cependant quoique le caméléon ait Les yeux placés aux côtés de la tête, de même que les oïfeaux , il ne laïffe pas de les tourner de tous les côtés avec un mouvement plus mamifefte qu’en aucun autre animal; & ce qui eft de plus particulier, c’eft que contre l’otdinaire de tous les animaux qui tournent néceffairement les Jtux d’un même côté , les tenant toujours à une même diftance ; le caméléon les tourne d’une tellé mamiere , qu'en même-tems il regarde devant & der- riere lui, & lorfqu’un æz/ eft levé vers le ciel , l'au— tre eft baïflé vers la terre. L’extrème défiance dé cet animal peut être caufe de cette a@ion , de la= quelle le lievre, animal auffi fort timide, à quelque chofe , mais elle n’eft pas remarquable comme dans le caméléon. | La figure du cryffallin eft différente dans les anÿ- maux. On remarque qu’elle eft toujours fphérique aux poiflons , &t lenriculaire aux autres animaux : cette différence vient de la différente nature di mi- lieu de leur vûe ; car à l'égard des poiffons , tour ce qui fert de milieu à leur vüe depuis l’objet jufqu’au cryftallineft aqueux , favoir l’eau dans laquelle ils font, & l'humeur aqueufe de l’æi/ qui eft au-devant du cryftalin. Mais dans les autres animaux, ce Mi lieu eft compofé de l'air & de l’eau de leur œil , 390 DE. laquelle commence la réfradtion que le cryftallin 1. l'œil, mais ayant appuyé le doigt fur le bord externe acheve avec l'humeur vitrée : c’eft pourquoi il a fallu que le cryftallin des poiflons füt fphérique , ayant befoin d’une réfraétion plus forte, puifqu'il doit fuppléer celle qui fe fait aux autres animaux dans l'humeur aqueufe ; elle n’eft-pas capable de faire de réfraétion dans les poiflons, parce qu’elle eft de même natute que celle du milieu. C’eft aufli par cette raïfon que dans les animaux qui vont dans l’eau & fur la terre, comme le veau marin, le cor- moran, &c les autres poiffons qui plongent , le eryf- tailin a une figure moyenne entre la fphérique & la lenticulaire. La couleur des yezx eft toujours pareille aux ani- maux , chacun de leur efpece ; elle ne fe trouve différente que dans l’homme éc dans le cheval; dans quelques-uns de ces animaux , la couleur brune, qui eft ordinaire à leur efpece , fe trouve bleue , mais la diverfité des couleurs dans l’x/ de Phomme eft bien grande, car ils font noirs , roux, gris, bleus, verds, felon les pays, les âges, les tempéramens. Les pafñions même ont le pouvoir de-les changer, & fouvent le gris terne qu'ils ont dans la triftefle fe change à un beau bleu ou un brun vif dans la joie. L'ouverture des paupieres eft tantôt plus, tantôt moins ronde, dans des animaux diférens : elle eft plus parfaitement ronde dans la pläpart des poiffons; aux autres animaux , elle forme des,angles qui font prefque d’une même hauteur, 8 comme dans une même ligne à l’homme & à lautruche : aux autres animaux, les coins de vers le nez font beaucoup plus bas, mais principalement dans le cormoran, dont ies yezx ont une obliquité extraordinaire. … Dans l’&i/ de l’homme, les paupieres laiffent voir plus de blanc qu’en aucun autre animal. Il y en a, comme le caméléon, qui n’en larffent jamais rien voir du tout, à caufe que la paupière unique qu’il a & qui couvre prefque tout fon ær/ , lui eft tellement adhérente, qu’elle fuit toujours fon mouvement. Le poifion appellé l'ange , a l’œrl fait avec une méchanique paruculiere, & très-propre à rendre fes mouvemens extraordinairement prompts : elle con- fifte en ce que l’æz/eft articulé fur un genou qui eft un long ftilet offeux qui pofe par un bout fur le fond de l'orbite, & par autre élaro1 & applati fou- tient le fond du globe de l’&;/, qui eft offeux en cet endroit. L'effet de cetre articulation eft que l’œz/ étant ainfi affermi, 1l arrive que pour peu qu'un des - mufcles tire d’un côté , il y fait tourner l’æz/ bien plus promprement étant poié fur le filet qui obéit point, que sil étoit polé fur des membranes & fur de la graifle , comme à tous les autres animaux. Il faut à préfent dire un mot de l’&i/ des oifeaux en particulier. Dans l'homme & les animaux à quatre piés, le mufcle qu’on nomme /e grand oblique, paîle, comme on fait, par un cartilage, qu’on appelle srochlée, qui lui fert de poulie, Mas M. Petit n’a jamais trouvé ce cartilage dans aucun des oifeaux & des poiflons qu'il a difléqués. Il faut encore remarquer que dans les oifeaux le petit oblique ou l’oblique inférieur eft plus long, plus large & plus épais que le grand oblique, ce qui n’eft pas de même dans l’homme &c les animaux à quatre piés. On ne peut appercevoir de mouvement dans le globe de l’&/ des oifeaux. Le même M. Petit a fait pafler & repañler des objets devant leurs yeux, 1l les a touchés avec un fület | ces moyens n’ont pro- duit aucun effet ; il n’a vü de mouvement que dans les paupieres , & n’a remarqué aucune fibre char- nue que dans la paupiere inférieure, Il croyoit d’a- bord que. le nerf optique étant très-court dans les oïifeaux, né pouvoit fe prêter au mouvement de de la fclérotique , lé globe de l’&i/ a roulé avec fa cilité dans tous les éndroits-du contour où il ap- puyoit le doigt. | Les oifeaux font doués d’une excellente vûe, à caufe que leur vol les éloigne ordinairement des cbjets qu'ils ont intérêt de connoître. Mais en outre, ils ont fous les paupieres une membrane attachée à côté du cryftallin, & qui eft encore plus noire que l’uvée. Cette membrane eft de figure rhom- boide & non pas triangulaire , comme M. Perrault, de la Hire & Hovius l'ont cru ; elle n’a aucune ca- vité , elle eft formée par des fibres paralleles qui tirent leur origine du nerf optique & de la choroïde. La demoifelle de Numidie ( qu eft, je crois, le cé- lebre Orus des anciens ) n’a point cette membrane clignotante , mais elle a l’'uvée d’une noirceur ex- traordinaire, Cette membrane clignante (en latin periophthal- mium ) des oïfeaux & de quelques quadrupedes fert à nettoyer la cornée qui pourroit perdre fa faculté tranfparente en fe féchant. Il faut favoir que dans les o1feaux le canal lachrymal pénetre jufques à la moitié de la paupiere interne , & eft ouvert par- deffous au-deflus de l’æ&i/ pour humeëter la cornée, ce qui arrive lorfque cette paupiere pañle & repañle fur elle. L’artifice dont ia nature fe fert pour éten- dre &t retirer cette membrane clignante, a été ex- pliqué fort au-long dans le Recueil de l'académie des Sciences, année 1693. J’y renvoye le leéteur, ainfñi que, pour le cryftallin des oïfeaux, au mé- moire de M. Petit, qui fe trouve dans le Recuerl de la même académie, arzée 1730. La ftruéture de l’&z/ des oifeaux & des poiflons eft proportionnée aux différens milieux oùils vivent, & les met en état de fe prêter aux convergences 8 divergences des rayons qui en réfultent. La cho- roide dans les oifeaux a un certain ouvrage dente- lé placé fur le nerf optique. La partie antérieure de la fclérotique eft dure comme de la corne ; la pof- térienre eft mince & fléxible, avec des cordelettes, parle moyen defquelles la cornée & la partie pof- térieure fe conforment à tout le globe de l’æZ, Le grand but de tout cet appareil eft vraifflembla- blement , 1° afin que les oifeaux puiflent voir à tou- tes fortes de diftances , de près aufli-bien que de loin ; 2° pour les difpofer à conformer leurs yeux aux différentes réfraéhons du milieu où ils font, car l'air varie dans fes réfraëétions , felon qu'il eft plus ou moins rare , plus ou moins comprimé , comme Hawksbee l’a prouvé par fes expériences. (D. J. } (ŒIL POSTICHE, (Chirur.) on a inventé les yeux pofliches ou artificiels, pour cacher la difformité que caufe la perte des véritables. On les: fait aujour- d’hui avec des lames d’or , d'argent ou de verre, qu'on émaille de maniere qu’ils imitent parfaitement les yeux naturels. Ils tiennent d'autant mieux dans les orbites qu'ils égalent davantage le volume de ceux qu’on a perdus. Il eft bon de les nettoyer fou- vent, pour empêcher que les ordures qui s’y atta- chent ne les faflent reconnoitre , 8 même d’en avoir plufieurs pour remplacer ceux qui peuvent fe perdre, fe rompre ou s’altérer. Le malade doit les Ôter lorfqu’il va fe coucher, les nettoyer & les re- mettre le matin à fon lever. Mais pour qu'on puifle les ôter &c les remettre fans que rien ne paroïfle, il faut que le chirurgien qui.fait l'opération , rétran- che autant de l’œi/ malade qu'il eft néceflaire pour faire place à laruñciel. L'œil poffiche exécute d'autant mieux les mouve- mens que lui impriment les mufcles qui reftent. qu'il et mieux adapté aux paupieres. C’eft ce qui fait qu'on ne doit retrancher de l’&/ malade que ce qu'il y a d’abfolument fuperflu,, à-moms qu'un skirrhe skirrheouun cancer n’oblige à Pextirpertotalement ; & dans ce cas, l’œi/ artificiel n’a d’autre mouvement que celui qu'il reçoit des paupieres, On remarque qu'un æ/ artificiel irrite fouvent. les parties , & occafñonne des inflammations , des fluxions 7 autres maladies femblables, {ur-tout lorf- qu'il eftmal fait, de maniere qu'il enflamme & affoi- blit quelquefois celui qui eft fain. Dans ce cas , le malade doit en chercher un autre qui lui convienne mieux, ou même s’en pañler tout-à-fait , plutôt que de s’expofer à perdre l’&7 qui lui refte. Voyez plus bas Œix. ARTIFICIEL. AHeifier. ( D, J.) ŒIL, rraladies de cet organe , il n’y point de par- tie dans le cops humain fujette à autant de mala- dies que l’&z/. La ftruêure particuliere de cet or- gane ; & la nature des parties tant folides que fluides qui le compofent , peuvent être viciées de différentes manieres qui n’ont que des rapports éloi- gnés , avec les affe&tions contre nature des autres parties du corps. Quoiqu’on foit peu propre à traiter méthodiquement les maladies de l’æz/ lorfqu’on n’a point les connoiflances lumineufes qui doivent con- duire dans le traitement de toutes les maladies, comme nous l’ayons obfervé au mot OCULISTE ; il faut néanmoins convenir que la pathologie des Jeux mérite une attention fpéciale , &c que les mé- thodes curatives doivent être dirigées fur les prin- cipes particuliers que fournit lériologie particuliere de chaque maladie. Les parties extérieures de l’æz/ qui ne conftituent pasle slobe, ontleurs maladies connuesaflez fouvent ous différens noms qui leur font propres. Les pau- pieres font fujettes à des fluxions & inflammations, comme toutes les autres parties du corps. Elles peu- vent être réunies par vice de conformation ou acCi- dentellement contre l’ordre naturel. Les paupieres {ont éraillées par la feftion ou l’érofion de leur com- miflure. Voyez ECTROPION & LAGOPHTHALMIE. Les cils éprouvent la chûte & le dérangement. Quand ils entrent dans l’æ&i/ & en piquentle globe, cette ma- ladie fe nomme srichiafe, voyez ce mor. Quelquefois il y en a un double rang. Il furvient des ulceres pru- rigineux le long des bords des paupieres. Voyez PSOROPHTHALMIE. Les paupieres peuvent être attaquées de varices:, de verrues , de cancers qu’il faut extirper , de tumeurs enkyftées , de concré- tions lymphatiques dures comme des pierres. Voyez ORGEOLET , 6. L’abfcès du grand angle de l’œ/ eft une maladie particuliere , voyez ANCHILOPS. Les larmes retenues par l’obftruétion du conduit na- fal caufent une tumeur au grand angle, qui finit par s’ulcerer , voyez ŒGiLors, & produire une fiftule lacrymale. Voyez ce mot à l’article FiSTULE. Il fur- vient au grand angle de l’œi/des excroiffances. Voyez ENCANTHIS. Les graiffes qui entourent le globe de l’œi/ & qui rempliflent le vuide qu’il laiffe dans l'orbite , font fufceptibles d’un engorgement qui chañle l’œi/ fur la joue. Voyez EXOPHTHALMIE ; maladie qu’on a con- fondue fouvent avec la dilatation du globe. Voyez HYDROPHTHALMIE, Les mufcles de l’æi/ & les nerfs dont ils tirent la puiflance motrice , ont leurs maladies paruculieres. Ces organes font affeétés dans les yeux louches. Voyez STRABISME. La conjonétive eff fort fouvent attaquée d’mflam- mation. Voyez OPHTHALMIE. Dans les ophthalmies invétérées, les vaifleaux reftent variqueux. Foyez Varices. Cette membrane eft fujette au gonfle- ment œdémateux. Voyez ŒDÉMATEUX. Il y fur- vient des ulceres. Voyez STAPHILOME. La cornée perd fa tranfparence par des puftules, des cicatrices , des engorgemens [ymphatiques. Voyez TAYE, LEUCOMA, ALBUGO. La cornée Tome XI, @ DE. 391 s’abfcède, Voyez Hypopion. Les ufceres reftent fif- tuleux , il fe forme fur la cornée une excroiffance charnue. Voyez ONGLE 6 PTÉRYGION. Le globe de l’œi/ peut être bleflé 6: ouvert par des inftrumens piquans , tranchans & contondans. Voyez PLAIES DES YEUX 4 l'article Pre. Il au- gmente de volume par la plénitude excefiye que caule la furabondance des humeurs qu'il contient, Voyez HYDROPHTHALMIE. Il fouffre atrophie & diminution ,, le nerf optique devient paralytique. Voyez; GOUTTE SEREINE. La prunelle fe dilate par cette caufe , ou par le gonflement du corps vitré, ce qu'il ne faut pas confondre : le corps vitré perd {a tranfparence , voyez GLAUGOME , & le cryftallin devient opaque, voyez CATARACTE , & la nouvelle méthode de guérir cette maladie par l’extra@ion du cryftallin , ax mot EXTRACTION. La totalité du globe de l’&/ forme quelquefois un cancer, mala- die qui requiert abfolument l’extirpation complette de cet organe : cette opération, dont les auteurs ont parlé trop fuperficiellement juiqu’ici, fera le fujet de l’article qui fuit. (F) ŒiL , exirpation de l'&il, opération de chiruroie. Les auteurs dogmariques qui fe font acquis la plus grande réputation fur les maladies de l’&/ , font en défaut fur l’expofition des cas qui exigent l’ex- tirpation. On ne doit pas la tenter dans l’exo- phthalmie qui vient de caufe interne:, ni même, dans ce qu'on appelle l’&/ hors de la tête, à l’oc- cafion de coups reçus fur l'orbite, à moins que la néceflité de l’extirparnion ne foit bien expreflément marquée. Covillard, dans fes obfervations jatro- chirurgiques, dit s'être oppoié à ce qu'un chirur- gien coupat avec des cileaux læ/ pendant fur la joue, féparé de lorbite par un coup de bâton de raquette; & qu'ayant remis l’æ/ à {a place le plus proprement & promptement qu'il lui fut pofhble, il continua fes {oins & guérit le bleflé, fans aucune altération ou diminution de la vue. Un fait aufi imtéreffant dans la chirurgie des yeux, mériteroit d'être examiné avec une {crupu- leufe attention. Antoine Maître-Jean ne craint point de dire qu'il eft faux & exagéré, Ses raifonnemens ne peuvent prévaloir contre l’expérience. Lamzwer- de, rneédecin de Cologne, rapporte un cas fembla- ble. Spigélius, ce fameux anatomifte, qu’on ne foupçonne pas de s'être laïflé tromper par les ap- parences, voulant prouver que des nerfs font des parties lâches, fufceptibles d’être fort étendues, prend le nerf optique pour exemple, & donne le: récit d’une bleflure faite à un enfant par un coup de pierre , qui lui avoit fait fortir l’&z/ de l'orbite, au point qu'il pendoit jufqu’au milieu du nez. Un habile chirurgien prit foin de cet enfant; l’&7 fe rétablit peu-à-peu, & fi bien, qu'il n’en eft refté aucune diformité. Guillemeau admet la poffbilité de la réduétion de ler qui a été pouflé hors de l'orbite par une caufe violente. On fent aflez que ces principes doivent paroître abfurdes à ceux qui prendroient le terme de ré- du&tion à la lettre, comme fi la chûüte de l’&/ étoit fimplement une maladie par fituation viciée, pour me fervir de l’expreflion des anciens pathologiftes, & qu'on parlât de le remettre comme on réduit une luxation. Il eft néanmoins certain que les an- cieng replaçoient l’œZ , & comptoient beaucoup fur une compreflion violente par le moyen d’un bandage convenable pour le foutenir & favorifer fa réunion. Ceux qui, à l’exemple de Maître-Jean , n’admet. tent dans ces faits que ce qu'ils y entrevoient de vraiflemblable , auroient peut-être moins douté des principales circonftances qu’on y détaille, s'ils eu {ent connu bien précilément la difpofition relative 3 Q2 En | de l'œil & de l'orbite dans l’état naturel. Leplän du bord de chaque orbite efl oblique, &c fe trouve plus reculé, ou plus en arriere vers la tempe que vers le nez. Le globe de lez eft fixé du côté! du nez, & déborde antérieurement.le plan de l'orbite. IL eft donc manifefte, par la feule infpeétion , que le globe de l'&i/ dans l’état naturel, eff en partie hors de l’orbite. Si Pon confidere enfuite que le nerf optique eft fort lâche, pour fuivre avec ai- fance tous les mouvemems que le globe fait autour de fon centre par l’aétion de fes différens mufcles, on n'aura paside peinelà concevoir qu’au moindre gonflement, lœiline puifle faillir dune maniere extraordinaire , & qu'il ne faut pas un fi grand dé- {ordre qu’on pourroit fe limaginer, pour le faire paroître tout-à-fait hors de l'orbite , fans que le nerf optique foit rompu ou déchiré. Il y auroit donc une grande impéritie de fe décider trop précipitam- ment à faire l’extirpation du globe de l’æ/ dans le cas où on le croit tout-à-fait détaché de Porbite, &t comme pendant fur la joue. Le cancer de l’ær/ eft une maladie très-formida- ble par fa nature, & par la difficulté d'ufer des fe- cours applicables en toute autre partie. De grands chirurgiens ont furmonté ces obftacles ; ils nous ont laiflé dans leurs ouvrages, les exemples de leur favoir & de leur habileté dans ces cas épineux. Je vais expofer la doûtrine des autres fur l’extirpa- tion de l’æz/, en fuivant l’ordre des tems, C’eft fur- tout dans un Didionnaire encyclopédique qu’on doit placer l’hiftoire des arts : elle eft toujours inté- reffante ; par elle on raflemble les traits de lumiere qui ont éclairé chaque âge, & l’on diflipe les té- nebres , qui, de tems à autre , ont obfcurci les meil- leures idées. On n'eft pas obligé de remonter fort loin pour trouver les premieres notions de lopé- ration dont 1l s’agit; & contre la marche natureile des arts & des fciences qui vont ordinairement d’un pas plus ou moins rapide vers leur perfeétion, on voit que ceux à qui nous fommes redevables des premiers détails, ont travaillé plus utilément qu’au- cun de leurs fuccefleurs. De-là la néceflité d'étudier les anciens, & de ne pas ignorer leurs découvertes &c leurs obfervations. | C’eft dans un traité allemand fur les maladies des yeux, publié à Drefde en 1583 , par George Bartifch, qu’on trouve la premiere époque de la pra- tique d’extirper Mez/, L'auteur a orné fon ouvrage de beaucoup de figures, & y a fait repréfenter plu- fleurs maladies qui exigent cette opération. Il pro- pofe un inftrument en forme de cueillere, tranchante à fon bec, pour cerner l'œil, & le tirer de l'orbite. Treize ans après la publication de cet ouvrage, Fabrice de Hilden eut occafion d’extirper un æ ; il fit conftruire l’inftrument de Bartifch, & en fit l’ef- fai fur des animaux. Il reconnut que fon ufage étoit incommode & dangereux; qu’il étoit trop large pour pouvoir être porté jufque dans le fond de lorbite, &t y couper le nerf optique, avec les mufcles qui y font implantés : qu'ainf il faudroit laiffer la moi- tié du mal, ou fraéturer les parois de l'orbite, en pouffant l’inftrument avec violence dans le fond de cette cavité, pour l’extirpation radicale. Fabrice de Hilden imagina un autre infirument , dont il s’eft fervi avec grand fuccès. C’eft un biftouri, moufle à fon extrémité comme le couteau lenticulaire, de crainte d’offenfer les parois de l'orbite. Le tranchant eft en-dedans ; la tige qui le porte eft un peu cour- be, mi plus ni moins, dir l’auteur, que font les cou- teaux dont on fe fert pour creufer les cueïlleres de bois. Il en avoit fait le modele en plomb, en pre- nant les dimenfions néceflaires fur une tête de fque- lette,. Pour fe fervir de cet inftrument, après avoir mis IL le malade en fituation fur une chaïfe , Fabrice dé Eulden prit tout ce qu'il put faifir de lexcroiflance cancereufe de l’ær/ dans ure bourfe decuir, dont des cordons furent ferrés fur la tumeur, afin de pou- voir la tirer un peu en-dehors , & faciliter l'opéra: tion. Cette méthode eff préférable aux anfes de fil, . qu'on forme par deux points d’aiguille donnés cru- cialement, parce que les humeurs contenues dans la tumeur qu’on veut extirper, venant à s’écouler, les membranes s'afaifloient , la tumeut devient flafque , & opération plus difficile, L'excroifflance faifie dans la bourle , l'opérateur fit une incifion à la conjon&tive pour couperles attaches dela tumeur avec les paupieres. Il porta alors dans le fond de l'orbite l'inffrument que je viens de décrire, avec lequel 1l coupa derriere le globe de l’&/ le nerf optique &c les mufcles qui l'entourent, à leur ori- gine. L’opéranon ne fut ni longue ni douloureufe ; &z le malade panfé avec des remedes balfamiques, fut guéri en peu de tems. Tulpius qui n’ignoroit pas le fuccès de cette opé- ration, laïfla mourir une fille d’un cancer à l’xzZ, par l’omiffion de ce fecours. Dans le même tems, les-faftes de Part nous montrent une autre perfonne qui eft la viétime d’une opération pratiquée d’une mamiere cruelle, Bartholin, dans les kiffoires ana- tomiques, fait mention d’un homme à qui on ar- racha l’æ/.carcinomateux avec des tenailles , & qui en mourut le quatrieme jour. On lit dans la collettion pofthume des obferva- tions medico-chirurgicales de Job à Meckréen, qu'il a fait l’extirpation de l’&// à Amfterdam à une fille de dix-huit ans. L’inflrument qu'on a fait gra- ver eft précifément la cuilliere tranchante de Bar- tifch. Voilà un inftrument défeêtueux qui fe trouve entre les mains d’un tres-habile homme, cent ans où environ après avoir été inventé, quoiqu il eût été profcrit preiqu’aufli.tôt par la cenfure de Fa- brice de Hilden ; cenfure que Job à Meckréen devoit connoître, puifqu'il cite cet auteur en plufeurs oc- cafions. Bidloo rapporte quatre obfervations fur l’heu- reufe extirpation du globe de l’&cZ. Il fe fervit d’un biftouri droit qui failoit angle avec le manche. Son procédé n’a pas été méthodique ; car ila été obligé d'employer à différentes reprifes le biftouri & des cifeaux.- Quoi qu'il en foit, il a guéri fes malades, &c la réuflite eft un argument en faveur de l’opé- ration. Jufqu’ici nous n'avons pu citer que des étrangers. Je nai rien trouvé fur l’extirpation de l’æ&f/ dans les écrits de nos compatriotes avant Lavanguyon. Ce médecin, dans un traité d'opération de chirurgie, imprimé en 1696 , recommande l’extirpation de l'œil cancereux, en fe contentant de dire qu’il faut le difféquer avec une lancette. Un autre médecin, dans une pathologie de chirurgie résarde comme incurable le cancer de /’æil ; il ne confeille que la cure palliative. Il cite l’opération pratiquée par Fabrice de Hilden, en difant qu’elle eft trop déli- cate, pour qu'on l’entreprenne fans de grandes pré- cautions, Un chirurgien a commentéce texte de Ver- duc, & il dit qu'il faut que l’opérateur , pour en- treprendre une telle affaire, y foit comme forcé par inftances réitérées du malade & des afiftans,à caufe de l'incertitude du fuccès d’une cure prefqu’abfolu- ment déplorée. Nous reconnoiïffons là le langage d’un chirurgien timide, qui n’a aucune expérience perfonnelle , & qui a négligé de s’infruire par celle des autres. Antoine maître Jean, dont le traité fur les maladies de /’æil a joui jufqu’ici d’une eftime générale, profcrit l’extirpation de l’&/, ou plutôt il fe contente de prefcrire quelques remedes pallia- L ® tifs, pour éloigner autant qu’il eft poffible les fuites funeftes du cancer de læi2. Parmi les auteurs françois, il n’y a que Saint-Yves. qui foit entré dans quelques détails très-fuccints , fur la pratique de cette opération. Il pañloit , au moyen d'une aiguille , une foie à-travers le globe pour le foulever pendant l’extirpation ; il ne décrit point le procédé qu'il fuivoit , & il fe borne à dire, que les malades font guéris en peu de tems. Heifter, attentif à recueillir toutes les méthodes qui font venues à fa connoïflance pendant quarante années d'une application continuelle , eft fort court fur lextirpation de l'œil, En admettant la neceffité : de cette opération, il prétend qu'il ne faut pas d’au- tre inftrument pour la faire , qu’un biftouri droit or- dinaire. L’experience & la raifon ne font pas favo- tables à une affertion auf hafardée. On voit par cet expofé , qu'on n’a point encore de regles précifes fur le manuel d’une opération, dont la neceffité & lutilité ne peuvent être équivo- ques. Fabrice de Hilden eft le feul qui ait décrit fon procedé avec quelque attention : il n’a point eu d’i- mitateur ; le filence, la négligence ou la timidité des auteurs modernes fur ce point font difficiles à concevoir. La perte infaillible des malades à qui l’on ne fera point cette opération, les cures heureu- fes qu’on lui doit devoient animer les praticiens à la perfeétionner & à la rendre auf fimple & fa- cile qu’elle eft avantageufe. Confulté plufeurs fois dans des cas qui exigeoient cette opération , Je me luis fait une méthode que la ffrudure de l’æl, {es attaches & fes räpports avec les parties circonvoi- fines m'ont fait concevoir comme la plus convena- ble ; elle a eu Papprobation de l’académie royale de Chirurgie, & plufeurs perfonnes l'ont pratiquée depuis moi avec fuccès. Il faut d’abord incifer les attaches de l’&i/ avec les panpieres , comme Ai/danus l’a fort bien remar- qué. Il ne faut pas d’inftrument particulier pour cela: mais certe incifion peut être faite avec plus ou moins de méthode. Inférieurement , il fufir de couper dans l'angle ou repli que font la conjondive & la membrane interne de la paupiere ; on doit pen- fer en même-tems à l’attache fixe du mufcle petit oblique , fur le bord inférieur de l'orbite du côté du grand angle: fupérieurement 1l faut diriger la pointe de Pinftrument pour couper le mufcle releveur de la paupiere fupérieure avec la membrane qui le dou- ble ; & en faifant gliffer un peu le biftouri de haut en bas du côté de l’angle interne, on coupera le tendon du grand oblique. Dès-lors l’æi/ ne tient plus à la circonférence antérieure de l’orbite : il ne s’agit plus que de couper dans le fond de cette cavité le nerf optique & les mufcles qui l’environnent : cela le fera d’un feul coup de cifeaux appropriés à cet- te feétion ; les lames en font courbes du côté du plat. Il paroît affez indifférent de quel côté on porte la pointe des cifeaux dans le fond de l'orbite. Dans l'état naturel, lobliquité du plan de l'orbite, & la fituation de l’&i/ près de la paroi interne, prefcri- vent de pénetrer dans l’orbite du côté du petit an- gle, en portant la concavité des lames fur la partie laterale externe du globe ; mais comme la protubé- rance de l'&7 & fa tumefa@tion contre nature ne gardent aucunes mefures , & que les végétations fongueufes fe font vers les endroits où il y a natu- rellement le moins de réfiftance ; c’eft le côté du petit angle qui fe trouve ordinairement le plus em- Parraflé. Il fera donc au choix du Chirurgien d’en- trer dans l'orbite avec fes cifeaux courbes, du côté qui lui paroîtra le plus commode. Les mufcles & le nerf Optique étant coupés , les cifeaux fermés fer- vent comme d’une curette pour foulever l’œiZ en- dehors ; c’eft ce que Bariifch prétendoit faireavec ome XI, Œ IL 393 fa cuillère tranchante, L'opération eft fort fimple de la façon dont je viens de la décrire ; & Pon fent aflez qu'ayant pris de la main gauche l’æi/, qui tient encore par des graïfles mollafles & extenfbles , il. faut les couper avec des cifeaux qu’on a dans la droite. L’extirpation de l&/ avec tout autre inftrument n'eft reglée par aucun précepte ; on fait abftra@tion de tout ordre opératoire relatif à la fituarion & à l’attache des parties. Au contraire, dans l'opération que je recommande, chaque mouvement de la main: eft dirigé par les connoïflances anatomiques ; il ny en a aucun qui n'ait un effet déterminé. L’opéra- tion fe fait promptement & avec précifion, chaque procedé eft raifonné & va direétement au but que l'opérateur fe propofe ; enfin , il y a une méthode, & l'on n’en voit point dans l’opération pratiquée avec le biftouri feulement. Si la glande lacrymale éroit ensorgée , il faudroit la détacher de fa foffe particuliere avec la pointe des cifeaux courbes; après que l’æz/ feroit extirpé , ainfi que toutes les .durerés skirrheufes qui pour- roient être reflées dansl’orbite. Cetteattention tient aux préceptes géneraux de l’extirpation des tumeurs cancéreufes : les panfemens doivent être defficatifs avec des fubftances balfamiques , afin de réprimer les graifles qui ont grande difpoñirion à {e bourfouf: fler , parce que rien ne les contient , & qu'il faut conferver un vuide dans l’orbite pour placer un ær/ artificiel. (YF) ŒIL ARTIFICIEL. La Chirurgie ne s'occupe pas feulement du rètabliflement dé ia fanté , elle déter- mine des moyens qui fuppléent aux chofesqui man- quent. La connoïflance de ces moyens eftun point capital dans [a Chirurgie , & la maniere de donner des fecours aux parties qui manquent naturellement ou par accident , forme une clafle générale des opé- rations, connue fous le nom de prorhefe. Voyez Pro: THESE. Le moyen dont nous parlons ici, n’eft point cu- ratif, & n’aide à aucune fonétion. C’eft un objet dé pure décoration, fur la conftrution duquel le chi rurgien doit donner fes confeils. Les yeux artificiels peuvent être faits d’or, d’ar- gent ou d'émail. Les yeux d’or ou d’argent doivent être peints on émaillés de façon à imiter la cou- leur naturélle. L’inconvénient d’un œil de métal eft de gêner par fon poids, & de procurer un écoulez ment d'humeur chafieufe fort incommode. L’œil de verre ou d'émail eft bien plus léger, &.lon n’en emploie point d’autres ; il y a des ouvriers à Paris qui les font en imitant fi parfaitement les couleurs de l'œil fain, qu’on ne s’apperçoit pas que celui qui porte un œil artificiel, foit privé de l’un de fes yeux. Fabrice d’Âquapendente fait le même éloge des yeux de verre qu'on conftruifoit de fon tems À Ve= mie. L’œil artificiel doit être différemment configuré ; fuivant les cas où fon application eft nécefaire. Loriqu'on a perdu les humeurs de l'œil, à l'occafon d’une plaie, ou d’un abfcès qu’il a fallu ouvrir JE les membranes qui compofent le globe font confer- vées ; il refte un globe informe, une efpece de moi: gnon qui fait les mêmes mouvemens.que l’œil fain par l’aétion des mufcles. Dans ce cas, l’œi/ artificiel eft un hémifphere allongé, dont la partie concave s’adapte fur le moignon de l’œil. On eft bientôt ha: bitué à porter cette machine qu’on glifle très-facie lement fous les paupieres ; on la porte tout le jour, ê&t on l’ôte le foir pour la laver, & on la remet le matin. Cette précaution journaliere n’eft pas indif penfablement néceflaire ; mais la propreté l'exige autant que l’amour -propre. L’erl artificiel craffeux ef comme un vafe de porcelaine mal nettoyé; faute Ddd y 3594 -de foin, les moyens clairvoyans s’'appercevtoient - «de l’artifice. Si lon a perdu le globe de Pœil par extirpation, da cavité de l'orbite eft plus où moins remplie d’une “chair vermeille dont les bourgeons ont été fournis par les graifles qui entouroient l'œil extirpé. Dans e cas , l'œil artificiel doit avoir poftérieurement une furface plus ou moins convexe ; ordinairement il ui faut à-peu-près la figure d’un noyau d’abricot ; mais files chofes étoient difpofées de façon que rien ne pût tenir dans l’orbite., 1l y auroit encore une seflource pour éviter le defagrément d’être défiguré, faute de pouvoir faire ufage d’un œi/ artificiel, Am- broife Paré a prévû ce cas ; al fait porter l'œl arsift- ciel à l'extrémité d’un fil de fer applatti & couvert de ruban qui paffera par-deflus l'oreille & autour de la moitié de la tête. Dans le cas où l'on auroit été obligé d’extirper les paupieres cancéreufes avec Poil , Guen confervant l'œil fain, on pourroit, au lieu d’une lame d’acier élaftique, porter un œil gar- ni de paupieres, ou feulement de panpieres artifi- cielles. Le befoin fuggérera tous les arufices capa- bles de réparer les difformités. Œiz SIMPLE , cerme de Chirurgie, bandage con- tentif pour l'œil. Voyez MONOCULE, . ŒIL DOUBLE ,. terme de Chirurgie, bandage con- tentif pour les deux yeux. Pour faire ce bandage, après avoir appliqué fur les yeux les plumaceaux , comprefles & autres pieces d'appareil néceffaires , on prend une bande de quatre à cinq aunes de long roulée à deûx chefs. Le plat de la bande s’applique fur Le front ; on conduitile globe qui eft dans chaque main à la nuque où on les croife ; on les change de main, onrevient de chaque côté par-deflous l’o- reille , fur lajone; on monte obliquement croifer la bande au-deflus de la racine du nez, en changeant encore les globes de main ; on conduit la bande de chaque côté fur les parties latérales de la tête, on va croifer à la nuque; on revient en devant en fai- fant un doloirefur la joue, & on continue pour faire comme auparavant un troifieme doloire, &c on finit la bande par des circulaires autour de la tête, qui affermiflent & foutiennent les tours de bande qui ont pañlé obliquement fur-les pariétaux & fur les joues pour couvrir les deux yeux. Voyez nos Pl. de Chirurgie, (YF) , ŒIL DES INSECTES, L’, (Hiff. nat. des Infeiles.) organe de la vie des infeëtes. La plüpart des infec- tés ont la faculté de voir ; leurs yeux font de for- me très = différente : les uns ont le luftre & pref- que toute la rondeur des perles ; les autres font hé- mifphériques , comme font ceux des grillons fauva- ges ; & d’autres tiennent de la fphéroide. | Ils n’ont pas tous la même couleur ; l’on voit plu- fieurs papillons qui ont les yeux blancs comme la neige ; ceux des araignées font tout - à - fait noirs ; ceux des pucerons de noiletiers , font couleur d’am- bre jaune ; l’éclar de ceux des petites demoilelles , eft {emblable à celui de l'or; ceux des fauterelles vertes , ont la couleur d’une émeraude ; ceux des pucerons de tilleul , font comme du vermillon. Il y en a une autre efpece qui les ont d’un ronge brun de jafpe: enfin, l’on en voit dont les yezx ont au- tant de feu &.d’éclat, que ceux des chats pendant la nuit. La plûpart perdent peu-à-peu après la mort, le brillant de ces couleurs ; elles en viennent même au point de fe ternir totalement ; c’elt ce qu'il eft bon de favoir , afin qu’on ne fe figure pas que les yeux des infeétes vivans foient femblables aux yeux ternis des infeétes morts que l’on trouve dans les ca- binets. | Il n’eft pas furprenant qu’ils fe terniflent totale- ment; la cornée des yeux des infeétes eft écailleu- £ & tranfparente comme le verre. Ce ne font que I L | les humeurs colorées qui fe trouvent fous cette cor< née , qui la font paroïtre avec les couleurs qu’on lui voit. Ces humeurs venant après la mort de liniee à fe corrompre & à fe fécher, changent de cou- leur, & donnent à tout l’&/la couleur terne qu'elles ont prife. Les yeux des infeêtes font ordinairement placés au front fous les antennes : cette régle n’eft cepen- dant pas fans exception , puifqu'il y en a qui les ont derriere ces mêmes antennes. Chez les uns, ils avancent un peu hors de la tête; c’eit ainf qu'ils font dans les pgrillons des champs : chez les autres, ils fortent tellement de la tête, qu’on diroit qu'ils n’y tiennent que par une articulation ; c’eft ce qu’on remarque dans les petites demoifelles aquatiques. Le nombre des yeux n’eft pas égal chez tous les infeétes : la plüpart en ont deux; mais il y en a auf qui en ont cinq, comme l'abbé Catalan l’a obfervé dans les mouches, Ces yeux s'appellent ordinaire- ment des yeux à réfèau : M. Lyonnet les a toujours trouvés à toutes les efpeces d’infeétes aîlés , mais rarement aux infeétes qui n’avoient pas encore fubt leur derniere transformation. Les araignées ont ordinairement huit yezx , qui né font pas rangés chez toutes les efpeces dans le mê- me ordre. Il en faut cependant excepter quelques araignées à longues jambes , dont les antennes ref femblent aux pattes d’écrévifles , qui n’ont que deux yeux, Il y a quelques infeétes dont les yeux reflem- blent à deux demi-globes, élevés fur les deux côtés de la tête , & l’on apperçoit danses yeux une inf- nité de petits exagones de la ra des alveoles des abeilles. Dans chacun de ces exagones, il y a des cercles en forme de lentilles, qui font tout autant d’yeux, dont le nombre par -[à devient prefqu'in- nombrable. Par ce moyen, ces infe@tes jouiflent , non-feulement des avantages de la vûe , maisil ya äpparence , qu'ils Pont plus claire & plus forte que les autres animaux : cela étoit fans doute néceffaire à caufe de la rapidité de leur vol, & de la néceflité où ils font de chercher leur nourriture de côté & d’autre en volant. Les yeux des infeétes ne font, ni environnés d'os, ni garnis de fourcils, pour les garantir des accidens extérieurs ; mais en échange la tunique extérieure , qu’on nomme cornée , eft aflez dure pour mettre leurs yeux hors des dangers qu’ils auroïent à craindre fans cela. Ariftote en a fait la remarque. L. ZI, de partib. animl, C. XI], Il réfulte aflez de ce détail, que les yeux des in feëtes font des morceaux furprenans de méchanif- me, mais leur ftru@ure & leur difpofition ne nous auroient Jamais êté connues, fans le fecours du mi- crofcope : 1l nous fait voir que les efcarbots , les abeilles, les guèpes , les fourmis, les mouches, les papillons & plufieurs autres infeétes , ont deux bour- relets immuables, qui forment la plus grande partie de leur tête & renferment un nombre procigieux de petits hémifpheres ronds, placés avec une extrème régularité en lignes qui fe crorfent & qui reffemblent à des filets. C'eft un amas de plufieurs yeux, fi parfaitement unis & polis, que comme autant de miroirs , ils ré- fléchiflent les images de tous les objets extérieurs. On peut voir à leur furface l’image d’une chan- delle, multiphée prefque une infinité de fois, chau- geant la direétion de fes rayons vers chaque æz!, elon le mouvement que lui donne la main de l’ob- fervateur. Tous ces petits hémifpheres font des yeux réels , qui ont chacun au milieu une petite lentille tranfparente , une prunélle par où les objets paroif- fent renverfés comme par un verre convexe ; ils forment auf un petit telefcope , lorfqu'’on les place à la diftance précife du foyer qui leur eft commun ŒIL avec la lentille du microfcope. IL y a lieu de croire que chacune de ces petites lentilles répond à une branche diftinéte des nerfs optiques, & que les ob- jets n’y paroïflent qu’un à un, tout comme nous ne voyons pas un objet double, quoique noùs ayons deux yeux. Tous ceux qui ont un microfcope, fe font amufés à confiderer ces petits yeux ; mais il y ena peut- être peu qui en ayent confideré la nature ou le nombre. M. Hook a trouvé quatorze mille hémuf- pheres dans les deux yeux d’un bourdon , c’eft-à- dire, fept mille dans chacun. M. Leeuwenhoek en a compté fix mille deux cens trente-fix dans les deux yeux d’un vers à foie , lorfqu'il eft dans l’état de mouche ; trois mille cent quatre-vingt-un dans cha- que æ2 de l’efcarbot ; &huwit mille dans les deux Jeux d’une mouche ordinaire. Mais la mouchedra- gon eft encore plus remarquable par la grandeur &c la finefle de fes yeux à réfeau. Voyez MOUCHE-DRA- GON. S1 l’on coupe l’&/ d’une mouche - dragon, d’un bourdon , d’une mouche commune ; qu'avec un pin- ceau & un peu d’eau claire on en Ôte tous les vaif- feaux ; qu’on examine ces vaifleaux au microfcope, leur nombre paroïtra prodigieux. M. Leeuwenhoek ayant préparé un æz/ de cette maniere , le plaça un peu plus loin de fon microfcope qu'il ne fafoit, lorfqu’il vouloit examiner un objet ; enforte qu'il fit concourir le foyer de fa lentille avec le foyer antérieur de cet æil ; alors regardant a-travers ces deux lentilles qui formoient un telefcope , le cio- cher d’une églife qui avoit 300 piés de hauteur , & à la diftance de 750 piés , lui parut à-travers de cha- que petite lentille renverfé, mais pas plus grand que la pointe d’une aiguille fine ; enfuite dirigeant fa vûe vers une maifon voiline à-travers ce grand nom- bre de peuits hémifpheres , il vit non feulement le devant de la maïfon , mais encore les portes & les fenêtres ; & il fut en état de diftinguer fi les fenêtres étoient ouvertes ou fermées. On ne peut pas douter que les poux , les mites & plufieurs autres animaux encore plus petits, nayent des yeux faconnés de maniere à diftinguer des ob- jets quelques milliers de fois plus petits qu'ils ne font eux-mêmes ; car les petites particules qui les nourriflent, & plufeurs autres chofes qu'il leur 1im- porte de difinguer , doivent certainement être de cette petitefle. Combien donc leurs, yeux ne doi- vent-ils pas groffir les objets ; & quelle découverte ne feroit-on pas, s’il étoit poflible d’avoir des len- tilles de cette force, pour découvrir par leur moyen ce que ces petits animaux découvrent clairement. Jean-Baptifte Hodierna a fait un examen très-cu- rieux des yeux des infectes dans fon traité italien : l’occhio della mofta, o difcorfo fifico intorno all anato- mia del occhi di tutti gli antmali annulofr detti Jafèsu, recentermente fcoverta Panormi 1644. On pent voir auf de belles obfervations curieu- fes fur les yeux des infeétes , par l'abbé Catelan dans le journal des Savans , 1680 & 1681, &c. (D. JT.) ŒrL , (Criig. facrée.) dans le langage de l’Ecritu- re , l’æil mauvais , oculus nequam , movnpos , fignifie Penvie & l’avarice , an oculus tuus nequam eff, quia ‘ego fum bonus ? Matth. xx. 15. Marc, vy. 22. Luc, +7. 24. Etes-vous envieux de ce que je fuis bon? Ocw- lus malus ad mala , l'homme avare ne tend qu’au mal, Æccl. xiv. 10. L’æil fimple , 4rxëe, l’æ&il bon, marque au contraire la libéralité , Pinclination à la bénéficence , vir boni oculi, une ame liberale, Prow. Mettre fes yeux fur quelqu'un , indique quelquefois la colere; porzam oculos meos fuper eos, fouvent auffi ces mots défignent les bienfaits ; oculi ejus fuper gen- ces refpiciunt, PI, 6$. 7. Jofeph dit à fes freres de lui amener Benjamin, afin qu'il mette les yezx fur lui, ŒIL 395 c’eft-à-dire, qu'il veut lui faire du bien. Oculo cæco effe dans Job. xxx. 15. c’eftune expreffon qui fignifie généralement prendre foin des afiligés & les fecou- rir dans leurs befoins. Ærwere oculos alterius, num. vf. z4ufe dit métaphoriquement de ceux avec qui on traite comme avec des aveugles, Jofephus ponet ma- nus fuas fuper oculos tuos,Genef. xlyy. 4. Jofeph vous fermera les yeux à votre mort ; cérémonie en ufage chez les anciens. Ad oculum fervire, Colof. if, 22. fervir à l’æz/ , c'eft ne fervir un maître avec foin ‘que quand on en eft vü. La hauteur des yeux défi- gne l’orgueil ; Æcclef. xxuy. 5. Enfin, oculi pleni adul. rerii , oculi fornicantes , & autres façons de parler femblables de l’Ecriture , viennent de ce que les Jeux font les organes des pafñons. (D. J.) ŒIL ARTIFICLEL , (Oprig.) cette machine qu’on peut voir, PZ, d'Oprique , fig. 9. n°. 2. eft une efpe- ce de petit globe , à-peu-près comme celui de PærZ, & traverfé dans fa longueur par un tuyau FC qui elt garni d’un verre lenticulaire à fon extremité A l’autre extrémité C eft adapté un papier huilé, qu’on place à-peu-près au foyer du verre , &c fur lequel viennent fe peindre dans l’obfcurité les ima- ges renverfées des objets extérieurs ; cet œil artifi- cieleft une efpece dechambreobfcure. Yoyez CHAM- BRE OBSCURE , &c 1l repréfente la maniere dont les images des objets extérieurs fe peignent au fond de læZ, qui eft lui-même une chambre obfcure natu- relle. Voyez Vision. (0) ŒrL , {. m. (Botan. & Jardin.) eft un petit point rond qui vient le long des branches des arbres d’où fortent les jeunes poufles, qui produifent les fleurs & les fruits ; 11 n’y a de différence entre œil &t bourgeon, qu’en ce que l’æ/ demeure long-téms en repos juiqu'à l’arrivée de la fève, au lieu qu’a- lors le bourgeon s’enfle & fe manifefte ; de forte qu’on peut dire qu'il eft un æ/ animé. On appelle æi/ rond, celui qui eft enflé & propre à former une branche à fruit. Gil plat eft celui qui ne donne que du bois ; on dit encore æ1/ pouflant , æil dormant. Le premier eft employé quand on greffe, dans la poufle ou dans le tems de la fève. | Le fecond veut dire qu’on greffe entre les deux fèves , tems où les yeux ne font point animés. (K) ŒIL DE BGUF, {. m. ( Hiff. nat, Bot.) buphthal- ” mum , genre de plante à fleur radiée, dont le difque eft compoié de plufeurs fleurons , féparés les uns des autres par une fenille pliée en gouttiere ; la cou ronne de cette fleur eft comipolée de demi-fleurons ; placés fur des embryons , & foutenus par un calice formé de plufieurs feuilles difpofées en écailles. Lorf que la fleur eft paflée , les embryons deviennent des {emences qui font le plus fouvent menues &c angu- leufes. Ajoutez aux caralteres de ce genre, le port entier de la plante. Tournefort, Zn/£, rex herb. Voyez PLANTE. Œiz,(Conchyol.) terme d’ufage en parlant du cen- tre de la volute d’une coquille. (D. J.) ŒIL DE BOUC, nom que l’on a donné à une ef- pece de patelle ou de lepas. Voyez Lepas 6 Co- QUILLE. | La coquille de ce poiflon, dit. Tournefort, dans fon voyage du levant, eft un baflin d’une feule pie- ce, d'environ un pouce ou deux de diametre, pref- que ovale , haut de huit ou neuf lignes ; retréci en pavillon d’éntonnoir, terminé en pointe, rempli par un poiflon qui préfente d’abord un grand mufcle pedoral sris-brun , rouffâtre fur les bords, 6t lége- rement ondé.. La furface de ce mufcle fe remue de telle forte , qu'on s’apperçoit de certains points où petits grains qui s’élévent & même s'élancent, com- me on le remarque , fur les liqueurs qui commen- cent à frémir ayant que de bouillir, D'ailleurs, certe Æ 396 ŒIL furface eft fouple , drapée & couverte d’une liqueur baveufe & gluante: tout cela la rend propre à s’in- finuer dans les moindres inégalités des rochers, aux- quels ce poiflon s’attache fi fortement, que ne pou- vant lui faire lâcher prife, on fe fert d’un couteau pointu pour l’en détacher. Ce mufcle eft coriace , épais d'environ trois li- gnes , & long ordinairement d’un pouce , tout fem- blable au mufcle peétoral des limaçons de terre : la furface intérieure du mufcle peétoral de lez de bouc ef life , luifante, creufée en gouttiere, au fond de laquelle eft placée un tendon qui le fépare en deux ventres, & auquel vient aboutir de chaque côté un plan de fibres tranfverfes, chargé verticalement des fibres qui forment le mufcle : ce même mufcle eft entouré d’une bordure ou fraife , laquelle fe ment fort vite indépendamment du mufcle , lorfqu’on la pique ; elle eft compofée , quelque mince qu’elle foit , de fibres tranfverfes , rangées du centre.à la circonférence ; ce qui pourroit faire foupçonner ;, qu’elle feroit détachée, f par fon tendon elle n’éroit aufli adherente qu’elle l’eft à la coquille ; car pour l’en détacher , il faut la cerner entierement avec un couteau. La tête du poiflon fort d’une efpece de coëffe fran- gée & frifée, produite par l’allongement de la frai- 4e dont on vient de parler ; cette tête qui reflemble en quelque maniere à celle d’un petit cochon , a quatre ou cinq lignes de longueur, fur moitié moins de largeur , arrondie par-deflus , terminée par une bouche roufsâtre , large de deux lignes , &t bordée d'une groffe levre. Des côtés du front fortent deux cornes qui S’allongent & fe racourcifient à - peu- près comme celles des bœufs. Les autres parties de cet animal font renfermées dans un fac, où l’œfophage vient aboutir ; ce fac long d'environ un pouce & demi , large de neuf ou dix lignes , arrondi fur le dos , retréci1 vers la tête, eft tout-à-fait couché fur la goutiere du mufcle pec- toral, & renferme une fubflance mollaffe, bonne à manger, parfemée de vaifleaux noirâtres , dans la- quelle l’œfophage s’allonge en un conduit courbé en plufeurs finuofités. Le mufcle petoral tient lieu de jambes & de piés à ces animaux, de même qu’à tous les limaçons & à tous les poiïflons, dont la coquille eft d’une feule piece. Lorfque les yeux de bouc veulent avancer, ils appuient fortement fur le bord anterieur de ce muf- cle ; c’eft le point fixe vers lequel tout lerefte du muf- cle qui eft dans le relâchement eft amené , au lieu que lorfqu'ils veulent reculer , ils fe cramponnent fortement fur le bord poftérieur du même mufcle; êc alors le devant qui eft dans l’inaétion eft obligé de s’approcher vers cette partie , où le point d’ap- pui fe trouve dans ce tems-là. Nous renyoyons au mot parelle à établir le carac- tere eflentiel de ce genre de coquillage qui forme la prenuere famille des coquilles univalves , & là nous en indiquerons les différentes efpeces. #oyez PA- TELLE. (D.J.) Œiz DE BŒUF; ( Phyf. )le cap de Bonne-Efpé- sance eft fameux par fes tempêtes , & par le nuage fingulier qui les produit; ce nuage ne paroït d’abord que comme une petite tache ronde dans le ciel, & les matelots l’ont appellé æ/ de bœuf. De tous les voyageurs qui ont parlé de ce nuage, Kolbe paroit être celui qui l’a examiné avec le plus d'attention; voici ce qu'il en dit, some Î. pag. 224, 6 fuivantes de la defcription du cap de Bonne - Efpérance. « Le » nuage que l’on voit fur les montagnes de la Table, » ou du Diable, ou du Vent, eft compolé, fi je ne » me trompe, d’une infinité de petites particules » pouflées, premierement contre les montagnes du » cap, qui font à left , par les vents d’eft qui re- ŒIL | » gnent pendant prefque toute l’année dans la zone » torride ; ces particules ainfi pouflées font arrêtées » dans leurs cours par ces hautes montagnes, & fe » ramañlent fur leur côté oriental; alors elles de- » viennent vifibles & y forment de petits monceaux » ouaflemblages de nuages, qui étant incefflamment » pouñlés par le vent d'eit, s’éleyvent au fommet de » ces montagnes ; 1ls n’y reftent pas long-tems tran- » quilles & arrêtés, contraints d'avancer , ils s’en- » souffrent entre les collines qui font devant eux, » où 1ls font ferrés & preflés comme dans une ma- » niere de canal, le vent les prefle au - deflous , & » les côtés oppofés de deux montagnes les retien- » nent à droite &t à gauche ; lorfqu'en avançant » toujours 1ls parviennent au pié de quelque monta- » gne où la campagne eft un peu plus ouverte, ils »s’étendent, fe déploient , & deviennent de nou- » veau invifibles ; mais bien-tôt'ils font chaflés fur. » les montagnes par les nouveaux nuages qui font » pouflés derriere eux, & parviennent ainfi, avec » beaucoup d’impétuofité, fur les montagnes les: » plus hautes du eap , qu {ont celles du Vent & de » la Table , où regne alors un vent tout contraire ; » là il fe fait un conflit affreux, ils font pouflés par- » derriere & repoufiés par-devant, ce qui produit » des tourbillons horribles, foit fur les hautes mon- » tagnes dont je parle, foit dans la vallée de la Table » où ces nuages voudroient fe précipiter. Lorfque » le vent de nord-oueft a cédé le champ de bataille, » celui de fud- eft augmente & continue de fouffler » avec plus ou moins de violence pendant fon feme- » ftre; 1l fe renforce pendant que le nuage de l’æ/ » de bœuf eft épais, parce que les particules qui vien- » nent s’y amafier par derriere, s'efforcent d’avan- » cer; 1 diminue lorfqu'il eft moins épais, parce » qu'alors moins de particules preffent par derriere; » il baïffe entierement lorfque le nuage ne paroît » plus, parce qu’il ne vient plus de l’eft de nouvelles » particules, ou qu’il n’en arrive pas aflez; le nuage » enfin ne fe difipe point, ou plutôt paroît tou- » jours à-peu-près de la même groffeur, parce que » de nouvelles matieres remplacent par-derriere » celles qui fe diflipent par devant. » Toutes ces circonftances du phénomène condui- » fent à une hypothèie qui en explique fi bien tou- » tes les parties ; 1°. derriere la montagne de la » Table on remarque une efpece de fentier ou une » traînée de légers brouillards blancs, qui commen- » çant fur la defcente orientale de cette montagne, » aboutit à la mer , & occupe dans fon étendue les » montagnes de Pierre. Je me fuis très-fouvent oc- » cupé à contempler cette traînée qui, fuivant moi, » étoit caufée par le paflage rapide dés particules » dont je parle, depuis les montagnes de Pierre juf- s# qu’à celle de la Table. » Ces particules, que je fuppofe, doivent être » extrèmement embarraffées dans leur marche, par » les fréquens chocs & contre-chocs caufés, non- » feulement parles montagnes , mais encore par les » vents de fud & d’eft qui regnent aux lieux circon- » voifins du cap; c’eft ici ma feconde obfervation: » j’ai déjà parlé des deux montagnes qui font fituées » {ur les pointes de la baie Falzo, ou fauffe baie; » l’une s’appelle /a Lèvre pendante, & l’autre Norvege. » Lorfque les particules que je conçois font pouflées » fur ces montagnes par les vents d’eft, elles en font » repouflées par les vents de fud, ce qui les porte fur » les montagnes voifines ; elles y font arrêtées pen- » dant quelque tems & y paroïflent en nuages, com- » me elles le faifoient fur les deux montagnes de la » baie Falzo, & même un peu davantage. Ces nuages » font fouvent fort épais {ur la Hollande hottentote, » fur les montagnes de Stellenboich, de Drakenf- ŒIL sein, & de Pierre, mais fur-tout.la montagne de “la Table & fur celle du Diable. » Enfin, ce qui confirme mon opinion, eft que ».conftamment deux on trois jours avant que les » vents de fud-eft foufflent, on appercçoit fur la tête » du lion de petits nuages noirs qui la couvrent ; » ces nuages font, fuivant moi, compolés des par- | » ticules dont j'ai parlé ; f le vent de nord-oueft »regne encore lordqu'iis arrivent , ils font arré- »tés dans leur.courfe, mais ls ne font jamais » Chaïfés fort loin juiqu’à ce que le vent de: fud-eft _ » COMMENCE », | | ŒIL DE CHAT, ( if, nat. Mineral.) oculus cati, oculus folis, oculus bell, bellochio, c’elt une efpece d'opale, aflez tranfparente, ordinairement d’un jaune verdâtre ou d’une couleur rougeâtre & chan- geante , femblable à celle de la prunelle de l’&i/ d’un chat; renue au jour & remuée elle femble darder un rayon de lumiere, Quelquefois par des accidens _ heureux on trouve une tache noire on d’une autre couleur, accompagnée de plufeurs, cercles concen- triques, au milieu de cette pierre, ce qui la fait encore plus reflembler à un æ&/: fouvent auf les Jouailliers ont des fectets pour aider la nature, & pour perfettionner cetie reflemblance qu’elle n’a. voit fait qu'ébaucher. | Les anciens litographes, à qui les noms ne coù- toient rien, ont appellé eryerophtalmus les pierres dans lefquelies il fe trouvoit un cercle rouge ; quand ce cercle étoit gris ou blanc ils ont nommé la pierre teucophtalmus ; lorfqu'il y avoit deux yeux repré- fentés fous la même pierre, ils l’ont appellée dio- Phialnus : c'eft ainfi qu'ils ont auffi nommé ægro: Phthalmus & lycophtalmus les pierres fur lefquelles ils ont vü, on cru voir la reflemblance d'un &/ de che- vre où de loup. (—) ir DU MONDE , ( Æiff. nat, Minéralogie.) oculus mundi, lapis mutabilis, pierre précieufe qui eft une Vraie onyx à qui elle reffembie par fa couleur qui eft auf celle d’un ongle. On dit que cette pierre, qui a peu de tranfparen- ce, préfente un phénomene fingulier ; fi on la laïfle dans l’eau pendant quelques minutes, elle devient beaucoup plus tranfparente qu'auparavant, & au- lieu d’être d’un gris pâle , elle paroït alors d’une cou- leur jaunäâtre, à-peu-près comme celle de l’ambre; aufli-1ôt qu'elleaété retirée de l’eau & fechée, elle Yedevient opaque comme auparavant : on prétend que cette pierre ne fe trouve qu'à la Chine. (—) ŒIL DE SERPENT , ( Æiff. nar. ) en italien occhio di ferpe, nom donné par quelques auteurs à la pierre appellée bufonio ou crapaudine. Voyez cer article, Œrz, (Mérallurgte.) ou appelle ainfi dans les fonderies de métaux une ouverture qui eft au bas du fourneau , par laquelle la matiere fondue s'écou- le pour être reçue dans le baffin qui eft au-deflous. Pendant la fufion le trou fe bouche avec un mélan- ge de glaife & de charbon; lorfque la fonte eft achevée & que la matiere eft bien fluide , on perce cet œil avec une barre de fer. Quelquefois on fozd par l'œil: c’eft-à-dire on ne bouche point ce trou, & on laifle découler le métal fondu à mefure qu’il fe fond : cela convient fur-tout aux métaux qui fe Calcinent aifément, comme lé plomb ou létain. Voyez ÉTAIN € PLOMB. (—) ŒrLz, ( Archired. civile, ) nom général qu’on donne à toute fenêtre ronde prife dans un fronton, un attique , ou dans les reins d’une voûte, comme il y en a, par exemple, aux deux berceaux de la grande falle du palais à Paris. Œil de bœuf, petit jour pris dans une couverture, pour éclairer un grenier ou un faux comble, fait de plomb ou de poterie : on appelle encore œil de bœuf les petites lucarnes d’un dôme , telles qu’il y en a, EU TE 307 paï exemple , à celui de faiñt Pierre. de Rom ; qui en a quarante-huit en trois rangs. (BTE Gil de dôme, c’eft l'ouverture quieft au haut de la coupe d’un dôme , comme au Panthéon à Rome, & qu'on couvre le plus fouvent d'une lanterne, ainf que la plûpart des dômes, rl de volute, c’eit le petit cercle du milieu de la volute ionique, où l’on marque les treize centres pour.en décrire les circonvolutions. | Gil de pont; terme d’architeéture hydraulique ; nom qu'on donne à de certaines ouvertures rondes au-deflus des piles, & dans les reins des arches d’un pont, qu'on fait,autant pour rendre l'ouvrage léger y que pour faciliter le pafage des groffes eaux ; télles qu'il yen a,-par exemple, aw pont neuf deila ville deTouloufe, 8 à ceux que Michel-Ange a bâtis {ur Arno, à Florence. Daviler, (D,7.) k ŒIL DE PIE, ( Marine, ) ce {ont les trous ourœil: lets qu’on fait le long du bas de la voile au - deffus de la ralingue , pour y paffer des-garottes de ris, (Z) ŒILS-YEUX, Ou #ro0s de la voile de fivadiere , ce font deux trous aux deux.points d’en-bas de la fiva- diere, par où s'écoule l’eau que la mer jette daris la fivadiere. (Z) | ŒL , terme de Manufaiture, fe dit du luftte & de Péclat des marchandifes d’une certaine beauté-ex- térieure qui frappe la vüe, & qui ne fait pourtant pas la plus grande perfedion: Néanmoins comme l'on eft fouvent plus touché de l’œi/ &. du Iuftre d'une étoffe que de fa bonne fabrique, c’en eft auffi une des meilleures qualités pour le débit, & fi les ouvriers doivent Ôtre attentifs à donner cet œil à leurs ouvrages, les marchands re doivent pas moins l'être à le leur conferver, (D.7.) ŒIL, terme d’Artilans, ce mot s'entend des trous qui fervent à emmancher plufeurs de léurs outils, comme J'æ/ d’un marteau, d’un pieu, d'un houe, d’une pioche , d’un déceintroir, d’un têtu, @c. On dit auf l'œil d'un étan, pour fignifier le-trou par où pañle fa vis ; &c l'œil d’une louve, inftrument de fer qui ert à élever des pierres de taille, pour dite le trou par où pañle l’efle du cable. L'œil d’une meule à moulin , eft le trou qu’elle a dans fon centre. he Les grues, les engins, les chevres, & autres fem- blables machines à élever des fardeaux , ont auffi leurs yeux, ce font les trous par où paflent les ça- bles. (D.J.) ŒIL, en terme d'Eperonnier, font des trous qui terminent chacune des branches d’un mors par en- haut de quelque efpece que ce mors loit, à gorge de pigeon, à canne, Gc. c’eft dans ces yeux que pañlent la gourmetre & deux corroyes de cuir qui arrêtent le mors fur la tête du cheval en fe paffant derriere les oreilles. Voyez GOURMETTE, 6e, Voyez les planches de l'Eperonnier. | ŒuL des caratteres d’Imprierie ; on entend par œil la figure de la lettre qui fe trouve à un des deux bouts du corps: on dit d’un caraétere qu'il eft gros œil où petit œil, parce que fur un même corps on y fond des lettres un peu plus on moins groffes qui fe diftinguent par gros ou petit æ/. foyez ŒIL, ëmpr. ŒiL, en terme de Fourbiffeur , c’eft la partie d’une garde qui eft entre la poignée & la plaque. On la nomme aufli quelquefois corps. Elle fe termine en bas par une buse, Voyez BATTE. ; ŒIL D'UN RESSORT, s'entend pari les Horlo= gers , d’une fente longue faite à chacune des extré- mités du grand reffort d’une montre ou d’une pen- dule pour le faire tenir aux crochets du barillet & de fonarbre. Woyez BARILLET, ARBRE DE BARILLET, RESSORT, &c.(T) ŒiL, serme.de Joaillerie ; ce mot fignifie , en ftyle de Lapidaire , Le brillant & l'éclat des pierres , 398 Œ IL quelquefois leur qualité 8e leur nature, Ce diamant à un &1/ admirable , cet autre a /’&il un peu louche , il l’a un peu noirâtre, G:c. ŒIL, en terme d’Imprimerie , s'entend aflez géné- ralement des différentes pgroffeurs des caraéteres, confidérés par leur fuperficie, qui eft l’ær/ ; Von dit pat exemple, le gros romain eft à plus gros æi/ que le faint-aupuftia ; ce cicero eff d’un æz/ plus petit que celui dont eft imprimé tel ouvrage: ainfi des autres caratteres fupérieurs ou inférieurs. Si on confidere ces mêmes caraéteres par la force des corps, il faut alors appeller chaque caraétere par le nom que leur a donné l’ufage. Voyez table des caraîteres. Par œil de la lertre , les Imprimeurs entendent la partie gravée dont l'empreinte fe communique fur le papier par le moyen del'impreffon ; & ils diftinguent dans cette même partie gravée ou æil trois fortes de proportion, dimenfon, ou groffeur ; parce qu’il eft poflible en effer , &c aflez fréquent de donner au même corps de caractere une de ces trois différen- ces, quiconfftent à graver l’æil, ou gros oumoyen, ou à petit æZ Cette différence réelle dans l’art de la gravure propre à la fonderie en caraëteres, & ap- parente au leéteur, n’en produira aucune dans ia juftification des pages & des lignes , fi le moyen ou petit æil eftfondu fur le même corps quele gros œil, ou celui ordinaire. ŒIL DU CHEVAL, ( Maréchal, ) les yeux de cet animal doivent être grands à fleur de tête, vifs & nets : œil verron , fignifie que la prunelle eft d’une couleur approchante du verd : œil de cochon , fe dit d’un cheval quia les yeux trop petits. La virre de l'œil Voyez VITRE. Œiz 6 BATTE , cerme de Marchand de poiffon; il fignifie tout ce qui eft contenu depuis l’ouie ou /’œi1 du poiffonjuiqu’à la queue , qu’on appelle fa Pare, à caufe qu'il s’en fert à battre l’eau lorfqu’il nage. Le brochet a deux piés entre œil 6 barte ; c’eft-à-dite, que dans la maniere de mefurer qui s’obferve dans le commerce du poiflon, il ne doit fe vendre que pour être de deux piés de long , quoique la tête & la queue comprifes, 1l y en ait fouvent plus de trois. ŒIL DE PERDRIX, {rftrument du métier d’étoffe de foie : ’œil de perdrix eft un petit anneau de fer rond très-poli , dela groffeur environ d’un æ1/ de perdrix; c’eft fans doute pourquoi il en porte le nom. Il fert à pafñler, ou être enfilé par la corde de ra- me. On met autant d’yeux de perdrix qu’on veut atra- cher de femples au rame ; les cordes de femples font attachées aux yeux de perdrix , afin que le frottement de la corde de femple contre celle de rame ne l’ufe pasfi vite. ŒIL , terme de Tireur d’or ; c’eft la plus petite ouverture d’une filiere par où pañfe le lingot de quel- .que métal pour le réduire en fil. ŒiL DE BGŒUPF, terme de Verrerie: c’eit ce nœud qu’on nomme communément bozdine, qui eft au mi- lieu du plat de verre, & qui eft inutile pour être em- ployé en vitres, du moins dans les maïfons de quel- que confdération , n’étant propre qu'à être jetté au groïfil. (D. J.) ŒILLERES , DENTS , ( Arai. ) Voyez DENTS. ŒILLERES , {. f. terme de Bourrelier, ce font deux morceaux de Cuir , un peu épais, quarrés , attachés par un côté aux montans de la bride, précifément a côté des yeux du cheval. L’ufage des œi/leres eft d'empêcher le cheval de voir de côté , & l’'aflujettir à regarder devant. Voyez Les PJ. du Bourrelier. L’œillere fe dit encore de la partie de la têtiere du cheval de harneis.Ce font auffi des morceaux de cuir pofés à côté des yeux, pour les garantir des coups de fouet, | ŒILLET , caryophillus, 1. m. ( Botan. ) genre de plante dont la fleur eft compofée de plufieurs péta- ŒIL es difpofés en rond, qui fortent d’un calice cylin- drique , membraneux & écailleux à fon origine. Le piftil fort de ce calice, & devient dans la fuite un fruit cylindrique qui s'ouvre par la pointe , & qui eft enveloppé par le calice. Ce fruit renfermedes femences plates , feuilletées, & attachées à un pla- centa. Tournefort, [n/ff. rec herb. Voyez PLANTE. (7) Perfonne n’ignore combien ce genre de plante eit. étendu : M. de Tournefort en diftingue quatre-vingt- neuf efpeces, Qqni different par la grandeur , la cou- leur & le nombre des pétales, toutés variétés qui viennent de la différente culture ; aïnf dans la di- verfité qu’on voit de ces agréables fleurs , il fufiira de ne décrire 1c1 que l’œilles commun de nos jardins , & celui de la Chine. R n ot L’œilles commün de nos jardins eft le caryophillus major de C.B.P. 107. & de Tournefort, J.R. 330. Sa racine eft fimple, fibreufe ; fes tiges font nom- breufes , lffes, cylindriques , hautes d’une coudée, genouillées, noueufes , branchues. Ses feuilles for- tent de chaque nœud deux-à-deux ; elles font étroi- tes comme celles du chien-dent , dures , pointues à leur extrémité, d’une couleur bleue ou de verd de mer. | Ses fleurs naïffent au fommet des tiges , compo: fées de plufeurs pétales de’ différentes couleurs , d’écarlate, de chaïr-blanche, noïrâtre ou panachée, placées en rond, au nombre de cinq, de fix ou da- vantage, légerement dentelées , d’üne odeur douce de clou-de-pérofle ; ayant à leur milieu des étamines garnies de fommets blancs , & un piftil qui fe termi- ne par deux ou trois filamens recourbésices filamens fortent d’un calice cylindrique , membraneux, écail- leux vers le bas , dentelé dans le haut : le pifil fe change en un fruit cylindrique qui s’ouvre par le fommet , enveloppé dans le calice , rempli de peti- tes graines plates & comme feuillées, ridées , noires quand elles font müres, & attachées à un placenta. L’œillet de la Chine, crryophillus finénfis, fupi- nus, leviori folio , flore vario, eft décrit par Toutne- fort dans les #ém. de l’acd. des Sciences , année 1701. Sa racine eft profle au collet comme le petit doist, dure, ligneufe, d’un blanc fale tirant fur le jaunâ- , tre dans les efpeces dont les fleurs n’ont pas les cou- leurs foncées , mais rougeâtre comme celle de l’ofeil- le dans les piés qui portent les fleurs rouges ou mê- lées de purpurin. | Les tiges naïffent en foule , longues d'un pié & demi ou deux , caflantes, garnies à chaque nœud de feuilles oppofées deux-à-deux , femblables par leur figure & par leur couleur à celles du giroflier jaune : ces tiges fe divifent vers le haut en plu- fieurs brins chargés de fleurs fur les extrémités. La même graine produit plufieurs variétés par rapport aux couleurs & au nombre des feuilles : il y a des piés dont les fleurs font à-demi-doubles ; maïs il y a beaucoup d’apparence qu’elles deviendront doubles par la fuite. Les premieres fleurs font à cinq pétales blanc-de- lait, colorées de verdâtre en-deffous , crenelées & comme dentées. Le calice eft un tuyau découpé en cinq pointes ; accompagné à fa naïflance d’une autre efpece de ca- lice , formé de cinq ou fix feuilles comme pofées par écailles & très pointues ; Le piftil eft enfermé dans le fond de ce calice : il eft furmonté par deux filets lancs & crochus par le bout , accompagné de dix étamines blanches , déliées, chargées chacune d’un fommet cendré. Lorfque la fleur eft paflée , le piftil fait crever fe calice, & devient un fruit cylindrique qui s’onvreen cinq pointes , & laifle voir plufieurs graines noires, plates , prefqu’ovales , pointues, minces & comme feuilletées fur les bords , & attachées à un placenta blanc blanc & cylindrique. La racine n’eft pas tout-à-fait fans acreté : les fleurs n’ont prefque pas d’odeur ; elles varient étrangement. Onéleve les æi/ers dans les jardins à éaufe de leur beauté & de leur douce odeur. On les multiplie plus “fouvent par les marcottes que l’on fépare des piés, que par la graine ; car les fleurs qui naïffent fur les piés élevés degraine, deviennent fauvages , & don- nent des fleurs plus petites, mais odorantes & fim- ples, quoique la graine ait été tirée d’œilles à fleur double. On prépare dans les boutiques un firop d’œiller, une conferve , du vinaigre & une eau diftllée odo- rante, Le fropeftde grandufage dans les juleps & les potions. Les fleurs d’œille: macérées dans le vinai- gre lui donnent la couleur rouge , une odeur fuave & une faveur agréable. (D. J.) | ŒILLET , (Jardin, ) cette fleur délicieufe par fon odeur & fes belles couleurs, fait un des objets dela pafion des fleurittes : ils vous indiqueront dans plu- fieurs traités exprès, la maniere d'élever de beaux œillers , les pots pour les planter, la terre qui leur eft néceffaire , la façon deles marcotter, celle de les œilletonner & de les empoter , le temsde les mettre dans la ferre, celui de lesen fortir, leur arrofement, leur culture à mefure qu'ils pouffent leurs dards, la maniere d’en ôter les boutons fuperflus, celle de les aider à fleurir, le lieu qui leur eft propre quand ils font en fleurs, l’art de les foutenir , leur graine & leurs maladies. C’eft aflez dans cer ouvrage de fe borner à quelques remarques particulieres que j'em- prunterai de Bradley & de Miiler. Ils ont trouvé qu'on pouvoit affez commodément divifer ront lesenre des æif/es en cinq claffes, qu'ils diffinguent par les noms d’œillers piquetés , de dames- peintes, ( paintedladies ) , de bizarres , d'étincelans &t de f/ambes. | Les œillets piquetés ont toujours le fond blanc, & font rachetésou imprimés, comme difent les fleurif- tes, de rouge ou de pourpre. Les darmes-peintes ont les pétales colorés en-deffus de rouge ou de pourpre, & tout-à-fait blancs en deflous. Les bizarres font rayés.& diverffiés de quatre couleurs. Les éfircelans ne font que de deux couleurs , mais toujours par rayes. Enfin les ffambés ont un fond rouge , toujours rayé de noir, ou de couleur bien brune, Il feroit inutile & même impofhble d'indiquer les variétés de chacune de ces clafles, puifque la graine en produit fans cefle dé nouvelles en tout pays. Mais de quelque claffe & de quelque genre que foit un œilles, {a valeur eft proportionnée à l’afñlem- blage de certaines qualités qu'il doit avoir pour être réputé beau. 1°. Latige de cette fleur doit être forte, & capable de fupporter toutle poids de la fleur fans tomber : 2°. Les pétales ou feuilles de la fleur doivent être longues, larges, épaifles, fermes , & cepen- dant faciles à fe déployer ; 3°. la coffe du milieu de la fleur ne doit:pas trop s'élever au-deffus de l’autre partie de la fleur : 4°. les couleurs doivent être bril- lantes, & marquées également fur toutes Les parties delafleur: 5°, l'œilles doit être rempli de feuilles qui le rendent, après {on épanouuflement , haut dans le mieu , &.bien rond dans fa circonférence. Hi y a destæillers qui ont dix , douze, juiqu'à qua- torze pouces de tour, & qui font en même tems gar- nis de beaucoup de feuilles ; c’eft aufli ce qui conf- “titue leur beauié. L’œiller eft beaucoup pius beau andal ponime en forme de houpe , que loriqu'l eft plat. Plus il eft net, plusil eft beau; plus fa leur eft mêtée également de panaches & de couleurs, plus elle eff éfhimée. Quand le panache eft bien tranché êt point imimbé, c'eft toujours le mieux. Les pieces . de panaches bien empotées , qui s'étendent depuis leur racine quiqu'à l'extrémité des fleuilles de 7’œibler, Tome AL, font les plus recherchées : mais on tolere ditelques lègeres imperfeétions dans la plüpart de ces fleurs ;: en faveur de plufieurs beautés. Les fleuriftes font auffi dépendre les qualités de ces fleurs de la forme de leurs coffes : lefpece de celles qui fleuriffent fans fe crever, eft appellé fur & coffes longues ; l’efpece dont les pétales ne peuvent pas fe contenir dans les bornes du calice eft nommée ffeur a coffes rondes. Îl y a telles fleurs des dernieres efpeces qui ont plus de quatre pouces. Il eft difficile d’avoir des œr/lers de la groffeur qu'on défire, fans qu'ils crevent, On peut laiffer beaucoup de boutons & plufeurs dards fur les plus gros pour qu'ils ne crevent pas fi aifément ; mais ils en viens nent un peu moins larges. Ces fleurs ne font pas d’une cettaine hauteur fixe : les unes fleuriflant à deux piés, & d’autres À die piés de haut : ils fleuriflent plus ou moins tôt, fui vant les différentes faifons où on les à femés. Ces pendant le fort de leurs fleurs eften général vers le milieu de Juin ; & C’eft alors que les fleuriftes en raflemblent beaucoup pour étaler leurs variétés. & donner des noms à leurs efpeces nouvelles, . Les fleurs doubles portent rarement de la graine , Ou parce que les parties mâles ne {ont pas parfaites chez elles, ou parce que la multitude des pétales les empêche de faire leurs fonétions, ou par d’autres raifons qui nous font inconnues. Quoi qu'il en foit, les fleuriftes curieux plantent de toutes les bonnes efpeces de leurs œil/ers carnés doubles au milien des carreaux fur une ligne ; ils mettent de chaque côté au moins deux rangées des efpeces fimples de cou= leurs choïfies , &r entre elles quelques piés d’œillers dela Chine, qui pofledent les différentes variétés de couleurs extraordinaires, L'œiller de la Chine eft à fleur fimple ou double : la premiere forte eft nommée par les Botaniftes ca- ryophillus fenenfes , fupinus , leucoii folio, flore vario ; en anglois she variable china - pink : la feconde forte eftappellée caryophillus finenfis, fupinus, leucoi: folie, flore pleno ; en anglois, the double china- pink. Il y a une fi grande variété de couleurs différentes dans les œiflers de la Chine, qu’on en voit à peine deux exaétement femblables dans un très-arand pare terre ; & comme leurs couleurs font en même-tems de la derniere beauté, 1l faut avoir foin de n’em- ployer les graines que des plus beaux ; car ils font dr DA ES \ 14 J. : E a ni fujets à dégénerer. Les graines de l'efpece dou de produiront de nouveau quantité de fleurs dou es, au lieu que les graines de ’efpece fimple ne donnent prelque jamais de fleurs doubles. On ne mul: üple l’une & l’autre efpeces que de graînes ; & Miis ler vous enfeisnera mi a Hans x VOu igncra nueux que perfonne la maniere d'y réuflr. CRE É) : Je n’ajoute qu'un mot fur lés marcottes d’éilles, Quand on les leve en automne, au lieu du prins tems, & qu'on les tranfporte dans des pots ou des plate-bandes où elles doivent fleurir, on eft plus af. / 3 + Li : füré qu'elles produitont des fleurs plus fortes , & de meilleure heure , & outre cela les marcottes feront . A ! MA. ! AU enétat d'être mafpottées elles-mêmes. Mais oit qu'on tranfplante CS œillers en automne ou au puntems , 1l faut les tenir à l'ombre , les garantir du oleil pendant une quinzaine après les avoir plantés, &c préparer toujours pour l'hiver des endroits pro= res à les abrite s qu'il furvie f pres à les abriter en cas qu'il furvienne de fortes ge- lées. (D.J.) | J ŒILLET , ( Pharmac, & Mat, méd. ) ce n’eft que a fleur de cette plante quieft enufage en Médecine, A è ! : » &t même feulement dans les préparations cfficinales, À : * La plus uftée eft le firop fimple d’æiller, appellé # + # . communément dans les pharmacopées latines de s1= mic. / # 7 Cefñrop fe prépare par infufon & par {a diffole. ‘Écé à 399 400 ŒIL fion du fucte au bain marie fans cuite. Voyez SIROP. On choifit pour le préparer les æillers rouges femi- doubles que l’on cultive exprès à Paris, qui ont beau- coup plus d’odeur qué tous les autres, & qui don- nent une belle couleur au frop ; car la pattie colo- tante de ces fleurs eft foluble par Peau. On ne prend éxatement que les pétales. On peüt, fi Pon veut , augmenter le parfum de ce firop en y faifant infufer pendant la préparation deux ou trois clous de gero- Île entiers fur huit ou dix livres de firop. L’odeur de ces æillers eft fi exatement analogue à celle du ge- iofle, qu’on pourroit employer des clous de geroîle feuls à la place des œillets , fans que perfonne puit re- connoître cette fubfärution pat le fond du parfum. Auf eft-ce avecle gerofle qu’on prépare le ratañat, connu fous le nom de ratafiat d’illet, qu’on colore avec la cochenille, avec les fleurs de pavot rouge, les rofes de Provins, 6c. On prépare aufli avec l’ær/- Let une eau diftillée , une conferve &t un vinaigre. Tous ces remedes, & {ur-tout le premier, font re- gardés comme céphaliques, cordianux &t alexiphar- maques. Ils font fpécialement recommandés dansles fievres malignes & peftilentielles pris intérieure- ment. Le vinaigre qui fe prépare en faifant infufer les pétales de ces fleurs dans du fort vinaigre pendant une quinzaine de jours , eftaufli célébré comme très- utile en tems de pefñte, fi on le flaire habituelle- ment. (2) ŒILLET D'INDE, sageres , gente de plante à fleur radiée , dont le difque eft compofé de plufieurs fleu- rons découpés de différentes façons, felen les diver- fes efpeces ; la couronne de cette fleur eft formée de demi-fleurons placés fur des embryons, & foutenus par uh calice qui eft d’une feule feuille & alongé en forme de tuyau. Les embryons deviennent dans la fuite des femences anguleufes, qui ont une forte de tête formée de petites feuilles. Ces femencesfontat- tachées à un placenta. Il y a quelques efpeces de ce genre, dont les fleurs font compofées de demi-fleu- rons fifluleux. Toutnefort , 22/4, rei\ herb. Voyez PLANTE. ŒïLLET DE MER, ( Æiff. nat. ) petit madrepore qui a une forte de pédicule, & qui eft évaié par l’ex- trémité fupérieure , & épanoui, pour ainfi dire, comme un æ;//er. C’eft pourquoi on l’a appellé œi//er de mer. Voyez MADREPORE. (1) ŒiLLET D'ÉTAI, ( Marine. ) c’eft une grande boucle qu’on fait au bout de l’étai vers Le haut. C’eft par-dedans cette boucle que pafle le même étai après avoir fait le tour du mât. Œillets de la tournevire, ce font des boucles que l’on fait à chacun des bouts de la tournevire, pour les joindre l’un à l’autre avec un quarantenier. (Z) CŒ1LLET , terme de Tailleur & de Couturiere ; petit 1rou entouré de foie , de fil, de cordonnet, qu’on fait à divers ouvrages de foie, de laine , oudetoile. (2.J.) ŒILLETS, ( Emaill. ) ce font de petits trous ou bouillons qui fe forment {ur l'émail en fe parfondant. ŒILLETON, £. m.( Botan. ) Les Botaniftes, les Fleuriftes & les Jardiniers, s’accordent à donner ce nom à des bourgeons qui font à côté des racines de plufieurs plantes , fleurs ou légumes, comme des _‘artichauts par exemple : on détache les æ//etons pour multiplier ces plantes, parce qu'ils font, pour ainfi dire, autant de petits œufs, qui renferment une plante femblable à la mere d’où on les a tirés. (D. J.) ŒILLETONNER , v. a&. ( Jardinage. ) fe dit d’une opération que lon fait à plufieurs fleurs, par- ticulierement à l’œillet & à l'oreille d'ours : on cher- che au pié des plantes des rejettons , appellés æi/le- tons, que l’on détache avec la main , & que l’onre- : plante dans des pots. Voye ŒILLETON, Onfe fert encore de ce rerme en parlant des arti- chauts, aux piés defquels on Ôôte des œilletons pour les multiplier. Voyez ÂRTICHAUT. ŒLAND , ( Géog. ) île confidérable de lamer Bal- tique , fur la côte de Suede , le long de la province de Smaland. Borckholm en eft la capitale. Long. 34. 48.- 35. 45. lat. 56:12.-57-24. Gland fignifie le du Foin. Elle a un peu plus de quinze lieues fuédoifes de longueur, mais elle eft fort étroite ; fa côte occidentale n’a que la capitale; mais l’orientale eft fort peuplée. (D. J.) ŒLAND, MARBRE D , ( Hiff. nat. ) marmor œlan- dicum rubrum ; pierre très-dute , qui prend un beau poli d’un fouge matte, très-pefante, & d’un tiflu fort compaéte. Son nom lui vient de l’île d'@/zrd, dans la mer Bältique , vis-à-vis de la ville de Cal- mar, où il y en a des couches immenfes. Cette pierre eff très-belle & très-eftimée ; on en fait des tables , des chambranles de cheminées, &c. Elle renferme une grande quantité de coquilles, appelées orrko= ceratires ou tuyau chambre, dont l’intérieur eft ordi- nairement rempli d’une fubftance fpatique. Voyez d’Acofta, zatur. hiff. of foffels. (—) ŒNANTHE , œranthe , {, m.( Hifi. nat. Botan. } genre de plante à fleur en rofe , en forme de parafol ; compofée de plufeurs pétales inégaux, en forme de cœur , difpofés en rond & foutenus par un calice qui devient dans la fuite un fruit compofé de deux fe- mences oblongues qui font relevées en boffe, friées d’un côté & applaties de l’autre. Ces femences ont plufieurs pointes, celle du milieu eft la plus forte, Tournefort , i2ff. rei herb. Voyez PLANTE. (7) Ajoutons ici fes caraéteres , fuivant le fyftème de Ray. Sa racine eft un gros navet, long, charnu, qui a la figure d’un fufeau : les pétales de la fleur font inégaux &c faits en forme de cœur. Le fommet de l'ovaire eft conronné par le placenta qui poufle de longs tuyaux, &quieft environné par le bas de la levre fupérieure de l’ovaire ; l’ovaire fe déploie en cinq petits lobes, lefquels foutiennent les pétales de la fleur en forme de calice. Ces lobes s’attachent aux femences qui ont atteint leur maturité, comme Îles épines, & les tuyaux eux-mêmes fe durciflent en des fubftances de même forme. Tournefort compte dix efpeces d’œnanthe ; nous parlerons des deux principales, celle quieft à feuil- les d’ache , & celle qui eft à feuilles de cerfeuil. L’œnanthe à feuilles d’ache ou de perfil, ærzanthe apii folio, eft une plante dont les racines font des navets noirs en-dehors, blancs en-dedans, fufpen- dus par des fibres longues, comme par autant de fi- lamens qui s'étendent plus au large, ou fur les côtés, qu'ils ne pénetrent avant dans la terre. Ils font d'un goût doux & affez agréable, approchant un peu de celui du panais; fes racines pouflent plufieurs tiges à la hauteur d'environ deux piés, bleuätres, angu- leufes, cannelées , rameufes. Ses féuilles jouent beaucoup ; elles font premierement larges , répan- ‘duesàterre, & femblablesà celles du perfil des jar- dins , du goût duquel elles approchent, f ce n'eft qw’elles ontun peu plus d’aftriétion, d’un verd pret- que luifant; enfuite elles prennent la figure de cel- les de la queue de pourceau. Ses fleurs font difpofées en ombelles aux fommités des branches, petites , compofées chacune de cinq pétales rangées en fleurs de lis, de couleur blanche tirant fur le purpurin. Lorfque les fleurs font pañlées , il leur fuccede des femences jointes deux à deux , oblongues, cannelées fur le dos , garnies à leurs extrémités d’en-hant de plufeurs pointes. Cette plante croît aux lieux maré- cageux ; On la cultive auffi dans les jardins des cu- rieux ; elle fleurit l’été en Juin, Juillet & Août. Sa racine pale en Médecine pour déterfive , apéritive &c diurétique. Œ N A - X} faut bien fe garder de confondre l'anarthe dont nous venons de parler , avec l'efpece véréneufe qui ft à feuilles de cerfeuil ou de ciguë, æranihe che. rophylli folis, C. B. P. 162. [. RH. 313. œranthe cicatæ face , fcco virofo , croceo, Lobeln Icon. æran- the cicutæ facie, Lobelii, Raï hift. 1. 441. œ@nanthe Jacco virofe , I. B. 193. & Wepfer : décrivons cette plante, ‘ Elle a beaucoup de rapport avec [a ciguë : elle séleve à la hauteur d'environ trois piés :1l {ort de fa racine plufieurs tiges aflez éparfes, rondes, rameu- ! fes; portant des feuilles qui reffemblent à celles du cerfeuil, de couleur verie-brune, d'un goûr âcre, ‘remplies d’un fuc qui eftau commencement laiteux, inais qui jaumt enfuite & devientulcérant : fesfleurs font difpofées en ombelles, & compolées de plu- fieurs pétales rangés en rofe ou en fleur-de-lis; elles laffent, après qu'elles font tombées, un petit fruit contenant deux femences oblongues & cannelées: es racines font dés navets blancs | attachés immé- diatement à leur tête , fans qu'aucune fibre les fuf- pende, & remplis de fuc. Cette plante ne croît guére qu’en Angleterre, en Irlande & en Hollande, le long des ruifleaux & dés autres lieux aquatiques. Ce végérable eft un poifon mortel pour céux qui ont en fe-malhenr d'en avoir mangé ; dl jette dans des convulfons dont la mort eft la prompte fuite. On en lit des éxémples dans les olférvarions de Vänder- VWiel. On en cite en Angleterre d’autres preuves ; mais On n'a rien en ce genre de plus exaët &c de plus certain que le fait fuivant rapporté dans les Tranfac- tions philofophiques. f Neuf prifonniers françois , dans la derniere guetre de 1724, eurent la liberté de fe promener à Pem- broke & auxenvirons {trois d’entreux ayant trouvé dans la campagne une grande quantité de cette plante fatale , qu'ils prirent pour du céleri fauvage, la cueillirent avecles racines, la laverent , & en man- gserent fur le champ en petite quantité avec du pain € du beurre. Ils entrotent à-peine dans la ville, que Vun d'eux, fans avoir reflenti de mal de tête mi d'eflomac, fut tout-gun-coup attaqué de violentes convulfons ; on le faigna vainement, car il mourut peu de tems après. Ses deux compagnons ignorant la mort de leur camarade & le danger qu'ils couroient , aonnerent le refte des mêmes racines qu'ils avoient apportées, à huit autres prifonniers quienmangerent tous plus ou moins à diner ; cependant les deux ca- marades du mort tomberent au iortir de la table en convulfons , & l’un d’éux en mourut : le fecondré- chappa après avoir été faigné & avoir pris un vo- mitif avec grande peine, par la difficulté qu'on eut de lui ouvrir la bouche pour lui faire avaler Le re-. mede ; les autres huit fe rétablirent auf par la prompte faignée & les vomitifs qu’on employa. Il eft bon de remarquer qu'aucun d’eux n'eut ces iymp- tomes comateux & ces finpeurs qu'éprouvent ceux “quiont mangé de la cigue. La racine de Vœrarthe vénéneufe eft fort connue dans le pays de Gaïles fous le nom de racine à cinq doigts, she five-fingered roor, où le petit peuple l’ap- pique extérieurement en cataplafrae dans le panaris. Les françois dont nousavons parlé ne mangerent que la racine, & netoucherent ni aux feuilles, ni àla tige. Il eft extrèmement important , & fur-tour en An- gleterre , que cette dangereufe plante foit bien con- nue, parce qu'elle croît en abondance fur tous les bords de la Tamife; c’eft ce qui a engagé M. Wat: fon à la bien faire graver dans les Tranfaëtiors philo- fophiques, n°. 481. conjointement avec la ciguë aquatique de Wepfer, pour qu’on les connût toutes deux & qu’on ne les confondit point ; comme il eft arrivé à de très-habiles botaniftes. Wepfer Ini-même s’y eft mépris dans fon Traité de lacigue , én nous di- Tome XI, les n’ont point d’odeur ni de faveur detasréable, & "1 x L + . 1 qu'elles caufent également des convuläons & uné Prompté mort, f l'on n’y remédie fur le champ, If fembie donc que la méthode curative doit être la | même, favoir, de vuider promprement J’eftomac Gt les inteftins, & enfuite de donner au malade uné grande quantité de fluides huileux. Il ef certain que quand leftomaca été délivré dé ce poion, Les {ympe tomes diminuent {enfiblément , & le malade a le bone heur de fe rétablir ; la plus vrande dificuité eft dé lui faire avaler quoi que ce Soit, fes mâchoires fe ferrant fortement l’une coniré l’autre par la violence desfpafmes, L'œnanthe abonde dans la province de Cumbets land, oùle peuple l'appelle la lanpguernorte, the deads tongue, & l’emploie cuiteen boinllie pour les galles du dos de leurs chevaux, Les botaniftes d'Allemugne ne la connotflent point dans leur pays ; & le favant Haller n’en fait aucune mention dans {on catalogué des plantes de la Suiffs. [] faut conclure de-làqu’onne la trouve guere qu'en Angleterre, en Hollande À; à ce qu'on prétend, dans quelques endroits de la France. ( D. J.) : ŒNANTHE, voyet CUL-BLANG, |‘. ŒNEIDE , ( Azrig. greg. ) nom d’une des doué tribus des Athéniens ; elle avoit pris ce nom d'Œ: néns,roide Calydonie, & pere de Déjanire qu'Her: cule époufa.( D, J. | ŒNELÆUM, LE (Pharmac.) mixtion compo: fée de gros vin & d'huile rofat. Dans les fraétures avec pluie , où l'os n’eft pas découvert, les Chirur- giens imbiuent d'œrelæum leurs comprefles, afin de temir Îles os appliqués, adoucir la douleur, empé- cher Pinflammation : de plus, ils ont foin d’arrofer tous les jours leurs bandes de cette mixtion; ils en baflinent auf quelquefois la partie malade ; ce mot qu'on a francilé eit compolé d’ofsec, vin | 8c endsor huile. (D, J.) | | ŒNIADE, ( Géogr. anc.) en latin Œniade, ans cienne ville de Grece dans l’Acarnanie, à lembou- chure de PAchelots, & aux confins de l'Etolie. Stra= bon en marque la fituation dans fon livre. Il en eft auffi parlé dans Diodore de Sicile, dans Polybe, dans Tucydide, Z. 7. & dans Tire-Live, Z. XX XVIIT, ch. x7. H y a de l’apparence que cette ville tira fon nom d’'Œnñoé, pere de Déjanire. Elle fut enfuite nommé Eryfiche. (D. J.) ŒNI-PONS, (Géog. ane.) c’étoit un pont fut une fiviere qui couloit entre la Rhétie & le Norique. Il s’agit d’un pont fur l’Inn; de-là les uns ont conclu que l'Œri-Pôns des anciens étoit Infpruck, Cluvier penfe au contraire, que ce pont étoit un pañlage fur la route qui va de Munich à Salzbourg. Velzer met le pont de l’Inn à Œringen en Baviere ; ce qu'il y a de für, c’eft que ce pont étoit un paflage gardé par une garnilon romaine , & qu'il ne faut pas le chercher à Infpruck, qui eft moderne, ŒNISTERIES , œnifferia, fêtes que célebroient à Athenes les jeunes gens prêts à entrer dans l’adolefi cence, avant que de fe faire couper pour la pre- miere fois la barbe & les cheveux. Ils apportoient au temple d'Hercule une certaine mefure de vin, en faifoient des libations , & en offroient à boire äux affiftans, Hefychius & Pollux font mention de cette Eceï Le 402 Œ NO fête, qui prend fon nom du vin qu'on y offroit, & que les Grecs appelloient oves. (G) ŒNOË, (Géog. anc.) nom commun à plufieurs lieux de la Grece ; 1°. c’eft le nom de deux bourgs de l’Attique, l’un dans la tribu Aïantide , l’autre dans la tribu Hippothoontide , près de Marathon. 3°, Œnoë étoit une ville de l’Elide au Péloponnefe; 3°, Œnoë étoit une ville de File @Icaria ; 4°. une ville de la Laconie au Péloponnéfe,à l'occident d'E- pidaure ; 5°. lieu maritime d’Afie dans la Cappado- ce ; 6°. lieu des Corinthiens fur le promontoire d'O- lénia ; 7°. ville & fontaine d’Acadie, au Péloponne- fe; 8°. île de l’Archipel , l’une des Sporades dont Pline fait mention, 4Y. IW. ch. xij, On la nomia enfuite Sicinus. (D,J.) ŒNOENDA , (Géog.anc.) ancienne ville de la Lycie, dont parle Tite-Live, y. XXXVIII, chap. xxxvi. Elle devint épifcopale dans la fuite des tems. (D.J.) ŒNOMANTIE , { £. ( Divination, ) CIVOLL@VTEEE > c’eft-à-dire divination par le vin ; elle fe faifoit dans l'antiquité par des conjeûtures tirées de la couleur, &s autres accidens du vin deftiné aux libations. Pot- ter, Archæol. grec. t. I. p. 319. ŒNONE , (Géog. anc.) île de la mer Egée. Ea- que , fils de Jupiter, &c grand-pere d’Achilie , regna dans l'ile d'Œrone , qu’enfuite du nom de fa mere, il appella Eire, & s’acquit une réputation d’inte- orité , qui lui valut Phonneur de juger aux enfers les pâles Européens, & d’avoir fa place entre Mi- nos & Rhadamanthe ; c’eft un triumvirat poétique, bien différent de celui d'Oftave , d'Antoine & de Lépide. ŒNOPIE , ( Géog. anc.) l’ancienne Œxopie , aujourd’hui Angie, étoir une île de la Grece près d'Athenes, avec une ville de même nom. La pefte ayant dévafté ce pays , il fut repeupié par les Myr- midons. Les habitans de cette île ont été eftimés grands athletes & bons marins. Il s’y trouve au- jourd’hni une fi grande quantité de perdrix rouges, que Le peuple eft obligé chaque année de s’aflembler au printems pour cafler Les œufs de peur que les per- dréaux quien naîtroient ne mangeaffent lesjfemailles. On voit encore quelques veftiges de deux temples d'Oenopie renommés dans l’antiquuré ; l’un étoit dé- dié à Vénus , l’autre à Jupiter. ŒNOPTE, f. f. (Hif£. anc.) c’étoit chez les Athé- niens une efpece de cenfeur qui veilloit à reprimer toutes les débauches illicites qui pouvoient fe glif- fer dans les feftins ; & 1l déféroit les coupables à laréopage. Ce mot fignifie proprement iz/fpefeur fur les vins. ŒNOTRIDES, (Géog. anc.) il y avoit deux:iles de ce nom dont Pline parle, Ly. III, ch, vij. mais aw’il n’eft pas aifé de retrouver aujourd’hui. Le P. Hardouin croit que c’eft Ponza &c Ifchia. ŒNOTRIE , (Géog. anc.) Œnotria , nom donné à la partie de l'Italie habitée par les Arcadiens , fous la conduite d'Œnotrius. Ce prince , dit Paufanias , fit voile en Italie, y regna , & donna fon nom à cette centrée : ce fut, ajoute-t-1l, la premiere co- lonie grecque qui alla habiter une terre étrangere; & c’eft là la peuplade de barbares la plus ancienne. Virgile n’ignoroit pas cette tradition, quand 1] a parlé de PItalie. Efflocus Hefperiam Graii cognomine dicunt , Terra antiqua potens armis , atque ubere glebæ Œnotru coluere yzri, Æneid. Z. J, (D.J.) ŒNOTRIENS, LES (Géog. anc.) Oenorri ; anciens peuples d’Itahe, dont Denys d'Halicarnafe, iv. I. ch, 1j. vous indiquera complettement lorigine & Œ S O les divets établiffemens. Ils étoient une colone d’Arcadiens, qui traverferent la mer [onienne fous la conduite d'Œnotrius fils de Lycaon, & vinrent s'établir en Italie. s hé ŒNUS , (Géog.anc.) nom latin de l’Inn ;'riviere d’Allemague; de-là vient Inftadt, qui fe nomme en latin Œnopolis. Le mot Œzus eft diverfement écrit par les anciens: favoir, tantôt Œrus, tantôt He- aus, & même Finus dans Paul le diacre, | ŒNUSÆ | (Géog. anc.) Pline , Liv. IF. ch. xije nomme auf trois iles qu'il place vis-à-vis de Mei- fenes. Panfanias, Liv. IV, ch, xxxiv. n’en fait qu’u- ne feule , qui fe nomme aujourd’hui Carpera. ŒPAT À , f. m. (Botan. exot.) grand arbre des Indes qui croit au bord de la mer, furtout aux en- virons de Cochin. Son fruit reflemble beaucoup à l’anacarde. Cet arbre eff nommé arbor indica , fruëlu conoïide, cortice pulvinato, nucleur unicum nullo offz= culo claudente, H, M. part. 4, li. P, ŒS, (Mythol. fyrienne.) nom d’un dieu des an- ciens Chaldéens ou Babyloniens ; c’eft felon Selden & Voffius le même que Oannès. Voyez OANNES. 70 ee à Dr . ( Géog.) en latin Oféia ; ile de la mer Baltique fur la côte de Livonie, près du golfe de Riga. Elle appartient à la Ruffie. Long. 39. 40". 40—54", lat. 57. 481.58—38". ŒSOPHAGE , f. m. ( Anar.) c’eft un canal en partie mufculeux & en partie membraneux, fitué derriere la trachée-artere , & devant les vertebres du dos, depuis environ le milieu du cou jufqu’au bas de la poitrine, où 1l pañfle par ouverture par- ticuliere du petit mufcle ou mufcle inférieur du diaphragme, dans le bas-ventre, & fe termine à lo- rifice fupérieur de leftomac. Il eft compofé de plufeurs tuniques à-peu-près comme l’eftomac, dont il eft la communication. La premiere n’eft formée dans la poitrine que par la du- plicature de la portion poftérieure du médiaftin. Elle manque au-deflus de la poitrine &c dans le cou, où l’æfophage n’a pour tunique commune que la continuation du tiffu cellulaire des parties voifi- nes, k dé | La feconde tunique eff mufculeufe, compofée de différentes couches de fibres charnues. Les plus ex- ternes font pour la plûüpart longitudinales , &c elles ne font pas toutes continuées d’un bout à l’autre. Les couches fuivantes font obliquement tranfver{a- les, celles d’après font plus tranfverfales , & les in- ternes biaifent à contre fens. Elles fe croifent toutes en plufeurs endroits très-irrégulierement , fans être fpirales ni annulaires. La troifieme tunique eft appellée yerveufe , & reflemble à celle de l’effomac & des inteftins. Elle eft différemment pliflée en long , étant beaucoup plus ample que la mufculeufe , & eft environnée d’un tiflu flamenteux blanchâtre, mollet & fin, comme une efpece de coton. Si l'on met le tiflu co- toneux tremper dans de l’eau , il fe gonfle &g devient épais. La quatrieme tunique, ou la plus interne , a quel- que reflemblance avec celle des inteftins , excepré qu’elle a des mamelons très-petits &c très-courts, au heu de velonté. Elle eft aufi pliflée en long com- me la troifieme ; de forte qu’un æ/ophage coupé en travers repréfente un tuyau dans un autre. Cette tunique fuinte toujours une lymphe vifqueufe par les porofités. | L’æfophage dès fon origine fe porte peu-à-peu vers le côté gauche, & va naturellement le long des ex- trémités gauches des cartilages de la trachée-ar- 1ere. | ŒSOPHAGE, MALADIE DE L’( Medecine.) le ca- nal membraneux , enduit intérieurement d’une mus Œ $ Ô | Lohté qui le'rend pliant , {à nomme æfbphapè, Il prend , comme on fait, fon origine dans le sofitr ; & va fé terminer dans leflomac , où il fair pañler tout ce qu'on doit avaler ou rejetter. Quoique ce canal foit également fort & mufculaire, cependant il eft fujet à plufieurs maladies: Son défaut d’humidité produit le defféchement , & rend la déglutition plus dificile ; on y remédie par le fréquent ufage des mucilagineux &c des humedans. Son acrimonie qui vient moins dés alimens qu'on à pris que de la mucofité elle-même devenue trOp âcre , & qui eft quelquefois la caufe du hoquet, s’a- doucit par les émolliens balfamiques. Il faut chaffer dehors cette mucofté , & er changer la nature par le fecours des déterfifs. Les aphthes qui ont couru: me d’affeéter l'&/ophage | trouveront la guérifon dans l'application des remedes appropriés à cette mala- die. | Si la corrofon , le frottement , ou l’excoriation vient à enlever la furpeau de cette partie , il en ré: fulte une déglutition dificile & douloureufe : f elle eft produite par des corps âpres qu’on a avalé, elle {e guérira par la boiflon des adouciffans 8c des mu- cilagineux ; maïs fi elle doit fa naïflance à une mu- cofité acrimonieufe, il faut recourir en même tems aux antifceptiques. L’ulcere qui furvient à l’&fophage demande l'ufage des balfamiques, joint à l’abftinence de rous les alimens d’une déglatition pénible. (D.J.) ŒSOPHAGE , corps étrangers dans Pœfophage, ma- ladie de Chirurgie. L’introdu@ion des corps étran- gers dans le conduit des alimens , occafñonne des accidens plus ou moins preffans, fuivant la nature & la figure de ces corps. On ne peut pas réduire cette matiere à des principes dont le feul dévelop- pement puifle fournir une théorie capable de nous conduire dans la pratique ; c’eft à l'expérience: à nous inftruire exaétement fur ces cas. Le premier volume des mémoires de l'académie royale de Chirurgie, contient une colle@ion très-étendue de faits relatifs à ce fujet. M. Hevin les a rangés fous quatre claffes: dans la premiere , on voit les cas où on peut enfon- cer les corps étrangers dans l’eftomac fans danger : dans la feconde claffe font compris les corps qu'il faut retirer : on examine dans la troifieme les cir- conftances où l’on eft obligé d’enfoncer les corps qu'il faudroit retirer : & enfin dans la quatrieme , on expofe les cas où les corps étrangers ne peuvent être reurés, ni enfoncés, ni rejettés par les voies naturelles. | | Nous renvoyons à cet ouvrage le détail de tous ces faits, qui tiendroïent trop de place dans ce Dic- Honnaire , & qui perdroient par abréviation leur principal mérite, qui eft d’infruire fidellement & complettement. Nous nous fommes contenté de faire graver quelques infirumens nouveaux, qu'on peut employer pour retirer les corps étrangers arrêtés dans l’&fophage. Pour éviter les inconvéniens de la pointe du cro- chet dont quelques praticiens fe font fervi, M. Petit en a imaginé un qui eft formé d’une tige ou füilet d'argent flexible , ou de deux fils d'argent tournés l’un fur l’autre en fpirale ; l'extrémité eft recourbée ëc forme un petit anneau propre à engager le Corps étranger. Voyez la fig. 3. PL, V. Le même auteur a encore inventé dans les mêmes vües un infirument dont le fuccès eft beaucoup plus für, à caufe de la multiplicité d’anneaux dont il eft fourni , lefquels peuvent les uns ou les autres fe pré- fenter du côté du corps étranger & l’engager. Cet infirument eft formé d’une tige d’argent flexible on de baleine, à l’extrémité de laquelle font attachés plufeurs petits anneaux , de maniere qu'ils peuvent fe mouvoir librement en différens fens, & fe préfen- ter de tous côtés à la furface des parois de l’afophage, Poyex PI, P. fig. 2 On peut auf fe fervir d'uné calé flexible ar: mée d'une éponge. Foyez PI, Ÿ. fià. premiere ; & fa defcriptiôn ax mor CANULE. " Le balai de l’eflomac, gravé PZ XXVIIL fig, à; & décrit au mor BALAI, éft auf fort propre à res pouffér des corps étrangers arrêtés dans l’'éfophage ; à les rerirer!, s’il eft poffible , & À changer au-moins leur mauvaife déterminarion en une meilleure, Nous avons parlé des corps étrangers arrêtés dané lœfophage au mor BRONCHOrOMIE, qu’il eft à-pro- pos de confulter pour completrér cet article: Les inftrumens que nous vénons de décrire font bien préférables à la tige de porreau, dont fe fervent les gens qui ne font pas de l’art, avec plus d'envie d’être utiles que de difcernement : caf le porreau peut { caffer dans l’efophage, 8: augmenter les ac- cidens: Il n’y a rien de mieux qu'une bougie lonoue & groffe comme le bout du petit doigt : on peut au défaut d’inffrumens s’en fervir utilement après Pa voir trempé dans de Phuile d'amandes douces, & maniée un peu pour la réndré fouple & flexible. On peut & l’on doit dans quelques cifconftances faire une opération pour tirer les corps étrangers éngagés dans l’&/ophage : Gn lui à dohné lé nom d'efophagotomte. Voyez cer ärricle. Plaies de l'afophage, voyez au mor PLAïE. (CF) ŒSOPHAGOTOMIE , terme de Chirurgie, opéra- tion qu’on fait à l’œfophage pour tirer les CO'ps étrangers qui y font arrêtés, qui ne peuvent être ni retirés mi enfoncés , & dont le féjour dans cette par= tie féroit une caufe d’accidens funeftés. 7 oyez dans Particle précédent les fecours qu'on péut donner contre les corps étrangers de l'œfophage ; & larricle BRONCHOTOMIE ; où l’on voit que la poñë&tion de, la trachée artere ayant rétabli la refpiration , très- gênée. par un corps étranger dans lœfophage , on a pu enfoncer ce corps étranger dans l’eftomac par des moyens ordinaires, ce qui a difpenfé de l’efophago- LOrr2LE, : M. Guattani , chirurgien de l’hôpital général de Rome ; & premier chirurgien de fa fainteté en {ur- vivance, a communiqué en 1747 à l'académie royale de Chirurgie, dont il eft affocié , une differtarion im- primée dans le troifieme tome de fes mémoires, dans laquelle 1l établit la poffibilité de l’incifion de l’œfo2 phage, d'après plufeurs difléétions anatomiques , &t plufieurs expériences fur des animaux vivans. Il fait obferver que l’incifion doit toujours fe faire à gauche, parce que l’œfophage, fuivant la remarque de M. Winflow , n’eft point couché fur le milieu des vertebres, mais eft fitué à la gauche de la trachée- artere. ( F) ŒSOPHAGIEN , ez Anatomie, un des mufcles du pharinx , décrit par M. Albinus fous le nom de co/= cricleur du pharinx. On donne ordinairement ce nom au petit plan de fibres demi-circulaires qui fe remar- Que au-deflouns des cricopharingiens , êc qui s’atta- che dé même qu'eux aux parties latérales externes du cattilage cricoïde. ŒSTRE , voye HuirTre., GSTRYMNIS YPROMONTORIUM , ( Géogr: anc, ) Feftus Avienus parle d’un promontoire, d’un golfe & d'iles qu'il nomme @ffrymnides. Il dit que le promontoire a le fommet de roche ; que le golfe commence à ce promontoire , & que les îles font ri- chesenplomb & en étain; Ce dernier trait reflemble bien à l’idée que les anciens ont eu des iles Cafitéri- des : en ce cas le golfe peut être le golfe de France. (2.1) ŒSYPE , 1. m. ( Commerce. ) c’eft cette efpece de graifle ou axonge que l’on nomme plus communé: ment fuint, qui éft adhérente à la laine de moutons & de brebis , fur-tout à celle d’entre les cuifles & de deflous la gorges 464 >. 404 UF Ceux qui favent les laines ont foin de, recueillir cette graifle , qui furnage fur l’eau oùils les lavent, 8e als la mettent, après l’avoir fait pafler par un lin- ge, dans des petits barils dans lefquels les marchands Epicieérs & Droguiftes la reçoivent. | Le Berry, la Beauce & le Normandie font ies pro vinces de France qui fourniffent davantage d'œfype, fans doute à caufe dés nombreux troupeaux qui s'y nourriflent. Les Normands lui donnent le nomdef » -en Betry on lPappelle Jersz, & ailleurs Jos, Cette drogue doit être choife nouvelle , d'une confiftahce moyenne, d’un gris de fouris, fans fale- 6 , & d’une odeur fupportable. Quand elle vieillit elle reflemble à du favon fec, & s’empuantit à Pex- cès. Cépendant elle a une propricté extraordinaire, qui eft qu'après un très-long temsêr une imfupportable puanteur, elle acquiert une odeur agréable & appro- chant de celle de l’ambre gris, ŒsirE, (Mar. med.) Les anciens pharmacolo- giftes ont attribué, fmvant leur ufage., beaucoup de vertus à cette graifle, qu'ils ont principalement re- commandée contre les douleurs de la rate & de Pef- tomac , la dureté du foie, & les zodofités des mem- bres ; contre les ulceres du fondement & de la vul- ve, &e. L’ufage de ce remede eft abfolument aboh, Bb) Ç TA, ( Géogr. anc. ) longue chaîne de monta- gnes dans la Grece, qu'elle traverle depuis le pas des Thermophyles jufqu'au golfe d’Ambracie. L’@ra commence aux Thermophyles, au bord du golfe Maliac,& fe termine dans la mer, auprès des iles Efchinades. Sophien dit que le nom moderne eft Burina. Cette montagne de Theffalie , entre le Pinde &c le Parnafle , eft célebre dans l’hiftoire grecque , par le pas de Thermophyles, & dans la Fable, par la mort d’'Hercule qui s’y brüla: d’où vient que le peu- ple qui habitoit au pié de l’@ra avoit un culte par- ticuhier pour ce héros. Ce mont étoit encore renom- mé par {on heilébore. Enfin, comme le;mont Ga fe fe perd dans la mer Egée, qui eft à Pextrémité de l'Europe à lorient , les Poëtes ont feint que le fo- leil & les étoiles fe levoient derriere cette monta- gne, & que de-là nafloient le jour & la nuit. (D.J.) ŒTING 04 ŒTINGEN , ( Géog. ) ville d’Alle- magne dans la.Souabe , avec titre de comté. Long. 28,20. lat. 48. 52. Gungen eft la patrie de Wolfius ( Jéréme ) un des habiles humaniftes du xvw]. fiecle en Allemagne, On Jui doit pluñeurs bonnes traduétions latines des ora- teurs grecs & d’autres anteurs. Il mourut de la pierre à Augsbourg enr 580, à 64 ans. Il y a eu plufieurs au- tres javans hommes de fon nom en Allemagne & en . Suifle. ŒTING o4 OTTINGEN, ( Géog. ) ville d’Allema- gne. dans la haute Baviere , fous la jurifdiéton de Burckhaufen. Elle eft fur l’Inn, & fe divife en an- cienne & en nouvelle. Long. 30. 32. las, 48. 8. (2.1) ŒUF , dans l'Hifloire Naturelle | c’eft cette partie qui fe forme dans les femelles des animaux, & qui, fous une écaille où écorce qu'on nomme coque , renferme un petit animal de même efpece , dont les parties fe développent & fe dilatent enfuite ; foit par incubation, foit par l’acceffion d’un fuc nour- ricIer: . Les efpeces d'animaux qui produifent des œufs fe nomment en particulier ovipares ; & la partie de la femelle dans laquelle Pœuffe forme, le nomme ovaire, Voyez OVAIRE. Comme de tous les œufs ceux des poules ou ceux dont fe forment les poulets font les plus communs it en même tems ceux qui ont été plus oblenvés , nous dirons quelque chofe ici de leur firudure & de la maniere dont les poulets s’y ensendtent., | La partie extérieure d’un æwfde pouté eft donc la coque, écorce blanche, mince, friable, qui renferme êt garantit toutes les autres parties des injures qu’elles auroient à craindre du dehors Immédiatement après la coque il y a une membrane commune, #ermbrana communis , Qui tapifle toute la cavité de‘la coque, & quilui eit attachéertrès-ferrée , excepté dans le gros bout de l'œuf, où on découvre éntre'ces deux parties une petite cavité qui peu-à-peu devient plus confidérable. Dans cette membrane font conténus les deux a/bumine ou blancs, enveloppés chacun dans fa membrane propre, Dans le milieu du blanc ef le vitellus où jaune, enveloppé auf particuliérefent dans fo enveloppe ou membrane paiticuliere : Pal. bumen extérieur eft oblong ou ovale , & il fuit la figure de la coque ; l’intérieur eft {phérique, & d’une fubftance plus crafle &c plus vifqueufe , & le jaune. eft de la même figure. À chacune de fes extrémités eft un chalaza, & les deux enfemble font comime les poles de ce microcofme : ce font des corps blancs, denfes, dont chacun eft compofé de trois petits glo- bules, femblables à des grains de grêle joints enfem: ble. Non-feulement c’eft dans ces chalazas que les différentes membranes font jointes ou attachées en- femble , ce qui fait que les différentes liqueurs fe tiennent chacune dans fa place ou fa pofition relpec- tive ; mais 1ls fervent encore à tenir toujours une même partie de l’œuf en en haut, de quelque côté qu'on {e tourne. Ÿoyez CHALAZA. Vers le milieu , entre les deux chalazas , fur le côte du Jaune &r dans fa membrane , eft une perte vefie de la figure d’une veflie ou lenuile , qu'on ap- pelle en latin cicasricula, & en françois germe, &c que quelques auteurs nomment auf l’æi/-de bœuf, 8 qui contient une humeur dans laquelle le pouler s’en- gendre. Toutes ces parties qu'on diflingue dans l’œuf de poule , fe trouvent aufli dans les autres œufs : l’une des parties de l’æxfeft ce dont l'animal fe forme , & le refte eft deftiné à fa nourriture ; fuivant cela, la premiere femence on /famen du poulet eft dans la ci- catricule. L’albumen eft le fuc noufricier qui fert à l’étendre & à le nourrir jufqu’à ce qu'il devienne gros , & le jaune lui fert de nourriture lorfqw’il eft tout. à-fait formé , & même en partie lorfqw'il eft éclos ; car ik refte après que l'œuf eft éclos une bonne partie du jaune , laquelle eft reçue dans le ventre du poulet comme dans un magañin, & portée de-là parles ap- pendicula ou canal inteftinal , aufli bien que par en- tennoir , dans les boyaux, 8 qui fert comme de lait, Voyez ECLORE 6 PUNCTUM SALIENS. Un œuf proprement dit eft ce dun total dequot l’a= nimal fe forme ; tels font ceux des mouches, des papillons, &c. qu’Ariftote appelle vermiculr, Il y a entre cette derniere efpece d'œufs & la pre- miere , cette différence, qu'au lieu que ceux de la premiere efpece ( aufhi-tôt que la femelle les a pon-. dus ) n’ont plus befoin que de chaleur & d'incuba- tion, fans aucune nourriture extérieure, pour por= ter le fœtus à fa perfe@ion ; ceux de la derniere ef pece , après qu'ils font tombés de l'ovaire dans la matrice , ont befoin des fucs nourriciers de la ma- trice pour s'étendre & groflir : c’eft auf ce qui fait qu'ils reftent plus long-tems dans la matrice que les autres. La principale différence qui fe trouve entre les œufs proprement dits , c'eft qu’il y en a qui font par- faits , c’eft-à-dire qu'ils ne manquent d’aucune des parties que nous venons de-décrire, lors même qu'ils font dans l’ovaire ou dans la matrice ; & d’autres imparfaits ; qui n'ont toutes çes parties à-la-fois El qu'après qu'ils font pondus : tels font les æzfs des poiffons , où fe forme un albumen pour les garantir de l’eau lorfqu'ils font déja hors du corps de la mere. Une autre différence , c’eft qu'il y en a de fécon- dés & d’autres qui ne le font point : les premiers ont ceux qui contiennent un fperme que le mâle injecte dans le coit , pour les difpofer à la concep- tion; les autres ne font poïñt imprégnés de ce fperme, & ne donnent jamais des petits par inchbation, mais feulement par putréfattion. Un œuf fécondé contient les rudimens du poulet avant même que la poule ait commencé à le couver. Le microfcope “nous fait voir à découvert dans le milieu de la cica- iricule la carcafle du poulet qui nage dans le %- quamen ou l'humeur ; elle eft compolée de cinq pe- tites zones ou cordons que la chaleur de lincubation future groffit en rareñant & liquefant la matiere premiere de l’albumen , & enfuite celle du germe, ët les faifant entrer dans les vaifleaux de la cicatri- Cule pouf y recevoir encoreune préparation, une di- geftion, une affimilation & une accrétionultérieure, muiqu’à ce que le poulet devenu trop gros, ait rompu Ja coque 6x foit éclos. On croyoit autrefois qu'il n’y avoit que Îles oi- feaux & les poiflons, avec quelques autres animaux, qui fuffent produits 4h ovo, par des œufs ; mais le plus “#rand nombre des modernes inclinent plutôt à pen- der que tous les animaux & les hommes mêmes font engendrés de cette maniere. Harvé, Graaf, Ker- kringius, & quelques prands anatomiftes , ont fi bien défendu cette opimon , qu’elle eft ä-préfent généra- lement reçue. On voit dans les tefticules des femmes de petites véficules qui font environ de la groffeur d’un pois "verd , qu’on regarde comime des œufs : c’eit ce quia fait donner par les modernes le nom d’ovaires à ces parties , que les anciens appelloient refficules ; ces œufs fécondés par la partie la plus volatile & la plus fpiritueufe de {a femence du mäle, fe détachent de Vovaire 8 tombent par le conduit de Fallope dans la matrice , où ils fe forment & groffiffent. Voyrz CONCEPTION 6 GÉNÉRATION. Plufeurs obfervations & plufieurs expériences concourent pour donner plus de poids à ce fyftème, &t pour le confirmer, M. de Saint-Maurice ayant ouvert une femme à Paris en 1682, lui trouva un fcetus parfaitement forme dans le tefticule. _ M. Olivier médecin de Breft, aflure qu’en 1684, une femme quiétoit grofle de fept mois accoucha dans fon lit d’un grand plat d'œufs, liés enfemble comme unetgrappe de raifin, & de différentes grof- feurs, depuistcelle d’une lentille , jufqu’à celle d’un œnf de pigeon. Wormiusrapporteavoir vu lui-même une femme-qui étoit accouchée d’un œuf; &c Bar- tholin confirme la même chofe, Ces, prem. ‘hifi. * anat. IV. p. r. Le même auteur dit qu'il avoit connu à Coppenhague une femme , qui-au boutde * douze femaines de groffefle, avoit jerté un æuf en- veloppé d’une coque mollafle. Lauzonus , Dec. 11. ann. IX, obf. #xxvii,p. 731. des mêm. des curieux de La nature, rappoïte la même chofe d’une autre fem- me oroffe de fept femaines. L’œzf qu’elle rendit, n'étoit niauifh gros qu'un æwzfde poule, niaufli petit qu'un æuf de pigeon :1l étoit couvert de membra- nes , au lieu de coque. La membrane extérieure ‘ap- pellée chorion , étoit épaiffe & fanguinolente ; l’in- térieure nommée ar0s, étoit déliée &tranfparen- te ; & elle renfermoit une humeur blanchâtre dans laquelle nageoit l’embryon ‘attaché par les vaif. feaux umbilicaux , lefquels reflembloient à des fils . de foie. Bonnet dans fa lettre à Zuingér , publiée dans les éphémérides des curieux de la nature , Déc, 11, ann. Il er 405 2, obfètv. clxxxvi. p. 417. rapporte qu’uné jeune fille avoit rendu une grande quantité de petits æzfs, Conrade Virfungius dit qu’en faifant l'anatomie d’une femme qui avoit une defcente , il trouva dans une des trompes des œufs de différentes groffeurs. Enfin, on voit encore de femblables exemples dans Rhodius, Ces. 1in. obferv. lviy, & dans différens en- droits des mémoires des curieux de la nature : de forte que Berger dans fon traité de zatur4 humant , lv. IL, chap. j. p. 461. n'héfite point de penfer que la feule différence qu'il y ait entre les animaux qu’on nomme vivipares , & ceux qu'on appelle ovipares , c’eft que les derniers jettent leurs œufs hors de leur corps , & les dépofent dans un nid, & que leurs œufs contiennent toute la nourriture néceffaire à leur fruit ; au lieu que dans les derniers, les œufs font dépofés des ovaires dans la matrice, qu’ils ont peu de fuc, & que la mere fournit Le refte de lali- ment. | Il n’y a pas jufqu’aux plantes dont Empedocles, &c depuis Malpighi, Rallius, Fabrice d’Aquapen- dente, Grew , & d’autres , nayent prétendu que la génération fe fait par des œufs. Voyez PLANTE. D'un autre côté, nous avons plufeurs exemples où les animaux ovipares ont produit leurs petits tout vivans & fans æufs. On en rapporte en parti- culier d’un corbeau , d’une poule , de ferpens, d’un poiflon, d’anguilles, &c. Voyez Ifibord , ab Amelan- xen , breviar, imemorabil, n°.28, in append. mêm, nar. cur, dec, 11, an, 4. p. 201. Lyferus, obferv. VI. en- voyée à Bartholin, Aldrovand. Æff. ferp. 6 dracon. P- 309. Seb, Nuremberg , de miraculis nature in ÆEurop. c: xlj. franc. Paulin, de anguilla, fe. prem. chap. iy. êtc. Ce n’eft pas tout : les Phyficiens rapportent des exemples de mâles qui ont jetté des œufs par le fon- dement. Ce fait paroîtra fi ridicule à un leéteur fage, qu'on pourroit nous blâmer de tranfcrire ici les paf ages fur lefquels on l’appuie ; & ainfi nons nous | contenterons de renvoyer le leéteur qui aura affez de curiofité pour les conffonter aux auteurs d’où nous aurions pü des tirer : favoir, Chriftophe Pau- lin, Cyrograph. curiof, fei. I. Liv. III, $. 56. M. nat. cur. Dec. 11, ann. 8, obferv, cxvi. p. 261. & Dec. r. ann. 2. obferv. ccl, & Dec. 11. ann. 4. append. 199.Schculk , ff. monaft, p.129. &cc. M. Hotterfort penfe qu'il a bien pu fe faire au- moins dans quelque cas, que ce qu'on avoit pris pour des œufs, ne füt que des alimens mal digérés & coagulés, ainfi qu'il l'atrouvé une fois lui-même. Quant aux æufs des femmes, Wormius &Fromann, lib. III, de fatinat, v. 6. cap. xx. $. 9. pag. 882. ont cru que.c'étoit un «effet du pouvoir du démon ; mais M. Bartholin & M. Stotterfoht, fe moquent avec raifon de cette relation. Gouflet, deicaufis linguæ hebraïce , taxe le fenti- ment moderne de la génération ab avo., d’être con« traire à l’Ecriture ; & d’autres ont cru voir dans la femence.des animaux mâles , lPanimal en vie & tout formé. Voyez ANIMALCULE 6 SEMENCE. Malpighi fait desobfervations très-curieufes avec le microfcope de tous:les changemens qui arrivent dans l’œuf qu’une poule couve .de demi. heure en demi-heure. Voflius & divers autres auteurs font fort embarraflés de décider cette queftion, lequel a exifté le premier.de l'æxfiou de la poule, de idol, Lib. III. cap. lxxvur. En Egypte, on.faitéclore-les æzfs par.la chaleur d’un fourneau. où d’un:four , & on.en fait qüelque- fois éclore fept ou huit mille tout-à-la-fois. On trouve la maniere dont on fe fert pour cela dé- cite dans les Tranfaétions philofophiques. Foyez ECLORE. Voyez ces fours , PL, d’Agricul. On dit qu'à Tunquin on conferve les æzf5 pen. 406 ; dant trois ans, en les enveloppant d’une pâte faite de cendre & de faumure. La tortue fait , à ce qu'on dit, jufqu’à quinze cuns æufs qu'elle couvre de fable, & qu’elle abandonne à la chaleur du foleil pour éclore ; les œufs d'Autruche éclofent de ia même maniere. Villugh. Orzithol, Lib, IT, c. vi. : 1. Dans les aéfa eruditorum de Lipf. Leypfik, année 1683, p. 221. left parlé d’un æzf de poule tout fem- blable aux œufs ordinaires, au milieu duquel on en trouva un autre de la groffeur d’un œuf de pigeon. Voyez SUPERFÉTATION. Les œufs à double coque ne font pas rares ; Har- vey donne fort au long dans fon traité de la pénéra- tion de l’inimal , l’explication de cette apparence, Chez les anciens l'œuf étoit le fymbole du monde, & c’étoit une tradition parmi eux que le monde avoit été fait d’un æuf, ce qui rendit les œufs d’une grande importance dans les facrifices de Cybele, la meredes dieux : quelques-uns de leurs faux-dieux étoent auffi venus d'un œuf. ŒUF VUIDE, voyez VUIDE. Œur DE vACHE, c'eft un nom que quelques au- teurs donnent à une efpece de befoard qu’on trouve dans l’eftomac de la vache. Œur. ex Archireülure, ornement de forme ovale qu'on pratique dans lechinus ou quart de rond du chapiteau ionique & compoñite , le profil ou le con- tour de l'échinus s'enrichit d'œufs & d’ancres pla- cés alternativement. Voyez zos PI. d’Architeïture. Voyez auffi ECHINUS , ORE, &c. ŒUF PHILOSOPHIQUE, ez Chimie, voyez PHI- LOSOPHIQUE. Œur , ( Phyfique générale. ) on trouve quelque- fois des œufs extraordinaires en petitefle, en erof- {eur , enfigure, fans coque, fans jaune ; d’autres qui ont une double coque ; d’autres qui renferment un fecond œuf; d'autres qui contiennent des corps étrangers, comme des pois, des lentilles, des épin- gles, &c. Enfin, j'ai recueilli beaucoup d’obferva- tions en ce genre ; mais 1l {uffira d’en citer quelques- ünes. Le petit euf, ou l'œuf naïn, que les Ornitholog:- Îtes nomment communément, ovwm centeninum, eft le dernier que la poule ponde de la faifon. Cet œuf pour l'ordinaire ne contient pas de jaune, mais une efpece de glaire ou de blanc. [Ln’eft pas furprenant que ce dernier œuf foitfi petit; maisil eft aflezéton- nant qu’une poule ne ponde jamais que de ces œufs nains. Malpighi vous donnera la raifon pourquoi ces œufs font ftériles , & ne produient jamais de pou- lets. Il y a d’autres œufs qui furpañfent de beaucoup les œufs communs en groffleur. On les nomme ova gemellifica ; il femble même qu'Ariftote s'en foir ap- crçu: mais il eft certain qu'il n’y a que les oifeaux domeftiques qui pondent de ces'fortes d'œufs : ils contiennent deux blancs & deux jaunes, à M. Harvey remarque que communément ils renferment deux poulets, qui quoiqu'éclos ne vivent pas. Detous les æzfs extraordinaires, il n’y en a guere de fi remarquables que ceux qui ont une double co- que, & que Harvey appelle ovum in ovo: cet habile homme explique en même tems les caufes de ce phénomene dans fon traité de generatione animalium. Le petit æufrenfermé dans un grand, eft ordi- nairement de la grofleur d’une olive, pointu parle bout, couvert d’une membrane dure, épaife, & caffante. L’humeur qu'il contient eft moins Jaune que dans les autres œufs. M. Méri a montré à l'académie des Sciences un œuf de poule cuit, dont le blanc renfermoit un autre petit œuf revétu.de {a coque &c de fa membrane 1n- térieure , & rempli de la matiere blanche fans jaune. On a fait voir à la même académie en 174$, un œuf de poule d'Inde, dans lequel étoit renferme un autre œuf garni de fa coque. Ceux qui favent que la coque de l'œuf ne fe forme que dans l’oviduüus , ou canal qui conduit l’œuf de l’ovaire au-dehors de l'animal, fentiront combien doivent être rares les circonftances néceffaires pour produire ua pareil effet. M. Petit porta en 1742 à la même académie un petit corps oviforme d'environ dix lignes de lon- oueur , &c de cinq lignes de diametre, qu'il avoit trouvé dans le blanc d’un œuf, Ce corps qui étoit lui-même une efpece de petit œuf, n’étoit attaché au grand que par un pédicule affez court, &c qui avoit peu de confiftance : on y voyoit quatre envelop- pes : l’extérieure étoit aflez folide, puifqu’en étant féparée , elle confervoit fa forme & fe foutenoit par elle-même, ce que ne faifoient point les autres. À chaque féparation des trois premieres enveloppes, ainfi prifes extérieurement, le petit corps confer- voit fa figure; mais on n’eut pas plutôt féparé la quatrieme , que tout ce qui y étoit renferme s’échap- pa en forme de blanc d’œuf fans jaune, Il y a des poules qui par un effet de la flruéture de leur ovaire, pondent toujours des œufs fans jau- ne, [Il y ena d’autres quin'en pondent que qnel- quefois ; favoir, lorfque dans des efforts, où par quelque caufe extérieure , le jaune de l'œuf fe crève dans l’oviductus ; mais la caufe n'étant pas conftante, : elies en font aufl de bien conditionnés. Quant aux poules qui pondent quelquefois des œufs fans coque, cela vient ou de quelque maladie qui irritant la trompe, leur fait chailer l'œuf avant le tems; ou bien par une grande fécondité qui ne leur donne pas le loifir de les mürir tous : 1l y a des poules qui font le même jour un œuf bien condition né, & un autre fans coque. Le défaut d’une fuflante quantité de certe hu- meur dans certaines poules, peut encore en être la caufe, Les œufs {ans coque s'appellent œufs hurdes, Voyez ŒUF HARDÉ. Quoique beaucoup de perfonnes , d’ailleurs rai- fonnables , croyent avec le peuple que les cogs por- dent des œufs, & en particulier les æufs qui font fans jaune ; que ces œufs étant trouvés dans du fit mier ou ailleurs, on en voit écloredes ferpens ailés, qu’on appelle bailics ; cette erreur n’a d'autre fon- dement qu'une ancienne tradition, que les préjugés de l'éducation & l’amout du merveilleux entretien- nent. On a trouvé quelquefois dans des æwfs de poule des corps étrangers, comme des pois, des lentilles, & même une épingle. Ces pois & ces lentilles qus ont germé & porté du fruit, étoient entre le blanc & le jaune de l’œxf: peut-être que ces graines, ainfi que l’épingle dont j’ai parlé, fe font infinuées dans les poules pendant l’accouplement qui fe fera fait dans un endroit où il y avoit beaucoup de pois & de lenulles : peut-être font-ils entrés du jabot dans l'ovaire. (D. J.) Œur HARDÉ, ( Miff. nat. ) il n’eft pas rare de trouver des œufs de poule fans coque : on les appelle des œufs hardés, Leurs liqueurs ne font-contenues que par la membrane épaifle qui tapifle intérieur de la coquille des autres. Cette enveloppe cede fous le doigt en quelau’endroit qu’on la preffe : on ter- teroit très-inutilement de faire éclore le poulet d’un œuf fans coque ; la tranfpiration s’y fait avec une trop grande facilité ; bien-tôt la membrane qui eft fa {eule enveloppe , fe plifle, fe ride, &r fe chionne très-irrégulierement en différens endroits. Au bout de peu de jours l’œuf a totalement perdu fa forme, &c les deux tiers, on même les trois quarts de fon volume : il ne contient plus que des matieres épaif- À fes GUF les au point d'être devenues folides & dires, Peut. Être néanmoins ne feroit-il pas impofible, dit M. de Réaumur, de faire développer le poulet d’un œuf | hardé : mais il faudroit, ajoute-t:l, que l’art lui donnât l'équivalent de ce que la nature lui à tefufé, I faudroit fuppléer par quelque enduit à La coquille qui lui manque , lui en faire une de plâtre, où de quelque mortier, oude quelque ciment poreux. Cette expérience qui ne feroit que curieufe, ne réufiroir fans doute , qu'après avoir été tentée bien des fois, ët ne nous apprendroit rien de plus que ce que nous favôns déja fur la néceffité d’une tran{piration me- lurée, ( D. J.) ŒUFS, conférvation des ; ( Phyfique générale. Yi n'eft pas indifférent de pouvoir conferver des æxf5, & en particulier des æ4#$ de poule, frais pendant lono-tèms. Tons les œufs que couve une poule, ne {ont pas également frais ; fi elle les a tous pondus, il y en a tel qui eft de quinze à feize jours plus Vieux qu’un autre. L’embryon périt dans l’œnf, lor{- que l'œuf devient trop vienx, parce que l'œuf fe corrompt ; mais 1l y vivroit quelquefois plus long- tems , fi on empêchoit l’œzfde {e corrompre. Malgré la tiflure compaéte de fa coque écailleu- le, maleré la tiflure ferrée des membranes flexibles qui lui fervent d’enveloppe immédiate, l’œuf'trant- . pire journellement , & plus il tranfpire & plutôt il fe pâte. Il n’eft perfonne qui ne fache que dans un œuf frais & cuit, foit mollet, foit au point d’être dur , la fubftance de l'œuf remplit fenfiblement la coque ; & qu’au contraire 1l refte un vuide dans tout œuf vieux qui eft cuit, & un vuide d’autant plus grand , que l’œuf eft plus vieux. Ce vuide eft la me- fure de la quantité du liquide qui a tranfpiré au-tra- vers de la coque. Auf, pour juger fi un œuf même qui n’eft pas cuit, eft frais, on le place entre une lumiere & l'œil ; la tranfparence de la coque per- met alors de voir que l’euf vieux n’eft pas plein dans fa partie fupérieure. Mais des obfervations fai- tes par les Phyficiens, leur ont découvért les con- duits par lefquels Pæzf peut tranfpirer. Ils ont vu que dans les enveloppes qui renferment le blanc & le jaune de l'œuf, il y à des conduits à air qui com- Muniquent au-travers de la coque avec l’air exté- rieur, On voit où font ces pañlages, lorfqu’on tient un œuf {ous le récipient de la machine pneumatique dans un vafe plein d’eau purgée d'air, À melurequ’on pompe l'air du récipient , celui qui eft dans l'œuf fort par des endroits où la coque lui permet de s'échapper. … Un fait qui prouve encore très-bien que la coque de l'œuf eft pénétrable à l'air , c’eft que le poulet prêt à éclore fait entendre fa voix avant qu'il ait commence à becqueter fa coque , & avant qu'il l'ait même filée. On l'entend crier très-diftinétement , _ quoique fa coque foit bien entiere ; malgré fa tifure {errée, l’æufiranfpire ; il eft pour nous d'autant plus vieux, Où , pour parler plus exaétement, d'autant moins bon , qu'il a tranfpiré davantage. Les payfans de nos provinces &c des autres pays agiflent comme s'ils favoient cette phyfique. Pour conferver long- tems leurs æ:f5 en bon état, ils les tiennent dans des tonneaux où 1ls font entourés de toutes parts de cendre bien preflée, de fon , de fciure de bois de chêne , &c. cétte cendre, ce fon, cette fciure de bois de chene s'applique contre les coques, en bouche les pores & rend leut tranfpiration difficile, Les œufs ainfi confervés font mangeables dans un tems où ils eufient été entierement corrompus fans ces précau- tions. | M, de Réaumur a imaginé d’abord un meilleur moyen d'empêcher l’infenfible tranfpiration des œufs, c’eft en les enduifant d’un vernis impénétra- _ ble à l’eau ; ce vernis eft compoifé de deux parties de gomme , laque plate, avec une partie de colo- Tome XI, ŒUr 4 phoñe difioute dans de l’éfprit de-vin, Une pinte d’efprit-de-vin , dans läquelle on diffout une démie livré de laque plate & un quart de livre de colo. phone, peutivernir 72 douzaines d'œufs, c’eft-à-dire que Îa dépenfe en vernis pour Chaque douzaine d'œufs ne fauroit aller à un foi ; & À l’on fait les couches très-minces , ceite dépenie niroit qu’à la moitié du prix. Quoique la compoñtion de ce vernis & fon aps plicaton foient faciles, M.de Réaumur à trouvé depuis qu'on pouvoit fubflituer à ce vernis une ma- tiere moins chere encore, plus connue & aifée à avoir par-tout , c’eft de la graifle de mouton fraîche, Les æ2f5 qui onr été enduits de cette gratte, fe con= fervent frais aufli long-tems que ceux qui ont été vernis. Cette graifle ne coûte prefque rien de plus que le fuifordinaite , qui réufroit également, mais qui blefferoit l'imagination. On fait fondre de la graifle de mouton fraîche ; & après l’avoir rendue liquide, on la pañle à-travers un linge, on la met dans un pot de terre, on l’échauffé près du feu , on plônge chaque æufdans cette graifle, & on le retire fur le champ : sil eft bien frais , il peut fe conferver ainf pendant près d’une année, On peut plonger l’&zf dans la graiffe avec des pinces , dont l’attouchement ne fe feroit que dans ceux points ; & quand la graïfle feroit figée fur tous les autres endroits, On Porteroit avec une plume ou un pinceau üne petite goutte de graifle liquide fur les deux endroits quifont reftés découverts. Mais pour n’avoir plus à revenir à l’'œufaprès qu'il a été tiré du pot, 1l fera peut-être plus commode de don- ner à chaque æzfun lien d’un brin de fl long de 6 à 7 pouces ; on entourera l’&ufvers fon milieu, c’eft- a-dire à diflance à-peu-près égale de {es deux bouts avec ce fil, on lui fera une ceinture arrêtée par un double nœud , lequel nœud fe trouvera très-près d'un des bouts de ce fil , c’eft par l’autre bout du fil qu'on tiendra l’euffufpendu pour le plonger dans la graifle liquide. Celle qui s’attachera fur la partie du fil qui entoure l’&uf, arrêtera aufi-bien toute évaporation dans cet endroit, que celle qui fera im- médiatément appliquée contre [a coquille. On ima- ginera peut-être qu’il eft dificile de mettre un œuf. en équilibre fur un tour de fl, & de faire que cet œuf ne s'échappe pas ; mais pour peu qu’on l’éprou- ve, On'trouvera le contraire, La graifle de mouton ne communique pas le plus léger goût de graifle à l'œuf; car quand on le retire de l’eau.bouillante , il n’y à que lé-deflus de la co- quille qui foit un peu gras, & on emporte toute trace de graifle en frottant l’eufavec un hnge. L’en- duit de graifle eft préférable au vernis pour les œufs deflinés, à être couvés, parce qu'il eft difficile de déverrir les œufs , & que l’enduit de graifle eft très- aïfé à enlever. Enfin on pourroit par le moyen de l’enduit de graifle tranfporter dans les divers pays un grand, nombre d'œufs d’oifeaux étrangers , les Y faire couver, & peut-être, en naturalifer plufieurs, Cependant, malgré toutes ces vérités ; ni le vernis des œufs, n1 leur enduit de graifle propofés lun & l’autre par M. de Réaumur, n’ont point encore pris faveur dans ce royaume. (D. J.) ŒUF, (Chimie. ) voyez SUBSTANCES ANIMALES, Œur , ( Diere, Pharmac. & Mat. méd, ) les œufs les plus employés à titre d’aliment font ceux de poule. On mange auffi en Europe les œufs d’oie, de canne, de poule-d’inde, de paon, de faifan, 6e, Les Africains mangent les æfs d’autruche , & eux de crocodile, Les w2f5 de tortue font un aliment très-ufité dans les îles de l'Amérique, C’eft aux œufs de poule que convient principas lement ce que nous allons en obferver en général, &e cela inffruira fuffifamment fur les qualités effen- *- 408 Œ UF tielles des autres œufs qu’on mange quelquefois dans ce pays ; ce qui peut mériter quelque confidération particuliere fur les qualités fpéciales des autres, par exemple , fur ceux de tortue , fera rapporté à cet ar- ticle particulier. Voyez TORTUE D'AMÉRIQUE. Les œufs de poule , que nous n’appellerons plus que les œufs, doivent être choïfis les plus frais qu'il {e pourra ; on veut encore qu’ils foient bien blancs & longs. On connoît à ce fujet les vers d’Horace. Longa quibus facies ovis erit, 1lla memento Ut fucci melioris | & ut magis alba rotundis Ponere. Les œufs nourriffent beaucoup : ils fourniffent un bon aliment, utile en fanté comme en mala- die. Les auteurs de diete s'accordent rous à afiürer qu'ils augmentent confidérablement la femence, qu'ils réverllent l'appétit vénérien, & difpofent très- efficacement à le fatisfaire. On les prépare de bien des manieres, & on en forme différens mets qui font d’autant plus falutaires qu'ils font plus fimples, Car toutes ces préparations recherchées où les œufs font mêlés avec des laitages , du fucre, des parfums , &c. déguifent tellement la vraie nature de l’&zf qu'il peut y perdre toutes fes bonnes qua- lités. Li eft obfervé même que les laitages chargés d'œufs fubiffant dans les premieres voies, l’altéra- tion à laquelle ils font naturellement fujets, la com- muniquent aux œufs , & que la cotruption d’un pa- reil mélange devient pire que n’auroit été celle du lait feul. On peut donc établir que tous ces mélan- ges délicats d'œufs & de lait, comme crèmes, Éc, {ont des alimens au-moins fufpeëts, comme le lait. Voyez LAIT. Quant à la meilleure façon de préparer les œufs feuls , on peut la déterminer d’après cette feule regle ; favoir qu’en général ils doivent être modérement cuits ; la raïfon eneft, dit Louis Leme- ry, que quand ils le font trop peu , ils demeurent encore glaireux , & par conféquent difiiciles à digé- rer. Quand au contraire ils font trop cuits, la cha- leur en a diffipé les parties aqueufes, qui fervoient Y étendre les autres principes de l'œuf, &c à leur donner de la fluidité ; or ces principes fe trouvant dépourvüûs de leur humidité naturelle , s’approchent & s’uniflentétroitement les unsaux autres,& forment un corps compaét, reflerré en fes parties, pefant à l’eftomac. Ainfi l'œufne doit être nglaireux , ni dur, mais d’une fubftance molle & humide , comme on le peut voir par ce vers de l’école de Salerne, Si fumas ovum , molle fit atque novum, Lemery, Traité des alimens, Il eft affez reçu que les æ4fs échauffent beaucoup, quand ils font vieux ; cette qualité n'eft pas annon- cée par des effets aflez dérerminés, mais 1left tou- jours für qu'ils font d’un goût defagréable, &c qu'ils font plus fujets à fe corrompre dans l’eflomac que les frais. Les plus mauvais de tous font donc les vieux œufs durs , tels que les œufs de Pâques qu’on vend au peuple à Paris & dans plufeurs autres pays. Ces œufs font fujets à pefer fur l’eftomac , à exciter des rapports fétides & âcres , des coliques, en un mot des vraies indigeftions d'autant plus fâcheufes qu’el- les font ordinairement accompagnées de conftipa- tion ; car la propriété de reflerrer le ventre qu'on attribue communément aux œufs durs, efftrès-réelle. Nous ne faurions cependant approuver la pratique fondée fur cette propriété qui fait des œufs durs un remède populaire & domeftique contre les dévoi- mens. Les auteurs de‘diete ont rapporté plufieurs fignes, auxquels on peut reconnoitre fi les æfs font frais ou non ; mais les payianes & les plus groflieres cui- finiéres en favent plus, à cet égard, que n’en peus vent apprendre tous les préceptes écrits. Mais quant à l’art de les conferver dans cet état de fraicheur, il faut rendre juftice à la fcience , elle a été plus loin que l’économie ruftique. Le principal fecret qu'avoit découvert celui-ci, &c qui eft encore en ufage dans les campagnes confiftoit à les garder fous l’eau ; mais M. Réaumur ayant confidéré que les œufs ne perdoient leur état de fraîcheur que par une évaporation qui fe failoit à-travers les pores de leur coquille, laquelle en diminuant le volume des li- queurs dont l’œuf'eft formé , expofoit ces liqueurs à une altération fpontanée, une efpece de fermenta- tion , un commencement de corruption, en un mot aux inconvéniens auxquels font fujets les hiqueurs fermentables gardées en yuidange ; il penfa que fi l’on enduifoit les œufs d’un vernis qui empêchât cette tranfpiration, on parviendroit à retarder con- fidérablement leur corruption. Le fuccès répondit à fes efpérances : des œufs enduits d’un vernis à l’ef- prit-de-vin quelconque, d’une légerecouche de cire, d’un mélange de cire & de poix réfine , de graiffe de mouton, 6c. fe confervent pendant plufieurs mois, & même.pendant desannées entieres dans l’état de la plus parfaite fraîcheur. Les enduits de colle de poif- fon , de gomme arabique 6:c, arrêtent moins parfai- tement cette tran{piration , parce que la liqueur que l'œuf exhale étant aqueufe, peut d floudre une par- tie de ces dernieres fubflances , & fe frayer ainfr. quelques routes. On conferve auf très-bien les œufs fous l'huile , mais certe liqueur bouche les pores bien moins exaétement que les matieres graifleufes & réfineules concretes, Le fuif y feroit très-bon, mais quoiqu’on pufle l'enlever facilement , Pidée de fon emploi eft toujours dépoütante. M. de Réau- mur donne la préférence à la graifle de mouton, parce qu’elle coûte très-peu , & qu’elle fe fépare fa- cilement de l’œuf en le failant tremper dans l’eau chaude, La maniere de les enduire de graifle de, mouton propofée par cet académicien, eft forr fim- ple & plus facile dans l'exécution , comme il lobe, ferve lui-même, qu'on ne {eroit tenté de croire d’a- bord. Il ne s’agit que de fufpendre un œuf à un fil , dans lequel on l’engage comme dans une efpece de ceinture au moyen d’un nœud coulant, & de le tremper une feule fois dans de la graifle fondue fur le feu. Voyez l’Hifloire des infèctes de M. de Réaumur, rome II. & Mémoires de l'académie royale dés Sciences, arriée 1735. Ce que nous avons dit des œufs jufqu’à préfent convient à l’œf entier , c’eft-à-dire au blanc & au jaune mangés enfemble , & fe tempérant mutuelle- ment; car chacune de ces fubftances confidérée en particulier a des qualités diétetiques différentes. Le’blanc ou partie glaireufe eft beaucoup plus nour- riflante, c’eft à celle-là que convient principalement lexagération d’Avicenne qui dut des œufs qu'ils en- gendrent autant de fang qu'ils pefent. Le jaune eft moins nourriflant & plus échauffant ; c’eft à cette fubftance qu’appartient fpécialement la qualitéaphro-, difiaque ou excitant à l’amour, obfervée dans les œufs. Boerhaave , qui a donné dans fa chimie un long. examen du blanc d’œuf{ans dire un mot du jaune, oblerve que cette matiere albumineufe étant portée jufqu’à la putréfa@ion vraiment alkaline , produit les plus terribles effets dans le corps animal, prife en la plus petite quantité, pauxillum , & même que. fa feule odeur diflout les humeurs de notre corps à l’éval du venin de la pefte , fo/o putrido halitu fL0 humores corporis noftri mirificè diffolvit inflar veneni peflitentialis. Cette propoftion ne nous paroît guere, moins outrée que celle de ce fingulier Hecquet, qui dit dans {on Traité des dijpenfes du carème, qu'un œuf ŒUF elt une quinteffente naturelle ; un foufre, unvolatile ; an feu prêt a s'allurmer. | EL Plufieurs auteurs ont accordé aux &zfs des vertus “vraiment médicamenteufes. Hippocrate recomman- de les blancs d'œufs battus dans de l’eau de fontaine comme une boiflon humeétante, rafraichiflante & : Jaxative , très-propre aux fébricitans , &c, Tout le monde connoit l’ufage des bouilions à la reine, dont la bafe eft le jaune d’œufdans la toux &c dans les coliques bilieufes. Ce dernier ufage qui eft le moins connu, peut être cependant regardé comme le meil- leur par l’analogie qu’a le jaune d'œuf avec la bile, qu’il eft capable d’adoucir en s’y uniflant. La même qualité du jaune d'œuf, favoir, fa qualité analogue à la bile ; c’eft-à-dire , favonneufe , capa- ble de fervir de moyen d'union entre les fubftances huileufes & les aqueufes , le rend très-propre à ap- paifer les tranchées violentes , & les autres acci- dens qui fuivent quelquefois l’ufage des violens pur- gatifs réfineux: car le jaune d'œuf eft capable de s’u- ir chimiquement à ces réfines , & de les difpofer par: là à être diffoutes & entrainées par les liqueurs aqueufes , foit celles que fourniffent les glandes des inteflins, foit celles qu'on peut donner aux malades à deffein, quelque tems après lui avoir fait prendre des jaunes d'œuf. On l’emploie d'avance au même ufage, c’eft-à- dire à prévenir ces accidens, fion ne donne ces ré- fines âcres, qu'après les avoir diffoutes dans une fufifante quantité de jaune d'œuf, 8 étendus enfuite en triturant dans fuffilante quantité d’eau , ce qui produit l’efpece d’émulfion purgative dontil eftparlé à la fin de l’article ÉMULSION, Voyez cer article. Les baumes & les huiles eflenrielles peuvent aufli commodément être unis aux jaunes d'œuf, com- me au fucre , pour l’ufage médicinal: ce compofé, qu’on pourroit appeller é/éoor , eft entierement ana- logue à l’éléofaccharum, Voyez cet article. On trouve dans la pharmacopée de Paris un looch d'œuf, qui eft un mélange d'huile d'amandes douces, de firop & d'eaux diftillées fait par le moyen d’un jaune d'œuf : l'union que tous ces ingrédiens contrac- tent , eft très-légere ; ainfi on peut en évaluer l’ac- tion particuliere par les vertus refpettives de ces différens ingrédiens : quant à fa qualité commune ou colle&ive , celle qu’elle doit à fa forme , à fa confiftente de looch, &c à la maniere de l’appliquer, voyez LOOCH. Le jaune d’œuf rriruré avec de la térébenthine, ou un autre baume naturel pour en compofer les digef- tifs ordinaires des chirurgiens , exerce dans ce mé- lange la même propriété : il fe combine avec ces bau- mes, en corrige par-là la ténacité & l’âcreté , les rend en partie mufcibles aux fucs lymphatiques & capables d’être enlevés de deflus la peau par des lo- tions aqueufes. Au refte , 1l ne leur communique ce- pendant ces propriétés qu’à demi, parce qu'iln’entre _point dans ce mélange en affez grande quantité. Le jaune d’œuf employé à la Zaïfon des faufles, y opere encore par la même propriété : 1l fert à faire difparoître une graifle fondue qui y furnage en la combinant, la Lanr avec la partie aqueufe qui fait la bafe de ces faufles. L'huile par expreflion retirée des jaunes d'œufs durcis, pañle pour éminemment adonciflante dans l’ufage extérieur ; mais elle ne poflede évidemment "que les qualités communes des huiles par exprefñon. Voyez le mot HUILE. Le blanc d'œuf eft l’inftrument chimique le plus ufité de la clarification. Voyez CLARIFICATION. La propriété qu’a le blanc d'œuf dur expofé dans un lieu humide , de fe refoudre en partie en liqueur , d’éprouver une efpece de défaillance , le rend pro- Tome XI, ŒU F 409 pré à difloudre certaines fubftances dontion le rem- plit'après ensavoir;féparé le jaune ;1les æ2/5 durs ainfi. chargés de myrrhe, fourmiffent l'huile de myr- rhe-par défaillance , voyez MYRRHE ; chargés dé vitriollblanc & d'iris deFlorence en poudre, un col- lyre: fort ufté Ec »: Le blanc d'œuf entre dans la compoñition du fucre: d'orge , de lapâte de régliffe blanche &:de celle de guimauve, &c. Enfin les coques ou coquulles d’œuf fe préparent fur le porphyre pour l’ufage médicinal : :c’eft un ab. forbant ab{olument analogue aux yeux d’écrevifle , aux écailles d'huitre , aux perles , à la nacre (voyez cesarticles), & par conféquént on ne peut pas moins précieux. C'eit par un pur caprice de mode que quel ques perfonnes fe font avifées depuis quelque tems de porter dans leur poche une boîte de coquilles d'œufs porphyrifées, qu’on envoie de Louvain. Cette fubftance terreufe eft un des ingrédiens du re: mede de mademoifelle Stephens. Poyez REMEDE de mademoifeile Siephens. ŒUurS DES INSECTES. ( Hiff. nat. desinfeë.) la maniere dont les infeétes mâles commercent avec les femelles, quoique très-variée, rend la femelle fé- conde , 8 la met en état de pondre des œufs lorf- qu'il en eft tems. ps La variété qu’il y a entre ces æufs eftincroyable, foit en groffeur , {oit en figures , foit en couleurs. Les figures les plus ordinaires de leurs œufs {ont la ronde , l’ovale & la conique : les œufs des araignées &c d'un grand nombre de papillons , quoique ronds , {ont encore diftingués par bien des variétés; mais il faut remarquer que dans ces mêmes figures il y a beaucoup de plus ou de moins, & que les unes appro- chent plus des figures dont on vient de parler que les autres. Pour ce qui regarde les couleurs, la diffé- rence eft plus fenfble. Les uns , comme ceux de quelques araignées, ont léclat de petites perles ; les autres, comme ceux des vers-à-foie, font d’un jaune de mullet ; on en trouve auffi d’un jaune de foufre, d’un jaune d’or & d’un jaune de bois. Enfin il y en a de verds & de bruns ; & parmi ces der- niers, on en diflingue de diverfes efpeces de bruns, comme le jaunâtre , lerougeätre , le châtain , &c, La matiere renfermée dans ces œufs ( car la plù- part des infeétes font ovipares ) eft d’abord d’une fubftance humide, dont fe forme l’infefte même qui en fort quand il eft formé, . Tous les infeêtes ne demeurent pas le même efpa- ce de tems dans leurs æxfs. Quelques heures fuffifent aux uns , tandis qu'il faut plufeurs jours, & fouvent même plufieurs mois aux autres pour éclorre. Les œufs qui pendant l'hiver ont été dans un endroit chaud, éclofent plutôt qu’ils ne le devroient , felon le cours de la nature. Les œufs fraichement pondus font très-mous ; mais au bout de quelques minutes ils fe durciflent, D’abord on n’y apperçoit qu’une matiere aqueufe , mais bientôt après on découvre dans le milieu un pointobfcur , que Swammerdan croit être la tête de l’infeéte, qui prend la premiere, felon lui, fa confiftance &c fa couleur. L'infeête eft plié avec tant d'art, que malgré la petitefle de fon appartement , ilne manque pas de place pour former tous les membres qu’il doit avoir. On ne peut s’empêcher ; en voyant ces merveilles, d'admirer la puiflance de celui qui a fu mettre tant de chofes dans un fi petit efpace. Un très-grand nom- bre d’infeétes femblent n’avoir prefque d’autre foin pour leurs æzfs , que celui de les placer dans desen- droits où leurs petits , dès qu'ils feront éclos, trou- veront une nourriture convenable, Auff eft cealors tout le foin que demandent ces œufs, & que le plus fouventles meres ne peuvent prendre, puifque quan- tité d’entr’elles meurent peu après qu’elles ont pon- fi ATO 6 UF ‘du cé foïn cependant n’eft pas toujours borné-là, bien des fois ileft accompagné d’autres précautions. Plufeurs enveloppent leurs æ4f5 dans un tiflu de. cire trés-ferré ; d’autres le couvrent d’une-couche de poils tirés de leur corps: Quelques efpeces'lesar- rangent dans un amas d'humeur vifqueufe , qui fe durciflant à l'air , les garantit de tout accident. Il y en a qui font plufñeurs incifions obliques dans une feuille, 8 cachent dans chacune de ces incifons un “œuf. On en voit qui ont foin de placer leurs œufs derriere l’écorce des arbres, & dans des endroits où ils fontentierement à couvert de la pluie, du mau- vais tems & de la trop grande ardeur du foleil. Quelques-uns ont Fart d'ouvrir les nervures des feuilles & d’y pondre leurs œufs ; de maniere qu'il fe forme autour d’eux une excroiflance. qui leur fert tout-à-la-fois d’abri , & aux petits éclos d’alimens. Il y en a quienveloppent leurs æzfs d’une fubftance molle qui fait la premiere nourriture de ces animaux naiffans , avant qu’ils foient en état de fupporter des alimens plus folides, & de fe les procurer. D’autres ‘enfin font un trou en terre, & après y avoir porté une provifion fufifante de nourriture , ils y placent leur ponte. Si un grand nombre d’infeîtes , après avoir ainfi placé leurs œufs , les abandonnent au hafard , il y en a d’autres qui ne les abandonnent jamais ; tels font par exemple quelques fortes d'araignées qui ne vont nulle part, fans porter avec elles dans une efpece d’enveloppe tous les æ4fs qu’elles ont pondus. L’at- ‘tachement qu'elles ont pour ces œufs eft fi grand , qu'elles s’expofent aux plus grands périls plutôt que de les quitter. Telles font encore les abeilles, les guêpes , les frélons & plufieurs mouches de cet or- dre. Les foins que les fourmis ont de leurs petits va encore plus loin , car ils s'étendent jufqu’aux nym- phes dans lefquels ils doivent fe changer. Les infec- tes ayant en général tant de foin de leurs œufs , il eft aifé de comprendre la multitude incroyable de ces petits animaux fur la terre, dont une partie périt au bout d’un certain tems , & l’autre fert à nourrir les oifeaux & autres animaux qui en doivent fubff- ter. (D. J.) ŒUF DE SERPENT , ( Litiérat, ) Une grande fu- perfhtion des druides regardoit l’œuf des [erpens. Se- lon ces anciens prêtres gaulois , les ferpens for- moient cet æuf de leur propre bave, lorfqu’ils étorent plufieurs entortillés enlemble. Dès que cer œufétoit formé , 1l s’élevoit en l'air au fifflement des ferpens, & il falloir, pour conferver {a vertu, l’attraper lorf- qu'il tomboit ; mais celui qui avoit ainfi pris mon- toit d’abord à cheval pour s'enfuir, & s’éloignoit au plus vite , parce que les ferpens, jaloux de leur pro- duétion , ne manquoient pas depourfuivre celui qui la icur enlevoit , jufqu’à ce que quelque riviere ar- rêtat leur pourfuite. Dès que quelqu'un avoit été affez heureux pour avoir unde ces œufs, on en faifoit l’effai en le jettant dans l’eau, après lavoir entouré d’un petit cercle d’or ; & pour être trouvé bon, il falloit qu’il furna- geât ; alors cet œuf avoit la vertu de procurer à celui qui le poffédoit gain de caufe danstousfes différends, &t de lui faire obtenir, quand ille defiroit, un libre accés auprès des rois mêmes. | Les druides recherchoïent avec grand foin cet œuf, le vantoient fouvent de l'avoir trouvé, & en vendoient à ceux qui avoient aflez de crédulité pour ajouter foi à tontes leurs rêveries. Pline , en trai- tant ce manege de vaine fuperftition, nous apprend que l’empereur Claude ft mourir un chevalier ro- main du pays des Vocontiens ( de la Provence}, pour cette feule raifon qu'il portoit un de ces œufs dans fon fein ; dans la vue de gagner un grand pro- cès. 1 nous refte un ancien monument fur lequel ŒUF foñt deux ferpens, dont l’un tient dans la guertle un œuf que l’autre façonne avec fa bave, (D. J. ŒUFS DE MER, ( fi. nar. )ce font des échini- tes ou ourfins pétrifiés. ŒUES DE SERPENS, ( Æiff. natur.) ovum an guium, nom donné par Boëce de Boot & par quel- ques autres naturaliftes à une efpece d’échinites ou d’ourfins pétrifiés, ŒUF PHILOSOPHIQUE, efpece de petit matras ayantla forme d’un œuf, & portant fon cou à l’un de fes bouts, c’eft-à-dire felonla diredtion de {on grand diametre, Ce vaiffleau doit être fait d’un verre très- épais & très fort. On lemploie aux digeftions de certaines matieres peu volatiles , & ordinairement métalliques , qu’on y enferme en le fcellant herméti- quement. (4) Œur DES DRUIDES, ( Hiff. anc. ) chez les Cel- tes ou les premiers habitans des Gaules, les druides ou prêtres exerçoient la Médecine ; ils attribuoient fur-tout des vertus merveilleufes à ce qu’ils appel- loient l’œuf des ferpens. Cet œuf prétendu étoit for- mé , felon eux , par l’accouplement d’un grand nom bre de ferpens entortillés les uns dans les autres : aufli-tôt que ces ferpens commençoient à fifler , l'œuf s’élevoit en Pair,& il falloit le faifir avant qu'il füt retombé à terre ; aufli tôt après il falloit monter ächeval , & fuir au galop pour éviter La fureur des ferpens , qui ne s’arrêtoient que lorfque le cavalier avoit franchi quelque riviere. Voyez Pline, Æif£. nar. lv. XXIX, ch. tj. Voyez plus haut ŒUFS DE SER- PENT. | Œur D'ORPHÉE, (Æifi. anc.) {ymbole myftérieux dont fe fervoit cet ancien poëte philofophe , pour défigner la force intérieure & le principe de fécondité dont toute la terre eft impregnée, puifque tout y pouffe , tout y végete , tout y renaît. Les Egyptiens &t les Phéniciens avoient adopté le même fymbole, mais avec quelque augmentation ; les premiers en repréfentant un jeune homme avec un æxf qui fui fort de la bouche ; les autres en mettant cet æuf dans celle d’un ferpent dreflé fur fa queue. On conjeéture que par-là les Egyptiens, naturellement préfomp- tueux, vouloient faire entendre que toute la terre ap- partient à l’homme, & qu’elle n’eft fertile que pour, fes befoins. Les Phéniciens au contraire , plus rete- nus, fe contentoient de montrer que fi l’homme a fur : les chofes infenfibles un empire très-étendu ,ilena moins fur les animaux , dont quelques-tîns difpu- tent avec lui de force, d’adrefle & de rufes. Les Grecs , qui refpeétoient trop Orphée pour avoir né- ghigé une de fes principales idées, aflignerent à la terre une figure ovale, Voyez l’Hifloire critique de La Philofophie par M. Deflandes. (G) Œur D'Ostris, ( Aiff. anc. ) les Egyptiens , fi l’on en croit Hérodote, racontotïent qu'Ofiris avoit enfermé dans un œuf douze figures pyramidales blan- ches pour marquer les biens infims dont il vouloit combler les hommes ; mais que Typhon fon frere ayant trouvé le moyen d'ouvrir cet œuf , y avoitin- troduit fecrettement douze autres pyramidesnoires , & que par ce moyen le mal fe trouvoir toujours mêlé avec le bien. Ils exprimoient par ces fymboles Pop- pofition des deux principes du bien & du mal qu'ils admettoient , mais dont cette explication ne con- cilioit pas les contrariétés. (G) ŒUES , en terme de Metteur en œuvre, font de peti- tes cafloiettes ou boîtes de fenteur qui font fufpen- dues à chaque côté de la chaine d’un étui de piece. Voyez ÊTUI DE PIECE. Œur , ( Rajin. de fucre. ) on nomme ainfi dans les moulins à fucre , le bout du pivot du grand tam- bour, à caufe qu'il a la figure de la moitié d’un œuf d’oye. Cette piece s’ajoute au pivot, & y tient par ie moyen d’une ouverture barlongue qu'on y fait ; _ œlle eft d’un fer acéré pofée fur une platine ou cra- paudine de même maniere. ŒUIL, L’, (Géog.) petite riviere de France dans le Bourbonnois. Elle a fept ou huit fources , quifor- ment au-deflous de Cofne une petite riviere, la- quelle fe perd dans le Cher à Vaügni, aux confins du Berry. | ŒUVRE , f. m. &f. ( Gramm. Critig. Jacrée, ) ce terme a plufeurs fignifications dont voici les prin- cipales. 1°. Il fe prend pour ouvrage des mains : & adoraverunt opus manuum fuarum. Pf. cxxxiv. 15. Il fignifie 2°. les produétions de la nature : #entietur opus olive , le fruit de l'olivier manquera.3°. Ladé- livrance du peuple juif: Zomine | opus suum vivi- fica , Seigneur , accompliffez votre ouvrage. 4°. Les bienfaits : rmedisarus [um ir omnibus operibus suis, P[. lxvj. 12. j'ai médité fur toutes les graces dont vous nous avez comblé. 5°, Les châtimens. 6°. La récompenfe & le prix du travail : 2072 morabitur opus mercenarit apud te, Levit. xix. 13. 7°. Les attions mo- tales bonnes ou mauvaifes. (2. J.) Œuvre , ( Métallurgie, ) lorfque l’on traite dans üne fonderie des mines qui contiennent de l’argent, ou ces mines renferment déja par elles-mêmes du plomb, ou l'on eft obligé d’y joindre ce méralavant que de faire fondre la mine : après avoir fait ce mé- lange , on fond le tout , & de cetre fonte il en réfulte une matiere qu'on appelle /’æuyre, en allemandwerk; ce n’eftautre chofe que du plomb qui s’eft chargé de l'argent qui étoit contenu dans la mineavec laquelle on l’a mêlé , auf bien que des fubftances étran- geres , du foufre , de l'arfenic , du cuivre, &c. qui {e trouvoïient dans cette mine d'argent. Pour déva- . ger enfuite l’argent du plomb & des autres fubftan- ces avec lefquelles 1l eff joint dans l’œuvre, on le fait pafler par la grande coupelle , après avoir préala- blement fait l'eflai de l’œuvre pour favoir combien il contient d’argent. L'on romme aufli œuvre ou plomb d'œuvre celui qui découle du fourneau dans lopération appellée Jiquation , & qui a fervi à dégager l’argent qui étoit contenu dans le cuivrenoir. Voyez LIQUATION. (—) ŒUVRE ,(Hydr.) on dit qu’un baflin a dans œu- vre tant de toifes, pour exprimer qu'il tient entre fes murs tant de fuperficie d’eau. On dit même hors d'œuvre | quand-On parle du dehors d’un ouvrage. Ce terme s’emploie très-à propos pour lesefcaliers , perrons , balcons & cabinets qui excedent le bâti- ment. (K). ŒUVRE, {. m.( Archi. civile. \ce terme a plufieurs figrifications dans l’art de bâtir. Mettre en œuvre, c’eft employer quelque matiere pour lui donner une forme & la pofer en place : dans œuvre &t hors d’œu- re, c’eft prendre des mefures du dedans & du de- hors d’un bâtiment : fous œuvre ; on dit reprendre un bâtiment Jous œuvre, quand on le rebätit par le pié: hors d'œuvre ; on dir qu’un cabinet, qu’un efcaher, ou qu'une galerie eft Lors d'œuvre, quand elle n’eft attachée que par un de fes côtés à un corps de logis. Daviler. ŒUVRE D’ÉGLISE, Î. f. (Arcihr. civile.) c’eft dans la nef d’une églife, un banc où s’afleoient les mar- guilliers, 8 qui a au- devant un coffre ou table fur | laquelle on expofe les reliques : ce banc eft ordinai- rement adoflé contre une cloifon à jour, avec aîles aux cÔtés, qui portent un dais ou chapiteau, & le “tout eft enrichi d’archirefture & de fculpture. L’œ- yre de faint Germain l’Auxerrois eft une des plus belles œuyres àe Paris. (D. J.) ŒUVRES DE MARÉE, ( Marine. ) c’eft le radoub & le carénage que l’on donne aux vaifleaux. Œuvres vives, ce font les parties du vaifleau qui entrent dans l’eau. Œuvres mortes, comprennent toutes les parties du O F A ai Vaifleau qui font hors de l’eau, ou bien tous les hauts d’un vaifleau, telle que la dunette, Pacaftil- lage , les galeries, bouteilles, feugnes, couronne- ment , vergues & hunes. Quelques-uns difent que les œuvres vives font toutes les parties du corps du bâtiment comprifes depuis la quille jufqw’au vibord ou au pont d’en- haut. (Z) | ŒUVRES DU POIDS, (Comm.) on appelle à Paris marchandifés d'œuvres du poids quelques-unes des marchandifes qui font fujettés au droit de poids-le- roi établi dans cette ville. Voyez Porps-LE-Ror. ŒUVRE, {. m. ce mot eftmafculin pour fignifier un des ouvrages de mufque d’un auteur, foye OPÉRA. (S) ŒUVRE, ferme à Artifars ; on dit du bois, du fer, du cuivre mis en œuvre, Un diamant mis en œuvre, eft celui que le lapidaire a taillé, & à qui il a donné la figure qui lui convient pour en faire une table, un brillant, ou une rofe : il fe dit auf par oppoñtion au diamant brut, c’eft-à-dire qui eft en- core tel qu'il eft forti de la carriere, (D.J.) Œuvre, main d’, ( Manufaülure,) on appelle main d'œuvre, dans les manufaëtures, ce qu’on don- ne aux ouvriers pour le prix &c falaires des ouvra- ges qu'ils ont fabriqués: ainf on dit, ce drap £oûte quarante fols par aune de #air d'œuvre, pour dire qu’on en a donné quarante fols par aune au tife- rand. ŒUVRES BLANCHES, ( Taillanderie, ) ce font proprement les gros ouvrages de fer tranchans & coupans, qui fe blanchiffent, ou plutôt qui s’ésui- fent fous la meule, comme les coignées, befñguës, ébauchoirs, cifeaux, terriers , efettes, tarrots, pla- nes, hâches, doloires, arrondifloirs, grandes fcies, grands couteaux, ferpes, bêches, ratifloires, cou- perets, faux, faucilles, houes, hoyaux, & autres tels outils & inftrumens fervant aux Charpentiers, Charrons, Menuifliers, Tourneurs, Tonneliers, Jardiniers, Bouchers, Pâtifñiers, &c. On met auf dans cette premuere claffe les grifons , & outils de Tireurs d’or & d’argent, & les marteaux & enclu- mes pour Potiers d’étain, Orfevres & batteurs de paillettes. ( D. J.) ŒUVRES, maitre des , ( Antig. rom.) les Romains navoient qu'un feul maitre des œuvres, il n’étoit pas citoyen, & 1l ne lui étoit pas permis de demeurer n1 de loger dans Rome; fon office confiftoit à atta- cher le criminel au gibet. L’empereur Claude étant à Trivoli, eut la baffle curiofité de voir exécuter des criminels , qu'on devoit punir d’un fupplice or- dinaire; mais il fut obligé d'attendre jufqu’au {oir, parce qu'il fallut aller chercher le rrafrre des œuvres qui étoit alors occupé à Rome même, Cet office ne paroit pas avoir fubffté dans les premiers tems chez les Romains ; car dans l’affaire d’'Horace, c’eft à un liéteur que le roi s’adrefle pour l’attacher à l’arbre funefte, en cas qu'il fût condamné : dans la fuite on vit les foldats romains faire la même fonc- tion que les liéteurs , fuftiger & trancher la tête, (D. J.) O F OFANTO £’, (Géogr.) les François difent l'Ofante, riviere du royaume de Naples, qui tra- .verfe la Pouille de l’oueft à l’ef&, & tombe dans le golfe de Venife : fa fource eft dans la principauté ultérieure, proche de Conza, & fépare dans fon cours le Capitanat de la terre de Bari & du Bafli- cat. | Cette riviere fe nomme en latin Aufidnus, & Ho- race en a fait une peinture des plus animées. « C’eft » ainf, dit-il, que /’Ofanto, qui baigne les campa- 412 OMEF » gnes de la Pouille, enfle fes eaux conrroucées, êr » menace de ruiner par fes débordemens l’efpérance » du laboureur, en roulant avec furie fes flots mu- + giflans ». FAT Sic tauriformis volvirur Aufidus Qui regna Dauni prefluit appuli, Cam Jevit, horrendamque cultis Diluviem mediratur agris. Liv. IV. Ode xiv. Voilà des images &r de la poéfie. Tauriformis Aufr- ‘dus ; l’'Ofaunto jettant des gémiflemens fe courrouce, entre en fureur, fævir ; il forme des defleins , medi- satur ; quels defleins ? de ramaffer rin déluge d’eau, diluviem horrendam cultis agris, & de décharger fa colere ; enfin l'exécution fuit de près Les préparatifs, il franchit fes rives , il fe roule au milieu des campa- gnes, & traine avec lui le ravage &c la défolation. (027 OFÂAVAI, (Æif. mod. fuperflition.) c’eft ainf que l’on nomme au Japon une petite boite longue d’un pié & d'environ deux pouces de largeur, rem- lie de bâtons fort menus, autour defquels on en- tortille des papiers découpés : ce mot fignifie grande purification, Où rémiffion totale des péchès, parce que es canufi ou deffervans des temples de la province d'Isje , donnent ces fortes de boites aux pelerins qui {ont venus faire leurs dévotions dans les temples de cette province, refpectés par tous les Japonois qui profeffent la religion du Sintos, Ces pelerins reçoi- vent cette boîte avec la plus profonde vénération, & lorfqu'ils font de retour chez eux ils la confer- vent foigneufement dans une niche faite exprès, quoique leurs vertus foient limitées au terme d’une année , parce qu'il eft de l'intérêt des canufñ que l’on recommence fouvent des pelerinages, dont ils re- connoiflent mieux que perfonne lutilité. Voyez SIAKA. COFFA ve VAN-HELMONT, ( Chimie. ) quelques auteurs françois ont aufh dit foupe ; il eut au - moins fallu dire bouillie, pour reprefenter la chofe dont 1l s’agit; mais ofa vaut Mieux ; il eft devenu techni- que même en françois. On connoît fous ce nom en Chimie un précipité très-abondant, qui réfulte du mélange de lefprit-de-vin, & d’un efprit alkali volatil, ou fel alkali volatil réfout; ce précipité m’eft autre chofe que l’alkali volatil même, {éparé de l’eau qui le tenoit en diflolution , & qui l’a aban- donné pour s’unir à l’efprit-de-vin avec lequel elle a plus d’affinité. Il eft donc clair que ce n'eft là qu’- une faufle coagulation, Voyez COAGULATION. Van- Helmont de qui nous vient cette expérience , & le nom de cette produétion chimique, en parle en ces termes dans {on traité de Zichiaft, chap. 1j. n°. 5. gniferis fpiritum urinæ, agué vitæ dephlegmatæ: atque ‘im momento, ambo fimul, in Offam albam coagulata funt, mirè tamen fugacem atque fubulerm. Ce phéno- mene n’eft pas unique en Chimie : au contraire on connoit des précipités qui occupent tant de volume dans la liqueur où ils font formés, qu'ils font capa- bles de l’ablorber & de la faire difparoître toute en- tiere , enforte que deux liqueurs qu'on a mêlées pour opérer ceite précipitation font fenfiblement changées en un corps dur ou aflez confiftant pour prendre &c retenir, à la maniere des folides, toutes les formes qu’on veut lui donner. Tel eft le préci- pité de l'huile de chaux , ou folution de fel ammo- piac fixe par l'huile de tartre par défaillance, ou arune leffive convenablement chargée d’alkali fixe nitreux. Joyez RECRÉATIONS CHIMIQUES 6 PRE- CiPITÉ. (b) . OFFE,, { f. ( Comm. de pêche. ) efpece de jonc qui vient d’Alicante en Efpagne, &c dont on tire un grand ufage en Provence, particulierement pour OFF faire des filets à prendre du poiflon, | OFFENBURG, (Géog.) petite ville impériale d'Allemagne, au cercle de Suabe dans l'Ortuau : les François la prirent en 1689. Elle-eft à ÿ lieues S. E. de Strasbourg , 88 O. de Bade, Long. 25, 37. 14". lat, 484, 281, 111. (D.J,) OFFENDICES, £. £. pl. ( Hifi. anc. ) bandes qui defcendoient des deux côtés des mitres ou bonnets des flamines & qu'ils nouoïent fous Le menton: file bonnet d’un flamine lui tomboit de la tête pendant le facrifice, il perdoit fa place. OFFENSE, f. f. OFFENSER, OFFENSEUR, OFFENSÉ, ( Gramm. & Morale. ) l’offenfe eft toute aétion injufte confidérée relativement au tort qu'un autre en recoit, ou dans fa perfonne ou dans la confidération publique, ou dans fa fortune, On offenfe de propos & de fait. Il eft des oferfès qu'on ne peut méprifer ; il n’y a que celui quil’a rèçue qui en puifle connoître toute la griéveté; on les repoufle diverfement felon l’efprit de la nation. Les Romains qui ne porterent point d’armes durant ta paix, traduifoient l'offenféur devant les lois; nous avons des lois comme les Romains, & nous nous vengeons de l’ofenfe comme des barbares. Il n’y a preique pas un chrétien qui pmfle faire fa priere du matin fans appeller fur lui-même la colere & la vengeance de Dieu: s'il fe fouvient encore de lof fenfe qu'il a reçue, quand il prononce ces mots: pardonnez-nous nos offenfes , comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offenfes ; c’eft comme s’il difoit : j'ai la haine au fond du cœur, je brûle d'exercer mon reffentiment ; Dieu que j'ai oferfé, je confens que tu en fes envers moi,comme j'en uferois envers mon ennemi, s’il étoit en ma puiffance. La philolo- phie s'accorde avec la religion pour inviter au par- don de l'offenfe. Les Stoiciens, les Platoniciens ne vouloient pas qu'on fe vengeñt; il n’y a prefque aucune proportion entre l’offénfe & la réparation ordonnée par les lois, Une injure & une fomme d’at- gent, ou une douleur corporelle, font deux choles hétérogenes & incommenfurables. La lumiere de 5 | la vérité offénfè fingulierement certains hommes accoutumés aux ténèbres ; la leur préfenter, c’eft in- troduire un rayon du foleil dans un nid de hiboux, il ne fert qu’à bleffer leurs yeux & à exciter leurs cris. Pour vivre heureux, il faudroit n’offenfer per- fonne & ne s’offenfer de rien ; mais cela eft bien dif- ficile, l’un fuppofe trop d'attention , & l’autre trop d’infenfibilité. OFFENSIF , adj. ( Gramim. ) corrélatif de défen- ff; on dit armes offenfives & défenfives, c'eft-à-dire propres pour l'attaque & pour la défenfe; une ligue offenfive & défenfive, c’eft-à-dire que la condition eft qu’on fe réunira foit quil faille attaquer ou fe défendre. | OFFEQUE,, ( Xiff. nat. Botan. ) racine qui croit dans l’île de Madagafcar ; elle eft fort amère, mais on lui enleve ce goût en la faifant bouillir : on la, feche au foleil, après quoi elle fe conferve très- long-tems ; lorfqu’on veut la manger on n’a qu’à la faire ramollir dans l’eau. OFFERTE, f. f, (Théol.) oblation que le prêtre fait à Dieu dans le facrifice de la meffe, du pain & du vin, avant la confécration: la priere de loffére s’apelle fécrette, OFFERTOIRE,, f. f. antienne chantée ou jouée pat les orgues dans le tems que Le peuple va à l’of- frande. foyez ANTIENNE & OFFRANDE. Autrefois lofférroire confiftoit dans un pfeaume que l’on chantoit avec fon antienne , mais il eft dou- teux fi l’on chantoit le pfeaume tout entier : faint Grégoire, qui en a fait mention, dit que lorfqu'il étoit tems , le pape regardant du côté du chœur où l'on chantoit l’ofértoire, failoit figne de finir. Offértoire étoit auffi le nom que lon donnoit à un morceau de toile fur lequel on mettoit les offran- dés. Mel" = Le dofteur Harris dit que c’étoit proprement un morceau d’étoffe de foie , ou de toile fine, dans le- quel on enveloppoit les offrandes cafuelles qui fe fai- foient dans chaque églife. (G) | OFFICE, f, m. pris dans fon fens moral, marque un devoir, c’eft-à-dire, une chofe que la vertu & la droite raïon engagent à faire. Voyez MORALE, MORALITÉ, ETHIQUE , &c, La vertu, felon Chauvin, eft le deffein de bien faire ; ce qui fuit ou réfulte immédiatement de ce deffein, eft l’obéiffance a la vertu , qu’on appelle aufli devoir, on officium , aïnfi l'office & le devoir eft l'objet de l’obéiffance qu’on rend à la vertu. Voyez VERTU. Ciceron , dans fon traité des ofces , reprend Pa- nætius, qui avoit écrit avant lui {ur la même matie- re, d’avoir oublié de définir la chofe fur laquelle il écrivoit : cependant ileft tombé lui-même dans une emblable faute. Il s'étend beaucoup fur la divifion des offices ou devoirs ; mais iloublie de les définir. Dans un autre de {es ouvrages, il défizit le devoir une aétion que la raïfon exige. Quod autem ratione attum fit ,id'officium appellamus. Definir. Les Grecs , fuivant la remarque de Cicéron, dif- tipguent deux efpeces de devoirs ou offices: favoir, les devoirs parfaits, qu'ils appellent sarop9oux , & les devoirs communsouindifférens , qu’ils appellent 24 dneor; is les diftinpuent en difant que ce qui eft abfolument jufte eft un office parfait, ou devoir ab- folu , au lieu que les chofes qu’on ne peut faire que patiune #aifon probable, font des devoirs communs ouindifiérens. Voyez RAISON. Voyez Devoirs. OFFICE, SERVICE, BIENFAIT, (Syron.) Se- neque diftingue aflez bien les idées accefoires atta- chées à ces trois termes , office, férvice & bienfait, officium, miniflerium , beneficium. Nous recevons , dit-il, un bienfair de celui qui pourroïit nous négli- ger fans en être blamé ; nous receyons de bons offi- ces de ceux qui auroient eu tortde nous:les refuier, quoique nous ne puifhons pas!les obliger à nous les rendre ; mais tout ce qu’on fait pour notre utilité, ne fera qu'un fimple /érvice , lorfqu’on eftréduit à la néceffité indifpenfable de s’en acquitter ; on a pour- tant raifon de dire, que l’affeétion avec laquelle on s’acquitte de ce qu’on doit , mérite d’être compté pour quelque choie. (D. 7.) Orrice, (Thcol.) fignifie le fervice divin que l’on célebre publiquement dans les éolifes. S. Auguftin aflure que Le chant de l'office divin n’a été établi par aucun canon, mais par l'exemple de Jefus-Chrift & des apôtres, dont la pfalmodie eft prouvée dans l’Ecriture, le fils de Dieu ayant chanté des hymnes, les apôtres prié à certaines heures , êt s'étant déchargés fur les diacres d’une partie de leurs occupations pour vacquer plus librement à loraifon. $: Paul recommande fouvent le chant des pfeaumes, des hymnes & des cantiques fpirituels, 6t l’on fait avec quelle ferveur les premiers fidéles s’acquittoient de ce pieux devoir. Dans les conftitutions attribuées aux apôtres, il eft ordonné aux fideles de prier le matin, à l'heure _ de tierce, de fexte, de none, & au chant du coq. On voit dans le concile d’Antioche le chant des pfeaumes ‘déja introduit dans l’Eclife. Cafien de cant. noûur. orat, & pfall, modo,raconte fort au long la pratique des moines d'Egypte à cet égard, il ajoute que dans les monafteres des Gaules on par- tageoittout loffce en quatre heures ; favoir, prime, tierce, fexte & none ; & la nuit des famedis aux di- manches on chantoit plufeurs pfeaumes accompa- gnés de leçons, cequi a beauçoup de rapport à nos s A dm | ï = OFF 413 matines , & quelques autres pfeaumes qii ont donné heu aux landes. | $. Epiphane, S.Bafile, Clément d'Alexandrie, Théo- doretéc. dépolent également en faveur de office ou de la priere publique. Quelques-uns croient que faint Jérome fut le premier qui, à la priere du pape Da- mafe ; diftribua les pfeaumes, les épitres & les évan giles dans l’ordre où ils fe trouvent encore aujour- d’hui pour l'office divin de leslife romaine ; que les papes Gelafe & faint Grégoire y ajouterent les orai- {ons , les répons &c les verlets, & que faint Ambroife y Joignit les graduels, les traits & les alleluia. Plufieurs conciles tenus dans les Gaules, entre autres celui d'Agde, le deuxieme de Tours, & le deuxieme d'Orléans reglent les heures & l’ordre de l’office , & décernent des peines contre les eccléfiafti- ques qui manqueront y affifter ou de le réciter, Les conciles d’Efpagne ne font pas moins formels fur cette obligation, êc la regle de faint Benoît en- tre dans le dernier détail fur le nombre des pfeau- mer , des leçons, d’oraifons qui doivent compofer chäque partie de l'office, On a tant de monumens ec- cléfiaftiques fur cepoint , que nous n’y infifterons pas davantage. | Le mot d'office dans l’éslife romaine fignifie plus particulierement la maniere de célebrer le fervice divin , ou de dire l’oféce , ce qui varie touslés jours. Car l'office eft plus ou moins folemnel , felon la {o- lemnité plus ou moins grande des myfteres, & fui vant le degré de dignité des faints, Ainf l’on diftin- gue les offices folemnels majeurs , folemnels mineurs, Où annuels mineurs, on annuels majeurs, annuels mineurs , femi-annuels , doubles majeurs, doubles mineurs , doubles , femidoubles, fimples 8c offce de la férie, Office fe dit auf de la priere particuliere qu’on fait dans l’éslife en l'honneur de chaque faint le jour de fa fête. Quand on canonife une perfonne, on lui afligne un office propre , ou un commun tiré de ce- lui des martyrs, des pontifes, des doéteurs, des con- fefleurs, des vierges, 6c. felon le rang auquel fon état ou fes vertus l’ont élevé. | On dit auff Poffice de la Vierge , du S. Efprit, du S. Sacrement , &c. Le premier fe dit avec l’offce du jour dans tout l’ordre de S. Bernard, & l’auteur de la vie de:S, Bruno dit, que le pape Urbain IL. Y obligeartous les eccléfiafliques dans le concile de Clermont. Cependant Pie V. par une conftitution en difpenfe tous ceux que Les regles particulieres de leurs chapitres & de leurs monafteres n’y aftraignent pas, & 1l y oblige feulement les clercs qui ont des penñons fur les bénéfices. Les chartreux difent auffi l'office des morts tous les jours , à l'exception des fêtes. Les clercs étant obligés par état de prier, & pour eux-mêmes, & pour les peuples; quand l'églife leur a afligné les fruits d’un bénéfice, ce n’eft au'afin qu'ils puiflent s'acquitter avec plus de liberté de ce devoir effentiel à leur état : sl ne le rempliffent pas, ils doivent être privés, comme l’ordonnent les canons, des fruits de leurs bénéfices , parce qu'il feroit injufte qu'ils jouiffent fans prier d’un. avantage qui ne leur a été accordé que pour facili- ter la priere. L’églife a auffi impoté à tous les cleres qui font dans les ordres facrés l’obligation de réci- ter l'office ou Le bréviaire, &c ils ne peuvent l’omet- tre en tont ou en partie notable, fous peine de pé- ché mortel. Dans Poféce public , dit M. Fleury, chacun doit fe conformer entierement à l’ufage particulier de l’églife où il le chante, mais ceux qui récitent en particulier , ne font pas obligés fi étroitement à ob- ferver les regles , ni pour les heures de l’ofce, ni pour la pofture d'être de bout ou à genoux. Il fafit- à la rigueur de réciter l’offce entier dans les 24 heu: 414 OFF yes, Îl vaut toutefois mieux anticiper les prierés que de les reculer , & fur ce fondement, on permet de dire dès le matin toutes les petites heures & mati- mes dès lés quatre heures après midi du jour précé- dent. Chacun doit réciter l’affce du diocele de, fon domicile, fi ce n’eft qu’il aime mieux #éciter l’offce romain dont il eft permis de fe fervir par toute l’é- glife latine. 1n//. au droit ecclé]. tom. E, part. 2. chu. pag. 276. Thomaf. diftipl, cccléftaflig.pare, 1, liv. Î. ch, xxaxciv. 6 fuiv. OricE, (Jurifprud.) en latin offéicium, munus , honos , eft le titre qui donne le pouvoir d'exercer quelque fonétion publique: On confond fouvent charge &t office, &teneffet, tout office eft une charge, mais toute charge n’eft pas un office , ainfi les charges dans les parlemens ër au- tres tribunaux font de véritables offices ; mais les places d’échevins , confuls & autres charges mu- nicipales ne font pas des offices en titre , quoique ce {oient des charges, parce que ceux qui Les remplif- {ent ne les exercent que pour un tems, fans autre titre que celui de leur éleétion; au lieu que les offces proprement dits, font une qualité permanente, c’eft pourquoi on les appelle aufl écats, Chez les Romains les offices n’étoient ni vénaux ni héréditaires ; ce n’étoient que des commiflions, qui furent d’abord feulement annales, puis à vie: les officiers qui avoient la puiffance publique , & que Fon appelloit magiflrats, avoient en leur diftriét le pou- voir des armes, l’adminiftration de la jufhice & celle des finances. Il en étroit À-peu-près de même en France fous les deux premieres races de nos rois. Dans la fuite, on a diftingué diverfes fortes d’of- fices ; favoir, de juftice, de police , de finance, de guerre , de la maifon du roi , & plufeurs autres qui ontcependant tous rapport à quelqu’une de ces cinq efpeces. Tous ces offices font auf domaniaux où cafueis ou militaires. Anciennement tous offices en France n’étoient te- nus que par commifhone, & fous le bon plaïifir du roi : depuis, ceux de judicatute ont été faits perpé- tuels , enfuite ceux de finance , & quelques au- tres, Louis XI, ordonna, en 1467, qu'il n& donneroit aucuns offices , s'ils n'étoient vacans par/mort, ou ar réfiunation faite du bon gré & confentement du réfignant , ou par forfaiture préalablement jugée. L’ordonnance de Rouflillon, arf, 27. porte la mé- me chofe. La même chofe fut ordonnée par Henri IL. au mois de Mai 1554 pour les offices de fa mailon. Les offices ainf rendus perpétuels & à vie, n’é- toïent pas d’abord vénaux ni héréditaires. Il n’y avoit que-les offices domaniaux qui fe donnoient à ferme, & qui pouvoient être vendus , tels que les écritures ou greffes , les fceaux,,lestabellionages, la recette des prevôtés &c bailliages, c’eft-à.- dire: les émolumens des amendes & confifcations,fe donnoit auffi à ferme. Le roi nommoit aux offices non doma- niaux én cas de vacance. En 1493 Charles VIIT. ordonna que les. offices de finance né feroient plus conférés en titre, mais par commifion, & fit inférer dans les provifions la claufe tant qu'il nous plaira, qui eft devenue dans la fuite uftée dans toutes fortes de: provifions ; on l’y in- fere encore aujourd’hui, quoiqu’elle foit fans effet: on mettoit encore la claufe que l'officier pourroit réfigner y pourvu qu'il furvécht 40 jours après laré- fignation. S. Louis défendit de vendre les offices de judica- ture , cependant fes fuccefleurs en ordonnerent. la vente , entr’autres Louis Hutin & Philippe le Long; mais ce n’étoit pasune véritablevente ; on donnoit OFF. feulement ces offices à ferme pouf untems: Charles V. n'étant encore que régent du royats me , ordonna , en 1356, que les prévôtés , tabellie= nages, vicomtés, clergies, & autres offces, appar- tenans au fait de juftice, ne feroïent plus vendus ni donnés à ferme ; mais qu'ils feroient donnés en gar- de à des perfonnes qui ne feroient pas du pays: La même défenfe fut renouvellée par le roi Jean en 1360. Charles VII. Louis XI. & Charles VIIT, ordonne- rent qu'avenant vacation de quelqu’offce de judie cature , les autres offices du même tribunal nomme- roient à S. M. deux ou trois perfonnes des plus ca- pables , pour en pourvoir le plus digne ; voulant que ces offices fuffent conférés gratuitement , afin que la juftice füt adminiftrée de même. La venalité des offices commença à s’introduite entre Les particuliers fous le regne de Charles VIIL Le roi Louis XIL. pour acquitter les grandes det- tes de Charles VIIL. fon pere commença le premier à tirer de l'argent pour la nomination aux offices de finances. | François I. établit en 1522 le bureau des parties cafuelles , où tous les offices furent taxés par forme de prêr , & vendns ouvertement. Les réfignations en faveur furent autorifées par Charles IX. en payant la taxe qui en feroit faite aux parties cafuelles, & en 1568 il fut permis aux ofi- ciers , qui payerent la taxe de la finances de leurs offices de les réfigner, &c à leurs héritiers d’en dif: pofer : que fi les officiers réfignans furvivoient à leurs fils ou gendres réfignataites , 1ls y rentreroient avec même faculté de réfigner , & que s’ils laifoient un fils mineur, l'office lui feroit confervé, Ce même prince, en 1567, ordonna que les greffes &c autres offices domaniaux feroient vendus à faculté de ra- chat, au lieu qu'auparavant ils étoient feulement donnés à ferme. Henri HI. fit d’abord quelques changemens: l’or- donnance de Blois, art. 100 , abokht la venalité des charges de judicature ; maïs elle fut bien- tôt rétablie, de forte qu’en 1595 le parlement de Paris abolit le ferment que l’on faifoit prêter aux officiers de judicature de n’avoir point acheté leurs offices ; réglement fait à l’occafñon de M.Guillaume Joly, heutenant-générai de la connétablie , lequel ayant traité de cet office, eut la délicatefle de ne vouloir point jurer qu'il ne l’avoit pas acheté, ce qui donna lieu à Henri IV. de faire arrêter dans l’af- femiblée des notables ; tenue à Rouen , que l’onte- trancheroit ce ferment qui fe faifoit contre la vérité & contre la notorièté publique. … Henri IV. fit auffi, le 12 Décembre 1604, un édit portant établiflement de l’annuel ou paulette +. ce droit fut ainfi appellé du nom de Charles Pauler qui en fut l'inventeur : cet édit porte en fubftance u que les officiers fujets à la regle de 40 Jours pour la réfignation de leurs offices, feront difpenfés de la ri- gueur de cette loi , en payant chacun 4 deniers pour livre de la valeur de l'office, & ce depuis le premier Janvier jufqu’au 15 Février, moyennant quoi les offices feront confervés à leurs réfignations ; leurs’ veuves & héritiers qui en pourront difpofer!, en payant le huitieme denier pour la réfignation que ceux qui négligeront en quelques années de payer ce droit, feront privés pout ces années de là dif- penfe des 40 jours : que ceux qui n'auront pas payé la pauiette payeront le quart denier de la valeur de l'office en cas de réfignation, & que ceux qui n’au- ront pas payé ce droit, venant à déceder avant lacs compliflement des 40 jouts, leurs offices féront im- pétrables au profit du roi. Il y a eu bien des varia- tions par rapport à la paulette. Voyez PAULETTE, On a aufli aflujetti les offices au prêt qui eft une taxe taxe que chaque officier eft obligé dé payér pen- dant les trois prermieres années du renouvellement qui fe fait de l’annuel tous les neufans. Les officiers des cours fouveraines & quelques autres , font exempts de ce droit. Voyez PRÊT. Les offices vénaux font préfentement de quatre fortes : les uns héréditaires dont on a racheté la pau- cite ; les autres tenus à titre de furvivance, pour laquelle les acquéreurs payent au roi une certaine fomme ; d’autres qui payent pauletté , & faute de ce ,; tombent aux parties caluelles; d’autres enfin qui ne font point héréditaires m1 à furvivance, tels que les offices de la maïlon du roi. Le prix des offices ayant confidérablement au- gmenté dans les premiers tems du regne de Louis XIV.illes fixa à un certain prix par deux édits du mois de Décembre 166%, & 13 Août 1669. Ces dits furent revoqués par un autre édit du mois * de Décembre 1709: enfin par un dernier édit dumois de Septembre 1724, le roi a ordonné que le prix demeureroit fixé comme 1l l’étoit avant l’édit de Dé- cembre 1709 ; ce qui n'empêcha pas les traités faits de gré-à-gré, pourvu que le prix n’excédât pas celui dela fixation. Les offices font réputés immeubles, tant par rap- : port à la communauté , que pour les fucceffions & -difpoñtions ; ils font fufceptibles de la qualité de propres réels & de propres fétifs ; ils péuvent auff être ameublis par rapport à la communauté. Les anciens offices domaniaux, comme les greffes, fe reglent par la coutume du lieu où s’en fait l’exer- cice , les autres fuivent le domicile du proprié- taire. Tous offices patrimoniaux font fujets aux hypothe- ques des créanciers; fuivant l’édit du mois de Fé- vrier 1683 ; ils peuvent être vendus par decret, & le prix en ce cas en eff diftribué par ordre d’hypo- theque entre les créanciers oppofans au fceau : un office levé aux parties cafuelles , & dont on a obte- nu des provifions fans aucune charge d’oppoñition, eft affranchi de toutes hyporheques du pañlé. Foyez OPPOSITION AU SCEAU , PARTIES CASUELLES. » Quand le mari acquiert pendant la communauté “un office non domamal , il a droit de le retenir , en rendant aux héritiers de la femme la moitié du ptix qui a été tiré de la communauté. Les offices {ont fujets au douaite, de même que les autres biens , à l'exception des offices chez le roi, a reine , 8c autres princes. Dansles fucceffions & partages, les offices vénaux font fujets à rapport : le fils ou le gendre qui areçu Voffice, ne peut pourtant pas le rabporter en nature à moins qu'il ne füt mineur loriqu'il a été pour- vu; mais on ne peut obliger à en rapporter que le prix qui en a Été payé pour lui, pourvu que ce foit fans fraude. . Pour ce qui eft des offices de la maïfon du roi, & des offices militaires, comme ils font dans la feule & entiere difpofition du roi,ilsne font pointfufceptibles d'hypothèque, ni fujets à faifie, & n’entrent point en partage dans la famille. Ces offices font une efpe- ce de préciput pour céux auxquels ils ont été don- nés : il n’en eft dû aucune récompenfe à la veuve ni . aux héritiers, fi ce n’eft de la fomme que le pere auroit payée pour avoir la démiffion du titulaire; ils “ont néanmoins propres de communauté , & fi le mari qui étoit pourvu d’un dé ces offices le revend pendantla communauté , 1l lui en fera dû remploi. Depuis la révocation de l’édit de Nantes, on ne reçoit dans aucun office que des perfonnes de la re- ligion catholique ; c’eft un des objets pour lefquels fe fait l'information des vie & mœurs du récipien- _ daire. _ - L'ordonnance de Blois veut que pour être reçu Tome XI, O FF AS dans un oféce de judicature de cour féuveraine, on foit âgé.de 25 ans accomplis, & qu’on ait fréquenté le barreau & les plaïdoïries. Elle fixe l'âge des préfi- dens des cours fouveraïnes à 40 ans , & veut qu'ils aient ête auparavant confeillers de cours fouverai- es, Où lieurenans - généraux de bailliage pendant dix ans où qu'ils aient fréquenté le barreau, & fait la profefhion d’avocät fi longuement & avec telle re- nommée ; qu'ils fotent eftimés dignes & capables de cet ofjice, Pour les baïlliapes, elle fixe l’âge des beu- tenans à 30 ans ; celui des confeillers à 25, & veut qu'ils aient fréqueñté le barreau pendant trois ans. La déclaration du mois de Novembre 1661 veut que les officiers des cours fouveraines juftifent de leur majorité, qu’ils rapportent leur matricule d’a- vocat ; 8 une atteftätion d’affiduité au barreau: que les préfidens aient été dix ans officiers dans les cours: mais le roi fe réferve de donner des difpenfes d'âge ôc de fervice dans les occafions importantes, L'édit du mois de Juillet 1660 exige 40 ans pour les offices de préfidens de cour fouveraine; 27 ans ; & 10 de fervice pour les maîtres des requêtes ; 30 ans pour les avocats & procureurs-généraux ; 27 ans pour les confeillers , avocats & procureurs du tOI. Ces édits furent confirmés par celui du mois de Février 1672, qui ajouta que les difpenfes feroient accordées féparément des provifons. Par une autre déclaration du 35 Décembre 1679, l’âge pour être reçu dans Les offices de baillifs, 1é- néchaux, vicomtes, prevôts, lheutenans-généraux, civils, criminels ou particuliers des fieges & jufti: ces qui ne reflortiflent pas nuement au parlement , avocat & procureur du roi defdits fieges, fut fixé à 27 ans. | Enfin ; par déclatation de Novembre 1683 , l’âge dés çonfeillers des cours fupérieures & des avocats êc procureurs du roi des préfidiaux a été réduit à 25 ans; Celui dés maîtres des requêtes à 31 ; & fix ans de fervice; celui des maîtres, correcteurs, au- diteurs des comptes à 25 ans. Les confeillers qui font reçus par difpenfe avant l’âge de 25 ans, n’ont point voix délibérative, fice n’eft dans les affaires dont ils font rapporteurs. Les offices de confeillers clercs ne peuvent êtré pot fédés que par des perfonnes conftituées dans les or- dres facrés: Les officiers de judicature ne doivent point paroi tre au tribunal fans être révêtus de l’habit propre à leur dignité ; & lorfqu'ils paroïffent au-dehors , ils doivent toujours être en habit décent, ainf qu'il a été ordonné par plufeurs déclarations, & par des réglemens particuliers de chaque compagnie. L'ordonnance de 1667, conforme en ce point aux anciennes ofdonnances, fuppofe que tous officiers publics doivent réfider au lieu où fe fait l’exercice de leur office : les officiers des feigneurs y font obli- gés aufli-bien que les officiers royaux ; maïs cela n’eft pas obfervé à leur égard , par la difficulté qu'il y à de trouver dans chaque lieu des perfonnes ca- pables , ou d’en trouver ailleurs qui veillent fe con- tenter d’un office dans une feule Juftice feigneuriale; la plüpart en poffedent plufieurs en différentes juf- tices , & né peuvent réfider dans toutes ces juf- ticess | | L’édit du mois de Juillet 1669 porte, que les pa- rens au premier, fecond &c troifieme degrés, qui font de pere &s fils , frere, oncle & neveu, enfembleles alliés jufqu’au fecond degré ; qui font beaux-peres, gendres & beaux-freres , ne peuvent être reçus dans une même compaghie, foit cour fouveraine ou au: tré ; êr à l’égard des parens & alliés , tant confeillers d'honneur que véterans , jufqu’au fecond degré de parenté & alliance, leurs voix ne font comptées GBg 410 OFF que pou une, à moins qu'ils ne foient de différens avis. Le roi accorde, quand il lui plaît, des difpenfes d'âge, de rems d'étude, d'ordres de fervice, de pa- renté ou alliance. Les officiers royaux ne peuvent être en même tems officiers des feigneurs; l’ordonnance,de Blois déclare ces offices incompatibles. L’ordonnance d'Orléans défend à tous officiers de juftice de faire commerce & de tenir aucune ferme , foit par eux ou par perfonnes interpofées, à peine de privation de leur office. Celle de Blois leur défend fous les mêmes peines d’être fermiers des amendes & autres emolumens de leur fiege , ni de fe rendre adjudicataires des biens faifis, ni cautions des fermiers ou adjudicataires. Pour ce qui concerne le devoir des juges en parti- culier, voyez au mot JUGE. Un officier qui a vendu fa charge peut, nonobf- tant les provifions obtenues par l’acquéreur & avant fa réception, demander la réfolution du contraten rembourfant tous les frais faits par l’acquéreur; cette révocation de la vente qu’on appelle regrès, n’eft fondée que fur la jurifprudence. Le roi accorde, quand il lui plaît, la furvivance d’un office , c’eft-à-dire, des provifions pour l’exer- er après la mort ou démifñon de l'officier qui eft en exercice. Il accorde même quelquefois la concur- rence, c’eft-à-dire , le droit d’exercer conjointement les fonétions de l'office. Voyez SURVIVANCE, Les officiers qui ont vingt ans de fervice peuvent en vendant obtenir des lettres de vétérance, pour conferver l'entrée, féance, & voix délibérative. Voyez HONORAIRE 6 VÉTÉRANCE. Lorfqu’un officier commet quelque faute qui le rendindigne de continuer fes fonétions , il peut néan- moins réfigner fon offce, à-moins que le délit ne foit tel qu’il emporte confifcation. Le roi peut fupprimer Les offices lorfqu'’illes juge à charge ou inutiles à l’état. On en a vû plufieurs qui ont êté créés, fupprimés & rétablis plufieurs fois , felon les diverfes conjonétures. Sur les offices, voyez le recueil des ordonnances ; le Bret, Loyfeau, Chenu, Davot , om, LIT. xir. des , offices ; Poquet, régl. du dr, franç, Guenois, Brillon, au mot Office. | Office ancien , eft celui qui aété créé le premier pour exercer:quelque fonétion: on l'appelle arcier , pour Le diftinguér de l’alternatif, triennal, mi-trien- nal, Gc. Office annal, eft celui dont la fonétion ne dure qu'un an , comme font en quelques endroits les fonc- tions de-maire , échevin , fyndic , conful, &c, Office alternatif , eft celui dont le titulaire exerce les fonétions pendant un an, alternativement avec le titulaire de l’ancien office, qui exerce pendant l’autre année. | Office cafuel , eft celui qui n’eft point domanial, mais quitombe dans les parties cafuelles du roi ou de celui qui eff à fes droits ; faute d’avoir payé les droits établis pour conferver lhérédité de l’offce, Voyez ANNUEL 6 PAULETTE, Office civil : on entend ordinairement par ce terme tout office qui dépend de la priflance féculiere ; & , en ce {ens, office civil eftoppofé à officeecchéfraffique. Office clauftral , eftune fonétion particuliere dont oncharge quelquereligieux d’un monaftere, comme d’avoir foin de l’infirmerie, de la facriftie, de la panneterie , du cellier, des aumônes ; & l'office de grand veneur de l'abbé de faint Denis étoit un office claufrral, comme on le peut voir dans /e Pourllé. Ces offices n’étoient tous dans l’origine que de fim- ples adminiftrations , confiées à des religieux du smonaftere par forme de çommilion révocable 44 nasum, Maïs, pat un abus introduit dans les derniers fiecles, plufieurs de ces offices ont ététransformés en bénéfices ,au moyen de différentes réfignations faites fucceflivement en cour de Rome par lesreligieux qui remplifloient ces offices claufiraux ; de forte que lon en diftingue aujourd’hui de deux fortes , les uns qui font pofledés en titre de bénéfice, d’autres qui font demeurés de fimples commiflions. On ne préfume pas que ces offices foient des ti- tres de bénéfice ; c’eft aux religieux qui le préten- dent à le prouver, & dansle doute ils ne fontregar- dés que comme de fimples commiffions. La collation des offices clauffraux appartient aux religieux, même pendant la vacance des abbayes ou prieurés dont ils dépendent. Les Bénédidins de la congrégation de faint Maur ont obtenu des bulles des papes, confirmées par lettres patentes, qui ont éteintles titres de ces offces, &t qui en ont uni lesrevenus à leurs manfes conven- tuelles. Un office clauffral qui eft devenu titre de bénéfice, ne peut être fécularilé par une poffeffion même de quarante ans, s’il ny a titre de fécularité , en vertu duquel il ait été ainfi poffedé pendant cet efpace de tems. On ne peut pas non plus donner un office clauftrat en commende à un féculier, à-moins que la conven- tualité n’ait été anéantie dans le monaftere, Les offices clauffraux n’entrent point en partage, fi ce n’eft lorfque ces offices font chargés de fournir cer- taines chofes aux religieux; en ce cason rapporte au partage ce que ceux-ci font obligés de fournir au couvent. Voyez les mémoires du clergé, Le recueil de ju- rifprud. de la Combe. | Office comptable , fe dit par abréviation pour ojfce d’un comptable , c’eft-à-dire , un offce dont le titu- laire eft obligé de compter à la chambre des comp- tes du maniement de deniers qu'il a eus; tels font les teceveurs généraux des finances , les receveurs des tailles, &ctous les tréforiers & payeurs des deniers royaux. Suivant l’édit du mois d'Août 1669, le roi eff préféré à touscréanciers fur le prix de ces offices. La vente & diftribution du prix doit être faite aux cours des aides. Voyez au mot CHAMBRE DES COMP- TES l’article comptable, Office de la couronne, eft un des grands & premiers offices du royaume. Tous les chefs 8 premiers offi- ciers des principales fonétions de l’état, foit pour la guerre, la juftice, ou les finances, & pour la maï- {on du roi, voulant fe diflinguer des autres oficiers du roi , fe font qualifiés officiers de la couronne ; foit à l'exemple des grands officiers d'Allemagne, qui fe quahfient tous officiers du faint empire & non de l’empereur ; {oit parce queces prenuers officiers n’é- toient pas deftituables comme les autres oficiers du roi, qui létoient à volonté, 87 ceux de la maifon du roi à chaque mutation de roi ; foit encore parce que leur fonétion ne fe bornoit pas à une feule province , comme celle des ducs 8 des comtes, mais s’éten- doit dans tout leroyaume ; foit enfin parce que tous les autres officiers dépendoient d’eux, foit pour la difpoñition & provifon, foit pour le commande- ment : tels que font les offices de duc & pair, celui de chancelier, ceux de maréchalde France, d’amiral, de chevalier du faint-Efprit , de grand aumônier, de grand maître de la maïfon du roi, desrand cham- bellan, grand écuyer, grand échanfon,, grand pan- netier, grand veneur , grand fauconnién, grand louvetier, grandprevôt deFrance , grand maitre des eaux & forêts. Tels étoientauffianciennement les offces de maire du palais , de fénéchal , de connétable, de général des galeres, de grand maître des arbalêtriers, grands maîtres de l’arullerie, porte-oriflamme, colonels- } ° généraux de l'infanterie , chambrier , stand tréfo- »rier , grand-queux, &c. - | Ces offices ont aufi été appellés ofces de France , . comme fi ceux qui en font revêtus appartenoient plu- _ 10tà l'état qu'au roi. Cela vient de ce que ceux qui _tenoiïent ces grands & premiers oféces du royaume, employoient toutes fortes de moyens pour s'y main- tenir , foit en fe qualifiant officiers de la couronne & non fimplement officiers du roi, foit en faifant la foi & hommage de ces offices auroi, comme fi c’eût été des offices à vie, afin qu'ils ne fuflent pas ré- . vocables non plus que les fiefs : cependant du Tillet rapporte plufieursexemples de deftitutions pour cha- cun de ces ofices, qu’il appelle toûjours des charges, pour montrer qu'elles fe faifoient en termes hon- nêtes. La plüpart de ces offices avoient autrefois une juitice qui étoit annexée, comme quelques-uns l’ont encore confervé. Maïs ces offices ne font plus regardés comme des fiefs & feigneuries , fi ce n’eft les pairies , l'office def- quelles eft préfentement attaché à un duché. Les offices de la couronne fuppofent la nobleffe dans ceux qui en font pourvüs ; c’eft pourquoi ils pren- nent la qualité de chevalier. Voyez du Tillet, &es rangs des grands de France; Loyieau , des offices; &t l'hife, des grands officiers de La couronne, par le pere ÂAnielme, Office divin : on entend par-là les prieres qui doi- vent être dites chaque jour dans l’églife, & les céré- monies qui doivent yêtre obfervées. Les conciles obligent à la récitation de l’offce di- vin où breviaire les bénéficiers & ceux qui font dans les ordres facrés, & à la reftitution des fruits ceux d’entre les bénéficiers qui manquent à ce devoir, pro raté parte omiffionis ; c’eît la difpofition des conciles de Reims, de Bordeaux & de Tours, en 1583. Le droit de publier un office nouveau , ou d’y faire quelque changement, appartient à l'évêque, mais il ne peut le faire imprimer fans la permiffion du fou- verain. Voyez BREVIAIRE, MIsSEL. . Quand une églife eft polluée, ou en interdit, on doit y cefler l'office divin. Voyez INTERDIT & Por- LUTION. | La connoïffance du trouble qui peut être apporté au fervice divin, de la négligence à faire acquitter le fervice, des aumônes & fondations dont les égli- fes {ont chargées, appartient au juge royal, fuivant Vart, 23. de l’édit de 1695. Office domanial , eft celui qui dépend du domaine de la couronne, que le roi peut donner à ferme & qu'il n’aliene jamais qu’à faculté de rachat perpé- tuel, commeles greffes & les contrôles , à la diffé- rence des offices non-domaniaux qui font tous les au- tres offices non-umis au domaine, & que les particu- liers poffedent foit à titre d’hérédité ou de furvi- vance, cafuels êt fujets à réfignation. Voyez Loyfeau, des-offices. … Office eccléfiaflique , fe prend quelquefois pour le fervice divin ; voyez OFFICE DIVIN : quelquefois auf il fe prend pour toute fonétion publique ecclé- fiafique , telle que celle d’évêque, celle d’archi- diacte, de grand vicaire , d’official, de promoteur, Ec. Les offices clauftraux font aufli des offices eccléfcaf- tiques. | v Office d'épée , eft celui qui doit être rempli parun homme d’épée ; tels que l'office de pair de France, cel de confeiller d'état d'épée, des chevaliers d'honneur , des baillis d'épée, & autres femblables, Office féodal ou fieffe , eft celui qui efttenu en fief. Autrefois prefque tous lesoffces étoient tenusen fief; _préfentement il y à encore quelques offices de {éné- chaux & de connétables , héréditaires de certaines provinces , & quelques fergenteries, tenus en fief, Tome XL, OF F 417 Office de finance, eft celui qui n’a qué dés fonés tions de finance , comme celles des receveurs Dé néraux des finances, des receveurs des tailles , &: autres tréforiers , receveurs & payeuts des deniers royaux où publics. Il y a quelques offces dont les fonéhons font mêlées dejuftice & de finance, comme. ceux des chambres des comptes, cours des aides, bu« reaux des finances , éleétions , greniers À fel, - Office forme, fuivant le langage des édits portant création de quelque offce , elt celui dont le titre eft véritablement érigé en offce permanent & ftable. Office héréditaire , eft celui que le titulaire tranf met à fes héritiers. Voyez HÉRÉDITÉ, ce qui a été dit ci-devant fur les offices en général, Office de judicature , eft celui dont la fon&ion à pour objet l’adminiftration de la juftice, comme un office de préfident ou confeiller, baïlli, prevôt, &c. On comprend aufli dans cette clafle ceux qui con- courent à l’admimftration de la juftice, quoïque leur fonétion ne foit pas de juger ; comme les offices d’a= vocat & de procureur du roi, ceux des fubftituts , ceux des orefhers , huifliers , &c. Office de jufhice, eft la même chofe qu’offce de Judicature. Offices de la maifon du roi, font ceux qui fe rap- portent à la perfonne du prince, aux fon&tions de fon fervice , ou à l'exécution des ordres qu'il peut donner à ceux qui approchent de lui ; tels font tous les officiers militaires de la maïfon du roi , ceux de la chambre, garderobe & cabinet du roi, & ce qu'on appelle les fept ojfces qui font le sobelet du ro1, la panneterie & échanfonnerie - bouche , la bouche du roi ou cuifine-bouche, l’échanfonnerie- commun , la panneterie-commun, legrand & petit commun, la fruiterie, & la fouriere. Les offices de la maifon du roi {ont en fa feule dif- pofition; & , s'ils fe vendent, ce n’eft que par fa permiflion. Ils ne font point éteints à [a mort du roi, mais ils ne font pas héréditaires ; ils ne font point fujets à rapport , &1ln’en eft dû aucune récompenfe à la veuve ni aux héritiers, parce que ces offces ne font pas proprement x boris , l'officier ne pouvant en difpoferfans la permiflion du roi. Voyez Loyfeau, @ Le tr. des offices de Davot. Office militaire; eft celui dont la fon@tion fe rap= porte aufervice militaire; tel que celui de maréchal de France, de capitaine des gardes, &c. Les offices militaires tant de la maifon du roi qu'’autres, conime ceux de colonel, de capitaine, lieutenant, &c.font fujets aux mêmes regles que Les offces de la maifon du roi. On qualifie aufi d’offices militaires. ceux de com miflaire & de contrôleur des guerres, parce qu'ils ont rapport au militaire, Office municipal, eft celui qui a pour objet quel- que partie du gouvernement d'une ville bourg , ou communauté d’habitans ; tels font les offices de pre- vÔôt des marchands & de maire, d’échevins, capi- touls, jurats , confuls, fyndics, & autres fembla- bless Le titre de ces offices vient de ce que-les villes romaines, qui avoient le privilege de n’avoir d’au- tres juges ni magiftrats que de leur corps , s’appel- loient zzwnicipia, à muneribus capiundis. En France, tant que le tiers-état fut ferf, iln°y eut point d'officiers municipaux : l’afranchiflement accordé par Louis le Jeüne aux habitansdes villes de fon domaine vers l'an 1137 & 1138, eft l'époque à laquelle on-doit fixer le rétabliflement des offces mu. ricipaux; car de ce moment les bourgeois.eurentle droit délire leurs maires & échevins, & autres ofi- ciers. | | Ces offices municipaux étoient autrefois tous élec tifs ; mais les offices de maire, liéutenant de maire, Ggguy ru 415 OFF échevins ; capitouls, jurats, avocats & procureur du roi, aflefleur, commiflaies aux revûes & loge- ment de gens de guerre, contrôleurs d’iceux ,,ar- chers, héraults , hocquetons , maflarts, valets de villes, trompettes, tambours, ffres, portiers , COncierges) gardemeubles, & gardes dans toutes les villés 8 communautés du royaume, de fyndics per- pétuels enchaque paroïffe , des pays d'élection &t de la province de Bretagne où il n’y a ni maire n:hôtel- de-ville, & de grefñer des rôles des tailles, & autres impofitions ; furent créés enititre d'office par édits de Juillet 1690, Août 1692, Mars,, Mai & Août 1702, Q@obre 1703, Janvier 1704, Decembre 1706 , Juillet 1707 ; Oétobre 1708, Mars 1709, Avril 1710, 8 Janvier 1712. Plufeurs de ces offices furent réunis aux commu- nautés ; ceux qui reftotent à vendre & à réunir fu- rent fupprimés: par édit de Septembre 1714, & tous furent fupprimés par édit deluin 1717. | Ils furent néanmoins rétablis par un édit du mois d'Août 1722, mais ils furent de nouveau fupprimés par un édit du mois de Juillet 1724. Par un autre édit du moisde Novembre 1733 , le roi rétablit les gouverneurs , lieutenans de roi, mai- res, lieutenans de maire, êt autres officiers de ville, qui avoientété fupprimés en 1724. La plüpartde ces offices ont été réumis aux corps de villes ; & , par un arrêt du confeil du 14 Août 1747, il a été ordonné que les offices municipaux créés en 1733, reflans à vendre dans les ville êz généralité de Paris, feroie nt réunis aux corps des villes &z communautés , enforte que la plûpart de ces offices font toùjours éleétifs comme par le pañlé. Voyez Loyfeau à la fin de Jo sraité des offices, 8e les mots CAPITOUL , ECHE- VIN, MAIRE, JURAT,PREVÔT DES MARCHANDS. Office perpétuel , eft celui dont la fonétion eft {ta- ble & permanente, à la différence des comnufions momentanées qui ne font que pour nn tems où pour une feule affaire. On entend aufli quelquefois par of fice perpétuel celui qui eft héréditaire. | Office de police , eft celui qui a rapport fingule- rement à la police ; comme l'office de lieutenant de police , ceux de commiflaire ; ceux d'infpeéteurs de police. On peut mettre auff au nombre des offces de po- lice ceux de jurés-mefureurs de grains, &e. Office privé eft celui qui eft exercé par un autre qu'un officier public. Chez les Romains le délègué ou coimmiffaire n’étoit pas réputé officier public ; parmi nous, quoiqu'il ne foit pas officier perpétuel, il eft toujours confidéré comme officier public pour le fait de fa commiflion. Voyez COMMISSAIRE, Office public eft celui dont la fonétion a pour ob- jet quelque partie du gouvernement , {oit eccléfiaf- tique ou féculier , militaire , de juitice j police & fi- nances. On appelle auffi office public celui qui eff éta- bli pour le fervice du public , comme l'office de notaire. Te 3 Office quatriennaleft celui dont letitulaire n’exerce que de quatre années l’une. La plûpart des oÿfces qua- 2hiennaux ont été réunis aux ojféces anciens 62 alter- natifs, ou ont été fupprimés. Office de robe longue-eft celui qui doit être exercé par des officiers de robe longue , à la différence des offices d'épée, des offices de robe-courte , &e des offices de finance. | Office royal eft celui dont le roi donne les provi- fons. Office de feigneur où féigneurial , eft celui auquel le feigneur jufticier a droit de commettre , tels que l'office de juge , prevôt ou baïlli , de grefier, procu- reur fifcal, voyer, hiifüier, notaire, procureur. Le feigneur ne peut créér de noïveaux oÿféces : ainfi ce- lui qui n’a pas de lieutenant ne peut en établir un OFF fans lettres patentes ; il ne peut pateïllement mui tiplier les offices qui font établis dans {a juftice ; ces offices ne lont proprement que de fimples com- mifions révocables ad num, à moins que officier n'ait été pourvu à titre onéreux ou pour récompenie de fervice , auquel cas le fergneur en deflituant l’of- ficier doit l’indemnifer. (4 | Office femeftre eit celui dont les fonétions ne s’e- xercent que pendant fix mois de l’année. Office furnuméraire eft iorfque le roi donne à quel: qu'un une commiflion ou des provifons pour exercer le premuer office qui fera vacant , 8: que cetofhicier eft couché fur l’état fans avoir néanmoins ancuns gages. Voyez Loyfeau , des offices | livre I, chap. js Au 32: wi" Office triennal eft celui dont les fon@ions ne s’e- xercent que de trois années l’une. Il y a eu beaucoup de ces affices créés en divers tems pour ce qui a rap- port aux finances , mais la plüpart ont été réunisou fupprimes. Office vacant eft celui qui n’eft point rempli, foit que le utulaire en foit décédé , ou qu'il ait donné fa démifion , ou quil ait réfigné en faveur d'un autre. L'office eft vacant jufqu'à que le réfignataire ait obtenu fon fois: montré, 8 qu'il ait été reçu. Office vénal eft celui que le roi a donné moyen- nant finance , & qu'il eit permis au titulaire de re vendre à un autre. L'office non vénal eft celui que lon ne peut tranfmettre à prix d'argent. Woyez ce ui a été dit ci-devant des offices en général, Office de ville eft celui qu à rapport au gouverne: ment d’une ville, Voyez office municipal, Office civileft une fonétion publique qui ne peut être remplie que par un homme, telle que la tutelle qu’on ne défere qu’à des mâles, excepté la mere &8z layeule qui y font admifes , par la grande confiance que l’on a en la tendreffe qu’elles ont ordinairement pour leurs enfans &c petits-enfans. Voyez TUTELLE. La parie eft auffi un office civil ; il y'a pourtant eu des.pairies femelles. Foyez PAIRIE. ( 4 ) OFFICE , d’, ( Jurifprudi) ex officio , fe dit lorf- que le juge ordonné quelque chole de fon propre mouvement , foit qu'il n’y.ait point de parties pour requérir, foit qu'aucune des parties n’ait requis cé qu'il ordonne. Les juges ordonnent une enquête d’of- fice pour éclaircir quelque fait ; ils nomment des ex- perts d'office pour les parties qui n’en nomment ps, On appelle office du juge tout ce qui touche fa fonétion & le devoir de fa charoe. Voyez JuGE. (4) OFFICES , maitre des, ( Hifl. de l'Emp, rom. ) en latin mapifier officiorum. Le maitre des offéces , autre ment nommé /zaitre du palais ou prevôr de l’hôrel , eft prefqu’aufi ancien que l’empire : on en voit des vel. tiges fous Neron, & on le trouve en charge depuis l’extin@ion du dernier des Céfars dans la vie de nos martyrs. Il jugeoit , tant pour le civil que pour le criminel , tous les officiers du palais , ceux de la chambre de l’empereur & de l’impératrice,, les filen- ciers , le fecrétaires , les fcholaires , les vardes des archives, les tréforiers ; enun mot tout ce qui con- cernoit la maifon du prince étoit de fon reflort. I connoifloit aufli d’autres caufes par fubdélésation , & fur le renvoi de l’empereur. Cette dignité n’étoit poflédée que par un juriconfulte.ou ‘par un philofo- phe. (D. J.) | ru OFFices , grands, (Hiff. mod. Droit public.) ar- ch-officia. C’eit ainfi qu'on nomme dans l’empire d'Allemagne les fonétions que les éleéteurs remplif- fent à la cour de l’empereur , &t en vertu defquelles ils reçoivent l’inveftiture de leurs fiefs où domaines. L’éleéteur de Mayence eft archi-chancelier de l’em- pire ; l'électeur de Saxe eft grand-maréchal ; l’élec- teur Palatin eft grand -tréforier, @c. voyez ELEC- TEUR. Ces grands officiers ont fous eux des officiers, OFF Jub-officinles , qui rémpliflent ces fonétions en leur nom, & qui pofledent à ce tirre des fiefs. (—) mcsilen | OFFICE , congrégation du faint, ( Hiff. eccléfeaft.) r'eft ce qu'on appelle plus fimplement sribunal de T'inquifition. Voyez au mot INQUISITION à quel titre il mérite le nom de fire office. La congrégation du faïnt office, établie en regle en 545 par le pape Paul HI. & confirmée par Sixte V, en 1586 , envoie les inquifiteurs provinciaux dans les provinces où l'inquifiion eft établie, & prétend même que fa jurifdition doit s'étendre fur toute la. chrétienté ; prétention fufffante pour engager tous les princes à ne la jamais tolérer. Cette congrégarion regne à Rome, où elle eft com- polée de douze cardinaux , 87 d’un grand nombre de prélats & de théologiens de divers ordres ; ces pré- lats êc ces théologiens ont le titre de confulteurs. 1 y a de plus un commiflaire de l’ordre de faint Domi- nique & un aflefleur, qui eft an prélat où un camé- rier d'honneur de fa fainteté , dont la fon@ion eft de rapporter à la congrégation les affaires qu’on y doit traiter. Cette congrégation a {es prifons & fes officiers : elle s’afflemble deux fois la femaine , le mercredi au couvent des Dominicains à la Minerve , & le jeudi devant le pape. Foyez , fi vous en êtes curieux, dans Martinelli, ralagione della corte di Roma, les menus détails de cette congrégation | mais confidérez plutôt les maux qu'elle a caufés dans le monde, & la né- cefüté qu'il y auroit de Panéantir, ( D. J. OFFICE , en rerme d'Architeture, fignifie dans un bôtel un aïîle de bâtiment , ou feulément plufieurs pieces qui fe communiquent les unes aux autres, Pune defquelles eft deftinée à ferrer l’argente- rie fous. la garde de l'officier d’offce, qui la diftri- bue fur des tables où elle eft dreflée avec propreté & fymmétrie, rangée avec les cryftaux , porcelai- nes & autres uftenfiles utiles au fervice de la table : alors cette piece eft nommée office paré. C’eft dans cet endroit que les maîtres ou Îles amis familiers de Ja maïfon viennent déjeuner ou fe rafraîchir pendant la journée ; elle doit être ferrée avec füreté & expo- fée au levant. On appelle auffi office une piece dans laquelle font pratiqués des fourneaux placés fous la hotte d’un _ tuyau de cheminée , pour exhaler l’odeur du char- bon; ce fourneau fert à l'officier pour cuire fes compotes , faire fes confitures , &c. Sous cette mé- me hotte il doit y avoir un four pour faire cuire la patifferie ; c’eft proprement ce lieu que l’on nomme office , parce que c’eft le chef d'office qui y travaille, à côté de laquelle eft pratiquée une étuve , ainf nommée , parce qu’elle contient une armoire mar- quée , dans laquelle eft une poële à feu qui commu- nique une chaleur douce à des tablettes pofées ho- tifontalement les unes fur les autres, doublées cha- cune de tole , & fur lefquelles on entretient à fec les gâteaux d'amande, les bifeuits, &c. Une autre piece fert de laboratoire ou d’aide pour l’offce, pour y . préparer les fruits hatifs, y faire des glaces, & au- tres ouvrages qui donneroient de l'humidité dans les … pieces précédentes , qui toutes enfemble peuvent être confidérées comme les bâtimens d'office, qui en général font plus où moins confidérables , felon l’o- pulence du maître de la maifon ; car chez le roi il Y a autant d’offces que d’appartemens , & d’officiers pour la bouche, comprenant fous ce nom la pane- terie, fruiterie, fommellerie , @c. Voyez les PL, de Confifeur. OFFICIAL, offcialis ,f. m. ( Jurifprud.) fuivant fa dénomination latine, figmifie en général zirifre, ferviteur ; 1lfe dit particulierement des clercs qui rendent fervice à l’églife. Mais ce même terme off- cialis pris pour official ; fignifie un ecc/éfraflique qui OFF 419 exerce la jurifdiétion contentieufe d’un évêque ; ab: €, archidiacre ou chapitre ; c’eft proprement le lieutenant de la jurifdi@ion eccléfiaftique. Boniface VIT. appelle les grands-vicaires cieux, êt encore aétuellement dans le ftyle de la chancelles rie romaine Le mot offciais eft ordinairement ema ployé pour fignifier grand-vicaire ; c’eit en ce fens qu'il fe trouve employé en plufeurs endroits du droir canonique, Cependant en France il y a une grande diférénée entre les fonétions de’ grand vicaire & celles d’offs cial ;1ls font l’un & l’autre dépoñtaires de l’autorité de l'évêque, & miniftres univerfels de fa jurifdicz tion , avec cette différence que le orand-vicaire ne peut exercer que la jurifdi&tion volontaire , au lieit que lofficial n'exerce que la jurifdi@ion contens tieufe, | Il ne fant pas s'étonner f dans les premiers fiecles de l’Eglife les évêques n’avoient point d'offciaux , puifqu'ils n’avoient alors aucune jurifdiétion con- tentieufe ; c’eft ce qui paroît par la rovelle 12 dé Valentinien , de epifcopali judicio , qui eft de l’an 4524 Ils étoient juges en matiere de-religion ; mais en ma« tiere contentieufe, même entre clercs, ils n’en cons noifloient que par la voie du compromis. Suivant cette même novelle, c'étoit une des raifons pour lefquelles il n’y avoir pas d'appel de leurs jugemens, Tuftinien en ajouta enfuite une autre, en ordonnant que leurs jugemens feroïient refpe&tés comme céux des préfets du prétoire, dont il n’y avoit pas d’appel. Lorfque Les évêques & autres prélats commence: rent à jouir du droit de jurifdi@ion contentieufe & prôprement dite, 1ls rendoient eux-mêmes la juftice en perfonne, ce qui fe pratiqua ainfi pendant les onzé premiers fiecles de lEglife. On voit néanmoins dans l’hifloire eccléfaftique que quelques évêques fe déchargeoient d’une partie du fardeau de l'épifcopat fur certains prêtres dont ils connoifloient le mérite ; tel étoit faïnr Grégoire de Nazianze, lequel fortit de fa folitude pour foula- ger fon pere dans le gouvernement de fon églife. Le même dépeint. Bafile comme l’interprete & l'appui d’Eufebe de Céfarée , qui lui confoit une partie de fa jurifdiétion épifcopale. L’eghfe d'Occident fournit quelques exemples femblablés. Valere , évêque d’Hippone , engage, non fans peine , faint Aupuftin à partager avec lui le gouvernement de fon diocèfe. Sidoine Apollinaire parlant du prêtre Claudien , frere de faint Mamert évêque de Vienne , dit qu'il travailloit fous les orz dres de fon frere dans le gouvernement du diocèfe; Mais il faut convenir que ceux qui foulageoient ainf les évêques, étoient plütôt des grands-vicaires que des officiaux ; & en effet , c’étoit dans un tems où les évêques n’avoient point encore de jurifdi@ion contentieufe ; & hors ces exemples ; qui font même aflez rares, on ne voit point que dans les onze pre= miers fiecles 1ly ait eu des clercs dans les églifes ca- thédrales qui aient fait la fon@tion qu’exercent pré- fentement les officiaux , fi ce n’eft les archiprêtres & les archidiacres qui, fuivant l’ufage de chaque diocèfe , avoient plus où moins de part à l'exercice de la jurifdition contentieufe de l’évêque. Les archiprèêtres dans leur inftitution étoient les premiers prêtres du diocèfe : c’étoit la premiere di gnité après l'évêque, & pour l'ordinaire l’atchipré. tre étoit , comme le grand-vicaire, chargé de Ja conduite de l’églife en l’abfence de l’évêque ; il avoit auffi jurifdi@tion fur le clergé de fon églife & dn dio- cèfe : enforte qu'il étoit en cette partie loffcral de l'évêque. C’eft de-là que les archi-prêtres s’étoient attribué le pouvoir d'accorder des monitoires ; ils établifoieut eux-mêmes des officiaux tellement que le concile de Château Gontier en 1231, regla que 420 OFF les archiprêtres ne pourroient avoir des officiaux hors le lieu de leur rélidence , mais qu'ils feroient tenus dy aller exercer leur jurifdiétion en perfonne. - Le concile de Pontau-de-mer en 1279, prouve “encore bien qu'ils avoient jurifdiétion , puufque par le canon 16 il leur eft défendu de fufpendre & d’ex- communier fans mettre leur fentence par écrit. On voit encore à la principale porte de léghife archipreshbytérale de l’éghfe faint Severin de Paris, des veftiges de la jurifdiétion qu’exerçoit larchipré- tre de la ville: ce font les deux lions qui font en re- lief aux deux côtés du perron ; ces lions étoient alors la marque ordinaire des jurifdiétions eccléfaf- tiques ; & comme elles s’exerçoient en- dehors aux portes des églifes, tes fentences étoient ainfi datées à la fin, datum inter duos leones. Encore aétuellement dans les îles qui font fous la domination des Vénitiens, l’archiprètre eft juge en matiere eccléfiaftique. Mais dans la plüpart des églifes le pouvoir qui étoit attribué anx archiprêtres, notamment pour la jurif- dition, ne dura pas long-tems. L’archidiacre , qui dans. l'origine n’étoit que la feconde dignité des églifes cathédrales, & dont la jurifdiétion ne s’éten- doit que fur les diacres, accruttellement fonpouvoir, que {a jurifdi&ion pré valut fur celle de l’archiprètre. L’archidiacre exerçant ainf la jurifdi@ion de lé- yêque en tout ou partie, faifoit alors la fonétion d’official. Mais les archidiacres, après avoir agi long-tems comme délégués de l’évêque, feregarderent infenfi- blement comme juges ordinaires ; ils s’imaginerent que la jurifdiétion qu'ils exerçoient leur étoit pro- pre, & qu'elle étoit attachée à leur dignité ; qu'ils étoient les offcraux nés de l’évêque, & qu'ils pou- voient faire exercer en leur nom la jurifdiétion. Ils infituerent donc eux-mêmes des officiaux pour ren- dre la juftice à leur, décharge, & fe font, long-tems maintenus dans cette pofleffion. Plufieurs conciles ont toléré les oflicialités des archidiacres , lorfqu’elles n’étoient point érablies dans.les villes épifcopales. Le douzieme canon du concile de Château-Gontier, tenu en r231, confirmé par un autre concile de la province de Tours en 1239 ; défend aux archidiacres d’avoir des offcraux hors le lieu de leur réfidence pour y exercer leur ju- rifditon, & les oblige de faire dans les campagnes leurs vifites en perfonne. Quelques archidiacres ont même prétendu qu'ils n’étoient pas tenus de rapporter aux évêques les pro- cès-verbaux de leurs viñtes ; & qu'ayant eux-mêmes des officialités , 1ls pouvoient les dépofer dans leurs greffes. , Une grande partie des archidiacres s’étoient main- tenus dans le droit d'accorder des monitoires à fin de revélation ,& cette entreprife a été aflez difficile à réformer, quoique plufieurs conciles, tels.que ce- lui de Tours en 1583, en euflent expreflément rei- téré les défenfes. _ Ces officiaux des archidiacres étoient encore aflez communs dans le dermer fiecle; préfentement ils font très-rares. Suivant la tranfa@ion faite au mois de Mai 1639, entre l’évêque de Chartres &c fes archidiacres, ho- mologuée au grand-confeil par arrêt du 11 Février 1631, 818 Juillet 1633, le grand-archidiacre doit avoir deux fiéges pour l'exercice de fa juriidi&ion , & deux offciaux {eulement ; les autres archidiacres un feul.. Ces archidiacres & leurs oféczaux connoif- fent des promefles de mariages , mais non pas de la nullité d’iceux ; ils ne peuvent donner aucune dif- penfe de bans de mariages, finon qu'y ayant caufe conteftée devant eux , 11 füt befoin, pour éviter le Acandale, de folemnifer promptement le mariage ; &c OFF en ce cas mêmeils ne peuvent difpenfer que des deux derniers bans. [ls ne peuvent accorder des monitoi- res ; ils connoifient de toutes les caufes criminelles * en leurs archidiaconés , s'ils ne font prévenus par Voffcial ou par les vicaires de l'évêque, hors les cri= mes d'hérefe & de fortilege ; à la charge de Pappel, & de faire conduire ès prifons de l’évêque ceux qu'ils condamneront à la prifon, trois jours après la condamnation. L’évêque faifant la vifite de fon dio- cèfe , a droit de fe faire repréfenter une fois parcha- cun an, par les-archidiacres ou leuts officiaux, les regiftres & papiers de leur jurifdiéion civile & cri- minelle , 8c les fceaux , lefquels il pent retenir pen- dant cinq jours utiles en chaque fiége de jurifdiétion defdits archidiaconés , & pendant ce tems il peut exercer ou faire exercer par fes vicaires toute jurif= diétion civile & criminelle , & corriger les abus qu’il trouvera en l’exercice defdites jurifdiétions. Les évêques employerent divers moyens dans le xij. fiecle & les furvans pour arrêter les entre- prifes des archidiacres : ils établirent dans cette vüe des grands-vicaires & des offciaux amovibles. Le P. Thomafüin croit que l’ufage des offciaux ne s'introduifit que vers le tems du pape Boni- face VIIT, c’eft-à-dire, vers la fin du xu. fiecle. IL paroït néanmoins par les lettres de Pierre de Blois qui vivoit fur la fin du xÿ, fiecle, qu'ils étoient déja établis en France , & qu'il s’étoit même déja introduit beaucoup d’abus dans l'exercice de ces charges. La même chofe paroît auffi par le feptieme canon d’un concile tenu à Tours en 1163, qui a rap- port à ces defordres des officiaux. | Anciennement les évêques n’étoient point obli= gés d'établir un official ; il leur étoit libre d’exercer en perfonne leur jurifdiétion contentieufe, comme ils peuvent encore eux-mêmes exercer la jurifdic- tion volontaire. | Il eft confiant , fuivant le droit canonique, qu'ils peuvent tenir eux-mêmes le fiège de leur oficia- lité : le concile de Narbonne en 1609 y eft confor- me. Le clergé de France a obtenu de nos rois plu- fieurs ordonnances qui prefcrivent cette difcipline dans le royaume, Les aflemblées du clergé de 1655 & de 166$ obtinrent les déclarations de 1657 &c de 1666; & ces déclarations n’ont pas été enrepiftréess Les évêques fe déchargerent d’abord volontaire- ment de la jurifdi@tion contentieufe, foit {ur leurs archiprêtres ou leurs archidiacres, foit fur leurs of£- ciaux. Us cefferent infenfiblement d'exercer en per- fonne leur jurifdiétion contentieufe ; foit parce que les affaires du diocèfe fe multipliant, ils ne pou- voient fuflire à tout, & qu'ils préférerent l’exer- cice de la jurifdiéion volontaire; foit parce que les lois & les formalités judiciaires ayant été multi- pliées, ils crurent plus convenable de confier l’exer- cice de leur jurifdiétion à des perfonnes verfées dans l'étude de ces matieres; foit enfin qu'ils aient cru peu convenable à leur dignité & à leur caraëtere de s'occuper continuellement de toutes les petites difcuffions qui fe préfentent dans les officialités. Quoi qu'il en {oit, Pufage s’eft établi dans pref- que toutes les provinces du royaume, que les évé- ques ne peuvent plus, fans donner lieu à des appels comme d’abus, fatisfaire eux-mêmes aux devoirs de la jurifdiétion : en quoi ils ont imité la conduite du roi & celle des feigneurs, lefquels rendoïent auf autrefois la juftice en perfonne à leurs fujets ; au lieu que le roi a établi des juges pour rendre la juf- tice à fa décharce; il a auff obligé les feiogneurs de faire la même chofe.. ; » L'édit de 169$ , arr. xxxJ. fuppofe comme un point conftant, que l’évêque doit avoir un official. ILya néanmoins quelques evêqués qui font en poffefñion d'aller fiéger, quand bon leur femble, en leur off; OFF _cahté-Ils y vont ordinairement une fois, à leur avé- nement au fiege épifcopal, & y font inftallés avec cérémonie. C’eft ainfi que le 2 Juin 1746, M. de Bellefond qui étoit depuis peu archevêque de Paris, prit poffefñon & fut inftallé à l’officialité de Paris, où 1l jugea deux caufes avec l'avis du doyen & du chapitre. | Le parlement de Paris a même approuvé par fes arrêts l’ufage où {ont les évêques des diocèfes de France, qui ont autrefois appartenu à l’Efpagne, de tenir eux-mêmes le fiege de leur officialité. Aïnf les évêques des Pays bas jouiflent de ce droit, & notamment l'archevêque de Cambrai, qui er a fait üne referve fpéciale lors de la capitulation de cette ville, C'eft à l'évêque à nommer fon official : le pape ne peut pas en établir un dans le diocèfe d’un autre évêque. Une telle création faite à Antibes par le pa- pe, fut déclarée abufve par arrêt du Confeil du 21 O&obre 1732. En général, ilne doit y avoir qu’un official pour un diocèfe, parce que la pluralité des o/ffciaux pour- roit caufer du trouble & de la confufion dans l’exer- Cice de la jurifdiétion contentieufe. Néanmoins, quand un diocèfe s’étend dans le ref. fort de différens parlemens, l'évêque doit nommer un offéctal forain pour la partie de fon diocèfe qui eft du reflort d’un autre parlement que la ville épif. copale dans laquelle loficial ordinaire où principal doit avoir fon fiege : ce qui a été ainfi établi afin que les parlemens puflent plus facilement faire les injonétions néceflaires aux oficiaux , & faire exécu- ter leurs arrêts. On doit à plus forte raifon obferver la même chofe, par rapport aux évêques des pays étrangers qui ont en France quelque partie de leur diocèle. Le roi donne quelquefois des. lettres patentes, pour difpenfer les prélats d'établir des offciaux dans les parties de leur diocèfe qui font d’un autre par- lement que la ville épifcopale. Il faut que l’offcial foit né en France ou natura- Hfé ; qu'il foit prêtre, licencié en Droit canon ou en Théologie, & qu'il ait pris fes degrés régulierement & dans une univerfité du royaume. … L'official rend la juftice étant revêtu de fon fur- plis & couvert de fon bonnet quarré. Îl n’y a point de loi qui défende anx évêques de prendre pour offérial un régulier ; il y en a même des exemples. La fonébion d’offcial eft pareillement incompati- ble avec les offices royaux. L'official ne peut aufli tenir aucune ferme de l’é- -vêaue qui l’a nommé, foit la ferme du fceau ou autre. Quelques auteurs ont avancé qu’un curé ne peut remplir la fonétion d’offcial. Mais outre qu’il n’y a nulle loi qui l’ordonne ainf, l’ufage eft conftant que les officiaux peuvent pofléder des cures & tous bénéfices à charge d’ames, \ Outre official, l'évêque peut commettre un au- tre eccléfiaitique pour vice-gérent, lequel eft com- me le lieutenant de l’offrcial. Il y a auffi dans quelques offcialités un ou plu- fleurs aflefleurs laïcs ordinaires ; dans quelques off- Gialités , on n’en appelle qu’extraordinairement , & dans les affaires majeures où l'offcial eft bien-aife d'avoir l'avis de quelques gradués éclairés. Le promoteur eit dans les officialités ce que les gens du roi ou du fergneur font dans les tribunaux iéculiers. Il y a auffi dans chaque oficialité un greffier pour recevoir à expédier les jugemensquis'yrendent,des appañteurs quifont les mêmes fonétions que les huif- hers, & des procureurs qui occupent pour Les parties, OFF 43€ L’évêque doit donner gratuitement les places def ficial, de vice-gérent & de promoteur. Les commifhons que l’évêque donne à ces of. ciers , doivent être par écrit, fignées de lui, & infix nuées au greffe des infinuations eccléfiaftiques du diocèfe. Le pouvoir de official finit par la mort ou dé miflion de l’évêque. Le chapitre a droit d’en nom mer un le fiepe vacant. L'évêque peut, quand bon lui femble, deftituer fes officiaux , foit principal ou forain, foit qu'il les ait nommés lui-même ou qu'ils aient été nommés par fon prédéceffeur ou par le chapitre: la révoca- tion doit être faite par écrit, & infinuée comme la commiffion, L'offictal connoît des matieres perfonnelles entre ecclétiattiques , & lorfqu'un ecciéfaftique eft dé- fendeur & un laïc demandeur; à l'exception néan= moins des caufes de l’évêque, dont il ne peut con noître ; 1l faut s’adrefler pour cela à l’ofécsa/ métro- politain. re Il ne peut juger par provifion que jufqu’à 25 lv, en donnant caution. Ses jugemens font exécutoires, fans pareatis des juges féculiers. Il ne peut faire défenfes aux parties, fous des pei. nes fpirituelles, de proceder ailleurs que devant lui, quand le juge royal eft faifi de la conteftation. Les officraux {ont en pofleflion de connoître de toutes matieres purement fpirituelles, foit entre ec cléfiafhiques ou laïques , comme de la foi, de la doc- trine, des facremens, même des demandes en nul- lié de mariage, quod ad fedus & vinculum , mais ils ne peuvent prononcer fur les dommages & inrérêts. Ils connorfient pareillement des vœux de reli- gion, du fervice divin, de la fimonie, du pétitoire des dixmes ; du crime d’héréfie, de la difcipline ec- cléfiaftique, Quant aux crimes dont l'offcial peut consoître, il n'y a que le délit commun des eccléfiaftiques qui foit de fa compétence; le cas privilégié doit être inf= fruit conjointement par lui & par le juge royal ; en fuite chaque juge rend féparément {on jugement. Loriqu un eecléfiaftique n’eft accufé que d'un dé- lit commun, c’eft-à dire, d'un délit qui n’eft fujet qu'aux pêines canoniques , c’eft l’offcial qui en con- noît fans le concours du juge royal ; de forte que fi l'eccléfaftique eft traduit pour un tel fait devant le juge royal, celui-ci doit renvoyer l’accufé de- vant {on juge. Mais il ne le doit pas faire quand il s’agit du délit privilégié, lequel pour le bon ordre, demande toujours à être pourfuivi fans aucun re tardement. Et fi le juge d’églife népligeoit de pour- fuivre le délit commun, la pourfuite en feroit dé- volue au juge royal, comme exerçant la manuten- tion des canons. Le juge royal n’eft jamais.tenu , en aucun cas ; foit de, délit commun ou de cas privilégié, d’aver- tir l’offécial, pour qu'il ait à inftruire le procès con- Jointement avec lui: Mais fi le promoteur reven- dique l'affaire pour le délit commun ;.en ce cas le juge royai doit inftruire conjointement avec lui Et pour cet effet, le juge royal doit fe tranfporter au fiege de l'ofcialité ayec fon greffier. C’eft l’offcial dans ce cas qui a la parole : c’eft lui qui prend le ferment des accufés & des témoins, qui fait les in terrogatoires, récolemens , confrontations & toutes les autres procedures qui fe font par les deux juges ; le juge royal peut néanmoins requerir l’offcial d’in= terpeller les accufés fur Les faits qu'il juge néceflaires. . Quand'on fait au parlement le proces à un eccié- fiattique , l’évêque doit, fi le parlement l’ordonne : nommer pourfon vicaire un des confeillers-clercs du parlement, pour faire l’inftruétion conjointement 422 OFF - avec le confeiller-laic qui eft commis à éet effet. Un eccléfaftique accufé devant le juge royal peut, en tour état de caufe, demander fon renvoi devant Poffcial, à moins qu'il ne foit queftion de crime de léie-majefté au premier ou au fecond chef. L’offcial ne peut ordonner qu'il fera pañlé outre _noncbfiant & fans préjudice de l'appel, à moins _qu'il ne fort queftion de correction & de difeipline, ou de quelque cas exécutoire nonobflant Fappel. Les appels comme d’abus interjettés des fenten- ces. des officaux n’ont aucun effet fufpenff, quand il s'agit du fervice divin, de la difciphine eccléfiaf- | tique on de la correétion des mœurs, c’eft la dif- poñrion de larricle xxxw]. de l’édit de 1695. Les peines fpirituelles que l’of£ctal peut infhiger, font les prieres, les jeünes, les cenfures ; 1l ne doit décerner des monitoires que pour des crimes graves & fcandales publics, & lorfque les autres preuves manquent: ab 4 Les peines temporelles que lPoficia/ peut pronon- cer, font les dépens, l'amende applicable en œu- vres pieufes. Les peines corporelles fe bornent à la prifon à tems ou perpétuelle. Il ne peut condamner à aucune autre peine affiétive : autrefois néanmoins il condamnoit aux galeres, au banniflement, à la torture ou queflion, au pilori , échelle oucarcan, au fouet, à la marque du fer chaud, à l’amende ho- norable in figuris, mais cela ne fe pratique plus. On ne peut appeller de l’offrcial à l’évêque qui l’a commis : l’appel de loffcia/ ordinaire va à l’offcial métropolitain, & de celui-ei à l’official primatial. S'il y a appel comme d'abus, l’appel eft porté au parlement. _ Sur les oficiaux , voyez les Mémoires dn clergé, lédis de 1695, le Traité de la jurifdittion eccléfraftique de Ducafle, les Lois eccléfiaftiques, le Traité des ma- tieres bénéficiales de Fuet , le Diéhionnaire des arréts, &c les mors D'ÉLIT COMMUN , 6 JURISDICTIONEG- CLÉSIASTIQUE, PROMOTEUR & VICE-GÉRENT. OFFICIAL D'UN ABBÉ. Les abbés qui ont jurif- diétion, ont droit d’avoir un official. _ OFFICIAL DE L’ARCHEVÊQUE, eft de deux for- tes : 1! a fon official ordinaire & fon official métropo- litain. Voyez ci-après OFFICIAL MÉTROPOLITAIN, OFFICIAL DE L’ARCHIDIACRE, eft celui que commet un archidiacre, qui a une jurifdiétion pro- pre attachée à fa dignité. . OFFICIAL DE L’ARCHIPRÊTRE, étoit celui que commettoit l’archiprêtre, lorfqu'’il avoit jurifdiéhon. Voyez ce qui eff dis ci-devant des OFFICIAUX en général. OFFICIAL DU CHAPITRE: dans les lieux où le chapitre de la cathédrale a une jurifdiéhon propre, il a auffi fon official ; le chapitre nomme aufli fon official, le fiege vacant. OrriciAL DE L'ÉVÊQUE, eft celui qui exerce la jurifdiéion ordinaire de l’évêque. OFFICIAL FORAIN, eft celui qui eft commis par l’évêque pour exercer fa jurifdiétion hors la ville principale de fon diocèfe. Il y avoit autrefois beau- coup de ces offciaux forains répandus dans les dif- férentes parties de chaque diocèfe ; préfentement il y en a peu d'exemples, fi ce n’eft dans certains diocefes, dont quelque partie eft du reflort d’un au- tre parlement ou d’une autre domination que la ville épifcopale. En ce cas, l’évêque nomme pour cette partie de fon diocèfe un offcial forain. OFFICIAL ad litem, eft celui qui eft commis pour une affaire particuliere , lorfque loffcral eft recufé ou fe déporte. ” OFFICIAL MÉTROPOLITAIN, €ft l’official établi par un archevêque pour juger les appels interjettés des fentences & ordonnances rendues par les of ficiaux des évêques {ufragans, dans les égliies qui OFF ont le titre dé primatie, comme Lyon & Bout- ges : il juge auf l’appel des fentences rendues par l'official ordinaire du métropolitain. OrFrFiciAL NÉ, eft celui, qui par le droit de fa place, fait les fon@ions d’offcral, comme étoient autrefois la plüpart des archidiacres. OFFICIAL ORDINAIRE, eft celui qui éxerce le premier degré de la jurifdiétion eccléfiaftique, à la! différence du métropolitain & du primatial qui font juges d'appel. | OFFICIAL in partibus ; eft la même chofe qu’of- ficral forain. OFFICIAL PATRIARCHAL, eft celui d’un prélat qui a le titre de patriarche. L’archevêque de Bour- ges qui prend le titre de patriarche d'Aquitaine ,'a ün official patriarchal qui juge les appellations ren- dues par loffcial métropolitain. | OFFICIAL PRIMATIAL, eft l’offrcial étabh par le primat pour juger les appels interjettés de l’offciai métropolitain, _ OFFICIAL PRINCIPAL, eft celui qui eft établi dans la ville épifcopale , à la différence des officraux forains, lefquels font dans les parties du diocefe qui relevent d’un autre parlement, où qui font d’une autre domination. Voyez ce qui a été dit ci - devant Jur les OFFICIAUX en général, (A) . OFFICIALITÉ, {. f. (Jurifprud.) eft le tribunal d’un primät, archevêque, évêque, abbé, archidia- cre , chapitre ou autre ayant une jurifdiétion ecclé- fiaftique contentieufe. Cette jurifdiétion $’exerçoit antrefois aux portes des églifes, enfuite dans une chapelle du palais épif- copal. Préfentement il y a un auditoire deftiné à cet ufage; mais en plufeurs endroits, il eft à l’en- trée de la chapelle épifcopale, comme à Paris, où l’audience de l’officialiré fe tient à l’entrée de la cha- pelle épifcopale inférieure. Voyez l’hiffoire du diocèfe de Paris par M. l’abbé Lebenf, some Î. page 32, Ce tribunal eft compofé d’un official, un vicez gérent & quelquefois plufieurs afflefleurs, un gref- filer , un promoteur , des appariteurs, Voyez ci-devant le rot OFFICIAL, (4) OFFICIER , f. m. (Æiff. mod, ) homme qui pof- fede un office, ou qui eft revêtu d’une charge. Foyez OFFICE, | Les grands officiers de [a couronne ou de l’état font en Angleterre le grand maiître-d’hôtel, le chañ- celier , le grand tréforier , le préfident du confeil, le garde du fceau privé, le grand chambellan , le grand connétable , le comte -maréchal , & le grand amiral, Voyez chacun fous fon arcicle particulier, CHANCELIER, TRÉSORIER , MARÉCHAL , &c, En France on a une notion très-vague de ce qu'on nomme les grands officiers, & d’ailleurs tout cela change perpétuellement. On s’imagine natu- tellement que ce font ceux à qui leurs charges don- nent le titre de grand, comme grand-écuyer, grand- échanfon ; mais le connétable, les maréchaux de France , le chancelier, font grands officiers, & n’ont point le titre de grand, & d’autres qui l'ont, ne font point réputés grands officiers. Les capitaines des gardes , les premiers gentilshommes de la cham- bre, font devenus réellement de grands officiers, & ne font pas comptés pour tels par Le P. Anfelme, En un mot rien n’eft décidé fur leur nombre, leut rang. & leurs prérogatives. Les grands officiers de la couronne m’étoient au- trefois qu'officiers de la maiïfon du roi. Ils étoient élus le plus {ouvent par fcrutin fous le regne de Charles V. & dans le bas âge de Charles VE. par les princes & feigneurs , à la pluralité des voix. Les pairs n’en vouloient point fouffrir avant le reone de | Louis Louis VIT, qui régla qu'ils auroient féance parmi eux. Son arrêt donné folemnellement à Paris en 1224 dans fa cour des pairs , porte, que fuivant l’an- cienufage & les coutumes obfervées dès long-tems, les grands offciers de la couronne, fçavoir, le chan- celier, Le boutciller, le chambrier, &c. devoient Le trouver aux procès qui ie feroient contre un pair de France, pour le juger conjointement avec les autres pairs du royaume ; en conféquence ils affñf- terent tous au jugement d'un procès de la comiefle de Flandres. | Il paroït que fous Henri IL. les grands offciers de la couronne étoient le connétable, le chance- lier , le garde des fceaux , le grand maître , le grand chambellan , l'amiral, les maréchaux de France & le grand écuyer. Ce prince ordonna en 1577, par des lettres patentes vérifiées au Parlement, que les fufdits grands offciers ne pourroient être précé- dés par aucun des pairs nouveaux créés. ( D. J.) - Les officiers de juftice font ceux auxquels on a confié l’adminiftration de la juftice dans les diffé- rentes cours où tribunaux du royaume. Voyez Cour , JUSTICE, &c. Les officiers royaux font ceux qui adminiftrent la jufice au nom du roi, comme les juges, &c, Voyez JUGE. , … Les officiers fubalternes font ceux qui adminiftrent la juftice au nom de quelque feigneur fujet du roi : tels font les juges qui exercent leurs fon@ions fous le comte-maréchal, fous l’amiral, Gc. Les officiers de police font ceux auxquels on a confié le gouvernement & la direftion des affaires d'une communauté où d’une ville : tels font les maires, les chérifs, Gc, Voyez PoLrce. Les Officiers de guerre font ceux qui ont quel- que commandement dans les armées du roi. Voyez ARMÉE, Ces officiers {ont généraux ou fubalternes. Les officiers généraux font ceux dont le comman- dement n’eft point reftraint à une feule troupe, compagnie ou régiment ; mais qui ont fous leurs otdres un corps de troupes compofé de plufieurs régimens : tels font les généraux , lieutenans-géné- taux, majors-généraux & brigadiers. Voyez GÉNÉ- RAL, &c. Les officiers de Pétat-major font ceux qui ont fous leurs ordres un régiment entier, comme les colo- nels , lieutenans-colonels & majors, Les officiers {ubalternes font les lieutenans, cor- nettes, enfeignes,, fergens & caporaux. Voyez tous ces officiers {ous leurs propres articles, CAPITAINE, COLONEL , £c, Les officiers à commiffion font ceux qui ont. com- miflion du roi : tels font tous les offciers militaires, depuis le général jufqu’an cornette. inclufivement, … On les appelle ofcrers & commiffion , par oppoñ- tion aux offéciers 4 revet, Où à baguette , qui font établis par brevet des colonels où des capitaines : tels foni les quattier-maîtres , fergens, caporaux , &t même les chirurgiens & les chapelains. Officiers de. mer ou de marine , {ont ceux qui ont quelque commandément fur les vaifieaux de guerre. Voyez; Marine. le: . Les officiers à pavillon font les amiraux , vice- amiraux , contre-amiraux, Voyez PAYILLON, AMI- RAL , éc, st Hasestt que | + Oficiers de la, maïfon du toi, font le orand- maître d'hôtel, le tréforier , Le contrôleur , le tré- forier, de l'épargne , le maître , les-clercs dn tapis verd, &c..le grand chambellan , le vice chambellän, les gentilshommes de la chambre privée & de la chambre du lit, les gentilshommes huiffers, les gar- :çons de la chambre , les pages, le maitre de lagarde- xobe ile maitre des cérémonies; 6, le grand Tome XI, | | re 1 OFF 423 écuyer , le contrôleur de l'écurie, les fours écuyers les intendans, éc. Voyez MAtSON pu ROI, 6 chas gue officier fous fon axricle. , Les officiers à baguette font ceux qui portent ne baguette blanche en préfence du roi , & devant leiquels un valet de pied, nue tête, porte une bas guette blanche quand üls fortent en public, & quand ils ne font pas en préfence du roi: tels font le prand-maître d'hôtel, le grand chambellan , le grand tréforier , €c. ie La baguette blanche eft la marque d’une com. mifhion ; & à la mort du roi ces officiers caflenr leur baguette fur le cercueil où l’on doit mettre le corps du roi, pour marquer par cette cérémo nie, qu'ils déchargent leurs offciers fubalternes de leur fubordination. Dans toutes les autres cours &z les autres pous vernemens de l’Europe & du monde , il y a égale ment différentes fortes d'officiers, tant pour le ci- vil & le militaire , que pour les maifons des princes, Les offiriers militaires en France, font les maré- chaux de France, lieutenans-généraux , maréchaux de camp, brigadiers, colonels, lieatenant-colonels ; majors, capitaines , lieutenans ; fous-lieutenans , enfeignes ou cornettes, fergens, maréchaux des logis, & brigadiers dans la cavalerie, pour le fer+ vice de terre; & pour celui de mer, l'amiral , les vice-amiraux, le général des galeres, les chefs d’efcadre , capitaines , lieutenans ; enfeignes de vafleaux, Gc. Voyez MARÉCHAL DE FRANCE e LIRUTENANT-GÉNÉRAL, Ge, | Pour le civil, les offciers de juftice font , le chan: celier , le garde des fceaux, les conieillers d'état, maitres des requêtes, préfidens au mortier y CON feillers au parlement , procureurs & avocats gé » nérauxs; & dansies juftices fubalternes, les préfidens &t confeillers au préfidial, les lieutenans généraux de police, les lieutenans civils & criminels, bail: Bfs, prevôts, avocats 8 procureurs du roi & leurs fubfituts,, & autres dignités de robe, g2’or peut voir chacun à leur article particulier. Les principaux officiers de la maifon du roi font le grand-maître, le grand écuyer, le grandiyeneur, le grand échanfon, Le grand aumônier, le grand chambellan , les quatre sentilshommes de la chame bre, les quatre capitaines des gardes , fans parler de plufieurs autres , & tous les divers offciers qui font foumis à ces premiers, Voyez GRAND-MAITRE 3 GRAND ÉCUYER, 6. Les grands offciers ; ou grades militaires ; font conférés par le bon plaïfir du roi, & ne font point héréditaires ; mais la plüpart des offices de judicas ture, anfh-bien que les charges chez le roi, pañlent de pere en fils, pourvu que Pon ait payé les droits impofés fur quelques-unes pour les conferver à fa famille : on achette pourtant un régiment , une compagnie, Les princes étrangers. ont auffi des offciers dans tous ces divers genres. On trouvera les noms & les principales fonétions de leurs charges répandus dans le corps de ce Di&ionnaire. | OFFICIERS MUNICIPAUX , voyez MUNICIPAL ORFICIERS RÉFORMÉS ; voyez RÉFORMÉ OFFICIERS DE LA MONNOIE, voyez MONNOIE, Signaux peur Les officiers , voyez SIGNAL. OFFICIERS GÉNÉRAUX, ( HifË. mod. ) où com mandanti des troupes , ceux qui ont autorité fur les foldats. On peut en diftinguer de deux fortes , les officiers généraux, & les offciers fubalrernes. Parmi tous les anciens peuples , la difcipline mi- lifaire qui n’a pas été la partie la moins cultivée du gouvernement , exigeant de la fubordination dans les:troupes , les fouverains ont été obligés de con fierune partie de leur autorité à des hommes te Hhh C2 424 OFF telligens dans le métier de la guerre ; ét ceux-c1 pou mettre plus d’ordre dans les armées , ont difiribué les troupes en différens corps, commandés par des chefs capables d'exécuter leurs ordres, &t de les faire exécuter au refte des foldats. Nous favons engénéral, que les Egyptiens avoient de nombreufes troupes fur pied, qu’elles alloient ordinairement à quatre cent mille hommes , & que l'armée de Sefoftris étoit de feize cens mulle com- battans. Nous voyons les rois d'Egypte à la tête de leurs armées ; mais autant il feroit abfurde de dire qu'un feul prince , un feul homme commandoit feul en détail à cette mulutude ; autant eft-il raïfon- nable de penfer qu'il avoit fous lui des officiers gé- néraux, & ceux-ci des fubalternes diftribués avec plus ou moins d'autorité dans tous les corps. La milice des Hébreux, dans les premiers tems, ne nous eft guère moins inconnue. Cependant on peut inférer de l’ordre que les tribus gardoient dans leurs campemens, chacune fous leur enfeigne particuliere , qu’elles avoient auffi leurs offciers fu- bordonnés à un général en chef, tel que fnt Jofué. Sous les rois des Juifs nous voyons ces princes commander eux-mêmes leurs armées , ou en con- fier la conduite à desgénéraux en chef, tels an’ Abner fous Saul, Joab fous David ; & ce dernier avoit dans les troupes plufeurs braves, connus fous le nom de force d’Ifraël, hommes diflingués par leurs exploits, & qui fans doute commandoient des corps particuliers: tels qu'un Banaias , chef de la légion des Pheletes & des Cerethes, & qui devint fous Salomon général en chef. Il eft donc plus que pro- bable, que fous les rois d’'Ifraël, & fous ceux de Juda , jufqu’à la captivité de Babylone , les trou- pes Ifraélites furent divifées en petits corps com- mandés par des officiers, quoique lEcriture ne nous ait pas confervé le nom de leurs dignités , mi le détail de leurs fonétions. Sous les Machabées il ef parlé clairement de tribuns, de pentacontarques & de centurions, que cesilluftres guerriers établirent dans la milice juive ; ily a apparence que les tri- buns commandoient mille hommes, les pentacon- tarques cinq cens, &t les centurions cent hommes, Pour les tems héroïques de la Grece , nous voyons toujours des rois & des princes à la tête des trou- pes. Jafon ef le premier des argonantes ; fept chefs font ligués contre Thèbes pour venger Polynice ; 8c dans Homere, les Grecs, confédérés pour dé- truire Troie, ont tous leurs chefs par chaque nation; mais Agamemnon eft legénérahffime, comme Heëtor left chez les Troyens , quoique différens princes commandent les Troyens même , & d’autres leurs alliés | comme Rhefus les Thraces ; Sarpedon les Lyciens, 6c. Mais l’hiftoire en répandant plus de lumieres fur les tems poftérieurs de la Grece, nous a confervé les titres & les fon@ions de la plupart des officiers, tant des troupes de terre , querde celles de mer. A Lacédemone les rois commandoient ordinai- rement les armées; qu'ils euflent fous eux des chefs, cela n’eft pas douteux , puifque leurs troupes étoient divifées par bataillons, &c ceux-ci en trois où quatre compagnies chacun. Mais les liftoriens n’en donnent point le détail. Comme ils étoient puiflans {ur mer ; ils avoient un amiral & des commandans fur chaque vaifleau ; mais en quel nombre , avec quelle autorité , c’eft encore fur quoi nous manquons des détails néceflaires..Il refte donc à juger des autres états de la Grece, par les Athéniens fur: le militaire, defquels on eft mieux inftruit. A Athènes, la république étant partagée en dix tribus, chacune fournifloit fon chef choïfi par le peuple, & cela chaque année. Mais ce qui n’eft OFF que trop ordinaire, la jalonfie fe mettoit entre ces généraux, & les affaires n’en alloient pas mieux. Ainf voit-on que dans le tems de crife, les Athé- niens furent attentifs à ne nommer qu'un général, Ainfi à la bataille de Marathon on déféra à Mil- tiade le commandement fuprème; depuis Conon, Alcibiade, Thrafybule, Phocion ; &c. commande- rent en chef. Ordinairement le troifieme archonte, qu'on nommoit Île polemarque ou l’archifirategue ; étoit généraliffime , & fous lui fervoient divers officiers diftingués par leurs noms & par leurs fonc ions. L’hipparque avoitle commandement de toute la cavalerie. On croit pourtant que comme elle étoit divifée en deux corps, compofé chacun des cavaliers des cinq tribus, elle avoit deux hippar- ques. Sous ces officiers étoient des philarques, ou commandans de la cavalerie de chaquetribu.L'infan- terie de chaque tribu avoit à fa tête un taxiarque, & chaque corps d'infanterie de mille hommes, un chi- liarque ; chaque compagnie de cent hommes étoit partagée en quatre efcouades , & avoit un capi- taine ou centurion. Sur mer 1l y avoit un amiral, ou généraliffime appellé veuæpy66 OU orparéyos, ËC fous lui les galeres ou les vaiffeaux étoient commandés par des trierarques, citoyens choifis d’entre les plus riches qui étoient obligés d’armer des galeres en guerre , & de les équiper à leurs dépens. Mais comme le nombre de ces citoyens riches qui s’u- nifloient pour armer une galere ne fut pas tou- jours fixe , & que depuis deux 1l alla jufqu'à feize , il n’eft pas facile de décider , fi fur chaque galere 1l y avoit plufeurs trierarques , ou s'il ny en avoit qu'un feul. Pour la manœuvre chaque bâtimentavoitunpilote , ravxAepos, quicommandoit aux matelots. | A Rome les armées furent d’abord commandées par les rois , &t leur cavalerie par le préfet des ce- leres ,.præfettus celerum. Sous la république , le dic- tateur , les confuls , les proconfuls , les préteurs & les propréteurs , avoient la premiere autorité fur les troupes qui recevoient enfuite immédiate- ment les ordres des officiers appellés Zegati, qui te- noient le premier rang après le général en chef, &c fervoient fous lui, comme parmi nous les lieu- tenans-généraux fervent fous le maréchal de France, ou fous le plus ancien lieutenant-général. Mais le didtateur fe choififloit un général de cavalerie , 74- gifler equitum , qui paroït avoir eu, après le dic- tateur , autorité fur toute l’armée. Les confuls nom- moient ainfi quelquefois leurs lieutenans-pénéraux, Ils commandoient la légion, & avoient fous eux un préfet qui fervoit de juge pour ce corps. Enfuite étoient les grands tribuns ou tribuns militaires, qui commandoient chacun deux cohortes , chaque co- horte avoit pour chef un petit tribun; chaque ma- nipule ou compagnie ; un Capitaine, de deux cens hommes , ducentarius ; fous celui-ci deux centu- rions , puis deux fuccenturions on optiens , que Polybe appelle zergiduëleurs, parce qu'ils étoient poftés à la queue de la compagnie. Le centurion qu’on appelloit primipile, étoit le premier de toute la légion, conduifoit l’aigle , Pavoit en garde, la défendoit dansle combat , & la donnoit au porte- enfeigne ; maïs celui-ci, ni tous les autres , nom- més vexillari , n’étoient que de fimples foldats, & n’avoient pas rang d’offcier. Tous ces grades mili- taires furent coniervés fous les empereurs ; qui y ajouterent feulement le prefet duprétoire ; com- mandant en chefla garde prétorienne; & en outreles cOnfuls eurent des généraux qui commandoient fur les frontieres pendant tour le cours d’une guerre, tels que Corbulon en Arménie, Vefpañen en Ju- dée, &c. Dans la cavalerie, outre les généraux nommés wapifler equitum , &tpræfeülus celerum , 1 ÿ OFF avoit des décurions , nom qu’il ne faut pas prendre à la lettre , felon Elien, pour des capitaines de dix hommes:, mais. pour des chefs de-divifion de cin- . quante, oucent hommes. Les troupes des alliés, tant d'infanterie que cavalerie ,étorent commandés par des préfets, dont Tite-Live fait fouvent men- tion fous le titre de prafeili fociorum. Dans la marine, outre le commandant général de la flotte , chaque vaiflean avoit le fien particulier, & dans une ba- taille , les différentes divifions ou efcadres avoient leurs chefs comme à celle d’Aétium. Voyez MARINE. OFFICIER, en terme militaire, eft un homme de guerre employé à la conduite.des troupes, pour les commander & pour ymaintemir l'ordre &.la regle, Des officiers des troupes de France. Le plus haut titre d’oficier des troupes de France étoit autrefois celui de conxétable ; à préfent c'eftcelui de #aréchal de France. La fonétion principale des. maréchaux de France ; c’eft de commander les armées du roi. “Aprèsles maréchaux de France font les Leuterans généraux des armées du roi: | Enfuite les. maréchaux de.camp ; les uns & les au- tres font appellés offcters généraux, parce qu'ils ne {ont réputés. officiers d’ancune troupe en particulier, “& que dans leurs fon@tions ils commandent indiffé- remment à toutes fortes de troupes. Les maréchaux de camp, lorfque le roi les leve à ce grade, quuttent le commandement des æésimens qu'ils avoient, ou les charges qu'ils poflé- «oient, à-moins que ce ne foit des régimens étran- #ers , ou des charges dans les corps deflinés à la garde du roi | Er Après les maréchaux de camp, le premier grade dans les armées eff celui de commandant de la cava- derie. Cette forte de troupefait corps dans une ar- mée , c’eft-à-dire que tout ce qu'il y a de cavalerie ‘dans cette armée, eft unie enfemble fous les ordres d'un feul chef. Elle a trois chefs naturels , qui font le colonel général , le metre de camp général, & le commiflatregénéral : en Pabfence de ces trois of- | ciers, c’eft le plus ancien brigadier de la cavalerie qui la commande, | | Les dragons font aufi corps dans l’armée. Ils ont un co/onel général & un meffre de camp général ; & en l’abfence de ces deux officiers , Le plus ancien briga- dier des dragons les commande. | L’infanterie a eu autrefois un colonel général. . Cette charge qui avoit été abolie fous Louis XIV. fut rétablie pendant la minorité de Louis XV. mais “elle a été depuis fupprimée en 1730 fur la démif- fion volontaire de M. le duc d'Orléans , qui en étoit pourvi. Aucun offcier particulier n’a jamais fait la fonétion de cette charge , & l'infanterie n’a point ainfi de commandant particulier dansune armée. Les brigadiers de cavalerie , d'infanterie &c de dragons ont rang après les officiers qu'on vient de nommer. lis font attachés à la cavalerie , à l'infan- terie & aux dragons. Ils confervent les emplois qu'ils avoient avant que d’être brigadiers , & ils en tont les fonétions. Après les brigadiers font les colonels où meftres de camp dans la cavalerie. Le colonel général re- tient pour lui feul le nom de colonel , & ceux qui commandent les régimens ont Le titre de reffre de camp, Il en eft auffi de même dans les dragons. L’u: fage en étoit aufi établi dans l'infanterie , lor{- qu'il y avoit un colonel général, mais depuis la fup- preflion de cet officier , les commandans des résimens d'infanterie portent le nomde co/onel. Cependant, par les ordonnances , les colonels: ou meftres de camp font égaux en grade ; & dans l’ufage ordi- naïre,, on fe {ert aflez indifféremment de l’un &.de l’autre terme pour la cavalerie & pour les dragons. Outre les commandemens des régimens , les ça- Formes AIS * ET 42 pitaines des.compagnies de la maifon. duroi, on de la gendarmerie, & quelquesrautres offciers de ce corps, ont rang de meftre de camp ; .leroisdonne aufli le brevet de mefre de camp à des offciers qu’il veut favorifer, & dont les emplois ne donnent pas, ce rang. Les, capitaines des gardes frinçoiles & fuifles ont aufi rang de colonel d'infanterie. . Après le colonel & mefire. de camp eft le Zeutes rant-colonel, lequel doit aiderle colonel. danstoutes fes fonétions.& les remplacer en fon abfence, … Après les Heutenans-colonels font les commar: dans. de bataillon | dont le grade eft au-deffous de ces officiers , &c au-deflus de celui de capitaine. Ils font à l’armée le même fervice que les lieutenans- colonels. : | Les capitaines {ont ceux: qui ont le commande ment particulier d'une compagnie , & qui {ont.char- gés de l’entretemir, : Le roi donne quelquefois le grade de capitaine à des officiers qui n'ont point de compagnie, Le 72a7or d'un régiment éflun of£czer qui eft char- ge de tous les détails qui ont rapport au régiment en général & à fa police. Il a rang. de capitaine, $z il n’a point de compagnie. Voyez MAIoR. Il a fous lui un 4ide-major ; dans l’infanterie où les régimens font plus nombreux, il y a plufieurs aides-majors,. Le roi n’en entretient point dans les régimens ordinaires, & ceux .qui en font les fonc- tions fe nomment communément garçons-majors. Dans toutes lès compagnies il y à un Zéurenant pour aider le capitaine dans fes fonétions, 8&le rem- placer en fon abfence, Dans la cavalerie 80 dans les dragons , il y a au- deflons du lieutenant un autre offcier , appellé cor- nette, parce qu'une des principales fonélions eft de porter l'étendart que l’on appelloit autrefois cor- nette; Cet officier n'eft pas toujours entretenu pen- dant la paix. Dans Pinfanterie à la place du cor- nette, 1l y a un fous-lieutenant ou enféigne qui n’eft pas non plus entretenu pendant la paix. Les heutenans, fous-lieutenans., cornettes ou en- feignes , font nommés officiers fubalternes. Ils ont néanmoins une lettre du roi pour être reçus off CIET Se Après le cornette, dans la cavalerie & les dra= gons, eft le maréchal de logis : il eff chargé des dé- tails de la compagnie , il eft comme l’homme d’af. faire du capitaine , il à fous lui ün brigadier & un Jous-brigadier. Ces deux derniers font compris dans le nombre des cavaliers où dragons. Ils ont cepen- dant quelque commandement fur les autres. Dans Pinfanterie, après le fous-lieutenant ou en- feigne , font les /érgens , dont les fonétions font les mêmes que celles des maréchaux de logis de la ca- valerie ë des dragons. Ilsont fous eux des ceporaux & anfpeflades , qui font du nombre des foldats, mais qui Ont cependant quelque commandement {ur les autres foldats. | Les maréchaux de logis & les fergens font nom- més feulement fuivant lufage bas-officiers.. His n’ont point de lettre du roi pour avoir leur emploi, ils ne le tiennent que de l’autorité du colonel & de ieur capitaine. | + Ouire tous les officiers qu’on vient de détailler , Le roi a des 27/peleurs généraux de la cavalerie & de l'infanterie, Us font pris parmi les offéciers généraux, brigadiefs , ou au-moins colonels ; leurs fonétions confiitent à faire des recrues & à examiner fi les troupes font en bon état, fi les officiers font bien leur devoir, particulierement pour ce qui concerne Ventretien des troupes, | Tous les off£ciers en général font fubordônnés. les uns aux autres , enforte que par-tout où 1l y a des troupes , le commandement fe réduit tonjouts À un Hbh y 426 OFF feul à qui tous les autres obéïflent. Cette fubordi- nation bien établie, & l’application de chacun à fe bien acquitter de fes fonétrons , eft ce qui produit l’ordre , la regle & la difcipline dans les troupes. L’officier de grade fupérieur commande toujours à celui qui eft de grade inférieur. Entre officiers du même grade , s'ils font officiers généraux de cavalé- rie ou de dragons, c’eft l’ancienneté dans le orade qui donne le commandement, Dans la maïfon du roi & dans la gendarmerie, c’eit l'officier de la plus ancienne compagnie qui com- mande ; &c dans l'infanterie, c’eft loffécier du plus ancien régiment. Parmi les officiers d'infanterie d’une part, ceux de cavalerie & de dragons d’autre part, à srade éoal, c’eft l’officier d'infanterie qui commande dans les places de guerre 6 autres lieux fermés, & en cam- pagne c’eft l'officier de cavalerie. Quoique le roi foit le maître de donner les gra- des & les emplois comme 1l lui plaît, voici néan- moins l’ordre qu'il s’eft prefcrit ou qu'il fuit ordi- nairéement. Ordre dans lequel les officiers montent aux grades. Les maréchaux de France font choifis parnu les lieutenans généraux, ceux-ci parmi les maréchaux de camp , lefquels font choifis parmu les brigadiers, & les brigadiers parmi les colonels, meftres de camp ou lheutenans-colonels. Les colonels ou meftres de camp doivent avoir été au-moins moufquetaires. Le plus ancien capitaine d’un régiment eft ordi- nairement choifi pour remplir la place de lieute- nant-colonel lorqu'elle vaque. La place de major {e donne à un capitaine , fui- vant les termes de l'ordonnance. Il n’eft pas nécef- faire de Le choifir par rang d'ancienneté. Les capitaines doivent avoir été moufquetaires, ou bien lieutenans , fous-lieutenans , enfeignes ou cornettes. Ceux-ci font pris parmi les cadets, quand il yen a, ou bien parmi la jeuneffe qui n’a pas en- core fervi. Les maréchaux des logis &r les fergens font tou- jours tirés du nombre des cavaliers & foldats. Lorf- qu’on ef fatisfait de leur fervice, on les fait officiers ; on leur donne plus communément cette marque de diftinétion dans la cavalerie que dans l’infanterie. Outre ces officiers qui commandent les troupes, il y en a de particuliers pour l’armée ; tels font le maréchal-général des logis de l’armée , le mayor- général , le maréchal-général des logis de la cava- lerie , le major-général des dragons , les majors des brigades , le major de l'artillerie ou génie , intén- dant de l’armée ; le général des vivres, le capitaine des guides , Ge. Voyez les articles qui concernent chacun de ces emplois. Tous les officiers doivent en général s’appliquer à bien remplir leur emploi ; ce n’eft qu’en paflant par les différens grades, & en les rempliffant avec difinéion, qu’on peut acquérir la pratique de la guerre, & fe rendre digne des charges fupérieures. Ce n’eft pas feulement des officiers généraux que dé. pendent les fuccès à la guerre ; les officiers particu- liers peuvent y contribuer beaucoup ; ils peuvent même quelquefois fuppléer les officiers généraux, comme ils le firent au combat d’Altenheim en 1675. Foyez fur ce fujet les Mémoires de M. de Fenquiere, some IIT. p.240. Comme les officiers généraux doivent pofféder parfaitement toutes les différentes parties de l'art militaire, & que les colonels peuvent en ëtre re- gardés comme la pépimiere , 1l feroit à-propos de les engager par destravaux particuliers , à fe mettre au fait de tout ce qui concerne le détail non-feule- OFF ment de la guerre/en campagne , mais encore du gé: nie & de l'artillerie. Pour cet effet , ils pourroient être obligés de réfi: der en tems de paix fix mois à leur réviment ; & pour rendre ce féjour utile à leur inftruétion , indé: pendamment de l'avantage d’être éloignés pendant ce tems des plaifirs & de la difipation de Paris , il faudroit les charger de faire des mémoires raifon- nés des différentes manœuvres qu'ils feroient exé- cuter à leur régiment. Un régiment de 2 ou de 4 bataillons peut être regardé comme une armée , en confidérant chaque compagnie comme un batail- lon ; c’eft pourquoi on peut lui faire exécuter tou tes les manœuvres que l’armée peut faire en cam: pagne. _ On pourroit encore leur demander des obferva: tions {ur le terrein des environs de la place, d’exa: minet les avantages & lés inconvéniens d’une ar- mée qui fe trouveroit obligée del’occuper & de s’y défendre ; un projet d'attaque & de défenfe des lieux qu’occupe leur régiment ; ce qu'il faudroit pour apptovifonner ces lieux, tant de munitions de bouche que de guerre, pour y foutenir un fiege re- lativement à la garnifon qu'ils croiroient néceflaire pour les défendre , &c. - À leur retour à la cour, ils communiqueroient les mémoires qu'ils auroient faits {ur ces diférens objets , à un comité particulier d'officiers généraux “habiles &c intelligens, nommés à cet effet par le minitre de la guerre. On examineroit leur travail, on le difcuteroit avec eux, foit pour les applaudir, ou pour leur donner les avis dont ils pourroient avoir befoin pour le faire avec plus de foin dans la fuite. Ils fe trouveroient ainfi dans le cas de fe former infenfiblement dans toutes les connoiflances néceffaires aux officiers généraux ; la cour feroit par-là plus à portée de connoître le mérite des co- lonels ; & en diftribuant les emplois par préférence à ceux qui les mériteroient le mieux par leur travail & leur application , on ne peut guere douter qu'il n’en réfultât un très-grand bien pour le fervice, On ne doit pas penfer que notre jeune noblefle puifle regarder l'obligation de s’inftruire comme un far- deaun pefant & onéreux. Son zele pour le fervice du roi eft trop connu : elle applaudira fans doute à un projet qui ne tend qu’à hu procurer les moyens de parcourir la brillante carriere des armes avec encore plus de diftinétion , d’une maniere digne d'elle & des emplois deftinés à fon état, (Q) OFFICIERS GÉNÉRAUX DE JOUR , c’eft le lieute- nant général & le maréchal de camp qui font de fer- vice chaque jour. On a vu à l’article de ces officiers, qu’ils ont dans l’armée & dans les fiepes alternative- ment un jour de fervice. Lorfque ce jour arrive, z/s Jont officiers généraux de jour. Il y a auffi un brigadier , un meftre de camp, un colonel 8 un lieutenant colonel , de fervice chaque jour ; mais ces officiers qui font fubordonnés aux lieutenans généraux & aux maréchaux de camp, font appellés leur jour de fervice, brigadier ou colo nel, &c. de piquer. Les fon@ions de ces derniers of- Jiciers {ont de veiller aux piquets, pour qu'ils foient toüjours prêts à faire leur fervice. Voyez PIQUET: re DE LA MARINE, (Marine) ce font les officiers qui commandent & fervent fur les vaïf- eaux du roi &z dans les ports , & compofent le corps militaire. On donne le nom d’offciers de plume aux inten- dans, commifflaires & écrivains employés pour le fervice de la marine. Les officiciers mariniers , ce font des gens choïfis tant pour la conduite que pour la manœuvre & le radoub des vaifleaux : favoir , le maitre , le boffe- an, le maître charpentier, le voilier & quélques autres. Les officiers mariniers forment ordinairement la fixieme partie des gens de Péquipage: Les officiers militaires, font les officiers généraux , les capitaines, les lieutenans & les enfeignes. Les officiers généraux ; {ont aétuellementen Fran- ce, deux vice-amiraux, 6 liéutenans généraux , 16 chefs d’efcadre ; enfuite 200 capitaines, 310 lieu- tenans, 9 capitaines de brûlots, 380 enfeignes , 25 lieutenans de frégates, & 4 capitaines de flûtes. Ce nombre peut varier par mort, retraites ou autre- ment. d OFFICIERS MUNICIPAUX , (ÆHiff. mod) {ont ceux qu’on choifit pour défendre les intérêts d’une ville , fes droits & fes privileges , 8 pour y mainte- nir l’ordre & la police ; comme les majors , shetifs, confuls, baïllifs , &c, Voyez OFFICE ou CHARGE. En Efpagne, les charges municipales s’achetent. En Angleterre , elles s’obtiennent par lélefion. Voyez OFFICE o4 CHARGE VÉNALE, G'c, En France, les officiers municipaux font commu- nément Îles maires & les échevins, qui repréfentent le corps de ville. Souvent ils font créés en titre d'office par des édits burfaux ; & fouvent auf ils font éleétifs. Quelques villes confdérables font en pofleffion de cette derniere prérogative, & leurs officiers ou magiftrats municipaux prennent différens | noms. Leur chef à Paris &z à Lyon fe nomme prevôr des Marchands, & les autres échevins; en Langue- doc , on les appelle confuls. La ville de Touloufe a fes capitouls ; &t celle de Bordeaux fes jurats, Voyez CAPITOULS , JURATS. | OFFICIERS DE VILLE: on diftingue à Paris deux fortes d'officiers de ville, les grands & les petits. Les grands officiers , font le prevôt des Marchands , les échevins, Le procureur du roi, le greffier,les confeil- lers, & le receveur. Les petits officiers, font les mou- leurs de bois & leurs aides, les déchargeurs, les mefureurs , les débacleurs &c autres telles perfonnes établies fur les ports pour la police & le fervice du public. Voyez tous ces mots fous leurs titres parricu- lers. OFFICIERS PASSEURS D'EAU, ce font les mat- tres bateliers de Paris, dont les fonétions confiftent à pañler d’un rivage de la Seine à l’autre les pafñla- gers qui fe préfentent, leurs hardes, marchandifes, G'c. Ils furent érigés en titre d'office fous Louis XIV. & font au nombre de vingt, y compris les deux fyndics. Voyez BATELIER, difionnaire de Comm. OFFICIERS DE LA VÉNERIE, Ceux qui font à la tête des chafles de fa majefté. L’ordonnance du roi du 24 Janvier 1695 , a permis & permet aux capi- taines des chafles defdites capitaineries royales de dépoffeder leurs lieutenans , fous-lieutenans & au- tres officiers & gardes defdites capitaineries lorfqu’ils le jugeront à propos , enles rembourfant ou faifant rembourfer des fommes qu'ils juftifieront avoir payées ; & où il ne fe trouveroit alors des fujets capables de fervir , en état de rembourfer lefdits of ficiers & gardes, permet fa majefté auxdits capitai- nes de les interdire pour raifon de contraventions qu'ils pourroïent avoir faites aux ordonnances & à leurs ordres , & de commettre à leurs places, pen- dant tel tems qu'ils jugeront à propos, & qui ne Pourrra néanmoins exceder celui de 3 mois, fans que léfdits offéciers & gardes ainfi interdits puiflent faire aucune fon@tion de leurs charges durant leur inter- diéton; voulant feulement fa majefté qu'ils foient payés de leurs gages jufqu’à l’aétuel rembourfement du prix de leurs charges : & fera la préfente ordon- nance lue & publiée ès greffes d’icelles , à la diligen- ce des procureurs de fa majefté. | - Les officiers des eaux & forêts & chafles , doivent . "CEE 427 être reçus à la table de matbre où fefloitit l'appel de leur jugement ; autrement toutes leurs fentences & actes de jurifdiébion font nuls, & ils ne-peuvent pas recevoir de gardes capables de faire des rapports qui faflent foi, puifqu’eux-mêmes ne font pas inftis tués valablement. Au parlement de Paris on en exi cepté Les anciennes pairies. Les fubalternes , c’eft-à-dire le oreffier; les pat des , exempts de gardes & arpenteurs ; peuvent être reçus en la maîtrife particuliere ; mais ils doivent être tous âgés de 25 ans pour que leurs aftes & pros cès verbaux aient force & for. Les officiers font compris comme lesautres dans les défenfes de chafer, OFFICIEUX , adj. (Gramm.) qui a le cara@ere bienfaifant., & qu’on trouve tofñjours difpofé à ren- dre de bons offices. Les hommes offcieux font chers dans la fociéré. Le même mot fe prend dans un fens un peu différent : on dit un menfonge offcieux, c’efts a-dire un menfonge dit pour éviter un plus grand mal qu'on auroit fait par une franchife déplacée. Les of cieux à Rome, officiofe, falutantes , falutatores , gens d'anti-chambres , fainéans , flatteurs , . ambitieux , empoifonneurs , qui venoient dès le matin corrom- pre par des bafleffes les grands dont ils obtenoient ; tôt ou tard , quelque récompenfe. OFFICINAL , adj. (Pharmacie. ) les Médecins ap pellent remede ou medicament officinal , tour remede préparé d'avance & confervé dans les boutiques des apoticaires pour le befoïn, «dufum. Les médicamens officinaux {ont diftingués de la fimple matiere médi- cale, où des drogues fimples, par la préparation pharmaceutique ; & des remedes appellés magif- traux , par le tems de cette préparation , les derniers ne la recevant que dans Le moment même où ondoit les adminiftrer aux malades. Voyez MAGISTRAL ; PHARMACIE. Les médicamens offciraux fe préparent d’après des regles , lois ou formules confignées dans les pharmacopées ou difpenfaires. Voyez DisPENSAI- RE. (6) OFRAIE , voyez GLORIEUSE, OFFRAIE, voyez ORFRAIE. OFFRANDES, f. f. pl. (Théolog.) en tetme de religion , font tous les dons qu’on préfente à Dieu Ou à fes miniftres, dans le cuite public, foit en re- connoïflance du fouverain domaine qu’il a fur toutes chofes, & dont on lui confacre fpécialement une portion , foit pour fournir à l’entretien de fes tem ples, de fesautels, de fes miniftres, &c. Les Hébreux avoient plufeurs fortes d’offrandes qu’ils préfentoientautemple. I1 y en avoit delibres; & il ÿ en avoit d'obligation. Les prémices, les dé- cimes , les hofties pour le péché, étoient d’obliga- tion : les facrifices pacifiques, les vœux, les offran: des d’huile , de pain, de vin, de fel & d’autres cho- fes que l’on faifoit au temple ou aux miniftres du Seigneur, étoient de dévotion. Les Hébreux ap pellent en général corban , toutes fortes d’offrandes, &t nomment ircha, les offrandes de pain, de fel, de ftuits, d'huile, de vin, &c. Les facrifices ne font pas proprement des offrandes ; mais l’offrande faïfoit partie des cérémomies du facrifice. Foyez Sacrr- FICE. » Les offrandes étoient quelquefois feules , & quel< quefois elles accompagnoient le facrifice. On diftinr guoit de plufieurs fortes d’ofrandes , comme de pure farine , de gâteaux cuits au four, de gâteaux cuits dans la poëlle, ou fur le gril, ou dans une poëlle percée , les prémicesdes grains nouveaux qu’on of- froit où purs & fans mélange, ou rotis & grillés dans l’épi ou hors de l’épi. Le pain pour être offert devoit être fans levain , & on ajoutoit ordinairement à ces chofes folides du vin ou de l'huile, quien étoit com 438 OFF “me l’affaïfonnement. Lelprêtre qui étoit de fervice retiroit les ofrandes de lamain dercelui qui les of: ‘froit 3enjettoit une partie: fur: le fen derlautel, ou ur la vidime ; lorfque l'offrande étoit accompagnée ‘d’un facrifice, afin qu'ilfütconfumé par le feu; êc réfervoitle-refte pour fa fubfftance. C'étoit-là fon “droit comme mimftre du Seigneur. n’y a quelen- “cens qui étoit brûlé entierement., leprêtresn’en té- fervoit rien: On peut voir dans le Lévitique toutes les autres cérémonies qu'on pratiquoit pourtoutes les diverfes-cfrandes ; foit qu’elles faffent faites pat “des particuliers, foit qu’elles fefiflent aunomdetou- te da nation: Les offrandes des fruits de la tetre, de pain, de vin, d'huile, de el, font: les plus anciennes dont Rous ayons connoïffance. Caïn offroit au Seigneur “des fruits de larerre, les: prémices de fon labourage ; Abel lui offroit auf des prémices de [es troupeaux & de leurs gtaifles. Genefer, üv.13.:4.Les Payens n'a- voient rien dans leur religion que ces fortes d’offran- «des , faites à leurs diéux:1ls offoientle purfroment, “la farine, le pain: Farra tamen vereres. jaciebant, farre metechant, Primitias Cerèri farra reféita dabant. Ov. Fuji. 24 -Numa Pompilius, au rappoñt de Pline, 42. XWTIIT, chap. ij. enfeigna le premier aux Romains à offrir aux dieux des fruits, du froment, de la farine, ou de la mie de pain avec du fel, du froment grillé & rot. "Ovide nous apprend encore, fafior. J. qu'avant les facrifices fanglans, ils n’offroient que du froment 6€ “du iel: Ante, deos homini qguod conciliare valeret ; Far erat, & pur: lucida mica fals. “Théophrafte remarque que:parmiles Grecs la farine mêlée avec du vin & de l'huile, qu'ils appelloient durera, étoient la matiere des facrifices ordinaires des pauvres. La différence qu’il y avoit entre les ofrandes de farine , de vin & de {el dont les Grecs & les Ro- mains accompagnoient leurs facrifices fanplans!, &c , celles dont les Hébreux fe fervoient dans leur tem- ple. confiftoit en ce que les Hébreux Jjettoient ces oblations fur les chaïrs de la viétime dejà immolée & mife fur le feu, au lieu que les Payens les jettoient fur la tête même de la viétime encore vivante, & prête à être facrifiée. Voyez LIBATION, IMMOLA- TION & SACRIFICE. Dans l'Eghfe catholique, quoiqu'il n’y ait propre- ment qu'une feule ofrande, qui eft le corps de J.1C. dans l’euchariftie, cependant dès les premiers tems on a donné le noïn d’offrande aux pieufes libéralités des fideles, & aux dons qu'ils faoient à l’Eglife pour l’entretien de fes miniftres, ou pour le foula- gementdes pauvres. Les moines eux-mêmes étoient obligés de faire leur offrazde, fi l'on en croit faint Jérôme, & ne pouvoient s’en difpenfer fur leur pau- vreré. Ammien Marcellin reproche au pape &t aux minifires de fon églife , de recevoir de riches obla- tions des dames romaines; cet auteur payen1ignoroit le faintufage qu’on-en faifoit. S.Augufhn parle d’un tronc ou tréfor particulier où l’on faifoit les ofrandes qu’on deftinoir à l'ufage du clergé, comme du linge, des habits & d’autres chofes femblables. Il eft parlé dans les dialogues de S. Grégoire le Grand, des of “frandes qu’on faifoit pour les morts. Le concile de Francfort diftingue deux fortes d’offrandes : les unes #e faifoient à l’autel pour le facnfice: les foufdia- .cres, felonS.-Ifidore de Scviile,, les recevoient des mains des fideles pour les remettre en celles des dia- . OFFRE , £ f, ( Gram. ) tout ce qu’on propofe à quelqu'un qui a la liberté d'accepter ou de refufer, On dit de belles offres, & de mauvais procédés. OFFRES, f. f. pl. (Jarifp.). eft un aéte par lequel on fe foumet à faire quelque chofe, ou par lequel on exhibe à quelqu'un des pieces ou autres chofes qu’on eft tenu de lui remettre, ou un bien, une fomme de deniers qu’on eft obligé de lui payer. On appelle offres labiales , celles qui ne confiftent que dans la déclaration que lonoffre & que l’on cit prêt de faire telle, Quand même cette déclara- tion feroit faite par écrit, on appelle ces offres la- ‘biales, pour les diftinguer des offres réelles qui font acçompagnées de l’exhibition & préfentation effec- tive des deniers ou autres chofes que l’on offre, foit que ces offres réelles foient faites par un huifüer , ou qu’elles foient faites fur le barreau. | En matiere de retrait lignager 1l faut faire des of- fres réelles à chaque journée de la canfe, Voyez RE- TRAIT. OFFRIR, v. a. ( Gram.) prélenter à quelqu'un une chofe qu’on feroit bien-aife qu'il acceptât ; fi cela n’eft pas, au-moins cela devroit toujours être ainfi. On dit offrir à Dieu nos peines ; offrir un com- bat, un fecours, un facrifice ; s'offrir à la vûe , &c. » OFFUSQUER , v. at. ( Gram.) cacher à la vüûe, Voilà une montagne qui offufque la vûe de votre château; les nues ont ofufqué le foleil. Il fignifie aufli bleffer les yeux ; la trop grande clarté du jour m'offufque. Il fe prend au moral, comme dans ces phrafes : la paflion ofzfque le jugement ; fes bonnes qualités font offufquées par une infinité de mauvai- fes. On dit au figuré, votre éclat l’offufque ; fa gloire fut un peu offufquée par cet événement. O G OGIVE, ox AUGIVE , f. f. (Coupe des pierres ) fignifñie les voutes gothiques en tiers point : ce mot vient de l'allemand ag, qui fignifie æil ; parceque les arcs des ceintres des voûtes gothiques font des anoles curvilignes 4 BC, (fig. 20. ) femblables à ceux des coins de l’œil, quoique dans une poñition différente. OGLASA , ( Géog. anc. ) ile de la Méditerranée, felon Pline , Liv. IIL, chap. vj. on croit par la fitua- ! tion qu'il lui donne , que c’eft Monte Chriflo. OGLIO L’, ( Géog.) riviere d'Italie en Lombar- die ; elle prend fa fource au Breflan dans fa partie la plus feptentrionale , aux confins des Grifons &c du Trentin. Elle fe perd dans le PÔ au couchant de Bor- goforte. Le nom latin de cette riviere eft Olus. OGNIUS , o4 OGMIUS , ( Hi/£. anc. Mytholog. ) furnom que lon donnoit chez les Gaulois à Hercule, fuivant quelques-uns , & à Mercure, fuivant d’au- tres. On repréfentoit ce dieu fous les traits d’un vieillard décrepit, chauve, ridé, & comme acca- blé de fatigue ; 11 étroit couvert de la peau d’un lion; dans fa main droite il portoit fa maflue , & dans la gauche fon arc & fon carquois. Il avoit la langue percée, & il en partoit des chaînes d’or par où il at- tiroït à lui une foule d’auditeurs qui étoient pris par les oreilles. Sous cet emblème, les Gaulois vou- oient repréfenter la force de l’éloquence, qui attire tous les cœurs. _ OGOESSE, rerme de Blafon, il fe dit des tour- teaux de fable, pour les diftinguer des autres qui fe nomment gulpes, quand ils font de pourpre; gufes, quand ils font de gueules; heurces, quand ils font d'azur ; formes ou volets, quand ils font de finople ; cependant als retiennent tous en général le nom de tourteaux: Voyez TOURTEAU , Blafon. ( D.J.) OGRE, {. m. ( Gram.) forte de monftre, de géant, d'homme fauvage, qu’on a imaginé &cintro- duit dans les contes où il-mange les petits enfans : l’ogre efticontemporain des fées: | O DE 429 OGYAS , fm. (Hiffiumrque. ) nom du précep- teur des fils du grand-feigneur. Quoique les fils des fultans foient élevés dans la mollefe, au milieu des plaifirs rire l’oifiveté du ferrail | on leur choifir pourtant des précepteurs qu’on appelle ogyas, qui font d'ordinaire ne ie dt es Rs pie cepteurs vivent dans la fuite avec éclat, & reçoi- vent du fultan , autrefois leur difciple, des honneurs & des diftinétions qu'il refufe au grand-vifir, au caï. macan, & aux cadilefquers. Un ambaffadeur de France, qui avoit réfidé fort long-tems à la Porte M. de Breves, remarque dans {es mémoires , que les Turcs ont fouvent à la bouche ces paroles qu'ils attribuent à Soliman : « Dien donne l’ame toute » brute, mais le précepteur la polit & la perfe- # étionne ». ( D. J. OGYGIE, ( Géog. anc. ) nom dé l’île de Calyp- fo, Pline, Zv. LIL. chap. x. parlant du promontoire Lacynium ; aujourd’hui capodelle , colonne , dit que devant la côte, eft entre autres îles, celle de Ca- lyplo, qu'Homere à nommé Ogygie : maïs ni cette » n1 les autres que Pline nomme, ne fubfiftent plus. | Ogygta eft aufi un nom donné à divers lieux & pays, comme à la Béotie , à l'Egypte , à la Lycie, & à Thebes. Paufanias dit que les premiers habi- tans du territoire de cette ville, avoient Ogyge pour roi : rien n'eft plus fameux dans l'antiquité, que le déluge d’Ogygès. 7e OGYRIS, ( Géog. anc. ) île de la mer des Indes = Pline, iv. VI. chap. xxviy. dit qu’elle eft en pleine mer , à 125 milles du continent. Commece n’eft point Pile d'Ormus , ni celle de Mazira , fur les cô- tes d'Arabie , nous ignorons quelle île ce peut être. (D.J.) O H OH ; srterjetlion augmentatiye : Oh, n’en doutez pas? Oh, oh, j'ai d’autres principes que ceux que vous me fuppofez, & je ne fuis pas un dans mes écrits, & un autre dans ma conduite, I! parloit fort bien de la guerre, Des cieux , du globe de la terre, Du droit civil, du droit canon : Et connoiffoit affez les chofes Par leurs effets & par leurs caufes ; Eroir-il honnête homme ? Oh, non. OHIO £°, ( Géog.) grande riviere de l’Amérique feptentrionale dans la nouvelle France : elle eft ainf nommée par les [roquois ; 8 ce nom, dit-on, mar- que fa beauté. Elle a fes fources à lorient du lac Érié, baigne les Tongoria , recoit dans fon fein une autre riviere nommée Ouabache ,ou de faine Jérome : & enfin accrue de nouveau par la riviere des Caf- quinambaux , elle fe berd dans le Mififipi , au pays nomme par les François la Lozifiane. Mais il faut confulter fur le cours de cette riviere la carte de l'Amérique feptentrionale, publiée à Londres en 1754, pat le D. Mitchel F. R.S. ( D. J.) OJ OI OJAK , ( if. mod. ) nom que les Turcs donnent aux régimens de leurs janiffaires ; ceux qui les com- mandent fe nomment o/ak agalari, OIBO , ( Géog. ile d'Afrique fur la côte de Zan- guebar, lune des îles de Quifimba : elle eft petite, maïs arrofée de belles & bonnes fontaines. ( D. J. OIE , f. f. anfer domeflicus, ( Hifi. nat. Ornithol. ) oïeau qui eft plus petit que le cygne, & plus gros que le canard : il a environ deux piés dix pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré- 430 OTE mité des piés, & à-peu-près deux piés huit pouces jufqu'au bout de la queue: le bec a deux pouces & demide longueur depuis la pointe jufqu’aux coins dela bouche , & environ treis pouces & demi juf- qu'aux yeux. La queue eft longue à-peu-près de dix pouces, & compolée: de dix-huit plumes , dont Jes.extérieures font les plus courtes ; les autres aug- mentent, de longueur fucceflivement jufqu’à celles du milieu qui font les plus longues de toutes. La cou- leur des oies varie comme dans tous les autres oi- feaux domeftiques ; elles fent ordinairement bru- nes , ou cendrées , oublanches; on en trouve auf dont. la couleur eft en partie brune, & en partie blanche. Le bec & les pattes {ont jaunes dans les jeunes oies ; & deviennent ordinairement rouges avec l’âge : il y a vingt-fept grandes plumes dans chaque aile. Quand on irrite cet oifeau , 1l fait en- tendre un fiflement femblable à celui d’un ferpent : Voie vit très-long-tems. Willughby‘rapporte que l’on avoit gardé chez le pere d’un de fes amis pendant quatre-vingt ans un o£e qui paroïfloit pouvoir vivre encore autant de tems , fi l’on n’avoit pas été obligé de la tuer, parce qu’elle faifoit une guerre conti- nuelle aux autres oies. Willughby , Ornith. Voyez Oiseau. (17) _ OIE SAUVAGE, anfer ferus, oïfeau qui refflemble à l'oe domeftique par la groffeur & par la forme du corps, & qui en differe un peu par la couleur. Il a toute la face fupérieure du corps brune , ou d’une couleur cendrée obfcure, excepté les plumes de la racine de la queue qui font blanches. Toute la face inférieure a une couleur blanchâtre; cette couleur eft de plus en plus blanche, à mefure qu’elle fe trouve plus près de la queue, & les plumes qui font ous la queue ont un très-beau blanc ; le bec a la ra- cine & la pointe noires; Le milieu eft de couleur de faffran. Raï, fyn0p. nieth, avium. Voyez OisEAU. (1) O:E DE BASSAN, voyez OIE D'ECOSSE. O1£ DE BRENTA, Brenta anas, torquenta Béllo- ni, oïfeau qui eftun peu plus gros &c plus alongé .que le canard : la tête, le cou, & la partie fupé- rieure de la poitrine font noires : il y a de chaque côté fur le milieu du cou, une tache ou une petite ligne blanche, en forme de collier ; le dos eft d’une ! couleur brune cendrée, comme dans l’ose domefti- | que ; cependant la partie poftérieure a une couleur plus noirâtre; les plumes qui recouvrent le deflus de la racine de la queue font blanches ; la poitrine a une couleur brune cendrée ; le bas - ventre eft blanc ; la queue & les grandes plumes des ailes font noires;. les petites ont une couleur brune cendrée ; les piés font noirâtres, Cet oïfeau a environun pié fx pouces .& demi de longueur depuis la pointe du bec juiqu’à l'extrémité dela queue: Willughby , Or- nith. Voyez OiSEAU. (I) OtE: DE CANADA , anfer canadenfis, oifeau qui refle mble beaucoup à l’oie domeftique; il a cepen- dant le corps un peu plus.alongé. Le-dos eft d’un brun cendré, comme.dans Poe domeftique | & le ,croupion. eft noir : les plumes qui recouvrent en- deffus la racine de la queuetfont blanches.; le cou eft prefque entierement noir, excepté la partie infé- rieure, qui a une couleur blanche, ily a derriere la tête , au-deffous des yeux , une large bande blanche qui entoure le cou prefque en entier ; le ventre eft blanc; la queue & les grandes plumes des aîles font noires ; les petites plumes & celles qui recouvrent! immédiatement les grandes, ont une couleur brune cendrée; celle des pattes eftnoire. Ray, fyr0p. meth. avium Voyez OISEAU,-( 1) . rt Oie D'EcOssE, O1E SOLAND , O1E DE BASsAN, anfer baffanus, oïeau qui eft.de la groffeur de l’oie domeftique; 1l a le bec long , droit dans toute fon étendue, à Pexcepnon de d'extrémité , qui eft un Q peu courbe ; ce bec a une couleur céndrée cbfcures la piece fupérieure a de chaque côté un petit ap- pendice fitué près de l’endroit où commence la cour- bure ; l'ouverture de la bouche eft grande; les nari- nes ne font pas apparentes au-dehors ; le dedans de la bouche a une couleur noire ; la langue eft petite, & les pieces du bec font dentelées. Cet oïfeaun eft entierement blanc, excepté les grandes plumes des ailes qui ont une couleur noirâtre : quand il eft vieux, le deflus de la tête a une teinte de roux ; 1l prend difficilement fon eflor lorfqu'il eft pofé fur la terre, parce que fes ailes font très-longues. Raï, Jÿnop. meth. avium. Voyez O1SEAU. (1) OtE D'ESPAGNE, anfer mifpanicus , an potins gui- neenfrs , Oeau qui a comme l’oie domeftique le dos d’une couleur brune mêlée de cendrée. Le ventre eff blanc, la gorge & la poitrine font brunes & ont une teinte de roux, [ly a fur la tête une bande d’un brun noirâtre qui s'étend jufqu’au dos en pafant fur le face fupérieure du cou. Le bec eft noir, &ilaà fa racine un tubercule proéminent , qui augmente avec l’âge ; & quieft toujours plus gros dans les mä- les que dans les femelles. La tête eft entourée d’une bande blanche en forme de collier placé entre les yeux & la racine du bec, Les plumes de la queue font de la même couleur que celles du dos & des ailes , & ont l'extrémité blanchâtre. Les piés font rouseâtres. [l y a des individus qui ont auf le bec de cette couleur. Lé doigt de derriere eft très-petir. Willughby » ornir. Voyez Oiseau. (1) OtE DE MAGELLAN , voyez PENGOUIN. OIE DE MARAIS, anfér paluffris nofter, Rau, Ot- feau qui eft le même que l’oie fauvage ; car la def- cription qu’en donne Ray, d’après Lifter, eft exac- tement conforme avec celle de l’oie fauvage, à l’ex- ception de la couleur des piés & du milieu du bec, qui eft d’un rouge tirant fur le pourpre dans l’ore de marais ; Ces mêmes parties font de couleur de fafran dans l’oie fauvage, Voyez OIE SAUVAGE, OISEAU, OIE DE MER, nom que l’on a donné au dauphin, parce que les machoires de ce poiflon cetacée ref- femblent au bec d’une oie. Voyez DAUPHIN. (1) O1E DE MER, voyez HARLE. O1E DE Moscovie , oifeau qui eft plus grand que ’oie domeftique, Il a environ trois piés fix pou- ces de longueur depuis la pointe du becjufqu’à l’ex- trémité de la queue , & cinq piés d'envergure. Le deffus de la tête & la partie fupérieure du cou font d’un brun obfcur , & les côtés de la tête & du cow d’un brun plus pâle. Le bec eft noir à la racine , & de couleur orangée dans le refte de fa longueur ; il y a furla piece fupérieureune forte de tubercule an de couleur orangée. Les plumes du dos font d’un: brun obfcur ; cette coulent eft moins foncée fur les. bords extérieurs de chaque plume. Toutes les au- tres parties du corps & les aîles font blanches, à l’exception de quelques plumes quirecouvrent le def fus de la racine de la queue. Les jambes & les piés font d’une couleur orangée. La femelle difere un peu du mâle ; elle a latête, le cou & la poitrine d’un brun clair, & le dos, les ailes & les cuifles d’un brun obfcur ; les bords extérieurs des plumes font d’un blanc fale. Le tubercule du bec eft moins gros que celui du mâle. Albin , Æ1/f, nat. des oiféaux, tome IT, Voyez Q1sEAU. (7) . OIE NONETTE, voyez TADORKNE. OIE SOLAND, voyez OIE D'ÉCOSSE. Oxes, ( Dies, & Mar. méd.) oie domeffique & oïe Jauvage ; ces deux oifeaux ont entr’eux le plusgrand rapport, quoiquele dernier paflegénéralement pour meilleur, On mange Poie jeune &t ayant acquis à peine la moitié de fon accroiffement ( à cet âge elle eft connue fous le nom d’oifon ) , ou bien dans l’état ? adulte, h OTE: adulte, c’eft-à-dire-après:avoir acquis tout-fon ac-, croiflement. | : La chair de loifon pañle pour avoir éminemment le défaut propre aux jeunes animaux, c’eft-à-dire , pour être gluante & comme glaireufe ; & en eflet, les perfonnes qui n’y font point accoutumées , la trouvent fans confiftance & d’un goût plat | & ils la digerent “mal:; elle leur donne le dévoiement : ainfi elie doit être rangée avec les alimens fufpeéts. & peu falutaires. On fert pourtant l’oifon fur-les bonnes tables dans le pays où on éleve beaucoup d’oies, On a coutume , & on fait bien de ne le man- ger que rôti, & avec des faufles:piquantes, ou ar- rofées de jus de citron, ce qui eftencore mieux. - Loieadulte; lorfqu’elle eft vieille, eftfeche ; dure & de mauvais goût : les auteurs de diete difent mé- me que lPufage de fa chaireft fujet à engendrer des fievres ; ce qui paroît outré : fi elle eft jeune &c graf- fe , fa chair eft faftidienfeê toujours d’un goût plat. En général où n’eft fervie que dans les feftins du peuple; celui de Paris en mange beaucoup. M. Bruhier obferve dans fon addition au sraité des ali- mens de Louis Lemeri , que: quoiqu’on confomme encore aujourd'hui beaucoup d’ofes à Paris | c’étoit toute autre chofe autrefois: que la rue nommée à pré- fentila ruetaux ours, fe nommoit la rue aux oies, ou aux marchands d’oies , qui en faifoient un débit pro- digieux, foit qu'ils les vendiffent crûesou rôties. On tes mange aujourd’hui foit rôties, foit en ragoût, & principalement en daube. Pour les rendre fous cette derniere forme moins malfaifantes, & plus agréables qu'il eft pofble , on doit les apprêter avec des affai- fonnemens piquans &c acides. Les cuifles d’oie qu’on prépare dans plufieurs pays én les falant à fec, les faifant cuire à demi dans de la graifle d’oie , & les en recouvrant enfuite, qu’on envoie en cet état dans tout Le royaume , pa- roiflent un peu corrigées par le fel, 8 ne font ni de- fagréables ni mal faines , étant mangées bouillies : elles font affez bien dans le potage, & fur-tout dansles potages aux choux verds, que les Béarnoïs appellent garbure, & qui eft à préfent auffi en ufage à Paris, fousle même nom ; fervies encore avec de la purée, 6. | La graifle d’oie eft très-fine, très-douce &c très- fondante. On s’en fert dans quelques pays au lieu de beurre: & les pharmacolosiftes n’ont pas manqué de lui accorder plufeurs vertus médicinales particulie- res ; mais elle ne poffede abfolument que les quali- tés diététiques & médicamenteufes communes aux graifles, Voyez GRAISSE, Diere, 6 Mat. med. * La fiente d’oxe eft aufli un remede , recommandé à la dofe d'environ demi-gros, comme fudorifique , diurétique , emmenagogue & fpécialement propre contre lajaunifle. La peau qui recouvre les pattes de l’ore, a été déclarée aftringente ; & fa langue féchée & pulvérifée , comme un fpécifique contre la re- tention d'urine. Ettmuler, qui eft un des pharma- colosiftes qui a propolé férieufement ce prétendu fpécifique , aflure encore que la langue du même ani- mal mangée fraiche, guérit l’incontinence d'urine. b c de FOIE D’, (Art culin, des anc. les Grecs & les Romains faifoient grand cas des foies d’oies blanches qu'ils engraifloient. Pline le dit lui-même ,44. X, c. 20, nofiri Japientiores qui eos yecoris bonitate novere. Fartilibus in magnum amplitudinem crefcit. Sumptum quoque laüte mulfo augetur. Nous avons encote un pañflage d’Horace pour le prouver; c’eft dans la Sa- tyre de Nafidiénus homme riche & avare, qui fe met en frais pour regaler Mécénas. Il lui donne dans un des plats le fore d’une oée blanche qu'ils ont nourrie de figues fraîches , pirguibus & ficis paflum jecur. Les Grecs appelloient ces foies cuxwra ; en latin, fcare, Tome XI, | ‘ OIG AGE. La maniere de préparer les foies d’oie étoit: la mê- me en Italie qu’én Grece. On lesfervoit rôtis ou frits : à la poêle ,.& enveloppés de la membrane appei-. lée o7nentum, que nous nommons la coëffe. C’eft fur cela qu’eft fondé le bon mot d’un aimable courtifan- ne, qu croyant, étant jà table, prendre un foie dans un plat ét ne trouvant fous l'enveloppe qu'un morceau de poumon , s’écria : 2 pi e 2» AFOA DE y METAL JA OAETAY TE DTUY Ale « Jefuis perdue |! cette mauditerobe m'a trompée & » me fait mourir». C’eft un vers d’une tragédie gre- que , quieft dit par Agamemnon, que Clytemnef- tre & Egyfte tuent après l'avoir embarraflé dans une robe fans ouverture. L'application en ef fortjolie, &t nous prouve bien que les courtifannes de ce tems-là favoient leurs poëtes par cœur : elles en- chaînoient les hommes les plus fages par trois pif- fans moyens, la beauté , l’efprit cultivé & les ta- lens. (2. J.) O1E D’AMÉRIQUE 07 TOUCAN, ( 4f. ) conftel- lation de l’hémifphere auftral, quieft du nombre de celles qu'on ne voit point dans ces climats. Woyez CONSTELLATION & CIRCUMPOLAIRES. (O0) OIGNON, fm. cepa, ( Hifi, na. Bot.) genre de plante à fleur liliacée compofée de fix pétales ; le piftil occupe le milieu de cette fleur, & devient dans la fuite un fruit arrondi & divifé en trois loges, qui renferme des femences arrondies. Ajoutez. aux caracteres de ce genre que les fleurs font réunies en un bouquet fphérique , & que les feuilles & les ti. ges font fifluleufes. Tournefort , If, rei herb. Voyez PLANTE. (7) Outre les treize efpeces d'oignons que compte Tournefort , 1l s’y trouve encore d’autres variétés en couleur, en groffeur , en forme, que produit l’art de la culture. L’efpece la plus commune dans nos jardins eft l'oignon blanc ou rouge : cepa vulgaris , floribus & tunicis candidis , vel purpurafcentibus. C. B.P. 71. I. R. H. 382. Sa racine eft bulbeufe , compofée de plufieurs tu- niques charnues intérieurement & membraneufes à l'extérieur ; elle eft tantôt rouge , tantôt blanche ; * quelquefois orbiculaire, quelquefois oblongue . d’au- trefois applatie , garnie à fa partie inférieure de f- bres blanches,remplies d’un fuc fubtil & très-âcre qui fait pleurer. Ses feuilles font longues d’un pié , fif- tuleufes , cylindriques , pointues, d’une faveur âcre, Sa tige eft unie, droite, haute de deux ou trois cou- dées , renflée vers le milieu , portant à fon fommet unetête de la groffeur du poing, compofée de fleurs- de-lis, dont chacune afix pétales , fix étamines & un piful : ce piftil fe change enfuite en un fruit arrondi, partagé en trois loges remplies de graines arrondies, anguleufes, noires. L’ogon differe de toutes les ra- cines bulbeufes , en ce que fa racine n’en donne point d’autres. On le cultive fans cefle dans les jardins pour la cuifine. L’oignon blanc d'Efpagne , ou oignon doux, cepa africana , maxima , bulbä lignariä, dulci, H. R. P.eft encore une efpece d’orgroz qu’on cultive dans les . Jardins ; il eft remarquable en ce que fes bulbes font extrèmement groffes & très-douces. L’oigron blanc eft apéritif, incifif & réfolutif. On l’applique exté- rieurement pour faire mürir les abfcès. L’échalote , cepa afcalonica, five fiffilis , I. R. H. 392, eft une efpece d’oignon. Sa racine eft un af- femblage de plufieurs bulbes uniesenfemble , un peu plus grofles qu'une aveline, & portée fur un pa- quet de racines fibreufes ; elle a une vive faveur d’oigron, cependant agréable. Elle poufle des feuil- les menues , fiffuleufes , cylindriques , lifles , qui ont le même goût. On feme l’échalote dans les po- tagers , pour aflaifonner les alimens, . T1 A2 OIG La boule , cepa fiffelis, 1: R: H.382 éffune qua- thème efpèce d'oignon, qui réflemble paf fon exté-. rieur à l’échalote , fice n'efl que toutes fes parties’ font plus grandes. Il'fort plufieurs bulbes grèles êz alongéés d’un feul paquet déracines chevelnes, com- me dans l’échalote, dont elles different par leñtacri- monie, On la cultive dans les'potagers. Elle a les me mes qualités que l’oigren blanc & léchalote. Son’ analyfe nous apprend qu'elle. contient un fel ammo- niacal & un elpritfubul. (D J.) . . OIGNON , ( Jardin: ÿ quoiqu'il y ait différentes éfpécés d'oignons dans les jardins dés curieux botanif- tes , les jardiniers n'en cultivent que deux Où trois elpéces ; favoir , l'oignon d'Efpagne , cepa vulgaris floribus & tunicis candidis vel purpurafcentibus , CB. & l'oignon de Strasbourg: Celui d'Efpagne à la ra- cine grofle &c douce; l'oignon de Strasbourg éft plus amer , & fe garde plus long-tems : l’un & Pautre n’ont aucune différence ‘dans leur culture ; mais il faut obferver que leurs variétés ne font pas dura- bles : car fi vous femez des graines de l'oignon d'Ef- pagne , vous aurez un mélange d'oigron roupe par- mu. L'oipnon de Strasbourg ne confervé pas mieux {a nature ; car il s’applatitinfenfiblement, La même chofe arrive aux oigzons de Portugal.dans nos cli- mats ; au boût d’un où deux ans ils dépénerent au point , qu'on ne reconnoît plus leur origine. ” L'oignon quel qu'il foït vient de graine , & veut une terré neuve. Cette graine fe jette à plein champ ün peu à claire voie ; puis on la couvre de terre avec le rateau. On Ôte avec foin toutes les mauvai- fes herbes; on éclaircit aufli les oipnons, afin que ceux qui reftent viennent plus beaux, & lorfqu'ils ont acquis une belle groffeur , on en foule les mon- tans ; quand leurs tiges font fanées , on tire l'or gnon de terre en coupant l’extrémité de la tige ; on les fait fécher dansun terrein bien fec, obfervant de les tourner chaque jour , pour les empêcher de pouf- fer de nouvelles racines ,; ce qu’ils ne manquéroient pas de faire fur-tout dans un tems humide ; on finit par Ôter toute la terre quiles entoure, & on met éntemble dans un gremiér de la maifon tous ceux qui font bien fains , fans Les trop preffer les uns con- tre les autres. Plus on les garantit de Pair , &c plus on les conferve. | Il eft inutile d’entrer dans de plus grands détails fur une plante fi commune; cependant elle a mérité Pattention de Miller ; & fes préceptes font bien fu- périeurs à ceux de noë auteurs qui fe font attachés à indiquer la culture de cette plante potagere, (D. J.) O1GNoN, ( Chim. Dier. & Mar, médic. ) l'oignon rouge & l'oignon blanc ; le principe vif & trés-vola- til qui nage dans le fuc aqueux de l'oignon , &t qui fe répand au loin dès qu’on vient à le couper ou le pi- quer , & cela fans le fecours du moindre feu artif- ciel ; la nature de ce principe , dis-je, n’a pas encore été déterminée par les chimiftes. Il eft certain feu- lement que ce n’eft point de lalkali volatil", 8 que Boerhaave &c quelques chimiftes plus modernes fe font trompés en le croyant du même genre que l’al- kali fpontané des plantes cruciferes de Tournefort. Il eft manifefte encore que ce principe eft beauconp plus mobile que l’alkali volatil qui fe trouve dans ces dernieres plantes dans l’état le plus concentré. La racine ou le bulbe de l’orgzon porte par excel- lence le nom de toute la plante. C'eft dans cette partie que réfide prmcipalement le principe dont nous venons de parler : elle eft encore la feule qui foit employée comme aliment 8 comme remede. * L'oignor eft d'autant plus doux , c’eft:à-dire dé- pourvu de ce principe aëtif & volatil , qu’il croît dans des pays plus chauds. L'’oyron cultivé en Languedoc ou enProvénce differe fi fort à cet égard dela même efpece culnivée aux environs de Paris, que le pi- GEG 1] quantideices dernierseftmmobjetébiblfnient.nou, veau pour les habitans des preimieres provances, Un | payfanlanguedocien quia mangéfort communément _ dañs on pays un ourdenxgros o/gnons.cruds:, nefau-] roit manger fans répugnanceiou fans effoft unéfeule: feniledecenxdeParis:La même différence s'obfervel || dansfa même proportionentreles vigronsde Langue-: |! docérceuxd'Efpagnesde l'ile Minorqhe;re, On peut] || coupericés derniers ‘extrèmement pres du nez &c des: | veux fans qu'ils picotent ces organes; d’une:façon, incommode. d'art obfervé encore que lasqualité mal-! |! faifanté de l'osgnon crud:; dont nous allonsiparler, dans'un. inftant, étoitiauffr direétement proportions | nelleà Pabondancé &c à la vivacité, de ceprincipe;: en forte que l'oignon qui en eft:prefque abfoliment privé ; m’eft plus qu'urraliment plein d’une eau dou ce, d'un goût agréable, relevé par unpatfimeléger.; &c que les oignons d'Egypte étant .vraiflemblable ment dans ce degré extrème de perfeéhon,, il n’eft: | pas étonnant que-les huifs: qui abandonnerent cel pays; en aient tant regretté ceftelprécieufe. pro-, düétion. | GVAS | Cette mauvaile qualité de logo crud de notre pays, dont nous parlions tout-à-l'heure, eft de cau= fer l'afloupiflement & le vertige aux pérfonnes qui ne font pas accoutumées à cet aliment ; de ne fubir qu'une digeftion longue & pénible, 8 enfin de cau- fer dés vents & dés rapports fort dégoütans. Les payfans fur-tout dans les pays chauds , "ëc pendant les plus grandes chaleurs de lPéré,mangent beaucoup: d'oignons cruds , qu'ils aflaifonnent avec beaucoup plus de fel qu'aucun autre aliment que je connoifle. | : Cette nourriture convient aux organes de ces hom= mes robuftes, & aide à les fontenir dans leurs tra- vaux pénibles ; elle les défend utilement fur-tout contre le relâchement qu’opéreroit fur feur corps la chaleur du climat & de la faifon. Voyez Crimar, Médecine. Par les raifons du contraire, un pareil aliment eft inutile , & peut mème être, nuifñble aux tempéra- mens plus délicats , & fur-tout à ceux qui ont les nerfs fenfbles , & qui font facilement échauffés. * L'oigron cuit fous la cendre, foit à l’eau, foit dans les potages , ou avec le jus. des viandes, qui a été ablolument dépouillé dans cetre opération , de fon principe volatil, & dont le fuc a peut-être reçu d’ail= leurs une élaboration utile ; l'oignon cuit, dis-je, eft au contraire un aliment très-fain qui fe digere facile- ment , qui peut même, fi l’on veut, être regardé comme adouciflant , pettoral , éc. Quant aux ufages médicinaux de l’o/gzor, le fuc récent de l'oignon erudeft compté parmi les diuréti- ques les plus puiffans. L'infufon de l'oignon dans le vin blanc eff aufli recommandée pour la même ver- tu. Il eft fort fingulier que Chomel, qui vante ce remede , exige, comme une circonftance effentiel- le , qu'il foit pris les trois derniers jours de la lune , & que Geoffroi rapporte cette prétention fans la réfuter. La qualité anti-peflilentielle attribuée à l’oignoz par le peuple , & par quelques médecins, neft rien moins que démontrée: | “L’oignon crud eft encore vanté pour faire revenir les cheveux ; autre qualité peu éprouvée. On ap- plique aufli extérieurement l'oignon crud ëe pilé fur la tête, pour en calmer les douleurs opiniätres , fur les œdemes , qu'il guérit quelquefois en excitant les urines, & furle ventre dans l’afcite ëz la leucophleg- matié, qu'il diffipe par la même voie : ce font en- core-là des vertus célébrées dans les vres, & trop peu confirmées pat l'expérience. L'oisnon cuit & réduit en forme de catapiafme , eft un:très-bon émollient & réfolutif. Cette derniere propriété eft prouvée parune expérience joutnaliere. L’échalote & la ciboule font fort analogues à L’or- … gron. La premiere de ces racines left cependant en- core davantage à l’ail. Voyez A1L. Ce quenousayons dit de l’oigron crud convient prefque abfolument à la derniere. (46) | OIGNON MARIN, ( Mar. médic. ) Voyez ScILLE. OIGNON MUSQUÉ , ( Boran.) genre de plante, connu des Botamuites fous le nom de »ufcari. Voyez MuscaRi, Botan. | OIGNON , cerme de Chirurgie vulgaire, eft une du- rêté qui vient au pié à la bafe du gros orteil: c’eft une efpece de cors, Lorfque fa racine eff fimplement dans la peau, il n’eft que cutané: quelquefois fes racines vont jufqu'aux ligamens & au périofte. Ces oïgnons {ont quelquefois fort douloureux , s’enflamment & fuppurent. J’ai vû un amas de fyno- vie fous l’enveloppe calleufe d’un oigz07 : le mala- ‘de a guéri par l’ufage de l’efprit de térébenthine in- troduit dans la plaie. Les oignons {ont en général plus incommodes que dangereux : on les diminue en les coupant, après avoir fait tremper le pié dans le bain riede ; il ne faut pas aller trop au vif de crainte d’accident; par une longue macération réitérée, on parvient à les détacher fans fe fervir d’infirument tranchant. Le meilleur topique eft le galbanum ou la gomme ammoniaque amolle dans le vinaigre & appliqués en forme d’emplâtre. Foyez ce que nous avons dit au ot COR. (F) OINDRE, v. a@. (Gram. ) enduire d’huile oude . quelque autre fubftance grafle & molle: on oz le papier ; le bois, les corps des animaux. Dans le fe- tichifme, la plus ancienne, la plus étendue, & la prèmiere de toutes les religions, à les confidérer felon leur hiftoire hypothétique & naturelle , ceux qui prenoient pour fétiche une pierre loigroient afin de la reconnoître : de - là vint dans la fuite la cou- tume d’osrdre tout ce qui porta fur la terre quel- que caraétere divin &r facré ; mais avant les prêtres, les rois, & long-tems avant, l’o/zs fut un morceau de bois pourri , une paille, un rofeau , un caillou fans prix, en un mot la plüpart des chofes précieu- fes ou viles ; fur lefquelles fe portoit l’imagina- tion des hommes , frappée d’admiration, de crainte, d’efpoir, ou de refpe&. On dit de Jefus - Chrif, qu'il fut l'os du Seigneur. Le Seigneur a dit, gar- dez-vous de toucher à mes os : ces oints font les rois , les prêtres , les prophetes. OINGTS , f. m. pl. ( Æif£, eccef.) hérétiques an- glois dans Le xvy. fiecle, qui difoient que le feul pé- ché qu’on pouvoit faire au monde, étoit dene pas embrafler leur doétrine. Genebrard, #2 Pio 5. OING , {. m.(Gramm. ) vieux oing, sraifle de porc qui fe tient aux reins : c’eft avec cette sraïfle rance qu'on frotte les eflieux des voitures, les rou- ‘leaux des prefles, &c, - . OINOMANCIE, f. f, (ff, anc, ) divination par le moyen du vin, foit qu’on en confidérât la couleur, oit qu'en le buvant on s’attachât à remarquer fcru- : puleufement toutes les circonftances qui arrivoient ‘pour en tirer des préfages. Virgile dans le quatrieme dire de PEnérde nous donne un exemple de a pre- miere efpece. Widit thuricremis cum dona imponeret aris , (Horrendum ditfu ) latius nigrefcere facros , Fnfaque in obfcœænum fe vertere vina cruorem. Et dans le Thyefte de Séneque on en trouve un dela feconde efpéce. | Admotus iplis Bacchus à labris fugir Circaque ditfus ore decepto efféuur. On dit que les Perfes étoient fort attachés à cette Tome XI, OIS 433 forte d’augute on de divination, dont le nom eft grec & formé docs, vi, & de uayrers , divination. OINOPHORE, ( Liriérat. ) oinophorum , les oino- phores étoient de grandes cruches dans lefquelles on puioit le Vin pour le mettre dans des bouteilles d’où on verfoit à boire dans des gobelets : c’étoit la cou- tume à table, quand on avoit vuidé ces cruches, de les renverfer, &c de mettre l’onverture contre terre. Lucilius dit aflez plaifamment à ce fujet: Vertitur oinophoris fandus , fententia nobis. & les cruches fe renverfent & notre raifon auffi. ». (Deus) OJO, (Hi, nat Boran. ) c’eft un grand buis du Japon ; il a fes feuilles ovales, terminées en pointe, ë un peu dentelées: fes fleurs font blanches, à qua- tre pétales ronds, garnies d’un calice, & de la grof- feur d’une graine de coriandre : fes baies font ron- des, couleur de pourpre foncé, renfermant deux, trois, ou quatre femences , qui font grofles & figu- rées comme celles du carvi. On diftingue une yüge, qui eft un petit buis, dont les feuiiles fe terminent en pointe par les deux extrémités, | OIRA , ( Géog. anc. ) ville capitale de la terre d’Otrante, fituée fur une montagne de l’ancien pays des Meffapiens , entre Tarente & Brindes. Elle a été colonie des Crétois ; c’eft pourquoi dans fes médail- les on voit le minotaure : on y lit toujours Fpina, où Ar!py, à la maniere ancienne que Cadmus ap=- porta de Phémicie, écrivant de droit À gauche : fon nom grec & latin eft riz, On trouve en 977, un André qualifié epifcopus Brunduffnus & Uriranus. L'an 1491 Grégoire XIV. donna un évêque parti- culier à Oira , & mit ce nouvel évêché fous là mé- tropole de T'arente, ( D. J.) OISE , (Géog.) riviere de France , elle a fa fource dans les Ardennes, aux confins du Hainaut & du Thiérache, & finit par tomber dans la Seine, entre Conflans, Sainte- Honorine &e Andrefy. Comme elle eff navigable à Chauny , elle facilite pour Paris le tranfport des blés & des foins de Picardie; fon nom latin eft Jfara, Œfia, où Efia. (D. J.) OISEAU , f. m. ( Æjf. ar. Ornit. ) animal cou- vert de plumes, qui a deux aïles, deux piés, un bec de fubflance de corne, &c. Les oifèaux n’ont point de vraies dents logées dans des alyéoles, comme les dents des quadrupedes, mais dans quelques efpe- ces, par exemple celle des plongeons, le bec eft dentelé comme une fcie. Le bec des oï/éaux leur fert, non-feulement pour prendre leur aliment : mais ils l’emploient aufi comme une arme ofen. five & défenfive; c’eft avec leur bec qu'ils conftrui- fent leur nid , qu'ils donnent à manger à leurs petits, & qu'ils arrangent leurs plumes: quelques-uns, tels que lès perroquets, les bec-croifés, &c. montent le long des arbres à l’aide de leur bec, Tous les oi- Jeaux , excepté ceux qui ne fortent que la nuit, ont la tête petite à proportion dela grofleur du corps, Les yeux des o1/èaux , comme ceux des poiffons , ont moins de convexité que ceux des quadrupedes : il y a fous les panpieres uné membrane, #erbrane ritlitorta ; qi fort du grand angle de l'œil, & qui recouvre l’œil'en tout ou en partie , au gré de lorféau, quoique les paupieres reftenr couvertes : cette membrane fe trouve auffi dans plufeuts quadrupedes ; elle fert à nettoyer la furface de l'œil. Les oreilles des oiféaux n’ont point de conques à l'extérieur, & dans la plüpart le conduit auditif eft fans aucun couvercle, mais il y en a un dans lés oifeaux de proie noéturnes, & dans quelques - uns des dinrnes. Les offéaux qui ont les pattes longues ont auffi le cou long, autrement ils ne pourroient - prendre Îéur aliment fur la terre; mais tous ceux dont le cou eft long n’ont pas les’ pattes longues. Tii 43 4 OS Quoique tous les oiféaux aïent des ailes, 1ly en a ui ne peuvent pas voler; tels {ont l’autruche, lVémeu, le pingouin : au-moins l’autruche étend fes ailes & les agite pout accélérer fa courie; mais celles de l’émeu font fi petites qu'il ne paroït pas qu'il puiffe s’en fervir. Les ailes des infeétes, des chauves-fouris, &c. different de celles des o7/eaux , principalement en ce qu’elles ne font pas couver- tes de plumes. Il y a des hirondelles qui ont les pattes fi courtes & fi foibles, & les aîles fi grandes que ces oïfeaux ont bien de la peine à prendre leur eflor lorfqu’ils fe trouvent pofés à plate terre. On eft bien convaincu à préfent que tous les o7/éaux ont des pattes, même les oi/éaux de paradis; elles avoient été coupées à tous ceux que l’on a appor- tés dans ce pays-ci deftitués de ces parties. La plûpart des ofeaux ont à chaque pié quatre doigts, trois en avant & un en arriere : 1l y en à quelques- uns qui n'ont que trois doigts , tous trois en avant, tels font l’'émeu , l’outarde, la pie de mer, le plu- vier verd, le pingouin, rc. | Il n’y a que l’autruche qui n’ait que deux doigts à chaque pié : aucun des oifeaux connus n’a plus de quatre doigts, à-moins que l’on ne prenne l’éperon du coq pour,un doigt. Dans la plüpart des orféaux qui en ont quatre, deux font dirigés en avant & les deux autres en arriere, comme dans le coucou, les perroquets , les pies. Dans quelques-uns des oiféaux qui ont quatre doigts, il y en a deux de dirigés en avant , un feul en arriere, le quatrième peut s’écarter & fe porter en dehors, au point de former un angle prefque droit avec le doigt du mi- lieu, on en voit un exemple dans le balbuzard. Les oifeaux qui n’ont point de doigt en arriere ne fe trouvent jamais fur les arbres. Il y a dans le croupion des oÿféaux deux glandes où fe fait la fecrétion d’une humeur onëtueule qui remplit la cavité de ces glandes , & qui en fort par un tuyau excrétoire , lorfque l’oi/eau approche fon bec des glandes ou des plumes qui les couvrent. Le bec étant chargé de la liqueur des glandes, il la porte fur les plumes dont les barbes font déran- gées & ont befoin de cette onétion pour s’affermir les unes contre les autres. Les jambes & les piés font dénués de plumes dans la piüpart des ojféaux , quelques-uns n’en ont point fur la tête, tels font le coq d'Inde, la grue, l’émeu ; mais il n'y a que l’autruche qui wait pas le corps entier couvert de plumes. Les oifeaux qui ont la queue courte &r les pattes lon- gues, étendent les piés en arriere, lorfqu'ils volent, pour fuppléer au défaut de la queue, & pour les em- ployer comme uneforte de gouvernail quidirige leur mouvement.Lorfque la queueeft grande,ou an-moins de médiocre grandeur, l'oifcau approche fes piés de on corps en volant ou les laifle pendans. La queue ne fert pas feulement aux oiftaux pour modifier leur mouvement , elle fent auffi comme les aîles à foute- nir en l'air la partie poflérieure du corps. Ceux qui n’ont point de queue, par exemple les colymbes, volent difficilement, & ont.le corps prefque droit en l'air, parce que la partie poftérieute n’eft pas foutenue comme dans les oifeaux qui font pourvûs d'une queue. Les grandes plumes de la queue font toujours en nombre pair. Les oifeaux muent tous les ans, c’éft-à-dire que leurs plumes tombent & qu’il en revient de nouvelles. Les mufcles peétoraux {ont très-prands & très-forts dans les oi/caux , parce qu'ils : {ervent à une fonétionttrès-pénible, qui .eft de mou- voir les, ailes. Les oiféaux ont le corps plus court, plus:large, & plus épais que les animaux quadrupedes ,. & la tête plus petite à proportion de la grandeur ducorps. | L'oifeau-mouche eft le plus petit des oz/eaux connus, ! O1S 8e le condor le plus grand Poyez Orstau-Mouces, CoNpor. LE Il y a de grandes variétés dans les individus de même efpece d’os/eau domeftique ; pour les cou leurs du plumage, le goût de la chair, la grandeur du corps, & peut être aufh la figure; ces différen- ces viennent de la température des climats , de la diverfité des alimens , &c. La plüpart des off£aux fauvages de même efpece fe reffemblent les uns aux autres par les couleurs & par la grandeur; il s’en trouve néanmoins quelques-uns qui different par les couleurs. Il'‘y à des oiféaux qui font toujours attroupés plu- fieurs enfemble, foit qu'ils volent, foit qu'ils reftent en repos, tels font les pigeons ; d’autres vont deux- à-deux , le mâle & la femelle, dans la faifon de leurs amours & de la ponte, & ils reftent avec leurs pe- tits, jufqu’à ce que ces petits foient devenus aflez grands pour fe pañler des foins du pere & de la mére. Les perdrix s’apparient, ie mâle avec la fe- melle, & s’aident mutuellement pour élever leurs petits. Le pigeon mâle couve les œufs , travaille à la conftrution du nid, & nourrit les petits comme la femelle. La piñpart des oiféaux cachent leur tête fous leur aile pendant leur fommeil; la plhpart auffi ne fe tiennent que fur un pié pendant qu’ils dorment, ils approchent l’autre de leur corps pour le réchauf- fer. Les oïfeaux de même efpece conftruifent leur nid avec la même matiere & de la rmême façon, quel- que part qu'ils fe trouvent. Prefque toutes les feme- les des oijeaux reftent nuit &c jour dans leur nid avec une conftance fingulhiere pour couver leurs œufs ; elles y maigriffent & s’y exténuent/faute de noutri- ture. Si elles quittent le nid pour en chercher , elles y reviennent avec une prompttude extrème. Les oies & les canards couvrent leurs œufs de paille, lor{qu’ils les quittent, quoique ce ne foit que pour très-peu de tems. Les offéaux les plus timides & les plus foibles montrent du courage & de la force lorf- qu'il s’agit de fauver leurs œufs, même des œufs ftériles , ou des œufs qui ne viennent pas d'eux, & ce qui eft encore plus étrange, des œufs fimulés, des œufs de pierre on autre matiere. L’ardeur que les poules ont pour couver eft très-grande; lorfque ce feu les anime on les entend gloufler , on les voit s’agiter, abaiffer leurs ailes, hériffer leurs plumes, & chercher par-tout des œurs qu’elles puffent cou ver, &c, Tous les oiféaux ont la voix plus forte & la font entendre plus fouvent dans le tems de leurs amours. Les oifeaux prennent leur accroiflement plus promptement que les quadrupedes; les petits oz- eaux nourris par le pere & la mere deviennent en un mois ou fix femaines affez forts pour faire ufage de leurs aîles, en fix mois ils prennent tout leur accroiflement. Beaucoup d’os/eaux apprennent à prononcerquel- ques mots : à cet égard ils font au-deffus des ani- maux quadrupedes, | Les oiféaux vivent très long-tems, fi l’on ajoute foi à tout ce qui a été rapporté & attefté à ce {ujet. On a dit qu’un cygne avoit vécu trois.cens ans ; qu'- une oie avoït été tuée à l’âge de quatre-vingt ans, lorfqu'elle étoit encore affez fainé & aflez robuite pour faire croire qu’elle auroit vécu plus lono-tems ; qu'un onocrotale à auf été nourri jufqu'à l'âge de quatre - vingt ans. Les faits que l’on a'avancés fur la durée exceflive de la vie de Paigle &t du corbeau font incroyables, mais ils prouvent au - moins que ces oifeaux vivent très-long-tems. . " Aldrovande rapporte qu’un pigeon avoit vécu pendant vingt-déux ans, & qu'il avoit engendré e] EE OTS pendant iout ce tems, excepté les fix dernieres an- nées de fa vie. Les linottes vivent jufqu’à quatorze ans & plus, & les chardonnerets jufqu’a vinet- trois. Willughby , Orzik, Ily a des oz/eaux qui ne fe trouvent que dans les pays froids, & d’autres feulement dans les pays chauds, ou dans les climats tempérés. Les o/eaux , tels queles hirondelles, les cailles, les cigognes , les grues , les srives, les bécafles, les rofienols, &c, 9 ? +) ? que l’on appelle oiféaux de paflage , paflent en effet d’un pays dans un autre , où latempérature de l'air &t la qualité des alimens les attirent en certains tems. On prétend qu'ilstraverfent les mers, & qu'ils en- treprennent de très-longs voyages. Onne fait pas en quels lieux les oifeaux de pañlage fe retirent quand ils nous quittent. Willughby croit aueles hirondelles pafent en Egypte & én Ethiopie. Olaus Magnus dit qu’eiles fe cachent dans des trous où fous l’eau ; ce qui eft auffi confirmé par Etmuller qui affure avoir vü un groupe gros comme un boif- feau , qui étoit compolé d’'hirondelles accrochées les unes aux autres par la tête & par les piés, & qui avoit été tiré d’un étang gelé, differt. IT, chap. x. Olaüs ajoute que c’eft une chofe ordinaire dans les pays du nord, que lorfque des enfans portent par hafard ces pelotons d’hirondelles près d’un poële, dès qu’elles font dégelées , elles commencent à voler mais foiblement , & pour très-peu de tems. Le doc- teur Colas, homme très-curieux dans ce genre, a confirmé ce fait à la fociéré royale :1l dit, en parlant de la maniere de pêcher dans les pays feptentrio- naux, que les pêcheurs ayant fait des trous &r jetté leurs filets deflous la glace , 1l vit feize hirondelles qu’on tira de la forte du lac de Samerorh, & envi- ron une trentaine du grand étang royal en Rofinei- len; 8 qu’à Schledeiten, près la maifon du comte de Dona, il vit deux hirondelles au moment qu’el- les fortoient de l’eau , qui pouvoient à-peine fe fou- temir , qui étoient humides & foibles, & quiavoient les ailes pendantes : 1l ajoute qu'il a toûjours obfervé que les hirondelles font foibles pendant quelques jours, après qu’elles ont commencé à paroïtre. Chambers, dif. M. Klein, le P. du Tertre, le P. Kircher, M. Bruhier, M. Ellis, 6c. penfent aufü que les hirondelles peuvent paifer l'hiver, les unes {ous l’eau, &les autres dans les fouterreins : mais M. Frifch eft d’autant plus oppofé à cette opinion, qu'il a fait l'expérience fuvante ; il a attaché au pié de quelques hirondelles , un peu avant leur départ, un flrouge teint en détrempe, ces hirondeiles font revenues l’année fuivante avec leur fl qui n’étoit pas décoloré; ce qui prouve qu’elles n’avoient paflé l'hiver ni fous l’eau, ni dans des lieux humides. D'ailleurs, comment les hirondelles pourroient elles refpirer fous l’eau ou vivre fans refpiration ? & pour- quoi ne feroient-elles pas réellement des ot/taux de paffage comme tant d’autres , que l’on ne foupçonne pas de pañler l’hiver fous l’eau ou dans des trous ? Au mois de Septembre & d’Otobre, on voit pañler les grues du nord au midi par troupes de cin- quante , de foixante &z de cent; la nuit elles s’abat- tent fur la terre pour prendre de la nourriture. Les oies fauvages arrivent dans ces pays-ci après les grues, & y pañlent l'hiver. Avant cette fatfon, les cigognes pailent de l'Allemagne dans des lieux plus chauds , éc. Suite de la matiere médicale de M. Geof- frôi , som. XIII. Willughby, dans fa diftribution méthodique des roiféaux , les divife en oifeaux terreftres qui appro- chent rarement des eaux, & qui reftent ordinaire- ment dans des lieux fecs; & en oifeaux aquatiques qui fe tiennent dans l’eau ou près de l’eau, & qui cherchent leur nourriture dans des eux aquatiques. _ Les oifeaux terreftres ont le bec & les ongles plus O IS 435 ou moins crochus. Parmi les o7féaux quiont le-bec & les ongles très-crochus , les uns {e nourriffent de chair, ils font nommés carzivores & oifeaux de proie ; les autres vivent de fruits & degraines, ‘on les nom- me frugivores , tels font les perroquets. [! y à des carnivores qui ne fortent de lenrretraite que la nuit , on les appellé carnivores no&urnes ; les autres font diurnes , 1lsre volent qué dans le jour. Les carmivores diurnes font diftribués en deux claffes, les grands & les petits. Parmi les grands car- nivores diurnes , les uns font courageux & les au- tres {ont lâches. Les premiers ont le bec courbe: & crochu depuis la racine jufqu’à la pointe; ils font compris dans le genre des aigles, & les autres dans celui des vautours , ils n’ont le bec crochu qu'à la pointe. On diftingue les petits carnivores diurnespar les mêmes carateres de courage & de lâcheté; on dreffe pour la chaffe du vol ceux qui font coura- geux : les uns ont de longues aîles qui étant pliées s'étendent aufñ loin que laqueue ; les ailes des autres font plus courtes. Les oiféaux qui ont le bec & les ongles droits ou .prefque droits, font divifés en deux -claffes, dont l’une comprend les grands & l’autre les petits. Tout oufeau qui eft de la grandeur d’une grive eftregardé comme grand fuivant cette méthode ; Mais comme iln'ya point de méthode en ce genre:qui n’admette des exceptions, il fe trouve des oiféaux plus petits que des grives dans la clafle des grands ; par exem- ple ; de petits pics qui ne peuvent pas être féparés de grands pics, parce qu'ils ont lesmêmes cara@eres génériques, De ces grands oi/&aux dont le bec &c les ongles font peu crochus & prefque droits , les uns ont le bec gros , alongé, droit & fortsle bec des autres eft petit & court : parmi les premiers, il yen a qui fe nourriflent de la chair des quadrupedes , ‘de la fubftance des infeétes & de celle des fruits , d'autres mangent des infeétes &z des fruits, d’autres enfin ne vivent que d'infeétes. Les oiféaux à petit bec ont la chair blanche ou noire; le genre desgallinacés comprend ceux qui ont la chair blanche: parmi ceux . dont la chair eff noire, les uns, tels que les pigeons, font grands, &tne pondent que deux, œufs à chaque ponte; les autres font pets, & pondent plus de deux œufs, telles font lesprives. Les petits oz/eaux qui ont le bec & les ongles peu crochus & prefque droits, font diftribués en. deux genres diftingués par la grofleur du bec qui eft plus où moins épais : chacun de ces genres comprend piufieurs efpeces. Parmi les oiftaux aquatiques, les uns.reftent près des eaux & cherchent leur nourriture dans les lieux aquatiques fans nager ; les autres nagent. Les pre- miers ont les doigts féparés les uns des autres: ces otfeaux font divilés en deux genres dont l’un com- prendles grands, par exemple, lasgrue, & l’autre les petits. Ceux-ci font fous-divilés en ‘deux autres genres : ceux du premier de cesgenres fenourriffent de poiffon , tels font le héron, la palette, la cigo- gne, l'ibis, &c. ceux du fecond genre cherchent leur nourriture dans le limon &c mangent des infeétes; ils ont le bec court , ou long, où de médiocre lon= gueur. Le bec du vaneau, du pluvier, &c; eft court; l’himantope , la pie de mer , 6e. ont le bec de médiocre longueur ; celui du courlis eft longs, eft courbe ; celui de la becañle eft long &droit.: Les oï/eaux qui nagent ont les doigts féparés les uss des autres , ou leurs doigts tiennent les uns aux autres par une membrane ; les doigts féparés font bordés d’une petite membrane on n'ont'aucune bor- dure: les oifèaux dont les doigts tiennent lesunsaux autres par une membrane, font appellés pa/mipedes, Queiqües-suns des palmipedes, tels quetlé flam- mant , lavocete, &c. ont les pattes longues. Elles 436 OS font couttes dans les autres : ceux-ci ont quatre doigts ou trois comme le pingouin, Lorfqu’il y a qua- tre doigts à chaque pié, le doigt de derriere n’eft pas engagé dans la membrane du pié, ou il tient à cette membrane de même que les autres doigts, comme on le voit dans l’onocrotale, l’oie d’Ecofle , le corbeau aquatique , É:c. Les palmipedesdont la membrane du pié ne s’étend pas jufqu’au doigt de derriere, ont le bec étroit on large ; les becs étroits font crochus à l'extrémité ou pointus, & prefque droits; les becs crochus font dentelés ou liffés : lorfque le bec eft pointu & pref- que droit, les aïles font longues, &, étant phiées, elles s'étendent auffi loin que la queue, ou elles font courtes , & ne s'étendent pas aufli loin que la queue lorfqu’elles font pliées. Les colymbes ont les ailes couftes, mais ils ne font pas tous palmipedes. Les palmipedes à jambes courtes qui ont à chaque pié quatre doigts, dont le poftérieur n’eft engagé . dans la membrane , & qui ont le bec large, compo- fent deux genres, celui desoies & celui des canards ; parmi ceux-ci, Lesunscherchentleurnourriture dans les eaux falées , & les autres dans les eaux douces. Willughby , Orrirh. M. Klein, dans fa méthode des oifeaux, les a diftribués en huit familles , dont la premiere ne com- prend que l’autruche , parce que c’eft le feul oz/eau qui n'ait que deux doigts à chaque pié. La feconde famille eft compofée des ozféaux qui ont trois doigts ; tels font l’autruche d'Amérique , le cafoard , l’outarde, les vaneaux, les pluviers, la pie de mer, &c. M. Klein a réuni dans la troifieme famille les oi- eaux qui ont quatre doigts , dont deux font dirigés en-avant &£ les deux autres en-arriere ; comme les perroquets , les pics, les coucous, &c. La quatrieme famille raflembleles oi/éaux quiont quatre doigts, dont trois en:avant & le quatrieme en-arriere. Ce font les aigles , les vautours, les fau- cons, les laniers, les oz/eaux de nuit , les corbeaux, les corneilles , les pies, les offéaux de paradis, les étourneaux , les grives, les merles, les alouetres, les roffignols, les fauvettes, les becfigues, les roi- telets , les gorges-ronges, les hirondelles , les mé- fanges, les moineaux, les fereins, les ortolans, les linottes , les gros becs , les pinfons , les chardonne- rets, les bécafles , les bécaflines, les chevaliers, les râles, les cohibris , les grimpereaux, les cour- lis , les guêpiers , les hupes,, les coqs & les poules, le paon, les cogs d'Inde , les faifans, les perdrix , les cailles, les cogs de bruyeres , les pigeons, les tourterelles , les grues ; les hérons , les cigognes, les palettes, le flammant , &c, La cinquieme famille comprend les oz/éaux palmi- pedes qui ont à chaque pié quatre doigts, dont lepof- térieur n’eft pas engagé dans la membrane ; ces oi- Jeaux. font divifés en deux genres : ceux du premier -ont le bec plat ou large , tels font les oies & les ca- nards ; les ozféaux du fecond genre ont le bec en for- me de cône , ce font les mouettes , les plongeons , ÉEiu ri ne | La fixieme clafle réunit les o/eaux palmipedes qui ont à chaque pié quatre:doists., tenans tous les quatre à la membrane dupié; tels font l’onocrotale, Voie d’'Ecoffe ,| le cormoran, éc. Les palmipedes-qui n’ont que trois doigts, diri- gés tous les trois en-avant, font dans la feptieme clafe, 24 | Ceux: qui ont quatre doigts bordés d’une mem- brane ; fans en excepter dans la plüpart le doigt de derriere. fe trouvent dans la huitieme clafle; ce font les colymbes & les foulques. ee M. Barrere( Ormth. Jpecin. zov. ) diftribue Lec oj- _Jeaux en quatre clafles, dont la premiere comprend les palmipedes ; la feconde , les femipalmipedes , c’eft-à-dire, ceux dont les doigts ne font que bordés ar une membrane ; il raflemble dans la troifieme claffe les fiffipedes, & dans la quatrieme,, les femi- fifipedes, c’eft-à-dire, les oïféaux dont les doigts ne {ont pas féparés les uns des autres juiqu'à leur origine , mais au contraire tiennent les uns aux au- tres par une membrane courte, qui ne s'étend pas jufqu’à la moitié de la longueur de tous les doïsts. Les genres compris dans chaque claffe font défignés par les noms fuivans. Le canard , Poie, le plon- geon, la mouette, l’avocete, le pingouin , le bec- a-cifeaux & le flamant font dans ja prenuere clafle; la fouique & le lamprid , dans la feconde ; le bu- fard , le perroquet, le faucon, l'aigle, l’ulote, le hibou-cornu , le crapaud-volant , l’hirondelle, l’ou- tarde, le bruant, le grand-gofier , la bécafle, le pic, le pigeon, l’étourneau, Palouette, le geai, le bec- figue , la lavandiere , la pie , la hupe, le guêpier , le roitelet, la méfange, le toucan, le corbeau d’eau, le bec-croifé , la palette, le moineau , le chardon- neret, la grive, le coucou, la poule d’eau, le râle , la petteute, la demoifelle de Numidie, le cafoard , l’osfeau de paradis & l’autruche , fe trouvent dans la troifieme claffe ; le héron , la bécaffe de mer , le martin-pêcheur, le lons-bec , le crabier, le vaneau, le pluvier, la frégate, le courlieu , le chevalier, le coq d'Inde , le paon, le coq, la caille, la perdrix &c le cogindien, font dans la quatrieme clafle. M. Barrere a défigné les caraéteres des clafles de fa méthode qui viennent de la conformation des piés des oiféaux , & les caracteres des genres qui font ti- rés de la conformation du bec, par les dénomina- - tions fuivantes. Pié dont les doisis tiennent les uns aux autres par une membrane , palmipes ; fig. 19.PL. des oif. kiff. nat. pié dont les doigts ne {ont que bordes par une membrane, femipalmipes ; fig, 20. pié dont les doigts font féparés les uns des autres, #ffipes ; fig. 21. pié dontiles doigts ne font pas entierement féparés les uns des autres , fémififfipes ; fig. 22. bec en toit, rof- trum umbricatum; fig. 23. en hameçon, hamatum ; fig. 24. en faux, falcatum ; fig. 25. partie en faux, partie en hameçon , hamato falcatum ; fig. 26. bec courbe, areuatum ; fig. 27. bec en fautoir, decuffa- tum ; fig. 28, bec en forme d’alêne , fubularum ; fig 29. bec en forme de couteau , cultratum ; fig. 304 en’ forme de couteau & vouté, cultrato-pibberum > fig. 31. en forme de fpatule, /parhularum ; fig. 32. conique, conicum ; fig. 3 3,comique &t COUTDÉ, cori= Co-incurvum ; fS. 34. Il y a mille chofes à confidérer furla firuéture du corps des oifeaux ; leur tête eft faite pour fe frayer un chemin au travers de l'air. Au lieu de levres, les oifeaux font garnis d’un bec aigu fait de corne, cro- chu dans ceux qui vivent de proie, droit dans ceux qui amaffent leur nourriture , & toujours diverfifié, {elon leurs claffes. De plus, il eft fait pour percer l'air, fuppléer aw défaut de dents, & peut en quelque mamere leur tenir lieu de main. Sa figure crochue fert aux oi Jeaux de proie pour faifir 8 dépecer leur capture. Cette figure n’eft pas moins propre à d’autres oë- eaux pour grimper, & brifer ce qu'ils mangent. Les perroquets , par exemple , grimpent fur tout ce à quoi ils peuvent atteindre avec leur bec: la mâ- choire inférieure s’ajufte exaËtement avec cette fi- gure crochue de la fupérieure , & par-là ils peuvent brifer leurs alimens en très-petits morceaux. D'autres ofeaux ont le bec extraordinairement long &e grêle, ce qui leur eft d’un grand fecours pour chercher leur nourriture dans les lieux marécageuxs c’eft ce qu’on voit dans les bécafles , les bécaflines, &c. qui au rapport de Willughby , vivent auff d'une humeur onétueufe qu’elles fucentde la terre.Le TS coflieu & plufieurs oiféaux de mer-ont un: bec fort long , qui leur procure le moyen de chercher les vers © autres iniectes dans les fables des Dunes, Maquis fréquentent. 0; | _ Les cannes, les oies & plufieurs autres oiféaux,, mont le bec fi long & fi larbe , qu’afin de pouvoir boire à grands ttaits, & prendre leur nourritüredans Veau & dans lé limon. Le bec court & gros avec desbords aigus , n’eft pas moinisnéceflaire à d’autres oifeaux pour peler les grains qu'ils avalent: Le bec eft fort & aigu dans les oiféaux qui percent le bois . & les écorces, comme dans le pic-Vert & tous les grimpereaux ; il eft menu & délicat dans ceux qui vivent d’infeétes ; il eft en forme de croix dans ceux qui ouvrent les fruits ; il fe croife dans l’oiféau nom- mé loxia, lequel ouvre avec beaucoup de facilité les pommes ordinaires, celles des fapins, 8e les au- tres fruits-pour en tirer les pepins.- La’ pie de mer a le bec long, étroit, aigu, applati par les côtés, & difpotés à tous égards ; pour enlever de deflus les rochers les coquillages qu’on nomme pareles. Les autres formes de bec d’oj/eau , toutes ajuftées à la maniere de vivre de chaque genre , font repréfen- fées dans les planches de cet ouvrage. _ Mais ce qu'il y a de plus digne d’être obfervé dans les oïfeaux à bec plat & large, & qui cherchent leur nourriture en tatonnant où en fowillant dans la terre ; ce font trois paires de nerfs qui aboutifient au bout de leur bec ; c’eft par ces nerfs qu'ils diflin- guent avec tant de fagacité & d’exaétitude , ce qui Et propre à leur fervir de nourriture, d'avec ce qu'ils doivent rejetter ; ce qu’ils font nniquement par le goût , fans qu'ils voient les aliens. Ces nerfs parouffent avec le plus d'évidence dans le bec & dans la tête duscanard, qui les a plus gros que l’oie, Ou qu'aucun autre 0/éau. M. Clayton n’a rencontré aucun de ces nerfs dans les oiféaux qui ont le bec rond: mais depuis , faifant plufeurs difleétions à la campagne , il vit dans une grôle deux de ces nerfs ; qui defcendoient entre les | deux yeuxyJuiqu’à la partie fupérieure du bec ; ïls Étoient pourtant beaucoup plus menus qu'aucune des trois paires de nerfs qui {ont dans le bec du ca- nard , quoiqu'à la vérité plus gros que les nerfs d'aucun autre oÿfeau à bec rond ; & ce qu'il y à de remarquable , c’eft que les grôles paroïffent cher- | cher leur nourriture en remuant la boufe de vache , & en fowiilant plus qu'aucun autre oiféan à bec rond , &c, tranf. philofoph. n°, 206, chez d’autres otfeaux à bec large , le doëteur Moulen n’a remar- que que deux paires de nerfs , qui pafloient au tra- vers de l'os dans la membrane qui couvre le dedans | du bec. Le cerveau des oifeaux a quelques parties diffé. rentes de celui des quadrupedes : on peut voir dans Willis ces différences & leur conformité ; en géné- ral, 11 paroit moins adapté à l'imagination & à la mémoire, que ne left le cerveau de l’homme, L'oreille des oifcaux n’a qu’un feul offelet & un cartilage qui fait une jointuremobile avec l’offeler, lequel d'ailleurs eft très-dur 8 très-menu, appuié fur une bafe plus large & ronde. M. Derham a fait quelques obfervations nouvelles fur la membrane du tambour des oiféaux, la petite colonne 8e ce qu’il appelle la chambre de Pouie, Voyez ja Théologie phy fque. La flrnêture de la langue des oiféaux mérite auffi noire attention, par fes varietés, la forme, la lon- gueur, les attaches & les mufcles. On indiquera au mot pic vers pour exemple , la ftru@ture particu- here de la längue de cet or/eau. Le géfier des oifeaux eft très robufte, & a une faculté de trituration bien étonnante. Nous en fe- rons un article particulier, ainfi que de leur ven- vtricule, OIS 437 La fruêture & la fituation du poumon , ia difpo- fition de la poitrine & de fes os rangés en forme de quille, afin de procurer un pañlage commode au travers de Pair, font des parties fort remarquables dans les oifeaux. VAT on Il en faut dire de même des mufcles puilfans qui meuvent leurs aîles pour contre-balancer , & pout fupporter le corps dans le tems que l’otfeau eft ju- ché. ir | | Leurs poumons font attachés au thorax & n’ont que peude jeu ; au heu. qu'ils jouent librement dans d’autres animaux. Cette ftrudture fert à fournir aux oifeaux leur vol conftant, Ils n’ont point de dia- phragmes., mais à fa place ils ont plufieurs, vefles, compofées de membranes fines & tranfparentes , qui s'ouvrent les unes dans les autres. Vers la par- tie fupérieure, chaque lobe des poumons eff percé en deux endroits , par lefquels Pair pafle dans les veflies dont nous venons de parler ; de forte qu’en foufflant dans la trachée-artere , on fait lever tant foit peu les poumons ; & tout le ventre eft gonflé par l’air : c’eft par ce moyen fans doute, que les oifeaux tendent leur corps plus ou moins léger dans leur vol, laiffant entrer plus ou moins d’air, à me- fure qu'ils veulent monter ou defcendre, de [a mê- me maniere que les poiflons ont une vefñlie remplie d'air dans le corps, afin de nager plus léverement, & s’enfoncer plus ou moins dans l’eau. Æifloire de l'Aiad, dés Sciences, année 16 93. | Les mufcles de la poitrine des oifeaux , font les plus forts de tous pour fervir au mouvement des ai- les, qui fequierent cette force dans les vols prompts & de longue haleine : dans l’homme , ce font les mufcles de la jambe ; de forte que s'il vouloit vo- ler, ce feroit plutôt par l’aétion de fes jambes , que par celle des bras qu'il y parviendroit. Tranfaét. philof, n°. 120. Le col des o7/taux eft exatement proportionné à la longeur des jambes, & quelquefois plus long pour pouvoir chercher la nourriture dans les eaux ; comme ; par exemple, dans les cygnes, auxquels lé long col fert à pouvoir atteindre jufqu’au fond de la vafe des rivieres. Le col fert encore à con- tre-balancer le corps dans le vol , comme il paroiït par l'exemple des oies ê des canards. Lorfqu’ils vo- lent , ils étendent la têre & le col, formant de cette maniere une équilibre exaëte du corps qui pefe éga- lernent des deux côtés fur les ailes; cependant com- mé le corps de ces oifeaux eft auffi fait pour nager, leurs ailes font attachées hors du centre de gravité, & plus près de la tête. Dans le héron, la tête & le long coi quoique repliés fur le corps , lorfque l’oz- fau vole , émportent l'équilibre fur la partie de der- riere du corps ; mais pour rétablir cet équilibre, & pour fuppiéer à la brieveté de fa queue , il étend les jambes en arriere dans le tems du vol. Je pourrois encore décrire l'organe de la voix des oifeaux , ceux de leur trituration , de leur digeftion, delcurgénération, 6'c. mais il faut partager & por- ter ailleurs ces détails anatomiques, pour leur {up- pléer ici letableau charmant du peintre des /az/ons, que tout le monde s’empreflera de lire. Dieu des arts ; fais éclore au [èin de ma patrie Un poète femblable à cer heureux genie ! .. » Prens ma mufe ( c’eft lui qui parle) prens un » vol nouveau , l’harmonie des bois t'appelle, & » t'invite à fortir dans les plus rians atours de la » fimplicité & de la joie. Vous roffignols, prètez- » moivos chants , répandez dans mes vers l'ame touchante & variée de votre mélodie, | » Au tems où l'amour, cette ame univerfelle t’é- » veille peut-être, échauffe l'air, & foufile l’efprit de vie dans tous les reflorts de la nature, la trou- 2 D b 4 Y Le 438 OIS » pe ailée renaît à la joie, & fent l'aurore des de- » frs. Le plumage des o7/taux mieux fourni, fe peint » de vives couleurs ; 1ls recommencent leurs chants # long-tems oubliés , &c gazouillent d’abord foible- » ment; mais bien-tôt l’attion de la vie fe commu- » nique aux reflorts intérieurs; elle gagne, s'étend, # entraine un torrent de délices , dont l’expreffion F » fe déploie en concerts qui n’ont de bornes, que | » celles d’une joie qui n’en connoît point. » La meflagere du matin, l’alouette s’éleve en # chantant à-travers les ombres qui fuient devant » le crépufcule du jour ; elle appelle d’une voix » percçante 8 haute , les chantres des bois , &c les # éveille au fond de leur demeure. Les tallis, les # buiflons, chaque arbre irrésulier , chaque arbuf- » te enfin, rend à la fois fon tribut d'harmonie. » L’alouétte femble s’efforcer pour fe faire enten- » dre au-deflus de la troupe gazouillante. Philo- » mele écoute, & leur permet de s’égayer ; certai- _» ne de rendre les échos de la nuit préférables à » ceux du jour. » Le merle fifle dans la haie ; Le pinçon répond # dans le bofquet; les linotes ramagent fur le ge- » nêtfleur:, & mille autres fous les fewlles nou- » velles, mêlent & confondent leurs chants mélo- » dieux. Le geai, le corbeau, la corneille &c les autres voix difcordantes , & dures à entendre feu- les , foutiennent & élevent le concert , tandis que. le ton gémiflant de la colombe tâche de le » radoucif. , » Toute cette mufique eft la voix de Pamour ; # c’eft lui qui enfeigne le tendre art de plaire à tous » les oùfeaux du monde. L’efpece chantante efaie # tous les moyens que l’amour inventif peut diéter ; » chacun d’eux en courtifant fa maitrefle , verfe # fon ame toute entiere. D'abord dans une diftan- » ce refpettueufe , ils font la roue dans le circuit » de l’air , & tâchent par un million de tours d’at- » tirer l'œil rufé & moitié détourné de leur enchan- » terefle, volontairement diftraite. Si elle femble » s’adoncir & ne pas défapprouver leurs vœux, » leurs couleurs deviennent plus vives ; attirés par » l’efpérance , ils avancent d’un vol léger ; enfuite # comme frappés d’une atteinte invifble , ils fe re- » tirent en délordre ; ils fe rapprochent encore en »# tournant amoureufement , battent de l’aile , & » chaque plume friflonne de defir. » Les gages delhymen font reçus ; les amans s’en- # volent au fond des bois où les conduifent leur inf- » tint, le plaïfir, leurs befoins, ou le foin de leur » sûreté : ils obéiflent au grand ordre de la nature, # qui a fon objet en leur prodiguant ces douces fen- » fations. Quelques-uns fe retirent fous Le houx » pour y faire leurs nids ; d’autres dans le fourré le >» plus épais. Les uns confient aux ronces & aux »#._ épines leur foible pofterité ; les fentes des arbres » offrent à d’autres un afyle ; leurs nids font de » moufle, & ils fe nourriffent d’infeétes. Il en eft » qui s’écartent au fond des vallons déferts , & y »# forment dans l'herbe fauvage l’humble contextu- # re de leurs nids. La plüpart fe plaïfent dans la » folitude des bois, dans des lieux fombres 6 re- » tirés, ou fur des bords moufleux, efcarpés , ri- » vages d’un ruifleau, dont le murmure les flatte, # tandis que les foins amoureux les fixent &c les re- tiennent. Il en eft enfin qui s’établifflent dans les branches du noifettier penché fur le ruiffleau » plaintif, » La bafe de l’architeéture de leurs maifons, eft de branches feches, conftruites avec un artifice merveilleux & liées de terre. Tout vit, tout s’a- site dans l'air, battu de leurs aîles innombrables. L’hirondelle , empreflée de bâtir & d’attacher » fon fragile palais , rafe & enleve la fange des NP NN NET NE ON ww ve w Ÿ L'2 + Re » VX étangs : mille autres arrachent le poil & a laine » des troupeaux ; quelquefois auff ils dérobent les » brins de paille dans la grange ,; jufqu'à ce que » leur habitation foit douce , chaude , propre & » achevée, | | » La femelle garde le nid afiduements elle n’eft » tentée d'abandonner! fa tendre tâche, ni par la » faim aigue , ni par les délices du printems qui » fleurit autour d'elle. Son amant fe met fur une » branche vis-à-vis d'elle, & l’amufe en chantant » fans relâche. Quelquefois il prend un moment fa » place, tandis qu'elle court à la hâte chercher fon » repas frugal. Le tems marqué pour cé pieux tra » vail étant accompli , les petits, nuds encore : »# mais enfin , parvenus aux portes de la vie, bri- » fent leurs liens fragiles, & paroiffent une famille » foible, demandant avec une clameur conftante » la nourriture. Quelle paffion alors ! quels fenti- » mens | quels tendres foins s'emparent des nou- » veaux parens |! Ils volent tranfportés de joie, & » portent le morceau le plus délicieux à leurs pe- tits, le diftribuent également , & courent promp- » tement en chercher d’autres. Tel un couple in- » nocent, maltraité de la fortune; mais formé d’un » limon généreux, & qui habite une cabane foli- » taire au milieu des bois, fans autre appui que la » providence , épris des foins que méconnoïffent » les cœurs vulgaires , s’attendrit fur les befoins » d’une famille nombreufe, & retranche fur fa pro- » pre nourriture de quoi fournir à fa fubfftance. » Non-feulement l’amour, ce grand être du prin- » tems, rend la troupe aîlée infarigable au travail, ». mais il lui donne encore le courage de braver le » péril ; & l’adrefle de écarter de l’objet de {es » foins.. Si quelque pas effrayant trouble la tran- » quillité de la retraite, aufi-tôt l’oifeau rufé vole » en filence d’une aïle légere fur un arbriffeau voi- » fin ; il fort enfuite de-là comme allarmé , pour » mieux tromper l’écolier qu'il éloigne ainfi de {on » objet. Par unfemblable motif, le pluvier à l’aîle » blanche, rôde autour de l’oifeleur errant ; 1l fait » raifonner le bruit de fes ailes, & dirigeant fon vol » entafant la plaine , il s’écarte pour l'éloigner de » fon nid. Le canard & la poule de bruyere vont » fur la moufle raboteufe 6x fur la terre inculte, » voltigeant comme leurs petits; pieufe fraude, qui » détourne de leur convée Pépagneul qui les pour- » fuit, » Mufe, ne dédaigne pas de pleurer tes freres des bois , furpris par l’homme tyran , privés de » leur liberté & de l'étendue de l'air , & renfermés » dans une étroite prifon. Ces jolis efclaves s’atirif- » tent & deviennent flupides ; leurplumageeftterni, » leur beauté fanée , leur vivacité perdue. Ce ne » font plus ces notes gaies & champêtres qu'ils ga- » zouilloient fur le hêtre. O vous, amis de l'amour » &z des tendres chants, épargnez ces douces lignées, » quittez cet art barbare , pour peu que l’innocence, » que les doux accords ou que la pitié aient de pou- » voir fur vos cœurs | | » Gardez-vous fur-tout d’affliger le roflignol en » détruifant fes travaux : cet Orphée des bois eft » ttop délicat pour pouvoir fupporter des durs liens » de la captivité. Quelle douleur pour la tendre » mere , quand revenant le bec chargé elle trouve » fon nid vuide & fes chers enfans en proie à un » ravifleur impitoyable ! Elle jette fur le fable fa » provifion déformais inutile ; fon aile languiflante » &t abattue peut à peine la porter fous l'ombre d’un » peuplier voifin pour y pleurer fa perte : là livrée » à la plus vive amertume, elle gémit & déplore fon » malheur pendant la nuit entiere ; elle s’agite fur »# la branche folitaire ; fa voix toujours expirante, » s’épuife en fons lamentables : l'écho des bois fou- » pie à. 4 LA Y OIS à pire à fon chant , & répete fa douleur. … » Le tems arrive où les petits parés de leurs plu- mes ; impatiens, dédaignent l’aflujettiflement de » leur enfance; ils effaient le poids de leurs aîles, & # demandent la libre pofleffion des airs, La liberté » va bien+0t rompre les liens de la parenté , deve- » nue déformais inutile. La Providence ; toujours » économe ,; ne donne à l’inftinét que le néceffaire. » C’eft dans quelque foirée d’une douce & agréable » chaleur, où l’on ne refpire que le baume des fleurs, > an moment où les rayons du foleil tombent , s’af- » foibliffent , que la jeune famille parcourt de l'œil » l'étendue des cieux, jette fes regards fur le vafte » fein dela nature , commune à tous les êtres, & + cherche auf loin que fa vûe peut s'étendre ; où >» elle doit voler, s'arrêter & trouver fa pâture. » Les jeunes éleves fe hafardent enfin: ils volti- » sent autour des branches voifines ; ils s’effraient » {ur le tendre rameau , fentant l'équilibre de leurs # ailes trop foible encore ; 1lsfe refufent entremblant » la vague de l'air , jufqu'à ce que les auteurs de » leurs jours les grondent, les exhortent , leur com- # mandent, les guident &c les font partir. La vague # de l'air s’enfle fous ce nouveau fardeau , & fon » mouvement enfeigne à l'aile encore novice l’art # de flotter fur l'élément ondoyant. Ils defcendent » fur la terre; devenus plus hardis , leurs maîtres les » menent & les excitent à prolonger leur vol peu- » à-peu. Quand toute crainte eft bannie & qu'ils fe » trouvent en pleine jouiffance de leur être; alors » les parens quittes envers eux & la nature , voient >» leur race prendre légerement l’effor ; & pleins de #» joie fe féparer pour toujours. » Sur le front fourcilleux d’un rocher fufpendu fur ÿ l’abîme, &cfemblable à leffrayant rivage de Kilda, » qui ferme les portes du foleil quand cet aftre court ÿ éclairer le monde indien, le même inftin@® varié # force l'aigle brülant d’une ardeur paternelle ; à en: » lever dans fes fortes ferres fes enfans audacieux: ÿ déja dignes de f former un royaume , il les arra- » che de fon aire, fiége élevé de cet empire, qu'il # tient depuis tant de fecles en paix & fans rivaux, » &t d’oùils’élance pour faire fes courfes & chercher » fa proie jufques dans les îles les plus éloignées. » Maiïsién tournant mes pas vers cette habitation + tuftique , entourée d’ormes élevés & de vénéra- » bles chênes qui invitent le bruyant corbeau à bâtir » fon nid fur leurs plus hautes branches , je puis » d’un air fatisfait contempler le gouvernement va- # rié detoute une nation domeftique. La poule foi- # gneufe appelle & raffemble autour d’elle toute fa » famille caquetante ; nourrie &t défendue par Le fu- » perbe coq : celui-ci marche fierement & avec # graces ; il chante d’une poitrine vigoureufe, dé- » fiant fes ennemis. Surles bords de l’étang le canard # panaché précede fes petits , 8 les conduit à l’eau .# en babillant. Plus loin le cygne majeftueux navige; _#1l déploie au vent fes voiles de neige ; fon fuperbe # col en arc précede le fillage, &z fes piés femblent # des rames dorées ; 1l garde fon île environnée d’o- » fier, & protege fes petits. Le cog d'inde menace » hautement & rousit, tandis que le paon étend au » loleil le faffueux mélange de fes vives couleurs, » & marche dans une majefté brillante. Enfin, pour # terminer cette fcene champêtre, le gémiffant tour- » tereau vole occupé d’une pourfuite amoureufe ; » fa plainte, fes yeux & fes pas, tout porte vers le # même objet. » Si mon imagination ofe enfuite prendre l’eflor » pour confidérer les rois du beau plumage qui fe # trouvent fur le bord des fleuves des climats brû- _» lans , je les vois de loin portant l'éclat des fleurs » les plus vives. La main de la nature , en fe jouant, # {e fitun plaifir d’orner de tout fon luxe ces nations Tome XI. OIS 439 » panachées , & leur prodigua {es conlents les plus » gaies ; mais fi elle les fair briller dé tous les rayons » du jour, cependant toujours mefuréé elle les hu » mulie dans leur chant. N’envions pas les belles ro » bes que l'orpueilleux royaume de Montézuma leur # prête, m1 ces rayons d’aftres volans ,'dont l'éclat » ans bornes réfléchit fur le foleil: nousavons Philo: » mèle ;-& dans nos bois pendant le doux filence de » la nuittranquille, ce chantre fimplement habillé » fredonne les plus doux accens. Ileit vrai qu'il cefle » fon ramage avant que le fier éclat de l'été ait quitté » la voûte d’azur , & que la faifon couronnée de » gerbes de blé foit venue remplir nos mains de fes » tréfors fans nombre. » Enfin dès que nos allées jonchées de la dépouille » des arbres nous préfentent cette faïifon dans {on » dernier période, &r que le foleil d’occident a donné » fes jours raccourcis, l’on entend à peine gazouil- » ler d’autres oiféaux pour égayer les travaux du » bucheron. Ces aïmables habitans des bois qui for- » moient encore il y a peu de tems des concerts » dans l'ombre épaifle , maintenant difperfés & pri- » vés de leur ame mélodieufe ; fe pérchent en trem- » blant fur Parbre fans feuillage. Eangiflans , trou- » blés, éperdus, ils ne concertent plus que des fons » foibles , difcordans & timides, Mais du-moins que » la rage d’un oïfeleut , ou que le fufil dirigé par un » œil inhumain ne vienne pas détruire la mufique de » l'année future , & ne fafle pas une proie barbare » de ces foibles ; innocentes & malheureufes cfpeces » emplumées ». Telle eft la peinture enchantée de M. Thompfon; mais comme elle ne doit pas nous engager à fuppri- mer dans cet ouvrage aucun article foientifique de lOrnithologie ; ceux qui en feront curieux pour- ront lire Zs mots, ACTION DE COUVER , ÂILE, GÉSIER, MUE, Nid, Œiz, Œur, OISEAUX DE PASSAGE ,; ORNITHOLOGUE , ORNITHOLOGIE , PIÉS , PLUMES, QUEUE, TRACHÉE - ARTERE ; VENTRICULE , VOIx, VOL DES OISEAUX, &c, Le chevalier DE JAUCOURT. | OISEAUX , atfion de couver des, ( Ornithologie. ) c’eft l’aétion par laquelle les oifèaux travaillent à la multiphcation de leur efpece. La partie interne & la coque de l’œuf font merveilleufement adaptées à cet effet ; une partie de l’œuf eft deftinée à la for- mation du corps de l’oifeau avant qu'il foit éclos, & l’autre partie à le nourrir après qu'il a vû le jour, jufqu'à ce qu'il foit en état de pourvoit à fa fub- fiftance. Chacune de fes païties ( le jaune & du moins le blanc intérieur ) eft féparée par {a propre membrane qui l'enveloppe. À chaque bout de œuf eft une petite tumeur, chalafa , efpece de plexus f- breux & réticulaire, par le moyen duquel le blanc & le jaune de l’œuf font mis enfemble. M. Derham a découvert que non-feulement le chalafa fert à les tenir dans leur place requife , maïs encore à tenir la même partie du jaune toujours en deffus, de quel côté que l'œuf foit tourné. Peut-être que ce côté de deffus eft le même que celui où eft fituée la petite cicatrice ( le serme de l’œuf ) , qui fe trouve com munément à la partie fupérieure de la coque. Il auroit éré fort difiicile aux oiféaux par plufieuts taifons , de donner à tetter à leurs petits ; il n’eût pas été moins difficile de leur conferver la vie en ‘changeant tout-à-coup denourriture à leur naïffance, & de les faire pafler d’un aliment liquide à un folide, avant que leur eftomac füt fortifié par degrés, & accoutumeé à le digérer , & avant que l’oiféaz für fait à fe fervir de fon bec. C’efft pourquoi la nature a eu foin de produire un gros jaune dans chaque œuf, dont il refte une grande partie après que l’os/£az eft éclos , laquelle eft enveloppée dans fon ventre : ce jaune pañle enfuite par un canal formé à cette fin, KKk 449 OIS &z eft recu pat degrés dans les boyaux , où il fert aflez long-tems à le nourrir au lieu de lait. Le foin que lés-oi/éaux prennent de couver êc en- fuite d'élever leurs petits , eft une chofe admirable. Après avoir choïf un lieu fecret & tranquille, ds ‘font leur nid chacun felon leur efpece , y dépoñfent & y couventleurs œufs avec tant d’afliduité, qu’ils ‘fe donnent à peine le tems de manger eux-mêmes. Telle-eft leur ardeur à cet égard, qu'ils continuent de couver encore après qu’on leur a Ôté leurs œufs. Quoique les oz/eaux n'aient pas une connoiflance ‘exaéte du nombre de ces œufs, 1ls ne laiffent pas de -diftinguer un grand nombre d'avec un petit, & de connoitre qu'ils approchent d’un certain nombre, puifqu’alors ils ceffent de pondre & commencent à couver, quoiqu'ils puiflent encore pondre davan- tage, Qu'on ne touche point, par exemple, aux œufs des poules ,ontrouvera qu’elles cefferont de pondre & fe mettront à couver aufli-tôt qu’elles en auront quatorze où quinze ; au contraire qu’on leur Ôte tous Jes jours leurs œufs, elles continueront de pondre juiqu’à ce qu’elles en aient produit quatre ou cinq fois autant, Pent-être que les oféaux qui vivent | Tong-tems ont une quantité fuffifante d'œufs dès le commencement , pour ieur fervir pendant plufeurs années, &c pour fournir à un certain nombre de cou- vées , tandis que les infe@es produifent tous leurs œufs à-la-fois, I n’eft pas néceffaire d’en dire davan- tage ; je m'imagine qu'on atraité tous les myfteres de l’incubation fous ce mot même. (D. J. OISEAUX , géfier des , ( Anat. comparée, ) poche mufculeufe , forte & compaéte. La ftruéture decette poche ne laiffe aucun lieu de douter qu’elle ne foit deftinée à exercer une très-forte a@ion fur lescorps qui y font renfermés : on eft bientôt confirmé dans cette opinion, lorfqu’on obferve les rugofités &c les plis qui font dans fon intérieur, & on en demeure entierement convaincu , fon examine le géfier d’une efpece de pigeon fauvage aflez commun aux fndes, &c fur-tout dans l’île de Nicobar. M. Lemarié, chi- rurgien major de [a compagnie des Indes à Pondi- chery , a obfervé dans le géfier dé cet animal deux meules , non de pierre , comme les habitans du pays de prétendent , mais d’une corne très-dure & caflan- te. L’ufage de ces meules intérieures n’étoit pas équi- voque , & ellesne pouvoientfervirqu’a broyer plus puiffamment les grains que l’animal avoit avalés. - Ce que les pigeons de l’Inde operent parle moyen de leurs meules, la plüpart de nos o7feaux le font avec une quantité de grains de fable qu’ils avalent , & dont on leur trouve le géfier rempli : il femble au | premier coup-d’œil que l’intérieur du géfier devroit avoir pour le moins autant à craindre de l’a&ion de ces petites pierres , que les matieres qui peuvent y être contenues ; cette difficulté a même paru fi con- fidérable à Vallifmeri, qu’il aime mieux fuppofer dans le géfer des of/éaux un diflolvant capable de difloudre le verre , que de croire qu'il y ait été ré- duit en poudre impalpable par l’aétion fenle de ce vifcere. | Il eft certain que les ot/&aux avalent de petites pierres rudes & inégales, qu'ils rejettent enfuite aprés qu'elles font devenues polies par le broye- ment. Mais pour éclaircir cette queftion, Redia fait le premier plufieurs expériences curieufes avec des boules creufes de verre & de métal. Enfin M. de Réaumur a répété & diverfifé les mêmes expériences avec plus d’exaétitude encore , comme on peut le voir dans l’Ai/f. de Pacad, des Sciences, année 1752. Ce- pendant c’eft aflez pour nous de remarquer qu’il femble réfulter des expériences de l’académicien de Paris, que la digeftion fe fait par trituration dans les oifeaux qui ont un géfier , & qu’elle eft opérée par ua diflolyant dans çeux qui ont, comme la bufe, un effomac membraneux. Une feconde conféquence eft qu'ileft très-vradfemblable que les oïf&aux dont , l'eflomac eft en partie membraneux & en partie mufculeux, & cenx dans lefquels il eft d’une confif- tance moyenne , mettent en ufage l’une 6 l’autre maniere de digérer ; c’eft ce qui pourra être vérifié par les expériences. Il eft encore naturel d’inférer des expériences de M. de Réaumur , que les animaux qui ont comme les ciféaux de proie un eftomac mem- braneux , digerent aufli comme eux à l’aide d’un diflolvant. (2. J.) | OISEAUX DE PASSAGE, ( Orrirhologie. Ÿ On ap- pelle ainf tous les oiféaux qui à certaines faifons re. glées de l’année fe retirent de certains pays, & dans d’autres faions fixes y retournent encore, en tra verfant de vaftes contrées, Qui peut raconter combien de tranfmigrations diverfes {e font annuellement fur notre hémufphere par différentes éfpeces d’oiféaux ? Combien de na- tions volantes vont & viennent fans cefle ? combien de nuages ailés s’élevent au-deffus des nuages de l'air au printems, en été, en automne, & même dans la faifon des frimats ? # Aux lieux où le Rhin perd fa fource majeftueufe, » dans les plaines Belgiques arrachées à l’abime fu- » rieux par une induftrie étonnante &t par la maim »invinéible de la liberté, les cigognes s’attroupent »# pendant plufeursjours; elles confultent enfemble, » &t femblent héfiter à entreprendre leur pénible » voyage à-travers le firmamient liquide ; elles fe dé- » terminent enfin à partir , & fe choïfiffent leurs » conduéteurs. Leurs bandes étant formées & leurs » ailes vigoureufes nettoyées , la troupe s’efaie, » vole en cercle , & retourne fur elle-même ; elle » s’éleve enfin en un vol figuré, 8 cette haute ca- » ravane fe déployant dans la vague de lair, fe mêle » avec les nuages, ” » Quand l'automne répand dans nos climats fes » derniers rayons qui annoncent les approches de » l'hiver , les hirondelles planent dans l'air, volent » en rafant les eaux, s’aflemblent & fe rejoignent, » non pas pour aller fe cacher dans des creux ébou= » lés fous les eaux, ni pour fe pendre par pelotons » dans des cavernes à l’abri de la gelée, mais pour » fe tranfporter dans des climats plus chauds avec » des autres oifeaux de pafluge , où elles gazouilleront » gaiment , jufqu'à ce que le printems les invitant » à revenir, nous ramenent cette multitude à aîle » legere. » Dans ces plages, où l’Océan feptentrional bouil- » lonne en de vaftes tourbillons autour desiles éloi- » gnées , triftes & folitaires de Thulé, ainfi qu'aux » lieux où les flots atlantiques fe brifent contre les » orageufes Orcades, l’air eft obfcurci par l'arrivée » d’une multitude de nouveaux hôtes qui viennent » y aborder: la rive retentit du bruit fauvage que » produit l'enfemble de leurs cris. Là des habitans » fimples & innocens foignent fur la verdure touf- » fuë leurs jeunes troupeaux , entourés & gardés par » les mers. L’oiféau qui s’y rend , vêtu d’un habit » d’hermine & chauffé de brodequins noirs , n’y » craint rien pour fa couvée: fon unique foin eft » de chercher à la faire fubffter ; 1l n’héfite point à » s'attacher aux plus âpres rochers de la Calydonie, » pour être en ératde découvrir fa pâture ; d’autres » fois il épie le poiffon qui s’approche du rivage, & » l’attrape avec autant d’adrefle que de célérité. » Enfin il ramafñle tantôt les flocons de laine bian- » che, & tantôt les duvets de plumes éparfes fur » le bord de la mer, tréfor & luxe de fon nid » ! Mais reprenons le ton fimple , qui eft abfolument néceffaire aux difcufñions de Phyfique , car c’en eft une bien curieufe que de rechercher les caufes qui obligent tant d’oiftaux à pafler régulierement en cer: OTS taines faifons de l’année d’un pays froid dañs un plus chaud, & ce qui eff plus fingulier, d'un pays . chaud dans un froid. Il eff vraique c‘eft pour trou- ver & la fubfftance &c la température que demande leur conftitution ; c'eit donc par cet inftinét qu'ils font dirigés dans leurs tranfmigrations à fe rendre ‘aux mêmes endroits. Les oies fauvages , /o/and- _goofe, paffent la mer & viennent annuellément dans la même faïfon à la petite île de Bafs dans le détroit d'Edimbourg en Ecofle. Les cailles paflent d'Italie en Afrique, &s'arrètent quelquefois de fatigue fur * les vaifleaux qu’elles rencontrent, Le moteur-de la nature leur a donné lPinfiné& puiffant dont nous parlons ; mais quelle eft la patrie de ces divers oi- Jeaux de palfage que nous connoïffons ? quel eft le heu où ie terminent leurs courfes ? Traverfent-ils l'Océan ou feulement les golfes les plus étroits ? Vont-1ils du midi au nord, ou du nord au midi ? Comme on ne peut réloudre définitivement toutes ces queftions , nous nous bornerons à de fimples ré- flexions générales qui pourront peut-être conduire à la folurion de quelques-unes en établiffant des faits. e + La plus grande partie des oÿféaux qui paffent l’hi- ver dans nos climats , ont des becs forts, & peuvent fubfifter de la pâture que le hafard leur fournit dans cette faifon. Les oz/eaux au contraire qui nous quit- tent en automne, ont des becs fins , délicats, & vivent d'mfeétes aîlés qui, dilparoïffant aux appro- ches de l'hiver, obligent ces offcaux d’en aller cher- cher aïlleurs. Comme la naiure leur a donné com- munément de grandes & bonnes aîles , ils attrapent leur pâture en volant & en faifant route , ce.qui les met en état de continuer long-tems leur courie fans fe repofer. | Quoique nous ignorions , faute du témoignage des yeux, quelles {ont les contrées où fe retirent ces oifeaux , il eft néanmoins vraiflemblable que ces contrées doivent être dans la même latitude méri- dionale que les endroits d’où ils font venus , enforte que dans le retour des faifons ils retrouvent la mê- metempérature d'air êc la même fubfftance qui leur conviennent. | . Comme les hirondelles nous viennent plütard 8 nous quittent avant les rofhignols & autres os/eaux de pallage qui trouvent encore à vivre de végétaux ou de vers, lorfque les coufins & les mouches ne volent plus dans l'air, 1l eft apparent que les hiron- delles paffent au tropique du cancer plutôt .qu'à-ce- lui du capricorne, mais l’endroit nous eft inconnu. . Les oiftaux de paflage quin’ont pas la même célé- rité &c lamême conftance de vol que d’autres, peu- vent cependantarriver à leur commun féjour à-peu- près en même tems. Par exemple , les. oiféaux à aîle courte, comme la rouge-sorge, volent moins vite & moins. conftamment que les hirondelles. ; mais d’un autre côté, ces dernieres m'ont aucun befoin de fe hâter, parce quechaque jour .de leur voyage leur procure une continuauon.de vivres qui leur permet de faire de longues ftations en route. 6 - Plufieurs offéaux de palagerfont.encore inffruits par leur infinét à connoure les,plus courts trajets, les lieux de relais, & à ne voyager.qne de nuit, pour éviter les oÿfeaux de-proie: c’eft une obiervation de M. Catesby. Etant un foir fur le tillac d’un ba timent qui faloit voile au nord de!Cuba, lui & fa compagnie entendirept {ucceflivement pendant trois nuits des vols d’oféaux qu'ils reconnurent à leur eri, &'qui pafferent par-deflus leurs.têtes , prenant le droit chemin du continent méridional d'Amérique, d’où uls fe rendent à la Caroline quand le blé,com- mence à munir, & de - là s’en retournent dans les parties méridionales pour s’en engraiflerautems de Evrétoltezs dis où een raid v | Peut Tome XL, OLS 44 .- Ifemble que les taux à courte duene forent jeik propres à de longs vols ; mais quoique la caïlle, qui eft de ce genre, ne vole pas long-tems dans nôs ci mats, 1] n'en faut pas conclure qu’elle ne le puifé, Belon en và des troupes pañler & repañler la mer Méditerranée. Le même inftiné@ qui porte les oifcaux de paffzge à le retirer dans des contrées éloignées, les dirige aufli à prendre le plus court chemin , & les envoie aux côtes les plus étroites, au lieu dé leur faire traverfer le vafle Océan. Entre les o1/éaux de paflage , il y en a quelques-uns qu nous arriwent en automne, tels font la bécaflé &t la bécafäne, qui fe retirent enfuite aux parties plus feptentrionales du continent, où ils fejournent l'été , &c y font des petits. | On n'entend pas trop bien les raifons dé la tranf- migration des o/éaux quinous quittent en hivér pour fe rendre en Suede & autres lieux feptentrionaux de même latitude; s'ils trouvent nos pays trop froids, comment peuvent-ils mieux fubffter dans ceux du Nord maisils voyagent graduellement em prolongeant leur paflage par les contrées tempérées de l’Allémagne & de la Pologne: par ce moyen ils n'arrivent que fort tard aux lieux feptentrionaux où 1ls doivent pafler leur été, & où ils font dés pe- tits, C’eftdonc là que ces oi/èaux prennent la naiflan: ce , & leur voyage chez nous n'étant fait que pour jouir quelque tems d’un climat qui leur fournit uné abondante pâture , 1l n’eft pas étonnant qu'ils re- tournent chez eux lorfqu’ils y doivent retrouver les mêmes faveurs, I femble encore que les oifeaux ont des tempé= ramens qui fe font aux différens degrés de chaud & de froid qui leur font les plus agréables , au moyen. de quoïils peuvent voyager de lieux en lieux ; ils vivent pendant l’hiver du fruit de l’aubépine en An- gleterre, & cependant dans les lieux où ils pondent comme en Suede, 1l n’y a point d’aubépine, ni dans la plüpart des pays qu’ils traverfent pour fe rendre dans leur patrie. | Outrelés oÿfézux de pallage qui féjournent tout ur hiver où tout un été en divers pays, 1l y en a. d’au- tres qui ne {e montrerit annuellement que dans cer- tains ieux particuhersautems.de la maturité de.cer- tains grains de leur goût, & que leur pays natal ne produit pas; tels font les grives , les becfigues, dans les pays-vignobles de l'Europe ; l’aflebleue & Poifeau- dé-blé à la Caroline. Ces orféaux femblables aux hommes, cherchent leur fenfualité jufques dans les pays les plus éloignés, ;.& quandils ont découvert quelque rourriture agréable , 1ls fe joignent en ef- faims nombreux, & font des voyages annuels pour {e régaler d’un mets étranger. Depuis la découverte de PAmérique, lès, Euro péens ont.cultivé dans cette partie du monde di= verfes plantes qui y étoient inconnues , & qui pen- dant long-tems n’ont été ni goûtées ni recherchées par aucun os/eau de palage , mais qui aujourd’hui font pour eux une nourtirure friande, [l y a une efpece charmante de ces oifeaux qui feulement. depuis peu d'années fe rendent dans la Virginie au tems de la maturité du blé ; elle y.revient alors annuellement en grande troupe, & les habitans,les nomment par cette-raifon otfeaux-de-blé ,.shear-birds. Philofops cranfat. n°, 48.34 Le Chevalier DE JaAUcOURx. OISEAUX. DE PROIE ; ( Orrithol. ) leurs marques cara@tériftiques. font d’avoir 1° le.bec &z les talons crochus , forts. terminés, en pointe., propres à la . rapine &c à dépecer les chairs ; 2° des ferres, pour déchirer & pour porter leur proie ; 3° des-cuifles robnftes, pour la ferrer avec violence ; 4° une vûe perçante & fubtile pour l’épier de loin... Les oiftaux de proie font folitaires , ne.s’attrous pent point «multiplient peu. .êt ne produifent gueré ; Kkk 44 OIS qu'un petit ou deux, rarement davantage à-fa-fois; comme les repas de ces oifeaux ne font pastoujours affürés, la nature leur a donné la faculté de l'abft- nence, (D.J.) OISEAU DE BANANA , cet oifeau eft de la gtan- deur de l’étourneau ; ilalebec long, épais & poin- tu , la piece fupérieure eft d’un brun cendré , &c Pinférieure bleue ; la tête, le cou, une partie du dos, les ailes & la queue font entierement noires , à l’ex- ception de quelques taches blanches qui fe trouvent fur les petites plumes des ailes ; tout le refte du corps éft d’un beau jaune luifant. On trouve cetsoifeau à la Jamaïque ; il eft carnacier, &c il fait la guerre aux autres oifeaux , comme l’étourneau. Æiff. rar. des oifeaux, par Derham, £. LI. Voyez OisEAU. (1) OISEAU COURONNÉ DU MEXIQUE, cet oifeau éft de la grofleur de la grive ; il a fur la tête une huppe formée de plumes vertes qu’il dreffe à fon gré ; le bec eft épais, court comme celui du gros bec & de couleur de chair ; liris des yeux eft de la même couleur, 8 entouré d’un cercle rouge ; 1l ÿ a près des coins de la bouche uné tache noire qui s'étend au-deffus des yetix , & une bande blanche au-deflus de la tache noire ; la tête , le cou, le dos , la poitrine , la partie fupérieure du ventre font verds : la partie inférieure du ventre & des cuifles éft d’un brun obfcur : les quatre premieres grandes plumes des aîles font d’un beau rouge, les autres ont une couleur pourprée ; la queue eft de cette même couleur , celles des petites plumes des ailes & des grandes plumes des épaules eft pourprée & mêlée de verd : les jambes & les piés ont une cou- leur bleuâtre. Æiff. nat. des oifeaux , par Derham, £, II. Voyez O1SEAU. (7) OISEAU DE PARADIS, manucodiata , avis para- difæa , PL, II. fig. 4. oifèau qui paroït plus gros qu'il ne l’eft en effet ,.parce que les côtés du corps font garnis d’une grande quantité de très-longues plu- mes, dont toutes les barbes font féparées les unes des autres ; il a environ un pié de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à lextrémitétde la queue, & dix pouces jufqu’au bout des ongles. La longueur du bec eft d’un pouce & demi depuis la pointe juf- qu'aux coins de la bouche, & celle de la queue eft de 6 pouces 4 lignes. Quand les aïles font pliées, elles s'étendent prefque aufli loin que la queue ; la tête, la gorge & le cou font couverts de plumes très-courtes , fort épaifles &c roides. Le deflus de la tête & la partie fupérieure du cou ont une belle couleur d’or pâle. La racine du bec eft entourée d’un noïr velouté & changeant qui paroît à certains afpeéts , d’un verd femblable à celui de la tête des canards. Les plumes de Ia gorge &r des joues ont la même couleur. La partie inférieure du cou eft d’un verd doré luifant. Le dos , le croupion , le bas- ventre, les plumes qui recouvrent en-deflus & en- deffous la racine de la queue , les aîles & la queue font d’une couleur de maron clair. La poitrine a la même couleur, mais beaucoup plus foncée , & le deffus du ventre eft d’une couleur moins claire que celle du bas-ventre , 8 moins foncée que celle de a poitrine. Les plus longues plumes des côtés du corps Ont jufqu'à un pié 6 pouces 8 lignes de lon- gueur , les fupérieures font en partie d’une couleur de maron pourpré & en parue blanchâtre , les au- trés font d’un blanc jaunâtre , quelques-unes des plus courtes ont une belle couleur d’or , il fort du croupion au-deflus de Porigine de la queue, deux plumes longues d'environ deux piés neuf pou- ces ; qui n’ont de barbes qu’à leur origine fur la longueur de 4 pouces , & à leur extrémité fur la longueur de 3 pouces & demi ; ces dernieres'barbes ont une couleur noire & changeante ; comme celle du deffus de la tête ; les barbes qui font:à la racine, ont une couleur de maron claire ; le tuyau à une couleur noirâtre qui devient de plus en plus foncée, à mefure qu’elle eft plus près de l'extrémité. La rêre & les yenx font petits. Le bec a nne couleur verdä- tre. Les piés font gros & ont une couleur brune, ainfi que les ongles qui font longs. On trouve cet: oifeau aux Moluques. Orrithologie de. M. Brion , come Il. Voyez OISEAU. M. Briflon donne encore la defcription d’une au- tre efpece d’oifeau de paradis , dont Willughby &c plufieurs autres auteurs ont parlé fous le nom de rex avium paradifearum, Cet oifeau eft beaucoup plus petit que le précédent , il n’a que 4 pouces 9 lignes. de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l’extré- mité de la queue, & 5 pouces & demi jufqu’au bout des ongles. Les aîles étant pliées , s'étendent de plus d’un pouce au-delà du bout de la queue. Les deux plumes qui fortent du croupion au-deffus de la ra- cine de la queue n’ont que 6 pouces de longueur , leur extrémité eft tournée en fpirale du côté inté- ricur, Cet oifeau differe encore du précédent par les couleurs , il a la tête, la gorge, le cou, le dos, le croupion , les petites plumes des ailes & celles qui recouvrent l’origine de la queue de couleur de maron pourprée &c très-brillante ; cette couleur eft foncée à la partie inférieure du cou & claire fur la tête, les plumes de la poitrine, du ventre, des jam- bes & celles qui font fous la queue ont une couleur blanchâtre. La poitrine eft traverfée par un trait large d’environ cinq lignes , & d’un beau verd doré pareil à la couleur du cou du canard. Les grandes plumes des aîles font roufles, &c la queue eft brune. Ornithologie deM.Briflon , £.11. Voyez OrsEAU. (1) OISEAU. DE ROCHE , charadrios five hiaticula , oiféau qui eft un peu plus gros que l’alouette com- mune ; le bec a une couleur jaune dorée depuis fa racine jufqu’à la moitié de fa longueur, & le refte eft noir ; il a prefque un pouce de longueur, fa ra- cine eft entourée d’une petite bande noire qui s’é- tend depuis les coins de la bouche jufqu’aux oreilles en pañfant fur les yeux & qui traverfe le milien de la tête ; cette bande entoure une autre petite bande qui s'étend depuis l’angle intérieur de Fun des yeux jufqu’au même angle de Pautre œil. Le derriere de la tête eft cendré, & le menton a une couleur blanche. Le cou eft entouré de deux fortes de col- liers, dont le fupérieur eft blanc & l’inférieur noir. Le dos & les petites plumes des aîles ont une cou- leur cendrée. La poitrine & le ventre font blancs, chaque aîle eft noire & traverfée par une longue ligne blanche. Les piés ont une couleur jaune-pâle, &c les ongles font noirs. Cet oi/éau n’a point de doigt de derriere ; il fe trouve en Europe & en Amérique. Raï, Synop. meth. avium. Voyez O1sEAU. (1) OISEAU DE S. MARTIN, voyez JEAN-LE-BLANC. OISEAU MOQUEUR , voyez MOQUEUR,. OISEAU MOUCHE, ellifuga , mellivora avis mi- nima , c’eft le plus petit de tous les ojféaux , il eft de la groffeur du petit bout du doigt ; 1la les gran- des plumes des aîles & de la queue noires ; tout le refte du corps eft d’un brun mêlé d’un rouge ver- meil ; le bec eft noir , droit, très-mince & un peu long. Les mâlesont fur la tête une petite huppe d’un verd clair mêlé d’une couleur d’or. Selon le P. du Tertre, ce caraétere fert à faire diftinguer les mâles d'avec Les femelles. Dès quele foleilparoît, on voit ces petits oÿféaux voltiger autour des fleurs fans fe pofer , ils infinuent leur bec jufqu’au fond de la fleur, dont ils fuccent les parties intérieures avec leur pe- tite langue .qui eft compofée de deux filets , 1ls ne prennent pas d'autre nourriture. Ces osféaux font leur nid fur les'orangers , les citronniers , les grena- diers , 8 même dans les cafes des habitans avec. du coton, de la mouffe bien fine , de petits morceaux ‘l'écorce de gommier ; c’eft le mâle feul qui appoñte tout ce qui doit entrer dans la compoñition du nid, ia femelle le conftruit ; le milieu du nid eft de coton, & l'extérieur eft garni de moufle & d’écorce de gommier. Il n’excede pas la groffeur de la moitié d’un œuf de pigeon. La femelle pond deux œufs gros comme de petits pois ; le mâle & la femelle les couvent alternativement pendant l’efpace de 10 ou 12 Jours, ff, gén: des Antilles , par le P. du Tertre , £. IL. Il y a plufieurs efpeces d’oiféaux mouches, qui dif- ferent plus par la couleur que par la grofleur ; on diftinguera aifément ces ozféaux de tous les autres par leur petitefle, qui égale celle de nos plus gros bourdons. Voyez OISEAU. ( 1) OISEAU POURPRÉ , Voyez POULE SULTANE; O1sEAU ROYAL, PL. IX. fig, 2. oifeau auquel on à donné ce nom, parce qu'il a {ur le derriere de la tête une huppe compofée de plumes très-fines , qui for- ment une forte de couronne ; il a environ 3 piés 8 pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqw’au bout des doigts, & 5 piés & demi d'envergure ; le cou a 15 pouces de longueur , celle de la queue n’eft que de cinq ; 1l y a 3 pouces de diftance depuis la pointe du bec jufqu'à l'œil. Les plumes du corps 1ont d’un gris fort brun tirant fur le verd. Toutes les plumes des ailes ont une couleur blanche , ex- cepté les grandes plumes extérieures, dont les unes {ont rouffâtres & les autres d’un gris brun. Le cou eft couvert de plumes très-longues , fort étroites, très-pointues , & fi effilées qu’elles reflemblent à des crins ;, comme dans la demoifelle de Numidie , les plus longues ont jufqu'à 7 pouces. Le deffus de la têre eft garni de plumes très-noires, très-fines , très- courtes & très-ferrées, qui reflemblent parfaitement à du velours noir. Cette couleur noire s’érend der- riere les joues jufques fous le cou, les côtés de la tête font degarmis de plumes , & couverts feulement d’une peau blanche légerement teinte de rouge. Les brins ou les petites plumes qui forment la couronne, font applatis & contournés en forme de vis , les brins ont chacun une houppe de petits filets noirs à leur extrémité , & font garmis dans toute leur lon- gueur & fur les côtés, d’autres filets qui font blancs à la racine, & noirs par le bout ; es plus longs brins ont jufqu'à trois pouces & demi de longueur. L’or- féau royal a, comme la poule , au-deffous de la gorge deux peaux d’une belle couleur rouge, qui femblent former une efpece de fac ; la furface de ces peaux eft inégale, on y diftingue en quelques endroits de petits grains. Le bec eft d’un gris brun & fort poin- tu, il a 2 piés de longueur. L'iris des yeux eft blan- che. Les jambes font dégarnies de plumes prefque Jufqu'aun ventre , la partie fupérieure eft couverte d’écailles héxagones , & l’inférieure d’écailles en ta- ble ; celles des doigts ont la même forme que ces dernieres. Il n’y a que trois doigts qui portent fur la terre, celui de derriere eft élevé au-deflus des au- tres comme un ergot. Les ongles font courts & poin- tus. Cet o1/ean a vécu quelque tems à la ménagerie de Verfailles , il avoit été apporté des grandes Indes. Mémoire pour fervir a l'hift. nat. des animaux, par M. Perrault , some II. part. III. p. 201 € fui. Voyez OrsEau. (1) O1SEAU DU TROPIQUE, voyez PAÏLLE-EN-CUL. O1SEAU » ( Fauconnerie. ) la Fauconrerie a fon langage particulier pour les oiféaux , dont nous al- dons indiquer les principaux termes. On appelle en Fauconnerie ozfeaux de proie , ou abfolument , oftaux, les gros oifeaux qui vivent de grip ,» dexapt & de rapine , qu'on drefle & qu’on ap- privoife. Oiféanx miais ; ceux qui font-pris au nid. O IS 443 Oifeau branchier, éelui qui n’a encote que la force de voler de branche en branche. … Oifeau for, celui qui n’a point encore mué. Il né fe dit que des orféaux de paflage , & non du niais & du branchier. , Oiféan hagard, celui qui a été à foi, qui eft plus farouche. ; Oiféau de bonne ou de mauvaife affaire, celui qui _eft docile ou farouche. On appelle parement de l'oifeau la maille qui lui couvre lé devant du col ; manteau d’oiféau, le plu- mage des épaules ; du dos & du deflus des aîles ; ferres d'oifèau, ce font leurs otifes ; mains d’oifeau, font leurs piés ; la couronne de l'ofeau , c’eft le du- vet qui couronne, qui joint le bec à la tête ; sraix de l’orfeau , fon derriere ou fon vol, &c: On nomme,oifeau de poing, celui qui étant récla: mé , fond fur le poing fans entremife de leurre, comme l’autour , l’épervier. Oifeau de leurre, celui qui fond fur le léurre, quand on le lui jette, & de-là fur le poing. On en compte ordinairement dix, le grand faucon, le gerfaut, lé facre, le lanier , l'aigle, le fagarot, l’émérillon ; le hobereau , le faucon bâtard & le facre bâtard. Oiféau de montée eft celui qui s'élève fort haut ; comme le milan, le héron, G:c. Il y a des oiféaux pour la haute & pour la bafé volerie, comme ozféau pillard, celui qui pille & qui détroufle un autre; oiféau chariard , qui dérobe fa perdrix ; oifeau bas & tenu par le bec , c’eft-à-dire en faim; | L’oifeau bärard eft un faucon né d’un tiercelet de faucon & du lanier', on un facre né du facre & du lanier, On appelle oïfeaux vilains ; poltrons &c trépiers ; ceux qui ne fuivent le gibier que pour la cuifine, qu’on ne peut affairer m1 drefler , comme lès milans & les corbeaux qui ne combattent que les poulets, lefquels n’ont ni vol ni défenfe. Oifeau dépireux , qui ne veutpas revenir quand il a perdu fa proie. Oiféau attrempé ; celui qui n’eft ni gras, ni mai- gre. Oifeau äpre a la proie, eff celui qui eft bien armé de bec & d’ongles ; oifeau fort a délivre, qui n’a point ..de corfage , qui eft prefque fans chair ; comme le béron. On nomme orfean alongé, celui dont les pennes font bien entieres ; qui ont toute la longueur qu’elles doivent avoir ; oifeau trop en corps, celui qui eft trop gras. | Les oifeaux de leurres doivent avoir les mahutes hautes , les reins larges, bien croifés ; bas affis, court jointés, les mains longues. On dit auf, un oi/taa de bonne aire , un oifeau de grand travail & de bon guet | un oifeau de bonne com= pagnie ; un otfeau pantois ou aflhme , un oifeau égalé, quinteux , cartable, reburé , un oifeau d’échappe, un oifeau bon chaperonier. On dit encore apoltronir un ofeau , l'abécher, l'abattre , Pabaiffer, lentraver , Pefti- mer , &tc. mais il ne s’agit pas ici d'expliquer tous ces termes. (D. J.) | OïSEAU DE POING, (Faucoñnerie.) c’eft un oifeau de proie qui, étant reclamé , revient fur le poing du fauconnier fans leurre. (D. J.) OISEAU MONSTRUEUX, (Hifi. far.) c’eftlenom fous lequel Ximenès , naturalifte efpagnol , défigne un oïfeau de la nouvelle Efpagne ; il eft, felon lui, de la groffeur du plus gros coq-d’inde, dont il a la forme. Ses plumesfont- blanches &z tachées de noir. Il a le bec d’un épervier , mais plus aigu ; il vit de poiflon, & va aufli fur terre. Ce qu'il y a de plus fingulier , 8 qui paroît rendre le récit de Ximenès fabuleux , c’eft qu'ilalepié gauche d’une oie ; illui 444 OIS {ert à nager, tandis que du pié droit , qui reflemble aux ferres d'un faucon, il tient fa proie, foit en l’air, foit dans l’eau. OisEAUX AQUATIQUES, (Péche,) voyez la ma- riere dont elle fe fait dans la baie & le baffin d’Ar- cailon , teflort de l’amirauté de Bordeaux. Elle eft d'autant meilleure , que le froid eft plus grand. On plante fur le terrein, qui eft ordinairement élevé de trois à quatre piés au-deflus des achenaux , de lon- gues perches de quatre à cinq braffes de haut , éloi- gnées de cinq à fix de chüte. La nuit les oïfeaux ma- rins qui de bafle mer viennent paîtré fur ces mottes de terre, & qui vont de-là boire ,; s’embarraflent dans les fillets & s’y prennent. Pius la nuit eft obf- curè, plus la pêche eft abondante: C'eft la même chofe que la chafle des ‘bécañies à la pailée , &z que celles des heurons des pêcheurs picards. Il ya au- tour du baflin vingt à trente de ces fortes de pé- cheries, garnies chacune de cent piés de filets, Les oifeaux de mer fe prennent encore comme les allouettes & autres petits oj/éaux de terre. Ceux qui font cette pêche choïfflent un lieu convenable & voifin des marigots ou flafque d’eau que la mer laïf- fe, quandelies’eft retirée. [ls ont des oifeaux privés qu'ils rangént au bord de la marée, & dans Feat{ur des piquets. Ils élevent à une diftance convenable un petit cercle, ou une terrafle de gafon, avec une ou deux embrafures, d’où ils puiflent voir les oz- feaux &vtirer le filet, quand les oiféaux fe font aba- tus. Cetre pêche eft quelquefois fl abondante, qu’on a une douzaine d’of/eaux prefque pour rien. #’oyez cette pêche dans nos Planches. On fait une pêche différente des précédentes avec lefeu. Elle eft trés-induitrieufe & particuliere aux riverans de la baie S. Michel. Lors de la baffle eau & dansune nuit tranquille & fort obfcure, ils partent deux dahs un! profond filence. Celui qui marche! le premier porte un grand pot de terre ou de bois, qu'on appelle baratte ou barette. C’eft la même machine dont on fe fert pour battre le beurre. Elle eft défon- cée par le bas, le haut en eft bouché. On y met environ une livre de poix réfine., avec un morceau de torche ou de gaudron. Quand on entend le cri des oifeaux qu'on fifle quelquefois pour les décou- vrir, le pêcheur qui porte la baratte , y met le feu, &z en expofe la grande ouverture vers-le heu où 1l a entendu les oifeaux. Le fecond pêcheur qui l’ac- compäghe eft immédiatement derriere li, portant fur fes épaules un filet tendu, large de cinq à fix piés en quarré , &.dont les mailles ont deux pouces. Ce- lui-ci n’agit qu’au fignal de fon compagnon. Lorf- que lesoifeaux de mer S’approchent, le porteur de ba- raite tâche d'en tourner l'ouverture vers fon com- pagnon, afin que les oiféaux ne foient point effrayés de la. trôp' grande lueur, Mais ‘quand al s’en voit comme invefti, aufi-tôt 1l retourne la barattervers les! oifeaux qui voltigent autour, &c touche de la main fon'compagnon quijette le filet. Onprend aïnf beaucoup d’ofcaux. Voyez cette pêche dans nos Plan- +065 aug RTE à Autre pêche qui fe fait à la côte à:pié. On. for- me le long du rivage , dans un.endroiticonvenable, des pérites haies avec des branches de genèti; on faifle à ceshaies , de diftance’en diflance ; des paffa- ges étroits, où l’on place des lacets detcrin: Lesroi- Jéaus marins.qui de bafle mer viennent quêter leur ‘pâturäce, fe préfentent à ces ouvertures êc fe pren- nent. 2 On eñtue’au fufil en fe mettant dans des petites CE qui arrive au mois de Novembre ou de Décembre : :] faut toujours les cueillir avec la main , fi l’on veut conferver les branches de l'olivier. Pour cueiltir ai- fément les oZves , on fe fert d’échelles, & ceux qui les cueillent , les mettent dans des tabliers qu'ils ont devant eux, Enfin, on fe fert de petits crochets pour amener à {oi les branches éloignées. Les olives n’ont pas fur l’arbre ce goût & ce de- gré de bonté qui leur a fait trouver place fur les ta- bles les plus délicates, Elles ne lacquierent , qu’a- près avoir été confites de la maniere fuivante, ayant auparavant une amertume infupportable. Quand les olives {ont en état d’être confites , c’eft- a-dire, dans les mois de Juin & de Juiller, & bien long-tems avant qu’elles foient propres à en tirer l'huile, on les cueille, & onles met tremper quel- ques jours dans de l’eau fraîche. Après les en avoir tirées , elles font remifes dans une autre eau prépa- rée avec de la barille ou foude , & des cendres de noyaux d'olives brûlés, ou bien de la chaux; en- fuite on les fait pafler encore dans une feconde fau- mure faite d’eau & de fel, avec laquelle on les met en petits barils, dans lefquels on les envoie : mais pour leur donner cette pointe agréable qu’elles ont, on jette par deflus une eflence compolée ordinai- rement de girofle, de canelle , de coriandre , de fe. noull , &c. La compofition de cette eflence eft une efpece de l'y ASO OLI fecret parmi ceux qui fe mêlent de confire Les oZves;; & l’on peut dire aufhi que c’eft en cela que confifte toute l’habileté de ce commerce, le refte étant aflez facile à faire. Quand les olives {ont tout-à-faiten maturité, c’eft- à-dire ; lorfqu'elles commencent à rougir, on en tire par expreffhion une huile excellente, dont il fe fait un très-orand négoce. Woyez OLIVE huile d?, Pharm, Commerce. (D. J.) OLIvE huile d’, ( Comm. Pharm, Médec.) cette huile s’exprime des olives par le moyen des prefles , ou moulins faits exprès. On les cueille vers les mois de Décembre & de Janvier dans leur plus grande maturité, c’eft-à dire , lorfqu’elles commencent à rougir. Quand on les met an moulin auffi-tôt qu’el- les ont été cueillies, on en tire cette mule fi douce, &z d’une odeur fi agréable, qu’on appelle huile vier- ge, & dont la meilleure vient de Graffe, d’Aramo- ne, d'Aix , de Nice, 6c. Mais comme les oZives nou- vellement cueillies rendent peu d'huile, ceux qui cherchent la quantité & non pas la bonté , les laif- fent quelque tems rouir fur le pavé, & enfuite les preflent. Cette feconde huile eft d’un goût & d’une odeur bien moins agréable : 1l s’en tire néanmoins dé moindre qualité, qui eft l’huile commune; elle {e fait en jettant de l’eau bouillante fur Le marc, & de repreflant plus fortement. Ouire la Provence, le Languedoc, & la côte de la riviere de Gènes , où fe recueillent les meilleures huiles d'olive , employées en France pour la falade &c les fritures , il s’en fait encore quantité, mais de moindre qualité, dans le royaume de Naples, dans la Morée , dans quelques iles de l’Archipel, en Candie, en quelques lieux de la côte de Barbarie, dans l’île de Majorque, & dans quelques provinces d’Efpagne & de Portugal. Les huiles d’oZve les plus fines &g les plus eftimées, font celles des environs de Grafle & de Nice; celles d’Aramont, & celles d'Oneitte, pe- tit bourg des états du duc de Savoie , fur les côtes de la riviere de Gènes. Quant à l’ufage de l'huile doive, 1l eft de la plus grande étendue, foit pour la Médecine, foit pour la Cuifine, foit pour quantité d'ouvrages. où les ouvriers & artifans en ont befoin. Elle eft émollien- te, anodine, réfolutive, déterfive : elle a fait la bafe de la compofñtion des onguens : on l’emploie beaucoup dans les lavemens, 67 pour la cure des tu- meufs inflammatoires, Mais prévient-elle les accidens funeftes de la mor- fure de la vipere, lorfqu’on a foin d’en oindre la partie ? C’eft une queftion. qui fit beaucoup de bruit en Angleterre & en France en 1736, fur ce que l'académie des Sciences de Paris êcile public avoient été informés par plufeurs lettres de Londres., qu’un payfan anglois afluroit avoir trouvé un fpécifique contre la morfure des viperes, dans lapplication de d'huile d'olive : on difoit même que plufeurs expe- riénces que ce payfan avoit faites fur lui &z fur quel- ques animaux , en préfence de perfonnes éclairées, confirmoient cette propriété de l’huile. La matiere étoit trop importante, pour que l’aca- démie n’en prit pas connoiïflance ; elle chargea donc MM. Geoffroy & Hunauld de vérifier fion pouvoit réellement regarder l'huile d'olive commeun remede propre à empêcher les effets terribles du venin de la vipere. Malheureufement leurs expériences répétées fur divers animaux avec beaucoup de foin, d’atten- tion, & d'intelligence, ne juftifierent point l’efficace ‘du prétendu fpécifique. Voyez leur mémoire à ce fu- jet, dans le recueil de académie des Sciences, a7- née 1737, Il mérite d'autant mieux la curiofité des leéteurs ,.qu’il eft accompagné de réflexions intéref- fantes , que leurs expériences leur ont donné occa- “ion de faire fur cette matiere. { D. J.), O1IVE , Pierre d’, ( Hifi, mar.) nom que quel- ques naturalifles ont donné à des piertés judaïques | unies &t liffes, c’eft-à-dire, à des mamelons d'our- fins pétrifiés , qui ont la forme d’une ofive. OLIVE , ( Conchyliol. ) autrement rouleau ou cy= lindre, eft une coquille marine univalye, nommée ainfi pour fa figure, dont la bouche eft toûjours alongée: le fommeteft quelquefois détaché du corps par un cercle ; ou bien eft couronné ; le fût eft toù- jours uni. | Le caraétere générique de l’olive , fansavoir égard à fa bouche, eff d’avoir les deux extrémités à-peu- près de même largeur ,. & celle d’en-bas toùjours un peu moindre : fa tête n’eft point féparée de fon corps par une vive arrête, comme celle du cornet, ou de la volute ; elle fuit le corps en s’arrondiffant : ily a cependant des olives qui ont une couronne dente- lée, & qui ne laiflent pas d’avoir leur tête féparée du corps par une efpece de vive arrête , ce quipour: toit embarrafler : alors c'eft l'extrémité d’en-bas , qui n’eit jamais pointue comme celle du cornet , qui - en détermine le caraétere générique. Ce teftacé a les deux extrémités prefque égales ; mais fon corps eft renflé dans le milieu, & fa bou- che toujours alongée , eft un peu relevée par lé bas. Ses belles couleurs, ainfi que celles des cornets, ne forment point d’efpeces, mais feulement des varié- tés dans l’efpece. Balfour appelle les olives ulcombi, de même que les cornets , en les diftinguant {eulement par des épi- thetes ; d’autres les ont appellés cyZindroïdes , à caufe de leur figure cylindrique, ou bien cylindrus capite, Jeu mucrone in alium edito. Les Hoilandois nomment ces fortes de coquillages #runetres. | . Rondelet a mis les o/ives dans une clafle particu< liere , ne fachant où les placer ; Aldrovandus qui l’a {uivi en beaucoup de chofes , en a fait autant. ù Dans les diverfes efpeces d’oZives, on compte 1°. l’olive verte & marbrée; 2°. l’olive de couleur d’a- gate bariolée par le bas ; 3°. le cylindre nommé porphyre ; 4°, V'olive noire ; $°. la jaune; 6°, la foli- taire ; 7°. la bariolée & fafciée par le bas ; 89, lo live avec. des caraëteres de lettres ; 9°. la violette venant de Panama ; 10°, la blanche, marquée de lignes fauves; 11°. celle dont le fommet eft cou- ronné ; 12°. la chagrinée , pon@tuée de noir avec des taches jaunes ; 13°, la blanche, marbrée de ta- ches brunes ; 14°. l’olive faite en zigzag, bruns fur une couleur jaune, Ceteftacé eft prefque le même que le cornet, non: feulement pour la coquille, mais même pour lani- mal qui y eft logé, La feuie forme extérieure de la coquille qui eft renflée dans le milieu, &z plus large dans la partie d’en-bas ( ce qui la rend préfque égale à la fupérieure ) lui a fait donner le nom d'olive de cylindre ou de rouleau. Cette coquille eft fouvent plus mince, & fon ouverture eft auffi plus laroe que celle du cornet , quoique loper- cule qui doit la couvrir , foit plus petit ; on le trouve à l’ordinaire au bout de la plaque ; la tête eft plus détachée que celle du cornet ; maïs la clavi- cule eft ordinairement plus petite & plus plate, n'ayant que fix fpires, fouvent dentelées parétages; fa plaque eft prefque aufli longue que fa coquille ; quand elle veut marcher , elle fort quelquefois parle côté ; 8 d’autres fois elle en couvre une partie. La robe de l’olive peut difputer de beauté avec celle dur cornet ; bariolée comme elle de taches jaunâtres fur un fond. blanc, elle occafionne les compartimens les plus agréables. Æ5ff, natur. éclaircie, ( D. J.) OLIVE, ( Düete, ) voyez OLIVIER , Diere 6 Mar: médicale, 4 _ OLIVES, ex Architeture , font dé petits grains ob- longs, enfilés en maniere de chapelets , qui fe tail- lent fur différentes moulures , mais particulierement fur les baguettes des aftragales, : OLIVE ; ex terme de Boutonnier , c’eft un ouvrage en bois tourné & paré dans le milieu que l’on couvre diverfement pour faire des boutons aux {ur- tous pour la campagne, ou qui fervent d’arrêt aux crémaillées de carroffes. On l’appelle oZive, à caufe de la reflemblance qu’elle a avec le fruit decenom. OLIVES , ( Maréchall, \ forte d’embouchure : 04. ves à couplet. | OLIVENCA , ( Géog. ) forte & importante ville de Portugal dans l’Alentéjo. Les Efpagnols la pri- rent en 1658, & la rendirent aux Portngais par le traité de Lisbonne, en 1668 : elle eft dans une plai- ne, proche la Guadiana , à fix lieues S. d’Elvas, 16 E, d'Evora. Long. 11. 12. lat, 38,28, OLIVERO ;, ( Géog. ) riviere de Sicile, dans la côte feptentrionale de la vallée de Démona ; elle fe jette dans la mer de Sicile, près de Findaro. (D..J.) _ OLIVETTES, £ f. (Jouaïllerie. ) fauffes perles, outafades , de la figure d’une olive, dont on fait commerce avec les negres du Sénégal : elles font ordinairement blanches. OLIVETTE , ( Danfe, ) forte de danfe.de cam- pagne, qu’on fait en courant les uns après les au- res. On ferpente pour cela autour de trois arbres, ou de trois autres points fixes que l’on marque ex- rès. OLIVIER , f. m. o/ea, ( Hiff. nar. Botan. ) gente de plante à fleur monopétale, en forme d’enton- noir, & divifée le plus fouvent en quatre parties. Il fort du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partié inférieure de la fleur, & qui devient dans la fuite un fruit ovoide , mou, & plein de fuc, qui renferme un noyau oblong, dans lequel il y a une amande de la même forme. Tournefort, 12/, rei herb. Voyez PLANTE, (1) Orrvier, o/ea, ( Jardinage.) arbre toujours verd, dé moyenne grandeur , qui vient naturellement dans les contrées maritimes & méridionales de l’Europe : il s’en trouve aufli en Afrique & dans la partie la plus chaude de l'Amérique feptentrionale. L’o/ivier s’éleve peu en France, mais il fait un bel atbre en Efpagne & en Italie. Sa tige eft courte, noñeufe, & de médiocre groffeur : il donne beaucoup de re- jettons au pié, & il fait une grande quantité de ra- cinesiqui s'étendent au loin ; fon écorce eft lice, ume, & de couleur de cendre ; fes feuilles font du- res, épaifles , luifantes, d’un verd brun en-deflus, & blanches en-deflous ; mais plus ou moins lon- gues , fuivant les efpeces. Elles font entieres, fans dentelures, & oppofées fur les branches ; l’arbre donne fes fleurs aux mois de Mai & Juin ; elles vien- nent en grappes , &c elles font d’une couleur herba- cée un peu jaunâtre. Le fruit qui les remplace eft ovale, charnu, plus ou moinsgros, & alongé fuivant les efpeces: dans l’intérieur de l’olive, fe trouveun noyau très-dur & de la même forme, qui eft divifé en deux loges propres à contenir autant de femen- ces, mais 1l ne s’y entrouve jamais qu’une. Ce fruit n’eft en maturité que tout à la fin de l'automne. Il faut à l'olivier un climat d’une grande température ; la Provence & le Languedoc font les feules provin- ces du royaume où on puifle le cultiver avec fuc-. cès, pour entirer du profit. Tout ce qu’on peut faire dans les autres provinces , c’eft d’en avoir quelques plants dans les jardins pour lafcuriofité. Si on les met contre un mur en efpaher, dans un terrein lever, à une bonne expoñtion, ils s’y foutiendront pour l'ordinaire, & donneront quelques fruits dans les années favorables, Mais dans les pays où l’olivier vient en plein air , 1l lui faut une terre noire, ou une terre franche mêlée de gravier, ou une terre à fro- ment ; & en général toutes les bonnes terres lui font propres, pourvu qu'elles foient meubles, legeres, &-chaudes. Celles au contraire qui font srafles , ar- O LT 451 gilleufes 8 humides, ne lui font point convena- bles ; ce n’eft:pas que cet arbre ne puifle y réuffir ; mais lesfruits qu'il y rapporte en grande quantité étant trop nourris & trop crûs, line grafle qui en provientyeft fujette à s’altérer, maloré toutes les précautions que l’on puifle prendre. Il paroît qu'on commence à être d'accord fur le terrein le plus con- venable, au progrès des oliviers, & à procurer une huile.qui foit en même tems de bonne qualité & de garde ; c’eft une terre mêlée de cailloux ; les fruits qui ÿ viennent font les mieux qualifiés. On peut multiplier l’oZvier de plufieurs façons : de femence , de boutures , de branche couchée , de rejets,enracinés pris au pié des vieux-arbres, par la greffe & par les racines. Mais de toutes ces métho- des ; la plus ufitée eft de fe fervir des rejettons que l’on trouve au pié des oliviers les plus fains, les plus vigoureux, & des meilleures efpeces. On les éclate avec la pioche, & ces fortes! de plants réuffiffent aflez bien, quoiqu'ils foient fouvent fort mal enra- cinés. Il faut que les rejettons que l’onrvent planter foient. d’une écorce unie, vive, luifante, & fans branches , & qu'ils nayent qu’un pié 8: demi de hauteur. La plantations’en doit faire depuis le com- mencement de Novembre jufqu'à la fn de Mars: on les mettra en pepiniere dans des trous à trois piés les uns des autres, dont le fond fera garni de fu- nmuer de vache ou de brebis délayé dans de l’eau ; êt on achevera d’emplir le trou de bonne terre mé- lée de fumier bien pourri, bien brifé , & bien gras. On recouvrira le tont de trois doigts d’épaifieur d’une terré meuble , on même de fable, afin d’em- pêcher que le terrein ne fe durcifle & ne fe gerle. Si ces plants font bien conduits & bien foignés, ils feront en État d’être tranfplantés à demeure au bout de trois ans. Cette méthode eft en effet la plus sûre, la plus facile, & la plus courte. Pour multiplier l’ofivier de femence, on prend des noyaux d'olives bien mûres , que l’on dépouille de la pulpe qui les couvre , & on les feme au mois de Mars dans une terre meubie & legere a une bonne expoñtion, On les arrofe pendant lété au-moins deux fois par femaine: on les couvre pendant l’hi- ver de pallaflons, fous lefquels ils levent peu-à- peu depuis la fin du mois de Novembre jufqu’en Mars. En deux ans les jeunes plants deviennent aflez forts pour être tranfplantés dans la pepiniere où ils doivent être sreffés. Si l’on veut élever cetarbre deboutute, on prend fur les meilleures efpecesd’o/ivier des branches fortes & vigoureufes, de la groffenr au-moins du manche d’une pioche. Le printems.eff la faifon la plus conve- nable pour cette opération , qu'il fant faire, autant qu'il eft poffible, au moment que la féve commence à {e mettre en mouvement. On coupera cesboutures de huit à neuf pouces de longueur ; on en couvrira chaque extrémité d’un maftic compofé de cire & de poix pour les garantir de la trop grande huntdité; enfuite on enduira les boutures de toutes parts de fumier de vache, ou de crotin détrempé dans l’eau pour les difpofer à s’unir avec la'terre ; puison les mettra dans les trous qui auront été préparés & que l’on emplira de terre, mêlées de bon fumier , enforte que le deflus de la bouture. fe trouve de niveau avec le fol, mais on recouvrira le tout de troison quatre doigts de terre légere & fablonneufe ; ce qui entre- tiendra la fraicheur , 8& n’empêchera point les rejets que fera la bouture, de percer â-travers la terre, Pour faire venir l'olivier de marcotte, on couche au mois d'Avril les branches qui font à portée de terre. Sur la façon de faire cette opération, voyez le m10t MARCOTTER. À l'égard de la greffe, on s’en fert pout mettre les bonnes efpeces fur les fauvageons venus de fe 452 O LI mence. On ne peut les greffer que la feconde année après qu'ils ont été mis en pepiniere. La greffe en flûte eft la méthode la plus sûre & la plus expéditive dont on puifle fe fervir. Elle fefait à la fin d’Avril ou au commencement de Mai. Cependant on peut auf employer la greffe en écuflon : on cueille dès l’hiver les branches dont on veut tirer les écuflons, ou les conferver en les tenant dans la terre à l'ombre; & on les fait à la pouffe , lorfque les oZiviers font en fleur & en pleine féve. Trois ans après, les plants greffés feronten état d’être tranfplantés à demeure. On peut encore multiplier cet arbre , en plantant de médiocres racines, après les avoir arrachées au pié des vieux oliviers : mais cet expédient étant fort | long & fort incertain, n’eftpasenufage. Le printems eft la faifon La plus convenable pour la tranfplantation des oliviers : il faut , autant qu'il eft poñlible, les enlever avec la motte de terre, & on ne fauroit trop répéter qu’il leur faut dans ce tems- là des engrais 8 des arrofemens , & que leur fuccès dépendra principalement du foin que l’on aura eu de les mettre dans une terre meuble , légere & aétive. On plante ces arbres à vingt-cinq ou trente piés de diftance felon la qualité du terrein, & par rangées fort éloignées les unes des autres , afin qu’on puifle cultiver les intervalles en nature de vigne ou de ter- res à blé. L’ovier peut fe pafler de culture, mais dans ce cas il ne donne que de petitsfruits, en moin- dre quantité & de peu de qualité. Il faut donc le te- niren culture, & , lorfqu'il devient parefleux ou languifiant , on y remédie en remuant à leur pié une furface de terre de cinq ou fix pouces d’épaiffeur, que l’on amende avec les engrais convenables à la qualité du terrein ; ou bien en y mettant au lieu de fumier des terres brülées , qui donnent de la vigueur aux arbres fans altérer la qualité du fruit. La taille des oliviers exige peu de talent: elle confifte à re- trancher le bois mort, les branches gourmandes , celles qui nuifent , qui fe chiffonnent, qui s’élan- cent trop, &c. Cet arbre eft d’une longue vie, d’une grande fer: tilité, & d’un accroiflement uniforme; 1l reprend promptement, il lui faut peu de culture, & il fe multiplie fort aifément, Mais il n’eft d’aucune ref- fource pour l’agrément : il a apparence d’un fanle. Aufü ne le cultive-t-on que pour l’utilité de fon fruit : rien de plus connu que le iervice que l’on tire des olives. On en fait une huile qui fert à la table, à la cuifine , aux favonneries, à la Pharmacie, à brù- ler, & à quantité d’autres ufages, Woyez le mot Huie. On confitaufli unegrande quantité d'olives. Voyez OLIVE. Le bois d’olivier eft dur, noueux, tortu, 8 peu folide ; néanmoins ce bois étant jaunâtre, ondé, veiné & fingulierement varié à l’endroit des nodofi- tés , il eft fort beau & trés-recherché par les Ébénif- tes & les Tablettiers, parce qu'il prend un beau poli. Mais comme 1l y a de l'inégalité dans l’adhé- rence des couches ligneufes , & qu'il arrive fouvent qu'une partie du bois fe fépare de l’autre comme fi elle avoit été mal collée, c’eft ce qui empêche de l’employer aux ouvrages de menuiferie : ce bois eft aufli bon à brûler lorfqu'l eft verd que quand il eft fec. En femant les olives fous des climats & dans des terreins différens, On a acquis une quantité de varié- tés, parmi lefquelles on cultive de préférence dans les pays chauds, celles dont les olives font propres à donner une huile fine, celles qui font propres à confire , & celles qui rapportent beaucoup de fruit : voici les efpeces les plus connues. | 1. L’olivier fauvage. Ses feiiles font dures , épaif- fes, & des plus blanches en-deflous ; il vient natu- rellement fur les montagnes des pays chauds, & il donne peu de fruit qui eft fort petit, de forte que quoique huile en {oit très-fine , elle ne dédommage pas de la peine d’aller chercher les olives de cette efpece. | 2, L’olivier à petit fruit long , ou Volive picholine, c’eft l’une des plus eftimées pour confire. 3. L’olivier à perit fruit rond, ou l’aglaudan , ou la caianne , C’eft l’olive qui donne l’huile la plus fine. 4. L'olivier a gros fruit long, ou la laurine. Cette olive eft relevée de bofles, elle donne de bonne huile & elle eft encore meilleure à confie. 5. L’olivier à fruit ref[emblant à celui du cornouail- ler ou le corniau. | 6. L’olivier a gros fruit arrondi, on l’ampoullau. 7, L’olivier précoce à fruit rond , ou Le moureau. Ces trois dernieres efpeces font fort reputées pour l’huile fine. 8. L’olivier a très-gros fruit, ou l'olivier d’Efpagrne. C’eft la plus grofle & la plus amere de toutes les. olives. | 9. L’olivier fauvage d’Efpagne. La pointe de fon fruit eft tronquée. 10. L’olivier de Luques. Son fruit eft odorant. 1. L’olivier a feuilles de buis. Ces deux dernieres éfpeces font les plus robuftes, & celles qui peuvent le mieux reuflir en plein air, dans la partie fepten- trionale du royaume, 12. Le grand olivier franc, ou l’amélou, Son fruit eft de la forme d’une amande. 13. L’olivier à fruit long d'un verd fonce. | 14. L’olivier a fruit blanc, 15. L’olivier à gros fruit très -charnu , ou l'olivier royal. 16. L’olivier à fruit rond très-verd, ou Le verdale, 17. L’olivier à fruit en grappes , ou Le bouteillau. 18. L’olivier a petit fruit rond, panaché de rouge € de noir, ou le pigau. 19. L’olivier à petit fruit rond & noirätre, ou Le Jfalierne. Les fept dernierés efpeces donnent beaucoup de fruit, &c ne font propres la plûpart qu’à faire une huile fort commune. | OLIVIER, (Mar. mmédic. & Diere.) quoique quelques auteurs recommandent les feuilles de cet arbre comme aftringentes , & principalement utiles dans les gargarifmes, 6c. cependant ce n’eft que fon fruit, que l’olive qui mérite proprement l’attention des Médecms, comme objet diététique & pharma ceutique. La chair de Polive qui a reçu à-peu-près tout fon accroiflement , mais qui eft encore verte, contient une quantité confidérable d'huile grafle & une ma- tiere extradive d’un goût acerbe, amer, & mêlé d’un peu d’acidité. Les olives mûres contiennent les deux mêmes fubftances , qui different feulement en ce que l'huile eft plus douce & plus abondante, & que la matiere extraétive ne contient plus d'acide nud fenfible au goût ; les olives mûres contiennent de plus une matiere colorante, noïratre, dépofée dans leur peau. L’huilegrafle & la matiere extraétive renfermées pêle-mêle dans la chair des olives, font immifcibles ou réciproquement infolubles, enforte que, lorf- won en retire l’huile par le moyen de l’exprefion, Be EXPRESSION 6 HUILE RAR EXPRESSION, Jous le mot HUILE, ) elle n’entraine pas un feul atô- me de fa matiere extrattive, elle ne participe en rien de fes qualités, & que réciproquement, lorf- qu’on applique aux olives le menftrue propre de la matiere extraétive, favoir l’eau, on en retire ce principe exempt de tout mélange d’huile. L'huile retirée des olives très - vertes à laquelle les anciens ont donné le nom d’omphacine, con- tient {eulement un peu d'acide nud qu’elle manifefte par un léger goût de verdeur; mais il n'eft pas €lair qu'elle emprunte cet acide du fuc extraéhif, quoiqu'il foit aigrelet auf, Ce principe peut ap- parienir à {a fubftance mucilagineufe, qui dans cette fuppoñtion pafleroit par un état d’immaturité où d’acidité furabondante avant de parvenir À cet état de combinaifon plus parfaite qui conftitue là maturité, Quoi qu'il en foit , l'huile omphacine qu’- on peut véritablement appeller verre, annonce affez par fa nature les propriétés que lui attribue Diofco- ride, d'être aftringente , fortifiante, refrigérante , ‘deflicative. L'huile des olives prefqne mûres eft auffi douce ÔT moins grafle que celle des olives abfolument mûres. Les meilleures huiles de Provence font reti- rées des olives dans cet état, & enfin les olives par- faitement mûres donnent peut - être un peu plus d'huile, mais elle eft moins fine, c’eft-à-dire moins fluide , plus unguineufe que celle que fourniflent les olives moins mûres. L'eau appliquée même à froid aux olives, foit vertes, foit müres, en enleve parfaitement la ma- tiere extraétive qui eft, comme nous l'avons déjà infinué, lunique principe de leur goût infupporta- ble avant cette extra@ion. | Toutes les préparations des olives pour l'ufage de nos tables tendent à enlever cet extrait. Les olives confites ne font donc autre chofe que ces fruits convenablement épuités de leur matiere extraétive, & aflañonnés avec fufifante quantité de fel reflous on de faumure, & quelques matie- res aromatiques, comme le fenouil, le bois de role, Gc. Ceite préparation des olives eff très = ancienne, Columelle 8 Palladius ont décrit plufieurs manieres de les confire. Nos olives confites mangées crues donnent de l’appérit & paroiffent fortifier la digef- tion, L'auteur de cet article , qui eft d’un pays où elles font fort communes , & où les gens detous les | états en mangent beaucoup, foit feules, foit au mi- lieu des repas avec d’autres alimens, n’en a jamais aperçu aucun mauvais effet dans les fujets ordinai- res, C’eft-à-dire à-peu-près fains, Elles caufent quel- quefois la foif, comme tous les autres alimens falés, lorfqu'on en mange avec un certain excès ; mais cette foif n'eft point accompagnée d’un. épaifliffe- ment incommode de la falive , ni de rapports, ni d’aftricion dans Le palais & dans la gorge, en un mot c’eft une {oif fimple & fans indigeftion qu’on calme arfément en avalant quelques verres d’ean pure, ou d'eau & de vin. Cer accident fuffit pour- tant pour en interdire l’ufage aux perfonnes qui font fujettes aux digeftions fonguenfes , anx ardeurs d’entrailles, à la toux ffomachale, en un mot à toutes celles qu'il ne faut point rifquet d’échaufer. Au refte, ce que nous venons dé dire de l’ufage diététique des olives, ne convient qu'à celles qui font récentes ou bien confervées ; car même les nueux confites s’alterent en vieilliffant, deviennent molles , huileufes, rances ; elles doivent être rejet- tées quand elles font dans cet état comme générale. ment malfaifantes ; cette corruption arrive plus {ou- vent, plutôt, & parvient à un plus haut degré dans les olives qui font confites étant mûres. Auff celles- là font -elles moins eftimées , & font- elles entiere- mént confumées dans les pays où on les recueille, On mange auffi les olives cuites avec différentes viandes , & fur-tout les viandes noires, qu’elles affaifonnent d’une maniere agréable & falutaire. Elles font pourtant moins faines dans cer état, fur- _ tout lorfqu'on les a fait cuire long-tems, que lorf- qu'on les mange crues. L'huile d'olive ordinaire, c’eft-A-dire celle qui retirée des olives mûres on prefque mûres jeft dans DO LI 453 l'ufage diététique l'huile gtaffe par excellence, Tout le monde fait combien fon ufage eff étendu pour les falades & pour les fritures: on l’émploie oùtre cela dans les pays 6ù on cultive l’oZivier, & ch le beurre eft communément fort rare, A tous les ufa: ges auxquels le beurre eft employé dans les pays où il eft commun, L'huile d'olive eft par conféquéné une de ces matieres qui devient par l'habitude f fanuliere à tous les fujets, qu'il ft inutilé d’érablig des régles de diète fur fon ufage, Il eft obiérvé ces pendant , iême dans les pays à huilé, que plufieurs perfonnes ne fauroient abfolument la fuppôrters Mais il n’y a point de figne auquel on puiffe recon- noître d'avance dé pareils fujets. La foule réglé dé régime qu'il faille donc établir fur cet objet, c’eft d'interdire l’huile à ceux qui re peuvent en iippor: ter lufage. Ses mauvais effets font des rapports tan ces &t prefque corrofifs , une foif ardente, dés cha- leurs d’entrailles, une petite toux importune ,le te nefme, des échauboulures, & autres éruptions cuta: nées , Gc. Les boiflons acidules , fucrées ,tellés qué la liionade, les émulfons, le bouillon à la reine, (voyez ÉMULSION & ŒUF }, font le remcdé unmc- diat & prochain de ces accidens ; & la feule maniere d'en empêcher le retour, c’eft d’en fupprimer la caufe, de renoncer à huile. L’ufage pharmaceutique de l'huile d’olivé, tant pour Pintérieur que pour l'extérieur, tant pour les préfcriptions magifirales que pour les compofrions oficinalés, n’a abfolument rien de particulier. Voyez ce que nous avons dit des vertus médicinales & des ufages pharmaceutiques des huiles grafles én géné ral à l'article HUILE, 4 C’eft prefque uniquement lhuilé d'olive qu'ofi |. emploie en Pharmacie pour là compoñition des hui- les par infufñon & par déco@tion. Voyez 4 l'arriclé HUILE, ce qui concerne les huiles par infufor & par décotion. | Les anciens athlètes étoiént dans l’ufage de fe préparer à la lutte en fe faifant frotter tout le corps avec de Phuile d'olive. Ils fe rouloient enftite dans le fable, ce qui formoït fur leur corps üne croûte ou couche lépere, qui éroit enfuite pénétrée par la fueuür pendant l’exercice, Cette croûte qu'ils fai- foient enlever de deflus leur corps après l'exercice, & à laquelle ils donnoient lé nom de férigmentum ; étoit un remede que Diofcoride a vanté dans plu- fieurs maladies (extérieures à la vérité), & qui avoient tant de débit du tems de Pline, que felon cet auteur le produit des frigmenta faifoit un res veñu confidérable, Nous avons propofé quelques confidérations fur Pufage dé s’enduire le corps de matieres ontueufes à l'article ONGUENT. Voyez ce article. L’immerfion du corps entier, ou des mem- bres inférieurs & d’une partie du tronc, c’eft-à-dire le bain & le demi-bain d’huile font encore des pra- tiques fuivies par quelques médecins, fur-tout dans les coliques néfrétiques & les rétentions d’urine. La théorie la plus vraïiffemblable de lPadion des bains n’eft rien moins que favorable à ce fingulier remede, dont l'efficacité n’eft point établie d’alleurs par des obfervations fuffifantes. (2 OLIVIERS, montagne des, ( Géog. ) montagne Gui côtean de ia Palefiine, à l’orient de Jérufalem, dont elle éft féparée feulement par lé torrent de Cédron _&e par la vallée de Jofaphat.Joféphe la met éloignée - de Jérufalem de s flades, qui font 625 pas géomés triques , où de la longueur du chemin d’un jour de fabbat, dit faint Luc, 4& I. ». 12. C’eft fur cette montagne que Salomon bâtit des temples aux dieux des Ammonites & des Moabites pour plaire À fes concubines, de-[à vient que cette montagne el nommée (WE. Reg. xxii. 13) la montagne dé corraps tion Ou la montagne de fcandale , comme porté la 454 O LM vulgate. Du tems du roi Ofias, le mozs des oliviers fut en partie éboulé par un tremblement de terre. OLKUS, ( Géog.) ville de Pologne, dans un pays de montagnes, & à 6 lieues de Cracovie; cette ville eft renommée par les mines d'argent & de plomb, qui font en abondance aux environs de {on territoire : le produit s’en partage entre le roi, le palatin, 8 l’évêque. Long. 38. 6. lar. 50. 10. OLLA , ( Critig. fac.) ce mot latin dela vulgate, fignifie au propre une marmite, un pot de terre; mors in olla, un poifon mortel eft dans le pot, 17. Rep. xl. 40. Il fe prend métaphoriquement, Moab, olla fpei me , Pf. L. 20. Moab eft le fondement de mon efpérance. Ildefigne encore figurément des en- nemis tranfportés de fureur : o//am fuccenfam ego vi- deo, Jérem. 7. 13. Je vois une chaudiere bouillante: cette chaudiere défigne Nabuchodonofor. (2. J.) OLLAIRE, PIERRE, ( Æifé. nat. Minéral.) lapis ollaris , lapis lebetum , nom générique donné par les Naturaliftes à des pierres douces &t fayonneuies au toucher, qui ont la propriété de fe fculpter ou de fe travailler aifément , & de prendre au tour la for- me des vaifleaux qu’on veut leur donner. Elles ont cependant une certaine dureté qui angmente lorl- qu'on les met dans le feu ; ces pierres varient pour la couleur & la dureté, leur figure eft irréculiere &c indéterminée, elle ne fe divile point par feuillets. Ces pierres refftent à l’aétion du feu qui ne les change point en chaux nien verre, c’eft pour- quoi quelques anteurs les placent au rang de pier- res apyTes, s Wallerius compte cinq efpeces de pierres of/aires ; 1°. la ferpentine; 2°. la pierre o//aire compaéte qui prend le poli.& que les auteurs ont appellé /apis co- Iubrinus , elle eft grafle au toucher ; 3°. la pierre ollaire tendre grifâtre ; 4°. la pierre o/laire dure noi- râtre, mêlée de particules talqueufes où de mica; s°. la pierre o/laire tendre & friable , noire , que l'on nomme aufli calcum nigrum, ou ollaris pitlorius. Voyez la Minéralogie de Wallerius, rome I. M. Wallerius regarde la pierre ollaire cemme de la nature du talc; mais le célebre M. Pott croit qu’elle eft argilleufe, à caufe de la propriété qu'elle a de fe durcir dans le feu. Il met la fféatire ou pierre de lard au rang des pierres o//aires ainfi que la pierre de côme & celle qu'on appelle Zavezzes. Voyez Lichogéognofie, tom. I. & Voyez LAVEZZES, 6 S1ÉA- TITE. (—) OLLURE ,, f. f. (Mégifferie.) c’eft une efpece de tablier de gros cuir, appellé auffi cablier de riviere, ue les Mégifiers mettent devant eux pour garan- tir leurs hardes. Voyez des figures du Mépiffser. OLMIUM, ( Géog. anc.) ville de l’Afie mineure dans la dépendance d’Ephefe ; c’eft aufli, felon Etienne le géographe, une ville de Grèce dans la Béotie, & qui étoit arrofée par une riviere nom. mée O/mus. Cette riviere avoit fa fource dans le mont Hélicon, & les Mufes s’y baïgnoient, ainf que dans le Permeffe.ou dans l'Hyppocrène. (D...) OLMUTZ, ( Géogr.) forte ville de Bohème dans la Moravie , avec un évêché fuffragant de Prague. Brina lui difpute le titre de capitale. Elle eft com- merçante, peuplée, & fituée fur la Moraye, à 7 millés de Brinn, à 20 lieues de Vienne, à 30 de Cracovie, & dans un pays plat. Les interpretes de Ptolomée croient que c’eft l’Eburum de ce géogra- phe; l'évêque eft feigneur fpirituel &c temporel de la ville; fon fiége fut fonde par faint Cyrille, qui vivoit en 889, felon Dubravius. Long. 35. 10. las, 49: 30: ÉPEE) ” , OLONE, f£. f. ( Toilerie. ) petite olone & locrenau, forte de toile propre à faire des voiles de vaifleaux, qui fe fabriquent en quantité dans plufieurs endroits de la Bretagne. CLY OLONE, ( Géog.) île, bourg, château, ville, && port de France dans le bas Poitou, à o lieues de Lu con. La ville fe nomme /es fables d’Olone, & eft à 103 lieues S. O. de Paris. Le bourg eft plus avant dans les terres , & à trois-quarts de lieue du port. Le chä- teau eft au levant d’été du bourg. Le port eft dans un petit golfe, & peut recevoir les plus gros vaif- feaux de l'Océan. L'ile confifte en quelques marais où la mer fe répand dans les hautes marées, Long. 154, 42!. 21, lat, 464 291, 50, OLONITZ, (Gcog.) ville de empire rufien, renommée par {es mines de fer & par fes eaux miné=: rales, que Pierre-le-Grand a rmes en réputation. Elle eftentre le lac Ladoga à l’oueñt, & celui d’Onega: à left. Long, 51,58. lac, Gr, 26. £ OLOOSSON, ( Géog. anc.) ville ancienne de la Theffahe ou de la Perrhébie. Homere, 1ZLad, B,v 73%, la furnomme /2 blanche, c’eft, dit Strabon, à caufe de la blancheur de l’argile dont fon terroir eft couvert. OLOPHYXOS, ( Géog. anc.) ville de Thrace , auprès du mont Âthos. Hérodote, Z, VIT. & Pline, : div. IV, chap. en font mention ; Thucydide, Z. 17%: en parle auffi, & dit que cette ville & celles du vor-: finage, étoient habitées par des peuples barbares, qui parloient deux langues, apparemment la grec- que & celle de lAfie. ) OLPES, (Géog. anc.) Olpa au fingulier, ou Olpæ au pluriel, car Fheucydide emploie l’un &g lautre, ville ou forterefle de Grèce dans l’Acarna- nie, éloignée de la ville maritime des habitans d’Ar- gos d'environ 25 flades , c’eft-à-dire environ trois= uarts de lieue. k OLSS, (Géog.) forte ville de la baffe Siléfie, avec “titre de principauté , dont les princes font de la mai-? fon de Wirtembers. Elle eft à quatre nulles N. E. de Breflaw. Long. 34.35. lat. 51. 20. OLTEN , ( Géog.) petite ville de Suifle, au can- ton de Soleure, capitale d’un bailliage. Elle eft fur la Dieunere, où l’on pêche des écrévifles naturel- lement rouges. Long. 25. 10. lat. 47. 20. OLULIS , ( Géog. anc,) ancienne ville de lile de Crète ; c’eft aufli une ancienne ville de Sicile dans fa partie occidentale, felon Prolomée, Z. II, c, tv. & fes interpretes veulent que ce foit préfentement Soruuto. OLUROS, ( Géog. anc.) ville ancienne du Pélo: ponnèfe, dans lAcaie propre ; c’étoit un château élevé pour la fureté de la ville de Pellene: OZuros Pellenorum caftellum , dit Pline, 4v. IV, chap. v. OLYMPE , ( Géog. anc. ) Olympus, ce nom étoit commun à deux ou trois villes, à un promontoire, & à plufeurs montagnes : je commence par les 7 P B J P villes. | 1°, Olympus étoit une ville d’Afie dans la Pam- philie ; 2°. c’étoit encore une ville d’Afie dans la Lycie, felonPtolomée, Zy.F, chap. y. Olympus promontoire étoit dans l’île de Cypre, felon Strabon cité par Orrelius : paflons aux monta-. gnes de ce nom. 1°, Olympe montagne de la Maçédoine que Ptolo- : mée fait de 40 minutes plus orientale que le mont Ofa ; c'eft moins une montagne qu’une chaine de montagnes entre la Pierie & la Pélafoiotide, Homere dit que c’eft la demeure de Jupiter & des dieux, & qu'il n’y a point de nues au-deflus : fon nom mo- derne eft Lacha. Brown qui a été dans ce fiecle fur cette monta: … gne,, n’y vit point de neige en Septembre, au-lieu qu'il y en a toujours fur le fommet des Alpes auffi- bien que fur le haut de Pyrénées & des monts Kra- packs ; cependant cette montagne eft apperçue de fort loin, même à la diftance d'environ 24 lieues. L’étendue qu’elle a, principalement d’orient en oc. cident ; cident, fait que les habitans qui font au pié de ce mont du côté du nord & du midi, ont une tempéra- ture d’air aufñ différente que s'ils vivoient dans des . pays fort éloignés. Lucain le remarque dans fa Phar- fale, Liv. VL v. 341. Nec metuens imi borean habirator Olympi Lucentem totis 1gnorat nottibus arélon. C’eft après quelque féjour au pié de cette mon- tagne que Paul Emile, conful romain, défit le roi Perfée, & fe rendit maître de la Macédoine. Lorfque le roi Antiochus affiégea la ville de Larifle, Appius Claudius lui fit lever le fiége par le moyen de plu- fieurs grands feux qu’il alluma fur unelpartie du mont Olympe. Antiochus, à la vüe de ces feux fe retira, danslidée que toutes les forces des Romains alloient fondre fur lui. Ovide & Properce placent le mont Offa entre le Pélion & l’Olyrpe ; Horace met le Pelion fur l’O/ym- pe; Virgile difpofe encore ces trois montagnes d’une maniere différente : les Poëtes ne font point obligés de peindre les lieux en Géographes. 2°, Je doute que le mont OZympe, mis par Ptolo- mée en Theflalie, foit différent du mont Olympe de la Macédoine. 3°. Le mont Olympe étoit encore une montagne du Péloponnèfe, dans l’Ehde. 4°. Polybe parle d’un mont Olympe, ou plutôt d’une colline de ce nom, aux confins de l’Arcadie &z de la Laconie. 9, Pline, 4v. F ch. xxxij. met un mont Olympe dans l'ile de Lesbos, & un autre dans la Lycie. 6°, Athenée parle d’un mont Olympe dans la Lydie. 7°. Il y a un mont O/yripe en Myfie. Méla y met la fource du Rhyndacus. Ce mont O/ympe de Myfie eft décrit par T'ournefort dans fon voyage du Le- - vant. «C’eft, dit-il, une horrible chaine de mon- » tagnes , à l’approche deïquelles on ne voit que s» des chênes, des pins, du thym de Crète, du cifte » ladamifere, &c. Après trois heures de marche fur » cette montagne, on ne voit que des fapins & de » la neige. Les hêtres, les charmes, les trembles, #les noifetiers n’y font pas rares ». C’eft près de ce mont O/ympe que tes Gaulois furent taillés en pieces par Manlius , qui fe vangea fur enx des maux que leurs peres avoient faits en Italie. 8°. Le mont O/ympe, furnommé Triphylien, eft une autre montagne de l'ile Panchea dans l'Océan, près de l'Arabie heureufe. 9°. Enfin les Géooraphes parlent encore d’un mont Olympe dans l’ile de Cypre. M. Huet prétend que l’étymologie du mot O/yr- pe > eft la mème que des mots 4/pes, Albion, Alben, &c. fi fon idée n’eft pas vraie, elle eft du-moins in- génieufe. (D. J.) OLyMPE, {, m.(Mythol.) l’'Olympe n’eft point une montagne dans les écrits des Poëtes , c’eft l’em- pirée, c’eft le ciel, c’eft le féjour des dieux ; Clau- dien en a fait la peinture dans ces deux beaux vers. Celfior exurgit pluviis , auditque ruentes . Sub pedibus nimbos ; Ë rauca tonitrua calcat. .Auffi quand vous lifez dans Virgile , que Jupiter gouverne l’Olympe, regit Olympum, cela fignifie qu'il regne fouverainement dans le ciel. Comme il y avoit fur le mont Olympe une forterefle que des brigands, qu’on nomma géants, affiegerent, la fable dit qu'ils avoient efcaladé le ciel. Ily a dans le recueil de l'académie des Infcriptions tm. X XV. un mémoire de M. de Mairan, pour juf- tifier la conje@ure, que la fäble de Jupiter & des dieux tenant leur confeil fur l'Olympe, tiroit fon origine d’une aurore boréale que les Grecs avoient vâe. Je ne puis croire cette théorie mythologique __ Tome XI, . d’efprit & d’ornemens. CAE Ver 455 bien fondée, mais elle eft rendue avec beaucoup D. JT. OLYMPIADE, £. £. AU efpace de ans révolus, qui fervoit aux Grecs à compter leurs an- nées. Lorfqw'Ovide dit guinquennis olympias, c’eft une expreflion badine , par laquelle il a voulu défi- gner un luftre ou une efpace de $ ans. Ce poëte ve- noit detraverfer la Grece pour fe rendre au lieu de fon exil; & en conféquence il a voulu réunir plai- famment les deux manieres de compter des Grecs & des Romains. Il auroit pu dire aufli bien /4/frum qua- drinum , pour fignifier une o/ympiade, La maniere de fupputer le tems par o/ympiade, tiroit fon origine de l’inftitution des jeux olympi- ques, qu’on célebroit tous les 4 ans durant s jours; vers le folftice d'été, fur les bords du fleuve Alphée auprès d Olympe ville d’'Elide, Ces jeux furent inf- titués par Hercule en l'honneur de Jupiter, l’an 2886sdu monde ; & ils furent rétablis par Iphitus roid'Elide , 372 ans après. | La premiere o/ympiade commença l’an 3938 de la période julienne, lan 3208 de la création, so; ans après la prife de Troie, 776 avant la naïffance de J. C. & 24 ans avant la fondation de Rome. Voici donc comme l’on s'exprime dans la chronologie, Romulus eft né la feconde année de la feconde 0/yr7- piade : le temple de Delphes fut brûlé la premiere année de la cinquante-huitieme o/ympiade : la ba taille de Marathon fe donna la troifieme année de la foixante-douzieme o/ympiade. On ne trouve plus au- cune fupputation des années par les o/ympiades, après la quatre cent-quatrieme qui finit à l’an 440 de Pere vulgaire. La Grece tira fes époques des o/ympiades, & on ne compta plus que par o/ympiade. Les favans ont des obligations infinies à cette époque , qui répan- dit la clarté dans le chaos de l’hiftoire ; mais per- fonne n’atémoigné aux o/ympiades fa reconnoïflance avec plus d’affeétion, que Scaliger, Il leur fait un fort joli compliment pour un homme qui n’en faifoit. guere. « Je vous falue, dit-il, divines o/ympiades, » facrés dépofitaires de la vérité ; vous fervez à ré- » primer l’audacieufe témérité des chronologues: #-c'eft par vous que la lumiere s’eft répandue dans » lhiftoire ; fans vous combien de vérités feroient » enfévelies dans les ténébres de l’ignorance ? Enfin » je vous adreffe mes hommages , parce que c’eft » par votre moyen que nous favons avec certitude, » les chofes mêmes qui fe font pañlées dans les » tems les plus éloignés ». Save , vereranda olym- pias, cuflos temporum , vindex veritatis hifloriæ , fre- natrix fanaticæ chronologorum licentie, &c. (D. J. OLYMPIE , (Géog. anc.) ville du Péloponnefe dans l’Elide auprès de l’Alphée. Jupiter y avoit un temple mafqué par un bois d’oliviers, dans lequel étoit le ftade, ou le lieu deftiné à la courfe. Olympie fut d’abord célebre parles oracles qu'y rendoit Jupiter olympien. Après qu'ils eurent ceflé, le temple devint plus fameux que jamais par le con cours des peuples qui s’afflembloient pour voir les jeux & le couronnement des vainqueurs. La flatue qui repréfentoit Jupiter étoit l’ouvrage de Phidias ; le dieu étoit aflis, mais fi grand que fa tête touchoit prefque au haut du temple, & qu'il fembloit qu’en. fe levant 1l devoit emporter le comble de l'édifice. Etienne le géographe dit qu'OZympie s’appelloit an- ciennement Pi/e, Pifa ; & en effet , Strabon ainfi que Polybe , appellent les habitans d’Olympie , Pifei, & la contrée Pifeus ager ou terra Pifatis. Paufanias dit que les Eléens détruifirent Pife de fond en comble, & qu'on avoit planté des vignes fur fon fol. (D. J OLYMPIEN , adj. (Gram. Mythol.) Jupiter olyrme pien, ou adoré à Olympe,.ou fouverain de l’olympe. Les dieux olympiens ou dieux era étoient ay IA M nombre de douze, fix dieux & fix déefles, On les appelloit fimplement es douxe. Capella ne compre point Jupiter parmi les dieux confentes où olympiens: lle met hors de rang , au-deffus de tous. OLYMPIEUM, (Géog. anc.) lieu particulier de l'ile de Délos, où s'étoit établie une colonie d’athé- niens. Cet établiffement eft prouvé par quelques inf- criptions de Gruter. OLYMPION , (Géog. anc.) ville du Péloponnefe prèsde Coninthe, remarquable par le tombeau d'Eu- polis, l’un des plus diftingués de l’ancienne comédie grecque, & qu'Horace met dans la compagnie de Cratinus &-d’Ariftophane. | OLYMPIONIQUE n {. Im. (Gymnaffig.) vain- queur aux jeux olympiques; ils étoient finguliere- ment honorés dans leur patrie. Les Athéniens fur- tout faifoient tant de dépenfe en préfens aux o/y#- pioniques leurs compatriotes , que Solon crut devoir y mettre des bornes. Sa loi portoit que la ville ne ponrroit leur donner que cinq cent drachmes d’ar- gent , ce qui fait feulement monnoie d'Angleterre, dix-fept livres fterling, trois fchelings, neuf {ols, en comptant avec le dotteur Bernard, les cent drag- mes attiques , fur de pié detrois livres fterlings, huit fchelines , neuf fols, (2. J.) OLYMPIQUES, JEUx, (Lister. grecq: & rom.) les plus fameux, les plus folemnels, & peut-être les plus anciens jeux de la Grece, étoient les jeux olympiques , qui {e célebroïent tous les 4 ans à Olym- pie ville d'Elide dans le Péloponnefe. Quoique je ne me laffe guere à lire toutce qu'en racontent Dio- dore de Sicile, Plutarque & fur-tout Paufanias, je fais bien cependant que je n’en dois prendre ici que la fleur. Comme l’origine des jeux o/ympiques eft enfeve- lie dans la plus profonde antiquité , Pon trouve di- verfes opinions {ur leur établiffement. Diodore de- Sicile dit que ce fut Hercule de Crete qui les infti- tua , fans nous apprendre n1en quel tems, ni à quelle occafñon. Le fentiment le plus commun parmi les: favans eft que la premiere celébration s’en fit dans l’Elide, l'an du monde 263% , qui répond à la vingt- neuvieme du regne d’Acrife roi d’Argos, & à [a 34°. du regne de Sycion, dix-neuvieme roi de Sycione. Quoi qu'il en foit, depuis leur premiere inftitution , ils furent alternativement renouvellés & interrompus jufqu’au regne d’'Iphitus roi d'Elide , &c contemporain de Eycurgue, qui les rétablit avec beaucoup de luftre, l’an 3208. Ilordonna que pen- dant la durée des jeux toutes les affaires cefleroient, afin que chacun eût la liberté de s’y rendre. Ils fe celébroient vers le folftice d’été, & duroient cinq jours, Comme ils étoient confacrés à Jupiter, &c faifoient partie des cérémonies religieufes du pa- ganifme , le premier jour étoit deftiné aux facrifices; le fecond au pentathle & à la courfe à pié ; le troi- fieme au combat du pancrace & de la lutte fimple; les deux autres aux courfes à pié, à celle des che- veaux @& à celle des chars. Il y eut de tems-en.tems quelques variétés à cet égard qu’on peut lire dans Paufanias. Les athletes combattirent nus dans ces jeux , de- puis la trente-deuxieme olympiade, où il arriva à ün nommé Orcippus de perdre la viétoire , parce que dans le fort du combat fon caleçon s'étant dé- noué , l’embarraffa de maniere à lui ôter la liberté des mouvemens. Ce reglement en exigea un autre: c’eft qu'il fut défendu aux femmes & aux filles, fous eine de la vie, d’affifter à ces jeux, & même de pafer l’Alphée pendant tout le tems de leur celébra- tion. | Cette défenfe fut fi exaétement obfervée, qu’il n'arriva jamais qu'à une feule femme de violer cette loi. Cette femmeque les uns nomment Ca/lipaure, O L Y & les autres Phevenia, étant devenue veuve s’ha< biila à la façon des maîtres d'exercice, & conduifit elle-même fon fils Pifidore à Olympie. Le jeune homme ayant été déclaré vainqueur, la mere tranf- portée de joie, Jetta fon habit d’homme ; fauta par- deflus la barriere , & elle fut connue pour ce qu'elle : étoit, Cependant on lui pardonna cette infraétion de la loi en confidération de fon pere , de fes freres &c de fon fils, qui tous avoient été couronnés aux mêmes jeux. Depuis ce tems-là il fut défendu aux maîtres d'exercices de paroître auntrèment que nus à . cesifpettacles: La peine impofée par la loi, étoit de précipiter les femmes qui oferoient l’enfreindre, d’un rocher fort efcarpé qu'on appelloit le ons Typée , & qui étoit au-delà de l’Alphée. Onobligeoit les athletes à Olympie, de juret deux chofes avant que d’être admis anx jeux; 1°. qu'ils feroient foumis pendant dix mois confécutifs à tous les exercicés, & à toutes les épreuves auxquelles les engageoit l'inftitution athlétique ; 2°. qu’ils ob- ferveroïient religieufement toutes les lois prefcrites dans chaque forte de combat, & qu'ils ne feroient: rien, ni direétement ni indireétement, contre l’or- dre & la police établie dans les jeux. Onleut far foit prêter ce ferment devant la flatue de Jupiter {ur nommé c proc, à Caufe de cette cérémonie ; &t cette ftatue qui tenoit un foudre dans chaque main, pour! infpirer plus de terreur aux parjures , étoit érigée dans le fénat des Eléens. | Il leur étoit auf défendu, fous peine d’une amen: de confidérable, d’ufer de la moindre fraude pour être déclaré vainqueur ; mais ni les lois , ni les pe nes ne font pas toujours un frein capablede contenir l’ambition dans de juftes bornes. Il y eut des fuper- cheries , & la punition févere qu’on en tira, n’em- pêcha pas qu’on ne retombât de tems en tems dans: les mêmes fautes. | On trouvoit, dit Paufanias, en allant du temple de la mere des dieux au ftade, fix ffatues de Jupiter, qui toutes fix étoient de bronze, & toutes faites du produit des amendes impofées aux athletes qui avoient ufé de fraude pour remporter le prix, ainfi que lemarquoient lesinfcriptions.Lesversquiéteient fur la premiere flatue, avertifloient que le prix des jeux olympiques S’acquéroit, non par argent, mais par la légéreté des piés & par la force du corps. Ceux de la feconde portoient que cette ftatue avoit été érigée à Jupiter pour faire craindre aux athletes la vengeance du dieu, s'ils ofoient violer les lois qui leur étoient prefcrites. Le concours prodigieux du monde qu’attiroit à Olympie la celébration de ces jeux, avoit enricht cette ville & toute lElde: auffi n’y avoit:il rien dans toute la Grece de comparable au temple &ç à la ffatue de Jupiter olympien. Autour de ce temple étoit un bois facré nommé l’Azis , dans lequel avec les chapelles , les autels & les autres monumens confacrés aux dieux, & dont on trouve une def- cription fort détaillée dans l’auteur que j'ai cité tant de fois, étoient les ffatues toutes de la main des fculpteurs les plus célebres, érigées en l’honneur des VaInqueurs. Les jeux olympiques étoient fans contredit entre tous les jeux dela Grece , ceux qui tenoient le pre- mier rang, & cela pour trois raïfons : ils étoient confacrés à Jupiter le plus grand des dieux ; ils avoient été inftitnés par Hercule le plus grand des héros ; enfin on les celébroit avec plus de pompe 8s de magnificence que tous les autres, & ils attiroient un plus grand nombre de fpeétateurs , qu'on voyoit accourir de tous les endroits de la terres : Auf les Grecs ne concevoientals rien de compara- ble à la viGoire qu’on y remportoit; ils la regar- doient comme le comble de la gloire, & ne -Croyoient pas qu'il fût permis à un mortel de porter plus loin fes defirs. Je ne m’étendrai pas fur les récompenfes des vain- -queurs dans ces jeux, parce qu'il n’y'a perfonne qui -gnore que leur prix étoit une couronne d’olivier. Ï faut avouer que celui qui a dit le premier que l’o- piaion gouverne le monde, avoit bien raïfon. En “effet, qui poutroit croire, fi tant de monumens ne Fatteftoient, que pour ane couronne d’olivier , toute une nation fe dévouât à des combats fi pénibles & -f hafardeux ? D'un autre côté, les Grecs par une age politique, avoient attaché tant d'honneur à -cétte couronne ; qu'il n'eft pas étonnant qu'un peu- ple qui n’avoit de pañlion que pour la gloire. en gé- néral, crût ne pouvoir trop payer celle-ci, qui de. toutes les efpeces de gloire étoit la plus flatenfe. -Car nous ne voyons point que ni Miltiate, ni Ci- mon, nt Thénuftocle, Epaminondas, ni Philopce- men, ces grands hommes qui ont fait des ations fi -mémorables , aient été plus diffingués: parmi leurs concitoyens, qu’un fimple athlete qui avoit rem- :porté le prix ou de la lutte, ou de la courfe du ftade, .Ou de la courfe de l’hippodrome. | Il'étoit en marbre ou en bronze à côté du capitai- «ne & du héros. Ce n’eft donc point une exagéra- tion que ce que dit Ciceron dans fes tufculanes, ‘que la couronne d’olivier à Olympie, étoit un con- fulat pour les Grecs; & dans l’orailon pour Flac- ‘Cus,.que de remporter la viétoire aux jeux o/ympi- ques , étoit prefque aufh glorieux en Grece, que l’honneur du triomphe pour un romain. Mais Horace parle de ces fortes de viétoires dans -des termes encore plus forts : il ne craint point de dire qu’elles élevoient les vainqueurs au-deflus de ‘la condition humaine ; ce n’étoient plus des hommes, c'étoient des dieux : Paimaque nobilis Terrarum donsinos evehit ad deos, & ailleurs : Szve quos Elza domum reducit Palma cælejtes, * : Le vainqueur étoit proclamé par un héraut public au fon des trompettes; on le nommoit par fon nom, On ‘y ajoutoit celui de {on pere, celui de la ville d’où il étoit, quelquetois même celui de fa tribu. Il étoit couronné dela main d’un des Hellanodices ; -enfuite on le conduifoit en pompe au prytanée, où “un feftin public & fomptueux l’attendoit. Retour- noit-il dans fa ville, fes concitoyens venoient en foule au-devant de lui, & le recevoient avec l’ap- pareil d’une efpece de triomphe; perfuadés que la gloire dontilétoit couvert illuftroit leur patrie, & rejaillifloit fur chacun d'eux. Ïl n’avoit plus à craindre la pauvreté... ni fes trif- tes humiliations ; on pourvoyoit à {a fubfiftance, -on éternifoit même fa gloire par ces monumens qui femblent braver l’injure destems. Les plus celébres ftatuaires briguoient l’honneur de le mettre en mar- bre ou en bronze avec les marques de fa viétoire, dans le bois facré d'Olympie. À peine trouveroit on cent flatues dans les jardins de Verfailles qui font ammenfes ! J'ai voulu voir, dit l'abbé Gedoin, com- bien il y en avoit dans l’Attis fur l’énumération que Paufanias en fait, j'en ai compté , ajoute-t1l, juf- qu’à cinq cent; & las de compter, j'ai abandonné l'entreprife : encore Paufanias déclare-t il qu'il ne parle que des ftatues érigées aux dieux & aux athle- teslesplus célebres. Quel effet ne devoit pas produire cette quantité prodigienfe de belles ftatues polées dans un même dieu , toutes du cifeau des meilleurs artiftes deieur tems ? À chaque pas que l'on fafoit en comparant une ftatue avec une autre , on diftinguoit les difté- Tome XL, OL Y 457 rentes écoles, & l’on apprenoit Phiftoire de: l’art même. On voyoit, pour ainfi dire, {on enfance: dans les ouvrages des éleves de Dipœne & de Scyl- lis y {on progres dans les ouvrages de Calamis, de Canachus ; de Myron ; fa perfcétion dans ceux de Puidias, d'Alcamene, d'Ouatas, de Scopas, de Praxitele, de Polyclete, de Lyfppe, de Pythagore de Rhepium ; & enfin {a décadence dans les monue mens, din tems poftérieur : car alors entre l’anti- que & ie moilerne, 1l y avoit un âge moyen, où Fart avoit été porté à {a perfe@ion, Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu! pour les curieux un plus beau fpeétacle ; & c'étoit auffi par ce fpetacle que les Grecs entretenoient dans lame des particuliers, cette noble: émulation qui leur faifoit compter pour rien.les peines, les fatigues, les: dangers & la mort même, quand 1l s’agifloit d'acquérir de la gloire. J'ai parlé-en tems & lieu, des Hellanodices qi préfidoient aux jeux de la Grece , décidoient des viétoires ,; & adjugeoientles couronnes ; mais je n’i- maginOis pas qu'un roi juifait eu jamais part à cette diguité, cependant Jofephe m'a tiré d'erreur. Il m'apprend dans fes antiquités, L6. XVI, ch. j. & ix, qu'Hérode furnomméle grand allant en Italie pour faire fa cour à Angufte, s'arrêta quelque tems en Grece, & fe trouva aux jeux o/ympiques de la cent quatre-vingt-onzieme olympiade , 16 ans avant la naiflance de J. C, Comme on ne manqua pas de lui rendre les refpeéts dûs à fon rang , & quil vit fans peine que les jeux confacrés à Jupiter, avoient beaucoup perdu de leur fplendeur, parce que les Eléens éroient trop pauvres pour fournir à leur en- tretien , 1l leur. fit préfent d’un fonds confidérable pour les remettre fur l’ancien pié. Alors par recon- noiflance d'un f grand fervice , 1l fut élu préfident de ces jeux pendant le cours de fa vie. La pañion qu'on portoit à leur celébration, les foutenoit en- core d’une façon aflez brillante fur la fin du iv. fie- cle: Nous tenons cette anecdote du R. P. de Mont- faucon, qui l’a tirée des œuvres de S. Tean Chry- foftome , lequel comme on fait , fleurifloit fous le re- gne de Theéodofe & d’Arcadius ton fils. | Après que l’athlete s’eft préparé pendant 30 jours dans la ville d’'Olympie, dit ce pere de l'Egute, on l’amene au fauxbourg à la vüe de tout le monde, & le héraut crie a haute voix : « Quelqu'un peut-il » accufer ce combattant d’être efclave , où voleur , » ou de mauvailes mœurs »? S'il y avoit même foupçon d’elclavage, il ne pouvoit être admis au combat. : On lit dans les écrits du même orateur , {yrien de naiflance , que les athletes étoient encore tout nus, & fe tenoient debout expofés aux rayons du foleit, Les fpeétateurs étoient affis depuis minuit jufqu’au lendemain à midi , pour voir les athlètes qui rem- porteroient la viétoire, Pendant toute {a nuit ce hé- raut veilloit foigneufement, pour empêcher que quelqu'un des combattans ne fe fauvât à la faveur des ténébres, & ne fe deshonnorât par cette fuite. À ces combats o/ympiques les lutteurs , ceux qui fe battoient à coups de poing, enfin les pancrafiaftes, c'eft-à-dire ceux qui difputoient la viétoire dans tous les exercices gymniques, le faifoient à diffé- rentes reprifes ; mais le héraut les proclamoit, &z les couronnoit dès le moment qu'ils étoient déclarés vainqueurs. | On élifoit alors quelquefois pour chef des chœurs de muüfique, de jeunes garçons, apparemment en- fans de qualité, qu'on appelloit cha/lophores, parce . qu'ils portoient feuls des rameaux à la main, Le che: valier DE JAUCOURT. OLYNTHE , (Géog. anc.) ville de Thrace, dans la péninfule de Pallene , entre les golfes Theflaloni. que & de Torone ; on fait que Philippe forma le [ Mmmyg 45% OME fiege d'Olynthé, parce qu'elle avoit fait tine ligue avec les Athéniens, pour mettre obftacle à fes con- quêtes. Ii l'inveftit ; elle recourut à fes nouveaux alliés. Démofthene parla pour elle, &c fes trois a/yz- chiennes roulent fur la néceflité preffante de la tirer du danger où elle fe trouvoit ; maiheureufement le fecours qu’on lui donna ne put la fauver. Deux trai- tres olynthiens livrerent leur patrie à Philippe, Ce ‘prince la ruina de fond en comble, & ÿ exerça de grandes cruautés, dont Séneque a fait la matiere d’une de fes déclamations. Hérodote donna à O/y»- the l’épithete de Sichonia que défigne le pays où elle étoit fituée. (D. J.) OLYRA , (Bor. ) efpece de blé qui croît en Allemagne , & qui eft connu des Botaniftes fous le nom de 7ea-amylæa , ou de zeopyrum amylæurm. OLYSIPPO , ( Géog. anc.) c’eft ainfi que plu- fieurs auteurs écrivent le nom d’une ville très-an- cienne, fituée à l'embouchure du Tage, & qui eft aujourd’hui Lisbonne. Elle ef fi ancienne , que So- lin a cru qu’elle avoit été fondée par Ulyfle ; & Strabon même ne juge pas impoñfble qu'Ulyfle ait été en Efpagne. | Dans le-paffage de Solin on lit : Zhi oppidum Oly- fipone Viyxi conditum. Solin met ici un ablatif pour un nominatif ; car, felon l’ufage de fon tems , les noms de ville fe mettoient à l’ablatif, & érotent re- gardés comme indéclinables, Ainfi Vopifeus dans la vie d’Aurelien dit, Copto & Ploremaïde urbes ce- pit. Dans Antonin, les noms font de même à l’abla- tif, tandis que chez les Grecs ils font au gémtif. Le paflage de Solin nous apprend encore que le vrai nom de cette ville eft Olyfppo: De plus, il fe trouve écrit ainfi dans les manufcrits de Pline, Z1F. €, XXL]. Enfinlesinfcriptions détertées à Lisbonne portent la même ortographe : Felicitas Julia Olifipo. Elle eut titre de municipe, & fut peuplée de citoyens romains ; mais voyez d'autres détails ex z#0r Lrs- BONNE, ( D.J.) | O M OMADRUS , f. m. ( Mythologie. ) dieu des an- ciens adoré à Tenedos & à Scio. C’étoit Bacchus , à qui l’on facrifioit un homme , que l’on metioit en pieces. C’eft de cette cruelle cérémonie qu’il étoit appellé Omadrus. OMAGUAS , ( Géog.) peuple de l'Amérique mé- | tidionale , aux deux bords de la riviere des Amazo- nes , au-deffous de fa jonétion avec la Moyobambe. Ce peuple eft le même que les Homagues , les Oma- uacas &z les Aguas. OMAN , ( Géog. ) pays & ville de l'Arabie heu- reufe. Abulféda la met fur lamer. Sa longitude, {elon Jon-Said , eft 814, 13. laris, 194, 167, (D. J.) OMB , (Hifi. nat. ) petite graine fort commune dans l’ile de Ceylan ; elle fe mange comme du ris, mais elle enivre & caufe des maux de cœur lorf- u’elle eft trop nouvelle, OMBELLE , {. f. (Botanique. ) lorfque le pape Alexandre IIL. vint fe réfugier à Venife vers l’an 1179 , pour y terminer fes différends avec Frédéric Barberouffe, il accorda par reconnoiffance au doge Sebaftien Zani & à fes fuccefleurs de mettre à l’ave- nir fur leurs armes une efpece de parafol , qu’on voit aufh quelquefois fur les armes dé la république. Ceux qui connoiffent cette efpece d’armoirie , ont une idée jufte de l’ombelle de- botaniftes. Donnons- en maintenant la définition. C’eft l'extrémité de la tige divifée en plufieurs pédicules ou rayons qui fortant-du même centre, s'ouvrent de telle maniere qu'ils forment un cône renver{é, & font à-peu-près difpofés comme les bä- tons d’un parafol , faifant un bouquet , dont la fur face eft un peu connexe. | Si les pédicules de la tige fe trouvent fubdivifés en d’autres d’une même forme , fur lefquels les fleurs ou fruits font difpolés ; le premier $’appelle rayons, & le fecond pédicules, L’ombelle qui neft formée que de pédieules , fe nomme ormbelle fmple ; celle qui eft formée de rayons &t de pédicules fe nomme obelle compofée. Ainf les plantés ombelliferes font celles dont les fleurs naïflent en ombelles à l'extrémité des tiges , & y re- | préfentent en quelque maniere un parafol. Telles {ont les fleurs d'anet, de carote , de cerfeuil , de fe- nouil, d’angélique , de perfil, &c. On a remarqué que prefque toutes les plantes à ombelles ont leurs racines fujettes aux vers qui les détruifent ; fi cette obfervation eft vraie, il fandroit en rechercher la caufe , & peut-être la découvri- roit-on. Nous avons un traité très-eftimé des plantes ow- belliferes de l’'illufire Morifon, qui a fignalé par cet ouvrage fes talens en botanique, comme il fignala dans fa jeunefle fon courage pour les intérêts du roi Charles I. en les foutenant dans un combat don- ‘né fur le bord d’Aberdéen fa patrie ; c’eft lui-même à qui Gafton d'Orléans , prince curieux , donna la direétion du jardin de Blois ; étant retourné dans fon pays après la mort de ce prince , il fut comblé de bienfaits par CharlesII. & bientôt après nommé par l’univerfité d'Oxfort pour la profeflion de bota- nique qu'il exerça Le refte de fes jours avec la plus grande diftin@tion. Son livre des plantes en ombelles parut en latin fous ce titre : Plantarum umbellifera- rum diffributio nova, Oxoniæ 1672, in-fol. avec fig. Quand on examine avec un peu de foin la partie que M. Tournefort prend dans les plantes orbe//i- feres pour Le calice de leur fleur , on eft bientôt con- vaincu qu’elle n’eft pas ainfi qu'il Le penfe un compo- {é de deux femences nues , mais que c’eft un compoié de deux capfules monofpermes couronnées d’un _ calice. On ne peut encore s'empêcher de dire 1° que cet illuftre auteur ne devoit pas exclure l’échino- phora du nombre des plantes ombelliferes , d'autant que Morifon a fait voir que les ovaires ou capfules féminales des efpeces de ce genre contenoïent cha- cune deux graines , dont une à la vérité avorte le plus fouvent dans nos pays. 2° M. de Tournefort n’auroit pas dû ici plutôt que dans tant d’autres gen- res d’ornbelliferes prendre pour un calice commun cette forte de fraife ou collet à rayons, quife trouve à la bafe de chaque ombelle. 3° Enfin il devoit aver- tir qu'entre tant de fleurs contenues dans un feul ca- lice il n’y en avoit qu’une de fertile, puifque ce prétendu calice s'étant transformé en fruit , ne ren- fermoit qu’une femence unique ; mais ces légeres fautes n’ôtent rien du tout à la gloire d’un homme à qui la Botanique doit tant de découvertes inté- reflantes. (D. J.) OMBELLE, {. f. terme de Blafon , ce mot fe dit d’une efpece de parafol que le doge de Venife met fur fes armes par une conceffion d'Alexandre II. quand il fe refugia à Venife , en fuyant la perfécu- tion de Frédéric I. Elle eft quelquefois fous les armes de la république. ( À OMBI, ( Géog. anc.) anciennevilled’Egsypte, capi- tale du nôme , auquel elle donnoit le nom d’Ornbices Nomos. Pline en fait mention, & dit ,. VIII. c.xxiv. que Teutyris & Ombi {ont deux villes d'Egypte voi- fines , que les habitans de la derniere (Ombiræ) ado- rent le crocodile , & que les Teutyrites le pourfui- vent à la nage, le coupent par morceaux &t le man- gent. Cette diverfité de fentimens a donné lieu à Juvenal de peindre la guerre des Ornbires &t des Teu- tytites à ce fujet, Pers Æ, # a ©  M B Pninbrrale bdium , nkmgtam fanabite vain Ardet adhuc Ombos & Teutyra : fummus urrimque Tnde furor vulgo , quod numiina vicinorum Odir uterque locus , cum folos"credat habendos Æ fe deos quos ipfe colir, LE | Sat. xv. verf. 31. Grféq. »# Leur haine eft immortelle, &c cette plaie eft in- » curable : 1ls font animés de rage l’un contre l’au- » tre, patce que l’un adore un dieu que l’autre dé- »tefle ; chacun penfant que la divinité qu’il refpeéte » mérite feule d’être adorée ». (D. J.) OMBIASSES , {. m.pl. (Æi/f. mod. culte.) ce font des prêtres parmi les negres , habitans de l’île de Madagafcar, qui font en même tems le métier de médecins , de forciers & d’aftrologues. Ils vendent au peupie fuperfhtieux des billets écrits en caracte- res arabes , qu'il regarde comme des préfervatifs contre le tonnerre , la pluie, les vents, les bleffures à la guerre , & même contre la mort. D’autres met- tent ceux qui les portent à couvert des poifons, des animaux venimeux ; il y en a qui garantiflent des maifons & des villes entieres du feu & du pil- lage. On porte au cou ces fortes de billets coufus en fachets. Au moyen decestalifmans, les ombiaffes ont le fecret de tirer un profit immenfe des peuples féduits , qui n’ont d'autre religion que ces fuperfti- tions ridicules. Lorfque quelqu'un tombe malade ou en démence, on envoie chercher un ombiaffe, qui eft chargé d’aller au tombeau du pere du ma- lade qu'il ouvre ; il évoque fon ombre, & la prie de rendre le jugement à fon fils ; après quoi le prêtre retourne vers le malade , lui met fon bonnet fur la têtei, li promet un fuccès infaillible ; 8 fans l'attendre , a foin de fe faire payer de fa peine. Mais la plus affreufe fuperftition à laquelle ces im- pofteurs donnent les mains, c’eft l’ufage où font les habitans de Madagafcar de facrifier le premier-né de leurs beftiaux à Dieu & au diable à-la-fois ; fur quoi il eft bon d’obferver qu’ils nomment fatan le premier dans leurs prieres, & difent , dianbilis arnin. nam-habare, ce qui fignifie , Ze feigneur diable & . dieu. OMBILIC ,f. m. (Azat.) nom que l’on donne à l'endroit du corps où l’on a coupé le cordon ombi- lical. Voyez CorDoN. OMBJILICAL , adj. qui a rapport à l’ombilic , terme d’'Anatomie & de Chirurgie, on dit le cordon ombilical, les arteres ombilicales | la veine ombili- cale. Les hernies ou defcentes ombilicales font des dé- placemens de parties contenues dans le bas-ventre, & qui font tumeur à lombilic ou nombril. Elles {ont connues fous le nom d'exomphale, Voyez Exom- PHALE. (F). OMBILICAE , cordon, ( Anar.) c’eft un paquet de vaifleaux entortillés de l’épaifleur d’un pouce , com- pofé d’une veine & de deux arteres, qu’on appelle orbilicales ; & enveloppé d’une membrane épafle , molle & continue à l’'amnios. Son origine eft dans le placenta , & fon extrémité fe termine à lombilic du fœtus. | Son ufage eft, 1° afin que le fœtus puifle fe mou- voir librement , fans arracher le placenta de la ma- trice : 2° afin que le fœtus étant forti, il ne lui ar- rive pas quelque hémorrhagie mortelle , quoique les vaifleaux ne foient pas liés : 3° afin que le pla- centa puifle être tiré commodément de la matrice après l’accouchement. La nature varie bien fingulierement dans les pro- duétions les plus ordinaires. On lit quantité d’exem- ples du cordon de lombilic exceflivement long ; court ou gros. Sa longueur commune eft d’environ deux tiers d’anne de Paris. Mauriceau Fa yû d’une O M B 459 autie,& demie ; & d’un tiers d’auné, El la vû f monftrueufement gros, qu'il égaloit là grofleur du bras de l'enfant ; &c fans exomphale ; quelquefois la longueur de ce cordon fait qu'il fe noue d’un véri- table nœud à la fortie de l’enfant, … Quelques auteurs ont vù plufeurs fois des enfans nouveaux-nés , auxquels une partie dé la peau & des mufcles du bas-ventre manquent aûtour du cot- |: don ombilical de la grandeur d’un petit éew ou envi: | ron; de maniere que les inteftins ne fe trouvent couverts en cet endroit que d’une pélicule très mince ; rarement les enfans en réchappent, f tant eft qu'il y ait quelques exemples du contraire ; c’eft par ce trifle accident qu’on s’eft affüré du mouve- ment périftaltique des inteflins , parce qu’on le voit à découvert. | Souvent on a beanconp de peine à féparer le pla- centa après la fortie de fœtus ; & cela ne manque Jamais d'arriver lorfque le cordon ombilical s’infete au centre du placenta. Si Pinfertion eft latérale, alors l’arriere-faix s’amene aifément , & vient d'ordinaire de lui-même après la fortie du fœtus, Belle obferva- tion de Ruyfch ! (2. J7,) OMBILICALE , artère, ( Anatomie.) elles font aw nombre de deux dans le fœtus : on décrira leur oriz gine &c leur cours en parlant des vaiffeaux ombiti- caux. Je dirai feulement ici que M. du Vermey à autrefois démontré en public que les arteres ombi. licales confervoient toujours leur canal jufqu’au fond de la veflie , auquel elles fournifloient plufieurs rameaux. | OMBILICALE, veine , ( Anatomie.) la veine ombt. licale fera décrite à l’article des VAISSEAUX oMsr- LICAUX. Le foie eft attaché à l’ombilic par un ligament rond, qui, dans le fœtus, fait la fonétion de veine, &t prend le nom de veine ombilicale , dont le conduit fe ferme après la naïffance , dès qu’on a lié & coupé le cordon à l'enfant nouveau-né. Ce ligament pé- netre dans le foie par une fente qui fépare les deux lobes. Riolan dit qu'il ne fauroit fe perfuader que lorf- que la veine ombilicale &c les autres vaifleaux om- bilicaux font entierement privés de leur premier ufage , étant tout flétris & defléchés, ils changent leur fonétion premiere en celle de ligament ; 8z qu'ils foient d’une telle importance à la vie de l’homme, que quelqu'un d'eux manquant , la mort s’enfuive néceflairement , où du-moins que cette privation caufe de continuelles difiicultés de refpirer ; car il prétend que la veine owbilicale peut être réparée par le ligament large qui eft attaché au cartilage xiphoide , & tient le foie fufifamment fufpendu ; & 1l rapporte à cet effet qu'il a vü au corps d’une bohémienne qui étoit fort adroite, cette veine rom- pue, defléchée & retirée dans la fuSiflure du foie; cette femme néanmoins jouit d’une fanté parfaite pendant toute fa vie , fans aucune incommodité de refpiration. Cependant Hildanus rapporte dans fes obferva= tions chirurgicales , qu’un particulier mourut dès que la veme ombilicale lui eût été coupée par une bleflure qu’il reçut au-deflus du nombril, fans néan- moins que les inteftins en fuflent offenfés. Quoi qu'il en foit , il faut éviter de couper la veine ombilicale , quand on éft obligé de dilater une plaie pénétrante dans le bas-ventre ; car il eft quel- quefois arrivé à des chirurgiens d’être fort furpris de voir dans un pareil cas le fang fortir abondame ment par cette veine, (D. J.) OMBILICAUX , VAISSEAUX, (Anatom.)1ls {ent ait nombre de trois, deux arteres &c une veine, & ces trois vaifleaux forment le cordon ombilicak, Voyez OMBILICAL , cordon, A6O O M B Les deux artères ombilicales dans le fœtus for: tent ordinairement des deux iliaques ; il y en a une de chaque côté ; elles viennent quelquefois de l’aorte inférieure : ces arteres s’avancent vers l’ombilic à côté de la veflie qui eft entre deux ; de-là elles con- tinuent leur chemin en ligne fpirale vers le placenta, où s'étant divifées en une infiniré de rameaux , elles fe terminent & portent le fang du fœtus au placenta, & peut-être enfuite à la mere: La veine eft deux fois plus ample que les arteres; ellevient du placenta par uneinfinité de rameaux qui fe réuniflent enfuite pour former uh gros canal qui s'avance, par des circonvolutions fpirales, entre les atteres du cordon; ce canal fe rend enfuite par l’om- bilic au foie du foetus, 8 va fe terminer au finus de la veine porte, dans lequel il verfe le fang & le fuc nourricier qu'il a reçu dans le placenta : de-là 1l part un canal particulier qui eft cylindrique , & qu'on appelle canal veineux ; il fort de la parot oppofée prefque vis-à-vis de Pembouchure de la veiné omi- bilicale , & va fe rendre à la veine cave pour tranf- mettre-le fang au cœur. ( 2.7.) OMBOU , ( Botan. exot. ) efpece de prunier du Bréfil , décrit par Pion fous le mot ombz , que/lui donnent les habitans, Voyez OMEU , (Botan.) OMBRAGE , f. m. OMBRAGER , v.'a. (Jardin.) ombrager un lieu , c’eft le couvrir de feillages , ÿ planter un bois pour lui procurer de l'ombrage. On dit ombrager une plante nouvellement plan- tée, quand on la couvre pendant quelques jours d’un paillaflon , pour lui ôter le foleil qui nuroïit à fa reprife. Si elle eft empotée , 1l eft aifé de la por- ter à l'ombre. (Æ) COMBRAGER, SUROMBRAGER, ( Broderie.) c’eft appliquer fur or , de ja foie , afin d’éteindre par un ouvrage furappliqué l'éclat du métal. OMBRAGER , ( Luck, ) ombrager la lumiere d’un tuyau, c’eft en fermerune partie par le moyen de petites plaques de plomb foudées aux côtés ; on ap- pelle ces plaques orei/les. On abaïfe plus où moins les oreilles fur la lumiere. OMBRAGEUX , ad}. ( Maréchalerie. ) un cheval ombrageux eft celui qui a peur de fon ombre & de quelque objet que ce foit, & qui ne veut pas avan- cer. Il ne faut jamais battre un cheval ombrageux dans fa peur, mais le faire approcher doucement de ce qui lui fait ombrage, juiqu’à ce qu'il ait re- connu ce que c'eft, & qu'il foit raflüré. OMBRE , f. f, ( Oprique, ) eft un efpace privé de lumiere , on dans lequel la lumiere eft affoiblie par linterpofñtion de quelque corps opaque. Foyez Lu- MIERE. | La théorie des ombres eft fort importante dans POptique & dans l'Affronomie ; elle eft le fondement de la Gnomonique &r de la théorie des éclip{es. Voyez CADRAN, GNOMONIQUE 6 ECLIPSE, En voyant l'ombre fuivre exaétement toutes les fi- tuations du foleil, ou plutôt en obfervant que les mouvemens de l'ombre font les mêmes que ceux des rayons, qui parviendroïent juiqu’à terre s'ils n’é- toient interrompus , l’aftronome s'inftruit de [a mar- che du foleil par la marche de l’ombre ; il fait tomber ou reçoit l'ombre d’une pyramide , d’un file ou d’une colonne fur des lignes & fur des points, où elle lui montre tout-d’un-coup & fans efforts de fa part, l'heure, l'élévation du foleil fur Fhorifon, & juf- qu’au point précis du figne célefte fous lequel 1l fe trouve actuellement. Au lieu de lPombre , on peut faire pafler par un trou un rayon vif qui vienne de fon extrémité blanchir & défigner parmi des points &c des lignes tracés par terre ou ailleurs, Pendroit qui a rapport au progrès du jour ou du mois qui s’é- coule. On pratique une petite ouverture ronde ou à la voûte ou à la muraille qui fait ombre.du côté du CO MB midi, à un pavé ou à un parquet. On étend.fur ce pavé une lame de marbre ou de cuivre qui dirige fes extrémités vers les deux poles : on nomme cette ligne méridienne, parce qu'elle embrafle néceffaire- ment tous les points fur lefquels tombera le rayon du-foleil chaque jour de l’année , au moment que cet aftre eft également diftant de fon lever & de fon coucher. Cette diverfité y eft exprimée par autant de marques qui diftinguent précifément les folfices, les équinoxes & les éloignemens journaliers du fo- leil, depuis l'équateur jufqu’à l’un & Pautre des tro- piques dans lefquels fa courfe eft renfermée. Voyez un plus grand détail fur cer objet aux articles GNo- MON & MÉRIDIENNE. Comme on ne pent rien voir que par le moyen de la lumiere , l'ombre en elle-même eft invifible. . Lors donc qu’on dit que l’on voit une ombre, on en- tend que l’on voit des corps qui font dans l’ombre , & qui font éclairés par la lumiere que réfléchiffent les corps collatéraux, ou qu’on voit Les confins de la lumiere. | Si le corps opaque qui jette une ombre eft perpen- diculaire à lhorifon , & que le lieu fur lequel lomëre eft jettée foit horifonta!, cette ombre s'appelle ombre droite : telle eft l'ombre des hommes, des arbres, des bârimens , des montagnes , 6. Si Le corps opaque eft placé parallelement à l’ho- “rifon , l’ombre qu'il jette fur un plan perpendiculaire : à l’horifon fe nomme ombre verfe. Lois de la projetion des ombres par Les corps opa- ques. 1°. Tout corps opaque jette une ombre dans la même direétion que les rayons delumiere, c’eft-à- dire vers la partie oppofée à la lumiere. C’eft pour- quoi à mefure que le corps lumineux on le corps opaque changent de place , l’obre en change éga- lement. ù 2°, Tout corps opaque jette autant d’ormbres diffé- rentes qu'il y a de corps lumineux pour l’éclairer. 3°. Plus le corps lumineux jette de Inmiere, plus ombre eft épaifle. Ainf l’épaiffeur de l'ombre fe me4 fure par les degrés de lumiere dont cet efpace eft privé. Cen’eft pas que l’onbre qui eftune privationde lumiere , foit plus forte pour un corps que pour un autre , mais c'eft que plus les environs de l'ombre font éclairés , plus on la juge épaifle par compa- raifon. 4°. Si une fphere lumineufe eft égale à une fphere opaque qu'elle éclaire , l'ombre que répand cette der- niere fera un cylindre , & par conféquent elle fera toujours de la même grandeur , à quelque diftance que le corps lumineux foit placé : de forte qu’en quelque lieu qu'on coupe cette ombre, le plan de la {eion fera un cercle égal à un grand cercle de la fphere opaque. 5°. Si la fphere lumineufe eft plus grande que la fphere opaque, l'ombre formera un cône, Si donc on coupe l’ombre par un plan parallele à la bafe , le plan de la feétion {era un cercle, & ce cercle iera d'autant plus petit , qu’il fera plus éloigné de la bafe. 6°, Si la fphere lumineufe eft plus petite que la fphere opaque , l’ombre {era un cône tronqué ; pat conféquent elle deviendra toujours de plus grande en plus grande, Donc , f on la coupe par un plan parallele à la bafe, ce plan era un cercle d'autant plus petit , qu'il fera plus proche de la bafe, maisce cercle fera toujours plus grand qu'un grand cercle de la fphere opaque. 7°. Pour trouver la longueur de l'ombre ou Paxe du cône d'ombre d’une fphere opaque éclairée par une iphere plussrande, les demi-diametres des deux étantcomme CG.& 1 M, PL. d'optique , fig. 12. &les difances entre leurs centres G& M étant données. ‘voici commeil faut s’y prendre. Tirez la ligne F M parallele à CA, alors vous aurez 1 M= CG ; 8 par conféquent FG icra la dif. férence des demi-diametres GC & I M. Par confé- … quent comme FG, qui eft la différence des demi- diametres , eft à G M, qui eft la diftance des cen- . tres , de même CF, qui eft le demi diametre de la fphere opaque , eft à MA, qui eft la diftance du fommet du cône d’ombre au centre de la fphere opa- que. Si donc la raïfon de P M à M Heft bien petite, de forteque M A & P Mne different pas confidéra- blement, M Æ pourra être pris pour l'axe du cône d'ombre , finon la partie P Âf doit en être fouftraite. Pour la trouver , cherchez la valeur de l'arc LX, car en la foufirayant d’un quart de cercle, il reftera l'arc 1Q , qui eft la mefure de l'angle 7 M P. Cet arc Z Æ fe trouvera aifément, car il eft la mefure de l'angle L MX, lequel eft égal à l’angle MAI ; or cet angle M ZI eft un des angles du triangle rec- tangle M A 1, dont les côtés M I & M H {ont con- nus : ainfi on trouvera facilement l'angle M H I. Puis donc que dans le triangle MI P, qui eft rec- tanole en P, nous avons, outre l'angle ZMQ, le côté 2 M, lecôté M P eftaïfé à trouver par la Trigo- nométrie. | Par exemple, fi le demi-diametre de laterre MI=1, …& qu'on fuppofe le demi-diametre du foleil de 15 minutes (voyez DIAMETRE ), on en conclura que l'angle M1 P ou À M L n’eft que de 16’ : car à caufe de la petitefle du globe M par rapport au globe du foleil G, & de la grande diftance G:M-du foleil, l'angle G M Fou K L M eft à-peu près égal au demi- diametre du foleil. D'où il s'enfuit que M P r'eft | qu'environ la 228° partie de MI ou der, c’eft-à- dire dans la raifon du finus de 1 ÿ/ au finus total, ou à- peu-près comme 15/ à 57 degrés. Voyez SiNus. Donc comme  H contient auf environ 223 fois MI, il s’enfuit qu’on peut négliger P M par rapport à MH, ét prendre M Æ ou 228 demi-diametres de la terre pour la longueur de l’axe du cône. | On voit par la folution précédente que la diftance G Mdu corps opaque au corps lumineux eft toujours en rapport conftant avec la longueur M H de l’axe du cône , puifque le rapport de ces deux fignes eft “égal à celui qu'il y a entre la différence F G des demi-diametres , & le demi-diametre M 1 du corps opaque. D'où 1l eft aifé de conclure que fi la dif- tance G M diminue , 1l faut diminuer pareillement la longueur de l'ombre ; par conféquent l'ombre dimi- nuera confinuellement à mefure que Le corps opaque approchera du corps lumineux, 8°. Trouver la longueur de l'ombre que fait un corps opaque TS, fig. 13 , la hauteur du corps lu- . mineux, par exemple du foleilau-deflus de l’horifon (c’eft-à-dire l'angle SUT ), & la hauteur du corps étant donnés. Puifque dans le triangle reétangle $ TU où Teft un angle droit , l'angle U/ &.le côté TS font donnés, on trodVera par la Trigonométrie la longueur de l'ombre U T. Voyez TRIANGLE. Ainfi, fuppofé que la hauteur du foleil eft de 37°. 45°. & la hauteur d’une tour 178 piés, TT fera 241 Piés +. | 9°. La longueur de l'ombre TU 8c la hauteur du corps opaque TS étant données , trouver la hauteur du foleil au-deffns de l’horifon. . Puifque dans le triangle re&angle S T Z7, qui eft tettangle en T', les côtés T 7 & TS {ont donnés, on trouve l’angle Z par la proportion fuivante. Comme la longueur de l'ombre TU eft à la hauteur du corps opaque TS, de même le finus total éft à la tangente de la hauteur du foleïl au-deflus de l’hori- fon. Ainf, TS eft 30 piés & TU 45, TUS fera 33% A 10°. Si la hauteur du corps Inmineux, par exem- ple du foleil fur l'horifon T US ,eft 45°, la longueur CC 2 =. = = : O MB 4ôt de l'ombre TU eût égale à la hauteur du Corps opas que ; car alors l'angie {7 étant de 45 degrés , l’angle TS U el aufli de 4$ degrés, & par conféquent les côtes TS, T U'oppolés à ces anples font égaux. 11°. Les longueurs des ombres TZ & TU du mè: me corps opaque TS, à différentes hauteurs du corps lumineux , font comme les cotangentes de ces hauteurs, ou , ce qui revient au même , comme les tangentes des angles TS, complémens des hau= teurs SET, | Ainf, comme la cotangente d’un angle plus otand eft moindre que celle d’un angle plus petit ,tplus le corps lumineux eft haut , c'eft-à.dire plus l'argle SUT eft grand, plus l'ombre diminue : c’eft pour cela que les ombres À midi font plus longues en hiver qu'en été, - 12°. Pour mefurer [a hauteur de quelque objet , par exemple , d’une tour 4 B fig. 14, par le moyen de fon ombre projettée {ur un plan horifontal : à ex. trémité de l'ombre de la tour C enfoncez un bâton, & méfurez la longueur de l'ombre À C: enfoncez un autre bâton en terre dont la hauteur D £ foit con- nue, & mefurez la longueur de fon ombre E F ; alors dites, comme £ Feft à AC, ainf DE eftA 48. Si donc 4C eft 45 piés, EF4&E D s piés , 4 B {era 36 piés. 13°. L'ombre droite eftà la hauteur du Corps Opa= que , comme le cofinus de la hauteur du corps lumi- neux eft au finus de cette même hauteur. 14°, La hauteur du corps lumineux demeurant [a même, le corps opaque 4 C', fig. 13, fera À l'ombre verfe 4 D, comme l'ombre droite £ 2 eft au corps opaque D B. | Ati, 1°, le corps opaque eft à l’ombre verfe com me le co-finus de la hauteur du corps lumineux eft à fon finus ; par conféquent l'ombre verie 4 D eft au corps opaque À D, comme le finus de la hauteur du corps lumineux eft à fon cofinus. 2°, Si D 8 — AC, alors D B fera une moyenne proportionnelle entre £ B & AD, c’eftà-dire que la longueur du corps opaque fera moyenne proportionnelle entre {on ombre droite & fon ombre verte. 3°, Quand l’ans gle C'eft 45°. le finus & le co-finus font égaux, & par conféquent lombre verfe eft égale à la longueur du corps opaque. Pour trouver l'ombre d’un corps irréoulier quelcons que expofé à un corps lumineux de figure quelcons que, 1l faut imaginer de chaque point du corps lu nineux une efpece de pyramide ou cône de rayons qui viennent rafer le corps, de maniere qu'on ait au- tant de pyramides qu'il y a de points dans le corps lumineux ; & l'ombre parfaite du corps fera contenue dans l’efpace ou portion d’efpace qui {era commune à toutes ces pyramides : car il eft vifible que. cet efpace ne recevra aucun rayon de lumiere, Toures les autres portions d’efpace qui ne recevront pas de rayons de quelques points | mais qui en recevront de quelques autres, feront dans la penombre , & cette penombre fera plus ou moins denfe à diférens endroits , felon qu'il tombera en ces endroits des rayons d’un moindre ou d’un plus grand nombre de points du corps lumineux. Voyez PENOMBRE. La théorie des ombres des corps & de leur penom- bre eft très-urile dans Aftronomie , pour le calcul des échipfes, Voyez Ecrirse. | Les ombres droites &c les ombres verfes font de quels que utilité dans l’arpentage, en ce que par Leur moyen on peut aflez commodément mefurer les hauteurs, foit acceflibles, {oit inacceffibles, On fe fert des ombres droites quand l’ombre n’excede POinË Ja hauteur, &c des ombres verfes quand l’ombreteft plus grande que la hauteur. Pour cet effet on a imas giné un infirument qiWon appelle ligne des ombres, au moyen duquel on détermine les rapports des os 462 OMB bres droites & des ombres verfes de tout objet à {a hauteur. Au refte, il n’eft pas inutile de remarquer que tout ce qu'on démontre, foit dans loptique , {oit dans la perfpeëtive fur les ombres des corps , eft exaë@ à la vérité du côté mathématique ; mais que fi on traite cette matiere phyfquement , elle devient alors fort différente. L’explication des effets de la nature dépend prefque toujours d’une géométrie fi compliquée , qu'il eft rare que ces effets s'accordent avec ce que nous en aurions attendu par nos cal- culs. I eft donc néceflaire dans les matieres phyfi- ques , & par conféquent dans le fujet que nous trai- tons , de joindre l’expérience à la fpéculation , foit pour confirmer quelquefois celle-ci , foit pour voir jufqu’où elle s’en écarte , afin de déterminer , s’il eft poflble, la caufe de cette différence. . Ainfi on trouve, par exemple, dans la théorie que l'ombre de la terre doit s'étendre jufqu’à 110 de fes diametres ; & comme la lune n’en eft éloignée que d'environ 60 diametres , il s’enfuivroit de-là que quand elle tomberoit ou toute entiere ou en partie dans l’ombre de la terre , cet aftre tout entier ou fa partie éclipfée devroit difparoître entierement , comme quand la lune eft nouvelle , puifqu’alors la lune entiere ou fa partie éclipfée ne recevroit au- cun des rayons du foleil. Cependant elle ne difparoït jamais ; elle paroît feulement rougeâtre & pâle, même au plus fort de l’éclipfe, ce qui prouve qu’elle n’eft que dans la pénombre , &z qu’ainfi l’ombre de la terre ne s'étend pas jufqu’à 110 de fes diametres. Feu M. Maraldi voulant éclaircir ce phénomene, a fait des expériences en plein foleil avec des cylin- dres & des globes, pour voir jufqu’où s’étend leur ombre véritable. Voyez mémoires de l'acad. 1711. Il a trouvé que cette ombre, qui devroit s’étendre à en- viron 110 diametres du cylindre on du globe, ne s’étend , en demeurant toujours également noire , qu’à une diftance d’environ 41 diametres. Cette dif- tance devient plus grande quand le foleil eft moins lumineux. Pañlé la diftance de 41 diametres , Le mi- lieu dégénere en pénombre , & il ne refte de Porbre totale que deux traits fort noirs & étroits qui termi- nent de part & d’autre la pénombre, fuivant la lon- sueur. Ces deux traits font de la noirceur qui appar- tient à l'ombre véritable ; l’efpace qu’occupe la fauffe pénombre & ces deux traits, appartiendroit à l’or- bre véritable , parce qu’il eft dé la largeur qui con- vient à celle-ci. La largeur de la fauffe pénombre di- minue & s’éclaircit à mefure qu'on s'éloigne , & les deux traits noirs gardent toujours [la même largeur. Enfin , à la diftance d’environ 110 diametres , la faufle pénombre difparoît , les deux traits noirs fe confondent en un, après quoi l'ombre véritable dif- paroït entierement, & on ne voit plus que la pénom- bre. Il faut remarquer que la vraie pénombre qui doit dans la théorie entourer & renfermer l’ombre véritable, accompagne des deux côtés les deux traits noirs d'ombre. Quand l’onbre eft reçue aflez proche du cylindre, & qu’elle n’a pas encore dégénéré en faufle pénom- bre, on voit autour de la vraie pénombre, des deux côtés & en dehors , deux traits d’uue lumiere plus éclatante que celle même qui vient direétement du foleil ; & ces deux traits s’affoibliffent en s’éloi- nant: M. Maraldi, pour expliquer ce phénomene, pré- tend que les rayons de lumiere qui rafent ou tou- chent le corps opaque , & qui devroient renfermer l'ombre, ne continuent pas leur cheminenligne droite après avoir rafé le corps, maïs fe rompent & fe re- plient vers le corps , de maniere qu’ils entrent dans Vefpace où il ne devroit point du tout y avoir de lu- micre , fi les rayons continuoient leur chemin en li- ge droite. Il compare les rayons de Inmiere à un ! uide qui rencontre un obftacle dans fon cours , comme l’eau d’une riviere qui vient frapper la pile d’un pont, & qui tourne en partie autour de la pile, de maniere qu’elle entre dans l’efpace où elle ne devroit point entrer fi elle fuivoit la direétion des deux tangentes de la pile. Selon M. Maraldi , les rayons de lumiere tournent de la même façon au- tour des cylindres & des globes ; d’où il réfulte , 19. que Porbre réelle ou l’efpace entierement privé de lumiere, s’étend beaucoup moins qu'à la diftance de 110 diametres ; 2°. que les deux bords ou arcs du cylindre autour defquels les rayons tournent , n’en étant nullement éclairés , doivent toujours jetter une orbre véritable ; & voilà les deux traits noirs qui enferment la faufle pénombre , & dont riëh ne peut faire varier la largeur. Comme ces bords font des furfaces phyfiques qui par leurs inégalités cau- fent des réflexions dans les rayons, cefontces rayons réfléchis qui tombant au-dehors de la vraie pénom- bre, &c fe joignant à la lumiere direéte qui y tombe aufh , forment par-là une lumiere plus éclatante que la lumiere direte. Cette lumiere s’affoiblit en s’é- loignant, parce que la même quantité de rayons oc- cupe toujours une plus grande étendue ; car les rayons qui font tombés paralleles fur le cylindre, vont en s’écartant après la réflexion. S1 on fe fert de globes au lieu de cylindres , l’om- bre difparoït beaucoup plütôt, favoir à r$ ou 16 diametres ; élle fe change alors en une faufle pé- nombre entourée d’un anneau noir circulaire, puis d’un anneau de vraie pénombre,& enfuite d’un autre anneau de lumiere fort éclatante. La faufle pénom- bre difparoît à 110 diametres, & l’anneau qui l’en- vironne fe change en une tache noire obfcure ; paflé cette diftance , on ne voit plus que la pénombre. M. Maraldi croit que la raifon pour laquelle lombre difparoît beaucoup plutôt avec des globes qu'avec des cylindres , c’eft que la figure des globes eft plus propre à faire tourner les rayons de lumiere que la figure du cylindre. L'ombre de la terre ne s’étend donc qu’à 1$ ou 16 diametres, & ainfi 1l n’eft pas furprenant que la lune: ne foit pas totalement obfcurcie dans les éclipfes. Mais nous avons vu que la fanfle pénombre eft tou- jours entourée d’un anneau noir jufqu’à la diftance de 110 diametres : ainfi, fuivant cette expérience, il paroïîtroit s’enfuivre que la lune devroit paroître totalement obfcurcie au commencement & à la fin de léclipfe , ce qui eft cantre les obfervations. M. Maraldi, pour expliquer ce fait, dit que l’atmof- phere de la terre doit avoir fon ombre à l'endroit où devroit être l’anneau noir ; & comme cette ombre eft fort claire à caufe de la grande quantité de rayons que l’atmofphere laiffe pañler , elle doit, felon lui, éclairer l’anneau obfcur | & le rendre à-peu-près auffi lumineux que la fauffe pénombre. Mais fuivant cette explication , la prétendue clarté de l'anneau noir devroit être d'autant moindre que la diftance feroit plus grande ; & cependant les obfervations &c la théorie prouvent que la pénombre eft d’antant plus claire que la diftance eft plus grande. M. Ma= raldi ne fe difimule pas cette obje&ion ; & pour y: répondre , il croit qu’on doit attendre des obferva- tions plus décifives fur la différente obfcurité de la lune éclipfée. Quoi qu'il en foit, & quelle que doive être l'ombre de la terre , les expériences‘ que nous venons de rapporter n’en {ont pas moins certaines & moins curieufes. | Le P. Grimaldi a obfervé le premier qu’en intra< duifant la lurniere du foleil par un trou fait à la fe. nêtre d’une chambre obfcure , l'ombre des corps min ces cylindriques , comme un cheveu , une aiguille, Ge, expofés à cette lumiere , étoit beaucoup plus grande grande qu’elle ne devroit être, fi les rayons qui ra- fent ce corps & qui doivent en terminer l'ombre, fuivoient exaétement la ligne droïte. M. Newton a obfervé après lui ce phénomene. Le P. Grimaldi lattribue à une Zffratfion des rayons , c’eft-à-dire qu'il prérend que les deux rayons extrèmes qui ren- contrent le corps & qui en font les tangentes , ne fuivent pas cette diréétion detangentes, mais s’en écartent au-dehors, comme s’ils fuyoient les bords qu'ils ont rencontrés. M, Newton a adopté cette ex: plication, & enafait voir l'accord avec fon fyftème général de l’attraétion. M. Maraldi , après avoir répété ces mêmesexpériences, a cru devoir en don- ner une autre explication : on en peut voir le détail dans les wrémoires de l'académie de 1723. Nous nous contenterons de dire icique ces expériences & l’ex- phcation qu'il en donne ont beaucoup de rapport avec les expériences que nous avons rapportées fur les globes & les cylindres, & avec l'explication que ce mêmerauteur en donne, Voyez DIFFRACTION. : Jufqu’icinous avons fuppofé que les points qui font dans l’oére d’un corps font abfolument privés de lumiere , & cela eft vrai mathématiquement , en ne confidérant qu’un corps ifolé ; mais il n’en eft pas ainfi dans la nature : on peut regarder l'ombre , phy- fiquement parlant , comme une lumiere diminuée. Dans ce fens elle n’eft pas un néant comme les té- nebres : des lois invariables aufi anciennes que le monde , font rejaillir la lumiere d’un corps fur un autre , & de celui-ci fucceflivement fur un troïfieme, puis en continuant fur d’autres , comme par autant de cafcades ; mais toujours avec de nouvelles dégra- dations d’une chüte à l’autre. Sans le fecours de ces fages lois , tout ce qui n’eft pas immédiatement & fans obftacle fous le foleil, feroit dans une nuit to- tale. Le paflage du côté des objets qui eft éclairé à celui que le foleïl ne voit pas , feroit dans toute la nature comme le paffage des dehors de la terre à l’in- térieur des caves & des antres. Mais par uneffet des eforts puiflans que Dieu fait jouer dans chaque par- celle de cette fubftance légere , elle pouffle tous les corps fur lefquels elle arrive, & en eft repouflée , tänt par fon reflort que par la réfiftance qu’elle y éprouve. Elle bondit de deflus les corps quelle a frappés & rendus brillans par fon imprefon direéte: elle eft portée de ceux-là fur ceux des environs ; & quoiqu’elle paffe ainf des uns aux autres avec une perte toujours nouvelle , elle nous montre ceux mêmes qui n’étoient point tournés vers Le foleil. L’écarlate femble changer de nature en paffant dans l'ombre ; elle change encore en paffant dans une ombre plus forte. Tous les corps, même ceux qui ont les couleurs les plus claires, fe rembruniflent à mefure qu'ils fe détournent des traits du foleil & dès premieres réflexions de la lumiere , ce qui met par- tout des différences ; car en relevant ou détachant un objet par le fecours d’un fond ou d’un voifinage plus ou moins brun , elle embellit , elle cara@érife êt démêle à nos yeux ce que l'éloignement ou l’uni- formité de la couleur auroit confondu. L'étude du mélange & des diminutions graduelles de la lumiere & des ombres , fait une des plus gran- des parties de la Peinture. En vain le peintre fait-il alt moins leur a-t-il fallu d’abord des matérieux propres à mettre en œuvre ; : & ces matériaux n'ont jamais pu être de nature à remuer d’une maniere aufh bi- fatre l'imagination de chaque particulier. Ceux qui les confultoient auront voulu trouver une anologie connue , qui fervit de fondement À leur déchifre- ment ; & eux-mêmes auront eu également recours à une autorité avouée, afin de Ouen leur faience. Mais quelle autre analogie, & quelle autre autorité pouvoient-ils avoir que Le Wiéroglyphes fymbo! j- ques, qui étoient alors devenus une chofe facrée & myftérieufe è ALTER | ONG 477 La fcience fymbolique dans laquelle les prêtres égyptiens, qui ont été les premiers interpretes de onges , étoient devenus très-habiles, fervotent de fondement à leurs interprétations. Ce fondement devoit donner beaucoup de crédit à l’art, & fatis- faire également celui qui confultoit & celui qui étoit confulté : car, dans ce tems-là, tous les égyptiens regardoient Rte dieux comme auteurs de la fciencé hiéroglyphique. Rien alors de plüs naturel que de fuppoter que ces mêmes dieux, qu'ils croyoieht auf auteurs des fonges , employoient pour les fonges le même langage que pour les hiéroglyphiques. Je fuis perfuadé que c’eft là la véritable ofigine de l’oréi- rocritie, OU ter prétation des fonges , appellés allé goriques , C'eft à-dire , des fonges en général; car l'extravagance d’une imagination qui n’eft point re- tenue, rend naturels tous les fonges de cette ef- pece. Îl eft vrai que l’ééirocririe une fois en honneur ÿ chaque fiecle introduifit, pour la décorer, de nou- velles fuperflitions , qui la furchargerent à à la fn fi fort , que l’ancien fondemient fur lequel elle étoit ap- puyée, ne füt plus du tout connu. Voilà qui fufht fur l’origine de l’onéirocritie, , L'Ecriture-fainte nous apprend que cet art étoit déja pratiqué dès le temps de jofeph. Pharaon eut deux fonges , Genèfe 41, Dans l’un il vit fept va- ches ; dans l’autre , fept épis de blé. Ces fantômes étoient les fymbol es de l'Egypte. Les épis mar- quoient fa grande fertihté ; les vaches défipnoient Ifis fa patrone tutelaire. Les onéirocritiques ont emprunté dés fymboles hiéroglyphiques leur art de déchifrer , & cela n’a pu arriver qu’ aprés que les hiéroglyphes furént deve- nus facrés , c’elt-à dire, le vélucule myftérieux de la “théologie des Egyptiens. Or les hiéroplyphes étoient déja devenus facrés du tems de Jofeph, comme on le voit par l’ufage qui fubfifloit alors, d'interpréter les fonges relativement à ces fymbo- les. Toutes ces vérités font démontrèes dans War- burthon. (Le chevalier DE JAUCOURT.) ONERAIRE, adj. (Jurifpr.) fé dir de quelqu'un qui fupporte une sinet : cetérme ne s'emploie or- dinairement qu'en parlant des tuteurs comptables , lorfqu’on veut les diftinguer de ceux qui ne le font pas, & qu'on appelle par cette raïfon , zuveurs hono= raires. Voyez TUTEURS. (4) ONEREUX, (Jurifpräd. )fignifie £e qui eff a char: ge. Une fuccefion eft onéreufe orfqu” il ÿ a plus dé dettes que de biens : titre onéreux eft celui qui tranf- met quelque chofe non pas gratuitément , mais & prix d’argent ou en paiement, où bien fous la con: dition d’acquitter certaines charges qui égalent la valeut de la chofe. Woyez DONATION , RENON- CIATION ; SUCCESSION, TITRE ONÉREUX. (4) ONGLE, f. m. (Bütar, ) on appelle ongle ou o7- glet, en Botanique , üne efoèce de tache , c diférenté en couleur du refle des pétales de certaines fleurs. On obferve cette forte de tache à la naïflance des feuilles de rofe, de la fleur des pavots , & de plu- fieurs autres. (D. JT.) ONGLE, (Anaë.) les ongles font ces corps ; pour Ja plûpart, tranfparens , qui Îe trouvent aux extrémités des doigts tant des mains que des piés ; ils font convexes en-dehots, concaves eñ-dedans , d’u: ne figure ovale , & d’une confiftence affez frites Ils femblent être en général de là mêmé fubftante que les cornes. . Malpighi, Boerhaave , Heifter & plufieurs autres célebres auteuts , Drétentent avec beaucoup de vraiflemblance ; que les ongles font formés par les mamelons de (à peau ; ces mamelons couchés longitudinalement à l'extrémité des doigts ; sas longent parallelement , s’uniflent enfemble ; sen Lu k 478 ONG | duteifent avec des vaifleaux cutanés qui fe fou- dent; & l'épiderme fe joignant à ces mamelons vers la racine de l’ongle , leur fert comme de gaine. De tout cela réfulte un amas de fibres déliées, &c fortement collées enfemble , qui viennent de toute la partie de la peau qu’elles tonchent, & qui for- ment plufieurs couches appliquées étroitement les unes fur les autres. Ces couches n’ont pas la même longueur, & font arrangées par degré de telle fa- con, que les extérieures lont les plus longues, & Les intérieures les plus courtes. Enfin elles fe féparent aifément par la macération : mais pour mieux déve- lopper encore la formation & la firuêture des o7- gles, nous allons emprunter les lumieres de M. Winf- low. La fubftance des ongles , dit-il, eft comme cornée & compofée de plufieurs plans on conches longitu- dinales foudées enfemble, Ces couches aboutiffent à l'extrémité de chaque doist. Elles font prefque d’u- ne égale épaifleur ; mais elles font différentes en lon- oueur, Le plus externe de ces plans ef le plus long, &c les plans intérieurs diminuent par degré jufqu'au plan le plus interne , qui eft Le plus court de tous ; de forte que l’ongle augmente par degré en épaïffeur depuis fon union avec l’épiderme, où 1l eft Le plus mince, jufgqu’au bout du doigt, où il eft le plus épais. Les extrémités graduées , on racines de toutes les fibres, dont ces plans font compofés , font crenfes, pour recevoir autant de mamelons irès- menus & fort obliques qui y font enchâflés. Ces mamelons font une continuation de la vraie peau, qui étant parvenue jufqu’à la racine de l’ozge, for- me une repli femi-lunaire, dans lequel la racine de l’ongle {e niche. Après ce repli femi-lunaire, la peau fe continue {ous toute la furface interne de l’orgle, & les ma- melons s’y infinuent comme on vient de le dire, Le repli de la peau eft accompagné de l’épiderme juf- qu’à la racine de longe extérieuremeut, &cileft très- adhérent à cette racine. | On diftingue communément dans l’orgle trois par- ties ; favoir, la racine, le corps , &r l’extrémité. La racine eft blanche & en forme de croïffant. Elle eft cachée entierement , ou pour la plus grande partie, {ous le repli femi-lunaire dont nous venons de par- ler. Le croiflant de l’ongle & le repli de la peau font à contre-fens l’un de l’autre. Le corps de lozg/e eft latéralement vouté : il eft tranfparent, & de la cou- leur de la peau mamelonnée. L’extrémité ou le bout de l’ozgle n’eft attaché à rien, & croît toujours à mefure que l’on le coupe. Les Anatomiftes qui attribuent l’origine des o7- gles aux mamelons de la peau, expliquent par ce moyén plufeurs phénomenes au fujet des o7gles. Ainfi, comme les mamelons font encore tendres À la racine de l’ongle, de-là vient qu'il ef fi fenfible à cet endroit; & comme plus l’extrémité des ma- melons s'éloigne de la racine, plus cette extrémité fe durcit, cela fait qu'on pent couper le bout des ongles fans caufer un fentiment de douleur. Comme ces mamelons & ces vaifleaux foudés qui forment l’ongle viennent de la peau par étages, tant à la racine qu’à la partie inférieure, c’eft pour cela que les ongles font plus épais, plus durs, & plus forts en s’avançant vers l'extrémité ; à caufe que naïflans de toute la partie de la peau qu'ils tou- chent , les mamelons augmentent en nombre de plus en plus, & vont fe réunir au bout des ongles, C’eft aufli parle moyen de ces mamelons que les ongles font fortement attachés à la peau qui eft au- deflous. Cependant, on peut aifément les en fépa- rer dans lescadavres par le moyen de l’eau chaude. Quant à la nourriture & à l’accroiflement des ongles, on l'explique en difant que, comme les au- tres mamelons de la peau ou des vaiffeaux qui leuf portent la nourriture, les mamelons des ongles en ‘ont auffi de femblables à leur commencement. Le’ ces mamelons, qui font les racines , il fort des fi: bres qui s’alongent, fe collent enfemble & fe dur: ciflent ; & de cette maniere les ongles fe nourriflent & croiflent couche fur couche en naiflant de toute la partie de la peau qu'ils touchent, comme il a été expliqué ci-deffus. Les ongles, pendant la vie, croiflent toujours ; c’eft pourquoi On les rogne à mefure qu'ils furpaf- fent les extrémités des doigts. Les Romains fe les failoient couper par des mains artifles ; les nègtes de Guinée les laiflent croître comme un ornement, &t comme ayant êté faits par la nature pour prendre la poudre d’or. C’eft une erreur populaire en Europe , d'imagi-! ner que les ongles croiflent après la mort. Il eft fa- cile de fe convaincre de la faufleté de cette opinion, pour peu qu’on estende l’économie animale : mais ce qui a donne lieu à cette erreur, c’eft qu'après la mort les extrémités des doigts fe deffechent &c fe retirent , ce qui fait paroître les ozgles plus longs que durant la vie; fans compter que les malades laiflent ordinairement croître leurs orgles fans les couper , & qu’ainfi ils les ont fouvent fort longs quand ils viennent à mourir après une maladie qui a duré quelque tems. Quelquefois on apperçoit une tache à la racine de longle , & l’on remarque qu’elle s’en éloigne à me- fure que longle croit, & qu'on la coupe : cela arrive ainfi, parce que la couche qui contient la tache étant poufiée vers l'extrémité par le fuc nourricier qu’elle reçoit , la tache doit l’être pareillement. La même chofe arriveroit fi la tache fe rencontroit ail- leurs qu’à la racine, Quand un orge eft tombé, à l’occafon de quel- qu’accident, on obferve que le nouvel ongle fe for- me de toute la fuperficie de la peau, à caufe que les petits} fibres qui viennent des mammelons, ët qui fe collent enfemble , s’accroiflent toutes en même tems. La grande douleur que l’on reffent quand il y a quelque corps folide enfoncé entre l’ongée & la peau, ou quand on arrache les ongles avec violence; cette douleur , dis-je , arrive à caufe que leur racine eft tendre & adhérente aux mamelons de la peau, qui font proprement les organes du toucher & du fenti- ment ; de forte que la féparation des ongles ne peut pas fe faire fans blefler ces mamelons , & par conféquent , fans occafionner de très-vives dou- leurs. Au refte, comme on l’obferve, quand les ma- melons font anéantis quelque part, la peau perd fon propre fentiment en cet endroit; on peut aufñi conjedurer que lorfqu'ils font anéantis à l’endroit des ongles , de nouveaux ongles ont de la peine à fe, produire. | Les ufages des ongles font principalement les fui- vans : 1°. ils fervent de défenfe aux bouts des doigts & des orteils , qui, fans leur fecours , fe blefferoient aifément contre les corps durs, 2°, Ils les affermiflent, & empêchent qu’en preflant ou en maniant des cho- fes dures, les bouts des doigts & des orteils ne fe renverfent contre la convexité de la main ou du pié; car dans les doigts , c’eft du côté de la paume de la main, & dans les orteils, c’eft du côté de la plante du pié ‘que fe font les plus fréquentes & les plus for- tes impreflions quand on mamie quelque chofe, ou quand on marche : c’eft pourquoi l’on peur dire, que non-feulement les ongles tiennent lieu de boucliers, mais qu'ils fervent fur-tout comme d’arc-boutans. 3°. Ils donnent aux doigts de la main la facilité de prendre & de pincer les corps qui échaperoient aï-. fément er lu" fémient par leur petitefle, Les autres ufages {ont af- fez connus. Nous parlerons dans la fuite des ongles des animaux. Mais nous invitons le lééteur à lire les remarques patticulieres de M. du Verney fur ceux de l’homme dans le journal des favans du 23 Mai 1689. | — Ilarrive quelquefois que’ lozgZe du gros orteil croit dans la chair par fa partie latérale , ce qui caufe de foft grandes douleurs, & la chair croît fur l’oz- gle. C’eft en vain que l’on tâche de confumer cette chair par des cathérétiques , fi préalablement on ne coupe lPongle avec beaucoup de dextérité ; après quoi l’on tire avec une pincette le morceau d’orgée, & on l’erleve le plus doucement qu'il eft poffible ; cé qui pourtant ne peut fe faire fans caufer une vive douleur. Pour prévenir la récidive , quelques-uns confeil- lent, le mal étant gueri, de ratifler l’orgle par le milieu avec un morceau de verre, une fois tous les mois , jufqu’à ce que l’ozg/e {oit tellement émincé , qu'il cède fous le doigt. Quoiqu'’on ne faffe pas or- dinairement grand cas de cette bleflure , il y a ce- _ pendant des auteurs qui rapportent qu’elle n’a pas laïffé , arrivant fur-tout à des fujets d’une mauvaife confüuitution, d’occafñonner des fâcheux accidens , & même la mort à quelques perfonnes. La nature exerce fes jeux fur les ozgles |, comme fur les autres parties du corps humain, Rouhaut a envoyé en 1719 à l’ac. des Sciences une relation &z un deflein des ongles monftrueux d’une pauvre fem- me de Piémont, On jugera de leur grandeur par celle du plus grand de tous, qui étoit l’ozgle du gros doigt du pié gauche, Il avoit depuis fa racine jufqu’à fonextrémité quatre pouces & demi, On y voyoit que Tes lames qui compofent l’ogle font placées les unes fur les autres, comme les tuiles d’un toit , avec cette différence, qu’au lieu que les tuiles de deffous avan- cent plus que celles de defflus , les lames fupérieu- res avançoient plus que les inférieures. Ce grand ongle, & quelques - autres, avoient des inégalités dansleurépaifeur, & quelquefois des recourbemens, qui devoient venir ou de la preflion du foulier , ou de celle de quelques doigts du pié fur d’autres. Ce qui donna occafon à ces ongles de faire du bruit, & d'attirer la curiofité de M. de Rouhaut ; c’eft que cette femme s'étant cru poflédée , & s'étant fait exorcifer, elle s’imagina, &r publia que le diable s’étoit retiré dans les ongles de fes piés, & les avoit fait croître fi exceffivement en moins de rien. On lit dans la même huiftoire de lacad, des Scienc. année 1727 , l'obfervation d’un enfant qui avoit les cinq doigts de chaque main parfaitement joints en un feul corps , faifant le même volume & la même figure que des doigts féparés à l'ordinaire qui fe tien- droient. joints , & ces doigts unis étoient couverts d’un feul ozgle, dont la grandeur étoit , à-peu-près, celle des cinq. | Il eft tems de dire un mot des ongles des bêtes, qui font quelquefois coniques , quelquefois caves, &z qui fervent aux uns de fouliers , d'armes aux au- tres ; mais rien n'eft plus curieux que Partifice qui fe trouve dans les pattes des lions, des ours, des tigres , & des chats, où les ongles longs & pointus fe cachent fi proprement dans leurs pattes, qu'ils n'en touchent point la terre , & qu’ils marchent fans les ufer & les émoufler, ne les faifant fortir que quand ils s’en veulent fervir pour frapper & pour dé- chirer. | La ftru@ure & la méchanique de ces ongles eft, en quelque façon, pareille à celle qui fait le mou- vement des écailles des moules: car de même qu’el- les ont un ligament , qui, ayant naturellement ref- fort , les fait ouvrir, quand le mufcle qui eft en- dedans ne tire point ; les pattes des lions ont aufli Tome XI. f ONG 479 un digament à chaque doigt, qui, étant tendu com- me un reflort, tire le dernier auquel l’orgle eff aita- che, & le fait plier en-deflus, enforte que l’ozgée eft caché dans les entre-deux du bout des doigts, & ne fort de dehors pour agriffer , que lorfqu’un mufcle , qui fert d’antagovifle au ligament, tire cet os, & le fait retourner en-deflous avec l’ongle; il faut néanmoins fuppofer que les mufcles extenfeurs des doigts, fervent aufli à tenir cet ongle redrefé, & que ce ligament eft pour fortiñier {fon ation. Les anciens , qui n’ont point remarqué cette ftruc- ture, ont dit que les lions avoient des étuis , dans lefquels 1ls ferroient leurs ozg/es pour les conferver; il eft bien vrai qu’à chaque bout des orteiïls des lions, 1l y a une peau dans laquelle les orgles font en quel- que façon cachés , lorfque le ligament à reflort les retire; mais cen’eft point cet étui qui les conferve; car les chats,qui n’ont point ces étuis,8 qui ont tout le refte de la firuéture des pattes du lion, confer- vent fort bien leurs ozgles, fur lefquels il ne mar- chent point, fi ce n’eft quand ils en ont befoin.pour s’empêcher de glifler. De plus, ces étuis couvrent tout l’orgle excepté la pointe, qui eft la feule par- tie qui a befoin d’être confervée. (D. J.) ONGLE , (Chimie. ) efpece de matiere offeufe fort analogue à la corne. Voyez SUBSTANCES ANIMA- LES, ONGLE, cerme de Chirurgie, employé pour ex- primer deux maladies des yeux fort différentes ; l'une connue fous le nom latin wrguis, dont nous allons parler dans cet article ; & l’autre que nous décrirons ax mot ONYX. L’ongle eft une maladie de l’œil, qui confifte en une excroiflance plate qui s’étend fur la conjon&i- ve ; elle commence ordinairement au grand angle , & va par degrés jufqu’à la cornée tranfparente qu’elle couvre enfin tout-à-fait. Les Grecs l'ont nom- mée péerygium, quifignifie petite aïle ; & les Latins pannus Ou panmiculus, t unguis, parce que cette excroiflance eft à-peu-près de la grandeur &c de la figure d’un ozgle de la main. | Les anciens ont reconnu trois efpeces d’ongles : un membraneux, parce qu'il reffemble à une mem- brane charnue; le fecord adipeux, parce qu'il eft plus blanchâtre que le precédent, & qu’il femble être de la graïfle congelée. Ils ont nommé le troi- fieme variqueux , parce qu'il paroït tiflu de beau- coup d’arteres, êt de veines aflez srofles ; c’eft celui : qu'on appelle proprement parrus. Il eft le plus fà- cheux de tous, parce qu'il eft fufcepuible d’inflam- mation, de douleur , & d’ulcération. Le prognoffic de l’ongle n’eft point équivoque : fi l’on ne le guérit pas, il prive celui qui en eft atta- qué de lPufage de la vue. Il faut donc néceffaire- ment employer les fecours qui conviennent pour le détruire. La cure de l’ongle eft différente , fuivant fon état : s’il eft médiocre &c récent, on peut, felon Maître- Jan, l’atténuer & le deflécher par les collyres fecs , avec le vitriol blanc, le fucre candi, l’os de feche, l'iris de Florence, la poudre de tuthie, &c. On y ajoute du verre ou du cryftal fubtilement puivérifé : chaque particule de cette fubftance conferve des ongles tranchans qu’on apperçoit au microfcope, & qui fervent à excorier la fuperfcie de l’orgs. Ces {carifications imperceptibles procurent l'écoulement de l'humidité qui abreuve cette membrane contre nature, & elles y attirent une legere fuppuration, L'auteur aflure s’en être fervi pluñeurs fois fans au- cun inconvénient, & avec beaucoup de fuccès. Si par ces remedes ou autres femblables, on n’a pu parvenir à deflécher & détruire longe, il faut faire l’opération. On prépare d’abord une aiguille un peu longue FT PpPp 480 ONG & ronde : on la détrempe en la fafant rougir à la flamme d’une chandelle, & on la courbe fuivant qu'on le juge.à propos; on en émoufle enfuite la pointe fur une pierre à aiguifer ; afin qu’elle ne pi- que point, & qu’elle fe glifle plus aifément entre l’ongle & la conjontive, fans bleffer cette mem- brane. Pour faire Popération, onenfle cette aiguille d’un fil de foie retors : l’opérateur aflis fait afléoir Le ma- lade par terre, & lui fait renverfer &c appuyer fa tête {ur fes genoux ; ou le chwurgien peut refter de- bout & faire affeoir le malade dans un fauteuil dont le dofier puifle fe renverfer. Un aide tient une pau- picre ouverte, & le chirurgien l’autre; celui-ci pañe fon aiguille par-deffous l’orgz, vers fon mi- lieu, ènforte qu'il le comprenne entierement. Voyez Planche XXII. figure 4 ( a). Lorique le fil eft pañé, & que l’aiguille eft ôtée , Le chirurgien prend avec le pouce & le doigt index de chaque main, & le plus près de l’œil qu'il peut, une extrémité du fil, qui doit être fimple, & le fait glifler comme en {ciant par-deflous l’ongle, vers fa racine du côté du grand ongle ; il le ramene enfuite de la même ma- niere vers la cornée tranfparente. S1 l’orgze efttrop adhérent, & que le fil ne puiffe pas pañler, ontient les deux extrémités du fil d’une main, & en foule- vant un peu l'orge par fon milieu , on le détache en le difléquant avec une lancette armée, c’eft-à-dire affermie fur fa chafle par le moyen d’urre bandelette de linge qui ne laifle que la pointe découverte: on détache toutes les adhérences, ayant foin de ne point intérefler le globe de lœil. Lorfque l’orgle eft bien paré, on le lie avec le fil vers fon milieu, Planche XXII, fig. 4. ( b) & avec la lancette ou de petits cifeaux bien tranchans, on coupe l'ongle par fes extrémités. I! faut bien pren- dre garde d'entamer la caroncule lacrymale en dé- truifant l’attache de l’ozgle , parce qu’il pourroit en réfulter un larmoyement involontaire. Après l’opération , on lave Poil, on y fouffle de la poudre de tuthie & de fucre candi; on met def- fus une comprefle trempée dans un collyre rafrai- chiflant. On panfe enfuite l’œil avec les remedes propofés pour les nlceres fuperfciels de l'œil, & on les continue Jufqu'à la fin de la cure. Voyez l’ar- ticle ARGEMA. Maitre-Jan ayant extirpé un ongle de la maniere fufdite, fut obligé pour arrêter le fang, de fe fervir d’une poudre faite avec parties égales de gomme arabique & de bol, êz une fixieme partie de colco- thar. Le même auteur ayant eu occafon de faire Fopération d’un ozgle dont les vaiffeaux étoient gros, le ha près du erand angle , & fe contenta de couper l'autre extrémité. La ligature tomba cinq ou fix jours après, & parce moyen il ne fut point incommodé de l'écoulement du fang. J’ai fait plufeurs fois cette opération avec fuccès. ( F ) ONGLE enrré dans la chair, c’eftune maladie qui -occafñonne des douleurs très-vives , & qui fait ve- nir une excroiflance fongueufe dans le coin de lox- gle. C’eft ordinairement celui du gros orteil à qui cela arrive, parce que les chauffures trop étroites enfoncent la chair fur la partie tranchante de l’ongee, Quand le mal commence , on peut en prévenir les fuites en fe faifant chauffer plus au large, & en ra- clant avec un verre la furface de l'orge. Quand le mal a fait des progrès, 1l faut détruire la chair fon- gueufe avec la poudre d’alun calciné, & couper avec de pertes tenailles inafives la portion de l’oz- gle quientre dans Ja chair, pour en faire enfuite l’ex- traion, Voici comment Fabrice d’Aquapendente traitoit cette maladie : 1] écartoit avec une petite fpatule la chair de l’ongle, & 1l dilatoit cet endroit avec de la charpie feche , fourrée entre la chair & ONG l'ongle, Cela fait, il coupoit l’ozg/e en long près de l'endroit où 1l eftadhérent à la chair, & il l’arrachoit fans violence; 1l procédoit ainfi plufieurs jours de fuite, dilatant, coupant, & arrachant, jufqu’à ce que toute la partie de l'orge qui entroit dans la chair fût enlevée. On a vu quelquefois les plus violens accidens être les fymptomes de ce mal ; tels que fie- vre confidérable, mouvemens convulffs, & le dé- lire : les faignées, les calmans , & même les narco- tiques, deviennent néceflaires; mais on calme bien plus promptement & plus efficacement, en Ôôtant la caufe de la douleur-par une opération très-dou- loureufe à la vérité, mais qui n’eft que momenta- née, & qui aflure une guérifon prochaine , & la cef- fation fubite des vives douleurs. Le panfement exige à peine l’apphcation d'une comprefle trempée dans Peau vulnéraire, à-moins qu'il n’y ait des chairs à détruire ; mais elles s’affaiflent bien tôt d’elles mê- mes, & cedent à l’application des remedes fpiri- tueux & deflicatifs. ( F) ONGLE, ( Liérature. ) les Romains tenoient leurs ozgles fort propres, & avoient grand foin de les couper. Horace, dans la lettre feptieme du pre- muier livre de fes épitres, fait mention d’un Vulteius, crieur public de fon métier, lequel après avoir été rafé chez un barbier , coupoit tranquilement fes ongles : Confpexit, ur alunt, Adrafum quemdam , vacu& tonforis in umbré Curello proprios purgantem leniter ungues. Et dans la premiere épitre du même livre : « vous » me grondez, parce que je n'ai pas les ongles bien » faits » : Et prave feum Jlomacharis ob unguem. Le même dit dans fon ode fixieme du premier li- vre , qu'il chante les combats des vierges qui cou- pent leurs ongles , pour ne pas bleffer leurs amans, en les repouffant : Nos prelia virsinum Selis in juvenes unguibus acrium Cantamus. ONGLE du pie du cheval, ( Maréchallerie. ) eft la même chofe que la corne du pié. Ongles du poing de la bride, c’eft la différente fi- tuation des ongles de la main gauche du cavalier, qui donne au cheval la facilité de faire les change- mens de main, & de former fon partir & fon arrêt; parce que le mouvement de la bride fuit la pofition des ongles. Pour laifler échapper un cheval de la main , 1lfaut tournerles ongles en-bas, Pour le chan- ger à droite, il faut les tourner en-haut , portant la main à droite. Pour les changer à ganche, il faut les tourner en-bas & à gauche ; & pour l'arrêter, 1l faut les tourner en-haut & lever la main. ONGLÉ, adj. rerme de Blafon , qui fignifie les ongles ou ferres des bêtes ou des oifeaux , lorfque ces ongles font d’un émail différent de celui du corps de l’animal. Beaumoncou Bretagne , d'argent à trois piés de biches de gueules , orglées d’or. ONGLÉE , ff. ( Maréchallerie, ) les Maréchaux appellent ainfi une peau membraneufe qui fe forme au petit coin de l'œil. Prefque tous les chevaux ont cette peau ; mais elle ne devient incommode, que lorfqu’elle croit & avance fi fort fur l’œil, quelle en cacheprefquelamoitié. Lorfqw’elle eft dans cet état, on la coupe avec précaution de la maniere fuivante, Commencez par abattre le cheval ou par l'arrêter au iravail. Prenez enfuite un fol marqué, appro- chez-le du bord de cette peau ; le cheval en détour. nant l'œil amenera de lui-même cette peau fur le fol. Ayez une aiguille courbe enfilée avec du fil à votre main ; piquez cette peau fur le fol marqué ; faites reflortir l'aiguille au-deflus ou au-deflous à- - travers de cette peau; déflez-la, 82 prenant les deux bouts du fil, tirez l’orglée à vous, & la coupez toute entiere avec des cifeaux ou un biftouri; reti- rez le fol & baflinez l'endroit avec de la crême. ONGLET , f. m.( Géom. ) nom que les Géome- tres donnent à une tranche de cylindre terminée par la bafe , la furface courbe du cylindre, & fon plan oblique qui rencontre la bafe avant d’avoir coupé la furface entiere du cylindre. La furface courbe de l’ongler eft quarrable , & on peutauffi trouver un parallélepipede qui lui foit égal en folidité. On trouvera plufieurs théorèmes fur les onglets de toute efpece dans letroïfieme volume du cours de Mathématique de M. l'abbé Didier , à Paris chez Jombert. Cet auteur a recueilli ce que fes prédéceffeurs avoient trouvé de plus curieux fur cette matiere. Si on appelle x les abfcifles de la bafe de l’orgéer, & y les ordonnés de cette bafe, les hauteurs cor- refpondantes 7 des parties de l’orgler, feront = Y , 7 étant à 72 comme la tangente de l’angle du plan oblique eft au finus total. Or comme y=vV2ax—xx,en nommant 4 le rayon, & que LA d e Pélément ds de l’arc de cercleeft —— ; 1l eff AR—XX vifble que l'élément z 4 s de la furface de l’orgler eft — = Xxa d x; & que l'élément de l’org/er lui-même RER Se (2ax=xx): d'où il eft aifé de déduire, par Le calcul intégral le plus fimple, la furface & la folidité de l’ongler. (0) ONGLET , affémblage à , (Charpenterie. ) c’eft une maniere de joindre & d’affembler les pieces de bois pour un bâtiment, comme lorfque les pieces ne font pas coupées quarrément , mais diagonalement ou en triangle. /’oyez Les articles MENUISERIE 6: CHAR- PENTE, @ Les PI. de ces arts, ONGLET , rerme de Fleurifle, c’eft la partie blan- che des feuilles de la rofe, & de quelques autres fleurs, qui tient au calice , & qu’on retranche quand on les prépare pour des médicamens. ONGLET, ( Gravure.) c’eftune efpece de burin dont fe fervent les graveurs en reliefs & en creux, ilne differe des onglettes qu’en ce qu’il eft plus étroit par le côté de la pointe. Voyez ONGLETTE. ONGLET , {. m. cerme d’Imprimeur , ce font deux pages qu'on imprime de nouveau, parce qu'il s'étoit gliifé des fautes dans deux autres pages qu'on avoit imprimées auparavant: on appelle cela faire un onglet. ONGLET , terme de Menuiferie, eft la coupe que lon donne aux cadres & aux moulures dans les af- femblages. ONGLET, terme d'Orfevre & Graveur, fotte de poinçon taillé en ongle ; il differe du burin qui eft taillé en lofange. (D. J.) ' ONGLET, (Reliure. ) les Relieurs appellent 07- glet une bande de papier qu’ils coufent dans un livre pour y coller quelque chofe. Ils appellent encore de ce nom le rebord des figures qui a feryi à les coudre, ou le papier qu'ils collent à des feuilles pour y fubflituer des marges au befoin. ONGLETTES, f. £. ( Gravure.) les gravenrs en relief & en creux fur Les métaux, ainfi que les gra- veurs en cachets, & les Serruriers , fe fervent d’oz- glettes, ce font des efpeces de petits burins plats; il ÿ en a qu'on appelle demi-rondes , d’autres plartes , & d’autres sranchantes & a couteau, Voyeyles figures dans nos Planches de la Gravure; la premiere re- préfente une ongleste tranchante où à couteau , mon- tée fur fon manche & à poignée de bois garnie d’une virole de cuivre; la feconde uneonpglette double, c'eft-à-dire qui a deux pointes; elle-eft-repréfentée Tome XL , | ONG 4SI fans poignée : on fe fert de cet outil comme du bu rin. Voyez BURIN & l’article GRAVEUR AU BURIN. ONGUENT, f. m. ( Pharmacie. ) remede exté- rieur, qui ne diflere du liniment que par la conff- tence » & qui même en differe à peine par cette qua- lité. Voyez LINIMENT. On trouve dans toutes les Pharmacopées un f grand nombre d’orguens officinaux , que le médecin peut fe difpenfer dans tous les cas d’en prefcrire de magiftraux. Si lPindication ou le défaut d'onguens officinaux l’y obligeoient pourtant, il pourroit en faire compofer facilement d’après cette unique no- tion de leur effence pharmaceutique; favoir que pour former un onguent il fufhit de mêler ou de faire fondre enfemble différentes matieres huileufes , grafles, balfamiques, réfineufes , d’une telle confif- tance ou avec une telle compenfation de confif- tance, que le mélange étant froid ait a-peu-près la confiftance du faindoux. Les proportions des ingrédiens qui different natu- rellement en confiffance font déterminées d’après l’obfervation pour les onguens officinaux, & conf- gnées dans les Pharmacopées. Quant aux ozguens magiftraux, fi l’on mêle enfemble deux dtogues, dont lune ait trop de confiftance & l’autre trop peu, comme l’huile & le blanc-de-baleine, par exemple ; la cire & un baume naturel , liquide, Gc. on doit fe diriger par le tâtonnement, ajoutant de l’un ou de l’autre des ingrédiens, felon que l’exige la confif- tance qu’on a obtenue par une premiere épreuve, réitérant ces épreuves, Éc. Les onguens font principalement deftinés au trai- tement des maladies extérieures, telles que les dou leurs des membres, les dartres , la galle, les tu- meurs, les plaies, les ulceres, &c. On les emploie auffi quelquefois pour combattre des maladies inter- nes; l'application des.onguens fur le côté dans la pleuréfie , fur la région épigaitrique, fur les hypo- chondres, fur la région des reins, fur la région om- bilicale, hypogaîñtrique, &c. Dans la pleuréfie, le vomiflement , & d’autres maladies d’eftomac, di- verfes maladies du foie, de la rate & des reins; certaines coliques inteftinales, des maladies de la veflie, de la matrice, &c, cette application, dis-je, eft comptée parmu les fecours que la Médecine four- nit pour la guérifon de ces maladies. Voyez ces arti- cles THÉRAPEUTIQUE 6 TOPIQUE. On applique les onguens fur les plaies & les ulce- res, Gc.étendus fur des plumaceaux. Voyez PLUMA- CEAUX. Quand ils font employés à cet ufage parti- culier, ils font plus connus dans l’ufage ordinaire de la Chirurgie fous le nom de digeñtifs. Voyez Dr- GESTIF. On les applique dans tous les autres cas, en en tépandant une couche légere fur la partie affe@tée , les faifant pénétrer autant qu’ileft pofible par le moyen d’une légere friétion, & recouvrant enfuite la partie de linges chauds. C’eft évidemment de cette maniere d'appliquer lorguezr que cette préparation tire fon nom : il eft appellé #zguentum, du mot zagere, oindre. L’ufage de fe frotter les jointures, & même les membres & tout le corps avec des huiles 8 des bau- mes ou orguens, qui étoit fort en vogue parmi les anciens dans l’état de fanté, foit dans la vüe de fe parfumer , ou dans celle de donner de la foupleffe ou de la vigueur à lenr corps; cet ufage, dis-je, eft abfolument aboli parmi snons , & même la théorie regnante de Ilaitranfpiration cutanée & fur la vertu obftipante des matieres huileufes, prononce hardi- ment que cette application eft non- feulement inu- tile, mais même très-dangereufe.l.eft.conftant ce- pendant que des peuplés éntiers l'ont autrefois pra- tiquée-au-moins fans mauvais effet. Nous favons auf -que:les Handois:& leo Grppn AT Den & quel: Pppu 492 ONG ques peuples du nord de l'Amérique , font couverts » ner ; mais ce font des difeurs de bonne-avanture » ou fuperftitieux , ou impudens, oufainéans, ou » fous , ou des gens qui fe laiflant maïîtrifer par la #» pauvreté , fuppofent des prophéties pour attirer » du gain ; aveugles, ils veulent montrer le chemin » aux autres, & nous demandent un drachme en » nous promettant des trélors ; qu’ils prennent cette » drachme fur ces tréfors , & qu'ils nous rendent le »refte». ( D. J.) ONIVAU , ( Æiffoire nat, Bot. ) arbre de l’île de Madagafcar, qui produit uneefpece d’amande très- bonne à manger , & dont on tire de l’huile. ONIUM , ( Géog. facrée. ) Onium dans la vulgate, & Ovior dans le grec , efl le nom qu’on donna au tem- ple qu'Onias IV. fit bâtir en Egypte, fur le modele de celui de Jérufalem , 150 ans avant l’ere vulgaire. D. Calmet vous en inftruira fort au-long, & Jo- fephe, /. VIT. de bello jud, c. xxx , vous en donnera la defcription. Lupus, préfet d'Egypte fous le regne de Vefpafñen, ferma ce temple vers l’an 73 de l’ere commune, environ 223 ans après fa fondation. Pau- ln , fuccefleur de Lupus , en enleva tous les orne- : mens & les richeffes , &z en fit murer Les portes. Tel fut la fin du temple d'Oxium. ONKOTOMIE , f. £, cerme de Chirurgie; eft lopé- ration de l'ouverture d’une tumeur ou d’un abfcès. Ce mot eft formé du grec ovxos , tumieur, &t reve, Je coupe. Voyez ABSCÈS 6 INcIsIoN. (F) ONOBA , ( Géog. anc. ):ville d'Efpagne dans la Bérique chez les Turdules. Pline, Z, III, c, j, la met dans les terres. Prolomée.en établit la og. à 64, 10/. -&t la Zatir, à 364, 20’. Ilne faut pas confondre cette ville avec Oroba Gfluariæ; cette derniere étoit dans la Bétique au pays des Turditains, au bord de la mer &r au cou- chant de l'embouchure orientale du fleuve: Boœtus ou Guadalquivir ; c’eft préfentement Gibraléon. ONOBRYCHIS, ( Botan. ) on peut caradérifer ce genre de plante en,deux mots : fes goufles font coupées en crete de coq , & renferment une {e- mence qui a la figure d’un petit rein. Ses fleurs font légumineufes , difpofées en épis longs & épais. Tour- neforten compte fix efpeces ; nous décrirons la prin- -çipale fous fon nom françois, qui eft SAINFOIN. (2.7. " . € CROCENTAUEE ,{. m. (Gramm.) monftre.fa- buleux , moitié homme, moitié âne, 421, 2 ONOCROTALE , voyez PÉLICAN: ONOLOSAT oz OBOLE , poids des anciéns, pes fant un demi fcrupule, ONOMANCIÉ , o4 ONOMAMANCIE,, 7 ONO: MATOMANCIE, £ £ ( Divin.) divination par les noms ou l’art de préfager par les lettres d’un nom d’une perfonne , le bien ou le mal qui lui doit ar2 river, Le mot oromancie pris à la rigeur devroit plutôt fignifier divination par les ânes que par les noms ; puifqu'ers en grec fignifie ze, Auf la plüpart des auteurs difent-ils ozomamancie & onomatomancie, pour exprimer celle dont il s’agit ici, & qui vient d’ovoua, nom, 8t de pavreia | divination, | L'oromancie éroit fort en ufage chez les anciens Les Pythagoriciens prétendoient que les efprits, les aétions & les fuccès des hommes étoient conformes à leur deftin , à leur génie, & à leur nom. Platon lui-même femble incliner vers cette opinion, & Aufone l’a exprimée dans ces vers : 403 Qualem creavit moribus , Juffit vocari nomine | Mnndi fupremus arbiter. Le même auteur plaifante l’ivrogne Metoé fur ce que fon nom fembloir fignifier qu'il büvoit beau= coup de vin pur, merum, merum. On remarquoit aufli qu'Hypolite avoit été déchiré & mis en pieces par fes chevaux, comme fon nom le portoit. Ce fur par la même raifon que S. Hypolite martyr dut à fon nom le genre du fupplice que lui fit fouffrir un juge paien , {elon Prudence. Ille Jupinaté refidèns , cervice, quis inquie, Dicitur ? affirmant dicier Hypolituin ; Ergo fit Hypolitus , quatitat turbetque jugales {ntereatqhe feris dilaniatus equis, De même on difoit d’Agamemnon que , fuivant fon nom, il devoit refter long-tems devant Troie, B de Priam qu'il devoit être racheté d’efclavage dans fon enfance. C’eft encore ainfi , dit-on, qu’Au« gufte la veille de la bataille d'A&ium ayant rencon- tré un homme qui conduifoit un âne , & ayant ap- pris que cet animal fe nommoit zicon , c’eft-à-dire vidlorteux ; & le conduéteur Ewryches , qui fignifie heureax , fortuné | tira de cette rencontre un bon préfage de la viétoire qu’il remporta le léndemain , &t en mémoire de laquelle il fonda une ville fous le nom de Nicopolis. Enfin on peut rapporter à cette idée ces vers de Claudius Rutilius : Norminibus certis credam decurrere motes ? Moribus aut potins nomina certa darià C’eft une obfervation fréquente dans l’hiftoire , que les grands empires ont été détruits fous des princes qui portoïent le même nom que ceux qui les avoient fondés. Ainfi la monarchie des Perfes com: . mença par Cyrus fils de: Cambyfe , & finit par Cy. rus fils de Darius. Darius fils d'Hyftafpes la rétablit, &z fous Darius fils d’Arfamis elle pafla au pouvoir des Macédoniens. Le royaume de ceux-ci avoit été confdérablement augmenté par Philippe fils d’A- myÿntas ; un autre Philippe fils d’Antigone le perdit entierement. Augufte a été le premier empereur de Rome, & l’on compte Aupuftule pour le dernier. Conftantinétablit l’empite à Conftantinople, & un autre Conftantm le vit détruire par l'invañon des Turcs. On a encore.obfervé que certains noms font conffamment malhenreux pour les princes, comme Cairs parmi Les Romains ; Jean en France, en An. glererre &c en Ecofle., &:Henri en France: Une des regles de l’ozomancie parmi les Pythago- riciens , étoit qu'un nombre pair de voyelles dans le nom d'une perfonne fignifioit quelqu'imperfé&tion 484 ON O au côté gauche, & qu’un nombre impair de voyel- les fignifioit quelqu'umperfeétion au côté droit. Ils avoient encote pour regle que de deux perfonnes, celle-là étoit la plus heureufe dans le nom de la- quelle les lettres numérales ajoutées enfemble for- moient la plus grande fomme ; ainfi , difoientäls, Achille avoit vaincu Heétor , parce que les lettres numérales comprifes dans le nom d’Achille for- moient une fomme plus grande que celle du nom d'Hector. C’étoit fans doute fur un principe femblable que dans les feftins ou les parties de plaïfir les jeunes Romains bûvoient à la fanté de leurs maïîtrefles au- tant de coups qu'il y avoit de lertres dans le nom de ces belles. C’eft pourquoi on lit dans Martial: Nœvia fex cyathis , feptem juftina bibatur. ‘Enfin on-peut rapporter à l’ozomancie tous les préfages qu’on prétendoit tirer pour lavenir des noms, foit confidérés dans leur ordre naturel , {oit décompofés &t réduits en anagramme ; ce qu'Aufone appelle , Nomen componere , quod fit Fortunæ , torum , vel necis indicium. Cœlius Rhodiginus nous a donné la defcription d’une efpece d’orzomancie fort finguliere. Il dit que Théodat, roi des Goths, voulant favoir quel feroit le fuccès de la guërre qu'il projettoit contre les Ro- mains , un juf expert dans l’ozomancie lui ordonna de faire enfermer un certain nombre de cochons dans de petites étables | & de donner à quelques- uns de ces animaux des noms romains , à d’autres des noms de goths, avec des marques pour les dif- tinguer les uns des autres, & enfin de les garder juiqu'à un certain jour ; lequel étant arrivé, on ou- vrit les étables , & l’on trouva morts les cochons qu'on avoit défignés par des noms des goths, tan- dis que ceux à qui lon avoit donné des noms ro- mains étoient pleins de vie, ce qui fit prédire au juif que les Goths.feroient défaits. ONOMATE , 1. f. ( Hift. anc. ) fête établie à Sy- ciones en l’honneur d’Hercule, lorfqu'au lieu de fimples honneurs dûs aux héros qu’on lui rendoit auparavant, 1l fut ordonné par Pheftus qu’on lui fa- crifieroit comme à un dieu , & qu'on lui en donne- roit le nom. ONOMATOPÉE , ff. (Gramm. art étymologig: ) ce mot efl grec, cyouaromua | comme pour dire ré oopuæross Moints , JIOMUNIS Creatio, Création , forma- tion ou génération du mot. «Cette figure n’eft point # un trope ; dit M. du Marfais, puilque le mot fe # prend dans le fens propre ; mais j’ai cru qu'il n’é- » toit pas inutile de la remarquer ici» , dans fon livre des tropes, part. II. arr. xix. Il me femble au contraire qu'il étoit très-inutile au-moins de remar- quer , en parlant des tropes, une chofe que l’on avoue n'être pas un trope:; 8C ce {avant grammai- rien devoit d'autant moins fe permettre cette li- cence , qu'il regardoit cet ouvrage comme partie d'un traité complet de Grammaire , où il auroit trouvé la vraie place de l’oromaropée. J'ajoute que _ÿe ne la regarde pas même comme une figure ; c’eft Simplement le nom de l’une des caufes de la géné- ration matérielle des mots expreflifs des objets fen- bles ,.& cette caufe eft limitation plus ou moins exa@e de ce qui conftitue lanature des êtres nommés. C’eft une vérité de fait affez connue, que par fa nature l’homme eft porté à limitation ; & ce n’eft même qu’en vertu de cette-heureufe difpoñtion que la tradition des ufages nationnaux des langues fe conferve & pañle de générations en générations. Si l’on a donc à impofer un nom à un objet nouvelle- ment découvert, & que cet objet agifle fur le {ens ONO de Pouie d’une maniere qui puiffe le diflinguer des autres ; comme l’ouie a un rapport immédiat avec l'organe de la voix ; l’homme fans réflexion , fans comparaon explicite donne naturellement à cet objet fenfible un nom dont les élémens concourent de facon qu’ils répetent à-peu-près le bruit que fait l’objet lui-même. Voilà ce que c’eft que l’ozomato= pée ; & c’eft, comme on le voit avec raifon , que Wachter , dans fon Gloffaire germanique , pref. ad Germ. $. VIT. l'appelle voxrepercuf[a nature, l'écho de la nature. | Cette fource de mots eft naturelle ; & la preuve en eft que les enfans fe portent généralement & d'eux-mêmes à défigner les chofes bruyantes par limitation du bruit qu’elles font : ajoutez que la plüpart de ces chofes ont des noms radicalement femblables dans les langues les plus éloignées Les unes des autres , foit par les tems, foit par les lieux ou par le génie caraétériftique, C’eft fur-tout dans le genre animal que lon en rencontre le plus. Ainfi les Grecs appellent le cri naturel des brebis Banraques, les Latins ba/are,les Alle- mandsbleken, les François béler, & l’on retrouve par- tout l'articulation qui cara@érife ce cri qui eft é, Pa- reillementonaimaginé les mots analogues &fembla- bles cxcautw, ululare, heulen, hurler; xpaGw, crocire, croafler ; uuxaw , mugire, mugir ou meugler, Gc. Le coucou eft un oïfeau connu qui prononce exac- tement ce nom même ; & les Grecs l’appelloient aouxvË , les Latins cuculus , qu'ils prononçoient cou- coutous ; les Allemands le nomment gwguk , en pro- nonçant gougouk ; c’eft la nature par-tout. Upupa ou bubo en latin , Bvx en grec , ho en efpagnol , puhacz en polonois , owle en anglois, Au en allemand, kibou en francois , font autant de * mots tirés évidemment du cri lugubre de cet oïfeau noéturne qui, comme le dit Pline, Zb. X, cap, xij, eft moins un chant qu’un gémiflement , zec canin aliquo vocalis , [éd gemitu, L’ornomatopée ne s’eftpas renfermée feulement dans le regne animal. Tinrement, tinnitus , tintinnabulure font des mots dont le radical commun #7 imite exattement le fon clair, aigu & durable, que l’on entend.diminuer progreffivement quand on a frap- pé quelque vafe de métal. Le glouglou d’une bouteille, le cliqueris des armes, les éclats du tonnerre font autant de mots imitatifs des différens bruits qu’ils expriment. Le sritfrac eft ainfi nommé du bruit que font alter- nativement les joueurs avec les dez, ou de celus qu'ils font en abattant deux dames , comme ils le peuvent à chaque coup de dez ; autrefois on difoit tac. L’imitation qui fert de guide à l’oromatopée fe fait encore remarquer d’une autre maniere dans la géné- ration de plufeurs mots ; c’eft en proportionnant, pour ainfi dire , les élémens du mot à la nature de l’idée que l’on veut exprimer. Pour faire entendre ma penfée ; rappellons-nous ici la divifion fimple êc naturelle des élémens de la voix en fons & ar- ticulations, ou, fi l’on veut ; en voyelles &con- fonnes, | Le fon ou la voyellen’exige, pour fe faire enten- dre, que la fimple ouverture de la bouche ; qu’elle {oit difpofée d’une maniere ou d’une autre , cette difpofition n’apporte n’aucun obftacle à l’émiffion du fon , elle diverffie feulement le canal , afin de diverfifier limpreffion que l’air fonore doit faire fur l'organe de l’ouie ; le moule change , mais le paflage demeure libre, 8 la matiere du fon coule fans em- «barras , fans obftacle.. Or voilà vraiflemblablement l'origine du nom danois 42, qui fignifie fleuve ; ce nom générique eft devenu enfuite le nom propre de trois rivieres dans les Pays-bas, de trois en Suifle, ONO & de cinq en Weftphalie : les voyelles coulent {ans obftacle comme les fleuves. | Le tems coule de même ; & de là, paruneraïfon pareille, ladverbe grec ax, femper, toujours , per- pétuellement ; l'allemand je en eft fynonyme , & “préfente une image femblable. L'interjeétion latine eia ; femblable à la greque se, paroît tenir à la même fource , fus, allez fans pous arréter,, coulez commé un fleuve, &c. ere Les articulations ou les confonnes font labiales!, linguales ou-gutturales : les linguales font dentales, hflantes , liquides ou mouillées , voyez LETTRES; &t le mouvement de la langue eft plus fenfible ou vers fa pointe, ou vers fon milieu qui s’éleve , ou vers la racine dans la région de la gorge. Ce ne peur être que dans ce méchanifme & d’après la:com- binaïfon des effets qu'il peut produire, que l’on peut trouvér l’explication de lanalogie que l’on remar- -que dans les langues entre plufieurs noms des chofes que lon peut claflifier fous quelque afpe& commun. » Par exemple, dit M. le préfident de Broffes , » pourquoi la fermeté & la fixité font-elles le plus .» fouvent défignées par Le caraétere ff? Pourquoi le ,» Caraëtere /? eft-1l lui-même l’interjeétion dont on _»fe fert pour faire réfter quelqu'un dans un état :# d’immobilité » ? L Ernny, colonne ; geptoc , folide , immobile; Seipa y Lfférile , qui demeure conflamment fans fruit ; cupilo , J affermis ; Je Joutiens ;soilà des exemples grecs : en voici de latins , féare, flips, flupere, flupidus , flamen, flagnum (eau dormante), fellæ (étoiles fixes), ffre- runs, &c. en françois , fable, état, (autrefois effar de fatus) ,cflime, confiffence , jufle (in jureftans) , &c. » Pourquoi le creux & l’excavation font-ils mar- 5? ques par fc ? ctaAA©, cale , fouir, chap » efquif; wfcutum, fcaturire, [cabies, feyphus , feulpere , ferobs, » Jcrutari ; écuelle (anciennement efcuelke), fcarifier, «n Jcabreux , fculpture ». Ecrire (autrefois eférire) vient de féribere ; & l’on fait qu'anciennement on écrivoit avec une forte de _poinçon qui gravoit les lettres fur la cire, dont les tablettes étoient enduires, 8 les Grecs, par lamême analogie , appelloient cet inftrument oapr@oc. » Leibnitz à fi bien fait attention à ces fineulari- | > tés, qu'il les remarque comme des faits conftans : »1l en. donne plufieurs exemples dans fa langue. » Mais quelle en pourroit être la caufe ? Celle que » J'entrevois ne paroîtra peut-être fatisfaifante ; da- » voir que.les dents étant la plus immobile des par- » tes organiques de la voix , la plus ferme des let- » tres dentales , le : a été machinalement employé » pour défigner la fixité ; comme pour défigner le » creux & la cavité, on emploie le # ou Le c qui » s'opere vers la gorge le plus creux & le plus cave + des organes de la voix. Quant à la lettre s, qui fe | # joint volontiers aux autres articulations , elle eft ici, ainfi qu'elle eft fouvent ailleurs comme un » augmentatif plus marqué, tendant à rendre la pein- » ture plus forte ». : D'où vient cette propriété ? c’eft que la nature ide cette articulation confiftant à intercepter le fon de fiflement qui peut être continné 8& prendre une certaine durée. Ainfi, dans le cas où elle eft fuivie de #, il femble que le mouvement exploff du fifile- ment {oit arrêté fubitement par la nouvelle articu- lation , ce qui peint en effet la fixiré ; & dans le cas où al s’agit de sc, le mouvement de fibilation pa- roît defioner l’aétion qui tend à creufer 8 à pénétrer profondément, comme on le {ent par l'articulation r ; qui tient à la racine de la langue. « N , la plus liquide de toutes les lettres, eft la . # lettre caraétériftique de ce qui agit fur le liquide : » ch > AUS à AVIS , RAVISINR ; vip0s, AUDES | NUALE , LAUAT fans arrêter entierement l’air , elle opere une forte, ONO 485 » De même 7, compofé de l'articulation labiale » &t fiflante f& de la liquide/, eft afe@té au fluide, » foit ignée, foit aquatique, foit aërien, dont il » peint aflez bien le mouvement » flamme , fluo , fla- » LUS ; flnctus, ÊLC. Qh6E , flamme ; paid, veine où » couléde fang ; çheytwr, fleuve brélant d enfer | Bec. » où à ce qui peut tenir du liquide par fa mobilité 3 » fly en anglois, mouche & voler, flighs >Juir, &c. » Leibnitz remarque que fi l’s y eft jointe, sw eft » diffipare , dilatare ; fl, ef dilabi vel Lab cm receffu : » 1l encite plufieurs exemples dans fa langue, aux= »iquels on peut joindre en anglois Jde, flink , flip, » CC. -» On peint la rudefle des chofes extérieures par » l'articulation r, la plus rude de toutes ; il n’en faut » point d'autre preuve que les mots de cette efpece : » rude; dpre ; dcre, rc, rompre, racler , irriter , &c. » Sila rudefle eft jointe à la cavité, on joint les » deux cara@lériftiques , fcabrofus, Si la rudefle eft » Jointe à l’échappement, on a joint de même deux » caraétéri{tiques propres : frangere, brifèr, breche , » phur ou phour, c'eft-à-dire frangere, On voit par » ces exemples que l'articulation labiale , qui peint » toujours la mobilité, la peint rude par frangere, & » douce par fluere, . .. » La même inflexion 7 détermine le nom des cho- » fes qui vont d’un mouvement vite , accompagné # d’une certaine force ; rapide , ravir, rouler, racler, »rainure, raie, Tota, rheda, ruere, &c. Aufñ fert- » elle fouvent aux noms des rivieres dont le cours » eft violent ; Rhir, Rhône, Heridanus, Garonne , » Rha (le Volga), 4raxes, &c. | » Valor ejus, dit Heufelius en parlant de cette Let= » tre, erit egreffus rapidus & vehemens , tremulans & » flrepidans ; hinc etiam affers affelum vehementem ra- » pidumque, C’eft la feule obieryation raifonnabie » qu'i y ait dans le fyffème abfurde que cet auteur » S’eff formé fur les propriétés chimériques-qu’il attri. » bue à chaque lettre. ... », Toutes ces remarques, & mille autres que l’on pourroit faire & juftifier par des exemples fans nom- bre, nous montrent bien que la nature agit primiti- vemént fur le langage humain , indépendamment de tout ce que la réflexion, la convention ou le caprice y peuvent enfuite. ajouter ; & nous pouvons établir comme un principe, qu'il y a de certains mouvé- mens des organes appropriés à défigner une certaine claffe de chofes de même efpece ou de même qualité, Dérerminés par différentes circonftances , les hom- mes envifagent les chofes fous divers afpeéts : c’eft le principe de la différence de leurs idiomes ; Jeneftra exprimoit chez les Latins le paffage de la lumiere ; ventana en Elpagne défigne le paflage des vents ; Jan:lla en langue portugaife | marque une petite porte ; croifée en françois , indique une ouverture coupée par une croix. Partout c’eft la même chofe, envifagée 1c1 par fon principal ufage, là par fes in- convéniens , ailleurs par une relation accidentelle = chez nous par fa forme. Mais la chofe une fois vüe, homme , fans convention, fans s’en appercevoir, forme machinalement fes mots les plus femblables qu'il peut aux objets fignifiés. C’eft à peu-près [a conclufon de M. le préfident des Broffes , qui con- tinue ainfi : « Publius Nigidius , ancien grammairien latin (il » étoit contemporain de Cicéron), poufloit peut- » être ce fyftème trop loin lorfqu’il vouloit l’appli- » quer, par exemple , aux pronoms perfonnels, & » qu'il remarquoit que dans les mots ego & nos le » mouvement organique fe fait avec un retour inté- » rieur fur foi-même , au lieu que dans les mots #1 & » vos l'inflexion fe porte au-dehors vers la perfonne » à qui on s’adrefle ; mais il eft du-moins certain qu'il » rencontre jufte dans la reflexion générale qui fuit : 486 ONO » Nomina verbaquenon pofitu fortuito , [ed quädam vi » G@ ratione nature fait efle P. Nipidius in grammati- » cis commentaris docet, rer fane in philofophiæ differ: » cationibus celebrem. Quari enim folitum apud Philo- » Jophes eûcu va ovouare Jent à @éca, naturë nomina » int an impolitione. In eamrem multa argumenta dicis, » cur videri poffint verba naturalia magis quém arbitra- » 114... Nam ficuti cum adnuimus & abnuimus , motus » quidern ille vel capitis vel oculorum & natura rei quam » fégrificat non abhorres ; ita in vocibus quai geflus qui- » dam oris 6 fpirits naturalis eft. Eadem ratio ef? in » grecis quoque vocibus quam effe in noftris animadyer- » sims, À Gell, 6. À. cap. 7y. » Qu'on ne s'étonne donc pas de trouver des ter- »# mes de fiyure & de fignification femblables: dans » les langues de peuples fort différens les uns des au- » tres , qui ne paroiflent avoir jamais eu de-com- » munication enfemble ». Toutes les nations font infpirées par le même maître, & d’ailleurs tous les idiomes defcendent d’une même langue primitive, voyez LANGUE, C’eft aflez pour établir des radicaux communs à toutes les langues poftérieures, mais ce n’eft pas aflez pour en conclure une liaifon immé- diate. Ces radicaux prouvent que les mêmes objets ont été vûs fous les mêmes afpelts, & nommés par des hommes femblablement organifés ; mais la mé- me maniere de conftruire eff ce qui prouve l’afinité la plus immédiate, fux-tout quand elle fe trouve réunie avec la fimilitude des mots radicaux. ( B. ER, M.) ONONG., f. m. ( rerme de Calend. ) On écrit auf Onung, Onungi & Onuzangi ; nom du dixieme mois de l’année des peuples de la Turcomanie &c des Tartares qui habitent près de ce pays. Ce mois ré- pond à notre mois de Septembre , parce que ces peuples commencent leur année en Décembre. ONONYCHITE , {. m. ( Théolog. ) terme qui f- gnifie à la lettre ce gui a les piés d’un äne, Ce mot eft formé du grec cius, ne , & d’ovË , Jabot, ongle. Ononychite étoit Le nom injurieux que les payens donnerent dans le premier fiecle au Dieu des Chré- tiens, l’on en croit Tertullien dans fon apologétique, parce que ceux-ci adoroient & reconnoïifloient le même Dieu que les Juifs. Mais fur quel fondement les payens prétendoienf- ils que les Juifs adoroient un âne , ou un dieu qui eût des piés d’âne ? c’eft ce que nous allons exami- ner dans cet article. _ Les payens, qui n’ont jamais eu qu’une idée fort imparfaite, ou même très-faufle de la religion des - Juufs , leur ont imputé fans preuve cette extrava- gante idolätrie. Appion le grammairien dit que les Juifs adoroient une tête d'âne , & il avance que lorfqwAntiochus Epiphanes pilla le temple de Jéru- falem , il y trouva une tête d’âne qui étoit d’or, & d'un affez grand prix, & qui étoit adorée par les Juifs. Jofephe l’hiftorien , qui rapporte cette calom- mie ; Lv. II. contr. Appion ch. iy. la réfute en mon- trant que les Juifs n’ont jamais adoré aucun des ani- maux. Diodore de Sicile raconte ( ecog. ex 1. XX XIV. pag. 901 6 902) qu'Antiochus étant entré dans l’in- térieur du temple , y trouva une ftatue de pierre re- préfentant un homme avec une grande barbe , & monté fur un âne , & qu’il Jugea que cette figure re- préfentoit Moife. Mais que conclure du récit d’un hiftorien fi mal informé ? Tacite ( hiffoir. Liv. P.) dit que Moïfe & fon peu- ple ayant été chafés de l'Egypte, parce qu’ils étoient infeétés de lepre , fe retirerent dans le defert d’Ara- bie , où ils étoient près de périr de foif, lorfqu'ils virent une troupe d’ânes fauvages quientroient dans un bois fort touffu, ce qui fit foupçonner à Moïfe qu'ils alloient chercher à s’y défaltérer. Il les y fui- ONT vit, &citrouva en effet de fort belles fources d’eau À qui lui fervirent à lui & à fa troupe à étancher leu {oif. Tacite ajoute qu’en reconnoiflanceles Juifscon- facrerent une figure de cet animal dans leur fanc= tuaire, & qu'ils Padoroient. % D’autres prétendent qu'on les accufa de cette ido- lâtrie parce qu'ils n'immoloient point d’ânes ; 8" quelques-uns enfin en “ont donné pour raifon que lurne d’or à deux anfes, dans laquelle on confervoit la manne dans le tabernacle, avoit la fioure de Ia: tête d’un âne ; maïs Ces deux dernieres raifons font auffi frivoles que les deux premieres font mal-fon- dées. La narration de T'acite , quoique dénuée de preuves , paroiît être la fource de ce préjugé des . étrangers contre lés Juifs; 8 les payens qui confon-i doient fouvent avec ceux-ci les premiers chrétiens, ne balancetent pas à leur attribuer ce culte extra- vagant , pour les rendre on odieux ou ridicules, Voyez Reland , dffert. in nurmifmat. Samarit. & Ta- cite , loci cit. . ONOR, ( Géog.} ville êz forterefle d’Afie, dans la prefqu'ile en - deçà du Gange, fur la côte de Ma- labar, à 18 lieues de Goa. ZLongir. 90. 30!, larir, 14. 45. ONOSICLEDE , f. m. ( Gramm. ) monftre fabu- leux à cuiffe d'âne. Un diacre de Milan appellé Ge= ronce., fut fufpendu de fes fonétions par faint Am= broife ; pour s'être vanté d’en avoir vü un, ONOSMA ,f. m.( Borzñ, anc. ) plante décrite par Diofcoride avec des feuilles femblables à celles de l’orcanette , mais fans tige , fans fleurs & fans fe- mence. L'erreur de cet ancien botanifte vient de ce qu’il n’a obfervé cette plante que la premiere année, où en effet elle ne poufle que des feuilles , dé même que la cynoglofe , la bugloffe , & autres plantes de cette efpece ; mais par les autres détails de Diofco- ride , il paroït effectivement que c’eft une efpece d’orcanette, que ledoëteur Shérard a remarqué dans l'ile de Jerfey. (D. 7.) ONTOLOGIE, 1. f. ( Logig. & Métaphyf. ) c’eft la fcience de l’être confidéré entant qu'être. Elle fournit des principes à toutes les autres parties de la Philofophie , 8 même à toutes les Sciences, Les fcholaftiques fouverainement paflionnés pour _ leur jargon, n’avoient garde de laïfler en friche le terroir le plus propre à la produétion des termes nouveaux & obfcurs : aufñi élevoient-ils jufqu’aux nues leur philofophia prima. Dès que la do@rine de Defcartes eut pris le deflus, l’ozrologie fcholaftique tomba dans le mépris, & devint l’objet de la rifée publique. Le nouveau philofophe pofant pour prin- cipe fondamental qu’on ne devoit admettre aucun terme auquel ne réponditune notion claire ou qui ne fût réfoluble par fa définition en idées fimples & _claires , cet arrêt, émané du bon fens, profcrivit tous les termes ontologiques alors ufités. Efedive- ment les définitions deftinées à les expliquer, étoient pour lordinaires plus obfcures que les termes mê- mes; & les regles ou canons des fcholaftiques étoient fi équivoques, qu’on ne pouvoit entirer aucun ufage. On n’envifagea donc plus l’ozrologie que comme un diétionnaire philofophique barbare , dans lequel on expliquoit des termes dont nous pouvions fort biem nous pañler ; & ce qui acheva de la décrier, c’eft que Defcartes détrinfit fans édifier, & qu'il décida même que les termes onsologiques n’avoient pas be- foin de définition , & que ceux qui fignifioient quel- que chofe étoient fuffifamment intelligibles par eux mêmes. Sans doute la difiiculté de donner des déf= nitions précifes des idées fimples & primitives , fut ce qui engagea Defcartes à couper ainf le nœud. L’orrologie , qui n’étoit autrefois qu’une fcience de mots , prit une toute autre face entre les mains. des philofophes modernes , ou, pour mieux dire, de GNT. de M. Volf ;'car le cours de cette fcience qu'il a pus blié, eft le premier & jufqu’ä-préfent l’unique où ‘elle {cit propolée d’une mamieré vraiment philo{o- “phique. Cetsrand homme méditant fur les moyens ide faire un fyftème de philofophie certain & utile au genre humain, fe mit à rechercher la raïfon de Vévidence des démonftrations d'Euclide ; && il dé- “ouvrit bien-tôt qu’elle dépendoit des notions oz0- Mogiques, Car les:premiers principes qu'Euclide em- ‘ploie font ou des définitions nominales qui n’ont par ‘elles-mêmes ancune évidence , ou des axiomes dont a plûüpart font des propoñtions ozrologiques. … De cette découverte M. Volf conclut que tout Ja certitude des Mathématiques procede de lorcoto- “gie ; paflant enfuite aux théoremes de laPhilofophie, & s'eflorçant de‘démontrer la convenance des attri- ‘buts avec leurs fujets, conformément à leurs Légi- . times déterminations , pour remonter par des dé- ‘monftrations réitérées jufqu'aux principes indémon- irables , 1l s’apperçut pareïllement que toutes les efpeces de vérités étoient dans le même cas que les Mathématiques , c’eft-à-dire qu’elles tenoient aux notions oztologiques, Il réfulte manifeftement de-là + que la Philofophie , & encore moins ce qu’on ap- pellelesfzculiés fupérieures ,ne peuvent être traitées d’une maniere certaine & utile , qu'après avoir afu- jetti loncologie aux regles de la méthode fcientifique. C'eft l'important fervice que M. Volf s’eft propoié de rendre aux Sciences , & qu'il leur a rendu réel- lement dans l’ouvrage publié en 1729 fous ce titre : Philoféphia prima five ontologia, merhodo fcientifica * spertrailata , qué omnis cognitionis humanæ principia sontinentur ; réimprimé plus correét en 1736 47-49, à Francfort & Lépfck. 11 donne les notions diftine- 1es, tant de l’être en général , que des attributs qui . Jui conviennnent, foit qu’on le confdére fimplement ‘comme être , foit que l'on envifage les êtres fous “certaines relations. Ces notions fervent enfuite à Former des propoñtions déterminées , les feules qui oient utiles au raïfonnement &c à conftruire les dé- monftrations , dans lefquelles on ne doit jamais faire enirer que des principes antérieurement prouves. On ne doit pas s'étonner de trouver dans un pareil ouvrage les définitions des chofes que les idées con- fnfes nous repréfentent aflez clairement pour les dif tinguerles unes des autres, &7 les preuves des véri- tés fur lefquelles on n’a pas coutume d’en exiger. Le but de l’auteur demandoit ces détails: il ne lui fufifoit pas de donner une énumération des attributs abfolus & refpe@ifs de l'être , il falloit encore ren- dre raifon de leur convenance à l’être , & convain- cre a priori, qu'on eft en droit de les fui attribuer toutes les fois que les déterminations fuppofées par Vattribut fe rencontrent. Tant que les propofñitions ne font éclaircies que par les'exemples que l’expé- tience fournit, on n’en fauroit inférer leur univer- falité , qui ne devient évidente que par la connoif- fance des déterminations du fujet. Quiconque fait quelle eft la force de la méthode fcientifique , pour entrainer notre confentement , ne fe plaindra jamais du foin fcrupuleux qu’un auteur appotte à démon- trer tout ce qu'il avance. On peut définir Poztologie natutelle par l’aflem- blage des notions confufes acquifes par l’ufage ordi- maire des facultés de notre ame , & qui répondent aux termes.abftraits dont nous nous fervons pour Æxprimef nos jugemens généraux fur l'être. Telle. eft en effet la nature de notre ame , qu’elle ne fau- roit détacher de l’idée d’un être tout ce qu’elle ap- perçoit dans cet être , & qu’elle apperçoit les cho- fes univerfelles dans les fingulieres:, en fe fonuvenant d’avoir obférvé dans d’autres êtres ce qu'elle remar- que dans ceux qui font l’objet auel de fon atten- tion. C’eft ainf, par exemple , que fe forment en Tome XT, € à se : | 497 nous les idées cénfufes de plus grand, de moinäre G: d’égal, par la coméaraifon des grandeuts où hau: : + [a - : -s 5 ? H : teurs des objets.corporels. Il s’agit de ramener ces concepts vagueSides idéesdiéhinétes , &de déter- minerlespropoñtions qui en dotient réfulret: c'eft ce que fait l'onso/ogie artificielle , &'elle-eft par con. féquent.l’exphication difinée de l’ortologie natu= relleu MULLER à LES TE NU ONUAVA, f. f (Mytholog.) divinité des anciens : ; : . A a *+ 9 Gaulois y que l'on imagine être la Vénus célefte z mais l’on ne voit pas d’où peut naître cette idée , & l’on comprend encore moins Les fymboies de la re- préfentation d'Orvava, Sa figure portoit une tête de femme avec deux ailes éployées au-deflus, & deux écailles pour oreïlles ; cette tête de femme étoit environnée de deux ferpens , dont les queues alloient fe perdre dans les deux aïles, ( D...) | . ONUGNATOS, ( Géogr. anc.) promontoire du Péloponnèfe fur la côte méridionale, an coin de la Laconie, felon Ptolomée , Zv. ZIL, ch. xvj. Ses in- terpretes imaginent que c’eft préfentement le cap Xi, Le mot grec orugnaros veut dire la méchoire d’un âne. | ONYCHITES , (Æf. nor. ) où unguis lapideus : noi donné pat Mercari à des pierres qui par leu forme ont quelque reflemblance à des ongles hu= mains, mais qui, felon Ini, paroïflent de la nature de Pivoire , & qui font toutes percées d’un petit trou à un endroit. Il y a apparence que ce font deë. fragmens de palais de poiffons , qui ont été ufés par le roulement & le mouvement des eaux, & enfeve- lis en terre. LU On a auf fort improprement donné le nom d’o- Aaychiee à un enduit qui s'attache aux fourneaux où l'on traite de certains métaux. Voyez CADMIE. | ONYCOMANCIE 1. . efpece de divination qui {e faifoit par le moyen des ongles , comme le porté ce nom tiré d’énËé , ongle , & juayreis , divination. Elle fe pratiquoit en frottant avec de la fuie les on gles d’un Jeune garçon, qui préfentoit au foleil {es Ongles ainfi barbouillés , & lon s’imaginoit voir deflus des figures qui faifoient connoître ce qu'on {ouhaitoit de favoir. On s’y fervoit encore d'huile où de cire pour frotter les ongles, fur lefquels on prétendoit lire l'avenir. , C’eft de-là que quelques chiromaneiens modernes ont appliqué le mot d’ozycomancie à la partie de leur art qui confifte à deviner le caratere &z la bonne ow mauvaife fortune d’une perfonne par l’infpe@ion de fes ongles. | ONYX, ( Hifi. nat. Mineral.) onyx, Onychiam à onychipunita ; pierre précienfe ou agate qui a très- peu de tranfparence, dont la couleur reffemble à celle d’un ongle ou de la corne, mais qui eft remplie de raies d’une couleur différente de celle du fond de la pierre ; ces raïes font ou noires, ou brunes 3 où blanches , ou bleuâtres: elles font prefque paral- leles les unes aux autres; elles forment ou des cer- cles concentriques , on des lignes qui travyerfent la piérre irréeutierement. | L On a donné différens noms à l’ozyx, fuivant les différens accidens qu'on y a remarqué ; c’eft ainf 3 que l'en a appellé fardoyrx une onyx dans laquelle On trouvoit des raies ou des veines rouges comme la cornaline , ou jaunes comme la fardoine. On a nommé du nom d'agathonyx celle qui étoit mêlée avec des portions d’agate oïdinaire, ou d’une au- tre couleur que la fienne. On a appellé ;4fponyx une onyx cntremêlée avec du jafpe. On a appellé camée,,. camchiis Où memphires une onyx compofée d’une cou- che de couleur'd’ongle , & d’une autre couche noiré ou brune qui fe diflinguoit de la premiere. On voit par-là que les anciens lHfhopraphes ont fait tout cè Qaq 498 ON Y qu'ils ont pûù pour embrouiller les chofes , en mul- tipliant les noms fans nécefhté. C’eft fur des ozyx que les anciens faifoient ces belles gravures en relief que nous appellons camées ; les couches ou zones de différentes couleurs qui font ‘ dans ces pierres , les mettoïent en état de graver en relief une figure d’une couleur qui paroïffoit comme collée fur un fond d’une autre couleur. Les onyx fe trouvent, ainf que les agates , par mañles détachées , où comme de certains cailloux qui lorfqu’on les ouvre montrent dans leur intérieur des cercles concentriques ; 1l fe trouve auffi dans les agates des parties qui font oz2yx ; elles ne different du refte de l’agate que par le nom arbitraire que leur couleur accidentelle leur a fait donner. L’onyx fe trouve dans les Indes, dans l’ile de Cey- lan , dans le Levant ; l’Europe n’en manque point non plus, & il en vient de Bohème , d'Hongrie, d'Allemagne, &c, (—) Oxvx, (Littérar.) Les anciens ont donné le nom d’onyx à deux fortes de pierres. La premiere, ap- pellée autrement a/abaffrires , venoit des carrieres de la Carmanie , aujourd’hui le Kerman, province de Perfe ; on en tiroit aufli des montagnes d'Arabie, & l’on ne s’en fervoit d’abord , que pour mettre des eflences &c former des taffes ; c’eft pourquoi Horace invitant Virgile à fonper, lui dit: Nardi parvus onyx eliciet cadum. » Vous aurez du vin de Cades, en apportant une # petite phiole d’effence ». L’ufage d'employer cet- te pierre d’oryx pour renfermer les eflences fit paf- fer ce nom dans la fuite à d’autres fortes de phioles &t de boîtes. La feconde forte d’ozyx étoit la pierre précieufe polie & décrite à l’article précedent, Appiendit que tous les vafesde Mithridate étoient d’onyx, & qu'après la défaite de ce roi du Pont, Les Romains en trouverent dans une de fes villes un ri- che affemblage au nombre de deux mille enrichis d’or, qui marcherent à la fuite de Pompée, entrant victorieux dans Rome, & augmenterent l'éclat de fon triomphe. Mais, quoi qu’en dife Appien, 1l n’eft pas poffible que tous les vafes de Mithridate fuflent d’une feule & même efpece, & l’on ne peut l’ima- giner par rapport au véritable ozyx, qui n'offre que très-rarement, & encore dans de pétits morceaux, de ces accidens heureux, dont un artifte peut tirer parti pour faire un ouvrage fingulier. Il eft donc vraifemblable , que cet hiftorien voulant nous don- ner une idée générale des vafes qui faifoient la ri- cheffe de Mithridate , s’eft cru permis de nommer indireétement tous ces vafes , des vafes d'ozyx , parce que de même que les vafes de cette derniere efpece, ils étoient tous diverffiés de couleur. (D.J.) ONYX-AGATE , ( Gravure en pierres fines.) On a vü dans l’article minéralogique de l’ozyx , qu'on a donné le nom d’agathe-onyx à cette pierre précieu- fe qui étoit mêlée avec des portions d’agathe ordi- naire, ou d’une autre couleur que la fienne ; il faut ici confidérer avec M. Mariette , les agares-onyx par rapport à la gravure. Ces pierres cachent fous une épaiffeur blanche & affez mince, une mafle noire, grife ou rougeûtre, qui paroit fous cette efpece de peau, comme la chair au-travers de l’ongle , &z que le graveur découvre pour peu qu'il enfonce fon outil. De cette maniere la gravure en creux prend de la couleur, elle fe détache en brun fur un champ blanc; & elle fe trou- ve éncore environnée d’un cercle brun qui lui fert comme d’une bordure ; car il faut fuppoier que l’a. gate aura été abattue entalus, &c qu'il nerefte plus de blanc fur fes bords ; c’eft ce qu'on ne manque gucres d’obferver. Cependant quelqu’avantagenfe- ment que fe préfente une telle gravure, une agate- ONZ onyx réuflit beaucoup mieux dans la gravure de re°" lief, & c’eft-là fa véritable deftination. Il doit fe trouver dans une belle agare onyx, en: tre quelques lits de différentes couleurs, un lit blanc également répandu dans toute l'étendue de la pier= re ; mais pour produire un effet heureux , & dont on puuifle tirer parti; la couleur de chaque lit doit trancher net, & ne fe point confondre avec la cou- leur voifine. Quand il en arrive autrement, & qu’une couleur en boit une autre , ainfi qu’on s'exprime en termes de l’art, c’eft la plus grande imperfe&tion qu’on puifle reprocher à une agate onyx, Ses diffé- rens lits font prefque toujours difpofés par couches, qui, fuivant toute la ligne horifontale, fe fuccé- dent les unes aux autres ; quelquefois, ce qui eft plus rare , & ce qui eft auffi plus agréable , Le lit blanc circule dans la pierre & y décrit un cercle ou une ovale : mais lorfqu’avec cette précifion & cette régularité de forme , les quatre couleurs , le noir, le blanc, le bleu , &c le roufsâtre, parfaitement dif- tinétes & d’une égale épaifleur, fe trouvent réunies dans la même pierre, & qu’elles marchent de com- pagnie fans aucune interruption, de la même ma- mere que les couleurs de l’arc-en-ciel, & forment: plufieurs ronds infcrits l’un dans l’autre, on peut dire que c’eft une pierre fans prix. Les Romains connoiffoient tout ce qu’elle valoit. C’étoit Pu- blius-Cornelius Scipion furnommé l’Africain | qui le premier , felôn Pline , Z XX XVIL, c. wj. avoit mis chez eux cette pierre en honneur. Les plus ré- gulieres & les mieux colorées viennent de l’Inde. M. Crozat en poflédoit une admirable. L’agate - onyx porte le nom de camnée, lorfque [a pierre eft travaillée & que l’artifte y a gravé quel- ques figures. Quand une raie blanche traver{e la pierre, ce qui vient de ce que l’agate-onyx, au heu d’avoir été {ciée horifontalement , l’a été vertica- lement ; par rapport à cette ligne, cette agate prend le nom d’agate- barrée. On ne comprend pas pour= quoi les anciens ont fouvent gravé fur cette der- niere efpece d’agate, car elle n’eft furement point faite pour plaire à Pœil ; 8 ce qui eft de plus im- portant , les figures gravées s’y diftinguent mal êg patoiflent même, s’il faut le dire , en quelque fa- çon rompues & eftropiées, Les agare-onyx font tail- lées en talus ou en glacis fur le bord, on les appel- le agare à bifeau ; c’eft une façon qu’on leur donne afin qu’elles fe préfentent avec plus de grace, Si c’efl le rouge qui fait le fond de lagare-onyx ; c’eft alors une co;naline-onyx : & c’eft une fardoine-onyx, lorfque le champ eneft jaunâtre on fauve. Marierte. (2.7) ONYX , terme de Chirurgie , maladie de l’œil connue en françois fous le nom d’ongle ; c’eft un amas de pus dans la chambre antérieure , entre l’1- ris & la cornée tranfparente ; c’eft la fuite d’un hy- popyon qui s’eft ouvert de lui-même au-dedans de l’œil. Cette colleétion purulente fait une tache fem- blable au croiffant qui eft à la racine des ongles, ce qui lui a fait donner le nom d'ongle, onyx figni- e la même chofe en grec. Voyez HYPOPYON. (F7 1. ONZE , (Arithm.) c’eft dans notré fyftème de numération le premier nombre de la feconde déca- de , ou celuisqui fuit immédiatement la racine dix de notre échelle arithmétique ; 1l s’exprime par deux unités. Il eft nombre premier , & le fixieme de cet ordre. | 2. Puifque zeuf (voyez fon article) tire certaines propriétés de fa proximité ez-deça de la racine de notre échelle arithmétique; il étoit naturel de pen- fer que onze en. a d’analogues , qu'il doit tirer de fa proximité ez-dela de la même racine : mais, comme elles ne font pas fi expofées en vüe, elles avoient infarici échappé aux obfervateurs. Ce fonts pour le nombre.& pour le fonds, précifément les mêmes que celles de zèuf, fi ce n’eft qu’elles fe manifeftent en fens contraire , comme cela devoït être. Dans le développement qu'on en va faire, on auta foin de rapprocher! chacune de celle qui lui correfpond pour le nombre zeuf, afin de faire mieux connoître ce qu'elles ont de commun & en:quoi elles diffé- rent. QL -Aurefte, tout ce que nous dirons de oezge doit s’entendre de tout autre r +1, c’eft-à-dire ( r repré: fentant la racine d’une échelle arithmétique quel- conque), de tout nombre qui occupe refpedtive- ment le même rang dans fon échelle iparticulière, que notre 1 1 occupe dans la fienne. Je dis notre 1x, parce que 1 reft l’expreffion numérique de 7 Æ 1 com: mune à tontes les échelles, | 3 Premiere propriété, La divifion par 11 de tout multiple de 11 peut fe réduire à une fimple fouftrac- tion en voici la pratique. + Soit 4708 ( multiple de r1 ) pro- pole à divifer par 11, +. Ecrivez o au-defflous du chiffre qui 4 7 0 exprime les unités , & dites: qui de à 4 28 8 paie 0, refte 8 ; écrivez 8 à la gau- che dir o que vous avez pofé. a . Puis dites : qui de o , ou (en empruntant ) qui de 10 paië 8 , refle 2 ; écrivez 2 à la gauche du 8. Enfin dites: non, qui de 7 , mais (à caufe de l'emprunt } qui de 6 paie 2, refte.4; écrivez 4 à la gauche du 2...6 tout eft fait: car 4—4—0 mon- tre que Popération eft confommée. De forte que né- gligeant le o final, le refte 428 eft le quotient cher- ché. * Pour 4 preuve ; additionnez enfemble les chiffres du nombre inférieur, les prenant deux à deux, cha- cun fucceffivement avec celui qui le précéde vers la gauche, jufqwu'au dernier qui s’émploie tout feul, n’en ayant point au-delà avec qui s’apparier : la fomme doit vous rendre le nombre fupérieur , s’il ne s’eft point ghffé d’erreur dans l’opération. 4. La raïfon de cette pratique deviendra fenfible, fi l’on fait attention que tout multiple de 11 peut être concu , comme le réfultat d’une addition. En efiet,428 X 11=428X 10+ 1 —=4180+ 428. Ce que lon peut difpofer ainf ANTES FO TU] à + 4238 "1. 4708 J. 8 e) Nommant f'le nombre fupérieur, # celui du mi- lieu , 7 l'inférieur ; il fuit de la difpofition des chif- fres que le dernier de » eft le même que le pénul- tieme de jf, le pénultieme de # le même que l’an- tépénultieme de f, &c, Maintenant le nombre } étant propofé À divifer par 15, il eft clair ( conftru@ion ) que le quotient cherché eff le nombre 7. Mais ( encore par conf- truétion) 7 =f#+ m; d'où =); —/f:8& voilà la fouf- traétion qu'il eft queftion de faire ; mais comment y procéder , puifque f', élément néceflaire, n’eft point connu ? Au moins en connoît-on le dernier chiffre , qui eff toujours o : on peut donc commencer la fouf- traétion. Cette premiere opération donnera le der- mer chiffre m, — ( Jupra ) au pénultieme de f'; ce- lui-ci fera trouver le pénultieme dé #, = à l'antépé- nultieme de f'; & ainf de l’un en l’autre , le chif- fre dernier trouvé de » étant celui dont on a be- foin dans / pour continuer l'opération. L'addition qui fert ici de preuve à La regle eft ; fi lon veut y faire attention, précifément la même “qui a formé le multiple : il n’eft donc pas étonnant Tome XI. O NZ 489 Gu'ellele rénde: C’eft an fonds f'qn’on ajouté à #7 à or /+mey. Îleft vrai que f &c m» iont mêlés enfern: ble & fondus dans le même nombre ; mais l'opéra: tion même les démêle; 5. La divifion par ti de tout multiÿle de rt 4 aufhi-bien que la divifion par o de tout multiple dé 9 , peut donc fe reduire à une fimple fouftra&ion : mais elle fe fair pour l’un & pour l’autre en fens contraires, Elle eft POULE QU 7 | POURLEES LE 7 fe Là lepremier o (qui eft comme la clé de l'opé: ration) de place az-dejfus du multiple : ici il fe placé au-deffjous: | 6. Avant que d'énoncer la feconde propriété, j’ac vertis que la dénomination de chiffres pairs & de chiffres impairs y eft relative au rang qhe chacun occupe dans une fuite d’autres chiffres ,. fans nul égard à fa valeur propre. Ainñ ( fuppotant qu’on compte de gauche à droite ) dans 2176 , 2 & 7 font les chiffres 2mpairs, 1 & 6 les chiffres pairs. 7. Seconde propriété. En tout multiple de rx, f l’on fait féparément la fomme des chiffres pairs & celle désimpairs, ou ces deux fommes font égales, ou leur différence eff un multiple de rr... comme réciproquernent tout nombre, tel que la fomme des chiffres pairs y foit égale à celle des impairs, ou que leur différence foit un multiple de 15, exprime lui. même un multiple de 11; c’eft ce qu’on voit d’abord; EN S7IÉNX IS... OÙ $ +27 En 4708—11X428 .... OÙ 7844016 —4— 71 De même fi l’on écrit au hafard nne fuite de chif frés en nombré quelconque , pourvû feulement que la fomme des chiffres pairs y foit égale à celle des pairs, Ou que leur différence foit un multiple de 11 , Comme 77 , 00904, Éc. on eft afluré que le nombre réfultant fe divife exactement par 11. 8. Pour démontrer la propofition direüte, 1l fufñt de fubflituer däns la figure du n°. 4 , au bien des chiffres qui s’y trouvent, lesindéterminéesz,b,c, ui les repréfentent d’une maniere sénérale: on aura a. bic * (L’aftérifquetienticilapla- + ...4 Bb, c ceduo,qu'onnapoint vou- "2. ab, bc. « lu mêler avéc des lettres , crainte d’équivoque. On voit que la fomme des termes pairs eft exate- éce tement la même que celle des impairs ; & que ce fera la même chofe , en quelque nombre qu’on veuil- le fuppofer les lettres de la quantité à multiplier : c’eft une fuite néceffaire de la formation du mul- tiple. Un feul point pourroit caufer quelque fcrupule ; les deux termes exrrèmes , font fimples, ou ne con- tiennent qu'une feule lettre. Cette circonftance, 1l eft vrai, ne peut tirer à conféquence , quand l’un des deux appartient à la fomme des pairs, & l’au- tre à celle des impairs , comme dans l’exemple pré- fent ; on voit bien qu'il en doit réfuiter le mème nombre de lettres de part & d’autre. Mais quand tous les deux fe trouvent du même côté ( comme il arrive toutes les fois que les termes du #xfriple font en nombre impair ) , 1l femble que ce côté doit pé= cher par défaut... au conttaire, c’eit précifément ce qui conferve l'égalité. Car, les termes du wv/a- ple étant en nombre impair , 1l y a néceflairement un côté qui a un terme de plus que l’autre; & com- me c’eft roujours le côté des impairs ( auquel d'ail leurs appartiennent les deux extrèmes ) 3 il je Fou ve que deux termes fimples figurent vis-à-vis d'un double ; c’eft ce qu’on voit en cet autre exemple : Ash 17 | SUITE OURS TS SLT SEL: à 9. Il paroît réfulter de cette démonfiration , que Qqqa 490 O NZ les deux fommes devroient toujours être égales :.ce qui n’eft pas pourtant. Mais on doit faire attention que , quand la fomme de.deux chiffres, (repréfen- tés ici par deux lettres ) excède 9 , on renvoie une unité au chiffre de la gañche , ne retenant pour ce- lui fur lequel on opere que l’excès. de cette fomme au-deflus de 10, Celui-ci y perd donc 10:,.tandis que fon voifin y gagne r : la différence doit donc être 101 OÙ IT. | Comme en faifant la fomme des différentes co- lonnes , il peut ‘arriver que le renvoï.d’uné uñité au chiffre de la gauche ait lieu plufeurs fois ;rs1l fe faitconftamment au profit des chiffres de méme nom, foit pairs, foit impairs, il eft vifñble que la ditfé- rence des deux fômmesine fera plus fimplement 11, mais un multiple de »1 , déterminépar le nombre même des renvois. Si lés renvois fe font partie au profit des chiffres pairs, partie au profit des impairs , on ils font en nombre égal de part & d'autre, ëc alors , tout fe trouvant compenfé ; l'égalité ngoureufe fe main- tient entre les deux fommes: oz ils ne le font pas, & alors le multiple de 11 qui conftitue la différen- ce eft déterminé par la différence des deux nombres qui expriment celui des renvois faits au profit des chiffres: de différent nom. 10. Au refte, fur linfpeétion feule du nombre propofé à multiplier par 11, il eft aifé de détermi- ner combien il y aura de renvois dans laddition qui fert à cet effet ; &c par une fuite de juger quel rapport auront entrelles dans le multiple même la fomme des chiffres pairs & celle des impairs ; fi elles feront égales, ou ( dans le cas d’inégalité ) de quel multiple de 11 élles différeront. Pour cela, appariant fucceflivement chacun des chiffres du nombre propolé avec celui qui le précéde vers la gauche , antant de fois que la fomme de deux chif- fres pris de cette maniere excédera 9, autant il y aura de renvois (s’entendque, quand il y a ren- voi d’une fomme précédente , 1l faut augmenter d’une unité la fomme fubféquente ). On verra donc au premier coup d'œil que pour 435 , il n’y aura point de renvoi ; & conféquemment que dans le multiple les deux fommes feront égales ; que pour 8264, il y en aura deux, qui étant l’un &c l’autre au profit des chiffres de même nom ( ce qu'on re- connoît encore par la difpofition des chiffres ) don- neront pour la différence des deux fommes dans le multiple 11X2 ou 22, Érc. 11. Pour démontier la propofition znverfe ( voyez le n°. 7.) qu'un nombre quelconque , conditionné comme il y eft dit, foit repréfenté généralement par 2. ab. bc. ce, & qu'on y applique la méthode de fouftrafion expofée , n°, 3 : 1l fe réfoudra en deux quantités, a. b. ce. * & a. b.c, dont lune eft décuple de l’autre. Il en étoit donc la fomme: mais la fomme de deux femblables quantités eft un mul- tiple de 11. Ce raifonnement paroît encore ne conclure que pour le cas d’épalité entre les deux fommes... mais fi la différence eft 11 où l’un de fes multiples, en appliquant la fouftraétion , il y aura des emprunts à faire fur les termes excédens au profit des défail- lans, plus où moins, felon 1e multiple. Chaque em- prunt fera perdre une unité à l'excédent, & aug- mentera de 10 le défaillant ; ce qui fera évanouir la différence , & ramenera les choles au cas d'éga- lité... Ce défaut apparent dans la démonftration ne provient donc que de fa généralité même , & de ce qu’elle eft antérieure au choix de toute mé- thode particuliere de calculer. 12. En tout multiplie foit deo, foit de rx, fi l’on fait éparément la fomme des chiffres pairs & celle des impairs ; c’eft (pour o) Ze fommetotale de.ceë deux fommes qui eft un multiple de 9::,8e Gpour.r 1) c’eft leur différence, quand elles différent!, qui eftun multiple de 11. p PPT TT Troifieme propriete; Si on renverfe l'ordre des chiffres qui expnment un nombre quelconque; la différence & la fomme du nombre-ireét &-duinoms bre renverfé , {ont.des multiples de 11; 4 différence quand les chffires du nombre propofé font en nom bréimpair; Za forime,, quand ils font ,ei nombre pair. Par exemple; par AS pe | 826—628=198:.,0r 198=—18 FE 1 0 0b ER po ru air, LS 82+ 28 = 110 : Orr10—10 ti: * JT à | pes: | fans -refle, parce que le nombre des chifres de 826 eft impair ; 82 eft pair. ET 11 La -démonftration dépend des deux propoñtions fuivantes. LR t 14. Lemme I. La différence & la fommerde deux puiflances quelconqües de la même racine font des multiples de cette racine augmentée de l'unité; /4 diff | férence, quand:celle des expofans des deux puiflan- ces eft un nombre pair: la Jomme, quand là différen- ce des expofans des deux puiffances eft un nombré impair, Pour la preuve, voyez d'article EXPOSANT. » Lémme I. (Par chiffres correfpondans ilfaut enten- dre deux chiffres pris en un nombre quelconque à égale diftance du:milieu chacun de fon.côté ; com- me font d’abord les extrèmes, puis'les deux les plus voifins de ceux-ci, &c). IX 15. En tout nombre, la différence des expofans des deux puiffances de 10 ( ou plus généralement de r), qui y déterminent la valeur relative de deux chiffrés correfpondans quelconques, eft d'un 70m différent de celui du nombre total des chiffres’; c'eft: à-dire paire quand celui-ci eft impair, & récipro> quemént. En effet, que a." &c b.r" repréfentent la valeur rela: tive des deux chiffes extrèmes a & 2 d'un nombre quelconque, dont lenombre total des chiffres (voyez ÉCHELLE ARITHMÉTIQUE}, fera par conféquent mr ; ileft évident que mn =m—0— meftdun nom différent de +1. Il n’eft pas moins clair que, pour tous autres deux chifires correfpondans tirés par ordre du même nombre , 2—n fera dans le mê- me ordre 2, m—4,m—0, ce. fuivant une pro- greflion arithmétique dont 2 ef la différence: chaque terme ÿ fera donc de même nom que le prenuer "1 , & par une fuite d’un nom.différent de 71—1. 16. Cela pofé, quand on renverfe l’ordre des chiffres qui expriment un nombre quelconque , on ne fait qu'échanger la valeur relative des chiffres correfpondans ; en forte que .a.r” & b.r7 deviennent arm & br. Maintenant fi l’on ôte cette feconde quantité de la premiere, on fi on les ajoute enfem- ble, on aura ( toute déduétion faite, & fuppoñant a>b &m>n), la diférence= a —bx rm = 7e & la fomme—2+bxrr tm ; mais s’il s’agit de Za dijfé- rence, le 29 faéteur 7#— 77 (.& par une fuite le pro- duit même } eft ( /emme I. ) un multiple de r+ 1 on deir, quand m—n2eft pair ; & m—» eft pair ( Ze me IL.) quand les chiffres du nombre propofé font en nombre impair. Pareillement , s’il s’agit de /a fomme, le 24 fadteux mr eft (lemme I.) multiple de r+roudeit, uand —#2eftimpair; & m—nr elt impair ( /ew- me 11. ), quand les chiffres du nombre pris pour exemple font en nombre pair. La troifieme propriété fe trouve donc, prouvée dans fes deux parties. Car ce qui vient d’être dit de O NZ deux chiffres correfpondans , s’applique de foi-mê- me à la fomme de tant de chiffres pareils , pris ainf . deux-à-deux qu'on voudra. Elle aura la même pro- priété qu’affettent tous & chacun des élémens dont elle eft formée, | 17. Refte une difficulté. Tout le raifonnement qu'on vient de voir, porte fur la corre/pondance des chiffres : mais quand le nombre en eftimpair , celui du milieu fe trouve ifolé & fans correfpondant .. .. , D'abord cette difficulté ne peut regarder la forme, dont la propriété n’a lieu que quand les chiffres du nombre propofé font en nombre pair. Elle s’éva- nouira même pour 4 différence, fi l'on fait attention que le chiffre du milieu , occupant dans le nombre renverfé le même rang qu'il occupoit dans le nom- bre direéét , la fouftra@lion le fait difparoitre , & qu'ainf 1l n’y a aucun compte à en tenir. .18.-Dans le renverfement des chiffres , la diffé- rence & la fomme du nombre dire& & du nombre renverfé font des multiples de 9 & de 1 x ; /a différence Jeule pour o, mais dans tous les cas: la différence auffi bien que le fomme pour 11, mais chacune refpe&ti- vement dans un feul cas ; celle-là quand les chiffres du nombre pris pour exemple font en nombre im- pair ; celle-ci quand ils font en nombre pair. 19. Ileft clair que tout fous-multiple de 7 + rou _ de 171, participera aux mêmes propriétés qu’on vient de démontrer pour r + 1 même. C’eft ce qu’on ne peut faire voir dans notre échelle , parce que notre 11 , comme nombre premier , n’a point de fous- multiple : maïs on le pourroiït faire pour 2 & pour A, fous-multiples de 8 ( l’1 x de l'échelle feptenaire }; pour, &ec. Conclufion. 20. Le nombre 9 n’eft donc plus feul en poñlefion des-propriétés qui l’ont rendu fi céle- bre ; & s'il fe trouve que 11 en jouit auf pleine- ment que lui, quoique d’une maniere différente ;on peut donc, 1°. Jugeraäu premier coup d'œil fi un nombre pro- poié eft multiple de 11. 2°. Silleft, & qu'il s’agifle d'en venir à la di- vifion aétuelle, on la peut faire au moyen d’une très- fimple fouftraétion, 3°. S’il ne left pas, an moins peut-on, /zrs en venir à l'opération , voir de combien il en differe, & connoitre le refte qu’on obtiendroit par la divifion ; ce quifouvent efttout ce qu'on a intérêt de favoir.……, Eneffet, après avoir fait la fomme des chiffres pairs &t celle des impairs , 8 en avoir Ôté 11 autant de _ fois qu'il fe peut ; nommant À la différence des deux reftes, celui que laïffera la divifon fera R même, f lexcès appartient à l’ordre de chiffres dont le der- mer fait partie, & 11—R dans l’autre cas: ainfi 2819 laiflera 3 , & 28100 laiflera 11 — 3 ou 8. Cec arri- cle eff de M. RAILIER DES OURMES. Voyez NEUF. ONZIEME, (Arichmérig.) c’eft une partie du tout divifé en onze portions égales. En manieres de 70m- Pres rompus ou frattions de quelque tout que cefoit , un ongreme e marque ainf ==. On dit auf deux o- giemes , trOIS ongiemes , quatre ozgiemes, Ec. jufqu’à dix oniernes, au-delà defquels c’eft le tout. Pour les marquer, on fe fert des chiffres fuivans, =,2,4, “+, Éc Dix ongiemes fe chiffrent ainfi, . ONZIEME , 1. f. er Mufique ; eft la replique ou loftave de la quarte. Cet intervalle s’appelle onzie- tre, parce qu’il faut former onze fons pour pafler dia- toniquement d’un de fes termes à l’autre. À M. Rameau a voulu donner le nom d’orgieme à l’accord qu'on appelle guarre otdinairement : mais cette nouvelle dénomination n'ayant pasété fivie, je me conformerai à l’ufage. Voyez QUARTE, Sup- POSITION, ACCORD. (S) ONZON , {. m.( Gramm.)cérime de Calend, nom O OM 491 d'un mois dont les Perfes fe fervent dans leuts cals culsraftronomiques. [left de trente jours: O O OOKEY-HOLE , ( Æif. nas, ), nom d’une grotte fameufe en Angleterre, dans la province de Som: merfet , au pié des montagnes de Mendip, A l’entrée de cette grotte on apperçoit une fource très-conf- dérable qui fort d’entre les rochers ; la montagne qui la couvre eft fort hante & très - efcarpée. La grotte eft tantôt unie, tantôt raboteufe , tantôt on monte & tantôt on defcend ; dans de certains en droiis elle eft forr élevée , & dans d’autres on eft obligé de fe baiffer pour pouvoir pafler. On y voit des pierres & des ftalaétites de différentes formes fingulieres & accidentelles. Il fort de cette caverne une riviere qui dans l’intérieur de la grotte eft rem- plie d’anguilles , qui ont dû y être engendrées, vû qi'elles n’ont pu y venir d'ailleurs , parce que l’en- trée de la caverne eft très-roide. Voyez Les Tranfaë. Philofop, année 1679. n°, 1. (—) M OOLITE, {. f. ou PIERRE OVAIRE, ( Hifi. nat.) nom donné par les naturalftes à une pierre compo: fée d’un amas de petits corps fphériques , on de globules femblables à des œufs de poiflons on à des graines. Les naturaliftes , qui femblent n'avoir Ja“ mais manqué l’occafion de multiplier les dénomina: tions , ont donné différens noms à ces fortes de pier- res , d’après la groffeur des globules qui compofent l'oolite, Ils ont appellé pyfolites, celles dont les glo- bules font de la groffeur d’un pois: celles qui font plus pelle » & femblables à des graines, ont été appellées mécontes | peut-être à caufe de lent reflemblance avec la graine de pavot : celles qui étoient applaties ont été nommées phacires | à canfe qu’elles reflembloient à des lentilles : celles qui n'é- toient que de la groffeur d’un grain de millet,ont été appellées cerchrites : enfin celles qui reflembloient à des petits grains de fable ; ont été appellées ham= TILÉES > OÙ AINUITNONLEES, Quoi qu'il en foit de toutes ces dénominations arbitraires, ces globules font ou blancs, ou jaunes, Ou rougeñtres ; Où bruns , on noirs. Le g/ut r, où fuc lapidifique qui les tient liés ou collés les uns aux autres n'eft point toujours le même, ce qui fait que là mafle totale qui réfulte de leur afflemblage a plus où moins de dureté & de confiftance. Les petits glo- bules qui compofent ces pierrés , vues au microf- cope, paroiflent formés de plufieurs petites lames ow couches concentriques.On ignore précifément quelle eft leur origine : quelques auteurs lesregardent com- me des véritables œufs de poiffons & d’écrevifles de mer pétrifiés; Wallerius croit qu'ils ont été for- més par des gouttes d'eaux qui en tombant fur une terre en pouñliere, lui a fait prendre la forme de globules. Il y a lieu de croire en général que ce font de petits corps marins qui ont été portés dans le fein de la terre comme une infinité d’autres. Voyez FOS= SILLES. II y a de petites étites on pierres d’aigle en globü- les ; dont quelques coquiiles fontremplies, fur-tout les cornes d’ammon qui fe trouvent en Normandie près de Bayeux ; on pourroit auf les appellefides oolites à caufe de leur figure. | On trouve une grande quantité de ces oofires eñ Suede , dans la province d’Angermanie , dans les carrieres de Weferling , dans la principauté d'Hal: berftadt , fur la montagne appellée Nu/sbers près de Brunfwick, près de Bâle en Suifle, dans le comtéde Neufchâtel, &e. (=) | OOMANCIE , f. f. (Divin) forte de divinatiof par laquelle on ctoyoiït connoitre l’avenit par des fignes ou desfigures qui paroifloient dans les œufs, 202 : O!PNAN Ce mot elt formé du grec wo, œuf, 8t de pavréie, di: yiration, Suidas attribue à Orphée l'origine de l’oo- mantie , avec laquelle il ne faut pas confondre ja pta- tique des prêtres d'Ifis , qui fe purifioient avec des œufs. Voyez EXPIATION & HIAQUES. | OOSCOPIE ; 1... ( Divinar. ) woruomiæ 3 efpece de divination en ufage chez les anciens, &c dont le préfage fe tiroit par des œufs. Voyez Potter Archæol, grec. iv, I. ch. x1v. pag. 319. ' OOSTBOURG, ( Géog.) petite ville des Pays- bas, dans la Flandre hollandoife, capitale d'un baïl- liage de même nom ;, à une lieue de l’Eclufe. Le prince Maurice s’en rendit maître en 1604, &enfit rafer les fortifications, Long. 20.50. lar. 51.20. OOSTERGO , ( Géog. ) parte orientale de la Frife. Elle contient onze préfeétures & deux villes , favoir Leuwarden & Dockum, | Le grand nombre de mots terminés en gaWe, gouWe , 8430 » REY 5 BOY.» NOUS fait voir que les an- Ciens ont donné ces terminaifons à des plaines où 1l y avoit de l'herbe abondamment pour les pâturages. L’Ooffergo fut premierement envahi par Godetroy le Boffu senfuite cette proie pafla à Thierri V. comté de Hollande. Frédéric I. pattagea le canton entre le comte & l’évêque ; mais fans entrer dans le détail, il fuit de remarquer que FOoffergo a été nommé Pagus, quand c’étoit un fimple pays dont les peu- ples avoient la liberté ; Comitatus , lorfqu'il y avoit des comtes particuliers, & Decanatus, Doyenné, par rapportau gouvernement de l’évêque d’Utrecht. OOSTERWYK ; ( Géog.) ce n’eft qu'un bourg des Pays-bas dans le Brabant hollandois ; mais c’eit un bourg confidérable, dont la jurifdiéhin eff fort étendue, & qui jouit du même droit que les gran- des villes. Ileft fitué au confluent de deux petites ri- vieres, à 2 lieues de Bois-le-Duc. Longis. 22, 40, Jar, 31.45. (D.J.) OP OPACITÉ , £. £. ( Phyffg. ) terme dont les Philo- fophes fe fervent pour exprimer la qualité qui rend un corps opaque , c’eft- à- dire impénétrable aux rayons de lunuere. Voyez LUMIERE. Le mot opaciré eft oppoié à DIAPHANÉITÉ. Foyez ££ mot, Qui pent caufer l’opacité des corps? cette quef- tion eft embarraffante. On a de la peine à compren- dre comment un corps aufh dur que le diamant , ef tout ouvert à la lumiere. Maïs on comprend bien moins comment un bois aufli poreux qu’eft le liepe, n’eft pas mille fois plus tranfparentque le cryftal. On n’eft pas moins embarraflé a rendre raïon pourquoi Veau & l'huile, qui font tranfparentes l’une èe Pau- tre prifes à part, perdent leur tranfparence quand on les bat enfemble : pourquoi le vin de Champa- gne , qui eft brillant comme le diamant, perd fon éclat quand les bulles d’air s’y dilatent , & s’y amaf- {ent en moufle: pourquoi le papier eft opaque quand il n’a dans fes pores que de l'air , qui eft naturelle- ment fi tranfparent ; &c pourquoi le même papier de- vient tranfparent quand on en bouche les pores avec de l'eau ou avec de l'huile. Prefque tous les hom- mes,& bien des philofophes, comme le peuple, font dans le préjugé qu’un corps opaque eff ténébreux, parce qu'il n’admet point la lumiere dans fes pores , & que cette lumiere paroîtroit fi elle y pañloit de part en part: c’eft une erreur. Si l’on excepte les premiers élémens dont les corps font compolés , il xy a peut-être point de corps dans la nature qui ne foit acceffible & pénétrable à la lumiere, Elle tra- verfe l'eau & les autres liqueurs fimples : elle péne- tre les petites lames d’or , d’argent & de cuivre dé- funies , & devenues aflez minces pour être en équi- OPA libre avec les liquides corroffs où onles meten dif {olution. Les corps qui nous paroïffent les plus fim- -ples, comme le fable & le fel, font tranfparens. A Les corps même quelque peu compolés, admettent aifément la lumieré, à proportion de l’uniformité ê du repos de leurs parties. Le verre, le cryftal, & {ur-tout le diamant, ne font guere compolés que. de beaux fables & de quelques fels plus ou moins fins; auf n’apportent-ils pas beaucoup d’obftacles au pai- fage de la lumiere. Il n’en eft pas de même d’une éponge , d’une ardoife, d’un morcean dé marbre. Tous ces corps, que nous appelions opagues, placés entre le foleil & nos yeux, reçoivent à la vérité la lumiere comme des cribles ; mais ils la déroutent , ils l'émouflent, & l’empêchent d'arriver fenfible- ment jufqu’à l'œil. C’eft ce qui va être expliqué dans la fuite de cet article. | | À. L'opaciré d'un corps vient , felon les Cartéfiens 5 de ce qué les pores de ce corps ne font pas droits , ou direétement fitués les uns au bout des autres, ou plutôt de ce qu'ils ne font pas perméables par- | tout, Mais cètte opinion n’eft pas exempte de dificul= tés. En éffet , quoiqu'on doive accorder que pour qu’un corps foit tranfparent , 1l faut que fes pores {oient droits, ouau moins perméables dans toute fa longueur ; cependant comment peut-il fe faire que non-feulement les verres & les diamans, mais en- core l’eau, dont les parties font fi faciles à mettre en mouvement , ayent toujours tous leurs pores droits & perméables en tout fens ; tandis que le pa- pier & les feuilles d’or font impénétrables à la lu- miere ; & par conféquent , felon les Cartéfiens , doivent manquer de pores droits ? Il faut donc cher- cher une autre caufe de l’opacité, Tous les corps ont beaucoup plus de pores & de vuides qu'il n’eft néceffaire pour qu'une infinité de rayons puiffent les traverfer en ligne droite, fans teacontrer aucune de leurs parties folides. En effet, l'eau eft dix-neuf fois plus legere, c’eft-ä-dire, plus rare que l'or; & cependant l'or lui-même ef fi rare que les émanations magnétiques le traverfent fans aucune difficulté ; & que le mercure pénetre aiïfe- ment fes pores, que l’eau même les pénetre par com- prefon : donc il s’enfuit que l’or a plus de poresque de parties folides ; & à plus forte raifon lPeau, Payez PORES. Ainf la caufe de l’opaciré d’un corps ne paroît | point venir de ce qu’il manque d’un nombre fufifant de pores droits; mais elle vient , felon les philo+ fophes newtoniens, ou de la denfité inégale des parties , ou de la grandeur des pores, qui font où vuides ou remplis d’une matiere différente de celle du corps; ce qui fait que les rayons de lumiere font arrêtés dans leur paflage par une quantité innom- brable de réflexions & de réfra@ions , jufqu'à ce que tombant enfin fur quelque partie fohide , ils s’é- teignent & s’abforbent. Voyez RÉFRACTION. C’eft pour cela , felon ces philofophes , que Île liege , le papier, le bois, 6'c. font opaques, & que les verres & les diamans font tranfparens : car dans les confins ou endroits où fe joignent les parties fem- blables en denlité , comme font celles de l’eau, du verre , des diamans ,iln’y a ni réflexion, ni réfrac- tion, à canfe de l’aétion égale en tout fens ; mais quand les parties font inégales en denfité ,fnon-feu- lement entr’elles, mais encore par rapport à l'air, ou au yuide qui eft dans leurs pores, l'attraction n’é- tant pas la même en tont fens , les rayons doivent fonffrir dans ces pores des réflexions & des réfrac- tions confidérables : ainf ils ne peuvent traverfer les corps étant continuellement détournés de leur chemin , & obligés à la fin de s'éreindre. Si donc un corps n’eft compolé, comme l’eau ox O P A le diamant. que de parties toujours uniformes , la portion de lumiere qui y eft admife, roule uniformé- ment dans l’épaiffeur de ce corps. Mêmes parties par-tout : même arrangement de pores. Ce plifera le même juiqu’à l’autre extrémité , d’où la lumiere pourra fortir fenfiblement. Mais fi le corps où la lu: miere entre eft compolé de parties fort diffembla- bles, comme de lames de fable , de limon , d’huile, de feu , de fel & d'air , les ballons & les lames de ces élémens étant de différentes denfité & de diffé- rentes fituations , la lumiere s’y réfléchit & s’y plie fort diverfement. Elle fe détoutne de la petpendi- culaire en entrant dans une parcelle d’air : elle s’ap- proche vers la perpendiculaire en entrant dans une lame de fel. Les différentes obliquités des furfaces où elle entre de moment en moment, font une nou- velle fource de tortuofité & d’affoibliffement. Il fuffit même qu'un corps foit percé d’une grande quan- tité de trous en tout fens, pour ceffer d’être tranfpa-’ | rent. Les pierreries perdent leur tranfparence à un grand feu qui les crible, parce que la lumiere y {ouf- fre trop de réflexions & de détours fur tant de nou- velles furfaces toutes différemment inclinées, d’où ilarrive qu’elle ne peut pafler uniformément au tra- vers ; & parvenir à l’œ1l du fpeétateur. La multiplicité des lamesélémentaires qui coMpO-. fent les corps, eft la feconde caufe de l’opacité, par la diverfité des plis qu’elle fait naître dans la lunere. Toutes ces lames prifes féparément font tranfparen. tes : mais mélangées , elles courbent fi différemment la lumiere , qu'elles en éteignent la direétion & le fentiment. C’eft ce qui arrive à l'huile &z à l’eau bat- tues enfemble. C’eft ce qu'on voit dans le vin de Champagne : lorfqu’on le tire de la cave, & que Pair froid ou comprimé qu'il renferme vient à fentir la chaleur & la communication de l’air extérieur , il fe dilate , & foutient la liqueur fur fes ballons élargis, en forte que la lumiere fe pliant fans cefle, & tout différemment dans les lames de vin & dans les bulles d’aïr , elle ne peut plus fe faire apperce- voir au-travers dela liqueur. C’eft tout enfemble la diverfté des inclinaifons des furfaces , & la diverfité des réfraétrons qui caufent l’opacité dans le papier fec & dans le verre pilé. Il réfulte de tous ces exem- ples, qu'il n’y a point de corps quine foit naturelle- ment tranfparent , & 1l ne ceffe de le paroître qu'au “moment que la lumiere s’y déroute & s’y altere, ou dans l’irrégularité des pores , ou dans la variété des parties, &c fur-tout des fluides qui la plient tout dif- féremment. Ces articleeft de M. FORMEY , qui l'a tiré en partie du Spetfacle de la nature, tome IV. L'interrupnion & la difcontinuité des parties eft donc, felon M. Newton, la caufe de l’opacire : c’eft pour cela , felon lui, qu'un corps commence à de- . venir tranfparent, lorfqu’on remplit fes pores d’une matiere ou pareille à celle de fes parties , ou au moins d’une denfité égale, Ainf le papier devient un peu tranfparent lorfqu’il eft imbibé d’eau ou d'huile, la pierre appellée oculus mundi , lorfqu’elle eit trempée dans l’eau , &c. Il en eft de même de piufieurs autres corps lorfqu’on les trempe dans des fluides qui peuvent pénétrer intimement leurs plus petits pores. Au contraire les corps Les plus tranfparens peu- vent être rendus opaques en vuidant leurs pores , ou en divifant ou féparant les parties quiles compo- fent. Ainfle papier &r l’oculus mundi deviennent opa- ques en les laïflant fécher ; la corne, en lagrattant ; lemerre , en le pulvérifant , ou en y laiffant des piles Peau-même , quand on y excite des bou- teilles ou de l’écume. A la vérité , pour rendre les corps opaques & colorés , ilfaut que les interftices de leurs parties ne || {oient pas moindres que d’une certaine grandeur don- O P À 493 née; car les corpsles plus opaques deviennent tranf- parens, lorfque leurs parties font confidérablement diminuées , comme il arrive aux métaux diflous paf les acides. Voyez CouLreurs 6 Chambers. OPALE , 1. f. (if. nat. Min.) opalus, lapis elez mentarius , Pæderos Plinit, aftroites; pierre précieufe ou agate, d'une couleur laiteufe, qui change de cou- leur, & préfente des couleurs très-vives , très-va= riées, & aflez femblables à celles de la nacre de perle , fuivant qu’on change fa pofition ; elle eft dus re ; fait feu lorfqu’on la frappe avec l'acier; la lime n’a point de prife fur elle. Wallerius diftingue quatre efpeces d’opales : fa- voir, 1°. l’opale laireue qui , fuivant les différens afpeëts fous lefquelles on la regarde, préfente des couleurs bleues , rouges, jaunes, vertes, tandis qüé : le fond de la pierre eft de la couleur du lait affoibli par beaucoup d’eau. 2°, L’opale noirérre dans la: quelle on croit remarquer comme des paillettes de talc jaune. 3°, L’opale jaunatre, elle ne joue point fi.bien que les précédentes. 3°. L’ei/ de chat , Foyez : cet article. M, Bruckmann ajoute 5°, l’opale blend- tre, qui eff, dit-on , très-rare, & quipréfente les dif férentes couleurs de l’arc-en-ciel, c’eft pourquoi il croit que c’eft la pierre d'iris des anciens, - Quelques auteurs regardent le girafol, comme une efpece d’opale ; mais il y a quelques différences. Voyez GIRASOL. | L'opale fe trouve quelquefois jointe avec de l’agas te, & M. Bruckmann dit avoir vu un morceau d’a- gate trouvé dans le duché de Deux-ponts, dans le- quel on voyoit des bandes ou couchés d’onyx; de calcédoine &c d’opale. Cette pierre précienfe fe trouve dans les Indes orientales, en Egypte, en Arabie , en Hongrie , en Bohème, & en Allemagne : on la trouve ordinaire ment par morceaux détachés , enveloppée dans des pierres d’une autre nature ; elle eft depuis la grari= deur de la tête d’une épingle, jufqu’à celle d’une noix, ce qui eft pourtant très-rare, On les monté ordinairement ea bague , aprèsles avoir fait arron- dir ou tailler en facettes, & avoir mis une feuille deflous, Une opale fans défaut eft une chofe très- rare ; les Indiens efliment cette pierre autant que le diamant. L’art fait contrefaire les opales , & peu de gens ignorent que feu M. de Lironcourt, à fon retour d'Egypte , où 1l avoit réfidé en qualité de conful de France, a rapporté d'Alexandrie une opale d’une grandeur étonnante, qui, après avoir trompé les joualliers du Levant, qui font pourtant très-clair- voyans, s’eft trouvée à la fin n’être qu'un morçceait de verre, imitant parfaitement l’opale. (—) OPALE , 4 la monnoie ; allufion que les fondeurs font du monnoyage à la pierre précieufe qui porte ce nom. Lorfque l'or eft en fufion, ou plutôt en bain, qu'il rend toutes fortes de couleurs, ainf que l’opa= le , les ouvriers difent, l'or eff en opale , il faut lere- tirer. | OPALER, v. a&. & nent. er serme de Rafineur de Jucre, n’eft autre chofe que l’aûion de remuer avec le couteau dans les formes Le fucre, quelque tems après qu'on l’y a verfé , quand il a acquis un certain degré de chaleur que l’expérience feule indique. On opale pour mêler & confondre le orain avec le firop dont il ne cherche qu’à fe féparer. | OPALES oz OPALIES , opalia , {. £, plur. (Æif. anc.) fête que l’on célebroit à Rome en l'honneur de la déeffe Ops. Varron dit que cette fête fe célebroit trois jours après l'expiration des faturnales. Selon Macrobe, on la célebroit le 19 Décembre, qui étoit un des jours des faturnales : il ajoute , que l’on célebroit ces deux fêtes dans le même mois , à caufe que Sa- 404 DHPÉ nine & Ops étoient époux, & que c'étoit à eux | “qu’on devoit Part de femer le blé & de cultiver les fruits :c'elt pourquoi l’on ñne célebroit les opaiies “qu'après la moïffon , & lentiere recolte des fruits. ‘Le même auteur remäérque que l’on faifoit des prie- res à cette déefle en s’afléyant fur les rèrres, pour montrér qu’elle étoit la terre, & la mère de toutes chofes ; &r qu’on faifoit des feflins aux efclavesqu’on ‘avoit occupés pendant Pannée aux travaux de Ia ‘campagnes: mn , | -COPAQUE, corps , adj. (Phyf.) les opaques font “ceux qui ne laïffent point pañler la lumiere, Piifieurs ‘philofophés croïént que l’opacité des corps vient de ce que leurs pores font dans urñe pofition oblique &z “courbe , enfôrte que la lumiere n’y peut pas pafler Jibrement A-travers , comme elle fait à-travers les “corps ‘tränfparens ; d'où il arrive que tenant les corps opaques contre lé jour ; on ne peut pas y vor. à-travers. Ce qui femble confirmer cette idée, c'eft ‘que les corps minces font prefque tous plus ou moins tranfparens, parçe qu’alors leurs pores ayant peu “de longueur , peuvent être régardés comme droits , par la même raifon qu’on peut regarder coïnme des ignés la portion très-petite d’une courbe, D'autres croient que la tranfparence des corps “vient de l’analogie ou affinité qu'il y a entre les par- ties de ces cofps & les parties de la [umiere , ana- Jogie qui les rend propres à nous la tranfmettre. Voyez “OPACITÉ. OPATOW, (Géog.) pétite ville‘de Pologne aû Palatinat de Sendomir, & à quatre milles de la ville ‘de ce nom. Long. 49. So. lat, 50. 25, (D, J.) OPERA , £m. (Belles lerr,) efpece de poëme dra- matique fait pour être mis eñ mufique , & chanté fur lé théâtre avec la fymphonie., & toutes fortes de -décotations en machines 6c en habits. La Bruyere dit que l'opéra doit tenir l’efprit , les oreilles & les yeux dans une efpece d’enchantement : & Saint- Evremont appelle l’opérz un chimérique aflemblage de poëfie € de mufique ,; dans lequel le poète & le mu- ficien fe donnent mutuellement la torture. L’anglois porte cramp. Voyez POEME LYRIQUE. Nous avons recu l'opéra des Vénitiens , parmi lef- quels il ifait le principal amufement du carnaval. d’oyez COMÉDIE. Tandis que le théâtre tragique & comique fe formoit en France & en Angleterre , l’opéra prit maïffance à Venife. L'abbé Perrin , introduéteur des ambafladeurs auprès de Gafton, duc d'Orléans, fut le premier qui tenta ce fpeétacle à Paris, &c il ob- tint à cet effet un privilese du roi en 1669. L’opéra ne fut pas long-tems à pafler de France en Angle- terre. L'auteur du fpeétateur (Adifon) obferve que la mufique françoïle convient beaucoup mieux à l’ac- cent & à la prononciation françoife que la mufique angloife ne convient à l'accent & à la prononcia- tion angloïfe , & qu’elle eft même plus convenable à - lhumeur gaie de la nation françoife. Voyez RÉCI- TATIF. Il eft certain que le fpeétacle que nous nommons opéra , na jamais été connu des anciens, & qu'il m'eft, à proprement parler , ni comédie, ni tragé- die. Quoique Quinault & Lully, 8& depuis plufieurs autres poëres & mufñciens en aient donné de fort beaux : on n’en peut citer qu’un très-petit nombre dans lefquels fe trouvent tout-à-la-fois réunis les merveilleux des machines, la magnificence des dé- -coratiens , l'harmonie de la mufque, le fublime de la poéfie, la conduite du théâtre ; la régularité de l’aétion , & l'intérêt foutenu pendant cinq aétes. II eft rare que quelqu’une de ces parties ne fe démen- te. D'ailleurs les ballets font compofés d’entrées dont les fuiets font différens , n’ont fouvent qu'un — OPE rappott arbitraire & très-éloigné , & dont on peut dire avec Defpreaux,, Quechaque adlé en la piece ef} une piece entiere. Cette irrégularité # palpable fait penfer que le noni de poëme dramatique ne convient pas à l'opéra, &c qu’on s’exprimeroit beaucoup plus exaëtement en lappellant un fpeéfacle : car il femble qu’on s’y atta- contenter Pefprit. donne fréquemment pendant le carème. Il confifteen dialogue, duo, trio, ritournelles, chœurs, &c. Le fujet en eff toujours pris ou de l’Ecrituré, ou de la viè de quelque faint: en un mot, de quelque matrere édifiante. Les Italiens l’appellent orarorio ; les paro: Je defire qu’on me permette d'ajouter quelques ré- flexions fur ce fpettacle lyrique. Un opera eft, quant à la partie dramatique, la répréfentation d'une ac- tion merveilleufe. C’eft le divin de l'épopée mis en fpeétacle. Comme les aéteurs font des dieux ou des tels par des opérations , par un langage, par une inflexion de voix qui furpañle les lois du vraiflem- blable ‘ordinaire. Leurs opérations reflemblentà des prodiges. C’eft le ciel qui s'ouvre , le chaos qui fe enchanté qui difparoît au moindre figne , & fetrans- forme en défert, &c. merveilles le chant &la mufique , & que la matiere naturelle du chant mufical eft le fentiment , les ar- tiftes ont été obligés dé traiter l’aétion pout arriver aux pafhons , fans lefquelles il n’y a point de muf- que, plutôt que les paflions pour arriver à l’aétion ; & en conféquence 1l a fallu que le langage des ac- teurs fût entierement lyrique, qu'il exprimät l’exz tafe, l’enthoufafme , l’ivrefle du fentiment, afin que la mufique pût y produire tous fes effets. Puifque le plaïfir de l'oreille devient Le plaïfir du cœur, de-là-eft née l’obfervation qu'on aura faite, - que les vers misen chant affeétent davantage que les paroles feules. Cette obfervation a donné lieu à entiere, & à la décorer d’une grande pompe; voilà l'origine & l'exécution de nos opéra, fpeétacle ma gique, Où dans un doux enchantement Le citoyen chagrin oublie _ Ætla guerre, & le parlement, Ær les impôts, & la patrie, Et dans l'ivref[e du moment Crois voir Le bonheur de [a vies Dans ce sente d'ouvrages Le poëte doit fuivre ; comme aïlleurs, les loix d'imitation , en choïfiflant ce qu'il y a de plus beau &c de plus touchant dans la nature. Son talent doit encore confifter dans une heureufe verffication qui intérefle le cœur & l’ef- prit. | , On veut dans les décorations une variété de fce- nes & de machines ; tandis qu’on exige du muficién une mufique favante & propre au poëme. Ce que “on art ajoute à l’art du poëte, fupplée au manque J P > LUPP q de vraiflemblance qu’on trouve dans des aéteurs qui térêts en chantant, puifqu'l eft vrai que la peï le plaifir, la joie , & la trifteffe s’annoncent toujo ici par des chants &c des danfes ; mais la mufique a tant d’empire fur nous, que fes expreflions comman- dent à l’efprit, & lui font la los, L'intelligence che plus à enchanter les yeux & les oreilles, qu’à héros demi-dieux ; ils doivent s’ännoncer aux mor-: Maïs comme on a jugé à propos de joindre à ces mettre cesrecits en mufñque; enfin l’on eft venu fuc>. ceffivement à chanter une piece dramatique toute Il y a à Rome une efpece d’opera fpirituel, qu’on’ les font fouvent en latin, & quelquefois en Italien. : = difipe , les élemens qui fuccedent,, une nuée lumi= neufe qui apporte un être célefte ; c’eft un palais traitent leurs paffions, leurs querelles , & ponèe "4 OPE L'intelligence des fons eft tellement univerfelle , “qu'elle nous affeête de différentes pafñons, qu'ils re- préfentent aufü fortement , que s’ils étoient exprimés dans notre langue maternelle, Le langage humain varie fuivant les diverfes nations. La nature plus puiffante, & plus attentive aux befoins & aux plai- lits de fes créatures, leur a donné des moyens péné- raux de les peindre, & ces moyens généraux font imités merveilleufement par des chants. S'il eft vrai que des fons aigus expriment mieux le befoin de fecours dans une crainte violente , où dans une douleur vive , que des paroles entendues dans une partie du monde, & qui n’ont aucune fi- gnification dans l’autre : il n’eft pas moins certain que de tendres gémiflemens frappent nos cœurs d’u- ne comparaïfon bien plus eficace, que des mots, dont l’arrangement bifarre fait fouvent un effet con- traire. Les {ons vifs & légers de la mufique ne por- tent-1ls pas inévitablement dans notre ame un plai- fr gai , que le récit d’une hifoire divertiffante n'y fait jamais naître qu'imparfaitement ? Mais,dira-t-on,il eft fort étrange qu'un homme vien- nenous affurer en vers qu'il eft accablé de malheurs, &x que bientôt après il fe tue lui-même en chantant. Je pourrois répondre , que idée qu’on fe fait du chant 8 l'habitude où l’on eft des le bas âge de le regar- der comme l'enfant unique du plaifir, & de la joie, caufe en partie cette prévention. Elle fe diffiperoit fi l’on confidéroit le chant dans fon eflence réelle, ceft-adire, f l’on réflechiffoit que ie chant r’eft précifement qu'un airangement de tons difrens ; alors il ne paroïroit pas plus extraordinaire que.les tons d'un héros fufflent mefurés à l'opéra, que d’en- tendre à la comédie un prince parler en vers à fon confeil fur des matieres importantes. Suppoions pour un moment que le roi de France envoyât les aéteurs & les a@rices de l'opéra penpler une colonie déferte, & qu'il leur ordonnât de ne fe demander les choies les plus néceffaires , & de ne converfer enfemble que comme ils fe parlent fur le théâtre ; les enfans qui naîtroient au bout de quel- que-tems dans cette ile bégayeroïent des aïrs, & toutes les inflexions de leur voix feroient mefurées. Les fils des danfeurs marcheroient toujours en ca- dence , pour fe rendre en quelque lieu que ce füt ; ëc fi cette poftérité chantante & danfante venoir ja- mais dans la patrie de fes peres,, fes oreilles feroient choquées de la diffonnance quireone dans les tons de noire converfation , & fes yeux feroient bleflés de notre façon de marcher. L'opéra eft fi brillant par fa magnificence, & fi. furprenant par fes machines ,qui font voler une hom- me aux cieux , Ou le font defcendre aux enfers, & qui dans un inftant placent un palais fuperbe où étoir un défert affreux, que fi les peuples fauvages voi- fins de Pile où dans ma fuppoñition j'ai réléoué l’o- péra, venoit à ce fpeétacle, loin de le trouver ridi- cule , je ne doute guere qu'il n’admiraflent le génie des aétenrs , & qu'ils ne les regardafient comme des intelligences céleftes. Dans nos pays éclairés fur les reMorts qui meu- vent toutes les divinités de l’opéra , les fens même {ont f flattés par le chant des récits , par l’harmonie ‘quiles accompagne , par les chœurs , par la fympho- mie, par le fpeétacle entier, que l'ame qui fe laiffe facilement féduire à leur plaifir, vent bien être en- chantée par une fiétion , dont l'illufion éft, pour ainf dire , papable. | | Il s’en faut pourtant beaucoup que les décora- tions, la mufique, le choix des pieces, leur con- duite , & les acteurs qui les jouent foient fans dé- . fauts. Ajoutez que les falles où l'on repréfente ces fortes de pieces merveilleufes, font f petites, fi né- gligées, fi mal placées, qu’il paroît que le gouver- Tome XI, O'PE 495 nement protège moins ce fpe&acle, qu’il ne le to- lere, | Quant à la verffication de nos opérus , elle eft f profaique ; fi monotone, f dénuée du ftyle de la poéñe, qu'on n’en peur entreprendre l’élose. Qui- naut lui-même, fouvent très-heureux dans les pen fées , ne left pas toujours dans l’exprefion. Ses plus belles images font foibles, comparées À celles de nos 1llufires poëtes dramatiques. Je ne choifis point fes moindres vers, lorfque je prends ceux-ci pour exemple. Ceft peut-être trop tard vouloir plarre d VOS Jeux ÿ Je ne Jiis plus autems de Paimable jeuneffe, Mais Je fuis roi, belle princeffe, | Et rot vitlorieux. Faites grace à mon äge en faveur de ma gloire. A Mithridate plein de la e idée , la rend dansRa- cine par ces images to otiques. Jufquict la fortune , 6: la vifloire même , Cachoïent mes cheveux blancs fous trente diadémes : Mais ce rerms-la T'eft pluss je repnois , ë Je fus. Mes ans fe fonc accrus, mes honneurs font détruits ; Et mon front dépouillé d'un ft noble avantage Du tems qui Pa flécri, laifle voir tont l'ourrace. J 3 5 Ne voit-on pas tomber tant de couronnes de la tête de Mithridate vaincu, fes cheveux blancs, fes rides paroïtre, & ce roi à qui fa difgrace fait fonger à fa viellefle , honteux de parler d’amour ? (D.J7) OPÉRA DES BAMBOCHES , ( Speëfacle françois. ) l'opéra des bamboches , de l'invention dé la Grille, fut Ctabh à Paris vers Pan 1674, & attira tout le mon- de durant deux hivers. Ce fpectacle étoit un opéra ordinaire, avec la différence que la partie de l’aétion s’exécutoit par nne grande marionetre,qui faifoir fur le théâtre les geftes convenables aux récits que chantoïit un muficien , dont la voix fortoit par une ouverture ménagée dans le plancher de la fcene: ces fortes de peétacies ridicules réuffiront toujours dans ce pays. OPÉRA COMIQUE , (Speëtacle françois.) ce {pec- tacle eft ouvert à Paris durant les foires de S. Lau- rent & de S. Germain. On peut fixer l’époque de l'opéra comique en 1678, & c’elt, en effet , cette an- née que la troupe d’Alard & de Maurice vint repré- | {enter un divertiflement comique , en trois inter= medes, intitulé es forces de l'amour & de Lx magie. C'étoit un compolé bifarre de plaifanteries grofñe- res, de mauvais dialogues, de fauts périlleux, de machines & de danfes. Ce ne fur qu'en r715 que les comédiens forains ayant traité avec les fyndics & dire@teurs de lacad. royale de mufqae, donnerent à leur fpeétacle le ti- tre d'opéra comique. Les pieces ordinaires de cet opéra, étoient des fujets amufans mis en vaudevilles, mélés de profe , & accompagnés de danfes & de ballets. On y repréfentoit auf les parodies des pie- ces qu’on jouoit fur les théâtres de la comédie françoie , & de l'académie de mufque. M. le Sage eft un des auteurs qui a fourni un plus grand nombre de Jolies pieces à l’opéra comique ; & l'on peut dire en us fens, qu'il fut le fondateur de ce fpe@a- cie, par le concouis de monde qu'il y attiroit. Les comédiens francois voyariravec déplaifir quele pablic abandonnoit fouvent leur th£âtre,pour courir a celui de la foire, firent entendre leurs plaintes , & valoir leur privilege. ‘Is obtinrent que les comé- diens forains ne pourroient faire des repréfenta- tions ordinaires. Ceux-ci ayant donc été réduits à né pouvoir parler, eurent recours à l’ufage des car- tons fur lefquels on écrivoit en profe , ce que le jeu des aéteurs ne pouvoit rendre. A cet expédient on én fubflirua un meilleur, ce fut d'écrire des cou- Rrr 496 OPE plets fur des airs connus, que l’orchettre jouoit ; que des gens gagés , répandus parmi les fpeétateurs, chantoientr, & que le public accompagnoit fouvent en chorus : cette idée donnoit au fpettacle une gaieté qui en fit long-tems le mérite. Enfin l'opéra comique , à la follicitauon des comédiens françois , fut tout-à-fait fupprimé, | Les comédiens italiens qui, depuis leur retour à Paris en 1716 , faifoient une recette médiocre, 1ma- ginerent, en 1721, de quitter pour quelque tems eur théâtre de l'hôtel de Bourgogne , & d’en ouvrir un nouveau à la foire : ils y jouerent trois années confécutives pendant la foire feulement ; mais com- me la fortune ne les favorifa point dans ce nouvel établiflement , ils l’abandonnerent, On vit encore reparoître l'opéra commique en 1724, mais en 1745, ce fpettacle fut entierement aboli. L'on ne jouoit plus à la foire que des fcenes muet- tes & des pantomimes, Enfin le fieur Monet a obtenu la permifion de ré- tablir ce fpettacle à la foire S. Germain de l’année 1752. line confifte que dans le choix d’un fujet qui produife des fcenes bonfionnes, des repréfentations aflez peu épurées, &c des vaudevilles dont le petit peuple fait {es délices. OPÉRA ITALIEN, (Speülacle moderne.) ce fpetta- cle fut inventé au commencement du xvi. fiecle à Florence, contrée alors favorifée de la fortune com- me de la nature, & à laquelle on doit la réproduc- tion de plufeurs arts anéantis pendant des fiecles, &z la création de quelques-uns. Les Turcs les avoient chaflés de la Grece, Les Médicis les firent revivre dans leurs états. Ce fut en 1646 que le cardinal Ma- zarin fit repréfenter en France pour la premiere fois des opéras italiens exécutés par des voix qu'il fit ve- nir d'Italie, Mais nos premiers faifeurs d’opéra ne connurent l’art & le génie de ce genre de poëme dramatique qu'après que le goût des François eut été élevé par les tragédies de Corneille & de Racine. Auf nous ne faurions plus lire aujourd’hui fans dédain l'opéra de Gilbert & la Pomone de l'abbé Perrin. Ces pieces écrites depuis 90 ans nous paroïflent des poëmes gothiques , compoiés cinq ou fix gé- nérations avant nous. Enfin M. Quinault , qui travailla pour notre théâtre lyrique , après les au- teurs que j'ai cités, excella dans ce genre ; &c Lully, créateur d’un chant propre à notre langue, rendit par {a mufque aux poëmes de Quinanlt limmorta- lité qu’elle en recevoit. (D. J.) OpPÉRA , eft aufli un mot confacré en mufique pour diflinguer les diférens ouvrages d'un même auteur. On dit l’opera ottava de Corelli, l’opera terza de Vivaldi, &ce. On traduit ce mot en françois par œuvre. Voyez ŒUVRE. L’un &c l’autre font principa- lement en ufage pour la fymphonie. (S) x: OPÉRA , terme de jeu ; c’eft le repic & le capot au piquet. Celui qui efluie ce coup eft opera. Les qua- tres coups pic, repic, blanche & capot , repic & ça- pot, dans le même coup, s'appelle grerd opéra. OPÉRATEUR , £. m. (Chirurgie.) celuiqui opere de la main fur le corps de l’homme, pour lui con- ferver ou lui rétablir la fanté. L'opération étant le caractere diftinif de la partie de l’art de guérir , connu fous le nom de chirurgie , l’on n’a fouvent cherché dans le chirurgien que la qualité d’opérateur. Nous avons démontré au mot CHIRURGIE, l’erreur de ceux qui en auroient une f1 faufle idée. On peut cependant confiderer par abftration , le chirurgien comme opérateur y & déterminer quelles qualités 1l doit avoir pour exercer avec habileté les opérations, 8&c comment il peut acquerir ces qualités. Suivant Celfe , qui a fait de la Chirurgie le plus bel éloge ; les fonétions de cet art ne feroient dévo- lues qu’à de jeunes gens. Il faut, dit-l exprelé. ment, que le chirurgien foit jeune, ou du moins peu avancé en âge, ce qui ne doit fans doute s’eni- tendre que des éleves : car Hippocrate qui a culti- - vé la Chirurgie avecttant de foins & de fuccès, & tous ceux qui dans Pantiquité Pont enrichie de leurs découvertes, n’étoient fürement pas dans la pre- miere jeunefle , lorfqu'ils simmortalifoient en con- tribuant par leurs travaux aux progrès d’une fcien- ce &t d’un art qui exige tant d'expérience & d’étu: des. Le chirurgien, continue Celfe, doit avoir la main ferme, adroite & jamais tremblante ; qu'il {e ferve de la gauche comme de la droite; qu’il ait la vûüe claire, perçante; qu'il foit courageux, & ne s’abandonne point à la compañfñon, azimo intrepi- dus , immifericors. Les interpretes ont fouvent mal rendu ce dernier terme, en le traduifant par ceux d'impitoyable & d'infenfible,. Un chirurgien ne peut aflez adoucir , par la fenfibilité qu’il marque au ma- lade, les douleurs qu'il eft obligé de lui faire fentir. Celfe , cet auteur fi élégant , & qui a écritavec tant de précifion, femble avoir prévu le mauvais fens qu’on pouvoit prêter à fon expreflion; car 1l Pa commentée par deux ou trois phrafes dont le réful- tat eff de dire que le chirurgien doit opérer fans s’é- mouvoir, & comme fi les plaintes du malade ne fai- foient aucune impreflion fur lui, ce que ne rendent point les termes d’irfenfible on d’impitoyable. Pour envifager la Chirurgie du côté des opéra- tions ,nous diftinguerons deux fortes d'opérations: 1°. les opérations reglées qu’on peut apprendre fur les cadavres ; 8 fecondement celles que nous appel- lons cas de Chirurgie, qui font toutes des opérations fingulieres; telles font toutes celles dont le hafard fournit les occafons, qu’on n’apprend point par le même exercice, & qu’on n’eit en état de pratiquer que par les lumieres de lefprit acquifes par Pétude. Les premieres, c’eft-à-dire les opérations qu’on peut effayer fur les cadavres, font en très-petit nombre; telles font le trépan , l’amputation des membres, la lithotomie, l’empyeme, & quelques autres. Le tems qu'il faut pour acquérir la facilité d’exercer ces opé- rations {ur les corps morts , eft fort borné, Un chi- rurgien qui a appris l’Anatomie, & qui fait diriger un {calpel pour dépraiffer un mufcle, chofe qui eft très-facile , a beaucoup plus d’adreffe qu’il n’en faut pour faire une amputation ou toute autre opération. N’y a-t-1l pas des payfans , des manœuvres grofñers, qui font avec la plus grande dextérité fur des ani- maux, des opérations qui pafñlent pour les plus dé- licates, & qui le font en effet? Gelles qu’on eftime les plus difficiles , ne font qu’une diffeétion groffie- re & fort aifée, en ne les regardant que du côté du manuel, & de la dextérité qu'on requiert pour les pratiquer, Ce n’eft pas par l’exercice continuel qu’on devient bon opérateur ; Les mains font toujours fufifamment difpofées pour exécuter ce que lPintel- ligence prefcrit. Il feroit ridicule de penfer qu'un habile chirurgien qui, par exemple, n’auroit pas fait l'opération du trépan depuis 4 ans, füt moins en état de la faire, qu'un médiocre qui l’auroit prati- quée depuis 3 mois, On fait que les grandes opéra- tions ne font pas journalieres hors des hôpitaux ; êc dans les hôpitaux mêmes, on n’eft pas furpris d’être plufieurs années fans trouver l’occafion d'en prati- quer la plus grande partie. De plus, quand les opé- rations feroient plus fréquentes dans les hôpitaux, on fait qu’il n’y a qu’un très-petit nombre de fpeéta- teurs qui puiflent voir l’opérateur ,fouvent en lin- commodant beaucoup, & toujours en s’incommo- dant eux-mêmes, & s’empêchant mutuellement de rien voir diftinement. D'ailleurs que peut-on apprendre en voyant opé rer ? Si l’on y fait {érieufement réflexion , on réduira à peu de chofe cet exercice des yeux. N’eft-1l pas hors de doute qu'aufhtôt que l’inftrument entre dans les chairs , il fe dérobe à la vüe, & qu'il n’y a plus que celui qui le conduit qui fache précifement ce qu'il fait. Le fpeftateur qui ne feroit pas inftruit par la théorie de tout ce qu'il y a à faire pour exécuter Popération ; qui n'en connoïtroit pas les différens terms ; qui ne fauroit pas de quelle importance il eft de ménager certaines parties ; qui n’auroit aucune notion fur les raïifons qu’il y a d’en couper d’autres, que leur ufage fembleroit devoir faire refpeéter , un tel fpeétateur eft là comme un automate ; & celui qui eft inftruut des préceptes qui regardent la métho- de d'opérer, peut feulement imaginer à-peu-près ce que fait l'opérateur dans les différens inftans de lopération. Voilà à quoi fe réduit toure l’inftruétion que peut lui procurér {a fonétion de fpeétateur. Et _ comment reduiroit-il en aéte, & imiteroit-1l ce qu’il A vu, puifqu'il ne peut par cet exercice des yeux, acquérir les connoïffances néceffaires? La Chirurgie, confiderée même comme l’art d’o- pérer , ne peut être un aft d'imitation, & où il ne s’agifle que d’avoir de l’adrefle pour bien faire, On n’apprend eflentiellement la méthode d'opérer que par la ledure refléchié des auteurs qui ont lé mieux traité cette matiere. Il faut fans contredit, voir pra- tiquer les maîtres de l’art; mais on ne les voit utile- ment, que lorfque lefprit eft muni des connoïffances requifes : les yeux ne voient rien , c’eft l’efprit qui voit parles yeux. Il faut de mêrne que ce foit l'efprit qui donne de ladrefle & de l’intelligence aux mains d’un chirurgien. Il y 3 quelques opérations dont on doit faire l’effai fur les cadavres; mais l'exercice réiteré de ces eflais ne fupplée point à l'étude des principes: c’eft ce qui fait que des gens naturelle- ment très-adroits, font très-mal les opérations de Chirurgie; & que d’autres gens qui ne fe piqueroient pas de plus d’adreffe que d’autres dans les chofes or- dinaires de la vie , font avec une habileté merveil- leufe les opérations de la Chirurgie. Il n’y a que l'intelligence & le favoir qui puiflent conduire le chirurgien dans la plüpart des opérations. Voyez ce que nous ayons dit a ce Jujet au mot CHIRURGIE. Lanfranc de Milan, qui profefloit la Chirurgie à Paris , fous le regne de Philippe-le-Bel, en 1295, parle des qualités naturelles, morales & fcienrif- ques d’un chirurgien. Il n’en exige pas peu, & il les confidere toutes relativement aux opérations ; 1l eft court furles qualités corporelles, il ne demande que la fermeté de la main & fa bonne conformation, avec des doigts grèles & longs. Mais du côté des connoïflances del’efprit , il requiert pour bafe de la Chirurgie , toute la théorie de la Médecine, prifé dans fa plus grande étendue. En parlant de la nécef- fité de diftinguer les tempéramens & les diverfes complexions, 1l fuppofe deux hommes de même âge, qui au même lieu & à la même heure, reçoivent un coup d'épée au-travers du bras; lun eft d’un tempérament chaud, & l’autre d’une complexion froide, Suivant l'opinion vulgaire, dit Lanfranc, la Chirurgie doit donner les mêmes fecours à ces deux hommes. Mais la fcience des complexions appren- dra à les traiter diverfement ; elle nous enfeigne ce que l’on doit en craindre dans la cure de l’un & de Vautre. L’un fera fujet à la fievre , au gonflement de la partie, à l’inflammation &c aux abfcès. Il faudra donc avoir égard à ce quis'eft paflé ; on s’informera s’il a perdu beaucoup de fang par fa plaie, afin de le faire faigner, s'il eft befoin, à proportion &e fon âge & de fes forces ; on le mettra à un régime très-leger: &c l’autre ne fera pas faigné ; on regardeta fon fang . comme le tréfor de la vie ; on lui permettra des ali- mens pour le nourrir, & peut-être du vin pour fou- tenir fes forces. Ce n’eft pas feulement le tempéra- Tome XI, O PE 497 ment général du corps qu'il faut obferver dans le traitement des maladies chirurgicales, la comple- xion particuliere des parties fournit au chirurgien des indications différentes. Le remede qui à à un très-haut degré la faculté aftringente ou defficative fur des chaïrs fermes 8 élaftiques , ne produira pas ces effets au degré le plus foible fur des chairs mol- les &c relâchées, Le même médicament qui réfifte puiffamment à la pourriture dans un cas, l’excite dans d’autres ; c’eft donc par les connoïffances phy- fiques & expérimentales, par le raifonnement & le bon ufage des obfervations, qu'on parviendra à bien diriger {es opérations : il y a nombre d’induétions à tirer du tems, du lieu , des faifons & des caufes ex- térieures. Quoiqu’en général il faille réunir les plaies, font-ce les mêmes opérations qui procure- ront la réunion d’une plaig par inftrument tranchant, où par un coup de pierre, ou par la morfure d’un animal ? N’y a-t-il pas uñe autre conduite à tenir f l'animal eft enragé ou s’il ne left pas ? Lanfranc cite ces exemples ; & de tous les détails dans lefquels il eft entré , fur les différens points de doétrine nécef- faires au médecin, il conclut que le chirurgien n’en doit pas être moins inftruit ; fans préjudice des con- noïflances qui lui font particulieres : c’eft le témoi- gnage d’un médecin, il n’eft pas fufpe&t. (YF) OPÉRATION , f. f. en Logique, fe dit des a@tes de l’efprit. On en compte quatre: favoir, l'appré- henfion ou perception ; le Jugement, Îe raifonnemens Gt la rmeéchode, voyez les chacun à fon article, Toutes les opérations de notre ame s’engendrent d’une pre- nuere : voici l’ordre de leur génération, Nous com- mençons par éprouver des perceptions dont nous avons confcience. Nous formons-nous enfuite une confcience plus vive de quelques perceptions ; cette confcience devient attention, Dés-lors les idées fe lent, nous reconnoiflons en conféquence les per- ceptions que nous avons eues, & nous nous recon- noïflons pour le même être qui les a eues: ce qui conftitue la réminifcence. L’ame réveille-t-elle {es perceptions; c’eit imagination. Les conferve-t-elle; c’eft contemplation. En rappelle-t-elle feulement les fignes ; c’eft mémoire. Difpofe-r-elle de fon at- tention ; c’eft réflexion ; & c’eft d’elle enfin que naiflent toutes les autres. C’eft proprement la réfle- xiOn qui diftingue, compare, compofe , décompofe & analyfe; puifque ce ne font là que différentes ma- meres de conduire fon attention. De-là fe forment, par une fuite naturelle, le jugement, le raifonne- ment, la conception. OPÉRATION , ez Théologie , fe dit des a@ions du Verbe & de l'Homme dans J, C. L’Eglife catholique enféigne qu'il y a deux opérations en J. €. l'une d- vine & l’autre humaine, & non pas une opérarion théandrique, comme s’exptimoient les Monothélites & les Monophyfites. Voyez THÉANDRIQUE. OPÉRATION , terme de Chirurgie, ation métho- dique de la main du chirurgien fur les parties du Corps de Fhomme, pour lui conferver ou lui rétablir la fanté. Les opérations de chirurgie s’exécutent générale- ment en réumflant les parties divifées ; en divifant ce qui eft uni; en faifant l’extra@tion des corpsétran- gers, & extirpant ce qui eft fuperflu, défedueux & nuifible ; & en ajoutant ce qui manque par défaut de la nature ou par accident. Ces quatre genres d’opé- rations font connus fous les noms de fÿyrchefe, de diérefe , d'exérefe & de prothefe, Voyez ces mors chacun a fon article. Souvent plufieurs de ces opérations fe trouvent réunies dans une feule ; tel eft un abfcès qu'on ouvre, dont on tire le pus, & où il faut en. fuite procurer la réunion des parties. Les opérations fe font fuivant certaines regles gé. nérales, Les auteurs fcholaftiques prefcrivent eflen- Rrri 498 OPE tiellement quatre chofes. Ilfaut obferver 1°. quelle eft l'opération qu'on doit faire ; 2°, pourquoi on la fat; 2°. f elle eft néceflaire & pofble; 4°. enfin quelle eft la maniere de la faire. On faura, diton, quelle eft l’opérarion qu'on doit faire , par les connoïffances anatomiques de la partie malade; par Les lumieres qu'on aura acquifes en lifant les auteurs qui ont traité des opérations, êT pour avoir vu pratiquer ces mêmes opérations par les maîtres de l’art , voyez OPÉRATEUR. La nature de la maladie , fes caufes, {es fymptomes & fes indi- cations, doivent fournir les rafons pourquoi on la fait: on jugera fi elle eft néceflaire &c poihble, en examinant la maladie, les forces du malade, fon tempérament, les accidens qui compliquent {a ma- ladie. Enfin la maniere de la faire eft une quatrième condition qu'on remplit par l'attention à fmivre les regles que l'art pretent pour chaque opération. Quand on a eu égard à ces chofes, & qu'on eft déterminé à entreprendre une opération ,1l taut con- fiderer ce qui doit le faire avant, pendant & apres. Avant l'opération, toutes les chofes néceïlaires pour la bieh exécuter ieront difpoiées, voyez APPAREIL. Pendant qu’on la fait, on fera exa@ à mettre en pra- tique les differens préceptes qui concernent chaque opération ; &faprès qu'on l’a faite, on appliquera méthodiquement l'appareil: le malade fera mis en fituation., & l’on apportera tous les foins convena- bles pour ie conduire à une parfaite guérnon. Toutes les opéracions de chirurgie ne font pas des -fecours urgens ; il y en à qui toutes néceflaires -qu’elles font, peuvent être iférées, & remiles à une faifon plus favorable, comme le printems & l'automne: l'hiver & l'été ne jouiflent pas des mê- mes avantages pour obtenir une heureule guérifon. L'opération de la taille, de la cataratte & autres, lextirpation d’une loupe dontles progres font lents, -Éc. peuvent fe remettre. Mais loriqu'il y a des ac- cidens qui peuvent mettre la vie du malade en dan- ger , on n'a plus d’égards aux faïfons : on eft quel- uefois obligé de faire l'opération de la taïlle pendant l'hiver, au plus fort du froid; comme on la fait aufli dans les chaleurs les plus exceflives, lorique les ac- cidens preflent, Mais alors on doit avoir l'attention d'empêcher, par des précautions convenabies, que les malades ne refentent les effets de ces différentes difpofitions de l'air. Quoique lpération foit le principal caractere de la Chirurgie, on n’eft point chirurgien pour avoir acquis quelque facilité dans l'art d'opérer; ou plu- tôt quelque adreffe qu’on ait, on ne poflede jamais Vart d'opérer fans une infinité de connoiflances que l'ignorance a voulu faire croire étrangeres à cet égard ; & qui font néanmoins les lumieres fans lef- quellesles opérations ne fe feront que par une routi- ne, plus fouvent meurtriere qu'utile. L'opération .ne convient point dans toutes les maladies chirurgi- cales, c’eft un moyen extrème qu’il ne faut mettre “enufage que lorfqu'il n’eft pas pofhble de guérir la maladie par des voies moins douioureufes. Lors mê- -me que les opérations ont lieu, elles ne font qu'un point du traitement, & pendant toute fa durée , 1l fant que par une conduite intelligente & méthodi- -que, on difpofe le malade à l'opération ; qu'on pré- vienne ou qu'on détruife les accidens qui pourroient en empêcher le fuccès ; & enfin que par le concours de tous les moyens fagement adminiftrés , on gué- rifle après l'opération, laquelle indépendamment de la caute fâcheufe, & fouvent morteile qui la pref- crit, eft fouvent par elle-même une maladie 1rès- -dangerenfe. Voudroit-on faire confifter La capaciié & le mérite d’un chirurgien à favoir mutiler avec hardieffe > Le fuccès dés grandes opérations eft à a yérité le triomphe des Chirurgiens ; mais ce triom- GPE phe même peut être là honte de la Chirurgie, L'oa pération eft la premiere 8 l’unique reflouice d'ua prétendu chirurgien, qui n’eft qu'operateur. Toute {a gloire & fon profit fe trouvent dans les opérations qu'il fait ; il cherche à les multiplier ; il trouve qu'il n’en fait jamais aflez; au contraire un vrai chirur- oien, un homme favant & expérimenté cherche à ne compter fes fuccès que par les opérations qu'il & {çu prévenir, & par les membres qu'il a pu confer- versie OPÉRATION CÉSARIENNE, opération de Chi- rutgie, par laquelle on incife le ventre & la matri- ce d’une femme pour en tirer l’enfant. Nous avons parlé de cette opération au #01 CÉSARIENNE; nous alions ajouter ce qui manque dans l'article où nous renvoyons , à la doëtrine néceflaire pour étre inftruit de tout ce qui regarde une matiere aufli 1m- portante. Le fecond tome de l'Encyclopédie où fe trouve nôtre premier article , a paru en 1751 , & nous y avons fait mention d’un mémoire publié en 1743 dans le premier tome des Mémoires de l'académie royale de Chirurgie , fur l'opération céfarienne, dans lequel on prouve fon utilité & fa pofhbilité ; cette académie na mis au jour le fecond volume de fes Mémoires qu’en 1753: il contient une differtation fort étendue fur les cas qui exigent l’opération céfa- rienne ; car on ne peut fe diffmuler que parmi les faits de pratique qui ont fourni les preuves de fa pofibilité , il n’y en eût quelques-uns qui montroient qw'on s’étoit déterminé trop lègerement & fans mo- tif fuffifant à entreprendre une opération aufli dange- reufe fur la femme vivante. C’eft donc rendre un important fervice à l'humanité que de difcuter les cas où cette opérarion doit être pratiquée, je n'en ferai que l’énumération ; on aura recours à la differ- tation pour les détails. Ces cas font, 1°. la mau- vaife conformation des os du baffin de la mere, par l’applatiffement des os pubis , le rapprochement des tubérofités des os ifchion, enfin quand le paffage eft trop étroit pour laifler fortir l'enfant. S'il étoit mort & qu'on pût lavoir par parties avec le cro- chet, il ne faudroit pas expofer la mere aux rfques de l'opération céfarienne ; il n’elt queflion d'opérer fur la femme vivante que pour fauver la vie à la mere & à l’entant. 2°. L’étroitefle du vagin par des tumeurs ou callofités. Il faut avant que d'en venir à l'opération être bien afluré que l’obitacle eft abto- Inment infurmontabie ; les obfervations de M. de la Motte montrent qu'on a incifé avec fuccès les parties molles qui refftoient au paflage , & que les accouchemens fe font faits enfuite fans difficulté de cette part. 3°. Dans les eflorts inefficaces de la fem- me en travail, la matrice fe déchire quelquefois vers le ventre : ce déchirement &c le paflage de l’enfant dans le ventre exigent l'opération céfarienne. 4°. Les conceptions ventrales dans certains cas affez rares : communément l'opération feroit plus dangereufe que profitable, par la dificulté de détacher l'enfant des adhérences qu’il a contraétées aux différentes parties. 5°. L'opération céfarienne eft indiquée dans quelques cas de la hernie de la matrice par une éventration. Il eft certain qu'on peut abufer de l'opération céfurienne ; en général le grand principe eft de ne la pratiquerique dans les cas où4l eft né- ceffaire de terminer l'accouchement, & où il y a impoflibilité phyfique de le pouvoir faire par Îles voies ordinaires : cette regle bien méditée fera juger de tous les cas. En parlant du manuel de l'opération à l’article CÉ- SARIENNF,au fecond tome de ce Diétionnaire, nous avons dit qu'il falloit incifer avec précaution lorf- qu’on coupe le péritoine, de crainte de bleffer les inteftins ; on évitera cet inconvénient très - danges Le £ reux f l’on fait l’opération fuivant la méthode que je vais prefcrire. La femme étant en fituation , on fera l’incifion dans le lit défigné , & l’on ne coupera d’abord que la peau & la graïfle, enfuite on péné- -trera dans le bas-ventre en incifant feulement dans _ le tiers inférieur de la premiere divifion, par ce moyen on ne rencontrera que la matrice, dont le . fond foutient les inteftins , l’on incife la matrice, & l’on étend fon incifion entre deux doigts de bas en haut, en acheyant de couper ce qui refte des par. ties contenantes à divifer dans la longueur de la premiere incifion, de dedans en dehors; par ce moyen la matrice eft toujours foutenue, les intef ins ne fe préfentent point dans la plaie, & ne font point expolés à être bleflés: cette méthode rend Popération plus prompte, plus fure, & moins em- barraflante, (Y) OPÉRATIONS CHIMIQUES; elles font définies dans l’article CHIMIE, pag. 417. col. 1. en ces ter- mes : « nous appellons operanons tous les moyens » particuliers employés à faire {ubir aux fujets de » l’art les deux grands changemens énoncés dans » la définition de la Chimie, méme page,méême colonne, » c'eft- à- dire à effeétuer des féparations & des # UNIONS. » Ces opérations , eft:il dit tout-de-fuite, ou font |» fondamentales, & eflentiellement chimiques, ou selles font fimplement préparatoires & méchaniques. * Les opérauons p oprement & eflenticliement chi. miques {ont celles qui s’exécutent par les inftru- mens proprement & effentiellement chimiques , fa- voir la chaleur & les menftrues, & qui operent l'union ou la féparation des fujets proprement & ef- fentiellement chimiques, favoir des corpuicules des parties primitives, & chimiquement conftitutives des corps; & les opérazzons fimplement préparatoires 8: méchaniques {ont ceiles qu s’exécutent à l’aide de divers inftrumens méchaniques & qui n'ag:ffaut que fur l’aggrégauion des corps, unmifient ou {épa- rent des molécules. Voyez FEU, MENSTRUES, UNION, SÉPARATION, MIXTE, PRINCIPES, l’ar- ticle CHIMIS , © la fuite d: cet article. M. Craimer obferve dans la premiere partie de fa Docimaftique, quil eft dificile de conftruire un {y tème régulier & philofophique des opérations chimi- ques. Tous Les auteurs d’inftitutions chimiques, fans en excepter Juncker, qui eft d’ailleurs tres - métho- dique ; tous ces auteurs , dis-je, où conviennent expreflément de cette dificuité, ou l’annoncent eu ce qu'ils y ont évidemment fuccomhé. La divifion la plus naturelle , la plus fimple & la plus réelle, eft celle qu’on en fait en opérations divi- fantes ou diacritiques, & en opérations uniflantes ou fyncritiques ; car tous les effets, toutes les a@ions , toutes les paflions chimiques {e ramenent à ces deux évenemens généraux, {éparer & unir, diacrife & yncrife. Mais ce qui a arrêté où embarraflé les chimiftes qui ont confidéré le plus attentivement & le plus philofophiquement les. divers changemens intro- duits dans les corps par les diverfes: opérations chi- miques ; c’eft cette confidération très-fondée & très- grave en loi, qui eft rapportée à l’arsicle CHIMIE, pag. 417. col. 2. favoir, « qu’il eft très-peu d'opéra- "» tions chimiques qui appartiennent exa£tement à la Indiacrife ou à la fyncrife : la plüpart au contraire » font mixtes, c’eft-a-dire qu’elles produifent des -»féparations & des unions , qui font entre elles -# dans un rapport de caufe & d'effet ». Mais cette confidération n'empêche point qu’on ne puifle divifér très-exaétement & très-utilement, - &T par conféquent qu'on ne doive divifer Les opé- rations chimiques en umffantes & en féparantes ; car OPE 499 tiel à un art philofophique d’avoir un fyftème ré- gulier & fcientifique d’inftrumens on de moyens d’action., Voyez l'article ART. 2°, Il eft tout aufü évi- dént que ces moyens doivent être co-ordonnés par leur identité d'effets. 3°, Il eft clair que quel- ques opérations chimiques ne produifent que des {é- parations; où des umions pures & fimples; & que dans la plüpart de celles qui produifent les deux effets, 1l en eft un {évidemment principal relative- ment à l'intention de l’ouvrier , que l’autre n’eft ab{olument que fecondaire ou purement inftrumen- tal. Or c’eft uniquement à l'intention de lartifte qu'on doit avoir égard en évaluant l'effet dire@ & externe d’une operation ; la confidération des effets intermédiaires & cachés appartient à [a théorie de cette opération , mais eft Vraiement étrangere à la connoïflance de cette operation confidérée comme inftrument de l’art, comme moyen d’aétion ; car il eftiourauili indifférent au chimifte qui {e propofe de féparer l'acide nitreux de l’aikali fixe, par le moyen de l'acide vitriolique, que ce dernier acide agifle en s’uniflant à l’aikal fixe, & que par conféquent la féparation d’un principe foit dûe dans ce cas à l’umion qu'a contraëtée l'inflrument employé, cet événement eft auffi indifférent, dis-je, à l'effet prin- cipal 8 direët de Popération, ou ce qui eft ia même chofe, à l’objet unique de l’arufte, qu'il eft indiffé- rent à l'ouvrier qui a deffein de foulever une maffe, à l’aide d’un levier, que cetie machine refte après l'opération collée ou non à fon point d'appui; ce n'eit pas que l’aruifle ne {oit obligé de connoitre ces événemens cachés & intermédiaires, & que lorf qu'il emploie, du-moins dans des vûes philofophi- ques , des agens qui font également enclins, prompts à iubir des unions & à opérer des {éparations, il ne doive prévoir & modifier les circonftances dans lefquelles ces agens {e tronveront pendant le cours des opérations : mais on voit bien que cette con- noiflance qui conftitue la théorie fondamentale & pratique de l’art, eft d’un tout autre ordre guecette notion unique & politive, que ce point de vûe fim- pile & diftinét, d’asrès lequel on doit dreffer la table ou le fyftème des opérations. D'apres ceite vüe nous divifons d’abord très- généralement les opérations chimiques, tant eflen- telles que préparatoires , en uniflantes, en divifan- tes on féparantes, t en mixtes ou plutôt complexes. Secondement , nous renvoyons à la fin de cet ar- ticle la confidération des opérations complexes & des opérations préparatoires , & nous fubdivifons les operations chimiques , tant uniflantes que divifan- tes, en celles qui atraquent la feul: apgrégation des corps &z en celles qui portent jufques iur leurs mix- tions. Cette fubdivifñion nous fournit quatie chefs, favoir les opérations agprégatives , les opérations di- orépatives, les opéranons combinantes ou mixtives, & les opérations réfolvantes. . Opérations aggrégauves. Ce font celles qui rappro- chent les particules des corps fimplement raréñés, ou.qui ramaflent en une feule mafle des particules difpertées : on doit rapporter à cette clafle, 1°. Le refroidiflement des vapeurs, par lequel on les réduit en état de liqueur, qui fait une partie eflentielle de la difillation. Voyez La fuite de ces arti- cle, & l’article DISTILLATION. 2°. La fufñon par laquelle les régules, foit fim- ples, foit compolés , rapprochent les particules des corps fimplement raréfiés ( car l'union que contrac- tent les différentes matieres métalliques dans lesréeu- les compoñés , & dansies alliages, doit être rappor- tée à l’aggrégation) , où la limaille des métaux, ou même des mafles confidérables & diftinétes, font réduites par le fecours d’un feu violent en une … premierement on ne peut douter qu'il ne foit eflen- feule mafle liquide qui devient confiftante par Le 500 OPE refroidiffement ; & la liquation qui n’en differe que par une diftinétion purement arbitraire, & qui dé- figne le même changement opéré fur des fujets qui confluent à un moindre degré de feu, comme le fou- fre, certains fels aqueux , &c. 3°. La fublimation qui produit exaétement le même effet fur des fujets volatils dont les parties font direétes , réduites en poudre plus ou moins “grofliere, c’eft-à-dire qui réunit ces parties en unè feule maffe folide, comme dans la préparation de la panacée mercurielle, &c. Ces deux dernieres opérations , la fufion & la fu- blimation, operent des unions pures & fimples. 4°. L'infpiflation, appellée auffi coagulation, par laquelle des particules homogenes difperfées & foutenues dans un liquide, au moyen de leur mifci- bilité avec ce liquide, font réunies & ramañlées en une feule mafle folide par la difipation de ce liqui- de; c’eft ainf que font réunis les extraits des végé- taux diflous dans leurs fucs ou dans leurs décoc- tions, les réfines difloutes dans ce qu’on appelle leurs teintures, &c. Dans ce cas la réunion n’eft opérée qu’au moyen d’une féparation, favoir celle du corps folide rete- nu & du liquide difipé ; mais il n’en eft pas moins vrai que l'infpiffation eft une opération agprévative par rapport à fon objet. 5°. La cryftallifation qui a la plus intime analogie âvec l'opération précédente , ou pour mieux dire qui n’eft au fond qu'une feule & même opération avec la précédente, dont elle ne differe que par la circonftance accidentelle de préfenter fon produit fous la forme de petits amas diftinéts &c figurés régu- lierement, chofe principalement propre aux fels concrefcibles, tandis que linfpiffation ne fournit qu’une feule mafle informe. Sixiemement , la concentration qui eftencore vé- ritablement identique avec l’infpiffation , & par la- quelle , en enlevant une certaine portion d’eau d’un liquide compofé aqueux, la portion reftante devient plus faturée du principe qui fpécifie ce liquide , re- racior evadit. L’enlevement de cette aquofité fuper- flue s’opere par l’évaporation, où par la gelée; c’eft par le premier moyen qu'on concentre, par exem- ple, l'acide vitriolique; par le fecond, qu’on con- centre le vin & le vinaigre. Il eft évident ici que la contraction de l’aggrégation , c’eft-à-dire une union, eft l’objet principal, 8 que la féparation du liquide qui s’oppofoit à cette union, eft lation fubfidiaire. ‘Opérations difprégatives. Outre les moyens méca- niques que les Chimiftes emploient pour rompre l’agprégation, & qui ne la rompent que groffere- ment , comme nous l'avons déja obfervé , & comme nous l’expoferons encore en parlant des opérations que nous avons appellées mécaniques , préparatoires , & improprement chimiques. Outre ces moyens ; dis- je , ils operent la difprégation des corps par l’eploi dés agens chimiques ; & cette difgrégation eft alors “radicale, parfaite, atomique. Les operations exécu- tées avec ces agens, & qui produifent cet effet , font les opérations difgrégatives vraiment chimiques, Tel- les font , | 1°, La diffolution menftruelle fuivie de la préci- pitation que plufieurs chimiftes appellent pu/ver:/a- tion philofophique, L'application du menftrue rompt . lagorégation per minima : mais les parties diferé- gées reftent unies au menftrue; la précipitation les en dégage enfuité. Dans cette opération: l’objet prin- cipal eft la divifion ; union qui y eft furyenue eft _fubfidiaire & accidentelle. 2°, La vaporifation, foit à Vair libre, ou pro- prément dite , foit dans Les vaifleaux fermés, ou di- fäillation des matieres volatiles, foit fimples, foit iudeftru@tibles, par ke feu qu'on employe à cette OPE opéranôn. Cette opération differe de l’évaporation employée dans linfpiffätion, la cryftallifation, la concentration , la deffication, &c. en ce que la ré- duélion de fon fujet en vapeur eft objet principal ; au lieu que dans l’évaporation , la réduétion en va- peur eft fubfidiaire. 3°. La fublimation de certains corps denfes qu'on convertit en fleurs par ce moyen, & cela fans tou- cher à leur mixtion ; les fleurs de fonfre qu’on ob- tient par une opération de cette efpece, ne font» par exemple , que du foufre difgrépé. 4°. On doitencore rapporter aux opérations dif- grégatives l’éliquation, opération par laquelle onre- tire par le Moyen d’un certain degré de feu, d’une maffe métallique compofée , une des fubftances mé- talliques qui fe liquéfie à ce feu, tandis que l’autre ou les autres fubitances métalliques reftenr folides à cette mème chaleur. $°. On doit y rapporter encore par la même rai- fon; favoir, parce que lés diverfes fubftances mé- talliques alliées, ne peuvent être regardées que comme unies par une efpece d’agerégation : on doit y rapporter , dis-je, fous ce point de vue toutes les eéfpeces de départs & de purifications des métaux parfaits, maïs toujours quant à l’objet direét & prin- cipal ; car il £zervient dans toutes ces opérations des mixtions & des réfolutions. | 6°. Enfin, la reétification qui eft la féparation de deux liquides inégalement volatils dans un appareil diftillatoire ( voyez DISTILLATION. ) , ne peut être regardée que comme une opération difgrégative. Voyez MIXTION, Chimie. Opérations mixrives, Toute opération qui difpofe prochainement les fujets chimiques à la combinai- fon ou mixtion, ou qui place des fubftances nufci- bles affines dans la fphere de leur mifcibilité, eft ap- pellée à jufte titre opération mixtive ou combinante. On doit compter parmi celles-ci, 1°, La folution , diflolution, ou folution humide, qui eft l’application convenable d’une fubftance li- quide à une autre fubftance , foit liquide, foit con- fiftante, avec laquelle elle eft mifcible , & fubit en conféquence la mixtion ou union chimique. La digeftion, l’infolation, la macération , font des efpeces de folution humide; ellesne differenten- tre elles que par les divers degrés de chaleur qu’on y emploie, & par le plus ou le moins de prompti- tude dans lation. La circulation ne differe non plus des autres ef- peces de folutions lentes, que par la circonftance ac- cidentelle d’être exécutée dans des vaïffeaux telle- ment difpofés , que des vapeurs qui fe détachent de la liqueur employée ; font reportées dans le fein de cette liqueur. L’amalgamation ou diffolution des fubftances mé- talliques par le mercure, eft encore une efpece de folution humide. 2°, La vaporation qui eft l’application d’un men- ftrue réduit fous forme de vapeur, à un corps foli- de, auquel 1l s’unit chimiquement , comme cela ar- rive dans la préparation du verdet, de la cérufe, &c. L'opération eft la même fi l’on fait rencontrer deux vapeurs mifcibles; comme on peut concevoir que cela arrive dans la préparation vulgaire du beurre d’antimoine , & dans celle du fublimé corroff, ou comme cela arriveroit manifeftement fi on prépa- roit ce dernier fel métallique , en adaptant à un ré- cipient commun deux vaifleaux, dont l’un exhale- roit du mercure, & l’autre de l'acide marin. 3°. La folution par voie féche ou par fufion ; c’eft par ce moyen qu’on unit le foufre à diverfes fub- flances métalliques , à l’alkali fixe ; 8x cette opérarior ne diffcre de la folution humide, que comme la Li OPE émidité ignée differe de la liquidité aqueufe, Voyez LIQUIDITÉ, Chimie. 4°. La vitrification qui a lieu lorfque différentes matieres falines, pierreules , terreuies 8 métalli- ques , où deux d’entre elles feulement ayant été fui difices enfemble par un feu très-violent, font chan- | goes par le réfroidiflement en un corps fenfiblemenr omogene , fragile, fixe, réfiftant à un grand nom- Dre de menfitues très-efficaces ; em un mot, en ce corps généralement connu fous lenom de verre ; que - à vitrification même d’une fubftance fenfiblement unique, comme celle de la chaux d’antimoine fans addition, opere très-vraiflemblablement une nou- velle nuxtion. | . 5°. Enfin, la réduétion qui eft le rétabhiflement dans fon ancieñne forme, d’une chaux ou terre mé- tallique, par Faddition , la combinaïfon du principe phlosiftique. Rematquez que dans tontes les opérations mixti- ves , l’aggrégation des fujets eft néceflairement 14- chée, ou même abfolument vaincue : mais cet éve- nement eft purement inftrumental, Opérations réfolvantes, Ce font celles qui atta- quent la muixtion des fujets chimiques, qui les dé- éompofent chimiquement, qui défuniflent des prin- cipes chimiques. Celles-c1 doivent fe fubdivifer en celles qui s’exécutent par la feule force du feu, & en celles qui s’exécutent par les menftrues qui fup- pofent toujours la coopération du feu. Voyez FEU, Chimie , MENSTRUES, G l’article CHIMIE, page 417, colonne deux, Du premier genre font premierement labftra- ton qui s'exécute en appliquant un certain degré de feu à dés fujets dont la bafe eft un liquide capa- ble d'être volatilifé par ce feu, & qui tient en diflo- | lution une fubftance ou plufieurs fubftances plus f- xes auxquelles 1l adhere, cependant fi iégerement , que lation dffocianré du feu employé, furmonte cette adhérence. La cuite des fyrops aromatiques, &c. dans les vaifleaux fermés , la diftillation de l’ef- prit-de-vin précedemment employé à l’extra&tion d’une réfine, &c. font des abftra@tions. Remarquez que l’objet principal devant déterminer la fpécifica- tion de l’operation , ce n’eft qu’en tant que l’artifte a en vue d'obtenir le liquide volatil féparé dans cette opération, qu’elle appartient à la clafle des opérations rélolvantes : ainfñ ileft effentiel à l’abftration d’é- tre exécutée dans les vaifleaux fermés, Si on l’exé- cutoit à l’air libre, ce ne feroit plus l’abftra@ion; ce feroit la concentration , une opération aggréga- tive. Remarquez encore qüe l’abftra&ion n’eit pro- prement & ftritément réfolvante, que lorfqu’elle fé: pare la portion du liquide volatil vraiment & chi- niquement urne avec le principe fixe, par exemple, dans le dernier des exemples propofés, que lorf- qu'elle fépare 8 enleve les dernieres portions d’ef- prit-de-vin tellement & fi immédiatement uni à la réfine , qu'après cette féparation, la réfine refte ab- folument pure &nue. Voyez ETUDE, Chimie. Étcom- me 1l arriveroit encore dans le premier f on outroit la cuite du fyrop, & qu’on la pouflât jufqu'au candi, Car tant qu'elle ne fépare que la portion furabon- dante du menftrue (voyez SURABONDANT , Chimie ) comme cela arrive dans la cuite exaéte du fyrop, ce n'eft plus qu’une efpece de difgrégation que cette épération procure. Foyéz LIQUIDITÉ, Chimie, MEN- STRUE , 6 MIXTION. Remärquez 3°, que l’abftra- tion eft une diacrife pure. 2°. L’édulcoration philofophique qui eff une ef- pece d'abfiradtion prife dans le fens le plus rigou- eux , & qui rompt par la fimple ation diflociante du feu, Punion vraiment mixtive des acides & des fubflances métalliques , dans la diftillation des fels inctalliques exécutée fans intermede vrai, Foyez IN- OPE jor TERMEDÉ, Chimie, & DisrirrATion: Il éft bien clair que cette opération produit aufli une féparation pure & fimple, LE | 3°. Enfin, toutes les efpeces d'incendie , les fubli: mations de fleurs métalliques, qui font toujours des Chaux, calcinations , inflammations, détonations j &c. dans lefquelles le phlogiftique en contractant le mouvement d'ignition, s'échäppe de fes anciens hens, fe fépare de certains principes avec lefquels il étoit uni chimiquement. Les operations rélolvantes exécutées par les men- Îtrues, comprennent toutes les efpeces de précipi: tation qui eft la plus érendue de toutes les opérations chimiques , & qui eft déguifée fous un grand nom- bre de diverfes formes, & de diférens noms, qui comprend l’extraétion , la aifillation avec interme- de vrai, la précipitation commune ou humide, la précipitation par fufñon ou préparation des régules; la cémentation, Tel eft le tableau des opérations chimiques pro- prement dites, qu'on peut appeller /fmples, en ce qu'elles peuvent être dénommées par un but, un objet premier & eflentiel bien diftind. Opérations mixtes on complexes. Cellés dans lef- quelles on ne peut diftinguer ün objet unique & do- finant, une fin fimple , &c que nous avons appellé pour cela rixres où complexes, {ont ; Var 1°. La difüllation des fujets très-compofés, foit naturels, foit artificiels ; car les divers produits de ces opérations {ont dûs à une fuite très-compliquée , & jufqu'’à prélent indéfinie d’unions & de dégage- mens. 2°, Toutes les diverfes efpeces de fermentations . des produits defquelles on peut affürer exaétement la même chofe. Opérations préparatoires & mécaniques, Celles-ci font toutes difgrégatives , & ne féparent les fujets chimiques qu’en molécules groflieres; comme nous l’avons déja expofé ; il en exifte même un certain ordre qui ne fépare que des matieres fimplement confufes. Celles de [a premiere efpece , les difgrégatives {ont la Emation, la rafpation, la trituration, & {es efpeces, favoir, la porphyrifation, le broyement par des moulins , par la machine de Langelot , la pulvérifation vulgaire, la pulvérifation à l’eau par le pilon, parles moufloirs dela garaye, &c, la gra: nulation , la lamination , le hacher, couper par tran: ches, Ge, Celles-ci font fi connues aufi bien que les fuivantes, qu’on a jugé inutile de les définir. Celles de la feconde efpece , les opérations qui fé- patent des matieres, qui ne font que cobfuies , font la filtration , la defpumation , la cribellation , ou paffage au tamis, lelavage , & la deffication. . On trouvera dans ce Diétionnaire des articles par: ticuliers, non-feuiement pour chacune des opéra: tions mentionnées dans cet article général, mais encore pour tous leurs inftrumens propres. Voyez ces articles, (b) OPERCULE , f. m.( Conchyl, ) en latin opercu- lum , nom donné par les conchyliolosiftes au cou: vercle dont le poiffon fe fert pour défendre l'entrée de la bonche de la coquille. OPÉRER , v. at. & neut. ( Gram.) c’elt exécu= ter une opération. On dit , ce chirurgien a la main légere, 1l opere à merveille. Laïflez opérer la nature: La grace opere. Ma follicitation a opéré. Il a opéré de grandes chofes en bien peu de tems, & avec de bien petits moyens. | OPERTANCÉ , adj. (Gram.)nom que l’on don: noit chez les Romains à quelques dieux. Pline fait mention des facrifices adreflés aux Opertancés. Ca: pelle parle de ces dieux ; maïs il n’en nomme au cuns 02 O PH OPES, £. m. pl. ( Archir. Ÿ Les Architeëtes don- nent ce nom aux trous qu'ils laiflent dans les murs, à l'endroit où les chevrons font polés, OPHICARDELON , (Æiff, nar.). Pline donne ce nom à une pierre qu’il dit être noire & renfermée entre deux parties blanches, Voyez Pl Hifi. nar. Lib. XX XVII, c. 10. OPHICTIS PETRA, (Eifi. nat.anc.) c’eft le nom particulier d’une forte de marbre dont les veines ap- prochent dela figure des ferpens; ce qui Pa fait ap- péller ainfi. Saumaife fur Solin, dit très-bien, ce {ont des avances de rocher d’où l’on tire le marbre ophite. Ortelius a pris mal-à-propos ophitlis petra our le nom d’un lieu. OPHIOGENES Les , (Géog. anc.) race particu- liere d'hommes dans l’Afie mineure, qui pafloient pour avoir la propriété d’être craints des férpens, d’en foulagér les piqüures , &d’en chafler le venin des corps. OPHIODONTIUM, OPHIODONTES , ou OPHIOGLOSSUM, ( Hiff. nat. ) nom donné par quelques auteurs aux gloflopetres ou langues de ferpens pétrifiées. Voyez GLOSSOPETRES. OPHIOGLOSSE, ( Boran. ) Tournefort compte huit éfpeces d'ophiog'offe ou langue de ferpent , que je crois n'être que des variètés du même genre de plante; car elle en fouffre dans fa grandeur, dans {a feuille, & dans fon épi qui eft tantôt fimple , tan- tôt double, & tantôt triple. L’ophiogloffe ordinaire, ophiogloffum vulgatum, a la racine garnie de plufieurs fibres qui font ramaf- fées comme en un faifceau. Elle pouffe une queue haute de quatre à cing doigts, laquelle foutient une feuille femblable en quelque façon àune petite femille de poirée, mais plus grafle, charnue , hffe , droite, tantôt étroite & oblongue, tantôt large ôt arron- die, d'un goût douçâtre mêlé de quelque vifcofité virulente. | 11 fort du fein de cette feuille, à l’endroit par où elle tient au pédicule , un fruit de la figure d’une pe- tite langue applatie qui fe termine infenfblement en une pointe, dentelée des deux côtés, comme une lime, & divifée dans fa longueur en plufeurs petites cellules. Ces cellules renferment , au lieu de femen- ce, une fine farine ou poufliere menue , qu’elles laiflent échapper lorfqu'elles viennent à s'ouvrir dans leur maturité. C’eft l'extrémité de l’épi faite en langue de ferpent, qui a procuré à cette plante le nom qu’elle porte. Elle croît dans les prés , dans les marais , dans des lieux gras & humides. Tranfplantée dans les jardins à l'ombre, elle y dure & repoufe tous les ans en Avril ou Mai, fe fane entierement à la fin de Juin, & difparoît alors. Cependant la racine s’en- fonce profondément en terre , de façon qu'il ef dif ficile de l'en arracher. | Tous les auteurs efliment cette plante vulnéraire appliquée extérieurement, On la fait infufer au fo- leil dans de l'huile d'olive, & on pañfe enfuite le tout par un hnge avec une forte exprefion sucette huile peut fnppléer à celle de mlle-pertuis. (D. J.) OPHIOLATRIE , £ f culte des ferpens. Les Ba- byloniens, les Eeyptiens autrefois, & aujourd’hui quelques peuples d'Afrique font ophiolâtres. OPHIOMANCIE,, f. fr divination par les ferpens. Ce mot eft formé du grec cote, ferpene, 8t de pavrete, . divination. L'ophiomancie étoit fort en ufage chez les anciens : ellé confiftoit à tirer des préfages bons ou mauvais des divers mouvemens qu'on voyoit faire aux ferpers. On en trouve plufieurs exemples dans ‘les Poëtes. Ainf dans Virgile, Ænéid. Liv. F, Enée voit fortir du tombeau d’Anchife un ferperit énorme, dont le corps fair mil'e replis tortueux ; ce ferpent tourne autour du tombeau & des autels, fe gliffe OPH viandes offertes, & fe retire énfuite au fond du fé- pulchre fans faire aucun mal aux afliftans. Le héros en tire un heureux préfage pour le fuccès defes def- feins. | | ri Rien n’étoit fi fimple que lorigine de cette divi- nation. « Le ferpent, dit M. Pluche, fymbole de vie » 6: de fanté , fiordinaire dans les figures facrées » faifant fi fouvent partie de la coëffure d’[fis, tou- » jours attaché au bâton de Mercure & d’Efculape, » inféparable du coffre qui contenoïit les myfteres, » &r éternellement ramené dans le cérémonial, pañla » pour undes grands moyens de connoître la volonté » des dieux. | » On avoit tant de foi, ajoute til, aux ferpens &c » a leurs prophéties , qu'on en nourrifioit exprès » étoit à portée des prophetes & des prédiéions. » Une foule d’expériences faites depuis quelques » années par nos apoticaires & par la plüpart de » nos botaniftes , auxquels l’occafon s’en préfenre _» fréquemment dans leurs herborifations , nous ont » appris que les couleuvres font fans dents , fans pi- » quûre & fans venin. La hardiefle avec laquelle » les devins & les prêtres des idoles manioient ces » animaux , étoit fondée fur l’épreuve de leur im- » puiffance à mal faire ; mais cette fécurité en impo- » foit aux peuples, & un miniftre qui manioit im- » punément la couleuvre, devoit fans doute avoir » des intelligences avec les dieux. Æi/£. du ciel , come » PTENMiET , PABE AAT7 He F féder le fecret d’endormir & de manier les ferpens les plus dangereux. Les anciens racontent la même #chofe des Prylles , peuples d'Afrique ; & l’on pour- roit même regarder comme une efpece d’ophioman- cie la coutume qu’avoient ceux-ci d’expofer aux cé- raftes leurs enfans lorfqu'ils étoient nés, pour con- noître s'ils étoient légitimes ou adultérins. Car dit Lucain , traduit par Brébeuf : 1) 14 L enfant par les Jerpens conffamment refpeëte : D'un pur attouchement prouve la pureté ; 4 : / , ; Et lorjque [a naïffance efl un préfet du crime ; De ces monfires cruels 1l devient la viclime, On trouve fur cette matiere une differtation très- curieufe de M. abbé Souchay, dans les mémoires de Pacadémue des Belles-Lettres, rome VII. p. 273. improprement par quelques auteurs à la corne d’am- mon, à caufe de fes fpirales , qui la font reflembler à un ferpent entortillé. Voyez CORNE D'AMMON. de ferpens. Mot formé du grec c@ic , férpenr , & de payer , ranger. Pline donne ce nom à quelques peu- ou qu’on en retranchoit les parties qui auroient pu caufer du danger , comme on fait aujourd’hui du ferpent à fonnettes , dont la chair prife en bouillons eft tres bonne à purifier le fang, pourvu qu’on lui ait coupé la tête, qui eft remplie d’un poifon très fubtil. OPHIR ,( Géog. facrée, ) pays où la flotte d’Hi- ram roi de Tyr, & de Salomon roi de la Paleftine , alloit une fois tout les trois ans, & d’où elle rappor- toit quantité d’or. L’Añe , l'Afrique &r l'Amérique ont paflé pour avoir l'honneur de pofléder cette contrée, fifameufe par fes richeffes , grace aux ima- ginations des interpretes de l’Ecriture , qui ne fa- la moindre lueur de reffemblance les a promenés. le me gardera: bien de difcuter leurs différentes opi- cun » pour cet emploi ; & en les rendant familiers, on OPHIOMORPEITE , ( Æiff. nai. ) nom donné OPHIOPHAGES , f, m. ( Æif. anc. ) mangeurs! ples d’'Etiopie qu fe rourrifloient de ferpens. Ap-" paremment que ces reptiles n’étoient pas venimeux, chant où placer ce pays, l'ont cherché par-tout où. mons fur çe pays, &c Les raifons qu’ils donnent cha- entre les vafes & les coupes, goûte de tontes les « Les Marfes , peuples d'Italie, fe vantoient de po OPH cun en particulier pour appuyer leur conje@ure ; ce feroit Le fujet d’un gros volume. La claffe des interpretes qui ont cherché Opair en Amérique doit être mife à part, comme de gens qui ont enfanté une opinion dénuée de tonte vraif- femblance. Celle des favans qui ont cherché Ophir en Afie, n'a rien qui choque les idées de la navigation. C’eft le fentiment de Ribera, Mafñlé, Grotius » Bochart, Reland, Prideaux, dom Calmet, & de quantité d’au- tres, mais ils ne s’accordent pas enfemble fur le leu, Ceux-ci veulent que ce foit Ormus, ceux-là le Pega , d’autres Malaca, & d’autres Sumatra. Gro- us conjeture que c’eft Saphar , que Prolomée nomme Saphera. Bochart place Opkir dans l'Arabie, au pays des Sabéens , & lui fubfitue pour fupplé- ment un autre Ophir dans la Tapobrane, qui eft l’ile de Ceylan. M. Reland met le pays d’Ophir dans la prefqu'ile de l’Inde, en decà du Gange ; dom Calmet met Ophir dans l’Arménie. Parmi les auteurs qui ont cherché Opkir en Afri. que , quelques-uns l'ont placé à Carthage ; d’autres, . Comme Cornélius 4 /apide, trouvent ce pays à An- gola. M, Huet donne principalement le nom d’'Ophir à Ja contrée de Sophala ; il en apporte plufieurs rai- fons étayées de beauconp de favoir. Ileft certain que l'opinion qui met Opkir fur la côte orientale de l'Ethiopie, entre le pays de So- phala inclufivement & le détroit de la mer Rouge, paroït une des plus vraiflemblables. Il eft du-moins certain par les paflages de l’Ecriture, ZI. Rep. c.jx. V,20.27.28, c. x.v,11. II, liv,des Paralipom, c. vi. V.17 E18.& c, jx. v. 10 ; il paroît, dis-je , par tous ces paflages qu'il faut qu'Ophir foit maritime, que la courfe foit aifée , de forte qu'on la puifle faire tous les ans ; que ce foit un pays fertile en or ; & qu'enfin un flotte puifle y arriver fans avoir beloin de la bouffole, Tout cela quadre aflez bien à la côte de Sophala, dont après tant de fiecles les richefles ne-font pas encore épuifées. Une mouflon y menoit la flotte, l’autre femeftre lui donnoit le vent propre pour revenir à la mer Rouge. Point de golfe ni de cap dangereux qui interrompent la courfe d’une flotte qui rafe la côte. Ce fentiment eft au refte ce- lui des Navigateurs & des Géographes ; favoir d’Or- telius , de Lopès dans fa navigation des Indes, de Barros dans fes décades, & autres. (D. J. - OPHITES , f. m.( Æif4. culte. ) eft le nom d’une feête d’anciens hérétiques fortis des Gnoftiques. Leur nom dérive d’ogie, férpent , parce qu'ils adoroient le ferpent qui avoit féduit Eve. Ils croyoient que ce ferpent avoit la fcience univerfelle, & ilsle regar- doient comme le pere & l’auteur de toutes les fcien- ces. Sur ce fondement ils bâtirent uneinfinité de ch:- meres , dont on peut voir les principales dans faint Epiphane. Voyez GNOSTIQUES. Ils difoient que ce ferpent étoit le Chrift , qui étoit fort différent de Jefus né de la vierge Marie ; que le Chrift defcendit dans Jefus , & que ce fut Jefus & non pas le Chrift qui fut mis à mort, En conféquence ils obligerent ceux de leur feéte à renoncer à Jefus & à fuivre le Chrift. Les Séthiens ou Séthiniens dont il ef fait mention dans Théodoret , étoient les mêmes que les Ophites, Ou du-moins leur doërine ne différoit pas beaucoup de celle de ces derniers. | Les Peres ajoutent que les chefs ou prêtres des Ophites en impofoient aux peuples Par cette efpece de prodige. Lorfqu'ls célébroient leurs myfteres, un ferpent qu'ils avoient apprivoifé fortoit de {on trou à un certain cri qu'ils faifoient , & y rentroit après s'être roulé fur les chofes qu'ils offreient en facrifice. . Cesimpofteurs en concluoient que le Chrift les avoit fanétifiées par fa préfence, & les diftribuoient aux Tome XT, OPH 5 afliftans comme des dons facrés & divins. S. Iren. lv, I, ch'xxxiv, Tertull. de præfcripr. c, xlvij. Baro- nus, ad ann, Chrifi. cxlv. OPHITE , 1. f. (Hif. nat, ) nom donné par quel- ques auteurs à la pierre connue fous le nom de fer- pentine ; dont la couleur a aflez de reffemblanceavec celle de la peau de quelques ferpens. Voyez SERPEN- TINE. Les anciens naturaliftes ont donné le nom d’opai- tes à des marbres gris tachetés de noir ; ils en diffin- guoient trois efpeces , Le noir, le blanc & le cendré Ou gris. Ils ont auffi appellé ophise une efpece de porphyre que Pline a nommé ophires nigricans durus & memphites, lib, XXXVL, cap, vij. dont une efpece fe nommoit sephrias, où ophires cinereus. Voyez Em. Mendès d’Acofta , Æiff. nat. of. foffits. (—) OPHIUCUS , f. m. fe dit dans l’Affronomie d'une conftellation de lhémifphere boréal, appellée auf &t plus communément férperzaire. Voyez SERPEN- TAIRE. OPHIUSA , (Géogr. anc. ) nom commun à plu- fieurs iles ; 1°. à une île de la Propontide , felon Pline ; Z. IF. 2°. à une île de la Méditerranée , dans le voifinage d’Evica : c’eft aujourd’hui Mozcolibré ; 3°: à l’île de Cypre , ou du-moins à un canton par- ticuhier de cette île. Ophiufa arva , dit Ovide sen parlant de cet endroit ; 4°, Ophiufa eft un ancien nom d’un ville de la Scythie en Europe : 5°. de Cy- thnus ; 6°. de la Lybie ; 7°. de Thénos, l’une des Cyclades, aujourd’hui P{e de Tine. ( D. J. OPHRYNIUM , (Géog. anc. ) lieu d’Afie dans la Troade , près de Dardanum. Strabon en parle Zv. AIT. page 598. C'étoit-là qu’étoit le bois d'Heétor, &t enfuite le lac Prelée. OPHIRIS , ( Boran.) où ophrys , en anglois ruy- blade ; en françois double-feuille ; genre de plante dont voici les caraéteres felon Linœus. La fleur n’a point de calice particulier , & eft compofée de fix pétales oblongs. La couronne de la fleur eft plus lon- gue que les pétales, fendue en deux , & pend en bas. Les étamines font deux filets très-courts ; les boflettes font droites & couvertes par le bord in- terne de la couronne de la fleur. Le germe du piftil eft oblong & tortillé ; le ftile eft adhérant à la partie interne de la couronne de la fleur. Le fruit eft une capfule ovale , contenant une quantité de graines aufñ fines que de la poufière. Hill compte quatre efpeces d’ophiris , dont il fuf- fira de décrire la plus commune , she common tuy- blade. Sa racine eft fibreufe & traçante ; elle pouffe une feule tige dont les feuilles font oppofées l’une à l’autre. Ses fleurs font compofées chacune de fix pétales oblongs ; quand la fleur eft pañlée, le calice devient un fruit qui contient des femences aufli me- nues que de la fciure de bois. Cette plante croît dans les lieux ombrageux , & fleurit en Juin. Elle n’eft pas d’ufage ordinaire en Médecine. (D, J. OPHTHALMIE , f. £. (Chirurgie) terme de Méde- cine ; maladie des yeux. C’eft proprement une in- flammation à la tunique appellée cozjon&ive, accom- pagnée de rougeur, de chaleur & de douleur. Voyez ŒIL, SCLEROPHTHALMIE 6 XÉROPHTHALMIE. Ce mot eft formé du grec cobaauoc , æil. Celie nomme l’ophthalmie Zippitido ; parce que dans cette maladie 1l s'attache de la chaflie aux yeux , que les Latins appellent Zppa. [l'y a une ophrhalmie humide & une feche : la pre- miere eft celle où il y a écoulement de larmes , la feconde eft celle où 11 n’en fort point du tout. Îl arrive quelquefois dans l’ophthalnie que les paupieres font tellement renvertées , que l'œil de- meure ouvert fans pouvoir fe fermer : on lappelle chemofis, xspweis. D'autre fois les paupieres tiennent tellement enfemble , que l'œil ne peut s'ouvrir, & Sss ®@ OPH on appelle celle-ci phimofis , giuwrie ; Comme qui di- roit cloture d’une chofe qui doit être naturellement ouverte. La caufe immédiate de l’ophthalmie eft le fang qui coule en trop grande quantité dans les vaiffeaux de la conjon@ive, y refte en flagnation, & conféquem- ment les diftend. Pour les caufes éloignées , elles font les mêmes que celles des autres inflamma- tions. Il arrive fouvent en été qu'il y a des ophrhalmies épidémiques. De la neige appliquée fur l'œil malade, pafle pour mn bon remede dans l’ophthalmie, Les éphémérides des curieux de la nature parlent d’une ophthalmie , en appliquant fur l’œil de la fiente de vache toute chaude entre deux linges. La langue de renard, la graifle & le fiel de vipere; font prônés par les em- piriques comme d’excellens préfervatifs contre l’op4- thalrnie, La méthode que fuivent les modernes dans la cure de l’ophthalmie , confifte particulierement à parger le malade plufeurs fois ; fi les purgations réitérées n’emportent point le mal, ils ont recours aux véfi- catoires, aux cauteres & aux fetons, &c. Pitcairn cependant préfere la faignée, & trouve qu'il n'y a pas de maladie où il foit plus à-propos de faigner copieufement. Pitcairn &c quelques autres, diftinguent deux for- tes dophthalmies , lune externe &: l’autre interne ; la premiere affeéte la conjon@ive , & c’eft celle dont nous avons parlé jufqu’à-préfent ; & la feconde af- feûte la rétine. Les fymptomes ou indications de la derniere font quand on croit voir voluiger devant fes yeux des mouches on de la pouffiere, lorfqu'l n’y a en effet m1 l’un ni l’autre. Lorfque cette ophchalmie eft invétérée , elle dége- nere en goutte fereine ou amaurofe. Voyez GOYTTE SEREINE , INFLAMMATION , Gc. Je ne joindrai que quelques obfervations généra- les à cetarticle , & pourle refte je renvoie à Marire- Jar. | 1°, Si la tunique de l’œil, naturellement très-fen- fible, vient à être irritée par des corps étrangers qui font tombés deflus, ou par l’application de matieres Âcres , comme la chaux , le tabac , les fourmis , les cantharides , la fumée , le frottement, la contufñion, la piquûre, il eft À-propos de nettoyer l'œil à l’aide d’un collyre émollient , enfuite de recourir à quel- que fomentation de même nature ; mais cette légere inflammation de l’œi1l,nommée saraxis par les Grecs, qui eft produite par une caufe extérieure de peu de conféquence , comme de la fumée , d’un vent froid , {on effet eft de courte durée, & ne requiert peint des remedes de l’art. 2°, Lorfqu’il coule des paupieres une matiere âcre qui irrite le bulbe , ce ew’on connoît aifément par l’infpeétion des yeux & les ordures qui s’y amaflent, il faut employer les remedes propres à corriger l’à- creté de l'humeur & à l’adoucir. 3°. Quand ce font des larmes âcres & abondan- tes, produites par une humeur catarreufe ou bi- lieufe qni continuent de caufer de l’irritation au bul- be de l’œil & aux paupieres, il faut employer les purgatifs , les fétons , les véficatoires, pour éva- cuer ceite humeur , la détourner {ur le col ou fur les bras. Dans les perfonnes bilieufes on employera les aftringens froids ; mais dans les maladies catar- reufes froides , l'application des aftringens chauds fur les yeux fe trouve indiquée, 4°, Lorfqu’après la ceffation d’une hémorrhagie le fang, en fe portant trop à latte dans une maladie aiguë, & à la fuite de l’abus des échauffans & des fpiritueux , donne lieu à ane ophthalmie, 1] faut fur- le-champ ouvrir la veine , && lâcher le ventre par les PH - antiphlogiftiques ; il convient auffi de les eployef intérieurement , &c de les appliquer comme topiques fur les yeux , le front & les tempes.. 5°. S'il fe fait une métaftafe fur les yeux , on doit d’abord tenter fa dérivation fur d’autres parties 5 enfuite , felon la nature de la métaftafe , catarreu- fe, bilieufe , éréfipélateufe , ichoreufe , fcorbutique, vénérienne, puftuleufe ; felon les différentes faifons de l’année , & felon les pays qui la favorifent ; enfin felon la qualité d’un ulcere fupprimé & la conftipa- tion du ventre, il faut varier l’ufage des remedes , tant internes qu'externes, & donner ceux qui font oppoiés à la nature du mal, 6°, Si Le bulbe de l'œil lui-même eft attaque d'in- flammation ou d’éréfipelle, il eft néceflaire de faigner & de lâcher le ventre, jufqu’à ce que le mal local foit diminué. Il convient encore de donner intérieu- rement & d'appliquer fur les yeux les remedes pro FD à is cette inflammation ou cette éréfipelle, ue GPATHALMIUS L4P1S, (Æiff. nat.) pierre , ou fuivant quelques-uns , nom d’une compoñtion fac- tice dont nous ne favons rien, finon qu’elle étoit un grand remede pour les maladies des yeux ; mais ce n’étoit pas pour les yeux des autres, car on dit qu’elle rendoit invifible celui qui la portoit. OPHTHALMIQUE, adj. (Gramm.) qui concerne les yeux. On dit une plante, un remede ,un'nerf ophthalmique. La cinquieme paire de nerfs fe divifeen troisbranches , dont la premiere eftappellée ophrhal- mique : celle-ci fe divife en deux autres branches, après avoir donné plufeurs petits filets qui entourent le nerf optique , & qui fe diftribuent à la choroide. La plus grofle de ces deux dernieres fe fous-divifé encore en deux , dont l’une fort par un trou que lon appelle orbitaire externe, & l’autre par le trou fur- ciligr , fe perdant enfuite dans les mufcles du front & dans l’articulaire des paupieres ; à la glande la- | crymale & au fac nazal. La derniere branche pañle pat le trou orbitaire interne, & va fe perdre fur les membranes des larmes offeufes du nez. OPHTHALMOGRAPHIE , f. f. en Anatomie > c’eft la partie qui traite des yeux. Ce mot vient du grec ophaauos, œil, &r de ypagew, décrire, Nous avons différens traités qui portent ce titre z Briggl opthahimographia , à Leyde 1586, 17-12. Kennedy opthalmographia , à Londres 1713, 47-89, Plempü ophthalmographia, à Louvain 1659 , :n-fo1. OPHTHALMOSCOPIE, f. f. ( Divinar. ) bran- che de la phyfionomie ou l’art de connaître, de conjeturer quel eft le tempérament & le caractere d’une perfonne par l’infpettion de fes yeux & de fes regards. Ce mot eft formé du grec ogéangos, œil, ê xomew, je confidere. Voyez PHYSIONOMIE. OPHTHALMOXISTRE , { m. snftrument de Chirurgie, petite broffe qu'on fait avec douze ou quinze barbes d’épi de feigle , pour fcarifier Les vaif- {eaux variqueux des paupieres ou de la conjonétive, Cet inftrument eft de l'invention de M, Woolhoufe , fameux oculifte. La fcarification des paupierc: eft un fecours très- ancien, mais la petite broffe eft un moyen nouveau 8 fort commode. Je m'en fuis fervi plufeurs fois avec fuccès; on lave l’œil avec de l’eau tiede, pour favorifer le dégorgement ; enfuite avec de l’eau froide, ou de l’eau de plantin & derofe, pour arré= terile fang. | | # Les. ophthalmies invétérées qui font devenues habituelles , dépendent de la dilatation variqueufe des vaifleaux , qu'on ne peut utilement dégorges que par des ouvertures. La petite broffe les. mul- tiplie fans aucun inconvénient. Platner, qui a dé- crit cet inftrument dans une. diflertation particuliere de Jcarificatione oculorum , l'appelle blepharoxiflum, OPI nom donné par Paul d’Aigine & par Albucaffis à une efpece de petite rape deftinée à irriter les pan- pieres galeufes, du mot grec facpape, qui figniñe paupiere, to, je ratiffe , Je racle. Ophthalmoxiftre veut dire #rffrument avec lequel on racle l'œil. (Y ) CPTATE , f.m. (Pharmacie, ) ce nom qui vient ori- ginairement fans doute de ce que le remede dont il s’agit contenoit de l’opium , eft donné aujourd’hui indiffinétement à un éleQuaire magiftral quelconque, foit qu’on y fafle entrer de l’opium qu’on ne prefcrit que très-rarement fous cette forme, foit qu’on n’y en faffe point entrer. Le mot d’opiate dans fafignification rèçue & vulgaire fignifie donc la même chofe que éleéuaire magiftral, & même eft le nom le pius ufité, &c prefque le {eul ufité de l’éleduaire ma gftral. Cela n'empêche pas qu’on ne trouve quelques életuaires oficinaux qui portent le nom d’opéare , par exemple l’opiate de Salomon. Voyez l'article fnivane, Toutes les confidérations que nous avons propo- fées fur Péledtuaire officinal à l’article ÉLecTuAIRE conviennent parfaitement à l'éleêtnaire magiftral ou oprate, Voyez cet article, L'opiare s'ordonne commu- nément pour pluñeurs dofes que l’apoticaire livre en autant de paquets, ou qu'il donne en mañle lorf- que les dofes font déterminées vaguement par un certain volume, qu'il eft dit par exemple que le ma- lade en prendra chaque fois gros comme une noix, comme une noifette, Éc. La confiftance de l’opiare ne permet pas de Le for mer en bols. Les malades les plus couragèux le prennent au bout d’un couteau ou de la queue d’une cueiller, on bien délayée dans quelque liqueur ap- propriée. IL faut pour ceux qui ont du dégoût pour les remedes , l’envelopper le mieux qu'il eft poff- ble dans du pain-à-chanter. (4) OPIAT, opiatum, (Pharmacie,) épithete que porte affez communément le lzxdanum dans les Ouvrages latins de Médecine. Les auteurs françois ne tradui- fent point cette épithete , & ils appellent fimple- ment faudanurmles préparations d’opium, appellées en latin laudanurm opiatum. Quelques-uns entren- dent par laudanum opiatum le laudanumfolide , & ils croient que ce mot opiatum fignifie la même chofe que opiasicum , c'eft-à-dire ayant la confiftance élec- tuaire ou d’oprat. Mais ce n’eft pas là ce que les Pharmacologiftes ont entendu par Pexpreffon dont il s’agit. Voyez; LAUDANUM. (4) OPIATE méfentérique , ( Pharmacie. ) compoñition officinale , dont une préparation mercurielle eft le principal ingrédient, Voyez l’article MERCURE, ( Mar. méd. € Pharm. ) OPIATE DE SALOMON , ( Pharm. & Mar. méd,) l’opiate de Salomon eft un élettuaire oficinal, dont l'auteur eft incertain ; c’eft, comme le mithridate, un amas de drogues aromatiques , principalement de celles qui font regardées comme éminemment alexipharmaques, antipeftilentielles, cordiales., fto- inachiques, emmenagogues, vermifuges, Gt; Le mithridate eft un des ingrédiens de cette inu- tile 8 faftueufe compoñtion qui contient d’ailleurs &t par duplicata plufeurs ingrédiens du mithridate. Mais le mithridate contenant d’autre part les tro- ahifques cyphi qui font compofés d’une partie-des ingrédiens du mithridate, & de ceux-là même qui lui font communs avec l’opiate de Salomon , il fe trouve que la même drogue enttetrois fois dans la même compoñtion. Or elle eft décrite avec la cir- confiance de cette répétition puérile dans la derniere édition de la Pharmacopée de Paris, N’eft-il pas per- mis de demander à quoi eft bon le renouvellément fréquent de ces fortes d'ouvrages , lonfqu'ls-laiffent fubifier de pareilles inepties ? (4) OPICIENS , Les, ( Géog. anc. ) en latin Opici, ançien peuple d'Italie, le même que les Ofques qui Tome XI, LE * A f Fr NT OPI ‘05 habitoient la côte de la Campanie , & quelque chofe du Latium. ' OPICONSIVES ; L. f. ( Antig. rom.) fête, qu'on faifoir à Rome en l’honneur d’Ops, furnommée Con- _ Jia, du mot conféro, confevi , je feme , parce que cette déefle préfidoit aux biens de la terre. Les opi: confives fe célébroïent au mois d’Août, … | OPIGENE, (Myrhol.) celle qui porte du fecours les dames romaines honoroient Junon fous ce titre ; parce qu’elles croyoient en être afiftées dans leurs couches : l’origine du nom vient des noïns latins s opem gerere, fecourir. OPIMES, DÉPOUILLES , ( Aztig. rom.) on nom- moit ainf les armes confacrées à J upiter Férétrien, & remportées par le, chef ou tout autre officier dé l’armée romaine fur le général ennemi, après l'avoir tué de fa propre main en bataille rangée, Les armes, lès drapeaux, les étendarts:, lés bou- cliers remportés {ur les ennemis dans les combats étoient de brillantes marques de la vidoire; L'on ne fe contentoit pas de les mettre danses temples, on les expofoit à la yüe du public , on les fufpen- doit dans le lieu le plus fréquenté de la maifon , & 1] n’étoit pas permis de les arracher; même quand On vendoit la maïfon., ni de les fufpendre une fe: conde fois, f elles venoient à tomber, Il ne faut pas confondre ces fortes de trophées militaires avec les dépouilles d’argenterie , de meu- bles &c d’autres effers du pillage des villes ; ces der- nieres étoient un gain, un profit, & non pasun hon- neur, Fabius Maximus fut loué par tous les gens de bien après la prife de Tarente, d’avoir laiflé aux Ta- rentins les tableaux &r les flarues des dieux ; c’eft à ce fujet qu'il dit ce mot qui n’a jamais été, oublié : « Laiffons aux Tarentins leurs dieux irrités»;, En effet, fuivant la réflexion du fage Polybe , lesiorne- mens étrangers dont on dépouille les villes, ne font qu’attuirer la haine & l’envie fur ceux qui les ont pris, & la compaflion pour ceux qui les ont perdus. D'ailleurs e’eft nous tromper groffierement, conti- nue-t:il, que de nous periuader que les dépouilles des villes ruinées & les calamirés des autres faffent la gloire & l’ornement de notre pays. Mais la gloire de tuer dans le combat le chef des ennemis , c de lui enlever enfuite fes propres ar- mes , étoit regardée comme une aétion également honorable êc utile , parce qu’elle étoit la plus proz pre à aflürer le fucces de la vitoire, Auffi Hfons- nous dans Homere qu'Enée défendit de toutes fes forces Pandatus attaqué pat Diomede , & qu’il au- toit lui-même fuccombé à la fureur de ce redouta- ble ennemi, fi Vénus veillant fans cefle pour Le falut de fon fils, ne l’eût pris entre fes bras, & ne Peñt couvert d’une partie de fa robe divine. Feftus cite une loi de Numa Pompilius qui diftin- gue trois fortes de dépouilles opimes. 1 ordonne que les premieres foient confacrées à Jupiter Férétrien ; les fecondes à Mars, & les troifiemes à Quirinus. Il veut que ceux qui les ont remportées ayent le premier 300 as, le fecond 200, &c le troifieme 100; mais les feules dépouilles qu’on nommoit par excel- lence du nom d’opimes , étoient les premieres qui fe gagnoient. en bataille rangée par le général où tout ioldat romain , qui tuoit de fa propre main le général des ennemis. Le mot opimes fignifie richeffe, puiflance, excellence. Dans Cicéron ager opimus | & dans Virgile arva opi. ma ; font des terres fertiles & d’un grand rapport; ain opirra fpolia défignoient des dépouilles par ex- cellence. Ecoutons ce qu’en dit Plutarque dans la vie de Marcellns. # Lefénar, dit:il, lui décerna l'honneur du triom- » phe après avoir défait les Gaulois , & tué de fa » main leur rox Viridomare : fon triomphe fut ur S ss 1}. 506 OPI # des plus merveilleux par la magnificence de tout # l'appareil ; mais le fpeëtacle le plus agréable (se le » plus nouveaü fur Marcellus lui-même portant à » Jupiter l’armure du roibatbare ; car ayant fait » taillér léitronie d'un chêne, êc l'ayant accommodé #-en forme de trophée , il Le revêtir de ces armes en. # les arrangeant proprement & avec ordre. » Quand la pompe fe fat mife en marche, 1l mon- # ta fur-un'char à quatre chevaux ; 6 prenant ce » chêne ainfi ajufté , iltraverfa toute la ville , les » épaules chargées de ce trophée, qui avoit la figure # d’un homme armé , & qui faifoït le plus fuperbe # ornemernt de fon triomphe. Toute l’armée le fui- » voit'avec des armes magnifiques , en chantant des # chanfons compofées pour cette cérémonie, 6c des #chants de viétoire à la louange de Jupiter & de leur # général». Dès qu'il fut arrivé dans cet ordre au temple de Jupiter Férétrien , il planta ce trophée & le confa- çra. Voilà le troifieme &c le dernier capitamne qui ait eu cet honneur chez les Romains. Le premier qui remporta ces fortes de dépouilles opimes fut Ro- mulus après avoir tué Acron, roi des Céninéens, êt fon triomphe a été l’origine & le modele de tous les autres triomphes. Le fecond qui remporta les dépouilles opimes fut Cornélius Coflus, qui défit & tua Tolumnius, roi des Tofcans ; & le troifieme fut Marcellus , après avoir tué Viridomare ; roi des Gaulois. | Le même hiftorien prétend dans la vie de Romur- dus, qu’il n’y a que les généraux d’armée romaine qui ont tué de leur main le général des ennemis , qui ayent eu la permifion de confacrer à Jupiter les dé- pouilles opimes ; mais il fe trompe ; ce netoit point une condition néceflaire que celui qui prenoit ces dépouilles, & qui tuoit de fa main le général enne- mi, commandât lui même en chef ; non-feulement un officier fübalterne , mais un fimple foldat pou- voit gagner les dépouilles opines, 8 en faire l'of- frande à Jupiter Férétrien. Varon l’affüre, la loi de Numa le dit, & finalement ce fait eft confirmé: par l'exemple de Cornélius Coffus, qui tua Tolumnius , roi des Tofcans, &c gagna les dépouilles oprrres n'e- tant que tfibun des foldats, car le général étoit Æmi- lius. C’eft à la vérité Tite-Live qui a jetté Plutarque dans l'erreur en nommant Cofus conful d’après une infcription, qui ne fignifoit autre chofe finon que Coflus étoit enfuite parvenu à la dignité du confu- lat. Tite-Live fe conduifit ainfi moins par erreur que par flatterie pour Augufte, dont le but étoit d’étouf- fer la tradinion immémoriale , que les particuliers pouvoient prétendre au grand honneur du triomphe par les dépouilles opimes, (Le Chevalier DE Jau- COURT.) OPIMIEN , vin, ( Lirér. ) fous le confulat de L. Opimius & de Quintus Fabius Maximus l'an 121 avant Jefus-Chrift, les différentes faifons au rap- port de Pline, Ziv. XIV. chap. iv. furent fi favorables aux biens de la terre, que l’on n’avoit jamais vû les fruits fi beaux & f bons , fur-tout Les vins qui furent fi exquis & fi forts, qu'on en garda pendant plus d’un fiecle. C’eft là le fameux vin que les poëtes ont immortalifé fous le titre de viz opimien , qui lui fut donné du nom du premier de ces confus. (29 OPINATEURS , opinatores, {. m. (Æiff. anc.) c’étoient dans la milice romaine ce que nous appel- lons des vivriers. Ils fournifloient l’armée de pain, de vin & de fourage , ou du-moins ils veilloient à ce que cette fubfftance n’y manquât pas ; on les appel- loit procuratores , probatores, æffimatores : ils avoient auff le foin d'examiner la qualité &c la quantité des vivres, M OPINANT , OPINER , voyez OPINION. OPINER DE LA MAIN, ( Antig. greg. ) maniere d’opiner chez les Athéniens en étendant la main en forme de fignal vers le magiftrat qu'ils élifoient, ou vers Porateur dont l’avis leur plaifoit davantage ; cette maniere d'opimer par l’extenfion des mains {e nommoit en un feul mot yeporosa ; &t c’eft pour cela que les magifirats élus de la forte s’appelloient yepor rovnres : tels étoient les Pylagores. Xénophon, Z. I. rev, hellen. raconte que/la nuit ayant furpris le peu- ple d'Athènes , affemblé pour un fujet important, 1l fut obligé de remettre [a délibération à un autre jour, dé peur qu’on n’eût trop de peine à démêler leurs mains & les mouvemens. Cicéron fe moque fort de cette maniere d’opizer qui produifoit les decrets d'Athènes : tels font, dit- il, ces beaux decrets athéniens , qu'ils fafoient fon- ner fihaut ; decrets qui n’étoient point formés fur des opimons & des avis des juges, ni affermis fur des fermens; decrets enfin qui n’avoient pour bafe que les mains étendues, &c les clameurs redoublées d’une populace tumultueufe : 1l étendent les mains, & voilà un decret éclos : porrigunt manus , & p/ephif- a natum ef. Cic. oratio pro Flacco, Il eft vrai cependant qu’il falloit au-moins 6000 citoyens pour former le decret pfphifma , dont Cicéron fe moque. On l’intituloit du nom ou de l’orateur , ou du fénateur dont opinion avoit pré- valu ;°on mettoit avant tout la date dans laquelle entroit premierement le nom de l’archonte ; enfuite le jour du mois , & finalement le nom de la tribu qui étoit en tour de préfider. Voici la formule de ces fortes de décrets par où l’on pourra juger de toutes les autres. « Sous l’archonte Multistule ; le » trentieme Jour du mois Hécatombæon , la tribu » de Pandion étant en exercice, on a décerné, &c. », (CRT OPINIATRE , adj. OPINIATRETÉ , OBSTI- NATION , {.f. (Syronym. Gramm. ) ces deux mots préfentent à lefprit un fort & déraïfonnable atta- chement à ce qu’on a une fois conçu ou réfolu d’exé- cuter. L’opiniatreré eft un entêtement aveugle pour un fujet injufte ou de peu d'importance : elle part com- munément d’un caractere rétif , d’un efprit fot ou méchant , ou méchant & fot tout enfemble , qui croiroit fa gloire ternie s’il revenoit fur fes pas, lorfqu’on l’avertit qu’il s’égare. Ce défaut eft l’effet d’une fermeté mal entendue , qui confirme un hom- me epiniätre dans fes volontés , & qui lui faifant trouver de la honte à avouer fon tort, l'empêche de fe retraéter. L'obflination confifte aufi dans un trop grand at- tachement à {on fens fans aucune raïfon folide. Ce- pendant ce défaut femble provenir plus particulie- rement d’une efpece de mutinerie affeétée qui rend un homme intraitable , & fait qu'il ne veut jamais céder. L'effet particulier de l’opiniatreré & de Pobffi- nation tend direétement à ne point fe rendre aux idées des autres malgré toutes lumieres contraires : avec cette différence que l’opiniatreré refufe ordinai- rement d'écouter la raifon par une oppoñtion qui lui eft comme naturelle &z de tempérament, au heu que l’obfliné ne s'en défend fouvent que par une volonté de pur caprice & de propos délibéré. (DSTI OPINION , opinio , {. f. (Logique. ) eft un mot qui fignifie une créance fondée fur un motif proba- ble , ou un jugement de l’efprit douteux & incer- tain. L'opinion eft mieux définie , le conientement que l’efprit donne aux propofitions qui ne lui pa- roiflent pas vraies au premier coup-d’œil , ou qui ne fe déguifent pas par une conféquence néceflaire de celles qui portent en elles l'empreinte de la vé- rite, , OPI On définit l’opirion dans l’école affenfus intellettis cum formidine de oppoftio., c'eft-à-dire un confente- ment que l’entendement donne à une chofeavec une efpece de crainte que le contraire ne foit vrai. Selon les Losiciens , la démonfiration produit la fcience ou la connoïffance certaine , & les argumens probables produifent l'opinion. Toutes les fois que _Îe confentement de l’efprit à une vérité qu’on lui propole eft accompagné de doute , on l'appelle opi- nion. Platon fait de l'opinion un milieu entre la con- noiflance &t l'ignorance ; il dit qu’elle eft plus claire &z plus exprefle que l’ignorance , mais plus obifcure & moins fatisfaifante que la fcience. - On foutient communément dans l’école que lopi- zion n'eit pas incompatible avec la fcience fur un même fujet : quoique l’opizionfuppofe du doute, & que la fcience exclue toute incertitude, parce que lentendement , dit-on, peut confentir à une vérité par différens motifs &'de diverfes mameres. Cepen- dant, filon examine de près la queftion , on com- prendra qu'il eft abfolument impoñible qu’on puifle en même tems douter & être certain de la même chofe ; que la différence des motifs, ou certains ou probables, ne fauroit produire cet effet dans Pefprit, parce que les raifons probables qui forment Popi- nion {ont une lumiere foible qui ne peut jamais ob{- curcir l'évidence des raïfons certaines qui forment la fcience ; ce qu'il faudroit pourtant qu’elle fit pour introduire dans l’efprit cette obfcurité. dont elle doit être accompagnée , & produire dans le confentement le doute néceflaire & eflentiel à l’opi- zion, D'ailleurs la fcience étant certaine & évi- dente par elle-même , lle bannit par la feule pré- fence route ofciilation , & par conféquent l'opinion même dont elle prend la place, & faifit l’efprit en- tier de l’éclat de fa lumiere. Tout ce qw’elle lui per- met alors , c’eft de diftinguer au milieu de cette grande lumiere la foibleffe de celle de l’opizion ; &r de voir que fi les raïfons évidentes qui entraînent fon confentement & le rendent certain ; [ui avoient manqué , les raifons probables & conjetturales n’auroient obtenu de lui qu’un aflentement foible &c perplexe : de forte que ceux qui fe propoient de prouver la compatibilité de la fcience & de Popi- Zion par la différence de ces motifs, ne font autre chofe que confondre la confcience qu’on a de l’in- certitude du confentement, ce qui eff très-différent. Car il n’eft point de raifon , quelque bonne qu’elle foit , qui empêche de fentir l'incerutude d’une autre raifon fur le même fujet ; & il n’en eft aucune, quel- qu'incertaine qu’elle foit , qui puiffe affoiblir la cer- titude d’une autre raifôn ; certitude qui empêche toujours le confentement d’être incertain, quoique l’efprit entrevoye d’autres motifs qui ne font préci- fément que des conjeûures ; certitude quine change pas à la vérité la nature des raïfons incertaines, mais qui chafle l’obfcurité que laïfe leur peu de lu- micre. Ii en eft donc de la fcience & de l'opinion à-peu- près comme de l'éclat du foleil'& de la lumiere d’un flambeau, ou plutôt d’une lampe : le foleil découvre diffinétement les objets ; la lampe ne les montre qu’obicurément. Si l’on ailume celle-ci en plein mi- di, on s’appercevra bien qu’elle ne peut jetter fur * les objets qu’une lumiere foible , & ne les dévoile à nos yeux qu'imparfaitement & avec quelque nuance obfcure , mais elle ne les fera point alors appercevoir effectivement de cette maniere. Sa foi- bleffe , quoique connue , n’ôtera point aux objets Je brillant qu’ils tiennent du grand jour ; & quel- qu'ufage qu'on fafle alors de la lampe allumée, nos yeux ne verront que d’une façon, c'eft-à-dire comme On voit en plein midi , & jamais comme on voit la nuit, à la lumiere d’une lampe. De même la O PI 507 - fcience eft une lumiere pleine & entiere qui décôus vre les chofes clairement , &c répand furelles la certitude & l’évidence ; lopirion n'eft qu'une lu- miere foible & imparfaite qui ne déconvreles cho: fes que par conjeéture , & les laiffe toujours dans l'incertitude & le doute ; l’une eft le plus ; l'autre eft le moins, Enfin c’eft le beaucoup & le moins d’une même chofe , qu’il eft impoffible de trouver en même tems dans un même fujet à l'égard. detla même matiere. Il n'y a qu’à l’école des chimeres où de pareilles thèfes puiflent être propolées & {ou- tenues, . 2 | | Quant à la parité qu'on inftitue en difant.que la fcience fubfifte bien avec la foi, quoique celle‘ci foit obfcure , & que celle-là foir évidente il faut avouer que fi cette parité étoit jufte & entiere, la foi ne pourroit pas fubfifter avec la fcience non plus qu'avec Popinion. Mais je crois y voir une fort grande différence : car afin que l’opirion 8c la fcience’ ie trouvent dans un même fujet , il faut qu'il y.ait en même tems de la certitude & de l'incertitude, puifque fans certitude il n’y auroit point de fcience, êt fans incertitude point d’opizion. Au lieu qu’il n’eft pas néceflaire pour que la foi foit jointe à la fcience que l’obfcurité fe trouve en même tems dans'le confentement que l’efprit donne à une vérité con- nue par ces deux voies ; parce que la foi peut fub- | fifter fans répandre l’obfcurité dans un entendement qui eft éclairé d’ailleurs, & l'opinion ne le peut pas fans y mettre de l'incertitude. Mais, dira-t-on, s’il n’y a point d’oblcurité, 1ln’y aura point de foi , puif- que la foi eft des chofes obfcures , felon la défini- tion de l’apôtre faint Paul : Fides ef) argumentum r0r apparentium, Je réponds à cela que l’obicurité effen- telle à la foi refte toujours ,; parce que cette obf- curitén’eft pas celle de l’entendement , mais feule- ment celle des motifs de la révélation. Aïnfi pour faire un aéte de foi , 1l n’eft pas néceflaire de ne voir qu'obfcurément les vérités auxquelies on donne fon confentement ; il fuffit de donner ce confentement par un mouf obfcur, quoiqu’on ait encore un motif . clair &t évident, ce qui efttrès-pofüble. Car on peut - croire une chofe par différens motifs ; mais les diffé- rens motifs ne peuvent rien mettre de contradic- toire dans l’efprit & dans le confentement , fans fe détruire l’un ou Pautre. Voilà précifément ce qui arrive à l'égard de la fcience & de l'opirion. L’une y met néceflairement de l’évidence & de la certi- tude , & l’autre effentiellement de l'incertitude & de l'obfcurité. Mais la foi fouffre dans l’efprit toute l'évidence que la fcience y apporte , &z fans y ré- pandre la moindre obfcurité , elle la laife toute en- tiere dans fon motif. Ainfi l'évidence d’une raifon naturelle à l’ésard d’une vérité chrétienne & révé- lée empêche bien que l’efprit ne demeure dans Pobfcurité où la révélation le laïfferoit ; mais elle n’empêche pas que la révélation ne foit obfcure, ni qu'il ne puifle croire cette vérité précifément par le motif de la révélation, parce que , comme je l’ai dit, un motif n'empêche pas l'effet de l’autre , lor{- qu'ils s’accordent & tendent à une même fin, telle que fe trouve être 1c1 celle de la fcience & de la foi ; car l’une &c l’autre commandent également un confentement ferme & certain. Quant à l'évidence & à l’obfcurité , le confentement en étant par lui- même incapable , elles fubfftent dans différens {u- ” jets ; la premiere , dans l’efprit entrainé par la force des preuves, qui contiennent la philolophie & le philofophe , dont le confentement eft un aéte de raïon ; la feconde, dans la volonté foumife à l’au- torité de la révélation qui fait la religion & le chré- tien , dont le confentement eft un aëéte de foi, Opinions, (Jurifprud.) font les avis de chaque juge qui fervent à former le jugement, 508 O PI La maniere de recueillir & de compter les op nions n’a pas toujours été la même. Chez les Grecs on opinoit par le moyen de ta- blettes que l’on mettoit dans une boîte : on en don- noït trois à chacun; une marquée d’un À qui figni- foit abfolvatur ; une marquée 7. P qui fignihoit non liquet . & la troïifieme d’un C. pour dire coz- derinetur, Les aréopagiftes voulurent que leurs opinions fuf- fent ainfi donnnées en fecret &c par bulletins, de peur que les jeunes, au lieu de dire leur avis par eux-mêmes, fe contentaflent de fuivre celui des anciens, T. Arius ayant appellé Céfar avec d’autres pour juger fon propre fils, pria que chacun opinät par écrit, de crainte que tout le monde ne flit de l'avis de Céfar. Ce fut dans cette vue, qu’au procès de Métel- lus, Tibere fe mit à dire fon avis tout haut : mais Pifon lui en fit fentir l'inconvénient. On opinoit donc ordinairement par écrit à Rome &c fur des tablettes, comme chez les Grecs ; & com- me chaque décurie avoit fes tablettes différentes, on favoit qui avoit été la plus fevere. Dans les affemblées du peuple nul ne difoit fon avis qu'il ne lui fût demandé par celui qui préfi- doit. Le droit d’opiner le premier s’appelloit præro- gativa, quaft prius erogare fententiam : ce terme a depuis été appliqué à tonte forte de prééminences. Cet honneur d’opiner avant tous les autres, ap- partenoit à la tribu appellée veurez, qui fat auf furnommée de-là sribus prærogativa. On tiroit au fort laquelle des centuries opineroit la premiere, & fon fuffrage étoit fort recherché, Au fénat, l’on opinoit au commencement fuivant lancienneté de l’âge, comme on faifoit à Athènes, à Lacédémone & à Syracufe, Dans la fuite on de- manda l'avis à chacun, felon le rang qu'il tenoit dans le fénat ; jufqu'à ce que Céfar fe donna la liberté de demander l'avis à quatre perfon- nes hors de leur rang ; Augufte ne fuivit plus de regle, demandant l'avis de chacun, dans tel ordre qu'il lui plaifoit, afin que les fufrages fuflent plus libres. | Caligula voulut qu'entre les confulaires on fui- vit le rang d’ancienneté, ce qui fut confirmé par les empereurs Théodofe & Arcade. En France, dans les caufes d’audience, les juges opinent dans l’ordre où ils font affñis: quand il y à beaucoup de juges, on fait plufeurs bureaux ou confeils : celui qui préfide recueille les opirions; êe lorfqu’il y a divers avis, il retourne aux opirions pour les concilier : chacun eft obligé de fe ranger À l’un des deux avis qui prévalent par Le nombre de VOIx. Dans les affaires de rapport, les juges opinent fans aucun rang, comme ils fe trouvent affis auprès du rapporteur. Il n’y a jamais de partage d'opinions en matiere criminelle ; quand le nombre de voix eft égal, l'avis le plus doux doit être préféré : cet ufage eft fort ancien, puifqu'’il fe trouve déja configné dans les capitulaires, lv. F. n. 160. Une voix de plus ne fuflit pas pour départager, en matiere criminelle; il en faut au moins deux. Au confeil privé du roi il n’y a point de partage, M. le chancelier ayant la voix préponderante. À la grand-chambre du parlement, une voix de plus départage à l’audience ; au rapport il en faut deux. Au grand-confeil, il en faut toujours deux pour départager, foit à l’audience, foit au rapport. Dans tous les fieges qui jugent, à la charge de l'appel, une voix de plus départage au civil; en OPI matiere criminelle il en faut deux. Voyez PARTAGE, Au refte , les opinions qui fe donnent, foit à l’au- dience ou au rapport, doivent également être {e- cretes : il eft détendu par les ordonnances aux ju- ces, greffes & huifliers de les revéler : c’eft pour prévenir cet inconvénient que l’on opinoit à Rome fur des tablettes; & qu’encore à préfent dans les chancelleries de Valladolid 8: de Grenade, les opri- nions fe donnent par écrit fur un regritre. | Les opinions du pere & du fils, de l’oncle & du neveu , du beau-pere & du gendre, & des deux beau-freres ne font comptées que pour uné. és de Janvier 1681. Voyez le Ditfionnaire des arréts ;au mot Opinions. (A) OPINIONISTES, {. m, plur. (Æf. eccléf.) On donna ce nom à certains hérétiques qui s’éleverent du tems du pape Paul IL. parce qu’étant infatués de plufieurs opinions ridicules, 1ls les foutenoient avec opiniâtreté. Leur principale erreur confiftoit à fe vanter d’une pauvreté affeétée : ce qui leur faifoit dire qu'il n’y avoit point de véritable vicaire de J, C. en terre, que celui qui pratiquoit cette vertu. Sponde, 4. C, 1467, num, 12. OPIS, (Géogr. anc.) ancienne ville d’Afie fur le Tigre, au rapport de Xénophon &t d'Hérodote. Strabon ne la traite que de village ; mais c’eft une fuite de la décadence, où elle étoit tombée dans l'intervalle qui eft entre les tems où 1ls ont vécu. (DST) OPISTHODOMOS, f. m. (Antig. greg.) oœrcdo- d'ôuos , nom du lieu du tréfor public d'Athènes, où il y avoit toujours un dépôt de mille talens , réfer- vés avec tant de rigueur pour les plus extrèmes dangers de l’état ou de la ville, que, s’il ne s’a- gifloit de la garantir du pillage ou de lembrafe- ment, il y avoit peine de mort pour celui qui pro- poferoit d’y toucher. Le nom d’opiffhodomos fut donné à la fréforerie d'Athènes, parce qu’elle étoit bâtie fur les dex- rieres du temple de Minerve. Tous les noms des débiteurs de la république étoient couchés fur le regiftre du tréfor dont nous parlons. Ses dienx tuté- laires étoient Jupiter fauveur, & Plutus le dieu des richefles, qui étoit repréfenté avec des aîles, On l’avoit placé attenant la ftatue de Jupiter, ce qui étoit contre l’ufage ordinaire. Poterius , Archæol. grec. Lib. J, cap. vif. tom, I. pag. 31. (D.J.) OPISTOGRAPHE, f, m. (Æf?. du bas Empire.} en grec v'œcboypagor, en latin opiffographum ; c'étoit. un gros livre dans lequel on écrivoit fur le champ: les différentes chofes qui auroient befoin d’être re- vües & corrigées par la fnite. Ce mor eft com- pofé de éme, c’eft-à-dire , fur Le feuilles du revers, & ypiqu, j'écris, parce qu’on écrivoit fur le revers de chaque page ce qui avoit été omis de l’autre art. OPISTHOTONOS, f. m. (Médéc.) On a confervé en françois & en latin ce mot grec, qui fuivant fon. étymologie, fignifie une efpece de convulfion qui porte & plie toutes les parties du corps en ar- riere. Il eft formé de orge qui veut dire er arriere, 8 roro, ton, tenfion ; fpafine. Dans ce cas, la tête fe renverfe, s'approche des vertebres du dos, par la contraétion fpafmodique des extenfeurs de la tête : favoir, du fplenius, du complexus, des grandi & petit droits poftérieurs & du petit oblique, des: deux côtés: agiflans enfemble ; Paétion des mufcles d'un feul côté tireroit la tête de ce même côté: quelquefois il n’y a dans l’opi/fhotonos que cette ex- tenfion forcée de la tête ; d’autres fois la. convul- fion eft plus générale, & occupe les tranfverfanx épineux , les inter-épineux du cou, le long dorfal,,- le demi-épineux & le facro-lombaire. Alors l'effet eft plus grand; le cou & le dos font courbés en arriere, & y font une efpece d’arc : dans cet état, Padion de préfque tous les vifceres du bas ventre eft sénée, interrompue ou beaucoup dérangée; la refpiration fouffre beaucoup , & fe fait très-difici- lement; la déglutition eft totalement empêchée : cet état fi violent eft fouvent accompagné de vives douleurs : il eft bien évident qu'il eft trop oppofé à l’état naturel du corps pour pouvoir fubfifter long-tems ; il eft plus ou-moins dangereux fuivant le degré, l’intenfité & la durée de la convulfon. Le péril varie auf fuivant les caufes qui l'ont pro- duite: elles font Les mêmes que celles des autres ef- peces de convulfions. Voyez-en le détail aux arsicles CONvVULSION, SPASME. Un paroxifme épileptique peut être déterminé de cette façon. Voyez Epr- LEPSIE. Alors de danger eftmoins preffant. L’opi- féhoconos peut aufli être Peffet de quelque poiton pris intérieurement, d’une bleflure, fur-tout faite avec des fleches ou autres armes empoifonnées ; &t alors il eft plus dangereux : il eft mortel lorf- qu’il furvient à des malades foibles, épuifés par une longue maladie ou par des évacuations trop abon- dantes. Voyez CONVUSION ; voyez auffi a cet article le traitement qu’il convient d'employer. En géné- ral, les anti-fpafmodiques ; anti-hyftériques, les _ préparations de pavot doivent être données fur le z champ. Les faisnées peuvent convenir dans quel- , ques cas particuliers & rares : elles feroient indif- férentes ou nuifibles dans le cas de poifon , & ab- folument pernicieufes , lorfque l’on a fujet d’accu- fer la foiblefle & l’épuifement ; des friétions, des embrocations, des efpeces de douchesavecde l’huile bien chaude fourmiflent un remede dont Galien a conftaté l'efficacité par lheureufe expérience qu'il en a faite fur lui même dans un cas femblable; enfin le cautere aôtuel appliqué à la plante des piés ,’ne doit pas être oublié, quand les autres remedes ont été fans effet : fouvent il emporte des maladies qui avoient réfifté au fer & aux médicamens, Suivant ce précepie du grand Hippocrate qu’on a taxé de faufleté, parce qu'on n’a pas fu en faire lappli- cation. Quæ medicamenta non fanant , ea ferrum [a- nat ; que ferrum non fanat, ea ignis fanat ; quæ verd ignis non fanat, ea cenfere oportet infanabilia. fec- zione VIII. aphor. vj. Il feroit très-aifé de donner une théorie fatisfaiante de l’aétion de ce remede dans la maladie dont ils'agit, mais von eff hic locus, Voyez CAUTERE, FEU, Il fuffit de remarquer qu’on emploie à la Chine, dans les Indes & au Japon, la Moxe , qu’on applique aux piés, un anneaurou- ge ; qu'on fait des piquures avec des aiguilles, acu- punüluræ ; & que ces remedes plus on moins ana- logues au cautere aûuel, y font des effets furpre- nans dans les maladies convulfives. OPITERGINI, MONTES, (Géog. anc.) Pline nomme ainfi les montagnes où la Livenza, Liquen- tia, a {a fource. Ce font les monts fitués entre Ce- neda , Belluno & les bourgs d’Ariano & Polce- nigo. { D. J.) OPITERGIUM, (Géog. anc.) ancienne ville d'Italie au pays du peuple Vezen, entre Ceneda & la mer Adriatique. Les habitans font nommés Opi- cergint pat Lucain, Pline & Florus. Le nom mo- derne,eit Oderzo, Ce fut apparemment après fa def- trution par les Quades &c les Marcomans, qu'Héra- clius l’a rebâti, & qu’elle fut appellée Héraclée, OPIUM, £. m. (Æif£. nat. des drog.) C’eft un fuc concret, réfineux & gommeux, pefant, compaë , plant, inflammable, d’un roux noir, d’une odeur nafcOtique, d’un goût acre & amer. Il nous vient en-gâteaux arrondis, applatis, de la groffeur d’un pouce, qu pefent une demi-livre ou une livre, &c font, enveloppés dans des feuilles de, pavots. On Lapporte de l'Anatolie, de l'Egypte & des Indes, € 309 Les Arabes & les Droguiftes recommandent l’o- pium de Thèbes on celui que l’on recueilloit en Egypte auprès de Thèbes, mais on nie fait plus à préfent cette difinétion. De quelqu'endroit que vienne l’opium, on eftime celui qui eft naturel, un peu mou, qui obéit fous les doigts, qui eft inflamma- ble, d’une couleur brune ou noirâtre:, d’une odeuf forte, pnante , & afloupiffante. On rejette celui qui eft fec, friable, brülé, mêlé de terre, de fable ow d’autres ordures. | Les anciens diftinguoient deux fortes de fuc dé pavot ; l’un étoit une larme qui découloit de linci- fon que l’on farfoit à la tête des pavots : elle s’ap- pelloit pnrævos oœoç, GT chez les médecins 0œs0 par autonomafie. L'autre s’appelloit uwurwveior OÙ panne yrov , c'étoit le fuc épaifi que l’on retiroit de touté la plante. Ils difoient que le méconium étoit bien moins a@if que Popium. Préfentement on ne nous en fournit que d’uné forte fous le nom d’opium: favoit, un fuc qui dé coule de l’incifion des têtes de pavots blancs ; on n’en trouve aucune autre efpece parmi les Turcs &z à Conftantinople, que celui que l’on apporte en gâteaux. Cependant, chez les Perfes on diftingue les larmes qui découlent des têtes auxquelles on fait des incifions, & ils recueillént avéc grand foin cel- les qui coulent les premieres, qu'ils eftiment beauz coup comme ayant plus de vertu. La plante dont on retire le fuc, s'appelle papa: ver hortenfe, femine albo, Jativum, Diofcorid. album, Plinii, Céf. Bauhin, g. 170. Sa racine eft environ de la groffeur du doigt, rempli comme le refte de la plante d’un lait amer. Sa tige a deux coudées; elle eft branchue , ordinairement lifle , quelque- fois un peu velue. Sur cette tige naïflent des feuil- les femblables à celles de la laitue, oblongues découpées, crêpues, de couleur de verd de mer: Ses fleurs font en rofe, plus fouvent à quatre pé- tales blancs, placés en rond, & qui tombent bien- tôt. Le calice eft compofé de deux feuillets; il en fort un piftil on une petite tête, entourée d’un orand nombre d’étamines, Cette tête fe change en une coque, de la figure d’un œuf, qui n’a qu’une feule loge, garnie d’un chapiteau : elle eft ridée, étoilée , munie intérieurement de plufeurs lames minces qui tiennent à {es parois; à ces lames adhe- rent, comme à des placenta, grand nombre de grai- nes tres-petites, arrondies, blanches, d’un goût doux & huileux. Dans plufieurs provinces de l’Afie mineure, on feme les champs de pavots blancs, comme nous femons le froment ; auffñ-1ôt que les têtes paroif- fent, on y fait une legere incifion; & il en découle quelques gouttes de liqueur laiteufe, qu’on laife figer , & que l’on recueille enfuite. M. Tournefort rapporte que la plus grande quantité d’opium fe tire par la contufion & l’expreflion de ces mêmes têtes : mais Belon n’en dit rien, non plus. que Kœmpfer qui a fait une diflertation fur l’opiur per- fique. Ces deux derniers auteurs diftinguent trois fortes d’opium, mais tirés feulement par incifon. Dans la Perfe on recueille Pop au commen- cement de l’été. On fait des plaies en fautoir à la fuperficie des têtes qui font prêtes d’être mûres, Le. couteau qui fert à cette opération a cinq pointes; & d’un feul coup il fait cinq ouvertures longues & paralleles, Le lendemain on ramafñle avec des fpa- tules le fuc qui découle de ces petites plaies, & on le renferme dans un petit vale attaché à la ceinture. Enfuite on fait l'opération de l’autre côté des té- tes, pour en tirer le fuc de la même maniere. La larme que l’on recueille la premiere, s'appelle go- banr; elle pafle pour la meilleure; fa çouleur eft ‘10 O PI blanchâtre ou d’un jaune pâle ; mais elle devient brune, lorfqu’elle eft expofée long-tems au foleil, ou qu'elle eft trop féchée. La feconde larme que lon recueille, n’a pas tant d’efficace, & elle n’eft pas fi chere. Sa couleur eft Le plus fouvent obfcure, ou d’un goût noirâtre. Il y en a qui font une troi- fieme opération, par laquelle on retire une larme très-noire & de peu de vertu. Après que l’on a recueilli lopim, on en fait une préparation, en l’humetiant avec un peu d’eau ou de nuel , en le remuant coninuellement & forte- ment avec une efpece de fpatule dans une affiette de bois plate, jufqu’à ce qu'il ait acquis la confif- tance, la vifcofité, & l’éclat de la poix bien pré- parée ; enfuite on leremanie dans la main; & enfin on en fait de petits cylindres ronds que l’on met en vente : Lorfque les marchands n’en veulent que de petits morceaux , on les coupe avec des cifeaux, L’opium ainfi préparé s'appelle chez les Perfes theriaack-malideh , c’eft-à-dire , hériaque préparée par le broyement, ou bien thertaack affinum , c’eft-à- dire, hériaque opiée, pour la diftinguer de la thé- tiaque d’Andromaque, qu'ils nomment sheriaack- farnuk ; cat ces peuples regardent l’opizm comme le remede vanté par les Poëtes, qui donne la tran- quillité, la joie &x la férénité. Cette maniere de préparer lopium, eft le travail perpétuel des revendeurs qui font dans les carre- fours, & qui exercent fortement leurs bras à ce travail. Ce n’eft pas là cependant la feule façon de préparer ce fuc : très-fouvent on broie l’opium, non pas avec de l’eau, mais avec une fi prande quantité de miel, que non-feulement il l'empêche de fe fécher, mais encore 1l tempere fon amer- tume. | La préparation la plus remarquable eft celle qui fe fait, en mêlant exaétement avec l’opium, la noix mufcade , le cardamome , la canelle, & le macis réduits en poudre très-fine. On croit que cette pré- paration eft très-utile pour le cœur & le cerveau: elle s’appelle pholonia, c’eft le philonium de Perfe ; d’autres n’emploient point les aromates dont nous venons de parler ; mais ils meitent beaucoup de faffran & d’ambre dans la mafle de l’opium. Plufeurs font la préparation chez eux à leur fan- taifie. Outre ces préparations dont on ne fait ufage qu’en pillules , Koœmpfer fait mention d’une cer- taine liqueur célebre chez les Perfes, que l’on ap- pelle cocomar, dont on boit abondamment par inter- valles. Les uns préparent cette liqueur avec les feuilles de pavots qu'ils font bouillir peu de tems dans l’eau fimple. D’autres la font avec Les têtes pilées 8 ma- cérées dans l’eau ; ou bien ils en mettent fur un ta- mis, verfent deffus fept à huit fois la même eau; en y mêlant quelque chofe qui y donne de Pagré- ment felon le goût de chacun. Kœmpfer ajoute une troifieme forte d’opium , qu'il qualifie d’éleéfuaire, qui réjouit & qui caufe une agréable ivrefle. Les parfumeurs &c les méde- cins préparent différemment cet éleétuaire , dont la bafe eft l’opium ; on le defline par les différentes drogues que l’on y mêle, à fortiñier & à récréer les efprits : c’eft pourquoi on en trouve différentes défcriptions, dont la plus célebre eft celle qu’a trouvée Hasjem-Besi, L’on dit qu’elle excite une joie furprenante dans l’efprit de celui qui en avale, &c qu’elle charme le cerveau par des idées, & des plaïfirs enchantés. (D. J.) OPIUM CYRENAIQUE, ( Mar, médic.) nom donné par quelques écrivains du moyen âge à l’aÿfa faœrida , parce que de leur tems on tiroit principa- lement cette drogue de Cyrene , où comme dit Avicene, du Kirvan, ce quieftlemême pays OPLITOUROME, {. m. ( Arr. greg. ) Les Grecs nommoient oplitodromes ,orAirodpouo, CCUX Quicom- battoient aux jeux olympiques & autres jeux de la Grece : c’eft un mot compofé de raw, arme ; & de dhoucs, courfe. Poterius, Archæol, grec. Liv. EE, ch. xxy. tom. Î. pag. 442. OPOBALSAMUM , {. m.( Hifi. des drog.) owo- Cancauo , réfine liquide , précieufe , blanchâtre-ëê légerement jaunâtre ; d’une odeur pénétrante qui approche de celle du citron , d’un goût âcre & aro- matique : on eftime celui qui a toutes ces qualités, & non celui qui eftténace, vieux &faliñe. La plante qui fournit cette liqueur réfinenfe eft nommée par Bélon dans fes obfervations , alfamur: lentifei folio | ægyptiacum , & par Profper Alpin, 48. balfamum ; car l'arbre & la réfine portent le mè- me nom, Cet arbriffeau s’éleve à la haureur du troë- ne & du cytife , & eft toujours verd , garni de peu de feuilles, femblables à celles de larue, ou plutôt à celles du lentifque : elles font attachées à la même queue, au nombre de trois , de cinq ou de fept , y ayant une feuille impaire qui Ja termine. Ses bran- ches fontodorantes, refineufes &c pliantes : leur fubf- tance ligneufe eft blanche , fans odeur , couverte de deux écorces minces ou membraneufes ; l’exté- rieure eftrougeâtre en dehors , l’intérieure verdâtre, odorante & d’une faveur aromatique, Ses fleurs font püurpurines , femblables à celles de Pacacia, &c fort odorantes. Ses femences font jaunes, odorantes, Âcres, ameres , & donnent une liqueur jaune, fem- blable au miel : elles font renfermées dans des folli- cules noïres , rougeâtres. Théophrafte, Diofcoride, Pline, Jofeph & au- tres, croient que la patrie de l’opobalfamum eft la Judée, ou l'Egypte; maisil eft conftant que ni la Ju- dée , ni l'Egypte ne font les pays où ce baume vient de lui-même : ôn ne trouve aucun arbre qui porte ce baume dans la Judée ; & du tems de Bélon on n’en trouvoit pas non plus. Strabon a eu raifon de dire qu’onle trouvoit dans l’Arabie heureufe, qui eft ef- feétivement la feuie patrie de ce baume. Profper Alpin nous apprend qu'il eft blanc lorf- qu'on vient de letirer , ayant une odeur excellente & très-pénétrante, qui approche de celle de la téré- benthine , mais plus fuave &c plus vive ; d’un goût amer , âcre & aftringent. Ce baume eft d’abordtrou- ble & épais comme l’huile d'olive nouvellement ex- primée ; il devient enfuite très-fubtil, très-limpide , très-léper , & prend une couleur verdâtre, enfuite une couleur d’or; enfin lorfqu’il eft vieux , il devient comme du miel : alors 1ls’épaifiit comme la térében- thine , il coule très-difficilement , & 1l perd beau- coup de fon odeur. Quand ce baume eff récent, fi Ponen verfe goutte- à-goutte dans de l’eau , il ne va pas au fond à caufe de fa grande légereté ; mais étant verfé de haut, üË s’y plonge un peu , & remonte continuellement , il s’étend fur toute la furfacede l’eau , & fe mêle avec elle, de forte qu’il efttrès-difficile de Pen féparer : peu de tems après 1l s’y fige & fe coagule , & on le retire tout entier avec un fület : il eftalors laiteux, ou blanc comme le lait. Voilà les véritables carac- teres du baume naturel &z récent. Les anciens ne recueilloient uniquement que le baume qui découloit de l'écorce de l'arbre, auquel ils faifoient une incifion, & ils enretiroïentune très- petite quantité. Aujourd’hui il y a deux efpeces de ce baume , felon Auguitin Eippi. La premiere peut être appellée le véritable baume, &t c’eft celui qui coule de lui-même , ou par l’incifion que l’on fait à l'écorce ; maïs on en retire une fi petite quantité ;! qu’à peine fufit-elle pour les habitans , 6e pour les grands du pays , &c 1l eft très-rare que l’on en porte ailleurs, GPO - aillenrs, L'autre efpecé eft le baume de la Mecque êz de Conftantinople , qui eft encore précieux, & qui parvient rarement juiqu'à nous , fi ce n’eft par le moyen des grands qui en font des préfens. Voici comment on le retire. Onremplit une chaudiere de . feuilles & de rameau du baumuer , & l’on verfe de l’eau par-deflusjuiqu’à ce qu’elle les furpafle. Lorf. qu’elle commence à bouillir , il nage au-deflus une huile limpide que l’on recueille avec foin , & que Von referve pour lufage des dames ; car elles s’en fervent pourfe polir le vifage 8 pour en oindre leurs cheveux. Tandis que l’ébullition continue, 1l s’éleve à la fnperficie de l’eau une huile un peu plus épaiffe & moins odorante, que l’on envoie comme moins précieufe ; par des caravanes , au Kaire &c aux au- tres pays ; c’eft le plus commun en Europe. Comme les vertus de l’opohalfamum dépendent de fon huile fubtile & volatile, il eft certain que celui qui eft récent a plus de vertu que celui quieft vieux, On l’emploie dans l’afthme & dans la phthifie avec quelque fuccès, pour rétablir le ton des poumons , adoucir l’acrimonie de la lymphe qui fe répand dans leurs cavités , & en incifer les humeurs vifqueufes. On abufe fouvent de ce remede, en le prefcrivant dans les ulceres des reins & de la vefñie, car comme ces arbres font d’ordinaire éréfipélateux , tous les balfamiques & les réfineux y nuifent beaucoup , en augmentant l’inflammation ; & en arrêtant l’excré- tion du pus. Ce baumeeft encore célebre pour guérir les plaies, étant appliqué extérieurement. Il eft vrai qu'il con- vient très-bien aux plaies fimples, ou à celles qui confiftent dans une fimple folution de continuité, foit pour couvrir la plaie,& pour empêcher le contat de l'air ; foit pour procurer plutôt la réunion des levres ; car alors ces plaies qui fe guériroient faci. ement par elles-mêmes , fe cicatrifent bien plus promptement : mais sil y a quelque contulon, ou quelque froifiement des fibres charnues,ou autres qui entrainent toujours la fuppuration, ce feroit en vain que l’on employeroit les balfamiques pour en faire la réunion; car ces parties quife pourriffent, & dont on empêche la féparation , étant retenues trop long- tems, irritent & enflamment par leur acrimonie ia partie malade : c’eft ce qui fait que la guérifon de telle plaie eft plus longue , & fouvent tres-difñcile, Les dames de Conftantinople , & celles d’Afie &c d'Egypte, font ufage de l’opobalfamum pour fe ren- dre la peau douce & polie. Voici la maniere donten ufent les Egyptiennes Elles fe tiennentdansun bain jufqu’à ce qu’elles ayent bien chaud ; alors elles fe frottent la peau du vifage & de la gorge avec ce baume à différentes fois, & fans l’épargner ; enfuite elles demeurent une heure & davantage dans ce bain chaud , jufqu'à ce que la peau foit imbibée de ce baume & bien feche ; alors elles en fortent : elles demeurent aïnfi pendant trois jours le vifage & la gorge imbibées de baume ; le troifieme jour elles fe remettent au bain, & fe frottent encore comme on vient de le dire, avec le même baume. Elles recom- mencent l’opération plufieurs fois, ce qui dure au moins trente jours, pendant lefquels elles ne s’ef- ment point la peau. Enfin lorfque le baume eft bien fec, elles fe frottent d’un peu d’huile d’amandesame- res , & enfiute elles felavent pendant plufñeurs jours dans l’eau de feves diftillée. Les dames quife fervent de ce baume parmi nous, en qualité de cofmétique , en font par art le lait vir- ginal, qui eft avec raïfon fort ettimé pour. l’embel- liffement de la peau. Îl ne fe fait aucune précipita- : tion dans ce lait, & le baume ne fe fépare point. Voyet-en la compofition au m0: LAIT virginal. L'opobalfamum eft, comme on fait, nommé dans les ordonnances des Médecins , fous le nom de hau- Tome XI, OPO sit mé blanc de Conftantinople, baume de Judée, d'Egyp te, du grand Kaire & de la Mecque. Chez les Apo- thicaires , on le nomme aufli baume de Galaad , 44. Jarnum galaldenfe où gileadenfe, parce aw’ons'eft ima- giné que le baume de Galaad de l’Ecriture étoit la même chofe que celui qui nous vient aujourd’hui de la Mecque direétement par la mer Rouge, ou aufre- ment. Mais le mot hébreu que nous avons rendu baume, effort, qui, fuivant la remarque des rabbins, figni- fie routes fortes de gommes réfineufes. Dans Jérémie : viÿ. 22, & xlv. a. il en eft parlé comme d’une dro- gue que les Médecins employoient ; & dans la Ge- nefe , xxxviy, 25, & xliiy, comme d’une des chofes les plus précieufes que produit le pays de Canaan; & dans l’un & dans l’autre endroit 1l eft marqué qu'il venoit de Galaad. Si le zori du texte fignifie du ba me, tel que celui de la Mecque , il faut qu'il y en ait eu en Galaad long:tems avant qu’on eût planté l’ar- bre dans les jardins de Jérico , & avant que la rene de Saba eût'apporté à Salomon la plante dont parle Jofeph : car c’étoit une des marchandites que les I£- maélites portoient de Galaad en Egypte, quand Jo- feph leur fut vendu par fes freres ; Jacob en envoya en préfent à Jofephr en Egypte, comme ure chofe qui croioit dans le pays de Canaan, quand il dé- pécha fes autres fils pour acheter du blé dans ce pays- là. Pour moi je croirois que ce zori de Galaad , que nous rendons baume dans nos tradu@ions moder- nes , n’étoit pas la même chofe que le baume de la Mécque,ë que ce n’étoit qu’une efpece d’excellente térébenthine dont on fe fervoit alors pour les bleffu- res êt pour quelques autres maux, Le mot opobalfamum veut dire fuc où gomme de baume ; car proprement ba/famum fignifie l'arbre, & opobalfamum ,sle fuc qui eft diftillé ; cæoc en grec fi- gniñe le fuc, la gomme, ou la liqueur qui difille de quelqwarbre que ce foit | on même de plufieurs au- tres chofes. L'opobalfamum entre dans la thériaque &z le mithri- date , de nom fans doute plus qu’en réalité, comme onen peut juger par la quantité de ces denx compo- fiions qui fe fait chaque année dans toute l’Europe, êt en même-tems par la rareté du vrai baume d’A- rabie , dont le prix fur les lieux vaut environ une piftole l’once. ( D. J.) OPOCARPASUM , o4 OPOCALPASUM , f. m. ( Hifi. des drog. anc. ) fac végétal qui reflembloit à la meilleure myrrhe liquide, que l’on mêloit fou- vent avec elle par l'amour du gain, & dontonne pouvoit facilement la diftinguer. Ce fuc caufoit l’afe foupiffement & une efpece d’étranglement fubit. Galien rapporte qu'il a vu plufieurs perfonnes mou- rir pour avoir pris de la myrrhe dans laquelle il y avoit de lopocarpafum, fans qu'ils le fuflent. Aucun des anciens n’a pu nous apprendre de quelle plante, de quel arbre , ou de quelle herbe étroit tiré le fuc que l’on appelloit opocarpafum ; 8& aucun auteur mo- derne ne le fait encore aujourd’hui. OPODELTOCH , f. m. ( Pharmacie.) emplâtre opodelioch ; cet emplätre eft compofé de quelques in- grédiens précieux, d’un baume naturel, d’un grand nombre de réfines & de gomme-réfine, de toutes les matieres minérales regardées comme éminemment aftringentes & deflicatives , telles que le fafran de mars , les chaux de zinc, la litharge , le colcotar , &c. & enfin du fuc de tontes les plantes qu’on a regardées comme éminemment déterfives , vulné- raires, cicatrifantes , telles que l’aloës, le fuc de grande confoude , de fanicle, de tabac, 8 même de feuilles de chêne , fubftance affurément fort peu fuc- culente, On peut voir, au mot EMPLATRE , combien eft frivole l’efpoir de l'inventeur, qui a prétendu faire Ttt 12 O PP de cet emplatre uh remedé fouveranbement #éfolus tif, mondificatif , defficatif, vulnéraire, cicatri- fant, Gc. 8 combien f{ufr-tout le fuc des plantes en eft un Mmgrédienr puérile. L’emplârre opodeltoch n’eft donc qu'une compofition qui, comine la plüpart des autres emplâtres très - compofés, doit fon origine à la charlatannerie & à l'ignorance, Voyez EMPLA- TRE. (b) x OPOPANAX , {. m. ( Æiff. nat. des drog. exot. ) lopopanax en grec, de même qu’en françois, fe dit en latin opopanacum ; c’eit un fuc gommeux , ré- fineux, qui nous vient en grumeaux environ de la grofieur d'un pois, tantôt plus grands, tantôt plus .peuts ; rouffätres en dehors , d’un jäune blanchätre en-dedans ; fort amers , âcres, de mauvaife odeur, d’un goût qui excite un peu la naufée , gras &c ce- pendant friables. On l’apporte quelquefois en mañles très - fales, d’un roux noirâtre , mêlées des fquilles , de la tige, ou d’autres ordures. On doit choiïfir les larmes brillantes , graffes, friables, de couleur de fafran en dehors , blanches ou jaunâires en-dedans , d’un goût amer , d’une odeur forte. On rejette celles qui font noires & for- dides. Onapporte l’opopanax d'Orient ; mais nous ñe fa- vons point du tout de quelle plante il vient. Il a été connu des Grecs. Onletire, felon Galien , du parzax heracleus , dont on coupe les racines & les tiges; mais 1l n’y a rien de certain dans les auteurs fr le panax heracleus ; c’eft une plante qui nous eft in- connue. L’opopanax s’enflamme comme les réfines : il fe diflout dans l’eau comme les fubflances gommeu- fes ; mais il rend Peau laiteufe à caufe de fa gran- de quantité d'huile. Il paroîr donc compofé de tar- tre & de fel ammoniacal étroitement unis enfemble, Pris intérieurement, 1lincife les humeurs vifqueu- fes , & purge fans fatiguer, depuis demi-drachme jufqu’à une drachme; il fert extérieurement à amollir les tumeurs, à les difcuter ,.à les réfoudre. Il ef employé dans prefque toutes les vieilles compoñ- tions galéniques. ( D, J. ) OPORICÉ, {. m. ( Mar. méd. des anciens.) orupr- «1 ; c'eft un remede fort vanté, que Pline , livre XXIV, ch. xiv. nous dit être compofé de quelques fruits d'automne. Il y entroit cinq coings, autant de renades , du fumach de Syrie & du fafran. On fai- foit bouillirle tout dans un conge de vin blancjufqu'à confftance de miel. Ce remede étoit employé pour les dyffenteries & les débilités d’eftomac. Le mot oporicé elt dérivé du grec dropn, qui veut dire au- comme , ou le fruit de cette faifon. OPOS , 1. m.( Méd, anc. ) ce nom grec indique chez les anciens Médecins , le fuc des plantes, foit qu’il découlât naturellement, ou par imcifion; mais Hippocrate emploie ce mot pour défigner le fuc du filphium qu’on nommoit le /#c parexcellence, com- me nous appellons aujourd’hui écorce du quinqui- na , fimplement l'écorce, OPOSSUM & OPASSUM , voyez PHILANDRE. OPPA, ( Géog.) riviere de la haute Siléfie. Elle a fa fource dans les montagnes de Gefenk , qui fépa- rent la Siléfie & la Moravie , & fe perd dans l'Oder. OPPELEN , ( Géog. ) ville forte de Siléfe , capi- tale d’un duché confidérable de même nom. Elleeft fur l’Oder dans une belle plaine , à 8 lieues N. de Troppau, 14 8.E. de Breflau, $4 N. E. de Prague. Long. 35.32, lat. 50, 54. Le duché d’Oppelen eft arrofé de plufieurs rivie- res, outre l’Oder qui le partage. Il contient avec la capitale une vingtaine de bourgades , que Zeyler appelle villes. OPPENHEIM , (Géog.) ville d’Allemagne dans lé bas palatinat du Rhin, capitale d’un bailliage de même nom. Les François la faccagerent en 1689: Elle eft fur une montagne dans un pays fertile, près du Rhin , à 3 lieues S. E. de Mayance, 4 N; O. dé Worms. Long. 25, 55, lat, 49, 482 | Quelques hiftoriens attribuent la fondation d’Oy- peñheim à Drufus ; d’autres aux empereurs Valen- tinien où Gratien. Ce qu'il y a de sür, c’eft que du tems de Charlemagne , ce n’etoit qu'un villages Quant au bailliage d'Oppeheim , il n’a que deux places ; la capitale qui porte fon nom eft Ingelheim: OPPERLEER , ( Comm. d’Hollande. ) on nomme ainfi en Hollande des peaux d'animaux apprêtées d’un côté, & chargées de l’autre de leur poil ou lai- ne. Elles fervent ordinairement à faire des couver- tures , d’où elles ont pris leur nom. Ricard, OPPIDO, (Géog.) petite ville d'Itahe, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure ; avec un évêché fuffragant de Régio. Elle eft au pié de l’Apennin , à 10 lieues N. E. de Régio , 75. E. de Nicotera. Long. 34.14. lat.38, 18. OPPIDUM , ( Litér. géog. ) ce mot latin veut dire ordinairement une perire ville, & fouvent ceque nous appellonsun bourg ; mais les anciens ; fur-tout les Poëtes, employoient indifféremment lés mots ur bes & oppida. D'un autre côté , les auteurs enprofe, les Orateurs eux-mêmes ontemployé ces deux mots indiftin@ement ; ce qui montre qu'ils les ont regar- dés comme fynonymes. Cicéron dit que le motoppis dum venoit du fecours que les hommes s’éroient pro- mis mutuellement en demeurant les uns auprès des autres. Oppida , quod opem darent. Les habitans étoient nommés oppidani. (D. J.). | OPPILATION , {. f. ( Médec. ) ce mot eft tiré du latin oppilario | & fignifie littéralement ob/ffruélion : il repond aux mots grecs eugpaËis 8 seven : aufli Rhodius remarque qu’on s’en {ervoit fur-tout pour défigner obffruthion forte & ferrée. On trouve fouvent ceterme dans les anciens auteurs &c traduéteurs la- tins. Son ufage eft beaucoup moins fréquent depuis plus d’un fiecle ; & à préfent on ne l’emploie même plus dans cette fignification. Dans le ftyle familier il eft affez ufité, commefynonyme de péles-couleurs, & principalement lorfque la maladie eft légere , ow ne fait que commencer ; voyez PALES - COULEURS: On dit communément , l’oppilarion eft une maladie très-ordinaire aux jeunes filles , & funefte à leur beauté : de:là font venues ces façons de parler ufi- tées , une fille commence à s’oppiller, quandon la voit trifte 8 rêveufe, que la couleur de fon vifage s’al« tere, & fait place à une couleur jaunâtre , qu’elle mange avec paffion & en cachette des chofes abfur- des , nuifibles, Les cendres, le mortier font des ob- jets ordinaires de l’oppilation. Aucun remede ne dé- foppile plus sûrement, plutôt & plus agréablement que le mariage. Voyez PALES - COULEURS, PICA , MARIAGE. OPPORTUN, OPPORTUNE, adj. (Gramm. } ils fe difent du tems, du lieu & de toutes les circonf: tances qui rendent le fuccès d’une chofe facile. L’oc- cafione/fopportune , nela manquez pas. L’opportunité fupplée fouvent au défaut d’adrefle. Ces mots font eu d’ufage. OPPOSANT , adj. ( Gramm. € Jurifprud. ) celui qui a intérêt à ce qu’une chofe ne fe fafle pas , & qui y forme obftacle. On dit, ces créanciers font oppo- Jans à l'exécution d’une fentence qui les lefe. OPPOSÉS, adj. ( Géom. ) ce terme s'emploie en divers cas: il y a des angles oppofés par leur fommet. Suppofons qu’une ligne droite 4 B, en coupe une autre CD, ( PL Géom. fig. 86.) au point E, les an- gles x, o oppofés par le fommet font égaux, aïnfi que les angles y, £. Voyez ANGLE. Ces angles s’appel- lent aufli oppofés au fommet , ou oppojés par la pointes, “O PP #à dénommatron d'oppofés au fommer eft la plus cotf: “mune. | Siuñe ligne S T, ( PI Géom. fig. 46.) rencontre “deux autres lignes, 4? ,8R, les angles z, x, ainfi que les angles? , y, formés par la rencontre de ces lignes , font appellés agles oppojés ; & en particulier l’angle z eft nommé l'angle externe oppofé de l’an- gle x, & 7 l’angle interne oppofé de angle y : ces an- -gles s’appellent aufh plus communément a/rernes. Voyez ÂLTERNE. Des cônes oppojés font deux cônes femblable, oppofés par le fommet, c’eft-à-dire qui ont un même fommet commun, ainfi qu’un même axe, Voyez Coxe. | On appelle aufh fééions oppofées deux hyperboles produites par un même plan, qui coupe deux cônes roppofes. Voyez HYPERBOLE , CONE & CONIQUE. … Siun cône eft coupé par un plan qui pañle par #on fommet , & enfuite par un fecond plan parallele au premuer , & que l’on prolonge ce dernier plan, enforte. qu'il coupe le cône oppofé, on formera par ce moyen des fe&tions oppofées, Voyez SECTION. Chambers. (E) _ OPPOSÉE, adj. er terme de\Blafon , fe dit de deux pieces peintes fur l’écu, lorfque la pointe de l’une regarde le chef, & celle de l’autre le bas du même ECS | OPPOSER , v.a&t. & nent. ( Gram. ) former un obftacle : on dit, la nature n’a oppo/ë à l’homme au- une barriere que fon ambition iacrilege , fon ava- ice infariable , fon infatigable curiofité n'ait fran- chie : on oppofe des digues à la violence des caux & des pafñons : on oppofe la patience à la force : l’in- térêt des autres s'oppoe toujours à nos deffeins : le blanc s’eft pas plus oppofé au noir que fon caraétere -& le mien : les poles d’une fphere font diamétrale- ment oppojes : qu'oppofez-vous à cette preuve ! qu°- -oppofe-t-elle à fes perfécuteurs, des plaintes, des cris, des larmes, contre lefquelles ils {e font endur- cis dès long -terns : fi la fortune s’oppofe à vos def- feins, oppo/ez à la fortune du courage & de la réfi- gnation : oppofe;-vous à la vente de ces effets. _ OPPOSER: on dit d’un e/crimeur, qu'il tire avec oppofition quand il allonge une eftocade en fe ga- rantiflant de l’épée de l’ennemi; c’eft-à-dire que la _ pointe de fon épée attaque le corps de l'ennemi, tandis que le talon défend le fien. | - Pour tirer avec oppoñition, il fant en détachant une effocade quelconque placer le bras droit & la main comme pour la parer: on tire avec oppofi- tion quand on détache l’eflocade comme je lai enfeigné. Voyeg ESTOCADE DE QUARTE, DE TIERCE, Éc. , On peut dire que l’oppoñtion eft une parade, puifqu’on ne peut oppofer fans faire un mouvement #emblable à celui de parer. Quand on fait aflaut, il faut être dans une continuelle oppofñition, & diri- get la pointe de fon épée fur l’eftomac de l’ennemi, tandis que du talon de l'épée on met la fienne hors l'alignement du corps. | Cette oppoñtion eft une efpece d’attaque, parce que l'ennemi qui veut comme vous diriger la poin- rte de fon épée fur votre corps, ne fouffre pas qu” elle en foit détournée, c’eft pourquoi ce mouve- .ment le détermine ou à dégager ou à forcer votre épée. | OPPOSITION, f. f. fe dit ez Affronomie , de l’af- peët ou de la fituation de deux étoiles ou planetes, lorfqu'elles font diamétralement oppofées l’une à l’autre, c’eft-à-dire éloignées de 180 deorés, ou de l'étendue d’un demi-cercle. Voyez CONJONCTION . 6 SYRIGIE. Quand la lune eft diamétralement oppofée au foleil, de forte qu'elle nous montre fon difque en- y Tome XI, | Ja PP 513 tie? éclairé, elle eft alors en oppofrion avec le fo. leil, ce qu'on exprime communément en difant qu’elle eft dans fon plein, elle brille pour - lors tout le long de la nuit. Voyez LuNE 6 PHASE. | Les échpfes de lune n'arrivent jamais que quand cette planete eft en oppoftion avec le foleil, & qu’elle fe trouve ontre cela proche des nœuds de Péchiptique. Foyez ÉCLIPTIQUE. Maïs dans le rems de fon oppcffrion avec le {oleil eft plus proche de la terre que du foleil; cela viént, 1°. de ce que les otbites de mars & de la terre ont le foleil pour centre où pour foyer commun ; 2°. de ce que dans le tems où mars eft en oppofition avec le foleil, la terre eft entre cette planete & le toleil ; 3°. de ce que le rayon de l'orbite de mars eft moins que double de la diftance de la rerre au {oleil, Voyez Mars. Chambers. (O) | OPPOSITION, f. f. terme de Rhésorique, é’eft une figure de rhétorique, par laquelle l’on joint deux chofes qui en apparence font incompatibles, com- me quand Horace parle d'une folle fageffe, & qu’Ana- créon dit que l’amour eft une aimable folie. Cette figure qui femble nier ce qu’elle établit, & fe con- tredire dans fes termes, eft cependant trés-élégante ; elle réveille plus que toute autre l’attention & Pad- muration des leéteurs, & donne de la grace au dif- cours, quand elle n’eft point recherchée & qu’elle eft placée à propos. Voulez-vous un exemple d’une oppofitior brillante moins marquée dans les mots que dans la penfée, je n’en puis guere citer de plus heureufe que celle de ces beaux vers de la Henriade, chant IX, Les amours enfantins défarmoient ce héros, » . ; . « - ] 5 AE L'un senoit Ja cuirajfe GRO de jang APE L'autre avoit détaché fa rédoutable épée, Et rioit, en tenant dans {es débiles mains Ce fer l'appui du trône, & l’effroi des humains, I falloit dire , peut-être /’efroi des ennemis. (D. JT.) OPPOSITION, ( Jurifprud. ) fignifie en général un empêchement que l’on met à quelque choie : 1l Ya. des oppofitions de plufieurs fortes, favoir. , OPPOSITION A FIN D’ANNULLER , eft une oppo/f- tion au decret qui tend à faire annuller la faifie-réelle & les criées ; elle eft ordinairement formée par la partie faifie, & Îe fait par rapport à la forme ou par rapport à la matiere, L oppofiiou a fin d'annuler fe fait par rapport à la forme lorfque la faifie-réelle ou les criées n’ont pas été valablement faites, c’eft-à-dire que lon n'y a pas obfervé les formalités établies par les ordon- nances, coutumes & ufages des lieux. Elle fe fait par rapport à la matiere quand la fai- fie-réelle & les criées ont été faites pour chofes non düûes par celui fur qui elles ont été faites. La partie faifie n’eft pas la feule qui puiffe s’oppo- fer à fin d’annuller, un tiers peut aufli le faire lor£ qu'il eft propriétaire des héritages faifis réellement ; mais s'il y à quelque immeuble ou portion qui ne lui appartienne pas, il ne peut s’oppoter qu’afin de diftraire. Voyez OPPOSITION À FIN DE DISTRAIRE. Au-lieu de s’oppofer à fin d’annuller, on prend fouvent le parti d'interjetter appel dela faifie & de tout ce qui a fuivi, & l’on peut également par cette Voie parvenir à faire annuiler la faifie - r'elle & le criées ü elles font mal faites. Voyez le Traité de La vente des immeubles par decret. (A) OPPOSLTION A FIN DE CONSERVER, eff celle qui eft formée à un decret par un créancier de la par- tie faifie afin d’être colloqué pour fon dû ; en l'ap- pelle afin de conférver, parce qu’elle tend à ce que l’oppofant foir confervé dans tous fes droits, privi- leges & hypotheques & à ce qu'il foit payé, fur le prix de l’adjudication , de tout ce qui lui eftdûen Ttty si4 O P P principal, intérêts & frais, par privilege s'ilen a un, ou par hypotheque sil en a une, Cette oppojition eft reçue par-rout jufqu’à Padju- dication , le faififfant eft tenu d’en former une pour être colloqué. Voyez OPPOSITION EN SOUS- ORDRE, Il y a une forte d’oppofrion a fin de conferver, qui eft une oppofition au fceau pour être payé fur le prix d'un office, Voyez ci-après OPPOSITION AU SCEAU. OPPOSITION AUX CRIÉES, eft la même chofe auoppofition au decret. Voyez auffe OPPOSITION À FIN D'ANNU LLER ; À FIN DE CHARGE, A FIN DE CONSERVER, & À FIN DE DISTRAIRE. OPPOSITION AU DECRET VOLONTAIRE 0% roRCÉ , eft celle que l’on fait pour la confervation de quelque droit que lon prétend avoir fur le prix faif: il y en a de cinq fortes, favoir loppo/irion à fr d'annuler, Voppofision à fin de charge, loppofition a fin de confèrver, Voppofition a fin de diftraire, & lop- pofition en fous-ordre. Voyez l'article qui concerne chacune de ces différentes {ortes d’oppo/ition. L’oppofition à un decret équivaut à une demande, de maniere que les intérêts courent du jour de l’op- pofition ; elle ne tombe point en peremption lorf- qu'il y a établiflement de commiflaire & des baux faits en conféquence. Voyez CRIÉE, DECRET, SAISIE-RÉELLE , SUBHASTATION. OPPOSITION À LA DÉLIVRANCE, eft lorfqw'un créancier, ou quelque autre prétendant droit à la chofe, s’oppofe à ce qu'aucune fomme de deniers foit payée à quelqu'un, ou à ce qu'on leur fafñe la délivrance d’un legs ou autre eñet, OPPOSITION A FIN D'HYPOTHEQUE, c’eft ainfi que lon appelle au parlement de Bordeaux ce que nous appellons communément oppofition a fin de con- ferver. Voyez Le recueil de Queflions de M. Bretonnier au z10t DECRET. OPPOSITION À UN JUGEMENT. Voyez OPPOSI- TION À UN ARRÊT, 6 OPPOSITION A UNE SEN- TENCE. OPPOSITION À UN ARRÊT, a lieu dans plufieurs cas : on eft recevable en tout tems à s’oppofer à un arrêt par défaut faute de comparoir en refondant les frais de contumace, parce qu'il n’y avoit pas de pro- cureur pour le défaillant ; ilen eft de même d’un arrêt fur requête, mais il faut s’oppofer dans la huitaine de la fignification aux arrêts par défaut faute de défen- dre ou faute de plaider :la tierce oppofftion à un arrêt fe forme par ceux qui ny ont pas été parties. Voyez ci-après OPPOSITION TIERCE. Quand l’oppofant eft non-recevable dans fon op- pofition, on le déclare tel ; ou s’il eft feulement mal fondé , on le déboute de {on oppofition. OPPOSITION A FIN DE CHARGE, eft un empè- -chement formé à nn decret volontaire ou forcé par celui qui prétend avoir quelque droit réel fur l’im- :meuble faifi , tel qu’un droir de fervitude , une ren- te fonciere ou autre droit réel 8 inhérent à la cho- ‘fe; il conclut à ce que limmeuble faifi réellement ne foit vendu qu'à la charge du droit réel qu'il pré- tend avoir deflus, de maniere que l’admudicataire en foit tenu, ainfi que l’éroit celui fur ‘qui la faifie- réelle a été fair. Cette oppojicion doit être formée avant le congé d’adjuger; cependant au châtelet êc dans quelques-autres jurifdiéions elle eft reçue juf- qu’à l’adjudication. OPPOSITION AUX LETTRES DE RATIFICATION, eft un empêchement que l’on forme entre les mains du greffier confervateur des hypotheques pour em- pêcher qu'il ne foit expédié en la grande chancel- lerie des lettres appellées de ratification , dont l'effet eft de purger les hy potheques fur les revenus du roi ou iur le clergé: ces oppofitions n’ont d'effet que pendant une année. Elles ne font point courir les intérêts de la créas ce comme l’oppo/ition à un decret, parce que le con- fentément des hypothèques n’a point de jurifdiétion. Voyez l'Edit du mois de Mars 1673 , le Traité de la vente des immeubles par decrer, de M. Dhericourt, ch. 1x, 6 le mot LETTRES DE RATIFICATION. (Æ) OPPOSITION MANDIÉE eft lorfqu’une partie fai- fie fait former par un tiers, & avec qui il eft d'in- telligence , un empêchement à la vente de fes meu- bles ou de fes fonds pour éluder la vente. (4) OPPOSITION À UN MARIAGE , eft un empêche- ment que quelqu'un forme à la publication des bans, & à la célébration d’un matiage projetté entre deux autres perfonnes. Cette oppofiion empêche le curé de paffer outre , jufqu’à ce qu'on lui en apporte main- levée. Les curés ou vicaires font obligés d’avoir des re- gifires pour y tranfcrire ces fortes d’oppofitions , &c les défiflemens & main levées qui en feront donnés par les parties , ou ordonnés par juftice. Ils doivent aufñ faire fisner les oppofitions par ceux qui les font, & les mains-levées par ceux qui les donnent ; & s'ils ne les connoïffent pas , ils doivent fe faire certifier par quatre perfonnes dignes de foi, que ceux qui donnent la main levée font ceux dont ileft parlé dans l’aête. | L'official ne peut connoître que des oppofitions où il s’agit de fædere matrimoni:, comme quand lFoppo- fant prétend que l’un des deux qui veulent contrac- ter mariage enfemble eft marié avec une autre per- fonne , ou qu'il y a eu des fiançailles célebrées. Mais les oppoftions que l’on appelle sreves, qui font celles formées par les peres, meres, tuteurs , curateurs & autres, qui n’ont pour objet que des intérêts temporels, doivent être portées devant le Se féculier, Voyez larrét du 20 Février 1733. A OPPOSITION AL’'ORDRE, eft la même chofe qu’op- pofition au decret, & fingulierement que l’oppo/irior afin de conferver. Ce terme convient fur tout dans les pays où on commence l’ordre avant de faire l’ad- judication. Voyez Le recueil de queffions de M. Breton- nier , au mot dcret, OPPOSITION A UNE SAISIE, eft un empêchement qu’un tiers forme à la vente d’une chofe mobiliaire ou immobiliaire , foit qu'il prétende droit à la chofe, ou feulement d’être payé fur le prix. Toute oppofition doit contenir éle&ion de domicile; & fi c'eft à un decret , elle doit être formée aw grefte. C’eft une maxime que tout oppofant eft faififfant, c’eft-à-dire que l’oppofirion équivaut à une faïfie, l'oppofition à une faifie réelle équivaut auffi à une demande par rapport aux intérêts. Voyez OPposI- TION AU DECRET, OPPOSITION AU SCEAU eft un empêchement qu'un créancier forme entre les mains de M. le garde des fceaux, en parlant au garde des rôles des offi- ces de France, à ce qu’aucunes provifons ne foient fcellées au préjudice de fes droits fur la procuration ad refgnandum de fon débiteur, pour faire paffer en la perfonne d’un autre l'office dont il eft revêtu. L'ufage de ces fortes d’oppofitions commença du tems du garde des fceaux du Vair. Ces oppofitions ont non-feulement l'effet d’empê- cher de fceller des provifionsau préjudice des créan- ciers ; elles procurent aufli l'avantage aux créan- ciers oppofans d’être préférés fur le prix de l'office à ceux qui n’ont pas formé oppofition , quand même ils auroïent un privilége fpécial fur la charge. Un mineur même n’eft pas relevé du défaut d’op- pofition au fieau , fauf fon recours contre fon tu- teur. | Il y a deux fortes d’oppofirion au fceau ; favoir, Toppoftion au titre, & celle qu’on appelle à fr de con- … ferver. L’oppofirion au titre eff celle qui fe fait par ceux qui prétendent avoir droit à un office royal, pour empêcher qu’aucunes provifhons n’en foient {cellées “à leur préjudice. Elle ne peut être faite que par le vendeur ou par fes ayans caufe, pour raïlon du prix de l'office qui Meur eft dû en tout ouen partie: 1l fautaufi ajouter ceux envers qui le tüulaire eft obligé pour fait de fa charge. | | - Celui qui a prêté les deniers pour l’acquifition , ne peut s’oppofer qu’à fin de conferver, & non au titre. À L’oppofition au titre doit être fignée d’un avocat au confeil , chez lequel l’oppofant élit domicile. Elle ne dure que fix mois; de forte que fi au bout de ce tems elle n’eft pas renouvellée, elle ne fert de rien. Quand l’oppofition au titre eft faite par des per- fonnes quin’avoient pas de qualité, pour la faire, on en prononce la main-levée,avec dommages &c inté- rêts. L’oppofition à fin de conferver eft celle qui fe for- me par le créancier d’un titulaire , à l’effet de con- ferver fes droits , privileges & hypothèques fur le - prix de l'office , au cas que le débiteur vienne à s’en : démettre au profit d’une autre perfonne. Cette oppofition n'a pas befoin d’être fignée d’un avocat au confeil ; elle n’empêche pas qu'on ne {celle des provifons ; elle opere feulement que les provifons ne font fcellées qu’à la charge de l'oppo/t- tion ; {on effet ne dure qu’un an, | Les huifiiers au confeil & ceux de la grande chan- cellerie ont feuls le droit de fignifier ioutes les op- pofitions au fceau entre les mains des gardes des rô- les, des confervateurs des hypothèques , & des gardes du tréfor royal , & de fignifier toutes les mains-levées pour raifon de ces oppofitions, Ils font pareillement feuls en droit de former les oppofitions qui furviennent au titre ou au fceau des rovifions des offices dépendans des ordres du roi, ie oppoñtions doivent être formées entre les mains du chancelier garde des fceaux de ces or- dres. Aucune oppofion au feeau ou au titre ne fait courir : les intérêts , parce que ce n’eft qu’un aéte conferva- toire. On forme de femblables oppofitions pour les offices royaux établis dans l'étendue de l'appanage d’un prince entre les mains du chancelier de Pappa- nage, en parlant à fon garde des rôles. Voyez leds du mois de Février 1683 , La déclaration du 17 Juin 1703 , Les arrêts du conftil des 14 Mai 1740 , & 2 Oc- sobre 1742. OPPOSITION AU SCELLÉ eft un aûte par lequel celui qui réclame quelqu’effet qui eft fous le fcellé, ou qui fe prétend créancier, protefte que le fcellé ne oit levé qu’à la charge de fon oppofition. Voyez SCELLÉ. OPPOSITION A UNE SENTENCE ef un aûle par lequel on empêche l'exécution d'une fentence fur- prife fur requête ou par défaut. Voyez ce qui a été dit ci-deflus de l’oppofition a un arrét, & SENTENCE. OPPOSITION EN SOUS-ORDRE eft un aéte par lequelile créancier d'un oppofant à une faifie réelle, s’oppofe à ce que la fomme pour laquelle fon débi- hiteur fera colloqué dans l’inftance d’ordre lui foit “délivrée, & conclut à ce que fur ladite fomme il foit payé de fon dû. L'oppofition en fous-ordre doit être formée au greffe avant que le decret foir levé & fcellé , antrement fi elle n’eft formée qu'entre les mains du receveur - des confignations, elle n’eft confidérée que comme une faife & arrêt. OPP 15 Les oppofans en fous-ordre font colloqués pour la créance de leur débiteur, fuivant l'ordre de ion hypothèque & fur fa collocation, chacun d'eux eit colloqué en fous-ordre , fuivant la date de ton hypo- thèque particuliere. Voyez M. d'Héricourt , ris. de la vente des immeubles par décret, & SOUS-ORDRE. (4) GPPOSITION EN SURTAUX eft un afte par le- quelun particulier taillable qui prétend que fa cotte de taille eff trop forte , eu évard à fes biens, com- merce & induftrie, fe plaint de fa taxe, & deman- de une diminution , déclarant qu'il et oppolfant à la taxe faite de {a perfonne à une telle fomme, & en même tems 1l donne aflignation aux habitans à comparoir en l’éleftion , pour voir dire que fa cotte demeurera réduite à une telle fomme, Voyez le code des tailles, & le mémorial alphatéiique des tailles au mot OPPOSANT, & ci-après SURTAUX , VAILLE. OPPOSITION TIERCE fe divde loppoftion qu'un tiers forme à un mariage, querqu’il ne prétende pas avoir d'engagement avec aucune des deux perfon- nes qui veulent fe marier enfemble ; telle efi l’op- pojirion des pere & mere, 6 autres parens , des tue teurs & curateurs, Ge, Voyez MARIAGE 6 OpPro:- SITION AU MARIAGE. OPPOSITION TIERCE eft celle qui eft formée con- tre uo jugement par un tiers qui n'y a pas été partie contradiétoire m par défaut. Cette oppofition le peut former en tout tems, mé: me contre les {entences, après le tems d'interjetter appel , parce que les fentences ne pañlent en force de chofe jugée qu’à l’ésard de ceux qui y ont été parties. Elle fe forme devant ie jnge qui a rendu Îe jupe- ment : $ l’oppofirion {e trouve bien fondée , le juge- ment eft retracte à l'égard du tiers-oppofant feule- ment ; fi l’oppofant fe trouve mal fondé , le tiers- oppofant eft condamné aux dépens & en l'amende portée par l'ordonnance, tit. 27, art, 10; favoir, 150 liv. fi la tierce oppo/irion eit contre un arrêt, & 75 Liv. fi c'eft contre une fentence. OPPOSiTION AU TITRE, C’eft-à-dire au titre d’un ofüce. Voyez ce qui ef dis ci-deffus a l'article OrPosi- TION AU SCEAU. mile OPPOSITION A LA VENTE eft l’empêchement qu'un tiers fait à la vente de biens fafis : par ce terme d’oppoftion a la vente | on entend pins cipalement ceile qui fe fait en ças de faifie z exé- cution de meubles , elle peut être faire par tous ceux qui prétendent avoir quelque droit foit de proprié- té, foit de privilege ou hypothèque fur les meubles, Voyez SAISIE & EXÉCUTION. L'oppofition a la vente d’un immeuble s'appelle communément oppofition au decret, Voyez CRIEES ; DECRET, SAISIE RÉELLE , OPPOSITION AU DE CRET, (4) OPPRESSEUR, f. m, OPPRIMER, v. a&.(Gram.) terme telatif au mauvais ulage de la puiflan- ce, On opprime, on mérite le nom d’opprefleur , on fait gémir {ous l'oppreffion, lorigue le poids de no- tre autorité paffe fur nos fujets d’une maniere qui les écrafe, & qui leur rend l'exiftence odieufe. On rend l'exiftence ogieufe en envalufant la liberté, en épuifant la fetture, en gênant les opinions, &cs Un peuple peut être oppriné par ion iouverain ,un peuple par un autre peuple. Fiechier dit quil y à peu de fureté pour les oppreffeurs de la liberté des peuples; mais c’eft feulement dans les premiers inf tans de l'opprefon. À la longue, on perd tout ien- timent ; on s’abrutit, & l’on en vient juiqu'a ado- rer la tyrannie, & à divimifer fes actions les plus atroces. Alors 1l n’y a plus de reficurce pour uñe nation , que dans uné grande révolution qui la répé- nere. Il lui faut une crife. M he Oppreffion a un fens relatif à l’économie animale, S16 OPT ‘On fe fent oppref[é , lorfque le poids des alimens fur- charge l'eftomac. Il y a oppref/ion de poitrine , lorf- -que la refpiration eft embarraflée , & qu'il femble -qu'on ait un poids confidérable à vaincre à chaque infpiration. OPPRESSION , f. £ (Morale & Polirig.) par un “malheur attaché à la condition humaine , les fujets font quelquefois foumis à des fouverains , qui abu- “ant du‘bouvoir qui leur a été confié , leur font “éprouver des rigueurs que la violence fenlé auto- rife. L’oppreffion eft toujours Le fruit d’une mauvaife “adminifiration. Lotfque le fouverain eft injuf- ‘te, ou lorfque fes repréfentans fe prévalent de “on autorité , ils regardent les peuples commé des animaux vils, qui ne font fais que pour ram- “per , & pour fatisfare aux dépens de leur fang , de leur travail & de leurs tréfors, leurs projets ambi- tieux , ou leurs caprices ridicules. En vain linno- -cence gémit, envain elle impiore la protection des dois, la force triomphe & iniulte à fes pleurs. Do- mitien difoit omnie ftbi 1m homines licere ; maxime “digne d’unmonftre , & qui pourtant n’a été que trop fuivie par quelques fouverains, OpPPRESSION, f. f. (Médec.) fymptome commun à diverfes maladies ; c’eft un fentiment d’étoufe- “ment & de fufocation dans l’hyftérifme, & autres maux de nerfs : on reflent de l’oppreffion dans la poi- trine , quand la refpiration eft lélée par quelque çaule que ce foit ; on éprouve de l’oppreffion dans l’eftomac, quand ce vifcere exerce une digeftion pénible. L'oppreffion qui vient d’une caufe externe, “e détruit en Ôtant cette caufe. | OPPROBRE, f. m. (Gram.) c’eft le mépris de la ociété dans laquelle on eft. Ce terme me femble “du moins avoir rapport à une certaine colleëtion ‘d'hommes. Ceux qui ont une conduite oppolée aux devoirs de leur état en font l’opprobre ; on eft l’op- _probre de l’églife, de la nation, de la littérature , de la magiftrature, de l’état militaire. Pour completer l’acception d’opprobre, à cette idée il faut encore en ajouter une autre, c'eft l’extrème degré de la honte & du mépris , encouru apparamment par quelqu’a&ion bien vile. Il fe dit auf d’une injure -grieve. Les Juifs firent fouffrir à J. C. mille oppro- bres. _ OPS, f. f. (Mychol.) c’eft la même déefle que Rhéa , femme de Saturne , & les anciens adoroïient fous ce nom la terre, à caufe de fa fécondité. On “repréfentoit Ops comme une matrone vénérable, qui tendoit la main droite, c’eft-à-dire , offroit fon “ecours à tout le monde , & de la gauche elle dif- ærnibuoït du pain aux malheureux. Ceux qui lui fa- -crifioient étoient afñs pendant le facrifice pour mar- “quer la ftabilité de la déefle. Elle avoit un temple à Rome que lui voua T. Tatius, roi des Sabins ; c’é- “toit dans ce temple qu’étoit le tréfor. Céfar y mit quiqu’à fept cent millions de fefterces, ce qui faifoit plus de foixante-dix millions de notre monnoie, An- :toine diftribua cet argent à fes amis & à fes créatu- res, Jugez par-là combien il enrichit de gens tout d’un coup. Nous n'avons point d'idée de pareïlles “profufons, (D. J.) OPSONOME , f. m. (Æif£. arc.) nom qu’on don- inoit dans l’antiquité à une forte de magiftrats d’A. ‘thènes, qui étoient au nombre de deux ou trois, & “qu'on prenoit dans le fénat ou dans le concile dou- EUX, Leur charge confifloit à avoir l’infpe&tion du marché au poiflon , & à prendre foin que tout s’y fit dans l’ordre & conformément aux foix. OPTATIF, adj. (Gramm.) une propoñtion op- zative eft celle qui énonce un fouhait, un defir vif, ‘Cet adjettif fe prend fubftantivemet dans la gram “maire grecque, pour défigner un mode qui eff pro- pre aux verbes de cette langue. OPT L'optatif eft un mode perfonnel & oblique, qui renferme en foi l’idée accefloire d’un fouhait. | Il eft perfonnel , parce qu’il admet toutes les ter= minaifons relatives aux perfonnes, au moyen def: quelles il fe met én concordance avec le fujet. l Il eft oblique , parce qu'il ne peut fervir qu’à conf: tituer une propofition incidente , fubordonnée à un antécédent qui neft qu'une partie de la propoñtion principale. Par-là même, c’eft un mode mixte com- me le fubjonétif ; parce que cette idée accefloire dem fubordination & de dépendance, quieft commune à l’une & à Pautre,;quoiquecompatibleavec lidée eflen- tiélle du verbe, n’yeft pourtant pas puifée, mais luiett totalement étrangere. Au refte, l'opratif eft double= ment mixte, puifqu'il ajoute à la figmification totale du fubjon@if, l’idée accefloire d’un fouhait, qui n'eft pas moins étrangere à la nature du verbe, Voyez MODE € OBLIQUE. Cette remarque me paroït bien plus propre à fixer l’optatif après le fubjon@tif dans l’ordre des modes, que la raifon alleguée par la méthode grecque de P. R. Zb. VIII, ch. x. d’après la doftrine d’Apollone d'Alexandrie , 26. III. ch, xxix. L’optatif en géne- ral admet les mêmes différences de téms que le fab- jondtif. ; Quelques auteurs de rudimens pouf la langue la- tine , avoient cru autrefois qu'à l’imitation de la lan- gue grecque , 1l falloit y admettre un oprarif, & l’on y trouvoit doétement écrit: optativo modo, tempore preferiti & imperfelo, utinam armarem , p/ur a Dien que j'aimaffe! &c. Mais puifque , comme le dit la grmmaire générale , part. II. ch. xvj. & comme le démontre la faine raïon, « Ce n'eft pas feulement » la manière différente de figmfer qui peut être fort » multiphée, maïs les différentes inflexions qui doi- » vent faire les modes »; 1l eft évident qu’il n’eftpas moins abfurde de vouloir trouver dans les verbes latins , un optatif femblable à celui des verbes grecs, qu'il ne left de vouloir que nos noms aient fix cas comme les noms latins, ou que dans 4p2 7avrw beonoyor , au-deffus de tous les Théologiens , saivruy Seoë Aïyer , quoiqu’au génitif, eft à l’accufatif, parce qu'en latin on diroit, fupra ou ante omnes thealogos. « C’eft, dit M. du Marlais (are, DATIF), abufer de » lanalogie , & n’en pas connoitre le véritable ufa- » ge, que d'en tirer de pareilles induétions ». ( M. E. R. M.) | OPTER, v. n. (Gramm.) 1l eft fÿnonyme à chor- fer. I faut opter entre la haine ou l'amour des peuples. Voyez l'aruicle OPTION. | OPTERES ox OPTERIES , f. f, (ÆL/f. anc.) c’é- toit chez les anciens le préfent qu’on failoit à un en- fant la premiere fois qu’on le voyoit. Ce mot vient du grec omropat , Je vois, Opterie{e difoit auf des pré- fens qu'un nouveau marié fatfoit à fon époufe, quand on le conduifoit chez elle & qu’on le lui pré- {entoit. Voyez Bartholin, de puer. verer. | OPTICIEN , f. m.(Gram.) celui qui fait lesinf£- trumens de l’Optique, ou qui donne des leçons de cette fcience. | OPTIMATES , f. m. pl. (H1f. anc.) terme dont on fe fervoit autrefois pour défigner une des portions du peuple romain , qui étoit oppofée à populares. Voyez POPULAIRE. Selon la diffin@ion des optimates & des populares, donnée par Cicéron , les optimates étoient les meïl- leurs citoyens , & ceux qui ne cherchoient dans leurs attions que l'approbation de la plus faine partie ; &e les populaires au contraire, fans fe foucier de cette efpece de gloire , ne cherchoient pas tant ce qui étoit jufte & bon en foi , que ce qui étoit agréable au peu- ple, & qui pouvoit leur être utile à enx-mêmes. D’autres difent que les oprimates étoient les plus ardens défenfeurs de la dignité des premiers magïf- frais, dz les plus zélés pou la gfandeur de état ; jquine s'embarrafloient point que les membres in- férieurs de l'état fouffriffent, pourvû que cela fervit äaugrmenter l'autorité des chefs ; & que les popula- res au contraire, étoient ceux qui recherchoient la faveur du bas peuple, & qui l’excitoient à deman- der les plus grands privileges pour contrebalancer la puiffance des grands. | LL OPTIMOS, MAXIMUS, (Lirrérar.) c’eft le nom le plus ordinaire que les anciens romains don- noient à Jupiter; comme étant celui qui caraétéri- Loit le mieux la divinité dans fes deux principaux at- ttibuts , la fouveraine bonté & la fouveraine puiffan- ce. (D. J.) | OPTIMISME , f. m. (PAi2.) on appelle ainfi l’o- pinion des philofophes qui prétendent que cé mon- de-ci eft le meilleur que Dieu püût créer, le meilleur des mondes pofüibles. Le pere Malebranche, & fur-tout M. Leibnitz, ont fort contribué à accrédi- ter cette opinion, voyez MALEBRANCHISME (es LEIBNITZIANISME. C’eft principalement dans fa théodicée que le dernier de ces philofophes a expli- qué & developpé fon fyfème. On peut en voir une idée dans fon éloge par M. de Fontenelle, mémoires de l'académie, année 1716. Il prétend parexemple, que le crimede Tarquin qui viola/Lucrece, étoit accefloi- re à la beauté &c à la perfeétion de ce monde moral, parce que ce ciime a produit la liberté de Rome, $z par conféquent toutes les vertus de larépubli- que romaine. Mais pourquoi les vertus de la répu- blique romaine avoient-elles befoin d’être précédées &c produites par un crime ? Voilà ce qu’on ne nous dit pas, & ce qu’on feroit bien embarraflé de nous dire. Et puis, comment accorder cet optimifme avec la liberté de Dieu, autre queftion non moins em- barraffante ? Comment tant d'hommes s’égorgent-ils dans le meilleur des mondes poffbles ? Et fi c’eft-1à le meilleur des mondes pofibles, pourquoi Dieu l’a- t-il créé? La réponfe à toutes ces queftions eft, en deux mots : 0 a/itudo | E:c, Il faut avouer que toute cette métaphyfique de l’oprimifme eft bien creufe. OPTION , f. £. (Jurifprud.) fignifie quelquefois la faculté que l’on a de choïfir une chofe entre plu- fieurs. Quelquefois aufi lon entend par le terme d'option, le choix même qui a été fait en conféquen- ce de cette faculré : celui qui a une fois confommé on oprion ne peut pas varier. Le droit d’optioz qui appartenoïit au défunt, n’é- tant pas confommé , eft tran{mifñble aux héritiers direéts ou coîlatéraux. Voyez Bacquet, des drours de Juflice, ch. xv. n. 77. Duplefs, sraité du douaire , &c traité de la continuation de communauté, (4) OpTioN , L f. (Arc milir, des Rom.) optio , ofi- cier d'infanterie , aide du centurion : on l’appelloit autrement wragus ; 1l marchoit à la queué des ban- des, &t fon pofte répondoit à celui de nos fergens. On Pappelloit option, du mot opto, je choifes, parce qu’il dépendoit du centurion de choifir qui il vou- loit pour cet emploi ; cependant dans les commen- cemens de la république , l'opsion étoit nommé par le tribun ou le chef de la légion. (D. J,) OPTIQUE, ez Anatomie, eft la dénomination qu'on donne à deux nerfs de la feconde conjugaifon, qui prennent leur origine des cuiffes de la moëlle allongée, & qui vont aux yeux. Voyez Planches anaz. & leur explic. Voyez auffiau mas NERF. Ces nerfs s’approchent peu-à-peu, à mefure qu’ils s’éloignent de leur origine, & s’uniflent enfin à la bafe du cerveau, proche de l’entonnoir. Ils fe fépa- rent enfuite, mais fans fe croifer , & il en va un à chaque œil. Voyez ŒIL. | Ils font revêtus de deux tuniques qui viennent de Ja dure & de la pie-mere, & forment par leurs ex- OPT $17 panñons les deux membranes des yeux, qu'on ap- pelle Za choroïde & la féléretique, Voyez CHoRoÏDE € SCLÉROTIQUE. . | La rétine qui eft une troifiemé membrane ; & l’ot- gane immédiat de la vûe, n’eft que l’expanfon de la partie fibreufe on intérieure de ces nerfs. Voyez RÉTINE, | | La conftrüétion des nerfs opriques eft tont-à-fait différente de celle des autres nerfs , qui tous paroiïf- fent compofés de dures fibres; car ceux-ci avant d'entrer dans lorbite de l'œil, ne font qu’une tuni- que ou un canal formé par a pie-mere, qui enfer- me une production de la moëlle du cerveau, & que l’on en fait aifément fortir. À leur entrée dans les yeux ils reçoivent une autre tunique de la dure. mere ; 6€ ces deux tuniques font attachées enfemble par des filets prodigieufément menus. Celle qui eff formée par la dure-mere fe prolonge jufqu’à la cho- roide , & celle qui l'eft par la dure-mere , jufqu’à luvée. JE Depuis leur entrée dans l’orbite de léeil jufqu'à la prunelle, la moëlle enfermée dans ces deux tuni: ques fe féparent en une grande quantité de petites cellules qui répondent l’une à l’autre, Foyer Viston: Le leéteur ne fera point furpris f nous ajoutons ici différens points qui peuvent fervir à expliquer divers phénomenes de la vifion. Il faura donc qu'on a beaucoup difputé {ur l’union de ces nerfs. Gälien dit qu'ils fe joignent & ne fe croïfent pas, comme Gabriel de Zerbis & autres l’ont penié depuis. Vé- fale a confirmé la chofe par une expérience. Dans une maladie 1l trouva le nerf droit plus grêle, de- vant & derriere leur union; le gauche au contraire, étoit dans fon état naturel : Valverda dit avoir {ou- vent fait la même remarque. Riolan, Santorini, Chefelden, Loefelius viennent à l’appui du même fait; Véfale a encore l'exemple d’un homme dent les nerfs n’étoienr pas unis, & qui n’avoit rien de dérangé dans la vifion. Charles Étienne , Colombe, Cafléricq , Hovius, Briggs & Boerhaave font tous du même avis. Galien dit que cette union eft caufe que nous ne voyons qu'un objet, quoique nous ayons deux ÿeux. Enfute le grand Neuwton a propolfé dans fes petites queftions, la même opinion qu’avoit notre auteur ; favoir que la moitié droite des deux yeux venoit de la couche droite du cerveau, & que les moitiés gauches de l’un & l’autre œil, venoient de la couche gauche. Voilà en paflant, la raifon pour laquelle Les maux de Poil droit paffent fi facilement dans l'œil gauche. Lorfqu’on coupe le nerf oprique droit, les deux yeux perdent la vûe , fuivant l’ob- fevration de Magatus. Dans les paralyfes chroni- ques , les deux yeux font prefque inutiles, au juge- ment de S. Yves; & Méibom a vu ure patalyfe à l'œil droit naître de la bleffure du gauche. Selon Stenon les nerfs ne font point unis dans leur épaif- feur , fi ce n’eft dans le lamia. Willis, Briges, € font dans la même opinion. Monroo, Bartholin & autres , prétendent auf que cette union ne fe trou- ve point dans le caméleon ; mais MM. de l’académie de Paris, ont démontré après Valifnieri, que ces netfs s’unifloient dans cet animal comme dans tous les autres, à l'entrée du nerf oprique, Dans l’œilil ÿ a une papille évidente, applatie : au milieu du fond de cette papille fort une artériole , très-facile à voir dans le bœuf, décrite dans le lion , par MM, de l’a- cadémie de Paris, par Perrault, Ridley, Morga- 0e &c:1l y en a quelquefois plufieurs enfemble, e Haller , comment. Boerrh. . OPTIQUE, Î. £ (Ordre encyclop. Entendement , Raïa O7. philofoph. ou [cience, Science de La nat. Marhém, Mathématiques mixtes, Optique ) , eft proprement la fcience de la vifion direéte, c’eft-à-dire, de la vis 518 OFTLR Son des objets par des rayons qui viennent direéte- ment & immédiatement de ces objets à nos yeux fans être ni rompus, mi réfléchis par quelque corps. Poyez Division. Ce mot vient du grec éwrouar , Je ÊTOIS. Opiiqne , fe dit auffi dans un fens plus étendu de la fcience de la vifion en général. Voyez VISION, 6. L’Optique prife en ce dernier fens, renfermela Ca- toptrique &c la Dioptrique ,& même la Perfpective. Barrow nous a donné un ouvrage intitulé /eéfiones opticæ, leçons optiques, dans léfquelles il ne traite que de la Catroptrique &c de la Dioptrique. Voyez CATROPTRIQUE , DIOPTRIQUE , & PERSPEC- TIVE. On appelle auffi quelquefois Optique, la partie de la Phyfque qui traite des propriétés de la lumiere & des couleurs, fans aucun rapport à la vifion; c’eft cette fcience que M. Newton a traitée dans fon ad- mirable optique, où il examine les différens phéno- menes des rayons de différentes couleurs, & où 1l donne fur ce fujet une infinité d'expériences curieu- fes. On trouve dans le recueil des opufcules du même auteur, imprimé à Laufanne, en 3 vol. 22-4°. un autre ouvrage intitulé /eéfiones opticæ, dans le- quel il traite non feulement des propriétés généra- les de la lumiere & des couleurs , mais encore des lois générales de la Dioptrique. Voyez LUMIERE. 6 COULEUR. L'Oprique prife dans le fens le plus particulier & le plus ordinaire qu’on donne à ce mot, eft une par- tie des mathématiques mixtes, où l’on explique de quelle maniere la vifion fe fait, où l'on traite de la vüûe en général, où l’on donne les raïfons des diffé- rentes modifications ou altérations des rayons dans leur pañlage au-travers de l’œil , & où lon enfeigne pourquoi les objets paroïffent quelquefois plus grands , quelquefois plus petits, quelquefois plus diflinds, quelquefois plus confus, quelquefois plus proches, quelquefois plus éloignés, 6'c. Voyez Vi- SION, ŒIL »; APPARENT, Éc. L'Oprique eft une branche confidérable de la Phi- lofophie naturelle , tant parce quelle explique les lois de la nature, fuivant lefquelles la vifion fe fait, que parce qu’elle rend raifon d’une infinité de phé- nomenes phyfiques qui feroient inexplicables fans fon fecours. En effet, n’eft-ce pas par les principes de l’'Optique qu'on explique une infinité d'illufions ès d’érreurs de la vûe, une grande quantité de phéno- menes curieux, comme l’arc-en-ciel, les parhélies, l'augmentation des objets par le microfcope & les lunettes ? Sans cette fcience, que pourroit-on dire de fatisfaifant fur les mouvemens apparens des pla- netes, & en particulier fur leurs ftations & rétrogra- dations , fur leurs échipfes, &c ? On voit par conféquent que l’Oprique fait une par- tie confidérable de l’Aftronomie, & de la Phyfique. Mais cette partie fi importante des mathémati- ques, eft d’une difficulté qui égale au-moins fon uti- lité. Cette difficulté vient de ce que les lois généra: les de la vifion tiennent à une métaphyfique fort élevée, dont il ne nous eft permis d’appercevoir que quelques rayons. Auffi n’y a-t-il peut-être point de fcience fur laquelle les Plulofophes foient tom- bés dans un plus grand nombre d'erreurs ; il s’en faut même beaucoup encore aujourd’hui, que les princi- pes généraux de l'Oprique & fes lois fondamentales, foient démontrées avec cette rigueur & cette clarté : qu’on remarque dans les autres païties des Mathé- matiques. On ne viendra à bout de perfeétionner cette fcience , que par un grand nombre d’expérien- ces, & par les combinatfons qu'on fera de ces exe périences entre elles, pour tâcher de découvrir d’une maniere sûre &invariable les lois de la vifion, & Les cauies des différens jugemens, ou plutôt des O PT différentes erreuts de la vûe. Pour fe convaincre de ce que nous venons d'avancer, comme aufhi pour fe mettre au fait des progres de l'Opcique, &t du che- min qui lui refte encore à faire, il fuffira de par- courir les principaux ouvrages qui en traitent, Il eft affez probable , felon M. de Montucla, dans fon hif£, des Mathématiques, que la propagation de la lumiere en ligne dtoite , & l'égalité des angles d'in- cidence & de réflexion (voyez LUMIERE ), fut con- nue des Platoniciens ; car bientôt après, on voit ces vérités admifes pouf principes.On attribue à Eu- clide deux livres d’Opzique, que nous avons fous {on nom, & dont le premier traite de POprique pro- prement dite, le fecond de la Catoptrique , la Diop- trique étant alors inconnue ; mais cet ouvrage eff fi plein d'erreurs, que M. Montucla doute avec raïion "sil eft de cet habile mathémaricien, quoiqu'il foit certain qu'il avoit écrit {ur l’Opzique : d’ailleurs M. Montucla prouve invinciblement que cet ouvrage a du-moins été fort altéré dans Les fiecles fuivans, & qu’ainf 1l n’eft pas au-moins tel qu'Euclide la- voit fait. Prolomée , l’auteur de l’Almagefte ( voyez AL- .MAGESTE 6 ASTRONOMIE ), nous avoit laïfié une optique fort étendue qui n’exifte plus. Dans cette optique, comme nous l’apprenons par Alhafen, & par le moine Bacon qui la citent , Piolomée donnoit uné aflez bonne théorie pour fon tems de la réfra- ion aftronomique , & une affez bonne explication du phénomene de la lune vue à Phorifon , explica- tion à-peu-près conforme à celle que le pere Male- branche en a donné depuis. Voyez VIsiON & AP- PARENTE. On y trouvoit aufli la folution de ce beau problème de Catoptrique, qui confifte à trou- ver le point de réflexion fur un miroir fphérique, l'œil & l’objet étant donnés. Du refte, à en juger par l'optique d’Alhafen, qui paroïît n'être qu’une copie de celle de Ptolomée, 1l y a lieu de croire que celle-ci contenoit beaucoup de mauvaife phyfique. Cet Aïlhafen étoit un auteur arabe, qui vivoit, à ce qu’on croit, vers le x1]. fiecle; fon oprique , quoique très-imparfaite, même quant à la partie mathéma- tique, eft fort eftimable pour fon tems : Vitellion qui l’a fuivi, n’a guere fait que le copier en le met- tant dans un meilleur ordre. Maurolicus de Mefine, en 157$, commença à dévoiler Pufage du cryftallin dans fon livre de lu- nine G umbré, & 1l réfolut très-bien le premier La queftion propofée par Ariftote, pourquoi l’image du foleil reçue à-travers un trou quelconque, eff femblable à ce trou à une petite diftance, & circu- laire , lorfqu’elle s'éloigne beaucoup du trou ? Porta dans fon livre de la Magie naturelle , donna les principes dela chambre obfcure (voyez CHAM- BRE OBSCURE ) ; & cette découverte conduifit Ke- pler à la découverte de la maniere dont fe fait la vifion ; ce grand homme apperçut & démontra que l’œ:il étoit une chambre obfcure, & expliqua en dé- tail la maniere dont les objets venoient s’y peindre. ( Voyez Vision & ŒIL ARTIFICIEL. ) C’eft ce que Kepler a détaillé dans fon Æ/ronomiæ pars optica , Jeu paralypomena in Vitellionem ; ouvrage qui con- tient beaucoup d’autres remarques d'Oprique très- intéreflantes. Antoine de Dominis,dans un ouvrage aflez mauvais d’ailleurs, donna les premieres idées de l'explication de l’arc- en-ciel (voyez ARC-EN- CIEL), Defcartes la perfeétonna, & Newton y mit la derniere main. Jacques Gregort , dans fon opzica promota, propofa plufieurs vües nouvelles & utiles pour la perfe&tion des inftrumens optiques , & fur les phénomenes de la vifion, par les miroirs ou par les verres. Barrow, dans fes lecliones opricæ , ajouta de nouvelles vérités à celles qui avoient déja été découvertes, Voyez DIOPTRIQUE, MIROIR , & CA- TOPTRIQUE ; TOPTRIQUE ; mais le plus confidérable & le plus complet de tous les ouvrages qui ont été faits fur l’'Optique, eft l'ouvrage anglois de M. Smith, intitulé opticks, {yflème complet d’Oprique, en deux volumes in-4°. L'auteur y traite avec beaucoup d’étendue tout ce qui appartient à la vifion, foit par des rayons dire@s, foit par des rayons réfléchis, foit par des rayons rompus. À l'égard des inventions des /unes- ses des téleftopes, &c. Voyez ces mots à leurs larticles. De l’Oprique naît la Perfpeétive, dont toutes les regles font fondées fur celles de l'Oprique; la püpart des auteurs, entre autres le pere Jacquet , font de la Perfpe@ive une partie de l'Oprique : quelques-uns | comme Jean, évêque de Cantorbery , dans fa per- fpeüliva communis, réumiflent lOprique, la Catoptri- que , & la Dioptrique, fous le nom général de per- Jpeitive. Voyez PERSPECTIVE. | L'Oprique en général, foit qu’elle ne confidere que la vifion par des rayons direëts , foit qu’elle confi- dere la vifion par des rayons réfléchis où rompus, a principalement deux queftions à réfoudre ; celle dela diftance apparente de lPobjet ou du lien au- quel on le voit, fur quoi voyez DisTANCE & Ap- PARENT & celle de la grandeur apparente du mé- me objet, fur quoi voyez l’article APPARENCE 6: Particle Vision. À l'égard des lois de la vifion par des rayons réfléchis ou rompus, voyez aux articles APPARENT, MIROIR, CATOPTRIQUE, & Diop- TRIQUE , ce que l’on fait jufqu’à préfent fur ce fu- jet, & qui laffe encore beaucoup à defirer, ainfi que les lois connues ou admifes jufqu’à préfent fur la vifñon direéte. Voyez auf la fuite de cet article fur les zrépalités optiques. OPTIQUE , pris adjeétivement , fe dit de ce qui a rapport à la vifion, Voyez Vision, &c. Angle optique, Voyez ANGLE. Cône oprique , eft un faceau de rayons, qu’on imagine partir d’un point quelconque d’un objet, & venir tomber fur la prunelle pour entrer dans l'œil. Foyez plus bas PINCEAU OPTIQUE. Axe optique , eft un rayon qui pafle par le centre de l'œil , & qui fait le milieu de la pyramide ou du cône optique. Voyez AXE. Chambre oprique , voyez CHAMBRE OBSCURE. Verres optiques , {ont des verres convexes ou con- caves, qui peuvent réunir ou écarter les rayons, & par le moyen defquels la vûe eft rendue meil- kure, ou confervée felle eft foible, &c. Foyez VERRE , LENTILLE, LUNETTE, MÉNISQUE , 6c. Inépalité oprique , fé dit en Affronomie , d’une ir- régularité apparente dans le mouvement des plane- tes ; on l'appelle apparente , parce qu’elle n’eft point dans le mouvement de ces corps, mais qu’elle ne vient que de la fituation de l'œil du fpettateur, qui fait qu'un mouvement qui feroit uniforme , ne pa- toit pas tel; cette illufon a lieu, lorfqu’un corps fe meut uniformément dans un cercle, dont l’œil n’oc- cupe pas le centre. Car alors le mouvement de ce corps ne paroïit pas umforme, au lieu que fi œil étoit au centre du mouvement, 1lle verroit toujours umforme. IA On peut faire voir par l'exemple fuivant, enquoi confifie l'inégalité opsque. Suppolons qu'un corps 1e meuve dans la circonférence du cercle ABD E FG Q PK Planche optique, fix. 40. ), & qu'il par- courre les arcs égaux 4B, BD,DE,E£EF, en tems égaux ; fuppofons enfuite que l’œil foit dans le plan du même cercle , mais qu’il foit hors du cer- cle, par exemple en O , & qu'il voie de-là ie mou- vement du corps dans le cercle 4 B Q P : lorique le corps vient de 4 en B, fon mouvement apparent eft mefuré par lPangle 4 O B, ou par larc AL, qu'il femble décrire ; mais dans un tems égal, qu’il met enfuite à parcourir l'arc 2 D, fon mouvement Tome XI, O PT S19 apparent eft mefuré par l'angle B O D, ou par Parc LM, qui eit moindre que le premier arc AL : quand. le corps fera arrivé en D, il fera vu au point M de la ligne N L M. Or il emploie le même tems à par- courir DE, qu'à parcourir 4 B ou B D, & quand. il eft arrivé en £ , il eft vu encore en M, c’eft-à- dire, qu'il paroît à-peu-près ftationnaire pendant le tems qu'il parcourt D Æ, Quand il vient enfuite en F, l’œille voit en L , & quand il eft en G, il paroïît en À, de forte qu'il femble.avoir retourné fur fes pas, on être devenu rétrograde ; enfin, depuis Q jufqu'en P, 1l paroït de nouveau à-peu-près ftation- naire. Voyez STATION & RÉTROGRADATION. On voit par cette explication, que l’inégalité dont nous parlons , dépend de la fituation de l'œil qui n’eft point au centre du mouvement de la planete : car fi l’œil au lieu d’être en O , eft tranfporté au point C (fig. 40. n°. 2.) , & qu'il y demeure pen- dant tout Le tems d’une révolution de la planete, äl eft évident que puifque la planete parcourt felon notre fuppoñtion des arcs de cercle égaux dans des tems égaux, le fpeltareur n’appercevra du point €, que des mouvemens parfaitement égaux entre eux. Si l’on prenoit dans le cercle tout autre point que le centre, 8 que l’obfervateur fht, par exemple, (fig. 40. n°. 3.) fitué au point ©, entre le centre &t la circonférence : alors quoique la même planete parcourût des arcs égaux dans des tems égaux, fon mouvement paroîtroit néanmoins fort inégal, vu du point © : car lorfque la planete fera dans fa plus grande diftance du point 4, fon mouvement paroî- tra fort lent; au contraire il paroïtra très-rapide lorfqw’elle fe fera approchée du point €, le plus près qu'il eft poffble ; ce qui eft évident, puifque l’an- gle CO D eft beaucoup plus grand que l'angle 4 Q@ B , quoique lesarcs 48, CD, foient égaux entre eux. Cependant il faut bien remarquer, que dans cette fuppoñtion de l'œil placé entre le centre & la circonférence , jamais la planete ne fauroit paroître ftationnaire ni rétrograder; d’où il s'enfuit, que s’il arrivoit que l’obfervateur vint à découvrir la plane- te tantôt direéte, tantôt {tationnaire, & tantôt ré- trograde, il faudroit conclure qu'il auroit lui-même un mouvement particulier, 8 que fon œil ne feroit plus fitué dans un point f#xe ou immobile, comme on l’a fuppofé jufqu’ici. {nfhic. affron, p.14, [left vifible par la figure 40, n°, 2. que fi Poil eft placé en O , &c que le corps fe meuve uniformé meñt autour du centre C, fon mouvement paroitra s’accélérer continuellement de 4 en M; car les aics AB, BN, ND, &c, étant fuppofés égaux, les angles 4 OB,BON,N OD , &c. vonttou- jours en croiflant, #7 le mouvement à de très-gran- des diftances eft proportionnel à ces angles. Woyez APPARENT. On appelle cette inégalité Zrégaliré optique, pour la diftinguer de l'inégalité réelle; car dans l'expli- [- cation que nous venons de donner de l'inégalité op- tique , nous avons fuppolé que le mouvement de la planete ou du corps dans la courbe 4E G P étoir uniforme, &z que cette courbe étoit un, cercle , au lieu qu’en effet cette courbe ef une ellipfe dont la planete ne parcourt point des arcs épaux en tems égaux. Ainf le mouvement des planetes eft tel qu’il n’eft pas uniforme en lui-même , & que quand il le feroit , il ne nous le paroïtroit pas. C’eft pourquoi on diftingue dans ce mouvement deux inégalités, lune optique , l’autre réelle. Foyez Assozu & ÉQUATION. | Siun corps fe ment autour d’un point quelconque, de {ortequ'ldécrive autourde ce point des airs pro: portionnels aux tems, fa vitefle angulaire apparente à chaque inftant , fera en raifon inverfe du quarré de la diftançe ; car puifque linftant Ne conftant, | ABUANE 520 OPU l'aire et conftante, l'arc circulaire décrit du centre &t du rayon vecteur eft en raifon inverfe de la dif- tance. Or pour avoir langie, 1l faut divifer cet arc par le rayon ; donc la vitefle angulaire , ou l'angle décrit pendant un inftant conftant, eft en raifon in- verfe du quarré de la diftance au centre. Or dans les planetes cette vitefle angulaire eft la viteffe ap- parénte, parce que les planetes érantfort éloignées, paroïflent toujours à l’œil fe mouvoir circulaire- ment. Voyez APPARENT. On appelle en général 4//ufions optiques | toutes les erreurs où notre vüe nous fait tomber fur la dif- tance apparente des corps, fur leur figure, leur grandeur , leur couleur, la quantité & la direc- tion de leur mouvement. Voyez APPARENT, &c. Pinceau optique, ou pinceau de rayon , c’eft Paf- femblage des rayons, par le moyen défquels on voit un point ou une partie d’un objet. Voyez Pin- CEAU:. Quelques écrivains d'Oprique regardent ces pré- tendus pmceaux comme une chimere. Cependant on ne fauroit douter de l’exiftence deces pinceaux, { on fait réflexion que chaque point d’un objet pou- vant être vû de tous côtés, envoye néceffairement des rayons de toutes parts & dans toutes fortes de direétions, & que par conféquent plufieurs de ces rayons tombent à-la-fois fur la prunelle qui a une certaine largeur, & que ces rayons traverfent en- fuite le globe de loœil où ils font rompus & rappro- chés par les différentes liqueurs dont le globe de Pœil eft compolé , de maniere qu'ils fe réumifent au fond de l'œil. Cette réunion eftnéceflaire pour la vifion diftinéte ; & le fond de l'œil eft une efpece de foyer où doivent fe raflembler les rayons que chaque point de l’obiet envoie. Voyez la fig. d’'Optique ,où Beft le point vifible ; G S', le cryftal- lin, &C, le foyer des rayons envoyés fur le cryf- tallin. Voyez auffi Visio. Lieu optique d’une étoile, c’eft le point du ciel où il paroît à nos yeux qu’elle eft. Voyez Leu. Ce lieu eft ou vrai ou apparent; vrai, quand l'œil eft fuppofé au centre de la terre ou de la planete de laquelle on fuppofe qu'il voit; & apparent, quand l’œil eft hors du centre de la terre ou dela planete. Voyez APPARENT & PLANETE. La différence du lieu vrai au lieu apparent , forme ce que nous appellons .parallaxe. Voyez PARALLAXE. | _ Pyramide oprigue fe dit dans la perfpe&tive d’une pyramide 4 B CO ( PL, perfpeit. fig. r.), dont la bafe eit l'objet vifible À BC, & dont le fommet eft dans l’œil O. Cette pyramide eft formée par les rayons qui viennent à l’œil des différens points de la cr- œonférence de l’objet. On peut auffi entendre facilement par cette déf- nition ce que c’eft que le triangle oprique. C’eft un triangle comme 4 C O , dont la bafe eft une des H- gnes droites 4 € de la furface de Pobjet, & dont les côtés font les rayons O 4,0 €. Rayons optiques fe dit principalement de ceux qui terminent une pyramide ou un triangle optique, comme O 4, O0C,OB, &c. Chambers. (O0) OPULENCE , f. f. OPULENT , adj. ( Gram. ) termes qui défignent /a grande richeffe , ou celui qui Ja poffede. Nous ne dirons ici qu'un mot, bien ça- pable d'infpirer du mépris pour l’opulence ; & de confoler ceux qui vivent indigens ; c’eft qu'il eff rare qu'elle n’angmente pas la méchanceté naturelle, & qu’elle fafle le bonheur. OPUNTE, (Géog. anc.) en latin Opus , au géni- tif Opuntis, ancienne ville de Grece dans la Lo-- cride : c’étoit la capitale des Locres Opuntiens. Strabon fait cette ville métropole des Locres Epi- cnemidiens ; c’eft qu'avec le tems, les Locres Opun:- %iens furent diflinguès des Epiçnemidiens, Opunre étoit à demi-lieue de la mer, fur un golfenoiné paf les anciens Opuntins finus. Ce golfe eft proprement le détroit qui fépare l’Eubée de ce pays, & qui s’élargit dans cet endroit. Tous les anciens ont parlé d'Opunte , Homere, Pindare, Strabon , Mela, Tite- Live, &c. C’étoit la patrie de Patrocle au rapport d'Ovide après Homere ; qui en étoit encore mieux inftruit, (D. J.) | OPUNTIA, ( Botanig. ) genre de plante, dont voiciles caracteres. Sa fleur a plufieurs pétales étene dus en rofe ; du milieu de ces pétales part un grand nombre d’étamines, fituées {ur la fommité de l’o- waire. L'ovaire dégénere enfuite en un fruit charnu, qui a un nombril & une pulpe molle, dans laquelle font contenues plufeurs femences ordinairement anguleufes. dde Tournefort compte neuf efpeces d’opuntia | & Miller onze , entre lefquelles il y en a dix étrange- res,& natives des Indes occidentales. Nous appellons en France cette plante fguier d'Inde ou raguerte. Voyez RAGUETTE. | | L'arbre fur lequel fe nourrit la cochenille eft l’ef. pece d’opuntia, que le chevalier Hans-Sloane ap- pelle opuntia maxima , folio oblongo , rotundo, ma Jore, fpinulis obtufes , mollibus , obrio flore, ffris ru= bris, variegato. Hift, Jamar. ÿ. 152. On en a parlé au mot NOPALE, qui eft le nom des Américainsa CDS) 4 OPUNTIOIDES, (Botan.) plante mafine, efpece de lychen, dure , fragile & refflemblante à l’opon- tia ou figuier d'Inde, OPUS , ( Géog. } île de la Dalmatie entre le golfe de Venife & deux branches que forme le Narcuta à fon embouchure. L’air en eft fort mal-fain à caufe du marais, cependant fa fituation eft importante, tant parce qu’elle conferve aux Venitiens la poflef- fion de la Frumana, que parce gwelle ouvre un chemin pour la conquête de l’Hertzésorine. (D. J,) OPUSCULE, f. m. (Lxrér.) petit ouvrage , on ditles opufcules de la Mothe-lé-Vayer, les opufculesde Bayle, OR OR , . m. aurum, fol, (Hifi. nat. Minéralogie & Chimie.) c’eft un métal d’un jaune plus on moins vif ; fa pefanteur furpafñle non-feulement celle de tous les autres métaux , mais encore de tous les au- tres corps de la nature ; elle eft à celle de l’eau en- viron dans la proportion de 19 à 1.. L'or eft fixe & inaltérable dans le feu , à l'air & dans l’eau ; c’eft de tous les métaux celui qui a Le plus de duétilité & de malléabilité; quand il eft pur , il eft mou, flexible & point fonore ; les parties qui le compofent ont beaucoup de ténacité ; lorfqu’on vient à rompre de l'or, on voit que ces parties font d’une figure prif- matique & femblables à des fils. Il entre en fufon un peu plus aifément que le cuivre , mais ce n’eft qu'après ayoir rougi ; lorfqu'il eft en fufon, fa fur- face paroît d’une couleur verte , femblable à celle de l'aigue marine ; dans cette opération, quelque long & quelque violent que foit le feu que l’on em- ‘ploie , ilne perd rien de fon poids. De toutes ces propriétés , les Chimiftes concluent que l'or eft le.plus parfait des métaux ; il eft compo- fé des trois terres ou principes que Beccher regarde comme la bafe des:métaux , favoir le principe mer- curiel, le principe inflammable &e la terre vitrefci- ble, combinés fi intimement & dans une f jufte proportion , qu'il eft impoñfble de les féparer Les unes des autres. Voyez MÉTAUx. C’eft pour cela que les anciens Chimiftes l’ont appellé /o7 ou foleil & ils Pont repréfenté fous l’emblème d’un cercle, C'eft auf à ce métal que les hommes font convenus d’artacher le plus haut prix, ils le regardent comme OR le figne repréfentatif le plus commode des richefles. Jufqu'à préfent on n’a point encore trouvé l'or minéralifé , c’eftà dire dans l’état de mine ) OU COM- biné avec le {oufre ou l’arfenic ; il {e montre tou- jouts dans l'état métallique qui lui eft propre, & il eft d’un jaune plus ou moins vifen raifon de fa pu- reté, c’eft ce qu’on appelle de l'or Vierge où de l’or atf. Ce métal fe trouve dans cet état Joint avec un grand nombre de pierres & de terres ; 1l y eft fous une infinité de formes différentes qui n’affettent jamais de figure réguliere & déterminée. En effet ; il eff tantôt en mafles plus ou moins confidérables , tantôt en grains, tantôt en feuillets , tantôt en filets & en petits rameaux ; tantôt il eft répandu dans les pierres, les terres & les fables en particules imper- ceptibles. La pierre dans laquelle ontrouve Vor le plus com munément, c’eft le quartz blanc & gris, & on peut le regarder comme la matrice ou la miniere la plus Ordinaire de ce métal. Wallerins & quelques autres minéralogiftes ont prétendu qu'il fe trouvoit auff dans le marbre & dans de la pierre à chaux, mais cette 1dée n’eft point conforme à l'expérience : il y lieu de croire que les mines d’orde cette efpece ont été faites à plaifir & dans la vüe de tromper des connoïfleurs fuperficiels. C’eft donc dans le caillou ou dans des pierres de la nature du caillou que l’orfe irouve le plus ordinairement ; On en rencontre auf dans la pierre cornée qui eftune efpece de jafpe : ce- pendant on trouve de l'or quelquefois dans des minie- res beaucoup moins dures, & même dans de la terre, Comme nous aurons occafion de le dire. C’eft mal- d-propos que l’on donne le nom de mines d'or à ces fortes de pierres, puifque l’or, comme nous l'avons déja remarqué , s’y trouve fous la forme ëc fous la couleur qui lui font propres, & fans être minérali{é, I] Y a cependant en Hongrie une mine que l’on nomme 7rine d'or couleur de foie | dans laquelle quelques au- teurs prétendent que l’or eft comme muinéralifé, on la dit fort rare, & Henckel paroiît douter du fait ; peut-être que l'or qui s’y trouve y eft répandu en particules frdéliées que l'œil ne peut point les ap- percevoir. Quoique lon n'ait point encore trouvé d’or dans l'état de mine, on n’eft point en droit de nier abfo- lument qu'il foit impoffble que ce métal fe miné- ralife ; en effet, fuivant la remarque de M. de Jufti, quoique le foufre ne puiffe point ie combiner avec Vor, larfenic ne laiffe pas dé pénétrer ce métal » & le foie de foufre, qui eft une combinaifon de foufre & de fel alkali fixe, agit très-puiffamment fur l'or: d’où il conclud que, comme nons ignorons toutes les voies que la nature peut employer dans fes opé- rations , 1l ne faut point fe hâter d'établir des regles trop générales. Tout ce qu'on peut dire, c’eft que jafqu'à préfent on n’a point trouvé de miné d’or proprement dite. On trouve des particules d’ lement avec des mines d’autres métaux ;, c'eft ainf qu'en Hongrie on rencontre du cinabre qui con- tient quelquefois une quantité d’or aflez confidéra- ble, qui non-feulement s’y montre en petites pail- lettes ou en filets , mais encote qui y eft mêlé, de façon que l'œil ne peut point l’appercevoir. Il y a aufñ en Hongrie une efpece de Pyrite ,.que l’on ap- pelle pe/f ou gift, dont quelques-unes donnent À l'effai, fuivant M. de Jufti, une ou deux onces d’or au quintal ; il ajoute que la même chofe fe voit dans des pyrites qui fe trouvent dans la mine d’Adelfors en Suede , ce qui contredit le fentiment ducélebre Henckel, qui prétend dans le xif. chapitre de fa Py: ritologre , que les pyrites ne contiennent jamais une certaine quantité d’or , & que celui qu'onentire , a été produit dans l'opération que l'on à faite pour Tome XI, | Ar Q or mêlées accidentel- OR S2i le tirer. Outrecela, on trouve encore de l'or, dans quelques mines d'argent, de cuivre, de plomb, & lur-tout dans des mines de fer qui femble avoir une afinité particuliere avec ce métal précieux. L'or fe trouve le plus communément dans plu- fieurs efpeces de terres & de fables \ ; 1] y eftrépandu en mafles qui pefent quelquefois plufieurs marcs, mais le plus fonvent il eft en paillettes & en molé- cules de différentes formes & grandeurs ; quelque- fois ces particules reflemblent à des lentilles, & ont été arrondies par le mouvement des eaux qui les Ont apporté dans les endroits oh on les trouve; quel- quefois elles font recouvertes de différentes terres & de fubftances qui mafquent leur couleur d’or, & le rendent méconnoiffable. Il y a des auteurs qui prétendent qu'il eft très-rare de trouver du fable qui ne cOntienne point quelque portion d’or ; c'eftiur cette idée qu’eft fondé le travail que le fameux Bec- cher propofa aux Hollandois , & qu'il commenca même à mettre en exécution ; 1l confiftoit à faire fondre le fable de la mer avec de l'argent , pour unir à ce métal l'or contenu dans ce fable que l’on pouvoit enfuite féparer part le départ. Voyez Bec- cheri minera arenaria perpetua. Cependant 1l paroît que ce procédé doit difcilement fournir aflez d’or pour payer les frais du travail. IL eft certain qu’un grand nombre de rivieres char. rient des paillettes d’or avec leur fable ; c’eft une vérité dont on ne peut point douter, Cependant quelques-unes de ces rivierés en chatrient une plus grande quantité que les autres ; c’eft ainf que chez les anciens le Paétole étoit fameux pour la quantité d’or qu'il rouloit avec fes eaux ; le Tage a auffi été renommé par cet endroit, Le Rhin , le Danube, le Rhône &c..en fourmiflent une affez grande quantité. Dans lAfrique, dans les Indes orientales & dans Amérique , plufieurs rivieres roulent une très- grande quantité d’or avec leur fable » & celui qui contient de l’or , eft communément mêlé de parti- cules ferrugineufes , attirables par l’aimant. Plufieurs auteurs ont prétendu que les pays les plus chauds étoient les plus propres à la produétion de l'or, mais il ne paroït point que la chaleur du foleil contribue plus à là génération de ce métal qu’à celle des autres : en effet, on trouve des mi- nes d’or fort abondantes en Hongrie & en Tran{yl- Vanie ; On en trouve aufi, quoiqu’en petite quan- üté, dans la Suède, dans la Norvege , en Sibérie x êt dans les pays froids & feptentrionaux :; plufieurs rivieres de France & d'Allemagne en roulent avec leurs fables , 8e l'or qui s’y trouve doit avoir été dé- taché des montagnes & des filons des environs, d’où lon voit que l’or fe trouve dans des pays froids ; néanmoins il faut avouer que le métal ne s’y rencontre point en aufli grande abondance que dans les climats les plus chauds, En effet, on trouve des mines d’or très-abondantes dans les Indes orien- tales ; C’eft ce pays qui , fuivant toute apparence, étoit l’ophir d'où Salomon tiroit ce métal précieux, &t comme nous l'avons remarqué à l’erricle MINE, on y donne encore dans les Indes le nom d'ophir à toute mine d'or. L’Afrique eft remplie de mines d’or; c’eft fur-tout du Sénégal, du royaume de Ga- lam & de la côte du Guinée, appellée auf Côre- d'or, qu'on en tire la plus grande quantité ; les ha- bitans ne fe donnent point la peine d’aller chercher l'or dans les montagnes , & de le détacher des f- lons qui le contiennent , ils fe contentent de laver la terre & le fable des rivieres qui en font remplis; ëc cet de-là qu'ils tirent la poudre d’or qu’ils don- nent aux nations enropéennes en échange d’autres marchandifes , dont ils font plus de cas que de ce métal qui fait l’objet de notre cupidité. Lesrelations des voyageurs nous apprennent que Vvvi 522 O À dans certains cantons du Sénégal & du royaume de Galam tout le terrein eff rempli d’or, & qu'il n’y a fimplement qu'à gratter la terre pour trouver ce métal. Les endroits les plus riches de cette contrée {ont les mines de Bamboue & de Tambaoura , pres de la riviere de Gambie , ainfi que celles de Natta- con, deNambia & de Smahila, qui font à environ 30 lieues du fort de S. Jofeph de Gaiam. Perfonne n'ignore la prodigieufe quantité d’or que les Efpagnols ont tiré depuis plus de deux fe- cles du Nouveau-Monde ; c’eft fur-tout l’envie de fe mettre en poffeflion de l’or des Américains , qui leur a infpiré tant d’ardeur pour faire la conquête de cette riche contrée, & depuis 1ls n’ont ceflé d’y uifer des richefles incroyables. C’eft le Pérou , le Potof & le Chily qui en fourniffent la plus grande quantité. L'or s’y trouve, foit par filons , foit par mañfles détachées & en particules de différentes for- mes mêlées dans les couches de la terre, & fouvent à fa furface. Les Efpagnols nomment Layaderos les terres qui contiennent de l’or, & dont on tire ce métal par le lavage ; fouvent ces terres ne paroïf- fent point au premier coup-d’œil en contenir ; pour s’en aflürer , on fait des excavations dans ces terres, & l’on y fait entrer les eaux de quelque ruifleau ; pendant qu'il coule, on remue la terre , afin que le courant d’eau la délaye & l’entraine plus facile- ment ; lorfqu’on eft arrivé à la couche de terre qui contient de l’or, on détourne les eaux, & l’on fe met à creufer à bras d’hommes , on tranfporte la terre chargée d’or dans un lieu deftiné à en faire le lavage , on fe fert pour cela d’un baflin qui a la for- me d’un foufflet de forge ; on fait couler l’eau d’un ruifleau rapidement par ce baflin, afin qu'il délaye. la terre & en détache l’or qui y eft mêlé ; on remue fans cefle avec un crochet de fer ; on fépare les pierres les plus grofleres , @ l’or par fa pefanteur tombe au fond du baffin parmi un fable noir & fin, qui eft vraiflemblablement ferrugineux. M. Frézier, auteur d’un voyage de la mer du Sud , d’où ces faits font tirés , préfume avec raïfon qu’en procédant avec fi peu de précautions 1l doit fe perdre beau- coup de particules métalliques qui font emportées par l’eau ; il remarque que l’on préviendroit cette perte, fi on faifoit ce lavage fur des plans inclinés garnis de peaux de moutons , ou d’une étoffe de laine velue & grofliere , qui {erviroit à accrocher les petites particules d’or. Voyez l’article LAVAGE. De cette maniere on découvre quelquefois dans ces terres des mafles d’or, que les Efpagnols nomment pépitas , qui fouvent pefent plufieurs marcs ; on prétend qu'il s’eft trouvé dans le voifinage de Lima deux de ces mafles ou pépites , dont l’une pefoit 64 marcs & l’autre 45, voyez PÉPITAS ; mais commu- nément il eft en poudre, en paillettes , & en petits grains arrondis & lenticulaires. Pour féparer l'or du fable ferrugineux , avec lequel il eft encore mêlé: äprès ce premier lavage , on le met dans une fébille ou grand plat de bois , au milieu duquel eft un en- foncement de trois ou quatre lignes, on remue ce plat avec la main en le tournant dans une cuve pleine d’eau , on lui donne des fecoufles au moyen d’un tour de poignet ; de cette maniere ce qui étoit refté de terre & de fable, étant plus léger s’en va par-deflus les bords du plat ; tandis que l’or , comme beaucoup plus pefant , refte dans le fond où on le voit paroître fous fa couleur naturelle & en parti- cules de différentes figures , aui n’ont pas befoin d’un travail ultérieur. Cette maniere de tirer l’or de la terre eéft moins couteufe & moins laborieufe que lorfquw'on travaille un filon , & que l’on détache l'or. de la pierre dure qui lui fert de miniere ou d’enve- loppe. La terre qui eft chargée d’or eft ordinaire- ment rougeâtre , & formé une couche mince à la furface ; à s ou 6 piés de profondeur, elle eft mêlée d’un fable grofher, & c’eft là que commence le lit ou la couche qui contient de l'or ; au-deflous de cette couche eft un banc pierreux bleuätre , comme d’une roche pourrie, ce banc eft parfemé d’une grande quantité de petites particules luifantes que lon prendroit pour des paillettes d’or, mais qui ne font réellement que des particules pyriteufes. En allant au-deflous de ce banc de pierre, on ne trouve plus d’or. Voyez le voyage de la mer du Sud de M, Fré- zier. L’on voit par ce récit que ces mines d’or ont été formées par les torrens & par les inondations qui ont arraché l'or des filons , où il étoit contenu, pour le répandre dans les couches de la terre. Voyez l’article MINE. L’on doit attribuer la même origine à l’or qui fe trouve répandu dans le fable des rivie- res, dont nous avons parlé plus haut. Cependant Beccher a cru que cet or du fable des rivieres y avoit été formé ; fentiment qui ne paroît point du tout vraiflemblable, L’or qui fe trouve dans les cou- ches de la terre, ainfi qu’à fa furface , comme au Sénégal & dans le royaume de Galam en Afrique , patoît y avoir été apporté par les rivieres confidé- rables qui arrofent ces contrées. A l'égard de l’or qui fe trouve dans des filons fui- vis , & enveloppé dans le quartz, il en coûte beau coup plus de peines &z de dépenfes pour l'obtenir : d’abord il fait pour cela creufer &z fouiller dans les montagnes , enfuite 1l fant détacher avec beaucoup de travail la miniere de l’or ; qui eft quelquefois ex- trèmement dure ; après quoi on eft obligé de l’écra= fer & de la réduire en poudre. On fe fert pour cela au Chily & dans les autres parties de l'Amérique efpagnole , de moulins que lon nomme srapiches, M. Frézier dit qu'ils reflemblent à ceux dont on fe fert en France pour écrafer les pommes lorfqu’on en veut faire du cidre ; ils font compofés d’une ause ou d’une grande pierre ronde de cinq ou fix piés de diametre, creufée d’un canal circulaire profond de dix-huit pouces. Cette pierre eft percée dans le mi- lieu pour y placer l’axe prolongé d’une roue hori- fontale pofée audeflous , &t bordée de demi-godets , contre lefquels l’eau vient frapper pour la faire tour- ner : par ce moyen on fait rouler dans le canal circu- laire une meule pofée de champ, qui répond à l'axe de la grande roue ; cette meule s'appelle en efpagnol volteadora ou la tournante ; fon diametre ordinaire eft de trois piés quatre pouces , & fon épaifleur eft de dix à quinze pouces. Elle eft traverfée dans {on centre par un axe aflemblé dans le grand arbre, qui la faifant tourner verticalement, écrafe la pierre qu’on a tirée de la mine ou du minerai, qui eft ou blanc , ou rougeâtre, ou noirâtre, &c qui ne montre que peu ou point d’or à l'œil. Lorfque ces pierres font un peu écrafées, on verfe par-deflus une certaine quantité de mercure qui s’unit à or qui étoit répandu dans la roche. Pendant ce tems on fait tomber dans l’auge circulaire un filet d’eau’, conduit avec rapi- dité par un petit canal pour délayer la terre qui entraîne dehors par un trou fait exprès. L’or uni au mercure tombe au fond de l’auge par fa pefanteur & y demeure retenu. On moud par jour un demi- caxon , c’eft-à-dire 25 quintaux de minerai ; & quand on a ceflé de moudre, on ramafle cette pâte d’orée de mercure, ou cet amalgame que l’on trouve au fond de endroit le plus creux de l’auge ; on la met dans une toile pour en exprimer le mercure autant qu'on peut ; on l’expofe enfuire au feu pour déga- ger ce qui refte de mercureuni avec l'or, &c l’on ap- pelle l'or qu’on a obtenu de cette façon or er pigne, voyez PIGNE. Pour achever de dégager entierément cet or du mercure dont left imprégné , on le diftille dans-de grandes rétortes ; & quand le mercure en a été entierement féparé, on le fait fondre dans des creufets, & on le met en lingots ou en lames. Ce n'eit qu'alors qu'on peut connoître fon poids & fon véritable titre; ce titre varie, & tout l’or qui fe trouve n'eft point également pur, ce qui vient du plus ou du moins d'argent ou de cuivre auquel il eft uni. Voyez voyage de la mer du Sud , par M. Frézier. Voyez nos PI, de Mécal, € leurexplic. À l’égard des mines d'Hongrie , les principales font à Schemnitz & à Kremnitz ; on y détache l'or du filon, & l’exploitation fe fait de même que celle de toutes les autres mines , c’eft-à-dire, on y def- cend'par des puits, on y forme dés galeries , &c. Voyez l’article MIRE. La roche ou miniere dans la- quelle l'or eft enveloppé , eft où blanche, ou noire, Ou rougcâtre : on lécrafe fous des pilons , on en fait le lavage ; & comme cette mine contient des matie- res Étrangeres, On la mêle avec de la chaux vive & avec des fcories, & on la fait fondre dans un four- neau, On pañle la mañle qui a réfulté de cette fonte encore par un feu de charbon pour la purifier. Quant à l'or qui fe trouve dans les rivieres , on obtient en lavant le fable de leur lit ; on choifit pour cela les endroits où la riviere fait des coudes, où ces eaux vont frapper avec violence , & où il s’eft amaflé du gros fable ou gravier. Ceux qui s’oc- chpent de ce travail fe nomment orpailleurs ; ils com- mencent par pañler ce fable à la claie, afin de fépa- rer les pierres les plus groffieres : on met enfuite le fable qui a pañlé, dans des grands baquets remplis d’eau ; on jette ce fable avec l’eau fur des morceaux de drap groffier ou fur des peaux de mouton tendues fur une claie inclinée : par-là l'or, qui eft ordinaire- ment en particules très fines, s'attache avec le fable le plus fin aux poils du drap ou de la peau de mou- ton , que l’on lave de nonveau pour en féparer l’or & le fable. Pour achever enfuite la féparation de l’or d'avec le fable auquel il eft joint’, on en fait le lavage à la febille, c’eft-à-dire dans une écuelle de bois dont le fond eft garni de rainures ; on l’agite en tournoyant ; le fable qui eft plus leger , s’en va par deffus les bords de la febille, tandis que l’or refte au fond. L'or que l’on obtient de cette maniere eft quel. quefois tres-pur , quelquefois il eft mêlé avec de l’ar- gent ou du cuivre. Après avoir examiné la maniere dont l’orfetrouve | dans fa mine , & la maniere dont on l'en tire , nous allons examiner fes propriétés phyfiques & fes dif- férens effets dans les opérations de la Chimie, Nous avons dit dans la définition de l’or, que fa couleur étoit jaune , mais elle eft quelquefois très- pâle ; ce qui annonce qu'il eft mêlé dé beaucoup d'argent. Il y a même des auteurs qui ont prétendu qu'il y avoit de l’or blanc, & il y a apparence qu'on a voulu défigner par-là de l’argent chargé d’une très- petite portion d’or. Au refte on a auffi donné le nom d’or blanc à la fubftance que les Efpagnols ont ap- pellée patina del pinto. Voyez PLATINE. _ Quelques chimiftes ont prétendu blanchir l'or au moyen d’un efprit de nitre qu’ils appellent pAilofo- phique où bézoardique | dans lequel il y a de l’anti- moine ; mais M. Rouelle obferve avec raifon que ce _diflolvant n’eft autre chofe qu’une eau régale qui a confervé une portion de l’antimoine qu’elle avoit diflout , & qui a contribué à blanchir cet or. Ce qui le prouve, c’eft qu’en réfondant cet or il reprend fa couleur jaune. = | L'or eft le corps le plus pefant qui foit dans la na- ture ; un pié cube d’or pefe 21210 onces poïds de Paris. De toutes les fubftances minérales, c’eft la platine qui en approche le plus pourle poids. Foyez PLATINE. Le PA | Quant à la duétilité-de l'or , elle eft plus grande que celle d'aucun autre métal ; pour s’en convain- cre, on n’a qu'à confidérer le travail des Tireurs & O KR 523 des Batteurs d’or, qui réduifent ce métal en fils & en feuilles d’une finefle incroyable, L’aétion du feu le plus violent ne produit aucune altération fur l'or, Kunckel a tenu ce métal en fufon pendant deux mois au fourneau de verrerie , fans avoit remarqué au bout de ce tems aucune diminu- tion dans fon poids. M. Homberg prétend que l'or expoié au miroir ardent s’eft vitrifié , a perdu une portion de fon poids , & a repris enfuite fa forme primitive, lorfqu’on eut remis cette chaux en fufion avec une matiere grafle. | L'or a beaucoup de difpofition à s’unir avec le mercure ; c’eft fur cette propriété qu’eft fondé le travail par lequel on fépare ce métal desterres, des pierres, du fable avec lefquels il fe trouve mêlé, comme on a fait voir dans le cours de cet article. C’eft auff fur ce principe qu’eft fondé l’art de la do- ture ou d'appliquer l’or fur les autres métaux. Voyez DORURE, Le vrai diflolvant de l’or.eft l’eau régale, c’eft- à-dire l'acide nitreux combiné avec l’acide du fel marin Ou avec le fel ammoniac. On croit commu- nément qu'aucun de ces acides n’agit féparément fur l'or ; cependant M. Brandt , célebre chimifte fué. dois , a fait voir dans le some X. des mémoires de Stoc- Kholm , que l’eau-forte ne laïffe pas d’agir fur l'or, & d’en diffoudre une partie. Foyez RÉGALE, eau, L’or diflout dans l’eau régale , lui donne une couleur jaune ; s’il en tombe fur les mains , elle y fait des taches de couleur pourpre. Si on précipite l’or qui a été diflout dans de l’eau régale faite avec le fel ammoniac par le moyen d’un alkali fixe, le précipité que l’on obtient s’appelle or fuiminans, parce que fi on lexpofe à la chaleur, cet or précipité fait une explofon très - violente , & plus forte même que celle de la poudre à canon. L'or qui a été diffont dans l’eau régale peut auf être précipité par le moyen du cuivre ou du vitriol cuivreux , ainfi que par le mercure & le fublimé cor- rofif, - Quand on précipite l'or qui a été diflout par l’eau régale au moyen de l’étain, l'or fe précipite d’une couleur pourpre ; c’eft ce que l’on appelle le préc: pité de Caffius. Ce précipité eft propre à entrer dans les émaux, & il eft excellent pour peindre fur la porcelaine. Voyez POURPRE MINÉRALE, L’or peut encore fe diffoudre dans d’autres diflol- vans que l’eau régale , maïs 1l faut pour cela que fon agerégation ait été rompue , & alors ce métal, comme M. Margerave l’a prouvé, peut fe difloudre même dans les acides tirés des végétaux. La combinaifon de Palkali fixe & du foufre , que l’on nomme Joie de foufre, diffout l'or au point de le rendre mifcible avec l’eau commune, Sthal penfe que c’eft par ce moyen que Moïfe détruifit le veau d’or des Ifraëlites. L'or a la propriété de s’umir avec d’autres mé- taux ; tels que l'argent & le cuivre. On fait fouvent ces alliages pour lui donner plus de dureté, và qu’il eft mou lorfqu'il eft pur ; quand il eft allié avec de l'argent, on l’en fépare par le moyen de l’acide ni- treux , qui agit fur l’argent & le diflout fans tou- cher à l'or, mais il faut pour cela qu'il y ait dans la mafñle totale trois parties d’argent contre une partie d’or. Voyez DÉPART & QUARTATION. Lorf- que lor eft allié avec d’autres métaux, on l’en dé- gage ou on le purifie à l’aide de l’antimoine ; pour cet effet on met dans un creufet une partie d’or con- tre quatre parties d’antimoine crud ; on fait entrer le tout en fufon, & on le tient long-tems dans.cet état. On vuidera enfuite la matiere fondue dans un: cône de fer chauffé & enduit de graiïfle ; lorfque le tout fera refroidi, on féparera le régule ou culotdes . fcories ; on mettra ce régule dans un creufet pour S24 OR calciner l’antimoine , qui fe diffipera en fumée ; on aidera la diffipation de l’antimoine en foufflant fur Le mélange fondu ; lorfqw'il n’en partira plus de fu- mée, ce fera un figne que l’antimoine eft totalement diffipé. Par ce moyen on aura de l'or parfaitement pur, parce que le foufre qui étoit dans l’antimoine crud s’unit avec les autres métaux & les réduit en fcories , & l’or fe combine avec le répule de l’anti- moine , qui ayant beaucoup de difpoñtion à fe cal- ciner & à fe difliper en fumée , fe dégage enfuite de Vor par la calcination. Il faut obferver que dans cette opération l'or fouffre toujours quelque déchet, parce que l’antimoine en fe diffipant en entraîne une pe- tite portion. C’eft-là la maniere la plus füre de puri- fier l’or. Ce métal fe purifie encore par la coupelle ; cette opération eft fondée fur ce que Le plomb qui vitrifie les métaux imparfaits n’agit point fur l'or, &r le dé- barrafle des fubftances étrangeres avec lefquelles il étoit mêlé. Voyez CoUPELLE. Enfin, l'or fe purifie encore par la cémentation ; dans cette opération on réduit l’or en lames, on le ftratifie dans un creu- fet avec un mélange compofé de fel ammoniac , de fel marin, & de briques pilées; on tient Le tout pen- dant long-tems à un degré de chaleur qui le fafle rougir: par ce moyen on le dégage des métaux im- parfaits. Voyez CÉMENTATION. L'or qui a été diffout dans l’eau régale, peut être précipité par le moyen d’une huile effentielle ; on n’aura pour cela qu’à la verfer fur la d'ffolution, & Vy laiffer en digeftion : par là l’huile effentielle pren- dra la couleur d’or, & on pourra l’étendre & la faire digérer avec de l’efprit-de-vin ; c’eft-là ce qu’on ap- elle de l'or porable, On peut fe fervir pour le faire de l'huile effentielle de romarin ; mais l’éther ou la liqueur éthérée de Frobémus , a fur-tout la pro- priété de fe charger de l'or qui a été diflout dans l’eau régale. M. Rouelle regarde ce procédé comme un excellent moyen de purifier l'or, parce que tous les métaux qui peuvent être unis avec lui reftent dif- fous dans l’eau régale , & l’éther fe charge de l'or très-pur. La diflolution de lor dans l’eau révale , faite avec le fel ammoniac, fournit un moyen de volatilifer ce métal. Pour y parvenir , fuivant M. Rouelle, on difulle cetre diffolution dans une cornue, jufqu’à ce que la liqueur qui refte foit devenue d’une confif- tance épaifle comme une pulpé ; on remet ce qui a pañlé dans le récipient fur ce qui eft refté dans la cornue ; on réitere fix ou fept fois ces diftillations &z ces cohohations; alors en pouffant le feu, l’or monte fous la forme de cryftaux d’une couleur orangée ou un peu rouge, qui s’attachent aux parois des vaif- feaux ,enfuite 1l pafle fous la forme d’une liqueur rouge. C’eft cette liqueur que quelques alchimiftes ont nommé le Zion rouge ; ils en faifoient leur or po- table en le diflolvant dans de l’efprit-de-vin ou dans une huile effentielle, & ils lui attribuoient un grand nombre de vertus merveilleufes. M. Wällerius ayant fait diffoudre de l’or dans de l’eau régale, verfa fur cette diffolution de l’éther qui ne tarda point à fe charger des particules d’or qui avoient été difloutes ; 1l boucha la bouteille avec foin , & trouva au bout de quelques mois qu'il s’é- toit formé dans la bouteille des cryftaux femblables à ceux du nitre, qui étoient d’un beau jaune d’or, Voyez les mémoires de l'académie de Stockholm, r. XI. année 1749. La calcination de l'or a toujours été regardée comme un problème très-difficile de Ja Chimie, & plufieurs perfonnes doutent très-fort de fa poffbili= té , vu que l’aéion du fen ne peut point détruire ce métal ; on a été même jufqu’a dire qu'il étoit plus facile de faire de lor que de le décompofer, Cepen- OR dant Ifaac le hollandois & le célebre Kunckél ont prétendu qu’on pouvoit réduire l’or en une chaux abiolue & irréduétuble , en le tenant pendant trois ou quatre mois expolé au feu de réverbere, fans cepen- dant le faire entrer en fufon ; mais il falloit pour cela avoir rompu {on aggrégauion. [faac le hollan- dois regarde cette chaux comme le vrai fel des mé- taux, & prétend que l'or y eft changé en une fubf- tance faline , propre à tranfmuer les autres métaux ; il affure y être parvenu en diflolvant cette chaux dans l’acide du vinaigre diftillé. Kunckel a travaiilé d’après les idées d’Iaac le hoilandoiïs, & fes expé- riences femblent appuyer le fentiment de cet alchi- mifte. En effet , après être parvenu à produire ce fel, il prétend l'avoir fait cryftalifer | & fes cryt- taux étoient , felon lui, en fils femblables à ceux de l'amiante ; il aflure de plus que ce fel eft propre à tranfmuer le plomb en arvent. Langelot & d’autres alchinuftes ont prétendu qu’en triturant l'or en grenaille dans un mortier fait exprès, avec quelques fubflances dont il tait la com- poñrion , cet or préparé nus en diflillanion dans une cornue , pafle fous la forme d’une liqueur rouge qu'il n’eft pas pofhble de réduire en or, On a aufh tenté de décompofer l’or en le mettant en cémentation avec le lapis pyrmiefon , qui eft un compolé d’arfenic, d’antimoine & de foufre fondus enfemble. Borrichius prétend être parvenu à met- tre l’or fous la forme d’une poudre grile qui ne put plus fe réduire par la fufion. Son procédé confiftoit à triturer pendant long-tems l’amalgame de l’oravec le mercure dans de l’eau. Les Ofander , autres al- chimiftes , ont pareillement prétendu avoir mis ler dans l’état d’une chaux irréduétible, en triturant & en digérant alternativement pendant long-tems un amalgame compole de fix parties de mercute contre une partie d’or. | Quoi qu'il en foit de toutes ces prétentions alchi- miques , 1 paroît que la calcination & la décompo- fition de lo demeurera toujours une opération fi- non impoñlible , du-moins extraordinairement dif- cile : on peut en dire autänt de la chryfopée on de l’art de faire de l'or, dont l’avidité des hommes s’eft occupée depuis tant de fiecles. Foyez HERMÉTI- QUE, Philofophie, PIERRE PHILOSOPHALE, TRANS- MUTATION, &c. Un grand nombre d’auteurs ont attribué à l’or les: plus plus grandes vertus médicinales ; par malheur elles nous font entierement inconnues. Suivant M. Rouelle les diffolutions d’or étendues dans lefprit- de-vin font apéritives ; la diffolution de ce métal dans l’eau régale eft corrofive & émétique ; l’or fuls minant pris à la dofe de douze grains ,, eft un purga- tif. Voilà , fuivant cet habile chimifte, tout ce que nous connoïffons fur les vertus de l'or. Il y a lieu de croire que le remede connu en France fous le nom des gouttes du général de la Motte, eft une huile ef- fentielle qui s’eft chargée d’or diffout dans de l’eau Son! régaie, On évalue la pureté de l'or, d'après des degrés fiéifs que l’on nomme Karars. Lorfque l'or eft par- faitement pur , on dit qu'il eft à 24 karats ; s'il fe trouve contenir un vingt-quatrieme d’alliage , on dit qu'il eft à 23 karats , &c ainfi de fuite. L’or dans fa pureté parfaite eft mou, 8 ne peut point être employé dans de certains ouvrages ; c’eft pourquoi on lui joint un alliage de cuive ou d'argent pour lui donner plus de dureté & de confiflance. Suivant les EF RUGD LEE , en France il n’eft permis aux ouvriers en bijouterie que d'employer de l'or à 20 karats dans les petits morceaux ; pour les grands morceaux où pour la vaiflelle , l’or doit être de 22 karats. Les Orfévres fe fervent de la pierre de touche pour s'af- furer du degré de pureté ou du titre de l’or, c’eft-à- dire pour découvrir s’il eft allié ou non. Pour cet ef: fet 1ls frottent l’or fur la pierre de touche, fur la- _ quelle eff ordinairement un trait fait avec de l’or très-pur pour fervir d'échantillon & de comparaïfon; enfuite on met de l’eau-forte fur la trace qui a été faite avec l’or que l’on veut éprouver : cette eau- forte diffout tous les métaux auxquels l'or pent être allié , fans toucher à ce dernier. Mais cette épreuve peut être trompeufe, & ne fait point connoitre les métaux étrangers qui peuveñt avoir été fortement . dorés on enveloppés dans de l'or. Pour s’en afurer, il faut brifer le Hingor & l'eflayer à la coupelle où par l’antimoine. Depuis quelques années le luxe qui rend les ar- tiftes inventifs, leur a fait imaginer des moyens pour donner, à l'or différentes nuances par les alliages ; on applique des fleurs & des ornemens faits avec ces ers diverfement colorés, ce qui produit une variété agréable à l’œil,mais aux dépens de la valeur intrin- têque du métal qui eft facrifié à la beauté de Pou- yrage. Il y a de l’or verd qui fe fair en alliant beau- coup d'argent avec l'or. L’or rouge fe fait en l’alliant avec beaucoup de cuivre ; l’or blanc fe fait en l’al- hant ayec beaucoup de fer : ce dernier eft aigre & . caflant , & difficile à travailler ; il feroit plus court . d'employer fimplement de l'argent. En changeant les proportions de alliage, on peut de cette façon | avoir de l'or de différentes nuances, (—) … OR ,( Mur. med. ) autrefois les Grecs ne connoif- foient pas l’'ufage de l'or dans la Médécine. Les Ara- bes fontlespremiers qui enontrecommandé la vertu. Ils Pont mêlé dans leurs compoñtions réduit en feuil- les, Ils croient que l’or fortifle le cœur, ranime les efprits & réjouit l'ame ; c’eft pourquoi ils aflurent qu'il eft utile pour la méla#eholie, les tremblemens & la palpitation du cœur. Les Chimiftes ajoutent de plus que l’or contient un foufre fixe le plus puiffant ; lequel étant incorruptible , f on le prend intérieure- ment , & sl eft mêlé avec le fang , 1l le préferve de toute corruption, & il rétablit & ranime la na- ture humaine de la même maniere que le foleil , qui eft la fource intariffable de ce foufre , fait revivre toute la nature. Geoffroy, Mac. med, . Les Alchimiftes ont retourné cet éloge de mille & mille façons, & ils l'ont principalèment accordé à leur or philofophique , & plus encore à la quintef- fence , à lafemence, à l’ame de l’or, à la teinture folaire radicale qu’ils ont regardée comme la vraie Médecine umiverf{elle. À toutes ces vaines promeffes , à toutes ces fpé- culations frivoles , les Théoriciens modernes ont fubftitué des idées plus fages, du moins plus fcienti- fiques fur les qualités médicamenteufes de l'or. Ils ont prétendu que le plus inaltérable & le plus pefant de tous les corps étant porté avec les humeurs ani- males dans les voies de la circulation , étoit émi- nemment capable de réfoudre les concrétions les plusrébelles, & de déboucher les couloirs les plus engorgés. Ils font partifans encore d’une autre no- tion très-poñtive , favoir de la facilité avec laquelle Vor s’unit au mercure, pour avancer que ce métal étoit un bon remede pour ceux qui avoient trop pris de mercure; car ces deux métaux, dit Nicolas Le- meri, s’uniflent enfemble facilement , & par cette diaifon ou amalgame , le mercure eft fixé, & fon mouvement interrompu. Mais autant les connoif- fances chimiques fur lefquelles s’appuient ces théo- ries, font réelles & inconteftables , autant les confé: quences qu’on en déduit en faveur des qualités mé- dicinalesde l'or, font précaires & chimériques : auf les Médecins raifonnables ne croient-ils plus aujour- d’hui aux admirables vertus de l'or, quand même ils . penfent qu’on peut le porter dans les voies de la cir- eulation , réduit en un état de très-grande divifion. Ain les fenilles d’or ne leur paroïflent fervir qu'à l'élégance dans la confeétion alkermès , la confec« tion hyacinthe ; la poudre de perles, la poudre ré- jouiffanre, latpoudre pannonique , 6e. L’extinéion. de lof rougi au feu dans des liqueurs aqueufes que Fr. Burrhusemployoit , au rbportde Borrichius & de Juncker ,; contre lesspalpitations du cœur , & quelques autres maladies, leur paroît une pure char: latanerie. . | | Le vitriol de fel ; ceft-à-dire le fel retiré de la diffolution de l’or par l’eau régale, auquel plufieurs auteurs ont attribué uñe qualité purgative | Vermi- fuge; roborante , añalogue à cellé du vitriol .de mars, Eft un rémede peu éprouvé , à peine connu, : L'or fulmihant a été recommandé aufli dans l’ufa- ge intérieur, comme un excellent diaphorétique , {pécialement propre pour la petite-vérale ; mais Ko- nig, profefieur de Médecine à Bafle, Daniel Ludo- vic & Boerhaave aflurént que l’or fulminant éft plu- tôt un purgatif dangereux. Au refte , le vitriol fo- laire & l'or fulhinant n’agiffent point par les quali- tés propres à l'or: leur vertu dépend eflentiellement des matieres falines auxquelles 1l eft joint dans ce fel neutre qui contient de l’acide par furabondance, 8 dans ce précipité qui participe de toutes les fubf tances acides & alkalines quiont été employées à fa préparation. Voyez SELS NEUTRES MÉTALLIQUES, fous le mor SEL & PRÉCIPITÉ. # Le feul remede tiré de l’or qui foit aujourd’hui en ufage , eftune liqueur huileufe chargée d’or par uné efpece.de précipitation , & qui eft connue fous lé nom d’or potable ou teinture d’or, dont on trouve la préparation dans toutes les pharmacopées & les chi- mies médicinales modernes. La voici d’après üne ad- dition au cours de Chimie de Lemeri, pat M. Baron. Teinture d'or ou or potable de Mademoïifelle Gri- ztaldi. Prenez un demi-gros d’or le plus pur, faites: en la diflolution dans deux.onces d’eau régale ; verfez {ur cette diflolution, dont la couleur fera d’un beaujaune , une once d'huile effentielle de romarin;, mêlez bien enfembleles deux liqueurs ; laifez le tout en repos , bientôt après vous verrez l'huile, teinte d’une belle couleur jaune, furnager l’eau régale qui aura pèrdu toute fa couleur ; féparez l’une d'avec l’autre vos deux liqueurs, au moyen d’unentonnoir, par l'extrémité duquel vous laifferez écouler toute Veau régale , & que vous boucherez avec le doigt , aufntôt que l'huile fera prête à pafler ; recevez cetté huile dans un matras , & la mélez avec cinq fois fon poids d’efprit-de-vin retifié ; bouchez votre matras avec de la vefñie mouillée ; mettez le mélan- ge en digeftion fut le bain de fable pendant un mois: au bout de ce tems 1l aura pris une couleur pourpre & une faveur gracieufe , mais un peu amere & af- tringente. Elle peut être employée en Médecine dans tous les cas où il s’agit d'augmenter l’aétion du cœur & des vaifleaux , comme dans les apoplexies fereu- fes, les paralyäes, &c: en un mot, danstousles cas où 1l s’agit d'animer & de fortifier. La dofe en eft depuis trois jufqu’à dix ou douze gouttes dans uné liqueur appropriée , comme du vin , Ou une potion cordiale. Baron, Il feroit encore mieux de la réduire pouf lufage fous forme d’éleo -faccharum , voyez LEO - sAc- CHARUM. On peut aflurer que les vertus réelles de la teinture d’or appaftiennententierement à l'huile effentielle dé romarin, & que c’eft très-vraifflemblablement à pure pette qu'on renchérit cette huile en la chargeant d’or. Voyez HUILE ESSsENTIELLE ous le mot HUILE 6 ROMARIN. On voit bien qu'on peut ses à la prépara- tion de Por potable toute autre huile effentielle ana logue à celle du romarin, telles que toutes celles des $26 OR plantes fabiées ; celle de plufeurs fubftances exoti- ques , comme canelle ; gérofle , faflafras, Éc. Les gouttes jaunes du général la Mothe , que fa veuve remariée à un gentilhomme italien, appellé Calfabigi | vend encore aujourd’hui à Paris, ne font autre chofe qu’une teinture femblable, à la préparation de laquelle On a employé léther de Frobemius , qui eft la plus fubtile & vraiflembal- blemént la plus précieufe de toutes les huiles effen- tielles pour lufage médicinal® M. Pot a découvert par l'examen chimique , &c publié la compofition de ces gouttes ; &ilne fant qu'avoir vu & flairé l’éther pour le reconnoître dans ces gouttes, &c par l'infpedtion la plus fuperficielle, Nous pouvons af- furer de cette teinture, comme nous ayons avancé de celle de Mademoïfelle Grimaldi , que l’or qu'elle contient n’ajoute rien aux qualités médicamenteu- fes propres’ de l'éther. Voyez ÉTHER de Frobenius. _ On émploie dans les boutiques des Apothicaires des feuilles d’or auffi-bien que des feuilles d’argent à recouvrir des pilules, foit dans la vue dé les orner, de leur procurer de l'élégance, foit principalement pour mafquer le mauvais goût de quelques-unes , en les défendant du contaët de la falive qui pourroit en extraire des matieres âcres , ameres, Gc. comme cela arriveroit fi on prenoit des pilules favonneufes , aloëtiques, &c. fans cet enduit. Ceft à cet nfape que doit#on origine l’expreflion proverbiale dorer La pi- lule , dont tout lé monde connoit le fens figuré. Au refte, les pilules fe dorent par une manœuvre _ très-fimple expofée au mot pilule, voyez PILULE , Pharmacie. (b) OR, TERRE D’ ( Hifi. nat. ) on a donné ce nom aflez mai-à-propos à plufeurs efpeces de terres qui fe contiennent point de l'or. C’eft ainf que quel- ques naturaliftes allemands ont appellé une terre martiale & pyriteufe qui fe trouve dans le pays de Hefle, serra folaris haffiaca : voyez SOLAIRE , terre. Les Italiens appellent serra vergine d'oroune terre calcaire, très-blanche & très-fine, qui eft tantôt en poudre, tantôt en pierre, & qui {e trouve dans le voifinage de Modene,ë& que l’on a appelleé’ serre d’or, à caufe des grandes vertus qu’on lui attribue dans la fievre, la diflenterie , lhypocondriaque & contre les poifons. (—) OR, (456 Métiers.) c’eft le plus précieux des métaux , qui réduit en feuilles & appliqué fur plu- fieurs couches de couleur, fert à décorer ou enrichir les dedans & Les dehors des bâtimens. On appelle or mat , Vorqui étant mis en œuvre, n’eft pas poli ;. or bruni, celui qui eftpoliavecla dent-de-lonp , pour détacher Les ornemens de leur fond ; orf/cu/pré, celui dont le blanc aété gravé de rinceaux & d’ornemens de fculpture ; or réparé, celui qu’on eft obligé de re- paffer avec.du vermeïl au pinceau , dans les creux de fculpture , ou pour cacher les défauts de l'or, ou encore pour lui donner un plus bel œil 3 or brerelé, celui dont le blanc a été haché de petites bretelures ; or de mofaique, celui qui dans un panneau eft partagé par petits carreaux Où lofanges , ombrés en partie de brun, pour paroiïtre de relief; & or rougedtre ou ver- dâtre , celuiqui eft glacé de rouge ou de verd , pour diffinguer les bas-reliefs 8 otnemens de leur fond, Il y à encore de l'or 4 l’huile, qui eft de lor en feuilles appliqué fur de l’or couleur , aux ouvrages de dehors pour mieux réfifter aux injures dutems , & ui demeure mat ; de l’or moulu, dont on dore au Fe le bronze, & de l’or en coquille, qui eftune pou- dre d’or détrempée avec de la gomme, & dont on ne fait ufage que pour les deffeins, Foyez Les princi- pes d’Architetture , de Sculpture, &c. par M. Felibien, div. I. ch.xxi. (D.J.) OR FIN, fe dit de l'or. qui eft au titre de 24 ka- rats; mais commeil eft difficile & , pour ainfi dire, OR impoffible de rencontrer de l’or autitre de 24 kaï rats, foit parce que dans les diffolutions les plus parfaites, ou les affinages les mieux exécutés, la chaux d’or, ou le régule reftent toujours chargés de quelque légere partie d'argent, foit qu'avec les pré- cautions les plus exaétes , il eff difficile d'empécher que le morceau deftiné à l’effai ne contraéte quelque légere impureté , 1l fuit que le cornet rapporte 23 k += de karat pour être réputé fin ; car alors le poids qui s’en manque étant la 128% partie du grain de poids de marc, eu égard au poids d’effai dont on fe fert en France, 1left-fenfible qu’une fi légere di- minution eft prefqu'inévitable , ne peut mure à la finefle du titre , & ne fait que conftater combien on doit apporter de foin aux affinages , & combien il eft difcile de dégager entierement les métaux des parties hétérogenes qu'ils renferment dans leur fein. Il en eft de même de l’argent fin, qui doit être au titre de douze deniers , & que lon trouve rarement à ce titre, parce que dans les affinagesles plus com- plets , & les diflolutions les mieux faites & les plus foigneufement décantées , il eft impofñible que lar- gent ne retienne quelques parties de plomb ou de cuivre. ; celui qui fe trouve autitre de 1x deniers 23 grains, eft réputé fin; quelquefois onena trouvé à 11 deniers 23 grains+, mais cela ef très - rare. Nous remarquons ici en paflant, que les effais d’ar- gent demandentwbeaucoup plus de foin &c d’atten- tion que Îles effais d’or, que leur sûreté dépend d’un nombre de conditions accumulées, 8 que leur cer- titude phyfique eft bien moins conftante que celle des effais d’or : car comme cette gpération fe fait aw fourneau de reverbere , 1l eft important de veiller à _ce que le feu ait par-tout une égale attivité ; autre- ment le feu étant plus Yifidans une partie du four- neau que dans l’autre , le plomb entre plutôt en ac- tion dans une coupelle que dans l’autre, &c la torre- fattion étant plus vive, 1l peut ronger & emporter avec lui quelque parcelle d'argent , tandis que les autres boutons d’effais fur lefquels le plomb:n'aura eu qu’une ation lente par défaut d’aétivité du feu , pourront retenir dans leur fein des parcelles de plomb ; ce qui avantage les uns & fait perdre aux autres : 1l faut en outfe bien prendre garde qu'il ne fe fafle des cheminées, & les boucher à linftant qu'on s’en apperçoit : autrement l’air frappant fur le bouton , peut le faire pétiller, & écarter quelques grains, I faut d’ailleurs garder {on plomb à raifon du titre de l'argent qu'on veut effayer, autrement on pourroit faire de grandes erreurs. Voyez EssAr. OR AU TITRE, fe dit de l’orquieft autre de 29 karats, qui eft celui prefcrit par les ordonnances pour les bijoux d'or. OR 845, fe dit de Por quieftau titre de ro, 12, jufqu’à 19 karats ; au-deflous du titre de 10 karats, ce n’eit plus proprement qu’un billon d’or. Or BRUNI, c’eft de l'or que l’on a lé & poli avec un inftrument de fer qu'on appelle brwriffoir, fi c’eft de Porouvré, ou de la dorute fur métal; êc avec une dent-de-loup, fi c’eft de la dorurefur détrempe. OR EN CHAUX, fe dit de l’or réduit en poudre par quelques diffolutions quelconques ; l'or en chaux eft réputé le plus fin , & c’eft celui dont fe fervent les doreurs ; mais 1l eft toujours prudent d’en faire l’ef- fai avant de l’employer, & de ne pas s’en rappor- ter à la foi des afäineurs ou départents, attendu qu'ils péuvent afément vous tromper:1lleureftfacile, en verfant quelques gouttes de vitriol dans leurs diffo< lutions , d’y précipiter un peu d'argent , fans alté- rer la couleur de leurs chaux , & moyennant cela, fans qu’on s’en apperçoive à l'infpetion. OR AIGRE, fe dit de tout or qui éprouve des frac* tures ou gerfures dans fon emploi, fous l'effort du marteau où celuidulanunage: fi on nemployoïit que de Éd de Zor fin, il eft certain qu'il feroit plus dudile; mais comme les ouvrages deviendroient beaucoup plus lourds , & n’auroient pas tant de folidité > Ni uné aufli belle couleur , il faut lallier ( car nous re. marquerons en paflant, que plus les métaux font durs , plus ils font difpofés À recevoir un beau poli). Avant qu'on travaillèt l’or d’une couleur auf rouge que celle qu'on lui donne aujourd’hui , l'or n’étoit pas f fujet à contraéter des aigreurs , parce qu’alors On l’allioit avec de l'argent en totalité ou en par- tie ; mais depuis qu’on l’a voulu avoir d’un rouge extraordinaire ; il a fallu l’allier, avec le cHivre feul: or, comme l’orne s'allie pas fi facilement avec le cuivre qu'avec l'argent, il faut employer le cui- vre de rofette le plus doux qu’il foit poffble , &en même-tems le plus rouge ; néanmoins quelque doux que foit le cuivre, l’or a de laine À Le recevoir dans fon fein , & il fuit de voir dans le creufet les combats que ce mélange occafonne pour juger de la répugnance qu'a l'or de s’llier avec le cuivre, Lors donc que l’aloi occafionne de laigreur , on s’en apperçoit aifément dans le bain ; on voit le bain s’a- giter à fa fuperficie, tantôt jetter des fleurs , rantôt former des éclairs ; 1l n’eft point alors de moyen fixe à indiquer pour l’adoucir : il eft des aigreurs qui ce- dent à la proje@ion du falpêtre feul ; il en eft d’au- tres qui veulent le falpêtre & le borax ; une autre efpece demande le cryftal minéral ; en général le borax eft ce qui réuffit le mieux , mais il a l'inconvé- nient de pâlir l’or, Quand l’aigreur procede de quel- que mélange de plomb, d’étain , de calamine ou cui- vre jaune, on s’en apperçoit aifément , parce qu’a- lors il s’eleve fur la füirface des petites bulles de la forme à-peb-près d’une lentille; le moyen d’adou- cir cette efpece d’aigreur , eft le mélange de falpé- tre & dé foufre. Au furplus, c’eft à un artifte intellis gent à tâter fon métal, & à voir Par l'efpece d’ai- greur apparente, quels fels y conviennent le mieux; mais 1l ne doit point verfer fon or , qu’il ne foit af- furé de fa dudilité, par la tranquillité du bain ; ce qui fé remarque aifément , fur-tout quand les fels fondus couvrent exatement la furface, & qu'aucun éclair ni bouillonnement ne les fépare ; alors l’oreft certainement doux. Il faut encore obferver qu’on ne doit point toucher l'or en fufion avec du fer 5 du- trement on court rifque de l’aigrir , ce qui lui eft contraire avec largent, que l’attouchement du fer adoucit. L'argent n'étant pas fi fujet À contra@ter des aisreurs, pour peu que l’on lui en apperçoive , le falpêtre, quelques croûres de pain & le favon fuff. fent pour en veuir à bout. OR EN BAIN, fe dit de l'or qui eft en pleine fufion dans le creufet. ‘OR POREUX, fe dit de tout or qui renfermedes ca- vités & des impuretés dans fon iein, qui fe décou- vrent à l'emploi ; cet inconvénient réfuire du défaut de propreté dans la fonte , où dans la forge de l’or, en verfant l'or & l'argent dans la lingotiere. Ces mé- taux fur la fin de l'opération contra@tent un peu de froid , ce qui forme fur le deffus des lingots une ef- pece de peau : en outre les fels qui ontété mis en fi fon avec les métaux , & quiont ramañlé toutes les impuretés, coulent avec les métaux , leraflemblent fur la furface & y forment des cavités. Il feroit toû- jours prudent d’enlever cette premiere peau avec le grOS gratoir ; Voyez ÉPAILLER. Il faut enfuite avoir 1oin que l’enclume fur laquelle on forge foit propre, qu’elle ne contraéte point dé rouille non plus que les marteaux dont on fe {ert ; éviter La chûte de quelque ordure fur la piece pendant qu’on la forge, & avoir {oin, en forgeant & rechauffant, de prendre garde que quelque partie du métal ne fe reploie {ur Ini- même ; autrement ilfe doubleroit, & fouvent on ne ‘s’en appercevroit qu’à la fin de l'ouvrage qu’on fe- Toms XI, OR 527 toit étonné dé voir enlever la moitié dé l’'épaiffeur de fa piece. Le moyen le plus sûr de remédier à ces inconvéniens eft d’épailler fouvent ; & fi on s’apper= çoit que les métaux foient trop poreux, il eft plus prudent de les refondreque de s’obftiner à lestravaila ler, car quelque peine que l’onfe donnât, il ne pren« droit jamais un beau poli. OR CHARGÉ D'ÉMERIL. Il arrive fouvent que l'or eft chargé de petites parties d’émeril , qui eft une matiere dure & pierreule, dont aucune difolution n'a pû le purger : c’eit un inconvénient d’autant plus dangereux , qu'il fe loge toûjours dans les entrailles du métal, & que quand il eft en petits grains fur- tout , 1l ne fe découvre qu'à la fin & lors, pour ainf dire, qu'il n’y a plus de remede » l'ouvrage étant prefqu’à fa perfeétion. Quand on le fait, pour l’en purger totalement, on trouve dans les mémoires de l'académie des Sciences de 1727 le procédé fuivant, Parties égales d’or & de bifmuth : fondez.les en- femible dans un creufet, &c verfez dans un Cône à ré- gule cé qui pourta fortir coulant : pefez enfuite ce mélange fondu pour juger de la quantité qui fera ref tée dans Le creufet : ajoutez-y la même quantité de bifmuth : faites fondre le mélange, verfez comme la premiere fois, & répétez encore toute opération jufqu’à ce que toute la matiere {oit fortie du creutet biencoulante. On mettra cetor ainf foulé debifuth dans uñe grande coupelle épaifle, bien foutenue dans une autre faite de terre de creufet où elle aura été formée & bien battue : on coupelle ce mélange fans y mettre autre chofe ; mais quand 1l fera figé on trouvera encore l’orimpur & couvert d’une peau li- vide. On mettra alors fur chaque marc d’or deux à trois onces de plomb , & l’on continuera de coupel- ler jufqu’à ce que tout le plomb foit évaporé ou im- bibé dans la coupelle : après cette feconde opéra- tion, l'or n’eft pas encore auffibeau qu'il doit l'être, quoiqu'il foit déja moins livide & moins aigfe : pour achever de le purifier ; il faut le mettre dans un creufet large qu’on placera dans une forge, de forte que le vent du foufflet darde la flamme far le métal: on le tiendra quelque tems en fufion ; & l’on ceffera de fouffler quand l’er commencera à s’éclaircir. On y jettera enfuite à plufieurs reprifes un pen de fubli- mé corrofif, & fur la fin un peu de borax. On connoït que l'opération eft entierement finie : lorfque le métal devient tranquille, qu'il ne fume plus , & que fa furface eft brillante ; alors on peut le jetter en lingot, &, en le travaillant > On letrou- vera fort doux. Si ce mauväis ortenoit de l'argent, il | faut le traiter davantage felon cette vûe » Parce que l'argent ne s’en fépare pas par la coupelle de plomb, Après que l’or aura été coupellé la premiere fois avec le bifmuth, on mettra deux parties d’arsent fur une partie d’or , & on le coupellera felon l’art avec le plomb : il ne fera pas néceffaire alors de Jetter tant de fublimé corroff dansle creufet ; l'orétantre tiré de la coupelle, ondépartira Pargent à l'ordinaire par l’eau-forte, Mais comme ces procédés font au-deflus de la por- tée des artiftes ordinaires, & qu'ils n’ont ni le tems ni la commodité de les exécuter, il eftun-moyen qui demande peu de frais & d’attention pour éviter au- moins qu’il ne fe rencontre d’émeril dans les grandes parties de letirs ouvrages. Ce moyen que je crois dé- Ja avoir indiqué, eft de fondre léur or dans un crelt- fet rond de forme conique très-pointue , auquel en le faifant faire on fait réfetver an pié fond & plat par-deflous, pour lui donner de l’afiette dans la caffe , & à-peu- près dans ja forme ci-contre NS À %5A4b: Il eft conftantque l'émeril fe précipite toûjours au fond; ainfi lor{que l’or eft fon- du ,il faut le laifler refroidir danse creu= X xx $ 5 a @e) R ‘fet, caffer le creufet, & couperle culot d'or, Péz , “metilfe trouve rafflemble dans ce culot. On fe fert -de ces culots pour des ouvrages de peu de confé- ‘quence dont il n'y a qu’un côré qui doive être pos -ou on les fond avec les garnifons, c’eft-à-dire, les moulures ou les quarrés. Comme lémeril fe loge prefque tohjours dans l'intérieur du métal, & que ces fortes de pieces reftent toûjours épailes , l’éme- sil fe trouve renfermé dans ces épaificurs; & fi pat “hafardil s’en découvre quelques grains, 1ls ne peu- vent choquer l'œil ; & y en eûtil dix grains fur un morceau de quarré, ils ne feront pas fi fenfbles -qu'un feul au milieu d’une plaque qui y caufe une . s n « À F : Le -difformité afréufe, ence qu'il dérange toute Féco- . nomie & le brillant du poli. NS: . Or D’EssAr, eff l'or qui a pañlé par l’effai, qui ‘après cela eft très-fin, & dont le titre eft fort appro- “chant des 24 karats. OR DE COULEUR , terme qui exprime les diffé- æentes couleurs que l’on a trouvé le moyen de don- ner à l'or par l’alliage d’autres métaux avec lui. On “emploie ces ors colorés, ou pour mieux dire nuañ- cés , particulierement dans les bijoux d'or, pour y æeptélenter avec plus de vérité les fujets que l’on veut exécuter, & approcher autant qu'il eft pofible de limitation de lanature, Veut-on repréfenter une maifon, on emploie l'or blanc ; un atbre, l'or verd ; une draperie , l'or bleu, l’or jaune; les chairs fe font volontiers avec de l'or rouge. On ne connbit que cinq ors de couleur, qui font l'or blanc , l'or jaune, l'or rouge , Por verd, l'or gris ou bleuâtre. ; L’or jaune, eftl’orfin danstoute fa pureté. . L'or rouge ;, eft un or au titre de 16 karats, aîlre par trois parties d’or fin fur une decuivrerofette, L'or verd, eft auf au titre de 16 karats, fait avec trois partiés d’or fin &e une partie d'argent fin. ! L'or verd, eft celui dont un habile arufte peut tirerle plus de parti pour les nuances, parce que ef celui obelles font le plus fenfbles. Le yerd dont nous venons de donner la proportion, fournira un beau yerd de pré. Mettez (en confidérant la totalité comme 24) 18 parties d’or fin fur 6 d'argent in, on aura un verd feuille morte ; en mettant au contraire 10 parties d'argent fin fur 14 d’or fin, On aura un verd d’eau : c’ett à l’artifte à confulter fes nuances &e fes fujers pour régler fes alliages. L'or gris on bleu, on pour bien dire n1 gris nibleu, mais bleuâtre, fe fait par le mélange de l’arlenic ou de la limaille d’acier : la famée de larfenicétanttrès- dangereufe, on s’en fert peu , à comme ilarrive fou- vent que la limaille d’acier fe brûle trop vite, ona éprouvé que ce qui réuflifloit le mieux étort du gros fil de fer doux, dont on prend un quart du poids que l’on veut nuancer, & que l'on jette dans le creufet, Lorfque Por eft en bain, il s’en faifit alors ordinaire- mentaflez vite; on retire le tout du feu aufhi-tôt qu'on s'apperçoit que Pincorporation eft faite ; autrement l'or, enbouillant long-tems, le rejetteroit de fon fein parfcories ; cette couleur peudécidée eftcepen- dant la plus dificileàafaie. | Er L'or blanc eft aflez improprement appellé or, n'étant autre chofe que de l'argent, à-moins que pour éteindre fa vivacité on ne le mélange un peu, ce qui arrive farement., Last | Or, marc d’, ( Poids.) Le marc d’or ; cn latin bes cauri. fait un poids de hutonces pefant d'or. Il fe di- vife en vingt-quatre karats, le karaten huit deniers, & le denier en vingt-quatre grains ; enforte qu'un marc d’or eft compofé de 4608 grains. Le mare d'or vaut par l’édit du mois de Mat 1743 la fomme de 650 lv. 1of. 11 den. s il eft pur ; & 900 monnoyé en louis d’or du titre de 22 karats,, du poids de 7 d. 16 grains + àlataille de 25 au marc , au remede de poids de 12. grains, & d'un quart de karat de fin par marc, & valant 36 livres, O R | . OR NOVELLAN. Onappelle ainf dansleroyaume de Pégu l'or qui eft au plus haut titre, comme qui diroit en France à 24 karats. D" ee Or EN PATE, c’eft une pâte d’or qu peut fervir à un artifte intelligent pour réparer des'accidens ar- rivés à une piece finie, & que l’on ne poutroit re- porter au feu. Un amateurdes arts nous a communi- qué le fecret de cette pâte par la voie du Hercure de France, au mois de Février 1745. Ce fecret qui n'efk pas encore à fon deoré de perfeéion, peut y être poïté par la fuite ; il eft néanmoins très-utile tél qu'il eft, & mérite d'être confervé dans un ouvrage comme celui-ci. Le voicitel qu'il nousa été donné. Onprend quatre parties d’or en chaux bien pur, précipité du départ: on l’amoncele fur une petite ta» ble d’agate, &c onsfait dans le milieu un petit enfon- cement avec le dofôt, dans lequel on verfe deux par- ties de mercure revivifié du cinabre qu'on a eu foin de pefer exaétement. Aufh-tôt qu’on a anis le mer- cure dans cet enfoncement, l’on y jette de l’efprit d’ail qui fermente fur le champ avec le mercure & l'or; fans perdre de tems on mêle & broie, bien le tout avec une petite molette d’agate, jufqu’à ce qué le mélange foit feché & mis en poudre. Je n'ai pas pefé la quantité d’efprit d’ail, parce que M. de Pas resky m'a afluré que tout l'inconvénient qu'il y avoït à en trop mettre étoit qu'il falloit broyerplus long-tems ; j’en avois trop misseffeétivement, j'ai laiflé évaporer une partie de la liqueur enforte qué ma poudre n’a été parfaitement feche que le lende- main. Pour employer cette poudre fur l’or ou fur Par- gent , il faut que la piece foit très-nette &r l'argentlé plusfin : immédiatement ayant que d’y appliquer Lo? . préparé, on la frotte avec du jus de citron ; on dé- laye enfuite un peu de lapoudre quieft grife comme dela cendre avec du jus de citron , 8 on l’emploie fur la piece d’or ou d'argent avec unefacilité infinie, &c aufli épaifle que l’on veut, puifqu'il n’y a qu'à mettre plufieurs couches l’une fur l’autre, ou laïfler - épaiffir un peu le mélange avant de l'appliquer : on peut auff travailler cetie pâte appliquée, iorfqu’elle eft feche ,avec des ébauchoirs. Lorfque la poudre eft appliquée comme on vient de le dire , 8 qu’on a couvert ledeflein précédem- menttracé, on fait chauffer la piece fur le feu de charbon pour faire évaporer le mercure : plus on la chauffe, moins il refle de mercure, € par confé- quent plusl’oreft haut en couleur. Cependant il refte toüjours aflez pâle, & ce feroit une chofe ntile de trouver un moyen pour lu: donner de lacouleur ; cat on feroit avec cetterpâte des ornemens d’une très- grande beauté & avec une facilité infinie, tant fur l’or que fur l'argent. ” Lorfque l'or eft devenu jaune fur le feu, on le frotte avec le doigt & un peu de fable broye; 1l prend du brillant , alors on peut le cifeler 6 le ré- parer à l'ordinaire , fi ce n’eft qu'il eft plus, mol &s plus. fpongieux : ainfi, pour lé travailler, il vaut mieux l’enfoncer au cifelet, que lPenlever avec le burin. Il eft rare qu'il fe détache: fi cependant cela arrivoit , 1l feroit auffi facile d’y en remettre qu'il l’a été la premiere fois, | Il faut avertir que Pefprit d'ail eft d’une puanteur infupportable : Il faut prendre garde d’en jetter par terre , car quelques gonttes qui étoient tombées ont infecté la maifon pendant deux jours. | - Cet efprit fe fait en chargeant une cornue de goufles d'ail pilées; on lute bien la cornue avecfon récipient, & on diftille au bain de fable ; on fe fete indiftinétement de toute la liqueur claire qui a paflé dans lerécipient, en la féparant feulementde l'huile fétide. Je ne fai file fuc d’ail ne feroit pas auf bien. OR _Lofäw’on a délayé avec du jus de éitron plusde poudre qu’iln’en faut. où qu'on n’en peut employer ur le champ, elle ne peut plus fervir une autre fois ‘après avoir été fechée , il faut lajerter dans l’eau où elle fe précipite. On lave dans la même eau les pin- ceait%, la petite table d’agate, &z la molette:dont on S'eft fervi; l'orfe précipite, & on peut le refondre Pourén faire denouvelieéhaux. | Cette chaux peut fefaire parle départ ordinaire . de l'or &r de l'argent jou en précipitant l'or dansune difolutiontrès-affoiblie par le moyen de laimine de Cuivre rougelbiennette, ou en afoibliflant une di£. folution d’or par 25 ou 30 parties de vin de Cham- paghe ou de vin de Rhin, &expofant levaiffeau au Toléil:eette derniere opération donne une chaux très- fine & d’une belle couleur. GR EN COQUILLE, feidit des feuilles d’or brovées êr amalgamées dañs une coquille avec un mordant, Les Peintres s’en fervent pour des ouvrages pointil Is 3785 les Orfevres quelquefois pour boncher des trous imperceptibles qui auroient pù fe faire dansun Pijoutcifelé. Onne peut s’en fervir que! pour des païties d'or mat, fa couleur jaune y étant analogue, ét ne pouvant s'accorder avec:celle de l'or bruni ou pol. : à _ Or mAT, fe dit des parties d’or fur les bijoux, qui Ont été amaties'& pointillées au cifélet ou au | “matoir, qui font reflées fur leur couleur jaune , on auxquelles on l’a reftituée par la couleur au verdet:, Ou'autire-poil. Voyez COULEUR, CrSELET , Ma. 'FOIR, MATIR 04 AMATIR. OR BATTU, ou or en feuilles, fe dit de l'or réduit en feuilles minces & préparées :pour la dorure:; cette préparation éft du’reflort du Batteur (d’or, Voyez BATTEUR D'OR. OR'EN LAMES, fe dit de l’or écaché entre deux ‘rouês du moulin à laminér, pour être employé dans les galons. Comme on ne fait point de galons d’or à _Icaufe de leurchéreté &de la tropgrande pefanteur, cetermene peut guere s'entendre que de l'argent doré auquel lufage a improprement confacré le nom "d'or: On dit or.ez lame, or trait, orfilé, galor d’or , quoiqu'il ne s’agifle que de galon d'argent doré, & | “des parties qui le compofent. OR TRAIT, fe dit de l'argent doré réduit en flex- frèmement menu & délié, que l’on emploie pour ‘faire des boutons & quelques parties de broderies. OR FILE, fe dit de Pargent doré réduit en lames “minces c étroites, filé enfuire au moulinet fur de la oie , du fil ou du crin , pour'les galons & la bro- ‘derie. OR FAUX, fe dit des lames , paillettes, filés, ga- “ons, 6:c. & autres pieces de cuivre doré & imitant Por, * Or MOULU, fe dit de l’er qui a été amalgamé avec du mercure, pour'appliquer fur des pieces d’ar- “gent ou de cuivre que l’on veut dorer {olidement : cette amalpame fe fait dans ün creufet garni de craie que l'on faitréeuire , &-dans lequel on met huit par- ties de mercure'&une d’or. Quand le creufet eftrou- gi, on y met le mercure & or que l’on remue avec un bâton; l’amtalgäme fait | on retire le creufet du feu, on le lave plufieurs fois, & on le pañfe dans un "Chamois pour faite fortir le-vif argent qui ne feroit | pas ramälsgamé, on lemploie enfuite pour dorer. Voyez DoRURE. * 1Onéftimeicila dorure d'Allemagne , parce qu’elle 6tonn'eftoblisé que de remettre les pieces'en couleur. La premiere, eft d’enduire la piece d’ocre , & de la laïfier fecher deflus avant de la porter ‘au feu. La feconde , eft de prendre autant de jus d’aii que de blanc d'œuf, & d’en faireune pâte avec du blanc d'Elpagne dont onenduitla piece ; quand Ja pâte eft feche on porte au feu & on fonde fans rique. Cette pâte fert auffi à mettre encouleur-üne piece d’or où | .1l y'avdes chatons ou appliques d’arsent;:on bar- bouille l'argent de cette pâte ; & la couleur n’a pat ce moyen aucune aétion deflus, ORENPOUDRE , fe dit d’un or mis en diflolution & réduit en poudre, dont on fe fert pour des doru- res fuperficielles, telles quele dedans des tabatieres d'argent , & tous les deffous des chatons des ouvra= ges de Joaillerie, Pour faire cette poudre, on prend un gros d’oren chaux, que l’on précipite dans-une diffolution com- pofée de deux onces d’eau forte , un gros de fel am- momac, deux gros de falpêtre fin, &un gros de couperofe : on y joint auf douzeou quinze grains de cuivre rofette par gros d’orpour lui donner une cou- leur rouge. Cette diflolution fe fait dans un matras au bain de fables quand elle eft faite , On la verfe goutte à goutte fur de vieux chiffons de linge, que l’on prend en proportion de la quantité de Hiqueur ; quand ces chiffons font bien imbibés & que la diffo- lution efttarie , on les laifle fecher, puison/les pofe fur uniplatdefaïance ; & ony met le feu avec une ailumette dont on a ôté le foufre , on les laïfe fe con- fumer petit-à-petit &fe réduire en cendre : c’eflde cette cendre dont on fe fert pour la dorure en pou- dre, 6 qu'on nomme or ez poudre Pour Pemployer , il faut que les pieces foient au desré de poli q’on nomme adouc: ; alors ou prend un bouchon de liepe bien fain que l’on mouille avecde l’eau ttès-propre, cntrempe ce bouchon mouillé dans la boîte à poudre d’or, & onétend cettepoudre fur les pieces en frot- tant avec le bouchon ; ilnelfaut pas employer trop d’eau parce que la pondre femeten lavage ëz fe perd : on reconnoït à l’infpeétion fi la couche eft affez cpaïfle , alors on cefle de frotteravec le bouchon & | -onbrunit. Dans les grands ouvrages on {e fert des brunifloïrs de fanguine, & dans les petits ouvrages d’un petit brunifioir d’acierpoli , & ce bruni fe fait avecde l’eau de favon. OR, purification de L , ( Monnoyage.) on trouve X XX i] 530 OR quelquefois de l'or qui a divers caraéteres d'impureté ou d'imperfeétion. Il ne fe met Jamais en fufon claire ; {a furface eft livide, f on le verfe dans une dingotiere, il en demeure dans Le creufet une partie qu n'eft pas aflez coulante ; enfin il eft aigre , caf- ant, & ne fe peut prefque pas travailler. On croit / 9° Ü “ s1 + communément qu'il tient quelque portion d'émeril, qui eft une matiere pierreufe , dure, & très-hétéro- gene à l'or. En effet, on rencontre aflez fouvent de Pémeril dans les mines d'or ; mais fans examiner s’il s’en eft mélé véritablement dans l'or ; on trouvera dans les mémoires de l’acad. des Sciences un moyen | de purifier l’er, & de le rendre aufli doux qu'il doit Vêtre naturellement : ce moyen eft aflez intéreflant pour indiquer 11. L'on fait que tout le métal, excepté l’argent mé- 16 avec l’or, s’en fépareroit par la coupelle , & que l'argent ne s’en fépare que par le départ. ei il faut d’autres moyens. IL faut prendre de l’or qu'on fuppofe mêlé d’éme- sil, & dé bifmuth parties égales, les fondre en- femble dans un creufet , & verfer dans un culot ce qui pourra forur coulant ; pefer enfuite ce mélange fondu pour juger de la quantité reftée dans le creu- fet , la mêler avec une égale quantité de bifmuth, refondre & reverfer comme la premiere fois ; on répétera l'opération jufqu’à ce qu’enfin toute la ma- tiere foit fortie du creulet bien coulante. Cet or ainfi foulé de bifmuth, on le mettra dans une grande & épaifle coupelle , bien foutenue d’u- ne autre faite de terre à creufet dans laquelle elle aura été formée & bien battue. On coupellera le mélange fans y rien mettre autre chofe , & quand il fera figé, ontrouvera l'or encore impur, & couvert d’une peau livide. On mettra alors fur chaque marc d'or deux ou trois onces de plomb foit évaporé, {oit imbibé dans la coupelle. Après cette feconde opération , l'or n’eft point encore auffi beau qu'il le doit être, quoiqu'il foit cependant moins livide &e moinsaigre : Pour achever de le purifier, il faut le mettre dans un creulet large , que l’on placera dans une forge, de forte que le vent du foufflet darde la flamme {ur le métal, on le tiendra quelque tems en fufon ; & on ceflera de foufler, quand l'or commencera à s’é- ciaircir; on y jettera enfuite à plufeurs reprifes un peu de fublimé corrofif, & fur la finun peu de bo- tax. On reconnoît que l’opération eft entierement finie, lorfque le métal devient tranquille , qu'il ne fume plus, & que la furface eft brillante. On le peut alors jetter en lingot ; & quand on le travaillera, on le trouvera fort doux. Si ce mauvais or tenoit auf de l'argent , 1l fau- droit le traiter davantage felon cette vue, parce que l'argent mêlé avec l'or, eft le feul métal qui ne s’en fépare pas par la coupelle. Après que l'or aura été coupellé la premiere fois avec le bifmuth , on met- troit deux parties d’argent fur une d’or, afin que l’ar- gent en plus grande quantité tirât mieux l'argent que l'or. On le coupelleroit avec le plomb , comme il a été dit, &ilne feroit pas néceflaire de mettre tant de fublimé corrofif, On feroit enfin le départ de l’ar- gent à l'ordinaire. (D. J.) Or-s0L, on fe fert quelquefois de ce terme pour évaluer & calculer les monnoiïes de France dans les remifes qu’on en fait pour les pays étrangers, ce qui triple la fomme que l’on remet. Ainfi, quand on dit qu'on a 450 liv. 15 £. 6 d. d’or-fo/ à remettre à Amfterdam à 86 deniersde gros par écu , oufous- entend qu'on a 1352liv. 6 [.6 d. tournois , la livre d’or valant 3 liv. fimplement, le fol d’or, 3 fols , &c le denier d’or trois deniers. OR À DORER LES LIVRES, c’eft une poudre d’or que les Batteurs d'orréduifent en feuilles très-minces (voyez BATTEUR D'or), & qu'ils diftribuent dañs un livret de 13 feuilles , qui font 26 feuillets de pa- pier blanc fur lefquels 1ls mettent une couche legere de rouge , pour que l'or s'en détache aifément ; on met dans ce livret 25 feuilles d’or, ce qui fait qu'on le nomme un quafteron d’or. Woyez les Planches. OR, (Ecruure.) 1l y a deux moyens pour écrire en lettres d’or. Voici le premier qui eft fimple. Prenez 20 feuilles d'o & quatre gouttes de miel ; & les mêlez enfemble, puis mettez-les dans un cor- net de terre ou de verre, & quand vous voudrez vous en fervir, détrempez le tout avec de leau gommée. | Le fecond , qui demande plus d’apprèt, eft préci- fement un mordant pour l'or & l'argent en relief fur le papier ou le parchemin. Prenez gomme arabique de la plus blanche 6 de la plus nette que vous pourrez trouver, &c mile en poudre très-fine , une once. | Du fucre candi bien choïfi , une once auffñ réduit en poudre très-fine. Faites tondre votre fucre dans un poiflon de bon- ne eau-de-vie ou d’efprit de vin, joignez-y enfuite votre gomme bien pulvériée , &c l'y laifferez jufqu'à ce qu’elle foit bien fondue. Vous remuerez de tems en tems la bouteille, enfuite vous y mettrez gros comme une fêve de bon miel de Narbonne ; fi vous le trouvez trop coulant, vous y ajouterez gros comme un pois de gomme gutte. Sice mordant-eft deftiné pour l'or, vous y met- trez du carmin autant qu'il en faut pour faire un rouge un peu foncé. Si c’eft pour l'argent, vous y ajouterez de beau bleu de Prufle , tout ce qu'il y a de meilleur , & ce qu'il en faut. Ce mordant s'emploie avec une plume ou un pin- ceau pour tous ouvrages en lettres, defleins, &c. & lorfqul eft à un certain degré de fécherefle , il faut pofer votre or ou argent, qui doit être conpé de la grandeur néceflaire ; s’il arrivoit qu'il füt un . peutrop fec, en happant ce mordant avec l’haleine il remordroit. | S'il s’épaifit , il faut y mettre un peu d’eau-de- vie , & un peu de miel pour Le faire couler ; & s'ilre mordoit point aflez , il faudroit y ajouter un peu de gomme gutte, Il ne faut employer que de l'or & de l’argent fin que l’on coupe avec un couteau à l'or fur un couffin de cuir. Deux jours après on Ôtera la fuperficie de l'or ou de l’argent en paflant deffus un coton lége- ‘rement. Au bout de trente jours, l’on peut avec une bonne dent de loup donner en bruniffant le beau brillant à l'ouvrage. On , terme de Blafon, couleur jaune qui repréfente le premier métal ou le premier des émaux. Foyex CouLEur & MÉTAL. Sans or ou fans argent il ne peut y avoir de bon- nes armoiries, c’eft-à-dire , des armes fuivant les re- 3 2 gles du blafon. Voyez ARMES 6 ARGENT. Dans les côtes d’armes des nobles l'or s’appelle topaze, & dans celles des princes fouverains /o/. Les graveurs repréfentent lor par une infinité de petits points , comme on le peut voir dans ros Planches du Blafon. L'or eft le fymbole de la fageffe, de la tempéran- ce, de la foi, de la conftance , & de la force, &ce Or De ToULOUSE , (Lirtérar.) aurum Tolofarum, c’étoit ,au rapport d’Aulu-Gelle ,un proverbe chez les Romains pour fignifier un bien qui entraïinoit la perte de celui qui le poffédoir. L'origine du proverbe eft la prife de Touloufe dans les Gaules par Quintus Cépion. Il y enleva du temple d’Apollon cent mille marcs d'or, &t cent dix mille marcs d'argent qui provenoient du pillage de l’ancien temple de Delphes par les Teétoiages, Le fénat de Rome manda à Cépion d'envoyer! tont cet argent à Marfeille, ville amie & alliée du peu- ple Romain ; les conduéteurs furent affaffinés fur la route, & l’argent volé. On fit des grandes recher- ches,& Cepion fut accufé d’avoir lui-même fait aflaf- finer fes gens, & s'être emparé du tréfor. Ayantété banni de fa patrie avec toute fa famille , il mourut de mifere dans fon exil : cependant Cicéron aflure qu’on fit un crime à Cépion de ce qui n’étoit que l'effet du caprice de la fortune, & que fon défaftre n'eut d'autre principe que la haine du peuple qu’on avoit féduit. Il fut jugé dans la derniere rigueur, parce qu'il eut pour juges les chevaliers qui leshaïf- icient mortellement. Leur haine venoit de ce que Cépion dans fon confulat, avoit partagé la connoif- fance des caufes entre le fénat & cet ordre de gens qui en étoit feul en pofleflion depuis la loi de Caius Gracchus , & qui en jouit jufqu’au tems de la loi plautia. Quoi qu'il en foit, l'or de Touloufé pafla en proverbe pour marquer quelque .chofe de funefte. Les Romains, pourle dire en paffant, eurent encore dans la fuite un autre proverbe qui revenoit au mé- me fens que celui de l’or de Touloufe. Ils difoient d’un homme qui finfloit fa vie d’une façon miférable, qu'il avoit le cheval de Séjan, parce tous ceux à qui ce cheval avoit appartenu , étoient morts d’une ma- niere tragique, (D. J.) | OR , ége d’ (Mytholog.) äge heureux où regnoit linnocence & la juftice, où jamais le fouffle empoi- fonné des foucis rongeans ne corrompit l'air pur qu’on refpiroit ! Dans cet âge , le fang humain n’é- toit point formé de chair immonde. L'homme étran- ger aux arts cruels de la vie, aux rapines , au car- nage, aux excès , aux maladies, étoit le maître , & non le bourreau des autres êtres de Punivers. Le crépufcule éveilloit alors la race heureufe de ces hommes bienfaifans : 1l ne rougifloit point com- me aujourd’hui , de répandre fes rayons facrés fur des gens livrés à l’empire du fommeil, du luxe & de la débauche. Leur affouprflement léger s’éva- nouifloit encore plus légerement: renaïffans entiers comme le foleil , ils fe levoient pour admirer la beauté de la nature. Occupés de chants, de dan- fes , & de doux plaifirs , leurs heures s’écouloient avec rapidité dans des entretiens pleins de douceur & de joie : tandis que dans le vallon femé de rofes, l’amour faifoit entendre fes foupirs enfantins, libres de toute inquiétude , ils ne connoïfloient que les tendres peines , qui rendent le bonheur encore plus orand. Ces fortunés enfans du ciel n'avoient d’au- tres lois que la raïon &c l'équité : auffi la nature bienfaifante les traitoit-elle en mere tendre & fatis- faite. Aucuns voiles n’obfcurcifloient le firmament : des zéphirs éternels parfumoiïent l'air des préfens de Flo- re : Le foleil n’avoit que des rayons favorables : les influences du ciel répandues en douce rofée , deve- noient la graitle de la terre. Les troupeaux mêlés énfemble bondifloient en fureté dans les gras pâtu- rages , & l'agneau égaré dormoit tranquillement au milieu des loups. Le lion étincelant n’allarmoit pas les foibles animaux qui paifloient dans les vallons; confidérant d’abord dans fa retraite fombre le con- cert de lanature, fon terrible cœur en fut adouci, & fe vit forcé d’y joindre le tribut de fa trifte joie : tant l'harmonie tenoit toutes chofes dans une union parfaite : la flûte foupiroit doucement ; la mélodie des voix fufpendoit toute agitation. L’écho des mon- tagnes répétoit ces {onsharmonieux,le murmure des vents & celui des eaux s’unifloient à tous ces accords. Les orages n’ofoient fouffler , ni les ouragans pa- roître : les eaux argentines couloïent tranquillement. Les matieres fulphureufes ne s’élevoient pas dans les aus pour y former les terribles météores : l’humi- O R À 531 dité mal-faine, & les brouillards, encore plus dan: gereux , ne corrompoient pas les fources de la vie, Tels étoient les premiers jours du monde en fon en- fance : alors , pour m’exprimer dans le langage des . dieux, La terre féconde 6: parèè Marioit l’autonne au printems > L'ardent Phæbus, le froid Borce Refpeëloient l'honneur de nos champs Par-tout les dons brillans de Flore Sous les pas S’empreffoient d’éclore r Au gré des zéphirs amoureux ; Les moifflons inondant nos plaines N'éroient ni le fruis de nos peines ; Ni le prix tardif de nos vœux. . Alors Fhomme ne cherchoïit pas fa félicité dans 18 fuperflu ; & la faim des richefles n’allumoit pas en lui des defirs infatiables. Mais bien-tôt ces tems rapides & innocens ont fait place au fiecle de fer : difciples de la nature , vous connoiffez cependant encore cet âge brillant que les poëtes ont imaginé. Le ciel, il eft vrai, ne vous a pas placé dans les vallées délicienfes de la Theffalie, d'où l’ége d’or tira fon origine ; mais du moins la vertu vous fait trouver la fanté dans la tempéran= ce, le plaïfir dans le travail, & le bonheur dans la modération. (Le chevalier DE JAUCOURT.) ORACH , (Géog.) petite ville de la Turquie eu: ropéenne dans la Bofnie , fur les confins de l’'Hert= zégovine. Long. 35, 30. las, 42, 10. ( D. J.) ORACLE , f. m. (Théolog. payenne.) Séneque dé: finit les oracles la volonté des dieux annoncée par la bouche des hommes. Quoique cette définition foit fort différente de celle que je donnerois , il eft toujours conftant que la plus augufte & la plus ré- ligieufe efpece de prédiétion dans l’antiquité payen ne étoit les oracles. Le defir fi vif & fi inutile de connoître l’avenir leur donna naïffance, l’impofture les accrédita , & Le fanatifme y mit Le fceau. On nefe contenta pas de faire rendre des ofacles à tous les dieux , ce privilege pafla jufqu’aux hé« ros , tant on avoit befoin de mettre à profit linfatia- ble curiofité des hommes. Outre les oracles de Del- phes & de Claros que rendoit Apollon , & ceux de Dodone & d’Ammon en l’honneur de Jupiter, Mars eut un orac/e dans la Thrace, Mercure à Patras, Vé+ nus à Paphos & à Aphaca , Minerve à Micènes, Diane dans la Colchide , Pan en Arcadie, Efculape à Epidaure & à Rome , Hercule à Athènes & à Ca- dès ,Sérapis à Alexandrie , Trophonius dans la Béo- tie, Ge. _ Ils ne fe rendoient pas tous de la même maniere; Ici c’étoit la prêtrefle ou le prêtre qui répondoit pour le dieu que l’on confultoit ; là c’étoit le dieu qui parloit lui-même. Dans un autre endroit on ob- tenoit la réponfe du dieu par des fonges. Ailleurs, l’oracle fe rendoit fur des billets cachetés , ou par Les forts, comme à Prénefte. Enfin, il falloit quelque- fois, pour fe rendre digne de l’oracle, beaucoup de jeünes , de facrifices, de luftrations , des myfteres , Êc. Mon deffein n’eft pas de traïîter ici direétement l'hiftoire des orackes , on pourra confulter leurs articles particuliers; mais je me propofe prin- _cipalement de combattre l'opinion qui les attribue aux démons , & l’effet ceffé à la venue de J, C. L’E- criture-fainte ne nous apprend en aucune maniere que les oracles aient été rendus par les démons, & dès-lors c’eft un de ces fujets que la fageffe divine a jugé aflez indifférens pour l’abandonner à nos pe- tites recherches. Celles de M. de Fontenelle, fans être originales , font fi judicieufement écrites , que je les ai choïfies pour en donner le précis dans çe 537 O R A mémoire, Son étendue quelle qu’elle foit , ennuyera d'autant moins, qu'il s’agit ici d’un fujet fufceptible de bien des réflexions philofophiques, Les anciens chrétiens ont penié que Îles oracles étoient rendus par les démons , à caufe de quelques hifoires furprenantes d’orac/es qu'on croyoit ne pou- voir attribuer qu’à des génies. Felle étoit l’hiftotre du pilote Thamus au fujet du grand Pan, rapportée dans Plutarques telle étoit encore celle du roi Thu- lis , celle de l’enfant hébreu à qui tous les dieux obéiflent ; &c quelques autres qu'Eufebe a tirées des écrits même de Porphire. Sur de pareilles hiftoires , on s’eft perfuadé que les démons fe mêloient des Oracles. Les démons étant une fois conftans par leChriftia- nifme , il a été aflez naturel de leur donner le plus d'emploi qu'on pouvoit, ét de ne lés pas épargner pour les oracles!, & les autres nracles payens qui fembloient en avoir befoin. Par-là on fe difpenfoit d’entrer dans la difcufiôn des faits , qui eût été lon- gue 6r difficile, 6 tout ce qu'ils avoient de furpre- hant & d’extraordinaire , on l’attribuoit à ces de- ions, que l’onavoit en main. Il fembloït qu’en leur rapportant ces événemens , On confirmat leur exif- tence , & la religion même qui nous la revele. Cependant les hiftoires furprenantes qu’on débi- toit fur Les oracles doivent être fort fufpettes. Celle de Thamus , à laquelle Eufebe donne fa croyance, &z que Plutarque feul rapporte,efffuivie dans le mê- me hiftorien d’un autre Conte fi ridicule, qu'il fufi- roit pour la décréditér entierement; mais de plus, elle ne peut recevoir un fens raïfonnable. Si ce grand Pan-étoit un démon, les démons ne pouvoient- ils fe faire favoir fa mort les uns aux autres fans y employer Thamus ? Sice grand Panéroit J. C, com- ment perfonne ne fut-1l défabufé dans le paganifme , & comment perfonne ne vint-1l à penfer que le srand Pan fût J. C. mort en Judée, fic’étoit Dieu lui-mée- me qui forçoit les démons à annoncér cette mort aux ayens ? L’hiftoire de Thulis, dont l’oracle, dit-on , eft po- fitif fur la Trinité, n’eft rapporté que par Suidas, au- teur qui ramañle beaucoup de chofes, mais qui ne les choifit guere. Son oracle de Sérapis péche de la même mamère que les livres des fibylles ‘par le trop de clarté fur nos myfteres'; de plus ce Thulis, roi d'Egypte ,n’étoit pas affurément un des Ptolo- mées. Enfin, que deviendra tout l’orace , s'il faut que Sérapis foit un dieu qui nait été amené en Égypte que par un Ptolomée quile fit venir de Pont, comme beaucoup de favans Le prétendent fur des apparences très- fortes. Du moins il eft certain qu'Hérodote, qui aime tant à difcourir fur l’ancien- ne Egypte, ne parle point de Sérapis’, &c que Ta- cite conte tout au long comment & pourquoi un des Ptolomées fit venir de Pont le dieu Sérapis, qui n'é- toit alors connu que là, | L'oracle rendu à Augufte fur l’enfant hébreu, n’éft point dutout recevable. Cedrenusle cite d'Eufebe,& aujourd'huiilne s'y trouve plus. Il ne feroit pas im- poffble que Cédrenus citât à faux ou citât quelque ouvrage fauflement attribué à Eufebe, Mais quand Eufebe dans quelque ouvrage,qui ne feroit pas venu juiqu'à nous , auroit éffettivement parlé de l’orac/e d'Augnfte , Eufebe lui-même fe trompoit quelque- fois, êr on en a des preuves conftantes. Les pre- ‘miérs défenfeurs du Chriftianifme , Juftin, Tertul- lien, Théophile, Tatien auroient-ls gardé le filen- ce fur un ofacle fi favorable à la religion ? Etoient- ils aflez peu peu zélés pour népliger cet avantage ? Mais céux même qui nous donnent cet oracle, le gâtent , en y ajoutant qu'Augufte , de retour à Ro- me, fit élever dans le capitole un autel avec cette ufcription: C’ef ice l'autel di fils unique de Dieu, Où avoit-1l pris cetteidée d’un fils uñiqué de Dieu , dont Poracle ne pañle point ? | A Enfin, ce qu'il y a de plus remarquable , c’eft qu'Augufte , dépuis le voyage qu'il fit en Grece, dix-neuf ans avant la naiflance deJ. C.n’ÿ retourna jamais ; 8 mème lorfau’il en revint, il n’étoit gue- tes dans la difpofiion d'élever des autels à d’autres dieux qu'à lis car il foufrit non-feulement que les villes d'Afie hi en élevaflent, & lui célebraflent des . jeux facrés , Mais même qu'à Rome'on confacrät un autel à la fortune , qui étoit de retour, forsuræ redu- ci, c'efta-dire, à lui-même, & que l’on mit le jour d’unretour fi heureux entre les jours de fêtes. Les orncles qu'Enfebe rapporte de Porphire atta- ché au paganilmie, ne font pas plus embarraflans que les autres. Il nôus les donne dépouillés de tout ce qui les accompagnoit dans les écrits de Porphire: Que favons-nous fi ce payen ne les refutoït pas? Selon l'intérêt de fa caufe il le devoit faire, & sil ne l’a pas fait, affurémentil avoit quelque intention cachée, comme de les préfenter aux chrétiens à def- fein de fe mocquer de leur crédulité , s'ils lesrece- volent pour vrais, & s'ils appuyoient leur religion fur de pareils fondemens. | L'opinion autrefois commune fur les oracles opé- rés par les démons , décharge le paganifme d’une bonne partie de l’extrayagance ,'& même de labo: mination que les faints peresy onttonjours trouvée. Les Payens devoient dire, pour fe juftifier, que ce n’étoit pas merveille qu'ils euffent ché à des génies qui animotïent des flatues , & faifoient tous les jours cent chofes extraordinaires; & les Chrétiens, pour leur ôter-toute excufe, ne devoient jamais leur ac- corder ce point. Si toute la religion payenne n’a- voit été qu'une impoñture desprêtres, le Chriftiarife. me piofioit de l’excès du ridicule où elle tom- boit. Auf y a-t-1l bien de apparence que les difputes des Chrétiens & des Payens étoienten cet état, lorf- que Porphire avouoit fi volontiers que les oracles étoient rendus par de mauvais démons. Ces man- vais démons lui étoient d'un double ufage. Il s’en fervoit à rendre inutiles , & même défavantaseux à la religion chrétienne les oracles dont les Chrétiens prétendoient fe parer; mais de plus, il rejettoit {ur ces gens cruels & artiñicieux toute la folie, & toute la barbarie d’une infinité de facrifices, que l’on re- prochoit fans cefle aux Payens. C’eft donc prendre les vrais intérêts du Chrifüanifme ,que de foutenir que les démoris n'ont pointété les auteurs'des ora- cles. | Si au milieu de la Grece même, où tout retentif- {oit d’oracles nous avions foutenu que ce n’étoit que des impoftures , nous n’aurions étonné perfonne par la hardièffe de ce päradoxe ,8c nous n’aurions point eu befoïn de‘prendre des'mefurés‘pourle débiter fe- crétemént. La Philofophie s’étoit (partagée fur Le fait des aracles-; lès Platôniéiens &c les Stoicienste- noient leur parti,/mais les Cyniques, les Péripatéti- ciens, les Epicuriens s’en'moquoient hautement. Ce qu'il yavoit de miracüleux-dans les oraclés, ne Pétoit pas tant que la moitié des favans de la Grece ne fuflent encore’ en liberté de n’én rien éroire, êc cela malgré le préjugé commun à tous!les Grecs’, qui mérite d’être compté pour quelque chofe. Eu- febe nous dit que fix cent perfonnes d’entre les payens avoient écrit contre les oracles | 8: nomme entre autres un certain Œnomaus, dont il nous a confervé quelques fragmens , dansléfquels on voit cet Enomaus argumenter fur chaque oracle, contre le dieu qui Pa rendu, & le prendre lui-même à partie. Ce ne font pas les Philofophes feuls qui dans le pagantime, ont fait fouvent aflez peu de cas des CO R À éracles ; beaucoup de gens parmi les grands, &e fe peuple même , confultoient les oraczes pour n'avoir plus à les confulter: & s'ils ne s’accommodoient : point à leurs deffeins, ilsne fe gênoient pas bean- coup pour leur chéir. Auf voit-on des capitaines ne {e pas faire fcrupule de pafler par-deffus des ora- cles, êt de fuivre leurs projets. Ce qu'il y a de plus feinarquable, c’eft que cela s’eft pratiqué dans les remmers fecles de la république romaine , dans ces tems d’une heureufe groflicreré , où l’on étoit f icrüpuleufement attaché à la religion, & où comme it Tite-Live, on ré connoïfloit point encore cette philofophie qui apprend à méprifer les dieux. Les anciens chrétiens n’ont pas tous cru que les oracles fuflent rendus par les démons. Piufieurs d’en- treux ont fouvent reproché aux payens qu'ils Étoient joués par leurs prêtres. Voici comme en parle Clément d'Alexandrie; & les écrivains polis trouveront même que cell d'un ton bien dur. “ Vante-nous, dit-il, f tu veux, ces oracles pleins » defolie & d’impertinence , ceux de Claros, d’A- » pollon pithien, de Didime, d’Amphilochus ; tu » peux y ajouter les augures, & les interpretes des » fonges & des prodiges. Fais-nous paroître auf # devant l’Apollon pithien, ces gens qui devi- » noïent par la farine on par l’orce, êt ceux qui » ont été fi eflimés parce qu'ils parloient du ven- » tre. Que les fecrets des temples des Egyptiens, » Gt que la Nécromancie des Etrufques demeurent » dans les ténebres ; toutes ces choies ne font cer- » tainement que des impoflures extravagantes, & # de pures tromperies pareilles à celles des jeux de # dez. Les chevres qu’on a dreffées à ia divination, » les corbeaux qu’on a dreffés à rendre des oracles, »# ne font pour ainf dire, que les aflociés de ces # charlatans qui fourbent tous les hommes, Eufebe étale à fon tour d'excellentes raifons pour prouver que les oracles ont pu n'être que des impof- tures ; & f néanmoins il vient à les attribuer au dé- mon, ceft par l'effet d'un préjugé pitoyable, ou pour s’'acçommoder autems, & par un refped forcé pour lopinion commune. Les payens n’avoient garde de confentir que leurs orac/s ne fuffent qu’un artifice de leurs prêtres. On crut donc, par une mauvaife mamere de raifonner, gagner quelque chofe dans la difpute , en leur accordant que quand même il y auroit eu du furnaturel dans leurs oracles, cet ouvrage n’étoit pas celui de la divinité , mais des b P 9 démons. Si les démons rendoient les oracles , les démons ne mMañquoïent pas de complaifance pour les princes qui étoient une fois devenus redoutables. La Pyrhie philippifé, difoit plaifamment Démofthene, lor- qu'il fe plaignoit que les oracles de Delphes étoient toujours conformes aux intérêts de Philippe. On fait aufli que l'enfer avoit bien des égards pour Ale- xandre & pour Augufte. Quelques hiftoriens difent nettement qu'Alexandre voulut être fils de Jupiter ammon, & pour l'intérêt de fa varié, & pour honneur de fa mere qui étoit fonpçonnée d’avoir eu quelques amans moins confidérables que Jupiter. Ainf avant que d'aller au temple, il fit avertir le dieu de fa volonté , & le dieu le fit de fort bonne grace. Augufte éperdument amoureux.de Livie, l’enleva à fon mari toute sroffe qu’elle étoit, &ne {e donna pas le loifir d'attendre. qu'elle fit accouchée pour l'époufer. Comme l’aéion étoit un peu extraordi- naire , on en confulta l’oracle : l’oracle qui favoit faire fa cour, ne fe contenta pas d'approuver Au- gufte, 1l affura que jamais un mariage ne réufffloit nieux, que quand on époufoit une femme. dejà groffe. ‘ Les oracles qu’on établifloit quelquefois de:nou- O R À 533 Veau, font autant de tort aux démons que lés or: cles corrompus. Après la mort d'Epheftion, Alexan- dre voulut encore abiolument pour fe confoler, qu'Ephefion ft dieu; tous les courtifans y con: fentirent fans peine. Auffi-tôt voilà des temples que Pon bâut à Epheftion en plufeurs villes, des fêtes qu'on inftitue en fon honneur, des facrifices qu’on lui fait, des guérifons miraculeufes qu’on lui attribue; 8 afin qu'il n'y manquât rien, des orac/es qu'on lui fait rendre. Lucien dit qu’Alexandre éton- né d'abord de voir la divinité d'Épheftion réufir fi bien , la crut enfin vraie! lui-même, & fe fcut bon gré de n'être pas feulement dieu, mais d’avoir encoz te le pouvoir de faire des dieux, Adrien fit les mêmes folies pour fon mignon An- tinous. Îl bâtit en mémoire de lui la ville d’Antinoz polis, lui donna des temples & des prophetes, dit S. Jérôme, Or il n’y avoit des prophetes que dans les temples à oracles, Nous avons encore une inf cripuon greque qui porte: À Aminoïs, le compa- gaon des dieux d'Egypte, M, Ulpius Apollinius for prophete, Après cela, on ne fera pas furpris qu'Auoufte ait auf rendu des oracles, ainfi que nous l’apprenons de Prudence: Affurément Augufte valoit bien Anti- noûs & Epheftion, qui felon toutes les apparences, ne dûrent leur divinité qu’à leur beauté, | Mais qui doute du prodigieux fuccès qu’auroient aujourd’hui quelques rois qui fe mettroient en tête de fonder des oracles dans leurs états, & de les ac- crédirer? Il faudroit avoir mal étudié lefprit humain, pour ne pas connoître.la force que le merveilleux a fur lui. La croyance aux miracles de certaines re- liques, dont plufieurs villes fe difputent la pofef fion, vaut bien la confiance que le peuple payen avoitaux oracles, Etabliflez ici l’exiftence d’une ré- lique , 1l s’en établira cent dans l'étendue de la chré- tienté. Si les dieux prédifoient à Delphes, pour- * quoi n'auroient-ils. pas prédit à Athènes? Les pen- plesavides de l'utilité qu'ils efperoient des oracles, ne démandoient qu'à les voir multipliés en tous eux. — Ajoutez à ces réflexions que dans le tems de la premiere infütution des oracles, l’ignorance étoit beaucoup plus grande qu'elle ne fut dans la fuite, La Philotophie n'étoit pas encore née, & les fu- perfütions les plus extravagantes n’avoient aucune contradiction à efluyer de {à part. fl eft vrai que ce qu'on appelle le peple, n'eit jamais fort éclairé ; cependant la groiliereté dont il eft toujours, recoit encore, quelqués différences felon les fiecles ; du moins il y en a où tout le monde eft peuple, & ceux-là font fans comparaifon les plus favorables à l’établiflement des erreurs. … On pourroït prouver invinciblement que les oc: cles n’étoient rendus qué par des prêtres , en dévoi- lant leurs artifices, & le détail n’en feroit pas en- nuyeux; mais il faut pour abréser nous reftraindre à des généralités fur cet article. Remarquez d’abord que les pays montagneux, & par conféquent pleins d’antres & de cavernes, fe trouvoient les plus abondans en oracles. Telle étoit la:Béone qui anciennement, dit Plutarque , en avoit unetrés-gronde quantité. On fait d’un autre côté, que les Béotièns pañloient pout être fes plus fottes gensdumonde ; c’étoit là un bon pays pour les ora- cles, des {ots à des cavernes. Je n’imagine pas cependant que le premier étn2 bliflement des oracles , ait été une impofture médi. tée ; mais le peuple tomba dans quelque fuperfition qui donna lieu à des gens un peu plus rafñinés d’en profiter: car les fotifes du peuple 1onr telies, affez fonvent, qu’elles n’ont pu être prévues, & queique- | fois.ceux qui le trompoient, ne fongeoient à rien 534 O R A moins , &c ont été invités par lui-même à le trom- per. Ainfi ma penfée eft qu'on n’a point mis d’abord des oracles dans la Béotie, parce qu’elle eft monra- gneufe; mais que l’oracle de Delphes ayant une fois pris naïflance dans la Béotie, les autres, que l’on fit à fon imitation dans le même pays , furent mis dans des cavernes, parce que les prêtres en avoient re- connu la commodité. Cet ufage enfuite fe répandit prefque par-tont. Le prétexte des‘exhalaifofs divines rendoit les ca- vernes néceflaires; & il femble de plus que les ca- vernes infpirent d’elles-mêmes je ne fais quelle hor- reur, qui n’eft pas inutile à la fuperftition. Peut être la fituation de Delphes a-t-elle bien fervi à la fairere- garder comme une ville fainte. Elle étoit à moitié chemin de la montagne du Parnafle, bâtie fur un peu de terre plaine, & environnée de précipices, . qui la fortifoient fans le fecours de l’art. La partie de fa montagne qui étoit au-deflus, avoit#à-peu- près la figure d’un théâtre, & les cris des hommes, & le fon des trompettes fe multiplioient dans les rochers. La commodité des prêtres & la majefté des ora- cles, demandoient donc également des cavernes ; auf ne voyez-vous pas un ft grand nombre de tem- ples prophériques en plat pays: mais s’il yen avoit “quelques-uns, on favoit bien remédier à ce défaut de leur fituation. Au lieu de cavernes naturelles, on en faifoit d’artificielles ; c’eft-à-dire de ces fanétuai- res qui étoient des efpeces d’antres, où réfidoit par- ticulierement la divinité, & où d’autres que les prê- tres n’entroient jamais. Dans ces fanttuaires ténébreux étoient cachées toutes les machines des prêtres, & ils y entroient par des conduits fouterrains. Rufin nous décrit le temple de Sérapis tout plein de chemins couverts ; & pour rapporter un témoignage encore plus fort que le fien, l’Ecriture famte ne nous apprend-elle pas comment Daniel découvrit l’impofture des pré- tres de Belus, qui favoient bien rentrer fecrétement dans fon temple, pour prendre les viandes qu’on y avoit offertes ? Il s’agit là d’un des miracles du pa- ganifme qui étoit cru le plus univerfellement , de ces viétimes que les dieux prenoient la peine de ve- nir manger eux-mêmes. L’Ecriture attribue-t-elle ce prodige aux démons? Point dutout, mais à des prêtres impoiteurs ; & c’eft-là la feule fois où l’Ecriture s’é- tend un peu fur un prodige du paganifme : & en ne nous avertiflant point que tons les autres n’étoient pas de la même nature , elle nous donne à entendre fort clairement qu'ils en étoient. Combien après tout, devoit-il être plus aifé de perfuader aux peu- ples que les dieux defcendoient dans des temples pour leur parler, leur donner des inftru&ions uti- les, que de leur perfuader qu'ils venoient manger des membres de chevres &c de moutons ? Et files prêtres mangeoïent en la place des dieux, à plus forte raifon pouvoient-ils parler auffi en leur place. Les prêtres pour mieux jouer leur jeu, établi rent encore de certains jours malheureux, où il m'étoit point permis de confulter l’oracle, Par ce moyen, ils pouvoient renvoyer les confultans lorf- qu'ils avoient des raifons de ne pas répondre; oubien pendant ce tems de filence, ils prenoient leurs melu- res, & faifoient leurs préparatifs. À l'occafion de ces prétendus jours malheureux, il fut rendu à Alexandre un des plus jolis oracles qui ait jamais êté. Il étoit allé à Delphes pour confulter le dieu ; & la prêtrefle qui prétendoit qu’il n’étoit point alors permis de l'interroger , ne vouloit point entrer dans le temple. Alexandre qui étoit impé- rieux, la prit par le bras pour l’y mener de force; & elle s’écria: 4%, mon fils, on ne peut te réfifler! Je ren veux pas davantage, dit Alexandre, ces oracle ane Juffie, Les prêtres avoient encore un fecret pour gagner du tems , quand il leur plaifoit. Avant que de con fulter l’oracle il falloit facrifier; & fi les entrailles des viétimes n’étoient point heureufes, le dieu n’é- toit point en état de répondre : Et qui jugeoit des entrailles des viétimes ? Les prêtres. Le plus fouvent. même ; ainfi qu'il paroït par beaucoup d'exemples , ils étoient feuls à les examiner ; & tel qu’on obligeoit à recommencer le facrifice, avoit pourtant immolé un animal dont le cœur & le foie étoient les plus beaux du monde. = Les prêtres firent mieux encore, ils établirent cer- tains myfteres qui engageoïient à un fecret inviola= ble ceux qui y étoient initiés : il n’y avoit perfonne à Delphes qui ne fe trouvât dans ce cas. Cette ville n'avoit point d'autre revenu que celui de fon tem- ple, & ne vivoit que d’oracles ; or les prêtres s'aflu- roient de tous les habitans , en fe les attachant par le double lien de l'intérêt & de la fuperftition. On eût été bien reçu à parler contre les oracles d’Apollon dans une telle ville ! Ceux qu'on initioit aux myfferes, donnoient des affurances de leur diferétion. Ils étoient obligés & faire aux prêtres une Confeffion de tout ce qu'il y, avoit de plus caché dans leur vie; & c’étoit après cela à ces pauvres initiés à prier les prêtres de leux garder le fecret. : Ce fut fur cette confeffion qu’un lacédémonien ;! qui s’alloit faire initier aux myfteres de Samothrace, dit brufquément aux prêtres qui l’interrogeoient = « Si j'ai fait des crimes, les dieux le favent bien ». Un autre répondit à-peu-près de la même facon. #« Eft-ce à toi, ou au dieu qu'il faut confeffer fes » crimes? C’eft au dieu , dit le prêtre: Et bienreti- » re-toi donc, reprit le lacédémonien , je les con- » feflerai au dieu ». Ces deux lacédémoniens, qui à-coup-für, ne furent pas reçus, penfoient préci- fement fur la confeffion des crimes qu'exigeoient les prêtres, ce que les Anglois penfent fur la confef+ fion des péchés dans le Chriftianifme. Mais fans s'étendre davantage fur les artifices des oracles | il vient naturellement dans l’efprit une queftion difficile à réfoudre ; favoir , pourquoi les démons ne prédifoient l'avenir que dans des trous, dans des cavernes &c dans des heux obfcurs? Et pourquoi ils ne s’avifoient jamais d'animer une fla- tue , ou de faire parler une prêtrefle dans un carre- four , expofé de toutes parts aux yeux de tout le monde ? , On pourtroit imaginer que les oracles qui fe ren- doient fur des billets cachetés, & plus encore ceux qui fe rendoient en fonge, avoiïent befoin de dé- mons ; mais il nous feroit aifé de faire voir qu'ils n’a voient rien de plus miraculeux que les autres, Les prêtres n’étoient pas fcrupuleux jufqu’au point de n’oferdécacheter les billets qu’on leur apportoit ; il falloit qu’on les laiffât fur l’autel, après quoi om fermoit le temple , où les prêtres favoient rentrer fans qu’on s’en apperçüt ; ou bien il falloit mettre ces billets entre les mains des prêtres, afin qu'ils dormiflent deffus , & reçuflent en fonge la réponfe. Or dans l’un & l’autre cas, ils avotent le loifir &c la liberté de les ouvrir. Ils favoient pour cela plufienrs fecrets, dont queiques-uns furent mis en pratique par le faux prophete de Lucien. On pent les voir dans cet auteur même, fi l’on eft curieux d’appten- dre comment on s’y prenoit pour décacheter les bil- lets fans qu'il y parüt., C’eft à-peu-près [a même méthode qui eft aujourd’hii en ufage dans les bus reaux des poftes. Les prêtres qui n’ofoient fe hafarder à décache. ter les billets, tâchoient de favoir adroitement ce qui amenoit les gens à l’oracle, D’ordinaire c’étoit des perfonnes confidérables , méditant quelque deflein “ ORTA defféin, où animés de Quelque paffion aflez con- | nue. Les prêtres avoient tant de commerce, avec eux à l’occafon des facrifices, avant que l'oracle CENLR - 3 AMEE tp 15 FI A - perlét, qu'il n’étoit pas trop difficile de tirer de … leur bouche, ou du moins de conjeéturer quel étoit îe fujet dé leur voyage. On leur faifoit recommen- «cer facrifices fur facnifices, jufqu'’à ce qu'on fe für éclairci. On lés mettoit entre les mains de certains “menué officiers du temple, qui fous prétexte de leur “en montrer lés antiquités, les ftatues, les. peintures, des offrandes, avoient l’art de les faire parler fur leurs affaires. Ces antiquaires, pareils à ceux qui vivent aujourd'hni de ce métier en ltalie, fe trouvoient dans tous les temples un peu confidérables. Ils {a- voient par cœur tous les miracles qui s'y étoient faits ; fls vous faifoienr bien valoir la puiflance & les merveilles du dieu ; ils vous contoient fort an long Phiftoire de chaque préfenr qu’on lui avoit confa- cré. Sur cela Lucien dit affez plaifamment, que tous ces gens-làne vivoient & ne fubfiftoient que de fa- bles; & que dans la Grece on eût Êté bien fâché d'apprendre des vérités dont il n’eût rien couté, Si ceux qui venoient confulter l'oracle ne parloient point, leurs domeftiques fe taïfoient-ils … 11 faut favoir que dans une ville à oracle, il n'y avoit prefque que des officiers de oracle. Les uns étoient prophetes &c prêtres; les autres poëtes, qui habilloïient en vers les oracles rendus en proie ; les autres fimples interpretes; les autres petits facrificateurs, qui immoloient les vidimes, & en examimoient les entrailles; les autres ven- deurs de, parfums: & d’encens , on de bêtes pour les’ facrifices ; les autres antiquaires; les autres enfin n'étaient que des hôteliers, que le grand abord des étrangers enrichiloit. Tous ces gens-là étoient dans-les intérêts de lorace & du dieu; & fi par le moyen des domeftiques des étran- sers ils découvroient quelque chofe qui fût bon à avoir, vous ne devez pas douter que les prêtres n'en fuflent avertis. Le nombre eft fort grand des oracles qui fe ren- - doïent par fonges; cette maniere n’étoit pas plus difficile que les autres dans la pratique ; mais com- _ mele plus fameux de tous ces oracles étoit celui de Trophonius dans la Béotie, voyez ORACLE DE TROPHONIUS. | Nous obferverons feulement ici qu’entre les ora- cles qui fe rendoient par les fonges, il y en.avoit auxquels 1l falloit fe préparer par des jeünes, com. me celui d’Amphiaraus dans l’Attique; fi vos fon- ges ne ponvoient pas recevoir quelqu'interpréta- tion apparente, on vous faifoit dormir dans le temple fur nouveaux frais ; on ne manquoit jamais de vous remplir l’efprit d'idées propres à vous faire avoir des fonges, où il entrât des dieux & des chofes extraordinaires. Enfin, on vous faifoit dor- mir le plus fouvent fur des peaux de viétimes, qui pouvoient avoir été frottées, de propre à étourdir le cerveau. Quand c’étoit les prêtres, qui en dormant fur les billets cachetés, ayoient eux-mêmes les fonges pro: phétiques, ileft clair que la chofe eft encore plus aifée à expliquer. Dès qu'on étoit aflez ffupide pour fe contenter de leurs fonges, & pour y ajouter.foi, il n’étoit pas befoin qu'ils laiffaffent aux autres la liberté d’en avoir. Ils pouvoient fe réferver ce droit à enx feuls, fans que perfonne y trouvât à redire. Un des plus grands fecrets des oracles , & une des _chofes qui marque clairement que les hommes les rendoient, c’eft l’ambiguité des répon£es, & l’art qu'on avoit de Îes accommoder à tous les événe- mens qu'on pouvoit prévoir. Vous en trouverez un exemple dans Arrian, Zv. FIL. fur la maladie d'Alexandre à Babylone, Macrobe en cite un au- Tome XT, | pot, quelque drogue O R A 535 tre fur Trajan, quand il forma le deflein d'aller attaquer les Parthes, On porta pour réponfe à cet empereur une vigne mile en morceaux. Trajan mourut à cette guerre; & fes os réportés à Rome (fur quoi l’on fit tomber Pexplication de l’oracle) étoient aflurément la feule chofe > à quoi l’oracle n'avoit point penfé. Ceux qui recevoient ces or- ces ambigus, prenoient volontiers la peine d'y ajufter l'éVénement , & fe chargeoient eux-mêmes de le juftifier. Souvent ée qui n’avoit eu qu’un fens : dans l'intention de celui qui avoit rendu l'oraclé,s fe trouvoit en avoir deux après l'événement ; & lé fourbe pouvoit fe repofer fur ceux qu'il du- du foin de fauver fon honneur, Il n’eft plus queftion de deviner les fineffes des prêtres, par les moyens qui pourroient eux-mêmes paroître trop fins. Un tems a été qu'on les a dé- couvertes de toutes parts aux yeux de toute la terre; ce fut quand la religion chrétienne triom- pha hautement du paganifme fous les empereurs chrétiens. ; Hhéodoret dit que Théophile évêque d’Alexan- drie fit voir à ceux de cette ville les flatues creufes, où les prêtres entroient par des chemins cachés Pour y rendre les orackes. Lorfque par l’ordre de Conflantin on abattit le temple d’'Efculape à Egès en Cilicie; on en chaffa, dit Eufebe dans la vie de cet empereur, non pas un dieu ni un démon, mais le fourbe qui avoit fi long-tems impolé à la crédulité des peuples. À cela il ajoûte en général que dans les fimulacres des dieux abattus, on ny trouvoit rien moins que des dieux ou des démons, non pas même quelques malheureux fpeûres ob{- curs & ténébreux, mais {eulement du foin, de la paille, ou des os de morts. La plus grande dificulté qui fegarde les oracles, eft furmontée depuis que nous avons reconnu que les démons n’ont point dû y avoir de part. Les oracles étant ainfi devenus indifférens à la religion chré- tienne, on ne s’intéreflera plus à les faire fnir pré= cifément à la venue de Jefus-Chrift, D'ailleurs nous avons plufieurs preuves qui font voir que les orz- cles ont duré plus de 400 ans après Jefus-Chrift, &t qu'ils ne font devenus tout-à-fait muets qu'avec lenüere deftrufion du paganifme. | Suétone , dans la vie de Néron, dit que loracle de Delphes l’avertit qu'il fe donnât de garde des 73 ans; que Néron crut qu'il ne devoit mourir qu’à cet âge-là , & ne fongea point au vieux Galba qui étant âgé de 73 ans lui Ôta l'empire. Cela le per- fuada f. bien de fon bonheur, qu'ayant perdu par un naufrage des chofes d’un trés-orand prix, il fe vanta que les poiffons les lui rapporteroient, Philoftrate, dans la vie d’Apollonius de T. hyane, qui a vu Domitien, nous apprend qu'Apollomus vita tous les oracles de la Grece, & celui de Dodone , ë& celui de Delphes, & celui d’Amphiaraïis. Plutarque qui vivoit fous Trajan, nous dit que l'oracle de Delphes étoit encore fur pié, quoique éduit à une feule prêtrefle, après en avoir eu deux Ou trois. Sous Adrien, Dion Chryfoftome raconte qu'il confulta oracle de Delphes; & il en rapporta une réponfe qui lui parut aflez embarraflée, & qui Peft effeétivement. Sous les Antonins , Lucien aflure qu’un prêtre de Thyane alla demander à ce faux prophete Alexan- dre, f les oracles qui fe rendoient alors à Didyme, à Claros & à Delphes, étoient véritablement des réponies d’Apollon, ou des impoftures. Alexandre eut des égards pour ces oracles qui étoient de la nature du fen, & répondit au prêtre, qu’il n’étoit pas permis de favoir cela. Maïs quand cet habile piètre demanda ce qu’il feroit après fa mort, on YYYy 536 O R A li répondit hardiment : » ‘Lu feras chameau, puis e ‘ ' 145 À : r » cheval ,puis philofophe, puis prophete aufli grand » qu Alexandre. Après les Antonins, trois empereurs fe difpute- | rent l'empire; Severus, Septimus, Pefcennius Nr ger, Clodius Albinus. On confulta Delphes, dit Spartien, pour favoir lequel des trois la république dévoit fouhaiter? Et l’oracle répondit en un vers: » Le noir eft le meilleur; l'africain eft bon; le blanc » eit le pire ». Par le noir, on eritendoit Pefcennius Niger; par l’africain, Severe qui étoit d'Afrique; & par le blanc, Clodins Albinus. Dion qui ne finit fon hiftoire qu’à la Huitieme année d'Alexandre Severe, c’eft-à-dire, lan 230 de Jefus-Chtift, rapporte que de fon tems Amphi- lochus rendoit encore des oracles en fonge. Il nous apprend auf qu'il y avoit dans la ville d’Apollo- nie un oracle, où l’avenir fe déclaroit pat la ma- niere dont Le feu prenoit à l’encens qu’on jettoit fur un autel. Il n’étoit permis de faire à cet oracle des queftions ni de mort ni de mariage. Ces reftriétions bizarres étoient quelquefois fondées fuf Phiftoire particuliere du dieu qui avoit en fujet pendant fa vie, de prendre de certaines chofes en äverfion ; on, fi vous l’aimez mieux, fur les mauvais fuccès qu’avoient eu les réponfes de oracle en certaines matieres. | Sous Aurélien, vers l’an de Jefüis-Chrift 272, les Paimiréniens révoltés confultérerit un oracle d’A- pollon farpédonien en Cilicie ; 1ls confulterent en- core celui de Vénus aphacite. Licimius, au rapport de Sozomene , ayant deffein de recommencer la guerre contre Conftantin, con- fulta loracle d’Apollon de Didyme, & en eut pour . réponfe deux vers d'Homere, dont le fens eft :» Mal- » heureux vieillard, ce n’eft point à toi à combat- » tre contre les jeunes gens ; tu n'as point de for- » ce, & ton âge t’accable. Un dieu affez inconnu, nommé Befa, felon Am- mian Marcellin, rendoit encore des oracles fur des billets à Abide, dans lextrémité de la Thébaïde, fous l'empire de Conftantius; car on envoya à cet empereur des billets qui avoient été laïffés dans le temple de Befa, fur lefquels il commença à faire des informations très-rigoureufes, mit en prifon, exila, ou fit tourmenter un affez grand nombre de perfonnes ;. c’eft que par ces billets on confultoit ce dieu fur la deftinée de l'empire, ou fur la durée que devoit avoir le regne de Conflantins, ou mê- me fur le fuccès de quelque deffein que l’on for- moit contre lui. j Enfin, Macrobe qui vivoit fous Arcadius & Hono- rius fils de Théodofe, parle du Dieu d'Héliopolis de Syrie & de fon oracle, &z des fortunes d’Antium, en des termes qui marquent poftivement que tout cela fubfftoit encore de fon tems. Remarquez qu'il n'importe que toutes ces hif- toires foient vraies, ni que ces oracles aient effec- tivement rendu les réponfes qu’on leur attribue, Il fufit qu'on n’a pu attribuer de faufles réponfes qu'à des oracles que l’on favoit qui fubfftoient en- core effectivement ; & les hiftoires que tant d’au- teurs en ont débitées, prouvent aflez qu'ils n’a- voient pas ceflé. En général , les oracles n’ont ceflé qu'avec le pa- anifme ; & le paganifme ne cefla pas à la venue de Jefus-Chrift. Conftantin abattit peu de temples; encore n’ofa-t-il les abattre qu’en prenant le pré- texte des crimes qui s’y commettoient. C’eft ainfñ qu'il fit renverfer celui de Vénus aphacite, & celui d’'Efculape qui étoit à Egès en Cilicie, tous deux, temples à oracles: mais il défendit que l’on facrifiât aux dieux, & commença à rendre par cet édit les temples inutiles. O R À ” On fait qu'il reftoit encore beaucoup d’oracks, loxfque Julien {e vit empereur; & que de ceux qi étoient ruinés il s’appliqua à en rétablir quelques- uns. Il fit plus; il voulut être prophete de l’oracte de Didyme. C’étoit le moyen de remettre en hon- neut la prophétie qui tomboit en difcrédit. Il étoit fouverain pontife, puifqu’il étoit empereuf; mais les empéreurs n’avoient pas coutume de faire grand | ufage de cette dignité facefdotale. Pour lui, il prit la chofé bien plus férieufement ; & nons voyons | dans une de fes lettres qui font venues jufqu’à nous, qu’en qualité de fouverain pontife, il défeni à un prêtre payen de faire pendant trois mois au- cune fon@ion de prêtre. Jovien, fon fuccefleur, commençoit à fe porter avec zele à la defiru@ion du paganifme ; maïs en fept mois qu'il fégna, il ne put pas faire de grands progrès. Théodofe, pour y parvenir, ordonria de fermer tous les temples des Payens. Enfin l’exercice de cette religion fut défendu fous peine de la vie, par une conflitution des empereurs Valentinien &e Marcien, l’an 451 de Jefus-Chriit. - Le paganifme enveloppa néceffairement les ora- ules dans fa ruine, lorfqu'il fut abolifpar le Chriftia- nifme, D'ailleurs il eft certain que le Chriftianifme, avant même qu'il fût encore la religion dominante, fit extrèmement tort aux oracles, parce que les chré- tiens s’étudierent à en defabufer les peuples, & à en découvrir limpofture, Mais indépendamment du chriftianifme, les oracles ne laifloient pas de décheoïr beaucoup par d’autres caufes , & à la fin ils euffent entierement tombé. tp On commença à s’appercevoir qu'ils dégénére- rent, dès qu'ils ne fe rendirent plus en vers. Plu- tarque a fait un traité exprès pour re@hercher la caufe de ce changement; & à la maniere des Grecs, il dit fur ce fujet tout ce qu'on peut dire de vrai & de faux. Entr'autres raïfons vraiflem- blables, il prétend que les vers prophétiques fe décrierent par l’ufage qu’en faifoient de certains charlatans , que le menu peuple confultoit le plus fouvent dans les carrefours, Les prêtres des tem- ples ne voulurent avoir rien de commun avec eux; parce qu'ils étoient des charlatans plus nobles 6e plus férieux, ce qui fait une grande différence dans ce métier-là. Mais ce qui contribua le plus à rui- ner les oracles , fut la fonmiflion des Grecs fous la domination des Romains, qui, calmant toutes les divifions qui agitoient auparavant la Grece; lefclavage produifant la paix, ne fournit plus de matiere aux oracles, Si les Romains nuifirent beaucoup aux oracles par la paix qu’ils établirent dans la Grece , ils leur nui- firent encore plns par le peu d’eftime qu'ils en fai- foient. Ce n’étoit point là leur folie ; 1ls ne s’atta- choient qu’à leurs livres fibyllins & à leurs divina- tions étrufques , c’eft-à-dire aux arufpices &r aux au- gures. Les maximes & les fentimens d'un peuple qui domine, pañlent aifément dans les autres peu- ples, & il n’eft pas furprenant que les oracles étant | une invention grecque aient fuivi la deftinée de la Grece , qu'ils aient été floriffans avec elle, & quais aient perdu avec elle leur premier éclat. *_ La fourberie des oracles étoit trop grofliere, pour n'être pas enfin découverte par mille différentes avantures, & même par quelques avantures fcan- daleufes qui deffillerent les yeux de bien du monde. Il arriva que les dieux devenoient quelquefois amou- reux des belles femmes qui venoient confulter leurs oracles. Alors on envoyoit ces belles femmes pañer des nuits dans les temples de la divinité ; parées de la main même de leurs maris , & chargées de pré- fens pour payer le dieu de fes peines. À la vérité » on fermoit bien les temples à la vüe de tout le mon- . a O R A de, mais on né garantifloit point aux maris les che- mins fouterreins. . Nous avons peine à concevoir que de pareilles chofes aient pû être faites feulement une fois. Ce- pendant Hérodote nous aflure qu’au huitième & dernier étage de cette fuperbe tour du temple de Bélus à Babylone, étroit un lit magnifique où cou- choit toutes les nuits une femme choïfe par Le dieu. Il s’en faifoit autant à Thèbes en Egypte; & quand la prêtrefle de loracle de Patare en Lycie devoit prophétifer , il falloit auparavant qu’elle conchât ieule dans le temple où Apollon venoit l’infpirer. Tout cela s’étoit pratiqué dans les plus épaifles ténebres du paganifme, & dans un tems où les cé- rémonies payennes n’étoient pas fujettes à être con- tredites; mais à la vûe des chrétiens, le Saturne d’A- Iéxandrie ne lafloit pas de faire venir les nuits dans fon temple, relle femme qu'il lui plaïfoit de nom- mer par la Bouche de T'yrannus fon prêtre. Beau- coup de femmes avoient recu cet honneur avec grand refpeët , & on ne fe plaignoit point de Satur- ne , quoiqu'il foit le plus âgé & le moins galant des dieux. Il s’en trouva une à la fin, qui ayant couché dans le temple, fit réfléxion qu'il ne s’y étoit rien pañlé que de fort humain, & dont.Tyrannus n'eut été 5 capable ; elle en avertit fon mari qui fit faire le procès à Tyrannus. Le malheureux ayoua tout, & dieu fait quel fcandale dans Alexandrie, Le crime des prêtres, leur infolence, divers évé nemens qui avoient fait paroître au jour leurs four- beries , Pobfcurité, Pincertitude , & la faufleté de leurs réponfes auroient donc enfin décrédité les 0ra- cles , &t en auroiïent caufé la ruine entiere, quand même le paganifme n’auroit pas dû finir ; mais il s’eft joint à cela des caufes étrangeres. D'abord de gran. des feétes de philofophes grecs qui fe font mocqués . | des oracles ; enfuite les Romains qui n’en faifoient point d’ufage; enfinles Chrétiens qui les déteftoient & qui les ont abolis avec le paganifme. Tout ce qui étoit difperfé fur les oracies dans les auteurs anciens, méritoit d’être recueilli en un corps; c'eft ce qu'a exécuté avec-beaucoup de gloire M. Van-Dale ( Antoine ), habile critique du dernier fiecle par {on ouvrage plein d’érudition!, de ora- culis Erhnicorum , Amflel. 1700. in-4°. Il y prouve également qu'on ne doit attribuer les oraces qu’aux tromperies des prêtres, & qu'ils n’ont ceflé qu'’a- vec le paganifme. Il a épuilé tout ce qu’on peut dire fur cette-matiere. M. de Fontenelle, l’homme le plus propre à ôter d'un livre écrit pour les favans , toute la féchereffe qui le rend de peu d’ufage, & y répandre des orne- mens dont tout le monde profite, en a formé fon traité des oracles | qui eft fans contredit un de fes meilleurs ouvrages. Le pere Balthus, jéfuite,fe propofa vingt ans après de le refuter. L’hiftorien de l'académie des Sciences crut qu'il étoit fage de ne pas répondre: il trouva dans M. du Marfais un défenfeur éclairé qui le jufti- foit fans réplique contre les imputations du P. jé- fuite, mais 1l eut lui-même une défenfe exprefle de faire paroître fon livre; cependant M. Dalembert s'eft donné la peine d’en faire l’analyfe , d’après des fragmens qui lui en ont été remis. Cette ana- lyfe intéreflante eft à la tête du tome VII, de l’En- cyclopedie dans l'éloge de M. du Marfais. Pour laïffer de mon côté peu de chofe à defirer fur cette matiere, je vais joindre ici des articles fé- parés de quelques-uns des principaux orac/es du pa- ganime. Il y en avoit tant qu'un favant littérateur qui en a fait la lifte dans les anciens , en indique plus de trois cens, dont le plus grand nombre étoit dans la Grece : mais il ne les a pas fans doute tous nommés ; car il y avoit peu de temples où il ny Tome XI, ” OR A 537 eût quelques oracles on quelque efpece de divinas tion. Il y en avoit de toutes fortes de dates ; depuis celui de Dodone qu’on croit le plus ancien, juiqu’à, celui d’Antinous , qu’on peut regarder comme le dernier, Quelquefois même le crédit de quelques- uns des anciens fe perdoit , on par la découverte des, impoftüres de leurs miniftres ou par les guer- res , Où par d'autres accidens qu’on ignore, A la perte de ceux-là en fuccédoient de nouveaux qu’on avoit foin d'établir | & ceux-ci de même faifoient place à d’autres ; maïs le tems de la décadence de plufieurs de ces oracles & de l’inflitution des nou veaux , ne nous eft point connu. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) ORACLE D’AMMON, ( Théolog. payenne. ) L’o« racle de Jupiter Ammon en Lybie, étoit aufñ ancien que celui de Dodone, Il devint très-célebre, & on venoit le confulter de toutes parts , malgré les in= commodités d’un filong voyage, & les fables brû- lans de la Lybie qu'il falloit traverfer, On ne fait trop que penfer de la fidélité des prêtres qui le fer- voient. Quelquefois ils étoient incorruptibles, com me 1l paroït par l’accufation qu'ils vinrent former à Sparte, contre Lyfander qui avoit voulu les cor. rompre dans la grande affaire qu'il méditoir pour changer l’ordre de la fuccefon royale ; quelque- fois 1ls n’étoient pas fi dificiles , comme il paroir par l’hiftoire d'Alexandre , léquel pour mettre à couvert la réputation de fa mere , ou par pure va= nité , vouloit paffer pour fils de Jupiter , puifque le prêtre de ce dieu alia au-devant de lui, & le falua comme fils du maître des dieux. Nous apprenons de Quinte-Curce & d’autres au: teurs anciens, que la ftatue de Jupiter Ammon avoit la tête, d’un bélier avec fes cornes ; & de Diodore de Sicile , la maniere dont ce dieu rendoit fes ora= cles ; lorfque quelqu'un venoir le confulter. Quatre- vingt prêtres de ce dieu portoient fur leurs épaules dans un navire doré fa ftatue , qui étoit couverte de pierres précieufes ; & alloient ainf fans tenir de route certaine , où ils croyoient que le dieu les poufloit. Une troupe de dames & de filles accom- pagnoient cette proceflion, chantant des hymnes en l'honneur de Jupiter, Quinte- Curce qui dit la même chofe, ajoute que le navire ou la niche fur laquelle on portoit la ftatue de ce dieu, étoit ornée d'un grand nombre de pateres d'argent qui pen- doient des deux côtés. C’étoit apparemment fur quelque figne ou fur quelque mouvement de la fta- tue , que les prêtres annonçoient les décifions de leur Ammon : car comme le remarque Strabon , fur l'autorité de Callifthène , les réponfes de ce dieu n'étoient point des paroles , comme à Delphes &z chez les Branchides , mais un figne ; & il cire à cet- te occafion, les vers d'Homere où le poëte dit: »Ju- » piter donna de fes fourcils un figne de confente- » ment. » Jupiter fut le même qu’Ammon des Egyptiens ; & comme Amon éroit en pofleflion de l’oracle pour lequel les Egyptiens avoient le plus de vénération ; on confacra à Jupiter le feul oracle qu'il y eût alors parmi les Pélafges. Thomas Gale , dans fes notes für Jamblique, a prouvé qu’Ammon, Amour, Amon, Amos, Arnofus, Amafis , Amofis, Thémous , Thamus , ne {ont qu'un : même nom. (2. J.) È ORACLE DE CLAROS, (Théolog. payenne.) oracle célebre d’Apollon , établi à CZaros , au pays des Co- lophoniens en [onie, près de la ville de Colophon. Cet oracle avoit cela de particulier , que le prêtre répondoit verbalement à ceux qui venoient le con- fulter, fans qu’il employâr de {onges & fans rece- voir des billets cachetés comme ailleurs; mais fans À Yyyi 53% OR A doute qu'il avoit d’autres moyens d’être bien inf truit des affaires & des réponfes qu'il devoit rendre. Voici ce que Tacite , div, II. des annales , rapporte de cet oracle, qui tomba bien-tôt après en décaden- ce , car Pline qui parle du temple d’Apoilon Cla- rien, ne fait aucune mention de fon oracle. » Ger- » manicus, dit Tacite, alla confulter Apollon de » Cluros, Ce n’eft point une femme qui y rend les » oracles comme à Delphes , mais un homme qu'on » choïfit dans de certaines familles , 8 qui eft pref- » que toujours de Milet. Il fuffit de lui dire le nom- » bre&c les noms de ceux qui viennent le conful- ». ter ; énfuite il fe retire dans une grotte, 6c ayant » pris de l’eau d’une fource qui y eff, il vous ré- » pond en vers à ce que vous avez dans l'efprit , » quoïque le plus fouvent il foit très-ignorant. » PDT ORACLE DE CLITUMNE , ( Théolog. payenne. ) Pline le jeune décrit ainfi loracle de Clitumne , dieu d’un fleuve d'Ombrie, « Le temple eft ancien & » fort refpeété : Chitumne eft là habillé à la romai- » ne, Les forts marquent la prélence & lé pouvoir _» de la divinité. 11 y a à l’entour plufieurs petites » chapelles, dont quelques-unes ont des fontaines ». &c des fources ; car Clirumne elt comme le pere de » plufieurs autres petits fleuves qui viennent fe »# joindre à lui. Il y a un pont qui fait la fépara- » tion de la partie facrée de fes eaux d’avec la pro- » fane : au-deflus de ce pont on ne peut qu’aller en ». bateau ; au deffous il eft permis de fe baigner », On ne connoît point d’autre fleuve que celui-là qui rendit des oracles ; ce n'étoit guere leur coutume, (D.J.) ORACLE DE DELPHES. Voyez DELPHES , ORA- CLE DE. ORACLE DE DoDowE, ( Théolog. payenne. ) au rapport d'Hérodote , loracle de Bodone le plus an- cien de la Grece, & celui de Jupiter Ammon dans la Lydie, ont la même origine, &c doivent tous les deux leur érabliflement aux Égyptiens, comme tou- tes lesautres antiquités de la Grece. Voici l’enve- loppe fous laquelle on a caché ce trait d’hiftoire. Deux colombes, difoit-on , s'étant envolées de Thèbes en Egypte, il y en eut une qui alla dans la Lybie, & l’autre ayant volé jufqu'à la forêt de Do- done dans la Chaonie , province de PEpire , Sy atrêta ; & apprit aux habitans du pays, que linten- tion de Jupiter étoit, qu'il y eût un oracle en ce lieu là. Ce prodige étonna ceux qui en furent les te- moins, & l’oracle étant établi, xl y eut bien-tôt un grand nombre de confultans. Servins ajoute que c’étoit Jupiter qui avoit donné à fa fille Thébé ces deux colombes , & qu’elles avoient le don de la pa- role. Hérodote qui a bien jugé que cette fiétion ren- fermoit l'événement qui donna lieu à létablifle- ment de cet oracle, en a recherché le fondement hiftorique. | Deux prêtrefles de Thèbes , dit cet auteur , fu- rent autrefois enlevées par des marchands Phéni- ciens : celle qui fut-vendue en Grece, établit fa demeure dans la forêt de Dodone , où l’on ailoit alors cueillir le gland qui fervoit de nourriture aux anciens Grecs, & elle ft conftruire une petite cha- pelle au pié d’un chêne en l’honneur de Jupiter , dont elle avoit été prêtrefle à Thèbes ; & ce fut-là que s'établit cet ancien oracle , fi fameux dans la fuite. Ce même auteur ajoute, qu’on nomma cette femme la colombe, parce qu’on n’entendoit pas fon langage ; mais comme on vint à le comprendre quelque tems après, On publia que la colombe avoit parle. Souvent pour expliquer les anciennes fables, les Grecs qui n’entendoient pas la langue des peuples de l'Orient , d’où elle leur étoient venues, en ont débité denouvelles, Le favant Bocharta cru tronver Porigine de celle dont il s’agit, dans l’équivoque de deux mots, phéniciens ou arabes , dont lun fienifie colombe & l'autre prérrefle. Les Grecs toujours por- tés au merveilleux, au Hieu de dire qu'une prêétrefle de Jupiter avoit déclaré la volonté de ce dieu, di- rent que c’étoit une colombe qui avoit parle. Quelque vraiffemblable que foit la conjefture de ce favant homme , M. l’abbé Sallier en a propofé une qui paroit l'être davantage ; 1l prétend que cet- te fable eft fondée fur la double fignifñication du mot réxues , lequel fienifie des co/ombes dans l'Atrique & dans plufieurs autres provinces de la Grece, pen- dant que dans la dialeéte de lEpire , il vouloit dire de vieilles femmes. Servius , qui avoit bien com- pris le fens de cette fable , ne s’eft trrompéen l'ex pliquant, que parce qu'il a changé le nom appella- tif de Peleias en un nom propre, « Il y avoit, dit- » il, dans la forêt de Dodone, une fontaine qui » couloit avec un doux murmure au pié d’un chè- » ne: une vieille femme nommée Pélias, interpré- » toit ce bruit, & annoncoit {ur ce murmure, l’a- » venir à ceux qui venoient la confuiter. Si l’oracle de Dodone {e manifefla d’abord par le murmure d’une fontaine , il paroït qu'avec le tems on y chercha plus de façons ; maïs comme perfon- ne ne pénétroit dans le fanétuaire del'oracle, on ne s'accorde point fur la mariere dont celui-ci fe ren-- dit dans la fuite. Arifiote , au rapport de Suidas , dit qu’à Dodone il y a deux colonnes, fur Pune defquelles eft an baïin d’airain, & fur lantre, la ftatue d’un enfant qui tient un fouet , dont les cor- des étant aufli d'airain,, font du bruit contre le baf= fo, lorfqu'’eiles y font ponffées par le vent. Démon, felon le même Suidas, prétend que l’o- * racle de Jupiter Dodonéen eft tout environné. de baflins, qui aufh-rôt que l’un eft pouffé contre l’au- tre , fe communiquent ce mouvement en rond, & font un bruit qui dure aflez de tems. D’autres difent que c’étoit un chène raifonnant, qui fecouoit fes branches & fes feuilles , lorfqu’il étoit confulté , & qui déclaroit fes volontés par des prêtreffes. Il pa- roît bien de ce détail qu'il n’y avoit que le bruit de conftant , parce qu'on l’entendoit de dehors ; mais comme on ne voyoit point le dedans du lieu où fe rendoit l’oracle , on ne favoit que-par conjeétutes , ou par uñ rapport infidele , ce qui caufoit le bruit. On nommoit Dodonides les prêtrefles du temple de Dodone ; on ignore fi elles rendoïent leurs ora= cles en vers , comme le témoigne le recueil qui en a été fait, ou par les forts, comme femble le croire Ciceron dans {es livres de la divination. | . Strabon nous a confervé une réponfe de cet ora- cle, qui fut bien funefte à la prêtrefle de Dodone qui l’avoit rendue. Pendant la guerre des Thraces contre les Béotiens , ces derniers allerent confulter l'oracle de Dodone, & la prêtreffe leur répondit qu'ils auroient un heureux fuccès , s'ils en agifloient en impies. Les envoyés des Béotiens ,.«perfuadés que la prêtreffe vouloit les tromper , pour favorifer les Pélafges dont elle defcendoit, & qui étoient alliés des Thraces, prirent cette femme &x la firent brûler vive , difant que de quelque maniere qu’on tour- nât cette ation , elle ne pouvoit qu'être trouvée juite. En effet, fi la prêtrefle avoit eu deflein de les tromper , elle étoit punie de fa fourberie : f elle avoit parlé fincérement , ils n’avoient fait qu'exé- cuter l’oracle à la letire. On ne fe paya pas de cette raïifon, on fe faifit des envoyés; mais comme on n’ofoit pas les punir fans les avoir jugés auparavant, on les conduifit devant les deux prêtrefles qui ref- toient ; car il devoit y en avoir trois alors à cet: oracle, felon le récit de Srrabon. Les députés ayant reclamé çontre cette conduite, on leur açcorda deux - hommes pour juger avec les prêtrefles. Celles-ci ne manquerent pas de condamner les envoyés, mais les deux juges leur furent plus favorables ; ainfi les : voix étant partagées, 1ls furent abfous. Tite-Live, 4b. VIII. c. xxjv. cite la réponfe am- biguë de loracle de Dodone , qui fit périr Aléxandre, roi d'Epire, Ce prince méditant de faire une def- cente en Italie fe berça des plus grandes .efpéran- æs de fuccès, lorfque fur fa confultation , l’oracle - Jui recommanda feulement d'éviter la ville de Pan- dofe &s le fleuve Achéron. Il crut que Jupiter lui ordonnoit de quitter fes terfes, & qu'il lui promet- toit des conquêtes fans bornes, dès qu'il pafferoit ur des rivages étrangers ; ce fut apparemment dans cette occafion qu'il fit frapper une médaille, où l’on voit d’un côté la tête de Jupiter Dodonéen, aure- vers un foudre furmonté d’une étoile, & au-deflous une efpece de lance , avec ces mots: AAEFANAPOY TOY NEONTOAEMOY. Cependant trois ans après ral- liant fes troupes auprès du fleuve Acheron, il fut percé d’un javelot par un transfuge, & tomba dans la riviere , dont le courant l’emporta chez les enne- mis qui traiterent fon corps avec la derniere bar- barie. | A Nous favons auf quelle‘fut la fin de l’oracle de Dodone. Dorimaque, au rapport de Polybe, brûüla Îles portiques du temple , renverfa de fond en com- … ble le lieu facré de l’oracle, & ruina ou plutôt pilla | toutes les ofrandes. L’oracle de Dodone étoit de l’in- fitution des Pélafges, & nous pouvons placer la véritable époque de fon commencement , environ 1400 ans ayant J. C. (D.,J.) ORACLE D'ESCULAPE, ( Théol. payenne. ) outre l’oracle célebre d’Efculape à Epidaure en Argie, fur le golfe Saronique , ce dieu rendoit encore fes ora- « cles dans fon temple de l’île du Tibre. On a trouvé à Rome un morceau d’une table de marbre , où font en grec les hiftoires de trois miracles d'Efculape : en voici Le plus confidérable traduit mot-à-mot fur l'inf- cription. « En ce même terms il rendit un oracle à un » aveugle nommé Caius; il lui dit qu'il allâr au » faint autel, qu'il s’y mit à genoux, & y adorût; _» qu’enfuite il allât du côté droit au côté gauche, _ » qu'il mit les cinq doigts fur l’autel , 6 enfin qu'il > portât {a main fur fes yeux. Après tout cela l’aveu- # gle vit, le peuple en tut témoin , & marqua la joie # qu'il avoit de voir arriver de fi grandes merveilles » {ous notre empereur Antonin ». Les deux autres guérifons font moins furprenantes ; ce n’étoit qu’une pleuréfie & une perte de fang, defefpérées l’une & l’autre à la vérite ; mais le dieu avoit ordonné à fes malades des pommes de pin avec du miel , & du vin avec de certaines cendres, qui font des chofes que les incrédules peuvent prendre pour de vrais remedes. Ces infcriptions, pour être grecques, n’en ont pas moins été faites à Rome : la forme des lettres & l’ortosraphe ne paroïffent pas être de la main d’un {culpteur grec. De plus, quoiqu'il foit vrai que les Romains fafoient leurs infcriptions en latin, ils ne laifloient pas d’en faire quelques-unes en grec, principalement lorfqu’il y avoit pour cela quelque tafon particuliere. Or1l eft aflez vrauflemblable qu’- on ne fe fervit que de la langue grecque dans le temple d’Efculape, parce que c’éroit un dieu grec, &c qu’on avoit fait venir de Grece pendant cette grande pefte , dont tout le monde fait l'hiftoire. ORACLE D'HÉLIOPOLIS , (Théol. payehne.) c’étoit un oracle d'Apollon dans cette ville d'Egypte; ce dieu, au Yapport de Macrobe, Sacurn, lib, I, ©. xxiy. rendoit fes réponfes de même que Jupiter Ammon. « On porte, dit cet auteur , la ftatue de ce dieu, de » la même maniere qu'on porte celle des dieux dans # la pompe des jeux du cirque, Les prêtres açcom- À O R À 539 » pagnés des principaux du pays, qui afliftent à » cette cérémonie, la tête rafée, & après une lon- » gue continence, n’avancent pas felon qu’ils pour- * roient le vouloir , mais felon le mouvement que » lé dieu qu'ils portent leur donne, par des mouve- » mens femblables à ceux des forts ou des fortunes » d’Antium ». : ORACLE DE MERCURE, d Pharès, ( Theologie payenne.) un des oracles les plus finguliers étoit celui de Mercure à Phares, ville d’Achaie, duquel parle Paufanias dans fes Achaïques , Zv. WII, chap. xæiy. Aprés beaucoup de cérémonies, dont le détail n’eft pas ici néceflaire, on parloit au dieu à loreille, & On lui demandoit ce qu’on avoit envie de favoir: enfuite on fe bouchoit ies oreilles avec les mains, on fortoit du temple, & les premieres paroles qu’on entendoit au fortir de là, c’étoit la réponfe de Mer- cure. (D..J.) G ORACLE DE Moprsus, ( Théol, payenne. ) on con- noît par la fable ce fils d’Apollon & de Manto, fille de Tiréfas, & qui devint aufi fameux devin que fon grand - pere : auf fut-il après fa mort Honoré comme un demi-dieu, & eut un oracle célebre à Malle, ville de Cilicie; cet oracle fe rendoit fur des billets cacherés, que les prètres des dieux favoient décacheter fans qu'il y parût: affurément ils ou- vrirent celui que le gouverneur de Cilicie, dont parie Plutarque, avoit envoyé en confultation à leur oracle, Ce gouverneur ne favoit que croire du dieu, il étoit obfédé d’épicuriens qui lui avoient jetté beaucoup de doute dans Pefprit ; il fe réfolut , com- me dit agréablement Plutarque, d'envoyer un efpion chez les dieux pour apprendre ce qui en étoit. IL lui donna un billet bien cacheté pour le porter à l’oracle de Mopfus. Cet envoyé dormit dans le tem- ple , & vit en fonge un homme fort bien fait qui lui dit zorr. Il porta cette réponfe au gouverneur, Elle parut tres-ridicule à tous les épicuriens de fa cour. mais 1l en fut frappé d’étonnement & d’admiration , &c en leur ouvrant fon bullet il leur montra ces mots qu'il y avoit écrit : « l’immolerai =je un bœuf blanc » ou nOir »? Après ce nuracle il fut toute fa vie fort dévot au dieu Mopfus. ORACLE DE SÉRAPIS, ( Théol. payenne.) ce dieu des Egyptiens avoit deux oracles célebres, l’un à Canope , qui étoit le plus fameux de toute l'Egypte, &t l’autre à Babylone. Sé:on Strabon, 1l n’y avoit rien de plus gai dans touté-la religion payenne que les pelerinages qui fe faifoient en l'honneur de Sérapis. & Vers le tems de » certaines fêtes , dit-1l, on ne fauroit croire la mul- » titude de gens qui defcendent fur un canal d’Ale- » xandrie à Canope où eft ce temple; jour & nuit » ce ne font que bateaux pleins d'hommes & de » femmes, qui chantent & qui danfent avec toute la » liberté imaginable ». À Canope il y a fur le canal une infinité d'hôtelleries qui fervent à retirer ces voyageurs, & à favorifer leurs divertiflemens: ce temple de Sérapis fut détruit par l’ordre de l’empe- reur Théodofe, Le fophifte Eunapius, payen, paroït avoir stand regret à la démolition qui fut faite de ce temple, & nous en décrit la fin malheureufe avec affez de bile. If dit que des gens qui n'avoient jamais entendu parler de la guerre, fe trouverent pourtant fort vaillans contre les pierres de ce temple, & principalement contre les riches offrandes dont il étoit plein ; que dans ces lieux faints on y plaça des moines, gens: infames & inutiles, qui pourvû qu'ils euflent un habit noir & malpropre, prenoient une autorité ty. rannique fur l’efprit des peuples , & que ces moines, au-lieu des dieux que l’on voyoit par les lumieres de la raon, donnoient à adorer des têtes dé bri- 40 O R A gands punis pour leurs crimes, qu’on avoit falées pour les conferver. C’eft ainf que cet impie traite les moines & les religieux ; 1l falloit que la licence ft encore bien grande du tems qu'on écrivoit de pareilles chofes fur la religion des empereurs. Ruffin ne manque pas de nous rapporter qu'on trouva le éemple de Sérapis tout plein de chemins couverts, & des machinés' difpofées pour les fourbe- ries des prêtres. Il nous apprend entre autres cho- fes, qu'il y avoit à l’orient du temple une petite fenêtre par où entroit'à certains jours un rayon du oleil qui alloïit donner fur la bouche de Sérapis. Dans le même tems on apportoit un fimulacre du foleil qui étoit de fer, & qui étant attiré par de laimant caché dans la voüte, s’élevoit vers Sérapis. Alors on difoit que le foleil faluoit ce dieu; mais quand le fimulacre de fer retomboit, & que le rayon fe retiroit de deflus là bouche de Sérapis, le foleil lin avoit aflez fait fa cour , & il alloit à fes affaires. L’oracle de Sérapis à Babylone, rendoit fes répon: fes en fonge. Lorfqu’'Alexandre tomba malade tout- d’un-coup à Babylone , quelques-uns des principanx de fa cour allerent pañler une nuit dans le temple de Sérapis, pour demander à ce dieu s'il ne feroit point à propos de lui faire apporter le roi afin qu'il le guérit. Le dieu répondit qu'il valoit mieux pour Alexandre qu'il demeurât où il étoit. Sérapis avoit raifon ; cat s’il fe le fût fait apporter, & qu’Alexan- dre fût mort en chemin, ou même dans le temple, que n’eût-on pas dit? Mais fi le roi recouvroit fa fanté à Babylone, quelle gloire pour Poracle ? S'il mouroit, c’eft qu'il lui étoit avantageux de mourir après des conquêtes qu'il ne pouvoit augmenter n1 conferver. Il s’en fallut tenir à cette derniere inter- prétation, qui ne manqua pas d’être tournée à l’a- vantage de Sérapis, fitôt qu'Alexandre fut mort. (D. J.) ORACLE DE TROPHONIUS , (Théologie payenne.) Trophonius, héros felon les uns , brigand felon les autres, étoit frere d’Agamedès, & tous deux fils d’Erginus , roi des Orchoméniens. Leurs talens pour l’architedure les fit rechercher de plufieurs princes, par l’ordre defquels ils bâtirent des temples & des palais. Dans celui qu'ils conftruifirent pour Hyricus ils ajufterent une pierre de maniere qu’elle pouvoit s’enlever la nuit, & ils entroient par-là pour aller voler Les tréfors qui y étoient renfermés. Le prince qui voyoit diminuer fon or, fans que les ferrures mi les cachets fuflent rompus, drefla des piéges au. tour de fes coffres, & Agamedès s’y trouvant ar- rêté, Trophomius lui coupa la tête de peur qu'il ne le découvrit dans les tourmens qu’on lui auroit fait foufrir fi on l’avoit pris en vie. Comme Tropho- nius difparut dans le moment, on publia que la terre l’avoit englouti dans 4e même endroit, & la fuperftition alla fur une réponfe de la Pithie de Delphes, jufqu’à mettre ce fcélérat au rang des demi-dieux , & à lui élever un temple où 1l rece- voit des facriñices & prononçoit des oracles en Béo- tie, qui devinrent les plus pémibles & les plus cé- lebres de tous ceux qui fe rendirent en fonge. Pau- fanias qui avoit été lui-même le confulter, & qui avoit pañlé par toutes ces cérémonies, nous en a laiffé une defcription fort ample, dont je crois qu’- on fera bien aife de trouver ici un abrégé exact. Avant que de defcendre dans l’antre de Tropho- nus, il falloit pañler un certain nombre de jours dans une efpece de petite chapelle qu’on appelle de Z bonne fortune G& du bon génie. Pendant ce tems on recevoit des expiations de toutes les fortes ; on s’ab- ftenoit d'eaux chaudes ; on fe lavoit fouvent dans : le fleuve Hircinas; on facrifioit à Trophonins & à toute fa famille , à Apollon, à Jupiter furnommé ÆRoï ; à Saturne, à Junon, à une Cérès Europe qui OC R A avoit êté nourrice de Trophonius, &onne vivoit que des chairs facrifiées. Les prêtres apparemment ne vivoient aufli d'autre chofe. Il falloit confulter les entrailles de toutes ces viéimes, pour voir fi Trophonius trouvoit bon que l’on defcendit dans fon antre ; mais quand elles auroient été toutes les . plus heureufes du monde, ce n’étoit encore rien, les entrailles qui décidoient étoient elles d’un cer- tain bélier qu’on immoloit en dernier lieu. Si elles étoient favorables, on vous menoit la nuit au fleuve Hircinas. Là deux jeunes enfans de douze on treize “ans vous-frottoient tout le corps d'huile: enfuite on vous conduifoit jufqu’à la fource du fleuve, & on vous y faifoit boire de deux fortes d’eaux, celles de Léthé qui effaçoient de votre efprit toutes les pen- fées profanes qui vous avoient occtipé auparavant, & celles de Mnémofine , qui avoit la vertu de vous faire retenir tout ce que vous deviez voir dans l’an- tre facré. Après tous ces préparatifs on vous faifoit voir fa ftatue de Trophonius , à qui vous faifiez vos pricres; on vous équipoit d’une tunique de lin; on vous metfoit de certaines bandelettes facrées, & * enfin vous alliez à loracle. L'oracle étoit fur une montagne dans une enceinte faite de pierre blanche, fur laquelle s’élevoient des obélifques d’airain. Dans cette enceinte étoit uné caverne de la figure d’un four , taillée de main d'homme. Là Souvroit un trou où l’on defcendoit par de petites échelles. Quand on y étoit defcendu on trouvoit une autre petite caverne dont l’entrée étoit affez étroite. On fe couchoit à terre; on pre- noit dans chaque main de certaines compoñitions de auel; on pañoit les piés dans louverture de la pe- tite cdverne , & pour-lors on fe fentoit emporté au- dedans avec beaucoup de vitefle. C’étoit là que l'avenir fe déclaroit, maïs non pas à tous d’une même maniere. Les uns voyoïent , les ahtres entendoient,vous fortiez de l’antre couché par terre comme vous y étiez entré, & les piés les pre- miers. Aufli - tôt on vous menoif dans la chaïfe de Mnémofine où l’on vous demandoit ceque vousaviez vû ou entendu. De-là on vous ramenoit dans cette chapelle du bon génie, encore tout étourdi & tout hors de vous, vous repreniez vos fens peu-à-peu, & vous commenciez à pouvoir rire; car jufques-là, la grandeur des myfteres, & la divinité dont vous étiez rempli, vous en avoient empêché ; pour mot il me femble qu’on n’eut pas dû attendre fi tard à rire. Paufanias nous dit qu'il n’y a jamais eu qu’un homme qui foit entré dans l’antre de Trophonius & qui n’en foit pas fort, C’étoit un certain efpion que Démétrius y envoya pour voir s'il n’y avoit pas dans ce lieu faint quelque chofe qui füt bon à pil- ler : on trouva loin de-là le corps de ce malheureux, qui n’avoit point été jetté dehors par l'ouverture facrée de l’antre. Voici les réflexions fenfées dont M. de Fontenelle accompagne ce récit. « Quel loifir, dit-1l, n’avoient » pas les prêtres pendant tous ces différens facrifi- » ces qu'ils faifoient faire, d'examiner fi on étoit pro- » pre à être envoyé dans l’antre ? car aflurément » Trophonius choififloit {es gens , & ne recevoit pas » tout le monde. Combien toutes ces ablutions , & » ces expiations, & ces voyages notturnes, & ces » paflages dans des cavernes obfcures, remplifoient- » elles lefprit de fuperftition , de frayeur & de crain- » te ? combien de machines pouvoient jouer dans ces » ténebres ? L'hiftoire de l’efpion de Démétrius nous » apprend qu’il n’y avoit pas de fureté dans l’antre, » pour ceux qui n’y apportoient pas de bonnes inten- » tions ; & de plus qu'’outre l’ouverture facrée qui » étoit connue de tout le monde, l’antre en avoit » une fecrette qui n’étoit connue que des prêtres, v _» gent, en étoffes de lin, de foie & d’autres matieres : OR A % Quand on s'y fentoit entraîné par les piés, on » étoit fans doute tiré par des cordes, & on n’avoit » garde de s’en appercevoif en y portant les mains, _ puifqu’elles étoient embarraflées de ces compoñ- » tions de miel qu'il ne failoit pas lâcher. Ces caver- # nes pouvoient être pleines de parfums &c d’odeurs # qui troubloient le cerveau ; ces eaux de Léthé & » de Mnémofine pouvoient être auffi préparées pour » le même effet, Je ne dis rien des fpedaclés & des # bruits dont on pouvoit être épouvanté, & quand » on fortoit de-là tout hors de foi, on difoit ce /qu’- + on avoit vü ou entendu, à des gens qui profitant # de ce defordre , le recueilloient comme 1l leur # plaïifoit, y changeoïent ce qu'ils voulotent, ou # enfin en étoient toujours les interpretes ». ORACLE DE VÉNUS APHACITE, ( Théologie payenne.) Aphaca étoit un lieu de Phénicie, entre Héliopolis & Biblos : la forme de l'orac/e qu’on y rendoit étoit aflez finguliere ; voici comme parle ÆZozime, div, I, | | 223. É « Auprès du temple de Vénus eft un iac fembla- » ble à une citerne. À de certaines affemblées que » l'on y fait dans des tems regiés, on voit aux s environs dans l'air des globes de feu, & ce pro- s digera été encore obfervé de nos jours. Ceux qui » vont porter à la déeffe des préfens en or &.en ar- » précienfes les mettent fur le lac, quand ils font » agréables à la déefle, ils vont au fond, au -lieu que quand ils lui déplaifent, ils furnagent malgré » la pefanteur naturelle des métaux». L'année qui précéda la ruine des Palmiréniens, leurs préfens à Vénus Aphacitide allerent au fond, mais l’année fuivante tout furnagea. Eufebe parle de ce temple comme d'un lieu confacré à limpudicité. Conftan- * xin le fit abaitre, & par conféquent l’orac/e cefla. Socrate, 4v. I. chap. xviij. en faifant mention de ce fait, ditque le temple étoit fur le mont Liban, Lucien dit qul avoit été bâti par Cynire, (D. J.) OraAcLEs Des HÉBREUX, (Cririque facrée, ) ils avoient 1° le propitiatoire , qu'on appelloit dabir, l’oracle de vive voix, la parole articulée ; cet orz- cle fe rendoit par l'Eternel à fes prophetes ; 2° nn fe- cond oracle des Juifs étoit les fonges prophetiques; 3° les viñions furnaturelles ; 4° l’oracle d'Urim &t de Thummim. Ces manieres de confulter le Seigneur furent affez fréquentes depuis Jofué jufqu’à l’érec- tion du temple , où pour-lors on confulta plus fon- vent les prophetes mêmes. Après les prophetes , les Juifs prétendent que Dieu leur donna ce qu'ils ap- pellent #arhkol , ou figne diftinétif, lequel manifef- toit fa volonté. Ce figne étoit une voix intérieure, ou une voix extérieure qui fe faifoit entendre dans Paflemblée , comme celle qu’on entendit fur le Tha- bor, lors de la transfguration du Sauveur. Oracle fe prend aufñ pour le fanétuaire ou pour _ le lieu où étoit l’arche d’alliance. Ce mot défigne encore dans l’Ecriture les oracles des faux-dieux. Ezéchiel,xx7.23. dit que le roi de Babylone s’avan- çant vers la Judée , & fe trouvant fur un chemin fourchu , confulta fes rhéréphins , pour favoir s'il marcheroit contre Jérufalem , & que les Juifs s’en moquoient , le regardant comme un homme qui confulte inutilement l’oracle. Mais le plus fameux de tous les faux-oracles de la Paleftine éteit celui de Béelzébuth , dieu d’Accaron, que les Juifs alloient eux-mêmes confulter affez fouvent. ( D. J.) ORAGE,, f. m. (Gramm.) violente agitation de Pair , accompagnée de pluie & quelquefois de grêle, d’éclairs & de tonnerre. Les grands vaiffeaux ne craignent niles vents, ni Porage, mais feulement la terre & le feu. - IL fe prend au figuré , le vaifleau de l’églife eft fans cefle battu de l'orage. Il n’y a point de maïfons qui ORA 41 ñe fient troublées par quelques orages ORAGE,(Phyf.)per{onne ne doute qu’iln’y aituné matiere extrémement agitée qu pénetre les corps même les plus durs , ébranle leurs petites parties, les fépare les unes des autres , les entraîne avec elle, & les répand çà & là dans le fluide qui les en- vironne : aufli les voyons-nous tous ; tant folides que liquides, fe diffiper infenfiblement, diminuer le volume , & enfin parlelaps du tems s’évanouir & difparoître à nos yeux. y a donc dans air des parties de tous les mixtes que nous voyons fur la terre, & de ceux même que nous ne voyons pas , & qu'elle renferme dans fon ein. Be Nous fayons d’ailleurs que parmi ces mixtes il y en a dont le mêlange eft toujours fuivi d’un mouve- ment de fermentation. Il doit donc y avoir dans l'ait des fermentations , dont les effets doivent varier fe- lon la différente nature des principes qui les pro- duifent , felon la différente combinaifon de ces mê- mes principes , & même felon la differente difpofs tion du fluide dans lequel ils nagent. | Et voilà d’abord une idée générale de la caufe qui produit les orages & liés phénomenes qui les ac: compagnent ; maisentrons dans quelque détail , & voyons comment la fermentation opere tous ces prodiges: k Formation des orages, L'expérience nous apprend qu'il n’y a point de fermentation qui ne produile un mouvement expanff dans la matiere qui fermente ! ainfi dès que les vapeurs & les exhalaïfons qui for- ment un nuage , commencent à être agitces par ia fermentation , 1l faut que ce nuage fe dilate & quil occupe un plus grand efpace , il faut donc auf qu'il s'éleve ; car puifque {on volume augmente, fa mafle demeurant la même, 1l devient plus léger qu'un pareil volume d'air, ce qui fufht pour le fairé monter fuivant les lois invariables de l'Hydrofiau- que. Oril eft aifé de comprendre que ce mouvement de bas-en-haut doit attirer les nuages qui fe trou- vent à une certaine diftance du lieu abandonné par celui qui s'éleve ; car à mefure quil pafle d’une couche d’air à une autre plus élevée, & par confé- quent moins denfe que la premiere , l’efpace qu'il laiïfe après li doit être occupé principalement par Pair collatéral, puifque c’eft le feul qui ait la denfité requile pour faire équilibre à cette hauteur. Done la couche d’air qui répond à cette même hauteur, doit prendre une pente vers cet endroit, & en même tems y pouller les nuages voifins, lefquels fe joi- onant au prenuer fermenteront avec lui, & en atti- reront d’autres de la même maniere qu'ils ont été attirés eux-mêmes, Et je n'avance rien ici dont il ne foit aïfé de fe convaincre ; car d'où viennent ces mouvemens contraires & oppolés, qu'on remarque toujours dans les nuages qui environnent un orage pendant qu'il {e forme , & dont le vulgaire croit rendre raifon en difant que les vents {e battent? N’eft-1l pas évident que l’exalration de la matiere qui fermente attire les uns , tandis que fon mouvement expanff du cen- _tre à la circonférence écarte les autres ? Mais développons ceci ençore mieux, s’il eft pof- fblee Dès que la matiere qui forme un nuage com- mence à fermenter, 1l eft certain que fon expanfon & le mouvement de chaleur qui fe répand de tous côtés, doiventécarter l'air environnant, enfemble les nuages voifins dont cet air fe trouve chargé.Mais Peffet de cette chaleur &r de cette force expanñve, diminuera fans doute dans cette couche d'air à me- fure que la matiere s’en éloignera en pañlant dans une autre plus élevée , dont ce même air d’abord écarté à droit & à gauche doit bientôt retomber par 342 :O R À fon propre poids & par la force de fon effort vers lefpace abandonné par la matiere qui s’éleve., 8 ramener ainf vers l'orage les mêmes nuages, qu’on avoit vû s’en écarter un peu anparavant. C’eftainf que l'air écarté par l’aétion dû foleil: revient à len- droit même d’où il a été chaflé aufäi-tôt que le folel a pañlé outre + encore dans le cas propolé, y a-tuil, comme l’on voit ; une caufe particuliere, qui doit Hâter le retour de l'air, puifque le nuage qu s'éleve laifle après lui un efpace propre à la recevoir, au lieu quele {oleil n’entlaifle point. Pour rendre encore plus {enfble-ce que jeviens de dire, & ne lafler aucun dontefur là caufe qui produit ce jeu fingulier dans les nuages qui fe trou- vent à portée d’un orage qui fe forme, je fuppofe qu'ontmeite dans un vale différentes liqueurs moins pefantes les unes que les atitres, panexemple,, du mercure ,1de l’eau & delhuile, & pour rapprocher cette fuppofñtion du cas-propofé autant qu'il eff pof- fible , j'imagine ce vafe extrèmement étendu & ces différentes liqueurs auf élaftiques que L'air. “Sion jette dans ce vale un {olide d’un certain volume êz d’une pefanteur fpécifique égale à celle dé l'eau, 1l eft évident qu'il doit s’arrêter dans l’eau entre l'huile &t le mercure, & qu'il'doits’y, tenir envéquilibre tandis qu'il ne furviendra aucun changement dans fa mafle, nidans fon volume : mais fi Pon fuppofe qu'il fe fafle dans ce {olide une-fermentation quu le dilate, il arrivera enpremier hew que fonexpanfon jointe au mouvement de chaleur qui l'accompagne écartera Peau environnante , & la pouflera de tous côtés vers les parois du vafe, enforte que fi certe eau fe trouve chargée de quelques corpufcules , on les verra s'éloigner peu-à-peu-en s’approchant des bords: il arrivera’en fecond lieuque ce folide, ende dilatant, s’élevera hors de leau& paffera dans l’hui- le,qu’il doit épaiement poufler vers les parois du va- fe , de même que les corps.étrangers dont l'huile fe trouvera chargée. Enfin il arrivera qu’àsmefute que ce folide paiïera l'eau dans l'huile ; l’eau qui d’abord avoit été pouflée vers Les bords, doit retomber par fon propre poids vers l’efpace que le folide laifle dans l’eau en montant dans l'huile, & ramener ainf au-deflous du folide les mêmes corpufcules qu’on avoit vu un peu-auparavant s’écarter vers les bords; enforte que dans le même tems on verra ceux-ci s’approcher du folide, & ceux quinagent dans Phuile . s’en éloigner jufqu’à ce qu’enfin le folide paflant de l'huile dans Pair , ils feront ramenés à leur tour vers l’efpace que le folide laiffera dans l'huile en montant dans Pair. Ceci eft palpable, &c left aifé d’en faire l'application aux différens nuages qui fe trouvent dans les différens couches d’air qu'un orage qui fe forme doit traverfer en s’élevant. Mais ce n’eft pas aflez d’avoir démontré que les nuages voifins doivent être attirés par ce) miouve- ent de bas-en-haut de la matiere qui fermente , il faut encore prouver que les vapeurs & les exhalai- {ons qui ne forment point de nuage, & qui font fi répandues dans Pair qu'elles ne tombent point fous les fens , doivent auffi fe porter vers cet endroit & fuivre la matiere qui s’éleve. Or rien de plus aifé à faire que cette preuve, Car premierement, tout mouvement de chaleur excité dans lair, procure l'élévation des corpufeu- les qu’il foutient. Or la chaleur de la fermentation fe répand fans doute dans certe couche d'air , qui eft immédiatement au-defions de [a matiere qui fer- mente. Donc les vapeurs & les exhalaïfons qui s’y trouvent doivent monter plus haut, & fe joindre à celles qui fermentent. | En fecond lieu , cette premiere couche d’air ne peut fe débarrafler de tous les corps étrangers dont lle étoir chargée, & que la fermentation lui enleve, OO R A qu'en même tems elle n’attire une, partie de ceux qui fetrouventrépandus dans la coucheinférieure, \ lkfquels-à mefure qu'ils y arriveront feront élevés M plus'haut comme les premiers, & iront tout comme M eux'grofir le corps de l'orage, & pat-là même con- tribuer au progrès, tant de la fermentation que de cette efpece de vertu attractive, qui en eft une fuite. RP EMAANE s 36 STartl De forte que , felon ces principes, il peut arri- ver ce que l’on voit fouvent, que quand bien même 1l n’y aura point ou prefque point de nuages qui ail- lent fe joindre à celui qui commence à fermenter, il ne laifle pas que de:s’étendre & de groffir confi- dérablement au moyen de cette efpece d’empire qu'il exerce fur les vapeurs & les exhalaifons ré- pardues autour de lui,en les attirant de toutes parts, & en les allant chercher jufque vers la furface de la terre & ‘dans la terre même ; car on comprend que de proche en proche l’attraétion peut aller jufque- là, fur-tout quand il regne un grand calme dans l'air, que la terre eft humide & que'le foleil dar- dant fes rayons fur cet.endroit de la: terre qui fe trouve direétement fous l'orage, en détache des par- ties: déja ébranlées: par l'humidité ,08r facilite leur élévation en les atténuant.+ auf obferve-t-onconf- tamment que les orages deviennent ‘plus confidéra- bles & même plus dangereux toutestles fois que le {oleil patoit pendant qu'ils feforment , commeauff qu’ils {ont fouventiprécédés d’une rofée abondante qui tombe pendant la nuit , ‘ou d’un brouillard ou petite pluie qui tombe le matin. , Aurefte , j'ai dit ci-deffus que les nuages pouflés vers le lieu abandonné par ceux que la: fermenta- tion éleve, doivent s'éléver auf & fe: joindre à eux. J’ajouterai maintenant que cela doit arriver, quelle que foit leur denfité ou leur pefanteur fpéci- fique. Car, parmi tous ces corpufcules&r toutes ces parties de différensimixtes dont je viens d'expliquer Pélévation , 1l y en a fans doute que l’on peut re- garder comme des véritables fermens ; orces fer- mens ne pouvant s'élever jufqu’aux nuages fupé- rieurs qui les attirent fans rencontrer ceux qui s’a{- fernblent au-deffous , les pénétreront , les feront fer- menter, les dilateront &c les feront monter jufqu’à ce. qu'ils fe joignent aux premiers. | Voilà une explication bien fimple de la maniere dont les orages fe forment : celle que l’on va don- ner du ventimpétueux quife fait fentir ordinaire- ment lorfqu'ils commencent à fondre, ne le fera pas moins, Vent. Pendant que la fermentation éleve & fou- tient la matiere qui fermente, il eft évident que ceux qui fe trouvent fous l'orage ne doivent fentir aucun vent , à moins que quelque caufe particuliere & indépendante de l'orage ne leur en procure, puifqu’alors tout le mouvement quiregne dans Pair fe dirige vers le lieu abandonné par la matiere qui s'éleve. Mais voyons ce qui doit arriver lorfque la fermentation parvenue au période commence enfin à diminuer. | D'abord fi nous fappofons qu’elle diminue éga- lement & dans la même proportion dans toutes les parties de l'orage, il arrivera en premier lieu quele corps de l'orage diminuera de volume , &r que cette diminution fera parfairement égale dans toutes {es parties : il arrivera en fecond lieu que la réfiftance que le corps de l’orage oppoloit à l’air environnants diminuera également de tous côtés , de fiçon que le reflort de cet air environnant doit fe déployer éga- lement fur toutes {es parties. Il y aura donc deux caufes qui concourent pour poufler l’orage perpen-) diculairement vers la terre, & pour le tenir toujours parallele à lui-même pendant fa chûte ; l’äir inter- médiaire doit donc être preflé de - haut en-bas avec une \ ne force exaftement propottionnée à la viteffe avec laquelle l'orage defcend , c’eft.à-dire à Ja dimi- nution plus ou moins prompte de la fermentation qui le foutient, Mais quel fera l'effet de cette pref- fon? & que doit devénir cette grande colonne d’air ainfi pouflée contre la furface de la terre qu’elle ne pent pénétrer ? La réponfe eft aifée, Elle doit s'échapper de tous côtés en fe répandant du centre à la circonférence de lorage ; enforte qu'on doit fe repréfenter cette ligné qui tombe du centre de gra- vité de l'orage perpendiculairement fur la furface de la terre, comme environnée dans toute fa longueur de petits filets de vent coulant horifontalement juf- que par-delà les extrémités de l'orage, & fe repliant enfuite vers lefpace que l'orage laïfle après Qui. Il n'y aura donc point de vent au pié de cette ligne (non plus que dans toute fa longueur) ; 8 celui qui fouflera tout proche ne fera prefque rien , & ne pourra devenir fenfible qu'à une certaine diftance, comme vers les extrémités, & tout autour de cet endroit de la terre fur lequel l'orage defcend. Mais il eff moralement impoñfble que la fermen- tation diminue en même tems & dans la même pro- portion dans toutes les parties de l'orage, ainfi qu’on vient de le fuppofer ; il fandroit pour cela que les fermens euffent été diffribués par-tout également , qu'ils euflent par-tout la même force & la même adtiyité,, & que la matiere qui fermente fût par-tout également difpofée & fufceptible du même degré _ dé fermentation dans le mêmetems. Ainf ce cas-là doit prefque être regardé comme un cas chimé- rique. Suppofons donc ce qui doit prefque toujours ar- river, que la fermentation s’affoibliffe {enfiblement dans une partie de l'orage, tandis qu’elle fe foutient ou qu'elle diminue beaucoup moins dans les autres: alors il eft évident non-feulement que le corps de l'orage doit faire un mouvement vers cet endroit devent plus foible, mais encore que tonte l’aétion de l’air environnant , qui jufque-là à été tellement dirigée vers le centre de l'orage , qu’elle l’a tenu im- mobile en le preffant éfalement de tous côtés, doit Maintenant fuivre ce centre qui s'échappe, & fe dé- ployer de ce côté avec d’autant plus de force, que la réfiftance de la partie de l'orage qui s’affoiblit , di- minue avec plus de promptitude. Et ce qui doit donner lien à cet air de fe jetter du même côté avec encore plus de force, & d’accé- Lérer d'autant plus le mouvement progreffif de l’o- rage, c'eft que la fermentation ne peut s’affoiblir dans une de fes parties fans que cet affoibliflement fe communique en quelque façon à tout le corps de Vorage ; je m'explique. La partie qui s’affoiblit ne peut defcendre fans entraîner tout l'orage, aui doit defcendre aufñi en s’inclinant fur elle, Donc la fer- mentation doit auffi s’affoiblir dans le corps de Lo- Tage ; la conféquence eft évidente, car il ne peut defcendre fans prendre la place d’un volume d’air plus pefant ; il doit donc devenir lui-même plus pe- fant. Donc fon volume doit diminuer ; Ce qui ne peut fe faire {ans que la fermentation diminue auf dans la même proportion : de forte que ces deux chofes, favoir la diminution de la fermentation & la defcente de la matiere qui fermente , feront la caufe & l'effet l’une de l’autre en différens endroits de l'orage. | … Cependant comme l'orage n’eft forcé de defcen- dre qu’en s’inelinant fur la partie foible , la diminu- tion de la fermentation occafionnée par cette def- cente, ne doit pas être égale dans toutes fes parties, mais plus ou moins confidérable dans chacune , {e- lon qu’elle fe trouve plus ou moins proche de la par- tie foible qui entraîne tout. On voit même que le progrès que cet affoibliflement fera dans cette par- Tome XI, | | OR A SAT tie, doit fe communiquer aux autres de la même mamere & avec la même gradation, Voyez ci-après pag. Jüiv. phérom, 3. | _ Il y aura donc cette différence du premier cas à celui-ci , que dans le premier le corps de l'orage doit defcendre direétement vers le centre de la terre A au heu que dans le fecond il doit plonger oblique ment, entrainé par la partie foible qui eft la pre- miere à defcendre , & forcé d’obéir au mouvement que lui imprime l’aétion de l'air ;, qui le fuir & le poufle devant lui, ainfi qu’on vient d'expliquer. Ce n’eft donc plus diretement vers la terre qué fa chute doit poufler l'air intermédiaire ; Comme dansle cas précédent, mais obliquement & fivant la direétion de fa ligne de route. Or la furface de la terre ne fauroit empêcher l'effet de cette prefion ; qui dans ce cas doit être fuivie d’un vent plus ou moins impétueux , {elon que le mouvement pro. greläf de l’orage eft plus ou moins hâté par l’aftoi- bliffement de la fermentation, & par la facilité que cet affoibliffement trouve à fe communiquer d’une extrémité de l’orage à l’autre, Ouragans, C’eft la diretion oblique de ce vent, ainfi excité par la tranflation précipitée du corps de Forage , qui eft caufe de ces tourbillons que lon voit quelquefois arracher des arbres, renverfer des malfons , &c, car cette direétion étant compoiée de l'horifontale & de la perpendiculaire , la furface de la tèrre eft entierement oppofée à lune : & les mon- tagnes , les édifices, les forêts, €, s’oppolent à l'autre, & même en différens fens & de différentes façons , felon leur différente pofition &e la différente inchnaifon de leurs furfaces , par rapport au mon- vement direët du vent que l’orage poufle devant lui. Ainf, par éxemple , différens ruifleaux de vent ré- îléchis en arriere & du haut en bas par différentes montagnes, différens édifices , Gc. différemment fi- tués & différemment inclinés » peuvent concourir en un même point comme en un foyer. Là 1ls feront croifés par d’autres ruifleaux réfléchis en avant & de bas en haut par la furface de la terre, & les uns & les autres feront encore traverfés par des troifie- mes qui n'ayant point rencontré d’obitacle, ont fui- Vijufques-là leur premiere détermination. On voit aflez que le concours, l’oppoñition, la différente inclinaifon de tons ces ruifleaux , lesuns à l'égard des autres, peut produire dans Pair qui les compofe, un mouvement {piral ou circulaire extrèmement violent, & que fi quelque obftacle, par exemple , un arbre fe trouve dans l’enceinte de ce tourbillon , il en deviendra bientôt le centre, & qu'il fera arraché avec d'autant plus de facilité que fes branches & fon feuillage donneront plus de prife au vent qui roule tout autour ayec une rapidité in« concevable, Grêle, Ce phénoméne, tout étrange qu'il eft, left cependant moins que celui qu’à jufte titre on peut appeller Ze fléau de nos contrées ; on voit bien que c'eft de la grêle qu'il eft ici queftion. En effet, il n'eft pas mal-aifé de comprendre que plufeurs cou- trans d’air , qui fe choquant les uns aux autres, s’em- pêchent mutuellement de continuer leur mouve- ment en ligne droite , 8 par-là même s’obligent à tourner circulairement autour d'un centre communs peuvent envelopper un arbre &z le déraciner, Mais | comment concevoir que des vapeurs & des exhalai- fons fufpendues fur nos têtes, & échauffées à un tel point, que le lieu d’où elles fortent nous paroit bien fouvent tout en feu, puifilent fe convertir fu- bitement en pieces de glace plus compales &c plus {olides que celle que nous ‘vayons fe former durant l'river le plus rude? On dira fans doute que cé qui glace & durcit ainfi les parties liquides qui fe déta- Chent d'un orage, & le convertit en grêle, c’eft la Lzz 544 O R À froideur de l'air qu’elles ont à traverfer. pour par- venir jufqu'à la furface de la terre. | Mais premierement, à quelque hauteur qu'un orage puifle s'élever, peut-on raïfonnablèment fup- poler que l'air qui fe trouve au-deffous, foit aflez froid pour glacer & durcir dans un inftant une ma- tiere qui, indépendamment de fon mouvement de liquidité , a deux autres mouvemens également pro- pres à empêcher cet effer; favoir, un mouvement dé chaleur que la fermentation doit lui avoir latfié; & un mouvement de tranilation qui la précipite vers la terre ? En fecond lieu , nous favons que la moyenne ré- gion de l'air , qui eft la région des vents &r des ora- ges, ne s'étend pas tout-à-fait juiqu'au fommet des plus hautes montagnes. Or je demande fi ceux qui y font montés, ont fenti cet air froid capable de produire un effet auffi furprenant. Si cela étoit, ils y feroient morts fans doute, &ils ne feroient ja- mais révenus nous apprendre que des caraéteres tra- _ cés fur la pouffiere fé font confervés pendant plu- fieurs années, fans fouffrir la plus petite altération. Ces raifons & quelques autres que J’obmets pour dbréger , m'ont toujours empêché d'adopter le 1yf- tême ordinaire {ur la formation de la grêle ; & j'a toujours cru que cette matiere qui fe détache des orages lorfqwls fondent, & qui fe glace & fe dur- cit en tombant, portoit du fein même de l'orage, où elle a fermenté , le principe qui produit cet effet pendant fa chute. Pour expliquer ce que c’eft que ce principe, je commence par obferver premierement, que la prèle étant une efpece de glace, il eft très-vraiflembla- ble qu’elle fe forme à-peu-près comme la glace or- dinaire; & fecondement, que de l’aveu de la plü- part des phyficiens, la glace fe forme au moyen de parties de mitre répandues dans Fair, que quelques- ans appellent e/priss frgorifiques , lefquelles, felon les uns, s’infinuent comme de petits coins dans les antervalles que les parties du liquide laïffent entre elles, & par-là empêchent que la matiere extrème- ment agitée, qui eft la canfe de la liquidité, ne puifle y paffer avec afez de liberté pour produire fon effet ordinaire ; &cfelon d’autres, fichent leur poinie dans différentes parties du même liquide, &e en forment des molécules fi groffieres, que la caufe de la liqui- dité ne pouvant plus les agiter, elles tombent les unes fur les autres, & forment ainfi un corps dur. La maniere dont on fait la glace artificielle eft une aflez bonne preuve de la folidiré de l’une ou de l’au- tre de ces deux opinions. D'où je pourrois conclure fans autre preuve, cat ici les vraiemblances doivent tenir lieu de démon- ftrations, que ce font ces mêmes parties de nitre, ces mêmes efprits frisorifiques, ou du-moins des parties de matiere analogues à celles-là , qui faant partie de ce mélange de vapeurs & d’exhalarfons qui fe détachent d’un orage lorfqu'il fond, les gla- cent en tombant , & les convertiflent en grêle. Mais pour appuyer cette conjecture & la tour- ner en preuve, j'expliquerai en peu de mots com- ment cela doit arriver , conformément au fyftème propofé. Lorfque la fermentation diminue, le volume de famatiere qui fermente diminue aufh dans la même proportion, c’eft-à-dire, que fes petites parties fe rapprochent les unes des autres, à mefure qu'elles perdent de leut mouvement; mais les moins fubri- dés & les plus groffieres, du nombre defquelles fe- sont les parties de nitre & autres femblables, lorf. Wà caufe de leur roideur & de leur inflexibilité, elles auront réfifté ( « ) plus que Les autres à l’aétion de la fermentation, doivent faire plus que fe rap- (a) Voyez çi-après l'explication du phénow. 7. pag. fuir, O R A procher : leur propre poids & le retour de Pair environnant aturé tout-à -la-fois par la defcente & par la réduttion du volume de la matiere qui forme l'orage, doivent les faire tomber les unes {fur les autres, & les raflembler ainfi par pe- lotons d’autant plus grands que la fermentation tombe avec plus de promptitude. Ces pelotons ren- fermeront néceflairement quelques parties de cet air extrèmement dilaté , dans lequel ils fe forment, & le tout enfemble defcendra vers la terre. Or je dis que ces pelotons ainfi compolés, doivent fe glacer en tombant indépendamment de la froi- deur de l'air qu'ils ont à traverfer : car le reflort de l'air intérieur , de cet air raréñé qu'ils portent du fein même de l'orage où ils fe font formés, va tou- jours s’afoibliffant depuis qu'il n’eft plus foutenu par la chaleur dela fermentation, &t fe réduit pref- que à rien; par conféquent 1l n’oppofe prefque point de réfiftance à l’aétion de l'air extérieur, qui les environnant de toutes parts dans leur trajet, prefle leurs petites parties les unes contre les au- tres, & les tient ainfi dans un repos refpettif, (2) que l’on peut comparer au repos d’une eau dorman: te. Donc ces parties de nitre, ces efprits frigorifis ques, qui entrent dans la compofition de ces petits erumeaux de matiere liquide, doivent y produire le même effet que celui qu'ils produifent dans eau dormante durant le froid de l'hiver, ou encore mieux le même effet que celui qu’ils produifent dans l’eau quand on fait de la glace artificielle, En un mot, forcés d’obéir à la preflion de l’air extérieur, ils doivent s'arranger dans le liquide de la maniere la plus propre à réduire fa mafle au plus petit volume qu’il eft pofible. Ils doivent donc boucher fes pores, ou fi l’on veut , ficher leurs pointes dans fes petites parties, & par-là arrêter l’aétion de ceite matiere extrèmement agitée , qui eft la caufe de leur liqui= dité. Ïl faut pourtant convenir qu'il doit y avoir deux différences notables entre la glace ainf formés ; & la glace d'hiver; mais ces différences viennent à l'appui de mon hypothèfe lien loin de la combat: tre ; car il fuit des principes ci-deflus établis, -que cette matiere qui {e glace ainfi en tombant, doit fe: elacer en très-peu de tems, & plus promptement que l’eau ne fe glace en plein air durant l'hiver le plus rude , puifqu’ici l’air intérieur ne fait point d’ob- {tacle à l’attaiflement des parties, au lieu que leref- fort de l'air qui eft dans Peau en fouleve les parties. & les empêche de fe rapprocher ; tellement qu’elle ne fe convertit en glace, qu’en écartant cet air & en le contraignant de s’affembler en petits grumeaux ou petites bulles, que l’on voit éparfes çà & là dans l’intérieur de la glace; aufli ne doutai-je pas qu’on ne fit de la glace artificielle avec de l’eau purgée d’air plus facilement & plus promptement qu'avec de l’eau commune, La feconde différence qu'il doit y avoir entre la glace & la grêle, c’eft que la grêle doit être plus {olide & plus compaéte que la glace , puifqu'il y a beaucoup moins d’air dans l’une que dans l’autre. C’eft pour la même raïfon que la glace qui fe fait dans la machine pneumatique après qu’on en a pom- pé l'air oroflier , eft plus compaëte &c contient plus de matiere propre fous le même volume , que celle qui fe fait en plein air. Tonnerre, foudre, éclairs. Après avoir expliqué comment un léver mouvement de fermentation! (a) C'eft ce repos des parties, les unes à l'égard des au- tres, qui eft caufe que l’eau douce dont on fait provifion dans les vaifleaux deflinés pour les voyages de long cours, fe glace avec la même facilité que fur la terre ferme , malgré le mouvement de tranflation qui lui el commun avec le vaifleau. O R A EfUité dans ‘un nuage pent être fuivi d'in orge af- freux accompagné de vent & de grêle, je pourrois me difpenfer de prouver que letonnerre, la foudre, &x les éclairs peuvent dériver du même principe, ‘ou plutôt je pourrois en donner cette preuve auf fimple que folide, que ce que la plüpart des phyfi- Ciens ont dit de mieux fur ces trois phénomenes, s'adapte parfaitement au fyftème propofé : car on conçoit aitément que la fermentation, cet agent univerfel, cette anie du monde , comme l’appelle un ancien plulofophe , après avoir aflemblé toutes ces parties de differens mixtes répandues dans l’at- mofphère, peut beaucoup mieux que toute autre caufe, produire dans ce mélange toutes ces combi- naïfous, altérations, fecrétions, expanñons, in- flammations, @c. par lefqueiles on explique le bruit du tonnerre , la lüumiere de l'éclair, & la nature des exhalaifons qui forment la foudre, Cependant, comme on ne peut puere défendre ce fyflème fans renoncer à l’explication que M. Def- cartes nous a donné du brut du tonnerre, que ce philofophe attribue, comme tout le monde fait, à la compreffion de l'air occafonnée par la chûte des nuages les uns fur les autres, ( explication d’ailleurs furabondante , puifque cette compreflion peut très- bien s'expliquer par l’expanfon de la matiere qui s’enflamme dans le corps de l’orage ), je crois devoir lui en fubftituer une autre, que l’on trouvera peut- être auf vraflemblable, & d’aurant plus fimple, qu’elle eft tirée du fond même du iyfième. Voici ce que c’eft. Lorfque la fermentation commence à faire quel- que progrès, la matiere qui fermente doit fe débar- rafler des partiés d'air les plus branchues &+ les plus rameulfes, qui à caufe de leur figure, font les moins propres au mouvement, Ces parues écartées de rous côtés & en tous fens, fe rencontreront, s’embar- rafleront mutuellehent, & formeront ainfi par in- tervalles les amas d'air groffier qui feront foutenus &c preflés de tous côtés par la matiere environnante, dont l’aion tend toujours & répoufer tout ce qui ef£in- capable d’un mouvement pareil au fier. On voit même qu'à mefure que la fermentation fera de nouveaux progrès, ces amas doivent grof- fr, fe multiplier, {e joindre les uns aux autres ; êc tous ces différens mouvemens feront la principale caufe de cette efpece de bouillonnement où de bruit fourd qu’on entend prefque toujours dans le corps de l'orage. Or ileft évident que la chaleur de la fermenta- tion qui va toujours croiffant, dilatera cet air ainfi enfermé à un tel point, qu’à la fin il doit rompre les barrieres qui le contiennent, percer ou foulever Cette mafle de matiere qui fermente, & en s échap- pant tout-au-travers exciter un bruit (4) propor- tionné à la réfiftance qu'il furmonte, & au degré de chaleur qui a bandé fon reffort. C’eft ainfi que nous voyons la chaleur du feu dilater & faire écia- ter l’air qui fe trouve enfermé dans du bois fec &t vermoulu. Et voilà comment il peut atriver que letonnerre fe fafle entendre fans qu'il paroifle aucun éclair qui nous l'annonce. Cependant fi cet airens’échappant, aïnfi qu’on vient de dire, rencontre quelques exha- laifons difpofées à s’enflammer, il les enflammera infailliblement, &z alors l'éclair fera le précurfeur du tonnerre ; car la lumiere fe répandant plus vite que le fon , elle doit frapper l’œil avant que le fon ne frappe l'oreille. Mais parce qu'on pourroit trouver quelque diff- culté à concevoir comment ces matieres inflamma- bles peuvent fe raflembler pour être aisfi allumées . (a) Voyez ci après l'explication des différentes modifca- Bons du tonnerre, phénom, 8. pag. fuivs Tome XT, O R À ÿ4ÿ pat éette explofion de Pair, j'aime mieux dire, & ceci eft très-intelligible , gue lesexhalaifons les moins propres (a) «à la fermentation , étant écarres de tous côtés par l'aûion dercelles qui [e trouvent capables d'une fermentation plus prompte 6 plus vive, (b fe joignent a quelques-uns de ces amas d'air groffier qui a été mis à L'écart tout comme elles, 6 que la s’échaufjant É fer mentant Jéparèment des vapeurs répandues dans le corps de l'orage, elles s'enfésriment , Joulevent la matiere eñ- vironnante, G ouvrent ainfi ne voie à cet air déja di- laté qu’elles dilarent encore davantage , lequel en s’é- chappant des entraine avec lur, 6 les lance avec impés tuoftié hors du corps de l'orage. Ou fñ l’on veut, ce fera cet air dilaté par la cha- leur de la fermentation, qui fe trouvant aflez fort fans le fecours de cette inflammation, fera le pre- mMiet à fe faire jour, percera ou foulevera la mas tiere environnante , & en s’échappant enflammerà ces exhalaifons , les emportera avec lui, & les lans cera tout comme auparavant. | Il y'a, comme l’on voit, cette différence d’un cas à l’autre, que dans le dernier c’eft le tonnerre qui allume l'éclair, au lieu que dans le premier c’eft l'éclair qui procure cette explofion de l’air dans la- quelle confifte le tonnerre. Mais dans les deux cas l'effet doit être le même, & il eft toujours vrai de dire que fi les exhalaifons lancées hors du corps dé Porage , font dirigées vers la terre, & qu’elles font d’une telle nature, qu’elles ne fe confument que dans un certain tems ou qu’elles ne pruflent point S’allumer tout-à-la-fois, mais fucceflivement & les unes après les autres; elles pourront parvenir Juf- qu'à nous avant d’être entierement confumées; 8 alors l'éclair fe convertira en foudre, dont les effets quelque variés qu'ils foient, font une fuite du prins cipe ci-deflus. Car on comprend que felon que ces amas d’exhalaifons feront compolés de parties ni- treufes , fulphurenfes, bitumineufes, viinioliques ; métalliques, &c. felon que toutes ces parues feront plus ou moins atténuées , & en un mot , Jé/on La dif. férente nature du tout qui réfultera de la différente coms binaifon de leurs quantités & qualités rjpeilives , la foudre dois produire des effets différens, Ainfi, pat exemple , l'exhalaifon abonde teelle en nitre, & fes parties font-elles attenuées à un certain point ? Elle pañlera tout-au-travets d'un corps po reux fans lendommager; mais fi elle rencontre un Corps dur, alors reflerrée dans fes pores, elle dé- ployera toute fon aétion fur fes parties folides, & les féparera les unes des autres. C’eft ainf que l’eau: forte qui ne diflout point le fer , diffout des métaux beaucoup plus durs & plus folides que le fer. Au contraire l’exhalaïfon eft-elle fur:tout coms polée d’un foufre volatil fans nitre ou fans prelque point de rutre? Elle n’aura pas affez de force pour confumer ou pour difloudre les corps un peu durs ; mais elle confumera ou difloudra ceux dont Les par- ties réfiftent moins à leur {éparation. S'il eft vrai que la foudre tombe quelquefois en forme de pierre ou de corps dur &folide, cela peut (az) Lesimoins propres ; &c: non pas à la fermentation en général ; mais à cellé qui fe fait dans le corps de l'orage. Il n'ya quà fe rappeller ce qu'on a dit au commentement de cet article ; favoir, que les effets des diférenres fèrmen- Hacions doivent varier félon la différente nature && la dités rente combisaifon des principes qui les produient., La ter mentation qui fe fait dans le corps de l'orage, peut doré être d'une telle nature que les matieres inflammables de. meureront dans la mafle, & alors il ny aura ni foudre ni éclair ; mais auf elle peut êrre telle que ces mêmes matiss rés feront miles à l'écart & raflemblées dans les cavités plei. nes d'air groffier , ainf qu'on s'explique ici: & alors elles s'enflammeront avec d'antant plus de facilité qu'elles fe trouveront féparées des vapeurs. (b) Plus prompte & plus vive , &c. ou feuiement diffé: rente de celle à laquelle les premieres feroient propres, Z Z 1] 5 46 O R A venir de ce que lexhalaifon s'éteint avant d’être en- tierement confumée (ce quipeutarriver de plufeurs façons que chacun peutaifément imaginer) ; car cela poie, les parties qui reftent après l’extinétion, doi- vent s'approcher les unes des autres, à mefure qu’el- les fe rétroidifient à caufe de la preffion de l'air en- vironnant , & du peu de réfftance de l’air intérieur ( voyez ce qu'on a dit fur la grêle } , on même parce que les petits intervalles qu'elles laïffent entre elles font remplis d’une matiere encore plus fubtile que l’air le plus fubtil, laquelle n'ayant plus cette aétion que lui donnoit le feu avant de s'éteindre, doit ai- fément céder à la preffion de l’air extérieur, Oril n’en faut pas davantage, pour que des exhalaïfons féparées des vapeurs, puiflent former un corps dur & folide. C’eft ainf que le plomb rendu liquide par l’adion du feu, fe durcit en fe réfroidiflant : encore pour rendre la comparaifon plus jufte, peut-on fup- poier que la matiere qui refte & qui a été épargnée par le feu, eft fur-tout compofée des parties métal- liques ? Je ne m’étendrai pas davantage fur ce détail des effets dela foudre, qui me meneroient trop loin ; & je pafle à l'explication de quelques phénomenes que je crois nécefiaires pour mieux développer le fond du fyflème. 1°. Les orages {e forment le plus fouvent fur le foir, & font ordinairement annoncés par un vent du levant, connu fous le nom du vent dauran. Parce qu'alors le foleil couchant, donnant à air un mouvement vers lorient, oppolé à celui que lui imprime le vent du levant, les nuages s’affemblent êt demeurent immobiles au point de concours de ces deux vents, en forte que les fermens qu'ils por- tent avec eux, on ceux qui ont été élevés jufques- là par la chaleur du jour , peuvent agir fur eux, fans que leur aétion foit traverfée par aucun mouve- ment ni des nuages eux-mêmes, ni de l'air qui les foutient, 2°, Il arrive fouvent que plufieurs orages fe for- ment au même endroit dans un même jour, quel- quefois même le lendemain & les jours fuivans ; comme auf qu'ils fe jettent tons du même côté , & fuivant exattement la même voie. C’eft une fuite du dérangement que Îa defcente du premier orage a laiïflé dans l'air ; car à mefure qu’il eft defcendu , il a été remplacé principalement par l’air qu'il avoit au-deflus de hu, lequel ne fe trouvant plus foutenu, a dû le fuivre & tomber avec lui. Or, dès que le calme commence à fe rétablir, cet air ou d'autre encore qui eft venu d’ailleurs, & a fuccédé au premier, n’ayant pas la denfité requife pour fe maintenir en cet endroit, doit infenfble- ment fe remettre à fa place ; & par ce mouvement tirer à lui l’air environnant enfemble.les nuages qui s’ytrouvent, lefquels ainf affemblés & immobiles pourront former un fecond orage , fi la chaleur fa- vorife l’adion des fermens qu'ils portent avec eux, ou facilite l'élévation de ceux quife trouvent répan- dus au-deffous. Par la même raïfon tout l’efpace que le premier orage a parcouru en defcendant obliquement vers la terre, fe trouve rempli d’un air qui n'étant pas à fa place , doit en fortir dès que le calme commence à favorifer fon retour : donc les orages qui fe forment au même endroitque le premier, trouvant moins de réfiffance de ce côté , doivent fuivre la même voie. En effet, dès que le fecond orage élevé par la fer- mentation arrive au point d'où le premier ef parti, la matiere qui le compofe doit fe répandre dans la voie qu'il a fuivie, à caufe du peu de réfiftance qu’elle y trouve, ainfi qu'on vient de le dire ; & ce mouvement ne peut fe faire, comme l’on voit, fans que la fermentation en fouffre; donc, cæseris pari- . ORA bus , la fermentation s’affoibira dans cette partie de l'orage plutôt que dans toute autre. Or, jai dit ailleurs que la poñtion de la partie de lorage, qui eft la premiere à s’affoiblir, déterminé le pont de Phorifon vers lequel le corps de lorage doit être poule. 3°. On voit quelquefois des orages fe divifer en deux parties, dont l’une paroït demeurer immobile, tandis que l’autre s’écarte de la premiere. Cela vient de ce que la fermentation s’affoiblit dans une partie de l'orage, tandis qu’elle fait du pro- grès dans la partie voifine : car, cela poie, celle- ci doit s'élever en même-tems que l’autre plongera obliquement en {e féparant de la prenuere ; êe c’eft une exception à ce qu'on a ditailleurs,pp. précéden- res, qu’une partie de l’orage qui defcend doit entrai- ner la partie voifine : ce qui ne doit arriver, com- me l’on voit, qu’autant que cette derriere eft en- traînée d’un côté avec plus de force qu’elle n’eft éle- vée de l’autre par l’aétion de la fermentation. 4°. Les deux parties d’un orage qui fe divife pren nent quelquefois differentes routes , & vont fondre en même tems l’un d’un côté, & l’autre de l’autre. Parce que la fermentation s’affoiblit confidéra- blement & en même tems aux deux extrémités op- pofées de l’orage ; car dans ce cas, chacune des ex- trémités doit entrainer la partie voifine; ce quine peut fe faire fans que l’orage fe divife en deux par- ties, dont l’une plongera d’un côté, & l’autre de l’autre. On voit même que l'égalité ou linégalité de ces deux parties doit dépendre de légalité ou de l'inégalité de cet affoibliflement qui furvient de deux côtés en mêmetems. 5°. À mefure qu'un orage fond en s’avançant vers nous, il paroît s'étendre de tous côtés, & couvrir une plus grande partie de notre horifon, Premierement, parce que l’angle fous lequel nous le voyons , devient toujours plus grand, à mefure qu'il approche de notre zénith, & même à mefure qu'il defcend vers la terre. En fecond lieu , parce que la bafe de l'orage doit en effet s'étendre de tous côtés dès qu'il commence à fondre ; car la couche fupérieure de la matiere quile compofe, fe trouvant moins foutenue par l’action de la fermentation , doit fe répandre vers les extré- mités de la couche inférieure, & augmenter ainf l’é- tendue de cette partie de fa furface qui eft tournée vers nous. | Ce qui n'empêche pas que le volume de la ma- tiere qui fermente ne diminue à mefure que la fer- mentation tombe, comme on l’a dit ailleurs ; caril fuffit pour cela que la folidité du corps de lorage , ou le produit de fa bafe par fa hauteur ; perde plus par la diminution de la hauteur ou profondeur , quelle ne gagne par l’agrandiflement de la bafe. 6°. Il arrive fouvent qu’un orage qui a été pouflé pendant quelque tems. vers un certain point de l’ho- rifon, change tout-à-coup de direéhon, &c fe jette d’un autre côté, Cela doit arrivér en premier lieu , lorfque la fer. mentation qui n’a encore diminué que très-peu dans une partie latérale de l'orage, vient à cefler tout-à- coup ; ou à diminuer fenfiblement dans cette même partie;car par la même raifon que le corps de l'orage s’eftjetté fur fa partie antérieure lorfque la fermenta- tion s’eft afoiblie-en cet endroit, 1l doit maintenant {e jetter fur ia partie latérale , & changer ainfi la direétion de fon mouvement prosreffñif, & celle de l'air qui le fuit & le pouffe devant lui. - La même chofe doit arriver en fecond lieu , lorfs que quelque obftacle confidérable , par exemple, une montagne, {e trouve dans le plan perpendicu- laire de {a hyne de route ; car Pair preflé par la def- cente de lorage contre la partie antérieure de la mon- tagne qu'ilne peut pénétrer, doit fe retourner con- tre l'orage même, l'empêcher d'avancer , & l’obli- ger de couler du côté où fa ligne de route fait le plus grand anole avec la montagne, 7°. Tous les orages ne donnent pas de Ja grêle. Parce que pour la formation de la grêle deux con- ditions font requifes : il faut premierement que les parties qui fe détachent d’un orage lorfqu'il fond, joient mêlées d’une quantité {uffifante de nitre, ou autres parties de matieres propres à produire le mê- me effet que le nitre : 1l faut en fecond lieu que l’air enfermé dans les petits intervalles que ces parties laiffent entr’elles en s’aflemblant avant de tomber , ait été dilaté à un certain point par la chaleur dé la fermentation. Tout ceci a été expliqué ailleurs. Or , la premiere de ces conditions manque toutes les fois que les alkalis dominent dans le mélange de la matiere qui fermente , parce qu'ils ufent & dé- naturent les acides , & par conféquent le nitre qui eft un véritable acide. Cette premiere condition manque aufi lorfque la fermentation eft d’une telle nature, que le nitre , ou la plus grande pattie du nitré eft mife à l'écart, & jeité dans quelques-unes de ces cavités pleines d’air groflier, où 1l eft confu- mé par le feu qui s’y allume, ou lancé hors du corps de l'orage par l’explofion de l'air qui fait le tonnerre : aufh remarque-t-on que les orages donnent d’autant moins de grêle, que les éclairs font plus fréquens , & les éclats du tonnerre plus répétés & plus confi- dérables, &c, La feconde condition manque lorfque les fermens font foibles & que la fermentation eft douce & lente, ou bien encore lorfqu’il furvient quelque cauie étran- gere quirompt l'équilibre de l'air environnant, trou- ble la fermentation, & l'empêche de faire un certain progrès, comme feroit un coup de vent , ou quel- que mouvement excité dans l'air de quelqu’autre maniere , Éc. 8°. Le bruit dutonnerre varie & reçoit différentes modifications. | Parce que l’air comprimé qui le produit en rom- pant les barrieres qui le contiernent , s’élance de différentes façons hors du corps de l'orage. S'il fouleve avec force la matiere environnante, & qu'il s'échappe preique tout-à-la-iois , le bruit ne différera guere de celui d’un coup de canon : cela doit arriver lorfque fon reflort déja bandé à un cer- tain point par la chaleur de la fermentation , vient tout-à-coup à recevoir de nouvelles forces par lin- flimmation {ubite des exhalaifons contenues dans la cavité d’où 1l fort ; & alors on doit {ur-tout crain- dre la foudre, parce qu’elle eft d'autant plus à crain- dre , que l’explofion de l'air qui la mene vers nous, fe fait avec plus de force. | Si l’air fe fait des voies obliques à-traversle corps de l'orage, & qu'il s’échappe par petits filets, Le bruit fera aigu , & durera un certain tems. S’il s’elance irrégulierement & comme par fecouf- fes , l’organe de l’ouie fera auf ébranlé par fecouf. es, & on entendraune efpece de brouiflement ou de pétillement qui doit varier, comme l’on voit, felon l’ordre & ia fuccefñion des vibrations plus ou moins fortes, plus ou moins fréquentes, plus ou moins diftinétes , &c. | Enfin fi l’air enfermé dans une caÿité voifine de celle qui s’avance, fe trouvant moins foutenue de ce côte , vient à percer la cloifon qui les fépare , il s’échappera lui-même à la fuite de celui qui a déja commencé à fe faire une voie, & augmenterale bruit excité par l’explofion commencée lans fon fecours : c’eft ainfi qu’un éclat qui va en diminuant, & qui femble prêt à ceffer, prendtout à coùp denouvellés forces, & fe fait entendre beaucoup plus qu’aupa- ravant, OR A 547 Ïl peut mêmearriver que l'évacuation de cette fe: conde cavité donne lieu à l'évacuation d'unettoifie= me, comme la premiere a donné lieu à la feconde : ce qui doit faire un tonnerre continuel qui fe féra en: tendre à coupsredoublés, Jaurois bien d’autres phénomenés à éxpliquer ; fi je voulois épuifer la matiere ; mais je crois en avoit aflez dit pour donner uné idée du fyflème que je pro= poie. Je remarquetai feuleinenñt ici quie le principe d’où je fuis parti,eft évident & inconteftable; lavoir, que la fermentation eft l'unique caufe des orages & des phénomenes qui les accompagnent : aufli n’ai-je pas cru devoir me mettre en peine de le prouver Le ton- nerre , les éclairs, la foudre, le vent, ce bowilionne- ment que l’on entend dans un brage qui fe forme , voilà mes preuves; iln’en faut pas d’autres pour qui- conquea vu des fermentations. La grêle méme n’eft- elle pas une efpece de cryflallifation , effet ordinairé des fermentatuions à | Ainfi, j'ofe le dire , quelque verfés que foient dans la Phyfique ceux qui travailleront déformais fur ces maticres , ils s’épareront s'ils berdent ce prin- cipe de vue : qu'on réforme , qu'on abattemême , fi l’on veut , l'édifice que je viens d'élever , je n’en fuis point jaloux ; mais qu’on ne cherche pas à bâtir fur un autre fondement. | Je voudrois que quelque phyficien habile , quel- qu'un de ces hommes privilégiés que la nature fe plaît à initier dans fes myfteres ; parexemple , un. un...commençaflent par {e bien convaincre de cette verité, & qu'is priflent enfuite la rélolution de faire un fyflème , je fuis afluré que la théorie qu’ils nous donneroient vaudroit infiniment mieux que tout ce qu'on a fait jufqu'’ici fur cette matiere. Que fcait-on même fi le progrès de la théorie feroit l’unique fruit de leur travail ? Ne pourroit-1l pas arriver qu’ils ff fent quelque découverte heureufe, & qu'ils trou- vaflent quelque moyen de nous delivrer d’un des plug funeftes fléaux dont la colere divine puiffe nous affli- ger ? On a bien fait d’autres découvertes auxquelles il femble qu'on auroit dû s'attendre encore moins qu'à celle-là, , ae Mais comme c’eft à l'expérience bienplus qu’aux fyflèmes & aux rafonnemens, que nous fommes re: devables de toutes celles qui fe font faites juiqu’ici, c’eft fur-rout de expérience que nous devons attens dre celles qui fe feront à l'avenir ; il fémible donc qué dans un pays dévafté tous les ans par lä grêle, les raifons les moins fpécieufes devroient fufire pour nous engager à tourner toute notre attention de cé côté-là. Menacés d’être réduits à la derniere indiz gence, & prefque forcés à faire un abandon de nos biens , que ne devons-nous pas faire pour tâcher d’é- viter ce malheur ? Nous avons ou dire plus d’une fois À nos militata res, que le bruit du canon difipeles orages, & qu’on ne voit jamais de grêle dans les vilies affiégées. Je n’oferois aflurer qu'on puifle compter fur cette ob- fervation ; il femble pourtant que l'accord de tant de gens dignes de for, qui prétendent l'avoir faite , doit être de quelque confidération. Lorfque j’examine la chofe en phyficien, & rela: tivement aux principes ci-deflus , cet effet du canon ne me paroit pas hors de toute vraiflemblanee. Après tout que rifqueroit-on à faire un effai ? quelquë quintal de poudre , les frais dû tranfport de quelques pièces de canon qui ne vaudroient pas moins apres avoir été employées à cet ufage. (2) | Peut-être qu’au moyen de cette efpece de mou: (a) Vingt ou trente pieces de canon, peut-être un plug petit nombre pourroit {ufire pour faire cette expérience , en les plaçant trois à trois ou quatre à quatre, de diftance en diffance , comme feroit à une lieue ou à une lieue & demie les unes des autres. | vement d’ondulation qu’on exciteroit dans l'air par Texplofon de plufeurs canons tirés Les uns après les autres, on pourroit ébranler, divifer, diffiper le nua- -gé qui commence à fermenter, ” Peut-être qu’on écatteroit lés nuages voïfins & qu’on difperferoit toutes ces parties de différens mix- tes répandues dans lair ; en forte qu'onempècheroit Peffet de cette vertu attradive qui aflemble tout au ‘même endroit : car ce n’eft qu’à la faveur du calme éxtraordinaire quitegne dans l'air , que peut fe for- met & continuer cette efpece de chaîne que font ces différens corpufcules en fe levant vers l'orage les uns à lafuite des autres. Or le bruit du canon en ‘troublant ce calme, ne doit-il pas rompre cette chaï- ne, & faire cefler la fermentation en lui dérobant des fermens qui fans doute fervent à l’entretenir À Peut-être enfin qu'on romproit cet équilibre qui regne dans toûtes iles parties de l’air environnant, comprimé parl’expanfon de la matiere qui fermente, lequel favorife l’ation des fermens que l'orage ren- ferme dans fon fein en le tenant immobile , & enem- péchant un mouvement de tranflation qui ne pour- foit que traverfer leur aéhon. Sur quoi j'obferve que le canon pourroit produire ce dernier effet de deux façons : Premierement, en augmentant la force de cette partie de l'air environnant , vers laquelle fon aétion feroit dirigée ; fecondement , en troublant la fer- mentation dans cetté partie de l’orage qu’il ébranle- toit le plus par fes fecouffes : car en fuppofant la fermentation arrêtée , ou confidérablement dimi- nuée dans une partie de l’orage , le corps de Porage doit fe jetter de ce côté, comme je l'ai obfervé ail- leurs,& l'air environnant fe déployant enmême-tems du même côté, doit emporter l'orage & le difüper , ou le faire fondre avant que la fermentation ait fait un progrès fufifant pour procurer cette coagulation qui fait la grêle. Il y a lieu de croire que c’eit ce qui arrive lorfqu’un orage vient à fondre bientôt après qu'il a commencé à fe former : auffi dans ce cas n'y a-t-1l point de grêle. Je ne porte pas plus loin mes conjeftures , & je fr nis cet article en conjurantles phyficiens de vouloir bien examiner s’il n’y auroit pas des bonnes raifons pour engager les malheureux habirans des pays fu- jets à la grêle, à faire l'expérience du canon pour tâcher de fe délivrer de ce fléau. _ Peut-être des raïfons de douter devroïent-elles {ufñire pour preffer l’exécution de ce projet. En effet, pour le conduire avec prudence, on doit balancer le danger qu'ily a de faire une dépenfe inutile par le degré d'utilité que cette même dépenfe peut procu- rer , fi l'expérience réuffit. Or, l'utilité feroit (2) grande fans doute ; donc il femble que lincertitude du fuccès ne devroit pas empêcher qu’on la fit. Aurefte, pour éviter l'embarras qu'il y auroit à faire tranfporter du canon , & la difficulté qu’on pourroit trouver à obtenir la permiflion de dépla- cer celui de nos villes de guerre, ne pourroit on pas faire ufage des bores-a.feu propres à produire le mê- me effet dans l'air ? Et fi cela fe peut , comme je n’en doute pas, quelle forme faudroit-1l leur donner pour que l’inflammation de la poudre qu'on y enfer- meroit, excitât dans l'air la plus forte commotion qu'il feroit poflible à C'eft ce que jé vondrois qu’on examinâat.. (a) Ilny a pas d'année où la grêle ne ravage la moitié, quélquetois les trois quarts des diocèfes de Rieux, Com- minges , Couferans, Auch & Lombez , fans compter que les endroits épargnés rendent beaucoup moins, parce que le propriétaire découragé négligé la culture de fon champ , & fouvent le laifle en riche n'ayant pas de quoi femer; il y a même certains quartiers dans ces différens diocèfes qui font srélés réguliérement toutes les années, fouvent deux, trois, jufqu'à quatre fois dans la mème année; ce fait eft gertain, & l'auteur ne le fait que trop. O R A Ne pourfoir-on pasencore faire des bofres-4-yint ; dans lefquelles on comprimeroit l’air à un tel point, qu’en le laant échapper tout-à-la-fois, il fe déban- deroit avec force fur l'air extérieur, dans lequel 4 exciteroït un ébranlement à peu-près pareïl à celui qu’excite la poudre quand elle prend feu dans le ca- non? Autre queftion à examiner. ORAGE , {. m. (Podfe.) orofle pluie, ordinaire- ment de peu de durée, mais accompagnée d’un vent impétueux , & quelquefois de grêle , d’éclairs, &c de tonnerre. Le leéteur fera peut-être bien-aïfe de fe délaffer à lire ici la defcnipnon que fait M. Thomp lon d'un orage d'automne dans les iles britanniques: c'eft un tableau plein de poéfie & de fentimens d’hu= manité. | « Le fud brûlant s’arme d'un foufile puiffant qui » détruit les travaux de l’année. A peine voit- on » d’abord la pointe des arbres trembler, un mur- » mure tranquille fe glifle au long des moiflons qui » s’inclinent doucement ; mais la rempète croît, s’é- » leve ; l’'atmofphere s’ébranle &c fe remplit d’une » humidité pénétrante, invifible, & immenfe, qui »fe précipite avec impétuofité fur la terre. Les » forêts agitées jettent au loin des nuées de feuilles » bruyantes. Les montagnes voifines battues de l’e- » rage, pouflent la tempête brifée, & la renvoient » entorrens dans le vallon.La plaine fertile flotte en » ondes , découverte & expolée à la plus grande » fureur du vent. La mer de la moïffon ne peut évi- » ter le coup qui la menace, quoiqu’elle plie à lo- » rage , elle eft arrachée & enlevée dans l’air, ou » réduite en chaume inutile par l’ébranlement qui la » détruit. | » Quelquefois l’horifon noircit, fond & defcend » en fleuve précipité, tandis que la tempête femble » fe reproduire, L’obfcurité s’augmente , le déluge » s'accroît, les champs noyés de toutes parts, per » dent leurs fruits couchés fous l’inondation, Tout- » àä-coup des ruifleaux fans nombre fe précipitent » tumultueufement, rougis, jaunis ou blanchis, par » la terre des collines qu'ils entraînent; la riviere » S’enfle & quitte fes bords. Les brebis , la moif » fon , les cabanes roulent enfemble emportées par » la cruelle vague. Tout ce que les vents ont épar- » gné, céde à ce dernièr effort, qui ruine en un inf- » tant les plus hautes efpérances, & diffipe les trè- » fots mérités, fruits de l’année laborieufe. » Le laboureur fans fecours fuit fur les hauteurs, » confidere le malheureux naufrage de tout fon bien, » fes troupeaux noyés, &c tous {es travaux difpertes. » Les befoins de Eluver s cffrent en ce cruel moment » à la penfée tremblante : 1l frémit, il croit enten- » dre les cris de fes chers enfans affamés. » Vous maîtres accourez, confolez-le, féchez fes » larmes, & ne foyez alors occupés que de fontenir » la main rude & laborieufe , qui vous procurera » l'aifance dans laquelle vous vivez : donnez du » moins des vêtemens grofliers à ceux dont le tra- » vail a fourmi la chaleur & la parure de vos habits: » veillez encore au foin de cette pauvre table, » qui a couvert la vôtre de luxe & d’abondance: » foyez compatiffans enfin , & gardez-vous d'exiger » ce que les vents orageux & les affreufes pluies » viennent de moiflonner fans retour. (D. J.) _ ORAGEUX, adj. (Gram.) qui menace d'orage, qui y eft fujet. On dit un tems ordgeux , dans le pre- mier fens; & une mer orageufe, dans le fecond. ORAIRE, {. m. orariumt , terme de Liturgie ; c’eft le nom qu'on a autrefois donné à cette partie des vêtemens facrés des prêtres &c des diactes, que nous appellons aujourd’hui école : on mettoit l'oraire fur la tunique ou dalmatique ; mais les Bollandiftes re- marquent que ce 104 n'a pas toujours la même figni- fiçcation ; qu’il fe prend quelquefois pour rochet où petit habillement de toile que portent les évêques, .& quelquefois pour un linge qui fert à efluyer la bouche. Le quatrieme concile de Tolede, cazor 40, ordonne que les diacres ne porteront qu'un orarium ou étole, & qu'il fera blanc & fans or. Cependant : tout cela a changé ; car l’orerium , qui n’étoit autre- fois que de linge, n’eft plus, depuis long-tems, que d’une belle étoffe. Ce mor vient-il du latin ora, le bord de l’habit, où de os, oris, la bouche , ou de -quelqu'autre origine ? c'eft ce qu’on ignore, & ce qu'ilimporte fort peu de favoir. (D. J). ORAISON , f.f, DISCOURS , fm. (Syzonym) ces deux mots en grammaire fignifient également lézonciation de la penfèe par la parole ; c’eil en quoi ils font fynonymes. | Dans le difcours on envifage furtout l’analogie & la reffemblance de l’énonciation avec la peniée énon- cée. Dans l’oraifon, l’on fait plus attention à la ma- tiere phyfique de l’énonciation , & aux fignes vo- caux qui y fontemployés. Ainfi , lorfque l’on dit en grec dbavaros éori o Decc ,; en latin œcerrus eff Deus, en françois, Dieu eff éternel, en italien , ecerno ë Id- dio, en allemand, Gort if ewig ; c’eft toujours le même diféours , parce que C’eft toujours la même penfée énoncée par la parole, & rendue avec la même fidélité ; mais l’oraifon eft différente dans cha- que énonciation, parce que la même penfée meft pas rendue partout par les mêmes fignes vocaux. Legi tuas litteras , tuas legi litteras, litseras tuas degt, c’eft encore en latin le même dfiours, parce que c’eft l'énonciation fidele de la même penfée ; mais quoique les mêmes fignes vocaux foient employés dans les trois phrafes, l’oraifon n’eft pourtant pas tout-à-fait la même, parce que l’enfemble phyfique de l’énonciation varie de l’une à l’autre. | Le difcours eft donc plus intelleuel ; fes parties font les mêmes que celles de la penfée, Le fujet, l’attribut , &c les divers complèmens néceflaires aux vues de l’énonciation. Voyez SUJET, ATTRIBUT, Récime, &c. il eft du reflort de la Logique. L’oraijon eft plus matérielle; fes parties {ont Les dif- férentesefpeces de mots, l’interjeétion, le nom,le pro- nom, l’'adje@if, Le verbe, la prépoñtion,, l'adver- be, & la conjen“ion, que l’on nomme aufli /es par- ties d’oraifon. Voyez Mort. Elle fuit les lois de la Grammaire. Le flyle cara@érife le difcours , & le rend précis ou diffus, élevé ou rampant, facile ou embarraffé, vif oufroid , &c. La diffion carattérife loraifon , & fait qu’elle eft correéte ou incorreéte , claire ou obfcure, Voyez ÉLOCUTION, au commencement. L’étymologie peut fervir à confirmer la diftinc- tion que l’on vient d'établir entre difcours &t orat- fon. Le mot difcours, en latin difcurfus , vient du verbe difcurere, courir de place en place, on d'idée en idée; parce que l’analyfe de la penfée, qui eft l’objet du difcours , montre, une après l’autre, les idées partielles, & pañle en quelque maniere de l’une à l’autre. Le mot oraifoz eft tiré immédiate- ment du latin oratio , formé d’oratum , fupin d’ora- re Êcorare à une premiere origine dans le génitif oris , du nomos , bouche , qui eft Le nom de Pinftru- ment organique du matériel de la parole:orare , faire ufage de la bouche pour énoncer fa penfée; orazio, la matiere phyfique de l'énonciation. J’ajouterai ici ce qu'a écrit M. l’abbé Girard fur la différence des trois mots karangue , difcours , orai- for: quoiqu'il prenne ces mots relativement à lé- loquence , on verra néanmoins qu'il met entre les deux derniers une diftinétion de même nature que celle que j’y ai mife moi-même. » La harangue, ditil, (Synon. fr.)en veut pro- » prement au cœur; elle a pour butde perfuader &c O R A 549 » d’émouvoir ; fa beauté confifte à êtte vive , for- »te, & touchante, {Le diftours s'adrefle directe- » ment à l'efprit ; il fe propofe d'expliquer & d’inf- » truire ; fa beanté eft d’être clair, jufte & élégant. » L'oraifon travaille à prévenir l'imagination ; fon » plan roule ordinairement fur la louange on fur la » critique ; fa beauté confifte à être noble, délicate » &c brillante. » Le capitaine fait à fes foldatsune harañoue, pour *»} les animer au combat. L’académicien prononce » un dfcours, pour développer ou pour foutenir un » fyftème. L'orateur prononce une ora:/o% fünebre, r, \ 3 4 - 1 + » pour donner à l’aflembléé une grande idée de fon g à, » héros. » La longueur de la Larangue rallentit quelquefois » le feu dePaétion. Les fleurs du d/cours en dimi- » nuent fouvent les sraces. La recherche du mer- » veilleux dans l’ora:/07 fait perdre l'avantage du » Vrai. » Ainfi, il en eft du dféours & de loraifon dans le langage des Rhéteurs, comme dans celui des Gram=, mairiens : de part & d'autre Le di/tours eft pour l’ef- prit,parce qu'il en repréfente les penfées;loraifon eft pour Pimagination , parce qu’elle repréfénte d’une mamiere matérielle & fenfble, (Z.ÆE R. M.) ORAISON DOMINICALE , (Critique facrée.) c’eft- a-dire , priere de Notre Seigneur, ou le modele d'e- raifor que Notre Seigneur daigna donner à fes difei- ples qui l’en follicitoient, Luc. IT. 2. Must, 6. 9. Notre pere qui êtes dansle ciel ; appellatio pietaris & poteftauis , dit fort bien Tertulien : Que son nom foir Janchifié : Que ton reone vienne : Que £a volonté foir faise, &c. Autant d'expreffions graduées , qui figni- fient que Dieu foit reconnu pour le {eul vrai Dieu; & qu'il foit honoré en cette qualité par toute la ter- re, d'un culte pur & conforme à fes perfettions. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; ce qui nous cit néceffaire pour chaque jour , ou ce qhicon- vient à chaque jour. Pardonnez- nous nos offenfis, comme nous les pardonnons : Jefus-Chrift recomman- de par ce comme , le pardon des injures. C’eft ainf qu'ilett dit dans l’eccléfaftiq. 28. 2.» Pardonnez à » votre ennemi l'injure qu'il vous a faite, & vos pé- » chés vous feront remis, quand vous en demande- » rez le pardon. » Ne nous induifez point en tentation, Ne nous expoiez point à des épreuves trop rigou= reufes , Où nous pourrons fuccomber , mais délivrez- nous du mal, ao rè œosps, mais fouténez-nous con- tre les intentions que nous pourrions avoir de nuire aux autres hommes ; œornpte eft une pafñion mali- one, qui tend à faire du tort aux autres, Kax/o eft le vice oppolé à la vertu, qui doit régler nos aétions par rapport à nous-mêmes. On a quelques bonnes paraphrales de cette excellente priere ; mais la plu- part des théologiens l'ont noyée d'explications diffu- fes & trop recherchées. Quant à la doxologie ; car c’efe a toi qu'appartiennent le regne, la puiffance & la gloire aux fiecles des frecles ; elle à été prife vraiflem- blablement des conftitutions apoñtoliques , 46, IL. 18. où elle fe trouve, & de quelques anciennes li- turgies , d’où elle a paflé dans letexte. Il eft vrai du moins qu’elle manque dans quelques exemplaires grecs , comme dans la vulgate. (D.J.) ORAISON , (Rhéror, & Elog.) le mot oraifon eft d'une figmfcation fort étendue, f l’on en confidere feniement l’érymologie ; il défigne toute penfée ex- primée par le difcours, ore ratio exprefsæ. C’elt dans ce fens qu'il eft employé par les Grammairiens. [ei ildéfigne un difcours préparé avec art, pour opérer la perfuafon. | Il faut obferver qu'il y a une grande différence en- tre le talent de Poraifon &c l'art quiaide à le former. Le talent s’appelle éoquence , l’art, rhévorique : lun 550 O R A produit, l’autre juge: l'un fait Poraseur , l’autre ce _ qu’on nomme le rhéreur. Toutes ces queftions , dans lefquelles la perfua- fion peut avoir lieu , font du refort de léloquence, On les réduit ordinairement à trois genres , dont le premier eft le genre démonftratif; le fecond,, le genre délibératif ; le troifieme, le genre judiciaire, Le premier a pour objet fur tout le préfent; le fe- cond, l’avenir; le troifieme, le pañlé. Dans le .de- monitratit, on blâme, on loue. Dans le délibéra- tif, on engage à agir, ou à néjpas agir. Dans le ju- diciaire , on accuie, on déferid. Le genre démonftratif renferme donc les panégy- riques , les oraifons funebres , les difcours académi- ques, les compiimens faits aux rois & aux princes, &c. Il's’agit dans ces occafions de recueillir tour ce qui peut faire honneur & plaire à la perfonne qu’on loue. : Dans le senre démonfiratif, on préconife la ver- tu ; on la.confeille dans le genre délibératif, & on montre les raifons pour leiquelles on doit Pembraf- “fer. Ilne s’agit pas dans le genre délibératif d'étaler des graces, de chatouiller l’oreille , de flatter l’ima- gination ; C’eft une éloquence de fervice , qui re- jette tout ce.qui a plus d'éclat que de folidité. Qu'on entende Démofthene , lorfqu'il donne fon avis au peuple d’Atheñes, délibérant s’il déclarera la guerre à Philippe: cét orateur eft riche, il eft pompeux ; mais il ne l’eft que par la force de {on bon fens, Dans le genre judiciaire , lorateur fixe l’état de la queftion ; il à pour objet on le fait, ou le droit, oule nom; car , dans ce genre, il s’agit toujours d’un tort ou réel , ou prétendu réel. Maïs ces trois senres ne font pas tellement fépa- rés les uns des autres, qu'ils ne fe réuniffent jamais. Le contraire arrive dans preique toutes les oraifons. Que font la plüpart des éloges & des panégyriques > finon des exhortations à la vertu ? On loue les faints & les héros pour échauffer notre cœur, & ranimer fotre foibleffe. On délibere fur le choix d’un géné- ral : l'éloge de Pompée déterminera les fuffrages en fa faveur. On prouve qu'il faut mettre Archias au nombre des citoyens romains , pourquoi ? Parce qu'il a un génie qui fera honneur à l’empire, Il faut déclarer la guerre à Philipe ,; pourquoi encore ? Parce que c’eft un voifin dangereux, dont les for- ces , fi on ne les arrête , deviendront funeftes à la li- berté commune des Grecs. Il n’y a pas jufqu’au genre judiciaire, qui nerentre en quelque forte dans le délibératif, puiique les juges font entre la néga- tive & l’afirmauive , & que les plaidoyers des Avo- cats ne font que pour fixer leur incertitude, & les attacher au parti le plus juite. En un mot, l’honné- teté , l'utilité , l'équité , qui font les trois objets de ces trois senres , rentrent dans le même point , puif- que tout ce qui eft vraiment utile eft jufte & hon- nête , & réciproquement ; ce n’eit pas fans raïfon que quelques rhéteurs modernes ont pris la liberté de regarder comme peu fondée cette divifion céle- bre dans la Rhétorique des anciens. (D. J.) ORAISON FUNEBRE , (Ars orat. des anciens.) dif- cours oratoire en l'honneur d'un mort. Ces fortes de difcours femblent n'avoir commencé en Grece qu'après la bataille de Marathon , qui précéda de feize ans.la mort de Brutus. Dans Homere on cé- lebre des jeux aux obfeques de Patrocle , comme Hercule avoit fait auparavant aux funérailles de Pé- lops ; mais nul orateur,ne prononce {on éloge fune- bre. Les Poëtes tragiques d'Athènes fuppofoient , il eft vrai , que Thélée avoit fait un difcours aux fu- nérailles des enfans d'Œdipe ; mais c’eft une pure flatterie pour la ville d’Athenes. Enfin , quoique le théteur Anaximènes attribue à Solon l'invention des O R A orarfons funebres , il n’en apporte aucune preuve: Thucydide.eft le premier qui nous parle des orai/on$ Junebres des Grecs. Ii raconte dans fon fecond livre que les Athéniens firent des obsèques publiques à ceux qui avoient té tués au commencement de la guerre du Péloponnèfe. Il détaille enfuite cette {o- lemnité,6c dit qu'après que les offemens furent cou- verts de terre , le perfonnage le plus illuftre de la ville tant'en éloquence qu’en dignité, pafla du fé- pulcre fur la tribune, & fit l’oraifon funebre des ci- toyens qui étoient morts À la guerre de Samos. Le perfonnage illuftre qui fit cet éloge eft Périclès f celebre par fes taiens dans les trois genres d’éloquen- ce , le déhibératif, le judiciaire , & le démonftra- DELA Dans ce dernier genre , l’orateur pouvoit fans crainte étaler toutes les fleurs & toutes les riche£ fes de la poëñe, Il s’agifloit de louer ies Athéniens en général fur les qualités qui les diftinguoient des autres peuples de la Grece ; de célébrer la vertu & le courage de ceux qui étoient morts pour le fervice de la pairie ; d'élever leurs exploits au-deflus de ce que leurs ancêtres avoient fait de plus glorieux; de les propofer pour exemple aux vivans ; d'in- viter, leurs enfans & leurs freres à fe rendre di- gnes d'eux , & de mettre en ufase pour la confoia- tion des peres & des meres, les raïfons les plus ca- pables de diminuer Le fentiment de leurs pertes. Pla- ton, qui nous prélente l’image d’un difcours parfait dans le genre dont 1l s'agit, l’avoit vraiffemblable- ment formé fur l'éloge funebre que Périclès prononça dans cette occafñon. Hplut tellement, qu'on choïfit dans la fuite les plus habiles orateurs pour ces fortes d’oraifons; on leur ac- cordoit tout le tems de préparer leurs difcours , & ils n’oublioient rien pour répondre à ce qu’on atten- doit de leurs talens, Le beau choix des expreflions, la variété des tours & desfisures , la brillante har- monie des phrafes faifoient fur l'ame des auditeurs une impreflion de joie & de furprife , qui tenoit de lenchantement, Chaque citoyen s’appliquoit en par- ticulier les louanges qu’on donnoit à rous le corps des citoyens ; 8e fe croyant tout-à-coup transformé en un autre homme , 1l le paroïfloit à lui-même plus grand , plus refpeétable, & jouifloit du plaïfir flat- teur de s’imaginer que les étrangers qui affiftoient à la cérémonie , avoient pour lui les mêmes fentimens de refpeët &c d'admiration, L’impreflion duroit quel- ques jours, &t il ne fe détachoit qu'avec peine de cette aimable illufion, qui l’avoit comme tranfporté en quelque forte dans les îles fortunées. Telle étoit, felon Socrate , l'habileté des orateurs chargés de ces éloges funebres, C’eft ainf qu’à la faveur de élo- quence leurs difcours pénétroient jufqu’au fond de l’ame , & y caufoient ces admirables tranfports. Le premier qui haranga à Rome aux funérailles des citoyens, fut Valerius Publicola. Polybe raconte qu'après la mort de Junius Brutus fon collegene, qui. avoit été tué le jour précédent à la bataille contre les Etrufques , il fit apporter fon corps dans la place publique , & monta fur la tribune, où il expofa les belles aétions de fa vie, Le peuple touché , attendri, comprit alors de quelle utilité 11 peut être à la répu« blique de récompenier le mérite, en le peignant avec tous les traits de l’éloquence. Il ordonna fur le champ , que le même ufage feroit perpétuellement obfervé à la mort des grands hommes qui auroient rendu des fervices importans à l’état. Cette ordonnance fut exécutée, & Quintus Fa- bius Maximus fit l’orai/on funebre de Scipion. Sou- vent les enfans s’acquiitoient de ce devoir, ou bien le fénat choïfifloit un orateur pour compofer lélo-. ge du mort, Augufte à l’âge de douze ans récita pu- bliquement l'éloge de fon ayeul, & prononça celui de ORA . de Germanicus fon neveu , étant empereur, Tibete . fivit le même exemple pour fon fils, & Néron à l'égard de l’empereur Claude fon prédéceffeur. Sur la fin de la république, lufage s'établit chez les Romains de faire loraifon funebre des femmes illuftres qui mouroient dans un âge un peu avancé. La premiere dame romaine qui reçut cet honneur fut Popilla, dont Craflus fon fils prononça l’orai/on Junebre, Céfar étant quefteur fut le premier qui fit celle de fa premiere femme morte jeune. Cicéron écrivit aufli l’éloge de Porcia , fœur de Caton , mais il ne le prononça pas. Il réfulte de ce détail que l'invention des oraifons furebres paroït appartenir aux Romains ; ils ont du moins cet avantage d’en avoir étendu la gloire avec plus de juitice & d'équité que les Grecs. Dans Athè- nes on ne louoit qu’une forte de mérite, la valeur militaire ; à Rome toutes fortes de vertus étoient honorées dans cet éloge public ; les politiques com- me les guerriers, les hommes comme les femmes, avoient droit d'y prétendre; &c les empereurs eux- mêmes ne dédaignerent point de monter fur la tri- bune, pour y prononcer des oraifons funcbres. | Après cela, qui ne croiroit que cette partie de l’art oratoire n'ait été pouflée à Rome jufqu'à fa perfec- tion? cependantil y a toute apparence qu’elle y fut très-négligée ; les Rhéteurs latins n’ont laiffé aucun traité fur cette matiere , ou n’en ont écrit que très- fuperficiellement, Cicéron en parle comme äregret, parce que, dit-il, les orarfons funebres ne font point partie de l’éloquence : Noffræ laudationes féribuneur ad funebrem concionern , que ad orationis laudem mini- ne accommodata eff, Les Grecs au contraire aimoient pafionnément à s'exercer en ce genre ; leurs favans : écrivoient continuellement les oraifons funebres de Thémiftocle, d’Ariftide , d’Agéfilas , d'Epaminon- das, de Philippe, d'Alexandre, & d’autres grands . hommes. Epris de la gloire du bel efprit, ils laifloïent au vulgaire les affaires & les procès ; au lieu que les Romains , toujours attachés aux anciennes mœurs , ignoroient ou méprifoient ces fortes d’e- crits d'appareil. (Le chevalier DE JAUCOURT,) ORAISON FUNEBRE, (Ai. de l'Elog. en France.) difcours prononcé ou imprimé à l’honneur funebre d'un prince , d'une princefle, ou d’une perlonne éminente par la naïffance, le rang ou la dignité dont elle jouifloit pendant fa vie. On croît que le fameux Bertrand du Guefclin, mort en 1380, & enterré à S. Denis à côté de nos rois, eft le premier dont on ait fait l’oraifon funebre dans ce royaume ; mais cette oraifon n’a point pañlé juiqu’a nous ; ce n’eft proprement qu’à la renaïflan- ce des lettres qu'on commença d'appliquer l’art ora- toire à la louange des morts , illuftres par leur naïf fance ou par leurs aëtions. Muret prononça à Rome en latin l’oraifon funebre de Charles IX. Enfin, fous le fiecle de Louis XIV, on vit les François exceller en ce genre dans leur propre langue ; & M. Bofluet remporta la palme fur tous fes concurrens. C’eft dans ces fortes de difcouts que doit fe déployer l’art de la parole ; les a@ions éclatantes ne doivent s’y trouver louées , que quand elles ont des motifs ver- tueux ; &c la gravité de l’évangile n’y doit rien per- dre de fes privileges. Toutes ces conditions fe trou: veñtremplies dans les orai/ons de l’évêque de Meaux. Il s’appliqua de bonne heure , dit M. de Voltaire, à ce genre d’éloquence qui demande de l’imagina- tion , & une grandeur majeftueufe qui tient un peu à la poëfie, dont il faut toujours emprunter quel- que chofe , quoiqu’avec difcrétion, quand on tend au fublime. L’oraifon funebre de la reine-mere qu'il -prononça en 1667, lui valut l'évêché de Condom ; mais ce difcours n’étoit pas encore digne de lui, & il ne fut pas imprimé. L’éloge funebré de la reine Tome XL, ORA S52 d'Angleterre, veuve de Charles I. qu'il fit en 1669, parut prefque en tout un chef-d'œuvre. Les fujets de ces pieces d’éloquence font heureux , à proportion des malheurs que les morts ont éprouvés. C’eft en quelque façon, comme dans les tragédies , où les grandes imfortunes des /diférens perfonnages font ce qui intérefle davantage. | L'éloge funebre de Madame , enlevée À 14 fleut de fon âge, & morte entre fes bras, eut le plus grand & le plus rare des fuccès , celui de faire verfer des larmes à la cour. Il fut obligé de s'arrêter après ces paroles, « O nuit défaftreufe, nuit effroyable ! où » rétentit tout-à-coup comme un éclat de tonnerre » cette étonnante nouvelle, Madame fe meurt, Ma- » dame eft morte, &c. L’auditoire éclata en fan- - glots, &:la voix de l’orateur fut interrompue par fes loupirs & par fes larmes. M. Bofluet naquit à Dijon en 1627, & mourut à Paris en 1704. Ses oraifons funebres font celles de la reine-mere, en 1667; de la reine d’Anpleterre, en 1669 ; de Madame , en 1670; de la reine, en 1684; de la princefle palatine , en 1685; de M. le Tellier, en 1686 ; & de Louis de Bourbon prince de Condé , en 1687. Fléchier ( Efprit ), né en 1632, au comtat d’Avi- gnon, évêque de Lavaur, & puis de Nifmes, mort en 1710, eft {ur-tout connu par fes belles oraifons funebres. Les principales font celles de la duchefle de Montaufer, en 1672 ; de M, de Turenne ; en 1679 ; du premier préfident de Lamoignon , en 1679 ; de la reine, en 1683 ; de M. le Tellier, en 1686 ; de madame la dauphine, en 1690 ; & du duc de Montaufer dans la même année. Mafcaron ( Jules ) né à Marfeille, mort en 17345 évêque d'Agen en1703.Ses oraifons funebres font celie d'Anne d’Antriche , reine de France, prononcée en 1666 ; celle d'Henriette d'Angleterre, duchefle d'Or- léans; celle du duc de Beaufort ; celle du chance- liér Séguier ; & celle de M. de Turenne. Les orai- Jons funebres que nous venons de citer, balancerent d’abord celles de Bofuet; Imais aujourd’hui elies ne fervent qu'à faire voir combien Bofluet étoit un grand homme. Depuis cinquante ans, il ne s’eft point élevé d’o: rateurs à côté de ces grands maîtres, & ceux qui viendront dans la fuite, trouveront la carriere rem- plie. Les tableaux des miferes humaines, de la va- mité, de la grandeur , des ravages de la mort , ont été faits par tant de mains habiles, qu’on eft réduit à les copier, où à s'égarer. Anffi les orifons fune- bres de nos jours ne font que d’ennuyeufes décla- mations de fophiftes, &c ce qui eft pis encore, de bas éloges , où l'on n’a point de honte de trahir in- dignement la vérité. Æif. univ, de M, de Voltaire à com. VII. (D.1.) ORAISON MENTALE , ( Théol. myff.) onla définit celle qui fe forme dans le cœur, & qui y demeure. Quoiqu’on ait extrèmement relevé l’oraifon men- tale , qui eft en effet l’ame de la religion chrétienne puifque c’eft l’exercice a@uel de ladoration en ef. prit &c en vérité prefcrite par Jefus-Chrift, il ne faut pas néanmoins dépuifer que cette oraifor même a fervi de prétextes à plufeurs abus. Cette dévotion Qifive pendant des heures entieres , à genoux & les bras croifés , a été très-ordinaire depuis environ cinq cens ans, particulierement chez les femmes na- turellément pareffleufes & d’une imagination fort vive. De-là vient que les vies des faintes de ces der- niers fiecles, fainte Brigitte , fainte Catherine de Sienne, la bienheureufe Angele de Foligny, ne cou- - tiennent prefque que leurs penfées & leurs difcours fans aucun fait remarquable & fans aucune bonne œuvre. Leurs direfteurs, prévenus en faveur de tel- les pénitentes dont ils connoiffoient la vertu, prirent AAaa S æ 552 O R A leurs penfées pour des révélations, & ce qui leur at- rivoit pour des miracles, Cesdireéteurs étant nourris de la méthode & des fubtilités de la fcholaftique qui régnoit alors, ne “manquerent pas: de Pappliquer à l’orai/on mentale, dont ils firentunart long & pénible, prétendant dif- tinguer exaétement les divers états d'erafon & les degrés du progrès dans la perfeétion chrétienne. Et comme c’étoit la mode depuis long tems de tourñer toute l’Ecriture à des fens figurés , faute d’en enten- dre la lettre , ces doéteurs y trouverent toutce qu'ils voulurent; ainf fe forma la Théologie myftique que nous voyons dans les écrits de Rusbrôc , de Tau- ere , & des auteurs femblables. À force de fubtilifer, ils employoient fouvent des expreffions outrées , & avançoient des paradoxes auxquels 1l étoit difficile de donner un fens raifonnable, Ces excès produifi- rent les erreurs des faux Gnofliques, celles des Bé- guarres & des Béguines, & dans le dernier fiecle , celle de Molinos & des Quiétiftes. L’autre effet de la fpiritualité outrée eft le fanatifme , tel que celui de Grégoire Palamas & des moines grecs du mont Athos dans le quatorzieme fiecle, La vraïe orai/on mentale doit être fimple, folide, courte , & tendant direc- tement à nous rendre meilleurs. ( D. J.) ORAL, adj. ( Gramm.) Dans l’ufage ordinaire , oral veut dire qui s’expofe de bouche ou de vive voix ; & on lemploie principalement pour marquer quel- que chofe de différent de ce quieft écrit : la tradition orale , la tradition écrite. En Grammaire, c’eft un adjeëtif qui fert à diftin- guer certains fons ou certaines articulations des au- tres élémens femblables. Un fon eft oral , lorfque lair qui en eft la matiere fort entierement par l’ouverture de la bouche, fans qu'il en reflue rien par le nez : une articulation eft orale, quand elle ne fait refluer par le nez aucune partie de l’air dont elle modifele fon. Tout fon qui n'eft point nafal eft oral ; c’eft la même chofe des articulations. On appelle auf voyelle ou confonne orale , toute lettre qui repréfente ou un fon oral ou une articula- tion orale. Voyez LETTRE, VOYELLE,NASAL,. (8. E.R. M.) ORAL, {. m. terme de Liturgie ; c'étoit un voile ou une coëffe que portoient autrefois les femmes reli- sieufes. Le concile d'Arles de 1234 nomme oral , le voile qu'il ordonne aux Juives de porter quandelles vont par la ville; enfin aujourd’hui on appelle de ce om une efpece de grand voile que le pape met fur fa têie , qui fe replie fur fes épaules & fur fa poitrine quand 1l dit ia mefle. (D. J.) ORALE, LOI, ( Théolog. judaïq.) c’eft la loitra- ditionnelle des Juifs, qui leur eft parvenue, à ce qu'ils prétendent, de bouche en bouche jufqu’au rabbi Judas Haccadosh, c’eft-à-dire le airs, qui vi- voit quelque tems après Adrien, & qui écrivit cette Joi dans le livre nommé le Mifna. Voyez MisNA. On fait que les Juifs reconnoiffent deux fortes de lois : la loi écrite, qui ef celle que nous avons dans Ecriture; & la loi orale ou traditionnelle. Ils pen- fent que ces deux lois ontété données à Moife fur le mont Sinaï, l’une parécrit, & l’autre de bouche; &: que cette dermiere a pafñlé de main en main d’une génération à l’autre par le moyen de leurs anciens. Ils fe croient obligés d’obferver l’une & l’autre loi , mais furtout la loi orale, qui, difent-ils, eft une explication complette de [a loi écrite, fupplée tout ce quiy manque, & enleve toutesles difficultés. Mais ces traditions que les Juifs eftiment tant, n’ont aucun fondement folide , aucune authenticité pour les garantir; elles ne fonten effet que la produétion de la fertile invention des Talmudiftes , & n’offrent .ties. Voyez TALMUD. © R A à l’'efprif qu'un amas de miferes, de fables & d’inepa. PRES | ORAN, ( Géog.) forte & importante ville d’A- frique , fur la côte deiBarbarie, au royaumede Tré- mécen avec plufieurs forts & un excellént pott. Le cardinal Ximenës prit cette ville au commence: ment du feizieme fiecle. Les Aloériens la reprirent en r708. Le comte de Montemar s’èn éempara en 1732 pour l’Efpagne. Elle eft à un jet de pierre de la mer, pattie dansune plaine, partie fur la pente d’une mont: tagne fort elcarpée , vis-à-vis de Catthagène , à uné lieue de Marfaiquivir , vingt de Trémécen, cint quante d'Alger. Long. 17, 40. lat. 37. 40. (D.J.) ORANCAIES, ( Æif£. mod. ) c'eft Le titre que l'on donne à la cour du roi d’Achem, dans l’île de Sumas tra , à dés gouverneurs que ce prince charge des dé partemens des provinces. Leur conduite eft conti- nuellement éclairée par ces fouverains defpotiques & foupçonneux, de peut qu'ils n’entreprennent quel: que chofe contre leurs intérêts. Ces feigneurs tien nent à grand honneur d'être chargés du foin des coqs du monarque qui, ainfi que fes iujets, s’amufe beau- coup des combats de ces fortes d’animaux. | ORANGE, ( Diere, Médecine, &c. ) c’eft le fruit de l’oranger : voyez l’article ORANGER. Les meilleus res oranges, Ou, pour pafler avec les Poëtes, les poms mes d’or du jardin des Hefpérides, rious font aps portées des pays chauds, des îles d’Hières en Pro- vence, de Nice, de la Ciourat, d'Italie, d'Efpa- one, de Portugal , de l’Amérique même, & de la Chine. On diftingue deux, efpeces générales de ce beau fruit : l’orange douce, & l'orange amere. Lefuc, l'écorce, le firop, leflence, la teinture, la con ferve , & l’eau difullée des fleurs, font d’ufage en Médecine. Le fuc d'orange humelté, rafraïchit , convient dans toutes fortes de fievres, fur-tout dans les fie: vres ardentes & putrides, dans toutes les maladies inflammatoires & bilieufes; c’eft un vrai fpécifique dans le fcorbut alkalin & muriatique, Les autres pré- parations d'orange comme l'écorce , la teinture, la _conferve , la fleur confite , &c. font recommanda- bles à toutes fortes d’âges aux perfonnes d’un tempé- ramentfleomatique, dans les maladies des vifceres lâches, dans celles qui naïffent d’un fuc vifqueux ou de l’inertie des fibres mufculaires. | "écorce d’orange contient beaucoup dâhuile effeni tielle & groffiere, mêlée avec un {el efféntiel, tar- tareux & auftere. L’écorce d'orange aigre eft préfés rable à l’écorce d'orange douce, On donne l’ule effentielle de cetteécorce difillée avec du fucre , ow fous la forme d’e/cofaccharum. On tire aufi de cette même écorce feche ou fraîche, une teinture avec l’efprit-de-vin tartarifé que l’on recommande pour divifer les humeurs épaïfles , exciter les regles, & fortifier l’eftomac. On confitavecle fucre ces mêmes écorces , & c’eft une confiture des plus délicates. Le fuc exprimé d'orange , délayé dans de l’eau & adouci avec le fucre , fait une boiflon que l’on ap- pelle communément orangeade, Elle eft très-agréable enfanté , propre dans les grandes chaleurs , & très- utile dans la fievre & le fcorbut. La fleur d’orange contient un fel eflentiel ammo- niacal, un peuauftere, uni à beaucoup d'huile aro4 matique , foit fubtile foit grofliere. Cette fleur à caufe de fon odeur agréable eft fort en ufage, foit dans les parfums, foit dans les affaifonnemens. C’eft prefque cette feule odeur quia pris le deffus parmi nous , fur celle de l’ambre & du mufc. On tire des fleurs d'orange, par la diftillation, une eau pénétrante, fuave , & utile par fa douce & agréable amertume. Elle calme pour le moment les mouvemens fpafmodiques de l’hyftérifme ; f elle {ent l’'empyreume , elle perd cette odeur par la ge- OR A lée & en prend une très-agtéable. On fait encore avec ces fleurs des conferves différentes, foit folides foit molles, & des efpeces de tablettes qu'on peut . mêler dans les médicamens, pour corriger leur goût es defagréable, | On diftille une eau des feuilles vertes d’onenge qui eft très-amere , & que quelques médecins recomman- dent aux perfonnes fleomatiques | & qui font atta- “quées du fcorbut acide. L'huile eflentielle de fleur d'orange eft très-pré- cieufe ; celle que l’on vend ordinairement n’eft guere autre chofe que de l'huile. de ben ou d’aman- des ameres , à qui l’on a fait prendre l’odeur de la fleur d'orange. Arr La gourmandife n’a pas manqué d’adopter toutes les préparations agréables qu’ontire de l’orenge. Les Confifeurs , les Diftillateurs, les maîtres-d’hôtel des gens riches , les couvens même de religieufes , fe {ont emparés du foin de les faire, pour ne laiffer À la Pharmacie que les préparations des drogues rebu- tantes à l’odeur &c au goût. ( D. J. ) ORANGE, ( Géog.) ancienne ville de France, capitale d’une province de même nom, qui eft éteinte , de forte que la ville eft unie au Datiphiné, avec un évêché fuffragant d'Arles ; elle a une efpece d'univerfité & plufieurs reftes d’antiquité. Elle a eu long-tems fes princes particuliers de la maifon de Naffau ; mais étant pañlée à Fréderic, roi de Prufle , après la mort du prince Guillaume qui fut couronné roi d'Angleterre en 1689, fon fils Fré- deric-Guillaume la céda en 1713 à Louis XIV. avec tous fes droits furla Principauté : ce qui fut confirmé par le traité d’Utrecht. | très-peu exa & fortimparfait,c’eft celui que Jofeph dela Pifeen adon- né dans fon hiftoire d'Orange ; l’autre que nousavons dans le voyage de Spon, eft encore pins imparfait , carce n'en eft qu'une très-lésereefquifle; letroifieme eftbeancoup meilleur & plus exa@. On le trouve, dans la colleétion de dom Bernard de Montfaucon d gravé d’après celui qui avoit été fait fur les lieux par Tome XI, as OR À 553 le fieut Migñard, patent du célebré peintre de cé nom; mais ce n’eft qu’une partie du monument, caf iln’en repréfente que la façade méridionale. Ce monument , qui étoit autrefois renfermé dans l’ancienne enceinte d'Orange, fe trouve aujourd’hui à cinq céns pas des murs de la ville, furle srandche- min qui conduit à Saint - Paul - trois - Châteaux. Il forme trois arcs ou paflages dont celui du milieu eft le plus grand , &z les deux des côtés font égaux en= tre eux. L'édifice eft d’ordre coginthien, & bâti dé gros quartiers de pierre de taille, On y voit des co- lonnes très élevées, dont les chapiteaux font d’un bon goût. La fculpture des archivoltes , des pié- droits & des voûtes , eftaufli très-bientravaillée hi a dix toifes d’élévation,, & foixante piés dans fa lon- gueur. Il forme quatre faces, fur chacune defquelles lont fculptées diverfes figures en bas-reliefs ; mais on n’ÿ" voit nulle part aucune infcription qui puifle nous en apprendre la dédicace. , Sur la façadefeptentrionale quieftla plus ancienne &c la plus riche, on voit au-deffus des deux petits arcs des monceaux d'armes des anñciens, tels que des épées, des boucliers dont quelques-uns font de forme ovale, & les autres de forme hexagone, & fur plu- fieurs defquels on voit gravés en lettres capitales quelques noms romains ; des enfeignes militaires , les unes furmontées d’un dragon, & les autres d’un pourceau ou fangher. Au-deffus de ces mêmes arcs, après les frifes &c les corniches, font repréfentés des navires brifés, dés ancres, des proues, des mâts ; des cordages , des rames, des tridents, des bannie- res ou ornemens de vaifleaux , connus fous le nom d’apluffra où apluftria, Plus haut encore on voit au. deffus d’unde ces petits arcs , fenlptés dansun quarré ou tableau ,unafpergile, un préféricule ou vafe de facrifice ; use patere, & enfin un Zzuus ou bâton augural. Au-deffus de l’autre petit arc paroît la figure d'un homme à cheval , armé de toutes pieces 4 fculptée de même dans un grand quarté. Entre ces deux tableaux eft repréfentée une bataille, où font très-bièen marquées des figures de combattans à che- val, dont les uns combartentavec l'épée, & les au- tres avec la lance, de foldats morts ou mourans éten- . dus furle champ de bataille, des chevaux échappés ouabattus. La façade méridionale eft à-peu-près chargée des mêmes figures & ornemens qui font placés dans les mêmes endroits; mais toute cette partie eft aujout- d’hni extrèmement dégradée, Sur la façade orientale font repréfentés des cap: tifs, les mains attachées dertiere le dos ; placés deux à deux entre les colonnes & furmontés de trophées ; au-deflus defquels eft la figure d’un pourceau, où d’un fanglier avec le Zabarnm des Romains , Clevéfur une hafte & garni de franges autour. Sur la frife font {culptés divers gladiateurs qui combattent ; au-def. fus de cette frife eft un'bufte dont la tête ef rayons nante , environnée d'étoiles, & de plus accompas gnée d’une corne d’abondance de chaque côté. Les deux extrémités du timpan fous lequel eft ce bufte : foutiennent chacune une firène, | La façade occidentale n'eft chargée que de fem: blables figures de captifs &detrophées. Quant à l'intérieur de cemonument, qui eff fur- monté d’unehaute tour, ce qui l'a fait vulgairement appeller dans le pays la sour de l'arc, il eft compofé jufqu’au fommet de voûtes de pierre de taille leg unes fur les autres, ornées de fculpture d’un travail admirable ; on voit dans toutes des rofes , & plu- fleurs autres fleurs en compartiment. Les murs {ont ornés de colonnes. Tel eft cet édifice, fur l'explica- ion duquel on n’a formé que des conjeures ; NIAIS il faut voir dans le Recueil des Belles- Lettres le mé- moire de M. Menard, some XXVI, dont j'ai tiré _AAÂaai $ 54 O KR A. cette defcription, qui eft la feule exaéte qu'onait encore donnée de ce monument de l'antiquité. Tous les favans ont tâché de l'entendre, & croient yêtre parvenus. Les uns ont rapporté l'arc detriomphe dontnous parlons à C. Marius &c à Lutatius Catulus, confuls romains; mais il repne une élégance dans la feulpture de cer édifice , qui n’étoit pas encore con- nue fous le fiecle de C. Marius. | Gronovius ( Jag. ) Vadiatus, [faac Pontanus, Jean Fréderic Guib & M. de Mandajors , rapportent ce monument à Cn. Domitius Ænobarbus 8c à ©. Fa- bius Maximus; mais ce fentiment peche contre la Chronologie & les notions géographiques. M. le baron de la Bafüe l’attribue à l’empereur Auguite, Journ. de Trévoux , Aoëti730 ; mais il n’eft point dit dans l’Hiftoire que ce prince ait fondé la colonie d'Orange.; & l’on ne voit rien dansiles f- gures & les ornemens de cet arc qui caraétérife Au- gufte d’une maniere particuliere, Le marquis Maffée croit que l’arc êc les antiquités d'Orange reflentent la maniere du tems d’Adrien ; mais en tout cas on fe connoît dans la vie de cet em- pereur aucune bataille navale ni par lui, m par fes généraux, à laquelle on puifle#apporter ces figures de firènes, detridents, de navires. : M. Menard a fait enfin revivre l’ancienne opi- nion de ceux qui ont penfé que l'arc d’Orangeavoit été érigé en l’honneur de Jules-Céfar ; mais cette cpinion ne concile point toutes lesfigures & tous les ornemens, elle ne s’y rapporte Qu'en partie. Les noms de Marius , de Jugurtha &t de Sacrovir, n’ont point de relation à Jules-Céfar; & fi l’on fuppofe que cet arc fût élevé fous fa diétature , il faut en même tems ajouter que ce fut à la gloire de lanation romaine en général qu'on l’érigea. Les leéteurs curieux de s’infinuire de Phiftoire & des antiquités d'Orange, peuvent confulter les trois ouvrages fuivans: Tableau de l’hifloire des princes 6: principauté d'Orange, par Jofeph de la Pife : Defcrip- tion des antiquités d'Orange, par Charles Efcofñer ; cette defcription a paru en 1700 : ifloire nouvelle de la ville & principauté d'Orange, par lespere Bonaven- ture , de Sifteron,, capucin!; Paris 1741: Cette ville , abondante autrefois en monumens antiques, n’a jamais été féconde en hommes de let- tres ; maistdu-moins.il'ne- faut pas oublier. de:dire à {a gloire qu’elle a été la patrie de la mere de Cicé- ron. (D.J.) ORANGE, le cap d’, ( Géog. ) cap.-de l'Amérique méridionale dans la, mer du nord, aflez près de Cayenne , & environ. à cinq lieues de Comaribo. Les vaifleaux qui vont d'Europe à Cayenne, font obligés d’aller reconnoîtrecelcap pour redreffer leur route, fans quoi ils courent rifque de:s’en écarter. (2. J.) ORANGE, Le fort d°, ( Géog.) fort que les Hollan- dois ontélevé dans l'Amérique feptentrionale , au pays qu'ils ont nommé les rouveaux- Pays-Bas. Les Anglois qui pofledent aujourd’hui ce pays-là, l'ont nommé la zouvelle-Vorck, &. le fort s'appelle 4/ba- ze, Il eftavant dans les terres fur le-bordoccidental de l’Ile-Longue. ( D. J.) | __ ORANGE , ez termes de, Blafon, fe dit de toute pieceronde qui eft jaune ou-tannée. ORANGE, couleur d’, eft une couleur-ou teinture qui tient le milieu entre le rouge &c le jaune: Voyez COULEUR & TEINTURE. ORANGÉ,, serme de Teinturier | ce qui-eft de cou- leur d'orange, 8 qui tient prefque également du jaune & du rouge. Un tafferas orangé, un ruban OfATIEE L’orangé nacarat des étofes fe fait en France avec le jaune & le rouge de, garance , ou avec celui de bourre, On y emploie rarement Le rouge écarlate, OR À : parce qu'outre qu'il eft plus cher, la couleur ne fe: fait pas fi commodément. L’orange de garance veut le jaune de gaude avec un peu de serra-merita danse sarançage. | Les foies oranges fe doivent teindre fur un feu de pur rauncour ; après avoir été alunées & gaudées fortement ; fi la couleur en eftbrune, elles font de nouveau alunées, 8 même, s’il en eft befoin, on leur donne un petit bain de bréfil. Les laines couleur de feu , orargées & nacarats, fe teignent de‘bourre teinte en garance; &r les fils oraz- ges , ifabelle couvert, ifabelle pâle jufqu’au clair, auffi-bien que l'aurore, fe teignent avec le fuftel, le raucour & le gaude. Savary. ( D.J.) ORANGEADE , ff. (Cuifine & Diet.) eft une boïflon qui fe fait de jus d'orange , d’eau & de fu- cre, voyez ORANGE & LIMONADE. Lémery dit qu’on en peut donner à boire dans le plus fort de la fievre. ORANGEAZ , {. m. en terme de Confiferie , ce font _ des dragées faites de tailladins d’oranges aigres, qui font fort agréables lor{qu’on y a employé de bon fucre. ORANGEBOURG, (Géog.) ou pour fuivre l’or- tographe allemande, Oramienbourg , château à pe- tite ville d'Allemagne dans l’éleétorat de Brande- bourg , fur la rivierede Havel , à 4 milles de Berlin. Le château eft une maïfon de plaïfance des rois de Prufle, fituée dans un pays qui reffemble-fort à la Hollande. (D: J.) | ORANGER , aurantinm, 1. m. (Hiff. nat. Bor.) sente de plante à fleur en rofe , compofée de plu= fieurs pétales difpofés en rond. Le piitil fort du ca- lice , il eft entouré de petites feuilles terminées par des étamines , & il devient dans la fuite un fruit prefque rond , & couvert d’une écorce charnue. Ce fruit fe divife en plufeurs loges remplies d’une fubf- tance véficulaire & charnue , & qui renferme des femences calleufes. Ajoutez aux caraéteres de ce genre, que les feuilles ont à leur origine la forme d'un cœur. Tournefort, énff. rei herb. Voyez PLAN- TE. | ORANGER , (Jardinage.) arbre toujours verd ; qui vient naturellement dans les climats les plus chauds de l’Afie & de l’Europe, même dans PAmé- rique méridionale. Mais cet arbre, outre l'utilité de fon fruit , a tant d'agrément & de beauté, qu’on le cultive encore bien avant dans les pays fepten- trionaux , où malgré qu'il foit trop délicat pour y pafler les hivers en pleine terre, on a trouvé moyen de lui fuppléer une température convenable, à force de foins-& d’abris. C’eft ce qui a donné lieu à la conftruétion des orangeries qui font à-préfent infé- parables des maifons de campagne où regne l’ai- fance. DUT L’oranger dans les pays chauds , devient un grand arbre & s’éleve fouvent à 6o piés fur 6 ou 8 de cir- conférence. Mais comme dans la plus grande partie du royaume on ne le voit queMfous la forme d’unar- brifleau, parce qu'oneftobligé de le tenir encaifle , je ne traiterai ici de cet arbre que relativement à fon état de contrainte. Quand l’oranger a été bien conduit de jeunefle, il fait une tige droite d’une belle hauteur , & une tête auf réguliere que bien fournie de rameaux. Sa feuille eft grande , longue & pointue, ferme, life & unie, d’un verd tendre, jaunâtre & très-brillant : cette feuille eft fingulie- rement carattérifée par un petit appendice antérieur en maniere de cœur, qui fert à diftinguer cet arbre du citronier & du limonier, dont les fewilies font fimples, L’oranger donne pendant tout l'été une grande quantité de fleurs blanches d’une,odeur dé- licieufe, qui parfume l'air & fe répand'au loin. Elles {ont remplacées par un fruit rond, charnu, fuccu- lent, dont la couleur, le, goût & l'odeur font admi- tables. Onne:peut en effet, refufer fon admiration à un arbre qui conferve pendant toutes les faifons, une verdure des plus bullantes ; qui réunit les agré- mens divers d’être en même tems chargé de fleurs 8 de fruits, dont Les. uns font naïflans & les autres en maturité; &dont toutes Les parties, telles que le _ jeune bois, la feuille, la fleur & le fruit, ont une odeur fuave & aromatique des plus agréables. Lo- ranger a encore le mérite d’être de très-longue du- rée ; & quoiqu'il foit fouvent renfermé, & toujours _ retenu dans d’étroites limites, on a vu de ces arbres fubffter en.caïfle pendant deux fiecles 8 au-delà. L'oranger eft plus aifé à multiplier, à élever & à cultiver qu’on ne fe l’imagine communément. Tous lès Jardiniers y mettent beauconp-de myftere, fup- pofent qu'il y faut un grand art, & prétendent que cet arbre exige une infinité de préparations, de foins & de précautions. Cependant voici à quoi fe réduit cet art fi myftérieux de la culture des oraz- gers. 1°, Leur faire une bonne préparation deterre, qui efb fort fimple; 2°. leur denner des caifles pro- portionnées à leur grofleur ; 3°. leur former une tête réguliere ; 4°. les placer dans la belle faifon à une expoñtion favorable; 5°. les mettre pendant lhiver dans-une orangerie fufifamment aërée, mais où la gelée ne puifle pénétrer ; 6°. les arrofer avec mé- nagement ; 7°. les r’encaifler aubefoin ; 8°, les ré- tablir des maladies ou .accidens: qui leur furvien- nent; 9°. enfin les garantir desinfeëtes qui leur font nuifibles. Avant d'entrer dans le détail de ces difié- rens articles, il faut indiquer les moyens de fe pro- curer des plants d'oranger. On.y parvient de deux fiçons , ou en femant des pepins que Pon greffe en- fuite, ou en achetant des plants greffés, que les marchands génois viennent veridre tous les ans, dans la plupartdes grandes villesduroyaume. Pour élever de graine & greffer les orangers., je vais-donner lapratique que confeille M. Miller, au- teuranglois, très-verfé dans la culture des plantes. Comme fes, ouvrages n’ont point encoreété traduits ennotre langue, ilferaavantageux de faireconnoître fa méthode de cultiver les orzngers, On:pourra mê- me s’en relâcher à quelques égards fans inconvé- nient , en raifon de la différence du climat qui eft un peu plus favorable dans ce royaume qu’en Angle- terre. Pour fe procurer des fujets propres à greffer Les différentes-efpeces d’orangers , il faut, dit M. Miller, _ femer les pepins que l’on tire des citrons qui fe trou- vent pourris au printems. Les plants qui en vien- nent valent mieux que ceux des oranges, m1 des Li- mons pour fervir de fujet; parce que le citronier croit le plus promptement, &-qu'il eft propre à gref- fer toutes les différentes efpeces de ces arbres. Il faut donc femer au printems des pépins de citron dans des pots remplis de bonne terre, que lon plon- gera dans une couche de fumier à l’ordinaité ou de tannée qui fera encore plus convenable. Oles ar- rofera fouvent, on les-couvrira-de clocheS un peu relevées pour laïfler pañler l'air, 8e onles garantira de la grande chaleur du Je vec des paillaflons. Les graines leveront au bout de 3 femaines; & fi le femis à été bien conduit, les jeunes plants feront en état d’être tranfplantés un mois après dans des petits pots d’enviton 5 pouces de diametre. La terre dont on fe fervira pour cette plantation, & pour tout ce qui concernera les orangers, fera compofée de tiers de terre de pré la moins légere, & cependant la moins dure , mais qui foit grafle & limonneufe, qu'il faudra faire enlever avec le gazon de 10 pouces d’épaifleur;on y ajoutera une troifieme partie de fumier de vache bien pourri ; on mêlera le tout enfemble, même avec le gazon , pour le faire O R A ÿ 55 pourir, &c.on laiffera repofer ce mélange pendant. un an avant de s’en fervir. Mais on aura foin de re muer Le tout une fois le mois pour completer le mélange, pour faire pourrir les racines, pour bien rompre les moites 7 rendre cette terre bien meu- #ble, il faudra la cribler avant de s’en fervir pour en Ôter fur-tont les racines ; 1l ne faut cependant pas que cette terre foit trop fine, car l’excès à cet égard eft préjudiciable à fa plupart des plantes, 87 parti- culierement aux orangers. En tirant les jeunes plants du pot.où ils ont été femés , 1l faudra conferver le plus qu'il fe pourra la terre qui tiendra aux racines. On mettra ces petits pots fous un chaflis, dans une conche qui aura été renouvellée ; on les arrofera fouvent &z lésérement; on.leur fera de l'ombre dans la grande chaleur du jour ; 6 eny donnant les {oins convenables , les plants auront 2 piés de haut dans le mois de Juillet de la même année. Alors on les laifera fe fortifier en éleyant par degré les chaflis de la couche. On ptofitera enfuite d’un tems favorable pour les ôter & les mettre à une expoñtion où la#rande chaleur ne puifle pas les endommager. Vers la fin de Sep- _tembre , il faudra les mettre à l’orangerie, dans l’en- droit le plus aëré, &z les arrofer fouvent, maïs mo- dérement. | Au printems fuivant, on les lavera pour ôter la pouffiere 8 la moififlure ; & on les mettra encore dans une couche d’une chaleur moderée , ce qui les hâtera confidérablement, Mais au commencement de Jui on ceffera de les délicater, afin qu'ils foient propres à être écuflonnés au mois d’Août. Alors on choifira fur des arbres fertiles & vigoureux de l’ef pece qu’on voudra multiplier, des rameaux ronds & forts , dont les boutons fe levent plus aifément que ceux des branches foibles, plates ou anguleufes ; & on lesécuflonnera à l’ordinaire. Ces greffes étant fai- tes on les mettra dans l’orangerie pour les défendre de l’humudité ; on tournera les écuflons à l’oppoñite du foleil ; on leur donnera de Pair le plus qu'il fera pof- fible , & on les arrofera légérement & fouvent. On pourra s’affurer un mois après des écuflons qui au-- ront réuff ; alors il faudra couper la ligature. On ne fortira ces arbres de l’orangerie qu’au prin< tems fuivant, & après avoir coupé les fujets à 3 pouces au-deflus de lécuflon; on les plongera avec leur pot dans une couché d’écorce d’une chaleur temperée ; on leur donnera de l’air & de l’eau à pro- portion de la Chaleur: mais il faudra les garantir avec foin de l’ardeur du foleil. En lesconduifant ain- fi, les greffes qu'ils poufferont vigoureufement au: ront au mois de Juillet 3 piés d’élévation pour le moins. Ilfaudra commencer à les accoutumer dans cetemsà la fatigue, afin qu'ils puiflent mieux pañler l'hiver dans l’orangerie. Comme la hauteur qu'ils auront prife fera fuffifante pour la tige, on pourrä arrêter le montant, afin de lui faite poufler des brans ches latérales. Ilne faudra pas manquer de les tenir chaudement pendant l'hiver qui fuivra cette pre- miere pouffe ; car la couche de tannée les rend dé- licats en forçant leur accroiflement : mais on ne peut guere fe difpenfer de les avancer ainf, afin de leur faire prendre une grande élévation en une feule fe- ve; car quand ces arbres font plufieurs années à former leurs tiges, elles {ont rarement droites. On conduira ces arbres enfuite de la même façon que les orangers qui ont pris leur accroiflement, & dont il fera parlé après avoir donné la maniere de cultiver ceux que l’on achete des marchands génois. Le plus court moyen d’avoir de beaux orangers, _c’eft de les acheter de ces marchand$ ; car ceux que lon éleve de graine dans ce climat, ne deviennent pas à beaucoup près fi gros en 18 ou 20 ans: & quoique les têtes de ceux qu'on apporte d'Italie 556 foïent petites, on peut cependant en 3 ans eut faire prendre de belles têtes, les amener à fruit en les con-!’ duifant avecfoin. Dansie choix de ces arbres, il faut préférer ceux qui ont de beaux écuflons ; car ceux - 1 qui n’en ont qu’un forment rarement une tête ré- guliere, Il faut d’ailleurs que les tiges foient droites, M les branches fraiches, l’écorce pleine & vive. On doit les mettre dans l’eau environ juiqu’à mi-tige; les y laifler 2 ou 3 jours felon qu’on les verra fe gonfler ; enfuite nettoyer leurs racines de la moifif- {ure ; retrancher celles qui font féches, rompues ou meurtries ; tafraichir celles qui font faines ; Ôter tout le chevelu qui fe trouve toujours defléché par la longueur du trajet; frotter les tiges avec une brof- fe de crin, puis avec un morceau de drap plus doux; & enfin couper les branches à environ 6 pouces de la tige. On fe fervira pour planter ces arbres d’une bonne terre neuve , mêlée avec du fumier de vache bien pourri; mais 1l ne faut pas les mettre dans de grands pots, il fufit pour cette premiere tranfplan- tation de les prendre de grandeur à pouvoir conte- nir les racines. @n n’oubliera pas de mettre dansle fonddes tuilots ou pierres plates, pour donner paf fage à l’eau. Enfuite on plongera les, pots dans une couche tannée d’une chaleur modérée ; on lesarro- fera largement pour affermur la terre autour des ra- cines ; on répétera les arrofemens auf fouvent que la faifon l’exigera, & on aura foin de faire de l’om- bre fur les chaflis de la couche pour la garantirdela trop grande ardeur du foleil. Si les arbres pouffent auffi bien qu’on doits’y at- tendre avec les foins que l’on vient d'indiquer , ils auront au commencement de Juin des rejettons vi- goureux, Il faudra les arrêter alors pour faire garnir les têtes ; on leur donnera aufli beaucoup d’air, & on commencera à ne les plus déhicater à la mi-Juil- let, en les mettant cependant à une expofition chau- de, mais à l’abri du grand foleil & des vents; on ne les y laiffera que jufqu’à la fin de Septembre: il faudra les mettre alors dans l’orangerie près des fe- nêtres que l’on tiendra oùvertes toutes Les fois que la faifon le permettra. Mais à la fin d'O&obre il fau- dra leur donner la place la plus chaude de l'orange- rie ; les arrofer fouvent & bien légérement pendant Phiver, & furtout avoir grand foin de les garantir de la gelée. Lorfqu’au printems fuivant on fortira de l’oran- gerie les arbrifleaux les moins délicats, comme les renadiers, 6c, on fera bien de laver & de nettoyer les feuilles & Les tiges dés orangers ; d'enlever la ter- ze du deflus les pots pour en fubflituer de la nou- velle ; dela couvrir d’une couche de fumier de va- che bien pourri, & d’avoir grande attention que ce fumier ne touche pas la tige de l’arbre. Comme l’o- rangerie fe trouve alors moins embarrafiée , il fera très-à-propos d'’éloigner les orangers les uns des au- tres, afinde faciliter la circulation de l’airqu’onlaïfle- sa entrer plus ou moins {elon [a température de la fai- fon. Mais ilne faudra les fortir que vers le milieu du mois de Mai, qu’on peut regarder comme le temsoù la belle faifon eft aflurée. Il arrive fouvent quand on fe preffe de fortir ces arbres, que les matinées fro1- des leur font un grand mal. Il faut les placer pour pañler l'été, à une fituation également à l’abri des grands vents &c de l’ardeur du foleil : ces deux in- convéniens font très-contraires aux orangers. À me- fure que ces ‘arbres poufferont 1l faudra arrêter leurs rejettons vigoureux qui pouffent irréguliere- ment , afin que les têtes fe garnifflent ; mais notre auteur ne confeille pas de pincer le fommet de tou- tes les branches, comme quelques-uns le prati- quent , cela fait pouffer une quantité de petits re- jettons trop foibles pour porter du fruit. En s’atta- chant à donner de la régularité à la tête, il faut ménager lès branches vigoureufes , 8€ ne pas craie dre de fupprimer lesmenus rejettons qui nuifent om qui croiflent , ou qui fe chiffonnent. Les orangers veulent être arrofés fouvent &z lar- gement dans les grandes fécherefles de l’êté , fur: tout lorfque les arbres font formés. Il faut que l’eau ait été expofée au foleil, qu’elle foit douce & fans aucun mélange dégoût de fumier ; cette prati- que; malgré la recommandation de quelques gens, eft pernicieufe à ces arbres, ainfi qu'à quantité d’autres. Il en eft de ceci comme des, liqueurs fpiri- tueufes qui, lorfqu’on en boit , femblent donner de la vigueur pour le moment préfent , maisquineman- quent jamais d’afloiblir enfuite. Les orangers veulent être dépotés tousles ans. On préparera de la bonne terre pour cela, un an avant que de s’en fervir , afin qu’elle foit bien mêlée & bien pourrie. La fin d'Avril eft le tems le plus con- venable pour cette opération, afin que les arbres puiflent faire de nouvelles racines avant qu’on les forte de la ferre : 1l faudra même les y laiffer quinze jours de plus qu’à l'ordinaire pour qu’ils aient le tems de fe bien affermir. * Quand on dépoteles orangers 1l faut y donner des {oins , couper toutes les racines qui excedent la mot- te , rechercher celles qui font moifies, puisavecun inftrument de fer pointu , on tirera d’entre les raci- nes toute la vieille terre qu’on en pourra ôter, fans les rompre ni endommager ; puis mettre le pié des arbres dans l’eau pendant un quart d'heure, pour pénétrer d'humidité la partie be de la motte. Enfuite on frottera la tige avec une broffe de crin ; on nettoyera les têtes avec un morceau de drap &c de l’eau. Puis les pots fe trouvant préparés avec des pierres ou des tuilots au fond, on mettra dans cha- cun environ deux pouces de haut de nouvelleterre, fur laquelle on placera l'arbre bien dans le milieu du pot, que l’on achevera d’emplir avec de la bonne terre. en la preffant fortement avec les mains.-après quoi on arrofera l’arbre en forme de pluie par-def- fus fa tête ; ce qu'il faudra toujours pratiquer dans la ferre la premiere fois après que l’on auraMlayé & nettoyé les arbres , cela leur fera pouffer denouvel- les racines &c rafraichur beaucoup leur tête, Quand onfortira les orangers nouvellement empotés, il fera très-à-propos de les mettre à l’abri d’une haie, & d'appuyer leurs tiges avec de- bons bâtons , poux empêcher que le vent ne les dérange. Son impé- tuofité renverfe quelquefois les arbres récemment plantés, ou ébranle tout au moins les nouvelles ra= cines. Pour rétablir les vieux orangers qui ont été mal gouvernés, & dont les têtes font chenues., la meïil- leure méthode eft d’en couper la plus grande partie au mois de Mars ; de les arracher des caifles; de fe- couer la terre qui tient aux-racines ; de retrancher toutes celles qui font moufies, & de couper tout le, chevelu; de nettoyer enfuite le refte des racines, ainfi que la tige & les branches : puis on les planteræ dans des pots ou dans des caiffes que l’on plongera dans une couche de tannée, en fuivant ce qui a été dit pour les orangers venus de loin, & les gouverner de la même façon. Par ce moyen ïls formeront de nouvelles têtes, & reprendront leur beauté en moins de deux ans. Si cependant les orangers qu'il eft queftion de rétablir font fort gros, & qu'ils aient été en caifle pendant plufieurs années, il vaut mieux les planter avec de la bonne terre dans des mane- quins qui foient plus petits que les caifles, & que l’on mettra dans la couche de tannée au commence- ment de Jiullet;lorfqu’ils auront bien pouflé, on met- tra les arbres avec leur manequin dansdescaiffes dont. on remplira le vuide avec de la terre convenable. On évitera par ce moyen de mettre les caifles dans la +,” _ année; cé qui les pourriroit ; d'ailleuts les arbres “feront tont aufr bien de cette facon que s’ils avoient d'abord été plantés dans les caiflés. Mais il ne faudra pas oublier de les faire refter pendant 15 jours ou 3 “emaines dans lorangerié avant de les mettre én “plein air, - es La taille des orangers n’eft nullement dificile, Elle confifte à conferver les branches vigoureufes ; à re- trancher lés réjettons qui fe chiffonnent, fe croifent & le nufent ; à fupprimer tout le petit bois grefle & trop mince pour donner des fleurs & produire de bon fruit. Comme cet arbre eft fufcepuble de diffé- rentes formes , & que fa verdure en fait le principal “agrément, Où du moins le plus conftant, on doit 5’at- tacher à ce que fa tête foit uniformément garnie au “moÿen dune taille affidue & bien ménagée; fans cependant y employer le cifean du jardinier, qui en läiffant une grande partie des feuillés coupées à-de- mi, montre une décharnure défagréable :la préci- fon de la forme ne dédommage pas de cet inconvé- ment; d’ailleurs les feuilles qui ont été atreintes du cieau fe fannent & font un mauvais effet. Il vaut beauconp mieux laifler pointer légérement toutes les branches, plus elles approcheront de l’ordre natu- -rel, plus l'afpeë en fera agréable. S'il arrive que la grêle, le vent, la maladie, ou tel autre accident, viennent à endommager & déf- gurer un oranger, on rabattra l’arbre en coupant toutesfes branches jufqu'’à l'endroit où il paroîtra de la vigueur & de la difpoñition à former'un nou- veau branchage, capable de donner une forme qui puifle fe perfeétionner. Dès qu’on s’apperçoit qu’un oranger eit malade; ce qui s’annonce par la couleur jaune de fes feuilles, il faut chercher promptement à y remédier, foit en le mettant à l’ombre sil a fouf- fert de la trop grande chaleur, ou bien en vifitant fes racines où fe trouve ordinairement l’origine du inal : dans ce cas, on doit en retrancher les parties _viciées & renouveller laterre. Mais les punaïfes font le plus grand fléau de cet arbre; elles attaquent fes feuilles fur-rout en hiver. Dès qu’on s’en appercçoit, 1l faut y remédier en enlevant & en écrafant ces in- feétes avec les doigts, ou en frottant les branches avec une brofle & les feuilles avec un linge, après avoir trempé l’un & l’autre, foit däns du vinaigre, {oit dans de l’eau empreinte d’amertume ou de fel. L’agrément ne fait pas Le feul mérite des orangers, on en retire aufli de l'utilité, fes fleurs fervent à quantité d’ufages ; on en compofe des eaux, des li queurs , des confitures, &c. tout le monde connoît excellente qualité de fes fruits ; ceux du plus grand nombre d’efpeces d’orangers font bons à manger. On tire aufh parti des oranges aigres. Voyez ORANGE. - Le bois de loranger, quoique de bonne qualité, eff de bien peu de reffource même dans les pays très-chauds, où ces arbres deviennent très- gros ;, parce que le tronc fe trouve toujours pourri dans le cœur: on Il ÿ a une infinité de variétés de cet arbre ; on fe contentera de rapporter ici celles que l’on cultive ‘ordinairement. 1. L’orange aigre ou La bigarade, 2. Le méme à feuilles panachées. 3. L’orange douce ou de Portugal, 4. L'oranger à feuilles coquillées ou Le bougrretier ; ainfi nommé à caufe de la quantité de fleurs qu'il donne. ÿ. Le même oranger a fleurs panachées, 6. L’orange cornue. +7: L'’oranger hermaphrodite, dont le fruit participe de l’orange & du citron. * 8. L'oranger de Turquie, dont la feuille étroite ap- proche de celle du faule. 9. Le même a feuilles panachées, D R À 16. Le pañipelmouffe : ce fruit eft de la groffeur d’une tête humaine. M à 11. L'oranger femelle; ainfñi nommé à caute de fà fécondité: IRR 12, L'oranger tortx ; à mérité ce nom à taufe dé fa difformité: 13. La groffe orange, dont la peau a des inégalités. 14. L'orange étoilée ; ainfi nommée À caufe des ÿ fiilons dont elle eft marquée à la tête, & qui repré- fentent une étoile; 15. L’oranpeà écorce douce, 16, L’oranger a fleur double. 17. L’oranger de la Chine. 18. Le peut orañger de la Chinè. 19. L’oranger nain, à fruit aigte : il ft différent de celui de la Chine. 20, Le méme dont les fruits & les feuilles font pana: ches. Ces orangers nains {ont d’ün agrément infini; leurs feuilles font très-petites, & garniffent bien les branches: ils donnent une quantité de fleurs qui couvrent l'arbre, & forment naturellement au bout de chaque branche, un bouquet d’ane odeur déli- cieufe. Mais il faut des foins &e des précautions pour entretenir ces arbres en vigueur : les ferrer plutôt, les fortir plus tard, & les tenir plus chaudement que les orangers ordinaires. Il en eft de même du pam- pelmouffe, de l’oranger de la Chine & de ceux à feuilles panachées. M. d Aubenton le Jubdéléeué, ORANGER , ( Chimie, Pharmacie , Diete & Mar, méd. ) Il y a deux efpeces d'oranger dontles hommes tirent des remedes & des alimens : favoir loranger à fruit doux , &t l’orenger À fruit aigre. Les fewulies , les fleurs & les fruits de l’un & de l’autre, font les pariies de ces arbres qui font en ufage. Les feuilles , les leurs & l'écorce des fruits font chargées d’une huile effentielle abondante quieft très< pénétrante & très-aromatique ; cette huile eft con: tenue dans des cellules affez confidérables pour pas roître diffinétement à la fimple vüûe ; celles de lé corcé du fruit font même f amples & f pleines, qu'il n'y à qu'à la plier, la froiffer ou la racler avec un corps raboteux , pour en faire couler cetre huile abondamment. C’eft ce principe qui donne cette flamme vive & claire qui traverfe rapidement celle d'une bougie lorfqu’on preffe entre les doigts un zeft d'orange auprès de cette flamme : c’eft ce même principé qui pique fi vivement la langue & le palais, & qui met la bouche en feu lorfqu’on mâche l'écorce jaune d’une orange fraîche ; c’eft encore cetre huile qui irrite fi. douloureufement les yeux lorfqu’on en approche de très-près une orange que l’on pele. Nous avons expofé à l’ercicle Huite le procédé par lequel les Italiens ramafoient celle-ci auf inal: térée qu'il eft poffible. L'huile des fleurs d'orange , que les Italiens ap: pellent zéroli, n’en peut être féparée que par la dif: tillation à l’eau, qui eft le fecond procédé que nous avons décrit à l’article EAUX DITILLÉES , voyez cer article ; car la diffillation des fleurs d’orange par le bain-marie que l’on emploie communément pour en retirer un autre produit beaucoup plus ufuel , fa- voir l’eau eflentielie dont nous allons parler dans uninftant , ne fournit point d’huile effentielle. Voyez HUILE ESSENTIELLE ax mot HUILE , & ce qui eft dit du bain-marie à l’arsicle FEU , Chimie. Cet autre principe dont nous avons à parler, fa: voir le principe aromatique qui s’éleve avec le prin: cipe aqueux furabondant ou libre ( Voyez EAU Ds: TILLÉE ) dans la difiliation des fleurs d'orange au bainmarie, conftitue la liqueur très-connue fous le nom d'éas de fleurs d'orange. Voyez à l'article EAU DISTILLÉE, la maniere de la préparer, & {on eflencé pr 553 ORA chimique, auffi bien que fes propnétés médicinales communes , au 720£ ODORANT, Principes Cetre eau eft très-communément appellée dans les ouvrages de Médecine latins , agua zaphe. On peut retirer une eau effentielle très-analogue à celle-ci, des feuilles d'oranger & des écorces du fruit. | Tout ce que nous avons dit jufqu’à préfent con- vient également, non-feulement aux feuilles , aux fleurs & aux-fruits de l’un & de l’autre vrazger, mais encore , avec de très-légeres différences , aux parnes analogues du citronier , du cédrat , du bergamotier, Éc. | | C’eft encore indifféremment les fleurs de l’un ou de l’autre oranger qu’on prend pour en préparer des conferves folides & liquides ou molles , & des tein- tures ou ratañats. Les confitures préparées avec l’é- corce blanche de l’un & de l’autre fruit convena- blement épuifée de leur extrait amer par des macé- rations ou des décoûtions fufifanres , ont à-peu- près les mêmes qualités diététiques & médicamen- teufes. La chair, moëlle ou pulpe de lPorange douce, contient un fuc abondant , doux & aigrelet , qui rend ce fruit très-rafraîchiflant & calmant la foif, On mange cette chair dépoullée de fon écorce , ou feule , ouavec du fucre ; cet aliment opereé mani- feftement fur l’eftomac dans la plüpart des fujets , cette fenfation qui eft défignée dans la plüpart dès livres de diete par l’expreflion de réjour l'eflomac , c’eft-à-dire qu'il eft aflez généralement auf falutaire qu’agréable, Cependant comme le parenchyme ou l'affemblage de cellules membraneules où ce fuc eft enfermé , eft coriace & indigefte ; 1l vaut mieux fu- cer l'orange dans laquelle on a fait ce qu’on appelle un puits , c’eft à-dire qu'on a ouverte par un des bouts , & dont ona écrafé la chair encore enfermée dans le refte de l'écorce, en y plongeant à plufieurs reprifes une fourchette ou un couteau à lame d’ar- gent, y difolvant enfuite, fi l’on veut, une bonne | quantité defucre en poudre ; & il vaut mieux, dis- je, avaler le fuc d’orange ainf préparé, que de man- ger l'orange entiere. On peut rendre ençore cette préparation plus oracieufe » l’on mêle parmi le fu- cre qu'on y emploie une petite quantité d’elcofaccha- rum préparé fur-le-champ, en frottant un petit mor- ceau de fucre contre l'écorce de la même orange ; c’eft le moyen d’unir le parfum de l'écorce à la fa- veur du fuc. On peut préparer auffi avec le même fuc une liqueur parfaitement analogue à la limona- de, & qui a à-peu-près les mèmes vertus , quoiqu à un degré inférieur , parce que l'acide de lorange douce eft beaucoup plus tempéré que celui du ci- tron. La premiere liqueur eft connue fous le nom d’orangeade. Voyez CITRONNIER 6 LIMONADE. Le fuc de l’orange douce fe conferve moins bien que celui du citron ; aufli ne le garde-t-on que fort rarement dans les boutiques ; ilne feroit pas même fort agréable, & il auroit aflez peu de vertu fi on le confervoir fous la forme de firop. : L’orange amere n’eft employée parmi nos alimens qu’à titre d’aflaifonnement : on arrofe de fon fuc la plüpart des volailles & des gibiers qu'on mange ro- tis ; & il eft für que cet aflaifonnement en facilite la digeftion. On fait entrer aufl leur rapure & même leur écorce entiere feche , dans quelques ragoûts affez communs ; l’amertume qu'ils y portent peut être regardée auf comme un affaifonnement utile. I! eft bon {ur-tout pour corriger La fadeur » l’eertie des poiflons gras manpés en ragoûts , comme de languille, &c. On fait aufh dans quelques provinces, en Languedoc, par exemple, avec l orange amere non pelée & coupée par:tranches, l’ail, la rapure de pain, & le jus de viande qu’on fait bouillir en- femble , une faufle qu’on fert avec les volailles rô: ties ; cette faufle ne peut qu'être &c eft en effet dé- teftable ; car les fucs acides végétaux font entiere- ment dénaturés par l’ébullition , & acquierent une - faveur très-defagréable , que l’ail êz l'extrait amer de écorce blanche & des pépins ne corrigent certaine- ment point. | Les pépins d'orange, & fur-tout ceux de l'orange aigre , font vermifuges comme toutes les fubftances végétales ameres, L'écorce d'orange amere eft comptée parmi les fébrifuges les plus éprouvés : on la donne, foit en dé- coton , foit defféchée & réduite en poudre ; elle eft regardée aufli comme un bon emmenagogue, & comme un fpeécifique dans la rétention & dans l’ar- deur d'urine ; la dofe en fubftance en eft depuis demi- gros juiqu’à deux gros. Les écorces d'orange , foit douce , -foit amere , confites, peuvent être regardées , par leur légere amertume & par un refte de parfum qu’elles re- . tiennent , comme ftomachiques, fortifiantes, pro- pres à aider la digeftion loriqu’on les mange à la fin des repas dans l’état de fanté, & à reveiller douce- ment le jeu de l’eftomac dans les convalefcences. La conferve ou le gâteau de fleurs d'orange , dont il eft bon de rejetter les fleurs après qu'on les a mâchées &t que le fucre eft fondu dans la bouche ; & la mar- melade ou conferve liquide , poffedent les mêmes qualités , & même à un degré fupérieur, Leratafat de fleurs d'orange qui eft préparé avec une teinture des fleurs , joint à l'efficacité de leur amertume & de leur parfum, celle de l’efprit ardent. Foyez Lr- QUEURS SPIRITUEUSES , Diese, "EL L’eau de fleurs d'orange qui eft amere & chargée d’une matiere aromatique très-concentrée , eft non- feulement employée pour aromatifer des alimens, des boiflons & des remedes , mais même feule ou bien faifant la bafe d’un’ temede compofé ; on la mêle très-utilement au prenuer égard, c’eft-à-dire comme aflafonnement au lait & à plufeurs de fes préparations, telles que la crême douce, le fromage frais à la crême , le caillé, les crêmes avecles œufs, &c. L'eau de fleurs d'orange pure ou feule eft.à la dofe d’une ou de deux cuillerées , une remede puif- famment ftomachique , cordial , vermifuge ; carmi- natif, emmenagogue , hiftérique ; elle remédie fur tout très-efficacement , prife le matin à jeun , aux foiblefles & aux douleurs d’eftomac; elle entre très- communément dans les juleps & dans les potions cordiales & hiftériques , à la dofe de deux jufqu’à quatre & même fix onces. On prépare avec l’eau de fleurs d'orange & avec les écorces des fruits, des firops fimples qui ont à-peu-près les mêmes vertus que ces matieres. | Les fleurs & les écorces des fruits, auffi-bien que les divers principes & préparations fimples qu’on en retire, & dont nous venons de parler, tels que l’eau diftillée , Phuile effenrielle , la teinture, &c. entrent dans un très-grand nombre de compofñtions pharma- ceutiques officinales, On trouve dans la plüpart des pharmacopées la defcription d’une pommade de fleurs d'orange qui fe prépare en aromatifant du fain-doux avec les fleurs d’orange qu’on fait infufer dans ce fain-doux Ziquefré par la chaleur du bain-marie, en réitérant plufieurs fois ces infufons fur des nouvelles fleurs , 6, Voyez ‘Pommane & ONGuENT. Cette pommade , outre les qualités médicinales du fain-doux , paroït pofté- der encore la qualité réfolutive, tonique, fortifiante, propre aux huiles effentielles. Le fain-doux liquide & chaud fe charge d’une certaine quantité de l’hwule effentielle des fleurs d'orange, & {ur-tout lorfqu’on les écrafe dans le fain-doux. (2) ; ORANGERIE , f. £ ( Archuü, civile, ) c’eft un bâtiment |. OR A _ bâtiment dans les grands jardins qui fert en hiver à prélervèr du froid les orangers , & en général tou- tes les plantes exotiques. Sa forme la plus ordinaire Qui pré- tendoient avoir l’intendance du temple d’Apollon dans leur ile , & celle de lathiete Cailipe contre les peuples de l’Elide, En un mot , quel crédit n’eurent pas les orareurs au temsde Philippe! Une feule parole de ceprince en fait foi. « Je friffonne , dital à fes » courtifans , quand je penfe au péril auquel Dé- » mofthene nous a expolés par la ligue de Ché- » ronée:cettefeule journée mettoit à deux doigts dé, » {a perte notre empire & notre couronne. Nous »ne devons notre falut qu'aux faveurs de la for- » tune ». Cet orateur avoit en effet toutes les qualités les plus belles pour perfuader, indépendamment de fon éloquence, À un fond admirable de philofophie & de vertus il joïgnoit un zeleinfatigable pour les inté- rêts,de fa patrie, une haine irrévocable contre la tyrannie & les tyrans, un amour de la liberté à toute épreuve, une fagacité merveillenfe pour percer dans l’avenir , 8e dévoiler les myfteres de la pohtique 3 une vafte érudition , une connoïflance exacte de l’hiftoire & des droits de la nation ; les vues les plus étendues & les plus nobles; une retenue , Une fo- briété qui brilloit jufques dans fes paroles ; une droiture, une juftefle de raifon que rien n étoit ca= pable d’altérer ; une dignité admirable quand il trai- toit les affaires, Démofthene étoit ferme pour réfif- ter aux attraits de la cupidité ; intégre pour mainte- nir l'autorité des confeils & la liberté de l'étar:éclairé pour difiper les préjugés d’une populace aveugle ; hardi pour écarter les fa@ieux, & plein de Courage pour affronter les périls. Iin’eft donc pas étonnant qu'avec de rels talens , il ait enchaîné lés volontés des citoyens, fixé leurs irréfolutions, & gagné la con: flance de tout le corps. Rien ne prouve mieux la dignité des orareurs grecs en général, que la maniere dont leur élédion fe fai- foit à Athènes. Chaque année on en choififloit dix, un dans chaque tribu, ou on continuoit les anciens. D'abord on commencoit par tirer au {ort ceux qui fe préfentoient, & on les menoit devant des juges pré- pofés pour informer juridiquement de leurs mœurs & de leur mérite, fuivant les réglemens établis par Solon, Il falloit avoir environ trente ans pour trai. ter les affaires d'état. Il falloit de plus avoir fervi avec diftinéhon ; s'être élevé aux grades de la mi- 3566 O R A lice par fa valeur , & n'avoir jamais jetté fon bou clier. Efchine emploie fort adroitement ce motif dans fa harangue contre Ctéfiphon, en reprochant à Démofthene fa fuite de Chéronée. Il devoitépou- {er une Athénienne, & avoir fes poffeffions dans l’Attique, & non ailleurs. Demofthene accufe Ef- chine de pofféder des terres en Béotie. Enfin on exa- minoit rigidement le fecipiendaire fur fa capacité , fur fesétudes & fur fafcience. Il avoit encore befoin du témoignage des tribus affemblées, pour être élevé à la dignité d’orateur , & 1l confirmoit leur aveu pu- blic en jurant fur les autels. Je finirai par dire un mot de leurs récompenfes. Les orateurs tiroient leurs honoraires du tréfor pu- blic ; chaque fois qu'ils parloïent pour l'étatou pour les particuliers , ils recevoient une drachme , fomi- me modique par rappottänotre tems , maïs fort con- fidérable pour lors. En les gageant fur Pétat, on vouloit mettre des bornes à Pavarice des particu- liers, & leur apprendre à traiter la parole avecune ” vraie grandeur d’ame, Cet emploi ne devoit cependant pas être flérile, f l’on en croit Plutarque. I rapporte que deux Athé- niens s’exhortoient à devenir orateurs , en {e difant mutuellement : « ami, efforcons - nous de parvenir # à la moiflon d’or qui nous attend au barreau ». Le befoin qu'on avoit de lenrs lumierés &c de leurs ta- lens , piquoit la reconnoïffance des particuliers. Ifo- crate prenoit mille drachmes, c’eft-à-dire , 31 li- vres fterling pour quelques léçons de Rhétorique. L'éloquence étoit hors de prix. Gorgias de Léon- tiuin avoit fixé fon cours de leçons à 100 mines pour chaque écolier , c’eft-à-dire à environ 312 livres fterling. Protagore d’Abdere amaffa dans cette pro- fefion plus d'argent que n’auroïient jamais pü faire dix Phidias réunis. Lucien appelle plaifamment ces orateurs marchands, des Arsonautes qui cherchoient « la toïfon d’or. Maïs j'aime la générofité d’Ifée, qui charmé du génie de Démofthene, & curieux de laiffer un digne fuccefleur , lui donna toutes fes le- cons gratuites. Les honneurs qu’on leur prodignoit pendant leur vie & après leur mort, chatomlloient encore plus Vambition , que le falaire ne flattoit la cupidité. Au. fortir de l’aflemblée & du barreau , on les recon- duifoit en cérémonie jufqu’en leur logis, 8 le peu- ple les fuivoit au bruit dés acclamations : les parties aflembloient leurs amis pour faire un nombreux cortese, & montrer à toute la ville leur protecteur: on leur permettoit de porter la couronne dont ils étoient ornés , lorfqu’ils ayoient prononcé des ora- cles falutaires à leur patrie: on les couronnoit pu- bliquement en plein fénat,oudans l’afflemblée du peu- q P 0 peu, _ple, oufur le théâtre. L’agonothete, revêtu d’un habit de pourpre, & tenant en mainun fceptre d’or, annoncoït à haute voix fur le bord du théâtre le motif pour lequel il décernoit la couronne, &pré- fentoit en même-tems le citoyen qui devoit la rece- voir:tout le parterre répondoit par des applaudif- femens redonblés à cette proclamation, &c les plus diftineués des citoyens jettoient aux piés de l’oraceur les plus riches préfens, Démofthene,qui fut couronné plus d’une fois, nous apprend dans fa harangue pour Ctéfiphon , que cet honneur ne s’accordoit qu'aux fouvérains ê7 aux républiques. l - Sous Marc-Aurele | Polémon, que toute la Grece affembléeà Olympie ; appellazs autre Demmoffhene, recut dès fajeunefle, les couronnes que la ville de Smüirne vint, comme à l’envi, mettre fur fa tête. On vit, d’après le même nfage, des empereurs romains monter fur le théâtre pour y proclamer les favans dans les fpedtacies de la Grece. En un mot , Athe- nes he croyoit rien faire de trop en égalant les ora- zeurs aux fouvérains , ‘@& en prétant à l'éloquence Péclat du diadème ; tandis qu’elle refufoit à Miltiade une couronne d’ohvier , elle prodiguoit des couron- nes d’or à des citoyens puiflans en pañoles. , Non content de cètte pompe extérieure ,\lepeu ple d'Athènes nourrifloit fes orzteurs dans le pryta- née , leur accordoit des privileses , des revenus & des fonds : les portes de leur logis éroient ornées de laurier ; privilege fingulier, qui chez les Romains r’appartenoit qu'aux Flamines', aux Céfars , & aux hommes les plus célebres, comme le droit de porter la couronne fur la tête. Après leur trépas, le public , ou des particuliers confacroient dans les temples, à leur honneur, les couronnes qu'ils avoient portées, Ou érigeoient quelque monument fameux dans les places, ou fur leurs tombeaux. Timothée fit placer à Eleufine , à l'entrée du portique, la flatue d’Ifocrate, fculptée de la main de Léocharès : on y lifoit cette inferiprion fimple & noble : « Timothée a confacré cette flatue » d’'Ifocrate aux déefles, pour marque de fa recon- » noïflance 67 de fon amitié. Quelque tems avant Plutarque , on voyoit fur Je tombeau de cet oraeur une colonne de trente coudées , furmontée d’une firene de fept coudées , pour défigner ia douceur & les charmes de fon cloquence. Toutauprèsétoient . fes maîtres. Gorgias entr’autres , tenant à fes côtés Hocrate, examinoit une fphere , & l’expliquoit à ce Jeune éleve. Enfin, dans le Céramique , onavoit érigé une ftatue à la mémoire de l'orareur Eycurgue qui avant que d'entrer dans le tombeau , pritasté- moin de fon défintéreffement le fénat, & toutes les tribus affemblées. | à) Jefupprime à regret plufieurs autres détails fur les orateurs de la Grece ; maïs j'aie croire qu'on ne défapprouvera pas cette efquifle tirée d'un des plus agréables tableaux qu’on ait fait du barreau d’Athè- nes ; c’eft à M. l’abbé d'Orgival qu'il eft dû, Paf- {ons à la peinture des orareurs romains : elle n’eft pasmoins intéreflante ; je crains feulement delatrop affoïblir dans mon extrait. Le Chevalier D E J 4 u- COURT. ORATEURS ROMAINS, ( Hiff. de l'Elog. ) je re< volterai bien des gens en établiflant des oraceurs à Rome dès le commencement de la république ; ce- pendant plufieurs rafons mefemblent affez plauf- bles pour ne point regarder cette idée comme chi- mérique , fous un gouvernement où rien ne fe déci- doit que par la raïon , &c par la parole ; car fans vouloir donner les premiers Romains pour un peu- ple de philofophes , on eft forcé de convenir qu’ils agifloient avec plus de prudence, plus de circonf- pedtion, plus de folidité qu'aucun autre peuple, & que leur plan de souvérnèment étoit plus fuivi. ‘A la tête des légions ils plaçoïént des chefs hardis, in- trépides , entendus : dans la tribune auxharangues , ils vouloient des hommes éloquens 8c verlés dans le droit. | me Eneffet, les hiftoriens ne célébrent pas moins Pé- loquence des magiftrats romains, que l’habileté des généraux. Valerius Publicola prononça l’oraifon funebre de Brutus fon collegue. Valere Maxime dit que l’éloquence du diétateur Marcus Valerims fauva empire , que les difcordes des patriciéns & du peu- ple alloïient étouffer dans fon berceau. Tite-Live re- connoît des sraces dans le vieux ftyle dé Menennins Aorippa. Fullus , général des Voliques , ne per- mit pas à Coriolan de parler dans Paflemblée de la nation , parce qu'il redoutoit fon talent dans la pa- role. Caïus Flavins élevé dans la poufliere du greffe, fut créé édile curule, à canfe dela beauté de fon élo- cutien.Enfin Cicéron range danslaclaffe des orateurs romains les premiers magiftrats de cet âge, & prouve par- là la perpétuité de léloquence dans la répu- blique, | TE | Lt Mais Mais Cicéron ne parle-t-il point fut ce ton pour faire honneur à fa patrie ; ou pour exciter par des exemples la jeunefle romaine à s'appliquer à un arr qui rend les hommes qui le poflédent , fi fupé- neurs aux autres ? Je le veux bien: cependant peut- onrefuier le talent de la parole au tribun Marcus Ge- nucius , le premier auteur de la loi agraire ; à Au- Jus Virginius ; qui triomphe de tout l’ordre des pa- triciens dans l’affaire de Céfon ; à Lucius Sextus qui tranfmet le confulat aux plébéiens , malgré les efforts &t l’éloquence d’Appius Claudins?L’oppofñtion éter- nelleentre les patriciens & les tribuns exigeoit beau- coup de talens, de génie, de politique & d'art. Ces deux corps s'éclairoient mutuellement avec une ja- loufie fans exemple , & cherchoient à fe fupplanter auprès du peuple par la voie de l’éloquence. D'ailleurs le favoir étoit eflimé dans ces premiers fiécles de la république ; on y remarque déja le goût & létude des langues étrangeres. Scævola favoit parler étrufque : c’étoit alors l'ufage d’apprendre cette langue , comme l’obferve Tite-Live. On ne mettoit auprés des enfans que des domeftiques qui la fuffent parler. L'infulte faite à un ambafladeur romain dans la Tarente, parce qu'il ne parloit pas purement le grec ; montre qu’on l’étudioit au moins & qu'on parloit les langues des autres peuples pour traiter avec eux. Dans les écoles publiques , des lit- térateurs enfergnotent les belles-lertres. Dutems de nos aieux , dit Suétone , lorfqu'on vendoit les ef- claves de quelque citoyen , on annonçoit qu'ils étoient littérateurs , Lrreratores ; pour marquer qu'ils ‘avoient quelque teinture des fciences. Je conviens que les féditions & les jaloufies réci- proques des deux corps qui agiterent l’état, répan- dirent l’aigreut, le fiel & la violence dans les haran- gues des tribuns ; un efprit farouche s’étoit emparé de ces harangueurs impétueux : mais fous Les Sci- pions , avec ur nouvel ordre d’affaires , les mœurs changerent , &c les emportemens du premier âge dif- parurent-Annibal&z Carthage humihés, des rois trai- nés au capitole , des provinces ajoutées à l'empire , la pompe destriomphes, & des profpérités toujours plus éclatantes , mfpirerent des ientimens plus gé- néreux, & des manieres moins fauvages. L'air bruf- que des [ciliens céda à Purbanité & à la fageffe de Lælius. La tribune admira des orateurs non moins fermes, ni moins hardis que dans Les premiers tems, mais plus infinuans , plus ingénieux , plus polis ; l'â- creté d'humeur s’étant adoûcie comme par enchante- ment , les reproches amers fe convertirent en un {el fin & délicat ; aux emportemens farouches des tri- buns fuccéderent des farllies heureufes & fpirituel- les. Les orareurs tranfportés d'un nouveau feu, & changés en d’autres hommes , traiterent Les affaires avec magnificence en préfence des rois & des peu- ples conquis , femerent de la variété & de l’agré- ment dans leurs difcours , & les aflaifonrerent de cette urbanité qui fit aimer les Romains , refpeéter leur puiffance , 8: qui les rendent encore l’adnura- tion de l’univers. L'illuftre famille des Scipions produifit les plus grands hommes de la république. Ces génies fupé- rieurs , nés pour être les maîtres des autres , faifi- rent tout d’un coup l’idée de la véritable grandeur & du vrai mérite; ils furent adoucir les mœurs de leurs concitoyens par la politeffe , & orner leur ef- prit.par la délicatefle du goût. Inftruits par l’expé- rience & par la connoïfflance du cœur humain, ils s’apperçurent aifément qu'on ne gagne un peuple hbre que par des raifons folides, & qu'on ne s’arta- £he des cœurs généreux que par des manieres douces &nobles ; ils joigmirent donc à la fermeté des fiecles ptécédens le. charme de l’infinuation. Leur fiecie fut d'aurore de la belle littérature , & le regne de La vé- Tome XI, ORA ÿ67 titable vettu romaine, La probité 8 la noblefle des fentimens reglerent leurs difcours comme leurs ac- tions ; leurs termes répondirent en quelque forte à leurs bauts faits ; ils ne furent pas moins grands , moins admirables dans la tribune, qu'ils furent terri- bles à la tête des iépions:ils furent foudroyer l'ennemi armé, & toucher le foldat rébelle : les fonverains & l'étranger furent frappés par l'éclat de leurs vertus, le citoyen ne put rétiiter à la force de leurs raifons. Les Romaus quapprocherent le plus près ces grands hommes , leurs anus, leurs clients, prirent infenfiblement leur efprit,& le communiquerent aux autres parties de la république. On accorda à Lælius un des premiers rangs entre les orateurs, Cäïus Gal. ba , 'gendre de Publins Craflus, 8 qui avoir pouf maxime de ne marier fes filles qu’à des favans & à des orateurs , étoit fi eftimé du tems de Cicéron , quon donnoit aux jeunes gens , pour les former à l’éloquence , la peroraïfon d’un de fes difcours. Les harangues de Fabius Maximus, graves, majef- tueufes, & remplies de folidité & de traits lumis neux , marchoient de pair avec celles de Thncydide. L'éloquence harmonieufe de M. Corn. Cétégus fut chantée par le premier Homere latin, Le génie de léloquence s’étoit emparé des tri- bunes, où 1l m’étoit plus permis de parler qu'avec élégance & avec dignité. Le fénat entraîné par l’é- loquence du député d'Athènes , n’a pas la force de rétufer la paix aux Ætoliens. Léon, fils de Scéfias, comparoit dans fa harangue les communes d’Ætolie à une mer dont la puiffance romaine avoit maintenu le calme , & dont le fouffle impétueux de Thoas avoit pouflé les flots vers Antiochus , comme contre un écueil dangereux. Cette comparaifon flatteufe & brillante charma cette augufte compagnie : on n’ad- mira pas avec moins d’étonnement les éloquens dif. cours des trois philofophes grecs que les Athéniens avoient envoyés au fénat pour demander la remife d’une amende de cinq cens talens qui leur avoit été impofée pour avoir piilé les terres de la ville d'Orope, À peine pouvoit-on en croire le fénateur Cœcilius, qui leur {ervoit d’interprete, & qui traduifit leur harangue. La converfation de ces grecs & la leQure de leurs écrits, alluma une ardeur violente pour l’é- tude d’un art aufli puiflant fur Les cœurs, Les deux Gracches s’attirerent toute l'autorité par Je talent de la parole ; &c firent trembler le fénat par cette feule voie. Sans diadème & fans fceptre , ils furent les rois de leur patrie. Elevés par une mere qui leur tint lieu de maître, ils puiferent dans fon cœur grand & élevé, üne ambition fans bornes, & dans fes préceptes le gout de la faine éloquence & de la pureté du langage qu’elle poflédoit au fouve- rain degré. [ls ajouterent à cette éducation domet- tique leurs propres réflexions , & y mélerent quel- que chofe de leur humeur & de leur tempérament. Tiberius Gracchus avoit toutes les graces de la nature ; qui fans être le mérite l’annoncent avec éclat. Des mœurs intesres, de vaftes connoiffan- ces, un géme brillant & fon éloquence atriroient fur lui les yeux de tous fes concitoyens. Caïus vou- lant comme {on frere abaïffer les patriciens , parloit avec plus de fierté & de véhémence, redemandant au fénat un frere dont le fans couloit encore fur les degrés du capitole , & reprochant au peuple fa lä- cheté 8 fa foibleffe, de laifler égorger à es yeuxle foutien de fa liberté. | Caton le cenfeur , non-moins véhément que le dernier des Gracches, montra tout le brillant de li£ magination, & tout le beau des fentimens ; il ne lui manquoit qu'une certaine fleur de ftyle, & un co2 loris qu’on n’imaginoit pas encore de fon tems. Tou- Jours aux prifes avec les deux Africains &g les deux Gracches , avec Le {énat.& le peuple, huit fois ac« CCce 568 CRA cufé & huit fois abfous, à l’âge de go ans il maïtri- foit encore le barreau ; & aufli refpeétable que Nef tor par fes années & par le talent de la parole, il conferva ju{que dans le tombeau l’eflime &c la véné- ration de tous fes concitoyens. | Les dames même profiterent de cette heureufe ré- forme , & parurent fur les rangs avec autant de dif- tinion que les plus grands oraseurs : on en vit plai- der leurs caufes avecttant d'énergie, de déhicateffe &c de grace , qu’elles mériterent un applaudiffement univériel, Amoœfña Sentia accufée d’un crime; fou- tint {on innocence avec toute la précifion &c la force du plus habile avocat, & fe concilia tous les fnfrages dès la premiere audience, Au tems de Quin- tilien les favans lifoient , comme un modele de la pureté 8 de l’éloquence romaine , les lettres de la _ célebre Cornélie qui forma les Gracches. La fille de Lœlius ,'& dans l’âge fuivant celle d'Hortenfius, ne furent pas moins héritieres du géme éloquent de leurs peres, que de leurs vertus & de leurs ri- cheffes. L’efprit dominant de ce fiecle étoit une noble fierté qui animoit tous les cœurs , & c’eft ce qui fit que la plûüpart des orareurs de ce tems-là n'eurent pas la même politefle ni la même délicatefle que les Scipions & les Lœlius. Le ftyle de Caton étoit fec & dur ; celui de Caïus Gracchus étoit marqué au coin de la violence de fon caraëtere : enfin les oraseurs de cet âge ébaucherent feulement les premiers traits de l’éloquénce romaine ; elle attendoit fa perfeétion du fiecle fuivant, je veux dire, celui où regnerent les diétateurs perpétuels. Jamais on ne vit les Romains plus grands ni plus magnifiques que dans ce troifieme âge : Arts, Scien- ces, Philofophie , Grammaire , Rhétorique, tout fe reffentit de l’éclat de l'empire , & eut, pour ainf dire , part à la même élévation ; tout ce qu'il yavoit de brillant au-delà des mers, fe réfugioit comme à l’envi dans Rome à la fuite des triomphes. À côté des rois enchaînés , & parmi les dépouilles des pro- vinces conquiles , on voyoit avec étonnement des philofophes, des rhéteurs, des favanscouverts des mêmes lauriers que le vainqueur, monter en quel- que forte fur le même char , êr triompher avec lui. Du fein de la Grece fortoient des efaims de favans, qui comme d’autres Carnéades venoient faire dans Rome des leçons de fagefle, & y tranfplanter , fi j'ofe ainf parler, les talens des Hocrates 8z des Dé- mofthènes. On ouvrit de nouvelles écoles: on ex- pliqua les fecrets de l’art : on développa les fineffes de la Rhétorique : on étala avec pompe les beautés d'Homere : onralluma ces foudres à denu-éteints, qui avoient caufé tant d’allarmes à Philippe de Ma- cédoine. Les Romains enchantés, entrerent dans la même carriere pour difputer le prix à leurs nou- veaux maîtres, & les effacer dans Pordre des efprits, comme ils les furpafloïent dans le métier des armes. Quatre orateurs commencerent cette efpece de défi ;.ce furent Antoine, Craflus, Sulpitius & Cotta, tous quatre rivaux, &c , ce qui paroïtra furprenant, tous quatre amis, Antoine , ayeul du célebre Marc-Antoine, fut comme le chef de cette illufire troupe , & leva pour ainfi dire la barriere. Une mémoire prodigieufe lui rappélloit fur-le-champ tout ce qu'il avoit à dire. On croyoit qu'il n’empruntoit de fecours que de la na- ture , dans le tems même qu’il mettoit en ufagé tou- tés les finefles 8 les fubtilités de l’art , pour féduire les juges les plus attentifs &c les plus éclairés. Il af- feétoit une certaine népligence dans fon ftyle , pour Ôter tout foupçon qu'ibeüt appris les préceptes des Grecs , ou qu'ilen voulût à la religion de fes juges. Une déclamation brillante embellfloit tous fes dif- cours, & le pathétique qu'il avoit le fecret d'y ré: pandre , attendrifloit tous les cœurs. C’eft principalement dans la caufe de Caïus Nor: banus , & dans celle de Marcus Aquilius , que fon art & fes talens font les plus développés : le plan de ces deux pieces eft tracé dans l’orareur de Ciceron, iv, IT, n. 195. Dans l’exorde de la premiere, An- toine paroît chancelant , timide , incertain ; maïs lorique lon ne croit qu’excufer fon embarras & la trifte néceflité où1l fe trouve de défendre un mé- chant citoyen dont il eft ami , on le voit tout-d’un- coup s’animer contre Cœpion , juflifier la fédition de Norbanus , la rejetter {ur le peuple romain, & forcer les juges à demi-féduits par le charme de fon difcours , à fe rendre à la commifération qu'il ex- cite dans leur cœur. Il avoue lui-même qu'il arracha le coupable à la févérité de fes juges, moins par l’é- vidence des raifons , que par la force des paflions qu’il fut employer à-propos. Dans la péroraifon de la feconde piece, il repré« fente d'une maniere pathétique Marcus Aguilius confterné & fondant en larmes : il conjure Marius, préfent à cette caule , de s’unir à lui pour défendre un ami, un collegue , & foutenir l'intérêt commut des généraux romains : ilinvoque les dieux & les hommes , les citoyens & les alliés ; au défaut de la bonté de fa'caufe , il excite les larmes du peuple romain , l’attendrit à la vüe des cicatrices que ce vieillard avoit reçues pour le falut de fa patrie. Les foupirs, les gémiflemens , les pleurs de cet orateurz & les plaies d’un guerrier vainqueur des efclaves 82 des Cimbres , conferverent un homme que des cri- mes trop avérés bannioient de la fociété de fes concitoyens & de tout l'empire. | Lucius Craflus n’avoit que vingt-un ans , ou, fe: lon Tacite, dix-neuf, quand il plaida fa premiere caufe contre le plus célebre avocat de fon tems. Son caraëtere propre étoit un air de gravité & de no- bleffe , tempéré par une douceur infinuante, une déhicatefle aifée , & une fine raillerie. Son expref. fion étoit pure, exacte, élégante, fans affeftation: fon difcours étoir véhément , plein d’une jufte dou- leur , de repliques ingénieufes , pat -tout femé d’a- grémens , & toujours fort court. Il ne paroïfloit ja- mais fans s'être long-tems préparé ; on l’attendoit avec empreffement , on l’'écoutoit avec admiration: Après fa mort les orateurs venoient au barreau res cueillir cet efprit libre 8z romain, à la place même où par les feules forces de fon éloquenceil avoit abat: tu la témérité du conful Philippe,& rétablilg parffan- ce du fénat confterné. Il paroir qu'il ne fe chargeoït que de caufes juftes, car toute fa vie 1ltémoiona un regret fenfble d’avoir parlé contre Caius Car- bon , & il fe reprochoïit à cette occafionfa témérité &c fa trop grande ardeur de paroître, Antome au contraire fe chargeoïit indifféremment destoutes les caufes, 8&c avoit toujours la foule. Craffus mourut pour ainfi dire les armes à la main ; il fut enfevelt dans fon propre triomphe, & honoré des larmes de tout le fénat , dont il avoit pris lädéfenfe. Cotta brilloit par une élocution pure & coulantez Plein de fa caufe, il déduifoit fes motifs avec clarté & par ordre ; il écartoit avec foin tont ce qui étoit étranger à fon fujet, pour n’envifager que fon'af- faire , & les moyens qui pouvoient perfuaderrles juges ; mais il avoit peu de force & de véhémences &en cela 1l s’éroit fagement réglé fur la foibleffe de fa poitrine, qui l’obligeoit d’éviter toute contention de voix. | 1244 Sulpicius étoit orateur, pour ainf dire, avant que de favoir parler ; un heureux hafard contribua à fa, perfeétion. Antoine s’amufant un jour à le voir plat. der une petite caufe parmi fes compagnons ,1fat étonné de trouver dans un âge fi tendre un difcomts | fi viféc fi rapide ; des.geftes fi nobles ; & des termes | OR À pathétiques qui dans une efpece de jeu & de badi- nage, dénotoient un génie fupérieur. Il l’exhorta de fréquenter le barreau, &t de s'attacher à Craflus ou à quelaw’autte orareur ; il alla même jufqu’à s’of- frir de lui fervir de maître dans cet art. Sulpicius re- connoiflant , fut tirer profit des inftruétions qu'il ve- noit delrécevoir. Antoine fut bien étonné de le voir paroître quelque tems après contre lui dans l'affaire de Caius Norbanus, dont j'ai déja parlé. Frappé de etrouverunautre Craflus, & non un novice dans la même carriere , 1l étoit fur Le point d'abandonner fon ami dans la quefture , tantil défefpéroit de pou- voir triompher de la force & du pathétique de fon jeune rival. Sulpicius, à la grandeur duftyle ; joi- gnoît une voix douce & forte, le gefte & le mou- vement du corps , plein d’agrémens qui n'emprun- toient rien du théâtre , & reflentoient toute la no- bleñle qui convient au barreau. Ses expreflions gra- ves & abondantes fembloient couler de fonrce ; c’é- toit un don de la nature qui ne devoit rien à l’art. Les exemples & les fuccès de ces fameux ora- teurs attirerent {ur leurs pas une-foule'de rivaux qui brisuerent le même titre. Au défaut de la naiflance & des richefles qui ne donnent jamais le mérite, on _s’efforça de parvenir par Les talens de l’efprit. Dans un gouvernement mixte où chacun veut être éclairé, 87 a intérêt de l’être , l’art de la parole devient un myftere d'état. Les vieillards confommés par lexpé- rience , {e faifoient un devoir d’y former leurs en- fans, & de leur frayer par ce moyen la route des honneurs. Ils admettoient même à leurs leçons leurs efclaves, comme fit Catonle cenfeur, afin que nour- ris dans desfentimens vertueux , leur mauvais exem- ple ne corrompît pas leur fanulle. Les dames, auffi attentives que leurs maris , fe faildient une occupa- -tionférieufe de perpétuer le vrai goût de l’urbanité qui diflingua toujours les Romains. Dans les Grac- ches , on reconnoifloit la fierté de Cornélie , & la magnificence des Scipions ; dans les filles de Læhus & les petites-filles de Craflns, la politefle & la pu- reté de leurs peres.Vraies enfans de la fageñie, elles foutinrent par leurs paroles comme par leurs fenti- mens , l'éclat & la gloire de leurs maifons. Comme on vit que l’art militaire ne fufifoit pas fans l’étude pour parvenir, ceux des plébéiens que leut naiflance & leur pauvreté condamnoit à lan- guir dans les honneurs obfcurs d’une légion , fe jet- terent du côté du barreau pour percer la foule &c pa- roître à la tête des affaires. D’un autre côté , les pa- triciens, par émulation , s’efforçoient de conferver parmi eux un art qui avoit toujours été un des plus puiffans inftrumens de leur ordre. C’étoit peu pour eux que de combattre des barbares, 1ls vouloient en- core foumettre , parle fecours de l’éloquence , des cœurs républicains jaloux de leur liberté. Enfin; ja- maïs fiecle ne fut f brillant que le dernier de la re- publiqueromaine , par le nombre d’oraseurs célebres qu’elle produifit. Cependant Callidius , Céfar , Hortenfius., mais fur-tout Cicéron, ont laiïffé bien Joïn derriere eux leurs dévanciers & leurs contem- porains. Développons avec un peuide détail le ça- ractere de leur éloquence. Marcus Callidius brilla par des penfées nobles , qu'il favoit revêtir de toute la finefle de lexpreffon. Rien de plus pur nide plus coulant que fon langage. La métaphore étoit fon trope favori, &1l favoit l’em- ployer fi naturellement , qu'il fembloitque tout au- tre terme auroit été déplacé. Il poffédoit au fouve- rain degré l’art d'inftruire & de plaire , & n’avoit négligé que l’art de toucher & d’émouvoir les ef- prits. Il eut tout lieu de reconnoïtre fon erreur dans une caufe qu'il plaida contre Cicéron; je veux dire celle obilaccufoit Quintus Gallius de l'avoir voulu empoifonner. IL développa bien toutes les circonf- Tome XI. ORA 569 tañces de ce crime avec fes grâces ordirfaires, mais avec une froideur & une indolence qui lui ft perdre fa caufe, Cicéron triompha de toute l'élégance de {on rival par une réplique impétueufe , qui comme une grêle fubite-, abattit toutes fes fleurs. Jules=Céfar , né pour donner des lois aux maîtres dumonde , puifa à l'école de Rhodes dans les précep- tes du célebre Molon, Part viétorieux d’aflujettir les cœurs &c les efprits. S’ileut peud’évaux en cegenre, il n'eut jamais de {upérieur; dans fa bouchelescho- festragiques , triftes & féveres , fe paroient d’en- jouement ; &cle férieux du barreau s’embellifoit de tout l'agrément du théatre, fans cependant affoiblir la gravité de fes matieres, ni fatiguer par fes plaifan- teries. ILpoffédoit au fouverain degré toutes les par- ties de. l’art oratoire. Comme 1il avoit hérité de fes peres la pureté du langage, qu'il avoit encore per- feétionnée par une étude férienfe , fes térmesétoient choifis & beaux, fa voix éclatante & fonore, fes gef- tes nobles & grands. On fentoit dans fes difcours le même fewqui l'animoit dans les combats :iljoignoit à cette force , à cette vivacité, à cette yéhémence, tous les ornemens de l’art, un talent merveilleux à peindre lesobjets & àäles repréfenter au naturel, Il quitta bien-tôt une carriere où il ne trouvoit per- fonne pour lui difputer le premier rang; il courut à la tête des légions combattre les Barbares par émula- tion contre Pompée , qui par goût avoit choifi. de moiflonner les lauriers de Mars. | Déja un phantôme de gloire éblouifoit les jeunes patriciens, & leur failoit négliger Phonneur tran- quille qu'on acquiert au barreau, pour les entraîner fur les pas des Cyrus & des Alexandres, La fureur des conquêtes les avoit comme enivrés; ils aban- donnoient les affaires civiles pour fe livrer aux tra- vaux militaires. C’eft ainfi que Publius Craflus , d’un efprit pénétrant fontenu parun grand fonds d’é- rudition, & lié d’un commerce de lettres avec Cice- ron, renonça aux éloges qu'il avoit déja mérités par fon éloquence, pour chercher des périls plus srands & plus conformes à fon ambition. À l’âge de dix-neuf ans, Hortenfus plaïda fa pre- miere caufe en préfence de l’orareur Craflus 87 des confulaires qui s’étoient diftingués dans le même gente: il enleva leurs fuffrages. Avec un génie vif & élevé, il avoit une ardeur infatigable pour Le tra- vail, ce qui lui procura une érudition peu com- mune qu'une mémoire prodigieufe favoit faire va loir. Les graces de fa déclamation attiroient au bar- reau les fameux aéteurs Efope & Rofcius, pour fe former fur le modele de celui qu'ils regardoient comme leur maître dans les finefles de leur art, Il mit le premier en ufage les divifions & les récapitu- | Jations. Ses preuves & fes réfutations étoient femées defleurs, & plus conformes au goût afatique qu’au ftyle romain. Sa mémoire lui rappelloit fur le champ toutes fes idées en ordre, & les preuves de fes ad- verfaires. De plus, fon extérieur compofé, fa voix fonore & agréable, la beauté de fon gefte, & une propreté recherchée, prévenoit tout le monde en fa faveur, Il paroït cependant que la déclamation fai- foit comme le fonds de fon mérite & fon principal ta- lent ; car fes écrits ne foutenoient pas à la leéture la haute réputation qu'il s’étoit acquife. Toutes les plus belles caufes lui étoient confiées & il amafla des richefles prodigieufes fans aucun {crupule. Infenfble aux fentimens de la probité , il fe glifoit dans Les teflamens & en foutenoit de faux, pour partager les dépouilles du mort. L’efprit dera- pine & de fomptuofité , vice dominant de fes con- temporains , fut fa paññion favorite. Ses maïfons de plaifance renfermoient des viviers d’une immenfe étendue. Au goût de la bonne chere il joignit la paf- fion pour les beaux Arts. Comme 1l acquéroit fans CCcci 570 O R À honneut , il dépenfoit fans mefure. On trouva dix mille muids de vin dans {es caves après fa mort. Il eft vrai que fes grands biens furent bien-tôt-difipés par les débauches de fon fils, & fes petits neveux languirent dans une affrente pauvreté, Augufie, tou ché du fort d’une famille dofit le chef avoit tant fait d'honneur à l’éloquence romaine, fit donner à Mar- cus Hortenfius Hortalus, neveu de cet oraseur, dix mille fefterces pour s’établir , & perpétuer la pofté- rité d’un-homme fi célébre. Tibere, montant fur le trone, oublia totalement les Hortenfes ; feulement , poutine pas déplaire au fénat, il leur diftribua une feule fois deux cens fefterces, environ cinq mille rOS ÉCUS. ! | | Maïs l'illuftre Hortenfa , fille d'Hortenfins ; fitad- mitér festalens : héritiere de léloquence de fonpere, elle.en fut faire ufage dans la fureur des guetres civi- les. Lestrimmwvirs , épuifés d'argent & pleins denou- veaux projets, avoient impofé une taxe exorbitante fur les dames romaines : ellés imploterent en-vain la voix des avocats pour plaider leur caufe, aucun ne voulut leur prêter fon miniftere : la feule Horren- fa fe chatgea de leur défenfe , & obtint pour elles une rémife confidérable. Les triumvirs , touchés de fon courage & enchantés de la beauté de fa haran- gue, oublierent leur férocité par admiration pour fon éloquence. Hortenfius plaida pendant quarante ans, & mourut un peu avant Le commencement des guerres civiles entre Pompée & Céfar. Jufqu'à Cr- ceron perfonne ne lui avoit difputé le premier rang au barreau ; & quand ce nouvel orareur parut , il mé- rita toûjours le fecond avec la réputation d’un des plus beaux déclamateurs de fon tems. La Grece , foumife à la fortune des Romains, fe vantoit encore de forcer fes vainqueurs à fa recon- noître pour maîtrefle de l’éloquence : mais elle «vit tranfporter à Rome ces précieux reftes de fon ancien luftre , & fut furprife de trouver réuni daus le feul Ciceron toutes les qualités qui avoient immortalifé fes plus fameux orateurs, Ciceron apporta en naiffant les talens les plus propres à prévenir le public, &trouva des hommes tout préparés à les admirer : un génie heureux , une imaginauon féconde & brillante , une raïfon folide . &t limineufe; des vûes nobles & magnifiques, un amour pafñonné pour les Sciences, & une ardeur incroyable pour la gloire. La fortune feconda ces heureufes difpofitions & lui ouvrit tous les cœurs. L’orateur Craflus fe chargea de fes études & cuitiva avec foin un génie dont la grandeur devoit égaler celle de l'empire. Ses compagnons , comme parpref- fentiment de fa gloire future , le reconduifoient en pompe au fortir des écoles jufques chez fes parens , & rendoient un hommage public à fa capacité. Sans {e laiffer éblouir par ces applaudiffemens qui cha- touilloient déja fon cœur fi fenfible à la gloire, 11 fe prépara avec un foin infini à paroître fur un théatre plus éclatant & plus digne de fon ambition. Comme 1l étoit feulement d’une famille ancienne & de rang equeftre, 1l pafloit pour un homme nou- veau, parce que fes ancêtres contens de leur for- tune avoient négligé de venir à Rome y briguer des ‘honneurs. Pour Ciceron il vifa aux premieres char- ges de la république, & fe flatta d’y parvenir par la voie de l’éloquence : maïs il conçut qu’un parfait jorateur ne devoit rienignorer; aufli s’apphiqua.t-1l avec un travail affidu à étude du Droit, de la Pni- lofophie & de l’'Hiftoire, Toutes Les Sciences étoient dé fon reflort ; & il confultoit avec un foin infatiga- ble tous les maîtres de qui il pouvoit apprendre quelque chofe d’utile. Enfin, par une fréquente con- verfation avec les plus habiles orareurs de fon fiecle, & par la ledure aflidue des ouvrages de ceux qui ‘avoient fait honneur à Athènes, 1l fe forma un ftyle êc un gente d’éloquence qui le placerent à latête du barreau, & le rendirent l'oracle de fes citoyens, On admire en lui la force de Démofthene, l'abondance de Platon; & la douceur d’Ifocrate : ce qu'ila re- cueillhi de ces fameux originaux lui devient propre & . comme naturel ; ou plutôt la fécondité de fon divin génie crée dés penfées nouvelles, & prête l'ame à celles des autres, À Le premier adverfaire avec lequel il entra enlice fut Hortenfius. À l’âge de vingt-fept ans, il plaida contre lui pour Rofcius d’Améric, & ce plaidoyer plut infiniment par une foule de penfées brillantes , d’antithefes & d’oppoñtions. La multitude enchantée admira ce ftyle afatique, peigné, fardé , 8 peu di- gne de la gravité romaine. Ciceron connoïfloit bien tout le défant de ce mauvais goût ; il convient que fi fon plaidoyer avoit été applaudi, e’étoit moins par la beauté réelle de fon difcours que par Pefpérance qu’il donnoit pour l'avenir. Ce qui eft vrai, eft qu'il craignit de fronder d’abord l'opinion puibäque : ii fui falloit plus de crédit, plus d'autorité, & plus d’ex- périence, Defirant d'y parvenir, il quitta Rome pour _ aller puifer dans les vraies fources les tréfors dont 1l vouloit enrichir fapatrie, Athènes, Rhodesër les plus fameufes villes de l'Afñe, l’occuperent tour à tour. Il examina les regles de l’art avec les célebres orateurs de ces cantons , féjour de la véritable éloquence ; & à force de foins, 1l vint à bout de retrancher cette fuperfluité excefive de flyle qui, femblable 4 un fleuve qui fe déborde, ne connoïfloït ni-bornes ni mefures. Après quelques années d’abfence , devenu un nouvel homme , enrichi des précieufes dépouilles de la Grece , 1l reparut au barreau avec un nouvel éclat, référma l’éloquence romaine & la porta au plus haut point de perfeétion où elle pût atteindre : il en embrafla toutes les parties & n’en négligeaau- cune ; l'élégance naturelle du ftyle fimple ; les gra- ces du ftyle tempéré ; la hardiefle & la magnificence du fublime. À ces rares qualités il joignit la pureté du langage, le choix des expreflions, l'éclat des meta phores , l’harmonie des périodes, la finefle des pen- fées, la délicateffe des railleries, la force du raifon- nement ; enfin, une véhémence de mouvemens ê&de figures étonnoit & flattoit également la raifon detous fes auditeurs. Iln’appartenoit qu'à lui de s’infinuer juiques au fond de l’ame , & d’y répandre des char- mes imperceptibles. * La nature qui fe plaît à partager les efpeces de mérite & de goût les avoit tous réunis en fa per- fonne. Un air gracieux , une voix fonore, des ma- nieres touchantes, uneame grande , une raifonéle- vée, une imagination brillante, riche, féconde , un cœur tendre & noble, lui préparoient les fuffra- ges. À cette folidité qui renfermoit tant de fens 8 de prudence , il joignoit, dit le pere Rapin, une flenr d’efprit qui lui donnoit l’art d'embellir tout ce qu'il difoit ; & 1l ne pañloit rien par fon imagination qui ne prit le tour le plus gracieux , & qui ne fe parât des couleurs les plus brillantes. Tout ce qu’il trai- toit, jufqu'aux matieres les plus fombres de la Dia- le&tique, les queftions les plus abftraites de la Phy- fique, ce que la Jurifprudence a de plus épineux, & cequ'il yavoit de plus embarraflé dans les affaires , fe coloroit dans fon difcours de cet enjouement d’ef prit &t de ces graces qui lui étoient fi naturelles, Ja- mais perfonne n’a eu l’art d'écrire fi judicienfement, ni fi agréablement en tout genre :il poflédoit dans un degré éminent le talent fingulier de remuer les paf- fions & d’ébranler les cœurs. Dans les grandes affai- res où plufeurs orateurs parloïent, on lui laifloittoü- jours les endroits pathétiques àtraiter ; & il les ma- nioit avec tant de fuccés, qu'il faifoit quelquefois re- tentir tout le barreau de larmes & de El La fortune comme étonnée de tant de hautes qua \ lités, s’emprefla de lui applanir la toute des hon- neurs ;, toutes.les dignités vinrent au-devant de lui, Arpeine, fa réputation commencça:t-elle à naître, qu'il obtint la quefture de Sicile par les fuffragesuna- nimes du peuple. Cette province dévorée par nne famine cruelle & par les vexationsénormes du pré- teur, trouva en lui unpere, un ami, un prote@eur. Sa vigilance remédia à la ftérilité des récoltes, & fon éloquence répara les rapines de Verrès. Ces dif- coûts où brillent d’un éclat immortel la force de fon imagination , la magnificence de fon élocution, la. juiteflé de fes raifonnemens , la folidité de fes princi- pes ; l’enchaînement defes preuves, l'étendue de fes connoïflances , {on favoir prodigieux, & fon goût exquis pourles Arts, lui attirerent plus de vifites que les richefles 8tles triomphesn’enprocurerentà Craf. fus & à Pompée, les premiers des Romains. Les étrangers pafloient les mers pour admirer un orareur fi furprenant; les Philofophes quittoient leurs écoles pour entendre fa fagefle ; les généraux mendioient fes talens pour maintenir leur autorité & fixerles fuf- frages de la multitude ; les tribunaux le redeman- doient pousidévelopper le cahos des lois; & par- tout, comme unsaftre bienfaifant , il portoit la lu- miere & ramenoit l’ordre & la paix. : Onadmira dans fa préture fa fermeté romainepour la défenfe des lois & de l'équité, & fon humanité pour les malheureux. La pairie l’appella à fon fe- cours contre les fubtilités de Rullus & les violences de Carilina ; &c il mérira le premier d’en être appellé le pere. Le fénat, les roftres, les tribunaux, les académies , fe laifloient gouverner par les douces influences de fon beau génie. Il étoit lame des con- feils, oracle du peuple , la voix de la république ; ê , comme s'il eût eu feul l'intelligence & la raifon en partage, on ne décidoit ordinairement que par {es lumieres. | Ses malheurs mêmes devenoient ceux de l’état, & fon exil fut déploré comme une calamité publique. Les chevaliers, les fénateurs, les orateurs, les tri- buns , le peuple prirent des habits de deuil , & re- gretterent {a perte comme celle d’un dieu tutélaire, Les rois , les villes, les républiques s’intérefferent à fon rappel, & célébrerent avec pompe le jour de fon retour. Telle fut fa gloire dans Rome & dans PI tale , au delà des mers ,; & aux extrémités de l’em- pire. Les villes de fon gouvernement enrichies par le commerce ; les campagnes couvertes de moiflons, les Arts rétablis , les Sciences cultivées , les forêts purgées des bêtes fauvages quiravageoient les gué- rets ; les publicains réduits à l’ordre, les ufures éteintes , les impôts diminnés, la vertu & le mérite eftimés, Le vice profcrit, firent adorer fon regne phi- lofophique digne du tems de Rhée, & lui éleverent des trophées plus glorieux que les triomphes qu'on avoit décernés aux deftruéteurs du genre humain. Maïs dans le monde il n’eft point de vertu que n’attaque l’envie : on a accufé Cicéron d’avoir trop de confiance dans la profpérité, trop d’abattement dans la difgrace. Il convient qu’il étoit timide; mais il prétend que cette timidité fervoit plutôt à lui faire prévoir Le danger qu’à l’abattre, quand il étoit arrivé , ce qui nous eft confirmé par le courage & la fermeté qu'il fit éclater aux yeux même de fes bourreaux. On ne lui fait pas grace de fon amour defordonné pour la gloire; 1l n'en difconvient pas, & 1l explique lui-même quelle forte de ploire il re- cherchoit. La vraie gloire, felon lui, ne confifte pas dans la vaiñe fumée de la faveur populaire, ni dans les applaudiffemens d’une aveugle multitude, pouf laquelle on ne doit avoir que du mépris; c’eft une grande réputation fondée fur les fervices qu'on a rendus à fes amis , à fa patrie, au genre humain: . Pabondance, les plaïfirs & la tranquillité, ne font OR A. 571 pas les fruits qu’on doive s’en promettre, puifqu’on doit au-contraire facrifier pour elles fon repos & fa tranquillité ; maïs l’eflime & l'approbation. de tous les honnêtes gens en eft la récompenfe, & la dette que tous les honnêtes sens ont droit d'exiger: Par rapport aux louanges qu’il fe donnoit à lui mème, & auxquelles il étoit fi fenfible, c’étoit moins pour {a gloire, dit Quintihen, que pour fa défenfe: 1l n'avoir que fes grandes aétions à oppofer aux ca- lomnies de fes ennemis ; il fe fervoit pour les faire taire du moyen qu’avoit autrefois employé le grand Scipion; mais enfin la force fit périr celui qu’elle ne put déranger defes principes. Une politique peut- être trop timide par-la crainte.de troubler la:tran- quilité publique ; un amour ardent pour la liberté qu'il avoit confervée À fes citoyens ; l’extrème am- bition de maintenir fon autorité, par laquelle il étoit lame &t le fourien de la république ; une haine irré- concihable contre l’ennemi de fa patrie, creuferent à cet 1llufire citoyen de Rome, le précipice dars-le- quel Marc-Antoine méritoit d’être enfeveli : Cicé- ron fut tué à l’âge de 64 ans, viétime de fes projets falutaires & de fes fervices. Rome en proie À la fu- reur des triumvirs, vit attachées à la tribune aux harangues , des mains qui avoient tant de fois rom- pu les fers que lui forgeoient les féditieux ; perte d'autant plus déplorable, dit Valere- Maxime, qu'on ne trouve plus de Cicéron pour pleurer une pareille mort. ÿy On dit cependant que le fénat, pendant le con- fulat de fon fils, & par fes mains, brifa toutes les ftatues de Marg-Antoine, qu'il arracha fes portraits, & défendit qu'aucun de fa famille portât le nom de Marc. On ajoute encore qu’'Augufte ayant furpris un fraité de Cicéron dans les mains de fon petit fils qui le cachoit fous fa robe dans la crainte de lui déplaire, prit le livre, le parcourut, & le ren- dit à ce jeune homme, en lui difant; « c’étoit un » grand homme , mon fils, un amateur zélé de la » patrie », A0740€ dvap Ha QiAoTaTpie. Quoiqu'il enioit du difcours d’Aupgufte ; c’eft af- fez pour nous d’avoir établi que Cicéron mérite d'être repardé comme un des plus srands efprits dé la république romaine , 8 en particulier comme le plus excellent de tous les maîtres d’éloquence, excepté le feul Démofthène; on fait auffi qu'il en eft l'éternel panégyrifte 8 l'éternel imitateur. Je ne mavierai point, dit Plutarque , d'entreprendre la comparaifon de ces deux grands hommes ; je dirai feulement, que s’il étoit poffible que la nature & la fortune entraflent en difpute fur leur fujet, il feroit difcile de juger laquelle des deux les à rendus plus femblables, ou la nature dans leurs mœurs & dans leur génie, ou la fortune dans leurs aventu- res, & dans tous les accidens de leur vie. Les écrits, les fuccès, & l’exemple de Cicéron N fembloient devoir promettre à l’éloquence romaine une durée éternelle; il en arriva néanmoins tout autrement. En vain donna-t-1l les plus excellens préceptes pour fixer le goût, il les donna dans un tems où le barreau ébranlé par l'anarchie du gou- vernement, touchoit à fa décrépitude. Les Romains avoient déja éprouvé lesatteintes de l'efclavage; la liberté en avoit été allarmée par la forge des fers de Sylla. Le corps de la république chanceloit comme un vafte coloffe accablé fous le poids de fa grandeur. Les grands attachés à leur feul intérêt, trahifloient le fénat, Le fénat énervé par fa timidité, confioir à des particuliers redouta- bles, des droits qu’il n’ofoit pas leur refufer, Les tribuns s’efforçoient vainement de rétablir leur pif fance anéantie. Le peuple vendoit fes fuffrages au plus hardi, au plus fort, ou au plus riche. Rome terrible aux barbares, n’avoit plus dans fon fein que 72 des citoyens corrompus, avides de fa domination fuprème, & ennemis de fa Jiberté. La flatterie, la dépravation des mœurs, la fervitude avoient gagné rous les membres de l’état. Enfin la {olidité &c la magnificence de l’éloquence romaine defcendirent dans le même tombeau que Cicéron. Après lui le barteau'ne retentit plus que des clameurs des fophi- ftes, qui defefpérés de ne pouvoir atteindre un fi grand maître , déchirerent une réputation qui ter- nifloit la leur , & firent tous leurs efforts pour en effacer le fouvenir ; c’eft ainfi que par leur odieufe critique ils vinrent à bout d’avilir l’éloquence, &c de l’éteindre fans retour. Mais développons toutes les caufes de ce changement. 1°, Lés empereurs eux-mêmes, fans pofléder le génie de l’éloquence, étoient jaloux d'obtenir le premier rang parmi les oraeurs, Lorfque Tibere ap- portoit au fénat quelque difcouts préparé dans fon cabinet, on n’y reconnoïfloit que les ténebres & les replis tortueux de fa politique. Il découvroit dans fes lettres la même inquiétude que dans le ma- niement des affaires ; il vouloit que fes paroles fuf- fent comme les myfteres de l’oracle, & que les hom- mes en devinañlent le fens, comme on conjeéture la volonté des dieux. Il craignoit de profaner fa di- gnité & de découvrir fa tyrannie , en fe montrant trop à découvert. Il releoua Montanus aux iles Ba- léares, & fit brûler le difcours de Scaurus &c les écrits de Crémutins Cordus. Caligula penfa faire périr Séneque, parce qu'il avoit prononcé en fa préfence un plaidoyer qui mérita les applaudifle- mens du fénat. Sans une de fes maîtreffes , qui aflura que cet orateur avoit une phthyfe qui le meneroit bien-tôt au tombeau, 1l alloit le condamner à mort. 2°. Il falloit penfer comme eux pour parvenir à la fortune, ou pour la conferver; parce qu'ils s’é- toient refervé de donner le titre d’éloquent à celui des orateurs qu'ils en jugeroient le plus digne , com- me autrefois les cenfeurs nommoïent le prince du {énat. 3°. La grandeur de l'éloquence romaine avoit pour fondement la liberté, & s'étoit formée avec l’efprit républicain; une force de courage & une fermeté héroïque étoit le propre de ces beaux fiecles. Tout étoit grand parce qu’on penfoit fans contrainte. Sous les Céfars il fallut changer de ton, parce que tout leur étoit fufpeét & leur portoit ombrage. Crému- tius Cordus fut accufé d’avoir loué Brutus dans fes hiftoires , & d’avoir appellé Caflius le dernier des Romains. 4°. Le mérite fans richefles étoit abandonné : un orateur pauvre n’avoit aucune confidération , & ref- toit fans caufe : un plaideur examinoit la magnifi- cence de celui qu'il avoit deflein de choifir pour avocat, la richefle de fes habits, de fon train, de fes équipages ; il comptoit le nombre de fes domef- tiques &c de fes clients. Il falloit impoñfer par des dehors pompeux, & s’annoncer par un faftueux appareil, rara in tenui facundia panno ; c'eit ce qui obligeoïit les orareurs de furprendre des teftamens, ou d'emprunter des habillemens, des bijoux, des équipages pour paroître avec plus d'éclat. 5°. Le bel efprit avoit pris la place d’une noble & folide érudition, 8e une faufle philofophie avoit fuccédé à la fage raïfon. Le ftyle éclatant & fonore des vains déclamateurs, impofoit à une jeunefle oi- five, & éblouifloit un peuple entierement livré au goût des fpeétacies. Il falloit du brillant, du pom- peux pour réveiller des hommes affadis par le plai- fir & par le luxe. Séneque plaifoit à ces efprits gârés à caufe de fes défauts, & chacun tâchoit de limiter dans la partie qui lui plaifoit davantage : on quit- toit, on méprifoit même les ançiens , pour ne lire & p'admirer que Séneque, 4 69. Les juges ennnyés d’une profefion qui deve- noit pour eux un fupplice depuis lamonarchie, vou loient être divertis comme au théâtre: voilà pour- quoi les orateurs romains ne cherchoient plus qu’à amufer, qu’à réjouir par des figures hyperboliques, par des termes empoulés, par des réparties ingé- nieufes, & par un déluge de bons mots. Junius Baf- fus répondit à Pavocat de Domitia qui lui repro- choit d’avoir vendu de vieux fouliers : « je ne m'en » fuis jamais vanté, mais j'ai dit que c’étoit votre » coutume d'en acheter ». 7°. Le nom refpeétable d’orareur étoit perdu; on les nommoit ceufdici, adyocaii, patroni, tant ils _étoient tombés dansle mépris. L’éloquence étoit même regardée comme une partie de la fervitude. Agricola pour humanifer les peuples de la Grande- Bretagne, leur communiqua les arts & les fciences des Romains, & inftnufit leur noblefle dans l’élo- quence romaine. Les gens peu habiles, dit Tacite, regardoient cet aviliflement de l’éloquence comme des traits d'humanité , pendant que ç’étoit une fuite ” de leur efclavage. 8°, Les mêmes chaînes qui accabloient la répu- blique, opprimoient auffi le talent de la parole. Avant les diftateurs, l’orareur pouvait occuper tou- te une féance, le tems n’étoit pas fixé ; il étoit le maître de fa matiere & parloit fans aucune con- trainte. Pompée viola le premier cette liberté du barreau , $ mir comme un frein à Péloquence. Sous, les empereurs la fervitude devint encore plus dure; on fixoit le jour , le nombre des avocats , & la ma- niere de parler. Il falloit attendre la commodité du juge pour plaider : fouvent il impofoit filence au milieu d'un plaidoyer, & quelquefois il obligeoïit l'orateur de laifler {es pres par écrit. Enfin pour mieux marquer leur aflerviffement, on les dépouilla de la toge, & on les revétit de l’habit des efctaves. 9°. Ainf l’éloquence abâtardie, privée de fes nobles exercices difparut fans retour. Les grands fujets qui firent triompher Antoine, Craflus , Cicé- ron, ne fubfftoient plus, Le fénat étoit fans auto- rité, le peuple fans émulation. Le tribun n’ofoit plus parler de fa liberté, ni le conful étaler fon ambition. On ne louoit plus de héros ni de vain- queur, & on ne préfentoit plus à la tribune aux harangues les enfans des grands capitaines ; on n’y difcutoit plus fes prétentions ; on ne recommandoit plus des rois malheureux ni des républiques oppri- mées. Les altercations de quelques vils plaideurs, & la défenfe de quelques miférables, étoient les fujets que traitoient ordinairement les orateurs, ils ne plaidoient plus que fur des rapines des cheva- liers, des droits de péagers, des teftamens , des fer- vitudes, & des gouttieres, Quelle reflource pour l'imagination & pour le gémie , que de n’avoir à parler que de vol, d’ufurpation, de fucceffion, de partage, de formalités? Mais de quel feu n’eft-on pas animé quand on attaque des guerriers chargés des dépouilles des ennemis vaincus, quand on bri- gue la fouveraine magiftrature de fon pays, quand on s'éleve contre l’ambition defordonnée d’un corps formidable, quand on fouleve un peuple qui. commande à l’univers, qu’on réforme les lois, qu’on foutient les alliés? C’eft alors qu’on déploie toutes fes forces, que l’efprit devient créateur , & que l’éloquence prend tout fon eflor. Un génie fu- blime ne peut s’érendre qu'à proportion de fon ob- jet. Les héros ne fe forment pas à l'ombre, ni l’orateur dans la pouffere d’un greffe. 10°. Quels fentimens n’infpiroit point à un ors: eur, dans le tems que la république fubfiftoit, la yûe d’un peuple entier qui diffribuoit les graces & les honneurs; d’un fénat qui formoit les confeils , & dirigeoit le plan des conquêtes ; d’une foule de confulaires illufirés par vingt triomphes; d’une multitude de chiens qui compofoient fon cortege; d'une fuite nombreufe d’ambafladeurs, de rois, de fouverains, d'étrangers qui imploroiïent fa protec- tion. L’homme le plus froid ne feroit-il point échauffé à la vüe d’un fpeltacle auffi augufte ? Sous les empereurs quelle folitude dans les tribunaux, & quels gens les compofoient ! Cependant après l’extinétion des premiers Céfars, fous le regne de Vefpañen & celui de Trajan, deux orateurs Vinrent encore lutter contre le mauvais goût de leur fiecle, & rappeller léloquence des an- ciens ; ce furent Quintihen, & Plinele jeune. Tra- çons leur caractere en deux mots , 6& cet article fera fin. Le premier brilloit par une grande netteté, par un efprit d'ordre, & par l’art fingulier d’'émouvoir les pafions : on le chargéoït pour l’ordinaire du foin d’expofer le fait, quand on diftribuoit les différentes parties d’une caufe à différens orareurs. On le voyoit {ouvent en plaidant verfer des larmes, changer de vifage, pälr, & donner toutes les marques d’une vive 6 fincere douleur. Il avoue que c’eft à ce ta- lent qu'il doit toute fa réputation. Il étoit comme l'avocat né des fouverains ; ii eut l’honneur de par- ler devant la reine Bérénice pour les intérêts de cette princefle même. Non-content d’inftruire par fon exemple , & de marquer du doigt la route de l’é- loquence , 1l voulut aufli en fixer les principes par fes leçons, & verfer dans l’efprit des jeunes patri- ciens qui afpiroient à la gloire du barreau, & con- fultoient fes lumieres , le goût folide des anciens maîtres. Ses inflitutions , monument éternel de la beauté de fon génie, peuvent nons donner une idée de fes talens & de fes mœurs : C’eft-là où au défaut de fes pieces que les injures du tems n’ont pas laïflé par- venir juiqu’à nous , il nous trace avec une franchife &t une modeftie qui lui étoit naturelle , le plan de la méthode qu'il fuivoit dans fes narrations & fes pér- oraifons. Cependant il y a tout lieu de foupçconner, . que pour obéir à la coutume qu'il avoit trouvé éta- blie , & pour donner quelque chofe au goût de fon fiecle, il employoit des armes brillantes, & ne re- jettoit pas toujours les penfées fleuries, les antithè- fes, & les pointes. Loin de réprouver totalement la déclamation, qui comme chez les Grecs, ruina léloquence latine ; il la juge très-utile. Il eft vrai qu'il lui prefcrit des bornes étroites, & qu'il ne s’y foumet que par condefcendance : mais enfin, au- roit:il été entendu, sal eût tenu un langage diffé. rent ? Il faut parler la langue de fes auditeurs, & _ prendre en quelque forte leur efprit, pour les per- fuader & les convaincre. Les hommes, foit que ce {oit un don de la nature, foit que ce foit un préjugé de l’éducation , n’approuvent ordinairement que ce qu'ils trouvent dans eux-mêmes. | | Pline le jeune s’éroit propofé pour modele Démo- fthènes & Calvus; il chériffoit une éloquence im- pétueufe , abondante, étendue, mais ésayée par des fleurs autant que la matiere le permettoit ; :l vouloit être grave, & non pas chagrin; 1l aimoit à frapper avec magnificence ; 1l n’aimoit pas moins à {urprendre la railon par des agrémens étudiés , que de l’accabler par le poids de fes foudres. Les armes brillantes étoient autant de fon goût, que celles qui ont de la force : poli, humain, tendre, énjoué, droit, grand, noble, brillant; fon efprit avoit le même carattere que fon cœur. Sa compoñition te- noit.comme le milieu entre le fiecle de Cicéron, & : celui de Séneque; en forte qu'il auroït plù dans le premier, comme il plaifoit dans le fecond. Son plai- doyer pourles peuples de la Bétique, & pour Ac- çia Variola, montre toute la fermeté de fon courage, __ OR 573 & tout le beau de fon génie. Ses conclufons furent modeftes, & firent admirer par-là lPéquité des pre: muers fecles. ù Mais dans fon panégyrique de Trajan , il prodis gua trop toutes les fleurs de fon efprit, afe€tant fans cefle des antithèfes & des touts recherchés. Les ri cheffes dé l'imagination ; la pompe des defcriptions, y font étalées fans mefure ; 87 cetté abondance ex- ceflive répand fur le tribut de juftes louanges, que la reconnoïffance exigeoit, le dégoût qu’infpire 14 flaterie. Quelle beauté dans les éloges que Cicéron fait de Pompée & de Céfar ! Tout lé barreau re- tentit de bruyantes acclamations. Que de fadeur dans le panéevyrique de Frajan ! Il choque pat l’ex- cès de fes louanges, & fatigue par fa prolixité, Malgré ces défauts de Pline , qui étoient ceux de | fon fiecle, plus d’une fois cét orareur admirable à plufeurs autres égards, eut la fatisfaétion de ne pouvoir parvenir qu'avec peine au barreau, tant étoit grande la foule des perfonnes qui venoïent l’entendre plaider. Sonvent même il étoit obligé de pañler au-travers du tribunal des juges, pour arri- ver à fa place. À fa fuite marchoït une troupe choi- fie de jeunes avocats de famille, én quiil avoit re- marqué des talens ; il fe faifoit un plaïfr de les pro: duire, & de les couvrir de fes propres lauriers, L’a2 mour de la patrie, un noble défintéreflement, une proteétion déclarée pour la vertu & pour les Sciens ces, un cœur généreux & magnanime; {es vertus, fes bienfaits , {a fidélité à fes devoirs, fa bonté pour les peuplés , fon attachement aux'$ens de Lettres, le rendirent ,précienx & aimable à tout le monde, I! étoit l’admiration des Philofophes, & les délices dé fes concitoyens. Goîûté, eftimé , & refpedé, il réenoit au barreau en maître, & il commandoit en pere dans les provinces. Il fut le dernier orareur to- main, & malgré fes foins & fon attention, il n’eut point d'imitateurs. Plus Rome vieilliffoit, plus la chüte de l’éloquence étoit fans remede, Je fais bién qu'après le fiecle heureux de Trajan on vit encore quelques empereurs qui tâcherent de la ranimer par leur voix, & par leur générofité ; mais malheureufement Île goût de ces princes étoit mauvais, &c leur politiqueincertaine. Adrien, fuc- cefleur immédiat de Trajan, n’aimoit que l’extraor- dinaire &e le bifarre : éfprit romancier, il couroit après le faux, & après l’hyperbole. Antonin le phi- lofophe, tranfporté de Penthoufafme du portique, n'avoit de confidération que pour des philofophes &z des jurifconfultes, & ne s’attachoit qu'aux Grecs. Enfin , leurs établiflemens n’avoienr aucune ftabili- té. Comme un empereur n’héritoit point du diadè- me, qu'il le tenoit de là fortune, dé fa politique, de fon argent, & de fes violences, il effaçoit juf- qu'aux vefliges des graces de fon devancier. Des favans placés à côté du trone fous un reone, fe vOyOient contrains fous un autre de mandier dans les places les moyens de fubffter. Les Sciences chan- celantes comme létat, efluyoient lés mêmes re- vers. Ainfi dégénéra , & finit avant empire l’éloquence romaine : arrachée de fon élément , c’eft-à-dire, pri- vée de la liberté, & aflervie au caprice des grands, elle s’affoiblit tout-d’un-coup ; & après quelques ef- forts impuiflans qui montroient plutôt un véritable épuifement qu'un fonds folide , elle s’enfevelit dans l’oubli ; femblable à un grand fleuve qui s'étend au loin dès fa fource, s'avance d’un pas majeflueux à: l'approche des grandes villes, & va fe perdre avec fracas dans l’immenfe abîme des mers. Ze Chevalier DE JAUCOURT. ORATEUR , ( if, mod.) dans le parlement d’An- gleterre, c’eft dans la chambre des communes le préfident ; le modérateur, Il eft élu à la pluralite des 574 O R À “voix : C'eft lui qui expofe les affaires ; on porte de vaut lui une maïñle d’or couronnée, ORATOIRE , f. m.( Æif. eccléftafl. ), petit édif- ice, ou partie d'édifice dans une grande marfon près de la chambre à coucher, & confacre à la priere en particulier, L’oraroire d’une mailon differe de la cha- pelle, en ce.que la chapelle a un autel où Pon cé- de les faints myfleres ; au lieu que d'orasoire n’a ‘point un pareil autel; car quoiqu'l y ait une table ‘en forme d’autel, on n’y célebre point. On commença à appeller oratoire, les petites cha- pelles qui étoient jointes aux monafteres, où les moines faifoient leurs prières, avant qu'ils euflent -des églifes. Ce mot a paffé depuis aux autels, ou chapelles qui étoient dans les maifons particulieres, ‘& même aux chapelles bâties à la campagne quin’a- voient point droit de-paroïfic. Dans le vj. & vi. fiecle,, un oraéoire étoit une ef- pece de chapelle placée fouvent dans les cimetieres, &t qui n’avoient mi baptiftaire comme les églifes ti- tulaires, ni office public, ni prêtre cardinal. L’évé- que y envoyoit un prêtre quand il jugeoit à propos d'y faire célébrer la mefle; cependant quelques ora- soires avoient un prêtre cardinal pour y célébrer la mefle quand le fondateur le defiroit on quand le ‘concours des fideles le demandoit ; c'étoit comme de moindres titres. Enfin, 1ly avoit déja dans ce tems-là comme à préfent des oraroires chez les her- amites, & dans les maïfons particuheres. Le conci- iabule de Conftantinople, tenu en 861 par Photus, défend de célébrer la liturgie, & de baptifer dans les oratoires domeftiques. On voiten France beaucoup de bourgs &c de vil- lages du nom d’Oroir ,Oroair, Ozouer, Orouer, Au. rouer , Oradour , qui prennent leurnom & leur ori- gine de quelques oratoires de religieux retirés dans des hermitages de la campagne voifine. ( D. J.} ORATOIRE DES HÉBREUX , ( Crisique facrée. ) voyez PROSEUCHE. , ORATOIRE, ( Hiff. des congrég. ) titre d’une con- grégation particuliere d’eccléfiaitiques, infituée en France par le cardinal de Béruile , fur le modele de celle de Rome, qui a été établie par Phihppe Néri florentin, fous le titre de l’oratoire de fainte Marie en la Varicelle. At Il y a néanmoins cette différence entre la congré- gation des peres de loratoire de Rome & celle de France, que la premiere n’a été fondée que pour la Ieule is de Rome, fans fe charger du gouver- nement d'aucune autre maifon ; au heu que celle de France renferme plufieurs maifons qui dépendent d’un chef, lequel prend la qualité de fuperieur ge- néral, & gouverne avec trois afliftans tonte cette TE congrépation. Le cardinal de Bérulle obtint des lettres patentes de Louis XIII. datées du mois de Décembre 1617, &z enresiftrées an parlement de Paris, le 4 Décem- bre 1612, avec cette claufe : « à la charge de rap- » porter dans trois mois le confentemeni de l'évé- » que, auquel ils demeureront fujets ». M. de Bérulle defirant de répandre fa congréga- tion en France, obtint à cet efferen 1613 ,une bulle du pape Paul V. en conféquence de laquelle la con- régation de l’oraroire s’étendit en peu de tems en plufieurs villes du royaume. Ces peres font différens de tous les ordres reli- gieux ; leur congrégation eft la feule où les vœux font inconnus , & où n’habite pointle repentir. C’eft une retraite toujours volontaire aux dépens de la maifon ; on y jouit de la liberté qui convient à des hommes ; la fuperftition & les petitefles n'y desho- norent guere la vertu ;: leur général demeure en France, idée fi convenable à rous les ordres de l’E- glife ;leurs ouvrages méritent généralement des élo- O R A | ges. Enfin, refpe@tables à tous égards, ils devien® droient encore plus utiles au public, fi leurs reli- g1eUXx s’appliquoient aux fonctions des collèges, des féminaires , &c des hôpitaux, (D. J. ORATOIRE , farmmonie , (Elocur.) l’harmonte oras toire eft l’accord des fons avec les chofes figmfées. Elle confifte en deux points : 1°, dans la convenan- _&e & le rapport des ons, des fyllabes, des mots , avec les objets qu'ils expriment : 2°, dans la conve- hance du ftyle avec le fujet. La premiere eft lac- cord des parties de l’expreflion avec les parties des chofes exprimées. La feconde eft l'accord du tout avec le tout. s L harmonie des fyllabes , des mots avec les objets qu'ils expriment , fe fait par des fons imitatifs. On retrouve ces {ons imitatifs dans toutes les langues : c'eft ainfi qu’on dit en françois , gronder | murmurer, tonner., juffier , gafouiller, claquer , briller, piquer, lancer, bourdonner | &cc. L’imitation mufcale faifit d’abord les objets qui font bruit, parce que le fon eft ce qu'il y a de plus aifé à imiter par le fon ; enfuite ceux qui font en mouvement, parce que les fons marchant à leur maniere, | ont pu, par cette ma- niere, exprimer la marché des objets. Enfin , dans la configuration même & la couleur, qui paroif- foient ne point donner prife à limitation mufçale, l'imagination a trouvé des rapports analogiques avec le grave, l’aigu, la durée , la lenteur, la viteffe, la douceur, la dureté , la légereté, la pefanteur, la grandeur, la petiteffe , le mouvement, lerepos, ce, La joie dilate, la crainte rétrécit , l’efpérancé fouleve, la douleur abat : le bleu eft doux, le rou- ge eft vif, le verd eft gai; de forte que , par ce moyen, & à l’aide de limagination , qui fe prête volontiers en pareil cas, prefque toute la nature a pu être imitée plus on moins, & repréfentée par les ions. Concluons de là que le premier principe pout l'harmonie eît d'employer des mots ou des phrafes, qui renferment par leur douceur ou par leur dureté, leur lenteur ou lenr vitefle, l’expreflion imitative qui peut être dans les fons. Les orands Poëtes & les Orateurs ont toujours fuivi cette regle. Pour fentir tout l’effet de cette härmonie , qu’on fuppoie les mêmes fons dans des mots qui exprime- roient des objets différens : elle y paroîtra auffi dé- placée , que fi on s’avifoit de donner au mot /ffer la figniñcation de celui de sonner, ou celle d’écarer à celui de /oupirer: & ain des autres. De même que tous les objets qui font liés entr’eux dans Petprit,le font par un certain carattere de con- formité ou d'oppoñrion qu'il y a dans quelqu’une de leurs faces ; de même auih les phrafes qui repréfen- tent la haïfon de ces idées , doivent en porter le ca- raètere. Il y a des phraïes plus douces, plus lége- res, plus harmomienfes, felon la place qu’on leura, donnée, felon la mamere dont on les a ajuitées en- tr'elles. Quelque fine que paroifle cette harmonie, elle produit un charme réel dans la compofition, & un écrivain qui a de l'oreille ne la néglige pas. Cicéron y eit exa@ autant que qui que ce foit: ÆEtft homini nihil ef? magis optandum | quam prof pera , æquabilis perpetuaque fortuna , fecundo vi tæ , frre ulla offenfione , curfu : tamén ff mihi tran= quilla & placata omnia fuiffent, incredibili quédam € penè divind, qui nunc veflro beneficio fruor, latine voluptate caruiflem. Toute cette période eft d’une douceur admirable ; nul choc défagréable de con- fonne , beaucoup de voyelles, un mouvement pai- fible & continu que rien n’interrompt, & qui femble aidé & entretenu partousles fons qui leremphfent. La feconde efpece d'harmonie oraroire eft celle du ton général de l’orateur , avec le fujet pris dans fa totahté. L’effentiel éft donc de bien connoitre le fujet qu'on traite, d’en {entir le caraétere & l'éten- - l A - k urs due, due ; cela fait , il faut lui donner les penfées, les mots , les tours & les phrafes qui lui conviennent. Cours de Belles-Lerrres | rome IV, ( D.1J.) ORATOIRE , {. m."oratorio , en mufique ; c’eftune efpece de drame en latin ou en langue vulgaire, di- vilé par fcenes, à limitation des pieces de théatre, mais qui roule toujours fur des fujets pris de la reli- gion , & qu’on met en mufique pour être exécuté dans quelque églife durant le carême, ou en d’autres tems. Cet ufage, aflez commun en Italie, n’eft pas admis en France , où l’on ne trouve pas que la com- pofñtion de ces pieces foit convenable à la majeñté du lieu deftiné à leur exécution. (5) ORATORIEN , f. m. qui eft de la congrégation de l’oratoire. Voyez ORATOIRE , congrégation. ORAXI, MONTAGNE D’ ( Géogr. ) ce font les plus hautes qui foient au Japon; elles font fituées dans le royaume d’Achita , le plus feptentrional de l'ile de Niphon. (2.J.) ORBONNA, 1. f. (Mych.) déeffe qui veilloit à ce que les enfans ne fuflent point enlevés. ORBE, f. m. fe dit, dans l4ffronomie ancienne, d’un corps ou efpace fpherique terminé par deux fur- faces, l’une convexe, qui eft en-dehors, l’autre con- cave, qui eft en-dedans. Voyez SPHERE, Les anciens Aflronomes regardoient les cieux comme compolés de différens orbes très-vaftes , de couleur d'azur, & tranfparens , qui étoient renfer- mes les uns dans les autres ; ou bien comme un af- femblage de grands cercles, au- dedans defquels étoient renfermés les corps des planetes, & dont les rayons s’étendoient depuis le centre de la terre, qu'ils regardoient comme celui du monde, jufqu’à la plus grande diftance où la planete pouvoit s’en éloi- gner, Voyez CIEL. Le grand orbe, orbis magnus, eft celui où l’on fup- pofe que le foleil fe meut, ou plurôt dans lequel la terre fait {a révolution annuelle. Voyez ORBITE. Dans l’Aftronomie moderne , l’orbe d’une planete eft la même chofe que fon orbire. Voyez ORBITE. ORBE, L’ (Géog.) riviere de France dans le bas- Languedoc, Elle a ia fource au nord de la vilie de Lodevé, fur la frontiere de Rouergue , pañle à Be- ziers, & {e jette enfin dans le golfe de Lyon, par le Grau de Sérignan. (D. J.) ORBE , L’(Géog.) riviere de Suiffe, felon Scheuch- zer. Elle eft dans le mont Jura entre la Franche- Comté & le pays de Vaud; en fortant de fa fource, qui eft en Sue , elie entre dansile lac de Roffet , en fort enfuite pour porter fes eaux dans le lac de Joux, qui finalement fe perd dans laterre. (D.J.) _ ORBE, (Géog.) ancienne ville de Suiffe au pays de Vaud, capitale d’un bailliage, dont la fouverai- neté eft partagée entre les cantons de Berne & de Fribourg. Elle eft à deux lieues du mont Jura, fur la riviere d’Orbe, à 16 lieues S. O. de Berne, 115. O. de Fribourg. Long. 24. 22. lat. 46. 42. Quelques auteurs creient qu’Orbe étoit la capitale du canton nommé Pagus Orbigenus. Quoi qu'il en foit, cette ville a été floriflante fous l’ancienne mo- narchie des Francs. Les rois de la premiere & de la feconde race y avoient un palais, où1ls alloient quelquefois pañler le tems. Toute cette ville eft de la confeffion helvétique. Le bailliage eft un des treize du pays Romand, &t s’avance vers le midi, jufqu’à 2 petites lieues au- deflus de Lanfanne. Il fait avec celui de Granfon 17 à 18 paroïfies. Wiret (Pierre) , fameux miniftre calvinifte , naquit dans la ville d'Orée en 1511. Il fit fes études à Pa- 15, & s’y lia d’une étroite amitié avec Farel. Il mOurut à Pau en 1571, après avoir écrit divers ou- yrages qui ne font plus recherchés. ( D. J. ORBEGA , L’ o4 L'ORBEGO , (Géog.) riviere Tome XT, | Er ORS ÿ75 d’Efpagne au royaume dé Léon. Elle à deux fources dans les montagnes qui font au couchant feptenttios nal. de Léon, & finit partomber dans le Tage à San- Jago, au-deflous de Zamora. ORBELUS , (Géog. arc.) montagne au nord de la Macédoine ; entre l’Axius , au couchant, & le Stry= mon au levant , à l'O. d’Ufcopia. Prolomée ,"Z. LIL, c. 1x. Hérodote, Z #. c. xvir, & l’abréviateur de Strabon parlent de ces montagnes. Elles font aujour: d’hui pour la plus grande partie dans la Servie, Les rivieres de Morava, de l’Iperitza , & de l’Letniza prennent leurs fources. Le nom moderne de l’Orbë. lus eft , felon Lazius, Karopnitye. ( D. J.) ORBICULAIRE , adj. (Gram.) qui a la figure d’un orbe , d’une fphere, ORBICULAIRE, 7. Anat. fe dit des parties qui ont quelque rapport avec une figure plus ou moins approchante du cercle. L’orbiculaire des levres , mufcle propre des levres. Voyez nos PI, d’Anat, & leur explic. Voyez auffi l'ar- ticle LEVRE. Ses fibres font une efpece d’anneau autour de la bouche , d’où on l’appelle orbiculaire. La plüpart des auteurs veulent que ce ne foit qu’un mufcle , & qu'il foit du genre des fphinéteres , quoi- que le doëteur Drac penfe que c’eft improprement ; en ce qual n’eft pas dans une aétion continuelle , comme les fphinéteres ; mais que fon mouvement dépend de la volonté , marque diftin@ive entre un fphinétere êc un autre mulcle. Voyez SPHINCTERE. Verheyen , au contraire, ne veut pas que ce foit un feul mufile, mais une paire de mufcles, dont les fibres fe rencontrent , & fe joignent aux deux coins de la bouche , agiflant chacun féparément, quoiqu’en même tems {ur chaque levre. L'orbiculaire des paupieres ; ïl vient de l’apophyfe montante de l’os maxillaire à côté du grand angle de Poœil, & environne chaque paupiere par fes fibres circulaires placées les unes à côté des autres. L’os orbiculaire eft le plus petit de tous ies os du corps humain , femblable à une graine de laitue ; il eft fitué entre la tête de l’étrier & la longue jambe de lenclume. ORBICULO-CILIAIRE , er Anatomie, nom d’un ceintre blanc formé par l’union de la choroïle à la cornée, & que M. Winflow appelle ligament ciliaire, Voyez CHOROIDE & CORNÉE. ORBILLIONS , voyez Courson. ORBIS , voyez PoIssON ROND. ORBIS ÉPINEUX , voyez POISSON ARMÉ. ORBIs, (Lutérar.Géog.) les fignifications de ce mot latin fe rapportent toutes à la principale ; favoir , la rondeur. Comme la ligne que les planetes décri- vent dans le ciel à notre égard, eft circulaire, Cicé- ron appelle orbis fignifer le zodiaque, & orbis aftro. ru, le mouvement des aftres ;: de même comme le globe de la terre & de l’eau eft fuppofé une mañle approchante de la ronde, les Latins l'ont exprimé par Le mot orbis, ou par ceux-ci orbis terrarum. Dans le ftyle géographique & aftronomique , l’orbe de la terre , l’orbe du foleit, Porbe de la lune , expriment le contour , la circonférence de ces corps. Enfin les Géographes qui écrivent en latin, appellent orbis vetus l’hémifphere que nous habitons , tel qu'il a été connu des anciens ; & orbis novus l'hémifphere où eft l'Amérique ; nous difons en françois Pazcier-monde, & le rouveau-monde. (D. I.) ORBITAIRES , ez Anatomie ; font des cavités différentes relatives aux orbites. Voyez ORBITES, Le trou orbitaire externe. ‘; Letrouorbitairepoftérieur. ( | La fente nn cu. AO Lafente orbitaire intérieure, \ D Ddd 76 ORB Les finusorhiraires de la dure-mere, Voyez Sinus & DURE-MERE. ORBITE, f. f. fe dit dans l Affronomie du chemin d’une planete ou d’une comete , c’eft-à-diré de la: ligne qu’elle décrit dans les cieux par fon mouve- ment propre. Voyez PLANETE. L’orbise du Soleil ou plutôt de la Terre , eft la courbe que la Terre décrit dans fa révolution an- nuelle ; on appelle ordinairement épique. Voyez ÉCLIPTIQUE. | L'orbite de la Terre & celles de toutes les plane- tes premieres font des ellipfes , dont le foleil occupe le foyer commun : chaque planete fe meut dans fon elliple, de maniere que fon rayon veéteur, c’eft-à- dire le rayon qu’on peut tirer continuellement d’elle au Soleil , décrit des aires ou feéteurs proportion- nels aux tems. Voyez TERRE, SOLEIL, éc. Les anciens Aftronomes fuppofoient que les pla- netes fe mouvoient dans des orbites circulaires avec une vitefle uniforme, Copernic lui-même regardoit comme une chofe impoffble que cela fût autrement: Fieri nequit , dit-il, ut cœlefle corpus fimplex uno orbe inæqualiter moveatur. Âufh , pour expliquer les iné- galités du mouvement des planetes , les anciens étoient obligés d’avoir recours à des épicycles & à des excentriques ; embarras dont Copernic lui- même n’a pas {u trop bien fe démêler. Voyez Épi- CYCLE. | On eft demeuré conftant dans l’opinion que les aîtres fe mouvoient dans des cercles, parce qu’on ne pouvoit s’imaginer que les mouvemens des aftres fuffent fujets à aucune inégalité réelle, Mais après Copernic vinrent des aftronomes qui, avec autant de génie & un peu plus de phyfique, ñe tarderent pas à changer ces orbes circulaires en orbes elliptiques, & à fuppofer que les planetes fe mouvoient dans ces ellipfes avec une vitefle qui n'étoit pas uniforme. C’eft ce que Kepler a démontré le premier d’après les obfervations de Tycho. Il a fait voir que les mouvemens des planeres n’étoient point exempts d’inégalité réelle ; que la Terre , par exemple, lorf- qu'elle eft à fa plus petite diftance du Soleil, fe meut réellement plus vite que quand elle eft à fa plus grande diftance de cet aftre, & que fa vitefle apparente eft à-peu-près en raïfon inverfe du quarré de {a diftance au Soleil, ou, ce qui revient au même, du quarré du diametre apparent du Soleil, d’oùil s’erduit par les principes de la Géométrie, que la planete décrit autour du Soleil des aires proportion- nelles aux tems. Il y a eu deux efpeces d’ellipfes qu’on a fait dé- crire aux planetes. Les premieres font celles de Ke- pler, qui ne font autre chofe que l’ellipfe ordinaire; Sethus Wardus a cru que lon pourroit y fubftituer des orbites circulaires , en prenant deux points à égale diftance du centre, qui repréfentaflent les foyers. Cette fuppofñtion eft démentie parles obfervations ; & il faut avouer queWardus ne l’a donnée que com- me une conjecture. La feconde efpece d’ellipfe eft celle de M. Caffini , dont la propriété confifte en ce que le produit de deux lignes tirées d’un même point de la circonférence aux deux foyers, eft toujours la même ; au lieu que dans l’ellipfe ordinaire , c’eft la fomme de ces lignes qui eftconftante, & non pas le produit. Comme cette ellipfe de M. Caflini ne paroït guere s’accorder avec les obfervations , il eft aflez fingu- her qu'il en ait fait l’orbire des planetes ; & on ne voitpoint par quelle raifon il y a été porté. Cepen- dant , fi on veut faire là-deflus quelques conjedtures, on peut croire que ce fut parce qu'il imagina que le mouvement des planetes , dans cette ellipfe , feroit plusailéà calçuler, quedans l’ellipfe ordinaire, Ceci O R PB a befoin d’un peu plus d'explication ; on la trouvera au 7104 ELLIPSE de M, Caffeni. = Le denu-diametre de l’orbiseterreftre ef d'environ 11000 diamètres de la Terre , ou de 33 millions de lieues , & le demi-diametre de l’orbire de Saturne ef environ dix fois plus grand. | Au refte, les Aftronomes ne font point d'accord fur la grandeur précife du diametre de l’orbire terre tre; ceite grandeur dépend de [a parallaxe du Soleil, fur laquelle ils varient beaucoup, Voyez PARAL= LAXE. Les orbites des planetes ne font point toutes dans le plan de l’écliprique, c’eft à-dire dans le même plan que l'orbite de la Terre ; mais elles font différemment inclinées par rapport à l’écliptique , & entr’elles : néanmoins le plan de chaque orbire a pour commune feétion avec l’écliptique , une ligne droite qui pañle par le Soleil. Poyez Neup. Voici à peu -près la quantité dont les orbires des planetes premieres font inclinées au plan de l’éclip- tique : l'orbite de Saturne , de 2 degrés£ ; l’orbire de Jupiter , de 1 degré 20’ ; celle de Mars, d’environ 2 degrés , celle de Vénus, d’un peu plus de 3 degrés 20 minutes ; celle de Mercure , d’un peu plus de 7 degrés, Voyez SATURNE , MARS, VÉNUS , GC. L’orbire des cometes , felon M. Caflini , eft me ligne droite ; mais M. Halley a fair voir , d’aprèsla théorie de M.Newton , que c’éroit toujours une pa- rabole , ou au moins une ellipfe fort allongée , dont le Soleil occupoit le foyer. En effet, calculant le mouvement d'une comête dans une parabole , ou dans une ellipfe fort allongée , au foyer de laqueile foit placé le Soleil , on trouve que ce mouvement ré- pond très - bien aux obfervations, Voyez Comere, Chambers, (O ) ORBITES , e7 Anatomie, font deux grandes ca- vités fituées aux parties latérales du nez, dans lef- quelles les yeux tont placés. Voyez auffi Œxr.. , Elles font de figure pyramidale , & formées par le concours de feptos, dont trois , le coronal , los maxillaire & l'os de la pomette les limitent extérieu. rement ; quatre autres , l'os unguis ,'le fphénoïde, lethmoide & l'os du palais en achevent le fond. Voyez; CORONAL ; MAXILLAIRE , &c. Ces os, par leur rencontre , font voir dans l’orbire difiérentes cavités , dont les unes font fimples, c’efl- à-dire, appartiennent à un os feul, telles que la fente otbitaire lupérieure , le trou optique qui eft percé dans le fphénoiïde , le trou fourcilier ou orbitaire fupérieur ; cet enfoncement dans le coronal qui ré- pond à l'angle extérieur , où eft placé la glande la- crymale , le trou orbitaire inférieur antérieur , & le poftérieur quifont les orifices d’un canal dans los maxillaire , le conduit lacrymal formé par l'union de los unguis avec l’apophife montante de l'os maxillaire , le trou orbitaire interne par l’union du bord fupérieur de los ethmoïde avec le coronal, la fente fpheno-maxiilaire ou orbitaïire inférieure, par Punion de los fphénoide avec l'os maxillaire, & Vos du palais. Voyez CAVITÉ, Ge. | ORBITELLO , ( Géog.) ville forte d'Italie en Tofcane , dans le Siennois, au milieu d’un étang falé, près de la riviere d'Albengia & de la mer, avec un fort, à 23 lieues S. ©. de Sienne, 345.0. de Florence. Long. 28. 45. lar, 42. 28. Cette ville, ou, comme Léandre l'appelle, Caf- cello , n'a été bâtiequ’en 1210. L'empereur s’en ren- dit maître en 173$, & l’a depuis cédée à linfant dom Carlos. ORBONA, ( Mychol. ) déefle qui étoit invoquée chez les Romains par les peres & meres, pour ga- rantir leurs enfans de {a colere , ne inciderent in or2 bitater | du verbe orbare, priver de la vie. D’aurres difent que cette déeffe étoit la prote@trice des or- phelins, appellés en lâtin orh;, ou orbari parentibus. Quoi qu'il ên foït, elle avoit un autel #Rome, près du temple des Lares, ( D. J.) ORCA , ( Fiff. nat. ) nom d’une piètre dont parle Pline, mêlée de noir, de jaune, de blanc &'de verd, Voyez Plinu 4/2. nat. lib. XX XVII, cap. *. ORCA , ff. (Hiff, anc.) vafe de terre à deux añ- fes ; où lon faifoit faler le lard , & où l’on gardoit des figues, du vin. L’orcz étoit plus grande que l’ar2- Photà, mais on ignore de combien. Orcaétoitencore lé cornet à jouer aux dez. | ORCA , voyez ÉPAULARD. : | ORCADES Les , ( Géog. }) îlés au nord de l’île d'Albion, pour parler comme les anciéns | & pour r'exprimer avéc les géographes modernes , au nord de l’Ecofle. Pomponius Méla, Giy: LIL, ch: vj, & Pline, iv. IV. ch, xvj. s'accordent à dire qu’elles ne font féparéés que par dé pétits détroits ; maïs ils ne s'accordent pas pour le nombre, Mela en compte trente, Pline quarante, & Les modetnes n’en met- tentau plus que vingt-huit. Les Anglois lés nomment des iles d'Orkray. Leur fituation eftau 22 degré 17 ninutes de longirude , & à So degrés 2/. de latitude. Elles font féparées de lEcofle par un détroit nom- mé Pentland-firih , qui a 24 milles de longueur , 12 milles En largeur , & eff plein de pouftes fort dan- gereux. | | Les habitans de ces îles font généralement vigou- reux , robuftes & bien faits. Leur commerce con- fifte en porffons ; en bœufs, porc falé, beurre, cuirs, peaux, étoffes, fel, laine , jambons, grains ger- MmÉs , &c. | Il y a eu autrefois des rois des Orcades ; mais leur regne finit quand les rois d’Ecoffe s’emparerent de ces iles, après avoir fugjugué les Piles ; enfuite elles pafferent entre Les mains dès Danois & des Norwé- giens , mais elles furent reprifes par les Ecoffois. Les arbres ny croiffent que fort bas , & leur fruit vient rarement en maturité. En général l’hiver y eft plus fujet à la pluie qu’à la neige, & elle y tombe quelquefois , non paï gouttes, mais pat des torrens d’eau , comme fi des nuages entiers tomboient du Ciel à-la-fois. Dansle mois de Juin 1680, après de grands coups de tonnerre, il tomba du ciel des mor- ceaux de glace d’un pié d’épais, fuivant la relation de ces îles par le doéteur Wallace. Apparemment que dans ce pays là , fi l’atmot- _fphere eft aflez chaude près de la terre, elle eft ce- pendant exceflivement froide dans la région fupé- rieure ; de forte qu’elie changeer glace quelques-uns de cestorrens d’eau dans le tems qu’ils tombent, & forme ces glaçons d’une groffeur incroyable. ORCADES Pierres des, orcadum lapilli, (Hifi. rar.) nom donné par Luidius à des pierres cylindriques, ou eutrochites, Lffes, pleines de nœuds , d’une cou- leur blanchâtre , qui fetrouvent en Angleterre, dans le Flinfthire. Voyez Luid. Garophil, n°. 1154, On les nomme aufli kerrigysktor ,{uiv. Klein, Nomenclator litolopicus, ORCANETTE, f.f, ( Boran. ) efpece de buglof- fe, qui eft nommée anchura monjpelliana , par J.B. 3. 593. Raï hift. 496. archufa puniceïs floribus, C. B.P.255.Boerh. J. À. 180. anchafa minor , purpurea , Park. theat. 517. bwgloffum perenne minus, puniceis Jflorhus. Wift. oxon. 3. 438. bugloffum radice rubré, five anchufa vuloatior. Tournef, élem. Botan. 110. Cette plante poufle à la hauteur d'environ un pié, plufieurs tiges qui fe courbent vers la terre. Ses feuil- les font femblables à celles de la buglofle fanvage, longues , garnies de poils rudes. Ses fléurs naiflent aux fommités des branches ; elles font faites en en- tonnoir à pavillon découpe, de couleur purpurine. Quand cette fleur eft pañlée, il paroît à fa place dans le calice qui s’élargit,quatre femences qui ont la figu- Tome XI. ORC 377 re d'ünetête de vipére, de couleur cendrée. La raci: | né eft profile comme le pouce, rouge en fon écorce , bianchätre vers le cœurs Cette plante croit dans le Languedoc, en Pro- vence, aux lieux fablonneux, & fleurir en Mai. On fait fécher fa racineaufoleil, & onlenvoié aux dro- guiftes ; qui la débirent. Elle fert en Pharmacie à donner une téinture fougé anx méd'camens qu'on veut déguifer, à l'onguent rofat ; à des pommades , à de la cire & à del'huilé étant infufée dedans : mais elle eft fur tout d’un grand ufage en teinture, Galien nous apprend que les anciens en faifoient un fard, (D. J, | ORCANETTE ; ( Pharmacie. ) la racine de éette plante contient une partie colorante rouge , foluble par les huiles: Les apothicaires l’'emploient fouvent pour colorer des onguens & des huiles. Voyez CoLo« RATION. (b) ORCANETTE, ( Teine.) c’eft la racine dela plante de même nom, quieft employée par [es Teintu- rièrs pour teñdre en rouge. La bonne orcanerre de France doit être nouvelle , fouple quoique fuche , d'un rouge foncé.en-deflus ; blanche en-dedans , avec une petite tête de couleur bleue. Cette racine étant mouillée on feche , doit teindre d’un beau vermeil, en la frôttant fur l’ongle ou fut la main, Elle donne une couleur rouge AUX cires ; à certaines huiles 8 à quelques graifles ; mais fa teinturene pro- vient que du rouge dont cette racine eft couverte fur Pécorce. | On apporte du Levant en Europe l’orcanerte de Conftantinople. Cette orcanerte du Levant eft auf une racine aflez fouvent groffe comme le bras, & longue à proportion. Elle ne paroît à la vue qu'un - amas de feuilles aflez larges , roulées & tortillées à la maniere du tabac ; au haut il y a une efpece de moififlure blanche & bleuâtre , qui eft comme la fleur. Cette racine eft mêlée de différentes couleurs, dont les principales font le rouge 8 le violet ; dans le milieu il y à ure efpece de moëllé couverte d’une écorce très-mince, rouge par-deffus , & blanche en- dedans. Il y a grande apparence que tout cela eft ar- tiñciel. Cette forte d’orcanerre eft celle qui doit être défendne aux teinturiers du grand &-du petit teint, parce qu’elle fait un rouge brun tirant fur le tanné, qui eft une très mauvaile couleur, & peu aflurées (2. J.) | ORCAORYCT, (Géog. anc.) peuples de l’Afie mineure. Ils étoient felon Strabon, Liv, XII. auprès de Perfinonte , aux confins des Teétofages , & dé la grande Phrygie. ORCELIS , (Géog. anc.) nom 1°. d’une ancienne ville de Thrace ; 2°. d’une ancienne ville de l'E fpa< gne tarragonnoife chez les Baftitains dans les terres: On croit Que ceite derniere Orcelis eft préfentémént Origuela. ORCHÉSOGRAPHE,, f. f. (Gramm.) traitéde la. danfe , ou art d’en noter les pas , comme ceux de la danfe. Thoinet Arbeau , chanoine de Langres, a donné le premier l’idée de la maniere d’écrire la dar. fe ; d’autres lni ont fuccédé & ont perfeétionné ce qu'ilavoit imagimé., Letraité d’Arbeau a été imprimé à Éanores en 1588. TA ORCHESTIQUE, £ ( Are gymnafl. ) C’étoit un des deux genres qui compoloient les exercices én ufage dans les gymnafes des anciens. L'autre genre d'exercices étoit la palefirique ; voyez P A LE s- TRIQUE. Le genre orcheffique avoit trois efpeces : 1°, fa danfe ; 2°. la cubiftique , ou l’art de faire des éul. butes ; 3°. la fphériftique , ou la paume qui com- pPrenoit tous lés exercices où l’on fe fervoit d’une balle, Voyez DANSE , CUBISTIQUE , SPHÉRISTI- QUE, DDdd j 57 ORC ORCHESTRE, {. m. (Archir. ) quoique ceterme {oit dérivé dugrec orcheomai , qui fignife fauter ;dan- fer, C'eft ce lieu où l’on place.la fymphonie dans les {alles de fpettacle, qui eft un retranchement au-de- vant du théâtre. Chez les Grecs ; l’orcheffre étoit le lieu le plus bas duthéâtre; fa forme étroit celle d’un demi-cercle enfermé au milieu, entouré de degrés, & deftiné à y danfer les balles, foyez ORCHESTRE, théâtre des anciens. ORCHESTRE , {. f. ox ORQUESTRE, ( Thédr. des anc. ) partie du théâtre deftinée aux aéteurs chez les Grecs, au lieu que c’étoit chez les Romains la place des fénateurs & des veftales, Mais quoique l’orchejtre eût des ufages différens chez les deux nations, la forme en étoit à-peu-près la même en général. Comme elle étoit fituée entre les deux autres parties du théâtre, dont lune étoit circulaire & l’autre quarrée , elle tenoit de [a forme de l’une-& de l’antre , & occupoit tout l’efpace qui étoit entr'elles ; fa grandeur varioit par conféquent {uivant l'étendue des théâtres; mais fa largeur étoit toujours double de fa longueur , à caufe de fa for- me , & cette largeur étoit précifément le demi-dia- metre de tout l'édifice. Enfin c’étoit la partie la plus baffe dutheâtre, &c l’on yentroit de plain-pié par les pañlages quiétoient fous les degrés, &c qui répondoïent aux portiques de lenceinte, Son terrein alloit un peu en taius chezles Romains, afin que tous ceux qui étoient afis , puf- fent voir le fpeétacle les uns par-deflus les autres ; mais chez les Grecs elle étoit de niveau, & avoit un plancher de bois pour donner dureflort aux dan- feurs ; & comme ils avoient de deux fortes de dan- fes qui s’exécutoient en différens endroits de ce dé- partement ; favoir celles dès mimes & celles des chœurs , & que d’ailleuts les muficiens & les joneurs d’inftrumens yavoient aufhi leurs places marquées, cette feconde partie de leur théâtre fe fubdivifoit en trois autres parties, dont la premiere & la plus confidérable s’appelloit particulierement lorcheffre, dpxnsrpe dérive dumot grec cpynas, danfe, C’étoit la partie affeétée aux mimes , aux danfeurs , & à tous les acteurs fubalternes qui jouoient dans les entr’ac- tes, & à la fin de la repréfentation., La feconde s’appelloit Sutra, parce qu’elle étoit quarrée , & faite en forme d’autel : c’étoit le pofte ordinaire des chœurs, & l’endroit où ils venoient exécuter leurs danfes. Enfin la troifieme étoit le lieu où les Grecs pla- çoient leur fymphonie, & ils l’appelloient dossier, parce quil étoit au pié du théâtre principal , qu'ils nommoient en général /a fcène : je dis en général ; car il ne faut pas s’imaginer que l’ümosxmier füt au pié de la fcène proprement dite, c’eft à-dire, de l’en- droit où étoient placées les décorations. Les inftru- mens auroient été-là trop reculés des danfeurs, & hors de la portée des fpettateurs ; au lieu qu’en les plaçant au pié du sporænvior , fur le plan même de lor- cheftre & aux deux côtés du Sowean, ils étoient juf- tement au centre du théâtre, & également à la por- tée des mimes , des chœurs & des aéteurs. … L’orcheflre des Grecs étoit plus grande que celle des Romains de'toute l'étendue du Sou:an & de l’urosun- vioy; mais en récompenfe ces deux parties fe pre- noient fur la largeur de leur fcène , & n’en étoient, à proprement parler, qu’un retranchement : ainf, leur rrcoxnwvio étoit plus étroit que celui des Ro- mains ; & la railon en eft bien naturelle. Il n’y avoit à Athènes que les aéteurs de la piece qui montaffent fur le théâtre , tous les autres repréfentoient dans l’orcheffre. Chez les Romains au contraire , l’orchefre étoit occupée par les fénateurs, &c tous les aéteurs jouoient fur le même théâtre; ilétoit donc néceffaire que leur profcemium tüt plus large que cehu des Grecs: il falloit auf qu'il fût plus bas ; car s'ileüt éré élevé dexlix piés comme à Athènes , les fénateurs qui étoient affis dans l’orcheffre, auroient eu de la peine à voir le fpe@acle. Mais ce n’étoit pas encore aflez qu’ils en euflent réduitla hauteur à cinq piés,, s'ils n’enffent laïffé quelque efpace entre le profce- nium &c l’'orcheftre ; c’eft pourquoi ils la bornerent à quelque diftance de la fcène paf un petit mur quien failoit la féparation , & qui n’avoit qu'un pié & demi de haut. Ce petit mur étoit orné d’efpace en efpace de petites colonnes detrois piés, & c’eft ce que les Latins appelloient podium, On ne fait pas au jufte à quelle diftance ilétoit du profcenium ; mais il eft certain qu'il y avoit encore entre ce mur & les premiers rangs de l’orcheffre un autre efpace vuide, où les magiftrats plaçoient leurs chaires curules & les autres marques de leurs dignités. Ce fut du tems de Scipion l’Afriquain , que les fé- nateurs commencerent à être féparés du peuple dans l’orcheftre ; l'empereur mit enfuite fon trône dans le podium ; les veftales, les tribuns &t l’édile, qui fai- foient les frais du fpeétacle , furent auf placés dans l’orcheffre:: de-là vient que Juvenal dit , orcheffram & populum , pour diftinguer les patriciens d’avec la populace, à L’orcheftre, parmi nous , ne reflemble en rien à celui des Grecs & des Romains ; ce n’eft autre chofe qu’un petit &c chétif retranchement fait au - devarit du théâtre , & dans lequel on place la fymphonie. D. J.) | ORCHIES, ( Géog. ) ville de France dans la Flan: dre françoïfe , chef-lieu d’une chätellenie de même nom entre Tournai & Douai, à 4 ieuesde Lille. Ses revenus font fi peu de chofe , qu’elle a bien de la peï- ne à payer 18 mille livres qu’elle doit pour fon con- tingent du don gratuit que la province fait au roi. Long. 20.55. lat, 50. 28. ORCHIS ou SATYRION , f. f. ( Hifi. nat, Boc. } genre de plante à fleur polypérale,anomale , & com- pofée de fix pétales inégaux , dont il yen acingqui occupent la partie fupérieure de la fleur, & quifont difpofés de façon qu’ils ont en quelque forte la figure d’un cafque. Le pétale inférieur eft profondement découpé , & garni d’une efpece de tête & de queue. Il a la figure d’un homme nud , d’un papillon, d’une abeille , d’un pigeon , d’un finge, d’un lefard , d’un perroquet ou d’une mouche, &c, Le calice devient dans la fuite un fruit en forme de vefñlie, qui a trois ouvertures fermées chacune par un panneau, Ce fruitrenferme desfemences très-menues comme de la fcieure de bois. Ajoutez aux caratteres de ce genre, que les racines font charnues , fibreufes, arrondies, & femblables à des tubercules, ou applaties , & dé- coupées en main onverte. Tournefort, nf?, rei herb. Voyez PLANTE. (1) Tournefort ne compte pas moins de 85 efpeces de ce genre de plante ; & il faut convenir qu'avant lui, les Botaniftes, fi on en excepte Ray, avoient jetté beaucoup de confufon fur toute leur hiftoire,ë par leurs faufles defcriptions, & par leurs figures. Entre le grand nombre d’efpeces d’orchis qui naiïf- fent dans les prés, dans les forêts, fur les collines êz les montagnes , aux lieux ombrageux ou expofésau foleil, fecs ou humides , & quifleuriffent en diffé- rens tems, on emploie d’ordinaire, pour l’ufage de: la Médecine, les efpeces à racines bulbeufes, & par- ticulierement la commune mâle, à feuilles étroites, &c celle qui eft à larges feuilles. | L'orchis commune mâle , à feuilles erroites , eft celle que Tournefort nomme orchis morio mas, fo- his maculatis, I. R. H. 432. Sa racine eft compoiée de deux tubercules prefque ronds , charnus , gros comme desnoix mufcades, dont lun eft plein & dur, l’autre eft ridé & fongueux , accompagné de erofes fibres, Elle poufle d’abord fix ou fépt feuilles, & quelquefois davantage, longues, médiocrement lar- ges , hffes, femblables à celles du lis, mais plus pe- tites , ordinairement marquées en-deflus de quelques taches d'un rouge brun, & quelquefois fans taches. Sa tige eft hante d'environ un pié', ronde, ftrice, embraflée par une ou deux feuilles ; elle porteenfa fommité un long épi de fleurs agréables à la vue, purpurines , nombreufes, un peu odorantes , blan- châtres vers le centre, & parfemées de quelques points d’un pourpre foncé. Chaque fleur eft éompofée de fix pétales inégaux, dont les cinq fupérieurs forment, en fe courbant , une forte de coëffe. Elle commence par une maniere e tête ou de cafque , &c finit par une pointe aiguë comme un éperon, Les fleurs font plus ou moins ier- rées dans l’épi. Quand la fleur eff pañlée , lé calice devient un fruit femblable à une lanterne à trois cô- tés , qui contient des femences aufh fines que de la {cure de bois. u … Cette plantefleurit vers la fin de Mai: onla trouve fréquemiment dans les prés & les brouflailies. M: Vaillant , après avoir obfervé que quelquefois fes feuilles fe couchent à terre ; ajoute qu'il a compté ju{qu'à quarante-trois fleurs fur un pie. | … L’orchis ou fatyrion à larges fewilles , orchis mi- lisaris major, [. R. H. 432. a la racine compofée comme l’efpece précédente , de deux bulbes, ou tu- beïcules charnus, en forme de groffes olives. Elle poufle une tige à la hauteur de près d’une coudée, chargée en fa fommité d’unépilong, pyramidal , plus ou moins ferré : 1l porte des fleurs amples, belles à la vue, blanchâtres en-dedans , pointillées de taches purpurines , plus rouges en-dehors , d’une odeur forte & défagréable , lefquelles repréfentent com- me un homme armé , ou un foldat couvert d’un cafque , fans mains &c fans piés. Ses feuilles font très- amples , longues & larges tout-enfemble , & {or- tent de terre, comme la plûpart des orchis , dès le mois de Novembre. nt Cette orchis fleurit en Mai. Ses fleurs ont uñe odeur de boue infupportable , & varient beaucoup pour la couleur. On lui trouve , de même qu'aux au- ttes efpeces d’orchis bulbeux , une bulbe flafque , & l’autre pleine. C’eft que tous les ans la bulbe de l’année précédente fe flétrit ; 8 qu'il en renaïit une nouvelle à la place. 6 Jean Bauhin obferve fur les orchis bulbeux qu'il faut prendre pour l'ufage qu’on en veut faire, non les deux bulbes , mais la plus dure , la plus pleine, &c celle qui a le plus de fuc. Toutes Les efpeces d’or- chis contiennent beaucoup d'huile & de fel volatil. On en fait fécher les racines pour l’ufage ; mais entre les préparations différentes des racines ou bulbes d’orchis, il nous paroît que la meilleure ef celle qui eft décrite par M. Geoffroy dans les mém. de l’acad, des Scienc. aznée 1740. | Ïl faut prendre les bulbes d’orchis les mieux nour- ries , leur ôter la peau, les jetter dans l’eau froide ; après qu'elles y ont féjourné quelques heures , on doit les cuire dans une fufhifante quantité d’eau, & les faire égoutter : enfuire on les enfilera pour les faire fécher à l’air, choififfant pour cette préparation untems fec & chaud. Elles deviennent ainfi tranfpa- rentes , très-dures, & reflemblent à des morceanx de gomme adragant. On les peut conferver faines tant qu’on voudra , pourvu qu'on les tienne dans un lieu fec ; au lieu que les racines qu’on a fait fécher fans cette préparation, s’humeétent & moififfent pour pen que Le rems foit pluvieux pendant plufieurs jours. c WE Les bulbes d’orchis ainfi préparées , fe mettent en poudre auffi fine que l’oa veut : on en prend depuis un fcrupule jufqu'à une drachme, qu’on humeéte OR C 579 pên-à-peu d'eau bouillante ; la poudre s’y fond es tierement ; & forme un mucilage qu’on peut éten: dre par ébullition dans une chopine ou trois demi fetiers d’eau : l’on eft le maître de rendré cette boif: fon agréable ; en y ajoutant du fucre & de légers parfums, Cette poudre peut aufli s’allier au lait ; qu'on conféille ordinairement aux malades attaqués dela poitrine. C’eft un remede très-adouciffanr , pros pre à réprimer l’âcreté de la lymphe, & convenaz ble dans la phthifie , & dans les dyffenteries bilieus ROME | | | ORCHITES, ( Æ1f, nar. ) nom donfé par Les Nas turahiftes à une pierre qui en renferme une autré qui a la forme d’un tefticule. Elle fe nomme auf énorchites & triorchires. Diorchires eft celle qui ren- ferme deux pierres de cètte forme ; rriorchires , celle qui en renferme trois. Voyez Klein, romenclator lià LOIORICRS. AU Le De. | mn dd . ORCHOMENE, ( Géog. anc.) ancienne ville dé Grece en Béotie, une des plus belles & de plus agréa- bles de cette province. Elle porta d’abord le nom de Minyée , comme Paufanias nous l’apprend, & com: me Pline nous le confirme , lv. IW° ch, viij, en ces mots , Orchmenus Minyænus antea ditus, in 4 Orchomenus étoit fituée au couchant du lac Cos paide ; à l'embouchure d’une riviere dans laquelle tomboit l’Hippocréne , fifameufe dans les écrits des poëtes. C’eft encore à Orchomene qu’étoit la fontai - ne Acidalie,où les Graces venoient fe baigner. C’e ft à Orchomene que les trois déefles avoient untemple; qui pafoit pour un des plus anciens de toute la Gtre- ce ; enfin, c’eft à Orchomene que Sylla ; génétal de l’armée romaine contre Mithridate , fat par un trait mâle & délicat , raflurer le courage de fes trou- pes qui l’abandonnoient. Il s’arrêta feul, & leur dit: « Enfans , au moins de retour chez vous , quand où » vous demandera où vous avez laiflé votre général, » n'oubliez pas de dire que c’eft à Orchomene ». Ilar- rêta par ce peu de mots les fuyards, 8 gaona la ba taille, x À & Il ne faut pas confondre l’Orchomene de Béotié avec l’Orchomene d’Arcadie. Homere, avant Paufa- fanias , les a très-bien diftinguées. Il caraéterife cette derniere dans l’Iliade , B:v. 606. par l’épithete de riche en troupeaux. Cette Orchomene d’Arcadie, que Pline, Zv.1W. ch. yj. appelle Orchomenum, étoit au: près de Phénée, le lac de Phénée entre deux, à l’o: tient du fléuve Ladon. (2D.J.) . ORCHOMÉNOS , ( Géog. anc. ) tiviere de Grecé dans la Béotie, auprès du ternple de Trophonius , qui, comme on fait, étoit dans le voifinage de Léba- die. Pline , 4. XX XI. ch. y. parlant de cette riz viere , dit qu'elle a deux fources, dont l’une donnoit de la mémoire , & l’autre procuroit Poubli de toute chofe, [l ne falloit pas s’y méprendre , quand on alloit puifer de l’eau pour en boire. ORCO , (Géog.) riviere d'Italie en Piémont. Elle a fa fource dans les montagnes, au midi du duché d’Aoufte , & va tomber dans le PÔ, au-deflus & au près de Chivas. ni ! ORCOMENO , ( Geéog. ) bourg de Greceen Li: vadie, au pays Atramelipa , à $ lieues dela ville dé Livadie. Il appartient aux Turcs. C’eft l’ancienne Orchomene de Béorie, dont Homere, Pindare , Paufanias , Thucydide & Pline ont tänt parlé, mais qui ne conferve que le feul nom de fa gloire pañée , & le trifte honneur d’être le débris d’une des plus an: ciennes villes du monde. ORCOMOSION , ( Géog. anc.) heu de l’Attique; Ou territoire d'Athènes ; c’eft-là que fut jurée la paix entre les Amazones & Théfée. Le verbe grec oprw mesoëew , Meut dire yurer une paix , une alliance , && Eee fignifie le ferment prêté en pareilles oceas 10n5: 4 | 80 OR D ORCUS ; { tn. (Mythol.) dieu des enfers, queles poëtes prennent aflez fouvent pour lenfer même, C’eft ainfi que dans Virgile, Géorg. IF: Caron eft eft appellé portiror orci, Le nochér des enfers. Orcus avoit un temple à Rome, dans le dixieme quartier de la ville, fous le nom d’orcus quietatis, le dieu qui donne le repos à tont le monde. Les cyclopés firent préfent à Pluton d’un cafque qui le rendoit 1avifble; c’eft ce célebre cafque que les Latins nommerent orci galea. : ORDA , ( Hifi. des Tartares. ) on écrit orde ou horde, terme d’ufage chez les Fartares. Ce terme détigne une tribu de leur nation , qui eft affemblée pour aller contre les ennemis , ou pour d’autres rai- fons particulieres. Chaque tribu a fon chef parricu- lier, qu'on nomme wwrfa. Voyez Mursa. (D. J.) ORDALIE, ordalium, (Juri/prud.) étoït un ter- me générique, par lequel on défignoit les différen- tes épreuves du feu, du fer chaud , de l’eau bouil- lante , ou froide, du duel, & auxquelles on avoit autrefois recours dans l’efpérance de découvrir par ce moyen la vérité. Ce terme venoit, felon plufeurs auteurs , du mot faxon ordela , lequel étoit compolé de ord, qui fignifie grand , & duel où dele , qui figni- fie jugement : ainf, felon cette étymologie, ordela & ordalie vouloient dire grand jugement > & par-là on vouloit défigner le jugement de Dieu , ou la pur- gation vulgaire. | Ne pourroit-on point auf dire que ordela &t orda- lium venoient de ordeum , qui fignifie orge , &t que Fon appella d’abord ordalie , la purgation vulgaire qui fe fanoit par le moyen d’un morceau de pain d'orge que l’on faifoit manger à l’accuié, dans la per- fuafon où l’on étoit que s'il éroit coupable , ce mor- ceau de pain l’étrangleroit ? &c il fe peut bien faire que dans la fuite l’on appella ordalie , toute autre purgation vulgaire qui étoit faite à l’inftar de celle du pain d'orge. C’étoit fur tout en Angleterre que l’on fe fervoit du terme d’ordalie. Emme, mere de S. Edouard le confefleut , accufée d’une trop grande familarité avec l’évêque de Lincaftre ;, demanda l’ordulie du fer Chaud ; & elle pafla nuds piés, les yeux bandés , fur neuf focs de charrue tous rouges fans fe brüler. Ces ordalies fe pratiquoïent auffi en Allemagne & en France. Yves de Chartres, dans une épitre à Hi- delbert , évêque du Mans, parlant des épreuves ap- peliées ordalies , qui fe faifoient par l’eau ou par le feu, ou en champ clos, dit que cette maniere de défendre l'innocence, eft 2zr0centiam perdere. Outre les ordalies dont on vient de parler, il y en avoit encore plufieurs autres ; telles que celles du potage judiciel , dufromage beni, de la croix verte, celle des dez pofés fur des reliques, dans une envé- loppe de laine. Voyez le Gloffaire de Ducange , au mot Ordela. Voyez aufi CHAMP cLos , DUEL, ÉPREUVE 6 PURGATION VULGAIRE. ORDESUS , PoRTUS , ou ORDESSUS PoR- TUS, (Géog. anc. ) port de la Sarmatie en Europe, {ur l’Axiare, Arrien, y. III, chap. y, nomme ce port Odeflus. (D. J.) | ORDINAIRE , adj. ce qui arrive fréquemment: on dit le train ordinaire de la vie; c’eft un évêne- ment ordinaire ; c’eft fa maniere d’agir ordinaire, &tc. ORDINAIRE, ( Jurifprud. ) ce terme a dans cette matiere plufieurs fignifications différentes. On appelle juges ordinaires ceux qui fervent toute l’année , à la différence de ceux qui ne fervent pas toute l’année. Il y a des confeillers d’état ord'naires, & d’autres femeltres. Il y a des cours qui font or- dinaires, commé le parlement de Paris, d’autres qui font femeftres , comme la chambre des comptes, la cour des monnoïies. On entend aufü par juge ordinaire Le juge propre OR D & natutel de chacun , à la différence des juges d’ats tribution 6t de privilege qui font des juges extraor: dinaires, Un procès ordinaire eft un procès civil: on reçoit les parties en procès ordinaire quand on civiife l’af faire , fauf à reprendre la voie extraordinaire $il Y échets, c’eft-à-dire la voie criminelle. Suivant l’ancien ftyle du parlement, toutes les caufes qui étoient au rôle des provinces font à l’or- dinaire, c'elt-à-dire aux audiences ordinaires, au-heu que celles qui fe pourfuivoient fur placets font à l'extraordinaire, c’eft-à-dire à des jours autres que ceux des rôles des provinces, c’eft pourquoi les procureurs au parlement cotent encore les doffiers de ces fortes de caufes de ce titre extraordinaire. Les maîtres des requêtes & Îe tribunal des requé- tes de Phôrel jugent à l'ordinaire, étant fouvetains à l'ordinaire. Ils rendent des fentences au nombre de trois juges ; au fouverain ils rendeñt au nombre de fept des arrêts fur les matieres qui font de leur jurif- chétion au fouverain, Voyez REQUÊTES DE L’'HOS- TEL. _ On appelle frais ordinaires de criées , les procé- dures qui fe font pour lPinftruétion du decrér & la fureté de la vente, lefquels font dûs par l’adjndica- taire outre le prix de l’adjudication : les frais extra- ordinaires font ceux que l’on fait pour faire juger les oppofñitions formées au decret ; ceux-ci fe pren- nent par préférence fur le prix de la chofe vendue. À Paris la queftion ordinaire eft de fix pots d’eau que l'on fait boire au patient fufpendu fur le petit treteau ; la queftion extraordinaire eft de fix autres pots avec le grand treteau. Voyez QuesrTioN & TORTURE. (4) | ORDINAIRE, (Jurifprud. canon.) eft l'archeve- que, évêque, on autre prélat qui a la jurifdiétion eccléfiaftique dans un territoire, proprius paftor, few Judex proprius. On entend auffi par collateut ordinaire tout béné- ficier auquel appartient naturellement & de droir la collation d’un bénéfice, Le pape renvoie aux collateuts ordinaires, c’eft-à- dire aux évêques, l'examen de ceux qu'il pourvoit de cures. - C’eft à l'ordinaire à donner le vifa des provifions qui ne font point en forme gracienfe, Depuis que dans le concile de Latran le pape s’eft attribué la collation des bénéfices par prévention fur tous les collateurs ordinaires ; on le qualifie ordi. naire des ordinaires , & c’eft en cette qualité que par le concordat 1l s’eft réfervé ce droit de prévention fur les collateurs ordinaires. Les ordinaires qui ne font pas évêqnes ne peuvent pas décerner des monitoires, pour en obtenir il faut s’adreffer au pape, & cette expédition s'appelle zx forma fignificavit : exécution de ces moniroires eff ordinairement adreflée aux évêques voifns ou à leurs oficiaux. Il y a des chapitres & abbayes qui ont des exemp- tions de lordinaire. Voye{ EXEMPTION. Voyez auffr ALTERNATIVE, COLLATION, JURISDICTION EC= CLESTASTIQUE , MOIS APOSTOLIQUE, OBÉDIEN- CE, VISA. (4) ORDINAIRES, f. m. ( Hi. ane. ) c’étoit autrefois le nom d’une forte de gladiateurs qui devoient don- ner des combats à certains jours marqués. Voyez GLADIATEUR. ! _ ORDINAIRE, ( Comm. ) jour de pofte, auquel les couriers ont coutume departir d’un lieu où d'y arri- ver. Je vous ai écrit l’ordinaire dernier, c’eft-à-dire ar le dermier courier, | On dit l'ordinaire de Paris, de Lyon, de Vénife, Gc. pour figmifier la pofte établie pour porter lés paquets de lettres deflinés pour ces différentes vil- es où le jout que les couriers en païtent ou y atti- vent, | ere. ere Les marchands, négocians, banquiers, Ge. qui font chargés de beaucoup d’affaires doivent être exaûs à ne point laïfler pañler d’ordirares fans écrire à leurs correfpondans, Courier ordinaire, c'eft un courier dont le départ eft marqué à un jour fixé, Courier extraordinaire, c’eft celui qu’on fait partir exprès fuivant les affai- res qui fe préfentent, où pour faire plus de dili- gence: Ordinaire, C’eft auf, ex terme de Commerce de mer, ce qué chaque matelot peut porter avec lui fur un vaifleau marchand de hardes ou de petites marchan- difes, qu'on nomme autrement portée & pacorille, Foyez PACOTILLE. Diéfion. de Comm. ORDINAL, adj. (Gram.) on nomme ainf en Grammaire tout mot qui fert à déterminer l’ordre des individus. [l y en a de deux fortes, des adjedtifs & des adverbes.. Les adje@ifs ordinanx font premier, fécond ou deuxiente , troifiente, guatrieme, cinquierme, GC. der- nier. Les adverbes ordiraux font premicrement, feconde- nent où deuxiemement, troifemement , quatriemement ; cinquiemement , &cc. l’aädvéfbe dérniererenr n’eft point drdinal comme l’adjeétif dernier , il fignifie depuis peu de cems : l’adverbe ordinal correfpondant à dernier, éft remplacé par er dernier lieu, enfin, &c. Voyez Nomgre. (B. E. R. M.) | ORDINAL, terme d’Arithmétique, ce mot fe dit des nombres qui marquent l’ordre des chofes ou en quel rang elles font placées. Le preitiér, le dixre- ine, le centieme , &c. font dés nombres ordiraux. | ORDISAL, {. M. (Æ1f8. ecclefiat.) chez lés Anploïs eft le nom qu'ils donnent à un livre qui contient la maniere dé conférer les ordres & de faire le fervice divin. RE Ce livre fut compofé après la réformation &c le regne d'Henri VIII. fous celui d'Edouatd VI. fon fuccefleur immédiat, pour le fubftituer au pontifi- cal romain. Il fut revà par le clergé én 1552, & le parlement l’antorifa pour fervir de regle dans tout le royaume. | Le pere le Quien, M. Fenel, & quelques autres qui dans ces derniers remis ont écrit contre la validité des ordinations angloifes, ont penfé que l'ordinal d'Édouard étoit l'ouvrage de la puiffance laïque ; mais le pere le Courayer dans la défenfe de fa dif- fertation fur la validité des mêmes ordinations, foutient que ce livre fut lonvrage du clergé, &c que le roi & le parlement ny eurent d'autre part qu’en l’autorifant pour avoir force de loi dans tout le royaume: on peut voir les preuves que cet au- teur en apporte dans le livre que nous venons de Citer, rom. II. pare, II. Liv. V, ch. j. ORDINANT , f. m. ( Gram. } il fe dit de celui qui confere les ordres & de celni qui les reçoit : l'ordinant doit dire la mefle. Les ordinans ont été féverement examinés. Le prélat a penfé qu'il y avoit moins d’inconvénient à rifquer de fermer la porte de l'Eglife à un bon fujet que de l'ouvrir à un mau- vais, parce qu'il n’y a rien de pire qu’un mauvais prêtre , quoique peut-être on ne puifle dire qu'il” y a rien de meilleur qu'un bon. | * ORDINATION , f. f. ( Théolog. ) eft Paétion de conférer les ordres facrés, &, parmi les Proteftans, la cérémonie d’inftaller un candidat d’églife réfor- mée , dans le diaconatou dans la prêtrifé. Voyez OR- DRES 6 RÉORDINATION. Selon un théologien moderne, ordiration eff le ritextérieur qui éleve au mimiftere évangélique , & l’on ne doit pas la confondre avec l’ordre, La raï- fon qu’ilen apporte eft que l’ordre eft l'effet de Pori- ORD su hation, 8e n’eft A proprement parler que l'état dans léquel on ft conftitué par la voie de l’ordenation, Les Théologiens catholiques définiflent l'ordira: on un facrement de la nouvelle loi, qui donne lé pouvoir de faire les fonétions eccléfäftiques, & la grace pour les exercer faintement. | On eft partagé dans les écoles fur la matiere ca forme de ce facrement : les uns admettant pour ma- tiére eflentiellé l'impofition des mains feules, & pour feule forme eflentielle la priere ; & ne reconnoiffant la porrection desinftrumens , c’eft-à dire, du calice , de là patene, &c. qu’on fait toucher aux ordinans , que comine matiere accefloire & intégrale. D’autres regardent cette derniere cérémonie Comme matieré éflentielle, & un troifieme fentiment lès réunit tou- tes deux comme matiere totale & adéquate, Voyez MATIERE 6 FORME. Le premier féntiment eft lé plus fuivi, | L’ordination des évêques s'appelle plus propres ment confécration. Voyez EVÈQUE & CONSÉCRAS TION. | L'ordination atobjouts été regardée comme la prin: cipale prérogative des évêques, qui en regardent auf les fonétions comme une efpece de marque de leur fouveraineté fpirituelle dans leur diocèfe, Sous l’ancienne difcipline de l’églife anglicane of ñe connoïfioit point d’ordnation vague & abfolue ; mais tout clerc étoit obligé de s’attacher à quelque éghite d’où il devoit être ordonné clerc ou prêtre: Dansle douzieme fiécle on fe relâcha fur cette cou= tume , & on ordonna des clercs , fans qu’ils fuffent pourvus d'aucun titre ou bénéfice, Voyez BÉNÉFICE, Le concile de Trente a fait revivre l’ancienne dif- cipline, & a défendu d’ordonnef quiconque ne fe= roit point pourvu d’un bénéfice capable de le faire fubfifter. En Angleterre, on confetve encore une ombre de cette difcipline. Voyez COMMANDE. LesRéformés foutiennent que le choix du peuple eft la feule chofe qui foit eflentielle pour la validité du miniftereeccléfiaftique, &c ils enfeignent que l'or dinrafion n'eft qu'une cérémonie qui rend le choix du peuple plus augufte & plus authentique. Le concile de Rome , tenu en 744, ne permet de faire les ordinarions que dans le premier, le quatrie: me , le feptieme &c le dixieme mois de l’année, En Angletèrre ; Les jours des ordiations {ont lés quatre dimanches qui fuivent immédiatement les quatre= tems ; favoir, Le fecond dimanche dé carême, le di= iahche de la Trinité, & les deux dimanches qui fui venht le premier mercredi après le 14 de Septembre, & lé 13 Décembre. - Le pape Alexandre IT. condamne les ordinations qu'on appelle, après lui, per /alrum , c’eft-à-dire , lorfqwon reçoit un des trois ordres majeurs fans avoir pañlé par les quatre mineurs; ou plutôt encore un des ordres majeurs fans avoir recu celui qui le précede, comme la prêtrife fans avoir recu le diacos nat : mais quelques Théologiens foutiennent que ces ordinations fetoientillicites & non-invalides , qu’on peut être prêtre fans avoir été diacre, évêque fans avoir èté prêtre , & ils croiént le prouver par des exemples. Ona vivement difputé dans ces derniers tems pour ou contre la validité des ordinations faites dans l’éghfe anglicané , & cette queftion 4 occa- fionné divers écrits pléins de recherches 8 d’éfudi- tion. Depuis la téformation, les Anglicans fe font toûrs Jours attachés à montrer que leurs évêques étoïent véritablement confacrés, & par conféquent que la fucceffion épifcopale n’avoit pas manqué dans leur éghiie, Les Catholiques , des le regne d’Ehfabeth & depuis, leur ontcontefté cette prérogative ; & , pour la fapper dans fon fondement , ils ont prétendu que | Parker & Batlow , la tige de tout l'épifcopat añglican 582 proteftant, n’ayant pas été véritablement confacrés évêques, tous ceux qu'ils ont ordonnésen cette qua- lité & les fuccefleurs de ceux-ci n’ont point eu le ca- ra@tere épifcopal, & par une derniere conféquence qu'iln’y à plus d’épifcopat en Angleterre. Cette queftion en embraffe néceflairement deux : lune de fait, & l’autre de droit. = À La queftion de fait confifte à favoir fi Parker, qu’on regarde comme la tige de tout l’épifcopat an- glican, a été réellement confacré évêque ; & fi Bar- low fon confécrateur, qui a été évêque de Saint-Da- vid , & depnisévèque de Chichefter, a lui-mêmeété ordonné évêque: car s’il ne l’apasété , il eft certain qu'il n’a pù facrer Parker. La queftion de droit fe réduit à prouverfi la forme dont on s’eft{ervie pour confacrer Barlow &Parker, a été défeétueufe ou non, fielle a péché ou non dans quelque chofe d’effentiel. Pr Nous allons donner une idée des principaux moyens qu’on a allégués pour & contre furcesdeux queftions. , Sur la premiere, les Catholiques ont avancé que Barlow n'avoit jamais été véritablement évêque, parce qu’étant proteftant dans Le cœur , il avoit omis de fe faire confacrer après {a nomination à l'évêché de Saint-David fous Henri VIIL. ayant été dans ce tems occupé pour la cour à une nésociation en Ecofle, qui confuma tout l'intervalle pendant lequel les Anglicans veulent qu’il ait été confacré ; 2°. qu'on ne trouve point laéte de fa confécration; 3°. que Parker fut confacré à Londres dans une auberge qui avoit pour enfeigne la séce de cheval, & que cette cé- fémonie s’y pañla d’une maniere indécente & pleine de dérifion ; 4°. que Parker ne fut point confacré à Lambeth, palais proche de Londres, qui appartient aux archevèques de Cantorbery, & que les regiftres qu'on apporte en preuve de ce fait ont été falfifiés. Sur la feconde , lesuns, comme le fieur Feneil, ont dit que l’ordinal d'Edouard VI. étant ouvrage de la puiflancelaique, desévêques confacrés fuivant çe rit, n’ont pü recevoir la confécration épifcopale. D'autres, comme le pere le Quien, dans fon livre intitulé Mullite des ordinations angloifes , {e font atta- chés à répandre des doutes légitimes fur ces ordira- tions, &t capables, felon eux, de la faire réitérer. Pour cela ils ont entrepris de montrer que dans le nouvel ordinal les Anglicans avoient altéré effen- tiellement la forme de l’ordination, parce que, di- fent-ils, cette forme doit faire une mention ou ex- prefle ou du-moinsimplicite du facerdoce & du fa- crifice, felon la foi de léglife catholique ; or la forme de l’ordinal anglican n’en fait nulle mention. D'ailleurs on fait que les Anglicans ont aboli chez éux le facerdoce &c le facrifice, qu'ils rejettent la préfence réelle & la tranfubftantiation, quientrent néceflairement dans l’idée du facrifice de l’églife ca- tholique & qui en font comme la bafe. Enfin, ils ont regardé comme une loi fur cette matiere l’ufage de l'églife de Rome , qui réordonne tous les prêtres an- glicans qui rentrent dans fa communion. Les défenfeurs de la validité des ordinations an- gloifes , & principalement le pere le Courayer, chanoine régulier,ancien bibliothécaire de fainte Ge- neviéve de Paris, foutiennent 1°. que Barlow a été réellement confacré , puilqu'il a aflifté en qualité d’évêque aux parlemens tenus fous Henri VIII. de- puis 1536; & qu'une des lois du royaume d’Angle- terre interdit aux évêques non-confacrés la féance au Parlement. 2°. Que fon voyage en Ecoffe quoi- que réel eft arrangé d’une maniere romanefque par les auteurs dont nous venons de parler; que Bar- low a pù être de retour à Londres plutôt qu'ils ne prétendent & s’y faire confacrer ; que la perte de fon aîtede confécrationn’eft qu'une preuve négative qui ORD n'infirme nullement la réalité du fait. 3°, Que la cé= rémonie de l’auberge eft une fable ridicule qui n’a été produite pour la premiere fois que plus de qua- tre-vingt ans après l'événement en queftion ; qu’elle fe dément par les circonftances mêmes dont on l’ac- compagne, 6c aux autorités dont on l’étaie & qu'il détruit , il en oppofe d’infiniment fupérieures. 4°. 11 démontre que la confécration de Parker s’eft faite à Lambethle 17 Décembre 1559 par Barlow , affifté de Jean Scory, élu évêque d'Hereford, de Miles Coverdale, ancien évêque d’Excefter , & de Jean Hoogskius , fuffragant de Bedford. L’aûte de cette confécration fe trouve dans les œuvres de Bramhall & dans l’hiftoire de Burnet. On letrouve auffi en ori- ginal dans les regiftres de Cantorbery & dañs la bi bliotheque du college de Chrift à Cambridge. Cet auteur a donné copie de tous ces ates & d’une inf- nité d’autres qui démontrent pleinement la queftion de fait. Quant à celle dedroit, il s’eft propofé de montrer que l’impofition des mains & la priere étant la ma- tiere & la forme eflentielle de l’ordinarion , lune & l’autre étant prefcrites dans le rituel d’Edouard VI. & ayant été obfervées dans la confécration de Par- ker & des autres, cela fufit pour la validité des ordi- nations, 2°. Que s’il faut dans la forme une mention virtuelle du facerdoce & du facrifice, on trouve dans la forme anglicane une analopie fuffifante pour cela. 3°. Que les erreurs particulieres des Anglois fur le facerdoce &c le facrifice ne détruifent point la vali- dité de leurs ordinations , parce que les erreurs des hommes ne font rien à la validité ou l’invalidité des facremens, pourvû qu’enlesadminiftrant on emploie la matiere &c la forme prefcrites. 4°. Que l’ordinal d'Edouard a été dreflé par des évêques & des théo- logiens , fans que ni le roi ni le parlement y aient eu d'autre part que de l’autorifer, comme on fait en Angleterre toutes les pieces qui doivent avoir force de loi ; que Calvin ni les Calviniftes n’ont point concouru à la compoñtion de cetouvrage. 5°, Aux doutes de l’églife romaine qu'il croit mal fondés & infufiifans pour en venit à une réordination, il op- pofe l'autorité de Cadfemius, de Walsh, de M, Bof- fuet & de M. Snellaerts, d’où 1l conclut que la vali- dité des ordinations angloifes ne pourroit être qw’a- vantageufe à l’églife romaine en facilitant la réunion des Anglicans avec elle. Tels font les diverspointsque cet auteur a traités avec beaucoup de force & d’étendue : 1°. dans {æ differtation fur la validité des ordinations angloïfes , imprimée en 1723 ; & 2°. dans la défenfe de la mê- me diflertation qui parut en 1726, où en répondant aux diverfes critiques qu’on avoit faités de fon pre- mier ouvrage , il en établit de nouveau les preuves par des aétes ou par de nouveaux raifonnemens. La quefhion de fait y eft entierement éclaircie. On ne peut pas dire exaétement ia même chofe de celle de droit. Il eut été à fouhaiter qu’en la traitant l’auteur eût évité certaines difcuffions théologiques fur la na- ture du facrifice , qui l’ont conduit à des propofñ- tions erronées ou téméraires qui furent condamnées par l’aflemblée du clergé de France en 1728 ; & qu'il n’eûtpas eu la témérité de traiter d’infufifans & de mal fondés les motifs qui ont porté l’Eglife à ordon- ner de nouveau ceux qui ont êté ordonnés felon le rit anglican. Nousrenvoyons les leéteurs aux écrits du pere le Courayer & de fes adverfaires fur cette matiere intéreflante, que les bornes de cet ouvrage ne nous ont permis que d'indiquer. Il eft de principe parmi les T'héologiens que quel= que corrompu que foit un évêque, les ordinations qu'il fait font valides quoiqu'illicites. Auffi voit-on par lPHiftoire que l’Eglife a toüjours admis comme valides les ordinarions faites par les fimoniaques, les intrus intrus, les excommuniés, les fchifmatiques &c les hérétiques. . | Les évêques ne peuvent pas ordonner ni toutes fortes de perfonnes , ni des perfonnes de tout fexe : fa difcipline de l’Eglife les oblige à fe reftreindre à . feurs diocéfains , & de ne point ordonner d'étrangers fansle confentement des évêques auxquels ces étran- gers font foumis. C’eft la décifion du premuer concile de Nicée, can. xvij. Les femmes ne peuvent être élevées aux faints ordres ; &c, s’il eft parlé dans l’Hif- toire de prêtrefles , de diaconefles, &c. on fait que ce n’étoient point des noms d'ordre, Enfin, celui qu'on ordonne doit au-moins avoir été baptifé, parce que le baptême eft comme la porte de tous les autres facremens. L’ordination conférée à un homme contre fon gré & {on confentement , eft nulle de plein droit. * ORDINATION per Jaltum, ( Droit canon. ) On appelle l’ordination per faltum , quand oncontere ou qu’on reçoit un ordre fupérieur fans avoir pañlé par les inférieurs ; par exemple , fi on étoit ordonné prêtre fans avoir été auparavant ordonné diacre. Les ordinations per faltum ont toûjours été prohibées ; & fi l’on s’écartoit quelquefois en cela de l’exaëtirude des canons , ce n’étoit que pour des'raifons les plus preffantes, comme on fit pour faint Cyprien & faint Auguftin, qu'on éleva à la prêtrife fans les avoir fait afer par les ordres inférieurs. ( D. J.) ORDINGEN, ( Géog. ) On écrit auffi Ordungen & Urdinger , petite ville d'Allemagne dans léleéto- rat de Cologne. Le maréchal de Guébrian y battit les Heflois en 1641, & prit la ville en 1642. Elle eft fur le Rhin, aux confins du comté de Meurs, Gele- nus la nomme caffra Ordeonii ;.& c’eft près de-là qu’eft le village de Gelb , qui paroît être la Ge/duba des anciens, Long. 24. 15. lar. 51. 33, ( D. J.) ORDISSUS , ( Géog. anc. ) riviere de la Sarma- tie en Europe ; c’eft une de celles qui tombent dans le Danube. Peucer dit que les Hongrois la nomment Craffo dans leur langue. (D. J.) ORDONNANCE , f, f. (Jurifprudence, ) eft une loi faite par Le prince pour régler quelques objets qui méritent l'attention du gouvernement. , Leterme d'ordonnance vient du latin ordinare, qui fignifie ordonner , c'eft-à-dire , arranger quelque chofe, y mettrel’ordre. En effet, on écrivoit ancien- nement ordremance, pour exprimer quelque arrange- ment ou difpofñition, Ce terme fe trouve employé en ce fens dans quelques anciennes chartes & ordonnan- ces ou réglemens, comme dans l’accord ou concor- dat fait en 1275 entre Jean dir le Roux, duc de Bre- tagne , & quelques-uns des barons & grands no- bles de la province ; fauf, y eft:il dit, l'ordrezance ref- nable au juveigneur, c’eft-à-dire , fans préjudice de la difpofition convenable que le puine ( 7wzior ) peut faire. Ce concordat eft à la fin de la irès-ancienne coutume de Bretagne : cependant le terme ordinare fe trouve employé dans le tems de la feconde race, pour dire ordonner, Aimoin qui vivoit dans le neuvie- me fiecle , dit en parlant des capitulaires de Char- lemagne, Gv. W, chap. 35. placitum generale habuit bi per capitula , qualiter fignum Francie , féluus Juus Ludovicus regeret | ordinavit. Du latin ordinare on a fait ordinatio ; un grand nombre des anciennes ordonnances latines commen- coient par ces mots, ordinatum fuir. De tout cela s’eft formé le terme françois d’ordrenance ou ordon- nance : on difoit aufli quelquefois ordrezement pour ordonnement ; &t quoique dans l’origine ce terme d'ordonnance ne fignifiât autre chofe qu’arrangement ; néanmoins comme ces arrangemens ou difpoñfions étoient faits par une autorité fouveraine, on a atta- ché au terme d'ordonnance l'idée d’uneloiimpérative € ablolue. : F _ Le terme françois d'ordonnance , ni même le latin Le Tome XI, | OR D 583 ordinatio , dans le fens où nous le prenons pour Lo; , n’étoient point connus dés anciens. Les réglemens que firent les anciens légiflateurs chez les Grecs , étoient qualifiés de loi. Il en fut de même chez les Romains : ils appel- loïent oi les réglemens qui étoient faits par tout le peuple affemblé à la réquifition de quelque mapgiftrat du fénat. Le peuple faifoit aufi des lois avec laffifiance d’un de fes magiftrats, tels qu'un tribun; mais ces lois étoient nommées péebifcires. Ce que le fénat ordonnoit s’appelloit un ezatus- confulte. Les réglemens faits par les empereurs, s’appel. loient principurn placita où confhturtiones prirnicipurm, On verra que cette derniere dénômination a été aufñ empioyée par quelques-uns de nos rois. Les conftitutions des empereurs étoient générales ou particulieres, Les générales étoient de trois fortes : favoir, des édits, des refcripts & des decréts. Les édits étoient des conflitutions générales que le prince faifoit de fon propre mouvement pour la police de l’état ; il y avoit d’autres édits qui étoient . faits par les magiftrats , mais qui n’étoient autre chofe que des efpeces de programmes publics, par lefquels ils annonçoient la forme en laquelle ils fe propofoient de rendre la juftice fur chaque matiere pendant l’année de leur magiflrature. Nous n'avons pas en France d’édits de cette efpèce ; mais nos rois font auffi des édits qui ont le même objet que ceux des empereurs, & qui font compris {ous le terme général d'ordonnances, Les refcripts des empereurs étoient des réponfes aux requêtes qui leur étorient préfentées , où aux mé- moires que les magiflrats donnoient pour favoir de quelle maniere ils devoient fe condture dans certai- nes affaires, Nous avons aufli quelques anciennes ordonnances , ou lettres de nos rois, qui font en forme de refcripts. Les decrets étoient des jugemens que le prince rendoit dans fon confiftoire , ou confeil fur les afai- tes des particuliers; ceci revient aux arrêts du con- feil privé. Les quahfications de decret ou d'édir fe trouvent employées indifféremment dans quelques anciennes ordonnances de nos rois. Enfin, les confhitutions particulieres étoient celles qui étoient faites feulement pour quelque perfonne Ou pour un certain COtpS, de maniere qu’elles ne ti- roient point à conféquence pour le général, On trouve quelques anciennes ordonnances latines de nos rois, qui font pareillement quahfiées de conftiu- tions : préfentement ce terme n’eft plus ufté. Ces fortes de conftitutions revenoient aux letrres-paten- tes que nos rois accordent à des particuliers, corps & communautés. Les ordonnances quiavoient lieu en France dutems de la premiere race, reçurent divers noms : les plus - confidérables furent nommées lois , comme la loi gomberte, la loi ripuaire , la loi falique on des Francs. Il y eut encore quelques autres lois faites par nos rois de la premiere race, pout d'autres peuples qui étoient foumis à leur obéiflance , telles que la loi des Allemands , celles des Bavaroiïs & des Saxons, celle des Lombards , 6c. Toutes ces lois ont été re- cueillies en un même volume fous le ritre de /ois an. tiques, La loi falique on des Francs, qui eft une des plus fameufes de ces lois, eft intitulée paëun legis falice ; il eft dit qu'elle a été réfolue de concert avec les Francs. La loi des Allemands faite par Clotaire, porte en titre dans les anciennes édiuons , qu’elle a été ré- ER S 554 OR D folue par Clotaire , par fes princes on juges , c’eft- à-dire par trente-quatré évêques, frente-quatre ducs, foixante-ouze comtes , & mème par tout le peu- pe. La loi Bavaroiïle , dreffée par le roi Thuiery, re- vüe par Childebert , par Cloraire , & en dernier lieu par Dagobert , porte qu'elie eft Pouvrage du roi, de fes princes & de.tout Le peuple chrétien qui compole le royaume des Mérovingiens. La loi gombette contient les foufcriptions de trente comtés, qui promettent de l’obferver , eux ëz leurs defcendans, | La principale matiere de ces lois, ce font les cri- mes êx fur. tout ceux qui étoient les plus fréquens chez des peuples brutaux , tels que le vol, le meur- re , les injures ; la peine de chaque crime y ef ré- glée felonles circonfiances, à l'égard defquelles la loi entre dans un fort grand détail, voyez ce qui eft dit de ces lois dans l’hiffoire du Drois françois de M. Pab- bé Fleury, & ce qui a été dit ici au mot code des lois antiques, & au mot lois antiques , £ aux arti- cles où il eft parlé de chacune de ces lois en parti- culier. Il y eut quelques lois de ja premiere race qui fu- rent nommées édiss , tel que l’édit de Théodoric, roi d'Italie, qui fe trouve dans ce code des lois an- tiques. D'autres furent nommées en latin conflitutiones. D'autres enfin furent appellées capitulaires, parce que leurs difpoñitions étoient difinguées par chapi- tres ou plutôt par articles que l’on appelloit capitula. Ces capitulaires fe faifoient par nos rois dans des affemblées , compotées d'évêques & de feigneurs ; &z comme les évêques y étoient ordinairement en grand nombre,&c que l’on y traitoit d’affaires ecclé- faftiques , ces mêmes aflemblées ont fouvent été qualifiées de concile, Le recueil des capitulaires de l’é- dition de M. Baluze , comprend quelques capifulai- res du tems de la premiere race, lelquels remon- tent jufqu’au regne de Childebert. Les ordonnances qui nous reftent des rois de Ja fe- conde race, font toutes qualifiées de capitulaires, & comprifes dans l'édition qu’en a donnée M, Baluze en deux volumes £#-folio avec des notes. Les capitulaires de Charlemagne commencent en l'an 768 , premiere année de fon regne ; ilyena des reones fuivans, jufques &c compris lan 921,tems fort voifin de la fin du regne de Charles le Simple, La coliettion des capitulaires porte en titre capi- tula regum & epifcoporum ; maxtmèque nobillum fran- COfELTIL OT TTLILTIE, Et en effet, ils font appellés par les rois Zeur ou- vrage 6 celui de leurs feaux. Charlemagne en par- lant de ceux faits pour être inférés dans la loi fali- que , dit qu'il les a fait du confentement de tous ; celui de 816 porte , que Louis le Débonnaire a’af- femblé les grands eccléfiaftiques &c laïcs pour faire un capitulaire pour le bien général de l’églife; dans un autre il remet à décider juiqu’à ce que fes feaux foient en plus grand nombre. | Charles le Chauve dit , tels font les capitulaires de notre pere que les Francs ont jugé à-propos de reconnoître pour loi, & que nos fideles ont réfoiu dans une afflemblée générale , d’obferver én tous tems; & dans un édit qu'il fit à Poiffy en 844. pour une nouvelle fabrication de monnoie , il eft dit que cet édit fut fait ex con/enfu, par où l’on entend que ce fut dans une aflemblée du peuple, ré Les capitulaires font diftingués en plufeurs occa- fions d'avec les autres lois qui étoient plus ancien- nes ; & en effet, il y avoit différence en ce que les capitulaires n’ayoient été.faits que pour fuppléer ce qui n’avoit pas été prévà par les lois, cependant ils avoient eux-mèmes force de lois ; & l’on voit « ans plufieurs capitulaires de Louis lé Débennaite & de Charies le Chauve , qu’ils ordonnént que les capitulaires féront tenus pour loi. Ceux de Charlemagne forment même un corps complet de légiflation politique, eccléfiaftique , mi- Ltaire, civile & économique. Les lois & capitulaires , tant de la premiere que de la feconde race, fe faifoient donc dans des af femblées de la nation qui fe tenoïent en plein champ, 2 1 & qu'on a appelées parlement, parce que c’étoit dans ces affemblées que l’on parloir & traitoit des affaires fur leiqnelles le roi vouloir bien fe concer- ter avec {es fujets. Sous la premiere race , ces afflemblées fe tenoïent au mois de Mars, d’où on les appelloit quelquefois champ de Mars ; d’abord toutes les perfonnes libres ÿ étoient admifes , le peuple comme les grands ; mais la confnfion que canfe toujours la multitude ” fit que l’on changea bien tôt la forme de ces aflem- blées. On afflembla chaque canton en particulier , & l'on n’admit plus aux affemblées générales que ceux qui tenoient quelque rang dans l’état ; les évê- ques y furent admis de fort bonne heure, c’eft de-là que Grégoire de Tours , Reginon &-autres auteurs nomment {ouvent ces aflemblées fÿnodes où con- ciles. | Ces mêmes aflemblées font nommées dans la loi falique mallus ; mot tudefque qui veut dire parole ; c’éroit-là en effet que la nation parlementoit avec le roi, c’eft-à-dire conféroit, communiquoit avec lui ; elles furent auffi appellées judicium francorum & plactium, & dans la fiute perlamentum parlement. velles lois &z capitulaires , ou autres ordonnances : on y délibéroit entr’auttes chofes de la confervaz tion des lois & des changemens qui pouvoient être néceffaires. | Aurelie , ces affemblées, foit générales ou rédui- tes à un certain nombre de perfonnes, ne fe tenoient point par une autorité qui fût propre à la nation ; ë l’on ne peut douter , {uivant Les principes univer- fellement reconnus parmi nous, que rien ne fe fai- foit dans ces aflemblées que par la permiffion du roi. Auf voit-on que nosrois en changerent la forme, &t même en interrompirent le cours , felon qu'ils le Jugerent à propos : le pouvoir & la dignité de ces aflemblées ne furent pas long-rems uniformes ; elles ne refterent pas non plus long-tems dans leur inté- grité, tant à caufe des différens partages qui fe f- rent de la monarchie, qu’à cauie des entreprifes de Charles Martel , lequel irité contre le clergé qui compoñoit la plus orande partie de ces affemblées les abolit entierement pendant les vingt-deux ans de fa domination, {es enfans les rétablirent. Pepin les transfera au mois de Mai, il y donna le premier rang aux prélats ; Charlemagne rendit ces affem- blées encore plus auguftes, tant par la qualité des perfonnes qui s’y trouvoient, que par l'ordre qu’il y établit & par la bonté qu’il avoit d'écouter les avis de fon peuple au fujet des lois que l’on propo- foit dans ces aflemblées, cherchant ainf à prévenit toutes les difficultés & les inconvéniens qui auroient pi fe trouver dans la loi. Les lois antiques de la premiere race continue= A 1 0 æ . ” + rent à Être obfervées ayec les capitulaires jufques vers la fin de la feconde race, dans tous les points auxquels il n’avoit pas été dérogé par les capitulai= res ; la loi falique fait même encore une de nos plus faintes lois par rapport à l’ordre de fuccéder à la couronne, r Du refte, toutes ces lois anciennes & le furplus’ de la loi falique elle-même , ainfi que les capitulat- tes, fans avoir jamais été abrogés formellement , C’eft dans ces aflemblées que fe faifoient les nou- . OR D tômberent peu-à-peu dans l'oubli, à caufe du chan- _&ement qm arriva dansla forme du gouvernement, lequel introduifit aufli un nouveau droit. En effet, les inféodations qui furent faites vers la fin de la feconde race &7 au commencement de la troifieme race, introdufrent le droit féodal, Sous Louis le Gros , lequel commença à affran- chir les fiefs de fon domaine , tout fe régloit en France par le Droit des fiefs, celui des communes &c bourgeoïfies, & des main-mortes. Tous ces ufages ne furent point d’abord rédigés par écrit dans une révolution, telle que celle qui arriva dans le gouvernement ; on étoit beaucoup plus occupé à fe maintenir par les armes , que du foin de faire des lois. Dépuis les capitulaires qui finiffent, comme on l'a dir, en 921, l’on ne trouve aucune ordonnance faite par les rois de la feconde & de la troifieme races jufqu’en 1051, encore jufqu’à S. Louis; f Pon en excepté une ordonnance de 1188. fur les déci- mes, & celle de Philippe Augufte en 1190, ce ne font proprement que des chartres ou lettres parti- culieres ; dans le prenuer volume des ordonnances de la troifieme race , on n’a inféré que dix de ces lettres , qui ont été données depuis Van 1051. ju{- qu’en 1190 , étant les feules qui contiennent quel- ques réglemens, encore ne font-ce que des régle- mens particuliers pour une ville, ou pour une égli- fe ou communauté , & non des ordonnances généra- les faites pour tout le royaume. Les ordonnances que nous avons depuis Henri I. font toutés rédigées en latin jufqu’à celle de S. Louis de l’année 1256. qui eft la premiere que l’on trouve écrite en françois, encore eft-1l incertain fi elle a été publiée d’abord en françois ou en latin. Il y en eut en effet encore beaucoup depuis ce tems qui furent rédigées en latin ; on en trouve dans tous les regnes fuivans jufqu'au tems de François I » lequel ordonna en 1539. que tous les aétes publics feroient rédigés en françois ; mais pour ce qui eft des ordon- nances, elles étoient déja la plüpert en françois, fi ce n’eft les lettres patentes qui regardotent les pro- Vinces, villes & autres lieux des pays de droit écrit, qu'on appelloit alors la /arguedoc, lefquelles étoient ordinairementen latin: les ordonnances géné- rales,& celles qui concernoient les pays de la langue- doil ou pays coutumier étoient ordinairement rédi- gées en françois , du-moins depuis le tems de S. Louis. Les anciennes ordonnances, chartes ou lettres de nos rois ont reçu felon les tems diverfes qualifica- tions. | Henri I. dans des lettres de Pan 1051, portant ün réglement pour la ville d'Orléans, qualifie lui- même fa charte se//amentum noffræ autoritatis > quafr zeflimonium ; On remarque encore une chofe dans “ces lettres & dans quelques autres poftérieures, c’eft que quoique la perfonne de, nos rois fût ordinaire- ment qualifiée de rrajefié ; ainfi que cela étoit ufité dans Je tems de Charlemagne , néanmoins en par- lant d'eux-mêmes , ils ne fe qualifioient quelque- fois que de Jéréniré & de celfirude, celfitudinem noftre férenitatis adierit, mais le ftyle des lettres de chan- cellerie n’étoit alors ni bien exa@ , ni bien unifor- me, car dans ces mêmes lettres on trouve auffi ces mots z0/îræ majeflatis antoritare. ns Les lettres de l’an 1105. par lefquelles Philippe I. défend de s'emparer des meubles des évêques de Chartres décédés , font par lui qualifiées en deux endroits pragmatica fantlio ; On entendoit par-là une conftitution que le prince faifoit de concert avec les grands de l'état ,ou,felon Hotman, c’étoit un refcrit dû prince non pas fur l’affaire d’un fimple particulier, mais de quelque corps, ordre ou com- Tome XL. ORD 85 unauté; on appelloit un tel téglement pragmatique, parce quil étoit interpofé après avoir pris l'avis des gens pragmatiques , c’eft- à - dire des meilleurs praticiens , des perfonnes les plus expérimentées ; Janëtio eft la partie de la loi qui prononce quelque péine contre les contrevenans.. Ce reglement n'eft pas le feul qui ait été qualifié de pragmatique fanition; il y a entr'autres deux or- donnances fameufes qui portent le même titre ; l’une eft la pragmatique deS. Louis du mois de Mars1268; l’autre eft [a pragmatique-fanétion faite à Bourges par Charles VIE au mois de Juillet 1438, | Les lettres de Louis le Gros, de l'année 1118, concernant les ferfs de l’églife S. Maur des foflés, font qualifiées dans la piéce même de décrer ; & dans un autre endroit d’edis , noftræ inflitutionis edi&um ; mais dans ces premiers tems il {e trouve fort peu d’édits : ce terme n’eft devenu plus ufité que depuis le xvj. fiecie , pour exprimer des lois générales , mais ordinairement moins étendues-que les ordon- rances proprement dites. Le terme d'inftitution dont on vient de parler fe trouve employé dans d’autres lettres du même prin- ce, de lan 1128, oùil ditenflituo 6 decerno, ce qui annonce encore un decret. . Dans d’autres lettres de l’an 1134, il dit vo/umus & præcipimus. Louis VII dans des lettres de l’an 1145, dit, en parlant d’un reglement fait par fon pere, ffarutum ef? a patre noftro. Les lettres du même prince touchant la régale de Laon, font intitulées carta de regalibus laudunenfibus: mais On ne peut aflurer fi ce titre vient du copifte ou * de l'original. La plûpart de ceslettres font plutôt des privileges particuliers que des ordonnances ; cependant, com- me elles ont fait en leur tems une efpece dedroit , on les à compris dans la colle@ion des ordonnances. Philippe-Augufte étant fur le point de parur pour la Terre-fainte, en 1100, fitune ordonnance, qui eft intitulée te/famentum ; c’eft un réglement pour la po- lice dÿ royaume : il a été qualifié seffament, {oit parce que le roi y fait plufieurs difpoñtions pour la diffribution de fes trélors , au cas que lui & fon fils vinflent à mourir pendant ce voyage , ou plutôt cétte ordonnance a étéqualifiée se/fament , dans le mê- me fens que la chartre d'Henri premier,guafi teflimo- A1a noffr& autoriratis : quoi qu'il en foit , ce teftlament eft resardé par quelques-uns comme la plus ancien- ne ordonnance proprement dite , du tems de la troi- fime race. Le roi ne s’y fert pourtant point du ter- me ordonnons , mais de ceux-ci volumus, præcipimus, prohibemus, qui reviennent au même ; & il ne quali- fie ce teftament à la fin que de prefentem paginam, de même que d’autres lettres qu'il donna en 1197. Cette expreflion fe trouve encore dans plufeurs au- tres lertrespoftérieures ; mais ces mots font défi- gnatifs & non qualificatifs. Les premieres lettres où il fe foit fervi du terme ordinamus , font celles qu'il accorda à Puniverfité en 1200. CE terme ordinamus ou ordinatum fuir, fut fou- vent émployé dans la fuite pour exprimer les volon- tés du prince : cependant elles n’étoient pas encore défignées en françois-par le terme d'ordonnance, En faifant mention que les lettres alloient être fcellées du fceau du prince, & foufcrites defon nom; on mettoit auparavant à la fin de la plüpart des let- tres cette claufe de flyle, guod ur firmum € flabile maneat , où bien guod ur flabiltcatis robur obtinear; on forma de - [ile nom de ffabilimentum où établiffe- ment, que l’on donna aux ordonnances du roi, Beaumanoir dans fes coutumes de Beauvarlis dit, que quand le roi faifoit quelque établiflement fpé- ET Eee "1 586 ORD cialement en fon domaine , les barons ne laifloient pas d’en ufer en leurs terres , felon les anciennes coutumes ; mais que quand l’établiflement étoit gé- néral, ildevoit avoir cours.par-tout le royaume ; & nous devons croire, dit-il, que tel étabüflement étoit fait par très-grand confeil , & pour le commun profit. auffi des établiffemens ou ordonnances dans leurs do- maines , ce qui étoit un attentat à l’autorité royale, lequel fut depuis réprimé. La premiere ordonnance que l’on trouve, intitulée établiffemenr, eft celle de Philippe Auguñte,du premier Mai 1200. Il n’y a cependant pas dans Le corps de la piece la qualification de fabilimentum | comme elle fe trouve dans plufeurs autres femblables établiffe- mens : il eft dit en tête de celui-ci, que le duc de Boursogne, les comtes de Nevers , de Boulogne êc de S. Pol , Le feigneur de Dampierre, & plufieurs autres srands du royaume de France , font conve- nus unanimement, & ont confirmé par un confente- ment public, qu'à lavenir on en uferoit pour les fiefs, fuivant ce qui eft portéenfuite ; ce qui feroit croire que les établiflemens étoient des ordonnances conteftées avec les barons, & pour avoir lieu dans leurs terres , aufli bien que dans celle du domaine. Cependant le roi faifoit aufli des ordonnances qui n’avoient lieu que dans fon domaine , & qu'il ne laifloit pas de qualifier d’établiflement,ce qui fe trou- ve conforme à la diftinétion de Beaumanoir. C’eft ainfi que Philippe-Augufte fit, en Mars 1214, une ordonnance touchant les Croïfés , qui eft intitu- lée ffabilimentum cruce fignatorum , dans le fecond re- giftre de Philippe- Auguite , qui eft au tréfor des chartres; & néanmoins dans le premier regiftre il y a d’autres lettres touchant les Croifés, qui fontinti- tulées carte. On remarque feulement dans cet établiffement , que le roi y annonce, que du confentement du lé- gat , il s’eft fait informer par les évêques de Paris & de Soiflons de quelle maniere la fainte Eglife avoit coutume de défendre les libertés des Croifés, & _qu’information faite pour Le bien de la paix entre le facerdoce & l'empire, jufqu’au concile qui devoit fe tenir inceflamment , ils avoient arrêté que l’on obferveroit les articles qui font enfuite détaillés à la fin de cet article ; le roi ordonne qu’ils feront obfer- vés dans tout fon domaine jufqu’au concile ; maisil a foin de mettre , que c’eft fans préjudice des coutu- mes de la fainte Eglife , du droit & des coutumes du royaume de France, & de l’autorité de Ja fainte Eglife romaine : on voit par-là qu'il n’avoit pas fait tout feul'ce réglement ; qu'il w’avoit fait qu’adopter ce qui avoit été reglé par le légat &c par deux évé- ques, &c c’eft apparemment pour cela qu’il le nom- me établiffement. Son ordonnance du mois de Février 1218 touchant les Juifs, eft qualifiée par lui de confhturion : elle commence par ces mots Læc eff confhtutio, ainfi, toute ordonnance m'étoit pas quahfée d’érabliffe- ment. On a encore de ce prince deux établiffemens fans daté ; lunintitulé ffabilimentum , qui eft rédigé dans le} goût des capitulaires: en effet, 1l commence par ces mots primum capitulum ef, & enfuite Jecundum capitulum , & ainfi des autres : chaque capitule con- tient une demande faite au roi, laquelle eft fuivie de la réponfe ; celle qui eft faite au premier article, eft conçueen cette forme : re/ponfio; in hoc concordati funt rex & barones. Les autres réponfes contiennent les accords faits avec le clergé : ce concordat ne doit pourtant pas être confidéré comme une fimple convention, parce que le roi, en fe prétant à ce concordat , lui donnoit force de loi. Les feigneurs barons s’ingéroient alors de faire O R D L'autre établifflement, qui eft la derniere ordon. nance que l’on rapporte de Phihppe-Augufte, com- mence par ces mots, oc e/f flabilimentum quod rex facit Judeis. Celui-ci eff fait par le roi, du confentement de la comtefle de Troyes & de Guy de Dampierre; & il eft dit à la fin, qu'il ne durera que jufqu'à ce que le roi, ces deux feigneurs, & les autres ba- rons , dont le roi prendra l'avis, le jugeront à- propos. | Ce que l’on vient de remarquer fur ces deux der= niers établiflemens , confirme bien que l'on ne don- noit ce nom qu'aux réglemens qui étoient faits de concert avec quelques autres perfonnes , & princi- palement lorfque c’étoit avec d’autres feigneurs , & pour que l'ordonnance eût lieu dans leurs domai- nes. Les hiftoriens font mention de plufeurs autres ordonnances de Philippe-Augufte ; mais que l’on n’a purecouvrer ; &c il eft probable que dans ces tems tumultueux,, où l’on étoit peu verfé dans les lettres, & où l’on n’avoit point encore penfé à mettre les or- donnances dans un dépôt ftable , 1l s’en eft perdu un grand nombre. Ce fait eft d'autant plus probable, que l’on fait qu’en 1194 , Philippe-Augufte ayant été furpris près de Blois par Richard IV. roi d'Angleterre & duc de Normandie , avec lequel il étoit en guerre, 1ly per- dit tout fon équipage , les fcels, chartres , & beau- coup de titres & papiers de la couronne. Quelques auteurs néanmoins du nombre defquels eft M. Bruffel (ufage des fiefs) , tiennent que les An- glois n’emporterent point de regiftres, ni de titres confidérables ; qu'on ne perdit que quelques pieces détachées. Mais il eft toujours certain, fuivant Guillaume Brito , que cette perte fut très-prande , & que dans : le grand nombre de chartres qui furent perdues, il y avoit fans doute plufieurs ordonnances , ou comme on difoit alors , établiffemens. Le roi donna ordre de réparer cette perte, & chargea de ce foin frere Gau- tier ou Guerin , religieux de l’ordre de faint Jean de Jerufalem, évêque de Senlis, lequel étoit auf garde des fceaux fous Philippe-Augufte, & fut enfuite chan- celier fous Louis VIII. & faint Louis. Guerin recueil- lit tout ce qu'il put trouver de copies des chartres ; & rétablit le furplus de mémoire le mieux qu'il put : il fut réfolu de mettre ce qui reftoit , & ce qui feroit recueilli à l'avenir en un lieu où ils ne fuflent point expofés à tant de hafards ; & Paris fut choïf, com- me la ville capitale du royaume pour la conferva- tion de ces titres ; & il eft à croire que les plus an- ciens furent enlevés par les Anglois , puifqu'il ne fe trouve rien au tréfor des chartres, que depuis le roi Louis le Jeune , dont la premiere ordonnance eft de lan 1145. | Telle fut l’origine du tréfor des chartres, dans le- quel une partie des ordonnances de la troifieme race fe trouve confervée tant dans les deux regiftres du tems de Philippe-Augufte, que dans d’autres pieces qui font dans ce dépôt. Il y en a néanmoins cinq ou fix qui font antérieu- res à ces regiftres , qui ont été tirées de divers au- tres dépôts , comme de quelques monafteres, & une de 1137 tirée de la chambre des comptes. Nous n'avons de Louis VIII. que deux ordor- F1ATCES. i L’une de l’an 1223 , touchant les Juifs, dans le préambule de laquelle il dit, feccmus flabilimentum Juper Judæos ; & un peu plus loin, ffabilimentum au- tem tale eff, c'eft encore un concordat fait avec di- vers feigneurs , qui font dénommés dans le préam- bule , tant archevêques qu'évêques, comtes, ba- rons & chevaliers milicum ; lefquels , eft-il dit, ont juré d’obferver cet établiflement, L'autre ; qui eft de l’année fuivante , concetnant des mauvaifes coutumes de la ville de Bourges , qui avoient été abolies, fait mention d’une ordonnance de Philippe- Augufte, qu'il qualifie 27 Zsteris fuis. Louis VII. ne défigne point celle-ci par le terme de flabilimentum ; mais il met à la fin la claufe ordinaire ué autern hec omnia flabilitatis robur obtineant , præ- fatam paginam figilli noffri autoritate, &c. C’eft le _ prince qui ordonne feul de l'avis toutefois de fon confeil, magno noftrorum 6 prudentium conjfilio. S. Louis , dans fon ordonnance de 1228 , fe fert tantôt du terme ordinamus , 8 tantôt de ceux de ffa- #ULINUS OÙ Mandamus, Dans celle de 1230 , il dit eruimus, & plus loin, hec flatuta faciemus fervari ; & vers la fin il ajoute haec voluimus & juravimus. Cette ordonnance eft faite par le rois, de fincerd voluntate noftré & de communi con/ilio baronum : le roi ordonne tant pour fes do- maines que pour les barons ; cette ordonnance n’eft Pourtant pas qualifiée d’érabliffement : les réglemens qu’elle contient ne font qualifiés que de ffarurs ; maïs le roi déclare qu’il veut qu’elle foit gardée par fes héritiers , & par fes barons &leurshéritiers, & Por- donnance eit fignée par fept barons différens, lef- quels mettent chacun ego.. T... eadem volui , confu- lui € juravi, Son ordonnance de 1230 Commence par 4270 domi- ni infitutum eff a Ludovico, &c. Le premier article poïte Jciendum eff, &c les fuivans commencent par praeceptum eff. Celle qu'il fit en 1235 commence par ordinatum Juit :1l y a lieu de croire qu’elle fut faite dans un parlement, attendu que cette forme annonce un procès-verbal plutôt que des lettres du prince. Mais ce qui mérite plus d’être remarqué, c’eft que les lettres on ordonnances de ce prince du mois de Juin 1248, par lefquelles 1l laiffe la régence à la reine fa mere pendant fon abfence , font émanées de Jui feul. On en rapporte une autre faite par ce prince en 1245, avec la traduétion françoife à côté ; le tont eff tiré d’une ordonnance du roi Jean , où celle-ci eft rapportée, & la traduétion paroït être du tems de _ S. Louis, tant l'ouvrage en eft barbare. Ses lettres du mois d'Avril 1250, contenant plu- fieurs réglemens pour le Languedoc , font propre- ment un refcrit : en effet , il s’y exprime en ces ter- mes,coz/ultationibus veftris duximus refpondendum tali- zer, &t ailleurs on trouve encore le terme de re/pon- derus, L’ordonnance qu'il fit en 1254 pour la réforma- tion des mœurs dans le Languedoc , & dans le Lan- guedoil , eft intitulée dans les conciles de la Gaule narbonoïfe de M. Baluze , hœc ffabilimenta per domi- zum regern Franciæ , &c. Au commencement de la piece faint Louis dit /#b/tripta duximus ordinanda ; & plus loin , en parlant d’une ordonnance qui avoit été faite pour les Juifs, il la qualifie d’ordinationem. Dans une autre, du mois de Février de la même année , il dit ordiravimus , & ailleurs ordinamus & precipinus ; & à la fin, enjoint de mettre cette or- donnance avec les autres , izter alias ordinationes pre- diétas confcribi volurnus | ce qui fait connoître qu’il y avoit dès-lors un livre où l’on tran{crivoit toutes Le ordonnances. Il en fit une françoife en 1256 pour lutilité du royaume, laquelle commence par ces mots : Nous établiffons que, Ge. Ces termes font encore répétés dans un autre endroit; &c ailleurs il dit : nous vou- lons, nous commandons, nous défendons ; celle-ci ne paroît qu'une traduétion de celle de 1254, avec néanmoins quelques changemens & modifications: ; mais ce qui êft certain, c’eft que le texte de cette or. . ” rar r 1 donnance françoife n’a point été compofé tel exil | PR Se OnRADr 587 eft rapporté, le langage francois que l'on païloit du tems de faint Louis étant prefque inintelligible au Jourd’hui fans le fecours d’un gloffaire, | Quoique faint Louis fe fervit volontiers du terme d’érabliffemenr , ceftyle n’étoit pourtant pasuniforme pour toutes les ordonnances ; car celle qu’il fit dans la même année touchant les mairies, commence par zous ordonnons , 8t ce terme y eft répété à cha- que article. De même, dans celle qu'il ft touchant l’éle&tion des maires de Normandie , il commence par ces mots , 705 ordinavimus, 8 à chaque article il dit, 20S ordinamus. ; ‘ On s’exprimoit fouvent encore autrement, pat exemple , l'ordonrance que faint Louis fit en 1262 pour les monnoies, commence ainf, 47 eff égardé, comme qui diroit oz aura égard ou attention de ne pas faire telle chofe : ce réglement avoit pourtant bien le caraétere d’ordonnance , car il eft dit à la fn faita fuit hec ordinatio, &c. Un autre réglement qu’il fit en 126$ , auffi tou: chant les monnoies, commence par l’astirement que le roi a fait des monnoiïes eft rex (tel) ; on entendoit par aftirement une ordonnance par laquelle le roi attiroit à fes hôtels les monnoïies à refondre ou à réformer, où plütôt par laquelle il remettoit où attiroit les monnoies affoiblies à leur jufte valeur: peut-être asrirement {e difoit-il par corruption pour attitrement, COMME qui diroit un réglement qui met- toit les monnoies à leur jufle titre; & ce qui jufti- fie bien que cet attirement étoit une ordonnance, c’eft que le roi la qualifié Ini-même ainfi. Il veut & commande que cet ordennement foit tenu dans toute fa terre 8 ès terres de ceux qui n’ont point de propre monnoie, 8 même dans les terres de ceux qui Ont propre monnoie, fauf exception qui eft marquée, &c 1l veut que cet attirement foit ainfi tenu par tout fon royaume, Il ft encore dans la même année une ordo- nance pour la cour des efterlins, laquelle commence par ces mots, # eff ordonne , & à la fin il eft dit, faita fuit hæc ordinatio in parlamento, 6c. Quand le roi donnoit un fimple mandement , on ne le qualifioit que de Zesrres, quoiqu'il contint quel- qu'injonétion qui dût fervir de regle. C’eft ainf qu'à la fin des lettres de faint Louis du mois de Janvier 1268 il ya, iffe litteræ mifle fuerunc claufæ ommibus ballivis. Quelquefois les nouvelles lois étoient qualifiées d’édits ; on en a déja fait mention d’un de Louis-les Gros en 1118. Saint-Louis en fit aufli un au mois de Mars 1268, qu'il qualifie d’ediéo confulriffimo ; cet édit ou ordonnance eft ce qu’on appelle com- munément la pragmatique de faint Louis. On voit par les obfervations précédentes que les ordonnances recevoient différens noms , felon leur objet, & aufli felon la maniere dont elles étoient formées. Quand nos rois faifoient des ordonnances pour les pays de leur domaine , ils n’employoient que leur feule autorité; quand ils en faifoient qui regardoient le pays des barons ou de leurs vaf- faux, elles étoient ordinairement faites de cons cert avec eux, ou fcellées on foufcrites d'eux; autrement les barons ne recevoient ces ordonnances qu'autant qu'ils y trouvoient leur avantage. Les arriere-vaflaux en ufoient de même avec les grands vaflaux; & 1l paroît que l’on appelloit ésebliffement les ordonnances les plus confidérables & qui étoient concertées avec les barons dans des affemblées de notables perlonnages. La derniere ordonnance connue fous le nom d’éa- bliffement, eft celle de faint Louis en 1270, Elle cit intituléeuZes érabliffemens felon l’ufage de Paris & de cour de baronnie : dans quelques manufçrits 588 ORD ils font appellés les ésabliffemens le roi de France, Quelques-uns ont révoqué en doute que ces éta- bliflemens aient eu force de loi; ils ont prétendu que ée n’étoit qu’une compilation ou traité du droit françois, d'autant qu'ils font remplis de citations de canons, de decrets, de chapitres, des décretales, & de lois du digefte & du code, ce qui ne fe voit point dans toutes Les ordonnances précédentes de la troifñieme race, | Il eft néanmoins vrai que ces établiflemens furent autorifés par faint Louis ; c’eft une efpece de code qu'il fit faire peu de tems avant fa feconde croifade ; l’on yinféra des citations pour donner plus d’au- torité; ce qui ne doit pas paroître extraordinaire , puifque nous avons vu de nos jours cette méthode renouvellée dans le code Fréderic : les établiffemens de faint Louis font difiribués en deux parties , & chaque partie divilée par chapitres : ils contiennent en tout 213 chapitres. Charles VI. s’eft pourtant encore fervi du terme d’écabliffement dans des lettres de 1394 touchant les Juifs. Il ordonne par maniere d’érabliffement ou conf- tirution irrévocable , c'eft ainfñi qu'il explique lui- même le terme d’érabliffement. Dans la plûpart des ordonnances qui furent faites par nos rois depuis le tems de faint Louis , ils s’ex- priment par ces mots, ordinatum fuir ; il fe trouve un aflez grand nombre de ces ordonnances faites au parlement, même depuis qu'il ent été rendu fédentaire à Paris : cela étoit encore affez commun vers le milieu du xjv. fiecle; il s’en trouve même encore de poftérieures, notamment des lettres de 1388,comme on l’a dit 4x mot ENREGISTREMENT. Mais la premiere loi de cette efpece qui ait été qualifiée en françois ordonnance, eft celle de Phi- lippe-le Bel, faite au parlement de la pentecôte en 1287, touchant les bourgeois, qui commence par ces mots : » c’eft l'ordonnance faite par La cour de # notre feigneur le roi, & de fon commandement. Depuis ce tems, le terme d’ordennance où ordon- nance devint commun, & a été enfin confacré pour exprimer en général toute loi faite par le prince. Il y en a pourtant de poftérieures à celle de 1287, qui font encore intitulées autrement , telle que celle du 3 Mai 1302 pour les églifes de Languedoc, qui eft intitulée ffautum regium, d’autres font encore qualifiées ordinariones. On comprend fous le terme général d'ordonnance du roi, tant les ordonnances proprement dites que lés édits, déclarations, & lettres patentes de nos rois. Les ordonnances proprement dites, font des réele- mens généraux fur une ou plufieurs matieres, &c principalement fur ce qui eff du droit public, & ce qui concerne les formes de rendre la juftice. Les édits font des lettres de chancellerie, que le roi donne de fon propre mouvement, pour fervir de loï à fes fujets fur une certaine matiere. * Les déclarations {ont auffi des lettres de chancel- lérie, par lefquélles le roi déclare fa volonté fur l'exécution d’un édit ou d'une ordonnance précé- dente, pour l'interpréter, changer, augmenter ou diminuer. , On trouve un exemple d’une déclaration du roi dès le 26 Décembre 1335, donnée fur une ordoz- nance du i 1 Mai 1333. Les gens des comptes avoient fupplié le roi d'expliquer fa volonté fur un objet qui n'étoit pas fpécifié dans fon crdonnance ; & le rôr dit qu'il vouloit en avoir /a déclaration @ [avoir Jonentente, & en conféquence il explique fon inten- tion & fa volonté : on trouve pourtant peu d’ordon- nances qui aient été qualifiées de déclarations juf- qu'au commencément du xvj. fiecle : les édits font “encore en plus petit nombre que les déclarations, .ORD Le pouvoir de faire de nouvelles ordonnances , édits ou déclarations, de les changer, modifier, n'appartient en France qu’au roi, dans lequel feul réfide tout le pouvoir légiflatif. | Maïs comme on ne fauroit apporter trop d’at- tention à la rédaétion des ordonnances, nos rois ont coutume de prendre l'avis de perfonnes fages & éclairées de leur confeil. Les anciennes ordonnances {e faifoient de deux manieres ; les unes étoiént arrêtées dans le confeil intime & fecret du roi; celles qui paroifloient plus importantes, étoient délibérées dans des aflem- blées plus nombreufes, Les premieres chartres ou lettres qui nous reftent … des rois de la troifieme race, font fignées des grands officiers de la couronne, & de quelques autres no- tables perfonnages. Quelques auteurs ont avancé que toutes celles qui n’étoient pas fignées des grands officiers de la couronne , étoient délibérées en parlement , comme en effet cela fe pratiquoit affez ordinairement, mais on n’en trouve pas des preuves pour toutes les or- donnances. | Les lettres d'Henri I. de l’an 1051, que lon met en tête des ordonnances de la troïfieme race, font d’abord fcellées du fcel du roi, comme c’éroit la coutume : il eft dit fgillo & annulo : dans d’autres il eft dit fgsllo noftræ majeflatis. Quelquefois, outre fon fcel, le roi mettoit fa figna- ture; dans d’autres ordonnances il n’en eft point parlé, quoiqu’elles fuffent foufcrites de plus grands du royaume, | Une autre fingularité qui fe trouve dans les let- _tres données à Orléans l’an 1051, dont on a déja parlé, c’eft que la fignature de lPévêque d'Orléans y eft avant celle du roi; enfuite celle de l’arche- vêque de Reims, de Hugues Bardoul , celle de Hu- gues Bouteiller ( c’étoit le grand bouteiller de Fran- ce ): 1l y a encore quelques autres fignatures de di- vers particuliers qui paroiflent être des officiers du chapitre : enfin eft celle de Baudouin chance- lier , lequel figna le dernier , ce qu’on exprime par ce mot /#bfcripfir. Les lettres de Philippe I. en 1105 , qui ne font proprement qu’un refcript, font fignées de lui feul ; il n'y eft même pas fait mention qu'il eût pris l’avis de perfonne ; il difpofe de fa feule autorité, z0/re maÿeflatis autoritate res prætaxatas à pravä confuetu- dine liberamus. Quelquefois les lettres de nos rois étoient don- nées de l’avis des évêques & orands du royaume, & néanmoins elles n’étoient fignées que des grands officiers de la couronne : c’eft ainfi que les lettres de Louis le Gros en 1118 font données, communi epifcoporum € procerum confilio & affenfu € regie au- toritatis decreto, Les grands, comme on voit, ne donnoiïent qu’un avis & confentement; le roi par- loit feul avec autorité. Ces lettres ne font point fr nées de ces évêques & grands, ileft feulement dit qu’elles furent données à Paris publiquement , pu- blicè, Il y en a beaucoup d’autres où la même chofe fe trouve exprimée; ce qui fait voir que l’on a tou- jours reconnu la néceflité de donner aux nouvelles lois un caraëtere de publicité par quelque forme fo- lemnelle. Enfin, il eft dit que ces lettres furent don- nées ad/ffantibus in palatio noftro quorum nomina fub. flituta funt 6 figna ; & enfuite font les noms & feiñgs du grand maître dapiferi, du connétable, du bouteiller , du chambre, & il eft fait mention que ces lettres ont été données par la main du chance- lier, data per manum Srephani cancellarii, ce qui fe trouve exprimé de même à la fin de plufieurs let- tres. À Louis le Gros, dans des lettres de 1128, après ORD avoir énoncé l'avis 8 le confentemen des évêques & grands, fait mention qu'il a pris auf l'avis & confentement d’Adélaide fa femme, & de Phi lippe fon fils, défigné roi. Cependant cette princefle.ni fon fils ne fignerent point non plus que le roi; il n'y eut que trois des grands officiers de la couronne. Il eft dit que l'office de grand-maître n’étoit point rempli, dapifero nullo, & Von ne fait point mention du chancelier. Dans des lettres que ce même prince donna en 1134, id, annuente Ludovico noftro flio in repem Jablimato; dans celles de 1137, il dit affentiente, Ces dernieres lettres font faites en préfence de deux for. tes de perfonnes ; les unes à l'égard defquelles il eft dit 2 prefintié , & qui ne fignent point ; favoir, Pé: vêque de Chartres, légat du fait fége, Etienne évêque de Paris, Sugger abbé de faint Denis, c’é- toit le minilire de Louis le Gros, Girard abbé de Jofaphat, Algrin qui eft qualifié à fécreris zoffris , c'eltà-ire fecréraire du roi. À lécard des autres perfonnes, ce font les grands officiers de la cou- tonne, qui font dits aflantibus in palatio roffro, & dont les noms 8 feings fe trouvent enfuite, Ceux ci éioïent aux côtés du prince, lewautres étoient pré- fens, mais n’approchoient pas fi près de la perfonne du roi; cette diflinétion {e trouve obfervée dans _ plufieurs autres lettres & ordonnances. L'ordonnance de 1190, connue fous le nom de tejamenr de Philippe Augufte, ne fait point mention qu'il eût pris Pavis d'aucun des grands ; le roi dit qu'il Pa fait confilio alrifffmi, Elle eft néanmoins f- gnée des grands officiers de la couronne ; quoiqu’elle ne foit pas dite faite publicè ; il s'en trouve plufieurs autres iemblables, où ils ont pareillement foufcrit ; celle-ci eft donnée vacante cancellariä ; & cf fignée du roi. Plufieurs anciennes ordonnances ne font aucune mention des fignatures & feings, foit que cette par- te de la piece ait été adhirée, foit parce qu’elles aient été extraites d’autres ordonnances où l’on avoit _retranché cette forme comme inutile. Quelquefois tous les grands qui étoient préfens à la confeétion d’une ordonnance, y appofoient leurs fceaux avec les grands officiers de la couronne ; cela fe pratiquoit fur-tout dans les établiflemens , comme il paroit par celui de 1223, fait par Louis VIIL. tou- chant les Juifs. Il eft dit que tous les comtes, ba- rons, Ôc autres, qui y font dénommés, y ont fait iéttre leurs fceaux. C’étoit ainfi que l’on foufcri- voit alors les aétes ; car l'ignorance étoit fi grande, fur-tont chez les laïcs, que peu de perfonnes fa- voient écrire. On faifoir écrire Le nom de ceiui qui vouloit appofer fon fceau, en ces termes, figrium Hugoris, où autre nom; & enfuite celui dont le nom étoit écrit appofoit fon fceau à côté de ce nom. | Quand le roi ne fe tronvoit pas accompagné des grands officiers de la couronne , à leur défaut on appelloit d’autres perfonnes à la confedtion des or- donnances’, four y donner la publicités on prenoit ordinairement les perfonnages les plus:notables du lieu ; dans qiélques occafñons de fimples bourgeois furent appellés. pu ‘3 Par exemple , dans l'ordonnance que faint Louis fit à Chartres en 1262touchänt les monnoies , left dit qu'à la confetion de cette ordonnance, aflifte- rent plufibtrs bourgeois qui y font dénommés, & qui font its jura, c'efl à-dire, qui avoient prêté ferment: {avoir trois bourgeois de Paris, trois bour- geois dé Provins, deux bourgeois d'Orléans > deux de Sens, & deux de Laon. Il paroït affez fingulier que l’on eût ainfi raffemblé à Chartres des bourgeois de différentés villes, & qu'il n’y en eût aucuns de Ja ville même ; on n’avoit apparemment appellé que OR D 589 ceux qui étoient le plus au fait des monnoïes. Au refte, il fe trouve fort peu d'ordonnances du tems de faint Louis, qui faffent mention que l'on y ait appofé d’autres fceaux que celui du roi. La formule de la plûpart des ordonnances de ce règne, de celui de Philippe le Hardy, & de ceini de Philippe-le-Bel, énonce qu’elles furent faites au parlement ; le roi éroit préfenr à ces délibérations : 8 les ordonnances que l’on y propol rigées quand il y avoit lieu. Le roi Jean finit une ordonnance en difant » que s’il y a quelque chofe à ÿ Ôter, ajouter, Changer, Ou interpréter , cela fera fait par des commifiaires qu'il députera à cet effet, Se qui en délibéreront avec les gens. du parlement; elies font relatées dans le Oit y étoient cor- _régiftre des enquêtes, ou dans les regiftres ol dont elles tirent toute leur authenticité. Ce que l’on trouve de plus remarquable du tems de Philippe-le-Bel par rapport à la maniere dont fe faifoient les ordonnances, c’eft premierement celle de 1287, qui futfaiteau parlement touchant les bour- geoifies ; ileft dit qu'elle fut faite Par la cour de notre leigneur le roi; maisil y a tout de fuite ces mots , © de fon commandement. On trouve au bas d'une ordonnance de 1288 3 qu'elle fut regiftrée inter judicia confelio & arrefla ex- Pedita in parlamento omnium Janclorum. Celle de 1291, touchant le parlement > fut faite au parlement même tenu à Paris. Philippe-le-Bel en ft une autre à Paris en 1295. par laquelle 11 promit de dédommager cenx qui prendroient de fa nouvelle monnoie ; il y obhgea fon domaine, fes héritiers & fuccefleurs ; t géné- ralement tous fes biens & les leurs ; À fpécialement tous fes revenus & produits de la province de Nor- mandie,. 8 ce de la voïonté & confentement de fa très-chere femme Jeanne reine de France. Il fait en ordonnant Pappoñrion de fon fceau ; enfuite la reine parle à fon tour, & ratife le tout, 8 y fair mettre {on {cel avec celui du roi ;ilya encqre une ordonnance {emblable de la même année. Celle de 1298, concernant le Jugement des hé- rétiques:, fut donnée en préfence d’un archeyêque, êt de trois évêques. | Dans un mandement du 2$ Août 302, il dit qu'il a été accordé enfemblement de plufieurs de fes amés & féaux prélats & barons avec fon con{eil ;1ly'en a un femblable de 1303, & deux ordonnances de 1306, qui font faites de même. L'ordonnance du mois de Novembre concernant le châtelet , fut faire par Le roi & fon confeil ; Mais il paroît que ce confeil n’étoit autre chofe que le parlement que l’on appelloit encore communément Le confeil du roi. Dans quelques ordonnances pofté- rieures, il eft dit qu’elles furent faites par délibérae tion du grand confeil du ro1; & dans quelques-unes, il ajoute & de fes barons. | à Depuis que le parlement ent été rendu fédentaire à Paris, les ordonnances ne fe firent plus guere au parlement, mais dans le confeil particulier du roi, Il fut même ordonné en 1359, que doténavant il ne fe feroit plus aucunes ordonnances , que:ce ne flt par délibération de ceux du confeil : quelquefois ce confeil.fe tenoit en la chambre des comptes ; quel- quefois dans la chambre du parlement ; c'eft pour- quoi: l'on trouve encore quelques ordonnances qui furent faites au parlement jufqu'en 1388.° : Dans cespremierstems, le roi envoyoit quelaue. fois fes ordonnances À là chambre des comptes pour y être repiftrées; on en trouve des exemples en 1320, 1323, & 1361 : il chargeoïit même auf quelquefois la chambre d’en envoyer des copies vi dimées aux baillifs & {énéchaux. On appelloit vw}. #90 OR D | dimus, un tranfcrit de l’ordonnance qui étoit colla- tionné par quelque officier public. Lé prevôt de Paris faifoit quelquefois des ordon- nances pour la police de fon fiége , lefquelles étoient enfuite adoptées & autorifées par le roi; témoin l'ordonnance de Philippe-le-Bel, du premier Mai 1313, qui homologue un reglement de cette ef- pecct | Depuis que l’on eut introduit de faire aflembler les trois états, ce qui commença fous Philippe, 1l y eut plufeurs ordonnances faites aux états, ou fur leurs remontrances, doléances, & fupplications ; mais dans tous les tems, ç’a toujours été le roi qui a ordonné , les états ne faifoient querequénir. Voyez ÊÉTATS. | Une grande partie des ordonnances, faites jufqu’au tems de S. Louis, commence par ces mots, 27 707RI- ne fanile & individue trinitauis; quelques unes pat in nomine domini ; plufñieurs commencent par le nom dutoi, comme Ludovicus Dei gratié Francorum rex; dans quelques-unes au lieu de De gratid, il y a Du miféricordiä, Cet intitulé répond à celui qui eit enco- re ufité préfentement : Lous, par la grace de Dieu, roi de France & de Navarre. Les établiffemens qui étoient des efpeces de con- cordats faits avec les barons, commencent la plü- part comme on l’a déjà dit par ces mots, hoc ef? flabi- limenturm. Les ordonnances qui commencent par ordinatum fuit, font celles qui avoient été formées dans l’af- femblée du parlement. | [1 s’en trouve plufieurs autres qui commencent de diverfes manieres, foit que l'intitulé en ait été re- tranché, foit parce que ces pièces {ont plutôt une relation des ordonnances que ces ordonnances mêmes. Telle eft celle de Philippe Augufte, du mois de Juil- let 1219, qui commence par ces MOIS, dominus rex flatuu, &tc. Pour ce qui eft de ceux à qui les ordonnances font adreflées, les plus anciennes 1ont adreffées à tous les fideles préfens &c à venir: 70cm fisri volo, dit Henri L. en1o$1,cunétrs fidelibus fantle Deïecclefiæ, tam prefeniibus quam futuris. Louis le Gros dans plu- fieurs de {es letires dit de même, omnibus Chriflt f- delibus, Mais avant lui Philippe L. adrefla des lerires, univerfis in regno francorum. Louis le Gros adrefle un mandemert en 1134, cam præfentibus quam futu- ris : IL y en a beaucoup d’autres {emblables. Cette claute eft encore d'ufage dans les ordonnances & édits, le‘quels font adreflés an commencement , a ous prèfens & à venir, | Au furplus, il faut obferver que la différence de l’adreffe dépendoit beaucoup de la qualité de lor- donnance ; quand elle étoit générale , & qu’elle de- voit avoir lieu dans tout leroyaume, l’adrefle étoit plus générale ;. quand fon objet éroit limité. à cer- tains pays ou perfonnes , elle étoit adreflée à ceux qu’elle concernoit. : Ainf quand Louis Le Gros en 1137; abolit dans l'Aquitaine le droit d'hommage & d'invefhiture , en faveur des archevêques, évèques & autres prélats, fes lettres font adreflées à l'archevêque de Bordeaux, {es fuffragans, aux abbés de la province; êt à leurs fuccefleurs à perpétuité. L'ordonnance de 1160, appellée Ze ceflamentide Phi- Lippe Augujfe , ne contient aucline adrelle : al fe trou- ve plufieurs autres ordonnances dans lefquelles iltn°y en a point non plus. 248 sal Les premieres lettres où l’on trouve l’origine de cette forme d’adreffe, 4 nos amés & féaux, ce font celles de Philippe Augufte en 1 208 Où 1209 , pour les patronages de Normandie . Pairefle en elt faire, amicis & fidelitus fuis, Rothomagenft epifcopo, & UTIL= verfis epijcopis. Normanniæ vjus Juffragantis ; cette formé eff encore ufitée préfentement dans l'adreffe ou mandement qui fe met à la fin des ordonnances, édits & déclarations en ces termes: /£ mandons a nos amés € féaux , &tc. claufe qui s’adrefle aux couts fouveraines, & autres officiers auxquels le roi en- voie fes nouvelles ordonnances pour les faire exé- cuter. Philippele Bel, dans des lettresdu mois de Mars 1209, dit à la fin, damus igitur ballivis noflris...... in mandameniis ; d’où à été imitée cette claule , f don- nons en mandement, qui revient au même que la clau< fe j? mandons , cc. On lit auffñi dans les lettres de Philippe Augufte de 1209 , après l’adrefle qui eft au commencement ces mots, Jalutem & diléélionem , d'où elt venu la claufe falur javoir faifons , ufitée dans les ordonnan= ces & autres lettres, & dans l'intitulé des ingemens. On trouve deux autres lettres ou ordonnances de Philippe Augutte, de lan 1214, adreflées univerfis amicis & fidelibus fuis baronibus, & aliis ad quos præ- fentes litteræ pervenerinr. Ceftde cette adrefle q Left encore Venue cette claufe ufitée dans les declara- tions du roi, Le préambule des anciennes ord'rnan- ces commencoit ordinairement par rotum facinus » ou zotum firi volumus, Où noveritis , 10Vertrt river Ji. Les leitres de S, Louis, en 1234, touchant les Juifs, commencent par /ciendum ejl: on reconnoît encore là ce ftyle de Javoir faifons que x êtc. ufté dans quelques déclarations ; & dans les jugemens &e actes devant notaires. ° S. Louis dans des lettres du mois d'Avril r250, mande à fes baillifs, & à ceux des fergneurs, de te- nir la main à l'exécution; dans fa pragmauque de, Jan 1260, il mande à tous fes juges, officiers èc fujets , &e leutenans ; chacun en diout foi, de garder cette ordonnance, L'orlonnance françoïife de Philippe II faite au parlement de la Pentecôte en 1273, elt adreffée à tous fes amés &-féaux. Préfentément toutes les ordonnances, édits & dé- clarations, font des lettres intitulées du nom du roi, & fignées de lui, conirefignées par un fécrétaire d'état, fceliées du grand iceau, & vilées parle garde des fueaux. Les ordonnances & édits contiennent d’abord après le nom du roi cette adrefle, 4 tous préfens & a venir falut ; ils ne font datés que du mois &c de l'année, & on les fcelle en cire verte fur des lacs de foie verte & rouge; au lieu que dans les déclara tiors il y a ces mots, a tous ceux qui ces préfèntes Lettres verront , falus : elles ne font {celiées qu’en.cire jaune fur une double queue de parchemin, & font datées du jour du mois & de l’année. _Ily a pourtant quelques édits rédigés en forme de déclarations, comme l’édit de Cremiere, après le préambule où le rot annonce les motifs defa loi il dit : « À ces caules , de l'avis de noie confeil, & de » notre certaine fcience , pleine puiflarce &t auto- » rité royale, nous avons dit & déclaré, d fons, » déclarons, ordonnons, vouons & nous piait ce » qui fuit ». 4 Quand le princeeft mineur, il ordonne de l'avis du régent; on y ajoute quelquefois les princes du fang & quelques autres grands du royaume, pour donner plus de poids à la loi. | :A la fuite des cifpoñtionsdes ordonnances, édits & déclarations , eft la claufe,, f£ mandons qui content l’'adrefle que le roi fait aux cours &T autres tribus paux , pour leur enjoindre de tenirla. main a l'exéeu- tion de la nouvelle ordonnance, & eft terminée par cette claufe : cartel eff notre plaifir, dont on dit que Louis XL. fut Le premier qui s’en fervit. + Outre, la date.du jour.du mois &r de l’année, on marque aufli l’année du regne, Anciennement. on | he | marquoit dt marquoit auf l’année du regne de la reine, & mè- me celle du prince qui éroit défigné pour fncceffeur : 1l y en 4 quelques exemples àu commencement de la troifieme race; mais cela ne fe pratique plus. I y a des ordonnances que le roi fait pour régler certaines chofes particulieres, comme pour {à po- lice de fes troupes, pour l’expulfon des vagabonds, la défenfe du port d'armes, &c. celles-ci {ont ordi- nairement en cette forme : De par Le roi, Ja majofté étant informée, Gc, elles font fimplement fignées du roi, & contrefipgnées d’un fecrétaire d'état. Depuis que le parlement fut rendu fédentaire à Paris, on ne laïfle pas de trouver encore des ordou- rances , mandemens & autres lettres, adreffés direc- tement au prevôt de Paris, & aufñ aux bailifs & fénéchaux du reflort, au maître des forêts, au duc de Bretagne & à d’autres officiers, chacun ‘pour ce qui les concernoit. Philippe de Valois, dans des let- tres du mois de Novembre 1329, dit à la fin à tous ducs, comtes, barons, fénéchaux, baillifs, prevôts, viguiers, baïllifs, châtelains & à tons autres jufticiers de notre royaume, lefdites claufes être gardées, &c. Ilfetronve plufieurs adrefles femblables faites en di- vers tems. Philippe le Bel adreffe en 1308 des lettres, « à # nos amés &T féaux les gens de l’échiquier de » Rouen »: dileétis 6 fidelibus gentibus noffris fcacarii Rothomagen/fis. I en adreffe de fembiablesen 1310, # à nos amés &c féaux les gens de nos comptes». Les premieres lettres que nous ayons trouvé qui foient adrefiées au parlement de Paris, font celles de Philippe V. dit Z Longs, de l’an 1318, dont l’a- dreffe eft faite au commencement: dileéhis & fideli- bus gentibus noflri parlamenti, Dans d’autres de 1328, 1l ef dit, par/amenti Parifius ; &c dans d’autres enco- te de la même année, gertibus noffris parlamentum æenentibus , comme on a dit depuis, Les gens renans Zotre cour de parlement. Une chole remarquable dans les lettres de Philip- pe de Valois, du premier Juin 1331, qui font adref- _ fées à nos amés & féaux les gens des comptes, c’eft qu'il leur mande que cette préfente ordonnance ils faflent fignifier & publier à tous les fénéchaux & baïlhfs du royaume, ce qui depuis long-tems ne fe pratique plus ainfi, les nouvelles ordonnances étant envoyées par le procureur-général du parlement aux baïhfs & fénéchaux. Les juges royaux ont toujours eu feuls le droit de faire crier & publier les nouvelles ordonnances dans tout leur diftridt. Anciennement nos rois faifoient quelquefois ju- rer aux principaux perfonnages de leur état, l’ob- fervation des ordonnances qui leur paroiïfloient les plus importantes. C'eft ainf que Charles VL. ayant fait le 7 Janvier 1400, une ordonnance concernant les officiers de juftice &r des finances, voulant qu’el- le füt inviolablement obfervée , il ordonna que fon obfervation feroit jurée par les princes du fans, les grands officiers étant en fon confeil , par les gens du parlement, dela chambre des comptes, les tréforiers & autres femblables, IDE Le roi faïfoit lui-même ferment d’obferverinvio- lablement certaines ordonrances , comme fit lemême Charles VL pour l'ordonnance du dernier Février 1401 , touchant le domaine ; il fit ferment le premier de Pobferver inviolablement, & fit faire enfuite le même ferment en fa préfence, à {es oncles, à fon frère, aux autres princes du fang, au connétable, au chancelier, aux gens du grand confeil (qui étoit le confeil du roi), à ceux du parlement & de la cham- bredes comptes, & aux tréforiers de Paris. Le ferment que faifoit alors le roi, & qui ne fe pratique plus, doit paroitre d'autant moins extraor- dinaire quele roi à ion facre fait ferment d’obferver Tome XL, | OR D $9r les lois ; ce qui fignife qu’il fe conformera en toutes chofes à la juftice & à l'équité, & aux lois fub&fz tantes. ( Il ne s'enfuit pas de -1A que fe toi foit tellement aftreint de fe conformer à fes propres ordonnances, ni même à celles de fes Prédéceffeurs, qu’il ne puifie jamais s’en écarter; en effet il eft cettain que le roi peut par de nouvelles ordonnances , dits & dé- clarations , déroger aux anciennes ordonnances, les abroger, changer on modifier, | Mais tant qu'elles ne {ont point abrogées,, elles ont toujours force de loi, le roi lui-même fait gloire de s’y conformer ; elles doivent pareillement être obfervées par tous lés fujets du roi, -& les juges font également obligés de s’y conformer pour leurs jugemens ; c’eit ce qui fut ordonné par Clotaire Ï, en 560, par l'édir de Roufillon, article xxx. l'édit de Louis XII. du mois de Janvier 1629, article j. 53 & 54. 1l eft enjoint aux cours d’obferver les ordone nances anciennes & nouvelles qui n’ont point été abrogées ; &c l'édit de Moulins , 4e. iv. ordonne que les cours de parlement procéderont à risoureufes punitions des juges & officiers de: leur reAort qu'elles irouveéroient avoir COntrevenu aux ordonnances. C’eft dans cet efprit que l’on à établi de tems 3m mémorial l’ufage de faire la léture des ordonnances à la rentrée du parlement & des autres tribunaux. Mais les lois ayantété trop multipliées pour pou- voir les lire toutes, la leéture que fait le greffier fe borne à quelques articles qui concernent la difei- phne des tribunaux, & n’eft plus qu'une vaine céré- mOnie ; on fuppofe que chacun doit les relire en lon particulier pour s'en raffraichirla mémoire. Il faut néanmoins convenir qu’il y a certaines dif- poñtions d'ordonnances | qui fans avoir été formele lement abrogées, font tombées en défuétude, parce qu'elles ne conviennent plus aux mœurs préfentes ; mais 1l dépend toujours de la volonté du roi de les remettre en vigueur &c d'en prefcrire l’obfervation. Les cours &t autres juges doivent tenir la main À exécution des ordonnances. Les principales ordonnances de la troifieme race , & auxquelles le titre d'ordonnance proprement dite convient fingulierement , font celles du roi Jean en 1356 pour le gouvernement du royaume; celle de Charles VII. en 1446 touchant le ftyle du parle- ment; celle que ce même prince fit au Montil - lès- Tours en 1453 ; celle de Louis XEL. faite À Blois en 1498 ; l’ordonnance de Francois L. en r S35 concer- nant l’adminifiration de la juflice ; fon ordonnance de Villers-Coterets en 1 539 pour l'abréviation des pro- cès; l’ordonrance donnee par Charles IX. aux états d'Oriéans en r 560 ; celle de Rouffllon en 1463 , qui eftune fuite de l'ordonnance d'Orléans ; celle de Mo linsen 1566 pour la réformation de Ja juftice ; celle de 1579, dite de Blois, faite fur les plaintes des états aflemblés à Blois ; celle de 1629 , appellée Ze code Michaulr. Sous le repne de Louis XIV. on fit plufieurs gran des ordonnances pour la réformation de la juftice , favoir l'ordonnance de 1667 pour la procédure; celle de 1669 pour les commitimus : une autre pour les eaux Ôc forèts; une en 1670 pour les matieres cri- minelles ; une en 1673 pour le commerce ; une en 1676 pour le bureau de la ville ; une en 1680 pour les gabelles ; une autre pour les aides : une en 1687 pour les fermes; une autre pour la marine; & en 1687 une ordonnance pour les cinq groiles fermes. Nous avons auf plufieurs ordonnances célebres publiées par Louis XV, favoir l'ordonnance des do- nations en 1731; la déclaration de la même année fur les cas prévotaux & préfidiaux ; l'ordonnance des teftlamens en 1735 ; la déclaration concernant les repitres des baptêmes, mariages, fépultures, vêru- ECO 2 ORD res, Cc. en 1736 ; l'ordonnance du faux & celle des évocations en 1737 ; le reglement de 1738 pour le confeil ; enfin l'ordonnance des fubftitutions en1747. Nous avons déjà vû ci- devant que dès le tems de Philippe Augufte 1l y avoit un dépôt pour les ordonnances ; que ce dépôt étoit Le tréior des char- tres ; que dès le x1, fiecle il y avoit un livre ou re- giftre dans lequel en:tranfcrivoit les ordonnances, afin qu’elles ne fe perdiflent point. Mais depuis que le parlement fut rendu féden- taire à Paris, le véritable dépôt des ordonnances a toujours été au greffe de cetre cour; f quelquefois ôn a négligé de les y envoyer, ou fion les a adref- fées ailleurs , c’eft parce qu'il n’y avoit pas encore d'ordre certain bien établi. Les regiftres des enquêtes & regifires clim con- tiennent quelques ordonnances depuis 1252 juiqu’en 1318; mais ces repiftres ne font pas des livres uni- quement compofés d'ordonnances, elles y font mé- lées avec des arrêts, des enquêtes, des procédures. Les quatre plus anciens regifires d'ordonnances font cotés par les lettres 4, B, C, D. Le premier coté, 4 eft intitulé ordinationes anri- que, il comprend depuis 1337 jufqu’en 1415; il sy trouve cependant quelques ordonnances antérieures à 1337. La plus ancienne ce font des lettres-paten- tes de faint Louis,données à Fontainebleau au mois d’Août 1229, qui confirment les privileges de l’uni- verfité de Paris, & la plus moderne eft une décla- ration donnée à Rouen le 7 Novembre 1415, pour la délivrance de ceux qui avoient été emprifonnés à caufe des troubles, Le fecond coté B, eff le Wolurne croifé, ainfi ap- pellé parce qu'il y a unecroïx marquée deflus, il comprend depuis 1415 jufqu’en 1426: il y a pour- tant auffi quelques ordonnances antérieures à 1415. La plus ancienne eft un édit fait par Phihppe de Valois à Gondreville le 13 Juillet 1342, portant reglement pour le fervice des maîtres des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi ; la plus moderne faite par Charles VI. eft une déclaration donnée à Saint- Faron près Meaux le 25 Janvier 1421, portant re- glement pour l'alternative dans la collationtdes bé- néfices , le refte de ce regiftre eft rempli des ordon- ‘nances d'Henri VI, roi d'Angleterre , {oi difant roi de France. Le troifieme regiftre coté C, eft intitulé Ziber ac- cordorum ordina. Piülavis ; on l'appelle Liber accor- darum, parce qu'il contient des accords, lefquels ne pouvoient alors être faits fans être homologués au parlement, il comprend depuis 1418 Jufqu’en 1436. Ce font les ordonnances regiftrées au parlement de Paris transféré à Poitiers, faites par Charles VII. depuis l'année 1418, qu'il prit la qualité de régent du royaume , & depuis fon avénement à la couron- ne jufqu'au 9 Avril 1434. Le quatrieme regiftre coté D , eff intitulé ord- nationes barbine ; On croit que ces ordonnances ont été ainfi appellées du nom de celui qui les a re- cueillies & miles en ordre, il commenceen:427, & contient juiqu’au folo 33, la fuite des ordonnances du roi d'Angleterre, & la derniere eft du 16 Mars 21436, & enfuite jufqu’au fo/o 20,7 font tranfcrites celles de Charles VIL depuis la réduétion de la ville de Paris à fon obéiffance jufqu’à fon décès arrivé le 22 Juillet 1467; la premiere qui eft au foo 34, eft un édit du 15 Mars 1435, qui confirme les ar- rêts & jugemens rendus par les officiers tenans le parti du roi d'Angleterre, & enfuite font les pre- mieres ordonnances faites par Louis XI. Ces quatre premiers volumes font fuivis de trois volumes des ordonnances de ce roi, d’une de Char- les VIII. d’une de Louis XII. de cinq de François I. de fept d'Henri Il, de huit de Charles IX. de huit d'Henri HT, d’une des ordonnances d'Henri III. & d'Henri VI. repifirées au parlement de Paris féant à Tours, de fix d'Henri IV. de huit de Louis XIE, êt de celles de Louis XIV. dont il y a d’abord qua- rante-cinq volumes jufques & compris partie de l'année 1705, & le furplus de fes ordonnances juf- ques & compris 1715. Les ordonnances du regne de Louis XV. compo= fent déjà un très - grand nombre de volumes , fans compter les fuivantes qui ne font encore qu'en minute. On a fait en divers tems différens recueils impri- més des ordonnances de nos rois de la troifieme race. | Le plus ancien eft celui que Guillaume Dubreuil donna vers 1315, & dont il compofa les trois par- ties de fon ftyle du parlement de Paris; il ne re- monta qu'au tems de faint Louis, parce que les o- donnances plus anciennes n’étoient pas alors bien connues. Dumoulin revit ce ftyle vers l’an 1549, & y ajouta plufeurs difpoftions d'ordonnances latines de faint Louis & de {es fuccefleurs, juiques & com- pris Charles VII. Il divifa cette compilation en cinquante titres, & morcela ainfi les ordonnances pour ranger leurs difpoñtions par ordre de matie- res. Il parut quelques années après une autre compi- lation d'ordonnances, rangées par ordre homolopi- que, de l'imprefhion des Etiennes, divifées en deux petits volumes i7-folio, dont le premier contient feulement quarante-cinq ordonnances , qui font pref- que toutes françoifes, entre lefquelles tont les gran- des ordonnances du roi Jean, de Charles VI, de Char- les VIL, de Louis XI. de Lois XII. dont quelques- unes néanmoins ne font que par extrait ; le fecond volume ne contient que des ordonnances de Fran cois [. tant fur le fait de la guerre que fur d’autres matieres , depuis le 3 Septembre 1514 jufqu’en 15406. En 1549 Rebuffe donna un recueil des mêmes ordonnances diftribuées par ordre de matieres avec des longs commentaires. Il y eut encore quelques autres collations d’ordon- nances ; mais Comme 1l n’y en avoit aucune qui fût complette, Fontanon, avocat au parlement, aidé par Pierre Pithou, Bergeron, & autres jurifconful- tes de fon tems , donna en 1580 un recueil plus am- le d'ordonnances qui ne remonte cependant encore qu’à faint Louis. Il divifa ce recueil en quatre tomes in-folio, reliés en deux volumes: les ordonnances y . font rangées par matieres. La Rochemuaillet revit cet ouvrage par ordre de M. le chancelier de Syllery, & en donna en 1614 une feconde édition en trois volumes 22-folio, au- gmentée d’un grand nombre d'ordonnances ancien- nes &t nouvelles qui n’avoient pas encore été im- primées ; mais au-lieu de les placer fuivant l’ordre de Fontanon {ous les titres qui leur convenoient, il les mit par forme d’appendice, & avec une telle confufñon qu'il n’y a feulement pas obfervé l’ordre des dates. | Henri III. ayant conçu dès 15709 le deffein de faire , à limitation de Juftinien, un recueil abrégé de toutes les ordonnances de fes prédéceffeurs & des fiennes , 1l chargea de cette commiflion M. Briflon, avocat général, & enfuite préfident au parlement de Paris. Le préfident Briffon s’en acquitta avec autant de foin que de diligence: il fit une compila- tion des ordonnances par ordre de matieres, qu'il mit fous le titre de code Henri & de Bafiliques. Il comp- toit faire autorifer & publier cet ouvrage en 1585, c’eit pourquoi il a mis fous cette date toutes les nouvelles difpofitions qu'il avoit projettées; ce code fut imprimé en 15458. Voyez ce qu'on en a dit au #04 CODE HENRI. En 1596 Guenois fit une compilation plus ample des ordonnances par ordre de matieres, qui parut d’abord en deux gros volumes :7-folio, & enfuite en trois. | Il parut en 1620 une nouvelle compilation d’or- donnances par ordre chronologique en un volume in-8°, qui ne contenoit que les ordonnances concer- nant les matieres dont l'ufage eft le plus fréquent au palais. Neron & Girard augmenterent ce petit re- Cueil en y joignant d’autres ordonnances avec de petites nores & renvois, de forte qu'ils en forme- rent un volume 7 folo dont 1l y a eu différentes éditions. M. de Ferriéres y a fait aufi depuis des augmentations dans le même goût, & en a donné €n 1720 une édition en deux volumes 71. folo. Ces diférens recueils d'ordonnances n’étant point complets ou n'étant point dans l’ordre chronologi- que, Louis XIV, réfolut de faire faire une nouvelle _colléétion des ordonnances, plus ample, plus correéte & mieux ordonnée que toutes celles qui avoient paru juiqu’alors; il fut reglé qu’on ne remonteroit qu'à Hugues Capet, foït parce que les ordonnances antérieures conviennent peu atijourdhui à nos mœurs, foit parce qu’on ne pouvoit rien ajouûter aux recueils imprimés qui ont été donnés de ces Ordonnances, qui ont été données fous le titre de Code des lois antiques, &t de Capitulaires des rois de France, M. le chancelier Pontchartrain que le roi chargea de l'exécution de ce projet, fit faire des recherches dans tous les dépôts, & M°° Berroyer, de Lauriere & Loger, avocats, qui furent choïfis pour travail- ler fous fes ordres à la colle&tion des ordonnances, donnerent en 1706 un volume iz-4°, contenant une table chronologique des ordonnances depuis Hugues Capet jufqu'en r400, pour exciter les fa- Vans à communiquer leurs obfervations fur les or- donnances qui auroient été omifes. M. de Lauriere étant refté feul chargé de tout le travail, donna en 1723 le premier .volume des or donnances qui font imprimées au louvre; le fecond a été donné en 1729, aprés fa mort , fur fes mémoi- res, par M. Secoufle, avocat, qui fut chargé de con- finuer cette colleétion, & qui en a donné fept volu- mes, M. de Vilevaut, confeiller de la cour des aides, que lé roi a chargé du même travail après la mort de M. Secoufle , a publié en 1755 le neuvieme vo- lume, que l’on achevoit d'imprimer peu de tems - avant la mort de M. Secouffe. Y » Ees ordonnances comprifes dans ces neuf volu- mes commencent à l’an 1051,& vont juiqu'à la fin de Pannée rar. Cette colleétion où les ordonnances font rangées par ordre chronologique eft accompagnée de fa- vantes préfaces qui annoncent les matieres, de no- tes femblables fur le texte des ordonnances , d’une table chronolopique des ordonnances, & des autres tables très-amples, une des matieres, une des noms des perfonnes dent il eft parlé dans les ordonnances , l'autre des noms de provinces, villes & autres lieux. Plufieurs auteurs ont fait des commentaires , hotes & conférences fur les ordonnances , entr’autres Jean Conftantin , fur les ordonnances de Francois L, Bour- din & Dumoulin fur celle de 539; Duret & Bouta- rie fur celle de Blois ; Rebuïfe, Fontanon, ] oly, la Rochemaillet, Vrevin, Bagereau, Bornier, Corbin, Blanchard. On joint fouvent au terme d'ordonnance quelque autre dénomination: on va expliquer les principales dans les divifions fuivantes. Ordonnance des aides eft une ordonnance de 1680, {ar la matiere des aides & droits du TOl, Tome XI, | OR D 593 Ordonnances barbines, qu’on appelle auffi #arbirres fimplement , ordinariones barbine, {ont celles qui font contenues dans le quatrierne regiftre des ordonnan. ces du parlement , intitulés ordinationes barbiré ; on croit qu'elles furent ainfi appellées du nom de celui qui les a recueillies & mifes en ordre. Cé regiftre commence en 1427, & finit en 1462. Ordonnance de Blois ; 1l y en a deux de ce nom; une de Louis XII. en 1498 fur les pradués ; elle adopte le-concile de Bâle & la pragmatique ; elle concerne aufl l’adminiftration de la juftice & la pro. cédure ; l'autre, qui eft celle que l’on entend ordis natrement , eft dite de Blois , quoique donnée à Pa= ris , parce qu'elle fut faite fur les remontrances des états de Blois: ellé concerne le clergé, les hôpitaux, les univerfités, la juflice , la noblefle , le domaine , les tailles. Ordonnance civile, c’eft l'ordonnance de 1667, qui regle la procédure civile. Ordonnance du commerce, qu’on appelle aufli code marchand, eft celle qui fut faite en 1673, pour rés gler les matieres de commerce. | Ordonnance des commithmus eft celle du mois d’Août 1669 ; on l’appelle ainfi, parce qu’un des principaux titres eft celui des committimus : elle traite ainf des évocations, réglemens de juges, sardés-sardiennes, lettres d'états & de repi. mn Ordonnance de la cour eft celle qui eff rendue fur requête par quelque cour fouveraine, Ordonnance criminelle eff celle de 1670, qui regle la procédure en matiere criminelle, Ordonnance du domaine ; on appellé quelquefois ainf l'édir de Février 1566, portant réglement pour le domaine du roi. | | Ordonnance des donations eft celle d'1 moîs de Fé= vrier 1731, qui fixe la jurifprudence iur la natute. la forme , les charges , on les conditions des dona- * tions, _ Ordonnance des eaux © forérs eft une ordonnance de 1669 , qui contient un réglement général {ur toute la matiere des eaux & forêts. Ordonnance des évocarions ; on entend quelquefois par - là Pordonnance de 1669, dout le premier nire traite des évocations , &'les autres-des réglemens dejuge, committimus & gardes gardiennes , éc mars le titre d'ordonnance des evocations convient mieux à celle du mois d’Août 1737, concernant les évocas tions & les réglemens de juges. Ordonrance du faux eftcelle du moïisdeFuillet:637, concernant le faux principal ; le faux incident, & les reconnoïflances dés écritures & fignatures en matiere criminelle, Voyez FAUX, : Ordonnance des fermes elt celle du mois de Juillet 1681 , portant réelement fur les droits de toutesles fermes du roi en général: 1l y a uneautre ordonnance du mois de Février 1687 fur le fait des cinq groiles fermes en particulier. Ordonnance de Fontanon, c’eft un recueil de dis verles ordonnances de nos rois, rangées par maties res, publié par Fontanon ; avocat, en 1580, en z vol. fol, , Ordonnances des gabelles eft celle du mois de Mai 1680, qui regle tout ce qui concerne l’ufage du tel, ; Ordonnances générales | on appelloit ainf autre: fois celles qui étoient faites pour avoir lieu dans tout le royaume , à la différence d’äutres ordonnances qui wavoient lieu que dans les terres du domaine du rOL Ordonnance de l’intendant eft un réglement fait par un intendant de province dans une matiere de fa compétence. ; Ordonnance du juge eft celle qui eft rendue pat un juge au bas d’une requête , ou dans un procès-ver- DAC FFffi 594 OR D bal, par lequel il permet d’afligner , faïfir , ou autre 1 “. _ Au bas du collier pend uñe médaille fur laquelle on voit l'image dé S, André , ayant fa croix {ur la poitrine avec cette devife, zemo me impuné laceffer, perfonne ne me défie impunément. D'autres racontent différemment l’origine de cet ordre, & nous aflurent qu'il fut inflitué après la con- clufion d’une paix entre Charles VII, roi de Fran- ce , d’une part, & le roi d’Écofle de l’autre. L'abbé Juftiniani remonte plus haut, & prétend qu'il fut inffitué par Achaius I, roi d'Écoffe en 809 , lequel après avoir conclu une alliance avec Char- lemagne , prit pour fa devife le chardon avec ces mots , #ermo me impunè laceffer , laquelle devife eft effetivement celle de l’ordre : il ajoute que le roi Jacques IV. renouvella cet ordre , & le mit fous la protettion de S. André. L'ordre n’eft compofé que de douze chevaliers , &z du roi qui en eft le chef &c le fouverain ; ils por- tent un ruban verd au bas duquel pend un chärdon d’or couronné dans un cercle d’or, avec l’infcrip- tion de la devife. (A) ORDRE DE L'ÉLÉPHANT , eft un des ordres mili- taires des rois de Dannemark ; on lappelle ainf, parce que fes armes font un éléphant, Il y a bien des fentimens fur l’origine de linftitution de cet or- dre. Mennenius & Hocpingius l’attribuent à Ghrif- tien IV. qui fut élu roi en 1584; Selden & Imhof à Frederic IL. élu en 1542 ; Gregorio Leti à Frederic Ï. qui regna vers 1530; Bernard Rebolledus à Jean . I. qui commença à regner en 1478 ; Bechman ëc 4 Janus Bicherodius foutiennent que Camit V[. en eft le premiér infütuteur , & que c’eft aux croifades qu'il en faut rapporter l'origine. Îl eft certain qu’en 1494. l’ordre de l'éléphant fubfiftoit. Cet ordre s’ap- pella d’abord l’ordre de fainte Marie, 8 celui de l’éle- phant {ous Chriftien [. ce qui donna occafon à fon inflitution , fut une ation courageufe de quelques- uns des Danois qui tuerent un éléphant dans une guerre que Canut foutint contre les Sarrafins. Cet ordre a toujours été fous la proteétion de la fainte Vierge , & s’appelle encote à préfent l’ordre de fainie Marie. Au deflous de léléphant pend une image de _la fainte Vierge, environnée de rayons. Plufeurs princes augmenterent cet ordre. Frederic IT, créa beaucoup de chevaliers à la cérémonie de fon cou- ronnement. Chriftien V. en fit autant, & l’orna beau- coup : lés chevaliers portent un collier d’où pend un éléphant d'or , émaillé de blanc, le dos chargé d’un château d’argent, maçonné de fable. L’éléphant eft porté fur une terrafle de finople , :émaillée de fleurs. Les rois de Dannemark ne font point de che- valiers de l'éléphant que le jour de leur courènne- ment. ORDRE pu $. EsPRiT, eft un ordre de chevalerie inftitué par Henri II. en 1579 , il devoit être com- pofé de cent chevaliers feulement. Pour y êtie ad- mis , 1l falloit faire preuve de trois races de noblef- fe. Le grand maître & les commandeurs font revé- tus les jours de cérémonies , de longs manteaux, faits à La façon de ceux qui fe portent le jour de S. | l OIRIDA Go f Michel. ils font de velours noir; garni tout: au tour d’une broderie d’or & d'argent qui repréfenté des fleurs de lis , 8 forme des nœuds d’or entré trois divers chiffres d'argent ; 8 am-deflus de ces chiffres, de ces nœuds & de ces fleurs de lis ; il y a des flammes d’or {emées de part en part: Ce grand manteau eft garm d’un mantelet de toile d'argent vérte, couverte d’une broderie femblable à celle du grand manteau, excepté qu'au lieu de chiffres , il a des colombes d'argent. Ces manteaux & mante- lets font doublés de fatin janne orangé , ils fe por- tent retroufiés du côté gauche , & l'ouverture eft du côté droit. Le grand maitre & les commandeurs portent des chaufles & des poutpoints blancs, fa- çonnés à leur difcretion ; ils ont un bonnet noir furmonté d’une plume blanche | & mettent à dé- couvert fur leurs manteaux le grand collier de l’or- dre qui leur a été donné lors de leur réception, Le chancelier eft vétu de même que le comman- deur, excepté qu'il n’a pas le grand collier, mais feulement la croix coulue fur le devant de fon man- teau, & celle d’or pendante au col. Le prevôr, le grand trélorier & le greffier ont aufi des manteaux de velours noir &le mantelet de toile d'argent ver: te , qui ne {ont brodés que de quelques flammes d’or: Ils portent aufh la croix de l’ordre coufue & celle d’or pendante au col ; le héraut & huifiers ont des manteaux de fatin & le mantelet de velours verd , bordé de flammes comme ceux des autres officiers. Le héraut porte la croix de l’ordre avec fon émail pendue au col, & l’huiffier une croix de l’ordre, mais plus petite que celle des autres off: ciers. Les prélats , commandeuts 8 officiers portent la croix coufue fur le côté gauche de leurs manteaux, robes ‘& autres habillemens de déffus. Le orand maitre qui eft le roi la porte aux habillemens de deffous , au milieu de l’eftomac quand'bon lui fem ble , & en ceux de deflus au côié gauche de même grandeur que les commandeurs. Elle eft faite en forme de croix de malte en broderie d'argent, au milieu 1l y'a une colombe fiprirée , &aux angles des rais & des fleurs de lis brodées en argent. C’eft un des ftatuts irrévocableside l'ordre, de porter tou- jours la croix aux habits ordinaires avec celle d’or au col pendante à un ruban de foie , de couleur bleu célefte , & l’habit aux jours deftinés. Les car- dinaux ; prélats , commandeurs & officiers portent aufli une croix de l’ordre pendante au col &7 au mê- me ruban. La croix eft de la forme de celle de mal- e , toute d’or , émaillée de blanc par les bords, & le milieu fans émail : dans les angles il y a une fleur de lis ; mais fur le milieu ceux qui font che- valiers de lordre-de S. Michel, en portent la mar- que’d’un côté ; &c de l’autre une colombe. Les car- dinaux & les prélats qui ne font point de cet ordre portent une colombe des deux côtés. - Le collier de l’ordre du S, Efprir eft d'or fait à fleurs de lis avec trois différens chiffres entrelacés de nœuds de la façon de la broderie du manteau. Il eff toujours du poids de deux cens écus ou environ, fans être enrichi de pierreries ni d’autres chofes. Les commandeurs ne le peuvent vendre , engager ni aliéner, pour quelque nécefité ou caufe que ce foit, parce qu'il appartent à l’ordre &z lui revient après la mort de celui qui le portoit Avant que de recevoir l’ordre du $S. Efprir , les commandeurs re- çoivent celui de S. Michel ; c’eft pourquoi leurs armes font entourées de deux colliers. En 1664. le roi fixa le nombre des chevaliers à cent. Les offi= ciers {ont le chancelier & garde des fceaux , le pré- vot & grand maître des cérémonies ; le grand tréfo- rier, le greffier , les intendans , le généalogifte de l’ordre ; le roi d'armes , les hérauts & les huifiers, Co4 OR D Les chevaliers portent le cordon bleu de droite à gauche, & les pairs eccléfiaftiques en forme de col- lier pendant fur Peffomac. ORDRE DE LA TABLE RONDE, ( Hifloire de la Chevalerie. ) ordre de chevalerie célebre dans les ou- vrages des écrivains de romans , qui en attribuent Pinfütution au roi Arthur. Quoiqu’on ait bâti divers récits fabuleux fur ce fondement , ilne s’enfuit point que linflitution de cet ordre doive entierement pañler pour chimérique ; iln’eft pas contre la vraiflemblan- ce, qu'Arthurait inftitué un ordre de chevalerie dans la Grande-Bretagne , puifque dans le même fiecle, TFhéodoric, roi des Oftrosots, en avoit inftitué un en Italie. Arthur a êté fans doute un grand capitaine; c’eft dommage que fes aétions ayent fervi de bafe à üne infinité de fables qu'on a publiées fur fon fujet, au lieu que fa vie méritoit d’être écrite par des hif- toriens fenfés. (D. J.) ORDRE TEUTONIQUE , ( Æiff. mod. ) eft un ordre militaire & religieux de chevaliers. Il fat inflitué vers la fin du x1. fiecle, 8 nommé seuronique, à caufe que la plüpart de fes chevaliers font allemands ou teu- tons. Voyez CHEVALIER & ORDRE. Voici l’origine de cet ordre. Pendant queles Chré- tiens , fous Guy de Lufignan, faifoient le fiege d’A- cre , ville de la Syrie, fur les frontieres de la Terre- fainte , auquel fiege fe trouvoient Philippe - Augufte roi de France , Richard roi d’Anglererre , & quel- ques feigneurs allemands de Bremen & de Lubec, on fut touché de compafñon pour les malades & bleflés qui manquoient du néceffaire , & on établit un efpece d'hôpital fous une tenté faité d’un voile de navire , où l'on exerça la charité envers les pauvres foldats. | C’eft ce quifit naître: l'idée d’inftituer un troi- fieme ordre militaire , à limitation des templiers & des hofpitaliers. Voyez TEMPEIER 6 Hosprra- LIER. Ce deffein fut approuvé par le patriarche de Jé- fufalem, par les évêques & achevêques des places voifines , parle roi de Jérufalem , par les maîtres du temple & de lhôpital, & par les feigneurs & pré- lats allemands qui fe trouvoient pour lors dans la Terre-fainte. Ce fut du confentement commun de tous ces per- fonnages , que Frédéric ducde Souabe , envoya des ambafladeurs à fon frere Henri roi des Romains, pour qu’il follicitât le pape de confirmer cet ordre nouveau. Celeftin IL. qui gouvernoit l’Eglife , ac- corda ce qu’on lui demandoit, par une bulle du 23 Février 1191 ou 1192 ; & le nouvel ordre fut ap- pellé l’ordre des chevaliers teutoniques de l’hofpice de fainte-Marie de Jérufalem. Le pape leur accorda les mêmes privileges qu'aux templiers 8 aux hofpitaliers de $. Jean , excepté qu'il les foumit aux patriarches & autres prélats, & qu'il les chargea de payer la dixme de ce qu'ils pof- fédoient. - Le premier maître de l’ordre, Henri de Waälpot , élu pendant le fiege d’Acre, acheta, depuis la prife de cette ville, un jardin où il bâtit une églife &c un hôpital, qui fut la premiere maïfon de l’ordre teuto- rique , fuivant la relation de Pierre de Duisbours , prêtre du même ordre. Jacques de Vitry s'éloigne un peu de ce fait hiftorique, en difant que l’ordre sentonique fut établi à Jérufalem , avant le fiége de la ville d’Acre. Hartknoch,, dans fes notes fur Duisbourg, conci- he ces deux opimions , en prétendant que l’ordre reu- Zonique fut inftitué d’abord à Jérufalem par un parti- cuher, allemand de nation ; que cet ordre fut confr- mé par le pape, par Pempereur & par lès princes pendant lefiese d’Acre ; & qu'après la prife de cette ville ; cet ordre militaire devint confidéfable & fe fit connoître par tout le monde. S'il eft vrai qué cet ordre fut inftitué d’abord par un particulier , auquel fe joienirent ceux de Bremen & de Lubec , qui étoient alors dans la ville de Jé- rufalem ; on ne peut favoir au jufte l’année de fon origine. | L'ordre ne fit pas de grands progrès fons les trois premuers grands-maîtres, mais il devint extrème- ment piflant fous le quatrieme , nommé Hermand de Saltz, au point que Conrade, duc de Mazovie & de Cujavie, lui envoya des ambaffadeurs pour lui demander fon amitié &c du fecouts , & pour lui of- for 8 à fon ordre, les provinces de Culm & de Li- vonie , avec tons lés pays qu’ils pourroïent récou- vter fur les Pruffiens idolâtres qui défoloiént fes états par des incurfions continuelles , & auxquels il oppofa ces nouveaux chevaliers , parce que ceux de Pordre de chrifton de Dobrin , qu'ilavoit inftitués dans la même vue, étoient trop foibles pour exécu- ter fes deffeins. | De Saltz accepta la donation, & Gregoire IX. la confirma. Innocent publia une croïfade pour aider les chevaliers teurons à réduire les Pruffiens. Avec ce fecours l'ordre fubjugua , dans Péfpace d’un an, _ les provinces de Warmie, de Natansie & deBarthie, dont les habitans renoncérent au culte des idoles ; &t dans le cours dé Soans , ils conquirent toute la Prufié , la Livonie , la Samogitie , la Poméranie, Fc. En 1204 le duc Albert inffitua l’ordre des cheva- liers porte-glaives, qui füt uni enfuite à l’ordre reu- tonique ; &t cette umon fut approuvéé par le pape Grégoire IX. Voyez PORTE-GLAIVES. Waldemar II. roi de Danemarck, vendit à l’ordre Ja province d’Eftein , les villes de Nerva 8c de Wef- famberg , avec quelques autres provinces. Quelque tems après , une nouvelle union mit de grandes divifions dans l’ordre : cètte union fe fitavec les évêques & les chanoïnes de Pruffe & de Livonie, lefquels en conféquence prirent l’habit de l’ordre, & partagerent la fouveraineté avec les chevaliers dans iéurs diocèfes, | L'ordre fe voyant maitre de toute la Prufle , il fit bâtir les villes d'Elbing , Marienbourg , Thorn, Dantzic, Konisberg, & quelques autres. L’empe- reur Frédéric II. permit à l’ordre de joindre À fes ar- mes l'aigle impérial, & en 1250 S. Louis lui permit d’écarteler de la fleur-de-lis. Après que la ville d’Acre eût été reprife par les In- fideles, le grand-maître de l’ordre reusonique en trant- fera fon fiege à Marienbourg. A mefure que l’ordre croifloit en puiffance , les chevaliers vouloient croi- tre en titres & dignités ; de forte qu’à la fin, au lieu de fe contenter | comme auparavant, du nom de freres, ils voulurent qu’on les traitât de féigreurs 5 &c quoique le grand-maitre Conrade Zolnera de Ro- teftein fe füt oppofé à cette innovation , fon fuc- cefleur Conrade Wallerod , non-content de favori- fer Porgueil des chevaliers, fe fit rendre à lui-même des honneurs qui ne font dûs qu'aux princes du pre- mier ordre. | Les rois de Pologne profiterent des divifions qui s’étoient mifes dans l’ordre : les Pruffiens fe revolte- rent ; & après des guerres continuellesentre les che- valiers &les Polonoïis, les premiers céderent'au roi Cafimir la Pruffe fupérieure, & conferverent l’infé- rieure , à condition de lui en faire hommage. Enfin , dans le tems de la réformarion, Albert , marquis de Brandebourg , grand-maître de l’ordre, fe rendit Iuthérien , renonça à la dignité de grand= maître , détriufit Les commanderies | & chafla les chevaliers de la Pruffe. ‘1 La plüpart des chevaliers {uivirent {on exemple, &z embraflerent la réformation : les autres transfe- terent le fiege du grand-maitre à Margentheim on Mariendal en Franconie, où le chef-lieu de l’ordre eft encore aujourd’hui. ns 14 Ils y élurent pour leur grand - maître Waltér de Cromberg , inténterent un procès contre Albert, que l’empereur mit au ban de Pempire : cependant Vordre ne put jamais recouvrer fes domaines ; & au- jourd’hui ies chevaliers ne font tont-au-plus que l'ombre de ce qu'ils étoient autrefois, n’ayant que trois ou quatre commanderies, qui fufäfent à-peine pour faire fubfifter le grand-maitre & fes cheva- liers. Aer di Pendant que l’ordre reutonique étoit dans fa fplen- deur , fes offciers étoient le grand-maïître, qui fai- {oit fon féjour à Mariendal, & qui avoit fous lui le srand-commandeur ,; le grand-maréchal ; réfidant à Conigsberg , Le grand - hofpitalier , réfidant à El- bing, le drapier, chargé de fournir les habits, le trélorier vivant à la cour du grand-maitre , & plu- fieurs autres commandeurs , comme ceux de Thorn, de Culm, de Brandebourg, de Comigsberg , d’El- bing, 6'c. Le | L'ordre avoit aufli des commandeurs particuliers dans les châteaux & dans les forterefles , des avo- cats , des pourvoyeurs , des intendans , des mou- lins , des provifons, &c. | : Waïflelms, dans fes annales, dit que l’ordreavoit .28 commandeurs de villes ; 46 de châteaux, 81 hofpitaliers, 3$.maitres de couvens, 40 maîtres- d’hôteis, 37 pourvoyeurs , 93 maîtres de mouüns, 700 freres on chevaliers pour aller à lParmée , 162 freres de chœur ou prêtres , 6200 ferviteurs ou domeftiques , &c. - Les armes de l’ordre seutonique {ont une croix par- tie de fable chargée d’une croix potencée au champ d'argent. Saint Louws , roide France, avoit permis | d’yjoindre quatre fleur-de-lis d’or ; & anciennement _elles faifoient partie de leur blafon , mais peu-à-peu _ ils ont négligé &c enfin abandonné cette marque d'honneur. ORDRE DE LA TOISON D'OR, ( Æfé. mod. ) | . order of the golden fleece , eft un ordre militaire inft- tué par Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne en 1429. Voyez ORDRE. ‘Il a pris fon nom de la repréfentation de Ia toifon d’or, que les chevaliers portent au bas d’un collier, compolfé de fufils & de pierres à feu. Le roi d’'Ef- pagne eft le chef & grand-maitre de l’ordre de latoi- Jon, en qualité de duc de Bourgogne. Le nombre .des chevaliers eff fixé à trente & un. On dit qu'il fut - inftitué à l’occafion d’un gain immenfe que le duc de Bourgogne fit fur les laines. Les Chimuftes préten- dent que ce fut pour un myftere de chimie, à l’imuta- tion de cette fameufe torfon d’or des anciens, qui, . felon les initiés dans cet art, n’étoit autre chofe que le fecret de l’élixir écrit fur la peau d’un mouton. £ Olivier de la Marche dit qu'il remiten mémoire à . PhilippeI. archiduc d'Autriche, pere de l’empereur Charles V. que Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, {on aieul, avoit inftitué l’ordre de la toifon d’or , dans la vue de celle de Jafon, & que Jean Germain , évé- que de Châlons fur Saône, & chancelier de l’ordre, étant venu fur ces entrefaites, le fit changer de fen- timent, & déclara au jeune prince que cet ordre avoit été inftitué en mémoire de la toifon de Gédéon. Mais Guillaume , évêque de Tournai, qui étoit aufli chancelier de l’ordre, prétend que le duc de Bour- gogne eut pour objet la toifon d’or de Jafon, & celle de Jacob ; c’eft-à-dire, ces brebis tachetées de diver- {es couleurs que ce patriarche eut pour fa part, fui- vant lPaccord qu'il avoit fait avec fon beau-pere Laban ; ce qui a donné lieu à ce prélat de faire un — gros ouvrage en deux parties. Dans la premiere, ORD. ; fous le fymbole de la toifon de Jafon , il parle de la vertu de magnänimité dont un chevalier doit faire profefion; & fous le fymbole de la toifon de Jacob 5 de la vertu de juftice. : Paradin a fuivi ce fentiment, en difant que le duc voulut infinuer que la conquête fabuleufe que l’on dit que Jafon fit de la toïfon d’or, n’étoit autre chofe que la conquête de la vertu , qu’on ne peut acqué- rir fans vaincre les monftres horribles , qui font les vices & les affeétions défordonnées. Dans la premiere inflitution, les chevaliers por- torent un manteau d’écarlate fourré d’hermine.Main- tenant leur habit de cérémonie eft une robe de toile d'argent, nn manteau de velours cramoifi rouge, & un chaperon de velours violet. La de vife eft, preccum zon vile laborum , qui femble faire allufion aux tra- vaux que Jafon & fes compagnons furmonterent pour enlever la toifon, & dont elle fut le prix. ORDRE DE BATAILLE, c'eft la difpofition ou l’arrangement des troupes de l’armée pour combat- tre. Voyez ARMÉE. On a donné (article ARMÉE ) l’ordre ordinaire fur lequellestroupes font miles en bataillé, c’eft-à-dire, fur deux lignes avec des referves, la cavalerie éga- lement diftribuée aux ailes, & l’infanterie au centre. Dans cet ordreles bataïllons &r les efcadrons forment des lignes tant pleines que vuides ; les troupes de la feconde ligne font placées derriere ou en face des in- tervalles de celle de la premiere. | Comme ces intervalles, lorfqu’ils font égaux au front des bataillons & des efcadrons , augmentent confidérablement le front de l’armée , M. le maré- chal de Puyfegur prétend qu'il faut les réduire À dix toifes pour les bataillons , & à fix pour les efca- drons. Voyez INTERVALLE. Dans cet état , toutes les parties dé l’armée étant plus réunies , ilen réfulte plus de force pour l’ordre de bataille, Maïs on peut encore le rendre plus formidable en combattant en ligne pleine. Voyez ARMÉE & LIGNE PLEINE. Ce dernier ordre a Cependant un inconvénient , c’eft que fi la ligne pleine eftrompue, ileft prefque impoffible de rétablir le défordre: mais en formant derriere une feconde ligne , comme une efpece de referve par- tagée en plufieurs grandes parties propres à foutenir la premiere dans les endroits où elle peut être for- _cée,on a de cette maniere, l’avanta ge d'attaquer l’en- nenu dans un ordre plus fort, & celui de pouvoirre- médier, comme dans l’ordre en lignes tant pleines que vuides , aux accidens qui penvent arriver à la premiere ligne. L’ufage ordinaire de mettrela cavalerieaux aîles > & l'infanterie au centre, n’eft pas généralement ap- prouvé, parce qu’alors chaque armée , où chaque efpece de troupe eft abandonnée à fa propre force; c'eft-à-dire, que la cavalerie ne foutient point l’in- fanterie, & celle-ci la cavalerie. Foyez INF À N- TERIE,. Montecuculi , le chevalier Folard, M. de Santa- Cruix, M. de Puyfegur & plufieurs autres militaires habiles, auxquels cet inconvénient n’a point échap- pé, ont propofé différentes manieres d’y remédier, Suivant le célebre commentateur de Polybe , il faut mêler dans l’ordre de bataille la cavalerie & l’infante- rie, de maniere que ces différentes troupes occu- pent alternativement des parties de chaque ligne ; que la cavalerie de la feconde foit derriere l’infante- rie de la premiere, & cette même troupe de la fe- conde ligne derriere la cavalerie qui eft en premiere lhone. Par cet arrangement les deux différentes ef. peces de troupes de l’armée fe foutiennent récipro- quement. Ce mélange devient d’autant plus impor- tant , que la cavalerie de l’ennemi eft en plus grand nombre & meilleure que celle qu’on peut lui op- pofer, Voyez {ur ce fujet les éZémens de Taëlique , où 606 OR D: l’on eft entré dans un grand détail fut {a maniere de aire le mélange de la cavalerie & de l'infanterie dans l’ordre de Patarlle, | dr Il'eft difficile de fixer dés regles générales & conf- tantes pour Parrangementdes troupes dans l’ordre de “bataille, Cet ordre , comme le dit Onofander , doit être relatif à l’efpece darines,de troupes & des lieux quoccupe l’ennemi. L’habileté du général ‘confifte à regler fes difpofitions felon les circonftances dans jefquelles 11 trouve l’armée oppofée. Le coup d'œil doit lui faire prendre dans le moment le parti le plus “avantageux, fuivant la fituation de l'ennemi. Si l’on S’apperçoit qu'il ait mis fes principales forces au centre, ou aux ailés , on doit s'arranger pour lui oppofer plus de réfiftance dans ces endroits , &r faire en forte que chaque efpece de troupe foit oppofée à celles de même nature de l’armée qu'on veut com- “battre. É* il eft aifé de s’appercevoir par le fimple expofé de cés principes , que les ordres de bataille doivent varier d’une infinité de manieres. Mais malgré leur nombre & leur diverfité, il y a certaines regles qui fervent de bafe à ces différens ordres, & dont onne péut s’écarter fansinconvénient : voici en quoi elles confiftent, 1°, I! faut toujours que les ailes de l'armée foient à abri des entreprifes de l’énnemi. Une aile détruite expofe le refte à l’être également ; car il eft très-diffi- cile de fe foutenir contre une attaque de front & de flanc. | Pour éviter cet inconvenient, la méthode ordi naïre eft d'appuyer les ailes à quelque fornfication naturelle qui les garantifle d’être tournées où enve- loppées ; comme par exemple, à un maraïs reconnu pour impratiquable , à une riviere qu'on ne peut pañler à gué, à un bois bien garni d'infanterie, à un village bienfortifié , à des hauteurs dont le fommet © on en aura {ûre- ment une bonnerécolte. Ces plantes venues de graine, feront aflez fortes pour être tran{plantées aux mois de Juillet ou Août iuivans , à environ quatre pouces de diftance dans des carreaux de terre légere bien criblée, à un en. droit où elles n'aient que le foleil du matin. Il eft à propos même de les défendre de la chaleur pendant quinze jours après les avoir plantées. Au mois d’A- val fuivant , on peut efpérer que quelques-unes commenceront à fleurir. Pour-lors fi elles ont les qua- lités dont on a parlé, on les tranfplante dans des pots , remplis où d’une demi-charge de fable de mer s d’une charge de terre franche, & d’une charge de terre à melon, le tout pañlé par le crible; ou d’une terre franche fablonneufe à laquelle on ajoute une égale quantité de terre à melon , le tout mêlé en- femble & cribié. Au refte, toutes les terres COMmpPO- fées & les mélanges doivent refter quelque tems en monceaux , afin que leurs différentes parties puiflent s'incorporer bien enfemble avant que l’on en fafle ufage. ILnous refte à parier de la maniere de faire fleurir les oreilles d'ours : la voici. Mettez des pots fur des tablettes les uns au-deflus des autres, dans un endroit du jardin oùilsne pu fent avoir quele foleil du matin ; à mefure que ces fleurs fe couvrent d’une elpece de duvet velourg , qui coniribue beaucoup à en ausmenter la beauté ,1l faut les couvrir pendant les pluies, qui feroient ca- pables de détruire ce duvet & de fanner leurs cou leurs. La faïfon favorable pour divifer leurs racines , eft lorfqu’elles font en fleur, ou vers la fn du mois de Juiliet. | Les curieux fleuriftes font avertis de ne pas don- ner trop d’humidité en hiver aux oreilles d'ours , d’en enlever fans cefle les feuilles pourries, de ne pas laiffer pañler à ces fleurs le mois de Janvi er, fans Ôter la térre ufée d’autour des racines, & de remplir les pots de nouvelle ‘erre préparée. Enfin, on peut con- {ulter dans ce pays un traité fort détaillé fur la cu. ture de l'oreille d'ours. Ieftimprimé à Paris , en 1 745 5 en2 vol. 27-12. ( D. J.) OREILLE DE RAT, ( Boran, ) voyez PILOSELLE, ( Botan.) OREILLE DE SOURIS, æyofotis, genre de plante à fleur en rofe, compolée de plufieurs pé- tales difpofées en rond. Le pifil fort du calice & devient dans la fuite un fruit qui reflemble à une corne de bœuf, & qui s'ouvre par la pointe ; ilren- ferme de petites femences, Le plus fouvent arron- dies & attachées à un placenta, Tournefort » Lnff, rei herb. Voyez PLANTE. OREILLE DE SOURIS ( Mar, médic. ) oreille de rat, pilojélle, eft très-amere ; elle eft comptée parmi les plantes affringentes, vulnéraires, & dé- terfives. Les Médecins botaniftes vantent beaucoup fon extrait & {on fuc pour la guérifon des ulceres internes, &c fur tout de la phthifie & de la diflente. rie. Lls recommandent aufli ce remede comme ca- pable de nettoyer les reins & la vefie des petits graviers qui occafionnent plufieurs maladies graves de ces organes, & pour guérir. la jaunifle ; Les ob- fruétions, les rérentions de regles, 6-c. Ils:donnent: pour un remede éprouvé, contre la fievre tierce une forte intufon de cette plante dans le vin blanc prife, à la dofe d'environ huit onces, une heure ayant l'accès. LAON tan Les feuilles d'oreille de fouris entrent dans le bats 622 ORE ne vulnéraire de la pharmacopée de Paris, & en font un ingrédient inutile. (8) | | OREILLE , ( Coxchyl. ) on appelle oreille en Con: éhyologié, une ou deux parties plates & faillantes de celles de la charniere d'une coquille, fur-tont dé. celle qui eft nommée pargre. Il faut diftiñguer les oreilles des aîles ; car a/les {e dit de l’extenfion d’une des levres dé la bouche d’une coquille ; on dit, par exemple, un murex ailé, & l’on ne doit pas prer- dre cette aîle pour une oreille. ( D. J.) OREILLE DE MER, ( Corchyliol.) nom que Fon a donné à un genre de coquillage de la claïle des uni- Valves, à caufe de la grande reffemblance qu'il à par fa forme avéc l'oreslle de l’homme; on ne le trouve enFrance que fur les côtes de Bretagne, il fe tient de même que le lepas attaché contre les to- chers; fa coquille eft percée de fept tfous pour l’or- dinaire. Tant qu’il eft jeune, 1l y eri a moins; mais à mefure que la coquille augmente , il fe forme un nouveau trou. Voyez COQUILLAGE & COQUILLES. Aldrovandus & Rondelet ont appellé l’orcille de mer , patella fera ; ce qui la confond avec la patelle : ils l’ont mife encore parmi les bivalves, quoique tien ne fût plus oppoié. Son nom françois lui vient de fa refflemblance avec l’oreillehumaine :il y a des endroits où on l’ap- pelle ormier ; Bélon la nomme le grand bourdin ; êc les Hollandoiïs, ffockfiche. Les oreilles de mer donnent quelquefois de petites perles, dont on voit les femences dans le milieu de leur cavité, qui préfente un fort bel orient. Cette partie eft traverfée deffus &c deffous par de grandes rides ou des ondes , qui fe terminent en-dehors à un œil formant une efpece de volute ; avec un rebord applati d’un côté , &c de l’autre tout uni. Les oreilles ont un rang detrous ronds, dont il y en a ordinaire- ment fix d’ouverts. Quand le poiflon veut augmen- ter fa coquille pour couvrir l'augmentation de fa chair , ilfait un nouveau trou & en fermeun autre. Lifter met l'oreille de mer parmi les turbinées ou contournées:1il dit, surbinatorum more claviculatim contorquetur , adedut ab aliquibus univalyibus malè art- numerata eff, Sur ce principe , toutes les coquilles fe- ront turbinées, jufqu’à la porcelaine , qui a une py- ramide ou clayicule contournée, qui eft applatie, & qui rentre en elle-même vers fon fommet. Parmi les diverfes efpeces d'oreilles de mer, on compte 1°, l'oreille percée à fix trous ; 2°, la polie; 3°. la verte; 4°. la rougeûtre; j°. celle qui eft ta- chetée de brun & de verd ; 6°. de forme longue ; 7°. l'oreille de mer fans trous & qui n’eft point nacrée, ayant une volute en-dedans détachée de fon bord. Ce coquillage n’eft pas moins connu que le lepas ; maïs il ne fe trouve pas f communément : nous ne l'avons en France que fur les côtes de Bretagne. Le poiflon de cette coquille eft ordinairement attaché au rocher à fleur d’eau, & s’y tient fi fortement cramponné , qu'on a encore plus de peine à détacher fa coquille que le lepas. Il meurt incontinent après gu’on l’a détaché du rocher ; 1l fait quelques mouve- mens, en alongeant fa tête & fes barbes qui font au- haut de fa circonférence. Sa chair eft jaunâtre &r bonne à manger. On lui remarque une tête ronde, tranchée fur le deflus, avec une bouche garmie de quatre cornes , dont deux plus grandes font peu dii- tantes des deux autres. Les deux yeux ou points noirs font placés au fommet des deux plus peutes cornes. Il rend fes excrémens par les trous qui font fur la fuperficie de fa coquille ; & fes principaux vifceres font logés fur la bordure. Lorfquil eft en marche, fon pié déborde beaucoup la fuperficie de fa co- quille qui eftrevêtue de légers fillons , lefquels tour- ent autonr de la robe en forme de deux rangs frai- ORE fés, & vont fe perdre au fommet. Sa couleur ordi. natrement très-variée eft d’un cendré noir; maisily ena de vertes, de fougeâtres, avec une très-belle nacre en-dedans. Dargenville , Cenchyliologies FANS . OREILLE, ( Cririque facrée, ) ce mot fe prend d’or: dinaire métaphoriquement dans Ecriture : il fioni- fie quelquefois exaucer. Verba mea auribus percipé Dorine, Pi, v. 1. Seigneur, exaucer ros prieres. 2°s 1! fignifie un entier dévouement : Sacrificinm & obla- tionem noluifii, aures autem perfecifii mihi, PI xxxix. 7. Vous n'avez voulu ni facrifice nioblation , mais vous m'avez donné des oreilles parfaites. L’hébreu porte fodifli, par allufion à la coutume de percer avec une aleine Porcille du fervitenr , qui renonçoit au privilege de l’année fabbatique , & fe confacroit au fervice de fon maître pour toujours. 3°. Aures teli audit omnita ; Sap.j. 10, L’oreille de Dieu, qui s'appelle 7 Dieu jaloux, entend tout. 4°. Revelare aurem ; déclarer une chofe inconnue. S2 perfeveraves is, revelabo aurèem tuam, I, Reoum, xx. 13. Si le mauvais deffein de mon pere continue toujours con- tre vous , je vous en donnerai avis , dit Jonathas à David. 5°. Erigere aurem | exciter à entendre avec docilité. Ærigit mihi aurem , ut audiam quafi magi- firum ; If 1. 4. Le Seigneur me touche l'oreille , afin que je l’écoute comme nn maître. 6°. Le Seigneur dit à Ifaie : laïflez l'oreille de ce peuple s’appéfantir, c’eft-à-dire, laiffez-le endurcir fon cœur. (D. JT. , OREILLES DE L’ANCRE , ( Marine. ) c’ef la lar- geur des pattes de l'ancre, Voyez ANCRE. (Q) OREILLE DE LIEVRE, ( Marine, ) une voile ap« pareillée en oreille de lievre eft une voile latine, ow à tiers point ; ce qui la rend différente des voiles à traits quarrés. (Q) L. 34 OREILLE , erme d'Arts & de Métiers ; il y a quan- tité de chofe dans les Arts & Métiers auxquelles: les ouvriers donnent ordinairement le nom d’orei/les, foit parce qu’elles ont quelque forte de refflemblan- - ce, bien qu'éloignées avec les oreilles naturelles , foit feulement à caufe qu’elles font doubles comme elles. Les oreilles d’un ancre font les deux bouts plats & pointus faits en langue de chat, qu’on appelle aufñ pattes | qui lui fervent à mordre & À tenir dans le fable, Les oreilles d’un minot à mefurer les grains , font les deux pieces plates qui font attachées au ceintre pour y affermir la potence. Les orezlles d’un chaudron, d’un fceau, d’une mar- mite, font les morceaux de fer plat, dans lefquels l’anfe eft mobile. | On dit auffi Les oreilles d’une écuelle , les oreilles d’un foulier, les oreilles d’un peigne, les oreilles d’un ballot , & quelques autres, Comme celles du peigne. &c du ballot femblent plus confidérables que Les au- tres par rapport au commerce ; l’on en a fait des ar- ticles particuliers. Savary, (D. J.) OREILLES, ( ydr, ) on dit Les oreilles ou les orei£. lons d’une piece d’eau en miroir; ce font {es petites parties échancrées & en retour, qui fe joignent à celles qui font ceintrées. OREILLE, cerme d’Architetture ,| eft le racord de deux moulures , qui tend à former un angle droit, . par une forme circulaire de quart de cercle, foit en+ dans, foit en-dehors. OREILLE , ( partie du métier à bas, ) Voyez à BAS; MÉTIER A BAS. OREILLE , ex terme de Bourferie, ce font de petits. tirans qui tiennent au dos d’un étui à livre, & quit en couvre la tranche jufque fous la patte de l’étui. Voyez PATTE. OREILLE DE CHARRUE, ( Agriculture. ) les La- boureuxs appellent ainf la partie de la charrue à la- " quelle ès | ORE | &élle eft attaché le {0e , 8e qui fert pour tourner la serre que le foc a fendue, En plufeurs endroits l’o- veille de la charrue eft un petit ais triangulaire qui s'applique à la partie où fe met le foc ; en forte que | par fa pointe il y fort attaché avec un cfochet de fer qui eff à cette pointe, & que l’on engage dans un anneau qui eft proche du foc ; par l’autre bout elle s’en éloigne au moyen d’une cheville de bois, longue d'environ un pié. Ainf l'oreille fait un angle aigu avec la partie de la chartue qui porte le oc. Cette oreille eft mobile , 8e fe met tantôt d’un côté, &t tantôt d’un autre. On la change quand le fillon eftachevé, & que l’on veut tourner pour en com- mencer unautre , afin qu’elle foittoujours en-dedans des fillons. Dans d’autres endroits , c’eft la partie poftérienre du bois même auquel le foc fe met, & que l’on peut appeller Le manche du foc, qui s’élareit, mais qui eft immobile. Alors il faut labourer à deux rangs de fillons , l'un à droite, & l’autre à gauche, afin que cette oreille , qui ne fe peut changer, foit toujours en-dedans du fillon, & qu’elle rejette fur les fillons déja tracés, & non pas fur la terre non encore labourée , celle que le {oc coupe à mefure qu'il avance. Voyez Les PL d’Agricul. ( D. JT.) OREILLE DE FRISQUETTE, Zerme d'Ümprimerie, voyez LANGUETTE. . | OREILLES , cermme d’emballeur , ce {ont des mor- ceaux de toile qu'on ménage aux quatre coins d’un ballot ou d'une balle, lorfqu’on en fait l'emballage , afin quelles crocheteurs , forts, où gagne-deniers, qui ont coutume de les charger ou décharger , ayent plus de prife pour les remuer & changer de place, On leur a donné le nom d'oreilles , parce qu'en effet ils ont quelque reflemblance avec celles des ani. maux qui les ont Les plus grandes. - OREILLESY ( Lurh. ) ce font dans les jeux de l'orgue de petites lames de plomb € d, fig. 32.7 PI. d'orgue ; minces 6c flexibles, que l’on foude aux deux côtés de la bouche des tuyaux bouchés & à cheminées ; & qui fervent à les accorder. On fait baïfler les tuyaux de ton eninclinant les oreilles vers la bouche; ce qui alonge le chemin que le vent qui anime le tuyau eft obligé de faire avant de frapper Pair extérieur, & diminue la fréquence de ces vi- brations. Au contraire , lorfqu’on écarte les oreilles, le chemin que le vent qui remplit le tuyau doit faire eft d'autant racourci, & qu’à vitefle égale , lestems font comme les efpaces à parcourir. La fréquence des vibrations de l’air eft augmentée; ce qui fait hauffer le tuyau de ton. Au moyende ces deux opé- rations , il eft facile d’accorder tel tuyau que l’on veut; car s’il eff trop bas, enlevant les oreilles petir- à-petit, on le fait facilement venir à l'accord qu'il doit faire. Si au contraire il eft trop haut, on le fera baïffer en ouvrant les oreilles jufqu’à ce qu'il loit d'accord. Voyez PARTITION. OREILLE , ( Maréchallerie. ) les oreilles du cheval doivent être petites, placées haut & droites. Boi- teux de lorille, voyez Boireux. Redrefler les orerlles , voyez REDRESSER. Regarder entreles deux oreilles, voye; REGARDER. Couper les oreilles, VOYEZ Couper. Aller de l'oreille, voyez AzxER. Le bou- quet fur l'oreille, eft une marque que l’on met à l’o- reille d’un cheval pour marquer qu’il eft à vendre. OREILLES , ( Menuiferie, ) font les pieces qu’on met dans les angles pour les arrondir. OREILLE, en terme de Potier, c’eft une efpece de manche qui ne differe du manche proprement dit, que par fa forme qui eft applatie & arrondie fur le bout extérieur ; l’oreilZe a le même ufage que le man- che. Voyez MANCHE. . OREILLES, ( Serrurerie. ) parties faillantes qu’on laïffe excéder le corps de l'ouvrage , & qui fervent de guides à une autre piece, comme dans les cade- Tome XI x | ORÉE. Gi; fats d'Allemagne, les quatre éminences qui font fur fatète du cadenat, entre lefquelles paflent les branches du crampon, | Onertres , ( Blafon, ) ce font deux petites poin: tes qui {ont au-haut des grandes coquilles, comme à celles de faint Jacques. Ce mot fe ditencore des. grandes coquilles quand elles ont des oreilles aufli d’émail difiérent. Menérrier, ( D. J. | OREILLE ; adj. ex rermes de Blafon, fe dit des dauphins & des coquilles dont les oreilies font d’un émail différent de celui de leurs corps. Feydean, à Paris , d'azur au chevron d’or, accompagné de trois coquilles d’or. OREILLER , f. m. ( Gram, ) efpece de fac quarré de groffe toile cirée, qu’on remplit de plumes ou de duvet , &z qu'on recouvre d’une autre toile plus fine, qu'on appelle Zz saye de l’oreiller, L’oréiller fe placé fur le chevet du lit, & tient la tête élevée. ORFILLER , 62 Architeiture, voyez COUSSINET DE CHAPITEAU. | OREILLER , ( Bouronnier, ) qw'on appelle auff couffiner, ou carreau , terme de Paflementiers Bou- tonniers ; pour défigner une forte de petit! pupitre quarré fait de bois leger plus long que large , &re- couvért pour l'ordinaire d’une étofe verte, rem bourée un peu ferme. L’oreiller fe place fur les ge- noux, &c fert à fabriquer à la main avec des fufeaux êr des épingles , des dentelles, guippures, & autres ouvrages femblables, dépendans du métier des Bou- tonniers. OREILLER, ærme de Coureliers, eft une efpecé de couffin de toile ; rempli de paille d'avoine ou dé bourre , que ces ouvriers mettent fur le chevalet dé léur roue à remoudre, afin de n’en être pas incom- modés dans la fituation contrainte où ils {ont en ré- moulant, OREILLERE , voyez; PERCE-OREILLE. OREILLETTE , {, f, en Anatomie, nom de deux cavités fituées à la bafe du cœur. Voyez Cœur. Le mot eft dérivé du latin auricule, petite oreille, diminutif de aures, qui fignifie Les oreilles, Les oresllerses font deux facs mufculeux fitués à La bafe du cœur, l’un du côté du ventricule’ dtof, l’autre du côté duventricule gauche, & unis enfem- ble par une cloifon interne & par des fibres commu nes externes, à-peu-près comme les ventricules. On appelle aufli l’un l’orciléetie droite, & l’autre Poreiz. lette gauche. L'orellette droite eft plus ample que lorei//erre gau- che, & elle s’abouche avec le ventricule du même côté, Elle a encore deux ouvertures formées parla rencontre de la veine cave afcendante & de la def. cendante qui ÿ aboutiffent. | | L'oreillerte gauche eft un grand fac auquel s’abou- chent quatre veines appellées veines pulmonaires, Voyez PULMONAIRE. ( L) OREILLETTE , ( Boran.) par les Botaniftes , af. rum, Voyez CABARET, (Boran.) "WE OREILLETTE, ( Orfévrerie.) petit cercle de mé- tal, que les femmes qui ne veulent pas fe faire per= cer les oreilles, y appliquent pour foutenir les bou: cles & les pendans d’oreilles. (D. J.) OREILLONS, f. m. pl. nom que le vulgaire don- ne aux tumeurs des parotides, parce qu'elles vien: nent autour des oreilles. Foyez PAROTI DES, Les parotides font ordinairement des tumeurs inflammatoires ou fort dures ; & l’on donne plus particulierement le nom d'orei/lons à des engorge= mens lymphatiques qui reffemblent plurôt à un œ- dème qu’à un phlegmon , & dont le fiége paroît plutôt dans le tiflu cellulaire qui avoifine la glande maxillaire ou la parotide , qu’attaquer le Corps mê- me de ces glandes. Les enfans font fujets aux ore;Z. lons ; c’'eft la Iymphe ftagnante qui les produit, Les Kk -ptifanes purgatives détournent Phumeur des oreiï-°"} dons naïflans. Les cataplafmes réfolutifs y font fort ‘’convenables, quand l’embarrascaufe de la douleur -par tenfon ; la laine imbibée de parties égales d'hui- -les de lis-êt de camomille calme & détend+ ce topi- -que aidé du régime & des. purgatifs fufñt communé- -ment à la cure des orallons. V'ai vù une confäitution “épidémique où après quelques accès de fievre , fans “aucun mauvais fymptome , 1l furvenoit des orez/- -lons ; ceux qu’on différoït de purger fe trouvoient “attaqués d’une fluxion fur les tefticules par la dif. «poñition fpontanée des oreillons. Les pilules mercu- rielles parurent le purgatifle mieuxindiqués il réuf- ifloit mieux que les autres, & procuroit plus promp- tement la réfolution parfaite des engagemens con- tre lefquels oncles admimiftrcit, (F°) OREILLONS , en Architeëlure ; voyez CROSSET- TES 6 OREILLES, OREILLONS , ( Menuiferie,) ce font des retours aux coins des chambraniles de portes ou de croifées; on les appelle auff croffetres. (D, J.) °. OREILLONS oz ORILLONS , terme de Mégifferie, ce font les rognures de cuir où peaux de bœufs , vaches , veaux, moutons, &c. dont onde fert pour faire la colle forte ; on les appelle ore/lons , parce que les oreilles.de ces animaux fe trouvent en quan- tité parmi ces rognures ; emforte que lé tout a pris fa dénomination d’une partie, ou parce qu'en effet : les plus grands morceaux de ces rognures ne le font pas plus que les oreilles de ces bêtes. (2.J.) OREL , voyez AIGLE. OREMBOURG , ( Géog: mod. ) petit pays nou- vellement formé, appartenant à la Rufle , & qui eft fitué au fud-eft du royaume d’Aftracan; on y a bâti en 1734. fur le bord du fleuve Jaik, une ville qui porte le nom d'Orembourg ; cette contrée elt hé- riflée des branches du mont-Caucafe. Des forteref- fes élevées de diftance en diftance , défendent les pañlages des montagnes & des rivieres qui én def- cendent, C’efl dans cette région, auparavant inha- bitée , qu'aujourd'hui les Perfans viennent dépoier & cacher à la rapacité des brigands , leurs effets échappés aux guerres civiles. La ville d'Oremourg eft devenue le refuge des Perfans, &t de leurs for- tunes, & s’eft accrue de leurs calamués ; Les In diens , les peuples de la grande Buckarie y vien- nent-trafiquer ; elle devient l’entrepôt de-quelques pays délolés del’Afe. Hi/?. de Ruffre, par M, deVol- taire, (D. J.). _ ORENOQUE, ( Géog. } plufeurs géographes écrivent Oreroque, grand fleuve de l'Amérique mé- ridionale dans la terre ferme. Chriftophe Colomb découvrit le premier cette riviere à fon troifñeme voyage en 1498, & Diego de Orgas y enira le premier en 1531. | L’'Orenogue a fa fource dans le Popayan, provin- ce de l’Amerique méridionale au nouveau royaume de Grenade entre l'audience de Paflama, celle de Quito, & la mer du Sud, Il coule du couchant au levant dans le vafte pays de la nouvelle Andalou- fe, où 1l fe fépare en deux branches ; ane defcend vers le midi & perd fon nom ; l’autre qui le con- ferve, tourne vers le feprentrion , & va fe jetter dans la mer du nord. Il forme à fon embouchure un tel labyrinthe d'îles, que perfonne n’efi d'accord fur le nombre exaét des bouches de ce fleuve. Ce qu'il y a de certain, c’eft que la plus grande bouche de l’Orenoque qu’on appelle £ouche des vaifleaux , eft fiinée à 8 degrés $/ de lasisude, & à 318 de longi- fude. Il ya foixante-cinq braîfes de fond dans certains endroits, & quatre-vingt lorfque les eaux viennent à croître; {os étendue, fa largeur & fa profondeur #ont f confidérables, qu'il paroït qu’on peut le join- dre aux trois fleuves que les géosraphes nous dois nent, comme les trois plus grands du monde con: nu ; favoir, le fleuve de Saint-Laurent dans lé Ca: nada , celui de à Plata dans le Paraguay”, & le Maäragnon dans les confins du Bréfil.: 0 Nous avons aujourd'hui des connoïffances cer: taines de la communication de Rio negro ou La riviere Noire, avec lOrenoque, & par conféquent de l'Orero: que avec le flenve des Amäzones. La communication de l’'Orsroque & de la riviere des Amazones avéiée en 1743, peut d'autant plus pafler pour une décou- verte en Géographie, que quoique la jondion de ces deux fleuves foit marquée fans aucune équivoque fur les anciennes çartes , tous les géosraphes mo dernes l’avoient fupprimé dans les nouvelles, com= me de concert , 6t qu'elle étoit traitée de chiméris que par ceux qui fembloient devoir être le mieux informés des réalités. Ce n’eft pas la premiere fois, dit M. de la Corndamune , que les vraiffemblances & les conjettures purement plaufibles l'ont empor: té fur des faits atieftés par ces relations de témoins oculaires , &r que lefprit dé critique pouflé trop loin, a fait mer décifivement ce dont il étoit tout au plus permis de douter, | Mais comment fe fait cette communication dé POrenoque avec la riviere des Amazones? Unecarte détaillée de la riviere Noire ou rio Negro, que nous aurons quand 1l plaira à la cour de Portugal, pour: roit feule nous en infiruire exaftement. En atten- dant, M. de la Condamine penfe que lOrenoque ÿ la riviere Noire &c PYutura, ont le Caquétat pour fource commune. Woyez les Mém. de l'académie des Sciences, année 1745. p.450: (D. JD) Le ORENSE , (Géog.) ancienne ville d'Efpagne dans la Galice, avec un évêché fufragant de Coms poñelle. Eile eft renommée par fes bains que les. Romains ont connu , & auront valu à ce lieu le nom de ague calice. TJñe fartie de cette ville qui eft au pié d’une mlagne éprouve la rigueur des hivers; tandis den un autre quartier on jouit des douceurs du printems. Elle eft {ur le Minho, que lon y pañe fur un pont à 19 lieues S. E. de Com- poitelle ; 26 N. O. de Bragance , 92 N. O, de Ma: drid. Long. 10.8, lat. 42,16, (D.J.) OREOL , voyez MAQUEREAU. | OREON ; {em (Borur.)nom donné par les anciens à une plante, que nous ayons quelque lieu de fup: poler être l'eguiferum ; ils difent di moins qu'elle croiffoir fur les montagnes dans les endroits humi= des: de plus, ieurs deicriptions , &t les vertus qu'ils lui attribuent conviennent à celles de notre grande prèle. (2. J.) | | OREOSELINUM , (Botan.) Tournefort compte quatre efpeces de ce genre de plante , que nous nommons en françois peif! de montagne. La plus commune eft appellée orco/ilinum, api folio, majus, R. H. 318. | Cette plante poufle des feuilles férulacées, à la hauteur de quatre ou cinq piés , divifées en aîles : les feuilles fortent les unes de Ya racine , les autres de fes tiges, grandes , amples , reffemblant à celles du perñi, attachées à des queues longues, Ses fleurs naïfent fur de grands parafols aux fommets des ti ges & des branches , petites, blanches , compofées chacune de cinq feuilles difpofées en rofe : quand ces fleurs font paflées, il leur fuccede des femences jointes deux à deux , larges , ovales, applaties , rayées fur le dos, bordées d’une membrane de cou: leur rougeûtre. . Ses racines font attachées plufieurs à une tête ,; longues , groffes comme le petit doist , s'étendant beaucoup dans la terre , noires en-de- hors, blanches en-dedans, empreintes d’un fuc mu- cilagineux d’un goût réfineux , mais aromatique &t agréable, approchant de celui du panais, Cette ORE plante croit auxlieux montagneux parmiles pâtuta- ges ; elle pafle pour incifive. (D. J.) ORESCA , (Géog.) ville de l'empire Ruffien , en Carélie, fur la côte occidentale du laé de Ladoga, dans une île formée par la Neva. Elle a un fort bâti par Pierre le Grand’, pour la défenfe de Saint -Pé: tersbouty. (D. J.) | | ORESTÆ, (Géog. anc.) ancien peuple de la Gre- | ce, dans la Moloffide , qui du tems de Strabon fai- foit partie de l’Epire ; c’eft pour cela qu’il compté ce peuple entre les Epirotes, Leur pays étoit noms mé Oreflide ou Orefliade. Tite-Live dit, que les Oref: tiens Où les Orefles , ayant été les premiers à quitter le parti de Phihippe, Les Romains leur accorderent la hberté de fe gouverner par leurs propres lois. { D. 7.) ORESTE, PorRT D’, ( Géog. anc.) en latin Oref. £is portus ; port de la grande Grece, au pays des Bru- tiens , fur la côte occidentale de la Calabre ultéz rieure,. Quelques géographes croyent que c’eft au- jourd’hui Porto Ravagliofo. (D.J.) | ORETÆ, ( Géog. anc.) Denis le Périégete les nomme Orise ; les Oreres où Orires étoient des peu- ples , entre la Perfe & les Indes, aux confins de la Carmanie : «ufh Lucain , Z L{I, verf. 249. a joint ces pays enfemble. Tunc furor extremos movit Romanus Orctas, Carmanos que duces. Les Orètes prenoient leur nom de la ville d’Ora, que Prolomée place dans la Carmanie. (D. J.) ORETAINS , LES ( Géog. añc, ) Oretani ; ancien peuple de l’Efpagne Tarragonoïfe, dont Ptolomée vous indiquera les villes. La capitale nommée Ore- tu ; étoit dans la campagne de Calatrava , fur la Guadiana, & a été.épiicopale. Les Oretana juga de Pline, font aujourd’hui nom- més par les Elpagnols Ze Sierra di Alcaras. (D. 3.) ORÉE , ( Géog. anc.) Oreum, Oreos , Oreus où Horœus ; car c'eft le même lieu qu’on nommoit au- paravant fée où Hifhice. L’Orée étoir une ville maritime & forte de l’Evz bée, dont les habitans vivoient fous le gouvernez ment républicain ; cette ville étoit puiffante ; car la Qquatrieme partie du pays apparténoit à fes habitans. Philippe y établit cinq ryrans pour la gouverner. Tous les-anciens ont fait mention de cette ville : mais Diodore de Sicile, iv. X#, & Tite-Live, iv. WTII. ch: v. & vy. s'y font le plus étendus, Paufanias dans {es Achaïques, ch. #xy7. dit, que quoique fort déchue de fon ancien éclat, elle gardoit encore ün rang de ville dans le tems où il écrivoit. Son nô6m moderne eft Oreo fur la côte orientale del’ilé. (D...) OREXIE , ff. ( Médec.) appétit prefque conti- nuel dans l’état de fanté , & qui n’eft accompagné d'aucun fächeux fymptome ; comme dans la faim . qu'ils ayent appris le métier à nn enfant dudit hé- S 628 -pitals 1 y a auffi quaire privilégiés du roi, & deux ORF du duc d'Orléans ; mais ces privileses foñt à vie, & ne donnent point qualité aux enfans : d’ailleurs ces privilegiés ne font point partie du corps de l’Orfe- yrerie, &t n’en font point metibres ; on voit par ces privileges qu'il y a encore des moyens de parvenir à la maitrife pour ceux qui m'ont pu lacquérir à tems. | Quelques perfonnes dont les vûes pour le bien public & pour l’accroiflement du commerce font reipcétables & dignes des plus grandes éloges, re- gardent les lois d'apprentiffage, du compagnonage & du chef-d'œuvre comme inutiles : ils penfent auf qu'il eft injufte de fixer le nombre des maîtres du corps de l’Orfévrerie, & de refufer place dans ce corps à des hommes d’un talent décidé, parce qu'ils n’ont point fait d’apprentiffage ; & qu'ils ne font point fils de marchands : nous penfons commeeux à quelques égards , mais nous ne fommes point d’ac- cord fur tous les points. 1°. La conroiffance que nous avons de toutes les parties d'étudenéceflaires pour faireunbonartifte, & dont nous avons tracé l’efquifle au mor ORFEVRE, nous porte à croire que huit années d’apprentiflage bien employées ne font pas troplongues pouracqué- rir toutes les lumieres néceflaires à cet art, fur-tout quand on reflechit qu’il ne fuffit pas d’être bon théo- rifte, mais qu'il fant y joindre une excellente pra- tique ; 1l feroit à fouhaiter feulement que tous les maîtres fuflent aflez habiles pour former ‘de bons éleves : & comment parviendra-t-on à ne remplir le corps que de bons aruiftes , fon néglige d’éprou- ver leur capacité ? Quant à moi, j'aitoujoursre- gardé le chef-d'œuvre comme une chofe de pre- miere nécefhté, & d’un intérêt eflentiel au bien du .corps & de l’état, à quiil importe beaucoup que l’'Orfévrerie de Paris conferve fa fupériorité. On peut me répondre qu’on peut apprendre fans être gêné par des lois : j'en conviens ; mais comme l'équité æft la premiere regle, il faut la confulter, & voir qu’un maitre qui perd fon tems à montrer à un ap- prentif, devroit être payé trop cherement ,#fi les lois ne lui avoient pas afligné les dernieres années de l’apprentiflage , pour fe dédommager {ur le tra- vail de fon éleve des peines & foins qu'il lui a coû- té dans fes premieres années ; &c que l’ingratitude &c la légereté étant très-communes chez les jennes gens , on les verroit trop fouvent, s'ils n’étoient af treints par les lois , quitter leurs maîtres aufli-tôt qu'ils fauroient quelque chofe , & chercher à jouir de leurs talens, fans s’émbarrafler de payer de re- 8. 50. n°, 2. à difcrétion ; divifez cette ligne en autant de parties égales qu’il y a de touches au clavier, on que le jeu dont vous cherchez le diapafon, doitavoir detuyaux; élevez fur les points de divifion, autant de pérpendiculai- res, dont vous marquerez le Pié des noms we, re, mi, fa, &cc. felon la fuite des touches du clavier. Enfuite, confiruifez une anche d’une grandeur & grofleur quelconque que vous monterez d’une lan- guette convenable ; vous pouflerez outirerez la ra- iette juiqu’à ce que Le fon que l’anche rend foit le plus fonore , le plus plein 81e plus agréable qu'il eft poffible , fans vous inquiéter du ton qu'elle ren- , da ; ce ton étant trouvé , cherchez fon uniflon au clavecin ; ce fera, par exemple , le fo/de loûtave des bañles ;'démontez le tuyau fans déranger la ra- _ Tome XL, | OR G 639 fette, & mefurez avec un compas la diffance de la: rafetre à l'extrémité de la languette, ou la longseur de la partie vibrante de celle-ci que vous porterez fur la ligne Æ 4 que je fuppofe être la perpendicu- laire correfpondante au /o/, & y ferez une marque, Confiruifez enfuite une autre anche, mais beaucoup plus petite que yous monterez , langayerez & ferez parler le mieux qu'il fera poffible , ainf qu'il a été dit ; cherchez fonuniflon au clavecin, ce fera, par exemple, le 11 de loétave des deflus; mefurez exac- tement la longueur de la partie vibrante de la lan- guette de cette anche que vous porterez fur la bone perpendiculaire correfpondante , que je fuppofe FX, Où vous ferez un point. Par les deux marques faites fut les perpendiculaires £a, Fx, tirez la ligne C D , elle coupera toutes les autres perpendiculaires : aux points yyyy, &c. les parties de ces perpendi- culaites interceptées entre leur pié & la ligne CD , feront la longueur de la partie vibrante des languet- tes d’anches qui rendront les fons correfpondans aux touches que les perpendiculaires repréfentent. Cette méthode qui eft certainement ingénieufe , eft autant exa@te que le peut être une chofe où des caufes phyfiques incommenfurables concourent _à former l'effet ; de cette nature eft > par exem- ple , l'élaflicité des languettes , de Pépalité de la- quelle il eft très-difficile de s’aflurer, Les variétés produites par cette caufe font quel- uefois fi confidérables , qu'il arrive qu’une anche rend un fon beaucoup plus grave que celui d’une autre anche, quoique fa languette foit plus courte, {elon notre diapafon, ce devroit être tout le con traire ; en ce cas , le meilleur remede eft de dimi- nuer l'épaifleur de la languette, ou en mettre une autre , fi elle fe refufe à toutes les corre&tions, On doit être affuré qu’un jeu d’anche ne fera parfait | qu'autant qu'il fuivra exaétement le diapafon que nous avons prefcrit. On trouvera les diametres proportionnels des anches en cette maniere ; on mettra {ur la perpen- diculairé 4 £ le diametre de l’anche qui a donné. cette ligne, & fur la perpendiculaire x F celui de l’autre anche; on tirera par les points une ligne C 2 qui interceptera dans les perpendiculaires des lignes qui feront prifes pour diametres des anches correfpondantes: enfin, on ajoutera à chacun une longueur convenable pour que la rafette ait dequoi fe placer & remonter , & que l’on puifle aflurer l’anche dans fa noix. Lorfque les tuyaux d’anche font grands, on les fait de deux pieces, celle d’en-bas qui reçoit la gran- de s'appelle cube voyez TUuBE, Cette difpofition n’ôte ni n’ajoute rien à la perfeétion du tuyau , elle eft feulement une commodité pour le faéeur , en ce que de trop grands tuyaux ne font pas mañiables. 1 Les jeux dont un orgue complet eft compolé , font la montre de feize piés ou de huit; fi l'orgue n'a point de ferze pié, alors c’eft le jeu qu’on ap- pelle 2 huis plés ouvert qui en tient lieu, le bour- don de feize piés & la bombarde qui eft à l’uniffon, le plus grand tuyau de ces jeux fonnant lue grave de l’oétave des baffes à feize piés de long. Les jeux fonnant le huit piés ou l’uniffon du cla- vecin , & dont Le plus grand tuyau a huit piés, font le bourdon de huit ou quatre piés bouché; car, ainfz qu'il a été dit, les tuyaux bouchés n’ont que la moi- tié de ceux qui étant à l’uniflon feroient ouverts. Le huit piés ouvert, la trompette , le cromorne & la voix humaine, ni 4 Le jeu qui eft à la quinte du huit piés eft le gros nazard. Ceux qui fonnent le quatre piés ou l’oétave du clavecin, font Le preftant fur lequel on fair la parti- M M m m 648 OR G tion de l'orgue , la flûte , le clairon ; la voix angé- . hique. ss Le jeu qui fonne la tierce au-deflus du ceux- cet s'appelle double tierce. Celui qui fonne la quinte au-deflus ef le nazard, qui fonne:par conféquent l’oftave au-deflus du gros nazard. agi Le jeu à la quarte de celui-ci s'appelle guarte de naçard.; fon plus grand tuyau a deux pies. … La doublete eft à l’umiffon de ce jeu , &c fonne par conféquent le deux piés. . La trompette de récit qui n’a que lesdeux oftaves de deflus & quelquefois deux oëtaves & quinte, fonne le huit piés; la flteallemande n’aaufhique les deux mêmes oftaves , .par conféquent elle fonne Pumiflon des deflus du huit piés on du quatre piés. Le grand cornet , le cornet de récit, le cornet d’é- cho qui n’ont ordinairement que deux oëtaves on deux oltaves & quinte, font compofés des deflus des cinq jeuxfuivans, bourdon , flûte, nazard , quarte de nazard,, tierce. La fourniture & la cymbale font compofées com- me les cornets, mais avec cette différence que quoi- qu'elle occupe toute l'étendue du clavier, elle n’eft cependant compolée que des oftaves aiguës , des jeux qui compofent les cornets , lefquelles oëtaves {e répetent, ainf qu'il eft expliqué à l'article Cym- BALE 6 FOURNITURE. La tierce fonne l’otave au-deflus de la double tierce ; ce jeu a quatre oËtaves. Le larigot, le plus aigu des jeux de l'orgue, fonne l’odavée au-deffus du nazard, & la quinte de la dou- bletie ou des deux piés. L'intervalle du plus grave fon de l'orgue qui eff lus grave de Poétave des bafles du bourdon ou de la montre de trente-deux piés, au plus aigu, qui eft l'2 en haut du larigot , eft de huit oétaves & quin- te , mais des [ons auffi graves que ceux de Poëtave du trente-deux piés, ne s'entendent prefque pas au- déflous dé LFP ur fa, auffi onfupprime ordinairement les derniers tuyaux , qui par leurs volumes caufent in embarras tres-confidérable; ceci renverfe le pré- jugé des gens peu mftruits,qui s'imaginentque leplus oxos tuyau d'un orguecft celuiqui fait le plus de bruit. Dans l’énnmération des jeux que nous venons de faire , nous n'avons point marqué quels font les jeux d’anches ; cette omifhon eft amplement répa- rée à l’article Feux où leur matiere eft expliquée , & à leurs articles féparés: nous dirons feulement ici que ces jeux font la bombarde, la trompette. le cro- orne, la voix humaine, la voix angélique &c la trompette de récit. Voyez tous ces articles. Les jeux qu’on appelle de pedale , parce que l’on les touche ‘avec les piés fur le clavier de pédale, font la pédale de bombarde, jeu d’anché, fouvent le feizé piés, & dont le ravalement, f elle en a, def- cend dans le trente-deux piés jufqu’à PF nr fa. La pédale de trompette , jeu d’anche, fonne Pu- niflon des bafles & des baffes-tailles de la trom- pette furlehuit pié ; fi elle a ravalement, eile def- cénd jufqu’à l’F ur fa du feize piés. La pédale de huit, jeu de mutation eft, à l’unif- fon de celle-ci. ‘ La pédale de clairon fonne Puniflon des baffes dä clairon, fon ravalement defcend dans le huit ER piés. = PE "La pédale de quatre où pédale de flûte, jeu de autation,, fonne l’uniffon des baffes de la flûte; fon faValement, f elle en a, defcend dans le huit piés. Les pédales ne different des jeux , dont 1ls font 1é$ pédales , qu'en ce qu'ils font de plus groffe tail- le & qu'ils delcendent plus bas, s ils font à ravale- inent. Voyez leurs articles. | : Partout ce que nous venons de dire, on a en- tendu la faêture d’une orgue. Nous ajouterons feulément ici, renvoyant pour les dérails aux atticles particuliers répandus dans ce Diétionnaire, une courte récapitulation qui puiffe faire entendre la méchanique de cet infirument , après avoir parlé de larrangement relatif des jeux dans le buffet d'orgue. | Tous les jeux font rangés chacun fur fon regiftre particulier , que nous avons dit être parallele à la face du buffet ; enforte que les plus grands tuyaux foient vers les extrémités , ainh qu'il eft expliqué au mot abrégé ; il faut excepter de cette regle tous les tuyaux de montre, &c ceux qui par leur volume occupent trop de place ; en ce cas , le vent leur eff porté par un tuyau de plomb, dont une des extré- mités répond au pié du tuyau, 6c l’autre au trou du fommier où le tuyau auroit dû être placé. L’orgue ne peut parler que quand les foufflets lui pouflent de l'air qui lui fert d’ame ; ainfi il eft be- foin d’avoir un foufileur qui leve alternativement les foufflets en baiffant leurs bafcules, Yoyez SOur- FLETS. Îl doit obferver de ne point en lever deux à la fois , & après avoir levé un foufflet, de le laif- fer tomber doucement fur l'air qu'il contient, qui, : tant que le foufflet eff tenu élevé n’eft point con- denfé , & par conféquent incapable de réfifter au poids qui charge la table fupérieure , au lieu qu’en lâchant le foufilet par degré , l’air fe condenfe affez pour le pouvoir fontenir ; d’ailleurs les fecouffes caufent un battement défagréable dans les tuyaux qui parlent pour lors, dont les auditeurs s’'apperçoi- vent, Joint que les foufflets en font confidérablement endommagés. | L'organifte aflis en X, fig. 1. fur un $ége d’une hauteur convenable , les piés pofés fur la barre de fer o & qu’on appelle warche-pié : commence par tirer les jeux ? Tirer les jeux, eft ouvrir leurs re- giftres au moyen des barons quarrés 8 À placés à fa portée , qui font tourner les rouleaux P Q & tirer la bafcule V4 qui tire le regiftre, & fait que fes trous répondent vis-à-vis de ceux de la table êc de la chape du fommier, voyez MOUVEMENS. Quand il a tiré tous les jeux dont il veut fe fervir , tant ceux de pédales , que ceux du grand orgue où du pofitif; aucun tuyau ne parle, quoique les foufllets foient levés & les layes des fommiers remplies de vent, juiqu’à ce qu’en baiflant une touche du cla- vier qui communique aux fous-papes contenues, dans la laye par le moyen d’un des rouleaux de Pa bregé , 1l fafle ouvrir cette fous-pape , la fous-pape ouverte laiffera pafler l’air que la laye contient dans la gravure correfpondanté ; cet air paflera enfuite dans les tuyaux dont les regiftres font ouverts, ëz les fera parlér ; c’eft la même chofe de toures les touches , tant du clavier de pédale, que des cla- viers du grand orgue ou du pofitif. Voyez les articles CLAVIER, ABREGÉ , SOMMIER, &c. On conçoit bien qu’on peut varier 87 mélanger des jeux , puifqu’on eft maître d'ouvrir ou fermer ceux que l’on juge à propos ; mais il y en à par exemple qui ne doivent jamais être feuls, comme la fourniture & la cymbale, d’autres qui ne doi- vent jamais être enfemble , comme par exemple, la quarte de nazard & le nazard , la même quarte de nazard & lé larigot , parce que Ces jeux mis en- femblé font une quarte. Voyez fur ceci lar, Jeux, où on trouvera des exemples des différens mélanges ou combinaïfons dont les jeux font fufceptibies. Quant à la maniere d'accorder un orgue, v0yez les articles PARTITION & ACCORD. Arucles dè MM. THOMAS & GOUSSIER. | Lay ORGUE HYDRAULIQUE , inffrument en maniere de buffer d'orgue, fait de métal peint & doré, qui joue par lemoyen de l’eau dans une grotte, comme ] MORE, on en voit, par exemple à Tivoli, dans la vigne d'EN : on trouve la defcription de ces orgues dans l’hydraulica preumatica de Scot, ( D. J.) ORGUES, dans la Fortification , font des pieces de bois fufpendues à un moulinet fous le milieu des portes, qu'on peut faire tomber pour boucher prom- ptement la porte en cas de furprife. On a fubftitué les orgues aux herfes, parce qu'on pouvoit empé- cher la herfe de tomber, & que les orgwes n’ont pas le même inconvénient. Voyez; HERsE. ( Q) ORGUE eft auf, dans l’Artillerie, une machine compofée de plufieurs canons de moufquet attachés enfemble, & dont on fe fert pour défendre des bre- ches & des retranchemens ; parce que par leur moyen on tire plufieurs coups à-la-fois. Voyez le premier livre des Elémens de la guerre des fièges, [e- conde édition, (Q) ÿ | ORGUES DE MORTS, ( Arrillerie. ) machine d’ar- tillerie compofée de fept où huit canons de fufils . pour tirer plufieurs coups à-la-fois. On affermit ces canons fur une petite poutre, & leur lumiere pañle par une gouttiere de fer-blanc, où l’on met de la poudre, & qu'on couvre jufqu’au moment qu’on veuttirer. Cette machine fert dans les chemins cou- verts, dans les breches , & dans les retranchemens, fouvent même fur les vaifleaux pour empêcher l’a- bordage. (D. J. ORGUEIL, fub. mafc. ORGUEILLEUX , adj, (Morale.) L’orgueil eft une opinion exceflive de fon propre mérite ; c’eft un fentiment qui confifte à s’e- ftimer foi-même plus que les autres ou fans raifon , ou fans fujet fufhifant ; & dans cette prévention à les méprifer mal-à-propos. Je dis fans raifon, & c’eft alors une folie: j'ajoute & ans Jujer fuffifant , parce que quand quelqu'un a légitimement acquis un droit qui lui donne une prééminence par-deflus les au- tres, 1l eft maitre de faire valoir ce droit & de le maintenir, pourvu qu'il évite un mépris injurieux vis-à-vis de fes inférieurs. Mais le bon fens, la ré- flexion, la philofophie , la foiblefle humaine , l’é- galité qui eft entre les hommes, doivent fervir de préfervatifs contre l’orguel, où du-moins de cor- rettifs de cette pañlion ; c’eft ce qui fait dire fpiri- tuellement à l’auteur des maximes, que l’orgueil ne monte dans l’efprit de quelqu'un, que pour lui épar- gner la douleur de voir fes imperfe@tions. (D. J. ORGUEIL , ( Archireët, ) c’eft une grofle cale de pierre, ou un coin de bois , que les ouvriers met- tent fous le bout d’un levier ou d’une pince, pour fervir de point d'appui, ou de centre de mouve- ment d’une pefée , ou d’un abattage. (D. JT.) ORGYA, ( Litrérar. ) c’étoient de petites idoles que gardoient précieufement les femmes initiées aux ryfteres de Bacchus. Dans les jours confacrés à ce dieu , elles prenoient ces petites ffatues, & les em- portoient dans les bois, en huriant comme des fol. les. Voyez ORGIESs. ( D. J. ) ORGYE, ( Mefure anc. ) mefure égyptienne qui, felon Hérodote, étoit de quatre coudées , ou de fix piés grecs. En comparant ce qu’en dit cet hiftorien, 1. Lin. 149. &L. IT. c, yj. il paroît que quatre pal- mes font un Pié grec, fix palmes une coudée, & ire M fix piés grecs, font une orgye. PT. | \ ORICHALQUE, £ m. ( Lätérar. ) en latin ori- chalcum , dans Virgile, métal mixte que nous ne con- | noiflons plus. L’orichalque des anciens, & le laiton des moder- nes, font deux chofes bien différentes. L'orichalque des anciens n’a point de nom parmi nous, parce que nous n’en avons aucune connoïflance. Outre , J'or, l'argent, le cuivre, l’étain, le fer, le plomb, dit Lucrece, Z. VI. vers 1241, qui fe trouverent fé- parés dans les creufets de la terre , il fe ften quel- Tome XI, ne. © -ÉÉÉÉÉ É LLLLLEEE EE ï OR . En ques endroits de la terre un mélange de pluñeurs de ces métaux; &C ce métal mixte fut eftimé le plus précieux de tous, C’eft pourquoi Virgile mêle l’ori- chalque avec l'or dans la belle cuiraffe qu’il donne à Turnus. | Îpfe dehinc auro Jqnallentem , alboque otichaléo Circumdatr loricam humeris. Ænéid. 1. XIE, y. 87 « Il endoffa une magnifique cuiraffe d’or & Zori- » chalque blanc ». Plaute dans plufieurs endroits de fes comédies , en parle comme d’une chofe de très grand prix. Pline, Z. XX XIF. fé, 2. convient aufli de l'eftime générale où étoit ce métal ; mais il ajoute qu'on n’en trouvoit plus de fon tems. Au défaut de la nature , on à eu recours à l’art , &t on a fait une efpece d’orichalque avec de l'or, du cuivre, &;de la calamine, Ce mélange de l'or & de l’airain donna lieu dans la fuite de l’appeller zwri- chalcum , mot que les copiftes poflérieurs qui ne connoïfloient plus l’orichalque naturel, n’ont pas manqué de mettre pat-tout où 1ls ont pu, dans les anciens auteurs. Enfin, nos Métallurgiftes modernes ont compolé l'orichalque avec le feul mêlange de cuivre & de pierre calaminaire; & ils ont continué de nommer ce mélange aurichalcum |; ou orichalcum. Ainf l’ori- halques modernes eft le pur laiton. Voyez Lar- TON. L’éleétrum des anciens, outre l’ambre qu’il défi- gee dans Virgile, fignifie dans Pline, Z XXXIIT. c. 1. un mélange d’or & d'argent, qui eft cette ef- pece d’orichalque, qui, felon Homere, brilloit à la lumiere beaucoup plus que argent. Le métal dont 1l eft queftion dans Ezéchiel, ck. 7. v. 4. fous le terme hébreu hachafmal, eft l'orichalque des anciens, & non celui des modernes, quoiqu’en dife Bochard , qui a ignoré que notre laiton eft d’une invention aflez récente. Peut-être enfin, que le ca- racolh employé par les Caraïbes dans leurs ajufte- mens , & dont parle le pere Labat dans fes voya- ges, come II, eft l’orichalque des anciens; c’eft un métal des Indes qui paroît comme de l’argent, fur- doté legerement avec quelque chofe d’éclatant , comme sil étoit un peu enflammié, Les Orfévres françois & anglois qui font aux îles , ont fait quan- tité d'expériences , pour imiter ce métal. On dit que ceux qui en ont approché de plus près, ont mis dans leur alliage fur fix parties d’argent , trois parties de cuivre rouge purifié, & une d’or. On fait des ba- gues , desboules, des poignées de cannes, & au- tres ouvrages de ce métal, qui ont une grande beauté , quoïqu’inférieur an caracoli naturel des Indiens. ( D.J.) ORICUM , ou ORICUS , où ORICOS,, ( Géog. arc, ) ancienne ville maritime de PEpire feprentrio- nal dans la Chaonie, avec un port fameux , dont il eft parlé dans les commentaires de Céfar, de Bello civili, cap.vij. vi. xj, xi. Tite-Live,Z XXY1.en appelle les habitans Oricrni, La ville d’Oricum fut bätie, au rapport de Pline, par des peuples venus de la Colchide, dans une petite île qui fe réunit depuis au Continent. Scym- nus de Chio dit au contraire, qu’elle fut bâtie par les Eubéens qui revenoient du fiége de Troie, & qui furent jettés dans cet endroit par les gros vents. Quoi qu'il en loit, cette ville fe nomme aujour- d'hui Orco, & elle eft dans le canton appellé /z Carina, vis-à-vis des côtes de la Pouille. (D. J.) ORIENT , f. m. fe dit dans l’Affronomie 6 dans la Géographie, du point de l’horifon qui répond au levant, ou à left. Voyez Est & LEVANT. Ce mot vient du latin oriri, e lever, parce que c’eft dans le point dont il s’agit, que le foleil paroît fe lever, Poyex LEVER. ; M M mm 1 642 O R1I Orient équinoétial, fignifie le point de Phorifon où le foleil fe leve, quand il éft dans l'équateur, ceftà-dire , quand il entre en ares ou en Zibra, Voyez PRINTEMS 6 AUTOMNE. on PE SAN Orien d'été, eft le point où le foleil fe lève au commencement de lété, dans le rems des plus longs Jours. 14-2010 # nat Not Orient d'hiver, eft le point où le foleil {eleve au folitice d'hiver, dans les tems des plus courts jours. Chambers, (O7. | ME ORIENT , (Critique Jacrée.) les Hébreux défi- gnoient lorient par kedem, qui fignifiele devars ; ils l'entendoient fouvent par rapport à la Judée, 7749: ab orieite venerunt, Math. 17. 1. les mages vinrent de l’Arabie ou de la Chäldée , pays qui font à l’o- rient de la Judée. Ils l’enténdoient auffi à l'égard de la ville de Jérufalem; gui mons ejt contra Jerufalem ad orientem. Lach. xiv, 4. la montagné des oliviers eft vis-à-vis de Jérufalem vers l'orienc, Ils Venten- doient encore par rapport au tabernacle , a/perger digito fepties ad oriéntem, Levit.xvy. 14. Ils prenoient même ce mot abfolnument, /feurfulgur exit ab orten- se, Marc, xxiv. 27. Orient figniñié quelquefois en général un pays éloigné, qui Jujcitavit ab oriente ju» frum, NM, xlj, 2. qui a fait fortir le jufte de l'oriens, Enfin, il fe prend pour J. €. fe foleil de juftice , v72 Jitavit nos oriens ex alto, Luc, j. 78. Jets: Chrift nous eft venu vifiter d'en haut, (D. J.) ORIENT , empire d’( Hifi. ). c’eft ainfi qu’on ap- | pella l'empire romain, lorfque Conftantin par la vanité de faire une ville nouvelle , &t de lui donner {on nom, tranfporta le trône à Bizance. Alors on vit Rome prefque entiere pafleren orient ; les grands y menerent leurs efclaves , c’eft à-dire prefque tout le peuple, & l'Italie fut privée de fes habitans. Par cette divifion du fceptre Les richefles allerent à Con- ftantinople, & l’empire d’occident fe trouva riïiné. Toutes lés nations barbares y firent des invafions confécutives ; il alla de dégré en degré dé la déca- dence à la chûte, jufqu'à ce qu'il s’affaifla tout-à- coup fous Arcadius & fous Honorius. pus juftinien reconquit à la vérité l’Afrique & lTta- lie par la valeur de Bélifaire; mais à pèmné furent- elles fnbjuguées , qu’il fallut les perdre. D'ailleurs Jufinien défola fes fujets paf-des impôts excefhifs , & finalement par un zéle aveugle fur lès matieres dereligion. Animé de cette fureur, il dépeupla fon pays , rendit incultes les provinces, & crut avoir augmenté le nombre des fideles, lorfqu'il n’avoit fait que diminuer celui des hommes. Par la teule dettruction des Samaritains, la Paleftine devint dé- {erte, & il affoiblit juffement l'empire par zele pour la Religion, du côté par où quelques regnes après, les Arabes pénétrerent pour la détruire. Bien-tôt toutes les voies furent bonnes pour mon- ter fur le trône : un centenier nommé Phocas, y fut élevé par le meurtre. On y alla par les préfages, par les foldats, par le clergé, par le fénat, par les payfans, par le peuple de Conftantinople, par celui des villes, des provinces, par le brigandage, par l’affaffinat ; en un mot, par toutes fortes de crimes. Les malheurs de l’émpire croïflant de jouf en jour, on'fut naturellement porté à attribuer les mauvais fuccès dans la guerre, & les traités honteux dans la paix, à la conduite de ceux qui gouvernoient. Les sévolutions firent les révolutions; & l'effet devint lui-même la caufe. Comme les Grecs avoient vu paffer fucceflivement tant de diverfes familles {ur le trône, ils n’éroient attachés à aucune; & la fortune ayant pris des empereurs dans toutes les conditions, il n’y avoit pas de naïflance affezbafle, ni de mérite fi mince , qui püt Ôter l’efpérance. Phocas dans la confufon étant mal affernu, Hé- gaclius vint d'Afrique, & le fit mourir; 1 trouva |. (0) les provinces énvahies , &.les lésions détruites: À péine avoit-1l donné quelque remede à ces maux, que les Arabes fortirent de leurs pays poux étendre la religion & l’empire que Mahomet avoit fondés d’une même main, Apôtres conquérans, com. me avoit été leur chef, animés d’un zele ambitieux pour léur nouvelle doëtrine, endurcis aux fatigues de la guerre, {ôbres pat habitude, par fuperftirion, ê ‘par politique , 1ls condiufoient fous l’étendart de léur prophete des troupes d’enthoufaftes, avides de.carnage & de butin, contre des peuples mal sou- vernés, amollis par le luxe, livrés à tous les vices qu’entraîne l’opulence, & depuis long:tems épuifés par, les guèrres contmuelles de leurs fouverains, Auf jamais progrès ne furent plus rapides que ceux des premiers {ucceflenrs de Mahomet. ‘Enfin, on vit s’éléver en 1300 une nouvelle tem- pête imprévue qui accabla la Grece entiere. Sem- blables à cetténuée que vit le prophete, quipetite dans {a naïfflance, vint bientôt à couvrir le ciel, les Turcs méprifables en apparence dans leur origine, fondirent comme un tourbillon fur les états des em- pereurs grecs, pañlerent le Bofphore, fe rencirent mattres de l’Afie, & poullerent encore leurs con- quêtes juiques dans les plus belles parties de l'Eu- rope ; mais il {uffit de direici, que Mahomet IT, prit Conftantirople en: 1453, fit fa mofquée de l’éclife de fainte Sophie, & nuit fin à empire d’orzezr, qus avoit duré 1123 années. Telle eff la révolution des états. ( D. J.) ( ORIENT , ( Commerce. ) ce terme s'entend de tou tés lès parties du monde qui font fituées, à notre évard vers Les heux où nous voyons lever le foleils Ilne fe dit néanmoins communément que de celles qui font les plus éloignées de nous , comme la Chi- ne, le Japon, le Mogol, & le refte de l'Inde, PA- rabie , ,& la Perfe. Les autres dont nous. fommes plus voifins, comme les îles de l’Archipel, &les côtes de la Méditerranée, où font Conftantinople, Smirne, Alep,, Seyde, Ge, mème le Caire, ne font connues dans le Commerce que fous le nom du Le- vant, (D, J.) xs ORIENT ,port de l’( Géog, ou fimplement Orienr, port de France en Bretagne , au fond.de la baie du Port-Louis , à l'embouchure de la riviere de Scerf, qui vient du pont Scorf. On y a bâti depuis envi- ron 35 ‘ans une ville, où la compagnie des Indes tient ordinairement fes gros magafins. Long. fuivant Caflini, 149, 8/, 40". lat, 47%, 44 So". (D. TI. } ORIENT AL , adj. ( 4, 6 Géog. } 1e dit propre= ment de quelque chofe qui eft fiiuée à left ou au, levant par rapport à nous ; il eft oppofé à occiden- tal; mais on dit plus généralement ortental de tout ce qui a rapport aux pays fitués à l’orient par rap- port à nous. Voyez EST, LEVANT 6 OCCIDENTAL. :C'eft dans ce fens qu'on dit, perles orténtales, |: lorfqu'’on parle des perles qui fe trouvent dans les | Indes orientales, Voyez PERLE. On dit encore langues orientales , en parlant de l’hébreu, du fyriaque , du chaldéen, & du cophte. Voyez LANGUE, Dans l’Aftronomie on dit qu’une planete eff orier= tale lorfqu’eile paroît précéder le foleil vers le le- vant. Voyez LEVANT, voyez LUCIFER, Chambers. ORIENTALE , Philofophie, ( Hiff. de la Philofoph.} peu de tems apres la naïflance de Jefus-Chrif, il fe forma une feéte de philofophes affez finguliere dans les contrées les plus connues de l’Afie & de l’Afri- que. Ils fe piquoient d’une intelligence extraordi- naire dans les chofes divines, ou celles fur lefquel- les on croit le plus parce qu’on y entend le moins, & oùil ne faut pas raifonner, mais foumertre fa raifon, faire des aétes de foi 8 non des fyftèmes ou des fyllogifmes. Ils donnoient leur doétrine pour ORTI vellesdes plus anciens philofophes; qu'ils préfen- doient leur avoir été tranfmife. dans fa pureté; & plufñeurs d'entre eux ayant embraffé la religion chre- tienne , Éc travaillé à concilier leurs idées avec fes préceptes, on vit tout- à-coup éclore cet efaim d’héréfies dont il eft parlé dans l’hifoire de lEglife fons léinoin faftueux de Grofliques. Ces Gnoftiques corrompirent Ja fimplicité de l'Evangile par les inepues les plus frivoles ; fe répandirent parmi les Juris & les Genuls, & défigurerent de la maniere la plüs ridicule leur philofophie, imaginerent les Opimons les plus monftrueutes, fornfierent le fa- natifme dominant, fuppoferent une foule deilivres ous les noms les plus refpeétables, & remplirent une partie du monde de leur miférable & déreftable icience: ma, LAS 17 . Fferoït à fouhaiter qu’on approfondit l’origine & les progrès des fetes: les découvertes qu’on feroit fur ce point éclaireroient l’hiftoire facrée & philo- fophique des deux premiers fiecles de l'Eglife’; pé- riode qui ne fera fans obfcurité, que quand quel- que homme d’une érudirion & d’une pénétration peu commune aura achevé ce travail. Nous n'avons plus les livres de ces fe@aires ; il ne nous en relle qu'un petit norñbre de fragmens peu confidérables. En fupprimant leurs ouvrages, les premiers peres de l’Églife, par un zele plus ar- dent qu’éclairé, nous ont privé de:la lumiere dont nous avons befoin:, & preique coupé le fil de notre hiftoire. | ci), Lys On ne peut révoquer en doute l'exiftence de ces philofophes. Porphyre en fait mention, il dit dans la vie de Plotin: dEyova5s de Var. TOY TOY xpeéates OA à ! 3 (a } Lo: cs nù 2 01 peev tei œA A où cipeTix oi de tx ris @ahaiac GAP av 4y" paévorsoi épi Toys «dé gioy #4) axuX Bon, #7. À. Îl y'avoit alors plufieurs chrétiens, hérétiques, & autres pro: feflant une doétrine émanée de l’ancienne philofo- phie, 6 marchant à la fuite d’Adelphins & d’Aqui- linus , 6:c. Ils méptifoient Platon; ils ne parloïent que de Zoroaftre, de Zoftrian, de Nicothée, & de Melns , &c 1ls fe repardoient comme les reftaurateurs de la fageffe orientale : nous pourrions ajouter au témoignage de Porphyre , celui de Théodote & d'Eunape. © Ces philofophes prirent le nom de Grofliques, par- ce qu'ils s’attribuoient une connoiffance plus fubli- me &c plus étendue de Dieu , & de fes puiflances ou émanations, qui faifoient le fond de leur doétrine. Is avoient pris ce nom long-tems avant que d’en- trer dans l’Eghfe. Les Gnoftiques furent d’abord certains philofophes fpéculatifs ; on étendit enfuite cette dénomination à une foule d’hérétiques dont les fentimens avoient quelque affinité avec leur doc- trine, frenée dit que Ménandre difciple de Simon, fut un gnoftique; Bañlide fut un gnoftique {elon Jerôme; Epiphane met Saturnin au nombre des Gnoftiques ; Phuilaftrius appelle Nicolas chef des Gnoftiques. Ce titre de onoftique a donc pañlé des écoles de la philofophie des Gentils dans PEglife de J. C.& il eft très-vraiflemblable que c’eft de cette doûrine trompeufe que Paul a parlé dans fon épître à Timo- thée, & qu'il défigne par les mots de Jesus wius 910- ss; d'où l'on peut conclure que le gnofifme n’a pas pris naïflance parmi les Chrétiens. Le terme de gro/s eft grec ; il étoit en ufage dans Técole de Pithagore & de Platon, & il fe prenoit pour la contemplation des chofes immatérielles & intelleétuelles. On peut donc conjeéturer que les philofophes orientaux prirent lenom de Gnofliques , lorfque la philofophie pithagorico - platonicienne pafla de la Grece dans leur contrée, ce qui arriva peu de tems avant la naiffance de Jefus - Chrift; alors la Chal- dée, la Perfe, la Syrie, la Phénicie, & la Paleftine e - » DIRE Sea) O KR'I 643 “étoient pleinés de Gnoftiques. Cétte fede pénétit en Europe. L'Egypte en fut infeétée ; maïs elle s’en- racina parmcuhéréement dans la Chaldée & dans la Perfe. Ces contrées furent le ‘centre du onofifme ; -c'eft-là quelés idées des Gnoftiques fé mêlerent avec les vilions des peuples, & qué leur doûtrine s'amalgama avec celle de‘Zoroaître: Les Perles qui éroient imbus du platonifmé , trom- _pés par l’afinité qu'ils remarqüerént entre les dos mes de cette école dont ils fortoient & la doûrine des gnoftiques orientaux, qui n’étoit qu’un pithago- rico-platonifnte défiguré pat des chimeres chaldéen: nes & zoroaftriques, fe méprirent fur l’origine de cette fe@tes Bien-loin de-fe dire Platoniciens, les gnoftiques oriéntaux reprochoïent à Platon de n’a2 voir rien entendu à ce qu'il y à de fecrét & de pro: fond für l& nâture divine; Plasonem in profondira- tem inrelligibilis éfféntie non Penetraffe, Porphire En: néad. 2{12LX, c,yy. Plotin indigné de ce jugement des Gnoftiques , leur dit : gxxft pt quidem InEelligi= bilem naturamcognofcendo attingentes, Plato aurem re: liquique beati viri mimimè? « Comrhe fi vous faviez # de la nature intelligible ce que Platon & les autreg » hommes de fa trempe célefte ont ignoré» , Por: ibtd, I revient ehcore aux Gnoftiques en d’autres en- droits, & toujours avec la même véhémence. «Voud » vous faites un mérite ; ajoute-t:il, de ce qui doit » vous être reproché fans cefle; vous vous croyez » plus infiruits, parce qu’en ajoutant vos éxtrava- » gances aux chofes fenfées que vous avez emprun- » fées , VOUS avez tout COrrompu h. D'oiril s’entuit qu'à-travers le fyflème de la phi- lofophie ortentale, quel qu'il fût, on reconnoifoit des veftiges de pithagorico-platonifme. Ils avoient changé les'dénominations, [is Admettoïent la tran£- migration des ames d’un corps dans un autre, Ils profefloient la Trinité de Platon, l’être, lentende- ment, & un troifieme architeéte ; & ces conformi- tés, quoique moins marquées peut être qu’elles ne le paroïfloient à Plotin » n'étorent pas les feules qu'iE y eût entre le gnofime & le platonico- pithago- rifme. Le platonico- pithagorifme pañlä de [a Grece à Alexandrie. Les Égyptiens avides de tout ce qu£ concernoit la divinité , äccoururent dans cette ville fameufe par fes philofophes, Ils brouillerent leur doëtrine avec celle qu'ils y puiferenr,. Ce mélange pafla dans la Chaldée, où il s’accrut encore des chi meres de Zoroaître, & c’eft ce cahos d'opinions qu'il fant regarder comme la philofophie orientale ou le gnofifme , qui introduit avec fes ieftateurs dans l’Eghte de Jefus-Chrift, s’empara de fes dogmes, les corrompit, & y produifit une multitude incroyable d’héréfies qui retinrent le nom de gr0/fine. Leur fyftème de théologie confiftoit à fuppofer des émanations , & à appliquer ces émanations aux phénomenes du monde vifble. C’étoir une efpece d'échelle où des puiffances moins patfaites placées les unes au-deflous des autres, formoient autant de degrés depuis Dieu jufqu’à l'homme, où commen- çoit le mal moral, Toute la portion de la chaîne comprife entre le grand abymie incompréhenfible où Dieu jufqu’au monde était bonne, d’une bonté QUE alloït à la vérité en dégénérant ; le refte étroit mau- vais , d’une dépravation qui alloit toujours en aup< mentant. De Dieu au monde vifble, ka bonté étoit en raïon inverle de la diftance ; du monde au der: nier degré de la chaîne , la méchanceté étoit en rai- fon directe de la diftance. El y avoit aufli beaucoup de rapport entre cette théorie & celle de la cabale judaique: Les principes de Zoroaftre ; les fephiroths des: Juifs; les éons des Gnoftiques ne font qu'une même doétrine d'émanations, fous des expreflons difié= 644 O R I rentes. 1 y a dans ces fyftèmes des fexes différens de principes, de fephiroths, d’éons, parce qu'il y falloit expliquer la génération d’une émanation , & la propagation fucceflive de toutes. Les principes de Zoroaftre, les fephirots de la ca- bale, les éons perdent de leur perfeétion à mefure qu'ils s’éloignent de Dieu dans tous ces fyftèmes, parce qu’il y falloit expliquer l’origine du bien &t du mal phyfique ê&c moral. Quels moyens l'homme avoit -1l de fortir de fa place, de changer fa condition miférable, & de s’ap- procher du principe premierdes émanations ? C’étoit de prendre fon corps en averfion; d’affoiblir en lui les pafñions; d'y fortifier la raïfon; de méditer ; d'exercer des œuvres de pénitence ; de fe purger ; de faire le bien; d'éviter le mal, &c. Mais 1l n’acquéroit qu’à la longue, & après de longues tranfmigrations de fon ame dans une lon- gue fucceflion de corps, cette perfeétion qui léle- voit au-deflus de la chaine de ce monde vifble. Parvenu à ce degré, il étoit encore loin de la fource divine; mais en s’attachant conftamment à fes de- voirs, enfin il y arrivoit, c’étoit-là qu'il jouifloit de la félicité complette. Plus une doétrine eft imaginaire, plus il eft fa- cile de Paltérer ; auffi les Gnoftiques fe diviferent- ils en une infinité de feétes différentes. L’éclat des miracles & la fainteté de la morale du chriftianifme les frapperent; ils embrafferent notre religion, mais fans renoncer à leur philofo- phie, & bien-tôt Jefus-Chrift ne fut pour eux qu’un bon très-parfait , & le Saint-Efprit un autre. Comme ils avoient une langue toute particu- liere, on les entendoit peu. On voyoit en gros qu’- ils s’écartoient dé la fimplicité du dogme, & on les condamnoit fous une infinité de faces diverfes. On peut voir à l’article CABALE, ce qu'il y a de commun entre la philofophie orientale & la philofo- phie judaique ; à l’article PITHAGORE , ce que ces fe&taires avoient emprunté de ce philofophe; à lar- ticle PLATONISME, ce qu'ils devoient à Platon; à l’article Jesus - CHRIST & GNOSTIQUE, ce qu'ils avoient reçu du chriftianifme ; & l’extrait abrégé qui va fuivre de la doétrine de Zoroaftre , montrera la conformité de leurs idées avec celle de cet hom- me célebre dans l'antiquité. Selon Zoroaftre, il y a un principe premier, in- fini & éternel. De ce premier principe éternel & infini, il en eft émané deux autres. Cette premiere émanation eft pure, aéhve & parfaite. Son origine , ou fon principe, eft le feu intellec- tuel. Ce feu eft très- parfait & très-pur, Il eft la fource de tous les êtres, immatériels & matériels. Les êtres immateriels forment un monde. Les matériels en forment un autre. Le premier a confervé la lumiere pure de fon origine ; le fecond l’a perdue. Il eft dans les ténèbres, & les ténebres s’accroiflent à mefure que la diftance du premier principe eft plus grande. Les dieux & les efprits voifins du principe lumi- neux, font ignés & lumineux, Le feu 8 la lumiere vont toujours en s’affoiblif- _fant; où ceflent la chaleur & la lumiere, commen- cent la matiere, les ténèbres & le mal, qu'il faut attribuer à Arimane & non à Orofmade. La Inmicre eft d'Orofmade; les ténèbres font d’Arimane : ces principes &c leurs effets font incom- patibles. 48 La matiere dans une agitation perpétuelle tend fans cefle à fe fpiritualifer, à devenir lucide & ac- tive. ORI Spiritualifée , a@tive &r lucide, elle retourne à fa fource, au feu pur, à mithras , où fon imperfeétion finit, & où elle jouit de la fuprème félicité. On voit que dans ce fyftème, l’homme confondu avec tous les êtres du monde vifñble, eft compris fous le nom commun de "mariere. Ce que nous venons d’expoler de la philofophie orientale y laifle encore beaucoup d’obfcurité. Nous connoîtrions mieux l’hiftoire des héréfies comprifes fous le nom de gro/fifme; nous aurions les livres des Gnoftiques ; ceux qu’on attribue à Zoroaftre, Zoftrian, Mefus, Allogene ne feroient pas fuppotés, que nous ne ferions pas encore fort inftnuts. Com- ment fe tirer de leur nomenclature? comment ap- précier la jufte valeur de leurs métaphores ? com- ment interpreter leurs fymboles ? comment fuivre le fil de leurs abftraétions ? comment exalter fon 1ma- gination au point d'atteindre à la leur? comment s’enivrer & fe rendre fou aflez pour les entendre ? comment débrouiller le cahos de leurs opimions ? Contentons-nous donc du peu que nous en favons, & jJugeons aflez fainement de ce que nous avons, pour ne pas regretter ce qui nous manque. ORIENTAL , ( Commerce & Hiff. nat. ) nomdonné par la plûpart des joailliers à des pierres précieutes, Cetteépitheteeft fondée fur la dureté de ces pierres, qui eft beancoup plus grande, dit-on, que celle des mêmes pierres trouvées en occident ; mais cette re- gle n’eft point füre , & il fe trouve en Europe quel- ques pierres quiont tout autant de dureté & de pu. reté que celles d’orient. On prétend aufli que les pierres qui viennent d’orient, ont des couleurs plus vives & plus belles que celles qu’on trouve en occi- dent. Voyez PIERRES PRÉCIEUSES.( —) ORIENTER, v. aët, ( 4ffr. & Gnom. ) edit prin- cipalement d’un cadran mobile , que l’on place dans la fituation où il doit être par rapport aux points car- dinaux, enforte que la méridienne tracée fur ce ca- dran , tombe dans le plan du méridien, Voyez Ca- DRAN, MÉRIDIEN , 6c. ORIENTER, S’, à la lettre, c’eftexaminer de quel côté on a l’orient , & par conféquent les trois au- tres points cardinaux. Mais en général on appelle s’o- rienter , S'aflurer précifément , foit fur terre, foit fur mer , de l'endroit où l’on eft. ( O ORIENTER , ( Archir, ) c’eft marquer fur le ter- rein, avec la bouflole, ou fur le deflein, avec une rofe des vents , la difpofition d’un bâtiment par rap-- port aux points cardinaux de Phorifon. On dit auff s'orienter, pour fe reconnoître dans un lieu, d’après quelque endroit remarquable, pour en lever le plan. (D. J.) ORIENTER LES VOILES, ( Marine. ) c’eft les braf- fer & fituer de maniere qu’elles reçoivent le vent, VA Cricr , 1, m.( Gramm, ) la bouche ou l’ouver- ture d’un tube, d’un tuyau , ou autre cavité, Voyez Tupe. ORIFICE , en Anatomie, fe dit fingulierement de l'embouchure de plufeurs conduits, vaifleaux, ou autres cavités du corps ; comme de la veffie, de l’u- terus, de l’eflomac, &c. L’orifice fupérieur de l’efflomac eft la partie où l’on fent la faim. Son orifice inférieur s'appelle py- lore. Voyez FAIM & PYLORE. Il y a quelques opérations en Chimie pour lefquel- les il faut que les orzfces des vaifleaux foient {cellés hermétiquement. Voyez HERMÉTIQUE. Orifice fe dit aufñ quelquefois par extenfion, de l'ouverture d’une plaie ou d’un ulcére. | OrtF1cE , ( Hydr.) On entend par l'orifice d’un ajutage, d’un canon, d’une jauge, la fertie de fon ouverture circulaire, ou fa fuperficie entiere qui eft comme le quarré de fon diametre : ainf lorfqu'on QRAT FRS dit qu’un jet a trois lignes, cela fignifie trois lignes de hametre , & le même jet de trois lignes en aura pour fon orifice, où fuperficie, neuf lisnes & un {ep- tieme qu'on népligé. Voyez AJUTAGE. (K) - ORIFICIEN, Jenatus.confulte , ( Jurijprud. ) ainfñ appellé du nom du conful Orificius qui le fit pañler au fénat, Il portoit que les enfans fuccéderoient À leur mere préférablement À tous autres , foit cognats Où agnats de leur mere. Les empereurs Arcadius & Théodofius éteñdirent ceite difpofition aux petits- enfans. 4 ORIFLAMME ff. ( Hiff. de France. )nos anciens biftoriens font ce 06 malculin, & écrivent tantôt Oriflamme , tantôt oriflambe , taniôt auriflamme, tan- tÔt auriflambe ou oriflande : étendard de l’abbaye de Saint-Denis; c'étoit une efpece de gonfanon ou de banniere , comme en avoient toutes les autres égli- es; cette bannicre étoit faite d'un tiflu de foie coù- ieur de feu, qu'onnommoit cerdal ou féint vermeil ; . “ui avoit trois fanons , & étroit éntource de houppes de foie. L’orfflamme de Saint-Denis étoit attachée au bout d’une lance, d'un fuft, d’un bâton, que Raoul | de Prefles nomme le give de l'oriflamime. Louis le Gros, prince recommandable par la dou- ceur de fes mœurs, & par les vertus qui font un bon prince , eft le premier de nos rois qui ait été pren- ire l'oriflarmme à Saint-Denis en 1124, lorfqu'il mar- cha contre l’empereur Henri V. Depuus lors, fes fuc- cefleurs allerenr prendre en grande cérémonie cette efpece de banniere à Saint-Denis, lorfqu’ils mar- choient dans quelque expédition de guerte ; ils la recevoient des mains de Pabbé, & , après la vic- toire, l'oriflamme étoit rapportée dans l’églife de Saint-Denis, & remife fur {on autel. C’etoit un che- Valer qui étoit chargé de porter l’or/flanrne à la guerre; & cet honneur appärunt pendant long- tems au comte de Vexin, en fa qualité de premier vaflal de Saint-Denis. [left aflez vraifflemblable qu'il y avoit deux ori- flammes, dont l’une reftoit toüjours en dépôr à Saïnt- Denis, & que, lorfqu'il fe préfentoit une occafon de guerre , on en failoit une feconde toute fembla- ble; on confacroit cette derniere , & on la levoit de deflus l'autel avec de grandes cérémonies. Si on la confervoit exempte d’accidens pendant le cours de la guerre, on la rapportoit dans l’églife ; quand on la perdoit, on en faifoit uné autre fur l'original , pour l’employerdans occafon. … Guillaume Martel feigneur de Bacqueville , eft le ‘dernier chevalier qui fut chargé de la garde de l’or- flamme le 28 Mars 1414, dans la guerre contre les Anglois ; mais il fut tué l'année fuivante à la bataille d’Azincourt, & c’eft la derniere fois que l’oriflamme ait paru dans nos armées, fuivant du Tillet, Sponde, domFélibien, & le pere Simplicien. Cependant , fnivant une chronique manuferire, Louis XI. prit encore loriflamme en 1465, mais les liftoriens da tems n’en difent rien. … Les Bollandiites dérivent le mot oriffamme du cel- tique & tudefque far, fan où var, qui fignifie une barniere, un éténdard, àt d’où l’on a fait fczon où faron , qui veut dire la même chofe: la premiere fyllabe or vient du latin aurum, e’ett donc à dire étendard doré, parce qu'il étoitenrichi d’or. _ Le leGeur peut confülter Galant, sraité de l'ori- famme ; Borel, du Tillet , © les mémoires dis [nf- criptions. ( D, J. ORIGAN, f. m.(Æf. rar. Bor. \origanum , genre de plante à fleur monopétale , labiée, dont la levre fupéricure eft relevée, arrondie & divifée en deux parties, & l’inférienre en trois. Le pifil fort du ca: lice , il eft attaché comme un ciou à la partie pofté- rieure de fa fur, & entouré de quatre embryons qui deviénnént dans la finite autant de femencés ar- ORTI 645 rondies 67 renfermées dans une caplule qui a fervi de calice à la fleur. Ajoutez aux caradterces de ce genre, que les fleurs naïffent dans des épis écail- leux qi forment des bouquets au haut des branches &t des tiges, Tournefort , 22/. rei herb, Voyez PLAN- TE.( 1) , yet rt, Tonrnefort compte quatorze efpeces de ce genre de plante, dont il faut me borner ici à ne décrire que le fauvage commune : oniganum fylveflre, fpicis Lez is, ereôlis , confertis | pariculatis, |[. Clé. 305% Elle a fes racines menues, lisneufes, fibreu£es , tra çantes obliquement en terre. Elles pouifent plufieurs tiges qui s’élevent à la hauteurde deux ou troxs piés , dures, quarrées, velues. Ses fenilles fortent Oppo- fées desnœuds des tiges; les plus grandes reffemblent à celles du calament vulgaire, & les plus petites à celles de la marjolaine; elles font velues, odoran- tes, d’un goût âcre & aromatique, Ses fleurs naïf fent comme en parafol aux fommités des uges, dans des épis grêles & écailleux, qui compofent de gros bouquets ; chacune de ces fleurs eft en gueule, ou en tuyau découpé par le haut en deux levresde couleur incarnate. Lorfque les fleurs font pafées , il léur fuc- cede des femences très-menues , prefque rondes, enfermées dans une capfule oblongue quia férvide calice à la fleur. Cette plante croît non-feulement dans les pays chauds, mais auffñi dans les pays froids , Comme en Allemagne, en Angleterre, en France. Onda trouve aux lieux champêtres, montagneux, fecs, expolés au foleil; & elle fe plaît principalement furles colli- nes & les montagnes. Elle fleurit en été. Aurelte , l’origan fauvage varie beaucoup 8e par fes feuilles, & par fes fleurs. Tragus obferve quefes fleurs font de trois fortes ; l’une ponceau; l'autre ronge-blanchâtre , &la derniere toute blanche, Il En a qui prétendent que celui d’'Efpagne & d'Italie vaut mieux que le nôtre, & je crois qu'ils ont fariOn. Le petit origen, ou la petite marjolaine fauvage , origanum Jÿlveftre, humile, de nos Botaniftes, à fa racine ligneufe, roufsâtre, fbreufe. Elle poule une petite tige, ordinairement unique, ronde, roufsà- ire, Un peu rude, haute de fix à fept pouces, la- quelle fe divife au fommet en plufeurs rameaux , qui foutiennent des fleurs en maniere de parafol : mêlées de bleu & de purpurin ; elles font garmes de feuilles oppolées, petites, oblongues, velues, un peu fermes, aflez fouventdifpofées fansordre , d’une odeur aromatique & {uave, comme celle de l’origar vulgaire. Quand les fleurs font pañlées , il leur fuccede des femences très-menues, arrondies , de bonne odeur, Ët d’un goñt âcre. Cette planre fe trouve dans Les fo- rêts : on peut la füubflituer à la précédente : elle eu- rit dans le même tems. ( D. J. ORIGAN, ( Pharm. & Mar. méd. ) grand origan , marjolaine fauvage on bâtarde , marjolaine d’An- gleterre, & petit origaz ou petite marjolaine fau vage. Ces plantes pofledent à-peu-près les mêmes ver- tus que la marjolaine, à laquelle on peut les fubfti- tuer. Lu | La poudre de leurs feuilles & de leurs fleurs fe- chées eftun affez bon errhin. Voyez ERRHIN. On emploie principalement ces plantes pour l’u- fageextérieur. On ies fait entrer dansles demi-bains, les pédiluves, & fur-tout dans la compoñition des vins aromatiques, qu’on applique auffi-bien que leur marc fur les membres attaqués de paralyfie , d’œde. mie, Éc. is Les feuilles d’orfgar entrent dans l’eau générale 8e le firop d’armoife ; les fommités fleuries dans l’éat, 646 OR I vulnéraire & l'huile de petits chiens ; les fleurs dans le frop defhæcas, &c.(2) ORIGÈNE , hexaples d’, ( Crisig. Jacrée. ) c’eft ainfi qu'on nomme différentes verfions des livres fa- crés , raflemblés par Origène en plufieurs colonnes. Pour comprendre ce que c'étoit que les hexaples d’'Origène , il faut favoir qu'outre la traduétion des Septante, PEcriture avoit depuis été traduite en grec par d’autres interpretes. La premiere de ces verfions (ou plutôt la deuxieme en comptant les Septante ), étoit celle d'Aquila. La troïfieme, étoit celle de Sym- maque. La quatrieme , étoit celle que Théodotion donna fous Commode. La cinquieme, fut trouvée à Jéricho. La fixieme , fut découverte à Nicopolis. Origène entreprit de réduire toutes ces verfions en un corpsavec le texte hébreu, enforte qu’on pût aifément & d’un conp d'œil confronter ces verfons & ce texte. Pour cela il mit d’abord en huit colonnes le texte hébreu en caracteres hébreux, puis le même texte en caraeres srecs ; & enfuite les verfionsdont nous avons parlé. Tout cela fe répondoit verfet par verfet, ou phrafe par phrafe, vis-à-vis l'une de l'autre, chacune dans fa colonne. Les verfons étoient placées en cet ordre : Aquila, Symmaque , les Sep- tante, Théodotion, la cinquieme , à la fixieme ; ces dernieres marquées chacune par chiffre de leur nombre. Dans les Pfeaumes, il y avoit une neuvie- me colonne pour la feptieme verfion. Origère ap- pella cet ouvrage hexaples , c£araa , c’eft-à-dire fep- tuples, on ouvrage à fix colonnes, parce qu’il n’a- voit égard qu'aux fix premieres verfions greques. Il faut encore favoir qu'Origène ne raflembla d’a- bord en un volume que quatre verfions , en les met- tant en quatre colonnes , lune à côté de l'autre, dans la même page; ce qui fit donner à cette édition le nom de sérraple. La premieré de ces colonnes éroit la verfion d’Aquila ; dans la feconde , celle de Sym- machus ; dans la troifieme,, les Septante ; &t dans la derniere , celle de Théodotion. Quelque tems après il fit uneautre édition , où il ajoute deux autres colonnes ; & cette édition portoit tantôt le nom d’hexaple, & tantôt celui d’oëaple, Dans celle-ci, la premiere colonne étoit le texte hé- breu en lettres hébraïques; dans la feconde , le mê- me texte en lettres greques. Puis venoient les qua- tre verfons de fa sésrapledans le mêmeordre ; dans la feptieme , étoit ce qu’on appelloit la cirguieme ver- fon greque ; & dans la huitieme &c derniere, ce qu'on appelloit la féxieme. En quelques endroits 1l avoit ajouté une neuvieme, colonne, où il avoit mis ce qu’on appelloit la Jéprieme verfion. La cinquieme &c la 3! TT. Colonne, -[exre hébreu en lertres hé- oraïques. IT. Verfion gre- Verfñon gre- que deSymima- que d'Aquila. chus. Texte hébreu en lettres gre- ques. Origène donna les trois dernieres verfions, & cel- lesd’Aquila, de Symmachus & de Théodotion, tel” les qu’il les rencontra, fans y apporter beaucoup de façon. Mais pour celle des Séprante qui étoit dans Îa cinquième colonne , comme c’étoit pour elle qu'il publioit toutes les autres, il y apporta tous es foins pour la donner aufli correéte &c auf achevée _qu'il lui éroit pofhble. | Les exemplaires qu'on en avoit communément alors parmi les Juifs helléniftes êc les Chrétiens, & ui fe lifoient parmi les uns ë les autres dans leurs aflembiées publiques, aufli-bien qu'en particulier, étoient pléins de fautes qui s’y étoient gliflées infen- fiblement, & accumulées par la négligence des co- piftes, dans une fi longue dite d'années où cetie Verfion gre- que des Sep- rante. OR I fixieme n’étoient pas de tout le vieux-Teftament : nt l’une ni l’autre, par exemple, n’avoit la loi, de forte qu’elle commençoit par fix colonnes. Le nom- bre s’augmentoit enfuite à mefure que ces verfons s'augmentoient. C’eft pourquoi aufli tantôt on l’ap- pelle hexaple, & tantôt offaple , felon qu’on envi- fageoit fes fix, ou fes huit colonnes; car c’eft la même édition , & il ne faut pas s’y tromper. Quoi- qu'en quelques endroits elle en eût jufqu'à neuf, on ne lui donna pourtant jamais le nom d’eznéaple , parce que cette neuvieme étoit en peu d’endroits ; quel- ques-uns même prétendent qu’elle n’étoit qu'aux Pfeaumes ; on n’y eut aucun égard ponr le nom de tout l'ouvrage. Dans cette édition, Origère changea l’ordre de plufieurs endroits des Septante , oùil fe trouvoit dif térent de celui de l’hébreu. Car comme dans cette verfon il y avoit plufeurs paflages tranfpofés , fur- tout dans Jérémie , fon deffein demandoit ab{olu- ment qu'ils fuflent remis dans le même ordre que l’o- riginal hébreu pour pouvoir les comparer. Son but, en raflemblant toutes ces verfions avec l'original , étoit de faire voir la différence qui fe trouvoit en- ir'elles & l'original, afin d’y changer ce qu'il pou- voit y avoir encore de défeétueux, & de faire avec tous ces fecours une verfon plus corree & plus parfaite pour lufage des églifes greques. Pour en juger, 1l falloir donc que l’on trouvât en chaque ce- lonne le même pañlage fous fes yeux, & qu'une li- gne ou un verfet répondit à l’autre; & puifqu'il fe trouvoit des tranfpoftions dans quelques verfons , 1l étoit naturel dans ce plan de les ramener à lordre de Poriginal, La cinquieme & la fixieme verfon dont on vient de parler furent trouvées ; l’une à Nicopolis près. d'Aftium en Epire, fous le regne de Caracalla; & l’autre à Jéricho en Judée, fous celui d'Alexandre Severe. Pour la feptieme, on ne fait pas d’oùelle ve= noit , ni qui en étoit l’auteur, non plus que ceux des deux autres. La premiere de ces trois contenoit les petits Prophetes , les Pfeaumes, le Cantique des cantiques’, & le livre de Job. La feconde, les petits Prophetes & le Cantique descantiques, La troifieme, felon quelques auteurs , navoit que les Pfeaumes. Mais comme ce qu’on nous dit de ces trois verfions eft fort incertain, & fe contredit même quelquefois, & que d’ailleurs la chofe n’eft d’aucune conféquence puifqw’elles font perdues, il n’eft pas néceflaire de nous en embarrafer, La figure fuivante peut donner une idée jufte de la maniere dont Origère avoit dif- pofé letout dans cette édition. | VIT. VIII. IX, La fixieme vérion gre- que. Verfion gre-| La cinquieme que de Théo-|verfon gre- dotion. que. La fepaeme verfion gre- que: verfon avoit pañlé par tant de mains différentes] Pour lui rendre donc fa pureté naturelle, il prit la peine de collationner plufieurs copies & de les exa- miner attentivement , pour corriger l’une par l’au- tre, Ce fut une copie amfi revûüe & corrigée, qu'il mit dans fon hexaple à la cinquieme colonne. Elle fut tellement eftimée, qu’on la regarda roûjours de- puis ce tems-là comme la feule bonne & véritable verfon des Septante ; & foutes les autres qui cou- roient , fans avoir été révûes & faites fur la fienne,, prirent le nom de communê ou vulgaire pour les diftin- guer de celle-ci. Cependant Origène ne borna pas là fon travail: non-feulement il déchargea fon édition des fautes de copiftes, mais 1 voulut ençore la perfeétionner && corriger ORI Corriger les fautes des tradu@teurs eux-mêmes, pat la comparaifon qu'il en faifoit avec l’origin alhébreu. Îl s’y: en trouvoit beaucoup de ces dernieres ; il y avoit des omiflions, des additions, & des endroits irès-mal traduits. La loi elle-même qui étoit pourtant ce qui avoit été traduit avec le plus de foin dans cette verfion, avoit plufeurs de ces défauts. Lerefte en avoit encore bien davantage. Il vouloit donc rez médier à tout cela, fans rien changer au texte origi- nal des Septante. ( Pour cet effet , 1l fe fervit de quatre différentes ef. peces de marques, déja en ufage alors parmi les Grammairiens : l’obélifque, l’aflérifque , le lemnif que, & l'hypolemnifque. L'obélifque étoit une ligne droite ; comme une petite broche (—) ou comme une lame d'épée ; & c’eft auffi de-là qu’elleprend fon nom, L’aftérifque étoit une petite étoile (* ); le lemnifque étoit une ligne entre deux points( -) ; & l’hypolemnifque , une ligne droite avec feule- meént un pont deflous ( —). -L'obélifque lui fervoit à marquer ce qu'il falloit _ tetrancher dans les Septante, parce qu'il ne fe trou- voit pas dans l’hébreu. L'étoile étoit pour ce qu'il ÿ falloit ajouter, tiré de l’hébreu, & ces additions il les prenoit.prefque toujours de la verfion de Théo- dotion ; ce n’étoit que quand ilne la trouvoit pas jufte , qu'il avoit reconrs aux autres. Pour les lém- nifques & les hypolemnifques, il s’en fervoit, à ce qu'on croit, pour marquer les endroits où les tra- duéteurs n’avoient pas attrapé lé fens dé l'original. Mais on n’a pas trop bien éclairci jufqu’à préfent à quoi ces deux marques fervoient précifément, Enfin , pour montrer jufqu'où s’étendoit le re- tranchement d’un obélifque , ou laddition d’une étoile, il avoitune autre marqué qui, dans quelques exemplaires , font deux points ( : ), &, dans quel- ques autres, un dard la pointe en-bas ( wÿ ). Avec le fecours de ces marques, on voyoit où finifloit ce qu'il y avoit de trop ou de trop peu, comme avec l’obélifque & l’étoile on voyoit où cela commencoit. Mais tout cela fe fit fans rien changer dans la verfion originale des Septante, Car, en retranchant toutes ces marques & les additions des étoiles, vous aviez l'édition des Septante pure & fimple, telle qu’elle étoit fortie des maïns des traduéteurs. Voilà ce qu’on appelloit l'édition d'Origine, à caufe des foins qu'il s’étoit donnés pour la corriger &z la réformer. C’étoit un travail immenfe ; auf lui fit-1l donner le furnom d’Adamantius , qui veut dire infatigable ; 8 qui a été d’une grande utilité à lE- glife. On ne fait pas au jufte quandil mit la derniere Main à cet ouvrage; mais il y a apparence que ce fut l'an 250, quatre ansavant fa mort, L’original de cette traduétion fut mis dans la bi- bliotheque de l’églifede Céfarée en Paleftine, où faint Jérôme le trouva encore long-tems après, & en tira une copie. Mais apparemment que les trou- bles & les perfécutions quel'Eglife eut à efluyer dans ce tems-là furent caufe qu’elle y fut bien cinquante ans ; fans qu’il paroïffe qu'on y fongeât, jufqu'à ce que Pamphile & Eufebe l’y déterterent, en prirent des copies, & firent connoître cette édition. Depuis lors on en connut le prix & l'excellence ; les copies s’en multiphierent, &. fe répandirent dans les autres églifes. Enfin, elle fut reçue par-tout avec une ap: probation générale & de grands applaudiflemens, Il atriva néañmoins que la groffeur de l'ouvrage, & la peine & la dépenfe qu’il falloit pour en avoir des co- pies complettes , la firent bien-tôt tomber; outre la dépenfe, il étoitiembarraffant de faire copiertant de volumes ; & très-difiicile de trouver parmiles Chrétiens.des copiftes affez habiles pour écrire l’hé- | brei avec fescara@eres propres. Tout cela futcaufe que la plüpart fe conrenterent de faire copier fimple: Tome XL, AXE 2 PTT O RI 645 #eht là éiiquieme colonne , oùles Septante, aveë les Étoiles, &c, qu'Origène y avoit miles séparée qu'avec cela on avoit en quelque maniere l’abrégé de tout l'ouvrage, Ainfi il fe ft très-peu dé copies du grand ouvrage, 8 beaucoup de cetre efpece d’à- brégé. Etcomme en copiant il atrivoit fouvent de ne pas marquer avec exactitude les étoiles, il s’eft trouvé dans quantité de copies des Septante faites dans la fure , bien des chofes fuppofées de cette vers fion qui n’y étoient pas d’abord, & qui n’y font eñ< trées que par voie de fnpplémént avec cétte mar: que. , Cependant il y avoit encore plufeuts côpiés de l'ouvrage entier, tant de là tétraple quedel’hexaple ; dans les bibliothèques, obonalloit les confulter jufe qu'à ce que, vers le milieu du feptieme fieclé , li- nondation des Sarrafins dans lorient ayant détruit les bibliotheques par-tout où ils pafloient, on n’en a plus entendu parler. [1 n’en eft parvenu jufqu’à nous que quelques fragmens qu'ont recueillis Flaminius Nobilius, Drufius, & le pere Bernard de Montfau- con. Ce dernier dans un livre qu'il a publié , pref. qu'auffi gros que l’étoit l’hxaple, & d’une imptefs fon magnifique, nous avoit fait eipérer beaucoup ; & nous a donné fort peu de chofes: Pamphile & Eufebe qui découvrirént, vers la fn du troifieme fiecle, l’Aexaple d'Origène dans la biblio: theque de Céfarée ( ou, felon d’antres auteurs ; qui l’apportérent de Tyr & la mirent dans cette biz bliotheque ) corrigerent fur cette édition la verfion des Septante telle qu'on lavoir communément: Voyez SEPTANTE. ( Le chevalier D£ Jaucourr. ) ORIGENISTES, £. m. pl. CAE. eccléf.) anciens hérétiques dont les abominations furpaflerént celles des Gnoftiques. Saint Epiphane en parle comme d’une fete qui fubfftoit encore de fon tems,maisen très-petit nom: bre. Il femble qu'il fxe leur origine au tems du grand Origenes; mais il ne dit pas que c’eft de lui qu'ils ont tiré leur. nom : au contraire il les diftingue d’au- tres origéniffes, auxquels il donne pour ‘chef Orige- nes Adamantius. Il ajoute qu’à la vérité les pre- miers.tiroient leur nom d’un certain Origenes, & par-là 1l fait connoïtre que ce n’étoit pas du grand Origenes. D’ailleurs S. Auguftin dit expreflément que c’en étoit un autre. à À l'égard de leur doëtrine, tout ce que la modef- tie nous permet d'en dire, c’eft qw’ils condamnoient le mariage; qu'ils fe fervoient de plufeurs livres apocryphes, comme les a@es de S. André, 6e. & que pour excufer la publicité & l’énormité de leurs crimes, 1ls accufoient les Catholiques de faire la mé: me chofe en particulier, it Origérifles ,- {uivant l’hiffoire eccléfiaftique, étoient les feétateurs d’Origenes, qui foutenoient que J. C. n’étoit fils de Dieu que par adoption ; que l'ame des hommes exifte, 8: a. péché dans le ciel avant la création de leur cofps ; que les tourmens des damnés ne feront point éternels, & que les dé- mons feront enfin délivrés eux-mêmes des peinés de l'enfer. . Saint Epiphane réfute amplement les erreurs de ce pere de l’Eglife ; mais il le fait, comme il en con: vieñt lui-même, avec trop de chaleur : de forte qu'il peut bien y avoir de l’exagérarion dans ce qu’il a dit du grand Origenes. Il paroït même que S. Jé: rôme & Théophile d'Alexandrie parlant de ce grand homme, n’ont point donné àleur zele les bornes cons venables; & fans doute , c’eft la raifon pour laquelle S. Jean Chryfoftôme fut accufé lui-même d’être ori- genifle, comme n’ayant point déclamé avec aflez de véhémence contre Origenes. * L'Origénifime fut adopté principalement parmi lés moines d'Egypte & de Nitrie, qui avoient tiré dia : | Nan verfes opinions erronées ou fingulieres, de [a le&tu- re d’untraité d'Origenes intitulé , dés principes. On peut compter parmi ces opimons bifarres que le fo- leil, la lune, les étoiles & les eaux, qui font au- deffus du firmament, ontdes ames, 8 qu’à la réfur- re@tion tous les corps auront une forme ronde. Les livres d'Origenes furent condamnés, & la leéture en fut défendue dans le cinquieme concile général, qui eft le deuxieme de Conftantinople, tenu en 553. Divers auteurs fe font atrachés depuis à juftifier la doëtrine d'Origenes , & d’autres à prouver la réalité de fes erreurs ; mais on ne peut difconvenir qu'il ne fe foit égaré fur bien des chefs. ORIGINAIRE, adj. (Gramm.) qui a pris fon ori- gine en quelque endroit. Exemple, c’eft une famille originaire de Flandres. I! fe dit aufli de ce qui nous vient d’origine; c’eft un vice origimaire dans cette maifon. ORIGINAIRE, quelques marchands appellent marchandife originaire, celle qui croît ou qui fe fa- brique dans un pays avec des matier£s mêmes du pays ; maisce termeeft peu ufté. Didionn. de Com. rom. III. pag. 644. ORIGINAL, f. m. eft le premier deffein, ou in- ftrument authentique de quelque chofe, & qui doit fervir comme de modele ou d'exemple à être copié ouimité. Voyez DESSEIN , MODELE , 6c. Aujourd’hui l’on trouve à peine aucun titre an- cien de poffeffion , inféodation, &c, qui foit orgi- nal ; ce ne font que des vidimus, ou copies colla- tionnées fur les originaux. ORIGINAL, {. m. (Gramm.) Voyez ORIGINA- LITÉ. | ORIGINAUX , écriss ; ce terme peut fe prendre en différens fens. 1°. Pour le manufcrit authentique d'un ouvrage, tel qu'il eft forti des mains de fon auteur. Ainfi, quoique nous ayons plufeurs ma- nufcrits de la bible, on ne: peut pas aflurer que nous en ayons les originaux : pour faire une copie exaëte, 1l faut la collationner fur les originaux. , 2°. On peut appeller écrirs originaux ceux mêmes qui ayant été tranicrits on imprimés, l’ont été avec tant de fidélité qu'ils n’ont fouffert aucune altéra- tion, changement, addition ou fupprefñon de quel- que partie. Pouvons-nous nous flatter d’avoir les originaux de Cicéron, de Tite-Live, après que d’ha- biles commentateurs ont tenté de reftituer les le- çons fautives, & d'éclaircir les paflages obfcurs, qu'il y refte encore beaucoup de lacunes ? 3°. On appelle écrits originaux, des pieces uni- ques dont on n’a jamais, tiré de copies. Ainf l’on rapporte que les originaux du procès de Ravaillac furent brûlés avec ce régicide , par des:raifons d’é- tat fur lefquelles on a débité bien de fauffes conjec- tures, ORIGINAL , fe dit ez Pernture , des chofes d’après lefquelles on copie: on dit la nature eft mon origi- nal, ce deflein, ce tableau, quoique copie , eft mon original. : Original {e dit encore d’un deffein, d’un tableau qu’un peintre fait d'imagination , de génie, quoique chacune deleurs partiesfoientcopiées d’après nature. Peinture , tableau original, fe prend en bonne &r en mauvaife part ; en bonne, lorfque dans un tableau tont y eft grand, fingulierement nouveau; &t en mauvaife , lorfqu’on n’y rencontre qu’une fingularité bifarrement grotefque. Les Peintres répétent quel- quefois les mêmes fujets, & à peu près de lamême façon, fans qu'aucune de ces répétitions foient ap- pellées copies. On appelle encore original les eftam- pes faites d’après des defleins ou desytableaux ori- ginaux, Il efttrès-difficile de difinguer les tableaux originaux d'avec de bonnes copies. Voyez Copies. ORIGINAUX , ex ermes de l'Echiquier, fignifient ORTI les mémoires ou extraits que l’on envoie au bureau des fecrétaires de la chancellerie. Ils font différens des aétes enrepiftrés, qui con- tiennent les jngemens & plaidoyers des procès jngés par les barons. ORIGINALITÉ , {. f. (Gramm.) maniere d’exé- cuter une chofe commune , d’une maniere finguliere & diftinguée : loriginalisé eft très-rare. La plupart des hommes ne font en tous genres , que des copies les uns desautres, Le titre d’origiral{e donne en bon- ne & en mauvaiïfe part, - ORIGINE, f. f, (Gramm.) commencement , naïif- fance, germe, principe de quelque chofe. L'origine des plus grandes maïfons a d’abord été fort obfcure. Les pratiques religieufes de nos jours ont prefque toutes leur origine dans le paganifme. Une mauvaife plaifanterie a té l’origine d’un traité fatal à la na- tion , & d’une guerre fanglante où plufieurs milliers d'hommes ont perdu la vie, Menage a écrit des origi- zes de notre langue. ORIGINE, ez Géomérrie, fe dit du point par le- quel on commence à décrire une courbe, lorfqu’on la décrit par un mouvement continu. Voyez DÉCRI- RE & ENGENDRER. On appelle auffi affez fouvent origine de la cour- be fon fommet, c’eft-à-dire le point 4 ( fig. 11. ana- lyf.) où lon fuppofe que commencent les ordon-\ nées & lesabfcifles. Foyez ABsc155E, ORDONNÉE, &c. (O0) ORIGINEL , adj. gw'on a d'origine : péché oripi- nel, eft le crime qui nous rend coupables dès le moment de notre naïflance , par imputation de la défobéiflance d'Adam. Voyez PÉCHÉ & Impura- TION. | La nature du péché originel eft auf difficile à fon- der que fon exiftence eft facile à établir, felon la re- marque de S. Augultin: eo nhil ad pradicandum no- tius, rhilad intelligendum fecrerius. Auf eft il peu de queftions fur laquelle les Théologiens aient été plus partagés. Illyricus, undes centuriateurs de Magdeboureg ; a. prétendu que Le péché originel eft une fubftance pro- duite. par le démon, & qui eft imprimée à l’ame de. chaque homme , à caufe de la défobéiffance du pre- mier homme : fentiment qui approche du Mani- chéifme, & que d’ailleurs Iliyricus ne prouve nulle- ment. | On lit dans la conteflion d’Ausbourg, que le péché originel n’eft autre chofe que la corruption de notre nature , répandue dans toutes les parties de notre ame ; c que cette corruption qui exclut toute jufti- ceintérieure, fe réduit à la concupifcence habituel- le, qui fe révolte fans cefle contre l'efprit, & qui follicite continuellement au mal. Mais cette concu- pifcence eft l'effet du péché d'Adam , & non pasilé péché même d'Adam. Quoique mauvaife en elle- même, elle n’eft criminelle aux yeux de Dieu que quand on acquiefce aux mauvais defirs qu’elle fug- gere, & qu'on en fuit les impreflions déréglées. Mais où eft ce confentement libre 8c cet acquiefce= ment dans les enfans à à Henri de Gand, & Grégoire de Rimim, regar- dent le péché originel comme ure qualité maladive qui a infeété la chair d'Adam en mangeant du fruit défendu , & qu'il a communiquée à {es defcendans par la voie de la génération. Ce fentiment péche par Les mêmes raifons que le précédent, & n’a d’ail- leurs aucun fondement/dans l'écriture ou'dans les eres. | : Saint Anfelme.a avancé que le péché originel eff la privation de la juftice qu'Adam avoit reçue de Dieu en fortant de fes mains, ou au moins quelques momens avant fa chute; mais cette privation eft la peine de la défobéiffance d'Adam, elle en eft la fui- e R I te, & par conféquent elle n'en peut former la na- ture ou l’effence. Le fentiment Le plus commun parmi les théolo- giens catholiques, eft que le péché originel n’eft au- tré chofe que la prévarication même d'Adam, qui nous eft imputée intrinféquement , c’eft-à-dire dont nous fommes réellement coupables, parce que nous Pavons commis en lui, en ce que toutes nos volon- tés étoient renfermées dans la fiénne. On n’eft guere moins partagé fur la maniere dont Te communique le péché originel. Le pere Mallebranche déduit le péché. originel de caufes naturelles , & prétend queles hommes confer- vent dans leur cerveau toutes les traces & impref- fions de leurs premiers parens. Comme les animaux produifent leur femblable avec les mêmes traces dans le cerveau, 8 que ceux de la même efpece font fujets aux mêmes fympathies &c antipathies, & qu'ils font les mêmes choles dans les mêmes occa- fions ; de même, dit ce pere, nos premiers parens, après avoir tranforeflé le commandement de Dieu, reçurent dans leur cerveau des traces profondes par limpreffion des objets fenfibles , de forte qu'il y a beaucoup d'apparence qu'ils aient communiqué ces imprefñons à leurs enfans. Or, comme fuivant l’ordre étäbli par la nature, les penfées de l’ame font néceffairement conformes aux traces du cerveau, on peut dire qu’aufhtôt que nous fommes formés dans le fein de notre mere, nous devenons infectés de la corruption de nos pa- fens, puifqu'ayant dans notre cerveau des traces femblables à celles des perfonnes qui nous donnent l'être, il faut néceflairement que nous ayons les imémes penfées & les mêmes inclinations par rap- port aux objets fenfibles ; par conféquent nous de- vons naître avec la concupifcence 6 le péché ori- ginel, Avec la concupifcence, fuppofé 'qu’ellé ne confifte que dans l'effort naturel que les traces du cerveau font fur l’ame de l’homme pour l’attacher aux chofes fenfibles ; & avec le péché originel, {up- _pofé que ce péché ne foit autre chofe que l’efficicité de la concupifcence, comme en effet, ce n’eft antre chofe que les effets de la concupifcence , confiderés comme viétorieux & maîtres de l’efprit & du cœur des enfans. Et il y a grande apparence, ajoute cet auteur, que le regne de la concupifcence, ou la victoire de la concupifcence, eft ce qu’on appelle péché originel dans les enfans , & péché aëluel dans les hommeslibres. Recherch, de la vérité , L, IT. c, vu. 2, V. | Ce fentiment paroït fondé fur ce qu’enfeigne S. Suguflin, 2. 1. de nupt. ch, xxiv. Ex hac concupif- centié carris tanquarn filia peccati, & quando illi ad éurpia confentitur , etlain peccatorurm matre multorur , guœcurque nafcitur proles orisinali ef? obligata pec- cato. Parmiles anciens, quelques-uns, comme T'ertul- lien , Apollinaire & d’autres, au rapport de S. Au- guftin , epiff. Ixxxiy a Marcellin. ont cru que dans la génération l’ame des enfans provenant de celle de leurs parens, comme le corps des enfans pro- vient de celui de leurs peres & meres, ceux-ci communiquoient aux premiers une ame fouillée du péché origimel, D'autres ont penfé que le péché originel fe com- munique , parce que l’ame que Dieu crée eft par fa deftination unie à un corps infeété de ce péché, ä-peu-près comme une liqueur fe gâte quand on la verfe dans un vafe infeété. On trouve quelques tra- ces de cette opinion dans S. Auguftin, Z. #,. comtr. Julian. c, iv. ut ergo ,dit ce pere , & anima caro pariter utrumquepuniatur,nift quodnaftitur, renafcendo emende- cut, profecto aut utrumque vitiatum ex homine trahitur , aut alterurn in altero, tanquarn in Vitiato vale corrum- Tome XI, O R I. 649 piturs ubz occulte juffitia divine legis includisur, Maïs il n’approûve ni ne défapprouve ce fentimérit , & fe contente de dire qu'il n’eft pas contraire à la foi, Enfin lés théologiens catholiques qui font confif: ter la nature du pêché originel en ce que celui d’A- dam eft imputé à fes defcendans, parce que toutes leurs volontés étoient contenues daris la fienne, em expliquent la propagation en difant que Dieu , paë' fa fuprême volonté , a ftatué que toutes les volontés étant contenués dans celle d'Adam, elles {e trouve: roient toutes coupables du péché de ce premier homme , de même qu’elles auroient été jufles, s’il n'eut point prévariqué. | Les effets du péché originel font l’ishorance , la concupifcence ou l’inclination au mal, les miferes _ de cette vie, & la nécefité de mourir. - ORIGNAL , (XF. nat.) grand animal quadrti= pede qui fe trouve dansles parties feptentrionales de l'Amérique. Quelques auteurs ont confondu cet animal avec celur qu’on appelle rezne; mais de meilleurs obfervateurs nous difent qu’il ne diffère de Pélan que par la groffeur qui égale celle d’un cheval. L'orignal a la croupe large, fa queue n’a qu'un pou ce de longueur ; 1l a les jambes & les piés d'un cerf: Un long poil lui couvre le cou, le garot & le haut du jarret. Sa tête a environ 2 piés de long ; fon mufle eft gros &c rabattu par le haut ; fes nafeaux font fort larges: fon bois eft beaucoup plus large que celui d’un cerf; mais il eft fourchu comme ce- Jui d’un daim : ce bois fe renouvelle tous les ans. On prétend que cet animal eft fujet à l’épilepfe, & comme dans fes accès 1l fe gratte l'oreille de fon pié de derriere, on en a conclu que fa corne étoit um fpécifique contre cette maladie: on en vante les vertus contre les palpitations , les vertiges, la pleu- réle, le cours-de-ventre, &c, Le poil de l’orgral eft mêlé de gris blanc 8 de rouge noir ; il conferve toujours une certaine élafticité, ce qui le rend très= propre à faire des matelas, 6c. Sa chair eft d’un très-bon goûr : fa peau préparée eft douce, forte 8x moëllente. ORIGUÉLA , (Géog.) ox ORIHUELA , comme écrivent les Efpagnols; ville d’Efpagne au royaume de Valence, avec un'évèché fuffragant de Valence. Elle eft dans une campagne fertile, fur la riviere de Ségura , à 14 lieues N. E. de Carthagene , 14 S. O. de Valence. Long. 17,2. lat, 37.58, Cette ville eft ancienne , à ce que prétendent les Géographes , qui croient que c’eft l’Orcelrs de Pto- . lomée. En tout cas fon évêché eft moderne ; car if n’en eft fait aucune mention dans les trois anciennes notices eccléfiafhiques d’Efpagne, Il y à lieude pen- fer que l’églife d'Origuela fut fondée en collégiale l'an 1414, & érigée en cathédrale par Alphonfe cinquieme roi d’Arragon. Son gouvernement eft in dépendant de Valence, & fa jurifdiétion s'étend fur environ 12 lieues de longueur & 6 de largeur. (EE ORILLON ; f. m. er serme de Fornificarion , c'eft une partie avancée du flanc vers l'épaule du baf- tion, qui eft arrondie, & qui fert à couvrir le refte du flanc. Lorfque cette partie avancée eft rerminée , par une ligne droite , on la nomme épauliment, Voyez ÉPAULEMENT. On fait des orillons arrondis, afin de couvrir da vantage le flanc, de rendre les angles qui font ex= pofés aux batteries des ennemis plus forts, & qu'il y ait moins de parties qui puiflent être battues per pendiculairement par une même batterie. On ne fait des oril/ons qu'aux places revêtues de maçonne- rie , parce que la terre a trop peu de folidité pour qu'ils puffent fe foutenir long-tems. Les Ingénieurs avancent plus ou moins leur oxcZ. lon, M, de Vauban l’avançe de 5 toifes , & M. de | ‘ NNanni 639 O R'I Cohéorn de 24, devant fon flanc haut, pour le mieux garantir des coups {crortés. L'’ori//on de cet illuftre ingénieur eff une tour de pierre, avec un fouterran où 1l fait des cafematés pour 6 pieces de canon , lefquelles défendent le foflé & la face du retranchement demaçonnerie qu’il fait dans fon baf- tion. « Pour tracer l’orillon , fuivant M. le maréchal de Vauban, il faut divifer le flanc CDC PI, I. de Fortif. fig. 7. en trois parties égales. Sur le milieu CZ du tiers du flanc, vers l'épaule du baftion, on élévera une perpendiculaire O Æ indéfimie, en dedans le baflion, & au point C, extrémité de la face BC, une autre perpendiculaire C À, qui coupe la pre- miere dans un point À, De ce point pris pour cen- tre, & de l'intervalle XC, on décrira un arc CT ui donnera la partie antérieure de l’orxf/or. Onpo- Le enfuite l’angle à l'angle flanqué &c au point I, & l’on tirera dans cette poñtion en dedans le baf tion , la ligne Z À, à laquelle on donnera 5 torfes: cette ligne fe nomme le revers de l'orillon, où la dror- ture de l'épaule. Si l’on vent enfuite décrire le flanc couvert, on prolongera la ligne de défenfe 40 de ; toifes, jufqu'en G, on tirera HG ; fur laquelle on décrira un triangle équilatéral LG, puis du point L pris pour centre , &r de l'intervalle: £ G ou LH, on décrira l'arc G PH, qui fera le flanc cou- vert. Le parapet de l’ori/lon doit être plus épais que les autres parapets, & il doit être en ligne droite en de- dans, à moins que l’orillon ne foit extrémement grand, comme celui de M. de Cohéorn. A l'égard de la droiture de l’épaule , elle ne doit avoir qu’un petit parapet de maçonnerie d’un pié d’épaiffeur. On pratique dans le revers de l’ori/lon, des portes fecretes appellées porernes, qui conduifent les fol- dats de la ville dans le foflé, par un fouterrain pra- tiqué dans l’intérieur du rempart. Voyez POTER- NES. Par la conftruétion de l’orillon il y a une partie du flanc couvert , proche le point A, qui ne peut être vue de la contrefcarpe de la place. Elleeft fufifante pour y pratiquer une embrafure , dont le canon ert beaucoup à la défenfe du paflage du foflé & du pié de la breche. (Q) | ORILLON , er cerme d'Eguillesier | font des bouf- fettes de foie ou de laine, prifes au bout d’un ru- ban de laine, par le moyen d’un ferret à embrafer. Voyez FERRET 6 EMBRASSER. Les orillons , ainfi nommés de l’endroit oùils fe placent , fervent à or- ner les oreilles des chevaux. | OrILLONS , f. m.pl. (Sozerie. ) machines mou- vantes au moyen d’une coulfle , qui fert à élever ou baifer la banquette ; on appelle ces or/ons, orillons de deffus ; les orillons de derriere font des efpeces.de tafleaux creufés, qui fupportent les en- fuples de chaîne &z de poil. | ORIN ou HOÏIRIN , f. m. ( Marine. ) c’eft une groffe corde attachée à la croifée de ancre par un de fes bouts, & qui tient par l’autre bout à une bouée , qui marque l'endroit précis où eft Pancre. | ORINE, (Géog. facrée.) Pline, Z. . c. xiv , nom- me aïinf la contrée de la Paleftine où étoit Jérufa- lem. C’eft ce que S. Luc, c. 7. v. 39, appelle m07-. tana Judea, lor{qu’il parle de la fainte Vierge qui alla vifter Elifabeth. Il y avoit plufentrs villes dans ces montagnes , Jérufalem, Rama, Bethléhem , &c. Le grec de S. Luc porte eic ro Opewi, d’où a pu aïfé- ment s’écrire en lettres latines Orirzé, ( D. I.) ORIO , voyez LORIOT. Or10 , ( Géog. ) riviere ou plutôt torrent impé- tueux d’Efpagne , dans la principauté de Bifcaye. II a fa fource à S, Adrien, & fe perd dans la mer au ORI. couchant de S. Sébaftien. (D. I) . ORIOL , voyez LORIOT. +" . ORION, f. m. (4//ron.) c’eft le nom qu’on donne dans l’Aftronomie à une conftellation de lhémi- fphete auftral. Voyez CONSTELLATION. Les an- ciens croyoient que cette conftellation excitoit Les tempêtes lorfqu'elle fe levoit , affurgens rimbofus orion ; aujourd'hui on eft revenu de cette erreur, _ & on ne croit plus à l’effet des conftellations, ni à celui des étoiles. Voyez CANICULE & CAaNIcu- LAIRES. | Les étoiles de la conftellation d’oro7 font an nom- bre de 37 dans le catalooue de Ptolémée , de 62 dans celui de Tycho , & de 80 dans celui de Flam- fleed. (0) LT ORION , ( Mythologie.) fils de Neptune , & l’un des plus beaux hommes de fon tems. Il fe rendit fa- meux par fon favoir en aftronomie qu'il avoit ap- prife d’Atlas, par fon goût pour la chaîfle , & par fa mort que les Mythologues attribuent à la main de Diane. Cette déefle afligée d’avoir Ôôté la vie au bel Orion, obtint de Jupiter quäl fût placé dans le ciel , où il forme une des plus brillantes conftella- tions compofée de 38 étoiles. Comme elle ÿ occupe un grand efpace , felon cette expreflion du poëte Manilius , magni pars maxima cœli, ce phénomene pourroit avoir fourni l’idée de cette taille avanta- geufe que Virgile donne à Orioz, qui marchant au milieu de la mer, avoit fa tête & fes épaules éle- vées au-deflus des eaux , parce que cette conftel- lation eft à moitié fous l'équateur , & l’autre au- deffus. * Les Arabes font dans leurs fables de cette conftel- lation une femme très-délicate , tandis que les Grecs en font un héros vainqueur des bêtes féroces , &z qui dans fes galanteries s’éroit rendu redoutable aux fa- ges nymphes, &c aux féveres déefles. Diane, dit Hygin, eut peine à fe fauver de fes mains ; & {orf- qu'il eut été tranfporté dans le ciel auprès des pleya- des , fon voifinage parut encore fi redontable à la divine Eleétra , que ce fut pour échapper à fes pour- fuites qu’elle abandonna fes fœurs , & s’alla cacher au pole Arétique. , M. Fourmont a donné dans l'acad. des Inferipr, tome XIV. in-4°. un mémoire où il rappelle la fable d’Orion , à l’hiftoire corrompue du patriarche Abra- ham. Le difcours dont je parle eff plein d’érudition, mais aufh de conjettures & de fuppoñtions fi re- cherchées, qu’elle ne peut contrebalancer le fenti- ment de ceux qui penfent que l’ancienne Grece ne tenoit rien des patriarches du peuple de Dieu, & qu’elle ne les connoifloit point. ( D. J: ORIPEAU, f. m. ( Meéral, ) lame de laiton fort mince & fort battu , qu'on employoit autrefois dans les étoffes de faux or. On ne s’en fert plus ; & le nom. n’en eft refté que pour méprifer les vieilles étoffes ou galons d’or qui ne font plus de mode, &t pour tourner en ridicule ceux qui en portent, ORISSAV A, (Géog.) ville de l’Amérique au Me xique fur le chemin de Vera-Crux à México , entre Cordoua & la Puebla de los Angelès. Elle eft au- près d’une haute montagne qui porte fon nom, & dont le fommer eft toujours couvert de neige, quOI- que fous la zone torride. Longit. 277. 20. lauir. Z9. 10. ORISTAGNI, (G£og.) ancienne ville de Pile de Sardaigne, avec un archevêché fur legolfe de même nom , à 17 lieues N. ©. de Cagliari, 12 S. de Boza, Long, 26. 33, laut. 39,95. Certe ville eft l'ZJe/is de Prolomée, dont les ha- bitans ont été appellés Té/rant. Le nom d'Oriflagri ou Oriflagne lnr vient vrafflemblablement d’un étang # formé par la riviere Sacro, dans un lien nommé ll la Orës , d’où eft veau le nom latin Ori-Srzgnum ; qui ro %æ:1 _ a formé le nom Oriflagni, Cette ville eft dans une plaine à peu de diflance de la mer, mais dans un : air très-mal-fain , ce qui fait qu'elle eft dépeuplée, CDTI. si | ORITES., (Æf. nat: ) pierre dont parle Pline, & dont il ne nous apprend rien , finon qu'elle eft . onde, étnefouffroit aucune altération dans le feu. Les auteurs modernes ont attribué plufieurs vertus extraordinaires à cette pierre inconnue, & ils nous “apprennent qu'il y en a trois efpeces ; la premiere €ft ronde & noiïre , on la vante comme un remede . ‘Puiffant contre les morfures des bêtes vénimeufes : après avoir été frottée avec de l'huile de rofe ; la feconde étoit verte & mouchetée de blanc ; Oi tra- -verfée par des veines blanches ; la troifieme étoit -compofée de couches paralleles ; on prétend qu'elle faifoit avorter lorfqu’on la portoit fur foi, (— . ORITHYE, (Mychologie.) fille de Pandion, ou, felon d’autres, d’Eridhée , fixieme roi d'Athènes : fat enlevée fur jes bords de l'iliffus par Borée qui l’emmena en Thrace, l’éponfa & la rendit mere de deux fils , Calais & Zéthès: Ce prince, dans la fuite, en reconnoiffance de cette alliance avec les Athé- -niens!, leur rendit le bon office de couler à fond “plufeurs galeres des Barbares. .. de n'ignore pas que ce trait d'hiftoire paffe pour une fable, parce que Borée a fouvent été confondu avec le vent du nord. Je connoiïs auf ce paflage de Platon dans le Phœdrus , come ÎIT, page 229. # Que -» penfez-vous, dit Phœdrus à Socrate , de lenteve- » ment de lOrrhye par Borée? l'hiftoire qu'on nous + en débite eft-elle vraie ? Quand je ia ioutiendrai -» faufle, répond Socrate, je ne ferois rien d’étrange, _-» & dont les favans ne medonnent exemple ; en- » fuite examinant la chofe de près , cogutquere, je di- # rois qu'Orirhye jouant avec Pharmacée fa compa- -» gne, fut précipitée par un coup de vent du nord _» de deffus ces rochers prochains, & que pour ca- > cher fa mort & en adoucir les regrets, on publia » que le dieu. Borée amoureux d'elle lavoir enle- EA HVÉE». Mais , malgré tons ces témoignages, je fais auf que dans l'antiquité Borée à été regardé comme un prince de Thrace, &z que les allécories qu’on a for- gées ne fe trouvent fondées que [ur ce que le vent du nord fouffloit dans la Grece en paffant par la Thrace où réenoit Borée. Quoi qu'il en foit, les Peintres & les Sculpteurs fe font plûs à repréfenter l’enlevement d’Orirhye par le vent Borée. Tel eft le beau groupe de la main d’Anfelme Flamen , qu'on voit au jardin des Tui- Jeries. (2. J.) | ORITORIENNE , PIERRE, /apis orirorins , (A. at.) nom donné par quelques'auteurs à une elpece de pierre d'aigle ou d’étite, brune & life à la fur- face , qui eft compofée de petites couches minces & caflantes , & qui renferme un noyau d’une marne : grifâtre. (— . ORIX, L m. (Gramm, & Hifi. nat.) animal cruel & farouche ; fabuleux vraiflemblablement. Appian qui n’en avoit point vù, l’a décrit. Ariftote qui n’en avoit pas vü davantage , lui place uné corne au mi- lieu du front. Pline lui rebrouife le poil de la queue à la tête. Albert le grand Ini met de la barbe au menton. Appian le rend fupérieur aux tigres & aux lions. Belon prétend que c’eft la gazelle. j ORIXA , ( Géog.) royaume de l’Indouffan , fur legolfede Bengale, à l'extrémité feptentrionale dela côte de Coromandel , entre le Bengale & le royau- me de Goiconde. Il eft borné au nord par la riviere de Ganga, qui le fépare des terres du Raïa-Rotas, depuis les 984, 20/. de Zongir. juiqu’à 1024. 20/. Cet état peut avoir environ 29 lieues de côtes qui courent du fnd-oueft au nord-eft. En allant du | ORL 651 nord-eft au fud-oueft , 6n y trouve Baram pour ville , Gänjam autre ville | où les Anelois ont un comptoir , 6 quelques bourgades ; mais la ville d’'Orixa , que M Sänfon , Baudrand & autres met- tent dans ce royaume comme fa Capitale , eft une ville chimérique, (D. J. * ORLE, (Archreë&.) mot dérivé de l'italien or/o à ourlet; c'eit un filet fous l’ove d’un chapiteau : lorf- qu'il eft dans le bas où dans le haut du fût d’une colonne, on l’appelle auffi éinture. COST ORLE , ( Marine.) ourlèt autour des voiles. ORLE , {. mn. serme de Blafon , ce mot fe dit d’un filet qui eft vers le bord de l’écu. Il eft de moitié plus étroit que la bordure qui contient la fixieme partie de l’écu , & celui-ci la douzieme feulement ; l'orle eft éloigné du bord de l’écu à paréille diffance que fa largeur contient. On en met quelquefois un, deux Ou trois ; & quand il y en a trois & plus, ils occupent tout lécu. L’orle à le même trait que l’écu. En général l'or eff une efpece de ceinture qui ne touche point les bords, Les latins l'ont ap- ellé orula. ORLÉANOIS , ( Géog.) il ne faut pas confondre le gouvernement d'Oréanois avec l'Orléanois pro- pre. Le gouvernement contient outre l'Or/anois la Sologne , la Beauce, lé Dunois, le Vendomois, le Blais ; la plus grande partie du Gätinois, & le Perche-Gouet. Tout POrlénois eft du réffort du parlement de Paris. L’Orléañois propre eft une pro- vince de France , bornée au N. par la haute Beauce, E, par le Gâtinois, S, par la Sologne , O. par le Du- nois & le Vendomois. La Loire le divife en haut en bas Orléanois. Le haut eft au N. & le bas eftauS, de cette riviere. Orléans en eft la capitale. La forêt qui eff au nord de la ville , eft une des plus orandes du royaume ; elle pafle pour contenir 94 mille arpens en bois plein, mais elle renferme des plaines fort étendues & dés villages , de forte qu’on lui donne 15 lieues de longueur, Sa largeur eft différente > iCI d'une ou de deux lieues, & dans quelques endroiïts de cinq à fix lieues. Le prix des ventes de cette fo têt qui peut monter chaqué année à So mille livres, cft de l'apanage du duc d'Orléans. (D.J,) : … ORLEANS, ( Géog.) ancienne ville de France 5 capitale de l’Orléanois , avec titre de duché . poflédé par le premier prince du fang , 8: un évêché fuffra. gant de Paris, Il s’y fait un grand commerce en vins, blés &c eaux-de-vie , commerce qui eft occafionné par la fituation avantageufe de cette ville fur la Loi- re, à 13 lieues de Blois, 30 N.E. de Tours, 27.5. O. de Paris. Long. 194. 251. 481. Jar. 474. 54°, fui- vant Caffni. On croit qu'Orléans fut erigée en cité par Auré- lien, & en reçut le nom de Awreliana civitas , OÙ Aurelarum , en fous-entendant oppidum ; elle de- vint alors indépendante des peuples chartrains, & fut une des plus confidérables des Gaules. Elle tom- ba au pouvoir des François après que Clovis ent vaincu Siagrius, & eut détruit le refte de l'empire romain dans les Gaules. Il s’eft tenu à OrZéans piu= fieurs conciles & fynodes. On compte Onze conci- les & quatre fynodes d'Orléans. Son école de droit civil & canonique eft fort ancienne ; & le pape Clé- ment V. lui accorda, en 1305 , divers privileges,, que Philippe le Bel confirma en 1312, Son évêché eft un des plus illuftres de France. Ses évêques furent attribués fous l’empereur Honorius à la quatrieme lyonnoife & à la métropole de Sens, dont Orléans n’a été détaché que l’an 1623, lorfque Paris fut érigé enarchevêché, auquel on donna pour fuffragant les évêques d'Orléans, de Chartres, & de Meaux, Celui d'Orléans prétend avoir le droit aule jour de fon Entrée dans l’églife d'Orléans, d’ab{ou- dre uncertain nombre de criminels qui font dans les 652 ORL prifons ; maïs le parlement de Paris ne reconnoït point les abfolutions & abolitions de cette efpece. Le diocefe de cer évêché renferme 272 paroiffes, 30 chapitres, $ abbayes d'hommes, & 3 de filles, Le chapitre de la cathédrale eft dédié à Jefus- Chrift crucinié. Il eft remarquable que notre Sau- veur eft regardé comme ‘bremier chanoine de ce chapitre; car il eft mis à la tête de toutes les diftri- butions, pour une double portion, qui eft donnée par forme d’aumône à l'hôtel- dieu , dont le cha- pitre a la jurifdiétion fpirituelle & temporelle. Je fupprime tous les détails qui concernent. la sé- néralité, l’élettion, & le bailliage d'Orléans ; j'aime mieux rappeller aux leéteurs françois , que c’eît dans cette ville que naquit le roi Robert en o71. Il y fut couronné en 996, & mourut à Melun en 1037. Il étoit humain, debonnaire, & favant pour fon tems. 11 fit plufieurs hymnes, que l’on chante encore à l’é- glife. Enfin, il eut la fapéffe de refufer l'empire & le royaume d'Italie, que les Italiens lui ofroient , & qu'il n’eûüt jamais gardé. | On fait encore que François IT. mourut à O/éans le 5 Décembre 1560 dans fa 16° année. Son regne, qui ne fut que de 17 mois , vit éclore tous les maux, qui depuis défolerent la France , & dont la caufe principale fut le nombre d'hommes puiflans & am- bitieux qui vivoient alors. Les Guiles abuferent de l’autorité dont ils jouifloient. Le roi de Navarre & le prince de Condé eurent aflez de reflources pour foutenir un parti contr'eux , & les grands du royau- me aflez d’ambition pour chercher à profiter des troubles de l’état. Dans ces conjonétures , Les que- relles de religion devinrent un prétexte trop fpé- cicux pour n'être pas employé par les deux partis. Orléans éprouva bientôt les trites effets de leur ra- ge ; François, duc de Guute, en fit le fiépeen1s63, & y fut aflaffiné. Mais il faut détourner nos yeux de ces horreurs, pour nominer.quelques favans il- luftres dont Orléans a été la patrie , car je crains que le 1ems de fa fplendeur en ce genre ne foit pañé. Arnelot dela Houffaye (Nicolas ) y naquit en 1634. Ses traduthions & tes hiftoires {ont encore recher- chées. [left le premier qui ait fait connoître le gou- vernement de Vemife aux François. S'il fe montra grand politique, ce fut par fon efprit , & non par {on cara&tere , car 1l n’en fuivit jamais les artifices, Ë& mourut fort pauvre en 1706. Bongars (Jacques) Bourgaftus, proteftant, a été un des favans hommes du feizieme fiecle. Il s’attacha à l'étude de la critique , qui étoit le goût dominant de fon tems ; s’il n’alla pas aufi loin que les Lipfe &t les Cafaubon, il ne laiffa pas d'y acquérir beau- coup de gloire, & peut-être 1l les eût atteints dans ce genre d'érudition, fans les affaires d’état qui l’oc- cuperent , & l’empêcherent d'y donner, comme eux, toutes fes veilles. Il fut employé près de 30 années dans les plus importantes négociations d'Henri IV, 6c acquit cependant de grandes connoïf- fancesenhvres, foit manufcrits, foit imprimés, dont ilfe fit une tres-belle bibliothèque. Il procura une honne édition de Juftin , imprimée à Paris en 1581, in-6°, avec des notes pleine d’érudition ; mais on eftime fur-tout les lettres qu’il écrivit pendant les emplois dont il fut revétu ; elles ont été traduites de latin en françois par M. l'abbé de Brianville, qui en a donné lamelheure édition à la Haye en 1695.Bon- gars mourut à Paris en 1612 à 58 ans. Doter (Etienne ) né vers l’an 1500, étoit impri- meur, poëte &c grammairien. Il fut brûlé à Paris à Ta place Maubert le 3 Août 1546 à 37 ans, pour fes opmions fur la religion calvinilte. Les ouvrages qu’il mit au Jour font 1°, commencarit linguæ latine , 2 Vol, OR M in-fol.tates. 2°. De re navali, 3°. Carminuin , Üb, IF 4°. Des lettres qui font rares, & d’un goût fin- ulier. Dubois (Gerard ) compatriote de Dolet , prêtre de loratoire , a donné l’hiftoire de l’Eglife de Paris; il mourut en 1696 âgé de 67 ans. Gédoyn (Nicolas) naquit à Orléans en 1667. Il a été Jétuite, enfuite chanoine de la Sainte: Chapelle à Paris, & enfin abbé commendataire de N. D. à Beaujency ; mais , ce qui vaut beaucoup mieux, il eft auteur d’une excellente tradnétion de Quintilien 8 de Paufanias, outre plufieurs mémoires inférés dans le recueil de l’acad. des belles-lettres, Il eft mort en 1744. Muis ( Siméon de) favant interprete de l'Ecriture fainte , mort en 1644 Son commentaire {ur les pleeumes eft un des meilleurs qu’on ait fur ce livre de PEcriture, 11 Perau ( Deris ) Peravius, jéfuite, un des meilleurs critiques & des plus favans de fon fiecle. Outre qu'il a reformé la chronologie , on a de lui un grand nombre d'ouvrages fur d’autres fujets , & de belles éditions des œuvres de Synéfius, de Themiftius, de Nicéphore,de S. Epiphane, de Fempereur Julien, &c. fur lefquels on trouvera tous les détails qui y ont rapport dans le 37 tome des mémoires du P, Niceron. Le P. Pétau eft mort en 1652 âgé de 69 ans. Thoynard (Nicolas) favant dans les langues ; dans l'hiftoire , dans les antiquités | & dans la chronologie , mourut en 1706 âgé de 77 ans On prétend qu'il a eu grande part au traité du cardi- nal Norris {ur lés époques {yriennes. Sa concor- dance des quatre évangeliftes en grec, pafle pour un Ouvrage vraiment Curieux. Vafor (Michel le) de loratoire, fe réfugia en Angleterre où 1l obtint une penfon du roi Guillau- me , à la folhicitation de Burnet, évêque de Salifbu- ry , & y mourut en 1718 , âgé de plus de7oans. Son hiftoire de Louis XIII, eft trop difufe , carelle forme 20 v. 11-12, elle eft cependant très-recherchée, c’eft qu'il né fe trompe que fur un petit nombre de faits. Orléans eft encore la patrie d’une dame, Marié Touches , qui a fait grand bruit dans ce royanme. Elle donna des entans à Charles IX, & époufa en- fuite un homme de qualité. Son efprit , dit le La= boureur , étoit aufli incomparable que fa beauté , & l’anagramme de fon nom Je charme tout , fut trou- vée fort jufte. Les hiftoriens racontent qu'après avoir bien examiné le portrait d'Elizabeth d’Autri- che, dans le tems qu’on traitoit du mariage du roi avec cette princefle , elle le rendit én difant, je n'ai pas peur de cette allemande. Elle eut deux fillés 1é= gitimes , dont l’une (Henriette de Balzac, marquife de Verneuil ) fut maïtreffle d'Henri IV: & l’autre du maréchal de Baflompierre, (D. J.) ORLÉANS , la nouvelle (Géog.) ville de l'Améri= que, capitale de la Loutfiane. Elle fut bâtie fous la régence du duc d'Orléans. C’eft la réfidence du gou- verneur. Elle eft fur le bord oriental du Mififipi. Lat, nord. 28. 26. (D.J.) ORMAYE , f. f, (Gram.) lieu planté d’ormes. ORME,, xmus , {, m, ( Aifi. nar. Bor.) genre de plante à fleur monopétale en forme de paraflol, & garnie d’étamines, Le pifiil fort du fond de cette fleur , & devient dans [a fuite un fruit membra- neux , Ou femblable à une feuille qui a la figure d’un cœur ; ce fruit a dans fon milieu une caplule merm- braneufe en forme de poire , dans laquelle on trou- ve une femence de la même forme, Tourneforts inf. rei herb, Voyez PLANTE. (1) ORME, (/ardinage.) grand arbre qui vient natu- rellement dans plufeurs cantons de l’Europe, dans une partie de l’Afe , & dans l'Amérique feptentrias fale ; Mais qui fe trouve placé de main d'homme prefque partout dans ces différens pays, par le grand cas que l’on enfait. L'orme devient un très-sros & très-erand arbre, d’une tige droite , dont la tête eft garnie de beaucoup de rameaux, & dont les racines s'étendent au loin entre deux terres. Son écorce, qui eft roufsätre, fe couvre, dès fa jeunefle , de rides & d'inégalités qui augmentent avec l’âge. Sa fleur, qui n'a nul agrément , paroît au mois de Mars , & bien- tôt elle eft remplacée par une follicule arrondie , membraneufe, plate & fort lesere, qui contient dans fon milieu une petite graine ; dont la maturité s'accomplit dès le commencement de Mai: circonf- tance particuliere & remarquable dans l’orme, dont on recueille les graines avant la venue des feuilles. En eïlet, elles ne commencent à fe développer que dans le tems de la chute des femences, Ses feuilles font ovales, dentelées , fillonnées en-deflus , & re- levées de fortes nervures en-deflous : elles font fer- mes , rudes au toucher , & d’un verd brun, Cet arbre, par la ftature, par le volume & luti- lité de fon bois, a mérité d’être mis au nombre des arbres qui tiennent le premier rang dans les forêts. On convient que le chêne & le chataigner lui font lupérieurs à jufte titre; mais le bois de l’orme con- venant particulierement à certains ouvrages, il eft d’un plus grand prix que le bois de chêne & de cha- taigner, ce qui fait que cés trois fortes d’arbres font à-peu-près dans un même degré d’eftime. L’orme fe plaît dans un terrein plat & découvert, bas &t aqueux ; dans les lames noires & humides, dans les glaifes mêlées de limon, & {ur-tout dans les terres donces & fertiles, pénétrables & humides, où le pâturage eft bon , & particulierement le long des chemins , des ruifleaux & des rivieres. On le voit auf réuflir fouvent dans les craies humides mêlées de glaife, dans les terres mêlées de fable & de gra- vier où il y a des fuintemens d’eau. Il fe contente d'un {ol médiocre & de peu de profondeur, & il Vient aflez bien dans toute forte de terreins ; mais il ne profite pas dans les terres trop féches , trop fa- Blonneufes & trop chaudes", ni dans celles qui font trop froides & trop fpongieufes , & il croît bien lentement dans la glaife pure , & dans les terres trop fortes & trop dures. Il cf très-aifé de multiplier cet arbre. On peut le faire venir de graine, de rejetton, de branche couchée, de bouture & de racine : on peut auf le greffer. Ce dernier expédient ne s'emploie que pour multiplier les efpeces d’ormes rares & curieufes. Si l’on veut fe fervir des racines , c’eft une foible ref- {ource qui exige beaucoup de travail. Les boutures demandent auf des préparations fans pouvoir rem- pl l'objet en grand. Les branches couchées fuppo- lent des arrangemens donnés. Les rejetrons font la voie la plus courte , quand on fe trouve à portée de s’en procurer, Mais la femence , quoique le moyen le plus long , eft cependant le plus convena- ble pour fournir une pépiniere , & obtenir un grand nombre de plants. ai Si l'on prend le parti de femer, il faut recueillir a graine lorfqw’elle commence à tomber, ce qui arrive ordinairement entre le 10 & le 20 de Mai. Elle eft plus parfaite, & il vaut beaucoup mieux la ramaflér après fa chûte : maisonne peut guere fe fer- vir de cet expédient que quand on eft à portée d’un aflez grand nombre d’ormes raffemblés ; car quand il n’y en a qu'une petite quantité, le vent difperfe les graines de façon,qu'il eft prefqu’impofible de les amafler. I] faudra l'étendre & la laifler fécher à ombre pendant quelques jours: On difpolera des planches de quatre piés de fargeur dans une bonne terre de potager, srafle, meuble & cultivée de lon- gue man. On y formera fur la longueur avec la ORM 653 piôche des rayons à-peu-près comme fil’on vouloit fémer des épinards, On efpacera ces rayons de fix où huit pouces les uns des autres’, afin d’avoir {4 facilité de farcler avec la binette, On y tépandra la graine d’or uniformément & aflez épais. On la recouvrira enfuite légerement avec la main d’un térreau très-fin, très-léger & bien criblé, d’un doigt d’épaifleur au plus : puis on humectera large- ment toute la planche , mais avec tel ménagement que la terre ne foit pas battue : car ici l'objet prin- cipal eft de donner à cette graine toutes les facilités pour lever : elle eft petite, 8: d’ailleurs entravée par une membrane , enforte qu'on ne fauroit appor- ter trop de foin à ce premier arrangement qui déci- de du fuccès. Enfin, on laïflera la planche en cet état fans la niveller, afin que les fillons , en retenant l’eau des pluies ou des arrofemens , puiffent confer- ver plus de fraîcheur. Il faudra répéter deux fois par femaines les arrofemens, felon la {écherefle, & farcler au befoin. Les graines leveront en moins de quinze jours, & la plupart auront en automne depuis un pié jufqu’à deux de hauteur. On pourra dès cette premiere année tirer à la main les plants les plus forts pour les metire en pepiniere; mais ce ne fera qu'après la feconde année qu’il faudra tout tranfplanter. L’ormille aura alors trois ou qua: tre piés de haut. On pourra y travailler dès l’au- tonne , ou bien attendre le printems , fi la terre eft grafle & humide, Il faut qu’elle foit meubie & en bon état de culture, Onréduit l'ormille à un pié ,!& on accourcit les racines. On la plante avec un gros piquet en rangée de deux piés, où les plants font efpa- cés à quatorze ou quinze pouces, Rien à y faire cette premiere année qu'une légere culture pour détrui- re les mauvaifes herbes, L’année fuivante on retran- chera avec beaucoup de ménagement les branches latérales , c’eft-à-dire , en bien petite quantité , & à proportion que l’arbre fe foutient de lui-même ; mais il ne faut faire cette petite taille qu’à ceux qui. marqueront de la difpofition à former une tige droite. Quant à ceux qui je chiffonnent , ce qui ’ar- rive que trop , 1l faudra les laiffer aller jufqu’au prin- tems de la troifieme année. Alors point de meilleur parti à prendre que de les couper entierement juf- qu'a un pouce de terre : c’eft le feul moyen de les faire profiter. Ils s’éleveront dès cette même année au double de la haûteur qu'ils avoient, & prendront naturellement une tige droite. Au bout de trois au- tres années , ils auront communément deux pouces de diametre, égferont en état d’être tranfplantés à demeure, En fe fervant des rejettons mis en pepiniere , & conduits comme on vient de le dire, on gagnera deux années ; enforte qu’au bout de cinq ans als fe- ront propres à la traniplantation. Ces rejertons fe trouvent foit au pié des vieux ormes, foit dans les places où l’on a arraché de gros arbres de cette efpe- ce , où bien on pourra s’en procurer en faifant ou- vrir la terre fur les racines des gros arbres. Si l’on veut multiplier l’orme en couchant fes bran. ches ; cette méthode prendra autant dé tems que fi on les faifoit venir de graine. Les branches cou- chées n’auront qu'au bout de-deux ans des racines fuffifantes pour être mifes en pépiniere, où on les. conduira comme les plants venus de femence. Voyez - MARCOTTER. Pour faire venir l’orme de bouture, il faut autant de tems que de femence ; mais le double de travail. On ne doit fe fervir de cet expédient que quand on ne peut faire autrement. Woyez fur la façon de faire ces. boutures le 720 MEURIER. On peut élever des ormes par le moyen des-raci- nes. [l faut les couper de huit ou dix pouces de lon. gueur, les choir de la grofleur du doigt pour le 654 ORM “moins ; les planter en pépiniere comme les plants venus de femence , fi ce n’eft qu'il faut mettre ces racines du double plus proche, parce qu'il en man- que beaucoup. C’eft nne bien foible reffource. , Enfin, on peut greffer les ormes à larges feuilles fur l’efpece commune. On fe fert pour cela de la greffe en écuflon à œil dormant. Ces greffes réuflf- fent aifément, & pouflent l’année fuivante d'une force étonnante. Souvent elles s’élevent à plus de neuf piés ; ainfi , il faut les foigner habituellement. Voyez GREFFER. De tous les arbres foreftiers Forme eft celui qui réuffit le mieux à la tranfplantation. Füt-il âgé de vingt ans, il reprendra pourvu qu'il ait été arraché avec foin. Dans ce cas , il ne faut point les étêter , mais couper toutes Les branches latérales , &t ne leur conferver qu'un fommet fort petit. Cependant les arbres de deux à trois pouces de diametre font les plus propres à tranfplanter. Il faudra s’y prendre de bonne heureen automne , & même dès la fin d'Oc: tobre , fi Le terrein eft humide & gras ; car les raci- nes de cet arbre font fujettes à fe pourrir, quand elles n’ont pas eu le tems de s’affermir , 8c de fe lier à la terre. On rifquera moins d'attendre les jours fereins.qui annoncent le printems. On fe gardera de planter cet arbre profondement : 1l veut vivre des fucs les plus qualifiés de la furface ; d’où il arrive qu’il envahit le terrein circonvoifin, & qu'ileft très- nuifible aux plantes qu’on veut y faire venir. Pref- que tous les jardiniers ont la fureur de couper à fept piés tous les arbres qu'ils tranfplantent : il femble que ce foitun point abfolu, au-delà duquel la nature foit dans l’épuifement. Ils ne voyent pas que cette miférable routine de planter des arbres fi coutts re- tarde lenr accroiflement, & les prépare à une dé- fe@tuofité qui n’eft pas réparable. De tels arbres font toujours à la hauteur de fept piés un genou difor- me , d’un afpeét très-défagréable. IL faut donc plan- ter les ormes avec quatorze piés de tige, pourvu qu’ils aient deux ou trois pouces de diametre. On les laïfle poufler & s’amufer pendant quelques an- nées au-deffous de dix piés, enfuite on les élague peu-à-peupour ne leur laïffer que les principales tiges qui s’élancent en tête.C’eft ainfñ qu'on en peut jouir promptement , &c qu’on leur voit faire des pro- grès que l'agrément accompagne toujours. On peut tailler l’orme autant que l’on veut fans inconvénient : l’élaguer , le paliflader , l’étêter , au cifeau , à la ferpe , au croiffant ; il fouffre la tonte entouttems, pourvu que la fevenefoit pasen plein mouvement. Il croît même auffi promptement lor- qu’on:le reftraint à une petitetête, que quand on le laiffe aller avec toutes ces branches: je donne ce dernier fait fur le rapport de M. Ellis, auteur an- elois, aufli verfé qu’accrédité fur cette matiere, Il eft aflez difficile de régler la diftance qu'on doit donner awx errxes pour les planter en avenues, en quinconce , &c. Cela doit dépendre principalement de la qualité duterrein , enfuite de la largeur qu'on veut donner anx lignes s\enfin, du plus-ou moins d’empreffemént que l’on'a de jouir. La moindre dif- tance pour:les grands arbres eft de douze piés: ce- pendant on peutencorerédiure cet arbre à un moin- dre éloignement , & même le planter auff ferré que l’on voudra. Les ormes , dit encore M. Ellis, font de tous les arbres ceux qui fe nuifent le moins ; & qui dans le’ moindre efpace devienment les plus gros ar- bres ; 8x cela, ajoute:il, parce qu’on peut leur for- mer $& awils ont naturellement une petite tête, Il en donne encore d’autres raifons phyfiques, que lé- tendue de cet ouvrage ne.permet pas de rapporter. Lorie”, dit:il, arrive à‘fa perfeétion en 7o ans. Ses racines n’épuifent pas la terre comme celle du ché- ne & dufrêne. Son-ombreteft faine tant pour les hommes que pour le bétail, au-liéu que le chêne, le frêne & le noyer donnent un ombrage pernicieux. L’orme eft excellent à mettre dans les haiés autour des héritages : on en coupera les groffes branches pour le chauffage. Ce retranchement ne lui laïffant qu’une petite tête, empêchera fes racines de s’éten- dre & de nuire aux grains. Lorfque ces arbres fe- ront trop âgés, 1l faudra les étêter pour les renou- veller ; mais avoir grand foin de faire la coupe tout près du tronc, & de couvrir ie fommet de terre grafle pour empêcher la pourriture. La racine de l'orme pénétre aufli profondément cr la terre que celles du chêne ; elle a fouvent uñe fourchette au-lieu d’un pivot, & quelquefois deux. & trois ; mais 1l n’appauvrit pas la terre comme le frêne. L’orme eft d’une grande reflource pour la déco- ration des jardins. Il fe prête & fe plie à toutes les formes. On en peut faire des allées, des quincon- ces, des falles de verdure , &c. mais il convient fur- tout à former de grandes avenues par rapport à fa vafte étendue & à fon grand étalage. Cet arbre eit très-propre à faire des portiques en maniere de ga- lerie , tels qu'on les voit d’une exécution admira- ble dans les jardins du château de Marly. Onen peut faire aufi de très-hautes paliflades qui réuffront dans des endroits ôù la charmille & le petit érable refufent de venir. On l’admet encore dans les par- ties de jardin les mieux tenues & les plus chargées de détail, où par le moyen d’une taille résuliere & fuivie , on fait paroitre l’orme fous la forme d’un oranger, dont le pié femble fortir d’une caïfle de charmille ; mais cet arbre réunit encore l'utilité aux agrémens les plus variés. Le bois de lorme eft jaunâtre, ferme, liant, très- fort & de longue durée. Il eft excellent pour Le char- ronage. Ce bois feul péut férvir à former tous les différens ouvrages de ce métier. C’eft le meilleur: bois qu’on puiffe employer pourles canaux,lespom- pes, les moulins , & généralement pour toutes les pieces qu’on veut faire fervir fous terre & dans l’eau. On peut laiffer les ormes.en grume pendant deux ou trois ans après qu'ils font abattus , fans qu'il y ait à craindre que le vér ne $’y mette , ni que la trop vive ardeur du foleil lés fafle fendre. Durant ce tems même l’aubier deviendra aufi jaune que le cœur. Ce bois n’eft fujet ni à fe gérfer, ni à fe rom- pre , ni à fe tourmenter, ce qui Le rend d’autant plus propre à faire des moyeux, des tuyaux, des pom- pes , & tous autres ouvrages percés, qui feront de plus longue durée que le hêtre ni le frêne: mais on obferve que le bois des ormes qui font venus dans un terrein graveleux eft caffant , que les Charrons le dédaignent , & préférent au contraire les arbres qui ont pris leur accroiflement dans la glaife. Les Carroffers , les Menuifiers , les Tourneurs, &c, font ufage de ce bois. Il éft auffi dans la conftruétion des . vaifleaux pour les parties qui touchent l’eau. On peut mettre en œuvre des planches d’ormes fraîche- ment travaillées, fans aücun rifque de les voir fe gerfer , fe dejetter ou fe tourmenter , fi l’on prend la | précaution de Les faire tfempér pendant un mois dans, l'eau. Enfin le bois de l’orr2e fait un très-bon chauf- | fage. - On prétend que fes fleurs font nuifibles aux abeil- | les, &c fes graines aux pigeons : mais ces feuilles font une excellente nourriture en hiver pour les mou- tons, les chévres , &fur-tout pour les bœufs, qui en font.aufh friands que d'avoine. Pour.conferver ces feuilles, on coupe le:menu branchage d’orme à la fin. d’Août , & on le fait fécher au {oleil. - "Par la piquure des infetes auxquels l’orre eft fu- . jet, il fe forme aflez fouvent des vefles creufes, dans lefquelles on trouve un fuc vifqueux. 8x balfa=: mIqUE , l ORM nique , qui eft de quelqu’ufage en Médecine. Mais on lui donne de plus la propriété d’enlever les ta- ches du vifage & d’embellir le teint. On connoit différentes efpeces d’orme , dont voici les principales. 1°. L'orme champétré : {a feuille éfl petite & rude au toucher ; fon écorce eft ridée , même far les jeu- -nes rejettons. C’eft à cette efpece qu’on doit prin- cipalement appliquer ce qui a été dir ci-deflus. 2°. L'orme champêtre à feuillès trds-joliment pana- chées. 3°. L’orme de montagne : fa feuille eft grande & trèsrude au toucher. Il donné quantité de rejet. tons, Ses racines s'étendent à la furface de la terre comme celles du frêne. Il croît auffi promptement que le marceau. Il eft très-propre à faire du bois tailhs. Il eft très-convenable à mettre dans les haies. On peut le tailler & l’étêter fans inconvénient ,il y pouffera toujours vigoureufement. Son bois eft encore plus dur, plus férme &c plus durable que ce- . lui de l’orme champêtre ; il eft excellent pour les ouvrages de charronnage, & on le préfere géné- ralement au bois de toutes les autres efpeces d’or- Ines. | 4°. L'orme-veille : {a feuille eft plus large que celle du précedent; mais elle n’eft pas fi rude au tou- cher , & elle a beaucoup de reffemblance avec celle du noifettier. Cet arbre poufle vigoureute ment, & fon accroiflement eft très-prompt. Il ne donne point de reJettons du pié. Son bois eft ten- dre , & prefque auf doux que celui du noyer. 5°. L’orme a feuilles liffes : cet arbre étend peu fes branches. | 6°, L’orme à feuilles liffes , joliment parachées, 7°. Le petir orme a feuilles jaunätres. 8°. L’orme d’Hollands : {a feuille eft rude au tou- cher , très-srande & très-belle. La membrane defes graines eft plus étroite & plus pointue que dans les ormes précedens. Il croit fi vite dans fa jeuneffe, qu’il furpafle pendant plufeursannéestoutes les autres ef- peces d’ormes de fon âge. Mais au bout de vingt ou trente ans , les aufres le gagnent de vitefle, & vien- nent de mieux en mieux. Son bois n’eft pas fi bon. Son écorce tant de la tige que des branches eft tou- jours éraillée ; gerfée & péndante par lambeau, ce qui lui donne un afpe& défagréable. I1 donne fes feuilles fort tard &c les quitte de bonne heure, 9° L’orme d'Hollande a feuille panachées : 1 croît plus lentement que le précedent , & vaut encore moins. 10°. Lepetir orme a feuilles liffes € écroites ou l’or- me &Anglererre : il fait un bel arbre très-droit, & dont la rête prend une forme affez réguliere. Ses feuilles ne tombent que tard en automne. 11°. L’orme à graine étroire : on le nomme en An- gleterre l’orme de France, Sa feille éft grande & rude au toucher. On en fait très-peu de cas , & on le dédaigne autant que celui d’Hollande ; cependant il eff très-vivace , car il réuffit dans des terreins où toutes les autres efpeces d’ormes fe refufent: 12°. L'orme a écorce blanche : fa feuille eft gran- de , rude au toucher ; & d’un verd très.vif. Son ‘écorce eft très-liffle 8 de couleur dé cendres. On préfére cet orme à beaucoup d’autrés, à caufe de la belle régularité de fon accroifiemént. Il fait une tige droite , & il garde fes feuilles plus long-tems qu'aucune autre efpece d’orrne. 13°. L’orme de Virginie: fa feuille éft uniforme: ment dentelée. C’eft tout ce qu'on fait éncore de cet arbre. RE 14°. L'orme de Sibérie : fes feuilles ont auffi une 'dentelure uniforme ; mais leur bafe eft-évale, au: lieu que dans toutes les autres efpeces ci-deflous la bafe eft inégale ; c’eft-à-dire que vers la queue, l’un Tome XI, I poses LES DE ne Pod là ORM 655 des côtés de la feuille s’alonge plus que l’autre. Cet orme eÎt très-petit : c’eft ün arbre nain: {a feuille eft lie, & fon écorce eft fpongieute. . , ORME; fécondité de l ( Phyfico-Boranique ) uñe merveille expofée aux yeux de tout le monde , & que l’on à Ionp-tertis négligé d’obfervet ; dit M. de Fontenelle, eit la fécondité des plantes , non pas {eulement la fécondité naturelle des plantes aban- données à elles-mêmes ; mais encore plus leur f£4 condité aruficielle procurée par la taille & pat lé rétranchement de quelques-unes de leurs parties : certe fécondité artificielle n’eft au fond que natu- relle : car enfin l’art du jardinier ne donne pas aux plantes ce qu’elles n’avoient poinr, il ne fait que leur aider à développer & à mettre au jour ce qu’elles avoient. L’orme fournit un exemple de la fécondité, dont peut-être un arbre , en fair de grais nes feulément ; qui font le dernier terme, & lob: jet de routes les produétions de l'arbre. On fait que tous les rameaux de l’orme né font que des planés de bouquets de graines extrêmement pref fées l’une contre l'autre. M. Dodart ayant pris au ha- faïd un ere de 6 poucés de diametre , de 20 pieds dé haut jufqu’à la naiance dés branches ; & qui pou- voit avoir douze ans, en fit abattre avec un croif- fant, & par la chûte de la branche, fit compter ce qui en reftoit. Il fe trouva [ur cetté branche feire mille quatre cens cinquante, Ci, 16450 grâines. | Il y a fur un orme de 6 pouces de diametre ; plus de 10 branches de 8 pieds ; mais fuppofé qu'il n’y en ait que 10, ce font pour ces 10 branches cent foixante-quatre mille cinq cens, ci, 164500: Toutes les branches qui n’ont pas 8 pieds, prifes enfemble, font une furface qui eft beaucoup plus que double de la furface des dix branches de 8 pieds; mais én ne la fuppolant que double ; parce que peut être ces branches moindres font moins fécon- des , ce font pour toutes les branches prifes enfem- bles, trois cens vingt-neuf mille, ci, 329000. Un orme peut aifément vivre 100 ans, & l’âgé où il a fa fécondité moyenne, n’eft affurément pas celui de 12 ans. On peut donc compter pour une année de fécondité moyenne , plus de 329000 grai- nes, & n'en mettre, au lieu de ce nombre , que 33000, c’eft bien peu; mais il faut multiplier ces 33000 par les cent années de la vie de l’orme, Ce font donc ( trente-trois millioñs )....,..,..,;, 3300000 graines qu’un o77æ produit eh toute fa vie, en mettant tout du-plus-bas pié, & ces trente- trois millions font venus d’une feule graine, Ce n’eft-là que la fécondité naturelle de l'arbre ; qui n’a pas fait paroître tout ce qu'il renfermoit, Si on l’avoit étêté, il auroit repouflé de fof tronc autant de branches qu’il en avoit auparavant dans fon état naturel , & ces nouveaux jets feroient fortis dans Pefpace de 6 lignes de hauteur ou en viron , à l’extrémité du tronc étêté. À quelqu'éndroit & à quelque hautetür qu’on l’eût érêté , il auroit toujours repouflé également, ce qui paroît conflant par l’exéemple des arbres nains qui font coupés prefque rès-pié , rès terre. Tout le tronc , dépuis la térre jufqu’à la naif- fance des branches, eft donc tout plein de prin- cipes où de petits embryons de branches, qui à la vérité né peuvent jamais patoître à la fois, mais qui étant conçus, comme partagés par pêtits ani eaux circulairés de 6 Hignes dé hauteur, compo- fent autarit d’ätineaux , dont chacun en particulier eft prêt à paroîtré , & paroîtra réellement, dès que le retfanchement fe féra précifément au-deffus de celui. + | ” Toutes ces branches invifiblés & cachées, ne. xiftent pas moins que cellès qui fe manifeftent ; & OOo 656 ORM f elles fe manifeftoient, elles auroient un nombre égal de graines, qu'il faut par conféquent qu’elles contiennent déja en petit. Donc en fuivant l'exemple propofé, il y a dans cet orme autant de fois 33 millions de graines , que 6 lignes font contenues dans la hauteur de 2opieds, c’elt-à-dire qu'il y a ( quinze milliars huit cens qua- rante millions ) 15840000000 graines ; & que cet. arbre contient aftuellement en lui-même dequoi fe multiplier, & fe reproduire un nombre de fois fi étonnant. L’imagination eft épouvantée de fe voir conduite jufque-là par la raifon. Et que ce fera-ce, fi l’on vient à penfer que chaque graine d’un arbre contient elle-même un fe- condarbre qui contient le mêmenombre de graines; que l’on ne peut jamais arriver ni à une graine qu re contienne plus d'arbre, ni à un arbre qui ne con- tienne plus de graines, ou quien contienne moins que le précédent, & que par conféquent voilà une progreflion géométrique croiflante dont le premier terme eft un , le fecond 1$ milliards 8.cens 40 mil- ons, le troifieme , le-quarré de 15 milliards 8 cens 4o millions , le quatrieme fon cube, & ainf de fuite à infini? La rafon & l'imagination font épa- lement perdues & abimées dans ce calcul immenfe, &c en quelque forte plus qu'immenfe. Æ1/4. de l'acad. des Sciences, ann, 1700. ( D. J. 1% ORME, veffie d’ ( Hiff. nac, ) tubérofité formée fur la feuille de cet arbre par la piquûre d’un infe&e : -entrons dans le détail. Ces veflies membraneufes , dont quelquefois les ormes fe trouvent chargés en certains endroits, comme des pommuers le feroient de fruit en automne, font de différentes groffeur & couleur; les unes vertes, plus ou moins pâles, les autres panachées de rouge & de jaune. Elles prennent naïflance de l'endroit de la feuille où eile a été piquée par l’infeéte. Tous les auteurs,en par- lent, mais Malpighi eft le premier qui les ait ob{er- vées enPhyfcien, enfuite Tournefort, & finalement M. Geoffroy dans les mémoires de l’académie des Sciences , ann. 1724, Suivant les obfervations de Malpighi, ces veffies ne formént d’abord qu’un petit enfoncement. qui {e fait en-deflous de la feuille | 8 qui s’accroit tou- jouts de plus en plus , jufqu’à devenir quelquefois de la groffeur du poing. Cette excroiffance ne dé- truit pas entierement la feuille , mais elle en dé- range confidérablement la configuration. Le petit en- foncement qui en a été la premiere origine , fe con- ferve à la bafe dela veflie; mais il fe retrécit quelque- fois fi fort , qu'il ne laifle point d'ouverture fen- fible. M.Geoffroy.a remarqué qu’à mefure que la vefñe groffit, elle prend fa pente comme une figue qui fe mürit, & elle fe gerfe à-peu-près de même en différens endroits. La fuperficie eft inégale, irré- guliere , & hériflée d’un duvet très-ferré par fes différentes ouvertures, ainfi que par l’orifice infe- rieur ; 1l en tombe une poufhere aflez blanche, fine, avec des gouttes d’une eau mucilagineufe. Ces gouttes fe féparent en tombant, fans mouiller le papier fur lequel on les recoit, à caufe de la pouf- fiére dont elles font mêlées, On ne remarque dans cette eau qu'une odeur de feve très-légere ; & une couleur rouffâtre qu’elle prend en s’épaififfant ; en #e defléchant elle durcit comme de la gomme de cerifér. spi d Plufieurs auteurs attribuent à l’eau des yeffes d’orme, une vertu balfamique & vulnéraire , dont ils vantent les effets pour la réumion des plaies ré: centes, & fur-tout de celles des yeux, Camérarius s’eft donné de grands foins pour enfeigner la maniere de la recueillir. Fallope dit avoir vu des merveilles de fes effets : Mathiold n’en parle pas avec moins _duite comme de la colle. féche. éloge; mais tous les gens éclairés fe moquent de ces fadailes. Si l’on ouvre une ve/f£e d’orme , on y trouve avec cette eau beaucoup de cette poufhere dont j'ai parlé. On y voit aufli, comme dans un duvet, remuer plufieuts petits infeétes non-aîlés oblongs , d’une couleur tannée. Ils ont fix pattes avec deux cornes fur la tête, & font chargés fur le dos comme de petits floccons de duvet blanc. Cet infe&te prend en fe dépouillant la forme d’un moucheron qu’on appelle puceron d’orme. Sa dépouille refte toute en- tire comme un fourreau ouvert en deux dans fa longueur. On voit voler ces pucerons autour dela vefhe. Ils ont quatre ailes tranfparentes, deux cour- tes & deux longues; celles-ci font aflez larges , & ont au bord extérieur un filet noir, qui s’étend depuis leur naïffance jufqu’environ les deux tiers de leur longueur, & fe termine en forme de palette. Ces moucherons qui font du nombre des vivipares, enfermés fous une cloche de verre, dépofent au bout de quelques jours d’autres petits infe@tes rouf= fâtres qu'on apperçoit remuer peu après leur naif= fance ; en un motüleft plaïfant, dit M. de Tour- nefort , que ces pucerons foient comme autant de. marques qui couvrent de nouveaux moucherons. Après la fortie de cette efpece d’effain, les vef- fies fe flétrifent & fe deflechent ; alors en les ou- vrant, On y trouve, fur-tout dans celles qui fe font le mieux confervées , comme un morceau des dépouilles d’où font fortis les moucherons dont on a parlé, & la liqueur mucilagineufe fe trouve ré- CON 41 ORME, (Mar. méd, ) la décoétion des feuilles ; & de l'écorce, & des racines de cetatbre , eftre- gardée comme vulnéraire, aftringente, tant pour l'ufage inférieur, que pour lufage extérieur. Ce reméde pris pendant plufieurs jours à grande dofe , fous forme detifane, a été recommandé aufi comme un diurétique très-utile contre l’afcire. Une fubftance balfamique qu’on trouve dans ces excroïflances ou veflies qui fe forment fur fes feuil= les , eft vanté par plufeurs auteñrs comme un ex- cellent cicatrifant. (2 ORMENIUM , ( Géog. anc. ) ou plutôt Ormi- Aium, Village qui étoit au pied du mont Pélion der- riere le golfe Pagaféen ; c’eft-à-dire, le golfe Pélaf- gique, au nord & au levant duquel étoit la Ma- gnéfie, dont le mont Pélion occupoit une partie. DEL | ORMIN , Horminum , {. m. ( Hiff. nar. Botan.) genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre fupérieure eft petite & en forme de cafque; l’in- férieure eft découpée en trois parties , dont celle du milieu eft concave comme une milliere. Lé pif- til: fort du calice , il eft attaché comme un clou à la partie poflérieure de la fleur | & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la fuite au- tant de femences arrondies , & renfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, inf, ret herb. Voycz PLANTE, (1 -ORMUS , ( Géog. ) petite île d’Afe au fond du golfe de même nom, à l'entrée du golfe Perfiques C’elt un amas de rochers couverts de pierres de fel. La chaleur y eft fi grande, que les habitans font obligés, pour pouvoir repofer, de fe retirer dans les boïs voifins, & de fe mettre dans l’eau juiqu'au cou. Les Portugais lasprirent en 15075 mais.en 1622 Schach-Abas , roi de Perfe, s’en em- para, On fait qu'Ormus ne fubfifte plus aujourd’huis Long. 79. 21, 30. lat, 27. 30. ( D.J.) ORNANS , ( Géog. ) petite ville de France dans la Franche-Comté, fur la Louve , à trois lieues de Pelançon, au pied des montagnes, Long. 23. 42, Lab, A7i 17 ORN ORNE , L’ { Géog.) riviere de Frañce en Nor- mandie. Elle prend fa fource au village d’Aunont, & après avoir fait beaucoup de détours, fe jette dans la mer à trois lieues au-deffous de Caën. Elle a été nommée O/eza par les anciens. Il y a une autre riviere dans le Maine qu'on . nomme auf l'Orne. Cette derniere a fa fource aux frontieres du Perche , & tombe dans la Sarte. ORNE, {.m. ( Boran. ) efpece de frêne nommé fraxinus humilior , fêve aliera Theophrafli , minore € cenuiore folio C. B. P. Voyez FRÊNE. ORNÉE , (Antig. Grecg. ) furnom que les Co- rinthiens donnerent autrefois au dieu Priape , en l'honneur duquel ils célébroïent des fêtes, 8 fai- foient des facrifices qu’on appelloit femblablement ornées ; mais c’eft à Colophon, ville d’Ionie, qu'on les folemnifoit avec plus d'éclat. Le dieu n’avoit alors pour miniftres que des femmes mariées. ORNÉES, (Géog .anc. ) Orne , au génit. Ornæa- run, ; Ville du Péloponnefe, fameufe par la ba- taille qui s’y donna entre les Argiens & les Lacé- demoniens, Diodore de Sicile, Paufanias, & Thucy- dide en font mention. Ce dernier en'particulier , L. VI. nous inftruit de la deftruétion de cette ville par les Arpiens. (D. J.) ORNEMENT , {. m, ( Gram., ) ce qui fert à parer une chofe, quelle qu’elle foit. Le grand principe c'eft que les parties effentielles & principales fe tournent en orzemens ; car alors le fpe@ateur qui voit l’urile fervir de bafe à l’agréable , eft affecté le plus doucement qu’il eft pofible. Les belles per- fonnes n’ont pas befoin d’ernemens. Les habits dont les prêtres fe vêtiflent en officiant , s’appellent des ornemens, L’Architeëture demande un grand choix d’ornemens. On dit d’un grand homme , qu’il fera la gloire de fa nation, & qu'il eft l’orrement de fon fiecle. Les figures de la Réthorique font les orne- rnens du difcours. La fcience eft l’orzement de lefprit. | ORNEMENS FUNEBRES, ( Littérar.) ce font en général le lit, les habits, les marques de dignité, & autres chofes de cette efpece, dont les anciens paroiïent un corps mort, & l’expofoient à la vue du public, avant que de le mettre en terre, ou de le brûler ; à cet ufage répond en partie ce que nous nommons le Zr de parade des princes & prin- cefles avant leur enterrement. Le mot grec qui dé- figne ces ornemens funebres des anciens , eft éyra- Qiacpuov | OU évragler, dont l’aétion d’embaumer faifoit une partie chez les Egyptiens. Ptolomée voulant. donner une efisie d'Alexandre qu’il avoit fait faire à la place de fon véritable corps , mit à cette ef- gie un manteau royal, & l’enrichit de divers autres OrnEMENS , évragiois ; Qu'il jugea propres à fon deffein. Apollodore porta à Socrate, dans fa prifon , une tunique & un manteau fort riche, & le priant de s’en revêtir avant que de boire la cigue, lui dit qu'il en ufoit de la forte , afin qu'il ne fût pas privé des ornemens funebres ; mais fa mort glorieufe n’étoit- elle pas le plus bel ornement funebre, le plus beau maufolée. la plus honorable fépulture, comme dit Œlian ? (D.J.) ORNEMENT DES ARMES, (Hiff. milis.) les orne- mens des armes Ont été inventés pour donner aux ar- mes de la beauté, du relief & de l'agrément, com- me étoient autrefois les cimiers qu'on ajoutoit aux heaumes , & qu’on mettait fur les cafques. Les lam- brequins étoient encore un orzement de cafque. Cet orrement a pañlé dansles armoiries , auffi-bien que le cafque. On mettoit quelquefois des pierres précieufes au cafque ; mais il étoit de la prudence de celui qui le portoit , de les ôter pour fa sûreté, quand il alloit an combat. Aux cimiers fuccéderent les panaches ou bouquets de plumes en touffe au haut Tome XI, ORN 657 du cafque. C’étoit un orrement de l’armuré de tête des foldats romains, Les panaches furent aufli mis fuf la tête des chevaux au-deflus du chamfrain, Un au tre ormement des armes étoit la cotte d'armes. Dans la fuite des temsonfe contenta d’orner la cuirafle d’une écharpe, qui tantôt fut portée en baudrier, tantôt en ceinturon. Ce qui diftinguoit encore nos anciens chevaliers, étoient les éperons dorés. Les écuyers en portotens d'argent. Les armories du chevalitr, où de Pécuyer étoient fur fon bouclier , ce qui faifoit encore un orrzement. Tout ce qu’on voit aujourd’hui d'ornement, c’eft le plumet au chapeau des officiers ; &t des chevaux richement caparaçonnés, mais plus ou moins , fuivant le rang & la dignité de ceux qui les montent. ( D. J.) | ORNEMENT, ( Archir, & Sculpr.) mot général qu’on donne à la fculpture qui décore l’architetture. Vitruve & Vignole comprennent fous ce nom Pertes blement. À Ornement de coins. Ornemens qu’on met au coin des chambranles, au-tour des portes ow des fené- tres formés des membres de l'architecture. lorfqu’on ne les fait pas unis & paralelles aux côtés, mais qu'on les brife aux coins. On diftingue ces ornemens en fimples & en doubles. Leur moduleeft communé: ment de + à + de largeur. PnDs À Ornemens de relief. Ornemens taïllés furles contours des moulures, comme les feuilles d’eau & de refend 3 les joncs , les coquilles , &c. Ornemens en creux. Ornemensfouillés dans les mou: lures, commelésoves, rais-de-cœur, &c. Ornemens maritimes, On appelle ainfiles glaçons ; mafcarons , poiflons, feftons, coquillages , &c. qui fervént à décorer les grottes & les fontaines, Vitruve gémit fur la corruption du goût en fait d'orremens d'architedture ; ce goût s’eft encore bien plus dépravé depuis cet écrivain , foit par les gro- tefques que Morto peintre a mis en ufage , foit par d’autres idées de caprice qui ne font pas mieux rai- fonnées. Des trophées & des armures employés à écorér une maifon de chafle font auff déplacés,que Ganimede & aigle , Jupiter & Léda qu’on voit fur les reliefs des portesde S. Pierre de Rome. Les coli- fichets & les coquillages de fantaifie dont on croit aujourd’hui décorer les appartemens, font auff peu natutels , que les luftres du tems de Vitruve, que: l’on chargeoït de petits châteaux & de petits palais. ORNEMENT » (cerme de Peinture.) ce mot fe dit en général dès peintures dont on ofne nos appartemens, &t en particulier de celui d’une galerie pour fervir d'accompagnement au fujet principal , au tableau principal, fans en faire cependant partie. Notre goût d’ornemers en peintute n’eft pas moins gâté qu’en ar- chiteëture. Dans nos plafonds , par exemple , & dans nos deflus de portes, onne fe propofe ordiriai- rement d'autre but, que celui de couvrir des pla- ces vuides, qui ne pouvoïent pas être entierement chargées de dorures. Non-feulement ces peintures n’ont aucun rapport à l’état & à la fituation du pof- fefleur, mais fouvent même elles préfentent deg idées qui lui font préjudiciables ; cependant l’hot- reur du vuide remplit les murs de peintures vuides de fens. (D. JF.) ORNEMENS, diftriburion d’ (Archir, Décor. ) c’eft l'efpacement égal des orremens , & figures pareilles &t répétées dans quelque-pattie d’architeture, com- me dans la frife dorique , la diftribution des trigly- phes & métopes; dans la corniche corinthienne, celle des modillons , &c. Daviker, ORNEMENS , ( Hydraul.) ce font les figures, les vafes , les confoles , les pilaftres , les arcades. les mafques , les glaçons, les coquillages &. autres mor. ceaux d’architeéture qui décorent les fontaines & les cafcades, (X) | | OQooij 658 ORN ORNEMENT ; terme de Blafon , fe dit de tout ce qui eft hors de l’écu , comme les timbres, les bourlets, les lambrequins , les cimiers, Les fuppots, colliers, manteaux, pavillons , &c, ORNER., v. a@t. ( Gramm. ) embellir par le fe- cours de l’art, Voyez l’article ORNEMENT. ORNE , L’( Géog. ) riviere de France en Cham- pagne ; elle prendfa fource dans le Vallage, & va fe joindre à la Marne , au couchant de Vitri-le-brû- lé , où elle pañle. ORNICUS LAPIS; (Hifi. nat. ) nom donné par quélques auteurs à une pierre quieft, dit-on, le lapis lazuli, ORNIS , f. m.toile des Indes , ( Comm. ) fortesde toiles de coton ou de mouffeliñe, qui fe font a Bram- pour ville de l’Indouftan,, entre Surate & Agra. Ces toiles font par bandes , moitié coton & moitié or ëêc argent. Il y en a depuis quinze jufqu’à vingt aunes, ORNITHIES, ( Géog. anc. ) ornithiæ; les Grecs nommoient orrithies | les vents du printems , avec lefquels arrivent les hirondelles & les autres oifeaux de paflage. Pline dit que ces vents foufflent de l’oc- cident ; quelques autres les appellent verss écéfrens ; d’autresau contraire penfent que ces vents {offlent du nord , ou du nord-eff, ORNITHOGALUM , f. m. (ÆMf. nat. Botan.) genre de plante à fleur en lis, compoñée de fix pé- tales difpofés en rond. Le piftil occupe le milieu de cette fleur, & devient dans la fuite un fruit arrondi, qui eftdivifé en trois loges, & qui renferme des {e- mences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre , qu'il differe du phalangium en ce qu'il a la racine bulbeufe ou tubereufe. Tournefort, Z2/£, res herb. Voyez PLANTE. (1) Ce genre de plante établi par Tournefort , eft des plus étendu , car ilrenferme, felon lui, 59 efpeces différentes par leurs fleurs ou leurs oignons; de ce nombre on en connoît deux principales dans les boutiques, qu'on nomme /qwille rouge &t quille blan- che, Voyez SQUILLE, Botan,. ORNITHOLOGUE , ox ORNITHOLOGISTE, f. m. (fl. rar.) phificien qui cultive , qui traite par écrit de la partie de l’hiftoire naturelle concer- nant les oifeaux. Voici ceux que je connois, avec l'indication de leurs ouvrages; mais voyez en même- tems les mots ORNITOLOGIE & OISEAU. Ariftoteles , de animalibus , grecè & latinè , Baf- leæ, 1534. 2n-fol. édit. précieufe. Item. ex zrter- pretat, & cum notis Scaligerit | Tolofæ , 1610. #7-fol, Aldovrandus, ( Ulyfes ) Orzithologia , Bonon. 1509, 1600 & 1603. crois vol, in-fol. Albins, (Eléazar) À zatural hiflory of birds, Lond. 1731. fol. avec figures 1o1. _ Bellon, ( Pierre ) Hiftoire de la nature des oi- feaux avec leurs portraits, Paris, 1551. fol. figures, Îtem, Portraits d’oifeaux & autres animaux d’Ara- bie & d'Egypte, Paris, 1557, in-49. Blafius, ( Gerhardus) Ayzarome animalium volati- lium, aquatilium , &cc. Amftoœl. 1681. i7-4°./jig. _ Catesby , (Alarc ) dans fonhiftoire naturelle , of Carolina | Florida, aud the Bahama , Lond, 1731. fol. fig. C de la plus grande beauté. Cavalerius ,.(Joh. Bapt.) Aves œneis sypis incile, Romæ, 15095. form. obf, 47-49, | Cortes, (Geronimo ) Tratado de los animales ter- reftresy volatiles, Valenciæ, 1672. in-8°, Edvard’s, Natural kiflory of birds , London, 1743, in-4°, 8 1751. 17-4°. fig. Ericius ( Éricus) Æpiftola de avibus, Hafin, 1671. in-8°. Gefnerus , ( Couradus) Libri tres de avibus, Ti- guri, 155$ fol, edie, prim. Francofurti, 1585. édir, . Jécurda, OR N Jonftonus , ( Johannes ) De avibus Libri fex , Fran: cof. 1650. fol. fig. Klein , ( Jac. Theodor.) Hifforia avium , Lubecæ 1750. i7-4°. fe ou Langohus, (Gisbert) Dixlogus de avibus cum no- Re græcis ; latinis 6 germanicis, Coloniæ , 1 S44s Lonicerus , (Adamus) Æifforie naturalis ubi de vo- latilibus , &tc. Francof. 1551. {02 fig, - Marfchaleus, ( Nicolaus) Aquolium & ifium hifloria | Roftochü , 1510: fol. fig, Va Mochringius ( Philippus-Henric. Aaricæ, 1752. 27-87, Marfigli , (comte de ) dans fon Danube & fon Hifioire phyfique de la mer, deux onvrages maoni- fiques. CEE EE Olina , (Gio-Pietro ) Occeliera della natura di diverf uccelli, RônE M Ibid. 1684. fol. fig, ‘ i Perrault ; dans fes Mémoires fur l'hiffoire des animaux, Paris 1676. imp. royal. fol, ] de ue yal, fol, fig. & Paris , Petiver , ( Jacob. ) dans fon ouvrage intitulé , Gazophilacium naturæ 6 aftis , Lond. 1702. fol. fig. liem, Aquaiilium animalium amboinæ » RC. icones Ë nomna, xx. tabulis, Lond, 1713, 6e. _Raïus, (Johan. ) Syropfs methodica avium & PÜ- cum, Lond. 1713. 27-8°, Turnerus, (Guillelm.) Æifforia avium quarum apud Plinium & Ariffotelem fit mentio, Coloniæ, 1543. ) Avi genera , 1622. 171- 49% L in-8°, : Willughby » (Francif.) Orrithologia, Lond. 1676. fol. fig. C'eit le meilleur de rous les ouvrages fur l'Orrithologie. Zinñanni ( Comte Giufeppu ) Delle vave e dei nidi de gli uccelli, in Venétia , 2737. in-4°, cum tavole XXIe Defcription philofophale de la nature des oïfeaux, Rouen, 1541. in-12. L'auteur eft rèfté anonime, & fon livre rare eft très-mauvais, ; À ces ouvrages , 1l faut ajouter ce qui fe trouve fur les oifeaux dans les Mufæa , dans les relations des célebres voyageurs, comimé l’hiftoire de la Ja- maique du chevalier Hans Slane, Margsrave & au- tres ; ainfi que dans les Tranf. philofop. Les mémoires de lacad. des Sciences , c. les différentes tailles douces qui ont été gravées fur les oifeaux rares, & entrautres celles de Robert, qui font à la bibliothe- que du roi, méritent encore d'être connues des Or- nithologues, (D. J.) | ORNITHOMANCIE , f. f. (Art de divin. ) divi- nation qu’on tiroit de la langue , du vol, du cri ou du chant des oïfeaux. pus, oprtloc , oifeau, 87 mavrie, divin, nom que les Grecs donnoient à ce qui s’ap- pelloit chez les Romains, #7 augure. Ils tiroient des préfages heureux ou malheureux des oïfeaux , & cela de deux manieres ; on de leur cri, de leur chant ou de leur vol. Les oifeaux dont on confultoit le cri, le chant , étoient proprement nommés o/cires, com- me le corbeau, la corneille, le hibou; ceux dont on ne confultoit que le vol, étoient appellés aliree & prepetes , comme l’aigle, le bufard , le vautour. Il y En avoit qui étoient o/cimes & alites ; tels étoientle pivert, le corbeau, &:. Mais tous les gens un peu fenfés fe moquoient de ces préfages & des augures qui les tiroient. Pacuve parloit très-bien d’eux. Iflis qui linguam avium intelliguns Plufque ex alieno jecore fapiunt quam ex fuo , Magis audiendum quam aufcultandum cenfto. « Pour ces devins qui fe piquent d’entendre le » langage des oïfeaux, & qui tirent plus de fens du » cœur dès animaux que de leur propre cœur, je ÿ fuis d'avis qu'il vaudroit mieux leur prêter l’o- # reille que notre confiance ». Le Cestrois vers de Pacuve contiennentune réflexion digne des fiecles éclairés. Cependant comme les ma- ladies de lefprit ne fe guérifflent guere parmi lés hommes , l’Aftrologie , & l’art de prédire par les objets vus dans l’eau , fuccederent chez les Cüré- tiens aux extifpices, c’eft-à-dire , aux divinations par les entrailles des vidimes &c à l'Orzithomancie. Je voudrois bien n’avoir pas à reprocher à Mon- tagne un difcours pitoyablé, où, felon lui, de tou- tes les prédiétions , les plus certaines étoient celles qu fe troient du vol des oïféaux. « Nous n'avons » tien, dit-1l, de fi admirable : cette regle , cet # ordre du branler dé leurs iles dont on tire des »# conféquences des chofes futures , il faut bien qu’il » foit conduit par quelque excellent moyenà cette # noble opération ; car l’attribuer à une ordon- 5 nance naturelle, ce féroit une idée évidemment » faufle ». _ Iléftplaifant de voir un pyrrhonien, qui fe joue de l’hiftoire , traiter d’idée évidemment faufle, celle des Phyficiens de tous les âges. Montagne devoit bien être phyficien autant que Virgile , qui n’attri- bue qu’à la diverfité de Pair les changemens réglés du mouvement de leurs ailes , dont on peut tirer quelques conjettures pour la pluie & le tems ferein ; Montagne , dis-je, devoit connoiître auffi-bien que moi, ces beaux vers des Géorgiques. Non equidem credo quia fit divinitus ën ilis AIngerum., aut rerum fato prudentia major 3 \ . > PL “7 Verim ubitempeflas & cœli mobilis humor Mutavere vias, G& Jupiter humidus auffris Denjfat, erant que Tara modo, & que denfa relaxat; Vertuntur fpecies animorum , ut corpora motus Nunc hos , nunc alios: dim nubila ventus agebat , Concipiam, hinc ile avium concentus in agris , Er letæ pecudes , & ovantes gutture corvi. Enfin, fi Montagne n’a pas cru un mot de ce qu’il difoit , il eft inexcufablé de s’être joué ainfi de fes leétéurs , en leur infpirant de faufles & de puériles opinions. (2. J.) | ORNITHOPODE , ( Boran. ) entre les fix efpe- ces d’ornithopode | où de pié d’oifeau que compte Tournefort , arrétons-nous à [a principale, la gran- de ornithopodiurm majus ; fa racine eft blanche , fim- ple, fibreufe, chevelue, accompagnée de tuber- cules, Ellé bouffe plufieurs pèrites tiges, menues, foibles , rameufes , prefque couchées à terre, lon- gues d'environ un demi-pié, rondes & velues. Ses feuilles font plus petites que celles de la léntille, rangées à loppofñite l’une de l’autre le long d’un côté ; dont l’éxtrémité eft occupée par une feule feuille. Ses fleurs font petites, légumineufes, jointes plufieurs enfemble en manieïé de parafol au fom- met des rameaux fur des Courts pédicules , de cou- leur jaune mêlée de purpurin & de blanc. Leur ca- lice eft un cornet dentelé. Lorfque les fleurs font pañlées, il leur fuccede au- tant de filiques applaties , courbées en faucille, &c féfléchies en en-haut, compofées chacune de cinq, fix ou fept pieces attachées bout-à-bont , terminées par une forte dé pêtit ongletpointu ; ces filiques naïf fent deux ou trois enfemble , difpofées comme les ferres d’uñ oifeau , d’où lui vient fon nom. On trouve dans chacune de leuts pieces une femence menue, prefque ronde , reflemblante à celledu navet. Cette plantefleurit l'été, ordinairement.en Juin ; elle croît dans Les champs aux lieux fecs & incultes, fur les collines , dans les prés aidés , dans les fables & le Iông'dés chemins. (D.J.) ORNITHOSCOPE , f. m. ( Divinat.) les Grecs nommoïent 07zithofcopes ; cpribcsxomor, Orrithomantes, DE 4 O cales c LE ct es 9 ornéofcopes, ceux qui fe mêloient de former des pré: diétions &c de tirer des préfages des oifeaux, Potter; Archæo. præc. L. TT. c, xv.r, I. pag. 321.( D. 1.) ORNITOLITES, (Hif. nat. )nom donné pat quelques naturaliftes à des oifeaux , à quelques-unes de leurs parties, à leurs œufs ; leurs os, ou à leurs nids, que l’on fuppofe avoir été pétrifiés, ce quide- manderoit à être férieufement examiné pour s’aflus rer de la réalité de ces pétrifications, On fait quel- quefois pafler pour des nids d’oifeanx pétrifiés ceux qui ont été arüficiellement révétus d’une croûte {emblable à de la pierre , ce qui fe fait en les pla- çant dans les chambres graduées des falinés, où l’eau charpée de fel, en paflant continuellement par- deflus, dépofe fur cés nids un enduit qui les enve- loppe & qui les incrufte. Voyez INCRUSTATION: OROANDA, (Géog. anc.) ville d'Afe, dañs l4 Pifidie. Tite-Live en parle, 4v. XX XVIII, ch. viy. mais 1l paroït que cetie ville ne fubfftoit plus du tems de Ptolomée, qui fe contente d’en nommer le peuplé Orordicz, ( D. JT.) : OROATIS, ( Géog. anc. ) riviere de Perfe, dans la Sufiane, Pline, Zy, VI. ch, xxv, dit qu’elle fépa- roit da Perfide de l’'Étimaïde. Saumaile croit, avec aflez de vraiflembiance , que c’eft la même fiviere que le Pafitigris. OROBA, ( Géog. anc, ) nom de deux villes de la Syrie, lune près du Tigre, l’autre dans les terres. Selon Ptolomée, Zv. VW, ch. 7, la long. d’Oroba près du Tigreeft 791. 20/. Jar, 301. 20/, La Zong. d'Oroba dans les terres eft 794, 20/, ar, 384, 10', ( D.J,) OROBANCHE, Orobanche, {, f. (if, nat. Bot.) gente de plante à fleur monopétale, anomale, en maîque, & divifée en deux lèvres, dont la fupé- rieure a la forme d’un cafque, & l'inferieure eft partagée en trois pieces. Le piftil s’éleve du fond de la fleur, & devient dans la fuite ün fruit 6blong qui n'a qu'une feule capfule, qu s'ouvre en deux logés, & qui renferme des femences très-ménues . pour l'ordinaire. Tournefort, I2ff. rei herb, Voyez PLANTE, Ifufita de cara@érifer l'orbarche fans entrer dans fes détails. 54 racine ft écailleufe ; la planie paroît comme dépouillée de feuilles ; l’extrémité du pédi- cule forme en fe dilätant un calice à plufieuts feg- mens ; {a fleur eft monopétale, irréouliere, bilabiée, en câfque creux, & dont la baïbe à trois divifions eft en épi, & embrafle un ovaire long garni d’un long tübe monocapfulaire à deux valvulés; les deux valvules s'ouvrent dans le tems de la maturité, & la capfule eft pleine de femences très-petites. La principale efpece d’orobanche elt nommée oro- banche major caryophytlum olens jar Four. Infl. 175, Elle croît fréquemment attachée aux racines du ge- net d'Efpagne : on en fait un fyrop d’ufage dans les douleurs de coliques & d’hypocondrés. (D. J.) OROBANCHOIDES, 1. f, ( Æf4. rat. Botan.) genre de plante à fleur en rofe, compofée ordinai- rement de huit feuilles, dont quatre font pliées en gouttiere, & creulées en fabot à leur bafe, les au- tres quatre font toutes fimples: du mulieu de ces feuilles s’éleve un piftil qui dans la fuite devient un fruit oblong, divifé en quatre loges, lequel s'ouvre de la pointe à la bafe en autant de parues; ces lo- ges font remplies d’une femence très-menue. Tour- nefoft, Mémoire de l’acad. royale des Sciences ; année 1706, Voyez PLANTE. OROBE, {. m. (Æiff. nat. Boran, ) orobus, genre de plänte à fleur papilonée, dont la piece fupé- rieure reflemble à un pavillon, & les latérales à la forme de la carene d’un vaiffeau. Il fort du calice un piftil enveloppé d’une membrane, qui devient dans la fuire une filique ronde qui fenférme des fe: 660 OR O mences le plus fouvent ovoïdes : ajoutez aux cara- éteres de ce genre que les feuilles font attachées par paires à une côte terminée en pointe. Tourne- fort, nf. rei herb. Voyez PLANTE. (1) On diftingue quatre efpeces d’orobe ou d’ers: la principale nommée par Tournefort ervum verum, J. R. . 398, a la racine menue, délicate & blan- châtre. Elle poufle plufieurs tiges à la hauteur d’en- vironun pié, qui s'étendent au large. Ses feuilles font femblables à celles de la lentille, rangées par pai- res le long d’une côte. Ses fleurs font lésumineufes, petites, purpurines, quelquefois blanches, rayées de pourpre bleu, foutenues par des calices formés en cornets dentelés. Lorfque les fleurs font pañlées, il leur fuccede des goufles longues d’un pouce, menues, pendantes, ondées de chaque côté, & blanchâtres dans la maturité. Ces goufles renfer- ment des femences prefque rondes, femblables à de petits pois d’un rouge-brun, & d’un goût de légume qui n’eft ni amer ni défagréable. Cette plante fe feme dans les champs en plufieurs provinces pour la nourriture des beftiaux ; elle croît naturellement parmi les blés en Efpagne & en Ita- lie. Elle fleurit en Avril, Mai & Juin. Sa femence eft müre en Juillet. C’eft une nourriture très-agréa- ble aux pigeons. L’orobe fe plaît en terre maigre, légere, & fablonneufe. La petite efpece qu’on appelle communément orobe de Candie, n’eft qu’une variété de la précé- dente, fuivant le fentiment de J. Bauhin , de Par- kinfon & de Ray. | L’orobe fauvage , orobus [ylyaticus noffras de Ray, a été décrit premierement & fuffifamment par cet habile botanifte, enfuite inutilement & fort au long dans les Mémoires de académie des Sciences année 1706: La femence d’orobe eft la feule partie de cette plante qu’on emploie en Médecine ; elle eft réfolu- tive, déterfive , & apéritive. Les anciens médecins la réduifoient en poudre, & la donnoïent incorpo- rée avec le miel dans l’afthme humide, pour faci- liter l’expettoration : on en a fait du pain dans des années de difette, mais de mauvais goût & qui fournifloit peu de nourriture, Aujourd’hui cette fe- mence eft une des quatre farines réfolutives qu’on emploie communément en Chirurgie, & c’eft fon principal ufage. (D. J.) | OROBE, ( Botan, & Mar. med.) Voyez Ers. OROBIAS, f. m. (ff. na.) nom donné par quelques auteurs à la pierre appellée armite ou hammite ou oolite. Voyez OOLITE. OROBIENS Les , ( Géog. anc.) Orobii, peuples de la Gaule cifalpine, felon Pline, Zv. III, c. xviy, Ils avoient une ville fituée dans les montagnes, qui tomboit en ruine du tems de Caton, & qui ne fub- fiftoit déjà plus du tems de Pline, (D. J.) OROCONITES;, ( Mar. méd.) nom donné par Hippocrate, & autres médecins grecs, à une racine bulbeufe qu'ils recommandent comme un excellent aliment. Il paroit que ce terme eft compofé du grec ôpos, 7rOntagne, St novirec, figure conique ;'cette éty- mologie nous apprend bien que c’étoit une racine de cette forme qui croifloit dans les montagnes ; mais les favans ont fait de vains efforts pour décou- vrir quelle étoit cette racine. ORONTE 1”, (Géog. anc. ) fleuve de Syrie ; Pli- ne, Liv. V. chap. xxiy. le fait naître entre le Liban & l’Anti-hban, auprès d’Héliopolis , qui eftaujour- d’hui Balbec ; mais cet auteur a été mal informé. M. de la Roque dans fon voyage de Syrie, nous apprend que la fource de lOrozte eft dans une plaine à 4 ou 5 lieues de diftance du mont Liban, entre lorient & le midi, & à un éloignement conf- dérable de toutes les montagnes qu'on peut appel- O RO let Anti-liban, C’eft à environ 14 lieues de Balbee que {ont les fources de l’Oronte ; il court d’abord en ferpentent vers le nord, pañle à 2 lieues d’Eme- fe, traverfe Apamée, arrofe enfuite les murs d’An- tioche, & fe jette enfin dans la mer. (D. J. OROPESA, (Géog.) ville d’Efpagne, dans la nouvelle Caftüille , près des frontieres de l’Eftrama- dure , avec titre de comté. Elle eft entre Talavera & Plazentia , à 9 lieues de la derniere, au nord du Tage. Elle appartient à la famille royale de Portu- gal. Long. 13. 6. lat, 39. 40. OROPE, ( Géog. anc.) Oropus ; 1 y a pluñeurs _ villes de ce nom; nous parlerons d’abord dela prin- cipale dans l’hiftoire de a Grece. Elle étoit dans la Béotie, aux confins de l’Atti- que , auprès de la mer. Etant fi voifine de l’Attique {on territoire fut mus en litige par les Athéniens, à qui Philippe l’adjugea; mais les Athéniens préten- doient aufh d’être en pofleffion de la ville, & ils trouverent le moyen de fe l’approprier : de-là vient qu'elle eft nommée yille de l'Arrique par Tite-Live, lv." XLV. chap, xxvy. Mais 1l faut favoir que Themefon, tyran d’Eri- trie, Pavoit prife fur les Athéniens la troifieme an- née de la ci. olympiade, & que les Athéniens ne la recouvrerent que par la liberalité de Philippe qui la leur rendit apres la bataille de Chéroncée. Je dois encore remarquer que nous avons en par- tie obligation à Orcpe d’avoir fait Démofthène orateur ; car ce fut après avoir entendu les applau- diflemens infinis qu’eut un difcours de Calliftrate fur Orope, que Démofthène dit un dernier adieu à l’école de Platon, fe détacha entierement de la phi- lofophie , & réfolut de fe vouer à l’éloquence. La même ville, dans la fuite des tems, fournit aux Grecs une occafion d'apprendre à leurs vain- queurs, que la force & l'autorité de la parole réfi- doient encore dans les vaincus, Les Athéniens pref {és d’une extrème difette négligerent les bienféan- ces, & pillerent fans façon Orope leur alliée ; Orope fe plaint au fénat de Rome. La caufe des Athéniens avoit befoin d’un bon avocat, ils le trouverent en la perfonne de Carnéades, chef de leur ambaflade, Cet excellent orateur, par festons & par fes figures, fuppléa f merveilleufement aux raifons, 8 fafcina fi bien l’efprit des Romains, que le fénat difoit : « Athenes nous envoie des ambaffadeurs, non pour » fe juftifier, ou pour nous perfuader, mais pour » nous contraindre de faire ce qu'il lui plaît & ce » qui lui convient ». Le nom moderne d’Orope eft Ropo , village de Grece, à 2 milles de la mer, & à 6 d’unautre vil- lage nommé Marcopoulo ; à une lieue plus loin eft une petite riviere, que M. Spon croit être l”4/opus ; au-delà de cette riviere eft un autre grand village appellé Syczimo, qui eft vraïfflemblablement la pe- tite ville de Béotie, qu’on nommoit anciennement S'ycaminum. Venons aux autres lieux qui portoient le nom d’Orope, Il y avoit une ville de ce nom en Syrie; une autre en Macédoine ; une troifieme en Eubée; une quatrieme dans la Tefprotie; enfin une cin- quieme au Péloponnèfe dans l’Argie. (D. J.) OROSANGE, f. m. ( Lirtérar. ) titre que les Per- fes donnoient à leurs bienfaiteurs ; ils écrivoient leurs bienfaits dans les regiftres publics, comme nous l’apprenons par le témoignage des hiftoriens. Jofephe interprète orofange par le mot grec évergère , qui veut dire fauveur. - OROSPEDA, ( Géog. anc.) ancien nom d’une chaîne de montagnes de l’Efpagne. Strabon, Z. III, comprend fous ce nom les diverfes branches de montagnes qui courent depuis l’Arragon par les deux Caftilles jufques dans l’Andaloufe ; toutes ces montagnes ne font qu'une extenfon des Pyrénées. D. J. | $ ORPAIRLEURS, (AifE. nas.) c’eft ainfi qu’on nomme en France ceux quu s'occupent à retirer par le lavage les paillettes d’or qui fe trouvent dans le fable de certaines rivieres qui en charrient, telles que leRhône, l’Ariége, &c. Foyez la maniere dont on fait ce travail dans l’article OR. (—) ORPHANUS LAPIS, (Hifi. rar. ) nom donné par quelques anciens naturaliftes, à une pierre lai- teufe & de couleur de vin, que l’on croit être le girafol ou une faufle opale:: on dit qu'il s’entrouve en Hongrie. Voyez GIRASOL. ORPHE , orpheus vererum, {.m. ( Hiff. nat. Ich) poiflon de mer qui reffemble au pagre par le nom- bre &z par la pofition des nageoires , & par fa cou- leur rouge pourprée. Voyez PAGRE. Les dents de la mâchoire fupérieure fe trouvent entre celles de la mâchoire inférieure quand la bouche eft fermée; les yeux font grands; l’anus eft fort petit , & il n’eft apparent que lorfqu’on prefle le ventre. L'orphe vit de poifion, & 1l prend fon accroiflement en très- peu de tems. Rondelet, Æff, des poiff. pars. I. 1.V. chap.xxv. Voyez POISSON. ORPHÈÉE, (Mychol. Hiff, Lire.) nom des plus fameux & des plus anciens dans la mufique & dans la poëfie des Grecs. C’eft peu de dire que les bêtes les plus féroces fe rendoient fenfibles à fa mélodie, les vents fe tournoient de ce côté-là ; & les arbres danfoient aux doux accords de fa lyre : les vers fuivans en font la brillante peinture. Orphée au bord de l’'Hebre en fufpendir Le cours ; Ses chants apprivoifoient les rigres & Les ours ; Les zéphurs retenoient leur fouffle pour l'entendre, Et les chênes des monts s’empreffotent de defendre, Ainfi la Fable nous fioure . Les rochers émnus de fes fons , Et jufqu’en fa caverne obfcure L'ours attendriypar fes chanjons : Æinft du chantre de la Grece Jadis la lyre enchantereffe Éleva les murs dés Thiébains ; Toutes fÿmboliques images, Qui nous peignent les avantages D'un art le maitre des humains ! Cet art aux plus fages maximes Joint les accens mélodieux : Ses accords font touchans, fublirnes, C’eft ainft que parlent les dieux. Sa douceur enchante l’oreilles Chatouille le cœur, le réveille, Répañnd par-tout l'aménité ; Tandis que fes doëtes myfteres Sous des fitlions falutaires, Nous font briller La vérire. Je ne m'amuferai point à raflembler tout ce que les Poëtes & les Mytholosiftes ont débité de fabu- leux au fujet de ce mufcien: ce font des faits trop connus de tout le monde pour les répéter ici. Je me bornerai à rapporter feulement ce que quel- ques auteurs grecs, tels que Diodore, Paufanias, & Plutarque nous en ont confervé d’hiftorique. Orphée étoit fils d'Œagre, roi de Thrace, & de la mufe Calliope, & on le fait pere de Mufée, Il excella dans la Poéfie , & {ur-tout dans la Mufique ; ayant cultivé la cithare par préférence à tous Les autres inftrumens. Auf ceux qui vinrent après lui prirent-ils à tâche de limiter en cette partie, au- Heu qu’il ne fe propofa perfonne pour modele, dit Plutarque, puifqu'avant lui on ne trouve que des compoñteurs d’airs pour la flûte. On dit qu'il reçut de Mercure ou d’Apollon même la lyre ou la cithare ORP GGx à fept cordes, auxquelles il en ajouta deux nouvel- les; & qu'il fut l’inventeur du vers hexametre. La grande haïfon de la Poéfie dans ces premiers tems avec les fciences les plus fublimes , fit d'Orphée non feulement un philofophe, mais un théologien. Il s’abftenoit de manger de la chair, & il avoit en horreur les œufs en qualité d’alimens, étant perfuadé que l'œuf étoit plus ancien que la poule, ë& le principe de tous les êtres. À l'égard de la théo- logie, fon pere Œagre lui en donna les premieres leçons, en linftruifant des myfleres de Bacchus , tels qu’on les pratiquoit alors dans la Thrace, Il devint enfuite le difciple des da@tyles du mont Ida en Crête, &c 1l puifa dans leur commerce de nou- velles idées fur les cérémonies de la religion; mais rien ne contribua davantage à le perfeétionner en ce genre que fon voyage en Egypte. Ce fut là que s’étant fait initier dans les mylteres d’Ifis on Cérès, &c d'Ofiris ou Bacchus, il acquit fur les initiations É fur les expiations, fur les funérailles, & fur d’autres points du culte religieux, des lumieres fort fupé- rieures à celles qu'il avoit eues jufqu’alors, De retour chez les Grecs il les leur communiqua en les accommodant à leurs notions ; & il fe rendit refpettable parmi eux, en leur perfuadant qu'il avoit découvert le fecret d’expier les crimes , de purifier les criminels, de guérir les malades, & de fléchir les dieux irrités. Sur les cérémonies funebres des Égyptiens il imagina un enfer dont l’idée fe répan- dit dans toute la Grece. Ilinftitua les myfteres & le culte d'Hécate chez les Eginetes, &z celui de Cérès à Sparte. Sa femme étant morte il alla dans un lieu de la Thefproue nommé Æorzos, où un ancien ora- cle rendoit fes réponfes en évoquant les morts. Il ÿ revit fa chere Euridice, & croyant l'avoir enfin retrouvée, 1l feflatta qu'elle le fuivoit:; mais ayant regardé derriere lui &t ne la voyant plus, il en fut fi affigé qu'il fe tua lui-même de déiefpoir. Quelques auteurs le font périr d’un coup de fou- dre, en punition d’avoir révélé à des profanes les myfteres les plus fecrets : fuirvant une autre tradi- tion, les femmes de Thrace fâchées de ce que leurs maris les abandonnoïent pour le fuivre lui drefle- rent des embuches ; & malgré la crainte qui les rétint pendant quelque tems , elles s’enivrerent pour s'encourager, & le tuerent. Plutarque aflure que juiqu’à fon tems les Thraces figmatifoient leurs femmes pour venger cette mort. D’autres le font tuer encore par des femmes, mais en Macédoine prés de la ville de Dion où lon voyoit fon fépulchre, qui confiftoit en une urne de marbre pofée {ur une colonne, On dit pourtant que cette fépulture étoit d’abord près de Libêthre , Où naquit Orphée , {ur le mont Olympe, d’où elle fut transférée à Dion par les Macédoniens, après la ruine de Libêthre enfevelie fous les eaux dans un débordement fubit, cauié par un orage effroyable: Paufauias raconte au long cet événement. Quant aux poéfes d’'Orphée, fes hymnes, dit le même hiftorien, étoient fort courtes & en petit nombre. Les Lycomides, fanulle athénienne, les fayoient par cœur, & les chantoient en célébrant leurs myfteres. Du côté de l’élégance, continue Paufanias, ces hymnes le cedent à celles d’'Homere; cependant la religion ayant adopté les premieres , n'a pas fait le même honneur aux dernieres. Il faut confulter M. Fabricius dans fa Bibliotheque grecque, fur le jugement qu’on doit faire des hym- | nes quinous reftent aujourd'hui fous le nom d’Or- phée, ainfi que de plufieurs autres poéfies attribuées à lui, ou à Onomacrite, contemporain de Pifif trate, telles que les Argonautiques, le Poëme fur les pierres , & divers fragmens qui ne fe trouvent nulle patt en f grand nombre que dans le recuëil publié 662 O R P par Henri Etienne, fous le nom de Posfis philofophica. 11 faut lire auffi au fujet d’Orphée la Differtation d'André - Chriftien Efchenbach, intitulée Æpigne/rs de poefi, ac philofophié orphicé , &t imprimée à Nu remberg en 1702, 12-4°. * Le célebre Cudworth dans fon ouvrage anglois du fyflème intelleétuel, a de fon côté traité aflez au long & fort bien tour ce qui regarde Orphée ; voyez enfin le Recueil de l’acad. des Inferipe, som. X, € AVI, in-4°. Je n’ignore pas que quelques littérateurs ont révo: qué en doute, fi Orphée a jamais exifté. Pour moi je n’imagine pas comment Pindare, Euripide, Arifto- phane, Piaron, tous écrivains d'une autorité refpec- table , auxquels je puis ajouter Ifocrate, Paufanias , & plufieurs autres s’accordent à citer un poète, un auteur dereligion, un fondateur de feëte ; &r que ce poëie, cet auteur derehgion, ce fondateur de feéte, foit un perfonnage imaginaire. Hérodote après Ho- mere & Héfode, nous parle d'Orphée comme d’un perfonnage très-réel. Diodore nous apprend qu'il voyagea en Egypte, qu'il en apporta dans la Grece tout ce qui l'y rendit fi fameux dans la fuite, la théo- logie , la poëfie, la mufique ; &c que fur le plan des myfteres égyptiens d'Ifis & d'Ofris, il inflitua à Athenes les orgies de Bacchus & de Cérès , connues fous le nom de dyonyfiaques & d’éléufrennes. Pytha- gore fait mention des ouvrages d’Orphée. Epigenes que Pline cite avec éloge , Epigenes entre autres les avoit lus ; tous Les anciens enfin atteftent d’une voix unanime qu'Orphée a exifté. Ariftote feroit peut-être le feul qui en eût fait un petfonnage imaginaire, sil falloit prendre au fens littéral ce paflage de Cicéron: Orpheum poetam doces Arifloteles nunquam fuif[e. Mais outre que l'autorité d'Ariftotenepeutrienici contre une foule de témoins dont la plüpart lui font antérieurs ; le même Arif- tote, dans un de fes ouvrages qui s’eft perdu, re- connoiïfloit qu’il avoit exifté un Orphée. Ainfi, lorf- -qu'il l’a nié quelque part ( car Cicéron ne cite point l'ouvrage } , il faut l'entendre , non dans un fens ab- folu, mais en ce fens qu’il n’y eut jamais d’Orphée, tel que les Poëtes l'ont repréfenté, traînant après lui les arbres & les rochers, & pénétrant jufqu’aux enfers, à la faveur de fes chants harmonieux. Le chevalier DE JAUCOURT. ORPHELIN , f. m.(Gramm. & Antiq. greg. ) en- fant mineur qui a perdu fon pere &t fa mere. On prenoit un foin particulier des orphelins dans plu- fieurs villes de Grece , maïs fur-tout à Athènés, tant que cet état fut bien gouverné. Les enfans dontles peres avoient été tués à la guerre étoient élevés aux dépens du public, jufqu’à ce qu'ils fuffent parvenus à l’adolefcence , alors on les produifoit fur Le théâ- tre pendant les fêtes de Bacchus; & après leur avoir donné une armure complette, on les renvoyoit dans leurs maifons. Efchine nous a confervé la belle for- mule dont le héraut fe fervoit pour les congédier : paroïffant avec eux fur la fcene,, 1l difoit à haute voix : « Que ces jeunes orphelins , à qui une mort » prématurée avoit ravi au milieu des hafards leurs » peres illuftrés par des exploits guerriers, ont re- # trouvé dans le peuple un pere qui a pris foin d’eux » jufqu’à la fin de leur enfance ; que maintenant il » les renvoie armés de pié en cap, pour vaquer fous » d’heureux aufpices à leurs affaires , & les convie # de mériter chacun à l’envi les premieres places » de la république ». On n’a point imité dans nos gouvernemens modernes de fi nobles infhitutions po- ltiques. ( D. J) ORPHEOTÉLISTE , {. m. ( Antig. greg. ) les Grecs nommoient orpheoteli les ; oppsoreAioTe, , ceux qui éroient initiés aux myfteres d'Orphée. On leur promettoit le bonheur après la mort , & cependant ORP on nc requéroit d'eux prefqu'autre chofe que le ferment du fecret. Potter, Archæol. grec. rome Le page 497. (D. J.) ORPHIES , erme de Péche | efpece de poiffon ; voici la maniere d’en faire la pêche à la ligne & à pié. On plante deux ou trois hautes perches de 15 à 18 piés , le plus à la baffe eau qu'il eft poffible , éloi- gnées les unes des autres à volonté, felon la lon- gueur de la tiffure qu’on veut former. Il faut que ces perches foient unies & fans aucun nœud. On prend une ligne un peu forte, de la nature des appelets, que l’on nomme petites cordes, On y met de diftance en diftance des piles ou empiles éloi- gnées les unes des autres environ de demi-brafle, avec un ain à orphies, femblable à ceux dont fe fervent les pêcheurs bas Normands , qui font la pé- che des mêmes poiflons paflagers , à la ligne flot- tante avec appât de vers marins. On peut auffi em. ployer des piles roulantes ; on les frappe fur un pe. tit morceau de bois , tel qu’on le voit ici @>= percé par le milieu,large d’un pouce au plus, arrondi par un bout, & de l’autre venant en pointe émouf- fée où la pille eft amarrée. La grofle ligne pafle au- travers du trou ; ce qui rend les pilles volages, li- bres & plus à la portée des orphies qui font tou- jours à fleur d’eau ; d’efpace en efpace on frappe fur la groffe ligne , quelques fortes flottes de liege pour la foutenir élevée : à chaque bout de cette ligne , il y a un organeau fait de bois tors, bien uni, Ou à fa place un morceau de bois troué, & pa- reillement bien uni & beaucoup plus ouvert que de la groffeur de la perche fur laquelle cet organeau fera pañlé , de maniere qu’elle y foit libre. Quand la mareé commence à monter, on frappera les deux bouts de la ligne fur les organeaux des perches ; la ligne {€ levera avec le flot, & les piles qui feront garnies chacune d’un petit corferon de liege, flot- teront à fleur d’eau, comme les lignes flottantes, Les orphies qui n’approchent de Ja côte que de pleine mer , fe prendront de même que celles qui fe pé- chent avec bateau. Les pêcheurs viennent à fa baffe eau relever leurs lignes , & détacher le poiffon qui a mordu aux hameçons. Les ophilieres de pié peuvent fe tendre de la même maniere, avec cet avantage qu’elles ne fe déchire- ront pas. La manœuvre de cette pêche eft repré- fentée dans nos Planches de Péche, ORPHILIERES ox HARANGUIERES , terme de Pêche, filets ainfi nommés , parce qu'ils fervent également à la pêche des orphies & des harengs. La maille de l’orphiliere eft compolée d’un fil très- fin & non retors. Elle n’a que douze lignes au plus en quarré. Le rêt eft flotté , plombe & pêche à la dérive , comme les manets à maquereaux , dont on prend auffi quelques-uns à l’orphiliere , mais petits, &c de ceux que les Normands appellent /zzfonners, &c les Picards roblots, On pêche encore les orphies, que les Bretons nomment égwillestes , au feu & pendant la nuit ,avec le dard ou la fouanne. Pour cette pêche, qui dure depuis le mois de Mars jufqu’au mois de Juin , plus ou moins , fuivant léta- bliffement & l’expofñirion des côtes que le poiffon vient ranger, les pêcheurs fe mettent la nuit quatre dans un bateau ; il yen a un placé à lavant, avec un brandon de paille, dont l'éclat aitire les orphies; les trois autres avec leurs dards ou fouannes faites en rateaux , avec une douille de fer 8e un manche, les frappent. La fouanne qui fert à cette pêche, a au-moins 20 tiges ou branches corbelées de 6 pou- ces de haut &c fort prefflées. La rête du rateau n’a aw plus que 13 à 14 pouces de long, & le manche eff de la longueur de 8 à 12 piés. Quand les pêcheurs voient » veient les otphies ou éguillettes attroupées , ils lan- cent leuts dards , & en prennent quelquefois plu- fieurs d’un feul coup ; comme le-bateau deviré dou-, cement , la manœuvre de la pêche n’effarouché point les poiflons. Dans les pêches heureufes, on en prend jufqu’à 12 à 1500 dans une nuit, Pour cet, effet , il faut que l’obfcurité foit grande & le tems tyès-calme , deux conditions requifes pour toutes les pêches au feu. Cette manœuvre eft la même que la pêche au farillon, expliquée à ce 7707, ê repré- fentée dans nos Planches. | ORPHIQUE » VIE, ( Lister. ) oppioc Bios » forte de vie pure , religieufe , & dent une des pratiques confiftoit à ne point manger la chair dès animaux, Orphée, dit Efchyle dans Ariftophane , nous a montré les cérémonies , 87 nons a enfeigné à nous abftenir de tout meurtre. Horace exprime la même idée encore plus élégamment ; S'ylveffres homines facer interprefque deorum Cadibus & viu fœdo dererruir Orpheus. » Le divin Orphée , l’interprete des dieux, dé- » tourna les hommes du meurtre , & leur fit quitter » le genre de vie brutal qu'ils menoient ». Il com- pofa des hymnes en l’honneur des dieux , & apprit aux mortels les cérémonies de la religion. Les poë- tes furent les premiers prêtres, les premiers philo- fophes , & les premiers lésiflateurs. Platon, après avoir railonné dans le VI, livre de feslois, de la brutalité de plufieurs peuples , & de Pufage que quelques-uns avoient encore d’immoler des hommes , ajoute que les anciens Grecs tout au contraire n’auroient pas ofé tuer un bœuf ; & qu’a- lofs on ne facrifioit point d’animaux aux dieux. Les gâteaux, dit:1l , les fruits trempés dans le miel, & telles autres oflrandes pures étoient ce qu’on leur prélentoit. On s’abftenoit de la chair, & c’eût été un ate impie que d’en manger, ou de fouiller de fanÿ les autels. Alors fe forma parmi nous, conti- ñue-t-il, une forte de vie , nommée vie orphique, où l’ufage des chofes inanimées étoit libre &c per- mis , au lieu que l’ufage de celles qui avoient eu vie, étoit défendu. Cette pratique d’auftérité mérite le nom d’orpki- que, & parce qu'Orphée en étoit linftituteur , & parce que le même Orphée, le plus ancien des fa- ges, pouvoit avoir donné fon nom à tous ceux qui fafoient profeffion de vertu & de lettres. C’eft ce que l’on voit clairement dans un paffage d’Euripide ; car Théfée , à-peu-près contemporain d'Orphée, reprochant à {on fils Hippolite Le peu de rapport qu’il y a entre l'aétion infame dont 1 le croit coupable, êt l’auftere fagefle dont ce jeune homme faifoit pro- feffion : « Voilà donc cet homme, lui ditil, qui eft » en commerce avec les dieux , comme un perfon- » nage d’éminente vertu : voilà cet exemple de tem- # pérance, & d’une conduite irreprochable. N'ef- s pere pas m'impofer plus long-tems par ce vain 5 éclat, ni que j'attribue aux dieux un commerce + qui feroit une preuve de leur folie. Trompe nous, 5 fi tu peux, maintenant par ton affetation de ne » rien manger qui ait en vié ; & foumis à ton Or- » phée , joue l'infpiré , & te remplis de la fumée » du vain favoir , puifque te voilà pris dans le 9 crime ». On trouve dans ce paffage les trois points qui conftituoient la vie orphique ,favoir la religion, l’abf. tinence de ce qui avoit eu vie, & la fcience. Les livres d’Orphée, qui juilifioient fa fcience, font cités ‘par tous les anciens auteurs. Euripide , dans un chœur de fon Alcefte , après avoir dit que la néceffité eft infurmontable , ajoute que les livres d'Orphée n’indiquent aucun remede contre ce mal. C'eft de l'étude de ces livres & de leur intelligence, Torne XI, OR P 663 autant que de lattachement pour la chafle & pour la déefle qui y préfide , dont Théfée veut parler lorfqu'il, reproche à Hippolite fon préténdu com- merce avec les dieux. " En un:mot ; Orphée fut une efpece de réforma= teur, qui, à l’aide de la poéfie & de la mufique ; ayant adouci des hommes féroces , donna naïffance àune feéte diftinguée par fon attachement à l'étude de la religion, & par une auftérité de vie, dont la pratique éloignant les hommes des plaifirs fenfuels,, fi funeftes à la vertu , les portoit à une haute per- feétion. Témoin l’'Hippolite d’Euripide , qui , libre de toute pañlion , aima mieux perdre la vie, que de. manquer au fecret qu'il avoit promis, Il fait lui-même au commencement de la piece une peinture charmante de la vie orphique {ous l’al- légorie d'une prairie , confervée contre tout ce quf, peut en altérer la fraîcheur , dans laquelle il vient de cueillir la couronne qu'il offre à Diane. « Re » cevez, lui dit:1l, de ma main, déefle refpe@table, : » la couronne de fleurs que j'ai cueïllie dans une » prairie, où la fraîcheur de l'herbe n’à jamais été. » livrée à lavidité des troupeaux , ni au tranchant # d’une faux facrilese ; la feule abeille en fuce les » fleurs, que la Pudeur elle-même prend. foin d’ar- » rofer d’une eau toujours pure. Ceux en qui la: » tempérance eft un don du ciel, ont feuls le droit » d'en cueillir : Paccès en eit défendu aux méchans, » Ornez-en vos beaux cheveux, & {oÿez propice à » la main pleine d’innocence qui vous l'offre. Seul, » entre les mortels, j'ai l'avantage de vivre avec » vous , de vous entendre & de vous répondre, » Quoique privé de votre vüûe , accordez - moi ,! » grande déeffe , de terminer ma carriere comme je » l’ai commencée » ! Il la termina en effet par une a@ion de vertu, &: fit voir en fa perfonne ce que la juftice peut fur une ame , qui ayant reçu de la naïiffance de grandes’ difpofitions au bien, les a nourries par la pratique d'un vie pure, qu'on appelloit alors & qu’on a ap- pellé depuis la vie orphique, ( D. J.) ORPHIQUES , adje@t, ( Liscérar, ) furnom des or- gies de Bacchus ; il leur fut donné, les uns difent en mémoire de ce qu'Orphée avoit perdu la vie dans la célébration des orpies , d’autres parce qwil avoit introduit dans la Grece la pratique de ces f8- tes fingulieres dont l'Egypte étoit le berceau, (DATE) ORPHITIEN, fératus confulte, (Jurifprud.) voyeg ai 110f SENATUS CONSULTE. ORPIMENT oz ORPIN , ( Æif?. mar. Minéralog. } en latin auripigmentum, fardarächa , rifigallum, real- gar , arfenicum jlavum , arfeñicun rubrum , &c. fubf- tance minérale d'un jaune plus ou moins vif, en fetullets luifans comme ceux du tale , compofé d’arfemic, & d’une quantité tantôt plustantôt moins grande dé foufre, qui lui donne la couleur, foit d’un jaune de citron, foit d’un jaune orangé , foit d'un ronge vif comme le cinnabre que l’on y re= marque. L'orpiment naturel eft un minéral très-rare ; cependant on le trouve foit en mañles, foit en pes tites venules, foit attaché à la furface des fentes des mines en Hongrie, en Turquie, à Kremnitz, à Neu: fol & Coronfay. Quelques auteurs ont confondu l’orpiment , dont on vient de donner la defcription avec l’arfenic Jaune , ou l’orpiment faêtice , qui eft un produit de l’art, comme nous le ferons voir dans cet article, mais 1l differe de ce dernier par la beauté de fa cou- leur & même par fon tiflu ; celui de l’orpiment natu- rel eft communément par lames ou feuillets , tandis que lorpiment fa@ice n’a jamais ce tiffu. Aufiles Pcintres donnent-ils la préférence à l’orpimenr natu PPpp C1 À 664 OR P rel, ils Sen fervent pour peindre ; en le mélant avec de l’indiso, ils en font du verd. L’orpiment étoit le feul arfenic que connuffent les anciens, il ne paroît point qu'ils euflent connoif- fance de l'arfenic que nous connoïffons dans diffé- rens états, Comme à l’article ARSENIC dans le pre: mier volume de cet onvrage on n’a donné qu’une defcription très-incomplete de cette fubftancé , noùs allons tâcher d'y fuppléer &r d'entrer dans quelques détails fur tne des fabffances les plus importantes du regne mineral. L'arfeñic eft un demi-métal d’un gris luifant , à- peu-près comme le fer, mais Compolé d’un amas de lames ou de féuillets, Il pérd fon éclat & fe noir- cit À l'air , il fe diffout dans tous les diflolvans & les liqueurs , il entre enlfufion dans le feu y &cil sy difipe fous la forme d’une fumée blanche , épaïie , accompagnée d’une odeur d’ail très-forte , c’eft fur- tout à cette odeur que l’on peut reconnotire fa pré- fence : c’eft un poifon tres-violent. On voit par ces propriétés de l’arfenic qu'il eft un vrai protée, qui à de certains égards , approche de la nature des fels ; tandis que par d’autres il a des caracteres qui conviennent aux métaux 6t aux demi-métaux , c’eft ce qu’on verra encore plus claï- rement par Les détails que nous donnerons de fes éffets. M. Brandt , favant chimifte fuédois , eft le premier qui a fait voir que l’arfenic étoit un demi- métal ; avant lui on ne favoit point dans quel rang on devoit le placer. Voyez Aa litreraria Upfulienfia anni 1733. - L’arfenic fe trouve fous différentes fofmes dans le fein de fa terre. 1°.1l fe trouve tout pur, c’eft ce qu'onnomme arferic natif, alors il n’eft combiné avec aucune autre fubftance du genre minéral; on le reconnoît à {4 couleur grife, à la fumée blanche quil répand dans le feu , & à fon odeur d'ail : cet arfenic expofé au feu fe fublime entierement fans laiffer aucun réfidu. On le trouve aufä tout pur fous la forme d’un cryftal blanc & tranfparent , femblable à du verre blanc ; enfin on le trouve encore tout pur fous la forme d’une poudre blanche ou d’une farine. | 2°, L’arfenic fe trouve combiné avec du foufre, 8&c alors il eft ou jaune citron , ou d’un jaune oran- gé, ou d’un rouge quelquefois aufh vif que celui d’un rubis ; alots on le nomme arfénic jaune, orpi- ment, rifigallum ; fa couleur plus où moins rouge vient du plus ou du moins de foufre avec lequel il eft combiné. On a trouvé que l’arfenic d’un jaune de citron pouvoit contenir un dixieme de foufre , & que l’arfenic rouge en contenoit un cinquième. Wallerius donne le nom d’orpiment à de l’arfenic jaune , renfermé dans une pierre talqueufe ou par feuillets comme le mica ; il paroit que cela ne change point la nature de cette mine. 3°. L’arfenic fe trouve dans une pierre noire, mêlée de bitume , que l’on nomme pierre arfenicale, il patoît qu'il y eft tout pur, puifque cette pierre caflée eft luifante comme du plomb fraîchement coupé, Les Allemands l’appellent j/egen fleir , pierre aux mouches , parce qu'on la pulvérife , on la mêle avec de l’eau & du fucre , & on la met fur une af- fiette, & ces infeétes vont en manger, ce qui les fait périr. C’eft à cette mine d’arfenic que lon donne quelquefois le nom de cobalt écailleux ou co- balt teflacé, parce qu’elle a la forme d’écailles. En général il faut obferver que les mineurs d’Allema- gne , peu exaéts dans leurs dénominations, donnent le nom de cobalt à prefque toutes les mines d’ar- fenic. 4°. L’arfenic fe trouve dans la pyrite blanche, que les Saxons nomment wifpikkel où pyrire arfeni- cale, Cette mine eft -compofée d’un aflemblage de lames où de feuillets blancs comme de l’étain on de l'argent, L’arfenic y eft combiné avec le fer & le: . foufre. 5°. L’arfenic fe trouve dans une mine que les Allemands appellent kupfernikkel, qui eft d’un rouge femblable à celui du cuivre , & que l’on doit nom- mer nine d’arfenic d'un rouge cuivreuxs 6°, Il fe trouve mêlé ou Combiné avec de la terre que l’on nomme serre arfemicale ; on peut la recon-. noître à la fumée qu’elle répand dans le feu & à fon odeur d’ail, | Voilà les principales mines de l’arfemic ; mais outre cela, il fe trouve dans un nombre infini de mines des autres métaux, & fur-tout dans les mi- nes d'arsent , dans les mines de cuivre’, dans les mines de plomb , de fer & d’étain ; il joue aufi- bien que le foufre le principal rôle dans la minéra- lifation des métaux, c’eft-à-dire qu'il leur fait pren dre des formes tout-à-fait étrangeres. C’eftainfi que l'arfenic combiné avec de l'argent le change en cryltaux rouges & tranfparens , que lon nomme mine d'argent rouge. Il fait prendre à l’érain une forme cryftallifée, voyez ETAIN ; il change le plomb en cryftaux blancs & verds , voye; PLOMB , d’où l'on voit que l’arfenic a la propriété de s’umir très- intimement avec les fubflances métalliques , def- quelles on a beaucoup de peine de le dégager pat le prillage & par les travaux de la Métallurgie. Foyez MINE , MINÉRALISATION , MÉTALLURGIE, L'arfenic eft trés-volatil , & il s’éleve très-facile: ment fous la forme de vapeurs dans les fouterreins des mines ; c’eft à lui qué font dûes en partie les effets funeftes des exhalaifons minérales. Voyez ces article, Toutes ces propriètés de l’arfenic l'ont fait regarder comme un générateur des métaux & com- me un mercure coagulé. Le célebre Henckel dit, avoir obtenu de largent en traitant un mélange de craie & d’arienic. Les Alchimiftes ont cherché la pierre philofophale dans cette fubfance , & lui ont attribué des vertus tout-à-fait extraordinaires. Pour féparer l’arfenic des fubftances auxquelles il eft joint dans le fein de [a terre , on calcine ces fubftances dans un fourneau de réverbere, que Kun- ckel a décrit Le premier, & la fumée qui s’en éleve eft reçue dans une cheminée horifontale , qui eft faite de planches & foutenue par des piliers : cette cheminée a quelquefois plufeurs centaines de piés de longueur, on en peut voit-la repréfentation dans celle des Planches de Minéralogie 8t de Mérallurgie, qui repréfente le grillage du cobalt ; 4 B repré fente la perfpettive du fourneau , G montre fa cou- pe. Par la calcination , l’arfenic fe dégage fous la forme d’une fumée blanche épaiffe ; cette fumée eft reçue dans la cheminée € D , ou dans le boyau ho- rifontal , aux parois duquel elle s'attache & fe con- denfe fous la forme d’une farine légere, que des ow- vriers vont balayer & ramaïler lorfqu'il s’y en eft accumulé une certaine quantité. Ces ouviiers en- trent dans la cheminée par des portes marquées EEE , que l’on tient fermées dans le tems que la fumée arfenicale eft reçue : Æ7 montre la coupe de cette cheminée ; les cuvriers ont la précaution de fe mettre un linge devant le nez & la bouche lorf- qu'ils vont balayer cette poudre arfenicale, qui eft une poifon très-fubtile. Quand on a recueilli Parfenic qui s’étoit amaffé dans la cheminée qui vient d’être décrite, on porte cette poudre dans un autre attelier repréfenté au bas de la même Planche, Là on a un fourneau, que l’on verra dans cette Planche aux lettres 4 & B ; C CC font des capfules de tôle ou de fer , dans lef- quelles on met l’arfenic en poudre , on place au- deflus de ces capfules ou écuelles des tuyaux de tôle où de fer mince battu, marqués D DD ; on — A ee Ta ES - œouvre ces tuyaux avec des calottes de fer Æ, qui les ferment bien exaétement , alors on fait aller le feu , & larfenic fe fublime & s’attache dans linté- rieur de la calote fous la forme d’une mañle de verre blanc & tranfparènt , c’eft-là ce qu’on appelle arfenic cryftallin. Quand on veut faire de l’arfenic jaune ou de l’orpiment faëtice , on joint à Parfenic en poudre en- viron un dixieme de foufre , que l’on mêle bien exaétement avec lui, & l’on fublime ce mélange qui forme une mafle opaque & jaune , qui n’eft jamais d’une combinaifon aufñli parfaite que celle de lorpi- ment naturel. Si on veut avoir de l’arfenic rouge, on augmente la dofe de foufre, & l’on en mêle un cinquieme avec l’arfenic en poudre pour le faire fu- blimer. Mais pour que la combinaïfon du foufre & de l’arfenic fe faffe plus intimement , il fera bon de faire fondre de nouveau ce qui fe fera fublimé, alors l’arfenic rouge deviendra tranfparent comme un rubis. On voit par-là que larfenic a la propriété de fe combiner avec le foufre ; il a aufli celle de fe com- biner avec les métaux. Si on le joint avec du cui- ve, 1l formera un alliage blanc comme de l'argent, mais 1] rend le cuivre aigre &c caffant , & cet alliage noircit à l’air ; l’arfenic rend l’or & l’argent très- caflant , mais il a fur-tout beaucoup de difpoñtion à s'unir avec le fer ; il s’'unit auffi avec le plomb, mais 1l ne s’unit point avec le mercure, L’arfenic fondu avec le foufre & le régule d’antimoine fait une mafñle vitrifiée , que l’on nomme aimant d'arft- ric ou rragnes arfenicalis , on lui donne auffi le nom de Zapis pyrmiefon ou lapis de tribus. Pour le faire, on fond enfemble parties égales d’arfenic jaune ou d’orpiment, & d’antimoine crud qui contiennent l’un & l’autre du foufre. On prétend que la mañle vitreufe qui réfulte de cette opération, eft propre à décom- , pofer ou à déttuire les métaux. Cet aimant d’arfenic eft un puiffant efcarotique , 1l fait entrer en fuppu- rarion les bubons peftilentiels & empêche leur pro- pagation , il entre dans l’emplâtre magnétique. M. Meuder, médecin de Drefde , a fait un py- rophore en fublimant enfemble parties égales d’ar- fenic & de limaille de fer, & en mêlant dix parties de ce fublimé avec douze parties de vitriol de lune, c’eft-à-dire avec le fel qui réfulte de la combinai- {on de l'argent avec l’acide mitreux ; on triture ce mélange fur un porphyre , & on l’échauffe fur un poêle ou de quelqu’autre maniere , & il s’enflamme fur le champ. Voyez la Pyritologie de Henckel, cha- pitre x. Pour eflayer fi une fubftance contient de l’arfe- Nic, 1l n’y aura qu’à la mettre dans une cornue de terre au fourneau de réverbere ; on donnera le feu par degrés, & il paflera dans le récipient des fleurs ou une poudre blanche qui n’eft autre chofe qu'une chaux d’arfenic ; on trouvera dans le cul de la cor- nue une poudre grife, qui eft une chaux d’arfenic qui n’eft point encore entierement privée de fon phlogiftique ; enfin on y trouve aufñ du régule d’arfenic en forme de cryflaux prifmatiques , dont les angles font arrondis. À La chaux d’arfenic eft extrèmement volatile, elle fe fublime à une chaleur médiocre | & forme des cryftaux. qui font folubles dans l’eau. Pour réduire la chaux d’arfenic &c lui rendre l'état de régule , on n’aura qu'à mêler enfemble parties égales de chaux d’arfemic & de favon noir, & la moitié d’alkali fixe, on mettra le tout dans un creufet fermé d’un cou- vercle, au nulieu duquel il y aura un petit trou , on lutera bien ée couvercle avec de la terre glaife, le régule d’arfenic fe fublimera fur le couvercle du creufet. * Quand on veut effayer une mine d’arfenic dans Tome XI, ORP Gé: ün Vaifléau ouvert , on lui joint de la limaille de fer pour fervir d’intermede ; alors larfenic S’unit au fer, & il réfifte au feu le plus violent fans fe vola: tilifer. to. Pour féparer le foufre de l’arfénic dans l'orpiment, on n'a que le triturér avec du mercure, & enfuite on met ce mélange en fublimation , l’'arfenic fe levé tout feul , 8 le foufre uni avec le mercure fe fu: blime enfuite, & forme du cinnabre au-deffous dé larfenic qui s’étoit fublimé. Le répule d’arfenic détoné avec le nitre , il unit avec la bafe de ce fel, & forme ce qu’on appelle l’arfenic fixé. Dans cette détonation , le ritre fé gonfle ; &c il en part une flamme claire & très- blanche , mais la chaux d’arfenic ne détone & né s’embrafe point avec le nitre. Si l’on broie enfem- ble deux parties de chaux d'arfenic & une partié de nitte dans un mortier de verre on de marbre, & qu'on mette Ce mélange en diftillation dans une cor: nue de terre on de grais, à laquelle on adäptera un ballon, on aura un acide nitréux dé couleur bleue, dont les vapeurs briferoient les vaifleaux avec explofion, fi les jointures étoient bien bouchées, Cette couleur bleue difparoît très-promptement à l'air. Le célebre Sthal croit qu’elle eft dûe à mne portion de cobalt, qui étoit uni à Parfenic. Il s’agi- roit d’obferver fi la même chofe arriveroit avec de l'arfenic qui n’auroit été uni avec aucune portion de cobalt, comme il y en beaucoup ; & M. Rouelle, à qui ces obfervations font dûes, remarque avec raïon que la couleur bleue peut auffi venir du fer &t du cuivre. L’arfenic combiné avec l’acide du fel marin fot- me ce qu'on appelle Ze beurre d’arfenic ; c'eft une liqueur extrèmement volatile , & qui fe diffipe à Pair fous la forme d’une fumée : il faut pour cela que l'acide du fel marin foit très-concentré. En mêlant enfemble deux parties de chaux vive, & une partie d’orpiment, & en verfant par-deflus cinq ou fix parties d’eau bouillante, il fe fait une effervefcence ; lorfqu’elle fera finie, on remuera le mélange, on le laiflera repofer, on décantera en- fuite la liqueur claire qui furnagera , & l’on aura ce qu'on appelle Ze foie de foufre arjtnical, ou l'encre de Jympathte, La vapeur feule de cette liqueur fait pa- roitre en noir les caraéteres qui ont été tracésavec une diflolution de felde Saturne. Cette liqueur s’ap- pelle aufli Zquor vini probatorius, parce qu’elle peut fervir à découvrir fi du vin a été frelaté ou adouci avec de la hitharge ou avec du plomb; car en y ver fant de cette encre de fympathie, le vin noircira fur le champ pour peu qu’il contienne de plomb. L’orpiment mêlé avec de la chaux vive eftun dé: pilatoire, c’eft-à-dire, que ce mélange fait tomber les poils du corps ; maisil faut avoir loin de ne pas le laïffer féjourner trop long-tems, de peur qu'il n’endommage la peau. Nous avons déja fufifamment averti que l’arfenie, fous quelque forme qu'il fe trouve, eft un poifon très-vif ; fa grande volatilité fait que l’on ne doit jamais le traiter qu'avec la plus grande précaution ; & l’on doit toujours fe défier même de fon ufage ex- térieur. Les Peintres qui employent l’orpimenr en font fouvent très-incommodés, Quelques gens avoient propofé une préparation d’arfénic comme un reme- de extérieur pour la guérifon du cancer; mais M. Rouelle rejette cet ie comme dangereux. Rien n'eft donc plus téméraire que de donner fous quel- que prétexte que ce foit, l’arfénic intérieurement : la moindre quantité eft infiniment dangereufe, En effet, c’eft un violent corrofif d’un goùûr acerbe & auftere ; ceux qui ent été empoifonnés par de l’arfé: niç, éprouvent d’abord de srandes envies de vos PPppyi 666 OR P mir, 8 fentent une efpece d’étranglement à la gor- - ge; enfuite le malade eff agité ; 1] vomit avec effort; puis il tombe dans un fommeil, qui eft fuivi de vio- lentes convulfons, &c qui terminent enfin fa vie. En ouvrant les cadavres de ceux qui font morts em- poifonnés par l’arfenic, on leur trouve l’eftomac fphacélé & cautérifé. Il faudra faire avaler du lait chaud au malade, l’arfenic le caille, & on le rend en cailleaux; à ce figne on reconnoitra que le malade a été empoifon- né par de l’arfenic. Pour y remédier, s’il en eft en- core tems, il faudra faire vomir le malade en lui donnant un peu de tartre émétique avec de lhuile, du beurre fondu , ou telle matiere grafle que l’on aura fous {a main, ou même du fuif, pour ne point perdre de tems; enfuite on lui donnera des £mul- fions pour varier & pour prévenir lé dégoñt que caufent les matieres grafles : 1l eft très-important de ne pas laïfler dormir le malade qui y eft fort enclin. Lorfqu’on a employé le lait, 1l faut fur la fin de l’a- tion du poifon faire donner des lavemens pour faire {ortir des inteftins le lait qui s’y fera caillé. Lorfque tous les accidens auront difparu , on donnera au ma- lade des calmans & des infufñons legéres de plantes cordiales. Telle eft, fuivant M. Rouelle , la ma- niere de traitér ceux qui ont pris de l’arfenic. C’eft à cette fubflance dangereufe qu’eft dûe la phthifie, & ces éxulcérations des poumons qui font périr à la fleur de l’âge les ouvriers qui travaillent aux mines, fur-tout en Saxe où elles font très-arfé- nicales. Parmi eux un homme de trente-cinq ou qua- tante ans eft déja dans la décrépitude; ce qui doit être furtout attribué aux nunes qu'ils détachent avec le cifeau & le maillet, & qu'ils refpirent per- pétuellement par le nez & par la bouche ; il paroît que fi dans ces mirés on faifoit plus d’ufage de la poudre à canon pour détacher le minerai, les jours de ces malheureux ouvriers ne feroient point fi indi- gnement prodigués. (—) ORPIN , {. m. amacampferos, ( Hiff. nat. Bo.) genre de plante quireflemble à la joubarde par la fleur & par le fruit; mais l'orpir pouifé des tiges dès w'il eft germé, au lieu que les feuilles de la jou- barde font raflemblées en globules qui reffemblent à des yeux de bœuf. Tournefort , Znf£. rei herb, Voyez PLANTE. | Il y a treize efpeces de ce genre de plante, dont la plus commune eft nommée par les Botaniftes ana- campferos, J. R. H. 264. Cette plante a la racine formée de tubercules charnus & blancs; fes tiges font droites , cylindriques, folides , partagées enra- meaux, hautes d’une ou de deux palmes, revétues de beaucoup de feuilles droites ; charnues , épaif- fes, fucculentes ; plus longues que celles du pour- pier, de couleur d'un verd-pâle, fouvent mêlées d’un peu de rouge, le plus fouvent crenelées à leur bord , quoiïqu’elles foient quelquefois entieres. Ses fleurs naïflent aux fommets des tiges en gros bouquets , difpofées en mamiere de parafol ; elles font en rofe à cinq pétales, de couleur rongeûtre, &c aflez fouvent blanchâtre, garnies.de plufieurs étamines. Du calice de la fleur il s’éleve un piftil qui fe change en un fruit compofé comme de cinq capfules, en maniere de gaines, ramaflées en une tête remplie de graines très-menues. L’orpin reflemble à la joubarde par fa fleur, fon fruit, & fes feuilles, qui font épaifles & fucculen- tes: On l’en diflingue cependant, parce qu'aufli-tôt qu’elle pouffe, elle monte en tige, au lieu que les feuilles de la joubarde fe ramaflent .en des globules qui reffemblent à des yeux de bœuf, L’erpin croît dans les heux ombrageux 8 humi- des, fur-tout le long des haies. On fait ufage de fes racines & de fes feuilles. ( Z ) ORS OnRpin, (Mar. Méd.) reprile, graffette, jou- barbe des vignes , cette plante n’eft employée qu’ex- térieurement ; elle eft comptée parmi les vuinérai- res calmans &z rafraichiffans. Etant pilée, réduite en cataplafme , & appliquée fur les tumeurs & fur les hémorrhoïdes très-douloureufes, elle pafle pour cal- mer efficacement les douleurs. On recommande auffi dans le même cas les racines cuites & réduites avec du beurre frais à la confiftence d’onguent. On garde dans quelques boutiques une eau diftil- lée de cette plante; cette eau eft de la clafle des parfaitement inutiles. Voyez EAU DIS TILLÉE. L'orpin entre dans l’eau vulnéraire , &c en eftun ingrédient fort inutile. (b) ORPIN-ROSE , ( Mar. méd,) on n’emploie que la racine de cette plante qui a l'odeur & le goût de rofe , & qui eft céphalique & aftringente. On l’em- ploie quelquefois dans les décotlions aftringentes ; on la pile & on la fait bouillir avec l’eau rofe ou de verveine, & on l’applique fur le front pour gué- rir les maux de tête qui viennent de coups de foleil. Geoffroi, Mar. méd. Suppofé que ce dernier remede poflede vérita- blement quelque vertu, ilferoit beaucoup meilleur fans doute, fi au lieu de la décotion dont on parle, on n’employoit que la macération ou linfufion ; car il n’eft pas bien de foumettre à Pébullition une ra- cine aromatique & une eau aromatique. Voyez DÉ- COCTION , INFUSION , & ODORANT , principe. (.b) ORRUS , ( Boran. ) nom donné par plufieurs an- ciens au pin cultivé, parce qu'il eft rempli de féve. Le premier auteur qui a nommé cet arbre orrus, eft Théophrafte; & en cela il n’a pas feulement été imité par les autres grecs, mais aufh par les La- tins. (D. J.) ORSE , ( Marine, } c’eftun terme de levant, pour dire bas bord , ou la gauche. Orfe, terme de commandement parmi les Levan- tins, pour dire ax af, quand on a befoin de ferrer êc de teur le vent. Ù | Orjfér, c’eft aller contre le vent, aller à vent con traire pär le moyen des rames. Ces termes ne font en ufage que parmi les navigateurs provençaux. re » { f. ( Teinr. ) l’orfeclle eft une pâte molle, d’unrouge foncé, qui étant fimplement dé- layée dans Peau chaude, fournit un grand nombre de nuances : il y en a de deux fortes ; l’une fe fa- brique en Auvergne; elle eft la moins belle, & fe nomme orfeille de terre ou d'Auvergne ; l’autre qui eft la plus belle, fe tire des îles Canaries , ou de celles du cap-Verd ; on la nomme orfér!le d'herbe. Elle eft préférable à celle d'Auvergne en ce qu’elle donne tant fur la laine que fur la foie, une couleur beaucoup plus belle & plus vive, réfifte mieux aux épreuves du débouill, contient plus de matiere co- lorante , & foifonne davantage. L’orfeille d'Auvergne, qu'on nomme auff perelle, fe fait avec une efpece de lichen ou moufle très- commune fur les rochers de cette province; celle des Canaries eft le Zchez grœcus polypoides, unélo= rius , faxatilis , ou le fucus verrucofus tinélorius de J. Bauhin. L'une &c l’autre de ces plantes fe préparent avec la chaux & l’urine fermentée, avec lefquelles on les mêle après les avoir pulvérifées : ce mélange prend au bout de quelque tems , par la fermenta- tion, une couleur rouge foncée, &z pour lors elle eft en état de fervir à la teinture. D’autres lichens ou moufles, peuvent être employés auffi avec fuc- cès à faire de l’orféille, & M. Hellot enfeigne les moyens de reconnoître facilement ceux qui font propres à cet ufage. L'une & l’autre orfeille s’'employent enles délayant dans de l’eau tiede; on augmente enfuite la chaleur jufqu'à ce que le bain foit prêt à bouillir, & on y plonge l’étoife, fans autre préparation que d’y te- mir plus long-temns celle à laquelle on veut donner une nuance plus foncée. La couleur naturelle de Vorfeille eft un beau gris-de lin tirant fur le violet ; mais en donnant précédemment à l’étofe une cou- leur bleue plus ou moins foncée , on entire la cou- leur de penfée, d’amaranthe, de violet, & de quel- ques autres femblables. Ces couleurs font belles, mais elles n’ont aucune folidité; on tenteroit même inutilement de les aflurer, en préparant l’étoffe dans le bouillon detartre & d’alun. Il eft vrai qu’on peut tirer de l’orfeille une couleur prefqu’aufi folide que celles du bon teint, en l’employant comme on fait la cochenille, avec la diflolution d’étain par lefprit de nitre régalifé; mais cette couleur ne fera plus celle de Porféslle ; au lieu du gris-de-lin, on aura une couleur femblable à la demi-écarlate ; la chaux d’é- tain, blanche par elle-même, s’eft mêlée avec la matiere colorante, & en a éclairci la nuance. L’orfeille des Canaries fimplement délayée dans l’eau, & appliquée à froïd fur le marbre blanc, lui communique une belle couleur bleue plus ou moins foncée, en la laiffant plus ou moins de tems fur le marbre, & en yen remettantà mefure qu'elle fe fèche ; la couleur devient très-belle en moins de 24 heures, 8 pénetre très-avant. Si l’on fe fert de l’orfézlle d’herbe ou des Canaries préparée à l'ordinaire, c’eft-à-dire avec la chaux & l'urine , ou quelques autres ingrédiens femblables, la couleur fera plutôt violette que bleue ; mais pour avoir un vrai bleu , il faut qu'elle foit préparée avec au jus de citron, & il n’y a point à craindre que cet acide endommage le marbre , parce qu'il eft entie- rement émouflé & abforbé , lorfqu'il a été travaillé avec l’orfeslle aflez long-tems pour la faire venir en couleur. Pour employer cette couleur , il faut que le mar- bre foit entierement froid ; on la met avec le pin- ceau ; mais comme elle s'étend beaucoup, on ne _ la peur employer qu’à faire de grandes veines qui ne font pas bien exaftement terminées, à-moins qu'elles ne rouchent immédiatement des parties co- lorées avec le fang de dragon ou la gomme gutte; auquel cas elle s’arrête. On la contient aufli avec la cire, foit colorée, fi l’on veut les veines colo- rées; foit blanches , fi l’on veut que les veines de- meurent blanches ; ce quife peut exécuter avec aflez de précifion. Sicette couleur a l'inconvénient de s'étendre plus qu'on ne veut, elle a deux avantages très-confdé- rables ; le premier eft qu’elle eft d’une grande beau- té, & même au-deflus de tout ce qui fe peut ren- contrer naturellement dans le marbre; l’autre eft qu'on peut là pafler fur les veines de rouge, de brun, & de jaune, fans qu’elle les endommage, & qu’amnf elle eft extrèmement facile à employer. Il femble qu’on pourroit foupçohner cette couleur de n'être pas des plus folides, parce que le tournefol & l’orfeille changent fort vite, & pâliflent à l'air; cependant M. du Fay a vu des morceaux de marbre teints dela forte depuis plus de deux ans, fans qu'ils ayent fouffert aucune altération fenfble; au lieu que le fafran , le roucou, & quelques autres matieres, perdoient en pen de jours une grande partie de leur couleur; d’où l’on peut conclure, que fi cette tein- : turemeft pas aufñ folide que le rouge & le jaune; elle ne-laiffera pas de conferver fort long-tems fa beauté 8e {on éclat. M. du Fay fait encore une obfervation., c’eft que cette couleur qui pénetre extraordinairement le marbre, & quelquefois de plus d’un pouce, le rend un peuplus tendre & plus friable qu'il n’étoit aupa- ravant , lorfqw'on fe fert dela leflive de: chaux & O'RT 667 d'urine. Cet inconvénient ne mérité aticuine atténe tion, lorfqu’on ne veut faire que des taches où quel- ques veines bleues; mais fi l’on vouloit teindre toute une table de cette couleur, & la retidre ex trèmement foncée, en y remettant plufieurs cou- ches, 1lferoit à craindre qu’on ne la rendit par-là plus facile à rompre en la chargeant ; car il femble à l'expérience que le marbre extrèmement pénétré de cette teinture, fe cafle plus facilement qu’aupa- ravant : mais cela ne peut arriver dans des pieces folides , comme des cheminées, ou lorfqu’on ne voudra pas les teindre entierement de cette cou- leur , ou lorfqu’on n’employera que l’orféi/le fimple- ment difloute avec l’eau commune. (2. J. ) ORSOY , ( Géog. ) petite ville d'Allemagne au pays de Cleves, fur le Rhin, au-deflus de Rhin- berg , à diffance prefque égale de Wefel & de Duisbourg , & au nord du comté de Meure. Leprin- ce d'Orange la prit en 1634 ; Philippe de France la reprit en 1672, & enfin démolit les fortifications. Elle appartient au roi de Prufle. Long. 24. 19, lar. 1.28, | ORSSA , ( Géog. ) ville de Pologne, dansle grand duché de Lithuante , au palatinat de Witespk, fur un ruufleau, proche le Niéper. Long. 49. 8.lar. 48360 D: 75h | ORT , cerme de Douane ; peer ort, fignifie pefer les marchandifes avec les emballages. Le tarif de 1664, & lordonnance des cinq grofles fermes de 1684, portent que toutes marchandifes qui payent les droits aux poids, à la referve de celles d’or & d'argent, & des épiceries , feront pefées avec leur emballage. ORTA-JAMI , (Hi/f£. mod.) c’eft une mofquée ou un oratoire dans le quartier des janiflaires à Conf- tantinople , où1ls vont faire leurs prieres; c’eft auf däns cet endroit qu'ils complotent pour fe révolter, & faire de ces féditions fonvent fi funeftes aux ful- tans. Voyez Cantemir, H1ff, ottomane. ORTEZ , (Géog.) petite ville de France en Béarn, fur le Gave de Pau, à 7 lieues au-deflous de Pau, au penchant d’une colline : lilluftre Jeanne d’Albrer, reine de Navarre, fonda dans cette ville, en faveur des proteftans, une univerfité qui a fubffté jufqu’au regne de Louis XIV. Long. 16, 34. lar, 43. 30. (D.I.ÿ +. ORTEILS, {. m. ( Anar, ) eft le nom que l’on donne aux doigts du pié. Voyez Pré. Les orteils de chaque pié font compofés de qua- torze os ; le gros orterl en ayant deux, &e les autres chacun trois. Cesos reffemblent à ceux des doigts de la main, finon qu'ils font plus courts. oye Do1cr. Les orteils , de même que les doigts de la main, ont douze os fefamoides. Voyez SESAMOÏDEs. La goute attaque principalement le gros orteil, Voyez GOUTTE. (L) ORTHIENNE oz ORTHIA , (Mychol. ) furnom de Diane, qui avoit un temple à Lacédémone. Il eft vraiflemblable qu’elle eut ce furnom, à caufe de fa févérité; car les Grecs appelloient cpl , tout ce qui eft dur , fâcheux & difhcile ; on fait que les en- fans deLacédémone fe fouettoient quelquefois cruel- lement fans fe plaindre, dévant l'autel de cette déef fe, mais on y faifoit aufhi des danfes ; car Plutar- que rapporte que Théfée devintamoureux d’Hélene en la voyant danfer avec les autres filles de Spar te devant l’autel de Diane Orchia, 6 que ce fut après cette danfe qu’elle fut enlevée pour la pre- miere fois. Cette belle créature l’emportoit ençote fur toutes fes compagnespar fes graces fupérieures, dans les exercices du corps. (2. 7.) M ORTHOCERATITE,, f.f, (Æif£. rar.) nom don- né par les naturaliftes à une coquille, dont l’analo. -gue vivant nous eftinconnu, ou quine fe trouve que 668 ORTF fofile on pétrifiée ; on le nomme auf subulus conca: meratus polythalamium , où tuyau chambré ; elle eft droite , d’une figure conique, fans fpirales , &t fon intérieur eft partagé en cellules ou chambres, com- me celles de la corne d’Ammon ou du Nautile, au travers defquelles pafle un fyphon ou tuyau. Quél- quefois, mais rarement fa pointe eftrecourbée. Cet-. te coquille fe trouve dans un marbre brun des envi- rons de Berlin; on en trouve aufli dans un marbre nouvellement découvert en Provence. Wallerius compte trois efpeces d’orrhoceratites : 1°. Celles qui font toutes droites, reéfi ; 2°. celles qui font recourbées à leur fommet qu'on nomme lituites , parce qu'ils reflemblent à une croffe ou ba- ton paftoral ; 3°. celles qui font applaties ou com- primées, comme la queue d’une écrévifle, compref- fis. Voyez MINÉRALOGIE , com. II. (—). ORTHODORON , f. m. (Mefur. anc.) ophédwpor , mefure grecque qui formoit la longueur de onze tra- vers de doigt, fuivant Arbuthnot. (D.J.) ORTHODOXE , adj. (Gram.) celui qui fe con- forme aux décifñons de l’églife. Voyez ORT H O- DOXE. ORTHODOXE Botanifle, (Botan.) Linnæus ap- pelle Botanifles orthodoxes , les feuls écrivains {yfté- matiques qui ont formé leurs méthodes en botani- que , fur les vrais fondemens de la nature, & qui en conféquence ont partagé les plantes en claffes ét en genres, conformément aux caracteres de leurs parties de fruétification. (D. J.) ORTHODOXIE, f. f. ( Thecol.) pureté de doc- trine ou de croyance , par rapport aux points & | articles defoi; ce mot eft formé du grec oplos, droir, & d'oËs , opinion OU Jugement. On fe fert de ce terme par oppoñtion à hérérodo- œie ou héréfre. Voyez HÉRÉSIE. ORTHODOXIE fignifie auffi une fête folemnelle de l’églife grecque , inftituée par l’impératrice Théo- dore ; on la célebre encore aujourd’hui le premier dimanche de carême, en mémoire du rétabliffement des images dans les églifes, que les Iconoclaftes en avoient fait enlever. Voyez ICONOCLASTES. ORTHODOXOGRAPHE , f. f. (Gram.) auteur quia écrit fur les dogmes catholiques & fur les ou- vrages de cette claffe d'écrivains. ORTHODROMIQUE, f. f. (Navigar.) eft l’art de naviger dans l’arc de quelque grand cercle: l'arc de chaque grand cercle eft cp>cdpouie , c’eft-à-dire, la diftance la plus courte entre deux points quel- conques fur la furface de la terre. Ce mot eft formé des deux mots grecs opèce, droit, & Jtuo, je cours. Voyez; NAVIGATION CIRCULAI- RE au mot NAVIGATION ; au refte ce mot eft peu ufité, & l’art qu’il exprime left encore moins. (O) ORTHOGONAL , adj. (Géom.) fe dit de ce qui eft perpendiculaire ou à angles droits ; ainfi une courbe qui a des coordonnées orrhogonales , eft une courbe dont les abfciffes & les ordonnées font en- tr’elles desangles droits. Joyez ABSCISSE, ORDON- NÉ & COURSE. (0) | ORTHOGONAL fignifie auff, er Géométrie, la même chofe que redangle | ou qui a des angles droits. Voyez RECTANGLE. | Quand ce mot fe rapporte à une figure plane 51 fignitie qu'un des côtés de la figure eft fuppofé per- pendiculaire à l’autre. Quand on l’applique aux fo- lides , il fignifie que leur axe eft fuppofé perpendi- culaire à l’horifon. Chambers. (0) ORTHOGRAPHE, f. f. ce mot eft grec d’origi- ne : éphoypagle , de l’adjeëtif cpôcs, reëlus , & du ver- be ypa0e , fcribo ou pingo. Ce nom par fa valeur éty- mologique , fignifie donc peinture ou repréfensation réguliere. Dans le langage des Grammairiens, qui fe font approprié ce terme ; c’eft ou la repréfenta- tion réguliere de la parole, on l’art de repréfenter régulierement la parole. Il ne peut y avoir qu’un feul fyftème de principes pour peindre la parole , qui foit le meilleur & le véritable ; ca 1l y auroït trop d’inconvéniens à trou. ver bons tous ceux que l’on peut imaginer. Cepen- dant on donne également le nom d’orshographe à tous les fyffèmes d'écriture que différens auteurs ont publiés ; & l’on dit l’erchographe de Dubois, de Meigret , de Pelletier , de Ramus , de Rambaud, de Lefciache , de Lartigaunt , de l’abbé de Saint-Pierre , de M. du Marfais, de M. Duclos, de M. de Voltai. re, 6c. pour défipner les fyftèmes particuliers qué ces écrivains ont publiés ou fuivis. C’eft que la régularité indiquée par l’étymologie du mot, n’eft autre chofe que celle qui fuit néceffairement de tout corps fyffématique de principes , qui réunit tous les cas pareils fous la même loi. Auffi n’honore-t-on point du rom d'orthographe , la maniere d'écrire des gens non inftruits, qui fé rapprochent tant qu'ils peuvent de la valeur alpha- bétique des lettres; qui s’en écartent en quelque cas, lorfqu'ils fe rappellent la manieré dont ils ont vü écrire quelques mots ; qui n’ont & ne peuvent avoir aucun égard aux différentes manieres d'écrire qui réfultent de la différence des genres , des nombres, des perfonnes , & autres accidens grammaticaux ; en un mot, qui n'ont aucun principe ftable, & qui donnent tout au hafard : on dit fimplement qu’ils ne favent pas l’orchographe ; qu'ils n’ont point d’ortogra- phe ; qu'il n’y en a point dans leurs écrits. Si tout fyftème d'orthographe n’eft pas admiffible s'il en eft un qui mérite {ur tous les autres une pré- férence exclufive ; feroit-1l poffible d’en affigner ici le fondement , & d'indiquer les carateres qui le rendent reconnoiffable ? Une langue eft la totalité des ufages propres à une nation pour exprimer les penfées par la voix. C’eft la notion la plus précife &c la plus vraie que l’on puifle donner des languës, parce que l’ufage feul en eft le légiflateur naturel, néceflaire & ex- clufif. Voyez LANGUE , au comm, D'où vient cette néceflité, de ne reconnoître dans les langues que les décifions de lufage ? C’eft qu’on ne parle que pour être entendu ; que l’on ne peut être entendu , qu’en employant les fignes dont la fignification eft connue de ceux pour qui on les emploie ; qu'y ayant une néceflité indifpenfable d'employer les mêmes fignes pour tous ceux avec qui l’on a les mêmes liaifons , afin de ne pas être furchargé par le srand nombre, ou embarraffé par la diftinétion qu’il faudroit en fai- re ; il eft également néceffaire d’ufer des fignes con- nus & autorifés par la multitude ; & que pour y parvenir , il n’y a pas d’autre moyen que d’em- ployer ceux qu'emploie la multitude elle-même, c'eft-à-dire , ceux qui font autorifés par l’ufage. Tout ce qui a la fnême fin & la même univerfa- lité, doit avoir le même fondement, & l'écriture eft dans ce cas. C’eft un autre moyen de communi- quer fes penfées , par la peinture des fons ufuels qui en conftituent l’expreflion orale. La penfée étant purement intelleétuelle , ne peut être repréfentée pat aucun figne matériel ou fenfble qui en foit le type naturel : elle ne peut l’être que par des fignes conventionnels, & la convention ne peut être auto- rifée ni connue que par l’ufage. Les produétions de la voix ne pouvant être que du reffort de louie, ne peuvent pareillement être repréfentées par aucune des chofes qui reflortiffent au tribunal des autres fens, à moins d’une convention qui établiffe entre les élémens de la voix & certaines figures vifbles, par exemple, la relation néceffaire pour fonder cet- te fignification. Or, cette convention eft de même OR T hatuté que la premiere c’eft l'ufage qui doit Pautc: rifer & la faire connoiîtré, * ETES Îl y aura peut-être desarticles de cetté coñven< tion qui auroient ph être plus généraux, plus ana- logues à d’autres articles antécédens , plus aifés à fair, plus faciles & plus fimples à exécuter. Qu'im- porte? Vôus devez vous conformer aux décifions de lufage , quelque capricieufes & quelque incon-, féquentes qu’elles puiflent vous paroiître. Vous pou: vez, fans Contredit, propoier vos projets en refor- me, {ur-tout fi vous avez foin en en démontrant les avantages, de ménager néanmoins avec refpet l’au- torité de l’ufage national, & de foumettre vos idées à ce qu'il lui plaira d'en ordonner : tout ce qui eft raïfonné &£ qui peut étendre la fphere des idées, foit en en propotant de neuves, foit en donnant aux anciennes des combinaifons nouvelles, doit être re- gardé comme louable & reçu avec reconnoiflance. Mais fi l’'empreffement de voir votre fyflème éxé- cuté , vous fait abandonner l’oréhographe ufuelle pour la vôtre ; je crains bien que vous ne coutiez les rifques d’être cenfuré par le grand nombre, Vous imitez celui qui viendroit vous parler une langue que vous n’entendriez pas, fous prétexte qu’elle eit plus parfaite que celle que vous entendez. Que fe- riez-vous ? Vous ririez d’abord ; puis vous lui diriez qu’une langue que vous n’entendez pas n’a pour . vous nulle perfe@tion , parce que rien n’eft parfait, qu'autant qu'il remplit bien fa deftination, Appli- quez-vous cetre réponfe ; c’eftla même chofe en fait d'orthographe. ; c’eit pour les yeux un fyftème de fi- gnes repréfentatifs de la parole, & ce fyflème ne peut avoir pour la nation qu'il concerne aucune perfeétion , qu'autant qu'il fera autorifé 8 connu par l’ufage national , parce que la perfection des fi- gnes dépend de là connoiffance de leur fignification. Nul particulier ne doit fe flatter d'opérer fubite- ment une révolution dans les chofes qui intéreffent toute une grande focièté, fur-tout fi ces chofes ont une éxiftence permanente ; & il ne doit pas plus fe promettre d’altérer le cours des variations des cho- fes dont l’exiilence eft paflagere & dépendante de la multitude. Or , l’expreflion de la penfée pas la voix eft néceffairement variable, parce qu’elle eft paflagere , & que par-là elle fixe moins les traces fenfbles qu'elle peut mettre dans Pimagination: ver- ba volant. Au contraire , l’expreflion de la parole par l'écriture eft permanente, parce qu’elle offre aux yeux une image durable, que l’on fe reprétente auff fouvent & auffi long-tems qu'on Le juge à-propos, & qui par conféquent fait dans limagination des traces plus profondes ; & fcripta manent. C’eit donc une prétention chimérique , que de vouloir mener l’écriture parallelement avec la parole ; c’eft vou- loir pervertir la nature des choies , donner de la mobilité à celles qui font effentiellement perma- nentes , & de la ftabilité à celles qui font eflentiel- lement changeantes & variables. Devons-nous nous plaindre de l’incompatibilité des natures des deux chofes qui ont d’ailleurs en- tr’elles d’autres relations fi intimes ? Applaudiflons- nous au contraire, des avantages réels qui en réful- tent. S1 l'orthographe eft moins fujetre que la voix à fubir des changemens de forme , elle devient par- là même dépoñtaire & témoin de l’ancienne pro- nonciation des mots; elle facilite ainf la connoif- fance des étymologies, dont on a demontré ailleurs l'importance. Voyez ÉTYMOLOGIE. » Ainf , dit M. le Préfident de Brofles , lors mê- » me qu'on ne retrouve plus rien dans le fon, on # retrouve tout dans la figure avec un peu d’exa- »# men..... Exemple. Si je dis que le mot françois » fccau vient du latin fgxl/um , l'identité de fignif- # cation me porte d’abord à croiré que je dis vrai; 5 l'oreille ditontrairés medoit faire tiger que je » dis faux, n’y ayant-aucuneé réflemiblance entre » lé fon/fo que nous prononçons & le latin /éprlatrs » Entré ces deux juges qui font d'opinion contrais » re, jé fais que le préfnier éft le: meilleur que je 5 puiffé avoir en paréillé matiere , pourvir qu'il » {oit appuyé d’aileufs ; car il ñe prouveroit rien »# feul:t Confultons donc la figure , & fichant qué » l'ancienne terntinaifon fränçoifé en e! 4 été rés » Cemmént changée en ea4 dans plufieurs termes", » que l’on difoit /ce/, au héu de /cezz , & que cette ÿ terminaifon ancienne s’eft même confervéé dans » les compofés du mot que j’examine , puifqué l’on » dit convre-fcel & non pas contre-fceau ; je retrouve » alors dans le latin & dans le françois là même fuis » te de confonnes où d’articulation + /g/ en ldtin, » Jil'en françois , prouvent que les mêmes ‘organes » ont agi dans le même ordre En formant les deux » mots : par Où je vois qué J'ai eu raïfon de déféref » à l'identité du fens, pluçôt qu’à la contrariété de3 »# fons ». Ce raifonnemetit étymologique me paroît d’aus tant mieux fondé & d'autant plus propre à -deveni£ univerfel, que l'on doit ‘regarder les articulations comme la partie effénrielle des langues, & les cons fonnes comme Jà partie effentielle de leur orthogras . phe. Une articulation diffère d’une autre par un mous vement différent du même organe , ou par le mous vement dunautre organe; cela eft difin@ &diftincs tif : mais un {on differe à-peine d’un autre, parcé que cet toujours une fimple émiffion de Pair par Fouverture de la bouche, variée à lasvérité felon lés circonftances; mais ces variations font fi peu marquées, qu'elles ne peuvent opérer que des dif= tinéions fort légeres. DeIà le mot de #achrer dans fon gloffaire germanique: præf. ad Germ. $.'X. nor. ke linguas a dialectis Jic diflinguo, ut differentia linguarum Jet a confonantibus , dialkéo/um à vocalibus. De-là aufl l’ancienne maniere d’écrire des Hébreux , des Chaldéens , des Syriens , dés Samaritains, qui ne peignoient guére que les confonnes, & qui fem bloient ainf abandonner au gré du leéteur le choix des fons $r des voyelles ; ce quia occafonné le fyf2 tème des points maflorétiques, & depuis, le fyftè- me beaucoüp plus fimple de Mafclef. On pourroit augmenter cet arricle dé plufienrs au= tres obfervations aufli concluantes pour l’orrhogras phe ufuelle & contre le néographifme : mais il fuf= fit, ce me femble , enrenvoyant aux arceles NÉO- GRAPHE 6 NÉOGRAPHISME, d’avertir que l’on peut trouver de fort bonnes chofes fur cetre matiere dans les grammaires françoifes de M. l’abbé Régnier & du pere Bufñer. Le premier rapporte hiftoriquement les efforts fucceflifs des néopraphes françois pendant deux fiecles, & met dans un figrand jour l’inutilité, le ridicule & les inconvéniens de leurs fyftèmes, que l’on fent bien qu'il n’y a de für & de raifonna- ble que celui de l'orthographe ufuelle : sraité de l'or thogr. pag. 71. Lefecond difcute, avecune impaitia= Bité louable & avec beaucoup de jufteffe, les raitons pour & contre les droits de l’ufage en fait d’orthogra. phe; & en permettant aux novateurs de courir rous les rifques du néographifme, ilindique avec aflez de: circonfpeéhon les cas où les écrivains fages peuvent äbandonner l’ufage ancien, pour fe contormer à un autre plus approchant de la prononciation : 7°.185, 209. Le traité dogmatique de l’orshographe peut fe divi- fer en deux parties : la /exicographie , dont l’ofiice eft de fixer les caraéteres élémentaires & profodi- quesqui doivent repréfenter les motsconfidérés dans leur état primitif, & avant qu'ils entrent dans l’en- femble de Pélocution ; & la /ogographie, dont of: fice eft de déterminer Les caraéteres élémentaires qui 670 ORTS doivent marquer les relations des mots, dans en- #emble de l’énonciation ,-8c les ponétuations qui, doivent: défigner les..différens degrés de la dépen- ‘dance mutuelle dés fens particuliers, nécefaires à intégrité d’un difcours.-Voyez GRAMMAIRE. Si l'on trouvoit la chofe plus commode, on pour: roit divifer cé.même traité en trois parties « la pre- miere.expoferoit l'ufage des caraéteres élémentairês ou des Jettres, tant par rapport à la partie princi- pale du matériel des mots..que par rapport aux va- iations qu'y introduifent les diverfes relations qu'ils peuvent avoir dans la phrafe; la feconde explique- soit l’'ufage des caraéteres profodiques ; & la troifieme -établiroit les principes fi délicats, mais fi fenfibles de la poñnttuation. | | * La premiere de ces deux formes me paroît plus propre à faciliter le coup. d'œil, philofophique fur : l'empire grammatical : c’eft comme la. carte delaré- gionorthographique , réduite à la même échelle que celle de la région orthologique ; c’eft pourquoi l’on ena fait ufage dans le tableau général que l’on a “donné.de la Grammaire enfon lieu. La feconde forme me femble en effet plus conve- ‘nable pour le détail des principes de l’orshographe ; les divifions en font plus diftinétes, & le danger des redites ou de la confufon y eft moins à craindre. -C’eft une carte détaillée; on peut en changer l’é- ‘chelle : il n’eft pas queftion ici de voir les relations extérieures de cette région, il ne s’agit qued’en con- noître les. relations intérieures, L'Encyclopédie ne doit fe.charger d’aucun détail propre à quelque langue que ce foit en particulier , füt-ce même à la nôtre. Ainfi l’on ne doit pas s’atten-- dre à trouver ici un traité de l’orchographe françoife. Cependant on peut trouver dans les différens vo- -lumes de cet ouvrage les principaux matériaux qui doivent yentrer. Sur les lettres, on peut confulter les arsic/es AL- PHABET , CARACTERES , LETTRES , VOYELLES, CONSONNES, INITIAL, &. fur-tout les arsicles de chaque letire en particulier. Ajoutez-y ce qui peut fe trouver de relatif à l’orrhographe fous les mots GENRE , NOMBRE, PERSONNE, &c. Sur les caraéteres profodiques, on peut confulter les articles ATCENT , APOSTROPHE , CÉDILLE , Division, & furtout PROSODIQUE. Sur les ponétuations , comme la chofe eft com- : mune à toutes les langues, on trouvera à l'arsicle PONCTUATION tout.ce qui peut convenir à cette partie. ( B.E.R. M.) ORTHOGRAPHIE , £. f. ( Perfpeët. ) fe dit de Part de repréfenter la partie antérieure d’un objet , comme la façade d’un bâtiment , en marquant les hauteurs &cles élévations de chaque partie par des hi- ones perpendiculaires au tableau. Ce mor vient du grec cp9cc, droit , 8t jpage, Je décris, parce que dans l’orthographie chaque chofe fe marque pardes lignes tiréespérpendiculairement, ou plutôt parce que toutes les lignes horifontales y font droites & paralleles, & non obliques comme dans la perfpeétive. Chambers, (E ) ORTHOGRAPHIE, er Architecture, eft le plan ou le deffein d’un bâtiment, qui en montre toutes les parties dans leurs véritables proportions. ILy a orthographie externe & orthographie interne. L’orthographie externe , qu’on appelle auffñ é/éva- sion , eft le deflein de.la face où du frontifpice d’un bâtiment , lequel préfente fon principal mur, avec {es otivertures , fon toit , fes ornemens , & tout ce qu'on peut appercevoir.étant placé vis-à-vis du bà- timent. L'orthographie interne, qu'on appelle auffi coupe ou fédion , eft le plan ou'le deffein d’un bâtiment , tel qu'il paroîtroit. fi toute la partie du frontifpice étoit Ôtée ; c’eft.proprement cequ’on appelle le p/az, où 3 enterme de l’art, l’ichrographie. Voyez IcHNOGRA= PHIE, | SEEN ES | Pour décrirel’orhographie externe d’un bâtiment , tirez une ligne 4 B pour bafe (PL. Perfp. fo. 1 3.) & à l'undesboutsélevéz la perpendiculairé 42. Sur 2, marquez les largeuts & les intervalles dés portes ; des fenêtres, 6:c. fur la ligne droite:4 D ; marquez la hauteur des principales parties vifibles dans la face du bâtiment, par exemple; les portes, les fenêtres, le toit , les cheminées, &c. & ‘appliquez la regle à chaque point de divifion. Les interfeétions commu- nes des lignes droiïtes, paralleles aux lignes 4 B & À D , détermineront l’orthographie externe du bâti= ment. Pour décrire l’or’hographie interne , on procé: déra de lamêmemaniere. L'intérieur de la figure 13 repréfente l’orthographie interne , ou ichnographie , qu'on appelle autrement plan ; & les chiffres qu’on y voit expriment la longueur & ia largeur des diffé= rentes pieces. Ces longueurs & largeurs font rappor- tées fur leslignes AB, 4D , par des lignes ponc= tuées. Voyez PERSPECTIVE. Chambers. : ORTHOGRAPHIE, 62 cerme de Fortificarion , eft le deffein de la coupe d’un ouvrage’, faité verticale- ment ou du haut en-bas. Il fert à faire connoître les : hauteurs, les largéuts des ouvrages , lépaifleur des Murs , la profondeur des foffés , &c. Foyez PROFIL. 0) | ORTHOGRAPHIQUE, (Af. ) projeétion orko- graphique de la fphere, eff la repréfentation des dif: férens points de la furface de la fphere , fur un plan quila conpe par fon milieu, en fuppofant l'oeil à une diftance infinie, & dans une ligne verticale au plan qui fépare les deux hémifpheres ; c’eft-à-dire, en fuppofant que chaque point de la furface de la fphere fe projette fur le plan dont il s’agit par une hgneper- pendiculaire à ce plan. On appelle cette proje@tion, orthographique, parce que les lignes de projeétion , menées des points de la furface fphérique fur le plan de projeétion , tom- bent toutes au-dedans de ce même plan, & que tou- tes ces lignes font avec le plan de projeétion des an- oles droits : car le mot orchographique vient des deux MOTS grecs » oo, droit, Èt ypaow, je décris. Voyez PROJECTION. ORTHOGRAPHIQUE , adj. ( Perfpeit. )fe dit de tout ce qui a rapport à l’orthographie ; ainfi on dit repréfentation orthographique , projettion orthogra- phique, c’eft-à-dire, celle qui fe fait par des lignes menées de l’objet perpendiculairement au tableau. Voyez ORTHOGRAPHIE 6 PROJECTION. _ ORTHOLOGIE, £. f. Ce mor eft l’un de ceux que l'on a cru devoir rifquer dans le profpeüns géné- ral que l’on a donné de a Grammaire, fous le 7208 GRAMMAIRE : on y a expliqué celui-ci par fonéty- mologie, pour juftifier Le fens qu’on y a attaché. La Grammaire confidere la parole dans deux états,” ou comme prononcée ou comme écrite:voilà unmo- tif bien naturel de divifer en deux clafles le corps en- tier desobfervationsgrammaticales. Toutes celles qui concernent la parole prononcée font de la premiere clafle, à laquelle on peut donner le nom d’Orrkolo- gie, parce que c’eft elle qui apprend tout ce qui appartient à l’art de parler. Toutes celles qui regar- dent la paroleécritetont de la fécondeclafle, qui eff de tout tems appellée Orthographe , parce que c’eft elle qui apprend Part d'écrire, RC: On peut voir ( ar. GRAMMAIRE ) les premieres divifions de l’Orchologie, & en fuivant les renvois qui y font indiqués, defcendre à toutes les fous-di- vifñons. Mais cequ’on a dit dn traité de l’Ortographe (arr. ORTHOGRAPHE ), on peut le dire ici de POr- chologie. La maniere dela traiter qui a été expolée dansle profpetus général de la Grammaire , étoirplus + nf, 21 propre ORT propre à faire émbraffer d'un coup d’œil tonte lé: tendue des vües grammaticales , qu'à les expoler en détail : &t peut-être que les principes dogmatiques s’accommoderont plutôt de la divifion que j'ai indi- quée au 01 MÉTHODE , en efquiffant les livres élé- mentaires qu'exige celle que J'y expofe. ( M. E. Rs) que. | ORTHON , ( Géog.) grande riviere d’Afie dans la Tartaïie, Elle a fa fource dans le pays des Mon- gules, vers les 454, 46”. de latirndé, & court du Sud- Sud-Eft au Nord-Nord-Oueft. Elle vient enfuite fe jetter dans la Selinga , à $oû, de latitude, C’elt fur fes bords qué le kam des Kalcka Mongules fait or- dinairement fon féjour. C’eft encore aux environs de cette riviere que le kutuchta , ou grand-prêtre des Mongules de l'Oueft, fe tient à-préfent. Il étoit au- trefois accoutumé de camper vers Norzinskoi & aux bords de la riviere d’Amur; mais depuis que les Ruf fes fe font établis en ces quartiers , il ne pañle plus en-deçà de Selingiskoi. C’eft aux environs de la ri. viere d'Orchon , & même vers la Selinga du côté de Selingiskoi | qu'on trouve abondamment la rhu- barbe : & tout ce que la Ruffie en fournit aux pays étrangers Vient des environs de cette ville. Comme cette racine eft fort eftimée en Europe, le tréfor de la Sibérie n’a pas manqué de s'emparer de ce com- merce qui pourroit être fort avantageux à la Ruffe s'il étoit fidelement admuniftré, Gar la rhubarbe croît en fi grande abondance dans le territoire de Se- Hnoiskoi , qu'on dit que le tréfar de Sibérie en vend jufqu'à dix mille livres à la fois. ( D. J: ORTHOPNÉE , f.f.( Médec.) refpiration courte ; laborieufe, bruyante , laquelle ne fe peut faire que la têre &c le rho-ax élevés. Ces attaques font diffé: rentes les unes des autres & périodiques. Le motorthopnea, cpfomvoux , orthopnée , vient de opdos, droit ou élevé, &t de vw, refpirer ; en effet , c’eft une maladie dans laquelle on eit obligé d’avoir le cou dans une fituation droite & élevé pour refpi- rer. La néceflité de cette pofture vient de la grande difficulté de la refpiration : danstoute autre fituation, le malade rifqueroit d’être fuffoqué. | Cette difficulté de refpirer a pour eaufe ordinairé l’étroitefle des poumons & de leurs vaifleaux , occa: fionnée par une inflammation, ou par quelque hu- meur contenuedans les cavités de ce vifcere. Galien dit, comm. II. in Prorekt. qu'Hippocrate & tous les autres Médecins entendent par l'orshopnée , cette efpece de dyfpnée dans laquelle les malades fe fen- tent fuffloqués ; lorfqu'’ils font couchés à plat, & ne peuventtoutefois {e tenir la poitrine élevée, fans avoir quelque appui fous leur dos. La trachée ar- tere, continuetil, qui commence au larynx, & qui fe diftribue dans les poumons, fe dilate ainfique le cou, lorfque la poitrine eft dans une pofture éle- . vée. Toutesfes branches difperfées dans la fubftance des poumons, partagent en même tems cette dilata- tion, &c la capacité intérieure de ce vifcere en eft néceflarrement augmentée, | r De-là vient quil y a dans la péripieumonie, & dans toutes les affeétions nommées affhmariques , une orthopnée. Elie arrive aufñi néceflairement dans l’ef- quinancie violente , & lorfquie les mufcles internes | du larynx, étant enflammés , gênent le paffage de la refpiration. Dans cette maladie, l’étroitefle des parties étant augmentée par la fituation horifontale, la refpiration fe fait avec plus de peine. Galien expliquant, comm. IF. in Lib. dé ratione vit. im acut, ce qu'Hippocrate entend par orchopnée fèche, dit que c’eft une forte de dyfpnée danslaqueile le malade ne touffe ni ne crache, mais refpire avec tant de peine , qu’il rifqueroit d’être fuffequé sil étoit couché horifontalement. Nous lifons , 48. V1I. ÆEpid. que la fœur d'Harpalide, grofle de quatre ou Tome XT, ad ORT 6 cinq mois, fat tourmentée d’une toux féche , d’une orthopnée, & de tems à autre d’une fuffocation f dan: gereufe, qu'elle étoit obligée de fe tenir toûjours affife fur fon lit, & de dormit dans cette pofture ; que cette indifpofition dura environ deux mois , au bout deiquels elle guérit Bar des crachats d’uné grande quantité de matiere cuite & blanchâtre ; & qu'elle fut dans la faite heuretfetnent délivrée d’une CES | , … L'orthopnée peut naître de toute maladie capable d’affeéter quelque partie de la poitrine, fur-tout lé cœur, les groffes arteres , & les poumons. Entre ces maladies ; on peut compter l'inflammation dit poumén, les tubercules, les vomiques ; les diffé- rentes matieres polypeufes, plâtreufes , pituitetfes ; Purulentes, toute tumeur inflammatoire ; éréfipé- lateufe ; fuppurante, skirrhenf ; dans le larynx y dans les poumons ; dans la poittine, l’adhérence des poumoris avec la plevre, &c. Ces caufes notables fe manifeflent feülernent dans la diffeétioh des cada: vres ; on tâchera néanmoins pendant la vie d’adou- cir les maux de ce genre, dont l’orrhopnée réfulté infdilliblement. # : Îl arrive quelqüefoïis que dans les maladies aiguës ÿ putrides, varioleufes, fcarlatines , l'orthovnée an: rionce tine crife ; alors il faut aider la refpiration par la fagnéé , par une abondante boiffon astiphlooïfti que, par là dérivation de la matiere qui lefe la ref piratuon: ; , ; fe : L'orthopnée quiprocede d’une furabondancé d’hui: meurs Vilqueufes, pituireufes , cacochyimes , fcor2' buriques, &c, exige l’évacuation de ces. humeurs ; & leuf corre@tion par lés réfineux , les balfamiques ; & les peétoraux appropriés. ris Quand l'orchopnee vient par métaftafe dansle rhuts matifme, la goutté arthritique , les maladies de la peau, la fuopreffion de quelqu'humeur morbifique ; 1l s’agit de procurer la dérivation aux parties ordinai. res , ou former des émonétoires artificiels: | L'orthopnée qui doit fa naiffance à la fympathié dans les niaux de nerfs , dans la paflion hyfiérique & hypocondriaque ; requiert qu’on appaife les fpaf mes, & qu'on facilite la refpiration par: les ano: dins , lesnervins, & les adouciffans. CD: NT): cu ORTHOSIADE , (Géog. anc: ): ancienne villé de Phénicie fituée au bord de la mer, vis-A-vis de Pile d'Arade , pas loin de Tripoli. Ilen eff fait men- tion au Ziv. des Machabées, c: xv. ÿ. 35 & 87 Strabon , Pline & Ptolomée parlent d’un autre O7s thofade ; qui étoit tine ville d’Afie dans la Carie. CDaT. 30 kr nos. À ORTEUS ,. ( Mythol. ) voilà le nom du chier fidele de Géryon tué par: Hercule. 11 falloit qué ce chien en valüt plufeurs à tous égards , pui£ qu'Héfiode n’a, pas dédaigné de rapporter fort au long fa généalogie &c fa parenté. [1 étoit fils de Cerbere , ce cruel gardien des enfers , &.. de l’ef: froyable hydre deLerne, Tous trois étoient nés de Typhon, le plus impétueux des vents, & d'E- chidne, nymphe monftrueufe ; moitié femme & moitié vipere. Héfode nous conte, en de très-beaux Vers, toutes ces fornettes. Que veut-il donc nous apprendre per cette abfurde fon ? Je l’ignore, & ce n’eft pas à le chercher que je me caffetai la tête. ORTI , € Géog. ) ville d'Italie dans le patrimoine de S. Pierre ; avec un évêché fufragant du pape ; & uni à celui de Citta-Caftellana, Élle eft près du Tibre, à 34 milles de Rome; 9 de Citta-Caftel: laria, & à 14 de Viterbe. On croit que c’eft L’Hor tahum de Pline. Long. 30.2. lat. 42.22. (D.7.) ORTIE, #rrica, {. f. ( Hifl, nat. Bor, ) genrede plante à fleur fans pérales ; & compofée d’étamines F foutenues par un calice ; cette fleur eft ftérile. Les QQEg 672 ORT embryons naïflent fur des individus qui ne pot: tent point de fleurs , & ils deviennent dans la fuite chacun une capfule compofée de deux pieces qui renferme une femence. Dans quelques efpeces les capfules font réunies en forme de boucle ; enfin il y en a d’autres dont les embryons deviennent un fruit qui reflemble à une pince entre les branches, de laquelle on trouve une femence. Tournefort, infi. rei herb. Voyez PLANTE. (1) ORTIE-MORTE, lamium, Genre de plante à fleur monopétale, labiée , dont la levre fupérieure eft en forme de cuilliere , & l’inférieure en forme de cœur, & divifée en deux parties; elles aboutif- fent toutes les deux à une forte de gorge frangée. Le piftil fort du calice qui eft fait en tuyau &c partagé en cinq parties. Il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , & entouré de quatre embryons. Ils deviennent dans la fuite autant de femences triangulaires , renfermées dans une çapiule qui a fervi de calice à la fleur. Tour- nefort, 2nf£. rei herb. Voyez PLANTE. Entre les orties mortes connues des Botaniftes fous le nom de /amium, il y en a quatre efpeces em- ployées dans les bontiques ; favoir , la blanche, la rouge, la jaune & la puante. L’ortie morte à fleur blanche, Zerium vulgare al. bum ; Jève archangelica flore albo , J.R, H. 183, a fes. racines nombreufes & fibreufes. Elle s’étend beaucoup par un grand nombre de rejettons qui rampent. obliquement fur terre , prefque comme la mente, Ses tises font hautes d’un pied ou d’une coudée,, quarrées , groffles , cependant foibles , creufes, un peu vélues , branchues , &t entrecon- pées de quelquess nœuds , purpurins vers la terre dans les lieux expofés au foleil. Ses feuilles font deux à deux & oppofées, fem- blables à celles de l’orrie commune ; mais celles du haut des tiges font couvertes d’un duvet court , 8e non piquant. Ses fleurs naïflent des nœuds 8 par anneaux au- tour des tiges; elles font aflez grandes, d'une feule piece, en gueule, blanches, & plus pâles en de- hors que jaunes. La levre fupérieureou le. caf- que eft creufé en maniere de cuillere garme de poils , renfermant en dedans quatre petites éta- mines, deux plus longues, & deux plus courtes. La levre inférieure eft échancrée en cœur; elles font terminées l’une & l’autre en maniere de gorge, bordée d’un feuillet. 4 Les fommets des étamines font bordés de noir, & répréfentent en quelque forte un 8 de chiffre. Leur piftil eft un filet fourchu placé entre les éta- mines ; il s’éleve du fond du calice, & eft attaché à la partie poftérieure ten maniere’ de clou. Le calice eft ample, évafé:en tuyau , cannelé , par- tagé en cinq fegmens, oblongs , étroits, termunés par cinq petites épines pointues , mais qui ne font ‘point de mal. Le piftil eft accompagné au fond du calice de quatre embryons, qui fe changent enfuite en autant de graines angulaires, unies enfemble , cachées dans une capfule qui fervoit de calice à ‘Ja fleur. L'odenr de cette plante eft un peu forte ; on la trouve-le long des haies, des chemins, des mu- tailles, dans les décombres , les buiflons, & aflez ‘dans les jardins quine font pas bien cultivés. + © L’ortie morte à fleur rouge , ou à fleur purpurine , ‘Jamium folio oblongo ) Jiore purpureo, J. KR. H. 163, -ne différe de la précédente que par fa couleur pur- “purine. A dite De Ü« L'ortie morte à fleur jaune; lamium luteum , folio “oblongo , C. B. P. 231. Galeopfis , five urtica iners | | + flore lureo, I. RUH-1853,a {es fleurs d’une feule ipiece en gueule ‘8 jaunes, qu pré ! L’oftie morte puante , eft nommée pat Tournefort , lamium purpureum fætidum , folio Jubrotundo , five galeopfis diofcoridis , J. R. H. 183. Sa racine eff menue , fbreufe , non rempante ; fes tiges font nom breufes , quarrées, creufes , prefque lifles , affez hautes, branchues près la terre , enfuite garntes d'une ou de deux paires de feuilles, prefques nues. vers le fommet, & hautes d’un demi-pié. Ses fleurs font au fommet des branches en grand nombre, & par anneaux, d’une feule piece en gueule, peti- tes, purpurines , aÿant la levre inférieure marquée de taches d’un noir foncé. Les calices des fleurs font courts, évafés , can- nelés, fans pédicules, partagés en cinq parties ; ils contiennent dans leur fond quatre graines oblon- gues ; triangulaires , brunes & lufantes quand elles font mûres. Ses feuilles reMemblent à celles de l’ortie , mais elles font plus petites & plus cour- tes, molles, crénelées à leur bord ; portées fur des queues d’un demi pouce. Toute cette plante a une odeur fétide & défagréable ; elle vient dans les haies & fur les mafures, dans les, décombres 8 dans les lieux incultes des jardins. (D. J.) ORTIE MORTE , ( Mar. méd.) ortie blanche ; ortie qui ne pique point. Les Médecins modernes recommandent cette plante pour les fleurs blanches, les maladies du poumon, les tumeurs & les dure- tés de la rate, & {ur-tout pour arrêter les hémor- rhagies de la matrice, & pour confolider les playes. L'expérience journaliere fait voir que ces vertus {ont en effet très-réelles, quant aux fleurs blanches & aux pertes des femmes. On fait macérer fes fommités fleuries dans de l’eau bouillante en guife de thé, & on donne un ou deux verres de cette in- fufñion deux ou trois fois le jour. On en fait des bouillons ; où bien ‘on fait une conferve de fes feuilles, dont on prend une once tous les jours. © L’ortie morte à fleurs rouges ne differe de la pré- cédente que par la couleur de fes fleurs. On dit qn’elle eft utile: comme la précédente ; mais elle eft moins employée, L'ortie morte puante eft auf quelquefois fubftituée aux deux autres, mais rare ment. On èn recommande d’ailleurs la décoétion contre la diffenterie. On dit encore qu’étant pilée & appliquée extérieurement , elle eft propre à dif fiper toutes fortes de tumeurs , & même à appaifer les inflammations , déterger les ulceres putrides ; & faire cicatrifer les playes. Geoffroi, mar. méd. C’eft encore ici une des mille plantes exaltées par tous les Botaniftes, & que perfonne n’emploie, (3) | | ORTIE PIQUANTE, ( Botan.) Entre les neuf efpeces d’ortie piquant: que ditmgne M. de Tour- nefort , il nous convient de décrire ici la grande, la petite, & la romaine ou la grecque. La grande ortie piquante où l’ore commune , en anglois the common flinging-nettle , eftnommée wrtica urens maxima, C..B. P.232.J.R. H. 534 Uriica vulgaris major, J. B.3. 445. Rau kiff, 160. Sa racine eft menue, fibrée , ferpentante au loin; de couleur jaunâtre. Elle pouffe des tiges à la hauteur dé trois piés , quarrées ; cannelées , trouées , couvertes d’un poil piquant, creutes, ra- meufes , revêtues de feuilles oppofées deux à deux , oblongues, larges, pointues, dentelées en leuxs bords, garnies de poils fort piquans & brülans , attachées à des queues un peu longues. $es fleurs naiflent aux fommités des tiges 8c des rameaux dans les aiflelles des feuilles, difpofées engrappes bran- chues , compofées chacune de plufieurs étamines foutenues par an calice à quatre feuilles de couteur ‘herbeufe; ces fleurs ne laifiant aucune graine aprés elles. | | Ainfi l'on difliggue comme dans Le chanvre, les ORT orties en mâle &r en femelle. L’orie mâle porte fut des piés qui ne fleuriffent point , des capfules poin- | tues , formées en fer de pique , brulantes au tou- cher, qui contiennent chacune une femence ovale applatie , lnifante. L’oriie femelle ne porte que des fleurs, & ne produit aucun fruit ; ce qui eft une maniere de parler ufitée feulement chez le vulgaire: car les Botaniftes appellentpropréent fleurs miles celles qui ne font point fuivies de graines , &r leurs femelles celles qui en font fuivies. Cette plante croît prefque par-tout en abondan- ce , particuliérement aux lieux incultes &c fablo- neux, dans les hayes, dans les foffés, conire les murailles , dans les bois mêmes & dans les jardins; élle fleurit en Juin, & la graine mürit en Juillet _@ Août. Ses feuilles fe flétriffent ordinairement tous les ans en hiver; mais {a racine ne périt point, & repouffe de nouvelles feuilles dès le premier prin- tems. On fait ufage en médecine de fes racines, de fes feuilles & de fes femences. On peut auf faire de la toile de fes tiges, comme l’on en fait de celles de chanvre. L’ortie commune varie quelque- ‘fois pour la couleur de fes tiges , de fes racines & de fes feuilles ; on l’appelle alors orties rouge, ortie Jaune Ou pañacheée. La petite ortie, ou l’orrie griefche , eft nommée urtica urens minor , pat C.B. P. 232, & par Tour- nefort. Zaft. R H. $3$. Sa racine eft fimple, aflez grofle, blanche , garme de petites fibres, annuelle. Elle pouffe des tiges hautes d’un demi pié, affez groffes , quarrées ,dures, cannelées , rameufes, pi- quantes, moins droites que celle de la précédente. Ses feuilles naiflent oppolées deux à deux , plus courtes & plus obtufes que celles de la grande ortte, profondément dentelées le long des bords, fort bru- lantes au toucher , d’un verd-brun enfoncé , atta- chées à de longues queues. Ses fleurs font à éta- mines difpofées par petites grappes en forme de croix dans les aiïflelles des feuilles , de couleur herbeufe, les unes mâles ou ffériles, les autres fe- melles ou flériles, toutes fur le même pied. Lor{- que ces dernieres font pañlées , 1l leur fuccede de petites caplules formées à deux feuillets appliqués l'un contre l’autre, qui enveloppent chacune une femence menue , oblongue , applatie , luifante, roufsâtre. Cette plante croit fréquemment le long des maifons, parmi Les décombres des bâumens, dans les jardins potagers, où elle fe renouvelle tous les ans de graine, ne pouvant endurer la ri- gueur de l’hiver. L’herbe eft fur-tout d’ufage en Mé- decine. L’ortie romaine , autrement l’ortie grecque, ou V’ortie mâle , eft nommée wrtica urens , pilulas fe- rens , prima Diofcoridis , fémine lint, par C. B: P. 232, & par Tournefort, J. À. A. ÿ35. Ses feuilles font larges, pointues , profondément dentelées en leur bord, couvertes d'un poil rude , brillant & brûlant. Ses fleurs naiflent des aiflelles des feuilles vers les fommités de la tige & des branches, fem- blables à celles desdeuxefpeces précédentes. Quand ces fleurs font pafñlées, il leur fuccede des globules ou pilules vertes, qui font autant de petits fruits ronds gros comme des pois, tout hériffés de pi- quan, attachés à de longs pédicules , compolés de plufieurs capfules qui s’ouvrenten deux parties, & renferment chacune une femence ovale, porn- tues, applatie , life , gliflante & douce au toucher comme de la graine de lin. Cette plante croît aux pays froids, comme aux pays chauds , dans les hayes , dans les prés, dans les bois tailks & om- brageux , eft plus rare que les deux autres, & on {a feme pour le plaifir dans les jardins ; elle fleurit en été , & fa graine mûrit en Juillet & Août; élle ne foutient point l'hiver , & périt tous les ans, Tome XI, "Se 673 Sa femence eft fur - fout en ufagé: ? Pai répété contmuellement , que les feuilles d'orties piquantes font chargées de pointes aiguë” qui pénetrent la peau quand on Îles touche , @T Caus tent de la chaleur, de la douleur & de l’enfluret Oncroyoit autrefois que ces fymptômes devoiene s’attribuer aux piquans qui reftoient dans la bleMurt qu'ils fafoient , mais Le mierofcope a découvere quelque ‘chofe de bien plus étonnant dans cettr plante. [montre que ces piquans font formés pou agir de la même maniere que les aiguillons des ani maux, En effet chacun de ces piquans eft un corps roide, creux, & terminé dansune pointe très-aipue » avec une ouverture à fon extrémité. Au fond dé cette pointe eit une vélicule pellucide contenant une liqueur hmpide , qui lors qu'on rouche le moins du monde , coule à l’extrémie ; & fi cette liqueur entre dans la peau, elle produit les accidens ci deflus mentionnés par la pointe de fes fels , de-là vient que les feuilles d’or, quand elles ont été un peu féches au foleil, ne piquent prefque point du tout. (D. J.) OKTIE, ( Méd. ) On emploie indifféremment en médecine trois efpeces d’orrie ; là grande orrie piquan- te; Ou otie commune ; [a petite ortie ou ortie grie- . SA l’ertle romaine , ortie grecque , ou orrie On croit que lorrie en latin rca; à été ainf nommée du mot latin wrere, bruler , parce que cette plante eft courte, d’un poil fin , aigu & roide, qui étant appliquée à la peau fait éprouver un fentiment de brulure, & excite en effet de la chaleur, de la rougeur , de la démangeaifon & des puftules. Ces accidens font paflagers , & on peut les adoucir chez ceux qui font très-délicats ou très-impatiens, en frottant legerement la partie avec del’huile d'olive , d’autres difent le fuc de tabac , une feuille d’orrie pilée , ou le fuc exprimé de la même plante; mais ce) dernier fecours a quelque chofe de myftérieux d’occulie, capable d’ébranier la confiance des per- fonnes raifonnables , & celles qui font verfées dans ces matières peuvent conjeäurer avec vraiflem- blance qu'un iuc purement extra@tif quelconque feroit ici tout aufli-bien que le fuc d’orrie. Au refte cet effet de l'orsie appliquée à la peau , a été procuré à defléin par les anciens Médecins & par quelques modernes, & mis au rang des reflources théra= peutques ou des remedes. Ce fecours ef connu dans l’art fous le nom d’urticarion. Voyez URTI- CATION. Les feuilles & les racines d’orrie ont un gout fade , gluant & legérement fliptique. Le fuc de ces parties dépuré par le repos on à l’aide d’une courte ébullition , eft employé fort communément à la dofe de deux jufqu’à quatre onces dans le crachement de fang, l'hémorragie habituelle du nez &z le flux trop abondant des hémorrhoïdes, On le donne aufh pour les fleurs blanches, mais ordinai- rement avec beaucoup moins de fuccès, | L’infufon théiforme des feuilles d’orse eft d’ail- leursrecommandée contre le rhumatifme, la goutte, la gravelle, &c. & fa décottion pour boiffon ordi- naire pour les fievres malignes, la petite-verole & la rougeole ; fes feuilles pilées & réduires en cata- plafme, & appliquées fur le côté contre la pluréfie, Ge. mais tous ces éloges font peu confirmés par expérience , & l’orsie eft peu employée dans tous ces cas. On emploie auf quelquefois cette plante réduite fous forme de cataplafñe pour les afféétions inflam- matoires extérieures, & c’eft encore-là un fecours peu ufité. | La femence d’ortie qui eft peu ou point employée dans les prefcriptions magifirales , entre dans QQgaï 674 ORT quelques compoftions officinales , telles que le frop de guimauve compolé , longuent #artiatum , Étc. ORTIE PUANTE, (Boran. ) genre de plantenom- mée par Tournefort galeopfis. Voyez ce mo. Les deux principales efpeces de ce genre de plante , font la grande & la petite ortie puante. La grande ortie puante, galeops procerior , fœtida , Julcata , J. R, H. 185 , poufle une racine quirampe fur terre, & donne quelques fibres grêles qui fortent de fes nœuds. Ses tiges font hautes d’une coudée ou d’une coudée & demie, quarrées, velues, creufes, branchues. Ses feuilles font deux- à-deux , oppofées , un peu plüs larges que celles de la grande orsie ordinaire , pointues, couvertes d’un duvet mol, dentelées à leur bord , portées fur de longues queues, mêmes celles qui naiïflent des tiges. Ses fleurs naïflent à l'extrémité des ti- ges & des rameaux, difpofées par anneaux écar- tés, & forment des épis longs & grêles : elles font d’une feule piece , en gueule, purpurines ; [a levre fupérieure eft creufée en cuilleron , & marquée en-deflus de lignes blanches ; & linférieure eft partagée en:trois, dont le fegment du milieu eft obtus, long, large , réfléchi des deux côtés , és les deux autres font petits & courts. Les étami- nes font purpurines , & répandent une odeur fé- tide & forte. Le calice eft découpé en cinq par- ties , court, évafé ; il en fort un piftil attaché à la partie poftérieure de la fleur en maniere de clou , & comme accompagné de quatre embryons qui fe changent en autant de graines oblongues., d’une grandeur médiocre , noires quand elles font mûres , cachées dans le fond du calice. Toure cette plante a une odeur féuide & fort défagréable : elle eft d’ufage. Elle vient communément aux environs de Paris. Cette ortie a une odeur fétide de bitume, avec un goût d'herbe un peu falé & aftringent. On met cette plante au rang des vulnéraires, & on emploie l'huile dans laquelle on a macéré fes feuil- les & fes fleurs pour la brèlute. La petite ortie puante, galcopfis paluffris betonicæ folio, flore varsegato, J. R, H, 185, jette une ra- cine noueufe , rampante, inégale & boflelée, Ses tiges font hautes de deux ou trois coudées , un peu rougeâtres, velues , rudes, quarrées , creufes. Ses feuilles naïflent des nœuds , oppofées, étroites, pointues , velues , molles, traverfées en-deffous par une côte rougeatre, un peu rudes , dentelées à leurs bords, d’une odeur forte, d’une faveur un peu amere. Ses fleurs font difpoiées en épi & par anneaux , d’une feule piece, en gueule, purpuri- nes, ayant les lévres panachées : leur calice*eft court, partagé en cinq quartiers : les graines font au nombre de quatre , noires , luifantes , prefque triangulaires. Cette plante vient naturellement dans les forêts humides , & fur le bord des ruifleaux, _ Les feuilles de petite ortic puante font ameres & fétides ; leur fuc ne change prefque point le papier bleu : elle paroïflent contenir un fel eflentiel am- monical , enveloppé dans beaucoup d’huile. On donne à cette plante les mêmes vertus qu’à la pré- cédente. (D.J.) ORTIES DE MER , poiflons -fleurs , wrticæ , ( Hifi. nar. Ichtiolog. ) infeétes de mer dont il ÿ a un grand nombre d’efpeces qui different entr’elles par la forme, par la couleur & par la nature de leur fubitan- ce. Les anciens auteurs, tels qu'Arifiote, Pline, &c. prétendoient que la plüpart des orties de mer reftoient toujours attachées aux rochers , comme les plantes marines. M. de Réaumur a reconnu qu’elles avoient toutes un mouvement progrefhf. Il les a divifées en deux claffes; la premiere comprend toutes les efpe- ces d’orties qui reftent toujours appliquées contre les rochers ; la feconde clafle renferme les ersies erran- ORT tes, c’eft-à-dire , celles que l’on trouve flottantes. M. de Réaumur a donné à celles-ci le nom de ge/ée de mer. La plüpart des orcies de la premiere clafle, fe mouvent avec une telle lenteur, qu’on ne peut re- connoitre leur mouvement progrefif, qu’en mar. quant l’endroit où la partie de l’orrie la plus alon- gée eft à une certaine heure, & celui où, cette mê- me partie fe trouve quelque tems après ; elles par- courent à peine la longueur d’un pouce en une heure, Rondelet dit qu’on a donné à ces corps marins lenom d’orties , parce qu'ils caufent une démangeaifon cui- fante, & femblable à celle que l’on reffent quand on touche la plante qui porte le même nom. M. de Réaumur n’a pas éprouvé cet effet dans les efpeces d’orties de mer qu'il a eu occafon de voir fur les cô- tes du Poitou & d’Aunis. Il n’eft guere poffible de déterminer la figure de ces orties de mer , parce qu’elles changenttrès-fouvent de forme ; la figure extérieure de leur corps approche de celle d’un cône tronqué, dont la bafe eft appli- quée contre les rochers : cette bafe qui paroït fou- vent circulaire, eft aufh elliptique , ou de figure ir- réguliere ; quelquefois le cône eft perpendiculaire à fa bafe, & d’autresfois oblique. Sa hautenr dimi- nue ou augmente à mefuré que la bafe a plus ou moins d’étendue ; la furface fupérieure eff ordinai- rement convexe ; il y a au milieu de cette furface une ouverture que Porte rend plus ou moins grande à fa volonté : pour prendre une idée plus juflé de ce méchaniime , on peut comparer l’ortie à une bourfe à jettons ; elle fe ferme de même ; mais l’extérieur ne forme point de plis comme la bourfe, Plus l’ou- verture eft grande, & plus on voit de parties inté- rieures. Si l'ortie replie en-dehors la partie qui cor- refpond au contour d’une bourfe!, la furface inté- rieure fe trouve alors à l’extérieur , & l’on voit tou- tes les cornes de cet infeëte, qui reffemble dans cet état à une fleur épanouie, ce qui lui a fait donner le nom de poiffon-fleur. Les contours varient non- feulement dans les différentes efpeces d’orties de mer, mais encore dans les individus de la même efpece. Il yena de verdâtres, de blanchâtres, d’autres de couleur de rofe, ou d’un brun de différentes teintes. Il y a quelques orties dont tonte la furface eft d’une feule couleur ; d’autres ont plufieurs couleurs par taches ou par raies qui font diftribuées ou réguliere- ment, ouirrégulierement, Lesorties vertes ont or- dinairement une bande bleue qui a une ligne de lar- geur, & qui s'étend tout-autour de leur bafe. Les orties de mer paroïflent fenfibles lorfqu’on les tou- che. Elles fe nourriflent de la chair de petits poif- fons & de différens coquillages qu’elles font entrer tout entier dans l’ouverture dont nous avons parlé plus haut, & qu’elles élargiffent à mefure de la grof- feur du coquillage ; alors elles rétreciflent cette ouverture , & fucent l’animal de la coquille bi- valve ou autre ; enfuite elles rejettent la coquille par la même ouverture, Les orties font des animaux vivipares ; cat les petites fortent du corps de leur mere aufh-bien formées qu’elle. Les orties que M. de Réaumur appelle ge/ée de mer , différent à tous égards de celles dont nous ve- nons de parler ; elles font d’une fubftance très-mol- le, qui a ordinairement la couleur & toujours la confftance d’une vraie gelée : fi on en prend unmor- ceau avec les doigts, la chaleur feule de la main fufñit pour diffoudre cette fubftance , comme une _gelée de bouillon qu’on mettroit fur le feu. Ces ge- lées font de vrais animaux dontil y a plufeurs ef- peces très-différentes les unes des autres par leur . conformation, Les individus de la même efpece ont exattement la même figure : 1l y a de ces gelées qui font d’une couleur verdâtre , femblable à celle dela mer ; d’autres ont tout-au-tour de leur circonférence ORT une bande de deux ou trois lignes de largeur 8 dé couleur de pourpre ; enfin on en voit auffi qui. font verdâtres , & qui ont des taches brunes éparfes. Les orties errantes ont l’une des faces convexe, & Pautre concave à-peu-près comme un champignon. On diftingue fur la furface convexe une inhirité de grains ou de petits mamelons qui font de la même couleur que le refte de l’orsie, & onvoit fur l’autre furface des parties organifées. [l ÿ a un peu au-delà de fon-bord , qui eft mince & découpé, des cercles Concentriques , qui ne regnent cependant pas tout- au-tour de la circonférence. Les plus près du centre font divifésen feize arcs, & les extérieurs feulement en huit. Ces féparations {ont des efpeces de canaux, ou refervoirs toujours pleins d’eau. M, de Réaumurt a fait bouillir dans de l’eau une gelée de mer dont la bafe avoit plus de deux piés de diametre ; elle a con- fervé fa figure ; mais fon diametre n’étoit plus que d’un demi-pié ;{a fubftance étoit devenue plusfolide, Les gelées de mer jettées par les vagues fur la côte , n'ont plus de mouvement : les chocs qu’elles éprouvent contre les pierres & le fable fufhfent fans doute pour leur ôter la vie ; alors elles vont au fond de l’eau. Celles qui font vivantes fe foutiennent fur l’eau par un efpece de mouvement de contra@ion & de dilatation de leur corps. Eiles battent l’eau de tems en tems par le moyen de ces deux mouve- mens répétés alternativement , qui fuffit pour les empêcher d'aller au fond de l’eau. Mém. de l’acad, royale des Sciences , année 1710. par M, de Réaumur, ORTIE toile d’, (Comm. ) on appelle soile d’ortie , la toile qui eft faite de la flafle qui fe tire de cette plante ; elle eft un peu grifâtre , & l’on s’en fert le plus fouvent en éeru. | ORTIVE, adje&. f. ( cerme d’ Affronomie. )l’ampli- tude ortive ou orientale d'une étoile, eft l’arc de l’ho- rifon compris entre Le point où cette étoile fe leve, & le point eft de l'horifon , c’efl-à-dire , le point où l'horifon coupe l'équateur. Voyez AMPLITUDE 6 Horison. (0) | ORNTAU , ( Géog. ) pays d’Allemagne dans la Suabe, le long du Rhin qui le fépare de l’Alface, Il eft borné S. par le Brifgaw ; N, par Le margraviat de Bade ; E. par le duché de Wurtemberg : 1l contient trois villes impériales ; Offenbourg , Gegenbach & Zell. Il appartient en partie à la marfon d’Auiriche , en partie à l’évêque de Spire, & en partie au comte de Hanau. ORTOLAN , ortolanus {, m.(Æiff. nat. Ornithol.) oïfeau qui reflemble beaucoup à la bergeronneite. Le bec eft court & rougeâtre dans les mâles ; la gor- ge & la poitrine font cendrées ;toutle reite de la face inférieure de l’oifeau jufqu’à la queue eft roux. Les mâles ont la poitrine un peu rouflâtre ; le croupion a une couleur rouffe foncée: il y a une tache jaune fur le bec. La tête eft d’une couleur cendrée verdâtre. Les plumes du dos ont le mulieu noir , & les bords extérieurs rouflâtres ou d’un cendré verdâtre. L’ortolan differe du moineau à collier , en ce qu’il eft plus roux ; & en ce qu'il a une tache jaune {ur la gorge. [l nerefte pas, comme le moineau à collier , dans les endroits plantés de jonc, &c il n’a pas de collier. Raïi, Syzopf. meth, avium. Voyez O1SEAU.(1) ORTOLAN , (Diete E Cuif.ÿon ne mange ordinai- rement cet oifeau qu'après l’avoirengraiflé dans des volieres. Lorfqu'il ya été nourri un certain tems, il ne paroît plus qu’un petit peloton de graïfle. On le met rôti, ou après l’avoir fait tremper pendant une ou deux minutes, dans du bouillon ou du jus bouil- lant; car ileft fi délicat, que cette courte applica- tion d’une chaleur légere fuffit pour le cuire parfai- tement. On pourroit aufli facilement l’enfermer dans des coques d'œufs de poule bien réumies , Le cuire - dans Peau ou fous la cendre, & répéter à peu de OR V 675 | rais s une des magnificences de Trimalcioh, qui eff - un jeu de feftin aflez plaifant. On l’aflaifonne avec le fel, le poivre & le jus de citron : malgré ce cor- reêtit, 1! eft peu de perfonnes qui puiflent en manget une certaine quantité fans les trouver faftidieux : mais fi on n’en mange que deuxou trois , On les di=: gere communément aflez bien, c’eft-3-dire pourtant. les eflomacs accoutumés aux viandes délicates ; car l’orolan eft éminemment & exclufivement confacré aux fujets de cet ordre.Les manœuvres & les payfans : ne fauroient s’enaccommoder. 7. GRAISSE > Düetes,, On doit ranger avec l’ortolar.. dans le même ordre des fujets diérétiques, plufeurs autres petits oifeaux très-pras, que nous avons coutume de manger; tels que le bequefgue , le rouge-gorge , les meuriers de ” Gafcogne, la fauvette &c le rofügnol, qui font très- gras en automne , le guignard de Beauce, 6, (4) ORTONE, (Géog.anc.) Orrôv, ville du Latium ; _fituée au-delà.de l’Algidum , fort près de Corbion ; aux environs de Prénefte & de Labicum. C’eft au- jourd’hui Orrone-fur-mer, qui a été érigé en évêché, En 1570. par le pape Pie V. ORFUGUE , {. f. ( Comm. ) monnoie de Dane: marck, de la valeur de deux oboles. ORTYGIE, (Géog. anc, ) petite île fur la côte. orientale de Sicile , jointe à Syracufe par un pont, &c, à l’ambouchure de lAlphée, La fontaine d’Aréthufe l’arroloit. Virgile nous apprend toutes ces chofes + Sicanio pretenta finu jucet infula contra Plemrmyrium undojum , nomèn dixere priores Ortygiam. Alpheum fama ef? huc, Elidis amnem S Occulias egilfe vias fubter mare qui nune Ore, Arethifa , tuo ficulis confunditur ardis. Nurnine magna loci juffi veneramur. Æneid. Z, III, y, Go2, « Vis-à-vis des rochers de Plemmyre eft une » île que les premiers habitans de la Sicile ontnom- » me Ortygie. On dir que Le fleuve Alphée, qui ar- » rofe les champs d'Élide , amoureux de vous, ô » fontaine d’Aréthufe , fe fraie une route fecrete » fous la mer , &r fe rend dans l’Orsygie pour y mê- » ler fes eaux avec ies vôtres. Lorfque nous fumes » prés de cette ile, nous adreflâmes des vœux aux » divinités qu'on y revere », Ceite ile d’Orcygie fe nomme aujourd’hui 4e de Jan Marciano ; qui eft devant le port de Siragufa, On fait que l'ile de Délos eft quelquefois appel- lée Orcygie, à caufe de l'abondance des cailles qu'elle nourriioit. (D. J.) ORVALA , ( Botan. ) nom donné par Linnæus à un genre de plante, que Micheli appelle papie, En voici les carateres. Le calice particulier de la fleur eft en forme d’entonnoir évafé au fommet, tortu & partagé en cinq fepmens , dont les deux inférieurs tont plus courts que les autres. La fleur eft monopé= tale , & n'eft pas du genre des labiées. Le tuyau eff de la longueur du calice ; il eft droit, long & féparé en quatre parties. Les éramines font quatre filets de la longueur de la fleur. Les bofleites des étamines {ont au nombre de deux. Le germe du piftil eft divifé en quatre ; le file eft fimple , & de la même lon- gueur que Les étamines ; le ftygma eft fendu en deux, & pointu. Les grains font au nombre de quatre, & d'une forme ovale, coupée en maniere de rein. Linnæi gen. plant. p. 278, ORVALE, ( Boran. ) c’eft la principale efpece du genre des-felarées de Tournefort, & c’eft celle qu'il défigne fous le nom de /c/orea pratenfis , flore cæruleo. Sa racine eft unique, ligneufe , garnie de plufeurs fibres papillaires , brune , d’une faveur qui n’eft pas défagréable & qui échauffe le palais & la gorge, Sa tige eft haute de deux coudées , de la grofleur du petit doigt , quadrangulaire , velue, noueule, par- 676 OR V tagée en des rameaux conjugués &c en fautoir, rém- plie d’une moëlle blanche. Ses feuilles font deux-à- deux, oppofées, portées fur des longues queues ; elies font velues, ridées, gluantes, puantes , ova- laires , longues d’un empan, larges d’une palme ëc demie, amples à leur bafe, terminées en pointe , dentelées en quelque maniere , & crenelées tout- æu-tour. Ses fleurs fortent des aiflelles des feuilles. Elles {ont difpofées en longs épis , & comme par anneaux ‘d’une feule piece , en gueule, bleuâtres ; la levre fupérieure eft longue , coupée en feuille, & cache un piftil grêle, recourbé , un peu faillant , fourchu, accompagné de quatre enbryons, & de deux éta- ‘mines garnies de fommets oblongs; lalevreinférieu- re eft divifée en trois parties, dont celle du milieu eff creuféeen cueilleron. Le calice eft un godet , en tuyau cannelé , gluant, partagé en cinq petites pointes. Les embryons font cachés au fond du calice à l’origine du piitil ; ils fe changent en quatre grofles graines arrondies , con- vexes d’un côté, anguleufes de l’autre , de couleur rouffâtre , lifles & polies. Au fommet de chaque tige font deux feuilles op- pofées, d’une figure & d’une texture bien différente des feuilles inférieures ; car elles font petites, creu- Yes , larges à leur bafe, fans queue , terminées par “une pointe, &c d’une couleur purpurine. Cette plante a une odeur forte, puante & une faveur amere ; elle fe feme dans les jardins & dansles vergers. Elle eft toute d’ufage. (D. J.) ORVALE, ( Mar. médec, ) toute-bonne ; les feuil- les d’orvale ont une odeur qui approche de celle du citron, vive, pénétrante , qui porte à la tête, &c “une faveur amere aromatique. L’oryale eft connue fur-tout des cabaretiers alle- mands , dit Ettmuller , pour falffier leurs vans ; car ils ont coutume de changer le vin du Rhinenun vin mufcat par l’infufñon des fleurs d’orvale & de fu- reau, | On en fait beaucoup d’ufage dans les pays du nord pour faire de la biere, quand le houblon eft ra- re, ou quand on veut faire la biere plus forte: la biere ainfi préparée eft fort enivrante, & infpire de Ja gaieté qui tient de la folie, L’orvale eft fur-tout recommandée contre la fléri- lité de caufe froide, ou l’mtempérie froide de la ma- trice , contre Les fleurs blanches & les vapeurs, foit employée intérieurement , foit employée extérien- rement. F. Hoftmanr compte l’orvale parmi les reme- -des anti-fpafmodiques fpécifiques. On en fait boire Peau diftilée ou l’infufion , on bien on les fait pren- “dre en lavement. Ces remedes calment efficace- -ment les coliques inteftinales. J. Ray prétend que -des gâteaux frits , ou des efpeces de beignets pré- parés avec les fleurs d’orvale guériffent la foiblefle des lombes, 8 portent à l'amour. Ce même auteur dit, d’après Schwenckfeld , que cette plante réduite en poudre & prife en guuife de tabac, guérit l’épilepfie ; -êlle fait éternuer. La graine d’orvale eft très-mucilagineufe. Le mu- cilage qu’on en retire eft fort recommandé pour les maladies des yeux. On dit même que ceftegraineen- tiere introduite dans l’œil , en fait fortir les corps étrangers qui y font tombés. Extrait de La mat. med, _ de Geofrot. Le fuc d’orvale entre dans l’emplâtre dia- botanum. ORVET , ORVERT, ANVOYE, ( Æif, nat. ) ferpent aveugle , cæcilia ; ferpent dont la morfure n’eft point dangereufe. On lui a donné le nom de ferpent avengle parce qu'’ila les yeux fort-petits.OGnle trouve dans les trous & dans les fentes des rochers. H a ordinairement douze ou quinze pouces de lon- gueur ; il eft de forme cylindrique ; 4l a la tête petite & l’ouvetture de la bouche fort grande, Le corps elt couvert en entier de petites écailles, qui font eñ partie brunes, en partie blanches &t en partie jaunes. La couleur de l’orver varie comme celle des autres ferpens , felon leur âge & felon la faïfon. On voit des orvets qui ont une couleur jaune cendrée, ou même blanchâtre ; d’autres font d’un gris mêlé de brun noirâtre. Le dos eft toujours plus foncé que les autres parties du corps. Les couleurs des ferpens font toujours claires & brillantes immédiatement après la mue , qui eft le tems où ils changent de peau, Ce renouvellement arrive au printems. À mefure qu'ils s’éloignent dutems de la mue , leurs couleurs deviennent de plus en plus foncées & plus obfcures, Voyez SERPENT. OR VIET AN , f. m.( Pharmacie.) fameux antidote ou contre-poilon , ainf appellé parce qu'il fut in- venté & débité par un opérateur qui étoit d’Orviete en Italie, quien fit des expériences publiques fur lui-même , en prenant différentes doles de poifon, Voyez ANTIDOTE & POISON. Dans la pharmacopée de Charas, il y a une mé- thode de faire l’orvieran où il paroït que la thériaque de Venife eftun des principaux ingrédiens qui y en- trent. Voyez THÉRIAQUE. ORVIETE , ( Géog. mod. ) ancienne ville d’Ita- he , capitale d’un petit pays de même nom, au pa- trimoine de S. Pierre , avec un évêché fuffragant du pape. Cette villeeft fur un rocher efcarpé , près du confluent dela Paglra & de la Chiana , à 60 milles de-Rome , 6 de Boifena , & 20 de Viterbe. Long, 29. 45. lat. 42. 42. Orviete eft l'Urbiventum des anciens. Ludovico Monaldelco, quifleurifloirdans le x 57. 8 le xiv. fie- cle, étoit natif d’Orviere, Il eft célebre pour avoir écrit des mémoires de {on tems à l'âge de cent quin- ze ans. ORVINIE, (Géog. anc.) enlatin Orvinium ; ville d'Italie dans le territoire d Orviete. Elle devoir êre éntre Rieti, Norcia, & les frontieres de l’Abruzze ultérieure. Denys d'Halicarnaffe , Z. I. c. vj. dit que cette ville étoit autrefois la plus grande 6e la plus renom mée de tout le pays. El ajoute : on decouvre encore les fondemens de {es murs, anciens reftes de fa ma- gniâcence , & l'enceinte de plufieurs fépulchres qui s’étendent fort loin fur les hauteurs: on y voit même un temple antique de Minerve bâti dans l'endroit le plus élevé de la ville. ORNIUM , ox ORUBIUM ,(Géog. anc.) promon toire de l'Efpagnetarragonnoile, au pays des Ca/laici lucenfes , felon Piolomée , Z. IL. €. yj. Ce promon- toire doit être entre lecap de Finiftere & l’embou- chure du Minho. (2. J.) ORULA ,( Hifi. nat, Bor.”) arbre de l’île de Cey- lan, qui eft de la grandeur d’un pommier. Il porte un fruit aflez femblable à une olive, mais quife ter- mine en pointe par les deux bouts ; fa peau eft d’un verd rougeâtre, & couvre un noyau fort dur quieft purgatif, & propre à teindre en noir. Si on écrale cenoyau, & qu'on le laifle tremper dans de l'eau , cette liqueur devient propre à emporter la rouille du fer, & elle prendune couleur auffi noire que encre. ORUS, f. m. (Mythol, égypt.) ou Æorus , fils d'Ofris & d’Ifis, fut le dernier des dieux qui regne- rent en Egypte. Il déclara la guerre au tytan Ty- phon, qui avoit fait périr Ofris ; & après Pavoir vaincu & tué de fa main,il monta fur le trône de fon pere : mais il fuccomba dans la fuite fous la puiffan- ce des princes tytans, qui le mirent à mort. His fa mere, qui poffédoit les fecrets les plus rares, ayant trouvé le corps d'Orus dans le Nil , lui redonna la vie & lui procura limmortalité, en lui apprenant, dit Diodore, la Médecine 6c l’art de la divination. - OS Oras'en fitun belufage ; rendit fon nom à jamais cé- lébre, & combla Punivers de fes bienfaits, Lesfisu- | res de ce dieu accompagnent fouvent celles d’ifis dans les monumens égyptiens. 11 eft ordinairement repréfenté fous l’apparence d'un jeune enfant, tan- tôt vêtu d’une tunique , tantôt emmailloré & cou- vert d'un habit bigarré en lofange. Il tient de fes deux mains un bâton dont le bout eft terminé par la tête d’un oifeau & par un fouet. Piufieurs favans croient qu'Orus eft le même qu'Harpocrate, 87 que lun & Pautre ne font que des fymboles du foleil, (2.7) | ORYCTOLOGIE, f. f. (Æff. nat.) Voryétologie où Poriéfographie , eit cette partie de l’hiftoire na- turelle qui traite & décrit les foffiles ; car les foffiles s’appellent en grec oryéa. Sous ce terme sénérique, eft comprife la doétrine des fels, des foufres, des marbres, des pierres communes, des pierres pré- cieufes , & des métaux. (D. J.) ORYCTOGRAPHIE o4 ORYCTOLOGIE , (if. nat.) c’eft la partie de l’hiftoire naturelle qui s'occupe de la defcription des fofliles; ces mots viennent du gréc opsco, fodio. Ce font des fyno- nymes de Minéralogie , voyez cet arricle, ORYGMA, (Antiq. d'Athènes.) opuyua ; nom donné à la fofle qu’on appelloit le plus communé- ment Parathron. C’étoit une forte de précipice té- nébreux , hérifié de pointes au fommat & au fond, afin de percer de toutes parts ceux qu'on y jettoit, pour les faire périr. Le maitre des œuvres chargé de cette exécution , en prenoitle nom, ‘0 êmi ro 0'ruy- pan. Potter, archæol, græc. LL, c. xxv. &, TJ. pag, 134 (D. JT.) | : ORYX , (Géog. anc.) ancienne ville d’Efpagne dans la Bétique. Elle étoit très-riche dans un terroir fertile, & aux confins des Méleces felon Tite-Live, 1. XXVTIT. c. ii. qui raconte de quelle maniere elle fut prife par L. Scipion, frere du grand Scipion. ” ORZIL, voyez AIGLE. | OS, f. m. (Aratomie.) c'eft une des parties foli- des du corps, la plus dure, la plus caffante, laquelle eft faite pour la défenfe des parties molles, & pour le fupport de toute la machine. Voyez Corps, PAR- TIE. Tous les os font couverts d’une membrane parti- culiere que l’on appelle Le periofte; & plufieurs d'en- tre eux font creux & remplis d’une fubftance hui- leufe, que l’on appelle la zoëlle. Voyez PÉRIOSTE & MoëLe. Le doëteur Havers dans fa defcriprion des os, remarque qu'ils confiftent en petites bandes placées les unes fur les autres , qui ont des fibres qui courent en long d’un bout des os jufqu’à l’autre, & qui dans quelques-uns d’entre eux, ne vont pas fi loin ; quoique quelques-uns n'aient point leur fa abfolument marquée comme elles femblent lavoir: mais au lieu de cela, elles continuent tranfverfale- ;! ment , & felon que les os font couchés, les fibres d’un côté fe rencontrant & s’umiflant avec celles de l’autre à chaque exirémuté ; de forte que chaque f- bre eft une continuation l’une de l’autre, quoique cette continuation ne fe fafle point uniformément, .| mais en ellipfes très-longues, puifqu'elles ne font pas toutes d'une même longueur continue, mais quelles font placées par bandes plus courtes les unes que les autres. Ces petites bandes font diffé- ‘remment difpofées felon les différens os: par éxem- ple, dans ceux quiont une grande cavité, elles font contigués lesunes aux autres de chaque côté, & rrès- {errées les unes contre les autres. Dans les os dont ‘Les cavités font plus petites, ou dont l’intérieur eff ‘fpongieux , plufieurs des bandes internes font pla- cées à quelque diftance les unes des autres, & ont entre elles de petites cellules offeufes; & même dans les os dont la cavité éft grande, on trouve * OS 677 quelques-unes de ces petites cellules à leurs extré- mités. Les os dont les bandes {ont contigues , ont des pores à-travers & entre ces mêmes bandes, ou- tre ceux qui fervent au paflace des vaifleaux fan- guins: les premiers pores pénétrent tranfverfale- ment les bandes, & font fur la cavité de la furfa- ce extérieure de l'os. Les feconds couvrent longitu- dinalement les bandes. Les premiers font fituées en- tre chaque bande, quoique le plus grand nombre en foit plus proche de la cavité ; mais ils ne font pas dire&tement les uns fur les autres, en forte qu'ils forment un paflage continué de la cavité à la furfa- ce. Les feconds s’apperçoivent à l’aide de bons mi- crofcopes. C’eft par leur moyen que l'huile médul- laire coule à-travers les bandes ; & les pores de la premiere forte femblent leur être fubordonnés en ce qu'ils fervent à leur porter l'huile. M. Morgagni, «dv. 1. page 55, obferve que le doéteur Havers ne parle point des fibres perpendi- culaires qui fe détachent de chaque lame, & que Malpichy avoit dejà obfervées, comme Gagliard en convient lui-même, d’où 1l conjeëture que les pores queCloptonHavers dit avoir obfervés dans les lames les plus compaétes, peuvent bienavoir été fer- més, parce que c’eftdans un filet perpendiculaire qu'il ne connoifoit pas, qu'ils s’étorent rompus ; &z cela eft d'autant plus probable, continue notre auteur, que Gagliard dans fa préface , avertit que cela lui elt arrivé dans fes premueres recherches lorfqn'il y faifoit moins d’attention, mais qu'il avoit enfin découvert que ces filets pafloient par ces trous. Les os font en général plus gros à leurs extré- mités que dans le milien, afin que leurs articu- lations foient plus fermes, & qu'ils ne puiflent pas fe difloquer fi facilement : mais que ce mi- lieu , qui eft le plus mince, foit néanmoins aflez fort pour porter fa charge , & pour être en état de refifter aux accidens. Les fbres de cet endroit font plus ferrées lès unes contre les autres, & elle fe fou- tiennent réciproquement. On peut remarquer aufli que l'os étant creux n’eft pas fi facile à être brifé que s'il eût été plein & plus petit : car de deux os de longueur égale, & qui ont le même nombre de fibres, la force de l’un eff à celle de l’autre en rat- fon de leur diametre. Voyez GÉANT. Les os font différemment liés & attachés en- femble, félon leurs diférens ufages. Quelques-uns font formés pour.être mis en mouvement, & d’au- tres pour le repos, & pour fupporter feulement les parties qui y font attachées. Les os font unis & ar- ticulés. l’articulation eft de deux fortes, la 44r- chrofe & fynarthrofe ; & chacune de ces fortes fe fuh- divife en plufieurs autres. Foyez ARTICULATION ;, DIARTHROSE, Il y a trois fortes d'union ou de fim- phife, la fÿfarcofe, la fynchondrofe, la fÿnévrofe. Voyez SIMPHISE, EC, , Le nombre des os eft ordinairement de 242, quel- ques-uns difent 300, d'autres 307, d’autres 318; mais les Anatomiftes modernes le fixent à 248 en- viron. Il y en a 62 dans la têre , $6 dans le tronc, 64 dans les bras & les maïns , & 67 dans les jambes 8x les piés. Les différences des nombres des os, font dans les féfamoïdes , les dents & le fernum. Nous allons donnér les noms des diférens os, voyez leur pariétaux 25 les os des tempes 2; les pétits os de Touie 8 ; Pos erhmoide 1 ; los fphénoïde "1 ; les os des joues 2 ; les os maxillaires 2 ; les os unguis 2; les os du nez 2 ; les cornets inférieurs du nez 2; les os du palais 2 ; le vomer 1 ; l’os'de la machoire in- férieure 1; les dents incifives 8 ; canines 4, molai- res 20; l'os hyoide r ; les vertebres du col 7; du 678 OS: dos 123 des lombes 5 ; l'os facrum + ; lecoccix 13 les omoplates 2; les clavicules 2; les côtes 24; le Îternum 1 ; les pieces des os des hanches 6 ; les cla- vicules 2 ; les omoplates-2 ; les radius 2; les eubitus 2; lesos du carpe 16 ; du métacarpe 18 ; des doigts 30; les os de la cuifle 2; les rotules 2; les tibia 2 ; les péronés 2 ; les os dutarfe 14; du métatarfe 10; des doigts 28 : 248. Voyez-en la defcription à leur article particulier. Outre les os féfamoiïdes , que l'on dit être au not- bre de 48, le moindre de tous les os eft lorbiculaire, êt le plus gros eff le fémur. Quant à la maniere dont les os s’oflifient, voyez OSSIFICATION., On remarque fur les os outre leurs cavités inter- nes , des cavités externes, qui fervent à leur atti- culation ; telles font la cavité cotyloïde des os des iles , la cavité glénoide de l’omoplate, 6e. D’autres fervent à défendre les parties molles, comme font les foffes orbitaires, dans lefquelles les yeux font lacés , lé crâne qui contient le cefveau. Voyez CA-. P , VE VITÉ ; COTILOÏIDE , GLÉNOIÏDE, Ée. Il y a aufh fur les os différentes éminences qui, en donnant attache aux mulcles , fervent à étendre leur ation en les éloignant du centre du mouve- ment. Entre ces éminences les unes font contigues à los, & s'appellent épiphifes ; les autres font conti< nues , & on les nomme apopkyfe. Voyez ÉMINENCE, APOPHYSE 6 ÉPIPHISE. | Os SURNUMÉRAIRES", ( Anatomie.) les 6s nom- més furnurnéraires , clefs où offz Wormiana, fwivent, quand ils fe trouvent , la même analogie que les au- tres os du crâne. Comme ils font partie de la voûte du crâne, ils femblent plus grands au dehors qu’au dedans ; & plus le crâne où 1ls fe trouvent eft épais, plus leur furface interne eft petite à l'égard de l’ex- terne. Les dents qu’ils avoient d'abord gravées dans les deux tables, difparoiflent peu-à-peu de la table interne ; & leur union, avec les autresos, ne s’y remarque que comme une ligne. Il leur arrive en- coreavec l’âge, ce quiarrive aux autres os du crâne, c’eft de s'unir avec eux en dedans, pendant qu’à la furface convexe ils en paroïffent diftingués, de forte qu’on jugeroit d’abord qu’ilsne pénétrent pas, & qu’- ils n’ont jamais pénétré dans la concavité du crâne. Je ne me point pour cela qu'il n’y ait de petits os Jernumeraires, qui ne s'étendent jufqu’au dedans du crâne. M. Hunauld dit avoir vu des os furnumérai- res tout-à-fait différens de ces derniers. Ils étoient à l'intérieur du crâne, ne s’étendoient pas jufqu’à la table externe, & étoient à l'endroit des futures. Ils tombent ordinairement quand on démonte les pie- ces du crâne; & lorfqu’on remonte ces pieces, on croit fans faire trop d'attention, que le vuide qu’ils ont laiffé en fe détachant, eft caufé par la rupture d'une dent. (D, J.) Os, (Chimie.) Voyez SUBSTANCES ANIMALES. Os , (Crerig. facrée.} la loi de l’Exode, xÿ. 46. défendoit de rompre les os de l'agneau que l’on man- geoit à Pâques. Os fignifie les forces du corps : dif- perfa funt omnia offa mea, PÎ. xxj. 15. mes forces fe Jont difperfées., Il fe prend pour un corps mort: ad- Jpertate of[a mea vobifcum , Gen.{, 24. Jacob &c Jo- feph ordonnerent qu’on tranfportât leurs corps pour être enfévelis dans la terre de Chanaan, avec ceux de leurs peres. Ce mot veut dire aufli parenté, os meum es, @ caro mea, II. Reg. xix, 13. je vous fuis étroitement uni par la naïffance. (D. J.) Os DE CERF, DaAIN & CHEVREUIL, (Vénerie.) ce {ont Les ergots des bêtes privées , & ce qui forme la jambe aux bêtes fauves ; d’abord que le cerf fuit, 1l donne des os en terre. | Os DE SECHE, ( Commerce.) Ce qu’on appelle os de jèche , n’eft autre chofe qu’une efpece d’os qui fe rencontre {ur le dos d’un poiflon qui porte ce nom. Cet os eft fort en ufage chez les Orfevres & chez les Fondeurs , pour faire des moules. _ OSACA, (Géog.) grande & commerçante villé du Japon, l’une des cinq impériales dans File de Niphon , fut la riviere de Jedogawa. Kempfer en a donné une defcription détaillée. Long. fuivant Har- 18, 150,/31.12 Ua, 355% à D OSCA , ( Géeog..anc. ) ancienne ville de l'Efpa- gne Tarragonnoife , au pays des Ilergetes; dans les terres, felon Ptolomée, Lv. LIL, c. vj. Plutarque en fournit ici un beau paflage dans fa vie de Serto- rius ; il dit: « Parmi les nations qui lui étoient fou: » miles ;, 1l fitchoifirles enfans des plus nobles maï+ » fons, les mit tous enfemble dans Oftz, belle & » grande ville, & leur donna des maitres pour leur » enfeigner les Lettres greques 8 romaines. C’eft » fans doute cette inftitution de Sertorius , qui jet- » ta en Efpagne les femences de cetamour des Bel: » les-Lettres , qui y produifit enfuite tant d’hom- » mes 1lluftres ; entr’autres Columelle, Pomponius » Mela, les Séneques ; Lucain, Martial, Florus; » Quintilien; & tant d’autres efpagnols célebres , » qui fe font fait un grand nom entre les écrivains » de l’ancienne Rome ». Cette ville d’O/ca eft aus jourd’hui Huefca , & elle auroit bien befoin d’un nouveau Sertorius. Ptolomée , Zv. II. c. iv. parle d’un autre Ofca ; qui étoit une ville d'Efpagne dans la Bétique, chez les Turditains. Il les diftingue ainfi pour leur pofis tions Ofca Ilergetum. Long. 161. lat. 42.20. Ofca Turdiranorum. Long. 5. 37. lat, 42. 15. OSCABRION, L. m. ( Cozchyliol.) coquillage de la clafle des multivalves, Ce coquillage dont peu d’auteurs ont fait mention, a recu différens noms. Petiver l'appelle ofcabrion carolinum perelegans ;d’au- tres les nomment cimex marina | punaïfe de mer. Il y ena qui lui donnent le nom de nacelle ou chenille de mer ; quelques-uns , de cloporte ou chalouppe de mer. Il paroiît que c’eft plitôt une efpece de lépas ob= long à huit côtes féparées , quis’attache aux ro- chers ainfi que les autres ; fes huit éôtes féparées femblent l’exclure de la claffe des univalves, & le porter naturellement dans celle des multivalves, L’ofcabrion carolinum vient de l'Amérique , & fe prend fur les côtes de la grande anfe , île de Saint- Domingue. L’ofcabrion gallicum vient de Dieppe, & montre quelque différence avec le premier, en ce que fes . côtes, quoiqu’en même nombre, onf à chaque ex- trémité de petits crans qui s’élevent & fe réumiffent fur les contours de [a coquille. L’animal qui habite le coquillage , a une tête for- mant un trou ovale à une de fes extrémités’; & à l’autre eft l’anus ou la fortie des excrémens. Cet ani- mal n’a point de cornes, point de yeux.ni de pattes; il rampe fur le rocher comme le lépas. | OSCELLE , 1SLE D’, ( Géog.) en latin du moyen âge Ofcellus, nom d’une petite ile ou peninfule fi- tuée proche de Rouen , & d’une autre prefqu’ile à trois lieues & demie de Paris, M. l’abbé Lebeufa donné un mémoire fur cette petite île d'Oce/e, dans le Recueil de Littérature. Je voudrois qu'on n’écrivit que quatre lignes fur des objets de fi petite importance. OSCHENFURT, ( Géog.) petite ville d’Allema- one en Franconie , à fix lieues au-deflus de Wurtz- bourg fur Le Mein qu’on y paffe fur un pont de pierre, Long. 27. 36 lat. 40.35. (D.J.) OSCHÉOCELE, f. f. terme de Chirurgie ; c’eflune hernie complette , dans laquelle l’épiploon ou l’in- teftin, enfemble ou féparément, pañlent par l’an- neau du mufcle oblique externe du bas-ventre pour former une tumeur dans le fcrotum aux hommes, & dans la grande levre aux femmes. | OSCHOPHORIE : OSCOPHORIE, L £ (Antiquir. grecques.) fètesen l'honneur de Bacchus & de Minerve. Cette fête qu’on peut nommer féce des rameaux , avoit été inf- tituée par Théfée ; auf dans la procefñon il fe trou- voit toujours deux jeunes garçons habillés en fille, pour repréfenter ceux que ce héros conduifit à Can- die dans ce déguifement. | Cette fête s’appelloit ofchophorie , o/chophoria, du mot grec ofche, qui fignifie proprement ur bran- che de vigne chargée de raifins mürs , parce que tous ceux qui afliftoient à la proceflion y portoient de femblables branches. a: On choïfifloit au fort un certain nombre de jeu- nes garçons des plus nobles familles de chaque tri- bu, qui avoient tous leur pere & leur mere vivans. Ils tenoient à la main des branches de vigne, & cou- roient à l’envi depuis le temple de Bacchus jufqu'au temple de Minerve Scirade, qui étoit au port de Pha- lèfe. Ils étoient fuivis d’un chœur,conduits par deux jeunes hommes habillés en filles, & qui chantoient les louanges de ces jeunes garçons. De vraies fem- mes les accompagnoient , portant fur leur tête des corbeilles ; & l’on choifffoit pour cet emploi les plus riches de la ville ; toute la troupe étoit précédée par ur héraut. j On aflocioit aux facrifices d’autres femmes, qu’on appelloit déiprophores | parce qu’elles portoient tou- tes fortes de provifions de bouche à la troupe des jeunes gens qui avoient été nommés par le fort pour fe rendre en courfe au temple de Minerve. Cette fête fe célebroit dans toute l’Attique le quatrieme ou le cinquieme mois des Athéniens , c’eft-à-dire en O&obre ou en Novembre, parce qu’alors on vit cef- fer la ftérilité dont l’Attique avoit été afligée. Le refrein des hymnes qu’on chantoit à diverfes reprifes dans cette fête, étoit ces deux mots de, a) , pour faire comprendre aux Grecs ce dont toutes les nations devroient être convaincues par expérien- ce, que par la profpérité & l’adverfité fe fuivent, & par conféquent qu'il faut fe défier de la premiere, &t ne pas défefperer avec la feconde. (D. J.) OSCIELATION , f. f. terme de Méchanique , qui fignifie la même chofe que vibration ; c’eft-à-dire le mouvement d’un pendule en defcendant & en mon- tant, ou, fi on peut parler ainf, fa defcente &c fa remontée confécutives & priles enfemble. Axe d’ofcillation eft une ligne droite parallele à lhorifon, qui pafle , ou qui eft fuppoifée pañer par le. centre ou point fixe autour duquel le pendule of- cille , & qui eft perpendiculaire au plan où fe fait lofcillation. Voyez AXE. Si on fufpend un pendule fimple entre deux demi- cycloides, dont les cercles générateurs aient leur diametre égal à la moitié de la longueur du fil, tou- tes les ofcillations de ce pendule , grandes & petites, feront 1focrones, c'eft-à-dire, fe feront en tems égal. Voyez CYCLOIDE 6 ISOCRONE. Le tems d’une oftillation entiere dans un arc de cyloide quelconque eft au tems de la defcente perpendiculaire par le diamétre du cercle généra- teur , comme la circonférence du cercle eft au dia- mètre. Si deux pendules décrivent des arcs femblables, les tems de leurs ofcillations feront en raifon foudou- blée de leurs longueurs. Les nombres d’o/cillations ifocrones , faites par deux pendules dans le même tems font entreux en rarfon inverfe du tems que durent Les oféillations pri- fes féparément. «: On trouve plus au long dans larsicle PENDULE les lois du mouvement & des o/cillations du pendule fimple, c’eft-à-dire, du pendule compofé d’un feul poids À fort petit , & qu’on regarde comme un point ; & d’une verge ou fil C4 ( fig. 36. Méchan.) Tome XL, = O SC 679 dont on confidere la pefanteur où la mafle comme nulle. [left beaucoup plus difficile de déterminer les lois d’un pendule compofé, c’eft-à-dire ; les oféz- lations d'une verge BA (fig. 22.), que l’on regar- de comme fans pefanteur &c fans mafle, & qui eft chargée de plufeurs poids D, F, H, B : il eft cer- tain que certe verge ne fait pas fes ofcillations de la même maniere que sl n’y avoit qu’un feul poids ; par exemple B, car fuppofons qu’il n'y ait en effet qu'un poids 8, ce poids tendra à décrire la petite ligne B N au premier inftant : or , s’il y avoit d’au- tres poids en 7, F, D , ces poids tendroient à dé. crire dans le même inftant les lignes HM,FL, D K, égales à B N, de forte que la portion D 8 de la verge devroit fe trouver en XN; & par con- féquent la portion 4 D fe trouveroit dans la fitua- tion 4 X; or cela ne fe pourroit faire fans que la verge À D B fe brisât en D ; & comme on la fup- pole inflexible , il eft donc impoñfble que les poids B,H,F,2D, décrivent leslignes BN,HM,FEI, D K, &c. mais il faut que ces poids décrivent des lignes BC,HI,FG, DE, quifoient telles que la verge À D B conferve toujours fans fe plier la for- me d’une droite 4£E C. Or on peut imaginer un pendule fimple d’une certaine longueur , qui faffe {es ofcillations dans le tems que le pendule compofé À D B fait les fiennes. Ainf la dificuité fe réduit à trouver la longueur de ce pendule fimple , & trou- ver la longneur de ce pendule fimple , eft la même chofe que ce que les Géometres appellent srouver Le centre d’ofcillation. Le célebre M. Hiyghens eft le premier qui ait réfolu ce problème dans fon excellent ouvrage 4e horologio ofcillatorio, Mais la méthode dont il s’eft fervi pour leréfoudre, quoique bonne & exaûte,étoit fufceptible de quelques difficultés. Toute la doétrine de ce grand géometre fur le cen- tre d’o/tillation eft fondée fur l’hypothèfe fuivan- te ; que le centre de gravité commun de plufieurs corps doit remonter à la même hauteur d’où il eft tombé , foit que ces corps foient unis, ou feparés l'un de l’autre en remontant, pourvu qu’ils com- mencent à remonter chacun avec la viteffe acquife par fa chûte. Voyez CENTRE DE GRAVITÉ. Cette hypothèle a été combattue par quelques auteurs, & regardée par d’autres comme fort dou- teufe. Ceux même qui convenoient de la vérité ne pouvoient s'empêcher de reconnoître qu’elle étoit trop hardie pour être admife fans preuve dans une fcience où l’on démontre tout. Ce même principe a été démontré depuis par plu- fieurs géometres , & il n’eft autre chofe que le fa- meux principe connu autrement fous le nom de confervation des forces vives, dont les Géometres fe font fervis depuis avec tant de fuccès dans la folu- tion des problèmes de dynamique. Voyez DYNAMI- QUE & FORCES Vives. Cependant, comme le principe de M. Huyghens avoit paru incertain & indireét à plufieurs géome- tres ; ces confdérations engagerent M. Jacques Ber- noully , profefleur de Mathématique à Bâle, mort en 1705 » à chercher une folution du problème dont il s’agit. Il en trouva une affez fimple, tirée de la nature du levier , & la fit paroître dans les mé- moires de l’Acad. des Sciences de Paris , année 1703. Aprés fa mort , fon frere Jean Bernoully fit imprimer dans les mémoires de là même académie, année 1714, une autre folution du même problè- me , encore plus facile & plus fimple. Nous ne de- Bvons point oublier de dire, qu'environ dans le mê- me tems M. Taylor , célebre géometrre anglois trouva une folution à-peu près femblable à celle de M. Bernoully, & la fit paroïtre dans fon livre inti. tulé methodus incrementormm ; ce qui fut le fujet d’us ; Lx Le RRrg 680 ŒSEC nie difpute entre les deux géômetres qui s’accufe- rent réciproquement de s'être pillés. On peut voir les pieces de ce procès dans les aûtes de Léipfc de 1716 ; & dans les œuvres de M. Bernoully, impri- mées à Laufanne i7-4°. en 1743. Quoi qu'il en foit , voici le précis de la théorie de M. Jean Bernoully ; elle confifte en général à chercher d’abord quelle devroit être la gravité dans un pendule fimple, dé même longueur que Le compofé , pour que les deux pendules fiflent leurs o/ci//arions dans un tems égal. Il faut pour cela que Le #oment des deux pendules foit Le même; enfuite au-lieu de ce pendule fimple d’unelon- gueur connue, 6 d’une pelanteur fuppofée , M. Ber- noullyfubftitue un pendulefimpléanimé par lagravité naturelle, & il trouve afément par une fimple propor- tion la longueur que ce nouveau pendule doit avoir pour faire les vibrations en même tems que l’autre. Quoique la méthode de M. Bernoully foit aflez fimple, elle peut encore être fimplifiée, même en faifant ufage de fon principe, comme je lai démontré . dans mon traité de dynamique, Z. ZI. c, ü17, probl, 1. &c j'ai d’ailleurs donné en même tems une méthode paticuliere extrémement fimple pour réloudre ce problème. Voici une idée de cette méthode. Il eft certain que les corps B,H, F, D, ne pou- vant décrire les lignes BN,HM,FL,DX, décri- vent des lignes BC, HI,FG;, DE, qui font en- tr'elles comme les diftances 4B,4H,AF, AD, au point de fufpenfion 4; d’où il s’enfuit que toute la difficulté fe réduit à connoître une de ces lignes comme B € ; or au lieu de fuppofer que les corps B,H,F, D ,tendent à fe mouvoir avec les viref- fes BN,HM, FL, DK, on peut fuppofer, ce qui revient au même ; qu'ils tendent à fe mouvoir avec les vitefles BC — CN, HI=1IM,FG+GEL, D E HE K, & comme de ces vitefles il ne refte que les vitefles BC, H1,FG, D E, ils’enfuit que files corpsP,, F,D, n’avoient enque les vitefles —CN, —1 M, G L, E K, la verge À B feroit demeurée en repos. Poyez DYNAMIQUE. Donc par la nature du levier on aura — BXCNXAB—-HXIMX AH +EFXGLx AF4+DXEKX À D = 0.0Ordans dans cette équation il n’y a qu’une feule inconnue, puifqu’en fuppofant BC donnée , tout le refte eft donné ; on aura donc par cette équation la valeur de BC, & par le rapport de BCà EN, on connoi- tra le rapport de la vitefle du pendule compofé à celle d’un pendule fimple qui feroit de la longueur de BA ; d’où il s'enfuit qu’on trouvera facilement la longueur du pendule fimple ifocrone aw pendule compofé , en cherchant un pendule dont la longueur foit à 48 comme B N eftàB C, Voyez fur cela mon traité de dynamique, Z. ZI, ch. üj, probl, 1. vousy trouverez d'autres remarques curieufes fur le pro- blême dont il s’agitict. du Centre d'oftillation d’un pendule, eft donc pro- prement , fuivant ce qu’on vient de dire, un certain point pris dans ce pendule, prolongé, sil eff nécef- faire, & dont chaque vibration fe fait de lamême maniere que fi ce point feul & 1folé étoit fufpendu à la diftance où il eft du point de fufpenfion. Ou bien, c’eft un point tel, que f on y fuppofe ramaflée toute la gravité du pendule compofé , fes différentes ofcillations fe feront dans le même tems qu'auparavant. Ainf la diffance de ce point au point de fuf- penfon eftégale , comme on vient de le dire , à la longueur du pendule fimple , dont les ofér//arions fe- roient ifocrones à celle du corps fufpendu. Foyeza CENTRE. Chambers, On appelle auffi en général oféillation le mouve- ment d’un corps qui va & vient alternativement en fens contraire commeun pendule. Ainfr, par exem- ose ple, un corps folide placé fur un fluide peut y faire des o/cillations , lorlque ce folide n’eft pas en repos: parfait ; {ur quoi voyez l’article FLOTTER. (O) OSCILLATION , (Antiquir. grecq. & rom.) éfpece. de balancement que les anciens avoient imaginé pour donner une apparence de fépulture à ceuxqui {e défaifotent eux-mêmes ; çar on croyoit que leurs, manes ne pouvoient jouir d'aucun repos, & l'on y. remédioit par lofcillarion., qui eonfiftoit à attacher à une corde , une petite figure qui repréfentoit le mort ; on balançoit enfuite cette figure dans Pair, & enfin on lui faifoit des funérailles. Dans le beauta= bleau de la prife de Troye par Polygnotte, on voit, dit Paufanias , Ariadne affife fur une roche. Elle jette les yeux fur Phèdre fa fœur , qui, élevée. de terre, & fufpendue à une corde qu’elle tient des deux mains , femble fe balancer dans les airs, Cet ainf, continue l’hiftorien , que le peintre a voulu couvrir le genre de mort, dont on dit que Fa mal- heureufe Phèdre finit {es jours. (2. J.) (OSCITATION , L.f. mot francifé du latin ofécra- tio , qu'on emploie quelquefois en Médecine pour baillement. Voyez BAILLEMENT. X OSCLAGE, {. m. (Jurifprud.) 8 par corruption, oclage, oufclage, ouclage, & onclage, du latin ofcu= lum, eft le nom que l’on donne au douaire dans quelques coûtumes, comme celle de la Rochelle, Ce terme paroit venir de ce qui fe pratiquoit aw: trefois chez les Romains. Après que les futurs con- 2 joints avoient été accordés, ils fe domnoïent réci- proquement un baïfer, qui faifeit partie de la céré- momie, ce baifer étoit nommé ofculum, Cette céré- monie étoit fuivie des préfens que les futurs époux fe faifoient l’un à l’autre, & comme le baïfer, ofcu: lum , étoit regardé comme le gage du mariage, les dons faits de la part du futur époux étoient cenfés faits pro ofculo, ce qui leur a apparemment fait don- ner le nom d’o/clage, dans les coütumes dont on a parlé. Le droit d’ofclage tient heu du douaire, 8 reffem- ble plus particulierement à l’augment de dot. Dans la coûtume de la Rochelle lofclage eft de la moitié de la dot qui entre en communauté, ce qui s’appelle siers en montant, Il n’eft pas dû fans flipulation, laquelle ne peut être faite que par contrat de mariage ; il n’a lieu qu’en cas de renonciation à la communauté. De droit il ne fe regle qu'à proportion de la par: tie de la dot a@tuelle qui entre en communauté, mais on peut par convention le rendre plus fort. Il eft toujours dû à la femme fans retour. La femme peut toujours le demander, quoique la dot n’ait pas été payée, pourvü qu’elle fût réelle. Le douaire &c l’o/clage peuvent concourir enfem- ble lorfqu’on eft ainfi convenu par le contrat de mariage. Il n’eft pas ordinaire de flipuler un ofélage en cas de fecondes nôces de la femme ; cependant cette convention n’eft pas prohibée. | Enfin l’ofclage n’eft dû que par le décès du mari. Sur ce qui concerne ce droit , voyez de Gloffaire de Lauriere, & M. Valin en fon Comment, fur la co&r, de La Rochelle, tom. IL. pag. 331: (A) OSCOPHORIES, f. f. pl. ( Hifé, anc, ) fères infti- tuées par Thefée, en mémoire de fa viétoire fur le minotaure, par laquelle il avoit délivré les Athé- niens du tribut de fept jeunes gens qu'ils envoyoïent tous les ans en Crete , pour être dévorés par ce monftre. Voyez MINOTAURE. Le nom d’ofcophories vint des mots grecs os», branche de vigne chargée de grappes, & @:po, Je porte, Plutarque dit que ces fêtes furent ainfi nommées, parce que Thefée les inftitua à {on retour à Athenes, & qu'on étoit alors dans le tems des vendanges; ëc d’autres parce Quelles furent inftituces en l'honneur de Minerve ëc de Bacchus qui avoient afifté Thelée dans ceïte entreprife ; quelques - uns veulent qu’on y honorât Bacchus & Ariane. Dans les oftophories tous les jeunes gens qui avoient leur pere & leur mere, prenoient des habits de fille & couroient au temple de Bacchus & à ce- lui de Minerve, ayant des grappes de raïifin dans leurs mains. Celui qui y arrivoir le premier étoit déclaré vainqueur, & offroit un facrifice en verfant une liqueur qui étoit contenue dans une phiole , & compolée. de vin, de miel, de fromage, de fleurs , & d'huile. Voyez l’article OScHOPHORIES. OSCULU M PACIS, [.n. (Théologie. ) baïfer de paix ; c’étoit autrefois la coûtume dans l’Eglife, que pendant la célébration de la mefle, après que. le prêtre avoit fait la confécration & proferé ces pa- foles, pax Domini vobifcum, la paix du Seigneur : Toit avec vous, les fidéles s’embrafloient les uns & les autres, ce qui s’appelloit le Pasfer de paix: Après que cette coûtume eut été abrogée, on en introduifit nne autre qui eft, que le prêtre ayant proferé les paroles ci-deflus , le diacre on fons- diacre donnoït à baifer au peuple une image qu’on appelloit Za paix, c’eft ce qui fe piatique encore en partie dans l'églife de Paris, où après Pagaus Dei, deux acolythes ou énfans de chœur vont préfenter à bailer au clergé une efpece de reliquaire. Dans d’autres diocèles, aux mefles folemnelles, le célébrant, après l’agrus Dei, donne le baifer de paix au diacre en lui difant , pax tibi frarer & Eccle- Jie fenite Dei, Celui-ci répond, & cum fpiritu tuo. Le diacre la donne enfuite au foudiacre, puis au premier chorifte, celui-ci au fecond , & ceux-ci don- nent chacun de leur côté le baifèr de paix à l'eccléfia- fique qui occupe la premiere ffale, celui-ci à fon voifin , & ainfi de fuite en répétanr les mêmes paro- les. On voit que cette cérémonie retient l’idée de l'union & de la charité que la primitive églife exi- geoit entre fes enfans, OSCULATEUR , adj, ez Géométrie, rayon o/cu- lateur d'une coutbe, eft Le rayon de la développée de cette courbe; & cercle ofeulareur eft le cercle qui 4 pour rayon le rayon de la développée. Foyez OscuLATION & DevéLorré. On appelle ce cercle o/culareur, parce qu’il em- braffe pour - ainf - dire la developpée en la tou- chant ; car il la touche &r il la coupe tout-à-[a-fois, étant d’un côté à la partie concave de la courbe, & à l’autre à la partie convexe. Dans le cercle tous les rayons oféulateurs font égaux, & font le rayon même du cercle ; la déve- loppée du cercle n'étant qu'un point, Lorfque la courbure eft finie, le rayon ofculateur eft fini, lorfqu'elle eft infiniment petite, le rayon ofculateur et infini, & enfin lorfqu’elle eft infiniment grande, le tayon o/cxlateur eft = 0. F. Coureure. OUS AVORS promis au 7704 ENGENDRER, que nous donnerions ici de nouvelles remarques fur les cour- bes, qui en fe développant s’engendrent en elle mêmes ; mais ayant vü depuis que le favant M. Eu- ler a traité profondément ce fujet dans le rom, XIE, des anciens Mémoires de Perersbours , nous ÿ ren- voyons le leéteur. {O OSCULATION, f. f. ou baïfement, terme en tfage dans la théorie des développées. Soit P C la developpée d’une courbe; un cercle décrit du point C comme centre ( PL. analyf. fig. 12. ) & du rayon de la developpée Â1C, eft dit haifér, en M, la deve- loppée, & M. Hayghens, inventeur des develop- pées, a appellé ce point M, point d’ofculation > OÙ point baifant. Voyez DEVRLOPPÉE. La ligne MC eft appellée rayon ofeulateur , & le cercle décrit du rayon M €, cercle ofeulareur ou Tome XI, Le ( S E 68: ARE, : ALU L | à rt el Te cercle bäifant , Voyez; OSCULATEUR.: . | La,developpante PCF, eff le lieu des centres dé tous les cercles qui baifent la développante 4, décrite par le développement de ia courbe BCE, Voyez DEVELOPPEMENT & DEveLopPANTE. La théorie de loféulatior eft de à M. Leibnitz, qui a le premier enfeioné la maniere de, fe fervit des developpées de M. Huyghens, pour mnefurer la courbure des couthes. Foyez COURBURE, … On appelle auffi c/cularionen Géométrie, le point d’attonchement de deux branches d’une courbe qui 4 fe tochent. Par exémple , fi on a y—=ÿ/x+ yx3 3 il eft aiié de voir que la courbe à deux branches qui fe touchent au point où x = 0, à cauféique les radicaux emportent chacun le figne SS 688 s'unir à ces fibres , & s’y incorporent plus promp- tement &c plus fortement , tandis que le refte conti- nue fon chemin parles veines, & rentre dans la malle du fang. Une obfervation qu'il importe de faire, c’elt qu'àmefureque les os fe durciffent en mê- “me proportion. & le nombre & le diametre des vaif- feaux diminuent. Ce qui nous montre la raifon pour laquelle les os des jeunes gens fe réunffent plus promp'ément après une fraéture que ceux des veil- lards,, 8 celle pour laquelle les chevaux , les bœufs, les gros beftiaux perdent de leur groffeur & de leur ‘force lorfqu’on les fait travailler trop tôt. Les exemples fréquens que nous avons de lo/f- “cation de quelques autresipartres, lorfqu’elles ont été long tems expolées à la compreflion des parties en- “yironnantes, ou lorfqw’elles fe font trouvées dans ‘des conjontures femblables , en conféquence de leur contrattion violente &c fréquente, comme 1l arrive aux parties fituées proche les orifices du cœur dans quelques vieillards, & dans quelques animaux; ‘ces exemples , dis-je, ne ne nous permettent point de douter que l’offfcation ne vienne d’une compref. | fion telle que nous l’avons indiquée : témoin la fubf- tance mufculaire du cœur, qu'on a trouvé offeufe dans pluñeurs perfonnes , ainfi que nous l’aflurent Chefelden & autres: témoin encore l'offfcarion des arteres dans les vieillards, celle des cartilages du larynx dans les adultes, celle des cattilages fitnés “entre les vertèbres du dos &t les reins ; dans les bé- ‘tes de fomme, ces carilages fe changent en os par- faits, & s'umiflent intimement aux vertébres ; én- forte que le tout ne paroït qu’un os continué. Le périofte n’eft pas même exempt de cette méramor- phofe, & Peyer nous dit avoir féparé cette mem- brane en plufeurs lames offeufes. _— Une obfervation qui tend à appuyer l’opinion de M. Monro, c’eft que les os commencent à s’offfier dans les endroits où l’aétion de ces caufes eft plus fenfble ; favoir , dans les os cylindriques par un anneau au mieu ; & dans les larges au centre , ou proche le centre ; par un point, ou par plufieurs points diftinéts. La raifon de ces effets, c’eftque ces parties font contiguës aux vVentres des mufcles qui {ont attaches à ces os ; & que c’eften conféquence du gonflement qui fe fait à ces ventres , que la pref- fon fur les os eft plus grande en ces endroits, Nous failons juges de cette action ceux qui ont examiné avec attention certains 05, comme celui de l'épaule &t des îles, qui font couverts de mufcles d’un & d'autre côté ; combien ne font-ils pas minces & compaétes dans les adultes, fur-tout dans les endroits où les ventres des mufcles étant appliqués, la pref- “on étoit la plus grande, au-lieu qu'ils font plus épais dans les enfans: mais le nombre des fibres étant le plus grand dans le milieu de ces os, il eft évident que cet endroit auroit été plus épais tant dans les adultes que les enfans, s’il n’y avoit eu dans Îes premiers une compreflion qui n’étoit point dans Îles feconds ; en effet, les mufcles n'ont prefque point encore d'exercice dans lesenfans , au-lieu qu'ils agiflent fortement dans les adultes. D'ailleurs, fi nous admettons que toutes les par- tes d’un os font uniformément augmentées par l’ac- cès du fluide deftiné à la nutrition ; chaque fibre & chaque particule d’une fibre tendront à s'étendre, ê&z poufléront leurs voifins : conféquemment la preffon fera beaucoup plus grande vers le milieu où les particules feront beaucoup plus fermes ; c’eft donc là que commencera l’offficarion. Enfin, la pul- fation dés artères médullares qui entrent dans les os, à-peu-pres vers leur milieu, pourroit bien auffi, ainfi que Ics auteurs l'ont conjetturé, contribuer à Seur endurciflement. | C’eft des eïfers de la preffion feule que nous pou- . . vons déduire la raifon pour laquelle les os des vieil lards ont leurs parois beaucoup plus minces, & font toutefois plus forts & plus folides, tandis que les cavités y font plus orandes que dans les os des jeu- nes gens; & celle pour laquelle l’impreffion des muf- cles & des vaifleaux , Gc. eft beaucoup plus forte für la furface des os, felon l’âge & l’état des per- fonnes , 8 felon le travail & les exercices entre les perfonnes d’un même âge & d’un même état. Cette impreffion eft beaucoup plus profonde dans les vieil- lards , & dans ceux qui lont accoutumés au travail, que dans les jeunes gens , & dans ceux qui ne pren- nent aucun exercice, & qui menent une vie indo- lente. TT | Il eft encore vraiflemblable que l’offfication dé- pend des vaifleaux des os, dont la firuation & les diametres font tels » qu'ils féparentune liqueur qui, privée de fes parties les plus fluides, {e convertit facilement en. une fubftance offeufe , ainfi qu'il ef démontré par la matiere caileufe qui fe fépare dans les fraétures & dans les ulceres, lorfqu’une partie de quelqu'os a été emportée, Dans ces cas cette li- queur fe durcit , & cimente quelquefois les deux extrémités d’un os, quoique la diftance à laquelle elles font placées foit aflez confidérable, Iife trou- ve un grand nombre d'exemples de ce phénomene dans les auteurs. M. Lang, chirurgien écoiflois, fit l’extra@ion du tibia à un enfant, & il ne laifla de cet os prefque que les épiphyfes de chaque extrémi- té ; une fubftance offeufe prit la place de l’os qu'il avoit Ôté , & fuppléa à tout ce qui manquoit; en- forte que le malade marcha dans la fuite avec faci- hté & fermeté, er Peut-être aufli que les caufes de l’offéfication dont nous venons de.faire mention , agiflent plus où moins puiflamment , felon la nature du climat, & les alimens dont on fait ufage. C’eft peut-être auf par la même raïfon que les peuples qui habitent des pays chauds, acquierent plus promptement toutes leurs forces & toute leur grandeur, que ceux qui vivent dans des contrées froides & feptentrionales. De:là vient encore la pratique connue parmi les da | mes de, faire boire aux jeunes chiens de l’eau- de-vie ou de l’efprit de vin, 8c de les baigner dans ces liqueurs pour les empêcher de grofir. On a ob- ferve que l’ufage exceflif de ces efprits avoit fait pétrifier dans quelques perfonnes, & offifier. dans d’autres, des parties naturellement molies à leur âge. Voyez les exemples qu’en rapportent Litire & Geoffroy. : | Ceux qui feront curieux de favoir en quel tems && dans quel ordre chaque os, & chaque partie des os commencent à s'ofhfier, h’ont qu’à confulter Ker- kringius ; cet auteur a pouflé {es oblervations de- puis, le fœrus de trois jours après la conception, & depuis trois femainés & un mois jufqu'à neuf. Qu'ils parcourent aufh Coiterus & Eyflonius. Enfin on trouvera dans les ouvrages de Ruyfch qui a corrigé quelques-unes des erreurs. des auteurs que nous ve- nons de citer, un traité complet d'Ofléogonie , en y ajoutant quelques particularités que Nesbitt &c Al- binus ont remarqué depuis. | Quand los a acquis toute fa denfité & fa folidite, fa fubftance devient avec le tems f compañte , aw’elle ne peut plus admettre les fucs nourriciers qui étoient auparavant employés à angmenter fa denfi- té, & qui étoient néceffaires à cette efpece de cir- culation qui fait la nutrition de ces parties. Dès- lors cette fubftance de l’os doit s’altérer, puifqu'elle ceffe d’être nourrie, & cette altération dans la {ubf- tance même des os eft une des premieres caufes qui rendent néceffaire le dépériffement de notre corps. Ainfi la vie s'éteint par nuances fucceflives, & la mort n’eft que la derniere nuance de la vie, Le changement qui off infenfblement toutes les parties molles, eft encore produit par de fréquens & violens exercices, par l’application des aftringens, par le defléchement & par la vicilleffe. Ce chanse- ment eft fuivi de roideur dans les parties qui étoient auparavant mobiles, & les effets qui en réfultent, varient autant que les parties elles-mêmes fujertes à ces accidens. [1 eft totalement impoñible de chan. ger état d’une partie offifée ; mais quelquefois à la faveur des fomentations laxatives, mucilaginenfes, humeétantes, onétueufes , tiédes, jointes à une dou- ce frition de la partie, on vient à bout de lui pro- Curer un certain deoré de flexibilité, Ce degré de flexibilité eft très-peu de chofe, & ne réuflit qu'à l'égard de quelques mufcles externes; car 1l n’eft point de moyen d'empêcher l’offéfication des parties {olides internes ; ainf l’a voulu l’auteur dé la nature, Tous les obfervateurs nous parlent d’offifications , je ne dis pas feulement de membranes êt de cartulages, mais de vifceres &z de vaifleaux. Ona trouvé le cerveau, la dure-mere, le conduit auditif , l’ofophage, le cœur, le péricarde les pou- mons, les reins, la rate, le foie , le pancréas, l'épi- pioon , l’artere carotide , Paorte oflifiés. Lavois rafflemblé plus de deux cens obfervations choifies fur ce fujet; mon recueit a péri dans un naufrage avec mes autres manw{crits phyfologiques. (2. J.) OSSIFRAGE, Voyez ORFRAIE- | OSSIFRAGE , PIERRE ( Æiff, nat. ) lapis offifra- gus.; nom donné par quelques auteurs à la fubftan- ce nommée plus communément offéocolle. Voyez ces criicle, OSSIFRAGNE. Poyez ORFRAIE. | OSSIGI, ( Géog. anc.) ancienne ville d'Efpa- gue dans la Bétique. La contrée quirenfermoit cette ville eft nommée dans Pline, Zv. FIL, ch, 7. Offigi- taria ; on croit qu'O/frgi eft préfentement Mégibar, au royaume de Jaen , entre Anduxar & Lixaarez, (D.J.) : : OSSILAGO , 1. f. (Mych.) déeffe qui donnoit aux os des enfans de la force & de la vigueur. OSSILEGIUM, (Litér.) ce mot latin fgnifioit proprement es os calcinés que le feu n’avoit point entierement confumé , & que l’on tiroit des cendres du bucher ; enfuite on les enfermoit dans des urnes. Ce pieux devoir de tirer du bucher les os du défunt, étoit rendu par les parens , qui ételgnoient le refte du feu avec du vin; & les petites urnes dans lef- quelles on mettoit les os calcinés , fe nommoïent of- Juaria. (D. J.) | OSTEOCOPE , f. m. (Médec.) fe dit de certaines douleurs aiguës dans Jefquelles 1l femble à ceux qui en {ont attaqués qu’on leur brile les os. Ce mot vient du grec éséo, os, & de xore, couper, rompre; brifer. Elle vient d’une humeur acre. qui picote la mem- brane dont les os font revétus. Ceux que l’offéocopé affeête le plus ordinairement font les fcorbutiques 8 _ les véroies. | | OSSONOBA , ( Géog. anc. ) ancienne ville d’Ef- pagne dans la Luftanie. Ptolomée la nomme Ofo- naba , &t la met au pays des Turditains, Rodericus Carus croitque c’eft préfentement £/f/onbar ; Col- menat penfe que c'eft le petit village nommé Æffoi, & que la ville de Faro s’eft formée des ruines a’O/- Jonaba ; ce dernier paroît avoir raïfon, (D.J5 OSSU , UE, adj. qui a de gros os. Cet hommeeft offu. ; OSSUNA ox OSSONA , ( Géog. ) les François di- fent Offune, ow Offone; petite ville d'Eipagne dans _ l’Andaloufe avec titre de duché. Elle eft à 6 lieues . de Hardalès., $ d'Exija. Longit. 12. 30. lar, 37.8: D CD..J.) OST , {. m.( Lang. franç. ) Ce terme eft_fort Tome XT, OST 689 Commun dans nos anciens auteurs francois. Ville* hardouir, pag. 102. « Etils refpondirent que il nel » poient faire par Île commun de lof non, éc cil en » perleroient à cils de lof», Nos anciennes contus mes fe fervent de ce tèrme ; elles font mention du fervice de lof, que le vaflal doit en armes & chevaux, felon la condition de fon fef, dit Raqueau. Onsnéspeut pas douter que nos peres n'aient fait of du latin of4s , dont les auteurs de la baffe latinité fe font fervi pour exprimer. une arée. Ainfi on lit dans Grégoire de Tours, Z6. II. Qxo confilio accepa to, hoftem patrie redire jubet ad propria. Et dans le ch. æxxviy, du même livre, /éd quoniam pars hof: tium per crrirorium Turoricum tranfibar, OSTABARES, ( Geéog. ) petite contrée de Francé dans la bañle-Navarre, & qui n’a aucune ville. Ce _n’eft en effet qu'une vallée où le Bidouze , rufeaun, prend fa fource. Le bourg d'Offabac qui eft fur Ia route de $. Jean-pié-de-port , donne le nom d’O/2: barès à ce perit pays, (D. J.) OSTADE, ff (Commerce. ) e'pece d’étoffe ancienne & groffiere. Henri Etienne parle de man= ches de deux paroïffes , moitié ofade, moitié veloursz velours d’un pourpoint de trois paroifes, le corps de demi-offade , le bout des manches de cuir, le bas de velours. OSTAGE. Voyez OTAGE. | OSTAGER , f. m. (Jurifprudence.) eft le débiteur forain qui eft arrêté prifonnier pour {ureté de ce qu'il doit, on l’appelle ofager parce qu'il ett retenu par. forme d’oftage. Voyez Le gloffaire de Lauriere ; au motoffager. (A4) OSTALRIC, (Géog.) petite ville d'Efpasne dans la Catalogne fur la riviere de Tordera, à ÿ lieues de Girone, 8 de Barcelone , & à 4 de la mer Long. 20.20. lat, 41.44. (2.7) OSTARDE, Poyez OUTARDE, OSTEITE ou OSTEOLITE, (Æif. rar.) Voyez OSTEOCOLLE, | OSTENDE o4 OOSTENDE , ( Géog. ) forte & confidérable ville maritime des Pays bas dans la Flandre autrichienne , an quartier de Bruges , avee un bon port. Elle eft fur la mer, à 4 lieues de Bru- ges, 3 de Nieuport , 6 de Dunkerque, & 3 de Bru- xelles. Long. felon Cafini ; 20. 21'. 3,3", Jar, 51 10.36", Oftende n'étoit qu'un petit village en 814. I de: viat bourg en 1072. Des pêcheurs l’entourérent d’une palhiffade en 1372. Philippe le Bon l’environ- na de murailles en 1445. Enfin Offende fur régulie= rement fortifiée en 1583 par le prince d'Orange , lorfqu'il étoit maitre de Gand & de Bruges. Les Erats- Généraux l'ont cédée à l’empereur par le traité de Barrere conclu en 1715. Bntre les événemens qui regardent cette ville, if n'en eft point de plus fameux que fon fiége par les Elpagnols, leur en couta plus de 80 mille hommes, & les affiégés, dont la garnifon fut renouvellée plu: . feurs fois, perdirent au-delà de 56 mille hommes, Le fiege dura plus de trois ans; car il commença le ÿ Juillet 1601; & Ambroïfe Spinola prit la place le 14 Septembre 1604, Tout le monde ne fait pas les beaux vers que Grotius compofa fur cetre malheu« reufe viile avant la capitulation ; les voici. Area parva ducum , totus quam refprcir orbis , Celjior una malis, & quam damnare ruine , Nunc quoquefata timent : alieno in littore reftox Tertius annus abit : toties mutavimus ‘hoflem , Sævic hyems pelago , morbifque furentibus æffas à Er minimum ef? quod fecir iber. Crudelior armis, În nos orta lues : nullum ef? fêne furere funus : Nec perimit mors una [emel, Fortuna , quid hieres À Qué mercede tenes miflos in fanguine manes à | SSssij - 69 : OST Quis tumulos moriens hos occnpet , hofte perempio Quericur , © flerili tantum de pulvere pugna eff, Ces vers furent traduits en françois par Duvair , pat Nicolas Rapin & par Malherbe ; mais aucune de ces traduétions ne vaut l'original. (D. J.) OSTENDE, compagnie d’, (Com. marit.) fameule compagnie des Pays-bas autrichiens qui fe forma en 1718 , & dont perfonne un peu inftruit des affaires de commerce , n'ignore le fort. Rien n’étoit mieux concu que le plan de cette ociété. Le fonds fut arrêté à fix millions de florins argent de change, divifé en 6 mille aétions , de mille florins chacune. Les direéteurs fixés an nom- bre de 8, furent choifis parmi Les plus riches & les plus habiles négocians du pays, pour refter feule- ment fix ans en direétion. Le principal établifflement aux Indes devoit être à Sandrafpatan , frontiere des royaumes de Gingi & de Carnate, fur la côte de Coromandel , & l’empereur du Mosol avoit permis à la compagnie de bâtir un fort dans fes états. Le retour des marchandifes devait aborder à Bruges ou à Offende, & être vendu dans une de ces deux villes. Cette fociété formée dañs l’efpérance aflurée d'obtenir la conceffion du prince, arma d'abord quelques vaiffeaux pour l’Orient.Son crédit augmen- tant, elle multiplia le nombre de fes vaifleaux, elle énenvoya cinq en 1720, fix autres en 1721, & fit une vente en 1722 , qui la mit en état de continuer fon commerce avecfuccès. En 1723 elle eut fon oftroi gratis de l’empereur pour trente ans, avec les pri- vileges les plus nobles &c les plus amples qu'aucune compagnie de commerce ait encore reçue de fon {ouverain. Non-feulement L. M.I. firent pour trois années la remife des droits d’entrée & de fortie, mais elle y ajouta un don gratuit de 300 mille écus pour favorifer fes premier commencemens. Aufli-tôt après l’enregiftrement des lettres-patentes , les li- vres furent ouverts pour les foufcriptions , &t elles furent remplies en un feul jour ; fur la fin du même mois elles gagnoïent déja 12 à 15 pour cent. Ces brillans avantages cauferent la chute de cette compagnie ; car én même tems qu'ils enflerent le cœur de toutes les perfonnes qui y étoient intéref- fées, ils augmenterent la jaloufie des compagnies hollandoifes des Indes orientales 8 occidentales, qui ne pouvant plus voir de fi puiflans &c de fi voi- fins compétiteurs, prêts à partager leur commerce, demanderent aux Etats-Généraux la liberté de le maintenir par la force , aflurés du fuccès de leur re- quête , du foutien de l’Angleterre, & tout au-moins de la neutralité de la France. Lorfque l’empereur gagna la bataille de Belgrade, on ne fut point inquiet des conquêtes qui pouvoient en être la fuite ; maïs quand on Le vit difpoie à fou- tenir la compagnie d’Oflende, on en fur alarmé : la France même défendit à fes fujets de s’intéreffer dans cette compagnie. Ce fut bien pis après l'expédition des lettres-patentes , revêtue de toutes les graces qui pouvoient leur donner du poids ; alors les puif- fances maritimes ne garderent plus de ménagement; elles menacerent l’empereur de la guerre la plus opi- mâtre, & leurs menaces devinrent objet de Pagi- tation de l’Europe en 1725; enfin, comme tout étoit prêt à s’armer , l’empereur prit le parti qu'im- pofe la néceflité, celui de céder à la force, & de fufpendre.fon otroi. On comprend bien que l’inac- tion de la compagnie d’'Oflende depuis ce tems-là juf- qu'à ce jour 1760, eft une fupprefion réelle fousun nom plus adonci; & les négocians des Pays-bas au- trichiens ne fauroient encore s’en confoler. ‘ ILeft vrai que l’empereur n’étoit pas trop fondé dans fes prétentions, On avoit fipulé dans les trai- tés d'Utrecht , & dans celui de la Barriere , conclu à Anvers en 1715, qu'il ne pofléderoit les Pays-bas efpagnols , qu'avec les mêmes droits & les mêmes prérogatives que Charles IT. les avoit poflédés, Or ce prince ne pouvoir pas établir dans fes domaines une compagnie pour le commerce des Indes; d'où il réfulte que fon fucceffeur étoit aftreint à la même claufe; mais quand Charles VE. auroit pu, avec juitice, défendre fa compagnie d'Oflende , 1 eft vraïf- femblable que cet établiffement auroit allumé Le feu d’une guerre ruineufe, & que fa nouvelle compa- gnie n’auroit jamais pü fe foutenir. (D. J.) OSTENSIF , adj. (Gram.) qui peut être montré. Il y a des lettres fecrettes qui ne font que pour celui à qui elles font adreflées ; & des lettres oftenfives, qu'il faut montrer comme les feules qu'on ait reçues: OSTENT ATION , f. f. (Morale) parade de fes qualités, de fes talens, ou de fes aétions, Si cette parade eft fauffe , elle nous rend le jouet de nos fo- lies, & nous couvre de ridicule. Si elle eft fondée, mais fans fafte injurieux pour les autres, c’eft un vernis qui a la propriété d’embellir &7 de confer- ver ce qui en eft digne. La- vertu, faut-il le dire, a quelquefois befoin de fe faire valoir pour être re- marquée. Cicéron fe trouva dans des conjonétures où il lui convenoit de parler de lui-même &z de {es fervices avec quelque ofknration. Elle réuflit d’or- dinaire dans les républiques , rarement à la cour des rois , Ou dans un corps de fénateurs ariflocratiques. Elie ne fied pas mal à un général couronné de lau- riers, Pour faire aimer la belle gloire aux troupes,il y faut mêler un peu de la faufle.La bravoure des foldats eft toute dans les yeux ou dans la voix de celui qui les commande. Ils ont befoin pour marcher qu’on leur enfle le cœur de vaines promefles & de ma- gnifiques projets. (2. J.) \ OSTEOCOLLE , ff, (Hif. nas.) c'eft ainfi qu’on . nomme une fubftance fofllle , qui reflemble parfai- tement à des racines d’arbres nérrifiées. Elle eft or- dinairement inégale & raboteule , d’un blanc jau- nâtre , cependant dans quelques parties elle eft quel- quefois blanche comme de la neige, tandis que d’au- tres parties font grifes ou noirâtres, Cette fubftance ne fe trouve que dans des terreins arides &c fablon« neux ; elle eft d’une forme cylindrique; on en irou- ve depuis la groffeur d’une plume , jufqu’à celle du bras ou de la cuiffe, Le tiffu de cette fubflance eff moins compaéte au centre que vers l'extérieur ow l’écerce : quelques morceaux paroiïflent avoir leur centre rempli de petits trous comme l’intérieur des os. Les gros morceaux ou racines ont moins de con- fiftance & de folidité que les peuits. En général lof? réocolle eft tendre & fragile tant quelle eff en terre, ce qui fait qu’on a beaucoup de peine à la tirer en grands morceux , mais elle acquiert de la confiften- ce lorfqu’elle a été expofée à l’air. Les naturaliftes ont été très-embarraflés pour con- noître la nature & l’origine de lofféocolle , quelques: uns l’ont pris pour une concrétion fpathique , d’au- tres l’ont regardé comme une efpece de tuf ou d'inf- cruftation ; d’atitres ont cru que c’étoit des offlemens calcinés ou pétrifiés à caufe de fa forme êz de fon tiflu. Ferrante Imperato en a très-bien jugé lorfqu’il a dit que c’étoit une racine changée en une pierre tendre & mélée de fable. En effet cela eft conforme aux obfervations & aux expériences les plus écen- tes qui ont été faites fur l’offéocolle ; elles font dûes x M. Gleditfch de l’académie de Bern; 1l a exami- né cette fubftance qui fe trouve très‘communément dans la Marche de Brandebourg , 87 le célebre M. Margeraff en a fait l’analyfe chimique. Voyez les mémoires de l’académie royale de Berlin, année 1748: | OST D'après ces obfervations 1l paroït conftant que Pofféocolle a été formée par des racines d’arbres, qui, après s'être pourries dans le fable par l'humidité, ont été remplies peu-à-peu d’une terre calcaire, femblable à de la craie ou à de la marne, mêlée de fable , à qui ces racines pourries ont fervi de moule. Ce qui conftate ce fentiment d’une maniere indu- birable ; c’eft un fait rapporté par M. Gleditfch. Lorfqu'il s’occupoit à chercher de l'offéocolle ; il vit un pin placé fur un lieu élevé , les eaux avoient en. traîné une partie du terrein fablonneux qui couvroit fes racines, dont plufeurs étoient À nud par un cô- té ; ayant eu la curiofité d'examiner fes racines par le côté où elles étoient encore enfoncées dans le fable , il trouva qu’une de ces racines de la grof- eur du bras, & tenant encore au tronc, étoit chan- : gée en offéocolle , & que la partie ligneufe pourrie ëc changée en terre étoit reftée au centre. Ce fait eft propre à lever toutes les obje&ions , puifqu'il prouve la pétrification d’une racine enfevelie dans le fable, & qui tenoit encore à l'arbre vivant. D’au- tres obfervations ont convaincu M. Gleditfch de plus en plus de cette vérité , il a trouvé des o/féo- colles , dans lefquelles la fubftance ligneufe étoit en- core mêlée avec la fubftance terreule ou pierreufe. — Toutes ces obfervations font confirmées par les expériences que M. Marggraff a faites fur l’offéocolle; elles prouvent qu’elle eft compofée d’une pierre cal- caire , d’un fable fin, & de particules de végétaux pourris. Voyez les mémoires de l'académie de Eer- lin, année 1748. pag. 35-59. M. Beurer de Nuremberg a aufli examiné l’o/fco- colle avec beaucoup d’attention ; fes obfervations s'accordent parfaitementavec celles de M.Gleditfch, excepté qu'il fonpçonne que cette fubftance eft pro- duite par les racines du peuplier noir, vu qu'il ap- perçut une branche defléchée de cet arbre & un ra- meau encore verd adhérent à un peuplier noir, dont la partie fupérieure étoit encore du bois, & dont la partie inférieure étoit changée en offéocolle. Voyez les tranfa@&. philofoph. 2°. 476. Les Naturaliftes ont donné une infinité de noms différens à cette fubftance qu’ils connoïfloient fi peu; il eff à-propos de les rapporter pour pouvoir enten- dre les différens ouvrages qui en ont parlé ; ils Pont appellé offéocolla , ofltes, lapis offifragus , offina, offifana , lapis morochius , hammofleus , enofleos , ho- lofteus | ofléolithus , flelechites , lapis afiaticus | lapis Jabulofus, lapis fpongie , cyfleolithus , foffile arberef- cens. La plüpart de ces-dénominations font fondées fur la refflemblance que cette fubftance à avec les os, ou fur la prétendue vertu qu’on lui a attribuée de fervir à confolider & à faire reprendre les os fraêturés ; c’eft pour cela qu’on l’appelle aufli pierre des rompus, ou pierre des os rompus, On fent aïfé- ment que ces vertus font imaginaires, cependant lofféocolle occupe encore une place dans la boutique des apoticaires d'Allemagne , qui fouvent lui fubf- tituent du gypfe ou du fpath. OSTEOGOLLE , on aflure que l’o/féocolle eft un fpécifique pour La génération du cal dans les frac- tures. Fabrice de Hilden en dit des merveilles dans fes obfervations de chirurgie. 11 prétend que par l'ufage intérieur &c extérieur de cette pierre , il a obtenu bien plus promptement que d'ordinaire la confolidation des os fraéturés, Il a des obfervations par lefqueiles il femble que le cal étoit difforme, parce qu'il fe faifoit avecitrop de précipiration , comme fi la nature avoit porté, par l’opération de cette pierre , une trop grande quantité de fucs offeux à la partie fraturée. L'auteur aflure avoir été obligé de s’abftenir de l’ufage del’offocolle, & d'employer des moyens pour réprimer le cal, tels que des re- medes repercuffifs , & une plaquede plomb bienfer- OS Ï 6gr rée : de-là il conclut qu’on ne peut fe fervir utilement de ce fecours que pour des vicillards en qui Les fucs nourriciers mariquent ; mais que fur un jeune hom- me , tel que celui qui étoit le fujet de fon obferva- tion , 11 falloit en ufer bien modérément. Il y a bieri de l’apparence qu'il en a été de ce remede , comme de toutes les nouveautés qu’on accueiile d’aboïd avec énthoufalme Contre toute raifon , & qu’on * abandonne fouvent tout à-fait âvec auffi peu de fon- dement , parce qu'il pourroit y avoit un point d’u- tilité , en-delà & en-deçà duquel on fe porte trop communément. ( Y° OSTÉO COLLE, (Mar, med.) les pharmacolosiftes nt encore attribué à cefte fubftance pierteufe des qualités fpécifiques contre les fleurs blanches & la gonorrhée ; ces vertus font purement imaginaires : & même quoique l’offéocolle foit formée en partie d’une certaine quantité de terre foluble par les aci- des, elle n’eft pas même utile à titre d’abforbant à parce que, félon Cartheufer , qui l’appelle avéc rai: ion rude, craffum , & ignobile concretum , elle eft en: core compoiée d’une autre matiere qui n’eft nulle- ment médicamenteule , favoir de fable. Une petite quantité d'huile empirenmatique & de phlegme al: Kali volatil qu’on en retire par la violence du feu ; & quelques foibles vapeurs d’efprit de fel qui s’en élevent par l'application de l'acide vitriolique, peu- vent indiquer l'origine végétale de l’of£ocole , mais non pas des vertus médicinales. (b) OSTÉOGONIE., £. f. (Anar. ) la partie de l’Of: téologie qui donne la defcription de tous les chan= gemens qui arrivent aux os depuis leur commence- ment juiqu’à leur état de perfedion. Ce mot eft for- mé du grec oorcor , 05 , ÊC yeenis , génération, Nesbeii human ofleoponie , Lond. 1736. 8°. | OSTÉOGRAPHIE, £ f. ( Anar.) c’eft urie paitie de l’Oftéologie, qui décrit les os tels qu’ils font dans leur état de perfeëtion. Le. mot eft formé du gtec orTeoy , OS , TC ypaqu, defcription. Chefélden ofleography , à Lond. 1733, ér-fol. | 4, of chefelder”s oflography , Lond. 1735. in-fol. OSTÉOLOGIE, ff. ( Anar. ) la partie de l’A: natomie qui a pour objer la nature & la fabrique des os du corps humain ; leur forme , leur difpofition , leur articulation , leur ufage , &c, Voyez auffr l'arti- cle ANATOMIE. Ce mor eft compolé d’osreor, 05,87 Aoyos » difcours. OSTÉOTOMIE, £ f. ( Anar.) partie de l’Anato. mie qui traite de la diffeéhion des os. Ce mot eft compofé de deux mots grecs ; aorsct, os ; ÊËL de TEAVO % Je coupe , je diffequé. OSTERLAND , L’ (Gcog.) ce mot vent direle pays oriental, C’eft un canton d'Allemagne dans l’é- leétorat de Saxe ; 1l fe termine au N. par Le duché de Naumbourg, & par la Mifmie , qui le borne aufñfi à JE, Il eft terminé au S. par le Voistland, & au N. O. par le duché de Wéymar. Altembourg en eft la ca- itale. OSTERLINS , MAISON DES ( Com.) on appelle à Anvers, ville du Brabant, la maifon des oflerlins ; un vafte & fuperbe bâtiment compofé de quatre grands corps de logis, avec une cour dansle milieu, & une haute tour fur la partie d’entrée, qui fervoit autrefois de comptoir aux villes anféatiques du tems qu’elles en avoient dans les principales villes de commerce de l’Europe. C'étoit dans cette efpece de palais que réfidoit le direéteur on conful decette célebre fociété de mar- chands , & qu’étoientd’immentes magafins de toute forte de marchandifes , non-feulement du nord où avoit commencé la confédération , mais encore de toutes les parties du monde alors connues, où ces villes fameufes portoient leur commerce, 692 OST Les plus confidérables comptoirs ; après celui d'Anvers, étoient ceux de Londres, de Novogorod en Ruflie,& de Berghen en Norwege.On voit encore dans cette derniere ville une pareille maifon de celle desoflterlins d'Anvers , qui fert de demeure à des marchands qui y vivent fous de certaines lois, dont une des principales eft de ne fe point marier tant qu'on y veut avoir fon habitation, ce qui lui a fait donner le nom de cloître. Savary. (D. J.) OSTÉRODE,, ( Géog. ) petite ville d'Allemagne de l’éledtorat d'Hanovre , dans la principauté de Grubenhagen. Long. 27.32.lat. 51.50. OSTIAKS , ( Hiffoire mod. & Géographie. ) au- deffous de la contrée des Samoyédes eft celledes O/- siaks , lelong du fleuve Oby. Els ne tiennent en rien des Samoyédes, finon qu'ils font comme eux & comme tous les premiers hommes , chafleurs, paf teurs & pêcheurs; les uns{fansreligion, parce qu'ils ne font pas raflemblés ; Les autres qui compofent des hordes , ayant une efpece de culte , faifant des vœux au principal objet de leurs befoins ; 1ls adorent une peau de mouton , parce que rien ne leur eft plus né- ceflaire que ce bétail ; de même que les anciens Esyptiens agriculteurs chorfifloient un bœuf, pour adorer dans l'emblême de cet animal la divinité qui l’a fait naître pour l'homme. Les Ojliaks ont auffi d’autres idoles, dont ni l'o- rigine , ni le cuite ne méritent pas plus notre atten- tion que leurs adorateuts. On a fait chez eux quel- ques chrétiens vers lan 1712. Ceux-là font chré- tiens comme nos paylans les plus groffiers, fans fa- voir ce qu'ils font. Plufieurs auteurs prétendent que ce peuple eft originaire de la grande Permie : mais cette grande Permie eft prefque déferte ! Pourquoi fes habitans fe feroient-ils établis fi loin & fi mal ? -Ces abfurdités ne valent pas nos recherches. Tout peuple qui n’a point cultivé les arts doit être con- damné à être inconnu. C’eft fur-tout chez ces Offaks,chez les Burates &c Les Jakutesleurs voifins, au’on trouve fouvent dans Ja terre de cet ivoire dont on on n’a pu jamais fa- voir l’origine : les uns Le croient un ivoire foffile , les autres les dents d’une efpece d’éléphant dont la race -eft détruite. Dans quel pays ne trouve-t-on pas des produétions de la nature qui étonnent , qui confon- dent la Philofophie ? defcript, de Ruffie , p. 42.(D.J.) OSTFALES, Les (Géog.) partie confidérable des anciens Saxons établie entre l’Elbe & le Wefer. Les Ofifales confinoient aux Slaves, peuples fitués au- delà de l’Elbe, Les Wefttales s’étendoientprefquejuf- qu’au Rhin; entre eux êc les Offfa!es étoient les An gariens, dont Engeru qui fubffte encore, étoit la capitale. Ces Offfales ou Offfaliens, font nommés ailleurs Offerlings, Aufirelings, Auffrelins & Auftra- fiens. On peut dériver le mot d’Offfales & d'Ojifi- ders , des mots f/d , campagne , &c o/f orientale. Dans le fixieme fiecle les Offfales s'érendirent aux parties feptentrionales de la Thuringe ; enfuite avec le tems ils fe reculerent, & ce quiavoit été la Saxe fut abandonné aux Fales occidentaux , qui donne- rent à ce pays le nom.de We/fphalie qu'il porte en- core. (D. J.) "OSTFRISE ox OOSTFRISE, (Géog.) ce mot eft équivoque, & a fignifié en divers tems des pays fort différens. Quelquefois il s’eft dit par oppoñtion au mot de Weftfrife, & alors il ne fignifioit que le pays fitué entre le Fevus & le Lauwers. C’eft de ce can- tonqu'étoit fouverain Guillaume, comte d'Ofifrife, dont parle Beka, hiftorien de l'églife d'Utrecht, ir Balduino-IT. Dans l’ufage préfent ce cantoneft com- -pris dans la Frife proprement dite, qui eft une des fept Provinces - Unies. Il eft borné au nord par la mer d'Allemagne, à l’orient par le comté d’Oklen- bourg , au midi par l'évêché de Munfter, au cou- chant par la province de Groningue , ou par l'em- bouchure de l’Embs.. On le nomme aufli quelque: fois le éomte d'E mbden, dunom de fa capitale. Ce pays marécageux eft divifé en dix quartiers; dont les uns font fur les côtes de la mer, & les au- tres dans les terres. Il a eu depuis 1654 fon fouve- rain patticuher , fous la proteétion des Provinces- : Unies. Enfin en 1744, il eft tombé entre les mains du roi de Pruffe. (D. J. OSTIA , (Géog.) ce mot dans les cartes géogra- phiques dreffées en latin, veut dire les embouchures d’un fleuve qui entre dans la mer par plufieurs ou- vertures, Ofium au fingulier , veut dire l’ezsrée, la porte d’unpays , d’un lieu; & à l'égard des détroits & des rivieres, 1l fignifñie leur embouchure. Les an- ciens ont nommé le bofphore de Thrace Offium cya- reum , à Canfe des îles cyanées qui font voifines de l'entrée de ce détroit. OSTIAQUES , (Géog.) peuple d'Afe dans la Si- bérie , aux environs de Oby, d’où il s'étend juf- qu’au Jénifca quile termine à l'E. [l eft borné au N. par le cerclé polaire, & au S. par les Calmoucks. IL fait partie de la Tartarieruflienne. Les Offiaques habitent fous le 60 degré de Zatiru. de. [ls font petits & mal faits ; ils vivent de poif- fon ou de viande crue; ils mangent la chair de tou- tes les efpeces d'animaux fans aucun apprêt ; 1ls boi- vent plus volontiers du fang que de l’eau ; ils font idolâtres , & errans comme les Lapons & les Samoyé- des. Ils ne veulent pour femmes que des filles qui ont eu commerce avec d’autres hommes, Gc. Cet expolé n’eft qu’un échantillon des ufages &z de la ffupidité de ce peuple. On trouvera de plus grands détails dans les mémoires fur l’état dela Ru fie ,imprimés à Amfterdam en 1725. On dit qu'on a amené plufieurs de ces idolâtres à la connoïffance de l'Evangile fur la fin du regne de Pierre le grand, (D.J.) Voyez OSTIAQUES, OSTIARIUM , {. m. ( if. anc. ) tribut qu'on faifoit payer de porte en porte. Il éroit très-injufte, puifqu'il étroit égal pour le pauvre & pour le riche. OSTIE , (Géogr,) ancienne ville d'Italie dans la campagne de Rome, avec un évèche quieft uni à celui de Vélétri. Cette ville fi fameufe du tems des Romains, eft entierement détruite & ne confifte que dans une églife, au-tour de laquelle 1ly a quelques miférables maifons en partie ruinées. Cerendroit eff au milieu de l’ifthme , borné au couchant par l’an- cienne branche du Tibre, & à lorient parun marais, à 5 lieues S. O. de Rome. Long, 20, 58, lat. 41. 47. Denys d'Halicarnafle , Z. {[1, ch. xlij, donne une longue defcription de la fondation d'Offe, & Tite- Live, div. Ich. xxx. Va faite en deux mots: 4xco Martio regnante , in ore Tiberis Ofkia urbs condita , fa- linæ circa faite, Elle tut faccagée par Marnus , mais elle fe rétabht promptement. L'empereur Claudeen fit un port fermé avec une haute tour, furle modele de celle d'Alexandrie , pour fervir de phare aux vaiffleaux. Une feule chofe contribua à ruiner la grandeur de cette ville, fon ancien canal fe combla peu-à-peur, 8 rendit fon portinutile. Malgré le nouveau portqu'y fit Trajan , Oflie tomba dans le dépériffement , à la chute de l’empire romain. Les barbares acheverent de la ruiner , & les Sarrazins n’ylaifferent pierre fur pierre. Les habitans furent amenés en efclavage, &z ceux qui échaperent au fer ou à la fervitude , {e re- tirerent bien loin de ce funefte lieu. En vain le pape Gregoire IV. voulut rétablir en 830 cette ancienne ville, les Corfes qu'il y envoya périrent par lemau- vais air de cet endroit inculte. Enfin le nom même de cette ville feroit perdu, fi elle n’avoitété le titre du premier fuffragantdeRome. ( D.J.) OSTIENNE , PORTE ( Topographie de Rome, Of: æienfis porta , porte de la ville de Rome da côté d’Of- tie: on la nommoït aufli por£z trisencina ; cet au- jourd’hu Ja porte de S. Paul. - Nu OSTIENNE, VOIE ( Topograph, de Rome ) via of- tienfss ,| grande route qui menoït de Rome à Offie. Dans le tems que ce port étoit floriffant, toute cette toute longue de douze mille pas, étoit bordée de maifons de plaifance & d’hôtelleries. OSTIPPO , À Géog, arc, ) ancienne ville d'Efpa- gne dans la Bétique: elle e% nommée 4ffupa par Tite- Live, Liv. xxviy, ch, xxij. c’eft préfentement Effepa en Andaloufe, à pres de trois lieues d'Exija. (D.J.) OSTISE, ( Jurifprud.) fignifie demeure , & peut venir du latin oftum, qui veut dire l’ensrée de la maifon; du plutôt du latin Lo/pes , dont on a faiten françois hofte & Loffife, & par corruption offife, Droit do/fife eff le droit de demeurer quelque part : on en- tend'auffi par-lä le devoir annuel que le fujet paye À fon feigneur pour le fouage ou tenement. Foyez Gal- land, srart. du Franc-aliu | & Lauriere en fon glof- faire, au mot OfAfe. (4 OSTRACINE ; ( Géog. anc. ) nom d’une ancienne ville d'Egypte, d’une montagne du Péloponnefe dans VArcadie , & d’un quartier de la ville d’Antioche de Syrie. | OSTRACISME , f. m. ( Pofir. d’Arhènes. ) loi par laquelle le peuple athénien condamnoit {ans flé- triffuré ni deshonneur, à dix ans d’exil , les citoyens dont il craignoit la trop grande puifflance, & qu'il foupçonnoit dé. vouloir afpirer à la tyran- lie. Cette loi fut appellée ofracifime, du mot grec êe- mpator | Qui figmfe proprement une écaille, Ou une coquille; mais qui dans cette occañon , eft pris pour le bulletin, s’il m’eft permis de me {ervir de ceter- me, fur lequel les Athéniens écrivoient le nom du citoyen qu'ils vouloient bannir. Peut-être que êe- rpaxoy défipnoit un morceau de terre cuite faite en forme d’écaille ou de coquille, du-moins les Latins ont traduit le mot grec par /ffule. Le ban de loffraci/ine n’avoit d'ufage que danses occafons où la liberté étoit en danger ; s'il arrivoit par exemple , que la jaloufe ou l'ambition mit la difcorde parmi les chefs de la république, & qu’il fe formât différens partis qui fffent craindre quelque révolution dans l’état, le peuple alors s’affembloit, ër délibéroit fur les moyens qu'il y avoit à prendre pour prévenir les fuites d’une divifion qui pouvoit devenir funete à la Liberté. L’offracifine étoit le re- mede ordinaire auquel on avoit recours dans ces fortes d’occañons; & les délibérations du peuple {e terminoient le plus fouvent par un decret, qui indi- quoit à certain jour, une aflemblée particuliere pour procéder au ban de l’offracifme. Alors ceux qui Mais il eft tres petit, & demeure lonp-tems attaché au ger me du pifil, il ny a point de pétale ; le germe ou Pembryon du piftil eft rond ; le flile eft applati & le ftigma arrondi. Le fruit eft une ba ye fphérique, for mant une loge qui contient une feule femence of. feufe. Linnat, gen, plant. bas. 472, Tourn. LEUR O T OTACOUSTIQUE , adj. (Æconff. ) terme qui fe dit d’infirumens qui aident ou perfeétionnent le fens de louie. Foyez Ours. Ce mot qui eft peuufité eff formé du DYeC ée) wToe, oreille, & axe, entendre. Poyéz PORTEvOIx, Cor- NETS, ÊÉCHO & CABINETS SECRETS. OTAGE, f. m. (Droit polir, ) un rage eft un ga- ge de la fureté d’une convention ; l’on joint quel- quefois aux traités de paix , pour fureté de leur exé- cution, des érages , des gages ou des parants. Les Otages font de pluficurs fortes ; cat ou ils fe donnent eux-mêmes volontairement , ou c’eft par ordre de leur fouverain, ou bien ils font pris de force par ennemi : rien n’eft plus commun aujourd'hui, par exemple , que d'enlever des étages de force pour la fureté des contributions. Le fouverain peut , en vertu de fon autorité, contraindre quelques-uns de fes fujets à fe mettre entre les mains de l'ennemi pour rage : car s'il eft en droit quand la nécefité le requiert , de les Expo- {er à un péril de mort, à plus forte raifon peut-il enga- ger leur liberté corporelle ; mais d’un autre côté ; Pétat doit aflurément indemnifer les ôtages de toutce qu'ils peuvent fouffrir pour le bien de la focicté, L'on demande , & l’on donne des Otages pour la fureté de l’éxécution de quelque engagement ; il faut donc pour cela que l’on puifle garder les 6ra- ges comme on le juge à-propos , jufqu’à l'accom- phiflement de ce dont on eft convenu. Il fuit de-là qu'un érage qui s’eft conftitué tel vo- lontairement , ou celui qui a été donné par le fou- vérain, ne peut pas fe fauver ; cependant Grotius accorde cette liberté aux derniers: mais il faudroit pour cela , ou que l'intention de l’étar für que l’orz- ge ne demeurât point entre les mains de l'ennemi ; ou qu'il n’eht pas le pouvoir d'obliger l'étage à y demeurer. Le premier eft manifeftement faux ; Car autrement l'érage ne ferviroit point de fureté , & la convention feroit illufoire ; l’antre n’eft pas plus vrai, car fi l’état en vertu de fon domaine ém:- nent, peut expofer la vie même des citoyens, pour- quoi ne pourroit-il pas engager leur liberté? auf Grotus convient -il lui-même , que les Romains étoient obligés de rendre Clelie à Porfenna : mais il n’en eft pas de même à l'égard des érages qui ont été pris par force ; car ils font toujours en droit de fe fanver , tant qu'ils n’ont pas donné leur parole qu'ils ne le feroient pas. On demande, fi celui à qui l’on a donné des #r7- peut les faire mourir , au cas que l’on n’éxécute pas fes engagemens ? Je réponds que les Otages eux-mê- mes n'ont pu donner à l'ennemi aucun pouvoir {ur leur propre vie dont ils ne font pas les maîtres. Pour ce qui eft de l’état , il a bien le pouvoir d'ex- pofer au péril dé la mort la vie de fes fujets , lorf- que le bien public le demande ; mais ici tout ce que le bien public exige, c’eft qu'il engage la liberté corporelle de ceux qu'il donne en étage , &il te peut pas plus les rendre refponfables de fon infidé- Lté au péril de leur vie , qu’il ne peut faire que l’'in- nocent foit criminel ; ainf l’état n'engage nullement la vie des. drages : celui à qui on les donne eff cenfé les recevoir à ces conditions ; & quoique par l’in- TTtr 696 OTE fradion du traité , ils fe trouvent à fa merci, ilne s'enfuit pas qu'il ait droit en confcience de les faire mourir pour ce fujet feul ; il peut feulement les re- tenir déformais comme prifonniers de guerre. Les érages donnés pour un certain fujet font li- bres , dès qu’on y a fatisfait, & par conféquent ne peuvent pas être retenus pour une autre caufe pour laquelle on n’avoit point promis d'érages. Que fi l'oh a manqué de parole en quelqu'autre chofe ou contra@té quelque nouvelle dette, les Grages don- nés peuvent alors être retenus, non comme dsages , mais en conféquence de cette regle du droit des gens , qui autorife à arrêter la perfonne des fujets pour le fair de leur fouverain. Un érage eft-il en liberté , par la mort dun prince qui l’avoit donné ? Cela dépend de la nature du traité, pour la fureté duquel on avoit livré l'étage, c’eft-à-dire qu'il fant examiner s’il eft perfonnel ou réel. Que fi l'érage devient l'héritier & fucceffeur du prince qui l’avoit donné , 1l n'eft plus tenu alors de demeurer en érage, quoique le traité foit réel; 1 doit feulement mettre quelqu'un à fa place, fi l’au- tre partie le demande, Le cas dont il s’agit étoit ta- citement excepté ; car on ne fauroit préfumer qu'un prince, par exemple, qui auroit donné pour drage fon propre fils, fon héritier préfomptif, ait préten- du qu’au cas qu'il vint à mourir lui: même, l’état fût privé de fon chef. (2. J.) ° OTALGIE, f. f. (Médec.) Une douleur d'oreille quelconque pent s’appellertora/gie , mais fur-tout fi celle qu'on reffent à cette partie cft intérieure & violente. La douleur interne de loreïlle qui vient à la fuite de quelque inflammation, eft dangereule ; on la di- minue par la faignée, & enfuite par Pévacuation du pus ; il faut y appliquer les émolliens antiphlogifti- ques, & relâcher le ventre. [ faut deffécher l’éréfipele à la faveur des abfor- bans fecs, & de l'application des doux aftringens. Si c’eft un catarre ou l'écoulement de quelqu’hu- meur tenue & Âcre , qui produit la douleur d’oreil- le , il faut détremper cette humeur & l’adoucir par des lotions émollientes, chaffer la matiere par les véfcatoires, les ventoufes, & en faire la dériva- tion fur une autre partie en lâchant le ventre. (D, J.) OTARDE, voyez OUTARDE. OTELLES , serme de Blafon. Bouts de fer & pr ques affez larges par derriere qu'on a appellés araz- des pelées , à caufe qu'ils en ont la figure ; on char- ge quelquefois l’écu de ces bouts de fer: quelques- uns font venir ce mot de haffule ou haffilæ , pique ou lance. OTENE , (Géog. anc.) contrée de l'Arménie, fe- lon Pline, 4v. XII. c. xij. Etienne place le peuple Oteni vers le fleuve Cyrus avec les Obaréniens, (D. JT.) | OTER , v.a@. (Gram.) cet ou féparer, ou pri ver, outranfporter, Ou éloigner, ou déplacer , ou diminuer, ou arracher, ou perdre, &c. 0£ez cet en- fant de la voie des carofles : qui de 9 dx ÿ, refte 4 ; on lui a éré jufqu’à fes fouliers ; la violence de fa pafñion lux a éré la raïfon, Ec. OTER , ( Jardin.) on dit rer une branche à un arbre ; éver le trop de fruit noué pour que le refle vienne plus beau ; der un chancre, de la mouffe ; éver le trop de chevelu, de racines &c autres. Orer SES DENTS , fe dit d’un poulin, lorfque quelques-unes de fes dents de lait tombent pour faire place à d’autres ; ce cheval d& fes dents de trois ans. OTEVENT , f. m. (Charpenter.) c’eft, un affem- blage de cinq ou fix planches qu’on met au-deffus d’une boutique pour la garantir du vent, de la pluie OTR &c du foleil ; on a fait de ce terme celui d’auvent ; dont on fe fert aujourd’hui. ( 2.7.) OTHIN , £. m. (Mÿrhol. ) ce mot s'écrit encore Otin & Odin, nom propre d’un dieu des anciens Danois. Leurs principaux dieux étoient Ochiz, Thor &c Freyus ; c’étoit de grands hommes ou des con- quérans qu’on avoit mis au nombre des dieux, com- me Sturlæfonius l'a prouvé. Voyez auffi Bartholin, Antiquit. Danicæ, & Saxo-Grammatieus, 5/2. Dur. (D.J. OTHOMAN où OTTOMAN , ( Gram.) on dit l'empire Orroman , l'empereur Ortoman ;"cette dé- ! nomination vient d'Orhomar ou Ofinan , prenner empereur des Turcs. Ofman n’étoit que le äls d'un payfan nommé Orthogule : voilà l’origine de tous ces potentats jufqu'à ce jour. Voyez MUSULMAN, Turc. OTHONNA , (Hit. nat.) pierre connue des an- ciens, qui fe trouvoit en Egypte & qui étoit d’une couleur d’airain, on croit que c’eft la pyrite. (—) OTHONA , ( Géog. anc. ) ancienne ville de l'ile de la grande-Bretagne, fur le rivage Saxon. Le fa- vant Bauter penfe que cette ville a été engloutie par la mer, & que Maeldon eft Orhona nova. (D.J.) OTHRYS , (Géog. anc.) montagne de Theflalie ; c'eft là, dit Strabon , que prend fa fource l’Enipée , grofi par l’Apidan, riviere qui vient de Pharfale. Stace dit dans fon Achilleide, 1. TI, Jam triflis Pholoe, jam nubilus ingemis Othrys. Virgile y met des Centaures , & dit Æneid, 1, PTI, verf. 67. Defcendunt Centauri omolen Otrynque zivalem Linquentes curfu rapido. (D. 1.) OTOURAK,, rerme de relation, c’eft le nom que l’on donne dans les troupes Ottomanes aux foldats que l’on paie fans qu’ils aillent fervir en campagne : l’aga des janiffaires a fous lui plufeurs milliers de janiffaires à morte-payes , qu’ils appellent ocourak, c’eit-à dire gens de repos. Du Loir, (D.J.) OTRANTE, (Géog. ) province d'Italie au royaume de Naples, bornée N. par la terre de Barri & par le golfe de Venife, £. par le même golfe, S. O. par un grand golfe qui eft entrelle &e la Baflicate. Cette contrée montagneufe abonde en, olives, en figues & en vin. Elle eft fort expolée aux courfes des corfaires Turcs. C'eft du cap d'Otrante que Pyrrhus conçut autrefois Le deflein extravagant de joindre par un pont l'Italie à la Grece: il auroit eu 13 lieues de quatre nulle pas chacune. La terre d’Orrante comprend l’ancienne Calabre & la Meffapie où étoient les peuples Farezrint , Calabri, Salentini & Japyges. Elle a près de 120 mil- les de côtes, & eft fouvent broutée par les cava- _Lettes | forte de fauterelles ; mais les corfaires Turcs y font bien plus à craindre: car quand ils y font des defcentes , ils pillent la campagne &t emmenent en efclavage tous les habitans qu'ils peuvent fur- prendre ; cependant malgré de fi grands inconvé- niens, la terre d’Orrante eft peuplée, & compte au nombre de fes villes quatre archevêchés & dix evêchés. (D.J.) OTRANTE , ( Géog.) ancienne ville d'Italie au royaume de Naples, capitale de la terre d'Orranre, avec un archevêché & un port. Les Turcs la prirent fous Mahomet Il. Ferdinand, roi de Naples, la re- prit. Elle eft à l'embouchure du golfe de Vemife, à 24 milles $. de Tarente , 16 S. E. de Brindifi. Long. 36. 10. lat. 41. 21. Les Latins ont connu cette ville fous le nom d'Hydrus , au genit. Hydruntis , ville de la Pouille la plus proche de la côte d’Epire. Son port qui eff à 20 milles du capidé Leuca , étoit beaucoup rméil- leur avant que les Véniriens l'euffent gâté ,sëc l’on doit être furpris qu’il n’ait point été fépaté, puif- guétant bien entretenu , il rendroit un roi de Naples maître de l'entrée du golfe, encas de mé- intelligence entte lui & les Vénitiens. (D. 7.) OTRARE , (Géog. ) ville d'Afie dans le Tur- keftan. Elle eft arrofée par la riviere de Schafeh, & n’eft pas loin de celle de Balaffagoon. Alfaras & Albiran: ; fuivis par Abulfeda , lui donnent 88, 3o de longitude, & 44 de latitude, OTRICOLT, (Géog.) en latin Orrienlum où Obri: culum dans Tite-Live ; autrefois ville célébre de l’Ombrie, à préfent village d’italie dans l’état de l'Eglife , au duché de Spolette, & aux confins de la Sabine. Les ruines de Pancienne Osriculum {ont dans la plaine, aflez près de la hauteur fur laquelle eft le village préfent Orricoli, OFRUCHE, f. f. (Boran.) nom que le peuple donne à l’impératoire. Poyez IMPÉRATOIRE, Bo- tan. (D.J.) À ne OTTENWALD , (Géog.) ceft-à-dite la forêt d'Otton, en latin Orronia fylva; petit pays d’Alle: Magne au palatinat du Rhin, entre le Mein & le Necker, aux confins de la Franconie & de l'éledo. rat de Mayence. Il appartient à l'élcâeur Palatin, & n’a ni villes ni boures, OFTESUNDE, (Géog.) en latin moderne Osr0- zis fretum ; détroit ou bras de mer du Jutland fep- tentrional, entre l’île de Thyholm au Nord sétRle pays de Lemwick au Midi: çe détroit fépare le dio- cefe d’Alborg an Nord, de ceux de Rypen & de Vi- bourg. On lui a donné le nom d’Osro7 > Parce qu’un empereur de ce nom alla dans le Jutland jufque-là. D.J. : GTTONA, (Æiff, mod.) les Japonois donnent ce nom à un mäpiftrat chargé de l’infpe@ion de chaque rue dansles villes. Ce font des efpeces de commitiai- res qui veillent à la police de leur diftriét ; ils ont foin que l'on y.fafle exaétement la garde pendant la nuit, & que les ordres des gouverneurs foient exé- cutés. L’orronz eft élu par les notables de chaque rue, & approuvé par le gouverneur ; il a fous lui des liéutenans qui l’affiftent dans fes fon@tions , ainfi qu’un grefñer. | : OUABACHE , (Géop.) grande riviere de l’Amé- rique feptentrionale dans la Nouvelle France ; àJa- quelle M. de Lifle donne auffi le nom ridicule de S. Térôme. Cette riviere eft formée par l'Ohio, & dela riviere des Miamis: Le pays qu’elle arrofe font de vâftes prairies à perte de vüe, où fe trouve une quantité prodigieufe de ces bœufs fauvages, qu’on appelle bœufs illinois, (D, J.) pr OUAGE 04 OUAICHE , L£. (Marine. c’eft le fil- lage ou la trace que le vaiffeau fait à la mer. Tirer un vaifleau en oaiche, ou le rouer ou relorquer , c’eft fecoutir un vaifleau qui eft incommodé, ou ui marche mal, en le touant ou remor uant par ? É l'arriere d’un autre vaifleau , ce qui fe fait ainfi. Le vaiñlean qui rémorque, ou tire en oxaiche, attache le bout d’un cable, ou d’une baufñiere, au pié de fon grand mât, & faifant pafler l’autre bout par un fabord de l’arriere ; il fait porter cé bont à bord du vaifleau incommodé , &c l'y ayant fait amarer au pié du mât de mifaine, il tire & remorque ce vaiffeau. Traîner un pavillon ennemi en oxaiche, c’eft met- tre à l'arriere de fon navire le pavillon qu’on a pris fur l'ennemi, & on le laifle pendre en bas jufqu’à fleur d’eau ; c’eft pour marquer qu'on revient viéto- FIQUX, OUAILLE , £. £. (Gramm.) troupeau de brebis. Il ne fe dit guere qu'en figure : ce qui rend plaifant le mot d’une femme de campagne ; quidifoit À fon curé: ‘Tome XL. O V A 69 » Il faut que j'aille À mes oailles | comme vous aux # VOITES ». . ro OVAIRE , f. m. (Potan.) parmi les Botaniftes le mot ovaire défigne l'endroit où les femences des plantes font attachées, & où elles reçoivent leur nourriture. Îl y a desplantes dont l'ovzire eft décou- vert, Comme celui des renoncules , du clématitis ; &c. Il y en à d’autres dont l'ovaire eft fait en. cornets engaine, en boëte, 6'c. & par conféquent dont les femences font couvertes, comme on le voit dans laconit, dans [a linaire , dans Papocin, 6%, Ainf le mot d’ovaire eft plus étendu que cel de capfule, car toutes les capfules font des efpeces d’ovaire , GE tous les ovaires ne font pas des capfules, (D. J.) OVAIRE, { m. (Anatom:) les deux corps blan- châtres, ovales, applatis, qu'on nomme ovaires, attachés aux côtés du fond de l'utérus, f petits avant l’âge de puberté, relevés & polis dans cet âge , ri dés dans les vieilles, & remplis de cicatrices dans celles qui ont eu plufieurs enfans, font d'une fub- {tance encore inconnue ; voici ce au'’en difent les Anatomites. | Ces organes font fitués dans le baffin de Phypo- gaftre, fur la face interne de l'os des iles, aux côtés du fond de la matrice, dont ils ne font éloignés que de deux bons travers de doigt. Îls font attachés à ce vifcere par un ligament fort, que les anciens prenoient mal à-Propos pour un vaiffeau déférant, puifqu’il n’eft pas creux; @c les trompes de Fallope leur tiennent encore lieu d’une feconde attache à la matrice, auf bien que fes liga: mens larges , fur lefquels ils font pläcés : par-en- baut, ils font attachés aux vaifleaux fpertmatiques ; par lé moyen du péritoine, de forte qu'ils y font comme fufpendus. Lorfque les femmes ne {ont pas grofles, leur fituation eft parallele au fond de la ma trice ; mais au rems de la grofefle , ils approchent plus de fes côtés & de fon cou, dont fon fond fe trou. ve alors fort éloigné. Lafigure des ovaires n’eft pas exa@tement ronde ; mais large & applatie, tant à leur païtie antérieure, qu'à leur partie poftérieure ; & leur furfäce eff né: gale dans les vieilles femmes, mais égale & polie dans les jeunes. Leur grandeur eft différente felon les âges : les jeunes filles les ont d’un plus -gfos volume que les femmes d’un âge avancé; leur groffeur n’excéde pas néanmoins pour l'ordinaire celle d’un œuf de pi- geon. - Ils font couverts de deux membranes: lune qui leur eft propre, & l’autre qu'ils empruntent du péri- toine. Etant dénués de cés membranes » leur fub- flance paroïît aflez blanche : elle ef compofée de membranes&z de fibres attachées lâchement les unes avec les autres ; & entretiflues de beaucoup de vei- nes, d’arteres & de nerfs. Leurs veines & leurs ar= teres viennent des {permatiques, & ils reçoivent des nerfs des intercofiaux ; ils ont auffides vaifleaux lymphatiques, qui fe déchargent dans le féfervoir dur chyle. | Il y a des chofes bien fingulieres à remarquer dans les ovaires : il ne s’y rencontre que trop communé- ment de petites véficules , qui font remplies d’une eau claire & limpide, lefquelles étant cuites comme les œufs des volatiles, deviennent dures > & ontJa même couleur & le même goût que le blanc de ces œufs ; ce qui eft caufe qu'on les prend pour la ma- tiere de la génération ; qu'on lés fait fervir aux mé- mes ufages que les œufs des oifeaux ; qu’on leur en donne le nom, & celui d’ovaires aux deux organes quiles contiènnent..Ces œufs ont chacundeux mem. branes propres, qui font parfemées d’un grand nom- bre de petites branches de veines, d’arteres & de nérfs. ETttyÿ 693 O V À On trouve quelquefois dans les ovaires des véficu- les qui contiennent une humeur aqueufe , & qui font quelquefois plus groffes que les œufs mêmes ; mais qui ne s’endurciflent point quand on les fait cuire : ce font de faux œufs qu’on appelle des ydarides. Les œufs different beaucoup les uns des autres dans un même ovaire. Dans les femmes les plusgros œufs ne paffent pas la groffeur d’un pois: on les trou- ve dans tous les animaux. L'âge & la groffeffe y ap- portent un grand changement; Car dans les jeunes animaux ils font fort petits, & plus gros dans ceux qui font âgés. On en trouve quelquefois jufqu’à 20 dansun ovaire, enfermés chacun dans une petite cel- lule, à laquelle fe terminent beaucoup de veines & d’aiteres, tant pour porter la nourriture à l'œuf, que pour remporter le fuperflu. Dans l'ouverture des cadavres des femmes ; on a trouvé quelquefois un des ovarres de la groffeur du poing , rempli d'une humeur gluante, verdâtre, &c quelquefois plein de cheveux. On a trouvé encore ces mêmes ovaires charnus , & d’autres fois d’un vo- lume f confidérable, qu'ilscontenoient plufieurs li- vres d’eau : quelquefois on y a rencontré de petites pierres , du fuif &t chofes femblables. Dansune fem- me Âgée de 24 ans , M. Ruyfch y a trouvé des denis, entr’autres une dent molaire. Voyez auffi les mém.de L’acad. des Sciences , ann. 1743. La piüpart des anatonuites modernes croient que ces œufs étant rendus féconds , lorfqu'iis font pé- nétrés par la partie fpiritueufe de la liqueur fémina- le, font portés des ovaires des femmes dans la matrice par les trompes de Fallope , où les petites découpu- res du morceau frangé les ont engagés ; qu’ils s’ac- etoiffent dans la cavité de ce vifcere par la nourri- ture qui Leur eft fournie, &c que la matiere intérieu- rement contenue dans ces œufs, fert à former le fœtus, & fes enveloppes à produire l’arriere-faix, Ils étalent plufeurs raifons pour appuyer leur fyftème, que le fœtus fe forme de cet œuf qui fe détache de l’ovaire. 1°. Tous les animaux ont des ovaires : 2°. Riolan, Graaf, Eltfoltzius , rapportent qu'ils ont trouvé le fœtus dans les tuyaux par où paffent ces œufs : 3°.0na trouvé un foetus dans les trompes, d’où il a été retiré âgé de 21 mois, & la mere n’eft pas morte dans l'opération. Foyez aufli l'oblervation de M. Littre dans les Mer. de l'acad, des Scienc. ann. 1701. 4°. M. Ruyfch a fait voir un œuf détaché récemment de la trompe, tournée vers l'ovaire pour recevoir cet œuf: 5°. l'expérience de Nuck appuie fortement cette opinion. Il pritune chienne, & quelques jours après l'avoir fait couvrir, il trouva deux œufs qui étoient fort groflis dans l'o- yaire ; il lia la corne de la matrice qui regardoit ces œufs , il referma la plaie ; & 21 jours après ayant ronvert cette chienne, il vit deux fœtus dans la corne, entre la ligature & l'ovaire, 69. Enfin les fe melles ne fauroient concevoir fans les ovaires ; car les chiennes qu’on a coupées ne conçoivent pas » ê n’ont plus aucun penchant à l'amour, comme fi les ovaires {euls les yexcitoient. (D. J.) « OvaIRE , pierre ; (Hifi. nat.) lapis oyarius ; pierre formée par unaflemblage de petits globules fembla- bles à des œufs de poiflon. Voyez OOLITE. (—) OVALE,, f. f. (Botan.) on appelle en Botanique un fruit ovale , non feulement celui qui approche de la figure d’un œuf, mais encore cehu dont la coupe d’un bout à l’autre reflemble à une ovale méchani- que , & quelquefois les deux bouts en font pointus. ME ae , (Géom.) eft une figure curviligne oblon- gue, dont les deux diametres{ont inégaux , on une fivure renfermée par une feule hgne courbe , d’une rondeur non uniforme, & qui eit plus longue que large , à-peu-près comme un œuf, O4 d’où lui O V À eft venu-le nom d’ovale. Voyez ALLONGE, | L’ovale proprement dite, vraiment & femblabie à un œuf, eft une figure irréguliere, plus étroite par un bout que par l’autre, en quoi elle differe de l’'el- lipfe, qui eft une ovale mathématique, également large à {es deux extrémités. Voyez ELLIPSE. Le vulgaire confond ces deux efpeces d’ovales ; les Géometres appellent Vovale proprement dite, fauffe ellipfe, Voici la méthode la plus en nfage parmi les ou- vriers pour décrire l’ovale, appellée communément ovale du Jardinier , &t qui n’eft autre chofe qu’une el- lipfe. On prend une corde ÆEfm (PL. géom. fig. 48.) dont la longueur foit égale au grand diametre de l’ovale, & dont on attache lesextrémités aux deux points, ou clous £#, qui font fur le grand diame- tre; enfuite par le moyen d’un {tile M, on conduit la corde autour de ces deux points : l’ovale eft d'autant plus oblongue , que les deux points, ou clous EF, font plus éloignés l’un de l’autre. Voyez ELLIPSE, Voici une maniere de décrire une efpece d’ovale, Ayant décrir (fig. 25 Jeëf. con.) les deux cercles 4 C’, foient tirées deux lignes AE, CE , telles que CE=AE+AB-CD,. I eft conftant que 4AE+A48B, fera —CE+CD; & qu'ainti du centre £, & du rayon £ D, on pourra décrire un arc BD, qui touchera les deux cercles en B & en D, Sionen fait autant de l’autre côté, on aura lPoyale complette B D db. Si les deux cercles 4, C, font inégaux, alors l’ovale fera plus large à une extrémité qu’à l’autre. S'ils font égaux , elle fera également large à fes deux extrémités. Il y a des géometres qui, dans ce der- nier cas, regardent l’ova/e ainfi décrite, comme une ellipfe ; mais 1l eft aifé de prouver qu'ils fe trom- pent , car l’ellipfe n’eft point compolée d’arcs , de cercles. Voyez ELLIPSE. (0) OVALE , en Anatomie , eft un nom que l’on donne à différentes parties, qui ont ou la figure d’un œuf, ou d’une ligne qu’on appelle ovale ou ellipfe. Voyez ELLIPSE, C’eft dans ce fens qu’on appelle la partie du cer- veau , fitué entre la fubftance tendre & les ventri-. cules latéraux, lecentre ovale ; parce quela fubftance médullaire repréfente un œuf, foyez CERVEAU. Le trou ovale ou srou boral du cœur du fœtus, voyez F@Tus & Cœur, & le trou ovale des os des ifles , voyez OS DES ISLES. Les trous ovales de la bafe du crâne. Voyez CRANE. OVALE ralongée où rampante , (Archir.) dans le premier cas, c’eft la cherche ralongée de la co- quille d’un efcalier ovale; & dans le fecond, c’eft une ovale biaife ou irréguliere, qu’on trace pour trouver des afcs rampans dans les murs d’échiffre d’un efcalier. Daviler. (D. J.) OvALES , dans l'orgue, ce font les levres fupé- rieures des tuyaux des tourelles. Voyez MONTRE de 16 piés, & les fig. 1: & 31 PL. d'orgue. OVALE DE JARDINIER , (Jardinage,) c’eft une f- gure qui fe trace par le moyen d’un cordeau, dont la longueur doit être égale anx plus grands diame- tres de l’ovale, & qui eft attaché par fes extrémités à deux piquets, auñh plantés dans le grand diametre, pour former cet ovale d’arc, (D. J.) OvaLE , machine dont nous avons expliqué lu. fage , & donné la defcription à l’arsicle DENTELLE, OU -ANGOU , f. m. mets dont les habitans des îles Antilles font ufage : 1l fe fait avec de la farine de manioc bouillie dans de l’eau jufqu’à la conff. tence d'une pâte molle, mais allez folide pour pou- voir en former des boulettes entre les doigts: on y ajoute avant la cuifion, un peu de {el & du piment. Le ou-angou Îe mange rarement feul: on s’en fert par-préférence au pain, lorfqw'on veut fe réga- ler de calalou, forte de farce compoféé d’hérbes potageres, de crabes & de poiffon. Foyez CALA- LOU, ( M. ze ROMAIN.) OU-ARACABA, f. m. c’eft in morceau de bois en forme de planche fort épaiffe , d'environ 3.piés de hauteur, fur autant de largeur à fa partie fupé- rieurc , & d’un pié & demi à deux piés par Le bas, ayant la figure d’un trapeze élevé debout fur le plus petitde fes côtés, & pofcen travers fur la proue d’une pirogue caraybe. Cette piece eft ordinairement fculptée fur fa furface extérieure, d'une efpecede bas- relief, repréfentant une grofle tête hideufe , de fi- gure ovale, plate, & vue de face, dontles yeux &z la bouche font.formés avec des morceaux de coquil- lages incruftés dans le bois. La grandeur énormede cette tête ne lafle vers le bas de la planche qu’un efpace d'environ un pié au plus, dans lequel eft peint à plat, & fans relief, le corps difproportionné du monflre, repréfentant à-peu-près celui d’un lé- zard à queue courte ; Le tout ba:bouillé de blanc & de noir d’une facon bifarre : c’eft une efpece de ma- boya ou idole caraybe. Voyez MaroyaA. ( M. LE ROMAIN.) k QOU-AROULY , f. m. corbeille très-proprement ouvragée, & tiflue de brins de latanier & de ro- feau , ierrés & pañlés les uns entre les autres. Le fonds de cettecorbeille eft parfaitement quarré, d'environ un pié de largeur ; mais fes bords de cinq à fix pouces de hauteur, s’évafent à mefure qu'ils s’élevent , & fe terminent en rond autour d’un cer- cle , lequel eft furmonté d’une baluftrade à jour , de 2 à 3 pouces de hauteur; le tout eft fupporté fur 4 petits piés, hauts de 4 à $ pouces & points en rou- ge. Les fauvages emploient le ov-arouly à-peu-près aux mêmes ufages que le matarou.*Woyez MATA- TOU. (M. LE ROMAIN.) OU-ATREGAN , f. m. (Hyar.) canal que l’on coupe dans un terrein afin d’en faire écouler l’eau. Voyez CANAL, &e, Ce mot, qui n’eft pas fort ufité, vient de langlois water, qu’on prononce ouairre, & ui fignifie eau , & gang , amas. OUATE, 1. f. (Comm,) efpece de coton très-fin &t un peu luftré. Quoique quelques auteurs préten- dent que la véritable ouate fe trouve en orient , au- tour de quelques fruits à qui elle fert de premiere en- veloppe ; il eft néanmoins certain que l'ouate eft produite dans les goufles d’une plante qui croît com- munément en Egypte, & que quelques curieux cul- twent par rareté. Cette plante fe plaît dans des lieux humides 87 ma- récageux ; fes feuilles font affez larges, rondes &z ar- rondies par le bout; fes fleurs fortent en bouquets qui forment une maniere d’ombelle, & elles ont leurs feuilles renverfées comme celles de martagon. L'ouate eft renfermée dans des goufles qui s’ou- vrent quand elles font en maturité; la femence qui s’y trouve mêlée eit petite, ronde , plate, tirant fur le gris-brun. C’eft d'Alexandrie que l’on tire cette marchandife, & elle vient en France par la voie de Marfeille. Il y a encore une forte de coton que l’on nomme auf ouate, quoiqu'improprement; ce n’eft autre chofe que la bourre ou premiere foie qui couvre la coque des vers à foie : on la fait bouillir, & après cette feule préparation, on la vend pour la véritab'e ouate , quoiqu’elle n’en approche en aucune manicre, ni pour la finefle, n1 pour la beauté. Les ouates ne fervent que pour fourrer des robes de chambre , des courtepointes , & autres meubles ou habiliemens qu’elles rendent très-chauds fans les rendre pefans. Elles ont communiqué leur nom à prefque toutes les autres fourrures qui fe mettent entre deux étoffes ; & l’on appelle communément uatée , une robe fourrée, un jupon, &c. quoique le O V À 699 plus fouvert on n’y emploie fimplement que du co ton ordinaire ou de la laine, Savary, (D. J) OVATION , f. f. (Ari. rem.) ovario ; petit triomphe , qui ne confiftoi gr’en une affez modique pompe, comparée à celie du grand triomphe, Icile vainqueur, vêtu feuleñent d’une robe blanche bor- dée de poupre, marchoit à pié, ou à cheval, à la tête de fes troupes , fans autre marque de fes fuccès , que: les acclamations populaires , que quelques couron- nesde myrte, & qu'une partie de fon armée qui le précédoit au fon des flûtes. Le fénat néanmoins, les chevaliers, & les principaux citoyens, affifloient à fon triomphe, dont la marche fe terminoit au capi- tole , où l’on facrifioit aux dieux des brebis blan- ches ; mais dans le grand triomphe le vainqueur, monté {ur un char, étoit couronné de lauriers , & précédé de lauriers ; il parcouroit la ville jonchée de fleurs, & fe rendoit au capitole, où il facrifioit un taureau. Cependant la même liberté qu’avoient les fol- dats de brocarder leurs généraux dans les grands triomphes , regnoit auf dans les ovarions. Le con- ful Välérius ayant fait des levées malgré la fadion de Ménenius tribun du peuple, & ayant repris par fa valeur la forterefle de Caravantane fur les enne- mis, le fénat lui décerna l'honneur du petit triom- phe. Il crut devoir le lui accorder, quoiqu'il fût mal voulu du peuple &t de l’armée, tant à caufe de l'op- pofition qu'il avoit faite à la Loi agraire, propofée parle même tribun Ménenius, que parce qu’il avoit mis tout le butin dans le tréfor de l'épargne. Le fol- dat ne manqua pas, dit Tite-Live, d’ufer de fa li- cence ordinaire, 8 de brocarder fon général dans dés chanfons groflieres , où il affeëta d’élever le mé- rite du tribun pat une infinité de louanges, auxquel- les le peuple qui étoit accouru en foule, répondit à lenvi par fes acclamations. Les nouveaux applau« diffemens du peuple jetterent plus d’effroi dans le fénat, que n'avoir fait linfolence du foldat à Pégard, du conful. Le petit triomphe a été nommé ovarion , dit Deu nis d'Halicarnafle , d’un mot grec que les Romains ont corrompu : le mot grec dont Denis d'Halicar- pafle prétend que les Romains firent celui d’oyaco, ef évacues, qui fignifie clameur ou cri de joie, que poufient les {oldats après le gain d’une bataille. La corruption de ce mot eft le changement de l'eeno, qui n'eft pas extraordinaire chez les Grecs. Ce fen- timent eft appuyé de Feftus : gzafi vero romani, dit cet auteur, évægxoy, gr@COrurm VOcem , quæ Clamorem fignificat , ovationis zomine voluerint imitari : «com- » me fi les Romains, dit-il, euflent voulu imiter » des Grecs, le mot évaçuot, qui fignife cri de joie, » par celui d’ovasio », Pour donner encore une interpretation plus pré- cife du mot grec évaçuo'c, on évacrue, d'où les Ro- mains formerent le terme d'oyario, quelques fa- vans croient pouvoir le tirer de l’ancien eri de joie eus OU svav, que les Grecs faifotént retentir dans les bacchanales en l’honneur de Bacchus. Les Romains dans ce nouveau genre de triomphe, emprunterent ces mêmes termes £uo » tuer, par lelquels ils ap- plaudiffoient au vainqueur, & pour en conferver l’origine, 1ls le nommerent ovario ; & de même que les Grecs firent le mot eévagi, , pour fignifier applau- dir, les Latins firent pareillement celui d'oyari, pour fignifier la même chofe, D'où vient qu’on lit dans Virgile, 4y. VI, de l'Enéide : Ævantes orgia circurn Ducecbat phrygias. Enfuite du verbe evari,les Romains firent le nomeva- tiones, pour rendre levaçue s des Grecs. Enfin par une corruption qui fit perdre de vûe l’ancienne étymo- logie , ils firent le mot oyario, L 700 O U 5 Plutarque dans la vie de Marcellus, donne une autre origine au mot ovatio ; il prétend que les Ro- mains l'ont tiré du latin ovis, parce que, dit:1l, ceux à qui lon accordoit le petit triomphe, n’immo- loient à Jupiter qu'une brebis ; tandis que ceux qui avoiïent Jes honneurs du grand triomphé, facri- fioient un taureau. Cette étymologie de Plutarque eftla plus généralement approuvée. Quoi qu'il en foit, Pofthumius Tubertus fut le premier conful pour lequel on établit , vers l’an 325 de Rome, ce nouveau genre de triomphe qu'on appella ovation ; on le lui décerna pour la vidoire qu'il remporta fur les Sabins. Le fénat voulut mettre quelque difinétion entre lni & fon collegue, qui eut les honneurs du grand triomphe, pour lui faire fentir le mauvais fuccès de fa prenuere entreprife. Dans la fuite, on n’accorda que lovarion, à ceux qui avoient remporté la viétoire fans grande perte _de la part des ennemis, fans terminer la guerre, ou qui n’avoient défait que des rebelles, des efclavés, des pyrates, en un mot, des ennemis de peu de con- féquence pour la république. Enfin on décerna quelquefois l’ovarion à ceux qui n’étant chargés d'aucune magiftrature, ni d'aucun commandement en chef, rendotent à l’état des fer- vices importans, Nous trouvons, par exemple, qu'un particulier obtint cer honneur l'an de Rome 800. Je parie d’Aulus Plautius qui, fous les aufpices de Claude, réduifit en province la partie méridio- ñale de la Grande-Bretagne. L'empereur lui fit dé- cerner le petit triomphe, vint au-devant de fui le jour qu'il entra dans Rome , l’accompagna pendant la cérémonie , & lui donna toujours la main. Il me femble qu’on ne connoîr point d’evation poitéricure | q P | à celle de Plautius, (2. J.) QU-AYCOU , f. im. morceau d’étoffe de coton, de 8 à ro pouces de largeur, fur 4 à 5 de hauteur, très-proprement travaillé, & brodé de petits grains d’émail, de dents de poiffon , de morceaux de co- rail, & de petits cocos noirs, & bordé d’une frange brune. Le oz-aycou fert aux femmes caraybes pour con- vrir leurs parties naturellés, au moyen de deux pe- tites cordes de coton, attachées aux deux coins d’en-haut de cette piece, & pafñlées autour des reins en forme de ceinture : quelques-uns le nomment ca- miifa ; mais ce mot eft efpagnol. OUAYNE L’,(Géog.) petite riviere de France dans le Puifaye. Elle a fa fource à un bourg du me- me nom, qui eft firué dans l’éleétion de Gien; & _elle tombe dans le Loin au N. E. de Montargis. CD.) 4 OUBLI, f. m. (Gramm:) terme relatif à la mé- moire. Tomber dans l'oubli , c’eft pafler de la me- moire des hommes. Ce font les hommes de génie qui envient les grandes aétions à l’ou2/, Il ÿ eut, dit Ho- race, des héros avant le regne d’Agamemnon; mais leurs noms font tombés dans l'oubli ; une nuit éternelle enfévelit leurs a@ions ; on ignore leurs travaux ; on ne les regrette point ; on ne donne point de larmes à leurs malheurs, parce qu'il ne s’eft point trouvé un homme infpiré des dieux, qui les ait chantés. Le poëre , au défaut d’un héros , peut chanter les dieux, la nature, 87 celle que fon cœur adore, & s’immortalifer lui-même. Les autres hom- mes aucontraire ne tiennent limmortalité quede lui. Comparaïfon de la gloire qui s'acquiert par les ler- tres, & de celle qui s’acquiert par tout'autremoyen; beau fujet de difcours acadénuque, où l’on n’au- roit pas de peine à faire entrer l'éloge du fondateur de l'académie, du Roi, du cardinal de Richelieu, des gens de lettres, des académiciens, de tous les hommesilluftres qui ont été honorés de'ce titre ; où l’homme lettré ne perdroït rien de fon importance, pêfé dans {a balance avec 1e grand pohtique, le. grand capitaine , le grand monarque; & oùilne fe- ‘roit pas difficile de prouver qu'une belle ode eft bien une chofe auffi râte, auf grande, auñli pré- cieufe, qu’une bataille gagnée. OUBLIE , rérme de Pénflier, forte de pâte deliée & légere, mêlée de fucre ; d'œufs, & quelquefois de miel , qui fe cuit entre deux fers. Il y a trois efpeces d’oxblies ; les grandes omblies , qui font celles que les Pâtiffiers on leurs garçons vont crier la nuit dans Paris, à commencer le jour de S. Michel ; elles s'appellent autrement owblies plates, Les oublies de fupplications, ce font les gauf- fres ; & les oublies qu'on nomme d’érriers, ce font les petits métiers. Les Pâtiffiers font qualifiés dans leurs ftatuts; maîtres de l'art de pêtiffier & oublayeur; &. ont obligés de faire chef-d'œuvre d’oublayerie aufli bien que de pâtifferie. On appelle une waiz d’oublies ; cinq oublies ; c’eft ordinairement à la main que fe jouent les oublies. On joue quelquefois toutle cofin ou corbillon. Savary. (D. J.) OugLie , (Jurifprud.) droit d’oblie, redevance feigneuriäle qui confiftoit autrefois en une certaine quantité de pains ronds & plats.On donna aufli le nom d’oublie à toute rédevance en général, foit en grain, volaille, ou autre chofe. Voyez ci-devant OBLIAGE. A GUBLIER , V. aët. (Gramm.) perdre la mémoire; on oublie une langue qu’on a apprife; on oublie quel- quefois fes amis dans l’abfence ou dans le befoin ; On oublie une injure, on n'ouêlie rien pour palher fes torts ; on oublie de faire une vifite utile ; on oz= blie le refpeët qu’on doit à un magiftrat; on s’oublie quand on perd de vûe ce qu'on eft; l’homme s'oz- blie dans Le plaïfir ; il y a des‘occafions où il ne faut pas s’oublier, &c, D’où l’on voit combien de formes diverfes le befoin faït prendre à ces expreflons , 6£ combien la langue eft pauvre; comparée à la nature & à l’entendement. | OUBLIETTE., {. f. (Æf£. mod.) lieu ou cachot dans certaines prifons de France , où l’on renfèr- moit autrefois ceux qui étoient condamnés à une piifon perpétuelle. On l’appelloit 4infi, parce que ceux qui y étoient renferinés , étant retranchés de la fociété , en étoïient ou devoïent être ‘entiere- ment oubliés, Bonfons dans {es antiquités de Paris, parlant d’'Hugues Aubriot, prevôr de cette ville, qui fut condamné à cette peine, dit »qu'il fut prée # ché & miîtré publiquement au parvis Notre-Da- _»'me, & qu'après cela , il fut condamné à être en » l’oublierte, au pain & à l’eau ». OUCHE 1’, (Géog.) en latin moderne Wzicenfis pagus , pays de France dans la haute Normandie, au diocèle d'Evreux. Îl comprend les territoires de Conches , de Breteuil & de l’Aigle, & s'étend jnf- à la forêt d’Ouche. Le territoire produit des grains, du bois à brûler, & quelques mines de fer. CD) | OucHE L’, (Géog.) en latin Ofcarus ; rivieré de France en Bourgoune. Elle traverfe le Dion- nois , pañle à Dijon, & fe jette dans la Saone. Elle a autrefois donné le nom de pagus Ofcarenfis au pays où elle coule. (2. J.) OUD , f. m. rerme de Calendrier, nom d’un des douze mois , d’un des douze fignes, d’une des douze années du cycle duodénaire, chez les Turcs orien- taux, & chez quelques peuples Tartares. (D. J.)., OUDAN , f. m, terme de Calendrier, onzieme mois de l’année des Arméniens de Guelfa, fauxbourg d’Ifpahan; leur année commençant au mois d’Oéto- bre, l’oudan répond à-peu-près à notre mois d’Août, OUDAZOU ,( Géog. ) ville du Japon, dont nous 0 avons parlé fous le nom que Kempfer lui donne, &c qui eft Onowara. (D.J.) OUDENARDE, ( Géog.) forte ville des Bays- Bas, dans la Flandre autrichienne, capitale de la châtellenie du même nom; Louis XIV, la prit en | 1667, & la rendit au roi d’Efpagne Charles H, par la paix de Nimegue. Le maréchal d'Humieres la bombarda en 1684.. Les François y furent battus par les allés en 1708. Elle eft fur l’Éfcaut, dansune vallée , à s lieuesS, de Gand, 6 N. E. de Tournai, 12 N. O.de Mons, 11 O.de Bruxelles. Long. 21.16% Jar. 50. 49. Quoi que difent les auteurs flamands de l'anti- quité d'Oudenarde , il paroit qu’elle ne doit fon ori- gine qu'aux comtes de Flandres. Elle s’eft diftingnée dans le dernier fiecle par fa manufa@ure de tapifle- rie d’haute-iifle, Cette ville eft la patrie de Druffus (Jean), un des favans théologiens du xvj. fiecle, & d’ailleurs trés-verlé dans les langues orientales. Son recueil des fragmens des Hexaples ; {es notes critiques fur lEcriture, & d’autres ouvrages de fa plume, lui Ont fait une grande réputation, Il mourut en 1616, âgé de 66 ans. ( D. J.) OUDENBORG, ( Géog.) petite ville des Pays- Bas, dans la Flandre teutone, à r lieue d’Oftende , & à 2 de Bruges. Long. 20, 35, las, 51, 8. OUDWATER, (Géog.) petite ville des Pays- Bas, dans la province de Hollande, fur l’'Yffel , en- tre Gouda &z Montfort, aux confins de la feigneurie d'Utrecht. Long. 22. 12. lat. 52. 2. Cette pente ville a acquis plus de célébrité pour avoir donné la naïflance à Arminius (Jacques), que par aucune autre particularité qui la concerne. Il y vit le jour l’an 1560, & devint profeffeur en théolo- gie à Leiden lan 1603. Ses écrits théologiques ont fait bien du bruit dans les fept Provinces - Unies, non-feulementily condamne le fupralapfaire Beze, mais de plus il établit qu’il ne faut reconnoître d'autre éleétion que celle qui a pour fondement l’o- béiflance des pécheurs à la vocation de Dieu par Jefus- Chrift, Îl fe fit un grand nombre de partifans gui furent condamnés par le fynode national ; mais _ leur condamnation n’a fervi qu’à étendre leur feête, qui a finalement triomphé de {es adverfaires enfeve- lis. Armimius eft mort en 1609, avec tous les fenti- mens d’un homme dont la piété étoit véritablement éclairée. (D. J. OUDON, r’, ( Géog.) en latin O/do on Odo, nom de deux petites rivieres de France, en Nor- mandie, dont l’une coule dans Le diocèfe de Bayeux, & l’autre fépare les diocèles de Lizieux & de Séez: toutes les deux fe jettent dans l'Orne. OUDRE ; ona donné ce nom au dauphin & à l’'épaulard. Yoyez DAUPHIN & ÉPAULARD. OVE, f. m.( Archireë. civile.) c’eftune moulure ronde, dont le profil eft ordinairement un quart de cercle: Vitruve lPappelle échine, & lui donne une convexité plus petite que celle d’un demi-cercle: Sa hauteur eft de 3 à 6 minutes d’un module, & fa fail- he + de la hauteur. On met les oves dans les moulu- res des cormiches pour y fervir d'ornement ; & dans le chapiteau d’une colonne on place love fous l’aba- que. Voyez Les édifices antiques de Rome par Defgo- dets. (D. J.) OVES, f. m. pl. (Archireët. ) ornemens qui ont la forme d’un œufrenfermé dans une coque imitée de celle d’une châraigne, & qui fe taïllent dans love, voyez OVE. On appelle oves fleuronnés. ceux qui paroïfent enveloppés par quelques feuilles de {culpture : on _enfait en forme de cœur; auf les anciens y met- toient-1ls des dards pour fymbolifer avec l'Amour. (2,3) OVE 70 _ OVERFLACKÉE, (Géog.) petite fe des Pays- Bas, dans la partie méridionale de la Hollande, au- deffus de l’ile de Gorée. | OVER:ISSEL, 1’, ( Géogr. }en latin Tranfidalana Provincta, lune des fept Provinces-Unies, au-delà de l’iflel, bornée N. par la Frife & le terrein de Gro: ningue, O. par l'ffel, S. par le comté de Zutphen, E. par l'évêché de Munfter : on la divife en trois. P parties principales, qui font le pays de Drente, de Twente, & le Sallant, Il eft remarquable que dans la province d’Over. 1fel tous les gentilshommes qui y poffedent des ter- res feigneuriales de la qualité requife, font partie des états de cette province. Lorfque la république paye cent mille florins, la cotre-part de la province de Hollande eft 58309 florins 1 foi 12 deniers, & celle de POver-ffel eit 3571 florins 8 fols 4 deniers, GPA) | OVERLANDERS , f. m. pl. terne de Marinier. Les overlanders font des petits bâtimens qui navisent fur Le Rhin & furla Meufe, & qui chargent ordinai- rement de la terre & du fable pour faire des ouvra- ges de poterie & de verre. ( 2). J. QUESSANT , (Géog. mod. ) île de France dans l'Océan , fur les côtes de Bretagne , à l’oppofñite du conquêt. Elle a trois lieues de tour , & renferme plu- fieurs hameaux & un château. Elle eft entourée par quelques autres îles moins grandes, qu'on appelle les fes d'Oueffant, Long. 12. 28. lat. 48. 30: L'âge d’or , cette chimere ingénieufe plus propre à exciter nos regrets que nos efpérances , que l’ima- gination chérir & dont le fentiment de la mifere hu- maine s'irrite ; cecontrafte de l’âge véritable qui dé= chire lame après avoir amufé l’efprit ; ce conte philofophique enfin échappé à la bienfaifance & à la vertu dans l’ardeur de fes fouhaits pour lawélicité des hommes ; l’âge d'or s’eft prelque réalifé dans ce petit coin de la terre. La loi detous les cœurs, la loi naturelle d’un côté & la loi des cœurs choifis, le chriftianifme de l’autre forment les liens d’une har- mome cternelle entre fes habitans, & diffipent fans aigreur & fans bruit par la voix de l’âge ces petits nuages inféparables du tien & du mien. La probité y eft une richefle commune, mais fi néceflaire que ce- lui qui ne la poffede pas eft profcrit fans retour par un arrêt pénéral. La chafteté m’eft pas lunique dot , mais l'eflentiel de la dot des filles dans ce canton ignoré. Celle quife feroit mife hors d’état dela porter à fon époux, ieroit bannie avec la même févérité que le voleur; car ces hommes fimples, c’efl-à-dire, fages , penfent que la perte dela chafteté eft un vol fait à la fociété conjugale. Quand les Philofophes ont voulu faire un peuple d'hommes vertueux , ils ont étalé des fpéculations pompeufes, édifices ma- jeflueux élevés par le génie, mais rofeaux fragiles qui n’ont pû foutenir les tempêtes des grandes focié- tés. La fimplicité de la nature eft un cercle étroit qui ne convient qu'à un petit nombre d'hommes qui s’un- pofent à tous la pratique dé la vertu, parce qu'ils font fans cefle obfervés par tous ; ils y goûtent un bonheur que les colificheis philofophiques de Platon & de l’Uropie ne procurent point. Le peuple obfcur & conféquemment heureux dont je parle, à dans fon fein , depuis le commencement de cette guerre, des défenfeurs qui pourroient bien lui faire acheter leur proteétion ; les troupes . .. :: je trémble pour lui quand je fonge que la licence militaire eft Le tom- beau des mœurs. OUEST, f. m. er rermes de Cofinographie, eft un des points cardinaux de lhorifon, & celui qui eft diamétralement oppofé à left. Foyez POINTS caR- DINAUX ,EST, Gc. | L'ouefl , à proprement parler , eft l'interfeGion du premier vertical & de l’horifon, du côté où le {o- leil fe couche, Foyez COUCHANT. m 702 O VI Le point où le foleil fe couche, lorfqu'il eft dans l'équateur, eft nommé l’oxeff équinoëtial on vrai point de l’oxe/f, , Le mot d’ouefteft principalement employé par les Marins pour défigner le couchant ou l'occident, &c les vents qui viennent de ce côté-là. Ainf ils difent un vent d’oweff, faireroute à l’owef?, telle île eft à l’oxe/ de telle autre. Mais, dans l’ufage ordinaire , on fe {ert plus communément du mot de couchant pour dé- terminer les poftions des lieux. Aïnfi on dit qu’une telle maifon eft expofée au couchant , quela France a la mer au couchant, &c. (0) OUGLY ; ( Géog. ) ville d’Afie dans l’Indouftan, auroyaume de Bengale. Elle eft fituée fur le bord occidental du Gange , à 18 lieues de fon embou- chure. Long. 105. 30.Wdat. 22.( D. J.) OUICOU , f. m. boiffon compofée par les Ca- raïbes avec des patates coupées, des bananes bien mûres, de la caflave rompue par morceaux, du gros firop de fucre, ou, à fon défaut , des cannes à fu- cre, le tout bien écrafé 8 mis en fermentation avec une fuffifante quantité d’eau claire dans de grands vafes.de terre cuite qu'ils nomment caaris : cette boiffon, à l’amertume près, reflemble à de la biere; elle eft très-forte & emivre facilement. Lorfque les Caraibes fe rafflemblent pour quelque réjouiffance publique, 1ls font un oZicou général ; ces fêtes tumultueufes , ou plutôt ces efpeces d’or- gies, ne fe paflent guere fans defordre & fans quel- que événement tragique. Les habitans blancs & noirs des iles Antilles ont beaucoup perfe@tionné la compofition du oZcou ; ils ajoutent à une quantité d’eau fufhfante & de beau firop de fucre mêlés enfemble, des patates &t des bananes coupées par morceaux, quelques racines de gingembre fraiches & écrafées, le fuc & l'écorce d’un certain nombre de citrons & un morceau de caflave grillée, ou une croute de pain rôtie fur les charbons ; ils laiffent fermenter ces fubftances pen- dant deux outrois jours dans un grand pot de terre non-verni & uniquement deftiné à cet ufage , plusil a fervi mieux il vaut. La force de la fermentation fait monter le marc vers l’orifice du pot, c’eft alors qu'il faut l’écumer bien proprement , après quoi on pañle la liqueur à deux.ou trois reprifes au-travers d’une chaufle de laine , & on l’enferme dans des bouteiles bien bouchées dans chacune defquelles on a eu foin de mettre un ou deux clous de gerofle. Il eft dommage que cette boïflon ne puiffe pas fe con- ferver plus de trois ou quatre jours, elle eft infini- ment plus agréable que du cidre moufleux, à quoi elle reflemble beaucoup par la couleur & le pérille- ment, & même un peu par le goût. On l’eftime ra- fraichiflante en fupprimant les épices; mais comme. elle occafionne des flatuofités , & qu'un long ufage pourroit nuire à l’eftomac , on y ajoute comme cor- reétifs le gingembre & le gerofle en quantité modérée par l'expérience. ( M. LE ROMAIN.) OVICULE , £ m.( Arch. ) c’eft un petit ove ; Baldus croit que c’eft laftragale lesbien de Vitruve. Quelques auteurs nomment ovicule , l’ove ou mou- lure ronde des chapiteaux, ionique & compofite, la- quelle eft ordinairement taillée de feulpture.( D. J.) OVIDOS , (Géog.) petite ville de Portugal dans l’Eftramadure , fur une hauteur , à 9 lieues de Sau- tareu. Long.0.45. lat. 39.3.(D.J.) OVIÉDA , ( Bocan. ) nom que donne Linnæus au genre de plante, appellé va/dia par le pere Plu- mier. En voici les caraéteres. Le calice de la fleur eft court, formé d'une feule feuille, large, légére- ment divifée en cinq fegmens droits & pointus, Ils fubfiftent après que la fleur eft tombée. La fleur eft monopétale & du genre deslabiées, Le: tube eft fort long , fort menu , &attaché au germe du pifil. ILeft un peu plus épais au fommet qu'à la bafe; la levre fupérieure eft creufe & évafée ; l’inférieure eft par- tagée en trois fegmens. Les étamines font quatre fi- lets plus longs que la fleur. Les boffettes des étamines font arrondies. L’embryon du piftil eff rond &r placé entre le calice & la fleur. Le ftyle eft chevelu & de la longueur des étamines ; le ftygma eft fendu en deux & aigu. Le fruit eft une baïe fphérique , placée dans le calice qui groffit pour lerecevoir, & qui eft fait en forme de cloche. Les graines font ovales &z au nombre de deux. Linnæi, gen. plant, p. 295. Plu= mier, gen. 24, (D. J.) | OVIÉDO , ( Géog. ) ville d'Efpagne, capitale de PAfturie d'Oviédo , avec un évêché qui ne releve que du pape, & une umiverfité. Il s’y tintun concile en 901. Elle eft fur Les ruiffeaux nommés l’'Ove & la Deva , à 46 lieues N. E. de Compoftelle, 20 N, ©, de Léon , 83 N. O, de Madrid. Long. 11. 48. lar. 43. 23: (D. J.) | OUIE , f. f. ( Phyfrologie. ) L'oute eft une fenfa- tion excitée par les fons reçus dans l'oreille ; ou, f l’on aime mieux, c’eft une perception du fon quife fait dans lame par le fecours de tout l’organe norm- mé auditif. La nature libérale a pris foin d’étendre notre com- , merce avec les autres êtres au-delà de ceux qui nous environnent , par l’ouie, & même au-delà du monde où nous vivons, par la vüe. Ce commerce fe fait toû- jours par une matiere qui affeéte un organe; mais dans l’ouie cette matiere eft plus fubtile, plus répan- due loin de nous que dans le taët , le goût & l’odorat. Ici nous commençons à fortir de notre atmof- phere, car l’objet de l’ouie eft le bruit en général ; or le bruit confifte dans un vif trémouflement de l'air communiquéjufqu’à l'organe de cette fenfation, & cette communication , comme on fait, fe fait de fort loin. Le bruit dans lequel les vibrations de l'air font plus amples, plus régulieres , 8 par-fà plus agréables à l'oreille , s'appelle le fox. Foyez Son. C’eften-vainque l’airremué parles corps bruyans ou fonores nous frapperoit de toutes parts, fi nous n’avions des organes particuliers pour recevoir fon impreffion. Le vent fe fent au toucher, mais la par- tie de l’air qui fait le fon, eft trop fubtile pour affec- ter ce fens grofñer, 1l n’y fait pas {a moindre impref- fion. re, L’oreille eft l'organe propre à cette fenfation : {on entonnoir oufon pavillon eft capable de ramaflerun grand nombre de rayons fonores & de les réunir: cet entonnoir eft beaucoup plus grand dans certains animaux , comme dans l’âne êc le lievre ; 1l y a des mufcles qui le redreflent & Pouvrent quand l'animal écoute, c’efl pourquoi ces animaux ont l’ouie très- fine. Cet entonnoir extérieur eft fuivi d’un canal aboutiffant à une membrane qui eft comme la pre- miere porte des grottes de l’ouxe, Cette membrane eft tendue comme celle d’un tambour , & elle porte aufli ce nom : fon centre s’en- fonce un peu vers la premiere grotte qui eft derriere & qu’on appelle la caiffe. Dans cette grotte, il y a des reflorts qui font l'office des bafcules qu'on met aux fonnettes , & qui aboutiffent d’une part au cen- tre de cette membrane, & de l’autre à l’entrée d’une feconde grotte. Ces bafcules font tirées par des muf- cles, Cette membrane &z {es reflorts paroïffent avoir dans l’oxie le même ufage que la prunelle femble avoir dans l’œil. La prunelle fe refferre ou fe dilate pour recevoir une image plus parfaite, & qui ne bleffe point l'organe ; letympanfetend, ou fe relà- che de même, pour tranfmettre à loue des vibra- tions plus parfaites & proportionnées à cet organe. Quand Poreiile eft frappée d’un fon trop violent, cetie cette membrane , dont le centre eft enfoncé vers fa grotte, eft repouflée vers ledehors par la bafcule qui aboutit à {on centre; par là, cette même mem- brane eftrelâchée, &c ce relâchement diminue d’au- - tant limpétuofité du fon qui pourroit bleffer l’or- gane ; dans le même tems, & par le même mouve- ment, la bafcule oppofée à celle ci ferme l’entrée de la feconde grotte , & affoiblit encore par-là l’im- preflion de l’air dans cette feconde grotte. Au contraire quand le fon eft trop foible, la pre- miere bafcule ramene le tympan en-dedans, le rend plus tendu & plus fufcepuible d’ébranlement ; l’au- tre bafcule ouvre la feconde grotte, & facilite l’ac- tion des ondulations de l’air intérieur. Dans les fons moyens entre les deux extrèmes précédens, le tympan garde auffi une tenfion moyen- ne , par laquelle 1l eft proportionné à ces {ons , & comme à l’uniflon des vibrations de l’air : par-là, le tremouflement de cette membrane communique le fon au-dedans de cet organe d’une façon plus com- plette & plus jufte, comme la prunelle, dans un jufte degré de dilatation, tranfmer au fond de l'œil une image nette & précife. La premiere bafcule deftinée à tendre & relâcher le tympan, eft faite des petits os qu'on appelle rzar- teau 8x enclume ; lafeconde eft compofée de la même enclume & de l’étrier, joints enfemble par los orbi- culaire ; c’eft la bafe de l’étrier qui fait la porte de la feconde grotte. Peut-être que la juftefle de l'oreille en Mufique, dépend en partie de la jufteffe du mou- vement des muicles de ces offelets , à mettre exaéte- ment & promptement la membrane du tambour à lu- niflon des tons qu’elle reçoit. On trouve quelquefois à cette membrane une petite fente, découverte par Rivinus. Cependant la membrane du tambour ê&r les offe- lets ne font pas abfolument néceffaires pour enten- dre; mais pour bien entendre, ou pour entendre quite , c’eft autre chofe, La premiere caverne de l'oreille contient outre cela un air fubtil, qu’elle réçoit du fond du gofier par un canal appellé la crompe d’Euffache, dont le pa- villon s'ouvre vers l'endroit de la commumication du nez ayec la bouche : c’eft par ce paflage de l’air, ë&c par le trou que Rivinus a obfervé au tympan, que certains fumeurs font fortir par leur oreillelafumée, en fermant exatement le nez & la bouche. Cet air intérieur , introduit par La trompe d’Euftache, fou- tient la membrane du tambour ; c’eft lui qui étant remué par l’air extérieur, communique fes vibra- tions à l’organe immédiat de loue. | Cet organe immédiat eff contenu dans deux autres appartemens , qui ont chacun une porte dans la caifle ouvpremiere caverne ; celle-ci eft comme leur anti-chambre , & ils ont entr’eux une autre porte de communication : ces. portes font aufh garnies de membranes. Rien n’eft fi propre à remuer tout Pair contenu dans cesgrottes , que lesmembranes tendues à leur entrée ; Le tambour & la timbale en font des preuves. L'un de ces appartemens eft nommé le Zabyrinthe , & l’autre , le Zmaçon. Le labyrinthe eft fait d’un veftibule d’où partent trois canaux , appellés demi-circulaires, lefquels font un peu plus d’un demi-cercle, & reviennent fe ren- dre dans le même veftibule. Ces trois canaux por- tent le nom particulier de labyrinthe. On conçoit que l'air étant pouffé dans le veftibule & dans les embou- chutes de ces canaux, les vibrationsd’air qui ont en- filé chaque embouchure doivent fe rencontrer au milieu de chaque canal , &e là il fe doit faire une col- lifion toute propre à exciter un frémiffement, ou des vibrations dans cesçcanaux & dans la membrane ner- Tome XT, OUI 703 veufe qui les tapifle ; c’eft cette impreffion qui pro- duit la fenfation de Poxie, | Comme ce labyrinthe eft fimple 8c uniforme, on. peut le:regarder comme l'organe général de l’oxe, c’eft-à-dire, l’organe remué indifféremment par tou- tes fortes de fons ou de bruits, où , fi vous voulez, c’eft l'organe général du bruit, Mais le imaçona, ce me femble, uné confiruc- tion & un ufage plus recherché, Sa figure eft vrai. ment celle d’une coquille de limaçon. L'intérieur eft compolé de deux rampes, ou de deux efpeces de canaux en fpirale, & féparés l’un de l’autre par une membrane fine & nerveule, foutenue par des avan- ces de lames offeufes. L’artifice de cette conftrution eft de la plus par- faite méchanique. L'office eflentiel d'un organe des fens , eft d’être proportionné à fon objet; & , pour lorvane de l’ouxe , c’eft de pouvoir être à l’uniflon avec les différentes vibrations de l'air : ces vibra- tions ont des différences infinies ; leur progreffion eft fufceptible de degrés infiniment petits : il faut donc que l’organe fait pour être à l’aniffon de toutes ces vibrations, & pour les recevoir diftinétement , foit compofé de parties dont l’élafticité five cette même progrefhon, cette même sgradationinfenfble, Ou infiniment petite. Or la fpirale eft dans les mé- chaniques la feule machine propre à donner cette gradation infenfble. On voit clairement que la lame fpirale du lima- çon eft toute faite pour être trémouflée par l’impul= fon de Pair intérieur qui l’environne, On voit de plus qu’à la bafe de la fpirale , la lame faifant un plus grand contour , elle a des vibrations plus lon- gues ; elle les a très-courtes au fommet par la raifon contraire. Tournez un fil d’archal en limaçon, vous vétrez combien les grands contours feront mous, & combien au contraire les petits contours du fommet ou du centre feront roides. Or , depuis le commen cement de la bafe de la fpirale, où la lame eft plus fouple, jufqu’à l’extrémité de fon fommet, où eft fon dernier degré de roideur, il y a une gradation infenfble ou infiniment petite d’élafticité, enforte que quelque divifion que l’on conçoive dans lestons il n’y en a point qui ne rencontre dans les points de cette fpirale fon uniflon, ou fa vibration égale ; ainf1l ny a point de ton quine puiffe imprimer dif- tinétement fa vibration à cette fpirale, & voilà en quoi confifte le grand arufice du limaçon. C’eft pour- quoi nous regardons avec la plus grande partie des phyficiens le limaçon comme le fanétuaire de l’ouie , comme l’organe particulier de l’harmonie ou des fen- fations les plus diftinétes & les plus délicates en ce genre. Les oifeaux, direz-vous, n’ont point de limacon & cependant ce font les plus muficiens de tous les animaux. Les oxfeaux ont l’ouie très-fine , quoique fans limaçon, parce qu'ils ont la tête prefque toute fonore comme un timbre ; & la raifon en eft qu’elle n’eft pas matelaflée de muicles comme la tête des au- tres animaux. Par-là , ils doivent être trés-ébranlés par Les fons qu'on leur tait entendre; leur labyrinthe très-fonore fuint pour cela ; la grotte la plus fimple répete bien en écho un air muñcal. Mais fi à cette excellente difpoñtion de louée des oifeaux , la nature y avoit ajouté le limaçon, ils au toient été beaucoup plus fenfibles aux modulations harmonieufes, ils auroient eu la paffion de Pharmo- nie, comme prefque tous les animaux ont celle de la gourmandife ; ce qui n’eft point , car il faut pren- dre garde que la qualité de muficiens qu'ont les oi- feaux, vient moins de la fineffe & du goût de leur oreille, que de la difpoftion de leur gofier ; ils ref- femblent encore en ceci à bien des muficiens qui donnent du plaifir & qui n'en prennent pas. VVvr 704. OUI On voit un chien crier, on le voit plenter, pour ainfidire, à un air joué fur une flite ; on le voit sa. nimer à la chaffe au fon du corsi; on voit le cheval plein de feu par le fon de la trompette , malgré les matelats mufculeux qui environnent en lui l'organe de l’oxie : fans le limaçon qu'ont ces animaux, onne leur verroit pas cette fenfibilité à l’harmontæe , on les verroit ftupides en ce genre, comme les poifons qui manquent de limaçon aufli-bien que les oifeaux, mais qui n'ont pas comme ceux-ci l’avantage d’avoir une tête aflez dégagée, aflez fonore , pour fuppléer à ce défaut. Danstous Les organes des fens, il arrive que leur objet les pénetre & y porte fon impreflion pour y faire une fenfation plus parfaite ; cette même mé- chanique fe trouve encore dans l'organe de Poie. Tout concourt à y faire entrer & à y retenir l'im- prefion des vibrations fonores. L’entonnoiïr extérieur ramafle ces vibrations ; le conduit fuivantqui fe charge dé cet air trémoufié , fe trouve coupé obliquement dans fon fonds par la membrane du tambour ; cette obliquité fait que quand l’air extérieur rebondit de deffus le tympan, il va heurter contre la paroi oppofée du conduit, d’où il eft encore réfléchi fur le tympan auquel 1l tommunique toutes fes vibrations. Si ce conduit eût été droit, perpendiculaire au tympan , l’air extérieur auroit été réfléchi de deflus ce tympan hors du conduit de l’oreille , & ainfil anroit eu bien moins d’effer. De même, l’air intérieur eft renfermé dans les grottes par des membranes ; les vibrations qu'il re- çoit du dehors enfilent d'une part kes émbouchutes du labyrinthe, & de l’autre celles du limaçon; les vibrations qui enfilent Les embouchures du labyrin- the vont fe brifer l’une contre l’autre au milieu des cänaux demi-circulaires, & par-là tout leur effer eft comme abforbé dans ces canaux. | Les embouchures dut limaçon font au nombre de deux : une qui commnnique avec lelabyrinthe ou fon veftibule , 8 qui eft l'entrée de la rampe interne ; l’autre, qui s'ouvre droit danslacaifle, ou premiere grotte, & qui eft l'entrée de la rampe eéxtenne. Les vibrations qui fuivent ces ouvertures, fe cotoyent tout le long de la fpirale; maïs parvenues au fom- met, au cul-de-fac du limaçon, elles fe brilent auf êc contre ce cul-de-fac , & l’une contre l’autre; & par-là elles donnent une fecoufle à tout cet organe, fur-tout à la lame fpirale, & plusencore à la portion de cette lame, qui eff à l’uniflon avec la vibration. Ainf de toutes parts, les vibrations fonores laïfent toute leur impreflion dans Pintérieur de l'oreille ; portées par diverfes collifions aux nerfs qui s’y ré- pandent, elles les ébranlent: diverfement Juiqu’au Jenforiun commune , 8 y excitent la fenfation des divers {ons, foit qu'ils viennent de près ou de loin; car le fens de l’oute, femblable à celui de la vûe, nous donne auffi la fenfation des corps fonores éloignés, Mais ce fens eft fujet à bien des erreurs ; & il doit nous tromper , toutes les fois que nous.ne pouvons pas redifier par le toucher les idées qu'il produit: De même que le fens-de la vèe ne nous donne aucune idée de la diftance des: objets’, le fens de loue ne nous donne aucune idée de la diftance des corps qui produifent le fon. Un grand bruit fort éloigné, &c un petit bruit fort voifin, excitent la même fenfa- tion ; & à moins qu'on n’ait déterminé la diffance par les autres’fens, &t à force d'habitude, on ne fait point fi ce qu'on a-entendueft en effet un grand ou un petit brut. Toutes les fois qu’on entend un fon inconnu, on ne peut aonc pas juger par ce {on de la diftance , non p'usque de la quantité d’aétion du corps quile pro- duit , mais-dès que nous pouvons-rapporter ce fon à OUI uneunité cotiue , c’eft-à-dire , dès que nous pou vons favoir que ce bruiteftde telle ou telle efpece, nous pouvons juger alors à-peu-près non-feulement de la diftance, mais encore de la quantité d’a&ion. Par exemple, fi l’on entendun coup de canon ou le fon d’une cloche , comme ces effets font des bruits qw'on peut comparer avec des bruits de même efpece qu’on a autrefois entendus, on pourra: juger groffe- rement de la diftance à laquelle on fe trouve du ca- non on de la cloche, & aufli de leur groffeur, c’eft- à-dire, de la quantité d’aétion. Tel eft, autant qu’on peut l’imaginer, le méchanifme de l’ouie, mecha- nifme aufli compofé que caché à nos yeux. Les inf- trumens des fens extérieurs font peu connus, & les moins connus de tous font les inftrumens de l'ouie. Les anciens, ignorant la fruêure de l'oreille , n'ont tien pù nous en apprendre. Vefale qui pénéira plus avant que fes prédécefleurs, a commencé à nous dévoiler cette machine admirable , mais il a laffé beaucoup de recherches à faire; en général, il croyoit que l'oreille étoit comme uninftrament de mufique. On ignore quel étoit le fentiment de Co- lumbus, lui-même ne le favoit guere , puifque dans le tems qui lui a fallu pour aller du premier au fep- tieme livre de fon azatomie , il a oublié ce qu'ilavoit avancé, & s’eft contredit formellement, Fallope n’a point rempli la promelfe qu’il avoit donnée. Euflachi a cru que l’aïr interne agité par les offe- lets, portant fon agitation fur le nerf auditif, for- moit l’oure ; Piccolhomini a eu une opinion fingu- liere ; 1l difoit qu’il y avoit une véficule remplie d'air & attachée à l’étrier ; les nerfs , felon lui, aboutiflent à cette véficule, qui, étant agitée par les offelets, tranfmet {on agitation au nerf , de mé- | me que Île cryftallin tranimet les rayons au fond de lœil. Fabricius d’Aquapendente avoit à-peu-près le même fentiment que Euflachi ; il s’étoit imaginé que les offelets portoient leur agitation dans l'air interne, de même qu'une poutre frappée à un bout, porte le coup à l’autre extrémité : la fenêtre ronde, : _ félon lui, fervoit au fon grave,& l’ovale au fon aigus il ne donnoit d’autre ufage à la coquille & au lab;- rinthe , que d'empêcher les réflexions du fon. Caf- | ferius a nié qu’il ÿ eût nn aïr interne, &c lui a fubf- titué un nerf; tous lesautres auteurs anciens ont fui- vi ces fentimens , qui ne méritent pas d’être réfutéss Les nouvelles découvertes des Anatomiftes ont augmenté l’embarras , & nous ont confirmé dans le doute , En développant à nos yeux un organe fi com- pliqué , qu'il faut employer un tems confidérable, . les recherches les plus délicates & les plus plus afñ- dues , pour connoitre les détours de cet organe. Après qu'on eft venu à bout d’en détermuner l’ufage général, fçavoir la perception du fon, on trouve de grandes difficultés fur l’ufage particulier de cha- || que partie, & finalement fur l'explication de ce phénomene embarraffant, je veux dire la fufcepribilité 1 de oreille à recevoir desimpreffions agréables qui fe font en elle fuivant une proportion particuliere. L’on peut donc aflurer que ce fujet fervirad’occupa- | tion infrudtueufe aux fieclesà venir, jufqu'àce quäb || plaife au créateur d'introduire nos neveux dans le labyrinthe de cet organe, & leuren découvrir le myf- tere, Mais il faut convenir que , quoique l’induftrie humaine ue fufife pas pour le dévoiler, ce que nous en favons fuffit pour nous prouver la beauté de || l'ouvrage d’un excellent artifte, & pour exciter no- | tre adnuration. La perfetion de l'oreille eft fupérieure à celle des yeux; ce fens eft plus parfait dans fon genre, que Ï2 fens de la vue ne l’eft dans le fien , & même coms me M. Auzont l’a jadis remarqué , de tous les {ens il n'y a que l’ovie qui juge non-feulement de la dif- OUI férence , maïs encore de la quantité & de la raïfon de fon objet. En effet, l’ouie diftingue parfaitement toutes les gradations des rons ; elle les détermine, elle les foumet au calcul, ellé en fait un art ; les yeux ne peuvent nous en dire autant de la lumiere; “als apperçoivent entgros, & à-peu-près , qu’une lu- miere , une couleur eft plus ou moins claire ou foncée qu’une autre, & voilà tout ; ils ne pourront jamais déterminer la quantité de ce plus ou moins. Il faut encore convenir que les travaux de nos phyfciens ont porté beaucoup de clarté pour Pin- telligence de plufeurs phénomenes de l’ouie. Voici les principaux dont on peut donner des explications certaines ou vraiflemblables. 1°, Si Pon applique le creux de la main à loreille externe , de forte qu'il regarde le corps fonore , on “entend beaucoup mieux ; parce qu'alors on ramañle plus de rayons, ainf il doit fe taire dans l'oreille une impreflion plus forte. 2°, L'orcille externe étant coupée , on entend . plus difficilement; cela vient de cé que l’entonnoir qui ramafloit beaucoup de rayons eft enlevé : on pourroit fuppléer à ce défaut par un tuyau évafé qu'on appliqueroit au trou auditif. 3°. Si l’on préfente obliquement le plan de lo- reille externe à un corps fonore , en tournant la tête vers le côté oppofé, on entend beaucoup mieux ; la caufe en eft que le conduit auditif marche en de- vant ; ainfi quand on tourne la tête, on reçoit direc tement les rayons fonores. | 4°. L'’ouie eft beaucoup plus fine quand on écoute la bouche étant ouverte ; cela vient non-feulement de ce que les vibrations de l'air fe,cormimuniquent par la bouche , & par la trompe d’Euitache ,.à Pin- térieur de l'oreille , mais encore de ce que la char- niere de la mâchoire appliquée contre le conduit de l'oreille , s’en éloigne quand on ouvre la bouche, & : par-là elle laiffe ce conduit plus libre; quand la bou- che eff fermée , la mâchoire mférieure, comprime un peu le conduit auditif, & empêche par-là qu'il n'y entre une aufh grande quantité de rayons fono- res que lorfqu’elle eft ouverte, 5°. Pourquoi entend-t-on des bruits fourds, & pourquoi l’oure eft-elle émouflée quand on fouffle, qu'on bäille ; qu’on parle ou qu’on chante {ur un ton fort aigu ? Parce que la trompe d’Euftache étant comprimée à diverfes reprifes , l’air eft pouflé dans Ja caifle du tambour , & caufe des bruits fourds en tombant fur les corps qu’il rencontre. 6°. Il ya des fourds qui entendent quand on leur parle à la bouche; l’air communique alors fes v1- brations par la trompe d’Euftache. 7°, S'il arrive une'obftruétion à cette trompe d'Etftache , on devient fourd ; la raifon en eft évi- dente, parce que cette trompe étant bouchée, il fe ramañle dans la caiffe du tambour des matieres qui peuvent éteindre le fon, & qui fortiroient fi cette iflue ne leur étoit pas interdite. 8°. Si la membrane du tambour vient à fe rom- pre, la furdité fuccede quelque tems après. On en doit attribuer la caufe aux matieres qui s’introdui- ent alors dans la caifle , & aux impreflons de Pair externe ; outre que cette membrane fert à tranfmet- tre à l’oute des vibrations plus parfaites, & propor- tionnées à cet organe. - 9°. Par quelle ouverture la fumée d’une pipe de tabac qu’on fume dans la bouche, peut-elle fortir par les oreilles, comme on le voit dans quelques perfonnes. Cette fumée entre alors par les trompes, & fort par le trou de Rivinus, qui fetrouve ouvert dans quelques fujets , au moyen duquelils pourront encore éteindre une bougie en faïfant fortir de l’air par le conduit de l'oreille, Ce trou fe rencontre à Tome XI, OUI #03 Pinterruption du cercle ofeux où s’attaché la meme brane du tambour. : 10°. Quoique le fon frappe les deux oreilles , on _n’entend cependant qu’un feul fon, égal & fans con- fuñon ; c'eit parce que la fabrique de l'oreille par rapport à l'organe immédiat de l'oie, eft entiere ment la meme; toujours, en tout tems, à tout âge,êc que s'il y a quelque défaut naturel dans une oreille d’un côté , le même défaut fe trouve dans la même partie à l’autre oreïlle, & au côté oppoié ; ce font les obfervations curieufes de Valfalva qui méritent bien d’être vérinées ; car fi l’anatomifte d’Imola ne {e trompe point, fa découverte eft très-finguliere. 11°, Mais comment entend-on comme fimple , un fon qui eft évidemment infiniment multiplié dans loréiile , puifque dans le canal de l'ozie | comme dans une trompette, le fon eft pouffé & répoufé une infinité de fois, & que cependant l’amefe re- préfente tous ces fons comme n’en formant qu'un leul. | La raifon qu'en donne M. Bocrhaave , c’eft que l'oreille ne peut diflinguer tons les échos ou ré- fonnemens qu’on fait naître ; foit en parlant, foiten jouant de quelque infirument que ce foit ; parce qu'on ne diftingue l'écho qu'à une certaine diflance, Quoi que nous entendions diftinétement une {ylla- be dans moins d’une feconde; ce tems eft fort long comparé à la vitefle du tems qui fe pañle entre le fon primitif & le fon réfléchi, elle eft telle fans doute ; que la perception du premier dure encore, quand celle du fecond arrive, ce qui empêche l’ame de la diftinguer. Donc tous les réfonnemens du fon primitif ne laïfferont appercevoir qu’un fon. Tous les corps qui fonnent harmoniquement au fon pri- mutuf, 1e joignent en un dans notre oreille, parce .. 2 A * - , . ‘qu'ils font de même efpece, & ne {e diftinguent pas facilement , fans quoi nous aurions le malheur d’en- tendre un grand nombre de {ons difcordans au-lieu d’un feul. 12°, D'où vient la grande communication qu'il ya entre l'ovre & la parole ? Par la correfpondance de la portion dure du nerf'auditif avec les branches de la cinquieme paire, qui ferdifitibue aux parties qui fervent à former &7 à modifier la voix. 13°. D'où viennent les! tintemens , les fifflemens &t bruits confus qui fe font quelquefois dans l’oreille? Ils viennent des maladies de cet organe ou des ma- ladies du cerveau, qui produifent un mouvement irrégulier & dérégié des efprits, & qui ébranlent les nerfs auditifs. 3: 14°. Le bourdonnement qu’on fent lorfqw’on fe bouche les oreilles a-t-1l la même caufe ? Non, il vient du frottement de la main , de la compreffion qui froifle la peau & les cartilages , lefquels étant élafiiques , caufent un ébranlement dans loreille ; la vertu du reflort de l’air reflerré , peut encore y con- tribuer , & former par fes réflexions un fon qui de- vient fenfble , à caufe de la proximité & de la con- tinuité des parties qu'il frappe. 15°. Quand la matiere cérumineufe vient à bou- cher le conduit auditif externe, on devient fourd, parce que l’air ne peut pas communiquer fes vibra- tions intérieurement. De même s'il fe ramafloit des liqueurs épaifles dans la caïfle du tambour, les vi- brations de l’air ne pourroient pas fe communiquer par les fenêtres ; alors fi l’on faifoit quelqu’ingeétion par la trompe, on pourroït enlever cette matiere, mais en tentant ce moyen, il faut que ce foit par le nez. 16°. D'où vient que certains fourds entendent beaucoup mieux quand on leur parle par-deflus la tête ? C’eff qu'apparemment tout le cräne étant ébranié, les os pierreux & tous les autres le font auf fucceffivement. | VVvvyi 706 OUI 15°, Pourquoi entend - on mieux la bouche ou- verie & en retenant fon haleine , fecret que la na- ture a dévoilé à tour le monde ? Parce que d’un côté l'air communique {es vibrations à l’organe auditif par la trompe d’Euftache , &c que de l’autre côté, en retenant notre haleine, nous empêchons qu’un torrent d’air n'entre avec bruit dans la trompe , & ne poufle en- dehors la membrane du tympan, Mais la fen{ation de lPouie peut être léfée de diffé- rentes manieres, dans fon augmentation, fa dimi- nution, fa dépravation, & {a deftruétion. Mon- tronsen peu de mots comment ces accidens de l'or- gane de l’ouie peuvent arriver. Dans certaines maladies très-aigués du cerveau, des nerfs, des membranes , l’extreme tenfion de ces parties fait que Le moindre fon affeéte fi vivement le cerveau, qu'il en réfulte quelquefois des mouve- mens convulffs. Ce genre de mal fe nomme owie aigu, YEN Quand la perception du fon eft moindre qu’elle feroit dans l’état fain relativement à fa grandeur , c'eft ce qu’on nomme owie dure ; or ce mal procéde de plufeuts caufes d’une nature fort différente, qu'il eft facile d’expofer par l’énumération des divers lieux affettés , tels que l'oreille externe , trop plate ou emportée ;, le conduit audiniftrop droit étroit , obftrué par une tumeur quelconque, par des infec- tes, par des ordures ; par du pus , par la matiere cérurmineufe épaifle ; la membrane du tympan léfée, lâche, devenue épaifle, denfe, calleufe, par l’adhé- rence. d’une croute fongueufe ; la conche interne remplie d'ichorofité., de pus, de piruite ; le canal d'Enfache empêché ou obftrué ; les offelets déta- chés , & qui fortent quelquefois par le conduit de l’ouie , quand la petite membrane qui les Lie tombe en fuppuration, comme il arrive après de cruelles douleurs inflammatoires: de l’oreille externe , ou l’abfence des offelets, par défaut de conforma- tion ; par le defféchement , le relâchement, l'é- paififfement , l’inondation, la trop grande tenfñon, la corruption , l’érofion , Pendurciflement de la pe- tite membrane de la fenêtre ronde & ovale ; par différens vices du veftibule, du labyrinthe, du Li maçon , des conduits de, l’os pétreux , comme l'in- flammation, l’obftrution, la paralyfie , & les ef. fets qui peuvent s’enfuivre ; enfin , par la mauvaife flrudure de ces parties , & tout ce qui gêne la por- tion molle du nerf auditif, depuis fon entrée dans l'os pétreux , jufqu’à fon origine dans la moeëlle du cerveau, comme l’inflammation, les tumeurs , la fonéhion du cerveau léfée, & plufeurs autres maux: on conçoit de tout ce détail le peu d’efpérance de guérir les maux dontil s’agit. L’ouie s’altere encore par les vices de l’airexterne, fur-tout par l'air humide & nébuleux , ou parce que Pair interne ne peut entrer ni fortir librement. Mais ce qui nuit principalementici, ce font les maladiesde ces artérioles qui rampent fur les petitesmembranes difperfées dans tout l'organe de loue : de-là on com- prend facilement l'origine des tintemens, des fons graves , des échos, des murmures. Enfin, fi tous ces vices augmentent & perfftent long:tems, on devient tout à-fait fourd , & en con- {équence on ne fait point parler , ou on loublie. La caufe de ce mal ef fouvent la concrétion de la trom- pe d’Eutache. Voilà tout ce qui regarde la fenfation de loue &c fa Lfion dans l’homme; le détail de cetorgane dans les bêtes nous conduiroit trop loin, c’eft affez pour prou- ver la différence de remarquer que la feule couvertu- re extérieure de l’organe de l’ouiceft différente dans les diverfes clafles d'animaux, jugez ce que ce doit être des parties internes | Les taupes qui font enter- réestonte leur vie, n’ont point le conduit de l’orcille ouvert à l’ordinäire ; car pour empêcher la terre d’y entrer , elles l’ont fermé par la peau qui leur couvre la tête, & qui fe peut ouvrir & fermer en fe dilatant ou en s’étréciflant. Plufieurs animaux ont ce trou ab- folument bouché, comme la tortue, le caméléon, & la plüpart des poiflons, Il y a une efpece de ba- leine qui ne l’a pas fermé ; mais elle.a cette ouver- ture fur les épaules. Prefque tous les animaux à qua- tre piés ont ce trou ouvert par des oreilles longues & mobiles , qu'ils levent & tournent du côté d'où vient le bruit. Quelques-uns ont les oreilles plus courtes, quoique mobiles , comme les lions, les tigres, les léopards. D’autres comme le finge, le porc-épic , les ont applaties contre la tête ; d’autres dont point du tout d'oreilles externes, comme le veau marin, & toutes les efpeces de léfards & de ferpens. D’autres ont le trou couvert feulement ou de-poils, comme l’homme, ou de plumes comme les.oifeaux : enfin, il y en a peu comme l’outarde, le cafuel , le poulet d'Inde, le méléagrs ou pintas de , qui l’aient découvert. (Le chevalier DE Jav- COURT.) | OUIES, ORGANES DES POISSONS , qui leur fer- vent de poumons, Ce qui fe préfente à l'examen, c’eft leur ftruure,la difiribution de leurs vaifleaux, & les ufages de ces parties. Les recherches dont nous allons rendre compte font du célebre M. du Verney, qui en fit part à l’a- -cadémie au commencement de ce fiecle, Il les a fai- tes fur la carpe. La charpente des ozies eff compo- fée de quatre côtes de chaque côté, qui fe meuvent tant fur elles-mêmes en s’ouvrant & fe refferrant, qu'à l'égard de leurs deux appuis , fupérieur &c infé- rieur, en s’écartant l’un de l’autre , & en s’en rap- prochant. Le côté convexe de chäque côté eftchar- gé fur fes bords de deux efpeces de feuillets, cha- cun defquels eft compolé d’un rang de laines étroi- tes rangées & ferrées l’une contre l’autre, qui for-. ment comme autant de barbes ou franges , fembla- bles à celles d'une plume à écrire, &c, fous ces fran- ges, qu'on peut appeller proprement Z poumon des poiffons. Voilà une fituation de partie fort extraor- dinaire & fort finguliere. La poitrine eft dans la bou che aufhi-bien que le poumon : les côtes portent le poumon, & l’animal refpire l’eau: les extrémités de ces côtes qui regardent la gorge, font jointes enfem- ble par plufieurs petits os , qui forment une efpece de fernum ; enforte néanmoins que les côtes ont un jeu beancoup plus libre fur ce fernum , & peu- vent s’écarter l’une de l’autre beaucoup plus faci- lement que celles de Phomme , 87 que ce flernum peut être foulevé & abaïflé, Les autres extrémités qui regardent la bafe du crane, font auñli jointes par quelques offelets qui s’articulent avec cette même bale , & qui peuvent s’en éloigner ou s’en approcher. Chaque côre eft compolé de deux pieces jointes par un cartilage fort fouple , qui eft dans chacune de ces parties, ce que les charnieres font dans les ouvra- ges des artifans ; chacune des lames, dont les feuil- lets font compolés, a ia figure du fer d’une faux, & à fa naïflance elle a comme un pié ou talon qui ne pofe que par fon extrémité fur le bord de la côte. Chacun de fes feuillets eft compofé de 135 lames ; ainf les feize contiennent 8640 furfaces, & les deux furfaces de chaque lame font revétues dans toute leur étendne d’une membrane très-fine , fur lef- quelles fe font les ramifications prefque innombra bles des vaiffleaux capillaires de ces fortes de pou- mons : 1l y a 46 mufcles employés au mouve- ment de ces côtes, 8 qui en dilatent l’intervalle, 16 qui les refferrent, 6 qui les élargiffent , le centre de chaque côte, 12 qui les retréciflent , & qui en mé- me tems abaiflent le fternum , & 4 qui le foulevent. Les ouies ont une large ouverture fur laquelle eft pofé un couvercle compofé de piufeurs pieces d’af. femblages, qui a le même ufage que le panneau d'un foufllet , & chaque couvercle eft formé avec un tel artifice qu’en s’écaïtant l’un de l’autre, ils fe voutent en-dehots pour augmenter la capacité de la bouche ,:tandis qu'une de leurs pieces qui joue fur une efpece de genou, tient fermées les ouver- türes des oies , &c ne lés ouvre que pour donner paflage à l’eau que l'animal a refpiré, ce qui fe fait dans le tems que le couvercle s’abat &c fe refferre: il y a deux mufcles qui fervent à foulever le cou- _vercle , &c trois qui fervent à l’abattre &z à le refer- ter. On vient de dire que l’affemblage qui compo- {e lacharpente des convercles, les rend capables de fe vouter en-dehors ; il ne refte plus que deux circonftances à ajouter : Ja premiere eft que la par- tie de ce couvercle, qui aide à former le deffous de la gorge , eft.plié en éventail fur de petites fames d'os, pour fervir , en fe déployant, à la dilatation de la gorge dans l’infpiration de l’eau : la feconde, que chaque couvercle eft revétu par-dehors & par- dedans d’une peau qui lui eft fort achérente, Ces deux peaux s’uniflant enfemble , fe prolongént au- delà de la circonférence du couvercle d'environ deux à trois lignes, & vonttoujours en diminuant d’épaifieur, Ce prolongement.eft beaucoup plus am- ple vers la gorge que vers le haut de la tête. Il eft extremément fouple pour s'appliquer plus exacte: ment à l’ouverture fur laquelle 1l porte , & pour la tenir fermée au premier moment de la dilatation de la bouche pour la refpirätion. L’artere qui fort du cœur fe dilate de telle ma- hicre, qu’elle en couvre toute la bafe. Enfuite fe rétrécifiant peu-à-peu,elle forme uneefpecedecone; | à l'endroit où elle eft ainfi dilatée , elle ef garnie en-dedans de plufeurs coloïnes charnues qu'on peut confidérer comme autant de mulcles qui font de cet endroit de l'aorte un fecond cœur , ou du moins comme un fecond ventricule, lequel joignant fa compreffion à celle du cœur ; double la force né- ceflaire à la diftribution du fang pour la circulation. Cette artere montant par l'intérvalle que les oies laiffent entr'elles , jettent vis-à-vis de chaque paire _de côtes de chaque côté une grofle branche qui eft couchée dans la gouttiere creufée fur la furface ex- térieure de chaque côte, & qui s'étend le lony de cette gouttiere d’une extrémité à Pautre du feuiller: voilà tout le cours de l'aorte dans ce genre d’ani- maux ; l’aorte, qui dans les autres animaux porte le fang du centre à la circonférence de tour le corps, ne parcourt de chemin dans ceux-ci que depuis le cœur juiqu'à l'extrémité des ovres , où elle finit. Cette branche fournit autant de rameaux qu'il y a de lames fut l’un &c fur l’autre bord de là côte ; la groffe branche fe rermine à l'extrémité de la côte, &z les rameaux finiflent à l'extrémité des lames, aux- quelles chacun d'eux fe difiribue. Pour peu que l’on foit inftruit de la circulation & des vaiffleaux qui y fervent, on fera en peine de favoir par quels autres vailleaux On a trouvéun expédient pour animer & nourrir tout le corps, depius le bout d’en:bas des ouies jufqu’à l’extrémité de la queue : cet expédient paroïtra clairement , dès qu'on aura conduit le fang ju{qu’à l’extrémité des oies. Chaque rameau d’arte- res monte le long du bordintérieur de chaque lames des deux feuillets pofée fur chaque côte; c’eft-à-dire, le long des deux tranchans des lames qui fe regar- dent. Ces deux rameaux s’abouchent au milieu de leur longueur ; & continuant leur route, parvien- nent à la pointe de chaque lame, Là chaque ra- meau de l'extrémité de l’artere trouve l’embou- chure d’une veine ; &t ces deux embouchures ; ap- pliquées Pune à l’âutre immédiatement, ne faifant qu'un même canal , malgré la différente confiftance des deux Vaifleaux , la veine s’abat fur le tranchañë extérieur de chaque larme ; & parvenue as bas dé la lame, ellé verie fon fang dans un gros vaifiean vêneux, couché près de la branche d’artere dans toute l’étendue de la gouttiere de la côte ; mais cé n'elt pas feulement par cet abouchement immédiat des deux extrémités de l’artere & de Ia veine, quë Vartere fe décharge dans la veine; c’eit encote paf toute fa route : c’eit ainfi donc que le tameau d’are teres drefié {ur le tranchant de chaque lame , jetté dans toute fa route fur Le plat de chaque lame dé part & d'autre une multitude infinie de vaifleaux ; qui ‘partant deux à deux de ces rameaux, l’un d’un côté &c l’autre de l’autre, chacun de fon côté va droit à la veine , qui defcend fur le tranchant Op= polé de la lame, & sy abouche par un contrat immédiat, Dans ce genre d'animaux le fang pañle donc des arteres de leur ponmon dans leurs veines d’un bout à l’autre, Les arteres y font de vraies ara teres, 6c par leur corps, &t par leur fon&tion de porter le fanp. Les veines y font de vraies veines, & par leur fonétion de recevoirle fang des artéres, & par la délicateffe extrème de leurconfiftance, Il ny a jufque-là rien qui ne {oit dans l’économie ordis naire. Mais ce qu'il y a de fingulier , c’eft l’abou= chement immédiat des arteres avec les veines, qui fe trouve à la vérité dans les poumons d’autres anis maux , {ur tout dans ceux des grenouilles & des tor: tues; mais qui n'eft pas fi manifefte que dans les outes des poifions, Voyez la résularité de la diftriz bution qui rend cet abouchement plus vifñble dans ce genre d'animaux ; car toutes les branches d’artea res montant le ions des lames dreflées fur les côtes; font auffi droites & auff également diftantes l’une de l’autre que les lames, & en général la direétion & les intervailes des vaifleaux tant montant que defcendant , eft auf réguliere que s'ils avoient été dreifés à la régle & efpacés au compas ; on les fuit à l’œ1l 87 au microfcope. Cette diftribution eft fort finguliere , ce qui fut left encore davantage. On eff en peine, avons-nous dit , de la diftribution du ing, pour la nourriture & la vie des autres parties du corps de ces animaux, Nous avons conduit le fang du cœur par les arteres du poumon dans les vei. nes du poumon ; le cœur ne jettant point d’autres arteres que celles du poumon, que deviendront les autres parties, le cerveau, les organes des fens, & tout le refte du corps ? Ce qui fuit le fera voir. Ces troncs de veines pleins de fang artériel, fortant de chaque côté par leurs extrémités qui resardent la bäfe du crâne ; prennent la confiftance & l’épaifleur d’artere, &c viennent fe réunir deux à deux de chaa que. Ceile de la premiere côte fournit avant {a réue nion des branches qui difiribuent le {ang aux orga: nes des fens, au cérveau &c aux parties voifines, & fait par ce moyen les fonétions qui appartiennent à l'aorte afcendante dans les animaux à quatre piés 3 enfuite elle fe rejoint à celle de La feconde côte, & ces deux enfemble ne font plus qu’un tronc, lequel coulant le long de la bafe du crâne , recoit encore de chaque côté une autre branche formée par la réumon des veines de la troifieme & quatrieme paires de côte, & tout enfemble ne font plus qu’un tronc. Après cela ce tronc, dont toutes les racines étoient veines dans le poumon , devenant artere par fa tunique & par fon office, continue fon cours le Tong des vertébres en diftribuant le fang artériel à toutes les autres parties, fait la fon@ion d'aorte defcendante, & le {ang artériel eft diftribué également par ce moyen à toutes les parties , pour es nourtir & les animer ; & il rencontre par -tout des racines de veines , qui reprennent le réfidu, & le portent par plufieurs troncs formés de l’union de toutes ces racines, an réfervoir commun, qui daif 78 OUI Le rendre au cœur. C’eft ainfi que s’acheve la cit- culation dans ces animaux : voilà comment les vei- nes du pousnon deviennent atteres , pour animer &z mourrir la tête & le refte du corps ; mais ce qui àu- smente la fingularité,c’eft que les veines mêmes des poumons , fortant de la gouttiere des côtes par leur ‘extrémité qui regarde la paroi, confervent la tuni- que & la fonéion des veines, en rapportant dans le réfervoir de tout le fang veinal une portion du fang artériel qu’elles ont reçue des arteres du poumon. Comme le mouvement des machoires contribue aufi à la refpiration des poifons , il ne fera pas hors de propos de faire remarquer que la fupérieure eft mobile, qu’elle eft compofée de plufieurs pie- ces , qui font naturellement engagées les unes dans les autres, de telle maniere qu’elles peuvent, en fe déployant , dilater & alonger la machoire fupé- tieure. Toutes les pieces qui fervent à la refpira- tion de la carpe, montent à un nombre fi furprenant, qu’on ne fera pas faché d’en voir ici le dénombre- ment, Les parties offeufes font au nombre de 4366; il y a 69 mufcles : les arteres des oxtes, outre leurs huit branches principales , jettent 4320 rameaux, 8 chaque rameau jette de chaque lame une infinité d’arteres capillaires tranverfales, dont Ie compte pafle de beaucoup tous ces nombres enfemble, Il y a autant de nerfs que d’arteres; les ramifications des premiers fuivent exaétement celles des autres ; les veines , ainfñ que les arteres, outre leurs huit branches principales, en jettent 4320, qui font des fimples tuyaux, & qui, à la différence des rameaux des arteres, nejettent point de vaifleaux capillaires traniverfaux. Quelque longue que foit la defcrip- “tion que nous venons de tranfcrire , elle eft inté- reffante , que nous efpérons n'avoir pas fatigué le leéteur, Le fang qui eft rapporté de toutes ces parties du corps des poiflons , entre du réfervoir où fe décor- gent toutes les veines, dans l’oreiliette , de-là dans le cœur , qui par fa contraétion le pouffe dans l’aor- te, & dans toutes les ramifications qu’elles jettent fur les lames de l’ouie, & comme à fa naïffance elle eft garnie de plufieurs colonnes charnues fort épaif- fes, qui fe reflerrent immédiatement après ; elle fe- conde & fortifie par fa contraction l’aétion du cœur, qui eft de poufler avec beaucoup de force le fang dans les rameaux capillaires tranfverfaux fitués de part & d'autre fur toutes les lames des ouies. On a déja obfervé que cette artere & fes branches ne par- couroïent de chemin que depuis le cœur jufqu’à l’ex- trémité des owies, où elles finiffent; ainf, ce coup de pifton redoublé doit fuflire pour poufler le fang avec impétuofñté dans un nombre infini d’artérioles, fi droites & fi régulieres , où le {ang ne trouve point d'autre obftacle que le fimple contaét, &t non le choc & les reflexions, comme dans les autres ani- maux , où les artères {e ramifient en mulle manieres, fur-tout dans leur derniere fubdivifion : voilà pour ce qui concerne le fang dans le poumon. Voici com- ment s’en fait la préparation : les particules d’air qui font dans l’eau, comme l’éau eft dans une éponge , peuvent s’en dégager en plufieurs manieres. r. Par la chaleur, ainfñ qu’on le voit dans l’eau qui bout fur le feu. 2. Par laffoibliflement du reflort de lair qui prefle l’eau où les parricules d’air font engagées, comme on le voit dans la machine du vuide. 3. Par le froiflement & l’extrème divifion de l’eau , fur-tout quand elle a quelque degré de chaleur, On ne peut douter qu'il n’y ait beaucoup d’air dans tout le corps des poiffons, & que cet airne leur foit fort néceffai- re. Diverfes expériences faites dans la machine du vuide le prouvent, & montrent en même rems que Pair qui eft mêlé dans l’eau a la principale part à la tefpiration des poiflons ; on remarque aufli que jorfque la furface des étangs eft gelée, les poiffons ui font dedans meurent plus cu moins vite, fuivant que l’étang a plus ou moins d’étendne ou de pro- fondeur ; & quand on caffe la glace dans quelque endroit, les poiflons s’y préfentent avec emprefle- ment pour refpirer cette eau impregnée d’un nouvel air. Ces expériences prouvent manifeftement la né- ceflité de l’air pour la refpiration des poifons, Voyons maintenant ce qui fe pale dans le tems de cette refpiration. La bouche s'ouvre , les levres s’a- vancent ; par-là la concavité de la bouche eft alon- gée , la gorge s’enfle ; lés couvercles dés owres, qui ont le même mouvement que Les pannaux d’un fouf- flet , s’écartant l’un de l’autre, fe voutent en-dehors par leur milieu feulement , tandis qu'une de leurs pieces qui joue fur une efpece de genou tient fer- ‘mées les ouvertures des owés, en fe foulevant toute- fois un peu , fans permettre cependant à l'eau d’en- trer , parce que la petite peau qui borde chaque cou- vercle , fermant exaftement l’ouverture des oies, tout cela augmente & élargit en tous fens la capa- cité de la bouche , & détermine l’eau à entrer dans fa cavité, de même que l’air entre par la bouche & les narines, dans la trachée artere &z les poumons ; par la dilatation de la poitrine dans ce même tems, les côtés des owies s'ouvrent en s’écartant lésuns des autres , leur ceintre eit élargi, le fternum eft écarté en s’éloignant du palais, ainfi tont confpire à fire entrer l’eau en plus grande quantité dans la bouche. C’eft ainfi que fe fair Pinfpiration des porflons ; en- fuite la bouche fe ferme ; les levres, auparavant alongées, s’accourciflent , fur-tout la fupérieure, qui ie plie en évantail , la levre inférieure fe colle à la fupérieure, par le moyen d’une perité peau en forme de croiflant, qui s’'abat comme un rideau de haut en bas qui émpêche l’eau de fortir, le couver- cle s’applatit fur la baie de l'ouverture des owtes, Dans le même tems les côtes fe ferrent les unes con- tre les autres , leur ceintre fe retrécit, & le fternum s’abat fur le palais ; tout cela contribue à compri- mer l’eau qui eft entrée par la bouche, elle fe pré- fente alors pour fortir par tous les intervalles des côtés, & par ceux de leurs lames , & elle y pañe comme par autant de fiieres; par ce mouvement la bordure membraneufe des couvercles eft relevee, & l’eau preffée s’échape par cette ouverture. C'eff ainfi que fe fait l'expiration dans les poiflons ; on voit donc par-là que leau entre par la bouche, & qu’elle fort par les ouies pat une efpece de circula- tion , entrant toujours par la bouche, & fortant toujours par les oies, tout au contraire de ce qui atrive aux animaux à quatre piés, dans lefquels l'air en fort alternativement par la même ouverture de la trachée-artere. Il y a encore divers ufages des ouies par rapport à la route du fang , & à la prépa- ration qu'il y reçoit , fur lefquels nous renvoyons à la piece d’où cet article eft tirée, &c qui fe trouve dans les mémoires de l’acad. roy. des Sciences , an. 1704. p. 294. édit d'Amfr. “= OuiE, (Séméioig.) les dérangemens qui arrivent dans l'exercice de ce fens font fouvent l'effet d’une maladie plus grave , ou de quelque altération fur- venue dans toute l’économie animale ; cet effet peut {ervir dans certains cas de figne pour remonter à la connoiflance des caufes. Lou peut cefiler d’être dans l’état naturel, ou par une augmentation excef- five, ou par une abolition totale , ou par une dé- pravation quelconque , la perte ablolue ou la très- grande diminution de l'ouxe eft connue fous le nom particulier de furdire , nous renvoyons à cet article l’expofition des fignes que cet état fournit dans le cours des maladies aiguës. Voyez SURDIRÉ. Nous allons indiquer en peu de mots les lumieres qu'on peut tirer des autres vices de ce fens fans entrer UT dans aucuñe difcuffon théorique fur l’enchainement qu'il y a entre ces fignes & les chofes fignifiées. Suivant une obfervation généralement connue ; Pextrème fineffe de l’oute eft un très-mauvais figne; la dureté d'oreille eft beaucoup moins défävorable, il y a même bien des cas où elle eft d’un henreux préfage , quoiqu’elle foit pouflée au degré de {ur- dité. Ce n’elt que dans le cas de grande foibleffe & d’affaiflement que la diminution ou la perte d’ozie eft un figne mortel, Hippocr: 4pk. 73. dib. VII. la dépravation de l’oux a lieu lorfque l'oreille entend des {ons autrement qu'ils ne font produits, & dans le tems même où il n’y en a point d’excité par les corps extérieurs : c’eft ce qui arrive dans le tinte- ment d'oreille & lé bourdonnement ; voyez ces mots, &t dans quelques efpeces de délire où lé malade croit entendre des perfonnes qui parlent , ou le fon des inftrumens , fans que pourtant ces objets foiént réels ; ce vice de louk peut älors être regardé comme un figne de délire préfent où prochainement futur. Le bourdonnement 8e le tinteméent d’oreille font dans les maladies aiguës des fipnes avant-coureurs de la mort. Coac. prænot. cap. v. n°. 3, Waldfcrichd a remarqué que ces mêmes fignes étoient très-fà- cheux dans les nouvelles acconchées, Les tinte- mens d'oreille joints à des douleurs detête, vérrige, éngourciflernent des mains , lenteur de la voix fans fievre , font cramdre , fuivant cet auteur & Hippo- crate, la paralyfe, ou lépilepfe ; ou la perte de mémoire ; les ébranlemens de la tête avec tinte- ment d'oreille annoncent une hémorrhagie par le nez, Ou l’éruption des regles, fur-tout s’il y a une chaleur extraordinaire répandue le long de l’épine du dos, 1bid, cap. iv. n°, 8, on doit s'attendre au délire & à l'hémorrhagie du nez lorfque ce tinte- ‘ment fe rencontre avec l’obfcurciflement de la vie &t une pefanteur à la racine du nez, ibid. cap. v. #. O. En général, remarque Hippocrate, de infom. cap. xij. 11. la léfion de l’oxie , de même que celle de la vûüe, dénotent Paffeétion de la tête, (#r) Ouies , 1. f. (Mufra.) les ouvriers nomment aïnf les deux ouvertures qui font fur la ttble dés violes, & de quelques autres inftrumens dé Mufique, Ces Ouvertures , qu'on pourroit appéllér échéiz, ont dit- férentes figures, & ce font les endroits par où fort le fon harmonieux ; mais quand il s’agit de poche de violon , dé baffe de violon, on appelle ordinai- rement léuis ouvertures des effes , parce qu'elles nt la figure d’une f. (D, J. OVTLTA ou SE PT A , (Hifi. anc.) c’étoit un én- droit du champ de Mars dans l’äncienne Rome, qui fut d’abord fermé &7 entouré de barrieres comme un parc de brebis, d’où lui eff venu le nom d’'Oyiia. Dans la fuite , cét endroit fut éenvironné de mural: fes de marbre , & l’on y pratiqua des galeries où Fon fe promenoit ; on y plaça aufli un tribunal d’où Pon rendoit la juftice. C'étoit dans l'enceinte de ce lieu que le peuple donnoit les fuffrages pour l’éle&tion dès magiftrats. Poyez CHAMP DE MARS. On montoit à l'Ovilia non par des degrés, mais par des efpeces de ponts deftinés à cetufage. Cha- que curie, chaque tribu, chaque centurie ( felon que l’aflemblée étoit par centurie, par tribus ou Par curies), avoit fon pont particulier, De-là vint Pefpece de proverbe , de ponte dejiciendus > pour dire qu'une perfonne devoit être privée du droit de fuffrage. Voyez COMITIA. OUILLE, 0/co ou oglio , ( Cuifine. ) un mets déli- cieux , Ourapoût compofé d’une grande variété d'in: grédiens , & que l’on fert principalement fur les bonnes tables en Efpagne. Il y a cflérentes manieres de faire des ovilles ; O VI 709 Mais pour donner une idée dé cet affemblage étran- gé , nous inférerons ici la fecette qui vient d’un mai: tre qui a fait fes prenves, Prenez de la eulote & des langues de bŒufs bouil: lies & féchées ; AveC des faucifles de Boulogne ; faites bouillir le tout enfemble pendant deux heures, êc pour-lots ajoutez-y du mouton, du porc-frais ; de la venaifon &c du lard, comme auffi des navets s des carotes , dés oignons , des choux ; de la bou rache , de [a chicorée blanche , des foucis, de l’o- feille & des épinars ; enfuite les épices, comme du fafran , des clons-de-sirofle, du macis & de la noix de mufcade, &c. Cela fait, mettez dans une autre marmite un dindon où une oie, avec des chapons, faifans ; butors, canards fauvages, pérdrix, farcelles , bi- fers , becafles , cailles & alouettes » GC faites-les bouillir dans de l’eau avec du {el. Dans un troifiemé vaifleau , préparez üne fauce de vin blanc , de con- fommé , de beurre, de culs d’artichaux , de tharrons, de choux-fleurs , de chapelure de pain, de moëlle, de jaunes d'œufs, de macis & de fafran : enfin dre. fez l’ouille dans un plat proportionné à la quantité des chofes dont elle eft compofée : tirez d’abord de la marmite le bœuf & le veau, enfuite la veraifon, lé mouton , les langues & les faucifles ; difperfez pär-tout les racines & légumes ; arrangeéz autour le plus gros gibier , entremélez du petit, & verfez votre fauce fur le tout. OUJON , (Géog.) petite ville ’Afie dansla Pérfe, felon Tavernier , qui lui donne Grd, 35, de longits &t 324. 24. de latit, ( D. J.) OVIPARE , adj. serme d'Hifloire naturelle , qué l'on applique aux animaux qui fe multiplient en fai- fant des œufs comme les oifeaux , infedes > ÉCe Voyez ŒUF, INSECTE, ANIMAL, @c. On oppofe ce genre d’animaux à céux qui pro= duifent leurs petits tous vivans , & que l’on appelle vivipare, comme l’homme , lés quadrupedes , &c, Voyez GÉNÉRATION. - Ces animaux font éeux qui pondent des œufs, lefquels ayant été couvés par la mere , ou mis en fermentation par quelque autre principe de cha- leur, produitent enfin des petits : ceux-ci fe met- tent eux-mêmes au monde , après avoit confumé l'humidité ou l'humeur dont ils étoient environnés 3 &t après avoir acquis un certain volume & des for ces fufifantes pour rompre [à coque de l'œuf, Ce genre, outre les oïfeaux ; renferme diverfes éfpeces d'animaux terreftres, commé les ferpens, léfards, tortues , cancres, écrevifles, Ge. Voyez OVAIRE. Ki OUI-POU , ( Drere.) c’eft le nom que les Hebi tans fauvages du Bréfil donnent à une efpece de fa- rine fort nourriffante , qu'ils font avec la racine d'é pi êt avec celle de manioc. Onfait fécher ces racines au feu, après quoi on les ratifle avec des cailloux tranchans, on fait cuire ces raclurés dans un por avec de l’eau jufqu’à ce que le mélange s’épaiffife ; lorfqu’il eft refroidi, fon goût eff aflez fémblabie à celui du pain blanc de froment, En mêlant cetre faz fine avec du jus de viande , on fait un mets qui reflemble à du ris bonilli. Ces mêmes râcines piléés lorfqwelles font fraiches donnent un jus blanc com- me du lait, qui, expofé au foleil , fe coagule comme du fromage , & qui cuit au feu fait un aliment affez agréable, Voyez CASSAVE. OUIR , v. at. (Gram.) entendre, ouir la meffe, Affigné pour être oi , ouir à confefle, OVISSA, (ft. mod. culte.) c’eft le nom {ous le quelles habitans du royaume de Benin en Afrique défignent l’'Etre fuprème, Îls ont , fuivant le rapport des voyageurs , des idées affez juftes de la divinité, qu'ils regardent comme un être tout-puiflant, qui “10 O U P ait tout ;-qui, quoique inviñble, eft préfent par- #out, quiet le créateur & le confervateur de luni- vers. Is ne le repréfentent point fous une forme corporelle ; maïs comme ils difent que Dieu eff inf- miment bon, ils fe croient difpenfés de lui rendre leurs hommages qu’ils réferyvent pour les mauvais efprits on démons qui font les auteurs de tous les maux , 6 à qui ils font des facrifices pour les em- pêcher de leur nuire. Ces idolâtres font d’ailleurs #ort fuperftitieux , ils croient aux efprits &t aux ap- paritions , & font perfuadés que les ombres de leurs “ancêtres font occupées à parcourir Punivers, &c viennent les avertir en fonge des dangers qui les menacent ; ils ne manquent point à fuivre les imfpi- rations qu'ils ont reçues , & en conféquence ils of- frent des facrifices à leurs fétiches ou démons. Les habitans de Bénin placent dans la mer leur féjour à venir de bonheur ou de mifere. Ils croient que l’om- bre d’un homme eft un corps exiftant réellement, qui rendra un jour témoignage de leurs bonnes & de leurs mauvaifes aétions ; 1ls nomment paffador cet être chimérique,, qu’ils tâchent de fe rendre fa- vorable par des facrifices, perfuadés que fon témoi- gnage peut décider de leur bonheur ou de leur mal- heur éternel. Les prêtres de Bénin prétendent décou- Vrir l'avenir, ce qu’ils font au moyen d’un pot percé par le fond en trois endroits, dont ils tirent un fon qu'ils font pafler pour des oracles, & qu'ils expli- quent comme ils veulent ; mais ces prêtres font pu- ris de mort lorfqu'ils fe mêlent de rendre des oracles qui concernent l’état ou le gouvernement. De plus il eft défendu fous des peines très-grieves aux pré- tres des provinces d’entrer dans la capitale. Malgré ces rigueurs contre les miniftres des autels, le gou- vernement a dans de certaines occafions des com- plaifances pour eux qui font très-choquantes pour l'humanité ; c’eft un ufage établi à Bénin de facri- fier aux idoles les criminels que l’on réferve dans cette vûe ; il faut toujours qu'ils foient au nombre de vingt-cinq ; lorfque ce nombre n’eft point com- plet, les officiers du roi ont ordre de fe répandre pendant l’obfcurité de la nuit, & de faifir indiftinc- tement tous ceux qu'ils rencontrent , mais il ne faut point qu'ils foient éclairés par le moindre rayon de lumiere ; les viétimes qui ont été faifies font remifes entre les mains des prêtres , qui font maitres de leur fort : les riches ont la liberté de fe racheter, ainf que leurs efclaves, tandis que les pauvres font im- pitoyablement facrifiés. OVISTES , f. m. ( Hiff. nar. ) fete de philofo- phes , qui foutiennent que les femelles de tous les animaux contiennent des ovaires , qui font comme autant de pépinieres de leurs diverfes efpeces , & dont chaque œuf fertilifé par le mâle rend un petit animal. Voyez OVAIRES & ŒUE. OUKCK , ( Géog.) ville d’Afie en Tartarie dans le Capfchac, fur le Volga, à 15 lieues de Bulgares. Long. 84. lat, 57. OULANS, {. m. plur, (Milice polon.) nom d’une troupe de cavalerie légere , compofée de Polonois & de Tartares, montés {ur des chevaux de ces deux nations ; ils font un fervice pareil à celui des huffarts qu'ils furpaffent en bonté , foit par armure , foit par la vitefle de leurs chevaux, qui , quoiqu’à-peu- près de la même taille, leur font fupérieurs en lé- ereté , & beaucoup plus durs à la fatigue. OULICES , TENONS À , ( Charpenter. ) ce font des tenons coupés en quarré, & en à bout auprès des paremens de bois pour les revêtir enfuite ; & quand l'ouvrage eft fini, les serons faits de cette maniere font aufli appellés serons a tournices. OUPORUM, ( Géog. anc.) ancienne ville de la Liburnie dans fes terres , felon Ptolomée , Z. IT. c. ævÿ, Quelques-uns conjeéturent que ceft préfen- OUR tement Ofrozzo en Dalmatie. (D. J.) OURAGAN, £. m, (Phyfiq. ÿ vent très-violent ; qui s’éleve promptement & qui fe diffipe bientôt après. Voyez VENT. Il y a différentes fortes d’ouragans ou de tourbil- lons , diftingués par les noms de preffer | cypho , vor= ex ou vorbex , exhydria 8 ecnephis. Le prefter eft un vent violent qui lance des éclairs, il s’obferve rarement , & ne va prefque jamais fans ecnephis, Séneque dit que c’eft un #ypho ou trombe, Voyez TROMBE. L’ecrephis eftun vent impétueux qui s’élance d’un nuage. Il eft fréquent dans la mer d'Etiopie, prin- cipalement vers le cap de Bonne-Efpérance ; les marins l’appellent sravados. L’exhydria eft un vent qui fort avec violence d’un nuage , & eft accompagné d’une grande pluie : il ne paroit guere difiérer que par le degré de forcé de Pecnephis, qui ne va guere non plus fans ondée. Le £ypho ou vortex eft proprement le tourbillon ou l’oxragan , C’eft un vent impétueux qui tourne rapidement en tout fens, & femble balayer autour de lui. Il fouffle fréquemment de haut en-bas; les Indiens l’appellent orancan , les Turcs oliphant. I eft' fréquent dans les mers orientales, principale- ment vers Siam , la Chine, &c. & rend la naviga- tion de ces mers très-dangereufe. Chambers, __» Les premiers navigateurs qui ont approché du » cap de Bonne-Efpérance ignoroient les effets de » ces nuages funeftes , qui femblent fe former tran- » quillement , & qui tout-d’un-coup lancent la tem- » pête. Près de la côte de Guinée, il fe fait quelque- » fois trois où quatre de ces orages en un jour , ils » font caufés & annoncés par de petits nuages noirs, » le refte du ciel eft ordinairement fort ferein , & » la mer tranquille ; c’eft principalement aux mois » d'Avril, de Mai & de Juin qu’on éprouve ces tem- » pêtes fur la mer de Guinée. » Il y a d’autres efpeces de tempêtes , que l’on » appelle proprement des ouragans , qui font en- » core plus violentes que celles-ci, & dans lefquel- » les les vents femblent venir de tous côtés ». Il y a des endroits dans la mer où l’on ne peut pas abor- der , parce qu'alternativement il y a toujours ou des calmes , ou des ouragans de cette efpece ; les plus confidérables font auprès de la Guinée à 2 ou 3 degrés latitude nord. » Lorfque les vents contraires arrivent à-la-fois » dans le même endroit comme à un centre, ils pro- » duifent ces tourbillons ; mais lorfque ces vents » trouvent en oppoñition d’autres vents qui contre- »# balancent de loin leur aétion, alors ils tournent » autour d’un grand efpace , dans lequel il regne un » calme perpétuel , & c’eft ce qui forme les calmes » dont nous parlons , & defquels il eft fouvent im- » poffible de fortir. Ces endroits de la mer font » marqués fur les globes de fénex , aufli-bien que les » direétions des différens vents qui regnent ordinaïi- » rement dans toutes les mers ». Æiff. rar. gén, & partic, tome I. OURAN ox URAN SOANGUR , (Æf7. mod.) eft le nom d’une certaine feéte de magiciens de l’ile Grombocannofe dans les Indes orientales. Ce nom renferme les mots d'homme & de diable à ces magiciens ayant la réputation de fe rendre in- vifibles quand il leur plaît , &c de fe tranfporter où ils veulent pour faire du mal : auffi le peuple les craint fort , & les hait mortellement, & quand 1 peut en attraper quelqu'un , il le tue fans miféri- corde. Dans lhiftoire de Portugal :2-fo/io, imprimée en 1581 , il eft parlé d’un roi de l'ile Grombocannofe, qui fit préfent à un officier portugais, nommé Bric- to , de douze de ces ourans ; cet officier s’en fervit dans OUR dans fes courfes chez les peuples de Tidore , où il fit périr beaucoup de monde par leur moyen, 6c. Pour s’aflürer f en effet ces magiciens avoient tout le pouvoir qu’on leur attribuoïit , il fit attacher un d'entre eux par le col avec une corde, de ma- mere quil ne pouvoit fe débarraffler par aucun moyen naturel; on aflüre que le lendemain matin cet homme fut trouvé libre & dégagé. Cependant Brittio ne voulant pas que le roi de Tidore püt lui reprocher qu’il fe fervoit de diables pour Ini faire la guerre , renvoya, dit-on, tons ces magiciens dans leur pays. | OURANG-OUTANG , f. m. (Æiff. rar.) on ren- contre dans plufieurs provinces de l’intérieur de la Guinée & dans les contrées voifines, cet animal ap- pellé par les habitans 90/4 marrow. On en voit plus communément dans le pays d’Angola , où on les nomme owrang-outang ; c’eft de-là que venoit celui qui fut amené au commencement de ce fiecle en Angleterre , & que tout le peuple de Londres vit. Cet animal weft autre chofe qu’une efpece de finge femblable à ceux de Bornéo ; le doéteur T'yfon en a publié une defcription très-exaéte. (D. J.) OURANIA , {. f. (Hiff. anc.) partie de la fphé- riftique des anciens, ou jeu de balle très-ufité parmi eux, & dont Homere fait une defcription au VII. livre de POdyffée. Le jeu , fuivant M. Burette dans fa diflertation {ur cette matiere, confiftoit en ce que l’un des joueurs fe courbant en arriere, jettoit en l'air une balle qu’un autre joueur tâchoit d’at- traper en fautant avant qu’elle retombât à terre, & avant que lui-même fe retrouvât fur fes piés, ce qui demandoit une grande juftefle de la part de celui qui recevoit cette balle, & qui devoit pour fauter prendre précifément l’inftant que la balle qui re- tomboit püt être à une jufte portée de fa main. Mérr. de l'acad, &. I. : OURAQUE, f. f. ez Anatomie , eft un conduit membraneux du fœtus, qui vient du fond de la vef- fie 6 fe rend au placenta , en paflant par le nom- bril, conjointement avec les vaifleaux umbilicaux, dont on le regarde comme faifant partie. Voyez auffr VAISSEAUX UMBILICAUX & F@TUS. L’ouraque en fe termunant au placenta, forme une petite veflie qui fert à recevoir l’urine qui s’ef fé- parée dans les reins du fœtus, & qui ne pouvoit pañler par l’urétre , à caufe de la réfiftance du fphin- éter de la veffie, laquelle ne peut être furmontée que par Pinfpiration. La liqueur qui fe trouve dans la veffe de l’ozra- que eft toujours en plus grande quantité, plus haute en couleur ; & plus reffemblante à l'urine, à me- fure que l'accouchement eft plus proche. L’ouraque ne fe reconnoît clairement que dans les brutes ; mais il n’y a pas de doute qu’il n’exifte dans le fœtus humain. Voyez Ferus. Drelincourt, célebre profefleur d'anatomie à Ley- de , &t quelques autres après lui nient que l’ouraque foit creux, Dans ce cas-là , il né feroit pas aifé d’en montrer l’ufage , à-moins que ce ne foit de tenir la vefle fufpendue au nombril ; mais la premiere opi- nion femble la mieux appuyée. Voyez URINE. OURATURE , (Géog.) petite île annexée à celle de Ceylan, à la pointe de Jafñapatan ; Les Hollan- dois l’appellent le de Leydèn. Long. 98. 30: lat. 0. 50. (D.J.) OURC , L’ (Gcog.) petite riviere de France, qui a fa fource au-deflus de Fere en Tardenoïs, & de- vient navigable au-deffus de la Ferté-Milon, jufqu’à Mans, où elle fe jette dans la Marne. (D. J.) OURCE ; L’ ( Geog.) petite riviere de France ; elle a fa fource en Champagne, & fe décharge dans la Seine près de Bar-fur-Seine. (D5J7) : 1: OURCHA , (Géog.) ville d'Afe dans l'Indouftan, Tome XI, OUR 7ix fur le fleuve Jamad : Timur-Bec Ii donne 117 deg, de long. 6 30. de latitude, (D. J.) OURDIR , zerme de Manufaëture, ce mot fignifie préparer ou difpofer fur une machine faite exprès , les fils de la chaîne d’une étoffe, d’une toile , d’une ‘ futaine, d’un bafin > Gc. pour Ja mettre en état d’ê- tre montée fur le métier, afin de la tiffer en aifant pañler à travers avec la navette le fi de la trème : après que la chaîne d’une étoffe de laine a été OUT= die | on la colle , &c on la fait fécher > fans quoi il feroit difficile de la pouvoir bien travailler, (D.7) OURDIR UNE CORDE , cerme de Corderie , qui fi- gnife difpofer le long de la corderie autant de fils qu'il en faut pour former la corde qu’on fe propole de faire, & leur donner une longueur & une ten- fion égale. Quand Le cordier a étendu un nombre fuffifant de fils , illes divife en autant de parties, qu'il veut que fa corde ait de cordons ; il fait un nœud au bout de chacun de ces faifceaux pour réunir tous les fils qui les compofent , puisil divife chaque fafceau en deux pour pafler dans le milieu l'extrémité des ma- nivelles, où il les aflujettit par le moyen d'une cla- vette. Voyez l’article CORDERIE. OURDIR , cerme de Méçons ; les mâcons difent owr- dir un mur, pour fignifier qu'ils y mettent le pre- mer enduit ; ainfi owrdir en terme de mâcon, c’eft faireun groflier enduit avec de la chaux ou du plätre fur un mur de moëlon, par-deflus lequel on én met un autre fin qu’on unit proprement avec la truelle. (De 4e Su OURDIR A LA TRINGLE , terme de Nattier en pail- le ; c’eft bâtir & arrêter les cordons de la natte fur les clous de deux grofies & longues pieces de bois que les Nattiers nomment des sringles. Ourpir , (Rubanier.) eft l’ation d’aflembler une quantité plus on moins confdérable de brins de foie pour en former un tout qui compofera la chaîne telle qu’elle {oit. Nous fappoferons dans tout cet ar- ticle une piece ourdie à feize rochets pour nous fi- xer à une idée déterminée, ce que nous dirons re- lativement à cette quantité devant s'entendre de toute autre ; ontre que c’eft la façon la plus ordi- naire , fur-tout pour le ruban , que nous envifage- rons fpécialement dans cette explication: je fuppo- fe même que ce ruban eft à vingt portées , qui for- meront fix cens quarante brins de foie dont cette chaîne fera compoiée ; expliquons tout ceci fépa- rément. Les rochets font placés dans les broches de la banque, ces banques varient quant à la forme chez plufieurs ouvriers , mais reviennent toutes à un même but ; lesrochets font placés, dis-je, à cette banque , huit d’un côté & huit de Pautre , de façon qu'il y ait fept déronlemens en-deflus 8& en-deffous , & cela pour la facilité de l’encroix , & alternative- ment depuis le premier rochet jufqu’au dernier; ce qui étant fait, l’ourdifieur prend les feize bouts de foie qu'il:noue enfemble , & en les ouvrant à-peu- près en égale quantité , il fixe ce nœud fur la chez ville du moulin qui eften-haut , puis il encroïfe par deux brins, Voyez ENcRoIx. Il décharge fes doiots qui font le pouce & l’index de la main droite, de ces feize brins de foie ainfi encroifés fur deux autres chevilles qui avoifinent celle dont on vient de par- ler ;*puis au moyen dela manivelle du banc à our- dir {ur lequel 1l eft aflis qu’il tourne de droite à gau- che’, l’ourdifloir tourne dans le même fens & les foies par la defcente continuelle 8 mefurée du blin, voyez BLIN, s’arrangent fur le moulin & prennent la figure fpirale que le blin leur impofe, étant par- venu à la longueur qu’il veut donner à la piece ( & qui fe connoit. par la quantité de tours de la fpirale., puifque fachant ce qu'un tour contient, on faura cerqu'une quantité en doit çontenir ) il arrête & XXxX p 712 OUR encroife par portée à cet endroit, ce qui fe fait en prenant à la fois les feize brins, &c les pañlant deffus puis deflous Les chevilles de l’encroix d’en-bas, 6 revenant fur {es pas de maniere qu'il pafle ces feize brins deflus puis deflous les mêmes cheviiles ; il re- monte entournant la manivelle en fens contraire , c’eft-à-dire, qu'il tourne à préfent de gauche à dror- te ; il remonte jufqu’en haut où étant arrivé, il en- croife de nouveau par deux brins comme la premie- re fois , & voilà ce qu'on appelle portée ; on voit que par cette opération il y a trente-deux brins fur l'ourdifloir , c’eft ce qui conftime une portée, & que pour faire une piece de vingt portées, il faut vinpt defcentes &t vingt remont Es , Ce qui formera les fix cens quarante brins requis, en multiphant trente-deux par vingt. Si l'on vouloit qu'il y eût une demi- portée avec un nombre de portées com- plettes, on comprend aflez que pour lors, 11ne fau- droit qu’arrêter au bas de la derniere defcente: pour favoir fi on a le nombre de portées que Pon fouhai- te, on les peut compter fur l’encroix d’en bas, en amenant la totalité auprès des boutons des chevilles de l’encroix , & les repouflant une à une dans le fond , ce qui fe fait aifement, puifque chaque demi- portée fe diftingue de fa vorine , parce qu'ayant été encroifée en totalité, c’eft-à-dire, les feize brins à la fois, & tournée deffus une cheville puis fous l’autre, entuite fur cette derniere &t fous lapremuere, comme il a été déja dit dans cet atucle, ce tont les doigts index des deux mains qui font cette opéra- tion en les amenant un peu'à toi; ils atuirent un peu en-devant toutes les portées, on lâche l’un ou l'autre de ces deux doigts, mais non pas tous deux à la fois ; il fe dérache par ce moyen une dem por- tée qui eft reçue fur le doigt mitoyen de la main vacanté qui s'introduit entr'eile & toutes les autres, puis donnant le même mouvement avec l'index de cette même main, l'autre demu-portée eft de même reçue fur le mitoyen de l’autre main. Voilà donc ces deux doigts introduits entre une portée enriere & la totalité des autres, cette portée eft pouflée au fond des chevilles par le dos de ces deux doigts, &z ainfi des autres jufqu’au bout. Lorfqu'on veut owrdir de plufieurs couleurs à côté les unes des antres pour faire du ruban rayé , il n’y a pour cela qu’à chan- ger les feize rochets de la premiere & y en fubfti- tuer un autre nombre de différente couleur ; & cela pour autant de portées que l’on voudra , puis re- prendre encore les premiers où même d’autres en- core de différentes couleurs, prenant garde d’'ob- ferver l'égalité des couleurs dans les diftances des rayeures., c’eft à-dire qu'il y ait pareille quantité d’une couleur à un bord qu’à l’autre , le contraire étant dérangeroit la fymmétrie!, à-moins qu'on ne voulût faire du ruban appellé boiteux , voyez Bot- TEUX: Pour les ouvrages nuancés,, c’eft-à-dire dont la couleur va en diminuant par gradation , à1l ne s’agit que de mettre à la banque les deux rochers de la couleur la plus foncée de celle que lon traiï- te, par exemple, la couleur de roie ; les deux ro- chets feront prefque de couleur de cerife ou au moins de couleur de rofe fomée ; les deuxrauires rochets feront de couleur de rofe tant foit peu plus clair ; les deux fuivans encore un peu plus etairque les derniers & toujours de même , jufqu’à deux:ro- chets qui fe trouveront être de couleur de chair , étant encroïfés deux à deux, comme 1h a été dit plus haut ; ces différentes nuances fe trouveront diftinguées chacune à leur place dans le fil de jien- croix. Après que la piece quelle qu’elle fona été ainf ourdie ; eft queflion de fe préparer pour Pô- ter de deflus Pourdiffoir ," voici comme il faut $?y prendre: pour y parvenir ; il.faut commencer par pañler le bout d’un fil ( pendant que Fon tient l'au- OUR tre dans la main ), à travers le premier vuide que laiflent entr’elles les foies fur les chevilles de l’en- croix , puis ramenant ce bout de fil par-devant, après qu'il a pañlé par le fecond vuide des mêmes chevilles ; ce bout eft noné avec celui qui étoit refté dans la main , ce nœud doit être, exattement fait pour n’être point fujet à {e dénouer ou à fe cafler , ce qui perdroit totalement tout ce qui vient d’être fait, puifque le tout fe confondroit pêle-mê- le , & deviendroit impofhble à débrouiller; ce fil conferve les foies dans le même arrangement où elles étoient fur les chevilles de Pencroix, il doit être un peu long ; cette longueur lui eft néceffaire pour pouvoir débrouiller chaque brin qui eft à pré- fent compofé de deux ( puifqu'il a été ainfi encroi- {fé ) pour le pouvoir païler dans les lifles & enfuite dans le peigne chacun à fa place & dans l’ordre de l’ourdiffage. Ce qui vient d’être fait à l’encroix d’en- haut doit être fait aufh à l’encroix d’en-bas, où l’on a encroïifé par demi-portée, ce qui diftinguera en- core chaque portée pour pouvoir être mie chacune à part dans les dents de l’efcalerte, lor/qu'il s'agira de ployer la piece en large pour la mettre fur le. métier , v0yez PLOYOIR ; ce bout de fil eft d'une telle conféquence , qu'il y a quantité d’ourdifieurs qui encroifent par deux, en-bas comme en-haut, afin que fi par malheur un des deux fils d’encroix venoit à fe rompre, on pût avoir recours à l’autre en retournant la piece , étant sûrs de recouvrer cet encroix à l’autre bout , précaution louable & qui devroit être généralement fuivie ; étant afluré par ce moyen de la fohdité de ces encroix , 1l faut Ôter cette piece de deffus l’ourdifloir ; fi les deux encroix font encroïfés par deux , il n’importera par lequel bout commencer ; mais fi l’un étoit par portée, il faudroit commencer par l’autre , c’eft-à-dire par celui qui eft encroifé par deux , afin que le bout en- croilé par portées fe trouvât fur le billot où le tout va être mis, & qui fe trouvera par ce moyen deffus lorfqu’il faudra plier la piece en large; ce bout quel qu’il foit par lequel on veut commencer, eft dépañlé de deffus les chevilles de Pencroix , & pañé au moyen de plufieurs tours qu’on lui fait faire à Pen- tour du billot, dont on tient les deux bouts dans les deux paumes des mains, en le faifant tourner entreelles par lemoyen des pouces qui pofent fur les bords ; il tourne de dedans en-dehors, en en- roulant avec lui la piece contenue fur l’ourdifoir ; mais cet ourdifloir libre déroulera trop vite & fera relever trop lâche, il'y a plufieurs moyens pour obvier à cet inconvénient ; premierement, lorique l'ourdifloir a un plancher ; après avoir dépañfe la corde de deffus la grande poulie d’en-bas, on atta- ché au moyen d’un petit clou qui eft fur le bord de cette poulie, une boite remplie de ferrailles ou de pierres, laquelle boîte s’appelle charrerte; cette char- se qui eft à plat fur le plancher dont on,parle, & qu'il faut que Pourdifloir fafle tourner avec lui le fait aller doucement, & 1l ne cede que conféquem- ment au tirage du billot ;-f. ce plancher n’y étoit pas , ainfi qu'à beaucoup d’ourdifloirs où 1l man- que , il faut en ce cas approcher le pié gauche & le pofer de façon qu'il puiffe recevoir fur le bout l'extrémité de chaque aîle du moulin, on eft maître par-là de diriger le mouvement de ce moulin , où même de l’arrêter tout-à-fait lorfqu'al eft néceffaire. Fat parlé plus haut du banc à ourdir , il y à beau- coup d'ourdifloirs où cette partie manque, pour évi- ter, difent ceux qui n’en veulent pas, l'embarras qu'il caufe n’y ayant Jamais trop de place pour tout ce métier, pour lors il faut y fuppléer en faifant tourner ce moulin par lPimpulfion de la main gauche contre l’aîle du moulin où elle le rencontre : 1] tuffit d’unie.chaïle pour être aflis auprès de l’ourdifoir, il y en a même qui fe tiennent debout , chacun fait à fa façon : quelquefois l’ourdifloir devient rude à tourner,ce qui nuit à l’ourdiffage, fur-tout fi ce font des foies extrèmement fines ; on y remédie en fai- fant fortir le moulin de fa fituation {ufifamment pour découvrir la petite crapaudine qui lui fert de centre , &c y mettre de l'huile, puis le moulin eff remis en fon lieu & tourne avec plus de dou- ceur : j'ai dit dans cet article, que les rochers étoient nus à la banque alternativement en fens contraire, c'eft-à-dire que le déroulement fe fait en-deflus & en-deffous alternativement, voici à quoi je deitinie cet ufage ; lorfqu’il s'agira d'encroifer par deux, les deux brins qui doivent être encroilés enfemble fe feront plus approchés par la différence de leur mou- vément ; enforte que l’ourdifleur les trouvera fous fes doigts prefque comme illes lui faut pour les en- croifcr ; 1l doit être encore dit ici, qu'il faut que lourdifleur ait prefque toujours les yeux fur la ban- que , pour être en état de renouer fur Le champ les brins qui viennent à cafler, ce qu'il apperçoit par la ceffation du mouvement du rochet. QURDIR , (Soicrie.) c’eft difribuer la quastité de fils qui doivent former la chaîne fur l’ourdifloir. Pour cet effet, on prend les quarante fils qui com- pofent la cântre , & après les avoir fait pañler chacun dans une boule de verre , attachée au-def- fus de chaque rochet fur lequel la foie eff devidée, on noue tous ces fils enfemble ; enluite on les met fur une prenuere cheville qui eft à une traverfe au haut de lourdifloir ; après quoi on les enverge par l'infertion des doigts, voyez ENVERGER. Enver- gées , on les place fur deux autres chevilles à auel- que diftance de la première, puis on pañe toës les fils enfemble fur une tringle de fer bien polie , la moitié de ces mêmes fils étant féparée par une autre tringle également polie. Les deux tringles de fer étant attachées au plot de l'ourdifloir, qui au moyen d’une mortoite quarrée &z de la grandeur d’un des quatre montans qui font arrêtés en-haur & en- bas des deux croifées , dont celle d’en-bas ayant une crapaudine de cuivre dans le milieu où entre le tourillon de l'arbre de l’ourdifloir, leur donne la Hi- berté de tourner, a la liberté de monter € de def- cendre. À la croifce d’en-hHaut eft pañée.une bro- che de fer , {ur laquelle s’enroule & déroule une corde de boyau, pañlée {ur une poulie du plot, & srrètée à un tourniquet polé perpendiculairement à la poulie du plor. Quand l’onvrier met l’ourdifloir en mouvement, la corde qui fe déroule laifle defcendre le plot; ce plot conduit tous les fils qu'il tient arrêtés entre deux poulies , de même que par la tringle fupérieu- re , jJuiqu'a ce que Le nombre de tours qui indique là quantité d’aunes qu’on veut aurdir foit complet. Quand on a le nombre de tours defré, on prend la demi-portée avec la main droite, 8e ja paffant fur une cheville, on la fait pafler deffous une feconde , & la ramenant par le deffus, on la pañle enluite déf- fous la premiere; de maniere que la demi- portée ou la brafiée: placée alternativement deflus &z def- fous les deux chevilles, forme une efpece d’enver- geure pour les portées feulement ; ce qui donne la facilité de les compter. | Quand cette opération eff faite , on fait tourner lourdifloir en fens contraire ; de maniere que la corde du plot s’enroule &r le fait monter juiqu’à l’en- droit d’où il étroit defcendu. Alors on envérée de nouveau, fil par 6l, &t l’on mêle les fils envergés fur les chevilles où ont été pofés les premiers ; & faifant pafler la braflée fur la premiere, on enverge de nouveau , on defcend comme la prémiere fois & on remonte de même , jufqu'à ce que la quantité Tome XL, OUR 713 de portées qui doivent former la chaîne foient ous dies. La piece ourdie , on pañle des envergeures en-bas &z en-haut; celle d’en-bas fervant à féparer les por iées pour lès mettre au rateau, quand on plie la pie- ce {ur l’enfuple de deflus. L’envergeure d'en - haut. fert àvprendre les fils de fuite & de la même façon qu'ils ont été ourdis; pour tendre la piece on la remonte. Les envergeures pañlées &êc arrêtées, ontite les chevilles d’en-bas , & on leve la piece en chaînette, ëz pour lors on lui donne le nom de.chafne, Voyez l'article CHAINE & OURDISSAGE, OURDIR , rerime de Vanier, fignifie tourner & pla- cer L’ofier autour d’un moule , pour commencer à monter l’ouvrage. OURDISSAGE DES SOIES, pour faire les chaînes des étoffes : il entre dans l'ourdiffage deux machines principales ; l’une eft la cansre, & l’autre l’ourdife Jeir. | La cantre eft compofée de trois bandes de bois, larges d'environ 3 pouces, fur 1 pouce d’épaifleur, ajuitées fur quatre piliers, & aflervies fur deux tra- veries égales ; pour én faire une efpece de table à Jouer , d'environ 2 piés de haut & 6 piés de long ; ces barres font éloignées ies unes des autres d’un pié, Chacune deces bandes de bois font percées de côté, direétement-les unes dévant les autres, dans la dit tance de > pouces, d’éloignement : il y a 20 trous {ur toute la longueur. On pañle au-travers de cha= cun de ces trous une broche de fer chargée de deux roquets gars de foie, l’un d’un côté de la barre du milieu, c l’autre de l’'auiré ; au-deflus de chacune des barres des roquets qui fetrouvent dans les deux côtés de la cantre, eft élevé {ur deux montans de bois une barre qui les traverfe dans la longueur ; Pune a r pié d’hauteur, & lautre a 1 pié. À cha- cune de ces bandes font attachées par des ficelles, autant de petits anneaux de verre, qui correfpons dent direétement à chacun des roquets, On prend à chaque roquetle bout de la foie qui y eft dévidée , & le paflant par l'anneau qui y corref. pond on les affemble, enles nouant enfemble parle bout pour n’en faire qu'un feul corps des 40 bouts, 4 L'ourdifioir ft une grande cage, d'environ 6 piés de haut, de forme cylindrique de 3, autant de cir« conférence environ , tournant dans une grenouille, fur un pivot qui eft attaché, au pilier du centre de la cage, au haut du pilier de la cage eftune broche de fer, autour de laquelle tourne une corde. Cette cage eft enfermée dans quatre piliers, f- xés par deux morceaux de bois mis en croix au-def- fus & au-deffous de la cage ; la croix du deffous porte la grenouille au point de fa réunion dans la- quelle tourne le pivot qui porte toute la cage. La broche de fer pale au-travers du centre de la croix d’en-haut ; à cette broche de fer eft attachée une grofle corde-à-boyau tournée autour , laquelle en je développant par les tours de la cage , va fe ren- dre à un anneau de bois fufpendu direétement au haut de l’un des piliers. qui enferme la cage, & va chercher un morceau de bois quartré qui monte & defcend le long de ce même pilier, appellé pos, à fur & mefure que la cage déploie ou reploie la cor« de ; à ce plot font atiachéesdeux broches de fer très-polies , d'environ 9 à 10 pouces de long, fervant à diriger la foie qui fe diftribue à mefure que la cage tourne en montant ou defcendant. Au milieude ce plot eft une pouhe en bois, fixée par une cheville de verre. Âu bas du pilier gauche de la fermeture de la cage font attachés deux morceaux de bois , d’en viron 2 piés, à un pié & demi de diftance, liés à laur extrémité par un autre morceau de bois qsay tu flujettit : le morceau de bois fupérieur eft percé À X xx 1] 714 OUR d’un trou, au travers duquel pafle axe d’une roue qui appuie fur le morceau de bois d’en bas , au haut duquel axe eft une manivelle qui fert à faire tourner fa roue, autour de laquelle eft une corde de laine, qui embraffant toute la cage, fert à la faire tourner en tous fens par le moyen de la manivelle. Il y a de plus au haut de la cage , une des traver- es qui eft amovible , au milieu de laquelle , à l’exté- rieur, eft placée une cheville; la traverfe de côté en tournanteftencore amovible, & porteaufli deux chevilles. Dans la partie inférieure de la cageil y a de même une autre traverfe qui eft encore amovi- ble, qui porte aufli deux chevilles : cette traverfe peut fe tranfporter plus haut ou plus bas, fuivant le defir de l’ourdiffeufe. Ces chevilles fervent comme nous l’allons dire , à recevoir les commencemens & fins de la piece , &z à en fixer les envergures. L’ourdiffeufe ayant les bouts de foie enfemble à la fortie de la cantre, arrête le nœud fur la pre- miere cheville ; & de-là, après avoir envergé fa braffée de foie , la met fur les deux chevilles qui fui- vent la précédente, & tournant enfuite la manivelle de la petite roue qui fait mouvoir la cage , elle diftri- bue la braffée de foie fur lourdifloir , à proportion de l’aunage qu’elle veut faire ; ce qui fe conneït par le nombre de tours de lourdifloir: & quandelle eft ar- rivée au point où elle le veut, elle met une nouvelle traverfe portant deux chevilles, autour defquelles elle tourne deux fois fa braflée, & en faifant mou- voir la cageen fens contraire, elle remonte fa braflée jufqu'aux deux chevilles d’en-haut , où elle renverge de nouveau fil par fil, & enfuite defcend & remonte jufqu’à ce qu’elle ait fait le nombre de portées qu’il lui faut pour compofer la chaîne , ce qui eft arbitraire, &t elle en arrête la fin par un nœud, comme elle a fait lorfqu'elle a arrêté le commencement fur la premiere cheville. La chaîne étant entierement diftribuée fur l’our- diffoir, lourdiffeufe arrête l’envergure par une ficelle qu'elle pafle aux foies divifées par les deux chevilles du haut de l’ourdifloir. On commence älever la chaîne de deffus l’ourdif- {oir par la partie qui en doit faire la fin, qui fe trou- ve arrêtée à la cheville d’en-bas, & prenant la poi- gnée de foie qui s’y trouve, on en fait une boucle en forme de chaîne, & continuant ainf de boucle en boucle jufqu’au haut de l’envergure : quand on y eft arrivé, on l’arrête & elle fe trouve en état d’être mife fur l’enfuple. OURDISSEUSE , (Soirie.) ouvriere qui ourdit. Voyez OURDIR. OURDISSOIR , f. m. erme de Tifferand, &c. ef- pece de machine dont les Tiffeurs, Tiflerands & Tif futiers fe fervent pour ourdirles chaînes de leurs étof fes, toiles , futaines , bafins , &c, Il y à des ourdiffoirs que l’on appelle sours, qui font en façon de dévidoir, ou petits moulins tournans debont fur un pivot; d’au- tres font {tables 8 fans mouvement , compofés de deux pieces de bois placées debout, un peuen talus contre la muraille, à certaine diftance l’une de l’au- tre, auxquelles font attachées plufieurs chevilles du haut en bas. (D. J.) OURDISSOIR, chez Les faileurs de gage ; c’eft une efpece de moulin de 6 piés de haut. Ce moulin eft compofé d’un chaffñis à quatre piliers, & autantdetra- verfes en haut &c en bas, & d’un axe pofé perpendi- culairement au milieu de ce chafis, Cet axe a 6 gran- des aîles autour defquelles on eurdit la foie deftinée à faire la chaîne de la gaze. Voyez GAZE, OURDISSOIR ROND 04 moulin, (Soirie.) c'eft la machine propre à ourdir tout ce qui compofe les chaînes: on en trouvera la defcription à l’ersicle OURDISSAGE qui précede. OURDISSQIR LONG , qui n’eft guere d'ufage que pour les Frangers ; c'eft un chaflis de bois, compofé dedeux montans de 6 piés de haut, 8: de deuxtraver- fes de pareille longueur , émmortaifées les unes dans les autres, que l’on applique d’à-plomb contre un mur ; les deux montans font garnis de quantité de chevilles boutonnées, faites au tour , &e placées def- pace en efpace à diftance égale 8 parallele, pour porter les foies que Pon ourdit. Sur La barre de tra- vetfe d’en-haut, à la diftance de 18 pouces, il y a deux pareilles chevilles pour l’encroix. Voici à-préfent la façon d’ourdir. La foie qui eft deftinée pour compofer les têtes des franges, eft con- tenue fur des rochets ou bobines , lefquels rochets font portés dans les différentes broches de la coulette ou rateau; l’ourdifleur attache les bouts defdites {oies à la premiere cheville du côté de lencroix, puis 1l conduit lefdites foies jufque fur les chevilles de len-croix qui font tout proche, où étant, il en- croife ; c’eft-à-dire qu'il paffe un brin de fes foies fur une cheville, puis fous l’autre, & ainfi tant qu'il y ena, mais toujours en fens contraire. Après cette opération , 1l continue à conduire les foies fur cha- cune des chevilles, & cela autant que l’on veut don- ner de longueur à la piece de chaîne, puifque chaque longueur entre les chevilles eft d’une aune & demie. Ainfi fi on veut avoir une piece de 36 aunes delong, 1l faudra occuper 12 chevilles à droite & 13 à gau- Che ; puifque l’on doit concevoir aïfément que cha- que allée & revenue de l’ourdiffeur compofera 3 au- nes : 1l faut une chevillede plus d’un côté pour venir terminer du côté de lencroix, toujours dans la fup- pofition de 36 aunes ; au lieu que fi l’on terminoit de l’autre côte, on auroit une longueur qui ne feroit que de moitié. Etant donc parvenu à cette 13° cheville, qui fait la terminaïfon des 36 aunes, on remonte par le même chemin pour arriver jufqu’à l’encroix, où étant on encroife encore comme on a fait la pre- miere fois , & cela autant de fois qu'il eft néceflaire, fuivant la confiftance que l’on veut donner à la chai- ne: de forte qu’il faut toujours venirterminer à l’en- croix. Suppofant donc que je veullle donner 40 brins à une tête de frange, & que l’on ourdiffe à 2 rochets, 1l faudra donc 10 defcentes & 10 remontées pour compofer lefdits 40 brins. Les foies ainfi our- dies , & à la derniere remontée, coupées & fixées à la cheville où l’on a commencé, il faut paffer un fil dans l’extrémité de Pencroix, c’eft-à-dire qu'il faut qu'un bout du fil paffe d’un coté & d'autre, & cela pour conferver l’en-croix ; fans cette précaution, tous les brins fe confondroient & ne formeroient qu’une confufion indébrouiliable. Ce fil ainfi pañlé, &t noué par les deux bouts, on prend le bont de la piece que l’on releve de deffus l’ourdiffoir en la met- tant fur une enfuple, qui fervira à mettre fur le mé- tier pour lemployer. Toutes ces machines ont pour but de fixer la longueur des chaines, & d’encroifer les brinsde fil dont on les compofe. Il feroit à fouhaiter que quelque habile Méchanicien fongeât à donner à cette invention l'unique perfeétion qui lui man- que ; ce feroit de former la mefure & l’encroix de la chaine , en tournant toujours dans le même fens ; ce que je ne crois aucunement difficile : on a bien imaginé ce moyen dans le mouton à enfoncer les pieux. OURDISSURE,, f. £ les Vanniers emploient ce terme pour fignifier l'union qu’ils font du fond d’une piece avec fes autres parties. OUREM, (Géog.) petite ville de Portugal dans l’Eflramadoure, fur une montagne, entre Leiria & Tomar. Long. 9.50. lar. 39.34. (D. J.) OURIQUE , (Géog.) ville de Portugal*dans l’A- lentéjo, remarquable par la viétoire qu’Alfonfe L. roi de Portugal y remporta fur cinq rois Maures en * 1139. Les têtes de ces cinq rois font les armes de Portugal. Long. 0.55. lxe. 37.56. (D.J) _. OURLET, £. m. (Hydr.) eff le bourrelet ou bord faillant d’un tuyau de grès emboité dans un autre L & précifément l'endroit où il {e joint par un nœud de foudurede maftic. (K) OURLET, (Archi) c'eft la jonétion de deux tables de plomb fur leur longueur, laquelle fe fait en recouvrement par le bord de l’une repliée en forme : de crochet fur l’autre. On appelle auff our/es la levre repliée enrond d’un cheneau à bord d’une cuvette de plomb. _… Ourler eft encore le nom d’un filet fous l’ove d’un chapiteau. Enfin les Vitriers appellent or/er, le pe- tit rebord qui eft fur l’aîle du plomb des panneaux de vitres. (D. J.) OURLET , bas au métier, voyez la maniere de le tra- yailler. À . OURLET, les Selliers & les Bourreliers appellent ourlet Les bandes de cuir longues, minces & étroites dont ils bordent les gros cuirs, dans certains ouvra- ges de leur métier. OURLET , terme de Coffretier, &c. Les maîtres Coffretiers-malletiers , maîtres Selliers & Bourre- liers, appellent un ourlst , le cuir mince, long, 8 étroit, avec lequel ils bordent les gros cuirs qu'ils emploient en certains endroits de leurs ouvrages. Les ourlers des malles , étuis & fourreaux de prito- lets que font Les Coffretiers, doivent être fuivant les ftaturs de leur communauté ,» de cuir de veau ou de mouton, coufus à deux chefs, & de bonne ficelle bien poiflée. Savary. (D.7.) OURLET,, cerme de Couturiere, ou orler, c’eft chez les ouvriers en couture, l’extrémité d’une étofe ou d’une toile , rendoublée oncoufue , en forte qu’elle y faffe une efpece de petite bordure, pour que l’é- toffe ou le linge ne s’éfile pas, & qu’il ait même plus de grace. OURLET, terme de Verrerie, c’eft le tour d’un plat de verre qui paroît, & qui eft eneffet, plus fer- me & plus épais que le refte. Cet ourler fe fait avec la branche, lorfqu’en branchant la boffe on en re- foule & replie les bords. Il y a auffi des orers dans les ouvrages d’orfévrerie ; mais les ourlers renverfés _ pleins de foudure, font défendus dans la vaiflelle plate. l OURLEL, cerme de Witrier, petit rebord qui eft fur l'aile du plomb des panneaux de vitres. OUROU, (Hiff. nat.) oïfeau du Bréfil & de l’île de Maragnan, qui eft de la grandeur d’une perdrix. Sa tête eftornée d’une crête femblable à celle d’un coq ; fon plumage eft mêlé de rouge, de blanc & de Ra P ë 8 noir. OUROUDGER , (Géog.) ville de Perfe dns le Khoueftan, à 18 lieues de Hamadan. Long. 85, lar, * 4, 25% | < OUROUMI, (Géog.) ville de Perfe dans l’Ader- baïidjan au fud-oneft, & près d’un lac de même nom, que M. de Lifle a confondu avec celui de Van. Ce lac a 20 lieues d’étendue du fud-eft au nord-oueft & 10 de largeur, (D. J.) OURS ; {. m. (Æif. nat, Zoolop.) urfus ; animal quadrupede , plus grand que le loup. Les piés dé de- vant de l'ours, pofent fur la terre jufqu’au poignet, & les piés de derriere jufqu’au milieu de la plante : il a les yeux plus petits que ceux du loup, le nez plus gros, les oreilles plus larges & arrondies, le mufeau plus relevé par le bout; la croupe eft ravalée, la queue a peu de longueur ; les piés de devant font un peu tournés en dedans : tout le corps eft couvert d’un poil long, qui ne laifle paroître que la figure de la ‘tête êc des piés. Un ours de Savoie , âgé d’environ 4 ans, avoit le deflus du mufeau de çouleur fauve obfcure ; le gar« ? OUR 715 rot &z le bas des quatre jambes noirs, &rtout le refte du corps de couleur mêléede fauve pâle, & de cen- dré brun. Un autre ours du même pays, âgé de 10 ans , étoit d’une couleur brune noirâtre #ur tout le corps , excepté le garrot, le devant des épaules, les aiflelles & la poitrine qui avoientune teinte de fau ve. On appelle ours dorés ,ceux qui ont desteintes de fauve claires & vives. Il ya des ours blancs dans la grande Tartarie, en Mofcovie , en Lithuanie & dans les autres provinces du Nord ls naiffent blancs & demeurent-blancs en tout tems. Il y en adont lacou- leur eft mêlée de blanc & de noir. , Les ours bruns different des'noirs par les inclina- tions & par les appétits naturels, Les premiers font féroces & carnaciers ; ils {e trouvent affez commu- nément dans les Alpes : les autres y font rares, ils habitent les forêts des pays feptentrionaux de l’Eu- rope & de l'Amérique;; ils ne font que farouches, &c ils refufent conftamment de manger de la chair, L'ours.eft non feulement fauvage , mais folitaire; il refte feul dans une caverne, ou dans le creux d’un vieux arbre, il y pañle une partie del’hiver fans pro- vifions, fans en {fortir pendant plufieurs femaines. Cependant 1l n’eft point engourdi comme le loir & : la marmotte ; mais cômme il eft exceflivement gros fur la fin de l’automne, cette abondance de erafle lui fait fupporter Pabftinence. Il ne fort de fa bauge que lorfqu'il fe fent afamé. On dit que le mâle ne quitte fa retraite qu’au bont de quarante jours , &c que la femelle y refte quarre mois, mais il n’eft pas vtaiflemblable que la femelle pleine, ouallaitant fes petits, fupporte plus long-tems la faim que lemâle, quand même elle dévoreroit quelques-uns de fes pe- tits avec {es enveloppes, 6c. En fuppofant qu’elle fût de Pefpece des ours bruns, dont le mâle dévore en effet les ourfons nouveaux nés, lorfqu’il Les trou= ve dans leur nid; mais les femelles femblent au con- traire les aimer jufqu’à la fureur : elles les défendent ; &t font alors plus féroces que les mâles. Les ours ne font pas plus informes dans leur premier âge, que les autres animaux, relativement à La figure qu'ils doi- vent avoir chacun dans leur efpece, lorfqu'ils font plus avancés en âve. Les ours fe cherchent enautomne: on prétend que la femelle eft plus ardente que le mäle, & qu’elle fe couche fur le dos pour le recevoir , &c. Maisileft plus certain que ces animaux s’accouplent à la ma- mere des autres quadrupedes, Ariflote dit que letems de la geftation n’eft que de 30 jours; ce qui paroît douteux. 1°. Parceque l’ourseft un gros animal: 2°, parce queles jeunes ours croiffént lentement ; ils fui- vent la mere & ont befoin de fes fecours pendant un an ou deux: 3°. parce que ours ne produit qu’en petit nombre, 1, 2, 3, 4, & jamais plus de 5: 4°. parce qu'il vit 20 ou 25 ans ; en pareils cas, la durée de la geftation des autres animaux eft au moins de quelques mois. La femelle de l’ours met bas en hiver, elle prépare à fes petits un lit de mouffe & d'herbes au fond de fa caverne; & elle les allaite jufqu’à ce qu'ils puiffent fortir avec elle, ce quin’ar- rive qu’au printems. Le mâle a fa retraite féparée, &t même fort éloignée de celle de la femelle, Lorf- qu'ils ne trouvent point de grotte pour fe gîter, ils caffent & ramaflent du bois pour fe faire une loge, qu'ils reconvrent d'herbes 87 de feuilles au point de la rendre impénétrable à l’eau. La voix de l'ours eftun grondement , un gros mur- mure, fouvent mêlé d’un frémiflement de dents qu'il fait fur-tout entendre lorfqu’on l’irrite. Cet animal eft fort fufceptible de colere | & même de fureur : quoiqu'il s’apprivoife lorfqu'il eft jeune, il faut tou jours s’en défier, & le traiter avec circonfpettion , fur-tout ne le pas frapper au bout du nez, mi le tou cher aux parties de la génération, On lui apprend à 716 OUR {e tenir debout, à gefticuler, à danfer, &c. L'ours fauvage ne fuit pas à lafpeét. de l’homme ;'cepen- dant on prétend qu'il s’anrêre ; & qu'il fe leve fur les piés de derriere lorfqu’il entend un coup de fifflet. On prénd ce tems pour le tirer; mais fi on le man- que, 1l vient fe jetter fur le tireur, & lembraffant les piés de devant , 1l l'étoufferoit s’il n’étoit fecou- gu. On.chaflé & on prend Les ours de plufieurs fa- çons en Suede, en Norvege, en Pologne, &c. On les. enivre-en jettänt de l’eau-de-vie fur le miel qu'ils cherchent dans-les troncs d'arbres. Les ours noirs de la Louifiane & du Canada nichent dans dés vieux arbres mortsur pié , & dont le cœur eft pour- ri : ils s’établiflent rarement à rez de terre ; quelque: fois ils font à 30 ow 40 piés de hauteur. :On met le feu à Parbre pour les. faire fortir. Si c’efl'une mere avec fes petitis, elle defcend la premiere, & on la tue avant qu'elle foit à terre: Les petits defcendent enfuite, on les prend.en leur paflant une corde au cou. Leur chair eft délicate & bonne: celle de lours eft mangeable, mais 1l ny a guere que les piés qui foient une viande délicate, parce qu'ils Ont moins d'huile oraifieufe quele refte du corps, La peau de l'ours eftde toutes les fourrures grofieres celle qui 4 Je plus de prix, & la quantité d’huile que l’on tire d’un feul oursefkfort cenfdérable. «On met d’abord la » chair &c la graifle cuire enfemble dans une chau- » dicre; la graifle fe fépare enfuite, dit M. du Pratz » dans Phiffoire de la Louifianne, rom. page 80. On la » purifie en y jettant, lorfqu'elle eft fondue & très: » chaude, du felen bonne quantité, & de l'eau par » afperfon : il fe fait une détonation, &ul s’en élé- » veune fumée épañle, qui emporte avec elle la » mauvaife odeur de la graiffe. La fimée étant paf » fée, & la graïfle étant encore plusquetiede, on la » verfe dans un pot, où onlalæile repofer 8 ou ro » jours: au bout de ce tems, on voit nager deflus »# une huile claire qu’on enleve avec une cuiller. » Cette huile eft auffi bonne que la meilleure huile » d'olive, & fertaux mêmes ufages. Au-defflous on. » trouve un fain-doux aufli blanc, mais un peu plus » mou que le fain-doux de porc ;1l fertaux befoins » de la cuifine, & il ne lui refte aucun goût défa- » gréable, ni aucune mauvaife odeur »: La quantité de graïfle dont l'ours eft chargé le rend très-léger à lanage , auf traverfe-t-1l fans fatigue des fleuves &r des lacs. Aiff. nat, gen. 6 part. tom. WIIT. Voyez QUADRUPEDE. (1) . Ours, (Æift nar. des quadrupedes.) M. Lyonnet a fait une obfervation judicieufe , que je crois devoir ajouter ici, parce qu’on peut l’appliquer à quantité d’autres points de l’hiftoire naturelle. Plufeurs auteurs ont écrit comme une chofe avé- rée , que l’ours malade d’indigeftion , enduit fa lan- gue de miel, Penfonce dansuine fourmiliere, & lort que les fourmis s’y font attachées, il la retire, les avale, & fe trouve guéri. Quand on lit des fairs.fi curieux, on eftfâché de voir que les auteurs quinous les racontent , ne fe foient jamais fouciés de nous ap- prendre par quels moyens ils font venus à bout de s’aflurer de la vérité de ces faits. S'ils avoient bien voulu prendre cette peine, ils auroient prévenu par-là toutes les objeétions qu'on peut leur faire na- turellement, & qui forment autant de doutes contre la vérité de leurs récits. Lorfqu’on lit, par exemple, : ce qui eftici rapporté de l'oyrs ,1left naturel de fe de- mander : Dans quel pays Pours eftil aflez traitable pour laifler de fi près épier fa conduite? À quel figne voir-on qu'il eft malade ? Comment fait-on qu’il eft malade d'indigeftion ? S: c’eft de miel qu'il enduit fa langue, où trouve-t-il le miel fi fort à portée ? Y a-t-il des endroits où les abeilles fauvages ne pren- gent pas foin de mettre leurs rayons à convert de toute infulre? Comment fait-1l pour n’en être pas pi- OUR qué ? Toutes ces fortes de queftions que l’on fe fait; & auxquelles on manque de réponfe , nous difpofent {ouvent à rejerter comme fabuleufes des relations que nouùs aurions peut être cru, files auteurs quiles rapportent, avoient pris foin de prévenir les objec- tions qu’ils devoient prévoir qu’on pourroit leur fai- ÉENCIANT}) 1 te OURS, (Cririq. facrée.) Comme cét animal étoit fort commun dans la Paleftine où 1l faifoit de srands ravages , l’auteur des Prov. 28.15.compare à l'ours, un homme inhumain &c cruel, If. x7. 7. décrivant le bonheur du regne du Meffie, dit qu'’alors on verra Pours & le bœuf paître amicalement enfemble, CP, Jr) OURS, ( Pullecerie, Ÿ La peau d'ours eft une forte de pelleterie fort eflimée, & dont ôn fait un com- merce aflez confidérables celles des vieux owrs fer- vent ordinairement aux caparaçons & aux houfles dés chevaux; à faire dés facs pour tenir les piés chauds pendant lhiver. Celles des ourfons font em- ployées à fabriquer des manchons & autres fortes de fourrures. On appelle ourfons , les petits ours. On donné le même nom aux manchons faits de la peaw d’un jeune ours, OURS ox SAINT GAL ; ( Hif. mod.) nom d’un otdre de chevalerie en Suifle , que l'empereur Fré- déric I inflitua en 1213 dans l’abbaye de faint Gal, fous la prôteéhion dé faint Urfe, capitaine dé la légion thébaine , martyrifé à Soleure, Ce prince voulut par là récompenfer des fervices quel’abbé de faint Gal & les Smiles Iui avoient rendus dans fon éleéhon à l'empire, 1l donna aux principaux fer- bneurs du pays des colliers & des chaînés d'or, au bout defquelles peéndoit un ours d’or, émaiilé de noir; & 1l voulut qu’à Pavenir cet ordre fût conféré par labbé de faint Gal. Maïs il a été aboli depuisque les Suifies fe font fouftraits à la domination de là maifon d'Autriche. Favin , shéat, d'honn. © de che- valèrre. OURSE , f.f. ( Affron. ) nom de deux conftella- tions voifines du pole feptentrional ; l’une portant lenom de grande ourfe, l’autre celui de perire ourfe. Cette derniere eft celle où fe trouve l'étoile polaire, anf nommée prree qu’elle n’eft qu’à deux degrés du pole, #oyez POLE , ÉTOILE & CONSTELLATION. … La grande our/e eft compofée, fivant Ptolomée, de 35 étoiles ; fuivant Tycho , de 56 ; mais dans le catalogue britannique, elle ena21s. OURSE D’ARTIMON, ( Marine.) Voyez HOUR CE. OùRsE, (Mychol. ) On vientde voir qu'on donne ce nom, en Aftronomie , à deux conftellätions fep- tentrionales vorfires du pole , dont l’une éft appel. lée laggrande owrfe, en latin , ar&us major, hélice, phenite ; & lautre, la petite owrf?, cynofura : Vune fut, au dire des Poëtes, Califto, filé de Lycaon, roi d'Arcadie ; & l’autre, une des nourrices de Ju piter. Ovide dit que Califto étant devenue encéinte de Jupiter fur les montagnes noanériennes en Arca- die , fut changée en ourfe par Junon. Commé en cet état elle fut perfécutée par les chafleurs , élle fe ré- fugia dans un temple où perfonne n’ofoit entrer ; là , elleimplora le fecours du maitre des dieux, qui, touché de fa pofition & du danger auquel elle étoit expofée, la plaça dans le firmament. Aratus tran£ porte à la petite ourfe la fable qui regarde la grande ourfe ; à lui permis : c’eft aflez pour nous d’en aver- tir, & de remarquer que le noïin de Phénice lui a été donné , parce que les Phemiciens ont commencé à ‘régler le cours de leur navigation par cette confiel- ‘lation la plus proche du pole du nord. (D. J) OURSIN , f. m.( if. nar. Botan, \'echinopus ; genre de plante à fleur globuleufe , compotée de plufieurs fleurons profondément découpés & foute- nus par un embryon ; ces fleurons ont chacun un ca- OUR liceécailleux, & ils font attachés à la couche. L’em- bryon devient dans la fuite un fruit renfermé dans une enveloppe qui a fervi de calice à la fleur, Tour. nefort, 27/4. rei herb. Voyez PLANTE, (1) | OURSIN , HÉRISSON DE MER, CHATAIGNE DE MER, cchinus marinus; animal marin qui tire {on nom du grand nombre de pointes dont tout fon corps eft entouré , ce qui lui donne quelque reffem- blance avec le hérflon. Il y a beaucoup de diffé- rentes efpeces d’ourfins. Les anciens naturalftes croyoient avec raifon que les pointes des ozr/2zs leur tenoient lieu de jambes, & qu'ilss’en fervoient pour marcher ; mais M. Gandolphe, mémoires de lacad, royale des Sciences, ann. 1709 , a cru voir que les vur/ins avoient de vraies Jambes difpotées autour de leur bouche. Il prétendoit que les pointes de ces ani- maux ne contribuolent en rien à leur mouvement progreffif. M. de Reaumur a reconnu depuis le con- traire ; 1l a và très-diftintement que les owr/ins ne fe fervent que de leurs pointes pour aller en-avant ; il a obfervé auff les parties que M. Gandolphe avoit pris pour dés jambes, ce font des efpeces de cornes iemblables à celles des himaçons , dont Pufage ef très-différent de celui que M. Gandoïiphe leur a attri- bué, puifqu’elles fervent à fixer & à arrêter l’ani- al, qui s'attache avec ces parties fur quelque corps folhde , au point que fi on veut le féparer de ce corps par force , on cafle ordinairement une partie. de ces cornes. M. de Reaumurdonnele nom de corne à ces parties , parce que l’ozrfn s’en fert pour tâter les corps qu'il rencontre dans {a marche, comme font les limaçons avec leurs cornes ; celles de l’our- fin ne font bien apparentes que loriqu'il eft dans Peau , & lanimal ne fait paroitre au-dehors que cel- les qui font pofées fur la partie du corps qui eft en- avant quand il marche. Si au contraire il eft arrêté , iln°y a d’apparentes que celles dont al s’eit fervi pour fe fixer à quelque corps folide. L'enveloppe dure de lourfin eft couverte en entier de ces fortes de cor- nes. M. de Reaumur eft parvenu à favoir le nombre dé ces cornes , en comptant les petits trous qui pé- netrent l’enveloppe , qui {ont beaucoup plus appa- rens fur la furface intérieure que fur l'extérieure ; 1l fait monter le nombre de ces cornes jufqu’à environ treize cent, qui eft le nombre auf des trous d'où el- les fortent, cariln’y en a qu'une feule dans chaque trou. Le même our/n avoitenviron deux mille cent pointes. Ces pointes fervent de jambes à animal, celles dont il fait le plus d’ufase font fituées autour de fa bouche; comme elles ie meuvent toutes en différens fens, 1l peut avancer de tous les côtésavec la même facilité. C’eft fur l’our/2r commun des côtes du Poitou que M. de Reaumur a fait les obferva- nons précédentes. On voit à la P/. XVIII. plufieurs figures de différentes efpeces d’ourfins. Mémoires de Ll’acad. royale des Sciences | par M. de Reaumur , 422, 1712. Voyez TESTACÉ. OURSIN DE MER , ( Conchyliol. Ÿ genre de co- quille multivalve, de forme ronde, ovale, à pans, wréguliere, quelquefois plate, armée de pointes, de boutons, quelquefois même toute unie, On appelle en françois cette coquille l'ourf#, le Bouton , ou Le hériffon de mer , quelquefois chétaigne de mer, à caufe de fa figure hériffée, Ariftote & Pline ont mis les owrfins parmi les poif- fons cruftacés, tels que font les étoiles de mer & les crabes : d’autres les ont placés dans les coquillages durs. Les ourfêns de la mer Rouge & ceux de l'Améri- quefont d’une confiftance aflez forte pour y tenirleur rang; 1l y en a qui penfent que les ourfins tiennent le mieu entre les cruftacés &x les teftacés. Un moderne, malgré la quantité de pointesqu'on remarque à l’owr/in, lé place dans les coquillages univalves ; c’eft apparemment parce que çes poin- r° OUR Ti tes ne fe voient d'ordinaire que lorfque le pouflon eft vivant, & qu'elles tombent fi-tôt qu'il éft hors de Peau. M. Dargenville dit avoir compté fur la fuperficie Le 2 , D - pes d'un our/zz de la mer ROULE Cinq divifions à deux rangs de mamelons , & de grandes pointes au nom- bre de foixante-dix , fans compter cinq autres rangs de perites, & toutes les Bandes qui féparent les rangs des mamelons, lefquelles font percées d’une infimté de petits trous par où fortent Îes cornes : le grand nombre de pointes que plufieurs owrfns confervent _toûjours , & qui font partie de leurs coquiilés , n’a pè les faire mieux placer que parmi lés multivalves ; Charleton & Aldrovandus les mettent cependant dans la claffe des turbinées, parce qu'ils n’ont point de volutes ou de pyramides, Rondelet en admet cinq efpeces ; Breynius en rap- porte fept, & Kléinius cinquante-huir, compriles {ous huit genres, Nous croyons avec M. Dargenville qu'on peut rapporter tous les ourfrs fous fix genres : favoir, 1°, Pour/in de formeronde ; on en voit de la Méditerra- née &c de POcéan, de rouges , de verds, de violers. 2°, L'our/in de forme ovale; il y en a de la grande & de la petite efpece. 3°. L’ourfin de figure à pans, de couleur verte ; 1l ÿ ea a aufli de rougeâtres & de gris-cendré. 4°. L'ourfin de forme irréguliere ; ce genre eft très-étendu : On connoît des ozr/£ns grands Gt petits, faits en forme de tonneau; d’autres en dique; d’autres applatis, formant une étoile ; d’au- tres faits comme des files ; d’autres en cœur à quatre: où à cinq rayons, & à doubles raies, 5°, L'ourfin plat 8 étoilé. 6°. L’our/ën de couleur violette, de forme ronde , à piquans faits en pignons de pommes de pin; ce dernier vient de l'ile de France en Amé- rique, L'our/in a dans la cavité de fa coquille un inreftin qui s'attache en tournant à cinq anneaux : cet intef tin va fe terminer à une bouche ronde, large, & op- pofée au trou par où fortent les excrémens. Elle eft garnie de cinq dents aiguës & viñbles au bour de cinq ofleléts, au centre delquels eftune petite langue charnté ,'efpece de caroncule, où eff cette bouche qui finit eninteftin , tournant autour de la coquille, fufpendue par des fibres délicates. Ces petits offe- lets font liés par une membrane fituée au milieu de l'inteftin , & forment la figure d’une lanterne. La forme ordinaire de l’our/in eft ronde , ce qui le fait nommer bouron ; quelquefois elle eft ovale ; d’où il a pris le nom d’echinus ovarius; quand il eft revêtu de fes pointes, on l’appelle digiratus, Sa fu: perficie eft toute couverte d’une immenfe quantité de petites cornes d’une demiligne de grofleur fur neuf lignes détendue, vers la partie la plusrenflée de l’our/n; les autres qui forrent vers le conduit des excrémens , de même que celles qui approchent de la bouche , n’ont que trois ou quatre lipnes : c’eft par ces cornes qu'il peut fixer {a maifon. Fout fon intérieur eft partagé en cinq lobes d’un rouge foncé, & rempli d'une éfpece de chair & d'une multitude d'œufs rouges , qui ( dans les owrfîns de la Méditerranée) étant cuits , ont le goût des écrevifles, & font meilleurs à manger que Fhuître verte. | On compte près de douze cens cornes dont fe fert Pour/ir pour fonder le terrein qui Penvironne, pour fe fixer éontre quelque corps, ou pour fe tenir en repos. Ses cornes plus longues que fes pointes ne fe voient point dans l'eau ; elles s’affaiflent, & fe ca- chent entre les bafes & mamelons de fes pointes, qui fe trouvent au nombre de plus de deux mille, & qui lui fervent à marcher la' bouche contre terre pour prendre fa nourriture. Il agite tellement fes pointes on fes piquans, qui lui tiennent lieu d'üne 716 OUT multitude de piés , qu'il marche très-[égérement, Sa couleur eft des plusvariées, tantôt violette, tantôt d’un jaune clair , quelquefois verte, brune, d’un blanc fai. Lorfque l’our/2n eft à fec, fes cornes font invifbles & rentrent dans fa coquille ; fi -tôt qu'elles fentent l’eau de la mer , elles s’épanouiffent &t s’alongent par divers mouvemens : c’eft donc par fes cornes qu'il marche, qu'il s'attache où il veut, qu'une partie pompe l’eau tandis que l’autre la rejette. M. Dargenville a obfervé , en difféquant cet ani- mal, la dureté de fes offelets, qui font creux en-de- dans, pour laifler pañler des filamens qui font agir les dents en-dehors. Ils font de plus entourés de mem- branes de tous côtés ; ce qui les lie enfemble, Cha- que partie de l’ourfin a fa membrane, fa charniere , &t des dents extrèmement pointues. Il y a lieu de croire que fes grandes pointes lui fervent à fe défen- dre contre les pêcheurs : Pline dit, aculeorum proce- rirate præftant ; elles lui fervent encore de piés pour marcher, fe retourner, & rentrer dans fa boule, Quand le coquillage eft entierement couvert d’eau de la mer , elles fortent toutes enfemble; mais lorf- qu il n’eft inondé qu’à une certaine hauteur, il n’y a que la partie couverte d’eau dont les cornes s’épa- nouiflent , & tout ce qui eft au-deflus ne fait rien paroïtre. Voyez la conchyliologie de M. Dargenville, & les mém. de l'acad. des Sciences. ( D. J.) OURT , L’, (Géog. ) en latin Urta, riviere des Pays-Bas ; elle a fa fource au pays de Lieve, & fe perd dans la Meufe au même pays. ( D. J.) OURVARY, serme de chaffe , cri pour obliger les chiens à retourner lorfque le cerffait un retour. OUSE , L’,( Géog. )grande riviere d'Angleterre, qui prend fa fource dans l’Oxfordshire , aux confins &t au midi de Northamptonshire, baigne les provin: ces de Buckingham , de Bedford, d’'Huntington, de Cambridge , ie partage enfuite en deux branches, dont l’une fe jette dans la mer auprès de Lyn, & l’autre environ 10000 plus au couchant. Cette riviere s'appelle en latin Urus, & eft par conféquent la même que Ure, qui s’écrit en anglois Youre, Les géographes étrangers en font deux rivie- res. (D. J.) OUST , 1’, ( Géog.) petite riviere de France en Bretagne , où elle prend fa fource au village de Saint-Gilles , dans l'évêché de Quimper , & fe rend dans la Villaine au-deflous de Rhédon , &c au-deflus de Rieux.( D. J. ) OUSTIOUG , ( Géog. ) ville de l'empire ruflien, capitale d’une province de même nom, avec un ar- chevêché, du rit ruffe. Elle eft fur la Suchana. La province eft bornée N. par la province de Dwina, E. par la forêr de Zirani , S. par la province de Wo- logda , O. par le Cargapol &c la province de Waga. La Suchana la divife en deux parties prefque éga- les. Long. Go. $0. lat. 61.48.(D. JT.) OUTARDE,OSTARDE, OTARDE, 1. f. ( Æif£. rat. Ornitholog. ) otis tarda avis, oïfeau qui eft de la grofleur du coq d'Inde, & a environ quatre piés fept pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue. Le bec reflemble à celui du coq, & la piece fupérieure eft un peu courbe. La . tête & le cou font cendrés. Le dos eft traverfé par des lignes roufles & par des lignes noires. Le ventre a une couleur blanche, Cet oifeau n’a point dedoigt poftérieur ; on le diftingue aifément des autres oi- eaux de fon genre par ce caraëtere & par fa grof- {eur ; il fe nourrit de fruits & de femences de plan- tes. L'outarde a le vol lent, elle s’enleve dificilemenz de terre à caufe de la pefanteur de fon corps ; {a chair eft d’untrès-bon goût. Willughby, orzitholog. Voyez Oiseau. (7) : OQUTARDE, ( Dire 6 Mar, méd, ) Cet oifeaua été OUT mis par les anciens au nombre de ceux qui étoient du goût le plus exquis , & qu’on fervoit fur les meilleu- res tables. Cependant Galien obferve que la chair des outardes tient le milieu entre celle de l’oie & celle: de la grue , ce qui aflürément ne fauroit être p'is pour un éloge. Elles ne font pas fort communes en France. On y en tüe pourtant quelquefois, & onen éleve même dans les bafles:cours. Louis Lemery parle de l’ourarde comme d’un aliment dont le fuc eft groffer , & la chair folide & compate, ayant befoin d'être gardée ou mortifiée pour devemir mangeable , &t ne convenant qu'aux jeunes gens qu fe donnent de l'exercice & qui ont un bon eftomac, Autant que je puis me rappeller ma propre expérience, il me femble qu’il fe trompe , & que l’ourarde fauvage four- nit un aliment délicat. ( 2 OUTARDEAU , nom que l’on a donné aux jeu- nes outardes. Voyez OUTARDE. OUTIL, f. m. serme générique ,inftrument dontles ouvriers &c artifans fe fervent pour travailler aux différens ouvrages de leur profeffion, art & mé- tier ; tels font jes marteaux, les compas, lésrabots , les équerres , les villebrequins, &c, A chaque arti- cle générique on fait quelquefois mention des ma- chines , inftrumens , & outils d’ufage, outre qu'on décrit les principaux en particulier dans le corps de ce Dihonnaire. Nous ajoutons feulement quelles ou- vriers mettent quelque différence entre les ourils & les inftrumens ; tout owzil étant inftrument ; & tout infrument n'étant point ouril. ( D. J.) Ouriz , f. m. (A4rchir.) c’eft tout inftrument, qui fert à l’exécution manuelle des Ouvrages, comme les faufles équerres, regles d’apareilleur, marteaux, cifeaux, fcies, tarrieres, éc. Les Charpentiers & les Menuifers ont un grand nombre d’ourils, fuivant la diverfité de leur travail, dont on peut voir la def. cription dans les principes d’Architeéture, de Sculp- ture, &c. de M. Felibien, Cet auteur dérive le mot outil du latin utile, à caufe de l’utilité dont ils font aux ouvriers. ( D. J.) | Ouriz , {. m. ( Agricuk. € Jardin.) Les outils d’un jardinier font la bèche , des rateaux de plu- fieurs fortes, une ferpette , un croiffant, un gref- foir , une pioche , piochons, ou binettes , des plan- toirs , ne fcie à greffer, un coin de bois pour le même ufage, civieres, brouette, &c. | Les outils néceflaires à un laboureur , font plu- fieurs ferpes , une vrille, une alaine, des pelles de bois, rateaux de bois ou à dents de fer, fléaux pour battre le blé, des vans, une hache , un marteau à tête de fer, fa provifion de clous à fon nfage, des houës , une bèche ; un pic, des coins de fer & de bois, une. ou deux coignées, des fancilles, des faux, des tenailles , des farcloirs, unefcie , une tar- riere, un villebrequin, &c.( D.) : | OUTILS du Balancier, ce font un marteau, des limes de différentes grandeurs, des tenailles , des pinces plates &t rondes , un tas , une bigorne. OUTIL ; en terme de Batteur d’or , fignifie en géné- ral tous les infirumens dans lefquels on bat l'or. Voyez; COCHER, CHAUDRAI 6 MouLe. | OUTIL A POIRE DE BOURSE, en terme de Bou= tonnier , eft un inflrument en deux parties, l’une en croiflant , & l’autre en tranche , allant un peuen di- minuant de hauteur pour former ce qu’on appelle la gorge dans une poire à bourfe, & autres ouvrages. OUTIL A POIRE DE DRAGONNE, e7 terme de Boutonnier | eft une lame tranchante divifée en cinq parties : la premiere partie eft creufée quarrément pour former le cul; la feconde a la même forme en. hauteur que la premiere en profondeur, & fait le cran; la troifieme eft un croïffant pour la panfe ; la quatrieme , un demi-rond faifant [a gorge; & la cinquieme ; un petit croiffant pour la tête. ” OUTIL ; OurIk À TRACER, ex termre de Boutonnier,, c'ef un inftrument divifé en trois parties, deux umies & tranchantes d’un fens oppofé, & une en pointe, qui fert à faire Le trou du milieu. On le nomme 4 #racer , parce qu'il fert à ébaucher les moules. Voyez Mou- LES & TRACER. Il y à des traçoirs de toutes les grandeurs, comme des boutons, ou moules, QUTIL À TIRER EE FIL DE FER, ex terme de Four- Biffeur, eft un morceau de fer garni de deux mâ- choires immobiles , ce qui le rend différent des te- nailles ; il fert à tirer les fls de fer dontonavoit rem- pl le ponimeau , pour l’empêcher de tourner fur la foie. OUTIL CROCHU, terme de Marbrier, Les Sculp- teurs & Marbriers ont un oz! au nombre de ceux dont ils fe fervent, à qui 1ls ne donnent point d’antre nom que d'outil crochu, cé qui lui vient de la figure qu'il a. Cetourileft une efpece de cifeau tranchant, tout d'acier, ou du-mioins de fer bien aciéré par un bout qui eft à-demi courbé en crochet; c’eft avec ce cifeau qu'ils atteignent où les cifeaux quarrés ne peuvent entrer, 8 où les pointus ne fufifent point ; ils font propres fur-tout pour bien tourner les che- veux des buftes & flatues, & bien évider les plis des draperies. (D. J.) OUTIL À FUST , serme de Mernuifiers. On appelle ainfi parmi les Menuifiers un inftrument qui eftcom- polé d’un f4f?, c'eft-à-dire, d’une piece de bois en forme de long billot, de diverfes épaiffeurs fuivant fon ufage, d'un fer plat & tranchant, quelquefois taillé autrement, & d’un coin de bois pour affermir le fer dans la lumiere. Les outils a fuff de Menuifers ; s'appellent en gé- néral des rabots. Leurs noms propres font Le rabot , le riflart, la galere, les varlopes, les guillaumes, les mouchettes ; les bouvemens, les bouvets, & les feuillerets. | | OUTIL À MANCHE , ferme d'ouvriers; c’eft tout outil de fer qui eff emmanché de bois, comme les ci- eaux, les fermoirs , le bec-d’âne , les souges, &c. OUTIL A ONDES, terme d'Ebérifle ; c’eft unoutil, ou plutôtune machine ingénieufe & très-compofée, dont les Menuifers de placage, qu’on appelle £bé- fifles, fe fervoient beaucoup autrefois, lorfqu’ils travailloient à ces belles tables & à ces magnifiques cabinets d’ébene qui ne font plus à la mode, depuis que la marqueterie y a été ed . C’étoit avec cet ouiil qu’on compofoit les mou- lures ondées qui faifoïent Le partie de la béauté de tes ouvrages , & qui fervoient comme d’enquadre- ment à ces fculptures d’un fi grand prix, dont le def. fus des tables & les guichets des cabinets étoient or- nés. M. Felibiena donné la defcription de cette ma- chine , &c l'a fait graver dans fes Principes d’archi. tecture, ( D. J,) OUTIL PLAT , cerme de Lapidaires. Lies Lapidaires appellent ainfi un petitcylindre , foit d’acier , foit de cuvte, attaché au bout d’un long fer, dont ils fe fervent dans la gravüre des pierres précieufes, Ils le nomment plat ; parce que la feétion du cylindre, tournée du côté de la pierre, eft plate & unie; ce qui difngue cet ouril de celui qu'on appelle une charniere, qui eft auffi en forme de cylindre, mais creufé comme une virole, ( D, J.) OuTiLs , terme de Rubanier. Ce mot ; comme dans tous les métiers en général, fignifie tous les uf- tenfiles néceflaites à cemétier. OuriLs, (Tarllandier.) ce font lés mêmes que ceux des Serruriers , comme une enciume , une bi- gorne, un foufflet , un touier, la forge , le goupil- lon , le baquet au charbon, le tifonnier , marteau à main, matteau à devant, tenailles de force, chaffes, chances, cifeaux, poinçons ;, étaux, mandrins, Tome XI, OUT 119 Gatteaux , planes, rapes en bois, limes d’Allema. gne , une meule. À | OUTIN ; voyez SPET. OUTOMCHU , [. m. ( Hifloire naturelle Bor.) arbre dela Chine; ireflembleau ficomore; fa feuille eft longue , large de 8 À 9 pouces, attachée à une queue d’un pié de long : il eft tonfu & chargé de bouquets fiprefiés, que les rayons du foleil ne le pé: netrent point : font fruit eft extrèmement petit. Vers le mois d’Août ou fur la fn du mois de Juiller 1l fe forme fur la pointe des branches des pétits bou- quets de feuilles différentes des autres ; plus blan: ches ; plus molles, & moins larges ; ce font ces fetuiles qui tiennent lieu de fleurs : fur le bord de chacunenaïfient trois ou quatre petits grains comme des pois vefds; ils renferment une fubitance blanche êt d'un goût affez agréable, celuid’une noïfette qui n’eft pas encore mûre, AT » OUTRAGE, fubfl:mafc, OUTRAGEANT, part: OUTRAGER, vaaët. (Gramm.) terme relatif à une offenfe atroce : on ourrage du gefte & du difcours. Il ne faut jamais ourrager perfonne, Celui qui reçoit un outrage eft à plaindre, celui qui le fait eft À mé- prifer. Le mot outrage fe prend encore dansun autre iens ; comme quand on dit , Poxrrage que la beauté recoit des ans. | OUTRANCE, À OUTRANCE, façon de par- ler ädverbiale: elle marque l’excès ; défendre 4 64: trance , {e battre 4 outrance, boiré à ourrance, OUTRE ; f. f. (Mefure de continence.) c’eft la peau de l'animal appellé fouc, qui étant garnie de fon poil, confue &c préparée d’une certaine facon , fert comme de barril pour renfermer les liqueurs , afin de les pouvoir tranfporter avec plus de facilité, En Efpagne , les orres font d’un afez grand ufage pour les vins ; & en France , on s’en fert trés-ordinaire- ment pour les huiles. Savary, OUTRE, (Crisiq. facrée.) dsude , peau de boric coufue & préparée ; dans laquelle on mettoit de l’eau, du vin, de l'huile, & d’autres liqueurs avant l’ufage des tonneaux de bois. Jefus-Chrift dit, Matt: 1x. 17, On ne met pas du vin nouveau dans de vieux outres, c’eft-à-dire däns des oztres qu’on a laiflé deflécher & dépérir par néoligence, on pat vé- tufté, car dans de telles outres qui crevent de toutes parts, le vin fe répandroit entierement, (2. 7.) OUTRÉ , adj. (Gramm.) exceffif, exagéré : tout eft outré dans ce récit ; c’eft ün homme ogfré dans tout ce qu'il fait ; n’outrez rien , fi vous voulez être cru: Îl a encore une acception, qui le rend fyno- nyme à ofenfé vivement ; je fuis outré dé fes propos; de fa conduite. OUTRE, (Maréchal.) un chéväl outré , c’eft celui qu'on a trop fait travailler. Pouffif, outté , Voyez POUSSIE. FR re OUTREMER ; ( Chimie & Peinture, ) c’eft ainfi qu'on nomme la couleur bleue fi précieufe , qui fe tire du /apis laguli ; on trouvera la maniere de l’ob: tenit à l’article BLEU D'OUTREMER. OUTREMEUSE , LE pAys D’, ( Géog.) canton des Pays-Bas dans la république des Provincess Unies ; qui le poflede comme une annexe du Braz bant hollandoïs ; il faifoit partie du duché de Lima bourg , l’une des dix-{ept provinces. : Cé canton comptend outre la ville de Limbourg huit différens terfitoires , entre lefquels trois ont été cédés aux Etats-Généraux par Le traité de la Häye du 26 Déc: SONATA ue 4, a OUTRE-MOITIÉ, ff: (Jurifprud.) fe dit de ce qui excede la moitié de la valeur de quelque chofe ; on dit la léfion d’ozsre-moirié du jufte prix. Voyez LÉ: SION. (4). tested A OUTRER , v. a&. c’eft excéder la jufté mefuré en tout, On dit des penfées oucrées , une déclama YYy}r #56 OUV Hoh'otrèe une plainteozrrée , des pañlionsouzrées, mais où eft la regle de ces chofes ? qui efl-ce qui a fixé le point en-deçà duquel la chofe eft foible , êc au-delà duquel elle eff ozsrée ? qui eft-ce qui a donné au publie mêlé de tout état & de tonte condition ce ta@ délicat, qui dansla repréfentation d’une piece lui Fait difcerner un fentiment jufte d’un fentiment ou- srê, une expreffion vraie d'une expreffion fauffe ? tl le fait fouvent à étonner les homimes du goût le plus délicat; 8r qu’on vienne après cela me dire que homme ne fe connoit pas, qu'il s’en impofe à lui- inême, qu'il fe trompe, qu'il a la confcience hébe- tée, &c... il éneft rien. On peut s’envelopper pour les autres, mais non pour foi, Quand on cher- che à détourner de foi fon regard, ons’eit vu, on s'eft jugé. | Ourrer un cheval, c’éft le fatiguer au-delà de fes forces. : _. er ete ! OUVADO, ( Aiff. nar.) elpece de pois qui croif- fent en Afrique au royaume de Congo. La'planté produit dés fleurs & du fruit pendant toute l’année ; on en trouve de la même efpece dans les îles de l’Amérique qui durent fept années confécutives. QUVAH, ( Géogr.) canton d’Afie dans linté- rieur de l'île de Ceylan; c’eft une des provinces du royaume de Candie , fur laquelle on peut voir Ro- bert Knok dans farelation de Ceylan. “‘OUVE, LD, (Géogr.) petite riviere de’ France dans la bafle Normandie : elle a fa fource dans la forêt de Brix, & fe décharge dans le grand Vay. (D. 1.) re OUVERT, part. OUVERT, adj. (Gramm.) voyez Île verbe Ouvrir. OUVERT, adj. dans lecommerce, on appelle entré marchands , négocians & banquiers ur compte on ver celui qui n’eft point arrêté, où l’on ajoute jour- nellement des articles , foit en recette, foit en dé- penfe. Voyez COMPTE. | On dit auffi que les ports font ouverss quand Îes vaifleaux marchands y peuvent entrer ou en fortir, & y faire léur commerce librement. Diéfion, de com- meTce. OuverT , (Jard.) fe dit d’une partie de jardin qui eft découverte ; ce côté eft ouvert , cette allée eft à ciel ouvert, OuvERT, fe dit aufli dans l’écriture d’un caraëtere dont les traits font bien formés, & ont un ait de ron- deur qui les fait lire avec facilité. OUVERT , ( Maréchal.) fe dit des chevaux qui ont les jambes de devant ou de derriere trop écartées l’une de l’autre ; courir à tombeau ouvert. Voyez COU- RIR. QuverT , ex terme de Blafon , fe dit des portes, des tours êc des châteaux. Murat de l’Eftange en Dauphiné , d'azur à trois faces d'argent , maçonnées êc crenelées de fable , la premiere de cinq creneaux , la feconde de quatre, la troifieme de trois, & ouverte au milieu en porte. OuvERTES , ( Vénerie.) on appelle zéres ouvertes les têtes de cerf, daim & chevreuil, dont les per- ches font fort écartées , qui eft une des belles qua- lités que puifle avoir une tête, OUVERTURE, £. f. (Géom.) eft lation d'ouvrir quelque chofe , oubien c’eft un trou, une fente , un endroit crevaflé dans un corps d’ailleurs folide & continu. | | En Géométrie , l’ouverture de deux lignes incli- nées l’une vers l’autre & partant d’un point com- mun, s'appelle angle. Voyez ANGLE. Ouverture dans les télefcopes eft la quantité plus oumoins grande de furface, que les verres des télef- copes préfentent aux rayons de lumiere. Voyez TÉ- LESCOPE. OUVERTURE DE PORTES , ( Divin.) fe dit dans OUV l'Aftrologie de ce qui arrive quand une planete le fépare d’une autre , & fe joit à une troifieme qui domine dans une ligne oppofée à celle qui eft do- mince par la planete, avec laquelle l’autre planete étoit jointe auparavant, OUVERTURE , ( Jurifprud.) a dans cette matiere plufeurs fignifications différentes. Ouverture de l’'annuel ou paulette eft le tems où l’on eft admis à payer la paulette, favoir depuis le _ 14 Décembre jufqu'au #5 Janvier. Voyez ANNUEL G& PAULETTE. | Ouverture de l'audience fignifie non-feulement l’aion d'ouvrir les portes du tribunal, mais il figni= fie aufñi le commencement de l’audience. Ouverture d’un bureau figmifñie le tems où lon commence à y infcrire ceux qui fe préfentent , ou à faire les payemens , fi c’eftle bureau d’un tréfo- rier ou payeur public. : Ouverture de clameur en Normandie eft lorfque lon peut intenter le retrait. Voyez CLAMEUR. Ouverture de fief eft lorfqu'il y a mutation, foit de feigneur ou de vañlal. Voyez Fier 6 MuTA- TION. Ouverture de requête civile, ce font les moyens qui peuvent faire enthériner une requête civile prife’ contre un arrêt. Voyez REQUÊTE CIVILE. Ouverture au rachat ou relief, c’eft lorfque le fei- gneur eft en droit d’exiger le relief. Ouverture à la régale eft lorfqu'un bénéfice fujet à la régale vient à vaquer de fait ou de droit ; on. entend aufli par ouverture à la régale, Le droit que le roi a de cé moment de nommer au bénéfice. Voyez RÉGALE. Ouverture au retrait, c’eft lorfqu’il y a heu d’exer-: cer le retrait. Voyez RETRAIT. | Ouverture de fubftitution ou fideicommis , c’eft lorfque le cas ou la condition de la vocation du fubftitué font arrivés. Voyez SUBSTITUTION 6: FIDEICOMMIS. fs Ouverture de fucceflion eft le moment où {a fuc- ceflion eftéchue. Voyez SUCCESSION. (A4) OUVERTURE DE LA TRANCHÉE, (Ars milis.) c’eft dans l’attaque des places le premier travail qu’on fait pour commencer latranchée , c’eft-à-dire pour la fouiller ou l'ouvrir. Voyez TRANCHÉE. OUVERTURE DES PORTES DE GUERRE, (Are milit.) cette aétion fe fait avec différentes précautions, dont. on va donner le précis. A la pointe du jour, Le tambour monte fur le rem- part & bat la diane. On fonne la cloche du béfroi. Le fersent va aux clés chez le gouverneur ou le commandant ;& lorfqu'il arrive, l'officier de garde range fa garde en double haie fous la voûte de la porte , & il fe met à la tête lefponton à la main ; les foldats préfentent les armes. L’officier en fait commander pour mettre aux ponts & pour la dé- couverte : il en fait commander auffñ quelques-uns fans armes , pour ouvrir les portes &s les barrieres, & abaïffer les ponts. Le major & le capitaine des portes commencent à ouvrir, & le tambour bat aux champs jufqu’à ce que tout foit ouvert. Il faut met- tre le tambour fur le rempart à l'ouverture & à la fermeture des portes. Lorfque le major a pañlé le premier pont avec les clés & les foldats commandés , on le releve; on en fait autant aux autres qu'il pañle , laïflant der- _riere chacun deux fufiliers les armes préfentées. Enfin lorfqu’il eft arrivé à la derniere barriere, 1l fait {ortir quelques fufiliers pour faire la décou- verte autour de la place avec des caveliers, s'il y en a, qui vont battre l’eftrade àune lieue, &cil fer- mé la barriere fur eux. Il arrive fouvent, fur-tout les jours de marché , qu’on trouve à la barriere un grand nombre de pay- __ fans Qui attendent pour entrer. Lorfque cela fe rên: €ontre , le major doit faire éloigner tout le monde de cinquante pas de la barrière avant de louvrir, &c ne laiflér entrer perfonne que quand la décou- verte eft faite, même il'he faut point foufrir qu'ils entrent en confufion. | Lés foldats commandés Sour la découverte doi: vent vifiter bien exaftement aurour de la place, & fur-tout dans les endroits qui font uô peu couvérts; & s'ils y trouvent des gens cachés, ils doivent les amener. Lorfqu'ils font de retour , On abaiffe les ponts pour faire rentrer le major avec les clés & les foldats ; mais on doit tenir les barriéres fermées &z ne laïffer que les guichets ouverts , jufqu'à ce que le foleil foit bien haut & les cavaliers dé retour: Le fergent va reporter les clés chez le gouvéfiteur ou le commandant; l'officier fait pofer les armes à fa garde par ce commandement : Prenez varde a vous : que la file de la droite n2 bouge : marche. La file de la gauche va s’entreméler avec la droite, & les deux n’en font plus'qu’une. À gatche ? préfentez vos ar- mes : marche ; les foldats défilént tous devant l’ofi- cier les armes preéfentées , 6 vont les pofer paf efcuoade. Le tambour bat le drapeau. Les caporaux relevent la grandt pole; c’eft-à-dire lés fentinelles des endroits où on n’en doit placer que pendant la nuit , & celui de configne ramafñe les numeros des rondes , les boîtes &c la feuille , & va tout porter chez le major. Voyez RONDE. | | Lorfqu’il fe préfente un grand nombre de chariots, ce qui arrive fur-tout dans les tems de la moiflon, l'officier de garde ne doit point les laiffer pafler tous à-la-fois , crainte que les ponts ne fe trouvent era- barraflés , mais faire obferver une grande diftante des uns aux autres, & le conftgne quu eft à la porte doit fonder avec une broche de fer, s’il n’y a pas dis vens cachés dans le foin on dans le blé qui eft fur les chäriots. Enfin l'officier doit prendre toutes les précautions poflibles pour tre pas recevoir un af- front ; car c’eft fur lui qu’on fe repofe de la füreté de la place & de la garnifon. * Sur les neufou dix heures , 1l fait donner congé à deux foldats par efcouade rour-à-tour pour aller di- ner, Enfin lorfque l'heure de defcendre la garde eft arrivée, oh le releve, & ilramene fatrohpe en bon ordre fur la place d'armes. Les autres gardes rele- vées y arrivent auf en même tems, le major les met en bataille à mefure qu’elles arrivent, & lori- qu’elles le font toutes, il les congédie : on appelle cela defcendre la parade. | La fermeture des portes fe fait à-peu-près avec les mêmes attentions que louverture. » Une heure avant que le foleil fe couche, le tam- bour de garde monte fur le rempart & bat la retraite pour avertir ceux qui font dehors qu'il eft tems de {e retirer, & qu’on fermera bientôtla porte. Après cette retraite, l’oficier doit faire pouffer la barriere &7 ne laïfler que les guichets ouverts. On ne doit plus laiffer fortir des folciats de la place. Dans les villes de guerre, outre la retraite que le tambour bat , on {onne la cloche du beffroi. Voyez Bër- PROS NENREEN | Fs | Un fergent de chaque porte efcorté par deux fu: filiers de fon corps de garde, va chercher les clés chez le gouverneur où commandant , & dès que la fentinelle qui eft devant les armes appercoit le fer: sent quiarrive avec les clés, elle avertit. L’ofiicier fait prendre les armes, & range fa garde de lamême maniere que pour l'ouverture des portes, Il fait com- mander quatre foldats pour efcorter les clés juf qu'à la dermere barriere , êten fait placer deux les armes préfentées fur chaque pont levis : enfin il en fait commander un nombre fufñfant fans armes pour pouflerles portes & les barrieres ; & lever les ponts, Tome XI, D fr ET | Et + æ O UV pat Lorique fe fnäjôr eft arrivé avec lé capitaine ‘deè portes, le fersent de garde marche avec les clés & les foldats commandés pour les'efcorter ; le capotal configné portant le falot lotfqu’il eft tard’, le majoi & le capitaine des portes vont jufqu’à la dernieré barrière, Gr celüi-ci comménce de fermer, Lé tamte bour de garde bat aux champs jufqu’à ce que toutes les portes foient fermées, à moins qu'il ne foit fort tard, lüfage n'étant pas dé battre pendant la nuit! Le major donne l’ordre & le mot aux fergens , qui doivent paffer larnuit aux avancées. Après que là porte eff fermée , le fergent va reporter les clés chez le commandant efcorté toujours par deux foldats: L'ofiicier fait pofer les ärmes à fa garde, comme après l’ouverture dés portes. Lés caporaux vont enfuite faite la grande pofe ? dès qu'elle eff faite, les fentinelles ne laïffent pañler perfonne für lé rempart ; à la réferve des rondes qui doivent porter du feu. | Lorique le fergeht à remis les clés chez le com: mandant , il va à Pordre ; & dès qu'il l’a recu, il va le porter à fon officier de garder: 1l le donne enfuité aux caporaux , & leur difiribue leurs rondes. Foyez RONDE & MOT. (Q) | | OUVERTURE , on appellé ouverture d’une foire le jour fixé par le magifitat , pout y commencer la vente & lachat des marchandifes. L'ouverture deg foires de S: Germain & deS. Laurent fe publié à Paris à {on dé trompe , & fe fait en vertu d’une ordonnance du lieutenant: général de police, qu’on affiche aux principaux carrefours de là ville. Voyez Foire. Did de commerce. OUVERTURE, f. m. en Mufiqué | eft un morceau confidérable de fymphonie qui fe met à la tête des grandes pieces de mufique | comme font les opéra, Les ouvertures des opéra françois font routes jet tées fur le moule de celles de Luliy. Elles font com: polées d’un morceau grave &c majefueux, qui for me le début, &z qu’on joue deux fois , & d’une re prile gaie , qui eft ordinairement fushée ; plufieurs de ces repriles rentrent encore dans le grave en fi- niflant, Il a été un tems où les ouversures francoifes dons noient le ton à toute l’Europe, Il n’y a guere que Cinquante ans qu'on faifoit venir en Italie des 044 vertures de France pour mettre à la tête des opera de ce pays-là. Jai vu même plufisurs anciens opéra italiens notés avec une ouverture de Lully à la tête, C’eft de quoi les Italiens ne conviennent pas aujours d'hui ; mais le fait ne laifle pas d’être très- cer tain. La mufique inffrumentalé ayant fait un chemin prodigieux depuis une tréntaïine d'années, Les vieil= les ouvertures faites pour des fymphoniftes trop bor= nés ont été bientôt laiffées aux François, Les Ita- lens n’ont pas même tardé à fecouer le joug de l’ors donnance françoife , & ils diftribuent aujourd’hui leurs ouvertures d’une autre maniere, Ils débutent par unmorcean bruyant & vif à deux où à quatré téms# puis ils donnent nn azdznte à demi-jeu , dans lequel ils tâchent de déployer toutes les graces du beau chant, & ils finiffent par un 4//eoro très-vif, ordinairement à trois tems. | Ba raifon qu'ils donnent de cette nouvelle difiri- bution ; eft que dans un fpeétacle nombreux où l’on fait beaucoup de bruit ; il faut d’abord fixer l’atten: tion du fpeétateur par un début brillant qui frappe ét quiréveille. [ls difent que le grave de nos over tures n'eft prefque entendu ni écouté de perfonne ; Gt que notre premier coup d’archet que nous vans tons avectant d'emphafe, eft plus propre à préparer à l’ennui qu’à l’attention. Cetté vieille routine d'ouvertures à fait naître en France une plaifante idée; Plufeurs fe fontimaginé YYyyi 722 O U Y qu'il y avoit une telle convenance entte la forme _ des ouvertures de Lully êc un opéra quelconque , qu’on ne le fauroit changer {ans rompre le rapport du tout, De forte que d’un début de fymphomie qui feroit dans un autre goût , 1ls difent avec mépris que c’eft une fonate, & non pas une ouverture , com- me fi toute-ouverture n’étoit pas une fonate. Je fais bien qu’il feroït fort convenable qu'il y eùt un rapport marqué entre le caraëtere de l'ouverture &z celui de l'ouvrage entier; mais au-lieu de dire que toutes les ouvertures doivent être jettées au mé- me moule, cela dit précifément le contraire. D’ail- leurs , fi nos muficiens ne font pas capables de fen- tir ni d'exprimer les rapports les plus immédiats en- tre les paroles &z la mufique dans chaque morceau, comment pourroit-on fe flatter qu'ils faifiroient un rapport plus fin & plus éloigné entre l’ordonnance d'une ouverture & celle du corps entier de l’ou- vrage? (S) À OUVERTURE DES JAMBES, c'eftune perfeétion parmiles Danfeurs, de favoir ouvrir & fermer à-pro- pos les jambes. Ils prouvent le bon goût en les ou- vrant avec beaucoup de gravité dans les pas lents, &c beaucoup de légereté dans ceux qui doivent être pañlés vite. Il eft donc à-propos d’en donner ici quelques re- gles. Si l’on doit, par exemple, faire l'ouverture de jambe du pié gauche, il faut avoir le corps pofé fur le droit à la quatrieme poñtion, afin que la jambe qui eft derriere fe leve de fa poñtion , & marche lente- ment en paflant près de la droite, & enfe croifant devant en forme de demi-cercle, que l’on finit à côté ; 8 la jamberefte en l’air pour faire tel pas que la danfe demande. Une circonftance abfolument né- ceffaire, c’eft que lorfque la jambe gauche vient à fe croifer, & avant qu’elle s’étende en s’approchant,& lorfqu’elle fe croife , le genou fe plie &c s'étend en terminant le demi cercle. OUVERTURE , { f. ( Archir. ) c’eft un vuide ou une baie dans un mur, qu’on fait pour fervir de paf- fase ou pour donner du jour. C’eft aufli une frac- ture provenue dans une muraille, par tnalfaçon ou caducité.C’eftencore le commencement de la fouille d’un terrein pour une tranchée , rigole ou fonda- tion. On appelle ouvertures d'angle , d'hémicycle, &c. ce qui fait la largeur d’un angle, d’un hémicycle, Êc. Ouverture plate ou fur Le plat. Ouverture qui eft au haut d’une coupole pour éclairer un efcalier qui ne peut recevoir du jour que par en haut. Il y a une ouverture de cette efpece à l’efcalier du roi au chà- teau de Verfailles , qui eft oblongue & fermée de glaces ; plufieurs qui font rondes, aux écuries du même château, fermées d’un vitrail convexe , & une au panthéon, qui eft tout-à-fait découverte. Ces fortes d'ouvertures {ont ordinairement couvertes. d’une lanterne , comme aux dômes. ( 2. J.) OUVERTURE, {e dit, dans l’Ecriture, d’uñe plu- me dont le grand taileft bien ouvert, ce qui le rend plus agréable à la vue ,& fait mieux couler l'encre fur les traces du bec. OUVI-FOUTCHI , (Æiff. nar. Bot, ) racine de l’île de Madagafcar. Elle eft ordinairement de la rofleur de la cuifle, mais dans une bonne terre elle devient de la groffeur d’un homme : cette ra- cine eft une noutriture excellente pour les ha- bitans. OUVI-HARES , (if. nat. Bor.) racines fort communes dont fe nourriflent les habitans de l'ile de Madagafcar ; elles fe multiplient très-facilement, on n’a qu'à couper cette racine en piece pour les planter; en huit mois elles acquierent leur maturité, OUVI-LASSA , (Æf. nar. Bor.) plante rampante de l’île de Madagafcar ; fa racine reflemble à celle du jalap , & donne une refine ; les habitans la re- gardent comme un purgatif très-violent. OUIRA , (Géog. nat.) oïfeau très-grand du Bré- fil & de l’île de Maragnan ; 1l eft deux fois plus grand qu'un aigle ; fon plumage qui eft beau, eft différent de celui du condor ou contour. Il enleve les brebis avec facilité ; 1l attaque même les hommes, les cerfs &t les autres animaux forts. On aflure que quelques- unes de fes plumes ont jufqu’à une aune de long, elles font tachetées comme celles des pintades. OUVRABLES, ad}. (Gram.) jours ouvrables, jours dans lefquels 1l eft permis d'ouvrir fa boutique &t de travailler publiquement. VRAGE ,f,m. (Arés & Sciences.) travail, pro- duétion d’un homme de lettres fur quelque fujet. On doit faire grand cas des ouvrages qui nous dévelop- pent d’une main favante , les principes d’un art ou d’une fcience ; mais c’eft au bon fens & à l’expé- rience à déterminer l'application de ce même prin- cipes. En général les ouvrages doivent tendre à éclai- rer l’efprit, mais rien ne le formecomme le foin d’é- crire & de compofer foi-même. C’eft aux lefteurs à faire choix des ouvrages dont ils doivent plus ou moins fe nourrir ; carileneft des livres comme des mets ; 1l y en a dont il ne faut que goûter, & d’au- tres qu’on doit ruminer & mâcher à loïfir ; mais ce n’eft que par de bons confeils, par le tems, ou par le génie , qu’on parvient à cette heureufe connoif- fance. On chérit ces auteurs excellens , dont les ow- vrages font autant d’amis qui moralifent fans offenfer perfonne ; qui nous parlent fans prévention, &c qui ne nous favent point mauvais gré de ce que nous paflons légerement fur des chofes qui leur ont coûté beaucoup de foins , de peines, & de veilles. Com- me ouvrage eft fynonyme à Zyre, voyez LIVRE. (2. 7.) OUVRAGES de l'art de la 6 nature, (Science micr.) il ne feroit peut-être pas inutile de comparer quel- ques-uns des ouvrages les plus fins &z les plus exquis denosarts,avec les produétions dela nature; une telle comparaifon ne peut aboutir qu’à humilier l’orgueil de l’homme ,& en même tems elle peut fervir à per- feétionner en quelque maniere les idées imparfaites qu'il a du créateur. En examinant au microfcope le tranchant d’un rafoir fort fin, 1l paroit auf épais que le dos d’un gros couteau ; il paroït raboteux , inésal , plein d’entaillures & de fillons , &.f éloigné d’être bien affilé , qu’un inftrument aufli émouflé que celui-là paroît n'être pas même bon à fendre du bois. Une aiguille exceflivement petite étant auffi e xXa minée, fa pointe paroït comme fi elle avoit re d’un quart de pouce de largeur ; elle n’eft pas ronde* ni plate , mais irréouliere & inégale, &c fa furface, quoiqu’extrémement droite & polie à la vue fimple, paroit pleine d’äpretés, de trous & de fillons; en un mot, elle reflemble à une barre de fer qui fort de la forge. Mais laiguillon d’une abeïlle vu par le mêmein{- trument, paroît de tous les côtés d’un poli parfait, êt d’une beauté furprenante, fans la moindre fente, tache ou inégalité, 8: terminé par une pointe trop fine pour être diftinguée; encore n’efl-ce que l’étui ou le fourreau qui contient d’autresinftrumens beau- çaup plus exquis. Une petite piece de Zz07 extrémement fin paroît par les grandes diftances & trous entre fes fils, fem- blable en quelque maniere à une claie ou à un filets & les fils eux-mêmes paroifloient plus groffers que les cordons dont on fait les cables pour les an: cres, Une dentelle de Bruxelles qui coûte cinq ou fx . livres fterlings la verge, femble compofée de poils épais, raboteux , inégaux, entortillés , attachés ou liés enfemble tout de travers & fans art. Maïs la toile d’un ver à foie étant examinée, pa- roit parfaitement polie & brillante , uniforme de tous les côtés, & beaucoup plus fine qu'aucun fl qui puiffe être filé par la meilleure fleufe du monde, autant que le plus petit fil retors eft plus fin que le plus gros cable. Une coffe de cette foie étant déve- loppée , {e trouve contenir neuf cent & trente ver- ges; mais il eft bon de remarquer , que comme deux fils font toujours attachés enfemble par le ver dans toute leur longueur , le nombre des fils en eft réel- lement double, c’eft-à-dire , de 1860 verges ; ces fils étant pefés avec la derniere exa@itude, fe trouvent ne peler que deux grains & demi. Quelle fineffe ex- quife eft donc celle-ci ? Encore n’efl-ce rien en com- paraïfon de la toile d’une petite araignée ; Où même en comparaifon de la foie qui fort de la bouche de ce même ver lorfqw’il vient d’éclore, Le plus petit point ou marque que l’on puifle faire avec une plume, paroït au microfcope une grande tache irréguliere, raboteufe , dentelée & inégale tout au-tour de fes côtés, & bien éloignée d’être vé- ritablement ronde. L'écriture la plus fine & la plus menue, comme l’oraifon de Notre-Seigneur com- prife toute entiere dans un fol d’argent ; où autres petites écritures également curieufes faites par les plus habiles maitres, paroiflent lorfqu’on les exa- mine au microfcope, aufli difformes , groffieres & barbares, que fi elles avoient été écrites par la main la plus pefante ; mais les taches qui font fur les aîles ou fur les corps des reignes, des efcarbots , des mou- ches & autres infe@tes, fe trouvent loriqu'on les groflit autant que l’on peut avec la loupe, très-exac- tement circulaires , & les autres lignes & marques qui font tout-autour ; paroiïflent tirées réguliere- ment & délicatement avec toute l’exa@itude pof- fible. ‘ Le doéteur Power dit qu’il a vu une chaîne d’or à Tredefcant, compofée de trois cens anneaux ; & qui n’avoit pas plus d’un pouce de longueur, onl’at- tachoit à une mouche qui la traïnoit, M. Derhain a vu au-près.de Durhamyard une chaife faite par le fieur Boverick horloger, qui avoit quatre roues, avec toutes leurs appartenances, roulant aïfément fur leurs eflieux , & un homme aflis dans la chaife ; le tout étoit d’yvoire , & trainé parune mouche fans aucune dificulté apparente ; il pefa le tout avec la plus grande attention dont il fût capable , & trouva que la chaife, l’homme, & la mouche pefoient un #eul grain. Il pefa auf dans le même tems & dans le . même endroit une chaîne de cuivre faite par le mê- me ouvrier , qui avoit environ deux pouces de lon- gueur , deux cens anneaux avec un crochet au bout, &t un cadenat avec une clé à l’autre bout » & il trouva qu'elle ne peloit pas le tiers d’un grain. Il a vu encore de la même main une table de qua- drille avec fonttiroir , une table à manger, un buf- fet, un miroir, douze chaifes à doffier > fix plats, une douzaine de couteaux, autant de fourchettes L douze cuilliers , deux falieres, avec un cavalier- homme, une dame & un laquais, le tout contenu dans un noyau de cerife, On nous apprend dans le journal d'Allemagne, qu'un ouvrier nommé Ofvald Nerlinger, fit une coupe d’un grain de poivre qui en contenoit douze cers autres plus petites, toutes tournées en ivoire, dont chacune étoit dorée aux hords » & fe tenoit . Sur fon pié. Si tous ces faits ne N” pas beaucoup ë exagérés , ce font là les ozvrages de l’art les plus dé- licats, les plus curieux & les plus furprenans qui aient été faits de main d’homme ; mais après qu’on a eu examiné quelqu'un de çes onvrages avéç un OUV 7x microfcope , on s’eft convaincu que le plus grand eflort de l’art ne confifte qu’à bien cacher les difors mités , à en impofer à la foibleffe de nos yeux, à prouver que notre admiration ne vient que de ñno- tre ignorance, La découverte avantageufe de cette vérité, fait voir que les chefs-d’œuvres de l’art les plus vantés, {ont aufli mal fagotés , raboteux & inégaux , que f on les avoit taillés avec une hache, ou forles avoit frappés avec un maïllet & un cifeau ; on y voit des bévues , des inégalités & des imperfedions dans cha- que partie , & le tout eft monftrueux , n'ayant au- cune proportion. Nos miniaturesles plus fines paroifs fent devant cet inftrument comme de purs barboul- lages, enduits avec une truelle & fans aucune beauté, tant dans les traits que dans les couleurs. Nos plus brillans vernis, nos ouvrages les mieux polis , ne font que des corps raboreux , pleins de fentes 8 de crevañles. Ainf difparoiffent les o. vrages de L'art lorfque nous fommes en état de voir ce qu'ils font effefivement. Au contraire ) f nous examinons de plus près , fi nous diftinguons mieux, fi nous obfervons avec plus de foin les ouvrages de la nature, même dans fes moindres produétions, nous n'en fommes que plus frappés de la fagefle , de la puiflance, & de la grandeur infinie de celui qui les a faits. | Appliquez au microfcope tout ce qu'il vous plai- fa, VOus n'y trouverez que beautés & perfe@ions. Confidérez le nombre infini d’efpeces d’infeétes qui nagent , qui rampent, ou qui volent autour de nous, quelle proportion, quelle exa@titude , quelle uni- formité & quelle fymmétrie n’appercevrez-vons pas dans tous leurs organes ! Quelle profufion de cou- leurs ! L’alur , le verd & le vermillon , l'or, l’ar- gent, les perles, les rubis & les diamans forment une broderie à leurs corps, à leuts aîles, à leurs têtes , & à toutes leurs autres parties ! Que de ri- chefles ! que de perfe@ions ! Quelpoli imimitable ne vOyons-nous pas de toutes parts ! Allons plus avant &t examinons les petits animaux dont plufieurs ef peces font abfolument invifibles à l'œil humain {ans le fecours d’un microfeope ; ces atômes vivans, tout petits qu'ils font, ne laiffent pas d’être prefqué tous des prodiges ; nous y découvrons les mêmes organes du corps , la même multiplicité de parties, variété de mouvemens , diverfité de figures, & ma- niere de vivre particulière que nous voyons dans les plus grands animaux ; la conftruétion intérieure de ces petites créatures doit être prodisieufement curieufe, le cœur , l’eflomac , les entrailles & le cerveau. Combien doivent être petits & déliés leurs o$ , leurs joïntures , leurs mufcles & leurs tendons! Combien doivent être délicates, & au-delà de toute imagination, les veines , les arteres & les nerfs | Quelle multitude de vaifleaux & de circulations dans un fi petit efpace ! & encore ont-ils aflez de place pour remplir toutes leurs fondions , fans fe mêler ou s’embarrafler les uns avec les autres ! Si l’on examine les vésetaux, on y voit pareille , ment le même ordre , la même régularité & la mê- me beauté. Chaque tige, chaque bouton, chaque fleur & chaque femence, préfente une figure , une proportion , ne harmonie qui eft au-deflus de la portée de tous les arts, I! n’y à point d'herbe fauva- ge, nide mouffe dont chaque feuille ne préfente une multiplicité de vaiffleaux & de pores rangés aveg un art infini, pour porter les fucs néceflaires à fa confervation & à fa nourriture , & qui ne foit or- née d’une infinité de graces qui Pembelliffent, Les ouvrages les plus parfaits de Part, font fentit la foibleffe , la pauvreté , & l'incapacité de loue vrier ; mais ceux de la nature font voir clairement que çelui qui les a faits à un pouvoir ab{olu fur la 724 OUV matiere dont il difpofe, & qu'il a des inffumens convenables à fon deffein. Chaque poil, plume ou écaille, même dans les moindres infeétes , paroît rond, poli & fini au dernier point, & démontre les richelles abondantes , la hhéralité , & la fagacité de fon aureur, CD. J.) OùvrAGE, { m.(Architeët.) c’eft ce qui eft pro- duit par l’ouvrier, & qui refte après fon travail, comme dans la conftru&tion des bâtimens, la ma- connerie, la charpenterie , la ferrurerie, &c. Il y a deux fortes d'ouvrages dans la maçonnerie , de gros ouvrages , & de menus ouvrages, Les premiers font des murs de face & de refend, les murs avec crépi, euduits & ravalemens , êt toutes les efpeces de vou- tes de pareille matiere. Ce font auf les contre- murs , les marches , les vis potoyeres, les bouche- mens & pércemens de portes &c croifées à mur plein ; les corniches &: moulures de pierre de taille , quard on n’a point fait de marché à part; les éviers, la- voirs & lucarnes : ce qui eft de différent prix, fui- vant les différens marchés. | Les légers & menus ouvrages font les plâtres de différentes efpeces, comme tuyaux, fouches & manteaux de cheminée, lambris, plafonds, pan- neaux de cloifon, & toutes faillies d’architeëture ; les efcaliers , les lucarnes , avec leurs joués de char- penterie revêtue, les exhauflemens dans les gre- niers , les crépis & renformis contre les vieux murs, les fcellemens de bois dans les murs ou cloifons, les fours, potagers, carrelages , quand 1l #ÿ a point de marché fait; les contrecœurs, âires de chemi- née, aires, mangeoires, fcellemens dés portes, de croifées, de lambris, de chevilles, de coïbeaux de bois ou de fer , de grilles, Ge. On appelle ouvrages de fujetions ceux quifont cein- trés, rampans ou cherchés par leur plan, ou leur élevation, & dont les prix angmentent à propor- tion du déchet notable de la matiere, & dela difü- culté qu'il y a à les exécuter. : On donne le nom d’oxvrage de pierres de rapport à une efpece de mofaique qu'on fait avec des pierres naturelles pour repréfenter des animaux, des fruits, des fleurs, & autres figures, comme fi elles étoient peintes. Cela fe fait en aflemblant différens marbres, {elon le deffein qu’on a, & on les joint & les ci- mente. Sur ces marbres, le peintre qui a difpofé le fujet, marque avecun pinceau trempé, dans de la couleur noire, les contours des figurés. Il obferve avec des hachures les jours & les ombres, comme s’il déffinoit {ur le papier au crayon. Enfuite le fculpteur grave, avecun cifeau , tous les traits qui ont été tracés par le peintre , & garnit ces traits . d’autres marbres, ou on les remplit d’un maftic com- pofé de poix noire , &r d’antre poix qu’on fait bouil- lir avec du noir de terre. Quand ce mafñtic a pris corps ; on l’unit avec du grès &tde l’eau, oudu ci- ment pilé. C’eft ainfi qu'avec trois fortes de mar- bres. on a trouvé l’art d'embellir de différentes figu- res les pavés des éghifes & des palais. Voyeziles prin- cipes de l’Architeét. de la Sculpture , 6, par M. Fe- bien! ch.xiy. S ._ Ouvrage à fceaux., terme d’archit. hydfaul. C’eft une machine, qui fert à élever l’eaw, moyennant un -ou deux vaifleaux attachés à une perche. Il y a des ouvrapes a fceaux fimples , 8 des ouvrages com- polés. Les premiers font formés d’un levier , & les autres de poulies, de roues à chaînes ; ou de roues avec pignon. On trouve la defcription de ces trois fortes d'ouvrages , & particulierement d’un ; qui e meut tout feul ,dans le-technica curio[a de Schot, dans l’Aydraulico-pneumatica du.même auteur ,.& dans le theatrum hydraulicum de Léopold, cor 1. ch. ee Ouvrage hydraulique. C’eft un bâtiment qui fert à gonduire l'eau où l’on veut, Tels font les bâtimens O U V de la machine de Marly, de la Samaritaine, & des pompes du pont Notre-Dame à Paris, Voyez le t. IL de la premiere partie de l’archite@ure hydraulique de M. Belidor, êc le theatrum machinarum hydrauli- carum, de Jacques Léopold, rom, I. & IT. Ouvrage ruflique, C’eit un bâtiment dont le mur eft confiruit de pierres qui avancent. Cette maniere de bâtir a été de tout tems une des plus fimples, & des plus communes , puifqw’on n’eft pas même obli- gé d’applanir les furfaces extérieures des pierres , & qu’on les laïffe brutes , afin de ménager les frais de l'ouvrage. De cette fimplicité on a voulu s'élever aux principes d’un art. Dans cette vue , des archireétes fe font attachés à joindre tellement les pierres, que les furfaces de devant avançaflent dansles jointurés, & on a figuré les furfaces relevées, Voyez des exém- ples l-deffus dans Parchite@ure de Vitruve, & dans le cours d’architeéture de Daviler. Mais malgré ces efforts, pour accréditer l'ouvrage ruflique , cette ma- niere dé bâtir n’eft point d’un bon goût. Autrefois on s’en fervoit, même pour les palais les plus fuper- bes, en l’employant également dans tous les étages, & en y joignant des colomnes de plufieurs ordres, Tels font le magmifique palais de Pitti à Florence, aux trois étages duquel eft l’ordre tofcan , le dori< que & l’ionique ; le palais d'Eft à Ferrare ; l'hôtel de Peller à Nurember, qui a au-devant des pierres relevées jufqu’au deflous du toit, On en trouve d’au- -tres exemples du fameux Michel Ange , rapportés dans /e cours d’architeüture de Daviler. On emploie aujourd’hui l'ouvrage ruffique aux por- tes des villes, &t aux portails des bârimens qui doi- vent avoir beaucoup de folidité , comme les aries naux, les boulangeries, &c. Il eft rare qu’on le pra- tique aux églifes & aux maifons particulieres où il ne peut avoir lieu qu’à l'étage inférieur ; fouvent même on n’en charge pas tont le mur, & on fe con- tente de l'appliquer aux coins &c au bordage de la faillie. Davier. (D.JT.) | | OUVRAGES, en termes de Fortification, fignifient toutes les différentes pieces ou édifices qui s’em- ploient dans la fortification ; c’eft aufli, dans l’atta- que des places, les lignes, les tranchées, les fofés , &c. qu’on fait autour d’une ville ou d’un camp, 65. pour fe fortifier. On trouvera les principaux ouvrages d’une place fortifiée aux articles de PLACE FORTIFIÉE, dé FOR- TIFICATION, Éc. OUVRAGE A CORNE, dans la Fortification , eft un ouvrage formé d’un front de fortification, c’eft-à- dire, d’une courtine & de deux demi-baftions joints à la place par deux longs côtés, qu’on appelle fes ailes ou {es branches. Cet ouvrage fe place quelquefois devant'nn baf- tioh, mais plus ordinairement devant une courtine. Pour confiruire un ouvrage à corne devant une couttine £ F ( PI. IV. de Fortification , fig. 4. ) ,il faut prolonger indéfiniment vers la campagne la per- pendiculaire qui a été élevée fur le côté du poly gone,-pour tirer les lignes de défenfe & de l’angle rentrant Q de la contrefcarpe ; il faut prendre {ur cette perpendiculaire prolongée Q L de 120 ou130 toifes ; au point L élever fur LQ laperpendiculaire O P, prolongée indéfiniment de part & d'autre du point £, On prendra fur cette perpendiculaire L Q & L Pchacune de 60 ou 70 toiles : on marquera en- fuite les points 4 & B fur les faces des baftions op- pofés à l’ouvrage d corne, à 10 toiles des angles de l’épaule C & D :ontirera par les points O &c 48 par les points P | Em lignes O M, P N ,terminées en M & en N par leurrencontreavec la contrefcarpe de la place. Ces lignes feront les aîles ou les bran- ches de l'ouvrage a corne; O P en fera le côté exté- rieur, que l’on forufiera en prenant fur la pérpendi- q P P£rp EE OUV culaire OL, L R'de 23toifes, fLPef de sotoïlesz | & de 20 toifes, fi cette ligne eft feulement de 6otot- fes. Par les points O &r P "êc par le point À, on me: nera les lignes de défenfe indéfinies OX, P W, fur lefqnelles on prendra les faces P S, OT, chacune de 40 toiles , fi £ P eflde 70,6 de 35, fi cetteli- gne eft de 60. On achevera enfuitela fortificarion du côté extérieur O P, comme dansle premier fyftème deM. de Vauban. Voyez ce fyfème à la fuite du #04 FORTIFICATION. Voyez aufft fa confiruétion , P/: 11. de Kortific. fig. 7. Laye On donnera 12 toifes de largeur -an foffé de loss Prage a corne: on le tracera vis-à-vis le front © P comme au corps de la place, en décrivant des points | O & P pris pour centres, GC d’unintervalle de 12 toi fes des arcs de cercle en-dehors de l'ouvrage, éttirant enfuite par lestangles de Pépaule T &r'$ des lignes tangentes à ces arcs. À l'égard du foilé des aîles © M, PN, il fera terminé par des paralleles à ces cô- tés à la diftance de 12 toifes. Leterre-pleim du rem: part de cet ouvrage a quatre toifes de largeur comme celui de la demi-lune. 2 4 Remarques. 1°: Il faut prendre garde que les an- gles flanqués O & P des demi-baftions de l'ouvrage a corne aient au-moins 6o degrés : s'ils n’avoient pas cette valeur, il faudroit ; pour les augmenter, dim nuer le côté extérieur OP. | a 2°, Quelle que foit la grandeur de © P, on détermi- nera toûjours la perpendiculaire ZAR en lui donnant environ la fixieme partie de ce côté; on déterminera de même les faces en leur donnant les deux feptie- més du même côté, 4! | 3°, Les aîles oùles branches de l'ouvrage à corne font flanquées par és faces des baftions tur léfqueb- les tombent leur prolongement; à légardte la par- tie extérieure ou du front de l’ovvrage, 1l fe défend lui-même de la même maniere que les fronts des places. 4°, Indépendamment de l'ouvrage déorne confiruit devant la courtine Æ F, on y fait aufli une demi- lune F qui fe conftruit comme il a été enfeigné à l'er- ticl Demi-Lune. On enconftruit aufli une Z devant lé front de l'ouvrage a corne , & de la même ma- niere. Elémens defortific.(Q) :- | L OUVRAGE A COURONNE, c’eft, dans la Fortifr: cation , un ouvrage compofé de deux fronts ; c'eft-à- _ dire, d’un baftion entre deux courtines , &z de deux demi-baftions , qui avance dans la campagne , & qui eft joint à la place comme logvrage à corne par deux longs côtés , appellés fes af/es ou fes Pranches. L’oxvyrage à couronne {e place ordinairement devant les courtines, mais on peut le placer auf devant les baftions. Pour conftruire un ouvrage à couronne devant une courtine 4 B( PL. IV. de Fortific. fig. 5. ), on pro: longera indéfiniment vers la campagne la perpendi- ‘ culaire élevée fur le milieu du côté du polygone, our la conftruétion de l'enceinte de la place, de l'angle rentrant L de la contrefcarpe, & de l'inter- valle de r$oou 160 toifes ; on décrira unarc indéfini HK 1, qui coupera la perpendiculaire prolongée en “K ; on prendra enfuite le point À pour centre , &de l’intérvalle de 12otoifes, on décrira de part & d’au- tre, du point À, deux arcs decercles qui couperont le premier arc en H & en 1 ; lon tirera les lignes À H, KI, qui ferontles côtés extérieurs de l'ouvrage a couronne, que l’on fortifiera comme l’on a fortifié le Côté extérieur de l'ouvrage a& corne , C’eft-à-dire, en obfervant de donner 20 toifes à la perpendiculaire élevée fur le milieu de chacun de ces côtés, ou la fixieme partie du côté , &t deux feptiemes ou 35 toi- fes pour les faces du baftion & des denu-baftions de cét ouvrage. j Pour avoir les aîles de l'ouyragé à couronne, on | OU VT 725 matquéra les points C&D fur.les faces des baftions,, Vis-à-vas lefquels l’oxvragea couroñneeft conftruit ; à 1 jtoifes des-angles de l'épaule Æ à F, lon tirera les lignes 1D, ©, feulement jufqu'à-la rencontre de la contreicarpe en N & en M, & IT N & H M feront. les ailes desbetomrrages 5 en # Le parapet , le rempart, & je foflé de l'ouvrage à couronne de conftruiient comme dans ouvrage: à, corne; on donnera de même 4toifes au terre-plein du | rempart, ét 12 toiles de largeur au foffé. pr” On peut conftruire des denni-lunes O devant cha: que front. de l'ouvrage à couronne, comme.devant celui de Pouvrage a corne. ü On poutra conftruire un ouvrage à couronne devant . un baftion , comme on vient de le faire devant une. courtine, en prolongeant fa capitale de r40o ou 159. toiles, & décrivant de l’angle flanqué. un arc indéf- hide cet intervalle pris pour rayon, & portant.enx, fuite de part & d’autre de cet arc, du point oluil eff, coipé par le prolongement de la capitale du baftion 120 toiles pour avoir Les côtés extérieurs de.cet ox vrage: on urera de leurs extrémités les aïles. {ur les. facés dubaftion, devant lequel cetowvrage fera conf- truit à s$ou20toifes des angles de l'épaule ; & lon. achevera le refte de cetowvrage comme le précédent: condtruit devant une courtine, On obfervera que les angles flanqués de demi baftions , aient au-moins 60 degrés. S'ils fe trouvent tropaigus en alignant les côtés fur la face dubaftion, on pourrafesaligner {ur les faces des demi-lunes col- latérales, owplutôtà 10 toifes des angles de l'épaule des deux bafkions collatéraux de l’ouvrage a couronne, parce qu’alors la défenfe du fofle de fes côtés fera plus directes E/émens de fortific. (Q) | OUR AGE À CORNE COURONNÉ, C’eft un o: Vrage &corne au-devant duquel «ft conftruit un. ox- vrage à couronne. Voyez OUVRAGE À CORNE 6 A COURONNE. (Q) OUVRAGES DE CAMPAGNE, ex termes de Fortife: cation , font ceux que fait une armée qui afliège une place, où ceux que conftruifent les affiègés pour fa défenfe. Telles font les forufcations des camps & les différens forts qu’on conftruit pour aflurer des pañlages |, & couvrir des portes dentileftimportant que l’ennemi ne s’empare point. Voyez FORTS G:RE- TRANCHEMENS. Le meilleur ouvrage qu’on ait fur cette matiere eftl’{rgérieur de campagne , par M. ie chevalier de Clairac. Il laifle peu de choles à deñrer fur cet important objet. (.Q ) OUVRAGES DÉTACHÉS , ( Fortificar. ) On appelle ainfi les ouvrages du dehors qui couvrent le corps de la place, du côté de la campagne , comme les rave- lins , demi-lunes , cornes , tenailles , couronnes, queues d’hirondes , enveloppes , & femblables. (DA) un OUVRAGES DÉTACHÉES, ( Arémilir. ) On appelle ainfi dans l’art militaire les parapets avec lefqnels les affiégeans fe retranchent de nouveau, pour pouvoir {e défendre contre l’attaque des ennemis. On les di- vife en généraux & en particuliers. Les ouvrages dé- tachés généraux font des ouvrages tous nouveaux, conftruits dans une place attaquée, moyennant let- quels les onvrages qui fe défendent encore, font re- joints les uns aux autres, comme lorfque deux baf tions font entierement ruinés & qu'on eft contraint de les abandonner, ce qui arrive fouvent dans les lonss fiéges, Au contraire quand les affiégés tâchent encore de maintenir un baftion ou un ouvrage de de- hors, quoique prefque ruiné &z mis hors d'état de défenfe par l'ennemi ; & qu'en abandonnant une partie de ces ouvrages , ils fe retranchent de nouveau avec des parapets , on donne alors à cette partie fortifiée une feconde fois le nom d’ouvrage détaché particulier, on d’oéyrage renverfé, On renforce lou- 716 O U V vent les baftions & les owvrages de dehors par de fem: blablés ouvrages dérachés particuliers; & on en conf- irmirquelquefois avec les oyrages mêmes, ainf qu'on le voit à Maëftricht ; Vpres , Philippeville, &c. (D.1J.) OuvRAGE , (groffes Forges.) partie du fourneau du fufion, Voyez l'arnicle FORGS. OUVRAGES NOIRS, ( Forgerie. ) ce font les gros ouvrages defer que peñvent forger les maîtres Maré- chaux en vertu de leurs flaruts , comme font des focs de chatrues, des houes, des fourges ; &c. OUvVRAGE , ( Menuiferie. ) On en diftinpgue d’un grand nombre d’efpeces. Voyez Les articles fuivans. Ouvrage affemblé à petit quadre ; elt celui dont les moulutes fent détachées du champ , dit bassans ; par une gorge: Ouvrage affemblé a petit quadre ravalé, eft celui dont les mouiures qui forment le quadre font faïllie fur le battant &c la traverie. Ouvrage affemblé tout quarré ; eft celui dont les joints font coupés fur toutes les faces quarrément ; & oùil n’y a aucune moulure. | Ouvrages affemblés à clé ou goujon ; c’eft qu’ou- tre les languettes & rainures on y met encore des clés ou des goujons , pour qu’ils foxent plus folides, La clé eit un morceau debois de fil, de l’epaiffeur de la languette de trois pouces ou environ ; qui entfe environ de deux pouces dans les mortoifes des bois on veut aflembler enfemble , lefquelies on a eu foin de faire bien vis à vis les unes des auiftes, Ouvrages affémblés avec moulure, {oit à bouve: ment fimple ou autres moulures, font toûjours cou- pés d’ongiets , & fe nomment aÿ/emblages en onglets. Ouvrages ajfémbiés à plai joint ; font ceux où l'on ne tait m1 languettes ni rainures , mais que l’on drefle le plus parfaitement qu’il eff pofhble, de forte qu'iln’y ait aueun jour. Eniuite on fat chauffer les joints, & on les colle eniemble, Ces fortes d’affem- blages font d'ufage pour les portes , les tables , les panneaux ; Ge, À ces aflemblages où y met quelque: fois des clés ou des goujons. Ouvrages collés à languette & rainure ; C'eft lorfque les bois {ont trop étroits on en affemble plufieurs en- femble où l’on fait des languettes & des rainures , & éntuite onles cotle pour leur donner plus de ftabilité, fi faut que la colle foit bien chaude & point trop épaitie , & que les joints foient bien dreflés, & les faire chauffer pour qu’ils {e collent mieux. Ouvrages embolés , font ceux au bout defquels on merune pièce de bois que l'on nomme ezbozture , la- queile eft aflemblée à tenons & mortoifes, Ouvrages embotrés à rifuire , c’elt lorfque les em- boîtures étant bien afflemblées on a percé des trous pour les cheviller. Avant que de les cheviller, on fait fortir Pemboiture du tenon & les trous qui ont été faits dans le tenon; on les élargit un peu à droite & à gauche, ce qu les rend ovales & donne de la facilité au bois qui fe retire à caufe de la féchereffe, ou qui renfle à caufe de lPhumidité & empêche les tenons de cafler. OUVRAGE À PETIT CADRE ET EMBREVEMENT, eft celui dont le cadre eft une piece féparée du bat- tanr où traverfe ; & y eft aflemblé par doubles lan- ‘guetres & rainures. OUVRAGE, ( Rubanier.) s'entend de tout géné- talement ce qui fort de la fabrique oudes mains de l'ouvrier de ce métier. OUVRAGER , v. aët. rerme de Manufaëture, c’eft enrichir un ouvrage de divers ornemens ; on le dit des brocards à fleurs, des velours à ramage , des damas, &c. comme aufl de piufeurs autres chofes que fabriquent divers artifans, menuïfers, orfevres, eulpteurs, Ge. OUVRÉ, terme de Tifferand; le linge owvré eft ce- OU V Ii fur lequel le tiferand a fait diversouvrages, repréfente des figures, des fleurs, des compartiments: On l'appelle aufü ge damaffé ; ce linge ne s’emploié qu'au lervice de Ja table , où tout-au-plus à faire des rideaux de fenêtres: GUVREAUX , {. m. ferme de Verrerie ; c’eft dans les fourneaux à verre les bouches ou ouvertures où font les pots, dans letqueis fe fondent les matieres propres à la vitrificauon. C’eft aufli par les ouvreaux que l’on cueille , c’eft à-dire que l'on prend ie verre au bout de la felle pour le fouffler ; qu’on le chauffe & qu'on louve. On appeile le, grand ouvreau une ouverture du fourneau qui a plus du double des autres ouvertu- res , & qui eft afiez grande pour que le plat de verre. dont le diametie a pius de deux piés & demi, puifle s’y ouvrir & en tort fans courir auçeun rifque d'être caflé en le retirant. Les deux ouvreaux des côtes s'appellent les ouvreaux des aîles , & plus ordinaire- ment les ouvreaux à cuallir. OUVREUR ox OUVRIER - FABRIQUANT ; ( Papérier. ) c’eit le nom qu'on donne à l'ouvrier qui plonge les formés dans les chaudieres , & les eh retire chargées de papier pour les donner au coucheur , qui les pofe iur les-feutres: Voyez au mot PAPIER, G zos Planches de Papererie. OUVREUR , terme de Verrerie ; ouvreur eft celui qui ouvre la bofle apres que le gentilhomme l’a fonfflée ; on le nomme plus ordinairement bofferier. OUVRIER , f. m. terme général, {e dit en général de tout artiian qui travaille de quelque métier que ce foit. | e On appelle ozvriers en drap d'or ; d'argent 8 foie, & autres éroffes mélangées, ou ouvriers de la grande navette, les fabriquans & manufa@uriers qui fabriquent & font fur le métier avec la naveite tou- “tes fortes d’étoffes d’or & d'argent & de foie , où mêlées d’autres matieres ; comme fleurets, laine, coton ; poil & fil ; telles que font les velours, les damas , les brocards & brocatelles , les fatins , les taffetas & tabis, les moires , les papelines ; les 9a- zes , les crêpes & autres femblables marchandifes dont les largeurs font d'un tiers d’aune & au-deffus ; celles au-deffous étant réfervées aux miaitres Flu: tiers Rubamiets. (D. J. Ouvrier ; fm. ( Archie, ) c'ft la qualité d’un homme qui travaille aux ouvrages d’un bâtiment , & qui eft à fa tâche ou à la journée. . OUVRIERS , terme de Monnozes , on appele ainft dans les hôtels des monnoies, & particulierement dans l’hôtel de à monnoie de Paris ; ceux qui cou- pent, taillent & ajuftent les flaons pour les réduire au poids des efpeces, & les rendre conformes aux déneraux du poids matrices. On feur a donne le nom d'ouvriers pour les diftinguer des autres owvriers, à qui les rois de toute ancienneté ont accordé le droit d’être reçus à travailler avec leurs peres & meres, à tailler les efpeces ; les femmes font aufft appellées ouvrieres , maïs plus ordinairement faille- reffes. Boïgard. ( D. J. ) | | OUVRIERS DE FORGE ; (Eperonnier.) on nomme ainfi dans les anciens flaiuts des maîtres Selliers+ Lormiers ceux d’entr’eux , qu’on appelle autrement lormiers-éperonniers, c’eft-à dire ceux qui forgent , vendent les mords, éperons, étriers & autres pieces de fer fervant aux harnoïs des chevaux, ou qui font propres à monter & fufpendre des carrofles, chaïfes roulantes & autres fortes de voitures : les autres maîtres s'appellent Selliers-garnifJeurs. Ces deux fortes d'ouvriers, qui ne faifoient autre- fois qu’une même & feule communauté , font prés fentement féparés en deux corps de jurande ; lun qu’on nomme vulgairement des maitres éperonniers quoiqu'ils confervent toujours leur commune ie 1) O U V lité de Selliers- Lormiers ; & l’autre des maires Se [liers, qui à ces deux anciens noms ajoutent encore celui des Carroffiers. Savary. (D.J.) OUVRIERS À FAÇON, ( Manufaë.) on appelle ainfi dans Les manufa@ures de drap d’or , d'argent & ‘de foie de la ville de Lyon, les maîtres onvriers qui travaillent, ou font travailler pour les maîtres mar- chands, & à qui on ne paye que la facon de leurs ouvrages ; le refte , comme l’or, l'argent, la foie, Éc. leur étant fourni par ceux qui les leur comman- dent. (2. J.) OUVRIERE , f. f. femme qui travaille à quel- qu'ouvrage des mains que ce foit. Voyez l’article OUvRIER. OUVRIERE , (Maréchal.) la cheville ouvriere d’un carrofle , c’eft une grofle cheville de fer qui joint le train de devant à la fleche. OUÙVRIR , v. aët. ( Gramm.) c’eft en général fé: parer ce qui étoit auparavant woifin ou contenu ; c’eft le contraire de fermer, On ouvreune porte ; on ouvre une armoire, une {errure ; on owvre une tettre ; On s'ouvre des vûües fur la campagne ; on ouvreun pâté , des huîtres , une bouteille ; on ouvre la terre, la tranchée ; on ouvre la bouche, un livre, la veine, un cadavre , la tranfpiration, un canal ; on ouvre les rangs ; on ouvre un corps en relâchant le tiflu ; on ouvre une haie , les bras, les jambes, les cuif- fes; on ouvre le fruit qui s'ouvre quelquefois de lui. même ; On ouvre une boutique, & l’on ouvre bouti- que; on ouvre fa bourfe à fon ami; on ouvre l'oreille ; on ouvre deux pointes de montagnes ou de clochers, c’eft-à-dire qu'on les fépare à l’œil l’une de l’autre pat la pofition qu’on prend à leur égard ; on ouvre un bon avis ; On ouvre le chemin à une découverte ; on ouvre la porte à l’honneur , à la honte , au crime, au fort, au plaifir; on ouvre fon cœur à des traîtres, {on fentiment à des aveugles, fa penfée à des four- bes ; ame s'ouvre à la joie ; on s'ouvre À fon direc. teur ; on S’ovre au jeu dans les affaires , dans une négociation ; l’efprit des jeunes gens s'ouvre quel- quefois avec l’âge : on ouvre une aflemblée ; on l’oz- vre par un difcouts ; on ouvre le champ de bataille ; on ouvre le jeu ; la foule s’ouvre devant le roi, &c. OUVRIR UN COMPTE, ( Commerce.) c’eft le pla- cer dans le grand livre. Foyez CoMprE &@ Livre. OUVRIR LES PEAUX , cermes de Chamoifeur , c’eft les faire pafler fur le poinçon , pour les rendre plus molles & plus maniables. OUVRIR , 18rme de Fourbiffeur, c’eft par le moyen de l’écariffoir agrandir l’œil du pommeau pour y in- troduie la foie. ; OUVRIR , en terme de Gantier-Parfumeur | c’eft élargir & détirer le gant à mefure qu'il feche pour qu'il ne fe ride point. OUVRIR LA LAINE , (Lairage.) c’eft la battre {ur une claie , pour en faire {ortir la poufliere & les or- dures , & la pafler enfuite entre les deux grofles cardes ; qu’on nomme cardaffes en Languedoc , dont le cardeur en tient une à la main, & l’autre eft at- tachée fur une efpece de chevalet. ( D. J.) OUVRIR UNE APPLIQUE, ( Merreur-en-œuvre. ) _c’eft y percer avec le drille les trous, pour recevoir les pierres , & les ouvrir avec une lime ronde. OUVRIR , en terme de Serrurier, c’eft lorfqu’on a percé une piece à froid où à chaud, en finir l'ouver- ture, & lui donner la derniere forme qu’elle doit avoir ; on oxvre l'anneau d’une clé lorfqu’elle eft enlevée & que l’on a percé le boutavec un poinçon : On l’ouvre fur le bout de la bigorne, & on le ravale dans l’étau. OuUVRIR, en terme de Cornettier , eft l’'adtion d’ap- platir en gros les galins fendus ; ce qui fe fait à l’aide d’une tenaille & d’une pince attachée par un bout à un banc ou établi, Cette pince tient le galin pen- Tome XI, F FN 7 Dan O XF 72? dant qu’on l’ouvre , en l’abaïffant avéc les tenailles en main. Voyez PINCES € TENAILLES À MAIN. OUVRIR LA BOSSE, rerrme de Verrerie , c'eft lorf- qu'après le verre foufflé à plufieurs reprifes a pris enfin la forme d’un bocal on d’une calebaffe , cé que les ouvriers appellent Poffe , 8 qu'il a été incifé &r branché , on le préfente au feu du grand Ouvreatts & qu’on l’y tourne en rond jufqu’à ceque cette bofle s'étende d'elle-même , & s'ouvre tout-à-fait , en forte qu'elle forme ce qu’on appelle un plus ou rond de verre. Oùn dit aufi ouvrir le verre à l’écard du verte en table , lorfque le gentilhomme-verrier ayant incifé en long le cylindre qu'il a foufflé, & l'ayant coupé par deux extrémités, le reporte à l’ouvreau; & qu’a- près qu'il eft fufifamment chauffé , il ouvre & l’ap- platit avec une verge ou baguette de fer. Savary. (2.7) | Ouvrorr, f. m. (Archi, civile.) c’eft dans un ar- fenal, ou une manufaëture , un lieu féparé où les ou- vriers {ont employés à une même efpece de travail. C’eft auffi, dans une communauté de filles, une {alle longue en forme de galerie, dans laquelle à des heu: res réglées, elles s'occupent à des exercices conve- nables à leur fexe. Il y a un bel ouvroir dans l’abbaye royale de S. Cyr, près de Verfailles. (D. J.) OUVROIR , (Com.) vieux mot quifignifie la même chofe que boutique. Voyez Bourique. Il fignifie encore aujourd’hui ces ouriques légeres & mobiles, faites de bois, qu'ont les maîtres Savetiers de Paris, prefqu’à tous les coins des rues, derriere lefquelles ils étalent leurs marchandifes, & travaillent de leur métier. On les-appelle autrement des éa/s ou écaux. Voyez ETAL & ETAU, Didion. de Com, Ouvroir , {. m. (Lainage.) c'eft dans les manu- faétures de lainage,le lieu où font montés les métiers, &t où les ouvriers travailllent, OWERRE, (Géog.) bourgade & royaume d’A- frique fur la côte méridionalede la Guinée. L’air y ef mal fain, @& leterrein fec & maigre. Long. de la Bour- gade , 25.35. lar. 6. (D.J.) OUY , OUT, adj. (Gramm.) c’eft le figne d’afir- mation ; 1l devient quelquefois celui de la négation, lorfque la prononciation le rend ironique: ilobéit. Il a encore d'autres acceptions dont l’ufage ne permet guere de méconnoître la valeur. GUZOIR , (Géog.) 1l y a quantité de lieux en France qui portent le nom d’Ouzoir ou Ozoir, où Ogoner, où Oroer, ou enfin Ovorr, Tous ces mots de bourgs , villages & lieux, viennent du latin ora- torium , oratoire, mOt qui figniñe un monaftere, un autel, une chapelle, un petit édifice confacré à la priere. Voyez ORATOIRE. (D. J.) O X OKALME , f. m. (Matiere médicale.) les médecins grecs nommoïent oxalme, du vinaigre impregné de faumure , ou de fel marin diffous dans de l’eau. Ils lemployoient extérieurement pour guérir Les ulce- res putrides, comme aufli pour la teigne &c la gale de tête des enfans ; quelquefois ils l’employoient en lavement , mais alors 1ls avoient grand foin de donner auffitôt un fecond lavement de lait. Diofco- ride , Zv, , ch. xxüy, (D.J.) OKXFORD , (Géog.) ville d'Angleterre dans la province à laquelle elle donne fon nom, & dont elle eft la capitale, avec un évêché fuffragant de Can- torberi, fondé par Henri VII. qui érablit fix nou veaux évêchés en Angleterre , apres qu'ilen eutfup- primé tous les couvens. Oxford eft au confluent du Cherwel & de l’Iffis, à 16 milles S. ©. de Bucking- ham, 45 O, de Londres, 60 S. O. de Cambridge, Long. fuivant Caflini, 16. 17. 30 Long.{uivant Hal- ley, 16, 15; 30.1ar. fuivant les mêmes ,-30. 45. ZLZLzz sn. Zu 728 O X EF. L'univerfité d'Oxford, érigée en Sos, efture des plus fameufes qu'il y ait au monde, Elle a 25 colleges, dont 18 ont de grands revenus. Ils entre- tiennent chacun un certain nombre de f/lows ou ag- prepes, & de /cholars où étudians ; en forte qu’on compte à Oxford jufqu'à mille étudians entretenus par les colleges, & deux mille qui ne le font pas. Chaque college a fa bibliothéque ; la plus belle eft celle de Bodley, 4ke Bodleyan library , qui contient un-grand nombre de manufcrits orientaux. Il ya 16 profefleurs & un oratetir public.dans cette univer- fité, Aie ES Oxford {e diftingue encore par fon théâtre, par fon mufœum,par {on jardin de fmples,8c par fon imprime rie. Gilbert Scheldon, archevêque de Cantorbér1, fit bâtir le théâtre à fes propres frais. Le 724/œum s’appelle Ashmoleanum , du nom d’Elie Ashmole qui en fit préfent à l’univerfitée. On l’a depuis enrichi d’antiquités d'Egypte, d’un grand cabinet de raretés naturelles, données par le D. Luifter, &c. , Mais ce qui immortahfe la gloire d'Oxford, ce font les favans hommes dont elle eft la nourrice ou la patrie. Le D. Wood, qui lui-même yeft né en 1632, vous les fera connoître dans fes deux ouvra- ges intitulés antiquitates Oxonienfes, qui forment en- femble 3 vol. 27.fo1, & qui compofent une hiftoire littéraire d'Angleterre. Je n’ai pas ces deux ouvrages fous les yeux pour les confulter ; mais je me rappelle affez bien. que Chiilingworth, Fell , Gale, Hariot, Hody, Lydiat, Owen, Pocock, le comte de Ro- chefter, &c. font du nombre des favans auxquels Oxford a donné la naïffance : combien y en a-t-1l d’autres qui échappent à ma mémoire? On connoit aflez ceux que je viens de nommer. Chillingworth (Guillaume ) favant théologien de l'églife anghçane, étoit encore grand mathémati-" cien. Îl naquit en*1602, fe trouva au fiege de Glo- cefter en 1643, & y fit la fonétion d'ingénieur ; mais ayant été fait prifonnier à la prife du château d’A- rondel, on le conduifit à Chichefter, où al mourut en 1644, des fatigues qu'ilavoit efluyées. Entre fes ouvrages on eftime particulierement celui quieftin- titulé , La religion proteflante , voie Jure pour le [aus : c’eft un modele de bonne logique. | . Full (Jean) évêque d'Oxford, eft connu des étran- gers par fon excellente édition des œuvres de S. Cy- prien, à Oxford 1682 in fol. Il mouruten 1686, à 61 ans. AAA Gale (Thomas) favant littérateur, a donné plu- fieurs ouvrages très-eftimés. Les principaux font, 1°. Hifloriæ poëticæ antiqui feriptores ; 2°, Hiloriæ anglicanæ feriptores quinque ; 3°. Hiflorie Britannicæ, Saxonice, Anglo Danicæ , fcriptores quindecim , &tc. Il mourut en 1709. Hariot (Thomas) mathématicien, a donné une relation de la Virginie fort curieufe , & mourut en 1621, à 60 ans. | Hody (Humfrey) grand littérateur, mort en 1706 , à 47 ans, a donné plufeurs ouvrages , dont le plus curieux eft une hiftoire en latin des illufires - grecs qui ont rétabli en Europe l’étude de la langue grecque, &c des humanités. Samuel Jebb l’a faitam- primer à Londres, en 1742.:2-8°, avec la vie de l’auteur. | | Lydiat (Thomas) mit au jour plufieurs traités fur des matieres de phyfique & de chronologie; le principal eft celui des notes fur les marbres d’Aron- del, Oxonii 1676 in-fol, Il mourut en 1646, à 74 ans. Y an Owen (Jean) théologien presbytérien, publia divers ouvrages théologiques, dans lefquels il fema beaucoup de traits d’érudiuion, de politique & de philofophie, On lui doit des remarques fur Les prolo- gomenes & la polyglotte de Walton. Son livre, de naturé,, ôriu & fludio veræ Theologié ,a êté féimprts mé plufieurs fois. Il prêcha en 1648, contre Char les If. & les Royaliftes. Il mourut en 1683 , âgé de 67 ans. \ | Pocock ( Édouard) célebre théologien, & l’un des plus favans hommes dans les languesorientales, qui ait jamais patu. [l naquit en 1604, ftdeux voyages au levant, & acheta dansle dernier plufieurs ma- nufcrits orientaux. [l mourut en 1691, à 87 ans. Il a traduit les annales d’Eutichius, patriarche d’Ale= xandrie; l’hiftoire des dynafties d’Abulpharage, & une verfion du fÿriaque de la feconde épiître de S. Pierre, de celles de S; Jean, & de S, Jude une ver: : fon du livre intitulé, porta Mofis ; un effai de Phife toire des arabes ; des commeñtaires fur Michée , Ma- lachie , Ofée & Joël; une traduétion en hébreu du traité de Grotius fur la vérité de la religion chrétien ne ; un récueil de lettres, & autres ouvrages, qui ont été imprimés à Londres en 1740, en 2 vol in-fol, Ni Pins a R:2 Wilmot ( Jean ) comte de Rochefter, étoit un des beaux efprits de la cour de Charles IL. mais il mournt en 1680, à la fleur de fon âge, à 32 ans. M. deS. Evremond nous le peint trop comme un homme à bonnes fortunes ; c’étoit en même tems un homme de génie , & un grand poëte. Entrautres ouvrages brillans , d’une imagination ardente, qui n’apparte- noit qu’à lui, 1l a publié quelques fatyres fur les mê- mes fujets que Defpréaux avoit choufis ; 8 fi fes idées manquent quelquefois de ces bienféances délicates dont nous faons tant de cas, 1l eft toujours vrai " qu’elles font exprimées avec la force & l'énergie qui conftituent le poëte. (Le chevalier DE JAUCOURT.): OXFORD -SHIRE, (Gzog.) province maritime d'Angleterre au diocèfe d'Oxford, avec titre decom- té. Elle a 130 mulles de tour , & environ 534 milles arpens. L'air y eft bon, & le terrein fertile en blé, fruits & pâturages, Elle eftarrofée par la Tamife ; le Cheweld, le Windruds, l'Evenlode, &c. Richard Plot vous inftruira de l’hiftoire naturelle.decettepro-. vince ; fon ouvrage intitulé, £he natural hiflory of Oxford-shire, a paru pour la premiere à Oxford, en 1676 in fol, mais il a été réimprimé en 1686 êc en: 1705, (D. J.) - "1 | OXFOOFT , (Commerce. ) mefurede liquide, con: nue en Hollande &à Hambourg : c’eft une barrique de vin re Bordeaux, c’eft-à-dire environ 240 bou! teilles. | | OXU ; (Géog.) grande province du Japon dans l’île de Niphon, dont elle fait la pointe feptentrio- nale du côté de l’orient, (D. 7.) 1 OXUMORON , f. m. (Rherorique,) c’eft. le nom grec donné par les Rhéteurs.ä la figure que nous ap:, pellons oppo/ition , voyez OPPOSITION. On latrouve; fouvent employée dans. les Orateurs 8 les Poëtes. Horace dit arcani fides prodigua , une fidélité indi£- crete; parjura fides, une fidélité parjure ; %7/aniens Japientia , fœvus Jocus, amabilis infania, lene tormen tu, dulce periculum , &c TETE | OXUS,, (Géog, anc.) grande riviered’Afie. Com-: me elle arrofe beaucoup depays, foitenlestraver- fant , foit en les terminant par quelque,endroit , les anciens ne font point d'accord fur les détails.de ce fleuve; & 1ily a eu un tems où ils le connoïfoient fi peu, qu'ils lont confondu avec l’Araxe. Le pays. fitué au-delà de l’'Oxus: s’appelloit /4 Trazfoxane ou Tranfoxiane ; les Arabes lappellent Mauswaralnahr. L'Oxus {e déchargeoïit autrefois dans la mer Caë., pienne, mais aujourd’hui les habitans incommodés, par les pyrates, ont fermé fon embouchure, & dé, tourné fes eaux par.des canaux qui arrofent leurs ter- res. Le nom moderne de cefleuve eff Ze Gihou: Foyers GIHOUS 20 Ve OT En 3$ hat OXIBIENS Les ,.(Géog. anc.) Oxibii ; anciens, "OXY pénples dela Gaule aux confins de la Ligurie. Ils oc- etpoient le diocèfe de Fréjus, & cette ville, comme lé dit Pline, 46. XIII. c, xiv. étoit la capitale de la ation, CL | OXYCEDRE., f. m. (Bozan.) l'oxycédre, cedrus folio enprefft, major, C. E. P. 487. doit être mis an nombre des efpeces de génevrier. C’éft un petitarbre, haut dé 3 coudées, d’üne odeur agréable de cyprès. Son tronc eff tortu, garni de plufieurs rameaux flexibles, & couverts d'une éécrce raboteufe. Ses feuilles fort petites, charnues, compofées de plufieurs rangs de quatre feuilles join- tes enfemble , de même que célles du cyprès. $es _ fours font fembläbles à celles du génevrier ordinai- re , jaunes, attachées à l'extréinité des rameaux, & fiériles. . Les fruits naïfeat fur d’autres branches de ce mé- me arbufte. Ce font des baïes de la srofleur de celles eu myrthe, fphériques, femblables en quelque fa- con parleurs petites tubérofités à des cônes de cy- près; vertes d'abord, enftite purpurites, s’amollif: fant un peu en mürifant; d’un goût & d'une odeur approchantes des baies de génievre: elles renfer- ment 3, 4 OU même un plus grand nombre d’offe- lets cannelés, oblonges, réfineux, remplis d'une grai- ne blanche, femblable en quelque maniere à celle du ris. Cet arbriffleau fleurit au printems, & conferve long-tems fon fuit werd , de même que le génevrier. juand il eft nouvellement élevé de praine, fes feui- les reffembleroient aux feuilles du génevrier fr elles r’étoient plus eourtes & plus molles ; mais lorfqu'il a zou4ans, il commence à porter des feuilles diffé- rentes, & telles que les rameaux inférieurs font char- ués de feuilles piquantes & pointues, & les rameaux fupérieurs , de feuilles obtufes & arrondies. Cétie plante croît dans le Languedoc & dans les Alpes; elle donne d’elle-même de la réfine femblable à celle du génevrier. (DJ) OXYCOCCUS, (Botan.) genre de plante dont voici les caraéres felon Tournefort, qui n’en con- noît que deux efpeces, dont l’une ne differe de l’au- tre que par la largeur de fes feuilles. La fleur eften rofe , compofée de divers pétales arrangés en rond. Le calice devient un fruit ou baie ronde, partagé en quatre loges qui contiennent des graines fphériques. Fouraefort, LR. H.p. 665. (D.J) OXYCRAT , . m: (vérimerde Pharmacie.) eft un mélange d’eau & de vinaigre. Ce motelit grec, cév- #PATOY » compofé de d'ÉLS y aLgt ; & de Lepayupus , mê- ler. La proportion ordinaire eft d’une cuillerée de vinaigre fur $ on 6 d’eau. L'oxycrat eft propre à calmer, à temperer &z à rafraîchir. On en fait des fomentations, des clyfte- 1es , 6°C. OXYCROCEUM, £. m. ferme de Pharmacie, com- poñrion qu'on emploie en emplâtres, qui font fort bonnes pour les fraétures , & pour procurer la forma- tion des calus. Ce moteft compoié d'oévc, aigu, & de 2po#cs , Jafran. OXYDRAQUES Les, (Géog. anc.) en latin Oxy- _ dracæ , anciens peuples des Indes. Els étoient voifins - des Malliens, & entrerentavec eux &z les Cathæens, dans une confédération contre Alexandre ; mais ce prince ayant vaincu les Cathæens ét les Malliens ; les Oxydraques fe foumirent à lui. (2. J.) : OXIFRAGE, adj. (Médecine. ) où remede abfor- bant les acides. C’eft un remede qui brile & adoncit les pointes des fels acides quifont danse corps. Woyez ABSORBANT»; AEKALIN. OXYGALA, cEVYaAE 3 lait aigre , voyez LAIT. Ce mot vient des deux mots grecs ous, aigre, à yaña , lait. | Le Zair aïgre eft une boiflon commuae chez les Tome XL, OV 79 Turés qui l’appellent four. Vigénete dit qu'ils-lé bo” .vênt délayé dans de l’eau, & que ce mélange leuf parois plus frais & plus nourrifant que le /air feu, OXYGLUCU , f. m. (Mariere médic.) ce mot dé: fignoit chez les anciens uu mélange de miel, d’eau & de vinaigre : on le faifoit d'ordinaire, en macé- rant dans l’eau des rayons dont on avoit tiré le miel! & en y ajoutant une petite quantité de vinaicre pour y donner de la pointe ; quelqnefois on excluoit le vinaiere pour en faire uné fimple boiflon d'ufage. Galien prétend que loxyg/ucu étoit la même chofe que l'apoméli, cependant il paroït par fa deferip- tion de lapoméli, qu'il y avoit de la différence ; car il Le compoloit avec des rayons de riel nus dans du vinaigre , & bouillis enfemble jufqu'à ee que ces deux fubftances fuffent umies , & que la force du . visaigre fût abattue. (D. 7.) OXYGONE , adj. er Géométrie, c’eft la même chofe qu'ecurangle : voyez ACUTANGLE. On dit qu'une figure eft oxy£ore, quand elle n’eft compoz {fée que d’angles aigus où d’angles plus petits que 90 degrés. Voyez AIGU. Le imct oxygone {e dit principalement des trian- gles, où les trois angles iont tous aïgus ; c’eft-à- dire moindres chacun que 90 degrés. Voyez TRIAN= GLE. (£) OXYMEL , {. m. serme de Pharmacie, ef un mé: lange de miel & de vinaigre, qu’on fait bouillir juf- qu'à confifience de lyrop. Ce mot eft formé äu grec cévc, aigu, GE ps , Hliei. Il y a deux fortes d'oxymel, Pun fimple & lautre compofé ; l’'oxyrel fimple eft un mélange de deux pärties de bon miel | &t d’une de vinaigre blane,, qu’on fait bouillir jufqu'à confiftence de {ÿrop."Il eft propre pour incifér &c détacher les phlegmes qui: tiennent au gofer & à la poitrine, L’oxyrel com- pofé ne differe du fimple ; qu’en ee qu'au miel & au vinaigre On ajoute la décoftion des cinq gran- des râcines apéritives , avec de la graine d’ache, de perfl & de fenouil: 1l ft propre à déboucher les obfiruétions du foie & de la rate. OxIMEL SCILLITIQUE. Voyez SCILLÉ ; Mas. éd. OXYREGMIE , f. Ê, cerme de Médecine, Âcreté du fluide flomacal, qui caufe des rots acides ; ce mot eft compoté de cése, aigu , 8 eépelye , rorer. OXYRHODINS, adj. (Pharmacte.) ee terme fi- onifie un médicament éompoié de vinaigre &r de ro- {essc'eft la même chofe que le vinaigre rofat, Mais ce nom fignifie particulierement un remede topique , qui s'applique à la tête & an col. | Les oxyrhodins fe compofent d'huile rofat & de vibaigre ; on met fur trois onces d'huile , une de vinaisre. On s’en fert dans les fievres ; dans les douleurs de tête & dans le délire, dans la léthargie & dans la plûpart des maladies foporeufes. Oxyrhodin pour les maladies de tête ; prenez huile rofat , quatre onces ; vinaigre rofat, une once & demie : mettez le tiede fur le devant de la tête qu’on aura eu foin de rafer, avec du chanvre ou de la laine ; on peut fubftituer à l'huile rofat celle de vio- Jette, de graine de lin , de ninphæa ou pavot. Ces topiques étant répercufhfs , ne doivent être appliqués qu’après les remedes généraux: Les oxy: thodiñs s'appliquent encore fur le bas-ventre dans le dévoiement. ._GXYRYNQUE, ( Géog.) ville d'Egypte, fur 14. rive occidentale du Nil dans un rôme dont elle étoit la capitale, &'qui prenoit d’elle le nom d'Oxyryr. chites romos, Elle prenoït elle- même le fien d’un poiffon-qu'on y adoroit, & que lon appelloit Oxy« rynque ; OÉvpoyes » à caufe de fon mufean pointu. Ce poiflon avoit un temple dans cette ville; & Stra- bon, 4, XVII, p.812, obferve que les autres peu< £ Az 730 O Ÿ A ples de l'Egypte Padoroient auf. lien AD AL xlvj, dans fon hiftoire des animaux , n’a eu garde d'oublier un poiffon à qui lon avoit rendu de fi grands honneurs, L'Oxyryrque, dit-1l, eft nourri dans le Nil, & il y a un nôme qui en prend le nom; ce poiflon y eft honoré d’un culte religieux. Etienne le géographe dit la même chofe. | Cette ville a été autrefois épifcopale: Apollonius fon évêque, fouferivit au concile de Séleucie ) à Pierre autre évêque d'Oxyryrque , au concile d'E- phèfe. M. Baillet nous peint Oxyryrque dans le qua- trieme fiecle, comme le temple de tous les faints &c de toutes les faintes du monde : c’eft-à-dire de quan- tité de religieux & de religieufes, divifées en plu- fieurs monaîfteres. (D. J.) " OXYS , (Botan.) genre de plante dont voici les caraeres : fon calice eft divifé en cinq fegmens, 1} eft d’une piece, tubuleux , & en cloche ; fes feuil- les font en cœur comme celles du trefle 6 pointues. Sa fleur eft monopétale, pentapétaloidale ë en clo- che ; elle porte cinq étamines fupérieures, & cinq inférieures ; les dernieres font prelque unies les unes aux autres par leurs parties inférieures. Son ovaire eft placé au fond du calice ; il pouffe cinq tubes, : & dégénere en un fruit membraneux , oblong, à cinq capfules , & garni de cinq valvules qui s’écar- tent les‘unes des autres, en commençant par la bafe, & en allant vers la partie fupérieure ; il eft plein de femences couvertes d’une enveloppe élaftique qui les difperfe au loin. Tournefort compte onze efpeces d'oxys » dont la plüpart font étrangeres , & feulement cultivées dans les jardins des curieux; on diftingue toutes les di- verfes efpeces de ce genre de plante dans le tems même qu’elles ne font pas en fleur: 1°. parce que leurs feuilles naïffent réguliérement au nombre de trois fur le fommet de chaque tige ; 2°. parce qu’el- les ont généralement la figure du cœur qui eft mar- qué fur nos cartes à jouer ; 3°. enfin, parce qu'el- les font d'ordinaire d’une odeur acide , mais qui n’eft defagréable. (2. J. POxvSAL D CROLÉTIQUE » (Pharm.) reme- de recommandé par plufeurs auteurs, & inventé par Angelus Sala chimifte allemand ; voici la ma- mere de le préparer. LÉ | Prenez du meilleur fel de chardon-béni en grain, mettez-le dans un vaifleau , &z verlez deffus peu-à- peu de l’efprit fort de vinaigre ou de l'efprit de fu- cre, préparés fur un feu modéré au bain marie, fans aucune odeur ni goût empyreumatiques,, non ieule- ment jufqu’à ce que le fel foit diffout dans l'efprit, mais jufqu’à ce que la vapeur produite par leur ac- tion s'arrête, & que le mélange ait acquis un goût agréable &c tant-foit-peu acide ; confumez ce qui reftera d’humidité par l’évaporation. En diflolvant de rechef ce fel dans l’eau , & en le laiffant en di- geftion au bain marie pendant huit jours, il fe ré- foudra en une liqueur tranfparente & d’une belle couleur, que vous tirerez au clair dans un vaiffeau convenable : vous réduirez par l’évaporation le fel en une confiftence feche; vous l’enfermerez enfuite dans des vaiffleaux, de peur que l’approche de l'air ne le remette en diflolution ; ce qui lui arriveroit facilement. (2.J.) OXYSACCHARUM , f. m. rerme de Pharmacie, eft un médicament liquide , compote de fucre &de vinaigre : ce mot eft compofé de d£06 y AIS RUREUE taper, fucre; mais on appelle plus fpécialement oxy- faccharum un {yrop fait avec du vinaigre , du fuc de renades aigres & du fucre ; lequel eft propre à ra- fraîichir & à réfifter à la malignité des humeurs. O Ÿ OYANT , (Jurifprud.) en matiere de compte, fi- OZE gnifie celui qui entend le compte, & auquel il eft préfenté par le rendant ; l’oyans compte fournit fes débats contre le compte, & le rendant fournit fes - foutenemens contre les débats de l’oyant. Voyez Le tt, xxix, de l’ordonnance de 1667. de la reddition des comptes & voyez COMPTE 6 RÉLIQUAT. (4) OYARD , voyez OrE. OYAS , (il. mod.) c’eft le titre que l’on donne à la cour du roi de Siam, aux miniftres & À ceux qui poffédent les potes les plus éminens de l’état. Pour les diftinguer des autres , le monarque leur donne une boîte d’or artiftement travaillée , dans laquelle ils ont des feuilles de bétel qu’ils mâchent de même que les autres Indiens. C’eft le plus ou le moins de travail qui fe trouve fur cette boîte qui annonce le rang des oyas : ils ont au-deffous d’eux les ok-pras , parmi lelquels on choïfit les ambaffa- deurs ; leurs boîtes font moins travaillées que cel- les des oyas. Les ok-/ouans forment un troifieme ordre de nobleffe , leur boîte eft d’argent façonné : enfin , les ok-munes & les ok-konnes font des officiers fubalternes , dont les boîtes font d’or ou d’argent, fans nulle façon. OYE, voyez OTeE. OYE , (Géog.) petite ville de France dans le Bou- lenoïs , capitale d’un comté de mêmé nom, pagi Ovienfis ; les Anglois l'ont poflédée jufqu’à la prife de Calais ; elle eft à r lieue de Graveline , 2 de Calais, 61 de Paris. Long. 19. 35. las. 51. (D. J.) OYE , L'ILE D’ ( Géogr. ) petite île de France fur la côte du pays d’Aunis, proche de celle de Ré vers la Rochelle ; quelques-uns écrivent oyert : Le nom latin eft Ogia & Auca. (D. J.) O Z OZAGES , (Géog.) peuple de l'Amérique fepten- trionale dans la Louifiane , au couchant du fleuve Mififipi. I! occupe nn pays fitué autour de plu- fieurs rivieres , dont la principale prend le nom de riviere des Ozages, &t toutes vont fe perdre dans le Mifouri. (D.J.) OZAMA , (Géogr.) riviere de l’Amerique dans l’île efpagnole. Elle a fes fources dans les montagnes qui occupent le centre de l’île, paflent à Saint-Lau- rent, & de-là coulant vers le midi, elle fe rend à la ville de Saint-Domingue, dont elle forme le port. À l'entrée de ce fleuve , il y a une barre, laquelle n'a ordinairement qu'onze piés d’eau, treize à qua- torze quand la marée eft haute , & quinze au plus dans les grandes marées. (D. J.) OZEGUE , ( Boran. exot, ) arbre du royaume de Congo , dans la bafle Ethiopie ; c’eft une efpece de prumer dont les fruits font jaunes, & ont l'odeur & le goût fort agréables, On fait de leurs branches des haies, des paliffades & des cabannes, fous lefquels on fe met à couvert des rayons du foleil, par l’é- paifleur de leurs feuilles. (D: 7.) OZENE , {. f. Terme de Chirurgie, ulcere de la narine , accompagné de puanteur ; ce mot vient du grec aire, qui fignifie la même chofe ; il eft formé de 6£n, fœtor , puanteur. Il y a un oyere fimple qui confifte en une fimple ulcération de très petite conféquence, & qui ne de- vroit point être appellé de ce nom. Il convient plus particulierement à un ulcere putride qui exhale une odeur très-fotide & dont l'humeur eft plus on moins âcre, & quelquefois fanguinolente, L’ogene fimple vient fouvent à la fuite de la pe- tite vérole, ou après l’extirpation d’un polype. Foyez POLYPE. Ceux qui ont les écrouelles, la vérole, le fcorbut font fujets aux uiceres putrides ; ils deviennent quel- CAS quefois cancéreux ; ils font fouvent accompagnés de la carie des cornets fupérieurs ou inférieurs du nez. | | La caufe de l’ozene le rend plus ou moins fâcheux, u de plus ou moins facile guérifon., Les ulceres fimples doivent être traités par des remedes généraux fuivant le tempérament du fujet ;. puis On fait tomber les croutes du nez avec des dé- cotions émollientes , attirées dans les narines ou in- jeétées. On peut toucher les crontes avec la barbe d’une plume , trempée dans un liniment d’huile d’a- mandes-douces & de blanc de baleine , à la fuite de la petite vérole : on defléche enfuite l’ulcere avec Phuile d'œufs. S'il y avoit difpofition cancéreule , l’onguent nutritum feroit fort bon , après ayoir lave VPulcere avec l’eau de fo/arum ou de jufquiam: fi la cure vient de quelques vices, 1l faut tâcher de les attaquer primitivement par les remedes fpécifiques : on a remarqué que le mercure devoit être donné avec grande circonfpeétion dans ce cas pour ne pas exciter de défordres au mal local ; les décotions de gayac &t de faflafras feront indiquées , tant exté- rieurement que pour boiflon dans ce cas. : On propofe communément les inje&tions pour deffécher:les ulceres de l'intérieur du nez, mais il eft difcile qu’elles portent fur le lieu malade ; on préfere avec raifon les fumigations féches ; avec le maftic ,; l’encens, la myrrhe , le ftyrax calamite, OZ Z 731 L= le benjoin & autres corps odoriférans , doft ôn fois me des paftlles ou trochifques, ayec de la térébenz thine, Rondelet rapporte avoir guéri par ce moyen un ulcere ; que des Médecins italiens & françôis n'avoient pu guérir. Voyez FUMIGATION. Celle parle de la cure de l’ozeze par ’apphcation du cautere, s’il ne cede point aux médicamens: mais comment aller porter le fer rouge dans une cavité, dans laquelle on ne voit point les endroits qui pour- roïent être utilement cautérifés à Une oblfervation plus intéreffante eft celle de Drake, qui a décrit une efpece d’ozere dont le fié- ge eff dans le finus maxillairé ; entr'autres fignes , il fe connoît à un plus grand écoulement de pus s lorfqu’on eft couché du côté oppofé à la maladie. Elle exige pour fa curation , l'extraction d’une ou de plufieurs dents, au moyen déquoi on peut injec- ter facilement le finus maxiliaire , après avoir péné- tré dans fa cavité par la perforation des alvéoles qui contenoient les dents arrachées, Nous avons parlé amplement de cette opération , en traitant des maladies des gencives , à la fuite de larricle GENCIVE. (7° OZOLES, LES (Géog. anc.) Ôzolæ, nom diftinc< tif d’une partie des Locres. Voyez Locres. OZZALA , (Géog. anc.) Heu d’Afe dans la Ga'as tie, entre Ancyre & Tyane , & plus particuliere- ment felon Antonin, entre Parnaflus & Nitazi.(D.J.) ue A M et (A aus RU ! ÿ AE j ! RÉUNIE ITEM VAR HAUT EE 3 Rave % . f. m. c’eft la feizieme lettre & la douzième confônne de notre alphabeth. Nous la nom- m mons communément pé ; les Grecs l’appel- loient pi, #1. Le fyffème naturel dé l’épellation exige qu'on la défigne pltôt pat le nôm pe ,avecune muet. Les anciennes langués orientales ne paroïffent pas avoir fait ufage de cette confonne. l'articulation repréféntée par la lettre p, éft la- biale & forte, & l’une de cellés qui exigent la réu- mion des deux levres. Comme labiale , elle eft com- muable avec toutes les autres de même organe, Voyez LABIALE. Comme formée par la réunion des deux levres, elle fe change plis aifément & plus fré- quemment avec les autres labialés de cette efpece Z êtm, qu'avec les fémilabiales y & f Voyez BG M. Enfin comme forte , elle a encore plus d’analogie avec la foible#,, qu'avec toutres les autres, & même qu'avec 77. Cette derniere propriété eff fi marquée, que quoi- que l’on écrive la confonne foible , le méchanifme de la voix noûs mene naturellement à prononcer la forte , fouvent même fans que nous y penfons. Quintilien , 47/f. orat. I. vij. en fait la remarque en ces termes : Carr dico obtinuit , fécudam B litteram ratio pofcit , aures magis aidiunt P. l'oreille n’entend Particulation forte que parce que la bouche la pro- once en effet , & qu’elle y eft contrainte par la na- ture de larticulation fuivante , qui eft forte elle- même ; & fi l’on vouloit prononcer 4, ou il faudroit inférer après z une muet fenfble, ce quiferoitajouter une fyllabe au mot obus, où il faudroit afoiblirle &t dire obdinuis , ce quine le défigureroit pas moins. Nous prononçons pareillement opus, optenir ; ap Jent , apfoudre , quoique nous écrivions obsus , obte- zur , abjent , abfoudre. C’eft par une raifon contraire que nous prononçons prezbyrere, diz joindre, quoique Von écrive presbytere , disoindre ; la feconde articu- lation 2 ou 7 étant foible:, nous mene à affoiblir le s ë&x à le changer en z. À M. l'abbé de Dangeau , opufe. 148. remarque que f dans quelque mot propre 1l-y a pour finale um & où un d,comme dans Aminadab ou David, on prononce naturellement Æminadap , Davit, parce que fi l’on vouloit prononcer la finale foible, on feroit néceflité à prononcer un petit e féminin. Mais, dit M. Har- dun , fecrétaire perpétuel de l'académie d'Arras , Rem. div. fur la prononc. p. 120, «il me femble qt'on » prononce naturellement 8 aifément Ærminadab , >» David comme ils font écrits. Si nos organesenfai- + fant fonner le 3 ou le d à la fin de ces mots, y ajou: » tent néceflairement une féminin, ils l’ajoutent cer- » tanement auf après le mou le :, & toute autre » confonne articulée ». Cette remarque eft exatte & viaie, & l’on peut en voir la raifon arricle H. Silonen croit un vers d’Ugution, le pétoit une lettre numérale de même-valeur que c , & marquant cerit. : P Sirrilem cm C numerim inonftratur habere: Cependantle p furmonté d’urie barre horifentale , vaut, dit-on, 400000 ; c’eft une inconféquence dans le fyftème ordinaire : heureufement il importe aflez peu d'éclaireir cette difficulté ;:nous avons dans le {yflème moderne de la numération, de quoi nous confoler de la perte de Pancien. Dans la numération des Grecs ;# fignifie 80: Les Latins employoient fouvent p par abbrévia- tion. Dans lés noms propres, P.veut dire Publius ; dans S. P. Q.:Riceft populus, & le tout veut dire Tome XI, LA | .. P À Senatus Populufque Romanns ÿ R. P., c’eft-à-dire Ref publica ; P.€, c’eft Parres confcripti ; C. P; c’eit Conf- rantinopolis | &C. fan | É La lettre » fur nôs moñnoies indique qu’elles 6nt été frappées à Dijon, (ME. R. M. | | Php, (Ecriture) dans fa figure eff le milieu de Ja’ lettre z; la 4, 5,6, 7 & Sf parties d’o , & la queue de la premiere partie d’x. Lo italien & le coulé fe forment en deux tems du mouvement fimple des doigts dans leur premiere partie , & des doigts & du: poignet dans léur feconde, L’o rond fe fait du mou vement inixte # doigts & du poignet. Foyez Le’ volume des Plañëhes à la table de l'Ecriture ; PILE, des? alphabers. “ an P , en Mufique par abréviation, fignifie piato out doux, « Voyez Doux: Le double pp fignifie srès-doux © P, dans le Commerce , feulou joint à quelques au tres lettres , formeplufieurs abréviations ufitées par: mi les banquiers, marchands-teneurs de livres, Ge; Ainfi P fignifie prorcffé, AS. P. aécepié fous protét : À. 8. P: Craccepré fous protér pour mettre à compte 3 P © pour cent. Voyez ABRÉVIATION. Didioñnaire de Commerce, tome II. p. 663. Lis : PAAL-GOWAM , fm. (AE) douzieme mois : de l’année des Indiens. Foyez l'Inde de Dapper, & 1a defcription de la côte de Malabar de Boile. PABONS , f.m.( Æ/4. ) c'eften Perfe le baifer des piés, cérémonie dont on fait remonter l’inflitutiom jufqu’à Caioumarrath ; le premier roi de la Perte. C'elt la marque du refpeét des feioneurs envers le fouverain , & c’eft auf la marque de foi & hommage à l'égard des feigneurs. L'URL RES PACA ,f m. (Zoolog:) animal d'Amérique du genre des cochons de Guinée ;äl tient des carafteres du rat, avec le poil 8 le cri du cochon ; il a la taille d’un petit cochon de lait, {à tête eft faite comme celle d’un lapin. Sa mouftache reflemble À celle du levre ; fes oreilles font liffes jun peu pointuës; {es narines font fort larges ; fa mâchoire. fupérieure eft | plus longue que l’inférieure. Ses piés ont chacun . quatre orteils; fes jambes de derriere {ont plus gran- des que celles de devant. Son poil eft rude comme celui du cochon, & de couleur brune foncée. Il eft tacheté en long fur les côtés ; {on ventre eft blanc; ilne fe fert pas de fes piés de devant en guife de mains , mais il les porte fur la terre comme le porc: Il eft ordinairement fort gras, & d’une chair de très- bon goût. Ray, fyropf. quadruped. ( D. J.). PACAGE oz PASCAGE, { hi. (Jurifprad.) du latin pafcere ; eft un pâturage humide dont on ne fauche point Fherbe , & qui fert pour la nourriture des beftraux. Quand le pâturage eft fec ;on le nomme patis ou pâquis ; 11 faut néanmoins avouer que dans l’ufage on confond fouvent les termes de prés ; prai- TIeS ; péturages, pétures , patis Où pafquis , pafcage où päcage y pafqueirage , herbages ; communes. Quelquetois le termeide pa/cage eff pris pour le droit de faire paitre les beftiaux dans un certain lieu 4 quelquefois on entend par-là Pexercice de ce droit ; quelquefois enfin c’eft le terrein: fur lequel ce droit s’exerGE USQ | à On:diftingue ordinairement les pâtures en vives! ou grafles, & en vairies. in Les:pâtures vives ou graffes font les prés, les 54f° cages où communes , les bois , les droits de pâturage & de panage que plufieurs communautés d’habitans . ont dansiles forêts & autres: bois dont: ils font voi fins, &iqui confiftent à y menerpaître leurschevaux AAaaa mé PAC. & bêtes aurnaïlles dans le tems de fa paiflon, &c leurs cochons dans le tems de la plandée, L’ufage des pâtures grafles ou vivés n'appartient ‘qu'au propriétaire ou à celui qui eft en fes droits , tel qw'un-locataire ou fermier, parce que la pâture de ces fonds eft un fruit domanial. Quand ces pâtures vives ou grafles font des com- munes , c’eft-d-dire des pâturages appartenans à une communauté d'habitans, l’ufage n’en appartient aw’aux habitans qui ont la propriété du fonds ; du reftechague habitant a la liberté d’y mettre tel nom- bre de beftiaux qu'il veut ; même un troupeau étran- ger, pourvu qu'il foit hébergé dans le heu auquel Ces communes font attachées. Voyez COMMUNES 6 TRIAGE. Les droits dé pâturage & de pacage que les rive- rains ont dans les forêts voifines, NME des ti- tres particuliers des ufagers ; &c pur en jour ,1l faut {e conformer aux règles établies par l’'ordon- nance des eaux &c forêts, sisre XVIII. 6 XIX, Les vaines pâtures font les chemins publics , pla- ces, carrefours, les terres à grain après la dépouulle, les jacheres, les guérets, les terres enfriche , & gé- néralement toutes les terres où il n’y a ni fruits ni femences. Les prés font auf réputés vaines pâtures après la dépouille du foin, fuppofé que le pré ne foit pas clos & défendu d'ancienneté ; fi lon a coutume dy faire du regain, ces prés ne font réputés vaine pà- ture qu’apres la dépouille de la feconde herbe. Foyez REGAIN. Les landes ou patis font auffi fujets à la vaine pä- ture, f ce n’eft dans quelques coutumes qui les en exceptent pour Le tems de l’herbe, c’eft-à-dire depuis la mi-Mars jufqu’en Septembre. | Les bois taillis de trois, quatre ou cinq ans de secrûe, plus ou moins, felon la qualité du bois &c l'ufage du pays, pour le tems pendant lequel les bois font défenfables , les accrües de bois au-delà de leurs bornes , & les bois de haute futaie , pour les herbes qui croiflent deflous, font aufü des endroits de vaine pâture pour les propriétaires &c pour leurs fermiers, à la différence de la glandée ou autre ré- colte de fruits fauvages , qui eft toujours refervée au propriétaire, fauf Les droits de pâturage & de pa- nage pour ceux qui en Ont dans les bois d’autrur. Le droit de mener les befliaux dans les vaines pâ- tures, quoique le fond appartienne à autrui, eft un refte de l’ancien droit naturel & primitif, fuivant lequel toutes chofes étoient communes entre les hommes ; c’eft une efpèce de droit commun que la plüpart des coutumes ont confervé pour la commo- dité publique , & pour maintenir l’abondance des beftiaux. Ïl et pourtant libre en tout tems à celui qui eft propriétaire d'une vaine pâture, de la faire clore pour.en empêcher l’ufage commun, à moins que la coutume ne contienne quelque difpofition con- traire. En vaine pâture , il y a dans quelques coutumes droit de parcours entre les habitans des paroïffes voifines, c’eft-à-dire que les habitans d'un. village peuvent mener leurs beftiaux de clocher à clocher, ou jufqu'au milieu du village voifin, ou du-moins jufqu’aux clos, felon Pufage des lieux. À l'égard des bêtes blanches, il eft d’ufage dans Îes pays où le parcours a lieu, qu’on les peut mener fi loin que l’on veut, pourvu qu’elles retournent de jour à leur gite. D EE Mas Pufage le plus commun & en même tems le plus naturel & le plus, équitable , eft que chaque paroifle a fon territoire diftinét &c féparé descelui des paroïfles voifines pour.le pâturage ; il y a même. des endroits où chaque village, chaque hameau , à PAC chaque cenfe a fon triage ou canton féparé. Il ya pourtant une exception à l'égard du proprié- taire & de fon fermier , lefquels peuvent fure pâtu- rer leurs befhaux fur toutes les terres quileurappar- tiennent , quoiqu’elles foient fituées en différentes paroïfles ou cantons. | Dans quelques coutumes la vaine pâture fuit la haute juffice ; & moyennant une redevance que les jufliciables payent au feigneur pour fon droit de blairie où permiffion de vaine pâture , 1ls y ont feuls droit : les étrangers font fujets à l'amende &c à la prife de leurs beftiaux, Dans les communes tout habitant a droit de faire paitre {es beftiaux, quand même il n’auroit pas dans la paroïfle de terres en propriété ou à ferme; il n’en eft pas de même des terres fujettes à la yaine pâture, le droit de pacage dans ces fortes de pätures eft réel & non perfonnel ; &c comme on n’y a droit que par une fociété qui fe contraéte tacitement pour cet ob- jet, chacun n’a droit dans cette forte de pâturage qu’à proportion de la quantité deterres qu’il pofflede lui-même dans le lieu. Chaque propriétaire ou fer- mier n’a la vaine pâture fur les autres que parce que les autres l'ont fur lui: de forte que ceux qui n’ont point de terres n’ont pas le droit de mener ni en- voyer leurs beftiaux en vaine pâture, tellement quil eft paflé en maxime que qui n’a labourage n'a paf= CAGE. Suivant les arrêts du parlement de Paris, dont Îa jurifprudence paroît avoir été adoptée en ce point par les autres cours, on ne peut envoyer dans les vaines pätures des moutons qu’à railon d’un par cha que arpent de terre labourable que lon poñlede dans la paroïfle. | | Pour les chevaux & bêtes à cornes, ilkeft de regle; fuivant quelques coutumes , qu’on ne peut mettre dans les pâturages publics que les beftiaux de fon crû où ceux qur font néceflaires à fon ufage , &t en même quantité que l’on en a nourri pendant hiver précédent du produit de fa récolte. Les regles que l’on obferve pour le nombre de beftiaux que chacun peut envoyer dans les vaines pâtures , font pour les nobles comme pour les rotu= tiers, & pour le feigneur même du lieu, fauf fon triage dans les communes. On-permet par humanité le pâturage d’une vache ou de deux chevres aux pauvres gens qui n’ont que habitation. Pour jouir de la vaine pâturé fur lesterres d’'au< trui , 1l faut laifler le tiers de fes terres en jacheres ; étant jufte que chacum contribue au pâturage qui eft au commun, Lesvignes , garénnes & jardins clos ou non clos; font towjoursiez défends, & conféquemment ne font point fujets à la vainepâture. | Les terres labourables font de même en défends tant qu'il a y des grains deflus, foitenfemailles,, fur pis, en javelles ow en gerbes: Pour les près & les bois , il faut obfervet ce qui a été dit ci-devant. Il eft défendu de mettre dans les pâturages , foit ‘publics ou particuliers , des bêtes attaquées de-ma= ladies contagieufes ,. comme gale , clayeau , morve, Gc,. . Ilen eftde même des bêtesmalfaifantes, telles que les bœufs fujets à frapper de la corne ,.les chevaux qui ruent ou: qui mordent. | ; Il eft auffi défendu de mener dans les prés n1 dans les bois , les chevres , les porcs , les brebis. 8 mou tons , & les oies dansles prés; on excepte feulément pour les porcs letems de la glandée ; pendant lequel on peut les mener dans les bois. Dans les pâturages qui font près dé la mer , il eft permis d'y envoyer les bêtes à laine, mais on obferve PAC à cet égard quelques arrangemens qui dépendent de l’afage de chaque lieu. Le propriétaire ou fermier qui trouve des beftiaux en délit fur fes héritages, peut les fair lui-même fans minitere d’huiflier, & les mettre en fourriere, foit dans le parc du feigneur ou dans quelqu'autre lieu publie ; 11 ne doit pas les tuer ni fe les appro- prier ; il doit intenter fon ation en dommages & in- térêts dans le terms prefcrit par la coutume, lequel en quelques endroits eft de 20 ou 30 jours, en d’autres ün an. Voyez l’ordonnance des eaux & forêts, rirres XVIII. XIX-XX, XXII. XXIV. X XF. XXI. A XVII. 8 les mors CommMunaux & COMMUNES. A : PACAL. , {. m. ( Boran.) grand arbre de l'Améri- que ; il croît aux environs de Lima, fur Les bords des eaux. On fent affez le ridicule de cette defcription ; 1l faudroit qu'il ny eût dans toute la contrée qu'un grand arbre. On ajoute que les Indiens brûlent le bois du pacal, en mêlent les cendres avec du favon, ëz s’en lervent contre les dartres & feux volages : ce mélange pafle pour en difliper jufqu’aux vieilles ta- ches. PACALES 04 PACALIES , f. f, pl. ( Æiff. anc.) fêtes qu'on célébroit chez les anciens Romains en l'honneur de la déeffe de la Paix. Voyez Parx. Alnhelmus, de Jaud. virg. parlant des fêtes & cé- rémonies impures des payens , les appelle pœralia. Gronovius s’eft imaginé que ce pañlage étoir fautif, prétendant qu'il n’y avoit point de fêtes de ce nom, mais qu'apparemment il devoit y avoir en cet endroit pacalia , ou peut-être palilia. Voyez P4LILIA. Les anciens , qui perfonnifioient & même déi- fioient tout , n’avoient pas oublié la Paix : elle avoit un autel à Rome & un temple magnifique, où on linvoquoit avec beaucoup de folemnité. Voyez PAIx. , PACAMO, f. m. (Zéhiolog.) nom d’un poiffon du Brefil du genre des lamproies, & qu’on prend parmi les rochers. Margoeraye vous en donnera la defcription. PACAMORES , ( Géog. mod. ) gouvernement de FAmérique méridionale au Pérou , dans Audience de Quito. L'air y eft tempéré, le terrein abondant en bétail, en grains & en mines. (D.J.) PACAY , f. m. (A? nas, Botan.) arbre du Pérou qui a la feui le du noyer, mais de grandeur inégale, rangée par paire fur une même côte, & croiflant en longueur à mefure qu’elle s'éloigne de la ti ge ; la fleur de linga de Pifon.êc du P. Plumier , mais le fruit dif rent , & la goufle non exagone , mais à quatre fa- ces, dont les deux grandes ont 16 à 18 lignes, & les deux petites 7 à 8 de longueur variable, depuis un pié jJufqu'à quatre pouces , divifée en-dedans en plufieurs loges qui contiennent chacune un grain fera. blable à une feve plate, enveloppé dansune fubftance blanche & flamenteufe qu’on prendroit pour du co- ton , mais qui n’eft qu'une efpece d'huile prife qu’on mange pour fe rafraichir, & qui laifle dans la bouche un peut goût. mufqué fort agréable ,. ce qui lui a fait donner le nom parmi les François deois Jucrin. Frez. pag. 155.156. rh : PACCASJETTI, ( Æift cnars Boran. ) atbriffeau -des Indes orientales, dont les feuilles pulvérifées & appliquéesfur les ulceres, diffipent les excréfcences & les chairs baveufes ; prifes intérieurement, elles ont fudorifiques & diminuent les accès des fevres intermittentes;. PACEM , (Geog. mod.) bourgade de l’île de Suma- tra, au royaume d'Achem. Elle étoit autrefois capi- tale d’un royaume dont s’eft emparé le roi d’Achem, Long. 115, lat, 5, 2. | PACE où PAF, le srand pacf, {, m. (Marine.) Tome XL à P AC. 135 c'eft la grande voile ; la plus baffle voile qui eft ait grand mât Aid Pacfi, le petit pacf, c'eft la voile de mmifene. Poyrÿ VOILE. Ærre aux deux pacfs ; c’eft être aux deux baffes voiles. (Z) | | | PACHA D'ÉGYPE, ( if. mod: ) äutrement 4: cha d'Egypte, La partie de ce pâys fourife au grands feigneur , eft gouvernée paf un pacha qui 4 cepens dant très-peu de pouvoir réel, mais qui femble prinis cipalement y être envoyé pour que les ordres dit di: van,des beys &c des ogiacs militaires, foient exécutés pat leurs propres officiers. S'il afféfme les terres du grand-feigneur , les taxes impofées fur les terres lors de la mort du fermier lui appartiennent, Originaire: ment toutes les terres de l'Égypte appartenoïent au grand-feigneur , & la Porte les regarde encore come me de fon domaine ; mais le pouvoir du grand-fei- gneur étant préfentement perdu dans ce pays ; les terres reviennent au plus proche héritier, qui en re: çoit cependant Pinvefliture du pacha, qui eft très-aife d’en traiter avec lui à bon marché. Sa charge deman= de d’être fort attentif à faire avorter tous les defleins qui peuvent devenir préjudiciables à la Porte otto2 mane : aufñ eft-1l fouvent défagréable an pays, & dés pofé en conféquence; mais il ne s’en éembarrafle gue re; parce que fa perlonne eft facrée , & que la perte de fon pofte lui en procure toujours un autre fort confidérable, Pococh, deféription de l'Egypte. (D. J.) PACHAA, ( Æiff. nar. Botan. ) plante des Indes orientales; eile eft très-aromatique, ainfi que fa fleur qui eft aufli verte que la plante qui la produit. | PACHACAMAC , £. m. (Æf. mod.) nom que leg idolâtres du Pérou donnoient au fouverain être qu'ils adoroient, avec le foleil & d’autres faufles divinités, Le principal temple de Pachacamac étoit fitué dans une vallée à quatre lieues de Lima, & avoit été fon: dé par les incas ou empereurs du Pérou, Ils ofroient à cette divinité ce qu'ils avoient de plus précieux ; êt avorent pour fon idole une fi grande vénération , qu’ils n’ofoient la regarder, Aufh les rois & les prê= tres même entroient-ils à reculons dans fon temple, ët en fortoient fans fe retourner. Les Péruviens avoient mis dans ce temple plufeurs idoles qui ; dit-on, rendoient des oracles aux prêtres qui les confultoient. Jovet , Aiffoire des religions. Ferdinand Pizaro tira de grandes richefles du temple de Pachas carnac : les ruines qui en fubfftent encore donnent une grande idée de {a magnificence. PACHACAMAC, allée de, ( Géog. mod.) vallée _ de l'Amérique méridionale au Pérou , fituée environ à quatre lieues au fud de Lima. Cette vallée admira ble par fa fertilité, étoit fameufe avant la conquête du Pérou , par le riche templé de fon idole; qui lui avoit donné fon nom. Les Hiftoriens difent que Fer« dinand Pizaro tira de ce temple plus de 900 mille ducats en or, fans compter le pillage de fes foldats. Cette vallée eft arrofée par une riviere de fon nom ; qui a fon embouchure dans la mer du Sud; & les ro- chers de la côte qui font tout blancs , portent auffi le nom de Pachacamac, (D:J.) PACHACAMALIT, c’eftle même que Pachacamze, PACHAMAMA, nom d’üne déefle des habitans du Pérou. | PACHISUS , (Géog. anc.) fleuve de Sicilé , félon Vibius Sequefter , de fluminib. qui dit que le jeune Pompeius y fut tué ; mais il ÿ a certainement une faute dans Le pañlage de Vibius, car outre qu'aucun auteur ancien n’a connu de fleuve nommé Pachifus 4 les Hifforiéns nous apprennent que Sextus Pompeius fe fauva en Afe & qu’il y fut tué. EN PACHON, ( Chronolog. ) nom que les Égyptiens. donnent au neuvieme mois de l’année. Il commence le 26 Avril du calendrier Julien ; & le 7 Maï du Gré gorien. (D, J.) | EVA aa 136 PAC PACHTLI, fm. (Hiff. mod.) le onzieme & dou- zieme des dix-huit mois de 20 jours qui compofent l’année des Mexicains. Ils nomment encore le onzie- me Hécolri , & le douzieme Hireipacheli. PACHYNEO, ( Géogr. anc.) Pachynum promon- torium où Pachymus ; promontoire de la Sicile dans la partie orientale de cette ile du côté du midi: c’eft l'un des trois promontoires qui ont fait donner à la Sicile le nom de Trinacrie. Plutarque parle de ce pro- montoire; on le nomme préfentement le cap de Paf- faro. (D.J) | PACHYS , f. m. (Médecine) mumoe, épais. Hippo- crate décrit dans fon Traité des maladies intérieures , une indifpofñtion ou plutôt différentes maladies, fous le rom de mayovornue , maladie épaiffe, On fait quatre efpeces de cette maladie, On.ne trouve point que nos praticiens modernes, nimême ceux d’entre nos anciens qui font venus après lui, aient décrit aucune maladie particuliere qui fût accompagnée de tant d’accidens à-la-fois, & fi peu analogues les uns aux autres, d’où quelques-uns ont inféré, ou que ces maladies ont ceflé & n’attaquent plus perfonne aujourd’hui, ou qu’elles n’ont jamais été, & que ce font des maladies feintes dont la def- cription eft faite à plaifir. Mais ces conjeétures n’ont aucune probabilité , 1l eft beaucoup plus rai- fonnable de fuppofer que le livre où ces maladies font décrites n’eft point d'Hippocrate, mais que c’eft l'ouvrage des Médecins cnidiens , que l’on accufe d’un défaut fort remarquable dans le livre où l’on trouve la defcription de la maladie épaifle. Ce défaut eft de multiplier les claffes de maladies fans aucune néceffité ; c’eft à cette multiplication & à cette dif- tindion inutile qu'il faut attribuer l’obfcurité dans ce que nous venons de dire du pachys. Leclerc. Hi/f. Med. lib. III, cap. xj. PACHYNTIQUES , (Médecine) de FA06 « épais , denfe , &tc. font des remedes incraflans ou d’une na- ture épaififlante, mais d’ailleurs froids. Cesremedes en fe mêlant dans un fuc fort délayé en joignent les parties, l’épaifliftent & le rendent d’une compofition plus denfe & plus ferme. Blanchard. Voyez INGRAS- SANS. PACIAIRE, {. m. (if. eccléftaft.) Le concile de Montpellier de l’an 1214, & celui de Touloufe de 1229, appellent paciaires, ceux qui étoient commis parle pape pour faire obferver la paix. Clement IV. conféra le nom & la dignité de paciaire dans la Tof- cane, à Charles L. roi de Sicile, Les échevins des villes ont .été pactaires entre Les bourgeois. PACIFERE, (Art numifmar,) Dansune médaille de Marc- Aurele, Minerve eft furnommée pacifera ; & dans une de Maximin on lit, Mars paciferus. _ PACIFICATEUR s'entend ordinairement dans le même fens que médiateur , c’eft-à-dire fignifie quel- qu'un qui s’entremet pour reconciher enfemble des princes & des états divifés. | | .Wicquefort cependant met de la différence entre médiateur & pacificateur. La paix ayant été conclue entre l'Angleterre &c la France en 1621, les aétes furent remis de part & d’autre dans les mains de quelques .ambaffadeurs qui avoient été employés comme pacificateurs , non comme médiateurs , &t ils furent chargés de garder ces aétes jufqu’à l’échange des ratiñcations. De même l’archevêque de Pife, ambaffadeur du grand duc de Tofcane à Madrid , ne fat jamais regardé comme médiateur dans les confé- rences de la France avec l’'Efpagne , quoique les am- baffeurs françois lui euflent permis d'y aflifter, & de fe porter pour pacificateur des différens qui étoient entre les deux nations. Legrand duc n’avoit point offert la médiation, & la France d’ailleurs n’auroit pas voulu l’accepter. Wicquefort, p. 2. $. 11. PACIFICATION, £. f. (Æ1/£. mod.) l’attion de re- , 4 PAPACHE mettre ou de rétablir la paix & la tranquillité dans un état, Dans notre hiftoire , on entend par édits de paci= ficarion plufieurs ordonnances des rois de France, rendues pour pacifer les troubles de religion qu s’éleverent dans Le royaume pendant le xvj.fiecle, François [. & Henri II. avoient rendu des édits très-féveres contre ceux qui feroient profeffion des nouvelles opinions de Luther & de Calvin. Charles IX. en 1561 fuivit à cet égard les traces de fes prédé- cefleurs ; mais les hommes fouffriront toujours im- patiemment qu’on les gène fur un objet, dont ils croyent ne devoir compte qu’à Dieu ; auf le prince fut-1l obligé au mois de Janvier 1562, de révoquer fon premier édit par un nouveau qui accordoit aux Prétendus Réformés le libre exercice de leur reli- gion, excepté dans les villes & bourgs du royaume. En 1563 , 1l donna à Amboife un fecond édit de pa- cification qui accordoit aux gentilshommes & hauts- jufticiers, la permiflion de faire faire le prêche dans leurs maifons pour leur famille & leurs fujets feule- ment. On étendit même ce privilege aux villes, mais avec des reftriétions qui le rendirent peu favorable aux Calviniites ; au lieu qu’on les obligea à reftituer aux Catholiques les Eglifes qu'ils avoient ufurpées. L’édit de Lonjumeau fuivit en 1558 ; mais les deux partis qui cherchoient à s’y tromper mutuellement, étant peu de tems après rentrés en guerre, Charles IX. par un édit donné à Saint-Maur au mois de Sep- tembre 1568, révoqua tous les précédens édits de pacification. Cependant la paix ayant été faite le 8 Août 1570, dès le 10 du même mois, ce prince ren- dit un nouvel édit, qui, aux privileges accordés par les précédens , ajouta celui d’avoir quatre places de fûüreté ; favoir, la Rochelle, Montauban, Coïignac & la Charité, pour leur fervir de retraite pendant deux ans. | Le maflacre de la faint Barthelemi & un édit qui le fuivit de près , annulla toutes ces conditions; mais Henri III. en 1 576 donna un nouvel édit de pacifica- tion plus favorable aux Calviniftes, qu'aucun des pré- cédens ; la ligue qui commença alors, le fit révoquer aux états de Blois fur la fin de la même année ; mais le roi fe vit oblicé de faire en leur faveur l’édit de Poîtiers du 8 Septembre 1577, pat lequel en rétablif- fant à certains égards, & en reftraignant à d’autres les privileges accordés par les précèdens édits pour le libre exercice de leur religion , 1l leur accorda de plus d’avoir des chambres mi-parties, & huit places de fureté pour fix ans ; favoir , Montpellier, Aigues- moîtes, Nyons , Seyne, la Grand'Tour , & Serres, en Dauphiné ; Périgueux, la Réole, & le mas de Verdun en Guienne. Mais en 1535 & 1588, la ligue obtint de ce prince la révocation totale de ces édits. Enfin Henri IV, en 1591, cafla les derniers édits d'Henri INT. & en 1598 donna à Nantes ce fameux édit de pacification , qui entr’autres chofes permettoit aux prétendus Réformés l'exercice public de leur re- ligion dans tous Les lieux où il avoit été fait publique- ment pendant les années 1596 & 1507, & leur en accordoit l'exercice particulier à deux lieues des princpales villes , pour chaque bailliage où on n’en pouvoit établir l’exercice public fans trouble. Louis XIII. le confirma à Nimes en 1610, & Louis XIV.en 1652, pendant les troubles de la minorité ; mais 1l le révoqua en 1656, & le fupprimaen 1685. Les Proteftans {e font plaints avec amertume de [a révocation de l’édit de Nantes, & leurs plaintes ont été fortifiées de celles de tous les gens debien Ca- tholiques, qui tolerent d'autant plus volontiers l’atta- chement d’un proteftant àfesopinions, qu’ils auroïent plus de peine à fupporter qu’on les troubiât dans la profeffion des leurs; de celles de tous les philofo- phes, qui favent combien notre façon de penfer reli- PAC gieufe dépend peu de nous, &: qui préchent fans éefle aux fouverains latolérance générale , & aux peuples lamour & la concorde; de celles de tous les bons politiques qui favent les pertes immen fes que l’état a faites par cet édit de révocation, qui exila du royaume une inñnité de familles, & envoya nos ou= vriers &c nos manufaétures chez l'étranger. Il eft certain qu’on viola à l'égard des Proteftans , la foi des traités & des édits donnés & confirmés par tant de rois; & c’eftce que Bayle démontre fans ré- plique dans fes Zestres crisiques {ur l'hiftoire du Calvi- mifme. Sans entrer ici dans la queftion, file prince a droit ou nonde ne point tolérer les fetes oppofées à lareligion dominante dans fon état , je dis que celui qui penferoit aujourd’hui qu'un prince doit ramener par la force tous fes fujets à la même croyance , paf- teroit pour un homme de fans ; que graces à une in- finité de fages écrivains, on a compris que rien n’eft plus contraire à la faine religion, à la juftice, à la bonne politique & à l'intérêt public que la tyrannie * fur les ames. On ne peut nier que l’état ne foit dans un danger imminent lorfqu’ileft divifé par deux cultesoppolés, &t qu'il eft difficile d'établir une paix folide entre ces deux cultes; mais eft-ce une raifon pour exter- miner les adhérans à Pun des deux ? n’en feroit-ce pas plutôt une au contraire pour affoiblir l’efprit de fanatifme, en favorifant tous les cultes indiftinéte- ment; moyen qui appelleroit en même tems dans l'état une1infinité d'étrangers, qui mettroit fans cefle un homme à portée d’en voir un autre féparé de lui par la maniere de penfer fur la religion, pratiquer cependant Les mêmes vertus, traiter avec la même bonne foi, exercer les mêmes ates de charité, d’hu- manité & de bienfaifance ; qui rapprocheroit les {- jets les uns des autres ; qui leur infpireroit le refpe& pour laloi civile quiles protegeroit tous égaleinent ; &t qui donneroit à la morale que la nature a gravée dans tous les cœurs, la préférence qu’elle mérite. Si les premiers chrétiens mouroient en béniffant fes empereurs payens, & ne leurarrachoient pas par la force des armes des édits favorables à laReligion, ils ne s’en plaignoïent pas moins amérement de la li- berté qu’on leur ôtoit , de fervir leur Dieu felon la lumiere de leur conjcience. En Angleterre, par édit de pacification on entend ceux que fit le roi Charles [. pour mettre fin aux trou- bles civils entre l’Anglererre & l’Ecoffe en 1638. Foyez EDIT. Onappelle auffi pac/fcarion en Hongrie des condi- tions propofées parles états du royaume, & accep- tées par l’archiduc Léopolden 165$ ; mais ce prince devenu empereur, ne fe piqua pas de les obferver éxaétément, ce qui caufa de nouveaux troubles dans ce royaume pendant tout {on regne. PACIFIER, v.a@. ( Gramm.) appaifer rétablir la paix. Les troubles du royaume ont été pacifiés par les foins de ce miniftre. | PACIFIER, SE PACIFIER, ( Marine. ) on fe fert de ce terme für mer. La mer fe pacifia ; l'air fut pacifté par un grand calme. » PACIFIQUE, adj.( Gram. ) qui aime la paix. On dit ce fut un prince pacifique. Le Chrift dit bienheu- reux les pacifiques, parce qu'ils feront appellés ez- fans de Dieu. Voilà un titre auquel l’auteur de l’ap0- logie de la révocation de lédit de Nantes doitrenon- cer. Un regne pacifique eft celui qui n’a été troublé hi par des féditions ni par des guerres. Un poffefleur pacifique eft celui dont le tems de la jouiffance tran- quiliife &aflure la poflefion. Un bénéfice pacifique celui dont le titre n’eft & ne peut être contefté. * PACIFIQUES 04 PACIFICATEURS, Î. m, (Hif. eccl.) eft le nom qu’on donna dans le vJ]. fiecle à ceux qui fuivoient l’hénotique de l'empereur Zénon, & qui P'AuC 737 foüs prétexte d'unioneñtre Les Catholiques &c les Hé rétiques, détruifoient la vérité de la foi; exprimée dans le concile de Chalcédoine, Evagre, 2: LIL Scandere, Hoœr , 203; Baronius À; GC, 284, 5 25, Voyez HÉNOTIQUE, | PAGIFIQUES, ( Aif£. ecc/éf. ) on donna dans lexvj. fiecle ce nom à certains anabatiftes qui courant dans les bourgs, fe vantoient d'annoncer la paix, & par cet artifice trompoient les peuples, Prateole V, pacif. fædere, Hœer. 232. PACIFIQUES, ( Jurifprud.) voyez LETFRES Paci- FIQUE 6 le mot PACIFICIS, PACIFIQUE, adj. ( Géogr. ) les Géographies angel lent la mer du Sud mer pacifique, mere pacificum ; parce qu’elle eft, dit-on, beaucoup moins fujette aux tempêtes que l'Océan atlantique ou mer duNord, Cependant quelques navigateurs aflurent qu’elle né mérite point cenom , &c qu'ils y ont efluyé des tem- pêtes auf violentes Que dans aucune autre mers Mais Magellan ayant vogué fur cette vafte mer avec un vent favorable , & y ayant fait un voyage fort tranquille lorfqu’il la traverfa pour là premiere fois en 1520, lui donna lenom de er pacifique, qu’elle a toujours confervé depuis. | Les vents y font ordinairement fi réglés, que les vaifleaux peuvent aller de l'Amérique aux ilePhi- hppines en dix femaines de tems ou environ. Voyez ALISÉ 6 VENT. Chanibers. : La mir Pacifique en Géographie ; s'appelle er da Sud, Voyez MER Du Sub. L'Océan pacifique ou gran de mer du Sud eft fituée entre la côte occidentale d’Afie & d'Amérique; elle s'étend jufqu’à la Chine & aux iles Philippines. PACIFICIS ,REGLE DE, ( Jurifprud. ) Voyez au mot REGLE, (4) | PACKBUYS , f. m. ( Commerce. ) on nomme ainf en Hollande les magafins de dépôt où l’on ferre les marchandifes foit à leur arrivée, foit à la fortie du pays , lorfque pour quelque raïfon légitime on n’ert peut fur-le-champ payer les droits , ou qu’elles na peuvent être retirées par les marchands & proprié« taires, ou dans quelqu'autre pareille circonftänce, Dictionn, de Comm. " £ PACO, f. m. ( Minéralog. ) c’eft ainfi que les Ef- pagnols d'Amérique nomment une fubfiance miné- rale que l’on tire des mines d’argent du Pérou & dur Chily. Elle eft d’un rouge jaunâtre, tendre &cnatu- rellement brifée par morceaux; elle eff peu riche, c’eft-ä-dire qu’elle ne produit que très-peu d'argent. PACOBA , f. m.(Æifl. nat. Botan.) petit arbre qui croit dans plufieurs provinces des Indes orientales &c occidentales; 1l s'appelle autrement wufa, PV, Musa PACO-CAATINGA, { m. ( Botan, exot. ) genre de canne comfere du Bréfil qui contient quelques efpeces diftinguées les unes par des fleurs tétrapé- tales rouges, & les autres par des fleurs tétrapétales bleues. Ray, Li, plant, PACONIA , ( Géog. anc. ) Ue fur la côte fepten- trionale de la Sicile. Prolomée la place vers l’embou- chure du fleuve Bathys. Cluvier juge que cetteîle eft celle que l’on nomme aujourd’hui 4/0/e di Fini, ou ifola delle Férmine. PACOS , 1. m.( Zoologie. ) efpece de chameau qui pafle fi communément pour être une efpece de mou- ton , qu'on l’appelle le xzouon des Indes, le mouror du Pérou. Wreflemble fort au chameau nommé glama par les Naturaliftes; mais 1l eft beaucoup plus petit, moinstraitable, 8 même très-revêche. Cequia faitregarder cetanimal comme uneefpece de mouton, c'eft qu'il eft prodigieufement couvert d’un long poil qui imite de la laine; fa tête & fon col feulementen font plusgarnis qu'il n’yade laine furles gros moutons d'Angleterre; tout le refte de fon corps n'eft pas moins chargé de poil laineux &trèsfins 738 P A C Le pacos eft un animal f foible, qu’on ne peut l'employer par cette raïfon à porter aucun fardeau ; mais on le parque comme nos moutons, à caufe de fon poil laineux & de fa chair qui eft délicieufe. : DA RU f. f, ( Botan. exor,) c’eft une plante du Bréfil & dela Martinique, dont parlent Marggrave & Pilon ; elle a le port & le feuillage du cannacorus ou de la canne d'Inde, & s’éleve à fix ou fept piés. Sa principale tige eft droite, fpongieufe, verte, & ne produit point de fleurs; mais il s’eleve à fes côtés & de fa racine , deux ou trois autres peti- tesitiges à la hauteur d’un pié & demi, groffes com- me le petit doigt, chargées de fleurs rouges ; il leur fuecede un fruit gros comme une prune, oblong, triangulaire, rempli d’une pulpe filamenteufe, fuccu- lente, de:couleur fafranée , d’une odeur vineufe, agréable , renfermant des { mences triangulaires, jaunâtres, raflemblées en pelotons , contenant cha- cune une amande blanche. Le fruit de cette plante donne une teinture rouge qui s’efface avec peine; en y mêlant du jus de citron, cette teinture fait un beau violet. Laracine de cette plantebouillie dans de l’eau, fournit aufli une teinture jaune. Les Indiens em- ploient cette plante dans leurs bains. (D. J.) PACOTILLE ou PAQUOTILLE , f. f serme de Commerce de mer qui fignifie un certain poids, volu- me ou quantité de marchandifes qu’il eft permis aux officiers, matelots& gens de l'équipage d’embarquer pour en faire commerce pour leur compte. On lap- pelle auffi portée, voyez PORTÉE. Dilionn. de Comm, PACOUZII , £. m.( Botan. exor. ) grand arbre du Bréfil ; fes feuilles refflemblent à celles du poirier; fa fleur eft blanche, & fon fruit eft de la groffeur des deux poings, avec une écorce quia environ un demi- pouce d’épaifleur. On la cuit & on en fait avec du fucre une efpece de conferve. ( D. J.) PACQUING , f. m. (Orritholog.) petit oïfeau des iles Philippines , du genre des pañlereaux, maïs d’un lumage admirable. Il ne vitque degraines, fur-tout de celles de Pherbe. | PACQUIRES , f. m. pl. ( Hiff. natur. quadrup.) animaux qui fe trouvent dans l'ile de Tabago; ce font des efpeces de porcs que les Sauvages ontainf nommés ; ils ont Le lard fort ferme, peu de poil, & le nombril fur le dos, à ce que l’on ajoute. PACTA CONVENT A ,( Hifl. mod. politig. ) c’eft ainf que l’on nomme en Pologne les conditions que la nation polonoïfe impofe aux rois qu’elle s’eft choifi dans la diete d’éleétion. Le prince élu eft obligé de jurer Pobfervation des paa-conventa, qui renfer- ment fes obligations envers fon peuple, &e fur-tout le maintien des privileges des nobles & des grands officiers. de la république dont ils font très-jaloux. Au premier coup-d’œil on croiroit d’après cela que la Pologne jouit de la plus parfaite liberté ; mais cette liberté n’exifle que pour les nobles & les fei- eneurs, qui lient les mains de leur monarque afin de pouvoir exercer impunément fur leurs vaflaux la tyrannie la plus cruelle, tandis qw’ils jouiffent eux- mêmes d’une indépendance & d’une anarchie pref- que toujours funefte au répos de l'état; en un mot, par les pailz-conventa les feigneurs polonoïs s’aflu- rent que le roi nelestroublera jamais dans l'exercice des droits, fouvent barbares, du gouvérnement féo- dal, qui fubfifte aujourd’huichez eux avec les mêmes inconvémiens que dans une grande partie de lEuro- pe, avant que les peuples indignés euflent recouvré leur liberté, ou avant que les rois , devenus plus puiffans , euffent opprimé les nobles ainf que leurs vaflaux. Lorfawunediete polonoïfe eft afflemblée, on com- mence toujours par faire leéture des paifa-conventa, & chaque membre de l’afflemblée eft en droit de demander l’obfervation, & de faire remarquer Îes infrations que le roi peut y avoir faites. PACTE, f. m. paüum, fignifie en général un ac- cord, une convention. Ulpien, dans la loi. $ ff. de paëtis, fait venir ce mot de pailio, dont on prétend que le mot pax a auff pris fon origine; &t en effet dans nos anciennes ordonnnances le terme de paix fignifie quelquefois convention. | Chez les Romains on diftinguoit les contrats & obligations desfimples pafes ou pales nuds, appellés auf pattum folum. Le paële nud étoit ainfi appellé 924/ rudatum ab omni effeëtu civili ; c’étoit une fimple convention naturelle, une convention fans titre , une fimple promeffe , qui n’étant fondée que fur la bonne foi & le confentement de ceux qui contraétoient ; ne pro- duifoit qu'une obligation naturelle qui n’entraïnoit avec elle aucuns effets civils. Voyez la loi 23. Cod. de pign. & hyp. & la loi 15. cod. de tranfaër, Le droit de propriété ne pouvoit être tranfmis par un fimple paëk : ces fortes de conventions ne produifoient point d’aétion , mais feulement une exception. Voyez; OBLIGATION NATURELLE. Parmi nous on confond le terme de pacs, accord &c convention. Tout patte eftobligation, pourvû qu’il foit conforme aux regles. Leterme de paëfe eft néan- moins encore ufité pour défigner certaines conven- tions. Paîle appellé ir diem addidio , étoit chez les Ro- mains une convention qui étoit quelquefois ajoutée à un contrat de vente, par laquelle les contraétans convenoient que fi dans un certain tems quelqu'un offroit un plus grand prix de la chofe vendue , on rendroit dans un certain tems la condition de celui qui vendoit meilleure par quelque moyen que ce fût; le vendeur pouvoit retirer la chofe vendue des mains de l’acheteur, Voyez Le vis. 2 du li, XVTIL. du. Dipefle. ; Le paële n’eft point admis parmi nous pour les veñtes volontaires , mais on peut le rapporter aux adjudications par decret qui fe font fauf quinzaine , pendant laquelle chacun eft admis à enchérir fur l’adjudicataire. Voyez DECRET 6: RABATTEMENT DE DECRET. Paûte de famille, eft un accord fait entre les per- fonnes d'une même famille, & quelquefois entre plufieurs familles , pour régler entre les contraétans &c leurs defcendans, l'ordre de fuccéder autrement qu'il n’eft réglé par la loi. L'ufage des pales de famille paroît être venu d’Al- lemagne où il commença à s’introduire dans le xïj. fiecle , en même tems que le droit.romain. Les anciennes lois des Allemands ne permettoient pas que les filles concouruffent avec: les mâles dans les fucceffons allodiales. Lorfque le Droit romain commença d’être ob- fervé en Allemagne, ce qui arriva dans le xi. fle- cle , la nobleffe allemande jaloufe de fes anciens ufages & de la fplendeur de fon nom, craignit que lufage du Droit romain ne fit pañler aux filles une partie des allodes : ce fut ce qui donna la naïflance aux paires de famille. Ces paëtesne font en effet autre chofe que des pro- teftations domeftiques,parlefquelles les grandes mai fons fe font engagées de fuivre dans l'ordre des fuc- ceffions allodiales l’ancien droit de-l’empire , qui affeéte aux mâles: tous les allodes, c’eft-à-dire tous les biens patrimoniaux à l’exclufon des filles. IL eft d’ufage de fixer dans ces paékes la quotité des dots qui doivent être données aux filles, & pour une plus grande. précaution, la famille convient de faire en toute occafñon, renoncer les filles à toutes fucceflions en faveur-des mâles : ces fortes de paikes font très-comruns dans les grandes manons d’Alle- magne. | su En France au contraire ils font peu ufités:, nous n'en connofons guere d'autre exemple parmi nous que celui des différentes familles qui font proprié: taires des étaux de boucherie-de l'apport Paris, &c des maïfon de la rue de Gêvres, entre léfqutels., par un ancien pate de famille, lesmâles. font feuls habi- les à fuccéder à ces biens , à l’exclufion des filles; “1 y a même droit d’accroiffement à défaut de mâles d'une famille au profit des mâles des autres\ familles. Ces fortes de pales ne peuvent produire: parmi nous aucun effet, à moins qu'ils ne foient autorités pat lettres-patentes. Voyez Berengarius Ferrandus, Francife. Marc. & Carondas enifes réponfes. Pak de la loi commiffoire , eft une convention qui fe fait entre le vendeur & l'acheteur, que fi le prix de la chôofe vendue n’eft pas payé dans un: certain tems , la vente fera nulle s’il plaît au vendeur Ce paëte eft appellé /oi, parce que les pañfes font les lois des contrats, 8 commaffoire | parce que la chofe vendue, venditori committitur, ceft-à-dire que danscecas ellelui eft rendue comme fi lavente mavoit point été faite. L’effetde ce pate n’efbpas de rendre:la vente con- ditionelle, mais il en opere la réfolution au cas.que la condition prévie arrive, favoir le défaut de paye- ment du prix dans le tems convenu, ll weft pas beloin pour cela que le vendeur ait averti l'acheteur de payer, parce que, dies interpel- lat pro homine. Ce paile étant en faveur du vendeur, il eft à fon choix de fe fervir de la faculté qu'il lui donne , ou de pourfuvyre lacheteur pour lexécution de: la vente; mais quand une fois le vendeur à opté l’un: où l’autre des deux partis ,ilne peut:plus varier. … Le vendeur d'un héritage qui demandela réfolu- tion de la vente en vertu: d’an tel pa, peut faire condamner l’acheteur à la reflitution des fruits, à moins que l’acheteur n’ait payé des arrhes.,.ouune partie du prix, auquel éas les jouiffances fe com- penfent jufqu'à dûe concurrence. On ne peut pas demander la réfolution de la ven- te faute de payement, lorfque l'acheteur a fait au vendeur, dans le tems convenu, des offres réelles du prix, ou qu’ila configné , où qu'il n’a pas temuà lui de payer à caufe de quelque faïfie ou empêche ment procédant du fait du vendeur. : Quoiqu'on r’ait pas appofé dans la vente le pade de la loi commiffoire , le vendeur ne laïfle pas d’avoit fa faculté de poutfuivre l'acheteur pour réfilier la vente faute de payement du.prix-convenu. : En fait de prèt fur gage, on ne peut pas oppofer le paite de la loi commil[oire , 'eft-à-dire {Hpuler que file débiteur ne fatisfait pas dans le tems convenu, la chofe engagée fera acquife au créancier; un tel paik feroït ufuraire , 8 comme tel il'étoit réprouvé par les lois romaines, 6: ue, cod. de pa@t: pign. à moins que le créancier n’achetât la chofe fon. jufte prix, 2, AVI, als: ff de pign. & lyp: Voyez Henrys, torr, Ê. div. IVich, vj, quefl. xlj, & xliy. (A4) | PACTE dé quotéiliris | eft une convention par la- quelle le créancier d’une fomme difficile à recou- vrer , en promet une portion, comme le: tiers ou le quart, à quelqu'un qui fe charge de lui pro- curer {on payement. Cette convention eft valable quand'elle eft faite en faveur de quelqu'un qui ne fait que l’office d'ami: &c qui veut bien avancer fon argent pour la pour- fuite d'un procès. | TUE, Maïs elle eft vicieufe & illicite quand elle eft faite: _. au profit du juge où de l’avocat ou procureur du créancier, ou de quelque folliciteur de procès, parce ue l’on craint que de telles perfonnes n’abufent du q P P' AC 739 befoin que lon peut avoir de leur miniftere pour fe faire ainfi abandonner une certaine portion de la créance. Voyez Papon, Z. XIL sie. 2,n°.1, Louet & fon commentateur, er. L. [2.8 Mornacfur la Loi 63 S maurus ff. mandari , & fur la loi fémpins Î. depaüis, ëc la loi /? qui advocatorum , cod, de poffulando. (A) PACTE DE SUCCEDER, eft la même:chofe qué paile de famille, Voyez ci devant PAGTE DE FAMILLE PACTION , ff. (Jurifprud.) fignifie convention, Chez les Romains on diftinguoit un fimple paite-ouw Paition d'un contrat. Voyez ci deèvant PACTE. Parmi nous le terme de palion n’eft guere ufité qu'en parlant de certaines conventions qui-ne font pas légitimes , & qu’on appelle paëions illicites. Foyez CONTRAT, CONVENTION. (4) . PACTOLE, ( Géog. anc.) Paëtolus , fleuve d’Afez dans la Lydie; c’eft le Ludon, Lydon flurnem de Vars! ron, & le Lydius amnis de Tibulle, I prenoit {a fource dans le mont Tmolus, mouilloit la: ville de Sardes , &c fe jettoit dansl’Hernus, qui-va-fe perdre dans le golfe de Smyrne, felon Ptolomée,/, F c, DA &c Strabon, L. XI. p.526. Son lit efb étroit &c fans profondeur, fon cours très-borné ; mais Le canton qu'il traverfe.eft.un-des plus beaux de la province. Il pale aujourd’hui près des ruines de Sardes; mais autrefois il couloit au milieu de cette ville, l’une des plus anciennes &g des plus riches de PAfie mineure. Le Païole, à peine remarqué de nos jours dans les lieux qu'il atrofe , étoit jadis fameux par plu- fieurs chofes , dont la plus confidérable eft'un mé: lange de parcelles d’or avec le fable qui, rouloit dans fon lit. Les auteurs anciens parlent de cette, fingularité; les Poëtes fur-tout l'ont célébrée comme à envi, & les continuelles allufions que les mo: dernes font au Paëole, lui confervent encore une réputation qu'il ne-mérite plus depuis long-tems, Le Paétole a reçu lenom de Chriforrhoas ; épitheté commune autrefois à plufieurs rivieres dont les eaux bienfaifantes fertilifoient leurs bords. Le Pzéoke la méritoit à ce titre & par uneraifon plus forte , les paillettes dorawilentraïinoitjuftifioient ä fon égard le furnom: de Chriforihoas, lequel pris à la lettre, défigne une riviere qui coule des flots chargés d’or. Suivant Ovide, Hygin, & Planciades, c’eft à, Midas, roi de Phrygie,. que le: Paëlole a dù fes ri= chefles. Ce:prince avoit obtenu de Bacchus, le don de: convertir en or tout cequ'il touchoit: don fu- nefte , dontil fentitbien-tôtles affreufes conféquen: ces: Pour s’en délivrer ilimplora la pitié du dieu, qui lui dit de fe baigner dans le: Paëole, dont les: eaux en le recevant acquirent la propriété qu'il perdit. Nous rapportons cette tradition fabuleufe empruntée des Grecs par les mythologues latins, pour montrer qu'il fut untems où le Pzéoe pafloit pour n’ayoin point roulé d’or avec fes eaux. Mais quand a-t-1l commencé? C’eft ce qu'il eft impot. ble de déterminer. Héfiode ne: fait aucune mentiof du Paëlole, quoiqu'il ait donné dans fa Théogonié une lifte de la plüpart des nvieres de l’'Afemineure,, dont quelques -unes n’ont qu'un cours. très-petr étendu. Homere n’en parle jamais; ce poëte étoit géouraphe: auroit-ilignoré: que dans le: voifinage des lieux où ilplace:l'Iliade: .8c de ceux mêmes; où felon quelques écrivains , 1l ayoitprisnaifflances . couloit un fleuve qui, pour nous fervir de l’expref. fion de Virpile, arrofoit de fon:or lesicampagnes de la Lydie? Et s’iline lignoroit pas, auroit-il-pu nés. gliger cette fingularité, fr fufceptible dés. ornemens de la poéfie ? Ce fut donc long-reims après que les eaux du Paéfole commencerent à rouler de lor, & | nous favons feulement que Xerxès L. en tiroit dé | cette riviere; elle en fournifloit encore du: tems : Hérodote: mais: enfin la fourçe.s’en tarit infenf= 740 P À C blément, & long-tems avant Strabon qui vivoit fous Tibere, le Paéole avoit pérdu cette propriéte. Si l’on demande de quelle nature étoit cet or, nous répondrôns avec l’auteur du traité fur les fleus ves, & le fcholiafte de Licophron, que c'étoiti des paillettes mêlées lé plus fouvent avec un fable bril- lant, & quelquefois attachées à dés pierres qué les courans d’eau enlevoient de la mine. Au rapport de quelques anciens, de Varron entre autres, 8 de Dion Chryfoftôme, la quantité de ces paillettes étoit comparable à celui qu’on retire des mines les plus abondantes. Le Paélole , à les entendre, fut la principale fource des richefles de Créfus ; 1l en tira la matiere de ces briques d’or d'un fi grand prix, dont il enrichit le temple d’'Apollon ; mais gardons- nous de prendre au pie de la lettre ces témoignages des deux écrivains, qui n’ont confulté qu’une tradi- tion vague des plus exagerées par les Grecs. Ils apprirent avec admiration qu'un métal que la nature leur avoit refufé, couloit ailleurs dans les fables d’une riviere: fingularité frappante, fur-tout pour des hommes épris du. merveilleux. De-là vint la gloire du Paëole. Long -tems après la découverte des mines de la Thrace ; le pillage du temple de Del- phes, &c fur-tout les conquêtes d'Alexandre, rendi- rent l’or plus commun dans la Grece ; mais la répu- tation du Paëlole étoit faite , elle fubffta fans s’affoi- blir, & dure encore, du-moins parmi nos Poëtes, dont le langage eft lafyle de bien des faits profcrits arlleurs. Rabattons donc infiniment du récit des anciens, pour avoir une juite idée des richefles du Paéole,, qui toutefois étoient confidérables. Si cette riviere mavoit que détaché par hafard quelques parcelles d’or des mines qu’elle traverfoit, elle n’auroit pas mérité l'attention de Créfus &de fes ayeux, moins encore celle des rois de Perfe fuccefleurs de Créfus. Les fouverains s’attachent rarement à des entreprifes dont la dépenfe excede le profit. Le foin avec lequel les rois de Lydie ramafloient l’or du Paëole, loft | pour montrer que la quantité en valoit la peine. Le peu de profondeur du Paëlole, & la tranquil- lité de fon cours, facilitoient le travail néceflaire pourenretirer les parcelles de ce métal précieux; ce que les ouvriers laifloient échapper alloit fe per- dre dans l’Hermus, que les anciens mirent par cette raïon au nombre des fleuves qui roulent. l’or, comme on y met parmi nous la Garonne, quoiqu- elle ne doive ce foible avantage qu’à l'Ariège, 4v- rigera, qui lui porte de tems-en-tems quelques pail- lettes d’or avec fes eaux. Au refte, celui du Paélole étoit au meilleur titre, car l’auteur du traité des fleuves lui donne le nom d’or darique, monnoie des Perfes qui étoit à 23 ka- rats, d'où il réfulteroit que l'or du Patfole avant que d’être mis en œuvre, mavoit qu'une 24. partie de matiere hétérogène. Ajoutons à la gloire du Paüole, que lon trouvoit dans fes eaux argentines une efpece de cryftal; que les cygnes s’y plaïfoient autant que dans:celles du Cavyitre 8 du Méandre ; &crque fes bords étoient ‘émaillés des plus belles fleurs. Si lon étoit afluré que la pourpre, f connue dans l'antiquité fous le nom de pourpre fardique , fe teignit à Sardes & non pas ten Sardaigne ,: on pourroit dire encore à la Jouange des eaux du Pacfole, qu’elles contribuoient à la perfettion de ces fameufes teintures. Enfin lon fait que les habitans de Sardes avoient fous Septime- Sévere établi des jeux publics, dont Le prix paroit tout-enfemble füre allufion-anx fleuves qui. embel- lifloient les rives du Paétole,, & à l’or qu'il avoit autrefois roulé dans:fon:dit : ce prix étoit une cou- ronne!de fleurs d’or:.1 #7 - Tout a changé de face; à peine lePadoleeft- il connu dé nos jours: Smith, Spon ; Whéeler, & d’autres voyageurs modernes n’en parlent que,com- me d’une petite riviere!, qui n’offre rien aujourd’hui de particulier, & peut-être nous ferions nous borné à le direféchement, fans les recherches de M. lab: bé Barthélemi , dont nous avons eu le plaïfir de pro- fiter. QpE JT.) A PACTOLIDES , ( Myrhol, ) nymphes qui habi- toient les bords du Patole. Voyez PAGTOLE. PACTYA, ( Géog. ane.) ville de Thrace. Ptolo- mée ; div, Ich. xj. la met dans la Propontide, & So- phian l’appelle Panido, Ce fat depuis la ville de Car- die jufqu'à celle de Paëye, que Miltiade voulant mettre à couvert des invañons ordinaires le Cher- fonnefe oùil s’étoit établi avec titre de fouverain, fit bâtir une muraille qui fut en divers tems tantôt abattue , tantôt relevée, & enfin rétablie par Der- cyllide, général lacédémonien, que ceux du pays avoient fait venir d'Afe: (D. J.), | PACY , (Gcog.mod.) ville de France en Norman- die , fur l'Eure , à 3 lieues de Vernon. Long. 19. 3: lat.19: 1. | PADAN, f. m.(monnoie du Mogol. ) un padan de roupies vaut cent mille courons de ronpies , ét un couron cent malle lacks , un mille vaut cent mille adans. = PADANG , ( Géog. mod.) ville des Indes dans l’île de Sumatra , fur la côte occidentale, au midi de riaman, Elle eft fur une riviere, Long. r13. 40. lars STONE) PADELIN , ( Verrerie. ) c’eft le grand pot , ou le creufet où l’on met la matiere à vitrifiers PADERBORN, (Géog.mod.)ancienne ville d’AI- lemagne en Weftphalie , capitale d’un petit état fou- verain poflédé par {on évêque fuffragant de Mayen ce, prince de l'empire qui réfide ordinairement à Neuhaus. Paderborn eft fur.un ruifleau nommé Pa- der, à 16 lieues N. O. de Cafñfel , 17 E, de Munfter, 15 S.O.de Minden, 154 N, O.de Vienne, Long. 264 28!, las, 31. 46", | L’évêché de Paderborn a été fondé par Charlema- gne , & l’empereur Henri IT. en a augmenté Le tem- porel. Il eft aflez fertile quoique ce {oit un pays de montagnes: On y trouve des mines de fer, 8 l’on compte plufeurs villes. dans fon diftriét. ” Ferdinand de Furftemberg , évêque de Munfter &£ de Paderborn , a donné les antiquités de cette ville en 1672, fous le titre de Monumenta paderbornenfia. Les allemands curieux peuvent confulter cet ouvra= ge, quiintéreffle peu les étrangers. Thierri de Niem, natif de Paderborn, dans le xiva fiecle, devint fous-fecrétaire du pape Urbin VL. & mourut vers-l’an 1417. On.a de li 1°. une hiftoire du fchifme , qui eft aflez médiocre ; 2°.un journak du concile de Conftance., qui. eft aflez partial ; 3°. un traité des droits des empereurs aux mveflitures des évêques. Le ftyle de cet auteur eft dur & def- agréable ; mais on trouve plus de fidélité dans fa nar- ration, qu'on ne l’attendroit d’un écrivain qui s’étoit attaché à la cour de Rome. (D. J.) PADINATES ; (Géog. anc.) peuples d'Italie , {e- lon Pline, Cluvier àc le P. Hardouin ont penfé qu'ils demeuroient vers: l'embouchure du Panaro dans le Pô , dans l'endroit où eftaujourd’hui le bourgde Bo- deno: | PADISCHAH, £. m. ( Hiff. mod.) en langue tur- que veut dire empereur où grand ror..C’eit le titre que le grand feigneur donne au roi de France feu, à lexclufion de tous les autres princes de Europe, 8 même de l’empereur d'Allemagne. Laraïfon qu'on. en apporte , c’eft qu'il regarde le roide France com- me {on parent ;.8& le nomme en conféquence padifa chah, titre qu'il prend lui-même dansles aétes qu'il fouferit. Les Turçs fondent certe pargnté fur ce qu'une PAD qu'une princefle du fang de France qui alloit À Jéru- falem , fut prife par des corfaires, préfentée à Soli- man, devint fultane favorite , & obtint du fultan ul qualifieroit le roi de padifchah | & donneroit à fe ambafladeurs le pas fur tous les miniftres étran- Esers RATE Le prince Démétrius Cantimir qui rapporte cette hitoire, ne balance pas à la traiter de fable ; & en effet il ne s’en trouve aucune trace ni dans les hifto- riens , ni dans les généalosiftes. Vican obferve que cetitre, qu'iléerit podéshair , fut obtenu par furprife par les Françoïs ; mais il s’eft fondé fur la tradition Populäire dontngus venons'de parler. Il fuffit dé pen: fer que le’ grand feigneur accorde cé titre au ro1 én confidération de fa puiflance , du rang qu'il tien dans lé monde’, €e de la bonne intelligence qui reone entre la Cour de France & la porté Ottomane. PADET, (Géog. anc.) peuples dé lnde , felon Hérodote, y, FIL, ch: Ixix. qui dit qu'ils fe nourtif- foient de chair crue. Tibulle fait auffi mention de ces peuples, 4y. IF, éleg. I, 1.145. Ultima vicinus Phebo tenet arva Padœus. PADOLIM,, ( Æf. nat. Botan. ) plante des Iñdes Orientales , qui produit une fleur blanche , ainf qu'un fruit aflez agréable qui reflemible à un con- combre. Mr | PADOU, f. m. ( Rubanier, ) efpéce de ruban fair de foie & de fleuret , qui fert à border des jupes, ro- bes &c autres habillemiens de femmes. Les'T'ailleurs en emploient auffi dans plufiéuts ouvrages de leur métier. | Il y a des padous de toute foïte de couleurs io même de plufieuts largeurs, quifont diftingués par des numeros 2. 3. & 5. - Le n°. 2 a 9 lignés de largeur. Le n°.3 eftlarge de r5 lignes. À Le n°. s'eff d’un pouce & demi. Le dernier numero qui n’eft défigné par aucun chifre , a au moins trois pouces & demi de largêur : c’eft le plus latgé de tousles padous. Les pzdouscon- tiennént ordinairement 24/aunêes la piece. ETS PADOUE., ( Géog, mod. ) ancienne & célebre ville d'Italie, capitale du Padouan , qui eft une con: trée de l’état de Veniie, avec une umiverfité fondée par Charlemagne, & un évêché fufiagant d’A- Padoue fe nomme en latiti Paravium , & en italien Padouz. Lés Romains lui atcorderent le ‘droit de bourgeoïifie , & le pouvoir de choïfit 165 féniateurs Elle fut ruinée par Attila: Narcès ayant rétablie, les Lombards la détruifirent. Cependänt elle jouit foit de fa liberté du tèms dé Chatlémaonie er de fes fucceffeurs ; mais la république de Vénife s’empara de Padoue & du Padouan au commencement du x. fiecle, & depuis ce rems-ld'les Venitiens en font reftés les maîtres: à) pi me Quoique Padoue fe trouve dans le terroir Le’plus fertile dé llealie , elle éfttrifte, fale "mal peuplée, mal bâtie, mal pavée.: Elle eff für les rivierés de là Brénta & de Bachiglione , à 8'HEues S. E. de VE Of © ah ÉÉTUES A tir CRE CS DUMONLONENE ENT cence ; 865. O'de Venife, 90'N: de Rome. Long. fuivant Caffini, 29.306 lar. 451 28: Certe ville toute pauvre qu'elle eft, a‘ produit dé tout rems des gens de lettres illuftres. Thomafini vous enminfiruira dans {ôn Parraffe padouan. I a lui- même donné déux Guvragés ltins efimés, Put fut Phofpitafité, & l’autre fur les rabléaux VOUS - H'auroit prenait dé re Das oUbliét dans fon recueil Sperone, Speroni , pate de Padoné : mort, cnr6 88 à l’âge de 84. ahs, I mit au jour üne tragédie thtitu- lée Caracde, qui peur paffér pouf une des meilleur res piéces dramatiques écrites en italien. Cependant Padion de cette trigédie révolte les béaux efprits Tome XI. OT 9 tm rm P A D 741 d'Itahé , parce que Canacée ÿ_ commet un incefte avec fonfrére ; mais on a été obligé de condamner la délicatefle italienne, quand on a lu la défenfe que l’auteur écrivit pour juftifier le choix de fon fujet ; car la deftinée de Canacée ef femblable à celle de Phedre. A : L'article de Pignorius ( Laurent) méritoit , dans, & 'e JDE RITE r A 4, set le parnaffe de Thomañni quelques détails choïfis , parce qu'il fe diftingua , comme antiquaire , dans le _Xvij. fiecle. I mourut de la pefte en 1631 à l’âge de 60 ans. On a déluiuntraité complet de Jérvis ; eorurm- que apudveteres minifteriis. er Enfin pourquoi Thomañni obmet-il dans fa life la! fameufe Andreini ( IHabelle ), née à Padoue fur lafin, du xvj. fiecle ? Ce fut une des plus belles, des Plus fpirituelles & des meilléures comédiennes. qu'ait eu Ptalié. Elle paloit bien le. francois &z Pelpagnol , chantoit à ravir, & Jouoit admirable ment des inftrumens. Pour completer fon éloge , elle s'illuftra par dé charmantes pocfes imprimées, plufieurs fois à Milan & à Venife, & les académi: ciens de Pavie fe firent un honneur d'aprécer cette illuftre viruofa à leur corps: Comme belle & excel: lente aûrice, elle charmoït fur le théâtre &les yeux & les oreillesen même tems. La France vouloit {e la procurer , lorfqw’elle mourut d'une fauffe couche À: Lyon en 1604, dans la quarante-déuxieme année de fon âge, Tout le Parnaflé en füt'en pleurs. Mais Padoue tirera toujours fà plus grande clore d'avoir été la patrie d’Afconius Pediante & de Te Live. : DE es 58 Alcontus Pédianus lejeune, excellent grammai- tien, vivoit fous l'empire d'Augufte, & fut aïni par: tièulier de Virgile 8 de\Tite-Live fon compatriote. C’eft à lui que l’on attribue fur diverfes hatangues de Cicéron, plufeurs remarques qu'ilravoit écrites pour. fes enfans',: &z: qui. 1lui. acquurent beaucoup d'eftiie. Nous avons perdu. une partie de cet ottyra- ge. Servius expliquant dans la troifieme églogue ces vers: : | Dic quibus in rerris , € eris mihi magrus Apollo > Tres pareat cœli [patium non amplius ulnas, Afconius Pedïanus , ajoute-t-il, aflure avoir oui dire à Virgile même, que ces paroles donnétoïent la tor- ture à tous les grammairiens. Pline cite Afconius entre les. auteurs dont ils?é1 toit, fervi pour compofer le huitieme livre de {on biftoire naturelle. La fmille Afcania étoitilluftte à Padoue, & fut furnommée Pediana, Elle avoit pro: duit des hommes de mérite, entrautres Afconins Gabinus Modeftus, qui. fut proconful, -& qui eut Padminifiration des finances, î Man Tite-Live naquit à Padoue l'an de Rome 685 , & mourut Van 770 de la fondation de cette ville, Gro: noyius a donné une excellente édition de fes œu- vres, Amft. 1603, crois. vol, im 9°. & M. Crevier, Paris, 1733 , 74°, Je me propofe de parler ailleuts du mérite de cet excellent hifforien: Cependant Af: qius Pollion; prétendoit que le ftyle de Tite-Live: fe teffentoit de fon pays, & qu'on voyoit bien qu'il étoit né à Padoue. Si ce jugement n’eft point une in3 juibice ide la part de ce fameux romain , il faut avouer que nos plus fins critiques modernes feroient fort embarraflés de découvrir cette narayiniré du ftyle de Tite-Live ,: &r.qu'uls font bien éloignés de fe connoï- tre én langue latine. Ep! Anse .; Mais que de chofes ne pourrois-je pas dire.fur » lé mérite particulier de cet illufire auteur ! N'a » VÉZ-VOUS jamais lu qu'un citoyen de Cadix, char- »# mé de la réputation & de la gloire de ce grand » hommé, vint des extrémités du monde pour le # voir, le vit, & s’en retourna: Il faut être {ane » goût, fans littérature, fans émulation , peu s’en BBbhb 74 PAD # faut que je n’ajoute fans honneur, pouf n'être pas # piqué de cette curiofité, la plus agréable , la plus # belle, la plus digne d'un honnête homme ». C’eft Pline Le jeune qui fait cette réflexion dans une de fes Jettres. Un grand homme , philofophe floïcien, natif de Padoue, & quivivoit peu de tems après Tite-Live, eft Postus Thrafea qui écrivit la vie de Caton d’'Uti-: que. Cet homme d’une probité auftere & intrépide, Ofa défendre en plein fénat le préteur Sofanus accufé de lefe-majefté , & que Neron vouloit perdre. La liberté de Thrafea fauva le préteur : mais Neron fit périr le philofophe ; & fa femme Arria, à l'exemple de fa mere, voulut moutir avec fon mari. Elle ne céda à fes inftantes prieres, que lorfqu'il lui repre- fenta vivement le devoir qu'elle devoit remplir d’é- lever Fannia leur fille commune. Il faut lire Tacite, : Annal, Lib, XIII. cap. Ixix. lib. XIV. cap. xij. lib, AV. cap. xx. 6 xx. Lib. XVI, cap.xxj. xx. æxiv. xxxiij.xxxv, Les tableaux de Trhafea font de la plus grande beauté. On peut confulter fur Padoue moderne , & les gens de lettres qu’elle a produits, outre Thomafini , Riccoboni, de Gyrnafio patavino. Scardeoni , deil- dufl, patav. Patavu, 1560, 1n-4°. & fes origin. di Padoua. Angelo Portenari, della felicita di Padua. Cortufo,, de novit, Pad, Orfato ( Sertorio ) 4fforia di Padoua ,.& fes monumenta patavina: Orfato étoit né lui-même À Padoue en 1617. [left connu par fon com- mentaire de nors Romanorum | ouvrage rare, fort eftimé, & qui fe trouve dans le tréfor des antiquités romaines de Grævius. (,Le.Chevalier DE J 4 v- ÇOURT.) É = PADOUIR , vieux terme de droit coutumier , qui fi- gnifie mener fes beftiauxpaître dans des landes, ou pâturages communs. . PADRI , fm. ({ Boran. exor.) arbre à filiques du Malabar. Sa fleur eft pentapétaloïdale ; fes filiques font longues , étroites, quarrées & recourbées. La décottion de fes feuilles s'emploie dans les tenfions du, bas-ventre : fonfue mêlé avec celui delimon, eft knremede qu'on donne dans les maladies aiguës. PABDRON, ( Geog. mod. ) petite ville d’Efpagne dañs la Galice, à lembouchure de PUIla, à 4 lieues de Compoftelle. Long. ous: lat, 42, 40 (D. 1.) PADOUAN, f. m. (rfrimifmar.) eft le nom que 3 , fre, 4 0 Te SE . 0 Les antiquaires donnent aux médailles modernes fai- æes à limitation de l’antique , c’eftà-dire, aux mé- dalles modernes qui fémblent frappées au coin de Vantique , & avoir tousles caracteres de Pantiquite, Voyez MÉDAILLES. + 4 :1Cemot vient dun célebrepeintre italien, qui réuf ffloitf bien dans la fabrique de ces fortes de médaïl- dés ,; que les plus habiles avoient beaucoup de peine à les diftinguer des médaifles antiques. Ce peintre fut appellé le Padouan | du nom-de Padoue {a ville näta- 165 on vrai nom: étoit Giovanni Carino | ow, {elon autres , Levis Lee. 1 Aleurifloit dans le xvi. fiecle, Goshèr Rink prétend qu'il avoit un aflocié dans la fa- brie de fes médailles, qui s’appelloït, A/exander Baffianus. Son fils Ofavien, quoique né à Rome, fut aufh-appellé le Pédonan. 1-Padouan $’'appliqua principalement aux médailles Frappées fur Les matrices de l’ancien Padouan, & que lon conferve encore. Cependant on s’en fert en gé- néralpour défigner toutes les médailles d'une efpece femblable à celles-la. | ” Le pere Jobert obfetve qu'enltalie le Padouan , le Parmefan & Carteron en Hollande, ont eu le talent d’imiter parraitement Pantique. Le Parmefan s’appel- 1oït Laurentius Parmefanus. 1] y a eu auff un autre 1ta- lien qui a excellé dans ce genre , favoir Valerius Bellus Vincéntinus ; mais fes médailles ne font pas fi Lim P Æ:.A:. communesque celles des autres, Voyez MOnxotE € MoNNOYAGE. | PADUS ,(Géog. anc. )nomlatin du PÔ, fleuve d'Italie. Les anciens le nomment premierement Er: danus. Lucain Lb, IV, y. 427. lui donne le nom de Padus , dans ce vers : | ë Sic Venetus ; ffagnante Pado, fufoque Brirannus Navigar Oceano. PÆAN , fm. (Littérat.) maiar, C'eft-à-dire , kyre: 72, cantique en lhonneur des dieux ou des grands, hommes. ‘Thucydide donne feulement .ce nom aux hymnes que les Grecs.chantoient après une viéoire en l'honneur d’ Apollon , ou pour détourner quelque malheur ; & cette idée.eft auffi fort jufte : enfuite on nomma pæans , pæanes, les cantiques qui étoient chantés par de jeunes gens à la.gloire de Minerve dans les panathénées. Il paroît par Zofime , qu'entre des chants féculaires , il devoit y avoir.des cantiques 8 des pæans ; ces deux pieces ne differoient que parle ftyle, qui devoit être plus relevé &c plus pompeux dans la feconde que dans la premiere. Le nom de pæantire fon origine d’une aventure qu'Athenée nous a confervée, fur le rapport de Cléarque de Soles, difciple d’Ariftote. Il dit que La tone étant partie de l’île d'Eubée avec fes deux en- fans Apollon & Diane, pafla auprès de l’antre où fe retiroit le ferpent Pithon ; Le monftre étant {orti pour les affaillir , Latoné prit Diane entre fes bras, & criæ à Apollon js alu, frappe , mon fils. En même tems les nymphes de la contrée étant accourues, pour encourager le jeune dieu, crierent, à limitation de Latone, Îe Ia, Peraleoo ce qui lervit in{enfible- ment de refrain à toutes les hymnes qu’on fit en l’honneur d’Apollon. Dans la fuite on fitde fes pæans ou cantiques pour le dieu Mars; & on les chantoit au fon de laflüte em marchant au combat. Il y en a divers exemples dans Thucydide & dans Xénophon; fur quoi le fcholiafte du premier obferve qu’au commencement d’une ac- tion, l’on invoquoit dans ces pæans le dieu Mars au lieu qu'après la vitoire, Apollon devenoït le feu objet du cantique. Suidas dit la même chofe ; mais enfin les pæans ne furent plusrenfermés dans linvo- cation de ces deux divinités : ils s’étendirent àcelle de quantité d’autres ; & dans Xénophon les Lacédé- moniens enfonnent un pæar à l'honneur de Neptune. On:fit même des pæars pour illufiterles grands hommes. On en compofa un où lon célébroit les grandes aétions du lacédémonienLyfandre, & qu’on chantoit à Samos. On en fit un autre qui rouloit fur les louanges de Cratère le macédonien., & qu'on chantoit à Delphes au fon dela lyre. Anftote honora d’un pareil cantique l’eunuque Hermias d’Atarne fon. an ; & fut, dit-on, mis en juftice pour avoir prodi- gué à un mortel un honneur qu’on,ne |croyoit. di qu'aux dieux, Ce pæan nous refte encore aujourd’hui, & Jules Céfar Scaliger, ne le trouve point inférieur aux odes de Pindare ; mais Athénée qui.nous aycons fervé ce cantique d’Ariftote , ne tombe point; d’ac- cord que ce foit un véritable pzan, paree que lex- clamation ‘re raiar, qui devroit le caraétérifer, dit-il, ne s’y rencontre en nul.endrait ; au lieu qu'elle ne manque point , felon lu, dans les pæans compofés en l’honneur d’Agémon corinthien,, de Ptolomee fils de Lagus roi d'Egypte, d’Antigone & de Démétrius Poliorcete. Nous fommes redevables au même Athé- née dela confervation d’un autre pæ4r adreflé par le poëte Ariphron ficyonien à Hygiée, ou la déeffe de la fanté. (D. J.) GER n: . PÆANITES , 04 PÆONITES, (if na.) pierre connue des anciens, &c enftierementignorée des mor dernes. On ne nous en apprend rien, finon qu elle facihtoit Les aççouçhemens, Il paroit que c'eft lamér TE Dec me pierre que celle que les anciens. ñnommotent peartides Où pheantides , que Fon:croit avoir été rine elpece deflalaäite , fpatique ec: ctilcaire , 5roduité dans les grottes de la Péonisicontrés de Macédoine: ! 1 PÆCILTAE, 0 À (Uchchiolog.) nom donné par Schomveldt 8c quelques rantres,:à une efpecée de colis oude loche, appellée par Artedi Ze cobinsblend tre, marqué de cinq raies longitudinales far: Le corps. PÆDARTHROCACÉ , m. (zermede Chirurgie.) maladie qui confité dans'une carie intérne dos 05, & ui attaqué principalement les articulations. Voyez SPINA VENTOSA M, A. Severius a ctit un traité fur CETTE ARQERE IE NOR ERMEOCR © LE à cé, Ce mot eft compolé de trois mots grecs , af, ado, puery enfant jeune pérfonne ; éphper, arti- culus, aïticulation; & xs ,alum,, mal, à caufe que ce mal attaque principalement les enfans & les Jeunes gens, rarement ceux de,2$ ou 30 ans, & parce qu'il commence prefque toujours parles join- CS TE ter 575 CON PÆDEROS ,.( Æiff. rar.) nom donné par Pline, d’après les Grecs’, à l’opale. Voyez: cer article. Quel- ques auteurs. ont laufli entendu par- lamethyfte. :. PÆDEROTA , adj. pris fubit.. (Posez) c’éft dans le fyflèmeide Linneus, un genre diffin@ de plantes dont voici les catateres. Le calice:eftune enveloppè de la fleur divifée en quatre fegmens, droits, poin- tus , êt qi fubfftent-après que la fleur ef tombée, La fleur eff compofée d’un feul pétale qui forme un tuyau cyliidrique partagée en deux lévres ; la lèvre fupérieure eftiongue., creufé & étroite ; Pintérieure eît légérement-divifée entroisparties égales : les éta- mines. font deux filets panchés en bas , & de lamême longueur quele calice ; le piftil a un embryon ar- rond: , & un file délié de la même longueur que fes Étarines: le fruit eft une-capfule applatie, de figure ovale, fendue.& pointue au fominet ; elle confifte en deux loges-qui contiennent des graines nombreu- les, obtufes & adhérentes aux) panneaux de la-cap- fule. (D.J.):- Le | PÆDOTHYSIE 4 L£. (Er, du Paganif.) rerd'olu- ie; COUfumerinhumaine pratiquée, par quelques payens, de facrifier aux dieux fes propres enfans pour appaifer leur colere. Nous lions dans lEcri- ture , queile soie Moab étant afliégé par les lfraé- lites dans farcapitale , &c réduit aux dernieres extré- mités , prit {6m fils aîné qui devoit lui fuccéder, l’of- fit en holacaufte fur les murs de la ville, & le fiege fut levé. Foyez SACRIFICE, VICTIME HUMAINE , ENFANE, Gt. | | PADOTRIBA, fm. ( Fifi. ane.) officier du gymnafe chez les anciens ; dont les fonélions fe bor- noïent à enfeigner méchaniquement aux jeuñes sens les exercices du corps : c’eft ce que nous appelle- ati. rlons un preyôe de falle. 1Lés anciens auteurs confon- dent quelquefois le pædorriba avec le gymnalffe , mais Galien établit entre eux cette différence , que le gymnafte joïgnoït à la fcience des exercices un dif- cernement exa@t de toutes leurs propriétés par rap- port à la fanté ; au lieu que le pædotriba, peu inquiet dur ce dernier article , bornoit fes connoiflances au détail méchanique de ces mêmes exercices, & fes #oins à former de bons athletés; c’eft pourquoi Ga- lien compare le gymnafte à un médecin, où à un général qui préfcrivent avec connoiffance de caufe, & le pædotriba à un cuifinier , ou à un foldat qui fe torttentent d'exécuter fans rien approfondir. Mér. de l’acad, rortié premier. | PÆMANI, ( Géog. anc. ) peuples qué Céfar de bell. Gall. LIT. c. y. place dans la Gaule belgique. Sanfon croit que c’eft le pays de Famene ou de Fa- mine, Où eft Marche en Famine dans le duché de Luxembourg. D’autres géographes mettent le Pæ- Tome XL, 2 ' ce X ; P AE US 743 man dans {a forêt d'Ardermäl ; préciémentidans le ieu où eft le village de Pémont, + 30274 PAËNOË: fm. ( Bosrexor: )-grand arbie de Mala- bar. Ontiredefon tronc une gomme réfineufeu'on fait bouillir dans de l’huileten confiftancede poix di- re. Les Indiens en brilentquelquefois dans leurs temples, au lieu d’encens. Lä même réfinedercet arbre fonduedans de Phuile de:féfanne leur {e#t dun baume médicimal. + tABDEI eut PAENSAJIE ,, {. € (monn. de Perfe.) t'eftüne monnoie d'argent qui vaut'deux mamondis & demi, &c lemamondi vaut environ vingt fous de France, PÆON-, £m:(Poéf: las.) imefure ‘de da poëfie datine,, Les anciens verfificateurs latins comptoient quatre fortes de piés quis’appellotent pæozs: On leur donna ce nom parce qu'on Les émployoit particule: rement dans les hymnes d’Apollon, qu’on nommoit peans. Le premier pæareft compoié d’une longue 8z trois breves comme colligere ; le fecond eftcompofé d'une breve , une longue & deux breves, comme r2- folveres'le troïfieme «ft compoté de deux longues , une breve & une longue , comme communicant : & le quatrieme eft compofé de trois breves'& une lon- gue , comme semeritas, ( D.J.) PÆONIENNE , adj. £ (if. anc.) farnom -qu’o donnoit Minerve, confervatrice de là fanté. | PÆONIE , Pæonia, ( Géog. anc. ) contrée de la Macédoine.Elle tira fonnom, fuivant Paufanias , de Paon , fils d'Endimion, qui, vaincu à la courfe par fonfrére , ren fut fi défolé , qu’il abandonna fa patrie, ët le rétita vers le fleuve Axius. Philippe fübjugua les Pæoniens, & Mégabife, qui commandoit pour Darius dans la Thrace , eut ordre d'envoyer dans PAfie des peuplades de pæoniens aufli-tôt qu’il lés'eut ‘aflujettis. Voici le fut: Les Pæoniens prétendoïent defcendre d’une colo- nie athémienne. Les hommes 8 les femmes étoient également forts & laborieux. Uné aventure affez plafante, facontée par Hérodote, Z. fit Darius fils d'Hyftafpe, en goût d’avoir des pæ&oniens & des paoriennes dans fes états. Un jour qu'il pafloit à Sar: des ville dé Lydie, il apperçut une femme qui en même tems filoit , portoit une cruche 8 meñoit un cheval. La nouveauté du fpeëtacle frappa Patins , êc lui fit naître la curiofité d'apprendre le pays de . cette femme. On lui dit qu’elle étoit péonienne; & fur lidée avantageufe qu'il fe forma d’une nation où le fexe le plus foible & le plus délicät embraf. {oit à la fois tant de travaux différens, il ordonna à Mégabife qui commaändoit pour lui dans la Thrace ; d'envoyer en Afe des peuplädes de pæoniens. Dès que ce gouverneur eut aflujertice peuple, il exécuta -fidellément l’ordre dé fon maître. Les Pæonitns , felon Thucydide, étoient habitués fur le bord du Strymon ; mais par la fuite des téms, On confondit les Pæorens avec les fllyriens, lès Thraces & les Getes ; en forte quil femble que ce nom a été une défignation vague donnée à la plüpart des peuples de la nation des Myfiens. Strabon appelle Pæoniens , une pattie des peuples de la Macédoine, & aflure que les Pélagons étoient pæoñiens. Dion ne veut pas que ce nom foit le même que celui des Pannoniens: cependant plufieurs écti- vains les ont confondus ; & vraïflemblablement il avoit la même origine , quoique les Romainseuffent reftraint le nom de Pannônie au pays compris entre = le Danube , la Drave & la Save. En un mot, le nom de p&oniens fe donñoità des peuples très-loignés les uns des autres. Homere joint les Pæoniers aux Léle- gesêtaux Pélafges del’Afé mineure, fujéts de Priam, D. J. | nes SINUS ; ( Géog. anc. ) golfe d'I- tale, fuf la côte du pays des Brutiens, felon Pline, LIL, c, FH] prénoït fon nom de la ville de Pañtum, BBbbb ;; 744 P A G bâtie fur la côte; c’eftaujourd’hui le golfe de Sa- lerne. Mr 1E 11180 PÆSTUM,(Gtog.anc. ) ville de Lucanie à l'embouchure du fleuve:Silaris. Elle s’appelloit an- ciennement:Poffdonia ; {elon Strabon!, 4v..1. pag. 2 41. & elle changea:denom lorfque les Romains y envoyerent une colonie; lan.de Rome 380. Paflum étoit-dans: fon ofigme une:colonie des Grecs qu'ils confacrerent à Neptune ; &c ceft pour -celaïque Paterculus l'appelle Mepsunia. Ellerétoit fur la côte du pays des Picéntins. 7 Lavwville de Pæflum n’eft plus aujourd'hurqu'un vil- lage appellé Pierti dans la Lucanie., c’eft-à-drre dans | «la Calabre, :Ce pays étoit autrefois célebre pour fes belles rofes qui-croifloient deux fois dans Pannée. Biferiquerofaria Paflis | PÆSUS, ( Géogsanc. ).14 Valle de la Troade:, entre Lampfaque & Parium::Strabon:, 4. XII. p. 389. dit que cette ville ayant été détruite, les habi- tans paflerent danscelle de Lampfaque. Homere l’ap- pelle Pæfum., Iliad. Z. Il,y. 828.8 Apafum, LP. G12. 2. Pafus, fleuve de la Troade, felon Strabon, Z. XIII. p. 580. | PÆTICA | (Géog.anc. ) contrée de la Thrace, entre les fleuves Hebrul & Melana , felon Arrien, Z. PART | PAFFENHOFFEN ,(-Géogr. mod, ) petite ville de France, dans la baffle Alface, {ur la pente d’une mon- tagne, près de la Metter. Elle eft à 3 lieues O. d'Ha- guenau. Long. 26. 20.1at. 48. 46. (D. J.) PAG, ( Hif£. nas. ) animal quadrupede de Bréfil, qui eft à-peu-près de la grandeur d’un chien. Sa peau -quiefttachetée de blanc, de gris & de noir , eft fort belle ; fa chair a le même goût que celle d’un veau ; fa tête.eft d’une forme bizarre. PAGA ,ou PAGÆ , ( Géog. anc..) ville de la Mépgaride en Achaie ; ce nom donne à entendre que c’étoit dans fon enceinte qu'on trouvoit les fources des eaux qui arrofoient le pays. Le mot 7171 fignifie Jource, eau qui fort de terre. On voyoit à Paga le tombeau du héros Egialée, fils d'Adrafte;, qui futtué à lafeconde guerre des Argiens contre Thèbes. Cette ville s’appelle aujourd’hui Livadofla |; au bord du golfe de Corinthe , près l’ifthme , à 20 mulles de Mé. ra, où l’ancienne Mévare. PAGANA ,ou PAGO , (Geog. anc.) lieu dela Mo- tée. Ce n’eft aujourd’hui qu’un bourg , dont la côte forme un cap. Les anciens le nommoient le promon- coire de Diane Dyülimne ; & le bourg s’eft formé du débris de l’ancienne ville de Las, célebre par lestro- phées qu’on y éleva pour la défaite des Macédo- niens, & par les temples que Caftor & Pollux y bà- tirent à leur retour de la conquête de la toifon. PAGASE ,(Géog anc.) Pagafa, ou Bagafe ; ville maritime de la Magnéfie , felon Apollonius. Strabon dit que c’étoit autrefois le port de la ville de Pheræ, qui en étoit éloignée de go ftades. Il nous apprend que les habitans de Pagafe furent transférés à Démé- triade avec tout le commerce qui fe faifoit aupara- vant dans la premiere de ces villes. On prétend que ce fut à Pagafe que les Argonautes s’embarquerent pour aller à la conquête de la toifon d’or. Properce le dit dans fa xx. élésie du Zv. Z. v. 17. Namque ferunt olim Pagafæ navalibus Argo E greffam longè Phafidos iffe viam. Diodore de Sicile appelle cette ville Pagas, Harpo- cration & Pline décrivent fa fituation & fes dépen- dances. Pour moije crois que c/o eft l’ancien Pa- gafa. Voyez Voro, Geogr. (D.J.) PAGAYE, f £. il faut faire fentir le fecond + après leg ; ’eft une efpece de rame dontfefervent les fau- | ages caraibes pour çonduire leurs-çanots & leurs pirogues. Cette rame, quin’a guère quecinqpiés dé lonp en tout, eft-faite en forme de grande pelle, étroi: te & échancrée;par le bas, ayantun manche long de trois piés,, terminé par une petitetrayerfe fervant de poignée, ä-peu-près commé.on en voit AUX Cannes en bequilles.Les pagayes caraibes font conftruites de bois dur, très-proprement travaillé & bien poli Celles dont Îes negres canotiers & lés pêcheurs font ufage} n'ont ni laglégereté ni l’élésance des précédentes , mais elles fervent également, foit pour ramer, {oit pourgouverner les petits canots. On donne encore le ñom de pagayes à de grands couteaux de bois, efpez ces de fpatules de trois piés. de longueur, fervant au travail du fucre. Voyez SUCRERIE. (M. LE ROMAIN.) : PAGALLE , ff ( Marine.) autre efpece d’armure d'ufage aux iles ; c’eft une efpece de pelle longue de cit à fix pés. C’effpeut-être la même chofe que la . poignée. " PAGALLE , L £. ( Sucrérie. ) grande fpatule de bois femblable à la pagulle ou pagaye des canots, excepté qu’elle eft plus petite. On s’en fert pour rémuer le fücre quand il raffaichit afin d’en former le grain. PAGANALES , f:f. ( Hiff. anc. ) anciennes fêtes rurales , ainfi appellées parce qu’onles célébroit dans les villages 27 pagis, Voyez PAIEN. Dans les paganales, les payfans alloient folemnel- lément en procefion au-tour de leur village!, faifant des lufirations pour les purifier. Ils faifoient auffi des facrifices dans lefquels ils offroient des gâteaux fur les autels de leurs dieux, Voyez FÊTE : Denis d'Halicarnafle 8 S. Jerôme attribuent l’inf titution des paganales à Servius Tullius’, & la rap- pôrtent à un principe depolitique de ceprince : car; felon ces auteurs,tous les habitans de chaque village étoienttenus d’affifter à ces fêtes, & d'y porter cha cun une petite piece de monnoiïe de différente efpe- ce, les hommes d’une façon , les femmés d’une au- tre, & les enfans d’une autre encore; 'en forte qu’en mettant à part chaque efpece différente de monnoie ; &t en les comptant ; celui qui préfidoit à ces facrifi- ces, connoïfloit le nombre, l’âge & le fexe des ha- bitans d’un canton ; & en faifoit fon rapport au prin- ce. Cette maniere de compter prouveroit que l’ufage de l'écriture n’étoit pas encore introduit chez les Ro- mains. On célébroitles paganales dansle mois de Jan- vier, & largent que les habitans de la campagne y apportoient , étoit une efpece de tribut ou de rede- vance annuelle envers l’état , à laquelle Servius les avoit affujettis. . PAGANISME, 1. m.( Æ/?, anc. ) religion & dif- cipline des payens, ou adoration des idoles & des faux dieux. Voyez PAYEN € IDOLATRIE. # & Les dieux du Paganifme étoient, ou des hommes, comme Jupiter , Hercules, Bacchus, &c. ou des êtres fitifs & perfonnifñiés, comme la Viétoire , la Faim, la Fievre, 6c. ou des animaux, comme en Egypte, les crocodiles, les chats ; ou des chofes inanimées, comme les oignons, le feu, l’eau, Ge, Voyez Dieu & ECONOMIE POLITIQUE. PAGARQUE,, f. m. ( Æiff. anc. ) nom donné dans l'antiquité aux magiftrats de village, ou à ceux qui avoient quelque autorité dans le plat pays; tels que peuvent être les baillis, & les procureurs fifcaux des jurifdiétions feigneuriales à la campagne. Il en eft quelquefois fait mention dans les nouvelles , & leur nom vient de wayos, village, &T d’apun, puiflance, commandement. ù PAGE, f. m. (if. mod.) c’eft un enfant d’hon- neur qu'on met auprès du prince & des grands fei- gneurs , pour les {ervir, avec leurs livrées, & en même tems y recevoir une honnête éducation, & y apprendre leurs exercices. On voit par les Mémoires de Philippes de Cemi- nes, que les pages qui fervoient les princes & Îles -P AG feigneurs de fon tems, étoient nobles enfans;, qni _par-tout fuivoient leurs maîtres pour apprendre la. vertu & les armes. Le chevälier. d’Accily qui ne vivoit pas de ce tems-là, a ditiau contraire :: S'il ef? beau'le fils de Climene, di Quoiquelle aït ur homme allez laid , Cela n'a rien qui me furprenne ; Son page eff un garçon bien fait, Loïfeau remaraue, dans fon traité des Ordres, qu'anciennement les jeunes gentilshommes étoient pages des fergneurs, &c les jeunes demoifellesétoient filles-de-chambre des dames ; cat, comménous-en- feigne fort bien Ragueau, les pages font pædagogia, five pædagogiani pueri. 1 .… On diftinguoit alors deux fortes de pages, favoir les pages d'honneur , & les communs. Les pages d'honneur n’étoient que chez les princes & les fou- verains, & étoient ordinairement fils de barons ou chevaliers , defquels la fon&tion eft, pour ainf dite, décrite par Quinte-Curce, Z. WLIL. hæc cohors veluiti Jéminartum ducum prefeélorum eff ; en effet, quand 11s étoient hors de pages, ils devenoïent bacheliers ou damoïfeaux. Bachelier fignifie prérendant à chevalerie : damoïeuu-eft le diminutif de dezx | qui fignifie fer. greur, juiqu'à ce qu'étant devenus chefs de maïlon, ils foient qualifiés Jéigreurs tout-à-fait. Les pages communs {ont iflus de fimple nobleñe, & fervent les chevaliers ou feïgneurs ; car un fimple gentilhomme ne doit point avoir pages, mais feulement laquais qui font roturiers. Lancelot dérive le mot page du grec max, qui veut dire 72 enfant. Ménage & Cafeneuve le tirent de pedagoginm. Cujas & Jacques: Godefroi témoi- gnent que les enfans d'honneur étoient nommés Chez les Européens pedagopiani pueri. Dans la fuite on appella pages & enfans de cuiféne , les petits -off- Ciers fervant à la cuifine du roi. Le préfident Fauchet dit, que jufqu'au regne des rois Charles IV. & Char- les VIT. on nommoit pages de fimples valets-de-pié; & que de {on tems Les Tuilliers appelloient pages certains valets qui portoient fur des palettes les tuiles vertes pour les faire fécher:ilajoute, que c’étoit feulement depuis quelque tems au’on avoit diffingué lés pages nobles des pages vilains {eryant- a-pié, qui ont été nommés raguets Ou laquais. Il eft vrai que les pages du tems de l’ancienne “chevalerie, fe nommoient autrement var/ers ou da- moifeaux , & qu'ils remplifloient alors l'emploi de _domeftiques auprès de la perfonne de leurs maîtres ou de leurs maïtreffes ; ils les accompagnoïient à la chafle, dans leurs voyages, dans leurs vifites ou promenades , faifoient leurs meflages , & même les fervoient à table : le célebre chevalier Bayard avoit verfe à boire &c fait les autres fonétions de page au- près de l’évêque de Grenoble. | C'étoit ordinairement les dames qui fe char- geoïent de leur apprendre leur catéchifme & la ga- lanterie, l'amour de Dieu & des dames ; car l’un ñe pouvoit aller fans autre, & l'amant qui entendoit 2 loyaument fervir une dame, étoit fauvé, fuivant la doétrine de la dame des belles coufines. On prenoïit grand foin de les inftruire aux exer- cices des écuyers & chevaliers, qui étoient les gra- des auxquels ils devoient afpiter. Ils ne quittoient point l’état de page fans pafler par une cérémonie religieufe. Le gentilhomme mis hors de page étoit prélenté à l’autel par fon pere & fa mere, qui cha- cun un cierge à la main alloient à l’offrande: le pré- tre célébrant prenoit de deflus l'autel une épée &c une ceinture qu'il attachoit au côté du jeune gentil- homme , après les avoir bénis. Voyez l'Hifloire de La chevalerie, par M. de Saint-Palaye. (D. J.) * PAGES-MOUSSES, GARÇONS , ( Marine, ) ce font DP:4 G 745 les jeunes gens de l'équipage, apprentis mätelots, ou éleves de la navigation. Foyez Mousses, Page de la chambre du capitaine , c’eft le garçon qui fert le capitaine. PAGÉENS , ( Géog. ane.) peuple dont les guerres avec les Géraniens ont donné lieu, felon quelques: uns, à la fable des Pygmées. Un favant allemand, nommé Wonderart, en expliquant cette fable, dit qu'Homere fait allufon à l’hiftoire des guerres des Pagéens avec les Géraniens, en la repréfentant fous le fymbole des grues & des Pygmées, fe fondant en cela fur la reflemblance des noms. Les Poëtes, pour donner le change à leurs lecteurs , fe fervoient louvent de femblables figures, & lartifice de la Poéfie confftoit alors à tranfporter Phiftoite des peuples connus dans des pays éloignés : on ne doit cependant pas faire beaucoup de fond fur cette Opinion de Wonderart , parce qu’il n’apporte pas de preuves pour Pétablir. CD. 7) PAGEL, fm. ( Æiff. nat. Ithiol.) rubellio ery= thrinus , poiflon de mer, que l’on confond fouvent avec le pagre; on le nomme à Rome pkragolino, c’eft-à-dire petit pagre. Le pagel fe retire en hiver dans la haute mer, & il refte fur le bord des côtes pendant l'été; on en prend rarement quand 1l fait froid. Ce poiflon eft d’une couleur rouffe tirant fur le rouge; 1l a deux taches de couleur d’or & le ven- tre blanc, les yeux font grands, l'ouverture de la bouche eft petite, & les dents font rondes ; poin tues & fort petites ; il reflemble au pagre par la forme du, corps, par le nombre & la pofition des nageoires ; mais 1l en differe en ce qu'il a le mufeau plus pointu, & plus étroit, IL change de couleur avec Page: 1l, devient gris. La chair du pagel eft nourriflante & d’aflez bon goût; elle fe digere aifé- ment &c elle n’eft pas vifqueufe | comme quelques= uns l'ont dit. Rondelet, Æÿf. nar. des poiffons, pres miere part. liv. W. chap. xyij. Voyez POISSON. (1) PAGESIE, £ £ (Jurifprud.) quafi renementum paga: norum, eit une efpece de tenure folidaire, en vertu dé laquelle le feisneur peut s’adreffer à celui des co-détenteurs qu’il juge à props, & le contraindre au payement de la totalité des cens & rentes. Cette efpece de tenure fe trouve fpécifiée dans les ter- ricrs de plufieurs feigneuries dans le Velay, le Forès, le Bourbonnois, & l'Auvergne ; c’eft la même chofe que ce qu’on appelle #rir en frarefche dans les pays d'Anjou, Touraine, & Maine, ou que les mas fures en Normandies. Voyez Henrys. (4) PAGIAVELLE , 1. m. ( Comm.) certain compte de pieces de marchandife, dont on fe {ert en quel- ues eux des Indes orientales, lorfque l’on vend en gros, ce qui eft à proportion comme ce que nous appellons ve groffe. Voyez GROSSE. Au Pégu les toiles fe vendent au pagiavelle de quatre pieces. Dihion. de Commerce. PAGLION , (Géog. mod.) riviere de Savoie, dans le comté de Nice. Elle a fa fource dans les Alpes, & fe jette dans la Méditerranée, à l’orient de la ville de Nice. (D. J.) | PAGNA , f. m.( if. nat. Botan.) arbre des Indes orientales. Il eft fort élevé, & produit une efpece de coton renfermé dans üne écorce fort dure, lon- gue d’une palme, & large d’un doigt : ce coton ne le file point, mais on s’en {ert pour remplir des couf fins & des matelas. PAGNE , ferme de Rélation, c’eft un morceau de toile de coton dont les peuples de la côte de Gui- née s’enveloppent le corps depuis les aiflelles jui= qu'aux genoux, & quelquefois jufqu’au mileu des jambes , & dont les Caraibes à leur imitation fe {er- vent aujourd'hui, La pagne fait ordinairement deux tours, & fert également aux hommes & aux fem- mes; ç’eft un habillement de cérémonie, çar les 746 P'A G rs peuples de Guinée vont ofdinairemnent tous nuds, &c les Caraïbes'n’oht que leur camua. (D. JT PAGNONES , (Are méchan:) piéces de bois qui forment la fufée ou Le rouet d'un moult, & aux- quelles Fes faux dont afflemblés. PAGE ;(-Géog. Yile de la met d'trie, une lieue de la'côte de Croatie, dont elle n’eff féparée: que par un canal qui à 3 nulles de large ;'élle eft fiette aux Vémitiens, & pour le fpirituel à l’évêque d’Ar- bé. Fllé Co nulles de tour, & un chäteau pour fa défenfe. Pair y eft froid &7 Le terroir ftérile, mais on y trouve des falines qui font fon feul rever. Cette Île a été connue de Pline fous le nom de Giffe , les'Efclavons l’appellent Pagk. Venife y avoit deux de fes nobles, Pun pour la souverner, & Vau- tre pour recevoir le produit. Long. 32. 40. lat. 44. --PAGODE, £ m. & f. (Archit. afiar.) nom géné- ral qu'on donne auxitemples des Indiens & des Ido: lâtres.; c’eft un bâtiment qui n’a qu'un feul appentis par-devant, & un autre par- derriere : al y à trois toits, un qui domine deftiné pour lidole!, êc les deux autres pour le peuple. 69.2 Son principal ornement confifte en des pyrammi- des de’chaux & de briques, décorées d’ofnemens fort grofers. Il y en a de grandes, auffi hautes que nos clochers, & de petites qui n’ont que deux toiles. Elles font toutes rondes’, ê&c elles diminuent peu en grofleur, à mefure qu’elles s’élévent, de forte qu’- ellestfe terminent comine un dôme: fur celui de celles qui font bafles s’éleve une aiguille de calin, fort pointue & aflez haute, par rapport au refte de la pyramide. | # | On voit encore autout des pagodes d’autres efpe- ces de pyramides qui groflient & diminuent quatre ou cinq iois dans leur hauteur, de telle forte que leur profil eft ondé ; mais ces diverfes groffeurs font moindres à mefure qu’elles font en une partie plus élevée. Ces pyramides font ornées en trois ou qua- tre endroits de leur contours, de plufieurs cänne- lures à angles droits, qui, diminuant peu-à-peu, à proportion de la diminution de la pyramide, vont fe terminer en pointe au commencement de la grof- {eur immédiatement fupérieure, d’où s’élevent d’au- tres canneluüres. | Les plus beaux pagodes font ceux des Chinois & des Siamois ; les offrandes qu’on y fait font fi confi- dérables, qu’on en nourrit une quantité prodigieufe de pélerins. | Le pagode de Jagranate produit un revenu im- menfe à ceux de {on idole. M. de la Loubere a décrit les pagodes de Siam, & les miffionnaires ceux de la Chine, qui font quelquefois incruftés de marbre, de jafpe , de porcelaine, & de lames d’or : on trouve la repréfentation d’un de ces temples dans l’effai d’Architetture de Fifcher. On appelle auf pagode l’idole qu eft adoré dans le temple élevé à fon honneur, & dans ce fens le mot pagode eft féminin. Ce nom pagode tire fon origine des mots perfans . pout, qui veut dire une Zoe, & de gheda, un cerr- ple ; de ces deux mots pozt-gheda, on en a formé en françois celui de pagode, en eftropiantle nom perfan. PAGODE,, ff, (Co;z.) monnoïie d’or de PIndouf- tan ; fa valeur eft d'environ huit Liv. dix fois mon- noie de France. PAGOMEN , f.im. ( Calendrier.) les Egyptiens & les Ethiopiens donnént ce nom au réfidu de cinq jouts de leur année, ou de fix, fi l’année eft biflex- tile ; ils ajoutent ces jours à leur dernier mois, par- ce qu'ils ne comptent que quatre jours pour chacun, PAGON, ( Géog. mod.) petite île de la mer du fud, une des îles des Larrons, ou des îles Mari- annes, entre celle d’Agrignan au nord oriental, & celle d’Amalagnant au midi, On lui donne 14 lieues - Tonace. PAG dé cireuit : les Efpagnols la nomment Pile de Saints 1 PAGRTÆ , ( Géog.'anc. ) 1°. ville de la Syrefti- que de Syrie, danse territoire d’Antioche, près (à ville Gendarurmn ; felon Strabon,, iv. XVI: jp. 751. &c felon Pline, Z Fic.sxuy. mais Ptolomée, 4v. P. ch. xv. la met dans, la Pierie , province voifine; c’eft aujourd’hui Beoras, entre Alexandrette & Antioche, place à demi-déferte. > 2°. Pagræ, port de la Sarmatie afatique, fur le Pont-Euxin. Qu É “3°, Pagræ , ville de la Cilicie, felon Cédrène. PAGRE , f. mm: (°Æ/f, mar. Ichtiol. ) pagrus, poif- fon de mer qui reflémble à une petite daurade par la forme du corps &. par le nombre & la poñtion des nageoires ; mais 1l en differé par la couleur & par la queue. Voÿez DAuRADE. Le pagre chance de couleur en différentes faifons ; 1l eft d'un roux tirant fur le rouge pendant l'été, & il devient bleu en hi- ver: on le confond avec le pagel quand il a fa cou- leur rouge ; mais on le diftingue aifément en hiver, car le pagel ne change pas de couleur. Le pagre dif fere encore du pagel en ce qu'il a le mufeau plus épais, plus arrondi & plus arqué, & le corps plus Tatge êt plus rond. Ce poiflon vit de petites féches, de coquillages, & d’algue : fà chair eft féche, de bon goût, &t fort nourriflante. Rondelet, Æif£ nur. des poiffons, premiere partie, li, F. chap, xv. Voyez Porsson. (1 ee | PAGURUS LAPIS , ff. (Hift. nar.) nom donné par des naturaliffes à une pierre qui portoit l’em- preinte d’un homard ou d'une cercine de mer. PAGUS , (Géog. anc.) ce mot a divers {ens, & vient lui-même de œx7«, mot dorique, pour æ17#, fontaine, parce que, dit Feftus, les Pagz prennent à uné même fontaine l’eau dont ils ont befoin. _ Pagus differe de vicus , en ce qu’il n’exige pas une difpoñition en forme de rue, & qu’il fufit que les mañfons aient un rapport de voifinage entre elles, quoique difperfées & rangées confufément. Le pagos des Grecs veut dire wre colline, & par conféquent neft point la même chofe que le pagus des Latins. Aïnf, aptsos œayos , veut dire, le coliime de Mars ; c’étoit le nom qu’on donnoïit à l’aréopage d'Athènes, parce qu’elle étoit fur une colline confa- crée au dieu de la guerre. On peut voir dans Alde Manuce, Av. II, de quefic. epift. vij. la différence qui diftingue, felon lui les mots caffellum, pagus, vicus , opidum, urbs, 6 villa. Paganus dans fa fignification primitive, fignifie un homme qui demeure à la campagne , où il s’occupe à lagriculture, en un mot un payfan. Comme les gens de la campagne n’ont point cette politefle qui regne dans les villes, 1l femble que la grofiereté foit leur partage ; c’eft dans ce fens que Perfe fe qualifie lui-même de demi-pay/[an : IpJe femi-paganus Ad facra vatum carmen adfero noffrum. Varron, de lingua lat. liv. V. appelle paganuæ ferie , certaines fètes communes aux gens de la cam- pagne ; au-lieu que pagaralia étoient des fêtes par- ticulieres à chaque village. Pline, Z ÆXVIIL c, 1j nomme pagana lex , une loi par laquelle 1l étoit de- fendu aux femmes qui étoient en voyage de tourner un fufeau, n1 de le porter à découvert, parce que l’on croyoit que par cette aétion on pouvoit jettèr un maléfice fur la campagne, & nuire aux biens de la terre. Dans les anciens tems de la république romaine, l'agriculture & l’art militaire n’étoient pas incoim- patibles, & on voyoit les premiers hommes de Pétat conduire eux-mêmes la charrue , de la même main dont ils venoient de gagner une bataille, Mais avec le tems le luxe augmenta les poffeffions , & la vanité peupla les champs d'hommes ferviles , que Von chargea du travail des terres ; il ne demeura avec eux dans les villages que les pauvres gens qui n'ayoient pas de quoi fubfiter dans les villes. Comme ces gens-là n’étoient point enrôlés dans les armées romaines ; de-là vint ce contrafte que Von trouve entre les mots miles, un homme de guerre, & paganus, un homme qui ne va point à {a guerre, Cette oppofñition eft fréquente dans les urifconfultes ; mais elle eft bien expreflément mar quée dans ces vers de Juvénal, Sac. x. v. 32. Citius falfum producere teflem Contra paganum poffes » Juaryvera loquenter Contra fortunam armati, k« Le foldat trouvera bien plütôt un faux témoin # contre le villageois, que le villageois n’en trou- » vera un véritable contre le foldat ». De paganus nous avons fait les mots de payer & de paganifme, parce que, comme les sens de la campagne, occupés d’un travail pénible, & defti- tués des fecours de l’éducation, qui prépare l’efprit aux matieres de raifonnement , font toujours plus attachés que les autres aux fentimens qu’ils ont fu- cés avec le lait, il arriva lorfque la relision chré- tienne eut fait de grands progrès dans les villes, que les gens de la campagnes conferverent l’idol4- trie long -tems après la converfion des villes. Les mots de paganus & d'idolâtre devinrent alors fyno- nymes, & nous avons adopté ce mot en l’accommo- dant à notre langue : ainfi nous appellons payens les idolâtres, & paganifine l’idolâtrie , qui eft la religion des payens. Nous avons auffi adopté le mot pagus , mais dans un fens que les anciens lui donnoient femblable- ment, & nous en avons fait le mot de pays. Les Romains l’ont employé dans le fens de canton où contrée. La Thrace & l’Arménie étoient divifées en ftratégies ou préfetures militaires ; la Judée en to- parchies ou feigneuries; l’Egypte en nomes: de même la Gaule 8 la Germame étoient partagées #n pagi, cantons: c’eft fur ce pié-là que Jules-Céfar dit que lesSueves, peuples de Germanie, étoient acte encent cantons , centum pagos. ::Samfon divife les peuples en grands & en pe-. tits. Les grands peuples étoient ce que les anciens ont moi civitas , & chaque civisas étoit divifée en agi; Maïs al faut auf remarquer que les grands cantons nommés pagi étoient eux-mêmes divifés æn des cantons où pagi fubalternes , qui en faifoient partie. Ainf pagus Paravus, le Poitou, comprenoit paghsLaufdunenfrs, le Loudunoïs ; pagus Toarcenfis, le-pays de Thouars; pagus Ratiatenfis, le duché de Rets, &c Ainfiles grands cantons ou pag: du pre- aer ordre:, ne font point différens des cantons ap- pellés civires, c’eit-à-dire des grands peuples; maïs des minorèst pagi, c’eft-à-dire les petits cantons, en différoient beaucoup. ( D. J.) PAHAN , ( Géog. mod. ) ville des Indes, dans la prefqu’ile de Malaca, capitale d’un petit royaume de mêmenom, qui fournit du poivre & des élé- phans ;:les maïlons font faites de rofeaux & de paille, le feul palais du roi eft bâti de bois ; les æues font. pleines de cocos & d’autres arbres. Long. 4122, lat. 3::301 2 + PATANELT, fm, (Boran. exor..) arbre à filiques du Malabar'; onen compte deux efpeces ; une a la feuille faite en cœur, &lerfruit oblong, plat ;.8& s#ontenantaumé femence membraneufe ; l’autre a les Feuilles larges 8cpointues:.6n vante beaucoup leurs vertus entcataplafme pour la guérifon des ulcères. <> PAIDOPHILE, £f. (Mythol:) {urnom qu’on donnoit à Céres, qui fignifie qu'elle ame les enfans, ét qu’elle les entretient ; c’eft pourquoi onirepré- fente fouvent cette déefle ayant fur fon fein deux PAÏ 747 petits enfans, qui tiennent chacun une corne d’as, bondance , pour marquer qu'elle eft comme la nourrice du genre humain, (D, 3.) PAILLASSE, f £, { Architecture, ) on nomine ain dans une cuifime & près dela cheminée, un folide de brique ou de maçonnerie, de la longueur d’en: viron fix piés, fur deux ou trois de laïce, & de neuf à dix pouces de hauteur, fur lequel on en- tretient les mets dans un degré de chaleur conve- nable, avant d’être fervis fur la table. (2) PAILLASSE, { f. serme de Pailleur, Ouvrage de groffe toile, creux & fendu par le milieu, qu’on remplit de paille, & qu’on met fur le bois de lit L & fous le matelas ou le lit de plume, | PAILLASSONS , f. m. (Jardinage, ) ee font des efpeces de claies faites de grande paille avec des per. ches polées en maille, &c attachées les unes aux au- tres avec de lofier pour entretenir la paille, Rien n’eft fi utile que les paz/laffons pour garantir les cou- ches & les efpaliers des vents froids. On les fou tient fur les couches par le moyen de perches po= fées en long &en-travers de la couche en maniere de chafis. (XK) PATLLASSON , (ouvrage de Nattier, ) piece de nafte couverte par-dehors d'une grofle toile, que le peuple en Italie & en Efpagne met l’été devant les fenêtres pour fe garantir de l’ardeur du foleil, On haufle & on baïfle ces paillaffons avec des cordes autant qu’on veut. En France on a des ftores , des . jaloufies en bois peint en verd, qui conviennent nueux au climat. ( D. J.) PAILLASSON ez terme d'Orfévre, eft un amas de nattes de paille tournées en rond en commençant au centre, & finiffant à fa circonférence, L’on en éleve plufieurs lits Pun fur Pautre jufqu’à la hauteur qu'om veut ; ces rangs ou lits font coufus l’un à l’autre avec de la ficelle; il doit avoir plus de diametre que le billot qu'il porte; il fert à rompre l'effet du marteau lorfque Pon frappe fur l’enclume. PAILLE , { f. (Maréchallerie, ) c’eft le tuyau des gros &T menus grains, après qu'ils ont été battus à la grange. IL y à la paille du blé, du fegle, de lavoi- ne. La paille hachée mêlée avec l’avoine, {ert dans quelques pays de nourriture aux chevaux : on la hache avec une machine appellée hachoir ou coupe- paille ; la paille pour la litiere eft communément fans épis & fans grain. PAILLE, (Commerce, ) il fe fait un grand com- merce de paille pour lengrais des terres , après qu'elle a été réduite en fumier, & avant ce tems-là pour la nourriture de divers animaux , ainfi que pour des ouvrages de Nattiers, & de Tourneurs- Empailleurs de chaife. On fe fert auf de paille pour les emballages de caiffes de marchandifes. PAILLES DE BITTES, ( Marine.) ce {ont de lon- gues chevilles de fer qu’on met à fa tête des bittes pour tenir le cable fujet. (Z . PAILLE, (Métallurgie. ) c’eft un endroit défec- tueux dans fes métaux, qui les rend caffans& difici- les à forger; on le dit fur-tout du fer & de l’acier.. PAILEE DE FER, ( Forgerie, ) ce font des.efpeces d’écailles qui tombent de ce métal quand on le forge à chaud. Elles fervent à faire le noir, & quelques autres couleurs des Peintres {ur verre, PAïLLE, (Jouaillerie. ) ce mot défione un défaut qui fe trouve dans les piérres précieufes, particu- lierément dans les diamans ; e’eft quelque pétit en- droit obfcur, étroit, & un peu long, qui {e trouve dans le corps de la pierre précieute, & qui en in terrompt l'éclat & le brillant. Quelques perfonnes confondent la paille avec la glace & la furdité ; mais ces trois défauts font différens ; Les pailles diminuent davantage le prix du diamant. PAULLE courir à Je (Saints) ft fer La Gun 748 P A I du fel par une addition fubite de bois; ce qui atrive toutes les fois que la formation dufel.8c partant lé- vaporation, a êté retardée par quelque caufe que ce doit. | PAILLE EN CUL, FÉTU EN CUL, f m, oï/éau de tropique, oifeau de mer. 1 ne fe rencontre jamais au- delà des bornes de là Zone torride; v’eft ce qui la ft nommer par quelques voyageurs ot/eau de tro- pique. 11 eft ä-peu-près de la figure d'un pigeon, mais plus gros &c plus vigoureux, ayant des aïles fort grandes lorfqwelles 1ont étendues ; 1l a Là tète menue, les yeux affez beaux, le bec bien propor- tionné, d'une couleur jaune tirant fur lerouge, ainf que fes pattes qui font un peu courtes ; fon plumage éft blanc mêlé quelquefois de petites plumes noires fur les aîles. Du milieu de fa queue qui s'ouvre en éventail quand il vole, fortent deux grandes plu- nés très-fines, longues d'environ féize à dix-huit pouces, & tellement appliquées Pune contré l’au- tre, qu'elles ne forment qu'un feul brin apparent; ce qui lui a fait donner le nom de paille en cul, On en voit qui ont trois de ces plumes un peu écattées lune de l’autre, formant trois longiies queues. Les pailles en cul font leurs nids dans des trous au foin- met des plus hauts rochers ; ils vivent de poiffon, &c prennent leur effor en haute mer, fott loin des côtes; leur chair eft maigre & médiocre au goût. PATLLE., adj. é» vermes de Blafon, fe dit des faf- ces, peaux, & autres pieces bigarrées de différen- tes couleurs. Clete en Normandie, d'argent à la faf ce d’azur, paillée d'or. PAILLER , Du PAILLER , ( Maréchal.) c’eft de la paille qui ne fert qu'à la liuere. Me PAILLET , m. (Serrurerie. ) petite piece de fer ou d'acier, mince, qu'on place entre la platine &x fe verrouil pour lui fetvir de reflort & le tenir en État, lortqu’il eft levé. PAILLETTE, o4 ÉTAMINÉ, ( Jardinage.) voyez ÉTAMINE. PAïrLLETTE D'OR, Î. f. ( Minéralon: ) petit grain dot, qu’on trouve dans le fable des rivieres. Tou- fes les paillerres d’or ont des formes aflez irrépulie- tes ; elles ont pourtant cela de conftant, qwelles {ont de petites lames, je veux dire, qu'on ne doit pas fe les repréfenter faites comme des grains de fa- bte elles ont moins en épaifleur que dans les au- tres fens. Selon les obfervations qu’on en a faites, iffemble qu’elles font arrangées par couches, par feuilles dans la mine; quelquefois elles paroïflent feuilletées à la loupe. On ne doit pas non plus les imaginer plus minces que les feuilles des Batteurs d’or; elles ont une épaifieur qui fe laïfle apperce- voir, & qui eft capable de leur donner de la folidité. Leurs figures, malgré leurs irrégularités , trennent foujoufs de la ronde; leurs bords {ont aufit arron- dis ; ce font des efpeces de petits gâteaux ; les frot- temens ont abattu leuts angles; pendant que l’eau les entraîne , elles rencontrent un fable qur les ufe. ” Parmiles pasllerres des rivieres de Ceze &r du Gar- don, on en rencontre quelquefois qui ont une Hgné & demie de diamétre; maïs il y en a davantage qui #ont qu'une ligne , & même qu'ime demu-ligne. Nous en avons de l’Ariépe, qui ontdeux lignes dans le fens où elles fonit le plus grandes’; les pasl/erres du Rhin {ont beaucoup pluspetites, & celles du Rhône plus pétités encore; mais on trouve aux plus peti- tes une figure approchante des plus grofles. , ” On affure pourtant qu'on a quelquefois ramañé dans le Rhône des paillérres grofles comme des grains de millet. Les Allemands en citent tiréés de leurs rivieres grofles comme des féves ; mais ce ne font, pour ainf dire, que'des miettes , fi on les coimpare avec ces gros morceaux d’or trouves dans le Pérou & le Mexique, &c groflis peut-être encore par le récit des voyageurs. Cependant le pere Feuillée, à qui on peut fe fier, aflure avoir vu une pepire : c’eit le nôm qu’on donne à ces morcéaux d’une groffeur extraordinaire, du poids de foixante-fix marcs & quelques onces, dans le cabinet d’Antonio Porto- Carrero: on en fit voir une en 1616 à l'académie, qui pefoit, dit-on, cinquante-fix marcs. Sa figure approchoit de celle d'un cœur, elle appartenoit à dom Juan de Mur, qui avoit été corrésidor d’Ari- ca. M. Frêzier a fait mention de cétte pépite dans fon voyage. Il ên cite auffi une autre de foixante- quatre marcs, qui fut achetée par lé comte de la Moncloa, viceroï du Pérou, pour en fäire préfent au roi d'Efpagne. Mais ces pépires paroïffent extraor- dinaires aux habitans des Indes, comme à nous. Ce font des morceaux de mine entiers, qui font détas chés ou découverts par des torrens rapides; & nous ne favons pas quelle eft la groffeur des morceaux d’or qui fourniffent depuis fi long-tems nos rivieres de paillertes, Nous verrions peut-être des pépites chez nous, fiun coup brufque, un torrent extraordinai- re, détachoit à-la-fois ce qui n’eft enlevé que par _parcelles en plufeurs années. La nature travaille dans de grands laboratoires ; mais peut-être auf que fon laboratoire dans nos montagnes n’eft pas en or; elle en a de toutes matieres: Mém, de l'académie des Sciences, 1718. ( D. 3. PAILLETTE, ( Broderie.) ce mot fe dit des petits grains d’or ou d'argent ronds, applaris & percés au milieu , dont on parfeme quelquefois les broderies ; les ornemens d’églife, & les habits de théatre. On fait aufli des paillettes d’acier qu'on mêle dans les jais blänes & noirs pour dés broderies du petit deuil des femmes. PAILLETTES COMPTÉES , ex rerme de Biodeur au métier ; ce font des paillerres arrangées l’une fur Pau- tre comme de l'argent monnoyé. Pour lès arréter anf; on fait un point au bord de la premiere en: dehors, un autre dans le trou de cette premiere au bord de la feconde en-dehors ; un autre dans le trou de cette feconde en-dedans ; ainf des autres, en Les approchant à l’aiguille Pine fur Pautre. PAILLETTES COURONNÉES , {ont ez rerme de Bro: deur au métier, celles qui font environnées tout-au- tour d’ornemens ou de points de bouillon. oye? BouILLON. PAILLEUR , £ m. ( Commerce de paille.) celui qui vend & fournit de la paille dans les maïfons de Paris êt autres villes du royaume pour la nourriture des chevaux des particuliers. PAILLEUX MÉTAL, ( Mérallurgie.) C’eft-à-dire ; métal qui a des pailles. C’eft un grand défaut pour le fer & pour l'acier d’être par/leux ; car outre que ce défaut les rend caflans , 1ls fouffrent un grand dé- chet à la forge. PAILLIER , f. m.1l fe dit 1°. de la paille fourra= gée par des beftiaux, qui ont mangé l’épi & le grain, & qui n’eft plus bonne qu’à faire littere & fumier ; 2°. de Pendroit où l’on nourrit les beftiaux & où Fon porte les pailles & fourrages dont on fait dés meulons, pour les conferver jufquà ce qu’on les mette en litiere ou fumier. | gs) PAILLIER , ( Hydr. ) on pratique des païlliers ow repos entre les rampes & avec tournans les efca- liers de pierre ow de gazon qui aécompagnent une cafcade; on en fait plufeurs de fuite dans les ram- pes un peu longues. ( Æ) 5 PAILLONS , £. m. pl. ( Joaillerie, ) nom que l’on donné à de petites feuilles quarrées de cuivre battu, très-minces, & colorées d’un côté, que l’on met par petits morceaux au fond dès chatons des pierres précieufes , & des cryftaux. PAILLON DE SOUDURE , ( Orfévrerie. ) petit mor- ceau dé foudure, ou métal mince & allé, qui fert à fouder les ouvrages d’orfévrerie. Lorfquw'on veut fouder quelque dois on coupe la foudure par paillons. PAILLON 6 PATLLONNER , 4 vaiffelle d'étain , c’eft une façon qu’on donne à [a vaiflelle d’étain fin, après qu’elle eft apprêtée avant de la tourner ; pour cela on prépare d’abord le païllon avec un lin- got d’étain commun dont on fait tomber avec le fer chaud à fouder, une quantité fufifante de gouttes fur une platine de cuivre ; ce qui forme des feuilles d'étain minces, rondes, grandes environ comme, des pieces de vingt-quatre fols, plus ou moins, Voilà comme fe fait le paillon : 11 faut dire en paflant qu’on emploie de ce paillon dans la teinture de l’écarlate. Autrefois on fe fervoit d’étain en ratures, c’eft-à- dire, ce que les crochets Ôtent fur l’étain en letour- nant. On fait enfuite un tampon de filafle qw’on roule en long d'environ un demi-pié & oros comme le poignet pour de grands plats, & moins gros pour de plus petites pieces ; on a foin de le tenir chaud par le bout qui iert, en le mettant fur une petite pla- que de fer fous laquelle il y a un petit feu; cela fe fait après avoir allumé du feu de braife de charbon dans une bafine , qui eft comme le fond d’une chan- diere dont la hauffe efl environ de trois où quatre pouces de haut & applatie fur le bord, & il faut difpofer fon feu fi également, quil ne chauffe pas PS d'un côté que de l’autre, & qu'il chauffe plus a circonférence de la piece que fon milieu. Enfuite . on prend fa piece avec une tenaille à paillonner de a main gauche, &c on la met chauffer fur le feu; on a un morceau de poix-réfine dont on enduit fa piece deffus &c deffous en frottant par-tout, parce que la réfine fond deflus à mefure que la piece s’échaufe ; on prend pluñeurs feuilles de pail/oz qu’on met fur fa piece, & enfuite avec le tampon on promene paï- tout cet étain fondu qui fe dilate & s'étend comme un étamage ; On retourne fa piece, & on en fait au- tant dedans comme deflous ; après quoi on retire doucement fa piece de defflus le feu , & on remet fon tampon en place, & on prend une autre piece pour faire de même jufqu’à la fn, obfervant de mainte- nir toujours fon feu égal; puis on reprend, s’il eft néceflaire, fes pieces lune après l’autre pour pail- Zonner endroit des tenailles qu’on nomme / contre- jet. Ce païllon fert àboucher les gromelures, & em- pêche les caflures; c’eft un étamage plus fubtil & plus difiicile à faire que celui des Chauderonniers. PAIN , f. m. ( Boulangerie.) les diverfes efpeces de farine dont les Boulangers font leur pain, font la pure fleur de farine pour le pain mollet ; la farine blanche d'aprés la fleur , pour le pair blanc ; les fins gtuaux méêlés avec cette derniere, pour le paiz bis-blanc ; les gros gruaux , avec partie de farine blanche & de fin gruau, pour le pain bis. Le pair fe fait de farine de mays dans la plus gran“ de partie de l’Afie, de PAfrique & de l'Amérique ; outre le mays , l'Amérique a encore la racine de caflave , dont le fuc récent eft un poifon , mais dont la racine que lon en tire fait un pair délicat & nour- niflant. PAIN BIS, en Boulangerie ; eft le nom de la moin- dre efpece de pain ; on le fait avec une partie de fa- rine blanche, & des gruaux fins & gros. On y mêle aufli des recoupetes , mais ce n’eft que dans les chertés. PAIN BIS-BLANC, £erme de Boulanger | qui fignifie le pain au-deffous du blanc, & fait de farine blanche & de fin gruau. PAIN BLANC, en terme de Boulanger, eft le nom qu'on donne au pain fait de farine blanche , & tirée au bluteau d’après la fleur de farine, Tome XL, PAT 749 PAIN DE BRANE , rme de Boulanger, pour dire ; le pain de douze livres, PAIN CHALAND , ez Boulangerie, eft unpain très- blanc , fait de pâte broyée. PAIN CHAPELÉ, er Boulangerie, eftun petit pain fait avec une pâte bien battue & fort légere, affai- fonnée de beurre ou de lait. PAIN CHAPELÉ, fe dit éncore parmi Les Boulans gers , d'une efpece de petit paiz dont on a enlevé la plus grofle croute avec un couteau. PAIN DE CHAPITRE , en'cerme de Boulanger, eft une efpece de pair fupérieure au pair cheland 5 qu’on peut regarder comme le paiz mollet de ce dernier, " PAIN CORNU, nom que les Bozlangers donnent à cette éfpece de pair qui a quatre cornes ) 6 quel- quefois plus. C’eft de toutes les efpeces de petit pair celui qui fe fait avec la pâte la plus forte & la plus ferme. PAIN A LA REINE, eft chez les Boulangers , un pain fendu , qui ne differe du pair de feflin que par _ l’afaifonnement, qui y eft moindre que dans ce der- nier. On fait le pain à La reine avec une pâte qui n’eft proprement n1 forte, n1 douce, & qu'on appelle pour cela péte moyenne, Quelques-uns lappellent en+ core pâte bätarde, PAIN À LA SIGOVIE , rerme de Boulanger, pour fignifier une forte de pair qui a une tête au milieu. Il eff fait avec une pâte d’un tiers plus forte & plus dure que celle du pain à la reine. PAIN PETIT, en terme de Boulanger | eftun pair fait avec une pâte plus ou moins légere , felon Pef pece de pain, du beure, du lait ou de levure. Le petit pain fe divife en pain à la reine, pain à la figo- vie, pain chapelé, pain cornu, €c, Voyez ces ter- mes a leur article, Quelques Boulangers de Paris font leur peris pair avec les gruaux qu’ils font remoudre : il bouffe en effet davantage ; maïs n’eft jamais f. bon que celui de fleur de farine. Des façons à donner aux principales Jortes de pains én ufage parmi nous. Pain d'avoine, I] fut que le le« vain foït fort; prendre l’eau un peu chaude )& tenir le four chaud : Le bien cuire & long-tems; & le gars der au four fuivant la groffeur du pain, parce que le dedans en eft toujours gras. Il demande un grand apprèt. La pâte doit en être bien travaillée &bien ronde. Pain d'orge. TL ne lui faut en levain que le tiers de la mafle dela pâte. Trop de levain le rend trop lourd & trop gras en-dedans, Il veut être bien tra vaillé. On le paîtrit à Peau douce , parce qu’il fem- ble porter fon levain avec lui - même. Il ne lui faut pas beaucoup d’apprêt. Le four doit être chaud. Ce pain porte bien la cuifon. Pair de feigle. I faut faire de grands leyains » à moitié de la quantité de la pâte ; prendre l’eau frai- che , & faire la pâte forte : donnez bien de Papprêt, parce que le feigle eft toujours doux. Travaillez-le beaucoup. Que votre four foit très-chaud : que le pain y refte long-tems ; cependant felon fa groffeur. Bifcuit de mer. Il faut en levain un bon tiers de la quantité de la pâte. Il faut que ce levain foit bon #4 naturel, bien fait, fort travaillé; un four bien chaud, où on le laïfle au moins trois heures. Pain de blé, façon de Goneffe. Ayez de grands les vains, &c l’eau douce. Faites la pâte forte & bien foutenante, Travaillez-la beaucoup ; enfuite remet tez-y un peu d’eau fraiche par-deflus , afn d’éclair- cir ou délayer la pâte , & travaillez enfuite, Quand votre pâte fera bien travaillée , tirez-la du pêtrin, êt la tournez tout de fuite. Il ne faut pas qu’elle en tre en levain , maïs point du tout. Diftribuez-la aux poids que les pairs doivent avoir. Tournez les plus eee 759 P: À Ï petits les premiers; tournez enfuite es gros. Que les bannes ou dacs foient toujours frais. Que les cou vertures foient un peu humides. Que le four foittres- chaud , afin que le milieu foit cuit. Que le four foit plus chaud au premier quartier qu'au dernier. On s’aflure de la cuiflon prefqu’à la main. Pain en pète, où quantité de pâte a employer pour avoir , après la cuifflen , un pain d’un poids détermine. Un pain de quatre livres veut quatre livres onze on- ces de pâte; un pair detrois hivres , trois livres & demie de pâte; un pain de fix livres , fix Hivres ëe trois quarts de pâte ; un pair de huit livres, neuf li- vres de pâte ; un pain de douze livres , treize livres &t-demie de pâte : voilà à-peu-prés la regle en pâte qui détermine le poids après la cuifiof. Gros pain de Paris. Faites la pâte un peu plus dou- ce que celle de Gonefle, Il ÿ en a qui fubftituent au levain, le levain de biere. Faïtes du refte, com- me au pain précédent. Pain derni- moller. Il ne faut en levain qu'un quart de la pâte, Ilne le faut pas laïfler trop ap- prêter. Quand vous le yoyez à moitié prêt, vous faites un autre levain de levute de biere, Lorfque vos levains font prêts, vous aurez votre eau un peu dégourdie, & en quantité proportionnée à la maf- fe de votre pâte. Vous ferez votre pâte un peu ron- de ; vous lui donnerez deux ou trois tours. Vous prendrez un peu d’eau fraiche, que vous jetterez par-deflus votre pâte, jufqu’à ce qu’elle vous paroïf fe affez douce. Vous ne la laifferez point entrer en levain avant que de la tourner. Cela fait, vous la dif tribuetez ; vous couvrirez vos pains avec de la toile humide , ou des couvertures de laine. Votre pâte ne prenant point l'air, le pair en viendra plus jaune au four. Que votre four ne foit pas f chaud que pour le gros pain. Regardez de tems en tems dans le four , pour voir f votre fournée a aflez de couleur. Lorf- qu’elle aaffez de couleur , vous laiflez achever la cuiflon à four ouvert. | Pain fendu. Prenez les ratiflures du pain demi- mollet.Renforcez-les avec de lafarine.Travaillez-les bien; & diftribuez cette pâte en pains de quatre li- vres, de deux 8 d’une ; tournez toujours les plus petits les premiers. Fendez ceux-ci avec la main; les gros avec le bras. Placez-les dans les moules, &c les moules au four au premier quartier de la chaleur. Pain molle. Prenez de la pâte du pair demi-mol- let, le quart de la pâte du paiz mollet que vous vou- lez faire. Avez du levain fait à la levure de biere. Laiflez la pâte un peu entrer en levain ÿ enfuite dif- ttibuez-la. Pour le pain d’une livre cuit , il faut une livre & un quart en pâte ; pour un pair d’une demi- livre cuit, 1l faut dix onces en pâte. Ayez des plan- ches & des toiles qui s'appellent coches | pour couvrir ; tournez les pains les moins gros les pre- miers, enfuite lesautres. Que votre four ne foit point trop chaud au dernier quartier. Pain plat , ou autrement dit pain manqué. Prenez de la pâte du pair mollet. Remettez un peu d’eau fraîche & de farine par - deflus. Retravaillez bien la pâte, Battez-la; mettez-la dans une corbeille; tenez- la au frais. Tournez les pains que vous en ferez les derniers de tous vos pains. Menagez-leur une place à bouche de four entre vos painsmollets. Quand ils y feront placés , donnez-leur un coup de main par- deflus; & lorfque vous aureztiré votre premier quar- tier, vous enfoncerez dans le four ces pains-ci que : VOUS y laifferez achever leur cuiflon. Pain à La reine. Faites un bon levain à levure de biere. Quand il fera prêt , façonnez votre pâte tout enfemble. Aprez l'avoir un peu travaillée , faites les petits pains , qu'on appelle auffi pains a café; tra- vaillez vôtre pâte de techef ; battez-la avec la main, Levez-la du pêtrin. Placez-la dans une febille ; cou- P AI vrez-la avec des facs où bannes. Renforcez le refte de votre pâte'avec de la farine. Détournez enfuite uné portion pour les pairs de figovie & pour les pains cornus. Cela fait, achevez votre paz à la reine avec du beurre. Le beurre mis, travaillez - Le encore un peu ; enfuite tirez la pâte du pêtrin ; cou- vrez-la pour la faire entrer en levain. Alors revenez. au figovie. Vous en renforcerez la pâte un peu plus qu’au pain à la reine. Vous en tournerez Les pairs les dermers. Après quoi, de la ratiflure du pétrin, vous faites votre pain cornu avec un peu de beurre, Vous en travaillez la pâte , & vous la mettez dans une fe- bille. Vous ferez les artichaux de la même pâte que les pains cornus ; les pairs cornus Les premiers, les artichaux les feconds, les pains à café les troifie- mes, les pains à la reine les quatriemes, les pars de figovie les derniers. Vous enfournezles paips à café les premiers ; puis les pairs cornus , enfute les arti- chaux ; après ceux - ci les pains à la reine; enfin, les pains de figovie qui fe trouveront à la bouche du four. | Pain de fefin. Ayezun bon levain de levure de bie2 re. Faites-en le tiers de la pâte que vous avez à pré- parer, Quand il fera prêt, ayez du lait dégourdi feu- lement ; délayez votre levarnavec ce lait : travaillez un peu votre pâte. Enfuite prenez votre beurre & vos œufs. Ajoutez-les à la pâte. Que la pâte ne foit pas trop douce ; fattes-la bonne & ronde. Laïffez-la entrer en levain un pet, puis tournez-la. Tournez les petits pains les premiers. Echauffez votre four doux. Le four chaud, coupez vos pains en f'par - deflus ; dorez-les avec des œufs , & les enfournez. Quandils auront pris de la couleur, vous laïfferez achever la cuiflon à four ouvert, : Efpiotte. Faites de grands levains ; ayez-en letiers de la pâte. Que votre pâte foit forte. Après l'avoir un peu travaillée , jettez-y un peu d’eau fraiche. Re- travaillez & tournez fur des facs. Que le four foit bien chaud. Enfournez les pains ronds’ les premiers, enfuite les longs , & laiflez bien cuire ; carces pains font toujouts gras en-dedans. Puin de blé noir où farrafin. Ayez du levain la moi- tié de ce que vous ferez de pâte. Prenez de Peau frai- che au fortir du puits. Faites votre pâte un peu ron- de. Après l'avoir un peu travaillée, vous Parroferez un peu d’eau fraîche ; & la retravaillerez bien. Que votre four foit bien chaud. Vous tournerez vos pains tout de fuite , les plus petits les prenuers. Vous les couvrirez de facs humides ; vous répandrez un peu d’eau fraîche fur ces facs, & vous laïfferez votre pâte ain difpofée , s’apprèter. Enfuite vous enfournerez les pains ronds Les premiers. Pain de blé de Turquie. Ayez du levain le tiers de la quantité de votre pâte : que votre eau foit dégour- die. Faites votre pâte forte, Travailiez-la bien. Ti- rez-la du pêtrin ; tournez-la tout de fuite, non fans l'avoir bien broyée fur le pêtrin; applatiflez les pars ronds. Couvrez-les tous de facs humides. Que votre four oit bien chaud. Laïflez vos pains s’apprêter ; enfuite enfournez. Laiflez long-tems au four;ce pair devient très-jaune. La bonne façon du pair tient donc à la jufte quan- tité du levain , à la jufte quantité d’eau ; fur-tout au travail long qui diftribue égalementle levain &t Peau dans toute la mafle, & à la cuiffon convenable. Sans _ levain le pain eft matte; avec le levain fans eau le pain eft matte ; avec du levain & de l'eau fans tra- - vail, le pain eft matte ; avec du levain, de l’eau & dutravail, fans jufte cuiflon, même défaut ; il eft encore matte. Ces quatre conditions font donc né- ceffaires pour rendre le pain léger &c plein d'yeux. Quelle ef celle qui y contribuele plus? cela peut être auf difficile qu'inutile à décider. PAIN , ( Jurifprudence.) dans cette matiere fe prend P AI quelquefois pour joviffance. Etre en pain, dans les coutumes de Hainaut & de Mons, c’eft être fous la _ puiffance de fon pere; comme être hors de Pain , fignife, évre hors de certe Puiflance, mértre hors de pain, émanciper. ( A) PAIN D’ACIER, ( Comm. )c’eft une forté d'acier qui vient d'Allemagne ; il eft différent de celui que Von appelle acier en bille. 01 . PAIN D’AFFINAGE, (Fonderie de métaux. ) c’eft ainfi qu'on nomme la petite portion de matiere d’ar: gent qui refte toujours dans le fond de Ja coupelle ; on l'appelle autrement plaque. PAIN BÉNI, ( A. eccléf: ) c’eftun pain que l’on bénit tous les dimanches À Ja mefle paroïflale , & qui fe diftribue enfuite aux fideles: L'ufage étoit dans les premiers fiecles du chrif. tianifime , que tous ceux qui affiftoient à la célébra- tion des faints myfteres participoient à la commu nion du pair qui avoit été confacré; mais PEglife ayant trouvé de linconvénient dans cette pratique , à caufe des mauvaifes difpofitions où pouvoient fe trouver les chrétiens , reftraignit la communion {= cramentelle à ceux qui s’y étoient duement prépa- rés. Cependant pour server la mémoire de lan- cienne communion, qui s’étendoit À tous , on conti: nua la diftribution d’un pain ordinaire , que l’on bé- nifloit , Comme lon fait de nos jours. Au refte, le goût du luxe & d’une magnificence onéreufe à bien du monde, s'étant BE jufque dans : la pratique de la religion , lufage s’eft introduit dans les grandes villes de donner au lieu de pair, du gâteau plus ou moins délicat, & d’y joindre d’autres accompagnemens coûteux & embarraffans ; ce qui conftitue les familles médiocres en des dépenfes qui les incommodent, & qui feroïient employées plus utilement pour de vrais befoins. Onne croiroit pas, fi on ne le montroit par un calcul exa@, ce qu'il en coûte à la nation tous les ans pour ce feul article. On fait qu'il y a dans le royaume plus de qua- rante mille paroifles où l’on diftribue du pain béni ; quelquefois même à deux grand’meffes en un jour, fans compter ceux des confréries , ceux des difé- rens corps des arts & dunégoce. J'en ai vu fournir vingt-deux pour une fête par les nouveaux maîtres d’une communauté de Paris. On s'étonne qu'il y ait tant de miferé parmi nous ; & moien voyant nos ex- travagances & nos folies, je m'étonne bien qu'il n'y en ait pas encore davantage. | Quoi qu'il en foit , je crois qu’on peut du fort au foible, eftimer la dépenfe du pair béni, compris les embarras & les annexes,à quarante fous environ pour chaque fois qu’on le préfente. S'il en coûte un peu moins dans les campagnes , il en coûte beaucoup plus dans les villes, &r bien des gens trouveront mon appréciation trop foible ; cependant quarante mille pains à 40 f. piece , font quatre-vingt mille livres , fomme qui multipliée par cinquante - deux diman- ches , fat plus de 4 millionspar an > Ci 4000000 li. Qui empêche qu'on n’épargne cette dépenfe au public ? On la déja dit ailleurs, le pain ne porte pas plus de bénédiétion que l'eau qu’on emploie pour le bénir ; & par conféquent on peut s’en tenir à l’eau, quine coûte rien,& fupprimer la dépenfe du pain la- quelle devient une vraie perte. Par la même occafion, difons un mot du lumi- maire. Il n’y a guere d’apparence de le fupprimer tout-à-fait ; nous fommes encore trop enfans , trop efclaves de la coutume & du préjugé , pour fentir qu'il eft des emplois du bien plus utiles & plus reli- gieux , que de brüler des cierges dans une églife. Néanmoins tout homme éclairé conviendra qu’on peut épargner Les trois quarts du luminaire aui fe pro- digue aujourd’hui, & qui n’eft proprement qu’une pieufe décoration, Cela pofé, il y a dans le royaume Tome ÀT, ù PAT 757 plus de quarante mille éclifes en paroïffes ; on en peut mettre un pareil nombre pour les églifes col- légiales , couvens , communautés , @c Ce qui fait quatre-vingt mille éelifes pour le tout. J'eftime du plus au moïns l’éparene du luminaire qu’on peutfaire en chacune à $o liv. par année; cette fomme , bien que modique mutipliée par 80000 églifes, produit 4 millions par an. Voilà donc avec les quatre millions ci-deflüis ;| une perte annuelle de huit millions dans le royaume ; &c cela pour de petits objets & de me- nus frais auxquels on n’a peut - être Jamais penté , Ales es RE EE EE Combien d’autres inutilités coûteufes én ornemens fuperflus , en fonneries , proceflions , repoloirs, &c, Populus hic labiis me honorat, cor antem eorum longè eff ame, Matt. xv. &. La religion ne confifle pas À décorer des temples , à Charmer les yeux ou les oreilles ;inais à révérer fin- cérement le créateur, & à nous rendre conformes à Jefus-Chrift. Aimons Dieu d’un amour de préféren- ce, & craignons de lui déplaire en violant {es com- mandemens ; aimons notre prochain comme nous- mêmes, & foyons en conféquence toujours attentifs à lui faire du bien , ou du moins toujours en garde pour ne lui point faire de mal; enfin remplifons le devoir de notre état: voilà precifément la religion que Dieunousprefcrit, & c’eft celle-là tout jufte que les hommes ne pratiquent point ; mais ils tÂchent de compenfer ces manquemens d’une autre maniere: ils {e mettent en frais, par exemple, pour la décoration des autels, & pour la pompe des cérémonies; les o- nemens, le luminaire, le chant, la fonnerie ne {ont pas épargnés ; tout céla fait proprement l’ame de leur relision, & la plüpart ne connoiffent rien au-delk. Piété sroffiere & trompeufe , peu conforme À Pefprit du Chriftianifme , qui n’infpire que la bienfaifance & la charité fraternelle ! ( Que de biens plus importans à faire, plus dignes des imitateurs de Jefus-Chrift ! Combien de malheu- reux, eftropiés, infirmes, fans fecours & fans confo- lation ! Combien de pauvres honteux fans fortune & fans emploi! Combien de pauvrès ménages acca- blés d’enfans! Combien enfin de miférables de toute efpece, & dont le foulagement devroit être le orand objet de la commifération chrétienne ! objet par conféquent à quoi nous devrions confacrer tant de fommes que nous prodiguons ailleurs fans fruit & fans nécefité, PAIN , en terme de Cirier, c’eft un morceau de cire plat & rond, àquiilne manque plus pour être par- faittement blanc , que d’être mis encore une fois {ur les toiles. Vovez ToILES, € Particle BLANCHIR. PAIN, (rettre en ) en terme de Blanchifferie, eft lac- tion de former des morceaux de cire plats & ronds, quand la matiere a acquis un certain degré de blan- cheur. Cela fe fait en verfant la cire fondue pour la troïfieme fois fur des moules nommés pour cela plan ches a pain, V.PLANCHES A PAIN, 6 l’art BLANOHIR. PAIN DE BOUGIE, ( Cirerie.) c’eft la bousie filée que lon a tortillée qu pliée d’une certaine maniere, pour s’en pouvoir fervir plus commodément. PAIN À CHANTER, (Oxblieur.) c’eft du pain fans le- Vain qui fert à"la confécration dansle facrifice des Ca- tholiques. Il eft fait de la plus pure farine de froment entre deux plaques de fer gravées en forme de gau- frier, que l’on frotte un peu de cire blanche > Pour empêcher que la pâte n’y tienne. Ce font les Pati£. fiers-Oublieurs qui font les pains à chanter. I y a des maîtres qui vivent de ce métier. | PAIN DE CHAPITRE, ( £erme eccléfaffig. ) on lit dans la fatyre Menippée : il n’eft que d’avoir un toi légitime, eriam difcole | pourvu qu’il nous laiffe le pain de chapitre & le purgatoire. On appelle pain de chapitre celui qu’on diftribue tous les jours aux cha- CCccci 7 52 PA I noines dans quelques églifes. Il étoit autrefois fi ex: cellent, qu’on appelloit pain de chapitreles meïlleu- tes chofes. « S'il eft queflion, dit Henri Etienne, » de parler d'un pain ayant toutes les qualités d’un » bon & friand pair, (voire tel que celui de la ville » Erefas, pour lequel Mercure prenoitbien lapeine » de defcendre du ciel, 8 en venir faire provifion » pour les dieux, fi nous en croyons le poëte Ar- # cheftrate ), ne faut-il pas venir au pain de chapr- » tre ,je dis au vrai pain de chapitre , dont celui que » vendent à Paris les boulangers , aretenu lenom,, # mais non la bonté, finon qu’en partie ». Aïnf au- teur de la fatyre a entendu, fous le nom de pain de chapitre , les grands biens dontles eccléfiaftiques font en pofleffion. Richeler. ( D, J.) | PAIN CONJURÉ , étoit un pr d'épreuve fait de farine d'orge, que les Anglois, Saxons donnoient à manger à un criminel non convaincu , après que le prêtre avoit proféré des imprécations fur ce pain ; perfuadés que s’ilétoit innocent, le pair ne lui feroit point de mal ; mais que sil étoit coupable , 1l ne pourroit-l’avaler, ou qu'après lavoir avalé il étouf- feroit. Voyez PURGATION, ÉPREUVE, 6c. Le prêtre quifaifoit cettecérémonie, demandoit à Dieu dans une priere faite exprès, « que les mâchoi- » res du criminel reftaflent roides, quefon gofier s’é- » trecit, qu'ilne püt avaler , & qu'il rejettatie pzi7 » de fa bouche »: Voyez JUGEMENT DE Dieu, Or- DALIE, Gc. PAIN A COUCOU (Boran.) voyez ALLELUIA. PAIN A COUCOU, o4 ALLELUIA , ( Mar. médic. ) plante. Voyez ALLELUIA, Médec. cette plante a Lés mêmes qualités extérieures & les mêmes vertus que lofeille. Voyez OsEILLE, Mat. méd. & Diese. PAIN DE CRAIE, (_Arnidonnier.) C’eft un morceau de craie de forme quarrée , arrondie, long de fix pouces , & épais de trois à quatre. PAIN D’ÉPICE , .eft un pain de miel & de farine de feiple. Avant d'employer le miel dans le pain d’é- pice, 1l faut qu'il ait bouilli long-tems , & qu’on Pait bien écumé., On y détrempe la farine de feigle pen- dant qu'il eft encore chaud , avec une efpece de ga- che exprès. Le pain d’épice peut fervir utilement ez Chirurgie ; il tient lieu de cataplafme maturatif dans la formation des abfcès qui furviennent dans la bouche. à la racine des dents , & aux gencives entre les mâchoires & les joues. On coupe une tranche de pain d'épice, de l’épaifleur d’un écu de fix livres, & de la grandeur convenable: on la trempe dans du lait chaud, & on lapplique fur les tumeurs inflammatoires difpofées à fuppuration. Ce topique n’a aucun défagrément ; il tient fans aucun moyen fur le lieu malade , &ilrem- plit parfaitement les intentions de l’art en favorifant celles de la nature. Voyez MATURATIF € MATU- RATION ;, SUPPURATIF 6 SUPPURATION. Voyez pour le cas particulier , Varticle maladies des gencives, à la fuite du #0: GENCIVES.( F ) | PAIN-D'ÉPICIER , qui fait & vend du paird’épice. Les pains-d’épiciers compofent une communaute fort ancienne à Paris. Leurs ouvrates étoient fort à la mode avant que les Pâtifhers fuffent érigés en corps de jurande : mais la pâtifferie d'invention plus mo- derne , & plus variée dans fes ouvrages, a prévalu fur le pair d'épice, quoiqu'il foit beaucoup plus fain que la pâtiflerie qui eft lourde & pefante. PAIN FOSSILE, ( Æff. nat.) artolithus | panis deæ- monum ; quelques auteurs ont donné ce nom à des pierres à qui la nature a donné la forme d’un pair. Il s’en trouve de fort grands enfemble dans le voifinage de la ville de Rothweil: on dit quil s’en trouve auf dans les montagnes des environs de Boulogne en Ita- lie. On en a rencontré qui pefoient plufieurs quin- taux dans le voifinage d’Llefeld, près de Nordhaufen, PAT dans le-Hartz. On.aflure que dans la grotté de Bas mann au Hartz , on voitune cavité femblable à un four , dans laquelle font plufieurs pairs ou gâteaux. Il ÿ a encore plufeurs autres endroits où l’on a trou- vé de ces prétendus pains, 8 même des bifouits, foffiles, que quelques perfonnes ont eu la fimplicité de regarder comme des pairs pétrifiés ; qui n’ont pris cette forme que par hafard, & qui font de vrais jeux de la nature propre à amufer ceux qui ne cher- chent que le fingulier & non l'inftru@tion dans Phif toire naturelle. Voyez Bruckmanni epiflol, itineraria. Centiria I. epift, 66. | PAIN DE LIE , ( Vinaigriers. ) c’'eftla lie feche que les Vinaigriers tirent de leurs prefles | aprèsen avoir exprimé tout le vin pour faire leur vinaigre.Les Cha peliers fe fervent auf du pair de lie pour la fabrique de leurs chapeaux. Savary. : PAINS DE LIQUATION, ( Mérallurgie, ) ce font les gâteaux de cuivre qui reftent fur le fourneau de liquation , après que le plomb & l'argent en ont été dégagés. On les nomme auffi pieces de liquation. Voyez Les articles LIQUATION & CUIVRE. PAIN DE MUNITION, eft a la guerre , le pain qu’on diftribue aux troupes en campagne , & qui contient deux rations. Voyez RATION & MuniTions. (Q) . PAIN DE POURCEAU, ( Botan, ) cyclamen ; genre de plante à fleur monopétale , ronde, en forme de rolette , & découpée ordinairement:en cinq parties recourbées en haut. Le piftil fort du calice ;1l eft at- taché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, &c 1l devient dans la fuite un fruit prefque rond & membraneux, quis’ouvre de plufeurs façons, & qui renferme des femences le plus fouvent oblon- gues, anguleufes & attachées à un placenta. Tourne- fort, {nfl. rei herb. Voyez PLANTE. Il contient trente efpeces , dont la plus commune eft nominée cyclamen orbiculato folio ; infernè purpa- rafcente, dans les 4. À. A. 154. Sa racine eft {phérique, épaifle, charnue , un peu applatie, noirâtre en dehors, blanchâtre en dedans; & garnie de fibres noirâtres. Sa faveur eft âcre , pi- quante , brûlante , défagréable , fans odeur ; fes feuilles nombreufes , prefque rondes , portées fur des queues longues d'environ une palme , font aflez fem blables aux feuilles de cabaret ; cependant moins épaifles , d’un verd foncé en deflus, parfémé de quel- ques taches blanches, de couleur de pourpre en- deflous , un peu finuées à leur bord. Ses fleurs panchées vers la terre, font portées {ur des pédicules longs & tendres; elles font d’une feule piece en rofette, taillées en maniere de godet, de couleur pourpre clair ou foncé , & d’une odeur fua- ve. Leur calice eft partagé en cinq quartiers; il en fort un piftil attaché à la partie poftérieure en ma- niere de clou ; ce piftil eft porté fur un pédicule faifant plufeurs fpirales. Après que la fleur efltom- bée, il fe replie jufqu’à ce qu'il touche la terre fur la- quelle il croît,& devient un fruit prefque fphérique, membraneux, & quis’ouvre en pluñeurs parties. Il renferme de graines oblongues , anguleufes ; d'un brun jaunâtre , attachées à un placenta. Cette graine femée dans la terre ne germe pas, mais elle fe change en untubercule , ou en une ra- cine qui pouffe des feuilles. Dans la fuite fes fleurs paroïflent fur la fin de Pété , ou au commencement de l’automne ; enfuite fes feuilles ayant durétoutlh1- ver, fe perdent en Avril ou en Mai. On cultive cette plante dans nos jardins. Ses racines font d’ufage, (COTE) | PAIN DE POURCEAU , ( Mar. médic..) la racine de cette plante, qui eft fa {èule partie ufuelle, eft d'une faveur âcre, brûlante, défagréable lorfqw’elle eft fraîche. Cette faveur difparoit prefqu’entierement par la deflication, Certe racine eit inodore. . sSoit fraîche, foit feche, c’eft un très-violent pur- gatifs idragogue , que les payfans les plus robuftes peuvent prendre cependant jufqu’à la dofe d’un gros en fubftance, & jufqu'à celle de derni-once en dé- coétion ; mais même dans ces fujets très-visoureux., elle: excite fouvent des inflammations À lœfophage, &t dans tout le trajet inteflinal, Foyez PURGATIF. On fe fert auf extérieurement de cette racine. Elle eft comptée parmi les plus puiffans réfolutifs & apéritifs. Elle pofiede même ces vertus auff-bien que Ja qualité purgative à un degré qui lesrend capables de porter leur aétion jufques fur les parties intérieu- res , lorfqw'on lapplique fur les régions qui contien- nent ces parties. Etant appliquée, par exemple, en forme de cataplafme furles régions de la rate Pelle pafle pour en fondre les tumeurs, Si on frotte le ven- tre avec fa décoétion ou fon fuc, elle Achele ventre + tue les vers, fait revenir les regles, peut chafler le foetus mort. &c l’arriere-faix ,.8Ca tous les effets pro- pres aux purgatifs violens. … C’eft à.cette plante que doït fon nom l’onguent appellé de archanita | qui eft compofé d’ailleurs de tous Îles purgatiis végétaux les plus violens ; favoir, la colloquinte, le concombre fauvage , le glayeul, Ja fcammonée , le turbith, le garou, l’aloës , l’eu- phorbe, la maroute ; de plufieurs gommes , réfines ét d'aromates exotiques les plus âcres , tels que le poivre long &ie gingembre ; onguent qui étant ap- liqué fur le. creux de l’eftomac, fait vomir, qui - puq 9 » q vuide puifflamment les eaux des hydropiques par les felles & par les urines, fion.en Pt la région om- bilicale & celle des reins ; qui excite les regles, fi on l'applique au pubis & à la région hypogaitrique, quieftun infigne fondant des tumeurs skirrheuies ; Gc. & qui elt, malgré toutes ces vertus, un fort mauvais remede. ( 4) PAIN DE PROPOSITION, ( Cririq. fac. ) les pains de propofition étoient des pains qu’on offroit tous les famedis fur la table d’or pofée dans le faint : pores Juper menfam panes propoftionis 7 confpetlu meo, Exod. 25. 30. 11 devoit y en avoir douze, en mé- moire des douze tribus, au nom defquelles ils étoient offerts. Ces pains fe faifoient fans levain ; on les pré- fentoittout chauds chaquejour defabbat , & en mé- me tems on Ôtoit Les vieux, qui devoient être mangés par des prêtres, à lexclufiondes laics, à qui il étoit défendu d’en manger; c’eft ce qui faifoit appeller Le pain de propoñtion panis fanclus, I. Reg. xx]. 4. Les anciens Hébreux cuifoient leur pair fous la cendre , & quelquefois on le faifoit cuire avec de la bouze de vache allumée. Voyez encore PRorosi- TION, pains de. ( D. JT.) PAIN DE Retms , les pains d’épiciers donnent ce nom à des pairs qu'ils font felon la maniere qu’on en fait dans [a ville de Reims, avec de la pâte d’af- fortiment, que l’on affaifonne d’écorce-de-citron ; d'amis, d'épices, &c. PAIN DERIVE , (erme de Boulanger.) c’eft du pain qui a point de bifeau , ou qui en a très-peu. Il ne manquerapas, dit Moliere dans fon Bourgeois-Gen- tilhomme,z&. IF, fcène I. de vous parler d’un pain de rive , relevé de croûtes croquantes fous la dent. PAIN DE ROSES, en Pharmacie, remede compofé avec les rofes, ramaflées & comme pétries en for- me de pair, que lon trempe dans le vin où dans Le vinaigre. On s’en fert dans la diarthée, dans la dyflente- rie, dans le vomiflement, & dans les épuifemens des humeurs après les remedes généraux. On applique avec un heureux fuccès un pain de rofes que l’on a fait tremper dans le vin rouge; dans le cas d'une indifpofition chaude, on le mettra trempé dans une Iqueur compofée d’oxicrat & d’une eau calmante. | Voici comme on s’en fort: FF, P A EF 153 Prènez encens, maftic} rofes, corail rouge sde chacun un gros : mettez: lesenpoudre; faupoudrez en un pair de rofes qui aura trempé dans l’eau -rofe avec une troïfieme partie dé: vinaigre, oudans du vinaigre tofat: appliquéz-le chäudement firle bag. ventre, L On de laifle pendant trois heures fur-la païtie, que l’on frotte enfuite avec un peu d'huile de lin ou d'amandes douces, ou d'huile rofat. PAIN DE ROSES, ( Parfitineur, ) on le nomme auf chapeau de rojès ; c’eft le marc des rofes qui refte dans les alembics après qu’on ena tiré Peau, l’huile exaltée!, & le fel volatil, PAIN , cerme de Potier de terre, C’eft proprement {a terre en motte telle qu’elle vient chez le potiér, qui ne lui a encore donné qu’une façon. PAIN DE SAVON, (Savonnerie.) on appelle plus ordinairement sable de favor: c’eft du favon dreffé dans dés moules d’un pié & demi en quarré , & d’en- viron trois pouces de hauteur; il ÿ a cependant quelque différence entreila table & le pair de Javon, la table s’entendant du favon au{ortir du moule , GE le pain lorfque la table à été coupée en morceaux. Savary. PAIN DE SUCRE, ( Rafférerie, \ c’eft du fucre af. né, que l’on dreife dans des moules de figure coni- que, & que lon vend enveloppé de gros papier bleu ou gris : les pains defucre petent 3:45, ju£ qu’à 12 livres. PAINBŒUF, ( Géog: mod.) bourgade de France; dans la Bretagne, fur la rive gauche de la Loire, à 6 lieues au-deffous de Nantes ; c’eft-Ià que les plus gros vaifleaux demeurent à la rade, ne pouvant pas aller jufqu’à Nantes: on n’y voit qu'hôtelleries &t cabarets. ( D. J.) PAINE, { m. ( Æif. mod.) fixieme mois des Coptes, qui répond à notre mois de Juin: ils lap- pellent auffi baura , & les Abyflins peuni & penni. PAINES, ox PESNES, oz PEINES, £ f. (Are néchan.) morceaux de drap ou d’étoffe de Jaine, “ont les Corroyeurs font leur gipon. Poyez G1- PONS , Corroyeur. PAJOMIRIOBA, f. f. ( Boran. exor. } nom donné par Pilon à un petit arbriffeau légumineux du Bréfil : que Tournefort appelle caffa americana ferida , foliis oblongis glabris, en françois le cafer puant, ferne occidentalis, odore opii virofo, orobi parnonici foliis mucronatis | glabra. Hort. Lusd, Bas, Il pouffe de fa racine plufieurs tiges, longues d’en- viron trois piés, ligneufes, vertes, noueutes , divi- fées chacune en beaucoup de rameaux, & chaque rameau portant huit à neuf feuilles rangées vis-à-vis lune de l’autre , par paires fur une côte, affez lon- gues, pointues; fes fleurs naïiflent au fommet des rameaux, petites, compofées chacune de cinq feuil- les femblables à celles de la cafe, mais plus petites & tout-à-fait jaunes : à ces fleurs fuccedent des gouf- fes longues de cinq ou fix pouces, rondes , un peu applaties, courbées; elles prennent en mûriflant une couleur brune; la racine de la plante eff lon- gue, grofle de deux pouces, lisneufe, droite, de couleur jaunâtre en-dehoës, blanche en - dedans À fans odeur ni goût apparent : ce caflier fleurit toute l’année ; fes feuilles font purgatives & d’un goût très-defagréable. (D. J.) PAJONISTES, {. m. ( if. eccléf. ) nom que les -Proteftans ont donné aux feQ@ateurs de Pajon ; ce Pajon parut:parmi les Calviniftes sil rafna fur l’Ar- minianifme, Ceux d’entre les miniftres que la diver- fité des fentimens de Calvin fur la grace efficace & la prédeftination avoit révoltés, embraferent fes fentimens, qui furent condamnés à Rotterdam en 1686, dans un fynode appellé Z fynode Wallon. PAIPAZOCA, f, m. ( Boran, exor. ) arbriffeau du 754 P AI Malabar toujours verd. Il porte des baïes plates, rondes, velues, Contènant quatre noyaux. On fait dans le pays, de fes feuilles , de fes racines, &cde fon fruit, bouillis dans de Peau, un apofème qw'on vante contre la goutte. (2. J.) PAIR , (Arithm.) adj. c’eft une des branches de a divifion Ja plus fimple &c la plus générale des nom- bres. Un nombre pair eft celui qui fe peut exaéfement diviler par 2. Tout nombre pair eft eflentiellement terminé vers la droite par un chiffre pair ou par 0 ; car ceux qui précedent étant tous des multiples de r0=5. 2, font conféquemment divifibles par 2 , & jufque.- là le nombre eft pair. Pour qu’il refte tel , 11 faut donc que le dernier chiffre ait lui-même la propriété, ou du-moins qu'il ne Paltere point, c’eft-à-dire qu’il {oit pair ou o. Un nombre pair devient impair par l'addition ou par la fouftration de l'unité; car dès-là la divifion exaële par 2 ne peut plus avoir lieu. Deux nombres font dits de méme nom, quand ils font tous deux pairs ou tous deux impaits; êc de différent nom , quand l’un étant pair l’'autre.eft impair. Un nombre pair étant combiné avec un autre nom- bre quelconque 4 ; fi c’eft par addition ou par ouf trattion, la fomme ou la différence font de même nom que 4. | Si c’eft par multiplication, le produitefttoujours pair. De-là même il fuit qu'un nombre pair ne peut divifér exaêtement un nombre pair, cat 1l ne peut divifér que ce qu'il a produit. S'il s’agit d’exalration & d’extraëlion , une racine xprimée par un nombre pair donne une puiflance de même nom, & réciproquement. Telles font les principales propriétés. du nombre pair pris en général, On pourroit demander ici à quel nom il convient de rapporter 0... . Il eft certain qu'il n’eft ni nom- bre pair ni nombre impair, puifqu’il n’eft point 2or- bre ni grandeur ; mais à le confidérer purement com- me figne ou chiffre, on ne peut s’empècher de reconnoître que tous les caraéteres dei pair lui con- viennent parfaitement. 1°. Il détermine à être pairle nombre qu’iltermine, 2°, {1 devient impair , 8& même zombre impair par l'addition ou par la fouftration de Punité, 3°.IlLeft, par lui-même, & fans être aflocié à d’autres ire habile à fisureren certaines pro- ereflions arithmétiques, comme dans celle-ci(o. 772, 2m. 3m, Ge.) & il y figure toujours comme terme pair. En effet, fi m eft pair, les termes de la progref- fon le font tous, & par conféquent celui que repré- fente o : fi m eft impair , les termes de la progref- fion ne font pairs que de deux-en-deux, mas o ap- partient invariablement à la fuite des termes pasrs. Mais oo , ou l'infini, de quel nom fera-t-1l? Dans cette fiute, par exemple, (o,1.2.......%) le nombre des termes eft-1l pair ou impair? On ne peut prendre parti ni d’un ni d’autre côté, qu’on ne s’expofe à des objeétions accablantes. On pourroit dire qu'il n’eft ni l’un ni l’autre en particulier, & qu'il eft tous les deux enfemble. Si cela n’eft pas clair , qu’on faffe attention qu'il s’agit de l'infini. Ce qu’on ne peut au refte déterminer pour/erorns, fe détermine avec la plus grande facilité pour Z plus, Cette autre fuite (—00....—2.—1.0.1.2....0), infinie des deux côtés, eft plus grande que la pre- miere. Or il eft évident que le nombre des termes y eftimpair, puifqu’elle a un terme du wlieu, autour duquel deux termes quelconques , pris à égales dif- tances chacun de fon côté, donnent des fommes égales entr'elles, Il fuit que , fi l’on fupprime le terme 0, les termes reftans feront en nombre pair ; mais onn’en peut rien conclure pour le nom particulierde chacuñe des deux fuites oppofées prifes féparément,parce qu'une fomme paire eit tout aufli - bien celle des deux im pairs que de deux pairs. Article de M. RALLIER DES OURMES. - PAIR OU NON , (Jeux d’hafard. ) s’il y a quelque chofe qui paroïfloie communément conteftable , c’eft qu'au jeu de pair ou non, lorfqw'on vous pré- fente une main fermée pleine de jetrons, & que lon vous demande fi le nombre en eft pair o4 non - pair, il vaut autant répondre l’un que l’autre ; car certai- tainement 1l y a autant de nombres pairs que d’im- pairs ; cette raifon fi fimple déterminera tout le monde. Cependant à y regarder de plus près, cela ne fe trouve plus ainf, tant ces fortes de queflions fur les probabilités font délicates. M. de Mairan a trouvé qu'ilyavoit de l'avantage à dire 207-pair pli tôt que par. Les jettons, cachés dans la main du joueur qui propofe le pari , ont été pris au hafard dans un cer- tain tas, que le joueur a pù même prendre tout en- tier. Suppofons que cetas ne puifle être qu'impair. S'ileft 3, le joueur n’y peut prendre que 1 ou2, ou 3:jettons ; voilà donc deux cas où il prend des nombres 2mpairs, & un feul où il prend un nombre pair. Il y a donc 2 à parier contre 1 pour l’mpair, ce qui fait un avantage de +. Sile tas efts , le joueut ypeut prendre trois pairs &tfeulement deux pairs; il y a 3 à parier contre 2 pour lrpair, & l’avantage eft d’un tiers. De même fi le ras eft 7, on trouvera que l'avantage de l’rrpair eft +, de forte que tous les tas émpairs, les avantages de l’impair correfpondans à chaque tas , feront la fuite d’+, £,+, +, +, où Pon voit que le tas 1 donneroït un avantage infimi, ÿ ayant 1 à parier contre o , parce que les dénomina- teurs de toutes ces fraétions diminuées de l’unité, expriment le fort du par contre l’impair. Si on fuppofe au contraire que les tas ne puiffent être que pairs, 1ln”y aura aucun avantage ni pour le pair ni pour l’émpair , il eft vifible que dans tous lés tas pairs il n’y a pas plus de nombres pairs à prendre que d’impairs, ni d’impairs que de pairs, Quand'on joue, on ne fait fi les jettons ont été pris dans un tas pair on 2mpair, fi ce tas a été 2 ou 3, 4 ouÿ, &c. & comme il a pu être également l’un ou l’autre, avantage de l’impair eft diminué de moitié à caufe de la pofhbilité que le tas ait été pair. Aïnfi la fuite +, +, +, +, 6. devient+,,2,2, @c. On peut fe faire une idée plus fenñble de cette petite théorie. Si on imagine un toton à 4 faces, marquées 1,2, 3, 4, 1l eft évident que quand il tournera, 1ly a autant à parier qu’il tombera fur une face paire que {ur une #mpaire ; s’il avoit 5 faces il en auroit donc une impaire de plus, & par confé- quent il y auroit de avantage à parier qu’il tombe- roit fur une face 2mpaire ; mais s’il eft permis à un joueur de faire tourner celui de ces deux totons qu'il voudra, certainement l’avantage de limpair, eft la moitié moindre qu’il m’étoit dans le cas où le feul toton impair autoit tourné ; ce qui fait précifé- ment le cas du jeu de pair ou non, On voit par la fuite +, +,2+,2, 6, ou par l’autre T4 ss que l'avantage de l’impair va toujours en diminuant, felon que les tas ou le nombre de jettons qu’on peut prendre eft plus grand.La raifon effentielle en eft, que 1 étant toujours la différence dont le nombre des impairs excede celui des pairs dans un #mpair quelconque, cet 1 eft toujours moin- dre parrapport à un plus grand nombre.Ces joueurs fi rafinés, qui ont foupçonné quelque avantage pour l’impair, n’y euflent certainement pas foupçonné” cette diminution. Si Pon vouloit jouer à jeu éval, il faudroit que le joueur qui préfente le pari dit fi Le tas où il a pris Les PA Ï jetons eft pain ou impair; & dans ce fecond cas quel impair il eft. S'il eft dit qu'il eft pair, il n’en faut pas davantage pour favoir que le pari eft égal, quelque pair que ce foit. S'il dit que le tas eft mparr, il faut qu’il le détermine ; par exemple 7, afin qu’on fache qu'il y a de plus à parier pour Pimparr, & que ce- lu? qui prend ce parti, mette ce de plus que Pau- tre, qu'il mette 4 contre 1 ; alors le jeu eff parfaite- ment égal. Nous prenons 1c1 =, avantage de l’empair, dans la premiere fuite, & non dans la feconde, où il feroit +, parce que cette feconde fuppolfe que le tas puifle être également pair ou Znpatr, ce qui n'elt pas ici. On voit donc que fi au - lieu de Palternative d’un tas pair où impair; on fuppoloit plus de pofhbilité à l’un qu'à l’autre, ou, ce qui revient au même, 3 tas au-lieu de 2, l'avantage du joueur qui dit z02-pair, pourroit diminuer dans un cas, & augmenter dans VPautre. fl duminueroit dans le cas où 1l pourroit y avoir ua feul des 3 tas épair contre 2 pairs ; &c1l augmenteroit au contraire, s’il y avoit poffbilité de deux tas pairs contre ùn pair ; par exemple, fi le jouenr qui préfente.le pañi vous difoit, que le tas fur lequel il va prendre des jettons, & où vous avez à dire pair ou non, eit 6,7,0u8, 1leit évident que la feule pofhbilité d’un tas qui feroit 7, où l’a- vantage + qu s’enfuivroit à dire impair, doit être divifé par 3 à caufe des trois cas poflibles, ce qui donneroit = plus petit que : ; coïime au contraire fi les 3 tas poflibles étoient 5, 6, & 7, l'avantage étant alors. dans le premier cas, o dans le fecond, &+ dans le troifieme , on auroit # plus o, plus, qui font = à divifer par 3, ce qui donneroit7, avantage plus grand que ?, & par conféquent que + De forte que l'avantage qu'il y a à dire 707 - pair dans un nombre de tas pofhbles quelconques, ou pairs avec z07-pairs, ou {eulement ipairs, fera tou- jours exprimé par la fomme des avantages de cha- cun des cas poffbles, diyifée par le nombre des tas, en y comprenant les pairs , s'il y en a, lefquels don- nent toujours o d'avantage: c’eft-là la formule ou la regle générale. On fait encore cette queftion, file joueur qui pré- fente le pari difoit, le tas dans lequel j'ai à prendre ne pañlera pas un certain nombre de jettons, par exemple 7 ou 12, Gc. mais il pourra être plus petit à mon choix; quel eft l’ayantage qu'il y a alors à dire 207-pair ? Il eft évident qu'il fera compofé du fort ou de l'avantage de tous les tas poffibles, depuis 7 ou :2 jufqu'à uninclufiyement : ainfi dans {a con- dition qu’il ne peut pañler 7, la regle donnera +, plus o,plus+, divifés par 7, ce qui fait entout +, près d'untiers de la mife de celui qui ditémparr, Si le plus grand tas poflible avoit êté 12, l’avantage eût été moindre, non - feulement parce que le nombre des tas poffibles , où le divifeur eût été plus grand, mais encore parce qu'il auroit ph y avoir autant de tas Pairs que d’émpairs ; 1l y autoit donc <#7, ou environ + d’avantace à dire impair dans cette fuppoftion. ; 8 EP P Entre toutes les objeétions qu’on peut faire con- : tre Linégalité du jeu de pair ou non, & la maniere c1 donnée de l’évaluer , une des plus fpécieufes eft celle-ci : foit le tas de 3 jettons, felon ce qui aété dit ci-deflus , 1l y a deux zmpairs contre un pair, ou 2 contre 1 à parier pour l’émpair, & partant d’avan- tage. Cela eft vrai, dit-on, à l’ésard d’un toton à 3 faces, marquées 1, 2, 3; mais il n’en eft pas de même du tas des 3 jettons, car je puis prendre cha- cun de ces jettons feul, ce qui fait trois cas, ou tous les trois enfemble, ce qui fait un quatrieme cas, & _toujours pour l’mpair ; & parce que trois chofes peuvent être prifes deux-à-deux de trois manieres différentes , il y aura en même tems trois cas favora- bles pour le pair, ce qui donne à parier 4 contre 3, PAIÏ où + d'avantage, &c non +, trouvé. Mais on doit prendre garde, que de ce que le, Joueur porte fa main fur le premier, le fecond, ou le troifieme des jettons du tas, il n’en réfulte pas 755 comine. il avoit cté trois évenemens différens, en faveur de l’impair, comme de ce qu'il aura pris le fecond & le troifieme, ou le premuer & le fecond, n’en fait pas deux en faveut du pair , mais un feul & même évenement, & une même attente pour les joueurs ; car dès que le baiard ou le caprice , ou quelque raïfon de pru- dence , a déterminé celui qui porte fa main fur le tas de 3 jettons , pour y en prendra un oudeux, il n’irn- porte lequel des trois 1l prenne, cela ne change rien au jeu : & pour rendre ceci plus fenfible , il ny a qu'à remarquer que dans le cas où le joueur pren- droit fur un tas de 2 jettons ,& où l’on convient que le jeu eff parfaitement égal, il y auroit inégalité, & 2 contre 1 pour limpair, fi lobjeétion avoit lieu, puüifque par le même rafonnement il pourroit pren- dre feul Pun ou l’autre des deux jettons pour l’imparr, êtieulement tous les deux enfemble pour le pair, Le tas de 3 jettons ne donne donc pas quatre poffibilités pour l’impair, par rapport au fort & À l’attente des joueurs , mais deux feulement. Les combinaïfons, les changemens d'ordre, & les coffigurations des nombres , font des fpéculations applicables eñ tout Ou en partie, aux queftions du hafard 7 du jeu, felon lPhypothèfe, & la loi qui en fait le fondement, & il eft clait qu'ici la droite ou la gauche, & le pre- mier & le fecond jetton, ne m’engagent pas plus l’un que Pautre à les prendre feuls ou accompagnés: ce {ont donc des circonftances étrangeres au {ort des joueurs dans la queftion préfente. . Il y auroit plufieurs manieres d'introduire l’éga- lité dans le jeu de pair ou non ; celles qu'on pratique quelquefois fe réduifent toutes au cas de 2jettons, l'unb lanc & l’autre noir, comme fi le joueur qui prétente le pari demandoit blanc ou noir. Æif. de l’acad. des Sciences, année 1728. (D. J. PAIR DE FRANCE, ( Jurifprudence, ) eft la pre- miere dignité de l’état; les pairs font les grands du royaume à les premiers officiers de la couronne: ce font eux qui compofent la cour du roi, que par cette raïon l’on appelle auf /4 cour des pairs. L'origine des parrs en général, eft beaucoup plus ancienne que celle de la parie, laquelle n’a com- mencé d’être réelle de nom & d'effet, que quand les principaux fiefs de la couronne commencerent à de- venir héréditaires. Sous la premiere & la feconde race, on entendoit par le terme pares , des sens égaux & de même con- dition, des confreres. Il eft parlé de pairs dans la loi des Allemands ré- digée fous Ciotaire. Dagobert [. donne le nom de pair à des moines. Le nom de pars eft auf ufité dans les formules de Marculphe , lequel vivoit en 660. On lit dans cet auteur ces mots: guzcum reliquis paribus qui eur Jecur fuerant interfecie, Godegrand évêque de Metz, du tems de Charle- magne, appelle pares , des évêques &c des abbés. Taffillon roi de Baviere, fut jugé au parlement de Van 788 , &r les pairs , c’eft-à-dire les feigneurs af emblés, lejugerent digne de mort; il fut par ordre du roi enfermé dans un monaftere. : Les enfans de Louis le Débonnaire s’appellerent de même pares , dans une entrevue de l’an 855. Aux, fiecle, le terme de pair commença à s’intro- duire dans le langage gallo-tudefque que lon par- loit en France; les vaflaux d’un même feigneur s’ac- coutumerent à s’appeller pairs, c’eit-àä-dire, aw'ils étoient égaux entre eux, & non pas qu'ils fuflent égaux à leur feigneur. C’étoit un ufage chez les #56 PAI Francs, que chacun avoit le droit d’être jugé par fes pairs ; dans les premiers tems de la monarchie, ce “droitappartenoit à tout citoyen libre ; mais il appar- tenoit plus particulierement aux grands de l’état, ‘que lon appelloit alofs principes , parce qu'indépen- TOI de Navarre, en 1349. Celui qui intervint entre Charles V. & Philippe, duc d'Orléans. Jean , duc d'Alençon, fut condamné deux fois à mort par les parrs,pour crime de leze-majefté, favoir le ro Oë@obre 1458, & le 14 Juillet 1474 ; lexécu- tion fut chaque fois remife à la volonté du toi , Le- quelufa de clémence par refpe& pour le fang royal. Il feroit facile d’en rapporter un grand nombre d'autres: on les peut voir dans le recueil du pere Anfelme ; mais depuis on y à mis quelques reftrig- tions. On trouve dans les regiftres oZm, qu’en 1259 larchevèque de Reims demanda au parlement, où le roi étoit préfent , d’être jugé par fes pairs ; ce qui lui fut refufé. Il y a apparence que l’on jugea qu'il ne s’agiAoit pas de la dignité de fa pairie, & que déflors les parrs , même de France, n’avoient plus le drcit de plaider au parlement dans toutes fortes de cas ; mais feulement dans les caufes qu intérefloient lhonneur &z les droits de la pairie. En matiere civile, les caufes des pairs, quant au domaine où patrimoine de leurs pairies , doivent être portées au parlement , comme il fut dit par le procureur général le 2$ Mai 1394, en la caufe du duc d'Orléans ; ils y ont toujours plaidé pour ces fortes de mâtieres, lors même qu'ils plaidoient tous en corps, témoin l'arrêt rendu contr’eux en 1224, dont on a déja parlé ci-devant. À l'égard de leurs caufes en matiere criminelle, toutes celles qui peuvent toucher la perfonne des pairs, comme quand un pair eft accuié de quelque cas criminel qui touche ou peut toucher fon corps, fa perfonne , fon état, doivent être jugées la cour fufifamment garnie de pairs. Lés pairs ont toujours regardé ce privilese com- me un des principaux attributs de la pairie : en effet, au Et de juftice du 2 Mars 1386 , ils ne réclamerent d'autre droit que celui de juger leurs pairs ; cé qui leur fut oétroyé de bouche, & les lettres comman- dées, mais non expédiées. [left dit dans les regiftres du parlement, que le duc de Bourgogne, comme doyen des pairs, re- montra à Charles VI. au fujet du procès criminel qu'on faoit au roi de Navarre, qu'il n’appartenoit 764" PAT qu'aux feuls pairs de France d’être jugés des pairs leurs pareils. Il prouva en plein parlement , par le es d'un chancelier , &c d’un premier &c fe- éond préfident aumême parlement , que le feu roi avoit reconnu ce privilege ; & l'affaire mife en dé- libération , 1l lui en fut décerné aûte , & ordonné qu'il en feroit fait regiftre. Le premier Décembre 1373 , l’évêque de Laon requit d’être renvoyé en parlement , felon le privi- ‘lege de fa pairie; ce privilege fut reconnu par l’é- vêque de Langres le 19 Novembre 1484. Ce privilege eft d’ailleurs confirmé par lPordon- nance du mois de Décembre 1365 ; par celle de 1366 ; celle du mois d'Avril 1453, arr. 6. & encore plus récemment par l’édit du mois de Septembre 1610, art. 7. où en parlant des pairs , 1l eft dit que c’eft de leur nature & droit que les caufes dans lefquelles leur état eff intéreflé doivent y étre introduites & traitées. Convocation des Pairs. Quoique les parrs aient droit de venir prendre leur place au parlement lorfqu’ils le jugent à propos , néanmoins comme ils y font moins affidus que les magiftrats , 1l arrive de tems en tems qu’on les convoque , foit pour juger un pair , foit pour quelqu'autre affaire qui intéreffe l'honneur &t la dignité de la pairie, ou autre affaire majeure pour laquelle il paroïît à propos de réunir le fuffrage de tous les membres de facompagnie. L’ufage de convoquer les pairs eft fort ancien, puifqu’ils furent convoqués des l’an 1202 contre Jean fans Terre , roi d'Angleterre , duc de Normandie & de Guyenne. Ils He auffi convoqués à Melun en 1216 fous Philippe Augufte, pour décider le différend au fujet du comte de Champagne , entre le jeune Thibaut & Erard de Brienne; les pazrs étoient deflors diftingués des autres barons. Dans le xiv. fiecle, ils furent convoqués deux fois * pour le proces du duc d'Alençon: en 1378, pour le - duc de B:etagne, quoique la pairie hui fit conteftée : en 1386, pour faire le procès au roi de Navarre fous Charles VIL: en 1458, pour le procès du duc d’A- lencon. On peut voir dans le pere Anfelme plufeurs exem- ples de ces convocations ou femonces des pairs faites en divers terms, felon que les occañons fe font pré- fentées. ; Une des dernieres eft celle qui fut faite en 1727 pour le procès du duc de la Force, Cette convocation des pairs ne fe fait plus en ma- tiere civile, même pour leur pairie; mais elle fe fait toujours pour leurs affaires criminelles. Jufqw’au procès du maréchal de Biron, fous Henri IV. les rois ont afhfté au jugement des procès criminels des pairs ; c’eft pourquoi il eft encore d’u- fage d'inviter le roi de venir prendre place au par- lement lorfque l’on convoque les pars. Le cérémonial que l’on obferve pour convoquer ‘oufemoncer les pasrs , eft que pourinviter les princes du fang , lefquels font pairs nés, on envoie un des ‘grefliers de la grand’chambre, qui parle au prince Ou à quelque officier principal de fa maïlon, fans Jaiffer de billet ; à l’éoard des autres pairs , le oref fier y va la premiere fois , & s’il ne les trouve pas chez eux, 1l laïffe un billet qui contient la femonce; quand laffaire dure plufeurs féances, c’eft un autre ue le greffier qui porte les billets aux pairs. C’eft ainft que l’on en ufa dans laffaire du duc de ia Force; les pairs furent priés de trouver bon qu’on ne fit que leur envoyer les billets, parce que les grefñets ne pouvoient fufre à tant de courfes , fur-tout lorfque les affaires prefloient, ce qui fut agréé par les pasrs. Il ya des occafions , où fans convocation judi- diaire , tous les pairs fe réuniflent avec les autres membres du parlement, comme ils firent le lende- P AIT main de la mort de Louis XIV. pour ftatuer fur le teftament de ce prince &c fur Padminiftration du royaume. Les. hifi. [ur le parlement. Ajournement des pairs. C’étoit autrefois un privi- lege des pairs de ne pouvoir être ajournés que par deux autres pairs, ce que l’onappelloit faire un ajours nementen pairie. On tient que cette maniere d’ajout- ner étoit originairement commune à tous les Francs, qu’elle fe conferva enfuite pour les perfonnes de dif- tinéhon ; elle fubfiftoit encore au x. fiecle en Nor- mandie pour les nobles & pour les évêques À l'égard des pairs, cela fut pratiqué diverfement en plufieurs occañons. Sous le ro1 Robert, par exemple, le comte de Chartres fut cité par celui de Normandie. Sous Louis le Jeune en 1153 , les derniers ajour- nemens furent faits au duc de Bourgogne per run- tium ; maisil n’eft pas dit qu’elle étoit la qualité de ce député. Lors du différend que Blanche, comteffe de Cham- pagne, & Thibaut ion fils, eurent avec Erard de Brienne &c Philippe fa femme, au fujet du comté de Champagne , la comtefle Blanche fut ajournée par le duc de Bourgogne & par deux chevaliers. Dans un atrèt donné en 1224 contre la comteffe- de Flandres, il eft dit que c’étoit un privilege des pairs de ne pouvoir être ajourné que par deux che- valiers. Ducange dit qu’en 1258 on jugea néceflaire un certain cérémonial , pour affigner un évêque, baron du royaume, quand il s’agifioit de fa baronme. Philippe le Bel fiten 1292 ajourner Edouard I. roi d'Angleterre, à la courdes pairs, par les évêques de Beauvais & de Noyon, tous deux puirs de France, Ce même Edouard ayant été ajourné en 1295, comme duc de Guyenne , pour aflifter en perfonne au procès d’entre Robert, duc de Bourgogne, & Robert, comte de Nevers, touchant le duché de Bourgogne la publication de l'journement fut faite par le {énéchal de Périgord & par deux chevaliers. Robert d'Artois fut ajourné en 1331 par des che valiers 8 confeillers ; cependant l'ordonnance de Philippe VI. du mois de Décembre 1344, porte que su un pair en ajournoit un autre, c'étoit par eux pairs, comme cela s'étoit déja pratiqué ; mais il paroït auffi qu’au lieu de pairs , on commettoit {ou- vent des chevaliers 8&z confeillers pour ajourner. En effet, le prince de Galles fut ajourné en 1368, par un clerc de Droit, moult bien enlangasé, & paru moult noble chevalier. Dans une caufe pour l’évêque de Beauvais , le 23 Mars 1373, il fut dit que, fuivant les ordonnances & ftyle de la cour, les pairs avoient le privilese de ne pouvoir être ajournés que par deux pairs de Les- tres ; on entendoit apparemment par-là deux chevar Liers en lors. Ces formalités que l’on obfervoit pour ajourner un pair, avoient lieu même dans les affaires civiles des pairs ; mais peu-à-peu elles ne furent pratiquées que pour les caufes criminelles des purs ; encore pour ces caufes criminelles les ajournemens en pai- rie ont paru fi peu néceflaires, que fous Louis XI. en 1470, le duc de Bourgogne accufé de crime d'é- tat, fut afigné en la cour des pairs par un fimple huiffier du parlement, d’où eft venu lé proverbe que Jergent du roi eft pair à comte ; c’eft-à-dire, qu'un {er- gent royal peur ajourner un pair de même que l’au- roit fait un comte-parr. Les pairs font ajournés en vertu de lettres-patan- tes, lefquelles font publiées par ert public: lorfqu’ils- font défaut fur le premier ajournement, ils font réaflignés en vertu d’autres lettres ; Pajournement doit être à long terme, c’eft-à-dire que le délai doit être de trois mois, ain qu’il eft dit dans un traité fait entre le toi Philippe le Bel, &c les enfans de Guy, comte de Flandres, & les Flamans _ Rangs des pairs. Autrefois les pairs précédoieñt les princes non pairs, & entre les fimples pars &c les princes qui étoient en même tems pars, le rang fe régloit felon Pancienneté de leur pairie ; maïs par hne déclaration donnée à Blois en 1576, en réfor- mant l’ancien ufage , 1l fut ordonné que les princes précéderoient tous les pairs, foit que ces princes ne Éuffent pas pairs, ou que leurs pairies fuflent pofte- rieutes à celles des autres pairs , &t que le rang des princes , qui font les premniers pairs , 1e réglât fu vant leur proxuuité à la couronne. Les nouveaux pairs ont les mêmes droits que les Ænciens , ainfi que là cour lobferva à Charles VII. en 1458, lors du procès du duc d'Alençon ; & le rang fe regle entr’eux, non pas fuivant l'ordre de leur réception, mais fuivant la date de Péreétion de leurs pairies. | LÈ L'avocat d’un pair qui plaide en la gfand’chambre doit être 27 loco majornm , C’eft-à-dire à la place de Vappellant, quand mêmele pair pour lequel 1l plaide feroit intimé ou défendeur. Les ambafladeurs du duc de Bourgogne, premier pair de France , eurent la préféance fur les électeurs de l'Empire au concile de Bafle ; Pévêque êc duc de Langres, comme pair, obtint la préléance {ur Par- chevêaue de Lyon, par un arrèt du 16 Avril 1152, auquel l'archevêque de Lyon fe conforma ; & à l’oc: cafon d’une nr plaidée au parlement le 16 Jan- vier 1552, il eft dit dans les régiftres que Les eve ques pairs de France doivent précéder au parlement les nonces du pape. Pair, alimens. Les auteurs qui ont parlé des pairs, tiénnent que Le Roi feroit obligé de nourir un par s’il n’avoit pas d’ailleurs de quoi vivre, mais on ne trouve pas d'exemple qu'aucun pair ait été réduit à cette extrémité. n= . Douaire des veuves des pairs. En 1306 Matouerite de Hainaut, veuve de Robert, comte d'Artois, de- manda contre Mahaut, qui étoit alors comtefle d’Ar- tois, que fon douaire ft afligné fur les biens de ce comté, fuivant la coutume qu’elle alléguoit étre ob- fervée en pareil cas entre les parrs de France, au cas que lon pür vérifier ladite coutume, finon felon les conventions qui avoient été faites entre les parties ; après bien des faits propofés de part & d’autre , par arrêt donné ès enquêtes , des oftaves de la Toufiaint 1306, il fut jugé qu'il n’y avoit point de preuve fuffifante d’aucune loi ni coutume pour les douaires des veuves des pairs, & il fut dit que ladite Mar- guerite auroit pour fon douaire dans les biens du comté d'Artois, 3500 liv. tournois ; ce qui avoit été convenu entre les conjoints, Aimortiffement. Par une ordonnance faite au par- lement, de l’Epiphamie en 1277, il fut permis à lar- chevêque de Reims, & autres évêques parrs de France, d'amortir non pas leur domaine ni les fiefs qui étoient tenus d’eux immédiatement , mais feule- ment leurs arriere-fefs ; au lieu qu’il fut défendu aux évêques non pairs d'accorder aucun amortiflement. Mais dans les vrais principes, le roia feul vrai- ment le pouvoir d’amortir des héritages dans fon royaume; de forte que quand d’autres feigneurs , &z les pairsmême amortiflent des héritages pour ce qui les touche, cet amortiflement ne doit pas avoir d’ef fet ; & les gens d’églife acquéreurs, ne font vraiment propriétaires que quand le Roi leur a donné fes Let- tres d’amortiflement, ainfi qu’il réfulte de l’ordon- nance de Charles V. du 8 Mai 1372. Extinition de pairie. Lot{qu’il ne fe trouve plus de mâles, ou autres perfonnes habiles à fuccéder au titre de la pairie, le titre de la pairie demeure éteint ; du refte la feigneurie qui avoit été érigée en :| Tome XI, P A Ï 76$ päirie fe regle à l'ordinaire pour l’ordre des fuceef. VON , he 4 , Contiiiation de parie. Quoiqu'uné parie foit éteinte, le roi accorde quelquefois des lettres dé continuation de pairie en faveur d’une perfonne qui n’étoit pas appelléé autite de la pairie ; ces lettres different d'une nouvelle éreétion en ce qw’elles cons fervent à la pairie le même rang qu’elle avoit fui: vant fon érection. Fs, Juflices des pairies. Suivant un afrêt du 6 Avril 1419 , Parchevèque de Reims avoit droit de donner des lettres de committimus dans Pétendue de fa ju tice, | . … Les pairs ont droit d'établir des notaires dans tous les lieux dépendans de leur duché, ._ Suivant la déclaration du 26 Janvier 1680, Les juges des pairs doivent être licentiés en Droit, & avoir prêté le ferment d'avocat. Reffort des pairies au parlement. Autrefois toutes les affaires concernant les pairies reflortifloient au pars lement de Paris, comme les caufes perfonnelles des pairs y font encore portées; &:même par une efpece de connexité , l’appel de toutes les autres fentences de leurs jüges , qui né concernoïent pas la pairie, y étoit aufh releve fans que les officiers royaux où autres, dont le reflort étoit diminué, puflent fe plaindre. Ce reflort immédiat au parlement caufoit de grands frais aux jufliciables; maïs Francois L pour y remédier, ordonna en 1527 que déformais les appels des juges des pairies , en ce qui ne con: cernoit pas la parie, feroierit relevés au parlement du reflort du parlement où la pairie feroit fituée, & tel eñt l’ufage qui s’obferve encore préfentement. . Mouvance des pairies. L’éreétion d’une terre en paiïs rie fafoit autrefois cefler la féodalité de l’ancien fes gneur fupérieur, fans que ce feigneur püt fe plaindre de Pextinéion de la féodalité ; la raifon que l’on en donnoit, étoit que ces érettions fe faïfoient poux l’ornement de la couronne ; mais ces graces étant de: venués plus fréquentes , elles n’ont plus été accor« dées qu’à condition d’indemnifer les feigneurs de la diminution de leur mouvance. Sieges royaux ès pairies. Anciennement dans les villes des pairs , tant d’éplife que laïcs , il n’y avoit point de fiege de bailliages royaux. Le roi Charles VI, en donna déclaration à l’évêque de Beauvais le 22, Avril 1422; &c le 10 Janvier 1453 , l'archevêque de Reims , plaïidant contre le roi, allégua que l’évêque de Laon, pour endurer audit Laon un fieve dw Bailli de Vermandois, avoit 60 Liv. chacun an fur le roi, mais cela n’a pas continué, & plufeurs des pairs Vont fouffert pour l'avantage de leurs villes. Il y eut difficultés pour favoir s'ils étoient obligés d’y admettre les officiers du grand maïtre des eaux & forêts , comme le procureur du roi Le foutint le der nier Janvier 14593 cependant le 20 Novembre 14604 ces officiers furent par arrèt condamnés envers lés vêque de Noyon, pour les entreprifes de jurifdic= tion qu’ils avoient faites en la ville de Noyon, où l'évêque avoit toute juftice comme pair de Frances Dhuiiller & Anfelme. (4) Parrs, ( ff. d’Angler. ) le mot pairs, veut dire citoyens du même ordre, On doit remarquer qu’en Anoleterre , 1l n’y a que deux ordtes de fujets, fa= voir, les pairs du royaume & les communes. Les ducs, les marquis, les comtes, les vicomtes, les barons , les deux archevêques , les évêques , font pairs du royaume , & pairs entre eux ; de telle forte, que le dernier des barons ne laifle pas d’être pair du premier duc. Tout le refte du peuple eft rangé dans la claffe des communes. Ainfi à cet égard , le moinz dre artifan eft pair de tout gentilhomme qui eft aus deflous du rang de baron. Quand donc on dit que chaçun eft jugé par les pairs ; cela Us que -les ce 766 P AI pairs du royaume font jugés par ceux de leur Of- dre, c’eft-à-dire par les autres icipneurs, qui font, comme eux, pairs du royaume. l'out de même un homme du peuple eft jugé par des gens de l’ordre des communes , qui font fes pairs à cet égard , auel- que dittance qu'il y aït entre eux par rapport aux biens, ou à la naïffance: Il y a pourtant cette différence entre les pairs du royaume & les sens des communes ; c’eft que tout pair du royaume a droit de donner fa voix au ju- gement d’un autre pair ; au lieu que les gens des communes ne font jugés que par douze perfonnes de leur ordre. Au refte , ce jugement ne regarde que le fait : ces douze perfonnes, après avoir été té- moins de l'examen public que le juge a fait des preu- ves produites pour & contre laccufé , prononcent feulement qu’il eft coupable où innocent du crime dont on l’accufe : après quoi le juge le condamne ou labfout , felon leslois. Telle eft la prérogative des citoyens anglois depuis le tems du roi Alfred, Peut-être même que ce prince ne fit que renouveller & retlifier une coutume établie parmi les Saxons de- puis un tems immémorial. Le chevalier Temple prétend qu'il y a fufifam- ment de traces de cette coutume depuis les confti- tutions mêmes d’Odin, le premier conducteur des Goths afatiques ou Getes en Europe , &c fondateur de ce grand royaume qui fait Le tout de la mer Bal- tique , d’où tous Les souvernemens sothiques de nos parties de l’Europe , qui font entre lenord &c loueft, ont été tirés. C’eft la raifon pourquoi cet ufage eft aufli ancien en Suede, qu'aucune tradition que l’on y ait; &c il fubfifte encore dans quelques provinces. Les Normands introduifirent les termes de Juré & de verdiét , de même que plufieurs autres termes ju- diciaires ; mais les jugemens de douze hommes font mentionnés expreflément dans les lois d'Alired &c d’Ethelred. | | Comme le premier n’ignoroit pas que l’efprit de domination , dont l’oppreffion eft une fiute natu- relle , s'empare aifément de ceux qui font en auto- rité, il chercha les moyens de prévenir cet inconvé- mient. Pourcet-effet, il ordonne que dans tous les procès criminels, on préndroit douze perfonnes d’un même ordre, pour décider de la certitude du fait, 8 que les juges ne prononceroient leur fen- tence que fur la décifion de ces douze. Ce droit desfujets anglois , dont ils jouiffent en- core aujourd’hui, eft fans doute un des plus beaux &t des plus eftimables qu'une nation puxle avoir. Un angloïs accufé de quelque crime , ne peut Ëtre jugé que par fes pairs , c’eft-à-dire par des perfonnes de fon rang. Par cet augufte privilège , il fe met hors de danger d’être opprimé , quelque grand que foit le crédit de fes ennemis. Ces douze hommes ou parrs, choiïfis avec l'approbation de l’accufé entre un grand nombre d’autres , font appellés du nom colletuf de jury (D. J.) Pairs gourGEzoïs. Lorfque les villes eurent ac- quis le droit de commune , & de rendre elles-mêmes la juftice à leurs citoyens , elles qualifierent leurs ‘juges de pairs bourgeois, apparemment à l’inftar des pairs de fief, qui y rendoient auparavant la juftice pour les feipneurs. : Parrs DE CHAMPAGw&. L’arrêt du parlement de 1388, renduwentre la reine Blanche & le comte de Joigny , fait mention que le comté de Champagne étoit décoré defept comtes pairs &C principaux mem- bres de Champagne , lefquels fiégeoientavec le com- te de Champagne en fon palais pour le confeiller. Ces fept pairs étoient les comtes de Joigny , de Rhe- tel, Brienne, Portier , Grandpré, Roucy , & Brairé, Traité de la Pairie, page 63. Parrs DES ECQOLÉSIASTIQUES ; les cardinaux font les pairs du pape, foit comme évèque de Rome , cw comme fouverain. | Les évêques avoient autrefois pour parrs Les di- onités de leurs chapitres, qui fouferivoient leurs attes , tant pour les ftatuts de l'Eglife, que pour les graces qu'ils accordoient. Pour ce qui regardoit le domaine de lEglife &z les fiefs qui en dépendoient, les évêques avoient d'au- tres pairs qu’on appelloït les burons de l'évêque, ou de l’évêéche , lelquels étorent les parrs &c les juges des caufes des fiefs des autres vaflaux laïques dés évé- ques. Voyez l’hifl. de la Païrie, par Boulainvilliers : on peut voit'aufh l’f. de Verdun, aux preuves, . page 88 , oùil eft parlé des pairs ou barons de l'évê- - ché de Verdun , qui étoient au nombre de quatre. 4 PAirs DE HAINAULT. Damées, #vre 6, de fa Jurifprudence du Hainaulr, dit que leur origine eft affez incertaine. L'auteur des annales de la province, tient que ces pairs & autres officiers héréditaires , furent inftitués par la comtefle Richilde &c fon fils Baudouin, après l'an 1076 , lorique fe voyant dé- poflédés par Robert le Frifon, du comté de Flan- dres où il y avoit des pairs, & voulant faire mar- cher en même rang leur comté de Hainaut , ils 1n- fHituerent douze pars, qui étoient les feigneurs d’A- vefnes, Lens, Roeux, Chimay, Barbencçcon , Re- baix , Longueville , Silly, Walincourt, Baudour , Chievres, & Quevy. Îl'y eut dans la fuite d’autres terres érigées en pairies, telle que celle de Berlay- mont , qui appartient aujourd'hui au comte d'Eg- mond. | Les princes rendoient autrefois la juitice eux- mêmes ; les pairs étoient leur confeil, auquel onaflo- cia les prélats , barons & chevaliers. Les guerres prefque continuelles ne permettant pas aux princes &c aux feigneurs de vaquer exaëte- ment à rendre la juftice, on inftitua certain nombre de confeillers de robe choïfis du corps des Avocats. Cependant les pairs , prélats , barons , &c cheva- liers , n’ont pas cefflé d’être membres du confeil de Hainault , auquel on donna le titre de noble &c fou- veraine cour de Hainault. | C’eft de-là que Part. 3o de la coutume générale de Hainault, dit qu’en matiere de grande impor- tance , fi les parties plaidantes ou lune d'elles , 1n- fiftent au renforcement de cour, & qu'il foit jugé néceffaire , les pairs, prélats , nobles, &c autres féo- daux, feront convoqués pour y aflifter &c donner leur avis. Pair DES MonNOïES RÉELLES , eff le rapport qu'il y a entre les efpeces d’or & d'argent d’un etat, &t celles des états étrangers, ou le réfultat de la comparaifon faite de leur poids, titre & valeur in- trinfeque. Toutes les monnoïes en général n’ont point de valeur réelle ; leur valeur eft de conven- tion , & dépend de la volonté du fouverain : on ap- pelle monnoie réelle, la valeur que la monnoie a par tapport à celle d’un autre pays , &c ce rapport eft le pair des monnoies, PAIRS 64 PRUDHOMMES , quelques coutumes fe fervent du terme de pairs , pour exprimer des prud- hommes ou gentilshommes choïfis à Peffet de faire des eftimations. Voyez les Inflitutes , cout, de Loïfel, liv. IV, 10, 3.nomb. 13. 6 les obférvations de Lau- riere. PAIRS DE VERMANDOIS; les chanoines de Saint- Quentin 1ont appellés pares Viromandiæ, & leur doyen eft le douzieme des prélats appellés à la con- fécration de l'archevêque de Reums. Païrs pes ViLLes, ce font les échevins ; ces ofi- ciers étant choïfis entre les plus notables bourgeois pour être juges de leurs concitoyens . au-moins c’é- toient eux qui rendoient autrefois la juftice avec les comtes dont ils étoiem comme les pars ou les afleffeuts; & encore a@tuellement dans plufieurs villes, 1ls ont confervé quelque portion de Padmi- niftrafion de la juftice. Zoyez EcHevins, é Loi- feau , en fon Traité des Offices. (A) PAIRE , ff ( Gram.) ce mot fignifie deux cho: fes femblables , dont l’une ne fe vend ouere fans l’autre ; comme une paire de pendans d'oreilles , de bas, de gans , de jarretieres, de fouliers, de man- chettes , 6x. Ce mot fe dit aufli de certaines mar- chandifes compofées de deux parties pareilles, en- core qu’elles ne foient point divifées : on dit en ce fens une paire de lunettes, de cifeaux, de mouchet- tes, &c. Enfin, ce mot fe dit par extenfion d’une chofe feule qui n’eft point appareillée, Ainf on dit une paire de tablettes , une paire de vergettes , pour dire , des tablettes , des vergetres. ( D, J. . PAIRE, e2 Anatomie , fignifie un aflembiage de deux nerfs qu ont tiré origine commune de la _ Mnoëlle PR » Ou de la moëlle de l’épine, 8 qui fe diftribuent de-là dans toutes les parties du corps, Pun dun côte, & l’autre de l’autre, Voyez Nerr. C’eft dans ce fens que nous difons les dix paires de nerfs de la moëlle alongée, la premiere , la feconde, la trorfième., &c. les fept paires de nerfs cervicaux , la premiere , la feconde , la troifieme , &c. les dou- ze paires dorfales , la premiere , la feconde , &e. les cinq paires lombaires , &c. Voyez CErvicaL£, Dor- SAL , G LOMBAIRE. PAIRE VAGUE , ox la huitieme pare, eft une | très-confidérable conjugaifon des nerfs de la moëlle alongée ; 1ls font ainf appellés à caufe de leur diftri- bution large &c étendue dans plufeurs parties du corps. Voyez leur origine , leurs cours, leur diftri- bution, fous larsicle VAGUE, ; | PAIREMENT , adv. ( Arichméthique. ) un nombre pairement pair, eft celui qu'un nombre pair mefure par un nombre pair ; ainfi 16 eftun nombre paire- rent pair , parce que le nombre pair huit le mefure par lenombre pair deux, qui eft auffun hombre pair. Âu contraire, un nombre pairement impair, ou impairement pair , eft celui qu’un nombre pair me- fure par un nombre impair ; tel eft le nombre pair 18, que le nombre pair 2, mefüre par le nombre impair 0. Voyez NOMBRE 6 PAIR. l Le nombre pairement pair eft divifible exa@teiment par quatre , C’eft-à-dire , peut fe divifer en quatre ombres entiers épaux; le nombre parement impair, Où impairement pair ne l’eff point, & meft diviñble exaétement que par deux , ceftà-dire, n’eft divifi- blé qu'en deux nombres entiers égaux. (Z) PAIRIE , voyez l’article PATR. PAIRLE, fm. ( B/afon.) figure compotée de 101$ latis mouvans des deux angles du chef & de la pointe , & qui fe joignent au fort de l’écu, en forme dy grec, ou efpece de pal qui, mouvant du pié de Pécu , fe divife en arrivant au milieu en deux parties égales, qui vont aboutir aux deux angles du chef. On dérive le mot pairle, les uns de palirum , parce qu'il en a la figure, n'étant repréfenté qu’à moitié; d’autres ou de pergula , perche fourchue dont on fe fervoit autrefois pour fufpendte les lampes & éten- dre les habits facrés dans les facrifties; ou de pari. les, parce qu'il eft fait de trois branches de longueur égale. Moudun porte d'azur au paire d’or, accompa. gné de trois fleurs de lis mal ordonnées de même. _ PAIS. Voyez PAYS. PAISAGE. Voyez PAYSAGE. PAISAGISTES, Foyez PAYSAGISTES. PAISAN. Voyez PAYSAN. PAISIBLE , adj. (Gram.) qui aime le repos & la paix. Il fe dit des perfonnes ; un homme paifible ; une vie paifible, | PAISIBLE POSSESSION, (Jurifprud. ) Voyez Pos- SESSION PAISIBLE, Tome XT, P AS 797 À tr … PAïsiBlE, (Maréchal. ) un cheval pafble el ces lui qui n’a aucune ardeur. Far TA" PAISSANT ; adj, ex serme de Blafon, Le dit des! vaches & des brebis qui ont la tête baïflée pour pai- tre, Berbifay en Bourgogne, d'azur à une brebis paif Jante d'argent fur une terrafle de fynople: PAISSE. Voyez MOINEAU: PAISSE DE BOIS. Voyez PINÇON - MONTAIN. PAISSEAU , £ f. ( Sergerie. ) C’'eft une étoffé de laine croiféé, une efpece de fèrge qui fe fabrique en Languedoc, particulierement à Sommiers, & aux environs. a" PAISSEAU , (im. PATSSELER, v. at. (Grarm. céor. ruflique.) ©eit en quelques provinces un fynonyme d’échalar. On dit dans ces endroits paifféler la vigne, pour la garnir déchalas; & on appelle Paiflelure, les brins menus de chanvre dont onfe fert pour attas cher léchalat au fep. | | | PAISSOMME , fm. ( Marne.) c’elt un bas - foñd oùil ya peu d’eau | PAISSON,, £.m. (Juri/prud.) térme ancien , qui vient du latin pafcere , & qui eff encore ufité én ma: tiere d'eaux & forêts, pour exprimer le droit de pas cagé, ou l’éxercice même de ce droit, c’eft-à “dire Paëte même de faire paîitre les beftiaux ; il fignifie auf quelquefois les herbes &c fruits que-les béftianx paiflent dans les forêts 87 dans [a campagne, Le réglement général pour les eaux & forêts fait par Henri TV. au mois de Mai 1507, pour éviter les fraudes & les abus qui {€ commettoient par le pañé fous couleur de délivrance d’arbres faite aux mar- chands adjudicataires de la paiffon 8c glandée poux leur chauffage, ordonne qi’à l'avenir les paiflons & glandées foient adjugées’, fans qu'aux marchands paiffonniens foient délivrés aucuns arbres pour leur Chauffage; mais feulement qüe’ceux qui auront er garde les pores à leur loge de bois trainant ès forêts oude bois fec abattu au crochet. L'article fnivant porte, que dans les publications qui fe feront des paiffons & glandées avant l’adjudi- cation d'icelles, fera comprife la quantité de porés que pourra porter la glandée de la forêt, fuivant l'effimation qui én aura été faite, & que le nombre des officiers ufagers, & autres privilégiés ayant droit de paiffon, era reftraint à proportion de ladite eftimation. IS LE Enfin l’article 35 défend'anx ufagers, officiers & autres ayant droit de paiffon, d'y mettre d’autres porcs que de leut nourriture ; fans qu'ils puiffent vendre leur droit (de paiflon ) aux marchands pai£- fonniers, ni que les marchands les puiflent acheter d’eux,fous peine d'amende arbitraire & confifeation des porcs, & privation defdits droits & offices pour les ufagers, officiers & privilégiés, & contre les marchands , fur peine d'amende arbitraire. Le titre xvuy. de l'ordonnance des eaux & forêts eft intitulé, des ventes G adjudication des pafeages à glandées € paiffons ; il n’eft cependant point parlé de paiffor nommément dans le corps dutitre | mais feulement ducas ohilyaura aflez de glands & de feines pour faire vente de glandée, & que lon résleræ le nombre des pores qui feront mis en pacage où glandée,tant pour les ufagers que pourles oficiers,ce: a fait connoître que paiffon & pacage {ont quelaue- os fynonymes ; 8zque la glandée eft aufli prife le: plus fouvent pour paiffor,parcequele gland eft lefruit qui fe trouve le plus communément dans les bois, propre à la nourriture des\porcs. Foyez PaAcaer. Dans les bois de haute futaye la glandéen’eft ou verte que depuis le premier Oétobre jnfaw’au pre mier Février; 1l n’y a pendant ce tems-{à que les propriétaires ou leurs fermiers, & les ufagers:, qui puiflent envoyer des beftiaux dans la futaye. Foÿes rar 'ORTNS EEeee ï 768 P AI le titre xviij. de l'Ordonnance de 1669. (A) Païsson, f. m. terme de Gantier & de Peauffier , morceau de fer ou d'acier délié qui ne coupe pas, fait en maniere de cercle, large d’un demi-pié ou environ , & monté fur un pié de bois , fervant à dé- border & à ouvrir le cuir pour le rendre plus doux : les Gantiers difent paiffonner, pour fignifer ésezdre & tirer une peau fur le paiffon. ( D. J.) PAITA, (Géog. mod.) petite ville de PAmérique méridionale, au Pérou, dans l’audience de Quito, avec un port qui ne peut guère pañler que pour une baie. Long. 296. 50. lat. 5. 12. La ville de Paira eft fituée dans un canton fort férile, dont le terrein n’eft compofé que de fable &t d’ardoïfe. Elle ne contient qu'environ deux cens familles ; les maïfons n’y font que d’un étage, & n’ont que des murs de rofeaux refendus & d'argile , & des toits de feuilles féches: cette maniere de bâtir, toute lésere qu’elle paroît, eft aflez folide pour un pays où la pluie eftun phénomène rare. L’amiral Anfon prit cette ville en 1747, avec cin- quante foldats, la brüla, & partit avec un butin confidérable qu'il enleva aux Éfpagnols. (D. J.) PAITRE., v. aût. ( Gramm. ) il fe dit des animaux, t’eft l’aûion de fe nourrir des fubftances végétales éparfes dans les campagnes. Les moutons paiffent aux prés , les chevres aux collines, les cochons aux forêts. PAITRE L'OISEAU , ( Fauconnerie. ) la manieré de le faire eft de le laïfler manger par pofes, &c lui ca- cher quelquefois la chair de peur qu'il ne fe débatte ; on lui fait plumer de petits oïfeaux comme il faifoit aux bois ; la bonne chair eft un peu de la cufle ou du cou d’une vieille geline; les entrailles auf hui dilatent le boyau. PAITRIN ,f. m.( Boulang.) vaifleau dans lequel on paitrit &c l’on fait la pâte. Les pairrins des Boulan- gers font des efpeces de huches ou coffres de bois à quatre ou fix piés , fuivant fa grandeur ; car il yen a où l’on peut-paitrir jufqu’à vingt & vingt-quatre boifleaux de farine à-la-fois. Dans les petits patsrins, c’eit-à-dire dans ceux qui ne peuvent contenir que fept ou huit bouffeaux ; le couvercle eft attaché avec des couplets, & fe leve furle derriere comme aux bahus. Pour les grands, ils ont un couvercle coupé en deux, qui fe tire à coulifle, par Le moyen d'une piece de bois à rainure qui traverfe la laroceur du pairrin, & qui étant mobile, s’ôte & fe remet à vo- lonté ; près du pairrin fe placent deux tables, lune qu'on appelle /e-rowr ou table.a tourner, & l'autre la sable a coucher, ( D. J. ) PAITRIR , v. n. ( Boulang.) faire de la pâte pour en former enfuite du pain ou des pâtifleries , en les mettant cire au four ; lon commence toujours à pairrir la pâte deftinée à faire du pain avec les mains; maïs fouvent, lorfque l'ouvrage eft difficile, & qu'il y a beaucoup de farine, on lPacheve avec Les piés, quelquefois nuds , & quelquefois pourplus de pro- preté, enfermés dansain fac. Cette maniere de par- zrir aux piés fe fait affez fouvent dans les paitrins mêmes s'ils font grands-êc folides, mais plus louvent encore fur une table placée à terre, où l’on étend la pâte qu'on veut achever aux piés. Les Pâtifiers en France: paitriffent fur une efpece de deflus de table mobile, quia des bords de trois côtés, qu’ils appel- lent un rour, & quelquefois fur une table ordinaire. Savary: (DJ) un. PAITRISSEUR,, £ m. (Boulang. ) celui qui pai- trit dans la boulangerie où Pon fait du bifcuit de mer. Les Boulangers font pourainfi dire.de deux ordres , favoir les pairriffeurs &les: gindres où maitres de pel- le ; ceux-ci font feuls-chargés d'en former les galet- tes ; les autres ne font feulement que patrir la pâte PAT & de la dreffer en galettes: dans chaque boulangerie. il y a deux partriffleurs &z un gindre. PAIX , £. £. ( Droit nat. politique. & moral.) c’eft la tranquilhté dont une fociété politique jouit; foit au-dedans , par le bon ordre qui regne entre fes membres ; foit au-dehors, par la bonne intelligence dans laquelle elle vit avec les autres peuples. Hobbes a prétendu que les hommes étoient fans cefle dans un état de euerre de tous contre tous; le fentiment de ce philofophe atrabilaire ne paroît pas mieux fondé que s’ileüt dit, que l’état de la dou- leur & de la maladie eft naturel à l’homme. Ainfr que les corps phyfiques , les corps politiques font fujets à des révolutions cruelles & dangereules , quoique ces infirmités foient des fuites néceflaires de la foibleffe humaine, elles ne peuvent être appel- lées un état naturel. La guerre eft un fruit de la dé- pravation des hommes ; c’eft une maladie convulfive, & violente du corps politique , il n’eft en fanté, : c’eft-à-dire dans fon état naturel que lorfqw'il jouit de la paix; c’eft elle qui donne de la vigueur aux empires ; elle maintient ordre parmu les citoyens ; elle laifle aux lois la force qui leur eff néceffaire ; elle favorife la population , l’agriculture & le com- merce ; en un mot elle procure aux peuples le bon- heur qui eft le but de toute focièté. La guerre aw contraire dépeuple les états; elle y fait regner le défordre ; les lois font forcées de fe taire à la vûe de la licence qw’elle introduit; elle rend incertaines la liberté &z la propriete des citoyens ; elle trouble & fait neglicer le commerce ; les terres deviennent in- cultes & abandonnées. Jamais les triomphes les plus éclatans ne peuvent dédommager une nation de la perte d’une multitude de fes membres que la guerre facrifie ; {es viétoires mêmes lui font des plates pro- fonde que la paix feule peut guérir. Si la raifon gouvernoit les hommes, fi elle avoit {ur les chefs des nations Pempire qui lui eft dù, on ne les verroit point fe livrer inconfidéréement aux fureurs de la guerre , ils ne marqueroïent point cet acharnement qui cara@térife les bêtes féroces. Atten- tifs à conferver unetranquillité de qui dépend leur bonheur , ils ne faifiroient point toutes les occafions de troubler celle des autres ; fatisfaits des biens que la nature a diftribués à tous fes enfans , ils ne regar- deroïent point avec envie ceux qu’elle a accordés à d’autres peuples ; les fouverains fentiroient que des conquêtes payées du fang de leurs fujets, ne valent jamais le prix qu’elles ont coûté, Mais par une fata- lité déplorable, les nations vivent entre elles dans une défiance réciproque; perpétuellement occupées à repoufler les entreprifes injuftes des autres, ou à en former elles - mêmes, les prétextes Les plus fri- voles leur mettent les armes à la main, & l’on croi- roit qu’elles ont une volonté permanente de fe pri- ver des avantages que la Providence ou Pinduftrie leur ont procurés. Les paflions aveugles des princes, les portent à étendre les bornes de leurs états ; peu occupés du bien de leurs fujets, 1ls ne cherchent qu'à eroffir le nombre des hommes qu'ils rendent malheureux, Ces paffions allumées ou entretenues par des miniftres ambitieux, ou par des guerriers dont la profeflion eft incompatible avec le repos, ont eu dans tous les Âges les effets les plus funeftes pour l'humanité. L’hiftoire ne nous fournit que des: exemples de paix violées, de guerres injuftes &c cruelles , de champs dévaftés , de villes réduites en cendres. L’épuifement feul femble forcer les princes à la paix ; ils s’apperçoivent toujours trop tard que le fang du citoyen s’eft mêlé à celui de l'ennemi ; cè carnage inutile n’a fervi qu'à cimenter l'édifice chi- mérique de la gloire du conquérant , & de es guer- riers turbulens ; le bonheur de {es peuples eff la pre: PAT miere victime qui eft immolée à fon caprice ou aux vûes intéreflées de fes courtifans. = Dans ces empires, établis autrefois par la force des armes, ou par un refte de barbarie, la guerre feule mene aux honneurs, à la confdération, à la gloire ; des princes ou des miniftres pacifiques font fans ceffe expofés aux cenfures, au ridicule, à la haine d’un tas d'hommes de fang , que leur état in- térefle au defordre.Probus guerrier doux & humain, eft maflacré par fes foldats pour avoir décelé fes difpofitions pacifiques. Dans un gouvernement mi- litaire le repos eft pour trop de gens un état violent 8 incommode:; il faut dans le fouverain une fermeté inaltérable, un amour invincible de l’ordre &c du bien public, pour réfifter aux clameurs des guer- riers qui l’environnent. Leur voix tumuitueufe étouffe fans cefle le cri de la nation, dont le feul intérêt fe trouve dans la tranquillité. Les partifans de la guerrene manquent point de prétextes pour exciter Le defordre & pour faire écouter leurs vœux intéreflés : « c’eft par la guerre, difent-1ls, que Les » états s’afermiflent ; une nation s’amollit, fe dégra- » de dans la paix ; fa gloire l’engage à prendre part » aux querelles des nations voifines , le parti du re- »pos n’eft celui que des foibles ». Les fouverains : » LA : trompés par ces rafons fpécieufes, font forcés d’y céder ; ils facrifient à des craintes , à des vües chi1- e 1" Fr J mériques la tranquilité, le fang & les tréfors de leurs fujets. Quoique l'ambition, l’avarice, la jaloufie, 8 la mauvaife foi des peuples voifins ne fourniffent que trop de raifons légitimes pour reéourir aux ar- mes , la guerre feroit begucoup moins fréquente , fi on n’attendoit que des motifs réels ou une néceflité abfolue de la faire; les princes qui aiment leurs peuples , favent que la guerre la plus néceflaire eft toujours funefte, & que jamais elle n’eft utile qw’- autant qu’elle aflure la paix. On difoit au grand Guf- tave , que par {es glorieux fuccès il paroïfloit que la Providence l’avoit fait naître pour le falut des hommes ; que fon courage étoit un don de la Toute- Puiffance , & un effet vifible de fa bonté. Dies plit- tôt de fa colere, répartit le conquérant ; 2 la guerre que je fais eff uri remede , il ef? plus infupportal.e que VOS IAUX. Paix, TRAITÉ DE , ( Drois Polirique. ) Les con- ventions qui mettent fin à la guerre, font ou princi- pales ou accefloires. Les conventions principales font celles qui terminent la guerre, ou par elles- mêmes comme un craité de paix, ou par une fuite de ce dont on eft convenu, comme quand on a remis la fin de la guerre à la décifion du fort, ou au fuccès d’un combat , ou au jugement d’un arbitre, Les conventions accefloires {ont celles qu’on ajoute quelquefois aux conventions principales pour les confirmer & en rendre plus füre l'exécution. Tels font les ôtages, les gages, les garanties. La premiere queftion qui fe préfente ici, c’eft, fi les conventions publiques, les sraités de paix font celles que les peuplessdoivent regarder comme les plus facrées & les plus inviolables, rien n’eft plus important au repos & à la tranquillité du genre humain. Les princes & les nations n’ayant point de juge commun qui puifle connoître & décider de la juitice de guerre, on ne pourroitjamais compter fur un vraité de paix fi Vexception d’une crainte injufte avoit ic1 eu ordinairement , je dis ordinairement : çar dans les cas où l’injufice des conditions d’un traité de paix eft de la derniere évidence , & que le vainqueur inufte abufe de fa viétoire, au point d’impofer au vaincu les conditions les plus dures, les plus cruelles, & les plus infupportables, le droit des nationsnefauroit autorifer defemblables traités, ni impofer aux vaincus l’oblication de s’y foumettre {oigneufement, Ajoutons encore, que bien que le P'A TI 769 droit ordonne qu'à lexception du cas dont nous venons de parler, les srairés de paix foient obfer- vés fidellement, 8 ne puiffent pas être annullés fous le prétexte d’une contrainte injuite, il eft néan- moins inconteftable que le vainqueur ne peut pas profiter en confcience des avantages d’un tel traité, & qu'il eft obligé par la juftice inférieure , de ref tituer tout ce qu'il peut avoir acquis dans une guerre injufte. : ë Une autre queftion, c’eft de favoir fi un fouverain ou un état doit tenir les srairés de paix & d'accom- modement qu'il a faits avec des fujets rébelles. Je réponds , 1°. Que lorfqu'un fouverain a réduit par les ar- mes les fujets rébelles, c’eft à lui à voir comment il les traitera. | | 2°. Mais sil eft entré avec eux dans quelque accommodement , 1l eft cenfé par cela feul leur avoir pardonné, tout le pañlé ; de forte qu'il ne fauroit légitiment fe difpenfer de tenir fa parole, {ous prétexte qu’il avoit donnée des fujets rébelles. Cette obligation eft d'autant plus inviolable, que les fouverains font fujets à traiter de rébellion une défobéiflance ou une réfiféance, par laquelle on ne fait que maintenir fes juites droits, & s’oppofer à la violation des engagemens les plus eflentiels des fouverans ; lhiftoire n’en fournit que trop d’e- xemples. Il nya que cel qui a droit de faire la guerre, qui ait le droit de la terminer par un srairé de paix : en un mot, c’eft ici une parte eflentielle de la fouveraineté. Mais un Roi prifonnier pourroit-il conclure un traité de paix valable & obligatoire pour la nation ? Je ne le penfe pas : car il n’y a nulle apparence, & l’on ne fauroïit préfumer raïfonna- blement, que le peuple ait voulu conférer la fou- veraneté à quelqu'un, avec pouvoir de l’exercer fur les chofes les plus importantes, dans le tems qu’il ne feroit pas maitre de fa propre perfonne ; mais à égard des conventions qu’un roi prifonnier auroit faites, touchant ce qui lui appartient en particulier, elles font valides fans contredit. Que dirons-nous d’un roi chaflé de fes états ? S'il n’eft dans aucune dépendance de perfonne, il peut fans doute faire la paix. Pour connoïtre fürement de quelles chofes un rot peut difpofer par un sraité de paix , il ne faut que faire attention à la nature de la fouveraineté, & à la maniere dont il la poflede. Dans les royaumes patrimoniaux , à les conf- dérer en eux-mêmes, rien n'empêche que le roi n’aliene [a fouveraineté, ou une partie. Mais les rois qui ne pofledent la fouveraineté qu’à titre d’ufufrut , ne peuvent par aucun traité alièner de leur chef, ni la fouveraineté entiere, ni aucune de fes parties : pour valider de telles aliéna- tions ,al faut le confentement de tout le peuple, ou ..des états du royaume. 3°. À l'égard du domaine de la couronne, ilr’eft pas non plus pour l’ordinaire au pouvoir du fouye= rain de l’aliéner. 4°. Pour ce qui eft des biens des particuliers ; le Souverain a, comme tel, un droit éminent fur les biens des fujets, & par conféquent il peut en dif- pofer, & les aliéner par un traité, toutes les. fois que Putihité publique ou la néceflité la demandent, bien entendu que l’état doit dans ce cas là dédom- mager les particuliers du dommage qu'ils fouffrent au-delà de leur quote-part. Pour bien interpréter les claufes d’un vraité de paix, & pour en bien déterminer les effets,, il ne faut que faire attention aux regles générales de l'in: terprétation, & à l'intention des parties contraç: tantes. 770 P À 10. Dans tout sraicé de paix, S'il n’y a point de élaufe au contraire, On préfume que l’on fe tient réciproquement quittes de tous les dommages cau fés par la guerre; ainfi les claufes d'amniftie géné- rale ne font que pour une plus grande précau- tion. 2°. Mais les dettes des particuliers à particuliers ééja contra@ées avant la guerre, & dont on n’avoit pas pu pendant la guerre exiger le payement, ne font point cenfées éteintes par le srairé de paix. 3°. Lies chofes mêmes que l’on ignore avoir été Commules, foit qu'elles l’'ayent été avant où pen- dant la guerre, font cenfées comprifes dans les ter- mes généraux , par lefquelles on tient quitte Pen- nemi de tout le mal qu'il nous a fait. | 4°. 1] faut rendre tout ce qui peutavoir été pris depuis la paix conclue, cela n'a pont de drfh- cuité. | 5°. Si dans un srairé de paix On fixe un cettain terme pour laccompliffement des conditions dont on eft convenu , ce terme doit s'entendre à la der- hiere rigueur ; enforte que lorfquil eft expire, le moindre retardement n'elt pas excufable, à moins qu’il ne provint d’une force majeure , Où qu'il ne paroïfle manifeflement que ce delaine vient d’au- Cune mauvaife intention. | 6°. Enfin il faut remarquer que tout sraité de paix eft par lui-même perpétuel , & pour parler ainf, éternel de fa nature, c’eft-à-dire, que Pon eft cenfé de part & d’autre être convenu de re pren- dre jamais plus les armes au fujet des démêlés qui avoient allumé la guerre, &c de les tenir déformais pour entiérement terminés. | Je crois, (c’eft M. de Montefquieu qui me four- ait cette derniere obfervation. ) » Je crois, dit-il, » que le plus beau traité de paix dont l’huftoire ait » parlé, eft celui que Gélon, roi de Syracufe, fit » avec les Carthaginois. Il voulut qu'ils aboliffent #» la coutume d’immoler leurs enfans. Chofe admi- » rable ! Après avoir défait trois cent mulle Car- # thaginoiïs , il exigeoit une condition qui n’étoit » utile qu'à eux, où plutôt 1l fhpuloit pour le genre bumain. (D.J.) PArx RELIGIEUSE , ( ff. mod. Politig. ) pax relioiofa ; c’eft anfi qu'on nomme en Allemagne uñe convention ou traité conclu en 1555, entre Pempereur Charles-Quint & les princes & états Proteftans , par lequel l’exercice de la religion Lu- thérienne ou confeffion d’Ausbourg étoit permis dans tout l’Empire. Les princes Proteftans demeu- roient en pofleffion des biens ecclefiaftiques dont ils s’étoient emparés, fans cependant pouvoir s’enap- ° t . proprier de nouveaux ; tous les Proteftans étoient Louftraits à la jurifdiétion du pape. Cetaéte eft encore regardé comme faïfant une des loix fondamentales de empire d'Allemagne. En 1629 l’empereur Fer- dinand IL, pouflé par un zele aveugle , ou peut- être par l’envie d'exercer un pouvoit abiolu dans Empire , fans avoir égard à la paix religieufe, publia an'édit, par lequel il ordonnoit aux Proteftans de J’Empire, de reflituer aux eccléfiaftiques catholi- ques les biens qui leur: avoient été enlevés du- zant les troubles précédens. Les princes proteftans, comme il étoit facile de le prévoir, ne voulurent point fe foumettre à-üne loi qui leur paroïfloit fi dure, ce qui donna lieu à une guerre civile qui défola toute l’Allemagne pendant 30 ans, & qui ne fut terminéeque par la paix de Weftphalie en 3643. Parx , ( Critig. facrée. ) ce mot a dans l’Ecriture une fignification fort étendue , & toujours favora- ble. Il fe prend pour alliance , ammirié ; concorde, bonheur | profpérité. La juitice & la paix font étroi- tement liées enfemble, dit David, PJ: Zxxxiv, 11 en parlant dun heureux gouvernement, L’Evan- gile de paix , Éph. ü. 17. Ceft l'Evangile de J. C: Etre enfeveli en paix, c’eft mourir dans la fécurité d’une bonne conicience. On lit dans les Juges v: 23. cès paroles , que ln paix foit avec vous , ne craignez point, vous ne mourrez point ; C’eit que c’étoit une Opinion commune chez les Juifs , que quiconque avoit vu un ange, devoit s'attendre à mourir bien- tôt. | Ce qu eft ferme & fiable, eft encore appellé du nom de paix; do ei pacem fæderis, Nomb. #xv. 12. c’eft-ä-dire, Je lui fais une promeffe trrévocable, Enfin la paix dans lPEvangile, fignifie le bonheur à venir que J. C. le prince de la paix , promet à tous les fideles. (D. J.) PAIX, LE BAISER DE, ( ÆMff. ecclef. ) Le baïfer de paix fe donnoït dans la liturgie gallicane après la leéture des diptyques, & de la priere qwon nommoiït [a collette, Ce baïfer ou cette ation de s’embrafler & de fe baifer alors, s'appelle aufi paix, L’archidiacre donnoit la paix au premier évêque qui la donnoit au fuivant, & ainfi fucceflivement par ordre. Le peuple en faifoit de même, les home mes &c les femmes féparément. L’eslife Romaine ne donnoit la paix qu'après la confécration. Le pape Innocent IL. reprend ceux qui donnoient la paix au- paravant. . Paix, (Mychol. & Lirérar, ) Les Grecs & les Romains honoroïent la paix comme une grande déeffe. Les Athéniens lui drefferent des ftatues fous le nom d’epfn ; mais elle fut encore plus célébrée chez les Romains qui lux étgerent dans la rue facrée le plus grand &c le plus magnifique temple qui fût dans Rome. Ce temple dont les ruines, & même une-partie des voûtes reftent encore fur pié, fat commencé par Agrippine , & depuis achevé par Vefpañfien. Jofephe dit que les empereurs Vefpa- fien & Titus y dépolerent les riches dépouilles qu'ils avoient enlevées au temple de Jerufalem C’étoit dans le temple de la paix que s’affem- bloient ceux qui profefloient les béaux Arts, pour y difcuter leurs prérogatives, afin qu’en préfence de la divinité , toute aigreur fit bannie de leurs difputes. Ce temple fut ruiné par un incendie fous le regne de l’empereur Commode. Baronius a raïfon, de foutemir qu'il n’y a jamais eu à Rome d’autre temple de la paix , 8t que ce que quelques modernes débitent de celui qui vint à tomber à la naïfflance de Jefus-Chrift , eft une pure fable. Il eft vrai cependant que cette déefle eutsà Rome, avant Vefpañen , des autels , un culte & des ftatues. Ovide dit au L livre des faftes : Tpfum nos carmen deduxit pacis ad aram , Frondibus Aihiacis comtos redimira capillos Pax ades, © toto mitis in orbe mane. Nous voyons [à un autel de la paix; voici deg flatues de cette déefle. Dion nous apprend que lé peuple Roman ayant fourni une fomme d'argent confidérable pour ériger une ftatue en l’honneur d’Augufte , ce prince aima mieux employer cette fomme à faire élever des ftatues au {alut du public, à la concorde & à la paix. | La légende pax Augufii, eft fréquente fur les médailles de Galba. A la mort de Néron:, diver- fes parties de l'empire s’ébranlerent: Nymphidius Sabinus à Rome ,: Fonteius Capito en Germa- nie , Clodius Macer en Afrique, étoient fur Le point de caufer de grands troubles qui furent prévenus par la mort des rebelles ; ces heureux commence. mens donnerent occafion de repréfenter la paix, brûlant d’une main les inftrumens de la guerre, êc nue de l’autre les fruits de la tranquillité, Paix, ( Tcorol. 6 Monum. antig. ) Chez les Grécs la paix étoit figurée par une déeffe qui porteà bras ouverts le dieu Plutus, enfant. Chez les Romains on trouve ordinairement la paix repréfentée avec un rameau d’olivier, quelquefois avec des ailes, tenant un caducée, & ayant un ferpent à fes piés. On hu donne aufi une corne d’abondance. L’olivier eft le fymbole de la paix. Le caducée eft le fym- bole du négociateur Mercure, pour marquer la négociation quia procuré la paix. Dans une mé- daille d'Antonn le Pieux , la paix tient de la main droite une branche d’olivier , &c brûle de la gauche des boucliers & des cuirafles. Cette idée n’étoit pas nouvelle, mais elle étoit ingénieufe. (D. J. ). Parx, (Jurifprud.) du latin pacifer, Dans les anciennes ordonnances ce terme eft quelquefois pris pour convention, Voyez l'ordonnance de Charles F, du mois de Janvier 1364 , come 1F. page 527 , & le mor PACTE. (4) | PAIX, ou tréve de Dieu , étoit une ceffation d’ar- mes, depuis le foir du mercredi de chaque femaine, jufqu'au lundi matin, que les eccléfiaftiquesêrles prin- ces religieux firent obferver dans letems où il étoit permis aux particuliers de tuer le meurtrier de leur parent, ou de fe venger par leurs mains entel autre cas que ce füt. Foyez FAIDE. PAK , f. m. ( Æff, mar. Zoolog.) paca, animal quadrupede, qui a environ un pic de longueur, depuis le bout du mufeau jufqu’à Porigine de la queue. La tête eft grofle ; il a les oreilles petites & pointues , la queue courte & cinq doitgs à chaque pié. Le poil effcourt & rude; le deffous du corps a une couleur fauve foncée, & le deflous eft d’un blanc jaunâtre, Il y a fur les côtés trois bandes étroites & longitudinales d’un blanc jaunâtre. Cet animal {e trouve dans la Guyanne & au Bréfil. On l’a rap- porté au genre du lapin. M. Briflon, reg. anim. Le pak eft tres bon à manger. Voyez Pifon , kiff, mar. üb III, (I) | PAKLAKENS , f. m. ( draperie étrang. ) forte de draps qui fe fabriquent en Angleterre; ils s’envoient ordinairement en blanc & non teints ; les pieces font de trente-fept à trente-huit aunes, PAL, voyez MiLANDRE. Par,f. m. ( Charpenr. ) où pieux ; ceft une piece de bois longue & taillée en pointe, que l’on fiche en terre pour fervir de défenfe ou de barriere, éc'pour fermer ou fervir de clôture. (D_J.) Paz, { mm. ( Terme de Blafon.) piece honorable de lécu; c’eft la repréfentation du pa/ ou pieu pofé debout qui comprend toute la hauteur de l’écu, depuis le deflus du chefjufqu’à la pointe. Quand il eft feul il doit contenir le tiers de la largeur de lécu; quand il eft nombre impair, on le rétrécit de façon, que fi l’on en met deux, ils compren- nent deux cinquiemes de lécu ; f Pon en mettrois, ils comprennent les trois feptiemes ; & alors on {pécifie le nombre des pieces, aufli-bien que celles dont ils font accotés & chargés. Îl y a aufi des pals comettés € flamboyans qui font pointus & en ondes. Les comertés {ont mouvans du chef, les famboyans de la pointe. Les pals dans les armoiries {ont des marques de jurifdiéion. On appelle un écu pal, quand il eft chargé également de pals, de métal & de couleur. Contrepalé fe dit lorfque l’écu eft coupé , 8 que les derni-pals du chef, quoique d’'émaux femblables à ceux de la pointe, {ont néanmoins différens en leur rencontre ; enforte que fi le premier du chef eft de métal, celui qui lui répond au-deflous , doit être de couleur. On Vappelle pa/iffé, quand il y a des pais aivuifés, dont on fait les paliffades pour la défenfe des places. Ducange croit que ce mot vient de pallea, qui fig- gfoit un fapis ; ou une piece d’éroffe de foie; & PAL 771 ue les ancièns appelloient pales les tapiflèries qui couvroient les murailles, & difoient paler | pour dire; tapifler. Méruirier. dur PALA , £ m:( Poran. exor. ) gtandarbre du Ma: Jebar, qui porte des filiques à cinq pieces fort étroi= tes, fort longues , & pleines d’un fuc laiteux, Son écorce réduite en décoftion , pañle pour relâcher le ventre: On la prefcrit avec du fel & du poivre pour fortifier Peftomac; mais elle doit plutôt Penflams MERCI PALABRE , f. f, (Commerce) On appelle ainfi {ur les côtes d'Afrique, particuliérement à Loanso de Boirie, à Melindo & à Cabindo fur ceîles d'Angola, ce qu'on nomme avais dans le levant, c’ef:à-dire à un préfent qu’il faut faire aux petits rois & aux capi= taines nègres, fur le moindre fujet de plainte qu'ils ont réellement , ou qu'ils feignent d’avoir contre les Européens qui font la traite, fur-tout lorfqu’ils fe croient les plus forts. Ces palabres fe payent en marchandifes | en eau-de-vie & autres chofes lemblables , fuivant la qualité de l'ofene, ou plutôt la volonté de ces Barbares, Voyez AVANIE, Diclion, de commerce. (G | il PALACIOS , ( Géog. mod.) ville ou bourg d’Ef pagne dans PAndaloufie, fur la route de Séville à Cadix. Long. Ia. 24, lat. 37, 4. ( D. JE PALADE , £ £. ( Marine) mouvemens des pales des rames, par lequel , en entrant dans l’eau , elles font avancer le bâtiment. Chaque palade ne fait avancer la meilleure de nos galeres que de dix-huit NEC à | FAT PALADIN, ff ( Æf. de la Chevalerie.) On ap= peloit autrefois paladins | ces fameux chevaliers errans, qu cherchoient des occafions pour figna< ler leur valeur & leur galanterie. Les combats & l'amour étoient leur unique occupation ; & pour jufüfier qu'ils n’étoient pas des hommes vuloaires , ils publioient de toutes parts, que leurs maïtrefles étorent les plus belles perfonnes qui fuffent au mon de, & qu'ils obligeoient ceux qui n’en convien- drotent pas volontairement, de l’avouer , ou de per= dre la vie. | On dit que cette manie commença dans la cour d’Artus, Roi d’Angleterre, qui recevoit avec beau coup de politefle & de bonté les chevaliers de fon royaume 6 ceux des pays étrangers, lorfqu'ils s’étoient acquis par leur défi, la réputation de bra- ves &7 de galans chevaliers. Lancelot étant arrivé à la cour de ce prince , devint amoureux de la reine Genevre, &c le déclara fon chevalier; il parcoutut toute ile ;1lltvra divers combats dont 1l fortit vido- rieux, & fe rendant ainf fameux par fes faits guer= niers, il publia la beauté de fa maïîtrefle, & la fit reconnoître pour être infiniment au-deflus de toutes les autres beautés de laterre. Tiiffan, d’un autre côté , amoureux de la reine forte, publoit de même la beauté 8c les oraces de fa maîtrefle , avec un défi à tous ceux qui ne le reconnoîtroient pas. L'amour qui eft fondé fur le bonheur attaché ay plaïfir des fens, fur le charme d'aimer & d’être aimé, & encore fur Le defir de plaire aux femmes ë fe porte plus vers une de ces trois chofes, que vers les deux autres, felon les circonftances difiérentes , dans chaque nation & dans chaque fiecle, Or dans le tems des combats établis par la loi des Lombards , ce fut, dit M. de Montefquieu, Pefprit de galan, terie qui dut prendre des forces. Des prladins, tou- Jours armés dens une partie du monde pleine de châteaux, de forterefles &c de brigands , trouvoient de l’honneur à punir linjuftice, & à défendre la foiblefle. De-là encore, dans nos romans, la galan- terie fondée {ur l’idée de l’amour , jointe à celle de force & de protection. Ainf naquit la ealanterie, lorfqu'on imagina des hommes extraordinaires qui « m2 PAL voyant la vertu jointe à la beauté & à la foiblefle, furent portés à s’expofer pour elle dans les dan- gers , & à lui plaire dans les aétions ordinaires de fa vie. Nos romans de chevalerie flatterent ce defir de plaire, & donnerent à une partie de PEurope cet efprit de galanterie, que Pon peut dire avoir été peu connu par les anciens. | Le luxe prodigieux de cette immenfe ville de Rome flatta l’idée des plaïfirs des fens. Une cer- taine idée de tranquillité dans les campagnes’ de Ja Grece , fit décrire les fentimens de Pamour , comme on peut le voir dans les romans grecs au moyen âge. L'idée des paladins , proteéteurs de la vertu & de la beauté des femmes , conduifit à celle - de galanterie. Cet efprit fe perpétua par Pufage des Tournois, qui, uniflant enfemble les droits de la valeur & de l’amour, donnerent encore à la ga- lanterie une grande importance. Æ/prit des lois. (D.J.) k PALÆA, ( Géog. anc.) ville de Pile de Cypré, Strabon la place entre Citium &c Amathus. Lufignan dit qw’elle fe nomme aujourd’hui Pélandre. PALÆAPOLIS oz PALÆOPOLIS, (Géog. anc.) ville d'Italie dans la Campanie, & au même endroit où eft aujourd’hui la ville de Naples. Palæspolis étoit, à ce qu’on croit, une partie de l’ancienne Parthénope. On lui donne le nom de Pa/æapolis, Ceft-à-dire vieille ville, pout la diftinguer de Naples, dont le nom vouloit dire rouvelle ville | & qui étoit bâtie tout auprès. C’étoit le même peuple qui habi- toit les deux villes, &r c’étoit une colonie de Cu- mes. L'auteur des Délices d’Iralie parle de Palæapolis comme d’une ville détruite , dont le terrein eff au- ” jourd’hui renfermé dans Naples. Il dit qu’il falloit que Palæapolis ft bien grande, puifque depuis lar- chevêché jufqu’à S. Pierre à Mazella on voit encore beaucoup de mafures , que les antiquaires préten- dent être des reftes de cette ancienne Pa/æapolis. (D. J.) PALÆOCHORI, (Géog. mod.) nom moderne de Pancien Rhus, bourg de l’Attique , dont parle Pau- fanias. MM. Spon &c Wheeler difent qu'on y voit d'anciennes infcriptions , & cela eft fi vrai, que M. Fourmont y en a encore trouvé de fon côté en1729, une entr'autres fort finguliere , à l’occafion de ces tonnerres qui fe firent entendre aux Pertes, lorfqu'ils voulurent defcendre dans la plaine , quelque tems avant la bataille de Platée. Le prêtre grec à la priere duquel on crut que ces tonnerres avoient grondés, êc la patrie des troupes pour lefquelles 1l prioit, y font défignées. (D. J.) | PALÆSCEPSIS , (Géog. anc.) ville de la Troade, auprès d'Adramyte. Pline, 2. F. c. xxx. &t Prolomée, 1. . c. ij. parlent de cette ville. Strabon, Z. XIII. dit qu’elle étoit bâtie au-deflus de Cébrene , auprès de la plus haute partie du mont Ida, & qu’elle avoit reçu ce nom à caufe qu'on la pouvoit voir de loin ; il ajoute qu’elle fut depus transférée 40 ftades plus bas, & que la nouvelle ville fut nommée Scepfs, Palefcepfis s'appelle maintenant E/rachinr. PALÆSTINA-AQUA , (Géog. anc.) on trouve ce mot dans un vers d'Ovide. Fraftor, Z. II, y. 464. Tnique Palæftinæ margine fedir aquæ. Il s’agit ici des eaux du Tigre dans l’endroit où il mouille la Sittacene , contrée nommée Pulefline par Pline, 4 XIL c.xvij. (D. J.) sg PALAIS, f.m.er Anatomie, eft la chair qui compofe le dedans , c’eft-à-dire la partie fupérieure &t inté- rieure de la bouche, Voyez BoucHE. Du Laurens dit que ce mot vient du latin pal, parce que le palais eft enfermé par deux rangs de dents, femblables à de petits pieux, que les Latins mommoient pali Le palais ef une éfpece de petite votte oti ceiñ- tre ; 1l eft tapiffé d’une tunique glanduleufe , fous las quelle font un grand nombre de petites glandes vifs bles, conglomérées , de la grofleur d’un grain de millet à la partie antérieure, avec quantité de petits interftices , dont les conduits excrétoires percant la membrane , s’ouvrent dans [a bouche , mais font beaucoup plus drues vers le fond | & forment un amas fi confidérable vers la racine de la luette, que toutes enfemble elles paroiflent former une grofle glande conglomérée, que Verheyen appelle en effet glandula conglomerata palatina. Vers le fond du palais derriere la luette , il y à un prand trou qui tout près de fon origine fe par- tage en deux, dont chacun des deux va aboutir à Pune des deux narines. Plufieurs prétendent que le palais eft Porgane du goût. Voyez GOÛT. L’os du palais eft un petit os quarré , qui forme la partie enfoncée du palais , &c fe joint à la partie de Pos maxillaire , qui forme le devant du palais. Voyez MACHOIRE SUPÉRIEURE: | Les os du palais {ont au nombre de deux, fitués aux parties latérales &c poftérieures des narines. On diftingue dans ces os deux plans , un petit ho= rifontal, qui fait pottion de la voûte du palais des fofles nafales, &c eft appellée porrioz palatine ; Vau- tre grand vertical, qui fait partie des fofes nafales : dans le plan horifontal deux faces ; une fupérieure légérement concave dans fa longueur ; une inférieure plate &c raboteufe : quaire bords, un latéral interne épais &t un peu élevé en-dedans des fofles nafales ; un latéral externe rencontré à angle droit par le plan vertical ; un antérieur déchiré ; un poftérieur tranchant légerement échancré, & fe terminant à fa partie latérale interne en une pointe. On remarque dans le plan vertical deux faces; une latérale interne unie & divifée vers fa partie inférieure par une petite ligne faillante tranfverfale, {ur laquelle s’appuie l'extrémité poftérieure des cor- netsintérieurs du nez ; une latérale interne raboteufe & creufée dans fa longueurenformede gouttiere , qu fetermine quelquefoisau milieu du bord derencontre des deux plans par un creux ; d’autres fois ce trou eft formé en partie par l’os maxillaire avec lequel 1l eft joint, on l'appelle srou palatin poflérieur : quatte bords , un bord inférieur qui rencontre le bord Îa- téral externe du plan horifontal ; à angle poftérieur de rencontre une oerofle éminence, appellée portion ptérigoïdienne , dans la partie poftérieure de cette éminence deux foflettes pour recevoir l’extrémité inférieure antérieure des ailes de Papophyfe-ptéri- goide; dans fa partie antérieure une petite apophyfe qui s’engrene dans Pos maxillaire ; au bord fupé- rieur fur la partie antérieure duquel on remarque, une apophyie , nommée portion orbitaire , qui eft unie à fa face fupérieure & poftérieur cellulaire , à fa face latérale interne , à la partie poftérieure de cette apophyfe ; une échancrure qui, avec los fphé- noïde , forme le trou fphéno-palatin ou ptérigo- palatin ; un bord poftériéur terminé par la portion ptérisoidienne ; un bord antérieur mince , en forme d'angle , & quelquefois replié en dehors , & qui for- me la partie poftérieure de l'ouverture du finus ma- xillaire, : Cet os eft articulé avec fon pareil , avec los fphé- noïde , l'os éthmoïde , os maxillaire, le vomer & le cornet inférieur du nez. Voyez SPHENOÏDE, ÊTH- MOIDE , c. PALAIS , f. m. ( Botan.) dans les fleurs , le palais eft cette partie qui fe trouve entre deux autres, fem- blables aux mâchoires ; ainfi l’efpace qui eft com- pris entre les deux mâchoites de la fleur du wé/am- pyrum , s'appelle fon palars. " , PaLais, ( Géograph, mod. ) petite place ss de 1ance France en Brétagne , capitale de l’île de Bélle-fle. Long. 14.20. lat. 47. 20. I ne faut pas confondre ce Palais, capitale de Belle-Fle , avec Palais , village à 4 lieues de Nantes -en Bretagne. Ce village , quoique pauvre village, eft Bien célebre dans l’hiftoire, pouf avoir donné le jour à Pierre Abélard , que fur de faufles apparen- ces d’infidélité les parens d’'Héloïfe firent cruelle- ment mutiler ; lui qui n’aimoit au monde que cette favantefille | & qui Paima jufqu'au tombeau ; lui qui étoit un des plus fameux & des plus habiles doûteurs du xij, fiecle , le plus grand diale@icien , & le plus fubtil efprit de fon tems. Ce n’eft pas tout, il eut encore à efluyer coup fur coup. malheurs fur malheurs » par lajaloufie de fes rivaux, & uelquefois par fon imptudènce. C’eft ainfi qu'il lui échappa de dire étant au couvent de S. Denis, qu’il ne pentoit pas que leur $S. Denis fût Denis l’Aréopagite , dont il eft parlé dans l’Ecritute. L'abbé étant inflruit de ces difcours hors de faon , déclara qu'il Evreroit à la juffice du roi celui qui avoit l’audace de renverfer la gloire & la couronne du royaume. Abélard fe fauva de nuit en Champa- gne, & fe crut trop heureux d'obtenir après la mort de Pabbé deS. Denis la permiffion de vivre monafti- quement loin de Paris. Ïj vint au Paraclet | des écoliers l'y fuivirent en foule ; & fes ennemis en plus grand nombre Juiren- dirent dans cet hermitage même la vie tellement ramere , quil fut fur le point de fe retirer hors de la chrétienté ; mais fon étoile ne lui permit pas de fe procurer ce repos. On lui fit un procès d’héréfie devant l'archevêque de Sens, & l’on convoqua fur cette affaire l’an 1 140 un concile provincial, auquel Le roi Louis VIIL. vou- lut affifter en perfonne. S. Bernard étoit l’accufateur, Abélard fut bientôt condamné, Le pape Innocent II. confirma la condamnation » en ordonnant que Îles livres de l’hérétique feroient brûlés , Qu'ibne pour- roït plus enfeigner, & qu’on l’emprifonnât. Il étoit perdu fans Pierre le Vénérable Qui, tou- ché de fon trifte fort & de la beauté de fon génie, le reçut fivorablement dans fon abbaye de Clugny, êt lu réconcilia S. Bernard » le promoteur de l’op- preflion que l’innocence avoit foufferte dans le con- cile de Sens & à Rome. Mais de fi longs malheurs confécutifs avoient tellement délabré la fanté d’Abé- lard, qw’il n’étoit plus tems d'y porter remede. En- vain l’abbé de Clugny lenvoya pour le rétablir dans le prieuré de S. Marcel , lieu pur &z agréable, fitué fur la Saône auprès de Châlons ; il y mourut bien- tôt après le 21 Avril 1142, à l’âge de 63, ans. Poyez dans Bayle {on article , joïgnez-y les articles Héloïfe, Berençer de Poitiers, Ambroife (François) Froul- ques, & vous aurez dans Le même déionnaire l'hif toire complette d’Abélard. (D. 5) PALAIS, f. m, (_Archireë.) bâtiment magnifique, propre à loger un roi ou un prince. On diffingue les palais en palais impérial , royal, pontifical , épif- copal, cardinal, ducal, &c. felon la dignité des per- fonnes qui Poccupent. On appelle aufi pa/ais le lieu où une cour fouve- raine rend la juftice au nom du roi ; Parce qu’ancien- nement on la rendoit dans les palais des rois. Selon Procope, le mot palais Vient d’un certain grec, nomme Pallas, lequel donna fon nom à une maïon magnifique qu’il avoit fait bâtir. Ausufte fut le premier qui nomma palais la demeure des empe- reurs ä-Rome fur le mont qu'on nommef à caufe de cela Ze mont palatin. (DEN PALAIS, (Aztiq. rom.) le nom de palais vient du mont palatin à Rome , fur lequel étoit affife la ma:- fon des empereurs, De-là les hôtels ou maifons des Tome XI, PAL nr: AÏ LE fois, princes &r prands leigneurs , prireñt le nom de palais : Nam quis inperii fedes in co confHtuta fuir, cHjufvis principis aulam , aus Jplendidi homiris do- rm, palatium dicinis. Auouite fut le premier qui fe logea au mont palatin, faifant fon palais de la mai: {on de lorateur Hortenfius , Qui n’étoit ni des plus grandes , ni des mieux ornées de Rome. Suétone nous la dépeint, quand il dit : Hobirawss poflea ir palatio , ed ædibus modicis Hortenfianis , Aeque cul= ts | nèque confpicuis. Ce palais fut enfuite auomenté par Tibéte, Cali. gula, Alexandre fils de Mammée > &t autres. I fub. üifta jufqu’au regne de Valentinian IL fous léqué]} n'étant nihabité, ni entretenu, 1l vint à totaber en ruine. Les feigneurs romains avoient leurs palais , où plutôt leurs hôtels fous le nom de domx , qui ref fembloient par leur grandeur À de peûtes villes , domos cognoveris , dit Salufte, 22 urbium modum ædi- ficatas. Ces font ces maïfons que Séneque appelle, edificia private , laxitafem urbium PMAPNATAN Vincer- ta. Le grand-feigneur de Rome s’eftimoit être logé à létroit, fi fa maifon n’Occupoit autant de place que les terres labourables de Cincinnatus. Pline dit plus , lorfquil aflre que quelques-uns y avoient des vergers , des étangs, des viviers & des caves fi Vaftes, qu’elles pañloient en étendue les terres de ces premiers citoyens de Rome que l’on tiroit de la charrue à la diétature. Ces palais contenoïent divers | édifices, qui formoient autant d'appartemens d'été & d'hiver, ornés chacün de galeries , falles , Cham- bres , cabinets , bains, tous enrichis de peintures , dorures, ftatues , bronzes, marbres » Ôt de pavés fuperhbes de marqueterie & de mofaique. (D. J. PALAIS GALIENNE, (_Arrig.) nom d’un refte d’am- phithéâtre que l’on voit près de Bordeaux À la di£ tance d'environ quatre cens pas. Il eft le moins bien confervé de tous ceux qui font en France , fi l’on en excepte celui de Lyon; & ce qui a été détruit , fai= loït près de trois quarts de l'édifice : ce qui refte, peut cependant faire juger de fon ancienne beauté. ILétoit bâti de petites pierres fort dures toutes ta:l. les , de trois pouces de haut & autant de large fut le parement de la muraille » © rentrant en-dedans d'environ cinq à fix pouces, Ce Parement étoit en- trecoupé d'un rang de trois grofles briques qui re= gnoit tout à l’entour de chaque côté. Les arceaux des portes étoient auffi entrecoupés de brique, ce qui, pour la couleur, contraftoit agréablement ayeë la pierre ordinaire, & préfentoit un coup-d’cœil fym- métrique &c varié. Ces matériaux étoient f forte ment unis enfemble par leur aflemblage & par une certaine efpece de ciment, que depuis près de douze fiecles il ne s’eft détaché aucune pierre de tout ce ui refte d’entier. La folidité, dont on juge que cet édifice dévoit être, fäit croire Que nous l’aurions encore dans fon premier état , f l’on n’eût travaillé tout exprès à le détruire, Sa forme étoit elliptique ou ovale, Il y avoit fix enceintes, en ÿY comprenant l'arène , c'eft-à-direle lieu où fe faifoient les com- bats d'hommes où d'animaux. On a trouvé que fa longueur devoit être de 226 piés , & fa largeur de 166. | Comme on n’a découvert aucune infcription qui puifle fixer l’époque de léredion de ce monument, On ne peut aflürer rien dé poñitif à ce fujet. Le nom de palais galienne ai lui eft refté pourtoit donner leu decroie qu'il fut élevé fous le tegne de cet em- pereur. Une fable , conféryée par Rodéric de Tolede, at. tribue la conftruétion de ce prétendu palais à Char- lemagne, qui le deftina, dit-il, à Galienne fon époufe, fille de Galaftre | roi de Tolede : mais lignorance feule des derniers fiecles a pu accréditer ce conte, La forme du monument ne laiffe aucun lieu de dot- FETES 774 PAL ter que ce ne foit un amphithéâtre. Outre cela de vieux titres latins de l’églife de $. Severin qui en eft voifine , & qui ont plus de 500 ans d’antiquité, lui donnent le nom d’arèzes, que la tradition lui avoit fans doute confervé. Voyez le recueil de lirtérat. come XII, in-4°. (D. I.) | PALAIS , cornte du, ( Hiff. de France.) charge émi- nente fous la feconde race des rois de France : fous la premiere race 2 le comte du Palais étoit fort in- férieur au maire , quoiqu'il fût cependant le juge de tous les officiers de la maifon du roi, & qu'il con- fondit dans fa perfonne tous les autres offices que lon a vû depuis , tels que le bouteiller, le cham- brier, &c. Cette charge s’éleva fous la deuxieme race, tandis que celle de maire fut anéantie ; &c fous les rois de la troifieme, celle de fénéchal anéantit celle de comte du palais ; dont l’idée nous eff reftée dans le grand-prevôt de lhôtel. Le connétable , qui ne marchoit qu'après le come du palais fous la deu- xieme race, devint le premier homme de l’état fous latroifieme, & la charge de fénéchal finit en 1191. P. Hainaul. ( D. J.) PALAIS, (Jurifprud.) eft une maïfon dans laquelle un roi Ou autre prince fouverain fait fa demeure or- dinaire. Le palais qui eft à Paris dans la cité & dans lequel le parlement & plufieurs autres cours & tribunaux tiennent leurs féances eit ainfi appellé, parce que c’étoit la demeure de plufeurs de nos rois jufqu’au tems de Louis Hutin, qui l’abandonna entierement pour y faire rendre la juftice. À limitation de ce palais de Paris, on a auffi dans plufieurs grandes villes donné le titre de palais à Pé- difice dans lequel fe rend la principale jufbice royale, parce que ces fortes d’édifices où l’on rend la juftice au nom du roi font cenfés fa demeure, Les maifons des cardinaux font auffi qualifiées de palais, témoin le palais cardinal à Paris, appellé vulgairement le palais royal. Les maifons des archevêques & évêques n’étoient autrefois qualifiées que d’Adce/, aufli-bien que la de- meure du roi, préfentement on dit pa/ais archiépif- copal, palais épifcopal. Du refte aucune perfonne quelque qualifiée qu’elle foit, ne peut faire mettre fur la porte de fa maïfon le titre de palais , mais feuiement celui d’Aésez. (4) PALAIS , rerme de Péche , ufité dans le reffort de lamirauté de Marennes. La defcription en eff faite à Varticle SALICOTS. PALAIS, Saint, (Géog.mod.) petite ville de France dans la bafle Navarre, au diocefe de Bayonne , fur la Bidoufe, à 5 lieues de S. Jean Pié-de-Port, à qui elle difpute l’honneur d’être la capitale de la Na- varre. Long. 16, 35. latit. 43. 20. PALALACA , f m. (Ornichol.) oïfeau des iles Philippines, quitient de la huppe , & qui eft de la _grofieur de nos poules. Le P.Camelli a décrit ainfi: Son cri eft rude & defagréable : fa tête eft brune & hupée ; fon bec eft aflez fort pour percer les arbres, les creufer & y faire {on nid. Sa couleur eft d’un beau verd , quelquefois nuancé d’autres couleurs. Cet oïfeau eft, {elon les apparences, une efpece de ‘grimpereau. PALAMOS ,( Géog.mod.) petite, mais forte ville d’'Efpagne , dans la Catalogne , avec un port. Les François la prirent en 1694, & la rendirent en 1697 par la paix de Rifwick ; elle eft fur la méditerranée à 5 lieues S. E. de Girone, 19 N.E. de Barcelone. Long. 20. 46. latit. 1. 48. (D. J.) PALAN, (Marine & Méchan.) aflemblage de pou- lies jointes enfemble de maniere qu’elles foient les unes à côté des autres, ou les unes au-deflus des au- tres dans la même boîte ou moufle : cet aflemblage de poulies avec leur cordage eft ce qu'on appelle PAL palan ou caliorne. Pour favoir combien la force ft multipliée dans le palan, il n’y a qu’à compter le P P NEA P nombre de branches de la corde qui foutient le far- deàu ; car il eft aifé de voir que fi cette corde a par exemple quatre branches,chacune foutiendra le quart du poids , & que par conféquent la puiflance appli quée à l'extrémité d’une de ces branches foutiendra ce même quart. Voyez la manœuvre des vaiffeaux der M. Bouguer , p. 7 ; voyez auffi p. 78 du même ouvrage l'évaluation de l’efet d’un palan lorfque le ‘frotte- ment & la roideur des cordes font fort confidéra- bles. (0) On fe fert du palaz pour embarquer & pour dé: barquer des marchandifes & autres pefans fardeaux. Une de ces cordes s’appelle érague, mantel ; & lau- tre garant. Le palan, dit un autre auteur, eft la cor- de qu’on attache à l’étai, ou à la grande vergue, on à la vergue de mifene pour tirer quelque fardeau , ou pour bander les étais. Il eft compofé de trois cor- des ; favoir , celle du pa/an, l'étague & la drifle. Il a des pattes de fer au bout qui defcendent en bas. Il a trois poulies, l’une defquelles eft double. Celui du mât de mifene ne s’en détache jamais, comme étant du fervice ordinaire. Grands palans, Ce {ont ceux quitiennent au grand mât, Palan fimple, palan de mifene; ce font ceux qui font attachés au mât de mifene,& quifervent à halerà bord les ancres & la chaloupe , à rider les haubans, &c. Palan à caliorne ; c’eft la caliorne entiere. Foyez CALIORNE. Palanà candelette. Voyez CANDELETTE. Palan d'étai. On entend ceux qui font amarrés à létai. Palan de furpente. Palan d’amure; c’eft un petit palan dont Pufage eft d’amurrer la grande voile par un gros vent. Palans de bout; ce font des petits paluns frappés à fa tête du mât de beaupré par-deflus, dont l’ufage eft de tenir la vergue de fivadiere en fon lieu, & d'aider à la hiffer lorfqu’on la met à la place. Palans pour rider les haubans. Palans de retraite ; ce font aufli de petits pa/ens dont les canonniers fe fervent pour remettre le canon dedans, quandilatiré, lorfque le vaiffeau eft à la bande. Palans de canon. Voyez DROSSE 04 TRisse. (Z) PALANCHE , ff. termes de Porteurs d'eau; C’eit uninftrument de bois , long d'environ trois piés, un peu conçave dans le milreu, au bout duquel 1l y a deux entaillures pour y acrocher deux fceaux d’eau, qu’on porte ainf fur l'épaule. En d’autres endroits on appelle cet inftrument chamblon , mot qui, felon les apparences , dérive de celui de chambriere , inf- trument à porter l’eau. (2. J.) PALANCONS, f.m. pl. (4rchir.) morceaux de bois qui retiennent le torchis. Voyez TORCHIS. PALANDEAUX , f. m. (Marine, ) bouts de plan- ches que l’on couvre de bourre & de goudron pour boucher les écubiers & les trous du bordage. PALANGRES , £. f terme de Péchè, ufité dans le reflort de lamirauté de Breft; ce font les moyennes & petites lignes garmies de moyens hameçons entrai- nées ou cordées à la mer avec lefquelles les pêcheurs prennent diverfes efpeces de eux faxatiles. PALANKA , (Géog. mod.) petite ville de la haute Hongrie , au comté de Novigrad, fur la riviere d’I- bola, à 7 N. de Novigrad, 15 N.de Bude. Long. 36. -58. lat. 48.3. PALANQUE, (Marine.) c’eft un commandement pour faire fervir ou tirer fur le palan. PALANQUER , v. a. ( Cormmerce.) fe fervir des -palans pour charger les marchandifes dans les navi- u r res, ou pour les en décharger. H y a des efpeces de marchandifes que les mate- lots des navires marchands font tenus de palanquer, t’eft-à-dire ,-de charger 8 décharger, fans qu'ils en puiflent demander de falaire au maître ou au mar- . Chand. Teisfont, par exemple , Les planches, le mer- rain , &r le poiffon verd & {ec ; ce qui fe comprend tout fous le terme de maléage. Ils font auf tenus de la décharge des grains , desfels , 6e. ce quis’appelle paléage. L PALANQUINS ,04 PALANKINS, o4 PALEKIS, ( H12, mod, ) efpece de voiture portée par des hom- mes. fort en ufage dans les différentes parties de lindoftan. Le palankin eft une efpece de brancard terminé des deux côtés pat une petite baluftrade de cinq à fix pouces de hauteur. Il y a un doffier fem- blable à celui du berceau d’un enfant. Au-lieu d’être porté par deux brancards , comme nos litieres , où chaïfes-à-porteurs , le palarkin eft fufpendu par des cordes à un long morceau de bois de bambou, qui a cinq à fix pouces de diametre, & qui eft courbé par le milieu , & porté fur les épaules de deux ou dun plus grand nombre d'hommes. Ces voitures pottatives font plus ou moins ornées | fuivant la qualité & les facultés des perfonnes à qui elles appartiennent. Lorfque le tems eft mauvais, le pa- lankin fe recouvre de toile cirée, Ceux que l’on porte font couchés fur des couffins & fur des tapis plus ou moins rithes. Quand c’eft une femme , elle eftcachée par des rideaux de toile, ou de quelque étoffe defoie. Ces voitures font fort cheres ; le bâ- ton de bambou auquel le palarkin eft attaché, coûte quelquefois jufqw'à 5 ou 600 lv. mais les porteurs fe contentent du prix modique de 10 à 12 francs par mois. Les meilleurs palazkins fe font à Tatta , dans fa province d’Azmir, dépendant du grand-mogol. PALANQUIN, (Marine) c’eft un petit palan qui fert à lever de médiocres fardeaux. Il y en a de dou- bles & de fimples. Palanquins de ris; ce font des palanquins que l’on metau bout des vergues des huniers , par le moyen defquels on y amene les bouts des ris, quand on les veut prendre. Palanquins fimples de racage ; on s’en fert pour tinder ou amener le racage de la grande vergue, oral faut guinder ou amener la vergue. PALANQUINES. Foyez BALANCINES. PALANTIUM ox PALLANTIUM, (Géog. anc.) ville de PArcadie, felon Etiene le géographe & Frogue Pompée. Elle avoit été premierement ville, elle fut enfute réduite en village ; mais Pempereur Antonin luirendit , felon Paufamias, Le titre de vil- le, avec la liberté & la franclmfe , la regardant com- me fa mere de Pal/anchium ; ville d’itahe, qui de- vint une partie de la ville de Rome. Tite-Live écrit Palanteum , & Vireile dit Pallanteur. Pallantis prouvi de nomine Pallanteum. (D.T.) PALAPARIJA , f. m. (Ophyologie.) efpece de fer- pent de Pile de Ceylan, qui vit fous terre. Il efttrès- gros, marqué de belles couleurs, entre lefquelles le rouge domine. Ray. | PAL-A-PLANCHE ,f. (Arch. hydraul.) doffe affu- tée par un bout pour être pilotée, 8&c entretenir une fondation , un batardean, Gc. Cet aflutement eft tantôt à moitié de la planche, tantôt en écharpe, &c toujours d’un mème lens afin qu'il {oit plus fohde On coupe ces doffes em onglet, & à chanfrin, pour mieux couler dans la rainure les unes dans Les au- tres. On appelle vazmes les pal-a-planches , quand onles couche enlong du bâtardeau. Voyez le traité des ponts € chauffées, p.184. Davier. PALAPOLI, (Géog. mod.) petite ville de la Na- TomeXT, PAL 775 tolie, dans la Caramanie, fur la côte au nord de l’île de Chypre, prefque à l'embouchure d’une petite ri. viere. Long. 51. 14 lar, 36.52. PALARDEAUX , f. m. (Marine) ce font des bouts de planches que les calfateurs couvrent de goudron &t de bourre , pour boucher les trous qui fe font dans le bordage, Quelques - uns appellent auf pa- lardeaux des tampons qui fervent à boucher les écu- biers. (Z) PALARIA , Ê f (Gymnaff. milir.) efpece d’exer- . cice militaire en ufage chez les Romains ; ils plan- toient un poteau en terre, & les jeunesfoldats, étant 4 fix pas de diftance, s’avançotent vers ce poteau avec un bâton au-lieu d'épée , fufant toutes les évo- lutions d'attaque ou de défenfe , comme s'ils étoient réellement engagés avec uñ ennemi. On peut tra- duire palaria par palaries, Les pieux enfoncés enter: re, s’en élevoienr dehors environ de la hauteur de fx piés.Chaque foldat muni d’une épée de bois & d’un bouclier treflé d’ofier , entreprenant un de fes pieux, lattaquoit comme un ennemi, lui portoit des coups fur toutes les parties, tantôt avançant, tantôt re- culant , tantôt fautant. Ils le perçoient auffi avec le javelot. Il y avoit des femmes qui prenoient quel- querois Pépée de bois & le bouclier d’ofier | & qui {é battoïent contre les pieux. Mais on avoit meilleure opinion de leur courage & de leur vigueur que de leur honnêteté. PALATIN , NE , adj. ez Anatomie, qui appar- tient au palais. On remarque trois trous palatins dans les foffes palatines, un à la partie moyenne & antérieureformé par l'union des deux os maxillaites Ê&t nommé: 1ro7 1ncifif, à caufe de fa fituation ; deux aux parties latérales externes, formés par l'union des 05 maxillaires & des os du palais; on les appelle auf guflatifs. Voyez MAXILLAIRE , PALAIS, 6c. Portion palatine de Vos du palais. Foyez PALAIS, Les foffes palutines., ou la voute du palais eftfor- mée par la face inférieure des os maxillaires , & celle de la partie inférieure du plan horifontal, de l’os du palais , au moyen de l’urion de ces quatre os. 7% Oyez MAXILLAIRE @ PALAIS. L’artere palatine efl une branche de la carotide externe. PALATIN , adj. (if. anc.) nom donné à Apol- lon par Augufte, qui ayant fait bâtir fur le mont Pa- : latin un temple confacré à ce dieu, lui donna le furnom d’ Apollo Palatinus, parce que les augures lui avoient déclaré, que telle étoit la volonté d’A- pollon, Ce temple fut enrichi par le même empe- reur d'une bibliotheque nombreufe & choifie , qui devint le rendez-vous des favans. Lorfque l’acadé- mie françoife fut placée au louve, elle fit allufion à cet événement , en faïfant frapper une médaille où l’on voit Apollon tenant fa Iyre, appuyé fur le tré. pié, d’où fortoient fes oracles ; dans. le fond paroît la principale façade du louvre , avec cette légende, Apollo Palatinus , Apollon dans le palais d’Au- guite, PALATIN , MONT , Palatinus mons ,(Géog.anc.) montagnes d'Itahe, Pune des fept fur lefquelles ia ville-de Rome étoit bâtie. C'étoit celle que Romu- lis environna demuraïlles pour faire la premiere en- ceinte de la ville. 11 choïfit ce lieu, parce quil y avoit été apporté avec {on frere Remus par le ber- ger Fauftulus, qui les avoit trouvés fur Les bords du Fibre, 8 qu'il vit d’ailleurs douze vautours qui voloient fur cette montagne, au lieu que Remus n’en vit que fix fur le mont Aveñtin. Les uns veulent que ce mont fût appellé Palatin ; de Palès , déeffe des bergers, qu'on y adoroit: d’au- tres le dérivent de Palatia, femme de Latinus: & d'autres des Pallantes , originaires de la ville de Pal. FFfffy | X 776 P A L dantium , dans le Péloponnèfe , & qui vinrent s’habi- tuer en cet endroit avec Evander. La maïfon des rois , qu’on a appellée de-là pal- #ium , C’eft-à-dire palais , étoit fur cette montagne. Paufanias , Z. VIII. p. 525. dit que les lettres L'8c N, ayant été Ôtées du mot pa/lantium , on forma le nom de cette maifon. L'empereur Héliogabale ft faire une galerie fou- tenue de piliers de marbre , qui joignoient le oz Palatin , avec le mont Capitolin, On y a vu dix temples magnifiques, feize autres pétits , & quan- tite de fuperbes bâtimens , dont on admiroit Parchi- teclure , entr’autres celle du palais d’Augufte; mais ce quartier de la ville n’a plus aujourd’hui que quel- ques jardins, qui font aflez beaux, ( D. J. PALATIN , TEMPLE , (Antiq. rom.) Voyez TEM- PLE D’APOLLON. PALATIN , ÉLECTEUR , PALATINAT, f. m. (Gram. HifE. mod, Droit public.) on appelle en Allemagne életleur palatin , ou comte palatin du Rhin, un prince feudataire de empire, dont le domaine s’appelle Palatinat. Voyez PALATINAT. Ce prince jouit de très-grandes prérogatives , dont la plus éminente eft celle defaire Les fonétions de vicaire de l’empire pen- dant la vacance du trône impérial dans les contrées du Rhin , de la Souabe & de la Franconie. Ce droit lui a été quelquefois difputé par l’éleéteur de Bavie- re; mais enfin léleéfeur palatin d'aujourd'hui a con- fenti à le partager avec lui. Dans la bulle d’or l’éZec- teur palatin eft appellé le Juge de Pempereur. I porte auff le titre de grand-tréforier de l'empire, il a le droit dannoblir , & 1l jouit d’un droit fingulier , op- pellé wi/dfangiar. Voyez cer article. Les comtes palatins étoient autrefois des officiers attachés aux palais des empereurs ; ils avoient un chef à qui ils étoient fubordonnés ; &r les empereurs luiavoient accordé detrès-prandes prérogatives , afin de rendre fa dignité plus éminente, On comptoit plufieurs comtes palatins ; il y avoit celui du Rhin, celui de Baviere , celui de Franconie, celui de Saxe êt celui de Souabe, Aujourd’hui le titre de comte pa- latin, en allemand pfx/graff, ne fe prend que par les princes de Sultzbach, de Deuxponts, & de Bir- kenfeld , qui font de trois différentes branches d’une même manon. C’eft un prince de la premiere de ces branches , qui eft attuellement é/eéeur palatin. (—) PALATIN DE HONGRIE, (Hiff. mod.) C’eftletitre qu’on donne en Hongrie à un feigneur qui poffede la plus éminente dignité de l’état. Les états du pays élifent le palatin ; c’eft lui qui a droit de les convo- quer ; il eft le tuteur des rois mineurs ; il comman- de les troupes en tems de guerre. En un mot, il eft l’adminiftrateur du royaume. Cette dignité n’eft point héréditaire , & elle fe perd par mort. En Pologne le gouverneurs des provinces nom- més par le roi, prennent auffi le titre de pa/arin. (—) PALATINS, JEUX , (Antiq. rom.) ces jeux furent infütués par l’impératrice Livie, pour être célebrés fur le mont palaun, en l’honneur d'Augufte. Les douze prètres de Mars, ou faliens, furent auffi fur- nommés palatins. ( D. J. PALATINAT. Voyez PALATIN. | PALATINAT, (Géog. mod.) ‘province confidé- rable d'Allemagne , divifée en haut & en bas Pate #IT1ALe Le haut-Palatinat , appellé aufi le Palatinat de Baviere , eft entre la Baviere, la Franconie & la Bohème , & appartient au duc de Baviere; Amberg en eft la capitale. Le bas Palatinat, où Palatinat du Rhin, ou l’é- leëtorat , elt borné par l’archevêché de Mayence, le haut-comté de Catzenellebogen, le comté d’Erpach, le duché de Wurtemberg, PAlface,, Le Marquifat de Bade &c larchevêché de Trèves, L'éleéteur palatin PAL fait tantôt fa réfidence à Manheïm , tahtôt à Heidef. berg , & tantôt à Dufleldorp. Il poflede encore les duchés de Neubourg, de Berg & de Juliers , la prin- cipauté de Sultzhach , & la feigneurie de Raveftein. Le terroir du bas-Pulatinar eft fertile, arrofé-par le Rhin & le Necker. Il y a plufeurs petits états ren- fermés dans le Palarinat | qui ont leurs fouverains particuliers , & indépendans de l’éleéteur palatin. Scioppius (Gafpard) , lun des plus redoutables critiques du xvij. fiecle, naquit dansle Palatinat ,en 1576, & mourut à Padoue en 1649, à 74 ans. Il ne fe contenta pas d'écrire avec pafhñon contre des par- ticuhers , il attaqua même le roi Jacques L. &c la per- fonne d’HenriIV. Il fit d’autres ouvrages où regne beaucoup d’efprit, de critique & de littérature , maïs la bile avec laquelle il déchira tout le monde, ren- dit fa mémoire odieufe. (D. J.) PALATINE , f. £ serme de Marchand de mode ; c’eft un ornement qui fert aux femmes pour couvrir leur poitrine, & qu’elle mettent {ur leur col. L’on en fait de blonde,, de ruban & de dentelle, de chenille, de fouci d’hanneton, de nompareil & de fil. Cet ornement différe {elon les modes ; aujour- d’hui ce font plufieurs blondes qui font montées fur un ruban large d’un doigt, & qui forment plufieurs plis, cela peut avoir trois quarts de long fur quatre doigts de large. PALATITES ox PALATINS , (Æff. rar.) nom donné par quelques auteurs à l’efpece de rubis que l’on appelle rubis balais. Voyez RuBIS. PALATO-PHARYNGIEN , ez Anatomie , nom de deux mufcles du pharynx. Voyez PERISTAPHILO- PHARYNGIEN. PALATO-STAPHYLIN , ez Anatomie ; nom d'u ne paire de mufcles qui viennent de part & d’autre du bord poftérieur du plan inférieur des os du palais, & qui vont en formant un angle s’inférer à la luette. .PALATRE, ff. (Serrur.) c’eft la piece de fer qui couvre toutes les garnitures d’une ferrure , & con- tre laquelle font montés & attachés tous les reflorts néceflaires pouf une fermeture. ( D. J. PALATUA , (Myro1.) déefle qui préfidoit au mont Palatin, & qui gardoit fous fa tutelle le palais des empereurs. Elle avoit un prêtre particulier nommé Palatinalis , & les facrifices qu’on lui offroit s’appel- loient palatualia, é PALAZZUOLO oz PALAZOLO , (Géog. mod.) petite ville de Sicile, dans le val de Noto, fur Le bord de la riviere Bufaro , à 20 O. de Syracufe. Long. 32. 40. lat. 37. 3. (D. J.) PALE, Voyez PALETTE. PALE, f. f. (Hydr.) eftune petite vanne qui fert à ouvrir & fermer la chauffée d’un moulin où dun : étang pour le mettre en cours. Quand on veut don- ner l’eau à la roue d’un moulin , on leve une pale qui eft différente du déverfoir d’un moulin. (X) PALE D’AVIRON ; c’eft le bout plat de l’aviron qui entre dans l’eau. PALE, f.f. carton quarré couvert d’un côté ordis nairement d’une toile de lin, de l’autre de la même étoffe que le refte des ornemens , & qui eft alors chargé d’une croix. Il fert à couvrir le calice. On Pappelle auf vo/er. On leve la pale ou le volet poux, découvrir le calice à la confécration. PALE, adj. PALEUR , £ £ (Gram.) la pâleur eftune nuance de la blancheur. On Pattribue à tout ce qux eft blanc , à tout ce qui tient à cette couleur, & qui ne devroit pas l'être, ou qui devroit l'être, ou em temr moins. Des rofes péles ; un rouge péle ; un vi< fage péle ; le foleil eft pée ; ce bleu eft pzze. La pâ- leur eft donc prefque toujours la marque d’un dé- faut, excepté en amour ,.s’il en faut croire M, de Montorif, On lit dans une de fes romances : PAL En lui route fleur de jeuneffe Apparoif[oit ; | Mais longue barbe, air de srifteffe Les terniffois. SZ de jeurièfle on doit attendre Beau coloris , Péleur qui marque une ame tendrè À bien fon prix. PALÉ , adj. serme de Biafon 3 on dit qu'un écu eft pêlé, quand il eft chargé également de pals, de mé- tail 8 de couleur; & qu'il eft conre-pélé lorfqu’il eft coupé , & que les deux demi-pals du chef, quoique de couleurs femblables à ceux de la pointe, font néanmoins diférens à l’endroit où ils {e rencontrent; enforte que, fi le premier du chef eft de métal, ce- Jui qui y répond au-deflous eft de couleur. On dit que l’écu eft paliflé, quand les pals font aiguifés, &rfemblables à ceux dont on fait ufage dans la défenfe des places. Briqueville en Normandie, _ pâlé d’or & de gueules. PALÉAGE , f. m,. ( Marine. ) v’eft l'a@ion de mettre hors d'un vaifleaules grains, les fels & autres marchandifes qui fe remuent avec lapelle, & lobli- gation où les matelots font de les décharger. Les ma- telots n’ont point defalaire pour le pa/éage 8 le ma néage , mais ils en ont pour le guindage & le re- muage. (Z | PALÉE , ff. ( Hydr.) eft un rang de pieux efpa: cés aflez près les uns des autres, liernés, moiïfés , boulonnés de chevilles de fer, & enfoncés avec le mouton, fuivant le fil de Peau ; pour porter quel- que fardeau de maçonnerie, ou les travées d’un pont debois. (Æ) PALU, ff (Marine) c’eft l'extrémité plate de la | rame ou de laviron; celle qui entre dans l’eau lor£- qu'on s’en fert. | PALEFRENIER, £ m. ( Maréchall.) On appelle ainfi un domeftique deftiné à panfer & entretenir les chevaux. Les inftrumens propres à fon ufage font Pétrille, la broffe, le peigne de corne, éponge , l’é- pouffette , le couteau de chaleur , les cifeaux ou le rafoir , le fceau, la pelle, la fourche de bois, Le balai de bouleau, le balai de jonc, la fourche de fer, la pince à poil, le bouchon de foin, le cure pié, le cou- teau àpoinçon, &c. Voyez la defcription & la figure de ces inftrumens aux lettres & aux figures qui leur conviennent. PALEFROÏ, f.m. ( Marechall, ) cheval de parade &t de pompe fur lequel les princes & les grands fei- gneurs faifoient autrefois leur entrée. Ce mot n’eft plus ufité. On diftinguoit trois fortes de chevaux; les deftruis ou chevaux de bataille , Les pa/efrois ou chevaux de parade , & les rouffins ou chevaux de ‘bagage. PALEMENTE, ff. ( Marine.) nom colle&tif; il fe dit des rames d’une galere. Quand on veut armer le caiq , les matelots pañlent fur la pa/emente en fau- . tant d’une rame à l’autre. | PALÉMON , f. m. ( Mychol. ) c'eft le Mélicerte des Phéniciens , & le Portumnus des Latins. Les Corinthiens fignalant leur zele envers Mélicerte, dit Paufanias, fui changerent {fon nom en celui de Pa- demon | &t inftuerent les jeux ifthmiques en fon hon- neur, Il eutune chapelle dans le temple de Neptune ; avec une ftatue ; & fous cette chapelle il y en avoit une autre où l’on defcendoïit par un efcalier dérobé, Palémon y étoit couché, difoit-on; & quiconque ofoit faire un faux ferment dans le temple, {oit ci- toyen ou étranger, étoit aufli-tôt puni de fon parju- re. (D. J.) PALEMPUREZ , { m, ( Toile peinte. ) tapis de toile peinte qui viennent des Indes ; ils portent ardi- Rarement deux aunes & un quart, É PAL 977 PALENCI A , ( Géog. mod.) villé d'Éfpagne au foyaume de Léon, avec un riche évêthé futfragant de Burgos. Elle fut bâtie bar le foi Sanche le grand dans un terroir fertile , aux frontieres de la Cafille ; à 17 lieues S. O. de Burgos , 25 S. E. de Léon, 46 N° de Madrid. Long. 13. 36. lt. 42. in Vela ; ( Joféph) jurifconfulte efpagnol faut dané cette ville en 1588. Quoique fes Ouvrages foient très-médiocres , ils ont été imprimés plufieurs fois ; &t ont un grand débit en Éfpagne , parce qu’ils rou- lent principalement fut des matières eccléfiaftiques qu'il a étayées des décifions de la rote de Rome, Les dernieres éditions ont été faites à Genève én 1726 &t 1740. Vela mourut à Grenade en 1643 ; Agé de 55 ans. (D. J.) PALÉOCASTRO , ( Géogi, mod. ) Dia clotorpérs ville ruinée de Pile de Crete danslesterres, à quel: es milles au midi du port de Chifamo. Il eft vraifz emblable que c’étoit la ville d'Aptere ; près de la: quelle on voyoit ce fameux champ où les firenes vaincues pat les mufes dans un défi de mufique , per: dirent leurs aîles, ; | a . Paleocaftrodi Siria eft ehcote le nom italiéh d’une fortereffe de l'ile de Candie. OR . C’eft aufi le nom d’une ville ruinée daris l'ile dé Thermie, une des cyclades, à 40 milles de Sers fanto. (D. J.) ; PALÉOPOLIS , ( Géog. anc. & mod, ) ville füinée de l'ile d'Andros dans Archipel, une des cyclades , au S. E. de Negrepont. | Les ruines de Paéopolis font à deux milles d’Arha Vers le S. S. O. au-delà du port Gaurio : cette ville qui portoit le nom de l’île, comme laurent Hé- rodote & Galien , étoit fort grande , & fituée avan tageufement fur le penchant d’uné montagne qui do mine toute la plage; il en refte encore des quartiers de muraille très-{olides , fur-tout dans un endroit re- marquable ; où, fivant les apparences, étoit la cis tadeile dont Tite-Live fait mention. Outre les vieux marbres renverfés dañs ces rui- nes, on y trouvoit encore dans le dernier fiecle, de belles os , des chapiteaux, des bafes , & quel- ques infcriptions, qui ne fauroient être prefque d’au* cun ufage, Nous tirâmes , dit Tournefort, ce que nous pümes de celle qui nous parut la moins effacée; il y eft parlé du fénat du peuple d’Andros & des prê- tres de Bacchus , ce qui fait conje@turer qu’elle avoit été placée fur les murailles , ou dans le fameux tem- ple de ce dieu , & que conféquemment elle pouvoit marquef {a fituation de ce bâtiment. En avançant dans ces ruines, le hafard nous fit dé: couvrir, continue--l, une figure de marbre fans tête &t fans bras, le tronc avoit trois piés dix pouces de haut, &c la draperie en étoit fort belle, Le long d’un petit ruifleau qui fournit de l’eau à la ville, nous re: -marquâmes deux autres troncs de marbreoù le grand goût du fculpteur paroïfloit encore. Ce ruifleau fait {ouvenir de la fontaine appellée Ze préfent de Jupiter : mais elle s’eft perdue dans ces ruines, ou c’eft le ruifleau même àqui on avoit donné ce nom. : Quoi qu'il en foit, cette fontaine, au rapport de Mutianus , avoit Le soût du vin dans le mois de Jan- vier , & ne devoit pas être loin de l'endroit des rui- nes de nos jours, puufque Pline la place proche le temple de Bacchus , mentionné dans linfcription dont on vient de parler. Le même auteuf dit que ce mitacle duroit fept jours de fuite , 8 que ce vin de- venoit de Peau fi on lemportoit hors de la vue du temple. Paufanias ne parle point de ce changement ; mais il avance que l’on croyoit que tous les ans pen- dant les fêtes de Bacchus, 1l couloit du vin du tem ple confacré à ce dieu dans Pile d’Andros. Les pré tres fans doute ne manquoient pas d'entretenir cette 778 PAL croyance en vuidant quelques muids de vin par des canaux cachés. (D.J.) PALERME , ( Géogr. mod. ) en latin Parormus ; ville détruite de la Sicile | dans le val de Mazzara, avec un archevêché & un petit port. Palerme avant fa deftrution par un tremblement de terre, difputoit à Atefline le rang de capitale. Elle étoit fur la côte feptentrionale de file, au fond du golfe de même nom, dans une belle plaine, à 44 lieues O. de Meffine , 68 S. O. de Naples, 96 S. de Rome. Long. 31.15. lat, 38,10. Cette ville s’eft glorifiée d’avoir produit fainte Agathe , faint Agathon, religieux bénédiétin , élu pape le 11 Avril 679. Giberti (Jean-Matthieu) , évé- que de Vérone, mort le 30 Décembre 1543.Ce der- nier prélat aimoit les lettres , & avoit chez lui une imprimerie , d’où fortit en 1529, une belle édition greque deshomélies de faint Jean Chrifoftôme fur les épitres de faintt Paul. Antoine dit Palerme , vendit fa maïfon pour un manufcrit de Tite-Live. Je fupprime les noms d’une foule de jéfuites & autres moines nés à Palerme, & qui pendant deux fiecles ont inondé l’Europe d'ouvrages aujourd’hui ignorés, fur le droit canon , la Hire {cholaftique , & autres fujets femblables. Mais Palerme a été la patrie de quelques vrais fa- vans, cités dans la hzbliosheca ficula de Mongitore. Je me contenterai de remarquer que quoique lun d’eux, j'entends Ingraffia ( Jean-Philippe ), célebre méde- cin du xvi. fecle,fe dife de Palerme dans un endroit de fes ouvrages, c’eft apparemment parce qu'on lui avoit donné la bourgeoïfie dans cette ville ; car il na- quit réellement en 1510 à Rochalbuto , bourgade de la vallée de Demona. Il a découvert en Anatomie l’étrier , fflapedem , pe- tit os de Poreille, &c a décrit la ftruéture de los cri- breux beaucoup mieux qu’on ne l’avoit faitavant lui. Il s’eft encore acquis une haute réputation en Anato- mie & en Médecine par divers ouvrages, entr’autres par fon commentarium in Graleni librum de offibus , qui vit le jour après fa mort, Panormi, 1603, & Vene- cs , 1604, ifol. Il a auffi publié pendant fa vie un livre de tumori- bus præter naturam , tom. 1, Neapoli 1553, éx-fol. Il promettoit dans ce volume fix autres tomes fur cette matiere, mais qui n'ont pas vu le jour. Galien n’a diftingué que foixante-une efpeces de tumeurs, & In- graflia a prefque triplé €e nombre. Il feroit trop long de citer tous les autres ouvrages de ce favant méde- cin, car ila prodigieufement écrit. En 1563, Philippe IL. roi d'Efpagne , le nomma premier médecin de la Sicile 8c des iles adjacentes, pofte qu’il remplit avec honneur : il donna de gran- des preuves, de fon habileté & de fon zele pour le bien public en l'année 1575, qu'une furieufe pefte affigea la ville de Palerme, & une grande partie de la Sicile. Le fénat de Palerme , pour lui marquer fa reconnoïffance, li affigna 250 ducats aurez par mois, mais il n'accepta qu'une modique fomme pour embelhr une chapelle du couvent des dominicains. Il cultivoit les belles-lettres & la poéfie dans fes mo- mens.de loifir , & mourut fort regretté en 1580, âgé de 7o ans. On.peut confulter fur Palerme, louvtage de In- veges ( Auguftino ), intitulé Pa/ermo antiquo , facro & zobile | in Palermo 1649, 16$0 8t 1651, 3. vol. in-fol, complet. (D. J.) PALERNODE , ff. forte de vers eccléfiaftiques , où plufeurs. nombres fe rejettent au corps principal, definition qui n’eft pas claire. PALERON,, £ m, ( rerme de Chaireurier. } c’eft la partie du porc qui eft jointe au jambon de devant, PALES , £ f.( Mythol.) divinité des bergers , qui avoit les troupeaux fous fa garde & fous fa protec- PAL tion ; aufli les villageois célébroient À la Campagne en fon honneur une grande fête qu’on nommoït pali- Lies. Voyez PALILIES. | PALESTE, £. £. ( Mefure anc. ) manciori , mefure greque, que les Latins, au rapport de faint Jerôme, nommoient pa/mns, Pollux nous apprend que la pa- lefle étoit compofée des quatre doigts de la main joints enfemble , & qu’en y ajoutant le pouce dans fon état naturel, on avoit la /pirame , autre mefure que faint Jerôme nomme en latin pa/ma ; en deux mots., la palefle équivaloit à quatre travers de doigts, & c’étoit la même mefure de longueur que le doch- me ou le doron. Voyez; MESURES DÉS GRECS. CDET AR | | PALESTES , (Mythol.) furnom donné à Jupiter, parce qu'Hercule s'étant préfenté au combat de la lutte , 6 n'ayant trouvé perfonne qui osât fe mefu- rer avec lui, pria fon pere de lutter contre lui ; & le dieu eut la complaifance d’accepter le combat, & de fe laiffer vaincre pour accroître la gloire de fon fils. PALESTINE , ( Géogr. mod. ) la Palefline, ou la Terre-fainte | ou le pays de Chanaan, eflun pays d’A- fie , aujourd’hui foumis à la Porte Ottomane ; il eft fec, défert, entierement dépeuplé , & d’ailleurs cou- vert par-tout de rochers arides : fans doute qu'il étois auf cultivé qu'il peut être, quand les Juif le pof- fédoient. Ils avoient des palmiers, des oliviers , des ruches de muel ; 1ls avoient porté de la terre fur les rochers pour y planter des vignes, qui donnoïent du bon vin ; cette terre liée avec des éclats de rocher, étoit foutenue par de petits murs. Cependant maloré tous les efforts des anciens Juifs, la Pa/efline n’eut jamais de quoi nourrir fes habitans; de-là vint qu'ils fe répandoient par-tout ; & alors, comme de nos jours , ils alloient faire le métier de courtiers en Afie &t en Afrique ; à perne Alexandrie fut bâtie, qu'ils y étoient établis. Il y en avoit huit mille à Rome du tems d’Augufte, L'état actuel de la Paleffine eft plus miférable que jamais:on n’y voit que des petites bourgades, villages dépeuplés , & quelques vieux châteaux délabrés. Le plat-pays eft la proie des Arabes , qui le courent de toutes parts ; &c comme 1! n’eft cultivé 8&r femé qu’en peu de lieux , 1ls attaquent le voyageur &c les étran: gets pour entirer quelque chofe. Les garnifons tur- ques font trop foibles & trop écartées les unes des autres pour réprimer ces brigandages. Le peu de chrétiens qui fe trouvent en Palefline, font ramañlés dans les vallées du Eïban , fous leurs evêques maromtes. Ils dépendent pour le remporel d’un feigneur arabe | quife dit emir de Tripoli, & qui eft tributaire du Turc. L’anti-Liban eft habité par les Drufes, gens qui ont une religion différente des Chrétiens , des Turcs, & de tous les autres peuples de la terre. Toute la Paefline peut avoir 7 lieues d’étendue du midi au nord, fous les trois degrés paralleles 3r. 32. & 33. Sa largeur peut être de 30 lieues. Les pélerins la divifent en troïs provinces ; la Ju- dée , la Samarie & la Gaklée , gouvernées chacune par un émir , fous le bon plarfr du grand-feroneur, qu, outre cet émir, y entretient deux fangiacs fub- ordonnés au bacha de Damas. Ces trois émirs font l’émir de Seide, lémir de Caæfair & l’énur de Gaza ; les deux fangiacs pren- nent les noms de leur réfidence , Jérufalem & Na- ploufe. Au-delà du Jourdain eft ce qu’on appelle le royaume des Arabes ; ce royaume confifte en des dé- | : fertsinimenfes, dont le roieft un fouverain indé- pendant, qui ne reconnoît point l'autorité de la Porte. | . Suivant le pere Nau, la Palefline comprend au- jourd’hui le pays de Gaza, le pays d'Elkahill, où d'Héhron , le pays d'Elkolds , ou de Jérufälem, le PAL bays de Naplos, ou Naploufe, le pays de Harûté, le pays de Jouret-Cafre-Kanna , ou de Nazareth, le pays de Sapheth, & enfin le pays au-deflus. du Jour- dain , où 1l eft dangereux de voyager à caufe des Arabes qui l’occupent. Il ajoute que ces divers pays forment autant de gouvernemens , dont cependant - le nombre n’eft point fixe , parce que le grand-fei- gneur partage quelquefois un gouvernement en deux , &c quelquefois il en unit deux en un. I! faut bien fe défier de la defcription deslieux que l’Ecriture-fainte a rendus mémorables. On nous en a donné des defcriptions circonftantiées très-fufpec= tes. Que ne prétend-on point faire voir à ceux qui entreprennent le voyage de la Paleffine, 8 que ne leur produit-on point pour les dédommager de leurs fatigues ? On leur montre d'imagination le lieu où faint Epiphane , né en Palefline vers l'an 320 , fonda lui-même un monaftere. Ce pere de l’Eelife mourut en 403 , âgé de-plus de 80 ans. La meilleure édition de fes œuvres eft celle que le pere Petau publia en 1622, in-fol, en grec & en latin avec des favantes notes ; mais dans lefquelles il n’a pu redifier & les erreurs , rt le peu d’exaétitude de faint Epiphane dans les faits qu'il rapporte. (D. J.) PALESTINE, 1. f. ( Fondeur de caraüeres d’Imprime. 11e. ) quatorzeme corps des carafteres d'imprimerie. Sa proportion eft de quatre lignes mefure de l’é- chelle ; voyez proportions des caraëteres d’Imprimerie , & l'exemple à l’article CARACTERES. PALESTRE , £ £ ( Are gymaff. ) paleftra ; lieu où les anciens s’exercoient pour la gymnaftique médi- cicale & athlétique, à la lutte , au palet , au difque, au jeu du dard &c autres jeux femblables ; ce lieu d'exercice s’appelloit pa/æffra , du mot raa, La lurte. Le terrein chez les Grecs & les Romains deftinéà cet ufage, étoit couvert de fable & de boue, pour em- pêcher que les athletes ne fe tuaflent en fe renverfant par terre. La longueur de la pa/effre étoit réglée par ftades, qui valoit chacun 12$ pas géométriques , & le nom de fade s’appliquoit à l’arene fur laquelle on couroit. Vitruve nous a donné dans fon archite&u- re, lv. V. ch. xj, la defcription & le plan d’une pa- Leftre. Les combats même où l’on difputoit de la courfe & de l’adreffe à lancer un dard, ont été nommés pa- lejèræ par Virgile dans fon Æneid, lib, F. Pars in gramineis exercent membra palæflris. Et quand il veut dépeindre dans fes Géorg. lib. IL. v. 531.les jeux de ceux qui habitent la campagne, il dit que le laboureur propofe au berger un combat de flèches ; qu’on tire contre un but attaché à un orme, & que chacun d'eux quitte fes habits pour être plus propre à cette paleftre : Pecorifque magifiris Velocis jaculi certamina ponit in ulmo , Corporaque agrefh nudat predura palæftrà. Maïs ce qui n’eft point une fiétion poëtique , & ce qui étoit particulier à Lacédémone, c’eft que les filles s’exerçoient dans la paleftre auffi-bien que les hommes. Si vous en voulez voir une belle defcrip- tion en vers, Properce vous la donnera dans une de fes élégies du troifieme livre. Cependant vous n’en trouverez point de peinture plus élégante en profe, que celle qu'en fait Cicéron dans fes Fufculanes, où après avoir parle de la molleffe avec laquelle les au- tres nations élevoient les filles , il peint Les occupa- tions de celles de Sparte. Il leur eft bien plus doux, dit-il, de s’exercer dansle pakffre, de nager dans lPEurotas , de s’expoier au foleil, à la pouffiere , à la fatigue des gens de guerre, qu’il leur feroït flatteur de reffembler aux filles barbares. Il fe mêle à la vé- rité de la douleur dans la violence de leurs exercices; on les chôque , on les frappe, on les repoufé , mais ce travail même eft un remede contre la dou: leur. | Pyrrhus a une fois employé bien heureufement le mot palefire au figuré. Comme il ne pouvoit fe ren- dre maître de la Sicile , il s’embarqua pour l'Italie ; & tournant la vue vers cette île, il dit à ceux qui lac: compagnoient : « Mes amis ; quelle palefire nous laif= » fons-là aux Carthaginois & aux Romains! (D. J. PALESTRINE , ( Géog. mod. ) autrefois Preneëte, petite ville d'Italie dans la campagne de Rome ,avec un évéché , dont l’évêque eft un des anciens cardi- naux. Elle eft fur la pente d’une montagne,à 8 lieues de Rome, Long. 30.28, lar. 41, 80. PALESTRIQUE, exERCICE ( Gymnafhig. ) les exercices paleftriques {ont au nombre de neuf ; favoir , la lutte, le pugilat, le pancrace, la courfe, l’hoplo: machie , le faut, l'exercice du difque, celui du trait êt celui du cerceau , srochus. On les nommoit palef: triques | à Caufe qu'ils avoient prefque tous pour fce> ne cette partie des gymnafes appellée pa/effre, & qui tiroit fon nom de la lutte, en grec 21, l’un des plus anciens de ces exercices. Voyez LUTTE , PALES- TRE ; Ôc les autres exercices paleffriques que je viens de nommer. ( D, J. | PALESTROPHYLACE, fm. ( Hif. anc.)officier fubalterne despaleftres ou gymnafes, qu’on a mal-à- propos confondu avec le chef ou direéteur du gym nafe, qui dans les anciens n’eft jamais appellé que gymnafarque où xyffarque. Le palefrophylace ne peut donc être exaétement rendu en notre langue que par concierge de la paleffre, comme le porte le mot quaaë, dont fon nom eft compote, & qui à la lettre fignife garde, ou gardien, titre que les anciens n’auroient pas donné au gymnafñarque, qu’ilsregardoient com- me un perfonnage important , & dont les fonétions pañloient pour très-honorables. PALET , ( cerme de Pêche, ÿ forte de pêcherie {é- dentaire que l’on peut rapporter à l’efpece des bas: parcs ou cibaudierres. Ce terme eft ufté dans le ref {ort de l’'amirauté de Bordeaux. Les pêcheurs , pour faire cette pêche , choififfent une efpece de petite ance dont les deux extrémités forment une hauteur, &c laïffent un fond plus bas dans le milieu ; au-tour de cette anfe ils plantent des perchesoupiquets éloignés les uns des autres de deux brafies en deux brafies, de la longueur d’environ huit ou dix piés, en forte qu'ils fortent du terrein de fix à fept piés au plus. Ils font placés en demi-cercle, & embraflent un efpace de quatre à cinq cens brafles de long ou environ : ces perches ou pieux ne changent pont, & reftent toujours placés de même , au con- traite de ceux qui forment la petite pêcherie du pali- cot, comme nous Pexpliquerons ci-après. Avant d'étendre le rets pour faire la pêche du pa- ler | les maîtres des pêcheurs qui y font de parc , & qui pour cet effet fourniflent chacun les filets nécef- faites à former le contour du pale, viennent viñter le fond du terrein de enceinte de la pécherie, pour voir par les traces qui y reftent, file poiflon y fréquente ; ce qu'ils réconnoiflent très-bien aux em- preintes qui paroïflent encore fur le fond après que la mer s’eft retirée , diflinguant même aifément les di- verfes efpeces de poiffon qui y peuvent venir paître. Quand le maître a reconnu qu'on peut y faire la pêche avec fucces, les pêcheurs alors font de baffe- mer un filon ou petit foffé d'environ deux piés de largeur fur un au plus de profondeur le long ducon- tour des perches: ils y étendent le rets du pales qui a environ une demi-brafle de hauteur ; ordinaire- ment le même que ceh de la Seine à lacôte , à la différence qu'il n’eft ni floité , m1 plombé ou pierré; le bas dufilet eft arrêté au moyen de petits crochets de: boïs d'environ deux piés de long , placés à demi 780 P A L brafle lun de l'autre ; enfuite ils ramaffeñt [e filet dans le creux de la fofle, & le recouvrent du fable ou de la vafe fur laquelle la tente du pales eft placée: d’efpace en efpace on frappe fur la tête de la tente, qui refte libre 8 pofée en-dedans des perches, fept à huit petites lignes que lon arrête fur le haut d'autant de pieux. Tout ce travail fe fait avant que la marée ait commencé à monter dans la tente du pales: à me- fure qu'elle monte, elle recouvre ou plutôt efface le fillon qui a été fait, en forte que le poiflon qui et accoutumé d'y venir, ne trouve aucun obftacle pour entrer, m1 aucun changement fur Les fonds qui le puifle effaroucher. Pendant que la marée monte, & amene avec elle le poiffon ; les pinafles des pêcheurs reftent un peu éloignées du paies; & d’abord qu'on a jugé que le poiffon a monté , & qu'il eft prêt à re- tournet , ce qui arrive immédiatement au plein de la marée ; autant de pinafle ou de tillolles qu’on a amarré de lignes à la tête durets', viennent le re- lever & arrêter le filet de la tente en-haut de toutes les perches, ce qui ferme exattement toute l’encein- te, dont aucun poiflon ne peut plus fortir, excepté les petits qui s’'échappent au travers des mailles. Pen- dant que la marée fe retire , Le poiflon fe tient dans le fond du paler, où il y a plus d’eau qu'aux côtés qui font élevés, jufqu’à ce qu’elle {oit entierement écou- lée : pour lors les pêcheurs ramaflent tous les poif- fons qui fe trouvent dans l’enceinte du pa/er. Cette pêche eft quelquefois fi abondante, qu’on a vu prendre d’une feule tente de pales, jufqu’à cent charges de cheval depoiffon dediverfesefpeces :ony pêche des bars, des loubines, des fardines, des mu- lets & de toutes les autres efpeces de poiflons, tant plats que ronds, qui viennent terrer à la côte , fur- tout durant l’été , & même jufqu'à des marfuoins. Avec des rets ayant les mailles de deux pouces en quarré , comme l’ordonnance la déterminé pour les bas-parcs, ces pêcheurs n’en feront pas moins une bonne pêche , & ne détruiront point le frai, ni les petits poiflons, comme il arrive fouvent. Il y a au-tour du baffn d’Arcaflon fix tentes de pa- Let, où l’on fait la pêche de la même maniere. Trois de ces tentes appartiennent aux pêcheurs de la tête, &c font placées au pié des dunes qui font vers Le cap Feret, & à la bande du nord de la baie ; les trois au- tres font au Pila à loueft du Feret. Ceux qui veulent fournir des filets pour la tente, le peuvent faire, & y fontrecus à part: ces pêcheries font libres & non exclufives. Il faut un tems calme pour faire cette pé- che avec fuccès | parce qu’alors le poiflon de tous genres monte en abondance &c en troupe à la côte. Avec ces rets à larges mailles, cette tente, com- me nous venons de lobferver , ne peut être que trés-lucrative & avantageufe à ces pêcheurs , parce que les fonds de cette baie font excellens , ainf que laqualité des poiffons qui s’y prennent: PALET , a la longue paume | ce font des battoirs qui ont la queue plus courte que les autres , dont les tiers fe fervent pour mieux rabattre la bale. Voyez TIERs. PALET , Jeu du, {. m. ce jeu fe joue à plufeurs per- fonnes : on ne s’aflocie point enfemble ordinaire- ment, quoique cela fe puiffe à la rigueur ; mais cha- cun eft pour foi. On a chacun une pierre aflez gran- de , platte, & ronde, ou un morceau de fer. Quand On a vu à qui joueroit le premier, ce qui fe fait ou en jettant une piece de monnoie vers une brique, ou fon palet même, le plus près de cette brique eft le preu; les autres felon qu'ils en font plus près , ont leur rang qu'ils obfervent toute la partie. Le plus loin d’elle eff le der & met le but. Quand cela eft fait, chacun met la même piece de monnoiïe {ur une autre pierre, qu'on appelle brique dans de certains pays, peut-être parce qu'étant de brique elle eft PAL plus commode, & dreu dans d’autres, & chacun joue à fon tour. Il faut pour gagner renverfer la brique avec fon paler, & les liards ou autres pieces qui font plus près du pales du joueur, où de ceux qui ont été joués devant lui, que de la brique, ap- partiennent aux joueurs à qui font ces pzlers. Quand tout ce quin’eft point à la brique eft ramañlé , les chofes reftent en cet état , 8 le fuivant va jouer fon coup ; s’il place fon palet plus près des pieces qu’els les ne le font de la brique, il les gagne; &s’'ilen a, envoyé quelqu’une vers les autres pales, les maî- tres du paler de qui elle eft la plus proche, les ra- maflent , & on rejoue jufqu’à ce que toutes les pie- ces foient gagnées de cette forte. Si elles n’ont pas été renveriées toutes enfemble de la brique, on y remet celles qui l'ont été. Si le vent, ou l’ébranle- ment de la terre les en avoient fait tomber , & non le palet, on les y temet encore. Si étant tombées elles touchent la brique toutes où en partie, onne peut gagner celles qui y font appuyées qu’en la chaflant. Un pale: foutenu par la brique ne peut rien gagner, quand il couvriroit toutes les pieces. Quand deux pales fe touchent, ce qu’on appelle vulgaires ment éréler, 1ls-ne valent plus, & on les releve. Quand lun de ces deux palets tient à la brique, on ne les releve point ; mais fi Le joueur dont le par touche à la brique eft à jouer devant l’autre, celui- ci avance fon pales à la place du premier. Si les pie- ces font l’une fur l’autre, la premiere qui eft d: côté des palers eft plus près d’eux que de la brique , on la ramafle , & toutes celles qui font trop loin ds la brique ; les autres reftent, On perd fon coup lorf qu’on le joue devant fon tour, parce que cela eft de conféquence , le jeu pouvant être découvert alors, ët les pieces font plus aïfées à gagner. Le Jeu du petit paler {e joue avec des écus ou des morceaux de plomb ou de fer applatis , de leur gran- deur. Il y a diverfes manieres de jouer le jeu du petit palet : à but fixe, quand les joueurs ne changent point ce but de place : à but courant, quand on eft convenu de le changer ; au clou , fur bord d’une table, 6c. Le but courant eft d'autant plus amufant, qu’on femble ne faire que fe promener; il eftmême d’un avantage plus égal pour les joueurs; puifque chacun ayant un jeu différent & une certaine portée où 1l joue mieux qu’à une diftance plus où moins grande, 1l peut jetter le but dans cette portée quand ila gagné le coup. Et d’ailleurs, ce but qu’il a jetté peut lui fervir de regle pour mefurer fon coup , qu'il joue tout de fuite: au lieu qu'il eft moins aifé de fe regler au but fixe, oùil y a toujouts beaucoup d’in- tervalles entre les coups, 8 où l’on ne peut guere {e reflouvenir du degré de force qu’on a donné à fon pale: le coup précédent ; l'habitude & le juite mouvement du bras dépendant moins d'une aétion fréquente & mécanique, que d’une confidération réfléchie de l'effet qu'a produit cette aétion, il eft clair que plus cet effet eft éloigné de fa caufe, plus il doit être difficile à connoître, Au clou. Cette maniere eft difficile , 8: demande beaucoup d’adreffe : on plante un clou , ou quelque chofe femblable , fur une table , fur un coffre, &c. celui qui en approche le plus près avec fon paler ga- gne le coup. | Sur le bord d’une table. C’eft fans contredit la ma- niere de jouer au petit pales la plus difficile ; puif- qu’il faut toujours tâcher à mettre le plus près du bord qu’il eft poffible, & qu’on jette fouvent fon petit pales à bas. | Dans toutes ces manieres de jouer au petit pzXr, on peut être plufeurs : il n’y a guere de regles que celles qu'on établit fur les circonftances ; les rangs {e prennent quelquefois au gré des joueurs, &c quel- quefoi s ils font déterminés par le plus ou le moins d’éloignement PAL déloignement qu'il ÿ du péfe d'un joueur au but. On entend fans doute que ce font toujours ceux qui mettent leur petit pale plus près de.ce but ; qui gagnent un , ou plufieuts points. s’ils y ont plufieurs galeis. C’eit aux joueurs à fixer le nombre des points qu'il faut pour faire unepaïtie, 11 . PALETOT , f. m.{ Ouvrage de T. ailleur.) C’eft un juite-au-corps-d'étoffe groffiere & fans manches ; quine vient que jufqu’au genou; &t dont font vé- #us les payfans, principalement en Efpagne. (D. J.) PALETTE , £ £ Pocne, CuiLHEer, Bec À CUILLIER, PLAT, PALE, PArE PAUCHE, CUIL- TLIER TRUBLE , POCHE, jratea, leucorodins, albardeo- la ; (-Hiff. rar. Ornithologie. ) Willughbi, (PZ. XI. pure 3.) oïeau qu'on ne peut confondre avec au- cun autre fpar la forme finguliere de fon bec, qui €ft plat dans toute fa longüeur ; il s’élargit à fon ex- trémité, où il a une figure prefque ronde à-peu-près comme une ciulliere ; ce qui a fait donner à cet oi: | Seau le nom de ec 4 cuillier. La palette eft en entier d'une belle couleur blanche , comme celle du cygne, à Pexception d’un peu de noir qui eft furdes premie- res des grandes plumes extérieures de läile, & ur les premieres du fecond rang. On trouve cet oifeau €n Europe ; il fe perche & niche fur le fommet des arbres qui font près de la mer ou de quelque fleuve; il vit de poiflon; {es œufs reflemblent à ceux de la poule ; ils font blancs , & ils ont quelques taches de couleur de fans, où d’un cendré roufsitre. Willugh: bi, Ornith. Voyez OISEAU. (1) PALETTE DU MÉXIQUE, plarea mexicanz, Tlauh: quechul, oïfeau qui refflemble beaucoup au précé- dent , & qui n’en differe qu’en ce qu’il eft d’une belle couleur rouge ou d’un blanc rougeâtre; le bec a une couleur cendrée ; la tête, le cou, & une partie de la poitrine , font dégarnis de plumes & blancs; il y a un large trait noir entre la tête & le cou. On trou- ve cet oïfeau au Méxique fur Le bord de la mer ou des fleuves. Willughbi, Orrik. Voyez OisEau: (1) PALETTE DU GENOU, voyez ROTULE. | PALETTE, zerme de Chirurgie, petit vaifleau d’é- tain ou d'argent, qui recoit le fang qu'on tire dans Popération de la faignée. + On dit que ce mot vient de poë/este ou petite poële, & qu'on le trouve écrit ainñ dans Villon. Dionis Écrit poiletre ; contre l’ancien ufage, puifque Paré appelloit palerre, l’efpece de petite écuelle à une oreille , dont on s’eft toujours {ervi pour mefurer le fang qu'on tire dañis la faignée. . Chaque paleue doit tenir trois onces, afin qu’on fache au jufte la quantité de fang qu’on a tiré. La mefure ordinaire eft de trois palettes dans les faignées communes ; on Les met {ur trois affiettes différentes, ou fur un plat où elles purfent être de niveau. | Il y a des circonftances qui exigent une faignée plus forte, & d’autres où lon ne tire que deux pa lertes | & quelquefois une feulemient, Au rapport de Dionis , quand on faigne le toi où quelqu'un de la famille royale, c’eft le premier mé- decin qui tient la bougie ; il {e: fait un honneur de rendre ce férvice , aufh-bien que le premuer apoti- caire de tenir les paerres: S'il y avoit quelqu'un dans la chambre que le chirurgiemne crütpasde fes amis, il pourroit le faire dortir, parce qu'il ne faut point qu'il ait pour fpeétateuts des! gens: qui pourtoient l'in quiéter &c le chagriner par leur préfence : aujour- d'hw, continue l'auteur, on n’ufe plus de ce privi- lége. Toutes lés fois, ditil, que j'ai faigné madame la dauphine, ou quelqu'un des princes , la chambre étoitpleine.de monde , & même monfeigneur & les princes fe mettoient fous le rideau du lit fans que cela n’embarrafst. On eft dans l’ufage d’avoir des palerres numéro- tées ; ou bien le chirurgien les marque , en mettant Tome XT. $ PAL 783 ün morceau depäpier fur Ja premiere, deux fur là feconde , & trois fur lätroifieme. L'Eu Dans les fignées du pié on ne fe fert pôint de pa- lerres ; on juge de la quantité du fang tiré ; par le tems qu'il y a qu'il fort, comparé avec la groffeut dujet ; par la couleur plus ou moins rouge que l’eaù reçoit, &t par la teinture que cette eau communique a une ferviette qu’on y trempe. Quelques chirur- giens mefurent avec un bâton la hauteur de l’eau ; lorfque le pié y trempe. Ils retirent autant d’eau qu'ils veulent tirer de fäng ; 8 après avoir Guvert la veine, ils en laiflent {ortir jufqu'à ce que l’eau 1oit au niveau de là marque faite au bâton, Voyez SAIGNÉE. (F). PALETTE, ( Méch. ) eftia même chofe qu’aube dans les moulins à ea. Voyez Ausr. FA NY PALETTE, ( Peine. ) la palerte eft une planche de bois qua eft ordinairement de figure ovale. On y fait vers le bôrd un trou de figure ovale, aflez grand Pour pouvoir y pañler tout le pouce de la main gau- che ; & un peu plus. Le bois dé la pa/erre eft d’ordi- haïire de pommier ou de noyer : on enduit le defus de la palerte, quand elle eft neuve , d'huile de noix feccative à plufieurs reprifes, jufqu’à ce que lhuile ne s’imbibe plus dans le bois. La pa/este fupporte les couleurs broyées à Phuïle qu'on arrahge au bord d’en-haut par petits tas ; le milieu & le bas de la pa- lerte fervent à faire les teintes & le mélange des icow- leurs avec le couteau qui doït être pour cet éfet d’une lame extrèmement mince. Ceux qui travail lent à détrempe ont auffi uñe pa/erte , Maïs elle eft de fer blanc, pour pouvoir la mettre fur ie feu lorfque la colle fe fige fur la palerte en travaillant. | | On dit de certains tableaux , & on l’a dit dé éeux de M le Brun, qu'ils fentent la pa/erte ; ces mots fi-, gnifient que les couleurs n’en {ont point aflez vraies, que la nature y eft mal carattérifée ; & qu'on n’y trouve point cette parfaite imitation , feule capable de fédure & de tromiper lés yeux; ce qui doit être un des prerniers foins des maîtres de l’art. (D.J.) PALETTE DU PEINTRE EN ÉMAIL ; c’eftur mot: Ceau d’agathe ou de verre, fur lequel il fait fes tein- tes avec fon couteau à couleur. PALETTE, en térme de Doreur fur bois » € une peau à longs poils montée en démi-cercle fur une petite planche de boïs qui entre dans un manche fendu à un bout, & garni à l’autre d’un pinceau. C’eft avec cette peau qu'on a mouillée legerement avec la langue; qu’on prend les feuilles d'or; & qu'on les pofe fur louvrage. Foyez nos exphca- tions & nos Planches du Doreur, où lon a repréfenté un ouvrier qui pofe de l’ot vec la pa/erte fur une bot- dure montée fur le chevalet, | La palerie du Doreur fe définit encore un in: ftrument fait de la queue de Panimal qu’on ap- pelle perit-gris. Il fert à prendre les feuilles d’or de deflus le couflinet poux les placer & les étendre fur: lor couleur , f l’on dore en huile , ou {ur laffiette ; fi c’eft en détrempe. (D. J.) PALETTE, terme dont /es Horlogers fe fervent pour défigner une petite aîle que la roue de rencontre | poule , & par laquelle elle entrétient lés vibrations du régulateur: Dans l’échappement ordinaire dès montres, 1l y a deux palerres réfervées fur la verge du balancier; elles forment entre elles un angle droit. Dans l’échappement à levier des peñdules,, les deux pa/erres font fur deux tiges différentes. Voyez ÉCHAPPEMENT , VERGE; @ nos Planches d'Hor. logerie: ( P) | 6 FPE L » PALETTE ; ( Imprimerie. ) les Imprimeurs nome ment ainfi Puftencile avec lequel ils relevent & raf: femblent en un tas l'encre fur leur encrier, après qu'ils Pontbroyée, commele bon ufage l'exige. C’eft une petite plaque de fer taillée en triangle, montée _ GGsss 782 P À L ur un manche de boïs rond : elle fert aufh à pren- dre l'encre dans le baril en telle quantité qu’on en a befoin, & à la tranfporter dans lencrier. Voyez nos P1. 4’ Imprimerie & leur explication. PALETTE , ( /nfirum. de jeu. ) petit battoir, ou inftrument de bois , qui fertaux énfans à jouer. C’eft de cette palerte, que plufeurs outils ou infirumens aui fervent à divers artifans & ouvriers, ont pris leur nom : quoiqu'il y en ait plufieurs qui n’y ont guere de rapport , foit pour la matiere , foit pour la figure. Savary. (D. J.) PALETTE, ( Pozerie. ) les Potiers de terre four- naliftes, c’eftà-dire, ceux qui ont été reçus à la cour des monnoies, pour faure exclufivement tous les fourneaux & creufets qu’on emploie à la fonte des métaux, ont diverfes palettes de bois, qui font prefque leurs feuls inftrumens pour drefler, battre, & arrondir leur ouvrage. Les plus grandes de ces palettes font ovales avec un manche, en tout parfaitement femblables à la paleite des enfans ; les autres font rondes ou échan- crées en forme triangulaire; d’autres enfin font fai- tes à la maniere d’un grand couteau , &t ont une ef- pece de tranchant; ces dernieres fervent à Ôter & ratifler ce qu’il y a de trop fur les moules, où'aux ouvrages que ces potiers font à la main, comme les fourneaux & les réchaux à blanchifleufes. Savary. (GLS) PALETTE , (chez les Poriers , les Faifeurs de creu- fers, &c.) eft un inftrument de bois , prefque Puni- que dont ils fe fervent pour former , battre , & ar- rondir leurs ouvrages. Voyez POTIER. Ils en ont de plufieurs efpeces ; les plus larges font de figure ovale avec un manche ; d’autres font arrondies ou creufées triangulairement ; d’autres en- fin reffemblent à des couteaux larges ; elles fervent à couper tout ce qu'il y a de fuperflu dans les moules de leurs ouvrages. k PALETTE, ( Reliure. les Relieurs ont deux in- ftrumens de ce nom : l’un & l’autre font de petits fers qui fervent à dorer. La palerte fimple doit être de cuivre ; on l’appelle fémple , parce qu’elle n’a qu'un filet : elle eft emman- chée de bois. Voyez cet ouril dans nos Planches, I fert à côté des nerfs dans les entre-nerfs. La paletre à queue & des nerfs , eft plus large que da palette fimple : on lemploie pour pouffer au bas du dos des livres le deffein qui termine l’ornement, & quelquefois à la tête des volumes fur le dos ; c’eft * pourquoi on la nomme palerte à queue; on s’en fert auf fur les nerfs. Voyez nos Planches de Reliure. PALETTE À FORER, ( Serrurerie. ) c’eft un inftru- ment qui {ert aux Serruriers &r autres ouvriers en fer , lorfqu'ils veulent percer ou forer quelque pie- ce. La palerte eft de bois, de forme ovale, d’un pou- ce d’épais, avecun manche & quelquefois deux ; lé tout d’un pié ou environ de long. Une bande ou morceau de fer de quatre à cmq pouces de lon- gueur , & de quatre à cinq lignes d’épaifleur, percée de quelques trous qui ne la traverfent pas tout-à-fait, eft attachée dans le milieu de la pales. Lorfque Pou- vrier veut forer, il appuie la palerre fur fon eftomac, &c mettant la tête du foret dans l’un des trous de la bande de fer , 1l le fait tourner par le moyen de Par- con ouarchet , dont la corde pañle fur la boite du foret. (D. J.. - ) _PALEUR , f. £ ( Médec. ) obftacle quelconque, qui ñne permet pas au fang de pañler dans les arteres cutanées , où il pañle ordinairement dans la circula- tion libre; la nature &c les caufes de cet obftacle , en font une maladie plus ou moins grave. La couleur des humeurs & des parties vifiblesqui eft naturellement blanche, & d’un rouge vif & bril- ant, femblable à celle de la rofe, dégénere en p4- leur , par le défaut de préparation des humeurs, par le manquement des globules rouges , & par un com- mencement de corruption. Le changement de cou- leur s’obferve dans le fans , les crachats,, le pus, Pu- rine, & les autres humeurs, foit qu’elles s’écou- lent, ou qu’elles croupiffent dans leurs vaifleaux. De-là naît la péleur, qui accompagne les maladies de l’eftomac, des inteflins, des vifceres, des pot- mons. Le relâchement des parties, la foibleffe, la crudité des humeurs , le repos exceffif du corps, les inquiétudes de lefprit, le chagrin , le ralentiflement de la circulation, les évacuations trop abondantes, foit des excrémens , foit de l’urine, les fleurs blan- ches, la gonorrhée , la falivation, caufent auffi la päleur. On obferve encore la péleur dans les femmes qui alaitent trop ; mais la péleur difparoît dès qu'on a guéri les maladies qu’on vient de nommer par le fecours des corroborans , & par l'exercice du corps. Un commencement de corruption dans les hu- meurs, produit une plus grande pé/eur, comme on le remarque dans le fcorbut , la cachexie, le cathar- re, les pâles-couleurs , Phydropife , la leucophes- matie , lapaflion hyftérique , la fuppreffion des mois, la vérole, &c dans une longue maladie ; car il n’eft guere pofible de corriger toutela corruption. Outre les fpécifiques propres à ces maladies, 1l faut em- ployer les antifeptiques corroborans. La péleur produite par une trop grande évacua- tion du fang, qu’on à une fois arrêtée , doit étre trai- tée par des alimens bien nourrifflans pris en petite quantité, en même tems que par les flomachiques , & enfuite par les corroborans ; mais celle qui arrive dans la fyncope, & qui eft caufée par un paroxyfme . fébrile, dont accès arrête fur le champ la circula- tion du fang dans les petits vaifleaux , fe difiipe na- turellement, ou à la faveur des friétions & des ftimu- Lans, frelle duroit trop long-tems. (D. J.) PALEUR , (Mychol.) les Romains avoient fait un dieu de la péleur, parce qu’en latin pallor eft maf- culin. Tullus Hoftilius , roi de Rome, dans un com- bat où fes troupes prenoient la fuite, ft vœu d’ele- ver un temple à la Crainte & à la Pé/eur; ce temple fut en effet élevé hors de la ville. On lur donna des prêtres qui furent appellés pa/oriens , & on lui offrit en Benies un chien & une brebis. (D, J.) PALIACATE, ( Géogr. mod.) autrement Palicar , Palicate , Paléacate , ville des Indes, fur la côte de Coromandel , au royaume de Carnate , fur la route de Mafulipatan à Gaudicote, au nord de Madras , dans une plaine fablonneufe & fférile. Les Hollandois y ont un comptoir & un petit fort appellé le for: de Gueldres. Cette ville eft peuplée de maures &c de gentils. Long. 98. 8. lat. Jepr. 136. 30. PALIBOTHRA, ( Géog. anc.) ville de Pinde, en- decà du Gange , fuivant Ptolomée, y. WII. ch, iv. cette ville eft vraiflemblablement la même que la Polibothra de Diodore de Sicile, 4v. II. terme qui veut dire une vi//e dans un fond. (D. I.) PALIBOTRE, { m. (Hift. anc.) nom que les rois de Perfe ont long-tems porté dans l'antiquité; ce nom venoit d’un roi perfan très-révéré, dont 1l étoit le nom propre. Un fouverain eft bien vain d’ofer prendre le nom d’un prédécefleur illuftre ; conçoit- il la tâche qu’il s’impofe ? la comparaïfon ‘conti- nuelle qu'on fera de lui avec celui dont il porte le nom ? Mais ce n’eft pas la vanité des rois qui leur fait prendre un titre fi incommode , &c qui leur prefcrit leur devoir chaque fois qu’on leur prononce, ou qu’on leur reproche d’ymanquer; c’eft la bafleffe des peuples qui le leur donne ; ou fi ce n’eft pas leur baf- feffe, mais une invitation honnête faite au prince de leur reftituer l’homme chéri,le bon maïtre qu’ils ont perdu ; je les loue de cemoyen , quoiqu'il leur réuf- fie aflez mal. Ce qui me fâche, c’eft que lavenir projettant les fiecles lesluns fur les autres, réduifanit À rien la diftance qui les fépare, le nom célebre d'un homme de bien fe trouve déshonoré pat la multitude des méchans qui Pont ofé prendre après lui ; un {eul hoïmme eft chargé de l’iniquité d’une infinité d’au- tres. Les rois de Perfe s’appelloient pz/iborres , com- me les rois d'Egypte Pharaon | comme les rois de France aujourd’hui Louis, . PALICA , (Géogr. anc.) ville de Sicile felon Dio- dore & Etienne le Géographe, On en voit les ruines fur une hauteur au nord oriental du lac appellé Pz/- sinus Fons, & Palicorum lacus : c’elt ce lac que les anciens nommoient fagnum Palicorum : ils éprou- Voient la vérité desfermens, en jettant dans ce lac des tablettes fur lefquelles le ferment de celui qui juroit , étoit écrit; fi les tablettes s’enfonçoient , on le regardoit comme un parjure; & f elles furna- geoient, fon ferment pañloit pour véritable, La Ville Palica pritfon nom d’un temple bâti dans le voifinage , 8€ dans lequel on rendoit un culte aux dieux Palices. . PALICE, LA (Géogr: mod.) petite ville de Frarrce dans le Bourbonnoïis, fur la Besbre , entre Paris & Lyon. Il Sy tient plufeuts foires & marchés ; mais on ny compte pas 400 habitans. Lonp. 20. 57. lat, 46% 33: 4 PAricES, Dieux, (Mythol) Palici dit, ces dieux Palices font fort inconnus. Ils étoient £ls de Jupitet ët de linymphe Thalie. Ce maître des dieux, dit la fable , craignant tout des emportemens de Junon , cacha fous terre fon amante pendant le tems de fa groffefle. Elle ne reparut qu'après lavoir fait pere de deux jumeaux. Dans la fuite , les habitans de la Sicile les choïfirent pour leurs dieux , & leur bâtirent auprès de la ville de Palica un temple magnifique qui en avoit pris fon nom. Leur autel devint Pafyle des malheureux, & en particulier des efclaves fu gitifs. Diodore dit que dans le temple de ces dieux, on prétoit les fermens qui regardoient les affaires les plus importantes, & que la punition fuivoit tou- jours le parjure. La perfuañon, ajoute-t-il, où l’on eft de la févérité des divinités qui habitent , fait qu'on termine les plus grands procès par la voie feule du ferment, & qu’il n’y a point d'exemple que ces fermens aïent été violés. Quelquefois on écrivoit {on ferment, qu’on jettoit dans un baffin d’eau , & le ferment furnageant, Paccufé étoit abfous. Il yavoit dans le voifinage de Palice ; un lac appellé PaZico- rum flagnum , où l’on imagina d’éprouver de la même maniere la vérité des fermens. Le temple de Tré- zœne toit aufli fameux par de pareilles épreuves. On trouve encore au bout de lorient, dans le Ja- pon, des ufages femblables , fondés fur la fimplicité des premiers tems , & fur la fuperftition commune à tous les peuples. À Enfin on juroit en Sicile, le long du fleuve Sime- the, par les dieux Pafices. Simetheia circrm , - Flumina, pinguis ubi € placabilis ara Palici. Æneïd. 2h. LX. v. 584. PALICOURS, LEs ( Géor. mod. ) peuples fau- vages de la France équinoxiale , entre les rivieres Epicouli & Agairi. Ils font bien faits & affables en- vers les étrangers , que latraite du Lamentin attire chez eux. : . PALICOT , oz PETIT PALET , £ m. zerme de pé= che , ufité dans le reflort de l’'amirauté de Bordeaux 3 eft proprement une efpece de cibandiere , Où bas parcs. Poyez CIBAUDIERE , BAs Parcs, & PALET. La pêche du palicos eft la diminutive de celle du palet, dont on a fait la defcription à arricle PAL ET: elle n’en differe qu’en ce que les lieux & les fonds du terre où les pêcheurs la pratiquent , font ya- Tome XT, PAE 783 riables, 8 que ceux qui la font, plantéñt leurs petits pieux à chaque fois qu'ils veulent tendreleurs filets ; pour cet effét, ils émbarquent dans une tillollé où pinafle, avec les filets qui doivent fervir À la tef. fure du palicor, les pieux qui leur font néceflaites. Cette petite tente fe fait Le long des bords des éa: naux ou cheneaux, dans les crafats ou petites gor= ges, dont la baie eft toute bordée, Quand les pé- cheurs ont reconnû bar les traces du poifion , les lèux qu'ilfréquente, ils plantent leuts pieux où pe: tits paux en denu-cerclé ; & comme cet toujours dans des lieux unis & plats , ils formetit aux bouts de la tente plufieurs tours de rets qui font amarés à la tête des pieux, & atrêtés par lé bas avéc des éro- chefs dé bois de diftance en diftancé , comme le filet du grand palet; le poifon qui s’en retoufneroit paf les bouts de la tente fe trouve ainfi tetenu y parce qu’en fuivant toujours le filet pout fortir & rencon-= trer un pañlage , 11 ÿ eff infenfiblement arrêté jufqu’à la baffle mer , qu’il réfte alors à {ec dans la pécherie, Cetté pêche avec ‘des fets d’une maille de deux pouces en quarré , ne pourroit faire aucun tort; mais avec de petites maïlles & très-ferrées, il eft cértain qu'elle fera du-moins auffi nuifible que la feine & Île coleret. Comme elle fe fait fur les fonds plats, foit de fable , foit de vafe, qui font dans les fonds des gorges 8 des canaux, elle y détruit tout le fretin & le poiffon du premier âge qui y éclôt & s'y multiphe d'autant mieux, que les côtes de la grande mer & de la baie ont les bords en talus, & les eaux f pros fondes , que Le petit poiflon n’y peut fejourner , eñ eft mème chaflé & éontraint de fe réfugier dans le fond du baffin, oùt fes vents he lévent jamais les la mes , comme à la côte & à l’entrée des pañles, où les tentes du palicor ne fe peuvent aucunement pra- tiquer. La tente du pañcor eft la même que les cibaudieres non flotées', ou montées fur piquèts des pêcheurs flamands & picards, & les teflurés & teffons des pé- cheurs bretons. Les uns & les autres font À peu-près leurs pêches de même , à la différence que lés pre- miers ne fe fervent point de bateaux , qu’ils font pé- che à pié, & qu'ils ne tendent leurs tets qu'aux bords de la grande côte, & fouvent même plus à la bafle eau , que ne font placées les pêcheries exclu- fives conftruites fur les sreyes & les fables de la mer. PALIER , o4 REPOS, £ m. (Archir.) c’eft une ef- pace ou une forte de grande marche entre les ram- pes &c aux tournans d’un efcalier, Les paliers doi- ventavoir au moins la largeur de deux marches dans les grands perrons, & ils doivent être auf longs que - larges, quand ils font dans le retour des rampes des efcaliers. | On appelle demi-palier, un palier qui eft quarré fur la longueur des marches. Philibert Delorme nomme double marche "un palier triangulaire dans un efcalier à Vis. Palier de communication ; on appellé ainfi le palier qui fépare & communique deux appartemens de plein pie. ; Palier circulaire ; C’eft le palier de la cage ronde ou ovale , d’un efcalier en limace, PALIFICATION, £ £ (Archis. hydraul.) c’eft lac- tion de fortifier un fol avec des pilotis. Dans les en- droits humides ou marécageux ; on enfonce Ces pi- lotis avec un mouton , afin qu’on piuffe bâtir deffus en toute fureté. | PALILIES , f. f. (Myshol.) fêtes célébrées en l’hon- neur de la déefle Palès, que les bergers prenoient pour leur divinité tutelaire, & celle de leurs trou- peaux chez les Romains. On célébroit tous les ans le 19 Avril ces fêtes dans les campagnes. Ce jou-[à les payfans avoient foin de fe purifier avec des pat- fums mélés de fang de cheval , de cendres d’un jeune GGgggi 784 P A L veau qu'on avoit confumé dans le feu & de tiges de feves. On purifioit auffi les bergeries & les trou- peaux avec de la fumée de fabine & de foufre ; en- : fuite on offroit en facrifice à la déefle du lait, du vin cuit & du millet. La fête fe terminoit par des feux de paille, &r les jeunes gens fautoient par-deflus au on des flütes , des timbales & des tambours. Ovide qui décrit au long toutes ces cérémonies , 4y. IF. des faftes, ajoute qu’à pareïl jour, Remus & Romu- lus avoient jetté les premiers fondemens de Rome, Cependant Manilius & Solin aflurent que la premiere conftruttion de cette ville fe fit en automne. Quoi qu'il en foit, les palilies étoient fixées au mois d’A- vril, & lonen faïloitauffi lafolemnité danses villes, mais avec moins d'appareil qu'à la campagne, où on les croyoit très-falutaires pour écarter loin des bef£ tiaux les loups & les maladies. PALILICIUM , f. m. (4/ffrozom.) eft le nom d’une étoile fixe de la premiere grandeur dans l’œil du tau- reau. On l’appelle auf a/debaran, & ce derniernom eft aujourd’hui plus en ufage. Voyez ALDEBARAN 6 TAUREAU. Voyez 'auff! ASCENSION & DÉCLINAï- SON, vous y trouverez l’afcenfon droite & ladécli- naïfon de cette étoile pour le milieu de ce fiecle. Pline donnele nom de paliliciumaux hyades, dont palilicium eft une étoile. Voyez HYADES. Chambers. O c PA ) O4 PALEMBAN , (Géograph.mod.) ville capitale d’un royaume de mênie nom, dans lile de Sumatra, fur fa côte orientale. Long. 122. 45. lat. mérid, 3. 8. PALINDROME,, f. m. ( Belles Lerres.) forte de vers ou de difcours qui fe trouve toujours le même, {oit qu’on le life de gauche à droite , foit qu’on le fe de droite à gauche. Voyez RETROGRADE. Ce moteft grec, zaandhoues , retro currens , cou- rant en arriere, formé des mots mœaw , de nouveau, &T Spouos , courfe. On en cite pour exemple un vers attribué au diable. Signa te, figna temerè me tangis & angis Roma tibi fubitd motibus 1bit amor. Mais des gens oïfifs ont rafiné fur lui en compo- fant des vers dont les mots féparés,, & fans enjam- ber les uns fur les autres , font toujours les mêmes de gauche à droite, ou de droite à gauche. Tel eft Pexemple que nous en fournit Cambden. Odo tenet mulum | madidam mappam tenet anna, Anna tenet mappam madidam , mulum tenet odo. PALINDROMIE, f. f. (Médec. anc.) Fes pouie ; de saw, de rechef, & dispo , courir, terme employé par Hippocrate & autres médecins grecs, pour figni- fier le retour ou reflux contre nature , des humeurs morbifiques , vers les parties intérieures & nobles du corps. Le remede eft de les attirer de nouveau aux parties extérieures, d’en corriger la nature, & de les évacuer. (D. J. | _ PALINGENESE , fecret pour ramener des chofes détruites à leur premier état ; on s’en fert non-feule- ment à égard des corps deftitués d’organes, mais encore à l'égard des plantes, & même des animaux, A l'égard des corps deffitués d'organes ,les Chimiftes prétendent que par leur art ,on peut faire revenir un corps qu'on à détruit par le feu , & lui rendre fa pre- miere forme. Olaïis Borrichius dit que du vifargent, qu'il avoit tourmenté durant un an entier par plu- fieurs feux , jufqu’à le réduire en eau, turbith, cen- dre , reprit fa premiere forme par l’attraétion du fel de tartre. Il aflure encore que le plomb étant rever- beré en mercure , fondu en verre, réduit en ce- rufe , brûlé en litarge , reprend pareïllement fa pre- miere forme dans un moment, quand on lui applique PAL avec adrefle un fel lixiviel. Cela ne peut fe faire par ce moyen, mais bien par toute matiere srafle, M. Boyle à reconnu que le nitre fe reflitue , & fe ré. vivike de maniere qu'après lavoir fait pafler par une longue fuite d'opérations , il s’eft à la fin retrouvé en {on entier poids pour poids. A l'égard des Plantes , écoutons M, Digby, (DeZa vegée. des Plantes , part, IT. p. C4.) grand admirateur des miracles de a palingénéfie. « Nous pouvons, » dit-il, reffufciter une plante morte, la rendréim- » mortelle, & en la faifant revivre du milieu de fes » cendres, lui donner une efpece de corps glorifé , » êt tel, pour ainfi dire, que nous efpérons voir le » nôtre après la réfurreétion. Quercetan , médecin » du roi Henri [V. nous raconte une hiftoire admi- » rable d’un certain polonois, qui lui faifoit voir » douze vaifleaux de verre, fcellés hermétiquement, » dans chacun defquels étoit contenue la fubftance » d’une plante différente ; fayoir dans lun étoit une » rofe ; dans l’autre une tulipe, & ainfi du refte. Or » il faut obferver qu'en montrant chaque vaifleau, » On n’y pouvoit remarquer autre chofe, finontun » petit amas de cendres qui fe voyoit dans le fond : » mais aufhitôt qu'il lexpofoit fur une douce &:mé- » diocre chaleur, à cet inftant même il apparoïfloit » peu-à-peu Pimage d’une plante qui fortoit de fon » tombeau ou de fa cendre ; & dans chaque vaifleau » les plantes êc les fleurs fe voyoient reflufcitées en » leur entier, felon la nature de la cendre, dans la- » quelle leur image étoit invifiblement enfevelie. » Chaque plante ou fleur croifloit de toutes parts » en une juite & invifible grandeur, fur laquelle » étoient dépeintes ombratiquement leurs propres » couleurs , figures, grandeurs, &c autres accidens » parerls ; mais avec telle exatitude & naïveté, que » le fens auroit pü ici tromper la raïfon, pour croire » que c’étoit des plantes & des fleurs fubftantielles 8 » véritables. Or dès qu'il venoit à retirer le vaifleaw » de la chaleur, & qu'il Pexpofoit à l'air, il arrivoit » que la matiere êtle vaiffeau venant à fe refroidir, » lon voyoit fenfiblement que ces plantes ou fleurs: » commençoient à diminuer peu-à-peu , tellement » que leur teint éclatant & vif, venant à pâlir, leur » figure alors n’étoit plus qu’une ombre de la mort, » qui difparoïfloit foudain, & s’enveloppoit de re- » chef fous les cendres. Tout cela, quand il vouloit » approcher les vaifleaux, fe réitéroit avec les mê- » mes circonftances, Athanafe Kircher à Rome m'a » fouvent affuré pour certain qu'il avoit fait cette » même expérience, & me communiqua le fecret de. » la faire, quoique je n’aye jamais pù y parvenir, » après beaucoup de travail », Voici ce fecret, qu’on nomme /écret impérial , à caufe que l’empereur Fer- dinand II. qui Pavoit acheté d’un chimifte, le donna au P. Kircher, qui en a publié le procédé dans fon mundus fubterraneus. Lib, XII, fe&, 4, c. y. exper. r. 1. Prenez quatre livres de graines de la plante que vous defirez faire renaître de fes cendres; cette graine doit être bien müre. Pilez-la dans un mortier; mettez le tout dans un vaïfleau de verre, qui foit bien propre, & de la hauteur de la plante dont vous avez pris la graine ; bouchez exaétement le vauleau, & le gardez dans un lieu tempéré. 2. Choïfiffez un foir, où le ciel foit bien pur &c bien ferain , & expofez votre graine pilée à la rofce de la nuit dans un large plat, afin que la graine s’im- pregne fortement de la vertu vivifante qui eft dans la rofée. | # 3. Avec un grand linge bien net, attaché à quatre pieux dans un pré, ramaflez huit pintes de cette mê- me rofée , & la verfez dans un vaifleau de verre qui foit propre. AU LI | 4. Remettez vos graines imbibées de la rofée dans leur vaiffleau, avant que le foleil fe leve, parce qu'il Héroitiévaporer la rofée ; pofez ce vaifleau , comme äuparavant, dans un lieu tempéré. … ÿ: Quand vous aurez amaffé affez de rofée, il faut Ja filtrer, & puis la diftiller, afin qu'il n’y refte rien dimpur. Les feces qui reftent feront calcinées pour en tirer un fel qui fait plaifir à voir. 6. Verfez la rofée difillée & imbue de ce fel fur les graines, & puis rebouchez le vaifleau avec du verre pile & du borax. Le vaifleau en cet état eft mis Pour un mois dans du fumier neuf de cheval. 7. Retirez le vaifleau, vous verrez au fond la graine qui fera devenue comme de la gelée; Pefprit fera comme une petite peau de diverfes couleurs, Qui furnage au-deflus de toute la matiere. Entre la peau & lafubflancelimonneute du fond, on remarque une efpece de rofée verdâtre, qui repréfente une moiflon. .… $. Expofez durant l'été ce vaïffeau bien bouché de jout au foleil, &c de nuit à la lune. Lorfque le tems € brouillé & pluvieux , il faut le garder en un lieu fec & chaud, jufqu’au retour du beau tems. Il arrive quelquefois que cet ouvrage fe perfeétionne en deux mois, & quelquefois il y faut un an, Les marques du fuccès,, c’eft quand on voit que la fubftance fimon- neue s’enfle & s’éleve, que la petite peau ou l’ef prit diminue tous Les jours, 8 que toute la matiere s’épaifit. Lorfqu’on voit dans.le vaifleau , pat la ré- _ flexion du foleil, naître des exhalaifons {ubtiles, & 1e former de legers nuages, ce font les premiers ru- dimens de la plante naïfante. … 9: Enfin de toute cette matiere, il doit fe former une poufliere bleue; de cette pouffere, lorfqu’elle eft élevée par-la chaleur, il fe forme un tronc ,; des fetulles, des fleurs, & en un mot on apperçoit lap- païñtion d'une plante qui fort du milieu de fes cen- dres. Dès que la chaleur cefle, tout le fpedacle s’é- Vanouit, toute la matiere fe dérange & fe précipite dans le fond du vaiffeau pour y former un nouveau Chaos. Le, retour d’une nouvelle chaleur reflufcite toujours ce phénix végétal caché fous Les cendres. Pour les animaux , apportons-d’abord à ce fujet un pañlage de Gafarel, dans {es curiofités inouxes, pag. 100. « M. du Chêne (c’eft le même qu’on vient » de citer fous le nom de Quercetan) , dit-il, un des * meilleurs chimiftes de notre fiecle, rapporte qu'il * a vi un très-habile polonoïs, médecin de Craco- » Vie, qui confervoit dans des phioles la cendre de »# prefque toutes les plantes; de façon que, lorfque » quelqu'un par curiofité, vouloit voir pat exemple, # une rofe dans ces phioles, il prenoit celle dansla- » quelle la cendre du rofier étoit gardée, & la met- # tant fur une chandelle allumée, &c. . . . À pré- » fent, continue-t-il, ce fecret n’eft plusfi rare , Car # M. de Claves, un des excellenschimiftes de notre » tem , le fait voir tous les jours. D'ici on peut tirer # cette conféquence , que les ombres des trépañlés,, * qu'on voit fouvent paroître aux cimetieres, font * naturelles, étant la forme des corps enterrés en » ces Dieux, ou leur figure extérieure, non pas lame, >» n1des fantômes bâtis par Les démons ni desgénies, »# comme quelques-uns ont cru, Il eft certain que ces » apparitions peuvent être fréquentes aux lieux où il » s’eft donné des batailles: &cces ombres ne font que » les figures des corps morts, que la chaleur ou un » petit vent doux, excite & éleve en Pair. Voici » quelque chofe de plus réel, fi tant eft qu'on puifle » compter fur la vérité du fait, C’eft que le P. Schots rapporte du chimifte françois, qu’on a déja nommé, de Claves , qui faifoit voir à qui vouloit, la réfurrec- tion non-feulement des végétaux, mais celle d'un moineau. Non folum in vegetalibus fe præftinifle , féd etiair 17 pallerculo fe vidifle , pro certo guidam - mihi Zarravis, Er [unt qui publico Jértpto corfirmarunt, quod hoc ipfum Claveus Gallus , quafi publicé pluribus de- PAL 755 moñflraverit. M. Digby a fait encore davantage : d'a: nimaux morts, broyés, pilés, ilen atiré de vivans de la mêmerefpece. Voici comment :l s’y prenoit, & c’eft la derniere forte de palingénéfie dont nous fe- rons mention. « Qu'on lave des écreviffes pour en » Ôter la terre fretée, qu'on les cuife dutant' deux » heures dans une fufifante quantité d’eau de pluie ; » gardez cette décoétion ; mettez les écrévifles dans » un älambic de terre ; & les diftillez jufqu'à ce qu'il # ne monte plus rien; confervez cette liqueur, cal- »Cinez ce qui refte au fond de l’alambic , & le ré- » duifez en cendres par le réverbératoire, defquelles » cendres vous tirerez le felayec votre premiere dé- » coton; filtrez ce fel, & lui Ôtez toute fon Humi- » dite fuperflue ; fur ce fel, qui vous reftera fixe, » verfez la liqueur que vous avez tiré par diftilla+ » tion, & mettez cela dans un lieu humide, comme » dans du fumier, afin qu’il pourriffe , & dans peu » de jours vous verrez dans cette liqueur de petites » écrévifles fe mouvoir, & qui ne feront pas plus » groffes que des grains de millet, Il les faut nour- » tir avec du fang de bœuf jufqu’à ce qu’elles {oient » devenues grofles comme une noifette ; 1} les faut » mettre enfuite dansune auge de bois remplie d’eau » de rivière avec du fang de bœuf , & renouveler. » l’eau tous les trois jours. De cette maniere ) YOUS » aurez des écrévifles de la grandeur que vous vou » drez » Recueil des fécrers, pag. 74, 76. Voilà bien des expériences ; mais peut-on s’en promettre une réuffite conftante, où même fréquente ? C’eft ce que J'ai peine à croire; je juge même que la derniere eft abfolument impoffble. PALINGÉNEÉSIE, (Critig. facrée.) récénération : ce mot eff grec, za2iyyeesixt, he {e trouve que dans deux endroits de PEcriture , {avoir dans faint Mat, ch. xix. v. 28. & dans lépîtré à Tite , Ch, ii, vs 8. Dans faint Matthieu il fignifie Ze réfurrédtion , & rien n’empêche de prendre ce mot én ce fens ; dans Tite l’ablution de la régénération, 73e FaAryyerecios , CÎE la purification par lé baptême, qui peut être regar- dé comme le fceau de la réfurre@ion des morts. Dans les écrivains eccléfiaftiques , Eufebe, Poly- carpe, Théodoret, Galiyyeie, veut dire auf Le réfurredlion. Héfiode appelle Ga hlYyEVEGic âge où tout eft renouvellé, c’eft l’âge d’or. Le renouvelle- ment de vie du chrétien , eft auffi ce que l’on entend par régénération , efpece de réfurre@ion dans un fens figure. (D. J.) PALINOD, fm. (Poëfe.) efpece de poéfie, chant royal, & ballade, qu'on farloit autrefois en Phonneur de la vierge À Caen » à Rouen , & à Diép- pe ; mais 1l n’y a plus que les écoliers & les poëtes médiocres qui faffent des pa/inods. PALINODIE, £ f. ( Belles Lettres, ) difcours par lequel on rétraéte ce que lon avoit avancé dans un difcours précédent. De-là vient cette phrafe, padi- rodiam canere , chanter la palinodie ,; C’eft-à- dire faire une rétra@ation. Voyez RÉTRACTATION. Ce mot vient du grec œeacy, de nouveau, de réchef., ÊC ado, chanter, Où odu, chant , en latin recantaro , ce qui figniñie proprement un défaveu de ce qu’on avoit dit: c’eft pourquoi tout poëme, & en général touté piece qui contient une rétraéation de quelque offenfe faite par un poëte à qui que ce foit, s’ap- pelle pa/inore, On en attribue lorigine au poëte Stefichore & à cette occahon. Il avoit maltraité Hélene dans un poëme fait à deffein contre elle. Caftor & Pollux 2 au rapport de Platon, vengerent leur fœur Outragée en frappant d’aveuglement le poète fatyrique ; & Pour recouvrer la vüe, Stefichore fut obligé de chanter la pa/inodie. I] compofa en effet un autre poème, en foutenant qu’Hélene n’avoit jamais abor- déenPhrygie. Il louoit également fes charmes & fa 786 PAL vertu, 8 félicitoit Menélas d’avoir obtenu la préfe- rence fur {es rivaux. | Les premiers défenfeurs de la religion chrétienne, faint Juftin, faint Clément, 8 Eufebe , ont cité fous ce titre une hymne qu'ils attribuent à Orphée : elle eft fort belle pour le fond des chofes &z pour la grandeur des images ; le leéteur en va juger, même par une foible traduétion. « Tel eft l'Etre fuprême que le ciel tout entier ne » fait que fa couronne ; il eft aflis fur un trône d'or, » & entouré d’anges infatigables ; fes piés touchent » latterre ; de fa droite il atteint jufqu'aux extrémi- » tés de l'Océan; à fon afpett les plus hautes monta: » gnes tremblent, &T les mers frilonnent dans leurs » plus profonds abimes ». Mais il eft difficile de fe perfuader qu’Orphée qui avoit établi dans la Grece jufqu’à trois cens divini- tés, ait pù changer ainfi de fenfiment, chanter une femblable palinodie ; aufñ la critique range celle - ci parmi les fraudes pieufes qui ne furent pas incon- nues aux premiers fecles du chriftianifme, La fixieme .ode du premier livre des Odes d'Ho- race ,.qui commence par ces mots, 6 zratre pulchræ filia pulchrior , eft une vraie palinodie, mais la plus mignonne & la plus délicate. PALINTOCIE, f. m. ( Mytholog. ) nom tiré du grec œæAu, dexnouvean ; T0%06 du verbe-ruro, Je mets at monde , par lequel les anciens exprimoient la renaiflance , ou la feconde naïflance d’un enfant. Il n’y a guere que la fable de Bacchus tiré des en- trailles de fa mere expirante , renfermé enfuite dans la cuifle de Jupiter, d’où 1l fortit à terme, à la- quelle ou puifle ajouter une pareille exprefhion. Palintocie eft aufi en ufage pour figmifer la refti- tution d’une ufure, ou le rembourfement des inté- rêts. Les habitans de Mésare, après avoir. chaffé leur tyran, ordonnerent la palintocie, c’eft-à-dire qu'ils obligerent par une loi tous les créanciers à rembourfer à leurs débiteurs les intérêts qu'ils avoient reçus de ceux-ci pour toutes les fommes prêtées. Voyez INTÉRÈT 6 USURE. PALINURUS , (Géog. anc.) promontoire d’Ita- lie, à l'extrémité du golfe Pæflanus , aujourd’hui Île cap Palinure, Palenudo , où Palmiro. Virgile racon- te que ce, cap a pris fon nom de Palinure, pilote d’Enée, qui étant accablé de fommeil , fe laifla tom- ber dans la mer avec fon gouvernail. Les flots ayant porté fon corps jufqu’au port de 7%4, les habitans le dépouillerent & le rejetterent dans la mer, ce qui leur attira une grande pefte: peu de tems après, ayant confulté fur ce fléau loracle Apollon, il leur fat répondu d’appaifer les manes de Palinure; après cette réponfe ils lui dédierent un bois facré, & lui éleverent un tombeau fur le promontoire woi- fin, qui a retenu le nom de Painure. Er flatuent tumulum , 6 wimulo Jolemnia mittent, Æternumque locus Palinuri zomen habebir, Enéid. Z, FI. v. 380. Pline, Mela, Paterculus en parlent; mais Denis d'Halycarnafle eft le feul qui y joigne un port de même nom. (D. J., PALIQUES, £ m. pl ( Myrhol. ) c’eftainfi que l’on.a nommé deux enfans jumeaux que Jupiter eut de la nymphe Thalie. Thalie craignit tellement la colere de Junon, qu’elle pria la Terre de l’engloutir. Elle fut exaucée. Elle accoucha dans le fein de la Terre de deux enfans qui en fortirent un jour par une feconde ouverture. Ces deux enfans appellés paliques de leur renaïflance, furent adorés comme des dieux, Il fe forma fur la feconde ouverture une fontaine qu'on nomma paliune , & qui étoit en telle vénération, qu’elle fervoit à l'épreuve des parjures. L’accufé écrivoit fur des tablettes ce qu'il préten- PAL doit être vrai, & les jettoit dans l’eau; & elles de . meuroient fufpendues à la furface, il étoit innocent, fi elles alloient au fond, il étoit coupable, On facrt- fioit aux deux paliques des viimes humaines toutes ces merveilles fe paflerent en Sicile , où la coûtume barbare de répandre le fang humain aux autels des paliques , fut abolie avec le teins. pe PALIR. Voyez PALE & PALEUR. Les pañlions qui viennent prefque toutes fe répandre fur le vifagé , y produifent des effets fi différens, qu’il ne nous man- que que plus d'expérience ër de meilleurs yeux pour les y reconnoître comme dans un miroir fidele, & lire fur le front de l’homme lhiftoire de fon ame; à mefure qu’elle fe forme, fes defirs, fes haines, fes averfions, la colere, la peur, l'incertitude, 6. La honte fait roupir ; la crante fait péur. PALI, { m. verme de Péche , ufité dans le reflort de Pamirauté d’Abbéville ; c’eft une forte de rets ou filet tendu en maniere.-de haut parc. Les rets de hauts parcs ou pz/, font de deux {or- tes ; les plus ferrés ont neuf lignes &cun pouce en quarré pour la pêche des maquereaux où roblots, des harangs & autres poiflons paffagers ; les plus lar- ges mailles ont dix-huit à dix-neuf lignes, & fervent à la pêche des folles & autres poiflons plats; c’eft plûtôt une efpece de cibaudiere non flottée ou mon- tée fur piquets ; le pié du rets eft enfoui dans le fable, fans quoi il feroït impoñfible d'arrêter aucun poiflon autre que ceux qui fe maillent; ce qui n'arrive point au poiflon plat, mais feulement au poiffon rond, les premiers ne fe prenant qu’au pié du filet , où'ils ref tent à fec de bafle marée. Les rets de bas parcs commencent à être en regle par le foin & la vigilance des officiers du reflort, qui ont fait brüler à Berclk un grand nombre de #- lets abufifs par leur ufage, & par la petitefle de leurs mailles ; ces rets ontleurs mailles de dix-neuf, vinet- une à vingt-trois lignes en quarré ; ces dernieres ap- prochent fort de la police ordonnée par la déclara- tion de fa majefté du 18 Mars 1727. PALIS, £ m. ( Charpenterie.) c’eft un petit pal pointu, dont plufieurs arrangés enfemble , font une clôture ou féparation dans des cours, où dans des jardins. ( D. J.) PALISSADES, f. £ pl. ex terme de Fortification ; font des pieux de chêne épointés, d'environ neuf piés de hauteur, qu’on enfonce de trois dans les ter- res. On en met fur la banquette du chemin couvert, & on s’en fert aufli pour faire des retranchemens . dans les ouvrages qu’on veut difputer à Pennemi ; on les met à deux pouces ou deux pouces &c demi les uns des autres; les pieux des paffades font quar- res &c rangés en lofange, c’eft-à-dire qu’ils ont deux angles fur la ligne, un angle du côté de la campa- gne, & l’autre angle du côté de la place. Les pa/iffa- des font debout ou à-peu-près perpendiculaires à lhorifon , en quoi elles different des fraifes dont les pieux font pofés prefque horifontalement, Voyez FRAISE. Les paliffades fervent à fortifier les avenues des poftes ouverts, des gorges , des demi-lunes , le fond des foflés , les parapets des chemins couverts , & en général tous les poftes où l’on craint des furprifes &c dont les approches font faciles. Il y a différens fentimens fur la maniere de plan- ter les paliffades. M. le maréchal de Vauban a fait une diflertation fur ce fujet dont on croit devoir donner ici l'extrait. « On plante les paliffades des chemins couverts » de quatre manieres différentes. » » La premiere & la plus ancienne eft celle qui les » établit fur le haut du parapet, à deux piés près du » bord qu’elle furmonte ordinairement de trois piés n &c demi ;-les meïlleures qualités de ces paziffades # Sont d'empêcher les befliaux d’entrer dans le che- » min couvert, & de faire obftacle à ceux qui vou- > droient infulter les chemins couverts avant l’ou- + verture des tranchées ; les mauvaifes font, 1°. de » fervir de mantelet à l'ennemi, & de lui rompre la # plus grande partie du feu de la place, quand il eft # appuyé contre; 2°. d’être aïfée à couper, parce » qu’elle fe peut aborder de plain pié ; 3°. de ne pou- » voir remplacer les rompues dans une attaque fans » fe mettre à découvert; 4°. d’être fort fujets aux » éclats de canon quand lennemi vient attaquer le » chemin couvert, 1l en fait rompre ce qu'il lui plaît » par fes batteries, pour lui faire des ouvertures fans » que les affiégés y puiflent remédier ; c’eft pour- » quoi on ne s’en fert plus ». M. Blondel les avoit condamnés avant M. de Vau- ban, parce que, dit-il, il eft facile d’en rompre ayec le canon, telle quantité que l’on veut, & d'en gar- der ce qu’on juge à propos pour s’en fervir à ap- puyer les fafcines 8 autres matieres que l’on porte pour fe couvrir. Les Efpagnols les plantoient autre- fois de cette mamiere , felon que leur reproche M. Goulon : voici ce qu’il dit dans fes Mémoires pour l'attaque & pour la défenfe. « De la maniere que les Efpagnols mettent leurs » paliffades., qui étant fur le parapet du chemin cou- » vert, Ôtent la moitié du feu de la place, & don- » nent aux travailleurs la faculté de faire le loge- s# ment; quoique naturellement bêtes, les foldats + ne favent ce qu’ils font ni où on les mene; mais >» dans cette rencontrem'étant queftion que d’aller + en avant, ils marchent avec les ingénieurs & après # leurs officiers, jufqu’à ce que la paZiffade leur don- + ne contre la tête ou contre Peftomac, les oblige à » laifler tomber la fafcine à leurs piés, ce qui trace >» le logement , lequel fe perfeétionne fans peine par » le favoir faire des ingénieurs. » La deuxieme, eft celle où l’on les plante en de- » dans le chemin couvert, & joignant le parapet # contre lequel elles font appuyées, & le furmon- s tent de trois piés & demi. Les bonnes qualités de » cette deuxieme efpece de Palffades, font de pouvoir » remplir les rompues à couvert, & d'empêcher les » beftiaux &c l’infulte prématurée du chemin cou- » vert, comme à la précédente; du furplus, elleten a » tous les autres défauts , c’eft pourquoi on ne s’en » fert point préfentement. s La troifieme, eft celles qui font plantées fur les »# banquettes , près du bas du parapet, à la diftance » d’un pié & demi de haut, à mefurer de lintérieur >» du linteau au fommet dudit parapet, la pointe fur- + montant d’un pié ; les bonnes qualités de cette » troifieme efpece font, 1°. de ne pouvoir être cou- » pée; 2°. de ne pouvoir être enlevée que très-diff- - » cilement & avec grand péril; 3°. dene pouvoir + être prefque point endommagée du canon, parce +» que ne pouvant en toucher que les pointes, il n’y >» fait pas grand éclat, ne déplace jamais les corps ».des malades , & ne plonge.que très-rarement juf- » qu'au linteau; 4°. de pouvoir remplacer & ôter en # ne celles qui viennent à manquer, parce que » lon peutle faire à couvert ; 5°. de ne faire nul em- s# barras dans le chemin couvert, étant jointe au pa- » rapet, à qui elle fait même un bel ornement. Elle a #pour défaut, 1°. l’arrangement des facs à terre, # qu'on ne fauroit placer qu’en fe mettant à décou- » vert, ou en les foutenant avec des efpèces de che- » valets par-derriere; Pun eft difficile & embarraflant » & l’autre trop dangereux; 2°. fuppofant les facs à » terre arrangés fur le haut du parapet, on ne peut » tirer que direétement devant foi, parce que len- » tre-deux des pa/iffades & les: creneaux de facs à » terre ne permettent pas le biaifement du moufquet # à droite ou à gauche; 3°, on lui reproche encore l PAL 797 5 que les barnieres, qui obligent à défiler les gens » commandés pour fortir ,.les font trop découvrir, » &t empêchent que les forties ne foient d’un fi grand » effet, ce qui n'exclut pas cependant les barrieres, » puifqu’il eft néceflaire d’en avoir, non-feulement » pour les entrées &z Les {orties de la cavalerie, mais » encore pour l'infanterie; ainfi ce défaut ne peut » Être confidéré que comme un défaut mêlé de bon- » nes qualités : cette maniere de planter les pa/iffzdes » eft en ufage dans toutes nos places. | » La quatrieme mamere eft nouvelle, & n’a été » pratiquée que dans trois ou quatre fieges, où l’on » prétend s’en être bien trouvé, On plante la pañife » Jade à quatre piés &c demi ou cinq piés près du » parapet, dont elle égale la hauteur ; on la coupe » par les barrieres & des petits paflages de trois piés » & den d'ouverture, de dix toifes en dix toifes. » Cette efpece de paliflade a pour bonnes qualités, » 1°. d’être encore moins fujette aux éclats du ca- _» non que la précédente, parce qu’il ne la voit point » du tout; 2°. de ne pouvoir être fautée ni coupée » lorfque les affiégés la défendront de pié ferme, car » autrement elle feroit plus aïfée à couper que la »précédente, parce que l’ennemi en fe jettant en- » tre la paliffade & le parapet, peut y être à demi- » couvért par la paliffade même; 3°. la facilité de » remplacer les parties rompues à couvert ; 4°. la » commodité de l’arrangement des facs à terre qui » fe fait auffi à couvert ; 5°. celles des forties À lim » provifte quipeuvent pañler par-deflus le parapet & » y rentrer de même en s’y jettant ; 6°, le moyen de » pouvoir mieux défendre le chemin couvert de pié » ferme en fe tenant collé contre le derriere de la » paliflade ; celui-ci eft très-hafardeux & peu prati- » quable. Ses défauts font, 1°. d’être fort plongé de » front &c par lesçôtés du feu de l’ennemi quand il » gagne le haut du parapet; 2°. d’expofer les gens » qui défendent le chemin couvert de pié ferme au » # hafardé du rampart & des demi -lunes qui les » protegent; donc les parapets étant fort en defor- » dre dans le tems des attaques , il eft prefque im- » poffible que ceux de la place n’en échappent beau- » coup fur les leurs quand elle fe fait de jour, & à » plus forte raifon quand elle fe fait de nuit, ce qui » joint à la quantité de grenades qui tombent là de » la part des affiégeans , rendent cette défenfe extra- »ordinairement dangereufe pendant le jour, & ab- » folument infoutenable pendant la nuit ; 3°. elle ex- » pofe beaucoup les foldats qui font entre le parapet » &t la paliflade, tant à l'éclat des grenades qu’au périf » de ne pouvoir fe retirer à tems, quand l'ennemi » fort de fes places d’armes pour l’attaquer; 4°. les » bords du parapet font en peu de tems étrangement » Ébranlés par les forties & la rentrée des troupes » qui s’y précipitent plitôt qu'ils ne s’y jettent; ce » défaut eft médiocre & facile à réparer. M. de Vauban dit avoir vù une autre efpece de paliffade la campagne d’'Hollande, au chemin cou- vert de Nimegue, fur le haut du parapet : « ce n’étoit, » dit-il, que des piés d’arbres branchus , plantés par » la tige avec les principales branches, aïguifées » comme elles fe trouvoient, de trois où quatre piés » de long, recroifés & embarraflés l’une dans lau- » tre; elle a cela de commun avec celle des lignes » d’alefa. Elle feroit plus propre à de femblables re- » tranchemens qu'à border un chemin couvert; elle » a tous les défauts de la premiere & feconde efpece, » c’eft pourquoi elle ne mérite pas de tenir place ici. » Il y a des ingénieurs qui doublent les paliflades ._ # des places d’armes fur les angles rentrans fuivant » la méthode des troïfiemes & quatriemes efpeces, » pour les pouvoir défendre de pié ferme : on pré- » tend s’en être bien trouvé à Grave, Mayence, & » en dernier lieu à Keïfevert. ms 88 PAL » Il eft fans difficulté que les paliffades de la toi- » fieme & quatrieme efpeces font les metlleures,inais » lune & l’autre ont de très-srands défauts; la der: » niere eft à préférer à l’autre, parce qu'on hafarde » moins à défendre le chemin couvert de pié ferme » à celle-ci; la place pouvant en certains cas, 6c en » plein jour, hafarder de tirer par-defius la tête de » ceux qui la défendent, parce qu'ils font plus bas, » mais non à l’autre où on eft plus élevé. La meil- # leure défenfe des chemins couverts n’eft pas à mon » fens celle de pié ferme, il en coûte trop, & tôt où »tard vous en êtes chaflés avec perte: j’aimerois » mieux la défendre en cédant les parties plus à por- » tée de l'ennemi, & y revenant après lu avoir fait » efluyer une demi-heure ou trois quarts d'heure le » feu de la place & des dehors, dont lés défenfes » étant bien bordées & non contraintes, doivent » pour-lors faire un grand effet: on pourroit au plus » foutenir les places d'armes de pie ferme au moyen # des doubles paliffades, pendant que le feu de la » place agiffant à droite 87 à gauche fur les angles » faillans, ne laïfferoit pas d’être encore fort dange- » reux, même de jour, parce que le foldat eft mal- # adroit & ne prend pas aflez garde où 1l tire; c’eft » pourquoi je tiens que le meilleur parti à prendre, # du-moins le plus sùr, eft de ne tenir que peu de # monde dans le chemin couvert, avec ordre de fe »retirer aux places d'armes plus voifines de la » gauche des attaques, où il faudroit tenir de forts » détachemens prêts pour revenir de part & d’autre, »les uns par-deflus le glacis, &c les autres par le » chemin couvert, ce qui fera bon à répéter diver- » fement, tant qu’elles réufliront. » Le vrai parti à prendre en ce fait, eft de planter » la haute paliffade, quand on gafonne lé parapet du » chemin couvert tout autour de laplace, de l’entre- » tenir à perpétuité, &c de tenirla baffle enreferve dans » des magafns ou en piles de charbonmier couvertes » de païlle, pour ne la planter que dans le tems d’un » fiege , & feulement quand les attaques feront décla » rées, & fur le long du front; iln’en faudra pas pour # cela mettre en provifion davantage, je ne ferois w même d'avis de ne doubler fa palifflade qu'aux » places d'armes des angles rentrans, comme les »feules parties qu’on peut foutemr de pié ferme, »ne me paroïflant pas qu'il y en ait d’autres que » celle-[à qui le puifle être; & quant à la haute » palifflade, on peut la corriger &c la planter en » efpaçant, tant plein que vuide, un clou coudé » avec une pointe élevée de trois pouces, occupant » le milieu du vuide, & tenant dans le bois par une » autre pointe à-peu-près de pareille grandeur, 5» bien ébarbilée 8 enfoncée à force dans le linteau , » après avoir été précédée d’un petittrourde villebre- » quin &c battu jufqu’à ce que tout le coude foit en- » tré dans le bois , pour lequel faciliter, il y faut une » petite coche avec un fermoir ou cifeau ; la pointe » dudit clou s’alignant avec la paliffade dont le lin- » teau doit être chevillé à un pi où cinq pouces » plus bas que le fommet du parapet , lequel fommet » fera furmonté de neuf pouces par la pointe de la » paliffade qui fera aufh éguifée de douze de long, #» & plantée de fix ou huit pouces près dupié du paras » pet, enforte que de ladite paliffade au fommet, 1l » y ait un pié &'demi de diffance mefuré horifonta- # lement, Pépaiffeur de la paliffade non compris; » ce qui fera deux piés d’éloignèment du foldat qui » tire au fommet du parapet, fuppofant après que » les facs à terre un peu applatis occupent un pié de » large ; le fufil qui en a trois &c huit pouces de canon, » pañlera de huit pouces au-delà des facs à terre, ce >» qui ch ce que l’on peut defirer de mieux en cas » pareil». Differtarion de M. de Vauban, far la ma- aiere de planter les paliflades. PAL ÎLeftinconteftable qu'en ouvrant davantage l'én- tre-deux des paliflades , en ésuifant les pointes (le plus loin, & en ne les faifant furmonter le parapuet que de neuf pouces, on remédie ; ainfi que-dat M. de Vauban, aux éclats, au défaut de ne pouvoir afléz biaifer du moufquet , & à la difficulté d’arranger les facs à terre ; cependant dans les dernieres défemdes des places, cette méthode n’apas entierement été fuivie ; on a fupprimé le clou coudé & on: a rap- proché les puliflades à la diffance de quatre pouces les unes des autres. M. de Coëhorn a donné une nouvelle mamére de paliffades , faites en forte qu'on les peut mettre de- bout & les baifler quand on veut. Elles font. atta- chées le long d’un arbre tournant, long environ de deux toifes, & enclavé dans les têtes de deux pieux plantés en terre. Il fait grand cas de ces fortes de paliflades ; premierement, pour l'épargne, parce qu’- on ne les met qu’au tems d’attaque ; fecondement , pour ne pouvoir être runées parle canon, parce qu’elles ne font vües des afliégeans pendant le jour que lorfqu'on donne laflaut au chemin couvert: out ce qu’on peut dire contre ces paliflades , c’eft que fi un poteau ou un pieux vient à être renyerfé par une bombe, l’efpace de quatre toiles fe trouve fans paliffades pendant un certain tems. Traité de la Jureté des états par le moyen de forterefles. (Q) PALISSADES TOURNANTES, font celles de linven- tion de M. Coëhorn, qui fe tournent de haut en bas. Voyez PALISSADES. PALISSADE, {. f. (Jardim) efpece de barriere de pieux fichés enterre à claire voie, qu’on fait au lieu d’un petit foflé, aux bouts d’une avenue nouvelle- ment plantée, pour empêcher que les charroïs en- _dommagent les jeunes arbres. Paliflade de jardin, c’eft un rang d'arbres feuillus par le pié, &taillésen maniere de mur le long desal- lées, ou contre les murailles d’un jardin. Les pz/fla- des de charme font celles qui viennent les plus hau- tes, & qui s’uniffent le mieux. On fait de petites pa- liffades avec de la charmille, des ifs , des buis, &c. pour les allées ; & des Paliffades à hauteur d'appui, avec du jafmin, des grenadiers, & fur-tout du filaria, qui eft très-propre pour Les palflades de: moyenne hauteur. Il y a auffi des pa/iffades à banquettes, qua n’excedent jamais trois piés & demi. Elles: fervent à borner les allées lorfqu’on ne veut plus borner toutes les vues d’un jardin. On y metdes arbres d’efpaces en en efpaces, 8 quand on veut les décorer, on y en- clavedes ormes à tête ronde. | La hauteur d’une pa/iffade en général, doit être les deux tiers. de la largeur de Pallée. Les pa/iffades plus hautes font paroïtre les allées étroites, &r les rendent triftes. Leur beauté confifte à être bien garnies par le bas; lorfqu’elles fe dégarnifent , on y rémedie avec des 1fs foutenus d’un petit treillage:.on les tond or- dinairement des deux côtés à-plomb. | ù Les utilités des paliffades confiftent, »°. à couvrir lesmurs declôture, pour boucher en des endroits des vües défagréables:, 8 en ouvrir d’autres : 2°. à cor- riger & à racheter les biais qui fouventfe trouvent dans un terrein., & les coudes que forment eertains murs: 3°. à fervir de clôture aux bofquets, cloitres êcautres compartimens qui doïvent être féparés., &c où l’on pratique d’efpace en efpace desrenforeemens le long des allées: 4°. à revêtir le mur d’appurd’une terrafle : 5°. à former des niches qui décorent des jets d’eau, des figures, ou des vafes:6°. enfin à drefler des portiques, & à former des galeries &t des arcades. Onappelle paliffades créneléesles paliffades qui font couvertes d’efpace en efpace en maniere de créneaux au-deflus d'une hauteur d'appui, comme 1l y-ena, par exemple, autour de la piece d’eau appelle lé royale, à Verfailles. | Tondre Tondreune palifflade, c’eft la drefler ayéc le croif- fant , qui eftune efpece de fauix. Daviler, (D.J.) PALISSADE, ARBRE DE, (Hifi. na.) arbre de l’A- mérique méridionale, qui fe trouve fur-tont à Suri- nam. Les Indiens s’en fervent pour conftruire leurs cabanes. Il porte des fleurs en fi grande abondance, que fes rameaux s’affaiflent fous fon poids ; ces ra- meaux reflemblentà des balais debouleau. Les gout fes que produit cet arbre contiennent une sraîne fem- blable à du millet, | PALISSAIRE COURONNE, (Arc. milit, des rom.) c’eft ainfi que quelques-uns de nos antiquaires ap- pellent la couronne dont les Romains récompenfoient ceux qui forçoient les premiers la paliflade des enne- mis : on les nomme plus communément yal/aires, Les couronnes triomphales, paliffaires, murales ,le chêne & le laurier qu’on décernoit aux vainqueurs, de mê- me que les trophées d'armes, étoient les attributs de la guerre chez les anciens romains. (D. J.) PALISSE , adj. ex cermede Blafon, {e dit d’un rang de paliffades repréfentées fur une fafce, qui s’élevent d’une hauteur confidérable , & qui font éguifées par le bout d’en-haut, à-travers lefquelles on apperçoit le champ. VoyezzosiPl. hérald. Il fe dit auffi chez nous des pieces à paux au faf ce, aiguifées & enclavées les unes dans les autres. Die Myflinkofe à Lubeck, d’azur à trois troncs écotés d’or, enclos dans une enceinte ronde pa/iffée de même, PALISSER ,PALISSAGE, (Jardinage.) le paliffage eft l’art de placer 8c d’attacher fur des murailles, ou fur des treillages, dans un certain ordre, les branches des arbres qui font plantés à leur pié. Ce travail fe fait au printems, durant la taille & fuivant les divers bourgeons qui ont pouflé depuis cette taille ; on recommence en été d’attacher chaque branche & chaque bourgeon autreillage, qui couvre le mur , ou à la loque qu'on y a mife. Le paliffage n’eftpas plus dans l’ordre de la nature, que la tranfplantafion, la taille & lébourgeonne- ment; cette opération demande que les arbres foient dans leur liberté, dardant en avant leurs rameaux pour fuivre la direion & l’impreflion de Pair. En effet, on a beau retenir, arrêter, attacher avec du jonc ou de l’ofier les bourgeons, 1ls s’écartent tou- jours du mur par leurs extrémités. L'air eft autant Pélement des branches & des rameaux, que la terre eftcelui des racines. Lesarbres en plein vent ne cher- chent qu’à s'étendre ; on les voit pafñler horifonta- lement leurs rameaux, alongés en même tems qu’ils élevent leurs cimes versle ciel, quelques efforts mé- me que lon fafle, la nature revient à fon premier _ principe. Juvenal, Sacyre xiy. v. 239. tamen ad mo- res natura recurrit, Sivous laïflez une année les arbres d’un efpalier fans les tailler, les ébourgeonner & les paliffer ils deviendront auflitôt des bufons , ou des arbres de haute tige. On a deux objets dans le paliffage; le premier, l'u- tilité ; lefecond, l’agrement de plaire aux yeux. L’utilité fe tire d’ue bonne taille, & procure füre- ment lPabondance, une plus prompte maturité, & une fécondité fucceflive & perpétuée dans un arbre. On n’a d’autre vûe dans le fecond objet, que de . bien étendre les branches d’un arbre, de maniere qu’il couvre exaétement toutes les parties d’un mur; rien ne caufe plus de plaifir auxy eux, que de voir la verdure mêlée avec le coloris charmant que pren- nent les fruits quand ils font bien gouvernés. Le paliffage contribue une plusprompte maturité des fruits, la branche étant plus expofée à Pair, aux rofées, & aux pluies fécondes. Au lieu que dans Les arbres en buiflon, ou à plein vent, l'air pafle & tra- verfe de toutes parts; mais aux efpaliets il eft brifé, & 1l n’a point le même jeu ni la même ation : ainfi Tome XI, n P À L 789 lé mur arrête la réverbération du foleil &en fixe la chaleur fur les fruits, qui prennent du goût &c de la faveur pour peu qu'ils foient dégagés des touffes de feuilles &T de bourgeons : fi ’au contraire ces fruits étoient offlufqués par un paliffage trop garni ils nere- cevroient pas du foleil cette teinte brillante dont lux feul eft capable de les peindre & de les colorer, Jleft certain que plus le frutapprochede la muraille, plus il a de goûr, & qu'il mûrit plus promptement. On paliffe les arbres ordinairement avec de l’ofier ou du jonc, fur des treillages de bois ,; oudefil-de- fer, en étendantles branches pour couvrir le mur oh elles font liées ; mais file mur efte nduit de plâtre, on fe fert de clous où l’on arrête la branche.paflée-dans un petit morceau d’étoffe appellé Zogue, Dé cette ma niere le bois nile fil-de-fer ne bleffent point la chair des fruits;outre que par cet enduit du mur on ne voit point manger les fruits par Les léfards, maçons per- ce-oreilles, courcillieres, qui fe retirent dans les trous & joints des pierres , inévitables dans les muts qui ne fontpoint gobetés. 5 On trouvera lamaniere de palifler & darranger les branches d’un arbre en efpalier à larricte de Ja Tarte où cette méthode fera traitée à fond, fuivant les nou- velles découvertes. Voyez TAILLE. (K PALISSON oz. PAISSON , . m. eft un inftrument à lufage des Mégiffiers & des Peauffrers. C’eftun outil de fer aflujetti fur un montant de bois de la hauteur de deux piès & demi. Le fer du pa/iffon eft une plaque prefque quarrée,. d'environ 6 pouces de hauteur & de largeur, mais cependant un peu arrondie par en- haut; 1l eft aufli un peu égxifé par en-haut, mais le tranchant en eft bien émouflé pour ne point couper les peaux qu’on travaille deflus. Le bois du paliflor confifte en un montant un peu maffif afin qu’il foit plus ohde, & une efpece de banquette qui le rend encore plus ferme , en lui donnant plus de bafe : le pa= liffon eft quelquefois même maçonné en terre, Il ya des pa/ffons doubles auxquels deux ouvriers peuvent travailler à la fois, ils font même plus folides que les autres, parce qu’ils ont plus de bafe. Ce font des efpèces de bancs, d'environ 4 piés dé longueur des deux extrémités defquels v’élevent 2 montans forts, qui font armés par en-haut d’un paliffoz cha- cun. \ La maniere de fe fervir du paliffon eft de tenir des deux mains les deux bouts de la peau que l’on façon- ne, &z de la froter fortement de tous côtés furletail- lant du paliffon. Voyez la fig. | PALIURE, fm. (Hifi. nas. Botan.) pallurus ;gente de plante äfleur en rofe, compofée de plufieurs péta- les difpofés en rond. Le piftil fort du calice, & de- vient dans la fuite un fruit en forme de bouclier , qui renferme un noyau prefque rorid ; ce noyau fe divife en trois loges dans lefquellesil y a une amande de la même forme. Tournefort, 22/2, rei herb, Voyez PLAN- TE. (1) Cet arbrifleau nommé en latin pelisrus , & en an- glois she chrift-chorn , s'éleve quelquefois à la hauteur d’un homme. Sa racine eft dure, ligneufe, d’un bois très-ferme ; fes rameaux font longs & épineux, mais les épines qui fe rencontrent proche des feuilles font plus petites & moins nuifibles que celles des autres endroits ; fes feuilles font petites, prefque rondes, pointues, de couleur verte obfcure, & comme rou- geâtres ; fes fleurs font petites, jaunes, ramaflées au fommet des branches, compofées chacune de $ pe- tales, difpofées en rond dans la rainure d’une rofette qui fe trouvé au milieu du calice: Cette rofette de- vient par la fuite un fruit fait en forme de bouclier, relevé au milieu, délié fur les bords, & comme en- touré d’un feuillet membraneux. Ontrouve aucen- tre de ce fruit un noyau fphéroïde, divifé en 3 loges, qui contiennent pour l'ordinaire chacune une femen- HHhhkh 790 P A L ce prefque ronde, quia la couleur, le poli luifant 62 la douceur dela grainedelin. Cet arbrifleau’croît naturellement dans les haies, en Jtalie, en Provence, en Languedoc ; ilfe plait aux lieux champêtres, incultes, humides; il fleurit en Maï&c Juin ; fon fruitmürit enautonne., êc tient à l'ar- bre tout l'hiver. Jean Bauhin & Ray ne font pas éloignés de pen- fer que notre paliure ne foït le paliure de Théophafte -& de Diofcoride. Il n’eft suere d’ufage dans la méde- cine; mais comme il n’y a peut-être aucune efpece de thamnus ou d’arbriffleau armé d’épines plus roides & plus pointues, l’on en fait des haïes vives , bonnes pour empêcher les incurfions des hommes &desani- maux. (D...) PALIXANDRE., {. m. (Marquerterie.) efpece de bois de violet, propre au tour &c à la marquetterie. Ce font les Hollandois qui envoient cette forte de bois aux marchands épiciers & droguiftes de Paris. Il eft ordinairement débité en de grofles büches: le plus beau eft celui qui eff Le plus plein de veines, tant de- hors que dedans, & qura le moins d’obier. PALLA , { f. (Hifi. anc.) c'étoit chez les anciens romains, un manteau que les femmes portoient par- deflus la robe appellée ffo/a. Voyez STOLA. Horace , dans l’aré poétique, dit qu'Efchile habilla Le premier fes aéteurs d’un long manteau qu'il nom- me palla. C’étoit un manteau de théâtre, fort long & fortample , inventé pour donner un air plus noble & plus majeftueux à ceux qui jouoïent les premiers rô- les, foit en hommes , foit en femmes. Mais à Rome, cet habillement ne pafla qu’aflez tard au théâtre, & lorfque les femmes de condition s’en furent dégon- tées. Voyez MANTE. , ‘On portoit ce manteau fur Pépaule gauche, & le faifant pañler de l’autre côté fous le bras droit, on en attachoit les deux bouts fous le bras gauche,fanscou- var la poitrine ni le bras. Il faïfoit beaucoup de plis & de replis, c’eft de-là que lui éft venu fon nom, au fentiment de Varron; c’eft-à-dire qu'ilvient du mot ze, vibro, je frémis, je tremble. | Parmi les Gaulois , les hommes portoient aufliune efpece de palla , appellée gallica palla. PALLADES, £. £. pl. (Littérar.) jeunes filles que Von confacroit à Jupiter dans la ville de Thebes en Egypte. On les choififloit dans Les plus nobles famil- les de la ville, du nombre des plus belles ; & la con- fécration qu’on en faifoit étoit honteufe, au rapport de ‘Strabon. | Parmi les pallades confacrées par les Thébains à Jupiter ; on diftinguoit une jeune fille vierge, des plus nobles & des plusbelles, à laquelle il étoit li- bre d'accorder fes dernieres faveurs à qui elle vou- loit jufqu’à ce qu’elle fût nubile ; alors on la ma- rioit : mais He fon mariage , on la pleuroit gomme fi elle eût été morte. (D. J.) PALLADIUM , {. m. (Lirtérature.) le mot eft rec, latin & françois. C’étoit uneftatue de Minerve, taillée dans la pofture d’une perfonne qui marche. Elle tenoit une pique levée dans fa main droite, & avoit une quenouille dans fa main gauche; c’eft la defcription qu’en fait Apollodore : Tzetzès & Eufta- the, en parlent Dore de même. On dit qu’elle étoit defcendue du ciel près de la tente d’Ilus, dans le tems qu'il bâtifoit la forterefe d’Ilium,, & que lora- cle, confulté fur cette ftatue, ordonna qu’on élevât un temple à Pallas dans la citadelle, & qu’on y gar- dât foigneufement cette ftatue ; parce que la ville de Troyes feroït imprenable tant qu’elle conferveroit ce précieux dépôt. Auffi les Grecs inftruits de cet ora- cle , fe vanterent d’avoir enlevé le pa/ladium; cepen- dant Enée éveillé par un fonge, dans lequel Heétor PAL fui confeilla de chercherun afyle, Paflurant qu’il fe roit fondateur d’un grand empire, fe rendit à la cita- delle, pritle palladium & la déefle Vefta d’une main, & tenant de l’autre fon cher Afcagne , il fe fauva au travers des flammes jufqu’au bord de la mer. Là il s’embarqua ‘avec ces triftes dépouilles, & aborda après mille traverfes au port de Laviniie. Dès qu'il fut arrivé , il y dépofa dans un temple le pa/ladium &c le feu facré; lun & Pautre furent enfuite tranfportés à Albe, & finalement à Rome, où l’on établit les Veftales, pour garder avec foin des chofes fi pré- cieufes. La ruine de Troyes fembloit être une bonne preuve de leur foiblefle; mais pour cacher au peuple limpuiffance du feu facré & du palladium , on en dé- fendit la vüe: | Nullique adfpecla virorum Pallas 27 abffrufo pignus memorabile templo. Denis d’Halicarnaffe confirme que lesGrecs n’em- porterent de Troyes qu'un faux palladium, fait par Dardanus fur le modele du véritable, Auff les Ro= mains étoient fi perfuadés qu'ils poffédoient le vrai fimulacre de Pallas, auquel ils attachoïent le deftin de Rome, que dans la crainte qu’on ne le leur enle- vât , ils firent à l'exemple de Dardanus, plufeurs fta- tues toutes femblables., qui furent dépofées dans le temple de Vefta ; & l'original fut caché dans un lieu qui n’étoit connu que des miniftres dutemple &c des prêtrefles. Clément d'Alexandrie a embraflé ce fen- timent dans des recherches aflez curieufes qu'il a mife au jour fur le pa/ladinm,&r qu’il feroittrop long de tranfcrire ici. Quoique les Romains fe vantaflent d’avoir la ftatue de Pallas tombée du ciel, & qu'ils la regardaflent comme le gage de la duréede leur empire, fatale pi- grus imperti, pluñeurs villesleur conteftoient la gloire de pofléder ce même palladium. La premiere étoit Liris ancienne villede la Lucanie, que Strabon croit avoir étéune colonie de Troyens, par la raifon qu’on y voyoit la ftatue de la Minerve iliade, élway rw INadx. Lavinie, Luccrie, Daulis, Argos, Sparte, & plufieurs autres villes, fe glorifioient du même avan- tage ; mais Les Iliens le leur difputerent toujours. Ils prétendoient que le palladium n’avoït jamais été en- leyé de Troyes; & que s’il étoit vrai qu'Enée pour le garantir de lincendie, l’eût porté à Palæfcepfis, 1l l’avoit bientôt après remis en fa place. Enfin lorf- qu'on leur objeétoit que fuivant Homere, Diomede, & Ulyfle l’avoient enlevé, 1ls répondoient que ces deux capitaines n’avoient trouvé dans le temple de Minerve qu’un faux palladium , qu'on avoit mis à la place du véritable, qui dès le commencement du fie- ge de Troyes, avoit té caché dans un lieu inconnu. Mais une chofe fort curieufe furle palladium, c’eft le fait quieft rapporté par Appien d'Alexandrie, par Servius, par Julius Obfequens, & par S. Auguftin, qui cite à ce fujet un pañlage de Tite-Live, qu'on ne trouve plus dansce qui nous refte de fes ouvrages, Ce fait eft que, fous le confulat de L. Sylla, & de L, Pompeius, Fimbria lieutenant de L. Valerius Flac- cus, ayant pris & brûlé Ilion fans aucun refpettpour fes dieux, on trouva dans les cendres du temple de Minerve, le palladium fain & entier; prodige dont les Iliens charmés conferverent long-tems le fouve- nir fur leurs médailles. Le palladium étoit encore un lieu d'Athènes, où lon jugeoit les meurtres fortuits & involontaires; le nombre des juges fe montoit à cent. Tout Le monde convient que D'émophon y fut jugé le premier ; mas onignore pour quelcrime. (D. J. PALLAGE ox PELLAGE, £ m. (Jurifprud.) eft un droit dû à quelques feigneurs pour chaque ba- teau qui aborde en leur feigneurie : quelques-uns veulent que ce droit ait été appellé pelage, quai ap- PAL pellage du latin, ad lisus appellare ; mais il paroît plus naturel que pallage vient de palus , qui fignifie un poteau , Un pieu, parce que les bateaux qui abor- dent dans un port, font attachés à de gros pieux. Voyez ci-après PELLAGE , 6 Le gloff. de Lauriere , au mot pallage. (A) PALLANTIDES , £ m. pl. (Myrk.) les fils de Pal- las , frere d’'Egée, qui contraignirent Thefée d’aban- donner Athènes. PALLANTEUM, ( Géog. anc. ) ville du Latium, dont les habitans avoient appris d’'Evandre leur fon- däteur à renfermer leur année dans trois mois, felon Macrobe, L. I. ch. xiy. & Pline, Z VIT. ch. xlix. & dans quatre mois, felon Plutarque , dans la vie de Numa. (D. J.) PALLANTIUS, (Myck.) furnom que l’on don- noit à Jupiter dans la ville de Trapéfunte en Ar- cadie. | PALLAS , f. f. (Mychol.) Pallas, Minerve , Athe- née, font trois noms d’une même divinité , à ce que prétendent plufieurs mythologiftes, tandis que d’au- tres diftinguent Pallas la guerriere, de Pallas déeffe de la fagefle, des fciences & des arts. Quoi qu'il en {oit , la fable de cette déeffe eft fort connue. Ily a fans doute un grand intervalle entre Jupiter & Paz- Las , mais 1l n’y a perfonne entre deux ; & de tous les enfans de ce dieu , elle eft la premiere par la fin- gularité de fa naïflance , étant née de Jupiter feul , “ans le fecours d’une mere. Auf Pallas n’étoit-elle autre chofe que la vertu, la fagefle ,| le confeil de Jupiter. L’antiquité la regardoit comme la divinité tute- laire des villes, où on plaçoit fa fatue au haut des *forterefles & des temples ; l’hiftoire compte cing déefles de ce nom.‘( D. J.) PALLE. Voyez PAL 6 PALLÉ, Blafon. PALLe , ff. (Lirur.) Voyez PALE. C’étoit un ta- pis ou une toilette de foie dont on couvroit l'autel. Après que le prêtre avoit placé fur l'autel ce quil avoit à y mettre , il étendoit par-deflus la pale, qui étoit aflez grande pour couvrir l’autel entier. Paire, PANCHE, (Hif. nar.) Voyez PALETTE. PALLENE , (Géog, anc.) 1°. Peninfule de la Ma- cédoine. Elle avance dans la mer Egée entre les gol- fes Thermaique & Toronique. Elle s’appelloit an- ciennement Phlegra. Ptolomée la nomme Paralena. 2°. Pallene étoit une ville de la Macédoine , dans a péninfule de ce nom. 3°. Pallene , montagne de la Macédoine , fituée dans la même pémnfule. 4°. Pallene , étoit un municipe de la tribu d’An- toche, dans l’Attique. 5°. Pallence eft dans Ovide.(Méram. L, XV. fab. 26.) le nom d’une contrée des paysfeptentrionaux. D.J. | PAUL ou BALLI , (Æff. mod.) c’eft le nom que les Siamois donnent à une langue favante , dans la- quelle font écrits les livres de leur théologie, & qui n’eft connue que des talapoins ou prêtres fiamois. C’eft Sommona-Kodom leur légilateur, qui pañle pour être l’auteur du principal de ces livres ; il eft rempli des extravagances les plus groflieres , & des contes les plus ridicules. È PALLIANO, ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie, dans la campagne de Rome, au nord occidental d’A- nagni, & à 20 milles au levant de Rome PALLIATIFS , adj. (Médec.) ce {ont les remedes qui afloupiflent & calment les douleurs fans en ôter la caufe. Tels font les narcotiques. Ces palliatifs font d’ufage fur-tout dan$ les maladies incurables. Le lait eft palliatif dans la plurèfie pu/monaire. PALLIATION, f. f. eft l’aétion d’excufer, d’adou- cir ou de dégwifer une chofe. C’eft pourquoi par palliation on entend ez Méde- Tome-XT. PAL 791 cine , ladouciflement & la modération dé la douleur ëc desfymptômes Les plus violens ; à quoion fe borne quand On ne peut pas découvrir la caufe radicale de la maladie. Foyez PALLIATIF, PALLIATIVE,, CURE , (Chiruraie.) la cure pallia- ziveen terme de Médecine & de Chirurgie ne défigne pointune véritable guérifon , maïs feulement un fou- lagement qu’on procure aux malades par des reme- des convenables dans un état défefperé. Ces reme- des temperent la douleur, moderent les {ymptômes, mais ne déracinent point la caufe ; tel eff le cas mal- heureux des cancers ulcérés. On met en ufage la cure palliative dans plufieurs occafons chirurgicales. 1°. Quandon ne court aucun danger pour la vie du malade , ni pour l'augmentation du mal, en re- tardant le traitement parfait d’une maladie ; on peut fe fervir des remedes palliatifs. Par exemple , on remplit le trou d’une dent cariée de feuilles de plomb, pour conferver la dent & empêcher la douleur ; dans une hydrocele par épanchement , on y fait la ponéhon de tems en tems, ce qui foulage le mala- de , mais ne le guérit pas : on peut différer d’empor- ter les skirrhes fimples des mammelles, & des autres parties, pourvu qu’on foutienne la partie skirrheufe, qu'on la tienne chaudement, qu’on empêche le pro- grés du skirrhe , & qu’on purge de tems en tems le malade. 2°. Si la guérifon d’une maladie pouvoïit cauferun mal plus grand, on doit fe contenter des remedes pallianfs, Par exemple , les vieux ulcères, les hé- morrhoïdes anciennes , & certaines évacuations pé- riodiques, cauferoient un très-prand défordre dans l’économie animale , & même la mort , fi on guérif- foit ces fortes de maladies, C’eft pourquoi on fe con- tente d’adoucir le mal par quelques topiques conve- nables d'empêcher qu’il ne fafle du progrés, & d’é- vacuer de tems en tems par la faignée &c par Les pur- gatifs une partie de l'humeur. 3°. S'il eft poffble d’emporter tout Le vice local, ou de détruire la caufe du mal , il faut employer les remedes pa/liarifs propres à calmer les accidens , ou à arrêter le progrès de la maladie. Les fiftules à Panus, qu’on ne peut emporter to- talement, celles de la poitrine , & d’autres endroits, où Pon ne peut opérer fans intérefler certaines pars ties eflentielles , font de cette efpece. On fe con- - tente d’y faire quelques injeétions adouciflantes & déterfives pour empêcher le féjour du pus, & d'y appliquer un emplâtre de Nuremberg, &c. Les tumeurs & les ulcères cancéreux ou carcino- mateux , dont le vice eft dans le fang, ou qui font adhérens à des parties qu’on doit refpelter , ne de- mandent aflurément qu'une cure palliative ; on met fur la tumeur un cataplafme anodin, qu’on fait avec les fuilles de morelle , joubarbe, &c. & on panfe fou- vent les ulcères avec des linges trempés dans Peau, ou le fuc de ces plantes, &c. On panfe les fcrophules invétérés, la gangrene qui vient d’une caufe interne qu’on ne peut détruire, les unes avec l’emplâtre de la mere, celui de Nurem- berg, de manus Dei, E:c. & Vautre avec le ftyrax, les fpiritueux. | Par tous ces différens moyens, on enleye toujours quelques portions de la caufe , on calme les accidens urgens , on s’oppofe au progrés du mal; & comme il n’eft pas poflible de le guérir, on prolonge au- moins les jours du malade. La Faye. (D.J.) PALLIER , v. a. (Gram.) affoiblir, déouufer, ex- cufer , couvrir. Il fe dit, dans Pufage ordinaire, des fautes qu’on à commifes. Il a pallié fa méprife avec beaucoup d’adreffe. Il eft dit en médecine d’une ma- ladie dont on a fait cefler les fymptômes apparents, fans détruire la caufe, Voyez PALLIATIVE CURE, HHhhh à 792. P À EL PALLIO ou PAILLO , {. m. (Marine.) la chambre dun écrivain fur une galere. PALLIOLUM , f.m. (Lisrérar.) étoit proprement un capuchon qui couvroit la tête &c toutes les épau- les jufqu’au coude. C’étoit l’ornement des efféminés &e des débauchés, comme de Trimalcion dans Pé- trone : adrafum pallio incluferat capur. Butukus Eu- pus a dit, dans le caraëtere qu'il a fait d'un homme ivre : palliolo à capite defendens, Il couvre fa tête d’un capuchon pour fe garantir du froid. Les mala- : des s’en fervoient auffi ordinairement: c’eft pourquoi Séneque écrit à la fin du 17. iv. des queftions natu- relles : Fidebis quofdam graciles , 6 palholo focalique circundatos , &e. Vous verrez des gens maigres &t ex- ténués de maladies qui portent le capuchon , &. qui ont le cou environné de inges, Gc. PALLITRUM , f.m. (Affron.) étoile de la pre- miere grandeur, qu'on appelle autrement l'œil du taureau Où aldebaran.V oy ex ces mots. PALLIUM, 1. m. (Hiff. eccléfiaft. Jurifprud.) ter- me emprunté du latin , qui fignifie ordinairement un manteau ; il fignifie en matiere canonique un o7zement que certain prélats ont droits de porter, & qui a pro- bablement pris la place d'un manteau qu'on leur donnoit en cérémonie. C’eft apparemment auf de- là qu’il a confervé le nom de pa/lium, Cet ornement eft formé de deux bandes larges chacune de trois doigts, pendantes devant & der- tiere les épaules jufqu’à la ceinture, en forme de cercle, enchâflées par les extrémités en des lames de plomb, &c tiflue avec du fil& de la laine de deux agneaux blancs qui font bénis fur l'autel dans Péglife de fainte Agnès de Rome , le jour de la fête de cette fainte ; il eft pofé pendant une nuit fur les châfles de S. Pierre & S. Paul, & confacré enfuite fur l’au- tel de S. Pierre , où les métropolitains, & ceux des évêques qui en ont le privilège doivent le prendre, en prétant Le ferment accoutumé. ; Le pallium eft regardé communément comme fa marque de la dignité archiépifcopale ; &c en effet , le pape Innocent III. dit que le nom d’archevêque eft conféré par le pallium , dans le chapitre z1f° aux de- cretales, de autoritate & ufu pallii: non tamen , dit-1,, deberer fe archiepifcopum appellare priufquam a nobrs pallium féfcepiffer , in quo pontificalis officit pleritudo cum archiepifcopalis nominis appellatione confertur. Le pape Grégoire VIL. dans une lettre à l’archevé- ue de Rouen , fe plaint de ce qu’il ne demande pas le pallium ; hu repréfentant que les archevêques, . trois mois après leur confécration , font obligés , fe- lon le droit , d’en faire la réquifition au faint fiege, &c leur enjoint que dans la fuite il n’ordonne plus d’é- vêques ni de prêtres, & qu'il wentreprenne point de confacrer des églifes jufqu’à ce qu'il ait obtenu du faint fiege le pallium. Ce même pape écrivant à un évêque de Vérone, qui lui avoit demandé le pallium, déclare qu'il ne pouvoit lui accorder fa requête , parce que les de- crets de fes prédécefleurs papes vouloient que les archevêques allaffent en perfonne à Rome recevoir cet honneur. Enfin, le concile tenu à Tours en 1583, défend aux archevêques l’adminiftration de leur évèché, avant d’avoir demandé ou obtenu le pellrum. Cependant M. l'archevêque d’Aufch dans Paffem- blée du clergé en 1665 , au fujet du différend qu'il eut avec M. de Perefñixe, archevêque de Paris , prou- ve, par beaucoup de raifons, que le pa//um n’eft point la marque effentielle de l’archiépifcopat, qu’il ne diftingue point les rangs entre les métropolitains, & ne donne point la perteétion n1 la derniere main à leur autorité : le pa/lium , dit ce prélat , n’appar- : tenoit originairement qu'au pape feul; felon plu- fieurs auteurs, il a pris fon origine des empereurs ; 1] s'étoit point en ufage avant le jv. fecle : il y a fix cens ans & plus, que tous les évêques grecs enufent communément en tous les offices de l’églife , comme d'un autre ornement. dE Les papes en ont accordé lufage & Phonneur à ‘ quelques évêques ; favoir , au cardinal évêque d’'Oflie, parce que c’eft lui qui confacre le pape élu ; à celui de Pavie, en Lombardie ; à celui de Luc- ques, en Tofcane ; à celui de Bamberg , en Allema= one ; aux évêques de cinq églifes de Hongrie, & à celui de Meffine, en Sicile; & en France aux évé- ques d’Autun & du Puy en Auvergne: ce dernier eft appellé en latin Æwicienfes epifcopus , ce qui a fait croire à quelques-uns, que c’étoit un évêque d’An- necy. A la fin d’un confifloire tenu par le pape, S.S. par une grace particulière accorda le pa/lium à l'évêque de Marfeille , le 3 Septembre 17317. Baronius rapporte , qu’en lan 893, le pape For- mofus fut admonefté par Foulques , archevêque de Reims , de ne plus ravilir l'honneur & la dignité du pallium , en le communiquant trop Ubrement non- feulement aux primats & archevêques, mais aux premiers évêques qui le lui demandoïent. Le concile de Bafle & la pragmatique-fanétion dé- fendent aux papes de rien prendre pour le manteau où pallium, qu'ils avoient coutume de vendre bien chérement aux archevêques métropolitains , ce que quelques-uns n’ont pas laïffé de faire encore nonobf- tant ces decrets. Le premier évêque de France qui eut Le pa/lium fut Visilé , archevêque d'Arles ; 1l lui fut accordé par faint Grégoire, à la priere de Childeberg; le pape nenvoyoit alors le pallium aux atchevêques du royaume de Bourgogne, que du confentement des empereurs d'Orient; c’eft ce que l’on apprend d’u- ne lettre du pape Vigile à Auxone , archevêque d’Ar- les , auquel il dit qu'il doit en informer l’empereur, ainf que la raïfon , la fidélité & le refpeét qu'il lui doit le demandent. Mém. m. [. de Dombes par M. Au- bret. Le pape n’accorde pas lPufage du pallium à tous les archevêques ; Alexandre VIT. ne voulut jamais accorder cet honneur au cardinal Antoine Barberin, neveu d’Urbain VIIL. qui étoit archevêque de Reims, & qui ne l’eut que du tems de Clément FX. auffi n’a- t-il jamais fait aucune coniécration d'aucun évêque fon fuffragant. Le droit de pallium n’eft pas réel, mais perfon- nel ; un archevêque ou évêque ne peut le céder à un autre, tellement que le pallium doit être enfeveli à la mort du prélat qui en jouifloit. Le pape peut porter le pallium dans toutes les égli- fes où 1l fe trouve, | Il n’en eft pas de même des autres évêques; les primats ne reçoivent le pallium que comme métro- politains , &: non comme primats, c’eft pourquoiils ne peuvent porter le pallium hors de leur diocefe, de même que les métropolitains ou autres évêques qui ont droit de pallium par privilece ; ils ne peuvent le porter dans la province d’un autre évêque, à moins que ce ne foit de fon confentement. Le pape peut porter le pa/lium tous les jours, au- lieu que les archevêques &t évêques qui ont lufage du pallim n’en peuvent ufer qu’en certain jours de Pannée; favoir les jours de Noël & de 8. Jean, des, Etienne , de la Circoncifon, de l’Epiphanie, le jour des Rameaux , le Jeudi- faint sr cena Domint, le Samedi-faint , les trois fêtes de Pâques & de la Pen- tecôte, le jour de S. Jean-Baptifte & de tous les apô- tres , les trois fêtes de la Vierge, le jourtde la Touf= faints, celui de la dédicace de l’églife , & les princi- pales fètes propres à chaque églife , Les jours delor- PAL dimation des clers , au facre des évêques, & au jout ! * de lanniverfaire de fa confécration. L'archevêque ou évêque qui a Pufage du pallium, | he peut dire Ja fainte mefle fans être revétu du pa/- qui ne doit néanmoins s’entendre que des fêtes &c au- tres jours où 1l a droit de porter le pa/lium, Les prélats qui ont le pallium ne peuvent le por- | ter hors le fervice divin ; ils ne peuvent même le porter à une proceffion qui fort hors de l’églife, quoiqu'ils y afliftent vétus pontificalement. S. Gré- | goire le grand, écrivant à Jean de Ravenne, qui s’at- | iribuoit Le droit de porter le pallium hors le fervice | divin, ii repréfente qu'aucun autre métropolitan | ne s’arfogeoit un tel droit, & qu'il doit fe confor- ! imer à cet égard à la coutume générale, ou produire } quelque privilege particulier qui Pen difpenie. Foyez aux decret. le ss. de autor. & ufu palli. La bibliot. cant. z II. p. 160. Pafquier , recherches de La | Fr. liy. ITT, ch: ix. Fevret, Ly. IIL. ch Li. arts 16. les dois eccléfiafliques , les mémoires du clergé, G ici Les | 015 ARCHEVEQUES , ÉVEQUES , CONSECRATION. | OR PALEIUM, dans le Blafon, ce mot fignifie une ef | (e) pece de croix, qui repréfente le pa/lium ou Vorne- | “ment archiépifcopal , que l’on envoie de Rome aux métropolitains. Voyez fa figure dans z0s Planches héraldig. où ileft ainfi blafonné, de gueules au pal- | AO 128 , De ON A] um croifé d'argent. PALLORIEN, f. m. (Mythologie.) efpece de pré- | tres faliens, voyez SALTENS. Les Saliens palloriens fer- | voient le dieu Pâleur : en général les Saliens étoient confacrés à Mars, que la pâleur accompagne. PALMA CHRISTI, (Jardinage. ) voyez Rici- NUS. PALMA, (Géog. anc.) ville de la plus grande des îles Baléares, felon Ptolomée, Z IL. c. y. Pline, 4, IT, c. v. &t MÉla, Z. IT, c. vi. qui lui donne le titre de colonie. Ambroïfe Moralis dit aw’elle retient fon | ancien nom, & le P. Hardouin prétend qu'on Pap- | pelle aujourd'hui Mallorca. PALM A, ( Géog. mod.) ville forte d'Italie, dans l’état de Venife au Frioul, avec un port. Cette place eftimportante pour la défenfe des Vénitiens contre | les Turcs & les Autrichiens. Elle eft fur la mer à 3 lieues S.E. d’Udine, 4N. O. d'Aquilée, 20 N.E. de Venife, Long. 31. latis, 46 2. PALMA, golfe de, (Géog. mod.) golfe quieft en- | tre l’île S, Antioche & la terre ferme de Sardaigne. Latir. obfervée & déterminée par le P. Feuillée, 384, De 2 RACE) PALMAIRE , adj. serme d’ Anatomie | eft le nom de deux mufcles, dont l'un eft appellé le long pal- maire, &t l’autre le court palmaire. R Le long pa/marre eft fitué à la partie interne de lavantbras, il prend fon origine du condile interne de l’humerus , & s’alongeant en un tendon délié Sue pañlant par-deflus Le ligament annulaire , il ya s’in- férer à la paume de la main, où il forme une large aponévrole , laquelle s’attache fortement À la peau en-deflus & aux parties latérales & inférieures des os du métacarpe en-deffous, & à la premiere pha- lange des doigts , formant des efpeces d’étuis par où paflent les tendons des doigts. Le court palmaire où palmaire cutané eft un muf- cle qui eft fitué fur la partie fupérieure de Paponé- vroie du précédent ; il prend fon origine de l'os du métacarpe qui foutient Le petit doigt, & de celui du carpe qui eft au-deflus de tous les autres, & va en paflant par-deflus la partie fupérieure de lhipotenar, 4e perdre dans la peau. PALMARTA , ( Géog. anc. ) île fur la côte d’Ita- Le, aux environs de Pembouchure du Tibre , {elon Pline , LTIL. c. vi. & Pomponius Mela , 4 IL e, vif, ion nom moderne eft Pamerola. À a PALMATI LAPIDES, (Hif. nar.) pierres qui, |. fuivanties anciens Naturaliftes ; avoient la forme de Zum , fuivant le canon 4 d’un concile de Mâcon, ce | la paume la main. On dit qu’il s’en trouvoit en Efpa: gne 6 en Afrique ; ces dernieres étoient noires & femblables à du marbre, 7 oyez Plini ff, nat, lib, ÆAXXVT, cap. xvi. ut PALMES , ez Botanique , bourgeons blanes qui fortent des faules avant la feuille, & de l’'expanfion defquels les feuilles fe forment. Yoyëy BourGroN. PALMES , (Théol.) le dimanche des pa/mes ou des TaMEAUX , dorsinica palmarum , ©’eft Le dimanche qui précede immédiatement celui de pâques, & qui eff le dernier du carème. Voyez CARÊME, | On l'a ainfi appellé dès les premiers tems, à caufe de la pieufe cérémonie que les fideles ÿ pratiquoient alors ; de porter des palmes en mémoire du triom- phe de Jefus-Chrift quand il éntra en Jérufalem huit jours avant la fête de Pâques, lequel eft décrit dans S. Matth. chap. xxj. dans S. Marc, chap. xj. & dans S: Luc, chap. xix, Les ancieris ont donné d’autres noms à ce jour ; car 1° On l’a appellé dorinica comperentium | le di: manche des compétans , parce que ce jour-là les caté- chumenes venoient demander à l’évêque la gracé d’être admis au baptème , qui fe conféroit le diman- che fuivant. Voyez BAPTÈME 6 CATÉCHUMENE. On leur donnoit auffi alors le fymbole, afin qu'ils l’appriflent par cœur, &r le récitaflent à l’évêque dans la cérémonie du baptème, Voyez SymBoLe. 2°, On Pappella capitalivium ; le dimanche du lave- ment de tête, parce qu’en ces jours-là on préparoit en lavant la tête de ceux qui devoient être baptifés à Pâque. | Quelquefois après on lappella le dimanche d'in- dulgence , parce que c’étoit la coûtume des empé- reurs & des patriarches de diftribuer des dons ce jour-là. Foyez INDULGENCE, PALME , l'ile de, (Geog. mod.) ile d'Afrique, Pune des Canaries & extrémement fertile. Les Efpagnois en firent la conquête en 1460. Elle foufrit beaucoup d’un tremblement de terre en 1677. Long. luivant le P. Noël, 358, 6. 30": Laris. feptent. 27. 35. PALME, (Listérat. médailles.) branche où fameau du palmier. La palme étoit Le fymbole de la f£con- dité , parce que le palmier fruttihe continuellement jufqu'à fa mort. Ceft pourquoi nous en voyons fur des médailles d’empereurs qui ont procuré l’abon- dance dans lempire. La palme étoit aufli le fymbole de [a durée de l'empire , parce que cet arbre dure long-tems. Enfin la pa/me étoit le fymbole de la vic- toire, parce qu'aux jours de triompne on mettoit une palme à la main du viétorieux, On dit que Céfar étant fur le point de livrer bataille à Pompée, apprit qu'il étoit forti tout-à-coup une palme du pié de la ftatue qu’on lui avoit dédiée au temple de la vidoire, ce qu'il prit pour un heureux préfage. | PALME, f. m. (Mefure anc. & mod.) mefure dont on fait encore ufage en certains heux. Les Romains en avoient de deux fortes. Le grand palme étoit de la longueur de la main , &€ contenoit douze doigts ou neuf pouces de roi ; &c Le petit palme du travers de la main étoit de quatre doigts ou trois pouces, Selon Magoi , le palme antique roman r’étoit que | de huit pouces fix lignes & demie. Les Grecs diflin- guoient un pa/me grand &c un palme petit. Le premier comprenoit cinq doigts, & le petit quatre doigts va- lant trois pouces. {l y avoit outre cela le double palme grec , qui comprenoit huit doigts. Le palme eft différent aujourd’hui , felon les lieux où 1l eft en ufage : tels font ces lieux &c ces mefures rapportées au pié de roi. Palme, appellé per ouermpar, Palme ; dent on fe 794 P AL fert en plufñeurs endroits du Languedoc &r de la Pro: vence, qui eft de 9 pouces 9 lignes. Palme de Genes, palme de 9 pouces 9 lignes. Palme de Naples, palme de 8 pouces 7 lignes. Palme de Palerme, palme de 8 pouces 5 lignes. Palme romaine moderne, palme de 12 onces ; qui font 8 pouces 3 lignes & demie. Il ne faut pas confondre palmus 8 palma ; ce font deux chofes différentes : palmus, comme nous ve nons de le dire, eft de 4 doigts, & répondoit à la palefte des Grecs : palma eft le double , c’eft-à-dire de 8 doigts. Voyez Greaver , 07 the roman foot. DT: Sue , {.f (Archixeët. Décorar.) branche de pale mier qui entre dans Les ofnemens d'Architeéture, & qui fert d’attribut à la viétoire &t au martyre. PALMELA , (Géog. mod.) petite ville de Portugal dans l’Eftramadure , avec un château bâti fur le roc. Elle eft à 2 lieues N. de Sétubal, 7S.E. de Lisbonne. , Long. 9.27. latit. 38. 30. w PALMÉO , LE , (Commerce) droït qui fe perçoit par le roi d’Efpagne fur les balles de marchancifes deftinées pour PÂmérique , leur volume réduit en palme cubique. Le droit eft de 5 réaux & demi par palme cube , &c c’eft de cette mefure que la taxe a pris le nom de palméo. (D. J.) PALMER , fm. (Hifi. mod.) non angloïs qui dans les anciens écrivains en cette langue fignifie un pe- lerin, & quelquefois un croifé, par rapport aux bà- tons ou branches de palmier qu’ils portoient après leur retour de la Terre fainte en figne de dévotion. Voyez PELERIN , CROISÉ, CROISADE. Il y a à Paris dans léglife des grands Cordeliers une confrairie de Jérufalem , dont on nomme les confreres palmiers , parce que dans les proceffions ils portent une palme à la main. PALMER LES AIGUILLES , ( Epinglier.) c’eft les applatit avec un marteau fur l’enclume par le bout oppofé à la pointe, pour commencer à en former le chas ou le cul. PALMETTE,, £ f. (Jardinage.) eft un petit fewil- lage à deux traits de buis très-fimple, & moins cro- chu dans fon contour que le bec de corbin ; ileft très-employé dans les parterres de broderie. Voyez PARTERRE. (X) PazmMeTTEs , L f. pl. (Archir. Décorar.) petits or- nemens en maniere de feuilles de palmier, qui fe taillent fur quelques montures. (D. J.) » PALMIER, f. m. (At. nat. Bot.) palma (Planche XXVIIL. fig. 3.) genre de plante. Il y a de grandes différences entre les diverfes efpeces de paniers, foit pour les fleurs, foit pour Les fruits ; les unes ont les fleurs monopetales, dans d’autres elles font po- lypétales , & parmi celles-ci les unes font ftériles, & les autres fertiles : il fe trouve quelquefois dans la même gaîne des fleurs fertiles & des fleurs fte- riles, mais féparées les unes des autres : il y a aufñ des fleurs tériles & des fleurs fertiles qui ont fépa- æément chacune une gaîne : enfin on voit des efpeces dont les fleurs font tout-à-fait ftériles; les embryons font nuds & féparés des fleurs fur la même plante. : Les fruits n’ont pas moins de variétés , car dans quel- ques efpeces le fruit eft mou, charnu , & renferme un noyau très-dur ; dans d’autres efpeces , les fruits font a durs , ou en forme de coques offeufes , revêtues d’une écorce molle ou fibreufe ; ces coques renferment une amande folide ou une amande creufe, qui eft remplie d’une liqueur aqueufe. Le palmier eft un genre de plante qui a un tronc droit dépourvû de branches , & dont la racine ne pouffe point de rejettons , il eft garni au fommet de côtes difpofées en rond qui portent de petites feuil- les ; ces côtes fe deffechent ou tombent par vetufté. Au milieu de çe qui enrefte, il en renaît de nou- PAL vêlles, entre lefquelles s’élevent des gaines qui sou: vtent de bas en-haut , 8&c qui contiennent des fleurs * & des embryons difpofés en forme de grape. Le palmier differe par ce dernier caraétere de cer- taines efpeces de fougere en arbre qui ont comme le palmier le tronc fimple , qui ne pouffent n1 bransn ches , ni rejettons , & dont le fommet eft garni de côtes quitombent par vétufté , & qui fe renou- vellent toujours entre celles qui font reftées. Il y a des efpeces de bananier ou mufa, qui reffemblent auffi au palmier ; car elles ont le tronc fimple & garni au fommet de feuilles difpofees en rond, &c elles portent des gaines qui renferment des fleurs & des embryons difpofés en grappes ; mais le palmier dif- fere de ces efpeces en ce qu’elles fe multiplient toutes par des rejettons qui viennent de la racine. Plumier, nova plant. amer. gen. Voyez PLANTE. Les principales efpeces de palmiers font 1° le paz- mier dattier ; c’eft le palmier par excellence , dont on trouvera par conféquent la defcription détaïl- lée, qui peut fuffire pour les autres efpeces de pai- miers | & abréger cet article. Voyez donc PALMIER DATTIER. | | 2°, Le palmier nain épineux , palma minor, C. BP: ; 3°. Le latanier, nommé par Ray, palma braft- lienfis prunifera, folio plicatli ; feu flabelliformi, cau- lice fquammato. Voyez LATANIER. 4°. Le chou palmifte , en anglois , she cabbage- tree; en botanique, palma altiffima, non fpinofa, fru- élu pruniformi, minore , racemofo fparfo, Sloane, Car. Jamaic. s°. Le palmier oléagineux , palma foliorum pedi- culis fpinofis fruttu pruriformi , laëleo , oleofo, Sloane, Cat. Jamaic. 175. en anglois , ithe oily palm-tree. 6°. Le grand palmier tout épineux , palma vota Jpr- nofa , major , fruttu pruniformi, Sloane , Car. Jamaic. en anglois , she great maccaw-tree. 7°. Le palier nain fans épines, à feuilles en éven- tail & à racines multipliantes, palma humilis , radice repentiffimé , fobolifera , folio flabelliformi, pedunculo vix fpinofo, Boerh. Ind. als, 8°. Le palmier fang-dragon , palma prunifera , fo- liis ynece , à qué fanguis-draconis, Com. Hort. Amflel. en anglois, che dragon-tree. On le décrira ax mot SANG-DRAGON. 9°. Le palmier du Japon , épineux, à feuilles de polypodes , palma japonica , Jpinofis, pediculis poly- podii folio ; Farad. Batay. Boerh. Ind. alt. 270. C’eft le palmier dont la fécule defléchée fe nomme /zgoz. Voyez SAGOU. 10°, Le cocotier, palma indica coccigera angulofa, C. B. P. 108. Voyez COCOTIER. 11°, Le palmier vinifere de Thevet, palma vini- fera Theveti, J. B. & C. B. P. 12°, Le palmifte franc, ou le palmier royal deRa- chefort, palma nobilis, feu regalis, jamaïcenfrs 6 barba- denfis , Sloane, Car. Jamaic. Il y a quantité de pa/- miers de cette efpece. 13°. Le palmier de Malabar, qui ne porte qu’une fois du fruit , & qui eft ombragé de feuilles en éven- tail, plians & très-larges , pama montana, Malaba- rica , femel tantim frugifera , folio plicatili, flabelli- formi , maximo , Hort. Malab. Toutes les efpeces de palmiers peuvent être éle- vées de graines qu’on femera dans des pots remplis de terre légere : on plongera ces mêmes pots dans un lit de tan ; & quand les jeunes plantes auront pouflé, on les tranfplantera dans d’autres pots, aw’on tiendra dans une ferre chaude jufqw'à ce que les plantes ayent acquis quelque force. Il eff vrai que ces arbres viennent très-lentement dans nos climats, mais ils ne viennent guere plus vite dans leur pays natal, + Le palmier nain épineux croît rarement dans fa Pa au-deffus de quatre ou cinq piés, mais il étend es racines fort loin , & les multiplie fi facilement, qu'un grand pays qui n’eft pas cultivé en eft cou- vert au bout de vingt ans. Ses feuilles fervent à faire des balais de jonc. Cet arbre n’eft pas rare en Efpa- gne & en Portugal. . Le chou palmifte croït au contraire à une hau- teur prodigieufe , & poufle quantité de feuilles qui s’entrelacent les unes dans les autres. On met fes jeu- nes tiges en faumure,, & on les envoye en Angleterre fous le nom de choz-palnifte. Le palmier oléagineux abonde fur la côte de Gui- née , & dans les iles du Cap-verd, où il s’éleve juf- qu’à la hauteur d’un mât de vaifleau. Cet arbre a merveilleufement réuffi à la Jamaïque & aux Barba- des. Les negres tirent de fon tronc une liqueur eni- vrante , une efpece d’htule ou de beurre de la pulpe du fruit , & emploient l’écorce du tronc à en faire des nattes pour {e coucher deflus. - Le grand palmier épineux pullule dans les îles Ca- raibes. Les neores font de fon bois leurs javelines & leurs fleches ; 1ls tirent auffi de fon fruit une liqueur qu'ils aiment paflionnément. Le vrai palmier fang-dragon ainfi nommé, parce qu'on en tire par incifion le fuc réfineux de ce nom, n’eft connu qu’à Madere & dans lés îles Canaries. Il eft vrai que dans nos climats on peut l’élever de graine, mais 1l ne parvient pas à une grande hauteur, ët ne donne point de réfine. Le palmier vinifere de Thevet eft célebre par fa verdure perpétuelle, & eft cher aux Ethiopiens qui : percent fon tronc à deux piés de terre, & entirent une liqueur qui a le goût du vin d'Anjou. Le palmier royal contient dans la partie fupérieure de fon tronc une fubftance médullaire, blanche ,ten- . dre, favoureufe , &c qui fait un des mets délicats des habitans des îles Sous-le-Vent. Le palmier de Malabar a de très-grandes feuilles vifqueufes , molles, propres à être pliées commeun éventail, & reflerrées dans un très-petit efpace. Tous les palmiers qu’on peut élever dans nos dcli- mats méritent de fe trouver dans les jardins de plan- tes exotiques , à caufe de leur ftruture finguliere & de la beauté de leurs feuilles. Rien n’eft plus commun dans les recueïls de voya- geurs anglois , françois, hollandois , que d'y trouver des defcriptions de palmiers d’Afie | d'Afrique & d'Amérique ; mais elles font ou peu fideles, ou mer- veilleufes. (D. J.) PALMIER-DATTIER, ( Boran. ) arbre célebre par bien des endroits , & peut-être celui dont les auteurs facrés & profanes ont le plus parlé. Les Poëtes l'ont confacré aux héros & à la vidtoire. Il fert d’un des plus heureux fymboles pour le blafon, pour Les em blèmes, pour les médailles, & pour les devifes. Il eft regardé comme le type de l'amour conjugal, de la fanté, de la fécondité, & de la confervation des empires. On connoît une médaille d’Adrien, fur le renvers de laquelle , Sabine debout, tient une palme de la main droite, & de l’autre une corne d’abon- dance , accompagnée de deux petits enfans, l’un mâle & l’autre femelle, avec cette infcription , i/a- ritas populi roman: , « le bonheurdu peuple romain ». Perfonne n’ignore que Marie Stuart, cette princeffe malkeureufe, qui ne fut jamais plus digne de grace qu’au moment qu’elle recut l'arrêt de fa mort , avoit pris pour devife dans fa prifon une palme courbée fous le fax, & fe relevant , avec ces mots : porde- ribus Virus innata refiflit, « la vertu fous le poids, ne peut être accablée ». # 1 Si lon ofoitici mêler quelque chofe de plus férieux à ces idées poétiques, il femble qu’on pourroit dire que le palier à reçu un nouveau luftre pour nous , | queues de branches feuilles, placées fym ment; ce même tronc dans fa vieilleffe . cette plante avec intelligence , avec PAL 7 : depuis qu'il a fourni des vêtemens, dela nourriture N Êt des remedes à tant de chrétiens & de folitaires ; qui ont fi long-tems habité les deferts dePEgypteoù . ilcroit en abondance, i Enfin quand Fon examine le pelmitren naturalifte, l’on s’apperçoit qu’il mérite à tous égards l'attention du phyfcien. Son tronc fans écorce ; Garanti par des métriques : s portant au fommet des boutons pleins d'une fubftance médul- lire qui, étant enlevée, fait périr l’arbre;des grap- pes branchues fortant des aifelles feuillées.-& ayant ‘ chacune leur enveloppe; fes côtes, fes épines , fes 4 - ! fleurs fervant à féconderle pa/rier femelle ; Pordre de leur produétion, le fruit qui en vient , fes desrés d'accrorflement & de maturité; tout cela, dis-je, eft extrèmement digne de notre curiofité, Mais plus ce qui regarde le pa/mier-darier et intérefant. & plus on eft avide de le connoître avec exa@itude.. & de démêler le vrai du faux dans les relations qu’onen 4 faites. Kæmpfer eft prefque le feul qui ait décrit Adékté, & en homme du métier ; c’eft aufñi dans fes mémoires que j'en puüferai la defcription. Cet arbre ef nommé par les Botaniftes , Palma à par excellence, palme. major » Palma daitilifire À en anolois , ske greater palin où date-sree ; en allemand x darrel-baum. 1] poufle une racine fimple ,.épaifle., li | gneufe, & quelquefois deux , felon que le terrein le | permet. Elle eft environnée vers fon collet de me- : nues branches, dont les unes font tortueufes., fim- | ples , nues le plus fouvent, & fe répandant au loin | furla furface de laterre ; les autres {ont garnies de | fibres très-courtes , le bois eft fbré, ferme & phant, de couleur roufle foncée , d’une faveur acerbe. | Le tronc de cetarbre eft droit, fimple, fans bran- ches, cylindrique, un peu moins épais vers le fom- met, de groffeur & de longueur différentes {elon {on âge , de forte cependant que le plus haut furpaffe à- : peine huit braffes. Il n’a point d’écorce , maisil eft sa ranti, lorfqu’il éft jeune, par des queues de branches feuillées , quireftent après qu’on les a coupées , & que lon appelle chicoss. Ils font placés fymmétrique- ment, au nombre de fix, autour du tronc. Lorique la vieilleffe, on linjure du tems, les fait tomber : la fuperficie du tronc eft nue, rude au toucher , de couleur fauve, & encore marquée des impreffions de l'origine des branches feuillées, de la même ma- mere que la tige du choux pommé, lorfque fes feuil- les font tombées. | La fubitance intérieure depuis Le fommet jufqu'à la racme, eft compofée de fibres lonsitudinales éparfles, hgneufes, fermes, & cependant fipeu unies enfemble par le moyen d’une matiere fongueufe , qu'on peut les féparer avec les doigts. C’eft pourquoi le tronc de cetarbre eft difiicile à couper, par le dé- faut de folidité. Les troncs d’un an n’ont point de moëlle , mais feulement une efpece de nerf ligneux quife trouve au milieu. | Dans les jeunes troncs, toute la partie Intérieure eft molle , bonne à manger; dans ceux qui font plus avancés ,1l n’y a que le fommet ; & dans les vieux troncs ,1l n’y a que les boutons du fommet où fe trouve cette moëlle, dont lafübffance eft blanche, tendre, charnue, caffante, doucâtre & favoureufe. Diofcoride Pappelle Éyxepdie, terme qui fignifie moëlle : Théophrafte 8 Galien la nomment éyuepaAoc, c'eft-à-dire , cerveau. Lorfqu’on coupe cette moëlle $ l'arbre meurt, car elle eft le germe des nouvelles produéhons , & Le principe des branches qui doivent naître, Le palmier-datsier eft terminé par une feule tête à quoique Théophrafte aflure, Æ PL L IL c. vi. que dans l'Egypte il y ena quelquefois plufeurs 3 mais 796 PAL out-lors à recevoir fut fesbranches, &z fur les em- Ron de fes fruits, la poufliere des étammnes, que le vent enlevoit de deflus le palmier mâle. Voilà la feule explication tolérable d’un phénomene qui a bien embarraflé lés anciens. Ils ne comprenoïient point comment le parier femelle pouvoit être fé- condé par le palmier mâle : ils enattribuoïent la caufe à la fympathie de ces arbres, fans expliquer com- ment cette fympathie produifoit des fruits. La Fon- taine eût dit aux anciens : Les myfîères de leur amour : Sont des objets d'expérience , Ce nef} pas l'ouvrage d'un jour Que d'épuifèr cette foience. (D. J. ) PALMIPEDE, { m. ( Orzitholog. ) on appelle ainfi dans l’Ornithologie tout oifeau à pié plat, dont les doigts font joints par une membrane, comme dans les oies. C’eftun genre d’oifeaux qui vivent dans Peau , & dont lespattes font faites par la nature pour nager. Les caraétères génériques de ce genre d’oi- feaux , font les fuivans : outre la membrane dont je viens de parler, 1ls ont prefque tous les jambes cour- tes , les cuiffes couvertes de plumes à la jointure, les orteils de derriere courts, le croupion moins élevé que les autres oifeaux , Le bec large avec une efpece d’appendice qui pend par-deflous. (D. J.) PALMISTE , f. m. ( Boran. ) c’eit le nom que les Américains des iles Antilles donnent au palmier dont le pays produit différentes efpeces , parmilefquelles _ font compris Le cocotier , le grougrou , legrigri, le dattier & le latanier. On peut confulter {ur cette matiere l'ouvrage du pere Plumier minime , qui traite des plantes d'Amérique. Le plus grand & le plus fort de tous les palmiers s'appelle pa/rmiffe franc ; il s’éleve droit comme un mât de vaifleau jufqu’à la hauteur de plus de 40 piés , ayant une racine mé- diocre, peu profonde en terre, mais fortifiée par une multitude de filamens entrelacés les uns dans les autres, formant-une motte élevée comme un. gros bourreletau-tour du pié de larbre. Le bois du parifte eft brun , pefant, compacte , plus dur que de Pébe- ne : 1l fe fend aifément dans fa longueur ; mais ce n’eft pas fans rompre des outils qu’on parvient à le couper en-travers. Cette extrème dureté n'exifte qu’extérieurement d'environ un pouce & demi dans toute la circonférence de l'arbre , dont l’intérieur n’eft qu'un tiflu groflier de longues fibres, fermes, fouples , ferrées & mêlées comme de la filafle, par- miune forte de moëlle coriace , fort humide, qui devient plus tendre &z même très-délicate en s’éloi- gnant du pié de la tige. " Le fommet du palrifle fe termine par un faifceau de branches , ou plutôt de fortes côtes difpofées en gerbe-épanouie , longues de dix à onze piés, dimi- nuant infenfiblement de groffeur jufqu’à leur extré- mité , un peu courbées en arc, & couvertes d’une pellicule tres-lfle ; elles font foutenues à leur naïf- fance par une efpece de réfeau compofé de longs f- lets croifés en forme de gros canevas , qu’on croiroit être tiflu de mains d'homme ; ces longues côtes font garmes fur leurs c ôtés d’un grand nombre de feuil- les vertes, longue s d'environ deux piés', fort étroi- tes, pointues , partagées. d’une feule nervure, & reflemblant à des grandes lames d'épée. Du milieu des branches & du réfeau dont elles font, enacées, fort uneutrès-groffe & longue gaine. pointuel&t renflée dans fon milieu comme un fuleau, laquelle enant à s'ouvrir , laiffe paroitre une parfai- tement belle, serbe d’une extrème blancheur , com- pofée de:plufieurs:branches déliées, affez fortes’, & chargées, de petites fleurs.de même couleur , aux- quelles fuccedent des fruits durs.deJa groffeut d’une #12: PAL noix, & raflemblés en grappe: on n’en fai point d'w fage dans les ïles. Le cœur du palmifle renferme dans fa partie la plus voifine des branches , une fubftance d’une extrème blancheur , tendre, délicate, compofée de feuil- lets minces , pliflés comme les plis d’un éventail; c’eft ce qu’on appelle le cho du palmifte, dont les amateurs de bonne-chere font beaucoup de cas; ce chou peut fe manger crud , comme les artichaux à la poivrade, ou cuit à la faufle blanche , ou au jus ; on le préfere au cardon d’Efpagne , & étant frit à la poêle , on en fait des baignets délicieux. Voyez CHOU PALMISTE. | Le tronc du palmifle étant fendu en fix ou huit par- ties , & l’intérieur étant bien nettoyé , on en forme des planches groffieres , un peu convexes d’un côté, fervant à faire des fortes paliflades , à clorre des en- gards , des magañns & des cafes ; & fi l’on a befoin de longues gouttieres pour conduire de l’eau, on fend un palmifle en deux, on en fépare avec un ou- til la partie mollafle , & l’ouvrage {e trouve fait. Les feuilles du palmier s’emploient à couvrir les cafes , à faire des nattes, des facs, des efpeces de paniers &c d’autres petites commodités de ménage. L’efpece de palmier dont on tire une liqueur ap- pellée vix de palme , eft particuliere à la côte d’Afri- que ; on en trouve cependant quelques arbres dans les îles de PAmérique. L’arbre qu’on appelle pahnifle épineux , croît beau- coupmoins haut que le précédent ; il eft auf plus renflé à fon fommet vers la naïffance des branches : cette partie & l’entre-deux des feuilles, font hérifés d’épines longues de trois ou quatre pouces, déliées comme de groffes aiguilles, noires & très-lifles. Le chou que produit ce pa/mife eft d’une couleur un peu jaune , appétiffante ; il a le goût de noifette, & eft incomparablement meilleur que celui du pa/mifte franc. Prefque tous ces arbres, lorfqu’ils font abattus , attirent de fort loin une multitude de gros fcarabés noirs qui s’introduifent fous l'écorce dans la partie la moins dure, y dépofent leurs œufs, & produifent des vers gros comme Le pouce , dont les créols & les habitans fe régalent , après les avoir fait rôtir dans des brochettes de bois. Poyez VER PALMISTE. PALMULAIRES, 0x plutôt PARMULAIRES , f. m.( Hifi, anc. ) parmularii ; efpece de gladiateurs, ainfi nommés , parce qu’outre le poignard dont ils étoient armés , ils portoient au bras gauche un petit bouclier rond , appellé parles Latins parma. Voyez GLADIATEURS & PARMA. PALMYRE, ( Géog, anc. & mod. ) ville de Syrie dans un défert de la Syrie , fur les confins de l’Ara- bie déferte en tirant vers l’Euphrate. Son nom hé breu eft Tadmor, Thamor, où Tedmor, {elon Jofephe, antiq. Liv. WIIT, ch. 3j. qui la place à deux journées de la haute Syrie, à un jour de l’'Euphrate , & à fx de Babylone. Ptolomée , 4v. Ÿ. ch, xv. lamet dans la Palmyre- ne , province de Syrie, & Procopeædif. liv. I. ch. x]. la place dans la Phénicie ; ce qui revient au mê- me : car il parle de la Phénicie proche du Liban, qui eft plus à lorient que la Phénicie maritime. Il ajoute que Palnyre , qui avoit autrefois été bâtie dans un défert | fe trouvant dans une fituation fort commo- de pour obferver les Sarrafins , & pour découvrir les courfes qu’ils faifoient fur les terres de l’empire, Juf- tinien la répara, y mit une puiflante garnifon , la pourvut d’eau , .& réprima par ce moyen les irrup- tions de ces peuples. Cette ville eut le titre de colo- nie romaine , & Etienne le géosraphe dit qu’on la nomma quelquefois Hadrianopolis. Il refte encore de fuperbes ruines de cette ville, élevée dans un défert, poflédée par Les rois de Ba- bylone, enfuite devenue capitale d’un état célebre par fes richefles, par la puiffance d'Odenath , & par le courage de Zénobie fa femme. 11 n’eft pas proba- ble que la curiofité du leéteur en demeure-là: les rui- nes de cètte ville font trop mtéreflantes pour ne le pas porter à rechercher ce qu’elle a été, quand & par qui elle a été fondée, d’où vient aw’elle fe trouve fituée fi fingulierement féparéedu tefte du genre hu- main par un défert inhabitable , &c quelle a dû être la fource des richefles nécefaires pour foutenir fa ma- gnificence. Voilà bien des motifs de curiofité. L’Ecriture , Z. Rois, ix.v. 18, & IT. Liv. Chron. viij. V. 4. nous apprend que Salomon fit bâtir Tad- mor où Tedmor dans le défert , après qu'il eut fait la conquête du pays d’Hamath-Zoba;& Jofephe nous aflure que c’eft la même ville que les Grecs & les Romains appellerent par la fuite Palmyre | quoique les Sÿriens confervaflent toujours le premier nom. Saint Jérôme penfe que Tadmor & Palnyre ne font que les noms fyriens & grecs de la même ville. Ce qui femble fortifier cette opinion , c’éft qu'à préfent les arabes du pays l’appellent Trdror. Mais àl y à long-tems que tous les édifices que Salomon a pu éle: ver dans ce lieu ne font plus , puifque Nabuchodo- nozor détruifit cette Tadmor avant que d’affiéger Jérufalem. | Onne fauroit rafonnablement fe perfuader qué des édifices dans le goût de ceux de Palmyre , {oient antérieurs à ceux que les Grecs établirent en Syrie; auf n’en eftil point parlé dans l’expédition de Cyrus - le jeune, ni dans celle d'Alexandre le grand, ni dans celle du regne de Séleucus Nicator, qui fit bâtir & réparer tant de lieux en Syrie. L'importance de cette ville, en qualité de place frontiere , a dû être con- fidérable même du tems de Séleucus Callinicus ; ce: pendant l’hiftoire des Séleucides n’en dit mot, Si nous examinons à préfent l’hiftoire romaine , nous verrons qu'il n’en eft pas encore fait mention quand Pompée fit la conquête de ce pays-là; ce n’eft que du tems de Marc-Antoine qu’il en eft parlé pour la premiere fois dans cette hiftoire. Ce capitaine ro- main fe voyant épuifé d’argent par les dépenfes ex- ceflives qu'il fafoit en Syrie, & n’ayant pas de quoi payer fes troupes, imagina de donner le pillage de Palmyre à fa cavalerie au lieu de paye , & elle s’y rendit dans l’efpéranceide s’y enrichir ; mais les Pal- myrénmiens ayant été avertis de bonne heure des def- feins d'Antoine, mirent à couvert leurs familles & leurs meilleurs effets de l’autre côté de l’'Euphrate, dont ils défendirent fi bien le paflage avec leurs ar- chers, que l’armée d'Antoine s’en retourna fans fuccès. Cependantles Palmyréniens outrés du projet du triumvir , prirent le parti de s’umir avec les Par- thes, pour fe mettre à couvert de l’avarice des Romains. Les Palmyréniens étoient alors un peuple riche , commerçant & libre. Ptolomée marque les noms des différentes villes de Pétat palmyténien ; mais Pline, 1. Va ramaffé en peu de lignes les circonftances les plus frappantes de Palmyre# excepté qu’il ne parle pas des édifices. « Cette ville , dit:l, eft remarqua- » ble par fa fituation , {on riche terroir & fes ruif- » feaux agréables. Elle eft environnée de tous côtés -# d’un vafte défert fablonneux qui la fépare totale- : » ment du refte du monde ; & elle a confervé {on # indépendance entre les deux grands empires de > Rome & des Parthes, dont le foin principaleft, >» quand ils font en guerre, de lengager dans leurs # interêts. | Palmyre dans {on état floriffant, ne pouvoit qu’ab- - folument répondre à cette defcription. La fituation | en eft belle, cette ville étant au pié d’une chaîne de. montagnes à l'occident, & s’élevant un peu au-def- fus du niveau d’une vafte plaine qu’elle commande à: L [2 Tome XL, 4 COR Dé ren à À RTS FRET DRE er Le ne ER nt PAL 3 lorient. Ces montagnes étoient chargées de monu:- mens funebres, dont plufieurs fubfftent encore pref. qu’en entiér, & ont un air véñérable. Elles étoient auf couvertes de paliers , de même qu’une partie du défert; car les palmiers croïflent dans les déferts fablonneux les plis arides. Abulfeda fait mention des palnuers auffi-bren que des figuiers de Pa/myre , & les négocians anglois qui y allerent d’Alep en 1691, räpportent y eñ avoir vu plufieurs. Îl n’eft point parlé de Pa/myre dans le voyage que fit Trajan en cette partie de lorient , ni dans celui + d'Adrien , quoiqu'ils ayent dû pañler près de cette ville. On cara@tèrile Pr/myre de colonie romaine fur la monnoie de Caracalla. On trouve par les infcrip- tions qu'elle fe joignit à Alexandre Sevete dans {on expédition contre les Perfes. Elle fe diffingua fous Gallien par la politique & les vertus d’Odenathpal- myrénien , que Pempereur déclära Ausufte , &'af {octa à l'empire. Odenath laiffa après lui fa femme Zénobie , fi célebre par fa beauté mâle , fa fcience &t es conquêtes. On fait qu'Aurélien ayant pris Pa mmyre & fait cette princefle prifonniere, il lamenaà Rome pour orner fon triomphe. Sans doute que Pazryre, après avoir perdu fa li- berté, eut un gouverneur romaïn. Juflinien la fit ré- parer, & depuis lors, on n’apprend plus rien de Pelmyre dans lhiftoire romaine. On ne fait pas da- vantage ce qui eft arrivé à Palnyre depuis Mahomet. Abulfeda , qui écrivoit vers l'an 1321, eft prefque le feul qui en parle ; encore fait-il mention très-fuc- cinte de fa fituation, de fon terroir , de fes palmiers, de fes figuiers , des colomnes anciennes & en aflez grand nomdre qu'on y voyoit de fontems, de fes murs & de fon château. Il eft vraiffemblable qu'il ignoroit & le nom grec ; & l’hiftoire de cette ville ; il ne Pappelle que Tedmor. Enfin on connoïfloit fi. peu fes ruines avant la fin du dernier fiecle, que fi on en eût employé les ma- tériaux à fortifier la place , ce qui auvoit pà naturel- lement arriver, en conféquence d’une guerre entre la Turquie & la Perfe, on fauroit à peine aujour- dhui que Palmyre a exifté: exemple frappant du{ort précaire auquel font fujets les plus srands monumens de linduftrie &c de la puiffance humaine ! Maïs en 1691 des négocians anglois eurent la cu- riofité d'aller voir fes ruines: On a publié dans les Tranfaétions philofophiques la relation qu’ils en ont faite avec toute la candeur & la vérité poffible. C’eft cé que reconnoïffent les gens de lettres également habiles &r curieux, qui entreprirent en 17511evoya- ge exprès de Palmyre :\je parle de MM. Davkains ; Wood & Bouvery. | | | Ces hommes illufires, riches, unis par l'amour qu'ils avoient pour les antiquités & pour les beaux atts, l’habitude où 1ls étoient de voyager ; favans dans le deflein & dans Part de lever des plans, frete- rent un vaiffeau à leurs dépens, parcoururent les îles de l’Archüipel, pénétresent dans FAfie mineure , dans la Syrie , dans la Phénicie, dans la Paleftine &lE- gypte ; pour en voir les endroits les plus remaraqua- bles | moins encore pour connoitre l’état préfent de ce pays, que létat ancien. Ils fe pourvurent de li- vres, d'inftrumens de mathématiques, de préfens convenables pour les turcs de diftinétion, & autres auxquels ils fe trouveroient obligés de's’adreffer dans le cours de teur voyage. 0 :! CORRE: Ces favans ont copié toutes les infcriptions qu'ils ont rencontrées fur leur route: ils ont plus fait, ils Ont même’ emporté les marbres en Angletérre, tou- tes les fois qu’ils Pont pu. Ils ont eu foin dé fe pour- voir d'inftrumens pour creufer la terres, êc ils ont quelquefois émployé Les payfans à ce travail pendant plufieurs jours-avec fuccès. Enfin de retour dans leur pays’, ils nous ont donné les rimes de Pa/myre, que EUR CIE TRUC RE LEARN 798 PAL 4, public defiroit avec empreffement. Cet ouvrage magnifique publié à Londres en 1753, en anglois êT en françois, contient 57 planches de forme d’Atlas, & quifontadmirablementeravées, , Il femble qw'on peut conclure par-tout ce qu 115 nous en rapportent , qu'on a dû connoître les four- ces abondantes & continuelles des richefles de Pa- myre, tout auffitôt qu'on a trouvé le paflage du dé- fert , & que dès le tems auquel le commerce a com- mencé d'attirer l'attention des hommes, on a dû faire cas de la fituation d’une telle ville , qui étoitnécefaire pour entretenir la communication entre l'Euphrate &t la Méditerranée, Pa/myre n'étant qu'à environ 20 lieues de cette riviere, 8 à environ $o de Tyr & de Sidon fur la côte. n Il'eft probable que les Phéniciens commercerent à Palmyre, & que fes richeffes font dues au commerce desindes , commerce qui doit avoir confidérable- . ment fleuri dans cette ville avant la naïffance de Je- fus-Chrift ; car on trouve par les infcriptions , que vers ce tems-là les Palmyréniens étoient opulens , &c donnoient dans le luxe. Aufi Appien les appelle ex- preflément commerçans en marchandifes des Indes, du tems de Marc Antoine. Ainf les Palmyréniens ont été en état de faire la dépenfe magnifique de leurs édifices , que les écri- vains ont jufqu'ici attribuée fans aucune preûve aux fucceffeurs d'Alexandre, ou aux empereurs romains. Eneffet, le commerce donnoit à Palmyre es richef- {es de lorient & de l'occident ; car les caravanes de Perfe & des Indes, qui viennent fe décharger à Alep, s’atrêtoient alors à Palmyres; delà on portoit les mar- chandifes de lorient quiluivenoientparterre dansles ports de la Méditerranée, d’où elles fe répandoient dans tout l’occident ; & lesmarchandifes d’occident lui revenoient de lamême mamiere. Les caravanes de lorient les portoient ici par terre en s’en retournant ; de forte que comme Tyr & enfuite Alexandrie avoient eu autrefois tout le négoce de l’orient qui fe faifoit par mer / Palmyre eut auffi pendant quelque tems, êtfeule, tout le commerce .qui fe farfoit par terre. D'ailleurs ce pays ne pouvoit fubfifter que par le négoce ; mais la perte de la liberté de fes habitans ayant entrainé celle de leur commerce, la ruine de leur ville a été prompte: re Ileft difficile de deviner le fiecle des édifices dont on voitles ruines par monceaux, &c quifontgravées dans le bel ouvrage dont nous'avons parlé; mais ileft évident:qu’ils font d'une plus grande antiquité, que ceux dont les ruines font encore élevées en partie. Si ces ruines font les reftes les plus confidérables &c les plus complets de l'antiquité qué l’on connoiffe, cela vieñt fans doute de ce que le climateftfec, dece qu'il y a peu d’habitans dans le pays pour.les gâter, & de ce qu’étant éloignée des autres villes , on n’a pas pu ‘en émployerles matériaux à d’autresufages. … . On fait que la religion des Palmyréniens étoit la “payenne; & ilparoït par la magnificence extraor- -dinaire du temple du foleil, qu’ils rendoient un grand ‘honneur à cette divinité, ainfi que les peuples de la Syrie dont ils‘étoient voifins. | On'voit par l’hiftoire 8c par les inferiptions;.que ‘Jeur'gouvernement étoit républicain; mais ilne refte rien du tout de leuts lois -&cide leur police: On fait très-peu de chofes de leurs coutumes; leur méthode d’émbaumer les! corps étoit la: même. que,celle; des e Égyptiens , &c: vraïflemblablement als avoient :em- prünté plufieurs autres coutumes de l'Egypte. Ils-te- noïent de ce pays-làla pompe extraordinaire des mo- numeñs pour leurs morts: L Enfin les Palmytréniens imitoient de grands mode- les dans leurs mamieres., dans leurs vices & dans leurs vertus. Les :coutumes.qu'ils obferyoïent dans leurs funérailles venoient d'Egypte , leur luxe de PAL Perfe , leurs lettres & leursarts de Gréce ; fitués au milieu de ces trois grandes nations, on peut raifon- nablement fuppofer qu'ils en avoient adopté plufieurs autres chofes. Qu'il eft fâcheux de n’en pas favoir davantage d’un pays quia laiffé des monumens fplen- dides , qui a eu pour reine Zénobie, & Longin pour {on premier miniftre | Il fautcompter entre les monumens de Pa/myre, le temple du foleil. Tout fon enclos étoit un efpace quarré , fermé de chaque côté d’une haute & belle muraille , & orne de pilaftres par-dedans & par- dehors. Cet enclos renfermoit le temple environné de plufeurs rangs de colomnes de différens ordres, & d'environ cinquante piés de hauteur. Iln’enrefte plus que feize : ces colomnes foutenoient la couver- ture d’une galerie ; le temple avoit 92 piés de lon- gueur , & 40 de largeur. Ce lieu eft changé enune mofquée, avec des ornemens à la mode des Turcs ; c’eit-à-dire quelques infcriptions arabes , &c des fen- tences tirées de l’alcoran, entrelacées de quelques feuillages. Tout lefpace de l’enclos eft aujourd’hui rempli de méchantes huttes qui fervent de demeure à des habitans également pauvres & miférables. Il n’y a peut-être pas de lieu au monde où l’on voie tout enfemble & plus de reftes d’une ancienne grandeur, & plus de marques d’une défolation préfente. À la fortie de ce temple , on trouve dans l’efpace d'un mille , une prodigieufe quantité de colonnes de marbre, dont quelques-unes font debout , & Les autres renveïfées dans la derniere confufion, Plus loin on apperçoit un grand nombre deruines, mais parmi lefqueiles on voit encore tant de grandeur, qu’on ne peut douter que Pa/myre n'ait été uné des plus belles villes de toute lPAfe. LE En continuant à marcher du côté du nord , on dé- couvre un obélifque confidérable ; c’eft une dolom- ne compofée de feptgrandes pierres , outre fon cou- ronnement qui eft au-deflus. La fculpture en eft fort belle , ainfique celle de tous les autres endroits. Sa hauteur eft de plus de cinquante piés ; & apparem- mentil y avoit fur le fommetune ftatue que les Turcs ont ee en pieces. Sa groffeur au-defius de fon pié- deftal, eft de douze piés & demi. À orient & à loccident de cet obélifque , on voit deux autres colonnes , qui en font pres chacune d'environ un quart de mille. Elles femblent fe répondre l’une à Pautre; &cauprès de celle qui eft du côté de lorient , il y en a une autre rompue , d’où lon juge qu’on en avoit mis un rang tout du long dans cetendroit-à. On a mefuré celle qui eft à lorient, & lon a trouvé qu’elle avoitplus.de 42 piés de haut. Elle eft grofle à proportion , & on y lit une inferip- tion en langue oreque. | Cette infcription apprend que ceux qui avoient fait drefler cette colonne, étoient une nation libre, gouvernée par un fénat & par le peuple, & peut-être {ous la proteétion de quelque puiffant empire , tel que fut premierement celui des Parthes , & enfuite celui des Romains , qui ontfouventdifputé aux Parthes la domination de ce pays-là. Cette forme de gouver- nement des Palmyréniens avoit duré jufqu'au tems d’Aurelien qui prit cette ville: en 272 , fur la célebre Zénobie , la feconde femme du grand Odenath , chefouprince des Palmyréniens, &c qui ne rendit pas fon nom moins recommandable. Odenath avoit vengé fur les Perfes la prife de l’empereur Valérien ; 1l avoit vaincu la plüpart des lieutenans de Sapor , & chafñlé de la Méfopotamie ce roi viétorieux. Ces beaux exploits engagerent Gal- en à lui confèrer la qualité d’Azoufle dans les, pro- vinces romaines , en-deçà & au-delà de lEuphrate ; mais fes-viétoires furent bornées par fa mort. Le per- fide Méonius fon parent, l’aflafina dans un feftin l'an 267 ; & l’on foupçonna Zénobie d’avoir confenti à cette afhon, indignée de la tendreffe qu'Odenath té- moignoit à {on fils Hérode qu’il avoit eu d’une autre femme. Sans ce crime de cruelle marâtre, dont l’accufe Trebellus Pollion, on pourrroit mettre Zénobie au nombre des plus grandes raretés qu’on ait vues fur la terre. Ce fut une belle femme, chaîte , favante, cou- rageufé, fobre , &c fachant par politique boire beau- coup dé vin dans certaines occafons. Voici fon por- trait : Mulierum omnium nobiliffima orientalium fe- sninarum ; & ut Cornelius Capitolinus afferit | expe- ditiffina , vultu fubaquilo , fufci coloris , oculis fupra mod vigentibus , nigris, [piritus divin , veruflatis zncredibilis : tantus candor in dentibus , 15 margaritas, car plerique putarent habere | non dentes. Elle avoitbeaucoup contribuéaux viétoires awO- denath remporta fur les Perfes , & qui conferverent Vorient aux Romains. Auffi fut -elle honorée de la qualité d'Augufle par le même Gallien. Après la mort de fon mari, elle fe maintint dans l'autorité, &z regna d’une maniere très-vigoureufe & très-glo- rieufe. Elle fe mit à la tête de fes troupes, força les Perfes d'accepter là paix , & devint la terreur de toute l’Afe. Elle ne put foufinir que les Romains tinflent aucune place que fous fa proteéhon ; & les batbares ayant fait irruption de tous côtés dans leurs provinces , elle étendit fes conquêtes depuis Les bords du Tigre jufqu’à ceux de PHellefpont » prit le fuperbe nom derezre d'Orient | après que Zaba, | un -defes plusgrands capitaines, eut achevé de lui aflu- jettir l'Egypte. - Cette princefle dont la valeur foutenue d’une pru- dence extraordinaire , avoit fubjugué tant de pro- vinces de VAfe , fut enfin obligée de céder aux ar- mes romaines. Aurclien, qu avoit défait les Sarma- tes, lesMarcomans , &t chaflé tous les Barbares hors de l'empire romain, eut honte qu'une femme ufur- pät {ur luitant de pays: il fe prépara à humilier cette reine ambitieufe. IL n’ignoroit pas fa réputation ni {es exploits. Il favoit qu’elle étoit aimée de fes fol- dats ,refpeétée de fes voifins & redoutée de fes en- nemis , & qu'elle égaloit Odenath en mérite & en courage. Il marcha donc contr’elle avec toutes les forces de empire. Illa vainquit auprès de la ville d'Emefe; mais 1l lui en coûta fes meilleures troupes. Il mit en- fuite le fiege devant Palmyre, où cette princefle s’é- toit retirée ; & où1l trouva plus de réfiftance qu'il ne Pimaginoït. Fatigue de la longueur du fiege , &c redoutant toujours les événemens que pouvoït ame- ner le courage de Zénobie , 1l lui écrivit une lettre dans laquelle 1l lui marquoit que fi elle fe remettoit entre {es mains, il lui offroitla vie , un état honnête, & un lieu de retraite convenable à fon rang. Cette il- luftre reine: avoit trop de cœur pour écouter de pa- reilles conditions. Voici la réponfe qu’elle fit à Au- rélien. « Zénobie , reine del'Orient , à l’empereur Aurélien. » Pefonne jufqu’ici n’a faitune demande pareille à la -# tienné. C'eft la vertu, ‘Aurélien, qui doit agir # dans la guerre. Tu me mandes de me remettre : » entré tes mains : comme fitu ne favois pas que # Cléopatre aima mieux mourir avec le titre de # reine, que de vivre dans toute autre dignité. Nous #-attendons le fecours des Perfes. Les Sarrafins ar- » ment pour nous. Les Arméniens fe font déclarés + ennotre faveur. Une troupe de voleurs dans la » Syrie a défait ton armée. Juge ce que tu dois at- # tendre, quandtoutes ces forces feront jointes. Tu -» rabattras de cetorgueil avec lequel , comme mai- » tre abfolu de toutes chofes, tu m’ordonnes de me « rendre». l ii Cette lettre n’infpira que de la colere à Aurélien ; al pouffa le fiege de Paknyre ayeç vigueur , & Zéno- SOI PAL | bie n'ayant plus d’efpérance d'empêcher la prife de fa capitale , en fortit fecrettement. Autélién en fit averti, & la fit fuivre avet tant de diligence, qu'on l'atteipnit lorfqw’elle étoit déja dans le bac pour paf- fer VEuphrate : ce fut en 272, & la ville de Pz/ myre fut prife peu de jours après. Quoique: toute l’armée demandât la mort de Zé- nobie , Aurélien aima mieux la referver pour fervir d'ornement à fon triomphe. Elle fut menée À Rome deux ans après, chargée de pierreries, de fers d’or aux piés, & de chaines d’or aux mains ; enfüte l’empereur lui permit de pañler le refte de fes jours avec fes enfans en perfonne privée dans une maïfon qu'il lui donna , & dont on voit encore les ruines près de Tibur. de Mais Aurélien fit mourir les mimiftres qui avoient afifté Zénobie de leurs confeils. Entre ceux-là , Lon: gin fut extrèmement regretté. On le foupconna d’être l’auteur de la lettre dontnous ayons donné la copie , & fa mort fut auf glorieufe pour lui qu'honteufe pour l'empereur, dont elle a pour jamais flétri la mé- moire, Longin mourut en philofophe, avec une conf. tance admirable , confolant lui-même tous ceux que {on malheur touchoit de pitié & d’indignation. Je vais donc achever de faire connoître ce grand per- fonnage. Il fe nommoït Dionyfius Longinus Cafius. On ignore Le nom & la qualité de fon pere ; fa mere étoit lœur du fameux orateur Cornelius Fronto , petit-fils, duphilofophe Plutarque, Fronton enfeigna long-tems léloquence dans Athènes avec beaucoup de réputa- tion. Il y mourut, après avoir inftitué pour héritier {on neveu Longin, qui étoit vraiflemblablement {y- rien & natif d'Emèfe : c’eft pour cela que Zénobie le ft venir àfacour, & l’admit dans fon confeil. Ce qui donne encore du poids à l'opinion que Longin étoit natif de Syrie, c’eft une infcription que le favant Hudfon a trouvée dans le comté de Chef. ter, & qui prouve que les Longins étoient citoyens de Samofate en Syrie. Voici cette infcription : F/a- vus Longinus Trib, Mil, Leg. XX. Longinus filius eJUS doïno famofata. | Longin employa, comme il nous Papprend lui- même, dans un fragment confervé par Porphyre, fa jeunefie à voyager avec fes parens, pour s’inftruire de plus en plus dans les belles-ettres & dans la phi- lologie , en étudiant fous tous les hommes de fon - tems les plus célebres. Son srairé dn Jublime hu acquit la plus grande réputation, & fut caufe qu’on lui don- na le droit de revoir & de juger fouverainement les ouvrages des anciens. C’eft dommage que ce traité du fublime ne foït parvenu à nous tout entier , & qu'ils’ y trouve même plufeurs endroits défeQueux. Néanmoins tout défiguré qu'il eft ,. il nous en refte encore aflez pour nous faire concevoir une grande idée defon auteur, & pour nous donner du regret de la perte de fes autres ouvrages de critique. Le nom- bre n’en étoit pas médiocre. Suidas en compte juf- qu'à neuf, dontilne nous refte plus que le titre aflez confus, Zénobie, après lavoir appellé auprès d'elle Ppours’inftruire dans la langue greque , enfitun de fes Principaux miniftres, & cerang éminent lui coûta la vie. 33 left vraïflemblable que ce fut lui qui engagea la reine de Palmyre à protéger Paul de Samofate, qui avoit été condamné au concile d’Afftioche ; & cette _ proteétion puiffante empêchoit pour lorsqu'il ne füt chaffé de fon églife. Il mena pas fallu davantage À 5. Athanafe pour aflurer que Zénobie étoit juive de re- ligion. Mais par quelle raifon une princefle payenne n’auroit-elle pas protégé un avant qu’on lui recom- mandoit comme malheureux & opprimé ? Les anglois qui furent aux ruines de Palmyre en 1691, y recucillirent dès-lors plufieurs infcriptions 802 PAL greques, & quelques-unes en langue palmyrénienne. On les a communiquées au public , êT elles ont été imprimées à Utrecht en 1698, fous le titre de Inf- criptiones grecæ Palmyrenorum. On y en joignit en même tems quelques-unes en caratteres du pays, dans l’efpérance qu’on pourroït déchiffrer ces carac- teres pour en faire un alphabet; mais perfonne n’a pu encore remphr'ce defir, & peut-être que cette recherche doit être mife au nombre des curiofités inutiles. Il n’en eft pas de même de la médaille de la reine Zénobie, trouvée en 1690 dans les ruines de Pa/my- re, & que M. Vaillant le pere a expliquée dans les mémoires de littérature, oz, II, in-4°. Cette médaille eft de bronze, & de petit moule ; mais quoique le métal n’en foït pas confidérable , non plus que la grandeur , la rarete en récom enfe bien le prix & le mérite. Elle a d’un côté une tête defem- meavec cette infcription:CEPTym/a ZHNOBTA CEBas-n. Sa coëffure eft à la romaine, comme celles dutems de Salonine , femme de l’empereur Gallien ; & quoi- que cette princefle foitétrangere elle ne porte pas le nom de reine, ni le diadème. Elle prend le titre d’Augufle qui avoit été accordé à fon mari. M. Seguin eft le premier qui nous a donné le por- trait de cette illuftre conquerante, qu’il a muis dans fes médailles choïfies au nombre des plus rares, avec le type de l’efpérance au revers. Patin , dans {on livre du moyen bronze, y a ajouté un fecond type de l’image de Fabondance. Triftan avant eux avoit écrit une partie de la vie de Zénobie, quoiqu'il rent donné aucunmonument de cette héroïne.( Lecheyalier DE JAUCORT.) à PALMYRÈNE ,, ( Géog. anc.) contrée delaSyrie. Elle étoit grande & peuplée d'un affez grand nom- bre de villes inconnues pourtant dans lhiftoire , à la réferve de Palmyre, qui étoit la capitale, & qui donnoit le nom à la contrée. Ptolomée eft le feul des anciens qui nous ait donné le nom des villes de la Palmyrène. Pline, Liv. W. chap. xxiv. parle d'un grand défert, qu'il nomme le défert de Pal- myrène , Palmyrena folitudo ; ce défert joignoït celui de l’Arabie déferte, & fe continuoit jufqu’à l’Ara- bie heureufe. ( D. J.) PALOMA-TORCAZ , ( Hiff, nat.) oïfeau des iles Philippines, qui eft à-peu-près de la groffeur d'une grive. Son plumage eft mêlé de verd-de-oris, de rouge & de blanc. Il a une tache d’un rouge vif fur l’eftomac ; fon bec & {es piés {ont de la même couleur. PALOMBE , ( Dierre & Mar. méd.) voyezPIGEON. PaLomBes où HELINGUES , {. £ ( serme de Cord, ) ce {ont des bouts de corde qu’on attache par un bout à chaque manivelle, où ils font retenus par des clavettes, & par l’autre extrémité aux fils de la corde qu'on veut commettre. L’épaifleur du toupin, Pembarras du chariot, l'intervalle qui eft néceffairement entre chaque ma- nivelle , & plufeurs autres raïfons, font que les A +. tE 3 \ : cordages ne peuvent pas être commis jufqu'auprès du chantier. On perdroit donc toutes les fois qu’on commet un cordage, une longueur aflez confidé- table de fils, f on les accrochoiït immédiatement à l'extrémité des manivelles; c’eft pour éviter ce déchet inutile qu’on fe fert des palombes. Ces palombes fervent très-long-tems, & écono- mifent des bouts de cordage, qui, dans le courant ° : de l’année, feroient une confommation inutile, & néanmoins fort confidérable. Voyez Particle Cor- DERIE: PALO DE LUZ, (Alf, nar. Bor, ) Ce mot fi- onifie bois de lumiere, Les Bfpagnols donnent ce nom à une plante qui s’eéleve ordinairement de lahau- . teur de deux piés. Elle eft compoiée de plufeurs tiges qui fortent d'une racine commune ; ces tiges font droites & unies jufqt’au fommet où elles. pouffent de petits rameaux garnis de feuilles très menues ; ces tiges font à-peu-près égales , elles ont environ trois lignes de diamettre. Lorfqw’on a coupé cette plante, elle s’allume, quoique toute verte, & donne une lumiere auffi forte que celle d’un flambeau. On trouve cette plante dans le Pérou ; elle croît dans quelques terreins qui fe trouvent au haut des corcillieres, & que lon nomme pa= ramos, Voyez cet article, PALOMERA, ( Géog. mod, ) petite ville d'Ef pagne dans lile de Majorque, au Nord-eft de Pile. Les anciens appelloient cette petite ville Pa/um- barta, Long. 20. 15, las, 29. 30. PALONIER ,, rerme de Charron. Ce font deux mor: ceaux de bois rond, de la lonsueur de deux piés, qui font attachés avec de gros liens de cuir’ aux extrémités de la volée , & qui fervent pour atteler les chevaux. Voyez les Planches du Charon. PALONNEAU , {. m. ( Charpenterie, ) C’eft un morceau de bois plane, long de deux piés & demi, au bout duquel on met des traits pour tirer le carrofle ou quelque affüt d'artillerie. ( D. J. | PALOS, ( Géog. mod. ) petite ville d'Efpagne dans PAndaloufie, avec un méchant port, à lembou- chure du Rio-Tinto , à 20 lieues S. O. de Séville. Long. 11.32: lat. 37. 8. C’eft de ce méchant port de Palos, que partit Colomb pour la découverte du nouveau monde , le 23 Août 1492, avec une patente de la cour d'Efpagne , & trois petits vaifleaux, dont le prieur Pétez, & deux négocians nommés Pinzono , avan- cerent les frais de l’armement , montant à dix-fept mille ducats. (D. J. ) | | PALOS , CAP DE , ( Géog. mod, ) cap dans fa mer Méditerranée, & {ur la côte du royaume de Murie. Sur le bout de la pointe dece cap, il y a une tour quarrée , © aux environs de la pointe quelques écueils, tant hors de l’eau qu'à fleur d’eau. PALOTTE, {. f. (Jurifprud.) ef un nom que lon donna à la paulette, ou annuel du nom d’un certain Palor qui en fut le fecond fermier ; mais on Pappelle plus communément paulette. Voyez AN- NUEL & PAULETTE. ( 4 | | PALOURDE,, 1. £ ( Conchylol.) par Rouflelet pelourde ; coquille bivalve, qui n’eft point béante. C’eft une forte de came à réfeaux fias & ferrés, d'un gris clair, rayonnée du centre à la circonfé- rence , traverfée de cercles , avec de grandes ta- ches fombres plusfontées que la couleur principale. Ses valves font ordinairement dentelées & canne-: lées, parce que l'animal left auf. Il fait fortir comme la boucarde du côté le plus alongé de fa coquille, un corps membraneux & Life, qui fe divife en fortant en deux tuyaux faits en croïflant, minces & blancs, à l’exceptiom de leur extrémité quieft jaune, avec une ouverture garnie de petits poils blancs, qui en fe repliant ur eux-mêmes , fervent à fceller la bouche de Pani- mal, & à retenir l’eau dont il eft rempli. Ces deux tuyaux , quoique féparés dans toute leur longueur extérieure, fe communiquent intérieurement ; de maniere que l’eau de laimer qui s’infinue, {oit par le canal inférieur ou-par le fupérieur, fe vuidetout d’un coup, quand animal veut fe remplir de nou- velle eau, Au moyen de cette opération réitérée, Panimal peut jetter l’eau à près d’un pié de fa co- quille. Tout fon mouvement confifte à porter en ligne droite une jambe triangulaire de couleur blan- che, dans l’endroit où la coquille eft fituée, &z à Poppoñte des deux tuyaux, fans la replier fur elle, mêmes + £ “4 , ” S BE 4 PAL Conme [a came eft ordinairement dans un fond vafeux, elle ne tend qu’à s’enfevelir & à fe cacher dans la vafe;-elle tâte d’abord le terrein à droite & à gauche , 8 à force de mouvement elle s’y en- fonce, en repliant fa jambe {ous la valve qui touche à la terre. : S1 cette opération qui la fait pénétrer un peu avant dans la petite fofle qu’elle a creufée, ne fuit pas, elle faitincliner le côté de fa coquille qui lui répond , & la drefle fur le tranchant des valves ; la jambe n’y peut parvenir qu’à force de s’enfon- cer & de tirer à foi fa maïfon. Un quart-d’heure fufht à peine à cette opération ; il lui faut enfuite peu de tems par fon propre poids pour fe cacher entiérement. Voyez Dargenville, Conchyl € Les Mer. de l'acad. des Scienc. année 1710. (D. J.) PALPABLE , adj. ce qui fe peut appercevoir par le fens du toucher, Voyez SENS, & Toucuer, Ce mot fe dit aufi dans le fens métaphorique: Ainf on dit: se/ raifonnement ef? palpable | pour dire qu'il eft facile à lefprit de le faifr. PALPITATION , { f. ( Médec. ) Toute a@ion qui produit un mouvement déréglé involontaire , un peu plus fort que le tremblement, dans une or- gane animal , vital &c particulier, s'appelle palpi- tation, Il faut chercher les caufes de ce phériomene, où dans les parties folides, ou dans les fluides, ou dans Pattion unanime des uns & des autres. Les caufes organiques qui empêchent le fang de circuler librement dans le cœur, comme loffifi- cation de ce vifcere , la tallofité , le calcul , l’ex- croïflance , la tumeur, lPinduration , le srumeau , lulcere , la concrétion avec le péricarde, Les mêmes maladies des arteres aorte & pulmonaire , les ané- vrifmes &c les varices caufent aufi une pa/pitation de longue durée, qui augmente fortement enmême proportion que le mouvement mufculaire avec un pouls inégal, & une refpiration fuffoquante. Souvent il eft facile d’entendre le mouvement du cœur , & de le fentir extérieurement à la faveur du toucher. Il n’y a guere de reméde qui puiflent guérir cette efpece de palpitation ; ceux qui y font fujets, doi- vent éviter tout ce qui peut augmenter le mouve- ment mufculaire, de crainte qu'ils ne foient fuffo- qués par une trop grande quantité de fang amaflé dans le cœur, Mais fi dans les fievres aiguës, inflammatoires, éréfipélateufes, ou rhumatifmales, foït que les par- ties en queftion foient attaquées de ces maladies , foit que la fievre y produife une métaftafe, la palpitation qui y furvient eft dangereufe , & doit être traitée comme une maladie aiguë. Les corps trop mobiles, comme ceux des hyfté- riques & des hypochondriaques | pour peu qu'ils s’abandonnent à une feule pafion de lame, qu’on trouble leur fommeil dans le tems des regles , dans leur fuppreffion &c dans les pâles couleurs , tom- bent dans la pa/piration, qui cefle dès qu’on a remé- dié à leur exceflive mobilité. Les vers'qui fe trouvent attachés à quelque en- droit du corps , fur-tout au péricarde, produifent. par leur mouvement déréglé & leur picotement , une palpitation qu'il faut, fuivant les auteurs, trai- ter par le fecours des amers. Le trop grand épaïfliflement d'une humeur qui empêche de circuler librement, & qui tend à acquérir un caractere de lenteur, qu’on connoît par la préfence d’une fievre ‘aiguë, ou par les mar- ques de celle qui a précédé, caufe une très-dange- reufe palpitation , dont,le traitement confifte dans l'ufage des antiphlosiftiques. . al A l'égard de lépafiflement crud , Vilqueux.,, ca- cochyme ,.1l produit de la même maniere la pa/pi: PAL 6e3 tarion par {à trop grande difficulté à circuler ; mais on le connoït aifément aux autres marques dont on a fait mention, & il fe diffipe en même tems que ces maladies fe trouvent guéries, | Souvent les parties picotées par quelqw’acrimo me , comme dans le fcorbut , la goutte , le cathare erratique ou repouffé à l’intérieur du corps, tombent dans la pa/pitation , qu’on doit traiter conféquem- ment à la connoiïflance de l’acrimonie, La palpisation qui fuit Pordre des fievres inters mittentes , demande lPufage des fébrifuges ; mais celle qui dure après la guérifon de la fievre, & qui provient de foibleffe ; ou d’un grumeau laïffé dans quelque partie ( à quoi il faut avoir égard dans la curation ),ne cede point aux fébrifuges ; il faut donc découvrir fa caufe, & y appliquer les remedes convenables. Dans lafloibliffement des forces, & les évacta- tions trop abondantes, on a vû naître des pa/piras tions qui ont trouvé leur guérifon dans les alimens de facile digeftion , 8 les corroborans. Souvent aufli {a palpiration du cœur & des at tres parties, eft caufée par une férofité ou une pi tuite amaflée dans la tête; elle fe guérit, dès qu'il fe fait quelqu'évacuation par les oreilles ou par le nez. de Prefque toutes les évacuations naturelles ou mov. bifiques fupprimées, font naître une pa/pitarion qui fe diffipe auflitôt par le relâchement du ventre, par la faignée , ou quelqu’autre évacuation artif- cielle, | La plus dangereufe de toutes les palpirations , eft celle qui arrive dans ces fortes de fievres algues , qui après l’épuifement des forces, tendent au fpha- cele. (D, J.) PALPLANCHES , {. £ Voyez PAL-A-PLANCHE, Ont, Science des Ing. liv. III. p. 57, que quand on veut garnir les devans des fondemens par des pilots de bordage , on y fait quelquefois des rainu- res qui fe répondent diamétralement, & lon in- trodut des pa/planches. La largeur des rainures Le proportionne à Pépafleur des pa/planches. PALSEY , ( Géog, mod.) ville d’Ecofle dans la province de Cleydfdale; elle étoit autrefois renom- mée par une abbaye de l’ordre de Clugny. Elle eft fur le Carl, à 15 heues d’Edimbourg, 133 de Lon- dres. Long. 12, 40. lar. 56. 30. PALTA, LL (Ai. nat. Bor. ) fruit qui croit au Pérou. Les Efpagnols l’appellént poire, les Sau- vages palta , de la province où il croit. Il eft plus gros que notre poire. Il a la peau mince & unie, & la chair épaiffe d’un travers de doigt, Au centre il y a un noyau de la même force que le fruit. La chair eft faine & de bon goût. On la permet aux malades avec du fucre. L'arbre qui porte la palra , eft défigné par les Botaniftes fous le nom de palfi= féra arbor. Frefus dit que la para eft également groffe par les deux bouts ; que la chair & la peau en font verdâtres, &c qu'on la mange avec du fel & du fucre. Au refte c’eft la même chofe que Pagua- cates. Le noyau rond où un peu pointu, eft de la orofleur d’une châtaigne. La pulpe eft molle comme le beurre, & elle en a un goût mélé dé celui de noïfette. On Pabat pour la manger avec le fucre & le Jus de citron : c’eft la meilleure maniere de l’ap- prêter. | PALUD 4MENTUM,1{.£f (Ang. Rom. } Cétoit Phabit militaire du général des armées +o- tnaines. Il ne prenoit cet habit qu’en partant de ia ville ;lorfqu'l avoit reçu ‘la qualité de général d’arméel, $ipendant deux fiecles. & demi les em: perèurs noferent point le-porter dans Rome. Gal Léneft le-prémier qui. lait porté dans la villes. “Les-unñs font-de:cet habillement une cote d’armes,, Ki } & 804 PAL chlamys ; les autres une forte de manteau qui cou- vroit l’épaule gauche, & s’attachoit fur la droite avec une agrafñe d’or. Peut-être eft:l pofhble de tout concilier , en difant que le pa/udamentum com- prenoit & la cote d'armes, &c cette efpece de man teau. Quoi qu'il en foit, le paludamentum étoit écar- late &c pourpre ; mais il paroït que lécarlate y dominoit. Vitellius étant prêt d’entrer dans Rome avec cet habillement , fes amis ne manquerent pas de lui repréfenter , que ce feroit traiter la capitale de Pem- pire comme une ville prife d’affaut. Sur leur re- montrance , 1l quitta le paludamentum, pour revé- tir la robe confulaire. Zpfe Vivellius a ponte Milvio , infigni equo, paludatus , acéinitufque , fenatum G po- pulum ante Je agens , quominus ut captam wrbem 1n- grederetur , amicorum concilio deterritus , fumpté pre- texté , & compofito agmine inceffit. Plus de fix-vingt ans après , le même cérémonial fut obfervé lors de la magnifique entrée de Severe, qui fe trouve décrite dans l’abrégé de Dion. Ce prince étant venu jufqu'à la porte de la ville en habit de guerre, defcendit de cheval, prit la toge, & fit à pié le refte du chemin. Lucullus fi.connu par le luxe qu'il introduit Le premier à Rome, où la magnificence de fes bâtimens, de fes équipages , &c de fa table, donna l’exemple, avoit tanc de paludamenta , qu’il en ignoroit la quan- tité. Horace lui en donne cinq mille deftinés à être apprètés pour des repréfentations de théâtre. Les cinq mulle font fans doute une exagération que de-: mandoit le vers ; mais enfin Plutarque lui en donne deux cens , 8 c’eft affez pour qu’on puifle dire avec le poëte , que Lucullus n’en favoit pas le nombre. D. J. PALUDE , ( Géog. mod.) ville d’Afie dans les états du Turc, au gouvernement d’Erzerom, près de l'Euphrate. Elle eft fituée fur une montagne efcar- pée de tous côtés, &c cependant Re par des mahométans & des chrétiens. Long. 37. lar, 38. LE À PALUS-MÉOTIDE , LE, ( Géog. anc. ) en latin Palus-Matis , grand golfe ou mer , entre l'Europe & l’Afie, au nord de la mer noire, avec laquelle le Palus-Méoride communique , par le moyen d’une embouchure appellée anciennement le Lo/phore Cim- . mmérien. Les anciens lui ont donné tantôt le nom de Lac, tantôt celui de marais, Pline, Z. IL. c. Levy. LV, ©. xxviy. & Pomponius Mela, Z, I. c. :, & 1. fe fervent indifféremment des mots /acus & palus, pour défigner cette mer. En effet, on pourroit ne la confidèrer que comme un grand marais, attendu le peu d’eau qu'on y trouve en plufeurs endroits. Lucain dit, Z II. y. Gar. Pigra Palus féythici patiens Maotica plauffri. Les Grecs, comme Strabon, 7, 11. p. 125.le Péri- ple de Scylax & Ptolomée, Z. F. c. ix, défignent cette mer parle mot de Aurn, qui veut dire un TTLATEAIS, Depuis liffhme qui joint la Cherfonnèfe Tauri- que , au continent , nue embouchure du Tanais, aujourd’hui le Don, le Pa/us-méotide s'étend du Sud-Oueft au Nord-Ef. Strabon lui donne neuf mille ftades de circonférence, & le Périple de Scylax juge que fa grandeur répond à la moitié de celles du Pont-Euxin; mais nm Pun ni l’autre n’ont touché le but, & iline leur étoit guere aïfé de marquer au jufte l'étendue d’un endroit peu connu, & habité par des nations barbares, puifqu’aujourd’hui même , tous les Géographes ne font pas encore d'accord fur la véritable grandeur du Palus-Méotide. Les peuples qui habitoient fur fes bords, étoient appel- lés anciennement Maæotæ , Maotic & Maotide. Ptolomée en a décrit la côte, P À L Aujourd’hui le Palus-Méoride qui fe trouve avoir confervé fon ancien nom, & qu’on appelle auf la mer de l’abache , eft habité au nord par les petits Tartares, à l'Orient & au Midi, en païtie par les Circafliens, & à l'Occident méridional , par les Tar- tares Crimées. Ce grand golfe ou mer , fitué vers le 6o degré de longitude, & le 46. de ar. feptent. On luidonne 200 lieues de circuit. (D. J.) … PAMEBON, f. m. ( Hiff. nat. O phyolog. ) ferpent des Indes , fur lequel on ne lit que des chofes va- gues dans les lettres édifiantes ; que le venin en eff vif ; que les murailles de terre dont les pauvres maifons des miflionnaires font conftruites l’attirent; qu'il eft plus commun à Maduré qu'ailleurs, parce qu'il eft facré ; qu’on le revere ; qu’on le nourrit à la porte des temples, & qu’on le reçoit dans les maïfons; qu’on a un remede contre fa morfure, &c. voilà ce qu’on appelle faire l’hiftoire en voyageur ignorant , & non en naturalifte, PAME , adj. m. Terme de Blafon , c’eft-à-dire , à gueule béante & comme évanouie ; ce mot s’em- ploie particulierement du dauphin d'Auvergne fans langue , & la leyre ouverte , pour le diftinguer du dauphin de Viennois, qui eft repréfenté vif. Il fe dit auffi de Paigle qui n’a point d’yeux, & qui a le bec fi crochu & fi long, qu’elle ne peut plus rien prendre pour fe nourrir. PAMÉE , terme de Brafferie ; il {e dit d’une piece qui ne jette plus de guillage. PAMER , SE PAMER , v. neut. 74 oyez PAMO:- SON. PAMIERS ox PAMIEZ , ( Géog. mod. ) en latin moderne Apamia ; ville de France dans le haut Lan- guedoc, au pays de Foix , avec un évêché fuffra- gant de Touloufe, érigé en 1206. Cette ville a fou- vent été faccagée , & ne contient gueres aujour- d’hui que trois mille ames. Elle eft fur l'Auriegue, à 3 lieues N. de Foix > 15 5. de Touloufe, 165 S. O. de Paris. Lorg. 19. $C. lat. 44. 7. PAMISUS , (Géog. anc.) il y a trois fleuves qui portent ce nom ; le premier étoit fitué dans le Pélo- ponnèfe , ayant fon embouchure au fond du golfe de Meflénie , il fe joignoit avec l’Alphée ; Le fecond étoit un fleuve de Theffalie ; le troifieme étoit dans la bafle Moœfie. Ptolomée, qui Pappelle Paryfus , en met l’embouchure entre Odeflus & Mefembria, (2.1) PAMMELIS , £ f. ( Mythol.) nom que l’on don- not à Ofiris ; il eft formé de ray, sout, & de HEATI, il a foin. Le Dieu qui veille à tout , la nature. PAMMETRE, vers (Poéfe.) c’étoit une efpece de poëfie latine fort femblable à nos pieces françoi- fes de vers irréguliers, où l’on employoit des vers de toutes fortes de grandeur , fans aucun retour ré- gulier, & fans aucune combinaïfon uniforme. Ces vers s’appelloient aufli faturniens , d’une ancienne ville de lofcane nommée Sasurnia. (D. J. PAMMILIES oz PAMYLIES , £ € pl. (Mychol.) pammilia facra , fètes en l'honneur d'Ofris. La fa- ble raconte qu'une femme de Thèbes en Egypte, étant fortie du temple de Jupiter pour aller chers cher de l’eau , entendit une voix qui lui ordonnoit de publier qu’Ofiris étoit né, qu’il feroit un-jour un grand prince, & feroit le bonheur de l’'Esypte. Pa- mila, c’étoit le nom de cette femme, flattée de cette efpérance , nourrit & éleva Ofiris. En mémoire de la nourrice, on inftitua une fête, qui de fon nom fut appellée Pemylie, On y portoit une figure d’O- firis affez femblable à celle de Priape, parce qawO+ firis étoit regardé comme le dieu de la génération. L’auteur de l’hiftoire du Ciel donne à cette fête une origine bien plus fimple : le nom des Pamylies, dit-1l , ne fignifie que lufage moderé de la langue, di: à vint la couture que les Grecs avorent dans les facrifices, de faire crier & adrefler au peuple ces paroles reuvere yhorçac , favete Üiñnguis , parcite verbis, abftenez-vous de parler , reglez votre langue; mais par la fuite on prit pour une cérémonie relative au facrifice, ce qui étoit origiñairement une excellente lecon de difcrétion & de conduite , adreffée à tous les afhftans : & c’eft, ajoute-tl, parce que les pamy- lies ou phamylies étoient une leçon propre à rendre les hommes fociables &t heureux , que toutes les petites troupes de parens ou d’autres perfonnes qui vivent en fociété ont pris en occident le nom dé familles. PAMOISON , foite de lipothymie ou de défaile lance, dans laquelle le tnalade perd fa force, le fen- timent & la connoflance. Voyez LIPOTHYMIE, DÉFAILLANCE, &c. La pamoïfon peut être Occafionnée par tout ce qui altere, corrompt ou diffipe les efprits vitaux ; com- me les longues velles, les douleurs violentes, les grandes & foudaines évacuations , les vapeurs pu- frides qui s’exhalent des abfcès dans les parties no- bles , comme il arrive dans la rupture d’une vomi- que, dans l'ouverture de quelque abfcès interne, & qui eft un peu confidérable, | La pamoifon eft fur-tout ordinaire dans les mala- des, qui font fujets à Paffeétion hipochondriaque &e hyftérique. Les fpafmes êc les irritations du genré nerveux font la caufe de cette efpece de pamoifon, | -& les narcotiques joints aux antifpafmodiques y produifent des effets falutaires. y re La paroifon futvient aufli dans les inflammations des vifceres ; tels que l’eftomac, la matrice, ce qui eft occafionné par la trop grande fenfibilité de ces parties. La faignée y eft alors un remede, mais ellé doit être petite & fouvent répétée. Au contraire , lorfque la pamoifon eft produite par les évacuations immodérées, on doit employer des cordiaux ; tels que la confeétion d’alkermes , Forviétan &t autres femblables ; le repos & les re- medes volatils font fur-tout utiles, joints aux ali- mens reftaurans ; cette maladie ou ce fyÿmptome at- taque fouvent les convalefcens. | | PAMPANGA , {Géog. mod.) province de lile de Luçon, la principale des Philippines , dans la partie méridionale de l'ile, Les Zambales , peuples féro ces , &c les noifs aux cheveux crêpus, comme ceux d'Ancola, demeurent dans les montagnes de cette province: PAMPE, f € (Bolan.) partie herbacée ; roulée; en foime d’un petit ruban,qui vient attache autuÿau | de la plñpart des grains , lorfqu’un tuyau eft pen- dant par les racines, & qu’il fe forme en épi. On dit la pampe du ble, de orgé, de Pavoine. PAMPELONNE , (Géog. mod.) pente ville de France, en Languedoc, à 5 lieues d'Alby: Longu, L'OPSOMILENS 2". 71000 ER PAMPELUNE , ( Géog. mod. ) en latin Pormpeio- polis , ville confidérable d'Efpagne, capitale de là Navarre, près des Pyrénées , aveë une forte citaz delle &t un riche évêché, fufragant de Burgos ; 5; Firmin en eft resarde comme le premier évèque. ‘On dit que cette ville fut bâtie par Pompée; c’eft la réfidence d’un viceroïi. Elle eff dans üne plaine fertile fur PArga, à 17 lieues S. de Bayonne, 35 S. ‘Æ, de Bilbao, 65 N.E; de Madrid, 30 N: O: de Sarragofle. Long. 16. 10: lat! 47. 40: | ci mourut en 1253, Thibaut, comte de Cham- pagne , roi de Navarre, fi célebre par fon amour pour la reine Blanche ; mere de S. Louis ; par fes poéfies & parfes chanfons ; M. l’évêque de la Ra: vValliere en a donné une édition En 1742. e7 2 vol, 7-12. | PAMPELUNE , ( Géog, mod, ) ville de l'Amérique Tome XT, j | à lorient, par la Cilicie ; au midi, par la mer de Pam: P À N 80; méridionale, au nouveau royaume de Grenade ; ellé eft à Go lieues de Santa-Fé, Long. 308: 55. las, 6 30. (2:17) ; PAMPUI , f m. (Hi. mod.) nom du fecond mois de année des Égyptiens ; il le nomme auffi 5kaopf, paotli , pampfi & parphi ; il répond À notre mois d’'O&obre. PAMPHYLIA , (Géog. arc.) contrée dé l’Afie mi: neure ; bornée au nord, par la Pifidie & l’Iaurie : phyhe; & à l'occident, par la Lycie, felon Cellarius: PAMPINIFORME , VAISSEAU (Anarom.) On en: tend par vaiffeaux pampiniformes , les veines & les artères fpermatiques, contenues fous une énveloppe commune ; on leur a donné ce nom, parce qu’elles forment un gtand nombre de circonvolutions qui paroïfient entortillées comme les tendrons de la vi: BUS CHEN EN PENSE PAMPRE , ££ (Arch. décorar.) fefton de feuilles de vigne & de grappes de raïfin, ou ornement en maniere de feps de vigne , qui fert à décorer la co: lonne torfe ; il y a des colonnes corinthiennes ainfi ornées à la porte du chœur de Notre-Dame de Paris: Daviler. Mir - PAMPRE, adj. ( Blajon. ) ilfe dit de la gtappé du raifin attachée à fa branche. Ollier À trois grap= pes de raïfins d'azur pamprées de fynople. PAN, f. m. ( Mychol. ) le dieu des bergers, des chafleurs & de tous les habitans des champs ; il étoit fils de Mercure &c dé Pénélope. Mercure fe métamorphofa en bouc pour plaire à Pénélope. Voï: là Porigine de fes cornes & de fon pie fo‘rchu ; & la naïflance du chef de toute la famille des faunes & dés fatyres. L’accouplement dé l’homineé avec la chèvre ne produit rien ; il n’y a pas d’apparencé que celui du bouc avec la femme foit moins ftérile : ainfi 1] éft à préfumer que tout céci eft purement fabuleux. 11 s’appella Par, À ce que dit un ancien mythologue , parce que Pénélope , moins chafté qu’on ne l’a fait, fendit heureux tous {es amans dans Vabfence d'Ulyfle, & que cet enfant fut le fruit de ce hbertinage. Epimenide fait naître Paz de Jupiter & de Califte ; &e lui donne Arcas pour frere jumeau: d’autres le croient fils ou de lait & d’üne néréide, ou du ciel & de la terre. Ce dieu n’eft pas beau : mais s’il-n’eft pas le fymbole de la béauté; barbu, che: velu, velu, Cornu, fourchu; il left bien de la for cé, dé Pagilité & de la lafciveté. On le repréfente communément avec la houlette 8 la flûte à piu- leurs tuyaux. On le regarde comme le dieu des chaffeurs, quoique fon hiftoire nous le montre plus âpre à la pourfiute des nymphes que des animaux. Les Arcadiens lé révéroient particulierement ; il rendit parnn eux des oracles: Ils lui offroïient du lait de chevre & du miel; ils célébroient en fon hon- neur les lupefcales. Evandre l’Arcadien porta fon culte & fes fêtes en Italie. Les Écyptiens ont en des idées toutes différentes de Paz. Selon eux, ce fut un des généraux d'Ofiris ; il combattit Typhon. Son armée ayant été enfermée dañs une vallée; dont les avenues étoient gardées ; 1l ordonna pendant la nuit à fes foldats de marchér en pouffant de grands cris, que les échos multiplierent encore: L’horreur de ce bruit imopiné faïfit l'ennemi, qui prit la fuite ; de-là vient ce qu’on appelle térreur panique. Polien attribue à Par l'invention de Pordre de bataille, de la phalange , de la diftribution d’une armée en aîle droite, en aîle gauche ou cornes , & prétend qué c’eft de-là que fes cornes lui viennent. Hygin dit que ce fut Paz qui confeilla aux dieux difperfés par les géans ; de fe métamorpholer en ammaux , & qu'il leur éñ donna lexemple en prenant la forme de la chevre. Il ajoute que les dieux le récompéri< ferent de fon avis en le plaçant au ciel, où il fut la KKKkK 806 P A N conftellation du capricorne. On l’honora tellement en Egypte, qu’on lui bâtit dans la Thébaride la ville appellée Chemnis ou ville de Pan. On voyoit fa fta- tue dans tous les temples. Le nom de Par qui figni- fie cout donna lieu à Pallégorie où ce dieu eft pris pour le fymbole de la nature. Ses cornes font les rayons du foleil ; l'éclat de fon teint défigne celui du ciel ; la peau de chevre étoilee dont fa poitrine eft couverte, le firmament ; le poil de fes jambes &c de fes cuifles, la terre, les arbres ,des animaux, &c. Quant à la fable du grand Paz, voici ce qu’on en lit dans l'ouvrage de Plutarque , intitulé des oracles qui ont ceffe: le vaifleau du pilote Thamus étant un foir vers certaines îles de la mer Egée, le vent cefla tout-à-coup. L’équipage étoit bien éveillé, partiebu- | voit , partie s’entretenoit ; lorfqu’on entendit une voix qui venoit des iles, & qui appelloit Thamus : Thamus ne répondit qu’à la troifieme fois , & la voix lui commanda, lorfqw’il feroit entré à un cer- tain lieu, de crier que le orand Par étoit mort. On fut faifi de frayeur; on délibéra fi on obéiroit à la voix. Thamus conclut que s'il faifoit aflez de vent pour pafler l’endroit indiqué, 1l fe tairoit ; mais que fi le vent venoit à cefler , 1l s’acquitteroit de l’or- dre qu’il avoit reçu. Il fut furpris d’un calme au lieu où 1l devoit crier; il le ft, & auffi-tôt le calme cefla, &c l’on entendit de tout côté des plaintes & des gémiflemens, comme d’un grand nombre de per- fonnes affligées &c furprifes. Cette aventure eut pour témoins tous les gens du vaifleau ; bien-tôt le bruit s’en répandit à Rome. Tibere voulut voir Thamus; il aflembla les favans dans la théologie payenne. Ils répondirent au fouverain , que ce grand Paz étoit le fils de Mercure & de Pénélope. Celui qui fait ce conte dans Plutarque , ajoute qu'il le tient d'Epi- therfès , fon maitre d’école, qui étoit dans le vaif- feau de Thamus quand la chofe arriva. Je dis, ce conte ; car fi ce Pan étoit un démon, quel befoin avoit-on de Thamus pour porter la nouvelle de fa mort à d’autres démons? Pourquoi ces mal-aviiés révelent-ils leurs foibleffes à un homme ? Dieu les forçoit. Dieu avoit donc un deflein! Quel? De défabufer le monde par la mort du grand Paz? ce qui n'eut pas lieu : d'annoncer la mort de J. C ? per- fonne n’entendit la chofe en ce fens : au fecond fie- cle de léglife, on n’avoit pas encore imaginé de prendre Paz pour J. C. Les payens crurent que le petit Pan étoit mort , & ils ne s’en mirent guere en peine. PAN,f. m.( Arch.) c’eftle côté d’une figure,re@iligne, réguhere ou irréguliere. C’eft auf le nom d’une me- fure du nn ou de Provence. Voyez PALME. Pan coupé. C’eft l’encoignure rabattue d’une maï- {on pour y placer une ou deux bornes, & faciliter Le tournant des charrois. C’eft auffi dans une églife à dôme , la face de chaque pilier de fa croifée où font les pilaftres ébrafés, & d’où prennent naïflance les pendentifs. Pan de bois. Affemblage de charpente qui fert de mur , de face à un bâtiment; on le fait de plufieurs manieres , parmi lefquelles la plus ordinaire eft de fablieres, de poteaux à plomb, & d’autresinclinés & pofés en décharge. [l'y a deux aflemblages qu’on appelle par de bois. L’un qu'on nomme aflemblage à brins de fougere, ef une difpofition de petits potelets aflemblés diagona- lement à tenons & mortoifes, dans les intervalles de plufieurs poteaux à plomb , laquelle reflembie à des branches de fougere, dont les brins font cet effet. L'autre aflemblage eft dit à lofanges entrelacés. C’eft une difpofñition de pieces d’un par de bois, ou d’une cloïfon pofées en diagonales, entaillées de leur de- mi-épaifleur & chevillées. Les panneaux des uns & des autres font remplis ou de briques , ou de maçon- PAN nefie ehduite d’après les poteaux, ou recouverte & lambrifiée fur un lattis. On arrète les pars de bois, des médiocres bâtimens, avec des tirans , ancres, équerres, & liens de fer à chaque étage. On appelloit autrefois les pars de bois cloifonnages & colombages. Voyez Vart de la Charpen- terie de Mathurin Jouffe. Pan de comble. C’eft l'un des côtés de la couver- ture d’un comble. On appelle /o2g par le plus long côté. Pan de mur, C’eft une partie de la continuité d’un mur, Ainfi, on dit, quand quelque partie d’un mur eft tombée, qu'il n’y a qu'un paz de mur de tant de toiles, à conftruire ou à reparer. (D.J.) PANARA, (Géog. anc.) ville de PArabie heureu. fe, dans l’ile de Panchée, felon Diodore de Sicile, LV, ch. xlij. Il peint les habitans de cette ville com- me les plus heureux hommes du monde, & comme les feuls de toute l'ile qui vécuflent fuivant leurs loix , fans reconnoïître aucun roi. Ils choïffloient tous les ans trois princes , entre les mains defquels étoit remis Le gouvernement de la ville, mais qui n'a- voient pas Le pouvoir de punir de mort, & qui mê- me étoient tenus de porter les affaires les plus im- portantes devant le college de prêtres. Les habitans de cette ville fe nommoient les fupplians de Jupiter Triphylien, dont le temple étoit à 6o flades de Pa- nara, Diodore de Sicile rapporte auffi des merveilles de cetemple. Par malheur Pile Panchée, Panara, la beauté de fon gouvernement , le bonheur de fes habitans , &c la magnificence du temple de Jupiter étoient également imaginaires, comme nous le ver- rons au mot PANCHÉE. (D. J, PANS-COUPÉS, DA il y a des efcaliers quon appelle 4 pans-coupés à caufe que les angles {ont coupés , & que la cherche à huit pans. On appelle aufli pazs-coupés toutes figures dont les angles font coupés. | PAN DE BASTION, (Forzificar.) c’eft la partie du baftion terminée par l'angle de l'épaule &c par l'angle flanqué. PAN , refure de Languedoc & de Provence. Voyez PALME. PAN DE BOIS, (Charpenterie.) clôture de-charpen- terie, quifert à féparer des chambres, &c à faire des retranchemens. PANS er terme de Diamentaires, font les facettes d’un diamant. Ces pans {e nomment hizeaux ou pa- villons , felon qu'ils font fur la table ou fur la culafle du diamant. PAN, fm. erme de Tapiffier de Menuifier; ce mot fe.dit en parlant de lit; c’eit une piece de bois laroe de quatre pouces , épaifle de deux , & longue con- formément au lit. I] ÿ a dans un bois de lit quatre pans : deux de longueur & deux de largeur. PAN DE RETS, ferme de Chafle ; ce font les filets avec lefquels on prend les grandes bêtes. | PANACÉE, (Pharmacie) en grec œataneræ , mOt compoifé de œuv, tout » 8T d'ävos , remede , remede umiverfel , remede à tous maux. Nom faftueux don- né à plufeurs remedes tant anciens que modernes, & fur-tout à des préparations chimiques. Parmi le grandnombre de remedes qui portent le nom de pa- nacée, & qui ne font employés pour la plüpart qu’à titre d’arcane par leurs inventeurs, 1l y en a deux qui l'ont retenu par préférence, qui font les paracées par excellence , qui font des médicamens officinaux,, généralement adoptés; favoir , la paracée antimo- male &-la paracée mercurielle. Il y a d’ailleurs des remedes très-ordinaires, très-ufuels qui portent le nom de panacée mais quifontheaucoup plus connus fous un autre nom ; tels font la paracée angloife , & la paracée holfatique. Nous allons faire connoître en peu de mots ces quatre panacées dans les articles fus” PAN vans. Voyez ci-après PANACÉE MERCURIELLE, _ PANACÉE ANGLoOISE. C’eft un des noms de la ma- gnéfie blanche. Voyez MAGNÉSIE BLANCHE. . PANACÉE ANTIMONIALE. Il y à un grand nom- bre de préparations antimoniales, la plüpart fort mal entendues , qui portent ce nom. On doit mettre dans cette ciafle celle qui eft décrite dans la pharmacopée de Paris, &c dans le cours de chimie de Lemery , de laquelle Pintelligent commentateur a porté un juge- ment auf févere que le nôtre. La panacée antimoniale la plus fimple, & qui mé- rite le titre excluff, au-moins par la réputation de fon auteur; favoir, la panacée antimoniale de Glau- bert, n’eft autre chofe qu’une efpece de foufre doré, précipité de la leffive ordinaire d Aepar antimoni: , ou de celledesfcories du régule appellé £rrple ou vulgaire, par la crème de tartre , au-lieu de lefprit de vinai- | gre. Des obfervations fufifantes n’ont pas encore _conftaté fi ce précipité differe dans lufage du préci- pité analogue obtenu par lesvinaigre difüllé. PANACÉE HOLSATIQUE. C’eft un des noms du tartre vitriolé. Voyez TARTRE VITRIOLÉ , fous le mot VITRIOL. _ PANACÉE MERCURIELLE. Voyez MERCURE, Chi- mie, G l'article MERCURE 6 MERCURTAUX , Mas. méd, (Bb) PANACHE., on a donné ce nom à la femelle du paoñ. Voyez PAON. PANACHE DE MER, efpece de litophyte. Voyez _ LiraoPayre. La panache de mer ne differe des au- tres Hthophytes , qu’en ce qu’elle formeune forte de | C | tête au-deflus de l'oreille, & étoient relevés avec téfeau : fes branches latérales au-lieu de fortir de tous les côtés de la tige, ne fe trouvent que fur deux côtés oppoiés l’un à l’autre ; elles fe réuniflent com- me des vaifleaux fanguins qui s’anaftomofent; enfuite elles fe féparent &c fe réuniffent plus loin, &c. C’eft ainf qu'elles forment des mailles de réfeau qui ont peu d’étendue. (1) PANACHE,f. f. (Commerce.) mefure dont on fe fert dans file de Samos pour les grains & les légumes fecs. La parache pele vingt-cinq livres, c’eft-à-dire buitocques ; 1l faut trois paraches pour faire le quil- lot, qui pefe 75 livres. Voyez Quillot, diion. de corammerce. PANACHE, (Archis.) c’eft une voute en faillie ou- verte par-devant , comme les trompes ; élevée fur un où deux angles rentrans, pour porter en lair une portion de tour creufe. C’eft ainfi que les dô- mes des éghifes modernes font portées fur quatre pa- naches élevés fur les angles de la croifée de l’éghife. Le parache eft ordinairement un triangle fphérique terminé par trois arcs, dont deux CB, CA ( fig. 21.) font les arcs doubleaux des travées, & le troifieme A B une corniche, qui fert d’empattement à la tour du dôme. Tous les joints de la panache doivent con- courir au centre de lafphère, dont elle fait partie. Ce centre eft le point d'interfettion des deux diago- nales menées des fommets © de l'angle inférieur des quatre pamaches. Les joints de lit doivent être paral- leles à la corniche 4 B , & en coupe vers le centre de la fphère. Voyez VOUTE SPHERIQUE. (D) PANACHE, f.m. cerme de Sculpture ; c’eft un or- nement de plumes d’autruche, qu’on introduit dans le chapiteau de l’ordre françois , & qu’on mettoit au Lieu des feuilles d’un chapiteau compofé. Cet ufage, qu avoit pris d’abord par la fingularité , ne s’eft pas {outenu. Il eft à fouhaiter que la bifarrerie des artif. tes ne le fafle jamais revivre, car.c’eit un ornement Vraiment gothique. (D...) _ PANACHE,, ez rerme de Chaudronnier: Ceft une ef- pece de fond qui fépare une fontaine fablée en plus ou moins de parties, felon qu’il eft plus ou moins ré- pété. Ce fond eff percé à fon centre, & recouvert d’un couverclequile ferme tellement , qu’il n’y a que Tome XL, P AN 807 l’eau qurpuufle pañler. Voyez nos PI. du Chauderonnier 6 leur explic. Une figure montre le couvercle Rune autre montre un autre diafragme , dont l’ufage eft de garantir le fable dont la parache eft couverte de la chute de l’eau quitombe deflus. Voyez Za fig. qui re- préfente la coupe d’une fontaiñe fablée. | PANAGHE , PANACHÉ , (Jardinage) ce font des rayeures de différentes couleurs qui fe mêlent à la : couleur principale d’une fleur, &c qui la rendent bas riolée. | | Les anefones, lés renoncules, les œillets, Les rofes , les tulipes pour être belles, doivent être pa- ñachées. On dit cette fleur fe panache, Panache Le dit encore de céftain feuillage d’un par: terre. dt PANACHE, serme d'Orfêvre 6 de Pouer d’étain; par- tie de la tige ou de la branche du flambeau qui eft élevée au-deflus du pié , & qui s’éteñd en forme de petite aile autour de la tige ou de la branche duflam- beau. Panache , C’eft parmi les orfévres en grofferie, la pare tie qui le voit immediatement fous le premier quarré d'un baffinet. Voyez BASSINET 6 QUARREÉ. Le panache ne differe du nœud qu’en ce qu'il eft quatré par-deffous , &T peut être confidéré comme la moitié d'un nœud. à PANACHE, f.m, (P/umaffier.) efpece de bouquet de plume qui n’eft plus en ufage. Les hommes de guerre en portoient fur leurs caîques, les couftifans fur leurs chapeaux, 8 les dames fur leurs coëffures. Ces bouquets ne fe mettoient que d’un côté de la des aigrettes de héron: c’eft d’eux que les maîtres plumafliers de Paris ont pris le nom de maîtres pana- chers-bouquetiers. (D. J. PANACHRANTE, adj. f. (CAL. eccléfiaft.) imma- culée. Les Grecs ont donné de tout tems cetitre À la Vierge. Veccus fe retira au monaftere dédié à la Vierge Panachrante. Fleuri, Aif£. eccléfraf?, PANACTUM, (Geog. ant.) lièu fortifié dans l'At- tique, felon Paufanias & Thucydide, entre l’'Attique & la Bœotie. * PANADE , ff. ( Diete.) pain cuit & imbibé dejus de viande ou de bouillon. On donné le même nom à une tifane faite d’une croute de pain brûlée, 8 mife à tremper dans Peau. La premiere parade eft une foupe. La fecondé une tifanne. Ceux qui fauront avec quelle facilité la parade doit entrer ‘en fermen- tation, 87 par conféquent fe corrompre dans l’efto- mac, feront très-circonfpeéts fur {on ufage, PANAGE, 1m. (Jurifprid.) dans la bafle latinité panagium, eft le droit de mener paître des porcs dans les bois'&c forêts pour y paitre le oland. L’ordonnance des eaux & forêts contient un titre des ventes & ad- judications des panages, glandées & paiflons , & un autre des droits de péturage & dé panage. Ce n’eft pas que ces termes parage &tpénrage {oient fynony- mes, Celui de pâturage eft plus général; il comprend toute fortes de paiflon, foit dans les champs ou dans les bois , au-lieu que le terme de parage ne fe prend que pour la paiflon dans les bois &z forêts, &c finou- liérement pour la païffon des fruits fauvages : la slan- dée eft une des efpeces de fruits quiferventau parage des porcs, &c les feines en font une autre. Voyez PAISSON. (4 PANAGÉE, £ £ (Mychol.)furnom donné à Diane, | parce qu’elle ne faoit que courir de montagnes en montagnes, & de forêts en forêts : qu’elle étoit tan- tôt au ciel, & tantôt fur la terre, ou dans les enfers; êt parce qu’enfin elle changeoïit fans ceffe de forme & de fisure ; Paragée fignifie celle qui voir tour, PANAGIE, L £ (Æiff. eccléfraff. des Grecs.) c’eft une cérémonie qu fe pratique chez les Grecs,donton voit la defcription-dans Codin, Du Cange & Alla- KKRKEK ÿ 88 PAN tus. Quand les moines vont fe mettre à table, celui qui fert prend un pain, qu'il coupe en quatre parties; d’une de ces portions 1l en coupe encore une morceau en forme de coin, depuis le centre jufqu’à la circon- Férence; 1l remet ce morceau à fa place. Quand on fe leve de table , le fervant découvre ce pain, le pré- fente à abbé, & enfuite aux autres moines qui en prennent chacun un petit morceau. Après cela abbé & les moines boivent chacun un coup de vin, ren- dent graces , & fe retirent. Voilà ce que c’eft que la panagie dont il eft parlé dans les auteurs eccléfafti- ques. Cette cérémonie fe pratiquoit auffi à la table de l’empereur de Conftantinople , comme le rapporte Codin. Di&. de Trevoux. (D. J.) PANAIS , f.m. paffinaca, ( Hifi. nat, Bo. ) genre . de plante à fleur.en rofe & en ombelle compofée de plufeurs pétales difpofés en rond , & foutenus par un calice, qui devient dans la fuite un fruit compofé de deux femences ovoides , amples, minces & fran- gées, qui quittent aifément leur enveloppe. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les feuilles font gran- des & aïlées. Tournefort, inffir. rei herb. Voyez PLAN- TE. (1) - On compte deux efpeces de ce genre de plan- te, le cultivé & le fauvage ; le panais cultivé, paft- zaca fativa latifolia , J. R. H. a la racine longue, plus grofle que le pouce, charnue, jaunâtre ou rougeñtre, nervée au mieu dun nerf dans fa longueur ; odeur de cette racine n’eft point défagréable | & eft d’un bon goût ; elle poufle une tige à la hauteur de trois ou quatre piés, & davantage, grofle, droite, ferme , cannelée, rameufe, vuide ou creufe. Ses feuilles font amples, compofées d’autres feuil- les aflez femblables à celles du frêne, ou du térébin- the, oblongues , larges de deux doigts, dentelées en leurs bords, velues, d’un verd brun, rangées com- me par paires le long d’une côte fimple, qui eft ter- minée par une feule feuille, d’un goût agréable, & un peu aromatique. Les fomnutés de la tige & des branches portent de grandes ombelles ou parafols, qui foutiennent de petites fleurs à cinq pétales, jau- nes, dupofés en rofe. Lorfque les fleurs font pañlées, il leur fuccede des femences jointes deux à deux, grandes, ovales, applaties, minces, légerement can- nelées, bordées d’un petit feuillet membraneux, ref {emblantes à celles de langelique, Cette plante eft fort en ufage pour la cuifine, . Le panais fauvage, paflinaca fylveffris latifolia, dif fere du précédent, en ce que fes feuilles font plus pe- tites, fa racine plus menue, plus dure , plus hgneufe, &c moins bonne à manger ; il croît aux lieux incultes, dans les prés fecs, fur les collines, & ailleurs , parmi les plantes champêtres. Il faut prendre garde de confondre les racines de panais avec celle de la cigué ou cicutaire, auxquel- les elles font femblables tant par la figure, que par le goût douçätre qui leur eft commun. On ne peut éviter furement la méprife, qu’en les levant de terre au printems, lorfque le panais commence à fe faire reconnoïtre par la tige & par les feuilles. (2.J.) PANAIS, ( Diése 6 Mar. médic. ) panais ordinaire des jardins ou cultivé, & panais fauvage ou petit parais. On n’emploie prefque que le premier pour les ufages de la aifine. Cependant les gens de cam- pagne mangent auffi aflez communément le fecond. Ce n’eft que la racine qui eft d’ufage comme ali- ment , & prefque que la femence dont onfe fert com- me médicament. Le racine de panais eft un de ces alimens qui eft à-peu-près indifférent de fa nature, ou quile devient par l’ufage. Il ne manque cependant pas de perfon- nes qui ne fauroient s’'accommoder de fon goût n1 de fon odeur. Mais celles-là n’ont pas befoin des pré- ceptes de la médecine pour s’en mterdire l’ufage, Il faut prendre garde lorfqu’on cueïlle des racines de panais, & fur-tout de panais fauvage, de ne pas le confondre avec les racines de ciguë, avec lefquelles elles ont beaucoup de rapport , tant par la figure que par le goût. Cette méprife a été fouvent funefte; & il y a quelque apparence que lobfervation de J, Ray, & que celle du D. P. Ülbercht ( éphém. d’AI- lemagne dec. 3. ann. de.) qui aflurent que les racines de panais qui ont refté en terre plufieurs années font devenues un poifon, qui caufe des délires fâcheux & opiniatres, &c. que ces obfervations, dis-je, ont été faites fur des vieilles racines de ciguë, que Les gens auront mangées pour des racines de panais. Les femences de panais font diurétiques, emmé- nagooues & hyftériques. On en a fait un fecret con- tre les fievres intermittentes , fur lequel M. Garnier, médecin de Lyon, a publié, il y quelques années, des expériences qui lui ont prouvé que ces femences poflédoient en effet une vertu fébrifuge très-mar- ée. (P nous > ISTHME DE, (Géog. mod.) cet ifthme qui reflerre entre deux mers le continent de l'Amérique, n’eft pas de 25 lieues communes. On voit du haut d’une montagne , près de Nombres de Dios , d’un côté la mer du nord, & de l’autre celle du fud. On tenta dès l’an 1513, de chercher parcette mer du fud de nouveaux pays à foumettre, & lon en vint à bout. Long. 2934 33!, 0". ar, 8, 58°. 30": (DJs) PANAN. Voyez PLUMET. PANANE ,(Géog. mod.) & par M. de l’Ifle Baganr, ville d’Afie dans les Indes , fur la côte de Malabar , au royaume de Calicut , avec un port: elle eft entre Calicut au nord & Cranganor au midi. Long. 94. 30. datit. 11. (D, J.) PANARÈTE, fm. ( Æif£ eccléf.) nom que les Grecs donnent évalement à trois livres de lEcritnre, les proverbes de Salomon, la fagefle &c l'eccléfiafte. Ce mot eff fait de ray, cour, & de apérd, vertu. Aiïnf le panarère ou le livre qui enfeigne toute vertu, c’eft la même chofe. PANAPANA, (Æi/f. nat.) poiflon qui fe trouve dans les rivieres du Bréfil ; 1l a la peau dure &rabo- teufe, comme celle du chien de mer. Sa tête eft platte & difforme, & comme divifée en deux cornes ou trompes, au bout defquelles fes yeux font placés. Il paroiït que c’eft une efpece de zigéne. PANARIS , {. m. (Chirurgie. ) tumeur flemoneu- fe , accompagnée d’une douleur très-vive, qui vient à l’extrémité des doigts, ou à la racine &z aux côtés dés ongles ; ce mot vient du terme grec, œaporuyie. Voyez PARONYCHIE. Les chirurgiens modernes ont diftingué quatre efpeces de panaris qu'il eft à propos de ne pas con- fondre, parce que chacune.d’elles demande un trai- tement particuher. La premiere efpece a fon fiége fous lPépiderme ; elle commence par former au coin de l’ongle une petite tumeur qui en fait le tour, & qui pour cela eft appellée An sourniole ; quand il s’y forme du pus on lui donne iflue en coupant Pépider- me avec des cifeaux ; cette opération n’eft point-du- tout douloureufe, & n’a aucune fuite fâcheufe : quel- quefois linflammation détruit les adhérences natu- relles de la racine de l’ongle , qui ne recevant plus de nourriture , eft chaflé au-dehors par un autre on- gle que la nature produit. | La feconde efpece de panaris a fon fiége dans le corps graifleux qui entoure le doigt ; c’eftun vérita- ble phlegmon qui commence par une tumeur dure & peu douloureufe ; elle s’échauffe enfuite, s’en- flamme , devient fort rouge, & excite une douleur * puMative très-aiguëé qui fe termine pat la fuppura- tion, La troifieme efpece de pañeris a fon fiége dans la Baine des tendons fléchifieurs dés doigts ; en recher- chant la ftruêture naturelle des organes affe&tés, on Verra que tout y efl un appareil de douleur par la quantité de nerfs qui s’y ditribuent. Le pus fe mani- fefte quelquefois près les articulations, & même dans la main par une fluétuation ( voyez FLUCTUATION ), qu’on ne fent point dans la longueur des phalanges, parce que la gaîne des tendons &z les bandes lisamen- teufes font d’un tiffu fort ferré. La douleur eft très- violente & fe fait fentir au principe du mufcle ; par cette raïfon, lorfque le pouce eft affe@té, la douleur ne pañle pas la moitié de lavant-bras; 8& quand cette efpece de panaris arrive aux quatre derniers doigts, on reflent de la douleur au condile interne de l’hu- merus, à l’afttache fixe des mufcles fléchiffeurs de ces doigts. L’inflammation fe communique fort fou- vent &c forme des abfcès au-deflus du ligament an- nulaite dans les cellules graifleufes qui font fous les tendons des mufcles profond & fublime , & qui re- couvrent le mufcle quarté pronateur, quelquefois même [a continuité de la douleur & les accidens produifent des abfcès à l’avant-bras, au bras, & même jufqu'au-deflous de l’aiflelle. _ La quatrieme efpece de panzriseft une maladie de Pos 8 du périofté; on la reconnoît à une douleur profonde & vive, accompagnée d’une tenfion & d'un gonflement inflammatoire, qui fe borne aflez communément à la phalange affe@tée, 8 qui ne pañle guère Le doigt. La fievre, les infomnies, Les agita- tions, & le délire accompagnent plus particuliere- ment la troifieme & la quatrieme efpece de panaris, Les caufes des panaris {ont externes & internes. une piqure, un petit éclat de bois qui fera entré dans lé doigt, une contufion, une brülure, l’irritation de quelques fibres qu’on aura tiraillés en arrachant quel- ques-uñes des excroiflances appellées vulgairement envies , font les caufes externes des pararis ; le virus vénérien, le fcrophuleux , &c le cancéreux, en font quelquefois les caufes internes. Quoique les panaris different par leurs fieges & par leurs fymptomes , ils préfentent les mêmes indi- cations curatives dans le commencement ; la faignée réitérée à proportion de la violence des accidens, la diette, les cataplafmes anodins, émolliens & réfo- lutifs, 8 tout ce qui eft propre à calmer l’inflamma- tion, convient lorfque le mal n’a pas fait encore de progrès confidérables: quelques perfonnes ont été guéries en trempant plufieurs fois le doigt dans de Veau chaude, & ly tenant auf long -tems qu'il eft poflible, Riviere rapporte dans fes Obfervarions deux cas affez finguliers deperfonnes attaquées de pazaris, qui en furent guéries, lune par réfolution, & l’autre par füuppuration en tenant Le doigt dans Poreille d’un chat, La chaleur modérée de cette partie, & la qua- lité de Fhumeur cérumineufe qui exude des glandes peuvent ouvrir les pores du doist, en relâcher les parties trop tendues par la conftriétion inflamma- toire, & diffiper l’humeur qui y eft arrêtée, ou bien en procurer une bonne & louable fuppuration, fi par Pétat des chofes la tumeur eft difpoée à cette termi- naïon. Après avoir employé inutilement les remedes anodins &c relolutifs, on a recours aux maturatifs. Voyez MATURATIFS. Quand le panaris eft de la {e- conte efpece, le pus fe manifefte bien -tôt par une petite tumeur avec fluétuation., il faut en faire lou- verture avec le biftouri ou la lancette. Voyez ABsces. Quand le pararis eft de la troifieme efpece, il ne faut pas attendre que le pus fe faffe appercevoir; les ac- cidens font trop violens , & on rifque beaucoup en différant l’ouverture. Il faut y déterminer le malade ëc le mettre en bonne fituation , de maniere qu'il ait le coude appuyé contre quelque chofe de ferme : le PAN 309 Malade ñe pourra retirer {a main fi le coûde ne peut reculer. Alors on prend un biftouri avec lequel on fend le dôigt & là gaîne; dès qu’on a pénétré juf qu'au tendon , On fe {ert d’une fonde cannelée fort déhiée, qu'on introduit dans la gaîne pour conduire le biftouri qui doit la débrider dans toute fon éten- due, tant fupérieurement qu'inférieurement : lou verture qui fufit pour donner iflue à la matiere, neft pas fufifante pour le traitement : il faut en outre cou per les deux levres de l’incifion pour que les panfe: mens foient plus commodes & moins douloureux ; On panfe la plaie en premier appareil avec de la char. pie féche ; on applique des cataplafmes pour procu- rer la détente des parties & foulager le malade » & l’on en continue l’ufage jufqu’à ce que les accidens foient paflés 8 que la fuppuration {oit bien établie. On fe fert dans la fuite des panfemens d’un petit plumaceau trempé dans l’efprit de térébenthine qui s'applique immédiatement fur le tendon, & on fait fuppurer les tégumens par les remedes digeftifs. Il fe fait fouvent exfoliation du tendon, & le malade perd la flexion du doigt ; c’eft un inconvénient de [a mala- die , & non la faute de l'opération ni de opérateur, Lorfque lon fair Popération à tems, l'ouverture de la gaïîne arrête le progrès du mal ; mais fi Pétrans … glement caufé par les bandes lgamenteufes qui en trent dans la ftruéture de cette partie n’a pas été détruit avant la formation du pus, il faut prolonger Pinci- fion jufque dans le creux de la main quand il s’y eft fait un abfcès. S'il y avoit du pus fur le mufcle quatré pronateur , 1l faudroïit pour donner iflue à la matiere faire fléchir le poignet, & introduire fous le liga- ment annulaire , par louverture de l’intérieur de la main, une fonde cannelée, au moyen de laquelle On fera une ihcifion qui pénétrera entre les tendons fléchiffeurs des doigts, jufqu’au foyer de labfeès. On pañle enfuite un feton dela main au poignet ; c’étoit la pratique de M. Thibaut, premier chirurgien de Phôtel- dieu de Paris. Si les accidens continuoient & qu'on jugeät qu'ils vinflent de l’étranglement caufé par le hgament annulaire commun, 1l faudroit Le couper ; le chirurgien doit avoir dans ce cas la prudence davertir que le malade en demeurera eftropié, & qu'il ne fe détermine à faire cette opération que pour lui fauver la vie. Si les accidens venoient du tendon, on pourroit l’emporter entierement. M. Pe- tit a pratiqué cette opération avec fuccès , En cou- pant d’abord attache du tendon à la phalange, il le tiroit enfuite de deflous Le ligament annulaire & le coupoit dans fon corps charnu. | | Lorfque l’affeion de la gaîne &c du tendon forme un panaris de la troïfieme efpece, ces parties font quelque fois affeétées confécutivement dans le pañaris de la feconde efpece , lorfque ouverture n°en à pas êté faite à propos. Si l’on tarde trop , le pus qui eft {ous la peau comme dans un abfcès ordinaire UE perce ; la partie la plus féreufe dilacere & fouleve l’épiderme, & forme une tumeur tranfparente qui reéflemble au pazaris de la premiere efpece. Lorfqu’- on a enlevé lépiderme, on apperçoit à la peau un petit trou par où Le pus fort. Il faut y introduire une {onde cannelée, &c à fa faveur ouvrir la timeur dans toute fon étendue, avec les attentions que nous avons décrites. Le féjour du pus a fouvent altéré la gaine & le tendon , & il y a des panaris de la fecon- de efpece dont la matiere eft de fi mauvais caraétere qu’elle altere les os, d’où s’enfuit la perte des doigts, Pour la quatrieme efpece de pararis, on doit met- tre en ufage dans le commencement les fecours indi- ques généralement pour calmer l’inflammation: f là - tumeur fuppure , on en fait l'ouverture; on eft fou. vent obligé de faire une incifion de chaque côté du doigt; il eft bien rare que le malade conferve la . phalange: çet os eff fi fpongieux qu'il eft prefque * 810 P À N toujours altéré jufque dans fon centre ; 1l fe fépare par la fuppuration des ligamens, après quoi la plaie ne tarde pas à guérir ; pour abréger la cure, on peut faire l'amputation de la phalange ; mais cela étant un eu douloureux , la plüpart des malädes préferent la chiite naturelle de los; pour laccélerer on panfe avec la teinture de mytrhe &c d’aloës, ou d’autres médicamens exfoliatifs. Woyez EXFOLIATION. L'appareil après l’opération du pararis fe fait en appliquant par-deflus de la charpie, dont on remplit & couvre l’incifion, une petite compreffe circulaire, une autre en croix de Malte, comprefie dont le plein eft pofé fur le bout du doigt, & dont les quatre chefs entourent le doigt en-deflus, en-deflous, & aux parties latérales; on maintient le tout avec une pe- tite bandelette coulée circulairement fur la partie en doloire. Voyez DOLOIRE. Dans les premiers tems on met le bras en écharpe, voyez ECHARPE, & fur la fin de la cure on met le doigt dans une efpece d’étui de peau ou de taffetas qu’on appelle #7 dosgrier. M. Aftruc, auteur d’un traité des tumeurs & des ulcères, zmprimé à Paris en 1759 , chez Cavelier, pré- tend que les auteurs qui ont multiplié les efpeces de Panaris , mont connu ni la nature ni le fiége de cette maladie. Il reftraint cette dénomination au dépôt d’une très-petite quantité de lymphe roufsâtre ou fanguinolente , qui fe forme entre la racine de Fon- gle & la couche cartilagineufe qui recouvre le pé- riofte, & contre laquelle longle eft attaché ; ce léger commencement peut avoir les fuites les plus dangereufes, par les accidens qui furviennent, fi on ne les prévient pas à tems par la méthode de Æ7- Bricius Hildanus, Cet auteur rapporte dans {es Objer- vations ,; qu'ayant été plufieurs fois appellé dans le commencement du pazaris, il fe hâtoit de faire fur- le-champ une incifion à la peau qui couvre la racine de Pongle où étoit le mal ; qu'il:y découvroit, après avoirraclé la racine de l’ongle, un ou deux petits points ou taches fur l’ongle , 8 que les ayant ou- verts avec la pointe du biftour1 , 1l en fortoit une ou deux gouttes d’une Iymphe roufle, ce qui procuroit far-le-champ la guérifon du malade. Gui de Chau- lac & Jean de Vigo regardoient le pararis comme une maladie mortelle, Celui-ci dit qu'il n’y connoit point de plus grand remede que d'ouvrir le doist promptement avant la parfaite maturation de lab- fcès. Ambroife Paré s’applaudit d’avoir fuivi ce pré- cepte. Après avoir laiflé couler lé fang, il fifoit tremper le doigt dans du vinaigre chaud, où l’on avoit fait diffoudre de la thériaque. Il regardoit Le pa- naris comme une maladie caufée par une humeur vé- néneufe. M. Aftruc dit que le pazaris n'arrive jamais qu'aux gens de travail qui font expofés à fe piquer ou à fe coigner les doigts, enforte que la caufe eft toujours externe. En n’admettant pour vrai panaris que la tumeur aux environs de longle, fuivant la définition, on ne détruit point la vérité des faits & lexiftance des maladies qui ont fait établir Les diffé- rentes efpeces que nous avons décrites dans cet arti- cle, & qu’il eft indifpenfable de connoïtre & de fa- voirtraiter. (Y PANARUCAN, ( Géog, mod, ) ville des Indes, ca- pitale d’un petit royaume de même nom, dans l’île de Java, à 10 lieues nord de Palambuan; le roi du lieu eft payen ainfi que fes fujets. Long. 128, 10, Lar. 73 30: (C6) PANÂTHÉNÉES, £ £ pl. ( Anrig. grecq. ) ancien- nement arhénées. Les panathénées, œassruræia, étoient des fêtes célébrées à Athenes en l'honneur de Mi- nerve, elles furent d’abord inflituées en Grece par Eriétonius, fils de Vulcain, ou comme d’autres le prétendent , par Orphée. Divers peuples depuis Cécrops &c fes fuccefleurs juiqu'à Thèfée, habitoient les différentes bourgades de l'Attique ; chaque bourgade avoit fes magifirats , &t dans chaque endroit la police & la juitice s’admi- niftroient fans nulle dépendance réciproque; on ne reconnoifloit Athenes pour ville principale qu'en tems de guerre. Théfée parvenu à la royauté, entre- prit de lier ces parcelles de gouvernement, jufques- là fort détachées; il réuflit dans fon projet ; les villes fubelternes s’incorporerent en une feule, & Pauteur de cette réunion mémorable réfolut d’en éternifer la mémoire en rétabliflant les parathénées ; quelques auteurs même aflurent que ce fut lui qui les infti- tua. Quoi qu’il en foit, on recevoit à ces fêtes, fui- vant l'intention de Théfée,, tous les peuples de PAt- tique dans la vüe de les habituer à reconnoïître Athe- nes, où elles fe célébroient, pour la patrie commune. Ces fêtes dans leur fimplicité &c dans leur premiere, origine ne duroient qu'un jour; mais enfiufte leu pompe s’accrut, & on leur donna un terme plus long. : On établit alors de grandes &r de petites pararhé- res ; les grandes fe célébroient tous les cinq ans, le 23 du mois Hécatombeon, & les petites fe folemni- foient tous les trois ans, ou plütôt tous les ans le 20 du mois Thurgelion; chaque ville de l’Attique, cha- que colonie athéniénne, dans ces occañons, devoit en forme de tributun bœuf à Minerve; la déefle avoit l'honneur de l’hécatombe, &r le peuple en avoit le-profit : la chair des viétimes fervoit à régaler les fpeétateurs. | On propofoit à ces fêtes des prix pour trois fortes de combats ; le premier qui fe faifoit Le foir, &r dans lequel les athletes portoient des lambeaux, étoit originairement une courfe à pié ; mais depuis. elle devint une courfe équeftre, &c c’eft ainft qu’elle fe pratiquoit du tems de Platon, Le fecond combat étoit simnique, c’eft-à-dire que les athlètes y combat- toient nuds, &c il avoit fon ftade particulier, conf- truit d’abord par Lycurgue le rétheur, puis rétabli magnifiquement par Hérodes Atticus, Le troifieme combat inflitué par Périclès, étoit deftiné à la poé- fie 8 à fa mufique. On y voyoit difputer à l’envi d’excellens chan- teurs, qu’accompasnoient ds joueuts de flüte &c de cithare; ils chantoient les louanges d'Harmodius , d'Ariftogiton, &z de Thrafybule. Des poëtes ï far . foient repréfenter des pieces de théâtre jufqu’au F nombre de quatre chacun, êc cet affemblage de poë- mes s’appelloit sérralogie ; le prix de ce combat étoit une couronne d’olivier & un barril d'huile exquufe, que les vainqueurs par une grace particuliere accor- dée à eux feuls, pouvoient faire tranfporter où il. leur plaifoit hors du territoire d’Athènes ; ces com- bats, comme on vient de le dire, étoient fuivis de feftins publics & de facrifices qui termunoient la fête, L Telle étoit en général la maniere dont fe célé- broient les parathénées, mais les grandes l’empor- toient fur les petites par leur magnificence, par le concours du peuple, & parce que dans cette fête feule, on conduifoit en grande & magnifique pompe un navire orné du voile ou du peplus de Minerve , & après que ce navire, accompagné du plus nombreux cortége, & qui n’alloïit en avant que par des machi- nes, avoit fait plufieurs ftations fur la route, on le ramenoit au même lieu d’où il étoit parti, c’eftà-dire au Céramique, | | On fait que le péplus de Minerve étoit une robe blanche fans manches , brochée d’or, où étoient re- préfentées, non-feulement les mémorables aétions de cette déefle , mais encore celles de Jupiter, des, héros, & même de ceux qui avoient rendu de grands fervices à la république. À cette proceffionafliftoient toutes fortes de gens vieux 87 jeunes, de l’un êc de PAN lautre fexe, portant fous à la main une branche dolivier pour honorer [a déefle , à qui le pays étoit redevable de cet art utile. Tous les peuples de l’At- tique fe faifoient un point de religion de fe trouver à cette fête; de-là vient fon nom de pararhenées , comme fi l’on dioit les arhères de toute l’Anique. Les Romains les célébrerent à leur tour, mais leur imi- tation ne fervit qu'à relever davantage l’éclat des vraies parathénées, ( D. JT. | PANAY,(Géog. mod. île d’Afe, d’environ 100 lèues de touf, c’eft la mieux peuplée &c la plus fer- tile des Philippines ; elle appartient aux Efpagnols, Long. 137. 40-139. lat. 10.11-30. PANBEOTIES, 1. f. ( Ankiq. greg. ) en grec œay- Éciwria, fête qui fe célebroiït danstoute laBéotie. On s'aflembloit près de Chéronée au temple de Minerve Tonienne. Potter, Archæol, grec. L. IL, c. xxij. tom. I, P:444. PANCALE oz PANCALIER , ( Géog. mod.) bout: gade de Piémont, dont quelques-uns font une viile, & qui eff fituée à un mille de PÔ , à 3 lieues au-def: fus de Turin. | : PANCARPE, (Gymnaff. athléig.) fpe@acle des Romains où certaiis hommes forts, hardis & exercés combattoient contre toutes fortes de bêtes moyen- nant une fomme d'argent. Le mot pencarpe fignifie proprement un compofe de toute forte de fruiss | du grec mar, fout | & xapros , fruit ; enfuite on l’a donné à ce qui contenoit toutes fortes de fleurs , puis à ce qui étoit compofé de diverfes chofes , enfin par mé: : taphoreà cecombatpublic, où l’onfaifoit paroître des animaux de différentes efpeces. Le lieu de ce fpeéta- cle étoit l’amphithéâtre de Rome ; & ces fortes de jeux ont duré jufqu’au tems de Fempereur Juftinien, qui répnoit dans le fixieme fiecle. Quelques auteurs confondent le parcarpe avec la fylve ; mais il y a cette différence entre ces deux divertiffemens publics, que le pancarpe étoit un com- bat contre les bêtes qui fe faifoit dans l’'amphithéa- tre ; & que la fylve étoit une efpece de chafle , que l’on repréfentoit dans le cirque. Dans le pancarpe, c’étoient des hommes gagés qui combattoient ; & dans la fylve, c’étoit le peuple qui chafloit au milieu d’une forêt artificielle. (D. J.) PANCARTE, . f. AFFICHE, (Gramm. & Comm.) on le dit plus particulierement de celle qu'on met à la porte des bureaux des douanes & autres lieux & pañlages où l’on leve quelques droits ou impoñitions lur les marchandifes. Elles doivent contenir la taxe qui en eff faite, & fouvent le titre en vertu duquel on leve les droits. On appelle fermier de la pancarte celui qui afferme les droits taxés par la parcaree. Diéhion. de commerce. PANCERNES , ( Hif. militaire de Pologne.) sen- darmerie de Pologne. La Pologne eït aujourd’hui le {eul pays où lon voie une cavalerie toute compofée de gentilshommes, dont le grand duché de Lithua- mie fournit un quart ; & cette cavalerie fait la prin- cipale force de l’état ; car à peine l'infanterie eft-elle comptée, Elle fe divife en houflarts & en parcernes : les uns & les autres compris fous Le nom commun de owarisz , c'efl-ä-dire camarades. C’eit ainfi que les généraux &c le roi lui-même les traite. Un mot produit fouvent de grands effets. Les houffarts font formés de l'élite de la nobleffe qui doit pañler par ce fervice pour monter aux char- ges &x aux dignités. Les parcernes , compofés auffi de nobleffe, ne different des houflaïts que par la chemife de maille en place de cuirafle ; & on ne les examine pas auf rigoureufement fur leur généalogie. Ce ne {ont point des régimens, mais des compagnies de deux cens maîtres appartenantes aux grands de Pétat, fans excepter les évêques qui ne faïfant pas le fer- vice par eux-mêmes , donnent de fortes penfons à PAN 8it leuts lieutenans. L'abbé Coyer. (D.J.) :. PANCHEÉE , ( Gévg. anc. ) Parchæa, Pañnchaia , ile de l'Océan proche dé l'Arabie: Diodore de Sicile, l, W, c. xl. dit qu’elle étoit habitée de naturels du pays, appellés Panchæ: , & d'étrangers océanites, Indiens, Crétois & Séythes. Il donne à cette île üné : ville célebre , nommée Parara, dont les habitans étoient les plus heureux hommes du monde. 74 oÿez PANARA: a. Par malheur Parara ; le bonheur de fes habitans, êt l'ile même de Panchée, ainfi que le temple magni= fique de Jupiter Triphylien, ont été forgés par l'in: gémieux Echemere , que Diodore de Sicile a copié. Echemere peignit cette ile comme une terre déli- cieufe ; un paradis terreftre , où fe trouvoient des tichefles immenfes, & qui n’exhaloït que des par: furas. | Callimaque prefque contemporain du philofophe Meffénien ou Tégéates , & fur-tout Eratofthène, mi- rent eux-mêmes la Parzchée au nombre des fables, & prouverent que c’étoit une pure fiétion. Polybe en étoit pleinement convaincu. Plitarque déclare que Pile Panchée avoit échappé jufqu’à fon tems aux re: cherches des navigateurs grecs & barbares. Mais les poëtes n’ont pas éru devoir manquer d’or- ner leurs ouvrages de cette tégion imaginaire ; jen ai pour témoins ces beaux vers de Virgile dans fes Georgiques : Sed neque Médorurn fylv& disiffira terra Nec puleher Gahges , atque auro turbidus Hermon ; Landibus Heliæ certent , nec Baîtra , nec Indi Totaque thuriferis Panchaïa dives arenis. # Cependant m lopulente Médie , ni le pays ar- » rofé par le fleuve du Gange, ni les bords de l'Her- » mus dont Les flots roulent de l’or , ni l'Inde, nile » pays des Baëtriens, ni la fertile Parchaie, où croît » l'encens, n’approchent pas de nos campagnes d’Ita: »he ». (D. J.) Le PANCHRESTE , f. m.ez Médecine, panacée ou remede propre à toutes fortes de maladies. Voyez PANACÉE. | PANCHRIST AIN, £ m. nom qüe l’on donnoit chez les anciens aux pâtiffiers qui faïfoient des g4- teaux avec le miel , & autres fübftances douces & fucrées. PANCHRUS ; fm. (ÆZ/. nat.) nom donné par quelques anciens auteurs à une pierre, dontils ne nous apprennent rien , finon qu’on y voyoit toutés les couleurs. Peut-être ont-ils voulu défigner Popale fous ce nom. PANCHYMAGOGUE , f m.(Médecine.) de œ&r, tout, jumo6, humeur , &t d'yus |expulfer ; nom que l’on donne ä quelques extraits cathartiques , qui paflent pour avoir la vertu de purger toutes les humeurs : mais ces compoñitions font peu fréquentes chez nos Apoticaires, Voyez Hartman 12 Crollium, Schroder Pharmacop. Nos hydragogues, le fyrop des cinq racines de nos boutiques , opiate méfentérique, les pilules aloëtiques , Les pilules cochices font auffi efficaces &z plus füres que ces remedes parchymagogues. PANCHYMAGOGUE ; extrait, (Pharmacie.) prenez pulpe feche de coloquinte féparée & mondée des femences ; une once & demie ; feuilles de fené mon dé, d’hellebore noir , de chacun deux onces ; agaric, une once : pilez-les enfemble , ajoutez-y eau de pluie, quantité fufifante ; faites-les macérer pen- dant deux jours ; paflez-les après les avoir fait bouil- hr lègerement ; exprimez le marc ; décantez cette décoétion après qu’elle fera repofée ; évaporez-la enfuite au bainmarie, à confiftence d'extrait : ajou- tez-y réfine de fcammonée d'Alep, une once ; extrait d’aloës , deux onces ; efpeces diarrhodon abbatis ; 8i2 PAN une once ; épaïffiflez le tout au bain marie à confif- tence d'extrait. Ce remede eft un excellent hydragooue, La dofe. | fera d’un fcrupule jufqu'à deux &c plus, felon les cas &c les circonftances. Ce remede eff violent, il de mañde extremement de prudence, | PANCLADIE, £ f. (Antiq. greq.) œuvxnadva ,fète que les Rhodiens célebroient au tems de la taille de leurs vignes. Potter, ÆArchæol. græc. £, Ï. p. 410. PANCRACE , f.m. (Ari gymnaft.) exercice gym nique, formé de la lutte fimple &z de la lutte compo- fée. Dans cet exercice, l’on faifoit effort de tout fon cotps ; comme l'indique le motorec. Ainf la lutte &t le pugilat réunis formoient le pancrace. H'emprun- toit Les fecours & les contorfions de la lutte , &c pre- noit du pugiiat Part de porter les coups avec fuccès & celui de les éviter. Dans la lutte , 1l n’étoit pas permis de jouer des poings, n1 dans le pre de fe colleter, Dans le parcrace au contraire, fi Pon avoit droit d'employer toutes les fecoufles êr toutes les rufes pratiquées dans la lutte, on pouvoit encore y ajouter pour vaincre le fecours des poings & des piés, même des dents & des ongles, &r l’on fent que ce combat n’étoit ni moins dangereux, ni moins ter- rible que les deux autres. | Arrichion ou Arrachion , pancratiafte aux jeux olympiques , fe fentant prêt à être fuffoqué par fon adverfaire qui Pavoit farfi à la gorge , mais dont il avoit attrape le piè, lui caffa un des orteils ; & par l’extrème douleur qu’il hu ft, Pobligea à demander quartier. Dans cet inftant même, Arrachion expira. Les Agonothetes le couronnerent, &c on le procla- ma vainqueur tout mort qu'il étoit. Philoftrafte a ‘fait la defcription d’un tableau qui répréfentoit cette avanture. | Le combat du pancrate fut adrnis aux jeux olÿm- piques dans la xxvi. olympiade; &r le premier qui en mérita Le prix, fut le fyracufain Lygdanius , que fes compatriotes mettoient en parallele avec Hercule pour la taille. Paufanias parle dans fes éliaques d’un fameux pan- - cratiafte , nommé So/frare | qui avoit été couronné -douze fois , tant aux jeux néméens qu'aux iftmi- ques, deux fois aux pythiens, 6 trois fois à Olym- pie, où l’on voyoit fa ftatue du tems de cet hiftorien. CHI PANCRAINS , (Marine) voyez MANŒUVRES. PANCRATIASTES , {. im. pl. ( if. anc, gymn.) athletes qui s’adonnoient furtout à Pexercice du pan- crace. On donnoït quelquefois.ce nom à ceux qui réuffiffoient dans les cinq fortes de combats compris fous le titre général de pertarhle, qu’on appelloit auffi pancratie, parce que les athletes y déployoient toutes leurs forces. PANCRATIE, £. £ (Lutérar.) nom que les Grecs donnoient aux cinq exercices symniques, qui fe pra- ‘tiquoient dans les fêtes & les jeux ; favoir le combat à coups de poings, la lutte, le difque, la courfe &r la danfe. Ceux qui faifoient tous ces exercices , étoient nommés parcratiaffes | ainfi que ceux qui y rempor- toient la vioire. Potter, Archæol, grec. tom: I, pag. 444 | | PANCRATIEN , vers, (Lirrérar.)nom d’une forte de vers grec, compolé de deux trochées & d’une {yllabe furnuméraire , comme Devye Aosdopoy Auëtor optimus Nulla jam fides. Pancrate en eft apparemment linventeur. On rie fait point au jufte en quel tems 1lflorifloit ; mais il eft - certain qu'il étoit plus ancien que Méléagre , autre poëte, qui vivoit {ous Les premiers fuccefieurs d’Ale- xandre, PANCRATIUM, (Boran.) stand narcifle de mer, arciffus maritimus de C. B. & de Tournefort ; c’eït üne groffe racine bulbeufe, chaïnue , femblable à la fcille, & qui croit au bord de la mer. Elle pouffe des feuilles faites comme celles du narcifle, plus lon: eues & plus sroffles, du milieu defquelles s’éleve un tige à la hauteur d'environ un pié , anguleufé , por- tant en fa fommité des fleurs longues , blanchâtres, difpofées en étoiles, &c d’une odeur douce. Après ces fleurs naïlent de petites pommes anguleutes , remplies de femences menues ; cette plante ales ver: tus de oignon de fcille , mais beaucoup moindres. BU ee MEN: _PANCREAS, fübf. maïîc. en Anatomie, nom d’une lande conglomerée , fituée dans le bas-ventre der- riere la païtie fupérieure de l’eftomac, depuis la rate à laquelle elleeft attachée par l’épiploon jufqu’au duo- denum ; elle recoit une infinité d’artérielles de la cé- laque, & elle fépare üne Humeur qui fe rend dansun conduit commun , lequel s'ouvre dans le duodenum: Voyez D'UODENUM ; voyez aufli Planches anar. Le pancréas a été ainfi nommé par des anciens, parce qu’il leur a paru n'être compofé que de chair, masepeac. Suivant Boerhaave , le pancréas eft long de près de fix pouces, large de deux, & pefe quatré onces ; mais toutes ces mefures varient dans diffé rens auteurs, Heïfter donne au pancréas le poids de trois onces , Warthon de cinq, le D. Haller dit que ce poids peut être plus grand ; au refte tout varie tel= lement dans divers fujets , qu'il eft abfolument im- poflible d’afligner une mefure jufte. Le pancréas eft fitucé tranfverfalement , & il à fa groffle extrémité placée derriere la partie fupérieure de Peftomac tranf- verfalement, par rapport à la rate à laquelle Pépi- ploonlie ce; corps glanduleux ; de forte que fa par- tie moyenne eft très-antérieure , & defcend de leftomac jufqu’au duodenum ; où il fe prolonge ur peu devant cet inteftin, ufques-là d'autant plus épais qu’il tient plus la droite. Mais de l’endroit où cette srofle extrémité s'attache à la courbure du duo- denum , elle fe dilate quelquefois de quelque pou- ces pour former le petit parcréas de M. Winflow, qu'Euftache & bien d’autres ont vù & repréfenté non-feulement dans l’homme , maïs dans le chien & dans le caftor, &c. En général cette glande, la plus confidétable du bas-ventre & de tout le corps , eft couverte par l’eftomac & par la fubftance cellulaire du mefocolon qui recouvre en même tems le duo- denum ; de forte qu’engagé dans fa duplicature , il a le mefocolon & deflous & deflus lu : cette ftrufture s’obferve très-bien dans Phomme où le pancréas eft d'une groffeur médiocre ; car 1l eft fi confidérable & d’une étendue fi. énorme dans les poiflons & au- tres petits animaux, qu'il occupe prefque toute la capacité de l'abdomen. Le pancréas d’Afellius n’eft point celui-ci ; 1l a été découvert par Wirlung , & mérite feul le nom de pazcréas ; Vautre n’eft qu’un amas de glandes conglobées méfentériques. Le pancréas a plufieurs arteres dont le nombre varie, mais qui viennent toutes de Partere fplénique, continuant leur chemin fous le pancréas vers la rate: il en a encore d’autres où il eft voifin du duodenum, de Ja duodenale, de la gaftroépiploïque 8 de la mé- fentérique fupérieure. Les veines ont une femblable origine ; elles partent de la veine fplénique ; de plus il en vient de la duodenale, de la pilorique ét de la gaftroépiploique droite. Les nerfs viennent du plexus fémilunaire du bas- ventre , du plexus méfentérique , des nerfs Hépati- ques , des fpléniques ; ils rampent avec les vaiffeaux dans la membrane cellulaire par la propre fubftance du pancréas, dont chaque grain a 10n petit faifceau. Les vaiffleaux lymphatiques n’y font pas rares, fls ont été vüs par Marechet &c:par Pecquet, Il ne faut pas PAN pas les confondre avec les vaifleaux laûtés ») femés dans le centre du méfentere, comme ont fait Afel. lus & Veflingius, depuis les anciens qui donnent tous ces varfleaux laétés au pancréas. Voyez LACTÉ. Le pancréas a un conduit formé pat tous les ra- meaux qui partent de tous les petits grains qui le compofent ; fitué dans la païtie moyenne, il en fuit prefque la direétion ; il recoit un autre rameau de la partie du pancréas, qui defcend le long du duode- num, & s'ouvre avec lui dans le canal cholédoque, aprés avoir traverfé toutes les membranes de Pin- teftin duodenum : ce conduit eft quelquefois double; Hérophile & Eudeme le connoïfloient : Maurice Hoffman le fit voir double Wirfung, dans le poulet- d'inde en 1641 ; & Wirfune Payant démontré le pre- mier publiquement, fon nom eft refté À ce conduit. _ Voyez WirsSUNXG. C’eft par ce conduit que le fuc Pancréatique eft porté dans le duodenum, Foyez PANCRÉATIQUE 6 Duo- DENUM. s Les auteurs praticiens font mention d’abfcès au pancréas , mais on ne les a jamais découverts qu’a- près la mort des malades , & l’on s’en eft douté for- tement par quelques fymptomes du mal, & le pus rendu par les felles, Les tumeurs de cette glande ne peuvent guere S'appercevoir au toucher, à caufe de la poñtion de l’eftomac qui couvre le pancréas ; ce- pendant on foupçonne l’exiftence du mal pat la dif- ficulté de refpirer, par des vomifflemens , & par une diarrhée bilieafe, accompagnée de douleurs à la ré- gion lombaire, Aurefte, l'Anatomie comparée fournit aux curieux une grande variété fur la forme, la ftrudture , la grof. feur , & linfertion du pancréas dans les divers an;- maux. Il eft d’une étendue fi énorme dans quelques poiflons, qu’il occupe prefque toute la capacité de Pabdomen. Le poïflon que M. Perrault appelle Zieu, à 440 pancréas | & cinq ouvertures dans l’inteftin qui répondent à cinq branches , dont il ÿ en a trois qui ont chacune 8o pancréas > ÔT deux qui en ont chacune 100. (D. J. ) PANCRÉATIQUE, conpuir duit particulier qui fe trouve le long du milieu de la largeur du pancréas ; il eft très-mince , blanc, & prefque tranfparent. II s’ouvre par extrémité de fon tronc dans l’extrémité du conduit cholédoque. De-1à le diametre de ce trou diminue peu-à-peu , & fe ter- mine en pointe du côté de la rate. Les petites bran- _ches collatérales font auffi à Proportion un peu groffes vers le tronc , fort déliées vers les bords da pan- -crêas | & toutes fituées fur un même plan ä-peu-près comme les petites branches de la plante appellée Jougere ; ce conduit reflemble à une veine vuide ; {a grofeur approche de celle d’un tuyau de paille, Maurice Hoffman a découvert le premier à Pa- doue en 1647 le conduit Pancréatique dans un coq- d'inde ; & lannée fui vante en 1642, Wirfung l’a découvert dans l’homme ; c’eftle témoignage de Tho- mas Bartholin qui étoit préfent ; & {on témoignage eft fi précis, que le conduie Pañcréatique a été nommé depuis par les Anatomiftés conduir de W irfung. Ce conduit {e trouve quelquefois double dans l’homme, ce qui eft commun aux O1e$, aux canards, aux 00qs d'Afrique, aux faifans ; il efttriple dans nos coqs , dans les pigeons, dans l'aigle, 6c. il n’eft pas toujours également étendu felon fa longueur : il tra- were les tuniques du duodenum , & s'ouvre dans le canal cholédoque pour l'ordinaire un peu au-deffus de lipointe fallante de ouverture de ce canal; quelque- fois il s'ouvre immédiatement dans le r ment duodenum. Ceux qui fe mêlent d’injeétions re nous ont appris que c’eft par ce canal que tous les points du pancréas , pouryû qu’on aït eu foin de le bien laver auparavant, peuvent être Parfaitement rem- Tome XI, A7 natomie.) con- PAN 813 plis de matiere céracée. Formé par la derniere réu- mon de tous les émiflaires qui partent de chaque grain glanduleux , il rampe par la membrane cellu- lire dans la circonférence externe du duodenum ; il perce enfuite la tunique mufculeufe , & s'ouvre dans la cavité de l’inteftin. Son obliquité doit confé- quemment empêcher toutes les liqueurs des intefins d'entrer dans le pancréas; c’eft par le conduit de Wir. fung quele pancréas {ouffrant quelque extravafation de fang peut s’en décharger par les felles ; il en faut dire autant de fon abfcès , aufli-bien que de ceux du foie , dont le pus peut s’évacuer par la même route. (C2) . PANCRÉATIQUE, fx, (Phyfrolog.) fuc Lympha- tique qui découle du pancréas par le canal de Wir- fung dans le duodenum. Cette liqueur toute fimple qu’elle eft a produit fur la fin du dernier fiecle une hypothèfe qui a fait de grands ravages en Médecine, je veux parler de Fhy- pothèfe de Van-Helmont , adoptée & vivement dé- fendueparSylvius de le Boé, fur l'acidité du fac pan- créatique , & {a fermentation avec la bile ; fource, à ce qu'ils croyoient , de toutes Les maladies aigues 8 chroniques. La Phyfologie &z la Pathologie ont lons- tems porté fur cette chimere que le fuffrage , l’élo- quence , les leçons & les écrits du fameux profefeur de Leyde n’avoient que trop accréditée, Heureufe- ment on eft aujourd’hui revenu de {on Opinion, que je qualifierois de rifible, fi elle n’avoit été le fonde- ment depratiques fatales au genre humain. Le fc pancréarique eft réellement une lymphe inf- pide, claire, abondante, très-femblable À la falive par fon origine, fa tranfparence , fon goût, fa na- ture êc les organes qui la filtrent fans cefle ; ce font de très-petites glandes conglomerées , lefquelles de plufieurs n’en forment qu'une feule. Cette lymphe confondue avec la bile dans le vivant, {éjournant dans le même tuyau, fe mélant également avec elle, ou même coulant feulement dans les intefins vui- des, n’a aucun mouvement d’effervefcence. C’eftdonc fans raïfon qu’on a diftingué ce fuc de la falive, du fuc ftomacal, & du fucinteftinal ; ces liqueurs font les mêmes ; elles ne font qu'une eau jointe à une huile fort atténuée & au fel falé. Le Juc pancréatique | que nous venons de décrire ; {ert beaucoup à la digefhor® Son ufage eft de diflou- dre les’ matieres gommeufes, falines , mucilagineu- fes, de délayer celles qui font trop épaïles, de ren- dre le chyle mifcible au fang , de le mettre en état de pañer par les vaïffeaux ladées, de corriger les matieres âcres, de changer la vifcofité., amertume ët la couleur de la bile | d’adoucit fon acrimonie , À de la mêler intimement au chyle : fon ufage eft en- core de lubrifier par fon on@tuofité la partie interne des inteftins., de faire les fon@ions de menftrue & de véhicule, & finalement de changer les goûts, les odeurs, les qualités particulieres des alimens de façon qu'ils n’acquierent prefque qu’une feule & même nature.. Il ne s’agit plus maintenant que de direun mof de la force qui fait couler le fuc pancréatique. 1°. Comme lartere qui potte le fang dans le corps glanduleux du pancréas eft près du cœur, Fimpul- fon du fang eft fort confidérable ; ainfi comme le fang fournit toujours de nouveaux fucs qui fe fil- trent , le premier qui a été filtré doit couler nécef- fairement. 2° Ce fuc coulant des petites glandes par des petits tuyaux qui vont aboutir au grand canal dumilieu , eft exprimé dans le duodenum parle mou- veément du diaphragme , par lapreffion du ventricule quand 1l eff rempli , par la force des mufcles de Pab- domen , & finalement par l’aétion du COrps. On a tâché de calculer par des expériences fur des animaux la quantité de la fecrétion ‘de ce fuc dans le duodenum pendant un seras space de 814 P AN tems, afin d'appliquer enfuite à Fhomme Île même calcul proportionnel. Graaf ayant percé le duode- num d’un dogue , infinua une petite phiole dans le canal pancréatique , expérience très-diflicile , 8 dans huit heures, 1l y coula une once entiere de liqueur. Schuyl en eut deux onces en trois heures, & Nuck trois onces en vingt-quatre heures ; mais les expé- riences faites fur des bêtes ne décident derien, parce que le bas-ventre étant ouvert , les mufcles abdomi- naux ne compriment plus les partiesinternes, les vif- ceres n’ont plus leur même jeu , les vaifleaux excré- teurs font reflerrés par le froid ; en un mot, toute l’économie eft troublée par les tourmens de l'animal. On a donc formé un autre calcul tiré de la grof- eur du pancréas de l’homme , relativement aux au- tres glandes falivaires, qui toutes enfemble font moins confidérables que lui , & cependant fuffifent à une fecrétion d'environ 12 onces en 24 heures. Il faut en même tems mettre en ligne de compte 1° lagita- tion & les fecoufles que le diaphragme , le ventri- cule & les mufcles du bas-ventre doivent caufer au pancréas à caufe de leur fituation & de léurs mou- vemens continuels, au lieu que les glandes falivaires ne font foumifes qu’à la foible ation des mufcles de da refpiration &c de la déglutition, quine font pastou- jours en jeu : 2° Ajouter au calcul le produit des vapeurs chaudes du bas-ventre , de même que le diametre du canal excrétoire du pancréas, qui a communément près d’une ligne dans létat fain. Il réfultera de ces confidérations qu'il fe doit faire une plus abondante fecrétion dans le pancréas, que dans les glandes {alivaires réunies toute proportion gar- dée , de forte que cette fecrétion pourroit bien aller à 20 onces en 24 heures. Mais que devient cette lymphe ? En effet, de 20 onces de fuc pancréatique il n’en fort pas deux dragmes par les felles dans Pétat naturel, comme le ‘prouvent les excrémens qui font fecs quand on fe porte bien ; il faut donc que cette quantité foit re- prife où dans les veines laétées qui charient toujours une humeur lymphatique, ou dans les veines mé- enteriques ; & comme le chemin de Ia circulation eftici très-court par les arteres , cette humeur fera repompée plufieurs fois en peu d’heutes , reportée au cœur, féparée de larterecæliaque , & coulera de nouveau dans le duodenum. De cette abondance du 4c pancréarique dans l'état naturel, &c de la néceffité dont il eff pour la digeftion & Pélaborarion du chyle , il s'enfuit qu'il peut caufer des dérangemens, s'il péche en défaut de qualite ou de quantité. En effet, s’il eff trop abon- dant , les tuyaux excrétorres ne permettant point à | da liqueur paricrézrique de fortir, les vaïfleaux feront “plus remplis dans le refte du pancréas, lequel, par ! -cette plénitude, deviendra fufceptible d’inflamma- | tion. D'un autre Côté fi leW/%c pancréarique peche en défaut de quantité, le duodenum ne recevta point | la liqueur qui lui eft néceffaire pour délayer le | :chyle , & pour précipiter les excrémens. De plus, | la bile feratrop âcre , & pourra caufer des diarrhées | "êt des efpeces de diffenteries. Enfin , fi ce fuc {é- | journe trop dans le pancréas , 1l tendra à s’alkalifer | commertoutes les liqueurs du corps humain. (D. J.) : PANCGRÉATICO-DUODENALE , e2 Anatomie, nom | dune artere qui le diftribué au pancréas & au duo- | denum, &-qui vient de la grande gaftrique. Hal- | ler, con. anar. faf. IT, Voyez PANCRÉAS GASTRI- “QUE , Éc. | PANDA, £ £ (Mythol:) déefle qui procure la liberté dés chemins. Tatius voulant fe rendre maître du capitôle , invoqua la* divinité qui pouvoit lui en ouvrir la route : lorfqu'il y futarrivé, ilrendit graces à cette divinité ; & ne fachant quel nom lui donner, il Phonota fous çelui de Parda, Elle deving la pro- tedrice des voyageurs. La déeffe de la paix fut aufñ appellée Panda , parce qu’elle ouvroitles portes des villes, que la guerre tenoit fermées: cependant Var- ton croit que Parda w'eft qu’un furnom de Cérès , . qui vient 4 pane dando, celle qui donne le painaux hommes. *PANDÆA , ( Géog. anc.) contrée de l’Inde en- decäà du Gange. Les femmes yavoientlafouveraineté depuis qu'Hercule avoit donné.ce pays àfafille Pan- dée, qui y étoit née ,felon Artien , im fndicis, p. 321. Ptolomée place quatre villes dansicettercontrée. CREILD PANDALÉON , f. m. (Pharm.) eftparmi les Mé: decins modernes la même chofe qu'un éleuaire fo- hide , finon qu'il refte entier ; car le fucre ayant bouilh comme il faut , on le laïffe durcir. En l’en- fermant dans une boîte, le malade en prend un mor- ceau comme un lambitif. Cette efpece de fucre ne differe des bâtons & des tablettes que par fa figure. Blanchard. Ce remede eft femblable à un gâteau qui prend la forme de la boïte dans laquelle 1l eft contenu ; eft compofé de poudres , de conferves peétorales, de l’orange, de fucre ; on le donne dans le même deffein que le looch. Morelli. | Il paroït qu'on peut faire de ces tablettes plus épaifles que les ordinaires de nos boutiques, dans le deffein de remplir un nombre infini d'indications, Voyez TABLETTES 6 MÉDICAMENS. | PANDATARIE , ( Géog. anc.) île d'Italie dans fa mer Tyrrhène, felon Pline, Z. III. c, vj.Strabon, L 7. C’étoit autrefois un lieu d’exil où Ausufte fit renfer- mer fa fille Julie. Agrippine y fut auffi relésuée par Tibère, &c y mourut. D. Mattheo Egitio prétend que cette lefe nomme aujourd’hui Verrosene. ( D. J. PANDECTES, 1. £ pl. ( Jurifprud.) eft un nom que Juftimien a donné au corps du Disefte, pour exprimer que cette colleétion renferme toutes les queftions controverfées | & les décifions | &c tout ce qui avoit été extrait des livres des Jurifconfultes. Voyez le titre premier du Digefle ,$. 1, à la fin & au mot DiGEsT. (4) | _ PANDECTES FLORENTINES, font une édition du Digefte faite à Florence fur un manufcrit célebre & ancien qui eft dans cette ville. Cette édition nous a appris plufieurs chofes qui rendent inutile une bonne partie de ce qu’avoient “écrit les anciens interprétes. Woyez ce qui en a été dit au mot Dipefle de l’hiff. de la Jurifprudence Ro- maine par M. Terraflon. (4) | PANDÉMIE , ( Mychol.) furnom de Vénus qui fignifie /z populaire | ou la déefle après laquelle tout le monde court. PANDÉMON , (Antig. Greg. ) mandepos y c’étoit la même fête que les Athenées. Elle avoït pris ce nom du grand concours de peuple qui fe raffembloit pour la célébrer. Potter, Archæol, græc. 1, II. c. xx, 20m. T. p.422. ( D. J.) PANDICULATION , ff. ( Médecine.) Pandicu= lation dans un fens général, c'eft un violent mou- vement des folides qui accompagne ordinairement Paétion du bällement , & qu’on appelle auffi-autre- ment exrenfion. Voyez BAILLEMENT. Pandicularion | fe dit aufi dans un fens pluspar= ticuhier, de cette inquiétude, de cette éxténfion & malaife,.qui accompagne ordinairement le fiflon d’une fievre intermittente. Voyez FIEVRE INTER MITTENTE. | On fuppofe qu'il-provient d’une dilatation con- + -vulfive des mufcles, par laquelle la nature tâche de rejetter quelque chofe quila gêne. PANDIE,, L £ ( Anrig. Greg.) ravde , fête des Athéniens en l'honneur de Jupiter, Vous trouverez l'origine -de cette fête: dans Potter. A/chæof, grace. LOIS 7 xx tome Ip. 422: (D. JF.) :PANDIONIDE, f. f. une des douze tribus Athènes, ainfi nommée du roi Pandion: La tribu Pardionide étoit compofée de dix-peuplès où com- munautés. PANDORE , f. £ ( Myrhol.) nom de: la- pre- miere fémme!, felon Héfiode, On net point fans plffir" dans fa théovonie, & dans fon traité des œuvres ÔC dés jours ,| tout'ce: que fon imagination. luna fuvoéré fur’ les graces de cette prémiere fem- me , ét les maux qu’elle a caufés dans Le monde. Jupiter, ditil, voulant fe venger du vol que: Promethée avoit fait du feu , réfolut d'envoyer aux Hommes un mal qu'ils aimaffent, &rauquelils fuf- fent'inféparablement attachés. Tous les dieux fe- conserent fon deflein: Vulcain forma avee de la terre 6c de l’eau, paitris enfémble, une femme fem- bläble aux déefles immortélles ; Minerve la vêtit, &T lui apprit lés arts qui conviennent à fon fexe , celui entr'autres de faire de la toile ; Véfus répandit l'agrément autour de fa tête, avec le defir inquiet & les foins fatigans. Les Graces & la déede de la. Perfuafon ofnerent fa gorge d’un collier d’or, les Heures lui mirent fur {a tête des couronnes de fieurs; Mercure lui donna la-parole avec: l’art des menfonges, & celui d'engager les cœurs pat des difcours infinuans &' perfides. Enfin toutes les di- vinités de lOlympe: lu ayant fait des dons pour le malheur'des hommes; elle recutle nom de par- dore ; compofé du mot er, qui fignifie cour, & de celui de por, qui veut dire préfène. Le'poëté ajoute, que Jupiter dit à Mercure d’al- ler préfenter Pandore à Epiméthée, qui la vit avec des traniports d’admiration. En vain Prométhée lui avoit recommandé de ne point recevoir de préfens de la part de Jupiter, de crainte qu'il n’y: eût ca- ché quelque chofe de funefte aux hommes. La vue de cette beauté lui fit oublier un avis de cette im- portance , & quand 1l s’en reflouv nt, il n’étoit plus tems. Jufques-là les mortels avoient vécu exempts dés inquiétudes , 8 des maladies qui amenent la viéilleffé ; mais Pardbre ayant levé le couvercle du vale où étoient renférmés les préfens des dieux, tous-les maux en fortirent en foule, & {6 répandi- rent fur la face de la terre: A la vue de ce terrible fpecacle:, elle fe’ Hâta de refermer le vafe; mais il étoittrop tard, & elle ne put y retenir que la feule éfpérance, qui'ellemême étoit prête à s'envoler , êT qui demeura fur: les bords. C’eft donc là lefeul - bien qui refte aux malheureux mortels? (D. J. y PANDORE , f. £ ( Lurhk. ) inftrument de mufique, dont les ariciens fe fervoient, & qui reflemble à un luth. Voyez Lutx. fidore fait venir ce nom de fon inventeur Pan dôre; d’autres de Pan, à quiils en attribuent lin- vention , aufl“bien que cellé de la flute. Il a lé rième nombre: de cordes que le luth; avec cette différence qu'elles font de cuivre, & que par cette raïfon elles donnent un fon plus agréable que celles du luth, Ses touches font de cuivre, com- mé celles’ du ciftre; f6n'dos'eft plat comime celui de la guittare, & les bords de fa table, auffi-bien que les côtés, f6nt taillés en plufieurs figures de demi- cercle: Ducañge obférve que Varron, Ifidore, & d’autres anciens, én parlént comme d’un inftrument de mufique qui ne contient que trois cordes, & qui fait qu'il ft nommé quelquefois fous le nom de £richordim. PANDOSIE ,( Géog. anc. ) ville grecque fondée par les Eléens dans la Caflopie. Luce d’Holftein dans fes remarques fur lltahe anciénne de Clüvier , eft de Pavis dé ceux qui croient que l’ancienne Par- dofie étoit au même endroit où fe trouve aujour- Tome XI, k PAN 815 d’hui Mendocino auprés de Cofence. (D: J:) -PANDOURS , ff. ( Milice mod. ) Lesbandours fontdes fclavons qui habitent les bords dela Drave. & de la Save ; ils ont un habit long; 1ls portent. plufieuts piftolets à la ceinture , un. fabre &ciun. poignard: PANDROSE & PANDROSIE, ff (Anria. Greg.) ratdposiæ , fète des Athéniens, en mémoire de Par drofee , fille de Cécrops. Potter, Ærchæol. græe, live IT, c: xx. tom. I! pi 423. On fait qu’elle étoit fœur d’Aglaure 8e d'Hérfé. Minerve-ayant confié: aux trois fœurs un fecret , Pandrofe fut la feule qui le garda fidelement; & les Athéniens. en récom- pente de fa difcrétion, lui éleverent un temple au- près de celui de la déeffe, &c infüituerenten {on honneur la fête nommée pandrofée. | PANDYSIE , ff (Anrig. Greg.) mardis, ré» jotiffance chezles Grecs , quandile ffoid ou l’intem- périe de la faïon obligeoit les matins de netpas mettre à la voile; on juge bien que cette réjouit fance ne repardoit que quelques particuliers. Voyez. Potter, tome 1. p. 423. PANÉAS, ( Géog. anc. \ ou Panéadè , ville de Syrie, appellée autrefois Lacfèm; puis Dan, depuis la conquête qu’en firent quelques Ifraélites. de la. tribu de Dan; enfuite Panéas À caufe du. mont: Panius , au pié duquel elle étoit fituée; puis Céfe- _rée de Philippe, enlhonneur de l'empereur Augufte, à qui Philippe , fils du grand Hérode la confacra. Hérode fon peré-yavoit fait bâtir, affez long-tems auparavant, un temple magnifique à l'honneur d’Au- gufte. Enfin le jeune Aprippa changea fon nom: de Céfarée en celui de Hérodiane en l’honneur de Néron. Dutems de Guilliume de Tyr, on l'ap- pelloït Belinas. Elle étoit fituée à l'endroit où leJour- din commence à fortir-de terre, après avoir coulé: quelque efpace par des canaux: fouterrains. Comme Plinene connoît point de ville nommée Panéas, mais feulement une contrée ou tétrarchie qui avoit prisfon nom:de la fontaine Panéas, d’où le Jourdain prend'fa fource , 8 qui l’avoit commu nique à la ville de Céfarée, le P. Hardouin conclud ue Panéas eff le nom de la contrée dans laquelle Étoit bâtie la ville appellée Céfarée de Philippe. Il convient pourtant que cette ville fut nommée Cé/a- rée Panéas, du nom de la fontaine Panéas; & il rap- porte à cette occafon l’infcription d’une médaille de Marc-Aurele, où on lit: KAIC. CEB, IEP. KAI, ACY. YII, HANEIO. Ainfi, conclut le P. Hardouin , la contrée Panéas, paroît avoir pris fon nom de la fontaine & de la montagne d’où fort la fontaine ; car Eufebe appelle cètte montagne Tlaverp pee , c'eft-à-dire , la monta- one Pamius où Parium. ( D. J.) | PANEGYRIARQUE, f£ m. ( A/F anc. ) magif trats des villes greques qui préfidoient aux fêtes fo- lemnelles & jeux paréoyriques. Les panésyriarques étoient auffi des afflemblées, fêtes ou efpeces de foires qui fe tenoient à Athènes de &änq en cinq ans. PANÉGYRIQUE, f. m. ( Belles Lertres. ) difcours public à la louange d’une perfonne illuftre, d’une vertu fignalée , ou d’une grande afon. Foyez Discours. | Ce mot eff grec , rarnpupre, formé de av, tour & d'éyupie , affemblée , parce qu'autrefois chez les Grecs on prononçoit les parépyriques dans les cérémonies publiques & folemnelles , à Poccafion de quelaues jeux où de quelques fêtes qui attiroient toujours un grand concours de peuples. Ee panégyrique appartient au genre d’éloquence!, qu'on nomme en KRhétorique démorfirauf. Voyæ DÉMONSTRATIF. LLilly 816 PAN Pour rende les anciens panésyriques plus folem- nels. on avoit coutume de les commencer par l’é- loge de la divinité, en l'honneur de laquelle on cé- lébroit les fêtes ou les jeux. On pañoit enfuite aux donanges du peuple ou du pays qui des célébroit, uis à celles des princes ou des magiftrats qui y préfidoïent ; & enfin lPorateur prononçoït les athle- tés, & les vainqueurs qui avoientremporté le prix dans les exercices du corps. É Le P. de Colonia fait mention de deux méthodes qu'on a fuivies dans les panégyriques ; lune artifi- cielle, fuivant laquelle , fans avoir égard à l’ordre des tems on des faits, on ramenoiït toutes les par- ties de l’éloge à certams chefs généraux. C’eit ainfi que dans fon oraïfon pro lege manilia À Ciceron rap porte tout l’éloge de Pompée à fon habileté dans Part militaire, à fa vertu, à fon pouvoir, & au bonheur qui l’accompagnoit dans toutes fes entre- rfes. | L'autre méthode qu'il nomme rarurelle, eft celle où l’on obferve l’ordre des tems, ou l’ordre hifto- rique. En fuivant cette dernière marche, le pane- gyrique fe. divile en trois périodes. Le tems qui a récédé Ja naïffance de la perfonne dont on fait Véloge , celui dans lequel elle a vécu, & fi elle eft morte, celui qui s’eft écoulé après fa mort. On pourroit ajouter que cette forte de divifion paroït plus propre à l’oraïfon funebre, qui eft une efpece de panégyrique, qu'au panégyrique proprement dit. Quoi qu'ilen foit, elle demande moins de génie, &c eft beaucoup moins fufceptible de varièté que la premiere. Auf voyons-nous que les grands orateurs modernes fondent leurs panégyriques des faits, des rois , deshéros fur une ou deux vertus principales, auxquelles ils rapportent, comme à leur centre, toutes leurs autres vertus, & les circonftances glo- rieufes de leur vie ou de leurs aétions. D’ailieurs il faut {e garder d’entafñler trop de faits dans un pané- gyrique. Is doivent être comme fondus dans les ré- flexions 87 dans les tours oratoires , ce qui eff com- me impofhble en fuivant hiftoriquement l'ordre des tems. Les lieux communs d’où lon peut tirer des élo- ges où des matériaux pour le parégyrique, font la famille, le pays, la naïffance de la perfonne qu’on loue, les préfages qui ont précédé cette naïflance, es vertus, fes avantages corporels, les qualités de. D NEA fon efprit & de fon cœur, fes dignités, fon auto- rité, fon opulence, c’eftà-dire , l’ufage noble & vertueux qu’elle en a fat, fes grandes actions, la maniere dont elle eft morte, & les conféquences qu'on en peut tirer. Le panépyrique eft, dit-on , Pécueïil des orateurs ; ceux qui ne roulent que fur des matieres profanes, ou des fujets imaginés , tels que ces déclamations qu'on prononce dans les colleges, ou les difcours académiques, comportent toutes fortes d’ornemens : cependant 1ls ne doivent encore être embellis que juf£ qu'à une certaine mefure, & la grande difiiculté eft de s'arrêter à ce point fixe. On furcharge ordinaire- ment {on fujet de fleurs qui ne couvrent fouvent que du vuide. Dans léloquence de la chaire, les fujets font grands, refpe@tables , féconds par eux-mêmes : cependant la trop grande abondance d’ornemens peut les défigurer, & leur faire perdre de leur majefté naturelle. D'un autre côté le défaut d’ornemens les deffeche pour amf. dire, & cefle de les rendre auffi intéreffans qu'ils le feroient , s'ils en étoient re- vêtus avec mefuire 8 avec difcrétion. Nous ayons un recueil d’harangues latines, inti- tulé , panegyrici veteres, qui renferment les panésy- riques de plufieurs empereurs romains. On trouve à la tête celui de Trajan , par Pline, qui le com- pofa par ordre du fénat, & au nom de tout l’em- P AN pire. L’orateur y adrefle toujours la patole au prin- ce, comme sil étoit préfent ; & s’ille fut en effet, (car on en doute), ilen couta beaucoup à la mo- deftie de cet empereur , de s’entendre ainf louer en face & pendant long-tems..…. Le ftyle de ce difcouts eft élégant , fleuri, lumineux, tel que doit être celui d'un panéoyrique, où il eft permis d’étaler avec pompe tout ce que l’éloquence à de plus brillant. Les penfées y font belles, folides , en grand nombre, & fouvent paroïffent toutes neuves. Lesexpreflions, quoiqu’aflez fimples, n’ont rien de bas, rien qui ne convienne au fujet, & qui n’en foutienne la dignité. Les defcriptions font vives , naturelles, circonftanciées, pleines d'images naïves, qui mettent l'objet fous les yeux & le rendent fenfble. Tout le difcours eft rempli de maximes & de fentimens dignes du prince qu'on y loue. M. de Sacy nous en a donné une fort belle traduéhion. Dans ce même recueil, dont nous avons parlé, fivent onze autres pieces du même genre; cette coileétion , outre qu’elle contient beaucoup de faits qui ne fe trouvent point ailleurs , peut-être fort utile pour ceux qui font chargés de Fe des pané- gyriques. La bonne antiquité latine ne fournit point de ces fortes de difcours , excepté la harangue de Ciceron pour la loi marilia, & quelques endroits de fes autresharangues, qui font des chefs-d’œuvres dans le genre démonftratif, comme dans celles pour Marcellus & pour le poete Archias. Il ne faut pas s'attendre à trouver la même beauté, ni la même délicateffe dans ces autres parégyriques. L’éloigne- ment du fiecle d’Augufte avoit fait déchoir beau- coup: Péloquence, qui n’avoit plus cette ancienne pureté de langage, cette finefle d’expreffion , cette {obriété d’ornemens , cet air fimple & naïf, mais relevé, quand il le falloit, parune grandeur & une noblefle de ftyle admirable. Mais on trouve dans ce difcours beaucoup d’efprit, de fort belles penfées, des tours heureux, des defcriptions vives ,| & des louanges très-folides. Rollin , Aif£ anc. tome 12. pag. $o2 & $04. 7 Parmi nos Panégyriftes modernes , M. Flechier eft brillant , ingénieux; Bourdaloue moins orné, maïs plus grave & plus. majeflueux; le caraftere des paneyyriques de Maffillon font un mélange de ce qui domine dans les deux autres. PANÉGYRIQUE eft aufli le nom d’un livre ecclé- fiaftique à l’ufage des Grecs. On l'appelle ainf, parce qu’il contient plufieurs parégyriques compo- fés à la louange de Jefus-Chrift & de fes faints. On le trouve en manufcrit dans la plupart des égli- fes greques, mais il n’eft pas le même dans toutes; chaque églife ayant des faints qu’elle revere parti- culièrement , ou les compilateurs de ces fortes d’ou- vrages , ayant fait ces recueils felon leur dévotion. Ils font difpofés felon l’ordre des mois, enforte qu'ils contiennent fouvent douze volumes qui ré- ondent chacun à un des mois de l’année. | PANEGYRIS, £ f (Anig. grec.) mayeyopie ,aflem- blée des Grecs, qui répondoit exaétement aux foires des Romains. PANEGYRISTE, f. m.(Gram. & Hift. anc. GE mod.) magiftrat dans les villes greques , qui célébroit au nom des peuples convoqués &c affemblés, les fêtes & les jeux ordonnés en l’honneur des dieux & des em- pereurs, & qui en fafoit les harangues & les éloges devant l’aflemblée. Il fe dit aujourd’hui de cette forte d’orateurs qui confacrent particulierement leurs talens à immortali- fer par leurs éloges les vertus des grands hommes. PANELLE, f. £. ( Blzfon. ) c’eit le nom qu’on don- ne aux feuilles de peuplier. La maïfon de Schreisberg- dotf en Siléfie porte de gueulles à trois parelles ou feuilles de peuplier d'argent, pofées en payrle, les queues abotitées èn cœur. Méxérrier. (.D.J.) -PANELLENES, ( Géog. anc.) & Panchei. Stra- bon, lv. VIII. pag. 176. & Etienne le géographe, donnent ces noms à tous les Grecs pris en général. PANEMUS, Lim. (Calendrier grec.) nom donné chez les Grecs à dés mois différens. 1°. Panémus étoit, chez les Corinthiens , un mois qui répondoit au mois attique Boédromion, & felon le pere Pétau , à notre mois de Novembre. 2°, Panémus étoit, dans l’ancien calendrier macé- donien , le neuvieme mois de l’année: après la con- quête de l’Arabie on donna ce nom au fixieme mois. 3°. Panémus étoit le nom béotien du mois athé- nien, nommé Méragitnion, qui étoit Le {ecônd de leur année, &c qui répondoit en partie au mois de Juillet, ëc en païtie au mois d'Août, felon Potter. Foyez Mois DES -GRECS. PANER, verbe a@.( Cuif.) c’eft couvrir de pain éme feul, ou haché avec de la graifle, des herbes, des épices, une viande qu’on fait cuire {ur le gril: On pare des piés de cochon, des côtelettes, une vo- laille. ” , PANEROS , oz PAUSEBASTOS, ( Hifloire rar.) pierre dont Pline ne nous a tranfmis que le nom. PANES, f m. pl. ( Lissérar. ) ce font les mêmes que les fatyres, qui reconnoïfloient Pan pour leur chef, & qu'on confondoit quelquefois avec lui, comme on peut le juftifier par ce vers d’Aufone: Capripedes agitat cm letar protervia Panes. pripedes agitat P c’étoient les dieux des chaleurs, des bois , & des champs; mais fouvent on les prenoit pour le fym- bole de l’effronterie & de limpudicité. (2. J.) PANETERIE, £ £ (Architecture. ) c'eft, dans le palais d'un grand feigneur , le lieu où l’on diftribue Fe pan, &'au eft ordinairement au rez-de-chauflée, &t accompagné d’une aide. PANETIER , GRAND, f. m. ( Æiff. de France.) le grand panetier de France, étoit autrefois un officier de la mawon du roi qui recevoit les maîtres Boulan- gers, avoit fur eux droit de vifite & de confifcation, avec une jurifdiétion dans enclos du palais nommée la paneterie, laquelle étoit exercée par un heutenant- général. Les boulangers de Paris hu devoient un cer- tan droit qu’on nommoit bon denier 8t le pot de roma- TEL. | Cet office du grand panetier étoit poflédé par un homme du premier rang; il jouifloit de prérogatives qui le relevoient au-deflus de fes fon@tions ; on voit dans les preuves de lhiftoire de Montmorency, aw- en 1333, Burchard de Montmorency étoit parerarins Francie, &t qu'en cette qualité 1l eut un grand procès avec le prevôt des marchands & les échevins de la ville de Paris, qui foutenant les intérêts des boulan- gets de cette ville & des fauxbourgs,ne pouvoient fouffrir qu'il exerçât la jurifdi@ion du pazerier, ni Vinfpetion qu'il prétendoit avoir fur eux; mais il fut maintenu dans tous fes droits. Du Tillet à fait mention, dans fes recherches, du and panetier de France, &c des feigneurs qui ont pof. éd cet office; & après avoir rapporté l'arrêt rendu en 1333, 11 ajOüte quil y en a eu plufieurs autres, entr'autres un provifonel du 2 Mai 1406, par lequel al fut permis au grand panerier d'avoir fa petite jufti- ce, c. à condition de porter au châtelet les contra- ventions qu'il découvriroit dans les vifites, pour punir les coupables : cette charge fut fupprimce pat Charles VIT. ainf que celle du grand bouteillier. (D.1.) _ PANETIERE, fubft. f fac de berver, efpece de grande poche ou de fac de cuir, dans lequel les Ber- gers mettent leur pain. Panretiere eff le mot noble emt- ployé par les auteurs dans les éplogues & les berge’ PAN 817 ries ; car les bergers des environs de Paris appellent ce fac prbeciere, PANGA, (Géog. mod.) ville d'Afrique, au royau- ie de Congo, capitale de la province de Bamba, à 36 lieues de la côte. Long. 32. lat. mérid. 6. 30: PANGÆUS , (Géog.anc.) montagne de la Thrace aux confins de la Macédoine, on la nommoit auparas vant Caramanius. PAGARANS, (Æi£. mod.) é’eft ainf que l'on nom- me dans l'ile de Sumatra des princes particuliers, qui {ont ou alliés ou tributaires du roi d’Achem le plus flant des fouverans de l’île. PANGEILS, £ m. (Comm. d’ourdif.) étoftes de foie qui fe fabriquent à la Chine, fur-tout dans La provin- ce de Nanquin. Elles fe vendent prefque par affréte- ment pour Pufage du pays, &cle trafic au Japon. PANGO, (Geog. mod.) province de l'Afrique au royaume de Congo, bornée N. par le pays de Simdi, E. par le fleuve Barbola, les montagnes du foleil, S. par le pays de Dembo , O. par Le pays de Batta. PANHELLENIEN , (Myshol.) farnom de Jupiter; ilfiomfe le proteéteur de tous les peuples de la Gre- ce. L'empereur Hadrieñ fit bâtir à Athènes un temple à Jupiter parhellénien, & e’étoit lui-même qu'il pré- tendoit défigner fous ce nom. Il inftitua en même tems des fêtes &c des jeux appellés parhellénies,de ra, tout, 6C de éAa4y, un grec, que toute la Grece devoit célebrer en commun. Lorique lAttique fut affligée d’une grande fécherefle , en punition de la mort d’An- drogée, Eaqueintercéda pour les Grecs , en offrant des facrifices à Jupiter pazhellénien, dit Paufanias ; d’où il paroït que ce nom eft beaucoup plus ancien aqu’Adrien , &t que ce prince ne fit que le renouveller, ét rebätir un temple qui avoit autrefois {ubffté À Athènes. (D, J. PANIC, f. m. (Born) Linnæus cara@térife ainf le parie, dont il fait un genre diftin& de plante grami- née. Le calice ef compofé de plufeurs feuilles » &£ contient une feule fleur; les feuilles font chevelues & inégales dans leursinfertions. La bafe eft formée de deux battans ovales, pointus & très-petits; la fleur eft aufli formée de deux valvules ovales & pointues : les étamines font trois courts filets capillaires ; les boffettes des étamines font oblongues , Le germe du pifül eft arrondi, les files font au nombre de deux très-déhés; la fleur environne la graine, & ne s'ouvre jamais pour la laïffer {ortir : la graine eftunique, ar= rondie, & en quelque maniere applatie. On compte neuf efpeces de paric ou panis , la plus commune eftle panic d'Allemagne, panicum Germa= nicum, de C. B.P.27, & I. R. H. 515. Saracine eft forte &r fibreufe : elle pouffe plufieurs tiges ordinai- rement à la hauteur de 2 coudées, & plus dans un bon terrem, rondes, folides, garnies de plufieurs nœuds. Ces tiges diminuent infenfiblement de gro feur, & leurs fommités viennent à pancher languif- famment. Ses feuilles fortent des nœuds, {ont aron- dinacées, plus rudes & plus pointues qué celles du millet , plus larges que éelles du froment. Au fommet de la tige, eft un épi long de 8 à 10 pouces, rond, gros, non divifé comme dans le millet, mais compæte 8 ferré ; compofé de grains plus ñnombrèux, mais plus pue que ceux du nullet, plus ronds, luifans, enve- oppés de follicules blañcs, jaunâtres ou purpurins. Diofcoride & Galien ont beaucoup parlé du parie. Les Grecs le nommoient esayuoc & mens on s’en nourrit en Hongrie &c en Bohème, où l’on fait de {a femence_ mondée dés bouillies, des gâreaux & d’au- tres alimens. On féme cette plantedans fes champs en Allemagne ê& en Îtalie : elle demande une terre légère & fabion- neuie , & pourtant humide. (2. J.) PANICAULT , voyez; CHARDON ROLAND. PANICAUT DE MER, (Boran.) efpece d’éryn, 818 PAN um, notnmé éryrgium maritimum, par C. B. P. 386, 1. R.H. Ses racines font très-longues , éparfes de tous cô- tés, de la groffeur du doigt ou du pouce, noueufes par intervalle, blanchâtres, douces &z agréables, un peu odorantes. Ses fetilles font très-nombreufes, portées fur de longues queues, quelquefois larges d’une palme , arrondies , prefque femblables à celles de la mauve, mais anguleufes à leur bord, & garnies tout autour d’épines dures , épaifles, bleuâtres, d’un goût aromatique. Sa tige eft épaifle, haute d’une coudée, fort branchue, un peu rougeätre à fa partie inférieure, & pottant à fon fomimet des petites têtes {phériques & épineufes, prefque de la groffeur d’une noix, entourées ordinairement à leur bafe de 6 pe- tites feuilles épineufes, de couleur d’un beau bleu , aufli-bien que les têtes: ces fleurs font femblables à celles du chardon-roland, & blanchâtres. Cette plante eft très-fréquentefur les côtes feptentrionales 8 mé- ridionales. (D. J.) PANICAUT DE MER, (Mar. med.) quoique les raci- nés du panicaut dé mer foient peu en ufage dans ce pays, cependant plufeurs perfonnes les preferent à cellés du panicaut vulgaire ou chardon-roland, Outre les vertus qu’elles ont de commun avec cette der- miere plante, J. Raï les croit utiles contre la pefte & contre la contagion de Pair, prifes le matin à jeun, confites au fucre. Il dit de plus qu’elles font utiles aux perfonnes maigres & defléchées, & qu’elles guérif- fent la vérole. Geoffroi, Mar. med. Voïlà bien les Bo- tamiftes. (2) PANICULE, (Arar.) Voyez PANNICULE. PANIER ,f. m. (rerme générig.) vaïleau d’ofier propre à contenir plufieuts chofes, comme diverfes marchandifes ,des fruits, des légumes, du porflon, &c. 1l fe dit auffi de la chofe qui y eft contenûe : un panier de pommes, un parier dé cerifes ,pour dire un panier plein de ces fruits ; ce qu’on nomme aufli une paneree, Les paniers, fuivant leurs ufages, font faits dé dif- férentes matieres, & de différentes façons, & ont des fôrmes & des noms qui leur font propres. Il y en a à chaire-voie, & d’autres pleins, la plu- part d’ofter ou avec fon écorce , où fans fon écorce; duelques-uns de châtaigmier refendu & plats, les uns ronds, les autrés longs; ceux-ci quartrés, plufieurs profonds , d’autrés très-plats : enfin il y en à à fond pointu, à fond rond, à fond applatr à anfe, fans an- fés, où avec deux anfes; de fort grands & de très- pétits. Les pariers dont les marchands Merciers fe fervent pour emballer plufeurs de leurs marchandifes, les Epiciers quelques drogues, & les Chapeliers leurs chapeaux, s’appellent des zannes 8c des mannetes : on appelle auffi manne, le panier quarré que les mar- chandes de petit-métier portent devant elles. On nomme dans Le négoce des fruits, des cweïlloirs, des zoguets , des verveux , trois fortes de paniers qu'on ÿ eriploie. Le noguet fert auf aux laitieres à porter fur leur tête la crême & le laït caillé qu’elles ven- dent en êté. _ La sorquette, le manivean , & une forte de panier en forme de mannequin, ou comme on difoit autre- fois de mannequis , fervent dans le commerce du poif- fon dé mer frais. Le corbillon eft le panier des oublieux. L'invéntaire celui des regratieres & petites mar- chandes, qui portent & crient leurs ue par les rues de Paris. Enfinonappelle des defferis , ces paniers ou corbeil- les d’ofier fin qu’on employoit autrefois à fervir fur table les fruits frais ou confits, & autres ouvrages de fnçre, inventés par ces domeftiques confifeurs, que dans les grandes maïfons on nomme des ofriers. Tousles différens paniers qui ont des noms partis Culiers, & qui font de quelque ufage dans Le com merce, font expliqués àleurs propres articles. Quelques artifans fe fervent de paniers pour por- ter ou leurs outils, ou leurs ouvrages. Les Serruriers 2e vont jamais fans le leur, &r les Boulangers de pe- tits pains de Paris, en ont de très-crands à claire- voie, dans lefquels les garçons portent les petits pains dont 1ls fourniflent les tables délicates de la vit. le. On appelle auffi paniers ou corbeilles, des paniers ronds & plats, dans lefquels les mêmes boulangers dreffent leurs grands pains. Savary. (D. J) PANIER DE MINERVE, (Lisiérat. grecg. €& rom.) calathus Minerve, comme difoient les Latins. Les Poëtes n’ont pas moins célébré le panier de Minerve, que fa quenouille, C’étoit-là, difent-ils, que la déeffe mettoit les pelotons de laine qu’elle avoit filés de fes mains immortelles. Virgile, parlant de Camille reine des Volfques, dit: Non illa colo, calathisve Minervæ, Femineas afluera manus. Cette efpece de pañier que Pline, Z8. XXI. chap. v. compare à la fleur de lys, dont les feuilles vont en s’évafant à mefure qu’elles s’élevent, & qui étoit fait drdinairement de jonc , ou de bois fort léver, fervoit aux ouvrieres à mettre leurs laïnes, &c 11 étoit fpé- cialementconfacré à Minerve déeffe des arts, fous ta proteérion de qui les T'royens fe croyoient deftinés à Les cultiver dans une profonde paix. PANIER, (Æif4. mod,) bureau de {a chancellerie d'Angleterre, qui répond au fc des romains. Voyeg CHANCELLERIE & Fisc. Clerc du panier, qu'on appelle aufi quelquefois garde du panier, eftun officier de la chancellerie qui reçoit tous les deniers que lon paye au roi pour les fceaux des chartres, lettres patentes, commiflions & écrits ou ordres. Il accompagne le garde des fceaux dans les tems que fe font les paiemens, &ila la garde de toutes les expéditions fcellées qu'ilre- çoit, aujourd'hui dans un fac, mais qui fe mettoient autrefois dans un parier, d’où vient étymologie de cette charge. Il y a aufñ un contrôleur du panier. Voyez CONTRÔLEUR. | PANTER A OUVRAGE, les paniers à ouvragene font pas nouveaux. Les dames romaines en avoient com- me les nôtres ; elles y tenoient leurs fufeaux , leur cannevas, leurs lames : maïs leurs pariers n’étoient que d’ofier, on les appelloïit gualum , mot dérivé du grec zaa%c, calathus , panier de Minerve. Voyez PA- NIER DE MINERVE. | Horace dit à Néobule : Fibi qualum Cyrhereæ puér ales aufere. » le fils de Cythérée nous a fait perdre le goût de vos » toiles &c de votre tapifferie ». Nous ne manquons pas de Néobules. (D. J.) PANIER, (Minéralogie.) c’eft ainfi qu’on nomme dans les mines de charbon de terre de France, un ba- quèt oval, garni de cercles de fer, & de quatre chaf- nes avec leurs boucles, dont on fe fert pour tirerle charbon de terre du fond de la mine. | PANIER , ( Architec,) morceau de fculpture , diffé- rent de la corbeille, en ce qu’il eff plus étroit &c plus haut, & qui étant rempli de fleurs & de fruits, {ert d'amortiflement {ur les colonnes on les piliers de la clôture d'un jardin. Les termes, les perfans, les ca- ryatides , voyez Ces mots, &t autres For propres à foutenir quelque chofe , portent de ces pariers. On voit dans la cour du palais de//a Valle à Rome, deux fatyres antiques de marbre, d’une finculieré beauté, qui portent aufli de ces pariers remplis de fruits. Eé mot panier vient durlatin paris ,| pain, ou dé pana= - PAN rium, parce que le premier ufagé des paniers fut de porter du pain, (D. J.) PANIER DE MASSON, eft une efpece de vale d’o- fier à claire-voie qui fert à pañler le plâtre en gros. PANIER, ( Mode.) efpece de jupon fait de toilé, coufue fur des cerceaux de baleine, placés au-deflus les uns des autres, de maniere que celui d’en-bas eft le plus étendu, & que les autres vont en diminuant a mefure qu'ils s’approchent du milieu du corps. Ce vêtement a fcandalifé dans les commencemens : les minifires de l’Eglife l'ont regardé comme un éncou- ragement à fa débauche, par la facilité qu’on avoit - au moyen de cet ajuftemenr , d’en dérober les fuites. Is ont beaucoup prêché; on les a laiffé dire, on a porté des paniers, &c.à la fin ils ont laiffé faire. Cetté mode gotefque qui donne à la figure d’une femme Pair de deux éventails oppôtés, a duré long-tems, & neft pas encore paflée : elle tombe. On va aujour- d'hui en ville 87 au fpeltacle fans panier, & on n’en porte plus fur la fcene, on revient à la fimplicité & à l’élésance; on laïfle un vêtement incommode À porter, 8 difpendieux par la quantité énorme d’é- toffe qu’il emploie. PANIER D’ARBALÊTE, rerme d’Arbalëtier, c'eft le milieu de la corde de l’arbalête à jalet , qui eft fait en creux & où l’on met la bale ou le jalet lorfqu’on veut tirer. PANTER, serme de Chandelier , les paniers des chan- deliers font quarrés, afin que les chandelles quls Y. _arrangent, foient pefées en livres, ou autrement, s’y placent plus aifément, qu’il y en tienne une plus grande quantité, & qu’elles fe caflent moins. Ils font Ordinairement d’ofier blanc, faits par les Vanniers- mandriers, c’efl-à-dire ceux qui font les ouvrages de vannerie, clos & non à claire-voie: ces pariers ont des anfes comme des paniers communs. PANIER A CIRE, (Crerie.) on nomme ainfi dans Les manufa@tures pour le blanchiffage des cires , de grandes corbeilles rondes à deux anfes, qui fervent à tranfporter la cire en grain des magafns à la fonde- rie : ils font d’ofier blanc, doublés de toile. Chaque Parier contient 25 livres dé cire, PANTER , ( Æcor. ruftig.) 11 {e dit d’une ruche de mouches à miel, pleine de fes mouches: PANIER DE COCHES , (Meffagerie.) les coches, carrofles, & autres voitures qui fervent à tranfpor- ter par terre les perfonnes, les hardes & les marchan- difes , ont ordinairement quelques paniers, le plus fouvent deux, lun à l'avant & autre au derriere de Zleurs coches & carrofles, où ils enferment les pa- quets 6 marchandifes qu’on leur confie : on les nom- me des mapafins. PANIER DE MARÉE, (Chaffe-marée.) c’eft une ef- pece de mannequin, de près de-2 piés de hauteur, de ro à 12 pouces de «diametre, dans lequel les chaffes-marée apportent àla halie de Paris, la marée pour la provifon de la ville. Chaque parier, fuivant Ja qualité & groffeur du poifon, eft compofé d’un certain nombre de chaque-efpece. Ce font des pa- niers que les vendeurs de marée en titre d'office pu- blient, &r délivrent au plus o#rant-& dernier enché- tileur, êc fur lefquels ils ontun certain droit réglé par les déclarations du Roï. Savary. (D.J.) PANIER. DE MESSAGER, terme de Cocquetier , les meflagers qui font leurs voitures fur des chevaux de fomme , appellent paniers deux grandes & profondes .cotbeilles d’ofier, quiypendent des deux côtés des -bâts de leurs chevaux, dans lefquelles ils enferment les boëtes & petits paquets de marchandifes, PANGER , (Péche marine.) c'eftune efpece de man- nequin d’ofier , dont Fon fe fert à prendre fur la grè- ve, à bafle eau, des crevettes, grenades ou falicots, {ortesde petites écrevifles. PANIER DE VERRE, (Commerce de verre.) lon nom- PA N: 519 ine ainfi dans Le commerce du verre à vitre, tons eulement le parier dans lequel fe ttanfporte cette marchandife, mais encore la marchandife même qui ÿ eft contenue. Chaque panier, qu'on appelle auf une Jornme; eft compolé de 24 pieces ou plats de verre, PANIER > ANSE DE, crme de Macon, ils difent qu'une arcade eft faite en a/e de Panier, lorfque le. deffus eft un peu abaifté, & qu’elle n’eft pas faite en plein ceintre, c’eft-à-dire qu’elle eft en demi-ellipfe iur le grand diametre. PANIER, ANSES DE, (Serrur.) ornemens de ferry: rerie , formés de deux enroulemens Oppofés, qui for: ment un a/2/e de panier dont ils ont pris le nom. | PANIER À CLAIRÉE, ez terme de Rafineur de fucre , eft un tiflu d’ofier, de figure carrée. Il eft environné dans tout fon contour , par haut & par bas, de deux cercles de fer, qui font eux-mêmes foutenus au mi: lieu du parier par une traverfe fur chaque face. Ilseft fufpendu au-deffus de la chaudiere À clairée, fur un brancard de fer qui pofe fur {es bords , & recouvert du blanchet. Voyez BLANCHET. PANIER À ÉCUME , eft un grand panier de deux pieces , dont le tour s'appuie fur le fond qui l'envis ronne par un bord de 8 à o pouces de haut. C’eft dans Ces paniers que lon pañle les écumes, Voyez PASSER LES ÉCUMES. Îl y en a qui font tout d’une piece avec leur fond. Ceux qui en font iéparés font plus aifés à tranfporter & à manier. PANIER ROND, fe dit encore d’un parier rond à deux petites anfes, dans lequel on jette les petitsmor- ceaux de terre que l’on a gratés avec le couteau au bord des formes en plamotant. 0yez PLAMOTER. PANIER À TERRE ,.eft un uftenfile d’ofier à deux poignées :il contient environ cent livres pefant , & lert à porter Ja terre tremper. Voyez TREMPER LA TERRE. FT PANIER, e7 cerme de Vannier, Cet un vafe de di= verfes grandeurs , & qu’on met à différens ufages. Il y a des pariers à anfes, & d’autres qui n’en ont point , mais feulement une efpece de poignée à cha- que bout. Qn appelle plus communément ces der: mers mannes. Voyez MANNES. Il ÿ a des paniers à che- vaux , des pañiers à laîtiere, des paniers Xboureilles. Voyezces mots à leur arsicle. PANIER A BOUTEILLES, ce font des paniers dans lefquels le vannier a pratiqué des efpeces de cham- brettes ou féparations , de grandeur à pouvoir tenir une bouteille. : PANIER À CHEVAL. Les Vanniers donnent ce nom. à de grands paniers plus longs que larges, & fort profonds, que les chevaux ou autres bêtes de fomme portent attachés à leur bât, de chaque côté de leur ventre. PANIER DE FAISSERIE, ce font des pañiers à jour. On les divife en trois efpeces:: les uns à fond plein ; les antres à fond à jour ; & les derniers à fond plein ou à jour , mais qui font garnis d’une petite aire {eulement par en-bas. PANIER À LAÏTIERE , ce font des paniers quar= rés dont les Laitieres fe {fervent pour tranfporter leurs pots de lait. PANIONIES , £ £ pl.( Anrig. greg. ) fête de toute Plonie en l’honneur de Neptune. Une atmée de jeu nes Iomens qui étoient partis du territoire d’Athè- nes, ayant chaffé les Cariens, le Myliens & les Leleges, de la côte maritime d’Afie qu'ils habitoient A prit pofefion de tout ce pays, y établit des colo: mes, bâtit le temple de Diane À Ephèfe, &inflitua la fête appellée mans , fur le mont Mycalé , en l'honneur de Neptune héliconien. Mycalé eft un pomontoire de l’Ionie qui regarde Samos du côté du vent duzéphire. C’eft en ce heu que s’aflembloient les Toniens pour offrir un facrifice, & célébrer cette tte qu'ils appellerent panionies ; c’eft-à-dire, fête 820 P AN de toute l’Ionie. Une chofe remarquable dans cette fête, c’eft que fi le taureau deftiné à être immolé, “yenoit à meugler avant le facrifice , ce mugiflement pañoit pour être un préfage de la faveur fpéciale de Neptune. Potter, Archeol. grec. tom. Î. pag. 423. (D.J. DR , (Géog. anc. ) ville de llonte, fur le bord de lasmer, près d’Ephèfe & de Samos.. C’eft à Panionium que s’aflembloient les douze prin- cipales villes de PAfe mineure, auxquelles Smyrne ‘fut enfuite ajoutée, qui faifoit la treizieme. En voici les noms: Ephèfe, marmntenant Ajafalouk ; Milet ; aujourdhui Palarfcha ; Myus &t Lebedos , détruites depuis long-tems ; Teos, village nommé Sepef ; Colophon & Priene, qui ne paroïfent plus; Pho- cée, à-préfent Pala l'oja ; Erythres, à-préfent le village de Ge/ine ; Clazomènes , village de Ve ourla où de Xelifinan ; Chios , Samos à Smyrre,quretiennent ler ancien nom. L’aflemblée de ces villes d’Iome s’appelloit auf jpanioninm , qui eftun mot compofé de may , fout, & Téylæ, Jonie , comme qui diroit affemblée de ous les Toniens. On y célébroitune fête en’honneurde Nep- tune héliconien, & les facrifices qu’on y farfoit à ce dieu, étoient auffi normes panionies, Cette fête, & par conféquent Punion des treize villes qu’on vient de nommer , fubfftoit encore au tems de l’empereur Trébonianus Gallus, c’eft-à-dire, l’an 251 de Jefus- Chrift. Onaune médaille greque de ce prince, où la fête eft repréfentée par un autel, auprès duquel eft le taureau qui doit étreimmolé, & quieftenvironné de treize figures qui paroïffent ténir chacune un flam- beau. ( D.J.) | PANIQUE, TERREUR, ( Lirtérar, ) c’eft ainf, dit Paufanias, qu'on appelle ces frayeurs qui n'ont au- cun fondement réel, parce qu’on les croit infpirces ar le dieu Pan. Brennus ayant faituneirruption dans a Grece à la tête d’une nombreufe armée de Gau- îoïs , la feconde année de la cent-vingtième olym- piade , s'avança jufqu’à Delphes ; les habitans conf ternés recoururent à l’oracle; le dieu leur déclara qu'ils navoient rien à craindre, &c les affura de fa puiflante proteétion. En effet, continue l’hiftorien, on vit tout-à-coup des fignes évidens de la vengeance du ciel contre les barbares : le rerrein qu’occupoit leur armée, fut agité de violens tremblemens de terre ; des tonnerres & des éclairs continuels, non- feulement les effrayoient fans cefle, &z les empê- choient d'entendre les ordres de leurs généraux. La foudre tomboit fur leurs têtes, & des exhalaïfons enflamméés les réduifoient en poudre eux & leurs armes... Mais la nuit leur fut encore plus funefte, car l'horreur des ténébres les agita d’une terreur pa- nique , & leur fit prendre de faufles allarmes. La crainte s’empara de tousleurs fens , & Pépouvantefut fi grande, que fe divifant en plufieurs pelotons, ils s’entretuoient les uns les autres, croyant fe battre contre des Grecs. Cette erreur qui ne pouvoit être qu'un effet de la colere des dieux, dit encore Pau- fanias, dura jufqu'au jour, & caufa à ces barbares une perte de plus dé dix mille hommes ; le refte périt en fe fauvant.( D. J.) PANIS ,f.m.panicum , ( Hiff.nar. Boran. ) genre ‘de plante qui ne difere du millet que par l’arrange- ment des fleurs & des femences.qui forment des épis fort ferrés. Tournefort, 22/4. rei herb. Voyez PLAN- ‘TE. (1) PANIS, ( Diere. ) La femence de cette plante qui eft farineufe , a beaucoup d’analogie avec le millet. ( Poyez MrLLET, & l'art. FARINE 6: FARINEUX. ) La farine qu’elle fournit & qui eft mangée dans quel- ques contrées, comme celle du petit-millet, lui eft ‘encore inférieure en beauté. Au rapport de Clufius, on cultive çette plante en Bohème & dans quelques P'AN autres provinces, d'Allemagne, en Hongrie, &c. où elle fournit un mauvais pain, & des bouillies aux ha- bitans de la campagne; mais ce n’eft là qu’une tef- fource pour Les pays malheureux où on ne peut avoir nueux, (4) | PANIUM , ( Géog. anc.) promontoire d'Europe, fur la côte du Bofphore de Thrace, parallele, felon Pierre Gilles, aux iles Cyanées. Ortelius dit qu’on le nomme aujourdhui vulgairement Phanorion. Il ya auffi une caverne de Syrie, qui porte lenom de Pa- nium. Elle eft fituée dans la montagne Panéus, près la fource du Jourdain; c’eft-là qu’Hérode le Grand fit bâtir un temple de marbre blanc en l'honneur d’Au- gufte , felon le récit de Jofephe , aztig. jud, Liv. W. chap. xiij. ( D. J.) PANMACHION , fm. (Are. gymn.) rayvamions nom donné par quelques auteurs à l’exercice du pan- crace. Ils ont appellé en conféquence les combattans, raypare. Potter, Archæol. græc. L, I. c. xxij. rome I. p.444. (D.J.) PANAIRE, 1. m.( Socerie. )inftrument du métier d’étoffe de foie. C’eft une peau de bazanne qui cou- vre l'envers de Pétoffe. Le panaire {ert à sarantir l’é- toffe à mefure qu’on la roule fur lenfuple de devant le métier ; il eft de veau fans couleur, plié en double; on Pattache à chaque bout avec une ficelle, à lun defquels pend un contrepoids afin que ouvrier puifle le lever quand il veut, PANNE, £. f. (Archireët.) c’eft dans un bâtiment une piece de bois, qui portée fur les tafleaux & chantignoles des forces d’un comble , fert à en fou- tenir les chevrons. Il y a des pannes qui s’aflemblent dans lesforces , lorfque les fermes {ont doubles. On nomme panne de brifes celle qui eft au droit du brifis dun comble à la manfarde. Voyez PANNE DE 8RI- sis. Les pannes font appellées semple par Vitruve. PANNE, ( Blanchif].) c’eft, en Anjou, une efpece decuvier de bois , dont on fe fert pour lefliver les toiles que lon veut mettre au blanchiment. PANNE , serme de Chaircutier , graifle de porc qui n’eft ni battue ni fondue, mais que lon bat, & que Von fond quand on veut faire du fain-doux. PANNE , ( Charpenterie. ) piece de bois , de fx ou fept pouces en quarré, entre deux jambes de force, & entre le faite & lentablement, fur laquelle pofent les bouts des chevrons quine pourroient pas être af- . fez longs, pour aller du haut du toit jufqu’ea-bas ; ou aflez forts, pour foutenir les lattes & l’ardoife, ou les tuiles. | Comme les pannes font des pieces de bois pofées horifontalement le long des demi-toîts, enforte que les chevrons fupérieurs & inférieurs s’appuient fur elles, chacun par une de leurs extrémités , elles doi- vent s’oppofer à l'effort que fait le roït pour perdre fa reétitude &c fe fléchir, Mais le plus fouvent elles s’y oppofent inutilement , & d'autant moins qu’elles tendent elles-mêmes à fe fléchir par leur propre poids. Auf eft-1ltrès-commun de voir des toits qui fe dementent & fe courbent , d’où s'enfuit la ruine du faite, & tout ce qu'il eft aifé d'imaginer d’inconvé- nient. On pourroit faire les pannes plus foïtes & d'un plus gros équarriffage; mais ce remede feroit cher , & chargeroit beaucoup le toît ; il y auroit peut-être encore d’autres remedes que nous obmettons , pour en venir à celui qu’a propofé M. Couplet. | Il faut, felon lui, faire enforte quela pare ait peu à travailler, que même elle ne travaille point du tout , auquel cas on pourroiït abfolument s’en pañler ; & ce ne fera plus qu'une sûreté de furcroit, qui par conféquent pourra être aufli petite & coûter aufii peu qu'on voudra. | Celafe trouvera, f le toit eft compofé de deux parties diftinétes qui foisnt parfaitement en équilibre, c'eft-ä-dire C’eft-à-dire , telles que rout l’effort de lune foit fouté au & contrebalancé par l’autre. | Pour cet effet, on voit d'abord qu'il faut que le toît foit brifé, ou en manfarde. Deux chevrons du même demi-toît, l’un fupérieur, Pautre inférieur, Qu'on fuppofe égaux , s’appuieront lun contre l’autre à Pendroit où le toît eft brifé, & on fera la panne qu’on appelle alors panne de bnifis. Le chevron fupé- Fieur S’appuie par fon extrémité fupérieute contre un Chevron de l’autre demi-toit; & l’inférieur s'appuie par fon extrémité inférieure contre la fbliere. Dans cet état, les deux chevrons s’archoutent l’un contre Pautre, & il s’agit de les inettre en équilibre. L'effort vertical du cheyron fupérieur pour tom- ber ; étant foutenu par le chevron de l’autre côté qui én'a un pareil, 1neluirefte que l'effort horifontal, par lequel il tend à faire tourner le chevron inférieur fur fon point d'appui de la fabliere , & par conféquent à la renvetfer de dedans en-dehors ; cet effort eft ho- rifontal , & comme 1l agit fur ce point fixe de la {4 bliere, il agit d'autant plus puiffamment qu'il en eft à une plus grande diftance ; ce qui fe détermine par le lieu où eft lé centre de gravité du chevron À l'égard de ce point fixe. C’eft-là un bras de levier par lequel il faut multiplier effort pour avoir l'énergie du che- Vron fupérieur : d’un autre côté, l’inférieur réfifte par fa pefanteur à l'effort du fupérieur, il a auffi fon bras de levier par rapport au fême point fixe ; car fon centre de gravité, où réfide toute fa force pour ré- fifter, lui. donne auffi une diftance à Pégard de ce point, & par conféquent une énergie de même na: ture que l’autre; après cela , ce n’efl plus affaire que de Palgèbre & du calcul, de trouver les expreffions des efforts & deleurs bras de léviers, & de prendre les deux énergies pour égales, puifqu’elles doivent Pêtre dans le cas de l'équilibre cherché. Hit. de l'acad, des Scienc: année 1731.( D. J.) PANNE DE BRisis, ( Charp. ) eff celle qui foutient le pié des chevrons à l'endroit où le comble eft brifé ; & qui reçoit les chevrons du brifis, comme dans les combles en manfardeou combles brifés. Foyez 205 PL. . de Charpente. PANNES, ( Charp. ) font des pieces de bois qui por- tent par les bouts fur les Arbalêtriers, & qui y font foutenues , pour les empêcher de gliler, pat le taf- feau & la chantignolle. On les fait porter l’une fur Pautre en les coupant en délardement à demi-bois k pour qu’elles ne faffent qu’une même groffeur. 7 oyeg 710$ PL. de Charpente. \ .PANNE, AÎLE , BRAS, germes de péche , ufités dans de reflort de l’amirauté de Marennes. Ce font lescô- tés des pêcheries tendues , flottées, où montées {ur piquets. | PANNE, METTRE EN PANNE, (Marine.) c’eft vi- rer le vaifleau vent devant, & mettre le vent fwr toutes les voiles, ou fur une partie, afin de ne pas tenir m prendre le vent, ce qui fe fait quand on veut retarder le cours du vaifleau pour attendre quel- -que chofe , ou laïfler pafñler les vaiffeaux qu1 doivent aller devant ; mais cela ne fe fit que de beau tems. Nous mimes nos voiles d'avant en panne, & notre grand hunier à porter , pour laïfler les vaïfleaux qui avoient ordre de chafler l'avant. Etre en panne , c'eft ne pas tenir ni prendre le vent. Etre mis fur parne, Mettre un vaifleau en panne, ceit faire pencher un vaifleau en mettant le vent fr fes voiles fans qu'il fafle de chemin, & cela Le fait afin d’étancher une voie d’eau qui fe trouve de l'autre bord du vaifleau, du côté que le vent vient. PANNE, (Marufait.) étoffe de foie veloutée qui tient le milieu entre le veldurs & la plüche , ayant le poil plus long que celui-A, & moins long que ce- lui-ci. Il fe fabrique À-peu-près de même que le ve- Tome XT, PAN 821 louts , & fon poil provient d’une partie de 14 chaîne coupéedur la regle de cuivre. La chaîne & la trame {ont de laine, & le poil eft de foie, | PANNE, £erme d'ouvrier, {e dit chez les artifans qui fe fervent du marteau, de la partie de la mafñe qui éftoppofée à la tête, & qui va en diminuant. PANNE, serme de Serrurier & de Taillandiw , Cats tres ouvriersen fer, commandement du maître forpe- ron. C'eft comme sil difoit : frappez de la panne 3 ce qui arrive loriqu'il fut alonger ou élaroir le fer: PANNEAU, f. m. (Archi) c’eft lune des faces d’une pierre taillée. On appelle panneau de douelle ; Un panneau qui fait en-dedans ou en-dehors la eur: vité d'un vouñloir; pannean de tête, cel qui eft aus : devant; & panneau de li, celui qui éftcaché dans les joints. On appelle encore pañreati CU roule, un morceau de fer-blanc ou de carton, leyé ou coupé fut l'épure pour tracer une piette. Panneau de fer, morceau d'ornement de fer forgé ou fondu , & renfermé dans un chaflis ,; Pour une ram pe, un balcon, une porte, 6c. Il fe fait auf de ces Pañneaux par fimples compartimens. Pannent de glace. C’eft dans un placard ün cons partiment de miroirs pout réfléchir la lumiere & les objets, & pour faire paroître un appartement plus long. | | Panneau de maçonnerie ; c’eit, entre les pieces d'uri pan de bois ou d’une cloifon , la maçonnerie enduité d’après les poteaux. C’eft aufñi dans les ravalemens des murs de Maçonnerie , toute table qui eft éntre des naïiflances , platebandes &z cadres. , Panneau de menuifèrie où de remplage ; c’eft une tas ble d’ais minces, collés enfemble , dont plufieurs rempliflent le bâti d'un,lambris ou d’une porte d’af- femblage de menuiferie. On appelle Barneax recou- vert, le panneau qui excede le bâtis 8 qui eff ordi- natrement moulé d’un quart de rond , COmine on en voit à quelques portes cocheres. On nomme encore panneaux du bois de chêne fendu & débité en planches de différentes grandeurs, de 6 à 8 lignes d’épaiffeur , dont on fait les moindres parneaux dé menuwiferie. Panneau de Jéulpiure ; c’eft un morceau d’orne- ment taillé en bas-relief, où font quelquefois repré= fentés des attributs ou des trophées, pour eñtichir les fambris & placards de menuiferie, On fit de ces panreaux à jour pour les clôtures de chœut, doffiers d'œuvre d’églife, &r. & pour fervir dé jaloufies à des tribunes. Parneau de vitre ; c'eft un compartiment de piéces de verre, dont les plus ordinaires font quarrées, & les autres font en franchoits ou oËtogones , En trin= glettes, chaïnons, Gc. On fait auffi des COfpartt- mens de pieces de verre diflingués par des plateban: des de verre blanc. Voyez Les Principes d'architetlure Gc. par M. Fehibien, Zv. Z. ch. æÿ. Panneau d'ornemens; elpèce de tableau de grotef ques, de fleurs, de fruits, &e. peint ordinairement a fond d’or, pour énrichir un famibris , un plafond, Gc. Daviler, (D.J.) PANNEAU FLEXIBLE, (Archiret.) c'éft celui qui eff fait fur du carton, du fer -blanc, où avec uné lame dé plomb, pour pouvoir être plié & appliqué fur üne furface concave ou convexe, cyhndrique où conique. , . PANNEAU, #rimé de Bourreliér; piece de cuir qui embraffe le dos du cheval ow de la bête de fomme; où 11 y à un lit de paille ou de bourre, & fur quoi font pofés les fûts du bât, (D: J.) PANNEAU, (Chapelier.) c’eft une éfpéce de chévas let qui foutient une des extrémités de la corde de l'ars çOn dés chapéliers, & fur lequel pofe à chanterelle qui fert à la bander, & à lui donner pour ainf dire le ton qui fait connoïtre qu'elle eff affez tendtie pour M M m0 m m 822 PAN faire voguer létoffe. Diion. de COMME EE PANNEAU , terme de chafe : c’eft un filet qui . lorf- qu'il eft tendu, paroît comme un pan de muraille, & dont onfe fert pour prendre des lapins, des levres, des chats, des blaireaux, des renards. On fait des panneaux fimples, des doubles &c des contremaillés, (D.J.) | PANNEAUX, ex terme de Frifeur d'étoffes , font des roues de champ qui ne different du rouet du manege, que parce qu'ils font placés verticalement. La ma- chine à frifer a deux de ces parnéaux qui donnent le mouvement aux deux petites lanternes des fers à fri= {er. L'un eft à gauche hors le chafhs , &c à droite dans ce chaffis près destraverfes; &c tous deux font mon- tés fur l'arbre de couche. Voyez FE , fig. 3.6 4 de La machine a frifer , PL. de la Draperte. PANNEAUX , (Marine. ) c’eft Vaflémblage des plan: ches qui fervent de trapes où mantelets qui ferment les écoutilles d’un vaifleau. Les panneaux communs s'appellent panneaux a valfoles. + Pannetux à boite ; ce font des panreatx quis’em- boîtent avec une bordure qu'on met au-tour de ces fortes d’écoutilles, au-lieu que les panneaux à vaf- foles tombent dans les feuillures des vañoles. Foyez EcOUTILLES. 44% | Le grand panneau , c’eft la trape ou mantelet qui ferme la plus grande écoutille, laquelle eft toujours en avant du grand mât. | | PANNEAU, cerme de Sellier ; ce font deux couff- nets pleins de bourre ou de crin qu’on met fous la _ felle pour empêcher qu’elle ne blefle le cheval. TRS CENT eo QE de à PANNEAU , serme de Wicrier ; c’eft un aflemblage de plufñeurs morceaux de verre taillés de diverfes figu- res, & attachés les uns aux'autres par des plombs à rainures tirés dans le tire-plomb. Les vitrages des églifes, font compofés de divers panneaux, PANNÉLLES , {. f. (Blafon.) feuilles de peupliers eintes fur Pécu. PANNER , v. a@. ex térme d’ouvrier enfer ; fe dit de l’ation de creufer une piece à coup de marteau, dont la panne laïfle la forme fur la piece. PANNETON, f. m. serme de Serrurerie ;\c’eft la artie de la clé où font les dents. Il fe dit aufh dans le lafon de la même chofe, Il y a des pannetons fendus en roue ;'en S & en pleine croix; des pannerons fendus à fond de cuve, avec pleine croix & bâton-rompur. Il y a le panreron de l’efpagnolette. C’eft une par- tie faillante fur le corps de. l’efpagnolette , qui entre dans lagrafe pofée fur le guichet droit des croïfées lorfqu’on ferme. Il fert aufli à fermer le guichet gau- che, parce qu’en tournant le poignet de l’efpagno- lette pour la fermer , il va pofer fur ce guichet, PANNICULE CHARNU, (Axzatom.) quatrieme tésument admis dans Phomme par les anciens ana- tomiftes. Outre la cuticule , la peau & la membrane adipeufe , les anciens comptoient encore le parxi- cule charnu , & la membrane commune des muf- cles. On trouve bien le panricule charnu dans les qua- drupedes , mais non pas dans les hommes, dont les muicles cutanés font en fort petit nombre, &c pour la plüpart d’une fort petite étendue, excépté celui que M. Winflou appelle mufcle cutané en particulier ; mais ce mufcle même ne fautoit être vraiflembla- blement regardé comme un tégument commun. Il n’y a point de membrane commune des muf- cles qui couvre le corps comme un tégument, at- tendu que ce ne font que des expanfons particulie- res des membranes de quelque mufcle, ou des ex-. panfons aponévrotiques procédant d’autres muf- cles, Les alongemens de la lime de lamembrane adi- le] peufe ou cellulaire, peuvent auffi avoir donné és cafion à cette méprife, fur-tout dans les endroits ott cette membrane eft étroitement unie à la membranë propre des mufcles. (D.7) LS" PANNOMIE, (Droit eccléfaftig.) ©’eft inf que s'appelle un recueil des lois eccléfiaftiques, dreflé pat Yves de Chartres, vers Pan r100. Ce nom eff compofé de #ar, qui fignifie row, & de reuoc, qui veut dire loi; comme qui diroit co/këlion de tous tes Les lois eccléfiaftiques. (D. J. 4 PANNON , fm. (Arc mili.) étendard à longue queue, qui appartenoit autrefois à un fimple gentil- omme. C’eft proprement un gwdon à placer {ur une tente. La banniere étoit quarréel, & quand on faifoit quelqu'un banneret , on coupoit la quete de fon pannon, d’où eft venu lPancien proverbe, faire de pannons banniere, pour s'élever d'une dignité à une dignité fupérieure. Îl y a encore à Lyon des ca- pitaines de quartier, qw’on appelle parnons, &t leurs : compagnies pannonages, Ce mot vient de parus x ER Ale. PANNON GÉNÉALOGIQUE , ( Blafora ) eu chargé des diverfes alliances des maïfons dont un noble eit defcendu, Il fert à faire fes preuves. Ilcomprendies armes du pere & de la mere, de l’ayeul &c de Payeu= le, du bifayeul & de la bifayeule. [left compofé de huit, de feize, de trente-deux quartiers, fur leiquels on drefle l'arbre généalogique. PANNONIE, ( Géog. anc.) Pannonia, ancienne contrée de l’Europe, 8c qui a toujours été regardée comme. une de fes principales parties. Pline Zv, LIL ch. xxy. dit qu’elle avoit le Danube au nord, &c la Dalmatie au midi ; 1l faut ajoûter qu’elle avoit la haute Moëfe à lorient, & le Norique au couchant. Les Pannoniens habitoient fur le bord du Danube. Philippe roi de Macédoine, fit de ce pays une de fes premieres conquêtes; mais les Pannomiens s'étant révoltés, Alexandre le grand les aflujettit de nouveau avec l’Illyrie & lEfclavonie. Les Gaulois conduits par Brennus & Belgius, conquirent depuis la Par- nonie fur Ptolomée , furnommeé Ze foudroyant ; mais Jules Céfar enleva une partie de la Pannonie aux Gaulois ; & les Alpes pannoniques par lefquelles s’en ouvrit Le chemin, furerit appellées JwZies, de fon nom. Auoufte 8: Tibere aclieverent de foumettre le refte du pays. Les Pannoniens depuis ce tems-là de- meurerent tributaires des Romains, jufqu’à la déca- dence de lempire , qu'ils furent aflujettis par les Goths, & enfuite par les Hunis , peuples de la Scy- thie afatique , quiayantpañlé dans la Sarmatie eu ropéenne, rävagérent la plus grande partie de PEu- rope fous Valentinien. Quelques auteurs prétendent" que ce fut de ces Huns , que la Pazrorie reçut le nom de Hongrie, lorfqu’ils s’y furent retirés , après la dé- faite de leur roi Attila, dans la plaine de Chälons- fur-Marne. On compte quatre empereurs venus de la Prrno- nie; favoir, M. Aurelius Probus, Cn. Meffñius De- cius , furnommé Trajan, Flave Jovien, &c Flave Va= lentinien, fils d’un Gratien, qui vendoit des cordes à Gibale. | La Pannonie fut d’abord divifée par les Romains en haute & bafle Pannonie, Ptolomée vous indiquera les bornes & les villes de chacune de ces provinces; c’eft aflez pour moi d'ajouter 1ci, que dans la fuite des tems, la haute - Pannonie fut appellée premiere confulaire , & la bafle fut nommée /éconde confulaire. (D. JT.) PANNUS, serme de Chirurgie ; maladie de l'œil ; qui confifte en la formation d’une membrane contre nature, qui s'étend fur la partie antérieure de l’œil,8c qui quelquefois couvre la cornée tranfparente. foyeg ONGLET. La parnus eft une efpece dongle entrelacé de …P:ASN veines & darteres aflez grofles. On le nomme orge variqueux &t panniculus; C’eft le fébel des Arabes. (F) PANOMA , (Hi. nat. Bos.) arbre des Indes orien- tales qui vient de la grandeur d’un coignaflier. Sa feuille eft femblable à celle de la mauve, & fon fruit à une aveline. Son bois eff très-purgatif, il eft un excellent antidote contre toutes fortes de poifons. On le vante aufli pour les fievres, les coliques, la gravelle & l’hydropifie, &c. Sa dofe eft depuis un grain jufqu'à un demi-fcrupule, que l’on prend dans du bouillon ; les Indiens qui cultivent cet arbre le ca- chent foigneufement aux Européens. PANOMPHÉE, adj. m. & f. (Ans. grecq.) Tavou- quais, furnom que les Grecs donnoïent à Jupiter, non pas feulement parce qu'il étoit adoré de tou- tes les nations, ou, pour m’exprimer avec Eufta- che, parce que les voix de tous les peuples fe tour- noïent vers lui; mais fur-tout parce qu'il étoit l’au- teur de toutes les divinations, ayant entre les mains les livres du deftin, dont il reveloit plus où moins elon fon plaifir, aux prophetes qui parloïent par fa voix. Voyez Potter, s. I. p. 263. PANONCEAU , ff. (Arch.) c’eft ainfi qu’on nom- me une pirouette qui a des armes peintes ou évuidées à jour; c’étoit autrefois une marque de nobleffe, (D.J.) L PANONCEAUXx, f.m. pl. (Jurfprud.) que l’on appel- loit auf par corruption péronceaux Où pénoncels, vient du latin parznum, qui fignifie un drapeau, un pan, morceau où lambeau de drap ou de lange qui fert de marque pour défigner quelque chofe. L’ufage des paronceaux paroït tirer fon origine des brandons ou marques que les Grecs & les Romains mettoient fur lesheritages pour anonncer qu’ils étoient hypothéqués. pan En France on n’ufe pas de brandons ni de panon- ceaux pour marquer qu'un héritage eft hypothéque ; on met des brandons pour marque de faïfie. Les panonceaux royaux font des placards , affi- ches ou tableaux , fur lefquels font repréfentées les armes duroi. On appofe ces panonceaux fur la porte ou entrée d’une maïfon ou autre héritage pour marquer que ce lieu eff fous la fauvesarde ou prote&ion du roi , ou bien pour fignifier que l’héritage eft fous la main de la juftice, c’eft-à-dire qu'il eft faifi réellement. Les panonceaux royaux font auf appellés bésons royaux, parce que les bâtons royaux font paflés en fautoir derriere lécu , ou parce qu’on fe contente-de repréfenter dans le tableau les bâtons royaux. Dans plufieurs lettres de fauvegarde les armes du roi étoient peintes. On mettoit de ces panonceaux fur les lieux qui étoient en la fauve-garde du roi dans les pays de droit écrit. On en mettoit auf quelquefois, & en cas de pé- sil imminent , fur les maïfons de ceux qui étoient en la fauve-parde du roi, quoiqu’elles ne fuflent pas fi- tuées dans le pays de droit écrit; il y a plufieurs exemples de fauve-sardes pareilles , dont les lettres font rapportées dansle quatrieme volume des ordon- nances de [a troifieme race. Préfentement l’on ne fait plus à cet éard aucune diftinétion entre les pays coutumiers & les pays de droit écrit. | | Suivant une ordonnance de Louis X. du 17 Mai 1315, & une de Philippe le Longs, du mois de Juin 1319, les pPanoncedux YOYaux ne doivent être appo- {és dans les lieux dejurifdi&ion feigneuriale que dans les cas qui font réfervés au roi , & avec connoiflance de caufe. Bacquet dans fon sraité des droits de Jaffice , ch. 26, A, 11. dit qu'en matiere de faifie-réelle & de criéés ; les fergens royaux font les feuls qui puiflent appofer Tome XI, % À PAN les paronceaux. Voyez le gloffaire de M. de Lauriere, au MO PARONCEAUX, | | PANOPE 1. f. (Mycho.) &lle de Nérée & de Do- ris, Étoit une des divinités marines, que les matelots invoquoient le plus fréquemment pendant la tempé- te, avec Glaucus & Mélicerte; fon nom fignifie celle qui donne toutes fortes de fecours. (D.J.) PANOPE, ( Géog. anc. ) ville de la Phocide , à la- quelle Homere dans fon Odyflée, 4, v. 580 | donne le furnom d’agréable pour {es danies. PANOPLIE ; 1 £ (Hif. ecclc/taft. ) expofñtion de toutes les héréfies, avec leur réfutation tirée des pe- res. Euthimius Zigabene, moine, fut Pauteur de la panoplie. Ce fut l'empereur Alexis qui li ordonna cet ouvrage. Paroplie armure complette de do@trine, PANOPOLIS, (Géog. anc.) ville d'Egypte dans la Thébaïde, remarquable par fa naiMfance du poête grec Nonnus, qui florifloit dans le cinquieme fiecle ; on a de lui un poëmeintitulé Dionyfe. Horus-Apollon étoit auffi natif de Panopolis. 1 Ænfeigna la grammaire à Alexandrie | & enfuite à Conftantinople fous Pempire de Théodofe. La meil- leure édition de fes hiéroglyphes, eft celle d’'Utrecht, en 1727, #2-4°. en grec & en latin, avec des notes par Jean Corneille de Pauw. (D. J. PANORMIE , ff. (H/F. mod.) recueil de toutes les loix, de œay, tout, 8 de vouoc, loi. C’eft le titre d’un decret attribué à Yves de Chartres, mais qui n’eft pas de lui. Sigebert prétend que Hugues de Ch4- lon en eft auteur. PANORMUS , (Géog. anc.) nom commun à plu- fieurs lieux ; 1°. ville dé Sicile , fur la côte fepten- trionale de l’île , dont les Phéniciens paflent pour être les fondateurs. De l’aveu de tout le monde, elle eft la même que celle que nous nommons aujout- d'hui Palerme, 2°. Panormus , ville de l’île de Crete, fur la côte feptentrionale , felon Ptolomée, Z. LIL. c. xvi. 3°. Ville de la Macédoine, dans la Chalcidie, £e- lon le même Ptolomée, Z. JET. c, x, 4°. Port & ville de l’Achaie propre, felon Pau- fanias , Z VIT, c. xxij. Thucydide, Z. ZI, Pline, Z. 19.2, x. Polybe, 4 F. p. 102. 5°. Poït de lAttique, près du promontoire Su- nium, 822 6°. Port d'Afrique , dans la Marmarique. 7°. Port de la ville Oricum,, fur la:mer lonienne, {elon Strabon, Z. VII. p. 316, &cc. (D.J.) PANOS , (Géog. anc.) nom commun à plufeurs heux ; 1°. à un promontoire de l'ile de Rhodes ; 2°, à une ville d'Egypte nommée par Ptolomée , Pa nopolis ; 3°. à une montagne de l’Attique ; 4°. à un bois facré, près de l'ile de Méroé , & que les Gym- nofophiftes habitoient, | PANOSSAKES, £. m. pl. (Corzm. d’Afrig.) ce font des pagnes dont fe fervent les negres fur la plñpart des côtes d'Afrique : les Européens qui trafiquent fur la riviere de Cambie , en tirent beaucoup du royaume de Cantor, où fe font les meilleures ; elles font rayées de couleur de feu. PANOU , (Hi/f. nar.) oifeau du Bréfil, qui eft de la groffeur d’un merle, & dont le plumage eft noir; à l'exception de celui qui couvre fon efomac, qui eft d’un rouge foncé ou fang de bœuf. PANQUE., £ f. (Boran. exor.) plante qui croît au Chily , grande contrée de l'Amérique dans la mer du Sud: on fe fert de fa tige bouillie , avec le maki &t le gonthion, autres arbrifleaux du pays, pour tein- dre en noir, & fa teinture ne brüle point Les étof- fes, comme le noir de l'Europe: cette plante ne fe trouve que dans les lieux marécageux ; fa feuille eft ronde , tiflue , comme celle de lPachante, & n’a guere moins de deux ou trois piés de diametre : M M m m m i 824 PAN les voyageurs ne nous difent rien. de fes fleurs & de fes oraines. . er 4 | PANQUÉCALUZT, £ m, ( H5ff. mod.) quator- zieme des dix-huit mois de chaain vingt jours , qui compofent l’année des Méxicains. PANSARD , voyez BARBUE. PANSE , f f. (Gram.) ilfe dit du ventre, lorf: qu'il eftgros, rond & trop élevé. | C’eft aufi le premier des ventricules des animaux ruminants ; 1l eft fort grand. Il eft couvert intérieurernent d’une infinité de pe- tites éminences ferrées, fermes & fohides ; c’eft-là que fe fait la premiere coftion des herbes. Panfe {e dit de la partie gonflée d’une lettre, une panfe d'a AA RTITEAErS PANSE, ( Maréchal, ) les Maréchaux appellent ainfi leffomac des chevaux. lez PANSE , terme de Fondeur de cloches ; on appelle les panfes d’une cloche, les endroits où le battant frappe quand elle eft en branle. Foyez FONTE DES cLo- CHES- M0 | a: La panje fe nomme aufh bord ; c’eft pour Perdi- naïre l’épaifleur de la pazfe ou du bord , qui regle lépaifleur , la hauteur & le diametre d’une cloche. PANSELENE, f m. fignife dans l’4fronomie grecque &c dans quelques anciens Aftronomes la p/ei- ne lune ; ce mot vient des mots grecs œav, tout, &t sum , lune , parce que dans la pleine lune, on voit toute la partie de cette planete qui eft tournée vers la terre. Voyez Lune. (0) x ds PANSEMENT, f. m. PANSER, v. a€t. serme relatifs a la Chirurgie ; application d’un appareil pro- pre à maintenir une partie en fituation, & à con- tenir les remedes quilui font convenables, Voyez APPAREIS. “a Les regles générales qu'il faut obferver en appli- quant les appareils, fe réduifent à panfer doucement , pour exciter le moins de douleur qu'il eft poflible ; mollement , C’eft-à-dire en n’introduifant point fans néceflité dans les plaies, des tentes, des Bourdon- nets &z autres corps dilatans, dont application em- pêche la réunion & peut occafonner plufieurs au- tres accidens. Voyez BOURDONNETS. La troifieme regle prefcrit de panfer proprement. pour ne pas laiffer la partie trop long-tems'expofée aux injures de l'air, dont limpreffion peut coaguler les fucs’&c retrécir le diametre des vaifleaux. Il faut pour cette raifon , fermer les rideaux du lit du ma- lade pendant qu’on le parfe, & tenir auprès de lui du feu dans un réchau. Nous allons rapporter, d’après M. de la Faye, ce qu'il dit dans fes principes de Chirurgie, fur la ma- mere dont on doit exécuter ces regles... , On met d’abord le malade &c la partie malade dans une fitua- tion commode, pour lui & pour le chirurgien ; on leve les bandes ou bandages & les comprefles, fans remuer la partie ; quand le pus ou le fang les ont collés à la partie, on les imbibe d’eau tiéde ou de auelqu’autre liqueur pour les détacher ; f e’eft une plaie qu'on pare , on en nettoye les bords avec la feuille de myrthe & avec un petit linge ; on Ôte en- fuite Les plumaceaux, les bourdonnets &c les tentes avec os on effuie légerement la plaie avec une faufle tente ou un bourdonnet mollet,ou du linge fin, pour ne caufer que le moins de douleur quil eft poffible, & pour ne point emporter les fucs nour- riciers ; on a toujours foin de tenir fur la partie ou fur Pulcèreun linge pour les garantir des impreffions de l'air ; on fait les injections, les lotions, Les fo- mentations néceflaires ;. on applique enfuite le plus doucement , le plus mollement &c le plus prompte- ment qu'il eft pofible, un appareil nouveau, cou- vert des médicamens convenables ; on fait enfuite ke bandage approprié, Poyez BANDAGE, PAN Les intervalles qu'on doit mettre entre les panfe= mens doivent être déterminés par l’efpece de la ma ladie, par fon état, par les accidens auxquels il faut remédier , 8t par la nature des médicamens appli qués. in Le premier pañfèment ou la levée du premier ap= pareil, ne doit fe faire à la fuite des grandes opéra: tions , qu'après trois ou quatre jours; à moins que quelque accident ; une hémorragie par exemple ;: n’oblige à le faire plutôt. Ce prenner pünfemenx {e- roit fort douloureux , fi l’on n’attendoit pas que Vap- pareil, humelté par le fuintement ichoreux qui pré cede la fuppuration, puifle fe détacher aïfément. On pañfe ordinairement les uleères tous les vingt-qua- tre heures, lorfaw’ils font en bonne fuppuration ; fi le pus étoit de mauvaife qualité ou s’il fe formoit en trop grande abondance ; il feroït à-propos de multiplier les panfemens. Dans les plaies fimples ,: les fraétures , les hernies , les luxations où la na= ture doit agir avec tranquillité , il faut parer rare- ment; 1l ne faut pas que le chirurgien qui eft laide êc le miniftre de la nature, vienne la troubler dans fes opérations par une curiofité mal placée. Les tu- meurs & autres maladies fur lefquelles on applique des cataplafmes doivent être panfés fréquemment , afin de renouveler les médicamens , qui s’alterent Ou fe coffompent plus ou moins promptement , fui- vant leur nature. Les maladies qui n’exigent que des fomentations , ne doivent être découvertes des compreffes qui les enveloppent, que pour voir les progrès ou la diminution des accidens : dans ce cas ; on renouvelle fouvent les fomentations , mais on ne touche point chaque fois à Pappareil, puifqu'il fuit d'entretenir la partie chaude & humide ; la fomen= mentation ayant Pufage d’un bain local. Foyez Fo MENTATION. | L’acadèmie royale de Chirurgie avoit propofé pour le prix qu’elle diftribueroït en 1734, de déter- miner dans chaque genre de maladies chirurgicales | les cas où il convient de penfer fréquemment , G ceux où il convient de panfer rarement, On trouve fur cette pro: poñtion deux mémoires imprimés dans le premier tome des pieces qui ont concouru pour le prix de l'académie royale de Chirurgie, publié en 1753. (F PANSEMENS , ( Maréchallerie, ) c’eft le foïn qu’on a des chevaux, pour leurs befoins & leur propreté: PANSEROTESCHE ox PALUCHE , £ f£ épée longue & menue que les huffards portent quelque+ fois le long du cheval, depuis le poitrail jufqu’à la croupe au défaut de la felle. Ils fe fervent de cette aïme pour piquer, ou comme le dit le pere Daniel, embrocher ennemi ; il fe fert de ce terme, dit cet auteur, parce que cette épée eftune efpece de bro- che ; quand ils en ufent, ils Pappuient fur le genouil. Ils ne fe fervent guere de cette arme en France , mais elle fait partie de leur armement dans les trou- pes de Pempereur. Æi/?. de la Milice françoife, tome 11, p. 518. (Q) PANTACHATES , ff: (Hiff: nat:) nom dont quel- ques auteurs fe font fervis pour défigner une’ agate mouchetée, comme la peau d’une panthere. PANTACHUS , ( Géop. anc.) Pantagias , Panta: cias ou Pantagies, fleuve de Sicile. Ptolomée , /. MI. c. iv. place fon embouchure fur la côte orientale de l'île, entre le promontoire & la ville de Catane; & Pline, Z, TIL. c. vuy. la met entre Mévaris ê Syra- cufe. Ils fe trompent tous deux, felon Cluvier, Z I. ce. xj. qui prétend que Virgile a donné la vérita- ble fituation de l'embouchure de ce fleuve; favoir, entre les cavernes de Cyclopes & le golfe de Méoa- re. L’extrème exa@itude qu'a eue Virgile, à mar= quer la véritable pofition des lieux de l'Italie, &c de la Sicile, eft caufe que Cluvier préfere {on fentiment dans cette occafñon; d’ailleurs, on ne peut douter que le Pantagia ne foit la riviere , qui a fon em- bouchure à la gauche du cap de S. Croce, & que les habitans du pays appellent Porcari, La preuve s’en trouve dans ce pañlage de Viroile. ; ....... = Vivo preter vthor oflia Saxo Pantagiæ. En effet, les deux côtés du Porcäri font hériflés de rochers d'environ vingt coudées de hauteur ; la mer remonte dans cette embouchure jufqu’à nulle pas, & forme un port propre porir les petits bâtimens, La qualité que Claudien donne à ce fleuve, qu'il appelle Saxw rotantem , convient aufli du Porcari; car quoique fon cours foit très-petit, cependant lorfqu’en hiver il fe trouve groffi par les pluies & par les torrens, qui tombent des colines voifines, 1l court dvec une telle rapidité , qu’il entraine avec lui une grande quantité de pierres. (D. J.) PANTALERIE, ( Géog. mod.) autrement dite, Pentelleria où Panralaria; petite île de la mer d’A- frique ; fituée entre la Sicile & la côte du royaume de Tunis; e’eft l’ancienne Coffura dont nous avons quelques médailles, & que les Arabes du voifinage appellent encore Æofra. Cette ile qui eff d'environ fept lieues de tour , pafla de [a domination des Car- thaginoïs fous celle des Romains : elle porte des fruits, du vin &c du coton, mais elle tire {on blé de a Sicile. Long. 30. 5. lat. 36.30. , PANTALOON oz PANTALON , 1. m. eft le nom d’un ancien habillement dont nos ancêtres fe {er- voient fréquemment, & qui confiftoit en des cu- lottes & des bas tous d’une piece. Ce nom vient des Vénitiens, qui introduifirent les premiers cet habit êz qui furent appellés pzrralont de S. Panrtaleon, qui fut autrefois leur patron. . Pantalon fur le théâtre eft un bouffon ou perfon- näse malque qui forme des danfes grotéfques, & qui fait des geftes violents & des poilures extrava- gantes ; ce mot s’emploie auf pour défigner l’habif- lement que portent ordinairement ces bouffons, qui . eft taillé fur la forme de leur corps précifément, & qui eft tout d’une piece de la tête aux pics. C’eft pour cela qu’on appelle pazralons de Véni- fe, ceux qui pour leur commodité portént un habit de cette forte par-deflüus d’autres habillemens. De- là on fait pantalonnade | qui fe dit ou d’une -danfe burlefque ou d'un gefte ridicule du corps. | PANTALON , terme de Papeterie; c’eft üine des moyennes fortes de papier qui fe fabrique du côté d'Angoulême. Il eft marqué pour l'ordinaire aux ar- mes d'Amfterdäm, parce qu'il eft prefque tout defti- né pour être vendu à des marchands hollandois. Voyez PAPIER: PANTANUS LACUS ; ( Géog. ant’) lac d'Ita- lié, dans la Pouille daunienne, dont parle Pline, iv: III. ch. xy. &t qu’on croit être préfentement La- o di Lefina. PANTARBE , f. £ ( Hifi. nat: ) pierre fabuleufe à qui quelques auteurs ont attribué la propriété d’at- tirer l'or, de la thême maniere que Paiman attire le fer. Ce qui lui a auffi fait donner le nom de rugnes aureus. Pline parle d’une pierre nommée amphitane, à qui il attribue la même vertu : lune &c l'autre eft eïtierement inconnue des modernes. ._" PANTE , {© (Commerce. ) c’eit ainfi qu’on ap pélle une efpece de chapelet compofé de plufieurs de ces petites coquilles blanches qu’on nomme por- celaine, qui fervent de monnoie dans plufeurs en- droits de l’Añe, de l'Afrique, & de l'Amérique. PANTE, 01 PENTE , terme de Tapiffier, c’eft un mor- ceau d'étoffe qui entoure le lit, & quia ordinairement de la frange. Il y a trois pentes dans chaque lit : le mot de pante fe dit auf en parlant de dais ;mais dans chaque das 1l y a quatre partes ; car la panre du dais . P AN 824 eft un morceau d’étoffe qui environne fe dais, On dit en parlant des panses de lit 8 de dais, Z2 pante de dehors, la pense de dedans , la pere de longueur , la pante de largeur. ( D. 7.) x PANTES ; ( Brafferie. } ce ont des toiles de crin qu'én attache autour des coftieres de la touraille, Gt qui en recouvrent Pare. PANTENNE, ( Marine, ) voile enparténne, Voyez VOILE. ED 4 A tai h PANTER , v. a@. en terine de Cardier, Cet l’a: ion d'arrêter les feuillets dans le panteur , en les accrochanñt aux pointes dont il eft garni par diftance dans toute fa longueur. Voyez PANTEUR. PANTEUR , {. m. ex serme de Cardier : c’eft une efpece de métièr à-peu-près quarré, dont les deux maîtres brins font garnis de diftance.en diftance de petits crochets fans pointes , auxauels on arrête les peaux qu'on à percées pour cet effet avec le poin- -çon. Foyez POINÇON: Ces maîtres brins font tra verfés à chaque bout d’un ais de bois qui les appro= L o che où les écarte tant qu’on veut; ce qui bande plus ou moins la peau. Cet inflrument contient le feuil- Jetintérieurement, & on ne en Ôte point que pour pofer la carde fur{on bois. Voyez Les Planches. PANTHEÉES ; £ nx pl (-Anig. 6 Médailles, jen latin {gra panthea : on appelloit ainfi des têtes on des flatues ornées de fymboles de plufeurs divini- tés réunies enfemble. Les ftatues de Junon avoient fouvent rapport à plufeurs déefles : elles tenoient “quelque chofe de celle de Pallas ; de Vénus, de Dia- ne, de Neméfis , des Parques; Ge: .On voit dans les anciens monumens uné Fortune aîlée, quitient de la main droite le timon, & de la gauche la corne d’abondance ; tandis que le bas finit en tête de bélier; l’ornement de fa tête eft une fleur de lotus, quis’éleve entre des rayons, marque d’I- 115 & d'Ofiris. Elle a fur Pépaulé la trouffé de Dia- ne, fur la poitrine lévide de Minetve, fur la corne d’abondancele coqfymbole de Mercure, & fur la tête de bélier , un corbeau fymbole d’Apollon. On trou- ve beaucoup d’autres figures panchées parmi les an: tiques. x Ces dieux étorent peut-être aufi repréfentés en- femble, pour fervir à la dévotion des particuliers qui vouloient hoñorer plufeurs dieux à-la-fois. Peut: Être y a-t-1l quelques autres raïfons inconnues de ce culte, felon la fignification du mot panrhée , de œuv, tour, & Beïc, dieu, Ces figures devtoient en effet re: préfenter les fymboles de tous les dieux ; mais on n’en connoït point qui les réuniflent tous: Les médailles nous offrent auffi des parshées, ou des têtes ornées des fymboles de plufeurs déités; Telle eft celle qui fe trouve fur la médaille d’Anto- nin Pie, & de la jeune Faufline, qui eft tout enfem- ble Sérapis par le boïfleau qw’elle porte : Le foleil par la couleur des rayons : Jupiter Hammon par les deux cornes de bélier : Pluton par la groffe barbe : Neptune par le trident : Ffculape par le ferpent en- tortillé autour du manche: s M. Baudelot dans fa differtation fur les dieux La- res, croit que les parrhées doivent leur origine à la fuperftition de ceux, qui ayant pris pour proteéteurs de leurs maïfons plufieurs dieux , les réunifloient tous dans une même ftatue , qu’ils ornoient des diffé- rens fymboles de chacune de ces déités. Il en a fait graver plufeurs pour fervir d’exemple & de preuve. Voyez auffr fur les figures qu'on appelle parrhées, la diflertation de l'abbé Nicaïfe ; de nummo pantheo Ha- driani Augufli , Lugd. 1694. in-4°. (D. J.) | PANTHEIUM , ( Géog. anc. ) lieu de l’Attique ; à Go ftades d’iliflus ; c’eft ici que croïfloit l'olivier nommé callifléphane , & dont on fe fervoit pour cou- ronner les vainqueurs des jeux olympiques. PANTHÉON , {,m, ( Antig. rom, ) ce mot veut 826 P A N . dire untemple en honneur de tous les dieux. Le plus ‘fameux panthéon des Romans, fut celui qu'éleva M. Agrippa gendre d'Augufte, & qui fubffte encore à préfent fous le nom de la Roronde. Ce fuperbe édi- fice faïloit un des plus grands ornemens de Rome; & la defcription qu’en ont donnée grand nombre d'auteurs anciens & modernes, fert encore d’embel- Jiflement à leurs ouvrages. Je ne my arrêterai pas par cette raïfon; je remarquerai feulement qu'il eft de figure ronde , ne recevant le jour que par un trou qui eft au milieu de la voute. Il y avoit autour de ce temple fix grandes niches qui étoient dettinées aux principales divinités. Et afin qu'il ny eût point de jaloufie entre elles pour la préféance , dit Eucien , on donna au temple la figure ronde. Pline en allegue une meilleure raïfon; c’eft parce que le convexe de fa voute repréfente le ciel, la véritable demeure des dieux. Le portique qu’il y avoit devant ce temple, étoit plus {urprenant que le temple même : il étoit compofé de feize colonnes de marbre granit, d’une énorme grandeur , & toutes d’une pierre. Chacune a près de cinq piés de diametre, fur trente-fept piés de haut, fans la bafe & le chapiteau. Agrippa ne fe &ontenta pas de faire dorer fon panthéon par-dedans, mais 1l le couvrit d’or en-dehors ; de forte que le fa- tyrique avoit raifon de s’écrier : At vos Dicite pontifices , in fanëlo quid facit aurum ? La couverture de cet édifice fut emportée par ‘Conftantin dans fa nouvelle capitale; mais le paz- théon a été confacré par les pontifesromains en l’hon- neur de la Vierge & des martyrs. Il mérite afluré- ment ladmiration des connoïfleurs : ceux qui Port vu , n’ont qu'à réfléchir fur Pétat où leur efprit s’eft trouvé la premiere fois qu'ils y font entrés ; & fans doute, ils fe fouviendront qu'ils ont été frappés de quelque chofe de grand & de majeftueux ; au lieu que la vue d’une églife gothique, cinaqou fix fois plus vafte que le panthéon , ne frappe perfonne. Cette dif- férence ne peut procéder que de la grandeur de ma- niere obfervée dans lune, & de la médiocrité ou de la petitefle de maniere qui fe trouve dans l’autre. Mais eft-il bien certain qu’'Agrippa ait fait le par- théon en entier ? On le dit communément ; néan- moins Dion fe fert d’une expreflion qui ne figniñie qu’achever , éÉerénees ,&t l’on remarque encore au- jourd’hui, que l’ordre de la corniche ne s'accorde pas avec celui du temple; qu’elle ne s’enchäfle pas dans le mur par fes extrémités; mais qu’elle s’en ap- proche à peine comme d’un édifice différent. On trouve encore que l’architetture du portail eft mieux étendue que celle du temple, & par conféquent d’un autre tems. Il eft toujours sùr que ce temple a fouffert bien des changemens; Xiphilin le met au nombre des édifices brûlés fous le regne de Titus : Caffiodore le fait réparer par Trajan. Selon la chronique d’Eu- {ebe , il fut encore brûlé par le tonnerre lan de ]. C. 111, le triezierne du repne de Trajan. Les premiers fucceffeurs de ce prince fe font fait à l’envi un hon- neur d'y travailler. On le trouve réparé par Adrien, par Antonin Pie, par Marc-Aurele, & par Sévere. Il y a apparence que ce dernier fit effacer le nom de tous les autres, pour n’y laïfler que le fien, & ce- lui de fon fils, avec le nom du fondateur. Je ne doïs pas oublier de remarquer qu'il entroit dans le deflein des portes du parshéon l’arrange- ment d’une forte de cloux, qui par la beauté des ornemens de leur tête, contribuoient infiniment à fa magnificence; l’avarice des hommes les a portés à s’en emparer; 1l en refte quelques-uns encore qui font attachés aux deux ventaux de la porte du pan- théon ; & M, de Caylus en a quatre en fa poflefhon; ils font de bronze ainfi que les ventaux. Au refte, il y avoit à Rome un autre panrbéor dédié particulierement à Minerve médecine , M- nerve medicæ, Ce panthéon étoit en-dedans de figure décagone , ou a dix angles bien diftingués. Il ÿ avoit vingt deux piés & demi d'un angle à l’autre; ce qui donne en tout deux cent vingt-cinq piés. Entre les angles il y avoit par-tout des chapelles rondes en voûte, excepté d’un côté oùétoit la porte : ces neuf chapelles étoient pour autant de divinités ; la ftatue de Minerve étoit en face de la porte, & occupoit la place d'honneur. On croit que le temple de Nimes, qu’on dit être de Diane, étoit un pazrhéon : il y avoit douze ni- ches, dont fix reftent encore fur pié. C’étoit un tem- ple confacré aux douze grands dieux, que quelques- uns ont appellé pour cela dodécathéon. ( D. J.) PANTHÉON D’ATHÈNES , ( Ansig. grecq. ) le pan- théon d'Athènes ne le cédoit guere en plufeurs points au panthéon de Rome, bâti par Agrippa. Ce- lui d’Athenes a été relevé environ 120 ans après, par l’empereur Adrien. Les chrétiens orecs en firent enfuite une églife confacrée à la Vierge , fous le nom de Panegia. Enfin, les Turcs ont changé cette églife en mofquée : les chevaux de la main de Pra- xitele, très-pâtés malheureufement par l'injure des tems, s’y voient encore : Adrien les y fit placer ; mais 1ls font réellement de Praxitele , c’eft tout dire. (2. J.) PANTHERE, £. f. panthera feu pardallis, ( PI. III. fig. 2.) animal quadrupede très-féroce qui difere du tigre & du léopard par les taches qui font {ur fon poil ; au lieu d’avoir {ur tout le corps des taches ron- des comme le léopard, ou des taches longues com- me le tigre, il a fur le dos des taches rondes, & fur le ventre des taches longues. Voyez Le regne animal, par M. Briflon , qui donne à cet animal le nom de léopard, (1) PANTHERE, ( Litiérar. ) c’eft l'animal favori de Bacchus, & qu’on trouve fouvent repréfenté fur fes monumens , parce que, dit Philoftrate, des nourri- ces de ce dieu avoient été changées en paztheres , ou felon d’autres, parce que cet animal aime les raïfins. La panthere eft aufli un fymbole de Pan: on croit même que fon nom en a été formé. (D.J.) PANTHERE PIERRE DE, ( Æi/f. nat. ) efpece de jafpe ou d’agate , remplie de taches noires , rouges, jaunes , vertes , &c. les anciens lui attribuent beau- coup de vertus fabuleufes. PANTICAPÉE., Pansicapæa, ( Géog. anc. ) ville de la Cherfonnèfe taurique, felon Strabon, 4y, FIL. p. 309. & Ptolomée, iv. III. c. vj. Pline, Z. XVII. c xxx. dit qu'on la nommoit aufi Bo/phorium z ce n’eft pas fans raïon, puifqu’on la regardoit com- me la capitale du Bofphore Cimmérien. Niger veut qu'elle s'appelle aujourd’hui Fo/pero. PANTICAPES, (Géog. anc.) fleuve de la Scythie européenne , qui fafoit la féparation entre les No- mades & les Géorgiens. Pence dit que c’eft préfen- tement le Przypietz dans la Lithuanie. (D. J.) PANTIERE , 1. f. ( Chaffe. ) eft un filet qui fert à prendre les oifeaux , principalement les bécaffes ; ceux qui s’occupent à cette forte de chafle , ont foin de faire ébrancher dans une clairiere deux arbres, & d'y ajufter deux branches de maniere qu’elles puiflent foutenir la pantiere ; ces branches doivent être garnies de deux poulies ou boucles qui fervent à pañler les cordes , afin de pouvoir laifler tomber commodément la pantiere fufpendue à ces cordes, lorfque quelque oïfeau fe fera jetté dedans. On appelle auff pantiere, certain fac à mailles qui fert aux chaleurs à mettre leur provifñion de bou- che, & pour rapporter le sibier qu’ils ont pris. On SANT la potté ordinairement éns écharpe : ponreñe ëlt la imême chofe que pantiere, PANTINS, ( Æifr. mod. ) petites figures peintes fur du carton , qui par le moyen de petits filsque lon | tire , font toutes fortes de petites eontorfions pro- pres à amufer des enfans. La pofterité aura peine à croire qu'en France, des perfonnes d’un âge mür ayent pù dans un accès de vertige aflez long, s’occu- per de ces jouets ridicules, & les rechercher avee un empreflement , que dans d’autres pays Pon par- donneroit à peine à l’âge le plus tendre: . PANTINE, L f (Sox Laine.) c'eft un affem- blage plus ou moins confidérable d’échevaux , à pro- portion de leur groffeur, De partine on a fait pante- rer. Pantener, c’eit attacher des bouts de fil aux par tines , pour empècher qu’elles ne fe mêlent. PANTINE , (Rubanier.) {e dit aufi d’un gros éche- ! veau qui en contient lui-même plufieurs petits, qu'il faut avoir foin de féparer pour rendre le poids plus léger , & par conféquent plus facile à tourner pour le dévidage; 1l y'a plus ou moins de pazrines à la balle , le nombre n’en eft pas limité, + PANTOGRAPHE, fm. ( Arr du Déffëin.) le pan- tographe ou fénge, eft un inftrument qui fert à copier le trait de toutes fortes de defleins & de tableaux, & à les réduire, fi lon veut, en grand ou en petit ; il eft compofé de quatre regles mobiles ajuftées enfem- ble fur quatre pivots, & qui forment entre elles un paraliélogramme. À Pextrémité d'une de ces regles prolongées eft une pointe qui parcourt tous les traits du tableau, tandis qu'un crayon fixé à l’extrémité d’une autre branche femblable ; trace légerement ces traits de même grandeur , en petit ou en grand, fur Te papier ou plan quelconque , fur lequel on veut les rapporter, lus Cet inftrument n’eff pas feulement utile aux per- fonnes qui ne favent pas deffiner , 1l eft enore très- commode pour les plus habiles, qui fe procurent par-là promptement des copies fideles du premier trait, & des réduétions qu’ils ne pouroient avoir {ans cela qu’en beaucoup de tems, avec bien de la peine, & vraflemblablement avec moins de fidélité, . Cependant de la maniere dontle pantographe avoit été conftruit jufques-ici, 1l étoit fuget à bien des in- convéniens, qui en fañoient négliger l’ufage. Le crayon porté à l'extrémité de l’une des branches, ne pouvoit pas toujours fuivre Les inégalités du plan fur lequel on deffinoit ; fouvent 1l cefloit de marquer le trait, & plus fouvent encore fa pointe venant à fe brifer, gâtoit une copie déjà fort avancée : lorfqu'il falloit quitter un trait achevé, pour en commencer un autre , on étoit obligé de déplacer les regles, ce qui arrivoit à tous momens. M. Langlois , ingénieur du roi, a très - heureufe- ment corrigé tous ces défauts dans le nouveau -paz- tographe qu'il a préfenté à Facadémie des Sciences en 1743 , & c’eft principalement par le moyen d’un canon de métal dans lequel il place un potrte-crayon, qui preffant feulement par fon poids, & autant qu’il le faut le plan {ur lequel on copie; cede aïfément & de lui-même en s’élevant & s’abaiflant , aux inégali- tés qu'il rencontre fur ce plan; à la tête du porte- crayon s'attache un fil, avec lequel on le fouleve à volonté, pour quitter un trait & en commencer un autre , fans interrompre le mouvement des regles, & fans les déplacer. UNE : … Outre ces correétions, M. Langlois ajufte la pointe à calquer de fon partographe, le porte-crayon, & le pivot des regles, fur des efpeges de hoïtes ou cou- liffes , qui peuvent fe combiner différemment fur ces regles, felon qu’on veut copier en grand ou en petit, plus ou moins, &cil rend enfintous ces mouvemens beaucoup plus aifés en faifant foutenir les regles par de petits piliers garnis de roulettes excentriques, Le ,| Dre. ; | TA I 8 P À N Fa Pañtogräphe an redifié ft uninfttument propre à réduire en grand & en petit toutes fortes de figures; de plans, de cartes, d'ornemens, Ge. très-commodé: ment &c avec beaucoup de précifion & de prompti tude. Voyez nos PI. de Deffeir: 6 ler eX plie : , PANTOGONIE , f. f. ( Géom.) nom dohné pat M. Bernoulh, à une efpece de traje@aire réciproques qui-pour chaque différente pofñtion de fon axe fe coupe toujours elle-même fous un angle conftant: Voyez FRAJECTOIRE, voyez auffi les Œuvres de. Jean Bernoulli} zo71. II. pag, Goo: (O) PANTOIMENT , fm. (Fauconnerie.) c’eft lé non que l’on donne à une maladie qui vient à un oifeau de proie, qu'on appelle 4/fhme, elle lui rend le pou mon enflé; | | PANTOIS 64 PANTOISE, £ m. & f (Fanconn. ). maladie de trois fortes , l’une qui furyient à lagorge des oïfeaux de proie, l’autre qui leur vient de. oi- deur, Pautre qui fe congrege aux reins & aux rot gnons ; on dit ce faucon a le pariois ou la panroife. Ce mal eff caufé par des humeurs âcres qu tombent du cerveau fur le poumon, le defféchent & alterent les organes de la refpiration ; pour y remédier il fut purger Poifea avec de Phuile battue &c blanchie dans une ou deux eaux, ce qui fe fait nf: vous prenez une écuelle, ou quelque autre vaiflea percé, vous bouchez le trou avec le doigt, vous vetfez dans ce vaifleau de l’eau nette, & enfuite de Fhuile; & après avoit bien remué & battu les deux liqueurs avec une fpatule- jufqu'à ce que l’eau paroifle chargée de ce que Phuile a de plus grofier, vous retirérez le doigt &r laïflerez couler Peau, ayant foin de retenir. l'huile dans le vaifleau ; vous en faites prendre à oi= feau, & vous le portez fur le poing jufqu’à ce qu’il ait rendu fon remede ayéc {es émeus; une heure où une heure & demie après vous lui donnerez du cœur de veau ou de foie de poule mouillé : f l’oifeau eft bien à la chair, on peut lui faite macérer {à vian- de dans Peau de rhubarbe, êc lui en donner après lâvoit bien nettoyé , Vous continuerez ainf perdant fix oufept jours, obfervant de le purger avec une cure de filaffe ou de coton le quatrieme jour. Le pantois {e connoït particulierement À ces fignes; 1°. fi Poifeau a des fréquens battemens de poitrine : 2°. lorfqu’il fait mouvoir fonbalaï tantôt haut ntôt bas; 3°..s’il ne peut émeuter, ou fi fes .émeus font petits, ronds &t fecs ; 4°. fi l’oifeau a Le bec ouvert, s'il balle, & s’il ferme le bec en haut; ce dernier figne eft mortel. | | . PANTOMATRIUM ; ( Géog: anc.) promontoire de Pile de Crete, qui felon Niger & Pinel, porte à- préfent le nom de Miloporamo. (D. J.) - PANTOMETRE, f. m. ( Géom.) inftrument pro pre à mefurer toutes fortes d’angles, de longueur ow de hauteur. Voyez HOLOMETRE. | . PANTOMIME , £ m. ( Jeux fcéniq des Romains. ) on appelloit partomimes , chez les Romains, des ac: teurs qui, par des mouvemens, des fignes.,.des gef: tes, & fans s’aider de difcouts, exprimoient des pal fions , des caraéteres, &: des évenemens. Le nom de partomime, qui fignifie imirareur de: toutes chofes, fut donné à cette efpéce de comé: diens, qui Jouoient toutes fortes de pieces de thé4: tre fans rien prononcer ; mais en imitant & expli- quant toutes fortes de fujets avec leurs geftes, foit naturels ; foit d'inftitution: On peut bien croire que les pantomimes fe fervoient desuns 8 des autres, &z qu'ils n’avoient pas encore trop de moyens pour fe fairé entendre. En effet, pluñeurs gefles d’inftitu- tion étant de fionification arbitraire, il falloit être habitué au théâtre pour ne rien perdre de ce awls vouloient dire: Ceux qui n’étoient pas initiés aux myfteres de ces fpettacles; avoïent befoin d’un ma: tre qui leur en donnât l’expliçation ; Pufage appre: 828 PAN noït aux autres à deviner infenfiblement ce langage muet, Les pantomimes vinrent à bout de donner à en- tendre par le gefte, non-feulement les mots pris dans le fens propre, mais même les mots pris dans le fens figuré ; leur jeu muet fendoit des poemes en éntier, à la différence des mimes qui n’étorent que des bouffons inconféquens. Je n’entrepreñdrai point de fixer Forigine des pan- tornimés ; Lozime, Suidas, & plufieurs autres la rap- portent au tems d'Augute, peut-être par la rafon que les deux plus fameux pariomimes, Pylade êc Bathylle, parurent fous le règne de ce prince, qu aimoit pafonément ce genre de{peétacle. Fe nignore pas que les danfes des Grecs avorent des mouvemens exprefffs ; mais les Romains furent les premiers qui rendirent par de feuls geftes, le fens d'une fable ré- guliere d’une certaine étendue. Le mime ne s’étoit jamais fait accompagner que d’une flûte ; Pylade Y ajouta plufeurs inftrumens, même des voix & des chants , & rendit ainfi les fables réguhieres. Au bruit d'un chœur compofé de mufique vocale & inftru- mentale, il exprimoit avec vérité le fens de toutes fortes de poëmes. Il excelloït dans la danfe tragique, s’occupoit même de la comique & de la fatyrique, & fe diftingua dans tous les genres. Bathylle fon éle- ve &c fon rival, n’eut fur Pylade que la prééminence dans les danfes comiques. L’émulation étoit f grande entre ces deux aêteurs, qu’Augufte à qui elle donnoït quelquefois de lem- barras , crut qu’il devoit en parler à Pylade , & l’ex- horter à bien vivre avec fon concurrent que Mécé- nas protégeoit : Pylade fe contenta de li répondre, « quetce quipouvoit arriver de mieux à Pempereur, » c’étoit que le peuple s’occupât de Batylle & de Py- » lade». On croit bien qu'Augufte ne trouva point à propos de repliquer à cette réponfe. En effet, tel étoit alors le goût des plaïfirs, que lui feul pouvoit faire perdre aux Romains cette idée de hberté fi chere à leurs ancêtres. Il falloit que ce peuple fe fût mis en tête que l’opé- tation qu’on feroit à leurs pazsomimes pour les ren- dre eunuques, leur conferveroit dans tout le corps une foupleffle que des hommes ne peuvent point avoir. Cette idée , ou fi l’on veut le caprice, faïfoit exercer fur les enfans qu’on deftinoit à ce métier, la même cruauté qu'on exerce dans quelques pays fur les enfans dont on ne veut point que la voix mue. Lucien obferve que rien n’étoit plus difficile que de trouver un bon fujet pour en former un partomime. Après avoir parlé de la taille, de la foupleffe , de la légereté, & de loreille qu'il doit avoir, il ajoûte, qu'il n’eft pas plus difficile de trouver un vifage à-la- fois doux & majeflueux. IL veut enfuite qu’on enfei- gne à cet a@teur la mufique, Phifloire, &je ne fais combien d’autres chofes capables de faire mériter lé nom d'homme de lettres à celui qui les auroit apprifes. Nous avons nommé pour les deux premiers infti- tuteurs de l’art des paztomimes Pylade & Bathylle fous l'empire d’Augufte ; 1ls ont rendu leurs noms auffi célebres dans lhiftoire romaine, que le peut être dans l’hiftoire moderne le nom du fondateur de quelque établiffement que ce foit. Pylade ,ai-je dit, excelloit dans les fujets tragiques, & Batylle dans les fujets comiques. Ce qui paroïtra furprenant, c’eft que ces comédiens qui entreprenoient de repréfen- “ter des pieces fans parler, ne pouvoient pas S’aider du mouvement du vifage dans leur déclamation , ils jouoient mafqués, ainfi que les autres comédiens ; la feule différence étoit, que leurs mafques n’avoient pas une bouche béante, comme les mafques des co- médiens ordinaires , & qu’ils étotent beaucoup plus agréables. Macrobe raconte que Pylade fe fâcha un jour qu'il jouoit le rôle d'Hercule furieux ; de ce que ; P AN les fpefateuts trouvoient à redire à fon gefte trop outré, fuivant leurs fentimens. Il leur cria donc, après avoir Ôté fon mafque : « foux que vous êtes, » Je repréferte un plus grand fou que vous ». Après la mort d’Aupufte, l’art des parromimes res cut de nouvelles perfettions. Sous l’empereur Néron il y en eut un qui danfa fans mufique inftrumentale ni vocale , les amours de Mars & de Vénus. D'abord un feul parztomime repréfentoit plufieurs perfonnages dans une même piece ; mais on vit bien-tôt des trou- pes complettes, qui exécutoient également toutes fortes de fujets tragiques & comiques. Ce fut peut-être du tems de Lucien que fe forme rent ces troupes complettes de pañromimes, & qu'ils commencerent à jouer des pieces fuivies. Apulée nous rend un compte exaét de la repréfentation du jugement de Paris faite par une troupe de ces pañro- mines. Comme ils n’avoient que des geftes à füre, on conçoit aifément que toutes leurs aétions étoient vives & animées; aufli Cafliodore les appelle des hommes dont les mains difertes avoient pour ainfi dire une langue au bout de chaque doigt, Des hom- mes qui parloient en gardant le filence, & qui favoient faire un récit entier fans ouvrir la bouche; enfin des hommes que Polymnie, mufe qui préfidoit à la mufi- que, avoit formés afin de montrer qu’il n’étoit pas befoin d’articuler des mots pour faire entendre fa penfée. Ces fortes de comédiens fafoient des impreffions prodigieufes fur les fpeétateurs, Séneque le pere, qui exerçoit une profeffion des plus graves, confefle que fon goût pour les repréfentations des pañromimes , étoitune véritable paflion, Lucien qui fe déclare aufli zËlé partifan de Part des paztomimes, dit qu’on pleu” roit à leur repréfentation comme à celle des autres comédiens. Saint Auguftin & Tertullien font auf Péloge de leurs talens. Cet art auroit eu fans doute beaucoup plus depeine à réuflir parmi les nations feptentrionales de Europe, que chez des Romains, dont la vivacité eff fi fertile en geftes, qui figniñient prefque autant que des phra- {es entieres, Nous ne fommes peut-être pas capables de décider fur le mérite de gens que nous n'avons pas vû repréfenter, mais nous ne pouvons pas révo- quer en doute le témoignage de tant d'auteurs de lantiquité, qui parlent de Pexcellence & du fuccès de leur art. Cependant on a vù en Angleterre, &c fur lethéâtre de Popéra comique à Paris, quelques-uns de ces comédiens jouer des fcenes muettes que tout le mon- de entendoit. Je fai bien que Roger & fes confreres, ne doivent pas entrer en comparafon avec les parro- mimes de Rome ; mais le théâtre de Eondres'ne pof: fede-t:l pas à préfent un pantomime qu'on pourroit oppofer à Pylade & à Bathylle ? le fameux Garrick elt un atteur d'autant plus merveilleux, qu’il exécute également toutes fortes de fujets tragiques & comi- ques. Nous favons aufli que les Chinois ont des efpe- ces de pantomimes qui jouent chez eux fans parler; Les danfes des Perfans ne {ont-elles pas des pariomimes? Enfin il eft certain que leur art charma les Romains dans fa naiflance, quil paffa bien-tôt dans les provin- ces de l’empire les plus éloignées de la capitale, &e qu'il fubfifta aufi long-tems que l'empire même. L'hifoire des empereurs romains fait plus fouvent mention des pantomimes fameux que des orateurs célebres. Augufte fe plaifoit extrèmement à leurs pie- ces, & Bathylle enchantoit Mécénas. Les Romains épris de tous Les fpéétacles du théâtre, préféroient celui-ci aux repréfentations des autres comédiens. Dès les premieres années du regne de Tibere, le {énat fut obligé de faire un réglement pour défendre aux fénateurs de fréquenter les écoles des ne mes ; & aux chevaliets romains de leur faire cortése en P AN en public: zedomos pantomimorum Jézator insroirer, ne egredrentes i1n.publicum eguites romant cingerent. Tacit. Annal. L. 1, Ge decret prouve affez que les profeflions chéries dans les Pays de luxe font bien-tôt honorées, & que le préjugé ne tient pas contre le plaïifir. L’extrème paññion que ie peuple & les perfonnes du plus haut rang avoient pour ce fpe&acle , donna lieu de tramer des cabales pour faire applaudir les uns plütôt que les autres, & ces cabales devinrent des faétions. Il arriva que les pansomimes prirent des livrées différentes, à limitation de ceux qui condui- loïent les chariots dans les courfes#du cirque. Les uns s’appellerent les bleus, & les autres les verts, Gc, Le peuple fe partagea donc auff de fon côté, & toutes les faétions du cirque, dont il eft parlé fi fou- vent dans l’hiftoire romane, épouferent des troupes de pantormimes. | | Ces fattions dégénéroient quelquefois en partis aufli échauffés les uns contre les autres, que les Guel- fes les Gibelins peuvent lavoir été {fous les empe- reurs d'Allemagne. I! falloit avoir recours à un expé- dient trifte pour le gouvernement, qui ne cherchoit que les moyens d’amufer le peuple, en lui fourniffant du pain, & en lui donnant des fpeëtacles; mais cet expédicnt devenu néceffaire, étoit de faire fortir de Rome tous les parromimes. Cependant les écoles de Pylade & de Batylle {ub- fifterent toujours, conduites par leurs éleves, dont la fucceffion ne fut point interrompue. Rome étoit pleine de profefleurs qui enfeignoient cet art à une foule de difciples, & qui trouvoient des théâtres dans toutes les maifons. Non -feulement les femmes les recherchoïent pour leursjeux, mais encore par des motifs d'une pañfion effrénée: {lis fœmine, fimul- que viri, animas 6 corpora Jubfhtuunt, dit T'ertullien. La plüpart des pañlages des Poëtes font tels fur ce fujet, qu’on n’ole même les citer en latin. Galien ayant été appellé pour voir une femme de condition attaquée d’une maladie extraordinaire, il découvrit par les altérations qui furvinrent dans la malade, quand on parla d’un certain pantomime devant elle, que fon mal venoit uniquement de la pañfion qu’elle avoit conçue pour lui. Il eft vrai que les partomimes furent chaflés de Rome fous Tibere, fous Néron, & fous quelques- autres empereurs, mais leur exil ne duroit pas long- tems : la politique qui les avoit chaflés, les rappelloit bien-tôt pour plaire au peuple, où pour faire diver- fion à des faétions plus à craindre pour lPempire. Domitien, par exemple, les ayant chaflés, Néron les fit revenir, & Trajan les chafla encore. Il arrivoit même que le peuple, fatigue de fes propres défor- dres, demandoit l’expulfion des partomimes :; mais il aemandoit bien-tôt leur rappel avec plus d’ardeur. Ce quiacheve de prouver à quel point leur nom- bres’augmenta, & combienles Romanslescroyoient néceflaires, eft ce qu’on lit dans Ammien Marcellin, Pan exc. Rome étant menacée de la famine, on prit la précaution d'en faire fortir tous les étrangers, ceux-mèêmes qui profefloient lesarts libéraux; mais on laïffa tranquilles les gens de théâtre, & il refta dans la ville trois mille danfeufes, & autant d'hommes qui jouoient dans les chœurs, fans compter les co- médiens : les Hiftoriens aflurent que ce nombre pro- digieux augmenta encore dans la fuite, Il eft aïfé de juger que l’ardeur des Romains pour les jeux des parromimes dut leur faire néoliger la bon- ne comédie. En effet, on vit depuis le vrai genre dra- matique décheoir infenfiblement, & bien -tôt il fut prefque abfolument oublié. Cette nation guerriere qui s’étoit vouée au dieu Mars , & qui avoit méprifé les arts ét les fciences, perdit avec la liberté toute fon ancienne vertu, Les Romains ayant long-tems méconnu ce qu'ily avoit de plus naturel & de plus Tome XI, PAN 829 apréable dans les occupations de ame, n’en acqui rent que de plus grandes difpoñitions à pañler à des excès opppiés. Auffi ne doit-on pas s’étonner , fi {en tant trop tard la néceffité des beaux-arts, les erreurs de leur efprit s’oppoferent fouvent à la difindion: exacte qu'ils auroient dû faire des expreflions les plus eflentielles , les plus vraies, & les plus heureufes, d'avec celles qui ne pourroient avoir le même avan- tage: Cette ignorance de la délicateffe du fentiment fit fans doute la réputation des panromiimes. On népligea les expreflions de l'organe de la voix, pour ne s'appliquer qu’à celles que pouvoient ren- dre les mouvemens &cles geftes du corps. Ces expref: fions qui ne pouvoient admettre toutes les nuances de celles des fons , & avec lefquelles on n’eût jamais inventé les fciences fpéculatives, firent fousles em- pereurs une partie de éducation de la jeunefle ro= maine. Les maitres de cet art frivole recevoient ; comme je l'ai dit, des attentions très- marquées du peuple, des chevaliers, des fénateurs & des dames romaines, Les perfonnes les plus refpeétables leur ren: doient des vifites de devoir, &les accompagnoient par-tout. Si cette bonne fortune eut des interValles de difgraces, ils s’en relevoient avec plus d'éclat. L'empereur Antonin s'étant apperçu que les pazto- mimes €toient caufe qu’on négligeoit le commerce, léloquence, & la philofophie, voulut réduire leurs jeux à des jours marqués ; mais le peuple murmura, &til fallut lui rendre en entier ces amufemens, mal- gré toute l’indécence qui marchoit à leur fuite. Pline le jeune loue fon fiecle d’avoir abandonné ce goût efféminé qui avoit tant amolli le courage du peuple romain ; mais Pline s’abufa dans fes louanges. Rome étoit trop riche, trop puiflante, & trop plongée dans lamollefle, pour redevenir vertueufe; l’art des panso- mnimes, qui S’étoit introduit fi brillamment fous Au- gufte, & qui fut une des caufes de la corruption des mœurs, ne finit qu'avec la deftruétion de l'empire. Je me fuis bien gardé de tout dire fur cette matiere je n’en ai pris que la fleur; mais ceux qui feront cu- rieux de plus grands détails, peuvent lire Plutarque ; Lucien, les Mémoires de littérature, l'abbé du Bos, êt le traité plein d’érudition de Caliacchi, de dis fce- ricis , imprimé à Padoue en 1714, 2-4, Le chevalier DE JAUCOURT. | PANTOQUIERES, £. £. pl. ( Marine. ) cordes de moyenne grofleur, qui font entrelacement entre les haubans de tribord & de basbord, pour les tenir plus férmes & aflurer le mât dans une tempête, fur- tout lorfque les rides ont molli: elles traverfent les haubans d’un bord à l’autre. PAN TOUFLE, f. É (Ouvrage de Cordonnier.) efpece de foulier fans quartier, qui n’a ni garniture ni autre enrichiflement; car lorfqu'il y en a, ou qu’au-lieu d’empeigne de cuir ou de peau il y a du velours, du galon, & que le deflus eft d’étoffe, on ne appelle plus pantoufle, mais mule. ( D. J.) PANTOUFLE , ez Chirurgie, inftrument ou ban- dage, de linvention de M. Petit, pour contenir le tendon d'Achille lorfqu’il eft caflé, Voyez rupture du cendon d'Achille, au m0 RUPTURE. Cette pantoufle eft de maroquin, fe. premiere | PL, XX XII. le quartier en eft coupé à l’exception d’une bande de deux pouces de largeur au milieu de la par- tie poftérieure. À ce bout de quartier eft coufue une courroie de cuir de rouffi d’environ quinze lignes de largeur , & de longueur convenable pour s'attacher à la jarretiere. La jarretiere, fg. 2. eft d’une feule piece, mais elle forme deux circulaires de quatre travers de doigt chacun: L’un eft pour entourer la partie infé- rieure de la cle; & l’autre la partie fupérieure de la jambe. Chaque circulaire porte extérieurement à une de fes extrémités deux boucles, & eftterminé NNnann 830 P AN hVautrepar deux petites courroies. Cette jatrétiere eft de cuir de rouffi, éceft garnie intérieurement de chamois. | | Au-milieu de la partie extérieure du circulaire in- férieur de la jarretiere, il y un paflant de cuir pour contenir la courroie attachée par un boutau talon de la panroufie. - Sut le milieu de la partie extérieure du circulaire fupérieur de cette jarretiere, eft attachée fixement une platine. de cuivre, de laquelle s’élevent parallel lément deux imontans, términés par deux plaques circulaires, percées pour laifler pafler l’effiew d’un treuil. Ily a fut le milieu de ce treuil deux crochets ou boutons, pour retenir extrémité libre dela cour- roie coufue au talon de la pansoufle. Ce treuil'a une roue à rochet, dont les dents font arrêtées par un petit reflort à criou àclapette , fig. 3 6 4: On peut, au moyend’un petit mentonnet, dégager le reffort d'avec les dents de la roue, lorfqu’il eft néceflaire de relâcher le pié. Le treuil eft percé quarrément dans toute fon étendue. Enconféquence la mamivelle, £g. $. qui le fait mouvoir , eft une tige d’acier quarrée, terminée par une plaque ou tête applatie ; c’eft en quelque forte la clé de l’inftrument. Cette clé eft mo- bile & ne refte point äl’inftrument. La fig. 1. PL XX XII: montre cette machine en fituation. Son ufage eft de tenir le pié en extenfon & la jambe enflexion au degré qu’on le juge convena- ble. Le circulaire inférieur de la jarretiere, en com- primantles têtes des mufcles auxquels le tendon d’A- chille appartient, empêche la retraétion de ces muf- cles; ce qui eft important pour la cure. De plus , ce bandage en contenant de la maniere la plus eflicace la jambe fléchie & le pié étendu pour les raifons que nous-avons déduites en parlant de la rupture du ten- don ; cetbandage , dis-je, a Pavantage-de laïfier la jambe & le talon libres, enforte qu’on peut apph- quer les comprefles & autres pieces d'appareil con- venables aux accidens & complications de cette rup- ture , & panfer journellement le malade, fi le cas le requiert , fans caufer le moindre dérangement à la ‘machine contentive : ce qu’on'ne peut obtenir dans Pufage du bandage décrit au 704 RUPTURE. Quoique quelques perfonnes's’obftinent à le préférer à la par- roufle , on peut confulter à ce fuget le Trairé des ma- ladies des os de feu M. Petit, & le Difcours prélimi- naire de là derniere édition, publiée en 1758 , chez Cavelier. (Y) | | PANTOUFLE , fer à pantoufle , ( Maréchallerie. ) ef- pece de fer à cheval, forgé de facon qu'il eft beau- coup plus épais en-dedansdes éponges qu’en-dehors, &t qu'il va en talus du côté qu'il s'applique contre la corne , afin que fon épaifleur en-dedans chañle le talon & le poufle en-dehors. Il fertà rétablir les ta- lons férrés & encaftelés. La ferrure à panronfle eft bonne aufi pour les chevaux qui.ont les fcimes. Voyez SCIME. | L PANTOUFLIER , f. m. nom que l’on donne en Amérique au marteau. Voyez MARTEAU. PANT-SÉE, ( Æijf. des Jupplices.) nom de linf- trument dont on punit les coupables à la Chine. C’eftune groffe canne de bambou, bois dur &t mañfif, fendué à-demi, plate , & de quelques piés de lon- gueur. Elle a par le bas la largeur de la main, &c ef par lehaut polie &c déliée. Lorfque le mandarin tient fon audience, il ef affis gravement devant une table, fur laquelle eftun étui rempli de petits bâtons longs d’un demi-pié, & lar- ges de deux doigts. Plufeuts huufliers armés de panr- fée l'environnent. Au figne qu’il donne, en tirant & jettant ces bâtons, on faifit le coupable, on Pétend ventre contre terre, on lui abaïfle le haut-de-chaufle jufqu'aux talons ; & autant de petits bâtons que le mandarin tire de fon‘ étur, & qu'il jette par terre, PAO autant d'huifiersfe fuccedent , qui appliquent les uns après les autres chacun cinq coups de pans-fée fur la chair nue du coupable. On change Pexécuteur de cinq coups en cinq coups, ou plutôt deux exécuteurs frappent alternativement chacun cinq :coups, afin qu'ils foient plus pefans & que le châtiment foit plus rude. Il faut néanmoins remarquer que quatre coups fontréputés cinq; & c’eftce qu'onappelle la grace de l'empereur, qui comme pere, par compafñlion pour fon peuple, diminuetoujours quelque chofe de la peine. po Cen’eft pasMfeulement en fiégeant au tribunal qu'un mandarin a le droit de faire donner la bafto- nade , il a le même privilege en quelque: endroit qu'il fe trouve ; même. hors de fon diftiét : C’eft pourquoi quandil fort, 1left toujours accompagné d'officiers de juftice qui portent des parsée. I'fufit à un homme dupetit peuple quieftà cheval, de n’a- voir pas mis pié à terre , ou d’avoir traverfé la rue en préfence d’un mandarin, pour recevoir quatre coups de bâton par fon ordre. L’exécution eft fi prompte , qu’elle, eft fouvent faite avant que ceux qui font préfens s’en foient apperçus. Les maitres ufent du même châtiment envers leurs difciples,, les pertes envers leurs enfans, & les feigneurs envers leurs domeftiques ; avec cette différence, que-le pant-fée dont ils {e fervent, eft moins long , 8 moins large , que celui des huiffiers d’un mandarin. (D. J.) PANTUN, voyez PENTUN,. PANUCO, ( Géog mod. ) grande province de PA- mérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne, au nord de Mexico, avec un évêché fufragant de Mexico. On y trouve des veines d’or& des falines ; Panuco ; fa capitale , eft à quelques lieues du golfe du Mexique. Long. 277. 30. lat. 24.(DJ.) PANUNGIAN , ( Hifi. nar.) grand arbre des îles Philippines. Il produit un fruit rouge de la groffeur d’un œuf de pigeon ; 1l a la forme d’une pomme de pin ; fa chair eft tranfparente & fort faine: PANTASUS , ( Géog. anc. ) fleuve de la Macés doine. Ptolomée en place l'embouchure chez les Tu lanrii } entre Dirrachium & lembouchure du fleuve Apfus. Le Panyafus des anciens, eftle Siomins d’au- jourd’hni ; 8 PApfus, eftle Chrevefla: des modernes. PANYSUS , € Géog. anc. ) fleuve dela baffe- Moœfe, dont le nom moderne eft Lariza, felon Ni- ger. (D. 7.) | PAON , f. m.( Æiff. nat. Ornith.) pavo , oïfeau très-beau par fescouleurs : on dit qu'il a été apporté de la Chine en Europe où 1l efttrès-commun ; ilégale en grofleur un dindon de fix mois, il a trois’ piés huit pouces de longueur depuis la-pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue, 8c deux prés onze pouces juf- qu’au bout des ongles. Les paons, &fur-toutles mâles, ontun caraftere qui les difingue de tous lesautres o1- feaux; c’eft la longueur des plumes qui recouvrent la queue ; elles font beaucoup plus longues que les plumes de la queue , même celles du milieu, c’eft-à- dire , les plus grandes, ont quatre piés quatre pouces de longueur ; les autres de chaque côté diminuent fuc- ceffiyement de longueur jufqu’à la derniere qui eftla plus courte ; elles forment plufieuts rangées ; & elles {ont couchées les unes. fur les autres ; celles du milieu de chaque rangée ont toujours plus de longueur que les autres. Le tuyau de toutes ces plumes eftblanc, & garni dans toute fa longueur de longues barbes déta- chéesles unes des autres, qui font d’un beau verd doré , cette couleur change à différens afpeëts. Les barbes de l'extrémité de ces plumes font réunies les unes contre les autres, & ont une grande tache que Von a appellée ærl; ces taches font arrondies & ont detrès-belles couleurs; le centre eft d’un beau noir luifant ,en forme de cœur , entouré d’une couleur verte changeante, qui, à certains afpeéts , paroït être ‘d’un beau violet ou d’un bleu éclatant ; ce cercle eft ‘auffi entouré de deux aufres cercles de couleur d’or êtde différentes teintes quelques-unes des plus lon- gues de ces plumes n’ontpas de taches à extrémité, & paroïffent comme coupées quarrément. Le paon porte ordinairement ces plumes couchées fur celles de la queue, 1l les éleve fouvent perpendiculaire- ment, &c les étale en rond de façon qu’elles préfen- tenttoutes en-deyant les taches dont il vient d’être fait mention. Le bec a un poucefix lignes de longueur depuis la pointe De coiñs de la bouche; la lon- gueur de la queue eft d’un pié fept poucés ; les aîles €tant pliées s'étendent à environ cinq pouces au-delà de l’origine de la queue. La tête, la gorge, le cou & fa poitrine ; font d’un verd brillant mêlé d’une teinte de couleur d’or; ce verd paroit bleu à certains af- pe@s. Il y a de chaque côté de la tête deux longues taches blanches, dont lune s’étendau-deflus de l'oeil, VPautre qui ef la plus courte & la plus large pafñle par- deflous, Cetoifeau a fur le fommet de la tête une hupe compofée de vingt-quatre petites plumes , longues de deux pouces , & dont lestuyaux font blanchâtres & garnis, depuis leur origine jufque vers l’extrémité, de barbesnoïrâtres & trés-éloignées les unes des au- tres ; l'extrémité de ces plumes eft conformée à l’or- dinaire , & du même verd doré que la tête ; les plu- mes du dos & du croupion font d’un beau verd doré éclatant qui change à certains afpeës, & ellesont les bords d’un beau noir lifant ; le ventre & les côtés ” font d’une couleur noirâtre mêlée d’un peu de verd doré; les jambes font d'un fauve clair. Îl y a vinet- Quatre grandes plumes dans chaque aïîle : les dix pre- nueres {ont roufies ; la onzieme a le côté extérieur de couleur noïfâtre, mêlée d’un peu de verd doré, le xÔté intérieur eft roux & a des taches noirâtres ; les neuf qui fuivent fontnoirâttes, & ont un peu de verd doré feulement fur le côté extérieur du tuyau ; les autres font mêlées de fauve & de noir. Les petites plumes des aîles & les grandes plumes des épaules Ont les mêmes couleurs queles quatre grandes plumes antérieures de laîle; il y afeulementune légere teinte 4e verd doré fur les petites plumes desaîles qui n’eft pas fur celles des épaules ; les moyennes plumes de Vaile font d’un bleu foncé, qui fe changent en verd doré à certains afpeës ; la queue eftcompofée de dix: huit plumes d’un gris brun, qui ont des taches d’un gris roufsâtre furles barbesextérieures, & fur le bord des barbes intérieures ; les deux plumes du milieu font les plus longues, les autres diminuent fucceflive- ment de longueur. Le mâle a fur la partie poftérieure de chaque piéun ergot très-gros, fort pointu, & long de neuflignes. | | La femeile differe beaucoup du niâle par les cou: leurs , elle eft auffi plus petite, & elle a les plumes du deflus de la queue beaucoup plus courtes, car elles ne font pas à-beaucoup-près aufi longues que celles de la queue. Le dos, le croupion, le ventre, les côtés du corps, les jambes , les aîles en entier, &c la queue ont une couleur tirant fur le cendré ; le fommet de la tête & la hupe font de la même couleur, & ont de très-petites taches d’un béau verd brillant ; les deux taches blanches des côtés de la tête font beaucoup plus grandes que dans le mâle ; la gorge eft blanche ; des plumes dif cou font vertes, celles de la poitrine ont la même couleur, à exception de lextrémité qui eftblanche. Ornir, de M. Brion, som. I. Fr oyez O1- SEAU. (1) PAON, ( Diese, Mar, méd.) Les paonsriefontque médiocrement eftimés à titre d’aliment : on {ertpour- tant fur nos tables le jeune p«oz , qu’on appelle com- munément paoneau. Il eft dit dans la premiere addi- ion au chapitre COQ D'INDE, du Traité des alimens de Lemery, qu’on ne laïfle pas qué d’en manger aux iles de PAmérique, où onles éleve fort aïfément, Tome XI, L oo oo TN BA O Ps 8 où bien des gensles efliment plus que les faifans. Il paroït par ce qu’en difent les auteurs latins, que cette nourriture étoit inconnue aux anciens Ro- mains, & qu'ils la fervirent pour la premiere fois dans leurs feftins d’apparat plutôt À titre de mets ex- traordinaire &c recherché, qu’à titre d’aliment agréa- ble. Galien dit que la chair du pzor eft dure, fibreufe, & de difficile digeftion. a On trouve dans les auteurs d’Æiffoire naturelle & de Diet, un préjuge fingulier fur là chair du paon ils difent qu’elle fe conferve pendant un tems très-con- fidérable, fans fubir la moindre putréfaion. Aldo: vrande a écrit qu’on lui avoit prefenté, en 1598, un morceau de chair de paon , qui avoit été cuit en 1592, & qui avoitune odeur agréable approchant de celle du fenouil, quoiqu’elle fût un peu yermou: lue. Lt “+ La chair de paon à été louée contre les vertiges; &c le bouillon de cette chair contre la pleuréfie; fa langue eft vantée contre l’épilepfe ; fon fel eft mis par Diofcoride au rang des ophtalmiques ; fes œufs 1ont recommandés contre la goutte; & enfin la fiente de paon eft le principal remede qu’on retire de cet animal. Elle eftcomptée parmi les antiépileptiques les plus éprouvés, foit prife en fubftance à la dofe d’un gros, loït délayée dans du vin, obfervant foigneufe- ment pendant l’ufage les nouvelles lunes, les pleines lunes; choififfant de la fente d’un paor mâle pour un épileptique mâle, & celle d’une femelle pour une femine épileptique. Voyez Etmuler & Jean Boacler. PAON BLANC; pavo albus, c’elt une variété du paon ordinaire, dont il ne differe qu’en ce qu'il eft entierement blanc. | PAON DE LA CHINE, pavo finenfis , oifeau qui eft plus grand que notre faifan : la les plumes du fom: met de {a tête d’un brun obfcur; leur extrémité eft un peu récourbée en-avant , & cet oïfeau les drefle en forme de hupe : il ya entre les yeux & le bec un pe- tit efpace dégarni de plumes; on y voit feulement quelques poils noirs : les côtés de la tête font blancs ; le cou eft brun, &c il a des bandes tranfverfales d’un brun plus foncé. Les grandes plumes des épaules , celles de la partieantérieure du dos, & les petites des aîles font d’un brun obfcur ; & ont beaucoup de peti- tes taches, femblables à de petits points d’un brun clair 8 jaunâtre; chacune de ces plumes a près de fon extrémité une tache ronde, d’une belle couleur pourprée qui paroït bleue, verte, &c. à diférens af pets , &t qui eft entourée d’un cercle noir: La partie inférieure du dos &c le croupiôn font d’une couleur brune avec de petits points d’un brun plus clair ; la poitrine , le ventre & les côtés, ont une couleur brune , obfcure |, & font rayés tranfverfalement dé noir. Les grandes plumes desaîles font d’unbrun très- foncé, ou noirâtres ; Les plumes du deflus de la queue excedent de beaucoup celles de la queue, leur cou- leur eft brune , parfemée de petits points d’un brun clair ; elles ont chacune près de extrémité deux ta- ches ovales, une de chaque côté du tuyau, colorées comme les taches du dos, 8 entourées d’un cercle noir qui eft aufli entouré d’une couleur orangée obf: cure ; les plus longues plumes fe trouvent au milieu, les autres diminuent fuccefivement de longueur juf- qu’à la premiere qui eftla plus courte. Le mâle a deux ergots à chaque pie ; le plus lons eft placé environ à la moitié de lalongueur du pié; l’autre fetrouve plus bas. | . La femelle eft d’un tiers plus petite qué le mâle, elle en differe auffi par les couleurs. La tête, le cou, la poitrine, le ventre, les côtés du corps, les jambes -6t les plumes du deflous de la queue, font en entier dun brun obfcur. Les plumes de la partie antérieure du dos, celles des épaules, &cles petites des aîles ont NNnnani 83% P À © Ma même couleur ; & chaque plume a près de fonex- “#émité une tache ronde , d’un bleu obicur, entourée Lun cercle de couleurorangée obfcure : la partie in- Érieure du dos & lecroupion font d’un brun obfcur, parfemé de petits points d’un brun plus clair. Les plu- mes du deflus de la queue ont à-peu-près les mêmes couleurs que celles du mâle. On trouve cet oïfeau à %a Chine. Orris de M. Briflon, som. I. Voyez Or- SEAU: PAON Du JAPON, pavo japonenfis Aldrovandi, oifeau à-peu-près de la grandeur denotre paoz; ia ur le fommet de la tête une hupe en forme d’épi, en partie verte & eh partie bleue , & longue d'environ quatre poiices :le fommet de la tête &zla partie fupé: neure du cou font d’un verd femé de petites taches Hieues, qui ont dansleur milieu de petites lignes blan- ‘ches tranfverfales ; le dos eft en partie verd êc en partie bleu ; la poitiine a les mêmes cotleurs que le dos, mais-elles font mêlées d’un beau jaune couleur d’ot : toutes ces couleurs changent à différens afpeëts. Le ventre, les côtés du corps & les jambes, font d'une couleur cendrée mêlée de taches noires ; les taches dù ventre ont de petites lignes blanches’; a couleur des grandes plumes de Paile eft verte & tra- verfée de lignes noires depuis la racine jufqu'au mi- lieu de leur longueur , enfuite elles font jaunâtres avec les mêmes lignes noires, enfin l'extrémité eft entierement noire. Les plumes du deffus de la queue nefont pas en aufli grand nombre que dans notre paon ; elles excedent de beaucoup les plumes de la queue ; elles ont le tuyau blanc, & les barbes d’un brun tirant fur la couleur de marron : 1l y a près de l'extrénité de chacune de ces plumes une tache plus grande que celles de nôtre paoz. Chacune de ces ta- ches a le milieu de couleur d’or, entourée de bleu, & les bords verds. La femelle differe du mâle en ce qu’elle eff plus petite, & qu’elle a le ventre entierement noir & les plumes du deflus de la queue beaucoup plus courtes que celles du mâle. Les plumes de la queue font ver- tes , elles ont les bordsbleus , &c le tuyau blanc. On trouve cet oifeau au Japon, Orrur. de M, Briflon , om. I. Voyez OISEAU. PAON DE MER, avis pugnax , oifeau qui pefe à- peu-près cinq onces; il a environ un pié deux pou- ces de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à Pex- trémité des doigts. La tête eft d’un brun cendré, & élle a des taches noirâtres; le cou eft cendré ; les longues plumes des épaules & celles du dos font en partie brunes ou noires, & en partie blanches ; le ventre & la poitrine font blancs fans mélange d’au- tres couleurs; la gorge eft d’un blanc mêlé de cen- dré ; les dix grandes plumes extérieures des aîles font noires , la pointe des autres eft blanchâtre; les plumes du fecond rang font de la même couleur que le dos, à l’exception de la pointe qui eft blanche; les autres petites plumes des ailes font blanches en en- tier ; les plumes de la queue ont près de trois pouces de longueur. Cette défcription a été faite d’après les couleurs des femelles , qui ne varient pas comme celles des mâles. On a donné à cet oïfeau le nom d’avis pugnax, parce que les mâles fe battent continuellement lesuns les autres, lorfqu’ils font en amour; ils font aufli la uerre aux autres oifeaux dans ce tems-là. Les femel- Le {ont plus petites que les mâles, elles fe battent ra- rement. Les mâles ontau cou de longues plumes qui forment une forte de collier autour de la gorge ; la couleur de ce collier varie, on en voit de blancs, de jaunes , de noirs, decendrés, & quelquefois de bleus . noirâtres. On trouve rarement au printems deux mâ- les qui foient exaétement femblables pour les cou- leurs ; on dit au contraire qu'ils fe reflemblent tous parfaitement en automne après la mue, Ils n’ontplus aloté de collier. Willughby , Orrir. Voyez OtsEAU- PAON,PETIT, 04 PAON DE JOUR, papillon diurne de moyenne grandeur , qui a fur les aïles des taches rondes comme le grand paoz, dont 1l ne differe qu’en ce qu'ileft beaucoup plus petit. PAON, GRAND, 04 PAON DE NUIT. On a donné ces noms à une phalene, parce qu’elle a fur les aîles des taches rondes, femblables à celles que l’on voit fur les plumes du deflus de la queue du p4or; elle eff la plus grande de toutes les phalenes de ce pays-ci. La chenille qui donne cette phalene, fe trouve tur le poirier ; elle eft verte, & elle a fur le corps plufieurs rangées detubercules qui font d’un très-beau bleu, _ Paon Du TIBET, payo tibetanus , oïfeau qui eft à-peu-près de la grofleur de la pintade ; 1l a environ deux piés un pouce & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l’extrémité de la queue, & deux piés un pouce jufqu’au bout des doigts; la lon- gueur du bec eit d’un pouce fept lignes depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les aïles étant pliées ne s'étendent pas au-delà de l’origine de la eue. Le mâle a deux ergots à la partie poftérieure de chaque piés le fupérieur eft le plus petit. Les plu- mes de la tête, de la gorge, du cou, de la poitrine, du ventre, des côtés du corps, celles des jambes & du deflous de la queue font grifes, & ont de petites lignes noirâtres ; la partie poftérieure du dos & le croupion font de la même couleur grife, &1ls ont de très-petites taches blanchâtres ; les plumes dela par- tie antérieure du dos, celles des épaules êcles petites des aîles, font de couleur grife mêlée de lignes noirä- tres &c de petites taches blanchätres ; elles ont toutes auffi de grandes taches rondes d’un bleu éclatant, qui paroït à certains afpe@s violet ou d’une belle couleur d’or; les plumes de Paile & celles qui recouvrent le deflus de la queue font du même gris quela partie in- férieure du dos; celles des aîles ont deux taches de même bleu changeant dont il a déja été fait mention, ces taches font placées l’une au-deflus de l’autre près de l’extrémité de chaque plume ; les plumes du deflus de la queue ont quatre taches de la même couleur bleue, deux de chaque côté du tuyau; les plumes du milieu de celles du deflus de la queue font les plus longues; les autres de chaque côté diminuent fuc- ceffivement de longueur ns l'extérieure qui eft la plus courte ; linis des yeux eft jaune. On trouve cet oïfeau dans le royaume du Tibet. Ori. de M, Briflon , com. I. Voyez OISEAU. PAON , (if. nat. Ichthiolog. ) poiffon de mer. On a donné ce nom à une efpece de tourd, parce qu’ileft d’une belle couleur verte, mêlée de bleu, femblable à celle du cou de l’oifeau qui porte ie même nom. Ce poiflon reflemble aux autres efpeces de tourds par le nombre & la pofition des nageoires. Sa chair eft molle, tendre, & un peu vifqueufe. Voyez Tour. Rondelet , Æff. nat. des poiflons , premiere partie, Liv. VI. chap. v]. Voyez Poisson. PAON , ex Affronomie , c’eft une conftellation de l'hémifphere méridicnal , inconnue aux anciens, & qui n’eft point vifible dans nos contrées feptentriona= les. Voyez CONSTELLATION. Chambers. PAON, ( Lirtérar. ) c’eft loifeau confacré à Junon ; & les Poëtesont feint qu’elle avoittranfportéles yeux d'Areus fur fa queue. Le portrait de cet oifeau a été tracé par Lucien, par Phèdre, & par la Fontaine. Le paon , dit le premier, étale d’un air magnifique Por & l’azur de fon plumage, & difpute avec le prin- tems , à qui produira de plus belles chofes. IL fait la roue , il femire dans fa beauté , dont éclat eftmulti- plié par celui de la lumiere. Les cercles d’or qui cou- ronnent l’émail de fa queue, imitent parfaitement Parc-en-ciel, qui change fes couleurs , {élon aw’on le regarde fous diversafpeéts, | “Phèdre fait adrefler au paôr les lotianges les plus flatteufes , par Junon même : Sed formé vincis , vincis magnitudine: Nitor fmaragdi collo prefulger tu ; Pichifque gemmis gemmeam caudam explicas: La Fontaine enchérit eñcore fur la cajolerie de là déefle : eff-ce a soi, lui dit-elle, Effie à 101 denvier la voix du roffignol ? Toi que lon voir porter a l’entour de ton col Un arc-en-ciel nuë de cent fortes de foies ; Qui te pañnades , qui déploies Une fe riche queue, 6 qui femble à nos yeux La boutique d’un lapidaire ? | Eflil quelque oifean fous lés cieux Plus que 101 capable de plaire ? Les Hébreux ont connu les paons fous le nom de thuchim ; du-moins les interpretes s'accordent aflez fur la fignification de ce mot. La flotte de Salomon qui alloit à Ophir, a pû en rapporter à ce prince. Ils étoient d’un grand prix chez les Grecs au rap- port d’Athènée , Z XIV. cv. xx. & le reproche qu’on fait à Périclès d’en nourrir, prouve aflez leur ra: reté dans la Grece. Hortenfus , le rival de Cicéron dans la carriere du barreau , homme magnifique dans . {es dépenfes, fut le premier, au rapport de Pline, qui fit apprêter des paons à Rome, dans un repas qu’il donna au college des augures. Enfin, c’eft l’oifeau favori des rois d’Angola & de Congo. Il appartient qu’à eux d’en entretenir; & quiconque de leurs fujets en voleroit des plumes, fe- roit puni par l’efclavage, Le paon d'Afrique où de Guinée éft nommé par les Naturalifies avis afra où pavo africanus , & parles François demoifelle de Numidie : c’eft un nom fort im- propre que les dames lui donnierent fous le regne de Louis XIV. 8&c MM. de lacad. des Scienc, fe crürent obligés de adopter: Saint Auguftin s’eft imaginé que la chair de cet oïfeau ne {e corrompt qu’au bout d’un an; mais dans le pays de fa naïflance, elle doit déja fe corrompre au bout d’un jour.Il y a dans les écrits de ce pere de PE- glife plus d’une erreur en phyfique:( D. J. ) P4ON, vœu du, ( Hiff. de la Chevaler.) les entre- prifes de guerre & de chevalerie , fur-tout celles des croifades, étoient annoncées & publiées avec un appareil capable d’infpirer à tous les guerriers l’ar: deur d'y concourir ; &c de partager la gloire qui des voient en être le prix. L’engagement en étoit fcellé * par des aétes de rehgion, & par des vœux dont rien ne pouvoit difpenfer. Et Le plus authentique de tous les vœux étoit celui que lon appelloit le yœx du paon ou du faifan. Ces nobles oifeaux , car on les qualifioit ainf , repréfen: toient par Péclat & la varièté de leurs couleurs, la majefté de leurs rois ; & les fuperbes habillemens dont cesmonarques étoient parés pour tenir ce que Pon nommoit #rel ou cour pléniere. La chair du paor ou du faifand étoit, fi l’on en croit nos vieux roman- ciers , la nourriture particuliere des preux & des amoureux: Enfin , felon Matthieu Pacis , une figure de paon fervoit de but aux chevaliers qui s’exer- coient à la courfe des chevaux & au maniement de la fance. Le jour donc que lon devoit prendre l’engage: ment folemnel, un paoz ou bien un faifand quelque: fois rôti, mais toujours paré de fes plus belles plu- mes , étoit apporté majeftueufement par des dames ou par des demoifelles dans un grand bafin d’or ou d'argent, au milieu de la nombreufe affemblée de chevaliers convoqués, On le préfentoit à chaçun d'eux, & chacun faffoit fon vœu fur l’oifeau : en fuite on le reportoit fur une table, pour être enfin diftribué à tous les affiftans. L’habileté de celui qui tranchoit confiftoit à le partager, de maniere que tous puflent en avoir. fe dames où demoïfelles choifhfloient un des plus braves de l’affemblée ; pour aller avec elles porter le paoz au chevalier qu'il efti: moit le plus preux. Le chevalier choifi mettoit lé plat devant celui qu’il croyoit mériter la préférence, coupoit néanmoins l’oifeau , & le diftribuoit {ous fes yeux ; & cette diftinétion fi glorieufe, attachée À la plus éminente valeur, ne s’acceptoit qu'après une longue & modefte réfiftance, Mém: de l'arad. des Trfeript. tome XX. (D. 1.) PAONNE,, c’eft la femelle du par. Voyez PAON: . PAONEAU , on a donné ce nom aux jeunes paonss Voyez PAON: Th rte. PAOPHI, (Chronol. éeypr. ) c’eft le fecond mois de l’année égyptienne. Il commence le 28 Septem= bre de la période julienne. ( D: J.) PAOUAOUCI ; (ff mod. fuperfhition: y veft le nom que les habitans fauvages de la Virginie don: nent à leurs enchantemens ou eonjurations ; au moyen defquels quelques Européens mêmes ont été aflez fimples pour croire que leurs devins pou- voient faire paroitre des nuages , & faire tomber de la pluie: PAPA , (Géog. mod.) petite ville de la baffe Hon= | gtie , au comté de Vefprin. L’archiduc Matthias la prit fur Mahomet IL. en rs07. Elle eft fur une mon- tagne à 10 lieues $, de Raab , 18 O: de Bude. Zonga 3SH 4 attL A7, 20. | PAPAN ; f. m. (Æif: nat, Orrithol.) nom donné par les habitans des îles Philippines à une grande efpece de canard, fort commun {ur leurs lacs & leurs marais ; il eft fi beau , que le P. Camelli lappelle le canard royal; cependant on n’en fait pas autant de cas du canard des mêmes îles , nommé falagafir, & qui reft pas plus gros que le poing. (2. J. ) PAPAS , (Æiff. eccléf.) nom que les Grecs {chif< matiques donnent à leurs prêtres ; 8 quelquefois à leurs patriarches où évêques; F FÉLNE Ce mot fighifie pere. Le P, Goar met une diftin@iori entre #aœëc & rames. Il dit que le premier titre eft propre au fouverain pontife , & que le fecond con- vient aux prêtres & même aux clercs d’un rang in- férieur. Les Grecs appellent proropapas le premier d’entre les prêtres, Il y a encore aujourd’hui dans Péglife de Meffine en Sicile une dignité fous le nom de protopapas , que les Grecs y introduifireñt proba- blement lorfque cette île étoit fous la domination des empereurs d'Orient. Le prélat de Pile de Corfou prendaufi le titre de prosopapas: Scaliger remarque fur ce fujet que les Ethiopiens appellent les prêtres papaath ; &t les évêques épifcopafath: Acofta rap- porte aufli que les Indiens du Pérou nomment leur grand-prêtre papas: Ducange, Gloffar. latinir. PAPAUTÉ , L:f. (Jurifprud.) éft la dignité de fou: verain pontife ; on entend auffi quelquefois par le terme papauré le tems pendant lequel un pape a rem- pli le fait fiege, comme quand on dit du pape Prof- per Lambertini « que pendant fa paparé il a gouver- » né paifiblement toute PEglife ». (4 ) PAPAYA ou PAPAU , f. m. (Æiff. anic. Bof. exo.) genre de plante qui a deux fortes de fleurs ; Pune eft un tuyau en forme d'étoile & ftérile ; Pautre eft em: rofe ; compofée de plufeurs pétales: Le pifül fort du calice, & devient dans la fuite un fruit charnw qui a la forme d’un melon ; & qui renferme des fe- mences le plus {ouvent ftriées & recouvertes d’une coëffe. Tournefort; In/?. rei herb. app. Voyez PLANTE: Son tronc eft fimple, nud ou fans branches, n’en part que des pédicules pour les feuilles qui font dé- Goupées, comme celles du ris fimple ; f fleur eft 833 834 PAP mâle, nu, tubulée, divifée enplufieuts endroits, | ‘compofée de cinq longs fegmens étroits, étendus en forme d'étoiles, sarmis d’une multitude d’étanmnes ; ‘lle croît féparément fur une plante mäle. Il y à une autre plante femelle, où l'extrémité du pédicule s'ouvre , à forme un petit calice dentelé, où lon remarque la figure pentapétale, ou plutôt celle d'une goufle ou d’une enveloppe fans étamine. Au fond de cette fleur ou de cette enveloppe eft pla- cé un ovaire, garni d’un tube ouvert. divifé en cinq endroïts, chaque fegment forme une efpece de bran- che feuillue qui dégénere en un fruit charnu, can- nelé, femblable au melon, dont Pécorce eft épaifle, &c dont la pulpe couverte par-tout d’une enveloppe contient quantité de femences blanches &c ftriées. Il y a une grande abondance de papaya à la Chine, dans les provinces de Canton & de Focien : cetarbre porté beaucoup de fruits attachés à fon tronc, &r fes fruits font prefque aufi gros que des melons ; la chair en eftroufle, molle, & d’un goût agréable, L'on voit quelquefois fur le même arbre des fleurs ouvertes femblables à nos lys, des boutons, des fruits encore verts ; & d’autres qui font jaunes & mûrs. Le papaya fauvage fe multiplie de [a femence de fon fruit lorfqu’il tombe : on en peut voir la f- ‘sure dans Boym, ora finenfis. (D. J.) | PAPE, £ m. (Hif£. eccléfafl.) nomegrec, qui fignie fie ayeul ou pere des peres. Îl a été commun à tous les prêtres, & on l’a donné aux évêques &c aux patriar- ches. Il eft enfin dévenu le titre diftinétif de l’évé- que de Rome. Dans le vi. concile œcuménique tenu à Conftantinople en 869 , &t qui étoit compoié de 300 évêques, tous les patriarches y furent ap- pellés papes, & le patriarche de Rome Jean VHIT. donnamême, par fes lettres & par fes lépats, le ti tre de vorre fainteré au patriarche Photius. Saint Au- guftin écrivant à fa fœur, lui dit : Je croës que vous avez les ouvrages du faint pape Ambroife. Saint Jérôme écrivant à faint Aupguftin , l'appelle le Zerzhkeureux pape Auguflin ; & fant Auguitin dans une lettre adreflée à l’évèque Aurele, le qualifie de srès-fainr pape & de très-honoré feigneur Aurele. On appella donc ainfi tous les évêques qui pendant long=tems s’inti- tulerent eux-mêmes papes, peres, pontifes, fervireurs des ferviteurs de Dieu, apoftoliques , &tc: Ce ne fut que vers la fin du x]. fiecle que Gregoire VII. évé- quedeRome, dans un concile tenu à Rome fit ordon- ner que le nom de pape demeureroit au feul évêque de Rome, ce que l’ufage a autorifé en Occident ; car en Orient on donne encoré ce même nom aux fim- ples prêtres, Conftantin donna, non au feul évêque de Rome, mais à la cathédrale qui étoit Péglife de S. Jean, mille marcs d’or , & trente mille marcs d'argent, avec mille fols de rente | & des terres dans la Calabre. Chaque empereur augmenta enfuite ce patrimoine, Les évêques de Rome en avoient befoin. Les miffions qu'ils envoyerent bientôt dans l'Europe païenne, les évêques chaflés de leurs fieges auxquels ils don- nerent afyle , les pauvres qu'ils nouttirent , les met- toient dans la néceflité d’être très-riches. Le crédit de la place fupérieure aux richefles fit bientôt du pafteur des chrétiens de Rome, l’homme le plus con: fidérable de l'Occident. La piété avoit toujours ac- cepté ce miniitere ; l'ambition le brigua. On fe di- puta la chaire. Il yeut deux ansi-papes dès le milieu du quatrieme fiecle, êcle condul Prétexta, idolâtre, difoit en 466 : Fuires-mor évéque de Rome , E je me fais chrétien. Cependant cet évêque n'avoit d'autre pouvoir que celui que peut donner la vertu, le crédit, où l’intri- gue dans des circonftances favorables. Jamais aucun paiteur de l'Eglife n’eut la jurifdiéion contentieufe, ençore moins les droits révaliens. Aucun n’eut ce PAP qu’on appelle jus terrendi , n1 droit dé tetritoité, ni droit de prononcer do, dico , addico. Les empereurs refterent les Juges fuprèmes de tout hors du dogme, Ils convoquerent les conciles. Conftantin, à Nicée,; recut &c jugea les accufations que les évêques por- terent les uns contre les autres , le titre de fouverain pontife refta même attaché à empire. Quand Théo- doric eut établi le fiese de fon empire à Ravenne ; deux papes Îe difputerent la chaire épifcopale ; il nomma le pape Simmaque ; & ce pape Simmaque étant accuié , 1l le fit juger par fes wifff dominicï. Atalaric fon fils régla les éle&tions des papes & de tous les autres métropolitains de fes royaumes par un édit qui fut obfervé ; édit rédigé par Cafñiodore fon mimftre , qui depuis fe retira au mont Caflin , & embraffa la regle de S. Benoit ; édit auquel le pape Jean IL. fe foumit fans difficulté. Quand Bélizairé vint en Italie, & qu'illa remit fous le pouvoir im- périal, on fait qu'il exila le pape Silverius , & qu'en cela il ne pafla point les bornes de fon autorité, s'il pañla celles de la juitice. . Dans la déplorable fituation où fe troivoit laville de Rome aux vi. & vuy. fiecle , cette ville malheu- teufe , qui mal défendue par les exarques &c conti- nuellement menacée par les Lombards, reconnoif- {oit toujours l’empereur pour fon maïtre , le crédit des papes augmentoit au miheu de la défolation de là ville. Ils en étoient fouvent les confolateurs & les peres ; mais toujours fujets , ils ne pouvoient être confacrés aw’avec la permiflion exprefle de l'Exar- que. Les ns par lefquelles cette permiflion étoit demandée & accordée, fubfiftent encore. Le clergé romain écrivoit au métropolitain deRavenne, & demandoit la protection de fa béatitude auprès du gouverneur, enfuite le pape envoyoit à ce métropo- litain fa profeffion de fon! . . 7) Aftolphe, roi des Lombards, prétendit avoir Rome par le droit de fa conquête de l’exarcat de Ravenne, dont le duché de Rome dépendoit. Le pape Etienne II. feul défenfeur des malheureux Romains , envoya demander du fecours à l’empereur Conftantin , fur- nommé Copronyme: Ce miferable empereur envoya pour tout fecours un officier du palais avec une let- tre pour le foi Lombard. C’eft cette foiblefle des empereurs grecs , qui fut l’origine du nouvel empiré d'Occident & de la grandeur pontificale. Rome tant de fois faccagée par les Barbares ,aban- donnée des empereurs , preflée par les Lombards; incapable de rétablir Pancienne république, ne pou- voit plus prétendre à la grandeur. I] lun fallut du re- os. Elle l'auroit goûté, fi elle avoit pu dès-lors être gouvernée par {on évêque, comme le furent de: puis tant de villes d’Allemagne, & l'anarchie eût au- moins produit ce bien ; mais il étoit pas encore recu dans l'opinion des chrétiens qu'un évêque püt êtrefouverain, quoïqu'on eût dans Phiftoire du monde tant d'exemples de lunion du facerdoce &z de lem- pire dans d’autres religions. Le pape Gregoire III: recourut le premier à la protettion des Francs contre les Lombards & contre les empereurs. Za- charie fon fuccefleur animé du même efprit , recon- nut Pepin , ufurpateur du royaume de France, pour roi légitime. On a prétendu que Pepin, qui n’étoit que premier miniftre , ft demander d’abord au pape quel étoit le vrai toi , ou de celui qui n’en avoit que le droit & Le nom , ou de celui qui en avoit l'autorité &cle mérite ? êr que le pape décida que le miniftre devoit être roi. Il n’a jamais été prouvé qu’on ait joué cette comé- die; mais ce qui eftvrai; c’eft que le pape Etienne III. appella Pepin à fon fecours contre les Lombards; qu'il vint en France ; & qu'il donna dans $. Denis l’onétion royale à Pepin , premier roi confacré en Europe. Non-feulement çe premier ufurpateur re- cut l'onétion facrée du pape, après l'avoir reçüe de S: Boniface ; qu'on appelloit l'apôtre d'Allemagne ; mais Etienne II: défendit fous peine d’excommuni- câtion aux François de fe donner des rois d’une autre race. Tandis que cet évêque , chaflé de fa patrie & fuppliant dans une terre étrangere ; avoit le courage de donner des lois, fa politique prenoit une autorité qui aflüroit celle de Pepin ; &ce-prince, pour mieux jouir de ce qui ne lui étoit pas du, laïfloit au pape des droits qui ne lui appartenoient pas. Hugues Capet en France, &t Conrad en Allemagne firent voir depuis qu'une tele excommunication n’eft pas une loi fon- damentale. | Cependant l'opinion qui gouverne le monde im- prima d’abord dans les efprits un fi grand refpe& pour la cérémonie faite parle pape à S. Denis, qu'E- ginhar ; fecrétaite. de Charlemagne , dit en termes exprès, que le roi Hilderic fut dépofé par ordre du pape Etienne, On croiroit que c’eftune contradiction que ce pape füt venu en France fe profterner aux piés de Pepin & difpofer enfuite de la couronne : mais, non; ces profternemens n’étoient regardées alors que comme le font aujourd’hui nos révérences. C’étoit Pancien ufage de POrient. On faluoit les évêques à genoux ; les évêques faluoient de même les gouver- neurs de leurs diocèfes. Charles , fils de Pepin, avoit embraflé les piés du pape Etienne à S. Maurice en Valais. Etienne embrafla ceux de Pepin. Tout cela étoit fans conféquence ; mais peu-à-peu les papes attribuerent à eux feuls cette marque de refpect. : On prétend que le pape Adrien L, fut celui qui exi- geaqu'onne parût jamais devant lui fans lui baïfer les pics. Les empereurs &t les rois fe foumirent depuis, comme les autres , à cette cérémonie, qui rendoit la religion romaine plus vénérable aux peuples. On nous dit.que Pepin.paña les monts en 754 ; que le Lombard Aftolphe , intimidé par la feule préfence du Franc, céda auffi-tôt au pape tout l’exarcat de Ra- venne ; que Pepin repaña les monts , & qu'à peine s’en fut-1l retourné, qu'Aftolphe, au lieu de donner Ravenne au pape, mit le fiece devant Rome. Toutes _Îes démarches de ces tems-là étoient f irrégulieres , qu'il fe pourroit faire à toute force que Pepin eût donné aux papes lexarcat de Ravenne qui ne lui ap- partenoit point, & qu'il eüt même fait cette donation finguliere, fans prendre aucune mefure pour la faire exécuter. Cependant 1l eft bien peu vraifflemblable qu'un homme tel que Pepin qui avoit détrôné fon Toi, nait paflé en Italie avec une armée que pour y aller faire des préfens. Rien n’eft plus douteux que cette donation citée dans tant de livres. Le bibliothe- caire Anaftafe, qui écrivit 140 ans après l'expédition de Pepin, eftle premier qui parle de cette dona- tion ; mille auteurs l’ont citée, mais les meilleurs publifcites d'Allemagne la refutent aujourd’hui. Il regnoit alors dans les efprits un mélange bifarre . de politique & de fimplicité , de grofliereté & d’ar- tifice, qui carattérife bien la décadence générale. Etienne feienit une lettre de S.Pierre, adreflée du ciel à Pepin 6 à fes enfans ; elle mérite d’être rap- ortée : la voici: « Pierre, appellé apôrre par Jefus- » Chrift, Fils du Dieu vivant, &c. comme par moi #toute l’Eglife catholique -apoñtolique romaine, # mere de toutes les autres églifes , eft fondée fur la » pierre, & afin qu'Etienne , évêque de cette douce 5 Eglife romaine , & que la grace & la vertu foit » pleinement accordée du Seigneur notre Dieu,pour » arracher l'Eglife de Dieu des mains des perfécu- » teurs, À vous , excellent Pepin, Charles & Carlo- # man trois rois, & à tous faints évêques & abbés , » prêtres & moines, & même aux ducs , aux comtes » &t aux peuples, mot, Pierre apôtre, &c.... je vous » comure , &t la Vierge Marie qui vous aura obliga- #tion , vous avertit & vous commande aufli-bien PAP 835 » que Îes trônes , les dominations’. ,,., $i vous ne » combattez pour moi, je vous déclare par la fainté » Trinité, & par mon apoftolat, que vous n’aurez # jamais de part au paradis ». | La lettre ent fon effet. Pepin paña les Alpes pour la feconde fois. Il affiégeaPavie, &fit encore la paix avec Aftolphe. Mais eft:il probable qu'il ait pañlé deux fois les monts uniquement pour donner des villes au pape Etienne ? Pourquoi $. Pierre, dans fa lettre ,1ne parle-til pas d’un fait fi important ? Pour. quoi ne fe plaintil pas à Pepin de n'être pas en poflef fion de lexarcat? Pourquoi ne le fedemande-t-il pas expreflément ? Le titré primordial de cette donation n'a jamais paru. On eft donc réduit à douter, C’eft le parti qu’il faut prendre fouvent en hiftoire , com- me en philofophie. Le faint fiege d’ailleurs n’a pas befoin de cés titres équivoques ; il a des droits auffi inconteftables fur fes états que les autres fouverains d'Europe en ont fur les leurs, Il eft certain que les pontifes de Rome avoient . dès-lors de grand patrimoines dans plus d’un pays, que ces patrimoines étoient refpectés, qu'ils étoient exemts de tribut. Ils en avoient dans les Alpes , en Tofcane ; à Spolette, dans les Gaules , en Sicile , & jufque dans la Corfe , avant que les Arabes fe fuffent rendus maitres de cette île au vi. fiecle. I] eff à croire que Pepin fit augmenter beaucoup ce patri= moine dans le pays de la Romagne , & qu'on lap= pella Ze patrimoine de l'exercar. C’eft probablement ce mOt de parrimoine qui fut la fource de la méprife, Les auteurs poftérieurs fuppoferent dans des tems de ténébres que Les papes avoient regné dans tous les pays où 1ls avoient feulement pofledé des villes & des territoires. - | : Si quelque pape, fur la fin du vi. fiecle, prétendit étre au rang des princes ; il paroît que c’eft Adrien [. La monnore qui fut frappée en fon nom, fi cette monnoie fut en effet fabriquée de fon tems , fait voir qu'il eut les droits régaliens; &c l’ufage qu'il intro= dufit de fe faire baïfer Les piés, fortifié encore cette conjeéture, Cependant il reconnut toujours l’empé- reur grec pour fon fouverain, On pouvoit très-bien rendre à ce fouverain éloigné un vain hommage, & s’attribuer une indépendance réelle , appuyée de l'autorité du faint miniftere, On a écrit, on écrit encore que Charlemagne’; avant même d’être empereur , avoit confirmé la do- nation de l’exarcat de Ravenne , qu'il y avoit ajouté la Corfe , la Sardaigne , la Ligurie, Parme, Mantoue, les duchés de Spolette, de Bénévent , la Sicile , Ve= nife , & qu'il dépofa laéte de cette donation fur le tombeau dans lequel on prétend que repofent les cendres de faint Pierre &c de faint Paul, On pourroit mettre cette donation à côté de celle de Conftantin, dont il fera parlé ci-après. On ne voit point que ja- mais les papes ayent poflédé aucun de ces pays juf= qu’au tems d’Innocent III. s'ils avoient eu l’exarcat , ils auroient été fouverains de Ravenne & de Rome; mais dans le teftament de Charlemagne qu'Eginhart nous a confervé , ce monarque nomme à la tête des villes métropolitaines qui lui appartiennent, Rome & Ravenne auxquelles il fait des préfens. Ine put don: ner ni la Sicile , ni la Corfe , ni la Sardaigne qu’il ne poflédoit pas , ni le duché de Bénévent dont il avoit ä peine la fuzeraineté , encore moins Venife qui nele connoïfloit pas pour empereur. Le duc de Venife re. connoïffoit alors pour la forme l’empereur d'Orient, & en recevoit le titre d’Aippatos. Les lettres du pape Adrien parlent du patrimoine de Spolette & de Bé- névent ; mais ces patrimoines ne {e peuvent enten- dre que des domaines que Les papes poflédoient dans ces deux duchés. Gregoire VII. lui-même avoue dans {es lettres que Charlemagne donnoit 1200 livres de penfon au faint fiege. Il n’eft guere vraiffemblable 836 PAP il eût dommé un:tel fecours à celui qui aurôit pof- fédé tant de belles provinces. Le faint fiege n’eut Bé- névent que long-tems après la donation de lempe- reur Henri le Noir vers l’an 1047. Cette conceffon fe réduifit à la ville, & ne s’étendit point jufqu’au duché. Il ne fut point queftion de confirmer le don de Charlemagne. Ce qu’on peut recueillir de plus probable au mi- lieu de tant de doutes , c’eft que du tems de Charle- magne les papes obtinrent en propriété la marche d’Ancone , outre les villes, les châteaux & les bourgs qu'ils avoient dans les autres pays. Voici fur quoi l’on pourroit {e fonder. Lorfque Fempire d'Occident fe renouvella dans la famille des Othons au x. fiecle, Othon IL. affñigna particulierement au faint fiege la Marche d’Ancone , en confirmant toutes les concef- fions faites à cette Eglife, Il paroît donc que Char- lemagne avoit donné cette Marche , &c que les trou- bles furvenus depuis en Italie avoient empêché les papes d'en jouir. Ils perdirent enfuite le domaine utile de ce petit pays fous l'empire de la maïfon de Suabe. Dans le xj. fiecle , le pape Gregoire VII. prévalut tellement fur l’efprit de Mathilde, comtefle de Tof cane , qu’elle fit une donation authentique de fes états au faint fiege, s’en réfervant feulement l’ufu- fruit {a vie durant. On ne fait s'il y eutunaéte,, un contrat de cette conceflion. La coûtume étoit de mettre fur l'autel une motte de terre, quand on don- noit fes biens à l’Eglife. Des témoins tenoient lieu de contrat. On prétend que Mathilde donna deux {ois tous fes biens au faint fiege. La vérité de cette donation confirmée depuis par fon teftament, ne fut point révoquée en doute par l'empereur Henri IV. c’eft le titre le plus authentique que les papes ayent réclamé: mais ce titre même fut un nouveau fujet de querelles. La comtefle Mathilde poflédoit la Tofcane , Man- toue , Parme, Reggio, Plaifance, Ferrare, Modene, une partie de lOmbrie & du duché de Spolette, Ve- rone, prefque tout ce qui eft appellé aujourd’hui Z patrimoine de S. Pierre ; depuis Viterbe jufqu’à Or- viette, avec une partie de laMarche d’Ancone. Hen- ri IIL. avoit donné cette Marche d’'Ancone aux papes, mais cette conceffion n’ayoit pas empêché la mere de la comtefle Mathilde de fe mettre en pofleffion des villes qw’elle avoit cru lui appartenir. Il femble que Mathilde voulut réparer , après fa mort , le tort qu'elle faifoit au faint fiege pendant fa vie. Maïs elle ne pouvoit donner les fiefs qui étoient inaliénables , & les empereurs prétendirent que tout fon patri- moine étoit fief de l'empire. C’étoit donner des terres à conquérir, & laïfler des guerres après elle. Henri IV. comme héritier & comme feigneur fuze- rain ne vit dans une telle donation que la violation des droits de l'empire. Cependant , à la longue , 1l a fallu céder au faint fiege une partie de ces états. Les papes ont éprouvé le fort de plüfeurs autres fouverains. Ils ont été tantôt grands terriens , &tan- tôt dépouillés prefque de tout. Quw’il nous fufife de favoir qu'ils roue aujourd’hui la fouveraineté reconnue d’un pays de 180 milles d'Italie en lon- gueur, depuis les portes ‘de Mentoue aux confins de PAbbruzze le long de la mer Adriatique, & qu'ils en ont plus de 100 milles en largeur , depuis Civita- 2. Vecchia jufqu’au rivage d’Ancone d’une mer à lau- | tre. Ila fallu nésociertoujours, &tfouvent combattre pour s’affürer cette domination. Les papes prétendoient auf: qu'ils avoient eu la fouveraineté du comté Venaïffin depuis le tems du comte Raymond de S. Gilles, quoique les empe- reurs, comme rois d'Arles, euflent joui de ce droit, & euffent exercé dans ce comté des actes de fouve- ain. L'empereur Frédéricil, donna l'an 1234 à Ray- PAP mond le jeune les droits qui appartenoïent à l'empire dans les villes 8 autres lieux de ce comte ; & le pape fe vit obligé de le remettre à Raymond lejeune, qui le laiffa à fa fille Jeanne & à fon gendre Alphonte; Philippe le Hardi, roi de France, qui fut leur héri- tier, remit lan, 1273 au pape Gregoire X. le comté Venaïflin comme étant un propre de l’'Eclife romaine. Depuis ce tems, les papes jouiflent de ce comté ,ainfi que de celui d'Avignon que Clément VI. acheta 75 ans après , c’eft-à-dire l'an 1348 de Jeanne, reme de Sicile , comtefle de Provence , du confentement de Louis de Varente fon mari, pour la fomme de 8omille florins. | Il eft à propos de ne pas finir cet article , fans dire un mot de cette célebre donation qu’on dit avoir été faite par Conftantin au pape Sylveftre , de la ville de Rome & de plufeurs provinces d'Italie. Hincmar , archevêque de Rheims , qui florifloit vers lan 850, eft le premier qui en ait fait mention. Le pape Léon IX. rapporte cette donation dans une lettre qu'il écrivit en 1053 à Michel, patriarche de Conftanti- nople. Pierre Damien la cite. Anfelme évêque de Luques , Yves évêque de Chartres, 8 Gratien l’ont inférée dans leurs colleétions. Il eft néanmoins certain que c’eft une piece fup- pofée. 1° Aucun dés anciens n’en à fait mention. 2° Les papes qui ont parle des bienfaits que les empe- reurs avoient faits au faint fiege de Rome, ou qui ont défendu leur patrimoine temporel, ne l'ont jamais alléguée.3° La date de cet acte eft faufle , car 1l eft daté de lan 315 ; & dans l'acte il eft parlé du bap- tême de l’empereur , qui n’étoit pas encore baptifé , même fuivant l'avis de ceux qui croient qu'il a êté baptifé à Rome. 4° Le ftyle en eft barbare & bien différent de celui des édits véritables de Conftantin ; & il y a des termes qui n’étoient point en ufage de fontems. $° Il y a une infinité de faufletés & d’ab- furdités dans cet édit. Il y eft permis au pape de fé fervir d’une couronne d’or , femblable à celle des rois &. des empereurs : or en ce tems-là les empe- reurs. ne fe fervoient point de couronne , mais de diadème. L’hiftoire fabuleufe du baptème de Conf- tantin par faint Sylveftre, & fa guérifon miraculeufe delalepre, y font rapportées comme une chofe cer- taine. Enfin tant de raïfons concourent à décrier cette piece, que l’on ne finiroit point fi Pon vouloit les expofer toutes. | Il fera plus agréable de rappeller au leéteur la ré- ponfe adroite que Jérôme Donato , ambafladeur de Venife àRome, fitau pape Jules II. Ce pape lui ayant demandé à voir le titre du droit que la république de Venife avoit fur le golfe Adriatique , il lui répon- dit que 57 plaifoit a fa fainteté de faire apporter l’ort- ginal de la donation que Conflantin avoit faite au pape Sylveftre de La ville de Rome & des autres terres de l'étar eccléfraftique , il y verroit au dos la conceffion faite aux Vénitiens de la mer Adriatique. Dans les premiers fiecles de lEolife , les peuples & le clergé conjointement , & quelquefois le clergé feul du confentement du peuple firent librement l’é- leétion du pape à la pluralité des voix. Les empereurs depuis s’attribuerent le droit de confirmer ces élec- tions. Ce droit fut aboli au quatrième concile de Rome du confentement de Théodoric qui fut fur la fin de fes jours, ufurper lui-même le pouvoir de créer les papes. Les rois soths qui lui fuccéderent fe con- tenterent de confirmer les éle“ions. Juftinien enfuite contraignit l’élu de payer une fomme d'argent, pour obtenir la confirmation de fon éleétion ; Conftantin Posonat délivra l'Eglife de cette fervitude. Néan- moins les empereurs fe conferverent toujours quel- que autorité dans l’éleétion des papes, qu’on ne con- facroit pas fans leur approbation ; Louis le Débon- naire D naire &c fes fuccefleurs rétablirent les anciennes coûtumes pour la liberté des éleétions. Pendänt les defordres du x. fiecle fous la tyrannie des marquis d'Hétrufie & des comtes de T'ofranelle, ces hommes puiffans créoient & dépoloient les papes -comme il leur plaïfoit. L'empereur Othon , {es fils &t petit-fils foumitent de nouveau à leur autorité l’é- leétion des papes, qui dépendoit abfohument d'eux. _Henn , due de Baviere, leur fucceffleur à empire, Riffa la liberté de cette éleion au clergé 8 au peu- ple romain , à lexemple des empereurs francois. Conrard le Salique‘ne changea rien: mais Henri HI, fon fils & Henri IV. fon petit-fils, {e remirent en poflefion du pouvoir de choiïfir eux-mêmes , ou de faire ébre celui qu'ils voudroient pour papes : ce qui atluma d'horribles troubles dans l’Eglife , ft naître le fchifme , "6€ caufa la guerre entre les papes &c les em- pereurs au fujet des inveflitures. Enfin PEglife ayant encore été troublée pendant | lefpace d’un fiecle par les anti-puges, la liberté des éleftions fut rétablie fous Innocent IT. car , après que le fchifme dewPierre de Léon , , dit Aracler ,"& de Viéor IV. eut été éteint , tous les cardinaux réunis fous lPobéiflance d’Innocent , & fortifiés des princi- | pauxmembres du clergé de Kome,acquirent tant d’au- torité, qu'après fa mort ils firent feuls léletion du pape Célefhin Il. en 1143. Depuis ce fems-là ils fe font toujours maintenus dans la pofieffion de ce droit: le fénat, le peuple , & le refte du clergé ayant enfin ceflé d’y prendre part. Honorius Ill. en 1216, ou, felon d’autres, Gregoire X. en 1274, ordonna que léleétion fe fit dans un conclave , c'eft--dire un heu fermé. | _ Le pape peut être confidéré fous quatre fortes de titres : 1° comme chef de l'Eglife romaine ; 29 comme patriarche ; 3% comme éyéque de Rome ; 4° comme prince temporel. | PAPE, ÉLECTION DU, l'élelion des papes a toujours été retenue dans l’Eglife; mais élle à recu divers changemens dans fa forme. Anciennement elle fe faifoit parle clercé, lesem- pereurs, & par tout le peuple : au même tems que le pape étoit élu on le confacroit. Telle fut fa forme que l'on pratiqua jufqu'au vas. anon ape ‘ Adrien I. avec 150 évêques, & le peuple romain, accorda à Charlemagne la faculté de nommer &r d lire feul le fouverain.pontife. Charlemagne ordonna que Pélefion feroit faite par le clergé &r le peuple, que le decret féroit envoyé à l'empereur, 6 que le nouveau pape élu feroit facré fi l’empereur lapprouvoit. L'empereur Louis le débonnaire remit l’élefHon aux Romains , à condition-feulement que quand le France. | Leon VIT. remit ce même droit d’élire les papes à Fempereur Othon, & Nicolas Il. dans un concile te- nu à Rome lan 1059, confirma le‘droit queles em- pereurs avoient d'élire les pages. Maïs fes empereurs ne Jouirent pas lons-tems detce droit, fous prétexte de quelques inconvéniens qued’on prétendoit qui fe rencontroïent dans cesfortes d’éleétions. L’empe- reur Lothaire pouréviter les féditions qui arrivoient fréquemment dans ces occafons , fitune célebre or- donnance, portant que le papene feroïr plus élu par le pape ; maïs cette ordonnance ne fut point obier- vée. ; Les empereurs perdirent donc feuls le droit délire ie pape. Les papes réferverent au clergé, au fénat, & au peuple de Rome le droit de faire conjointe- ment cette éleétion, & ils réglerent qu'après lélec- tion, le pape feroit confacré en préfence des ambaf Tome XI, : sa PAP 829 fadeuts de l'Empire: ce changement arriva fous le pontificat d'Etienne X. | Vers lan 1126, le clergé de Rome fut déclaré avoir feul le droit d’élire les papes, fans lé confente- ment 11 la confirmation de l'empereur’ | < Innocent IL. s'étant brouillé avec Les Romains qui le chaflerent de la ville, les priva à fon tour du droit | d'éreles papes. Le clergé & le peuple de Rome fu rent donc exelus de cette éleétion ; mais ce chânge: ment ne fut entierement affermi que fous Alexandre HE. 1 Lu: k Ce pape en 1160, donna aux cardinaux feuls le droit de faire cette éleétion, & voulut qu’elle ne fût reputée valable qu’en cas que les deux parts dés car- inaux fuflent concordantes. | Le concile général de Lyon, tenu fous Grésoire X. & celui de Vienne, tenu fous Clément V. confir- ment cette forme d’éleétion , & c’eft la même qui fe pratique encore préfentement. Elle fe fait donc parles cardinaux affemblés À cet effet dans le conclave. Foyez CONCLAVE. Aufli-tôt après l'éleétion du pape, il eft exalté, c'eft-à-dire porté furles épaules. Etienne IE, fut le premier pour qui cela fut-pratiqué en 752, & depuis, cette coutume a été fuivie, fn d Le fecond concile de Lyon veut que les cardinaux laifient paffer 10 jours après la mort du pape, avant que de procéder à l'éleétion : après ces 10 jours, les cardinaux préfens doivent entrer au conclave, fans attendre Les abfens. Voyez CONCLAVE. | Ce même concile déclare qu'ils ne font tenus d’ob- ferver aucune des conventions particulheres qu'ils auroient pu faire, même avec ferment, pour lélec- tion dun pape; attendu qu'ils ne doivent avoir d’au- tre objet que de donner à lEghfe celui qui eft le plus digne d’en être Le chef. |« L'éleGion fe faitordintirement pat la voie du fcru- tin, en mettant des billets! dans un calice qui eft fur l'autel deia chapelle du conclave. _ Pourqu'unpepe foitlésitimmeent élu, il faut qu'il ait au moins les deux tiers des voix, autrement on doit recommencer à prendre les fuffragés : cela fut ainfi ordonné dès 1170. ‘ Quand les voix font trop long-tems partagées, 1} | arrive quelquefois que plufieurs cardinaux convien- nent d’un fujet, & fortent de leur cellule en publiant on nom. Si tous les autres nomment le même fujet, l’éleétion eft canonique ; maisfi quelqu'un des car- dinaux garde le filence, on procéde de nouveau par la voie du fcrutin. Ex Quelquefois on à nommé des compromiffaires, auxquels on donne pouvoir d’élire un pape. En 1314 les cardinaux affemblés à Lyon, après la mort de Clément V. étant embarraffés fur le choix d'un pape, déférerent l’éledion à la voix de Jacques d'Offat cardinal, qui fe nomma lui-même, en difant, ego fum papa. I] fut appellé Jeez XXII. | Depius Sergius IL. qui changea fon nom en deve- nant pape, les fuccefleurs ont coutume de fairela mé- me chofe. | | La promotion d’un évêque à la papauté fait ouver- ture à la régale. Confirmation, Dans tous les rems, les papes ont eu le pouvoir de gouverner lEclife aufMi-tôt après leu Cleétion; en conféquence ils ont de ce moment, le droit de conférer tous les bénéfices qui font à leur collation: ils font même obligés de le faire dans les coflations forcées , lorfaw’ils en fontrequis. Le pouvoir que le pape a dès le moment de {on éleétion, eft établi par deux textes précis. Lun eft dans une confitution d’un concile tenu à Romeen 1059, oil eft dit que le fiege apoñtolique ayant la prééminence fur toutes les Eglifes de la ter- re, ne peut avoir de métropolitain au-deflus de li, OOooo 8:0 P À P | 8 que les cardinaux en font la fonétion; qu'ainf le pape ne peut être confirme par d’autres: les cardinaux le confirment en l’élifant. La cérémonie de l’élettion, & celle de la confirmation, qui font diftinétes &c {e- parées dans les autres évêques, ne font qu'une feule & même chofe à l'égard du pape. Le fecond texte qui établit que Le’ pape n’a pas be- foin d'autre pouvoir que fon eleétion mème, & “qu’elle emporte auf la confirmation, eft aux décré- tales, cap. licer de eleif, € elecli poteflate. Ontrouve cependant qu'après Conftantin , les em- pereuts s’attribuerent infenfiblement le droit de con- frmer l’éleéhon des papes, & que cela eut lieupen- dant plufeurs fiecles ; tellement que les papes n'é- toient point confacrés avant cette confifmation: pour l'obtenir, 1ls envoyoïent des légats à Conftan- tinople aufli-tôt après leur éleétion. | L'empereur Juftinien fit faire un décret par Virpi- lus, par lequel ilétoit défendu de confacrer le pape élu, que premierement 1l n’eût obtenu deslettres pa- tentes de confirmation de Juflinien, ou de fes fuc- cefleurs empereurs. Cette coutume fut conflamment obfervée pendant plus de 120 ans, & jufqu'à Be- noît II. Durant ce tems il yeut toujours une diftan- ce éntre l’eleion & la confécration des papes ,lpar- ce qu'ilfalloit attendre les lettres de confirmation qui étoient oftroyées ou par lesempereurs, ou par leurs exarques & lieutenans généraux en Italie, avant lefquelles il n’étoit pas permis au page élu de fe fure confacrer, ni de prendre pofleffion de cette dignité ; tellement mème que pour cette permiffon , il falloit que le pape élu donnât à l’empereur 20 lv. d'or. L'Empire ayant pañlé aux allemans , quelques em- pereurs de cette nation jouirent encore de ce dront. Charlemagne ordonna que le pape élu feroit facré fi l’empereur l’approuvoit. - Sous fes defcendans plufeurs papes n’attendirent pas cette confirmation, notamment Paichal avec Louis le Débonnaire, auquel Pafchal s’en excufa en- fuite. Quelques-uns prétendent que Louis le Débonnaire renonca à ce droit, fuivant le canon, ego Ludovicus ; “mais ce canon eft apocryphe. En effet, Lothaire & Louis IT. fils de Louis le Débonnaire, jouirent en- core de ce droit, non pourtant fans quelque contra- diétion ; car le page Euge , en 824, refufa de prendte de l'empereur la confirmation de fon élection: Lo- thaire s’en plaignit hautement. Grégoire IV. qui tint le faint-fiese peu de tems après, demanda à l’empe- teur la confirmation de fon exaltation. Mais les empereurs fuivans ayant voulu abufer de ce droit, & fe rendre maîtres des élections, ils en fu- rent bientôt privés. Adrien IT. en 884, ordonna que les papes feroient déformais facrés fans lappro- bation des empereurs. Nicolas Il. aida beaucoup à affranchir les papes de la néceflité de cette confirma- tion. Enfin dans le xÿ. fiecle le clergé de Rome fut - décläré avoir feul le droit d’élire les papes, fansle confentement m la confirmation de l'empereur. ’ Couronnement. Le couronnement des papes eftune cérémonie qui n’eft pas fort ancienne , &c qui eft plu- tôt relative à la qualité de prince temporel, qu'à _ celle de vicaire de J. C. & de fucceffeur de faint Pierre. Quelques auteurs ont prétendu qu'outre l’élec- tion, il y avoit une cérémonie dont le couronne- ment eft l’image, & que fans cette formalité ceux qui étoient élus ne fe difoient point papes, & n’é- toient point reconnus pour tels dans PEglfe. Quoi qu'il en foit, il eft certain qu'Urbain IL. fe fit couronner à Tours. Es ne portorent d’abord qu’une feule couronne ; Benoît XIL. fut Le premier qui porta la triple couronne. | Les Jurifconfuites d'Italie ont introduit lufage de PAP dater les aétés raprès le couronnement, 4 exemple des empereurs ; cependant on ne laiflepas d’expédier &T de dater des provifons avant le couronnement, avec cette différence feulement qu’au lieu de dater 44 anno pontificatis , On met, & die juftepti nobis apoftola- tËs ojficir. | Croffe. Anciennement le pape portoit une crofle ; comme les autres évèques ; mais fous. l’empereur Othon, Benoît renonçant au pontificat auquel il avoit été appellé fans le confentement de l’empereur, re- mit fa crofle entre les mains de Leon VIEIL. pape légi- time; qui la rompit en préfence de l'empereur, des prélats & du peuple. | : On remarque auf qu'Innocent Il, trouvoit au- deflous de fa dignité de porter une crofle qui le con- fondoit avec les évêques. Cependant onnépeut dou- ter, fuivant ce qui vient d’être dit dans l’arricle pré- cédent, que les papes ne Peuflent toujours portée. Le pape pour marque defa jurifdittion fupérieure, fait porter devant lui la croix à triple croïfillon. Juri[ditlion. Le pape en qualité de chef de l’Eolife a certaines prérogatives , comme de préfider aux conciles écumnéniques : tous les évêques doivent être én communion avec lui. | Il eft néceffaire qu’il intervienne aux décifions qu regardent la for, attendu Pintendance générale ce a fur toute l’'Eglife ; c’eft à hu de veiller à. fa conferva- tion & à fon accroiflement. | C’eft à lui qu’eft dévolu le droit de pourvoir à ce que l’évêque, le métropolitain & le primat, -refufent ou nécligent de faire. Les papes ont prétendu fur le fondement des fauf- fes décrétales, qu'eux feuls avoient droit de juger même en prenuereinftance, les caufes majeures, en- tre lefquelles ils ont mis les affaires criminelles des évêques. Mais les parlemens & les évêques de France ont toujours tenu pour regle, que les caufes des evé- ques doivent être jugées en premiere inftance par le concile de la province, qû près cepremier jugement il eft permis d’appeller au pape, conformèment au concile de Sardique;, & que le pape doit commettre le jugement à un nouveau concile, jufqu'à ce qu'il y aittrois fentences conformes: la reale préfente de E- olife étant que les jugemens eccléfaftiques qui n’ont pas été rendus par l’Églife univer{elle , ne font regar- dés comme fouverains que quand il y a trois fenten- ces conformes. | Dans les dermiers fiecles les papes ont aufi voulu mettre au nombre des caufes majeures , celles qui re- gardent la foi, & prétendoient en avoit feuls la con- noiflance ; mais les évêques de France fe font mainte- nus dans le droit de juger. ces fortes de caufes, foit par eux-mêmes, foit dans le concile de la province, à la charge de l’appel au faint fiece. Lorfque le pape fait des decrets fur des affaires qui concernent la foi, nées dans unautre pays, ou même fur des affaires de France, qui ont été portées direc- tement à Rome, contre la difcipline de Péglife de France, au cas que les évêques de France trouvent es decrets conformes à la doétrine de Péglife galli- cane , ils les acceptent par forme de jugement: c’eit ainf qu’en uferent les peres du concile de Calcédoine pour la lettre de S. Leon. S Pr Le papene peut exercer une jurifdi@ion immédiate dans les diocefes des autres évêques, il ne peut éta- blir des délégués qui faffent, fans leconfentement des évêques, leurs fon&ions. | Il eft vrai que le concile de Trente approuve quele pape évoque à foi les caufes qu’il lui plaira de juger, où qu'il commette des juges quien connoïffent en pre- miereinftance ; mais cette dicipline qui dépouille les évêques de l’exercice de leur jurifdiétion, & les mé- tropolitains de leur prérogative de juge d’appel, n’eft point reçue en France: les papes n’y font point juges ën premiere inftance des caules concernant la foi & la difcipline. Il faut obferver les degrés de jurifdic- tion: on appelle de l’évêque au métropolitain, de ce- Jui-ci au primat, & du primat au pape. Il ya See certains cas dont la connoïffance lu eft attribuée diretement par un ancien ufage:. tels que le droit d'accorder certaines difpenfes, la col. lation des bénéfices par prévention, &c. Hors ces cas, & quelques autres femblables qui font remarques en leur lieu, f le pape entreprenoit quelque chofe fur la . jurifdi@tion volontaire ou contentieufe des évêques, ce qu'il feroit feroit déclaré abufif. Les papes ont des officiers eccléfiaftiques qu’on ap- pelle Zgars du Jaint fiege, qu'ils envoient dans les différens pays catholiques, lorfque le cas le réquiert, pour les repréfenter, & exercer leur jurifdi&ion dans les lieux où ils ne peuvent fe trouver. Ces légats font de trois fortes ; favoir, des Iégats 4 Zatere, qui font des cardinaux: lé pouvoir de ceux-ci eft le plus éten- du, ils ont d’autres légats qui ne font pas a latere ni cardinaux, & qu’on appelle Zegari riffi ; & enfin il y _ ades gars nés. | _ Dès que le légat prend connoïffance d’une affaire ; le pape ne peut plus en connoître. Voyez LÉGAT. Outre les légats, les papes ont des nonces & desin- ternonces, qui dans quelqués pays exercent aufli une certaine jurifdiétion; mais en France ils ne font con- fiderés que comme les ambaflädeurs des autres prin- ces fouverains. Voyez NONCE & INTERNONCE. Ce que lon appelle con/floire eft le confeil du pape: il eft compofé de tous lescardinaux, le pape y préfide en perfonne. C’eft dans ce confeil qu’il nomme les cardinaux, & qu'il confete les évêchés & autres bé- néfices qu’on appelle cozfifioriaux. Nous réconnoif fons en France l'autorité du confiftoire, mais feule- ment pour ce qui regarde la collation des bénéfices _confiftoriaux. Joyez CONSISTOIRE. Les lettres patentes des papes qu’on appelle &u4es , font expédiées dans leur chancellerie qui eft compo- fée de divers officiers. | Le pape a encore d’autres officiers pour la daterie, & pour les lettres quis’accordent à la pénitencerie. Les brefs des papes font des lettres moins folemnel- les que les bulles, par lefquelles ils accordent les gra- ces ordinaires & peu importantes ; telles que les dif- penfes des interftices pourles ordres facrés, &c. Foyez BREF. L Pouvoir du pape. Le pape a inconteftablement le droit de‘décider fur les queftions de foi: les décrets qu’il fait fur ce fujet regardent toutes les églifes; mais comme ce meft point au pape, mais au corps des paiteur$ que J. C. a promis linfaillibilité, ils ne font regles de foi que quand ils font confirmés parle con- fentement de l’Eglife. Telle eff la teneur de la iv. pro- pofition du clergé, en 1682. En qualité de chef de PEglife le pape préfide aux conciles écuméniques , & il eft feul en pofleffion de les convoquer , depuis la divifion de l'empire romain entre différens fouverains. Le pape eft foumis aux décifions du concile écu- ménique, non feulement pour ce qui regatde la foi, mais encore pour tout ce qui regarde le fchifme & la réformation générale de l'Eglife. C’éft encore un des quatre articles de 1682 : ce qui eft conforme aux con- ciles de Conftance & de Bafle. Le pouvoir des papes n’a pas toujours été auffi étendu qu'il left préfentement. Les papes doivent à la piété de nos rois de la {e- conde race les grands domaines qu'ils tiennent en: toute fouveramneté , ce’qui doit les engager à donner de leur part à nos rois, des marques de reconnoiflan- ce, & à avoir des confidératations particulieres pour l’éolife gallicane. Les papes n’avoient au commencement aucun droit Tome XL, P A P 931 fur la difpofition des bénéfices, autres que ceux dé leur diocefe, Ce ne fut que depuis le xi. fiecle qu'ils commencerent à fe réferver la collation de certains bénéfices. D'abord, ils prioient les ordinaires par leurs lettres monitoires de ne pas conférer ces béné: fices ; plus fouvent ils recommandoient de les CONÉÉs rerà certaines perfonnes. Ils envoyerent enfuite des lèttres préceptoriales pour obliger les ordinaires, fous quelque peine, à obéir ; &. comme cela ne {u= {0it pas encore pour annuler la collation des ord;- naires, ils renvoyoient des lettres exécutoires pour punir la contumace de l'ordinaire » & annuler fa col- lation. Les lettres compulfoires étoient à même £n. L’ufage a enfin prévalu, & en vertu de cet ufage ui €ft aujourd’hui fort ancien, le pape jouit de plu: ieurs prérogatives pour la difpoñition des bénéfices : c’eft ainfi qu'il confere les bénéfices vacans en cout de Rome; qu'il admet les réfignations en faveur 5 qu'il pré vient les collateuts ordinaires ; qu'il confere pendant 8 mois dans les pays d’obédience, fuivant la regle des mois établie dans la chancellerie romaine; qu'il admet feul les réferves des penfons fur les bé néfices. | Les faufles décrétales, compofées par Ifidore de Séville , contribuerent auff beaucoup à augmenter le pouvoir du pape fur Le fpirituel. Suivant le concordat, le pape confere fur la nomi. nation du roi , les archevêchés & évêchés de France, les abbayes & autres bénéfices qui étoient aupara- vant éleéhifs par les chapitres {éculiers ou réguliers: le pape doit accorder des bulles à celui qui eft nommé par le roi, quand le préfenté a les qualités réquifes pour pofléder le bénéfice. | Lu” . Le roi doit nommer au pape un fujet dans les 6 mois de la vacance ; & fi celui qu’il a nommé n’a pas les qualités réquifes, il doit dans les 3 mois du refus des bulles en nommer un autre ; fi dans ces 3 mois le roi ne nomme pas une perfonne capable, le pape peut y pourvoir de plein droit, fansattendre la normi- nation royale. Mais comme en ce cas iltientla place du chapitre dont l’élu étoit obligé d'obtenir l’apré- ment du roi, 1l faut quil fafle part au roi de la per= {onne qu’il veutnommer, & qu'il obtienne fon agré. ment. Le concordat attribue auffi au pape le droit de pou voir conférer , fans attendre la nomination du ro1, les bénéfices confiftoriaux qui vaquent par le décès des titulaires en cour de Rome ; plufiéurs perfonnes Ont prétendu que cette réferve qui n’avoit point lieu autrefois pour les bénéfices éledif, avoit été inferée par inadvertance dans le concordat , & qu’elle ne fai- {oit pointune loi. Néanmoins Louis XIII. s’y eft fou- mis , 6 ileft à préfumer que fes fucceffeurs s’y fou- mettront: bien entendu que les papes en ufent comme Urbain VIT. lequel ne conféra l’archevêché de Lyon qui étoit vacant en cour de Rome, qu'après avoir {çu de Louis XIII. que M. Miron qu'il en vouloit pour- voir, lui étoit agréable. - Pour prévenir les diflicultés auxquelles les yacan: ces en cour de Rome pourroient donner lieu , le pape accorde des indults, quand ceux qui ont des bénéf- ces confiftoriaux vont réfider à Rome. Il déclare par ces indults qu’il mufera pas du droit de la vacan- Cein curid , au cas que les bénéficiers décédent à Rome. | … Lorfque le pape refufe fans caufe légitime des bul- les à celui qui eft nommé par le roi,le nominataire peut fe pourvoir devant les juges féculiers , qui commet- tent l’évêque diocéfain pour donner des provifions j lefquelles ont en ce cas la même force que des bulles, Ou bien celui qui eft nommé obtient un arrêt , èrl vertu duquel il jouit du revenu , & confere les bénéfis ces dépendans de la prélature. Cette derniere voie eff la feule qui foit ufitée depuis plufeurs années : on ‘ | O0000 à 832 P À P ne voit pas que l’on ait employé la premiere pour les évêchés depuis le concordat; cependant fi le pape refufoit fans raifon d'exécuter la loi qu'il s’eft lui-mé- me impofée , rien némpêcheroit d’avoir recours à l’ancien droiït de faire facrerles évêques par le métro- politain fans le confentement du pape. | Dans les premiers fiecles de l’'Éolife, toutes lés cau- fes eccléfiaftiques étoient jugées en dernier reffort par les évêques de la province dans laquelle elles étoient nées. Dans la fuite, lés papes prétendirent qu’en qualité de chefs de PEglife, ils devoient con- noître de toutes les affaires, en cas d'appel au faint fiege. Après bien des conteftations, tous les évêques d’occident ont condefcendu au defir dés papes, lef- quels jugent préfentement les appellations interjet- tées des Fu renduës parles primats, ou par les imétropolitains qui relévent immédiatement du faint fiege. À l'égard de la France, le juge doit nommer des délégués pour juger fur les heux des appellations qui fontportées à Rome; & ilne peut en connoître, mê- me par fes délégués, que quand on a épuilé tous les degrés inférieurs de la jutifdiftion eccléfaftique. Les canoniftes ultramontains attribuent aux papes plufieurs autres prérogatives , telles que linfallibilité dans leurs décifions fur les matieres qui regardent la foi, la fupériorité au-deflus des conciles géñéraux , & une autorité fans bornes pour difpenfer des canons &c des regles de la difcipline ; mais Péglife gallicane, toujours attentive à conferver la do@rine qu’elle a reçue par tradiétion des hommes äpoftoliques, en rendant au fucceffeur de $. Pierre tout le refpeét qui lui eft dû fuivant les canons , a eu foin d’écarter tou- tes les prétentions qui n’étoient pas fondées. = On tient en France , que quelque grande que puiffe être l'autorité du pape fur les affaires eccléfiaftiques, elle ne peut jamais s'étendre direftement, ni indirec- tement fur le temporel des rois ; il ne peut délier leurs fujets du ferment de fidélité, n1 abandonner lés états des princes fouverains au premier occupant, ou en difpofer autrement. | Par une fuite du même principe, que le pape n’a aucun pouvoir fur le temporel des rois, il né peut faire aucune levée de deniers en France, même fur le temporel des bénéfices du royaume , à moins que ce ne foit par permiffion du roi. C’eft ce qui eft dit dans une ordonnance de S. Louis, du mois de Mars 1268, que le pape ne peut lever aucuns deniers en France fans un exprès confentement du roi & de l’églife gal- licane ; on voit aufli par un mandement de Charles TV. dit le Bel, du 12 Oétobre 1326, que ce prince fit ceffer la levée d’un fubfide que quelques perfonnes exigeoient au nom du pape pour la guerre qu’il avoit en Lombardie. Néanmoins pendant uni fers les pages ont pris fur les biens eccléfiaftiques de France des fruits & émo- lumens à l’occafion des vacans (ou anrates), des pro- curations , dixmes ou fubventions & des biens-meu- bles des eccléfiaftiques décédés ; mais ces levées ne fe faifoient que par la permiflion de nos rois ou de leur confentement , & il y a long-tems qu’il ne s’eft rien vu de femblable. Les papes ont aufh fouvent cherché à fe rendre néceflaires pour la levée des deniers que nos rois fai- {oient fur le clergé ; ils ont plufieurs fois donné des permifhons au clergé de France de payer les droits d’aide au roi; mais nos rois n’ont jamais reconnu u'ils euflent befoin du confentemeñt du pape pour faire quelque levée de deniers fur le clergé, & de- puis long-tems les papes ne fe font plus mêlés de ces {ortes d’affaires. Le pape ne peut excommunier les officiers royaux es ce qui dépend de l’exercice de la jurifdiéion fé- £uliere, ne-peut pas non plus reftituer de linfamie, re- P AP mettre Pamende-honorable , proroger le tems pou” lexécution des teftamens, convertit les legs, per- mettre aux clercs de tefler au préjudice des ordon- nances &c des coutumes, donner pouvoir de pofé- der des biens dans le royautne contre la difpoftion des ordonnances, n1 connoïtre en aucun cas des af- faires civiles ou criminelles des laïcs: Suivre Quoique le pape foit le chef vifible de l'églife, &c qu'il y ait la principale autorité pour tout ce qui re: garde le fpirituel; on a toujours tenu pour maxime en France, que fon pouvoir n’efft pas ablolu ni 1n%- ni, & que fa puiflance doit être bornée par les faints canons, par les regles des conciles qui font recus dans le royaume, & par les decrets de fes prédécef:. feurs , qui ont été approuvés parmi nous. Le pape ne peut donner aucune atteinte aux an- ciennes coutumes des églifes, qui ne font pas con- traires aux regles de la foi & aux bonnes mœurs, & notamment il ne peut déroger aux coutumes & ufages de l’églife gallicane , pour lefquels les plus orands papes ont toujours témoigné une attention particuliere; | A APE Le pape peut accorder des difpenfes d’âge pour certains bénéfices tels que les abbayes & les prieurés conventuels ; mais quand l’âge eft fixé par la fonda- tion, le pape ne peut y déroger , fur-tout fi le béne- fice eft de fondation laique. 84 _ Il n’y a que le pape &t ceux qui en ont rèçu de lux le pouvoir par quelque indult, qui puiffent conférer les bénefices en commende. 2 Le pape jouit encore en vertu de Pufage de plu- fieurs autres droits. RC Ceft à lui feul qu'il appartient de réfoudre le ma- riage fpirituel qu’un prélat a contraété avec fon égh- fe ; de forte que le fiege épifcopal n’eft cenfé vacant que du jour qu’on connoït que la démiffion , la ré- fionation ou la permutation ont été admiles en cour de Rome. | , | C’eft auf le pape qui accorde des difpenfes pour contraéter mariage dans les degrés prohibés, Il difpenfe ceux dont la naïflfance eft illégitime pour recevoir les ordres facrés, & pour tenir les bé- néfices-cures & lés canonicats dans les éclifes cathé-, drales , mais cette lévitimation n’a point d’effet pour letemporel | | Il fe réferve l’abfolution de quelques crimes les plus énormes ; mais il y a certaimes bulles qui ne {ont point reçues en France, telles que la bulle 7 cend Domini , pat laquelle Les papes fe {ont réferve ke pous voir d’abfoudre de Fhéréfie publique. En France le papé ne peut pas déroger en patro- nage faic. Libertés de Péglife gallicane, art. 304 Cependant fi le pape accordoït par privilese à un particulier le droit de patronage fur une églile, cette conceffion feroit valable, poufvu que ce privilege eñt une caufe légitime, & qu’on y eût obfervé toutes les formalités requifes pour l’aliénation des biens eccléfiaftiques. À | Lorfque le pape ne déroge pas au patronage laic par fa provifion dans les fems accordés au patron laïc , il n’eft pas contraire aux maximes du royau- me d'y avoir égard , lorfque le patron néglige d'u- {er de fon droit. Louet & Solier fur Paftor. L'autorité du pape pour l’ére&ion d'une fonda- tion en titre de bénéfice n’eft pas reçue en France; l’évêque feul ace pouvoir. A {on refus, on fe pour- voit au métropolitain. | Pour ce qui concerne la puiffance temporelle du pape pendant plus de fept fecles , le pape n’étoit fim- plement que l'évêque de Rome , fans aucun droit de fouveraineté : la tranflation du fiege de l'empire à Conftantinople put bien donner occafion au papè d’accroître fon pouvoir dans Rome ; mais la vérita- ble époque de la puiflance temporelle des papes efk #1 P A P fous Grégoire IH lequel en 740 propofa à Charles Martel de fe fouftraire à la domination de l’erape- teur, & de le proclamer conful. nets GT - Pepin, fils de Charles Martel, donna àu pape l'e- xarcat de Ravenne , il ne lui donna pas la ville de Rome: le peuple alors ne Peût pas fouffert ; c’eft ap- paremment cette donation de Pepin qui à doñne lieu à la fable de la donation prétendue faite au pape Sy _veftre par lémpereur Conftantin le Grand. Celle de Pepin fut faite du tems deConftantmCopronyine,mais fans fon confeñtement;il paroït pourtant que c’eft cette équivoque de nom qui a fervi de fondement à la pré- tendue donation de Conftantin,que l’on imagina dans le x°.fiecle, . ; | Sous Charlemäone le pape n’avoit encore qu'une autorité précaire & chancelante dans Rome : le pré- _fet , le peuple & le fénat, dont l’ombre fubfftoit en: coré, s’élevoient fouvent contre lui. Adrien [. reconnut Charlemagne roi d'Italie & pa- trice de Rome. Charlemagne reconnut les donations faites au faint fiege , én fe réfervant la fuzeraineté, ce qui fe prouve par les monnoies qu'il ft frapper à Ro- me en qualité de fouvéram , 8 parce que les actes ‘étoient datés de l’année du reone de l’empereur, #7- perante domino nofero Carolo ; ë&t l’on voit par une let- tre du pape Léon II. à Charlemagne, que ie pape rendoit hommage de toutes {es pofefions au roi de France. _ mn: + er Ce ne fut que long-tems après que les papes devin: rent fouverains dans Rome , foit par [a ceffion que Charles le Chauve leur fit de fes droits , foit par la décadence de l'empire , depuis qu'il fut renfermé dans l’Alleragne ; ce fut fur-tout vers le commen- tement du xij. fécle que les papes acheverent de fe fouftraire de la dépendance de l'empereur. | Boniface VIIT. portä les chofes encore plus loin ; il parüt en public l'épée au côté & la couronne fur datête , & s’écria : Jéfuis empereur & ponrife. Plufieurs empereurs s’étant fait couronner par le pape, pour rendre cette action plus fainte & plus {o- lemnelle, les pzpés ont pris de-là occafion de préten- dre que le nouvel émpereur étoit obligé de venir en Ttalie fe faire couronner ; C’eft pourquoi autrefois aprés lélettiof, & eh attendant le couronnement , on envoyoit à Rome pouf en donner avis au pape, & en obtenir la Confirmation. LE pape faifoit expédier des lettrés qui dilpeñfoient l’empereur dé fe rendre en Italie pour y être couronné à Milan & à Rome, ainfñ qué les papes prétendoient que les empereurs y étoient obligés. : | Ces deux couronnemens furent abolis par les états de lempireen 1338 & 1339: 1l fut décidé que lélec- tion des éleéteurs fufhifoit ; & que quand l’empereur avoit prêté ferment à l'empire, il avoit toute puif SIC "Nr Cependañt les pépes veulent toujours que l’empe: reur vienne à Rome recevoir la couronne impériale; &t dans leurs bullés & brefs, ils né le qualifient que d’empereur élu. Quelques papes orit même prétend avoir le droit de difpofer des couronnes. _ Sylveftte IT. érigea le duché de Horigrie en royau- me en faveur du duc Etienne , c’eft le premiér exem- ple d’une femblable éreétion faite par le pape. Léon IX. donna aux Normans toutes les terres qu'ils avoient conquifes, & qu’ils prendroient furles , Grecs & fur les Sarrafins. | Urbain Il. prétendit que toutes les îles lui appatte- noient. . D’autres encore plus ambitieux, tels que Grégoiré VIT. & Boniface VIIL. ont voulu entreprendre fur le temporel des fouverains , délier leurs fujets du fer- ment de fidélité, & difpofer de leurs états; mais en Françe on a toujours été en garde contre ces fortes P ATP 833 d'entreprifes; &ctoutes les fois qu'il a paru quelques aétes tendant à attenter fur ie temporel de nos rois ; le mimiftere public en a interjetté appel comme d’a- bus, &c les parlemens n’ont jamais manqué par leurs arrêts de prendre toutes les précautions convena- bles pour prévenir le trouble que des pareïlles entre- prifes pourroient caufer…. sue %: .… Foyez les libertés de l’églife gallicane, les mémoi. res du clergé, les loix eccléfiaftiques , l'hiftoire du droit public eccléfaftique , le tableau de l'empire ger- manique,, le traité des mat. bénéf. de Fuet, lerecueil de jurprud. can. de la Combe, la bibliotheque caz nonique , les définitions canoniquess. … Voyez auffi les mors BÉNÉFICES, CHANCHELLE: RIE ROMAINE , CARDINAUX ; COUR DE ROME; LÉGAT, NoNcE. (4) , | PAPECHIEN , voyez VANNEAU, | PAPEGAT, PAPÉGAUT,, voyez PERROQUET: PAPEGAI, {m. wfuges le papegai où papegaur, comme l'on parle en quelques provinces, eft propre: ment un but, ou, pour meuxdire, un oifeaude bois garni de plaque defer,êrque des habitansd’unevilleow bourgade fe propofent d’abattre à coupide fufil : c’eft ce qu’on nomme ordinairement l’éxércice de, l'arquez bufe.. Le vainqueur ou le roi , c’eft-à-dire celui qui abat l’oifeau a, dans plufeurs contrées du royaume, des attributions affignées fur le produit des aïdes. Sur quoi obferve que cet exercice n'étant plus né- ceffaire, comme il pouvoit l'être autrefois ; ik con: viendroit de le {upprimer tout-à-fait ; d'autant plus qu'ileft dangereux, à bien des. égards, & qu’on er voit fouvent arriver des malheurs; outre que la chaffe étant communement défendue aux bourgeois & aux peuples , 1l leur eft inutile, où mème nuifible de con- tracter une habitude qui peut devenir vicieufe, Cela poié , les attributions faites aux rois de l’arquebufe pourroïent devenir beaucoup plus utiles, f lon en faifoit un encouragement pour les opérations cham= pêtres, que nôtre miniftere s’emprefle d'aider & de perfeétionner. | ee Dans cette vue, on pourroït fonder pour prix an: nuel de l’économie ruftique en chaque artondifle- ment dé la campagne, une médaille d’or decinquante francs, au moins, à prendre fur le produit des aides , ou fur les autres fonds deftinés à arquebufe ; & cela en faveur des laboureurs 8 menagers quiau jugement de leurs pareils feront reconnus les plus laborieux & les plus habiles; & que l’on eftimera tant par lespro- duétions & les récoltes, que par lesentreprifes & les inventions nouvelles. Chaque laureat portera fa mé- daille, comme une marque d'honneur, & cette dif tinétion l’exemptera pendant l’année , lui & toute fa famille, de la milice, des collees & des corvées: Ceux qui rendront leurmédaille, recevront la valeur eh argent. Ce genre de récompenfe paroîtroit mieux employé qu’à Fexercice de l’arquebufe. PAPELINE, £ £. (Manufaëture.) ainfi nommée, à ce que croit Furetiere , de ce qu'elle a d’abord été fabriquée à Ayignon , & autres lieux du Comtat $ qu’on appelle serre papale, parce qu'il appartient au pape: Al La papeline efk une étoffe très-lésere , dorit la chaî: ne eft de foie, & la trême de fleuret ou filofele, IL s’en fait de pleines, de figurées & de toutes couleurs. La plpart de ce que lon appelle en France des grifésres ; ne {ont que de véritables papelines. Elles {e font à deux ; à quatre fils, & même au-deflus ; mais toutes; quelque nom qu’on leur donne, & à tel nombre de fils qu’elles foient travaillées , doivent avoir de lar- geur Ou une demi-aune entiere, où une demi- aune demi-quart ; & pour les difcerner des étoffes de fine & pure foie , elles doivent avoir d’un feul côté une lifiere de différente couleur à la chaine, S avaryà (2,4.) | 834 PA P PAPELONNÉ, adj. serme de Blafon : ce mot fe dit d’une repréfentation en forme d’écaille ou de denu- cercle qu’on met fur un écu. Le plein de ces écailles tient lieu de champ, &c les bords de pieces & d’orne- mers. h PAPESSE JEANNE, (Æff. des papes.) c’eft après . Léon IV. qui mourut en 855, que Pon place la faufle papeÎle Jeanne. Dans le fonge du vieux Pélerin, écrit par Philippe de Maiziere en 1389, la reine Vérité rapporte au ch. Z. du I. liy. qu'une vieille lux dit un jour. En certe cour de Rome je vis regner urie femme qui : Co L étoit d’ Angleterre ; felon M. l'Enfant, Jeanne nâquit à Mayence, où elle étoit connue fous le nom de Jean l’'Anglois , {oit qu’elle füt de famille angloife , foit pour d’autres raifons que nous ignorons. Au refte, la vieille s’adreffa mal pour débiter fon conte, & la reine Vérité ne dut pas y ajouter foi, non plus qu'à une autre hiftoire de la même vieille, touchant un evèque de Befançon, lequel, dit-elle, 4 Rome fus tranfporté du diable. PAPETERIE , f. (Archir.) grand bâtiment fitué à la chute d’un torrent, ou d’une riviere rapide où Von fabrique le papier. Ce bâtiment eft diftribué en différentes pieces deftinées aux ufages fuivans. D’a- bord c’eft un pourrifloir , lieu où fe corrompent &c pourriflent les vieux linges dont onfait le papier. Les autre pieces contiennent la batterie, dont l’eau fait agir les maïllets armés detranchans, pour hacher & reduire en bouillie les vieux linges, ce qui forme le moulin à papier ; la cuve où l’on fige les papiers dans les chaflis ; Pétendoir où on les fait fécher , & les magafins où on les emballe, & où on les plie. Il ya aufh dans une papererie des hangards &des fourneaux pour le bois & le charbon, &z des logemens pour les ouvriers. Les plus belles papereries de France font en Auvergne. (D. J.) PAPETERIE ; ce mot a deux acceptions, 1°. il fignifie l’affemblage de bitimens & de machines nécef- Jaires pour une manufatture où l’on fabrique le papier ; 2°. il fignifie l’art de le fabriquer. C’eft dans ce der- mer fens qu’il eft pris dans cet article. Les chiffons dont le papier eft formé, qu’on ap- pelle auffi drapeaux, paflent par un grand nombre d'opérations avant d’être convertis en cette fingu- liere étoffe que tout le monde connoït, & dont aufli- bien que de celle des chapeaux , prefque perfonne ne connoït la tiflure. C’eft à expliquer cette forma- tion que cet article eft deftiné. Nous allonsfuvre les opérations dans l’ordre où elles fe fuccedent dans les manufaétures les plus accréditées.} Celle de Langlée près Montargis, qui a des moulins à la hollandoï{e, eft très-confidérable par fes bâtimens & fa fabrica- tion. Nous devons à M. Prevoft, diredteur de cette manufaéture , les éclairciflemens qui nous ont mis en état de compofer cet article. | Premiere opération. Le chiffon qui doit être de toile, #oit lin ou chanvre, & non delaine ou de coton, eft recueilli par un grand nombre de perfonnes qui lem- magafinent pour le vendre aux manufadturiers ; étant arrivé dans la manufaêture, il y fubit une pre- miere préparation, qui eft le délifflage. Déliffer Le chiffon, c’eft en faire le triage, Le féparer en diffé- rentes fortes, qu’on appelle /uperfin , fin , coutures Jires , moyen, coutures moyennes , bulle ; une derniere forte qu’on appelle sraces , contient les toiles de plu- fieurs couleurs dont on ne fait que du papier gris. Pour délifler le chiffon , les femmes chargées de cet ouvrage, s’afleyent fur des bancs, comme la vignette, PL, I, de Papeterie , qi fepréfente lattelier des délif- feufes, le fait voir , fig. 1 & 2. Elles ont chacune à côté d'elles un crochet z, 4, c ; c’eft une efpèce de fer- be tranchante par fa partie concave & fixée fur le anc où elles font aflifes. Elles fe fervent de ce cro- cher vour découdre les différentes pieces de chiffon de différentes qualités qu’elles diftribuent dans les caifles 4, B ,C qu’elles ont devant elles. Chaque caïle, longue d'environ fix piés, large de trois, & haute de deux & demi, eft divifée en quatre parties par des cloifons ; dans une partie elles mettent le | chiffon le plus fin, & qui fe trouve fans couture; _ dans l’autre le chiffon fin qui a des coutures; dans une troifieme le chiffon de qualité moyenne ; dans la quatrieme celui de menue qualité, mais qui:a des coutures ; quant à la moindre qualité, qu’on appelle bulle, elles le jettent dans des mannes où paniers qui font autour des places qu’elles occupent. Pour les traces, qui font les chiffons, dont le tiflu eft de différentes couleurs ; il refte fur le plancher, d’où on le releve pour le porter au dépôt qui contientles chiffons dont on fabrique le papier gris ou lombard: Les cuvrieres qui prennent les chiffons dans les tas du brut, livrent au poids les différentes fortes, fu- perfin, fin, fans coutures, couturesfines, moyen fans coutures ; coutures moyennes, bulle , pour être por- tés dans des cafes ou chambres particulieres £ en- toutces de planches. Cet arrangement fert à fire connoître combien ces cafes en contiennent en fxi- fant un total de ce qui y eft entré chaque jour, & auf à régler le falaire de ces ouvrieres. C’eft pour cela que lon voit dans Le même attelier des balances &c des poids. Comme il arrive que les déliffeufes trouvent quel- quefois des chiffons dont les différentes pieces font très-fortement coufues enfemble , enforte qu’étant afhfesielles ne pourroient venir à bout de les rompre für les petits crochets 2,4, c de leurs bancs, il yen. a un plus grand F'fixé folidement à un des poteaux qui foutient le plancher, où travaillant debout, elles font mieux en état d'employer leurs forces. Seconde opération. L’attelier que nous venons de décrire eft placé au-deflus d'un autre qu’on appelle pourriffoir ; c’eit un endroit voûté & d’une grandeur proportionnée à l'exploitation; on y defcend par cinc ou fix marches E , enforte que les fenêtres que l’on voit dans la vignette PZ. II. de Papererie, font à l’ex- térieur prefque au niveau du terrein. Cette {alle ow cave eft divifée en deux patties par une muraille de cinq piés d’élevation ; la plus petite partie X qu’on appelle bacha, dans laquelle on met tremper le chif- fon, a vers le fond une ouverture fermée d’une pelle 4 , par laquelle on laifle écouler l’eau qui a {ervi à tremper le chiffon , quand il a été fuffifam- ment fubmergé, & le laifler à fec pour pouvoir le {ortir du bacha &c le porter dans quelques coins G ou À de la même cave , où on le laïfle fermenter pendant deux ou trois mois plus ou moins , fuivant la faifon , obfervant de le remuer de tems à autre, pour que tout le chiffon s’échauffe également. On jette le chiffon dans le bacha par une ouverture ZL pratiquée au haut de la voûte , & qui répond aux cafes où il a été mis en dépôt après avoir été déliflé. L'eau eft portée dans le bacha par un Nyse foù- _ terrain D C, dont on voit le robinet C'dans la figure. C’eftà celui qui conduit cet attelier à juger du degré de fermentation convenable à la {orte de chiffon, & à la forte d'ouvrage que l’on en veut faire; le chif- fon trop fermenté ou fufé, comme difent les ou- vriers , fouffre un déchet confidérable dans le moulin. Troifieme opération. À l'opération de laifler pourrir le chiffon , fuccede celle de le dérompre ; ce qui fe fait dans une falle yvoûtée ordinairement de pleir pié au pourrifloir , à laquelle on donne le nom de dé- rompoir , & que la vignette de la PZ. IT, de Papete- rie repréfente. Ceux qui font cet ouvrage font des pe- tits garçons ; ils font placés devant des tables ou caifles ccc poiées fur des tretaux folides, qui font auf fixées aux murailles de la falle ; la planche de devant de cette caïffe, a une échancrure demi-cir- culaire, vis-à-vis de laquelle eft plantée verticale- ment & folidement une faux «, ou plutôt ce n’eft que la plus large païtie de la lame d’une faux, dont le dos &c non le tranchant, eft tourné du côté du dé- rompeur (fge1,2 6 3), qui prend dans un coin de la caiffe vis-à-vis de laquelle 1left placé, une poi- gnée de chiffons tels qu'ils fortent du pourrifoir, où on les apporte dans des mannes ( fo. 4 & 5) ; & ayant . Un peu tordu cette poignée, qu'iltient à deux mains fig. 1),1l lapplique contre le bas du tranchant de Ja faux, & coulant vers le haut ,il parvient à couper cette poignée en plufeurs tronçons qu'il jette dans un autre coin de la même caiffe. Comme cette opé- fation dépure en même tems le chiffon d’une partie . des ordures qu'il contient, on a la précaution de mettre fur la table une claie d’ozier & (fig. 3.) à claire voye, élevée d’un pouce environ fur la table; fans cela les ordures refteroient dans le chiffon dé- rompu, c’eft-à-dire haché en petits morceaux, com- me dans celui d’où elles font {orties Come on emploie à cet ouvrage des enfans de différentes tailles, le dérompoir doit être fourni de différens billots & planches de bois dd de différentes épaileurs , pour qu'ils puflent s’exhaufler & tra- vailler commodément. . | | Chaque dérompeur doit être pourvû d’une pierre à éguifer. pour afiler fa faux ; dans Lé même lieu il y a auf une enclume f de faucheur, & fon marteau & pour fervir à battre les faux, dont le tranchant eft bientôt émouflé par la rencontre des corps hétéro- genes que le chiffon contient. Defcription du moulin a maillers. Cette machine reprélentée dans les PZ, III. IV. W. de la Papeterie, favoir en plan au bas de la P2 IIT ; en profl au bas de la’ PJ. 177, &c en perfpeive dans la vignette de la PI, V ; eft compolée d’un arbre 4 B garni de le- vées CCCC, qui paflant fucceflivement fous les manches des maillets, les élevent pour les laïfler ‘retomber enfuite {ur le chiffon dont les piles font remplies. Par cette trituration continuée autant de tems auleft néceffure,le chffon fe trouveatténué au point convénable pour en faire du papier. Sur l'arbre eft fixée une roue à augets £,, fur la- quelle Peau eft amenée par le courfer FD ; la gran- deur de cette roue, tui eft variable, dépend de la hauteur de la chûüte d’eau; car fon n’en a pas une fufkiante, on conftruit une roue à aubes , à laquelle le courfer fournit Peau par-defflous ; on conftruit aufli dans ce cas, une où pluñieurs pompes pour fournir aux piles l’eau néceflaire , laquelle. y doit être perpétuellement renouvellée. Les piles font des creux M M pratiqués dans une. forte piece de bois de chêne ou d’orme de 26 pouces de haut fur 24 de large , qu’on appelle auffi la pie; « On pratique autant de Ces creux qu'il y a de place pour en former , Ou que la quantité d’eau dont on peut difpofer pour faire tourner la roue du moulin lc comporte; chacun de ces creux, qu’on appelle proprement pile, a 16 pouces de large & autant de profondeur ; les extrémités qui font éloisnées l’une “de Pautre de 3 piés 8 pouces, font arroñdies, & le _ fond eft occupé par une platine de fer fondu ou de fer forgé de 9 pouces de large, 32 de long, fur 2 pouces d’épaifieur , encaftrée dans le fond de la pile. C’eft entre cette platine repréfentée féparément (fig. 6. PL Vi), & la ferrure dont les maillets font armés , que le chiffon eft broyé. L Lä pile qui eft folidement affermie fur les folles GGG eft éntaillée à fa face inférieure d'environ 3 pouces, pour recevoir Les folles qui font elles-mê- mes entaillées de la même quantité pour recevoir la pile; les folles répondant vis-à-vis des cloifons “qui féparent les piles Pune de Pautre, font efpa- PAP 83$ cées ala diftance de 4 piés de milieu emmilieu; elles ont 15 pouces de haut, 12 de larger, &c environ 6 piés de longueur ; elles font fcellées fur un mañlif de maçonnerie ; &z Les intervalles qui les féparent font pavés en pente pour rejetter les eaux qui fortent des piles pendant la tnituration: MA Sur l’autre extrémité des folles, & parallélement à la pile, ef établie une piece de bois Znommée fz: bliere , à la face fupérieure dedaquelle font affemblées des pieces de bois Æ (P/. III.) appellées grippes , dans lefquelles les queues des maillets font aflem- blées par un boulon qui les traverfe , & dont une eft reprétentée féparément , fg. 4. PI W. Ces grippes, qui font accollées deux à deux, ont 27 pouces de long non compris les tenons ee qui entrent dans la fabhiere : elles ont 7 pouces d’épais; & les deux qui répondent vis-à-vis une pile occupent fur la fabliere une longuéut de 2 pies 9 pouces. Elles ont chacune à leur partie fupérieure deux entailles ce de 3 pouces de large fur o ou ro detlonpueur!, déffinées à rece- voir les queues dés maullets ; elles font dé plus affer: mies chacune dans la fituation verticale par une che- ville &, vifible dans Les trois Planches citées, qui tra- vetfe l’épaifleur de la grippe paffant par le trous, & va S'implanter dans la face oppofée de la pile, On a donné à ces chevilles le nom de chevilles baflieres: La diffance des grippes à la pile eft de 22 pouces. Les queues des maillets ont fix piés de longueur, 7 pouces de large &z trois pouces d’épais du côté de l'arbre ; trois pouces & demi du côté de ka grippe: les éxtrémtés en fonbgarnies de frettes de fer ; celle cotée Fig, 2. PI. W, garantit cette partie de Pufure que Le frottement des leyéespourroit yoccafonner; & celle cotée Æ fert à empêcher la queue de fe fen- dre, prmcipalement lorfqw’on fait ufage de l'engin, fig. 2. pour releverles maillets. Le maillet 4 GC, fig. 2. eft un morceau.de bois de 6 porices d'équariflage, & 2 piés 8 pouces de long, y compris la férrure qui a $ pouces; il eft percé d’une longue mortaife vifible dans la fe. 3 , pour recevoir la queüe où manche du marteau, & le coin B qui fert à le fixér fur le manche. La diffance. de l'extrémité inférieure de la mortoife à l’extré- mité £ de la ferrure, eft de 17 pouces ; enforte que les maillets repofant fur la platine que nous avons dit être au fond de la pile, 1l refte encore un pouce de vuide entre la dueue du manche du maillet, &cle bord fupérieur de la même pile. , | La ferrure d'un maillet pefe environ 25 livres, & eft compolée d’une frette de fer D de 2 pouces & demi de large &r 6 lignés d’épaifleur,, & d’un grand nombre de clous tranchans Æ ; dont. Les extérieurs font à un feul bifeau , & les intérieurs Æ fig. 3. à- deux bifeaux. Ils ont 7 ou 8 pouces de long, & font poiés en liaïfon comme le plan y. 3. le fait voir ; leur fallie au-defious de la frette eft de trois pouces, &tils font placés dans des traits de fcie que l’on a fait à l’extrémuté du maillet ävant d’y monter la frette D qui empêche le maillet de fendre. Chacune des grippes fy. 4. PL PF. eft garnie de deux crochets d, dont les pitons # répondent au- defious des entailles c qui recoivent les queues des maillets, C’eff par le moyén de ces crochets que l’on tient les maillets élevés en faifant pañler le crochet d für la queue du maillet , que l’on éleyve au moyen du levier où engin, g. 5. dont l’étrier A reçoit la partie entaillée L de la queue du maillet. La partie N de l’éngin s'applique fous la frette À, & on ap- puie fur l'extrémité o pour élever le maïllet, & re- tirer par ce moyen les matiéres contenues dans la pile. | La fig. 7. éftune coupe de la pelle, fuivant fa lon- oueur; AB, laplatine; DE, DE, deux coulffes qui fervent de guides au kas , fig. 4. dont on voit 86 PAP le plan en 3 au basde la PZ HIS, C, deux ouvertu- res quartées par où l’eau s’écotile après avoir traverfé le kas; FE, parties de bois reférvées qui féparent les piles lesunes des autres ; G @, entrailles qui re- coivent les foles : laÿfp. 8, repréfente le kas , dont le plan eft.cotté 7.P/. III. c’eft une planche dontlalon- gueur éft égale à la profondeur de la pile, & dontla larocur , y compris les deux languettes, eft égale à la diftance que laïflent entr’elles les coulifles D ÆE de la fig. 7. en forte que le kas puifle w.couler à frotte- ment: le Kas eft percé de deux trous 4A& B, qui doivent répondre vis-à-vis des ouvertures € dela fre... 7. dans lefquels on a refervé des crotfillons poufipor- terlatoile de crin à-travers laquelle l’eau $’écoule ; on voir ces croifillonsen 4, & latoilede crin en B; on peut aufñ fubftituer quelques morceaux de forme. La fr. 9. eft une coupe tranfverfale dela pile; DE eft une des coulifles; #1 eft une des ouvertures Cfg. 7. par laquelle l’eau fort après avoir traverfé le kas; cette ouverture eft inclinée pour en favorifer Pécou- lement. | Les maïllets font dirigés dans leur chüte par des pieces debois 2 , 13, 14,15 ,10, PI TI. ct F. que lon appelle prides ou gripes de devant , aflemblés {ur la face fupérieute de la pile du côté de larbre:lesvui- . des queles pieces laïffent entr’elles font de 3 pouces; c’eft l’épaifleur des queues des maillets en cet endroit; par cetteconftruétion les queues desmaillets fonttou- jours dirigées vers les levées de l'arbre. L'eau qui vient du courfer FD , PJ. III. € VF. eft difiribuée dans les piles par le canal ou gouttiere de bois, 1, 2,3,4, 5, que l’on nomme le prend éche- ral, qui communique par les gouttieres inclinées 3 453 4, aux fontaines ou bachaflons 4, 4, qui communiquent par un trou percé obliquement avec l'intérieur de la pile, comme on peut voir en profil, PL, IF. ces fontaines ne font autre chofe qu’un creux quarré d'environ demi-pouce de profondeur, dans le milieu duquel on a recreufé une autre cavité auffi d'un demi-pouce de profondeur ; -c’eft du fond de cette derniere cavité & d’un des angles que part le trou qui conduit l’eau dans la pile : le bord'de la ca- _vité fupérieure du côté de l'arbre eft entaïllé pour Jailer écouler Péau fuperflue hors de la fontaine, qui ne doft être pleine que jufqu’au niveau de la retraite qui diftingue les deux cavités. , , Le jeu de cette machine eft aïfé à entendre : Peau étant lâchée fur la roue, les leviers de fon arbre ren- contrent en tournant les queues des maïllets, les éle- vent jufqu’’à ce que venant à échapper, les maiïllets retombent par leur propre pefanteur fur le chiffon qu eft dans la pile ; le chiffon ainfi trituré pendant une heure ou deux, & dépuré de fes crafles par l’eau continuellement renouvellée des fontaines, laquelle remplit la pile, & fort en traverfant lekas, devient enfin la matiere dont on forme le papier. Un moulin à ordinairairement quatre piles, dont une fe:t pour effilocher le chiffon ; deux autres pour afiner, &c le quatrieme dont les maillets ne font point ferrés, m1 la pile garnie de platine pour détrempet la matière quand on la retire des caifles de dépôt où on la fait pañler en {ortant des piles à affiner pour y ref ter jufqu’à ce qu’elle pafle dans la cuve à ouvrer. Ïl y à un art à bien difpofer les levées fur l'arbre, en fotte que la roue foit chargée le moins qu’il eft poflible àlafois ; il faut que les maïllets [event les unsaprès les autres pour cela : fi l'arbre eft déftiné À un moulin à quatre piles , comme celui dont nous faxtons la defeription (onarepréfentéfeulement trois piles dans les foures ), & chaque pile a quatre mail- lets, ce qui fait feize en tout, & que de plus chaque maïllet doive battre deux fois à chaque révolution de da roue ; 1l faudra, après avoir tracé les cercles qui répondent visà-vis des maillets, divifer la circonfe- Pape - * rence d’un de ces cercles, ou la bâfe dur cylindre de. l'arbre en feize parties écales, tirer par les points de divifion des lignes parallèles à axe , les interfe@ions de ces lignes 6c des cercles Qui répondentvis-Avis des maillets , feront les points où il faut placer les levées que lon difcernera en cette forte ; une des lignes paralleles à Paxe étant prife pour! fondamentale , êt ayant placé la premiere levée à {on interfe@ion avec le cercle qui répond au premier maïllet de Pun ou de l’autre côté de l’arbre ; la levée du cinquieme maillet, premiere de la feconde, devra être placée à lintérfeétion de la feconde ligne & du cinquieme cercle:celle du neuvieme maïllet, premier Ft troi- _fieme pile, à Pinterfeétion de fon cercle & de la troïfièéme parallele , ainfi dé fuite, dans l’ordre de la table furvante , où la premiere rangée de chiffres indique les cercles qui répondent aux maïllets, & le feconde les paralleles à l'axe , à compter de celle qu'on aura regardée comme la premiere, L Pile. | IL Pile || III, Pile IV. Pile | . ne LORNN | RAA Maïllets. 1,2, 3.4. | 5.6.7. 8, | 9, 10, 11.12. | 13.14: 14, v6. Parallclesr, 9, 5. 13. 24 10,6, 14. 3, 11,7, 15. & ordre des corps. ON EST Deftription du moulin à la hollandoïfe, où moulin a cylindre. Il y a deux de ce$ moulins dans la manu- fatture de Langlée , & défignées dans le plan géné- ral, PJ. I. l'un par les lettres Æ Æ, &c l'autre par les letrres À L; ils font chacun tourner fix cylindres: l’eau leur eft fournie par le baffin B @, qui la reçoit par le canal 4, qui communique aucanal de Loins : elle entre dans les courfers 8 D G H, qui traver- fent le grand bâtiment P R de 64 toïfes de longueur fur 8 toifes de largeur, pour fortir par D & Æ, qui . font les parties d’aval des courfers. Voyez l’exvlica. P F DA À À tion de la PI. I. des deux moulins dont on vient de parler. L’uneft deftiné à efilocher les chiffons fortant du dérompoir, &c l’autre à les rañiner. On: entend par éflocher , le premier broyement des chiffons 5; raais comme ces deux moulins ne different ni en conftruétion, n1 dans la maniere d'agir, la defcrip- tion que l’on va faire de l’un des deux {ufira pour en donner une parfaite connoïffance. Ce moulineft re- préfenté dansles PZ, #, VI. VII. VIII. dans lefquel- les on a eu l’attention de mettre lesmêmes lettres aux parties femblables. La Planche F. eft le plan d'un moulin &c de fes fix cuves à cylindres ; 4 D laorande roue à aubes , formée de deux cours de courbes de pouces fur 7 de gros, dont on voit lelévation, PZ VIT. eft placée dans fon courfier , où Peau entre du : côté deG;sellears piés de diametre, non compris les coyaux qui fupportent les aubes qui font au nom= bre de trente-deux ; elles ont 26 pouces de long & 20 de hauteur. Au-devant de la roue «ft placée en 4 la pelle par le moyen delaquelle on fermé le courfier lorfqu’on veut arrèterla machine, ainf que lPéléva- tion, PL VIT. & le profil , PZ WII. le fait voir. L’arbre ou axe B-C de cette roue a 18 piés de long fur 2 | P 8 7 pouces de gros , non compris les renforts dans lef- quels s’afflemblent les bras des rouers verticaux Rr, de 8 piés de diametre : ils font chacun garnis de 49 aluchons ; les courbes dont ils font forinés onto à 10 pouces de gros; les aluchons de ces rouets engre- nent entre les fufeaux des lanternes S S de ÿ.piés &z demi de diametre, chacune garnie de 32 fufeaux ; ces anternes, y comprislestourtes qui les forment , ont 18 pouces d’épaifleur : les arbres verticaux FZ , PI. VI. qui les portent, ont chacun 8 piés de long fur 2 piés d’'équariffage; ils portent auffi chacun un rouet horifontal de 10 piés de diametre , dont les aluchons au nombre de 72, regardent en en-bas, & engre- nent dans les lantèrnes de fer à fept fufeaux chacune, qui font fixées fur Les arhres de trois des cylindres Z, ° 3 PAP sa au rS ue À nt 2 UT 1 14 CARE? tt AUS HN, où M,L, P; les courbes de ces touets af: femblées les unes aux autres parle trait nommé de/. piter ; Ont 8 a,9 pouces décrofleur, _ re - Les arbres verticaux @& les rouets horifontaux 74 {ont maintenus dans la fituation convenable par ure, cage ou beffroi de charpente quiles environne : on voitehFF FF le plan des quâtré poteaux qui fou- tiennent le plancher du befiroi, & de l’autre côté le même beffroï vu pat-deflus, où l’on peut remarquer les môifes qui émbraflent en F le tourillon fupénieur de l'arbre Vertical; On voit au en E£EEEE. éfques-uns des poteaux qui fou Æ E E le plan de qu tiennent de fond le plancher & les étages fupérieurs qui fervent d’étendoir : tous Les poteaux & ceux des ailes font marqués dans le plan généfal de la manu- faëlure, PZ.1. Autour de chaque béffoi font rangées trois cuves à cylindres OIH, HKO,HNO, OPH,O0LH, HMO, qui ont chacune x 1 piés de lông de dehots en-dehots , 87 6 piés de large auf de dehors en-dehors pofées fur un mañif de maçon- nerie , Ou fort grillage de chärpente; elles font arron- dies intérieurement par différentes miles de bois , comme où voit jp. 8. PI. VIII. quicôntient en grand le développement d’une caïfle ; elles font auf divi- {es en deux parties égales par une cloifon longitudi- nale 2 3, éc. de ÿ piès 4 poucesde long , 2 pouces d'épaileur , 8&"10 ou 22 de profondeur ; tout l’inté- rieur de chaque cuve à cylindre, le renfort de la cloi- fon , celui de la face extérieure de la cuve , les plans inclinés {ont revêtus dé lames de laiton coufues ou foudées les unes aux autres, & élouces lur le bois de lrcuvé. Tu TT Le plan incliné afcendantz, & le plan incliné defcendant & , dont on voit l'inclinaïfon marquée par des lignes ponétuées a NE, PI. PT. fe joignent l'un à l’autre par une furface N 2 cylindrique , concave, concentrique à l’axe du cylindre N/; on voit au-def- fous dé N un efpace quadrangulaire qui eft l'empla- cement de la pltine cannelée qu’on voit en perfpec- tive, fe. 5. PL VIII. & en profil en & x d fig. 10 méme PI. On voit PJ. F, danslestroiscuves Z, N, E, le cylindre en place & à découvert ; on voit com- ment le rouet hoffontal T engrene dans les lanternes defer 4,4, fixées fur l’arbre des mêmes cylindres, & en P &t en M deux cuves dont les cylindres font recouverts de leurs chapiteaux,& enfin en À une cu- ve dont le cylindre eff Ôté pour laïfer voir la pla- tine cannelée , dont on a déja parlé, entre les dents de laquelle 82 celles des coutéaux du cylindre, e fait l’éfilochage ou affinage du chiffon, qui pañle en- tre la platine & le cylindre en montant par le plan le moins incliné 4 , defcendant enfuite par le plan le plus incliné &, d'ôù en flottant dans l’eau dont la caf fe eft toujours remplie, & côtoyant la cloïfon en 3 , il va par € & 2 remonter fur le plan incliné « , & afle un grand nombre dé fois entre la platine & le P gran | cylindre, qui tourne fuivant l’ordre des lettres N 23, On voit auf en 7 le plan d’une des caifles de dé- pôt , revêtue intérieurement de marbre noir, &en ÆX le plan de la couverture d’une de ces caiffes dont on voi l'élévation en 7, PJ, VII. d'efont des fofles de 18 pouces environ de profondeur dans lefquelles l’ouvrier defcend pouf puifer les matieres que les #offes contiennent ; elles répondent vis-à-vis les pot- tes ou volets par lefquels ôn met ou l’on retire les matieres dans ces cailes , où elles écouttent leur eau par des canaux fouterreins , fermées à leur entrée pat une grille de fil de laiton , où un chaffis de crin. Lestourillons des arbres des cylindres roulent fur dés palliers de cuivre encaftrés dans le milieu de lon- gues pieces de bois O A, qu’on appelle Zeyiers , de * IT piés délong fur ÿ & 12 pouces de gros; chaque cuve en a deuxiifpofés parallelement Fun à Pautre, ë& appliqués contre les longs côtés de la cuve; ces Tome XT, cs : TPE ES | PAP 837 leviers {ont aflemblés à ‘charniere en O, PL F & PTIT ; & foutenus par l'autre extrémité Æpar un crie, pat le moyen duquel on peutélever où abaif fer ä volonté l'axe du cylindre pour faire approcher ou éloigner fa furface de ia platiné cannelée qui eff au-deflous.,, à Jaquelle 11 doit être parallele. | . La virefle de la roue 4 D auitourne dans le cout: fier, & dont.on voit l'élévation , PZ, FIL. eft telle qu'elle fait environ douze tours par minute » «Ce qui. donne par lé caleul du rouage que les cylindres font dans lé même tems 166 $% révolutions fur eux-mé- mes, & en une heure 9976 2, & en environ, cinq: heures que dure le broyement 49884 7-tévolutions, Défcription détaillée d'une, cuve à cylindre, Planche FAIT. La figure 1. eff le chapiteau qui recouvre le cy= lindre ; ila 4 piés 3 pouces de long , 2 piés 8 pouces, de large ; {a partie fupérieure eft percée de deux ouvertures tranfverlales 12; 34, dans lefauellés on fait entrer les chaffis , #3. 6. & 7, Le premier eft de fil de fer, & entré dans l'ouverture 34 3 le fecond. elt de crin, & entre dans ouverture 2, & eft fou. tenu par quatte ou cmqpontufaux ou traveiles dé bois:il fert à retenir Les petites:parties de chiffon que lé premier a liées pafter,& à empêcher qu’elles ne fe perdent par la gouttiére du dalot, fg. 2. Tyaaui | une pofte 26 , que lon ouvre pour regarder dans le dalot., & qui eft tenue fermée par le tourniquet 7: Le dalot, fg. 2. fe place en travers de la cuve, fi. 8. l'extrémité f fur la cloïfon 23 entre 2 & & au-def2. füs deu, en forte que fa longueur foit parallele à l'axe du cylindre ; la partie o entre dans l’entaille e du chapiteau, & Pautre extrémité À entre dans . l'ouverture & du dalot ou entonnoir & 2, fg. 3. par _ léquel Peau qui eff lancée à-travers les chaflis À cha: que révolution du cylindre dans le canal f4 sé: | coule & fe perd par des rigoles fouterreines: La figure 4. eft le cylindre vu en perfpedive , à. laquelle les £g. 9. & 10.4ont relatives, Ce cylindre . a 2 piés de diametre & 2 piés 3 pouces de long , y compris les rondelles de fer quiterminent fes bafes, léfquelles ont 8 lignes d'éparfeur , &c font percées au céntre de la croifée d’un trou quarré de 4 pouces de grus pour recevoir l'axe delarbre 4 B, commun au l cylindfe & à la lanterne de fet 4 de 16 pouces de Q diametre &c 8 d'épaifleur, garnie de fept fuleaux auff de fer. Les tourtes ou platines de cette lanterne font de fer , & ont r pouce d’épaifieur ; les fufeaux y font fixés paf des écrous qui recoivent l'extrémité des boulons taraudés en vis quiterminentde chaquecôté de la lanterne les fept fufeaux dont elle eft garnie. Il en eft de même des lames ou couteaux quienyviron= : nent la furface des cylindres. ps , Ces lames ou couteaux, au nombre de 27 {ur cha: que Cylindre , font encaftrés de ja moitié de leur épaiffeur dans Le bois qui forme le corps du cylindre, & patalellement à fon axe, font d’une grofleur., -& dupofés de forte qu'il réfte autant de vuide que de plein ; les furfaces extérieures de ces lames qui doi- vent être concentriques à l'axe du cylindre, {ont partagées en deux parties par une gravure longitu- dinale , comme on voit au profil en a 44 ,fg. 10. . L'arbre Ou efliéu 4, axe 4 B du cylindre, fo. 4: & 9. a deux parties parfaitement arrondies , 4 & 8 qui font les tourillons ; ces tourillons font recusdans les coufinets 4 & B, fixés fur le milieu des leviers O 4 Hpofiérieur, & O B Hantérieur,parlemoyen defquels & des crics qui foutiennent les extrémités H 1 de ces leviers, on péut à volonté élever ou abaïfler Paxe du cylindre pour difpofer fa furface pa: rallelement , & à telle proximité que l’on veut de la plätiñe dé cuivre cannelée qui occupe Le fond de la cuve, & que la fg. 5. repréfente en perfpeétive, (674 dont on voit le profil en à x 4 , fig. 10. au fujet dela- quelle 1l faut remarquer que les gravures x d'{oné Pppp <=. 839 P A P tournées d’un fens oppolé à celles x 2; aufli ne fer- vent-elles pastoutesa-la-fois; ce feront feulementles gravures x d, fion fait entrer la platine » fig. 5. dans ouverture d, figure 8. favoir la partie e la premie- re ; & ce fera entre les gravures du cylindre êx les autres gravures x ? de la platine que fe fera le broye- ment du chiffon, fi on fait entrer l’extrémité d de cette platine la premiére dans Pemplacement du fond de la cuve deftinée à la recevoir. Ces platines ont 7 pouces de large & 2 pouces d’épaïfleur , & 2 piés 4 pouces de longueur , & ont dechaquecôtéxd, x, 6 ou 8 cannelures. Enfin chaque levier eft encore, retenu près de la cuve par des bandes de fer N Nm x, entre lefquelles ils peuvent fe mouvoir dehaut en bas & de bas en haut, fuivant le mouvement du cric 4 qui foutientune de leurs extrémités ; on infere quel- ques coins NW, que lon arrête avec un clou pour fixer les leviers &c le cylindre à une hauteurconvenable &r très-près des platines. Chaque cuve a auffi une pelle L, quelon leve par la poignée K,, pour laïffer écou- ler Peau & la pâte qu’elle contient dans Les caïffes de dépôt , par des dalots ou rigoles de bois d’une lon- gueur convenable. + Jeu d'une des cuves. Si on conçoit que [a platine, fig. 5. eft placée dans la cuve , fig. 8. &t que le cylin- dre, fig. 4. {oit placé au-deflus, en forte que fes tou- rillons repofent fur les paliers ou couffinets des le- viers ; que le dalot , fg. 2. foit mis en place, &c Le chapiteau , fig. 1. par-deflus fa face poftérieure fur la cloïfon, & lantérieure fur la face antérieure de la cuve, remplie d’eau & chargée d'environ 150 livres dé chiffons , que de plus il y ait un robinet qui verfe continuellement l’eau durefervoir dans un des angles dela cuve ,comme en P , & qu’on le voit dans la PZ. PI. en cet état, le cylindre tournant avec rapidité , fuivant l’ordre des letrres a N 2 3 , entraînera l’eau & les chiffons par le plan le moins incliné z, &les fera pafler entre [a platine & le cylindre, pour re- monter vers 2 , où ils feront lancés vers la voûte du chapiteau, d’où ils retomberont dans la cuve pa le plan le plus incliné &, pour rentrer dans la circulation qui fe fait autour de la cloifon 3 c 2;la caufe de cette circulation, outre larotation du cylindre, eff la perte d’eau dans une partie , & l’affluence dans une autre. … Maiscomme tous Les chiffons ne fontpasjettés vers la partie B Zdu chapiteau qui répond au-deflus du Jan inclinée, PZ VI. d’oùils peuvent retomber dans k cuve, & qu'ume partie continue à fe mouvoir avec le cylindre , c’eft pour les arrêter que l’on met dans louverture 3 4 le chaffis de fil defer, fg. 6. quilaiffe pafler l’eau qui y eft lancée avec les chiffons , & les rétient ; ils s’y accumulent , jufqu’à ce que tombant par leur propre poids vers 3, entre le chaffis & le cylindre , ils rentrent ainf dans la circulation ; le fe- cond chaflis , fig. 7. retient les petites parties des chiffons que le premier a laifées échapper ; & laiffe pafler l’eau dans le dalot , fg. 2. d’où elle s’écoule & fe perden pañlant dans le tuyau, fig. 3. par des canaux fouterreins , ainfi qu'il a étéremarqué ci-deflus. C’eft pour fuppléer à l’eau qui fe perd continuellement, & dont le renouvellement opere le parfait blanchiffage du chiffon, que lon enlaïfle entrer versP , où eftun robinet par lemoyen duquel on peut facilement éga- ler l’eau qui entre à celle qui fort; c’eft cette eau con- tinuellement remplacée qui, avec la rotation du cy- Hindre, eftla caufe de la circulation que l’on voit dans les cuves, où le chiffon qui y flotte tourne fans cefle autour de la cloïfon 2 3, PI. V. entrant par 4 fous le cylindre , d’où il fort par», pour aller par 3 c & 2 rentrer de nouyeau fous le cylindre , où il eft broyé ou haché à chaque pañlage entre les dents ou gravu- res de la platine & celles du cylindre. La même quantité de chiffons qui ont été cinq ou x heures à être effilochés, demeurent auf fix ou fept heures fous les cylindresrafineurs, P A P Les ouvriers qui veillent à la conduite des mou lins , & qu’on appelle gouvernaux, ont foin de char- ger les cuves à cylindres , d’y laïifler entrer la quan- tité d’eau convenable ; on Fe l’effai de la pâte en en délayant ou étendant une certaine quantité dans un bafin à moitié plein d’eau : on la bat avec un bä- ton fendu en quatre par une de {es extrémités. Voici lamariere dont le papier doit êtreformé , par- venue à fon point de perfection , foit en fe feryant de l’un où l’autre moulin; ils ont chacun leurs avan- tages particuliers : car fi d’un côté les moulins à cy- lindres expédient cinq ou fix fais plus vite ouvrage, il arrive que lesnœuds de fildes coutures échappent fort fouvent à l’aétion des gravures du cylindre & de la platine , ce qui forme de grains fur le papier, & augmente le travail des éplucheufes ; au heu que dans les moulins à maillets , ces mêmes nœuds font écrafés , en forte qu'ils ne forment point d’éminen- ces fenfibles fur la furface du papier , où alors on les -laïfte. Maïs avant d'expliquer comment on ouvre le pa- pier , il faut expliquer l’art defabriquer les formes {ur lefquelles on le leve; c’eft l'ouvrage du formaire qui a emprunté fon nom de fes ouvrages. Ce travail eft repréfenté, & une forme de grand raifin dans la PL. IX, de papeterie. Une forme, fig. 6. & 8. eft compofée d'un chaffis E FG 4 ,efgh de bois de chène que l’on a laifé tremper long-tems dans l’eau , après avoir été débité &t féché à plufieurs reprifes, pour lui faire perdre entierement fa feve , & faire qu'il foit moins fujet à fe déjetter. La grandeur de ce chaffis prife en dedans eft d'environ deux lignes plus grande fur toutes les . faces que la grandeur du papier à la fabrication du- quel on le define , & dont la grandeur eft fixée par le tarif que l’on trouvera à la fin de cet article, Ainf dans l'exemple de la fig. 6. qui eft une forme pour _ le papier dénommé grand raïfin , dont les réglemens fixent la grandeur £ F à 22 pouces 8 lignes, & la bauteur G Æ à 17 pouces, le chafis, non compris l'épaïfleur des bois , aura 2 lignes de plus fur chaque face , ce qui fera pour la largeur mefurée en-dedans, 23 pouces, & pour la hauteur auf mefurée :en-de- dans 7 pouces 4 lignes. Les bois qui forment ce _ chafis ont.environ 8 lignes de large fur 4 lignes d’é- paiffeur ; les longs côtés G A, £ F, font un peu , convexes dans leur milieu , & les petits côté £ G, FH, au contraire un peu concaves. Les longs côtés du chaflis font percés de vingt trous pour recevoir les extrémités d'autant de barres de fapin MN, mn , fig. 8. dont lesextrémités termi- nées en boulon , commeon voiten F, fig. 3. entrent . dans les trous dont on a parlé, Ces.barres £ de fapin aies appelle portufeaux, font formées à leur partie upérieure en vive arrête C D, comme le tranchant d’un couteau ; c’eft fur le tranchant des pontufeaux. que repofent les fils de laiton qui forment le tamis ou le grillage de la forme , & dont on voit l’emprein- te fur fous les papiers en regardant le jour à-travers. Il n’entre aucune forte de colle dans la fabrication d'une forme ; mais toutes les, pieces en font aflem- blées & clouées les unes aux autres, foit avec de | petites chevilles de bois, ou avec des clous d’épin- | gles de laiton : le fer à caufe de la rouille doit en | être banni. Pour tifler la tamis ou toile de la forme; Pouvrier, après avoir choïfi la forte de fil de laiton. dont elle doit être formée, l'avoir fait recuire & couper par tronces aufli longues que le chafñs, tra- vaille à les redrefler par un moyen fort fimple &cin- gémeux , & qu, s'il étoit plus connu , feroit prati. _qué dans d’autres profeffions que celle du formaire,. C’eft cette opération que fait l’ouvrier , fig. 2. dela. vignette : il tient de la main droite le drefloir ce, ou abc, fig. 2.aubas de la planche , c’eft un morceau de bois dont lalongueur + # eftd’environ $ ou 6 pou- ces; & la largeur de deux ou trois , formé, comme la figure le fait voir, pour pouvoir Le tenir commo- dément.Le deflous du drefloir qui s’applique fur la ta- ble, doit être imperceptiblement convexe plutôt que d’être concave , afin que le fil que le drefleur prefle entre cet inftrument & létabli , y foit compri- mé : alors tenant le filde laiton de [a main gauche qu'il conduit le long de ce fil en léloignant de la droi- te, avec laquelle il promene en long le dreffoir fur le fil c d qu'il veut drefler, & qui fert au drefloir com- me de rouleau; il imprime à ce fil un mouvement de rotation qui tord &c détord le fil alternativement , 8 auquel la main gauche doit céder infenfiblement , en forte que l’on fenttourner le fil entre les doigts à me- fure qu'ils glifient vers 2 en s’éloignant de établi, au plan duquel le fil doit être tenu parallele. Par cette opération toutes les parties du fil fe remettent dans la dire&ion de l'axe vrai, & il eftredreflé ; ce qu’on connoît lorfqw’étant pofé librement fur un plan qu'il déborde d’un pouce ou deux ; fi on fait tourner cette partie entreles doigts , le refte du fil qui pofe fur la table , tourne fur lui-même fans déplacer, ce qui eft lamarque d’une parfaite reéification. Les longs côtés du chaflis font percés dans leur face fupérieure d’autant de trous qu'il y a de pontu- feaux danslaforme, &c deux de plus. Les premiers répondent vis-à-visles tranchans des pontufeaux, & fervent à fixer avec de petites chevilles de bois les extrémités des chainettes qui regnent le long des vives arrètes des pontufeaux , & qui lient enfemble tous les fils qui compofent la trame ou tamis de la forme. Ces petites chevilles traverfent auf les te- nons des pontufeaux; ce qui affermit leur affembla- ge. Les quatre autres trous qui {ont vers les extre- mités des longs côtés, fervent de même à fixer par une petite cheville de bois un fil de laiton O Pop, qu'on appelle sazsfl, qui eftfortement tendu dans le milieu du vide qui eft entre un des petits côtés &t le pontufeau Le plus prochain. Pour iffer la forme , le chaffis étant préparé, comme il vient d’être expliqué, le formaire prend un nombre depetites bobines ou fufeaux 4 B, fig. 3, de Ja grandeur que la figure fait voir ; chacun de ces fufeaux eft chargé d’une quantité de fil de lai- ton recuit, convenable, & beaucoup plus fin que celui qui forme la toile de la forme , & ayant tordu ou commis enfemble les extrémités de ces fils, comme on! voiten ©, il fait entrer cette partie dans un des trous N, fig. 6, qui font à l'extrémité des pontufeaux, où1l arrête ce commencement de chaï- nette avec une cheville de bois ; il en fait autant aux extrémutes de chaque pontufeau, le longs du côté G Æ du chafis, Ainfi il faut 40 fufeaux feule- ment pour les chainettes qui regnent le long des pon- tufeaux. Ilien faut encore deux autres pour chaque transfil O P , qui font fixées en P : on voit tous ces fufeaux fig. 6, le long de la ligne Æ Z. Le formaire, fig. prem. vignette, place le chaffis de la forme dans une fituation inclinée ; il le tient en cet état par le moyen de deux vis, fourchettes ou mains de fer 2b, que la figure 4 , fait voir plus en grand ; l’extrémité inférieure terminée en vis en- tre dans des trous pratiqués à l’établi , & une des fourches fupérieures eft taraudée pour recevoir une vis, par le moÿen de laquelle 1l comprime en- tre les fourchettes les petits côtés du chafis qu'il incline à volonté : les chofes en cet état, les trans- fils tendus , & tous les fufeaux attachés le long du côté inférieur G A de la forme, & les fils de ces fufeaux écartés l’un de Pautre en forme d’V con- fonne; favoir le fufeau À, fe. 3, entre deux pon- tuleaux poftérieurement au plan de la toile, & l’au- tre À antérieurement au mème plan ; le formaire Tome XL, PFANE 839 alors prend un des fils de la dreflée, & le couche de toute fa longueur dans les 7 que forment les fils des fufeaux. Enfuite commençant par une des ex- trémutés , 1l fait faire au fufeau dont le fil eft fixé en P , un tour par-deflous le transfil OP, Je. 6, en forte que le fil de dreflée ou detrame demeure lié au transfil ; il prend enfuite de chaque main un des fufeaux 4 B , fe. 3, & tord lun fur l’autre par un demi-tour les fils dont les fufeaux font chargés; en forte que le fufeau 8, prend la place du fufeau À, &c forme un nouvel V deftiné à recevoir un nou- veau fil de trame #77 ; il continue de faire la même opération le long du fil de trame, vis-à-vis de la vive arrête de chaque pontufeau | & finit par faire au transfil qui eft à l’autre extrémité , la même Opé- ration qu’il a faite au premier. Alors il prend un nou- veau fil de dreflée, &c l’étend dans les nouveaux 7 que les fils des fufeaux forment, & continue comme il vient d’être expliqué, en étendant parallelement les tins aux autres de nouveaux fils de dreflées X L, Jufqu'à ce que la toile où tamis foit entierement formé. Il y a environ 28 ou 30 fils de dreflées paralleles les uns aux autres dans l'étendue d’un pouce ; ce qu£ fait entout 520 fils de dreflée pour la forme de srand raifin , haute de 17 pouces 4lignes, en fuppofant 30 fils par pouce. Pour achever la forme, il ne refte plus qu’à tendre fortement les chainettes le long des vives arrêtes des pontufeaux, & de fixer par de petites chevilles de bois leurs extrémités , après que les fils qui les for- ment ont été commis enfemble, dans les trous du côté fupérieur Æ F de la forme , & à coudre le ta- nus fur les pontufeaux par un fil de laiton très-délié ; qui paflant fur les chaînettes, repañle dans les trous dont chaque pontufeau eft percé, lefquels font éloi- gnés l’un de Pautre d'environ fix lignes. Enfuite, tant pour recouvrir les extrémités X & L des fils de tra- me ou de dreflée , le long des petits côtés ou de la hauteur de la forme , que pour contenir les chevil- les qui aflurent les chainettes aux extrémités des pontufeaux ; on attache avec des clous d’épingle de laiton de petites lames de laiton connu fous le nom de Zaiton gratté, le long du pourtour du chafis GE F:on voit en X cette bande de laiton non en- core clouée fut tuute la longueur du côté G Æ de la forme. Ces lames embraffent les côtés du chaffis qui font perpendiculaires à ceux fur lefquels elles {ont clouées; ce qui en fortifie Paflemblage, & en cet état la forme eft achevée, La figure 6 eft la for- me vue par-deflus du côté de la vive arrête des pon- tufeaux, & la fig. 8 , la forme vue par-deflous du côté des pontufeaux dont on voit toute l’épaiffeur. À chaque paire de formes ( car on travaille avec deux, comme 1l fera dit plus bas ), on adapte un chaflis, fg. 5 € 7, dont les feuillures reçoivent la forme, comme Le cadre d’un tableau en reçoit la toile. Ce chaffis ef nomme couverte, & doit s’em- boîter avec facilité fur les deux formes égales; le bois dont les chaffis font formés à environ 8 à o li- gnes de large fur 4 ou $ d’épaifleur, refeuillé com- me leprofilm2k, m1k, fig. 3 , le fait voir la partie Lm lm, qui s'applique fur le deflus de la forme, re- couvre intérieurement d'environ deux lignes, le vuide du chaflis de la forme; ce qui fait que la feuille de papier que l’on y fabrique eft de la grandeur fixée par les reglemens, quoique le tamis de la forme foit de 4 lignes plus long & plus large que les dimen- fions marquées par le tarif; en forte que la largeur de la couverte mefurée intérieurement de 48, eft de 22 pouces 8 lignes , & fa hauteur de 4 en €, auf mefurée intérieurement, eft de 17 pouces , qui font les dimenfons fixées par le tarif pour le pa- pier grand raifin, dont la forme nous fert d’exem- PPpppÿ 840 PAP ple. La figures eftla couverte vue par-deffus, & là | fig. 7, la même couverte vue par-deflous. . Comme les reglemens prefcrivent aux fabriquans de mettre une marque particuliere à leurs papiers, & que d’ailleurs il eft d’ufage de marquer les pa- piers, foit d’une aigle éployce, d’une couronne ou grappe de raifin y Ce À même outre le nom du fa- briquant , d'y ajouter le muilléfime : voici comment ces marques fe forment. On prend du fil de laiton ou d'argent de la grof- feur de celui des dreflées ; on le ploye & contourne de maniere qu'il fuive exaétement Les contours du deflein ou des caraéteres que Fon veut repréfenter. On foude enfemble avec la foudure d'argent & au chalumeau les parties de ces contours qui fe tou- chent , ou on en fait la hgature avec du fil plus fn, :on applique enfuite ces filigrames fur la forme : en forte que les empreintes fe trouvent fur le milieu de chaque demi-feuille de papier où elles paroifent aufli-bien que l’impreffion des chaïînettes & trans- fils , fils de dreflées, en regardant le jour à-travers; on attache toutes ces marques ur le tamis ou toile de la forme, avec des crins de cheval ou du fil de laiton ou d'argent très-délié, Paflons maintenant à l’attelier de [a fabrication du papier que la Planche X. repréfente. La matiere que nous ayons laiflée dans les caiffes de dépôt eft tranfportée dans les cuves à ouvrer par les manou- vriers de la manufaëture : pour cela 1ls fe fervent de brouettes de fer , fur lefquelles font pofés des vaif- feaux de bois , tels que celui que la fe. &, PE XII, repréfente, que l’on nomme hacholle. La cuve à ou- vrer, fig. 1. &t fig. 6, eft de bois; elle a 5 piés de diametre , deux &c demi de profondeur, reliée avec deux ou trois bandes de fer, & pofée fur des chan- tiers. Elle eft percée en, H d’un trou circulaire de 10 pouces de diametre , auquel on adapte en-de- dans de la cuve une efpece de chaudron de cuivre rouge, dont les rebords font cloués en-deéhors d’en- viron 20 ou 24 pouces de longueur, fur 15 ou 18 de diametre vers la culafle X: dans le chaudron qui fert de fourneau , & où on fait un feu de charbon fufffant ; on fait entrer une grille de fer HA, fig. Ç, fur laquelle on fait le feu. Le deflous de cette grille fert de cendrier ; ainfi cette forte de fourneau que les ouvriers nomment piffoler , eft entierement fub- mergé par l’eau que lacuve contient, & qu’il échauf- fe au point convenable. La partie de la grille qui dé- borde hors la cuve, eft foutenue par une barre de fer À, comme on voit dans la vignette, On voit aufh auprés de [a cuve la pelle arrondie qui fert à dégager le cendrier , & à porter Le charbon dans le fourneau; on voit aufñ à côté un crochet ou four- gon fervant au même ufage. Chaque cuve qui eft ronde, eft entourée de plan- ches GLDBE K, fig. 6, qui la rendent prefque quarrée à fa partie fupérieure. Ces planches qui font un peu inclinées vers la cuve pour y rejetter l’eau qui y tombe, font rebordées par des tringles de bois de deux pouces de haut , qui empêchent la pâte de fe répandre dehors, La place B où fe met l'ouvrier fg. prem. eft appellée /4 zageoire de l’ouvrier ; elle a en- viron 20 pouces de large; les côtés ont fix pouces ; les planches qui forment cette efpece de caïfle, def cendent jufqu'au rez-de-chauflée ; leur fommet fe trouve un peu plus haut que la ceinture de louvreur, Jig. prem. chaque cuve eft traverfée par une planche Md, percée de trous, dont l'extrémité M repofe fur les rebords des planches qui entourent la cuve. Cette planche qu’onnomme wrapeau de cuve, eftun peu convexe fur le milieu de fa largeur; elle a auf en e une entaille pour recevoir l’extrémité e de la regle « e qu’on nomme plancherte, qui eft élégie en €; de la moitié de fon épaifleur, tant pour que fa fur- P A P face fupérieure affleuré celle du drapeau ; que pour. qu’elle ait un point d'appui qui empêche de gliffer de a vers e. L’extrémité a de la planchette eft foute- nue par un petit chevalet 4 dans Fentaille fupérieure duquel elle entre de toute fon épaifleur. Enfin, il a en F un morceau de bois cloué au-dedans de la chaudiere & perce de plufeurs trous , dans l’un def. quels on plante un petit morceau de bois fe fig. prem. qu'on appelle égoussoir | fur lequel un des longs cô- tés de la forme repofe dans une fituation inclinée 3, l’eau retombe à-travers les trous du drapeau dans la cuve. On voit à côté en 4 B la prefle en profil, que la figure 5. repréfente en perfpeétive , & dont on voit le plan en À À, figure 6. Chaque prefle (il y en a autant que de cuves à ouvrer) {ont éloignées de trois piés du bord Z D de la cuve, avec laquelle un des montans ou jumelles eft Joint par des planchessL 4 ou 77, fig. prem. qui en trent à couliffe dans la rainure du poteau / qui fou tient un des angles des planches qui entourent-la cuve , &clentre deux tafleaux cloués fur la face d’un. des montans de la prefle, comme on voit en Mb, fig. 6. Ces planches forment ce que l’on appelle nageoire du coucheur élevée d'environ deux piés au- deflus du rez-de-chauflée. Ces prefles font compo- fées de deux montans ou jumelles 44, ab, de 12 piés de long, éloignées l’une de Pautre de trois piés &t demi, qu’on élégit quarrément fur onze pouces: de gros, environ huit piés de long, laïifant le bois en grume par les deux extrémités : ce qui forme des renforts qui fervent d’embrevement au feuil & à l'écrou. Le feuil c de a deux piés de large, fur rs Ou 18 pouces d’épaifleur ; fa furface fupérieure n°eft élevée au-deflus du terrein que d'environ 2 ou 3 pou- ces; 1l eft entouré de pierre de taille, dans lefquelles on a pratiqué des gouttieres pour écouler les eaux qui fortent du papier lorfqu’on le prefle. L’écrou de bois d’orme a 18 pouces Fa gros & ÿ piés 4 pouces de long, &c eft aflemblé avec les jumelles avec te- nons à renfort & boulons à vis €, D. Il ya depuis la face inférieure de l’écrou , jufqu’à la face fupé- rieure du feuil, $ piés 4 pouces. Aux faces intérieures oppofées des montans , font pratiquées deux rainures, dont on voit Le plan fe. 6’, en À A. Ces rainures tecoivent les tenons du plateau & , fufpendu à la tête de la vis PX, par un boulon de fer qu’on appelle roine, dont la tête appuie fous la planche N de bois de cormier, où autre bois dur , fur laquelle lors de la preffion, fe fait le frottement de la vis qui eft denoyer , & dont la tête a 14 pouces de gros. Cette tête P, eft entou- rée de deux frettes de fer, dont l’inférieure porte une rondelle dentée en rochet , dans les dents de la- quelle s'engage Le pié de biche 3 , 4, qu’on appelle acotay , dont l’ufage eft d'empêcher la vis de rétro- grader lorfqu'on fait une preflée ; l'extrémité 4 de l’acotay eft entaillée pour embraffer arrête de la ju- melle 45, fur laquelle il appuie; cette jumelle eft revétue d’une bande de fer L 4, pour la conferver, & le long de laquelle lacotay defcend à mefure que la vis fait baifler le plateau G A ; l’autre extrémité 3 de lacotay ou pié de biche eft fourchue pour em- brafler deflus & deflous l’épaifleur de la rondelle dentée; ce qui empêche le pié de biche de manquer l'engrenage ; l'acotay eft porté dans fon milieu fur un morceau de bois Æ cloué fur le plateau qu’on nomme par cette raïon porte-acoray. Il eft aufh per- cé en 2 d'un trou, dans lequel pañfe la corde 2 , r, qui embrafle l’extrémité 1, du reflort. Ce reflort Weft autre chofe qu’un bâton fléxible cloué fur le milieu de la face poftérieure du plateau. Enfin, ily a un autre trou vers l'extrémité 4, dans lequel pafle la corde par laquelle l'acotay eft fufpendu au pi- ton Z, ; Sur le feuil c d de laprefle, eft un chantier Y où pofent deniveau deux ou troispieces de bois T4, T 2, Tu, qu'on nomme polains, fur lefquels on pofe une forte planche Q qu’on appelle drapan, far las quelle on couche-entre des étofes de laine les feuil- les de papier, à mefure qu’elles font fabriquées. W Fabrique de papier. Les bras nuds jufqw’au cou- de, Fouvreur , fgure 1. PL X. après avoir brafé &t délayé dans l’eau chaude de fa cuve, la quantité de matiere & de qualité convenable à la de de papier qu'il veut faire, & dont il a toujours une provifion en réferve dans la bachole g qui eft à côté de lui ; prend une des deux formes , garnie de fa couverte,par le milieu des petits côtés, & appuyant avec les pouces il faitjoindre la couverte fur la fo- me, 1l la plonge obliquement à quatre ou cinq pou- ces de profondeur dans la cuve, en commençant par le long côté qui eft tourné vers lui ; après lim- merfon il la releve de niveau , par ce moyen il prenddur fa forme comme dansun filet de pêcheur , un grand nombre des parties de la matiere qui flotte &c eft délayée dans la cuve ; l’eau s'écoule À-travers le tamis de la forme, le furperflu de la pâte par- deflus les bords de la couverte, & la feuille de pa- Pier eft faute. C’eft de la quantité de matiere que la cuve contient relativement à.la même quantité d’eau êt de la quantité qu'il en laïfle fur fa forme » que dépend le plus ou le moins d’épaifleur dé papier ; les parties fibreufes de la matiere s’arrangent fur le tamis de la forme à mefure que l’eau s'écoule À-tra- vers , & l’ouvreur favorife cet arrangement par de petites fecoufles en long 8 en large de la forme, pour faire fouder les unes aux autres les parties de cette pâte; enfute ayant pofé fa forme fur la plan- chette ae, enforte qu’elle y foit en équilibre , les Longs côtés croifées en angles droits pat la planchet- te , il Ôte la couverte ou cadre volant, & lance en gliflant cette forme du côté du coucheur , Qui ayant étendu auparavant fur le drapan Q une piece d’é- toffe de laine qu’on appelle autre qui eft de ferge, leve de la main gauche cette forme pour en faire re- pofer un des longs côtés fur Pégoutoir fpendant cette Opération, l’ouvreur , y. 1. applique fa couverte ou cadre volant fur une autre forme, & recommence à lever dans la cuve une autre feuille de papier ; le coucheur prend la forme qui eft appuyée fur lécout- toir | & l'ayant retournée fens-deflus-deflous de la main gauche & amenée devant li , il la reprend de la main droite par le milieu du long côté qui s’ap- plique fur l’ésouttoir, & avec la main gauche qu'il met fur le milieu du côté oppolé , il s'incline, ap- plique ë appuie la feuille de papier fur la flautre ou étofie de laine qui couvre le drapan Q. S’étant re- levé & ayant retourné la forme, il la olile & lance le long du drapan de la cuve A4, fg. 6. enforte qu'elle arrive vis-à-vis de la nageoire de ouvreur, qui la reprend &c y applique la couverte, après avoir lancé le long de la planchette la feconde forme du côté du coucheur, qui du même tems la releve fur Pégouttoir pour la laffer évoutter. | Pentant que cette forme ésoutte, êt'que l’ouvreur leve une nouvelle feuille de papier fur la forme que le coucheur lui a renvoyé ; celui-ci prend une flau- tre Fur la planche BC qui eft entre les jumelles de la prefle &z létend fur la feuille de papier qu'il a couchée fur la premiere flautre ; c’eft cet inftant que . la vignette repréfente. L’ouvreur leve für la feconde forme la premiere qui eft fur Pégouttoir, & le cou- cheur étenduneflautre:ces différentes opérations qui s’exécutent avec beaucoup de célérité {e téiterent 3 Jufqu’à ce que toutes les flautres au nombre de deux cens foixante foient employées, ce qui compofe une porce ou demi rame. La porce eft compofée de dix quais , le quai tou- P A P 841 jouts de vingt-fix flautres ; mais quand les papiers {ont d’une certaine grandeur, la porce eft compofée de moins de quais ou quarterons de feuilles de papier, car il en tient vingt-cinq entre vingt-fix flautres. _ Après que la porce qui eft empilée fur le drapän ©, Ji. 6. eftremplie & qu’il ne refte plus de flau- tres F {ur la planche BE, fy, 6. & que la derniere feuille de papier eft couverte du dernier flautre ; les ouvriers après avoir Ôté la planche RE ; tirent lé drapan Q par les poignées qu’on ÿ voit& l’amenent fous le plateau de la prefle, en le faifant glifler fus les poulains Tz, Tu, & la porce-dont il eft chargé, Là , ils mettent deflus un autre drapan q, fo. 3. & par-deflus, la piece de bois » qu’on appelle ufe , fus laquelle en abaïflant le plateau de la prefle au moyen de la vis, & bartant fortement à trois , 6 en der- nier lieu avec le tour ou cabeftant x Y ZX, dont la corde 7 s'attache à l'extrémité du levier de 1e piés . de long qui entre dans les trous qui {ont à la tête de la vis ; ils compriment fortement la potce, ce qui en exprime Peau & donne plus de folidité au papief, qu'un troïfieme ouvrier appellé Zeveur retire d’entre les flautres. | Le leveur , fg. 3. après avoir avec le coucheut défferré la porce, remis la mife p fur le billor 0, fcellé en terre vis-à-vis le milieu de la prefle; & après quié le coucheur à l’aide de Pouvreur , a mis.le drapan g. qui couvre la porce à la place du drapan Q , fig. 3, vis-à-vis de la nageoire du coucheur ; le leveut , dis= je, aidé du coucheur, prend le dapan qui porte la porce r qui eft fous la prefle & le place comme on voit eng fur la mife p» ; alors ayant remis entre les jumelles de la prefle la Pfanche DE qui repofe fut des tafleaux , & dont les extrémités fuites en tenüns entrent dans les rainures des jumelles ; & cet ouvrier ayant mis devant lui une efpece de chevalet de pein= tre sw qu'on appelle piquer , de 14 pouces de large &t de 2 piés & demi de long, dont on voit la partie poftérieure, fg. 4. fur les chevilles duquel il place uñe planche dont il mouille Pextrémité fupérieures alors ayant levé la premiere flautre &z l'ayant jettée fur là Planche DE de la prefle, il leve de deffus la feconde flautre la feuille de papier qu'il étend fur la planche à lever, où adhérence que l'humidité oc= cafionne la fait tenir ; il continue cette manœuvre êt à placer des feuilles de papier f jufqu'à ce qu'il ait entierement levé la porce 7 & qu’il en ait rejetté toutes les flautres fur la planche de la prefle, où le coucheur les prend à mefure que l’ouvreur lui don: ne occafñon de les employer pour couvrir les nou= velles feuilles de papier qu'il fabrique , & former par ce moyen une nouvelle porce avec les mêmes flautres qui ont fervi à former la premiere. Les opé: rations des deux premiers ouvriers font néceffirez ment liées enfemble ; mais le leyeur peut fans incon: vénient aller plus vite que les deux autres, dont la célérité eft telle, qu’ils font par jour feize pofces, ce qui fait huit rames de papier, compofées chacune de cinq cens feuilles ; total 4000 feuilles , non com- pris dix feuilles qui font furnuméraires dans chaque porce, ce qui fait 4160 feuilles en tout. | Après que huit porces font faites, on les preffe en: femble ; ce qu’on appelle prefér en porce blanche M} pour cela on a d’autres prefles, dont le feuil X & le fommier PR de 8 piés de long fur 12 pouces de gros, contient deux écrous , ce qui forme deux pre fes accollées enfemble , Les deux montans £ F des extrémutés, dont on ne voit qu'un feul dans la fioure, font éléois fur 8 pouces de gros, avec renforts au- deflus & au-deflous du fommier & du feuil, le mon: tant du milieu À A eft affemblé haut & bas À queue d’arronde , & avec des coins G; la table de ces prefs fes de deux piés de large 8 à deux piés d’élévation au-deflus du rez-de-chauflée , eft foutenue par une 842 FAP mifé où bloc de bois L vis-à-vis de la vis MN, à la- auelle un plateau eft également fufpendu : un feul ouvrier fufit pour ferrer.ces prefles, le degré de compreffion n'étant. pas confidérable & fufifant feu- lement pour redreflerlés porces blanches, c’eft -à- dire féparées des flautres par le leveur. Après que les porces ‘ont été preflées, des ouvriers qu’on ap- pelle érendeurs de porces , les étendent fur des cordes dans l’étendoirfupérieur quiregne au-deflus du grand bâtiment, & dont on voit l'élévation & le profil, PI, VI. & VIT. c’eft ce que fait Pouvrier, fig. 1. ve gnette PL. XII, qui repréfente les deux étendoirs, fuppofés de plain-pié; DD la fellette {ur daquelle pofe le drapan léger fur lequella porce eft pofée ; CC poteaux garnis de morceaux de bois dans les en- tailles defquels on place les extrémités des perches, dans les trous defquels Les cordes font paflées &r ten- dues. Là lPétendeur de porce prend 3 ou 4, ou $ feuilles à la fois fur fon ferlet, outil de bois que la _fig. $. même Planche repréfente , avec lequel 1l place fur les cordes les feuilles de papier, ce qu’on appelle étendre en page. On fait état que dans létendoir fu- périeur, on peut y étendre à la fois en page la quan- tité de 3660 rames, & dans létendoir inférieur & les deux aîles qui fervent de fupplément , la quan: tite de 1213 rames, feuille à feuille au fortir de Ja colle , comme nous dirons plus bas. : Après que le papier en page eit fec, & qu'il a été recueilli & remis en porces , on le porte à la colle ; c’eft la manœuvre & Pattelier des colleurs que la PI. XI. repréfente. F porte du fourneau ou du cendrier ; L fourneau de mâçonnerie, fur lequel eft monté la cuve À , de 5 piés de diametre &c 3 de profondeur dans lequel on fait cuire la colle, que l’on met dans le panier £ fufpendu à une corde par quatre chaînes de fer. La corde eft, après avoir tra- verfé la voûte , entortillée fur le treuil horifontal MN, placé dans l'étage fupérieur qui fert de maga- fin pour les colles & autres uftenfiles. Ce treml a comme une efpece de devidoir femblable à l’engin des moulins à vent , fur lequel s’enroule une autre corde par le moyen de laquelle on enleve ayec fa- cilité le panier Æ pour le placer ou le déplacer dans la chaudiere K. Après que la colle, qui eft faite avec les rognutes des peaux que les Tanneurs-Méoïfiers & Parchemi- niers, préparent ou emploient , que l’on jette dans le panier, fig. 7. on la laifle couler par le robinet G dans la cuve où bafline A, d’où louvrier, fig. 1. la retire avec les bafins C pour la filtrer à-travers la pañloire qui eft une piece d’étoffe de laine, pofée fur un chaffs 1, 2, 3,4, garni de cordes läches, ce qui forme une efpece de chaufle ä-travers de laquelle fe fait la filtration ; on voit en D ce chaflis qu’on appelle couloir ; dont la largeur eft de 18 pouces & la longueur entre les deux traverfes de deux pies, & les cordes fur lefquelles repofe la pafloire dans la- quelle on exprime le réfidu à la fn de la filtration. La colle eft reçue dans un grand vaifleau 4 decui- vre rouge ( ainfi que tous les autres vaifleaux de cet attelier ), & auquel on a donné le nom de poiffon- niere”, Ja lonoueur eft d'environ fix piés, la largeur de trois, & la profondeur de deux ; 1l eft pofé fur une grille de fer, &z ceint par deux ou trois bandes du même métal. La colle, avant d’être employée à coller le papier, eft encore filtrée de même, pour entrer dans les cuves ou mouwuiloirs z, fig. 2, de cuivre rouge, ayant trois piés de diametre, & environ 20 pouces de pro- fondeur , pofé {ur un trépié de fer de huit pouces d’é- levation , fur lequel on place le couloir &c la pañoi- re, que l’on Ôte enfuite, &c fous lequel on met une poëllée de charbon allume #, pour entretenir la colle dansun çegré convenable. Le mouilloir eft placé à PAP * côté d’une prefle 48, enforte que la colle fupéerflue qui s’écoule des porces collées f fur la table de Ia prefle, coule dans la gouttiere ou canelure qui en- vironne cette table , & rentre dans le mouilloir par le goulot f, vers lequel toutes les parties de la rigole {ont inclinées. La prefle des colleuts eft compofée de deux mon- tans comme 44 où AB, AB , fig. 4 , qui eft l’éleva- tion de la prefle: les montans des jumelles de 10 piés de Îong font éleois fur 7 = pié ; & équanis à 10 pouces , ce qui forme des renforts où le feul © & lécrou P,trouvent un point d'appui fixe: le fewik a 1pié d'épaifleur fur 15 pouces de large : l’écrou a 15 pouces de gros; l’un & l’autre s piës 2 pouces de long, ce qui fait que les jumelles font éloignées lu- ne de l’autre de trois piés & demi: fur le feuil C de la prefle pole un tafleau D qui foutient la table Æ de la prefle, de 8 pouces d’épaifleur, dont la furface fu- périeure eft élevée au-deflus du rez-de-chauflée d’en- viron deux piés & demi: cette table eft affemblée: à fourchette & doubles tenons embrevés dans les ju- melles, &c eft entourée d’une rainure d’un demi pouce de large , fur environ autant de profondeur ; l’efpace renfermé en - dedans de la rainure a 18 pouces de large , & 27 ou 28 pouces de long. C’eft fur cette table que l’on pofe les porces F aufortir du mowil- loir : on met entre les porces, vers un des angles, de petitsamorceaux de bois 3 , 6, 9; on colle ordi- naïrement 12 porces à la fois ; & c’eft pourpouvoir les reconnoïtre & les féparer que l’on met les petits morceaux de bois. Sur les 52 porces où pofe un dra- pan G A, {ur lequel, par le moyen de la vis NR, on fait defcendre le plateau K L , qui eft fufpendu en M , à la tête de la vis que l’on tourne avec un levier, comme la fivure 3 le fait voir. Avant de plonger les porces dans la colle contenue dans le mouilloir, on y fait fondreune certaine quan- tité d’alun & de couperofe, & le colleur, fig. 2, ayant pris une des porces en page x, telle qu’elle a été re- tirée de l'étendoir, & apportées fur la fellette y, & la tenant de la main gauche , une des trois palettes, fig. 6, en-deflous, il plonge cette porce dans la colle, que le mouilloir z contient, obfervant d’écarteravec la main droite les pages de cette porce, afin que la colle puife s’introduire entre elles, & il fubmerge en- tierement le côté 3 de la porce, en plongeant fa main dans la colle. Enfuite il enleve cette porce de la main gauche 2, & la tient fufpendue verticalement fur le mouilloir, où elle s’égoutte un peu, ce qui fait raflem- bler les pages ; alors il préfente l'extrémité 3 de la porce fur une des palettes, fg. 6 , de boïs de fapin, capables, par conféquent , de flotter {ur la colle ; 4h laifle porter la porce fur cette palete , &c prenant la troifieme,il l’applique fur la porce, qui fetrouvefaifie entre deux palettes, qu’il comprime de la main droi- te, & ayant lâché l'extrémité 2 de la porce qu’il tient de la main gauche, il en écarte les pages, 8 plonge la maïn dans la colle, comme il a fait dela main droi- te fur l’autre extrémité; 1l releve enfuite de la main droite la porce qu’iltient entre deux palettes, com- me fait voir la fig. 5, & l’ayant fufpendue pour laifer égoutter & raflembler les pages qu'il avoit écartées pour y laïfler introduire la colle , il prend de la main gauche la troifieme palette, avec laquelle &z les deux autres il tranfporte la porce collée fur la table de la prefle, & continue de la même maniere jufqw’à ce qu'il ait pañlé dans le mouilloir 12 porces ; alors en preffant, comme fait ouvrier , fg. 3, 1l fait fortir le fuperflu de la colle, qui retombe dansle motwulloir par le goulot f', ainfi qu'il a été dit ci-deflus. Cette opé- ration demande beaucoup d’attention;car parunetrop forte compreffion, on feroit fortir prefque toute la colle. Une rame de grand raifin double , qui pefe 35 à 38 bivres, prend environ.deux Lyres &c demie de we P A P colle, c’eft-à-dire, qu’elle pefe cette tantité de plus après avoir été collée &rféchée, qu'ayant depañler par cette opération. f RE La figure 7 de la même Planche fait voir plusen grand le pañier que lon met dans la chaudiere, & dans lequel on fait cuire la colle, par le moyen duquel onretire de la chaudiere lesparties inutiles de la colle qui n’ont pas pu fondre, Ce panier, qui eft d'ofier, entre dans une cage de fer fufpendue à la cordé du treuil par quatre chaînes ; on y voit auffi la éroix de fer qui contient les parties de cette cage, &c les em: pêche de fe rapprocher du centre lorfque le paniér ef fufpendu. Après l’opération de coler le papier , fuccéde celle de étendre feuille à feuille , que la P7, XAL. déja cie tée, repréfente : pour cela les femmes employées à cet Ouvrage , portent aux étendoirs les porces que les coleurs leur délivrent, & les étendent feuille à feuille fur les cordes en cette mamiere ; louvriere, fg. 2, tient un ferlet ou T de bois, fo. 5 ; dont la traverte -eft auffi longue que le papier a de hauteur , & appli- quant cette traverfe fur le milieu de la largeur de la feuille de papier, une autre ouvriere, f. 3 leveune demi-feuille, qu’ellé jette fur le ferlet où elle fe trou, ve ployée en deux parties égales , & avec lequel lou- vriere , fo. 2 , l'enleve de deflus la porce , & la place fur une des cordes de l’étendoir. | Comme les perches dans les trous defquelles les cordes font placées font à différentes élevations, cet attelier doit être pourvu debancs, felles , {éllettés de _ différente élévation , tant pour pofer les drapans ou + ais , fur lefquels les porces font apportées., que pour exhaufler les ouvrieres. La fig. 4 dé la même planche fait voir Pélevation, le plan & le profil d’une des croifées des grilles qui ferment les fenêtres des étendoirs; ACKE, chaffis dormant , dônt les cotés & À 4 ©, ainfi que la traverfe dormante D Font une rainure dans laquelle glient les quatre guichets, comme on voit par le profil qui eft à côté :le chafis doimant a auffi des bar- reaux fixes, aflemblées dans les trois traverfes, & efpacées tant plein que vuide, comme on voit par le plan; la moitié G H B 4 de la croïfée eft fermée, c'eft-à-dire, que l’on a poufé les ouichets. mobiles auprès du montant du milieu | éomme le fait voir la partie 4 B du plan, enforte que les barreaux desigui- chets répondent vis-à-vis des intervalles de ceux du chaflis dormant: la partiefupérieure À É F de l’au- tre moitié eff ouverte , c’eft-à-dire, que les barreaux & les vuides du guichet & du chäffis dormant, répon- dent vis-è-vis les uns des autres , comme: la partie B C du plan le fait voir : enfin la partie inférieure du même côté eftauffi ouverte; le guichet ayant été Ôté pour laïffer voir les barreaux fc, fe , du chaffis dor- mant à découvert; ces barreaux, qui font en deux parties, font aflemblés dansune entre-toifee, qui eft elle-même afflemblée dans les montans du chaffisidor- mant ; On vOit à côté le guicheti féparé compofé de deux emboîtures ff, cc, de deüx montans fc, fc, d’une entretoife.e, de deux barreaux qui s’affembient dans les emboïtures & l’entretoife. Les emboîtures reçoivent auffi les extrémités. deÿ montans dans lef- uels Pentretoife eft aflemblée ; on voit à côté le pro- fl ou [a coupe du guichet. | Après que le papier eft féché feuille À feuille dans létendoir ; on le recueille & on le porte À;la falle,, : où 1lreçoit les dernieres préparations , qui font de Péplucher , le liffer, ployer, compter & mettre en prefle , battre M -Ce n’eft pas que toutes les {ortes de papiers paffent par toutes ces opérations; maïs toutes fe pratiquent dans laifalle que la PZ, XII. repréfente: la fg. 1. eftune papètiere qui épluchele “papier, c’eft-à-dire, qui Ôte avec un grattoir les nœuds, boffes , fils , ou autrès corps hétérogenes qui # “ À P AP 543 peuvent s'y trouver: elle fe fert pour céla d'Un srat- toir 4, qu'on voit par terre en B, & forie différen tes piles du papier fäin, & des papiers CAC, ridés Ou autrement défeétueux. La fr. 2 eft line ouvrière papetiere qui life une feuille de papier ; elle eft de bout devant une tablé , giron appellé hofer où Zf> Joire, le long du bord dé laquelle eit attachée Âÿee une tringle de bois une peau de bafäie > que l’on voit pendre en f, coïtime uñ tablier, & qu’elle releve & étend fur la table. C’eft für cette beau qu’elle étend la feuille de papier , qu’elle frotte où hfe en tott lens avec un caillou ; dont on Voit la figure én à À fes piés, &t forme deux piles Ze, l’une des papiers liflés, & Pautre des papiers qui n’ont pas encore eu cette pré» patation. La #5: 3 eftune petite fille occupée à ployer le papier en deux : elle fe {ert d’ün morceau de bois dur ; formé ä-peu-près comme la piètre de la liffeufe, fig. 2 , que l’on appelle auffi pierre ; avec laquelle en pañlant le long du milieu de la feuille dontellea mis les deuxextrémités lune fur l'autre , elle fotme le pli: elle à devant elle deux piles e d de papier; la premiere, de papier étendu, & la féconde 4, de papier ployé, qui pañfe enfuite entre les mains de l’ouvriere, fé. 4, qui compte les feuilles de papier pat 2; pour en for mer ce qu’on appélle une 724i% ; 20 mains font une rame , Qui contient par conféquent 560 feuilles, D». La fig. 5 eftun ouvrier nommé fé/eran, qui prefle les papiers, foit avant d'être ployés où dprès qu’ils le font, met les mains en rames; qWil énvelope de ma= culatures ou PeRIEE groffier ; faites avec le frafin ou traces, qui font lesbalayures dé différens atteliers, par-deflus lefquellesil pafñfétne ficelle en croix ; le papier eft alors en état d’être livré & envoyé à fa deftination. Les prefles de cet atteliér font trèg{dites & font doubles, c’eft-à-dire que le feuil & Pécrou font com munis à deux prefles, comme on Yoit dans la vignette, ë la fig. 5, le fait voir. Il y a deux doubles prefes acco- les patallelement l’une & l’autre ; & Dlécs ali mis heu de la falle : lés deux môntans 4 2 s ab;des ex trémités de chacüne de ces preflés ont 12 piés de long, & font élegis & équafris à 1r pouces fur 9 piés de long , avec renforts ; boffagées ; émbreyement deflus Pécrow D d, &c fous le feuïl, dont la furface fupérieure afflure prefque le rez dé chauffée, où il eft fcellé , aufh-bien qué les boffages des! extrémités inférieures des môntans ou jumélles : le {8uil de deux piés de large&c de 18 pouces d'épaifleur à, auffi-bien que lécrou DA, 8 piés 9 pouces de long ; l’écrou de bois d’orme a 18-pouces de häut fur 21 de latge ; il eff percé de trois trous, deux qui font taraudés pour recevoir les vis quiconipriment les piles de pa pier Ff: le troifiéme, qui eff une mortaife , eft en- tre les deux autres au: milieu de la longueur du fom- mier ; elle reçoit le teñion füpérieur en queue d’ar- ronde, qui termine le: montaïit du milieu, oùileft arrêté par des clés : le téenon mférieur eft de même fixé au fetil par desclés quientrerit par-deflous le feuil , & il y a 6 piés-de diflanice dépiis fa furface fu- périeure jufqr'à la furface mférieuré de l'écrou, & 3 piéside diftance d’un montant à l'autrelès faces Op- pofées des montañs font à raie’, pôut recevoir & fervir de guides aux plateaux des preflés, entre lef: quels & le feuil fe fait la! compreffion du papier Ff qui y eftplacé : où ne voit dans la figufe qu’un feul montant CE des trois quicompofent l’aûtre double prefle parallele, Le bas de la même Piurches fie: 'E7,eft le profil & le plan d’une machine , par lé moÿen fie laquelle on fait leverrun très-sros marteat , qui {èrt à battre le papier. Cette machine’où-mäftèat ‘eft renfermée dans une cage de charpente’, dont lés boïs ont 6 pou ces {ur 3 d’épaifleur , & confifléenüñ arbre, fur le- quel eft fixée une lanterne 4 de 12 fufeaux, Cette 844 PAP. lanterne, fur l’axe de laquelle eftla manivelle, en- grenne dans uneroue B.de96 dents : cette roue en : conduit une autre C, & porteaufli un volant r,2:5, qui a 36 dents: axe de cette dermere roue :porte une noix de cuivre G, qui a trois levées, qui venant fucceflivement à pañler , commeiles levées de mou- ! lins à pilons,, fur le rouleau qui eft à l'extrémtié de la fourchette du manche C D. Æ du marteau, font baïffer cette partie , & par conféquent léver le mar- teau £ , mobile au point.D ; qui en retombant lorf- que les levées de la noix Glaiffent échaper le rou- : leau, bat le papier pofé fur le marbre F, fur lequel on promene le papier pour faire tomber le marteau fur les différens points de la furface , ce.qui le rend beaucoup plus uni qu'aucune autre préparation. Le mafteau a 6 pouces en quarré à fa bafe, & 7 pouces de haut: le marbreena3o,& 18 de haut:1l eff en- caftré dans un billot de bois où on peut le caler, pour que lafurface foit parallele à celle du marteau : etle eft élevée au-deflus du rez de chauflée d'environ 3. Piés. Il ne refte plus pour finir cet article, déja fort étens du, qu'à donner le tarif qui fixe la largeut, la hau- teur &t le poids des différentes fortes de papier qu’on fabrique dans le royaume. dE | TARIF des grandeurs 6 des poids des différentes fortes de Papiers qui Je fabriquent dans … … Le Royaume, fixé par arrêt du confeil d'état du 18 Septembre 1741. Le poids fixé pour les rames eft le même pour lés différentes qualités d’une même ‘| :.n forte, foit fin, moyen, bulle, vanant, ou gros bon, à la livre de feize onces poids : de marc. Dénomination des Moindre poids | Plus grand poids de Papiers, DAC S de la rame. la rame. ri Poires, highess Pouces. ligñes. Livres, Livres, F Grand-aigle, 36 6 |"24 126 131 & au-deflus. Grand-foleil , 36 24 10 MO r112:| 120 Au {oleil, 29 6 20 ‘4 80. 86 & au-deflus, Grande fleur-de-lis, | 31 22 66 70 74 Grand-colombier, mis ou Impérial , +005 dt:,, 3] N084 .|- 85 & au-deflus A léléphant, 30 24 80 À 88 & aü-deflus, Chapelet , 30 21 6 60 66 &t au-deflus. {Petit chapelet , 29 20 3° Lt | 6o & au-deffus. Grand-atlas, y * C 24 6 65 70 êc au-deflus. Petit-atlas, 26 . 4 22 9 ‘69 65 & au-deflus. Grand -jéfus , 07 | Super-royal, 26 19 6 48 53 & au-deflus. Grand-royalétranger,| 25 ‘18 A7 50 & au-deflus. Petite. fleur:de-lis , 24 19 33 ‘36 & au-defflus. Grand-lombard,, 24 « 6 |:20 TEE 26 AO TT | Grand-royal, 2208 SONT M ro 29 32 8x au-deflus. | Royal, : 22 MG À : 28 | 30 & au-deflus. Petit-royal, 2OWENS 16 20 22 @ au deflus. Grand-raifin, + : 3 2 LB 17 25. 29 êc au-deflus. Lombard, 21 4 18 22 24 Gt au-deflus. Lombard ordinaire, ou Grand caïré, 360,6 16 6 20 22 6t au-deflus. | Cavalier, LOL A#G 16 &,.2 15 16 & au-deflus. Petit cavalier, 17: 6 Re 14 15 GT au-deffus. Double-cloche., FE: CO 14 6 16 18 & au-deflus. Grande-licorne à la | | cloche, | 19 12 IL | 12 &c au-deflus. À la cloche, 142006 |Mr0 | où $ 9 &tau-deflus. Carré, ou Grand- compte ..04 Carré au rain; Sabre, | : | ou Sabre au lion. 26 sh 6 .16 | 18 & au-deflus, À Carrétrès-mince, , | 20 15 6 13 & au-deflous. A lécu, ox Moyen s 7 À compte; Compte, | ‘ou Pomponne, 19 ié4 à 1 20 ê& au-deflus. À l’écu très-mince, : 19 4: à à . 11 & au-deflous. Coutelas, 19 14 À 2% 16 17 .@c au-deflus. Grand-meflel, ! 19 15 14 | 1% & au-deflus. Second-mefñel, 17 : G: | 14 11 12 © au-deflus. | A l'étoile ,;ox à l’épe- Es | | ron,ouLonguet, 18.1 6 13 10 13 | 14 & au-deflus. Grand-cornet, a7dbrig 13,Ÿ 6 10 12 12 ges Grand -.cornet;::très- "4? | fUnce 5 17 9 13 6 8 & au-deflous. À la main, . 20m 13 6 12 13 & au-deflus. Couronne,6zGrifon.| 17 «x CAS 10 12 6 au-deflus. Couronne,;ozGrifon | | très-mince, 17 ARTE 13 7 & au-deflous. * Dénominarion PAP Dénomination des er à Largeur. Papiers. £ | Pouces. lignes Pouces, Champy, ox Baftard, | 16 11 13 Tellieregrandformat,| 17 4 13 Cadran, LS RENE UTE La telliere , 16 12 Pantalon , 16 12 Petit-raifin , oz Bâton royal, oz petit-cor- . net à la grande for- for 16 12 Les trois O , oz trois ronds , o4 Gènes, 16 IE Petit nom de Jéfus, 1 11 Aux armes d’Amfter- dam, Pro parrid, ou Lrbertas. LS NO 12 Cartier grand format, ._ Dauphiné, 16 13 Cartiergrandformat,| 16 12 Cartier, | Eat: loi TE Pot, ou Cartier ordi- _ naire, $ 14 6 If Pigeonne, ox Romaïi- ne, 1$ 2 10 Efpagnol, 14 6 11 Le Lis, OS : 11 Petit à la maïñ, ox Main-fleurie ; 135218 10 Petit-Jéfus, RARE 3 9 … Toutes les différentes fortes de papiers, dont la hauteur eft moindre que neuf pouces & demi , n’ont point de largeur n1 de hauteur, ni de poids fixés par les réglemens ; il eneft de même des papiers dé- nommés sraffe où creffe ; où mair-brune , le papier brouillard ou à la demoifelle, les papiers gris & de couleur, la ferpente, qui feront des larseur , hau- teur & poids qu'ils feront demandés. ( Arsicle de M. GOUSSIER: { PAPETERIE, fe dit auffi du commerce du papier; dans ce fens on dit, un tel marchand ne fait que la papeterie : la papeterie eft un fort bon commerce. PAPETIER COLLEUR DE FEUILLES, ( Papeterie.) c’eftunartifan qui fait & fabrique des cartes & car- tons de toutes fortes, en collant plufieurs feuilles de papier les unes fur les autres. On lappelle aufi paperier rravaillant en cuves, à- peu-près de la maniere qu’on fait pour la fabrique du papier ; 1l fe fert enfuite de ces chiffons bien confom- més & réduits en une efpece de bouillie aflez épaifle pour en drefler des cartons de toute grandeur & éparfleur , fuivant les ouvrages auxquels ils font def: tinés. Il y a à Paris une communauté de maîtres de ce métier. PAPHIENNE, adj. (Myshol.) épithete donnée à Vénus, à caufe de fa ville de Paphos qui lui étoit particulierement confacrée. Elle y avoit un temple magnifique, où cent autels lui font dreflés, dit Vir- gile , & fur lefquels fume un éternel encens. (D. 7.) PAPHLAGONIE, (Géog. anc.) Paphlagonta, pro- vince de l’Afie mineure; elle s'étend d’occident en orient, depuis le fleuve Parthenius, qui la féparoit de la Bithynie , jufqu’au fleuve Halys. Au nord elle étoit bornée par le Pont-Euxin, & au midi par la Galatie. La Paphlagonie , felon Strabon, Z. IF. p. 105. étoit . le pays des Henetes ou Venetes, d’où l’on croit que font venus les Vénitiens ; & les Chalybes, felon Pomponius Mela, y habitoient les villes de Synope & d’Amyfe. Sous les derniers empereurs de la Grèce Tome XI, Hautiur. Moindre poids |Plus grand poids dé de La rame, la rame, lignes. Livres, Livres. 2 TI i2 © au-deflus: 2 10 12 6 au-deflus. 8 PERS 11 & au-deflus; 3 11 + 12- &au-deflus, 6 102 11 & au-deflus, 8 9 & au-deflus: GA MEA 8° o 8e au-deffus: 7 7=+ &t au-deflus: 1i 12 6c au-deflus: 6 12 14 & au-deflus, 6 12 13 6t au-deffus, 6 10 11 6x au-deflus, 6 5 10 & au-deflus; À 8 + 10 6c au-deflus: 6 8 9 ct au-deffus: 6 8 9 à au-deflus, 8 + 8 & au-deflus. 6 _ 6 & au-deffus; on appella cette province , /e hème des Paphlagônss Si on la confidere dans la main des Turcs, il faut faire attention qu’étant échue aux enfans d’Amur ow d'Omer, qui s’appelloient Spezders ou Spenderes, elle fut nommée Péndérachie, comnie fi Von eût voulu dire Spenderachie. PAPHLAGONIUS ; (Geog. arc.) ruifleau qui Cotile au pié du mont Ida ; les Poëtes l’ont donné pour un fleuve qui s’étoit formé du fang de Memnon tué par Achille. ar . PAPHOS, ( Géog. anc.) ville de Pile de Cypre, à extrémité occidentale. Ptolomée & Pline connoïf- fent deux villes de ce nom, favoir palæa Paphos, & nea Paphos , la vieille Paphos , & la nouvelle Paphos. Strabon dit qu'elles étoient éloignées Pune de l'autre de foïxante ftades , & Ptolomée place la nouvelle Paphos entre lespromontoires Adamus & Drepanum: il met la vieille Paphos entre les promontoire Drepa- num & Lephirium. Cette dermiere étoit dans les ter-= res , à dix ftades de la mer ; elle avoit cependant un port, & un temple dédié à Vénus paphienne. La nouvelle Paphos avoit été bâtie par Agapenor, &c elle avoit pareillement un port & un temple ; ces deux villes étoient dédiées à Vénus, & quand les Poëtés font mention de Paphos , ils ne diftinguent point fi c’eft de la vieille ou de la nouvelle qu'ils en- tendent parler; par exemple, Virgile, Z, X. vers 864 dit : | E/ffPaphos, Idaliumque tibi, funt alta Cythera. & Horace, Liv, I. ode xxx. © Venus règina Cridi Paphique, Sperne dilettam Cypron. La plüpart du tems néanmoins quand on ne diftin- gue point les villes par leur furnom, on entend la nouvelle Paphos, C’eft dans cette derniere que faint Paul convertit à la religion chrétienne Le proconful Sergius Paulus. L'on dit que la prifon de cet apôtre étoit aux environs de cette ville, qui porte aujour= d’hui le nom de Bafo, ou de Baffa. QQdasq 340 . P A P La nouvelle Paphos ayant beaucoup fouffert d’un tremblement de térre, Augufle [a répara, & la nom - ina de fon nom A#gufta. Il n’eft pas sûr qu’elle! ait confervé long-teins ce nom, du-moins aucun ancien monument n'en fait foi Paphos étoit ja patrie: de Sopater de Paphos, porte comique, qui vivoit fous Alexandre, 8 fous les deux fuccefleurs, les Ptolo- imées. 1 d Cette ville étoit plus particulierement confacrée à Vénus que le refte de l'ile. Le temiple qui y étoit bâti en fon honneur, étoit de la plus grande magrificen- ce. La vénération qui y étoit attachée s’étendoit même juiqu’au prètre, quien faifoit les fonétions, Plutarque rapporte que Caton fit offrir au roi Ptolo- mée la grande prêtrife du temple de Vénus à Paphos ;- sil vouloit céder Cypre attx Romains, regardant cette dignité comme le dédommagement dun royauine. Les miniftres des temples de Vénus n’immoloient jamais de victimes , le fang ne couloit jamais fur leurs NUE ; , autels ; on n’y brüloit que de l’encens, & la déefle n’y refpiroit que l'odeur des parfums. Elle y étoit repréfentée fut un char conduit par des amours, 8 tiré par des cygnes & des colombes. L'or & lazur brilloient en vain dans le temple de Paphos, leur éclat y cédoit à l'éclat des arts. Les chef- d'œuvres que des mains immortelles y avoient tracés, attiroient feuls toute l'attention. Icile cifeau délicat d’un artifte füpérieur repréfentoit la déefle qui viviñie tous les êtres, & qui féconde la nature ; là le pinceau volup- tueux infpiroit Les feux de Famour. La délicieufe fituation & les charmes du climat, avoient fans doute contribué à établir lopinion de ceux qui y avoienttixé l'empire de Vénus, &c le {é- jour des plaire, À | «On y jouifloit d'un printems éternel; la terre » heureufement fertile y prévenoit tous les foubaits ; » les troupeaux y païfloient fans nombre ; les vents » {émbloient ni regner que pour répandre par-tout » l'efprit des fleurs; les oifeaux y chantoiïent fans » celle ; Les bois y fembloient harmonieux ; les ruif- » feaux murmuroient dans les plaines ; uñerchaleur » douce faifoit tout éclores l'air ne s’y refprroit qu’a- » vec la volupté». (D...) | PAPIER, [ m. (-4rrs.) merveilleufe invention, qureft d'un fi grand ufage dans la vie, qui fixe la mémoire des, faits, & immortalife les hommes ! Ce- pendant ce papier admirable par fon utilité, eft le fimple produit d'une fubltance végétable, inutile d’ailleurs, pourrie par Part,broyée, réduite en pâte dans de l’eau, enfuite moulée en feuilles quarrées de différentes orandeuts, minces, flexibles, collées, féchées, mifes à [a preffe, & fervant dans cet état à écrire fes penices, & à les faire pañler à la poftérité. Vorez l'article PAPETERIE. Cemot papier vient du grec œaœupée, papyrus, nom de cette plante célebre d'Egypte, dont les an- ciens ontfait un fi grand ufage pour l'écriture ; nous décrirons cette plante aurot PAPyYRuS. Il feroit trop long de fpécifier ici toutes les diffé- rentes matieres {ur lefquelles les hommes, en divers tems & en divers lieux, ont imaginé d'écrire leurs penfées; c'eft affez de dire que l'écriture une fois ‘trouvée, a Été pratiquée fur tout ce qui pouvoit la recevoir; on l’a . en ufage fur les pierres, les briques, Les feuilles, les pellicules, l'écorce, le Zber des arbres; on l’a employé fur des plaques de plomb, des tablettes de bois, de cire, & d'ivoire; enfin on inventa le papier égyptien, le parchemin, le papier de coton, le papier d'écorce, &t dans ces derniers fie- cles le papier qui eft fait de vieux linge ou de chiffons. Voyez Mate, Æif. diplor. liy. II. Bibl, iral, som. IT, Leonis Allati, Anig.etrufe, Hug, de Scripturæ origine, Âlexand. ab Alexahd. / IL, €, xxx. Barthol, Differr, dédibris legendiss | | ut Dans certains fiecles barbates, & dans certains lieux, on a écrit fur des peaux de poiflons, fur des boyaux d'animaux, fur des écailles de tortues. Foye Mabillon de re diplom. LL c. vi. Fabricu Biblioth. * nat, 6. XXj. CC. Mais ce font principalement les plantes dont on s’eft fervi pour écrire ; c’eft de-là que font venus les différens termes de iblos, Liber, folium, filura, fche- da, &c. À Ceylan on écrivoit fur des feuilles de tali- pot, avant que les Hollandoïs fe fuffenit rendus mat- tres de cette ile. Lermanufcrithramin en lañgue tulin- gienne envoyé à Oxford du fort faint Géorges, eft éerit fur des feuilles d’un palmier de Malabar. Her- man parle d'un autre palmier des montagnes de ce pays=là, qui porte des feuilles pliées, & larges de quelques piés ; les habitans écrivent entre les plis de ces feuilles en enlevant la fuperficie de la peau. F’oyez KRuox, if, de Ceylan, L III. Philofoph. Tranf. n°. 135. G 246. Hort. ind, Malab. Eee, Aux îles Maldives, les habitans écrivent auffi {ur les feuilles d’un arbre appellé macaraguean, qui font longues de trois piés, &c larges d’un demi-pié. Dans différentes contrées des Indes orientales, les feuilles du mufa ou banamier fervoient à l'écriture , avant que lés nations commerçantes de l’Europe leur euf- {ent enfeigné l’ufage du papier. Ray, if. plant. tom. II, Lib, XX XII, nomme quelques arbres des Indes! &c d'Amérique, dont les feuilles font très-propresà l'écriture : de la fubftance intérieure de ces feuilles on tire une membrane blan- châtre, large & fine comme la pellicule d’un œuf, &c fur laquelle on écrit pafflablement; cependant le papier fait par art , même le papier grofier, eft beau- coup plus commode. Les Siamois, par exemple, font de l'écorce d’un arbre qu'ils nomment plokkloi, deux fortes de pa- pirs , l'un noir, & lautre blanc, tous deux rudes & malfabriqués , mais qu'ils plient en livre’, à-peu-près comme on plie les éventails ; ils écrivent des deux côtes fur ces papiers , avecun poinçonde terre grafle. Les nations qui font au-delà du Gange, font leur papier de écorce de plufeurs arbres. Les autres peu- ples afatiques de-decçà le Gange, hormis les noirs qui habitent le plus au midi, le font de vieux haïl- lons d’étoife de coton, mais faute d'intelligence, de méthode, & d'inftrumens, leur papier eft fort lourd &c fort groflier. Je ne tiendrai pas le même langage des papiers de la Chine & du Japon, car ils méritent tous nos regards par leur finefle, leur beauté, & leur variété. On garde encore dans de vieux cloîtres quelques fortes de papiers irréguliers manufcrits, dont les cri- tiques font fort embarraflés de déterminer la matiere; tel eft celui de deux bulles des antipapes, Romanus & Formofe, de l'an 891 & 895, qui font dans lés archives de l’églife de Gironne. Ces bulles ont près de deux aunes de.long, fur environ une aune de large ; elles paroïfent compofées de feuilles ou pelli- cules collées enfemble tranfverfalement, & lécri- ture fe lit encore en beaucoup d’endroïts. Les fa= vans de France ont hafardé plufieurs conjedures fur la nature de ce papier, dont l'abbé Hiraut de Belmont a fait un traité exprès. Les uns prétendent que c’eft du papier fait d’algue marine | d’autres de feuilles d'un jonc appellé {4 bogua, qui croît. dans les marais du Rouflillon, d’autres de papyrus, d’autres de co- ton, &c d’autres d’écorce. V’oyzz Les Mém. de Trévoux, Septembre 1711, | Enfin l’Europe en fe civilifant, a trouvé l’art ingé- neux de faire du papier avec du vieux linge de chan- vte ou de lin; & depuis le tems de cette découverte, on a tellement perfeéionné cette fabrique du papier ue e de chiffons, qu'il ne refte plus rien à defirer À cet égard. L ” De-là vient que depuis peu, quelques phyficiens ont tâche détendre les vües que l’on pouvoit avoir fur le papier , en examinant fi avec l'écorce de cer- tains atbres de nos climats, où même avec du bois, qui auroit acquis un certain degré de pourriture, on ne pourroit pas parvenir à faire du papier, & c’eft ce dont quelques tentatives ont confirmé l’efpéran- ce. Il étoit aflez naturel de foupçonner cette poffibi- lité, puifque long-tems avant l'invention du papier “européen, on en faifoit en Egypte avec le papyrus, efpece de fouchet du Nil, en orient avec le chiffon “de toile de coton, & avec le Z%er de plufieurs plan- tes. Les Japonnoïs fabriquent aufi différentes efpe- -ces de papiers, avec l'écorce, & autres parties de leurs atbres ; les Chinois avec leur bombou, avec -du chanvre, de a laine blanche , du coton, & de la ‘loie, 6c. Busbec nous apprend encore qu’on en fait au Cathay avec des coques de vers à foie. Voyez La letère iv. de fon ambaflade en Turquie. Le chiffon de toile de chanvre ou de lin, n’eft qu'un tiflu de fibres higneufes de Pécorce de ces deux plantes, que les leffives &r les blanchiflages ont dé- barraflées de plus-en-plus de la partie fpongieufe, que les Botaniftes appellent parezchyme. M. Guettard -a d'abord examiné fi ces fibres ligneufes, n’étant en- core que dans l’état où elles portentle nom de f/affe, ne donneroïent pas du papier ; car par-là on rendroït “utiles les chenevottes mêmes, ou le tuyau de la plante dont la filafle a été féparée , & il eft plus que probable que les filafles d’aloès, d’ananas, de palmiers, d’orties, & d’une infinité d’autres arbres ou plantes, feroient fufceptibles de la même prépa- ration. La filaffe de chanvre, fimplement battue, a produit une pâte dont on a formé un papier aflez fin, & qui pourroit fe perfettionner. Mais 1l faut avouer que nous ne fommes pas auf tiches en arbres & en plantes, dont on puifle aïfé- ment détacher les fibres ligneufes , que Le font les Indiens de Pun & de Pautre hémifphere. Nous avons cependant Paloës fur certaines côtes : en Efpagne on a une efpece de fparte ou de genêt qu’on fait rouir pour en tirer la filafle , & dont on fabrique ces cor- dages que les Romains appellent /partoz; on en pourroit donc tirer du papier. M. Guettard en a fait avec nos oïties & nos guimauves des bords de la iner, &t il ne defefpere pas qu’onn’en puifle faire avec plufieurs autres de nos plantes, ou de nos arbres mêmes, fans les réduire en filañle. Le raïfonnement qui avoit conduit à fabriquer du papier immédiatement avec la filafle, lui a fait eflayer d'en tirer de même du coton, &:il y a réuffi. Il vouloit s’affurer par-là fi le duvet des plantes étran- geres pouvoit donner par lui-même une pâte bien conditionnée , pour travailler avec plus de fureté fur les duvets de celles qui croïffent chez nous, telles par exemple, que les chardons ; ou fur celles qui quoi- wétrangeres, viennent fort bien dans notre climat, comme l’apocyn de Syrte, &c. La foie de nos vers à foie, eft d’un ufage trop pré- cieux, & n’eft pas à beaucoup près aflez abondante chez nous pour être employée immédiatement à la fabrique du papier ; maïs nous avons une efpece de chenille qu'on nomme commune, & qui ne mérite que trop ce nom, qui file une très-grande quantité de foie. C’eit fur cette foie, tout au moins inutile jufqu’à ce jour , que M. Guettard a fait fes expérien- ces, & avec plus de fuccès qu'il n’eût ofé l’efpérer : le papier qu’elle lui a donné a de la force, & manque {eulement de blancheur. On à fait en Angleterre du papier avec des orties, des navets, des panais, des feuilles de choux, de lin en herbe, & de plufieurs autres végétaux fbreux; Tome XI, P A P 847 On én'à fait aufi avec de la laine blanche : ce Papier dé laine n’eft pas propre à écrire, parce qu'il eft co- tonneux;, mais il pourroit être d'ufage dans le com- merce: Voyez Houghton, Cofeéfions, n°, 3 Go. 2. IT. Pap, 418,6 fuivanres. En un mot, on eft parvenu à faire du Papier de toutes fortes de matières vésétables, & d’une infinité de fubftances que nous rejettons comme inutiles : Je ne doute pas qu’on n’en pût faire encore de boyaux ès de tripes! d'animaux , même de matieres minérales cotonneufes, puifqu'on en fait de l’amianthe .ou da Pasbefte ; mais l'important feroit d’en faire qui coù- tât moins que le papier de chiffons , fans quoi toutes les recherches en ce genre ne font Que de pure cu- rlofité. On peut lire fur le papier Leonis Allati, arriquirares ctrufcæ ; nigrifoli de charté ejufque ufu apud AREIGUOS y piece qui eff dans la guleria dj Minerva; Mabillon, de re diplomaticé ; Niontfaucon, Palæeographia greca Maffei, Æifforia diplomatica , où Bibliorh. italiq. #, I Harduinus, 7 Plinium; Reimm, Zea f;ftem. antiq. lister, Bartholinus ; Différtario de Libris legendis Poly- dorus Virgilius, de rer. invenr. Voffius, de arte Grain, lib, I. Alexand. ab Alexand, Sy. JL. ch: 30. Salmuth ad Pancirel. L, IT. tir. celij, Grew, Mal. reg. focier. Prideaux, Conneëtions; Pitifci, Lexicon antig. rom. toin.T, voce charta ; enfin le Diéionnaire de Cham- bers , où l’article du papier ef prefque complet : Fabricus indiquera Les autres auteurs fur ce fujet dans fa Bibliorheca aniiqua. Les principaux papiers qui méritent notre examen Îe peuvent réduire au papier égyptien, chinois, japo- nois, européen, papier de coton, papier d’écorce, papier d’asbefte; nous nous propofons de traiter de chacun de ces papiers en particulier, Pour le faire méthodiquement nous parlerons, 1°. Du papier d'Egypte le plus célebre de tous. 29, Du papier de coton qui lui a fuccédé. 3°. Du papier d’écorce interne des arbres, 4°. Du papier de la Chine. 5°. Du papier du Japon. 6°. Du papier européen, c’eft-à-dire du papier de linge. 7°. De la fabrique du papier marbré en particulier, 8°. Du commerce du papier de linge en général. 9°. Du papier d’asbefte, nommé papier incombufi ble, 10°. Enfin nous traiterons du papyrus & du par- chemin fous leurs lettres particulieres, ( Le chevalier DE JAUCOURT). PAPIER D'ÉGYPTE, (Arts anciens.) C’eft ce papier fameux dont les anciens fe fervoient, & qui étoit fuit par art d’une efpece de jonc nommé papyrus, qui croiffoit en Egypte fur les bords du Nil. Selon Ifdo- re , Memphis à la gloire d’avoir la premiere fu faire le papier du papyrus ; & Lucain femble appuyer cette idée : quand il dit : Nondum Jumineas Memphis contexere biblos Noverat. Pharfal, Lv. LIL. y. 222, Ce qu’il ya de biensûr , c’'eft que de toutes les ma- tieres fur lefquelles Les anciens ont écrit ; il n’en eft point qui préfente autant d'avantages que le papier, ioït par rapport à fa légereté, foit par rapport à la facilité de la fabrique ; c’étoit un prélent fimple de la nature, & le produit d’une plante qui n’exigeoit ni foins, ni culture. Auf toutes ces raïfons le rendirent d’un ufage prefque général dans le monde civilifé. Quoiqu'on ait varié les matieres qui peuvent recevoir Pécriture, cependant l’on a toujours préféré pourune chofe fi néceflaire ce qu'il y avoit de plus commun & de plus facile à tranfporter; ainfi, le parchemin, le papier, & les tablettes de cireontété d’un uüfage plus QQqqai 848 P A P conftant & plus étendu, 8 par a même raifon le plomb doit avoir eu la préférence fur Les autres mé taux, Quelques auteurs ont admis fur ces faits un merveilleux que les hommes ont aimé de tous les tems à fe perluader. Tel eft celui qui a rapporté je l'iliade 8 l’odyflée avoient été écrites en lettres d’or fur le boyau d’un dragon, long de cent vingt pics. Mais comme les romans confervent toujours des par- ties d'ufage & de vérité ; on voit par-là que les an- ciens ont écrit {ur des boyaux, ce qui , dans le fond eft fort naturel. On peut avoir écrit des ouvrages fur livoire , maïs indépendamment de la rareté dont cette matiere ctoit autrefois, Les feuilles d’une éparf- eur auf médiocre que la chofe eft poffble , auroient encore produit un poids exceffif; dans la portée des feuilles ordinaires , elles fe feroient rompues. Cepen- dant il eft certain que Les Romains écrivoient fur des tablettes d'ivoire les lettres miflives, &c fouvent leurs affaires domeftiques, ufage qui s’eft même confervé juiqu’à nous. On ne convient pas du tems où lon a commencé à {e fervir du papyrus pour en faire du papier. Varron place cette découverte dans letems des viétoires d’A- lexandre le Grand, lorfque ce prince eut fondé la ville d'Alexandrie en Egypte; mais Pline lui-même réfute le fentiment de Varron, & fe fonde fur le té- moignage de Caflius Hemina, ancien annalifte , qui dit que Cn. Terentius Scribe, travaillant à un fonds de terre qu'il avoit fur le Janicule, trouva dans une caïfle de pierre Les livres du roi Numa,, écrits fur ce papier ; & qu'ils s’étoient confervés jufqu’à ce tems- là, fans pourriture, parce qu’ils étoient frottés d’huile de cedre, quoiqu'il y eût 535 ans qu'ils avoient été mis fous terre. [l rapporte encore que Mucien qui avoit été trois fois conful , afluroit qu’étant préfet de Lycie, il avoit vu dans un temple une lettre fur du papier d'Egypte, écrite de Troye par Sarpedon, roi de Lycie. Mais on a des autorités plus füres, quoique moins anciennes, qui prouvent que le papier d'Egypte étoit en ufage long-tems avant Alexandre le Grand; Guilandin cite Homere, Hérodote , Efchile, Platon, Anacréon, Alcée , 6e. Pline, Zv. XIII. ch. xj. a décrit amplement la ma- niere dont Les Esyptiens faifoient leur papier. Voici ce qu'il en rapporte. On fépare, dit-il, avec une éguille la tige du papyrus en lames ou feuillets fort minces, &c auffi latges qu'il eftpoffble , dont on com- pofe les feuilles de papier. Les lames du milieu font préférées , & enfuite felon Pordre de Ja divifion. On étendles meïlleures fur une table !, en leur laïffant toute la longueur qu’elles peuvent avoir, & coupant feulement ce qui déborde aux extrémités fur cette premiere feuille déliée, onen étend un autre en tra- vers, & d’un autre fens. L’eau du Nil, dont on les humecte, fert de colle pour les joindre enfemble. On emploie auf quelquefois la colle même ; ces feuil- es am colées font miles à la prefle , d’où on les re- tire pour les faire fecher au foleil. Après cela , on les joint enfemble, les meilleures d’abord, ainfi à mefu- re , felon qu’elles diminuent de bonté ; enfin les plus inauvaifes ; il n’y en a jamais plus de vingt dans une tige, Ce papier, avant que d’être lavé, étoit ancienne- ment appellé Aératique, facré , & ne fervoit que pour les livres de lareligion. Ce même papier étant lavé prit le nom d’Axoufle, & porta celui de Livie fa fem- me , après avoir été lavé une feconïde fois ; ainfi, le papier hiératique defcendit du premier rang au troi- eme; un autre, fort femblable , avoit été appellé amphithéatrique , du lieu où on le faïfoit : porté à Ro- me dans la boutique de Fannius, dont les ouvriers étoient fort habiles , il fit de ce papier commun, ren- du plus fn par une manœuvre particulhiere, un papier qui furpalloit Les autres, & auquelon donna fon nom: Vamphithéatrique, qui n’avoit pas été préparé dela même façon, conferva le fien. La largeur du papier, continue Pline , varie extré- mement ; elle eft de treize doigts dans Le plus beau , de ,onze dans le hiératique, de dix dans celui de Fan- nius, de neuf dans le papier d'amphithéatre , & de moins encore dans celui de Sais, qui a peine de fou- tenir le marteau ; la largeur du papier des marchands ne pafle pas fix doigts. Ce qu’on regarde le plus dans le papier, c’eft qu'il ait de la finefle, du corps, de la blancheur & du poli. L'empereur Claude a privé du premier rang le pa- pier d'Auoufte, qui, beaucoup trop fin, ne foutenoit pas la pluie du rofeau : de plus , fa tranfparente fai- foit craindre que les caracteres ne s’effaçañlent les uns les autres , fans compter l'œil défagréable d’une écri- ture qui s’apperçoit à-travers la feuille, Il augmenta aufh la largeur de la feuille, qui n’étoit auparavant que d’un pié : les feuilles les plus larges, appellées macrocolla , avoient une coudée de largeur ; mais l'expérience découvrit inconvénient, lorfqu’en ôtant de la prefle une feule de ces feuilles , un grand nom- bre de pages fe trouverent gâtées ; c’eit pourquoi le papier d’Augufte continua d’être en ufage pour les lettres particulieres , & le papier livien s’eft mainte- nu dans l’ufage où il étoit auparavant ; mais le papier claudien fut préféré à tous les autres dans l’ufage gé- néral, parce que, fans avoir les défauts du papier augufte , 1l avoit la folidité du papier livien. On donne le poli au papier par lemmoyen de livoire ou de la coquille ; mais les caraéteres font fujets à fe détacher. Le papier poli boit moins Pencre; mais il a plus d'éclat. Quand le papier , dès la premiere opéra- tion, n’a pas été trempé avec précaution, il fe refufe fouvent au trait de celui qui écrit. Ce défaut de foin fe fait fentir fous le marteau , & même à l’odeur du papier. Lorfqu’il y a des taches , on les découvre à la fimple vue ; mais quand on a rapporté des morceaux pour boucher les trous, les fautes ou les déchirures; cette opération fait boire le papier, & lon ne s’en apperçoit que dans Le moment qu’on écrit. Telle eft la mauvaife foi des ouvriers. Auffi prend - on la peï- ne de donner une nouvelle façon à ce papier. La colle ordinaire fe prépare avec la fleur de farine détrempée dans de l’eau bouillante, fur laquelle on a jetté quelques goutes de vinaigre. Car la colle des me- nuifiers & la gomme font caflantes ; mais une meil- leure préparation eft celle qui fe fait avec de la mie de pain levé, détrempé dans de l’eau bouillante, & paflée par l’étamine ; le papier devient par ce moyen le plus uni qu’il fe peut faire & même plus life que la toile de lin. Au refte cette cole doit être employée un jour aprèsavoirété faite , m plutôt, mi plus tard ; enfuite on bat ce papier avec le marteau ; on y pañle une feconde fois de la colle, on le remet en prefle pour le rendre plus life & uni, & on l’'étend à coups de marteau. C’eft ce papier qui donne une fi longue durée auxouvrages écrits de la propre main des Gracç- ques, Tibérius &-Caius ; je les ai vu chez Pompo- nus fecundus , poëte & citoyen du prenuer mérite , près de deux cens ans après qu’ils avoient été écrits. Nous voyons communément ceux de Ciceron, Au- gufte, & de Virgile. Les favans voudroient bien avoir à Leur difpofition cette bibliotheque de Pomponius fecundus. Mais que diroit Pline , s'il voyoit, comme nous, des feuilles de papier d'Egypte, qui ont mille & douze cens ans d'antiquité ? On a vu dans ce détail de la traduétion de Pline is pour les différentes efpeces de bon papier qui fe abriquoient en Egypte les lames du papyrus trem- pées dans l’eau du Nil, étoient tiflues fur une table ou planche; mais il faut retrancher le mérite de cette eau comme étant du Nil; car toute eau de riviere ebt P À P été égalemént bonne pour cette premiere prépara- tion, qui confifioit à détremper les lames du papy- rus, &c à faciliter l’expreffion du fuc qu’elles renfer- moïient; mais Pivoire, la coquille, la dent de loup, Fopération du marteau , Ge. étoient dus à là prépa- tation donnée au papier par les marchands de Rome. Pour ce qui eft de la coile, comme les Esyptiens en connoïfloient l’ufage, il eft vraiffemblable qu’ils Pont appliqué à celui du papier, dont lemploi étoit égale: ment varié 6c étendu, Les papiers d'Aupufte, de Livie , de Faunius, d’am- phithéatre, enfin tous ceux qui portoient les dénomi- nations romaines, étoient conftamment faits avec le papyrus d'Egypte ; mais préparés &c travaillés de nouveau à Rome. Le plus grand avantage de ces pa= piers ne confiftoit que dans la façon dont ils étoiert battus, lavés, &c. On apperçoït par Le récit de Pli- ne, une grande différence dans les grandeurs de cha- que feuille , en les comparant au papier fabriqué en Egypte; on voit même qûe les papiers travaillés à Rome, font de mefures variées ; mais en général plus petites. Enfin 1il ne faut pas douter que la mañufac- ture du papier d'Egypte n’ait été beaucoup perfec- tionnée en Europe. Cafliodore fait l'éloge des feuul- les de papyrus employées de fon tems. Il dit qu’elles étoient blanches comme la neige, & compofées d’un grand nombre de petites pieces ,. fans qu'il parût au- cune jointure. On avoit perfettionné Part dont parle Ovide dans le Z. &y. des triftes, de polir le papier avec la pierre-ponce Mais comme malgré tous ces foins, on ne pouvoit éviter que es feuilles de papier trop fragiles pour fe foutenir , ne vinffent à dépérir en peu de tems, far-tout quand où les employoit à faire des livres ; on s’avifa de les entremêler de feuilles de parchemin fur lefquels l'écriture étoit continuée , de forte aw’a- près quatre, cinq, fix, ou quelquefois fept feuilles de Pepier d'Egypte, on mettoit deux feuilles de parche- min. On conferve à l’abbaye de $. Gerimain des près une partie des épitres deS. Augultin, écrites de cette maniere fur du papier d'Egypse, entre-mêlés de feuil. les de parchemin. C’eftun vieux manulcrit, auquel on donne environ rrootans. Les lettres y font en- core en bon état, & lencre fans s'éteindre a confer- véfanoirceur. | Les Egyptiens faïiloient dans tout le monde un grand cormmerce de leur papier : ce commerce au- gmenta fur Ja fin de la république , 8 devint encote plus floriffant fous le resne d'Auguite ; aufi comme le débit de ce papier étoit prodigieux pour les nations _étrangeres, on en manquoit quelquefois à Rome; c’eft ce ce qu'on vit arriver du tems de Tibere ; comme on ne reçut à Rome qu’une petite quantité de papier Egypte ; cet événement causa du tumulte , & le fé nat nomma des commiffaires, pour en difiribuer à chacun felon fes befoins, autant que la difeite le per- mettoit. Plutarque fait voir combien le trafic de ce papier étoit grand, quand il dit dans fon traité Colo- rès:«Ne faudroit-1l pas que le Nil manquât de papy- »rusavant que ces gens-là cefflaflent d'écrire»? L’em- pereur Hadrien, dans fa lettre à Servien, conful, que Vopifque nous a confervée, met entre les prin- cipaux arts qu'on exerçoit à Alexandrie, celui de farre des feuilles à écrire. C’eft une ville riche & ét opuiente, dit-il, où perfonne ne vit dans Poifive- té. Les uns travaillent en verre, les autres font des feuilles à écrire; d’autres de la toile : on Les voit tous Vacquer à toutes fortes de métiers. Il y a là de Pou- vrage pour les goutteux , 8 pour les aveugles; ceux mêmes qui ont la chiragre ou la goutte aux mains, n'y manquent pas d'exercice. Sous les Antonins ce commerce continua dans la même forme. Apulée dit au commencement de fes métamorphofes , qu’il écrit dur du papier d'Egypte, avec une canne du Nil; cat P A P 849 c'étoient le Nil 87 Memphis qui fourriflorent la pl paït des cannes dont on fe {ervoit, comme on fe fert aujourd’hui de plumes. Les empereurs je fervoient des feuilles de papier d'Egypte pour écrire leurs lettres 8 leurs mémoires, Domitien, dit Dion, écrivit les noms de ceux qu'il vouloit faire mourir für une feuille double de ile re ; car, felon Hérodien, ces fortes de feuilles fm ples étoient fort minces. Le commerce de ce papier étoit fi grand vers la fin du ii. fiecle, que le tyran Firmus s'étant emparé de l'Egypte , fe vantoit qu'il avoit aflez de papier & de colle pour nourrit fonar- mée ; c’éroit apparemment du prix qu'il retireroit de la vente de ce papier que Firmus prétendoit être en état denourrir fon armée. _ S, Jerome nous apprend que l’ufage de ce papier d'Egypte étoit toujours le même dans le v. fiecle où il vivoit : Le papier ne vous a pas manqué, dit-il, dans fa lettre à Chromace , puifque l'Egypte continue fon commerce ordinaire. Les impôts fur le papier étant trop grands fur la fin du même fiecle, ou au com- mencement du fuivant, Théodoric, roi d'Italie, prince modéré & équitable, en déchargea Le public. Ce fut fur cela que Cafiodore écrivit la 38 lettre de fon XT, li, où 1] femble félicitertoute la terre de la décharge de cet impôt, furune marchandife finéceffaire À tout le genre humain. | Le vj. fiecle, felon les PP. Monfaucon & Mabil- lon , fournit aufli des monumens écrits fur le papier d'Egypte. Ils citent une charte appelée carte ple nariæ fecuritatis de empereur Juffinien; le P.Mabil lon l’a fait imprimer peu de tems avant fa mort avec la forme des caraftetes ; ce monument fingulier eft à la bibliotheque du roi de France. _ Le P. Montfaucon dit auf avoir vu , en 1698, à Venife dans la bibliotheque du procurateur Julio Juf. tiniani, trois ou quatre fragmens de papier d'Egypre, dont l'écriture étoit du même fiecle ; maïs dont on ne pouvoit rien tirer, parce que c’étoit des morceaux rompus où Pon ne trouvoit aucune fuite. Le P, Ma: bilon parle dans fa diplomatique d’un autre manuf- crit, qu'il croit être du même fiecle, & qui étoit au= trefois de la bibliotheque de M. Petau. Mais le P. Montfaucon n’a jamais pu voir ce manufcrit. Il cite en échange un manufcrit en papier d'Ecypte qu'on conerve à la bibliotheque de S. Ambroïfe de Milan, ë qui contient quelques livres des antiquités judaï- ques de Jofephe en latin. Il donne à ce manufcrit à- peu-près la même antiquité; mais il la trouvé en aflez mauvais état, face, & fi pourri, que les feuilles étanttoutes collées Italie, 8c dans d’autres pays de l’Europe, du papier refte encore, dit-il, un aflez grand nombre dans les Îl eft vraiffemblable que l'invention du p2pier de coton, dont nous parlerons féparement , a fait tom- 850 PAD ber l’ufage du papier d'Egypte; mais c’eft une grande queftion de favoir dans quel tems on a ceflé de faire le papier égyptien : car à préfent la pdpyrorechnia ægyp- tiaca, la manufature du papier éeyprien eft mile au nombre des arts qui font perdus. Euftathius le favant commentateur d’'Homere , aflure que même de fon tems; favoir , en 1170, il n’étoit plus en ufage. Le P. Mabillon foutient à la vérité que l’ufage en a duré juiqu’au x}. fiecle après J. C. & cite un certain Fre- degaire, moine, poète du x. fiecle, qui en parle com- me d’une chofe qui fubfftoit le fiecle d’auparavant , c’efl-à-dire, dans le ix. fiecle ; mais le même P.Ma- billon s'efforce de prouver que l’ufage en a duré plus long-tems par plufeurs bulles des papes, écrites fur le papyrus dans le xJ. fiecle. Voyez Mabillon de re diplomat. Lib.T. ch. vuy. Cependant le comte Maffei foutient dans fon z/for. diplomat. 1. IT. bibl. ital.s. IL. p.251. avecplusde pro- babilité, que le papyrus n’étoit déja plus en ufage avant le v. fiecle : il ne regarde point comme authen- tique les mémoires écrits fur ce papier, & datés pof- térieurement à cetems. Les bulles des papes citées par le P. Mabillon paroïflent à ce favant avoir été écrites fur le papier de coton; mais les obfervations que nous faifons ne fe rapportent qu'à l’ufage géné- ral 8&c public du papier d'Egypte ; car il ne feroit pas étonnant que quelques particuliers euflent continué de l’employer quelques centaines d'années après qu’on avoit ceffé de s’en fervir communément. __ Le même favant italien eft dans la perfuañon que Tévangile de S. Marc, qu’on conferve à Venife , eft écrit fur du papier de coton; & qu'au contraire, le Jofephe de la bibliotheque de S. Ambroife de Milan lui paroïît au premier coup d'œil écrit fur du papier égyptien. Voilà les principales obfervations des favans en ce genre. Il n’eft guere poflible aujourd’hui d'ajouter quelque chofe de nouveau fur le papier d'Egypte, à ce qu'en ont dit parmi les anciens Pline, Zy. AIX, Théophrafte , Z. IV. ch. 1x. &t parmi les modernes Guilaudinus, Scaliger, Saumaïte, Kirchmayer, Ni- rifolr, le P. Hardouin dans {on édir, de Pline, le P. Mabillon dans fon ouvrage de re diplomaicé ; dom Montfaucon dans fa palæograph. & dans le recueil de littérature ; lillufire Maffei dans fon :/lor diplom, &t dernierement M. le comte de Caylus , dans les méêm, de l'acad. des Infcript. 1. X'XVTI. Guillardini (Melch.) Papyrus , h. e. commentarius in sria C. Plinii majoris de papyro capita, feilicer , Lib. XIIT. ch. xj. xij. xig. Ce traité vit d’abord le jour à Venife en 1572, 27-4°. & enfuite à Amberg, en 1613 ,in-4°, par les foins de Salmuth. C’eft Le plus favant commentaire qui ait été publié fur cette par- tie de l’ouvrage de Pline, & on n’en a point encore de meilleur fur aucun autre livre du grand naturalifte de Rome. Guillardin en a reflitué très-heureufement plufeurs paffages, & par fes propres lumieres , &z par l'autorité des anciens auteurs grecs & romans. Il s’eft fans doute trompé quelquefois ; mais 1l a réuffi très-fouvent dans fes reftitutions. Il parle de ce qu’il a vu ; il a fait fes obfervations dans le pays même, où 1l a examiné la plante dont il s’agit ; c’eftorand dommage qu'après fon examen, il n’en ait pas donné de figure, & même qu’il ne lait pas décrite; il eût levé par-là tous les doutes des botaniftes modernes. Scaligeri (Jofeph-Juff.) animadverfiones in Melch. Guillardini comment. de papyro. Les animadverfions de Scaliger ont paru pour la premiere fois dans les leiliones bibliothecariæ memorabiles Rudolphi Capell , à Hambourg en 1682. Elles diftillent le fiel, la vio- lence & la dureté; mais elles n’ont pu faire tomber un ouvrage très-eftimable par les recherches & lé- udition qui s’y trouvent. Enfin, le avant & inge- nieux Maffei a vangé Guillardinus de la plüpart des P Æ A critiques de Scaliger, de Voflus, & du P. Hardouin. Saumaife eft très-bon à lire au fujet du papier éoyp- tien , dans fon commentaire fur la vie de Firmüs par Vopifcus , un des hiftoriens qu’on met au nombre des hiflorie augufte fcriptores. Kirchinayeri (M. Seb.) differtatio philologica de pa- piro veterim , Witiebergæe 1666. 17-4°. c’eft un fimple extrait de Guillardin, où l’auteur auroit dû mettre plus de méthode & de goût. La differtation de Nisrifoli de charté vererumejufqne ufu , eft inférée, comme je lai dit ailleurs, dans la galerie de Minerva. Mais le mémoire curieux de M. le comte de Cay- lus fur le papyrus d'Egypre a répandu des lumieres fur une chofe que le tems rendoit déja fort obfcure, ê& à intelligence de laquelle on ne peut mieux arri ver, que par la connoïffance de la pratique de l’art, (Le chevalier DE JAUCOURT.) PAPIER DE COTON, ( ris. ) On croit que c’eft Pinvention du papier de coron, qu'on appelle charræ bombycina , qui a fait tomber le papyrus d'Egypte en Grece, Ce papier eftincomparablement meilleur, plus propre à écrire, & fe conterve bien plus long-tems. ‘On ne fauroit dire précifément quand on seit avifé d’en faire de cette matiere. Le pere Montfaucon prouve, par des autorités aflez claires, que le papier de coron étoit en ufage en 1100. Ce papier s'appelle en grec yaprne BouGuxswos , où BayGawyos , Ce qui fignifie papier de coion. Quoique Rom6vE fe prenne dans les auteurs pour de la /üze, il fe prend auf , fur-tout dans les bastems, pour le coton, auffi-bien que 8au£aë, De-là vient que les Italiens ap- pellent encore aujourd’hui le coton , fsmbaccio, Ce fut au neuvieme fiecle ou environ que lon com- mença dans l’empire d’orient à en faire du papier : en voici les preuves. Il y aplufeurs manufcrits grecs, tant en parchemin ou vélin, qu’en papier de coton, qui portent la date de l’année où ils ont été écrits ; mais la plûpart font fans date. Sur les manufcrits da- tés on juge plus sûrement, par la comparaïifon des écritures , de l’âge de ceux qui ne le font pas. Le plus ancien manufcrit de papier de coton , que le pere Mont- faucon ait vû avec la date, eft celui du roi, numé- roté 2889 , qui fut écrit en 1050 ; un autre de la bi- bliotheque de l’empereur, qui porte auffi fa date, eft de Pannée 1095. Mais comme les manufcrits fans date font incomparablement plus nombreux que ceux qui font datés, ce pere s’eft encore exercé fur ceux-là ; &z par la comparaïfon des écritures, 1l croit en avoir découvert quelques-uns du dixieme fiecle, entrau- tres un de la bibliotheque du roi, coté 2436. Si Yon faifoit la même recherche dans toutes les bibliothe- ques, tant de lorient que de l'occident, on en trou- veroit apparemment d’autres, environ, du même tems. Il juge donc que ce papier bombycien ou de coton, peut avoir été inventé fur la fin du neuvieme fiecle ou au commencement du dixieme. À la fin du onzie- me &e au commencement du douzieme, Pufage en étoit répandu dans tout l'empire d’orient, & mème dans la Sicile. Roger, roi de Sicile, dit dans un di plome écriten 114$, rapporté par Rocchus Pirrnus , qu’il avoit renouvelle fur du parchemin une charte qui avoit été écrite fur du papier de coton, ir chartä cuttuneä , Van 1102, 8&cune autre qui étoit datée de Van 1112. Environle même tems, l’impératrice rene, femme d’Alexis Comnene, dit dans da regle faite pour des religieufes, qw’elle avoit fondées à Conftan- tinople, qu’elle leur laifle trois exemplaires de la re- gle, deux en parchemin, & un en papier de coton. De- puis ce tems-là, ce papier fut encore plus en ufage dans tout l’empire de Conftantinople. On compte au- jourd’hui par centaines les manufcrits grecs de papier PAP bombycien ; qui fe trouvent dans les bibliotheques curieufes. Cette découverte fut fort avantageufe dans un tems oùilparoît qu'il y avoit grande difette de par- Chemin ; & c’eft en müme tems ce qui nous à fait per- dée plufeurs anciens auteurs : voici comment. De- puis le douzieme fiecle, les Grecs plongés dans li- gnorance, s’avilerent de racler les écritures des an- -Ciens manufcrits en parchemin, & d’en ôter autant u'ils pouvoient toutes les traces, pour y écrire des livres d'églife : c’eft ainfi qu’au grand préjudice de la république des Lettres, les Polybes, les Dions, les Diodore de Sicile, & d’autres auteurs que nous n’a- vons plus, furent métamorphofés en triodions, en pentécoftaires, en homéles, & en d’autres livres d’égiife. Après une exaéte recherche, faite par Le pere Montfaucon , ilaflure que parmi les livres écrits fur du parchemin depuis le douzieme fiecle, il en avoit plus trouvé dont on avoit raclé Pancienne écriture que d’autres; mais que comme tous les copiites n’- toient pas également habiles à effacer ainfi ces pre- rmiers auteurs, 1l s’en trouvoit quelques-uns où l’on pouvoit lire au-moins une partie de ce qu’on avoit voulu raturer. Ce fut donc linvention de ce papier de coton qui fit tomber en orient le papier d'Egypte. S’ilen faut croire Euflathe qui écrivoit vers la fin du douzieme fiecle, l'ufage de ces feuilles du papier d'Egypte, qu’il ap- pelle Évacyaæprie | avoit ceflé peu de tems avant qu'il Écrivit, @v a réxin dpri amsaurler. Îlne faut pas croire cependant que le papier de coton ait d’abord détruit lufage de celui d'Egypte. Ces fortes de chofes nou- vellement inventées, ne s’établiflent ordinairement que peu-à-peu. | Le favant grec, qui fit du tems de Henrill.un cata- logue des manufcrits grecs de la bibliotheque du roi, appelle toujours le papier bombycien ou de coton, charta damafcena , le papier de Damas; feroit-ce parce qu'il y avoit en cette ville quelque célebre ma- nufaéture de papier de coton ? quoi qu'il en foit, voyez; Montfaucon, palæograph. grec. Uib. I, c. 1j. lib, IP, vj. &c.Maffei, Aiflor. diplomat. Lib. IT. où bi- blioth. tsalig. com. II. ( D. J.) PAPIER D'ÉCORCE , ( Arts. ) Ce papier des an- ciens improprement ainfi nomme, étoit fait du /ber, ou de la pellicule blanche la plus intérieure qui eft renfermée entre l’écorce & le bois de différens ar- bres, comme lérable, le plane , le hêtre & l’orme ; mais fur-tout le tilleul, our#, dont on fe fervoit le plus communément à ce deflein. Les anciens écri- voient des livres {ur cette pellicule après Pavoir en- levée , battue & fechée : on prétend qu'il exifte en- core quelques-uns de ces livres. Il faut confulter Pline, if. natur. lib. XIII. c. xj, Harduinus , zor. ad und, Suid. lex. 1n vox qurupa ; Iüid. orig, L. PL. c, xi. Alex. ab Alexand. 2, IL.c.xxx, Saimuth, 42 Pancirol. LIT, r. XII, p. 252. feq. Les PP. Mabillon & Montfaucon parlent fouvent des manufcrits & diplomes écrits fur écorce, & font une diftinétion bien pofitive entrele papyrus dont les Egyptiens fe fervoient, & le Ziber ou écorce qui étoit en ufage dans d’autres pays :ces deux efpeces différoient en ce que le papier d’écorce étoit plus épais & pius fragile que le papyrus , & en même tems plus fujet à fe fendre & à {e cafler, au moyen de quoi Pécriture s’écailloit quelquefois ; c’eft ce qui eff ar- rivé à un manufcrit fur écorce qui eft à l’abbaye faint Germain, où le fond du papier eft refté , mais la fur- face extérieure fur laquelle les lettres ont ététracées , eft enlevée en beaucoup d’endroits. Voyez Montfau- con , palæogr, græc. L. I. c.iy, p.15. Mabillon , de re diplom. LT. c. viiy. Reimm. idea [yf. antig. livrer. Z: 3 1 Le Mais le favant Maffei combat tout Le fyftème des Pi AP 861 manuferits &e des chartes écrirés fur l'écorce, comme une erreut populaire; & foutient que les ahciens n'ont jamais écrit de diplomes fur l’écorce ; que la diftinétion que l’on fait des papiers faits de papyrus &e d’écorce eft fans aucun fondement; qu’on ne fe fer voit d’écorce de tilléul que pour faire des tablettes, pour les dypricha ou porte-feuilles & tablettes de po- ches , fur lefquelles on écrivoit des deux côtés comme cela fe fait parmi nous; avantage qu’on n'avoit pas avecle papier égyptien à caufé de fa finefle. Chambers, (D:J.) | PAPIER DE LA CHINE, ( 45.) De tous les peu ples de laterre, celuichez qui le papier paroît être le plus ancien, ce font les Chinois ; ils en ont de tems immémorial & de très-beau ; ils en ont d’une gran- deur à laquelle toute l’induftrie des OUVTIETS eUro- péens n’a p encore atteindre. Leur beau papier à ufi cetavantage , qu'il eft plus doux & plus uni que celui d'Europe. Le pinceau dontles Chinois fe fervent pour écrire, ne pourroit couler facilement {ur un fondun peu raboteux, & y fixer certains traits délis cats. Ils ont de tant d’efpéces de papier, que noûsen connoïffons en Europe plus de quarante, toutes cu: rieufes par des circonftances particulieres. Enfin , US en ont de toutes fortes de matieres ; ies uns font füts - de pellicules internes ou d’écorce d'arbre, principale- ment de ceux qui ont beaucoup de feve, comme le mürier & l’orme , mais particulierement le bambou &t Parbre de coton. A la vérité chaque province a fon papier particuher; celui deSe-Chwen eft fait dé chan vre; cel de Fo-Kien eff fait de jeune bambou; ce- lu: dont on fe fert dans les provinces feptentrionales eff fait de l'écorce dumrier: celui de la province dé Che-Kiang , de paille de blé ou de riz; celui de la province de Kiang-Nam, d’une peau qu'on trouve dans les coques de vers À foie; enfin, dans la province de Hu-Quang, l'arbre chu ou ko-chu fournit la prin- Cipale matiere dont on fait le papier. La maniere de fabriquer le papier des diverfes écor- ces d'arbres , eft la même que celle du bambou, qui eftune efpece de canne ourofeau, creux & divifé par des nœuds, mais beaucoup plus large , plus um, plus dur, & plus fort que toutes les autres fortes de rofeaux. Pour faire le papier de bambou , on prend ordinai- rement la feconde pellicule de l'écorce qui efttendre & blanche, on la bat dans de l’eau claire jufqu’à ce qu’elle foit réduite en pâte, que l’on met dans des moules où formes très-larges , de forte que cela fait des feutlles longues de dix ou douze piés. Onle perfec- tionne en le trempant feuille par feuille dans de l’eau d’alun , qui leur tient lieu de la colle dont nous nous fervons, & qui nonfeulement empêche le papier de boire l'encre; mais de plus lui donne ce luftre qui le fait paroître , au premier coup d'œil, argenté, ou du- MOINS verni. Le papier qu'on fait de la forte eft blanc, doux &: ferré, fans qu'il y ait la moindre mégalité qui puifle atrêter le mouvement du pinceau, n1 occafionner le rebrouffement d'aucun des poils quile compofent, Ce- pendant quandileft fait d’écorce d'arbres, il fe caffe plus facilement que le papier d'Europe ; Joignez à cela qu'il eft plus fujet à prendre humidité ; que la pouf- fiere Sy attache, & que les vers s’y mettent en peu de tems. Pour obvier à ce dernier inconvénient, on eft obligé de battre fouvent les livres, & de les expofer au foleil. Outre cela, fa grande fineffe leren- dant fujet à s’ufer, les Chinois fe trouvent fouvent dans la néceflité de renouveller leurs livres en les fai- fant réimprimer fouvent. Voyez le Comte, rouv. mém. Jur la Chine; Kuft. bibl, nov. lib. an. 1697, leter. édif. 6 cur. rom. XIX. LCA Ileft bon de remarquer que le papier de bambou n'eft ni le meilleur, mile plus ufité à la Chine, Par # ‘ 852 P À P rapsortà la qualité, À cede la primauté au papierdfait de l’arbriffeau qui porte le coton, qui eft le plus blanc & le plus fin, & en même tems le moins fujet aux inconvéniens dont nous venons de parler, caril {e conferve aufli-bien, & dure auffi long-tems que le papier d'Europe. Le doéteur Grew croit qu’on trou- veroit en Angleterre beaucoup de plantes quirenfer- ment un duvet, lequel très-probablement feroit du papier auf finsque celui que les Chinois font avec le coton : ce difcours fait voir que Grew seft imaginé mal-à-propos que le pagier chinois eft fait non pas de écorce de l’arbrifleau de coton, mais du duvet ou du coton même. Voyez Grew , mufireg, foc. part. IT. | Le papier dont on fe fert Le plus communément à la Chine, eft celui que lon fait d’un arbre appellé chu-ku ou ku-chu, que le pere Duhalde compare tan- tôt au mûrier, tantôt au figuier, tantôt au fycomore, & enfin pour augmenter l'embarras, d’autres fois au fraifier, enforte que nous connoïiflons moins cet ar- bre que s'il n'en avoitrien dit du-tout: cette façon d'écrire eft familiere à cet auteur, qui ef fouvent d’une fécherefle extraordinaire au nulieu de la-plus grande prolixité, & qui n’eft jamais plus diffus & moins méthodique , que quand il {e propofe de met- tre de l’exattitude & de l’ordre dans fes écrits: Mais, pour revenir au ku-chu, voicila maniere dele prépa- rer pour en faire le papier: onratifle d’abord légéère- ment l'écorce extérieure de cet arbre , qui eft verdä- tre, enfuite on en leve la peau intérieure en longs f- lets minces, qu’on fait blanchir à Peau & au foleil, après quoi on la prépare de fa même maniere que le bambou. Il ne faut pas oublier d’obferver que dans les au- tres arbres, ce n’eft que l’intérieur de l'écorce qui fert à faire le papier ; mais le bambou , aufli-bien que larbre de coton, ont cela de particulier, que non- feulement on emploie leur écorce, mais mêmetoute leur fubftance , par le moyen des préparations fui- vantes. Outre les bois des plus larges bambous, on choi- fit les rejettons d’une année, qui font à-peu-près de la grofleur du gras de la jambe d’unhomme ; onles dé- pouille de leur premiere écorce verte, & on les fend en petites baguettes de fix ou fept piés de long; on trempe ces baguettes ainfi fendues, dans un réfer- voir d’eau bourbeufe , jufqu’à ce qu’elles foient cor- rompues & attendries à force d’avoir trempé. Au bout de quinze jours onles retire , on les lave dans de l’eau nette, on les étend dans un/grand foffé fec, & on les couvre de chaux pendant quelques jours. On les retire enfuite, & aprèsles avoir lavé une feconde fois, on les partage en filamens , qu’on expofe au foleil poux les fécher & les blanchir. Alors on les jette dans de grandes chaudieres , où on les fait bouillir tout-à-fait; enfin on les réduit en une pâte liquide par l’a@tion de plufieurs grands marteaux. | . Enfuite on prend quelques rejettons d’une plante nommée koseng , on les trempe quatre ou cinq jours dans l’eau jufqu’à ce qu'ils foïent en une efpece de fuc ontueux & gluant, qu’on mêle avec la pâte dont on veut faire le papier, à-peu-près de la même ma- niere que les Peintres délayentleurs couleurs, ayant bien foin de n’en mettre nitrop,mitrop peu, parce que la bonté du papier en dépend. uand on a mêlé le jus du koteng avec le bam- bou , broyé & battu le tout , jufqu’à ce qu’il paroïfle femblable à de l’eau épaifle & vifqueufe, on jette le tout dans un grand réfervoir, fait de quatre murs éle- vés jufqu’à hauteur d'appui, & dont les côtés & le fond font fibien cimentés , que la liqueur ne peut pas eniortir, n1s’imbiber dedans. Enfuite les ouvriers étant placés aux côtés du ré- fervoir, ils trempent dedans leurs moules, & enle- PA P vent lafuperficie de la liqueur qui dans lPinftant de= vient papier, parce que le jus gluant &c vifqueux du koteng lie lesparties, & rend le papiercompaét, doux êc luifant, qualité que le papier européen n’a pas f- tôt qu'il eft fait. _ Pour rendre les: feuilles fermes, 8 les mettreæn état de fupporter l'encre, on lestrempe dans de l’eau d’alun : cette opération: s’appelle fazer; du mot chi- nois far qui fignifie a/un. Voici quelle en eftla prépa- ration, | . On met dans différentes-écuelles pleines d’eau, fix onces de colle de poiflon, coupée bien menue; on les fait bouillir en les remuant de tems en teins pour empêcher qu'il ne s’y forme des grumeaux : quandle tout eft converti en unefubftance liquide, on y jette trois. quarterons d’alun calciné, que lon mêle &z qu'onincorpore avec. Onverfe enfuite cette compoftion dans un grand bafin , ä-travers lequel eft attaché un petit bâton rond : alors on ferre l’extrémité de chaque feuille avec un bâton fendu d’un bout à l’autre, & dans cet état on trempe la feuille, en la tirant promptement aufli+ôt qu’elle eft humeëtée, & la giant par-def- fus le petit bâton rond; quand toute la feuille a pañlé à-travers la liqueur, le long bâton qui tient la feuille pat l'extrémité, eft attaché dans un trou à la mu: taille, & la feuille fufpendue pour {écher. À lPégarddu moule avec lequel on fait la feuille , c’eft une forme inventée de façon qu'on peut la hauf- ler &baifler à volonté ; le fond n’en eftpas fait de fil de laiton commeles nôtres, maïs de petits filets me- nus de bambou, paflés de diftance en diftance à-tra- vers des trous pratiqués dans une plaque d'acier ; ce qui les rend auff fins que s’ils étoient de laiton. Onlies fait enfuite bouillir dans lhuile, sufqu’à ce qu'ils en foient imprégnés, afin que le moule entre plus légé- rement dans l’eau, & n’enfonce pas plus avant qu'ik ne faut pour prendre de la matiere fufifamment pour une feuille. Pour faire des feuilles d’une grandeur confidéra- ble, ils ont foin d’avoir un réfervoir &: un moule pro- portionnés. Ce moule eft foutenu par des cordons qu ghffent fur une poulie. Au moment que le moule eft élevé, les ouvriers placés à côté du réfervoir font prêts à en ôter la feuille, travaillant enfemble, & chacun ayant fes fonétions réglées. Pour fécher les feuilles qui font tirées du moule, ils ont une muraille creufée, dont les côtés font bien blanchis; à un côté de ce mur eft une ouverture par où, au moyen d’un tuyau, fe communique la chaleur d’un fourneau qui eft auprès ; & à l'extrémité oppofée, eftun petitvent qui chaffe la fumée. Avec le fecours de cette efpece d’étuve, ils féchent leur papier, prefque auf vite : qu’ils le font. La maniere d’argenter le papier , eft un autre fe- cret qu'ont les Chinois, dont la pratiqueeft de peu de frais, & pour laquelle ils ne fe fervent pas d'argent , mais ils prennent deux fcrupules de glu faite de cuir de bœuf, un fcrupule d'alun, & une pinte d’eau chaire ; ils mettent le tout fur un feu lent, jufqu'à ce que l’eau foit confumée, c’eft-à-dire , qu’il n’en forte plus d’exhalaifons : alors ils étendent quelques feuil- les de papier fur une table bien unie, & appliquent deflus avec un pinceau deux ou trois couches de cette glue ; enfuite ils prennent une poudre faite d’une certaine quantité de tale bouilli, & mêlé avec letiers de cettequantitéd’alua: ces deux droguesfont broyées enfemble, pañlées au tamis, 8 mifes fur le feu dans de l’eau où on les fait bouillir derechef, en- fuite on les fait fécher aufoleil , &cenfin on les broie, Cette poudre eétantpaflée par un tamis fin, on l’étend également fur les feuilles de papier préparées comme devant ; enfuite on les étend à l'ombre pour les faire fécher : cela fait, on les remet ençore fur la table, & on on les life promptement avec un morceau de coton net , pour eniever le fuperflu du talc, qui fert unefe- conde fois au même ufages avec cette poudre délayée dans l’eau , 8 mêlée avec la glu & Palun, ils tra- cent toutes fortes de figures de fantaifie fur le papier, FoyeyleP. Duhalde , deftrips. de la Chine, tom. I. Anciennement les Chinois écrivoient avec un pin- ceau de fer fur des tablettes de bambou? enfuite ils fe fervirent du pinceau pour écrire fur du fatin ; enfin, fous la dynaftie des Hans , ils trouverent l'invention du papier 160 ans environ avant Jefus-Chrift, fuivant le P. Martini. Cette invention fe perfe@ionna infen- fiblement , & leur procura différentes fortes de pu- Pier. En général, le meilleur dont on fe fert pourécrire, ne peut guere fe confervér long-tems dans les pro- vinces du fud ; & même nos livres d'Europe , {elon le P. Parennin, ne tiennent guere à Canton contre la pourriture, les vers , & les fourmis blanches, qui dans quelques nuits en dévorent jufqu'aux couver- tures : mais le même pere aflure que dans les parties du nord, fur-tout dans la province de Pékin, le pa- Pier quoique mince, fe confervetrès-long-tems. Les Coréens eurent bien-tôt connoiffance de la £- brique du papier des Chinois, & ils réuffrent à le fa- briquer d’une maniere plus folide & plus durable; car leur papier pañle pour être auf fort que de la toile, on écrit deflus avec le pinceau chinois. Si l’on vouloit ufer des plumes d'Europe, il faudroit aupa- -ravant y pañler de l’eau d’alun, fans quoi l'écriture feroit baveule, C’eft en partie de ce papier que les Coréens paient leurs tributs à l’empereur; ils en fourniflent chaque année le palais; ils en apportent en même tems une grande quantité qu'ils vendent aux particuliers ; ceux-ci ne l’achetent pas pour écrire, maïs pour faire les chaffis de leurs fenêtres, parce qu’il réfifte mieux au vent & à la plie que le leur. Ils huilent ce papier , &t en font de gtofles enveloppes. II eft auf d’ufage pour les Tailleurs d’habits; ilsle manient, & le froiffent entre leursmains, jufqu’à ce qu’il foit auffi maniable 8 auf doux que latoile la plus fine, & ils s’en fervent en guife de coton pour fourrer les ha- bits. [left même meilleur que le coton, lequel , lorf- qu’il n’eft pas bien piqué, {e ramafñle, &{e met en une efpece de peloton. (D. J.) PAPIER DU JAPON, ( Arts. ) Le papier eft faitau Japon de l'écorce du rorus papifera fativa , ou vé- ritable arbre à papier, de la maniere {uiyante, felon Kæmpfer à qui feul on en doit la connoiflance. Chaque année, après la chûté des feuilles qui ar- rive au dixièeme mois des Japonnois, ce qui répond communément à notre mois de Décembre , les jeu- nes rejettons qui font fort gros , font coupés de la longueur de trois piés au-moins , & joints enfemble en paquets, pour être enfuite bouillis dans de Peau avec des cendres. S'ils féchent avant qu'ils bouillent, on les laffe tremper vingt-quatre heures durant dans Peau commune , & enfuite on les fait bouillir : ces pa- quets ou fagots font liés fortement enfemble , & mis debout dans une grande chaudiere qui doit être bien couverte: on les fait bouillir, jufqw’à ce que lé- corce fe retire fi fort, qu’elle laifle voir à nud un bon demi-pouce du bois à l'extrémité : lorfqueles bâtons ont bouill: fufifamment , onlestire de l’eau, & on les expofe à l'air, jufqu’à ce qu'ils fe refroidiffent ; alors on les fend fur la longueur pour en tirer l’é- corce, & l’on jette le bois commé inutile. L’écorce féchée eft la matiere dont enfuite on doit faire le papier ; en lui donnant une autre pré- paration qui confifte à la nettoyer de nouveau, & à trier la bonne de la mauvaife : pour cet effet, on la fait tremper dans l’eau pendant trois ou quatre heu- res ; étant ainf ramolle » K peau noirâtre eff: ra- Tome XI, P A P 853 clée avec la furface verte qui refle, ce qui fefaitavec un couteau qu'ils appellent kzadf£ kufagpi , c'eft-à- dire, le raforr de kaudff, qui eftle nom de latbre : en même tems aufli l’écorce forte qui eft d’une année de crûe, eft féparce de la mince qui a couvert les jeunes brañches. Les premieres donnent le meilleur papier &t le plus blanc ; les dernieres produifent un papier noirâtre d'une bonté paflable ; sil y à de l’é- corce de plus d’une année mêlée avec le refte , on la trie de même, & on la met à part, parce qu’elle rend le papier le plus groffier & le plus mauvais de tous : tout ce qu'il y a de grofher, les parties noueu- {es , & ce qui paroït défeétueux & d’une vilaine cou- leur , eft trié enmêmetems pour être gardé avec l’au tre matiere groflere. Après que écorce à été fuffifamment nettovée 4 préparée & rangée, felon fes différens degrés de bonté, on doit la faire bouillir dans une leffive claire ; dès qu’elle vient à bouillir & tout Le tems qu’elle eft für le feu , on eft perpétuellement à la remuer avec un-gr0s rofeau , & l’on verfe de tems en tems autant de leffive claire qu'il en faut pour abattre lévapora- tion qui fe fait , &c pour fuppléer à ce qui fe perd par- là : cela doit continuer à bouillir, jufqw'à ce que la matiere devienne fi mince | qu’étant touchée lévére- ment du bout du doist, elle fe diflolve & fe fépare. en maniere de bourre &c comme un amas de fibres. La leffive claire eft faite d’une efpece de cendres ,en la maniere fuivante : on met deux pieces de bois en croix fur une cuve ; on les couvre de paille , fur quoi ils mettent des cendres mouillées , ils y verfent de l’eau bouillante, qui à mefure qu’elle pale au-travers de la paille, pour tomber dans la cuve, s’'imbibe des particulines falines des cendres, & fait ce qu'ils ap- pellent leffive claire. Ù Aprés que l'écorce a bouilli de la maniere qu'on vient de dire , on la lave ; c’eft une affaire qui n’eft pas d'une petite conféquence en faifant du papier , ët doit être ménagée avec beaucoup de prudence & d'attention. Si l’écorce n’a pas été aflez lavée , le pa- pier fera fort à la vérité, & aura du corps, mais if fera grofier & de peu de valeur ; fi au contraire om la lavé trop lons-tems ; elle donnera du papier plus blanc , mais plus fujet à boire, & mal propre pour écrire : ainfh cet article de la manufaQure doit être conduit avec beaucoup de foin & de jugement, pour tâcher d'éviter les deux extrémités que nous venons de marquer. On lave dans la riviere , & l’on met lé: corce dans une efpece de van ou de crible au-travers duquel l’eau coule , & on la remue continuellement avec lès mains &c les bras jufqu'à ce qu'elle foit dé- layée à la confiftance d’une laine, ou d’un duvet doux &c délicat. On la lave encore une is pour faire le papier le plus fin: mais l'écorce eft mife dans un Hnge au lieu d’un crible, à caufe que plus on lave, plus Pécorce eft divifée , &z féroit enfin réduite en des parties fi menués qu’elles pañleroient au-travers: des trous du crible & fe difiperoient. On a {oin dans le même tems d’ôter les nœuds ou la bourre , les autres parties hétérogenes sroflieres & inutiles , que lon met à part avec l'écorce la plus grofhere pour le mauvais papier. L’écorce étant fuffifamment & en tierement lavée , eft pofée fur une table de bois unt &c épais pour être battue avec des bâtons du bois dur kufnoki, ce qui eft fait ordinairement par deux ou trois perfonnes jufqu’à ce qu’on l'ait rendu auf fine qu'il le faut : elle devient avec cela fi déliée qu’elle reflemble à du Papier qui , à force de tremper dans l'eau, eft réduit comme en bouillie , &c n’a quañ plus de confiftance. L'écorce ainf préparée eit mife dans une cuve. étroite avec l’infufion glaireufe & pgluante du ris ; & celle de a racine oreni qui eft auffi fort glaireufe & gluante, Ces trois chofes mifes enfe ss doivent être tir 854 P A P remuées avec un rofeau propre & délié jufqu'à ce qu’elles foient parfaitement mêlées ; & qw’elles for- ment une fubftance liquide de la même confiftance; cela {e fait mieux dans une cuve étroite, mais en- fuite cétte compofition eft mife dans une cuve plus grande, qu'ils appellent en leur langage fre : elle ne reflemble pas mal à celle dont on fe fert dans nos manufadtures de papier. On tire de cette cuve les feuilles une à une dans leurs moules qu’on fait de jonc , au lieu de fil d’archal , on les appelle is. I ne refte plus qu’à les faire fécher à propos: pout cet effet , on met les feuilles en piles fur une table couverte d’une double natte , & l’on met une petite piece de rofeau., qu'ils appellent kamakura , c'eft-à- dire couffin entre chaque feuille ; cette piece qui avance un peu fert enfute à foulever les feuilles , &c à les tirer une à une ; chaque pile eft couverte d’une planche ou d’un ais mince de la grandeur & de la f- eure des feuilles de papier, fur laquelle on met des poids légers au commencement, de peur que les feuil- les encore humides & fraîches ne fe preflent f fort l’une contre l’autre, qu’elles faflent une feule maffe ; on furchatge donc la planche par degrés , & l’on met des poids plus pefans pour prefler & exprimer toute l'eau ; le jour fuivant , on Ôte les poids : les feuilles font alors levées une à une avec le petit bâton kama- kura, dont on vient de parler ; &c avec la paume de la main , on les jette fur des planches longues &c ra- boteufes, faites exprès pour cela, les feuilles s’y tien- nent aifément , à caufe d’un peu d'humidité qui leur refte encore après cette préparation , elles font ex- pofées au foleil ; & lorfqu’elles font entierement fe- ches, on les prend pour les mettre en monceaux , on les rogne tout-autour , & on les garde pour s’en fervir ou pour les vendre. J'ai dit que l'infufion de ris , avec un léger frotte- ment , eft néceffaire pour cet ouvrage , à caufe de fa couleur blanche , & d’une certaine graifle vifqueufé, qui donne au papier une bonne confiflance & une blancheur agréable. La fimple infufon de la fleur de ris n’auroit pas le même effet , à caufe qu’elle man- ue de cette vifcofité qui eft une qualité fort nécef- ne L’infuñon, dont je parle, fe fait dans un pot de terre non vernillé , où les grains de ris font trempés dans l’eau ;enfuite le poteft agité doucement d’abord, mais plus fortement par degrés : à la fin, on y verfe de l’eau fraiche , & le tout eft pañlé au-travers d’un linge ; ce qui demeure , doit être remis dans le pot, & fubir la même opération en y mettant de l’eau fraiche ; & cela eft répété tant qu’il refte quelque vifcofité dans le ris. Le ris du Japon ef le plus ex- cellent pour cela, étant le plus gras & le plus gras qui crorffe en Afie,. L’infufion de la racine oreni fe fait de la maniere fuivante : la racine pilée ou coupée en petits mor- ceaux eft mife dans de l’eau fraîche ; elle devient glaireufe dans la nuit, & propre à lufage deftiné après qu'on l’a pañlée au-travers d’un linge. Les dif- férentes faïons de l’année demandent une quantité différente de cette infufñon mêlée avec le refte. Ils difent que tout l’art dépend entierement de cela ; en été, lorfque la chaleur de l'air diffout cette colle & la rend plus fluide, il en faut davantage , & moins à proportion en hiver & dans le tems froid. Une trop grande quantité de cette infufion mêlée avec les au- tres ingrédiens rendroit le papier plus mince à pro- portion , & trop peu au.contraire le rendroit épais , inégal & fec. Une quantité médiocre de cette racine eft néceffaire pour rendre le papierbon & d’une évale confiftance. Pour peu qu’on leve de feuilles ; on peut s’'appercevoir aifément fi l’on ena mis trop ou trop peu. Au lieu de la racine oreni qui quelquefois , fur- tout au commencement de l’été, devient fort rare, les papetiers {e fervent d’un arbriffeau rampant ;nom- PAP mé faune kadfura , dont les feuilles rendent une gelée ou glu, femblable à celle de la racine oreni ,mais qui n’eft pas tout-ä-fait bonne. On a remarqué ci-deffus que Les feuilles de papier, lorfquelles font fraichement levées de leurs moules, font miles en pile fur une table couveïte de deux nattes : ces deux nattes doivent être faites différem- ment ; celle de deffous eft plus grofliere , &c celle qui eft au-deflus eft plus claire , faite de joncs plus fins qui ne {ont pas entrelagés trop près l’un de l’autre, afin de laïfler un paflage libre à l’eau , & ils font dé- lès pour ne point lafler d’impreffion fur Le papier, Le papier groflier , deftine à fervir d’enveloppe & à d’autres ufages , eft fait de l'écorce de l’arbriffeau kadfe kadfura avec la même méthode que nous ve- nons de décrire. Le papier du Japon eft très-fort , on pourroit en faire des cordes. On vend une efpece de papier fort épais à Syriga (c’eft une efpece des plus grandes villes du Japon, êc la capitale d’une pro- vince de même nom ). Ce papier eft peint fort pro- prement, & plié en fi grandes feuilles, qu’elles fufi- roient à faire un habit ; il refletmble fi fort à des étof: fes de laine ou de foie qu’on pourroit s’y méprendre. Pour rendre complette l’hiftoire des manufadtures de papier du Japon, Kæmpfer y joint la defcription fuivante des quatre arbres & des plantes dont on le fait. 1°, L'arbre à papier, en japonnois kaadft, eftile principal. Kæmopfer Le caraétérife ainfi : Papyrus fru- Cu mort celfa , five morus fativa , foliis urtice | mortuæ, cortice papifera. | D'une racine forte , branchue & hgneufe s’éleve un tronc droit, épais & uni, fort rameux , couvert d’une écorce couleur de châtaigne , grofle dedans , où elle tient au bois qui eft mou &c caflant, plein d’une moëlle grande & humide. Les branches & les rejettons font fort gros, couverts d’un petit duvet ou laine verte, dont la couleur tire vers le poupre brun; ils font cannelés jufqu’à ce que la moëlle croifle , & fechent d’abord qu’on les a coupés. Lesrejettons font entourés irrégulierement de feuilles à cinq ou fix pouces de diflance l’une de l’autre , quelquefois da- vañtage : elles tiennent à des pédicules minces & velus de deux pouces de longueur, de la groffeur d’une paille, & d’une couleur tirant fur le pourpre brun. Les feuilles different beaucoup en figure & en grandeur ; elles {ont divifées quelquefois en trois, d’autres fois en cinq lobes dentés comme une fcie, étroits, d’une profondeur inégale & inégalement di- vilés. Ces feuilles reflemblent en fubftance, figure & grandeur, à celles *de l’urtica mortua , étant plates, minces , un peu raboteufes , d’un verd obfcur d’un côté, & d’un verd blanchâtre de l’autre. Elles fe fe- chent vite dès qu’elles font arrachées , comme font toutes les autres parties de l'arbre. Un nerfunique qui laiffe un grand fillon du côté oppofé, s’étend de- puis la bafe de la feuille jufqu’à la pointe , d’où par- . tent plufeurs petites veines quafñ paralleles qui en pouflent d’autres plus petites tournées vers le bord des feuilles , & fe recourbant vers elles-mêmes. Les fruits viennent en Juin & en Juillet , des aiffelles des feuilles aux extrémités des:rejettons : 1ls tiennent à des queues courtes & rondes, & {ont de la groffeur d’un pois & un peu plus, entourés de pois pourprés: ils font compolés de pepins qui fontverdätres au com- mencement , & tournent enfuite {ur le pourpre brun lorfqu’ils müriflent. Le fruit eft plein d’un jus dou- câtre : je nai pas obfervé fi ces fruits font précédés par des fleurs. | Cet arbre eft cultivé fur les collines & [es monta- gnes, & fert aux manufaétures de papier. Les jeunes rejettons de deux piés de long font coupés & plantés à terre à une médiocre diffance environ le dixieme mois ; ils prennent d’abord racine , & leur extrémité. fipérieufe qui eft hors de terre féchant d’abord , ils pouflent plufieurs jeunes jets qui deviennent propres à Être coupés vers la fn de l’année, lorfqu'ils font parvenus à la longueur d’une Brafe & demie , & à la groffeur du bras d’un homme médiocre. Il y a auff ine forte de kaadfi ou arbre dé papier fauvage, qui Vient fur les montagnes défértes & incultes ; mais outre qu'il eftrare , 1l n’eft pas propre à faire du pa- Pier ; c’eft pourquoi on né s’enfert jamais. 2°. Le faux arbre à papier, que les Japonnoïs nom: nent kai/t kadfira | eft appellé par Kæmpfer en latin, Papyrus procumbens , laëtefcens, folio longo lanceato, Cortice chartaceo. | | | Cet arbrifleau à une taciné épaifle, uique , lon: gue, d’un blanc jaunâtre , étroite & forte, couverte d'une écorce grañle , unie, charnue & doucâtre, en- tremêlée de fibres étroites. Les branches font ñom- breufes & rampantes , aflez longues ; fimples, nues, étendues & fléxibles , avec une fort grande moëlle entourée de peu de bois. Des rejettons fort dékliés, fimples ; bruns & velus aux extrémités fortent des branches ; les feuilles y font attachées à un pouce de diftance plus ou moins l’une de l’autre alternati- vement : elles tiennent à des pédicules petits & min- ces, & leur figure ne réfflemble pas mal au fer d’une lance s’élargifiant fur une bafe étroite , & finiflant en pointe, longue, étroite & aiguë. Elles font de différente Srandeur,les plus baffes étant quelquefois longues d’un £mpan, larges de déux pouces ; tandis que celles du haut dé l’arbrifleau font à peine un quart fi grandes. Elles reffemblent aux feuilles du véritable arbre à papier en fubftance , couleur & fuperficie, font pro- fondément 8c également dentées, avec des veines dé- liées au dos, dont les plus grandes s’étendent depuis fa bafe de la feuille jufqu’à la pointe , partageant la feuille en deux parties égales. Elles produifent plu- fieurs veines t'averferes , qui font croifées encore par de plus petites veines. Je re puis rien dire des fleurs ni des fruits , n’ayant pu les voir. 3°. La plante que es Japonnois appellent l'orenz , eft nommée par Kæmpfer 4/ue, radice vifcofa , flore ephe: mLeTO , MLASTÈO , PHTILCD. , D'uie racine blanche, srafle, charnue & fort #- breufe , pleine d’un jus vifqueux, tranfparent comme le cryftal, fort une tige de la hauteur d’une braffe ou environ , qui eft ordinairement fimple & ne dure qu’un an. Les nouveaux jets, s’il en vient, après un an fortent des aïflelles des feuilles ; la moëlle en eft molle , fpongieufe & blanche , pleine d’un jus vif: queux. La tige eft entourée à diftance irrégulieres de feuilles qui oft quatre à cinq pouces de longueur, cambrée , d’un pourpre détrempé : les pédicules en font ordinairement creux , charnus & pleins d’hu- meur. | = Les feuilles reflemblent aflez à l’alia de Mathiole, tirant fur le rond, d'environ un empan de diame- tre, compofées de fept lobes diviféspar des anfes profondes , mais inégalement dentées aux bords, ex- cepté entre les anfes : les creneaux ou dents font grands ,en petit nombre, & à une moyenne diftance June de l’autre. Les feuilles font d’une fubftance charnue, pleines de jus ; elles paroïffent raboteufes à l’oœil , & font rudes au toucher, d’un verd obfcur. Elles ont des nerfs forts qui partagent chaque lobe également, courant jufqu’aux extrémités en plufieurs veines traverfieres , roides & caflantes , recourbées en arriere vers le bord de la feuille, Les fleurs font à l'extrémité de la tige & des re- jettons , & font d’un pouce & demi de longueur, portées par des pédicules velus & épais, dont la lar- geur augmente à mefure qu'ils fimiflent en calice. Les fleurs font pofées fur un calice compofé de cinq pé- tales ou feuilles verdâtres, avec des lignes d’un pour- pre brun & velues d'un hord ; les fleurs font auf Tops AT, PAP 855$ compofées de cinq pétales du feuilles d'un pourpre clair, tirant fur le blanc ; elles font grandes comme la main, & fouvent plis gfandes : le fohd en eft fort grand, d'un poupre plus chargé & plus rouge. Les feuilles dés fleufs font ; cômme on l’a dit, orandes , rondes &c rayéés : elles font étroites & courtes au fond du calice qui eft étroit, court & charnu ; Le pifhl eft long d'un pouce, gras , üni & doux , COU-. vert d’une poufliere couleur de chair, jaunâtre , COU+ ché fur le piftil comme fi c’étoit de petites béffettes 5 le pftil finit par cinq caroncules couvertes d’un du: vet rouge, &c arrondies en formé de globe, | … Les fetilles ne durent qu'un jour , & fe fanent à la nuit ; elles font remplacées peu de jours apres par cinq capfules féminaires péntagones | faifant enfem: ble la forme d’une toupie, qui ont deux pouces de longueur , un pouce & demi de largeur, membra= neufes, épaifles, tirant fur le roit au tems de leur maturité, que l’on diféingue les cinq capfules où font contenues un nombre incertain de graines , dix ou quinze dans chacune , d’un brun fort 6hbfeur , Tabo- teufes, plus petités que des grains de poivre, un peu comprimées & fe détächant afémént. 4°. Le futo‘kadfura des Japonnoïs eftnommée af Kæmpier , frutex vifcofus, procumbens, folic telephis vulgaris æmulo ; fruëlu racemofo. C’eft un petit arbrifleau garni irrégulierement de plufieurs branches de là sroffeur du doigt, d’où for- tent des rejettôns fans ordre , raboteux , pleins dé verrues , gerfés & d’une couleur brune; L’arbriffeau eit couvert d’une écorce épaifle , charnue &cvifaueu: fe , compofée d’un petit nombre de fibies délices qui s'étendent en longueur. Si peu qu’on mâche de cette écorce , elle remplit la bouche d’une fübffance mu: cilagineufe, Les feuilles font épaïfles, & attachées une à une à des pédicules minces, cämbrés, de cou- leur de pourpre, elles font placées fans ordre , & reflemblent aux feuilles du eZphidm yuloure: étroites au fond, elles s’élargïffent, finiflent en pointe, & font de deux, trois ou quatre pouces de longueur , un pouce de largeur au milieu au plus ; un peu roides , quoique grafles ; quelquefois pliées vers le dos , On- dées, douces au toucher, d’un verd pâle, avec un petit nombre de pointes , en forme de dents de fcia à leur bord ; coupées fur la longueur par un nerf tra: verfé de beaucoup d’autres d’une petiteffe prefque imperceptibles: Les fruits pendent à dés queues d’ün pouce & de: mi de longueur , vertes & déliées : ils font en forme de grappe, compofée de plufieurs baies (quelque- fois trente ou quarante) difpofées eri rond , fut un corps tirant fur le rond qui leur feft de bafe. Les baies reflemblent parfaitement aux Srains de faïfin tirant {ur le pourpre en hiver lorfaw’elles font mûres. Leur membrane qui eff mince coftient un jus épais, quafi fans goût &c infipide ; dans chaque baie on trou: ve deux graines, dont la figure reflemble à un oignon, un peu comprimées là où elles fe touchent récipro= quement. Elles font de la groffeur des pepins des faifins ordinaires , couverte d’une membrane mince & griftre ; leur fubftance eft dure ,bfanchâtre, d’un goût âpre & pourri, très-défagréable au palais. Les baies font difpofées autour d’une bafe, tirant fur le rond où ovale, d’une fubftance charnue, fpongieufe & molle, d'environ un pouce de diametre ; reflem- blant aflez à une fraïfe, rougeâtre , d’une rayure ; relevée en forme de retre, dont les niches paroif. ent moyennement profondes quand les baies en font détachées. (D. J) PAPIER DE LINGE ; c’eft là le Papier européen, if eft nommé papier de linge, patce qu’il fe fabrique avec de vieux linge 4ion à porté ; qu’on ramañle même dans les rues, & que par cette raifon les Fran coisappellent vulgairement chiffons ; les manufa@u- RRrrri 856 P À P #iers nommer ces morceaux de vieux linge dra- peaux , drilles ;:peilles Où pattes. | | . Ce papier donc fe fait avec des haillons de toile de lin ou de chanvre, pourris, broyés , réduits en ‘pâte dans l’eau , enfuite moués en feuilles minces, quarrées qu’on colle, qu’on feche, qu’on prefñe, és qu'on met en rames On En mains pour la vente. i: Il fut d’abord obferver que les anciens n’ont :ja- mais connu cette forte de papier. Les libridentei, dont parle Tite-Live, décad, 1,iy- 11. Pline XIII. ce y. & d’autres écrivains romains, étoient des livresécrits fur dés morceaux de toile de lin, ou decannevas pré- parés à ce deflein, de même que nos peintres s'en fervent toujours ; c’eft ce qu'a démontré Guillardia dans fon commentaire fur Pline, Allatius, êc d’autres favans. Poyez Salmuth, «d Pancirolum, li. Il re, XIII, | / Mais ce n’eft pas aflez d’être für que le papier de _Jinge et une invention moderne , on voudroit favoir par quel peuple, & quand cette invention a été trou vée. Polydore Virgile, de ënvenioribus rerum , LIL. c. viij. avoue n'avoir jamais pu le découvrir. Seal ger en. donne fans preuve la gloire aux Allemands, & le comte Mañféi aux Italiens. D’autres en attri- buent l'honneur à quelques. Grecs réfugiés. à Bâle, à qui la maniere de faire le papier de coton.dans leur pays en fugpéra l'idée. Le P. du Halde à cru mieux rencontrer, en fe perluadant que l’Europe ayoit tiré cette invention des Chinois, lefquels dans.quelques provinces fabriquent avec le chanvre du papreräspeu- près de la mème maniere que POccident ; mais l'Eu- rope n’avoit point de commerce avec les Chinois, quand elle employa le chiffon en papier. D'un autre côte, fi l'invention en étoit düe à des Grecs réfugiés à Bâle, quis’y retirerent après Le fac de Conffantino- ple , il faudroit qu’elle füt poftérieure à Pannée 1452, dans laquelle cette ville fut prife ; cependant/la fa- brique du papier de linge en Europe eft antérieure à cette époque. Ainfi le jéfuite Inchofer , qui la date feulement avec Milius vers l’année 1470 , fe trompe certanerment dans fon opinion. Il eft vrai qu’on ne fait rien de précis fur le tems auquel l'Occident commença de faire fon papier de chifion. Le P. Mabillon croit que c’eft dans le x. fie- cle ; & pour le prouver , ilicite un pañlage de Pierre de Clugny ,. dit le Vénérable qui naquit vers Pan +100. Les hyres que nous lifons tous Les jours, dit.cet abbé: dans fon sraire contre les Juifs, font faits de peaux de bélier ou de veau, ou de plantes orientales, où enfin ex rafuris veterum pannorim ; fi ces derniers mots fienifoïent le papier tel que nous Pemployons aujourd'hui , il y avoit déja des hivres de ce papier au xy. fiecle ; mais cette citation unique en elle-même eft d'autant plus fufpede, que le P. Montfaucon qui la rapporte, convient que, maleré toutes {es perqui- fitions, tant en France qu'en Italie , al n'a jamais pu voir m livre, nf feuilles de papier de ne.füt écrite depuis la mort de fant Louis, c’eft-à -dire depuis 1270. Le comte Mafféi prétend auffi que l’on ne trouve point de traces de lufage de notre papier | antècé- dente à l’an. 1300. Corringius a embraflé le même fentiment dans une lettre où 1l.tâche de prouver que ce font less Arabes qui ont apporté l'invention. .de,ce papier en Europe. Voyez-les aile erudiss, Lipf, an. 172022 nr. 0 “Di Je fai que le P. Hardouin croit avoir vu des aétes &c diplomes écrits fur le. papier européen.avant le x. fiecle ; mais il eft très-probable que ce favantyjé- fuite a pris des manufcrits fur papier de coton ; pour des manufcrits fur du papier de lin. La méprife étoit facile à faire, car la principale, différence entre, ces deux papiers confifte en ce..que Le papier de, lin.eft plus fin ; or on fait que nous avons de ce. même Papier de différens degrés de finefle , & quec’eft là même chofe du papier de coton. Foyez Mafèr, hi f£. diplom: lib: IT.ou la Bibl. aital. s. T1. os er { Mais enfin on cite trop, d'exemples de manufcrits écrits fur notre papier dans le xiv. fiecle, pour douter que fa fabrique n’ait été connue dans.ce tems-là Le élite Balbin parle demanufcrits fur notre papier. qu'il a vus, .êc qui étoient écrits avant 1340. Un An- glois rapporte dans.les Tranfaétions, philofophiques, que dans les archives de la bibliotheque de Cantor- bery 1ly a un inventaire des biens d'Henri, prieur de l’'églife de Chrift, qui mourut en 1340, lequelinven: taire eft écrit {ur du papier. Il ajoûte que.dans la be” bliotheque cotonnienne il y a divers titres écrits fur notre papier, lefquels remontentjufqu’à la quinzieme année d’Edouard IIL.. ce qui revient à l’année 1335. Voyez les philo. tranfait.n°.288. | j _Le dofteur Prideaux nous aflüre ayoir vü.un re: giftre de quelques aétes de Jean Cranden.,, prieur, dEly, fait fur papier, &t quiceft daté de la quator- zieme année d’Edouard Il. c’eft-à-dire lande Jefus= Chrift 1320. Voyez Prideaux, Connect. part. I, L. VIT. pP-710: | rl Le même favant panche à croire que l’invéntion du papier de linge nous vient de l'Orient , parce que plufeurs anciens manufcrits arabes ou en d’autres langues orientales font écrits fur cettefortede papuer, 8 que quelques-uns d’entr’eux fe trouvent plusan- ciens que les dates ci-deflus mentionnées. .Enfin M. Prideaux juge. qu'il eft probable que.les Sarrafins d’Efpagne ont apporté les prenuers d'Orient Pinven: tion du papier de linge en Europe. Quoi qu'il en foit de toutes les conjeétures que nous venons. d’expofer. 1! nous importe encore da= vantage de connoitre la maniere de faire le papier de linge. Dans cette vüe, jerapporterai d’abord la me- thode des François, qui eff la même qu’en Hollande, enfuite j'indiquerai celle d'Angleterre ,-quien differé en quelques points. Le À Après que les chiffons ont été lavés, on les met tout mouillés pourrir dans des manieres de cuves, ou lieux faits exprès, que l’on appelle pourriffoirs ; d’où on les tire quanduls font duement pourris, & propres à être réduits en ouvrage. _ Cette premiere préparation d’où dépend en partie la bonté du papier , étant finie ,.on met les chiffons ainf pourris dans des efpeces de mortiers, garnis.dans le fond d’une plaque de fer qu’on nomme piles a dra- peaux, dans lefquelles parle moyen de plufeurs-maïl: lets ou pilons, auffi garnis de fer par le bout, qui tom- bent, alternativement dans chaque pile, &c à qui des moulins à eau donnent le mouvement, ils font réduits en.une efpece de bouillie ou de pâte, quieftle nom que les ouvriers lui donnent. Cette pâte eft enfuite remife de nouveau dans d’autres mortiers qu'on ap- pelle piles a fleurer. Celui qura le foin des moulins &c des piles, s'appelle gouverneur où gouverneau. La pâte ainfi difpofée, fe met dans des efpeces de caïfles de bois, où ellefe fèche, & d’ouonla retirepour la mettre dans des lieux de réferve. Lorfque l’on s’en veut fervir pour fabriquer le papier, on la fait paffer pour la troifieme fois par un mortier que l’on nomme | pile de louvrier, dont les maillets ne font point parnis de fer : c’eft dans cette troifieme pile où elle prend fa derniere façon. | L’on.fait ordinairement de trois fortes de pâte; la commune ou bule, autrement gros-bon; lamoyen- ne-ou vanante; & la pâte fine, qui fervent fuivant leur degré de finefle à faire.du papier, -outtrès-gros, oumédiocre, ou très-fin. + La pâte perfeftionnéé, ainf qu’on vient de le dire, fe met dans de grandes cuves pleines d’une eau très- claire &un peu chaude, où elle eft remuée & braffée à plufieurs reprifesavant que de lemployer ; afin que / qu Peau enfoit également chargée, & que le papier qu’on ‘en doit faire foitd'ünemême fineffe. Les moules dans Fefquels fe fit chaque fuillé de papier féparément, -8t lune après l’autre, {e nomment formes. Ce font de petits chaffis de bois quarrés, plus grands ou plus pe: tits, füivant la qualité du papier qu'on fabrique. -Lefond ou chaflis, d'un côtéeftfermé par quantité dé menusfils de laiton ,très-ferrés les uns contre les autres, &crjoints de diftance'en diffance, par de plus gros fils nommés verjules Où verjures, ‘en deûx en- droits du. fond: juftement au milieu de chaque demi- feuille fe mettent d’un côté la marque du marufa@u- rer, &c de l’autre, une empreinte convenable à la Lorte de papier quife fait, comme des grappes derai fx, desferpens, des noms de Jefus, &c. Comme ces marques owempreintes font de fl de laiton, auffi-bien que les verjules, 8 qu’elles texcedentun peu le fond, elles s'impriment dansie papier, &c paroïflént au Jour plus tranfparentesquelerefte.Ily a des manufaRuriers aflez curieux pour former léurs marques fur lesmou- les avec du menuw fl d'argent, en maniere de li grame. HAS es mé blé be ET Pour travailler au papier, chaque forme fe plonge dans la cuve pleine de Peau épaïfié par la pâte fate ce chiffons: lorfaw’on l'en rétire, elle fe trouve cou veïte du plus épais de cette matiere, le plus clair sé coulant par les intervalles imperceptibles des fils de laiton ; en forte que ce qui refte fe congelé dans Pin fant, ê&c devient aflez folide pour que le coucheur (ouvrier deftinéäceteffet), puiffe renverfer là feuille de papier fur Le feurre ou porce, 'eft-à-dire fur un mot: ceau de revèche, ou autre étofe de laine écrue. Tandis que le plongeur faitune feconde feuille de papier, en plongeant une feconde forme dans la cu- ve, le coucheur couvre la premiere d’un fecond feu- Îte, pour recevoir l'autre feuille qui fé fabrique, & ainfi fucceflivement , jufqw’à ce qu'il y ait uné pile fufifante de feuilles de papier & de feutres, pour être mifes à li prefle qui ea doit exprimer la plus grande partie deleau. sn ad Mr Au fortir de cette preffe, ouvrier que l’on nom: me eveur, lève les feuilles de deflus les feutres, & es met Les unes fur les autres fur une planche quar- rée appellée /e drapant ; puis ‘elles font remifes une feconde fois fous la prefle , fin de les bien unir, & id’achever d’en exprimer toute l'humidité. Quand el- les ont cté fufifamment preflées, on les met {cher fur des cordes dans les étendoirs, lieux où lair fe communique à proportion qu'on le juge néceflaire, par le moyen de certaines ouvertures faites exprés , que lon ouvre & que l’on ferme par des coulifles. Lorfquele papier eft bien fec; on le colle ,Ce qui fe fait en plongeant plufieurs feuilles enfemble dansune chaudiere de cuivre, remplie d’une colle très-claire, Scun peu chaude, faite de rognures de cuir, ou de ratures & morceaux de parchemin, dans laquelle on gette quelquefois de lalun de glace, ou de la coupe- rofe blanche en poudre. | La meilleure colle eft celle du parchemin; mais foit qu’on fe ferve de Pune ou de Pautre, le Jaleran Ou /éleran, c’eft-à-dire le chefde la falle où l’on colle rc où l’on donne les derniers apprêts 8e façons au pa- pir, la doit faire bouillir r6keures, &ne Pemployer qu'après lavoir coulée à-travers d’une chauffe où dra- eau. - Après que le papier eft bien & duement collé ,onle meten prefle afin d'en faire fortir le fuperflu de la colle, puis on tire les feuilles les unes après les autres pour les jetter fur des cordes qui font dans les éten- doirs, ce qui fe fait par le moyen dun inftrument de bois dela fioure d’un T, que l’on nomme ferlet; quand les feuilles {ont entierement féches on les ôte de def- dus les cordes, ce que l’on appelle Les ramaffer, pour les remettre encore fous la prefe. + 857 Lorfqu’elles font retirées de cette prefle, on lestrie Pour féparer les défeQueufes d'avec les bonnes: on les life aveé uñe pierre légerément frottée de sraifle dé mouton; onles plie ,onles compte pourén former des mains, & lorfque ces mains {ont formées, on les remetde nouveauenpreflé;énfuité on lesébarbe (cet à-dire que l’on en rogne legerement les extrémités); & l’on les met par rames , chaque rame s’envelop- panñt de 950$ papier que Ponappellé acularure otttra- ce * enfin après qu'elles font lites d’une ficelle , ones met pour la derniere fois fous fa prete, ce qui éft la derniere fiçcon qu’on donñe au Papier , Étant pour lors énctat d’être vendu ou eMploye. EL Voici préfentement la maniere de faire le papier de vieux linge de chanvre & de lin en Angleterre. Apres les avoir préparés, “on les apporte dans lesmoulins à papier, onles féparé en ce qu’on appelle grobir fin ; grobin deuxieme, Brobin troïfrerte, Car pour le refté, ice 1ont des chiffons de laine & de ln, que à faleté empêche de reconfoître jufau’à ce qu’ils ayent été lavés. Fa facon déles laver, eft de les mettre dans un poincon dont le fondeft percé de beaucoup de trous, êT qui a furle côté des grilles faites de fil d’ar- chal qui foit fort: à on remue fouvent ces morceaux de linge, afin que la faleté s’en Date nee FEES - Qaundils font fufifamment lavés,onlesmetentas quarrés, & on les couvre bien ferrés avec des pieces de grofle toile propre, jufqu’à ce qu'ils fuent & sé patient, c’eft ce qu’on appellé fermentation ; elle fe faitordinairement en 4 où ÿ jours; fionne lesretiroit pas &-propos, ils pourroient fe gâter tout-à-fait, chan ger de couleur & prendre feu. Quand ils ont bien fer. ménté , On les tord par poignées , enfuite on les ha= che-avec un thftrument de fer tranchant & crochu ; qui eft flable dans une forme, la pointe en-haut & le tranchant du côté de l’ouvrier , en obfervant de les ti ren a foi, & les Couper pieces par pieces d’un pouce & demi de lons, ou comme les doigts le permettent. . Les chiffons étant aïinf préparés on les jette dans des mortiers ovales, d'environ 2 piés de profondeur; faits de bon cœtr de chêne : au fond de chaque mor- tier eftune plaque de fer épaifle d’un pouce, large de 8, & longue de 30; qui eft faconnée en-dedans com: me un moule pour un fauimon de plomb avec la tête êt la queue arrondie: dans le milieu eftun lavoir qui a ÿ trous, & un morceau de tamis de crin, attaché en-dedans pour empêcher que les marteaux n'y tOU- chent, & que rien n’en forte, excepté l’eau fale, Les mortiers font fournis d’eau jour & nuit par le moyen de petits augets, qui font eux-mêmes remplis par l’eau d'une citerne , que leur diftribuent desfceaux attachés à chaque rayon d’une roue, tant que la roue tourne. Les chiffons étant battus dans ces mortiers, devien- ïent propres à tre mis en une prefle qui eft auprès: on es tire avec de petits fceaüx de fer hors de cha- que mortier, dont on peut arrêter le marteau fans que les autres ceflent d'aller: c’éft ce qu’on. appelle la PTErrI1ErE 111Aa11ere. \ Cette premiere matiere tirée des mortiers, eff mife dans des caïfes de bois de ÿ piés de haut, femblables à celles dont fe fervent les marchands de blé, dont le fond eft de planches pofées de biais, avec une pe- tite féparation dans lé milieu pour écouler Peau. La pâte de chiffons y étant mife, on Ôte du couvercle au- tant de planches qu'il eft néceflaire, &on prefle cette malle de pâte à force de bras; le lendemain on y re- met ençore de la pâte jufqu’à ce que la caïfle foit rem- phe, &c là on la laïfe mûürir une femaine, plus où moins felon [é tems. Dans tout ce procédé il faut prendre garde qu’il n’y ait point d’inftrument de fer fujet à fe rouiller, car il teindroit de rouille la pâte, & gateroit le papier. | Enfuite on met la pâte dans d’autres mortiers, on 8558 P A P la bat & on la remet dans des caïfles comme devant, & dans cet état on l’appelle la /éconde matiere. Il faut entendre la même chofe d’une troifieme préparation qui rend la pâte propre à païler encore dans des mor- tiers, où elle eft battue de-rechef, jufqu’à ce qu'étant mêlée avec de l’eau claire & braflée çà &c là, elie pa- roïfle comme la farine délayée dans de l’eau fans an: cuns grumeaux. | La pâte ainf préparée, on la pañle encore une fois dans un mortier creux, dont le marteau n’eft pas garni de fer, On fait couler continuellement de l’eau dans ce mortier, par le moyen d’un auget, tandis qu'on travaille à la chaudiere. Quand l’eau & la pâte font abfolument incorporées enfemble, on retire la pâte pour la mettre dans la chaudiere, & lon Ôte de la pâte des caïfles pour en remettre dans Le mortier, & ainf fucceflivement. | La chaudiere eft préparée fuivant les regles, quand la liqueur a acquis une telle proportion de pâte que le moule, étant trempé dedans, en emporte autant qu’il en faut pour une feuille de l’épaifleur qu’on la veut. Un moule eft une grille quarrée d’un pouce d’épaifleur, dont le fond eft fait de fil de laiton, fou- tenu de petites barres de bois pour empêcher qu'il ne cave, & le tenir parfaitement horifontal; car s’il creufoit quelque part, une partie de la feuille feroit plus éparile que Pautre. * Le plongeur trempe ce moule dans la chaudiere, & le retire en le remuant, afin que l’eau qui eft dans la pâte s’écoule par la grille: dans cet érat il le donne au coucheur, qui couche la feuille fur un feutre pofé fur une planche, & met un autre feutre pardeflus , & ainfi fuccefivement une feuille & un feutre, une feuille & un feutre jufqu'à ce qu'il y en ait. de quoi remplir une preflée, c’eft-à-dire environ 6 mains: on fait au moins 20 preflées par jour. Le coucheur ayant fait fon office, rend le moule au plongeur, & le plongeur au coucheur fucceffiyement. | Quand il y en a plein une prefle de fait, le plon- geur oule coucheur donne un coup de fifflet qui fait venir 4 où $ ouvriers, dont un tire la pile fous la prefle avec deux petits crochets, & Iesautres la pref- fent fortement jufqu'à ce qu’il n’y refte plus d’eau, ée quife fait promptement en 2 ou 3 fecoufles. | Cela fait, on tire la pile hors de la prefle, & on [a met au côté droit du fiege du leveur : alors le leveur Ôte le premier feutre, le rend au coucheur, & met la premiere feuille fur le fiege : fur cette feuille il en met une feconde, enfuwite une troifieme, & continue de la forte jufqu’à ce que tout foit levé. Ce tas eft faiffé là jufqu’au foir: alors on prefle une feconde fois tout l’ouvrage du jour , & on le met exaétement un fur l’autre, de façon que cela reffemble à un monceau de.pâte folide. Après queée monceauareçu 2 où 3 coups de pref- fe, comme ci-devant , le fècheur le retire, le porte dans une chambre faite exprès,8c étend 6 ou 7 feuilles enfemblefur des cordes attachées à une machine ap- _pellée #rible, chaque trible contenant 30 cordes de 10 ou 12 piés de long. Quand il eft féché on le retire, on le met fur un fiege à 3 piés: dans cet état on l’adoucit avec les mains, énfuite on le met en monceau de 7 ou 8 piés de haut, dans un lieu bien fec, où il refte jufqu’à ce qu’on le colle, c’eft la derniere préparation. On choïfit un jour clair & fec: on met dans une chaudiere 2 barils d’eau, & quand elle commence à être chaude, on y jette 6o livres de rognures de par- chemin, ou raclures de vélin, qu’on y fait bouillir jufawà ce qu’elles foient réduites parfaitement en colle, alots on la pale à-travers une chauffe, & fur le tout on répand une dofe convenable de vitriol blanc, & d’alun de glace réduit en poudre très-fine, dans un vafe d’un pié de profondeur : auprès de ce P A P vale 6n abporte $ ou 6 rames de papier, of en tretfi pe dans la colle une certaine quantité, ä-peu-prè' autant qu'on en peut prendre à la fois avec les mains . &t par un certain maniement vif 8 prompt, ils font en forte que chaque feuille eft collée. Après cela of met le tout en prefle: le tout étant preflé , on l’ôte & on le tranfporte dans ie féchoir ; où onl’étend ordi- nairement ferulle par feuille, jufqu'à ce qu'il foit fec. Mais il faut avoir foin que les rayons du foleil ne donnent pas direétement deflus, ayant que le tout foit fec, car autrement le foleil pourroit faire évapo- rer la colle, Dès que le papier eft entierement fec on le retire, on l’adoucit, on le polit avecles mains comme auparavant, on le met en pile , on le prefle fortement , & on le laïffe dans cet état pañler la nuit. Le lendemain matin on le retire & onleporte au ma: gafin pour le trier: ce qui eftpour le dedans des mains eft mis à part, ce qui eftdeflus pareïllement ; enfuite on le prefle encore, & on le laïffe ordinairement toute la nuit dans cet état. Le lendemain matin on l’arrañngé par fnain de 24 où 25 feuilles chacune, on le plie , on le met en mon- ceau, & quand il y a une prefle pleine ; on le preffe encore en double tout de fuite, & alors on Parrange en fames de 20 mains chacune, & en ballot de 10 rames chacune; Voyez Hought, co/leët. omé II. p. 412. . Les feuilles rompues fe mettent ordinairement en- femble , & on met deux mains à chaque côté de la rame: cela fait, on les enveloppe avec le papier fait de Pécume de la chaudiere, &-dans cet état ileft pro- pre à être vendu. | Avec cette pâte dont noùs veñons de parler, on fait auff le carton de la même maniere que le papier, excepté qu'ileft plus épais. Foyez CARTON. Avec une certaine forte fine de ce carton, on fait des cartes pour jouer. Voyez CARTES: . Avec de l’eau, où l’on a jetté différentes couleurs détrempées avec de lhuile & du fiel de bœuf, on fait le papier marbré, Voyez PAPIER MARBRÉ. Les manufaëtures de papier fe font multipliées dans prefque toute l'Europe; cependant la France, la Hol- lande , Gènes &c l'Angleterre font les päys où on le fait le mieux. En général il dépend beaucoup de la qualité du linge dont on {e fert dans les Heux où on fabrique le papier : car felon que lon porte le lin fin, gtofher, owpeu blanc, 6c. les morceaux ou chiffons, dt conféquemment le papier qui en réfulte, doivent avoir les mêmes qualités. C’eft pour cela que les pa= piers de Hollande &c de Flandres font plus blancs que ceux d'Italie & de France, & beaucoup plus que celui d'Allemagne. TAN La Grande-Bretäone, dans Le dernier fiecie, tiroit prefque tout fon papier de l'étranger. Elle ne date fon. premier moulin de papier, bâti à Dartfort, que de Pan 1588. Un poëte decetems-là leconfacra par des versàfon honneur: préfentement Angleterre acom- pris que la vraie confécration des chofes utiles con- fiftoit à les multiplier ; aufhtire-t-elle aujourd’hui peu de papier de l’étranger. Cependant elle pourroit en- core perfettionner beaucoup fes papeteries , & les étendre davantage dans les trois royaumes, à l’imis tation de la Hollande qui fait le plus beau papier du monde, & en plus grande quantité, (Le chevalier de JAUCOURT.) PAPIER, (Chimie, Mat. med. )onen retire à la diftil: lation à la violence du feuun efprit qui n’eft autre chofe qu’un alkali volatill, réfous , très-foible &ctrès< délayé, & grasouhuileux, provenuempartie du linge & enpartie de la colleemployéeàla préparation du papier, & une huile empyreumatique provenue dé mêmes fources. Ona érigé en remede particulier cet efprit &c cette huile, auxquels c’eft aflurément faire aflez d’honneur que d’attribuer les propriétés les plus communes des efprits alkalils volatils , &c des huiles P AP empyreumatiques, Voyez SEL VOLATIL 6 HUILE EM- PYREUMATIQUE. Tout le monde connoît auf Pufage de la fumée du papier brülant, principalement fans flamme, contre les vapeurs hyftériques, lefpece de vertige que certai- nes odeurs caufent à beaucoup defujets, les évanouif- femens, 6c. Ce fecours populaire eft fouvent très- efficace dans ces cas, & un des meilleurs qu’on puifle employer. (6) PAPIER MARBRÉ, (#r1s.) le papier marbré eftun papier peint de diverfes nuances, ou de différentes couleurs. Il fe fzif en appliquant une feuille de pa- pier fur de Peau où on a détrempé diverfes couleurs avec de l'huile & du fiel de bœuf, qui empêche le mélange : felon la difpofition qu’on leur donne avec un peigne, on forme les ondes &c les panaches. Voici de quelle maniere fe fait le papier marbré en Angle- terre. \ On prépare un auget de la forme & de la grandeur du papier qu'on veut marbrer, & de 4 doigts de pro- fondeur , fait de plomb ou de bois, bien joint &c en- duit de façon qu'il puiffe contenir la liqueur. Pour la Hqueur, on fait tremper un quarteron de gomme adracanthe pendant 4 ou $ jours dans de l’eau claire: on la remue de tems en tems, & on y ajoute tous Les jours de l’eau nouvelle, jufqu’à ce qu’elle ait un peu moins de confiftance que l’huile,alors on la jette dans le petit auget. | | . Les couleurs qu’on doit appliquer par-deflus font, pour le bleu, de Pindigo broyé avec du blanc de plomb: pour le verd, Pindigo & Porpiment, l’un broyé & l’autre détrempé , mêlés & qui ont bouilli enfemble dans l’eau commune: pour le jaune, l’or- piment broyé &c détrempé : pour le rouge, la laque la plus fine broyée avec des raclures de bois de Bréfil, qui ont été préparées en bouillant une demi-journée, Dans toutes ces couleurs on mêle un peu de fiel de bœuf, ou de poifon, qui a vieilli 2 ou 3 jours. Siles couleurs ne s'étendent pas bien d’elles-mêmes, on ajoute un peu plus de fiel; au contraire fielles s’éten- dent trop, 11 faut furcharger le fiel & le corriger, en y ajoutant de la couleur fans fiel. Voici Fopération de marbrer: quand la gomme eft bien repofée dans lauget, on déploie une feuille de papier que Pon détrempe fur la fuperficie dela liqueur, & on laretire auflitôt afin de l’agiter & de faire mon- ter le fédiment de la gomme vers la furface, 8 que la liqueur en foit plus univerfellement impregnée. Cela fait, &c toutes les couleurs étant rangées dans des pots de fayance , fur une table où eft auf placé lauget, on commence par tremper un pinceau de foies de cochon dans chaque couleur, ordinairement le bleu le premier, & on en répand fur la furface de la liqueur. S1la couleur eft bien préparée, elle fe di- latera d'elle-même. Enfuite on applique le rouge de la même mamere, mais avec un autre pinceau ; en- fuite le jaune, &c enfin le verd: pour le blanc, il fe fait en répandant par-deflus la liqueur un peu d’eau claire, mêlée avec du fiel de bœuf, Lorfque les couleurs flottent ainf fur la liqueur, pour leur donner ces nuances agréables que nous ad- mirons dans le papier marbré, on {e {ert d’un bâton pointu qu’on enfonce dans la liqueur, en tirant d’un bout à l’autre de l’auget avec adrefle, & en faïfant que ce bâton agite la liqueur & les couleurs qui fur- nagent : alors avec un peigne qu’on tient avec les deux mains par la tête, on peigne la furface de la li- queur dans Fauget d’un bout à l’autre, obfervant {eu- lement de n’enfoncer que les dents. Si cette opéra- tion eft faite avec un mouvement prompt & unifor- me, elle produit ces nuages & ces ondulations, d’où dépend beaucoup la beauté de ce papier. Si on aimet mieux que les couleurs repréfentent des figures de fantaifie, comme des ferpens &autres PRANP 859 fernblables, cela fe fait par le moyen du bâton pointu dont nous avons parlé ci-deflus, en traçant ces fioui- res par-deflus ce qui a déjà été peigné; il fautpour cet effet avoir la main adroite, & agiter la fuperficie de la liqueur en rond, comme fi on youloit tracer quels que fleur, ou figurer des lettres. _ Enfin les couleurs étant dans cet état, ouvrier dé- ploïe & applique pat-deflus une feuille de papier blanc mouillé: cela demande dans l’ouvrier une adreffe que Pufage feul peut donner, car il faut que le papier & la furface de la liqueur fe rencontrent par-tout. En fuite avant que les couleuts aient le téms de pénétrer, ce quiarfiveroit bientôt, à moins que le papier ne füt fort épais, ils enlevent ce papier avec agilité & d’une même main, & enfuite l’étendant quelque tems fur une planche, ils le fufpendent après fur une corde pour le faire fécher. Quandil eft fufifamment fec, on le polit avec une pierre de marbre, ou un mor: ceau d’yvoire. | | Il faut obferver qu’on doit renouveller les couleurs de l’auget, & toutés les autres formalités avec le bA- ton pointu &c le peigne, chaque fois qu’on veut ap- phiquer un nouveau papier, parce que chaque feuille de papier emporte toute la couleuf qui flote fur la li queur. Voyez Kirch, de luce & umbra, lib. X. Merret {ur Nery, de arte virr. ch. xlij. Houeht, colleët, r, IL, p.419. € fe. On a eflayé quelquefois de rendrele papier marbré plus riche, en mêlant l'or & l'argent avec les cou: leurs,ce qui a bien réufli principalementpour labiblio- théque des rois de France : cependant la grande dé- penfe a empêché que cette manufa@ure nait eu lieu. Toute cette opération eft tirée de Chambers. I eff - farprennant qu’on ne trouve dans Savari aucun dé. tail fur l’art de marbrerle papier. Voyez l’article MAR: BREUR DE PAPIER , 0% ces article ef? décrit plus au long. (D.J.) . PAPIER, COMMERCE DU ( Commerce. ) le papier eft un objet d’un grand commerce ; il y en a diffé- rentes fortes ; eu égard à la couleur , on le divife en blanc , brun & bleu , &c. Par rapport à la qualité, on le divife en fin, fecond , bâtard, fuperfin, &c. Par rapport à l’ufage , on le diflingue en papier à écrire, à imprimer , à eflampes, à cartouches, à patron, de chancellerie , &c. Par rapport aux dimenfions, on le divife en moyen, à la couronne, au bonnet, au pot, royal, furroyal, impérial, éléphant , atlas, Par rap port aux pays où on le fabrique, on le divife en Al- lemand, Lombard , papier d'Hollande , de France, d'Angleterre, de Gènes, &c, Il paroït que par-tout le papier fe vend par rames , excepté dans les manufa@tures d’Auvérgne , où il fe vend au poids fur le pié de quatorze onces la livre : chaque rame felon {on efpece devant être d’un cer- tain poids, fuivant les réglemens. Le papier de France, fe divife en grand, moyen & petit. Les petites fortes font la petite romaine, le petit raïfin ou bâton royal, le petit nom de ;éfus , le petit à la main, 6, qui prennent leur nom de [a mar: que qu'on y empreint en les faifant ; le cartier pro: pre à couvrir par-derriere Les cartes à jouer. Le pot dont on fe fert pour le côté de la figure: la couronne qui porte ordinairement les armes du controlleur- général des finances : celui à la telliere qui porte les armes de M. le chancelier. Le tellier eft un doublé T';, lechzmpy ou papier à chaffis; 8 la ferpente ain- fi nommé, à caufe d’un ferpent dont il eft marqué; comme ce dernier eft extrèmement fin, il fert aux éventailliftes. Les moyennes fortes font, le grand raifin fimple , le quarré fimple , Le cavalier &c le lombard, dont les trois derniers fervent pour l'impreffion ; l’écu ou dé compte fimple, le quarré double, l'écu double, lé LH 860 PA P grand saïfin double , & la couronne double , dorit les trois derniers font appellés doubles , à caufe de leur épaiffeur : ajoutez à ceux-là, le pantalon ou pa- pier aux armes d'Hollande , & le grand cornet, ainf appellé à caufe de fa marque. à Les grandes fortes font, le grand jéfus , petit &c grande fleur de dis , le chapelet, le colombier » le grand aigle, le dauphin, le foleil & l'étoile, ainfi nommés à caufe des marques qui y font empreintes ; ils font propres à imprimer des eftampes &c des the- fes , même à faire des livres de marchands & à deffi- ner; le grand monde eff le plus large de tous. Outre ces papiers que lon appelle Les sroës fortes , 8 qui fervent tous à écriture ou à limprefion , il s’en fabrique encore d’autres de toutes couleurs, foit collés, foit fans colle, pour envelopper différentes marchandifes, & pour d’autres ufages. Indépendamment de la confommation du royau- me , il s’en fait auffi des envois confidérables dans les pays étrangers , cemme-.dans le Nord, au Le- vant, & même dans Les Indes orientales; mais cette confommation dans l'étranger eft prodigieufement diminuée depuis le commencement de ce fiecle 5 car on comptoit autrefois cinquante-cinq moulins à pa- pier, travaillans dans la-feule province d'Angoumois, & aujourd’hui l’on n’en compte pas trente ; on doit dire la même chofe des moulins à papier des autres provinces. Les réglemens de M. Colbert fur cette fabrique , quoique fortfages en général , auroient aujoutd’hui befoin de plufieurs correëtions ; mais il faudroit por- ter principalement fes vûes à Paccroiffement des papeteries dans le royaume. Celle de Montargis qui s’étoit élevéeil y a trente ans, mérietoit d’être fou- tenue ; il en faudroit établir de nouvelles dans le Lyonnoiïs, & autres provinces voifines. (D. J.) PAPIER D’ASBESTE , ( Ars. ) ce papier fait daf- befle , autrement dit de Z7 incombuftible , Zapis af Beflos , peut fupporter le feu fans être endommagé. Le doëteur Brukmann, profeffeur à Brunfwick, a imprimé une hiftoire naturelle de lashe/fos dont on tire ce papier ; & ce qu'il y a de plus remarquable, 1l a fait tirer quatre exemplaires de fon livre fur ce papier , is font dans la bibliothèque de Wolfembu- tel. Voyez Bibl, Germ.t. XIV. p.190. La maniere de fabriquer ce papier-extraordinaire, eft décrite par M.Loyd , d’après fes épreuves. Il broyaune certaine quantité d’asbe/fos dans un mor- fier depierre, jufqu'à ce qu’elle füt réduite en une fubftance cotonneufe ; enfuite 11 le pafa dans un tamis fin, & par ce nas le purgea le mieux qu'il put de fes parties terreftres ; car la terre &c les pier- rettes qu'il n’auroit pas ph enlever auparavant, étant réduites en poudre, pañerent à-travers le tamis, & 1l ne refta que le lin ou coton ; enfuite 1l porta fa matiere dans un moulin à papier, & la mettant dans Jeau dans un vafe aflez grand précifément pour faire une feuille ayecune certaine quantité ,1l La remua fufifamment, & ordonna à l’ouvrier de Pemployer à part avec la méthode ordinaire dont on ufe pour la fabrique du papier à écrire ; il hu recommanda feulement de la remuer toujours avant que de la mettre.dans le moule ; parce qu’il confidéra que la fubflance en étant beaucoup plus pefante que celle ‘ dont on fe fert pour le papier ordinaire ; elle fe pré- cipiteroit au fond , fi on ne la remuoit pas immédia- tement avant de la mettre dans le moule. Enfin, on en fit du papier fur lequel on écrivoit comme fur le papier de chiffons , .&t l'écriture s’en effaçoit en le jettant dans le feu , d’où on le retiroit fans être plus endommagé que la toile d'ashef/; mais ce papier étoit grofier & fe cafloit fort aïfément ; cependant f la chofe en valoit la peine, 1l ne feroit pas impoffble en triturant fort long-tems la matiere dans les mor- tiers, d'en former une pâte auf fine que celle du papier de linge ; mais comme ce {eroit une chofe cou- teufe , on ne doit la recarder que fur le pié d’une invention de pure curiofité. PAof. Tranf. n°, 166. Papier, (£Ecriture.) Le papier à écrire pour ètre bon doit avoir les qualités fuivantes : la premiere & le principale, c’eft d’être bien collé, ferme & pefant; celui qui ne fonne pas clair, qui eft mou , foible & lâche au maniement n’eft pas bien collé, eft confé- quemment d’un mauvais ufage ; il faut qu'il ait le grain délié, qu'il foit net, um, fans taches ni rides , afin que la plume coule deflus facilement ; il faut re- garder aufh à ce qu'il n’y ait ni filets, mi poils ; ces poils entrant dans la fente du bec de la plume, ren- dent l'écriture boueufe. Il faudroit encore qu'il ft blanc ; maïs le papier le plus blanc n’eft pas ordinai- rement le mieux collé. Tout étant égal d’ailleurs, le plus anciennement fabriqué fera préférable. Maniere de laver & de vernir le papier pour écri- re : 1l faut avoir du papier de la qualité qw’on vient de prefcrire ; on étend tout ouvert fur un aîs bien net, & après avoir mis du vernis battu , autrement dit, fandarac , dans une écuelle ou terrine, en en frottera légerement toutes les feuilles avec une patte de lievre ; puis ayant mis dans un chaudron bien net fix pintes d’eau , mefure de Paris , qui fuiront pour laver une rame; on fera fondre fur le feu huit onces d’alun de roche, & une once de fucre candi blanc; êt après avoir fait bouillir Le rout un bouilion, on le retire de deflus le feu ; & lorfque l’eau efttiede, on en lave le papier feuille à feuille avec une éponge f- ne, du côté qu'il a été vernis; on pole ces feuilles les unes fur les autres ; 8c quand toute la rame et lavée , on la met en prefle l'efpace d’un demi jour} ou du foir au lendemain ; après quoi, on l’étend fur des cordes feuille à feuille pour qu’il feche; lor{- qu’il eft à demi-fec, on le remet une feconde fois en prefle pendant quelques jours , afin de le bien étendre ; de-lail pafle chez le relieur pour êtrebattu,il ne faut fe fervir de ce papier que trois ou quatre mois après qu'il a été ainfi préparé. Plus il eft gardé, meilleur il ef ; le papier battu pour écrire des lettres doit être frotté avec le fandarac, fi l’on ne veut pas que Pencre s’épatte. PAPIER BLANC, terme d’Imprimeur ; C’efle pre- mier côté de la feuille ax’on couche fur la forme pour l'impreflion. PAPIER BLEU, (Papeterie) papier qui fert aux Marchands à envelopper différentes marchandifes ; le gros papier bleu eft employé aux pains dé fucre, le fin aux pieces de toile, à couvrir les brochures ou livres en feuilles , &c. il y en a encore dé plus fin qui fert à d’autres ufages. (D. J.) PAPIER BRILLANT , ou à fleurs & figures brillan- tes ; c'étoit une forte de papier que le fieur Papillon avoit trouvé le fecret de rendre très-agréable, foit qu'il eût inventé ou qu’il ne eût que perfeéionné; voici d’abord ce qu’il faifoit. À deux oncesde colle de poiflon qu’il mettoit tiédir & fondre, il ajoutoit le double d’'amidon qu’il délayoit bien, en tournant juiqu'à ce qu'il n’y eût point de srumeaux & que tout füt bien mêlé ; il laifloit repofer jufqw’au lende- main , que voulant s’en fervir , il faifoit de rechef tiédir ; puis ayant poncé légerement avec du char- bon prefque impalpablele deffein piqué au’il vouloit faire avec un pinçeau , 8 de cette colle ci-deflus & tiéde., il deffinoit toutes les fleurs du deflein piqué : enfuite 1l femoit deflus du brillant d’une feule cou- leur qui ne s’attachoit qu'aux endroits oh avoit paflé le pinceau, &ayant laïflé fécher, en épouftant la feuille le brillant ne reftoit qu’au deffein; mais pour mettre {ur une feuille plufeurs brillans de couleurs différentes , il fe fervoit de patrons découpés par parties féparées, couchant à-travers fa colle avee une P À P une broffe ou gros pinceau für la feuille chaque par- tie ; femée enfuite du brillant de la couleur qu’il vou- loit , féchée& épouffetée , il procédoit à coucher la colle à-traversun autre patron, & à mettre enfuite un brillant d’une autre couleur, faïfant ainfi fucceffi= vement juiqu'à ce que tous les brillans de différentes couleurs fuffent appliqués fur la feuille , laqueile achevée devenoit extrèmement riche : maïs il falloit pour employer ce papier le coller très-proprement ; Car la colle ordinaire qu’on mettoit par- derriere pour le pouvoir pofer , détrempoit aflez vite la colle des brillans, ce qui faifoit barbouiller tout l’ouvra- ge ; 1l faifoit auf de la toile avec mêmes brillans & de la même facon. | PAPIER BROUILLARD , (Papeterie. ) le papier brouil- lard où papier gris, eftun papier quin’a pas été collé, & fur lequel par conféquent lencre flue & s'étend ; on s’en fert dans les livres de compte, au lieu de fa- ble, pour empêcher l'encre de pâter la feuille oppo- fée ; ce même papier eft auf d’ufage chez les Dro- guiftes & Apoticaires pour filtrer les liqueurs, aux- quelles la chaufle d'Hypocras n’eft pas fi propre. (2.1) PAPIER DE COULEUR rout uni ; c'eftun papier qui fe fait avec une groffe broffe & de toutes fortes de coufeurs ; c’eft ordinairement de la couronne bule, qu'on y emploie préférablement au champi, qui n’eft pas aflez collé, &cqui empêcheroit non-feulement les couleurs de paroître vives & belles,/mais qui ne man- queroit pas de tacher aux places où il boiroit ces couleurs. Toutes ces couleurs font liquides 8 fans corps, la plüpart afin de pouvoir être couchées plus uniment. / | Les ouvriers qui font ce papier ont la couleur pro- che d’eux dans une grande terrine; & avec une brof. fe telle que celle des Cartiers , äls prennent de Îa couleur pour chaque feuille, faifant aller & venir la brofle detout côté, le moins par goutte &c le plus uni- ment qu'ils le peuvent; puis ils étalent à mefure ce qu'ils ont fait, continuant à mettre la couleur tant qu'il refte de papier à la main, qu'ils ont déplié & imife devant eux tout en un tas fur la table ou l’établi où ils travaillent. Ces font les marchands Papetiers qui vendent communément ces papiers tout d’une couleur. Pour faire le jaune, les ouvriers ufent de la graine d’orignon; pour le rouge, debois de Bréfl, dit de Frenambouc ; pour le bleu , celui de tournefol & lindigo ; pour le vert, celui de veflie ; pour l’o- ranger un jaune , mêlangé de mine de plomb ou d'autre rouge; pour la couleur de bois, de la biftre, du brou de noix ou du jaune de graine d’orignon, mêlé avec un peu de violet de bois d'inde: ils y em- ploient aufi la terre d'ombre; le bois d’inde leur fert à faire le violet, qu'ils rendent d’un œil rou- geâtre, y mêlant du rouge de Bréfil. Le noir, ils le font, foit avec le noir d'os, foit avec celui d'ivoire Ou autre, mais rarement avec celui de fumée, parce qu'il ne fe couche pas fi bien. Ils font encore quel- quefois des rouges diférens avec le vermillon & avec la lacque liquide, du vert clair avec du vert de gris, mélangé avec celui de veffie & plufieurs autres couleurs, compofées fuivant qu'ils les éclair- ciflent ou qu’ils favent les mélanger. Voyez Cou- LEURS À DÉTREMPER, LIQUIDES G SANS CORPS ; Éc. PAPIER A DESSINER , ( Papeterie.) papier blanc {ur lequel on a pañlé une éponge imprégnée d’eau de fuie; fon ufage eft pour exempter l'ouvrage du crayon dans les endroits où le papier doit être chargé d’om- bres de la couleur de ce papier ; pour les endroits clairs, on les fait deflusavec dela chaux blanche ; élémens de peinture. (D. J.) PAPIER DOMINOTÉ. Voyez Domino, Domino: TERIE , DomMiNoTIER 6 REÇALEUR, Tone XI, : qui eft l'envers fur La premiere, P A P 861 PAPIER DORÉ 6 ARGENTÉ : il y a de plufieurs façons de papièr doré ; favoir, celui à Aleuts où fonds d'or qui fe fait en Allemagne, mais dont l’or n’eft que du cuivre, au lieu que celui d'argent fabriqué dans le même pays eft d'argent fin; car celui qui le fait avec de l’étain eft d’un œil f plombé , qu’on n'en fait pas de cas; ces foftes de papiers {e fabri- quent à Francfort, à Nuremberg, &c. Le Papier doré fur tranche eft du papier à lettre. Le papier doré par petit feuillet &c fait d’or fin, fert à plufeurs ouvrages, particulierement dans les cou- vens de religieules qui en ornent des reliquaires , de petits tableaux de dévotion & autres chofes ; ém- ployant aufi au même ufage du papier argenté & des cartons dorés {ur tranche, fabriqués par petites ban- des , avec lefquelles elles exécutent tous ces petits rouleaux dorés qui font dans les reliquaires &7 au- tres ouvrages de leurs mains. Ces papiers, tant 4o- rés qu'argentés, aufli-bien que les cartons qu’on Vient de dire, fe fabriquentt à Paris. Mais à l'égard du pa- pier doré d'Allemagne , on ne l’imite point ici paï la grande raïfon, que tirant le cuivre en feuille de cette contrée , il deviendroit trop cher. Ce papier fe fait avec des planches de cuivre jaune évidées, bien en fond , autour des mafles & des contours gravés ; les feuilles de cuivre appliquées partout fur la feuille de couleur qu'on veut dorer font pofées fur la planche de cuivre qui doit être chaude , comme à-peu-près le font les fers dont fe fervent les Doreurs de Couver- tures de livres quand ils les emploient ; puis paffant le tout entre deux rouleaux ou cylindres, tels que peuvent être ceux de la preffe en taille-douce, la planche en gaufrant le papier fait aïtacher l'or ou l'argent deflus, puis la feuille eft étallée pour la laïf- fer refroidir & fécher ; s’époufte pour en ôter tout lor des endroits où n’ont point marqué les ofnemens, figures & traits de la planche de cuivre, ce qui [a perfeétionne &c la met en état d’être vendue. PAPIER D'ÉVENTAIL, ( Eventaillifles. \ les Even- tailliftes fe font partagés les différentes Opérations de leur art; les uns ne font que des bois d’évenrails 4 les autres les peignent & dorent ; d’autres ne font que peindre les feuilles ; d’autres qui font ceux dont il eft queftion dans cet article, préparent les Papiers que les autres emploient : d’autres enfin font com- merce , fans travailler par eux - mêmes, quoiqu'ils ayent tous également & indiftinétement le droit de travailler à toutes ces fortes d'ouvrages. Ceux qui travaillent au papier, & qu’on pourroit appeller pro- prement Papetiers éventaillifles , les doublent ; c’eft- à-dire , collent enfemble avec une colle légere deux feuilles de papier de ferpente, de la qualité qui con- vient à l'ouvrage auquel elles font déftinées:; cepen- dautt une des deux feuilles eft toujours plus belle que Pautre &c fert d’endroit à lévezsarl : c'eft fur ce côté qu’on fait les plus belles peintures. Pour coller en- emble les deux feuilles de papier, on commence par en coller une par les bords {ur un cercle dé bois vui- de, compofé d’un demi cerceau & d’une regle fur lefquels on la colle avec de lempois où autre colle de même nature ; on mouille légerement le papier avec uné éponge pour que l'humidité le fafle étendre, & féchant comme la peau d’un tambour ; en cet état , on laïfle fécher lé papier ; lorfqu’il eft fec, on applique deflus la feconde feuille enduite de colle du côté qu’elle s'applique à la premiere ; on la lave bien avec une éponge , & on la laïfe fécher. Voyez la Planche de l'Eventaillifle, dont voici expli cation. | Le Vignette, femme qui colle des papiers fur des cer- cles ; papier pour coller. 2. Homme qui apporte le papier. | 3. Ouvrier qui colle la feconde feuille de Papier SSSe 862 P À P. 4. Ouvriere qui enduit de colle avec un pinceau, la feuille de papier qui doit fervir d’envers. 6. Homme qui tient un papier ploye. - 7. Ouvrier qui pafle le papier à la life, qui ef faite à-peu-près comme la prefle en taille-douce , compofée de deux rouleaux entre lefquels pañlent une table de bois fur laquelle eft une platine de cui- vre c fur laquelle eftun papier d’évertail ; le rou- leau fupérieur qui eft garni de linges et mû par une roue que l’ouvrier fait tourner. 9. & 10. Cercles. 11. Papier collé fur un cercle. 12. Ais fur lequel eft un papier collé par les bords avec de la gomme arabique , prêt à peindre. 13. Cercles avec des papiers deflus. 14. Modele d’un éventail; la gorge. 15. Papier collé fur un ais , fur lequel on a tracé la forme du modele. 16. Table à fabler les papiers , c’eft-à-dire tes cou- vrir fur une couleur dont ils ont été enduits d’une pouffiere d’or ou d'argent , au moyen d’un fac avec lequel on la répand uniformement fur tout le papier; le fond de la table qui eft entourée du rebord; le. papier ; le fac où eft la pouflere. Voyez AvaAN- TURINE. 17. Pile de cercles garnis de papier. 18. Papier rayé fur la forme à falper. PAPIERS ET ENSEIGNEMENS, ( Marine.) ce font tous les papiers & manufcrits qui fe trouvent dans un vaifleau ; les papiers G enfeignemens du vaifleau échoué. Papier de cartouche on de gargoufle, c’eft de gros papier gris dont on fe fert pour faire les gargoufies : on le forme fur un moule, puis on lemplit de mi- trailles. (Q) PAPIER, cerme de Miroitier, c’eftune longue bande de papier fort, compotée de plufieurs morceaux col- lés enfemble, dont la largeur n’eft guère que de fept ou huit pouces, & la longueur proportionnée au vo- fume des glaces qu’on veut étamer, enforte néan- moins qu’elles les paflent de huit ou dix pouces de chaque côté. Ce papier fert à couvrir le bord de de- vant de la feuille d’étain après ‘qu’elle a êté chargée de vif-argent, afin d’y pofer la glace, & qu’en la gliffant, la feuille ne puifle être endommagée, Savary. (D. JT.) __ Paprers, ( Rélieure. ) les Relieurs mettent entre le carton & les feuilles du livre qu'ils relient une ou deux feuilles de papier blanc pour conferver les kvres &z éviter qu’ils ne fe gâtent contre le carton; fouvent ils y mettent du papier marbré dont un feuillet eft collé contre le carton, l’autre contre un feuillet de papier blanc. Quelquefois ils ufent de papier doré en place de papier marbré,& d’autres fois de fatin ou autres étof- fes, comme du tabis ou du maroquin, alors cela s’appelle doubler. Voyez DOUBLER. PAPIER-REGLÉ, ( Manufaüture en foie.) pour les deffeins d’étoffes, de rubans &galons, c’eft du papier imprimé d’après une planche gravée, qui repréfente feulement un nombre infimi de lignes perpendiculai- res, toutes coupées par des lignes horifontales fans nombre , ce qui forme une très - grande quantité de quartés parfaits; voici comme la chofe s'exécute, On prend une mefure de cinq ou fix lignes, plus ou moins, fuivant la groffeur ou la fineffe que l’on veut donner au papier, par ces mefures répétées tant que la planche le peut permettre, tant perpendiculaire- ment qu’horfontalement , on tire des lignes qui don- nent par conféquent cinq à fix lignes en quarré; ces quarrés {ont à leur tour traverfés à égales diftances par neuf autres lignes, mais beaucoup plus déliées ue les premieres, ce qui forme cent petits quarrés égaux dans chaque quarré qui eft marqué par une P A P ligne plus forte, & c’eft ce qu’on appelle papier de dix en dix, pour le diftinguer de celui qui fert aux Gaziers, & qui eft appellé de huis en dix, parce que chaque quarré n’en contient que quatre-vingt petits. On fe fert de papier d’une extrème finefle pour les deffeins que j’ai appellé repré/entatifs, voyez{PATRON, parce qu'il eft plus aifé de donner le contour que l’on fouhaite fur ce papier fin, les angles qui termi- nent chaque quarré étant moins fenfbles; le papier plus gros étant refervé pour les defleins ou patrons, que j'ai appellé au même article defféins démonftrarifs : voici la façon dont on fe fert pour deffiner fur ce papier. On emplit d'encre tous les petits quarrés qui exprimeront les figures du deffein, qui font toujours quelques figures d’ornemens, ou de fleurs, même de figures humaines; les points qui reftent blancs marquent. les découpés defdites figures, &c expri- ment par conféquent le fond. PAPIERS ROYAUX, ( Polirig. & Comm.) ce font tous ceux que le roi a créés, & avec lefquels il a payé fes fujets, au défaut d'argent monnoyé; celui qui trouveroit un bon projet pour l’acquit des pa- piers royaux , rendroit un fervice important à l’état; le crédit du monarque tient à la maniere dont il {or- tira de cette efpece d'engagement. PAPIER TERRIER, ( Jurifp.) on appelle ainfi le regiftre qui contient toutes les déclarations pañlées au terrier d’un feigneur cenfier. Voyez TERRIER & DÉCLARATION , CENS , CENSIVE, PAPIER ET PARCHEMIN TIMBRÉ, eft celui qui. porte la marque du timbre, & qui eft deftiné à écrire les attes publics dans les pays où la formalité du timbre eft en ufage. Le timbre eft une marque que l’on appofe aux papiers & parchemins deftinés à écrire les aftes que reçoivent les officiers publics. Quelques auteurs le‘définiflent en latin (gum regium papyro impreffum , parce qu’en effet il repré- fente communément les armes du prince ou quel- que autre marque par lui ordonnée felon la qualité particuliere de l’aéte &r le lieu de la paflation. Le nom de smbre que l’on a donné à ces fortes de marques paroit avoir eté emprunté du blafon, & tirer fon éthymologie de ce que le timbre s’'imprime ordinairement au haut de la feuille de papier ou par- chemin, comme le cafque ou autre couronnement, ue l’on nomme aufli imbre, en terme de blafon, f e met au-deflus de l’écu. Je ne dis pas indiftinétement que le timbre s’ap- pofe au haut de la feuille, mais feulement qu’on l’appofe ainfi ordinairement ; car quoique l'ufage {oit de l’imprimer au milieu du haut de la feuille, la place où on l’appofe n’eft point de leflence de la formalité ; on peut indifféremment le mettre en tête de l’aéte, ou au bas, ou au dos, ou fur l’un des côtés, & l’on voit beaucoup de ces timbres appofés diverfement aux aétes publics. La prudence veut feulement que l’on ait attention de faire appofer le timbre ou d'écrire l’aéte de ma- mere que lon ne puiffle pas fupprimer le timbre fans altérer Le corps de laéte ; 8c les officiers publics de= voient toujours ainfñi difpofer leurs aétes, ce que néanmoins quelques-uns n’obfervent pas, n’écrivant le commencement de leurs aétes qu’au - deflous du timbre, d’où 1l peut arriver des inconvéniens, & no- tamment qu’un aéte public dont on aura coupé le timbre ne vaudra plus que comme écriture privée, & même fera totalement nul, felon la nature de l’acte & les circonftances, ce que nous examinerons plus particulierement dans la fuite, Au refte, à quelque diftance que Paéte foit écrit du timbre il ne laifle pas d’être valable, & la difpo- fition dont on vient de parler n’eft qu'une précau- tion uin’eft pas derigueur. P A P En France 8 dansplufieuts autres pays, on appoie Ja marque du timbre avec un poinçon d’acier fem- blable à ceux qui fervent à frapper les monnoïies j xcepté qu'il eff moïns concave: en d’autres pays, comme en Allemagne, on imprime le timbre avec une planche de cuivre gravée, telle que celles qui fervent à tirer les eftampes. : Ên France êc dans la plûpart dés autres pays où le timbre eft en ufage, on met de l’encre dans le ‘poinçon pour marquer le timbre ; en Angleterre oi ne met aucune couleur dans, le poinçon, enforte : que la marque qu'il imprime ne paroit que parce qu'elle fe forme en relief fur le papier. … La formalité du timbre paroït avoir été totalement inconnue aux anciens, & les aêtes recus par des ofi- ciers publics n’étoient alors diffingués des écritures privées que par le caraëtere de l'officier qui les avoit reçus, 6 par le fceau qu'il y appofoit, qui étoit plus connu Que les fceaux des parties contradantes, À ‘caufe de la fonéion publique de l'officier; mais du- refte ce fceau n’étoit que le cachet particulier de lofiicier ; car les anciens n’avoient point de fceaux publics, tels que nous en avons en France, ainf que l’obferve Loyfeau, des off. Liv. IT. chap. iv. 2. 10. Les foeaux particuliers dont ilsfe fervoient étoient plütôt _ de fimples cachets que de vrais fceaux, ils n’avoient pour objet que de tenir lieu de fignature , comme cela s’eft pratiqué long-tems dans plufeurs pays, & même en France, à caufe qu'il y avoit alors peu de _ perfonnes qui fuflent écrire, & ces fortes de fceaux ou cachetsin’avoient aucun rapport avec les timbres dont nous parlons. Juftinien fut le premier qui établit une efpece de timbre: cet empereur confidérant le grand nombre dattes que les tabellions de Conftantinople rece- voient journellement, & voulant prévenir certaines faufletés qui pouvoients’ y glifler, ordonna par fa novelle 44, laquelle fut publiée l'an 537, que ces tabellions ne pourroient recevoir les Originaux des actes de leur miniftere que fur du papier, en-tête du- quel (ce que lon appelloït prosocole ) , feroit marqué le nom de l’intendant des finances qui feroit alors en place, le tems auquel auroit été fabriqué le papier & les autres chofes que l’on avoit coûtume de mettre en tête ces papiers deftinés à écrire les originaux des aëtes que reçoivent les tabellions de Conftanti- nople, ce que l'on appelloit fuivant la glofe & les in- terpretes, t7brevtaturam totius contraüus, c’eft-à-dire un titre qui annoncçoiït fommairement la qualité 8z fubftance de latte, Par cette même novelle l'empereur défendoit auffi aux tabellions de Conftantinople de couper ces marques & titres qui devoient être en tête de leurs aêtes ; il leur enjoignoit de les laifler fans aucune altération, & défendoit aux juges d’avoir ésard aux aétes écrits fur du papier qui ne feroit pas revétu en tête de ces marques, quelques autres titres ou proto- coles qui y fuflent écrits. M: Cujas en fes notes fur cette nouvelle, examine ce que Jufinien a entendu par le protocole qu'il recommande tant aux tabellions de conferver; les uns, dit-il, veulent que ce foït une grande feuille royale ; d’autres que ce foit une fimple note des ac- tes; d’autres que ce foit un exemplaire des formules dont les tabellions ayoient coûtume de fe {ervir: mais ils fe trompent tous également, dit M. Cujas, ‘car dé même qu'aujourd'hui notre papier a quelque marque qui indique celui qui l’a fabriqué, de même autrefois les papiers dont on fe fervoit contenoient une note abrégée de l’intendant des finances qui étoit alors en place, parce que ces fortes d’intendans avoient infpehon fur les fabriques de buyier: on y marquoit auf en quel tems & par qui le papier avoit Tome ÆL, | PAP 563 été fabriqué; ce qui fervoit à découv#it plufeurs' OUAÉCES ON Lun. à bd + Vu Loyfeau, dans fon traité des offices, 4. I. ch. F, ñ. 82. dit en parlant de la novellle 44, qu’elle nous apprend un beau fecrèt qui avoit étéignoré jufqu’à ce que le doëte Cujas lait découvert, à favoit qu’ellé défend de couper & ôter le protocole des lies que nous penfons vulgarement être la minute & premiere écriture du contrat ; & de fait les ordon: nances des années 1512,& encore celle d'Orléans, article xcxty. Vufurpent en cette fignification, com- bien qu'à la vérité ce foit la marque du papier où étoit écrite l’année qu'il avoit été fait, laquelle mar que Juftinien défend de couper, comme on pouvoïit atfément faire, d'autant qu’elle étoit en haut du pa Pier, &t non pas au milieu, comme celle de notre papier, pour ce, dit-il, que par le moyen de ce pro: tocole où marque du papier plufieurs fauffetés ont été découvertes, ce qui s’eft auffi vû quelquefois en France; partant, dit-il, pour fe fervir à propos de cette antiquité, 1l feroit expédient , ce femble, d’or: donner que tout papier feroït marqué, & que la mar que contiendroit Panñée qu'il auroit été fait, chofe * qui ne coûteroit rien & empécheroit plufieurs fau fetés, tant aux contrats qu'aux écritures. Cette origine du papier & parchemin rimbrès fut tes marquée dans une caufe qui {e plaida au parlement d'Aix en 1676, entre des marchands de Marfeille & le fermier du papier timbré, laquelle caufe eft rappor< tée par Boniface en fes arrêts de Provence, so. Ii Î, HE, tie, xy. c, y. le défenfeur du fermier du papier timbre fafoit valoir, « que le timbre n’étoit pas nou« » veau, puifqu'il y en avoit du tems de Juflinien-en » 537, qu'il y avoit des marques pour les protocoles » des notaires ; qu’on y marquoit en chiffre l’année » en laquelle ils avoient été faits ayec le nom comiris » Jacrarumt largitionum, qui étoit alors en exercice: » que Juftinien vouloit que le notaire qui avoit com » mencé le protocole ou la charte achevâtde l’écrire, » Ôc que le motif &le fondement dé Juftinien n’avoit » Été Que pour la précaution contre les faufetés , » comme 1l paroït par la novelle 44, fuivie par Go- » defroy », | 1L Las * Cette origine a aufli été remarquée par M. de Bal ville, intendant de la province de Languedoc, dans les mémoires qu'il a faits pour fervir à l’hiftoire de cette province, dans lefquels en parlant du domaine. ildit que, comme il ÿ a deux généralités dans lé Languedoc, il y a auf deux fous-fermes du domai- ne, l’une pour la généralité de Touloufe, l’autre pour la généralité de Montpellier, & que dans ces fous-fermes font compris le papier timbré, les formu- les & le contrôle des exploits; & à ce propos il re- marque en pañlant, que le papier timbré na pas été inconnu aux Romains, puifqu’on voit par la novelle 44, qu'ils avoient une efpece particuliere de papier pour écrireles originaux des aétes des notaires lequel portoit la marque que l’intendant des finances y fai: {oït appofer, & la date du tems auquel il avoit été fait. Ainfi quoiqu'il paroïffe peut-être d’abord fingu- lier que l’on fafle remonter l’origine du papier simbré jufqu'au tems des Romains, cependant il eft conftant que cette formalité étoit déja en quelque ufage chez eux , puifque les titres, dates & autres marques que lon appofoit en tête du papier deftiné à écrire les ori- ginaux des actes des tabellions de Conftantinople, étoient une efpece dé timbre qui avoit le même ob: jet que ceux qui font aujourd’hui ufités en France & dans plufeurs autres pays. h. : Mais fuivant la même novelle de Juflinien, cette formalité n’étoit établie que pour les aétes des tabel: lions de Conftantinople , encore n’étoit-ce que pour les originaux de ces aétes, & non pour les expédi- SSsssi 364 P A P tions où copies, du moins la novelle n’en fait pas mention ; en forte qu'à l'égard de tous les autres ac- ‘tes paflés dans la ville de Conftantinople par d’autres eficiers publics que les tabellions, &c à l'égard de tous les autres aétes publics reçus hors la ville de Conftantinople , foit par destabellions, foit par d’au- tres ofMiciers publics , il n’y avoit jufqu’alors aucune marque fur le papier qui diftinguât ces aétes des écri- tures privées. , Cette formalité ne tomba pas en non-ufage juf- qu'au tems où elle a été établie en France y, comme quelques-uns fe limagineroient peut-être : il paroït au contraire qu'à Pimitation des Romains, plufieurs princes l'etablirent peu detems après dans leurs états, Sc que nos rois ont été les dermiers à l’ordonner.' En effet, du tems des comtes héréditaires de Pro- vence, qui regnerent depuis 915 où 920 juiqu’en 1481, que cette province fut réunie à la couronne de France, les notaires de ce pays fe fervoient depro- tocoles marqués d’une efpece de timbre , ainfi que cela fut obfervé dans la caufe dont j'ai déja fait men- tion, qui. fur plaidée au parlement d’Aixen 1676, & €ft rapportée par Boniface, Wv. I. tom. LIT. &it. 15. ch. j. Le défenfeur du fermier du papier timbre, pour faire voir que cette formalité n’étoit pas nouvelle, obfervoit quenon-feulement du tems de Juftinien les protocoles étoient marqués, mais encore du tems des comptes de Provence, &c que M° Jean Darbés, notaire à Aix, avoit de ces ançiens protocoles mar- ués. _ Cette formalité fut introduite en Efpagne & en Hollande vers l’an 1555. Le papier timbre eft auf ufité dans plufieurs au- tros états, comme en Angleterre, dans le Brabant &z dans la Flandre impériale , dans les états du roi de Sardaigne, en Suede, &c il a été introduit dans l’état eccléfafique, à compter du 1 avril 1741, & dans d’autres pays, comme nous le dirons dans un mo- ment. Les timbres qu’on oppofe aux papiers 6 parchemins deftinés à écrire les aftes publics ont quelque rap. port avec Les fceaux publics dont on ufe aujourd’hui en France &c dans plufieurs autres pays , en ce que ss uns & lesautres fontordinairementune empreinte desarmes du prince, ou de quelqu’autre marque par lui établie, qui s’appofent également aux actes pu- blies, & les diftinguent des aétes fous fignature pri- vée ; cependant il ne faut pas confondre ces deux for- malités , entre lefquelles il y a plufeurs différences eflentielles. | La premiere qui fe tire de leur forme eft que les fceaux publics , tels que ceux du roi, des chancel. leries, des jurifdiétions, des villes , des univerfités € autres femblables , s'appliquent fur une forme de cire ou de aquelqu’autre matiere propre à enrecewoir Tempreinte, laquelleeft en relief; ily a decesfceaux qu s'appliquent ainfi fur late même, d’autres qui font à double face , & ne font attachés à l’a@e que par les lacs ; au Heu que le timbre n’eft qu'une fimple matque imprimée au haut du papier ou parchemin, Lafeconde différence eft que l’on n’appofe point de fceau fur la minute des aêtes publics : cette forma: lité n'eft même pas toujours néceflaire pour dônner l'authenticité & la publicité aux expéditions ou co. pies collationnées des aétes publics ; c’eft plutôt Le caraétere CC la qualité de l'officier qui a reçu l’aéte & fa fignature appofée au bas , qui rendent l’aéte public: an lieu que dans lespays où le timbre efken ufage , pour donner lauthenticité & le caraétere de publicité à un aéte, foit original, en minute ou en brevet , {oit expédition ou copie collationnée , il doit être écrit fur du papier simbré ou en parchemin umbré, Vafte eft de nature à êtreécriten parchemin. La troifiéme diférence qui fe trouve entre les P A P fceaux publics &c les timbres , c’eft que Pappoñtion du fceau eft la marque de l'autorité publique dont l’aéte eft revêtu par cette formalité ; tellement qu’en quelques endroits | comme à Paris , le droit d’exé- cution parée en dépend , & que fi un aéte public n’é- toit pas fcellé, il ne pourroit être mis à exécution, quand même 1l feroit d’ailleurs revêtu de toutes les autres formalités néceflaires : au lieu que le timbre contribue bien à donner à latte le caraftere de pu- blicité néceflaire pour qu'on puifie le mettre en for- meexécutoire; mais par lui-même il ne donne point ce droit d'exécution parée , qui dépend de certaines formalités qu'on ajoute à celle qui conftitue la pu- blicité. | Quoique la formalité du timbre femble n’ayoirété établie que pour la finance qui en revient au prince, elle ne laifle pas d’être utile d’ailleurs. En effet, le timbre fert 1°, à diftinguer à Pinfpec- tion feule du haut de la feuille fur laquelle latte eft écrit, fi c’eft un afte reçu par un officier public, ou fi ce n’eft qu’une écriture privée. 2°, Le timbre fait refpe&ter & conferver les afi- ches , publications ou autres exploits, ou aétes que l’on attache extérieurement aux portes des maïfons où dans les places publiques , foït en cas de decret, licitation, adjudications ou autres publications , foit dans les exploits que l’on attache à la porte de per- fonnes abfentes auxquelles ils font figniñés ; car com- me ces fortes d'actes ne font point fcellés , il nya proprement que le timbre qui fafle connoïître que ce font des aétes émanés de l’autorité publique , & qui les diftingue des écritures privées. 3°. Le timbre annonce la folemnité de l’afte aux perfonnes qui le fignent, & fert en cela à prévenir certaines furprifes que l’on pourroit faire à ceux qui igneroient un aûte fans l'avoir lu ; par exemple, il feroit difficile de faire figner pour une écriture pri- vée un aéte public qui feroit {ur pupier timbré, parce que linfpeétion feule du timbre feroit connoïtre la furprife. 4°. Le timbre fert aufli à prévenir quelques fauffe- tés dans les dates de tems & de lieu qui, peuvent fe commettre plus facilement dans les aétes où cette formalité n’eft pas néceffaire : en effet, commeily a un timbre particulier pour chaque état , &: même en France pour chaque généralité , que la formule de ces timbres a changé en divers tems, & que lon ne peut écrire les aétes publics que fur du papier on par- chemin marqué du timbre aétuellement ufité dans le tems êc le lieu où fe paffe Paéte, ceux qui écrivent un aëte fur du papier ou parchemin marqué du timbre ac- tuellement ufité dans un pays, ne pourroient pas im- punément le dater d’untems ni d’un lieu où 1ly au- roit eu un autre timbre , parce que la formule du tim- bre appofé à cet afte étant d’un autre tems où d’un autre lieu, feroit connoïtre la fauffeté des dates de tems & de lieu qu’on auroit donné à cet afte. La formalité du timbre n'ayant été établie que pour les aîtes publics, il s'enfuit que tous les aétes quine font pas reçus par des officiers publics ne font point fujets à être écrits fur papier cimbre. Boniface, en fon recueil des arrêts du parlement de Provence, rom. I. 1 IH. rie. XF. ch. j. &ij.vap- porte à cefujet deux arrêts de la cour des aides &#- rances de Montpellier. Au mois de Mars 1655 , Louis XIV. étantlors à Paris, donna un édit portant établiement d’une mar- que fur le papier &c le parchemin deflinés à écrire Les ades reçus par lesofficiers publics. Cet édit fut enre- gutré en parlement, en la chambre des comptes 8 en la cour des aides le 20 du même mois. Il eft au emquieme volunte des ordonnances de Louis XIV. cotté 3. fol 69: 8&c il en eft fait mention dans le re- cueïl des ordonnances, édits, &c par M, Blanchart, Se = Cet édit n’ent aucune exécution; mels dans la faite le roi voulant rendre le ftyle des ates publics uni- forme dans tout fon royaume , donna tine déclara- tion le 19 Mars 1673, par laquelle il crdonna awil £eroit dreflé des formules imprimées pour toutes {or- tes d'actes publics , & que les exemplaires de ces for- mules feroient marqués en tête d'une fleur de lis, & timbrés de la qualité 6 [ubflance des aies. Les formules d'aûtes ordonnées par cette déclara tion n’eurent cependant pas lieu , parce que l’on y trouva trop d’'inconvéniens , & le roi donna une au- tre déclaration le 2 Juillet 1673 , regiftrée au parle- ment le 10 du même mois, par laquelle en attendant que les formules faflent perfe@ionnées, il ordonna que Les aétes publics ne pourroient être écrits que fur du papier ou parchemin timbrés | comme ils devoient l'être pour les formules , avec cette différence feule- ment que le corps de l’aéte feroït entierement écrit à la main ; & c’eft de-là que le papier & le parchemin éimbrés ont retenu le nom de forrmule. Le 4 Juillet de la même année 1673 , il fut fait un état des formules dont les papiers & parchemins de- voient être simbrés, {uivant la déclaration dont on vient de parler. En exécution de cette déclaration , le papier & le parchemin deftinés à écrire les aûtes publics , furent marqués en tête d’une fleur delis, & intitulés de la qualité & formule de late auquelil devoit fervir; on y marquoit même en tête 8 même dans les commen- çcemens, le nom du quartier danslequel 11 devoit fer- vir ; précaution qui fut établie pour prévenir plus fieurs faufletés qui peuvent fe commettre À l'égard des dates. Cette précaution futile fut dans la fuite retran- chée à caufe que le papier ou parchemin timbré pour un quartier ne pouvoit pas être vendu pendant le cours du fivant fans marquer la date de ce nouveau quar- ter, ce qui caufoit quelque embatras aux fermiers du timbre. Le 3 Avril 1674, le roi en fon confeil d'état, ft un réolement pour l'ufage du papier 8 parchemin ambre; ce reglement qui eft divifé en vingt articles, exphiquenommément quels aétes doivent être écrits fur papier où parchemin rimbrésl feroit trop long d’en faire ici le détail ; il fuffit de dire que ce font tous les aftes émanés des officiers publics, & ce qu'il eft fur tout important d’obferver , c’eft que ce réglement prononce la peine de nullité contre lefdits aftes pu- blics qui feroient faits fur papier où parchemin com- mun. Ce réglement a été enregiftré dans les diffé- rens parlemens & autres cours , & 1l s’obferve à la rigueur, Plufeurs cours ayant fait des remontrances au Âujet de ce réglement, le droit établi fur le parier &c le parchemin timbré fut converti par édit du même mois d'Avril 1674, en un autre fur tout le papier & parchemin qui fe confomme dans l'étendue du royaume. La perception de ce nouveau droit fut différée par arrêt du confeil du 22 Mai 1674; &c par un autre ar- rét du confeil du même jour , le réglement du 3 Avril 1674 fait pour l'uface du papier & parchemin simbré fut confirmé , &t en conféquence ordonné que les timbres & aétes différens auxquels le parier étoit deftiné feroient fupprimés , & qu’à l'avenir au lieu d'iceux, tout le papier aui feroït confommé par les officiers 87 miniftres de juflice , feroït marqué d’une fleur de lis, 8&c timbré du nom de la généralité où il devoit fervir. - Au mois d’Aoùût de la même année le roï donnaun édit par lequel il révoqua pleinement celui du mois d'Avrilprécédent, portant établiffement d’une mar- que générale fur tout le papier & parchemin pour continuer l’ufage du papier & parchemin timbre, fup- prima les différens timbres établis pour chaque for- PAP 865 mule où modele d’aête, & ordonna que tous off: ciers 8 mimifires de juflice , & autres aflujettis par fes précédens édits, déclarations & réslemens à lus fage du papier & parchemin timbré , {e {erviroient ME Eu commencer du 1 Oétobre 1674, de papier 8e Par: chemin timbré, qui feroit feulement marque d’uné fleur de lis & du nom de la généralité dans laquelle il devoit être employé, &c les droits en furent arr: tés, non plus felon la qualité & la nature dés actes, mais felon la hauteur & la largeur du papier, En exécution de cet édit, on commença aù pres mier Oétobre à fe fervir de papier & parchemin timbré peur les aétes publics. | Jen ai vu de timbré d’une fleur de lis, avec ces mots au-tour , généralité de Moulins , fur un exploit fait dans ladite généralité le 3 Novembre 1674. Il ÿ à néanmoins encore plufieurs provinces dé ce royaume dans lefquelles la formalité du timbre n’a jamais eu lieu; telles font la province d'Artois , la Flandre françoïfe, le Haynaut françois, la princi- pauté d’Arches &c de Charleville | dont le territoire comprend la ville de Charleville, Arches qui en eft le fauxbourg, & environ vingt-quatre villages. Il en eft de même dans la Franche-Comté , lAlface & le Rouffillon. Il n’y en a pas non plus à Bayonne, ni dans lé pays de Labour. Îl y'a aufi trois principautés enclavées dans la France dans lefquelles on ne fert pas de papier ni de parchemin timbré; favoir la principauté fouveraine de Dombes, celle d'Orange & celle d'Henrichemont & de Bois-Belle en Berry, On ne fe fert pas non plus de papier ni de parchez min timbré dans les îles françoifes de l'Amérique , comme la Martinique, la Guadeloupe, la Cayenne, Marigalande , Saint-Domingue & autres, ni dans le Canada &c le Miiffipi. Quoiqu'en général tous les officiers publics royaux ou autres, foient obligés de fe fervir de pa: pier t parchemin timbré dans les lieux où il eff établi, il y a néanmoins quelques tribunaux ôù l’on ne s’en fert point, quoique la formalité du timbre foit étas blie dans le pays. 1°. On ne s’en fert pas pour les mémoires ou requêtes que l’on ptéfente au confeil royal des finances, & même les arrêts qui s’y ren- dent, s’expédient auffi en papier & parchemin com- mUN ; Mais quandle confeil ordonne que les mémoi- res ou requêtes feront communiqués aux parties ina téreflées , alors la procédure fe fait à l'ordinaire , & tout ce qui fe figniñe doit être fur papier rimbré, 2°. On ne s’en fert pas non plus dans les bureaux extraordinaires du confeil , lorfque la commiffion porte que l'inftruétion des affaires qui y font ren- voyées, fe fera par fimples mémoires & fans frais, 3°. Les requêtes que lon préfente à MM. les marés chaux de France pour les affaires d'honneur qu'ils jugent en Phôtel de leur doyen , fe donnent auf fur papier commun. 4°. Les confuls , vice-confuls & chanceliers, & autres officiers refidant dans les villes & ports d'Ef- pagne , d'Italie, de Portugal , du Nord, des échel- les du Levant êc de Barbarie , ne fe fervent auffi que de papier commun, même pour les aétes qu'ils en= voient en France , parce que lajurifdittion qu'ils ont dans ces paysn’étant que par emprunt de territoire , ils ne peuvent ni fe fervir de papier timbré de France, ni de celui de puiflance étrangere , dans le territoire de laquelle 1ls ne font que par emprunt. ' s°. Les ambaffladeurs, envoyés, agens ; réfidens & autres minuftres des princes étrangers auprès du roi de France , ne fe fervent pour les aëtes qu'ils font ni du papier rimbré de leur pays, ni de cehu de France , mais de papier commun, pal 6°, De même les ambaffadeurs & autres mimiftres 86 PAP du roi de France dans les payséétranbers ne fe fer- - vent que de papier commun, . ° Onne {e fert point de papier mi de parchemin zimbré dans les confeils de guerre, mème lorfque Pon y juge à mort quelqu'un pour délit militaire. 8°. On ne s’en fert point pour les affaires quis’inf- _truifent au confeil fouverain de Dombes, quifetient à Paris chez le prince de Dombes par emprunt de territoire. 0°. Les officiers des confeils des priñces apana- piftes, comme ceux de M. le duc d'Orléans , expé-- dient en papier commun tous lesaétes qui fe font dans Île confeil , quoique ces aétes foient authentiques, &z les quittances du fecrétaire des commandemens paf- {ent à la chambre des comptes fur papier commun. Les resiftres des hôpitaux, tant de Paris qu'autres lieux, mème ceux des baptêmes, mariages, fépultu- res, {e tiennent en papier commun , depuis le r Jan- vier 1737, article 15. de la déclaration du 9 Avril 1736 ; mais les extraits doivent êtreen papier timbré, art. 29. on relisieufes tiennent aufli leurs deux reviftres de vêture, noviciat & profeflion en papier commun , article 25. 1h1d. Suivant l’article 1, un des originaux des regiftres, baptêmes, ondoyemens, cérémonies du baptëme, mariages & {épultures , doit être en papier commun, La décharge de l'apport des regiftres fe donne en papier commun, 19. 1bid. 6 20. _ Voyez l'article 37. qui permet de mettre au greffe des expéditions en papier commun. Article 38. Les états feront en papier commun. Quoique le timbre ne foit qu'une formalité, 1lne laïfle pas d’y avoir plufeurs chofes à confidérer pour déterminer fur quelle forte de papier on doit écrire les aétes publics. En effet, on diftingue dans les aétes trois fortes de formalités, qui fe reglent chacune par des lois diffé- rentes. _ Il y a des formalités qui habilitent la perfonne, c’eft-à-dire qui lui donnent la capacité de contraéter, comme l’autorifation du mari à l’égard de la femme dans les coûtumes où elle eft requife , le confente- ment du pere qui eft néceffaire en pays de droit pour faire valoir l'obligation du fils de famille en pays de droit écrit : l’'obfervation de ces formalités &c autres femblables fe regle par la loi du domicile des per- Tonnes qui s’obligent, parce que ces formalités ont pour objet de leur donner la capacité de contraéter qui dépend de la loi du domicile, Il y a d’autres formalités qui concernent la fubf- tance de l’a&te , telles que l'acceptation dans les do- nations, qui eft une condition que la loi de la fitua- tion impofe aux biens dont on veut difpofer : auf ces fortes de formalités fe reslent-elles par la loi du lieu où les biens font fitués. # La troifieme efpece de formalités eft de celles qui ne concernent que la forme extérieure des ates : telles font toutes celles qui ne fervent qu’à rendre Vaéte probant ou authentique , comme la fignature des parties , celle des officiers publics & des témoins, lPappoñition du fceau , Le contrôle , l’infinuation , & autres femblables. Ces formalités extérieures ne fe reglent point par {a loi du lieu où les biens font fitués , ni par la Loi du domicile des parties, ni par celle du lieu où les officiers publics qui reçoivent Les aétes font leur réfi- dence ordinaire, mais par la loi du lieu où l’aéte eft aflé , & cela fuivant la maxime, locus regit aëlum , qui eft fondée fur la loi 3. au digefte de seflibus, fur la loi 1. au code de errtencip. liber. &t fur ce que dit M. Ch. Dumoulin {ur la loi. au code Zy. 1. sir, I, Verbo conclufiones de flatuus. Aus flatutum , dit-il, loquitur de his que concernunt nudam ordinationem, vel Jolémnitatem aëtis, € femper infpiciuur flammm vel confuetudo loci ubi attus celebratur , Jive in contratlibus, Jive in judictis, five in teflamentis, five in inftrumentis aut aliis conficiendis. - rare [ny arcertainement rien qui foit plus de la forme extérieure des aêtes que la qualité du papier où par:. chemin fur lequel on les écrit ; foit qu’on ne confi- dere que Le papier même, fi latte eftécrit fur papier OU parchemin commun ; foit que lon confidere la marque du timbre, s’il eft écrit fur papier timbré : car le papier eft le parchemin & le timbre que lon y ap- pote, ne font point de la fubftance de Patte, purfqu'il pourroit fubfiiter fans cela. ; C’eit pourquoi lon doit fuivre l’'ufage du lieu où fe pañlent les aêtes pour déterminer s'ils doivent être écrits fur papier Où parchemin timbré , ou s'ils peuvent être écrits fur papier ou parchemin commun. Aïnfi les notaires, grefñiers, huifiers, & autres officiers publics doivent écrire fur du papier ou par- chemin timbré les aûtes qu'ils reçoivent à Paris , & dans les autres endroits où la formalité du timbre eft établie. | Ilsne peuvent même pas fe fervir indifféremment detoute forte de papier où parchemin timbré , il faut que ce foit du papier ou parchemin rimbré exprès pour le pays, & en particulier pour la généralité dans la- quelle ils reçoivent laéte : enforte qu’un aéte publie reçu en France doit non-feulement être écrit fur du Papier Où parchemin timbré d'un timbre de France, & non fur du papier marqué du timbre d’un autre état, mais 1l faut encore qu’il foit écrit fur du papier sim- bré pour la généralité dans laquelle ileft reçu, y ayant autant de timbres différens que de généralités, Au contraire fi Pacte eft reçu dans un état ou une province dans lefquels le papier ni le parchemin rim- bré ne font point en ufage, comme en Flandre , em Haynant , &c. l'officier public qui reçoit l’aéte, doit l'écrire {ur papier où parchemin timbré commun. Néanmoins un aéte écrit fur papier où parchemin cimbré dans un pays où la formalité du timbre n’eft pas établie , ne feroit pas pour cela nul, parce que ce qui abonde ne vitie pas. | Les officiers publics qui ont leur réfidence ordi- naire. dans un heu où l’on ne fe fert point de papier cmbre, ne laiffent pas d’être obligés de s’en fervir pour les aétes qu'ils recoivent dans les pays où 1l eff établi. Er vice verfé , les aétes publics reçus dans des pays où le papier timbrén’a pas lieu, doivent être écrits {ur papier commun, quénd même les officiers publics qui les reçoivent auroient leur réfidence ordinaire dans un lieu où l’on {e ferviroit de papier simbré. à Ainf les notaires d'Orléans & ceux de Montpe lier , les huuffiers à cheval & à verge au châtelet de Paris, &t autres officiers publics qui ont droit d’inf- trumenter par tout le royaume , doivent écrire les actes qu'ils reçoivent dans chaque lieu fur du papier marqué du timbre établi pour le lieu, ou fur du pz- pier commun , fi le timbre n’eft pas établi dans le lieu où 1ls reçoivent l’aête. | De même un confeiller au parlement ou de quel- que autre cour fouveraine, qui feroit commis par fa compagnie pour aller faire quelque vifite, procès- verbal, enquête , information, ou autre inftruétion, dans une province du reflort dans laquelle le papier eft marqué d’un timbre différent de celui de Paris, comme en Picardie, en Champagne , ou en Tourai- ne, &c. feroit obligé de fervir du papier du lieu où1l feroit l’inftruftion , & par la même raifon pourroit fe fervir de papier commun pour les aétes qu'il feroit en Flandre, en Haynaut , &c. ow autres provinces, dans lefquelles 1l n’y a point de papier timbré. Et lorfqu'un officier public qui a commencé un acte dans une généralité le continue en d’autres gé=. P À P néralités ou provinces, foit par droit de fuite, foit en vertu d’une commiflion particuliere ou autre droit, comme il arrive quelquefois à l'égard des inventai- res, procès-verbaux de vite, &c. l'officier doit pour chaque partie de l’aéte qu'il reçoit fe fervir du papier ou parchemin timbré pour le lieu où il reçoit cette par- tiede l’aéte, quand même le commencement de l’aéte feroit fur du papier marqué d’un timbre différent, parce que ces différentes parties font proprement autant d’aétes particuliers qui doivent être reçus cha- cun felon la forme ufitée dans le lieu où ils fe pañlent, & par conféquent être écrits fur du papier timbré pour le lieu où on les reçoit, & non pas fur du papier rim- bré pour.le lieu où on a commencé l’aéte. Ce que lon vient de dire, que toute forte d’aétes doivent être écrits fur le papier dont on fe fert dans le lieu où:1ls font reçus, s’entend non-feulement des minutes ou originaux des aétes , mais auffi des groffes, expéditions & copies collationnées ; fi elles {ont dé- livrées dans le lieu où laéte original a été recu, elles doivent être écrites fur du papier marqué du même timbre , où du-moins de celui qui eft ufité dans le pays au tems de l’expédition ; mais fi l'original a été reçu hors du lieu de la réfidence ordinaire de loffi- cier public dans un pays où le timbre eft différent de celui qui eft ufité dans le lieu de fa réfidence, les ex- péditions qu'il en délivre dans le dernier lieu doivent être écrites fur du papier marqué du timbre qui y a cours, parce que le fait de Pexpédition ou copie eft un nouvel aéte qui doit être reçu fuivant l’ufage aétuel du lieu où il fe pañe. Ainfi un notaire d'Orléans qui aura écrit fur du pe- pier timbré de la généralité de Paris late qu'il aura. reçu dans cette généralité, écrira fur du papier timbré de la généralité d'Orléans les expéditions ou copies qu’il délivrera de cet aéte à Orléans. Par la même raïfon, ce notaire d'Orléans qui aura écrit fur papier commun un aûte qu'il aura reçu en Flandre ou autre pays, dans lequel il n’y a point de papier timbre , {era obligé d'écrire fur du papier timbré de la généralité d'Orléans l'expédition qu'il en déli- vrera dans cette généralité. Par une fuite du même principe , toutes expédi- tions ou copies délivrées depuis Pétabliflement du timbre dans les pays où il a lieu, doivent être écrites fur papier timbré , encore que les minutes ou oripi- naux foient antérieurs à l’étabiffement du timbre & ayent été reçus fur papier commun, parce que l’ex- pédition ou copie doit être dans la forme ufitéé au tems où elle eft faite, fans confidérer en quelle forme eft l'original. Et comme toute expédition ou copie doit aufñ être dans la forme ufitée dans le lieu où elle eft faite, ainfi qu’on la déja expliqué ci-devant , il feroit à propos que les officiers publics fiffent toujours mention au- bas de la groffe , expédition ou copie, du jour & du lieu où ils l’ont délivrée , ce que la plüpart n’obfer- vent pas, fur-tout dans les groffes : néanmoins cela eft néceffaire pour connoïtre fi la groffe , expédition ou copie, eft dans la forme ufitée dansle tems & le lieu où elle a été délivrée ; car elle ne l’eft pas tou- jours dans le même tems , ni dans le même lieu , que la minute ou brevet original de l’aéte ; or l’on ne peut juger fi l’expédition eft dans la forme où elle doit être, fans favoir le tems & le lieu où elle a été délivrée : on peut auffi avoir intérêt de favoir la date d’une grofle , parce que s’il s’en trouve deux, celle qui a été délivrée la premiere a plufieurs droits & privileges que n’a pas la feconde : d’ailleurs il eft im- portant de favoir fi l'officier public qui a recu l’aûte avoitencore caractere d’officier public lorfqu’il a déli- vré l'expédition, & pour cela il en faut favoir la date : en un mot, il y abeaucoup d’inconvéniens à ne pas marquer la date & lieu des expéditions, & il feroit P A P 867 plus régulier de le marquer, puifque le fait de l'ex: pédition eft proprement un aéte particulier qui doit avoir fa date comme loriginal a la fienne , & que expédition doit être faite dans la forine ufitée dans le tems & le lieu où elle eft délivrée, C’eft encore une queftion de favoir fi dans un tems & dans un pays où le timbre a lieu on peut écrire un aëte public à la fuite d’un autre aéte auf public, reçu fur du papier ou parchemin non-timbré ou marqué d’un ancien timbre qui n’a plus cours. Cela fe pratique quelquefois pour faire mention fur la minute ou fur la grofle d’un aéte, d’un payement, d'une décharge , d’une réduétion, augmentation ou autre déclaration, qu'il efteflentiel d'écrire fur la&te auquel elle eft relative , auquel cas la nécefité de joindre le nouvel aéte à l’ancien d’une maniere qu’il ne puifle en être féparé , autorife à écrire le nouvel acte à côté ou à la fuite de l’ancien, quoique le pa- pier fur lequel on Pécrit ne foit pas dans la forme ufis tée au tems où l’on pañle Le nouvel aéte. Mais fi l’on écrivoit à côté ou à la fuite d’un ae ancien un nouvel aéte qui n’auroit aucune connexi- té avec l’autre , alors n’y ayant pas de néceflité de joindre ces aétes , il n’y auroiït aucun prétexte pour s’écarter des regles ordinaires ; ainfi, dans ce cas, lorfque le premier aûte auquel on en voudroit join: dre un autre, feroit écrit fur du papier non-timbré ou marqué d'un timbre qui n’a plus cours, on ne pourroit pas écrire le nouvel a@te fur ce même pz= prer, il faudroit l'écrire fur du papier rimbré de la for: mule aétuelle , autrement Paéte pourroit être aroué de nullité, pour n’avoir pas été écrit fur du papier de la forme ufitée au tems où 1l a été pañlé. Les notaires au châtelet de Paris fe font long-tems fervi du même papier & parchemin que les autres off: ciers publics ; avant 1673, ils écrivoient leurs aûtes fur papier où parchemin commun ; & depuis 1673, époque de l’établiflement du timbre, ils ont été obli- gés d'écrire tous leurs aétes {ur du papier ou parchez Tin timbre. | La formule du timbre a été changée plufieurs fois, mais la nouvelle formule que l’on introduifoit étoit umiforme pour tous les aétes publics, & les notaires au châtelet de Paris fe fervoient comme tous les au- tres officiers de papier Ou parchemin timbre de la for- mule ufitée au tems de la paflation de leurs aétes. Ce ne fut qu’en 1723 que l’on commença à établir un timbre particulier pour les aétes des notaires au châtelet de Paris : le roi par fa déclaration du 7 Déc. 1723 , regiftrée le 22 defdits mois & an, en fuppri- mant la formalité du contrôle, à laquelle ils avoient été aflujettis comme tous les autres notaires du royaume , ordonna par l’article ii. de ladite décla- tation , qu'il feroit établi des formules particulieres pour les papiers & parchemins timbrés qui feroient employés par lefdits notaires pour les brevets, mi- nutes & expéditions des aétes qui feroient par eux pañlés, laquelle formule {eroit imprimée à côté de celle de la ferme. L'article iv. ordonna que tous les aétes feroient di- vilés en deux clafles. La premiere compofée des aétes fimples, & qui fe paflent ordinairement fans minutes ; favoir, les procurations, avis de parens , atteftations, Ge. & autres actes qui font énoncés nommément dans ledit article, & qu’il feroit trop long de détailler ici. La feconde clafle , compofée de tous les autres actes non-compris dans la premiere claffe. L'article v. ordonne qu'il fera fait une premiere forte de formule pour les attes de la premiere claffe intitulée , aéfes de La premiere claffe, & que files par- ties jugent à propos qu'il refte minute de quelqu'un defcits ades , & qu'il leur en foit délivré des expé- 8638 P A P ditions, lefdites expéditions ne pourront ètre £utes que fur du papier de la mème marque. L'article vj. porte que les minutes des actes de la {feconde clafle feront écrites fur un papier, intitulé, minute des ailes de la feconde claffe : &t à l'égard des expéditions & grofles qui feront délivrées des aëtes, que la premiere feuille de celles qui feront faites en papier ; fera écrite fur un papier intitulé, premiere feuille d'expédition ; & que fi l'expédition contient plus d’une feuille, les notaires fe ferviront pour les deuxiemes &c autres feuilles à quelque quantité qu’el- les puiffent monter d’un papier intitulé , dewxiemes feuilles d'expédirions. | L'article vij. ordonne que les notaires fe ferviront de parchemin intitulé de même pour les gros ët ex- péditions, que les parties defireront leur être déli- vrées en parchemin. L'article vi. défend aux notaires au châtelet de Paris de {e fervir, à compter dupremier Janvier 1724; d’autres papiers & parchemins , que ceux de la nou- velle formule, leur enjoint deles employer luivant la nature des actes , 8& ordonne que cela foit pareïil- lement obfervé par tous autres ofliciers & perlonnes ubliques, qui prétendent avoir droit de faire des inventaires & partages dans la-ville &t fauxbourgs de Paris. L’arricle ix. ordonne que les expéditions & groffes dont la date fera antérieure audit jour premier Jan- vier 1724 , feront faites &c délivrées en papier ou par chemin timbrés {eulement du timbre ordinaire des formes, Enfin Particle x. porte que les quittances des rentes {ur l'hôtel de ville ou fur les tailles, perpétuelles où viageres , ainfi que les minutes , grofles &c expcdi- tions, des contrats qui ne feroient point encore paf- {és avant le premier Janvier 1724, foient pañlés êc expédiés fur le papier rimbré ordinaire des fermes ; & qu'il en foit ufé de même pour les copies colla- tionnées par les notaires des groffes & expéditions, dont ils n'auront pas les minutes. | Cette déclaration fut exécutée pendant fept an- nées ; mais l'embarras que la diftinétion du papier, felon la nature des aétes, caufoit aux notaires &c aux parties contrattantes , engagea le roi à donner une autre déclaration le $ Décembre 1730, resiftrée en la cour des aides le r$ du-même mois, qui fupprime, à commencer du premier Janvier 1731, les différen- tes formules dont l’établiffement étoit ordonné par la déclaration du 7 Décembre 1723, fur les différens actes & expéditions des notaires de Paris, Ten con- féquence commue lefdites formules en une formule uniforme, qui {era établie à compter du premier Jan- viér 172: fur tous les papiers & parchemins fervant aux aétes & contrats qui feront paflés à compter du- dit jour par les notaires de Paris, brevets, groffes ex- péditions, copies collationñées, êt extraits defdits actes" contrats, fans aucune diftintion des diffé- rens aûtes , n1 des premieres & autres feuilles, des groffés expéditions, copies collationnées ou extraits, laquelle formule fera intitulée, aéfes des notaires de Paris, & féra imprimée à côté du timbre ordinaire des fermes. La même déclaration ordonne que les groffes , ex- péditions , extraits ou copies collationnées des aétes &t contrats qui auront été pañlés par lefdits notaires de Paris, à compter du premier Janvier 1724, feront auffi fujets à la nouvelle formule. Les srofles, expéditions , copies collationnées &c extraits des actes & contrats dont la date fera anté- rieure-au premier Janvier 1724, font difpenfés de la nouvelle formule, ainf que les contrats &c quitran- ces des rentes de l’hôtel de ville ou fur les tailles, perpétuelles êc viageres, &auflitoutes autres quittan- x : D à juan 17, ces à la décharge de S, M. à condition toutes fois que P A P les pieces juflificatives du droit & des qualités de ceux qui donneront lefdites quittances , feront mifes fur papiers timbres de la nouvelle formule. Cette déclaration porte aufli que les empreintes des timbres de la nouvelle formule , tant du papier que du parchemin, {feront dépofées au greffe de lélec- tion de Paris, qui connoitra en premiere inftance des contraventions à {a difpoftion , & que les appels en feront portés en la cour des aides à Paris. Cette déclaration eft la derniere qui aït été ren- due à l’écard des notaires à Paris, & même concer- nant le papier timbré en général, & elle a toujours eu fon exécution. Les deux déclarations , dont on vient de rendre compte, forment une exception en faveur des no- taires de Paris, par tapport à ce que l’on a dit ci- devant que les officiers publics qui ont le droit d’al- ler recevoir des aétes hors du lieu de leur réfidence, &T même en d’autres généralités ou provinces , font obligés de fe fervir du papier ufité dans chaque pays pour les aétes qu'ils y recoivent ; car les notaires au châtelet de Paris qui ont droit d'inftrumenter par tout le royaume , peuvent , depuis les déclarations de 1723 & 1730, fe fervir par tout le royaume du même papier & parchemin dont ils fe fervent à Paris. Lorfque les notaires au châtelet de Paris vont rece- voir des aétes en quelque province , dans laquelle 1l n’y à ni papier timbré , n1 contrôle pour les aétes des notaires , comme en Artois, ils peuvent écrire Les aëtes qu'ils y reçoivent fur papier commun , parce qu'il n’y a rien qui les oblige à fe fervir en cette oc- cafion de leur papier particulier : s’ils s’en fervoient, Paéte n’en feroit pas moins valable, parce que ce qui abonde, ne vitie pas; ce feroit feulement une dépente inutile. Mais s’ils alloient recevoir des aftes dans un pays Où le papier timbre n’eft pas en ufage, &t dans lequel néanmoins le contrôle des actes des notaires auroit lieu , alors ils feroient obligés de fe fervir du même papier dont ils fe fervent à Paris, parce que n'ayant. été affranchis de la formalité du contrôle qu’au moyen du timbre particulier appolé au papier fur lequel ils écrivent leurs aétes, on prétendroit peut-être que leurs aétes y deviendroient fujets dans un tel pays, fi ces ates étoient écrits fur papier commun. Le papier deftiné à leurs a@tes leur eft tellement perfonnel, qu'aucun autre ofücier public ne pour- roit s’en fervir, mème dans la généralité de Paris dont ce papier porte aufh le timbre général, parce que l’autre timbre particulier qui y eft appofé avertit que ce papier ne peut fervir qu'aux actes des notaires au châtelet de Paris. Mais quoique les notaires au châtelet de Paris fem- blent être obligés par la déclaration du ÿ Décembre 1730 de fe fervir pour tous leurs aétes indiftinéte- ment de papier timbré de la nouvelle formule établie pour eux , il y a néanmoins quelques aëtes qu'ils peuvént écrire {ur du papier timbre feulement de la formule générale des fermes ; favor, 1°, Les oroffes , expéditions, copies collationnées, ê extraits des actes & contrats dont la date eft an- téricure au premier Janvier 1724 , lefquels font dif pentés de la nouvelle formule par la déclaration du s Décembre 1730. 2°, Les contrats & quittances de rentes fur PRO- tel de ville ou fur les tailles, perpétuelles ou viage- tés, & toutes autres quittances à la décharge de Sa Majefté, à condition que les pieces jufhficatives du droit & des qualités de ceux qui donneront lefdites quittances , feront mifes fur papier timbré de la nou- velle formule ; ce qui eft ainfi ordonné par la même déclaration du $ Décembre 1730. 3°. Les copies collationnées que les notaires dé- livrent des arrêts, fentences , & autres jugemens, êz 1 des des autrés aËtes qui ne font pas émanés du ihiniftete des notaires, Les re 22 4°, Les notaires au châtélét de Paris peuvent écrire Un acte, fujet au nouveau timbre, à côté où à la fuite d’un aéte précédent ; quoique reçu fur du papier tim- bré feulerent de la formule générale des fermes ou d’un timbre précédent | où même fur du papier com: raun, lorfque le nouvel a@e a une liaifon &une con: nexité naturelle avec celui auquel on le joint, commé lorfqu'l s’agit de faire mention fur Poriginal d'un acte , foit en minute où en brevet, ou fur la grofle, d'un payement, d’une décharge ; d’une réduéion, augmentation ou lautre déclaration, quil eft impor tant d'écrire {ur l’aéte auquel elle eft relative, ainfi que cela a été remarqué ci- devant par rapport à tous les notaires en général. | Par une fuite des principes généraux que l’ôn a établis à ce fujet, un notaire au châtelet de Paris ne pourroit pas à la fuite ou à côté d’un aéte ancien, recu fur du papier qui ne {eroit pas revêtu du timbre atuellement ufité, écrire un nouvel aéte qui nau- voit aucune connexité avec celui auquel on Le join: droit ; autrement le nouvel aéte pourroit être argué de nullité pour avoir pas été écrit fur du papier timbré de la formule particuliere , établie pour les actes des notaires de Paris, qui avoit cours au tems où le nouvel aéte a été pañlé. L’obfervation de la formalité du timbre dans les lieux &c les cas où elle eft requife , eft d'autant plus effentiellé, que les réglemens qui la prefcrivent ne Sont pas des lois fimplement comminatoires ; ils pro- noncent formellement la peine de nullité contre tous actes publics, qui devant être écrits fut papier Ou parchemin timbré, feroient écrits fur papier ou parchemin commun; enforte que l’on ne pourroit pas rendre valable un aéte public écrit fur du papier Ou parchemin Commun, en le faïfant timbrer après qu'il a reçu fa perfeéhon par la fignature des parties & des officiers publics, & cela même en payant aux fermiers du roi les droits & les amendes ; parce que le fermiernepeut remettre que fonintérêt, & ne peut pas relever de la peine de nullité ceux qui l’ont en- courue; car dès que la nullité eftencourue ; le droit de l’oppofer eft acquis à tous ceux qui peuventavoir intérêt d'empêcher l'exécution de:l’adte ;!& comme c'eft une maxime certaine, que lon ne peut préjudi- cier au droit acquis à un tiers, iline dépend pas du |: fermier de remettre la peine de nullité une fois en- courue par l’omiffion de la formalité du timbre. Mas pour mieux entendre quel eft l’efet de la peme de nullité prononcée par les réglemens qui ont établi la formalité du, timbre, il faut d’abotd'dif- tinguer les aétes contentieux des aétes volontaires, . Les aétescontentieux, comme les arrêts, fenten- ces, ordonnances, & autres jugemens, les enqué- tes, informations, procès “verbaux de vifite, fap- ports d'experts, les exploits & autres procédures & : inftruéhons qui fe font par le miniftere des officiers | de juftice, doivent fous: peine de nullité abfokue, | être écrits fur papier où parchemin timbré , dans les lieux où la formalité du: timbre eft établie, ainfi - qu'il fut jugé par arrêt rendu à la féance de la chame - bre des vacations en la conciergerie du palais le 26 : Oétobre 1753, furveille de faint Simon, faint Jude : : voici l’efpece de cet arrêt. | La demoifelle Robert, prifonniere pourdettés en la conciergerie, ayant demandé À cette féance fa li- berté, en fut déboutée; elle avoit afifté la plaidoirie de facaufeaufli-bien que fon créancier ; après la pro- nonciation de l’arrêt,elle lui donna un foufilet derriere le barreau : le fubftitur qui portoit la parole à cette féance pour M. le procureur général, ayant entendu le coup qui venoit d’être donné & le murmure que q .-£ela excita, rendit plainte de l'irrévérence commife Ter &I ) ” à = PAP 869 énvérs l'audience, & conclut à ce qu'il en ht ins formé, ce qui fur ainfi ordonné par la chambre; & comme ces {ortes de procès s’inftruifent fommairez ment, On entendit fur-le-champ les témoins qui aYoient vi donnér Île foufflet, d'A . Lorfqu'’on en étoit au recolement , le’ füibftitut s’apperçut que le grefier qui tenoit la plume, avoit par inadvertancé écrit toute la procédure fur du Papier commun ; il conclut à ce que toute cette pro= cédure füt declarée nulle ; & en effet il intérvint ar: rêt conforme à fes conclufions, qui déélara toute la: dite procédure nulle, & ordonna qu’elle féroit re- commencée , ce qui fut fait fur papier timbre, & cette feconde inftruétion ayant été achevée en bonne forme, la demoifelle Robert fut condamnée à faire réparation à l’audience, 6: gant | À l'égard des aétes publics volontairés, tels qué Ceux émanés des notaires, tabellions, Gc. il faut difinguer ceux qui ne font obligatoires qué d’une part, d'avec éeux qui font fynallagmatiques, é’eft:à: dire qui font refpeétivement obligatoires à l'égard de toutes les parties contraftantes. : Les aétes qui ne font obligatoires que d’üñe parts Comme une obligation, une quittance, & les actes qui ne forment point de convention, tels que les déclarations, les cérrificats, & autres attes de cetté nature, né font pas abfolumént nuls à tous égards, lorfqu’il léür manque la formalité du timbre : touté la peine de nullité paï rapport À cés fortes dattes ; eft qu'ils ne font pas valables comme aétes publics, & qu'ils n’ont aucun des éfets attachés à la publi- cité des aétes, tels que l'authenticité, l’hypotheque, lexécution parée; mais ils font quelquefois valables comme écriture privée. | | | En efñer, lorfque l’on ÿ à cbfervé la forme prefz crite pour les aétes fous fignature privée, ils font valables en cette derniere qualité, quoiquils éuffent été faits pour valoir comme attes publics. Mais fi ayant été faits pour valoir comme ades publics, ils ne peuvent valoir en cetré qualité faute de timbre, on à caufe de quelque défaut eflentiel dans Pobfervation de cette formalité ; & que d’un autre côté ces ates ne foient pas dans une forme telle qu’ils puiflent valoir comme écriture privées c’eft alors un des cas où ils font abfolument nuls aux termes des réglemens, L Par exemple, É uñ notaire recoit un teftament für papier commun , dans un lieu oùil devoit l’écrire fur dù papier timbré, ce teftament fera abfolument nul, & ne vaudra même pas comimé teftament olo= graphe, parce que, pour être valable en cette qua- lité, il faudroit qu’il fût entierement écrit & figné de la main du teftateur , au lieu qu'ayant été rectr par un notaire, ce fera le notaire ou un de fes clercs qui l’äufalécrit. | Lo De même, fi un notaire reçoit une ôbligation fur papier Commun, tandis qu’elle devoit êtredur papier timbré; elle ne fera pas valable , même comme pro- mefle fous fignature privée, parce qu'aux termes de la déclaration du roi du 23 Seprembre 1733 , reoif- trée en parlement le 14 fuivant & le 20 Janvier 1734, tous billers fous fignature privée, an porteur, à ordre ou autrément, caufès pour valeur en argent, font Aauls s fi le corps du biller n'efl écrit de la main de celui qui l'a figné, où du=-moins fi la fomme porcée au billes n'eféreconnue par une approbation écrite en coutes lettres auffi de [a main, | | Cetre déclaration excepte feulement les billets fous fignature privée, faits par des banquiers , régo= cians , marchands | manufacluriers , artifans ; fermiers , laboureurs ,vignetons , manouvriers, & autres de pareille qualité; à égard defquels elle n’exige pas que le corps de leurs billets foit entierement écrit de leur man; enforte que les SPHestIons ne devant Re À , tt£ 8 PAP notaires paf ces fortes de perfonnes, & réçues fur du papier commun , lorfqwelles devoient être fur: papier timbre, pourroient valoir comme billets fous fignature privée, pourvi que Vaéte fût figné de obligé. } ap Pour ce qui eft des aétes que les patties n'ont point fignés , faute de favoir écrire, ou pour. quel- que autre empêchement, ils font abfolumentnuls à tous égards, lorfque les officiers publics qui de- voient les recevoir {ur papier timbre, les ont reçus fur papier commun, & ces actes ne peuvent valoir même comme écriture privée , parce que Les aétes fous feing privé ne font parfaits que par la fignature des parties. ie _ À l'égard des aétes fyrallagmatiques , tels que: les contrats de vente, d'échange , de focièté, les baux, 8 autres actes femblables, qui obligent refpéétive- ment les parties contraétantes à remplir, chacun de leur part, certains engagemens, lorfqu'ils font re- çus par des officiers publics fur du papier commun, dans un lieu où ils devoient être écrits furupapier rimbré, ils font auffi abfolument nuls à tous égards, & ne peuvent valoir même comme écriture privée, encore que les parties contraétantes les euffent fignés, parce que pour former un aéte obligatoire: fynallag- matique, fous feing privé, il faut qu'il foit fait dou- ble, triple, ou quadruple, 6:c. felon le nombre des contraétans, afin que chacun puifle en avoir un par- devers foi,.ce que l’on appelle en Bretagne wrzau- tant ; &t-qu'il foit fait mention dans chaque expédi- tion que l’aûte a été fait double, triple, ou quadru- ple; ce qui eft tellement de rigueur, que Pomuiffion de cette mention fuffit pour annuller la convention. Cette regle eft fondée fur le principe, qu'une con: vention ne peut pas être valable, à moins que cha- que contraétant ne puifle contraindre les autres à exécuter leurs engagemens, comme 1ilpeut.être con= traint de remplir les fiens. , Pour mettre les contraans en état d’obliger/les autres d'exécuter leurs engagemens , 1l faut que cha- cun d'eux ait par-devers foi un titre contre lesautres ; car unattefynallagmatique fous feing privé qui feroit fimple, ne formeroit pas un titre commun, quoi- qu'il fût figné de.tous les contraétans , puifque cha- cun d'eux ne pourroit pas lavoir en {a poñleffion., & que celui entre les mains duquelil feroit, pourroit | le fairéparoître ou le fupprimer, felon fonintérèt, au préjudice des autres contraétans qui ne pourrotent | pas s’en aider. ») Or lorfqu’un aéte fynallagmatique a étérreçu ipar un officier public, pour valoir comme-aéte publie, & que néanmoins il ne l’a reçu que fur papitr com- | mun , foit par impéritie ou autrement, quoiqul dût le recevoir fur papier timbré , cet a£te ne peut:valoir ! que comme écriture privée, parce qu'ilen’a point | été fait double, triple, ou quadruple, éc::felon le | nombre des contraétans , 8 que par conféquent il | n’y eft-pas fait mention qu’il ait êté fait double-:on : triple, cc d’où il s'enfuit qu'il-ne peut: êtré fynal- ! lagmatique, & qu'il eft abfolument nul. En vain prétendroit-on qué la minute-descet aéte fynallagmatique devient un titre communidont:cha- : que. contrattant peut enfute lever desexpéditions , écipar -là fe procurer untitre pour «obliger Les au- - tres parties à exécuter l’aéte-de leur part: dès que : l'acte fynallagmatique n’a pas été reçu:par. l'efficier | public fur papier tmbré comme il devoit l'être, &, : que par l’omiffion. de cette formalité l’äéte-ne peut : valoir-comme aéte pubhc, loriginal deicet:aéte que ! l'officier public a retenu \par-devers hui,«nepeut ! être confidéré commeunewraie minute ,:quidoitrun titre.comman dont-.on piufle léver des expéditions, qui fervent de titre archacun des contraétans;-parce | - queloriginal n’étant passun acte public } mais feule- ! ment un. aéte privé fimple , il pouvoît être fup- primé par ceux entre les mains ‘defquels il étoit, 8. par conféquent ne pouvoit pas devenir obligatoire : . le-dépôt qui en a êté fait chez un officier, public: ne peut pas réparer ce vice primordial, m faite que les expéditions.qu’en délivroit l'officier publié, {er- viffent de titre à chacun des contraétans, parce que laéte étant nul dans le principe, nepeut être réha- bilité par la qualité du heu où il eft gardé, . Il faut néanmoins excepter de cette regle éértans aétes que les notaires peuvent recevoir.en brevet ; carfiices ates ont été faits doubles ow triples, felon le nombre des parties contraëtantes, ainfi que cela s’obferve ordinairement , &.que chaque double foi figné de la partie qu'il. oblige; ces aétes qui ne fe soient pas valables comme aétes publics, s'ils étoient écrits fur du papier où parchemin commun, dans un lieu où ils devoient Pêtre {ur papier où parchemin timbré, vaudroient du:moims commelécriture privée, parce qu'ils auroient sen eux toutesules ‘conditions méceflares pour valoir en-cette. qualité. n | En France , depuisiquelque tems, ona établi dans chaque généralité où. le papier timbré eft (en ufage, une papeterie pour y fabriquer exprès le papier que l'on deftine à être. imbré;êc dans leicorps dece pa: pier, au-lLeu de la marque: ordinarerouenfeigne du fabriquant ,1l y a au milieu de chaque feuilleunemar- que antérieur dutimbre.extérieurtqui doit y être appofé en tête. R 3 9 252 20 2h aubai! La France n’eft pas le feul pays où cetté marque intérièure du timbre.ait étéétable!,;:la! même chofe fe pratique dans plufeurs autres!évats 18 notam- ment dans la Lorraine &c/dans le Barrois cela: s’ob- ferve depuis plufieursannées. | mis Toutile papier qui fe fait danstces fabriques parti- culieres eft porté au bureau durtimbre ; & l’on n’en vend pont aux particuhers qu’on n’yait auparavant appoté le timbre extérreur de la généralité pour :la- quelle:ila été fabriqué.» => 2010006 arc iome : Suivant. l’ufage qui s’obferve@uellèment ,; la marque intérieure du timbre inferéeudansile corps du papier timbré ne paroït pas être abfolumient de leffence de la formalité ,| 8 à la rigueur al fufit que Le>papier fur lequetieft écrit l'acte public foitctumbré ‘au haut/de chaque: feuille du timbre ‘extérieur qui s'imprime-avec le pomçon où fligramme €t en effet les :oBciers: publics écrivent: quelqméfois leurs -aétes furdu papier: commun ,:8c fontenfuite timbrer chaquetfeuille avant derfigner &Sifaire figner lac- tes; onfait aufli rimbrer desrmémoires:,‘criées'ÿ en- :cheres,;r8t autres publicatronsoou jugemens impri- més quélon doit fignifer,& tous:ces difiérens adtes ainfi timbrés ne fontrpas: moins valibles querceux -qui fontécrits {ut du paper marqué, tantidu timbre -intérieurique de l’extérremm =) 225080 10850 , 200 —.1l feroit néanmoins à propos quedesiofficiers pu- blics ne puflent fefervir pour les détesiderleur mini- téréque de papiermarquéde lun: 85 lautreltimbre ; .catdoin que cette,répéntion dutimbte {owaimutile, «chacun de.ces deux timbresa fon utilité particuliete. HuuLe timbre ‘extérieur: imiprimérsauchant de chacie feuïlle; contribue À donner:à l’aéterle carattere d’au- :thentieité &\derpublicité, 8c:fait connotître à linfpe- : éhon:feule de latte, que: c’éftunaftepublicrérion une écriture privée. tBrs fe 1 0 «> casmarque intérieure du tihbré-quireftidans le icotps-du papier & faite. en même tems quellewpapier, fert àlaflurér quele papier étoit revémt du timbre extétieur lorfquerPaéter aété écrit, équ'ilon/a pas rététimbré après coupl/patce qténonerdélivre à sperfénie du papier dabmaué:pourhèrte trmbré qhe le-timbre n’y alt-éfeélivementsétél appofés -enforte “que larmarque intérieure du timbre,conftate d’ufe maniere plus fure lélrésidaritérde la formeide Patte, tr = d'E" the + BI 1 | \ CUT A ant yes Van À 39125 1949 19 22924712 Fe (A que le timbré extérieur qui pourroit frauduleufe- ment tre appliqué après coup, pour faire valoir un aéte auquel manqueroit ceite formalité. .: Mais ce qui eft encore plus important , C'eft que la marque intérieure du timbre peut fuppléer le timbre exterieur #il.mavoit pas été marqué, Ou bien s’il fe trouvoit efacé ou déchiré ; C’eft ce qui 4 été jugé récemment dans une affaire dont voici Vefpece. LA rot» RTL 1 Théophile Vernet, banquier à Paris, fut empri- fonné pour dettes en vertu de différentes fentences des confuls obtenues contre lui par le fieur le Noir fon créancier. Il interjetta appel de ces fentencés, Ët à la féance du 23 Décembre 1733, il demanda fä iberté, prétendant que toute la procédure étoit nulle , fous prétexte que exploit du. 6 Avril 1728, en quelque façon introduéhif de linftance, étoit écrit fur papier non-timbré ; 1l fit valoir la difpoñition des réglemens qui ont établi la formalité du timbre, lefquels prononcent la peine de nullité contre les actes émanés d'officiers publics, qui feront écrits fur papier commun. | LS SL APE) La copie de Pexploit en queftion n’avoit réelle- ment aucune rharque du timbre extérieur; mais Vernet, étoit forcé de convenir que le quarré de papier fur lequel elle étoit écrite, fortoit de la fabri- que des papiers deftinés à recevoir l'empreinte di timbre, car en le préfentant au jour on en voyoit diftinétement la marque : or, difoit le défenfeur du fieur le Noir , le pzpier de cette fabrique particuliere ne fert qu'au bureau du timbre, par conféquent ce neft pas la faute de lhuifier, mais des buraliftes, f le timbre n’y eft pas bien marqué, qu’il leur eft aflez ordinaire en marquant le papier d'oublier quel- quefois de renouveller Pencre que l’on met dans le poinçon ou fligramme du timbre, & de pañler une feuille , laquelle ne reçoit l'empreinte du timbre que par la compreffion du papier ; qu’en ce cas cètte em: preinte faite fans encre s’efface afemert, foit d'elle: même par la longueur du tems, foit en mettant le Papier fous prefle; que ce dernier cas fur -touf fe vérifie par l’expérience journaliere que nous avoris à l'égard des feuilles nouvellement imprimées, où les caratteres des lettres forment du côté de l’impref- fion autant de petites concavités qu'il y a de lettres, & de l’autre côté débordent & paroïflent en relief: mais que la feuille imprimée foit mife fous prefle, le papier redevient uni de part & d'autre, & il eft difiicile que l’on reconnoïfle la trace des cara@eres qui débordoient {oit d’un côté feulement {oit de tous les deux: net EURE | Le défenfenr du fieur le Noir ajoûtoit, que lorf= qu’on s’apperçoit que le timbre n’eft pas marqué ; on n’a que reporter la feuille aux buraliftes qui ne font pas difficulté de la reprendre; que lhuiffier en écrivant au dos de empreinte l'exploit en queftion ne s’en étoit pas apperçu; qu'il n’avoit pas examiné fi elle étoir plus ou moins marquée ; qu'il étoit dans la bonne foi ; qu’il falloit même obferver que Vernet n’avoit relevé ce moyen qu'après plus de quatre ans, c’eft-à-dire après s’être ménagé cette préten- due nullité avec le fecours du tems, ou plûtôt de la prefle; qu'auffi s’appercevoit - on afément que Ja place de Pempreinte étoit extremement polie > ce qui prouvoit qu’elle mavoit difparu qu'avec peine ; mais qu’il en falloit toujours revenir au pont de fait que le papier étoit émané du bureau du timbre ; que Vernet convenoit lui-même que le papier étoit forti de la fabrique particulière deftinée au timbre ; que dès-lors que cette fabrique ne {ért que pour les bu reaux du timbre, il n’y avoit point de nulkté , qu’il ny en avoit qu'autant que les prépofés à la difiri- bution du papier timbré pourroiert fe plaindre de la cntravention aux édits & ordonnances intervenus Tome XI; P'A P 87: à ce fijet; que puifque ces commis ne pouvoient f& plaindre, & qu’on avoit finis£ut aux droits du roi, le fieur Vernet étoit non-recevable: TRES Cette queftion de nullité ayant été vivement difcu- tée de part & d'autre, il intérvint arrêt ledit jour 23° Décembre 1732, qui joignit au fond là requête de Vernet. | 4 à -. Quelque tems après ;, Vernet s'étant potrvi fur le fondement du même moyen devarit M. de Gaumont, intendant des finances ; on mit zéant {ur {a requête. Enfin fur le fond de Pappel l'inftance ayant été ap- pointée au confeil, entre autres moyens que propos ioit Vernet, il o5poloit qué toute la procédure étoit nulle, attendu que l’exploitintrodu@if étoit fur Papier non timbré.. EL LÉO A ve La queftion de la validité de lexploit fut dé nou- Veau difcutée. La dame le Noir, au nom & comme utrice de fes énfans, ayant repris au lieu de fon ma- fi, fit valoir lés moyens qui avoiënt déjà été oppotés à Vernét. Elle ajouta que l'arrêt réndu coritre li à la féance du 23 Décembre 1732, étoit un débouté bien formel d’un moyen qui, 5'il eût été valable , au- roit dû dans le moment lui procurer fa liberté ; qu'à ce préjugé fe joïgnoit encore celui qui réfultoit du ñéane mis {ur la requête préfentée par ledit Vérriet à M, de Gäumont ; intendant des finances. ï Par aïtêt du 22 Août 737, fendu en la grande chambre, au rappoitde M. Bochart de Saron , lacour En tant que touchoierit es appels interjettés par Ver- het, mit les appellations au néant, drdontia que ce dont étoit appel, fortiroit fon pléin & eritier effet, condamna l’appellant en l'amende: en forte que l’ex- ploit en queftion a été joe valable, & que dans ces fortes de cas, la märqüe intérieure di timbre fupplée le timbre extérieur {oit qu'il n'ait pas été appolé, ou qu'il n’ait pas été bien marqné, & qu'il ait été effacé ou déchiré; | rs Ar! Éa marque intérieute dutimbre Eut dhnc préfimer que le papiér a recu le timbre extérieur, & par-là {ert à afluret que Padte à été écrit fur du papier qui étoit déjà revêtu du timbre extérieur, & non pas tim- bré après coup, ce qui ne laiffe pas d’être important > car puifqu'il eft enjoint aux officiers publics, fous peine de nullité des aêtes qu'ils reçoivent, d'écrire lefdits aétes für du papiér rimbré , Ceux qui font dépo- fitaires des poinçons du timbte ne doivent pas timbrer un acte écrit für du papier commun, loriqu’il eft déjà figné & parfait comme écriture privée ; pour le faire valoir après coup coitime écriture publique: on tolere que le timbre extérieur foit appofé fut un acte déjà écrit, ce ne doit être que furunatte qui ne {oit pas encore figné. C’eft pourquot 1l feroit à pro- pos daflujettir tous les officiers publics à n’écrire les attes qu'ils reçoivent que fur du papier marqué des deux timbres ; c’eft-à-dire de la marque dü timbre qui eft dans le corps du papier; & du timbre exté- rieuf qui s’imprime au haut dé la feuille > parce que le concours de ces deux marques rempliroit tous les objets que l’on peut avoir eu en vie dans l’établiffe: ment de cette formalité ; & la marqué intérieure du timbre écarteroit tout foupçon & toute difficulté, foit en conftatant que le papier étoit fevêtu dutimbre ex- térieur lotfque Pa@te y a été écrit, foit en fuppléant ce timbre extérieur sl ne fe trouvoit pas fur Patte. Mais cette précaution ne férviroit que pour les aétes qui s’écrivent fur du papier , & non pour ceux qui s’é< crivent en parchemin ; parce que la matiere du parche | minn'étant pas faite de main d’homme,on ne peut pas y inférer de marque intérieure , comme dans le papier dont la märque fe fait en même tems: lefquelles mar- ques intérieures, foit qu’elles reptéfentent le timbre ou lenfeigne du fabriquant, font fort utiles & ont fervi à découvrit bien des faufletés ; auf ÿ a-tl beaucoup plus d’inconvéniens àfe fervir de parche+ FTittÿ 832 P'A P LS lan ; min qu’à fe fervir de papier, non feulement parce que la deftination du parchemin ne peut pas être conftatée d'une maniere auffi füre que le papier ; mais encore parce que Le parchemin eff plus facile à altérer que le papier : en forte que pour nueux aflurer la vérité des actes , il feroit à fouhaiter qu’en les écrivit tous fur du papier. a % | . Les ordoñnances, édits 8 déclarations qui ont établi la formalité du timbre,ne fe font pas contentés d’ordonner que tous les aétes reçus par les officiers publics foient timbrés. L’ordonnance du mois de Juin 1680, rendue fur cette matiere, a difringué les aftes qui doivent être écrits en parchemin timbré 3 de ceux qu'il fuit d'écrire fur papier mbré, Cette diftin@&ion a été confirmée & détaillée encore plus particuliere- ment par la déclarationdu 19 Jun 1607. | . Cesréglemens prononcent bien une amende contre ceux qui Y contreviendroient ; Mais ils ne DONNE cent pas la peine de nullité comme les premiers ré- glemens qui ont établi la formalité du timbre en gé- nér al. Ainf un adte qui doit être en parchemin timbré ne feroït pas nul, fous prétexte qu’il ne feroit qu’en pa- pier timbré ; parce que tout ce qu'il y a d’effentiel dans la formalité, & qui doit être obfervé à peine de nullité, c’eft que l’aéte foit timbré : pour ce qui eff de la diftinéion des aëtes qui doivent être en parche- min , d'avec ceux qui doivent être en papier, c’eft un réglement qui ne concerne en quelque forte que les officiers publics, qui en y contrevenant, s’expofent aux peines pécumiaires prononcées par les régle- mens. : Il y anéanmoinsun inconvénient confidérable pour les parties qui agiflent en vertu de tels aétes, c’eft que les débiteurs, parties faifies ou autres perfonnes pour- fuivies en vertu de ces aétes écrits fur pépier simbré feulement, tandis qu'ils devroient être en parchemin rimbré, obtiennent fans difficulté, par ce défaut de formalité la main-levée des faifies faites füreux, fauf aux créanciers, ou autres porteurs de ces aftes, à fe mettre après en regle. Telle eft la jurifprudence que l’on fuit à cet égard. , Pour ce qui eft des aëtes qu'il fuffit d'écrire fur pa- pier timbré, & quelon auroit écritifur parchemin tém- bré, ou bien de ceux que l’on peut mettre fur papier ou parchemin commun, & que lon auroit écrit fur papier où parchemin timbrés , is ne feroient pas pour cela nuls, parce que ce qui abonde ne vitie pas. Mais il y auroït plus de difficulté f un aéte d’une certaine nature, étoit écrit fur du papier ou parchemin deftiné à des adtes d’une autre efpece ; par exemple, f. un notaire écrivoit fes ates fur du papier où par- chemin deftiné pour les expéditions des grefliers , & vice verfé ; dans ces cas, la contradiétion qui fe trou- veroit entre le titre du timbre & la qualité de Paéte, pourroit faire foupçonner qu'il y auroit eu quelque furprife, & qu’on auroit fait figner aux parties un afte pour un autre, où du moins, feroit rejetter l’aéte comme étant abfolument informe. De même sil arrivoit qu’un aéte paflé dans une gé- néralité fût écrit fur du papier où parchemin timbre du timbre d’une autre généralité, il y a lieu de croire qu'un tel afte feroit déclaré nul; & ce feroit aux par- ties à s’imputer d’avoir fait écrire leur ate fur du pa- pier qui ne pouvoit abfolument y convenir, &t qu’ils ne pouvoient ignorer être d’une autre généralité, puifque le nomde chaque généralité eft gravé dans le timbre qui lui eft propre, Et à plus forte raïfon un acte recu par un officier: public de la domination de France feroit-il nul, sil toit écrit fur du papier ou parchemin fur lequel feroit . appofé un timbre étranger, parce que le timbre établi par chaque prince, ne peut convenir qu'aux aétes qui fe pañent dans fes états, Les poinçons où empreintes du timbre font dépoz fés au greffe de l’éleétion de Paris, laquelle connoît en premiere inftance des contraventions aux régle- mens ; & l'appel va à la cour des aides. Foyez la de- claration du 5 Novembre 1730. Sur ce qui concerne le papier & parchemin timbré, on peut encore voir le recueil des formules, du fieur de Nicet , & la nouvelle diplomatique des peres DD, Touffain & Taflin, r. 1. où ces deux favans bénédic- tins ont eu la bonté de rappeller une petite differta- tion que je fis fur cette matiere en 1737, &c qu fut inférée au mercure de Juin de la même année. (4) PAPILLAIRE , er Anatomie, nom qu’on donne à une membrane Ou tunique de la langue, qu’on nom- me unique papillaire, membrane papillaire, ou corps Papillaire. Voyez LANGUE. La tunique ou le corps papillaire eft le troifieme téegument, placé fous la membrane extérieure qui ta- piile la langue &c la fubftance vifqueufe qui en ef proche par-deflous. | Men Elle eft remplie de nerfs qui viennent de la cinquie me &c de la neuvieme paire : au-deflus de cette tuni= que croiflent de petites éminences qu’on appelle pa- pilles ou éminences papillaires. Voyez MAMELON. Les fels & les fucs des corps agiflant fur ces émi- nences, occafonnent fur elles des ondulations qui fe communiquent dans l’inftant aux efprits contenus dans les nerfs qui les portent au cerveau. Voyez GOUT. PAPILLAIRES , PROCÈS , ( Anar.) font une dénomii nation que les anciens donnoient aux nerfs olfacifs, à caufe du lieu de leur diftribution. Voyez NERF 6: OLFACTIF. Le doéteur Drake penfe que ce nom leur convient mieux dans cette place que celui de nerfs, d'autant qu'ils paroïflent plutôt des produétions de la moëlle alongée, d’où les nerfs olfa@ifs tirent leur origine, que des nerfs diftin@s, de quoi font foi leurs cavités manifeftes, & leur communication avec les ventri- cules. Voyez VENTRICULE. PAPILLES oz CARONCULES PAPIELAÏRES DÉS REINS , (Anat.) {ont des amas de petits canaux uri- naires, joints enfemble dans la partie antérieure des * reins. Voyez REINS & CARONCULES. Elles fe terminent en corps tubuleux , ou tuyaux plus larges, qui répondent au nombre des papilles qui font ordinairement 12, & on les appelle :4yaux membraneux, parce qu’ils ne font quedes produétions de la cellule memibraneufe qu’on appelle Ze baffiner. Voyez BASSINET. Les papilles fervent à filtrer lurine féparée par les. aïteres, & à la précipiter par lestuyauxurinaires dans le baffinet. Voyez URINE. | La découverte des papilles nerveufes eft dûe aux modernes , & Malpighi paroït être le premier qui Les ait vues dans la langue & fous les ongles; ce font des éminences fenfbles, de différentes figures , qui s’ob- fervent dans toute la fuperfcie de la peau, & font le principal organe du toucher. Voyez TFoOucHER. : PAPILLON , f. m. (Æf£. rat.) les papillons font: des infetes aîlés; ils viennent par métamorphofe des chenilles qui ont au plus 16 jambes, ou au moins 8. Les ailes de plufieurs efpeces de papillons font très- remarquables par la beauté & par la varièté de leurs couleurs: certaines chenilles ont auf de belles cou-. leurs; mais on ne peut rien conclure des couleurs: d’une chenille pour celles du papilion qui doit être le: produit de fa métamorphofe. Tousles papillons ont 4 aîles, qui different de cel-, les de tout autre infeéte aîlé, en ce qu’elles font cou-. vertes d’une efpece de pouffiere ou de farine colorée, qui s'attache aux doists lorfqu’on la touche. Ces aï- les ont été appellées aÿ/es ferineufes ; mais on voit à Paide du microfcope que les molécules de cette pouf, v fiere font des lames. qui ont différentes fisutes, noû feulement fur des aîles de papillons de difiérentes ef- peces, mais auf fur divers endroits d’une même aïle. On à donné fort improprement à ces lames’ le nom de plumes, fans doute parce qu’elles font placées fur des aîles : le nom d’écaille leur convient mieux. El: les font plus où moins alon£ées;elles tiennent à laile par un pédicule: l'autre bout eft arrondi, ou échan- cré , ou dentelé plus ou moins profondément ; cepen- dant il y a de ces molécules de poufliere qui reflem- blent mieux à des poils qu'à des écailles , car ils ont une tige longue, déliée & divifée par le bout en 2 ou 3 filets. Toutes les lames des äîles des papillons {ont regulierement alignées, & fe recouvrent en paftie les unes les autres , comme les écailles de porflôns. Si on enleve les écailles de laïle d’un papillon, elle devient tranfparente , & elle perd fes couleurs; on y voit des nervures, & il paroïît que fa fubftance a quel- que rapport avec les taies des cruftacées. . Le corps des papillons a la forme d’une olive, plus ou moins allongée ; il eft compofé d’anneaux qui font fouvent cachés fous les grands poils & fous les plu- mes qu'ils portent; mais outre ces poils ou ces plu- mes, ils font couverts d’écailles femblables à celles des aïles: le corcelet eft placé au-devant du corps; les aîlesi& les jambes y tiennent.{Tous les papillons ont chacun 6 jambes, mais il y en a qui ne fe fervent que des 4 dernieres pour marcher ou pour fe foute- nir:les 2 premières, une de chaque côté, au lieu d’avoir un pié terminé par des crochets comme les 4 autres , n'ont que des poils au bout du pié; elles font fouvent appliquées contre le corps du papillon, & £achées entre de longspoils. .… Les yeux des papillons font placés de chaque côté de la tête, où ils forment une portion de fphere fail- lante, qui n’eft que la moitié d’une fphere, ou un peu plus ou un peu moins de la moitie ; 1ls font plus ou moins gros à proportion de la tête: L’enveloppe extérieure de ces yeux eftune forte de cornée luifan- te; on y voit fouvent des couleurs variées comme celles de l’arc-en-ciel , fur un fondnoir, brun, gfis, &c, On reconnoit à l'œil fimple que la cornée eft pointillée; mais parle moyen du microfcope, toute la furface de la cornée paroïit un réfeau à mailles ré: sulierement fymétrilé, & le milieu de chaque maille au lieu d’être vuide comme dans un vrai réfeau , eft relevé en boffe comme une petite lentille: chaque lentille eft encadrée dans une maille de matiere pa- pareille à la fienne, & de figure rettiligne à 4 côtés dans quelques yeux, & à 6 dans d’autres. Il eit vraif . femblable que ces lentilles font des vrais criftallins, & même il y a quelqu’apparence qu'ils font accom- pagnés de tout ce qui eft néceflaire à un œil complet. Les yeux des mouches, des fcarabées, &c de divers autres infeétes, ne different en rien d’efflentiel de ceux des papillons, On a calculé qu'il y avoit 3181 criftallins fur une cornée d’un fcarabé , plus de 8000 fur celle d’une mouche ; on en a compté 17325 fur chaque cornée d’un papillon : ce papillon autoit donc eu 346$0 yeux. | . Tousles papillons, & la plupart des autres infec- tes aîlés, ont fur la tête deux cornes auxquelles on a donné le nom d'antennes ; elles {ont mobiles fur les bafes, & elles fe courbent en defférens {ens , parce qu’elles ont grand nombre d’articulations. Les an- ‘tennes des papillons {ont implantées fur le deffus de la têre, près du bord extérieur de chaque œil. On peut divifer les papillons en 6 clafles, par des caraéteres tirés de la forme des antennes. Celles de la premiere clafle ont un diametre aflez égal depuis leur origine jufqu’à leur extrémité, & elles font ter- minées par une grofle tête, aflez femblable à celle d'une mafle d’armes : les naturaliftes les ont appel- lées en latin anrezne clavate. M, de Reaumur les a f] AP $73 hommées ansenres 4 malles owà boutèns. Un iorand nombre de papillons qui fe pofent pendant le jour fur des fleurs, ont de ces antèñnes, Celles de lafeconde clafle font communément plus courtes, parrapport à la longueur du corps du papil- lon, que celles de la chfle précédente; elles augmen: tent anfenfiblement de diametre depuis leur origine jufque tout auprès de leur extrémité ; là élles dimi= nuent tout-à-coup de groffeur, &c fe terminent par une pointe , d’où fort une efpece de petite houpe compofée de quelques filets, M. de Reaumur a donné à ces antennes-le noi d'antennes à maflne : des papile lons qui fe.foutiennent en volant au-deflus des fleurs fans qu’on les voye jamais s'appuyer deflus , &c qui font un bourdonnement continuel avec leurs aîles, ont de ces antennes en maflue. | Les antennes de latroifieme clafle different de cels les de la feconde, en ce qu’elles fônt plus larges qu’é: paifies, au lieu que les autres font plus épaifles que larges ; leur extrémité forme une pointe plus longue, & n’a pont de bouquet de poils: d’ailleurs elles font contournées, & reflemblent à des cornes de bélier: I ya des papillons communs dans les prairies, qui ont de.ces antennes en cornes de bélier. Les antennes de la quatrieme clafle font terminées par une pointe aiguë , aflez femblable à celle des an: tennes de la troifieme clafle ; mais elles en different en ce que peu au-deflus de leur origineelles pren nent fubitement une augmentation de groffeur qu’el- les confervent dans la plus grande partie de leur éten: due, c’eft-à-dire jufques affez près de leur bout, où elles fe contournent un peu pour.fe terminer en une pointe, aui quelquefois porte elle-même une autre pointe compoñce de plufieurs filets ou poils extré- mement délés. Plufeurs efpeces de très-gros papil- lons ont de ces antennes, qui font groffes auf, mais courtes à proportion de la longueur du corps de Pin: fe£té; M. de Reaumur les a nommées antennes prif- matiques, parce que la plus grande partie de leur étendue eft une efpece de prifme, qui a pour bafe un fedteur de courbe, Les antennes de la cinquieme clafle foût toutes ce les qui ont une figure conique très-alongée, dont la bafe tient à la têre de l’ifééte, ou celles qui au- moins ne font pas plus grofles près de leur extrémité que dans le refte de leur étendue. M. de Réaumur les a nommés arsennes a filets coniques & grénés, parce qu’elles font formées par une file de grains plus ou moins gros & plus ou moins ronds : ces antennes {ont auf pius ou moins longues. Les antennes de la fixieme clafle reflemblent à des plumes, auff les a-t-on appellées antennes en plumes. Elles font compofées d’une tige qui diminue de grof- {eur depuis fon origine jufqu’à Ba extrémité ; cette tige a {ur deux côtés oppofés des branches latérales : celles qui font environ au milieu de la tige ont plus de longueur que celles qui fe trouvent à l’origine ; celles de l’etrémité font les plus courtes de toutes: ces branches font inclinées vers la pointe de la tige. En les voyant au microfcope , on les trouve fembla- bles aux barbes d’une plume. Les antennes en plu: mes font plus belles fur les mâles que fur les feme- les ; elles font plus fournies de barbes qui fe foutien- nent mieux ,; & qui font plus longues: Le grand paon de nuit a des antennes en plumes. Plufieurs efpeces de papillons ont une trompeavec laquelle ils fucent les fleurs; cet organe manque aux autres, ou au-moins ils n’ont point de trompe appärente. Dans les papillons qui en font pourvus, elle eft placée entre les deux yeux, & roulées com me un reflort de montre ; il y en a de courtes qui ne forment qu'un tour & demi, ou deux tours de fpirale; les plus longues font plus de huit où dix touts ; mais ce rouleau eft en partie caché dans la 84 PAP tête. Lorfque le papillon s’eft pofé furune fleur pour fa fucer , 11 déroule fa trompe ie la fait entrer dans la fleur jufqu’au fond du calice, il la retire hors de la fleur , & l'y replonge jufqu’à fept où huit fois avant de quitter la fléur ; où 1l ne trouve fans doute plus de nourriture abondante pour pañler à une autre fleur. On voit des papillons qui infinuent leur trom- pe dans les fleurs en fe foutenant en Vair par Le moyen de leurs aîles fans s'appuyer fur la fleur. Ily a des papillons qui volent pendant la nuit,ou à l'entrée de la nuit, 8€ qui viennent fe brûler aux lu: muieres des chandelles pendant les {oirées chaudes de l'été; on les appelle phalenes ou papillons noëfurnes ; ils font en bien plus grand nombre d’efpeces que les papillons qui reftent tranquilles pendant la nuit, qui ne volent que le jour, & que lon nommé papillons diurnes. Pourquoi donc ces phalenes , qui femblent fuir la lumiere du jour ; viennent-elles à celles des chandelles ? M. de Réaumur a foupçonné que c’eft peut-être pour chercher leurs femelles, qu’elles peu: vent reconnoître à quelque figne lumineux, n’eft fenfible qu'à leurs yeux: plufieurs de ces phalenes volent auffi pendant le jour dans les bois, & l’on. croit que c’eft pour s'approcher de leurs femelles qui font cachées fous des feuilles: } Les papillons diurnes ont des antennes à bouton ; en maflue, ou en corne de bélier ; eelles des pha- lenes font prifmatiques , à filets coniques ou en plu: mes. M. de Réaumur a trouvé une trompe dans tous les papillons diurnes qu’il a obfervés ; mais il n’en a point vu dans plufeuts genre de phalenes. Parmi celles qui font pourvues d’unetrompe fenfible, les unes l’ont longue & applatie; les autres l'ont plus courte & plus arrondie: La figure & le port des aî- les font des caraéteres propres à faire diftinguer plu- fieurs genres de papillons. La claffe des papillons à antennes en mañle ou bou: ton comprend plus d’efpeces que les deux aütres clafles de papillons diurhes prifes enfemble ; C’eft pourquoi M. de Réaumur a divifé les papillons à an- tennes , à mafle ou bouton en cinq clafes , qui avec celle des antennes, en maflue, & celles des antennes en corne de bélier, font en tout fept clafles de pa- pillons diurnes. | La premiere clafle eft compofée dés papillons qui ont les antennes en mafle ou bouton, & qui tien- nent le plan de leurs aîles perpendiculaire au plan fur lequel 115 font pofés; le bord inférieur desaîles de deffous embrafle le deflous du corps ; ils fe fou- tiennent êc ils marchent fur fix jambes, le papillon blanc qui a quelques taches noires , & qui vient de la plus belle des chenilles du chou, eft de cette premiere claffe. | Les papillons de la feconde’clafle ne different de ceux de la premiere , qu’en ce qu'ils ne fé pofent & ne marchent que fur quatre jambes. … Les papillons de la troifieme claflé ne different-de ceux de la feconde ,. qu’en ce que les deux premieres jambes font conformées comme les quatre autres, mais fi petites, que l’on a peine à les appercevoir. La quatrieme claffe comprend Les papillons qui portent leurs quatre aïles perpendiculaires au plan de poftion, comme les papillons des trois premie- res claffes ; mais le bord des aîles inférieures de ceux de la quatrieme fe recourbe, embrafle , & couvre le deflus du corps: ils ont fix véritables jambes : cha- cune des aïîles inférieures a vers le bout extérieur de fa bafe un long appendice , qui femble former une queue, aufñ ces papillons font appellés papillons a queue : fi ce caraétere manquoit , les autres fuff- roient pour défigner les papillons de la quatrieme clafe. La cinquieme & la derniere des papillons eftÀ an- tennes à mafle ou bouton; elle renferme ceux qui ont P À P fix vraies jambes, & dont les aîles font paralleles au plan de pofition, ou au moins ne fe redreflent jamais aflez pour que les deux fupérieures s’appli- uent lune contre Vautre au-deflus du corps. La ER des aîles & du Bouton des antennes peut en= côre donrier des carafteres pour diflingrier Les papil: lons de ces cinq premieres claffes, Ceux de la fixieme ont des antenries en maflue;: ils infinuent leur trompe dans les fleurs en fe foute- nant en l'air , c’eft pourquoi on les appelle éperviers | &e on leur a arfi donné Le nom de papillonshourdons, parce qu'ils font du bruit en volant. Quand ils s’ap: puient , ils ont les ailes paralleles au plan de pofition; le côté intérieur de leurs aïîles eft plus court que l’ex* térieur , & léur corps fe térmirie par de longs poils en forme de queue. Fly à dans cette clafle un genre de papillon que lon peut nommer papillons-mouches parce que leurs ailes reflemblent en partie à celles des mouches, n’étant pas couvertes en entier dé poufhere* la partie qui refte à découvert , efttranfpa- rente, &t a fait donner à ces aïleslenom d’af/es virrées: La feptieme chffe comprend les papillons à anten: nes en cornes de bélier: Quoique les efpeces de phalenes foient beaucoup plus nombreufes que celles des papillons ditrnes, M: de Réaumur ne les à divifées qu’en fept claffes, mais 1} a indiqué Les caraéteres d’un grand nombre dé genres pour chacune de ces clafles. La premiere renferme les phalenes à antennes prifmatiques; elles doivent toutes avoir des trom- pes ; il y a de ces phalenes qui ne peirvent fe foute- nir en l’air fans agiter leurs aîles avec une grande vitefle ; elles font beaucoup de bruit en volant. Geux de la feconde clafle ont des antennes À filets coniques & une trompes +: | Les phalenes de la trôifiéme claffe ne different pas de celles de la feconde claffe par les antennes, mais on ne teur trouve point de trompe. | La quatrieme clafle comprend des phalenes qui ont des antennes en plumes & üne trompé. Les phalenes de la ciñquieme claffe ont auf des antennes en plumes’, mais elles manquent de trompe. Ea fixieme clafle comprend lès phalenes dont les femelles n’ont point d’aîles fenfibles. Enfin, la feptieme claffe renferme totis les papia lons dont les aïles reffemblent à celles des oïfeaux ; &T paroïflent compofées de véritables plumes: ils ont des antennes à filets coniques comme des phale: nes, cependant ils ne laiffent pas de voler pendant le jour : ils font une clafle particuliere, qui doit fe trouver à la fute de celles des phalenes. Les carateres de genres qui {e trouvent dans ces différentes clafles font tirés de la grandeur, de la f+ gure & du port des ailes ; de la forme &c de la gran: deur du corps ; de la longueur & de la figure des trompes, de fa firuéture des antennes, & des deux barbes ou cloifons charnues entre lefquelles la trom: pe eft logée, des hupes de poils qui fe trouvent fur le corcelet, & même fur le corps. Les différentes efpeces font diftinguées par les couleurs des papi/i lors; pat la difiribution de ces couleurs, 8 par quel- ques+uns des-caratteres précédens: Mais toute méthode arbitraire pour la divifion des produétions de la nature en clafles ; genres, Gr, eff fjette à érrer: en voici un exemple bien marqué ; lé port des aïles qui vient d’être donné comme un des principaux caracteres diftinétifs des papillons, n’eftpas le même pour le mâle & pour la femelle de certai- nes efpeces, de forte que le mâle fe trouveroit dans un genre, &c la femelle dans un autre; & ces deux genres feroient bien diflingués par les différences qui fe trouvent dans le port des aîles de ce mâle &c de cette même femelle. Cependant c’eft le comble de l'erreur dans une diftinéion méthodique de rappoæ ter à deux genres differens des animaux qui ne difie- tent que par le fexe. Pour éviter ce grand inconvé- nient dans la divifion méthodique des papillons, il faut obferver le mâle & la femelle dechaque efpece, & lorfquw'il y a des differences dansle port des aîles en faire mention , ou compofer dans chaque clafle des genres particuliers pour les efpeces de papillon, qui font dans le cas dont il s’agit. _ Les papillons étant fous la formede crhyfalides, ont toutes leurs parties très-molles ; elles nagent, pour ainfi dire, dans une liqueur qui doit les nourrir &: fortifier; 1l y à des papillons qui ne reftent en chry- falides que dix, quinze, vingt jours, 6:c. d’autres font en cet état pendant plufeurs mois, & même péndant une année prefqu'entiere. Lorfque les par- ties du papillon ont pris de la folidité dans la chryfali- de , il peut facilement déchirer lamembrane qui l’en- veloppe; au moindre mouvement qu'il fait au-de- dans elle {e fend, & le papillon fort par l’ouverture qu'il fe fait : plufieurs fentes concourent à former cetteouverture, & fe font toujours dans les mêmes endroits. La tête du papillon eft la prenuere partie qui paroiïfie hors de la dépouille; peu-à-peu 11 s’en. retireenentier , mais 1] lui faut dutems, caf 1l trouve de la difficulté à fe dégager des étuis qui envelop- pent chaque partie de fon corps enparticulier,&r qui ne laiffent pas de l'arrêter, quoiqu'ils foient tres- minces. Le papillon, au {ortir de fa dépouille , refte def- fus, ou ne s’en éloigne que très-peu; ce n’eft au’au bout d’un quart-d’heure ou d’une demi-heure que fes ailes ont toutes leur grandeur; elles font d’abord ex- ttémement petites, fans former aucun pli fenfible ; elles nont’quela cinquieme ou la fixieme partie de l'étendue qu’elles doivent prendre, mais elles-font font épaïfles ; à mefure qu’elles s'étendent, leur épaif- feur diminué; durant cette opération les aïîles fe contournent'en differens fens , & paroiflent diffor- nes ; l’infeéte les agite de tems-en-tems, &c les fait frémir avec vitefle : ce chifonnement &t cette diffor- mité ne font que pañlagers ; en un quatt d’heure ou üne demi-heure la forme des ailes eftréouliere, & l'étendue éomplette. On peut accélerer cette opé- ration en tirant doucement avec les doigts en diffe- rens fens l’aîle d’un papillon qui vient de quitter fes dépouilles ; on amincit & on agrandit cette aile en uninflant. Lorfque cet ägrandiffement fe fait avec lé tems néceflaire , l’aîle fe féche & {e durcit; elle fe durciroït même fans s’agrandir , & elle trouvoit des obftacles, &c ne pourroit plus s’agrandir après: c’eft ce qui arrive aux papillons , dont l’aile refte pendant quelque-tems en partie engagée dans la dé- pouille:; la portion de Païle qui eft expolée à Pair hors de la dépouille, fe chiffonne en s'étendant , & 4e féche fans avoir pu fe redrefler ; elle eft difforme pour toujours. Sir 5 2 Les papillons qui, fous la forme de chryfalide, font renfermés dans des coques de{ore., ou de quelqu'au- ‘tre matiere difficde à rompre. ont plus de peine à fortir de cette coque , qu'à {e débarrafler de leur ‘enveloppe qui eftau-dedans/de la coque ; & dont il ! -a-déja été fait mention fous lernom de dépozilles Par * exemple, il eft pas poflible que le papillon du ver ! “foie perce le cocon qui-eft compoié d'un tifiu de | foie, en le Comprimant où en lé frappant avec fa | tête ; cependant il n’a ni dents} mi! ferres pourle : “déchirer :ona cu quecé papillon-commençort par “humeéter avec uñe liqueur qui fortoit de fà bouche ; -Pendroit qu'ilavoit à enfoncer. avec Ha têre:s mais | On fait que d'autres papillons, quiont auf. des co- Ligues de foïe à percer , ne-les hümettent pas, :M.de FRéaumur a fouipeonné que ces papillons liment la co- ‘ue avec leurs yeux, qui en éflet font tarllés à facet- - tes , comme une forte de lime, Il ya des coques qui 5 P A P 875 font naturellement ouvertes par un bout commeune nañle, . | Les femelles des papillons, comme celles de pref que tous les autres infeétes,, font plus grofles que les mâles ; Le corps de ceux-ci eft plus petit & pluséfilé, &c leur partie poftérieure eft plus pointue. Ces dif- ferences font plus fenfibles dans Les phalenes que dans. les autres papillons ; 11 ÿ a des phalenes femelles. dont le corps eft une fois plus long que celui des m4. les, & encore plus gros à proportion de la longueurs, mais la plüpart des papillons, foit mâles , foit femel- les, fe reflemblent à-peu-près pour les couleurs des aïîles, Les femelles de quantité de genres de phalenes ne vivent que peu de tems ; elles fécondent leurs, œufs par lPaccouplement ; elles pondent , & elles. meurent fans avoir pris de nourriture ; auf n’ont- elles ni trompe , ni autres organes pour-pren- dre des alimens. Les papillons du ver à foie font un exemple de ceux qui perpétuent leur efpece fans prendre de nourriture. Les papillons femelles des, chenilles à oreille du ch£ne., ne volent jamais quoi- . qu’elles aient de grandes & belles aîles ; elles mar- chent au fortir de leur fourreaux; maïs elles ne vont. pas loin, car elles font lourdes & pefantes: elles reftent à deux ou trois piés au plus de diftance de leur dépouille , & attendent le mâle, qui, au con- traire , eft fort vif; 1l vole continuellement | mais dès qu'il rencontre une femelle ; 1! fe place ordinaï- rement à {on côté droit, de façon que les parties poftérieures de leurs corps foient aufi à côté lune, de l’autre; le mâle allonge & recourbe l’extremité de cette partie pour la joindre à celle de la femelle: Vaccouplement dure fouvent une demi-heure , & même quelquefois une heure. La femelle ne s’accou- ple ordinairement qu'une fois ; peu de tems après élle commence fa ponte; mais le mâle s’accouple plufeuxs fois. Les papillons des Vers à foie font po- {és dans l’accouplement , de façon qu’ils fe trouvent fur une même ligne , ayant les têtes tournées vers des côtés diamétralement oppoñés, 8z ne fetouchent que vers la partie poftérieure'de leur corps; le mâle agite fes ailes avec vitefle à diverfes reprifes.: Des papillons d'autres efpeces qui s’accouplent de la mê- me maniere reftent toujours tranquilles : :l-y en a qui fe pofent fur le corps dela femelle , & il arrivé qu'elle prend fon effort, & qu’elle emporte le mâle pendant laccouplement, D’autres font placés de fa- çon que leur corps fait un angle avec celui de la fe nelle, &c. ts Les œufs des papillons ont différentes formes; ceux de la plüpartfont ronds'ou arrondis ; il y en a ‘d’applatis , de fphéroides, de cylindriques, de co- niques , de cannelés, &c. On en voit qui reflem- LE -blent à des feomens de fphere ‘à des barrillets, des timballes ou marmutes fans pis, &c. leur couleur eft.ordinairement blanchâtre ou jaunâtre ; il y en a auf deplufieurs autres couleurs, 8: qui changent de couleurs en differens tems, -8c même de forme Der ÿ Tr € by à V = “ de colle dont ils font enduits ler {ortant de l'ovaire on enwvoit qui font enchäflés dans ceite colles pa exemple, ceux qui font rangés autour d’une petite branche d’arbre en forme dé bague ou de bre Eve et -; ts pe (D au ia à D ar ae) Lan 876 P À P | A: qui eft compofée de plufieurs rangs ; on y a compté depuis 300 jufqu'à 350 œufs. Il y a des papillons - qui enveloppent &c qui couvrent leurs œufs de poils pris fur eux-mêmes : ce qu’il y à de fingulier, c’eft que la partie poftérieure de leurs corps leur fert, pour ainfi dire , dé main pour placer les œufs en pa: quet , pour arracher Le poil de leur corps , pour en entourer chaque œuf, & pour en former fur le tas une couverture , difpofée de façon que la pluie coule deflus fans pénétrer jufqu'aux œufs. Mém. pour fervir à Phifl. des infeites , 10m. 1,6: II. Voyez CHENILLE , INSECTE. (7) | | PAPILLON , FLEUR EN, ( Boran.) les Botaniites appellent fewrs en papillon, ou papilionacees , celles qui ont quelque reffemblance à ces infettes lorfqu'il a les aîles étendues. Il y a quatre parties remarqua- bles dans les fwurs en papillon ; le vexillum ou Pé- tendart , qui eft un pétale ou un grand fegment droit; les deux aîles qui forment les côtés; le carina où eft le baffin qui eft un pétale ou un grand fegment con- cave reflemblant à la partie inférieure d’un bateau; ce baffin eft quelquefois d’une piece, & d’autres fois : left compofé de deux pétales ou fegmens, aflez for- tement attachés l’un à l’autre. De ce genre fontles pois , les fêves, les haricots, la vefce , & les autres plantes légumineufes. (D. J.) | PAPILLON, ( Monum. ang. & Méd.) le papillon eft dans les monumens, le fymbole de Pame, On voit à Rome un bas-relief de marbre, repréfentant un jeune homme étendu fur un lit, &c un papillon «qui femble , en s’envolant, fortir de la bouche de ce mort, parce que les anciens eroyoient aufli- bien que le vulgaire de nos jours, que lame fortoit par la bouche; c’eft ce qui fait dire à Homere, au IX. Liv, de l'Illiade, que quand lame a pañlé une fois la barriere des dents, elle ne peut plus rentrer. PAPILLONS , ez terme de marchand de rodes | font les extrémités du bonnet qui vont depuis loreille qufqu’au bec, plus où moins en arrondiant , felon la mode &c le nom du bonnet. PAPILLON, /e jeu de papillon ; ce jeu n’eft pas trop connu à Paris ; il ne lafle pas d’être fort amus fant & de demander quelque application; 1l eft d'un grand commerce. On joue au papillon au-moins trois perfonnes, 8 on ne peut guere être plus de quatre. 11 faut le jeu de cartes entier; c’eft un défavantage de faire , & c’eft toujours la plus baffle carte. Celui qui a mêlé les cartes donne trois cartes à chacun &c toujours une à une; quand on joue à trois , Comme c’eft l’ufage le plus ordinaire , on étend & on re- tourne fept cartes du deflus du talon; quand on joue à quatre on n’en étend que quatre, afin que le nom- bre des cartes du talon foït également jufte. Après avoir mis au jeu ce qu’on veut Jouer, le premier à jouer examine fon jeu, & prend fur le tapis les car- tes qu’il voit pouvoir convenir avec celles qu'il a. Il n’y a dans ce jeu que lesrois, les dames, les valets &z les dix qui puiflent être pris, & convenir aux cartes d’une même peinture. Par exemple, les rois par les rois, Les dames par les dames, &t ainfi du refte. Cependant, il eft de l’habileté du joueur, de pren- dre par une feule carte plufeurs de celles , qui font retournées fur le tapis , avec un dix, un quatre, un cinq qui y feroient ; puis aw’outre qu’on leve du jeu plufieurs cartes qui pourroient faire le Jeu des au- tres, on fe fait encore un plus grand nombre de car- tes qui peuvent fervir à gagner les cartes , qui font payées , comme les joueurs en font convenus ; mais 1] ny a que le premier qui eft à jouer qui puifle ufer de ce droit, fans cela le fuivant pourroit s’accommo- der des cartes qui font fur le jeu à votre préjudice, & par préférence. Une régle générale du jeu de papillon ; C'eft que P A P quand c'eft à un joueur à prendre , 1l ne peut le fairé a-moins. qu'il n'ait dans {on jeu une carte qui l’y au- torife, &c cette carte ne peut prendre du tapis qu’au tant de cartes qu'il en faut pour faire le nombre dont elle eft. Umhuit ne pourroit lever qu’un huit de deux qui feroïent fur le jeu; mais on pourroit prendre deux ou trois cartes avec ce huit, pourvi que leur nombre réunt ne fit pas plus de huit, coms me deux trois & un deux , un cinq & untrois , Gc. quand on a dans fon jeu plufeurs cartes pareilles à celles qui font fur le tapis, on n’en peut prendre qu'une , & chacun à fon tour. Celui qui eft en rang pour jouer le premier, n’ayant point dans fon jeu de cartesavec lefquelles il puufle en prendre du talon, doit étendre les cartes qu’il a dans la main, & payer au jeu un jetton pour chacun Quand tous Les joueurs fe font défaits de leurs trois cartes, foit par les levées qu'ils ont faites, foit qu'ils aient mis leur jeu bas , ces cartesne fe mêlent plus avec le talon, & reftent fur le tapis pour être prifes de qui peut s’en accommoder. Celui qui doit faire alors, prend &c mêlele talon & donne trois cartes à chacun fans faire couper; quand le talon eft épuifé, 8 quand toutes les cartes ont été diftribuées , celles dont les joueurs ont pù fe défaire reftant toujours {ur le tapis | comme nous l’avons dit ; celui qui peut arranger fon jèu le premier en jettant fes cartes 8 en en prenant d’autres fur le tapis, gagne la partie. Si deux Joueurs s’en défont dans le mème tems, le plus voifin à gauche de celui qui a donné les cartes gagne par préférence à l’autre, & celui qui a mêlé les cartes gagne de droit devant tous les autres joueurs, | Quant à la ie de payer , nous allons en dire tout ce qui nous fera poflble, de plus exaët & de plus conforme à lufage. Si celui qui étendies cartes a des as en main, il fé fait donner par chaque joueur autant de jettons qu'il avoit das; Ilen .eft de même des joueurs qui prennent des as du talon ; 1ls ont le même droit de fe faire payer un jetton chaque as ; mais celui qui en ayant déja un dans fa main en tire un autre du talon, 1} gagne deux jetons pour chacün. Chaque joueur: eftobligé de donner quatre jettons à celui qui avec un deux levé deux as du talon, fix à celui qui avec un trois leveroit trois as, & huit à celui qui avec un quatre leveroitles quatre as. Un joueur qui auroit trois cartes d’une même maniere & prendroit la quatrieme fur le tapis, gagneroït un jetton de chacun de fes compagnons. Celui qui gagne la partie ou eft le dernier à s'étendre, prend pour lui les cartes qui font fur le tapis &c s’en fert à gagner les cartes;quand il y a cinquante-deux-cartes dans le jeu, le jeu eft bon quoique ces cartes foient mal aflorties. Celwy qui a mal donné refait dès qu’on s’en apperçoit, & paye une fiche au jeu; tout joueur qu joue avant fon tour eft obligé de s'étendre. Lorfqw’il n’y a plus que trois cartes pour chacun au talon, celui quifait doit en avertir les joueurs. oh On doit toujours favorifer celui qui gagne,en pre- nant moins de cartes. | PETIT PAPILLON, au jeu de ce nom fe dit d’un coup , où un joueur dans le courant de la partie fait fes trois cartes, & gagne un jetton de chacun. PAPILLONNÉ, adj. er serme de Blafon ,fe dit d’un ouvrage à écailles; Arquimvilhers d’hermine, papillonne de gueules. PAPILLOTAGE,, f.m. serme ufité dans l’Imprime= rie, ce font certaines petites taches noires. qui fe font à peine remarquer, aux extrémités des pages & des lhipnes ; cela provient fouvent d’une platine liée trop lâche , ou du jet trop précipité du tympan, fur-tout fi les couplets foit ceux de la frifquette , foit ceux du tympan, font tropraifés ;le papier épais , lié ou battu eft fujet à papilloter, { on n’y apporte toute | l'attention | l'attention convenable ; la principale eff la facoh de tremper le papier. : 11 PAPILLOTE, L£ serme de Perrnquier } &e Lont de petits morceaux de papier, avec lefquels les Per- ruquuers enveloppent les boucles des cheveux qu'ils Ont frifés,, afin. que. ces boucles ne fe lÂchent poiati, & qu'elles puiflent fupporter l’aon du fer! fans être | endommagées par la chaleur. 34 Shan PAPIBLOTER ;défaur:d impreffion. Foyer PÂriz- LOTAGE., 1 + La même expreflion s'emploie anfi en peinture, On dit des ombres. 8x des lumieres, qu'elles papillor sert , Torfqu’elles {ont diftribuées les unes entrerles autres par petits efpaces, produifant {ur un tableau le même effet que des papillons de papier blane, éparfes fur uhe têteidont la chevelure eff noire. Si Pén éft placé fousun:veftibule , au bord duguel il y ait un canal d'eau, éclairé de la lumiere du {oc Jeil; l’image dela furface éclairée de ce canal ; pOt- tée au plafond du veftibule , le tapifiera d’une inf- nité de petits ronds de lumiere & d'ombre > vauile lans & mobiles, comme la furface de Peau , &C fafi- guant les yeux ; tel eftil’efet d’une peinture QUI pa puilorte. “sf | PAPIN , MACHINE DE. Voyez DIGESTEUR, - PAPINIANISEE, { m. (Grém. Jurifprud.) on ap- - pelloit ainfiautrefois ceux qui faifoient leur étude de droit, parce qu’ils s’occupoient cette année à lire des hvres de Papinien. sk D! PAPIO , £. m. ( Zoologie.) nom donné par les au- “teurs latins , à ces efpeces de finges que les Anglois appellent Baboons ; ce font eux qui ont de longues têtes. de chien avec de longues queues, & qui {ont du nombre des cynocephales. (D. J.) PAPIRIUS , GROUPE DE ( Seu/p. anrig. ) fameux grouppe de fculpture antique, qu'on voit peut-être encore à la vigne Ludovèfe, & qui repréfente un événement célébre dans l’hiftoire romaine , l'aven- ture au jeune Papirius racontée pat Aulu-Gélle, y. L. ch. îfe 2117 Tout le monde fait, dit M. l'abbé du Bog, que cet enfant étant un jour demeuré auprès de fon pére durant une afflemblée du fénat, fa mere lui ft plu- fieurs queftions à la fortie, pour favoir ce qui s’y étoit dit, chofe qu’elle n’efperoït pas apprenñdré de fon mari; cependant elle ne put jatnais tirer de fon fils qu'une réponfe, laquelle ne lui permettoit pas de douter, qu'il n’éludät la curiofité, Le fénat ré pondit-1l conftamment, a délibéré, fi l’on donnetoit deux femmes à chaque mari, ou detix maris à cha- que femme ; c’eft cet incident qui a donné lieu au proverbe latin, curie capax pratexte , qu'on em ploie en parlant d'un enfant qui a beaucoup plus de difcrétion qu’on n’en doit avoir à {on âge. Aucun fentiment ne fut jamais mieux exprimé que la curiofité de la mere du jeune Papirius. L’ame de cette femme paroît être toute entiere dans fes Yeux, qui percent fon fils en le careflant. L’attitude de tou- tes les parties de fon corps, concourt avec fes yeux, êt donne à connoître ce qu’elle prétend faire. D’une main elle carefle {on fils, & l'autre main eft dans la contraétion ; c’eft un mouvement naturel À ceux qui veulent réprimer les fignes de leur inquiétude prêts à s'échapper. Le jeune Papirius répond à fa mere avecune complaifance apparente ; mais il eft fenfi- ble, que cette complaïfance n’eft cwañfe@ée, Quoi- que fon air de tête foïit naif, quoique fon maintien paroïfle ingénu , on devine à {on fourire malin, qui m'eft pas entierement forme, parce que le refpe& le contraint, comme au mouvement de fes yeux fenf- blement gêné, que cet enfant veut paroïtre vrai, mais qu'il n’eft pas fincere ; où voit qu'il promet de dire la vérité, &r on voit en même-tems qu’il né la dit pas. Quatre ou cinq traits que le fculpteur a fu Tome XI. P À P 87 placer fur fon vifage, je ne fais quoi qu'on remarque dans laétion de fes mains ; démentent la naïveté & la fincérité qui paroiflént d’ailleurs dans fon pelle ëc fur fa phyfionomie. (D. 2 ren ne hi: 22, PAPIRIUS AGER, (Géog. arc.) territoire dits talie, aux environs de Tufculum. Feflus pente que ce territoire pourroit aÿoir donné le nom À la trbu Papirieñne:’ PE | È PAPISME, PAPISTE., fm. (Gran. & Hip. 7104.) noms injurieux que les Proteftans dAllemapre & d'Angleterre donnent au Catholicifme8c'aux Catho- liques roméns, parce qu'ils réconnoïflent Je pape commé chef de lEglife. dei À PAPO , (Æf. nat. Botan.) arbre des Indés'ofen. tales , il -eft de moyenne hauteur ; fes feuilles ref. femblent à celles du figuier. Son frunt fort comme le coco du haut du tronc, immédiatement au-deflous des branches ; il a la forme d'une fione, mais ef beaucoup plus gros ; il eft divifé par côtes comme certains melons du goût defquelles fa chair appro= che. | : PAPOAGE,, f m. biens qui viennent du pére où de layeul , en général lés biens qui viennent par droit de parenté, Papoage Vient de œuemce, ayeul. PAPOUL , SATNT ( Géog. mod.) en latin du moyen âge ; Sandi Papuli fanum où Pappulum , & quelquefois Pzppolum ; petite ville de France dans le’ haut - Languedoc, avec un évêché fuffrasant de Touloufe, érigé en 13r7. Elle eft fur la Lembe À 12 lieues S, E. de Touloufe, 3 E. de Caftelnaudart, 6 N.O. de Carcaflonne , 164 de Paris. Long. 19.46. lat. 43. 20. Le pape Jean X XII. érigea én évêché l'an 1317 l'abbaye de S. Papou! , qui n'avoit été qu'une fimple paroïffe dans fon origine : il ÿ nomma pour premier évêque Bernard de la Tour » Qui étoit alors abbé’; voulant que fon fuccefleur à cet évêché fût el par les religieux de l’abbaye , & par les chanoines de Pé -glfe de Caftelnaudari, qu'il avoit auf érigée en col- iégiale. L’évêché de S. Papoul vaut environ trente “mille fivres, 8 comprend feulement cinquante - fix aronftes. PAPOUS , LA TERRE DES (Géog. mod.) on nom: me ainf du nom de fes habitans , la nouvelle Guï- : néc. Foyez GUINÉE. , _ Ce pays des Papous où Papouas, découvert > dits on, par Saavedra , paroït être une des patties des plus méridionales des tèrres Auftrales. Selon le Mai. re, les Papous font très-noirs, fauvages & brutaux; ils portent des anneaux aux deux oreilles ; aux deux narines , & quelquefois aufli à la cloifon du nez , & des bracelets ausdeflus des coudes & aux poignets ; ils fe couvrent la tête d’un bonnet d’écor- ce d'arbre peinte de différentes couleurs ; ils font puiffans &e bien proportionnés dans leur taille ; ils ont les dents noires, aflez de barbe, les cheveux noirs, courts & crêpus, qui n’approchent cepen- dant pas autant de la laine que ceux des négres ; ils ‘font agiles à la courfe ; ils Le fervent demaflues & de lances, de fabres & d’autres armes faites de bois durs, Pufage du fer leur étant inconnu ; ils fe fer- vent auffi de leurs dents comme d'armes offenfives + & mordent comme les chiens. Ils mangent du betel & du piment , mêlé avec de la chaux. Les feñimes ont affreufes , elles ont de vilains traits, de longues mamelles qui leur tombent fur le nombril , & le ventre extremement gros. ( D. J.) PAPPENHEIM, PIERRE DE (Æf. mat.) ce font des pierres qui fe trouvent en Allemagne dans le comté de Pappenheim. Ces pierres font blanches “. feuilletées & remplies de dendrites : fouvent on. trouve dans ces pierres des empreintes de poiflons &t d’écrevifles, qui font entierement entourées de ces mêmes dendrites, qui forment des buiflons tout- VVyvy 878 P, À P autour. Plufieurs de ces poiffons ont la'tété rétorir- née , cé.qui femble.annoncer une moït violente; Les arrêtes font. d’un brun. clair, Les écrevifles qu'on y trouve pétrifées ont des pattes extrèmement lon- ques. .On.dit qu'il s’en trouve de femblables dans la ner À driatique: | animal facré. PAPYRACÉ, adjeët. ( Conchyl. ) épithete qu'on donne à une coquille extrèmement mince, & par-là imitant le papier. Nous n'avons dans nos mers que le feul nautile, qui porte le nom de papyracé; mais “on trouve plufieurs fortes de nautiles dans les mers des Indes. Voyez NAUTILE. F : PAPYRACEA, ARBRE, (Boranique.) il ÿ aplu- fieurs palmiers des Indes & d'Amérique, ainfi nom- més par nos Botaniftes, parce que les Indiens écri- ventavec des poinçons fur les feuilles, ou Pécorce de ces fortes d'arbres , qui leur fervent de papier; tel eft le palmier d'Amérique nommé ral par les In- diens ; tel eft encore le gwayaraba de la nouvelle Ef- pagne, & autres ; tout palmier dont lécorce eft life, ou dont la feuille eft grande &c épaiffe, peut fervir au même ufage. Le papier du Japon. eft fait de la fe- conde écorce du rofeau des Indes nommé barmbou , ou de l'écorce d’un mûrier blanc. On peut très-bien écrire fur l'une & l’autre écorcé, avant qu’elles {oient réduites en papier fin. (D. J:) PAPYRUS, £. m. (Boran.) plante appellée papy-, rus nilotica, par Gerard 37..Emac. 40. Papyÿrus ni lotica, Berd. Ægyptiis didta ; Biblos [yriaca quorum- dam, chab. 195. Papyrus Ægypriaca, C. B. Pro. Papyrus antiquorum nilotica | Parck. Théat. 1207. Morifon a rangé le papyrus avec raïon, parmi les fouchets, 8 l’a nommé cyperus niloticus, maximus , papyraceus, hit. Oxon. 3. 2309. Énfin comme les modernes ont fait de nouvelles découvertes en ce genre, il n’eft pas poñlible de les fupprimer ; c’eft pourquoi je parlerai dans cet ar- ticle du papyrus d'Egypte, du papyrus de Sicile, &c du papyrus de Madagafcar, trois plantes différentes, furlefquelles j’emprunterai les recherches de M. Ber- nard de Juffieu, inférées par M. le comte de Caylus, dans fon excellente differtation fur le papyrus en ge- néral. Ce morceau curieux &c intéreflant pour les arts, fe trouve dans les mém. de Littérat,s. ÆXWT, in-A°, Voyez auffi SCIRPUS, Boran. Mais avant que d'entamer la defcription du papy- rus d'Egypte, 1l eft naturel de dire un mot de lopi- nion aflez généralement reçue dans l'Europe fur la perte de cette plante. On n’apas befoin de nouvelles preuves pour favoir que les bruits populaires ne ‘font pas toujours fondés fur les pofbilités phy- fiques ; mais en fuppolant cette perte poflible , on ne pourroit au moins la faire remonter fort haut, car iln°y a pas encore deux cens ans que Guillandin & Profper Alpin obferverent cette plante fur les bords du Nil, & que Guillandin vit les habitans du pays en manger la partie inférieure & fuculente de la tige, comme on le pratiquoit anciennement, parti- cularité qui peut fervir à nous faire reconnoitre le papyrus , & dont il ne paroît pas que les voyageurs aient profité. Cet ufage, & ceux qui font rapportés par Profper Alpin, nous apprennent que cette plante P À P meft pas tout-à-fait inutile, quoiqu’ellerait perdu {on principal mérite en ceffant d’être employée à là fabrique du papier. ait «Les changemens furvents daris lé terrain de PE= gypte, & les foins des habitans pour profiter des terres qui peuvent être cultivées, ont rendu vraïfz femblablementlaplante du papyrusmoins comimunés mais les caufes qui peuvent être admifes à l’égard dé quelques parties du-pays, n’ont -pù occafñonner la deftrution entiere du papyrus, d'autant plus qwér tant du nombrerdes plantes aquatiques, ileft à Pabri d'un femblable événement. Lefilence des auteurs les splus-récens qui ont écrit fur l'Egypte , me peut être avancé comme une preuve de la deftruétion entière du papyrus ; on-peut dire pour lestexcüfer qu’ils ne s’étoient pas propofé cet objet dans leurs recher: ches, ou que n'étant pas aflez inftruits,, 1ls lont né- gligé; mais il'eft étonnant que M. Mallet, hommé de lettres , qui paroït même avoir fait desrécherches à ce fujet, n'ait pü découvrir le papyrus, & qu'il l'ait confondu avec le wufa, connu en françois fous le nom de figuier d'Adam, & que les Arabes ap: pellent mors, plante quieft très-différente, ce dont il devoit s’appercevoir en lifant Théophrafte ou Pline, "À F7 Le papyrus, dit Pline, croît dans les maïais d'E: gypte, où même aumilieu des eaux dormantes , que de Nil laïfle après fon inondation; pourvü qu’elles n'aient pas plus de deux coudées de profondeur. El jette une racine tortueufe & de la groffeur du poi- gnet; fa tige eft triangulaire, & ne s’éleve pas à plus de dix coudées ; Profper Alpin ne lu donne ue fix ou fept coudées au-defflus de l’eau. Sa tige va toujours en diminuant, & aboutit en pointe. Théo- phrafte ajoute que le papyrus porte une chevelure, un panache , qui forme le thyrfe dont parle Pline. Guillandin dit que la racine du papyrus jette à droite & à gauche quantité d’autres petites racines qui fou- tiennent la plante contre l'impétuofité du vent &r le cours du Nil. Selon lui les feuilles de cette plante font obtufes, & femblables à celles du typha de marais. Les Egyptiens employoient les racines du papy= rus pour du bois non-feulement à brûler, mais en« core propre à fabriquer différens vafes à leurs ufages, De latige du papyrus entrelacée en façon de tiflu, ils conftruifoient des barques ; & de l'écorce inté- rieure ou Zber, ils faifoient pareillement des voiles, des habillemens , des couvertures de lits & des cordes. Ces barques reflembloïient par leur conftruétion à de grands paniers, dont le tiflu devoit être fort ferré ; & pour empêcher Peau de les pénétrer, il faut fuppofer qu’elles étoient enduites au moins à l'extérieur d’une couche de réfine, ou de bitume ; ce qui les mettoit en état de fervir à la navigation fur le fleuve , ou plûtôt {ur fon inondation. Le pa- nier dans lequel Moïfe enfant, fut expofé, paroît appuyer & confirmer le texte de Théophrafte. Ce: pendant quoique Pline parle de mavis papyracea , il ne faut pas croire que les vaifleaux fuffent faits en. entier ex papyro ; c’étoit feulement de petites barques ou canots, dont même une partie étoit de bois d’é: pine. Les anciens Egyptiens prétendoïent que les crocodiles , par refpeétpourla déefñe Ifis , qui s’étoit mife une fois fur une barque de papyrus, ne faïfoient jamais de mal à ceux qui navigeoïent fur des barques de ce rofeau. Le papyrus étoit encore une plante médicinale dont on faifoit ufage dans quelques maladies, finous en croyons Diofcoride. Elle fervoit auf de nourri- ture aux pauvres gens qui mâchoient le papyrus cru oucuit, en avaloient le fuc, ê jettoient le refte: mundum quoque crudunt ; decoilumque , fuccum tantins P À P “devorantes, dit Pline : Guillandin noûs apprend pofi- tivement quelles étoient les parties de cette plante dont les Egyptiens avaloient le fuc. Il ne faut pas; dit-il, imaginer que les Egyptiens mangent la tige ‘entiere, je les ai vû ne manger que les parties les plus proches de la racine. Ce récit de Guillandin eft conforme au témoi- gnage d'Hérôdôte ; quand les Egyptiens, dit-il, ont coupé le biblus d’un an, ils coupent la partie fupé- rieure qu'ils emploient à différens ufages ; ils man- gent ou vendent la partie inférieure de da longueur d’une coudée: ceux qui veulent rendre le mets plus délicat, le font rôtir au four; auf Diofcoride & Pierius Valerianus fe trompent, quand ils difent que Von mange les racines : la partie de papyrus que mangent les Esyptiens eft hors de la terre ; elle eft tendre, & pleine d’un fuc abondant &c agréable ; les Egyptiens l’appellent affus. Efchyle donne à la tige entiere le nom de zwpyos, c’eft-hidire fruir. Guillan- din rapporte encore d’après Horus Apollo, que les Egyptiens exprimoient dans leurs hiéroglyphes lan: cienneté de leur origine paï un fagot de papyrus, comme leur premiere nourriture ; on ignoroiït en quel tems leuts ancêtres avoient commencé À en manger. Enfin, & c’eff ici le principal ufage de cette plan- te , on faifoit avec les membranes ou lef pellicules ‘du papyrus, les feuilles à écrire qu'on nommoit €/- ro, ouphlyria. On les appelloit auñfi en grec +xs- ne, & en latin charta ; car les auteurs entendent or: dinairement par charta , le papier d'Esypte. Le papyras ne portoit point de grains, ni de fruit, mais ce rofeau croifloit en fi grande quantité fur es bords du Nil, que Cafiodore, Zv. XI, ép. 38. la compare à une forêt. La, dit-il, s’éleve cette forêt fans branches , ce boccage fans feuilles, cette moif on qui croît dans les eaux ; aquarum fèges, ces orne: mens des marécages. Profper Alpin eft le premier qui nous aît donné une figure du papyrus, que les Egyptiens appellent berd, Quelque mauvaife qu’on puifle la fuppofer, elle paroït néanmoins convenir à la defcription de la plante dont parle Théophrafte, Les Botaniftes anciens avoient placé le papyrns parmi les plantes graminées ou les chiendents, igno- rant à quel genre il devoit appartenir ; ils fe font con- tentés de le défigner fous le nom ancien de papyrus, dont ils ont fait deux efpeces, Pune d'Egypte, l’au- tre de Sicile. Les nouveaux ont cru reconnoître que ces deux plantes étoient une feule & même efpece de cyperus ; c’eft fous ce genre qu’on la trouve dans les catalogues & hiftoires des plantes, publiées après Pédition de Morifon, où le papyrus eft nommé cy- perus niloticus , vel Jyriacus maximus papyraceus. En décrivant cette plante, il dit qu’on conferve dans le cabinet de Médecine à Oxford parmi d’au- tres curiofités, un grand morceau de la tige du pa- pyrus. On a Cru auf reconnoître dans l’ouvrage de Scheuchzer fur les chiendents , les jones, & les au- tres gtaminées , une defcription du panache que pot- te le papyrus ; elle eff fous la dénomination fuivan- te : cyperus enodis nudus , culmis ervaginis brevibus prodeuntibus , fpicis tenuioribus. Un des pédicules qui foutiennent les épis des fleurs, eft repréfenté A la Planche VIIT. fig. 14. Cet auteur a confideré le panache comme formant la plante entiere prife au-deflus de la racine, & les longs pédicules qui portent les épis comme autant de tiges particulieres. Ce pannache paroît être ce- lui du papyrus ficiliana , que les Botaniftes moder- nes ne diftinguent pas du papyrus nilaurica, M, Van: Royen a inféré dans le catalogue des plantes du jar- din de Leyde le papyrus, 8 le nomme cyperus cul- Pno triquetro nudo ; wmbella fimplici {oliefe , pedunca- Tome XT, Se I F UMR 9% Us fimpliciffinis diffinte [piceris, M. Linnaus Vap- pelle de même. Dans les manufcrits qui nous reftent d’après les nn le 1 v n DR r * lettres ëz les remarques de M. Lippi, médecm de la faculté de Paris, qui accompagnoit M, du Roule, envoyé du roi Louis XIV. à l’empereur d’Abifinie, où trouve la defcription d’un Cyperus qu'il avoit Fe ME 3 ; . : À k Fm. obfervé fur les bo: ds du Nil en 1704, Après avoir parlé des fleurs, il dit que plufieurs épis couverts de quelques jeunes feuilles , font portés fur un pédicule allez long, & que plufieurs de ces pédicules égale- ment chargés venant à fe réunir » forment une ef. pece de parafol; le difque de ce paralol eft envi- ARE Me VE tonne de quantité de feuilles qui couronnent Ja tige fur laquelle il porte ; la tige eft un prifme fort long, dont les angles font un peu arrondis, & les feuilles repréfentent parfaitement une lame d'épée, non.pas de celles qui font la gouttiere, maïs de celles dont le plus grand côté foutient une cannelure. Les racines {ont noïtes & chevelues : il nomme cette plante cyperus riliacus major , wmbella trléiplicr. A Û : Re $ / Lé même Lippi en avoit remarqué une autre ef si 4 0 4 pece qui ne s’éleve pas auffi haut, dontla tige êc les = . F 74 2 A . bd e * feuilles étoient les mêmes , êt dont les épisformoient plutôt une efpece de tête qu'une ombelles cette têté étoit fort douce , luifante, & comme dorée ; riche; & fort chargée ; elle pofe {ur de longs pédicules,, s L . e É dont la bafe {e réunit en parafol : 11 l'appelle cyperzs * AEliaCus Injor, aurea divifa paniculz. Ces deux fortes de cyperüs ont entre elles une reflemblance mat- quée par leurs feuilles, Leur ge, le panache en pa> tafol qui les couronne, &c les lieux marécageux Où elles croïflent, La feule différence confifte dans là formé des épis, ce quu fert à les difinguer l’une dé l'autre : toutes deux ont quelque repport avec le papyrus &t le fari, tels qu'ils font décrits par les an- ciens auteurs ; la premiere pourroit être le papyrus, & la feconde le /zri : mais ce n’eft-ls qu'une conje ture, x Le papyrus qui croifloit dans le milieu des eaux ÿ ne donnoit point de graines ; fon panache étoitcom: Poié de pédicules foibles, fort longs, femblables à des cheveux, comé inurili exilique, dit Fhéophrafte, Cette particularité fe montre également dans le pa= Pyrus de Sicile; nous la connoiflons encore dans une autre efpece de papyrus apportée de Madaoaf: car par M, Poivre, correfpondant de l'académie royale des Sciences. Les panaches de l'une & l’au= tre efpece que nous ayons , font dépourvus d'épis 3 de fleurs ; & par conféquent fériles, Bodæus & Sta pel, dans fes commentaires fur Théophrafte, ont fait repréfenter la tige & le panache du papyrus en cet état, & le deffein en ayoïit été envoyé d'Egypte à Saumaile. | 2 Si le papyrus de Sicilé dontl s’agit de parler prés fentément )4 ÊtÉ de quelque ufage chez Les Romains; c’eft ce que nousignorons ; il eft nommé paperoen Italie , & felon Céfalpin pipero : onen trouve la def cription dans les adyerfaria de Lobel,, qu. la pris pour le papyrus du Nil. Céfalpin dans fon ouvrage {ur les plantes, n’a pas non plus oublié dede décrire; Ce papyrus de Sicile étoït cultivé dans le jardin de Pie, & n’étoit point le papyrus apporté d'Egypte: Voici la defcription de Céfalpin lui-même; ; Le papyrus, dit-il, que l’on nomme vuloairement pipero en Sicile ; poufle des tiges pluslonguits-&r plus profles que celles du fouchet, cypérus , hautes quels are de quatre coudées & à angles obtus : elles Ont garnies à leur bafe de feuilles courtes qui maïs fent de la racine; on n’en voit-aucune {af la tige lors même qu’elle eft entierement développées; maïs elle porte à {on fomimet un large panache qui refs femble à une sroffe touffe de cheveux épars: ileff décrivez | enfuite fu les diametres 41, Ai 431, Ge pris volénté, les arcs de cercle L1,112,1113; Ge. qui coupent la ligne dioite BE en 1, 3, 3, 4, 5, Ge. Bi,B2,B3,B4,Bs,6c. repréfenterontlesab- icifles de la parabole, &c BI, BII, BILE, BI VS, BV; cles ordonnées. C’eff pourquoi f les lignes B5,B2,B%, Ec. {ont transférées de la hgne 80, à la ligne BW, & que für les points 1,2,3, 4, Ge on éleve les perpendiculaires 11= BI, 2112811, 3 ITF= BY, &c. la courbe pañant parles points L, IT, TIT, é:c. fera uñe parabole, & B.N fon axe. On peut aufi déterminer géométriquement cha que point de la parzbole : par exemple, qu’on -de- mande # le point M eft dans le parabole où non ; ti rez.une perpendiculaire de Mur B N, &r décrivez us demi-cercie , dont le diametre BN, foit tel qué PN foit épale au parametre: fi ce demi-cerele pañ par M, le point M eff dans la parzbole. Dans unie purubole, la diftance du foyëér au form met eit Cale au quart du parametre ; & le quarré de la desi-ordonnée eft quadruple du reftanple de la diftance du foyer au fommet par labfcifle: 72 Oÿer Foyer & ConNiQuE. Déciire line parabôle par ir mouvement continu. Pre: nant une ligne droite pour un äxe, foit f 4, fig. 9 = AP = +4. Fixezau point fune regle DZ qui coupe V’axe f D à angles droits. À l'extrémité C d’une autre regle £ € attachez un fl fxé par fon autre extrémité au foyer ; enfuité faites mouvoir la reole CEB le long dé DE , en tenant toujours le fi F MC tendu par le moyeñ d'un filet M; ce filet décrira une parabole: R Propriétés dé La pérabole. Lès quatrés des ordon: nées font entr’eux comme les abfcifles ; &c les ordon: nées font en raifon fous-doublées des abfcifles. Dans une parabole , le réétangle de la demi-ordon: née par l’abfcifle éft au quarré de l’ab{cifle, comme le parametre à la demi-ordonnée. Ces deux propos fitions font une fuite de Péquation a x =y2. . Dans une parabole, là foutangente eft double de labfoiffe, 8 la fous-perpendiculaire eft fous-double du parametre, Voyez SOUTANGENTE 6 Sous - PER: PENDICULAIRE: Quadrature de 14 parabole. Voyez; QUADRATURE. Les paraboles d'un genre plus élevé font des courbes algebriques déterminées par l'équation am-1%—" par exemple, par atx=y3,a3x=7y4, ax, aix =}y®,Ëc Voyez COURSE, Quelques - uns les nomment paraboloides : fi a?x x y3; 1ls appellent la parabole, paraboloide cu: bique. Sia3 x—34, ils la nomment paraboloïde biz quadratique, Où paraboloide furfolide. Voyez Cugi- QUE ; &ils appellent la parabole de la premiere ef- pece, que nous avons déterminée ci-deflus ; parabole apollonienne. Voyez APOLLONIEN. On doit pareillement rapportef aux parabolés les courbes dans lefquelles 2x7 -1= y", commé par exemple ax =y';axi=yt, que quelques-uns appellent des deri-paraboles. On les comprend tou: tes fous la commune équation 4x4 y: at sé 884 PAR tend aux autres paraboles, par exemple, à celles dans lefquelles « x'=y'a x =y. n . re Am: I Dansles paraboles dont l’équationefty —=4 % 5 fi toute autre ordonnée eft appellée y, &c les abfcit- fes quiy correfpondent 7, nousaurons 7 —4 ie &r par conféquent y”: #7f1at" lux” 17; ceftà- dire, ::x:75 donc c’eft une propriété commune de ces paraboles , que lés puiffances des ordon- nées font en raïon dés abfcifles. Dans les de- mi-paraboles y ipmis at lag LE g mel: x ,ceft-à-dire, les! puiflances des ordonnéés font comme les puiflances des abfciffes d’un desré plus bas ; par exemple, dans les demi-paraboles cubi- ques les cubes des ordonnées y# 80 +, font comme les quarrés.des abfcifles x*, 6 7°. | La parabole quia pour équation 4° x— 71, s'appelle ordinairement premiere parabole cubique ; 8 celle qui a pour-équation ax =7y", féconde parabole cubigie ; &t en général toute parabole qui a pour équation J'zañxt, s'appelle une parabole du degré Par éxemple , la parabole dont l'équation efly —=%°x}, s'appelle parabole du 5°. degré, &c. Toutes ces para- boles,ne peuvent avoir que trois figures différentes, qu'il eft bon d’indiqueruci. Car 1°. foit sun nombre pair, & » un nombre impair ; il eft certain qu’à une même x poñtive , il répondra deux valeurs épales & réelles de y ; & qu'à une même x népative, ilne ré- pondra que des valeursimaginaires de y. Aïnfila pa- rabole aura la même figure B4M , fig, 10 ,n. 2, fe&. con. que la parabole ordinaire ou apollonienne. Voyez APOLLONIEN. 2°. s étant un nombre impair, fizeft auf un nombreimpair ; 1l ne répondra qu’une valeur réelle & pofñtive de y à chaque valeur poñrive de x, &t une valeur réelle & négative de y à chaque valeur négative de +, & la parabole auta la figure BAM, fig. 10,7. 3, 3°.tétant un nombre impair, & z un nombre pair, il ne répondra qu’une valeur réelle & poftive de y à chaque valeur tant poñitive que népative de x, &c la parabole aura la figure BAM, figure ro, n. 4. 4°. Enfin, fi 7.87 : font tous deux des nombres pars, en ce cas 7 en fera un auf, _& on pourra abaïfler l’équation en cette forte az X==y + ou À . X : , Gc. jufqu’à ce qu’elle retombe dans un des trois cas précédens. | C’eft une erreur que de regarder (comme Pont fait quelques géometres ) l'équation a x7—%:,com- me l’équation d’une feule & unique parabole, lorf- que z & s font tous deux pairs. Car, par exemple, foity *=u*x7?, cette équation fe décompofe en ces deux-c1y7°—=ax & y°—=—2%x; ce qui donne le fy£ teme de deux paraboles apolloniennes , qui ont des direéhions oppofées, & qui fe touchent par leur fom- met, en tournant leur convexités l’une vers l’autre. En général l'équation d’une courbe n’appartient pro- prement à une feule & même courbe que quand on ne peut pas la décompofer en deux ou plufeurs au- tres équations , fur quoi voyez Particle COURSE ; voyez auffi CONJUGUË. _ La parabole ordinaire ou apollonienne n’eft awu- ne ellipfe infiniment alongée ; car dans lellipfe Yy=ax—Ÿ; a étant le parametre, & r l'axe: fi lon fuppofe que lellipfe s’alonge infiniment, a fera infiniment petit par rapport à r, & le terme EX à , A ! — peut Etre regardé comme nul. Donc alors Yy=ax, qui eft Péquation de la parahok. Cette courbe a été appellée parabole d’un mot grec qui fi- gnifie égalifer, parceque dans cette courbe le quarré de l'ordonnée ef égal au reétangle du parametre par labfcifle, au-lieu que dans l’ellipfe il eft moindre, & plus grand dans l’hyperbole, Poyez ELL1PSE, Ce, (O0) PARABOLE , { £(Critiq. Jacrée. ) mapañcnr, ce terme grec que nous avons reçu, fignifie communé- ment dans l’Écriture un difcours qui préfente un fens, êt qui en a un autre quecomprennent fort bien les perfonnes intelligentes: Les, paraboles de l’Ecriture font des inftruions détournées, des fentences où il entre (dès comparaifons , des emblèmes, Cette maniere d’enfeigner par des paraboles, des énigmes , des difcours figurés:, étoit fort du goût des Orientaux. Les prophetes s’en fervotent pour ren- dre plus fenfibles aux princes les menaces &t les pro- mefles qu'ils leur faifoient ; 1ls reprennent aufh {ou- vent les infideles-de leur nation fous la parzhole d’une époufe adultere. Ils décrivent les violences des peu- ples ennemis des Juifs, fous l’idée de quelque animal féroce. Nathan reproche àDavid{on crime, fous la pa- rabole d’un hommequiaenlevéla brebis d’un pauvre. Jefus-Chrift adopta l’ufage des paraboles , des fui ltudes, &c des dfcours figurés, dans la plüpart de fes inftruéions , {oit aux huifs, foit à fes difciples, comme il paroit par la leéture des Evangéliftes, fur quoiClément d'Alexandrie fait une excellente remar- que, c’eft qu’en ce genre il ne convient pas de prei- fer les termes, ni de demander que lallégorie {oit par-tout foutenue ; mais il s’agit de confidérer feule- ment le fujet principal, &t ne faire attention qu’au but & à lefprit de la parabole. Selon cette regle, il faut glifler fur les termes lorf- qu'ils pechent à certains égards ; par exemple, dans la parabole des talens , Matt. xxv. 24. le ferviteur dit à fon feigneur , «je fais que vous êtes un homme »#rude, quimoïflonnez où vous n’avez point femé, » & qui recueillez où vous n'avez rien fourni » le mpérror eft pas certainement trop bien obfervé dans cepropos; car ce n’eft pas le langage qu'un ferviteur tient à fon maître, ou un affranchi à fon patron; mais il doit fufire que le but de la parabole foit de peindre par de telles expreffions, quoiqu’outrées, la vaine excufe d’un mauvais ferviteur. RU Le mot parabole defigne quelquefois une fimple comparafon qui montre le rapport de deux chofes; par exemple, « comme il arriva au jour de Noé , au- » tant enMera-t-1l au jour de la venue du fils de » homme», Matt. xxiv. 37. 2°, il fignifie toute fi- militude obfcure, Matt. xy. 15. expliquez-nous votre fimiitude 1 œopefoaw, dit Pierre à Jefus-Chrift; 3°. une fimple allécorie à ce qui fe pafle pour les convives d’un feftin ; 4°. une maxime, une fentence, comme au Z11, des Rois , y. 32, où l’auteur dit que Salomon compofa trois mille paraboles ; 5°, ce mot fe prend dans un fens de méprife; Dieu menace fon peuple de le rendre la rifée des autres, #radere in parabolam , ÿ. Patalip. vij. 20. enfin il fignifie un dif- cours frivole, zone perparabolas loquitur ifle? Ezéch. xx. 49. meft-ce point des fadaifes qu'il nous conte ? PARABOLIQUE , adj.( Géométrie.) fe dit en géné- néral de tout ce qui appartient à la parabole ; cozoide porabolique, eft une figure {olide engendrée par la rotation d’une parabole fur fon axe, Voyez CONO1ïDE. Les cercles que lon conçoit comme les élémens de cette figure font en proportion arithmétique, x décroiflent en s’approchant du fomimet. Uu conoide parabolique eft à un cylindre de même bafe & de même hauteur, comme r eft à 2 ; & à un cône de la même hauteur & de même bafe, comme 1-eft à 1. On appelle courbe de genre parabolique | où fimple- ment courbe parabolique , une courbe dont l'équation eft de cette forme,y =a+bx+cex3ex3, Gc.en tel nombre de termes qu’on voudra; la confidération de ces courbes eft fouvent utile en Mathématique, on s’en fert entr'autres, 1°. dans la théorie des équa- tions, voyez ÉQUATION & Cas; 2°, dans la gra- dation approchée des courbes ; car on peu “iv aire PAR faire pafler une courbe parabolique par tant de points qu’on voudra d'une courbe propofée, puifqu’il n’y a qu'à prendre autant de coëficiens indétérminés à, b ,c, cc. quil y a de points propoiés ; maintenant la courbe parabolique ainf tracée differera peu de la courbe propofée , fur -tout fi le nombre des points eft aflez grand, &c fi les points font affèz proches les uns des autres: or on peut toujours quarrer une courbe parabolique, puïlque fon élément y dx — _adx + bxdx Lcxtdx, &c, dont l'intégrale eft facile à trouver. Voyez INTÉGRAL 6 QUADRATURE. Donc cette quadrature donnera la quadrature appro- chée de La courbe, Pyrarmidoide paraboligre, eft une figure {olide dont on peut facilement concevoir la génération en ima- ginant tous les quarrés des ordonnées d’une parabole placés de maniere que l’axe pañle par tous leurs cen- tres à angles droits : en ce cas la fomme des quarrés formera le pyramidoïde paraboligne. On en a la folidité en multipliant la bafe par la moitié de la hauteur: la raïfon en eff évidente, car les plans compofans forment une fuite ou progref- fon arithmétique qui commence par o ; leur fomme fera donc égale aux extrèmes multipligs par la moi- trié du nombre des termes, c’eft-à-dire dans le cas préfent égale à la bafe multipliée par la moitié de la hauteur. . Efpace parabolique , c’eft l’efpace ou l'aire contenu entre une ordonnée entiere quelconque, telle que WW (PL, des conig. fig. 8.), & l’arc.correfpondant FBF de laparabole. Voyez PARABOLE. L’efpace parabolique eft au retangle de la demi- rdonnée par labicifle, comme 2 eftà3; & À un triangle qui auroit l’abfcifle pour hauteur & l’ordon- nce pour bafe, comme 4 eft à 3. Le fepgment d’un efpace parabolique eft la portion de cet efpace renfermée entre deux ordonnées. Voyez SEGMENT. À Miroir parabolique. Voyez MIROIR G ARDENT. Fufeau parabolique. Voyez PYRAMiIDoIDE. (0) PARABOLISMUS, 1. m.( Algebre.) fignifie chez quelques anciens auteurs d’Algebre, la même chofe que labaïflement d'une équation ; ce mot n’eft plus du-tout en ufage. Voyez ABAISSEMENT, PARABOLOIDE, f. m. ( Géométrie. ) c’eft ainf qu'on appelle quelquefois les paraboles de degrés ou de genres plus élevés que la parabole conique ou apollonienne. Quelques auteurs appellent auñi para: boloide le folide formé par la révolution de la para- bole ordinaire autour de fon axe. 7 ayez PARABOLI- QUE. (0) Q PARABOLOIDE DEMI: CUBIQUE, et le nom que quelques géometres ont donné à une courbe, dans laqueile les cubes des ordonnées font comme les quarrés des diametres ; on appelle plus ordinaire- ment /éconde parabole cubique. PARABRAMA, {. m. ( Æi/4) le premier des dieux de Pinde, Une fois il eut envie de {e montrer à la terre, &c 1l fe fit homme. Lie premier effet de cette envie fut de lui faire concevoir un fils qui lui fortit de la bouche, & qui s’appella Mifto. Il ne s’en tint pas là; il lui er fortit un fecond de l’effomac qui s’appella Wifme, & un troifieme du ventre qui fut nomme Brama. Avant que de difparoître il ft un état à chacun de fes enfans. Il voulut que l'aîné oc- cupat le premier ciel & dominât fur les élémens & fur les mixtes. Il plaça le fecond fous fon frere , & le conftitua juge des hommes , pere des pauvrès, & protecteur des malheureux. Il conféra au troifieme l'empire du troïfiéme ciel, & la furintendance de tout ce qui appartient aux facrifices & aux cérémo- tes religieufes. Les Indiens repréfentent cette tri- ! rité de léur contrée par un idole à trois têtes fur un | 1r6 concluent qu'ils | même corps ; d'où quelques aute Tome XI, PAR 883 ont eñtendu parler de n05 dogmes ; mäis ils ont tort’ cette théolooie ridicule ef} fort antérieure à la nôtre: PARABYSTE, { m. ( Antig. grec. ) un des: cinq principaux - ribunaux civils d'Athènes. Le parabyffe étoit tue dans un lieu obfcur, & on n'y traitoit que des moindres affaires de police. Il y avoit deux cham: bres de ce nom, que Sigonius place au-deflous de l'héliée, dans Le méme corps de bâtiment. Les un= décemvirs en étoient les préfidens ; on en tiroit un de chaque tribu, & on leur donnoït un grefher pour adjoint. Ils jugeoient les petits voleurs , les marau: deurs, les coureurs de nuit, & les filoux; quand les coupables nioient les faits, on les traduifoit à d'au: tres tribunaux ; quand ils les avouoient ou awils en étoient convaincus par la dépoñition des témoins, alors les undécemvirs décidoient du châtiment 3 mais 1lne leur étoit pas permis de juger d’une fom- me au-deflus d'une dragme d’argent, Quoi qu’en dife Guillauine Poftel dans fon traité des magiftrats athé2 riens, le tribunal des avogadors de Venife ne ré: pond pas exaétement au parabyffe d’ Athènes. (D.J.) PARACELLAIRE, { m. (Az. eccléf. ) celui qui avort autrefois la fonétion de diftribuer aux pauvres les reftes de la table du pape. Il y avoit plufeurs Paracellaires. Le pape Zacharie inflitua des fonds pour cette forte d’aumône, qui fe faifoit ou de la table du pape ou de fon palais. PARACENTESE, £ f opération de Chirurgie, conz nue fous le nom de poriion ; c’eft la pétite ouver- ture qu'on fait au bas-ventre des hydropiques pour tirer le fluide épanché dans fa cavité. Voyez Hvpro- PISIE. Le mot de paracenrèfe eft formé du grec, rap, cum, avec , êt du verbe ywriw, pungere, piquer, d’où vient le nom de poz&ion. _ Les anciens fe fervoient d’une lancette pour faire cétte opération ; mais les modernes ont imaginé un poinçon garni d’une canulle , inftrument connu fous le nom de #rocar , avec lequel on pratique la para- centèfe de la maniere la plus fimple & la plus fure. Vase; TROCAR. “ On a détaillé au mor Hypropiste, les fignes & fymptomes par lefquels on connoïffoit Phydropifie ; mais 1l ne fufht pas que cette maladie foit cara@téri- fée pour obliger à faire la ponétion. Il faut que le bas-ventre contienne une certaine quantité de liqui- dés, pour là faire furement , & que l’adminiftration des remèdes internes capables d’évacuer les eaux ait été infruétueufe : alors il faut avoir recours à un moyen plus efficace pour procurer la fortie des hu- meurs épanchées ; la Chirurgie prête ici fon fecours au médecin ; qui y trouve une reflource que la vef- tu des médicamens lui avoit promife en vain. On s’aflure de la colleétion des eaux par la plénitude du ventre, jointe à tous les fignes rationels qui annon- cent Phydropifie de bas- ventre, & par des fignes moins équivOoqUues qui añnoncent la fluétuation, en appliquant à un côté du ventre , &c frappant modé- rément le côté oppofé pour fentir la colonne d’eau. Voyez; FLUCTUATION & ONDULATION, Lorfque Popération eft déterminée , il s'agit de favoir dans quel endroit on doit la pratiquer. On peut établir 1e1 d’après l’expérience & lesmeilleures Obfervations , un lieu de néceffité & un lieu d’élec: tion. Si Pombilic formoit une tumeur aqueufe, com- me cela s’eft vü quelquefois, quoique très - rare- ment ; il féroit à propos de’percer la peau dans cet endroit, parce que par la feule ouverture de la peau on procureroït l'iflue des eaux épanchées. Les per- fonnes atraquées d’une hernie inguinale ou come plette | 8 qui deviennent hydropiques, ont une tumeur aqueufe ; le fluide épanché pañle dans le fac herniaire. La ponttion. des téeumens & de la portion du péritoine ; procurera la fortie des eaux plus avanñtageufement-que la perforation de toutes XXX 886 PAR les parties contenantes dans Le lieu d’éléion, qu’on a fixé précifement au miheu &c un peu au-deflous de la hene qui feroit tirée de Pombikc, à l’épine anté- tieure & fupérieute de los des iles. Si la maladie à pour caufe lobftruétion du foie, on réfere le côté gauche pour l'opération ; & vice verfæ fi la rate étoit gonflée, ou qu'il y eût quelque skirrhe du côté gauche, Pour pratiquer lopération dans le lieu ordinaire, on avoit cofûtume de faire afleoir le malade dans un fauteuil : dans cette attitude les eaux fe portent dans la partie mférieure du bas-ventre & remplifent le baffin; il n’eft pas pofñlible de tirer la plus grande partie de ce qui fe trouve au-deffous du niveau de la cannule. Il eft plus à propos de faire coucher le malade fur Le bord de fon lit un peu penché du côté où l’on opete ; dans cette attitude on remarque, 1°. awavec lattention de preffer mollement la circon- férence du ventre également dans tous fes points à mefure que Peau coule, on met prefqu’à fec Ia ca- vité qui la contenoit ; 2°. que le malade éprouve un foulagement marqué à mefure que fon ventre fe de- barrafle , & qu’on ne voit jamais furvenir ces défail- lances & ces fyncopes effrayantes qui ont porté les auteurs à prefcrire qu’on doit tirer l’eau à plufeurs reprifes ; précepte inutile par l'abfence des caufes qui y avoient donné lieu, &t précepte dangereux, puifqu’il faudroit ou réitérer les ponétions, ce qui ne feroit pas fans inconvémient, Ou laifler une can- nule dont le féjour attireroit des inflammations & autres accidens fâcheux. Lorfque le malade eff fitué convenablement, un aide applique les deux mains fur la partie du ventre oppofée à celle où fe doit faire la ponétion; añn de pouffer la plus grande partie des eaux de ce côte , & éloigner par-là les parois du ventre des parties qu’- elles contiennent, pour mettre ces parties à labri de la pointe du trocar. Alors le chirurgien qui a eu le foin d'examiner avec attention, avant que de venir au lit du malade, fi Le poinçon d’acier de {on inftrament n’eft pas rouillé dans la cannule , &c qui a graifle la pointe de l’inftrument armé de fa cannule, pour qu'il perce avec plus de facilité & en caufant moins de douleur, le chirurgien, dis-je, tend la peau dans l’en- droit défigné avec Le doigt index &c le poucedelamain gauche ; & tenant le manche du trocar dans la main droite,le doigt index de cette main étendu fur la can- nule, pour fixer la longueur de l’inftrument qui doit pénétrer dans la cavité du ventre, il le plonge en per- çant les parties contenues jufqu’à ce qu'il fente que la pointe eft dans Le fluide épanché. Il prend la can- nule avec les doigts de la main gauche, &cretire le poinçon avec la droite. Les eaux fortent par la can- nule. Si quelque partie flottante contenue dans le bas-ventre fe préfentoit à l'extrémité de la cannule , & empêchoit les eaux de fortir librement, on éloi- gne l’obftacle avec une fonde bontonnée qu’on in- troduit dans la cannule. | Quand on a tiré les eaux avec les attentions que nous avons indiquées plus haut , 1l faut ôter la can- nule: pour cet effet on applique deux doigts de la main gauche fur la peau de chaque côté de la can- nule, qu'on retire facilement avec la main droite, en prenant la précaution de lui faire décrire un demi tour. Après lopération on applique fur l’ouverture une petite comprefle trempée dans de l’eau-de-vie, & par-deflus une comprefle d’un demi-pié en quarré, à {ec ou trempée dans du vin chaud , & on la foutient par un.bandage de corps fuffifamment ferré. L'opération de la paracenièfe ne remédie qu’à l’é- panchement aétuel, &.ne difpenfe pas de l’ufage continué des remedes capables de détruire les caufes : de lhydropifie, & d'empêcher un nouvel amas de matieres, Si ces caufes ne font pas de naturé à céder aux remedes les mieux indiqués, la paracenrèfe eft un fecours palliatif qui prolonge la vie des malades, fouvent pendant plufieurs années , en les empêchant d’être fuffoqués par la plénitude, & en préfervant les -vifceres de l’atonie qu'ils contraéteroient en baignant continuellement dans un fluide épanché contre l’ordre naturel. Il y a des perfonnes à qui lon a fait quatre-vingt fois la ponétion en dix - huit mois. Quelques perfonnes ont été guéries radicale- ment après avoir été percées trois ou quatre fois, quoiqu’elles n’euflent oblervé aucun régime, ni vou- lu s'aflujettir à l’ufage d’aucun remede. On n’approu- ve pas de telles ditpoñtions dans les malades, mais fans fe rendre garant d’une pareille condute, les faits qui nous Pont fait connoître peuvent être re- ardés comme des témoins bien sûrs de lutilité de l'opération de la paracentèfe. Les auteurs de réputa- tion qui ont prétendu décrier cette opération, fans laquelle les meilleurs remedes n’opereroïent fouvent aucun fruit , ont imprimé par cette faufle prévention une tache à leur nom dans la mémoire des gens raï- fonnables. On a donné le nom de paraceniè fe à toutes les opé- rations qui s’exécutent par le moyen du trocar, & même par le biftouri, lorfqu’on fait une ouverture pour tirer un fluide quelconque épanché dans les cavités naturelles. L’incifion du ventre pour un épanchement fanguin ou purulent, & l'opération de lempyéeme à la poitrine, ont été appellés du noi de paracemèfe étymologie autorife ces dénominations. On fait la ponéhion au fcrotum avec le trocar dans l’hydropifie particuliere de ce fac. F. HYDROCÈLE. : PARACHELOITES, (Géog. anc.) Paracheloite; peuples de la Theffalie, voifins de la ville de Maha, {ur le bord du fleuve Achelous, folon Strabon , Zy. IX. page. 434. Tite-Live, uv. XXXIX. ch. xxvy. connoit une ville nommée Paracheloida: elle devoit appartenit aux Paracheloites ; car quoiqu'il la place dans l'Athamanie , ilajoute qu’elle avoit été unie à la Theffalie. PARACHEVER , rerme d'art, c’eft la même chofe que firir ou mettre la derniere main à un ouvrage. Parachever chez les Doreurs, c’eft étendre fur Var- gent ou le cuivre qu’on veut dorer, Por moulu & le vif-argent amalgamés enfemble avec l’avivoir ou le grate-boffe. PARACHEVER, chez les Teinturiers , fe dit particu- lierement des noirs qui fe commencent avec le guef- de, l’indiso & le pañtel, fuivant leur qualité ; & qui fe parachevent en noir avec de la galle &c de la coupe- role. | PARACHRONISME,, f. m. (Chronolog.) c’eft une erreur que l’on commet dans la chronologie, ou la fupputation des tems, en plaçant un événement plus tard qu'il ne doit être placé, Le parachronifmeeft op- ofé à Panachronifme, qui place événement plutôt u'il n’eft arrivé, (D. J.) PARACENTRIQUE , adj. (Géom.) mouvement paracentrique ; eft une exprefhon ufitée en Affrono- mie, & principalement dans l’aftronomie ancienne, pour marquer l’approximation & Péloignement d’u- ne planete, par rapport au foleil, ou au centre de fon mouvement. Ainfi, fi une planete en 4 (PL. Affron. fig. 24.) fe meut vers B , en ce cas SB—S 4 eftle mouvement paracentrique de cette planete. - Sollicitation paracentrique de graviré, ou force centripete, c’eft dans quelques anciens auteurs d’af- tronomie phyfque, la même chofe que vis cencripe- ta ; elle s'exprime en Aftronomie, par la ligne 4L, fig. 24. tirée du point 4, parallele au rayon SZ (qu’on fuppofe 1c1 infiniment proche de $ 4) juf- qu'à ce qu’elle coupe latangente BL, F4 l Âu reffe toutes ees expreffions de mouvement para- centrique, folhcitation paracentrique, he font plus au- jourdhui en ufage. I/ochrone paracentri coutbe , il s'éloigne ou s’approche également, en tems égaux, d’un centre ou point donné. Voyez {ur la nature de cette courbe, es Journaux de Leipfich, -de 1689 6 1794, & les mém. de Pacad. royale des Sciences de 1699. Voyez auffr ISOCHRONE 6: APPRo- CHE. | LP Le problême de Pifochtone paracentrique , eft une généralifarion de celui de la courbe ifochrone, ou courbe aux approches égales, dans laquelle un corps pefant s'approche également, en tems égaux, de Phorifon, où ce qui revient au même, d’un point infiniment éloigné. Ces deux problèmes furent pro- pofés par M. Leïbnitz, comme une éfpece de défi, aux partifans de l’ancienne analyfe, qui n’en purent Venir à-bout. MM. Bernoulli les réfolurent l’un & l’autre, & M. Huyghens, peu de tems avant fa mort, avoit réfolu celui de la courbe ifochrone fimple, … O0) eh . PARACLET » je im. (Theéolog.) du grec FaparÀn- . 706, dérivé de xaparne, ou felon une autre pro- - nonciation de lesa en ota , rapariros : ce nom figni- fie un con/olateur, un avocat , un défenfeur, un incer- céffeur. 4 On donne communément le nom de paracler au S. Efprit , & I. C. le lui a fouvent donné, Joann. xiv. 20. xv:20, xvj 7. J.C. lui-même fe nomme para- cles où confolareur , lorfqu'il dit en S. Jean, xiv. 16. Je prierai le Pere, & il vous donnera un autre Paracler. Le même apôtre dit que fous avons un avocat, ro FapaxAurev, aupres du Pere ; or cet avocat & ce mé- diateur c’eft J. C. Mais le nom de paraclee , comme corfolateur, eft . particulierement affe@é au S. Efprit. PARACLET, (Géog. mod.) abbaye de France en Champagne, fur le ruiffleau d’Arduzon, proche de Nogent-fur-feine. On ne trouvera guere d’abbayes dans cet ouvrage, mais qui pourtoit taire une ab- bay® qui doit à Abélard fon établifflement, & dont . Heloïrfe fut la premiere abbeñle : Abélard Le plus ha- bile dialeéticien de fon tems! Héloïfe la premiere de fon fexe.en érudition, & qui n’étoit pas la derniere en beauté! € On fait qu’Abélard , Craignant que fes adverfaires. nele livraflent au bras féculier,à caufe qu'ilavoit fou- tenu que S. Denis lParéopagite n’avoit pas converti la France, fe fauva fur les terres de Thibaut comte de Champagne, d’oùil fe choïfit une retraite folitaire au diocefe de.Troyes ; 1l y bâtit une chaumiere, fit : de cette chaumiere un oratoire, & fes écoliers ac- courant de toutes parts à ce defert, fournirent à leur maître de quoi fubffter, & bâtirent l’oratoire de bois & de pierre. Alors Abélard lui donna le nom de Pa- raclet, pour conferver la mémoire des confolations qu'il avoit reçues dans fon hermitage. Hapaxauros , veut dire confolateur , & vient de rapaxAto, je confo- le, je prie, j'exhorte. ) Mais les ennemis d’Abélard ne le laïifferent pas tranquille, & mirent dans leurs intérêts S. Bernard & S. Norbert. Iln’y eut pas moyen de tenir contre de tels adverfaires, Abélard leur quitta la partie, & s’en alla en bafle-Bretagne, où Les moines de l’abbaye de S. Gildas de Ruys, l’appellerent pour leur chef. Dans cette conjonéture Suger, abbé deS. Denis, chaffa du monaftere d'Argenteuil les religieufes, pré- . Venu que leur conduite étoit mauvaife, Héloïfe qui en Étoit fupérieure, vint avec fes religieufes au Pa- raclet, que fon ancien mari lui donna avant que de fe rendre à Clugny, - Tome XI, que eft le nom que lon donne. dans la fublime géométrie, à une courbe, telle que un corps pefant defcend librement le long de cette : PAR 887 . Le pape Innocent IL. confirma cette donation, en lanñée 1131: & voilà Porigine de l’abbaye de béné- dictines du Paracter. Hélorte en fut la premiere ab- befle : chacun, à l'exemple de Mahault comtefle de Champagne, s’emprefla à lui faire de grands biens. Les évèques l’aimerent comme leur fille, les abbés comme leur {œur, & les gens du monde comme leur mere. ; r. ! À ., Cette abbaye jouit aujourd’hui de 15 à 20 mille livres de rente: elle eft chef-d’ordre, & a plufeurs monafteres &c prieurés dans fa dépendance, Héloïfe la gouverna pendant 33 ans, & mourut en : 6 3. . Les abbefles qui lui ont fuccédé , ont été affez fou- vent des plus anciennes maifons du royaume : on doit mettre de cenombre Jeanne Chabot, quoiqu’elle ait été obligée d’abdiquer fa place, à caufe de lareli- gion proteftante. qu’elle profefloit, & qu’elle pro- fefla hautement jufqu’à la mort ; fans néanmoins fe mafier , m1 qtutter fon habit de religieute, Comme Héloïfe n’entendoit pas feulemenit la lan- gue latine, mais favoit encore très-bien la langue grecque, elle fit chanter la mefle dans cette langue, tous les ans le jour de [a Pentecôte, qui étoit la prin- cipale fête de l’abbaye du Paracles, & cet ufage s’ob- {erve encore aujourd’hui. Dès qu’Abélard fut mort, elle deinanda {on COTPs à l'abbé de Clugny ; ayant obtenu, elle le ft mettre au Paracler, &t ordonna, en mourant, qu’on l’enter- rât dans le même tombeau. On aflure que lorfqw’on - ouvrit la tombe pour y dépofer le corps d'Héloite, Abélard lui tendit Les bras pour la recevoir, & qu'il Pembrafla étroitement. Une chronique manufcrite décrit le miracle en cestermes: £r ad cumulum apér= ‘tm Helorfa deportata , Maritus ejus , elevatis brachuss., Ulam recepit, & ira eam amplexatus , brachia Jua firir- x. Grégoire de Tours, Aif£. lib. I. €, xlij.rapporte un- fait femblable de deux perfonnes mariées,qui demeus rerent toujours vierges, & que les habitans du pay. (Clermont en Auvergne) nommerent /es deux amans La femme décéda la premieré;êtle mari en l’enterrant fe fervit de cette priete de lEcriture: je vous rends graces,Ô monSeigneur & mon Dieu dece queje vous rends cetrélor dans la méme pureté qu'il vous a plu de me le con- rer La femme fe mit à{ourire: 4é pourquoi, lui dit-elle, parlez-vous d’une chofe qu’on ne vous demande pas! Le mari mourut peu de tems après, & on l’enfévelit vis- a-vis de fon époufe, on trouva les deux Corps ens femble dans la même tombe. Il en eft furement de cé conte, comme de celux d'Héloife & d’Abélard. On a même découvert que læ. volonté de labbefle du Paracler n’avoit point été fui- vie, & que l’on ne l’avoit point mife fuivant fes de- frs dans le tombeau de fon époux. François d’Am- boife nous apprend, qu'étant au Paracler il avoit vu le fondateur & la fondatrice couchés l’un auprès de l’autre dans deux monumens féparés. [ Le chevalier de JAaUcOURT.] PARACLETIQUE,, f. m. (Théolog.) c’eft le nom que les Grecs donnent à un de leurs livres d'office, comme qui dyroit énvocatoire, du grec rapaxxaeir, invoquer ; parce qu'il contient plufeurs prieres ow invocations adreflées aux faints. Les Grecs fe {er- . vent, pendant les jours de toute l’année, de ce livre, ayant toujours quelque chofe dans leur office qui em efttiré. Voyez Leo Allatius, dans fa premiere differta- tion fur les lvres eccléfraftiques des Grecs. | PARACÆMUMENE 04 PARAKIMOMENE, f. m. (Æ/£. anc.) nom d’un officier de l’empereur de Conftantinople : c’étoit le grand chambellan, Les fonétions étoient partagées entre deux perfonnes : l’une s’appelloit le chembellan de l'anneau , & l’autre le chambellan de la chambre: le premier tépondoit à notre garde des fceaux, + | SXXxXxX Ii 880 PAR PARADA, ( Géog. anc..) ville de PAfrique pro= pre, fur le chemin qui conduifoit de Taplus à [lti- que. Scipion brüla cette ville, 6e traita {es habitans avec la derniere barbarie. PARADABATRA , (Géog. anc.) ville de Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, Zb. VII, ch. J. Ja place {ur le bord de ce fleuve, entre Azica & Pifca. _ PARADE,, £ f. (Grammaire.) vue ou expofition d’une chofe vue dans tous fes avantages, &c dans ce qu’elle a de plus beau. Voyez SPECTACLE. Un lit de parade, eft celui fur lequel on expofe le corps d’un grand ou d’un prince après fa mort. On appelloit parade dans les tournois, la marche que faifoient , en bel ordre, les chevaliers dans la lice avant que de commencer le combat. | On a donné aufli le nom de parade à ce que nous appellons aujourd’hui reyze d’une troupe, d’un régi- anent : on dufoit alors faire la parade, & montrer la parade, comme nous difons aujourd’hui fazre l’exer- cice, & monter La garde, | PARADE, FAIRE LA , (Ars milir.) les officiers font da parade, lorfque leur bataillon, leur régiment, ou leur compagnie, ayant ordre de fe mettre fous les ‘armes, ils s’y rendent en meilleur état qu’il leur eft poffble, pour prendre le pote , & tenir Le rang qui leur eft dû, foit fur le terrein où le bataillon fe for- me , foit dans la place où l’on s’affemble pour monter la garde , foit devant le corps-de-garde, quand il faut relever la garde, ou bien lorfqu’une perfonne de qualité eft prête à-pañler. Di. milir, (D.J.) | PARADE , (Marine.) faire la parade ; tous les vaif- feaux firent parade, & chacun déploya tous fes pa- villons : c’eft orner un vaifleau de tous Les pavillons qui font à fon bord, & de tous fes parois. On dit auf parer, les vaifleaux feront parés de flâmes. Z Pan (Maréchalerie.) on appelle cheval de pa- rade, celui donron ne fe fert que dans les occañons de cérémonie, &z plus pour la beauté que pour le fervice qu’on en attend. n appelle /x parade, un endroit que le maqui- On appelle Zz parade, droit que q non a défigné pour faire monterle cheval qu’il veu g figné pour f terle cheval qu’il t vendre. La parade , en rerme de manege, eft la même chofe que le parer. Voyez PARER. RADE , cermne d'eférime , ation par laquelle on PARADE, d’ ion par laquell pate une eftocade. Voyez PARER. Il y a autant de parades différentes, qu'il y a de Y a 2 » différentes facons de terminer une eftocade, voyez ESTOCADE. Il y a donc cinq parades, qu’on appelle en terme d’efcrime, quarte, tierce, feconde, quarte balle &t quinte. PARADE , efpece de farce, originairement prépa- rée pour amuler le peuple, & qui fouvent fait rire, pour un moment, la meilleure compagnie. Ce fpeacle tient également des anciennes comé- dies nommées platariæ , compofées de fimples dialo- gues preique fans aétion, & de celles dont les per- fonnages étoient pris dans le bas peuple, dont les fcenes fe pañloient dans les cabarets, & qui pour cette raifon furent nommées rabernariæ. Voyez Co- MÉDIE. Les perfonnages ordinares des parades d’aujour- d’hui, font le bon-homme Caflandre , pere, tuteur, où amant furané d’Ifabelle : le vrai caraétere de la charmante Ifabelle eft d’être également foible, faufle | & précieufe; celui du beau Léandre fon amant , eft d’allier le ton grivois d’un foldat, à la fatuité d’un petit-maître : un pierrot, quelquefois un arlequin &c un moucheur de chandelle, achevent de remplir tous les rôles de la parade, dont le vrai ton eft tou- jours le plus bas comique. . La parade eft ancienne en France; elle eft née des moralités, des myfteres &c des faceties que les éle- ves de {a bafoche , les confreres de la paffion , & 1a troupe du prince des fots jouoient dans les carre- fours , dans les marchés, & fouvent même dans les cérémonies les plus auguftes, telles que les entrées, &c le couronnement de nos rois. GE La parade fubfiftoit encore fur le théâtre françois, du tems de la minorité de Louis le Grand; & lorf- que Scarron , dans fon roman comique, fait le por- trait du vieux comédien la Rancune, & de made- moïfelle de la Caverne, il donne une idée du jeu ri- dicule des aéteurs , & du ton platement bouffon de la plupart des petites pieces de cetems... La comédié ayant enfin reçu des lois de la décence & au goût , la parade cependant ne fut point ab{olu- ment anéantie : elle ne pouvoit Pêtre, parce qu’elle porte un caractere de vérité, & qu'elle peint vive= ment les mœurs du peuple qui s’en amuie ; elle fut feulement abandonnée à la populace , &c releguée dans les foires & fur les théâtres des charlatans qui jouent fouvent des fcenes bouffones, pour attirer un plus grand nombre d'acheteurs. Quelques auteurs célebres, & plufieurs perfonnes pleines d’efprit, s’amufent encore quelquefois à compofer de petites pieces dans cemême goût. A force d'imagination & de gayeté, elles faififfent ce ton ridicule, c’eft en philofophes qu’elles ont tra- vaillé à connoïtre les mœurs & la tournure de l’ef . prit du peuple, c’eft avec vivacité qu’elles Les pei- gnent, Maloré le ton qu'il faut toujoursaffeéter dans ces parades , l'invention y décele fouvent les talens de Pauteur; une fine plaifanterie fe fait fentir au mi- lieu des équivoques & des quolibets, & les graces parent toujours de quelques fleurs le langage de Thalie, & le ridicule dépuifement fous lequel elles s’amufent à l’envelopper. Ca | _ Onpourroit reprocher, avec ratfon aux Italiens ; &cbeaucoup plus encore auxAnglois, d’avoir confervé dans leurs meilleures comédies trop de fcenes de para- des;on y voitfouvent regner lalicence orofliere & ré- voltante des anciennes comédies nommées saber- nATI®. | ; On peut s'étonner que le vrai caractere de la bonne comédie ait été fi long-tems inconnu parmi nous; les Grecs &c les Latins nous ont laiflé d’excellens modeles , & dans tous les âges, les auteurs ont eu la nature {ous les yeux, par quelle efpece de barbarie ne lont-1ls fi long-tems imitée que dans ce qu’elle a de plus abje@t. & de plus défagréable? Le génie perça cependant quelquefois dans ces fiecles dont 1l nous refte fi peu d'ouvrages dignes d’eftime; la farce de Pathelin feroit honneur à Mo- liere. Nous avons peu de comédies qui raffemblent des peintures plus vraies, plus d'imagination & de gayete. Quelques auteurs attribuent cette piece à Jean de Meun; mais Jean de Meun cite lui-même des pafla- ges de Pathelin, dans fa continuation du roman de la Rofe: & d’ailleurs nous avons des raifons bien fortes pour rendre cette piece à Guillaume de Loris. On accorderoit fans peine à Guillaume de Loris, inventeur du roman de la Rofe, le titre de pere de l’éloquence françoife , que fon continuateur obtint fous le regne de Philippe le Bel. On reconnoit dans les premiers chants de ce poëme , imagination la plus belle & la plus riante , une grande connoiffance des anciens , un beau choïx dans les traits qu'il en imite ; mais dès que Jean de Meun prend la plume, de froides allégories, des difertations frivoles, ap- pefantiflent l'ouvrage ; le mauvais ton de l’école, qui dominoit alors , reparoit: un goût jufte &z éclairé ne peut y reconnoitre l’auteur de la farce de Pathe- lin , & la rend à Guillaume de Loris. Si nous fommes éfonnés, avec raifon, que la farce de Pathelin n’ait point eu d’imitateurs pendant plu- PAR fieurs fiecles , nous devons l'être encore plus que le: mauvais gout de ces fiecles d’ignorance regne enco- re quelquefois fur notre théâtre : nous ferions bien tentés de croire que l’on a peut-être montré trop d’indulgence pour ces efpeces de recueils de fcenes folées, qu'on nomme comédies a tiroirs. Momus Fa- bulifté mérita fans doute fon fuccès par Pinvention &c Pefprit qui y regnent; mais cette piece ne devoit point former un nouveau genre, & n’a eu que de très-foibles imitateuts. | - Quel abus ne fait-on pas tous les jours de la faci- lité qu’on trouve à raflembler quelques dialogues , {ous le nom de comédie ? Souvent fans invention, & toujours fans intérêt, ces efpeces de parades ne ren- ferment qu'une faufle métaphyfique , un jargon pré- cieux, des caricatures , ou de petites efquifles mal deffinées , des mœurs êc des ridicules ; quelquefois même On y voit resgner une licence orofhere ; les jeux de Thale n’y font plus animés parune critique fine & judicieufe , ils font deshonorés par les traits les plus odieux de la fatyre. Pourra-t-on croireun Jour que dans le fiecle le plus refflemblant à celui d’Auguite, dans la fête la plus folemnelle, fous les yeux d’un des meilleurs rois qui foient nés pour le bonheur des hommes, pourra-t-On croire que Le manque de goût, l'igno- rance où la malignite, aient fait admettre & repré- fenter une parade, de l’efpece de celles que nous ve: nons de définir? Un citoyen, qui jourfloit de la réputation d’hon: nête homme ( M. Roufleau de Geneve ), y fut tra- duit fur la fcene, avec des traits extérieurs qui pou- voient le cara@térifer. L'auteur de la piece, pour achever de Pavilit , ofa lui prêter fon langage. C’eft ainfi que la populace de Londres traine quelquefois dans le quartier de Drurylane, ‘une figure contre- faite, avec une bourfe, un plumet & une cocarde blanche, croyant infulter notre nation. Un murmure général s’éleva dans la falle,, il fur à peine contenu par la préfence d’un maïtre adoré; Pindignation publique , la voix de l’eftime & de l’a- mutié, demanderent la punition de cet attentat: un atrèt flétriffant fut figné par une main qui tient & qui honore évalement le fceptre des rois, 6 la plu me des gens de lettres. Maïs le philofophe fidele à fes principes , demanda la grace du coupable, & le monarque crut rendre un. plus digne hommage à la vertu en accordant le pardon de cetteodieufe licence, qu'en puniflant l’auteur avec févérité.. La piece ren- tra dans le néant avec fon auteur; maïs la juftice du ” prince & la générofité du philofophe pafleront à la poñtérité, & nous ont paru mériter une place dans l'Encyclopédie. Rien ne corrige les méchans : l’auteur de cette . prenere parade en a fait une feconde, où il a em- brafé le même citoyen, qui avoit obtenu fon pat- don, avec un grand nombre desens de bien, parmi lefquels on nomme un de fes bienfaiteurs. Le bien- faiteur indignement travefti, eft l’honnète & céle- bre MH. . . & lingrat, eft un certain P. . . de * Teleft lefort de ces efpeces de parades fatyriques, elles ne peuvent troubler ou féduire qu'un moment läfociété; & la punition ou le mépris fuit toujours de près les traits odieux & fans effet, lancés par len- vie contre ceux qui enrichifient la Bittérature, & qui léclairent. Si la hbéralité des perfonnes d’un certain ordre , fait vivre des auteurs qui feroient ignorés fans le murmure qu’ils excitent ; nous n'imaginons pas que cette bienfaifance pue s’étendre jufqu’à les protéger. Lifez l'artice ECLECTISME, p. 284: £. V, Jeconde col. | Ces article ef? de M, le comte dé TRESSAN, lieute- nant général des armées du Roi, grand maréchal-des- PAR 589 logis du roi de Pologne, dux de Lorraine & mémbre des académies des Sciences de France, de Prufle, d’Angle. terre, Cc. PARADIAZEUXIS , f. m, dans la Mufique ptec- que, eft, au rapport du vieux Bacchius , linterval- | le d’un ton feulement entre les cordes homologues de deux tétracordes ; & c’eft Pefpece de disjonéhion qui regne entre le tétracorde {ynnemenon & le té- tracorde diezeugmenon. Voyez rous ces mois. PARADIGME., f, m. ce mot vient du gteC œæpa d'éryue , exemplar , dérivé du vetbe mapad ins , mia . rafeftè offendo ; RR, Tlapa , prépofition fouvent am- phative , quand elle entre däns la compoñtion des MOTS ; &C d'une , offendo. Les Grammairiens {e font approprié le mot paradigme, pour défigner les exem- ples de déclinaifons & de conjugaifons, qui peuvent lervir enfuite de modeles aux autres mots, que Pu- fage & l’analosie ont foumis aux mêmes variations de l’une ou de l’autre efpece, Les paradigmes {ont des exemples, des modeles pour d’autres mots ana- logues ; &c c’eft le fens littéral du mor. | Les paradiymes étant principalement deftinés À in Culquer la regle générale , par l’image fenfible d’une apphcation particuliere propofée comme un objet d'imitation: M. le Feyre de Saumur , avoit railon , fans doute , de defirer que ces modeles fufent pré- fentés aux jeunes gens fous une forme agréable & propre à intérefler leur imagination : il faudroit , Le- lon fes vües, qu'ils fuflent imprimés fur de beau pa: pier, en beaux caraëteres, & dans le format de l:7- quarto , afin que chaque article du paradigme n’occu- pât qu'une ligne , & qu’on ne fut pas obligé d’en renvoyer quelque chofe à lalione fuivante. Ces petites attentions peuvent paroître minutieu= fes à bien des gens, qui prétendent au mérite de ne voir les chofes qu’en grand : mais ce qu’il eft permis aux fpeétateurs oififs d'envifager ainf, doit être exé- cuté dans toutes fes parties par les maîtres: & les meilleurs font toujours ceux qui analyfent le plus exactement les détails. Qu'il me foit donc permis d'ajouter ici quelques obfervations qui me paroïffent intéreflantes fous ce point de vüe. Je les rapporte- tai fur-tout aux élémens de la langue latine ; & l’on en fent bien la raïfon. 1. Déclinaifon. Il eft généralement avoué, qu'il y avoit une barbarie infoutenable dans les anciens rudimens, où les nombres &c les cas étoient défignés en latin , féngulariter nominativo , &c. comme fi les commençans avoient déja entendu la fangue dans laquelle on prétendoit pourtant les initier par-là mê- me : on ne fauroit leur parler trop clairement ; & il eft fingulier qu’on fe foit avifé f tard d'employer leur propre langue pour les inftruire, Une autre méprile , c’eft d’avoir joint au paradig: mme d’un nom, celui de l’article du même genre ; hæc mufa , hujus mufæe | &tc. c’eftune imitation mal- adroite des paradigmes des déclinaifons grecques, où l’article paroît plus néceflaire , d’où cependant il eft encore plus avantageux de le retrancher, pour ne pas partager l'attention des commencans en la {ur Chärgeant mal-à-propos ; & c’eft le parti que vient de prendre le P. Giraudeau jéfuite, dans fon Zarro- duétion a la langue grecque. À blus forte raifon doit- on füpprimer cette addition fuperflue dans les pare- digmes latins: & fi l’on ne veuty préfenter aucun nom, fans en faire connoître le senre aux enfans ; que ce foit fimplement par l’une des lettres initiales m , f our , quand le nom eft d’un genre déterminé; par deux de ces lettres & le mot oz entre deux , il eft d’un genre douteux , &c. Voyez GENRE. On a coutume encore de traduire chaque cas la- tin, en fe fervant de notre article défini X, La, les, pour les noms appellatifs; de la prépoñition de pour le génitif;, de # pour le datif, & de de ou par pour Pablatif, Cela peut induire quelquefois en erreur ; parce que ces cas ne fe traduifent pas toujours de la même mamiere ; & c’eft peut-être ceparalléhfme de françois & de latin qui a donné lieu à nos Gram- mairiens d'imaginer fauflement que nos noms ont des cas. Voyez Cas: je voudrois donc que lon mit fimplement après Le nominatif fingulier , la fignifica- tion françoife du nom, en parenthèfe, en caraéteres différens de ceux du latin, fans aucun article , & qu’on en fit autant après le nominatif pluriel, en in- diquant la différence d'orthographe qu’exige ce nom- bre , & marquant foigneufement Le genre du fran- çois dans chacun des deux nombres. Comme il y a autant d'avantage réel à mettre en parallele les chofes.véritablement analogues & fem- blables , qu'il peut y avoir de danger à comparer des chofes qui, fous les apparences trompeufes de Pa- nalogie , font véritablement diflemblables ; je crois a pourroit être de quelque utilité de mettre fur eux colonnes paralleles les cas du fingulier & ceux du pluriel. Alors pour ne pas occuper trop de lar- .geur, on pourroit mettre la traduétion françoife de chaque nombre à la tête des fix cas, fous la forme déja indiquée; & le format 7-oéfavo devient fufi- fant. Ve | _ M. Lancelot, dans l’abrégé de fa Méthode latine, avoit imaginé de faire imprimer en lettres rouges les terminaifons qui carattérifent chaque cas : mais 1l - me femble que cette bigarrure n’a d’autre effet que de choquer les yeux , &c 1l paroït que le public, en applaudiffant aux autres vües de ce fage & laborieux ‘grammairien , n’a pas approuvé cet expédient, puif- won n’en a fait aucun ufage dans aucun des livres élémentaires que l’on a imprimés depuis. Ce font en effet Les explications & les remarques du maitre qui doivent fixer l'attention des difciples fur,ces diffé- rences ; voici donc un exemple de ce que je veux dire par rapport aux noms, PLUR; SING. (Table f.) (Tables £.) : Nom. Menfa. f. Menfæ. f. Gén: Mere. Menfarum. Dat. Menfe. Menfis. Acc. Menfaæm. Menfas. Voc, Menfx. Menfe. AB. Menfä. Menjis. Jai choifi le nom Menfa (Table), parce qu’il ex- prime une chofe connue de tous les enfans ; au lieu qu'ils apprennent à décliner Mufa , fans {avoir ce que c’eft qu'une Mufe ; ou bien 1l faut les diftraire de leur analogie, pour leur donner les notions my- thologiques que fuppofe ce nom : e’eft un double inconvénient qu'il faut également éviter , dans les commencemens fur-tout. _ Les pronoms perfonnels ego , tu , Jui, peuvent & doivent être préfentés fous le même afpe& : & Les de nn AUS Res adjectifs mêmes ne demandent d’autres différences, que celles que lon va voir dans l'exemple fuivant. | SIN G. PLUR. Bon, m. Bonne, f Bons , #. Bonnes , { | M. f. He TN Sf D. Nom. Bonus, bona,bonum., Boni, boñx , bona. Gén. Boni, banæ., boni. Bonorum , bonarum , bonorum. Dat. Bono, bone ; bono. Bonis., bonis , bonis. Acc. Bonum,bonam,bonum, Bonos , Lones » bons, Voc. Bone,bona, bonums Boni, bone, bona. ADI Bono ,boné, bono. Bonis , bonis. bonis. Si un adjeétif a dans plufeurs cas une même ter- minaifon pour plufieurs genres , on peut marquer Jes genres après chaque terminaifon ; par exemple: P L'UR: 3: Sages , m. f. | Sapientes ,m.f. Sapientias ns Gen. Sapientis. Sapientium où S'apientunr,m.f.ne Dat. Sapienti, Sapientibus. Acc. Sapientem,m.f, Sapiens,n. Sapientes , m.£f. Sapientia, ne Voc. Sapiens. . Sapientes , m, f. Sapientia , ne Abl. Sapiente Où Sapienti. Sapientibus. SING. Sage , m. f. Nom S'apiens , Ne £, fe Dans cet exemple; on marque les trois lettres m;,f,7, au premier cas de chaque nombre qui n’a qu’une terminaïfon pour les trois genres; les autres qui n’ont également qu’une terminaïfon font de mê- me pour les trois genres. Ce n’eft pas aflez d’avoir déterminé la forme qui m'a paru la plus convenable pour les paradigmes. L’enfemble du fyftème grammatical adopté dans cet ouvrage, exige encore quelques obferÿations qu auroient dû entrer au #10 DÉCLINAISON ; mais que M. du Marfais ne pouvoit pas prévoir, parce qu'il n’avoit pas les mêmes idées que moi fur Les diffé- rentes efpeces de mots. Voyez Mor, Je regarde comme deux haces très-différentes les noms & les adjeétifs ; voyez GENRE, Mot, Nom G SUBSTANTIF , & je crois qu'il n’y a de mots qui foient primitivement & véritablement pronoms , que les trois perfonnels ego, eu, fui, voyez PRo- NOM. Je conclus de-là que les déclinaifons doivent être partagées en trois feétions : que la premiere doit comprendre les cinq déclinaifons des noms ; la fe- conde , les trois pronoms déclinés ; & la troïfieme, les déclinaifons des adjeétifs, I. La premiere déclinaifondes nomscomprend ceux qui ont le nominatif fingulier en « ou en 45, en e ou. en es : ainfi après la regle propre à chaque efpece, il faut un paradigme de chacune. On ajoutera à la fin, comme en exception, le petit nombre de noms en æ qui ont le datif &c l’ablatif pluriels en abus, afin que le féminin ne foit pas confondu dans ces cas avec ceux des noms mafculhinsen zs ; fi mula avoit formé mulis , comme on le forme de #ulus , il y auroit eu. équivoque. tr | La feconde déclinaifon comprend les noms en.er ouzr, en um &t en us : voilà trois efpeces & trois pa- radigmes. On mettra à la fuite la déclinaifon de Deus. parce que ce mot étant d’un ufage fréquent doit être connu; & l’on remarquera l'irrégularité des noms propres en zus , de ceux en eus venus dugrec, &c de ceux qui changent de genre au pluriel. La troifieme déclinafon ne peut fe divifer qw’en. deux clafles,, les noms mafculins 8 féminins dans l’une, & les neutres dans l’autre : mais on fera bien de prefenter aux enfans des paradigmes de différentes terminaifons dans chaque clafle. Il faut, je crois, ne faire mention que de peu d’exceptions , parce qu’on ne diroit pas tout, ou l’on excéderoit les bornes qui conviennent à des élémens. . | Dans la quatrieme déclinaifon , 1l fufra de don- ner un paradigme en us, & un autre en z ; de décliner enfuite domus qui revient fréquemment , & de re- marquer quelques noms qui ont le datif & lablatif pluriels en bus. La cinquieme déclinaifon ne demande qu’un para= digme , & n’aaucune difficulté. II. Les trois pronoms ego , tu, fui, doivent être déclinés Pun après l’autre , fans aucune regle énon- cée; ce font trois mots particuliers qui ne fervent . d'exemple à aucunautre. LIL. Il doit y avoir trois déclinaifons des adjec- tifs, différenciées, comme celles des noms, par le gémtif fingulièr. La premiere déclinaifon comprend les adjetifs dont le génitif fingulier eft en z pour le mafculin, en æ pour le féminin, & en : pour le neutre : l’adje&tif mafçulin fe décline comme les noms en er ou ir, ou comme Îles noms en zs de la premiere déclinaifon; ladje@if féminin , comme les noms en & de la pre- miere ; & l’adjeétif neutre, comme les noms en v# de la feconde. Après les paradigmes des deux adjeétifs puicher & bonus, il eft bon de remarquer que meus, a , um, fait au vocatif fingulier mafculin eus ou ri ; Que cujus,a, um, JUUS , 4, um, UUS, a, um, véfler, tra, trum , n'ont point de vocatif, & quelle en eft la raifon ( voyez VOCATIF ); enfin que les ad- Jef pluriels ambo & duo font hétéroclites, & il fera utile d'en expofer les paradigmmes parallelement. Les adje@ifs de la feconde déclinaïfon ont le géni- tif fingulier en 245 ou en /us pour les trois genres, & ont d’ailleurs beaucoup d’analogie avec ceux de la prenuere. Ceux dont le génitifeftenius, font alius, a, ud ; alter, a, um ; alteruter , tra ,trum; ille , a, ud;1pfe, a ,umife, a, ud; neuter , tra, trum; nullus ,a, um ; folus , a, um ; totus, a, um ; ullus, a, um; unus , & , Um; utér , tra, trumm; uterlibet , utraliber ; atrumlibet ; utervis , UETAvis , Utrumvis ; uterque , utra- que , utrumque. Is ont tous le génitif fingulier en zus, & le datif en z pour les trois genres ; l'accufatifneu- tre eft femblable au nomunatif ; ils n’ont point de vocatif( voyez VOCATIF ) ; du refte 1ls fe déclinent comme les adje@ifs de la premiere déclinaïfon. Il eft bon de préfenter ici les paradigmes de alius , a , ud, de uxer , ra, rrum, & de folus, a, um, qui font diflingués par des différences qui fe retrouvent dans les autres adje&if de la même claffe. Ceux dont Le génitif eft en 7us fe déclinent chacun à leur maniere, fi ce n’eft que les compotés fe décli- nent comme les primitifs fimples; ainf il faut dé- tailler les paradigmes de chacun de ceux-ci : ce font hic, hec, hoc;is, ea,id, & fon compofé idem, caden:, idem ; qui, quæ, god , OU, quis, quæ , quid ; &c à-peu-près douze compofés. Les adje&tifs de la troifieme déclinaifon ont le gé- tuitif fingulier en is pour les trois genres, & fe par- tagent en t£ois efpeces. Ceux de la premiere efpece n’ont qu’une termi- naïfon au nominatif fingulier pour les trois genres , comme zoftras ( de notre pays } , teres (rond ), z7f- tans (preflant ), fapiens ( {age ),, infons (innocent), vecors (lâche ), audax ( hardi ) , fmplex ( fimple), felix (heureux ), atrox (atroce ), trux ( cruel ). Ils ont le génitif fingulier en ss ; ledatif en ; l'accufatif en er: pour le mafcuhin &c le féminin , & femblable au nominatif pour le neutre; le vocatif eft entiere- ment femblable au nominatif; & l’ablatif eft en e ou en z : le nonunatif, l’accufatif, & le vocatif pluriels font en es pour le mafculin & le. féminin, & en za pour le neutre ; le génitif enium , quelquefois en # par fyncope ; le datif & l’ablatif en bus. Un feul pa- radigme peut {ufire, à-moins qu’on n’aime mieux en donner un pour les adje@ifs qui font terminés pars, & un autre pour ceux dont la finale eft x. Ceux de la feconde efpece ont deux terminaifons au nominatif fingulier , l’une pour le mafculin & le féminin , &c l’autre pour le neutre; les uns font en 4s & en e, comme forts, m.f. forte, n.( courageux ) ; les autres font en or & en us, comme forsior , m. f. foraus , n. ( plus courageux ) ; & ceux-ci font tou- jours comparatifs. Ils fe déclinentcommeles adjeétifs de la premiere efpece , fi ce n’eft que ceux en is font VPablatif fingulier feulement en : , & que ceux en or ont le nominatif, l’accufatif, & le vocatif pluriels neutres en 2, & le génitif en ww fans £. Il faut ici deux paradigmes, lun pour les adjeétifs en is, & lau- tre pour ceux en or. Les adje@ifs de la troifieme efpece ont trois termi- naïfons aunominatif fingulier, er pour le mafculin, is pour le féminin, e pour le neutre, comme ce/e- er, bris, bre ( célebre). Ils ont le vocçatif fingulier . PAR 89: entierement femblable au nominatif; du refte ils fe déclinent comme les adjectifs en is de la feconde ef- pece. Un feul paradigme fuffit ici. - I! peut être utile de donner , après les déclinaifons des adjectifs, la lifte de ceux qui font indéchinables : les principaux font 1°. les adje&tifs pluriels, so, soui- dem , quot , aliquof, guoicunque , quotquot , quorli- ber , quotvis ; 2°. les adje@tifs numéraux colle&if, quatuor, quinque , [ex , &c. On a coutume de regarder comme des pronoms prefaque tous lesadjeétifs que je rapporte à la feconde déclhinaon , & quelques-uns qui entrent dans les deux autres, comme meus, tuus, fuus, cujus, nofter, vefter qui font de la premiere , & cujas, nofîras , vef- tras quu font de la troifieme : mais ce font de vérita- bles & purs adjeétifs, comme je le fais voir ailleurs, Voyez PRONOM. IT. Conjugaifons. Nos anciens rudimens avoient dans les conugaifons des abfurdités femblables à celles des declhinaifons : les dénominations des mo- des, des tems & des nombres , y étoient en latin; indicativo modo, tempore præfenti, fëngularirer | &c.le pronom perfonnel étoit exprimé à chaque perfonne ; ego ar.o (j'aime ), cu amas ( tu aimes }, &c. on re- gardoit la Grammaire greque comme un prototype dont il ne falloit pas s’écarter ; & en conféquence on avoit imaginé un optatif latin ; oprativo modo , tem- pore præfenti 6 imperfeüto, fingulariter | utinam ego amarem |! ( plér à Dieu que j'aimaffe! ) Voyez Op- TATIF. M. Lancelot, dans Pabrégé de [a Méthode latine, à réforme toutes ces fautes ; il nomme les tems, les modes & les nombres, en françois; il fupprime les ‘pronoms perfonnels ; il retranche le prétendu opta- tif. Mais {es paradigmes ne me paroïffent pas encore avoir toute la perfection défirable, 1°. Il met en parallele les quatre conjugaifons ; & je crois que cette comparaifon ne peut que furchar- ger inutilement Pattention des commençans : c’eft à des obiervations particulieres, ou orales, ou écrites, à aflignerles différences des conjugaifons, & à l’exer- cicé à les inculquer. [me femble qu’il ne faut mettre en colonnes paralleles que les deux nombres de cha- que tems , comme on doit y mettre les deux nom- bres de chaque nom, de chaque pronom:, & de cha- que adjeéhf. 2°. Il confond les tems de l’indicatif & du fubjonc- tif, & met de fuite ceux qui ont le même nom dans les deux modes; après amo, amas , amat, &ec. vient arnerr, aies ; aInét; PUIS On trouve arabam , arna- bas, amabat, &c. fuivi d’amarem, amares, ama- ret, &tc. &t ainfñ de fuite. C’eft qu'il regarde les modes en général comme des diftin@ions arbitrai- res & peu.eflentielles , qui fe prennent indiftinc- tement les unes pour les autres, & tout au plus comme des fous-divifions purement matérielles des mêmes tems. Jar apprécié ailleurs ce fyftème ( voyez MODE ); & je crois qu'il eft facile deconclure de ce- lui que jai établi, que les modes doivent être fépa- rés les uns des autres dans les paradigmes des vetbes. J'en ajouterai ici une raïfon particuliere : c’eft que les paradiomes doivent préfenter les variations du mot fous Les points de vüe les plus propres à fixer les lois ufuelles de la Grammaire de chaque langue. Or tous lès tems d’un même mode font foumis aux mê- mes lois grammaticales ; & ces lois font différentes pour lestems d’un autre mode , même pour les tems de même denomination: il eft donc plus raifonnable de grouper, pour ainfi dire, par modes les tems d’un même verbe, que de confondre ces modes dont la diftinétion eft fi effentielle pour l'intelligence de la fyntaxe. . 3°. Le même auteur traduit en françois les tems latins , & il tombe à çe fujet dans bien des méprifes, 893 PAR En premier lieu , 1 traduit en deux mameres certains tems du verbe, qui n’ont en effet que l’une des deux figmifications ; ararém (que jaimaite , dit-il ) Où J'ai- merois ); amavi ( j'aimai où j'ai aimé); amaviffem (que j’eufle oz faurois aimé } : of, amarem apparte- ETES 5 ve FD nant au mode fubjonéhuif, ne peut pas fignifier j'aime- rois, niamavifflem , j'aurois aimé; parce que ce {ont des tems du mode fuppofñitif qui manque abfolu- ment au latin. Voyez MODE, SUBIONCTIF , SurPo- SiTIF. C’eftla même méprile par rapport à amavi ; 1l ! 5 , A , préfente toujours le païñlé fous le même afpeë, & conféquemment il doit toujours être rendu en fran- gois de la même maniere, j'ai aimé: notre j’aimai eft untems qui étoit inconnu aux Romains. Voyez TEMS. En fecond lieu , Le rudiment de P. R. donne tout à la Singnlier. Aïo , j'aime. anas ; TU aimes 04 VOUS almiez, amat , il ou elle aime, | Indefini, Préfens. 5 | \ Antérieut. Définis. eo 2" a On peut difpofer de même les prérérits & les fu- turs, au fubion@if comme à l'indicatif, à la voix pañlive comme à la voix a@tive. Il y a feuilement àob- ferver qu’une pareille expofñition occupant trop de largeur pour une page 27-oéfavo , on peut prendre le parti de mettre fur la page verfo qui eft à gauche, les dénominations générales des tems, difpotces comme on le voit ici; & fur la page reéfo qui eft à droiïte, le pur paradigme du verbe fur Les deux colonnes paralle- les du fingulier & du pluriel. ” Dans lestems compofés, 1l y atoujours quelques Singulrer. eram , je devois eras , tu devois ex vous deviez SRANIPU Lin D ‘JotuIe. erat , 1l oz elle devoit Ondiftingue communément quatre ‘conjugaifons réguheres des verbes latins, différenciées principa- lement par la voyelle qui ÿrécede le re final du pré- fent de l’infinitif : c’eft un 4 long dans les verbes de la premiere conjugatfon , amare ( aimer ); c’eéftune long dans ceux de la feconde , monëre ( avertir ) ; c’eltun e bref pour la troifieme, /epëre (lire) ; & c’eft unz long pour la quatrieme , audire ( entendre ). On a coutume de donner trois paradigmes à chacune de ces conjugatfons ; Pun, pour les verbes dé terminai- fonaétive, foit abfolus, foit relatifs ; le fecond, pour les verbes de la voix pafive; & le troïfieme, pour les verbes déponens. Cela eft très-bien ; mais il me femble qu'il feroit mieux encore de partager en deux efpeces les verbes de la troifième conjugaifon, & de mettre dans l’une, ceux qui ont une confonne avant o au préfent indéfini de indicatif, comme go, & dans l’autre, ceux quront au même tems un Zavanto, _ Comme capio : dans ce cas , 1 faudroit trois paradio- mes pour les verbes dela premiere efpece, par exem- ple, Lego, legor & fequor ; il en faudroit pareillément trois pour ceux de la feconde, pat exemple , capio, capior & aggredior : 11 me femble que ce n’eft pas af fez pour les commençans, d'une fimple remarque telle que-celle du rudiment de P, R. pag. 46, Amabam , jamois. armabas | tu aiMOIs o7 VOUS aimiez, arabatis , VOUS aimez. armabat ; il ou elle aimoit. À | Amabo , j'aimerai. F Pofterieur. S amabis, tu ameras ox vous aimerez. amabitis , vous aimerez. anabit , 1] ou elle aimera. fois un fens aëtif 8 un fens paf à Chacun des trois gérondifs & au fupin en z: c’efi une contradi@ion frappante qu'il n’eft pas poflible de croire que lPufage ait jamais autorifée : quelques exemples mal analy- fés ont occafonne cette erreur ; un peu plus d’at- tention la corrigera; il #’y a de gérondifs & de {u- pins qu’à la voix aétive. Voyez GÉRONDIF , SUPIN. Je n’ajouterai pas 1c1 toutes les obfervations que je pourrois faire fur la dénomination & l’ordre des tems ; on peut voir le fyflème que j’adopte fur cetté matiere, article TEMS. Je me contenterai donc de pré- fenter quelques tems du verbe amo , fous la forme que je crois la plus convenable pour affeéter limagi- nation d’une mariere utile. INDICATIF. Pluriel. ATMaMmus | NOUS aimons, amatis | VOUS aimez. amant , is ou elles aiment, Armabamus ,' NOUS aimons: ;ärabant , ils ou elles aimoient. en Amabimus , nous armerons, armnabunt , ils ou elles aimeront. mots qui font communs à toutes les perfonnes : il fera utrle de ne les écrire qu’une fois à côté dutems, fur une ligne couchée verticalement. 1°. Cette difpo- fition fera mieux fentir ce qu'il y a de commun & de propre à chaque perfonne. 2°. Comme l’expédient eft également de mife en latin & en françois, il fervira à diminuer la largeur du paradigme , qui, fans cela, occuperoit fouvent plus d’efpace que n’en comporte la page, & forceroit à mettre une feule per- fonne en deux lignes. Voici fous cette forme le furur ; D défini antérieur du même mode : Pluriel, N eramus | nous devions L Ÿ & ; : n° Dv eratlis , Vous deviez E S À 5 wo erant , is ou elles devoient On a coutume de mettre à la fuite des conjugai- fons réguhieres, les paradigmes des verbes anomaux ou irrégukers, & lon fait bien; mais je voudrois qu'on le fit avec plus d'ordre, & que l’on fnivit ce- lui des conjugaifons mêmes. Le rudiment de P.R.. dé- bute par co qui eft de la quatrieme conjugaifon ; viennent enfuite vo/o, malo, nolo & fero, qui font de la troifieme; puis, poffam &C profum , qui tiennent au verbe fubftantif; & enfin, edo & comedo, qui font encore de la troïifieme : c’eft un vrai defordre, & d’ailleurs la lifte des anomaux n’eft pas complette. Comme le verbe /1m eft un auxiliaire néceflaire dans les conjugaifons répulieres , on doit en trouver le paradigme dès le commencement. D’où je conclus que les irréguliers poffum & profum doivent être con- jugués les premiers de tous les anomaux. Comme 1l n’y en a point à la premuere conjugaifon, 1! faut con- juguer enfuite audeo , dont le prétérit eft aus Jum Ou fui ; 8 il fervira de paradigme à gaudeo , gavifus Jum ou fui, à foko, foliius [um où fu, &c.ily a un verbe de la troifieme conjugaifon qui fuit la même anomalie ; c’eft fdo , ffus fum où fus : 11 faut auf le conjuguer pour férvir de paradigme à fes compofés confido ;. diffido : fo, qui ñent lieu de paffif à face dans fes préfens , & qui n’a d’autres prétérits ni d’au- tres ke PAR tres futurs, que ceux qu'il émprunte du pañif de ce verbe , doit aufh être conjugué : on peut mettreen- fuite la conjugaifon attive & paflive de féro, quifervira | de paradigmeàtous {es compotés, dont il eft bon de détailler les tems primitifs, à caufe des métamor- phofes de la particule compofante : puis , le verbe mais un Changement d'état. Que s’il eft dans le ciel, le ciel n’eft autre chofe que toute la matiere fluide & immenfe’, dans laquelle roulent une infinité de COrps êc lumineux & opaques ; de forte que les cieux , Puni- vers &c tous les ouvrages de Dieu font le paradis &e le féjour des bienheureux. C’eft pourquoi notre Sei- gneur dit dans l'Evangile, que Les faints aurons le royaume des cieux en partage, 6 qu’ils poffléderont La terre, c’eft-à-dire que tout univers leur appartien- dra, ou qu'au-moins ils en auront la jouiflance en- tiere & parfaite. Les Juifs appellent ordinairement le paradis le jar din d'Eden, & ils fe figurent qu'après la venue du Meffe ils y jouiront d’une félicité naturelle au mi- lieu de toutes fortes de délices : & en attendant la réfurreétion & la venue du Meffe , ils croient qué les ames y demeurent dans un état de repos, Les Mahométans admettent aufi un paradis | dont toute la félicité ne confifte que dans les voluptés cor: porelles. Voyez ce qu'ils en racontent fous les 1078 ALCORAN , MAHOMÉTISME. LE PARADIS TERRESTRE, jardin des délices dans lez quel Dieu plaça Adam & Eve après leur création. Ils y demeurerent pendant leur état d’innocence, & en furent chaflés dès qu’ils eurent défobéi à Dieu en mangeant du fruit défendu. Ce mot vient de l’hé- breu ou plutôt du chaldéen pardes , que les Grecs ont traduits par celui de œapadisoc | qui fignifie à la lettre un verger, un Zieu planté d'arbres fruitiers | & quelquefois un Pois de haute furaie. Les Perles nom- moient ainfi leurs jardins à fruits , &c les parcs oùils nourrifloient toutes fortes d'animaux fauvages, com il paroît par Xénophon, cyroped. Moïfe l'appelle le jardiz d'Eden , C’eftà-dire le jar: din des délices , mot dont quelques-uns cherchent l’étymologie dans le grec udvv, volupsas : mais dans lhébreu , Eden eft le nom d’un pays & d’une pro- vince où étoit fitué le paradis ierreftre. On forme plufieurs difficultés fur fa fituation 3 quelques-uns , comme Origenes, Philon, les Seleu- ciëns & Harmianiens anciens hérétiques , Paul Ve- nitien dans le dernier fiecle , ont cru que le paradis cerreffre n'avoit jamais exifté, & qu’on doit expliquer allégoriquement tout ce qu’en dit l’Ecriture : d’au- tres Pont place hors du monde , quelques-uns dans le troifieme ciel , dans le ciel de la lune, dans la lune même ; d’autres dans la moyenne région de l'air au-deflus de laterre , quelques autres fous la terre dans un lieu caché & éloigné de la connoïffance des hommes , dans le lieu qu'occupe aujourd’hui la mer Cafpienne. Les fentimens de çeux qui l'ont placé fur la terre YYYYY 894 P À R ne font pas moins partagés. [l n’y a prefqwancune partie du monde , dit dom Calmet ; où l’on ne lait été chercher, dans l’Afie, dans l'Afrique, dans l’Eu- rope, dans l'Amérique, fur les bords du Gange, dans les Indes, dans la Chine , dans l’île de Ceylan, dans lEthiopie où font les montagnes de la lune , 6:c, Le fentiment lesplüs probable, quant à la défigna- tion générale du paradis serreflre, eft qu’il étoit fitué en Afie; mais dès qu'il s’agit de déterminer en quelle partie de l’Afie, nouveau partage d’opinions. _ Quelques-uns, comme le P. Hardouin , le placent dans la Paleftine, aux environs du lac de Genéfa- reth ; un auteur filéfien , nommé Herbinius, quia écrit fur cette matiere en 1688 , adopte en partie ce fentiment. M.le Clerc, dans fon commentaire fur la | Genefe, le met aux environs des montagnes du Li- ban, de l'Anti-Liban , & de Damas vers les fources de F'Oronte &c du Chryforrhoas : mais dans lune n1 dans l’autre de ces deux pofñtions on ne découvre aucun veflige des fleuves qui, felon la defcription de Moïfe , arrofotent le paradis terreffre. Hopkinfon, M. Huet & Bochart placent le paradis serreffre entre le confluent de l’'Euphrate &c du Tigre, & à l'endroit de leur {éparation ; parce que, felon le récit de Moïfe , ces deux fleuves font du nombre de ceux qui arrofoïent le jardin d’Eden ; le Phifon, ajoutent-ils, étoit Le canal occidental du Tigre, êcle Gihon le canal occidental du même fleuve qui fe dé- charge dans le golfe perfique. Selon eux, l'Ethiopie, une des contrées qu’arrofoient les fleuves, felon Moi- {e , étoit inconteftablement l'Arabie déferte, puifque le même auteur donne le nom d’£Zrhiopienne à fa fem- me, qui étoit de ce pays ; & Hévilah, l’autre contrée, doit être le Chufiftan, province de Perfe, où l’on trouvoit autrefois Por , le bdellium & l’onyx, dont parle Moïfe. La grande dificuité de ce fyftème eft que Moïfe parle bien diftinétement de quatre fleuves, dont chacun avoit fa fource dans le jardin d’Eden, & qu'ici l’on ne trouve que deux fleuves qui forment à la vérité quatre branches, mais dont le cours eft peu différent , & n’eft pas oppofé comme l’infinue le texte de la Genèfe. Le P. Calmet & quelques autres critiques fort ha- biles ont placé le paradis terreffre dans l'Arménie aux fources du Tigre, de l’'Euphrate, de PAraxe &c du . Phani, qu’ils croient être les quatre fleuves défignés par Moïfe. L’Euphrate eft bien nettement exprimé dans la Genèfe. Le Chidkel eft le Tigre nommé en- core aujourd'hui Digliso. Le Gehon eff l’Araxe, apa- Ées, en grec fignifie spérueux, de même que Gekon en hébréu , & l’on reconnoit ce fleuve à ce qu’en a dit Virgile, pontemque indignatus Araxes. Le canton d’Eden étoit dans ce pays-là autant qu’on en peut juger par quelques veftiges qui en font reftés dans les livres faints. Le pays de Chus eft l’ancienne Sci- thie , fituée fur l’Araxe, & Hévilah ou Chevilah, cèle- bre par fon or, paroit avoir donne fon nom à laCol- chide, auffi renommée chez les anciens par ce même métal que le Phafe rouloit dans {es eaux. L’objetion la plus fpécieufe qu’on fafle contre ce fentiment ; c’eft que , felon Chardin, le Phifon, aujourd’hui le Phazzo, prend fa fource dans les montagnes du Cau- cafe, du côté de la partie feptentrionale du royaume d’Imiret & aflez loin du mont Ararat ; mais comme il faut donner néceflairement une certaine étendue au canton d'Eden pour que quatre grands fleuves puiffent y prendre leur fource, cette difiiculté ne pa- toit pas fondée. Voyez le comment. de dom Calmet fur Ja Bible, & [a differt. particuliere fur le paradis ter- reftre. Il y a encore différentes autres opinions fur ce point. Poftel prétend que le paradis terreftre étoit pla- cé fous le pole feptentrional. Il fonde cette idée fur PAR une ancienne tradition des Egyptiens & des Babylo- niens , qui portoit que l’écliptique eu la route du fo- leil coupoit d’abord l'équateur à angles droits , & par conféquent pafloit fur le pole feptentrional : d'autres au contraire penfent qu'il nétoit limité à aucune place particuliere , qu’il s’étendoit fur toute la face de la terre qui n’étoit, difent-1ls , alors qu’une fcène continuelle & variée de voluprés jufqu’à ce qu’elle füt changée pat le péché d'Adam. Maïs ces deux fentimens {ont également incompatibles avec le texte de la Genèfe. Les Orientaux croient que le paradis terreffre étoit dans l’île de Serendib ou de Céylan , & qu’Adam ayant êté chaflé du paradis, fut relégué dans la mon- tagne de Rahonn , fituée dans la même ile, à deux ou trois journées de la mer. Les Portugais nomment cette montagne pico de Adam , Où montagne d'Adam, parce qu'on croit que le premier homme a été en- erfé fous cette montagne, après avoir fait une péni- tence de cent trente ans. Outre ce paradis terreftre, les Mufulmans en comptentencore trois autres, un vers Obollah en Chaldée , le fecond vers le défert de Naoubendisian en Perfe , & le troifieme vers Da- mas en Syrie. D’Herbelot, Biblioth. oriental. p. 378 6 708. Calmet, Didion. de la Bible. PARADIS , ( Crisiq. facrée. ) ce mot dont fon ori- oine fignifie un verger, & non un jardin : il ne veut pas dire un Jardin de fleurs ou de légumes & d'herbes, mais un ezclos planté d'arbres fruitiers, & autres. Ce nom fe trouve en trois endroits du texte hébreu. 1° Au fecond livre d'Efdras, y. 8. où Néhémie prie le roi Artaxerxe de lui faire donner des lettres adref fées à Afaph, gardien du verger du roi, afin qu'il lui fafle donner le bois néceflaire pour les bâtimens qu’il alloit entreprendre. Dans cet endroit, paradis eft mis pour un lieu rempli d'arbres propres à bâtir. 2° Salomon, dans lEccléfiafte, 7. 5. dit qu'il s’eft fait des jardins & des paradis, c’eft-à-dire des ver- gers. 3° Dans le Cantique des Cantiques, 27. 13. 1l dit que les plants de lépoufe font comme un verger rem- pli de grenadiers. Les Grecs, non-feulement les fep- tante , mais même Xénophon & les autres auteurs paiens fe fervent fouvent de ce même terme en ce fens-là. Les feptante fe font fervi du mot rapad'asos en par- fant du jardin d'Eden, ampad' csov &y Ed'ey; l’hébreu l’ex- plique par le mot gar. Jamais lieu n’a tant excité-la curiofité des hommes que celui-là, je crois qu'il eft par-tout où les hommes fe font du bien. (2. J.) ParaDis, (Æif. eccléf.) chez les anciens écrivains eccléfaftiques fe dit d’une cour quarrée devant les cathédrales | environnée de places ou de portiques foutenus par des piliers, & {ous lefquels on peut fe promener. Voyez PORTIQUE. Matthieu Paris Pappelle parvifus, pervis. Voyez PARVIS. ° PARADIS , BASSIN, (Marine) c’eft la partie d'un port où les vaifleaux font le plus en füreté. Voyez BASSIN 6 CHAMBRE. (Z | | PARADIS , oïfeau du ; (Ornirhol.) c’eft, {elon Lin- næus , un genre particulier d’oifeaux de l’ordre des pies ; leurs caratteres diftinétifs confiftent à avoir deux plumes particulieres & extrèmement longues, lefquelles ne font inférées ni aux aïles, ni au crou- ion. PARADISUS , (Géog. anc.) ville de Syrie. Dio- dore de Sicile, Z. XVTII. c. xxxix. nomme cette ville Triparadifus, & la met dans la haute Syrie. Il ÿ avoit auffi en Syrie un fleuve de ce nom , felon Martianus, Capella. Pline, Z #7 c. xxvij. en met un autre en Ci- licre. (D. J.) PARADOXE, f. m. ex Philofophie , c’eft une pro- pofition abfurde en apparence , à caufe qu’elle eft contraire aux opinions reçues, êC qui néanmoins eft PAL PAR Vraie au fond, où du-moins peut recevoir un air de vérité. Voyez PROPOSITION. Ce mot eff formé du grec rapa, contra, contre, & 0Ë«, opinion. | pes Dour hi Le fyflème de Copernic eft un paradoxe au fenti- ment du peuple ;-&-tous les faväns conviennent de fa vérité. Voyez COPERNIC. : _ Îy a même des paradoxes eh Géométrie : on peut regarder comme tels les propoñitions fur les incom- menfurables & plufeurs autres, 6:c. on démontre, par exemple, que la diagonale d’un quarré eft in- commenfurable avec fon côté, c’eft-à-dire qu'il n’y a aucune portion détendue fi petite qu’elle foit, ft CE 5 5isscccssce de ligne qui foit contenue à-la-fois exaëtement dans le Côté d’un quarré & dans la dia- gonale, La Géométrie de lPinfini fournit un grand nombre de parédoxes à ceux qui s’y exercent. Woyeg ASYMPTOTE , INCOMMENSURABLE, INFINI, Dir: FÉRENTIEL, 6c. (O) | PARADOXE ox PARADOXOLOGUE, (Hiff. anc.) c’étoit chez les anciens une efpèce de mimes ou de bateleurs, qui divertifloient le peuple avec leurs bouffonneries. Voyez PANTOMIME. On les appelloit auffi ordinaires, à canfe apparem- remment que parlant fans étude ou préparation, ils étoient toujours prêts. | | _ Ïls étoient encore appellés zzarrcologices , ’eft- à-dire des conteurs de fornettes d'enfant ; & outre cela arétalogices, du mot apern, un virtofo, en ce qu’ils parloient beaucoup de leurs rares talens 8 des mer- veilleufes qualités qu'ils s’attribuoient. PARÆTACENE, ( Géog. anc.) contrée d’Afie ; on donnoit ce nom, felon Ptolomée, Z. FI. €. iv. à toute la partie de la Perfide qui touchoit la Médie. Strabon , /. 11,p. 80. & 1. XI. p.524. dit que la Pa- rætacene & la Coflée joïgnoient la Perfide, & s’éten- doient jufqu’aux portes Cafpiennes. Les habitans de cette contrée , nommée Parcracæ & Parataceni , étoient des montagnards adonnés au brigandage. . PARÆTAQUES, ( Géog. anc. ) peuples dont les anciens Géographes marquent prefque tous diffé- remment la poñition. Selon Pline , ils féparoient le pays des Parthes de la province nommée #rix, c’eft- à-dire qu'ils occupoient les montagnes qui fervoient de frontieres à ces Parthes &c aux Âriens. Selon Pto- lomée , les Parætaques habitoient au nord de la Perfe &c au midi de la Médie ; & felon Eratofthenes, cité par Strabon , 1ls s’étendoient vers l'Orient jufqu’aux frontieres du paysdes Parthes & celles de la Carama- nie : enforte qu'ils n’étoient féparés des Paræraques orientaux de l’Afie & du Sacaftan que par les déferts de la Caramanie , fi même ils ne les habitoient pas; car les pays les plus ftériles ne l'étoient pas pour les Scythes, leurs troupeaux étant accoutumés à fe nour- ir des plantes feches que la terre produit dans ces plaines arides. Hérodote & Arrien mettent les Pareriques dans la Médie. Etienne de Byzance dit qu'il y avoit une ville dans la Médie , appellée Paræraca ; maïs il y a apparence aû’elle étoit feulement dans la Parætaz cene, aux confins de la Médie. Strabon donne une très-srande étendue aux Pare: zaques occidentaux, il les joint aux Cofléens ; & après avoir dit que ce font des montagnards féroces & ac- coutumes aux brigandages , il ajoute qu'ils s’éten- doient au nord jufqu’aux portes Cafpiennes , c’eft- à-dire jufqu’au nord de la Médie, & dans le voifi- nage de l'Hyrcanie, & de la partie feptentrionale du pays des Parthes : ailleurs il joint ces Paræraques ‘aux peuples de PElymaide, &c dit qu'ils occupoient les montagnes voifines de la Pittacene ou de l’Apol: loniatide , c’eft-à-dire de la rive orientale du Tigre, Ces Paræragues avoient confervé dans PElymaïde le Tome XL. PAR 3 nom de Sagzes , & l’avoient donné À un éañton de la Sufiane , nommé Sagapena , {elon Strabon : ée nom nous apprend que les Paræraques répandus dans les montagnes de la Perfe, étoient des Saques ou des Scythes, de la même nation que les Péretaques du Sacaftan, dans la Margiane & dans le Paropamius: Ainfi on conçoit facilement que ces peuplés n’a- voient eu que le Tigre à nbnee pour s'établir dans la Babylonie , & porter leur nom de Sagwes dans cette île formée par les deux bras du Tigre où font les deux bourgades , qui font appelées’ encore au- jourd’hui Sakié par les Arabes, Il fe pourroit même que quelque bande de ces mêmes Saques eût donné fon nom à la ville de Sz: cadafurle Tigre , au midi de Ninive. Selon le témoi: gnage de Strabon , les Saques avoient fait des irrup= tions dans les pays les plus éloignés de leur premiere demeure qui étoit vers les bords du Jaxartes ; non: feulement ils s’étoient emparés de toute la Baétriane, de la Margiane , & du pays des Parthes, habité paf une très-ancienhe colonie de Scythes avec laquelle ils s’étoient mêlés, mais ils s’étoient encore cten- dus de proche en proche jufques dans la Babylonie à Occident ; & remontant de-là vers le Nord , ils avoient pénétré juiques dans l’Arménie où ils s’é- toient emparés d’une province fertile entre le Cyrus &t l’Araxe , à laquelle ils donnerent le nom de Su: caffena ; ils avoient auffi fait des courfes dans la Ca: padoce ; &t ravagé ce pays jufque fur les bords du Pont Euxin. On célébroit encore du tems de Stras bon une fête à Zela, ville du Pont fous le nom de Sacæa , en mémoire d’un avantage remporté par ceux du pays fur les Saques. Voyez SAccÉEs. (D.J.) PARÆTONIUM, (Géog. anc.) ville d'Egypte, Ptolomée , Z 1.6. y. la place dans le nome de Ly- bie, entre Apis & Puhys extrema. Strabon, Z XVII, P: 798. dit que cette ville avoit un port, que quel: ques-uns Pappelloient Æmmonia. C’eft-à qu’Antoine & Cléopatre laiflerent comme en dépôt leurs enfans Ôt leurs tréfors après la bataille d’Aétium: Juüftinien fit fortiñier Parætonium | pour arrêter les incurfons des Maures ; mais ce prince n’a fait que fe ruiner en fortifications inutiles, & dépeupler fes états par un zele furieux, (D. J.) | PARAGE, f. m. (Jurifprud.) appellé dans la bafle latinité paragium , fignifioit autrefois la hauce nobleffe, ainfi que le remarque du Cange ; dans la fuite ce terme eft devenu ufité pour exprimer la parité où égalité de condition qui fe trouve entre pluñeurs co= feigneurs d’un même fief, : NL . Parage, où senure en parage , .eft la poflefion d’ur fief indivis entre plufeurs co-héritiers , dont la foi eft rendue au fergneur dominant pour la totalité , pas Painé de fes co-héritiers , que lon appelle cherzer , tandis que les puinés fes co-héritiers, qu’on appelle Parageurs dans certaines coutumes , & dans d’autres Parageaux , tiennent leur portion indivife du même fief, fous hommage de leur chemier ou aîné, fans en faire d'hommage au feigneur dominant , ni à leur at- né, lequel fait feul la foi pour tous , &c les garantit fous fon hommage. L'effet de cette maniere de poffeder un fief eft qu’a- près le parage fini dans les tems, & fuivant les regles que chaque coutume prefcrit les portions que les puinés ont dans les fiefs, ceffent de relever direétez ment du feigneur dominant, dans la mouvance du quel elles avoient été jufqu’alors , &c fe levent pour toujours de la portion poflédée par le chemier ou aï- né, qui devient dès-lors le feigneur dominant des parageurs ou puinés. | Il eft aflez difficile de pénétrer quela été dans l’ort: gine le fondement de cet ufage,qui paroït néanmoins avoir été fuivi autrefois dans la plus grande partie YYyyy5i 896 P AR de là France ; cémme one voit par un grand nome bre d’aétes anciens , par plufieurs difpoftions de cou- tumes , & parce qu nous refte des ouvrages de no anciens praticiens. :\ - n Cé quieft conftant , c’eft qu'originairement les fefs étant confidérés comme imdivifibles de leur na- ture , ils ne tomboient point en partage dans les fuc- ceflions; l’aîné mâle les recuailloit en entier , & lar- - née des femelles, à défaut des mâles, pouvoit aufli y fuccéder ; lorfque la loi de linveftiture le permet: toit. Feud, Liv, IL, tir. 11 & 17, Cet ancien droit féodal changea dans la fuite ; le partage des fiefs fut admis dans les fucceffions , com- me celui des aleux; &calots, pour conferver l’'indi- vifbilité des fiefs à légard du feisneuridomunant, on imagina les frerages & les parages. Le frerage étoit le partage entre freres fous cette condition que les puinés tiendroient en frerage de : leur aîné, é’eft-à-dire, qu'ils feroient à l'aîné la foi & hommage pour leur portion du fief. Par l’ancien ufage de la France, dit M. de Lauriere en fon gl6ff. au mot frarefcheux , quand un fief étoit échu à plufeurs enfans, il étoit prefque toujours dé- membré & diminué, parce que les puinés tenoient ordinairement de leur ainé par frerage leur part & portion, fo1 &t hommage. Le parage étoït, comme l’on voit, fynonyme du frerage , n’ayant d’abord eu lieu qu'entre freres, en- fans d’un pere commun ; il #avoit auffi lieu d’abord qu'entre les nobles feulement , avant que les rotu- riers euffent obtenu difpenfe de tenir des fiefs ; enfin il n'avoit lieu en collatérale que dans les coutumes qui donnent le droit d’ainefle tant en direéte qu’en çollatérale, Tel étoit l’ancien droit de prefque toute la Fran- ce; les aînés ne faifoient la foi & hommage aux fei- gneurs domiñans que pour leur part feulement, & les puinés tenoient la leur en foi hommage de leur aîné comme fes vaflaux ; de forte que ces portions des puînés formoient à l’égard du feigneur domi- nant des arriere-fefs : C’eft ce que nous apprenons des paroles fuivantes d’'Ofhon, de Frifinger, de gef- tis Fredericis, lib, ÎT, cap. xxix. Mos in 1llé qui penè in omnibus galliæ provincus, quod fémper ferviori fra- cri, ejujque liberis maribus feu fæminis paterne heredi- tatis cedat autoritas , c@teris ad 1llum tanquam domi- num refpicientibus. Mais comme ces frerages , par les démembremens réels qu'ils opéroient , tendoient évidemment à la deftruëtion des fiefs, fous le regne de Philippe-Augu- fte , Eudes duc de Bourgogne , Hervé, comte de Ne- vers ; Renault , comte de Boulogne ; le comte de S. Pal, Guy de Dampierre ; & plufieurs autres grands feigneurs, tâcherent d’abolir cet ufage dans leursiter- res par un accord qu’ils firent entr’eux, qui fut rédigé en 1209 ou 1210, & auquel Philppe-Augufte voulut bien donner le carattere de loi. Cette ordonnance eft rapportée pat Pithou, fur Particle 14. de la coutume de Troyes , & dans le recueil des ordonnances du Louvre : elle portoit qu’à l’avenir les puinés ne re- leveroient plus de leur aîné par les partages des fiefs; qu'ils releveroient direétement des feigneurs , dont les fiefs relevoient avant le partage, & que le cas échéant, où le fervice feroit dû au feigneur domi- nant, chacun des co-partageans feroit tenu de lac: quitter à proportion de ce qu'il auroit dans le fief. Cette ordonnance n’abolit pas le frerage , comme quelques-uns l'ont cru , mais elle en changea l'effet, en réglant qu’à avenir les puinés relevoient du fei- gneur dominant , au lieu qu'auparavantils relevoient de leur aîné. D'ailleurs ce réglement, quoique fort fage, & plus conforme à la nature des fiefs, ne fut pas pleinement exécuté. L'ancien ufage prévalut en beaucoup d’en- droits, notamment dans les-domaines.du roi, ainfi qu'il eft prouvé.par ces établiflemens de S, Louis, chap. xliiy. Ixx. @ Ixxiv, qui font mention.du.parage, comime d’une chofe qui étoit d’un ufage-commun. C’eft ainfi qu'en voulant éviter le démembrement imaginaire qu'opéroit le partage du-fef, on enin- troduifit un autre très-réel en admettant le parage légal, lequel opere en effet le démembrement le plus formel & le plus caraétérifé , puifque d’un fief il en fait réellement plufeurs très-diftinéts , au détriment du feigneur dominant qui y perd la mouvance im- médiate ; & ce fut pat la voie du parage que les ar- riere-fiefs fe multipherent beaucoup. _ Le parage continue donc d'être d’un ufage com- mun en France , nonobftant l’accord ou ordonnance de 1209, & il eut cours ainfi jufqu’à la rédaétion & téformation des coutumes , dont le plus grand nom- bre a rejette le parage. ? se Celles qui l’ont confervé font Normandie , Anjou, Maine, Lodunoïs, Blois, Tours, Poitou, Angou- mois , S. Jean d'Angely, l’Ufance de Saintes , Breta- one , & quelques autres en petit nombre. Le chemier ou ainé garantit, comme on la déja dit, les puinés fous fon hommage, Ils font feulement tenus de lui fournir l’aveu & dénombremens de leurs portions , afin qu'il puiffe fournir un aveu général du fief au feigneur dominant. Tandis que le parage dure , les puinés contribuent aux charges & devoirs du fief, tels que les frais de l'hommage, le reliéf, le chambellage , & autres de- voirs qui peuvent être düs. Le parage n’a heu que pour la jouiffance indivife d’un même fief; lorfque les puinés ont un fief dif- tinét en partage, 1l n’y a pas lieu au parage ; la cou- tume de Poitou ladmet pourtant pout plufieurs fiefs diftinéts , mais 1l ne dure que pendant que la fuccef- fion eft indivife. On divife le parage en léoal & conventionnel. Le parage légal eft celui qui eft introduit par la loi, & qui a lieu de plein droit, fans qu'il foit be- foin de convention ; il n’eft admis qu'entre co-héri- tiers, dont l’aîné devient le chemier, & les puinés les parageurs ou parageaux; & à la fin de ce parage légal, les portions des puinés dans le fief relevent immédiatement de la portion de Painé. Le parage conventionnel eff celui qui fe forme par convention entre plufeurs co-héritiers ou co-pro- priétaires : 1l ne finit que par une convention con- traire, fans jamais altérer n1 changer la mouvance du fief à la fin du parage , enforte que cette efpece de parage n'intérefle nullement le feigneur dominant auquel il ne fait jamais aucun préjudice. Cette ef- pece de parage eft plus connu dans les coutumes de Poitou, Saintonge & Angoumois, que dans les an- tres coutumes de parage. | Tout l'effet du parage conventionnel fe réduit à charser un des co-héritiers ou co-propriétaires de faire la foi & hommage en l’acquit des autres pour la totalité du fief, 8 tant que ce parage dure , les mutations n'arrivent, & les droits ne font dûüs au feigneur que du chef du chemier conventionnel, c’eft-à-dire, de celui qui par la convention a été chargé de fervir le fief; lorfque ce parage fe réfout par une convention contraire, tous les portionnat- res du fief font la foi au feigneur dominant , chacun pour la portion qu'il a dans le fief. | Le parage, foit légal où conventionnel, eft une efpece de jeu de fief, Pun procédant de la loi, Pau- tre de la convention ; mais ce dernier ne regardant que le port de fief, ne forme pas un véritable jeu de fief. Suivant le droit commun de cette matiere, ilne P'ALR: peut jamais -ÿ avoir de parage légal où convéntion- nel, que dans le partage où acquifition d’un feul & même fief, en quoi lun & FPautre parage convien- nent entr'eux ; mais ils différent en deux points ef {entiels. Æ EST LUS A Cl L'un eft que le parage conventionnel ne finit ja- mais, fi ce n’eft par une convention contraire , au lieu que le partage légal a une fin déterminée ; fa- voir, lorfque les co-feigneurs du fief font fi éloi: gnés , qu'ils ne peuvent plus montrer ni prouver le lignage : dans quelques coutumes, il finit au fixieme degré inclufivement ;. dans d’autres du quatrieme au cinquieme : il finit auffi quand une portion du fief fort de [a ligne à laquelle 1la commencé. L'autre différence eft, que dangle parage conven- tionnel le jeu de fief ne concerne que le port de foi, au heu que le parage légal tend à une fous-inféoda- tion des portions des puinés ; fous-inféodation qui a lieu , lorfque le parage eft fini fans que Le feigneux dominant puifle l’en empêcher: la coutume de Poi: tou veutmême qu'on lappelle pour voir le puiné faire la foi à lainé ; autrement , lors de l'ouverture de la portion chemiere, le feigneur dominant pour- roit exercer tous les droits , tant fur la portion che- miete que fur les portions cadettes. Dans toutes les coutumes qui n’admettent point expreffément le parage , on ne peut l’y introduire, foit dans les acquifitions en commun , foit dans les partages de fucceffions direétes ou collatérales, i} n’a ” point heu au préjudice du roi ni de tout autre fei- oneur dominant;car en ce cas ce feroitun parage con- ventionnel , lequel eft encore plus exorbitant du droit commun que le parage légal ; de forte qu’il ne peut avoir heu sil n’eft expreflément admis par la coutume ; ainfi dans ce cas le feigneur feroit en droit de faire faïfir le fief entier, & de refufer Phommage qui li feroit offert par l’ainé ou autres, dont les co- propriétaires feroient convenus. Il y a néanmoins deux exceptions à cette regle, L’une eft que f les puinés étoient mineurs , le {ei- gneur feroit tenu de leur accorder fouffrance. L'autre eft que dans certaines coutumes, l’aîné eft autorifé à porter la foi pour la premiere fois que le fief eft ouvert par le décès du pere commun ; mais cela ne tire pas à conféquence pour la fuite, & n’o- pere point un parage. Le parage conventionnel , fuivant l’arr. 107 -de la coutume de Poitou , fe forme par convention, foit par le contrat d’acquifition d’un fief par plufieurs per- {onnes , foit lors de la diffolution de la communauté, fuivant Parricle 243, où la femme pendant qu’elle s’unit , tient la moitié des acquêts en pari prenant des héritiers du mari, qui font les hommages pendant Pindivifion , foit quand on aliene une partie de fon fief à la charge d’un devoir , & de le garantir fous fon hommage. Le parage fe forme auff par longue ufan- ce , dit l’err. 107, c’eft-à-dire , quand un des ayans- part au fref a fait &c té reçu en hommage pour tous pendant un long-tems. Il y a deux fortes de parage conventionnel , {ui- vant les coutumes de Poitou , Angoumois & Saint Jean d’Angely : l’une s’appelle serir en part prenanr, ouwpart mettant : l'autre {e dit rire garimens. Tenir en part prenant , par mettant, ou en gari- ment , c’eft tenir par plufeurs propriétaires du mé- me fief à autre titre que fuccefhf {ous la convention que l’un d’eux fera la foi pour tous les autres, & qu'il les garantira fous fon hommage ; & que par ce moyen il couvrira la portion des autres : ils {ont Part prenans , parce qu'ils prennent part au fief ; ils font part mettans , parce qu’ils contribuent au de- voir ; ils {ont en gariment , parce qu’ils font fous fa foi, PAR 897 Tous ceux qui tiennent en: part prenant & part mettant tiennent aüffi en gariment. Mais il ÿ à une tenure particuliere en gariment qui neft point en part prenant m en part mettant. c’eit lorfque quel- qu'un ahene, une partie de {on fief à certain devoir, à la charge de la garantir fous fon hommage, Celui qui tient cette portion de fief moyennant un devoir eft en gariment ; mais 1l n’eft pas en parage : il n'eft pas égal à celui dont il tient fa. portion ; il eft fous lui & dépendant de lui , au lieu que dans le parage legal ou conventionnel tous ceux qui ont part au fief fans pares in feudo., fi. ce n’eft qu'un feul fait la foi pour tous, tandis;que le paraye dure. Les coutumes de parage n’admettent pas à ce genre de tenure toutes {ortes de perfonnes indiflin@e- ment. Suivant Pufage de Saintes , le parage légal na lieu qu'entre nobles , parce que le droit d’aînefle:, dont Îe parage n’eft qu'une fuite & une conféquence!, ny a lieu qu'entre nobles, & par une fuite du même principe , Pufance accordant le droit d’aîneffe à la fille aînée à défaut de mâles , le parage y a lieu entre filles. | : Les coutumes d'Anjou & Maine n’admettent auff le parage , légal qaw’entre nobles , & il n’y a lieu prin- cipalement qu’à l'égard des filles , parce que les put- nés n’y ont ordinairement leur portion qu'en bien faire , c’eft-à-dire , par ufufruit , au lieu que les fil- les ont par héritage , c’eft-à-dire en propriété. Mais comme le pere ou le frere nobles peuvent donner au puiné fa portion dans le fief par héritage, ils peuvent aufh la lui donner en parage , de maniere que le puiné foit garanti fous l'hommage de fon ainé. | Dans Pancienne coutume de Normandie, le parage avoit lieu entre mâles, aufli-bien qu'entre les fe- melles ; mais dans la nouvelle, il n’a plus lieu qu’en- tre filles & leurs repréfentans , parce que cette cou- tume n’admet plus le partage des fiefs qu'entre filles. Cette coutume ne diftingue point entre le noble & le roturier ; il en eft de même en Poitou , & dans quelques autres coutumes de parage. .… Quoiqu’en parage ce foit à l’ainé feul à faire la foi, néanmoins les puinés ne doivent pas fouffrir de {a né- gligence; de forte que pour couvrir leurs portions 1ls pourroient offrir la foi, & dans ce cas ilferoit jufte que le feigneur les reçüt à la foi , ou qu'il leur açcor- dât foufrance. Le parage légal n’a lieu communément qu’en fuc- ceffion directe ; mais dans les coutumes de Poitou à Tours &t quelques autres où le droit d’ainefle à lieu en collatérale, le parage a également lieu en colla- térale. La donation faite au fils en avancement d’hoirie,, foit en faveur de mariage ou autrement , donne lieu au parage , de même que la fucceffion directe. Il en faut dire autant du don fait à l'héritier pré- fomptif en collatérale dans les coutumes où le para ge a lieu en collatérale. Le parage légal a lieu , comme on le dit, dans le partage d’un même fief, lorfque l’ainé donne partie de fon fief à fon puiné, & non lorfqu’il donne à cha- cun des puinés un fief entier , ou lorfqu’il leur don- ne pour eux tous un fief autre que le fien. Néanmoins dans les coutumes de Poitou & Blois il y a une efpece de parage pendant que la fucceffion eft indivife , l'aîné fait la foi pour tous, & couvre tous les fiefs tant qu’il n’y a point de partage. À Blois, quand la fuccefion fe divife , il n’y a plus de paragé, au lieu qu’en Poitou , il ÿ a encore parage quand Vainé donne part aux puinés dans fon fief. Ce n’eft que dans Les fimples fiefs que le parage lé- << 88 PAR gal a lieu ; il ne peut y en avoir pour Les fiefs de di- gnité, tels que chatellenie , baronnie &c autres plus élevés, que les coutumes déclarent impartables ; d'autant que la fousinféodation des portions cadettes qui arrive néceflairement après la fin du parage , dé- graderoit ces fortes de fiefs de dignité. Quelques-uns croient pourtant que le paragepour- roit avoir lieu dans des fiefs titrés lorfqu'ils ne font pas mouvans du roi, à caufe de la couronne , mais feulement à caufe de quelque feigneurie appartenante au roi. , Pour ce qui eft du parage conventionnel , comme il n’y a point de fous-inféodation à craindre, on peut l’établir même pour des fiefs de dignité, pourvu que ce foit dans une coutume qui admette ce genre de Parage. . , s Quant à la durée coutumiere du parage., les cou- tumes ne font pas uniformes. En Normandie il dure jufqu’au fixieme degré in- clufivement. En Anjou & Maine, il dure tant que le lignage foit afez éloigné pour que les poffeffeurs des différentes portions du fiefpuiflent fe marier enfemble ; ce qui s’entend lorfqu’ils font au-delà du quatrieme de- gré, comme du quatrième au cinquième. Ïl en eft de même dans la coutume de Lodunois. Dans lacoutume de Bretagne, le parage finit com- . . 4 me le lignage au neuvieme degré. Dans les coutumes de Poitou , d'Angoumois , de S. Jean d’Angely & ufance deSaintes, le parage dure “tant que le lignage fe peut compter, ce qui eft con- forme À l'ancien droit rapporté dans les établiffemens de S. Louis. au Le parage a plufñeurs effets dont les principaux font : Pre 1°, Quetant que le parage dure, les puinés tien- nent leurs portionsauffinoblement que leurchemier -Ou ainé. 2°. Pendant le parage les puînés ne doivent point de foi & hommage à leur aîné ou fes repréfentans , fi ce n’eft en Bretagne , où la coutume veut que le ju- veigneur ou puiné fafle la foi à laine , excepté la {œur de l'aîné, laquelle n’en doit point pendant fa vie ; mais fes repréfentans en doivent. | 9, L’aîné n’a aucune jurifdi@tion fur fes puinés , f. ce n’eft dans quelques cas exprimés par les cou- tumes. On dit communément que les puinés ont chacun dans leurs portionstelle & femblable juftice que leur aîné ; ilne faut pas croire pour cela, comme quel- ues auteurs l'ont prétendu, que la haute juftice qui étoit attachée au fief fe divife en autant de portions qu’il y a de puinés, ni que cela forme autant de juf- tices féparées. Il n’y a toujours qu’une feule & mé- me juftice qui doit être exercée au nom de tous les copropriétaires, & dont les profits &r les charges fe partagent entre eux à proportion de la part que cha- cun a dansle fief; c’eft en ce fens feulement qu'on peut dire que Les puînés ont droit de juftice comme leur aîné , ce qui ne fignifie pas qu'ils puiffent avoir un juge & un tribunal à part; cette multiplication de juftices feroit direétement contraire à l'ordonnance de Rouflllon, qui veut que les feigneurs auxquels ap- partient une juftice par indivis , n’ayent qu’un feul êt meme juge. Les puinés n’ont d'autre juftice particuliere dans eur portion, que la juftice fonciere pour le paye- ment de leurs cens & rentes , laquelle dans les cou- tumes de parage , eft de droit attachée à tout fief. Le parage fini , Les puinés n’ont plus aucune part à la haute juftice ; 11 ne leur refte plus que la baffe jufti- ce dansleur portion; & de ce moment Paîné a tout droit de haute juftice fur eux, puifqu'ils deviennent {es vaflaux. Indépendamment du terme légal que les coutumes mettent au parage , il peut encore finir par le fait de l’homme, {oit par le fait de laine , ou par celui des puinés; favoir , par vente, don, ceflion, legs, ëz généralement par toute aliénation hors ligne, foit de la portion aînée, ou des portions cadettes. - Il y a pourtant des coutumes , comme Anjou & Maine, Tours , où le parage ne finit pas quand c’eff l'aîné qui aliene fa poftion, mais feulement lorfque ce font les puinés qui alienent. no En Normandie , la vente de la portion aînée ne fait point cefler le parage ; ce n’eft que quand la por- tion d'un puiné et aliènée à un étranger non para- ger, ni defcendant deparager. . Cette même coutume donne trois moyens pour faire rentrer en parage la portion puinée qui a été aliénée à un étranger. Le premier eft quand la portion vendue eft reti- rée par un parager ou defcendant d’un parager étant encore dans le fixieme degré, Le deuxieme & le troifieme font quand le ven- deur rentre dans fon héritage , foit en faïfant annul- ler la vente, foit en vertu d’une claufe appofée au contrat. Dans les autres coutumes où le parage finit à un certain degré, on peut Le faire revivre par les mêmes moyens, pourvu, dans le cas du retrait, que le re- trayant foit encore dans le degré du parage. La coutume de Tours veut de plus que le re- trayant {oit l'héritier préfomptif du vendeur. En Poitou , la vente de la portion chemiere fait finir le parage | quand même elle feroit faite à un parent, & à un paraguer. Pour conferver le parage , il faut que la chofe vienne à titre fucceflif, ou autre titre équipollent, tel que le don en direéte. Dans les coutumes qui n’ont pas prévu ce cas , il paroït équirable de fuivre la difpofition des coutu- mes d'Anjou & Maine , où le fort des puinés ne dé- pend point du fait de l’ainé. , L’aliénation de la part d’un des puinés fait bien finir le parage à fon évard; mais elle n’empêche pas que les autres puinèés ne demeurent en parage jui- qu’au terme marqué par les coutumes. L’acquéreur à l'égard duquel le parage eft fini, doit faire la foi à laine, & lui payer les droits. La coutume de Poitou veut qu'il appelle le feigneur do- minant de la totalité du fief pour lui voir faire la foi ; s'il ne le fait pas, le parage n’en eft pas moins fini; mais Le feigneur dominant, en cas de mutation de la part du chemier , leveroit les droits en entier , com- me fi le parage fubfiftoit encore. Suivant l’art, 140 dela coutume de Poitou, quand le puiné vend fa portion , l'aîné la peut avoir pour le prix , ou en avoir les ventes & honneurs. Quand le chemier meurt laïflant plufieurs enfans fils ou filles, l'aîné, ou aînée’, s’il n’y a que filles, fuc- cede au droit de chemerage. Il y a quelques grandes maifons d'Allemagne qui ont emprunté des François l’ufage de parage, & qui le pratiquent depuis plufieurs fiecles. L’empereur Rupert de Baviere donna à fon fils aîné le cercle élec- toral par préciput , & voulut qu’il partageät encore également le refte des terres avec fes trois autres freres. Jean-George I. du nom, imita cet exemple, &c voulut que fes quatre fils partageaffent de la même maniere. Dans le même pays il y des feigneurs qui, par le parage , ‘ont feulement le domaine de laterre , fans en avoir la fouveraineté ; d’autres en ont la fouve- raineté aufli-bien que le domaine , comme dans la maifon de Saxe; mais ils n'ont pas pour cela droit de fuffrage dans les cercles & dans les dietes géné- rales de l'empire. D’autres ont ce droit avec tous les PAR autres , comme les comtes de Véldentro de la mai- fon palatine. Schilter , jurfconfulte allemand , qui a fait un traité de paragio & aparagio , dit que tous ceux qui tiennent une feigneurie en parage, peuvent exiger l'hommage de leurs fujets ; mais qu'ils doivent pre- mierement rendre le leur à l’empereur. Il obferve auf que les cadets auxquels les aînés font obligés de donner des terres en parage , ne font point exclus delafucceffion , comme ceux auxquels On donne un pur apanage, mais qu'ils font vérita- blement héritiers , quoique pour une portion inéga- le; que dans la maïfon palatine la coutume n’eft point üe donner des purs apanages , mais des térres en Parage ; &t que parmi les terres du feu éleéteur pala- tn, il n’y avoit queile cercle életoral qui ne dût pas fe partager. Voyez le gloffaire de Lauriere , au mot parage ; [a préface Jurde I. rome des ordonnances. Bechet , en fa difgreffion fur les parages. La differtation de M. Guyot, & les commentateurs d'Anjou, Maine, Poison, &rc. € autres coutumes | dont on parlé ci-devant , où le parage eft ufite. (4) PARAGE, (Marine.) c’eft une efpace ou étendue de mer fous quelque latitude que ce pue être. On dit , dans ceparage on voit beaucoup de vaifleaux. Il fait bon croïfer à la vue de Belle-Ifle & de l’Ifle Dieu; c’eft un bon parage pour croifer fur les vaiffeaux qui veulent entrer dans Les ports de Bretagne , de Poitou de Saintonge. . Varfleaux qui font en parage , c’eft-à-dire , que ces Vafleaux font en certains endroits’ de la mer oùils peuvent trouver ce qu’ils cherchent. Changer de paragez vaifleau mouillé en parage, c’eft-à-dire, que ce vauffeau eft mouillé dans un lieu Où il peut appareiller quand il voudra. (Z) PARAGEAUX, f. m. pl. (Jurifprud.) dans les cou- tumes d’Anjou , Maine, Tours & Lodunois , ce font les puinés qui tiennent en parage avec lainé, que Fon appelle parageur. Voyez ci-devant PARAGE, & cr-après PARAGEUR. (4) PARAGENITES , {. m. pl. ( Géog. anc.) Parage- zite ; peuples du Péloponnefe. Pline, 2. 1. ch. vj. les met dans PAchaie, (D. J.) PARAGERS , f. m. (Jurifprud.) dans la coutume de Normandie ce font les puines qui tiennent en pa- rage avec l’ainé. Voyez PARAGE 6 PARAGEUR. (4) PARAGEUR , £ m. (Jurifprud.)-eft un terme ufité dans les coutumes de parage , & toujours relatif au parage ; mais avec cette différence , que dans quel- ques coutumes , comme Anjou , Maine , Tours , Lo- dunois , le parageur eft l'aîné , les puinés font appel- ls parageaux , au lieu que dans les coutumes de Poi- tou , S. Jean d’Angely , ufance de Saintes, Angou- mois , les parageurs font lespuinés; en Normandie, On les appelle paragers. Voyez CHEMIER , CHEME- RAGE , JUVEIGNEUR , PARAGE, PARAGEAUX. (4) PARAGIES , adj. (Æif£. mod. Droit public.) para- giatt principes. Qn nomme ainfi dans le droit public germanique les princes & états de l’empire, qui, étant freres , ont partagé entr'eux. les domaines de leur pere , en laifflant cependant jouir l’ainé de la maïfon de certaines prérogatives : d’où lon voit que parage n’eft pas la même chofe qu’aparage. PARAGOGE, £. f. (Gram.)du grec æapaywyn, deduc- rio, ue; mot formé du verbe grec æapaysr, deducere, mettre dehors : RR. wapa ,ex, & &yw, duco. La para- goge eft un métaplafme ou figure de diétion , par l’ad- dition d’une lettre ou d’une fyllabe à la fin du mot : arnarier, dicier , POUT armari, dici ; egomet , tute | quif- ram, hicce, pour ego, 14, quis, hic. C’eft par une paragoge que les Latins ont formé decem de déxa, fep- rem de £mra, &c. C’eft donc une des caufes qui con- tribuent à l’altération des mots , lors de leur pañlage PAR 899 d'un idiome dans un autre, 8 quelquefois dans la même langue, (M. E.R.M.) . PARAGON, fm. ( Langue franc.) vieux mot qu fignifie parron, modele ; fur quoi Nicod dit que, para- gon eff une chofe fr excellemment parfaite, qu'elle eft comme une idée, un fèp, & eflelon a toutes Les autres de Jon efpece, & lefquelles on rapporte € compare à lui, pour favoir à quel dégré de perfétlion elles attelgrierr. Paragon de chevalerie, de prud-homme, de favoir, & en ce, pourluit-il, gui Le voudroir extraire de œapaytiv des Grecs, qui fegnifie admener, acconduire, ce ne fe- toit pas hors de propos. Ainfi pâragoner veut dire Comparèr, mettre en parallele ; mais depuis Nicod on a dit parangonner, & parangon ; ces deux mots fe di- foïent encore du tems d’Ablancourt; enfin ils font tombés d’ufage, & parangon ne fe dit aujourd’hui qu’en ftyle de Lapidaire, des pierres précieufes ex- cellentes ; ils difent un diamant parazgor , un rubis Parangon, une perle parangon, ( D. J.) PARAGONE,Lf. CAR. zat.) nom donné par quelques naturaliftes à un marbre noir qui peut {er- vir de pierre de touche. PARAGONTICUS , SINUS, (Géog. anc. ) golfe fur la côte de la Caramanie, felon Ptolomée, Z, 7. c, vi. Ortehius croit que c’eit le même golfe qu’Ar- rien, II. Peripl. p. 2. appelle Terabdon. ( D. J.) PARAGORIQUE,. Voyez PAREGORIQUE. PARAGOUANTE 04 PARAGUANTE, f f. (Comm. Jterme demi-efpagnol, qui fignifie une gra- tification que lon fait aux perfonnes ‘qui viennent apporter de bonnes nouvelles où quelque préfent confidérable, Paraguante fe prend le plus fouvent en mauvaife part pour un préfent que lon donne à une perfonne pour tenter fa fidélité , ou du-moins fe la rendre favorable dans des conjonétures d’affaires où l’on a befoin de leur crédit. On accufe les intendans & gens d’affaires des grands feigneurs de recevoir quel- quefois de pareils préfens des marchands. Diékon. de Commerce. PARAGOYA, (Géog. mod.) grande île de la mer des Indes, entre les Philippines & la mer de Bornéo. Il y a dans cette île un roi tributaire de celui de Bor- neo. Long. 131 40—13 5. Las, fept. 10. (D. JT.) PARAGRAPHE, f. m. (Jurifprud.) eft un terme dérivé du grec, qui fignifie féfion ou divifion de quel- que partie d’un ouvrage ; il eft particulierement ufité en Droit pour exprimer une feétion d’un titre ou d’une loi. Les titres des inftitutes & lois du Code & du Digefte qui font un peu longues font divifés em plufieurs articles où paragraphes, (4) PARAGRAPHE, carailere d’Imprimerie, ainf figuré S ; 1l fe met au commencement d’une fe@ion ou {ub- divifion qui fe fait des textes des lois; il eft employé fingulierement dans les ouvrages de droit & de jurif- prudence. Voyez Table des caraëteres. PARAGUAY, HERBE DU, (Boran.) c’eft la feuille d’une plante du Paraguay, qui eft fort en ufage au Chill & au Pérou, comme le té de la Chine left en Europe. On dit que ce n’étoit autrefois que fur les montagnes de Maracayan, éloignées de près de 200 lieues des peuplades du Paraguay, que croiffent natu- rellement les arbres qui produifent cette feuille. Les Indiens du Paraguay en ont abfolument befoin, foit pour leurufage, foit pour léchanger avec les denrées êx les autres marchandifes quileur fontnéceffaires. I] leur falloit pafler plufieurs mois de l’année à voyager jufqu’à ces montagnes. Leurs peuplades fe trouvoient par-là fouvent expofées aux irruptions de leurs enne- mis. De plufieurs mille qui partoient il en manquoit un grand nombre au retour : le changement de climat & les fatigues en faifoient périr plufeurs ; d’autres rebutés par le travail, s’enfuyoient dans les monta- gnes & ne paroifloient plus, go® PAK | Pour remédier à ces inconvéniens on fit venir de jeunes arbres de Maracayan, que Pon plantaaux en- _wirons des peuplades. Ces plants réuflirent, ë de la femence, qui eft affez femblable à celle du herre ; on fit bien-tôt des pépinieres; mais la feuille des arbres cultivés n’a pas la même force que celle des atbres fauvages de Maracayan. | Le roi d'Efpagne a accordé aux Indiens des peu- plades du Paraguay, d'apporter chaque année à la ville de Sainte-Foy, ou à celle de la Trinité de Bue- nos-Ayres, jufqu'à douze mille arobes (l’arobe pefe vingt-cinq livres feize onces) de Verbe du Para- guay : maïs ils ne peuvent guère en fournir que moi- tié, encore neft-ce pas de la plus fine & de la plus délicate, qu’on appelle caamint, qui eft rare, mais de celle de Palos, qui eft la plus commune. Le prix courant de cette feuille à Buenos-Ayres, &t à la re- cette royale où fe portent les tributs, eft de quatre piaftres pour chaque arobe ; ainfi ce que les Indiens en portent chaque année monte à Environ 24 nulle piaftres ; l’argent ou les denrées qui reviennent de ce trafic font partagés également entre les habitans de la peuplade, Fe | Vai déjà dit que l’herbe du Paraguay étoit la feuille une plante fort en wfage au Chili & au Pérou; mais comme on ne la connoit point du-tout en Europe, je vais en donner une deicription un peu étendue. C’eft la feuille d’un arbre de la grandeur d’un pom- mier moyen, fon goût approche de celui de la mau- ve , & quand elle a toute fa grandeur, elle reflemble de figure à celle de loranger, ou à celle de [a coca du Pérou; mais elle y eft plus eftimée au Pérou même, où l’on en tranfporte beaucoup, fur-tout pour ceux qui travaillent aux mines. On ly porte déche & prefque réduite en pouffiere. Selon le pere del Fecho, jéfuite efpagnol qui a pañlé la plus gran- de partie de fa vie au Paraguay ; il y a trois efpeces de cette feuille qu’il diftingue fous le nom de cea- cuys , de caamini, & de caaguayu. Le caacuys eft le premier bouton qui commence à peine à déployer fes feuilles ; le caamini eff la feuille qui a toute fa randeur , & dont on tire les côtes ayant que de la faire griller ; f. on les y laïffe on l'appelle caaguayu, ou yerva de Palos. Les feuilles qu’on a grillées fe confervent dans des fofles creufées en terre, & couvertes d’une peau de vache. Le caacuys ne peut fe conferver aufli long- tems que les deux autres efpeces, dont on tranf- porte les feuilles au Tucuman , au Pérou , & en Ef pagne, le caacuys ne pouvant fouffrir le tranfport ; äl eft même certain que cette herbe prife fur les lieux a une amertume qu'elle ma point ailleurs, & qui augmente fa vertu & fon prix. La maniere de pren- dre le caacuys, eft de remplir un vafe d’eau bouil- Jante & d’y jetter la feuille pulvérifée & réduite en pâte. À mefure qw’elle s’y diffout, s’il y eft refté un peu de terre elle furnage, & on l’écume ; on pañle enfuite l’eau dans un linge, & après lavoir un peu laiflé repofer, on la prend avec un chalumeau: or- dinairement on n’y met point de fucre , mais un peu de jus de citron, ou certaines paftilles qui ont une odeur fort douce; quand on le prend pour vomitif, on y jette un peu plus d’eau &z on Le laiffe ticdir. La grande fabrique de cette herbe eft à la nouvelle Willarica , voifine des montagnes de Maracayan , fi tuée à l’orient du Paraguay par les 254. 25”, de lati- tude auftrale ; ce canton eft le meilleur de tous pour la culture de l'arbre , mais ce n’eft point fur les montagnes même qu'il croit, c’eft dans les fonds marécageux qui les féparent : Parobe de cette her- be vaut vingt-une livres de notre monnoie; cepen- dant le caacuys n’a point de prix fixe, &le caa- mini fe vend le double de l’yerva de Palos. Cette berbe eft fort apéritive & diurétique; Phabitude d’en PAR ufer fait que les habitans ne peuvent plus s’en pafler, & qu’ils ont bien de la peine d’en prendre modéré- ment ; on dit qu’alors elle emivre & caufe laliéna- tion des fens comme les liqueurs fortes; cependant les Efpagnols trouvent dans cette herbe un remede. ou un préfervatif contre la plüpart des maladies, (2 J.) PARAGUAY, le, (Géog. mod.) grand pays de l'Amérique méridionale, dont il n’eft pas aifé de marquer l’étendue. Les meilleures cartes que nous ayons du Paraguay , nous ont été données. par les Jéfuites, mais ils y ont eu moins d’égard à ce qu’on doit appeller proprement Paraguay qu’à ce qui for- me la province de leur compagnie, qui porte ce nom; & qui obéit à un feul provincial. Cette province comprend quatre gouvernemens ; celui du Fucuman, celui de Santa-Crux de la Sierra, celui du Paraguay particulier, &c celui de Rio de Plata. Ces quatre gouvernemens font foumis pour. le militaire au vice-roi du Pérou, pour le civil à l’audience royale du Los-Charcas, & pour le fpiri- tuel, à Parchevêque de Chuquifaca, ou la Plata, capitale de Los-Charcas ; car chacun de ces quatre gouvernemens a un évêque fuffragant de Parchevé- que que je viens de nommer. Le Paraguay propre eft borné au nord parle grand fleuve des Amazones ; au midi, par les terres Magel- laniques; à lorient, par le Bréfil & par la mer du nord; à l’occident , par le Tucuman , le grand Cha- co, la province de Los - Charcas &c celle de Santa - Crux de la Sierra. Il a pour capitale la ville de l'A fomption , & comprend tout ce qu’arrofe le fleuve Paraguay , jufqu’à fa jonétion avec le Parana. La premiere découverte én fut faite en 1516; dix ans après on y bâtit quelques forts, où l’on mit garnifon efpagnole. L’air y eft doux &c falubre; le terroir produit du blé, des fruits, du coton, des. cannes de fucre. Il croît dans un canton de cette pro- vince, appellé Maracayan , une herbe finguliere ap- pellée l’herbe du Paraguay. Voyez PARAGUAY, herbe du, ( Botan. exot.) Les Jéfuites ont un grand nombre de doftrines ou de miflions entre la riviere du Paraguay , au-deffous: de P'Aflomption &c le Parana ; ils en ont encore plu- fieurs le long de lUruguay, grande riviere qui vient du nord-eft, & fe décharge dans Rio de Plata, par les 344. fud. … Ces doétrines font des bourgades de deux ou trois mille Indiens, autrefois errans, que les peres ont raflemblés fur les montagnes & dans les forêts ; ils les ont civihfés, leur ont appris des métiers & à vivre du travail de leurs mains. Voyez PARAGUAY, miffion du , (Géog. hifton. ) Rien ne fait plus d'honneur à leurs mffions, que d’avoir vaincu, dans ces pays-là, la férocité des fauvages, fans d’autres armes que celles de la dou. ceur ; mais ce n’eft pas aflez, 1l faudroit qu'ils leur infpiraflent de communiquer avec les Efpaenols, 8 de regarder les rois d’Efpagne & de Portugal com- me des princes auxquels ils doivent être attachés. Le pere Charlevoix a fait imprimer une hiftoire du Paraguay en trois volumen : 4°, Paris 1757 avec figures ; elle eft curieufe, mais on y defireroit plus d’impartialité & d’amour pour la vérité. (D. I.) PARAGUAY, (Géog. mod.) riviere de l'Amérique méridionale, qui fe joint avec le Parana vers les 274, de latitude auftrale, pour former ce qu’on appelle communément Rio de Plata, Cette riviere fort du lac Xarayez, environ par les 19d. 30’, fud; mais on prétend qu’elle vient de beaucoup plus loin. Quoi- qu’elle perde fon nom en mêlant fes eaux à celles du Parana, elle en eft dédommagée par plufeurs autres rivieres qu’elle reçoit elle-même dans fon. fein , fein, & pat l'honneur aqiwelle à de donner fon nom à un vaite pays. PARAGUAY, riffions du, ( Geos. hiff. ) c’eft &inf qu'on nomme une fuite d’établiflemens formés par les Jéfuites dans ce grand pays de l'Amérique méri- dionale qwu’arrofe Le fleuve Paraguay. L'auteur d’un mémoire fur ce fuet , imprimé. à la fin des voyages de Frézier, édition d’Hollande, nous apprend que le premier établifflement des Jéfui- tes dans ce pays , a commencé par cinquante familles d’Indiens errans, que les Jéfuites raflemblefent far le rivage dela riviere de Japfur, dans le fond des terres. Cetétabliflement a tellement profpéré, qu'à Sen rapporter aux Jéfuires eux-mêmes dans les mé- moites de Trévoux, Otobre 1741, les réduétions ou peuplades formées par leurs miffionnaires ,étoient en 1717 au nombre de trente & une, répandues dans une étendue de pays d'environ fix cens lieues, feize fur le bord du Parana, & quimze le long de l’'Ura- quay, qui fe déchargent tous deux dans le fleuve Paraguay. On comptoit alors dans ces peuplades cent vingt-un mille cent foixante-un Indiens. On aflure que ces peuples civilifés occupent les plus belles terres de tout le pays fitués à 200 lieues des Portugais pauliftes du côté du nord, & vers le fud à 200 lieues de la province de Buenos - Ayres, 180 lieues de celles de T ieuman, & 100 lieues de celles du Paraguay. Les terres de la nufion font fertiles, traverfées par beaucoup de rivieres qui forment nombre d’îles; les bois de haute futaye , &les arbres fruitiers y abondent ; lés légumes y font excellens ; le blé, le Bin, l'indigo, le chanvre, le coton, le fucre, le pi- ment, l’hypécacuana, le galapa, le machecacuana, les racines pantrabunda , & plufeurs autres fimples admirables pour les remedes y viennent. Les fava- nes ou paturages y font remplis de chevaux, mules, vaches, taufeaux, 6c troupeaux de moutons: ces peuples font doux, très-foumus, adroits , laborieux, êz font toutes fortes de métiers. - L'auteur du mémoire’ que nous ayons cité, rap- porte que dans le tems qu'il écrivoit, ces peuples étoient divifés en quarante -deux paroles, diftan- tes depuis une jufqu’à dix lieues lune de Pautre, & s'étendant le long de la riviere du Paraguay. Il y a dans chaque paroïfle un jéfuite auquel tout obéit, & qui gouverne fouverainement. Un feul homme commande de cette façon à quelques mille ames , & cette mamere de gouverner eft égale dans toutes les peuplades. À la foumiffion de ces peuples fe joint un défintéreflement fans exemple que les Jéfuites leur ont infpiré. Ily a dans chaque paroïffe de grands magafins où les fujets font obligés de porter vivres &z marchandies, fans rien garder par-devers eux. La principale fonétion des cafiques ou officiers de police, eft de connoïtre le nombre des famulles, de leur communiquer les ordres du père , d'examiner le travail de chacun fuivant fon talent, & dé pro- mettre des récompenfes à ceux qui travailléront le plus & le mieux. Îly a d’autres infpeéteurs pour Le travail de la campagne , auxquels les Indiens font obligés de déclarer tout ce qirils recueïllent, & tout doit entréer dans les magafins fous dés peines rigou- reufes. I y a enfuite des diftributeurs pour fournir à chaque famille felon le nombre des perfonnes , deux fois par femaine, de quor fubfftér : les Jéfuites veil- lent à tout avec ur ordre infini, pour ne laifler pren: dre aucuut mauvais pic à leurs fujets, &zils en font bien. récompenfés par les profits qu’ils tirent dur tra- vail de tant de gens. | | | - EeSIndiens ne boivent ni vin niliqueur érivrante, 8c perfonne ne peut blimer cette défenfe, quand on fait réflexion fur l’énormé abus qu'en font lésnations du riouveau monde à qui les Européens en débitent. Tome XL, PAR oo1 On infpire à tous les habitans dès la plus tendre en fance la crainte de Dieu, le refpe@ pour le pere jé: fuite, la vie fimple, &c le dégoût des biens temporels, Le gouvernement militaire, dit le même auteur, n'eft pas moins bien reglé que le civil ; chaque pa- roïffe donne un certain nombre de foldats difciplinés par régimens, & qui ont leurs officiers: les armeë des Indiens confiftent en fufils, bayonnettes, & frondes : on prétend que toutes les muiffions réunies beuvent mettre dix à douze milles hommes fur plié.” Les Jéfuites n’apprennent point à leurs Indiensla langue efpagnole, & les empêchent, autant qu'il eft poilible, de communiquer avec les étrangers. Les quarante-deux jéfuites qui gouvernent les paroifles font indépendans l’un de l’autre, & ne répondent qu'au principal du couvent de Cordua , dans fa pro vince de Tucuman. Ce pere provincial vifite une fois l’an fes millions. Il fait rendre compte , pendant {on féjour, aux Jéfuites de chaque paroïfie, de la fours niture des magafins , & de la confommation qui en 4 été faite depuis fa derniere vifite. Toutes les mar: chandifes de vente font tranfportées des mifions à Santa-Fe , qui eft le magañn d’entrepôt, & de Santai Fé à Buenos-Aÿres par tetre , où il y a auffi un pro- cureur général. C’eft de ces deux endroits que l’on diftribue ces marchandifes dans les provinces de Tu- cuman , du Paraguay, &t de Buenos - ayres, & dans les royaumes du Chili & du Pérou. Outre le mémoire fur les #i/Zons du Paraguay, joint au voyage de Frézier, les jéfuites de Trévoux ont donné dans leur Journal, Novembre 1744, lex: trait d’un livre publié fous le nom du célebre Mura- tori, &cintitulé, 47 chriftianifffmo delle miffoni dé Padri della compagnia di Giefu, Venez, 1743. in-4°, Cet ouvrage eft tout à la gloire des miffions da Paragudy, & paroit venir de la main des Jéfuites : l’auteur dit dans le chapitre xij. que le baptême fait dépofer aux enfans fauvages du Paraguay la féro- cité qui leur eft propre ; maïs il leur refte une indo- lence invincible qui les rend incapables de fe gou- verner eux-mêmes, emforte qu'ils ont befoin d’être toujouts en tutelle. Dans le chapitre xvij. on fait dire à M. Mutatori 5 que rien ne prouve nueux lé bonheur qui accompa- gne la pauvreté volontaire, que le contentement dont jouiflent les Indiens du Paraguay , qui n’ont que le pur néceflaire pour vivre, & ne fouhaitent rien au-delà. Le corrégidor & fon lieutenant font nommés par le gouverneur, mais ils doivent être choïfis dans la bourgade même, & tous les autres officiers font élus par Les Indiens, c’eft-à-dire je pen- fe par les Jéfuites, puifque les Jéfuites font leurs maitres. I y a des portions de terrein qui fe cultivent à frais communs pour les befoins qui furviennent, . pour les veuves, les orphelins, les malades, & tous ceux qui doivent être entretenus aux dépens du pu- blic. La pêche , la chafe , les fruits qui viennent fans culture , le miel & la cire qu’on recueille dans les bois font de droit commun. Si quelque calamité af. fige une bourgade & fait manquer la récolte, ou la rend infuffifante , toutes les autres y pourvoyent. L'auteur dit au {ujet du gouvernement militaire de ces Indièns , que leurs armes font dépofées dans des Magafins, & awon ne les leur confie que quand il faut marcher ou faire l'exercice ; enfin l’auteur ob- ferve au fujet du gouvernement domeflique, que les chefs mêmes des Indiens fubiflent avec humilité & promptitude les pénitences que leur impofent les Miflionnaires. dé Qn ne nous apprend point fur quels mémoires M. Muratori a compofé fon ouvrage ; il eft certain ge par lui-même il a été bien moins en état de s’in- truire du gouvernement du Paraguay , que les voya- ZZZ 9% PAR geurs., quoiqtie ces derniers n’approchent gueré que de cent lieues des nuffions. Sur letout, quelque jugement qu’on porte de la conduite, des motifs , & des richeffes que Les Jéfui- tes pofledent au Pereguay , il faut avouer que Pétat de leurs peuplades d’Indiens eft un chef-d'œuvre d’habileté, de politique , & qu'il eft bien furprenant que des moines européens aient trouvé Part de ra- mafler des hommes épars dans les bois , les dérober à leur mifere, les former aux arts, captiver leurs pafons,-&t en faire un peuple foumis aux lois &c à la police. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) | PARAIBA, (Géog. mod.) ville de PAmérique méridionale, au Bréfil, dans la capitainerie, & à l'embouchure de la riviere de même nom. Les Hol- landois la prirent en 1635 ; mais les Portugais la re- prirent fur eux peu de tems après. Le pays de cette province eft fertile en arbres qui donne le bois de Bréfil; on y trouve aufli des couleuvres d’une grof- feur monfirueufe. M. Couplet dit en avoir tué une qui avoit plus de quinze piés de long , &z feize à dix- huit pouces de circonférence ; elle étoit couverte d’écailles noires, blanches, grtfes, & jaunâtres, qui toutes enfemble faifoient un fort bel eflet. Lar. mérid. felon le même M. Couplet, 64, 387, 18", (D.J.,) PARAISON , f. f. ( Verrerie. ) partie de l'opération du fouffler des bouteilles & des glaces. Voyez l'arsicle VERRERIE. PARAISONIER , f. m. ( Verrerie.) dans les verre- ties, c’eft celui qui eft chargé de lopération qu’on appelle paraifon. PARALE, f.m. (Æf. anc.) vaifleaux qui chez les Athéniens étoit en finguliere vénération, parce que ce fut le feul qui fe fauva de la défaite de la flotte Athénienne , par Léandre à la journée d’Æ- gos Patamos: ceux qui le montoient s’appelloient par diffindion paraliens , &t leur paye étoitiplus for- te que celle des autres troupes de marine, PARALIPOMENES, fm. pl. ( Æiff Jacrée.) fup- plément de ce qui a été omis ou.oublié dans quel- qu'ouvrage ou traité précédent, Ce mot eft grec &c dérivé du verbe œapañumo, pretermirto ; quelques auteurs ont employé le mot /ubrelium au lieu de paralipormenon. Nous donnons ce nom à deux livres canoniques & hiftoriques de l’ancien teftament, que les Hébreux appellent Zbr: jannin , verba dierum , les paroles des jours ou les journaux; mais il ne faut pas les confon- dre avec les journaux ou mémoires des rois de Juda êt d'Ifraël qui font cités. fi fouvent dans les livres des Rois des puralipomenes. Ces anciens journaux toient beaucoup plus étendus , & les livres mêmes des paralipomenes renvoient à ces mémoires & en rapportent des extraits fort étendus. Les deux livres des Paralipomenes font propre- ment un {upplèment aux #7. liv. des Rois, dont les deux premiers s'appellent quelquefois Zvres de Sa- muel. Perfonne ne contefte l'authenticité de ces deux livres, que les Hébreux réduifoient autrefois en un feul , mais on n’eft pas d'accord fur leur auteur , quelques-uns ont cru que c’étoit le même qui a écrit les livres des Rois. Mais fi cela étoit, pourquoi tant de différences entre ces deux ouvrages dans les da- tes. dans les récits, dans les généalogies .. dans les noms proptes ? D’autres les attribuent à Efdras , aï- dé de Zacharie & d'Aogée , 87 d’autres à quelqu’au- teut encore poftérieur , mais dont le nom eft in- en Affronomiez c’eft cette fituation conftante de l’axe de la terre en conféquence de laquelle, quand la terre fait {à rés volution dans fon orbite, f l’on tire une ligne pa- tallele à fon axe , dans une defes pofitions quelcon« ques , Paxe dans toutes es autres poñitions fera tou Jours parallele à cette même ligne ; il ne changera jamais la premiere inclinaifon au plan de l'éclipti- que ; mais 1l paroîtra conftamment dirigé vers le même point du ciel. Ce-parallelifine | & les effets qué en réfultent , ont été très-bien développés dans les inffit. affronomiques | & nous croyons ne pouvoir mieux faire que de tranfcrire ici tout cet endroit ” quoiqu’un peu long , parce qu'il ne nous a pas paru poffible de l’'abréger , ni de nous expliquer plus clai- rement. Le parallelifme de l'axe de la terre doit atrivér nas turellement, fi la terre parcourant fon orbite ;, na d’autre mouvement propre que celui de la rotation au-tour de fon axe. Car foit une planete quelcon- que, dont le centre parcouré une petite portion de {on otbite, qu'on peut regarder ici comme.une li- gne droite 4 B , fig..53 aftron. cet aftre étant en 4 ; fi lon tire un diametre C D incliné fous un certain angle à la ligne 4 B ; il et évident que fi cette pla- ñete n'a d'autre mouvement que celui felon lequel elle s’avance de 4 vers B, fon diametre CD ne doit jamais avoir d'autre diredion que felon la ligne de, _ parallele au premier diametre C D : mais foutre ce Mouvement de tranflation on imagine que la planete en ait une autre de rotation au-tour de fon! axe CD, “quoiqu'il foit vrai de dire en ce cas que tous les au= tres diametres de cette planete changent continuel- lement de direétion , le-yrai axe CD ou cd, eff néanmoins exempt de ce mouvement de rotation = il ne fauroit changer fa direion, mais il doit tou- jours demeuter parallele à lui-même en quelqu’en droit qu’il fe trouve. IP Le paralielifme de Paxe terreftre & fon inclinais {on au plan de lécliptique eft la caufe de linépalité des jours & de la différence des faifons : füppofons en effet que l'œil regarde obliquement le plän de l’or: bite de la terre, dont la projedion , {lon leé te- gles de la perfpedive, doit paroître alors une ovale ou ellipfe , au milieu de laquelle fe trouve le oleif. en S : fi l’on mene par le centre de cetaître la droite Y S 2, fig. 54 , patallele à la fetion commune-de Pécliptique & de Péquateur & qui rencontre! lé cliptique en deux points Y 8 :& ; ilreft clair que lorfque la terre paroîtra dans l’un de ces deux points, la ligne Y -2 qui joint les centres de la terre & du. {oleil fera pour lors dans la fe@ion commune des. deux plans ; cette ligne , dis-je, de. même que la: fettion commune des plans de Pécliptique 8 de lé quateur ne doivent former qu’une même ligne droi- te : elle fera donc en ce cas perpendiculaire À l'axe. de la terre, puifque c’eft une de celles qui fe trou- vent dans le plan de Péquateur. Mais cette même ligne droite étant aufi perpendiculaire au plan du. cercle, que nous avons dit être le terme:de.la lu miere & de l’ombre , il fuit que l'axe de la terre fe. trouvera pour lors dans le plan de ce cercle,.8&c.pa£ fera par conféquent par les poles ; enforte qu’il dis vifera tous les paralleles à Péquateur en deux.par- ties égales. La terre étant donc au commencement, de #6 le {oleil paroïffant pour lors au commen cement. du Y dans la commune feétion des plans de: l'écliptique & de l'équateur, cet aftre doit par con« féquent nous paroître alors dans l'équateur célefte fans aucune déclinaïfon, foit au nord , foit au Mi di, étant à égale diftançce des poles, Il eft encore 008 P A R évident qu'il paroîtra décrire par fon mouvèment diurne le cercle équinoxial dont nous avons parlé _ci-deflus ; de maniere que-dans cette fituation, la lumiere répandue fur la terre doit fe terminer égale- ment aux deux poles 4 & 8, & que le grand cercle où fe termine cette lumiere , divilera en deux par- ties égales tous les petits cercles paralleles à Péqua- teur: mais parce que tous Les lieux de la terre font emportés d'un mouvement uniforme par la rotation qui fe fait au-tour de fon axe en 24 heures ; il s’en {uit qu’on yappercevra pour lors les jours égaux aux nuits , chaque point de la furface de la terre demeu- sant autant prolongé dans les ténebres, qw’expoté aux rayons qni émanent du difque apparent du fo- leil ; or puifque pendanttout certems le jour eft pré- cifementégal à la nuit ; on a pour cette raïon nom- mé l’équinoxial , le cercle que le foleil parcourt dans ces tems-là. Le mouvement annuel de la terre fur fon orbite détruit bientôt cette uniformité ; car cette planete étant tranfportée depuis &, m,+4#,juiqu'en %, il atrive pour lors que la feétion des plans de Pé- quateur & de Pécliptique, qui refte, comme nous avons dit , parallele à elle-même, fans changer de direétion , ne pañle plus par le centre du foleil, mais s’en écarte peu-à-peu confidérablement. Elle forme bien en % un angle droit avec la ligne S P, tirée du centre du foleil au centre de la terre; mais parce que cette ligne S P eft dans le plan de lécliptique, &t non pas dans celui de l'équateur, angle B PS formé par lPaxe de la terre avec la ligne BP ref plus un angle droit, mais un angle aigu de 66° ;; c’eft-à-dire , égal à l’inclination de cet axe fur le plan de l’écliptique. Faïfant donc au point P l'angle droit SP L, il ef clair que le terme de la lumiere & de Pombre pafñlera par le point L, & que l'arc BL, ou Fangle 8 P £, ferade 23° >, favoir égal au com- plément à 00° de lPangle 8 PS. Maïs faïfant auf lPangle droit B P ÆE, il fuit que la ligne P E , fera dans le plan de lPéquateur; d’où Pon voit que puque l'arc BÆE eft égal à LT, lun & lautre étant de 90°", & que Parc B T de 66° + leur eft commun, les deux autres arcs TEÆ, LB, feront chacun de 23°+, & par conféquent égaux. Il faut faire maintenant £ M égal à ET, & décrire parles points T & M les deux paralleles à Péquateur TC, M N qui feront les deux tropiques, dont l’inférieur M N fe nomme le tropique du capri- corne % , & l’autre TC, le sropique du cancer ou de lécreviffe S&. Or dans cette fituation de la terre, le foleil: eft'à plomb ou perpendiculairement élevé fur le point T, & c’eft le tems où il eft Le plus éloigné de l’équateur , c’eft-à-dire dans fa plus grande decli- naïon poflible vers le pole boréal. Le cercle quil paroît pour lors décrire par fon mouvement diurne, {e trouve dans le ciel direétement au-deflus du cercle FC de laterre, & fe nomme par conféquent le sro- pique célefle du S : mais la révolution diurne de la terre autour de fon axe immobile, eft caufe que tous les points de la terre qui font fous ce même parallele à l'équateur , doivent pañler fucceflivement par ce ointT, où Poœil apperçoit le foleil perpendiculaire: ainfi le foleil paroïtra pour lors à l’inftant du midi à plomb ou vertical à tous les habitans de cé parallele. Enfin, tant que la terre demeurera dans cette fitua- tion, 1l eff néceffaire que le cercle quirepréfente le terme de la lumiere & de l'ombre, fe trouve au-delà du pole boréal B, étant parvenu juiqu’en L ; & qu'au contraire il foit écarté jufqu’en Æ du pole au- ftral 4, & cela pendant plufieurs jours. Si l’on dé- crie donc enfin par les points L & F, les deux pa- ralleles de l'équateur, on aura Les deux cercles po- laires qu’on nomme aréfique & antarttique, & c’eft toute cette région de la térre omprife éntre le pole boréal &c le cercle polaire ar@ique X L, qui de- meurera pour lors dans un jour perpétuel, malgré la rotation diurne de la terre autour defon axe. Car le foletl répand alors toujours fa lumiere jufqw’à ce cercle polaire qui eft tout entier au-delà du terme. de la lumiere & de l'ombre, les rayons ne pouvant plus ihdépendamment de la rotation de la terre, s’é- tendre au-delà ducercle polaire arétique.Awcontraire l’autre région oppoféedelaterre,laquelleeftcompri- fe entre le poleauftral&tlecerele polaire antarétique, fe trouvera pour lors plongée dans de profondes té- nebres : on n’y vérra plus le foleil, & le jour qu'on aura vu dinunuer, ou qu’on a perdu peu-à-peu dans l'efpace de trois mois, aura été changé en une nuit continuelle. On voit auf par-là que dans les autres cercles paralleles compris entre Péquateur & le cer- _cle polaire arétique ou antarétique , 1l fe trouve une pattie d’autant plus grande de ces cercles plongée dans la lumiere ou dans la nuit, qu’ils font plus éloi- nés de l'équateur ou plus avancés vers les poles. C’eft pourquoi dans cette fituation de la terre où l’on fuppofe que le foleil paroît au & , il eft néceflaire que tous les habitans de l’hénufphere feptentrional , depuis l'équateur jufqu’au cercle polaire, jouiflent des plus longs jours, & qu'ils n’ayent que des nuits très-courtes, ce qui eft à leur égard la faon qu’on nommé lPéé; 8: qu'au contraire dans Phémifphere qu'onnomme wéridional , les nuits ÿdoient alors fort longues , & que les habitans s’y trouvent dans cette faifon qu’on nomme l'hiver , puifque leurs jouts font les plus courts, & que le froid les pénetre alors da- vantage que les autres faifons de l’année. Après avoir expliqué pourquoi les lieux de laterre ôù Pon doit obferver les plus longs jours & les nuits les plus courtes, font ceux qui font les plus éloignés de l'équateur, il eft à propos de confidérer que de tous les cercles paralleles, il n’y en a aucun quifoit véritablement un grand cercle, & partant qu'il ne fauroit y avoir que l'équateur qui puifle être coupé en deux également par ce grand cercle que nous avons nommé /e serme de la lumiere & de Pombre : or 1l fuit de-là qu’il n’y a fur la terre que les habi- tans de l'équateur qui ayent l’avantage de confer- ver leurs jours égaux aux nuits dans toutes les far- fons de l'année. | Suppofons en troifieme lieu, que laterre s’avance. fur fon orbite depuis % ,#%, JC, jufqu’au Y ,pen- dant lequel tems le foleil paroîtra parcourir les fi2 gnes &, 6) & np, alors on verra cet aftre fe rap- procher peu-à-peu de Péquateur, de maniere que la terre étant une fois en Y , Le foleil paroïîtra pour lots en ==, & fetrouvera pour lors la feconde fois dans la commune feëtion de l'écliptique & de lé- quateut , puifqu’elle s’eft toujours avancée dansune fituation parallele. C’eft pourquoi le foleil doit alors paroître dans le cercle équinoxial, ce qui doit don- ner encore les jours égaux aux nuits dans toute lé- tendue de la furface de la terre | & cela précifément de la même maniere qu'il eft arrivé lorfque li terre étoit en = , ou que le foleil paroïfloit en Y. Dans ce cas, le terme de la lumiere 8 de Pombre pañlera encore: par les deux poles, & l’on a pu remarquér ; par ce que nous ayons dit jufqu'ict, qu'iln’y a que le pole feptentrional Z ,. qui s’eft trouvé continuéls lement éclairé du foleil pendant l’efpace defix mois que la terre a employé à parcourir la moitié de fon orbite -depuis 2 jufqu’en Y ; & qu'au contraire le polé méridional a été conftamment plongé dans l'ombre ou dans la nuit pendant le même intervalle de tems. Enfin, la terre venant à s’avancer felon la fuite des fignes y, Ÿ & H , c’eftà-dire, le foleil pa roïffant parcourir les fignes æ, m & +, il doit s'éloigner peu-à-peu de Péquateur , de maniere que & la terre étant une fois parvenue en & , le foleil pa- roîtra pour lors au commencement du % dela fphe- re des étoiles fixes. D'ailleurs, l'axe de la terre Wayant point changé fa dire&ion , puifqu'il a con- fervé {on parallélijme , la terre fe préfentera pour lots au folerl avec la même inclinafon de fon axe welle s’y préfentoit fix mois auparavant, lorfau’elle étoit au Commencement du % ; mais avec cette dif. férence qu’au lieu que la région renfermée dans le cercle X L, étoit éclairée du foleil lorfque la terre pafloit au point $ de fon orbite; au contraire la terre étant en & , cette même région fe trouvera entierement. plongée dans ombre, & enfin celle qui lui eft oppofée, ou qui eft terminée pat le cercle FG, fe trouvera éclairée du foleil dans toute fon étendue , au lieu qu’elle étoit fix mois auparavant dans une nuit profonde , parce qu’elle ne recevoit point les rayons du foleil, De même tous les paralleles qui font entre l’équa- teur &t le pole feptentrional 8, feront alors pour la plus grande partie plongés dans ombre au contraire de ce qu'on remarquoit fix mois auparavant ; au lieu que vers Le pole méridional 4, plus de la moitié de la circonférence de ces cercles paralleles fera éclai- rée du foleil, là où fix mois auparavant On a pu re- marquer que c’étoit la plus grande partie de la cir- conférence de ces mêmes cercles qui étoit plongée dans lombre. Enfin, le foleil paroîtra pour lors à plomb du vertical aux habitans du tropique MN, comme sil avoit effeivement defcendu à l'égard de la furface de la terre, depuis le parallele où tro- pique quirépond à T C, jufau’à l’autre tropique cé- lefte qui répond à MN, c’eft-à-dire felon Parc CON ,de 47°. Iltneft pas moins évident que des deux diverfes manieres dont la terre fe préfénte au foleil tous les fix mois, il en doit réfulter cette regle générale ; favoir que dans les lieux de lhémifphere leptentrional ou méridional, compris entre les poles êt les tropiques , le foléil doit paroître de 47°. plus près du zénith dans un tems de année, que dans l’au- tre, c'eft-à-dire qu'il doit s'approcher du pole, ou monter tous les jours dans leméridien depuis Le fol- Îlice d'hiver jufqu’à celui d'été, comme s’il ne pat- couroit autre chôfe que l’arc de ce méridien , lequel eft d'environ 47°. Il ne faut donc pas s’imaginer pour cela que c’eft la terre qui tantôt s’'éleve , & tantôt s’abaiffe par un mouvement particulier ; au contraire ces changemens arrivent que parce qu’elle ne s’é- leve, ni ne fauroit s'abaifler, mais qu’elle fe préfente toujours de la même maniere par rapport au refte de l'univers , ou plutôt à l’égard des étoiles. Il n'ya qu'à l'égard du foleil qu’elle eft inclinée diférem- ment, parce qu'elle parcourt chaque année ( fon axe étant dans une inclinaïfon confiante ) une orbite à lentour de cetaftre, & qu’elle doit par confé- quent lui préfenter ce même axe fous différentes obliquités à mefure qu’elle tourne. On peut faire une expérience affez fimple pour mieux comprendre ce que:nous venons de dire : elle -confifte à expofer dans une-chambre obfcure ua glo- be à une bougie, qui dans ce,cas repréfentera le {o- leil ; f lon prend ce globe pour laterre, & que lon y marque lespoles, l'équateur, leméridien, & quel- ques-uns des paralleles ; qu’enfin on le fufpende de maniere que fon axe au lieu d’être perpendiculaire au plan de Phorifon , qu’il faut regarder ici comme l'échptique ; 11 foit incliné de plufeurs degrés ; alors tournant ce globe de maniere qu’un de fes poles re- garde lenord , & l’autre le midi, & que la lumiere de la bougie éclaire écalement lun & l'autre pole, (ilfaut tâcher de conferverexatement dans cette opération le parallélifine ou la même pofition de l'axe }; on le fera tourner ainfi. autour de la circon- férence d'un plan çirçulaire. parallele x Phorifon au Tome XL, PAR 909 centre duquel la bougie eft immobile ; & dès-lors on pourra obferver à: loifir la maniere dont le pole s les paralleles, & l'équateur de ce globe feront éclai- tés ; car il fera facile de remarquer les mêmes phé- nomenes que nous venons d'expliquer par rapport à laterre & au foleil. Ces arricle , comme nous l’a- vons déja annoncé, eff entierement tiré de l’Aftronomie de Keill , raduite par M. le Monnier, PARALLÉLISME des ranpées d'arbres, L’œil placé au bout d’une allée bordée de deux rangées d'arbres, plantés en lignes paralleles, ne les voit jamais paral- leles ; mais elles lui paroïflent toujours inclinées lune vers l'autre, & s’approcher à l'extrémité Op- pofée. Delà les Mathématiciens ont pris occañon de chercher fur quelle ligne il faudroit difpofer les ar- bres, pour corriger cet effet de la perfpe@ive & faire que les rangs paruflent toujours paralleles. Il eftévident que pour qu'ils paroïflent tels 1l ne faut pas qu'ils foient paralleles , mais divergens, c’eft-à- dire, plantés fur des lignes qui aïllent toujours en s’écartant. Mais finvant quelle loi réglerat-on leur divergence ? Il eft évident que la folution de ce pro- blème dépend d’une queftion phyfique encore con- teftée fur la grandeur apparente des objets. Voyez APPARENT € ViSiON, Si on favoit bien pour quelle rafon deux allées d’arbres paralleles femblent diver- gentes, ou plutôt fi onfavoit quelle doit être la gran- deur apparente des intervalles de deux fuites d'arbres ou d'objets placés fur deux lignes droites ou COUr- bes quelconques , 1l feroit facile alors de trouver la {olurion cherchée : car on n’auroit qu’à planter les arbres fur deux lignes, qui fuffent telles que la gran- ._ deur apparente del’intervalle entre les arbres füttou= jours la même; mais la queftion de la grandeur appas rente des objets eftune de cellesfur lefquelles Les au- teurs d'Optique font le moins d'accord. Tous ceux qui ont anciennement écrit de cette {cience, préten- dent que la grandeur apparente eft toujours propor- tionnelle à l'angle vifuel ; mais cette propofition ainf énoncée généralement, eft évidemment faufle, com- me le pere Malebränche Pa remarqué , puifqu’un homme de fixpiés, vh à fix piés de diffance » paroit beaucoup plus grand qu’un homme de deux piés, vû à deux piés de diftance, quoique lun &c l’autre puit fent être vüs fous des angles égaux. Cependant , mal- grélincertitude, ou plutôt la faufleté du principe des | anciens fur la grandeur apparente, ily a eu des au- teurs qui fe font fervis de ce principe pour réfoudre le problème dont 1l s’apit ici. Il eft évident que dans cefte hypothèfe les deux rangs doivent être tels, que les intervalles des arbres oppofés ou correfpondans, foient apperçus fous des angles vifuels égaux. Sur ce principe, le P. Fabry a affuré fans le dé- montrer, &c le P. Tacquet après lui, a démontré par une fynthèfe longue &r embarraflée, que les deux rangs d'arbres doivent être deux demi-hyperboles oppofées. | d Depuis, M. Varignon , dans les Mémoires de Pa- cadémie des Sciences | en 1717, a trouvé la même {o- lution par une analyfe fimple &x facile. Mais M. Va- rignon, connoïflant le peu de sûreté du principe, s’eft contente de dire que les intervalles des arbres paroîtroient alors fous des angles égaux, & il s’eft abftenu de décider fi ces intervalles feroient égaux en effet; c’eft-à-dire , que ne pouvant réfoudre la queftion d’Optique, il'en a fait une pure queftion de Géométrie, qui, au moyen de flanalyfe, devient fort facile à réfoudre. M. Varignon ne s’en tient pas là : 11 rend le problème beaucoup plus général, (S'e exige non-feulement que les angles vifuels fotent égaux , mais encore qu'ils croifient ou décroïflent en quelque taïfon donnée, pourvi que le plus grand n’excede point un angle-droit, Il fuppofe que l'œil AA Aaaa 910 PAR foit placé en uñ point quelconque , où précifément au commencement des rangées, ou au-delà , ou en- decà. ; Cela pofé , il imagine que la premiere rangée foit en ligne droite, & cherche quelle ligne doit être l'autre qu'il appelle la courbe de rangée ; 11 trouve que ce doit être l’hyperbole, pour que les angles vifuels foient égaux. La rangée droite & l’hyperbolique fe- ront vües à l'infini fous des angles égaux; & fi on ajoute la demi-hyperbole oppofée , on aura trois rangées d'arbres, la droite dans le milieu , & toutes trois vües fous des angles égaux. 11 n’eftpas néceflaire que la feconde hyperbole foit loppofée delapremiere, c’eft-à-dire, de la même efpece , ou qu'elle ait le même axe tranfverfe. Il fuffit qu’elle ait le mêmé centre , fon fommet dans la même ligne droite, &t le mêmeaxe conjugué. Ainfi les deux hyperboles peuvent être de toutes les difé- tentes efpeces poflibles , fans que effet foit difté- rent. Voyez HYPERBOLE. De plus, la rangée fuppofée droite comme ci-de- vant, fi l’on demande que les arbres foient apperçus fous des angles décroiflans, M. Varignon fait voir que fi le décroïflement eftfelon une certaine raifon qu'il détermine, il faut que l’autre ligne foit une li- gne droite parallele. Maisil va encore plus loin ; & fuppofant que la premiere rangée eft une courbe quelconque, ilcher- che pour l’autre une ligne qui puifie donner aux deux rangées leffet que l'on defire, c’eft-à-dire, de pou- voir être vües fous des angles égaux, ou croiflans, ou décroiflans à volonté. Nousavons vù dans l’article ALLÉE , que M. Vari- gnon, ayant fuppoié la grandeur apparente propor- tionnelle au produit de la diftance apperçue par le fi- nus de l’angle vifuel, SyRoere en apparence beau- coup plus vraiflemblable que la premiere, & qui eft celle du P. Malebranche & des meilleurs opticiens modernes ( voye; APPARENT ), trouve que dans cette hypothèfe les deux lignes, pour être vües pa- ralleles, doivent être convergentes; & comme cette conféquence eft abfurde, M. Varignon en conclut qu'il faut rejetter le principe du P. Malebranche. | Mais cette conclufon eft trop précipitée. En effet , 1°, dans le principe du P. Malebranche , il s’agit de la diftance apperçue, & non de la diftance réelle quieft beaucoup plus grande. Voyez DisTANCE, VisiON , &c. Or M. Varignon, dans fes calculs, fait entrer la diftance réelle. 1°. Si au lieu de prendre pour la dif- tance , comme le fait M. Varignon, la liynemence de l'œil perpendiculairement à Vallée droite, on-pre- noit la ligne menée du même œil à lallée courbe, alors on trouveroit pour la ligne cherchée une droite parallele à la premiere ; ce qu'il eft aïifé de prouver. Pour corriger donc l’hypothèfe de M. Varignon , en prenant les diftances telles qu'il les prend, il faut fup- pofer que les grandeurs apparentes font proportion- nelles aux produits des tangentes des angles vifuels par les diftances apperçues, dont on ignore la loi. Voilà tout ce guia été fait jufqu'à préfent fur la queftion propofée, &on voit que la folution n’en eft pas encore fort avancée; 1l paroît que l'expérience eft Le feul moyen sûr de la décider. Cependant s’il nous eft permis de hafarder ici nos conjettures là- deflus, nous croyons que les deux rangées d’arbres dont il s’agit, doivent être deux lignes droites diver- gentes, Voici les raifons qui nous portent à le penfer. Quand.on regarde unallée d’arbres plantés fur deux lignes paralleles, ces deux allées paroïflent fe rap- procher &c tendre à s'unir, mais chacune des deux rangées conferve toujours l’apparencedeligne droite, Les intervalles entre les arbres oppofés paroïffent décroiffans, non pas précifément parce qu'ils font vôs fous des angles décroïflans , mais parce que les PAR piés des arbres éloignés font jugés plus proches qu'ils ne font en effet. Ainf ( fig. :6. Perfpet. ) intervalle CD paroït plus petit que l'intervalle 4 B , parce que l'intervalle 4 8 , étant fort proche de l'œil O, eft vü à-peu-près à la place oùileft, au lieu que linter- valle CD étant fort éloigné, les points € & D font jugés plus proches qu'ils ne font réellement , par exemple, font jugés en c & en d, de forte que l’in- tervalle € D ne paroît plus que de la grandeurc dqui eft plus petite ; d’où il s'enfuit que lallée eft vûe, non dans le plan véritable 4 8 CD otelleeft, mais dans une autre furface 4 B dc fur laquelle on rap- porte les intervalles apparens : or les hones Zc, Bd, qui terminent cette furface , font des lignes conver- gentes que l’œil juge droites; d’où il s’enfiut que la furface 4 B dc fur laquelle on rapporte les inter- valles apparens, eftune furface plane. Cette confé: quence peut fe confirmer par une autre expériences Il n’y a perfonne qui n’ait remarqué que dans une ga- lérie longue & étroite, les côtés, le plat-fond &z le plancher, paroïflent fe rapprocher, mais qu'ils pa- roiffent toujours être des furfaces planes, fi en effet ils en font. Ne peut-on pas conclure de-là que là fur- face fur laquelle on rapporteles intervalles des arbres plantés fur deux rangées quelconques, droites ou courbes , paralleles ou non, eft une furface plane ? f celaeft, la queftionn’eft plus difficile à réfoudre. Car la moindre connoiflance des principes de la Géomé- trie fera voir aifément, que pour queles lignes 48, c d, foient égales, & pour que les lignes 4c, Bd, foient des lignes droites paralleles, il faut que les h- gnes 4 C, BD, foient deux lignes droites diver- gentes. À l’évard de la quantité de leur divergence, c’eft-à-dire , de la quantité dorit elles s’écartent l’une de l’autre , cette quantité dépend de la grandeur de VPangle d 8 D que le plan apparent C4 B d'fait avec le plan réel 4 BC D, & c’eft à l'expérience à faire connoître cet angle; cependant, fans s’embarrafier de le chercher, on pourroit découvrir la pofition des lignes 4 C, B D , d’une autre maniere, qui con- fifteroità attacher en À & en B les extrémités de deux cordes longues & d’une couleur fort remarquable , & à écarter ces cordes lune de l’autre, en augmen- tant ouen diminuant fucceflivement leur divergence, jufqu’à ce que l'œil placé en Oles jugeût paralleles, | Ayant la divergencedes lignes 4€, BD on au- roït réciproquement l’angle 4 8 D du plan apparent & du plan réel; maison peut avoir direétement cet angle d’une autre maniere , par le moyen de deux rangées d'arbres paralleles : on mettra au pié d’un des arbres les plus éloignés, par exemple en D , une corde de couleur très-remarquable , & on tendra cette corde fur le terrein , en la rapprochant de Poil O , jufqu’à ce qu’elle paroïfle dans une fituation parallele à la rangée 4 C ; ce qu'il fera facile de ju- ger pour peu qu’on ait de juftefle & d’habitude : or fi cette corde coupe l'intervalle 4 B au point # par exemple , on aura 4## pour la grandeur apparente de l'intervalle € D , car les lignes D F & C4 paroïflant paralleles par lhypothefe, les lignes 4#, CD, paroï- tront égales; on auradonc 4 F égal à cd, par confé- quent on aura le rapport de c« d à 4 B. Or ce rapport donne l'élévation du plan À B d'c, car le rapport de A B à cd eft égal à celui de € Dà cd, Ceft-à-dire, à celui de O D à O4, on connoïtra donc le rapport de O0 D à O d ; ainf puifque O D eft connu, oncor- noîtra O d, & par conféquent la pofition de la ligne -B à, Au refte, pour peu qu’on y fafle d’attention, on verra qu’en fuppofant même tout ce que nous avons dit ci-deffus exa£tement démontré, la quantité de la divergence des lignes 4 C, B D, dépend de la gran- deur de l'intervalle 4B, & de la hauteur de Poœïlau- deflus du plan de Pallée. C’eft pourquoi une allée d’ar- bres, qui feroit parallele à un certain point de vüe, ne le feroit plus à unautre. Quoi qu’il en doit, nous fouhaïitons que les nouvelles vües que nous venons de donner pour la folution de cette queftion, exci- tent les Phyficiens à faire des expériences pour véri- fier notre principe , & pour donner à cet égard un nouveau degré d’accroiffement à la théorie de la vi- fion. Javois fini cet article depuis plufieurs années, comme 1l me feroit aifé de le prouver, lorfque M. Bouguer lut à l'académie des Sciences un écrit fur le même fujet, quicontient au fond les mêmes princi- pes ; & je dis pour-lors de vive voix à l'académie, . fans prétendre rien Ôter à M. Bouguer, que j’avois trouvé comme lui, & par les mêmesraifons , queles lignes cherchées devoient être deux lignes droites di- vergentes. Le mémoire de M. Bouguer n’eit point en- core imprimé au moment où j'ajoute ces dernieres li- gnes au préfent article, c’eft-à-dire, en Décembre 1759.(0) . PARALLÉLOGRAMME , £ m. ez Géométrie , c’eft une figure reétiligne de quatre côtés, dont les côtés oppolés font paralleles & égaux. Voyez Qua- DRILATERE. Le parallélogramme eit formé , ou peut être fup- pofé formé par le mouvement uniforme d’une ligne droite toujours parallele à elle-même. Quand le parallélogramme a tous fes angles droits, &c feulement fes côtes oppofés égaux, on le nomme retlangle ou quarré long. Voyez RECTANGLE. . Quand les angles font tous droits, & les côtés _ egaux, il s'appelle quarré. Voyez QUARRE. Si tous les côtés {ont égaux, &c les angles iné- gaux , on Pappelle rome ou lofange, Voyez RHoM- BE & LOSANGE. S'il n’y a que les côtés oppofés qui foient égaux, &c les angles oppoiés aufli égaux, mais non droits, c’eftun rhomboide. Voyez RHOMBOIDE. Tout autre quadrilatere, dont les côtes oppofés ne font n1 paralleles ni égaux, S’appelle un srapeze. Voyez TRAPEZE. Propriétés du parallélogramme. Dans tout paralle- logramme, de quelque efpece qu’il foit , par exem- ple, dans celui-ci 4B C D( Planches géomet. fig. 41. ), la diagonale D Ale divife en deux parties égales ; les angles diagonalement oppofés B C & 4 D font égaux; les angles oppofés au même côté CD & 4 B font enfemble égaux à deux angles droits; & deux côtés pris enfemble font plus grands que la diago- nale. Deux parallelogrammes, 4 BCD &ECD F, fur la même ou {ur une égale bafe, & de la même hau- teur 4 €, ou entre les mêmes paralleles 4FCD, font égaux ; d’où il fuit que deux triangles C D 4 & CD F, fur la même bafe & de la même hauteur, font aufli égaux. Il s'enfuit auffi que tout triangle C F D eft moitié du parallélogramme À C D B, {ur la même ou fur une égale bafe CD, &t de la même hauteur, ou entre les mêmes paralleles, & qu'un triangle eft égal à un parallélogramme qui a la même bafe & la moitié dela hauteur, ou moitié de la bafe & la même hauteur. Voyez TRIANGLE. Les parallélogrammes {ont en raïon compofée de leur baie & de leur hauteur. Si donc les hauteurs font égales, ils font comme les bafes ; & réciproque- ment, Dans les parallélogrammes & les triangles fembla- bles, les hauteurs font proportionnelles aux côtés homologues. De-là les parallélogrammes &r les trian- gles femblables font en raifon doublée de leurs côtés homologues, auffi-bien.que de leurs hauteurs & de leursbafes ; 1ls font donc comme les quarrés des cô- tés, des hauteurs & des bafes, PAR OIE Dans tout parallélogramme , la fomme des quarrés des deux diagonales eft égale à la fomme des quarrés des quatre côtés. M. de Lagny regarde cette propofition comme une des plus importantes de toute la Géométrie : il la met au même rang que la fameufe XLVII, d'Eu- clide , & que celle de la fimilitude des triangles; & il ajoute que le premier livre entier d’Euclide n’eft qu'un cas particulier de celle-ci. Car fi ce parallélo- gramme eit rectangle, il s’enfuit que les deux diago- nales font égales , & par conféquent que le quarré de la diagonale , ou, ce qui revient au même, le quarré de Phypothenufe de l’angle droit, eft égal aux quarrés des côtés. Si le parallélogramme n’eft pas re@angle , & par conféquent fi les deux diagonales ne font pas égales, ce qui eff le cas le plus général, la propofñition de- vient d’une vañte étendue ; elle peut fervir, par exem- pie » dans toute lathéorie des mouvemens compofés , ‘à Il ya trois manieres de démontrer ce théorème : la premiere , par la Trigonométrie , ce qui demande vingt-une opérations ; la feconde , géométrique & analytique , en demande quinze: M. de Lagny en donne une plus courte dans les mémoires de l'acade- mie ; elle n’en exige que fept. Voyez DIAGONALE. Mais en fuppofant la fameufe XLVIIS. dont la démonftration eft d’un affez petit détail, celle-ci fe démontre avec une extrème facilité : car foit 4C — D( PI. de Géom. fig. 25.), DB—d, AB=CD HDI AD EONMER=AE=y CE DE =x , alors D Ffera = B+x,& CE=B-—x; on voit bien que 4 E & B F'{ont des perpendiculaires. Ceci fuppofé, 1l faut démontrer que D D + 44 = 2BB+2CC. Démonft. par la XLVIT. DD = FY+BB— 2 Brut xx & CC= y y + xx. Mettant donc CC en la place de FYY + xx, dans l’équation précé- dente,onauraDD=8BB+4CC-:2Bx. | Pareillement dd = FY + BB+12BX+ XX = BB+CC+2B X; par conféquent D D + 44 = BB4CC+2BX+BB+CC—2BX, &ré- duifant ce dernier membre à faplusfimple expreflion, onaDD+dd= 2BB+2CC(CQ.F D.) Trouvez l'aire du parallélogramme rettanele 4 B CD ( fig. 41. ) ; trouvez la longueur des côtés 4 B & AC; multiphiez 4 B par 4 C:le produit fera Paire du parallélogramme. Supbpofez par exemple 48, 3453 4C, 333: l'aire fera 11385. On trouve l'aire des autres parallélogrammes qui ne font pas reétangles , en multipliant la bafe DC (fig. 25.) par la hauteur BF. Complement du parallélogramme. Voyez COMPLE- MENT. Centre de gravité du parallélogramme. Voyez CEN- Cr GRAVITÉ @& MÉTHODE CENTROBARIQUÉ. Quand les Géometres difent qu'un parallélo- gramme eft le produit de fa bafe par fa hauteur , ilsne veulent pas dire par-là , comme quelques-uns {e l’ima- ginent, qu'une furface eft Le produit de deux lignes ‘ droites ; car on ne multiplie point une ligne droite par une ligne droite , parce qu'on ne multiplie jamais deux concrets lun par lautre ( voyez CONCRET ) ; ce langage des Géometres eft une façon de parler abregée!, que j'ai expliquée à la fin de lyrr. ÉQuA- TION , com. V. p. 854. col.2. (O0) Regle du parallélogramme. On appelle ainfi une re- gle imaginée par M. Newton, &c dont voici lufage : fuppofons qu'on ait une équation algébrique ordon- née en x &eny, on demande la valeur de y en x lorfque x = o, & lorfque x = c, Pour cela on dif- pofe en cette forte dans un parallelogramme tous les AAAaaa le équation, &c. on remplit par des * les Ra | ti | mets ——— gx! a ns here fx ex° + # b x DXY * a cy Zy° | my5 | 6. termes qui devroient fe trouver dans l'équation & qui ne s’y trouvent pas; & parle moyen d’une regle qu’on applique à ce parallélogramme, enforte qu’elle pafle pat deux ou plufieurs termes qui font en ligne droite , & qu’elle laiffe tous les autres termes au-def- fus ou au-deflous, ou à gauche ou à droite, on trouve la folution du problème. Par exemple, dans le cas préfent, fix=0, les termes de deffous a, cy, 1 y”, Gc. tous couverts par la regle, donnent la valeur de y, en faifant a + cy + l'y" + Ec. = 0. Si letermea manquoit, on auroit à la fois bx+cy=o, Ëccy +/y +my=o.Six—= c,les termes fupérieurs kx my? 0, couverts par la regle, & au-def- fous defquels tombent tous les autres, donnent y” Reef = + . On peut voir dans les vfages de l’analyfe de Defcartes de M. l'abbé de Gua, & dans lixéroduftion à l'analyfe des lignes courbes de M. Crammer , la dé- monfiration , les différens ufages, & les applica- tions de cette regle, fuivant les cas qui peuvent fe préfenter ; 1l fufit ici d’en donner lefprit. Il eft bon d’obferver que MM. de Gua & Crammer transfor- ment Le parallélogamme en un triangle qu'ils appel- lent analytique, ce qui ne change rien au fond. En général, la reglé appliquée dans les parties fupérieures donne les valeurs dey qui répondent à x infinie ; & la regle appliquée aux parties inférieures donne les valeurs de y qui répondent à x = 0. Cela eft fondé 1°. {ur ce que tous les termes inférieurs à la regle font en général d'un ordre moins élevé que ceux par où la regle pafle ; & qu'au contraire tous les termes fupérieurs à la regle font en général d’un ordre moins élevé. 2°. Sur ce que dans tous les termes par où pale la regle, les expofans de x & ceux de y font en prosreflion arithmétique. Pour fe fervir commodément de cette regle, 1l faut 1°. fuppofer toutes les cales femblables &c d’une égale furface, foit quarrées , foit reétangles. 2°. Imaginer que chaque terme de Péquation foit au cen- tre de lacale, & remplir ces centres par des étoiles, ou par quelque autre marque, &c les termes vuides par des points. C’eft ainfi qu’en a ufé M. Crammer, ch. vi. de fon ouvrage , auquel nous renvoyons. Si on vouloit favoir les valeurs de x qui répondent ày=0,oùuày— ©, il faudroit coucher le trian- gle fur la bande fans y, ceft-à-dire, fuppoñer la bande 2 bx ce x , &c. horifontale, &c fuivre la même méthode. Aïnf on n’a qu’à faire pañler autant de regles qu'il fera poffible par deux ou plufieurs termes qui foient en ligne droite, & fuppofer que tous les termes PAR foient renfermés au-dedans de ces regles , tous les termes enfilés par chaque regle donneront une équa= tion féparée ; & fi le triangle eft fuppofé cotiche fur la bande des y, les regles fupérieures donneront les valeurs de y répondantes à x = %', & les inférieu- res les valeurs de y répondantes à x = o : mais fi le triangle eft couché fur la bande des x, alors les re- oles fupérieures donneront les valeurs de x qui ré- pondent à y = cæ, & les regles inférietires donne- ront des valeurs de x qui répondent à y = 0: Voyez Les articles SERIE & SUÉTE. (O) . PARALLOGISME, fm. e# Lopique ; Ceft un raïfonnement faux , où une érreur commife dans la démonftration, quand la conféquence eft tirée de principes qui font faux ou qui ne font pas prouvés ; ou bien quand on gliffe fur une propofñition qu'on auroit dû prouver. Voyez ERREUR, RAISONNE: MENT, DÉMONSTRATION, ec. Le parallogifine differe du fophifme , en ce que Le: fophifme fe fait à deflein & par fubtilité , 8&t le parale logifme par erreur & par défaut de lumiere fufhfante & d'application. Voyez SOPHISME. | Cependant MM. de Port-Royal femblent ne met: tre aucune différence entre lun & lautre. Tous ceux qui ont cherché la quadrature du cercle ont fait des parallogifines. Voyez QUADRATURE. PARALC PHIE, ff. (Anar. ) térme énergique employé par Keïll & autres Anatomiftes, pour défi oner eh un feul mot la partie latérale la plus baffle du col; ce mot eft compofé de œapa, proche, &t de nopia; érminence du dos ; c’eft, felon Keïll, la partie latérale la plus bafe du col. (D. J.) # PARALOURGE,, m. (Antiq. grecq:) mapañoupyos , c’étoit chez les anciens Grecs une efpece de vète: ment, avec une bande pourpre de chaque côte. PARALYSIE, £. f. ox PARALY TIQUE, f. m. ( Me- decine. ) la paralyfie eft une maladie caraétérifée par une privation plas ou moins complette , plus ou moins générale du mouvement &c du fentiment , où de l’un des deux. Son nom lui vient du grec rapañvw, refolyo , je réfous ; les Latins traduifent quelquefois le mot grec de mapaauois par refolutio, &t même en françois celui de réfolurion n’eft point abfolument inufité dans cetté fignification. L'idée générale de paralyffe en comprend deux efpeces que l’obfervation a fait diflinguer ; favoir, la paralyfi: du mouvement que les Grecs appellent d'uivnosa 3 & la paralyke du fentiment, qu'ils nom- ment éarsruste ; il eft affez rare qu’elles fe rencon- trent enfemble , plus fouvent le mouvement eft aboli & le fentiment perffte; il ny a que quel- ques exemples de privation de fentiment dans des parties qui confervoient le libre exercice des mou- vemens ; on en trouve deux rapportés dans PÆf. de l'acad. royale des Sciences , Vune & l’autre efpece peut-être univerfelle ou particuliere , occuper tout le corps , ou feulement une partie plus ou moins étendue; on lui a donné le nom de paraplegie, lorf- que toutes les parties audeflous du col font affec- tées ; & elle a été appellée kemiplegie, lorfque, com- me le nom l'indique, la moïtié du corps divifé en deux parties latérales éroit parzlyfée; cette efpece eft celle qui fe rencontre le plus communément dans la pratique. On n’a defigné fous aucun nom particulier la paralyfie qui occupe le vifage , les paupieres , le col, le gofier , la langue, les bras , les jambes, les inteftins , la veffie, la verge, 6t. celle qui a fon fié- ge dans Piris eft plus connue & traitée fpécialement ous le nom de goutte féraine. Voyez ce mor. Les fymptomes qui conftituent la paralyfee font fimples , en petit nombre & nullement équivoques ; le mouvement & le fentiment étant des fonétions qui tombent fous les fens; on s’apperçoït d'abord de leur inexercice, & on juge furement qu'une partie PAR ER paralyfée, par {on mfenfibilité & fon inaptitude au mouvement ; on en eft plus afluré dans les par- ties internes par le dérangement total des fonétions auquel le mouvement & le fentiment font néceilas- res. Lotfque la paralyfre eft univerfelle, lorfqu’elle inérite les-noms de paraplepie 8 d’hémiplegie ; lorf- qu’elle attaque les organes extérieurs des mouve- mens raufculaires., elle s’annonce clairement au pre- mier coup d'œil pàr limpofhiihté où eft le malade x F CE. … à d'exécuter aucun mouvement , par la flaccidité des | parties paralyftes, par la convulfon des mufcles än- tagoniftes, 6. Dans l’hémiplégie qui s'étend fur le vifage , la paupiere du côté affecté eft abaïflée , les levres font tiraillées par les mufcles del’autre côté, elles obéiffent à leur effort qui n’eft point contre-ba- “lancé par celui des antagonifkes, privés de leur ac- tion, la bouche eft tournée , en fe portant davan- tage du côté fain , elle défigute le vifage & fait un petit gonflement de ce côté; 1l y a beaucoup de pa- ralyfes qui ont d'autre fymptome que cette diftor- fon de la bouche, & qui n’en font pas moins bien caraétérifées; j'ai vù cependant un médecin qui jouit de quelque réputation, un de ceux qu trouvent le fcotbut partout , prendre cette diftorfion pour une } fluxion fcofbutique, quoiqu’à ce figne fe joionit en- core l’abaiflement involontaire de la paupiere du côté oppofé qui décidoit bien fa maladie, & don- ner en conféquence pendant très-long-fems, fort inutilement,comme on croira fans peine,du petit-lait avec du fyrop anti-fcorbutique ; tant le préjugé peut aveugler les hommes & leur faire prendre le chan- ge. La paralyfie des nerfs optiques fe connoît par la cécité; des nerfs acouftiques, par la furdité; des nerfs olfatifs & guftatifs, par la perte de Podorat & du goût ; des nerfs qui fervent au taét, par la privation de ce fens. La paralyfre des mufcles de la langue pro- duit laphonie ; celle des mufcles du col, fa flacci- dité & fon abaïflement continuel , de côté ou d’au- tre, ou fa rétrattion d’un côté f la paralyfe n'occu- pe que les mufcles de Pautre CÔTE ; le fphinéter de V’a- nus & de la veflie paralifés laifent échapper conti- nuellement les excrémens & l’uriné, &c le défaut d’é- retion annonce la paralyfie de la verge, &c. La paralyfie ne fe décide pas pour lordinaire tout de fuite dans une perfonne qui fe porte bien, les at- taques de paralyfi primaires ou protopathiques font très-rares , plus fouvent elles font une fuite de lapo- pléxie incomplettement guérie, lorfqw’elles n’en ont point été précedées & qu’elles dépendent dune au- tre caufe ; elles s’annoncent lentement par des en- sourdiflemens , des ftupeurs , des tremblemens dans les parties qui doivent être le fige de la paralyfe , par des convulfions plus ou moins générales; par des vertiges, des maux de tête opimâtres , 6c. on voit quelquefois des perfonnes fe coucher en bonne fanté , & fe réveiller paralytiques juil eft alors très- probable qu'il y a eu une efpece d’apopléxie per- dant le fommeil , dont la paralyfie a êté la fuite, Pef- fet , le dépôt, & peut-être la crife, La paralyfie fuccédant fréquemment à l’apopléxie, il s’enfuit qu’elle reconnoït pour caufes toutes celles qui concourent à la produétion de cette maladie, dont la claffe eft extremement vafte; voyez Apopré- X1E. Outre ces caufes, celles qui Pexcitent immé- diatement font très-multipliées ; il n’y a peut-être point d'erreur dans l’ufage des fx chofes non natu- relles , point de caufes ordinaires de maladie , qui | dans des fujets difpofés ou dans certaines circonftan- ces n’ayent déterminé la para/yfie.Les pafñons d’ame, fur -tout les chagrins vifs & durables , y difpofent très-fouvent , comme je lai obfervé ; les chûtes fur la tête & le dos, les luxations ou fraétures de l’'épine en font des caules très-ordinaires , & dans ce cas la paralyfee a fon fige principal dans les extrémités fur- b À à 58 tott inférieures , dans les inteftins & la véflié ; où trouve plufeurs exemples de ces paralyfies dans les mémoires des curieux de la nature rapportés par Schubartus | Helwigius, &c. Foreftus fait mention: d’une paralyfte , caiiée par un coup de pierre fur lé cou s (rh. X: obferv. 95. Wolfangus, Wedelius , dit avoir vi furvenir une paralyfe des jambes à une boffe ou difiocation lente des vertebres du dos , oc- cafronnée par une chüte , te qui eft extrèmement rare. Le froid violent & continuel, fur-tout joint à humidité, produit fréquemment le même effet, telle fut la caufe de la paralyfre des parties inférieures ; obfervée par Hermann Lummius ; dans deux ou vriers qui avoient reftélong-tems au fond d’un puits, occupés à le nettoyer ; de celle qui furvint au sofer d’un apothicaire, pour avoir bù de la biere trop fra: che; de celle qw'éprouva un jeune homme qui eut l’imprudence de coucher pendant une nuit d’hiver la fenêtre de fa chambre ouverte ; de celle enfin qu'eut aux parties inférieures & au bas-ventre un capucin, qui après s'être purgé fe promena les piés nuds dans un jardin humide, & pendant un tems froid & nébu: leux , fuivant les obfervations d'Helwigius ; lim: preffion fubite d’un air trop froid occafonne les mê: mes accidens,lorfqw’on s’y expofeaprèss’être échauf fé par des débauches , par des excès de liqueurs fer= mentées , &c. L’hiver eft le tems le plus favorable aux paralyfées , & les vieillards y font les plus fujets. L’ufage immodéré des liqueurs vineufes, ardentes ; fpiritueufes , fait aufh un grand nombre de vieillards paralytiques. par À : La fupprefion des évacuations fanguines où féreu- fes, naturelles , ou excitées par l’art, continuelles où | périodiques ou même fortuites, a produit beaucoup. de paralyfres ; de ce nombre font les paralyfies qui L 0 ont fuccèdé à des regles, des hémorrhoïides, des vuidanges , des dyflentenies, diarrhées , falivation , lueuts , &c. arrêtées {ubitement parle froid, la crain- te, la frayeur ; Pufage déplacé des narcotiques , des afringens, des répercufhfs, & à des vieux ulcères, | à des fiffules qu’on a imprudemment fait cicatrifer , à des teignes , des croutes laiteufes , des gales, des dattres , des bouffffures répercutibles ; desmaladies { locales, même fans évacuation, peut-être auffi fans matiere, ont dégénéré en paralyfie, lorfqu’on les à combattues par des topiques répercuñifs, ou par d’autres remedes donnés mal-à-propos ou trop prés cipitamment ; telles font toutes les maladies arthriti. ques , rhumatiques, qu'on a vü fi fouvent donner naiflance aux accidens les plus graves entre les mains des charlatans effrontés qui vouloient les guérir. Les évacuations trop abondantes ont quelquefois auffi produit la paralyfre : Helwisius raconte, qu'un moir- ne Francifcain fut atteint d’une Paralyfte univer{elle à la fuite d’une fuperpurgation qui dura deux jours. On en a vû furvenir à différentes maladies , foit par leffet même de la maladie, foit caufée par un traite: ment peu convenable. Ragger dit avoir obfervé une paralyfre univerfelle à la fuite de la petite-vérole ; le même auteur rap- porte l’exemple d’une hémiplésie qu’avoit excité une ifchurie, Schultzius fait mention d’une paraly fe few blable produite par une hydropife ; Refinus Hémi- lus a obfervé une paralyfie univer{elle fuccéder aux fievres intermittentes ; de toutes les maladies non fo- poreufes , celle qui fe termine le plus fouvent par la parälyfie ; c’eft la colique, & fur-tout la colique minérale qu’on appelle auf co/ique des Peintres où du Poitou, & plus proprement rachialgie, & qui eft prin- cipalement produite par l’ufage intérieur des prépa- rations duplomb. Voyez CoLiQue. La paralyfie dans ce cas affecte les extrémités, & plus ordinairement les extrémités fupérieures. Les obfervations de ces {ortes de paralyfies font très-nombreules ; quelques OIA PAR È Le 4 } UP En auteurs ont parlé dés cofiques bilieufes qui dégéné- votent en paralyfie, 1 y à apparence qu’ils ont con- fondu ces coliques avec la coliqué minérale, qu'ils ne connoïfloient pas , d’autres fans favoir que cette colique fat une maladie particuliere | Pont cepen- dant très-bien décrite; obfervant que des coliques produites par des vins, altérés avec la litharge, s’é- toient terminés par la paralyfie; le mercure donne auf très-{ouvent naïflance à la paralyfie, foit qu'on le prenne intérieurement à trop haute dofe , foit awenen refpire les vapeurs, foit enfin qu’on le ma- nie pendant très-long-tems. On prétend que le fim- ple toucher d’un poiflon appellé pour cet effet sor- pedo , engourdit & paralyfe la main. À ces caufes, en peut ajouter celles qui font locales ; telles que les fratures, les luxations , les bleffures des membres qui font fuivies de leur paralyffe. Schultzius rappor- te, qu'une faignée mal-faite donna leu à une para- dyfie du bras; fuivant l’obfervation de Cortnummius, ure tumeur dans le pli du bras produifoit le même effet; enfin, on a vù des paralyfies héréditaires fe manifefter fans caufe apparente dans les peres & les enfans au même âve , telle eft celle qu'a obfervé Olaus Borrichius, dans un organifte qui refufa d’ef- fayer de la diffiper par aucun remede , parce que fon pere qui en avoit été atteint au même âge avoit inutilement employé toutes fortes de remedes. Quelque différentes 8 multipliées que foient ces caufes, 1l y à lieu de penfer que leur aéhion porte toujours fur le même organe, c’eft-à-dire fur les nerfs immédiatement deftinés à répandre dans toutes Les parties la vie, ou le mouvement &c le fentiment; 1ls peuvent feuls ; par leur altération, occafionner des dérangemens dans l’une ou Pautre de ces fonétions ; mais ne feroit-1l pas néceflaire de diftinguer deux efpeces de nerfs, dont les uns donneroïent la fenfi- bilité, &c les autres la mobilité ; cette diftinéton pa- roit indifpenfable pour expliquer les paraly fies dans lefquelles le mouvement fubfifte , Le fentiment étant aboli; ou au contraire les parties ayant perdu la fa- culté de fe mouvoir, conferventleurfenfibilité. Cette explication aflez heureufe , mais gratuite ,peut fubfi- fter jufqu’à ce qu’on en trouve une autre plus con- forme aux lois de l’économie animale , & plus fatis- faifante. Pour que les parties puiflent fentir &c fe mouvoir , 1l faut que les nerfs qui fervent à ces fon- “ions foient libres & entiers depuis la partie jufqw’à leur origine, c’eft-à-dire jufqu’au cerveau ou ia moëlle alongée qui n’en eft qu’une prolongation; f on les lie, fi on les coupe, fi on les bleffe , fi on les comprime, @c. dans leur couts, la partie où ils abou- tiflent devient fur-le-champ paralytique ; ainfi les caufes de la paralyfie peuvent agir ou fur la partie: même, ou fur Les portions intérmédiaires des nerfs, ou ce qui eft le plus ordinaire, fur leur origine, qui eff le fiege des {enfations; le dérangement qu’elles produifent dans cette partie, néceflaire pouf exciter la paralyfte, n’eft point connu du-tout; les diférens auteurs fe font d'autant plus attachés à pénétrer ce myftere qu'il eft plus difficile à débrouiller; mais leurs travaux. & leurs recherches n’ont fervi qu’à prouver encore mieux fon impénétrabilité, Les idées qu'ils ont effayé d’en donner font toutes plus ou moins ridicules, plus où moins in-vraiflembläbles ; quelques -uns avoient aflez ingénieufement manié dans ce cas le fluide nerveux , & en le fuppofant d’une nature éleétrique avoient donné des explica- tions aflez fpécieufes, mais qui dans le fond n’ont fervi qu'à amufer 8 à faire difputer dans lestécoles, &c qui ont fait rire Le praticien obfervateur pour qui elles étoient point faites. Je me gardera bien de furcharger cet article du détail des différentes opi- nions qu'il-y à eu fur cette caufe prochaine de la p4- zly fre ; leur faufleté manifefte m'évite lai péine- que PAR j'auroïs, été forcé de prendre fi ces théories faites avec plus d'art & voilées fous les apparences de la vérité avoient exigé une réfutation fuivie; & s'il eût été néceflaire de fuivre pas-à-pas les auteurs pour montrer leurs paralogifmes moins évidens. Les obfervations faites fur Les cadavres de perfon- nes mortes de paralyfies n’ont, comme à Pordinaire, répandu aucun jour fur le méchanifme de fes cau- fes, 8 fur les remedes par lefquels il falloit la com- battre, elles ont prefque toutes fait voir beaucoup de délibrement dans le cerveau & la moëlle alon- gée ; quelquefois cependant on n’y a trouvé aucun dérangement, le vice étoit dans d’autres parties. Schenckius rapporte une obfervation qui lui a été communiquée par Jean Bauhin , d’un jeune homme né mélancholique, qui étoit fujet à de fréquentes at- taques de paralyfie & d’épilepfe, & qui pendant ce tems avoit tout le côté droit en convulfon êcle gau- che paralyfé ; à fa mort & à l’ouverture du cadavre on vit les veines de la pie-mere du côté droit prodi- gieufement, diftendues & noirâtres , & un abfcès dans la partie correfpondante du cerveau. Tulpius, Valeriola, Scultetus rapportent d’autres exemples d’abfcès dans le cerveau trouvés dans des perfonnes paralytiques. R**#%*% dans fes lettres à Bartho- En, qu’on lit parmi celles de cet auteur, fait men- tion d’un enfant paralytique à la fuite d’une frac- ture du crâne , dans lequel le cerveau s’épuifa en champignon, jufqu’au corps calleux qu’on voyoit d’abord après avoir enlevé le crâne; dans plufieurs paralytiques on n’a trouvé d’autre caufe apparente qu'un amas de féroftés dans le cerveau & la moëlle alongée. Plater, Willis, Bonnet rapportent plufieurs exemples de paralyfies dépendantes, ou du - moins accompagnées de l’extravafation de férofités. Brun- ner dit que dans un hémiplégique 1l ne trouva qu’un côté de l’origine de la moëlle alongée inondé de fé- rofités extravafées, 8 comprimé par des tumeurs. Cet auteur ajoute que dans le cerveau de plufieurs perfonnes mortes paralytiques il a obfervé des tu- meuts enkiftées. Wepfer a fait la même obfervation dans un jeune homme devenu fubitement hémiplé- gique , & mort peu de tems après ; toute la fofle antérieure du crâne parut à Wallis remplie de fang, en partie ichoreux & en partie grumelé ; dans un autre paralytique , qui avoit été auparavant apople- tique , Bartholin trouva tous les ventricules dif- tendus de fäng , qui venoit des vaifleaux crevés du plexus choroide. On lit un grand nombre d’obferva- tions femblables dans les recueils & les compilations : qu’en on fait différens auteurs, Bonnet, Tulpius, Schenckius, &c. dans les Mémoires des curieux de la nature, dans la Bibliotheque pratique de Manget, où nous renvoyons les leéteurs curieux. Dans quelque efpece de paralyfie on ne voit n1 dans le cerveau ni dans la moëllealongée aucune efpece d’altération; c’eft fur-tout dans les paralyfies hyftériques & dans celles qui fuccedent à la colique; dans le premier cas il n’y a fouventaucun dérangement fenfble dans toute la machine ; dans les autres le vice principal eft dans les organes du bas-ventre , & fur-tout dans le foie & les vifceres qui en dépendent. Volcher- Coiter, dans un de ces paralytiques , ne trouva dans le crâne qu’un peu de Érofité ichoreufe, qu'il pré- fume même avoir été fournie par les vaifleaux qu’il avoit été obligé de couper; le foie lui parut obftrué, la véficule du fel diftendue par une bile épaifle & noirâtre, l’eftomac rempli de matieres vertes porra- cées, & le colon mal conforme. Dans un homme fu- jet à des vomiffemens bilieux:, & quiaprès leur cef- fation efluya une fievre intermittente, & mourut en- fin paralytique , Fernel n’obferva rien de contre na- ture qu'une colle®ion de plus d’une livre de bile aux environs du foie, Manget rapporte qu'un: vieux bu- veur étant mort paralytique à la fuite d'une jauniife, il n’apperçut dans le cadavre d'autre altération dans les vifceres qu'un skirrhe confidérable du pancréas, & la bile extravafée par-tout ; elle étoit épaiffe &c noire dans la véficule du fiel, elle enduifoit comme une colle les parois de Peftomac & en occupoit tous les replis, elle avoit teint la liqueur du péricarde, Éc. Detoutes ces chfervations que conclure, finon qu'on n’eft pas plus avancé qu'avant de les avoir fai- tes; qu'onn'artien d’'aflure à donner {ur læthiolopie de la paraly fie, &t que par conféquent le parti le plus fage &c le plus sûr eft de garder le filence plütôt que de débiter des abfurdités à pure pèrte? tenons-nous en aux feuls faits que nous connoïflons, favoir que les nerfs font affettés; ne cherchons pas à penétrer le comment : appliquons-nous à bien connoître les caufes qui ont agi, pour opérer en conféquence; re- gardons le fluide nerveux comme gratuitement fup- pofe & abfolument inutile, & les obfiruftions des nerfs comme infufifantes & trop peu générales; fi quelquefois cette caufe a lieu, &c cela peut arriver puifque les nerfs ont des vaïfleaux, qu’ils fe nourrif: fent, & vraiflemblablement fervent à la nutrition de toutes les parties, on peut croire que ce n’eft que dans le cas de paralyfie avec atrophie. Nous pouvons cependant tirer quelque parti des obfervations précédentes pour le pronoftic de la paralyfre ; elles nous font voir que les caufes qui lex: citent fouvent agiflent en produifant dans des parties effentiellesune altération confidérable & qu'il eft im- pofhble de corriger ; de-là tant de paralyffes mortelles, &z qui éludent l'efficacité des remedes les plus appro: riés; ce n’eft guère que dans les jeunes gens que la paralyfie eft fufceptible de guérifon lorfqw’elle eft in- complette, &c l'effet de quelques caufes accidentel- les ; celle qui eft produite par des coups, des bleffu- res, des chûtes, 6c. eft incurable lorfqw’elle ne reçoit aucun foulagement des premiers fecours qu’on em- ploie ,ou qu'on y remédie trop tard, ou que ces cau- fes ont occafionnée la luxation des vertebres du dos, & dans ce dernier cas elle eft pour l’ordinaire aflez promptement mortelle; les exemples du contraire font très-rares; j'ai été Le témoin d’une; lorfque la paralyfie occupe le gofier , l’effomac , Les inteftins, la vefñe , les mufcles de la refpiration, le diaphragme, | _&c. le défaut des fonétions auxquelles ces parties fer- vent, augmente encore le danger & häte la mort des malades. Hérophile prétend avoir obfervé la paraly fie du cœur, lorfqw’elle a lieu la mort fuccede fubite- ment. Les paralyfies avec froid &c atrophie font plus dangereufes ; fi le tremblement furvient, c’eft un très-bon figne qui doit faire efpérer la guérifon ; on a vù quelquefois la fievre & les pallions d’ame vives, fur-tout la colere, Popérer; Tite, fils de Vefpañen, fut, au rapport des hiftoriens, guéri par la colere d’une paralyf£e. Fabrice de Hilden raconte qu’un en- fant qui avoit le bras paralytique, guérit en fe le caflant. Oéferv. chirurg, cent. LIT. Il n’eft pas prudent de fe fier aux forces de la na- ture pour la guérifon de la paralyfie, ni de compter fur des accidens heureux ; cette maladie n’eft pas du nombre de celles qui fe combattent par leurs pro- pres efforts, au contraire elle s’enracine êc s’opimiä- tre par le tems, &c demande en conféquence des fe- cours aufli prompts que décrffs ; leur effet doit être de rappeller le mouvement &t le fentiment dans les parties qui en font privées, & pour cela de ranimer les nerfs engourdis & de leur redonner le ton, de la force&de l’aftivité. Les remedes ftimulans, nervins, fpiritueux, toniques font les plus propres pour Por- dinaire à remplir ces indications générales ; l’obfer- vation dans bien-des cas, d'accord avec le raifonne- ment, juftifie Leur ufage & conftate leur fuccès; mais PAR OLS comment âpiflent-ils pour produire ces effets? Eff-ce en fecouant la machine, en irritantlesnerfs, en aug- mentant leur vibration, en réveillant le jeu dé cer- tains organes, ou en évacuant, en defobftruant, en diffipant les caufe sde la maladie, &c/ c’eft ce qu'il | Met ni poflble ni utile de déterminer; dans quel- ques cas particuliers où 1l y a pléthore, où la paraly= fie et dûe à la fuppreflion des excrétions fanguines, la faignée peut avoir lieu; hors de ces cas où la né- ceflité eft bien marquée, 1l faut s’abftenir de ce fe- cours indifiérent, déplacé, & même très-pernicieux s’il étoit réitéré. On doit attendre un effet plus cer- tan & plus conftant des émétiques, des purgatifs forts, des lavemens âcres, fouvent répétés , Les boif: fons fudotifiques & purgatives font très-eficaces; la double aétion qui réfulte de ces deux différens reme: des fait dans la machine une heureufe révolution, y jette une forte de trouble avantageux; je me fuis fervi plus d’une fois avec fuccès de cette combinai- fon qui paroit bifarre ; on peut encore employer à l'ufage intérieur , les remedes fpiritueux dont on va: rie Padivité fuivant les tempéramens & fuivant les cas; dans cette claffe font les différens efprits & fels volatils, les efprits aromatiques huileux de Sylvius, les huiles effentielles 8: animales, les eaux fpiritueu- fes aromatiques, & enfin Les plantes même qu'on donne en conferve , en poudre;en opiate, en infu- fon, &c.il faut foutenir & animer Pattion de ces mé- dicamens internes par les irritans & fortifians exté- rieuts, umivetfels & topiques ; tels font les véfica: toires, les ventoufes, lurtication, les friions fé- ches faites avec des étoffes de laine, pénétrées de la vapeur des plantes & des réfinés aromatiques, les li- nimens avec les baumes nervins & fpiritueux, les bains & les fomentations aromatiques, les ftimulans moyens, les érofons fternutatoires, fialagogues, apophlegmatifans, peuvent être-employés en même tems & opérer quelques bons effets, foit par lPirrita- tion faite au fyftème nerveux, foit par lévacuation quien eft une fuite faite par les glandes du nez & de la bouche qui dégagent aflez promptement la tête. On trouve dans les écrits des médecins allemands un orand nombre de formules de remedes qu’ils don- nent pour éminemment anti-paralytiques ; mais cé font fouvent des remedes indifférens , frua, tels que leur fameufe teinture de marcaflite fulphureufe, par l’efprit de vin fi vantée par Cnvéñell, leur poudre préparée avec le cinabre, les os humains , les magif- teres de perle, leur baume fait avec la sraifle d'ours &c la moëlle de jambe de bœuf, &c. ou ce font des compofirions informes de tous les remedes qui ont quelque énergie. De tous les fecours les plus appro- priés contre la paralyfre , les eaux minérales chaudes ou termales font ceux qui font le plus univerfelle- ment céiébrés , & qui méritent le mieux les éloges qu’on en fait. Voyez les articles MINÉRALES, eaux , 6 THERMALES. On y voit tous les jours fe renouvel- rer les miracles de la pifcine probatoire , & s’y opé- rer des guérifons furprenantes ; on peut les prendre intérieurement, &c s’en fervir en bains, en douches, & en etuves ; leur principal effet dépend de latcha: leur ; dans les cas où lon ne pourroit pas porter les malades à la fource ou fe procurer ces eaux ,1lferoit très-facile de les imiter ou deles fuppléer. Les plus renommées en France font celles de Balaruc, de Bourbonne, de Vichy, de Barége, de Cauterets, 61e. Quelques auteurs, avec Willis, regardent le mer- cure comme un des plus excellens remedes contre la paralyfte ; ils rapportent plufieurs obfervations qui conftatent les fuccès complets de la falivation; c’eft une reflource qu’il feroit imprudent de nésli- ger, fur-tout lorfqu’on a inutilement employé les autres remedes : il en eft de même de léledricité, qui a eu pendant un certain tems beaucoup de ré- 916 PAR putation ; Les expériences que M Jallabert avoit fai- tes à Geneve l’avoient extrèmement accréditee; des perfonnes dignes de foi m'ont cependant afluré qu'ayant fait des informations fur les lieux, elles ne leur avoient pas paru auf heureufes &c auf favora- bles à léle&ricité que M. Jaïlabert Pavoit écrit, 6 celles qu’on fit à Paris n'ayant eu aucun fuccès , on a tout-à-fait abandonné ce remede; cependant M. de Sauvage, profefleur à Montpellier, afflure en avoir obtenu de bons effets, & M. Raft le fils, médecin à Lyon, mécrivoit 1l n’y a pas long-tems , qu'une pa- ralytique à qui il l’avoit fait éprouver s’en étoit très-bien trouvée : ainf 1l paroit qu’on devroit pour confftater les vertus de ceremede & pour en déter- miner l’uface, faire de nouvelles expériences, la ma- tiere eft aflez importante pour réveiller l'attention des Médecins ; on peut toujours employer fans crainte cefecours , parce que s’il ne produit aucun bon effet, il ne fauroit avoir des fuites facheufes. À ce détail fur la paralyfee , J'ajouterai deux exem- ples rares d’une pararalyfie fans fentiment, & fans deftruétion des mouvemens de la partie infenfble, L'un eft d’un foldat qui fut privé de fentiment de- puis l'épaule jufqu’à Pextrémité des doigts de la main: cependant ce même foldat jouoit à la boule, fendoit du bois en y employant les deux bras, fans que celui qui étoit mfenfble, y fit remarquer ou de la peine ou de la contrainte. Un jour il leva par mé- garde avec la main infenfble le couvercle d'un poële de fer très-ardent & prefque rouge ; ille pofa enfuite tranquillement, & :1l ne s’apperçut point du tout, du-moins par le fentiment, qu'il s’étoit brûlé tout le dedans de la main ; cependant les tégumens inter- nes, lestendons, & le périofte de index, en furent détruits : la gangrene fe mit à la plaie, & lon y fit plufieurs incifions, auxquelles il ne fourcilla pas, non plus que loffqu’on y appliquoit la pierre inferna- le ; 1l eft demeuré eftropié de deux doigts. M. Garein,correfpondant de l'académie des Scien- ces, eftle fujet d’un fecond exemple de Pefpece de paralyfie, qui netombe que fur les organes du fen- timent. Tous fes doigts étoientinfenfbles, fans être privés de mouvement. Il étoit obligé d’en prendre un foin infini pour les garantir de mille atteintes, auxquelles ils font continuellement expofés, Cepen- dant , malgré fes foins, il lui arrivoit fréquemment de s’oublier. Un des principaux fymptomes de fon mal confiftoit, en ce que fes doigts étoient toujours plusfroids quene comportoit la température a@uelle de l'air, & du refte de fon corps; ils ne pouvoient jamais fe réchauffer d'eux-mêmes ; il falloit nécef- fairement avoir recours à une chaleur extérieure, comme de les appliquer fur fa poitrine par-deffous es habits. Quand il vouloit reconnoître leur état , il les portoit fur fon vifage, ne les fentant jamais par eux-mêmes ni froids ni chauds. Un jour donc, il avoit trop approché fa main du poiîle où il vouloit laréchauffer, & où le feu étoit plus ardent qu'il ne pendoit; 1l fe brüla les doigts, &ne s’apperçut de fa brülure que deux heures après, par une groffe veflie qui sy forma. . Y a-tl des nerfs qui répondent direétement au taét 6t au fentiment , & qui n’entrent pour rien dans les mouvemens ; & au contraire , &c?Les exemples qu'on-vient de lire , ne décident point nettement la queftion; mais enfin, dit l'hiftorien de Pacadémie, rien peut-être ne prouve mieux la néceflité indifpen- fable de nos fens,, & de la douleur même, pour la confervation de notre corps, que les fuites füneftes de privation du fentiment dans le ta@. Le plus fub- til phyficien ,dle plus favant anatomifte , l'homme le plus attentif à ce qui peut lui nuire ,'ne fauroit ordi. nairement le prévoir avec cette promptitude que l’oc- £sañon requiert prefque towjours, & avec laquelle PAR ‘le toucher l’en sarantit. Encore moins pourroit-il fe © J . promettre que rien ne détournera jamais fonatten- tion d’un danger qui échappe à tous les autres fens. Hilloire de l'académie , année 1743. (mn PARAMARIBO , ( Géog. mod. ) capitale de la co- lonie hollandoïfe de Surinam. Las, Jepr, 5. 49. (D.J.) PARAMESE,, £. f étoit dons la mufique des Grecs, le nom de la premiere corde du tétracorde diezeug- menon, Il faut fe fouvenir que le troifieme tétracor- de pouvoit être conjoint avec le fecond ; alors fa premiere corde étoit la méfe ou la quatrieme corde du fecond, c’eft-à-dire, que cette w7/e étoit com- mune aux deux. Mais quand ce troifieme tétracorde étoit disjoint, 1l commençoit par la corde appellée paramefe , qui, au lieu d’être commune avec la mefe, fe trouvoit un ton plus plus haut; de forte qu’il yavoiït un ton de diftance entre la mefe ou la derniere corde du té- tracorde mefon, & la paramefe ou la premiere du tétracorde diezeugmenon, Voyez SYSTÈME , Té- TRACORDE. Tlapaueon fignifie, proche de la mefe, parce qu’en effet la paramefe n’en étoit qu’à un ton de diftance, quoiqu'il y eût quelquefois une corde entre deux. Voyez TRITE. (S PARAMETRE , {. m. er Géomérrie, eft une ligne droite conftante dans chacune des trois feétions co- hiques : on l’appelle autrement en latin Zasus reGum. Voyez LATUS RECTUM. Dans la parabole BV, Planche des coniques , fig. 8 , le reétangle du paramerre A B, & de labt- cifle, par exemple, B 3 eft égal au quarré de l’or- donnée correfpondante 3 III. Voyez PARABOZE. Dans Pellipfe & l’hyperbole, le paramerre eft une troifieme proportionnelle au diametre & à fon con- jugué. Voyez ELLIPSE & HYPERBOLE. On appelle en général parametre , la conftante qui fe trouve dans Péquation d’une courbe; ainf dans la courbe dont l'équation y5 = 4 x y + 4x3, a eftle parametre, &trepréfente une ligne donnée, on appelle aufli quelquefois cette ligne le paramerre de l'équation. Quand il y a plufieurs conftantes 2 , b,c, dans une équation, on peut toujours les ré- duire une feule, en faïfant b=ma,c—na, &T 7, marquant des nombres quelconques, de forte qu'on peut toujoursgéduire tous les parametres À un feul; &c fi les lignes 4, #,c, font égales, c’eft-à- dire, fim—n—17r, 6c. les courbes font alors fem- blables. Foyez SEMBLABLE. ( O PARAMMON , ( Mythol. ) étoit un furnom de Mercure, comme fils de Jupiter Ammon: les Eléens lui faïfoient des libations fous cenom, au rapport de Paufanias. | PARAMMONAIRE, f m. ( Æiff. eccléf. ) dans l'antiquité eccléfiaftique ; on appelloit affecla , bue- cellarius fatelles, parammonarius | parammonaire , le payfan qui tenoit à ferme les biens d’une éclife, le métayer d’une églife. à PARAMOS, ( fl. nat. Géog. ) c’eft ainfi que les Efpagnols du Pérou nomment des efpaces de terrein ou des plaines extrèmement froides 8 communé- ment couvertes de neiges, quife trouvent entre les fommets des deux chaînes demontagnes qui forment les cordillieres des andes. Quelques-unes de ces | plaines qui font très-élevées font fi froides, qu’elles font entierement inhabitables | & que lon n’y voit aucun animal, ni aucune plante, PARANA, LE, ( Géog. mod. ) riviere du Para- guai, qui donne fon nom àla province de Parana , ëc e jette dans Rio de la Plata. La province de Pz- Tara ; Qu'on nomme auf /2 serre de la miffion des Je. Juires ; eft peuplée de bourgades d’indiens. Les Jé- luites ont fu fe les attacher, &les empêcher d’avoir aucun commerce avec les Efpagnols, Ils habitentile pays pays qui .eft le long du Pargna, au S. O. du Bré- fil, Une partie de leurs terres & de leurs bourgades ayant été comprife dans les limites fixées en 1756 par Les rois d'Éfpagne &c de Portugal, ils ont refufé de fe foumettre à la fixation de ces limites. De-là eft venue la guerre qui eft entte ces indiens du Para- guay, & la couronne de Portugal. ( D. J.) PARANA, ( Géog. mod.) grande riviere de l’A- mérique méridionale ; elle prend fa fource au Bréfil, dans un pays qui ef fort péu.connu, & fe joint fina- lement à la riviere de Paraguay, près la ville de Corrientes. Voyez R1O DE PLATA. PARANETE, { £ er Mufique, eft le nom que plufeurs anciens ont donné à la troifieme corde de chacun des tétracordes , /yr7emenon , dleeuoMemONL , & hyperboleon, laquelle d’autres ne diftinguoient que par le nom du genre où ces tétracordes étoient employés. Ainfi la troifieme corde du tétracorde kyperboleon , qu'Ariftoxène & Alypius appellent, par exemple, hyperboleon diatonos , Euclide Pappelle pa- ranete hyperboleon. ( S PARANGON , £. m. ( Gram.) vieux mot qui fi- emfoit autrefois comparaifon, patron , modele ; pa- rangon de beauté, parangon de chevalerie, PARANGON , ( Archielure, ) On dit du marbre pa- rangon , Pour du 77arbre noir. PARANGON GROS , ( Fondeur de caraîleres d’Im- primerte. ) eft le treizieme des corps fur lefquels on fond les caratteres d’Imprimerie. Sa proportion eft de trois lignes quatre points mefure de Péchelle; il éft Le corps double de celui de la philofophie. Poyez proportion des caraëleres , 6 l'exemple, à l'arsicle Ca- RACTERE. PARANGON PETIT, ( Fondeur de caraïteres d’Im- Primerte. ) dixieme corps des caraferes d’Imprime- rie ; fa proportion eft de trois lignes deux points, meéfure de Péchelle. Voyez proportions des caraëferes d’'Imprimerie, © l'exemple, à l’article CARACTERE. PARANGON, ( Bijourier. ) ce mot fe dit chez les Lapidaires des pierres précieufes , excellentes, & c’eft une efpece d’adjeétif qui ne change point de genre. Un diamant parangon, une perle parangon. PARANGON, PARANGOINE, (Jardinage. ) ef une fleur qui revient toujours de la même beauté chaque année fans dégénérer. PARANGON , ( Soyerie. ) c’eft ainfi qu’on nomme à Smirne , quelques-unes des plus belles étoffes qui y {ont apportées de Venife. PARANITES, ( Hiff. na. } nom dont les anciens naturaliftes fe font fervi pour défigner une améthyfte d’un violet très-clair, & prefque infenfble. PARANOMASIE , £ f. ( Gramm. ) fimilitude de mots. La paranomafie eff fréquente dans les lan- gues qui ont une même origine, ou quelqu’autre afi- nitéentre elles. PARANYMPHAIRE , £ m, ( Belles-Lertres. ) per- fonnage chargé de faire les difcours des paranym- phes. C’eft ainf qu’on le nomme en Angleterre; en France nous lappellons paranÿmphe, Voyez PARA- NYMPHE. À Dans Puniverfité de Cambridge, il y a une céré- monie pareille à celle qu’on appelle ailleurs para- nPinphe,& le paranymphaire s’y nomme prévaricateur. PARANYMPEBE , ( Æif, grec. & rom. ) les Grecs appellent peranymphes , ceux qui felon la coutume, condififoient l’époufe dans la maïfon de fon mari; ils donnoïent le nom de zyrphes aux époufées. Les Romains qui obfervoient la même cérémonie dans la conduite de l'époufée, appelloient pronubus, le condu£teur , 8c pronuba, fi c’étoit une femme qui élit cet emploi. Feftus a dit, prozubæ adhibebantur auprlis que fesnel nupferunt caufa aufpicii , ut fingulare perféveret matrimonium. Et Nfidore, Liv. IX, pronuba séfa eff co quod nubentibas pr@eft, quaque nubantem Tome XL, | PAR 917 vro conjungrt, 1p{a eff 6 patanympha. Cette conduite fe faifoit avec des circonftances fingulieres, | Je fuppofe les cérémonies ufitées dans les fan- çailles, & les facrifices accomplis fuivant la coutu- me ; le jour ayant cédé la place à [a nuit, on fe met- toit en état de conduire l’époufée chez fon mari, & l’on commençoit par mettre les hardes de l’époufée dans un panier d’ofier, que Feftus appelle curerum : le pofteur étoit fuivi de plufeurs femmes tenant dans leurs mains une quenouille avec le lin, qu'elles mettoient fur un fufeau ; les parens, les amis, & l’é- poux, marchoient enfuite , fuivis de trois jéunes oar- ons, vétus d’une robe blanche bordée de pourpre, que l’on appelloit parrint & matrini ; l'un des trois portoit un flambeau allumé, & qui étoit fait d’une branche d’épine blanche, parce que, felon le té- moignage de Varron & de Feflus, cette efpece de bois étoit heureufe , & chafloit les enchantemens que les Romains craignoïent beaucoup dans cette Occafon. Si nous en croyons Pline, 4v. XPT. chap. xvix. on portoit plufieurs flambeaux , que les amis come muns tâchoient d'enlever, de cräinte que les ma- riés n’en fiffent un ufage de mauvais augure , & qui préfageoit la mort prochaine de l’un ou lautre. Ce n’eft pas encore tout ce que l’on pratiquoit. Pline & Viroile nous apprennent que l’époufe étant arrivée à la porte de la maïfon, les parens & le mari jettoient des noix aux enfans qui accouroient dans la rue. Tibi duciiur uxor ; | Sparge , rmarite, ruices. C’eft Virgile qui le recommande dans fon éclogue huitieme , dont Servius a donné plufieurs raïfons : les noix, dit-il, étoient confacrées à Jupiter; on n Jettoit aux enfans, pour marquer que le mari abandonnoit les jeux enfantins, pour s’appliquer aux affaires férieufes. (2.7) PARANYMPHE, che7 les Hébreux, étoit l'ami de époux , celui qui fatfoit les honneurs de la noce, ëêc qui conduifoit Pépoufe chez l'époux. Les rabbins difent que le principal devoir du pa- ranymphe parmi les Ifraëlites, étoit d’obferver que l'époux & lépoufe ne fe fiflent aucune fraude dans ce qui regarde le fang qui étoit la matque de la vir- ginite de l’époufe , & dont parle Moïfe, Deuseronom, chap. xx, 14.6 15. de peur que l’époux ne fup- primât le linge où ce fang paroïfloit, ou que lé- poufe n’en fupposât de faux. Parmi les Grecs, le paranymphe gardoit la porte du lit nuptial, & avoit foin de Péconomie du repas & des autres réjouif- fances. Quelques-uns ont crû qu’il en étoit de même chez les Hébreux, & que l'archisriclinus , dont il eff parlé dans l'Evangile à l’occafon des noces de Ca- na, &t que nous traduifons par £rterdant ou maître- d'hôtel, nétoit autre que le paranymphe. S. Gaudence de Breffe affure, fur la tradition des anciens,que pour l'ordinaire ce préfident ou ordonnateur du feftin nuptial étoit pris du nombre des prêtres, afin qu'il eût foin qu'il ne s’y commit rien de contraire aux regles de la relision & à la bienféance, C’étoit lui qui régloit les fonétions des officiers, &. la difpof- tion du repas. Il eft quelquefois défigné dans l'Écri- ture fous le nom d’ari de époux | amicus [ponfi ; Joann. 111, ÿ. 29. Calmet, Diéfionn. de la Bible, Le nom de paranymphe eft commun dans lhiftoire byfantine, pour fgnifier l'officier chargé par lem- pereur de conduire & remettre les princefles impé- riales mariées à quelque prince étranger, fur Les ter- res ou entre les mains de leur époux, & Grégoire de Tours, Zv. VI. chap. xlv. donne le nom de para- nymphe au duc Bobon, qui fut chargé de conduire en Efpagne la princefle Rigunthe , fille de Chilpé- ric |. mariée au roi des Vifigoths. BBBbbb 018 P A R 11 ef fait mention du paranzymphe dans les capitu- daïres de Charlemagne , dans les lois des Lombards, &t dans tes euchologes des Grecs. On donnoit le nom de paranzymphes dans les écoles de théologie de Paris, à une cérémonie qui fe faloit à la fin de chaque couts de licence, & dans laquelle un orateur appellé parenymphe , après une haran- gue, apoftrophoit par rang tous les bacheliers quel- quefoïs par des complimens, & plus fouvent par des épigrammes mordantes, auxquelles ceux-ci re- pliquoïent par de femblables pieces. La faculté de Théolosié vient tout récemment de réformer cet abus, en réduifant les paranymphes à de fimples ha- rangues, PARAO , T. m.( Marine.) petit bâtiment des Indes que l’on arme quelquefois en guerre ; alors ils font montés de pierriers. Les fouverains de quelques con- trées s’en fervent pour lever le tribut qu'ils exigent des petites îles fituées aux environs de leur contrée. PARAOUSTIS , ( if. mod.) c’eft le nom que les habitans de la Floride donnent aux chefs qui les commandent, & qui marchent toujoufs à leur tête. Ils font les feuls de la nation à qui la polygamie fort permife. Ils ont une très-erande autorité fur les peu- ples qui leur font foumis, qu’ils traitent en efclaves, * & dont là fucceffion leur appartient ; on leur rend de grands honneurs, même après leur mort; on brüle leur habitation & tout ce qui leur appartenoit, & les femnmes, après les avoir pleurés, fe coupentles cheveux pour les femer fur leurs tombeaux. Ces peuples ne connoiflent d’autre divinité que le foleil, à qui 1ls immolent des viétimes humaines qu’ils man- gent enfuite. PARPEGME, (-4ffronom. anc.) machine aftro- nonnque d’ufage chez les Syriens & les Phéniciens, pour montrer les folflices par l’ombre d’un füle. PARAPET, f m.( Archireël. ) c’eft un petit mur qui fert d'appui & de garde-fou à un quai, àun pont, à une terrafle, &c, Ce mot vient de litalien parapetto , garde poitrine. (D. J.) PARAPET, ez Fortification , eft une mañle de terre À Pépreuve du canon , élevée vers le côté extérieur du rempart, & qui fert à cacher à l’ennemi les foldats ‘qui font {ur le rempart. Borel nous a donné de Jof. Marie Subrefius , une colleétion curieule des noms que les anciens &c les modernes ont donné à cette efpece de parapits. Les Latins les appelloient /ubarræ &c bafliæ , d’où font venus les noms de baflions &c de faflille : ils les nom- soient auf pagineumata , loricæ & antimuralia. Les Efpagnols les appellent barbacanes ; les Italiens para- petti ,àcaufe qu'ils garantiflent la poitrine, pero, d'où eft venu notre paraper. On conftruit des parapers fur tous les ouvrages de fa fortification. | Le parapet royal ou celui du rempart, doit être de terre, à l'épreuve du canon, de 18 à 20 piés d’épaif- feur , haut de 6 ou 7 piés du côté de la place, & de 4 Où 5; du côté du rempart. Cette différence de hau- teur difpofe fa partie fupérieure en talus, ou plan in- cliné: l’objet de cette inclinaifon eft de mettre le foldat en état de pouvoir tirer fur l'ennemi, en plon- geant vers la contrefcarpe & Le glacis. Voyez REM- PART 6 ROYAL. Chambers. Au pié du rempart, & du côté intérieur, ou vers la place, eft une banquette ou une efpece de petit degré, de 2 piés d’élévation, & de 3 piés de largeur. Il fert à clever Le foldat pour tirer pardeflus le para- pet. Voyez BANQUETTE. Le parapet doit être d’une matiere douce, afin que Îes éclats ne bleffent pas ceux qui en font proches, lorfque l'ennemi bat la place avec du canon. C’eft “pour éviter cet inconvénient qu’on ne revêt guere aujourd'hui le perzpes de maçonnerie, quoique le rempart en foit revêtu. Il eft feulement revêtu de sx fons, ou de placage fur les deux tiers de fa hauteur pour talus. Pour cela on éloigne un peu le pié exté- rieur du parapet du fommet de la muraille, añn qu’elle fe foutienne mieux. Ce prrapet ainf conftruit, donne encore plus de facilité dans un tems de fiege pour y percer des embrazures, que s’il étoit revêtu de ma- connerie. Au tefte, l’épaifleur du parape eft diffé- rente, felon qu’il eft plus ou moins expofé aux batte. ries de l'ennemi. On lui donne ordinairement 3 toi- fes d’épaifleur, parce que lexpérience a fait voir qu’un canon étant tiré de 100 ou 150 tofes, fon bou- let perce 1$ ou 17 piés de terre raflife. Si le paraper eft de terre fablonneufe, il lui faut une plus grande épaifleur , elle va alors jufqu'à 22 ou même 24 piés; car alors le boulet s’enterre plus profondément dans une terre de cette efpece. On fait quelquefois lé pa- rapet de pure maçonnerie, & on lui donne 8 ou 9 piés d’épaifleur, ce qui eft fufifant pour qu’il puifle réfifter au canon ; dans les lieux qui n’y font point expofés, comme aux endroits où1ly a des inon- dations, des marais, des precipices, ou la mer qui empêche d’en approcher, dans ces fortes de cas, il fufit que le paraper ait 2 Ou 3 piés de maçon- nerie d’épaifleur, fur 4 de hauteur; ou bien, fi le rempart eft bas, on peut lui donner 8 piés de hau- teur, & le percer de créneaux de 6 pièsen 6 pis. Le parapes ordinaire auntalus du côtéintérieur, du quart de fa hauteur ; Le côte extérieur eft à-plomb fur le cordon, fi le parapeteft revêtu de maçonnerie;s’il eft deterre ou de gafon, & que le revêtement du rempart foit de même, il en fuit le prolongement, en {forte que ces deux revêtemens ne font qu’un feul & même plan incliné. Voyez TABLETTE, C’eft le nom qu'on donne au côté extérieur du revêtement du paraper. Le parapet du chemin-couvert eft l'élévation de terre quile cache à ’ennenu. Voyez GLAGIS. Le paraper des tranchées eft formé de la terre qu’on tire de leur conftruétion, comme auffi de gabions, fafcines, &c. Foyez TRANCHÉE, (Q) PARAPHE, £ m. (Jurifprud.) et une marque & un caraétere compofe de plufieuts traits de plume, que chacun s’eft habitué à faire toujours de la même maniere. Le paraphe fe met ordinairement au bout de la f- gnature, & dans ce cas c’eft une double précaution que l’on prend pour empêcher que quelqu'un ne contrefafle la fignature. Quelquefois le paraphe fe met feul, &tient lieu de fignature, comme quand un des avocats généraux paraphe un appointement avifé au parquet. Enfin le paraphe fert quelquefois feulement à mar- quer des pieces, afin de les reconnoitre, & pour en conftater le nombre ; c’eft ainf qu'un notaire para- phe, par premiere & derniere, toutes les pieces in- ventoriées, c’eft-à-dire qu'il met fur chacune un nombre avec un paraphe qui tient lieu de fa fignature, & que ces nombresfe fuivent tant qu'il y a des pie- ces, de maniere que fur la derniere le notaire met le nombre , comme srentieme, S'il y en 30, & onajoute ces mots 6 dernier, avec{on paraphe. Le fecrétaire du rapporteur paraphe de même par premier & dernier, les pieces de chaque fac d’une inftance ou procès. | Quand on remet une piece dans quelque dépôt pu- blic, ou que lon verbalife fur la piece , on la para- phe, ne varietur, c’eft-à-dire pour empêcher que lon ne fubftitue une autre piece à celle dont il s’agifloit d’abord; fans quoi lon ne pourroit point compterfur quelque chofe de certain. Voyez APPOINTEMENT, COTTE, INVENTAIRE , SIGNATURE. (4) PARAPHERNAL, (Jurifp.) eft un bien de Îz femme qu’elle n’a pas compris dans fa confüitution de dot. PAR L'ufage des paraphernaux oubiens paraphernaux ; vient des Grecs, le mot paraphernal étant compofé. . de deux mots grecs, ape , præter, 8t çepn, dos, quafi bona que funt præter doter. Ulpien dans la loi, {2 ergo, de jure dot. remarque que les Gaulois appelloient peczle de la femme, pe: culium, les mêmes biens que les Grecs appelloient parapherna. Ce même jurifconfulte ajoute qu’à Rome la femme avoit un petit reciftre des chofes qu’elle avoit appor- tées dans la maïfon de fon mari, pour fon ufage par- ticulier; fur lequel le mari reconnoifloit que fa -fem- me, outre fa dot, lui avoit apporté tous les effets mentionnés fur ce regiftre, afin que la femme püût les reprendre après la diflolutiondu mariage. Aulugelle, 45. FIL. ch.vj. dit qu’à Rome les fem- mes avoient trois fortes de biens; favoir, dotaux, pa- raphernaux, &t les biens particuliers appellés res recep- titias, quas neque dabant ut dotem, neque cradebantur pa- rapherna, /ed apud fe reinebant. Le mari étoit le maître de la dot, il étoit feulement poffeffeur des paraphernaux, & n’en jouifloit qu’au- tant que fa femme le lui permettoit ; quant aux biens particuliers appelés res recepritias, 1l n’en avoit ni la proprièté , mi la pofleffion. Tel étoit le droit obfervé dans les mariages qui fe contraétoient per ufum ; mais dans ceux qui fe fai- {oient per coemptionem, le mari achetant folemnelle- ment fa femme, achetoit auf conféquemment tous {es biens, lefquels en ce cas ; étoient tous reputés do- taux : 1ln’y avoit point de paraphernal. _ On ne pratique plus, même en pays de droit écrit, la diftinétion des biens appellés res recepritias ; tous les biens de la femme y font dotaux ou peraphernaux, au lieu qu’en pays coutumier, tous biens font repu- tés dotaux; car les biens que la femme fe ftipule pro- pres, ne font pas des paraphernaux : cette ftipulation de propres n’a d'autre effet que d'empêcher que le fond de ces biens n’entrent en communauté, Tous les biens préfens & à venir quesla femme n’a pas compris dans fa conititution de dot, font reputés paraphernaux, 1oït qu’elle leseüt lors dé fon mariage, ou qu'ils lui foient échus depuis. On diftingue néanmoins deux fortes de parapher- naux. " pr | Les uns uns font les biens dont la femme, par con: trat de mariage, s’eft réfervée la jouiffance &c la dif pofition: ce font là les véritables paraphernauxe. Les autres font tous les biens qui viennent à la fem- me pendant le mariage, foit par fucceffion, donation Ou autres, voyez LÉGITIME. On appelle ceux-c1, pour les diftinguer des autres, fiers adyennfs, & la coutume d'Auvergne les appelle biezs adyenirices ; mais ils ne laïflent pas d’être compris fous le terme général de paraphernaux. - Les biens paraphernaux peuvent confifter en meu- bles ou en. imme ubles. | — S'ils confiftenten meubles,ou effets mobiliers qui ne foient point'au nom de lafemme , tels que pour- roient être des billets & obligations, la femmesen les apportant dans’la maïfon de fon mari, doit Jur en faire figner un état, pour juftifierqu'ls lui appartien- nent; car de droit tout eft préfumé appartenir auma- f1, S1lny a preuve au contraire. “ La femme peut fe réferver l’adminiftration de fes paraphernaux, & en jouir pat.fes mains , fans le con- entementmi Pautorifation de fonmari; elle peut auffi les engager,.vendre &c aliéner fans lui, pourvû qu’elle ne s’oblige que pour elle-même. EL, Ce que lon vient de dire recoit néanmoins une exception, pour les pays de droit écrit du reflort du parlement de Paris, dans lefauels la femme peut bien adnunifirer fes paraphernaux, fans le confentement de fon mari, mais elle ne peut difpofer, vendre, en- Tome XL, | P AR 919 pager, où donner la propriété fans le-confentement de fon mari: elle ne peut même, fans fon autorifa- tion, intenter aucune ation pour raïfon des jouif- fances de fes paraphernaux , {oit adyentifs ou au tres. Quand le mati ne s’eft point immifcé dans l’admi: niftration des paraphernaux, il n’en eft point refpen: fable, La femme peut lui en confier ladminiftration,& dans.ce cas le mari n'étant que! mandataire. de fa femme , il eft comptable envers elle de fon admini- ftration. | Mais lemarine peut s’immifcerdans cette adminif2 tration contre la volonté defa femme, & celle-ci eft tellement maitrefle de ce genre de biens qu’elle peuf agir en juftice pour en faire le recouvrement, & pour les autres aétes confervatoires, fans aqw’elle ait befoin de l’autorifation ni de l’affiftance de fon mari. On diflingue pourtant entre la propriété & les fruits 8 revenus. Le mari ne peut difpofer de la pro- prièté des paraphernaux , fans le confentement ex- près de fa femme ; à l'épard:des fruits & revenus, le confentement tacite de la femme fuffit, parce que le mari eft procureur né de fa femme. Le débiteur.des fommes paraphernales peut payer au mari, fur un mandement de la femme, fans qu'il foit befoin que celle-ci ratiñe; il fufit même qu'elle ait remis à fon mari fes titres de créances , pour l’auto- rifer à.enfaire le recouvrement, Lorfque: le mari a ladminiftration des. parapher- naux, Sil ena employé les revenus à l’entretien de fafamille, il n’en doit aucune reftitution à fa femme; mais sil, en a fait des épargnes, il doit lui en tenir compte, | Se Les doéteurs font néanmoins plufeurs diftinc- tions à ce fujet, entre les fruits naturels, les fruits induftriaux & les fruits civils, les fruits extans & fruits confümés ; mais cette difcuffion nous mene- toit 1c1 trop loin, on peut voir toutes ces queftions dans le recueil de M. Bretonmier, où il examine les divérfes opinions des doéteurs à ce fujet, & la ju- tifprudence des divers parlemens, | Pour ce qui eft de Fhypotheque de la femme, pour la reflitution des paraphermaux, elle a lieu du jour du contrat de mariage, quand elle y eft ftipulée, autrement ce n’eft que du jour que le mari a reçu les deniers, La coutume de Normandie, article 304, dit que la femme qui renonce à la fucceffion de fon mari, doit avoir {es paraphernaux &t fon douaire. L'article fuivant dit que les paraphernaux {e doivent enténdre des meubles fervans à l’ufage de la femme, comme lits, robes, linges & autres de pareïlle natu- te, dont le juge fera honnête diftribution à la veuve, eu égard à fa qualité &c à celle de fon mari, Fhéri- tier &t le créancier appellés , pourvû que ces biens n’excedent pas la moitié du tiers des meubles, &.où le meuble feroit fi petit, qu’elle auta fon lit, {a robe & fon coffre. La jurifprudence du parlement de Rouen a fixé ce paraphernalà la valeur du fixieme des meubles. Ce paraphernal de Normandie eft forthétéroclite; mais nous avons deux coutumes , fayoir celles d’Au- vergne &.de la Marche, qui admettent les vérita- bles paraphernaux tels qu'ils ont lieu dans les pays de droit écrit ;.ce qu'il y a feulement de fingulier, c’eft que ces coutumes qui font fous le reflort du parle- ment de Paris , autorifent la femme à difpofer de fes paraphernaux fans l’autorité.de fon mari, tandis que dans les pays.de droit écrit de ce même parlement, la femme ne peut pas le faire fans l’autorifation de {on mari, quoique les lois romaines lui en donnaf- fent la liberté, Voyez au code le titre de paëlis conventis le recueil de Bretonnier, & l’auteur des maximes jour: ralieres au mot pataphernaux:, & Argout, tre de la dot, 6e, (A) B BBbbb G20 PAR PARAPHIMOSIS , Ê. m. e7 Chirurgie, eftuhe mala- die du penis, dans laquelle le prépuce eft renverlé & gonflé au-deflous du gland,enforte qu'il n eft plus en état de le couvrir. Voyez PRÉPUCE & GLAND. Ce mot eft grec, compofé du ape, muliim, beau- coup, & de qyuow , obligo, confiringo , je ferre, j’étré- cis, parce que le paraphimofts ferre la verge comme un lien. | Cette incommodité eft fouvent un fymptome de maladie vénétienne. Elle peut arriver accidentel- lement, lorfque le prépuce eft naturellement étroit, &c qu’on l’a fait remonter avec violence par-deflus la coutonne du gland, dont la largeur empêche le prépuce de defcendre & de recouvrir l’extrémité de la verse : cela arrive fouvent à des enfans dont le gland n’a point encore été découvert , & qui, par fantaifie 6c par curiofité , font remonter le prépuce par force : cela arrive auf aux nouveaux mariés , rui font des efforts pour dépuceler de jeunes filles qu'ils auront époufées. Dionis dit qu'il a réduit un paraphimofis à un jeune homme à qui cela arriva le jour de fon mariage, & qui accufoit fa femme de lui avoit donné du mal vénérien. L'auteur confola beaucoup ce jeune homme , en lui difant tout ce qui étoit capable de lui faire fupporter avec fatisfaétion la douleur que fa femme lui auroit épargnée, fi elle eût été moins fage. La rédudion de prépuce s’obtient différemment, fuyant les circonffances. S'il ny a pas long-tems que le prépuce étrangle le gland, &r que Pinflamma- tion de cette partie ne foit pas confidérable , la ré- . du&on fe fait aifément : on jette d’abord de l’eau froide fur la verge &c {ur les bourfes, ou lon fait trem- per ces parties dans un vaifleau quien contienne. La fraicheur de l'eau répercute le fang & les efprits, voyez RÉPERCUSSIFS, &c la verge fe dégonflant ; par ce moyen le malade peut réduire lui-même fon pre- puce. Si l’inflammation avoït été portée à un certain point, la verge ne fe flétriroit point aflez pour que le malade püût parvenir à fe recouvrir le gland ; 1l a alors befoïin de la main du chirurgien, qui peut réuf- fir par la méthode fuivante. Il prend la verge entre _ les deux doigts indices &c du milieu des deux mains, dont les dos regardent le ventre du malade, & il amene le prépuce fur le sland qu'on comprime laté- ralement avec les deux pouces pour l’alonger. Dio- nis dit que les deux pouces doivent repouffer Le gland pour le faire rentrer dans fa bourfe ; mais on fent que par cette maniere on rendroit la bafe du gland plus large, &c l’on s’oppoferoit à la réduétion du pre- uce. Si l'inflammation eft grande , 1l faudra faire des {carifications à la membrane interne du prépuce pour détruire l’étranglement : cette membrane forme des bourrelets féparés par des brides , qui font des efpe- ces de ligatures circulaires ; ce font ces brides qw’il faut principalement couper ; on pafle à cet effet fous chacune d’elles une fonde cannelée très-déliée ; elle fert à conduire la pointe d’un biftouri courbe. Lorf- qu’on a détruit toutes les brides , on peut faire des {carifications avec la lancette ou le biftouri fur le bourrelet pour le fendre tranfverfalement , c’eft-à- dire fuivant la longueur de la verge ; ces incifions donnentiflue à une Iymphe sangréneufe infiltrée dans le tiflu cellulaire qui joint la peau du prépuce à la membraneinterne : 1l n’eft pas néceffaire de réduire le prépuce après lopération ; jen ai même vü des inconvéniens par la réunion qui fe fait au prépuce, &c qui amis des malades dans le cas de Popération duphymofis bien plus douloureux. Voyez PHyMosts. Après l’opération , on peut fe contenter d’envelop- De la verge avec des comprefles trempées dans de ’eau-de-vie camphrée tempérée par un peu d’eau; on ne rifque rien de l’hémorrhagie, il eft à propos # PAR ! délaïffer désotger un peu les vaiffeaux qui ont été coupés par les incïfons ; Le fang s'arrête de lui-même au bout d’une demi- heure, ou d’une heure au plus. Vingt-quatre heures apres l'opération , on peut lever l'appareil & réduire le prépuce ; fi le gland n’a au- cure maladie qui exige qu'il foit découvert , comme chancres , poireaux, 6c. on termine la cure par des injeétions déterfives , & enfuite par des deflicatives. Dans le cas de chancres , l’inflammation ne fe diffipe pas fi facilement , on doit appliquer des ca- plafmes anodins fur la partie , &C panfer avec le même appareil que nous avons décrit pour le pana- ris, à l'exception de la croix de Malte , qui doit être percée vis-à-vis de lorifice de lurethre. Voyez Pa- NARIS. Il faut mettre enfuite la verge en une fitua- tion qui favorife Le retour du fang : pour cet effet, il ne faut pas la laïfler pendante , mais la coucher fur le ventre, & l’aflujettir par une petite bandelette à une ceinture de linge qu’on aura mife autour du corps. (7) PARAPHONIE, £ £ ez Mufique , eft cette efpece de confonnance qui ne réfulte pas des mêmes fons comme l’uniflon, qu’on appelle komophonie , ni de la réplique des mêmes fons , comme l’oétave qu’on appelle antiphonie, maïs de fons réellement différens, comme la quinte & la quarte. À l'égard de la fixte & de la tierce , les Grecs ne les comptoient pas pour des paraphonies , parce qu'ils les regardoient comme des diffonnances. De paraphonie , on a fait para- phone , fon paraphone, & paraphonifle , chantre exé- -cutant la paraphonie. (S ) PARAPHONISTE , f. m. ( Æff. ecclef.) chantre, enfant de chœur , felon l’ordre romain. L’anti-para- phonifte eft le grand-chantre. PARAPHRASE , ff. PARAPHRASER , v. at. PARAPHRASTE , £. m. (Gramm. & Théol. ) termes relatifs à une interprétation qui eft felon le fens , & non felon les paroles. C’eft l'interprétation de quelque texte en termes plus clairs & plus étendus , par lefquels on fupplée à ce que l’auteur auroit dit & penfé fur la matiere qu'il a traitée. Voyez TEXTE. Colomiés regarde la paraphrafe d’Erafme fur le nouveau Teftament comme un ouvrage fi extraor- dinaire, qu'il dit fans héfiter que, felon hui, cet au- teur étoit infpiré du ciel, quand il compofa fon ou= vrage. Paraphrafe chaldaïque ou chaldéenne , eft un terme ufité parmi les Critiques & les Théologiens , poux cn une ancienne verfion de la Bible faite en chaldéen. On croit communément que l'ignorance où étoit Le peuple juif de la langue hébraïque depuis la captivité de Babylone, avoit donné leu à cette verfon. Elle n’eft ni d’un même auteur, ni du même tems, ni fur tous les livres de Pancien Teftament. La premiere, qui eft du Pentateuque, a été faite par Onkelos le profélyte, contemporain de Jefus- Chrift, felon quelques-uns &c que d’autres confon- dent, ou avec le rabbin Akiba , ouavecle juif Aquila, & que d’autres croient avoir été cet Onkelos que les Talmudiftes dans le traité Gzrtin qualifient de ne- veu de Pempereur Tite. La fecondeparaphrafe du Pentateuque eft, dit-on,de Jonathan fils d'Uxiel, maïs les favans reconnoïffent qwelle eft fuppofée. Il eft vrai qu’on à du même Jona- thanune paraphrafefur leslivres que les Juifsnomment prophériques, Quelques critiques ont confondu ce Jo- nathan avec Théodotien, auteur d’une verfion greque. C’eftune erreur occafionnée par la reffemblance de létymolosie des noms. Car Théodorier en grec figni- fie la même chofe que Jonathan en hébreu, c’eft-à- dire don de Dieu. | Le troïfieme paraphrafe fur le Pentateuque eft le Targum de Jérufalem. Foyez TARGÜM, Elle eft plus récente que les deux autres, &Schikard la croit du même tems que le Talmud , c’eft-à-dire poftérieure de plus de 300 ans à Jefus-Chrift. Outre ces trois paraphrafes , il y en a une fur les Pfeaumes, fur Job, & fur les Proverbes que les Juifs attribuent à rabbi Jofé , furnommé ?Aveugle ou Le Louche. On en voit encore une fur le Cantique des Cantiques, fur Ruth, fur les Lamentations, fur l’Ec- dléfiatte &c fur Efther ; mais l’auteur de celle-ci eft incertain, Plufieurs favans penfent que tout ce qu’a- vancent les rabbins fur l'antiquité de ces paraphrafes eft fort fufpe& , qu’elles font poftérieures à faint Jé- tôme qui n’en parle point , & qui ayant eu grand commerce avec les plus doétes Juifs de fon tems, en autoit fat mention fi elles euflent exifté. Les Juifs modernes les ont en grande vénération , fur-tout celle d’Onkelos qu'on lit dans leurs fynagogues : elles éclairciflent le texte hébreu en plufieurs en- droits , mais fouvent le fens qu’elles donnent n’eft pas le vrai fens, & d’ailleurs elles ne font pas auto- tifées par lEglife. Walton, pref. du Polyglos. Du- pin, differt. prélim. fur la Bible. De paraphraft, on à fait paraphrafer, paraphrafte. PARAPHRENESIE, £. £. (Médec. prar.) efpece de délire phrénétique, qui a quelque fymptomes parti- culiers , & dont on croit que la caufe eft aux ezvi- rons du diaphragme , œapa @pevas , d’où lui eft venu fon nom, Voyez PHRÉNÉSIE. L’affection du diaphrag- me qui pañle pour occafonner le plus ordinaire- ment la paraphrénéfie , eft ’inflammation de ce vif cere ; aufli compte-t-on parmi les fymptomes qui carattérifent cette phrénéfie fympathique , une cha- leur vive & une douleur aigue , rapportées au-bas de la poitrine : à ces fignes, on joint , outre un délire violent & continuel, une refpiration très-difficile , la- borieufe , petite & fréquente, un rire inconfidéré , tumultueux, convulfif, une toux opinitre , un ho- quet prefque continuel , une palpitation très-fenfble aux hypocondres, quifont en même tems rentrés, &z comme repliés en-dedans ; la douleur de tête eft moins forte , les yeux moins étincelans , moins ha- gards, moins furieux , & le vifage moins rouge que dans la phrénéfie idiopatique , dont le fiege eft dans la partie même , où fe font appercevoir les princi- paux fymptomes. Quoique linflammation du diaphragme foit re- gardée comme la caufe la plus ordinaire de la para- phrénèfre, 11 y a des obfervations qui démontrent que le diaphragme a pu être enflammé fans produire la paraphrénéfte, & que cette maladie a exifté fans au- cune léfion du diaphragme, Wäillis dit avoir trouvé dans le cadavre d’une jeune fille morte fubitement un abfcès confidérable au diaphragme ; & cependant il n’y avoit jamais eu la moindre marque de para- phrénéfie ; le même auteur raconte aufh avoir vu le diaphragme corrodé & même percé par du pus ex- trémement Âcre, qui s’étoit répandu d’un abfcès for- mé entre la plevre & les mufcles intercoftaux, le malade m’éprouva jamais la plus légere aliénation d’efprit. Cet obfervateur prétend que ‘inflammation avoit dû néceflairement précéder dans le premier cas la formation de labfcès, & accompagner dans le fecond la corrofon & l'ouverture du diaphragme, d’où il conclud que cette inflammation n’ayant exci- té aucun délire , cette phrénéfie fympathique eft un être de raïon, qui n’eft appuyé & fondé que fur l'autorité & l'erreur de Galien. Les fauteurs du fen- timent contraire pourroient répondre qu’il faut pour produire la paraphrénéfe une forte inflammation du diaphragme , & même qu'il faut qu’elle ait fon fiege dans une partie déterminée ; par exemple, dans la partie tendineufe, qui eft la plus fenfible & la plus irritable, quoi qu’en dife M, de Haller fondé fur des PAR g2t expériences fautives ; ils pourroient ajouter que cet effet fuit plus fürement une maladie inflammatoire, qu'une fimple inflammation produite par des agens extérieurs. Voyez INFELAMMATION & MALADIES IN= FLAMMATOIRES. Îls pourroient auf foutenir que parce qu'on ne voit aucune trace d'inflammation dans une partie , on conclueroit très-inconfidéré: ment qu’elle n’a pas été le fiege d’une maladie inflam- matoire ; ils ne rifqueroient rien à affürer que fur ces maladies on n’a que des connoïffances très-impar- faites & bien peu certaines. On ouvre tous les Jours de pleurètiques qui ont fuccombé à la violence d’un point de côte, ou de la fievre aiguë, G&c. & l’on ne trouve dans la plevre , dans les mufcles intercoftaux, dans les poumons aucun veflige d’inflammation. Ne feroit-on pas bien fondé à croire que les obferva- tions cadavériques qu'on a fait fonner fi haut, n’ap- portent pas de grandes lumieres ? Hippocrate, qui en étoit totalement privé , at-il moins été le premier & le plus grand des Médecins ? Voyez OBsErvaA- TIONS CADAVÉRIQUES. Mais en nous en rapportant uniquement à l’obfervation exaûte &c réfléchie des {ymptomes qu’on obferve dans beaucoup de phré- néfies , NOUS pouvons nous convaincre que fouvént le délire eft la fuite d’une affeétion du diaphragme, inflammatoire ou non , que les dérangemens de ce vifcere , qui eft comme le pivot de la machine, jet: tent beaucoup de trouble dans Péconomie animale, voyez ce mot; que fouvent des phrénéfies qu’on croit _idiopathiques, dépendent d’un vice de l’aétion des eftomacs & des inteftins : une obfervation répétée m'a appris qu'il y avoit peu de phrénéfies dépen- dantes d’un vice eflentiel & primaire du cerveau: &t quoique notre Médecine, aflez éclairée pour con- noître & dédaigner des explications vagues, mal fon- dées & ridicules , foit cependant trop peu avancée pour pouvoir donner l’étiologie des délires en géné ral, êtfur-tout des délires fympathiques (voyez DéÉLriRe, MantE, MÉLANCOLIE 6 PHRÉNÉSIE); on peut affürer en général qu'il y a entre le cerveau cles vifceres abdominaux une influence réciproque, un rapport mutuel, très-confidérable , dont les effets, à peine foupçonnés par le vulgaire médecin, frap- ent l’obfervateur attentif; que le fameux duumyirat du fublime Vanhelmont , fi peu compris & fi hardi- ment rejetté, n’eft pas fans fondement ; & enfin que les laïfons , les communications, les fympathies des nerfs pourront fervir à des explications plaufbles des phénomenes qu’elles produifent quand elles fe- ront mieux obfervées , plus approfondies & jufte- ment évaluées. Outre les fignes que nous avons rapporté & qui peuvent nous faire diftinguer la paraphrénéfte de la phrénéfie , je fuis perfuadé , d’après bien des obfer- vations , qu'on pourroit tirer beaucoup de lumiere des différentes modifications du pouls ; fes caraéte- res font très-différens dans les maladies qui attaquent les parties fupérieures & dans celles qui fe portent vers les parties inférieures : ce que M. de Bordeu a le premier remarqué, & dont il s’eft fervi pour éta- blir Les deux caraéteres généraux primitifs du pouls, favoir Le fpérieur &t Vinférieur. Voyez les recherches fur le pouls de cet auteurilluftre, & dans ce ditionnaire ParsiclePOULS. Lorfque dans une phrénéfie on trouve le pouls grand , fort élevé , en un mot fupérieur, quoique non-critique , la phrénéfie peut être regar- dée comme idiopathique : lorfqu’au contraire le pouls eft inférieur , petit, ferré, inégal, convulfif, on peut aflürer que c’eft une efpece de paraphrénéfie, c’eftà-direune phrénéfe fympathique , dont le fiese eft dans le diaphragme, ou dans leflomac &s les in- teftins ; cette diffinétion eft très-importante, & le figne très-aflüré ; j’ai eu trèsfouvent occafon d’en éprouver les avantages. 922 PAR On ne peut rien dire en général fur le prognoftic de la paraphrénéfie , parce que le danger varie fui- vant tant de circonftances, qu'il faudroit toutes les détailler pour pouvoir avancer quelque chofe de po- fitif, Je danger eft preffant fi Le diaphragme eft réel- lement enflammé , ce qui eft très-rare ; fi c’eft une fimple affedlion nerveufe, alors l’intenfité des fymp- tomes, lenombre, la violence & la varièté des ac- cidens décident la grandeur du péril. La paraphrénéfe étant une maladie aigue , il eft évident qu’elle eft du reflort de la nature , & qu’elle ne guérira jamais plus fürément & plutôt que par fes efforts modérés, foutenus & favorifés fuivant l'occurrence des cas ; quelques faignées dans le com- mencement pourront appaifer les fymptomes, cal- mer la vivacité de la douleur ; l’émétique ne paroït du tout point convenable, 1l irriteroit le mal au- moins lorfque l’inflammation eft forte ; des légers purgatifs, des boiflons acidules, nitrées, un peuin- cifives , des calmans , des anti-phlogiftiques peuvent pendant tout le tems d'irritation être placés avec fuccès , non pas comme curatifs, mais comme fou- lageant , comme adminicules propres à amuer, à tempérer & préparer le malade. Lorfque la maladie commence à fe terminer , qu’on apperçoit quelques mouvemens critiques , il faut fufpendre tout fecours & attendre que le couloir par où fe doit faire la crife, foit déterminé , alors on y poufle les humeurs par les endroits les plus convenables , fuivant le fameux précepte d'Hippocrate , go natura vergir , &c. la paraphrénéfee {e termine ordinairement par lexpetto- ration , ou par les felles ; dans le premier cas , on fait ufage des décoétions pe@torales des fucs bechi- ques, & par-deflus tout lorfque la crife eftlente du kermès minéral, lexpeétorant par excellence ; fi la maladie paroït vouloir fe terminer par les felles , ce qu’on connoit par différens fignes , voyez CRISE , & fur-tout par le pouls , voyez POULS ; on a recours aux purgatifs plus où moins efficaces, fuivant que la na- ture eft plus où moins engourdie. (7) PARAPLÉGIE, { € (Médec. anc.) rapamreyie, ce mot fe prend dans Hippocrate en un fens différent des modernes ; 1l entend par paraplégie la paralyfre d'un membre particulier , précédée d’une attaque d’apopléxie & d’épilepfe. Les modernes entendent par paraplégie la paralyf£e de toutes les parties fituées au-deflous du col, quelle qu’en foit la caufe. Ce mot vient de rap , qui marque ici quelque chofe de nui- fible » & de BAÛGOEV ) frapper. { D, J. ) C PARAPLEXIE , ez Médecine | voyez PARAPLÉ- GIE. PARAPLUIE , f. m. er terme de Bourfier, c'eft un uftencile qui fert à garantir de la pluie ou de l’ardeur du foleil : c’eft pour cela qu'on appelle tantôt para- pluie, tantôt parafol. C'eft un morceau de taffetas étendu fur plufieurs branches de baleine, qui vien- nent toutes fe réunir au même centre en haut.de la tige. Ces premueres branches font foutenues paï d’au- tres plus petites, & qui fe rendent toutes auñe virole qui environne & gliffe le long de cette tige, où elle eft retenue par un reflort qu’on enfonce -dans-un trou pratiqué dans la tige, lorfqu’on veut fermer la parapluie. Voyez Tice. Voyez les PI. du Bourfier. Il y en a qui ne font couverts que d’une toile cirée, & qu'on nomme fimplement parapluie, parcerqu’ils ne eee qu’à cela; leur tige eft toute d’unepiece. … PARAPOTAMIA , (Mar. médic. des anciens.) ce mot a été employé pour défigner l'efpece d’éranthe, dont on fanoit chez les Grecs l'huile œnanthine ; cette efpece d’æraztheétoit la plus odorante de tou- tes, & croifloit, felon Théophrafte, dans l'ile de Cypre ; mais tout. ce.que dit Pline de cet onguent, & qu'il a tiré d’Apollodore dans Athénée , eft expli- qué avec tant de négligence qu'on n’en peuttirer aucun fens raïfonnable, PARAPOTAMIA , (Géog. anc.) ville de la Phocide, felon Paufanias, Z. X, c. ii. Strabon, Z LX. 424. n’en fait qu’une bourgade voifine de Phafléotas fur le bord du fleuve Céphife. Il ajoute que les habitans font nommés Paraporamii. I y avoit un pays de l’Arabie qui portoit aufli le nom de Paraporamia, dans le voi- finage d'Apamée. ( D, J.) PARASANGE , ff. ( Mefure ctinéraire. ) La para- Jange où parafangüe étoïit une mefure fort en ufage chez les Perfes. Cette mefure étoit orisinairement la moitié du /choene , c’eft-à-dire , de srente flades, dont chacun eft de 6oo piés grecs. Mais Pline fe plaint que les auteurs ne s’accordent pas fur l'étendue que doit avoir la parafange. Les uns, dit Strabon , la fixent à 3oftades , d’autres lui en donnent 40, & d’autres 60. Le favant Dodwel remarque qu'avec le tems on tranfporta le nom de /choene à la parafange, En effet, puifqu’il y avoit de fchoenes de 30 ftades , qui font la mefure de la parafange dans fon origine , il y eut des parafanges de 6o ftades, qui font la mefure oripi- ñelle du fchoene. Cafaubon cite un fragment de Ju- lienlarchiteëéte, qui dit que la mefure la plus ordi- naire des parafanges de fon tems , étoit de 40 ffades. Il eft bien apparent qu’on ne fixa la parafanve à 40 ftades , qu'après que les Romains fe furent introduits dans Orient. On la préféra fans doute pour la faci- lité d'évaluer leurs milles en parafanges | & pour évi- ter les fraétions ; car un parafange de 40 ftades ( en fuppofant que par le ftade on entend 125 pas géomé- triques ), répond précifément à $ mille pas romains: or des parafanges de 25, de 30, de 60 ftades font éceffairement des fraétions toujours incommodes dans les calculs. Enfin, comme c’eft leffimation des peuples qui regle la valeur des mefures de diftance, elles ne peuvent manquer de varier fans ceñe. Quand les Macedoniens reonerent en Perfe,, ils abo- lirent toutes les anciennes mefures , & y fubflitue- rent les leurs. (2. J.) PARASCENIUM,, f. m. ( Æf. anc.) chez les Romains étoit une place derriere!le théâtre où les acteurs fe retiroient pour s’habiller , fe deshabiller , Gc. plus fréquemment appellée po/ffcerium. Voyez THÉATRE. | PARASCEVE ; ( Critiq. facrée. ) FAPATHEUN à MOT grec qu fignifie préparation. Les Juifs donnent ce nom au vendredi , Jour auquel ils préparent leur manger du lendemain , parce qu'il neft pas permis de le faire le famedi. S. Jean xx. 14. dit que le jour auquel Jefus-Chrift fut mis en croix, étoït le ven- dredide Pâques; c’eft-à-dire, le jour auquel il fal- loïtfe préparer au fabbat, qui tomboit dans la fête de Pâques. (D, J.) Ari + PARASCHE , ff. ( Hifi. jud. ) portion du penta- teuque que les Juifs lifoient chaque jour du fabbat. Ils ne divifoient point les cinq livres dela loien cha- pitres , comme nous, mais ils en faïiloïent cinquante- quatre parties qu'ils nommerent parafche. Chaque fabbat ils en lifoient une , & cette leture remplif- {oit l’année. Pendant la perfécution d'AntiochusEpi- phanès, qui fit brûler le-volume de la loi, 8 en dé: fendit la leéture aux Juifs, ils ifoient quelques’ ver- fets desprophetes qui avoient du rapport avec la p4- rafche qu'ils auroient dù lire ; mais délivrés de cette tyrannie par les Machabées , ils reprirent leur an- cienne coutume , & ajouterent à la leéture des pw- rafches quelques verfets des prophetes , comme ils avoient fait pendant qu'ils avoient été privés.de la lecture de la loi. Le mot parafche fignifie divifion, Les Juifs ont donné aux parafches & aux divifions de PE- criture , pour nom, le premier mot par lequel elles commencent. | PARASELENE, mer Phyfique, fignife faufle PAR Zune. C’eft un météore ou phénomene fous la forme d’un anneau lumineux , dans lequel on apperçoit quelquefois une image apparente de lune , & quel- quefois deux. Foyez MÉTÉORE. __ Ce mot vient du grec rap , proche, êT cena, lune. Pline fait mention de trois lunes qu'on avoit ap- perçues l'an 632 de la fondation de Rome. Eutrope êt Cufpinien nous apprennent que l’on avoit auffi vu trois lunes à Rimini, l'an 234 avant Jefus-Chrift. Depuis ce tems on ena vu pluñeurs autres, dont Gofcius fait mention dans fon traité des Parthélies. M. Caflini parle d’un parafelene qu'il a obfervé en France en 1693. Ce paraftlene navoit point, de cercles. Les parafelenes {e forment de la même maniere que les parhélies ou faux-foleils. Voyez PARTHÉLIE.(O) PARASEMUM , 1. m.( Antiq. greg. ) apart ; c’étoit chez les Grecs êcles Romains une figure peinte ou fculptée à la proue des vaifleaux , pour les diftin- guer les uns des autres. Cette peinture ou fculpture repréfentoit ordinairement quelque animal , comme un cheval, un lion, un taureau, ou quelqu'autre chofe inanimée , comme une montagne , un arbre, ” une fleur. PARASIA , ( Géog. anc. ) contrée de lAfe. Poly- be, 2. F7 c. Ixiy.fla place au voifinage de la Perfide êz de la Médie ; & Strabon dit que les Parafi ou Pa- raafi étoient des peuples de Médie, qui habiterent endant queique-tems avec les Azariaci. ( D. J.) PARASINANCHE , L ©. ex Médecine, c’eft une efpece d’angine ou d’efquinancie , dans laquelle les mufcles extérieurs du gofer font enflammés. Voyez ANGINE. Ce mot vient de 7apa, our , ayxewv , fuffoquer. | | PARASINUM , (Géog.anc.) ville de la Cherfon- nefe taurique. Pline, Z. IL, c. xcyy. dit qu'on trouvoit dans cette Ville une terre vantée pour guérit toutes fortes de bleflures. PARASITE , {. m.( Gremm. ) nous donnons ce nom à ceux qui s’infinuent dans les bonnes maifons “pour y trouver une table bien fervie, PARASITE, ( Ari. grec. 6 rom. ) ce nom eft odieux depuis long-tems ; mais il étoit autrefois très- honorable : il a eu le mêmefort que celui de fophifle, êr le mauvaïs ufage que lon en a fait les a évalement décrédités. Ceux que les Athéniens appelloient +4- pairor , les Romains les nommoïent epulones , par rapport à leurs fonétions qui étoient égales. e fentiment intérieur que tous les hommes ont eu d’une divinité à laquelle ils étoient redevables des produéions de la terre , introduifit l’offrande des premiers fruits que lon recueilloit pour marquer leur reconnoïflance ; pour recevoir ces offrandes dans les temples, 1l fallut prépofer des perfonnes qui auroient foin de les conferver, de les diftribuer au peuple , & de s’en fervir pour les feftins confacrés à gertaines divinités. Les Grecs nommoient ces prémices epde roc, wnè fainte péture , parce qu’elles confiftoient principa- lement en blé & enorge; & celui qui étoit prépofé à Le recevoir , fut appellé rapasirec , parafite , de mapa, au-tour , & de oîroc, blé, celui qui a foin du blé, le miniftre prépofé à recueillir celui qu'on deftinoit au culte facré : ces parafites étoient honorés , & avoient part aux viandes des facrifices. Athénée, Z. PT. & après lui Samuel Petit, 27 /eges aiticas , Ont remarqué que prefque tous les dieux avoienfleurs parafites,lefquels faifoient auffi certains facrifices avec les femmes qui n’avoient eu qu’un mari. Enfin le lieu où l'on enfermoit Les grains offerts aux dieux, étoit appellé œaæpasiricr. Les Romains fuivirent l’ufage des Grecs de re- cueillir les premuers fruits, & de les porter dans les PAR 923 temples , pouf être employés, comme ils l’étoient à Athenes , aux feftins des dieux & à la fubfiftance du peuple. La loi 18. du titre de annuis legatis, hous en fournitun exemple. Un teftateur prefcrit que celui qui feroit fon héritier donnât , après fon décès , au prêtre, où gardien du temple, & Xbertis, unecer- taine quantité de grains de ceux qui feroient dans fes greriers. M. Petit prétend qu'il faut entendre le mot libertis | des parafiies , parce que dans le tems auquel vivoit ce jurifconfulte , les parafites des temples étoient déja méprilés. | #0 On ne donnoit cet emploi qu'aux affranchis, ou à Ceux qui étoient defcendus d’un efclave affranchi ; maïs 1] eft difficile de découvrir quand & comment ces parafites , dont les fonétions entroient dans le culte du paganifme , commencerent à dégénerer & à tom- ber dans le décri où ils ont été depuis. Quoi qu’il en foit , ils s’avilirent en fe ménageant l’entrée des grandes maïfons par des bañles flatteries. Alors on nomma parafites les flatteurs & les complai- fans , qui pour fe procurér uné fubfftance agréable, ÿ facrifioient fans honte la délicatefle & la probité, Les Romans, en les recevant à leurs tablés , ufoient du droit de les ridiculifer, de les bafouer, & même de les battre. Auffñi Gnathon faifant allufion au traite- ment 1gnominieux dont on les accabloit, dit dans l’'Eunuque de Terence: epoznfelix , neque ridiculas fe, neque plagas pati poffum. ( D.J.) PARASITES , o4 PLANTES PARASITES, ex Bota= nique , ce font des efpeces de plantes nuifibles au croifent fur les arbres , ainf appellées parce qu’elles vivent &t fe nourriffent aux dépens des autres. F’oyez PLANTES. Telles font les moufles qu’on croyoit ancienne- ment n'être rien autre chofe que l’effet de la décom- pofition du tu de Pécorce ou une efpece de rouille où de petits filamens fortant dél’écorce. Maïs il ré- fulte de plufieurs obfervations des modernes, que les moufles font des plantes réelles dont la graine eft extrèmement menue, & enférmée dans de très-peti tes enveloppes, qui fe crevant d'elles - mêmes, la graine eft emportée au gré du vent, & rétenue dans les inégalités des écorces des arbtes, où elle prend facine & fe nourrit à leurs dépens. Joyez Mousse. M. Vaillant compte au moins 137 efpeces de ces moufles , toutes dans le voifinage de Paris, qui, avec les Hichens & le guy , compofent la famille des pare tes parafires. Voyez GUY, Etc. | Les plus perucieux de ces parafites pour les ar- bres qui les portent , font les lichens, qui paroïflent fur l’écorce des arbres en forme de croûte mêlée de jaune & de blanc fale. ’oyez MALADIE DES PLANTES. M. de Reflons nous a donné un remede pour ces rhaladies dans les mémoires françois de académie royale. Il confifte à faire une incifion au bois à-tra- vers Pécorce , depuis les premieres branches jufqu’à la terre: écorce fe rejoint en peu detems, & eft pré- fervée pour toujours nette & exempte de moufles, Cette ouverture rend le cours de lafeveplus libre, & prévient la formation de ces inégalités fi favora- bles à la formation des moufles. Cette incifion, ajou- tet-il, fe doit faire en Mars & jufqu’à la fin d'Avril, & fur le côté le plus expofé au foleil. PARASITE COQUILLAGE , ( Corckyl. ) on appelle coquillages parafites, certains coquillages qui font crûs fur des autres, ce qui forme des grouppes. Ils font différens de ceux qui font adhérens à des co- quillages de leur efpece, ou à des corps étrangers dont il ne paroït point qu’ils puiflent tirer aucune nourri- ture , Comme font les premiers, PARASOL , {. m. ( ouvrage de Mercerie. ) toile ci- rée , ou piece de taffetas coupée en rond, &c foute- nue fur de petits morceaux d’ofier ou de baleine , & fur une baguette tournée , au bout. de laquelle il y a” 924 PAR » À ? un petit bâton tourné, pour alonger le parafol, dont Vufage eft de fe défendre du foleil en le portant au- deflus de la tête. On fait aujourd’hui des parafois plians qui font très-commodes, ( 2. J.) PARASTATE , f. m. (Arzaromie.) petit corps rond couché fur le dos de chaque tefticule. IL s’appelle auf épididyme. Voyez EPIDIDYME. PARASTATE , dans l’ancienne Architeëlure | c’eft une efpece de pierre ou pié-droit qui fert à appuyer & foutenir une colonne ou une arcade. Voyez PIER- RE ox PIÉ-DROIT. . M. Evelyn fait paraflate fynonyme à pilaffre : d’au- tres difent que c’eft la même chofe que azra: Davi- ler enfin le confond avec pié-droir. Voyez PILASTRE, ANTA, Éc. Paraflate , que les anciens appelloient pié-droit , nétoient qu’une même chofe avec aztes ; on y peut pourtant mettre cette différence, que le mot are convient mieux aux pilaftres plats , qui ne montrent que la partie de devant, parce que ane fignifie de- vant, & celui de paraftate aux pié-droits , qui font de piliers quarrés quifortent du mur de [a moitié ou des deux tiers du quarré. Les anciens appelloient semple a paraffate celui qui mavoit point de colonnes au droit des encoisnures, mais feulement des pilaftres quarrés , nommés paraf- rates , Ou antes. Voyez ANTES. | PARASTREMMA , f. m. ( Lexicogr. médec.) raac- rpéua , de rapaspigo , tordre , pervertir. Ce feul mot fignifie dans Hippocrate, la difforfton convulfive de la bouche , ou de quelqu’autre partie du vifage. PARAT, f. m. ( Comm. ) monnoie; elle vauten Candie fix liards de France, & dix-huit deniers de Provence. Là elle eft d'argent , comme dans tous les autres états du grand-eigneur , mais de bas aloï. A la Canée , on en donne quarante-quatre pour la- bouquet , ou piaftre d’Hollande, & quarante-deux feulement à Retinio. | PARATHENAR , f m. ( Arar. il y alegrand & le petit. Le grand parathenar eft un mufcle aflez long qui forme le bord extérieur du pié. On lappelle com- munément , mais improprement kyporhenar. Le petit parathenar eft un mufcle charnu , attaché le long de la moitié poftérieure de la partie extérieure & infé- rieure du cinquieme os du métatarfe. Il fe termine fur la tête de Pos àun tendon qui s’infere dans la par- tie inférieure de la bafe de la premiere phalange du petit orteil. PARATHESE , f.f. ( Hifk eccle[. ) dans l’églife oreque, c’eft la priere que l’évêque récite fur Les ca- téchumenes en étendant fur eux les mains pour leur donner la bénédittion , qu’ils reçoivent en inclinant la tête fous les mains du prélat. PARATILME., {. m. dans l’ancienne juri[prudence grecque, étoit un nom donné à une forte de châtiment impOfé aux adulteres qui étoient pauvres & hors d’é- tat de payer amende ordinaire en pareïl cas. Voyez ADULTERE. Il confiftoit à les faire marcher en public avec une rave enfoncée dans lanus, ce qu'ils appelloient Tappa@arid'osss , Où à lui arracher ue. la racine le poil d’autour des parties naturelles, ce qu’ils appel- loient TApaTIA LOC 5 de GApATI} À EiV à déchirer : arracher. PARATTITLES, {f pl. (Jurifprud.\ paratitla eftun terme dérivé du grec, qui fignifie extrait ou abregé fommaire des titres, &T breve expofition des matieres. Juftinien s’eft fervi de ce terme dans la loi 1 au code de vereri jure enucleando, où il permet {eulement de faire des paratiles | & non pas des commentaires fur le code & le digefte. Quelques interpretes, tels que Mathieu Blaftares, &t après lui la Cofte, ont cru que par ce terme de paratites ] uftinien avoit entendu un fupplément de ce Œui pouvoit manquer à chaque titre , & que lon PAR pouvoit fuppléer par les autres titres du corps ce droit. | Cujas au contraire, & plufeurs autres , tiennent que les paratirles ne font, comme on l’a dit en cor:- Mençant, qu'un abrégé ou fommaire des loix con- tenues fous chaque titre ; & c’eft ainfi que l’on en- tend communément le terme de parauirles.. On fent aflez l'utilité des paratirles , ou traités de droit qui tendent à éclaircir les matieres , à y mettre de l’ordre & de la netteté , 8 à rapprocher certains objets qui, quoique relatifs, fe trouvent difpertés fous differens titres ; mais la défenfe de Juflinien a été mal obfervée , en ce que les doëteurs fe font don- nés la liberté de faire des commentäires, qu'ils ont la plupart déguifés fous la dénomination de pararitles. Voya CODE , DIGESTE, (4) PARATRE , f. m. (Jurifprud.) qu’on appelle auf beau-pere, eftle fecond mari de la merè, relativement aux enfans qu’elle a de fon premier mariage, PARAVAS, ( Æiff. nat, Botan, ) plante des Indes orientales qni pafle pour très-rafraichifante 8 pour purifier les humeurs ; elle eft très-rare. PARAVENT , f. m. ouvrage d "Ebénifle & de Ta- piller ; il eft compofé d’un bois haut depuis trois ju qu'à fix ou fept piés, qu'on appelle chaffs, On plie le paravent par le moyen de quelques fiches, en qua- tre , cinq ou fix parties, dont chacune s'appelle feuille, que le tapiflier couvre de Pétoffe qu'on de- fire , & l’embellit comme on veut, pour être mis l’hyver dans un appartement , afin de {e garantir du vent de la porte. On vend & achete pour l’ordi- naire les paravens par feuille, & il y en a d’une gran- de beaute. (D. J.) On donne le même nom à un grand volet de bois placé en-dehors des fenêtres aux maïfons de campa- gne, pour défendre les fenêtres de la pluie & des vents, & fervir de défenfe contre les voleurs. Le pa- ravent s'attache en-dedans au bois de la croifée avec une crochet quitientau parayent,& un piton qui tient à la croifée. PARAY -LE- MONIAL, (Géog. mod.) petite ville de France en Bourgogne, la feconde du Charolois, diocefe d’Autun , fur la riviere de Bourbince, Long. 21, 47. lat, 46, 27. Moreau (Pierre) ne à Paray-le-Monial, eft mort dans la même ville en 1660 ; 1l employa une grande partie de fa vie à voyager, & courut fouvent de grands rifques. Il fut fait prifonnier à Belgrade , &c ayant tenté de fe fauver, il fut découvert & condam- né à être pendu ; mais 1l obtint fa grace. De retour en France, il fit imprimer à Paris lhiftoire des trou- bles du Bréfil ( où il avoit demeure deux ans), entre les Hollandois & les Portugais, depuis 1644 jufqu’en 1648 , 1n-4°. Sa relation du voyage de Roulox Baro, envoyé de la compagnie hollandoiïfe des Indes occi- dentales , dans a terre -ferme du Bréfl, parut à Pa- ris en 1651 ,/2-4°,. ? Vavañleur {François}, jéfiite habile dans la cri- tique , eft auffi né à Paray-le-Monial, & mourut à Paris en 1681 à 76 ans. On a de lui un commentaire fur Job ; une differtation fur la beauté de J. C. & d’autres ouvrages imprimés à Amfterdam , en 1709, in-fol, Il écrivoit bien en latin. On eftime fur-tout fon traité de ludicrä diflione, ou du ftyle burlefque. Son ftyle eft pur ; fes vers font corrects, maïs il n’é- toit rien moins que poëte. Son humeur Le dominoit dans la critique , comme il paroît par fes écrits fur la poétique contre le P. Rapin fon confrere, qui le furpafoit, finon en érudition, du moins dugcôté de la poëfie , de lefprit & de la politefe. (2. J.) PARAZONIUM, {. m. (Are aumifmar. ) üùn fceptre arrondi par Les deux bouts, comme un bä- ton de commandement, eft appellé par le commun des antiquaires perazonimm , Ce qui veut dire un poi- "RCE gard , PAR nard , où une cozrte épée, que l’on, porte à la cein- ture. Cependant la figure de ce bâton, êc la manie re dont on le tient, ne dit rien moins que cela. Il n’y a qu’à confulter la médaille kozor & virtus de Galba, où l'honneur tient ce prétendu parzzonium en Pair, ün bout appuyé fur le genou; celle de Tite & deDo- _itien où l’un & Pautre le tient appuyé fur le flane , 8c nullement attaché àla ceinture. Je trouveune médaille d’Antonin Pie dans M.Patin,où le parazonium,qu’il ap- pelle ence lieu-là /cipio,eft en travers{fur les deux épau- les en forme de carquois. Dans les revers même de Vefpañen,, où Rome armée porte le parazonium , al n’eft point placé à la ceinture , ni de figure à pou- voir être attaché. On ne voit pas non plus.qu'on le puifle afément marier, n1 qu'il y ait ce que nous -appellons la garde de l'épée, & que les Latins nom- moient capulus.. D'ailleurs ,.on ne fait de quel ufage feroit une pa- reille arme ; s'il eft vrai, comme on dit, que c’étoit une petite épée fäns pointe. Car malgré la belle mo- ralité qu’on en tire; favoir, que le prince doit être modéré dansdes châtimens, & ne pas punir avec la derniere rigueur; l’épée n’eft donnée que pour per- cer & pour tuer. D'ailleurs que devient ce beau fentiment , fi on leur met à la main un javelot très- pointu , & quelquefois même par les deux bouts, comme dans la médaïlle d’'Antonin Pie, & dans celle d'Elagabale ? | Je voudrois bien favoir pourquoi les médailles ne donnent jamais d’epée ni aux empereurs , ni aux “oldats mêmes, lorfqu'ils font repréfentés en habit tulitaire ; car on ne peut.pas dire que cette forte d’armure fût inconnue aux Grecs & aux Romains. Je répondrois bien, que c’eft par la même raifon qu'ils n’ont jamais mis d’éperons à leurs flatues équef- tres : mais ce n’eft qw’éluder la dificulté. Ce quily a de plus vraiflemblable , malgré la prévention, c’eft que le parazonium.eft un bâton de commandement, tel qu'eft parmi nous le bâton de maréchal, de France. : Voïlà pour ce quiregarde le parazonium des me- dailles ; car je ne voudrois pas nier que dans les au- teurs, ce mot ne défigne quelquefois le pugio , Ve- pée éfpagnole , gladins hifpanienfis, qui devint d’un ufage aflez général chez Les Romains , & qu’on atta- choit à là ceinture du côté droit. (2. J.) PARC , f. m. (Architeët, mod.) c’eft un grand clos ceint de murs, où l’on enferme du gibier & des bé- tes fauves, commes fangliers , cerfs, chevreuils , fc. On comprend dans le parc tel nombre, telle quantité & qualité de terre que l’on veut, laboura- bles où päturages, avec des bois taillis & des fu- taies. Les plans qui doivent donuner dans le parc pour la retraite &c la bonté du gibier, fontles chênes, pom- miers, poiriers, houx, arboufers, genievriers, & autres arbres & arbrifleaux fauvages portant fruits, dont le gibier fe délecte. Il y faut auff le paflage de quelques ruffeaux, ou du moins plufieurs endroits bas , qui puiflent recevoir l'eau des pluies, y former éles petits étangs, des mares , & rafraîchir le gibier dans les tems de fecherefle. Dans la faifon ftérile , il y faut jetter pour la fub- fiftance des grofles bêtes, du grain, desfèves, du marc de vin; il faut femer du foin, de l'orge, de lavoine , & du farrafin dans les mauvaiïfes terres du parc. On {eme auf pour le menu gibier de la chico- rée, des laitues, & autres herbages de leur goût. Pour que les bêtes fauvages connoïffent qu’on leur donne à manger, 1l faut en avoir quelques autres apprivoifées qui courent avec elles de tous côtés, & qui les amenent à la pâture. Comme les parcs doivent être ainf fournis pout mériter ce nom, & que d’ailleurs ils doivent être Tome XL, PAR 925: très - fpacieux ; cette magnificence. n’appartient qu'aux-rois & aux princes : mais c’eft un, défaut de. goût. que d'y rechercher trop les alignemens , les: al., lées , les avenues, les décorations & les autres:tra- vaux de lart. On en vante en vain l'induftrie, Leur ennuyeufe fymmérrie Nous plaît moins qu'un heureux hafard: On aime des forêts alticres Ozles routes moins régulieres Offrent plus de diverfire. La nature y tient [on empire, Et partout l’œïl furpris adimire V7 dtfordre plein de beaute, (D. 7.) PARC DE MOUTONS , (Agriculr.) paliffade mobile qu’on fait dans les champs pour enfermer les mou- tons qu'on mene païtre en été, dans les lieux éloi- gnés Où ils paffent la nuit. Les bergers changent leur parc de temsentems pour fumer les terres l’une après l’autre. Les loups n’attaquent pas les moutons dans leur parc, à caule des chiens qui les gardent. | On parque pour engraïfler la terre , fur laquelle on met le parc, foit terre labourable, verger, pâtis ,ou même prairie, quand.elle n’eft point marecageufe. Le fummer de mouton communique à la terre des fels de fécondité qui la ranime , & les brebis qui ne par- quent que pendant des nuits douces , ne fe trouvent que mieux du changement de site. Ce parc , dans lequel on fait coucher les hôtes à laine , n’eft autre chofe qu'un quarré grand à pro- portion du nombre des bêtes, qu’on y enferme dans des grandes claies de bôis pofées contre des pieux , & foutenues en-dehors par des piquets.Pour faire ces claies, on prend des petites perches du même bois, qu'on choïfit plus groffes & plus droites. On les ap- pelle #ontans , 8 on les met un bon pié 8 demi de diftance Pune de Pautre; on croiïfe les petites perches fur les montans, en commençant par le bas, & quand on en a fait quatre piés de haut, on y laifle un vuide d’un demi-pié , & on recommence au-deflus à entre- lacer les perches fur les montans, jufqu’à la hauteur de cinq à fix.piés, qui eft la hauteur ordinaire de chaque claie. Elle a aufli communément fept piés de long , parce qu’on prend des perches de cette lon- gueur : on peut les faire plus longues, en mettant des perches bout-à-bout Pune à Pautre. Le vuide qu'on y a laïflé eft l'endroit où pofent les piquets. Les montans des deux bouts de chaque claie doivent être plus forts que les autres, parce qu’ils foutiennent ouvrage. On a foin de les lier fortement avec des bonnes harres , ou avec de lofier. On fait des claies. autant que lon juge en avoir befoin, felon lPéten- due du parc 8c le nombre des beftiaux. Les claies étant faites, on les voiture fur le lieu qu'on veut parquer ; & là on fiche des pieux en terre d’efpace en efpace , en formant le plan du quarré dans lequel on veut enfermer le troupeau. On met les claies entre ces pieux; en commençant par le bout d’une des quatre faces qu’aura le parc. On drefle ces claies en longueur tout le long des pieux, enforte que fi le premier eft en-dedans du parc, le fecond eft en-dehors. On continue ainfi jufqu’à ce que Les au- tres faces foient garnies ; alors, pour mieux foute- nir les claies , on les appuie en-dehors avec des pi- quets de fix piés en fix piés mis en contre-fiche , & arrêtés à un des montans à l’endroit de la claie qui n’eft point entrelacée. Au bas de chaque piquet, il y a un trou dans lequel on met un grand coin qu’on enfonce enterre avec un maillet, c’eft ce qui tient les claïes en état. On laife la derniere claie à un coin du parc, fans être appuyée, pour y fervir d'entrée aux troupeaux, CGECcce 926 PAR Le berger a foin de les ÿ enfermer le foir quand il s’y" retire, & de bien aflurer cette derniere claie, Quand on a fait aufli un premiér parc, on en drefle un fe- condtout auprès, enforte qu'un des côtés du premier {ert de cloïfon pour Pautre , qu'on continue comme on a dit. F4 C’eft l’ordinaite de drefler ainfñ deux parcs de fui- te, quandon a bien des terres à parquer, ëc un bon nombre de troupeaux à y enfermer ; car on les pale alternativement de lun dans l’autre, pour fumer plus de terre bien vite; & ce changement fe fait, fi l'on veut, deux ou trois fois durant chaque nuit, principalement quand elles font longues. On laïie les troupeaux dans le premier parc juiqu'à minuit , puis on les fait pañler dans l'autre à la pointe du jour, où il reftent juiqu’à ce que le foleil ait difipé la 1O- fée, qui eft préjudiciable à ce bétail, quand il paït l'herbe qui en eft mouillée. Lorfque les bergers parquent , ils font une ca- bane , foutenue fur des roulettes qu’ils conduifent là où ils veulent. Elle leur fert de retraite pour coucher, leurs chiens veillent à la garde de leurs moutons con- tre l’infulte’des loups. C’eft hors du parc que le ber- ger fe place avec fa houlette ëc fes chiens. Si Ceft un pâtis ou/pré qu'on parque, il ny a au- cune façon à y faire ni devant , ni après ce parqua- e + mais quand c’eft une terre à labour ou à verger, il faut qu’elle ait eu deux ou trois façons avant que d'y parquer. Le fumier y pénètre mieux, fait un ef- fet meilleur & plus prompt, êril en faut beaucoup moins: & lorfque le parc eft retiré du champ & du verser, ilfaut y donner aufli-tôt un leger labour, afin que les fels de F'engrais que les moutons y ont laiffé ne fe difipent point. On parque depuis la S: Jean jufqu'à la S. Denis, ou la $. Martin & plustard, felon que la faïfon &t le climat Le permettent. Pendant tout le tems que Îles brebis parquent , le berger doit avoir foin de les traire le foir, afin que le lait ne {oit point perdu. Dit, économ. (D:9:) | PARC, en terme d'Artillerie, eft le leu où font raf- femblés toutes les pieces de canon &c les tunitIons de guerre qui font à la fuite d'une armée, foit pour fervir en campagne ou pour afliéger une place. Ce- lui qui fert à fatre un fiege doit être placé hors la pottée du canon de la ville : les muritions s’y atran- gent différemment que dans l’autre parc, parce qu'il faut en pouvoir difpofer à tout moment pour les batteries, au lieu que les autres reftent toujours fur les charettes pour marcher. wi La figure du parc d'artillerie eft ordinairement celle d’un parallelogramme rectangle , à moins que la fi- tuation du terrain n’oblige de lui en donner une autre. Le commiffaire du parc marque avec des piquets, dit M. de Quincy, l'endroit où fe mettra le premier charriot, & il pofte Le refte fur la même ligne en ordre par brigades, féparées les unes des autres, en- forte que lorfque l'équipage repartira, il le puiife faire fans confufon. » Il y a, dit Le même auteur, des commandans qui »veulent que les pieces de canon de la premiere » ligne foient d’abord placées , &c qui mettent enfuite »des chariots qui portent les munitions pour {on » fervice. Ils placent la feconde de même, puis les »autres , en mettant la moitié pour former la » premiere ligne , & lautre moitié pour former la » feconde , prétendant aw’elles partent du parc dans » cet ordre avec moins de confuñon. D’autres font » d'avis de mettre toutle canon dans le premier rang, » & les munitions derriere chaque brigade: le parc » fe peut lever auffi facilement , 8c cela fait un meil- » leur effet. » à Tout cet arrangement dépend aurefte du comman- PAR dément; ce qu’on y doit principalement obferver , . c’eft que Les pieces de canôn & les charrettes doivent être à deux pas de diftance ; les brigades féparées les unes des autres par une efpace de cinq pas , 6€ les lignes par un efpace de quarante pas. Lorfqw’il y a des pontons dans l’équipage, on en fait un derniet rang , éloigné auffi de quarante pas de celui qui le précede. La garde du parc confifte en cinquante hommes ti: rés des bataillons de Rovyal-Artillerié, & qui font poftés vis-à-vis le parc, à la diftance de 40 où 50 pas én'avant : on entire des fentinelles pour le parc. l'y ena deux à chaque rang épée à la main, 8 fans armes à feu. ds | | Lés bataillons de Royal-Artillerié font placés à la droite & à la gauche du parc , & les chevaux du charroi vers la droite ou la gauche , environ à 300 pas de diffance , dans un lieu commode, & hors de toute infulte. En campagne, lorfque l’armée eft campée en plar: ne,-ou-dans un lieu ouvert, l'artillerie le place vis- vis le centre de la première ligne du camp , à 3 ou 400 pas en avant de cette ligne , fi le terrein le per- net, autrement on la place derriere le centre de la feconde ligne, à une diftance de 2 ou 300 pas de cette ligne. Il y a ordinairement à cent pas en avant du pare, trois pieces de canon chargées, &c toutes prêtes à tirer. On les appelle pieces d’allarmes , parce qw’el- les fervent à faire revenir promptement les troupes du fourtage lorfqu'l en eft befoin, & à donner Pal: larme pour faire prendre les armes à toute l’armée, ou pour quelqu’autre chofe que le général juge à- ptopos de donner. Il y a toujours au-près de ces pieces une canonnier avec un boute-feu allumé.(Q) Parc, (Marine) c’eft dans un arfenal de marine le lieu où les magafins généraux & particuliegs font renfermés , & où l’on conftruit les vaifleaux du prince. Après que la retraite aura été fonnée , per- {onne ne poutra entrer dans l’enclos du parc &c des magafñns, fi ce n’eft par un ordre exprès des prin- cipaux officiers du port, & pour quelqu'affaire ex-- traordinaire. | Parc dans un vaifleau, c’eft un lieu qui eft fait de planches , entre deux ponts, pour enfermer les beftiaux que Les oficiers font embarquer pour leurs provifons. L’ordonnance dit, parcs &c cages de mou- tons, volailles & beftiaux. Parc, (Marais falans.) parc ou parquet, fe dit de différens baflins ou féparations que l’on fait dans les marais falans pour y recevoir & faire entrer l’eau de la mer dont fe fait Le fel. Ces baflins ou parquets n’ont guere plus d’un pié de profondeur, & font fe- parés les uns des autres par des petites levées de terre entrecoupées d’éclufes, pour y recevoir & y retenir l’eau, ou l’en faire fortir ; le fond de chaque parc eftuni & batru; c’eft dans ces parcs qu’on met auffi parquer les huitres, d’ohelles s’engraiflent &t prennent cette couleur verte qui les rend également délicieufe au goût, & agréable à la vue. Savary. Ar) Parc, fub. m. (Pefcherie.) il y en a de plufeuts fortes. Des bas parcs , qu’on appelle de plufñeurs au- tres noms. Des parcs faits de bois & de filets. Des pares aux huitres , voyez l'arricle Hurrr&, & la fuite de celui-ci. Des parcs doubles &c triples. Des parcs à clayonnage par le bas où à plan ches , à ouverture au fond , ou à queue de ver- veux. Des parcs à carofle, où perds-tems. Des parcs de pierre. Des parcs fimples & confinant en un filet tendu dans les roches. Deshauts-bas parcs. Des parcs de pierre & de clayonnages à claires voies. Des parcs de claies feulement ou bouchots. Des bouchots de plufieurs fortes, comme les borgnes êc autres. Foyer PAR la fuite de cer arricle, oùil eftparlé detoutes ces pé- Cheries. PARCS, BAs-PARCS, que l’on appelle auffi sournées, fourées , foureflès, courtines , venets ; termes de péche- rie | font des enceintes de filets de la forme du fer à cheval, tendus fur des pieux enfoncés dans Le fable; ouverture du fer à cheval eft tournée vers la terre, la convexité vers la mer. Voyez à l’article FOURRÉES la defcription des Pas-parcs. Parcs faits de bois & de filets. Ils ont la forme des précédens ; mais ils font conftruits de clayonnage & de pieux enfoncés dans le terrein qui doit être ro- che ou marne, pour que le parc foit folide. Cette en- ceinte eft quelquefois d’un double clayonnage. Elle eft élevée de deux piés\&t demi à trois piés. Si le clayonnage eft doubie , intervalle en eft garni de pierres ou gros gallet. D’autresfois 1l ny a que le fond du contour qui foit double , pour foutenir en cet endroit la brile des vagues qui viennent s’y rompre. Il doit y avoir au milieu du fond une ouverture de la grandeur prefcrite par ordonnance. On la ferme durant les faifons marquées. Autour de l'enceinte il y a de hautes perches de quinze à dix-huit piés , placées à fept à huit piés les unes des autres. Le haut du filet, qui a quinze à feize piés de chute, eft amarré au haut des perches par un tourmort retourné , & le bas eft acroché au clayonnage, foit par un tourmort, foit par des che- villes. = Il y a de ces parcs où l’on voit jufqu’à deux ou trois tournées de ces enceintes fur une mème ligne. Quel- ques-uns Ont aufli une double chaffe. La chañle eft une paliflade compofée pareillement de perches tendues de filets, garnie d’un clayonna- ge; elle va depuis le rivage jufqu’au parc, y gui- dant & conduifant le poifion. On place ces chafes quand la diréttion de la marée eft parallele au riva- ge; ainfi elles croifent la marée, & arrêtent le poif- ” fon qui fe retire du rivage à mefure que Peau s’en éloigne, & va dans le parc où la chañle le mene. On prend dans ces pêcheries toutes fortes de poif- fons, même les plus grands. Il ne faut pas que les filets , n: la chafle qui forment l'enceinte aient des mailles trop petites ; fans quoi ce fera la perte d’u- ne quantité infinie de petits poiflons, à moins qu'ils n'aient une 1flue par le clayonnage, ou par une ou- verture pratiquée au fond du parc. Les filets doivent avoir quinze lignes par le haut, &c onze à douze lignes par le bas; la chafle, quinze lignes tant en haut qu’en bas. Les parcs aux huitres, font des claies pofées hor:i- fontalement fur des tréteaux & entourées declayon- nages, fur lefquelles on les laifle décorger après la pêche. Les parcs doubles & triples ne font que plufeurs parcs difpoiés fur la même ligne & croïfant la ma- fée: Il ÿ a des parcs qui w’ont point de clayonnage par le bas; mais en leur place de petites planches ou ais fort minces fur lefquels le filet eft amarré. Au lieu d'une ouverture ouverte au fond, il y en a qui font terminés par une queue de verveux. D’autres, tous femblables du refte, au lieu de la queue de verveux, ont un autre petit parc d'environ quatre piés de hauteur. Ce parc eft couvert d’un re- {eau ; c’eft-là ce qu’on appelle un carofle ou perds- tems. Le refeau empèche le porflon de franchir l’en- ceinte de ce réduit où:1l fe retire. Le caroffe owfperds- tems communique avec le grand parc par un gorlet de réfeau porté par des petites perches,, de même que la couverture du petit parc. Les murailles de tous ces parcs ont les mailles de grandeur à difcrétion des pêcheurs qui les établifent. Qu'on y pratique une ouverture, & ils ne feront Tome XI, | PAR 927 aucun dommage. Sédentaires, ils ne gratent pas le fond comme la drége. On forme des parcs de pierres, de groflés mañles élevées les unes contre les autres, & fi exa@tement appliquées, Que rien ne peut échapper. La forme en eft quarrée oufemi-circulaire, itréguliere; le fond toujours tourné à la mer, & percé, felon l’ordon- nance, d’une ouverture de deux piés en quarré cou- verte d’un grillage de bois à trous en forme de mail- les d’un pouce au moins en quarré ; & cela depuis Pâques jufqu’à la S. Remy, & de deux pouces en quarré depuis la S. Remy jufqu’à Pâques. La mer couvre ces parcs de plufieurs brafles à a marée ; & en fe retirant elle laife le poiflon qui vient terrir à la côte dans ces parcs, d’où ilne peut plus reflortir. Les pêcheurs viennent enfuite le prendre avec.des petites trubles. Pour les fituer avantageufement, il faut les pouf. fer le plus qu'il eft poffible à la bafñle eau. On ny pêche guere durant les mortes eaux, la mer ne cou- vrant guere le rivage, & le poiflon terriflant moins. Comme il ne s’agit à ces parcs que d’en entretenirles _ clôtures , on y pêche de gros tems comme de calme: Le calme eft même en général pêu favorable à la pè- che, quelle qw’elle foit. Des parcs faits à peu de frais , ce font ceux qui confiftent en un filet tendu entre les roches dans des gorges. Des perches placées de diftance en diftance ioutiennent le filet , qui fe tend de bafle mer, & qu'on laffe abaiflétandis que la mer monte. Au plein de l’eau on le releve, pour retenir le poiflon qui eft entré de marée montante, & qu’on retire à la bafle eau. Voyez dans nos planches des parcs de bois & de filets, & des parcs de pierre. Parcs de pierres & de clayonnage à claires voies. Cette forte de pêcherie fe fait dans Pamirauté de Port-Bail en Normandie. La côte ou la muraille du fud eft faite en partie par une roche ; Le refte jufqu’à l’extré- mité eft continué par des pieux & du clayonnage. La diffance entre chaque pieu eft remplie de petites ti- ges de bois , éloignées l’une de l’autre d'environ un pouce & demi, &t lacées de pié.en pié par des ofiers. Le frai, ni aucun poiflon du premier âge ne peut en- trer. Le côté du nord eft précifément établi & con- tinue de la même maniere. C’eft une autre roche & du clayonnage fait comme le précédent. En-dedans de l’angle de la pêcherie il y a un petit étranglement en claie, haut d'un pié au plus , commencant à {ept ou huit piés en-dedans de l'ouverture de la pé- cherie où 1l vient aboutir fur les derniers pieux qui font de chaque côté de Pégoût. | Il y a des parcs conftruits de claies au lieu de filets, de Pefpece des bas parcs ou fourées ; on les appelle bouchots. | Voict la defcription du bouchot de l'amirauté de S. Malo. Ce font deux rangs de clayonnage , élevés à- peu-près de fix à fept piés de haut , afin de compen- {er la pente duterrein, & rendre le haut des clayon- nages de niveau avec la partie bafle du rivage. Leur extrémité convergente fe reflerre &c forme un pañla- ge à peine de quatre piés de largeur, qui devroit être ouvert, felon l'ordonnance ; mais il eft fermé d’un panier de clayonnage , que les pêcheurs de ce can- ton appellent sonne , gonne , gonaftre & benaftre , qui a une ouverture à la vérité, mais élevée de plus de vingt pouces au-deflus duterrein , en forte que le fra, la manne ou menafle y refte. À l'ouverture de la gonne , on place encore une petite nafle dofer fi ferré, que le plus petit ver n’en échapperoit pas. Ils nomment cet inftrument un bafchin ou bafthe. Aïnfi tout le frai ou la manne qui monte à la côte vers ces pêcheries , qui ont quelquefois les ailes ou côtés de plus de deux cens toifes de long , eft perdu fans réf- fourçe; & çes bouchots détruifent plus de petits poif CECceci | 928 PAR {ons dansuns marée, que cinquante parcs de bois & de hlets ne feroient , le terrein oceupé par ces pé- cheries fuifant {eul à ün grand nombre de parcs. Voyez n05 Planches de Pêche, | Îl ya des bouchots qui ont une conftru@ion dif- férente. | Le clayonnage du fond, qui eft au gorre ou à la pañle de la pêcherie, à de mème une tonne ; gonne ou bourgne. Cette tonne ou gonne fe démonte, eft quatrée &c montée fur un chaflis, en forte que le pêcheur propriétaire ou fermier du bouchot, la chan- e ou lenleve quand il ln plaît. Elle a cinq ou fix piés de haut & trois à quatre de large ; la forme de Pembouchure d’un entonnoir tronqué. L'on en gorge l'ouverture d’une nafle qu’onappelle zou/er. Le boulet eft au bout de la gonne , ou bourgne ; & au bout du boulet on adapte une autre nafle plus petite, qu’on nomme bourron. Les ofiers ou tiges qui forment ces ® nafles font fort ferrés. Les nafles font entonnées les unes dans les autres. On bouche enfuite le boulet ou boutron avec une torque ou un tampon de paille. . La bourgne eft amarrée au gorre ou à la pañfe ,ou égoût du bouchot. Iky a encore de chaque côté un pieu auquel elle eft faifie. Les boulets ou boutrons font aufe pris & reflérrés entre deux pieux, & le bout de la derniere nafle ou du boutron eft foutenu d’un: petit pieu où d’une pierre. Voilà la pêcherie la plus nuifible: le frai yentre, n’en fort plus ,& périra ou fur les vafés ou dans les nañes ou boutrons. Les pêcheurs des éclufes de bois ou bouchots n’6- tent la gonne à leur pêcherie que dans les grandes gelées, parce qu’alors.le poiflon gagne les grands fonds , & ilsne prennent que des plus petits qui s’en- fouiflent dans les vafes fur lefquelles les bouchots font placés. Ils ceflent encore de pêcher depuis la S. Jean jufqu’à la S. Michel, à caufe des araignées de mer & des ordures qui portées à la côte nuiroient plus qu’elles ne profiteroient à leurs pêcheries, s'ils les tenoïent fermées. Les pêcheurs de bafe-Nor- mandie font dans le même ufage. En obligeant ces pêcheurs de tenir ouvettes leurs pêcheries dépuis le 1 Mai jufqu’au dermer Septem- bre ,encas qu'onne les fupprime pas tout-à-fait , on ne leur fera garder la police de l'ordonnance qu'un mois de plus. . Les bouchots de Champagne ; dans l’amirauté de Poitou, ou des fables d'Olonne, ont au-moins cha- eun trois sorres!, pales ou égoûts , ou bourgnes ou bourgnins , dont le bout finiffant en pointe , entre dans la nafle appellée outer, & le bout du boutet s’enguaine auffi dans une plus petite nafle ou bou- tron ; & les lignes de bois qui forment ces derniers paniers font fi lerrésque rien n’en peut échapper. Ajoutez à cet inconvénient l'étendue de ces pê- cheries. Le bout tronqué des bouchots à trois bourgnesa environ huità dix piés de large. Le bout tronqué des bouchots à quatre bourgnes , eft d'environ douze à treize piés. Les bourgnes font ordinairement éloi- gnées les unes des autres de deux cens brafles ; les ailes, pannes ou côtés en peuvent avoir doïxante, quatre-vingt, cent de longueur. Les preux du clayon- nage font environ de quatre piés hors.de terre vers le rivage , & de cinqpiés dans Le fond à la mer : ils différent beaucoup'encela-desbouchots de la baie de Cancale , qui font très-elevés vers le fond ou à la bourgne. Les bouchots de Champagne ont d’ailleurs trois à quatre bourgnes., & ceux de Cancale n’en ont Jamais qu’une. Ces bouchots font en très-srand nombre fur la côte, & très-trrégulierement diftribués. Les fermiers y pêchent avec acons, la feule efpece de bateaux PAR | plats qui puiffent aller à leurs pares polés fr ti fond de vale. Les pannes, rangs ou côtés des clayon: nages, ont aufli des mouliers ; ce qui ef fort avan tageux aux riverains, qui par la vente de ce coauil: lage font en état de fatisfaire à limpofition!, à leurs maîtres , & d'entretenir la pècherie qui coûte beau- coup parce que le bois eft rare, Il y a des bouchots à claire voie dans l’amirauté de Coutance d’une ftruéture particuliere. Ils font for més de pieux hauts de trois piés au plus , vers lan- gle de la pêcherie ; à mefure qu'ils approchent de Pégoût ou gorre, ils s’élevent davantage, Il ya entre eux quatre à cinq piés de diftance ; 1lsont deux à trois pouces de diametre. Leurs intervalles font alors d’un clayonnage dont les tiges font écartées de dix- huit à vingt lignes, & ne {ont arrêtées que par des ofiers. Ainf 1l n’y peut refler que de gros poifion. Ces pêcheries n’ont point de benaftres. Îl y a {eu lement en-dedans une efpece d’étranglement placé vers l’ouverture qui en eft refferrée. Il commence à fept ou huit piés de gorre , formé d’un petit clayon- nage haut tout au plus de dix-huit pouces , & feule- lement un peu plus ferré que celui des aîles ou côtés. Nous avons fouvent parlé de bourgnes. Il ya des pêcheries qui s'appellent auffi horgnes , où horners ou bourgnets, parce qu’elles ont une ouverture non-fer- mée du côté de la mer, ce en quoi elles different des bouchots qui ont une gonne, tonne ou gonaftre , ou benaître de clayonnage. A la place de ces inftru- mens, c’eft ün guideau d'une hauteur double du clayonnage véts le fond. Le fac de ce guideau eft monté fur des perches de dix à douze piés de haut que les pêcheurs enfoncent dans la vafe fur laquelle leur pêcherie eft établie. - PARCS HAUTS ET BAS PARCS, serme de Péche, forte de pêcherie particuliere aux habitans de 8, Valeri en Somme. Pour la faire ils vont dans leurs sobelettes à la fin du Jufant , entre les bans &c l’em- bouchure de la Somme, aux endroits qu’ils ont re- connus propres. Ils y tendent différens filets de La maniere qui fuit, Ils ibes une grande enceinte ou parc en fer à cheval. Le fond en eft expofé à la mer. A chaque bout ils pratiquent un retour en crochet d'environ fix piés de long ; ce crochet eft fait avec des piquets de trois à quatre piés de hauteur, Au céntre 1l y a une ouverture de quinze à dix-huit pou- ces de largeur, qui fert d'iflue au poiflon qui fuit les convolutions du retour en crochet, &t quiva fe rendre à ce cul-de-fac où la marée en fe retirant le laiffe à fec. Le retour en crochet eft ou rond ou quarré ;1c’eff à la volonté du pêcheur. Pour ne pas tendre inutile- ment , les pêcheurs s’aflurent fi le poifion donne à la côte , par les traits ou fillage qu'il laïffe imprimés fur le fable lorfqu'il fe retire avec la marée. L’enceinte du crochet garmie de retsde bas parcs & de piquets , eft montée d’une piece de trente à tren: te-cinq brafles de chaque côté. Pour la continuer on fe fert de hautes perches de quatorze à quinze piés, qui fuivent immédiatement les rets de bas parcs. Le pié des grandes perches eft du côté de la mer: on les penche un peu vers la terre ; & c’eft là-deflus que lon place les rets de jets qui ont près de trois braf- fes de haut. Les pêcheurs ne les tendent point de mer bafle ; ils fe contentent de les arrêter feulement par _le pié fur le bas des perches. Aïnf les jets font en paquets le long de ces perches. Ils font couverts d’un peu de fable., ainfi que les flottes ; pour les relever à la marée, on amis au haut de chaqueperche une petite poulie fur laquelle pañle un cordage frappé fur la tête des jets. On a recouvert les filets de fable ; afin que le poifon plat pafsät deffus aifément lorf= qu’il monteroit dans la baie avec la marée, Les perches qui fervent aux rets de jets font tou- | * PAR jours dans les baflures entre les bancs à l'enceinte fe éontinue en y mettant alternativement des rets dé bas parcs fur les biquets ou penchans. Ges rets ten- dent à déineure, parce que la marée qui furvient les couvre facilement, & laiffe pafler le poiflon fans le gênet ; cé qui n’arriveroit pas s'ils étoient tendus fui les hautes perches. Sur celles-ci 1ls placent des filets; après ces filets placés fur les hautes perches, 1ls pra: tiquent des Das parcs jufqu’à ce que lenceinte foit toute formée , obfervant que les erochéts ou retours foient de rets de bas parcs montés fur leurs petits piquets. | _ Lorfque la imaréeeft fur le point des’en retourner, les pêcheuts hiflent les lignes des poulies, déga- gent les jets du fable quiles couvre, &c les tient éle- vés à fleur d’eau , tandis qu'ils font arrêtés au pié des perches, êc qu'ils calent par des plombs. Ils ref- tent ainf tendus juiqu'à ce que la marée fe foit retirée. Ces fortes de pans ne prennent rien qu'au reflux de marée montante. Le fond expoté à la mer eft ou- vert par la diftance des perches de jets, & les cro- chets des deux bouts regardent Ja terre. Gn prend quelquefois beaucoup à cette forte de pêcherie , fuf-tout du poiffon rond. Voyez ces pares hauts-bas dans nos Planches. PARCAGE , f. m. ( Jurifprud. ) eft un droit qui eft dû en quelques lieux au feigneur par ceux des ha- bitans qui ont un parc odils mettent leurs troupeaux. Voyez Delpeifles , rom. 111, iv. y. Jet, 11, (4) PARCELLE , ff ( Gramm. ) petites parties d’un tout. Il y a des fübftances f précieufes que ceux qui les travaillent ont pris toutes fortes de précautions pour n’en pas perdre une parcelle. On dit que Pame humaine eftune parcelle de la divinité, Arque affois hurni divine particulam auræ, a dit Horace de celur qui s’abrutit par la crapule , cequiarrivoit quelque- fois au bon épicurien lui-même. _« PARCEL -MAKERS , { m. ( Com. ) en Anple- terre, ce {ont deux officiers de la tréforerie qui font les parties des comptes des tréforiers fur lefquels ils emploient toutes chofes qui ont été levées pour l’u- fage du roi durant le tems de leur geftion , & les Li- vrent à un des auditeurs de la cour pour les ratifñer. Voyez TRÉSORTERS. Bill des parties, Voyez BILL. - PARCENERS, f. £. pl.( Jurifprud.) c’'étoient les fœuts qui pattageoient une hérédité ou tenement entr'elles comme cohéritiers. Voyez Le sroifieme livre des tenures , ch. j. 6 le gloffaire de Lauriere au mot Parceners: (A) PARCHASSER , v. a@. ( Vénerie. ) c'eft chaffer une bête avec des chiens courans lorfqu'il y a deux ou trois heures qu’elle eft pañlée. C’eft ce que l’on appelle auf rapprocher. | - PARCHEMIN , £ m. ( Boran. ) 1l faut concevoir le parchemin ou le liber comme compofé de plufieurs furfaces ou couches cylindriques & concentriques, dont le tiffu eft réticulaire, & dans quelques arbres réellement extenfble en tous fens , parce que les f- bres qu le forment font molles & fouples. Tant qu’elles font en cet état, ou elles font creufes, & {ont des vrais canaux , ou f elles font folides , leurs interftices font des canaux. Le fuc nourricier qu’el- les reçoivent inceflamment , & qui s’y arrête en par- fe, les fait croître en longueur &c en grofeur , les affermit, & les rapproche les unes des autres. On peut fuppoier que les fibres longitudinalés font celles qui croifient le plus. Ainf le Hiflu qui étoit réticu- laire n’eft plus qu'un compofé de fibres droites pofées verticalement ¶llelèmentles unes auprès dés au tres, & en un mot, c’eft une fubftance ligneute. Ce changement eft plus grand dans les couches du per- chemin les plus proches du dernier aubier , & par conféquent c’eft la couche la plus intérieure qui eft P A R 929 la premiere # sy Collier, & à deverur üñ aubier nouveau, (2.2) A2 ; PARCHEMIN, er Commerce, &c. c’elt une péau dè mouton ou de chevre préparée d’üne maniere parti= culiere- qui la rend propre à plufieurs ufages, fur: tout à écrire &c à relier les livres. Voyez ECRITURE | 6 RELIURE. | Ce mot vient du latin pergamens , ancien nom dé cette manufadure , qu'on dit lui être venu de la viile de Pergame , & dont l'invention eft attribucé à Eumenès qui en étoit roi; quoiqu’à dire vrai, cé prince femble plütôt avoir perfeétionné qu’inventé le parchemin ; car les anciens Pertes, fuivant Dio: dore, écrivoient toutes leurs hiftoires fur des peaux, ét les anciens loniens, au rapport d’'Hérodote, fs lervoient de peaux de moutons & de chevres pour écrire, même plufieurs fiecles avant le tems d’Eu menés : nous ne devons pas douter que ées peaux ne fuflent préparées pour l’ufage auquel on les defti: noit, de la! même maniere que notre parchemin quoique probablement avec moins d'art. Voyez Dio: dore de Sicile, Zv: IL. pas. 84. Hérod. lv. F. Prid; Conneit. part. I. liy. VIL. pag. 708. Le parchemin eft ébauché par le tanneur , & fini par le parchemimer ; cela forme un article trèsicon: fidérable du commerce de Îa France ; il fe fabriqué dans la plüpart de fes villes , & indépendamment de la confommation qu’elle en faitau- dedans, elle en envoie une grande quantité au-dehors, fur-tout er Angleterre, en Flandre , en Hollande, en Efpagne; & en Portugal. | Celwi qu'on appelle parchemin vierge, & que lé peuble fuperflicieux croit être fait de la coëffe dans laquelle font enveloppés les enfans dans le fein de leur mere, n’eft rien autte chofe qu'un parchemin plus fin & plus mince que le refte, & qui eft pro: pre pour de certains ufages, comme pour les éven= tails , 6c. il eft fait de peau d'agneau ou de chevreau avortés, Voyez l’article VIERGE. Maniere de fabriquer le parchemin. Le parchemin'eit üne peau de bélier, mouton, ou brebis, ou quelque: fois même de chevre, apprètée de façon qu’on peut l’employer à diférens ufages, mais principalement à écrire & à couvrir des livres, regiftres, &c. L’ufage du parchemin eft beaucoup plus ancien que celui du papier, & avant l'invention de l’imprimerie tous les livres s’écrivoient à la main ou fur du parchemin, ou furdu vélin. Le vélin eft une efpece de parchemin qu'on nomme ainfi, parce qu'il eft fabrique de la peau d’un veau mort-né, ou de celle d'un veau de lait ; mais 1l eft beaucoup plus fin, plus blanc, & plus uni que le parchemin fait avec la peau de mou- ton ou celle d’une chevre. Les peaux deftinées à fabriquer le vélin reçoivent les mêmes façons que le parchemin, à lexception cependant qu’elles ne pañlent point par la chaux. On fe fert du vélin pouf écrire des livres d’églife, pour defliner des généa- logies & des plans; on peint auff deflus en migna- ture, on y imprime des images ; enfin on l’emploie encore quelquefois à couvrir de petits livres rares & qu'on eftime. Le vélin fe fabrique dans les mêmes endroits que le parchemin, c’eft-à-dire qu’il eft du reflort du parcheminier à qui celui-ci donne la der- niere main comme au parchemin ; mais comme l’une & l’autre de ces peaux pañlent avant par les mains du mésifier qui les difpofe &c qui leur donne en quel: que forte les façons principales , nous allons en don- ner un précis, renvoyant pour plus grand éclairciiles ment à l’article de la Mésifferie. . Aufi- tôt que les peaux ont été levées de deflus les béliers, moutons ou brebis, on les met tremper dans la riviere pendant un jour ou environ, pus on les lave bien afin d’en fure fortir le fang caillé &c de nettoyer la laine, après quoi on Les laïffe 930 PAR égoutter. Lofqu’elles font bien égouttés on Les étend les unes fur les autres, obiervant que la laine {oit deflous, de forte que le côté de la chair fe trouve toujours deflus. Après avoir ainf arrangé les peaux, en prend un fourgon qui eft une efpece de bâton, long d'environ trois piés, au bout duquel font atta- chés plufieurs petits morceaux de peau en forme de vadrouille que lon trempe dans de la chaux vive détrempée dans l’eau, & avec quoi on enduit les peaux les unes après les autres, farfant pañler le four- gon fur toutes leurs parties, mais feulement du côté de la chair, & à mefure qu’elles font ainfi barbouil- lées de chaux, on les plie en deux fur leur longueur la laine en - dehors, & on les empile ainf pliées les unes fur les autres; cette façon s'appelle werire en chaux. Lorfque les peaux n’ont point féché en laine depuis qu’elles ont été levées de defflus les moutors, 11 fufit de les laïfler huit à dix jours en chaux; mais il faut qu’elles y reftent au moins quinze dans les cas où elles auroient féché en laine, vû que la chaux qu'on ne met que pour difpofer la laine à quitter plus facilement la peau, agiroit alors beaucoup plus lentement. Les peaux ainf empilées & enduites de chaux ayant pañlé le tems que nous venons d'indi- quer , on les jette dans l’eau courante, &c on les lave jufqu’à ce que la chaux en foit totalement féparée, &z que la laine foit bien nette; on les met enfuite égoutter en les étendant fur une efpece de treteau, êt lorfqu’elles font à demi-feches, on les pofe fur le chevalet, afin de les dépouiller de leur laine, ce qui fe fait en pañfant fur toutes leurs parties ou bâton rond deftiné à cet ufage, & qu’on appelle peloire, Avant que de peler ainfi les peaux, on coupe quel- quefois la pointe de la laine avec de grands cifeaux, êt on la fépare en différens monceaux fuivant fa dif: férente qualité. Aufli-tôt que les peaux ont été pelées, on les lave à la riviere afin de les nettoyer, on les laiffe enfuite égoutter quelque tems ; après quoi on les met dans un mort-plein, c’eft-à-dire dans un plein qui a fervi & dont la chaux a prefque perdu toute fa force; on les larffe dans ce mort-plein environ Vingt- quatre heures, d’où on les retire enfuite pour Îles mettre égoutter fur le plein, & c’eft ce qu’on appelle laiffer les peaux en retraite. Deux jours après que les peaux font forties du mort-plein, on les plonge dans un autre plein dont la chaux eft moins ufée, on les ut environ deux ou trois jours, après lefquels on es retire pour les mettre en retraite égoutter comme auparavant, & c’eft pendant ce tems qu’on penfe le plein, c’eft-à-dire qu’on le remue afin que la chaux fe délaye bien, & qu’elle ne s’amaffe point au fond, on en ajoïûte même alors de nouvelle, s'il en eft be- foin, on les replonge enfuite dans le plein, on réi- tere cette opération pendant fix femaines ou deux mois feulement , pendant les chaleurs de l’été ; maïs en hiver il faut les faire pafler fucceffiyement de plein en plein au-moins pendant trois mois. Lorfque les peaux ont été fuffifamment plamées ë& qu’elles ont été bien lavées, le mégiflier les étend les unes après les autres fur la herfe afin de les faire pañler par le travail à mouiller ; on appelle #erfe une efpece de grand cadre compofé de quatre pieces de bois, favoir deux montans & deux travertes : les deux montans ont environ cinq piés de longueur , trois pouces d’épaifleur, & quatre de largeur ; les deux traverfes portent trois piés à trois pics & demi de long, font de même largeur que les montans, mais elles n’ont tout-au-plus que 2 pouces d’épait- feur ; ces pieces de boïs font emmortoifées lune dans l'autre par les angles , & font percées dans leur lon. gueur de trous dans lefquels on pañle des chevilles de bois qu’on tourne pour ferrer & defferrer {elon le befoin, à peu près comme aux inftrumens À corde ; Ces trous font à environ quatre pouces de diffance les uns des autres, PAR Pour étendre les peaux fur la herfe il faut y faire de petits trous tout-au-tour, puis pafler une petite broche de bois dans deux de ces trous, & continuer ainfi dans toute la circonférence de la peau, obfer- vant de faire pafler toujours la même broche dans deux trous afin que la peau ne fafle aucun pli, & s’étende plus également; c’eft à ces petites broches qu’on attache une ficelle que lon noue enfuite aux chevilles de la herfe, de forte que lorfqu’on tourne ces chevilles, les ficelles fe roidiflent, & la peau. s’étend de tous les côtés. La peau étant ainfi comme encadrée &c tendue fur la herfe comme la peau d’un tambour, l’ouvrier l’écharne avec un inftrument d’a- cier très-tranchant qu'il fait pafler fur toutes {es par- ties, du côté où étoit la chair, afin d'enlever celle qui fe trouve toujours attachée à la peau lorfqu’on en dépouille lamimal, après quoi il la frotte avec un torchon mouillé, jufqw’ä ce qu’elle foit imbibée d’eau, puis il feme deflus du groizon, qui eft une efpece de pierre blanchâtre réduite en poudre, & avec un bloc de pierre ponce plat par-deflus, il acheve d'enlever Le refte de la chair, en faifant paf- fer cette pierre fur toutes les parties de la peau, comme sl vouloit broyer le groizon qu'il a femé deffus ; lorfque toute la chair eft exaétement enlevée de deflus la peau, louvrier pañle de nouveau le fer par-deflus , puis il la mouille une feconde fois avec le torchon, mais fans la faupoudrer de groizon, & la frotte enfuite avec le bloc de pierre-ponce afin d’adoucir la peau de ce côté &c de la rendre égale dans toute fon étendue, après quoi 1l en fait fortir l’eau en pañfant le fer deflus, & lappuyant fortement fans cependant en rien enlever, & c’eft ce qu'on appelle égoutter la peau ; comme il eft très-effentiel qu’elle foit bien égouttée , vü que c’eft cette opéra- tion qui la rend plus blanche, louvrier pafle alors le fer par-deflous, c’eft-à - dire du côté oirétoit la laine , &c par le moyen des chevilles de la herfe qu’il tourne, 1l bande la peau plus fort qu’elle n’étoit &c pañle encore le fer du côté de la chair afin de Pé- goutter entierement ; lorfque le fer, quelque fort qu'on le pañle fur la peau, ne fait plus fortir d’eau, &t que par conféquent elle eft bien égouttée, on y feme une feconde fois du groizon , & avec une peau d’agneau gaïnie de fa laine, on la frotte en condui- fant le groizon &c le faifant pañler fur toutes les par- ties de la peau; c’eft cette opération qui acheve d’ôter à la peau toutes les petites inégalités que le fer avoit pu laiffer, & qui hu donne cette fleur blan- che qu’on apperçoit fur toute fa fuperficie. Lorfque la peau a reçu toutes les façons qu’on vient de détailler & qu’on appelle, comme nous avons dit ci-deflus, le sravail à mouiller, on la laife fecher étendue fur la herfe, & quand elle eft fuf- famment feche, on la coupe tout-au-tour avecun couteau, le plus près qu’il étoit poffible des trous où étoient pañlées les petites broches, afin qu'il n’y ait point de perte, c’eften cet état qu’on lappelle du parchemin en coffe ou en croute ; les Mésiffers le livrent ainfi préparé aux Parcheminiers, & leur en- voyent en paquets de trente-fix peaux chacun qu’on nomme des bottes de parchemin, Le parchemin ayant té commencé parle mégiflier de la façon que nous venons de détailler, le parche- minier l’acheve de la maniere qui fuit. Il attache fur une herfe femblable à celle dont fe fervent les Mé- gifliers, une peau de veau de la même façon que ceux-ci attachent leurs peaux de moutons; cette peau s’appelle /e fommier, & eft fortement tendue par le moyen des chevilles placées autour de la her- fe , de diftance en diftance, comme nous l’avons ex- pliqué ci-deflus ; cette peau de veau fe couvre en-. fuite d’une peau de parchemiz en croute bien unie, attachée tout-au-tour & fortement tendue comme LÈ PAR la prémiete, éette feconde peau s'appelle Ze contre: Jommier ; Pune &c l’autre fervent de foutien à la peau que le parcheminier fe difpofe d’apprêter, La heïfe étant ainfi préparée ; l’ouvrier étend deflus une peau qu'il attache par le Haut ayec un morceau de bois plat par un bout & arrondi par l’autre, & aflez fem: lable pour la groffeur & pour la forme À la molette dont on fe fert pour broyer les couleurs; une tai: nure profonde de trois pouces & large d’un doigt, pratiquée dans le milieu, du, côté qui eft applati, _ &t qui le traverfe dans toute {a longueur, fert à rete nir la peau qui fe trouve faifie dans cette rainure avec le fommuer & le contre-fommier ; le dedans de cette rainure ou mortaïfe eft garni 8 comme rem- bouré d’un morceau de parchemin , afin que cet inf- trument contienne la peau davantage , & que le fer qu'on pañle deflus à force de bras, ne la puiffe faire glifler ; on nomme cet inftrument 7 clan ou un gland, nom qu’on lui a peut-être donné de fa forme qui approche effetivementaflez de celle d’un gland, … La peau étant ainfi bien contenue & appuyée fur lefommier &le contre-fommier, l’ouvrier la rature à fec avec un fer femblable à celui dont fe fervent les Mégifiers, à l'exception cependant qu'il eft plus fin &c plus tranchant; ce fer porte environ ro pouces de longueur fur 7 de largeur, &reffemble aflez à une be- che qui n’auroit point de manche & dont les côtés feroïent tant-foïit-peu arrondis ; le fil de fon tranchant eft un peu recourbé afin qu'il morde davantage; pour fe fervir de ce fer on l’enchâffe par Le dos dans üne hoche pratiquée dans un morceau de bois long de douze à quinze pouces, tourné en forme de bo- bine, un peu plus enflé vers fon milieu qui eft l’en- droit où {e trouve la hoche qui enferre l'outil; cette hoche ou rainure eft garnie en-dedans d’un petit morceau de parchemin fimple ou double, afin que l'outil foit mieux affujetti & qu'il ne vacille point ; les deux bouts de ce morceau de bois fervent de poi- gnée, celui d’en-haut que l’ouvrier tient de la main gauche eft un peu plus court que l’autre, de forte que cette main dont l’aétion eft de poufler le fer de haut en bas, eft d'autant plus fure de fon coup qu’- elle eft plus proche de l’outil ; on fait pafler ce fer à force de bras depuis le haut de la peau jufqu’eh bas, & on en enleve à plufeurs reprifes environ la moi- tié de fon épaifleur, tant du côté de la fleur que du côté du dos; la peau ayant été ainf raturée À {ec fur toute fa fuperficie, &le plus également qu'il a été pofhble, ôn la leve de deffus la herfe, & on l’étend fur une efpece de banc long de trois piés, large de quinze à dix - huit pouces, couvert dans le milieu d’une peau de parchemin rembourée , & que l’on nomme /élle & poncer , parce que'c’eft effe@ivement fur ce banc qu’on fait paffer la pierre-ponce fur les deux côtés de la peau, afin d’en faire difparoïtre toutes les petites inégalités que le fer auroit pu laif- fer, & de l’adoucir: la façon de raturer les peaux à fec fur le fommier eft la plus difficile de toutes celles que l’on donne au parchemin , & il eft même furpre- nant comment le parcheminier peut, fans couper: la peau, faire couler deflus du haut en bas, en appuyant de toutes fes forces un fer qui coupe comme un ra- foir , & dont le tranchant recourbé devroit faire une incifhon à la peau aufi-tôt qu’on le pofe deflus, ce qui artive cependant très-rarement. | Aufli-tôt que le parchemin ef poncé, l’ouvtier lui met fa marque particuliere, & alors il eft en état d'être vendu. On le livre ou à la botte contenant trente-fix peaux, ou au cent en compte ; on fe fert de parchemin dans toutes les expéditions de juffice, mais pour-lors il faut qu'il foit équarrié, c’eft-à-dire coupe fous la regle de différentes grandeurs, fuivant les différens ufages auxquels il eft deftiné. Pour les quittances de ville il doit porter fix pou- PAR 951 ces huit hignes de longueur fur quatre pouces & neuf lignes de largeur. 4) Pour les quittances de tontine, 1 doit avoir huit pouces de long fur fix de large. Pour brevets d’apprentifage dix pouces & demi de longueur fur fept de largeur. Les feuilles du parlement pour procédures portent neuf pouces &t demi de longueur & fept & demi de largeur, Les fetiiles du confeil ont dix pouces & demi de long fur huit de larce. Les feuilles de finance qui fervent aux contrats foït de mariage, foit de rente, doivent porter douze pouces & demi de long & neuf & demi de large, Pour la grande chancellerie on fe fert de demi- peaux longues de dix-huit pouces & larges de dix. Enfin pour les lettres de grace on emploie des péaux entieres & équarriées, longues de deux piés deux pouces environ, & larges d’un pié huit pouces, Voyez dans nos Planches de Parcheminier, les figures des outils mentionnés dans cet arricle, & la repréien- tation des principales manœuvres. La regle dont ouvrier fe fert porte trois piés & derni de longueur, trois pouces de largeur , & trois lignes d’épaileur ; elle eft bordée des deux côtés d'une petite bande de fer qui y eft attachée avec de petites pointes à tête perdue, afin que la direc- tion du couteau n’en foit point arrêtée ; il pofe un genou fur un bont de la regle qu’il contient par l’au- tre bout avec fa main, & avec un couteau dont la lame a cinq pouces de longueur & un & demi de largeur , 1l coupe le parchemin de telle grandeur qu'il ef à propos, felon Îles différentes expéditions aux- quelles il le deftine; le tranchant de ce couteau eft droit depuis la foftie de fon manche jufqu’au bout, comme aux couteaux ordinaires, mais le dos de la lame eft arrondi par le bout & finit en pointe d’arc , fon manche eft environ long de quatre pouces ; les Parcheminiers le nomment couteau à rogner, Le par- chemin dont on {e fert dans les expéditions de juftice &t dont nous avons defigné les différentes grandeurs, eft timbré & marqué d’une marque particuliere à chaque fermier de chaque généralité du royaume, portant outre cela les armes du roi, le nom de la généralité & le prix qu'il doit être vendu, felon qu'il eft plus où moins grand, On fait auf du parchemin . avec la peau d’un agñeau mort-:né, mais il eft extrè- mement mince & ne fert qu'aux otivrages délicats, comme à faire des éventails; on le nomme parche- min Vierge ; quelques -uns croyent que cette efpece de parchemin eft fait de la coëffe que quelqües enfans apportent en naïfant ; mais c’eft une erreur que la fuperfäition a enfantée. PARCHEMIN , RATISSURE DE ( Parcheminier.) c’eft la raclure du parchemin , ou plutôt cette fuper- ficie que les Parcheminiers enlevent de deflus les peaux de parchemin, en cofle ou en croute, lort- qu'ils les raclent à fec avec le fer fur le fommier, pour en diminuer l’épaiffeur , afin de le mettre en état de recevoir l'écriture. Les Parcheminiers lui donnent aufi le nom de co//e de parchemin , parce qu'elle fert à plufeurs ouvriers, pour faire une forte de colle très-claire qu’ils emploient dans leurs ou- vrages. Ceux qui s’en fervent le plus, font Les Ma- nufaéturiers d’étoffes de laine, pour empefer les chaï- nes de leurs étoffes ; les Papetiers, pour coller leur papier; & les Peintres en détrempe ou peintres à la groffe broffe , pour faire tenir le blanc, l’ocre ëx les autres couleurs, dont ils impriment ou barbouillent les murailles & planchers. La colle de ratures qui fe fait pour empefer dans les manufaétures les chaines de ferges , doit bouillir pendant environ deux heu- res, & enfuite fe pañler dans un tamis; pour une chaîïne de dix à douze livres ; il faut environ un feau d’eau , & une livre derature, | Pour faire la colle de parchemin, 1l faut faire bouil- Gr la rature dans de l’eau claire, plus où moins de tems, fuivant que lon veut qu’elle foit plus ou moins forte par rapport à lufage qu’on en veut faire, & enfuite la pafler ou couler à-travers une chauñle , drapeau ou tamis. Difionn. du Comm. PARCHEMINIER , f. m. ( Commerce.) ouvrier &c marchand qui achete des Mégifiiers le parchemin en croûte, & le prépare enfuite pour le mettre en état de recevoir l'écriture, en en ratiflant la fuperficie fur le fommier avec un fer tranchant. À Paris , les Parcheminiers forment une commu- nauté, dont les ffatuts ont été dreflés en 1545 & 1550. fous les regnes de François [. & Henri IL. & depuis ont été augmentés par Louis XIV en 1654. Ces ftatuts portent entr'autres chofes , que nul ne fera reçu maître Parcheminier , s'il n’a fait quatre ans d’apprentiflage , fervi les Maîtres trois ans en qua- lité de compagnon, & fait chef-d'œuvre. : Que les fils de Maîtres font exempts de l’appren- tifage & du chef-d'œuvre, & font reçûs fur le cer- tificat de capacité que leur donneront les Maîtres chez qui ils auront travaillé. Que les Compagnons qui époufent des veuves ou filles de Maîtres, peuvent être reçus fans chef-d’œu- vre, pourvû qu'ils aient fait leur apprentiflage. _ La communauté des Parcheminiers eft régie par deux maitres, jurés, qu’on renouvelle tous les deux ans, & qui prétent le ferment par-devant le procu- reur du roi du châtelet. | Quand ces Jurés veulent aller en vifite, 1ls font obligés de fe faire afifter par quatre maîtres-jurés Parcheminiers de l’univerfité , qui font des Parchemi- niers diftingués qui agiffent fous les ordres du reéteur dont ils ont pris des lettres. PARCHIM , (Geog. mod.) ville d'Allemagne, ca- pitale d’un bailliage dans le cercle de la bafle-Saxe, au duché de Meckelbourg , fur l'Elde, Log. 29. 40. dar, 53, 36. (D:J.) PARCHONNIER.,, £ m. ( Jurifprud. ) eft dit par corruption dans certaines coutumes pour perfonnier. Voyez ci-après PERSONNIER ; on dit auffi PARTHON- NIER. PARCLOSES, . £. (Marine.) ce font des planches qu'on met à fond de cale fur les pieces de bois nom- mées yzsonnmieres ; ces planches font mobiles, &c elles fe levent quand on veut voir fi rien n'empêche le cours des eaux qui doivent aller à larchipompe. PARCOURIR , v. n. (Gramm.) cet vifiter rapi- dement ; j'ai parcouru cette contrée. Quelquefois, l’idée accefloire de rapidité ne s’y joint pas , mais celle au contraire d’exa@titude. Parcourir un écrit, c’eft y donner uncoup d'œil rapide. {Pour juger fai- nement un ouvrage , 1] ne fufñit pas d’en parcourir les feuillets. On dit, jai parcouru des yeux l’aflemblée, fans y découvrir celle que jy defirois. Parcourir les coutures & changer Les écoupes, (Ma- zine. ) c’eit les vifiter pour calfater où il en eft be- foin. PARCOURS, f. m. (Drorr féodal.) c’eft fociété, ufance 8 coutume; ce vieux mot que l’on trouve dans quelques coutumes, fignifie fociété, union, en- tre certaines villes &c certains villages. Le parcours eft, felon Ragneau, une ancienne fociété entre vil- des & les pays de divers feigneurs , pour la commo- -dité du commerce. Pithou dans fes mémoires a dit; quant au droit de focièté, qui a été autrefois entre quelques pays & villes de ce royaume, étant alors fous divers feigneurs pour la commodité du com- merce ; il étoit appellé droit de szarche , de parcours &t entrecours | êt non de pariage, comme aucuns ont voulu dire, dont nous avons exemple au parcours PAR ancien de Champagne & de Baroïs, 6: Chopin , dans fon srairé du Domaine , à fait mention d'uñe ancienne tranfa&tion pañlée entre Pabbé de Mouflon & le duc de Réthel , par la- quelle les fujgets furent liés & aflociés les uns avec les autres , & le parcours des hommes d’une feioneu- rie à l’autre. PM: Fe Quand le parcours ou l’entrecours , dit M. de Lau- riere , toit fait entre deux feigneurs qui avoient droit de fouveraineté , c’étoit une focicté au moyen de laquelle, les fujets d’un de ces feigneurs pou- voient Hbrement & fans danger de tomber dans la fervitude de corps, fe venir établir dans l’état de l'autre. Le parcours contra@é entre deux feigneurs , étoit fait où au fujet de leurs étagiers & de leurs hommes de corps, ou des beftiaux de leurs fujets. Quand il concernoit les hommes de c@ndition {ervi- le, c’étoit une focièté au moyen de laquelle l’éta- gier &c l’homme de corps d’un feigneur , pouvoi: al- ler s'établir dans le fief & la juftice d’un autre, & prendre femme de fa condition dans la térre de au: tre feigneur, fans danger de formariage, Le parcours pour les beftiaux étoit une fociété entre deux fei- gneurs ou deux villages, au moyen de taquelle les fujets de Pun pouvoient mener paître leurs beftiaux dans les vains pâturages de l’autre ; ce parcours eft encore en ufage. Voyez les coutumes du comté de Bour- gogne. De Lauriere. (D. J.) | PARDALION , (Hiff. nat.) quelques auteurs ont employé ce nom pour défigner une agate femblable à la peau d’une panthere. PARDAOS DE RÉALE , (Monnoies.) on nomme ainfi les réales ou pieces de huit, qui font les feules de toutes les monnoies d'Efpagne, qui ayent cours aux Indes. Ces pardaos ou piaffres , car la réale de huit & la piaître font la même chofe, ont un certain prix fxe, au-deffous duquel elles ne baïffent jamais ; maïs elles hauflent affez confidérablement , lorfque quelque- fois les négocians en veulent amafler des parties con- fidérables pour envoyer à la Chine, où elles font fort eftimées ; on les échange avec de l'or. PARDENE, ( Géog. anc.) contrée de la Gédro- fie ; On donnoitle nom de pardene à tout le milieu de la Gédrofie, felon Ptolomée, Z. WI. c. xx. (D. JT.) PAR-DESSUS-DE-VIOLE, £ m. (Lutherie.) inftru- ment à cordes & à archet, dont la conftru@ion eft en tout femblable à celle du deflus-de-viole , au-deflus duquel ilfonne la quarte. Voyez Vioze*&c la fable du rapport de étendue des inftrumens,& la fg. Pz. XI, de Lutherie, fig. 3. PAR-DEVANT , (Charpenrier.) par-devant & par- derriere font des efpeces d’entre-toifes fort larges qui entretiennent le chafis bas d’une lucarne guitarde, &t qui forment une efpece de plancher. PARDIGLIO, f. m. ( if. nat. ) nom donné par Imperatus à un marbre d’un gris de cendre qui a auf té nommé »zarmor palumbinum. PARDON, EXCUSE, ( Syzor.) on fait excufe d’une faute apparente ; on demande pardon d’une faute réelle; l’un eft pour fe juftifier & part d’un fond de politefe ; l’autre eft pour arrêter la vengeance, ou pour empêcher la punition, & défigne un mou- vement de repentir ; Le bon efprit fait excufe facile- ment ; le bon cœur fait pardonner promptement. G£ rard, PARDON , ex terme de Droit canon & de Théologie eft une indulgence que le pape accorde pour la ré- mifiion des peines temporelles dûes au péché, & qui doivent être expiées en cette vie par la pénitence, ou en l’autre par les peines du purgatoire. Voyez INDULGENCE & PURGATOIRE. | Le tems célébre pour les pardons eft celui du jubi- LE. Poyez Jusiré. Pardon PAR Pardon {e difoit auf autrefois de [a priete que hous nommons l’anpelus, Ët qu'on récite au fon de Âa cloche, leimatin, à midi & le foir, en l’honneur de la fainte Vrge » Pour obtenir les indulgences at: tachées à la récitation de cette priere; c’eft pour quoi on lit dans quelques auteurs forrer le pardon pour largelus. Voyez ANGELUS. Pardon, venia. , dans les anciens auteurs anglois fignifie la mamiere de demander pardon à Dieu en fe mettant à genoux, ou plutôt une profternation qui étoit en ufage parmi lés pénitens. Foyez GENUFLE: XION. C’eft ainf qu’on lit dans Wahingham , pag. 196. Tege interim projtrato ir longé venié ; & ailleurs ce vers du tems. Per venias centum verrunt barbis pavimentim. Parvonw, (Théolog.) Les Juifs ont une fête qu'ils appellent yomhacchipour , c’eftà-dire le jour de par- don , qui fe célebre le dixieme du mois Tzfi, qui répond à notre mois de Septembre : elle eft ordon: née au Lévis. ch. xxiiy. vetf. 27. où il eft dit, ax di- xierne de ce feptieme mois, vous affligerez vos ames , &tc. : Pendant ce jour-là toute œuvre ceffe, comme au jour du fabbat, 8 l’on jetine fans manger quoique ce foit. | Léon de Modene remarque, que les Juifs prati quoient autrefois une certaine cérémonie la veille de cette fête, qui confftoit à frapper trois fois la tête d’un cogen vie, &c de dire à chaque fois, gu°1l Soit immolé au lieu de mot, laquelle cérémonie fe nommoit chappara, expiations mais elle ne s’obferve plus en Italie êt au Levant, parce qu’on a reconnu que c’étoit une fuperflition, [ls mangent beaucoup cette même veille, à caufe qu'il eft jeûne le lende- main. Plufeurs fe baignent & fe font donner les trente-neuf coups de fouet nommés wzalcuch : ceux qui retiennent le bien d'autrui, quand ils ont quel- que confcience , le reftituent alors. Ils demandent pardon à ceux qu'ils ont offenfés ; ils font des aumô- nes , & généralement tout ce qui doit accompagner une véritable pénitence. Après fouper plufeurs fe vêtent de blanc, &t en cet état fans fouliers, 1ls vont à la fynagogue qui eft fort éclairée ce foir-là de lam- pes & de bougies. Là, chaque nation, felon fa cou- tume , fait plufieurs prieres & confeflions pour mar- quer fa pénitence , ce qui dure au-moins trois heu- res ; après quoi on va fe coucher. Il y ema quel- ques-uns qui pafñlent toute la nuit dans la fynago- gue , priant Dieu & récitant des pfeaumes. Le len- demain dès le point du jour , ils retournent tous à la fynagogue, habillés comme le jour précédent , & y demeurent jufqu’à la nuit, difant fans interruption des prieres , des pfeaumes ; des confeffions, & de- mandant à Dieu qu'il leur pardonne les péchés qu’ils ont commis. Lorfque la nuit eft venue , &c que l’on découvre les étoiles , on fonne d’un cor pour mar- quer que le jeùne eft fini : après quoi ils fortent de a fynagogue , & fe faluant Les uns les autres, ils fe fouhaitent une longue vie. Ils béniflent la nouvelle lune , & étant de retour chez eux, ils rompent le jeûne & mangent. Voyez Leon de Modene , rraité des cérémonres des Juifs, part. IE. ch. vj. Voyez auffi (TROMPETES, ” | PARDON, 1. m.( Difcipl. ecciéfil) ce mot fignifie Vindulgence que le pape accorde aux Chrétiens pour feurs péchés, moyennant qu'ils aillent à une telle églife , à une telle ftation, &c. Voyez INDULGENCE. Pafquier fe récrie fortement contre le droit que le pape s’attribue, de diftribuer des indulgences &c des pardons pour les péchés : voici fes propres termes qui revardent les tems de Léon X , & le pañlage eft fingulier. » Ceux, dit-il, qui commandoient aux opinions Tome XT, PAR 933 de Econ X, pape, facile & débonrairé , mettant » lPhonneur de Lieu fous piés , lui firent exercer libéralité de fes deniers, tirés des pardons, en: vers uñe fienne fœur qui en eut le plus grand » chanñteau, comme nous apprenons de Guichar- » din, puis envers un, &c autres princes. » Alors fe tourna le grand pardon en parti, fe » trouvant quelque$ prélats | principaux entrepre- »# neurs qui faifoient la maille bonne , fous léfquels » y avoit quelques partifans qui favoient ce qu'ils » leur devoient rendre pour les provinces qui leur » étoient départies. # La procédure que ces meflieurs obfervoient al. »# lant faire leurs quêtes , étoit de commencer en » chaque paroïfle par une proceflion fous la con- » duite du curé, ou de fon vicaire , fuivie d’une cé- » Iébration de grand’mefle du S. Efprit, qui fe fer- » moit par le fermon d’un charlatan, lequel étaloit » aux paroïfhens de quel fruit étoit le mérite de ce » grand pardon, tant aux vivans qu'aux morts, felon » le plus ou le moins qu’on contribueroit de de- » mers ; & lors Le pauvre peuple ouvroit fa bourfe # àlqui mieux, pour participer à un fi riche butin. » Ce fut un or pire que celui de Touloufe , qui cau » {oit feulement la mort à ceux qui le manioient.…. » Quelques prêcheurs d'Allemagne n’oublierent » de fe déborder contre cet abus, & fur-tout Mar- » tin Luther, religieux de l’ordre de S. Auguftn , » s’en acquitta dedans la ville de Wittemberg, pays » de Saxe, foutenant qu'il n’étoit en la puiflance du » pape de difiribuer des zz44/pences &t pardons. Quel: # ques écoliers {ous la qualité de théologiens, fou- » tinrent la querelle du pape, donnant fujet à ux » moineau de fe faire aigle aux dépens de la réputa- » tion du S.Siese, &c entr'autres un frere Prierias » de Pordre de S. Dominique , demeurant à Rome, » fe mit fur les rangs ; tellement que deux moines, « lPun auguflin , l’autre jacobin , entrent en lice, » s’ättachant aux extrémités ; celui-là voulant ter- » rafler la grandeur du pape, & la réduire au pié » des autres évêques & au-dedans de leurs limites ; » ct celui-ci, au contraire, lui donnant toute puif- » fance & autorité, non-feulement fur les patriar- » ches, archevêques & évêques, mais aufli fur le » concile général & œcuménique. Qu'il lui fuffi- # foit de dire, s’77 me ploift , il me loift ; c'eft-dire » s'il me plaît, il m’eft loifible ; & qu’il falloit con- » fiderer , non ce que les papes font , mais ce qu'ils » font «. | ; Après cela, paflant aux défordres de la difcipline eccléfiaftique & bénéficiale ; Pafquier conclut ainf cette longue & notable épître : » & nous, au milieu » de cette générale débauche, nous penfons exter: » miner l’héréfie, par nos écrits & nos cris...... »# C’eft faire gerbe de fouarre à Dieu , que de le croi- » te«, (D.J.) PARDON » (Vzrifprud.) eft la orace que le prince accorde à celui qui eft accufé d’un crime pour le- quel il méchet pas peine de mort, & qui néanmoins ne peut Être excufé, comme quand quelqu'un s’eft trouvé dans une voie où il eft arrivé mort d'homme. Voyez lord. de 1670. tir. 16: arr. üij, & Voyez LeT- TRES DE PARDON. (4) PARDONNABLE, adj. (Gramm.) qu’on peut pardonner ; 1l fe dit d’une aéhion dont on trouve l’excufe dans les circonftances qui ont , ou précé: dées ou accompagnées, ou fuivies. PARDONNER , v. a@. c’eft remettre le châti- ment, facriñier fon reflentiment & promettre l’ou- bli d’une faute. On pardonne la chofe, on pardonne à la perfonne. Il y a des qualités qu’on pardonne plus dificile- ment que des offenfes. Il faut bien de la modeftie , bien de l’attention ; DDDddd Fr LA Ÿ Y 934 PAR bien de l’art pour arracher aux autres le pardon de la fupériorite qu'on a fur eux. (a À On fe pardonne fi fouvent à foi-même, qu'on devroit bien pardonner quelquefois aux autres, Des hommes qui ont fait un fot ouvrage, que des imbécilles éditeurs ont'achevé de gâter, n’ont ja- mais pû nous pardonner den avoir projetté un meil- leur. Il n’y a forte de perfécutions que ces ennemis de tout bien ne nous ait fufcitées. Nous avons vü notre honneur, notre fortune , notre liberté, notre vie compromifes dans l’efpace de quelques mois. Nous aurions obtenu d'eux le pardon d’un crime, nous n’en ayons pù obtenir celui d’une bonne aétion. Ils ont trouvé la plûüpart de ceux que nous n’a- vons pas jugés dignes de coopérer à nofre entrepri- {e, tout difpofés à époufer leur haine &c leur jalou- fie. Nous n’ayons point imaginé de vengeance plus cruelle de tout le mal qu'ils nous ont fait, que d’a- chever le bien que nous avions commencé. Voilà l'unique efpece de reflentiment qui fût digne de nous. Tous les jours ils s’aviliffent par quelques mou- veaux forfaits ; je vois l’opprobre s’avancer fur eux. Letems ne pardonne point à la méchanceté, Tôt outard, il en fait juftice. PARE A VIRER, (Murine.) c’eft un commande- ment que le capitaine fait à équipage, & qu'il ré- pete deux fois à haute voix, quand on eft prêt à charger de bord, afin que chacun fe prépare à faire comme il faut la manœuvre de revirement, Pare à carguer. Parer un banc ; parer un danger ; c’eft éviter un banc: on dit nous fimes le nord-eft pendant quatre horloges pour parer le banc. Se parer. C’eft agir pour fe tenir prêt &t en état. Nous apperçimes deux navires au vent à nous, qui avoient le cap fur nous, ce qui fit que nous virâmes pour nous parer. PARE , adj. (Gramm.) voyez PARER , v. PARÉ , adj. (Jurifprud.) du latin paratus , fe dit de ce qui eft prêt à recevoir fon exécution.comme un titre paré , c’eft-à-dire exécutoire. Voyez TITRE PARÉ, (4) PARÉ, ( Marine.) c’eft-à-dire prêt à faire quelque chofe , ou à être manœuvré, ou à fe battre. PARÉAS , PERRÉAS 07 PARIAS , ( Hiff. mod. ) on défigne fous ce nom parmi les habitans 1dolâtres de l’Indoftan, une clafle d’'hommesféparée de toutes les autres, qui eft l’objet de leur horreur &t de leur mépris. Il ne leur eft point permis de vivre avec les autres ; ils habitent à l’extrémité des villes ou à la ” campagne, où ils ont des puits pour leur ufage où les autres Indiens ne voudroient jamais. aller puifer de Peau. Les Paréas ne peuvent pas même pafler dans les villes par les rues où demeurent les Bramines. Il leur eft défendu d’entrer dans les temples ou pago- des, qu'ils fouilleroient de leur préfence. Ils gagnent leur vie à enfemencer les terres des autres, à bâtir pour eux des maïfons de terre, & en fe livrant aux travaux les plus vils. Ils fe nourriffent des vaches, des chevaux &c des autres animaux qui font morts na- turellement, ce quieft la principale fource de laver- fion que l’on a pour eux. Quelque abjeëts que foient les Paréas , ils prétendent la fupériorité fur d’autres hommes que l’on nomme Seriperes , avec qui ils ne veulent point manger , 8 qui font obligés de fe lever devant eux lorfqu'ils paflent , fous peine d’être mal- traités. Ces derniers {ont appellés Ha/alchours à Su- rate, nom fi odieux que l’on ne peut faire une plus grande infulte à un banian que de le lui donner. Ce mot fignifie un glouron, où un homme qui mange tout ce qu'il trouve. | PaRÉAS, fm. ( Hiff. nat. Ophyolog. ) nom d’un ferpent qu’on trouve en Syrie. Il eft tantôt de cou- leur d’airain , tantôt de couleur noïrâtre. La mor- fure n’en eft pas mortelle, & elle eft feulement fui- vie d’inflammation. A: PARÉATIS , {. m. (Jurifprud. ) efffun tetme pu- rement latin, qui fignifie obéifez ; ce terme étoit de ftyle dans.les mandemens où commiffions que l’on obfervoit en chancellerie , pour pouvoir mettre à exécution un jugement hors du territoire ou reflort du juge, dont ce jugement étoit émané depuis l’or- donnance de 1539, qui a enjoint de rédiger en fran- çois tous les aétes publics ; on a.confervé dans le ftyle françois le terme de paréaris , pour défigner ces fortes de mandemens ou commiflions. Il y a des partatis du grand fceau, c’eft-à-dire don- nés en la grande chancellerie &c fcellés du grand fceau , & d’autres paréatis , qu'on appelle dx peris Jceau , qui fe donnent dans.les petites chancelleries. Tous arrêts peuvent être exécutés dans Pétendue du royaume en vertu d’un paréatis du grand fceau ; fans qu'il foit befoin de demander aucune permif- fion aux cours de parlement, baillifs, fénéchaux & autres juges dans le reflort defquels on lés veut faire exécuter. Il eft néamoins permis aux parties &c exécuteurs des arrêts de mettre ces arrêts à exécution hors l’e- tendue des parlemens & cours où ils ont été rendus, de prendre un paréaris du petit fceau , c’eft-à-dire en la chancellerie du parlement où ils doivent être exé- cutés , & les gardes-fceaux des petites chancelleries font tenus de Les fceller, à peine d’interdiétion fans entrer en connoïflance de caufe. La forme d’un paréaris eft telle : « Louis par la » grace de Dieu, Éc. au premier notre huiffier ou » {ergent fur ce requis : te mandons à la requête de » N. mettre à düe &r entiere exécution en tout notre » royaume , pays, terres & feigneuries de notre » obéiffance l'arrêt rendu en notre cour de. ...le.... » jour de... ci attaché fous le contrefcel de notre » chancellerie contre tel y nommé , & faire pour » raifon de ce tous exploits &c ates néceflaires , de » ce faire te donnons pouvoir fans demander autre » permiffion , nonobftant clameur de haro, charte » normande, prife à partie, & autres lettres à ce » contraires ; car tel eft notre plaifir », Gc. Les parties peuvent au lieu de paréasis prendreune permiflion du juge des lieux au-bas d’une requête. Voyez l'ordonnance de 1667, tt. XX VIT. art. vJ. On appelle paréatis rogatoire une commiffion du grand fceau, que l’on prend pour mettre à exécution un jugement hors de l'étendue du royaume : par cette commiflion, le roi prie tous rois, princes êc potentats de permettre que le jugement émané de France foit mis à exécution dans leur fouverainete, comme il feroit s’il en étoit par eux requis ; c fur ce paréatis , le prince auquel on s’adrefle en donne un pour permettre d’exécuter le jugement dans fa fou- veraineté. . Ces fortes de paréatis rogatoires ne font pas en ufage entre toutes fortes de princes, mais feulement entre ceux qui font particulierement alliés, & qui fe donnent de part & d’autre toutes Les facihtés pof- fibles pour mettre à exécution dans une fouverai- neté un jugement rendu dans l’autre, fans que l’on foit obligé de faite juger de nouveau ; c’eft ainfi que l’on en ufe entre la France & la principauté fouve: raine de Dombes, les jugemens émanés de chaque fouveraineté s’exécutent dans Pautre fur un fimple paréatis , qui s'accorde par le fouverain fur le paréa- sis où commiflion rogatoire donnée par l’autre fou- verain. (4 PAREAU, PAREAUX, PARRES, fm. ( Marine.) c’eft une forte de grande barque des Indes , qui a le devant & le derriere.fait de la même façon. On met indifféremment le gouvernail dans l’un & dans Pau- tre , quand il faut changer de bord. + Les parres font des vaifleaux dont on fe fert vers Ceïlon, qui ont beaucoup de rapport aux cagues de Hollande. Ce font des bâtimens de charge qui ne perdent point de vüe les côtes, on s’en fert princi- palement dans la Tutocofie, aux côtes de Malabar, où les habitans qui vivent de l’induftrie qu'ils ont à pêcher les perles, s’appellent parraes, à caufe qu'ils vont à cette pêche avec cette forte de bâtiment. Les corfaires de Malabar fe fervent aufli d’un bâtiment à rames, qu'ils nomment parc Ou pareau ; ce peut bien être le même.(Z) PAREAU, eft, parmi les Ciriers une efpéce de chau- diere profonde & étroite , aflez femblable à une fon- taïne, fur-tout par fon couvercle. Il y en a qui font évaféés par le haut, & fans couvercle. Ils fervent à faire fondre la vieille cire. PAREAUX , £ m. pl. (Pécherie.) ce mot figniñe en terme de Pêcheurs de gros cailloux ronds, pefans & percés par le milieu, qu’ils attachent le long de la coulure d’en-bas du filet, qu’ils appellent une /£ine, afin de la parer quandils Pont jetté à l’eau , c’eft-à- dire pour en arrêter le bas au fond , tandis que le haut flotte à caufe des lieges qui le foutiennent, Di, de Trévoux, PARECBASE,, £. f. (Rhéror.) mapexBarse, ce terme fignifie l’exagérarion d'un crime, êc non pasune di- greffion au fujet de la queftion qu’on traite ; du-moins c’eft l’idée de Voflius. | PARECHESE , f. m. (Rhéror.) mapaynçi, répéti- tion trop fréquente d’une même fyllabe ; par exem- ple, perire me malis malim modis. PARECHIÀ , (Géog. anc.) ville ou boutg de l’Ar- chipel, le principal de l'ile de Paros , fur la côte oc- cidentale vis-à-vis de l'ile d’Antiparos. Parechia eft bâtie fur les ruines de l’ancienne & fameufe Paros. Long. 43. 13. latit. 37. 3. PAREDRE , ( Æif. d'Athènes.) mapt9pu, les pa- redres étoient des sens confommés dans les affaires. Quand l’archonte, roi, ou le polémaque n’étoient ‘pas , attendu leur jeunefle, auffi verfés dans la con- noïflance des lois & des coutumes de leur pays qu’on pouvoit le defirer , chacun d’eux choïfifloit deux perfonnes d'âge, de favoir & de réputation, pour fiéger avec eux fur le banc & les diriger dans leurs jugemens. Ces paredres ou aflefleurs étoient obligés de fubir les mêmes épreuves que les autres mapgiftrats , foit pour préfider aux affemblées publi- ques , foit pour être admis dans le fénat. Il falloit en conféquence, après l’expiration de leur charge, qu’ils rendiflent compte de leur conduite dans le pofte qu’on leur avoit confié. Voyez Potter. 4rchæol. grec. 2 I. p.77 (D. J.) PARÉE, £. f. (Gramm. & Jurifprud.) voyez PaR- cours. On dit en prenant Le mot parée d'avec un fens fort différent une exécution parée ; alors parée pris adje@tivement fignifie que l’exécution peut {er- vir à contraindre une perfonne fur le champ , & qu’elle aura fon effet , nonobftant oppofñtion quel- coñque, PARÉE, ( Boucherie. ) là piece parée du bœuf eft celle qui fe leve à la tête de la furlonge. PARÉES , 1. f. partie du fourneau à couler les gueu- fes. Voyez à l'article FORGES , GROSSES FORGES. PARÉGORIQUES , adj. ( Médecine. ) les parégo- riques , les épiceraltiques & les anodins figniñent le ‘même ; ce font des médicamens qui foulagent la douleur, la caufe de la maladie: & la maladie même reftant la même, ils produfent cet effet de trois ma- meres ; 1° par une faculté laxative qui relâche les pores de la peau &t les ouvre, par ce moyen la dou- leur n’en eft pas fi grande, parce que la peau en eft moins tendue ; 2° par une chaleur douce & tempé- Tome XL, PAR 936 iée, qui-réfout une portion de la matiere qui caus foit une tenfon dans la partie ; 3° par Paide de cette chaleur qui réveille la partie , larechauffe & la rèmet à fon premier état d'équilibre, sn Les parégoriques s’ordonnent .en linimens , enfo- mentations. Voyez FOMENTATION. es À On les emploie {ur-tout dans lesthémotrhoïdes.,. dans l’inflammation de ces parties où les difeufifs & les repercuffifs n’ont pas lieu, on emploie-le-Jait tiede , l’eau de guimauve coupée avec le lait, Ge. On emploie des cataplafmes dans les inflammas tions. Voyez CATAPLASMÉS, ;: 1 E0Fq On met au rang des parégoriques l'application des poulets , dés poumons, de mouton tout chaud, les chiens vivans ouverts, l’application de Ja flañelle trempée dans les fomentations de lait tiede & chaud. Voyez; ANODIN, DOULEUR, + on, PAREIL, adj. (Gramm.) terme: de compafaiforn, qui excite l’idée de fimilitude: il fe dit des perfofnes & des chofes ; il n’a pas fon pareil; ces deux étoffes font pareilles. | 4 PAREIRA-BRAVA , ( Æ/4. nar. Bot.)racine mé dicinale du Bréfil ; c’eft la caapeba de Pifon , éurua >” overo brutua Zanoni , butua lufisanica de-Geofftois convolyulus brafilianus, floré otlopetalo | monacoceis de Ray, Aiff ÎT. 1331, &cc. LEX . C’eft une racine ligneufe, dure, tortueufe;-brune au-dehors , rude, toute fillonnée dans fa longueuriêc dans fa circonférence , comme la racine du thymée léa, d’un jaune obfcurintérieurement, commetntre- lacée de plufieurs fibres ligneufes ; de maniere qu'é- tant coupée tranfverfalement , elle repréfente, plu- fieurs cercles concentriques , coupés de beaucoup de rayons qui vont du centre à la circonférence ; elle eft fans odeur , un peu amere , d’une faveur douce, à-peu-près femblable à celle de la reglifle, de la grofleur du doigt & quelquefois du bras d'un ENFANTS 0 À Les Portugais nous apportent cette racine du Bré- fil, &t ils difent que cette plante eft une efpece de vigne fauvage. Ils la vantent comme ftomachique, cordiale, alexipharmaque , & même comme une panacée ; maïs elle a de grandes vertus diurétiques, & elle convient dans plufieurs cas de coliques né- phrétiques, & de fuppreflion d'urine ; quand ces maladies viennent d'une lymphe muqueufe , qui en- gage les couloirs des reins , ou même d’un amas de grains de fable , unis en une mañle par une vifcofité qui fe durcitavec le tems & forme le calcul , alors la racine pareira-brava , en atténuant & difolvant cette mucofité , ouvre un chemin libre auxurines , fépare les grains de fable &r les fait fortir avec les urines, Comme cette racine a la-vertu de difloudre la férofité vifqueufe 8ctenace , on ne fauroit douter qu’elle ne convienne dans les autres maladies qui naïflent du même vice de férofité , par exemple dans l’afthme humoral caufé par une pituite gluante, La maniere de s’en fervir eft de la couper pat petits morceaux, d’en faire bouillir deux ou trois drachmes dans deux ou trois chopines d’eau, qu’on réduit à une ; on en fait prendre au malade attaqué de difficulté d'urine un verre de demi-heure en demi- heure dans un bain chaud, après des préparations de clyfteres & quelquefois de faignées ; on ajoute à fa décoétion une petite quantité de fyrop des cinq ra- cines apéritives ; cette décotion eft encore excel- lente dans les coliques hépatiques, qui procedent d'une obftruétion à l’orifice de la véficule du fel ; on en prend un verre de deux en deux heures ; enfin on ordonne utilement la même racine, mêlée avec le baume de copahu dans la gonorrhée après les aus tres remedes convenables. Sa dofe eft jufqu’à demi-drachme en fubftance, & demi-onçce en infufñon ; il n’en faut pas donner üne pe) DDDddd ji 036 PAR | trop grände dofe, parce qu’elle exciteroit de l’at- déut dans les reins, & pourroit y caufer de l’inflam- mation. Geoffroi parle d’une autre éfpece de pareira, quil nomme busia blanc; c'eft la pareiræ fpecies fecunda de Lockn. Sched. 32. On reçoit aufli cette efpece de parara du Bréfil ; c’eft une racine düre, couverte d’une écorce plus molle que la précédente , fpon- gieufe ; de couleur de chair , ligneufe intérieure ment ; jaune comme la reglifle, d’un goût un peu “amet ; {es vertus paflent pour être les mêmes , mais plus foible que celle du butua brun, MrAmelot, confeiller d'état , eft le'premier qui aït apporté la pereira en France au retour de {on ambaflade de Portugal en 1688 , comme M. Nicot, ambaffadeui dans le même royaume , fut le premier qui nous envoya le tabac, plante fétide & ammo- miacale ; qui n’a eu qué trop de fuccès. ( D. J.) PARELLE , ( Boran.) voyez PATIENCE, Bor. PARÉLIE, {. m.voyez PARHÉLIE. PAREMBOLE,, f. £. (Rhétorig.) mapeufonn, figure de rhétorique, dans laquelle l’idée qui a du rapport au fujet eft inférée au milieu de la période. Toute la différence qu'il y a entre la parembole &c la paren- thèfe-, felon Vofhus y Rheror.l, V pi 334. eft que la premuere fe rapporte au-fujet dont on parle, & que la dermere lui eft étrangere, Virgile nous fournira unexemple de ces deux figures , favoir 1° de la pa- rembole dans ces deux vers : Æneas (neque enim parrius confiflere mentem Paffus amor) rapidum ad naves premitrit Acharem. & 2° de [a parenthèfe dans ceux-ci. Tpfique fuos jam morte fub gré (D meliora piis, erroremque hoftibus illum) Difciffos undis laniabant dentibus artus. (2.3) … PAREMENT, fm. (Archr.) c’eft ce qui paraît d’une pierre où d’un mur au-dehors , & qui, felon La qualité des ouvrages, peut être layé , traverfé & poli au grès. Les anciens, pour conferver les arrêtes des pierres , les pofoient à paremens brurs , & les re- tailloient enfuite fur le tas: Parement d'appui, on nomme ainfi les pierres à deux paremens , qui font entre les alleges & qui for- ment Pappui d'une croifée , particulierement quand elle eft vuide dans lembrafure. Parement de couverture, nom qu’on donne aux pl- tres qu'on met contre les goutieres , pour foutenir le battelement des fuites d’une couverture. Parement de menuiferie, c’eft ce qui paroît exté- rieurement d’un ouvrage de menuiferie , avec cadres &t panneaux , comme d’un lambris , d’une embrafure, d’un revêtement, &c. la plüpart de portes, suichets, _ de croifées, éc. font à deux paremens, Il y a des aflemblages , tels que les parquets qui font arrafés en leur parement. Parement de pavé, c’eft V’affiette uniforme du pavé, fans boffes ni flaches. Daviler. ( D. J.) PAREMENT , ( Coupe des pierres. ) eft la furface de la pierre qui doit paroïtre après qu’elle eft mife en place. C’eft la doële dans les voûtes, & la doële & un joint de tête dans les platebandes & arcades. Le délit ou lit de pierre ne doit jamais être en parement; c’eft une Le lorfque l’on en trouve. (D) PAREMENT, Î.m. ( Manufaët. ) les Mufquiniers ou Tifferans nomment ainf une forte de colle faite d’eau & de farine , dont ils enduifent les chaînes de leurs toiles lorfqu’elles font montées fur le métier, ce qu’ils appellent Zes parer. Ce terme n’eft guere en ufage que dans la Picardie ; ailleurs on dit fimple- ment coller la chaîne. PAREMENS, ( Comm. de bois ou triques de fagots, ) c’eftune exploitation de bois de chauffage ; çe font les plus gros morceaux de bois dont les buchérons ont coutume de parer les fagots qu’ils font , d’où leur eft venu leur nom. des . PAREMENS , en cerme de Marchands de mode , font à proprement parler, les garnitures dont on décore le devañt des robes & des jupons, foit en falbalas, {oit en coquille. Voyez FALBALAS & CoQUILLE. * PAREMENT, VOLANT , ex terme de Marchand de mode | bandes d’étoffes, de réfeaux d’or ou d'argent, attachées feulement parunbord, & qui fe jouent fur V’habit au gré des vents & aux moindres mouvemens de [a perfonne, PAREMENT , £erme de Roriffeur, c’eft la graïfle qui eft autour de la panfe d’un agneau , &c qu’on étend proprement fur les quartiers de derriere pour leur donner plus de race. (D. 7. PAREMENT , ( Tailleur. ) c’eft l'extrémité de la manche, qui eft repliée fur fa manche même. PAREMENT , serme de Fanconnerie Gde Vénérie, ce mot er fauconnerie {e dit des mailles & de la diver- fité des couleurs. En véxérie, on appelle parement de cerf une chair rouge, qui vient par-deffus la venaifon du cerf des deux côtés du corps. ( D. J. PAREMPHIS , (Géog. anc.) ville d'Egypte, felon Etienne le Géographe ; elle eft connue par une mé- dalle, qui fe trouve dans le tréfor de Golzius. PARENCHIME , f. m. er Anatomie, c'eft une ef- pece particuliere de fubftance différente de la chair, dont on fuppofoit anciennement que plufieurs pat- ties du corps, comme le cœur, les poumons, le foie , la rate, les reins, x. étoient formées. 7 oyez CHAIR, Il eft ainfi appellé du SEC Tapey qu, effufion ,c’eft a-dire engendré par colleétion ou condenfation de fucs. Erafiftrate eft le premier qui fe foit feryi de ce nom , S’imaginant que la fubftance de ces parties n'étoit pas vafculaire comme le refte , mais compo- fée d’une mafle ou d’un coagulum de fang, en ftagna- tion dans les vaifleaux de ces parties. Mais les mo dernes rejettent cette opinion ; les obferyations faites par le moyen des microfcopes & des injec- tions 6c, fufant voir que le cœur eft un vrai mufcle, Foyez Cœur; les poumons & larate, deserappes de vefcules inembraneufes & de vaiffleaux. 7’oyæ POUMONS 6 RATE ; le foie & les reins, des amas de glandes , à-travers lefquelles la bile & lurine fe filtrent. Voyez Fore G& Rens. PARENCHIME DE PLANTES, le do&teur Grew donne ce nom à la moëlle ou poulpe, ou à cette par- tie intérieure de la plante, à-travers de laquelle on fuppofe que le fuc eft diffribué. Foyez PLANTE, MOELLE , &c, Quand on le voit avec un microfcope, il reflem- ble à la moëlle, ou plutôt à une éponge; c’eft une fubffance poreufe, fléxible & capable de dilatation. Voyez MEDULILA , MOELLE. Ses pores font fans nombre & extrèmement pe- tits ; 1ls reçoivent autant d’humeurs qu'il en faut pour les remplir & les étendre :'on fuppofe que c’eft cette difpoñition de pores qui prépare la plante à la végétation & à l’accroiïflement. Woyez VÉGETA- TION. Le parenchime eft blanc d’abord , mais 1l change de couleur à proportion que la racine devient plus épaifle ; ainfi 1l devient jaune dans la racine de la parelle , &c rouge dans celle de la biftorte. Voyez PLANTE. PARENÈSE,, f. £. ( Théologie. ) exhortations à la piété. Baillet divife les difcours religieux en paréné- tiques , afcétiques & myftiques. PARÉNÉTIQUES , adj. fait de parenèfe. Voyez ce MO. PARENETA, ( Géog. anc. ) contrée d'Arménie ; aupays des Chalybes , ou dans celui des Moflyne- ces ; c’eft Strabon qui en parle, Z. II. p.529. PARENSANE, f £ (Marine.) faire la parenfane: les levantins difent faire la parenfune | pour dire res- gre les ancres , les voiles 6 les manœuvres er état de faire ROLE ONE ON | PARENT , £ m. (Gremm.) c'eft un nom qui dé- figne l'union par le fang. Voyez PARENTAGE, PA- RENTÉ , Gt. À | PARENTAGE , £ mm. (Lang. franç.) nom eollec- tif qui fe dit de tous les parens enfemble , & qui fignifie quelquefois feulement loysgine : ce mot étoit fort en ufage du tems de Malherbe ; mais il a vieilli en profe , & s’eft confervé dans les vers où il ef. bien plus poétique que celui de parenté. Yoyez Pa- RENTE. PARENS, (Critiq. fac.) te mot fe prend dans l'Ecriture pour pere & mere, ancêtres , & pour tout degré de confanguinité ; ajoutez qu'être fans parens, ou fans pere &c fans mere, fignifie dans lEcriture ne les pas connoître. Melchifédec eft dit être fans pere & mere, parce que la famille ne fe trouve pas dans les généalogies des livres facrés. | PARENTALES , LES, (Zirtérar. ) les parentales étoient certaines folemnités & banquets que les an- ciens faifoient aux obféques de leurs parens &amis. L’on voit encore quelque refflemblance de ces céré- monies dans nos anniverfaires, (D. J. PARENTÉ, £ £. (Jurifprud.) eft le rapport qui eft entre les perfonnes qui font unies par les liens du fang , comme Vaffinité eft le rapport qui eft entre deux familles différentes qui font unies par un ma- riage. Toute parenté vient de la naiffance, & dérive de ce que les perfonnnes defcendent d’ure même fou che. Mais 1l faut obferver qu'il n’y à que ceux qui font nés d’un mariage lépitime, qui foient parens de la famille de leuts pere & mere ; car les bâtards n’ont point de parens, fice n’eft leurs enfans nés en léoiti- me mariage ; & à l’exception de ceux-ci , perfonne ne leur fuccede, & ils ne fuccedent à perfonne,, On diftingue trois fortes de parens, favoir les af= cendans , les defcendans & les collatéraux. Les afcendans font les pere ; mère, ayeul & ayeu- le, & autres plus éloignés en remontant, Les defcendans font ceux qui font iflus des mêmes afcendans. Les collatéraux font ceux qui defcendent d’une fouche commune , mais non pas des mêmes peres & meres ; tels font les freres & {œurs, les coufins, lon- cle & le neveu, &c. Les degrés de parenté font l’éloishement qu'il y a d'une génération à l’autre: pour les compter, on fuit la ligne ou fuite des perfonnes dont on veut con- noitre la proximité. ; La parenté entre les afcendans & les defcendans , fe compte fuivant l’ordre de la ligne direëte afcen- dante &c defcendante; & la parenté des collatéraux fe compte de même dans la ligne collatérale: de ma- mere que chaque perfonne, où génération, fait un degré. Aïnfi le pere & le fils ne font éloignés que d’un degré , le petit-fils eft éloigné de fon ayeul de deux degrés; on ne compte pour celui-ci que deux degrés, quoiqu'il y ait trois perfonnes , parce que de layeul au petit-fils il n’y a que deux générations, favoir le fils &c le petit-fils : on ne compte pas l’ayeul, parce qu'il ne s’agit pas en ce cas de fa génération. Les degrés de parenté en collatérale {e comptent de même par génération, en remontant à la fouche commune que l’on ne compte pas. , Ainf pour trouver le deoré de parenté entre deux coufins germains, il faut remonter à l'ayeul; & com- "PAR 037 | meil y à entre lui & ces deux coufins quatte géné- rations, deux d’un côté & deux de l’autre, favoir les deux fils & les deux petits-fils, qui font coufins ger- mains, 1l fe trouve que ces deux coufins font parens au quâtrieme degré. . Cette maniere de compter les degrés päf généra- tons, a lieu pour la ligne direëte , tant par le droit civil, que par le droif canon ; mais en collatérale elle n’eft obfervée que fuivant lé droit civil. Suivant lé droit canon, en collatérale, il faut deux perlonnes éngendrées pour faire un deoré, c’eft-à- dire que Pon ñe compte les degrés que d’un côté; de maniere que deux collatéraux font paréns entr'eux au même degré, qu'ils font éloignés de la fouche commune; 6 fi Pun des deux en eît plus éloigné que l’autre, c’eft cet éloignement où le premief fe trouve de la fouche commune , qui forme le degré de pa- renté ehtre eux, fuivant la regle vulgaire, femozior trahit ad fe proximioren. En France, on compte les degrés de parenté fui- vant le droit canon, pour les mariages & pour les ré- cufations des juges. | Pour ce qu eft des fucceffions, on ne fucceoit fuivant le droit romain, que jufqiu’au dixième degré de parenté, L'article 41 des placités de Normandie, porte que l’on ne fuccede point dans cette province que jufqu’au feptième degré inclufivement ; mais fui- vant le droit commun, obfervé en France, on fuc- cede à infini, tant en direëte, que collatétale, tant que l’on peut prouver fa parenté; quand même on n’en prouveroit pas précifément le desré, le fc ne fuccede qu’au défaut de tous les parens. Le mariage eft défendu entre les afcendans & les defcendans jufqu'à l'infini. Il eft également défendu entre les collateraux qui fé tiennent lieu entre eux d’afcendans & de defcén- dans , comme l’oncle & la niéce, la tante &le ne- veu, Ge, À l’égard des autres collatéraux qui n’ont point entre eux cette reffemblance de la ligne direéte , le ._ mariage eft défeñdu jufqu’au quatrieme degré cano- nique inclufivement, c’eft-à-dire qu’il eft défendu juf. que 6 compris les petits-fils des coufins germains. L'alliance fpirituelle qui procede de Padminiftra- tion, Ou réception du facrement de baptême, ou de celui de confirmation, formeaufiune efpece de pa- renté où affinité, dont les degrés fe comptent de mê- me que ceux de la parenté qui vient des liens du fang. Voyez EMPÊCHEMENT € MARIAGE. | La parenté fait auf un empêchement pour être pourvu d’uneicharge de judicature dans un tribunal où l’on a quelque parent au degré marqué par lor- donnance ; ces degrés fe comptent fuivant le droit civil. LE L’édit du mois d'Août 1669, porte défenfe à ceux qui font parens au premier, fecond &c troifieme de- grés, quifont le pere &êcle fils, les freres, l'oncle & le neveu, & à ceux qui font alliés jufqu’at fecond degré, qui font le beau-pere & le gendre, & les deux beaux-freres, d’être reçus à exercer conjoin- tement aucun office, foit dans les cours fouveraines, u fieges inférieurs, à peine de nullité des provi- lions , &t des réceptions qui feroient faites , & de la perte des offices. Le même édit fait défenfe aux officiers titulaires, reçus &t fervant actuellement dans les cours & fie- ges , de contratter alliance au premier degré de beau- pere &c de gendre ; autrement, & en cas de contra- vention , l’édit déclare l’office du dernier reçu va- cant au profit du roi. On peut obtenir du roï des difpenfes de parenté, à leffet d’être reçu officier dans un tribunal où lon a des parens ou alliés au degré de l’ordonnane; mais en çe ças la voix des parens & alliés, jufqu’au deu- 938 P AR, xieme degré de parenté, ne font compris que pour une, à moins qu'ils ne foient d'avis différent. Voyez Dédit du mois'de Janvier 1681 , la déclaration du 25 Août 1708, celle di 3° Septembre 172000 | Par rapport aux évocations pour caufe de parenté & alliance, voyez le mot EVOCATION. (4) PARENTHESE , {. f. on donne le nom de parer thefe à une propofition ifolée, qui eft inférée dans une autre dont elle interrompt la fuite, voyez HYPER- BATE, 2°, 3. Je fapporterai ici un trait de l’oraifon funebre de Henri de Bourbon, prince de Condé, part. III. par le P. Bourdaloue: on y verra une pa- renthefe courte, vive, utile, & tenant au fond de la matiere, quoique détachée de la confütution mécha- nique à analytique du difcours principal où elle eft inférée. On ne doit fe les permettre que de la même maniere. » C’étoit, di l’orateur, un homme folide, » dont toutes les vües alloïent au bien, qui ne fe # cherchoïit point lui-même, &c qui fe feroit fait un » crime d’envifaser dans les déiordres de l’état {a » confidération particuliere (maxime fi ordinaire » aux grands ); qui ne vouloit entrer dans les affai- » res que pour les finir, dans les mouvemens de di- » vifñon & de difcorde que pour les calmer, dans » les intrigues &c les cabales de la cour que pour les # difliper ». | On donne encore le nom de parenthefe aux deux crochets dont on fe fert pour marquer la phrafe in- tervenue dans le difcours principal, tels qu’on les voit avant & après les mots ci-deflus (axe fr or- dinaire aux grands). Le premier crochet fe nomme la parenthefe ouverte, le fecond,, la parenthefe fermée, B.E.R M, PARENTIUM, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans l’Hftrie. Ptolomée , Z. III. c.7. la place entre Pem- bouchure du fleuve Formion &c la ville de Pola. Elle a confervé fon ancien nom, car on la nomme aujour- d’hui Parenzo. PARENZO , (Géog. mod.) en latin Parentium; pe- tite ville d'Italie dans l’Iftrie , fur Le golfe de Venife, avec un évêché fuffragant d’Aqulée, à 24 lieues E, de Venife. Elle fe foumit aux Vénitiens en 1267. Long. 21. 81. lat, 45. 23. PARÉORON, (Arr. grecq.) et pHCpOY 3 c’eft ainfi que les Grecs nommoïent le troïfieme cheval de re- lais, deftiné pour être joint à un des autres attelés au char, au cas que dans leurs jeux, un de ces deux che- vaux d’attelage vint à être tué. Il eft fingulier de voir la langue grecque annoblie par des termes recher- chés, pour défigner jufqu’aux chevaux de courfe &z de relais qu'ils faifoient paroitre dans leurs jeux. (D.J.) PARER, v. a@. ( Grarmm. ) C'eft embellir la chofe par des ornemens, Ou par une maniere avantageufe de la préfentér. On pare une églife. On pare fa mar- chandife. Les femmes en fe parant rendent bien aux hommes Fhommage qu’elles en obtiennent. Tout le tems donné à la toilette eft perdu pour celle que la nature n’a pas parée. La terre fe pare au printems. On dit auf fe parer d’une vertu qu'on n’a pas, ce quieft pis peut-être que de fe parer d'un vice qu’on a. Le pre- nier eftunhypocrité qui en impofe ; le fecond eft un libertin dont la dépravation des mœurs a pañlé juf- qu’au jugement, & qui fait horreur ou pitié. Voyez aux articles fuivans quelques autres acceptions du même 7206, Parer uN CAP, ( Marine. ) c’eft-à-dire , doubler. un cap, pañler au-delà , & le laïfler à côté. Nous fu- mes trois jours à parer le cap. Voyez DOUBLER. Parer quelque chofe, c’eft la débarraffer & fe met- tre en état de s’en fervir. Pare le cabeftan. Pare une barrique de vin pour faire du breuvage. Parer un çable , c’eft mettre un cable en état de s'en fervir, PAR Parer une ancre, c’eft mettre une ancre en état de s’en fervir, c’eflà-dire ; qu’on la débarraflée ; &c qu’elle eft prête pour la mouiller, ( Z PARER, ( Manufaüur. ) Ce mot {e dit de quelques préparations que l’on donne à certaines marchandi- fes, pour les rendre plus éclatantes, où pour les dif pofer à faire un meilleur fervice. Les Bonnetiers pz- rent leurs bas, les Marchands & Manufa@turiers leurs marchandifes, par des eaux qu'ils leur donnent , où par la maniere de les preffer, comme aux tabis, aux taffetas , aux camelots , aux callemandres, &c, PARER, ex terme de Boutonnier , c’eft l’a@ion de donner la derniere main à un bouton avec le paroir, pour le rendre plus parfait. Voyez PAROIR. PARER, rerme de Corroyeur , Peauffier & Parchemi- nier , qui fignifie gratter & ratifler la fuperfcie des cuirs ou peaux avec la lunette, ou quelqu’autre inf trument d'acier tranchant, & en ôter Le fuperflu pour les rendre plus belles, plusumes , & d’une meilleure vente. Voyez LUNETTE. Les cuirs &c les peaux fe parens pour l'ordinaire du côté de la chair; c’eft dans ce fens qu’on dit : un cuit paré. Voyez nos Planches du Corroyeur, qui repre- fentent un ouvrier qui pare un cuir avec la lunette. PARER, ( Æfcrime. ) c’eft détourner avec fon épée celle de l'ennemi, de maniere que Peftocade qu'il porte ne nous touche point. PARER, cerme de Marchands de liqueurs. Ce mot{e dit de quelques liqueurs, particulierement des cidres & des poirés ; c’eft leur ôter le goût douçâtre qu’elles ont naturellement , & leur en donner un qui appro- che davantage de celui du vin. Quelques-uns fe {er- vent pour cela de Peau-de-vie. PARER, en termes de Maréchal , c’eft couper les ongles ou la corne d’un cheval avec un boutoir ow paroir , pour rendre la fole unie & propre à être fer- rée. Bien parer. Parer le pié fans rencontrer le vif. Le parer eft un arrêt relevé du cheval de manege, Ainf on dit un beau parer , pour direun bel arrêt bien rele- vé, & fur leshanches. PARER , terme de Relieurs. Les Relieuts de livres appellent parer une couverture de veau ou d’un au- tre cuir, en enlevant avec un tranchoir, qu'ils nom- ment couteau a parer , Ce qu'il y a detrop épais fur les bords du cuir, afin qu’ils fe collent plus facilement fur le carton. On pare la couverture fur un marbre’ ou pierre de liais, après que la peau a èté mouillée, ratiflée & coupée. (2. PARERE, { m. dans le Commerce, terme italien ui commence à être adopté. Il fignifie avis ou con- {eil d’un marchand ou négociant ; parce que quand on confulte un marchand fur quelque matiere , il donne fa réponfe en italien avec un wi-pare , c’eft-à- dire , je penfe, 1l me femble, La maniere de négocier, fur-tout la méthode des billets de change , étant empruntée des Italiens, la plû- part des villes marchandes , & particulierement Lyon, retiennent Pufage des pareres ; ce font les avis &c opinions des Marchands ou Négocians, qui font foi comme les aétes par-devant Notaires, quand ils font donnés par autorité du juge confervateur , ou furune confultation particuliere , pour maintenir le droit de celui qui confulte. M. Savary a donné un excellent traité, intitulé, parere, ou avis & confeils fur les plus importantes matieres du Commerce ; contenant la folution de la plüpart des queftions difficiles relatives aux banque- routes & faillites , billets de change , billets à ordre fans date ou expreflion de valeur , blancs-fignés, re- nouvellement de billets de change , tout celatiré ou accepté par les femmes au nomde leurs maris, OU en labfence du tireur, &c. les différentes fociétés, la. compétence des juges & confuls, enfemble plu- fieurs arrêts des parlemens, rendus en conformité: PAR des pareres donnés far toutes ces fortes de queftions, . - M. Savary des Brulons, fon fils, & auteur de la plus grande partie du Diétionnaire de Commerce, a donné en 1713 une nouvelle édition de cet ouvrage avec trente-neuf pareres nouveaux fur diverfes quef- tions. Voyez le Didlionnaire de Commerce, au mors PARERE MS PARERGA , f. m. ( Archireël. ) c’eft un terme dont on fe fert quelquefois en Architecture , pour fignifier des additions ou fupplémens faits à l'ouvrage princi- pal , quilui fervent d'ornement, On s’en fert aufi quelquefois en Peinture, pour exprimer de petits morceaux ou compartimens, pla- cés fur les côtés ou dans les angles du tableau prin- cipal. DARERMENEUTES ouFAUX INTERPRETES, f. m. pl. ( Théo. ) hérétiques qui s’éleverent dans le feptieme fiecle , & qui interprétoient Ecriture {e- lon leur fens , fe moquant de l’explication de l’Eglife & des dofteurs orthodoxes. S. Jeur de Damas, voyez Praréole, Sandere, her. 127. PARESSE , {. £ ( Morale.) nonchalance qui em- pêche Fhomme de travailler, de vaquer à fes affai- res , & de remplir fes devoirs. . Un poëte anglois a peint cette reine du monde comme une indolente divinité : À carelefs deity No probleme puzzle his lethargick brain : But dull oblivion guards his peaceful bed , And layy fogs bedew his gracious head. Thus at full length, the parmper d monarch lay, Fatsning in cafe, and flumb’rins life away. De tous nos défauts, celui dont nous tombons le plus aïfément d’accord, c’eft de la pareffe ; parce que nous nous perfuadons qu’elle tient à routes les ver- tus paiñbles ; & que, fans détruire les autres, elle en fufpend feulement les fonions. De-là vient qu'elle regne fouverainement dans ce qu’on appelle ‘le Peau monde ; & fi quelquefois on trouble fon em- pire, c’eft plutôt pour chaffer l'ennui, que par goût pour l'occupation. : | 38. L’efprit contraéte auffi facilement l'habitude de la pareffe que Le corps. Un homme quine va jamais qu’en voiture, eft bien-tôt hors d’état de fe fervir de fes jambes, Comme 1l faut lui donner la main pour qu'il marche , de même 1l faut aider l’autre à penfer, & même l’y forcer ; fans cela, l’homme craignant Pap- plication , foupire vainement après la fcience qui eft pour lui une plante fucculente , mais dont il n’a pas le courage d'exprimer le fuc. L’efprit ne devient ac- tif que par l’exercice ; s'il sy porte avec ardeur , dl trouve celui des forces & des reflources, qu’il ne connoïfioit pas auparavant. Au furplus la pareffé de Pefprit & du corps, eff un Vice que les hommes furmontent bien quelquefois , mais qu'ils n’étouffent jamais. Peut-être eft-ce un bonheur pour la fociété que ce vice ne puifle pas être déracine. Bien des gens croient que lui feul a empé- ché plus de mauvaifes aétions, que toutes les vertus réunies enfemble. (D. J. ) PARESSE, FAINÉANTISE, ( Syron. ) La pareffe eft un moindre vice que la fzinéantife. Celle-là femble avoir la fource dans le tempérament, & celle-ci dans le carattere de l’ame, La prenuere s'applique à Pac- tion de lefprit comme à celle du corps; la feconde ne convient qu'a cette derniere forte d’aétion. Le pa- refleux craint la peine & la fatigue, 1l eft lent dans fes opérations , & fait traîner l'ouvrage. Le fainéant aime à être defœuvré, 1l hait loccupation, &c fuit Le travail, Girard. ( D. J.) PARESSEUX , adj. ( Gramm. ) qui ne fe porte qu’à regret à Templi fes devoirs. On ditauffi un ven- ve F PAR 939 tré pareffeux , une nature pareffeufe, Voÿez ariche PARESSE, … PARESSEUX, sardigradus , {. mn. ( Hiff. nat. Zoo: log.) PL IV. fig. 3. & PL V. fis. 2. animal quadru» pede , long d'environ deux piés ; il a la queue très courte, les jambes de devant plus longues que celles de derriere, & feulement trois doigts à chaque pié, avec des ongles forts ë un peu recourbés. Le poileft fort épais, varié de brun & de blanc , & entierement blanc fur la face de cet animal. Les oreilles n’ont point de conque , on ne voit à extérieur que l'ori- fice du canal auditif. Il n’a ni dents incifives, ni ca» nines , mais feulement des molaires. Le parefleux {e trouve au Brefl, dans la Guyane, & aux Indes orien- tales. Il y a dans l'ile de Ceylan un autre animal au quel on a auffi donné le nom de pareffeux : il n’a que deux doigts aux piés de devant, & trois à ceux de derriere ; fes oreilles font plates & appliquées contre la tête ; le poil eft épais & de couleur incarnate fon- cée par-deflus le dos, & d’un cendré clair par-def: fous.le ventre : cet animal n’a point de queue, Regn arim.par M.Briflon. Pifon rapporte que le pareffeux marche fi lente: ment, qu’en quinze jours entiers à-peine pourroit-il aller auffi loin que l’on pourroit jetter une pierre. Il met environ deux jours à monter fur un arbre , ou à defcendre; on ne peut hâter fa démarche ni par des menaces , m1 par des coups de fouet ou de bâton. Le mufeau de cet animal eft toujours {ale & couvert de falive ; 1l fe traine fur {on ventre fans jamais s’éles ver fur fes jambes ; il faifit fortement avec fes ongles , & 1l dort fufpendu aux arbres ; on le trouve Otdinai= rement fur leur fommet ; il vit de feuilles fans boire. Hiff. nat. Guhelmi Pifonis, LB. V, chap. xxüj. ( 1) PARESSEUX , ( Maréchallerie. ) un cheval pareffeux, eft celui qui ralentit toujours fon allure, & qu'il faut avertir inceflamment, PARETONIUM , ( Æif£, nar. ) nom donné par les anciens naturaliftes à une argille très-blanche, lifle & pefante, douce au toucher, friable ou facile à écrafer entre les doigts , fans les colorer; elle ne s’at- tache que légerement à la langue, & fe difout aïfé- ment dans la bouche ; elle et fort vifqueufe lorf- qu’elle a été mouillée. Il fe trouve de la terre de cette efpece en Angleterre, dans la principauté de Galles, ainfi qu’en Normandie, Elle feroit très-pro- pre à faire de la porcelaine. Voyez Emmanuel Men: dez d’Acofta , satural hiflory of foffils. Pline a cru que cette fubftance fe formoit de Pé- cume de la mer congelée & devenue folide , parce qu’on la trouvoit fur les rivages d'Egypte, &c de l’île de Crete. Il y a lieu de croire que lamer en baignant des couches de cette terre, la porte fur ces côtes. PARETUVIER , { m. ( Bosan, exo.) c’eft uñ des principaux arbres qui naiflent communément dans les Indes occidentales. On Le trouve par-tout dans les îles de l'Amérique, 8 même dans la terre- ferme. Il croït dans les lieux marécageux, fur le ri- vage de lamer, & le long des rivieres & des tor- rens qui entrent dans la mer. La principale efpece eff le parétuvier noiït , que les Indiens appellent gu4- paraiba, nom que Pifon lui a confervé. Cet arbre s’éleve à vingt piés de hauteur; {es feuilles font fem- blables aux grandes feuilles du poirier, mais plus longues & plus épaïfles. Ses fleurs font petites, con- tenues dans des calices oblongs ; il leur fuccede, après qu’elles font tombées des filiques reflemblan- tes en-dehors,, au bâton de cafle, mais plus courtes, de couleur obfcure , remplies d’une pulpe blanche, femblable à fa moëlle des os, 8&c d’un goût amer. Les rameaux de cet arbre, après s'être élevés, fe courbent jufqu’à terre , où 1ls prennent racine, s’en lacent les unes dans les autres, fe foutiennent, & occupent un grand terrein, (D, J.) 940 P A R PAREUR DE CORDES, rerme de Riviere, officier ‘qui fert à empêcher que la corde ne s'arrête lorfque le bateau monte. Il y en a un pour cette fonéhon au port de la Conférence. PARFAIRE, v. aét. rendre parfait, mettre la derniere main, achever, compléter, 6’, parfaire un ouvrage, c’eitn’y rien laifler à defirer; parfaire ‘une fomme , c’eit y ajouter ce qui y manque pour un achat, un rembourfement, un acquêt, &c. par- faire le procès de quelqu'un, c’eft le conduire juf qu'au jugement définitif. | PARFAIT, adj. terme relatif 4 parfaire. Voyez ce verbe. Il fe dit des perfonnes & des chofes ; un homme feroit parfait, une chofe feroït parfaie, fi on ne leur remarquoit aucun défaut, & qu'ils euflent toutes les qualités poffibles , & au plus haut degré, Il ny a rien de parfait dans l’art. Il n’y a rien d’imparfait dans la nature ; tout ce qui eft néceflaire dans toutes fes parties eft parfars, L’impoflibilité d'atteindre à la perfedion, ne nous difpenfe pas dy viler. Voyez au mot parfaire, les autres acceptions de parfair. Voyez auffi les articles fuivans. PARFAIT, adj. quelquefois pris fubftantivement : on dit ex rérmes de Grammaire le prétérit parfait, ou fimplement le parfair : ainfi amavi, fai aimé, eft, dit-on, le parfait de l'indicatif; amaverim , que j’aye aimé , eft celui du fubjon&tif; aavifle, avoir aimé, eft celui de l’infinitif, On verra (article TEMPS ), que celui dont 1l s’agit ici, eft un prétérit indéfini , parce que faifant abfiraéion de toutes les époques, il peut être rapporté tantôt à l’une, &c tantôt à l’autre , {e- lon l’exigence des cas, Quant au nom de parfuis dont on Pa décoré, ce n’eft pas que les Grammairiens y ayent vu plus de perféttion que dans d’autres temps ; cen’a été que par oppofition avec le prétendu pré- térit que lon a appellé zmparfait ; parce que l’on y démêloit encore , quoique confufément , quelque chofe qui n’étoit point pañlé, mais préfent. Voyez PRÉTÉRIT. ( B.E. R. M.) PARFAIT , NOMBRE, ( Arithmetique. ) les Arith= méticiens appellent zorbre parfait , celui dont les parties alhiquotes ajoutées enfemble , font le même nombre dont elles font les parties : ainfi 6 ou 28 font des nombres parfairs | parce que 1,2, & 3, qui font les parties aliquotes du premier, font 6, & que r, 2, 4,7, & 14, qui font celles de 28, font aufli 28. PARFAIT , ( Critique facrée.) reel ce mot eft aflez commun dans le nouveau-Teftament ; il figni- fie les Chrétiens qui réunifloient la foi, la lumiere, êt les Bonnes œuvres. Parfait , réncioc, dit Clément d'Aléxandrie ; eft un terme qu’il ne faut pas étendre à tous égards : on ef parfait dans une vertu, mais non pas en toutes au même degré ; la nature humaine ne comporte pas cette forte de perfection. ( D. J.) PARFAIT, serme de Phyfiologie, quelques écri- vains appellent aximaux parfaits | ceux qui font pro- duits par une génération univoque , pour les diftin- guer des infeétes, que ces auteurs prétendent être produits par une génération équivoque. Voyez GÉ- NÉRATION , UNIVOQUE , EÉQUIVOQUE, Etc. PARFAIT , fe dit aufli d’une maladie : il fgnife le mème que comples 8 1otal ; ainfi on dit apopléxie parfaire. | PARFAIT, 62 Mufique, marque ce qui remplit & fatisfait lorealle & Pefprit. C’eft dans ce fens, qu'on dit accord parfait, cadence parfaire, Voyez Ac- CORD, CADENCE, 6%, Nos anciens mufciens divifoient le tems ou le mode par rapport à lamefure, en parfaie &t impar- fait; êt, prétendant que le nombre ternaire étoit plus parfart, que le binaire , ils appelloient ses ou anodes parfaits, ceux dont la mefure étoit à trois tems; te qu'ils marquôient par un © plein, où barré, O. Le tems ou mode imparfait, formoit une mefure à deux tems , & ils le marquoient pat un O coupé où un € de cette maniere € où C. Voyez Tems, Mons, MESURE, PROLATION , VALEUR DES NOTES , 6c. (S) | PARFAIT CONTENTEMENT , ferme de Metteur-en= œuvre, eft le nom que l’on donne à un très-orand nœuf bouffant de diamant que les dames portent fur Peftomac au haut des pieces de corps. PARFILER , v. aét. c’eft dépecer des morceaux d’étoffes riches , brin à brin, féparer lafoie de l'or & de argent , rejetter la foie & remplif du fl d’or ‘& d'argent la boite à parfiler. On parfile auf des morceaux d’étoffes en foie, fans dorure ; c’eff les décompofer , féparer les brins de la trame & de la chaine , & en remplir la boîte à parfiler. On vend la parfilure d’or ; on fait des jupons, des manteaux de lit ouettés & piqués de la parfilure en foie. PARFILURE , £ £. ( Paflementerie. fe dit de tous les endroits de l'ouvrage où fe forment les contours des figures du deffein , tant en-dedans qw’en-dehors, & qui font exprimés par les points noirs & blancs du deffein. Pour entendre ceci, il faut voir ce qui Eff dit ax mor PAS, fur les croïfées de la chaîne ; quel- le que foit une quantité des rames qui levent, elle eft toujours terminée aux deux extrémités par un ou plufieurs points blancs ou laïflés , qui en font la terminaifon , de même à chaque marche; c’eft cette - oppoñtion des pris &c des laïflés, qui eft appellée parflure. Suppotons pour plus de clarté, que les points 1,2,3,8,9, 10, rempliflent une ligne, le- vent, les points 4, 5,6, 7, neleveront pas cette ligne, fuppofée en prenuere marche ; venons à la fe: conde : les points 1,2; 5,6,9,10, levent, les points blancs 3,4, 7,8 , ne levant pas, font pur- filure entre eux, & les points noirs qui les touchent, & forment ainfi la parfilure , ainf des autres. Pour tout dire, en un mot, un point noir ou pris eft par- filure d'un point blanc ou laïffé qui le fuit, de même qu’un laits eft parfilure d'un pris qui le fuit, PARFONDRE , ( Peinture. ) ce terme de pein- ture en émail fignifie faire fondre également, Les couleurs que Pon applique fur émail &furle verre, doivent fe parfondre , c’eft-à-dire fe mélanger, s’u- nir également. (D. J.) | PARFOURNISSEMENT, f. m. ( Jurifprud. ) c’eft lorfque l’on acheve entierement de fournir quelque chofe dont on devoit livrer une certaine quantité, comme des deniers ,des grains, ou autre efpece. (4 PARFUM , £ m. ( Compofition de parfums.) la plû- part des parfums fe font avec le muic, l’ambre gris, la civette, le bois de rofe & de cedre, l'iris, la fleur d'orange , la rofe , le jafmin , la jonquilles, la tubé- reufe, & autres fleurs odorantes. On y fait encore entrer le ftorax., lencens , le benjoin,, le girofle, le macis, & autres femblables drogues, que l’on nomme communément des aromates. On compofe auffi des fachets parfumés avec des herbes aromati- ques, telles que peuvent être la lavande, la marjo- laine, la fauge, le thim , la farriette, lhyflope, &c, Autrefois les parfums où entroient le mufc, lam- bre gris, & la civette, étoient recherchés en France, mais 1ls font tombés de mode, depuis que ñ05 nerfs font devenus plus délicats. Parfin fe prend fouvent pour les corps mêmes d’où s’exhalent les parfums ; en ce fens , les meilleurs prfums fe tirent d’orient , L'éde pays chauds. ( D. J. ) PARFUM , ( Liréérar, ) les anciens regardoient les parfums non-feulement comme un hommage qu’on devoit aux dieux , mais encore comme un figne de leur préfence. Les dieux, fuivant la théologie des Poëtes, ne fe manifeftoient jamais fans annoncer leur apparition par une odeur d’ambroifie. Auf Hypolite PAR Hyppolite expirant, & entendant une voix qui [ui parloit (cétoit la voix de Diane fa protedrice ), s’écrie dans Euripide , & Ô divine odeur ! car j’ai fen- » ti, déefle immortelle, que c’étoit vous qui me » parliez ». On employoit aufli des parfums {ur les tombeaux pour honorer la mémoire des morts ; ainfi Antoine recommande de répandre fur fes cendres du vin, des herbes odoriférantes, & de mêler des parfums à lagréable odeur des rofes. Sparge mero cineres, 6: odoro perlue nardo Hofpes , & adde rofis balfama puniceis. . Anacréon avoit dit long-tems auparavant, ode 4, «à quoi bon répandre des eflences fur mon tom- » beau ? Pourquoi y faire des facrifices inutiles ; par- » fume-moi plutôt pendant que je fuis en vie; mets » des couronnes de rofes fur ma tête ». (D. J.) PARFUM , ( Critique facrée. ) l’ufage des parfums étoit recherché des Hébreux & des Orientaux. Moi- fe donne la compofition de deux efpeces de parfums, dont lun devoit être offert au feigneur fur l’autel d'or , & l’autre étoit deftiné à oindre le grand-prêtre & fes fils, de même que le tabernacle & tous les vales deftinés au fervice divin, La loi défendoit fous peine de la vie à quelque homme que ce fût, de fe fervir du, premier de ces parfums pour fon ufage. Il étoit compoié de hate, d’onix, de galbanum, & d’encens par égale portion; æqualis ponderis erurit omnia, Exod. xxx. 34. Le parfum d’onéion étoit fait de myrrhe, de cinnamome, de canne aromati- ue, de cafe, & d'olive, Exod. xxx. 31. Il étoit également défendu de Pemployer à d’autres ufages qu'à celui de fa deftination, & d’en faire pour foi, ou pour les autres. Voyez ONCTION HUILE d°.( Cri- tique facrée. ) Mais les Hébreux avoient d’autres parfums pour leurs ufages profanes, tels que ceux qui étoient dans les tréfors du roi Ezéchias ; offendir eis aromata & cellam odoramentorum , 6 unguenti oprimi , I. xxxix. 2. Judith fe parfuma pour paroître devant Holopher- ne. Le corps du roi Afa fut expofé fur un lit de pa- rade avec beaucoup de parfums : pofuerunt eum fuper Leéfum fuum plenum aromatibus 6 UREUENLTIS 12ere- cricis. Enfin, les Hébreux aimoient tellement les parfums , que c’étoit pour eux une grande mortifi- cation de s’en abftenir , & qu’ils neys’en privoient que dans des tems de calamités. Il paroît par l'Ecri- ture, que les hommes & les femmes en ufoient in- différemment. Les parfums qu’ils employoient pour embaumer leurs morts d’un rang éminent , étoient apparemment compoiés des mêmes drogues que ceux des Egyptiens, dont les Hébreux avoient pris Pufage des embaumemens. L’ufage des parfums pour les morts , fitnaitre aux vivans l’idée de les employer pour la fenfualité. Les femmes chez les Hébreux les prodiguoient fur elles en tems de noces ; c’eft ainfi que fe conduifit Ruth pour plaire à Boz, & Judith pour captiver les bonnes graces d’Holopherne. \ PARFUM, ez Médecine & en Pharmacie. Ces com- ofitions n’exhalent pas toujours une bonne odeur ; 1l y en a d’agréables & de defagréables. On les divife en parfums liquides & en parfums fecs. Les liquides font comme les eaux de fenteur, les caflolettes. Les fecs font comme les pañtilles, les baies de genievre qu’on fait brûler dans les cham- bres des malades, dans les hopitaux pour corriger le mauvais ar. On parfume les chambres avec l’eau de fleur d’o- range , Le vinaigre, Pefprit de fel ammoniac , l’efprit- de-vin mis dans une phiole à long col fur un ré- chaud, pour en répandre plus aïfément la vapeur. Parfum céphalique. Prenez ftÿrax calamite, ben- join , de chacun un gros & demi; gomme de genie- vre, encens, de chacun uñ gros; gérofle, canelle, Tome XI, PAR 041 de chacun deux fcrupules; feuilles de laurier , de fauge, de marjolaine, de romarin, de chacun de- mi-gros. Faites une poudre de tous ces ingrédiens que vous jetterez fur les charbons ardens, afin que le malade en reçoive la fumée par le nez. . On en peut faire de pareïls pour remplir d’autres indications , pour provoquer les regles, Ja faliva- tion , Gc. PARFUM, ( Tireurs d'or. ) on nomme de la forte une compoftion de divers ingrédiens, dont quel- ques tireurs d’or & d’argent fe fervent pour donner le fumage au fl d'argent, afin de le faire pafler pour fil d'or, ou fil furdoré; le parfum eft défendu par les réglemens. PARFUMÉ , adj. terme qui fe dit des chofes qui ont reçu l’impreflion de quelque parfum , Comme des gants parfumés , des peaux parfumées. Les Fran- çois tiroient autrefois d'Efpagne & d'Italie des peaux de boucs & de chevres toutes parfumées | dont ils fabriquoient des gants, des bourfes , des poches, & autres ouvrages femblables. À préfent on ne'peut plus les fouffiir à caufe de leur odeur trop violente 2: & on en fait aflez peu de cas. PARFUMER , v. aût. fe dit de l’achon par laquelle on donne Pimpreflion de quelque parfum à quelque corps capable de le recevoir, On parfume des peaux, des gants , de la poudre , de la pomade, des favon- nettes , des pâtes, paftilles, effences, &c. avec le mufc , ambre gris, la civette, @c. Les pays où on fait le mieux parfumer , font l'E£ pagne & l’Italie, PARFUMER UN VAISSEAU , ( Marine. ) c’eft faire brüler du goudron & du genievre, & jetter du vi- naigre entre les ponts d’un vaifleau ; les bâtimens & les hommes feront parfumés. (Q) PARFUMEUR , £ m. marchand & ouvrier tout enfemble , qui fait, vend, & employe toutes fortes de parfums, de la poudre pour les cheveux , des fa- vonnetes , de la pâte pour les mains, des pañtilles , eaux de fenteur, eflences , gants parfumés, fachets de fenteur , pots pourris, &c. Voyez tous ces mots a leur arricle. Le métier de Parfumeur étoit fort en yogue chez. les anciens grecs & les anciens romains. À Paris, les maîtres Gantiers compofent une com- munauté confidérable ; leurs anciens ftatuts font du mois d'Oétobre 1190, fous le regne de Philippe Augu- fte, confirmés depuis par le roi Jean, le 20 Décembre 1357, & encore le 27 Juillet 1582 fous Henri III. Les ftatuts dont la communauté fe {ert préféntement, ont été renouvellés, confirmés, & augmentés par Louis XIV. au mois de Mars 1656 , par lettres pa- tentes enregiftrées au parlement le 13 Mai fuivant. Par tous ces ftatuts, ordonnances, lettres patentes, Ge. les maitres font qualifiésmarchands maîtres Gan- tiers Parfumeurs. En qualité de gantiers, ils ont droit de vendre & de faire toutes fortes de gants & mitaines, de tous les cuirs qui fe peuvent commodément employer. » Comme parfumeurs , ils peuvent appliquer & met- tre fur les gants, &c débiter toutes fortes de parfums, & même vendre en détail des cuirs de toute efpece, peaux lavées, parfumées , blanches, & autres pro- pres à faire des gants. Suivant ces ftatuts , aucun ne peut être reçu mar- chand ganvier parfumeur , qu'après quatre ans d’ap- prentiflage , fervi les maîtres pendant trois autres en qualité de compagnon, & fait chef d’œuvre. Les fils de maîtres font exempts de ces formalités, leur fufffant de faire une légere expérience. La veuve d’un maître a droit detenir boutique, & de faire travailler tant qu’elle refte en viduité ; mais il ne lui eft pas permis de faire d’apprentif. À La tête de la communauté , il y a quatre maîtres EEE; Gtere 942 PAR Lie gardes jurés. prépotés pour temir Ja ain À Pexe- cution de fes regleméns, LA vaquer aux affaires qui la concernent, Châque juré demeure deux ans en charge; en forte quetous les ans les deux plus'ane ciens en’ doivent dortir pour faire place aux nou- veaux qui s'éhfent devantile procureur du foi au châtelet, par la plus grande &r faine partie de la com- munauté. Les maîtres Garriers-Parfumeurs ont leur confrainié dans Péglife{des Innocens : ftinte Anne .{ eft leurwpatrone. Oette confrairie fut établie 16 20 Juillet 1426, par lettres patentes données à Paris par Henii,, roi d'Angleterre, fe difantauflir6ideFrance, dansies troubles arrivés {ous le reone de Charles VIT _. Quant aux mftruméns dont les Parfumeurs e fer- vent Comme parfumeurs is n’en.ont pomt qui leur foient particuliers. Ienreft demême des termes dont ils font ufagé dans leurs opérations: c’éfltoujours compofer mélanger ; ainfs il eft'aifé de voir que céux-donf on a donné lexplicationdans cet article , leur appartiennent comme pantiers | 6 non comme “parfuneurss * | .… PARFUMOIR,, £L fn c'eftun petit coffre de bois garni à fon entrée d’une grille qui foutient en l’arr ce À qu'on veut parfumer. Âu:bas de ce coffreleit une petite ouverture ,-par laquelle on pañferune chanf -frette pleine-de feus, où Fon-met brüler les paitilles, Foyez nos Planches, : Luis PARGA,, ( Géog. mod.) ville des étatside Venife, für la côte d'Albame, vis-à-vis de Pile de Corfou, avec un port commode. Elle efthabitée par des Grecs & des Albanois, &r eft fituce fur un rocher. Long. Be lat. 13028, (DT) PARHELIE, {. m.(Phy/4. J'eltun faux foleilou météore, fous la forme dune clarté brillante ; qui paroit à côté dufoleil ,téc qui eft formétpar la ré flexion de fes rayons furunnuage/qui luieft oppofé d’une certaine mamere. Voyez MÉTÉORE. Cemot eft grec, compolé de repas, juxta, pto: | che, &tas, fol, doleil. ( | Les parhelies font ordinaurement accompagnés de couronnes ou cercles lumineux: leurs couleurs font femblables à celles de l’arc-en-ciel ; le-rouge 8° le jaune du côté qui regardele foleil, lé bleu &c le violet de l’autre côté. Foyey ARCG-EN2CIEL. ! 0 Néanmoins on-voit quelquefois des cercles en- tiers fans aucunparhelie, & des parhelies fans cercles: Leur figure n’eft pas auffi parfaitement ronde que celle du foleil ; on leurremarquefouventdes angles, ils ne brillent pas non plus tantque le foleil, quoi. que leur lumiere ne laifle-pas d’être quelquefois autfi grande que celle de cetaftre.Lorfqu'ilenparoît plu- fieurs à la fois , quelques-uns ont moins d'éclat, & font plus pâles que lesautres. | , - Garcæus:, dans {on livre des météores , a compilé une hiftoire exaéte des parhelies d’après tous les au- teurs qui en parlent; &t on voit par cette hiftoire que les parhelies font aflez communs. | M. de la Hire obferya à Paris en 1689 deux de ces parhelies , & M. Caflini autant en 1693. MM. Gray en 1700 , Halley en 1702, & Maraldi 1721 , ont décrit ceux qu'ils ont vus , & l’on pour- _roit énindiquer plufeurs autres. Les quatre parhe- lies que Scheiner vit à Rome , font d'autant plus re- marquables , que Defcartes & Huighens entrepri- rent d'en donner l'explication. Les feptfoleils qu’Hé- veus obferva à Danzic en 166% , doivent être re gardés comme un phénomene bien farprenant, Les parhelies font quelquefois doubles , #riples, &c. En l’année 1629.on: vit à Rome un parhélie. de cinq oleils ; &'en 1666 on en vitun autre de fix fo: leils à Arles. di . Les cercles des parhelies differenttänt en nombre qu'en grandeur :'ils «ont cépendantitous le même flametre, lequel eff égal audiametre-apparent-du PAR foleil. 11 fe trouve des cercles qui ont {e foleil dans deur centre: cès cercles font colorés ; & eur dia- metre eft de 45 deprés & même de go. Plus lescou- leurs de ces cercles font vivæ, plus la lumiere du véritable foleil paroït foible. n AE La matiere des parhelies fe trouve dans notre at- | imofphére. Les raifons qué nous en avons données dans Varticle Hylo, concluent pour les parkelies, les cercles’ colorés! qui les accompaghent n'étant au- tre chofe que des couronnes. Ajoutons-y +°! que fuivant les obfervations exaétes des plus habiles 5hrys fiBiens, lé temsin’eft jamais parfitèment ferein lord. que les pérhelies paroïfient ; maïs l'air fe trouve alors chargé d'un brouillard tranfparent, 20, 1left rare de voir ces parhelies de detix endroïts en même-tems , quoirils foient tout proches les’ ans des autres. 42. On les-voit d'ordinaire en hiver , lorfqiil fait froid ou qu'il gele um peu, tant qu'il repné eñtmême téms un petit vent de nord’ 4°. Lorfque lesparhelies dif paroïffent, 1} commeñce aufli à pleuvoir ou * neiper, | & on voit alors t6mber une efpece de neige oblon:: | gue faite en maniere d'aiguilles. Cependant M Hal ley croit que lacaufe des parkeles eft plus élevée que les nuées ordinaires’, parce qu’elles paroïflent cou: vertes lorfqu'il furvient quélquésnuées. ! Hevélius , fametx aftronome, a obferve en 1674 une forte de parhehe différent des précedenss au = lieu d’être à côté du véritable foleil', il fe trouvoit perpendiculäirement an - deflus , 8 cela un peur avant le coucher déceraftre. Les couleurs n'étotent. pas non plus celles qu'on remarquée ordinairement. Le parhelie &cileoleil étoient féparés par une nuée. Ce phénomene fut fuivi d'une forte gelée qui con vritéamer Baltique ‘d’une glace épafle. M. Caffins en a vu de lamême nature en 1693: 11 y a auf des parafelenes. Foyer PARASELENE, Arricle de M. For- mey, quila tiré de Peflai de Phyfique de Musken- ‘broek. V4 | | a re M PARHOMOLOGIE , L £ ( Rhéror.) rapouoroytas ‘c’eft la même fioure qu'on appelle antrement concef- fon, dans laquelleon cede quelquetchofe à {on ad. vérfaire pouravoir plus de droit de nier ce qui eft véritablement important. Jen'en citeraiqu'unexem- ple tiré de Cicéron: Swmehoc ab judicibus, noftr& voluntaté ; nemènert ill propiorem cograium quam te faille, concedins : officia tue nonnulla in illum exti- tiffe., fipendia vos uné feciffe aliguandit nemo negar: Jed quid contra reflarmentum dicis', vin quo fcriptns Mie PT ND ES IT ET IE ph PARI , am: (anal. des Jeux.) lor{que deux joueurs | 4, 8 ; jouent l’un contre l’autre, & que l'efpérance | du joueur Æeft à celle du joueur B én raïon der à #, le pari pour le joueur Æeftaufli an pari pour le joueur 8 en raïfon dé à # ; or le nombre z m'eft. autre chofe que le nombre des cäs qui peuvent faire gagner lejoueur À, & 7 eft le nombre des cas qui peuvent faire gagner 8: Par.exemple , fun joueur Aveut amener 12avec deux dés, onam=r, &7 35, parce qu'il n’y à qu'un cas qui puifle ame- ner 12, 35 quiamenerontautre chofe. Poyex DE: Ainfi pour parier but à but, c’eft-à-dire avec un avantage égal, fuivant les regles ordinaires des jeux. | 11 fut que la mife du joueur _B foit à celle du joueur Acomme 3; eftär.n De même , fi on parie d’amener en fix COUPS Urz doublet avec deux dés ,ileft clair que le nombte des coups pofbles eft (36)6, & que fe nombre des coups où 1l-n°y apointde doublets eft (306; d'où s’enltuit que le par: doit être comme (36) —(30)$ , ceft-à-dire , comme(#)6— reftàtr #0" Au refte , ces regles doivent être modifiées dang certains cas, Où la probabilité degagnereft fort pet tite, &t celle de perdre fort grande, Sur quoi voyez | : Éarticle eu: (0) PARIA, (Géog. anc.) ile de la mer de Phénicie. Pline, Z Pc. xxxj. la place vis-à-vis de Joppé. Elle donnoit le nom aux peuples Five, Pariani, dont parie Jofephe, Ant. jud, Z ATP. c, vi. PARIADE, £. £. ( Chaffe) c’eft letems où les per- drix s’apparient. La chafle eft alors féverement dé- fendue. PARIADES, (Géog. anc.) montagne d’Afie, felon Pline Z, F. c.xxviy. Les manufcrits varient beaucoup lur lortographe de ce nom. Les uns lifent Pariadrul, d’autres Pariadrel, d’autres Paryadis. Le pere Har- douin veut qu'on Hfe Paryadres , comme lortogra- phe qui approche le plus des anciens manufcrits. Strabon , Z. XL. p. 497. qui a écrit Paryadra, dit que cette montagne fait partie du mont Taurus. PARIAGE , fm. (Jurifprud.) du latin pariatio, qui fignifie aflociation, eft une efpece de fociété entre le roi ou quelqu'autre grand feigneur , & un autre fei- gneur moins puiflant , lequel recherche la fociété & la prote@ion d’un feigneur plus puiflant que lui, au- quel il cède une partie de fes droits , afin de fe met- tre à couvert des violences qu'il avoit à craindre, & d’avoir lui-même la force en main pour jouir plus furement de la portion qu'il fe réferve. Les pariages ont ordinairement pour objer l’ex- ploitation de la juftice , &c des droits qui en dépen- dent, ou la perception de quelques droits feigneu- riaux , comme taïlles , rentés, bannalités, &c. Ces aflociations étoient fur-tout recherchées par les évêques, abbés, & autres feigneurs eccléfiafti- ques, lefquels pour avoir main-fofte entroient en pa- riageavec le roiou quelqu’autre grand feigneur laïc. Tel fut le pariage d’entre le roi & Pévêque de Mende, dont le resiftre de la cour du 18° Juillet 1369 eft chargé. Tel fut encore le pariage d’entre le roi & l’évêque de Cahors pour la jurifdiétion com- mune ÿ comme aufh par un arrêt des prieurs de la charité & porte S. Leon, du 27 Mars 1405, appert que les pariages des aflociations faites entre le roi & aucuns de fes fujets, à la charge-qu'l ne les mettra hors fes mains, doivent y demeurer, & le roi ne peut les tranfporter même en appanage , ou récom- penfe d’appanage : tel futauffile pariage de Panr263, faitentre l’abbaye de Luxew} &'le: comte de Cham- pagne, qui eft rappelle par Pithou dans fes mémoires. Les pariages furent fort frèquens dans les xif. &c xiv. fiecles. Ils fe faifoient alors en deux manieres, àtems ou àperpétuité. Les premiers étoient limités à lavie des orands feigneurs,, avec lefquels les abbés &t les monafteres traitoient , & fouvent ils étoient renouvellés avec leurs fuccefleurs. Il ne refte.plus aucun veftige de ces partages à tems.; ceux qui étoient à perpétuité font demeurés dans leur force & vertu, quoique la caufe qui les avoit produitsne fubfifte plus, La Rocheflavin, tit. des droits {eigneuriaux , dé- cide que le roi quireft en pariage avec un autre fer gneur , ne peut vendre ni alhener en aucune maniere da part, m rien mnover aux claufes & conditions. du traité. Dans les Heux où le roi eft en pariage avec quel- que feigneur, celui-ci ne peut contraindre les, vaf- faux 8 amphitéotes communs à lui faire hommage, &c pañler reconnoiffance fans appeller le procureur- général du roi, ou fon fubftitut, afin d’obvier aux ufurpations que lon pourroit faire fur les droits du foi. | Quand une juflice efttenue en pariage entre le roi êt quelque feigneur, le juge doit être nommé alter- _nativement de trois ans en trois ans par le roi & par le feigneur particulier, il en eff de mème d’une jufhice tenue en pariage entre deux féigneurs. Ordonnance de Rouffillon, art. 25 & 26. Voyez le gloff. de Du- .cange, celui de Lauriere , la Rocheflavin, Graverol, Cambolas , Guyot. (4) Tome XL, PAR 943 PARIAIRE ,f m. (Jurifprudence.) fignifie celui qui tient en pariage avec quelqu'un ; dans des lettres de Charles VI. du mois de Janvier 139$, il eft dit que Bernard de Sanclava étoit feigneur en partie de Mont- faucon en Bigore, & qu'il étoit pariaire de ce lieu avec le roi. (4 PARIER. Voyez l'article PaRr, . PARIETAIRE , £ (if. rar. Bo.) parteraria ; genre de plante dont la fleur n’a point de pétales ; elle eft compoiée ordinairement de quatre étamines, qui fortent d’un calice divifé en quatre parties. Cette fleur a la forme d’une cloche; d’un entonnoiïr ou d’u- ne rofette. Le piftil devient dans la fuite une femen- ce , le plus fouvent oblonoue, & renfermée dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, 1nfE. res herb. Voyez PLANTE. PARIÉTAIRE , (Mar. méd. & Chimie.) la pariéraire eft üne plante éminemment nitreufe. Voyez NITRE. Elle eft du petit nombre de celles dont les vertus mé- dicmales peuvent fe déduire évidemment d’un prin- cipe chimique bien connu , bien diftin@ ; & ce prin- cipe c’eftle nitre. , Le fuc &x la décoétion de cette plante font apéri- ts ,réfolutifs, diurétiques. On Pemploieutilement à ces titres dans les obftruétions commençantes, les fuppreffions d'urine, de gravelle, lhydropife, êsles maladies chroniques commençantes de l4 poitrine. Or la vertu du nitre eft reconnue dans tous ces ças n & les autres principes confitüans de la fubftance ex- tratuive de la parieraire font & peu abondans &c très- inactifs. C’eft cette dermere circonftance de fa com. poñtion qui rend dans lufage extérieur la pariésaire vraiment émollhente ; c'eft-à-dire capable d'agir principalementt à raïfon de fon fuc aqueux. Cette planteeft employée très-communément & avec fuc- cés dans prefque toutes les applications extérieures: émolhentes, comme fomentations, lotions, demi- bains, cataplafmens, &c, La décoftion d> la pariéraire eft aufli un ingrédient très-commun des lavemens appellés ézolliens. On retire une eau difiliée de la pariéraire quicertanementne rètient aucune des ver- tus de cette plante. (b) PARIET AUX, osparietaux,, ( Anar.) ce font deux: os du crâne, anfi nommés parce qu'ils forment les parois ou les côtes de la tête, Joyer CRANE. On les appelle auffi offa éregmaris & offa féncipitisè Les os ont la figure d’un quarré, & on y diffingue 1°. deux faces une latérale externe, convexe, unie & polie ; une latérale, interne, concave , inécale 8 remplie de fillons formés par les battemens de Par- tere de la dure-mere : on. donne à Paflemblage de ces filons le nom de feuille de figuiers 2°. Quatre bords, un fupérieut, un inférieur , arronch, taillé en bifeau & inegals; un antérieur &c un poftérieur inéval. 3°. Quatre angles. un fupérieur antérieur, un fupérieur poftérieur, unainférieur poftérieur, un inférieur an- térieur., le plus faillant de tous. 4°, Une émpreinte demi-circulaire, à deux pouces environ du bordin- férieur,face externe. $°.Un troule long du bord {upé- rieur près de angle poftérieur; ce trou ne fe trouve pas toujours. 6°. Une portion de gouttiere le long du bord fupérieur, face interne. 7°. Un petit canal ou une gouttiere par où pañfe l’artere de la dure-me- re , fitué fur l'angle antérieurinférieur, face interne. 8°. Une petite partie de latgouttiere des finus laté- raux , fituée fux Pangle poftérieur inférieur , face in- terne. Ces os fontarticulés enfemble par future fagittale avec le coronal, par future coronale avec l’occipital, par future lambdoïde avec le temporal, par future temporale , &avec le fphénoïde par future fphénoï- dale, Foyez CORONAL, TEMPORAL,, 6. | Quelquefois los parieral devient monfttueux par fon épaifleur. M, Moranda fait voir à lacadénié des EEEeeeï 944 PAR Sciences le parieral gauche d'un crâne humain, qui avoit neuf lignes & demi d’épaifleur ; il n’avoit point de diploë ; & fa fubftance étoit ferrée comme celle de l'ivoire. Du refte , il avoit tous les caraéteres d’un parieral, par fes autres dimenfions : des vaifleaux de la dure-mere, gravés {ur la table interne, ne pa- roïfloient pas en avoir logés de plus gros; on n'a oint fu origine de cet os fingulier par fon épaifleur. M. Morand avoit reçu d’un de fes amis, qui étoit pour lors employé à Parmée de Weftphalie, & qui le lui avoit envoyé comme une piece curieule. Æ1/£. des l'acad, des Sctenc. année 1742. (D.J) PARIEUR , f. m. ( Jeu.) celui qui parie. Voyez Part. PARILI, fm. (Bosan. exor.) nom d'un grand ar- bre qui croit au Malabar. Sa racine & fes feuilles paf- fent pour adoucir la falure du fang &c des humeurs. On prépare avec les feuilles, & celles du carettr, cuites dans le fuc laiteux du cacao, une décoétion qu'on applique aux hémorroides pour en appaifer Les douleurs, (D. J.) k. PARILIES, £ £ pl: (nr, rom.) en latin parilia ; fètes en l’honneur de la fondation de Rome. Hadrien étant monté fur Le trône, trouva qu’il étoit conve- nable de célébrer Panniverfaire de la fondation de Rome , par des témoignages publics de vénération & de joie : plein de ce projet, ilfithâtir dans Rome même un temple à la ville de Rome, qui en avoit déja plufieurs dans les provinces , changea le nom de Parilia, qu’on donnoïit au jour de fa fondation, en celuide Romana, &t ordonna qu’à l'avenir ce jour feroït célebré par des fêtes & par des jeux publics; . c’eftce que nous apprenons d’Athénée. Le fénateur Buonarotti croit que le temple bâti par Hadrien eft reprélenté fur un médaillon de ce prince, où Pon voit un temple à dix colomnes avec un fronton & des ftatues , ayant de chaque côtéune colonne détachée du refte de édifice, fur laquelle s’éleve une ftatue, &ipour lésende , S. P. Q. R.E. X. 5. €. On ne faifoit aucun facrifice fanglant le jour des parilies, parce que c’étoit le jour natal de la ville éternelle ; d’où il eft aifé de juger !, que quelque ufités que fuffent cés fortes de facrifices , ils ne ul foïent pas d’être toujours comme ils devoient être naturellement en quelque forte d'horreur, puifqu’on croyoit honorer une fête en s’en abftenant. Il fl- loit donc bien que lPufage s’en füt introduit par po- litique plus que par dévotion. ( D. J. PARILLA, SANTA ,(Géograph.mod.) ville de PAmérique méridionale , au Pérou, audience de Li- ma, dans la vallée & fur la riviere de Santa , au bord de la mer, à 20 lieues de Truxillo, & 6o de Luna. Long. 300. long. 9. PARIMA , LAC DE, (Géogr. mod.) lac d'Amérique qui eft fitué direftement fous l'équateur. Il à 30 milles d’Aflemagne de longueur de left à loueft, & dans lendroit le plus large , cent milles où environ; de forte qu’on peut le comparer aux plus grands lacs du monde , s'il n’eft pas lé plus grand ; cependant il ne reçoit & ne produit point de rivieres. . On peut douter, avec raïfon, comment ce lac a été forme, fi c’eft par quelque innondation ancienne de POcéan , par des fources fouterraines, ou par les eaux pluviales qu’il eft entretenu : vraïffemblable- ment 1ly a dans le fond des fources qui fuppléent à Peau qui fe perd tous les jours par Pévaporation : car Les lacs femblent avoir la même origine que les tivierés; ils ne different que par la fituation , & la ne d’eau de leurs fources. En effet, qu'une ource foït environnée de tous côtés d’un terrain élevé, qu’elle coule fur un lit plat & large, & ne fourniffe qu’une petite quantité d’eau , elle ne forme Point de courant, & s’évapore à mefure qu'elle fort. I r’y a donc réellement de différence entre les PAR. fources , les lacs 8e les rivicres , que dans quelques circonftances : on peut trouver des fources qui ne forment point de courant ; mais on les appelle plus proprement des puits. (D.J.) PARIS , ( Géog. mod. ) ville capitale du royaume de France , fituée fur la Seine , à environ 90 lieues fud-eft de Londres, o$ fud d’Amflerdam, 260 nord-. oueft de Vienne, 240 nord-eft de Madrid , 270 nord- oueft de Rome , 490 nord-oueft de Conftantinople, 340 de Lisbonne , ÿ90 fud-eft de Mofcou , 300 fud: oueft de Cracovie, 230 fud-oueft de Coppenñhague, 3 jo fud-oueft de Strockolm, Long. orienr. de Paris à Notre-Dame, 204. 21°, 30", latir. 484, 51!, 20! Jore, de Paris à l'obfervatoire ; fuivant Caflint, 194, 57 30". laris. 484 So, ro", | Paris eft une ancienne ville, une des plus gräñdes, des plus magnifiques & des plus peuplées de luni- vers. Elle a produit feule plus de srands perfonna- ges , plus de favans , plus de beaux efprits que toutes les autres villes de France réunies enfemble. On ÿ compte fept cent mille ames , environ 23 mille maifons, un grand nombre d’hôtels magmia- ques. [l'y a trois palais fuperbes diftinpgués fur tous les autres ; {avoir, celui des Tuileries, du Louvre & du Luxembourg ; celui du Louvre n’eft point fini Chaque roi depuis François L. y a fait travailler plus où moins. Lotus XV. aura peut-être la gloire d'y avoir mis la derniere perfeHion. La Seine qui traverfe Paris, pafle fous plufieurs, pont, entr'autres fous le pont-neuf, qui eft le plus beau, foit par fa longueur, foit par fa largeur.Les plus belles places publiques font la place royale, où lon voit la ftatue de Louis XII. la place Vendôme , où eft la ftatue équeftre de Louis XIV. & la place des Viétoires, où eft la ftatue pédeftre dumême roi; mais on fait aétuellement entre les Tuileries & le Cours, une nouvelle place, où l’on a déja placé la ftatue équeftre de Louis XV. on ne peut rien encore pro= noncer fur la place ; mais quant à la flatue, il eft dé cidé que c’eft le plus beau monument en ce genre qu'il y ait à Paris. De toutes les fontaines de Paris , il n’y en a que deux belles, celle des Innocens , & celle de la rue de Grenelle. | On compte dans Paris trois mafons de théâtres qui femblent être des prifons ; 41 paroïfles, 1 r cha- pitres ou collégiales, 3 couvents d'hommes , 70 couvents de filles, 12 féminaires , 8 abbayes de fil- les, 8 3 abbayes d'hommes ; fçavoir , $. Vi&or, S. Martin-des-Champs, & S. Germain-des-Prés. L’évêché de Paris fut érigé en archevéché en 1622; Les archevêques font ducs & pairs depuis 1674. La métropole , quoiqu’ancienne , a des grandes beautés, & un cœur richement orné. Les autres églifes remar- quables font r°. Celle de la maïfon profefle des Jé- fuites , où fe trouve les cœurs de Louis XITL & de Louis XIV. ainfr que le maufolée en marbre du grand Condé, 2°. L’églife de la paroïffe de $. Roch, nou- vellement bâtie. 3°. celle de la paroïfie S. Sulpice, qui n’eft pas encore finie, 4°. Celle du Val-de-Gra- ce, décorée de peintures; c'eftune des huit abbayes de filles qui font dans la ville. 5°. On a commencé brillamment léolife de fainte Génevieve. Luniverfité de Paris celebre dans 1e monde chré: tien , elt compofée de trente-fix colléges, dont dix font de plein exereicé. Il y à deux écoles publiques de Théolosie, la Sorbonne & Navarre. Le cardinal de Richelieu à été reftaurateur de"{x Sorbonne , où il à dans la chapelle un fuperbe maufolée’ Le collese le plus beau, & qui eit de plein exercice, eft celui des Quatre-Nations, appellé auf Mazarin, parce qu'il a pour fondateur Le cardinal de ce nom. Les jé- luitesa voient un vieux collése-dans la rué S.Jacques, appellé autrefois Ze college de Clermont, barèe qwun évêaue de Clermont l’avoit fondé, | Îl y à à Paris fix académies royales , académie françoife établie en 1635 ; celle des Infcriptions & Belles-lettres , en 1663 ; celle des Sciences , en 1666; celle de Peinture & de Sculpture, en 1648; celle d'Archite@ure , en 1671; & celle de Chirursie, en 1748. TUE Il y a cinq bibliotheques publiques ; celle du roi tient le premier rang dans le monde littéraire par le- tendue des bâtimens , par le grand nombre de livres êt de manufcrits, & par fon aflemblage de médailles, d’eftampes, Gc. I y a trois fortes de prifons, comme fi le gouver: nement n’étoit pas un; la prifon du roi,celle s du par- lement , la conciergerie & le châtelet; & celle de Par- chevêche , l’offcialire. | Les principaux hôpitaux font l’hôtel-dieu , & Phô- pital-général qui en comprend d’autres. Les célebres manufaltures de Paris font celles des places dans le fauxbourg $, Anteine, & celle des Gobelins pourles belles tapifleries, dans le fauxbourg S. Marceau. Louis XIV, a fait bâtir près de la porte S. Jacques un obfervatoire confacré à l'Aflronomie. Ce noble, utile, grand & fimple édifice s’abimerainceflamment, fi lon n’en prévient la ruine prochaine. Parmi les grands établiflemens faits à Paris ; on doit mettre celui des Invalides ; c’eft un hôtel magni- fique fondé par Louie. XIV. pour fervir de retraite aux officiers & foldats qui ont pañlé vingt ans au fer- vice , ou qui ont êté eftropiés , & hors d’état de fer- vir davantage, Louis XV. a fait un nouvel établife- ment plus utile. C’eftune école nulitaire confacrée à l'éducation de cinq cens jeunes gentilhommes , qui font entretenus & inftruits dans toutes les fciences convenables à leur état. Ms - Perfonne nignore qu'il y a das Paris un grand nombre de jurifdiétions ; parlement , le plus ancien ët le plus étendu du royaume, chambre des comptes, cour des aides , gtand-confeil, cour des monnotes, bureau des finances, chambre du domaine ; jurifdic- tion des eaux & forêts, châtelet , coufuls, balliage du palais, connétablie , maréchauflée, éleétion, gre: nier à fel, Gr. | On a tenu plufeurs conciles à Paris ; le premier, un des plus confidérables, fe tint contre les Ariens, en 362. Le roi Gontranaflembla, en 575 , Le quatrie- me concile de Paris pour terminer le differend en- tre Chilperic & Sigebert ; maïs cette aflemblée fut fans aucun effet. Le cinquieme concile de Paris fut convoqué en 624 par les foins de Clotaire Il. pour la réforme des abus ; 79 évêques y afifterent, & lon ne reforma rien. Philippe-Augufte fit tenir en 1186 & 1187, deux conciles à Paris pour délibérer fur le moyen de fécourir la Terre-fainte. Dans le dernier, on lui accorda la dixme dite /aladine , parce que les. deniers en devoient être employés contre le fultan Saladin, Les légats du pape célebrerent, en 1196, un concile dans la même ville ,pout contrain- dre Philippe à quitter Agnès de Méranie. En 1202, on en tint un dans lequel on défendit la leêture d’A- riftote. Jean de Nanton, archevêque de Sens, pré: fida au concile de Paris de lan 1429 pour la réforme de loffice divin, des miniftres de l’églife , des abbés & des rehgieux, à . La fituation de Paris eft très-heureufe. Quatre ri- vieres , l’Yone , la Seine, la Marne & l’Oïfe lui ap- portent les denrées des provinces les plus fertiles; les greniers de la Beauce font prefque à fes portes. La Seine qui depuis qu’elle eft fortie de Paris, va toujours en ferpentant comme un méandre ;, & qui, par des contours de près de cent lieues , fe rend à la mer qui n’en eft pas éloignée de plus de quararite- DR RE ÉD ES OS D TRE EP EME # deux , devient ainfi fort aïfée à remonter, & appoite à Paris les commodités & les richeffes de la Nor: mandie & de la mer. Cette abondance des chofes néceñaires à la vie, a fait accourir à Paris une gran: de affluence de peuple. La réfidence des rois, la pro: ximité de Verfailles , la dépendance où l’on eft des miniftres , le luxe , l'amour des plaifirs ont augmenté cette afluence , qui aura bientôt plus dé bornes; mais aufh Paris voit naître dans fon fein plus de fa: vans 6 de grands artiftes que tout le refte du to yaume: + | T'Y Paflons au détail de la defcription de cette grande ville. Nous ignorons le tems de fa fondation , & de ce: li de fes premiers agrandiffemens ; cépendant Raoul de Prefles nous fournira dans la fuite quelques faits curieux. Grégoire de Tours nomme feulement les fondateurs des deux églifes de $. Pierre & de S. Vincent : de forte que fi l’on peut tirer des écrits dé cet auteur , quelques éclaircilemens fur l’état de la ville de Paris, ce weft qu’en rapprochant des pafla- ges épars çà &c là, en les comparant entr'eux , & : avec ce que nous apprenons des écrivains qui ont réeu de {on tems , ou qui font venus après lui. On lit dans les commentaires de Céfar, A WT. le premier des auteurs anciens qui a parlé de Paris, qu'il transféra l’affemblée générale de la Gaule dans l4 ville de Lutece des Pariens, Lureria Parifiorum. Céfar lanomme Oppidum , ce qui prouve qu’elle étoit déja la capitale d’un peuple , avant que ce grand capitai: ne en eùt fait la conquête. Le tranfport de l’aflem- blée générale de la Gaule de Lutece marque quecetté ville avoit pour lors une certaine confidération , ê£ des facilités de fubfiftance , par la fertilité du pays. Auf les Lutéciens fe condufirent avec beaucoup de courage contre l’armée de Labienus ; ce général s’é: tant approché de Lutece, les habitans riurent le feu à la ville, c'eft-à-dire , felon les apparences , aux maifons qui étoient près de la riviere , rompirent Les ponts , 87 {e camperent fur les bords de la Seine, ayant la riviere entr'eux & le camp de Pennemi. Strabon 8 Ptolomée , qui ont écrit depuis Céfar, ‘honorentaufh Eutece du nom de ville ; il eff vraif- femblable que Lurera eft un pur nom gaulois, où celtique. | On a découvert une infcription du tems de l’em- pereur Tibere fur une pierre qu’on trouva en 1710 fous léglife métropolitaine de Notre-Dame. On y lit ces mots, Naure Parifracr, ce qui doit s'entendre des marchands ounotoniers de la province des Pari- fieris, qui formant un corps de communauté à Lutece, avoient confacré ce monument pour conferver à la poftérité la mémoire de quelque evénement fingulier arrivé fous Tibere , où pour quelques aétions dé oraces à Jupiter. Voici linfcription. Tiÿ. Cæfare; Aug. Jovi, Oprimo. Maximo: Nqute, Parifract Pu= blicè Pofuerunr. Les Luteciens étoient les habitans de la capitale de la province des Parifiens ; mais on ignore le tems où le nom de la province eft devenu cehu de la capitale. Les auteurs qui dérivent le mot de Parifii de rapa, & d’rcre, peuples fous la prorettion d’Ifis, débitent une : OA HE D I MO TIR pure fon ; la déefle [is n’avoit jamais été adorée dans la province des Parifiens ; &c l’on n’a pas un feu ancien auteur qui le dife. l’empereur Julien cherchant un afyle dans les Gaules, choïfit Paris pour y faire fa demeure ordi: naire: voici ce qu'a en raconte lui-même dans le Mifopogon. sie «Pétois, dit-il, en quartier d'hiver dans ma cheré 5 Lutece ; c’eft ainfi qu'on appelle dans les Gaules 5 la petite capitale des Parifiens. Elle occupe une île » peu confidérable ; environnée dé mufailles’, dont ÿ la riviere baigne le pié, On y entre des deux côtés 946 PAR » par des ponts de bois. Il eft rare que la riviere fe »teflente beaucoup des pluies de liver où de la » fecherefle de l'été. Ses eaux pures font agréables à » la vûe & excellentes à boire. Les habitans aurotent # de la peine à en avoir d’aufres, étant fitués dans »uneîle, L'hiver y eft aflez doux... . On y voit de . . D : À » bonnes vignes , & des figuiers mème, depuis qu’on » prend foin de les revétir de paulle , &t de tout ce. » qui peut garantir les arbres des injures de Pair. » Pendant le féjour que j'y fs, un froid extraordi- » naire couvrit la riviere de glaçons... Je nevoulus » point qu'on échauffät la chambre où je couchoïs, » quoiqu'en ce pays-là on échauffe , par Le moyen »# des fourneaux, la plüpart des appartemens, & que » tout füt difpofé dans le mien pour me procurer » cette commodité... Le frox augmentoit tous les » jours; cependant ceux qui me fervoient ne purent » rien gagner fur moi. . . Je leur ordonnai feulement » de porter dans ma chambre quelques charbons al- 5 lumés. Le feu tout médiocre qu’il étoit fit exhaler » des murallles une vapeur qui me donna à la tête, » & m’endormit. Je penfai être étouffé.. On m'em- » porta dehors, & les médecins m’ayant fait rendre » le peu de nourriture que j’avois pris fur le {oir, -# je me fentis foulagé, J’eus une nuit tranquille, &c » fus dès le lendemain en état d'agir » C’eft ainfi que fa dureté pour lui-même penfa lui couterla vie. Il eft probable que ce fut du tems de Julien qu'on bêtit le palais des thermes ou des bains, dont on voit encore quelques veftiges à la Croix de fer, rue de la Harpe. Clovis après avoir tue Alaric, roi des Vifi- goths, y fit fa réfidence en 508,,felon Pabbé de Lon- guerue. Son palais étoit fur la, montagne, aux envi- ‘ons du lieu où Pon a bâti depuis le college de Sor- bonne. Saint Louis, dans fes lettres, témoignerque ce lieu étoit ante palatium thermarum, devant le pa- lais des thermes , d’où l’on voit qu’il fubfiftoit dès ce tems-là, de maniere à mériter la dénonmunation de alais. taoul de Prefles, après avoir parlé de ce palais des thermes , dit dans fon vieux langage: « A donc, » les sens commencerent à édifier maifons à l’envi- »ron de ce chaftel, & à eulx logier, & commença » celle partie lors premierement à eftre habitée ; n’en- » cores, ne defpuis long-tems ne fut l’autre partie de «» Paris devers Saint-Denis, laquelle eftiä prefent » la plus grant habitée ; maïs y\avoit par-tout forefts » &cgrandsbois,, & y failoit l'en moult d’omicides. » Le marchié des beftes étoit par-decà la rue aux »# Bourdonnoiïs,ou lieu que l’en dit Z f£ége aux, Def- » chargeurs, ; &T encore l'appelle l’en la yrerlle place » aux pourceatx ; GT à la Croix du tirouoir fe tiroient »les beftes,, & pour ce elt appellé 4 Croix du ti- » rouotr ». (Firouoir,triouoir pour les bêtes que l’on ytriooit. ) » Àu carrefour Gullorieftoit Le pilori où l’on cou- » poit les oreilles, & pour ce à proprement.parler 1l » eft appellé Ze carrefour Guiguoreille. Et la bouche- » rie eftoit.là où elle eft à prélent, comme tout hors » de la cité ; & c’eftoit railon, Et emprez ou Perrin- » Gaflelin eftoit une place où l’on gettoit les chiens. » Et encores y a iluneruelle ainf appellée. » Defpuis fut habitée 8x fermée Paris , jufques-au » lieu que lon dit a Barchet Sainr Merry , où ilappert # encofe le côté d’une porte. Et 1à fut la maïfon Ber- » nart des Foflez,, où Guillaume d'Orange fut logié, » quand 1l defconfir Yfore qui fafoit: fiége. devant » Paris. Cette porte alloit tout droit fans tourner À » la riviere, ou lieu que Pen dift, Zes planches de Mi 9 » Piæiie » bray., Et, à avoit un. pont de fuft qui s’adreffoit » droit à Saint - Denis de la Chartre, 87 de-là tout » droit parmi la cité, s’adrefloit à l’autre pont que # Pen dit Peur-ponr. | | »# Et efloit ce lieu dit, à proprement parler, Zs PAR » planches de Mibras, cat c’eftoit la moitié du bras de » Seine, êc qui auroit une corde, & la menait de la » porte Saint-Martin à la riviere, & de la riviere à » la juierie, droit au petit pont de pierre abattu, & » êt de-1là à la porte Saint-Jacques, elle 1roit droit » comme une ligne , fans tourner ne cà ne à. » Après l’en fit le cumetiere ou lieu où. eft l’éclife » des Innocens, qui étoit lors tout hors & loing de » la ville, fi comme l’en le faifoit anciéennement; car » l'en fafoit & les boucheries êc les cimetieres tout » hors des cités, pour les punaïfers & pour'les cor- » ruptions efchiever. » Près de ce cimetiere, l’en commença à fairele » marchié, &t l’appelloit lez Champeaux, pource que » c’eftoit tout champs. Et encores a ce lieu retenu le » nom & raïon du marchié, premierement y com- » mencierent les gens à faire loges petites & bordes, » comme feirent les Bourgueignons quantils vindrent » premierement en Bourgogne. Et puis petit-à-petit . » y édifierent maifons, & y fift Pen halles, pour ven- » dre toutes manieres de denrées, » Et ainf crut la ville jufques-à la porte S. Denis, » &c là fut fermée &7 fut abattue la vieille muraille, » &t à préfent s’eftent la ville jufques-à la baflille » S. Denis. Qu'il foit, il appert; car quand léglife » S, Magloire, laquelle fut premierement en la ci- » tée, fut tranfportée au lieu ohelle eftde préfent, » elle fut édifiée aux champs; & fe trouve encores » qu’en la date des lettres royaux qui furent faites » pour-lors, avoit efcript: donné.en notte églife de » lez Champiaux pres de Paris», Après cette expofñtion des accroïflemens & de l’état de Paris, Raoul de Prefles parle du château de Begaux à Saint- Mor-des - Fofez , détruit par Maxi mien, puis il pafle à la defcription du gouvernement de la nation d’après Julius Celfus, & dit qu’elle étoit compofée de druides, de chevaliers, & du peuple, duquel lon ne faifoit point de compte , car ils étoient auf comme ferfs, « Et quant ils fe veoientgrevez&c » oppreflez par aucun, 1ls fe rendoient au plus fort». Raoul de Prefles parle enfuite.des temples des Pa- rifiens. « À la montagne de Mercure (aujourd’hui » Monmartre ), fut envoyé, dit-il, par Domitien- » Maxence, & mené mon{eigneur faint Denis &c fes » compaignons, pour facrifier à Mercure, à fon tem- »ple qui là eftoit, & dont appert encores la vieille » muraille. Et pour ce qu’il ne le voult faire, fut ra- » mené lui &t fes compaignons, jufques- au lieu où » eft fa chapelle, &c là furent tous décolez, Et pour » celle, ce mont qui paravant avoit nom le oz de » Mercure, perdit fon nom & fut appellé. le mo des » Martirs, & encores eff. » Ce monfeigneur faint Denis fonda à Paris trois » églifes ; la premiere de la Frinité où eftaouré faint » Benoift à préfent, & y mit moines; lafeconde faint » Etienne des Grès, & y fitune petite chapelle où1l » chantoit; la tierce Notre-Dame-des-Champs, en » laquelle églife 1l demeuroit, & y fut prius ; & ces » chofes nous avons dit pour moïñtrer lPancienne » création de Paris». | Au refte, on ne devineroit pas l'ouvrage où fe trouve-tout le récit de Raoul de Prefles ; dont on vient de lire l'extrait; ,c’eft, dans lechapirre xvv. du livre W. de {es Commentaires fur la Cité de Dieu de faint Auguftin. Cet écrivain naquit vers l'an 1315 ;il fleurifoit fous Charles V. qui eut pour lui une eftime particuliere, & eftima beaucoup fon ouvrage de la Cité de Dieu, dont un des plus anciens.exemplaires eft celui qui eff noté.à la bibliotheque royale, n°: 5024, 6835; ila appartenu-à Louis XIL,& les mi matures en font belles. PUR L . Revenons à l’état où étoit la cité de Paris avant le ravage des Normands en 886. On y-entroit pan deux ponts de bois dustems de l’empereur: Julien, _ cette églife. LES DS 4 * comme il nous Papprend lui = même: Quoique plu # fleurs ‘paflagesde Grévoire de Fours donhent à en- “tendre que nos rois avoiént un palais dans la cités il “ui faut: cependant convenir qu'aucun auteur n’en a “parlé d’une maniere pofitive avant lefiége de Paris par les Normands. Le palais où demeuroit Julien n’étoit pas dans la cité, mais au midi de la Seïne au- près du palais des Thermes: c’étoit dans le palais des Thermes que vénoient fe rendre les eaux d’Arcueil, par un aquéduc dont il refle encore des véfliges, de- pus ce village jufqw'a l'hôtel de Clugny, rue des Mathumins; & la rue des Mathurins qui fut percée 'au-thavers de'ce palais, fit nommée la rue des Bains de Céfar, vicus Thermarum Cufaris: ARTE On a abattu auprès de l’hôtel de Clugny, en 1737, üne falle foft exhaufiée , fur la vottte de laquelle 1l y avoit un jardin qui faoit partie de ce palais ; mais on peut voir encore à la Croix de fer dans la rue de la Harpe’, une autre stande falle voûtée, 87 haute d'environ quarante piés, conftrmite & lice des mê- mes matériaux que les reftes de l’ancien aquéduc Arcueil, dans laquelle 1} Y a une rigole à deux ban- quettes, couverte du enduit dé ciment, & d’une conftruéhon femblable à des reftes de rigole, que M:Geoffroy del’académie des Sciences découverts ÉTAT DS EL TA) “ou | Les bains du palais que Julien habitoit avec toute fa cour, étoient dans cet endroit-là, mais ils n’en ‘formoient qu’une petite partie. Nos rois de la pre- “mere race y firent aufl leur féjour. Childebert fe plaifoit à cultiver les jardins qui l’accompagnoïent , & qui devotent être fitués du côté de l’abbaye de faint Germain, puifque Fortunat nous apprend que- “c’éroit en les traverfant que ce prince {e rendoïit à Charibert dont les … néde reflentoient en rien : de la barbarie de nos pfemiers rois, céda à la reine : Ultrogothe, femme de Childebert, 8e à fes deux filles, le palais des Thermes, 80e retira dans celui de la cité. Les Normands qui brûlerent les maïfons du anartier de l'Univerfité, n’épargnerent pas le palais “des Thermes; &c’eflautems de leurs ravages qu'il faut attribuer la deftrution-de l’aquéduc d’Arcueil. Malgré cela 1l fut encore la demeure de quelques- uns de nos roiside la troïfieme race, & fous Louis le jeune if s’appelloit le yxe2x palais. Jean de Haute- ‘| ‘ville, qui vivoit fous le regne de Philippe-Auoufte, en fait une defcription magnifique, aufli-bien que de {es jardins; 1l ajoute qu'ils’y commettoit des défor- dres où la pudeur n’étoit guère épargnée ; l'emplace- ment des jardins devoit occuper le terrein des rues de la Harpe, Pierre -Sarafin, Hautefeuille , du Jardi- net, autres. ar * ‘Quoi qu'il en foit de l'étendue précife du palais des Fhermes, il eft certain qu’il fubfiftoit encore en 1218, puifque cette année-là Philippe-Augüfte le donna à un de fes chambellans avec le prefloir qui y étoit, à condition qu'il le fiendroit du roi & de fes fuccefleurs, moyennant douze deniers de cens. De puis leregne de ce prince, ce palais éprouva les mê- mes changemens qui font arrivés dans la fuite à d’au- ‘tres palais de nos rois, comme aux palais de faint Paul êz des Tournelles, dont les bâtimens furent “vendus à différens particuliers ; & {ur l'emplacement “defquels on perça de nouvelles rues. eV Les rois de la race des Carlovingiens demeurerent rarement à Pares. Robert, frere du roi Eudes | étant ‘comte ou gouverneur de Paris, $’en rendit le maître aboli, & luffa fa fucceffion à Hugues-le - Grand. Ces’ princes avoïent un palais dans cette ville, dans . Pendroit où lon rendla jufticé; auprès étoit une cha- pelle dédiée à faint Barthelemi, où Hugues-Caner, avant que de parvenir à la couronne, établit pour y faire le fervice les moines de faint Magloire qui , (CA € _ Normands, PAR . 947 étoient effans, ruinés, &-chañlés de Bretagne par les Higues=Cäper qui fut comte de Paris, ayant té élu roten 087, & n'ayant prefque d'autre domaine que cell dontrl' avoit hérité de fon pere) continua de réfider à Paris comme il avoit fait avant que de Mmônter fur le trône, ce qui a été fuivi par fes fuc- Céffeurs qui tous ont été de fa race; aïnf il y a plus défépt cens cinquante ans que Paris eft continuelle- ment la capitale du royaume 8cla réfidence des rois à c'éftce qui Pafait parvenir au point de grandeur Où elle”eft atjourd’hui, par lé moyen des ofands faux. bourgs, qui furent bâtis au midr & au feptéñtrion de . la Seine, © qui demeurérent fout ouverts plus de deux cens ans après la mort de Hupues-Capet. -Cé fut Philippe -Ausufte qui le premier fit fermet de muraïlles ces fauxbourgs , ce qui forma deux nou- Velles villes’, lune dû côté du midi, qui fut nommée l'Uriverfité, parce que les maîtres qui y énfétenoient les fciences s’y étorent établis avec leurs écoliers, | quoiqu'il ny ét point alors de college Horde? celus -de Sorbonne eftle plus ancien. Cetté enceinte fur . confidérablement augmentée fous le regne de Char les V. dit 2 Sage ; qui enferma, les églifes. de S Paul = . Stide S: Germain PAuxerrois, de S. Euffache, de : S. Martin/de'S. Nicolas des Champs , &. quelques- autres, dans fa nouvelle enceinte aw'il ft faire. Du : tems de Eouis XII. on enferma les Tuileries & {ain Roch dans-la ville, & lon fit bâtir les portes de la Conférence, de S'Honoré, de Richelieu & de Mont- maftre , lefquelles font détruites dépuis quelques années, celle de la Conférence en r730, & celle de S-Hônoré en 1732" NE ns Parcourons maintenant tous les quartiers de Paris & commençons parle Louvre, le principal’ ofne- ment de Cette grande ville’, mais qui démañde à être achevé. Du Boulay prétend qu'il avoit été Conftaut à -4 \ 3 Muse 0 a n 1 ‘dés la première race de nos rois ; c’eft in féntiment 22 qu'il appuie principalement fur des lettres du rot “Dagobert!. dont l'authenticité n’eft pas trop recon- nue : il eftrai qu'elles font rappellées dans des let- tres moins fufpecres de Charles-le-Chauve; ainf en admettant ces dernieres on donnera toujours’ au Lou Vre ire époque bien añtérieure au regne de Philippe. Augufte, Î paroït enfin que le château eft plus ancien que ce prince ; & Risord que l’on cite pour prouver que cette maïlon lui doit fon origine, ne dit autr chofe, finon qu'il y ft bâtir cette tour, fi connue de- puis fous lenonr de groffe tour du Louvre. Comme nos rois onttoujours aimé la chañle, cette maifon pou: voit bien d'abord avoir été deftinée aux équipages de celle du loup ;"d’où lur feroit venu le nom de £w- para ; f cette étymologie n’eft pas vraie, élle n’eft pas au-moins contre toute vraiflemblance. Quor qu'il en foit, fi le Louvre ne fut pas com- mencé, il fut rétabh en 1214 par Philippe-Augufte, hors de la ville, à Pextrémité de la varenne du Lou- vré. La grofle tour bâtie près du château, fur la rie viere, fut nommée lasour du Louvre, elle défendoit l'entrée de la riviere conjointement avec’ cell de Nefle, qurétoit vis-à-vis. Ce fut dans la tour du Lou- vre que Ferrand, comte de Flandre; fut mis ten pri- fon après la bataille de Bovines, que Philippe-Auou- fte) gagna fur ce comte, fon feudataire, quis’étoit révolté contre lui : cette grofle tour fervit depuisià garder les trefors de quelques rois, & fut renverfée quand le rof François I. fit les fondemens dès QUy ra ges qu'on appelle Æ vieux Louvre. Henri Il, fon fils | "employa les architeétes les plus renommés de fon tems’, pour rendre ce bâtiment aufii régulier que ma- gnifique. Lang. Des 1e PRIE Ées premiers fondemens du palais des Tuileries, furent yettés an 1364, par l'ordre de la reine Cathe- rine de Médicis, en un heu fort népligé, où pendant 948 PAR long-tems on avoit fait de la tuile. Elle prit, pour æxécuter fon deflein, Philibert de Lorme &c Jean Bulan, tous deux françois & les plus habiles de ce tems. Il ne fut compoié que du gros pavillon carré du milieu, de deux cotps de logis qui ont une ter- rafle du côté du jardin , & de deux autres petits pa- villons qui les fuivent. Ces cinq pieces qui forment ce palais, avoient de la régularité &c de la propor- tion. Les faces des deux côtés qui regardent la cour ou la principale entrée par la place du Caroufel , font décorées d’une architeéture de très-bon gont. Le gros pavillon du milieu , couvert en dôme carré, eft orné de trois ordres de colonnes de marbre ; fa- voir de l’ionique, du corinthien & du compoite, avec un attique encore au-deflus. Les colonnes du premier ordre font bandées & ornées fur les bandes de diverfes fculptures, travaillées fur le marbre. Du côté du jardin , ces mêmes ordres ne font que de pierre. Dans la reftauration que Louis XIV. fit faire dans ce palais en 1664 fur les deffeins de Louis le Vau, dont François d’Orbay a eu toute la conduite, on ajouta à ce pavillon le troifieme ordre avec un. attique , afin que l’exhauflement répondit à tout Le refte. Aujourd’hui toute la face de cet édifice eft com- pofée de cinq pavillons & de quatre corps de logis de 168 toifes 3 piés de longueur, dont l'architecture eft traitée diverfement, ce qui n'empêche pas que le tout enfemble n’ait une grande apparence qui em- bellit infiniment les vûes du, jardin des Tuileries, dont l'étendue a été diftribuée d’une maniere fi1n- génieufe , que dans un efpace de 360 toiles de lon- gueur fur 168 de largeur, on trouve tout ce qu'on peut fouhaiter dans les plus charmantes prome- nades. Au-delà des Tuileries , fur le bord de la riviere, eft le Cours , appellé communément Cours de la reine, Marie de Médicis le fit planter, pour fervir de promenade. Il étoit long de 1800 pas, &r compofé de trois allées, qui formoient quatre rangées d’or- mes , faifant enfemble 20 toifes de longueur. Proche du Guichet, on trouvoit deuxéglifes, dont Pune S. Nicolas du Louvre deflervie par des cha- noines , & l’autre S. Thomas du Louvre, avec un. chapitre dans la rue de ce même nom, font aujour- d’hui réunies fous un même titre. L'origine de l’églife de S. Germain l’Auxerrois , paroïfle du Louvre, eft inconnue. Il eft certain qu’on appelloit fimplement du nom de $. Germain dès le vi. fiecle l'églife qui étoit bâtie à cette place. IL ny a aucun indice avant le xiv. fiecle qu’on y eût hono- ré S, Vincent. Le bâtiment de cette éghfe , tel qu’on _ le voit à préfent , eft de différens fiecles. | Le quartier S. Honoré a été ainfi nommé de la rue de ce nom, l’une des plus grandes de Paris, dont lextrémité donne dans la rue de la Feronnerie. La premiere chofe un peu remarquable awon diftin- gue enfuite , eft la croix du Terroir; elle eft au coin de la rue de PArbre-fec , appuyée fur l'angle dun pavillon. Son nom a fort varié dans les anciens ti- tres ; tantôt c’eft la croix du Traihouer, Trayoir, tantôt la croix du Triouer, Tiroer, & enfin Tiroir. C’eft-là que fe fait la décharge des eaux d’Arcueil, qui paflent fous le pavé du pont-neuf. En avançant dans la même rue , on trouve l’églife des peres de lOratoire. Ces peres furent établis à Paris par le cardinal de Berulle le 11 Novembre 1611. Ils logerent d’abord à l'hôtel de Valois, faux- bourg S. Jacques ; enfuite ils vinrent à Phôtel du Bouchage ; quelque tems après, on jetta les fonde- mens de leur éghie. Un peu plus haut de Pautre côté de la rue, on voit l’églife de S. Honoré, qui n’a rien de remarquable. Le palais-royal qu’on découvre en- fuite , a été bâti de fonds en comble, pour fervir de PAR logement au cardinal de Richelieu , &c fut nommé de fon tems hôrel de Richelieu, & enfuite palais- cardinal. À peu de diftance de-là, vis-à-vis la rue de Riche- lieu, eft l'hôpital des Quinze-Vingts, que S. Louis fit bâtir en 1254 pour trois cens gentilshommes aveu- oles qu’il ramena de la Terre-lainte, où ils avotent perdu la vûe en combattant contre les Sarrafins. Plus haut de l’autre côté eft l’églife paroiffialedeS. Roch, qui a été extrèmement aggrandie. L’éplife des Jaco- bins qu’on rencontre enfute n’eft remarquable que par une chapelle, où eft élevé en marbre blancle tombeau du maréchal de Créqui, mort en 1687. Le couvent des Feuillans qu’on trouve dans la même rue , a toutes les commodités que peut defirer une nombreufe communauté : l’éslife fut commencée en 1601, & le roi HenriÎV. y mit la premiere pierre: Louis XIIL. en fit faire le portail lan 1624. Le cou- vent des Capucins n’eft éloigné de celui des Feuillans que d’un fort petit efpace, tout y eft très-fimple: leur églife fut bâtie par les ordres d'Henri III. &c fon favori, nommé Ze P. Ange de Joyeufe, qui mourut en 1608, y fut enterré vis-à-vis le grand autel. Le monaftere des filles de lAflomption eft un peu plus avant du même côté. Ces religieufes demeu- roient autrefois dans la rue de la Mortellerie, pro- che de la Grève , où elles étoient hofpitalieres ; on les nommoit Haudriertes , à caufe d’Etienne Haudri, écuyer du roi faint Louis, qui les avoit fondées pour loger & pour fervir les pauvres malades. Cette com- munauté s'étant accrue dans la fuite, & fe trouvant reflerrée en ce lieu-là, vint s'établir en 1622 dans l’endroit où elle eft préfentement. C’étoit une place vuide qui s’étendoit jufqu’aux foflés de la ville. Le cardinal de la Rochefauçauld introduifit parmi fes religieufes la regle de S. Auguftin qu’elles fuient aujourd’hui. Vis-à-vis du m@naftere de l’Affomption eft celui des filles de la Conception ; ce font des re- ligieufes du tiers-ordre qui occupent. L'hôtel de Vendôme étoit autrefois au lieu que lon appelle aujourd’hui {x place de Vendôme : cette place eft de 78 toiles de largeur , & 86 de profon- deur. La ftatue équeftre de Louis XIV. eft pofée au milieu fur un piédeftal de marbre fort élevé , où font autour du piédeftal quatre infcriptions compofées par l'académie des Belles-Lettres, pour-lors desme- dailles, mais elles ne font pas modelées fur le bon goût de la Grèce & de Rome. Notre ftyle lapidaire avec fon enflure n’eft bon qu’à foufler des nains, dit ingénieufement M. J. J. Roufleau. L’une de ces infcriptions porte , Ludovico Ma- gno, Viütori Perpetuo, Religionis Vindier, Jufto ; Pio, Felici, Parri Patrie... .. Quo imperante fecurè) vivi- mus, neminem timemus, &c. Ce neminem timemus ne refpire pas le ftyle lapidaire. D'ailleurs il ne falloit pas faire parler les repréfentans de la ville , comme parlent de petits bourgeois. La feconde infcription roule fur la révocation de l’édit de Nantes, fujet de défaftres & non de triom- phes, de politique mal-entendue & non de gloire religieufement acquife. La derniere infcription eft l'éloge faftueux des conquêtes de Louis XIV. Cette infcription finit par dire: Afta, Africa, America , fenfere | quid Marte pof Jet. Bellum latè divifum atque difperfum , quod conjun- xerant reges potentiffimi, 6 fufceperant integræ gentes, miré prudentié , & felicitate confecit. Regnum , non modd à belli calamitate, [ed etiam à metu calamitatis , defen- dir, Europa, damnis fatigata , conditionibus ab eo latis, laudem acquievit, 6 cujus virtutem & confilium arma- La timuerat , ejus manfuetudinem 6 æquitatemt ; Pacata miratur, 6 diligie. s : e quartier de la butte S. Roch peut fuivre celui de S, Honoré : il a été appellé ainfi à caufe Tone aute haute butte de tærre voifine de Péglife de S.Roch, qu'on à applanie depuis quelques années pour bâtir plufieurs maïfons fpacieufes qu’on y trouve en di- verfes rues. La bibliotheque duroi eft dans ce quar- tier. Voyez le #10f BIBLIOTHEQUE, £. IL. p. 236% La rue neuve des Petits-Champs qui commence vers l’églife des Capucines, aboutit vers la place des Viétoires. La ftatue de Louis XIV. eft au milieu de cette place fur un piédeftal de marbre blanc, veiné, de 22 piés de haut, en y comprenant un fous-bafe- ment de marbre bleuâtre. Ce prince a un cerbere à {es piès , & la Viétoire derriere lui montée fur un globe. Ce monument a été doré , &c on lit fous la f- gure du roi, Véro immortali. Le tout eft accompagné de bas-reliefs, & d’infcriptions latines & françoifes trop connues, L'hôtel de Soïflons qui étoit dans ce quartier-là, n’en préfente aujourd’hui que lemplacement. L’é- glife paroïffiale de S. Euftache , une des plus confidé- rables de la ville, n’eft qu'à quelques pas de l'hôtel. Ce n’étoit d'abord qu’une chapelle fous l’invocation de Ste Agnès, qui dépendoïit du chapitre deS. Ger- main l’Auxerrois. Le bâtiment tel qu’on le voitaujour- d'hui fut commencé vers l’an 1530. . La rue S. Denis, lune des plus fréquentées de Ja ville , commence au grand châtelet , qui eft à l’ex- trémité du pont-ar -change ; c’eft en ce lieu que dans un vieux bâtiment fe rend la juftice civile & cri- minelle de la prevôté de Paris. La boucherie qui ef dans cet endroit étoit autrefois la feule de toute la ville. Elle appartenoiït à une communauté de bou- chers , dont le crédit étoit fi grand fous le regne de Charles VI. qu'il arrivoit fouvent de triftes défor- dres lorfqu'ils étoient mécontens. Ils avoient à leur tête un nommé Caboche | écorcheur de bêtes; & les principaux d’entreux, au rapport de Juvenal des Urfins, étoient les Gois, les Tibert, les Luilliers ê les Saintions. C’eft apparemment de cette com- munauté de bouchers que l’églifeparoiffiale de S. Jac- ques de la Boucherie a reçu fon nom. … Le cimetiere des SS, Innocens qu’on trouve près delà eft le lieu public de Paris où l’on enterre les morts depuis près de mille ans. Le tombeau le plus fingulier que lon y voit eft celui de Flamel qui avoit amañlé de grandes richefles, &c de Pernelle fa femme ; cependant ils ne font point enterrés dans ce cime- tire. La fontaine des Innocehs,, qui eft au coin de la rue aux Fers, a été embellie d’une archited@ure corinthienne en pilaftres,, ouvrage de Jean Gougeon. . L’églife de S. Sépulcre, bâtie en 1326 pour les pé- lerins du faint fépulere de Jérufalem qu’on logeoit autrefois quelques jours , eft un peu plus loin de Pau- tre côte de la rue ; c’eft à préfent une collésiale, dont les chanoines , au nombre de cinq, font à la col- lation du chapitre de Notre-Dame. L'hôpital de S. Jacques qui eft vis-à-vis de la rue aux Ours, fut fondé en 1317 par quelques bourgeois de Paris, Le revenu de cet hôpital appliqué aujour- hui aux Invalides, étoit autrefois employé à loger les voyageurs qui pafloient pour aller àS. Jacques de Galice. On trouve enfuite l'hôpital de la Trinité, fondé par deux freres allemands, pour héberger les pélerins. On y entretient aujourd’hui des enfans orphelins de pere outde mere, dont le nombre eff fixé à cent gat- cons & trente-fx filles. Prefque vis-à-vis de cet hôpi- tal eft l’églife de S. Sauveur , qui doit fa fondation à S. Louis. La maïfon des peres de la miffion de S. Lazare eft dans le fauxbourg. C’étoit autrefois un hôpital defti- nc à loger ceux qui étoient affligés de ladrerie ; mais cette maladie ayant ceflé , la maifon de S. Lazare tomba entre les mains du P. Vincent de Paul, inftitu- teur de la miffion , qui en a fait le chef-d’ordre de Tome XI, PAR 049 toute la congrégation , d’après des lettres-patentes enregiftrées au parlement en 1632. L’églife de S. Méderic, nommée communément S. Merri, étoit anciennement l'églife de S. Pierre; mais depuis la mort de $, Merri, natif d’Autun en Bourgogne & de lordre de S. Benoît à €lle en a pris le nom. C’eft une collégiale deffervie par fix chanoi- nes &c un cheffecier qui en eft auf curé, Du côté de S. Merri en defcendant , On trencon: tre l’éplife de S. Julien des Meneftriers ; c’étoit jadis un hôpital pour les joueurs de violon, Plus bas on va à 5, Nicolas des Champs, qui étoit anciénnement une chapelle de S, Jean, & qui eft À préfent une pas toile confidérable. À côté de S. Nicolas des Champs, on trouve le prieuré de S. Martin de l’ordre de Clugni ; c’'eft à HenriL. qu’eft dû en ro60ola reftauration de ce prieus ré, qui donne le nom à la rue ; la nef de Péglife. eft décorée de quatre tableaux de Jouvenet. La maifon clauftrale ,-qui eft très-grande, a été bâtie dans ces derniers tems. La porte de S. Martin eftun ouvrage de cinquante piés de hauteur & de largeur. L’architeQure ef en boffages ruftiques, vermiculés » avec des fculptures au-deflus des cintres, & un grand entablement do- rique, compoié de mutules au Keu detriglifes, fur le- quel eff un attique. Les defleins de cette porte font de Bulet, Le fauxbourg a Péglife de S. Laurent pour paroife, Le lieu où fetient a foire appellée S. Laurens ,eneft voifin, & les loges que les marchands y occupent appartiennent aux peres deS. Lazare, Vis-A:viseft le couvent des Récolets , derriere lequel on voit Phôpital de S. Louis, fondé par Henri IV. pour ceux qui étoient attaqués de la pefte. En remontant dans la ville par la même porte S. Martin, on vient à la rue neuve de $. Méderic, &t de-là on entre dans la rue $. Avoye, qui prend fon nom d'un couvent de relisieufes que S. Louis fonda pour de vieilles femmes infirmes ; c’eft aujouts d’hui une maïfon de relisieufes Urfulines, Le Temple, ainf/nommé des chevalierstempliers, fe trouve à l'extrémité de cette rue qui en porte le nom. Nos rois, après l’extinétion des Templiers, don: nerent ce bâtiment aux chevaliers de S. Jean de Jéru falem, qui en ont fair leur maïfon provinciale du grand-prieuré de France ; c’eft un lieu de franchife, où fe retirent les ouvriers qui ne font pas maîtres. L'hôpital des Enfans-rouces eft dans ce même quartier, rue Portefoin. Il fut fondé l'an 1654 par Marguerite reine de Navarre , {œur de François I. pour des enfans orphelins, originaires de Paris, ou, comme d’autres auteurs prétendent, des lieux cir- convoifins de Paris. La rue des Billetes à pris fon nom d’un couvent _que lon y trouve, & qui fut fondé par S. Louis en 1268. Il y mit des religieux de Pordre de S. Auguf tin, qu vivent à préfent de leursreyenus. L'hôtel de Guife , aujourd’hui hôtel de Soubife , eft peu éloigné de-là ; il occupe un grand terrein, Le couvent des Blancs-manteaux eft une maïfon de religieux de l’or- dre de S. Benoït, dont l’églife a été rebâtie depuis peu d'années. De la vieille rue du Temple, on pañe dans celle de S. Louis , à l'extrémité de laquelle on entre dans celle du Calvaire , où eft le couvent des religieufes de cenom, fondé en 1636 par le crédit du P. Jofeph Leclerc capucin , favori du cardinal Richelieu. Après la porte de $, Louis, en venant vers la rue des filles du Calvaire, on trouve le réfervoir , dans lequel on garde l’eau pour rincer le grand égoût gé- néral , afin de garantir la ville de ce côté-là de la mau- valfe odeur qui dominoit fortement jufqu’au bas de Chaillot, où les immondices fe déchargent dans | FFFf£F 950 PAR lariviere. Ce réfervoir eft un ouvrage utile, qui a été conduit par Parchite“te Beauñre:, 8 achevé en HER deS. Louis eft une des plus belles de Paris, at fa largeur &c par fa longueur. On voit dans cette tue l'hôtel Boucherat, dont le jardinet d’une grande étendue. Toutes les maifons des environs font du xvi. fiecle. Ce quartier fe termine à la rue S. An- toine, l'une des plus longues êc des plus larges de Paris, & dans laquelle les rois faifoient autrefois leurs courtes de bagues, leurs joutes &c leurs tour- noIs. La place de Greve, par où Pon peut dire que com- mence la rue S. Antoine, étoit anciennement un grand terrein inutile, fur lequel la riviere jettoit quantité de gravier, d’où lui vient fans doute le nom qu elle porte ; Mais depuis que Le pavé de Paris a été rehauf- {é , & que lon a fait des quais pour renfermer la _ riviere dans fon lit , fes inondations ont été moins incommodes. La place de Greve étoit la feule oùl on donnoit autrefois des fpeëtacles publics de réjouif- fance ; c’eft aujourd’hui dans cette place qu'on exé- cute la phipart des criminels condamnés à mort. Sa face principale eft occupée par l'édifice qu’on nom- ne hôrel de ville , grand bâtiment gothique, dont voici l’hiftoire peu connue. Ce fut en 1387 que le prevôt des marchands &c les échevins allerent pour la premiere fois y tenir leurs affemblées. Cette maifon appellée originairement /a maifon des piliers | patce que des pihers foutenoïent la partie qui donnoit fur la place, avoit appartenu à Gui & à Humbert, derniers dauphins du Viennois; & c’eft de-là qu’elle avoit pris fon autre nom d’A6- tel du dauplun. | Charles V.résent du royaume pendant la prifon du roijean, jouifloit, en qualité de dauphin, de tous fes droits de Humbert. Il donna cet hôtelà Jean d'Auxerre, receveur des gabelles de la prevôté vicomté de Paris : &c c'eftde ce Jean d'Auxerre qu'E- tienne Marcel, prevôt des marchands, .8cles éche- vins Pacqurent au mois de Juillet 1357, moyennant deux mille quatre cens florins d’or au mouton, va- ant deux mille huit cens quatre-vingt livres paris , forte monnoie : ainf le florin d’or valoit vingt-qua- tre {ols ; &c comme il y en avoit cinquante-deux au marc, & que le marc d'or fin vaut à préfent lept | cens quarante livres neuf fols un denier un onzieme, la premiere acquifition de l'hôtel-de-ville a coûté trente-deux mille cinq cens foixante-trois livres fix {ols huit deniers cinqtreiziemes de notre monnoie. Cette fomme étoit alors confidérable ; aufi s’em- ‘prefla -t-on dans le même mois de Juillet, à faire confirmer l’acquifition par le dauphin régent, afin, difent les lettres de confirmation de ce prince, que lefdits prevôt des marchands êt échevins, au nom d'celle, ne puiffent être fraudés de fi grande fomme de florins. Au refte, il s’en falloit bien que cet édifice con- tint tout l'emplacement que l’hôtel-de-ville occupe aujourd’hui. Îl eft dit dans le contrat de vente qu’il étoit à deux pignons par-devant, & qu'iltenoit d’une part à la maïfon d’honorable homme & fage fire Di- menche de Chafteillon ; & d’autre part, à la matton de Gilles Marcel, aboutant par-derriere à la ruelle du martrai S.Jean en greve , &c par-devant à la place degreve., en la cenfive du roi. Cette ruelle du mar- trai étoit la continuation de la rue des vieilles gar- nifons , qui a long-tems féparé lhôtel-de-ville de léshfe de S.Jeanengreye. | L'hôtel-de-ville , qui avoit été Phabitation des dauphins, fut auff celle de quelques prevôts des marchands. Jean Juyenal des Urfins y demeuroit, lorfque des {célérats,, qui avoient voulu Paflafiner, vinrent dans la place de greve nuds en chemife êc la corde au cou, lui demander pardon. On ne fongea qu'en 1532 à agrandir ce bâtiment fous le regne de François I. Les ‘maïfons voïfines fu- rent achetées dans cette vue; & le 15 de Juillet de l’année fuivante, on Jetta les fondemens du nouvel édifice; ce fut le corps-de-ville en cérémonie qui pofa la premierc pierre. Le premier & le fecond étage ne furent élevés que vers lan 1549; mais l'ordonnance en ayant paru gothique, on en réfor- ma le deffein, qui fut préfenté à Henri IL. au châ- teau de $. Germain en Laye, & que ÿo ans après on fuivit , fous Le regne d'Henri IV, toute la face du côté de la greve, &t le pavillon de Parcade n’ont été finis qu’en 1606, fous la prevôté de François Mi- ron, qui étoit en même tems lieutenant civil. La tour de l’horloge & la grande falle neuve le furent en 1608, & le pavillon du côté du $. Efprit , en 1612. Sur la porte de lPhôtel-de-ville on a placé la ftatue équeftre d'Henri IV. à demi-bofle en couleur de bronze fur un fond de marbre noir ; cet ouvrage eft fort médiocre. De la greve, après avoir pafñlé fous une arcade, on vient à l’églife de S. Jean, &enfuite à celle de S.Gervais, qui eft une des anciennes paroïfles de Paris. Le portail de S. Gervais pafle pour être un des beaux morceaux d’Archite@ure ; il eft compofé des trois ordres grecs l’un fur l’autre, le dorique, lionique &£ le corinthien, dont les proportions font fi régulieres, qu'il n’y a rien au-deflus dans les ou- vrages modernes les plus fomptueux, Les colonnes doriques font engagées d’un tiers dans le vif du bä- timent, & unies jufqu’à la troifieme partie de leur hauteur ; Le refte eft cannelé de cannelures à côtes Celles des autres ordres font détachées &c hors d'œuvre, & ne font chargées que des ornemens qui leur font propres. Ces trois ordres enfemble font une fabrique de 26 toifes de hauteur, qui offre à la vue un grand objet; ce portail fut achevé en 1617, Louis XIII. y mit la premiere pierre. En pourfuivant fon chemin dans: la rue S. An toine, on voit l’églife qu'on appelloit Zes grands Jé= Juires , avant l’extinétion de cet ordre en France, dédiée à S. Louis, & fort décorée; elle à été finie en 1641; toute l’architeëture eft de l’ordre corin- thien , & fon dôme eft le premier qu’on a fait à Paris. Vis-à-vis de cette églife eft la rue de la couture ou de la culture fainte Catherine , appellée ainfs d'une églife de ce nom, qui fut bâtie du tems de S. Louis, aux dépens de quelques officiers de fa mai-, fon, qui faifoient entre eux une efpece de confre- rie. On voit dans cette églife entre autres tombeaux, celui de René de Birague, cardinal, aux funérailles duquel aflifta Henri IT. en habit de pénitent , avec tous les feigneurs de fa cour, vêtus de blanc com- me lui. | La place royale doit fon commencement à plu- fieurs particuliers qui la firent conftruire en 1604. Les maïfons qui la forment, font d’une même fy- métrie, .&c elles ne furent achevées qu’en 1660. Cette place occupe le même lieu qui avoit fervi de jardin au palais des tournelles , fitué du côté du rempart, Où François [. & quelques roïs fes prédé- cefleurs, avoient tenu leur cour. Catherine de Mé- dicis le vendit à plufieurs particuliers qui éleverent les maïfons que lon y voit à préfent; & la rue des tournelles, fituée près du rempart, en a retenu le nom. La place royale eft parfaitement quarrée & coupée de trente-fix pavillons éleyés d’une même ordonnance. L’efpace du milieu offre un grand préau enfermé dans une paliflade de fer; c’eft là qw’on a placé la fatue équeftre de Louis XIII. La figure du cheval eft un bel ouvrage fait pour Henri I, par Daniel Ricgarelli né à Volterre en Tofçane, & dif PAR ciple de Michel Ange. La fioure du roi, faite par Brard , eft bien éloignée de répondre à la beauté du cheval. On a dit à ce fujet, que le cheval fur lequel eft monté Henri IV. au milieu du pont-neuf, con- viendroit à Louis XIIT. 8c que celui de Louis XI, conviendroit à Henri [V. La Bafhlle étoit autrefois une porte de la ville; cette forterefle bâtie en 1360, fous le regne de Char- les VI. eft compofée de huit grofles tours rondes, jointes l’une à l’autre par des mafñfs de même hau- teur 8 de même be , dont le deflus eften ter- rafle. Entre ces tours on trouve une cour qui fert de promenade aux perfonnes qui font les moins refer- rées dans cette prifon. La porte S. Antoine, qui eft à côté de la Baïtille, & qui conduit au fauxbourg nommé $. Arioine, fut bâtie fous Henri If. pour fer- vir d'arc de triomphe à ce monarque ; On Ja rou- verte &c élargie depuis peu d’années. Entre cette porte & le baftion on a fait une rampe, pour rendre Paccès du rempart plus facile aux carofles qui vont au cours. | Dans le fauxbourg S. Antoine eft l’abbaye de ce: nom : on commença de lever cette marfon lan 1103, &. elle fut achevée fous le regne deS. Louis, qui af- ffta à la dédicace de l’églife, avec la reine Blanche de Cafüille fa mere, On voit dans la même rue la manufaure où l’on polit & où l’on étame les glaces de miroir ; on les fond à Cherbourg & à S. Gobin. Un peu au-delà, eft le couvent des Picpus, qui fut commence en 1594. Vincent Maflart ou Muffart, parñen, enaëté le fondateur, & réforma le tiers- ordre de S. François, que l’on nomme ordinaire- ment les Pénirens, &t qui w’étoient auparavant que pour les féculiers. Mafart en fit une regle particulie- re, & s'établit dans le village de Picpus, dont ces religieux ont reçu le nom que le peuple leur a don- né, malgré tous leurs foins à garder celui de péni- tens. En prenant le chemin de la ville, on pañle devant une maïfon nommée Rewilli. Dom Mabiilon rap- porte dans fa Diplomatique, que les rois de la pre- mere race avoient un palais en cet endroit-là, & que ce fut dans ce palais que Dagobert répudia Go- matrude {a premiere femme, à caufe de fa férilité, | & qu'il prit en fa place Nantilde, une des fuivantes de cette reine; il n’eft refté aucuns veftiges de ce palais. La premiere chofe remarquable que l’on trouve en rentrant dans la ville, eft l’arfenal : il fut bâti par Charles V. en même tems que la bafhlle. C’eft dans ce lieu que l’on fondoit autrefois l'artillerie pour la défenfe du royaume, & l’on y garde encore les pou- dres &c les canons. Au milieu de ce château étoit une tout, qu'on appelloit / tour de Billi. Le ton- nerre étant tombé deflus le 19 de Juillet 1538, mit le feu à plus de 200 caques de poudre qu’on y con- fervoit. Outre que cette tour fut ruinée jufqu’aux fondemens , la violence du feu fut telle que les pier- res furent emportées jufqu'à l’églife de S. Antoine des champs, & jufqu’à des endroits de la ville fort éloignés. Les fonderies furent bâties en 15349, par ordre d'Henri Il. Confervons ici cette belle infcrip- tion qu’on lit à la porte d’entrée d’un bâtiment qui bientôt ne fubfftera plus : Ætna hic Henrico vulcania tela miniftrat, Tela gyganteos debellatura furores. . Les Céleftins ont leur couvent tout proche de Vatfenal. Quelques auteurs difent que ce lieu avoit été occupé auparavant par les carmes de la place Maubert, qui Pabandonnerent afin d’être plus près de luniverfité , où ils alloient étudier pour obtenir des degrés. Le nommé Jacques Marcel ayant acheté cette place en 1318, y établit les céleftins nouvel- Torne XT, d . rois occupoient hôtel de S. Paul, PAR OI lement venus d'Italie, dans une haute réputation de fainteté de vie. Le roi Charles V. leur donna de très-grands biens , ft conftruire l’éclife, & y mit la premiere pierre: cette églife eff d’une ftru@ure tout- à-fait groffiere, La paroiïfle dé S. Paul, qui eft celle de tout le quartier , étoit la paroïfle royale du tems que les ou le palais des Tournelles. Le bâtiment de l’églife , qui eft d’une maçonnerie épaifle & gothique, fut élevé fous le re- gne de Charles VII, Aflez près de-lä eft le couvent des filles de Avé Maria, dans une rue nommée des Burrées, Ces reli- gieufes font de Pordre de fainte Claire, & vivent dans une très-grande auftérité » ne Mangeant jamais de viande, & ne portant point de linge. Outre qu’el- les vont nus pies, fans fandales & fans aucune chauflure, elles ont l’étroite obfervance d’un filence perpétuel pour lequel le beau fexe n’eft point né. On va de ce couvent là au bord-de la riviere 5 traverfer le Pont-Marie , appellé ainf de Chriftophe Marie ,'qui en jetta les fondations en 16 13. Le pont eft de pierres de taille, 8 compoté de $ arches, fou- tenues fur 4 piles & fur > culées. Il eft couvert de maïlons occupées par différens ouvriers ; & il ne fut achevé qu'en 1635 ; mais foit par la faute de larchi- teéte qui avoit mal conftruit la pile du côté de l'île Notre-Dame, foit par l’ébranlement que lui donna un trop fort débordement de la riviere, une partie de ce pont fut emportée la nuit, au mois de Mars 1658, èt quantité de perfonnes y périrent ; on a ré- tabli les deux arches; mais on n’y a pas élevé de maïons. L'île Notre - Dame où ce pont conduit, a pris fon nom de Péghife cathédrale, dédiée À la fainte Vierge, à laquelle cette île appartient en propre. Toutes les Hadoné qu'on y voit ont été bâties dans le dernier fieclé ; ce n’étoit auparavant qu’une prairie aflez baffe , qui fervoit de promenade au menu peuple; toute l'ile eft revétue dans fon enceinte d’un quai folide de pierre de taille ; les rues qui partagent l’île {ont droites & aboutiflent à la riviere. On fort de cette île par le pont de la Tournelle, lun des trois qu’on a conftruit pour y arriver ; il eft de pierre de taille avec un trotoir de chaque côté pour les gens de pié ; on lui a donhé le nom de Tour- nelle, à caufe d’une tout carrée, qui fe trouve fur le bord de l’autre côté de l’ile Notre-Dame, & dans laquelle on enferme ceux qui font condamnés aux galeres, en attendant que la chaine parte pour Mar- {eille, où ils font diftribués pour le fervice des gale- res de S. M. | La porte de faint Bernard qui fe trouve à peu de diftance du pont de la Tournelle, a pris fon nom du college des Bernardins qui eff dans le voïfinage ; cette porte toute moderne n’a que huit toifes de large. La rue de Seine, Pune de ce fauxbourg, conduit à celle de faintViétor, où l’on trouve l’abbaye de ce nom. Cette maïfon eft fort ancienne ; Louis -le- Gros, roi de France , y fit élever de grands bâti- mens , & lui donna des biens très - confidérables : il il fit conftruire une églife en 1113 dans le même en- droit où 1l refte encore une chapelle ancienne der- tiere le chœur. Guillaume de Champeaux, archidia- cre de Péglife de Paris, & depuis évêque de Châlons, fut le premier qui inftitua fa congrégation de faint Viétor, fous la reole de faint Auguftin. Les jardins de cette maïfon font fort fpacieux, & ce qu’elle a de meilleur, c’eft une bibliotheque, Pune des plus nom- breufes de Paris. L’églife de faint Viétor fut relevée en 1317, fous François I. &c elle n’eft pas encore achevée ; au-delà de faint Viétor cft l'hôpital de la Pitié & celui de la Mifériçcorde : après ces deux hôpt FFFfffÿ 952 PAR taux on trouve le Jardin-Royal des plantes. Louis XIIL a établi ce jardin en1326. I eft em- belli de grandes ferres chaudes & froides, & dun très-beau cabinet d’Hiftoire naturelle ; on fait cha- que année dans ce jardin des cours de Botanique, de Chimie, & d’Anatomie. On defcend de-là vers l'Hôpital -général, appellé la Salpétriere, yafte maïfon qui peut renfermer qua- tre à cinq mille perfonnes; fon églife eft dédiée à faint Denis : en montant un peu plus haut, au fortir de la Salpêtriere, on trouve une grande place où lon tient le marché aux chevaux. La maïfon des Gobelins eft prefque la derniere du fauxbourg faint Marceau, lequel étoit un quartier entierement {éparé de la ville, dans le tems que Pa- ris étoit moins étendu qu'il ne left aujourd'hui. L’églife de faint Marcel, qu’on voit dans ce faux- bourg, a été fondée par Rolland, comte de Blaye, neveu de Charlemagne, qui fit beaucoup de bien aux chanoines qu’il y mit. Cette églife étoit autre- fois fous Le titre de faint Clément; mais le corps de faint Marcel, évêque de Paris, y ayant été trouvé, elle en prit le nom qu’elle a toujours confervé de- puis ; c’eft une des quatre collégiales dépendantes de larchevêché. Pierre Lombard, furnommé /e Maitre des fentences, eft enterré dans le chœur de cette égli- fe; les bacheliers en licence font obligés d’affifter au fervice folemnel qu’on dit pour lui tous les ans, & ceux qui y manquent font condamnés à une amende ; il eft bon de connoître la durée des folies humaines. Le couvent des Cordelieres eft dans ce quartier. Thibaut VIL. comte de Champagne & de Brie le fon- da premierement à Troyes, d’où il fut transféré à Paris peu de tems après. Marguerite de Provence, femme’ de faint Louis, fit commencer l’éslife, & Blanche fa fille, veuve du roi de Caftille, qui y prit le voile, donna de grands biens pour laugmeñter ; ces religieufes font hofpitalieres & fuivent l’ordre de fant François: faint Médard eft la paroïffe de tout ce quartier. On trouve enfuite l’églife de S. André des Ecoflois, dans laquelle on a élevé un monument pour y met- tre la cervelle de Jacques IL. roi d'Angleterre ; c’eft une idée bien bifarre. Le quartier de PUniverfité , l’un des plus anciens de Paris, occupe un très-grand efpace, qui fait pref- ue la quatrieme partie de la cité, 1l en étoit même ae autrefois comme un lieu particulier, avec le- quel la communication n’étoit pas tout-à-fait libre, parce que les écoliers fafoient fouvent des tumultes qu'il n’étoit pas aïe d’appaifer. Philippe - Augufte, avant fon départ pour la Paleftine, où il alla avec Richard, cœur de lion, roi d'Angleterre, pour faire la guerre aux Sarrafins, ordonna qu’on enfermât ce quartier de murailles, ce qui fut exécuté en 1 190. Il fut entouré de foflés profonds, & de murs très-foli- des, foutenus de tours d’efpace en efpace avec des portes, qui étant autant de petites forterefles, à la faveur defquelles on pouvoït fe défendre vigoureu- fement, avant qu’on eût inventé l'artillerie. Il ne refte plus rien de ces müraïlles, & l’on a comblé les foffés fur lefquels on a élevé des maïifons. Le collepe des Bernardins qui a donné fon nom à la rue, eft d’ancienne fondation, apparrient à l’ordre de Citeaux, L'édifice de l’églife eft un des beaux go- thiques qu’il y ait en France, En fortant des Bernar- dins, on trouve à main gauche l’églife de S. Nicolas du Chardonner, ainfi nommée à caufe que le premier bâtiment fut pofé dans un lieu inculte & tout rempli de chardons. Les chanoines de faint Viétor à qui ce terrein appartenoit, le donnerent vers l’année 1243, pour y bâtir une paroïfle : le féminaire qui eft à côté de cette éplife ef le plus anciende tout Paris. À une PAR petite diftance eftun autre féminaire dit des Bons. enfans, dirigé par les peres de la Miféricorde de fünt Lazare. . : La place Maubert, que l'on trouve au bas de la rue faint Vittor, a tiré fon nom, fuivant quelques hifto- riens , d'Albert le grand, qui fut en fon tems la gloire de l'Univerfité de Paris. On dit que ce dofteur, après avoir enfeigné à Cologne, vint 1ci continuer Les mê- mes exercices, & que la claffle n’étant pas aflez fpa- cieufe pour contenir tous Les écoliers qui le venoïent écouter , 1l fut obligé de faire fes leçons au milieu de cette place, qui en a éte appellé p'ace Mauber:, com- me qui diroit place de maître Aubert; c’eft aujour- d’hui un des marchés de la ville. Les Carmes qui ont leur couvent dans ce lieu-là, ont été originairement fondés par faint Louis qui les avoit amenés de la Paleftine. La reine Jeanne, femme de Philippe-le-Long, leur laïffa de très - grands biens par fon teftament de l’année 1349. En montant plus haut'on vaau collese de Navarre, fondé lan 1304, par la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe-le-Bel : la fondation de Péglife de faint Etienne du Mont, fituée au-deflus de ce col- lege, eft fi ancienne qu’on n’en connoît pas le tems. De cette églife 1l y a un paflage de communication dans celle de fainte Génevieve. Clovis, dit-on , fon premier fondateur, la dédia à faint Pierre & à faint Paul, dont elle a long-tems porté le titre : il y mit des chanoines féculiers qui y demeurerent jufqwà l’onzieme fiecle ; comme leur conduite étoit très- irréguliere, Louis-le-Jeune les obligea de vivre en communauté, & de prendre la regle deS, Auguftin. On fit venir douze chanoines réguliers de S. Vi&tor pour établir cette réforme, dont l’abbé Suger eut le foin , & la regle de faint Auguftin s’y eft toujours confervée depuis dans toute la pureté, enforte que cette maïfon eft devenue la premiere de cette con- grégation en France. L'abbaye de fainte Génevieve a été fouvent rui- née par les Normands & les Danois, dans le tems qu’elle étoit hors de la ville; mais les Parifiens , dont le zele a toujours êté fort grand pour leur patrone, réparoient prefque aufli-tôt les dommages que ces barbares y avoient caufés. L’an 1483 , le vendredi 7 Juin , à neufheures du foir, Le tonnere tomba fur le clocher, bâti depuis plus de neuf cens ans; les clo- ches furent fondues, & ce clocher, qui étoit couvert de plomb, demeura confumé. Le corps de fainte Gé- nevieve eft derriere le grand autel, dans une châffe foutenue par quatre colonnes ioniques ; le tombeau de Clovis eft dans le milieu du chœur. L’églife de faint Hilaire, paroïffe d’une partie de ce quartier, eft d’une ancienne fondation. On va de- là dans la rue faint Jacques, qui commence au petit Châtelet , à l'extrémité du petit Pont. Le petit Chà- telet eft une maniere de fortereile antique , compo- fée d’une grofle mafle de bâtiment, ouverte dans le milieu, qui fervoit autrefois de porte à la ville, aufi- bien que le grand Châtelet, dans le tems qu’elle n’avoit point d'autre étendue que l'ile du Palais; ce bâtiment fut réparé parle roi Robert. En montant vers la porte où finit la rue S. Jacques eft l’églife faint Séverin, fort ancienne, puifque le fondateur dont elle porte le nom vivoit du tems de Clovis, qui le fit venir de Savoye pour le guérir d’une fiévre dangereufe , dont il le traita par des prieres, & 1l fe rétablir. L’églife de faint Yves eftun peu plus haut; elle fut bâtie lan 1347, par une con- frairie de Bretons qui étoit alors à Paris. En avançant dans la même rue, on trouve le cou- vent & l’églife des Mathurins, ou Trinitaires. Le couvent fut fondé par faint Louis ; & Robert Gaguin, général de l’ordre, fit bâtir l’églife, qu’on a embelhe depuis quelque tems. On pañle enfuite devant léglife de faint Benoit , dont on dit que faint Denis, évé= que de Paris, a été le fondateur. Le bâtiment ef fort fimple & fort grofher. De l'autre côté de la rue , fe trouve le college royal, qui doit fa fondation à François L. Les profef. {eurs , au nombre de dix-neuf, font-gagés du Roi, & font une efpece de corps féparé de Puniverfité, à la- quelle ils ne laiflent pas d’être foumis. À quelque diftance de à, eft la place du puits certain, au haut de la rue Saint-Jean-de-Beauvais. Ce puits fut fait vers l’an 1556 par Robert Certain, pour lors curé de l’églife de faint Hilaire, & nommé premier principal du college de fainte Barbe. Cette églife a été bâtie dans la cenfive du chapitre de faint Marcel; 8 comme ce chapitre avoit autrefois droit de juftice haute moyenne 8 bafle dans tout ce quar- tier là, c’étoit au puits certain que fe faifoient ordi- nairement les pumitions corporelles, en exécution des fentences de la même jurifdiétion , & principa- lement lorfque quelque criminel avoit été condamné à mort. En rentrant dans la rue Saint-Jacques , & montant un peu plus haut, on voit le college du Pleffis, qui eft un des plus beaux de Puniverfité ; le cardinal de Richelieu ayant larffé une fomme confidérable pour le faire rebâtir. À cinquante pas de ce college, eft celui qu’on appelloit encore 1l y a deux ans, des Jéfuires , & qu'on avoit nommé fort longtems, Le college de Clermonr. Vis-à-vis eft le grand couvent des Jacobins ,nommés originairementles Freres Précheurs, de l’ordre de faint Dominique. | Au fortir des lacobins, on vient à faint Jacques de Haut-Pas, paroïfle de tout ce quartier. Le fémi- naire de faint Magloire, aujourd’hui gouverné par les peres de l’Oratoire, eft prefque contigu à cette églife. On trouve enfuite le couvent des Urfulines, celui des Feuillantines , & des Carmelites. L’églife de ces dernieres eft décorée de tableaux des plus grands maîtres; de la Magdeleine de le Brun, de la Salutation Angélique du Guide ; &r toute la vote de l’églife eft de Champagne, UN US Le Val-de-Grace, l’un des plus fuperbes édifices qu’on ait élevé en France dans le dernier fiecle, eft fitué de l’autre côté des Carmelites, & occupé par des relisieufes de l’ordre de faint Benoit, qui avoient été fondées autrefois près du village de Biévre , en un lieu appellé le va! profond , & fort incommode à caufe des marécages. Elles fe logerent en 1621 au faubourg Saint-Jacques ; 8c la reine Anne d'Autriche, pour tendre graces à Dieu de fon accouchement de Louis XIV. après 22 ans de ftérilité, fit jetter Les fon- demens du bel édifice, qui porte le nom de Va/-de- Grace ; la coupole de cette églife peinte à frefque par Mrgnard, eft d’une grande beauté. En entrant dans la ville par la rue d'enfer, on trouve la maïfon des petes de POratoire , appellée l'infhiution, & fondée en 1650 par M. Pinette , fe- crétaire de Gafton de France, duc d'Orléans. À peu de diftance de-là , en defcendant , eft le couvent des Chartreux, de la fondation de faint Louis , qui leur donna le vieux château de Vauvert, habité felon les hifforieos de ce tems-là , par les diables , en forte que la rue en fut nommée la 7e d'enfer ; mais fuivant la vérité, & les vieux titres dans lefquels on lit ya inferior, ces mots ne figni- fient-autre chofe que la rue baffle, parce que cette tue étoit plus baffle que la rue Saint-Jacques, qu’on appelloit la rue haute, via fuperior ; c’eft auffi pour cétte raifon que l’églife paroïffale de faint Jacques eft nommée du Haur-pas, ab alto paffu. Les Char- treux occupent un terrein qui eft plus grand qu’au- cune autre des mafons rehigieufes de la ville & des faubourgs de Paris. Ce fut de cette maïfon que Henri JL, partitle 15 Mars 1686 avec foixante des PAR 953 nouveaux pénitens dont 1l étoit l'infituteur , pour aller à pie proceflionnellement à l’éslife Notre-Dame de Chartres, d'où ils revinrent deux jours après. Après avoir paflé par l'endroit où étoit la porté de Saint-Michel, qui a été abattue, on entre dans la rue de la Harpe, où fe préfente la Sorbonne, vieux college rétabli magnifiquement de fond en comble par le cardinal de Richelieu, & en conféquence ce cardinal y aun tombeau magnifique , un des chefs- d'œuvre de Girardon. La bibliotheque de cette mai: fon eft une des plus belles de Paris. On y montre une traduttion françoïfe de Tite-Live, manufcrite , dédiée au roi Jean, & enrichie de Mignatures où regne l'or-couleur très-brillant, 8 dont on ignore la compofition, | Après que l’on eft entré dans la rue de la Harpe, en traverlant la place de Sorbonne, on trouve le collège d’Harcourt fondé en 1280 par Raoul d'Har- court, chanoine de l’églife de Paris. Plus bas eft l’'é- glife paroïffiale de Saint-Côme , bâtie en 1272 par Jean, abbé de Saint-Germain-des-Prez. Proche cette églife, eft la maïfon de Saint-Côme, deftinée à lé tude de l'anatomie chirurgicale, Dans la même rue de la Harpe, font les ruines du palais des Thermes, dont j'ai déja parlé. À l'extrémité de la rue de la Harpe , en tournant à gauche , on entre dans celle de Saint-André-des- Arcs, où eft l’églife paroifiale de ce nom. Ce n’étoit autrefois qu'une petite chapelle au milieu d’un champ planté de vignes & d’arbres fruitiers, Quelques an- tiquaires croient que cette églife a étéappellée Saint André-des-Ares à caufe d’un grand jardin qui étoit proche de-là, où les écoliers alloient {ouvent s’exer- cer à tirer de Parc. > Les quatre portes par lefquelles on entroit de la ville dans le faubourg Saint-Germain, favoir la porte à laquelle on donnoit le nom du faubourg, la porte Dauphine, celles de Buffy & de Nefle ayant été abat- tues, tout ce quartier eft devenu un des plus grands de Paris, &t au-deflus des plus belles villes de France, tant pour la quantité d'hôtels magnifiques qui Le com- pofent , que pour la multitude du peuple qui s’y rens contre. . Ce quartier a pris fon nom de Pabbaye royale de Saint-Germain-des-Prez, fondée par le roi Childe+ bert , fils de Clovis. La réforme a été établie dans cette abbaye en 1631. La bibliotheque eft une des plus belles du royaume. Cette ahbaye étoit autrefois hors de la ville, expofée aux incurfions des Nor- mands, entourée de murailles qu’on a abattues pour y bâtir les maifons qu’on voit à préfent tout à-len- tours Le palais d'Orléans, autrement nommé le palais de Luxemboure, parce qu'il eft dans un lieu où étoit un ancien hôtel de ce noi, fait un des grands orne- mens du quartier de Saint-Germain. La reine Marie de Médicis , veuve d'Henri IV. a fait bâtir ce palais de fonds en comble, La grande galerie à été peinte par Rubens , quis’occupa pendant 2 ans à ce travail, Le petit hôtel de Bourbon eft dans la rue de Vau- airard, qui pañle devant le palais de Luxembourg; c’étoit autrefois l'hôtel d’Aisuillon, que le cardinal de Richelieu fit embellir pour la ducheffe d’Aiouil- lon fa niece. Tout proche eft le couvent des reli- gieufes du calvaire, de l’ordre de S. Benoît, fondé en 1620 par la reine Marie de Médicis. Dans ka mé- me rue on trouve le couvent des carmes déchaufés , vis-à-vis des murs des jardins du Luxembours. If fut fondé en 1611 par les libéralités de quelques bour= geois qui donnerent une petite maïfon fituée en ce heu-là à des religieux carmes venus d'Italie ; pour apporter en France la réforme que fainte Thérefe avoit faite en Efpagne de l’ordre du Montcarmel, (a Ces bons moines n’ont pas mal profpéré. 6$4 PAR Le monaftere des filles du faint Sacrement, qui eft dans la rue Caflette, a été fondé par Marguerite de Lorraine, feconde femme de Gafton de France, duc d'Orléans. Dans la rue parallele qu'on nomme Z rue Pot-de fer, & qui aboutit dans celle deVaugirard, fe trouve le noviciat des jéfuités. Le grand autel de leur églife eft embelli d’un tableau de Pouffin. L'éclife de faint Sulpice , paroïffe de tout ce vafte quartier, étoitautrefois un bâtiment très-ferré , dont on a fait une des magnifiques églifes du royaume, mais avec de très-grands défauts. Cette églife, au n’eft pas encore finie , a été commencée en 1646 , 8& Gafton d'Orléans y mit la premiere pierre. La maïfon du féminaire de faint Sulpice eft tout pro- che de l’églife ; le platfond de la chapelle a été peint par le Brun. L'endroit où fe tenoit la foire de faint Germain, autrefois fameufe , étoit à l’extrémité de la rue de Tournon. Ce lieu confiftoit en plufeurs allées cou- vertes, difpofées dans un quarré de pure & vieille. charpenterie , tout rempli de boutiques pendant le carême, dejeux, &c de fpeétacles; les rues de cet emplacement, au nombre de fept, très-preflées, & très-étroites, fe coupoient les unes les autres; mais charpente , boutiques, marchandifes , effets, tout a été confumé dans les flammes par un incendie for- tuit, arrivé Le 17 Mars 1762, & c’eft un grand re- proche que peut fe faire la police fupérieure de cette ville. Le couvent moderne des Prémontrés eft à l’en- trée de la grande rue de Seve. Proche de-là , eft lhôpital des petites-Maïfons , qui étoit autrefois une maladterie, &C qui fut rebâti vers lan 1557, par ordre de meflieurs de Ville. L’hôpital des Incura- bles eft fitué dans la même rue : cet hôpital con- tient dix arpens deterre, &c fut fondé Pan 1634, par le cardinal de la Rochefoucault. Le couvent des Cordelieres, eft dans la rue de Grenelle : ces religieufes qui étoient auparavant dans la rue des francs-Bourgeois, ont acheté l'hôtel de Beauvais qu’elles ont accommodé à leur manie- re. En continuant de marcher dans la rue de Gre- nelle, proche la rue du Bac, on voit une nouvelle & belle fontaine, que la Ville a fait conftruire en 1739 , fous les aufpices de M. de Maurepas, & fur les deffeins d’'Edme Bouchardon, fameux fculpteur. L'hôtel royal des Invalides, décrit par tant d’au- teurs , fe trouve au bout de cette rue. Au haut de la rue du Bac, eft le féminaire des Mifions étrangeres ; du même côté de la mifion, eff un monaftere des filles dela Vifitation, qui font venues s'établir en ce lieu-là en 1673, en quittant la rue Montorgueil, où elles avoient une chapelle, lorfqw’elles furent admi- fes en 1660. L'hôpital des Convalefcens eft de ce même côté. Il fut fondé lan 1652, par Angélique Fraure , épou- fe de Claude de Bullion, fur-intendant des finances, pour huit pauvres convalefcens {ortis de la Charité, qui peuvent y demeurer une femaine , afin d’y réta- blir leurs forces. On trouve enfuite le noviciat des Dominicains réformés, qui ont fait bâtir dans leur terrein une nouvelle églile. À lextrémité de la rue S. Dominique, on voit hôpital de la Charité : les religieux qui Le gouver- nent, furent établis à Paris Pan 1602, & Marie de Médicis fut leur fondatrice. Près de l'hôpital, eft bâ- tie Péglife & les infirmeries pour les malades, où chacun a un lit féparé, établiflement fage, &c fans lequel toute infirmerie eft honteufe. | La rue de l'Univerfité eft fort longue , & n’eft ap- pellée ainfñ qu’à fon extrémité du côté du pré aux Clercs; le long des hautes murailles de l’abbaye de Saint Germain, on la nomme la rue du Colombier, à cafe. qu'il y avoit autrefois dans çet endroit un PAR grand colombier, appartenant aux religieux de cette abbaye. Plus avant au milieu, elle eft appellée la re Jacob, nom dont j'ignore la raifon. La rue Mazarine eft parallele à celle de Seine = on la nommoit auparavant la 4e des foffés de Nefle. Au fortir de la rue des foffés faint Germain , où eft le théatre fi médiocre de la comédie françoïfe, on entre dans la rue Dauphine, pour fe rendre fur le quai des Auguftins, qui commence au pont faint Michel, & qui finit au pont-neuf, Cette rue qui n’é- toit auparavant qu'un grand efpace rempli de jardins ê&c de vieilles matiéres, au-travers defquelles on la perça, fut appellée rue Dauphine, à caufe qu’on la bâtifoit dans le tems de la naiflance de Los XIIT. À Pextrémité il y avoit une porte de la ville, qui fut abbattue en 1673. Les grands Auguftins ont leur couvent fur le quai ; ils vinrent à Paris vers l'année 1270, fous le nom d’hermites de faint Auguflin , & furent logés d’abord près de la rue Montmartre, dans une rue qui en a été appellée la rue des vieux-Augufhins. Ces religieux s’établirent enfuite dans la rue des Bernardins, au lieu où eft à préfent l’églife paroïfiale de faint Ni- * colas du Chardonnet; & enfin, ils s’aflocierent avec les Pénitens , qu’on nommoït Sachets, à caufe qu'ils . étoient vétus d’une maniere de fac : faint Louis les avoit mis en ce lieu-là fur le bord de la riviere. Les Auguftins à qui ces pénitens céderent la place, pour fe difperfer en diverfes maifons rehigieufes, com- mencerent à faire bâtir leur églife, & elle ne fut en l’état où elle eft préfentement , que fous le regne de Charles V. dit le Sage. Les aflemblées extraordinai- res du clergé, fe tiennent ordinairement dans les falles du monaftere. | Le collége Mazarin eft dans l'endroit où étoit aui- trefois la porte de Nefle; c’eft un collège très-fpa- cieux, dont la bibliotheque eft publique. Le tableau du grand autel eft de Paul Véronnefe, &c les petits tableaux dans des ronds , font de Jouvenet. On voit enfuite l’églife des Théatins : ces reli- gteux vinrent en France en 1644, & le cardinal Mazarin leur fondateur , leur laïfla en mourant cent mille écus pour commencer leur églife. Leur prin- cipal inftitut eft de vivre des charités qu’on leur fait ; ils ont été nommés Théatins, de Jean Caraffe , évê- que de Théate, qui inftitua leur ordre en 1524 , fous le titre de Clercs réguliers. Le pont-Royal qui eft voifin des Théatins, a été bâti en la place du pont-Rouge, qui n’étoit fait que de bois. Comme les débordemens de la Seine lPa- voient fouvent emporté, Louis XIV. ordonna que l’on en fit un de pierres, & les fondemens en furent jettés en 1685. Ce pont eft foutenu de quatre piles &c de deux culées, qui forment cinq arches entre elles ; les deux extrémités du même pont font en trompe pour en faciliter l’entrée aux carrofles &c aux grofles voitures. Il y a des trottoirs des deux cô- tés pour la commodité des gens de pié : fa longueur eft ä-peu-près de foixante & douze toifes ; fa lar- geur eft de huit toiles quatre piés, defquelles on a pris neuf piés pour chaque trottoir, fans compter deux autres piés pour Pépaïfleur des parapets. Le pont-Neuf fitué vis-à-vis du pont-Royal, offre au milieu une entrée dans l’île du Palais. Henri [ ET. fit jetter les fondemens de ce pont lan 1578. Hen- ti LV. le fit achever en 1604 ; fa ftatue équeftre y fut érigée en 1614; mais le tout ne fut terminé qu'en 1635. La figure du cheval eft de Jean Boulogne; mais elle efttrop maflive & trop épaifle : la figure du roi eft de Dupré. | Après la ftatue equeftre de ce grand prince, on trouve la Samaritaine au bout de cepont , du côté de faint Germain-l’Auxerrois. Ce bâtiment conftruit fous le regne d'Henri IV.en 1604, fut détruiten 1712, &e = -P À R reconfttuit fans ornemens en 1715. Il contientune pompe foulante 8 afpirante pour élever Les eaux, &c en fournir tant au jardin des Tuileries, qu'ailleurs. La place Dauphine qui eff fituéea la pointe de File du palais , vis-à-vis le cheval de bronze, eft de f- sure pyramidale. Les maïfons qui la forment furent élevées en 1606 , peu d'années aprés la naïfflance de Louis XHT. & on la nomma p/ace Dauphine , à caufe du titre de dauphin que ce prince avoit alors. On a ouvert de ce côté-là une entrée pour le palais. Cette place &r les quais qu'elle a de chaque côté, favoir , le quai des Orfevres , & celui des Morfondus , ont été pris dans un grand terrem, qui failoit autrefois une partie des jardins du palais, lorfque les rois y tenoient leur cour, L’éolife de Notre-Dame, métropolitaine de Paris, eft très-ancienne ; mais nous ignorons fi la cathé- drale de cette ville dans les premuers tems, étoit {int Etienne-des-Grès ou faint Marcel : nous favons feulement que fous les enfans de Clovis, elle étoit à-peu-près où elle eft encore aujourd'hui, & que {ous le regne de Louis le Débonnaire, 1l y avoit dans le parvis de Notre-Dame, du côté de l'Hôtel-Dieu , une églife de fant Etienne , où fe tint un concile en 829. Il en reftoit encore des murs du tems de Louis Le Gros, que ce prince , dans fes lettres au fujet des li: mites de la voirie des évêques de Paris , appelle 1- _ros veteris ecclefie fanëi Stephan ; c’étoit probable- ment l’ancienne cathédrale, appellée du nom de /ains Etienne dans plufieurs auteurs. Cette partie de la cité, ne s’étendoit pas plus loin que faint Denis-du-Pas &larchevêché; car ce qu’on nomme le serrein, connu du tems de faint Louis fous le nom de la morte-aux-papelards, paroît s'être formé des décombres & des immondices, qu’occafonna la conftrudion du vafte bâtiment de l’églife de Notre- Dame, Quant à l’autre partie oppofée, elle ne s’éten- doit que jufqu’à la rue de Harlar. Au-delà étoient deux îles, l'une plus grande vis-à-vis des Auguftins, &clau- tre plus petite au bout du quai de Horloge. La pofi- tion de ces deux îles eft marquée dans unancien plan de Paris en tapiflerie , dont M. Turgot, prevôt des Marchands , a fait l’acquifition pour la ville. Je reviens à l’églife de Notre-Dame : le roi Robert ne la trouvant pas aflez belle, entreprit de la rebâ- tir, mais elle ne fut achevée que fous le regne de Phi- lippe-Auoute ; l'architeéture en eft toute gothique. Les dedans en {ont fort obfcurs ; le chœur eft orné de tableaux de la main de Jouvenet, repréfentant la vie de la Vierge à qui l’églife eft dédiée. Le grand au- tel a été exécuté par les ordres de Louis XIV. pour accomplir le vœu de fon pere. Les anges de métal, de grandeur naturelle , ont été jettés en fonte en 1715 par Roger Schabot; la croix d’argent &c les fix chan- deliers {ont de Claude Balin, fameux orfevre. L’Hôtel-Dieu fitué auprès de Notre-Dame, &c qui devroit être hors de la ville, eft le plus grand hôpital de Paris ; on y a vü trois à quatre mille malades, qu’on met alors trois &c quatre enfemble dans un mé- me lit, pratique d’autant plus funefte, qu'elle multi- plie les caufes demort pour ceux qui réchapperoient s'ils étoient feuls dans un lit. On attribue la fondation de cet hôpital à faint Landry, évêque de Paris, qui vivoit fous Clovis II. en 660. De l’autre côté de PHG- tel-Dieu, eft un hôpital des Enfans-Trouvés, rebäti dans ce fiecle. Tout ce quartier qu’on appelle la cs, eft rempli derues étroites, & de plufieurs petites égh- fes fort anciennes. | Le palais qui a été autrefois la demeure denos rois, fut abandonné aux officiers de juftice par Philippe le Bel, qui vouloit rendre le parlement fédentare. Ce 12 Le PS ES % prince, pour donner plus d’efpace à Pédiice, fit bâtir la plüpart des chambres, &c tout l'ouvrage fut acheve gn 1313, Cependant il gft certain qu'il y avoit de PAR 955 prands bâtimens avant ce tems-là. Clovis'y avoit tenu fa cour; & faint Lows, qui y fit un plus long féjour que les autres rois , y avoit fait faire plufieurs ouvra- ges. Lagrande falle a été bâtie fur le plan d’une autre très-ancienne , dans laquelle Îes ftatues des rois de France étoient placées tout à l’entour, C’étoit le heu où ils recevoient les ambaffadeurs. IÏs y donnoient des feftins publics à certains jours de année , & mé: me on y faifoit les noces des enfans de France. Cette falle qui fut réduite en cendres an commencement du dernier fiecle , eft préfentement voutée de pierres de taille, avec une fuite d’arcades au milieu, foutenue de piliers, autour defquelsily a de petites boutiques occupées par des marchands. La grand’chambre eft à côté de la grande falle, &c fut bâtie fous faint Louis, qui y donnoit les audiences publiques. Louis XIT, la fit réparer comme elle eff. La Tournelle, qui eft la chambre où l’on juge les criminels , eft celle où cou- choit faint Louis. | La fainte Chapelle eft uné éolife bâtie parle même roi, & dont l'ouvrage fut achevé en 1247. Saint Louis établit un maitre chapelain , qu'on nomme aujour- d’huisréorier, lequela comme les évêques la qualité de confeiller du roi en tous fes confeils, êcle privi- lege d’officier pontificalement , à exception de por- ter la croffe. Cette églife ne dépend quedu faint-fiege, & affurément elle devroit ne dépendre que du roi. A quelque diftance du palais, eft le pont Notre- Dame , le plus ancien & le premier qu’on ait bâtide pietres. Il fut achevée tel qu'on le voit à-préfent en 1507, fur les defleins d'un cordelier de Vérone, nommé Joannes Jucundus , qui entreprit l’ouvrage aux frais de l’hôtel-de-ville. Il eft chargé de chaque côté, de maïfons ornées {ur le devant de grands ther- mes d'hommes & de femmes, qui portent des cot- beilles pleines de fruit fur leurs têtes. ‘+ Au milieu de ce pont, on a dreflé deux machines qui élevent de l'eau dela riviere pour la commodité des quartiers de la ville qui en font éloignés. Les vers fuivans de Santeuil y font gravés en lettres d’or fur un marbre noir : Sequana , cum primum regine allabitur urbi, Tardar precipites ambitiof[us aquas. Captus amore loct, curfum oblivifeïtur, anceps , Quo fuar, & dulces nectit in urbe moras. Hincvarios implens, fluülu fubeunte, canales , . . \ Fons fieri gaudet , qui modd flumen erar. Anno M. DC, LXXVI. Le petit-Pont ainfi nommé, a été plufieurs fois de- truit & refait ; les maïfons qu’on avoit bâties deflus en 1603, furent détruites en 1718, deforte qu’on a rétabli ce pont fans y reconitruire de maïfons, A côté du pont Notre-Dame, & fur le même ca- nal,. on trouve le pont au Change, appellé de ce nom, à.caufe qu'il y avoit autrefois un grand nombre de changes , ou de changeurs, dans les maïfons qui étoient deflus; ces changeurs faifoientune maniere de bourfe: dans cet endroit. Ce pont qui étoit de bois, ayant étéconfumé en 1639 par un furieux embrafe- ment, on le rebâtit folidement de pierres dé taille, & on éleva deflus deux rangs de maïfons:, dont les faces font auffi de pierres detaille, 54 À. l’autre bout du pont au Change, ai coin du quai des Motfondus, eftl’horloge du palais, fur la- quelle on regleles féances du parlement. | Le pont faint Michel eft auffi proche du palais , à l’oppofite du pont au Change. Il ya grande apparence qu'il a pris fon nom de la petite églife defaint Michel, qui eft dans l’enclos de la cour du palais, vis-ä-vis de la rue de la Calandre. Il a été conftruit fous le re- gne de Louis XIII. tel qu’on le voit aujourd'hui, & chargé de maifons de briques &c de pierres de taille, Voilà tout Paris parçouru, J'ai néanmoins Qublié + 956 PAR dedire dèsle commencement, que cette ville fouf- frit beaucoup en 845 &t 856 par les courfes des Nor- mands, & qu'ils Pafliégerent en 886 & 890. Elle fut encore ravagée fous Le regne de Louis d'Outremer ; & fous celui de Charles VIT. les Anglois s’en rendi- rent les maîtres. Non-feulement elle avoit êté pref- que toute brûlée en 585, mais elle éprouva un nou- velincendie en 1034, & une grande inondation de la Seine en 1206. | Si maintenant quelque parifien defiroit encore d’a- voir de plus amples détails fur le lieu de fa naïflance, il peut confulter un grand nombre d'écrivains, qui depuis long-tems fe font empreffés de donner des defcriptions prolixes de Paris, & d’éclaircir toute fon hiftoire. Jean de Hauteville a, je crois, rompu la glace dans un ouvrageintitulé Archithrenius , & publié en 1517) in-4°. Gilles Corrofet, imprimeur , & le préfident Claude Fauchet, fuivirent l'exemple d'Hauteville. Nicolas Bonfous augmenta l’ouvrage de Corrofet fon colleoue , & le remit au jour en 1588. Le fucces des * faftes de Paris, anima Jacques du Breuil, religieux bé- nédiétin de faint Germain-des-Prés, & lui fit entre- prendre le théâtre des antiquités de cette ville, qui parut en 1612, i7-4°. & c’eft la feule bonne édition. Depuis du Breuil, trois autres orands ouvrages ont été compofés pour éclaircir lhiftoire de Paris. Le premier, de Claude Malingre, parut en 1640, in-fol. fous letitre danriquités de la ville de Paris, Le {e- cond , intitulé Paris ancien 6 moderne, eft de Henri Sauval, avocat au parlement. Son ouvrage dans Le- quelil traite, article par article, de tout ce qui con- cerne la ville de Paris, a paru lông-tems après la moft de Pauteur, favoir , en 1724, en trois volumes än-folio. Le troïfieme , commencé par dom Félibien , religieux bénédiétin de la congrégation de faïnt Maur, eft une’ hiftoire fuivie de Paris, Cette hiftoire a été continuée par dom Lobineau, religieux de la même congrégation , & imprimé, en 1725, en cinq volu- mes iz-folio. Le fieur Grandcolas en a fait un abrégé en deux volumes iz-12.quiont étéimprimésen 1728, & fupprimés aufli-tôt. à: Il y a plufieurs autres defcriptions particulieres de Paris, comme celle de François Colletet, qui a auf donné en 1664, en deux volumes 77-12. un abrégé des annales & antiquités de Paris, On eftime en parti- culier la defcription de cette ville, queM. dela Mare, commiffaire au châtelet, a mile à la tête de fon ex- cellent traité de la police. La defcription de Paris par Germain Brice, dont on publie fréquemment de nouvelles éditions, a fait tomber toutes les précédentes ; celles de Jean Boif feau, de Georges de Chuyes, d'Abraham de Pra- del, de Claude le Maire, &c. On peut joindre à la defcription de Brice les vingt-quatre Planches gravées en 1714 par Ordre de M. d'Argenfon, lieutenant de police, ou mieux encore celles de l’abbé de la Grive à caufe de la nouveauté. | Le pere Montfaucon a parlé plufieurs fois de Paris dans fon antiquité expliquée. Il y a auffi divers mor- ceaux à ce fujet dans les mémoires des Infcriptions. Ceux même de l’académie des Sciences , contienrient des difcuffions fur la grandeur de Paris & de Lon- dres ; mais ce que j'aime beaucoup mieux, cefontles effais fur Paris, par M. de Sainte-Foix. Ajouterai-je qu’on a aufli une hiftoire de léglife de Paris , compofée par Gerard Dubois, qui parut en deux volumes z7-fo1. enr6908& 1710, quoiqu’elle ne finifle qu’à Pan 1283. Enfin, on a publié en fx vo- lumes :7-fo1. lhiftoire de l’univerfité de Paris juf- qu'en 1600 , par Céfar-Egafte du Boulay ; & quoi- que cette hiftoire ait été cenfurée l'an 1667 par la fa- culté de Paris , cette cenfure ne lui a fait aucun tort dans l’efprit du public, Maïs j'avoue que les étrangers font moins curieux des prétendues antiquités de Paris, de fa police, de fa topographie, de l'appréciation de fa srandeur, de lhiftoire de fon églife & de fon univerfité , que d’être inftruits du caraétere &c des mœurs aftuelles des ha- bitans de cette ville, à caufe de la grande influence qu’ils ont fur le refte du royaume, 8 même fur quel- ques pays voïfins. Je fai que c’eft-là ce qui intérefle davantage les gens de goût, & c’eft précifément ce qu'aucun écrivain n’a traité. Plufieurs perfonnes de beaucoup d’efprit, qui pouvoient nous inftruire à merveille fur ce fujet, fe font contentées, pour don- ner une 1dée du caraétere des Parifiens, d’obferver em pañlant que leur portrait étoit calqué fur celui des Athéniens ; mais ils ne font entrés dans aucun détail pour jufhfer cette prétendue reflemblance. Comme je vis, pour ainfi dire, au milieu d’Athé- nes , ayant fait beaucoup de recueils fur cette ville, je puis tracer le portrait de fes habitans , & mettre le leéteur en état de juger fi mes compatriotes ont avec eux def grands rapports qu’on l’afiure , 8& que je n’ai pas Peiprit d’appercevoir à tort ou avec raïfon. Quoi qu'il en foit, le tableau que je vais efquifler des mœurs d'Athènes, & qui manque fous ce mot géo- graphique, devient néceflaire, mais d’une abfolue néceflité dans cet ouvrage, parce qu'il eft indifpen- fable aux gens de Lettres de l'avoir devant les YEUX, pour entendre les Orateurs , les Hiftoriens, les Phi- lofophes &c les Poëtes, qui y font perpétuellement allufion. | Les Athéniens étoient d’un efprit vif; ils aimoïent nuieux , dit Plutarque, deviner uné affaire, que de prendre la peine de s’en laïfler inflruire, Ils étoient extrèmement polis & pleins de refpe& pour les dames ; on ne fouilloit point les logis des mariés pendant que leurs époufes y étoient ; & dans un tems de guerre on renvoyoit les lettres que les ennemis écrivoient aux dames d'Athènes, fans les décacheter. Ils ne portoient que des habits de pourpre & des tuniques de différentes couleurs, brodées à la phry- stenne. Les dames fur-tout étoient folles de la pa- rure ; elles mettoient dans leurs cheveux des ciga- les dor, à leurs oreïlles des figues d’or, & fur leurs robes tous les ornemens qui pouvoient jetter de l’é- clat. Elles inventoient tous les jours des modes nou- _velles, & alloient fe promener à la porte de dipy- lon, pour les étaler aux yeux de tout le monde. Elles apprirent aux dames romaines à mettre du rouge & du blanc. Les lacédémoniennes ne fe dou- toient pas qu’elles fuffent belles ; les athéniennes croyoient l’être, parce qu’elles fe mettoient d’une mamiere qui cachoïit habilement leurs défauts. Elles étoient extrèmement bleflées, quand des étrangers vantoient en leur préfence l’adrefle des lacédémo- miennes à monter à cheval, leur habit court, leurs étoffes moirées, leurs gazes de cor, leurs chapeaux de joncs de l'Eurotas, la beauté de leur teint, & la finefle de leur taille. Pour lors defefpérées, elles demandoient avec dédain à ces étrangers fi c’étoit le Brouet noïr dont vivoient les lacédémoniennes , qui leur procuroit ces deux derniers avantages. Elles admettoient les baptes aux myfteres de leur toilette; c’étoient des prêtres efféminés qui fe noir- cifloient le fourcil , portoient une robe bleue, & voulorent qu’on ne jurât duvant eux que par la di- Vinïté de Junon. Elles parfumoient leur linge de la plante parthénon, dont les murs du château de leur ville étoient couvertes , & elles en avoient toujours des fachets dans leurs poches. Elles ne manquoient point les fêtes des bachana- les, qui fe célébroient en hiver tous les ans par les - prêtrefles appellées gérares ; &c l'été elles alloient fe promener tantôt au pyrée, tantôt dans la prairie nommée- PAR nommée l’érwon, entourée de bofquets de peupliers, .8t tantôt à œgyron: c'’éroit le lieu où les payfans d’Icaria repréféntoient leurs farces à la lumiere ; & le peuple y avoit fait des échaffauds pour y jouir de ce fpetacle. | Elles lifoient, pour fe former le ftyle, les bro- chures nouvelles , & toutes avoient dans leurs pe- tes bibliotheques le recueil des pieces de théâtre de Cratinus, d’'Eupolis, de Ménandre, d’'Ariftopha- ne, d'Efchyle, de Sophocle, d’Euripide, &cfur-tout les poëfies de Damophyle , de Sapho, & d’Ana- créon. Les copiftes imaginerent de tranfcrire pour Athènes tous ces ouvrages en petit format égal , & le débit en fut incroyable. On recevoit au cynotarge tous les enfans illégi- times , 8 les meres qui voudroient y venir faire leurs couches ; mais cet établiffement utile n’eut pas de fuccès, parce que peu de tems après fa fonda- tion , Pathénien, naturellement babillard , ne put retenir fa langue ; &c la révélation d’un pareil myf tere éloïgnatoutes les filles d’un certain rang, qui fe trouvoient malheureufement enceintes, de profiter d’un afyle où le fecret étoit hautement violé, Elles prirent des robes lâches pour cacher leurs groflefle, ou des breuvages pour faire périr leur fruit, au ha- fard d’en être elles-mêmes la trifte viétime ; ce qui n’arriva que trop fouvent. Les Athéniens n’étoient pas feulement babillards, mais pleins de vanité. Ils entretenoïient par ce feul mobile un très -grand nombre de domeftiques. Les vinot mille citoyens d'Athènes avoient cent vingt mille valets; quandils fortoient , ils fe faïfoient {ui- vre par des efclaves qui portoient des fièges plians, pour que leurs maîtres ne fuflént pas obligés de ref- ter trop long-tems debout, & de fe fatiguer à mar- cher dans les rues. Ils s’habilloïient comme les fein- mes, d’habits brodés, compofoient leur teint comme elles, fe frifoient , fe parfumoient, mettoient des mouches , {e plaignoïent de migraine, avoient un miroir de poche , une toilette, un réceffaire. L'exemple gagnant tous les ordres de l’état, le fils d’un Proëdre , d’un Lexiarque , d’un Telone, fe mo- deloit fur le fils du Polémarque, du Thallafiarque & du Chiliarque. Ils affeétoient des manieres enfantines, un langage trainant ; & quand ils arrivoient dans les compagnies , ils fe jettoient fur des fiéges renverfés, qu’ils ne quittoient qu'avec peine pour aller languir & s’ennuyet ailleurs. Ils nommoiïent ces fortes de vifites des wfages ; des devoirs ; 8t après les avoir rem- plis , ils terminoient la journée par fe rendre À quel- que farce nouvelle, ou chez quelque courtifanne qui leur donnoit à fouper. A Ils avoient perdu la mémoire d’Amphiétion , de Théfée , dés Archontes qui les avoient gouvernés avec fagefle , & ne fongeoient qu'aux bouffons , aux danfeufes , aux baladines qui pouvoient les divertir. Ils encenfoient lidole du jour , & la fouloient aux piés le lendemain. Sans retenue, fans principes, fans amour du bien public, ils étoient nés pour murmu- rer, pour obéir, pour porter le joug , pour deve- nir es efclaves du premier maitre; &, ce qu'il ya de très-plaïfant, des efclaves orgueilleux. Ce fut Philippe qui daigna les affervir après la bataille de Chéronée. On ne le craignoit pas à Athènes comme l'ennemi de la liberté , mais des plaïfirs. Frequenrins fcenarm quam caftra vifentes , dit Juftin. Ils avoient fait une loi pour punir de mort celui qui propoferoit de convertir aux befoins de l’état argent deftiné pour lesthéâtres. Philippe renvoya tous les prifonniers , mais il ne renvoya pas des hommes qui lui fuflenit redoutables. Su L'amour «exceflif de la volupté, du repos & de Poïfiveté , étouffoit chez les Athéniens celui de la gloire , de Pindépendance & de la vertu : de-là ve- Tome XI, P'A2RY 057 noït non-feulement leur aviliflement en général ;: mais en particulier la négligence de leurs affaires, le: dépériffement de leurs terres , de leurs palais, & de leurs meubles. Les valets vivoient comme les mais: tres, &t n’avoient foin de rien: Les édifices, les fta- tues 6t Les beaux ouvrages de Périclès,tomboient en- ruine. Ils bâtifloient, latffoient périr, 87 ne réparoient Jamais. Ils étoient par leur malpropreté mangés de vers & d'infectes; le feul appartement de compagnie brilloit de colifichets étalés à la vie par oftentation , maistous les autresinfeétoient: leurs efprits-abâtardis par le luxe , ne s’occupoient qu'à avoir autant de connoïflances qu'il en falloit pour en faire parade, & diflerter légérement fur les modes, les objets de goût, Les attributs dela Vénus de Praxitele, ou dela Minerve de Phidias. | Chez eux la plus grande fagefle confiftoit à ñe point attaquer les lois d'Athènes, à {e rendte aux fa crifices, aux fêtes des dieux, à l’affemblée du peu- ple, au prytanée à l'heure fixe, & avec desihabits d'ufage. Dalleurs aifés dans leurs manieres, & libres dans leurs propos , ils donnoïent un plus grand prix à ce qu'on difoit qu'à ce qu’on faifoit. Leur fôible pour être flatté étoit extrème ; c’eft pourquioi Les ota- teurs , avant que d'entamer leur difcours, deman- doïent toujours : Quel avis, Meffieurs., peut vous fuiré Flaifir? Etles prêtres, quels facrifices vous feroient les plus agréables ? Ils vouloient être amufés jufque dans les affaires les plus férieufes. Un de leurs citoyens rendant les comptes de fa geftion, ajoûta : « Poubliois, Meflieurs, » de vous dire qu’en me conduifant ainfi ; lorfque » des amis m'invitoient à un repas, jamais jene me. » ftus trouvé le dernier à table ». Cette naïveté fin- guère fut très-bien reçue, & tous fes comptes lui furent alloués. Cléon , un de leurs magiftrats , ayant pañlé toute la nuit à Podéum , & n'étant point prêt fur un fujet important qu'il devoit traiter, les pria de remettre l’'affemblée à un autre jour, « parce qu’il #avoit, di-1l, chez lui grande compagnie qui s’avi- » {eroit de manger fon excellent dîner fans latten- » dre ». Chacun fe mit à rire, & s’enallagayement, en lui difanit qu’il étoit homme de trop bonne com- pagnie pour en priver es amis. | L’orateur Stratocle leur ayant annoncé une vic- - toire fur mer, on fit pendant trois jours des feux de joie ; &z on les continuoit encore quand la nouvelle de la défaite de l’armée navale d'Athènes arriva. Quelques-uns lui en firent de grands reproches fur la place. « Il'eft vrai, dit-il , que je me fuis trompé, » MAIS Vous avez pañlé trois jours plus agréablement » que vous n’auriez fait fans moi ». Cette répartie calma le chagrin du peuple ; il la trouva plaifante ,& quelqu'un fit -deflus la fcolie ou chanfon de Strato- “ cle, qu'on mit au rang des chanfons joyeufes, & qu'on chanta bien-tôt après dans les carrefours. Ils tidiculifoient également le bien 87 le mal; mais comme le mal étoit ordinaire chez eux, ils y por- toient moins d'attention. De plus , ils aimoient à rire, & le mal ne donne point à rire. Aucun autre peuple métoit né comme lui pour la plafanterie & _les bons mots. Il y avoit dans Athènes une académie de plaïfans , ainfi que des académies de philofophes ; ces-fages , comme les appelle Athénée , étoient au nombre de foixante, & s’aflembloient dans le temple Hercule ; leur infhitut étoit de rafiner fur les plai- fanteries , & leur décifion étoit d’un fi grand poids, qu'on difoit , Zes foixante penfent aïinfi; & d'un rail- leur fpirituel , 7 eff de l'académie des foixante. Leur réputation s’étendit fi loin en ce genre, qu’ils comp toient parmi les membres de leur corps des têtes cou- ronnées. Philippe de Macédoine leur envoya unta- lent pour y être agprègé , & recevoir d'eux les pre- mueres nouvelles des ridicules qu'ils inventeroient GGG£8gg 958 PAR contre leurs archontes , leurs prêtres &c leurs plulo- See connoifloit parfaitement les Athéniens: il favoit qu'ils étoent malins par contagion, & que rien ne les déleétoit autant que la fatyre. Ils vouloient voir fans cefle les parodies d’Efchyle , de Sophocle & d'Euripide. Dans le tems que la guerre du Pélo- ponnèfe mettoit la république à deux doigts de fa perte, on jouoit au théâtre les nuées d'Ariftophane x & quelque courier ayant apporte la nouvelle que armée venoit d’être encore battue , ils demande- rent pour fe diftraire la dixieme repréfentation des nuées. C’eft ainf qu'ils fe confoloient, en s’amufant à prendre le premier homme de la Grece, le vertueux Socrate, pout objet de leurs raillertes ; ils allerent même juiqu'à jouer fur leur théâtre. la femme de Müinos. Mais ceux qui gouvernoient étoient fort ai- fes que le peuple athénien s’occupât de frivolités: odieufes, plütôt que des affaires de l'état, Auffi Les archontes permirent dans ces conjonétures qu’on barbouillât les fages à la maniere de Cratinus & d’'Eu- polis , ce qui fut très-applaudi. =. A Quelques femaines avant Les fêtes facrées , ils fe rendoient en foule au pœcilé, pour voir les fauteurs, les baladins, & les gens qui faifoient des tours d’a- drefle. Ce qu'il y a de fingulier , c’eft qu’ils alloient à quelques-uns de leurs fpettacles pour le feul plai- fir d’être vûs ou de s’en mocquer. Le bizarre mélange des farces de l’un de ces fpeétacles où on parloit con- fécutivement la langue athénienne & la langue des barbares , les amufoit beaucoup, parce que les ac- teurs leur laifloient en fortant l'agrément de les cri- tiquer , pourvû qu'ils revinflent Le lendemain à leurs mafcarades. Ils étoient admirateuts enthoufaftes de l’odéum ; c’étoit un théâtre de mauvaife mufique , entouré des logemens de toutes les courtifannes , d'une place pu- blique où l’on vendoit de la farine, & d’un grand portique qu’Ariobarzane, roi de Cappadoce , avoit enjolivé. Mais il y avoit à ce théâtre des mimes qui repréfentoient des geftes indécens , des danfes lafci- ves, & des amours criminelles. On y célébroit auffi la fête d’Adonis , & tout ce qui s’y pañlort étoit Le fu- jet le plus intéreffant des converfations. Outre les fêtes publiques de plaifir, les Athéniens en avoient de particulieres , dont la danfe à la fuite des repas faifoit le principal objet. Il n’y avoit qu’une {eule de leurs danfes que Platon approuva; c’étoit une danfe grave & majeftueufe , maïs les Athéniens n’en faïfoient ufage que pour la forme. Ils lui pré- féroient les ménades où les danfeurs étoient travef- tis, toutes les danfes folätres , fur-tout la danfe nom- mée lamprotere , & celle dont parle Homere dans le XVIII. liv. de l'odyf]ée. Ils mirent à la mode la danfe pyrrhique , non pas la pyrrhique guerriere des Lacédémoniens , mais cette pytrhique pacifique où les danfeurs ne por- toient que des thyrfes, des bouquets de fleurs, &c des flambeaux. Apulée nous en a donné la defcrip- tion , qu’on fera bien-aife de lire 1c1. Pzelli, puelle- que, virenti florentes ætatulé , formé confpicui , vefle nitidi, inceffu geffuoft, græcanicam faltabant pyrrhicam, chyrfum quatientes , difpofitis ordinationibus , indecoros ambitus irerrabant; nuncinorbem rotarum flexuofi, nunc in obliquam feriem connex1, 6 in quadratam patorem cu- neati , @ in catervæ diffidium feparati: _ On fait au fujet de la danfe, l’hiftoire d'Hyppoclide, qui pañoit pour le plus riche, le plus agréable &r le plus beau des Athéniens. Chifthène , roide Sycione, avoit envie de lui donner fa fille en mariage. Il lui fit une fête magnifique avant que de drefferle contrat. Hippoclide fort content de fa figure, danfa d’un air dégagé , libre & indécent , la danfe appellée erzmelée, qui étoit une danfe grave & noble : « Fils de Tifan- PAR » dre , lui dit Clyfthène , tu as: danfé tort mariage » hors de cadence ». À quoile jeune homme répon- dit: « Hippoclide ne s’en foucie guëre » ; réponfe qui devint proverbe à Athènes, | L’oifiveté ; les promenades , les fpeétacles , les danfes , formerent dans toute la ville des parties de fouper où régnoit la chere la plus délicate, La dé penfe en ce genre devint f grande, que les Athéniens pour pouvoir la foutenir vendirent leur vaiffelle d'argent , & fe fervirent de la poterie de Samos, Dé- métrius ayant abandonné à fon maître-d’hôtel les reftes de fa table, ce maitre d'hôtel en deux ans de tems acheta trois terres. Un habile cuifinier fe payoit auf cher qu'à Rome; on n’eflmoit que les repas apprêtés de la main de Mofchion. On accordoit le droit de bourgeoïifie aux enfans de Chérips , parce que leur pere avoit inventé une nouvelle forte de ra- goût aux truffes de la Grece. Le nom de ce ragoût nous a été conférvé par Athénée ; on lPappelloit truffes à l’Alcibiade, ou truffes en furprife. Quoiqu’on fervit à leurs tables les meilleurs vins du monde, ils en buvoient néanmoins très-fobrement, ‘barce au’ils vouloient que leurs repas fuflent af q P fonnés de converfations légeres & plaïfantes ; ces converfations rouloient fur les nouvelles du jour, les brochures , les fpeétacles , les amourettes de Thaïs avec Ménandre, &c les nouveaux logogryphes formés de vers d’anciens poëtes parodiés. On ne par- loit jamais àtable de Mégabife, de Rhodes, de Sparte, ni de Philippe que pour un moment, & pour s’en moquer, L Ce que dit Horace de lenvie toujours attachée à la vertu, étoit encore plus vraie à Athènes qu’ail- leurs , yirtutem incolumen oderunt 1nvidi, Une grande fupériorité de mérite en quelque genre que ce fût, affligeoit vivement lés Athéniens. Thémiftocle , Mil- tiade , Ariflide , Périclès, Socrate , Démofthènes , Démétrius de Phalere , & Phidias, en font de belles preuves. L’éclat de leur gloire leur fufcita mille en- vieux , fortes d’ennemis également couverts & dan- gereux. Athénée nous apprend qu’on vit même , à la honte des myfteres facrés, des prêtres de Minerve fupplantés par des prêtres de Vénus. Éa religion des Athéniens étoit la même pour le fonds que celle des autres grecs, excepté dans quel- ques points, dont Pintérêt des pontifes avoit fur-tout établi la fainteté, Les Athéniens ne furent point cho- qués des impiétés qu'Efchyle dans fa tragédie faifoit tenir à Prométhée contre Jupiter , mais 1ls étoient faciles à effaroucher fur Cérès & fes myfteres. C’eft que Jupiter n’appartenoït qu’en général à la religion, au lieu que Cérès & fes myfteres avoient rapport aux intérêts particuliers de la capitale de PAttique , & des pontifes puiflans qui deffervoient les autels de la déefe. Leur ville étoit remplie de temples , de monumens de piété, de lieux d’amufement & de libertinage. Les Athéniens étoient tout enfemble impies & fuper- {litieux ; ils réputoient le jeudi comme un jour mal- heureux ; on renvoyoit toute aflemblée qui tomboit ce jour-là. On s’enivroit de plaifir pendant la célé- bration des thefmophories ; & le troifieme jour qw’ellés finifloient , on fe rendoit de Podéum & du théâtre de Bacchus , dans le temple de Minerve, où chacun fuivoit des obfervances religieufes de la jour- née ; ce qui fait que Plutarque appelle le troifieme jour des thefmophories , Le plus srifle jour de l'année. Aux fêtes facrées d'Eleufis , les femmes pañloient douze heutes confécutives dans le temple , aflifes fur des bancs , fans prendre aucune nourritute, & tenant dans leurs mains un livre écrit en langue égyptienne, avec des hiéroplyphes. Chacun confer- voit ce livre dans des peaux teintes en pourpre; mais comme il n’y ayoit que les prêtres qui puflent bre P AR lécriture hiérogrammatique , le peuple d'Athènes fe repofoit fuperfitieufement fur eux du foin de la dé: CRÉES NA SAINT - nulles LL 4" Les Athémiens établirent auf paf fuperflition des expiations publiques pour leurs théâtres , & des ex- piations particuheres pour les crimes &c les fautes qu'on avoit commifes; ces dernieres expiations con- fiftoient à fe rendre dans letemple du dieu que l’on avoit particulierement offenfé, à {e laver d’eau luf- trale, & en d’autres aétes femblables. . L’artifan mettoitune petite piece de monnoie fur la langue de céux qui venotent de mourir ; mais les gens riches s'imaginoient que pour pañler plus com- modément la barque fatale ; il falloit porter à Caron trois pieces d'argent. La‘dépenfe étoit exceffive à la mort des grands ; ils vouloient avoir des tombeaux magnifiques avec tous les ornemens que diéte la ÿvanite. E " | … Ce peuple réumfloit en lui tous les contraires ; il étoit dur.& poli, civil & médifant ; détraéteur des étrangers , & les accüeïllant avec enthoufiafme. Pro- tagoras d’'Abdère, Evenus de Paros , Poléen d’Agri- gente , Théodore de Byfance , ne fachant plus où fe réfugier , firent fortune à Athènes , par la feule rai- fon qu'ils étoient des étrangers. | Les Athéniens devenus {ophiftes par caraétére & pas corruption, inventerent la plaidoirie, & en firent ‘un art ruié & lucratif. Péricles fe les attacha par le profit du barreau , & Alcibiade les punit rudement ar le même éndfoit, en engageant les Spartiates à fortifier Décélie, parce que ce fort coupoit les re- venus de la juftice , qui étoient un de leurs grands trafics. €] Ciceron fe mocque plafamment de la mamere dont 1ls opinoient. « Aufli-tôt, dit-1l, qu’un de leurs » orateurs a fm de parler, ils ne font que lever la » main en tumulte , & voilà un decret éclos ». C’eft ainfi que fe fit le fameux dectet ( mentionné dans Les matbres d'Oxford) qui ordonna la fupprefion des portefeuilles de Péricles fur les beaux-arts , conjoin- tement avec ceux de toutes les œuvres de Solon, d’Anaximandre , d’Anaxagore , de Phérécyde, d’Ar- chytas, de Cahppe & de Socrate; recueil que quel- ques favans dafciples de ces grands hommes avoient enfin raflemblés en un corps, & qu'ils avoient tranf- crits pendant vingt ans fur du beau papyrus d'Egypte avec un foin fcrupuleux, une critique éclairée , & une dépenfe vraiment royale, pour tranfmettre à la poitérité , par des copies fideles & par d’admirables defleins, le dépôt des Sciences & des Arts auffi loin qu’ils avoient été pouflés. Le decret qui profcrivoit ce magnifique recueil , avança dans toute l’Attique le regne de la barbarie, qu’une petite poignée de fages avoit tâche jufqu’alors de reculer par leurs écrits. Quoique les Athéniens marchaflent à grands pas vers leur chûte, ils étoient toujours enorgueillis de la fupériorité qu’ils avoient eu dans les beaux-Arts , & de celle qu'ils prétendoient avoir encore dans les Sciences. Cependant avec cette prétention finguliere on n’apprenoiït aux jeunes gens dans les principales écoles d'Athènes, qu’à chauffer le foc & Le cothurne, comme s'ils ne devoient être un jour que des comé- diens , & que létude des Lettres, de la Morale & de la Philofophie fût une chofe méprifable. On ne leur explhiquoit que des ridicules impertinences, qu’on autordoit du nom d’un poëte inconnu, & on leur donnoit pour fujets de compoñtion le mont Athos percé par Xerxés, les noces de Deucalion & de Pyr- tha, les irruptions des Scythes en Afie , les batailles de Salamine , d’Artémife & de Platée. Leurs rhéteurs ne s’occupoient qu'à épluchet des fyllabes , à couper des phrafes , à changer l’ortho- graphe , à appauvrir, à efféminer la langue grecque qui étoit fi belle du tems de Démofthène , & à lui | * Tonc AT | | | | | P AR 959 _donnerleton affété & langouréux d’une éouttifanne qui cherche à plaire. Les Athéniens n’en coferve- rent que la douceur de la prafoneiation, qu'ils te- noient de la bonté de leur climat, & c'étoir lafeule chofe qui les diftinguoit des Afatiques:… PET Leurs philofophes examinoient dans leurs écritss fi le vaifieau qu’on gardoit au port dé Phalere, 8 dont on Otoit les pieces qui fe pourrifloïcnt en.en mettant de nouvelles, étoit toujours le même vaif- feau , que celui fur lequel Théfée avoit été en Cré- te, & cette queftion devint très-férieute, Leurs médecins regardant l'étude de l'art & des obiervations d'Hippotrate, comme un fems perdu dans la pratique , l’exerçcoient empiriquement par deux feuls remedes qui marchoïent toujoufs de com. pagmie, la faignée & la pursation avec l’hellebore noir, lune & l’autre jufqu’à lextinétion des forces: Peut-être trouverent-1ls que la folie ou la phrénéfie dominoit dans toutes les maladies des Athéniens, & qu'on rifquoit trop à écouter la nature f étrange- ment viciée chez ce peuple , &c à attendre d’elle quel que crife falutaire. | Dans lés portiques & les académies d'Athènes, ce n’étoit que querelles & que divifons, les uns tenant pour les Apollodoreens; Les autres pour les Théodos réens ; & l’on ne fauroit croire la haine & l’animo- fité qui régnoient dans ces deux partis. Uniquement occupés de queflions futiles, ou entie- tement diffipés par les plaïfis, les Athéniens mépri- foient les Sciences d’érudition, joignant une ignos rance volontaire à la préfomption qui leur étoit na turelle, Ils ne connoïfloient rien du reffe du monde & traitoient de fables Les nesociations Phéniciennes. Jofephe ne cite que des traits de leur ignorance &c de leur vanité, Un de leurs compatriotes plein d’un ju te mépris pour tant de fufifance, leur difoit: » Ô » Athéniens; vous n’êtes que des enfans; vous vi- » vez comme des enfans; vous parlez comme des » enfans. | | Superficiels,& hors d’état de raifonner fur de grands fujets ; ils décidoient de la guerre, de la paix, & des intérêts des Grecs , comme leurs nautodices des liti- ges de leurs matelots avec les étrangers. Ils jugeoïent des alliances qu’ils devoient former, comme de l’ac- couplement de leurs chiens. | | Tournant tout leur efprit vers les objets frivoles & de pur agrément ; iln’eft pas étonnant qu'ils en- tendiffent moins la navigation, le pilotage, & l’agri- culture , que les Tyriens & les Phéniciens. Cette dermere fcience étoit d'autant plus en vogue chez les fondateurs de Carthage, qu'ils habitoient un pays dont le peu de fertilité naturelle encourageoit leur induftrie , poùr faire circuler l’abondance dans tous les ordres de l’état, par des moiffons qui payoient le laboureur avec ufure , & fournifloient au trafiquant un fonds inépuifable d'échanges avec l’étranger. Ils en faifoient encore in exercice volontaire, un amu: fement utile , & même un objet d'étude. Ils étoient cultivateurs', comme hommes d’état & négocians. Leurs progrès dans la navigation furent grands & . tapides, parce qu'ils avoient pour but d'augmenter à _ la fois leurs richefles perfonnelles , & les forces de leur état , dont le pouvoir fe fondoit en partie fur l’opulence générale, & en partie fur celle de tous les fujets en particulier. | Magon , un de leurs 1lluftres atoyens ; avoit coma- pofé {ur la culture des terres ; un traité profond, dont la réputation s’étendit jufqu'à Rome, & Dé- cius Silanus réuflit à le traduire. Voilà cependant les hommes que les poëtes & les orateurs d'Athènes, traitoient dans leurs comédies & dans leurs. haran- gues, de barbares, qui écorchoïent la langue grec que. de Divan Les vaifleaux de Carthage & de Phénicie parcou GGGsgsi 969 PAR roient toutes les mers, dans un tems où les Athé- niens ne navigeoient pas au-delà des colonnes d’'Her- cule ou du Pont-Euxin. Les Carthaginoïs & les Phe- niciens , introduits par la navigation en Egypte, à la cour de Perfe, dans toutes les contrées de lAfe, &c jufques dans les Indes , avoient par ces vaites ré- gions des lumieres curieules & certaines, bien diffé- 2 ! tentes des idées vagues & confufes, que les Athé-. iens s’en formoient fur les fiétions de leurs poëtes , & les romans de leurs gens de lettres orfifs. Concentrés dans leur capitale, ils ne connoïfloient rien au-delà de l’Attique, & fe glorifioient néanmoins de laffluence des étrangers , qui venoient prendre chez eux une teinture d’Atticifme, avant que de paf- fer à Rome. £ Non-feulement ils étoient fous en général des dé- fices de leur ville; mais en particulier , ils auroient tous voulu habiter Le quartier nommé Coysos, parce qu’on difoit, que les enfans y commencçoient à par- ler, plutôt que dans les autres quartiers de la ville, & l’on afluroit qu’on n’y avoit jamais và d'exemple de mutifme. Les Athéniens entierement oppofés aux Lacédémoniens, eftimoient infiniment le babil, Lo- guaciré , logence &c éloquence , étoient déja dans leur ancien langage des termes fynonymes. Un parler (on conçoit bien que je traduis 1c1 les mots grecs attiques ) défignoit chez eux un orateur éminent, un orateur admirable, D'ailleurs, ce quartier Colytos avoit été fort em- belli par Périclès ; on y voyoit le temple de Minerve & le théâtre de Régille où fe rendoient les poëtes de profeffion. Epicure, Nicias, Themiftocle, Har- palus, Alcibiade & autres grands avoïent aufli bâti dans ce quartier de magnifiques palais. Enfin, les Athéniens après avoir vanté le Colytos avec emphafe, louoient enfuite avec autant d’exagé- ration, tous les autres agrémens merveilleux de leür Athènes : connoïflez-vous , dirent-ils un jour à I{o- crate, une ville au monde, dont Le fejour foit plus délicieux & dont les plaïfirs foient plus brillans , on fait quelle fut fa réponfe : je compare , répliqua-tAl, votre ville à une courtifanne,qui par fa beauté attire bien des galans, quoi qu'aucun ne voulüt Pavoir pour époufe ; mais Le latin ditbien mieux, êc le dit en qua- tre mots : welior meretrix quam uxor. Le Chevalier DE JAUCOURT. PARIS, COMTE DE ( Hifi. de France. ) c’étoit la plus éminente dignité du royaume avant Hugues Capet. En 888, Eudes, comte de Paris, fut procla- mé roi, & couronné par l'archevêque de Sens, au préjudice de Charles le Simple. Il mourut à la Fère en 898 , âgé de quarante ans , & eft enterré à Saint- Denis. PARIS, POLICE DE ( Hiff. de France.) elle a été établie fous S. Louis vers l'an 1260 , par Etienne Boileau , prevôt de cette ville, magiftrat digne des plus grands éloges ; il s’appliqua d’abord à punir Les crimes : les prevôts fermiers avoient tout vendu, jufqu’à la hberté du commerce , & les impôts fur les denrées étoient exceflifs : il remédia à l’un & à l’au- tre ; 1] rangea tous les Marchands &z Artifans en dif- férens corps de communautés , fous le titre de con- fréries ; 11 dreffa les premiers ftatuts, & forma plu- fieurs réglemens ; ce qui fut fait avec tant de juftice &c une fi fage prévoyance, que ces mêmes flatuts n’ont prefque été que copiés ou imités dans tout ce qui a été fait depuis pour la difcipline des mêmes communautés, ou pour l’établiflement des nouvel- les qui fe font formées dans la fuite des tems. La fa- mille d'Etienne Boileau , dont le véritable nom eft Boylefve, a continué de fe diflinguer depuis dans la province d'Anjou, où elle fubfite encore aujour- d'hui. Henault, Æif. de France. PARISIENNE , L f, (Fondeur dé caraüterè d'Empri- mmerie.) eft le premier & le plus petit des corps des caraëteres d'imprimerie ; fa proportion eft de cin points mefure de l’échelle, fon corps double eft le petit romain. Ce caraéteré fe nomme auffi Jédanor- fe, parce qu'il a été gravé à Sedan en 1620 pour la premiere ie par Jeannon , graveur & fondeur de cette ville, &avec lequel il imprima en 1625 Pu- blii Vireilis, -&c, en un feul petit volume 27-32. & en 1633 il imprima avec le même caraétere tous les livres de la bible en un volume :7-8°. En 1634 ou 35 Jacques de Sanlecque, graveur &c fondeur de caraéteres à Paris, grava un caractere à limitation de celui de Jeannon , & il le nomma pa- rifienne dunnom.de fa ville; ce qui fait qu’à Paris on a appellé ce caraëtete pariffenne. En 1740, le fieur Luce,graveur de caraëteres pour le Roï , a gravé pour l'imprimerie royale un carac- tere nommé la perle , plus petit d’un tiers que la pz- rifienne. Comme ledit caraétere a été gravé pour le roi,& qu’on n’en a pas encore gravé de pareil jufqu’à préfent, cela n’empêche pas que la parifenne ne foit comptée dans l’Imprimerie , comme le premier des caracteres. Voyez l'exemple a l'article CARACTERE. PARISIS , (Monnoie.) monnoie des ducs ou com- tes de Paris : elle étoit ainfi appellée à caufe qw’elle portoit le nom de Paris, où elle étoït fabriquée, com- me il appert par un denier de Hugues, duc de Paris, gravé dans le Blanc : les comtes de’ Paris étant de- venus rois de France, la monnoïepzrifrs devint mon- noie royale ou la monnoïe du roi. La plus anciénne mention que l’on trouve de la monnoie parifis , eft dans un titre de S. Denis de l’année 1060, qui éroit la premiere du regne de Phi- lippe L: guam in vadimonio tenebat pretio Go librarur denariorum parifcenfum. La difinion de la monnote tournois & parifis , a commencé avant le regne de Philippe Augufte, Sa ait toujours crû , qu'il avoit introduit cette différence dans nos monnoies. Sous ce prince , la monnoïe parifis étoiït plus forte d’un quart que la monnoïe tournois ; c’eft-à-dire que 4 ols parifis en valent $ tournois. On s’en eft fervi en France dans les comptes & dans les contrats, PARISIS D'ARGENT ( Monnoie.) Philippe de Va- lois fit fabriquer cette monnoie ; elle étoit d'argent fin, & pefoit quatre deniers. Elle valoit un fol pa- rilis , ou quinze deniers tournois. Ce prince fut le {eul entre nos rois qui fabriqua de ces efpeces. Le parifis d'argent avoit cours au même tems que le parifis d'or ; 1l valoit douze deniers parifis , de {or- te que le parifis d'argent étoit le fol parifis , comme le gros tournois étoit le fol tournois ; on peut voir dans la table du traité des monnoies, par M. le Blanc, le'téms où toutes ces efpeces ont été fabriquées , leur loi, leur poids & leur valeur, aufli-bien que celle du marc d'argent. Ces parifis d'argent , ne paf- ferent pas Île repne de Philippe de Valois, quoiqu'on ait continué fous les regnes fuivans , de fe fervir de la monnoïe parifis , ainfi qu'il paroït par les doubles, & les deniers parifis, que firent faire fes fuccefeurs. (D. J.) die Parisis D'OR, ( Monnoie. ) les parifis d’or furent ainfi nommés, parce qu'ils valoient une livre parifis, ou vingt fols parifis , lefquels étoient d’argent fin &e pefoient quatre deniers ; de forte que les pariffs d'or qui valoient alors vingt fols parifis, ou 25 fols tour- nois , vaudroient aujourd’hurï environ 26 liv. Le pa- rifés d'or fut établi au mois d'Oétobre 1330, &ilne dura que jufqu’au premier Février 1336. Cette mon- noie étoit nouvelle, & on n’avoit point encore vü en France d’efpece d’or qui portât ce nom-là ; on peuten voir la figure dans le traité hiftorique de M. fe Blanc. PARITÉ , f. f. (Gram.) Voyez l'article PARB1IL. La * parité fuppole teflemhlance entre les chofes ; l'éga- PAR Etéfuppofe lamêmeté, s’il eft permis de s'exprimer ainfi. . PARIUM, (Géog. ane.) c’étoit une ville de l’Afñe- mineure, fituée fur la Propontide , entre Lampfaque &c Priapus, dans un ter*itoire fertile, & qui produi- {oit des vins eftimés: elle avoit un bon port; on fait remonter fon antiquité jufqu'auxtems fabuleux. On a dir qu’elle prit fon nom de Parius, fils de Jafon ; qu'il y habitoit une race d'hommes ophigènes , c’eft- à-dire , defcendus d’un héros qui avoit été ferpent; & qu'ils avoient la vertu de guérir la morfure des bêtes venimeufes, comme les pfylles d'Afrique ; ce qu'il y a de certain, c'eft que cette ville fut fondée par les Miléfiens , les Erythréens &c les habitans de Pile de Paros, d’où elle:a pris fon nom. Elle s’ac- crut des ruines de la ville d’Adraftée ; & fous les rois de Pergame , une pattie du territoire de la ville de Priapus:lui fut foumife. TIAPIANON fur les médailles, défigne les habitans de Parium ; elle étoit de la province proconfulaire d'Afie; Augufte en fit une colonie. Pline, , F. ch. xxxij, ne l’a pas oubliée ; maïs il paroît lavoir con- fondue avec Adraftée: elle jouiffoit du droititalique, comme Alexandria Troas. Cette ville aïnfi que les autres colonies, étoit gou- vernée par un fenat ou confeil, compofé de décu- tions ; fes duumvirs font marqués fur une médaille , frappée fous Galien. .Plufieurstypes des médailles de _Parium , font relatifs à l'établifiement de la colonie. Foyez PArTUM , MÉDAILLES DE ( Ars rumifm. . Strabon nous apprend que le culte d'Apollon & de Diane , futtransféré de la ville d'Adraftée à Pa- rium , & qu’on leur éleva un autel d’une grandeur êc d’une beauté extraordinaires ; c’étoit l'ouvrage du célebre Hermocréon. Pline parle auffi.-de la ftatue de Cupidon , placée dans cette ville ; elle étoit de la main de Praxitèle, & elle égaloit en beauté la Venus de Gnide. La colonie rendit les honneurs divins à Jules Cé- far & à Augufte: on en trouve la preuve dans une infcription , rapportée par Spon & par Wéheler. La même ville donna la naïffance au fameux Pereorin, dont Lucien a décrit la mort. Les habitans de Parzum lui drefferent des ftatues, & lui attribuerent la vertu des miracles , & de rendre des oracles. La ville de Parium étoit dépendante du gouvetne- ment de l’Afie proconfulaire ; mais ce gouvernement ayant été divifé en plufieurs provinces fous le regne ‘de Dioclétien , Parium fut comprife dans la nouvelle province d'Hellefpont , dont Cyzique étoit la mé- -tropole. Elle .eut des évêques fuffragans du métro- poltain de Cyzique ; on en peut voir la fuite dans lOriens Chriffianus du P. le Quien. Les provinces orientales ayant été partagées en -différens shèmes ou départemens militaires, après le -regne d'Hérachus ; cette ville nommée alors Iapios ; fut comprife dans le thème d’obfcion. Cette divifion -fubfifta fous les empereurs grecs , jufqu’à la grande invañon des Turcs dans cette partie de lAfie mineu- -re au commencement du quatorzieme fiecle. Un de leurs chefs appellé Caraffzs’empara de la Troade, & des pays voïfins , & donna fon nom à ce canton. On l'appelle encore Liva ou diffrif de Caraffi; 1 dépend -du pachalik d’Anadoli. La ville de Parium étoit en- -core connue au feizieme fiecle du tems du géogra- -phe Sophien , fous le nom de Pario. Elle eft main- tenant détruite, & on en voit les ruines près d’un lieu appellé Kamaris , fur un baffin qui étoit ancien- nement le port de la ville. ( £e Chevalier DE Jau- COURT, 1PARIUM , médailles de , (Art numifmatiq.) M. Pab- bé Belley a expliqué deux médailles fingulieres de -cette ville. La premiere frappée fous le regne de Com- mode a pour type du reversun bœufde bout, la tête OGE YU RTE QE % : . à ° ï : élevée, qui préfente le pié droit de devant à une f. gure afhfe, comme pour en recevoir du foulagement; on lit au-deflus cette infcription : Deo aefe. Juë, Ce type fe trouve encore fur une médaille de {a même ville, frappée fous Gallien , avec Pinfcription Deo aefc. mais fans le mot /48. | M: l'abbé Belley propofe avec modeftie une éon- jeéture très-rafonnable. Efcuiape le dieu de la Mé decine avoit des temples par toute [a terre : on en connoiït deux en Myfe, Pun à Pergame, pote à Poœmanine , ville dont parle Pline & Etienne de By fance, dont on a des médailles, Il eft tiéstbtor SE que les paiens invoquoient ce dieu non-feulement pour la guérifon des hommes , maïs encore pour les maladies des animaux, Hiéroclès, dans la préface de fon ouvrage fur Part de panfer les chevaux , Sex» prime en ces termes : « Invoquons pour obtenir du » fecours dans cetart Neptune équeftre, & Efcutape » le confervateur du genre humain, qui prend a » un grand foin des chevaux ». Les habitans de Ni- cée firent graver fur une de leurs médailles le {ym- bole de ce double bienfait d'Efculape envers les hommes 8cles animaux. On voit un cavalier fur un cheval qui, d’un pié formé comme le bras d’un hom- me , tient le bâton d'Efculape avec l'infcription vero Bporemodu , comme le baron de Snanhéim l'a déja obfervé. | ‘ On peut croire qu’une maladie fur les befliaux femblable à celle qui depuis quelques années a dé: folé plufieurs régions de l’Europe, fe fit fentir fous les regnes de Commode & de Gallien dans l’Afe mi- neutre, & en particulier dans le territoire de Parium: que les habitans de la colonie , pour obtenir la tel fation de ce fléau , firent des vœux à Efculape ; que le mal ayant ceffé, ils offrirent des facrifices ena@ion de graces , & qu’ils placerent dans le temple du dieu furvant Pufage pratiqué alors , un tableau qui repré fentoit le yœu de la colonie. _ Il eft bien probable quele type des médailles dont il s’agit a été gravé d’après cette forte d’ex voro. Les lettres fxb font , felon cette conjedure , “les premie- res du mot./zbvenienri ; le terme grec zuvçcpec, dans le texte d'Hiéroclès , préfente la même idée. Tibulle a dit, en parlant de ces tableaux votifs : Nunc, dea , nunc [uccure mihi : num pofle mederi Pitfa docet remplis multa tabella tuis. L'autre médaille finguliere de Parium , frappée fous Gallien , repréfente un arc-de-triomphe : on le voit fur un moyen bronze publié par M. Vaillant, & fur un grand bronze très-rare du cabinet de M. Pel- lerin. Quelques favans ont cru que c’étoit un monu- ment du triomphe de Gallien, qui, dansle fein de la molleffe & de la volupté, eut la vanité de célébrer à Rome une efpece de triomphe tandis qu'il laifloit l'empire en proie aux rebelles & aux barbares : mais cette extravagante cérémonie n’attira à Gallien que du ridicule ; Rome même ne lui érigea point de femblable monument, &c l’arc qu’on y voit encore & qu’on appelle l'arc de Gallien , ne porte aucune marque, n1aucun ornement de triomphe ; Pinfcrip- tion fait connoître que cet édifice fut élevé, en l’hon- neur de Gallien & de l’impératrice Salonine, par un particulier nommé Marcus Aurelins , & nullement par autorité publique. M. l'abbé Belley penfe que la colonie de Parium “fit élever dans fa ville en l'honneur de Gallien , mais pour un fujet tout différent, l’arc-de-triomphe qui eft repréfenté fur fes médailles. L’an 267, les Hérules , nation germanique , fortirent des Palus méotides , traverferent le Pont-Euxin avec une flotte de cinq cens vaifleaux, entrerent dans le Bofphore jufqw’à Byfance où ils furent battus par un général romain, & fe retirerent à l'entrée du détroit dans {s Pont- 962 PAR Euxin : mais dès le lendémain ayant profité d'uñ vent favorable , ils rentrerent dans le canal, pañle- rent devant Byfance, &r ailerent aborder au port de Cyzique ; ils pillerent cette grande ville, ravagerent la côte de la Propontide où étoit fituée la ville de Parium , pafierent le détroit de l'Hellefpont , firent le dégât dans les îles de Lemnos & de Scyros , abor- derent dans la Grece, où ils prirent 8c brülerent Athènes, Corinthe, Argos , Sparte , & mirent à feu & à fang toute l'Achaie. Les Athéniens les battirent dans un défilé ; mais cet échec n’arrèêta pas leurs ra- vages , ils fe répandirent dans FIllyrie. L'Empereur Gallien fe réveilla de {on afloupiflement en cette oc- cafon ; il alla en perfonne fecourir ces provinces défolées : il attaqua & vainquit les Barbares , &:obli- gea leur chef de fe rendre. L'empereur retourna en Italie, & chargea le général Marcien de pourfuivre ces Barbares : celui-ci les battit plufeurs fois, & les força de pañler le Danube, & de fortir des terres de empire. L’Afie mineure, délivrée de ces redouta- bles ennemis , célébra fans doute la viétoire de Gal- lien par des réjouiflances publiques. La ville de Pa- rium , qui avoit été expofée à leurs ravages, fit éle- ver alors cet arc-de-trnomphe. C’eft un édifice com- poié de trois arcades, fur lequel l'empereur paroît dans un char attelé de deux éléphans au milieu de deux viétoires , au lui préfentent une couronne de laurier. Au refte, il faut favoir que TAPION fur les mé- dailles défignent les habitans de l’ile de Paros, &c r14- PIANON ceux de Parium , dont Augufte fitune colo- nie. La plüpart des types des médailles de Parium {ont relatifs à l’établiflement de la colonie ; on y voit Île colon ou laboureur traçant avec la charrue Pen- ceinte de la ville & les limites du territoire ; la louve avec les jumeaux , fymbole d’une origine romaine ; le capricorne, fymbole d’Auoufte ; les enfeignes mi- litaires qui furent portées à la tête des vétérans lorf. qu'ils furent conduits à ce nouvel établiflement , le génie de la colonie. On a d’autres médailles qui repréfentent auffi les: divinités de Parium ; Apollon & Diane , cette Diane que les anciens appelloient Lucrfera, On y voit auf Cupidon. Enfin le dieu des jardins , qui avoit donné fon nom à une ville voifine de Parium, nommée Pria- pus, paroït aufh fur ces médailles. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) PARJURE , £. m. (Jurifprud.) eft le crime de celui qui a fait fciemment un faux-ferment ; on entend auffi par le terme de parjure celui qui a commis ce crime, | On appelle également parjure celui qui a fait un faux-ferment, en affirmant véritable un fait qu’il fa- voit être faux, & celui qui a manqué volontairement à fon ferment en n’accompliffant pas la promefle qu’il a faite fous la foi & la religion du ferment. Il feroit aflez difficile de déterminer par les textes de droit ; fi le crime de parure eft puniffable , & de quelle maniere. En effet, d’un côté la loi derniere ÿ de flellion. dit que le parjure doit être puni du banniffement, & la loi 13. au f. de jure jur. qu’on doit le condamner au fouet ; la loi 41. au code de sranfaëtionibus dit qu'il eft infime, 8 la loi 17. au code de Zgrisas, qu'il doit être privé de fes dignités ; les lois du code pronon- cent auffi que le parjure n’eft plus reçu au ferment, qu'il ne peut plus être témoin, ni agir en deman- dant. - Mais d’un autre côté, la loi 2. au code de rebus cre- ditis, dit que le parjure ne doit point être puni par le prince, parce que c’eft affez qu’il ait Dieu pour ven- geur de fon crime. Cependant nos rois n’ont pu fouffrit qu’un crime qui offenfe Dieu fi grievement, & qui eft en même tems des plus préjudiciables à la fociété civile, de- meurât fans punition. Suivantles capitulaires de Charlemagne & de Louis le débonnaire, la peine du parjure eft d’avoir la main droite coupée. Par l'ordonnance de S. Louis en 1254 , qui eft rap- portée dans le ftyle du parlement , le bénéfice d'appel eft dénié à celui qui a été condamné pour erime de: parjure, mais elle ne regle point la peine à laquelle 1l doit être condamne. L’ordonnance de Charles VIL. fur Le fait des aides, art. xiy, dit que file parjurement fe prouve, celui qui fe fera parjuré , fera condamné en une amende arbi- traire envers le ro: & envers le fermier, & aux dé- enr pens, dommages &c intérêts du fermier. Par Part. 593. de l’ancienne coûtume de Breta- gne, qui eft le 638. de la nouvelle, tout homme qui eft condamné & déclaré parjure , perd tous fes meubles , & les confifque au profit du feisneur en la juftice duquel il eft condamné. | L'art. 40. de la même coûtume, qui eft le 37. de la nouvelle, porte que tout officier de juftice qui eft convaincu de parjure eft infâme , & incapable d'être juge &c de tenir aucun autre office public. Enfin l’art. 362. de la coûtume de Bourbonnois déclare que f aucun affirme frauduleufement qu'il mene aucune chofe par Paris pour gens privilégiés, & il eft convaincu du contraire, il eft puni comme parjure à arbitrage du juge. On voit par ces différentes lois qu’en France lé parjure a toujours êté regardé comme un crime très- odieux , & que lon punit celui qui en eft convain- cu , mais que la peine en eft arbitraire ; quelquefois on condamne en une amende honorable ,ou , en tous cäs ; En une amende pécumaire envers le roi, & une téparation envers la partie ; tout cela dépend des circonftances. | Mais la recherche de ce crime eft affez rare, foit parce qu'il eft difficile de prouver que celui qui a commis un parjure l’a fait fciemment, foit parce que, fuivant la loi r. au code de rebus crediris, on ne peut, fous prétexte de parjure , faire retraéter le jugement qui a été rendu fur le ferment déféré à une partie par fon adverfaire, enforte que l’on ne pourroiït agir que dans le cas où le ferment a été déféré par le juge , & que depuis le jugement l’on a trouvé de nouvelles pieces qui prouvent la fauffeté du ferment, comme 1l eft dit en la loi 31. ff. de jure jurando. Cependant plufieurs auteurs , entre lefquels eft M. d’Argentré, fur l'arc. 593. de l’ancienne coûtume de Bretagne , tiennent qu'après la preftation de f{er- ment déré , même par la partie adverfe, la preuve du parjure doit être reçue , & Le jugement intervenu fur icelui retraété. Si la preuve du parjure eft prompte & évidente, comme fi un débiteur avoit dénié par ferment le prêt qui lui avoit été fait , croyant que la promefle füt perdue, ou qu’un créancier de mau- vaife fois eùt dénié le payement qui lui auroit été fat, & que l’un ou l’autre fût convaincu de mauvaite foi par la repréfentation de la promefle ou quittance qui auroit été recouvrée depuis. Mais il faut bien prendre garde que par le canon 5. cauf. 22. queft.v. quieft tiré de S. Auguftin, il eft ex- preflément défendu de provoquer au ferment celui qu'on peut convaincre de parjure aufli-tôt qu’il aura affirmé ; car en ce cas dit ce faint pere celuiqui défere le ferment, eft homicide de fon ame & de celui qu’il fait jurer. Aïnfi celui qui ayant en main des promeñes, des quittances ou autres pieces pour convaincre fa par- te, au lieu de les lui communiquer, les lui dfi- muleroit & lui déféreroitle ferment malicieufement, pour faire tomber cette partie dans un parjure , ferait lui-même très-coupable, PAR Mais fi celui qui a déféré le ferment navoit pas alors en main la preuve du fait contraire, & que les pieces n’ayent étérecouvrées que depuis, iln’encourt point de cenfure ; ainfñ qu’il eft dit dans le canon 6. à l’endroit que l’on vient de citer. Quand la peine prononcée contre le parjure eft légere eu égard aux circonftances ,& qu’elle n’em- porte pas infamie de droit , il y a toujours au-moins infamie de fait, qui fait perdre au parjure la con- fiance de tous les gens d'honneur & de probité, &c Pexclud de toute dignité. Voyez au digefte le tit. de Jure jurando. Julius Clarus, 46. V. fentent. Papon, Liv. XXII, tir. XII. n°. 10. Boniface, tome V. Liv. III. tit. I. chap. xüj. Louet , Le. L. fom. 4. Journal des aud. tome IV. liv. V, ch. j. Belonneau , fur Par. 163. de la coûtume de Bretagne ; &c Sauvageon , fur ce même article ; Ducange , er. F. où il parle de fde violatä. (4) PAR 903 PARJURER , sE , ( Critig. facrée. ) Je parjuter a deux fens dans l'Ecriture ; ou jurer une chofe que l'on croit faufle , faire un faux-ferment, comme dans S. Matth. ch.v. 33. ou ne pas exécuter ce que l’on a promis avec ferment ; c’eft alors la même chofe que prendre le nom de Dieu ez vain, c’eft-à-dire fans effet ; car jurer en vain, c’eft promettre quelque chofe avec ferment, & ne pas tenir {a promeile, COTES) PARKINSONE,, f. £ parkinfonia ,(Hiff. nar. Bor:) genre de plante à fleur polypétale , anomale, & com- . pofée de cinq pétales inégaux ; il s’éleve du fond du calice un pifl , qui devient dans la fuite une filique charnue , noueufe qui renferme dans chaque nœud une femence arrondie. Plumier , Nova, plant, amers gener. Voyez PLANTE, FIN DU OoNZ1IEME VoOoLUvME. ä Me Le | a NOR AU AL 12 by Al NA rt Sp Mr A : PRE Ve) u a 4 L, Eee LG € 3 90 LL